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Sujet philo : peut on vraiment se connaître soi même ?

La connaissance de soi a longtemps intrigué les philosophes, en effet la


conscience de soi est un sujet traité et étudié depuis l’antiquité, à cette période
Socrate déclarait « connais-toi-toi-même ». Connaître c’est bénéficier d’un savoir,
c’est à dire une représentation certaine et objective de quelque chose. La
connaissance est opposée à l’ignorance ou encore à une simple opinion. Elle doit
aussi être fondée sur un contenu riche (caractère, goût, histoire, idées…) et variant
régulièrement au fil du temps. Ici, le « sois même », suggère une connaissance sur
l’individu lui même. Ainsi la connaissance de soi implique la capacité d’un individu
à acquérir du savoir sur lui-même. Ce savoir peut être spirituel ou encore
psychologique. Au premier abord, il paraîtrait normal de se connaître soi-même car
l’être humain à la capacité d’examiner ses propres pensées pour savoir qui il est.
Cependant, l’homme est de nature curieuse et cherche à savoir ce que autrui pense de
lui et dans le plus souvent des cas, celui-ci est surpris par ce jugement. Ainsi pouvons
nous penser que l’homme a une connaissance sans failles de lui même ou au contraire
existe-t-il en chacun d’entre nous une part d’inconnu plus ou moins prononcée ? Dans
une première partie nous verrons que l’homme peut se connaître lui même dans une
certaine mesure puis dans un second temps nous verrons que l’homme est incapable
d’acquérir certaines connaissances sur lui même et enfin notre étude portera sur la
nécessité de se connaître soi même.

« Je penses donc je suis », Cette célèbre citation a été prononcée pour la première
fois par Descartes lors de son discours sur le Discours de la Méthode en 1637 . Ce
cogito nous montre que l’homme existe et que celui-ci a la capacité de penser par lui
même. De plus, à travers cette citation Descartes permet de distinguer l’homme et
l’objet car l’objet est dénué de la raison. L’homme contrairement à l’objet est en
mesure de réfléchir, d’apprendre, de prendre des décisions… Connaître un objet ou
quelque chose d’inerte ne demande pas beaucoup d’effort, en effet il suffit
simplement de connaître ses caractéristiques qui ne varient pas au cours du temps.
Dans les cas les plus complexes, l’objet est fourni avec son mode d’emploi qui nous
permet de comprendre son fonctionnement. L’homme, à travers diverses expériences
au cours de sa vie peut apprendre à se connaître lui même. On peut par exemple citer
les discours prononcés par les politiciens au cours desquelles nous réfléchissons sur
les valeurs défendues par les candidats. Ainsi lors de cette réflexion, nous nous
forgeons notre propre opinion et par ailleurs nous savons davantage de chose sur
nous-même. Les débats politiques permettent d’échanger avec autrui nos opinions.
Ces débats nous permettent de nous questionner et ainsi remettre notre point de vu en
question. Suite à ces débats notre opinion peut changer si autrui a réussi à nous
convaincre. Ainsi, cette remise en question nous permet d’en apprendre plus sur nous
même. Comme le dit Paul Valéry dans son ouvrage Tel Que publié en 1941: «La
politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde». Ainsi
l’homme ayant une conscience et la capacité de réfléchir va s’intéresser davantage à
la politique qui le concerne dans la vie de tous les jours bien que les politiciens
prennent souvent des décisions sans demander l’avis de la nation. Ainsi les débats
politiques peuvent également conduire à des crises ou des mouvements sociaux. On
peut par exemple citer la crise de mai 1968 ou encore plus récemment le mouvement
des gilets jaunes. Ainsi ces mouvement et ces crises nous permettent de montrer notre
persévérance à défendre nos opinions et connaître nos propres limites donc d’acquérir
un savoir sur nous même.
Les œuvres d’arts, la littérature ou encore la musique permettent de nous
connaître nous même. En effet certaines œuvres d’art peuvent nous rappeler certains
souvenirs et moments marquants de notre vie. Alain dans son ouvrage intitulé Vingt
leçons sur les beaux-arts dit à juste titre « Tous les arts sont comme des miroirs où
l’homme connais et reconnais quelque chose de lui-même qu’il ignorait ». En effet
l’art en général peut nous émouvoir même si celui-ci ne nous remémore pas de
souvenirs. Par exemple une peinture représentant une forêt la nuit sous la pluie va
pouvoir provoquer de la peur et intriguer celui qui l’a regarde du fait des couleurs
sombres et de l’univers qu’elle représente. La sculpture peut également provoquer un
sentiment de mélancolie chez l’individu car celle-ci peut représenter un moment de
l’histoire graver au fil du temps, on peut ainsi voir le passé par nos propres yeux.
La littérature peut également être un bon moyen pour se connaître. En effet comme
dans l’art, la littérature peut nous permettre de nous remémorer des souvenirs, de
nous faire réfléchir et de se représenter l’histoire dans notre esprit. Par exemple à
travers une simple description d’un individu nous nous faisons notre propre
représentation de lui même, celle-ci est personnelle et autrui ne pourra pas percevoir
à l’identique cette représentation abstraite. A travers la littérature, il est possible de
s’identifier à un personnage et donc par ailleurs de nous connaître nous même. La
littérature nous permet également de montrer nos goûts selon le genre de livres que
l’on lit (recueil de poème, roman, fable, conte…) La musique peut également nous
émouvoir, en effet Emmanuel Kant dit à juste titre « La musique est la langue des
émotions ». Il existe différents type de musiques (métal, rock, jazz, rap…) et parmi
ces styles de musiques nous avons nos préférences ainsi nous nous distinguons
d’autrui et nous en savons plus sur nous même. La musique est présente toute au long
de notre vie et au quotidien mais nos goûts changent au cours du temps. Ainsi
réécouter une musique que l’on écouter il y a longtemps peut provoquer certaine
émotions tel que la mélancolie. Ces émotions constitues un moyen pour se connaître
soi-même. Ce sont lors de ces expériences que nous faisons des rencontres avec
autrui
Les rencontres avec autrui peuvent être des expériences révélatrices de nous
même. En effet, comme le dit Sartre : « Autrui est le médiateur entre moi et moi-
même » ainsi, nous avons besoin d’autrui pour nous connaître. Les rencontres
peuvent être révélatrices de nos sentiments (haine, amour, tristesse, joie…) Une des
conditions pour se connaître soi-même est d’intérioriser le point de vu de l’autre,
c’est à dire me percevoir comme autrui me voit. En effet, il est bien plus simple de
juger autrui que de se juger soi même car nous manquons souvent d’objectivité sur
notre propre personne. Omraam Mikhaël Aïvanhov a raison de dire « Le plus
souvent, les problèmes que l’on a avec les autres ne sont que le reflet de ceux que
l’on a soi même » car par exemple nous allons qualifier une personne d’impatiente
alors que nous partageons ce défaut mais nous trouverons toujours un prétexte pour
justifier que l’on ne l’ai pas car nous accordons toujours plus d’indulgence envers
nous même. Ainsi, le point de vu et notre propre opinion d’autrui permettent de
former un jugement sur moi-même, ainsi les rencontres avec autrui sont donc
fondamentales dans la connaissance de soi-même.

