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Introduction :
Au cours de sa vie, chaque individu est amené à prendre des décisions, à faire des choix.
Ces choix vont résulter de sa pensée personnelle. La pensée est définie par Platon
comme un dialogue de la raison avec elle-même. Pour Descartes, elle représente « tout
ce que ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immédiatement en
nous-mêmes ». L’expression « penser par soi-même » signifie l’accès à la réflexion
philosophique, mais accéder à cette réflexion c’est tout simplement penser. Le penser
« par soi-même » est donc un pléonasme. La pensée peut également venir des
expériences de vie d’un individu, ou bien d’un témoignage entendu ou lu, celle-ci peut
donc être influencée par autrui. L’influence est l’idée que quelqu’un ou l’action de
quelqu’un entraîne la modification d’un état ou d’un mouvement premier, spontané.
L’opinion commune suggère l’existence d’une pensée personnelle déjà constituée, en
l’absence de toute influence, mais cette pensée ne serait-elle pas plutôt le fruit
d’influences subies au cours de l’enfance ? L’influence serait-elle une fatalité nous
empêchant de nous faire notre propre opinion et ce, dès le pus jeune âge ? De plus,
l’influence a mauvaise réputation : on la redoute, on essaie de protéger nos enfants de
celle-ci, on a tendance à penser que qu’ une personne influençable est faible. Cependant,
il est nécessaire de relativiser l’opinion commune car l’influence peut être également
positive : elle peut permettre de sortir de l’ignorance, ainsi que la confrontation avec
plusieurs opinions. Alors, est-ce vraiment si grave d’être influencé ?
Face à toutes ces interrogations, nous pouvons nous demander : Pour penser par soi-
même, faut-il redouter toute influence ? Faut-il considérer les influences comme quelque
chose de néfaste empêchant la pensée personnelle, ou bien comme quelque chose de
positif et enrichissant pour notre réflexion ?
Nous répondrons à cette problématique en trois axes. Premièrement, nous verrons que
les influences forment un processus inévitable au développement de l’esprit critique.
Ensuite, nous constaterons que l‘influence peut, cependant, être un frein à notre pensée
personnelle et à notre indépendance intellectuelle. Enfin, nous nous épancherons, dans
une troisième partie, sur le fait qu’il ne faut peut-être pas craindre toute influence, mais
plutôt discerner celles qui peuvent nous être bénéfiques ou non.
Un processus biologique
L’individu est un être biologique : certains comportements chez lui sont innés. C’est-à-dire
qu’ils sont présents dès la naissance et ne sont soumis ni à l’apprentissage, ni à
l’influence humaine. Ces comportements vont donc être le fruit d’influences intérieures,
d’affects. Ces influences peuvent être l’instinct, une connaissance innée que l'individu
porte en lui, qui concerne son rapport aux autres et à l'environnement, et qui permet sa
survie. L'instinct est donc une connaissance héritée, et non pas acquise au cours de la vie
mais celle-ci va influencer grand nombre de nos choix sans qu’on en ait forcément
conscience. De plus, nos comportements sont aussi rythmés par des sentiments plus
intenses : nos émotions, comme la panique ou la peur ; nos désirs, comme la crainte,
colère, ou l’amour par exemple. D’autres facteurs entrent également en jeu : nous avons
les sens (médiateurs entre le sujet et le monde extérieur), l’imagination, et l’inconscient.
Ainsi, qu’on le veuille ou non, nos choix vont d’abord résultés de l’influence d’une
personne très précise : nous-même.
Un processus social
De plus, l’individu est également un être social, ses comportements vont être acquis et
façonnés par l’intervention humaine. La socialisation correspond à l’apprentissage et à
l’intériorisation des normes et valeurs de son groupe. La socialisation primaire, instance de
socialisation la plus forte a lieu pendant l’enfance. « Nous avons été enfants avant d’être
hommes » : voici ce que dit Descartes dans son Discours de la méthode. Cela signifie qu’il
ne faut pas oublier que l’enfance est l’âge de la crédulité et de l’influençabilité. Or, c’est à
ce moment là que se construit la majeure partie de notre identité. Petit, nous avons besoin
d’autrui pour subvenir à nos besoins premiers, mais également pour construire les
premières facultés intellectuelles nécessaires à notre développement intellectuel, comme
le langage, le savoir ou la connaissance par exemple. Par conséquent, renoncer à
l’influence signifie renoncer à son éducation, et même à une partie de soi, car si nous
nous ne souvenons pas de ce que nous avons appris, cela reste quelque chose qui nous
constitue : « Je serai à jamais influencé par l'éducation que j'ai reçue, par le milieu social
dans lequel je suis né, par mon passé. » (Socrate). En addition, pour Socrate, on ne
pourrait pas penser par nous-même sans avoir été, un jour, influencé : « II est vain de
prétendre qu'il faut se méfier de toute influence pour penser par soi-même puisque je dois
aux autres le fait de pouvoir réfléchir en tant que personne douée de raison ». Nous avons
donc besoin des autres pour devenir ce que nous sommes.
II. Oui, car l’influence peut nous rendre dépendant et nous faire perdre
la pertinence de notre pensée
Conclusion du II.
Pour penser par soi-même, l’influence est donc parfois à redouter car entre être influencé
et devenir prisonnier de la pensée d’autrui, la frontière est ténue. Néanmoins, il est
important de nuancer le propos : l’influence peut certes, dans certains cas, proscrire la
pensée personnelle, mais penser par soi-même, c’est, avant tout, discerner les bonnes
des mauvaises influences, afin de pouvoir choisir si l’on veut être influencé ou non.
En conclusion, il n’est pas nécessaire de redouter toute influence pour penser par soi-
même. Les êtres vivants vivent en communanuté, tout individu va donc être amené à
influencer ou à être influencé parce que nous avons besoin des autres pour devenir ce
que nous sommes. Il n'y a pas de vie collective possible, d'appartenance possible sans
influence. Malgré tout, il est vrai que l’influence n’est pas touours positive, qu’il est très
facile de franchire le pas entre être influencé et se faire manipuler. Cependant, il est
important d'exercer un discernement critique face aux influences et de ne pas adopter
aveuglément les idées d'autrui. Il faut maintenir son autonomie intellectuelle en
développant sa propre pensée et en remettant en question les influences lorsque le besoin
s’y présente. La finalité est de trouver un équilibre entre l'ouverture aux influences et la
préservation de sa propre réflexion, afin de pouvoir développer une pensée intellectuelle
riche et variée, d’autant que de nos jours, avec l’avènement des réseaux sociaux,
l’influence se fait de plus en plus présente.