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Qui suis-je?

Qui suis-je?
ISBN EPUB 978-2-7640-3541-2

Éditeur: Jacques Simard

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pour son programme d’édition.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre
du Canada pour nos activités d’édition.
MARIE MONTPETIT

Qui suis-je?
Partez à la découverte

de vos émotions et

de votre vraie personnalité


À Luc,

Parce que sans toi je ne serais pas là où je suis.

À mes trois enfants, Pierre-Luc, Ian et Marie-Jeanne,

Grâce à vous, je porte fièrement le titre de maman.


Table des matières

Préface
Avant-propos
Introduction: Premier geste concret… pour vous retrouver
Et moi, qui suis-je?
Se connaître
La responsabilité d’être soi
L’influence des autres
Connais-toi toi-même
Les fameuses introjections
Mes passions
J’ai besoin d’une pause
Je pose mes limites
Je m’affirme
J’ai besoin de…
On fait le ménage
Mon ami Johari
Respirer pour arrêter le tourbillon
Un cycle pour changer
Je suis moi, en relation avec les autres
En terminant…
Bibliographie
Remerciements
À propos de l’auteure
Préface

Toute tentative qui a pour objectif de répondre à la question «Qui suis-je?»


devrait intéresser toute personne qui réfléchit. Or, ce texte de Marie
Montpetit est un autre outil qui s’ajoute à des milliers d’autres, soit, mais
qui apporte une vue différente et singulière sur le «comment» s’y prendre
pour mieux se connaître.
Depuis les grands philosophes de l’Antiquité, dont Socrate, le «connais-
toi toi-même» a été et reste encore un mot d’ordre de première importance.
Les êtres humains n’arrivent pas à se connaître vraiment. Peut-être adorent-
ils se faire expliquer qu’ils sont inexplicables? Ou peut-être sont-ils
effectivement inconnaissables?
Comme tout ce qui est réalité, les humains – comme espèce et comme
individualité – changent. Ce qui change est par définition fugace et
péniblement saisissable. Que sait-on sur le réel? Or, l’homme, dans son
extrême complexité et surtout en raison de son cerveau constitué de
milliards de cellules – elles-mêmes reliées aux autres par des milliers de
connexions neuro-synaptiques toujours en processus de transformation –,
est certainement l’être au monde le plus difficilement pénétrable.
Il y eut tellement de penseurs, de scientifiques, d’artistes et de sages qui
ont tenté de comprendre le je et le moi de la personne en apportant, chacun
à leur manière, des bribes de solution sans résoudre clairement l’énigme. Il
ne faut jamais s’attendre à des réponses souveraines en psychologie ou en
philosophie, mais Marie Montpetit vient nous aider à en savoir davantage
sur soi grâce aux outils qu’elle propose à travers des conversations simples,
respectueuses et claires tout en sachant – elle nous l’avoue humblement –
que ce ne sont pas là des recettes infaillibles.
C’est comme dans les grandes conceptions de l’être humain, il n’y a
jamais de conclusions faciles et limpides.
La réalité humaine est d’abord une réalité affective. C’est à partir de nos
sentiments et de nos émotions – de nos affects, dit-on aussi en philosophie
–, c’est-à-dire des modifications de notre force, ou énergie vitale, à partir de
nos joies et de nos craintes, de nos humeurs et de nos passions que
s’assemble notre vie. Nous ne pouvons donc pas échapper à notre vie
affective. Nous ne pouvons même pas la juger, la comprendre de l’extérieur,
par une intelligence ou une raison neutre et détachée. Car cette raison et
cette intelligence, aussi, sont des affects.
La philosophie – comme la psychologie – repose sur la force de la
compréhension. C’est pourquoi, face aux dérives des désirs et des passions
humaines, il ne s’agit ni de rire ni de pleurer, mais de comprendre. Une
vraie compréhension suscite une émotion forte, une joie. Le but de cet outil
thérapeutique n’est donc pas de comprendre de façon abstraite et théorique
notre vie affective, mais de rendre intelligents nos affects et de rendre
affective notre intelligence.
Le moi et le je sont importants. Prendre soin de soi est primordial, mais
il y a aussi les autres. Qu’est-ce qui est le plus utile à l’homme? Qu’est-ce
qui lui convient le mieux? Avec quoi s’associe-t-il le mieux pour devenir
plus fort, pour augmenter supérieurement son énergie humaine? Il ne peut y
avoir de doute: rien ne nous est plus utile que les autres. Rien ne convient
davantage à la nature humaine que d’autres humains.
Plus chacun s’aidera d’abord soi-même, plus il aidera les autres. Plus il
se rendra joyeux lui-même, plus il donnera de joie aux autres. C’est en
ayant de l’intérêt pour soi-même, mais d’une manière éclairée et
raisonnable et non passionnelle, qu’on rend le plus grand service aux autres
et à soi-même. Voilà ce qu’on pourrait appeler de l’altruisme intéressé: du
souci de soi au souci de l’autre.
Ce qu’on appelle traditionnellement la nature humaine se réalise dans
l’interaction avec autrui. L’individu et la société se forment mutuellement.
S’épanouir individuellement, c’est aussi agir en citoyen en visant l’atteinte
d’une société viable, juste, solidaire, respectueuse des autres et de la nature.
Il existe une forme de causalité que nous avons l’impression de
comprendre immédiatement, celle que nous exerçons sur le monde, mais
nous ignorons les influences extérieures et celles, intérieures, qui viennent
de notre apprentissage.
Nos véritables décisions se prennent à notre insu. Nous croyons être
libres alors que, soumis aux passions et aux ignorants, nous sommes les
jouets des circonstances. Puisque nos actions aboutissent à certains
résultats, nous pensons que nous agissons en vue de ces résultats sans voir
que d’autres causes nous font agir. «Les hommes se trompent en ce qu’ils se
croient libres; et cette opinion consiste en cela seul qu’ils ont conscience de
leurs actions et sont ignorants des causes par où ils sont déterminés; ce qui
constitue donc leur idée de la liberté, c’est qu’ils ne connaissent aucune
cause de leurs actions» Spinoza (É. II, 35, scolie).
La liberté intérieure ne se concevrait donc que par l’ignorance de ce qui
nous fait agir. La conscience se prend hypocritement pour une cause
première. Elle invoque même son pouvoir sur le corps. C’est l’illusion du
libre arbitre, cette liberté de la volonté humaine qui nous pousse à dire et à
croire des inepties du genre «Qui veut peut». La vérité, c’est plutôt: «Qui
peut veut.» C’est en effet celui qui a du pouvoir qui peut se permettre de
vouloir et d’agir.
Les philosophes proposent souvent de redéfinir la volonté, la liberté et
les valeurs… Nous sommes trop souvent obnubilés par nos illusions et nos
préjugés qui ne reposent que sur des ignorances. Libérés de ces croyances
sans fondements, nous cessons de nous condamner de nos erreurs passées
pour mieux les comprendre. Comprendre qu’il n’y a pas de mauvais choix:
si ce sont nos mauvais choix qui nous apprennent rétrospectivement ce
qu’auraient été les bons choix, il faut bien admettre que c’est une bonne
chose et qu’il n’y a pas de mauvais choix. La véritable compréhension et la
libération de nos croyances – ou illusions – nous feront voir que choisir,
c’est connaître, et que la plupart du temps, nos choix se font malgré nous.
Sont-ce nos choix qui ont façonné notre vie, ou notre vie qui a façonné nos
choix?
Il n’existe pas de valeur en soi. C’est une autre illusion de croire que les
choses ou les êtres ont leur valeur propre, indépendamment de nous.
Certaines sont bonnes en soi; d’autres mauvaises en soi, croit-on. Telle est
l’origine des notions de bien et de mal. Comme s’il existait des choses et
des êtres qui incarneraient intrinsèquement le bien ou le mal. Beaucoup de
philosophies, surtout traditionnelles, conçoivent le monde ainsi. Mais les
pensées modernes conçoivent autrement: le bien n’est en fait que le bon.
«Ce n’est pas parce qu’une chose est bonne en soi que nous la désirons,
mais c’est parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne» (É. III, 9,
scolie).
Et cette relativité des valeurs s’illustre ainsi: «Une seule et même chose
peut être dans le même temps bonne et mauvaise et aussi indifférente. Par
exemple, la musique est bonne pour le mélancolique, mauvaise pour
l’affligé, mais pour le sourd elle n’est ni bonne ni mauvaise» (É. IV,
préface).
Les valeurs sont toujours relatives à nos désirs et ceux-ci sont eux-
mêmes façonnés par notre éducation, laquelle varie selon les cultures, les
époques, etc.
C’est bien connu: dans le mauvais il y a du bon, et dans le bon, du
mauvais. Un poison nous nuit seulement s’il nous donne envie de l’avaler.
Une rose n’a d’épines que pour celui qui la cueille… Nous ne nous
attacherions pas à quelqu’un s’il n’avait strictement rien de commun avec
nous, et il ne pourrait ainsi pas non plus nous nuire. Celui qui n’a pas le
pouvoir de nous rendre heureux n’a pas, non plus, le pouvoir de nous rendre
tristes. La mésentente ou l’incompréhension ne nous poseraient pas de
problème s’il n’existait pas le fond d’entente sans lequel aucune relation ne
s’établit. Bref, sans la part de joie qu’elle recèle, aucune tristesse ne pourrait
s’emparer de nous. Ainsi, quand nous cherchons à connaître nos passions,
nous devons toujours nous évertuer à déceler la joie, même dans la tristesse.
Nous ne connaîtrions nos tristesses qu’après avoir exploré nos joies.
Seule l’évidence claire et distincte de nos joies connues saura éclairer nos
tristesses et nous permettre de les comprendre. Cela implique que nous
pouvons nous ouvrir à des joies nouvelles avec ce qui, au premier abord,
nous paraît étranger. Plus notre corps sera sensible, capable de ressentir et
de différencier un grand nombre d’affects, plus nous pourrons comprendre.
Si nous réussissons à nous adapter à davantage de choses, à sentir plus de
connivence avec elles, nous serons moins en proie à la tristesse et retirerons
de la joie d’un plus grand nombre d’expériences.
C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la résilience. Plus notre corps aura
fait d’expériences et sera capable d’agir, plus notre esprit sera apte à
comprendre. La compréhension est l’action de l’esprit, et l’action est la
compréhension du corps. Ou: plus notre esprit comprend, plus notre corps
agit; et plus notre corps agit, plus notre esprit comprend. L’esprit et le corps
ne sont que deux versants d’une même réalité, d’un même réel; deux faces
d’une même médaille.
Si l’on jette un coup d’œil sur les pensées les plus avant-gardistes, on se
rend compte que l’on peut transformer nos désirs grâce à la raison. Dès que
l’on maîtrise un désir passionnel par la connaissance que nous en avons, on
ressent une joie de cette action, car la raison n’est plus qu’une autorité
froide qui juge et condamne, mais la raison elle-même est devenue un désir,
désir de comprendre, désir de la vérité. La raison comme tout désir est une
«puissance d’agir». La raison parvient à transformer nos désirs, de manière
qu’une action ne résulte plus d’une passion qu’on subit, mais d’un désir
rationnel qu’on assume pleinement. En connaissant nos désirs, au lieu
d’être secoués, bouleversés et triturés par eux, nous les affirmons comme
une partie essentielle de notre identité: la passion devient une action.
Aucune action, aucun désir n’est donc mauvais en tant que tel. Une
action est mauvaise dans la mesure où elle est générée par la tristesse (qui
empêche de comprendre) au lieu de la joie (qui augmente le désir de
connaître), par la crainte au lieu de la confiance. Pour transformer nos
désirs, ce qui est essentiel, il faut mettre l’accent sur leurs aspects positifs,
dégager la part de joie qui sommeille dans chaque désir. Nos désirs sont
bons dans la mesure où ils sont motivés par la joie et compris par la raison.
Encore un mot du philosophe qui préface ce livre qui, ne l’oublions pas,
porte sur la connaissance de soi.
Répondre à la haine par l’amour. Comme nous voulons tous vivre parmi
des gens joyeux, nous allons essayer d’adoucir la tristesse haineuse des
autres en les rendant joyeux par notre amour. Ce n’est pas d’aujourd’hui
que l’on nous parle de l’importance de l’amour ou de la compassion. Aimer
plutôt que haïr. La joie plutôt que la tristesse.
Les goûts et les opinions, tout autant que les passions dont ils découlent,
divisent souvent les personnes en les dressant les unes contre les autres. On
sait déjà à quoi aboutit l’élan qui anime chacun à vouloir persuader l’autre
de sa propre croyance et de sa propre manière de vivre: ambition,
compétition, fanatisme… Il en va tout autrement de la vérité: elle est par
définition commune à tous, et peut parfois être partagée par tous. C’est
donc le fait de chercher la vérité ensemble qui dispose les êtres humains à
mieux s’entendre et se comprendre. Savoir plutôt que croire. Comprendre
plutôt qu’obéir. Pouvoir plutôt que devoir.
Il est normal que l’équilibre et le bonheur ne soient pas toujours à portée
de main. Il faut faire un effort la plupart du temps pour obtenir ce qui est
beau et rare.
Beaucoup de problèmes sont, en effet, soulevés et exposés dans ce guide
de la connaissance de soi: de la responsabilité relative du moi jusqu’au
danger des solutions magiques, des besoins fondamentaux proches de nos
pulsions jusqu’au lâcher-prise oriental, des difficultés de l’autonomie
personnelle jusqu’à nos croyances acquises et déterminantes, bref, ce texte
vise grand et touche profond.
En psychologie, les approches sont très variées et souvent elles frôlent
les questions les plus philosophiques, par exemple l’énigme de la liberté et
de la responsabilité humaine, la réalité et le fondement des valeurs, le souci
de soi et celui de l’autre. Mais c’est toujours le lecteur qui a le dernier mot,
à savoir que c’est lui qui interprète les démarches et qui y trouve ce dont il a
besoin.
Jacques Senécal
Avant-propos

