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d’autrui ?
S’affirmer peut renvoyer à l’idée de montrer notre autonomie dans la négation d’autrui. Il s’agit de
manifester la volonté de tenir les rênes de sa vie de ses propres mains. Ce qui paraît naturellement
de notre droit. Dans cette perspective, il n’est dès lors pas question de laisser à autrui le loisir de
nous juger par rapport à ses attentes et par ailleurs de nous influencer sur ses propres perspectives.
Le rapport avec autrui nourrit un certain hypnotisme envers les normes sociales. En société, il y a
toutes sortes d’ordres verticaux qui positionnent l’individu sur une échelle de valeurs répondant à sa
culture. Ainsi par exemple l’inégalité économique fait que certains aient honte de leurs conditions,
on regarde souvent d’ailleurs les défavorisées sous la perception de la misère. Mais encore, la
chaîne de commande et des fonctions divisent les hommes en titre et en honneur que certains se
sentent plus être asservis aux autres que de servir sa communauté. Il s’ensuit que celui qui veut
sortir de ces conditions, du moins en termes d’état d’esprit, doit renverser les ordres dans sa
perception. Il doit cultiver une certaine estime de soi pour reconquérir cet amour de soi-a-soi. Ce qui
demande de revoir la perception de soi vis-à-vis de ce qu’autrui peut penser. Il ne doit pas s’attacher
aux préjugés définit par les valeurs socioculturelles ambiantes et se faire son propre juge. Mais
encore, il doit avoir l’audace de se donner le droit de dire ce qu’il pense, de faire ce qu’il juge bon,
de choisir ce qui l’attire personnellement.
2. S’affirmer serait réduire autrui à n’être que le moyen de ses intérêts
Dans le renversement de soi pour autrui vers le soi pour soi, le sujet doit alors poser ses intérêts
comme prioritaires. Le fait est que celui qui est psychologiquement soumis à autrui sert
indirectement l’intérêt de ce dernier. Celui qui manque d’estime a constamment besoin de
l’appréciation positive d’autrui. De ce fait, il dit rarement non aux demandes d’autrui, dès qu’il voit
une opportunité de servir les autres il voit l’occasion d’être reconnu par lui. Le problème est que sa
vie lui échappe finalement. Il est surchargé par les promesses qu’il donne à autrui et finit souvent
par ne pas répondre à l’attente de ce dernier. Il arrive alors qu’il se démoralise dans la culpabilité de
ne pas être à la hauteur d’autrui et sombre dans des virées autodestructrices. Or cette volonté
d’être reconnu par autrui n’est pas faire preuve d’une véritable affirmation de soi, mais au contraire
d’une confirmation d’autrui en soi. Celui qui s’affirme sait dire non aux attentes d’autrui et s’il
répond aux demandes d’autrui ce n’est que pour son intérêt. Il a un esprit pragmatique qui pense y
gagner un certain avantage. Autrui est dès lors réduit à n’être qu’un moyen. Un chemin efficace et
indispensable pour arriver à ses propres fins.
S’affirmer peut donc renvoyer à l’idée de s’opposer à autrui et le fait de le réduire comme simple
moyen annule complètement la considération d’un égal en lui. Toutefois, on se demande si autrui ne
serait donc pas indispensable à cette affirmation, qu’il en soit en fait la condition même.
L’affirmation de soi ne peut donc passer que par autrui tant celui-ci nous permet la conscience de
soi, mais aussi une position du regard plus pertinente. Ne s’ensuit-il donc pas qu’une véritable
affirmation de soi ne peut donc que coexister avec autrui ?
Remarquons d’abord que cette appréciation négative de l’affirmation de soi dans son rapport
d’opposition avec autrui est excessive. En fait, l’affirmation de soi n’exige pas vraiment une
opposition envers autrui. C’est une position qui n’est certes pas neutre, car elle se penche sur soi,
mais cela ne signifie pas qu’elle soit antipathique envers autrui. S’affirmer soi même c’est surtout
prendre en considération sa valeur, ses sentiments et ses idées vis-à-vis de nos rapports avec autrui.
L’idée de négation, au contraire, se penche sur autrui comme un ennemi, un obstacle à neutraliser.
La négation d’autrui veut poser ce qui vient de soi comme les seules choses valides, elle est
totalitaire en s’opposant à la possibilité du différent. Or L’affirmation de soi est une ouverture. Il
s’agit de tendre l’oreille, d’être à l’écoute en évitant de se laisser influencer par des préjugés. Cette
disposition peut tendre vers autrui. Elle peut être altruiste dans le sens où elle considère un rapport
honnête avec ce dernier. S’affirmer c’est considérer autrui en étant à l’écoute de ses attentes et de
ne pas tromper autrui en lui faisant de fausses promesses.
Enfin s’affirmer soi-même ne signifie pas se donner la permission de dominer autrui. Il ne s’agit ni
de le juger ni de le réduire en un simple moyen. Il s’agit seulement de se positionner comme
présent, d’être à soi-même et de clarifier ce qui est de soi et ce qui est d’autrui. On ne se laisse pas
être absorbé par autrui, mais on n’absorbe pas non plus celui-ci. L’entreprise de la domination
amène à la guerre et aux misères qu’elle provoque. Les misères de la guerre des sujets sont la perte
d’un enrichissement mutuel dans le dialogue, l’angoisse et la souffrance de la solitude. S’affirmer,
au contraire, c’est, au fond, comprendre une relation intersubjective entre soi et l’autre sujet. Je suis
quelque part présent en autrui comme autrui est présent en moi, mais qu’aucune présence ne doit
dominer l’un ou l’autre. Il s’agit d’être en accord, de coexister et de trouver un équilibre avec la
présence d’autrui. Remarquons qu’avec autrui on appartient à la même condition humaine. Tendre
vers soi ne peut que tendre vers autrui comme si se connaître c’est en fin de compte connaître
l’homme en son humanité. Dès lors, c’est un mouvement qui ne peut que faire preuve d’empathie.
Conclusion
Que représente l’affirmation de soi entre le sujet qui affirme sa réalité et qui confirme la présence
d’autrui ? Il parait que s’affirmer s’oppose à autrui dans le sens où c’est dire non à l’invasion de celui
dans sa vie. Par contre, s’il implique de se donner la priorité à ses intérêts, le statut d’existence
d’autrui comme un sujet égal à soi est neutralisé, car on réduit celui-ci à n’être que le moyen de nos
satisfactions. Pourtant, autrui est là, s’imposant comme le chemin nécessaire à la réalisation de soi.
D’un, il médiatise non seulement la conscience de soi par sa présence à notre conscience., Mais
aussi, de deux, son regard importe nécessairement à la connaissance objective de soi tant nous
avons besoin de nous refléter dans un dialogue avec lui. En fait, s’affirmer soi-même ne signifie pas
s’opposer d’une manière antipathique envers autrui. Retrouver son autonomie dans un domaine qui
est déjà sien ne signifie d’ailleurs pas vouloir conquérir celui de l’autre. On affirme une position, soit
une place qui nous est naturellement dû, mais nous comprenons aussi que dans cette existence nous
avons un voisin, voire un compagnon qui nous visite de temps en temps. Puis, comme tout bon hôte,
s’affirmer signifie autant faire preuve de courtoisie.