La perception subjective de nous même constitue l’analyse de nos goûts, de


notre caractère et de nos opinions. Cette perception de nous même est influencée par
notre famille, notre environnement, notre éducation… L’inconscient se manifeste
chaque jour au travers des actes manqués. Nous ne maîtrisons pas tous nos actes et
pensées, ainsi l’inconscient consiste à dire quelque-chose de nous sans que nous le
souhaitons. Si l’on suit le raisonnement de Freud rien est du au hasard mais à un
conflit à l’intérieur de nous. Ainsi nous ne pouvons pas nous connaître nous même
puisque il existe une part d’inconscient en nous que nous ne pouvons pas contrôler.
De plus, nous faisons les choses par automatisme (respiration, parole, gestes…)
Cependant cette théorie possède ces limites. Il y a certes des choses qui nous
échappent comme par exemple nos rêves qui ont souvent un rapport avec la réalité et
nous ne savons pas expliquer cette similitude. Mais cependant si l’on considère que
ce dont on éprouve constitue uniquement notre conscience alors lorsque par exemple
il s’agit de nos actes manqués ou de nos fantasmes, on pourra les interprétés à travers
la physiologie (science qui étudie les fonctions et les propriétés des tissus et des
organes des êtres vivants.) L’ouvrage de Freud intitulé les Études sur l’hystérie nous
montre le premier cas d’hystérie, une jeune femme que l’on surnomme Anna O en
1895. Celle-ci était hydrophobe (c’est à dire qu’elle avait peur de l’eau). Dans son
ouvrage, Freud explique comment Anna O a réussi à se libérer de sa maladie. Pour ce
faire, elle prend contact avec le médecin Josef Breuer, celui ci prescrit alors des
séances d’hypnoses. Cela fonctionne puisque lors d’une de ses séances, Anna O se
remémore sous hypnose la première occurrence de ses symptômes : elle dira sous
hypnose qu’un jour, elle avait vu « sa dame de compagnie anglaise qu’elle
n’appréciait pas qui donnait à boire à son chien qu’elle n’aimait pas non plus. Ainsi
lorsque qu’elle se réveilla, elle fut guérit de sa maladie car elle avait pu confier ce
souvenir qu’elle avait oublié. Ainsi le cas d’Anna montre bien qu’il existe une part
d’inconscient en chaque individu.
Notre orgueil nous empêche de nous connaître réellement. En effet Spinoza dans
son ouvrage L’Éthique à raison de dire « Le comble de l’orgueil ou de l’abjection est
le comble de l’ignorance de soi-même » puisque l’homme a tendance à se sentir
meilleur que autrui. Nous voulons montrer à autrui toutes nos qualités car nous
sommes en recherche de compliments et d’estime. Par ailleurs nous avons tendance à
nous surestimer et pas à savoir qui sommes nous réellement. Cela peut s’expliquer
par l’esprit de compétition qui règne dans la société actuelle. Ainsi à travers cet
égoïsme, nous nous masquons la réalité sur nous même car nous ne montrons pas nos
peurs et nos angoisses. Or, nous savons tous que nous avons peur de quelque-chose.
Notre orgueil peut nous amener à mentir sur qui l’on est réellement, si l’on ment
abondamment, nous pouvons devenir ce que l’on appelle un menteur pathologique,
c’est à dire que l’on fini par croire en nos propres mensonges. Ainsi il nous est
impossible de nous connaître réellement.
On ne peut pas se connaître soi-même car l’on évolue à chaque instant
physiquement mais également psychiquement. L’unique fin à cette évolution est la
mort. Il est possible qu’un individu garde un caractère plus ou moins similaire au
cours de sa vie. Cependant, ses traits de caractères spécifiques évolueront aux
différentes étapes de sa vie. Hiéraclite a donc raison d’affirmer : « On ne peut pas
descendre deux fois dans le même fleuve ». Chez les philosophes grecs la recherche
de soi est synonyme de sagesse pour laquelle la recherche de celle-ci est infini. Ainsi
si l’on veut vraiment se connaître soi-même il faudrait pratiquer l’autocritique à
chaque instant ce qui est impossible. Ainsi la recherche de la connaissance de soi
nous contraint à posséder une grande capacité d’abstraction puisque nous devons
nous évertuer de penser le moins possible à notre amour propre afin de se rechercher
soi-même de la manière la plus objective possible. Dans ses essais sur l’entendement
humain Leibniz affirme « il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous
(…) dont nous ne nous apercevons pas ». Il est en effet évident que nous ne prenons
pas souvent en compte tous les facteurs et les éléments qui pourraient nous permettre
de mieux se connaître nous-même.