On m’a demandé à plusieurs reprises: «Penses-tu écrire ton livre bientôt?»


Après avoir souffert du syndrome de la page blanche, de celui de
l’imposteur et surtout avoir ressenti l’insécurité omniprésente de savoir si
j’avais la capacité d’écrire ce fameux livre, je me suis installée au clavier de
mon ordinateur un vendredi de fin d’hiver, tout en essayant de ressentir quel
serait le sujet que les gens aimeraient lire.
Une multitude de sujets me sont apparus, tout doucement; tous étant plus
intéressants les uns que les autres, je me suis alors posé une quantité
incroyable de questions sur les raisons qui m’empêchaient de poursuivre ce
projet d’écriture – qui, soit dit en passant, me hante depuis plusieurs années
–, à savoir si j’étais la personne pour traiter d’un sujet spécifique.
Les mots qui me venaient constamment à l’esprit durant cette tempête
d’idées étaient:
• Qui suis-je pour écrire sur ce sujet?
• Qui suis-je pour saisir les vraies déductions et logiques de ce sujet?
• Qui suis-je pour enseigner sur ce sujet?
• Qui suis-je pour mieux comprendre qu’une autre personne sur ce sujet?
• Qui suis-je pour…?
Finalement, instinctivement et spontanément, après avoir fait le tour de
tous les sujets, le seul qui est vraiment resté, celui qui est revenu sans cesse
sur l’écran de mon ordinateur est ce «Qui suis-je?».
Je souhaite de tout mon cœur que ces quelques pages vous apportent à la
fois questions et réponses, pour vous permettre de vous connaître un peu
plus. Je n’ai pas la prétention d’avoir la bonne recette, mais je vous propose
la mienne. C’est donc par l’entremise de mes connaissances, de mes
lectures, de mon expertise professionnelle et de mon expérience de vie que
je vous livre mes réflexions et quelques exercices à faire tout au cours de
cet ouvrage.
Alors, avec tout mon courage, ma simplicité, mon intégrité, mon
authenticité, je vous offre ce livre tant attendu.
Introduction: Premier geste concret… pour vous
retrouver

À la fin de chaque chapitre, vous trouverez un espace «Notes à moi-même».


Je vous invite à écrire vos impressions personnelles, ce qui vous a frappé au
cours du chapitre lu, ce que vous retenez de votre lecture du moment, ce qui
vous a chatouillé l’esprit, ce qui vous a bousculé.
«Notes à moi-même» est aussi présent pour que vous puissiez y inscrire
vos idées, vos inspirations, vos pensées, vos réflexions, vos émotions, vos
affirmations, et aussi les changements survenus dans votre vie.
De plus, au cours de votre lecture, des exercices de réflexion vous sont
proposés. Ils ont été sélectionnés avec soin et discernement afin de vous
permettre de mettre en pratique les théories expliquées. Ils vous sembleront
parfois drôles, parfois bizarres, mais croyez-moi, ils sont aussi intéressants
et, surtout, ils vous permettront d’intégrer – de façon individuelle – plus
facilement les lectures. Bref, ils sont une extension de ce que vous êtes.
C’est un beau départ, non?
Je vous invite donc à vous installer à un endroit où vous êtes à l’aise,
hors du dérangement du quotidien: dans votre chaise préférée, dans un parc,
au salon ou au coin du feu. À vous de voir.
Vous pouvez lire ce livre d’un trait, ou encore vous laisser inspirer et
prendre une pause à chaque chapitre; c’est selon votre goût, selon le temps
que vous avez. Mais surtout, ne vous bousculez pas, soyez bon avec vous.
Ce livre n’est pas une thérapie. Il vous permettra, tout au long de votre
lecture, de faire une légère introspection, un temps d’arrêt, une remise en
question peut-être, un repositionnement en lien avec soi et avec l’autre.
J’espère sincèrement que cet ouvrage sera un outil précieux à mettre dans
votre coffre à outils de vie; vous pourrez y revenir quand bon vous
semblera, à toute heure du jour ou de la nuit. Il sera votre miroir, votre reflet
de qui vous êtes, là, en ce moment.
Je vous souhaite une très belle rencontre avec vous-même.
Et moi, qui suis-je?

La grande question. Juste à elle seule, c’est une dissertation universitaire,


un sujet de mémoire de maîtrise doublé de pensées philosophiques à n’en
plus finir. Être ou ne pas être, telle est la grande question.
Qui suis-je? Je suis Marie Montpetit… Et ensuite? Tout d’abord, je suis
intervenante psychosociale, bachelière de formation. Je travaille
principalement avec des familles en difficulté – nucléaires, monoparentales
et recomposées – et j’accompagne également toute personne vivant une
problématique de santé mentale, et ce, depuis plus de dix ans.
Femme de «50 ans et quelques» – 50 ans pour vous et les «et quelques»
pour moi –, mariée depuis trente ans (eh oui, ça existe encore), mère de
trois enfants – même rendus à l’âge adulte, vous aurez compris qu’ils sont
et demeurent mes enfants. Je suis l’aînée de la grande famille de mon père
et je me situe quelque part au milieu de nombreux petits-enfants du côté de
ma mère; j’ai une sœur cadette et un frère décédé il y a de nombreuses
années.
Plusieurs passions m’ont animée tout au long de ma vie: musique, chant,
lecture, écriture; plusieurs métiers m’ont amenée à faire ce que je fais et
surtout ce que je suis aujourd’hui: de secrétaire-comptable à courtière en
alimentation, en passant par copropriétaire d’une entreprise en construction
jusqu’à intervenante bénévole en milieu communautaire et scolaire. Une
pause de près de dix ans a été nécessaire afin de bâtir ma famille adoptive:
l’arrivée de mon aîné à l’âge de 16 mois ainsi que de ma cadette, âgée de 18
mois, les deux provenant du fin fond de l’Orient. Finalement, mon
troisième enfant est arrivé chez moi un beau jour d’été, à l’âge de 5 ans,
avec son petit baluchon des Centres Jeunesse du Grand Montréal. Des
années d’investissement auprès de mes enfants m’ont valu trois belles
chandelles de fierté. Aujourd’hui, ils sont devenus de beaux adultes,
arborant fièrement l’avenir avec toute la candeur du jeune adulte.
Entre deux «Je t’aime, mon enfant» et une remise en question, je me suis
retrouvée à l’aube de mes 40 ans sur les bancs de l’université – un rêve de
jeune fille. Ce baccalauréat par cumul de certificats m’a permis de
poursuivre mes rêves et mes objectifs de vie qui sont maintenant d’écouter,
de comprendre, de guider l’humain.
Ceci n’est qu’une des nombreuses définitions de qui je suis… C’est
bien, me direz-vous, mais encore? Comment fait-on pour poursuivre sa
définition, son «être» au-delà de son «avoir» et de son «faire»?
L’importance de se connaître suffisamment bien – et non parfaitement, car
se connaît-on parfaitement bien? – pour être en mesure de bien réagir aux
aléas de la vie et de son quotidien.
Se connaître est une thérapie d’une vie. Je crois profondément que
l’humain est un être de changement, et c’est tant mieux. Mais au-delà de la
thérapie et de la théorie, je crois qu’il est fondamental de se connaître
suffisamment pour être capable de se positionner face aux surprises du
quotidien.
Se connaître

Quand on rencontre un être humain,

la première distinction qu’on fait,

c’est «homme ou femme».


Sigmund Freud

Socrate, le premier philosophe de l’Occident, disait: «Connais-toi toi-


même.» Bien sûr, puis-je écrire sans ironie. Mais comment? Selon ce
philosophe, cette question impérative, au sens même de notre propre
bonheur, est le premier pas dans notre recherche personnelle de notre vérité
et du bien propre, d’une vie plus heureuse.
La connaissance de soi prend d’abord la forme du savoir sur soi. Le
savoir est une connaissance qui se nomme: je suis ceci, je suis cela. Il nous
renseigne sur ce que nous appelons notre identité. C’est l’apprentissage de
nos besoins réels à travers nos expériences de vie, nos comportements, nos
attitudes, nos références, notre intelligence, nos influences, et de notre
façon de fonctionner en relation avec les autres.
Apprendre à se connaître, c’est apprécier qui nous sommes afin de
mieux réagir avec nous-mêmes. Au même titre que vous «savez» quel est le
meilleur moment pour aborder un sujet délicat avec votre conjoint parce
que vous l’avez suffisamment observé, se connaître permet justement de
mieux se comprendre face à une situation donnée ou encore un choix à
faire. Construire un «je», une identité, est indispensable car cela permet de
se positionner dans un environnement, un espace, un lieu, un temps.
Nous connaître nous aide à faire des choix pour soi et non pas pour les
autres, et ce, en lien avec ce que nous sommes et les valeurs que nous avons
bâties au fil de notre vie. Qu’est-ce qui est non négociable dans votre vie?
Qu’est-ce qui peut l’être? Quelles sont vos lignes directrices? Sur quelles
valeurs vous basez-vous pour poursuivre votre chemin de vie? Faites-vous
des choix en fonction des autres, dans la peur de perdre (ou de gagner, ce
qui peut être parfois tout aussi souffrant), ou encore parce que vous avez de
la difficulté à vous affirmer?
Lorsque nous hésitons à nous remettre en question, nous restons
prisonniers de nos fonctionnements inconscients malsains qui nous enlèvent
systématiquement le pouvoir sur notre vie et nous rendent de plus en plus
malheureux. C’est vrai, il est beaucoup plus facile de se mettre la tête dans
le sable en se disant que de se connaître est complexe et souffrant; mais le
fait de se connaître ne nous permet-il pas d’être au lieu de continuellement
faire ce qu’on ne veut plus et d’être invariablement malheureux pour le
reste de notre vie?

