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PEUT-ON SE CONNAITRE SOI-MEME ?

 peut-on : renvoie à la question de la possibilité, et à ses conditions. Est-ce que chacun d’entre nous est en
mesure de se connaître lui-même, et si oui comment cela se produit-il ? Le sujet présuppose donc qu’il n’est peut-
être pas si facile qu’on le pense communément de se connaître soi-même. Cette connaissance qui porte sur un objet
si particulier (qui est le moi) se trouve probablement limitée, par conséquent il va forcément falloir envisager la
possibilité selon laquelle nous n’avons pas les moyens de nous connaître de façon absolue, complète.
 se connaître : Ce qu’il ne faut pas négliger ici c’est que le verbe est réfléchi, ce qui implique donc que le
sujet qui cherche à connaître et l’objet qui est à connaître renvoient au même individu, celui qui veut se connaître
est à la fois le chercheur et ce qui doit être trouvé. Il va alors falloir réfléchir sur les rapports qu’entretiennent
cette connaissance et la conscience de soi.
 soi-même : cette tournure sonne presque comme un pléonasme (le se pronominal aurait pu suffire). Elle
permet en fait de comprendre la spécificité de ce qu’il s’agit de connaître : non pas un objet ou une personne
quelconque, mais il est question ici de l’ego, le moi particulier qui renvoie à ma propre intériorité. Pourquoi le « soi-
même » serait-il plus difficile à connaître que n’importe quel autre objet ? Par ailleurs vous avez été assez
nombreux à commettre l’erreur suivante : on peut se connaître par l’intermédiaire des autres, or si l’on démontre
cela on ne peut pas en même temps affirmer que l’on peut se connaître soi-même puisque l’on a dû avoir recours à
une forme de médiation que sont les autres pour se connaître.

Intro
Communément on a souvent l’impression qu’on se connaît bien, en effet il paraît évident que chacun d’entre
nous est le mieux placé pour savoir ce qu’il pense et ce qu’il ressent. Pourtant lorsque Socrate affirme
« connais-toi toi-même » on pourrait croire qu’il nous invite à prendre conscience du fait que la connaissance
que l’on a de soi n’est qu’une illusion. Ce que nous croyons connaître de nous-même ne serait alors qu’un
simulacre de connaissance ?
Par conséquent, à partir de là on peut se demander si effectivement il nous est possible d’établir la véritable
connaissance de ce que nous sommes, mais aussi pourquoi il paraît si important pour les individus que nous
sommes d’accéder à la connaissance de soi par soi.

I) On peut se connaître soi-même


 Pour connaître quelque chose cela suppose que l’on soit en mesure de recevoir des informations émanant
de la chose à connaître et d’être capable de les comprendre, de les décoder, de les interpréter. Or ici le problème
ne consiste pas savoir en quoi consiste la connaissance en général, ce qu’il y a de problématique c’est de se
demander s’il est possible d’accéder à la connaissance de l’objet tout à fait particulier qu’est le « soi-même ». En
effet, comment peut-on se connaître soi-même ? Comment peut-on être à la fois sujet et objet de connaissance ?
 Son identité, les événements importants de son existence, le lieu de sa naissance etc…sont des réalités
objectives, des objets de connaissances que l’on peut prouver. Et en tant que telles ces réalités sont accessibles à
tous. Toutefois chacun d’entre nous est plus que ce qu’il donne à voir aux autres.
 En effet, chacun d'entre nous est le mieux placé et le plus capable de savoir ce qu'il pense, ce qu'il ressent
bref ce qu'il est car nous sommes le seul à avoir accès à notre intériorité, notre ipséité. Chacun d’entre nous a un
rapport intime à soi-même par lequel il se connaît de manière subjective, chacun peut porter sur lui-même un
regard de l’intérieur alors que les autres ne pourront jamais le voir que de l’extérieur comme n’importe quel objet
(cf l’analyse de Sartre à propos du regard). Parce que nous sommes les seuls à pouvoir nous connaître
véritablement, nous avons par la même occasion la possibilité de cacher certains aspects de notre personnalité en
jouant des rôles, des personnages qui ne correspondent pas à ce que nous sommes véritablement et qui dès lors
donnent à autrui l’illusion qu’ils nous connaissent.
 Nul n’est mieux placé que soi pour se connaître puisque chacun d’entre nous est le seul à avoir accès à sa
propre intériorité. En effet, la connaissance de soi repose sur la conscience de soi. Grâce à sa conscience l’individu
peut effectuer un repli sur soi-même, la conscience réfléchie est donc ce qui lui permet d’accéder de façon
privilégiée à la véritable connaissance de ce qu’il est. Personne ne peut prendre conscience de l’autre à sa place. Le
cogito cartésien : « Je pense donc je suis » montre ainsi que toute pensée est immédiatement conscience et
connaissance de soi (expliquez le raisonnement que Descartes établit après avoir douté de tout).
 La conscience et donc la connaissance que l’on a de soi n’est pas transmissible, parce qu’elle est intime,
subjective. Par conséquent on peut se connaître soi-même mais en plus il apparaît que l’on est le mieux placé pour le
faire.
Toutefois en fonction de certaines situations il peut arriver que l’on soit surpris par notre comportement, dès
lors ne doit-on pas envisager l’idée selon laquelle une partie de soi-même serait dissimulée à la connaissance
que nous croyons avoir de nous-même ?