Même si la connaissance intégrale de soi-même semble inatteignable, faut-il


pour autant renoncer à se connaître soi-même ? Se connaître soi-même est très
important, en effet cette connaissance nécessite une perception très précise de soi-
même mais également des relations que je possède avec le monde qui m’entoure. En
essayant de se connaître soi-même nous remarquons nos propres défauts et ainsi avoir
plus d’indulgence quand nous jugeons autrui. Ainsi Antoine de Rivarol a raison de
dire « Nos défauts devraient nous donner une qualité : l’indulgence pour les défauts
des autres ». Nous avons tous été confrontés à la quête de nos sens or la connaissance
de soi-même permet de cerner notre caractère, notre personnalité. Ainsi cette
recherche sur soi-même peut aider l’homme dans la recherche du bonheur et de la
liberté. En effet, on retrouve cette idée chez Epicure qui montre que le bonheur se
cache dans le contrôle de ses désirs. Ainsi la connaissance de soi permet de déduire
quels désirs pourraient réellement nous rendre heureux. Apprendre à se connaître soi-
même peut également nous permettre d’anticiper certaines situations comme savoir
avec qui l’on va bien s’entendre ou encore par exemple le vertige lorsque l’on est au
bord du vide.
Dans son ouvrage intitulé l’interprétation des rêves, Freud montre que la
conscience est une partie de l’inconscient : « l’inconscient est pareil à un grand cercle
qui enfermerait le conscient comme un cercle plus petit ». Ainsi en analysant notre
propre inconscient nous étudions également nos pensées refoulées. Comme nous
l’avons étudié précédemment avec le cas de Anna O, la méthode de la psychanalyse
permet de prendre conscience de nos phénomènes inconscients. Ainsi grâce à la
psychanalyse nous pouvons par exemple trouver la cause de nos problèmes lorsque
l’on ne va pas bien et par la suite aller mieux. La volonté personnelle d’en apprendre
plus sur soi-même est un phénomène rationnel. En effet se rechercher soi-même, c’est
rechercher un but à sa propre vie.

Pour conclure, il existe divers moyens pour apprendre à se connaître soi-même


tel que la politique, la musique, la littérature, l’art ou encore autrui. Ces moyens
consistent plus ou moins à se remettre en question soi-même mais aussi à retenir une
morale de certaines expériences et ainsi en connaître davantage sur soi. Cependant il
existe bel et bien une part d’inconnu en chacun de nous, on est souvent influencé et
notre inconscient se manifeste tous les jours à travers des signes comme les lapsus,
les pensées refoulées ou encore les rêves. Il est également impossible de se connaître
car nous évoluons sans cesse au cours de sa vie et aussi parce qu’il est dans la nature
de l’homme de se donner de l’importance et donc d’être indulgent envers lui-même.
Cependant, la recherche de soi-même reste primordiale puisqu’elle permet la
recherche de liberté, du bonheur mais également de prévoir des situations à l’avance
et d’étudier son propre inconscient afin de prendre conscience de ses pensées
refoulées.

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