Se connaître, c’est tout un contrat!


Se connaître, voilà un chemin qui n’est pas nécessairement facile. Nos
schémas, nos habitudes, nos manières de penser sont imprégnés dans notre
cerveau depuis déjà belle lurette. Reprendre le tout du début s’avère toute
une aventure… une belle aventure. Se connaître – enfin – pour être capable
de vivre avec soi pour le reste de sa vie, bien ancré et en accord avec ses
pensées et ses émotions, c’est tout un cadeau qu’on se fait de soi à soi, avec
amour.
Rome ne s’est pas bâtie en un jour. Gravir le Kilimandjaro ne se fait pas
en une seule journée. Manger une assiette de spaghetti ne s’engloutit pas en
une seule bouchée. C’est important de vous écouter suffisamment pour être
en mesure de prendre le seul chemin qui vous mène vers votre plein
potentiel. Se connaître est un cheminement, un processus, un projet qui se
poursuit quotidiennement, par de petites prises de conscience, de
l’acceptation de soi et de l’observation.
«Presse-toi lentement», disait mon père, et il avait raison sur ce point.
Juste un pas, un premier pas… et à chaque pas, que le sol sur lequel on pose
le pied soit solide, ce nouveau sol jamais foulé, ce nouveau sol prêt à être
défriché. Une connaissance de soi, du «vrai» moi. C’est une belle aventure,
croyez-moi, au pays de la connaissance de soi. On y va, un pas à la fois.

Cette phrase de mon père, «Presse-toi lentement», a été pour moi


une manière de penser lorsque, à l’aube de mes 40 ans, j’ai décidé de
retourner aux études. Je voyais ce retour sur les bancs d’école
comme une «lutte à finir» avant même d’avoir commencé. En
réfléchissant bien à ce «Presse-toi lentement», j’ai plutôt pris un
moment pour établir des balises solides autour de moi, avant de
confronter mon premier cours à l’université; par la suite, j’ai pris
chaque moment d’études comme un allié qui m’amenait plus près de
mon but; chaque jour était un pas de plus vers mon objectif, non pas
comme une course à finir, mais plutôt comme une belle route de la
connaissance. J’ai pu – tout au cours de mon cheminement
universitaire – apprendre, observer, comparer, évaluer et intégrer le
tout, au lieu de passer à toute vitesse sans rien voir ni apprendre,
juste pour «avoir». Je suis très heureuse d’avoir pris le temps, de
m’être pressée, lentement…

Se connaître pour vrai, c’est un peu comme rencontrer l’être aimé. Au


tout début, c’est l’amour fou, l’amour tendre, l’amour passion, mais peu à
peu on découvre le vrai visage de l’autre. On ne le connaît pas d’un seul
coup, mais on apprend tranquillement à le connaître et à le reconnaître; ça
prend du temps. C’est la même chose lorsque l’on décide de se connaître,
vraiment. Sans cachette ni secret!
Cette quête de la connaissance de soi passe par le respect de soi. Il n’est
pas nécessaire de se mentir à soi-même, au contraire. L’importance d’être
honnête envers soi est le début d’une relation durable et franche entre vous
et vous-même. Cette attention vous amène tout droit vers la confiance que
vous vous accordez, vers cette sincérité à croire profondément que vous
êtes quelqu’un de bien et d’aimant. Ce respect vous apporte également une
force à vouloir vous connaître davantage, sans jugement, et ce, parce que
vous en valez la peine. Est-ce mieux d’être celui qui est ou celui qui a? À
vous de choisir!

Se connaître, ça peut fait peur


On a souvent dit que l’humain est un «animal» d’habitudes, et c’est vrai.
L’être humain a beaucoup de «maîtres» qui se chargent de le dresser pour
lui donner une certaine sécurité; ces mêmes personnes engendrent
inconsciemment les peurs chez l’être humain en lui faisant croire que s’il
change son comportement, il perdra l’amour de ses maîtres.
On intègre donc – avec raison et bonne foi – que les modes imposés par
l’environnement sont nécessaires et surtout normaux, du moins pour un
temps. C’est lorsqu’on se rend compte que ces règles de fonctionnement ne
nous conviennent plus et que pour notre survie on doit s’en éloigner que la
peur se déclenche. La peur du vide, de l’inconnu.
Changer fait peur, c’est classique et c’est normal. Il est impératif de voir
la connaissance de soi comme une évolution, et non pas comme un
changement radical de la personne que nous sommes. Le changement étant
la peur de l’inconnu, c’est normal d’hésiter à modifier sa façon d’être. Se
permettre une certaine évolution, se risquer à être différent, s’autoriser à
remettre en question certaines valeurs imposées est encourageant quand, au
fond de soi, on reconnaît que ces changements n’apporteront que du positif
et une belle évolution de soi.
Un autre aspect de cette peur est que ces changements doivent se faire
de façon individuelle, face à soi-même, sans avoir l’autorisation ou
l’approbation des autres. Ils supposent également certaines pertes –
relationnelles ou affectives – et permettent aussi de mettre en place, tout
doucement, une nouvelle façon de se connaître et, cette fois-ci, de façon
consciente et en accord avec soi-même.
Cette personne que vous retrouvez devant le miroir est peut-être une
inconnue pour vous. Pour le moment. L’idée de vivre avec elle en harmonie
pour le reste de votre vie, ça vous chante? Tendez-lui la main, elle n’attend
qu’une chose: que votre cœur s’ouvre à elle. Accueillez cette personne
fragile, dont le vouloir de se faire aimer est si grand.

Stéphanie se présente dans mon bureau avec un diagnostic


d’épuisement professionnel. Travaillant dans le milieu de la
construction depuis plus de vingt-cinq ans, elle s’est donnée corps et
âme pour son travail dans l’espoir de se faire reconnaître comme
étant une bonne personne. «Dans ma famille, un Tremblay, ça fonce
et ça ne compte pas ses heures», me dit-elle fièrement dès la
première rencontre. Bien qu’elle soit en arrêt de travail, Stéphanie
ne prend pas conscience au début que c’est son besoin d’être
reconnue de son père qui l’a amenée là où elle est aujourd’hui.
Au fil des rencontres, elle me nomme combien elle a une grande
peur de se regarder dans le miroir. «Je ne connais pas la femme
dans le miroir, je ne sais pas qui elle est. J’ai peur de la connaître,
finalement. S’il fallait que je n’aime pas ce que je découvre.»
Pendant plusieurs semaines, Stéphanie est paralysée par cette peur.
Parallèlement aux rencontres, elle est la première étonnée de
découvrir des aspects d’elle-même longtemps enfouis au fond de son
passé. Enfant, elle adorait les arts, domaine dans lequel – selon son
éducation – elle ne pouvait en vivre; elle s’est donc retrouvée dans
un domaine cartésien où sa créativité et la passion pour les arts
n’avaient aucune place.
Stéphanie a appris, à travers nos discussions et exercices, à
apprivoiser la femme qu’elle était vraiment. Elle s’est mise à peindre
et a même trouvé quelques clients pour vendre ses toiles. «Je ne suis
pas une fonceuse, mais plutôt une passionnée», me dit-elle fièrement.
De prendre conscience et d’accepter qu’elle est une femme «unique
et passionnée» et non une «fonceuse sans regarder en avant» a été
très libérateur pour elle.
Sans faire un changement drastique de carrière, Stéphanie a pris le
temps de se choisir un nouvel emploi qui lui permet à la fois de bien
gagner sa vie et de peindre à sa guise dans un tout nouveau studio
qu’elle a aménagé. Le plus beau de cette histoire de vie est que dix-
huit mois après notre première rencontre, Stéphanie a présenté son
premier vernissage, fière d’avoir enfin découvert «qu’un Tremblay
ça fonce, ça ne compte pas ses heures et ça peint aussi».

S’accueillir et s’apprivoiser dans l’amour de soi pour être mieux en


relation avec les autres, c’est tout un contrat, mais ça vaut le coup, croyez-
moi. La peur du changement est le premier obstacle à votre liberté d’être.
Oui, c’est un risque à prendre, mais un beau risque, ne croyez-vous pas?
Pas de pression, juste un pas à la fois. Il n’est pas nécessaire de tout
changer, et de toute façon, personne n’y arrive du premier coup. Pressez-
vous lentement.
Notes à moi-même
La responsabilité d’être soi

En acceptant que je suis responsable

de ma propre vie, je suis partie prenante

de tout ce qui m’arrive.


Jacques Salomé

Une des premières étapes dans la connaissance de soi est, je crois, la


responsabilité. Il est de notre responsabilité de se connaître, d’apprendre qui
on est. Nous pouvons demander à notre entourage, à notre famille, à nos
amis ce qu’ils perçoivent de nous, mais nous n’en sommes qu’une
perception. Le véritable soi, vous seul pouvez le reconnaître vraiment et en
être le responsable.
Prendre sa propre responsabilité – de nos sentiments, nos émotions, nos
perceptions, nos paroles, nos actes, nos visions, nos problèmes, nos joies,
nos peines –, c’est reprendre le pouvoir sur soi, sur sa propre vie. Être
responsable de soi, c’est trouver en même temps une autonomie et une
satisfaction d’être fier de qui on est.
Trop souvent, on nous a inculqué – par l’éducation – à rendre les autres
responsables de nos malheurs et de tout ce qui nous arrive de négatif dans
notre vie: en les blâmant, en les jugeant tout en leur demandant de modifier
leur comportement parce qu’ils nous rendent malheureux, tristes ou en
colère.
Malheureusement – je devrais dire «heureusement» –, nous ne pouvons
changer l’autre, ni l’événement, ni la température par des reproches ou des
critiques. La beauté du pouvoir est que nous pouvons nous changer, nous.

Tout comme Stéphanie qui a longtemps cru qu’elle devait travailler


et foncer dans la vie au détriment de ce qu’elle était comme
personne, c’est en se responsabilisant quant à ce qu’elle vivait
qu’elle a trouvé sa voie, sa passion et une énergie nouvelle; non pas
«à cause» de son éducation, mais plutôt «grâce» à sa prise en charge
d’elle-même.

En nous responsabilisant quant à nos émotions, en étant en mesure de


prendre conscience de ce qui se passe à l’intérieur de nous, d’accepter que
l’émotion nous appartient, nous pouvons ainsi faire ce que nous voulons au
lieu de blâmer l’autre pour ce qui nous arrive.
Anthony de Mello a écrit un jour qu’il ne sert à rien de montrer à chanter
à un cochon… Tout d’abord parce qu’il ne sait pas chanter et que vous
perdez votre temps; ensuite parce que ça l’énerve. Et il avait tout à fait
raison. Ça ne sert à rien de vouloir prendre du temps pour changer l’autre:
l’argumentation ne fait que renforcer son opinion et ses croyances, et ça
l’énerve!
Le pouvoir de soi et sur soi est dans la responsabilité à se prendre en
main, à s’accepter tel que l’on est, avec ses forces et ses faiblesses, avec ses
limites et ses capacités à aller de l’avant. Se responsabiliser est un long
processus, mais c’est la seule façon de reprendre le pouvoir sur soi-même et
sur sa vie pour être en mesure d’être.