II) On ne peut pas se connaître parfaitement ni complètement soi-même


 Un sujet ne peut pas être conscient de tout, à tout moment. En effet chacun d’entre nous a déjà vécu ou
vivra cette expérience particulière qui fait qu'il est parfois comme étranger à lui-même. Certaines actions,
certaines paroles nous dépassent sans que l’on comprenne forcément pourquoi.
 Cf. la découverte de l’inconscient par Freud : expliquez en un paragraphe comment selon ce médecin
autrichien nous sommes aussi constitués d’un inconscient.
 Finalement il semble que nous ne sommes pas si bien placés que cela pour nous connaître véritablement. En
effet, on pourrait même penser que la place que nous occupons (nous sommes comme placés à l’intérieur de nous)
fait obstacle à la possibilité de se connaître pleinement soi-même. Trop proches de nous-même, trop enfermés
dans nous-même nous ne pouvons pas prendre suffisamment de recul par rapport à ce que nous sommes
véritablement. L’amour-propre, la mauvaise foi, et la force des sentiments peuvent nous tromper sur la
connaissance que nous croyons avoir de nous-même.
 De plus si l’on pouvait se connaître soi-même, cela voudrait dire que l’on est capable de se figer, de se
posséder de façon définitive. Or l’être humain est en perpétuel changement, chaque individu évolue, l’existence
n’est pas linéaire. Nous possédons la capacité d’effectuer des choix qui à tout instant peuvent modifier le cours de
notre existence. C’est ce que Sartre explique dans L’Existentialisme est un humanisme . Chaque homme invente à
chaque instant sa vie. Le cours de notre existence n’est jamais figé, ce que nous sommes aujourd’hui sera différent
de ce que nous serons demain, c’est donc pour cette raison qu’il est impossible de se connaître parfaitement soi-
même.

Même si une partie de nous-même reste inaccessible, doit-on renoncer pour autant à essayer de nous
connaître ?

III) Il est difficile de se connaître soi-même, mais cela doit constituer un but pour tout homme
 Ce qu’il faut comprendre ici c’est l’importance que représente la nécessité de se connaître le plus et le
mieux possible. Or puisque nous avons admis que la connaissance de soi s’avère difficile à atteindre par soi-même,
peut-être doit-on penser que c’est grâce à l’intervention d’autrui que nous pouvons accéder à la meilleure
connaissance de ce que nous sommes vraiment.
 Cf. la partie du cours qui traite de l’influence des groupes sociaux sur la conscience et montrez que
puisque la structuration de notre conscience passe nécessairement par les rapports que nous entretenons avec
autrui, les autres peuvent alors nous aider à porter sur nous-même un regard plus objectif et donc peut-être plus
sincère. L’homme se construit à travers des expériences multiples (échecs, réussites, joies, peines…) dans
lesquelles autrui est lui-même engagé dans la plupart des cas, par conséquent on peut espérer que l’autre
intervienne également dans la découverte de la connaissance de ce que nous sommes. La connaissance de soi n’est
pas une donnée que l’on reçoit des autres, mais ce serait une espèce de conquête permanente que nous devons
essayer d’établir au fur et à mesure de notre existence en nous aidant des jugements que les autres formulent à
notre égard. N’oubliez pas que selon Sartre autrui serait le médiateur indispensable entre soi et soi-même.
 Par ailleurs admettre l’existence de l’inconscient rend difficile la tâche qui consiste à se connaître soi-
même, mais pas impossible. En effet, l’invention de la psychanalyse est un moyen qui nous permet de mieux nous
connaître. Grâce à la cure psychanalytique nous sommes en mesure d’accéder à ce qui s’était caché à notre
conscience, en cherchant à interpréter les manifestations de notre inconscient peut-être aurions-nous la
possibilité de découvrir ce dont nous n'avons pas conscience sur nous-même.
 Se connaître du mieux possible et de façon sincère devrait permettre à chacun d’entre nous de mieux se
comprendre et donc aussi de mieux s’adapter aux différentes situations qui occupent son existence.

Pour conclure on peut donc affirmer qu’a priori chacun d’entre nous peut se connaître lui-même puisque personne
ne peut se mettre à la place d’un autre pour accéder à la conscience, à la connaissance qu’il a de lui-même.
Seulement cette place privilégiée n’est peut-être pas la meilleure pour atteindre une connaissance sincère et
objective de ce que nous sommes. Mais en tout état de cause personne ne doit renoncer à s’approcher au plus près
de ce qu’il est censé être afin de pouvoir vivre en adéquation avec lui-même et les autres.

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