Margot me demande une rencontre rapide. La colère est


omniprésente depuis l’annonce d’un diagnostic de diabète. «Je suis
tellement fâchée contre mon père et ma mère. S’ils m’avaient donné
aussi tout ce qu’il fallait étant jeune, s’ils m’avaient donné les
aliments adéquats, s’ils ne m’avaient pas obligée à «finir mon
assiette», s’ils m’avaient encouragée à faire de l’exercice, s’ils
n’avaient pas été si rigides, je n’aurais probablement pas développé
cette sale maladie. C’est de leur faute si j’ai ça, moi.»
Après avoir pris le temps d’accueillir Margot – et surtout sa colère
–, elle m’a expliqué la peur qu’elle entretenait à l’intérieur d’elle à
l’idée de perdre la vue, de se faire amputer… Elle voyait cela comme
une façon de mourir à petit feu. Sa colère contre ses parents
«responsables» de sa maladie l’avait placée dans un état de léthargie
tel qu’elle laissait tout le pouvoir sur la maladie au lieu de se
prendre en main.
Stupéfaite, elle a eu besoin de quelques rencontres pour intégrer sa
propre responsabilité en lien avec sa maladie. Elle est passée de la
colère à une immense peine, puis le désarroi s’est emparé d’elle. Elle
a dû accueillir ses émotions et se les approprier; ce fut difficile, telle
une dualité entre le déni de sa maladie et la responsabilité de
reprendre le pouvoir sur sa vie, de se prendre en main. De ré-
apprendre à cuisiner avec des aliments inconnus, d’apprendre à lire
les étiquettes d’emballage, de passer du sel aux fines herbes, de
renouer avec l’exercice au quotidien… ce fut un virage complet dans
les habitudes de vie de Margot.
À la suite de ce passage houleux, non seulement Margot a compris
qu’il ne servait à rien de mettre la responsabilité de la maladie sur
ses parents, mais qu’il était de sa responsabilité de poser des actions
concrètes dans son quotidien: retrouver de saines habitudes de vie
pour que son parcours à elle soit à sa mesure et à ses croyances. Le
fait de se responsabiliser face à sa colère lui a permis de vivre
pleinement sa vie au lieu de vivre dans la peur des croyances de ses
parents.

Prendre le temps de se responsabiliser face à ses peurs, c’est tout un


cadeau qu’on se fait. De prendre notre émotion et de la lancer dans la cour
de l’autre, c’est de perdre son pouvoir sur soi; Margot avait beau accuser
ses parents pour tous ses malheurs, ils ne pouvaient plus rien pour elle. De
porter le blâme, certes, mais pour le reste, il demeure que c’est Margot qui a
dû faire face à sa problématique et se prendre en main, trouver ses forces
intérieures pour permettre d’être dans un mieux-être aujourd’hui et, surtout,
accepter que sa maladie fasse partie de ce qu’elle est.
Margot a compris que ses parents avaient agi selon leurs croyances,
leurs valeurs et leurs balises; elle a dû tout d’abord prendre conscience que
la colère qu’elle entretenait n’appartenait qu’à elle-même et que le
ressentiment qu’elle éprouvait pour ses parents ne lui faisait que du tort. Se
remettre à la marche, adopter de saines habitudes alimentaires: voilà ce qui
a été pour elle une grande et nourrissante découverte, tant pour le palais que
pour sa maladie.
Margot a finalement intégré l’idée suivante: se responsabiliser permet
également de comprendre d’où viennent les inquiétudes ainsi que les
croyances qui paralysent et qui empêchent d’être soi.

Notes à moi-même
L’influence des autres

Les nouveau-nés ne peuvent pas tomber

ailleurs que dans l’histoire de leurs parents.


Boris Cyrulnik

Se construire une identité, c’est entre autres savoir d’où l’on vient, quelles
sont nos valeurs, celles de nos parents, de nos professeurs, de nos amis; les
influences du passé, celles auxquelles on a intentionnellement adhéré et les
autres, celles que nous avons inconsciemment intégrées. Les bonnes et les
mauvaises. Celles qui nous font dire ou faire ces choses qui ne nous plaisent
pas, mais qui, dans un élan de peur ou d’inquiétude, nous poussent à
poursuivre nos actions dans une voie que nous n’avons pas nécessairement
choisie ou dans laquelle nous nous sentons mal à l’aise.
Depuis la naissance, l’influence fait partie de notre évolution; elle assure
notre besoin physique et psychologique d’être aimé. La venue au monde de
tout être humain arrive avec son lot de projets pour lui-même. Eh oui! Sans
le savoir et en toute innocence, tous les parents du monde transmettent aux
enfants leurs influences, leurs valeurs et tracent votre ligne de vie.
Saviez-vous que, même avant votre naissance, vous étiez porteur
d’attentes? Sans le comprendre tout à fait, vos parents ont été les premières
personnes d’influence, ne serait-ce que pour vous avoir fait naître dans un
pays plutôt que dans un autre. Les premiers sens développés ont-ils eu un
effet de froid, de chaud, d’humidité, de sécheresse? Êtes-vous l’aîné de
votre famille, le cadet ou celui du milieu? Vos parents étaient-ils présents
lors de votre premier regard? Avez-vous reçu vos premières gorgées de lait
avec amour et tendresse, avec rigidité et froideur, ou encore avec rejet?
Votre langue maternelle est-elle le français, le mandarin, le russe ou
l’anglais? Vos grands-parents étaient-ils présents dans votre tendre enfance?
Lorsque vous étiez très jeune, alliez-vous à la garderie ou êtes-vous
demeuré avec votre parent jusqu’aux premiers jours d’école? Avez-vous des
tantes et oncles, des cousins et cousines, des voisins à proximité, ou avez-
vous passé le plus clair de votre temps seul?
La toute première influence que vous avez reçue est celle de la famille,
les interactions familiales et les premiers apprentissages. La famille, telle
que vous l’avez connue, a été la première source de références. Selon Boris
Cyrulnik, la base de départ de l’individu repose sur un triangle. Le
nouveau-né ne sait pas encore qui est lui-même et qui ne l’est pas, puisqu’à
ce stade de son développement un bébé est ce qu’il perçoit. Or, dans son
premier monde, il perçoit une base de sécurité que nous appelons «mère»,
autour de laquelle gravite une autre base moins prégnante que nous
appelons «père». C’est donc dans ce contexte d’influence que nous avons
reçu nos premières empreintes de notre milieu.

Louise, une cliente, se présente à mon bureau dans un état


suicidaire. Elle est au bord du gouffre et elle étouffe; elle cherche
par tous les moyens à éliminer cette douleur prenante au fond d’elle-
même. Louise est fragile et sans espoir, car pour elle le bonheur
n’existe pas.
Ayant reçu une éducation rigide et sans espace de liberté, Louise
doit être «sage et obéissante» pour être aimée, faire ce que le père
exige, et ce, sans discussion. Elle grandit dans un environnement de
peur de perdre l’amour de ses parents, dans lequel l’obéissance à
tout est la base de la liberté. Dans toutes ses relations affectives, elle
reproduit le même schéma: obéissance = amour. Le problème est
que Louise n’est pas heureuse et qu’elle est convaincue qu’elle n’a
pas droit au bonheur. Pourquoi poursuivre sa vie quand on est
malheureux?
Après quelques mois, Louise prend conscience que l’influence plutôt
sévère de ses parents a été en grande partie la cause de son malheur.
Elle a intégré au plus profond d’elle-même qu’elle n’est pas
adéquate et, par le fait même, qu’elle ne mérite pas d’être aimée et
appréciée pour elle-même et pour son jugement. Pour elle, le fait de
s’écouter et de comprendre ses besoins est inadéquat car elle est
convaincue que de nommer ce qu’elle désire est un affront à
l’obéissance et à son conjoint; elle doit, pour avoir une relation
stable et durable, obéir à son conjoint, sans dire un mot.
Pendant toutes ces années, Louise a été malheureuse de ne pas
pouvoir être ce qu’elle était, elle devait plutôt faire pour être aimée.
Faire ce qu’on lui demande, sans rechigner, sans dire un mot… à un
point tel que de s’ouvrir les veines pour que le sang coule était
devenu le seul moyen d’expression et un certain soulagement à sa
douleur interne intense. L’influence de ses parents – même à l’âge
adulte – était néfaste à son quotidien.
Après quelque temps, Louise a été en mesure de comprendre que le
fait de nommer les choses selon sa propre perception, et non selon
l’influence de ses parents, est correct et bénéfique pour elle-même.
Difficile au début d’en être convaincue, elle s’est laissée être en
thérapie pour ensuite retourner en relation avec les autres, et ce,
sans peur d’être jugée pour ce qu’elle était. Elle a retrouvé la joie de
vivre et est maintenant dans une relation saine. Louise est heureuse
de nommer les choses, sans peur de se perdre et de perdre l’amour
des autres.

L’influence ne provient pas seulement de la famille immédiate. Elle se


modifie et s’agrandit avec le temps. Après les parents s’ajoutent la fratrie, la
famille élargie, le voisinage, puis l’école, le milieu de travail, le conjoint, la
belle-famille, etc. Comme elle est exercée par un individu ou un groupe, le
résultat est souvent d’imposer des normes ou des règles en matière
d’attitude et de comportement. Cette influence entraîne donc la
modification de comportements, d’attitudes, de croyances, d’opinions ou de
sentiments pour faire partie du «clan», qu’il soit familial, scolaire, social ou
environnemental.
On se conforme, on se soumet ou on se rebelle face à la famille, à son
environnement. Tout au long de notre vie d’enfant et d’adolescent, nous
devons négocier avec les membres de notre famille et de notre
environnement. Ces personnes nous sont imposées par la force des
choses… et de la nature. L’influence de ces personnes nous forge, nous
dirige vers un chemin, vers une façon de penser et d’agir. Les membres de
notre famille deviennent alors nos balises, notre force «tranquille», notre
ligne de pensée directrice.

Sans l’influence de l’autre, qui est ce «je»?


Quand je dis «je», je désigne par là

une chose absolument unique,

à ne pas confondre avec une autre.


Ugo Betti

Il est difficile de savoir qui nous sommes lorsque, pendant toutes ces
années, nous avons été sous l’influence des autres. Pour notre survie, on a
bien voulu se donner une ligne de conduite, un savoir-faire convenable, on
nous a dicté les lignes directrices à suivre pour être une belle et bonne
personne. On nous a dit «Fais ceci» et «Fais cela» pour être acceptés dans la
famille, dans l’entourage, dans la communauté, dans le monde des affaires.
Pourquoi pas? Comment se fait-il que, malgré tout ce que nous faisons, il
existe au fond de nous un malaise profond qui nous empêche d’être ce que
nous sommes?
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous aviez fait telle chose? Vous
est-il déjà arrivé de jaser et de vouloir reprendre au vol les paroles
prononcées «sans conscience», en vous disant: «Ouf, il me semble que ce
sont les paroles de ma mère, pas les miennes.»
Il est important ici de décrire ce «je», cette personne unique que vous
êtes. Vous. Quels sont vos goûts? Qu’est-ce que vous détestez par-dessus
tout? Quelles sont vos passions? Est-ce vraiment les vôtres ou ces choix
sont-ils dictés par l’influence de vos parents, de votre entourage, de votre
communauté, de votre famille?

Chantal, femme dans la mi-trentaine, se présente tout d’abord avec


son conjoint François. Étant persuadée que la problématique du
couple est en grande partie contaminée par son conjoint, elle le
confronte constamment en espérant qu’il modifie son
comportement. «Il ne sait pas me faire plaisir, me procurer du
bonheur dans ma vie.» Chantal est triste de constater que cette
union est vouée à un échec, étant donné qu’il ne sait pas comment
lui procurer du bonheur.
Après trois rencontres intenses et houleuses, Chantal vient au
bureau, seule. Elle me raconte son enfance en précisant très souvent
qu’une personne se doit de faire plaisir aux autres pour que les
autres lui fassent plaisir; c’est leur responsabilité de faire plaisir, et
c’est comme ça que l’harmonie est présente dans un couple et dans
une famille.
Venant d’une famille dysfonctionnelle, Chantal a vite compris que
pour que l’harmonie règne au sein de sa famille, elle se devait d’être
«au-devant» des désirs de tout un chacun. Toute petite, elle
accompagnait sa mère au quotidien dans la préparation des repas et
l’accomplissement des tâches quotidiennes, pour lui donner un peu
de répit. Par la suite, elle aidait ses frères et sœurs pour les devoirs
et leçons, encore une fois pour s’assurer que ses parents puissent
bénéficier d’un moment «à deux». En compensation, Chantal
recevait un beau sourire, mais surtout des éloges de ses parents sur
les actes qu’elle posait au quotidien. Elle savait comment faire pour
que le bonheur règne dans la maison.
Chantal a vite compris que d’aller au-devant des autres était la
façon de faire plaisir; elle a aussi compris que les autres devaient
également aller au-devant de ses désirs, pour lui faire plaisir… chose
que François, lui, ne comprenait pas.
Après une discussion très émotive, Chantal a pris conscience qu’elle
a toujours posé ses actions dans un désir de plaire à l’autre;
s’oublier pour les autres était sa devise interne. Pendant toutes ces
années, elle s’est confondue aux autres, en s’oubliant. Elle a grandi
en étant persuadée que faire ce que les autres lui demandaient de
faire, de dire et même de penser était la façon de fonctionner dans la
vie, de se faire aimer au détriment de ce qu’elle était, elle.
Je lui ai un jour demandé: «Et toi, Chantal, qu’est-ce que tu aimes
dans la vie?» Elle n’a pas été en mesure de répondre, s’étant oubliée
pendant toute sa vie dans les désirs et les plaisirs des autres pour se
faire aimer, pour se faire apprécier.
Cela a été une réflexion dérangeante pour Chantal, car pour la
première fois elle a vraiment pris le temps de réfléchir sur ce qu’elle
aimait, elle. À un moment donné, elle a levé les yeux vers moi et m’a
dit: «Comment voulez-vous que François aille au-devant de mes
désirs et de mes plaisirs quand moi-même je ne sais même pas ce
que j’aime et ce qui me fait plaisir?»
Au fil des rencontres, Chantal a été en mesure de trouver – à petits
pas et à grandes réflexions – ces petits plaisirs au quotidien et de les
appliquer dans sa vie, et ce, sans peur d’être rejetée de son
entourage. Par la suite, elle a pu nommer à François ces petites
choses du quotidien qui la rendaient heureuse, et ce dernier s’est fait
un devoir d’en appliquer quelques-unes!

Difficile parfois de conjuguer notre vie au «je»; on se cache dans le


«nous» ou dans le «ils» pour se faire accepter des autres, pour se donner
bonne conscience. La peur du jugement, la peur de ne pas être à la hauteur,
la peur de déplaire, du rejet ou de l’abandon, toutes ces peurs nous font
perdre ce «je» si essentiel à soi.

Notes à moi-même
Connais-toi toi-même

Celui qui ne s’observe pas ne se connaît pas;

celui qui ne se connaît pas ne peut pas changer.


Auteur inconnu

«Connais-toi toi-même», a dit Socrate. Certes, et on part ça de quelle façon?


Un philosophe que j’aime bien, Jacques Senécal, a déjà écrit que «ce que
l’homme connaît, ce n’est pas la réalité telle qu’elle est, mais telle qu’elle
apparaît […] réfractée par les “filtres”». Ce que nous percevons de nous-
mêmes est souvent teinté de ce que nous avons entendu, perçu, compris
avec nos filtres familiaux, les valeurs transmises et l’éducation que nous
avons reçue.
On est construit de nos parents et on évolue en imitant nos pairs. La
culture et l’environnement ont des impacts très significatifs sur le
développement global de l’individu – tant sur le plan sensoriel que sur le
plan moteur, d’une culture à l’autre, d’un individu à l’autre. Dans toute
culture, les attitudes, les attentes et les comportements envers l’éducation et
les règles de vie changent selon le pays, que vous ayez vécu en France, sur
le continent africain, nord-américain ou en Asie. Que ce soit par l’impact
social, les ressources disponibles dans le milieu de vie ou même de par le
fait que vous soyez né garçon ou fille, les significations relèvent
principalement des valeurs et des traditions culturelles reçues.
Au cours de votre enfance, de votre adolescence et de votre vie d’adulte,
vous avez agi, pensé, senti à travers ces filtres de valeurs – parental,
familial, environnemental – parfois avec bonheur, parfois avec stress,
parfois avec peine et souvent avec peur, et cela sans trop savoir pourquoi.
On vous a appris, avec toute l’honnêteté et l’amour possibles, à vous
conformer à ce qui était présent. «Il faut bien faire avec, me direz-vous, il
en va de notre propre survie.»
Thomas paraît si petit et sans défense dans son berceau. Tout beau,
tout rose et joufflu, il observe son univers, sa chambre de bébé.
Pourtant, sans le savoir, il est en apprentissage. Au-dessus de son lit,
sa maman a suspendu un mobile coloré représentant des animaux
drôles et mignons. Il essaie tant bien que mal de l’atteindre. Il tend
les bras et gazouille de bonheur à l’idée, peut-être, qu’il arrivera à
toucher cette girafe au long cou… Le jour où il réussit, sa maman
déplace le mobile un peu plus haut, par sécurité.
Les premiers mois de Kawinnard sont très différents de ceux de
Thomas; Kawinnard et sa famille habitent un petit village dans le
sud de la Thaïlande; ses deux parents travaillent. Depuis le jour de
sa naissance, elle dort avec eux, ce qui permet à sa maman de
répondre immédiatement à ses premiers pleurs. Dès l’âge de trois
mois, Kawinnard accompagne sa maman au travail – évidemment à
la garderie –; celle-ci a droit à deux pauses par jour pour lui
permettre d’allaiter son bébé. Kawinnard observe son
environnement, surtout envahi par plusieurs autres enfants et
quelques adultes significatifs; son apprentissage, dès son très jeune
âge, se fera en groupe.

Les deux enfants se développeront normalement, certes, mais pas dans


les mêmes conditions, ni les mêmes valeurs, ni les mêmes règles, ni le
même environnement. Ils parlent deux langues différentes, la nourriture est
différente, le regard maternel est différent. Le développement de l’enfant est
construit – par l’instinct de survie – sur les bases des autres, sur ce qu’il doit
faire pour être en mesure de grandir en toute sécurité.
Il est important de savoir d’où on vient, quelles sont nos racines et notre
histoire pour être en mesure de savoir où on va, c’est connu. Par contre, il
n’est pas obligatoire de tout prendre sous prétexte que ce qu’on nous a
transmis est la vérité. Elle est simplement la vérité de ceux qui nous ont
transmis leurs valeurs. Et vos valeurs à vous, quelles sont-elles?
Maintenant que nous sommes adultes et responsables de nos pensées et
de nos actions, pouvons-nous alors devenir aussi maîtres de qui nous
sommes?
Moi, je suis unique
C’est important de se décrire comme une personne unique. Savez-vous
pourquoi? Tout simplement parce que vous êtes unique. Il n’y a qu’un ADN
par individu sur terre, et vous possédez le vôtre. Jacques Hébert a très bien
vulgarisé l’unicité de l’individu en expliquant que «… dès la conception de
l’humain, des millions de spermatozoïdes ont fait une course effroyable
avec une confrontation extrême entre eux pour permettre à un seul de leur
compatriote de féconder l’Ovule» (avec un grand O). Il n’en fallait qu’un
pour permettre d’être ce que vous êtes aujourd’hui. Vous êtes unique, vous.
Vous ne ressemblez à personne d’autre. Alors, au lieu de dire «Je suis
comme mon père» ou «Je suis comme ma mère», concentrez-vous quelques
instants, installez-vous confortablement et prenez le temps de vous décrire,
sans jugement.

Paul admire son père depuis sa tendre enfance. «Papa revenait de la


maison toujours avec le sourire et sa bonne humeur. Il nous
racontait sa journée avec tant de joie que je me disais que de faire ce
que mon père faisait était la recette du bonheur, et c’est ce que je
voulais faire quand je serais grand. Il avait cette façon de nous dire,
cette façon d’être heureux, assis au bout de la table à nous faire rire
de ses anecdotes plus savoureuses les unes que les autres.»
Paul grandit en étant persuadé que le métier de ferblantier est le
plus beau métier du monde. «C’est certain que c’est aussi très
sécurisant de savoir que ce métier nous apporte le pain et le beurre
sur la table depuis des générations. Mon grand-père aussi était
ferblantier. De toute façon, on m’a toujours dit, depuis que je suis
haut comme trois pommes, que je suis le portrait tout craché de mon
père.»
Paul continue à me raconter les anecdotes de son père et de son
grand-père; il me parle d’eux dans une envie de connaître les mêmes
émotions ressenties lorsqu’il était enfant. «C’est le plus beau métier
du monde, vous savez», me répète-t-il d’un air convaincu mais avec
les yeux embués.
La tristesse était palpable dans le bureau. Tout en accueillant
l’émotion, je demande à Paul s’il est heureux et s’il ressent cette joie
de vivre lorsqu’il revient à la maison le soir venu. «Je déteste ce
métier, Marie, je déteste ça. Pourtant, je devrais aimer être
ferblantier, je suis comme mon père et mon grand-père.»
Une seule question me vient à l’esprit: «Paul, quel est votre talent?»
Il me regarde, les yeux grands ouverts, ouvre la bouche pour
répondre, et la referme tout aussi rapidement. «Je n’en ai aucune
idée, Marie, aucune idée.» En prononçant ses paroles, Paul recule
d’un cran dans le fauteuil; les épaules tombent et le regard se perd.
Les semaines suivant cette conversation furent concentrées sur les
sujets relatifs à ce que Paul était, et non sur ce qu’étaient son père et
son grand-père. Il prit le temps de se connaître, lui, pour se rendre
compte que, finalement, il n’aimait pas le métier de ferblantier, mais
plutôt celui des communications; aujourd’hui, il est heureux car
lorsqu’il revient à la maison après une journée de travail bien
remplie, il se retrouve au bout de la table à raconter des histoires
délicieuses et des anecdotes exquises à sa conjointe et à ses enfants.

Il est difficile parfois de répondre à brûle-pourpoint à ces questions;


prendre le temps de s’auto-observer, ce n’est pas de tout repos, je vous
l’accorde. «Celui qui ne s’observe pas ne se connaît pas; celui qui ne se
connaît pas ne peut pas changer.» Et c’est tellement vrai. Comme il a été
décrit précédemment, ce n’est qu’en étant conscients de qui nous sommes
que nous arriverons à provoquer des changements pour soi, et ce, sans tenir
les autres responsables de nos actes, de nos paroles et encore moins de nos
pensées.
Alors, prenez le temps de vous décrire à l’aide de ces questions:
• Quelles sont vos qualités et vos faiblesses?
• Comment vous décrivez-vous?
• Que pensez-vous de vous-même?
• Quelles sont vos croyances, vos valeurs?
Ces mots qui vous viennent en tête, ces phrases que vous ressentez, ces
pensées qui vous décrivent, est-ce que ce sont vraiment les vôtres, ou vous
y croyez à force de les avoir entendus? Le portrait que vous êtes en train de
peindre, est-ce vraiment vous ou est-ce le reflet de ce que les autres
perçoivent de vous?
Melanie Klein, psychanalyste britannique (1882-1960), a décrit un
mécanisme de défense que je trouve très intéressant dans la découverte de
soi. Elle rapporte que «les introjections – positives et négatives – jouent un
rôle essentiel dans l’identification de l’individu» et forment, de façon
positive ou négative, la personne elle-même, et ce, de façon inconsciente.
Ces introjections sont assimilées et intégrées dans le fonctionnement
relationnel de la personne. Ce qui fait que celle-ci devient ce que l’autre
veut.
Bref, Klein nous explique que lorsque nous étions enfants, nous avons
reçu ces mots, ces phrases, ces gestes négatifs et positifs que nous avons
intégrés, de façon inconsciente, afin d’être aimés et acceptés de nos parents,
de nos amis, de nos professeurs, de notre entourage, mais surtout dans un
instinct de survie.
Thomas et Kawinnard ont reçu – à la façon des adultes – des messages
teintés des valeurs transmises et des manières de faire «adéquates» pour être
bien perçus et acceptés de leurs parents, de leurs éducateurs et de leur
communauté. Ils ont dû avoir un comportement acceptable qui entrait dans
les normes environnementales, culturelles et éducatives de leur milieu de
vie. Et c’est très bien.
Toutefois, est-ce qu’on sait si Thomas aurait eu besoin de l’encadrement
que Kawinnard a reçu? Thomas aurait-il mieux intégré la sécurité en
dormant dans la même chambre que ses parents? Kawinnard aurait-elle
mieux compris que sa maman ne l’abandonnait pas si tôt dans sa vie? Est-ce
que les parents de Kawinnard ont saisi la détresse de leur petite fille, même
si dans la culture orientale «c’est comme ça» qu’on éduque les enfants?
Je ne veux pas ici juger de la pertinence des actions posées ni de
l’éducation donnée aux enfants. Ce qu’il est important de comprendre, c’est
que Thomas et Kawinnard ont intégré, dès leur très jeune âge, l’idée que
malgré les émotions ressenties (peur, stress, peine, abandon), c’était ainsi et
que rien ne pouvait y changer. La beauté de l’histoire, c’est qu’aujourd’hui
Thomas et Kawinnard peuvent maintenant changer leur perception en
changeant la perception de leur propre histoire.
Nous ne ferons pas le procès de ces «introjecteurs», ça ne sert
absolument à rien. Non pas parce qu’ils ont dit ou fait certaines choses,
mais plutôt parce que le tout s’est fait de façon inconsciente, de part et
d’autre. Comme je l’ai exprimé précédemment, c’est notre responsabilité de
nous réapproprier qui nous sommes. Rien ne sert de demander aux autres de
s’excuser des torts causés.
Alors, je vous pose de nouveau les questions suivantes:
• Quelles sont vos qualités et vos faiblesses?
• Comment vous décrivez-vous?
• Que pensez-vous de vous-même?
• Quelles sont vos croyances, vos valeurs?
Êtes-vous en mesure d’y répondre selon ce que vous croyez vraiment?
Selon les valeurs des autres? Ou pour ne pas déplaire? J’ai bien hâte de
vous présenter André. Vous en ferez la connaissance au prochaine chapitre!

Notes à moi-même
Les fameuses introjections

Pour faire suite au chapitre précédent, distinguons maintenant les


introjections positives des introjections négatives.
Une introjection positive est une façon de sentir, de juger, d’évaluer que
nous avons empruntée à quelqu’un d’autre (le plus souvent à nos parents) et
que nous avons intégrée dans notre comportement sans jamais la faire nôtre.
Une introjection négative est en quelque sorte une petite voix interne qui
nous amène à nos peurs, à nos blocages, à notre croyance profonde que
nous ne pouvons pas faire ceci ou cela. Ces croyances internes sont habitées
par des jugements, des principes, des valeurs qui ne nous appartiennent pas
nécessairement, mais que nous avons décidé d’appliquer dans notre
quotidien, afin, entre autres raisons, de nous faire aimer de nos parents.
Selon Colette Portelance, «un principe qui naît de ce que nous sommes
et de ce que nous vivons réellement ne contribuera qu’à nous aider à nous
réaliser. Par contre, une croyance “greffée” – donc qui ne nous appartient
pas – ne réussira qu’à nous couper de ce que nous sommes et à nous priver
de la satisfaction de nos besoins fondamentaux». Ce qui est bon pour l’un
ne l’est pas nécessairement pour soi. «À chacun sa vérité» veut dire que ce
qui est vrai ou valable pour l’un ne l’est pas nécessairement pour un autre.
Ce qui est bon pour vos parents ne l’est pas nécessairement pour vous-
même. Par contre, en raison de ce besoin fondamental d’être aimés, nous
avons adhéré aux croyances de nos éducateurs, de nos parents, des adultes
signifiants pour nous. Les croyances internes favorisent donc un
«personnage» qui agit en fonction de normes qui ne lui appartiennent pas,
plutôt que d’agir en fonction de ce qu’il est vraiment. C’est comme si on
demandait à un pommier de donner des prunes. En naissant pommier et en
greffant une branche de prunes, on nous demande de donner des prunes. On
demeure un arbre; on ne peut changer l’essence de ce dernier.

Je vous présente André, début de la cinquantaine. Il me consulte


pour un épuisement professionnel, diagnostic de son médecin
traitant. Travailleur acharné, il priorise par-dessus tout son travail,
oubliant sa famille, ses enfants… et lui-même. «Le travail, c’est la
santé», me répète-t-il sans cesse. La santé, au point d’en faire un
épuisement!
André me raconte que son propre père, pour joindre les deux bouts,
a dû travailler jour et nuit, sans arrêt, pendant plusieurs années. «Il
a très bien réussi et je suis fier de lui. Il disait tout le temps que le
travail c’est la santé, et il avait raison. Dieu ait son âme.»
Après quelque temps, André a pris conscience que cette phrase, le
travail c’est la santé, était sa façon à lui de voir la fierté dans les
yeux de son père. Parce que ce dernier avait été un père «absent» en
raison de son travail, André croyait – à tort – que de suivre ses
traces lui vaudrait le respect de son propre père. Au contraire,
André était en train de perdre femme et enfants.
Finalement, il a compris que cette croyance interne négative n’était
qu’une «greffe» sur son être, qu’il n’était pas nécessaire de
travailler de façon acharnée pour recevoir l’amour des siens. Il
transposa donc sa croyance «Le travail c’est la santé» par «Le
travail est bon et nécessaire, le repos et le plaisir également».
Se connaître, c’est aussi se respecter. C’est savoir ce que l’on veut,
savoir ce qu’on ne veut plus. Ça demande un tour de force, de la
patience et surtout d’être vrai avec soi-même. Pour André,
l’importance n’était pas nécessairement qu’il se valorisait dans le
travail, mais plutôt qu’il attendait de reconnaître la fierté de son
père à travers son travail. Il a enfin compris que pour lui-même le
travail n’était pas «tout» et qu’il n’apportait pas nécessairement la
santé, ce qui a fait en sorte de transposer sa croyance interne
négative en croyance interne positive.

De prendre conscience que ces introjections négatives – qui ont teinté


nos pensées et nos actions – peut parfois être déroutant et déstabilisant,
c’est tout à fait normal. On découvre finalement que l’on a joué dans une
pièce de théâtre qu’on peut intituler Ma vie en étant un personnage qui veut
viscéralement être aimé de son public au lieu d’être la personne libre d’être,
de penser et d’agir.
Cela dit, on doit faire attention de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Tout n’est pas négatif: les introjections tant positives que négatives ont eu
du bon. Elles vous ont peut-être aidé à passer à travers votre enfance et
votre adolescence, à traverser un conflit houleux ou encore à vous sortir
d’un pétrin plutôt difficile.
Prendre le temps de bien définir chacune de ses introjections, de les
décortiquer, de les reformuler et de se les réapproprier pour soi et par soi,
c’est une façon saine et surtout personnelle de reprendre le pouvoir sur sa
vie et ainsi de se réapproprier la personne que vous êtes, au lieu de
poursuivre votre vie en étant un personnage pour les autres.
Un exercice simple que je propose – ne serait-ce que pour prendre
conscience des introjections – est le suivant: sur une feuille, inscrivez dans
la colonne de gauche les introjections négatives (celles qui vous retiennent,
celles qui vous frappent en plein cœur, celles qui vous freinent dans vos
élans) et dans la colonne de droite les introjections positives (celles que
vous aimeriez entendre maintenant).

Mes nouvelles pensées


(Introjections négatives – Introjections positives)
Par exemple, André a inscrit, dans la colonne de gauche, «Le travail,
c’est la santé», et dans la colonne de droite, «Le travail est bien et le plaisir
aussi». Faites à votre tour cet exercice.
Prenez le temps de réfléchir aux phrases, aux mots, aux pensées
redondantes qui vous freinent et vous empêchent d’aller de l’avant.
Inscrivez-les dans la colonne de gauche; ne soyez pas gêné, vous seul savez
ce qui est freinant pour vous. Allez-y, sans filtre ni jugement.
Par la suite, prenez le temps de réfléchir à ce que vous aimeriez que ce
soit. Tout comme André a choisi de redéfinir sa phrase, vous pouvez le faire
vous aussi. À chaque introjection négative correspond son pendant positif et
réaliste, pour vous. Prenez votre temps, rien n’est urgent. Ça fait quelque
temps que ces introjections négatives sont imprégnées dans votre corps et
dans votre esprit. Ça prend plus qu’une seule journée pour y remédier.
Pressez-vous lentement…
Finalement, lorsque vous aurez trouvé et inscrit le pendant positif de vos
introjections, je vous invite à les lire à haute voix, comme si vous vous
parliez à vous-même. Au début, vous trouverez probablement loufoque de
vous entendre dire ces phrases; elles vous sembleront peut-être plutôt
bizarres. Mais avec le temps, ces phrases, ces mots, ces pensées deviendront
signifiants à leur tour. Sauf que cette fois-ci, ce sera par choix, par et pour
vous.
Se trouver – ou se retrouver –, c’est se donner le droit de dire, de
prendre, de se respecter, de se comprendre, de se positionner, de se
découvrir sans se juger. C’est aussi poser ses limites, ses exigences,
reconnaître ses droits et ses devoirs. Tout ça, c’est de longue haleine, ça
prend du temps, de la patience. Je me répète, c’est au fil de plusieurs années
de lecture, d’écriture, de rencontres, d’études que je suis venue à
comprendre ce «Qui suis-je?». Et, entre vous et moi, je continue de me
découvrir. Une journée à la fois, un pas à la fois, en me pressant lentement!

Notes à moi-même
Mes passions

Rien de grand ne s’est accompli

dans le monde sans passion.


Georg Wilhelm Friedrich Hegel

La passion a évolué, et ce, pour notre grand bien à tous. Venant du latin
patior, qui signifie «souffrir, éprouver, endurer, supporter», passio indique
la «souffrance et la maladie»; dans le verbe «pâtir», saviez-vous que la
passion a été longtemps reconnue comme étant une maladie de l’âme?
Heureusement, la psychologie – et plus spécifiquement la psychanalyse –
nous informe que la passion est maintenant reconnue comme un état affectif
qui s’exprime par un attachement exclusif, intense et durable à un objet ou à
un sujet; tout le fonctionnement psychique et psychosomatique de la
personne s’en ressent: émotions, sentiments, désirs et même besoins.
La passion, selon moi, est un moteur individuel qui permet de se réaliser
pleinement en tant qu’être humain. Elle apporte également, et surtout, du
plaisir, cet état émotionnel si agréable et essentiel à l’équilibre de l’être
humain. Vivre dans sa passion peut parfois être intense; il faut aussi savoir
doser, mais là n’est pas notre propos. Pour l’instant, l’exercice ici est surtout
inscrit pour vous amener à faire une introspection afin de trouver votre ou
vos passions, là où vous êtes bien, où vous vous sentez à l’aise; pas
nécessairement dans un talent, mais plutôt dans un aspect où aucune
barrière n’existe.

J’ai toujours aimé chanter, c’est un «chargeur d’énergie» naturel


pour moi. Du plus loin que je me souvienne, j’avais cette envie, cette
passion que tout pouvait se chanter. Au cours de ma vie d’adulte,
j’ai intégré cette passion dans mon quotidien en chantant en solo, en
duo et en groupe – dans les églises, les écoles, les salles de spectacle,
les restaurants et dans mon salon! Chanter m’a permis de passer à
travers de grandes souffrances physiques et psychologiques; lorsque
je chante, j’oublie tout, je suis dans un état de bien-être.
Une autre passion qui m’anime est la cuisine. Pas la «grande»
cuisine, mais plutôt celle du quotidien ou du samedi soir; je ne suis
pas une chef, loin de moi ce titre. Mais de prendre le temps de
confectionner de bons petits plats pour ma famille ou mes amis me
procure un état de grand plaisir. J’apprends toujours, tous les jours,
et je me surprends à modifier une recette plutôt qu’une autre, à
ajouter un ingrédient ou à en modifier un autre, et tout cela sans
pression, selon le plaisir et l’inspiration du moment. Au final, c’est
plaisant et surtout c’est en lien avec mes valeurs, mes croyances et
mes convictions, et c’est ce qu’il y a de plus rassembleur.
Entre vous et moi, il m’est arrivé de constater que mes recettes
maison n’étaient pas nécessairement un bon premier choix! Je dois
le dire, la pizzéria du coin a été à quelques reprises un bon plan B
pour un repas entre amis!

Je crois profondément que les passions donnent un sens à la vie, une


raison, une force tranquille, un équilibre de vie, une bougie d’allumage, un
ancrage; bref, les passions sont une partie du «Qui suis-je?».

Comment trouver ses passions


Plusieurs personnes me rencontrent, entre autres choses, parce que plus rien
n’est vivant autour d’elles et en elles. Pour une multitude de raisons, elles se
sont oubliées au fil des années et se retrouvent devant moi, le regard béat,
en se demandant vraiment ce qui les passionne, ce qui les allume.
Il y a plusieurs façons de renouer avec nos passions, et lorsque cela
devient ardu, il existe des outils qui vous sont proposés dans les livres ou
sur le Web; un léger retour en arrière peut être salutaire pour redécouvrir
une passion ou un état de plaisir. Je vous propose quelques questions en
rafale ci-dessous: sans jugement ni pression, répondez spontanément, puis
laissez «reposer» votre questionnaire pendant quelques heures, voire
quelques jours, avant de le relire.
• Quelles sont les choses pour lesquelles vous avez une facilité
d’exécution, là où vous recevez spontanément des compliments de vos
amis, de votre famille, de vos collègues?
• Que faisiez-vous lorsque vous étiez enfant – seul ou avec vos amis – qui
vous apportait du bonheur au cœur?
• Qu’est-ce qui vous rend fébrile, qui vous allume?
• Quels sont les sujets qui vous intéressent, quelles sont vos discussions
préférées?
• Quels sont vos rêves les plus fous?
• Quelles sont les personnes pour qui vous avez une infinie admiration?
De retrouver et de vivre ses passions, voilà un moyen d’ancrage
extraordinaire; quand on vit sa passion, on oublie ses soucis et ses tracas, le
stress disparaît comme par magie pour faire place au bonheur pur. Mme
Danie Beaulieu dit qu’«un poisson rouge ne peut vivre dans l’eau de Javel,
au même titre que le stress ne peut vivre dans un corps détendu». Si vrai. La
passion rime avec plaisir. Alors, faites-vous plaisir!

Le mot «passion» pour moi est en lien direct avec une amie qui
demeure dans mon cœur même si elle est partie trop tôt. Johanne,
femme de cœur, a vécu sa vie jusqu’au bout de ses passions, en
accomplissant tout, avec toute la passion qui l’habitait, et ce, jusqu’à
la fin.
Que ce soit dans l’éducation de ses enfants, la transmission de son
savoir-faire et son savoir-être, à l’écouter, à l’observer et à
l’entendre, on n’avait d’autre choix que de croire en ses propres
passions. Elle avait cette ferveur, cette force, cette essence que tout
se peut, tout se vit, tout se fait et que, peu importe les problèmes, s’il
y avait de la passion, il y avait de la vie.
Johanne me disait souvent: «Je n’ai pas de mérite, j’aime ça.» Elle
avait raison. Quand on fait quelque chose qui nous passionne, ça
devient «facile»; on n’hésite pas à recommencer parce qu’on frappe
un muret ou qu’on s’accroche au tapis, ce n’est pas grave.
L’important, c’est d’aimer ce qu’on fait et ça va relativement tout
seul.
C’est grâce à Johanne que je me suis permis un retour aux études à
l’aube de mes 40 ans; elle a décelé, bien avant moi, ma passion pour
étudier, pour comprendre l’humain, pour analyser et surtout pour
écouter l’autre, dans l’aide que j’apporte au quotidien. «Il n’y a pas
de bonnes ou de mauvaises passions, Marie, il n’y a que les tiennes
qui vaillent, me disait-elle. Essaie et si tu aimes, tu fais. C’est tout.»
J’ai essayé et j’ai aimé. C’est en essayant qu’on trouve ce que l’on
aime, tu as tout à fait raison, mon amie.
Professeure de piano, contrôleuse au sein d’une entreprise de
construction, présidente d’une association féminine pendant
plusieurs années, pilote d’avion, kinésithérapeute reconnue,
astrologue et femme aux doigts de fée – tisserande, dentellière,
couturière et cuisinière –, Johanne a été l’exemple concret que
lorsqu’on aime ce que l’on fait, on ne peut être qu’heureux. Elle a
essayé plein de choses, et les a toujours accomplies avec passion.
Toute sa vie, Johanne a fait de ses passions son leitmotiv, ses raisons
d’être et ses raisons de faire, et ce, jusqu’au bout de sa vie. Dans son
dernier souffle, elle m’a dit au creux de mon oreille: «Je n’ai aucun
regret, mon amie, j’ai fait tout ce que j’ai aimé et j’ai aimé tout ce
que j’ai fait.» Merci, Johanne, pour cette leçon, je n’en retiens que
du bon.

Une des façons de trouver vos champs d’intérêt et vos passions est de
réfléchir et d’écrire tout ce que vous aimez, comme ça, tout simplement,
sans filtre encore une fois.
Qu’est-ce qui vous faisait rire ou sourire lorsque vous étiez enfant?
• Le fait de reprendre les crayons de couleur vous chatouille les doigts?
Alors faites-le!
• Vous aimez la danse? Enfilez vos souliers les plus confortables et
dansez.
• Vous aimez chanter sous la douche? Joignez une chorale.
• L’idée de construire une table de chevet allume vos yeux? Offrez-vous
un cours d’ébénisterie.

Prenez le temps d’indiquer vos réponses, sans censure; vous serez


surpris de ce qui émergera. Par la suite, choisissez une activité, un sujet, et
essayez-le. L’idée ici n’est pas d’être en compétition avec les autres en
essayant de courir le marathon la semaine prochaine, de devenir le chef de
renommée mondiale ou encore de trouver le virus nécessaire pour vaincre le
cancer. Donnez-vous plutôt le temps d’apprivoiser l’activité que vous vous
êtes proposée, ou de renouer avec un ancien passe-temps; regardez où peut
se donner le cours de cuisine, par exemple, qui vous inspire ou encore
prenez contact avec un organisme communautaire qui propose des cuisines
collectives. Comme m’a si bien enseigné Johanne, essayez-le. Vous pourrez
choisir par la suite si ça vous chante de continuer ou d’arrêter. L’important,
c’est d’abord de le faire.
Encore une fois, tout cela sans pression. Je le répète, l’idée ici n’est pas
de tout faire mais plutôt de découvrir une passion par le plaisir. Prenez le
temps d’apprivoiser, de goûter et de vivre vos passions. C’est un état de
bien-être qui est assurément une des clés de votre «Qui suis-je?», et surtout,
lorsque ces passions se retrouvent en lien avec votre vision de la vie, vos
croyances et votre mission, vous êtes sans contredit à votre place. De cette
façon, il est beaucoup plus aisé de s’affirmer pour soi et par soi.

Notes à moi-même
J’ai besoin d’une pause

La vie va au même rythme que le gazon pousse.


Danie Beaulieu

Vous avez tellement raison, Mme Beaulieu! Comprendre les premiers


chapitres de ce livre, en saisir le sens profond, ça prend du temps. Rome ne
s’est pas bâtie en un jour, le Kilimandjaro ne s’est pas gravi en trois
enjambées et une assiette de spaghetti ne s’avale pas en une seule bouchée.
Prendre le temps de faire tranquillement les exercices proposés aide à
mieux saisir le sens profond de chaque étape, permet une plus grande
intégration de la matière et surtout une meilleure connaissance de soi. Il
vaut la peine de mettre le film de notre vie sur «Pause» pendant quelque
temps, c’est aussi une belle façon de prendre soin de soi et du moment
présent.
Notre vie sur «Pause»? Eh oui! Elle aussi a besoin, à l’occasion, de
reprendre le contrôle sur sa vie. Vous ne pouvez être en constante recherche
de vous-même. C’est épuisant. Le fait de mettre parfois un sujet de côté, le
temps qu’il puisse mûrir, ça fait du bien tant sur le plan de la
compréhension que sur celui de l’émotion. Tiens, j’ai le goût de vous parler
de Jeanne.

Jeanne vient me voir. Depuis quelques années, elle ne se comprend


plus. Après plusieurs thérapies avec différents spécialistes, elle
demande à me rencontrer. «Je n’en peux plus, me dit-elle. Je
n’arrive pas à mettre mes priorités aux bonnes places.»
«J’ai beau lire tous les livres qui se trouvent sous la main, jaser avec
tous les spécialistes, élaborer plusieurs stratégies pour me sentir
mieux, il n’y a rien à faire, je n’arrive pas à “être” bien.» Jeanne me
raconte que, depuis cinq ans, elle vivote de thérapies en groupes
d’entraide à la recherche du bien-être. «Je fais tout ce qu’on me
propose, mais j’ai l’impression d’arriver au même point de départ.
Je dois y arriver, après tout, il en va de ma santé. Je tourne en
rond.» Tiens donc, Jeanne, quelqu’un a déjà dit qu’il était surpris
de voir qu’à essayer de toujours faire la même chose, il continuait à
espérer que les choses changent. Et si vous faisiez autrement?
Après m’avoir raconté son histoire, Jeanne prend conscience qu’elle
se met beaucoup de pression sur les épaules, et dans son cœur, à
vouloir «comprendre à tout prix» son fonctionnement relationnel et
surtout à vouloir tout régler «une bonne fois pour toutes». En mi-
parcours de sa thérapie, Jeanne nomme combien elle s’est mis de la
pression sur les épaules à vouloir se changer pour arrêter de
souffrir; sa souffrance était telle qu’elle voulait s’en débarrasser
sans en comprendre vraiment le sens.
Il lui a fallu une pause – une vraie pause de quelques mois – pour
finalement comprendre que ce n’était pas par la pression qu’elle
s’imposait qu’elle pouvait modifier certains schémas psychiques
relationnels, mais plutôt en prenant un certain recul pour y voir plus
clair.

Prendre soin de soi n’est pas toujours une sinécure. Être capable de
savoir simplement ce qui nous fait plaisir peut s’avérer difficile. Alors,
arrêtons-nous un moment pour comprendre que le fait de se connaître –
après tant d’années – ne se réglera pas en quelques pages ni en quelques
semaines.
«La vie va au même rythme que le gazon pousse.» Comprendre un de
nos comportements peut se faire un peu plus rapidement, mais l’intégrer et
être certain qu’il est bon ou mauvais, ça prend un certain temps. Ne vous
bousculez pas. Il ne vous sert à rien de vous mettre de la pression. Et entre
vous et moi, avez-vous vraiment besoin de cette pression? Je peux vous
assurer que Jeanne, elle, n’en avait pas du tout besoin!
Prendre le temps de se connaître, c’est partir à l’aventure. Une belle
aventure. Se découvrir, être capable de se reconnaître, d’apprécier ses
qualités et ses faiblesses, approfondir et se réapproprier son «soi». Prendre
soin de soi, c’est aussi prendre du recul et prendre «de la hauteur» du
quotidien pour être en mesure de mieux s’évaluer en lien avec les croyances
et les valeurs imposées.
Il n’y a rien de bon à vouloir précipiter les choses; ce serait si dommage
de passer tout droit sur une qualité, parce que de vouloir arriver au but trop
rapidement vous empêche de bien vous observer. Ce n’est pas si facile de
ne pas se presser; on doit parfois faire preuve d’une généreuse patience. Il
faut laisser au temps le temps de prendre son temps. Eh oui, à la conquête
de soi, on doit se presser lentement… Oui, papa!

Une pause: comment je fais ça?


Prendre une pause ne veut pas nécessairement dire «arrêter de tout faire»,
mais plutôt réfléchir sans avoir le filtre du jugement pour soi. Prendre une
pause, c’est se faire du bien au quotidien, c’est prendre un moment pour soi
et avec soi, et ce, sans obligation et dans le plaisir. C’est un rendez-vous
avec soi-même.
Prendre une pause, un temps d’arrêt, est parfois perçu comme une perte
de temps. Soyez rassuré, c’est tout sauf cela. C’est un moment privilégié
que l’on s’offre, parce qu’on le vaut, tout simplement.
Il y a une multitude de façons de prendre du temps pour soi; faire une
promenade par une belle journée ensoleillée d’hiver ou d’été, lire un bon
livre, méditer, courir pour le plaisir, essayer une nouvelle activité – tiens, un
brin de passion peut-être –, bref, prendre un rendez-vous avec soi-même
pour se connecter à l’essentiel, à ce qui vous fait vibrer, à ce qui vous fait
du bien. Peu importe la façon, l’important est de prendre du temps pour
vous et qu’il soit bénéfique.

Une des façons que je préconise est la méditation: elle m’aide à me


poser là où je décide consciemment d’être – et non pas de faire. Elle
me permet de rencontrer mes émotions, de les accueillir sans les
juger (difficile, mais combien bénéfique!), de les laisser partir pour
laisser la place aux nouvelles. De plus, la méditation me donne une
meilleure concentration, me permet de poursuivre ma journée et
lorsqu’il m’arrive de me retrouver devant un dilemme, elle m’aide à
me positionner et à faire des choix importants pour moi, et non pas
pour les autres.
Une autre façon pour moi de faire une pause est de prendre mes
bâtons de marche, d’enfiler mes souliers et, avec mon fidèle
compagnon à quatre pattes, je parcours les rues, les parcs et les
sentiers pédestres de mon quartier. Ces moments de connexion avec
la nature, le vent, le soleil ou la pluie me permettent d’évacuer le
stress du quotidien, de laisser – à grandes enjambées – derrière moi
les soucis et les tracas du moment.

Faire ma méditation au quotidien ou encore me retrouver au cœur de la


nature sont pour moi des moments essentiels à mon équilibre de vie; il
m’arrive de passer par-dessus une journée et j’en ressens rapidement les
effets néfastes sur mon humeur et ma stabilité quotidienne. Et entre vous et
moi, c’est souvent durant ces pauses bien méritées que des réponses toutes
simples à mes questionnements parfois complexes surgissent de nulle part
et viennent ainsi prendre forme, comme ça, sans raison, juste parce que j’ai
pris le temps de lâcher prise. Pendant un court instant, j’ai pris le temps
d’une pause, sans jugement, sans peur de tout perdre.
Lâcher prise ne veut pas dire «perdre». Au contraire. Lâcher prise
signifie se donner la chance d’arrêter de vouloir changer cette douleur, cette
peine ou cette colère; s’arrêter d’avoir mal en dedans pendant un moment.
Prendre un moment pour tout mettre ses tracas sur la tablette du haut et se
faire plaisir. Pourquoi chercher si loin quand ces moments précieux sont
parfois si près?
Vous savez, déceler ce qui vous fait du bien peut être parfois difficile;
c’est à force d’essais que vous trouverez ce qui vous convient. Lorsque ce
sera fait, inscrivez ces activités personnelles à votre agenda et n’en
démordez pas. Car vous savez que la personne la plus importante pour
vous, c’est vous; vous faire plaisir et vous faire du bien, cela vous
appartient.
Le grand secret est de le faire au quotidien. Cet exercice peut vous
paraître ridicule à première vue, mais croyez-moi, ça vaut vraiment la peine
de l’essayer. Bloquez un temps quotidien à l’agenda, 15 minutes par jour,
sans plus. «Bloquer mon agenda?», me dites-vous. Eh oui, Carole l’a fait.
Carole me rencontre par un beau jour de janvier. Dans la frénésie
du temps qui passe, entre son emploi à temps partiel, mais presque
complet, ses jeunes adultes, son conjoint et ses parents vieillissants,
le quotidien et son social, elle est épuisée. «Je suis au bout du
rouleau, Marie», me confie-t-elle.
Juste à la regarder aller dans son quotidien, je peux comprendre
pourquoi elle est fatiguée. En écoutant Carole et surtout en lui
reflétant combien elle donne de son temps et de ses énergies aux
autres, je lui fais prendre conscience qu’elle s’est oubliée avec les
années. Incapable de s’attribuer une seule qualité – à part sa très
grande générosité dont on lui parle tout le temps –, elle ne sait plus
qui elle est. Carole me regarde avec ses yeux grands, béats et remplis
de larmes. Lorsque je lui ai demandé où était son «temps de pause»
dans la journée, elle m’a regardée comme si je lui avais demandé de
faire pousser des grains de neige en juillet. «Voyons, Marie, je n’ai
pas le temps de prendre du temps pour moi.» Ce fut son premier
vrai défi.
La panique d’arrêter de donner aux autres pour être en mesure de
prendre pour soi… «N’y pense même pas, Marie, c’est impossible.»
Et pourtant! Pendant une semaine, j’ai simplement demandé à
Carole de trouver une activité, si courte soit-elle, pour faire une
action apaisante pour elle-même, un petit quelque chose au
quotidien.
Lors de la rencontre suivante, Carole s’assoit dans le fauteuil et me
dit à brûle-pourpoint: «Marie, j’ai trouvé ce que j’aime: j’aime
prendre le thé.» Bien. Je prends son agenda et je lui demande à
quelle heure elle aime le faire. «Vers 15 h, j’ai du temps.» J’ai donc
«bloqué» du temps dans son agenda papier, à l’encre s’il vous plaît –
parce qu’à l’encre ça ne s’efface pas –, de 15 h à 15 h 30, tous les
jours. Tous les autres rende-zvous, les obligations, le temps de
travail, les tâches du quotidien, tout a été écrit au crayon à mine,
mais les rendez-vous «À moi, de moi, avec amour» ont été inscrits à
l’encre.
Ce ne fut pas facile au début, c’est vrai. Toutefois, si vous rencontrez
Carole un jour, je peux vous assurer qu’elle a toujours ses 30
minutes par jour où, peu importe ce qui se passe, elle se retrouve
avec elle-même pour son thé de 15 h. C’est son petit bonheur du
quotidien.

Vous savez, nous avons tous besoin d’un temps d’arrêt; les entreprises,
les commerces, les bureaux de professionnels, tout le monde. Les horaires
sont bien affichés à la porte d’entrée ou encore sur le site Web, alors
pourquoi pas vous?
Fixez-vous un temps bien à vous; prenez un rendez-vous avec vous-
même au quotidien; respectez-le, comme vous respectez les engagements
envers les autres. Aimez-vous mieux le matin, l’après-midi ou en début de
soirée? Quel est le meilleur temps pour vous dans votre journée? Vous êtes
votre meilleur ami et votre meilleur allié, faites-vous ce plaisir essentiel à
votre quotidien. Tout comme Carole, même si vous trouvez l’exercice
difficile, essayez-le. Vous m’en donnerez des nouvelles… après votre
pause!
Octroyez-vous ce temps de pause, ce temps d’arrêt pour vous recentrer
avec vous-même. C’est un cadeau au quotidien que vous vous offrez;
croyez-moi, vous serez la première personne à en bénéficier, et votre
entourage ne s’en portera que mieux.

Et pourquoi une pause?


Pourquoi une pause?, me demanderez-vous. Pour plusieurs raisons, c’est
certain. Pour ma part, cette pause quotidienne me permet de reprendre de
l’énergie, de puiser des forces, de recharger ma batterie intérieure.
Je compare souvent l’être humain à une pile rechargeable, eh oui! À
force de prendre de l’énergie à l’intérieur de soi, à force de se faire abuser
de sa générosité, il arrive que la pile intérieure tombe à zéro. Et je vous jure
que lorsque cela arrive, c’est difficile d’attendre le chargement complet
avant de se remettre en fonction.

Mon horaire au quotidien


Certes, le sommeil est un besoin nécessaire au bon fonctionnement de
l’être humain; c’est le chargement normal et essentiel de la batterie
humaine. Par contre, même si on peut parfois fonctionner à 100% du temps,
sans arrêt, on ne peut pas tout le temps rester sur ce mode. Il arrive à un
moment donné, sans crier gare et sans avertissement, que la pile tombe à
zéro; lorsque ça arrive, on ne se comprend plus et, surtout, on ne comprend
pas pourquoi. J’ai le goût de vous parler de Sophie.

Sophie est une belle femme de 38 ans, qui se présente chez moi pour
discuter d’une problématique avec son garçon. Elle m’indique
combien ses trois enfants ont eu beaucoup de problèmes étant plus
jeunes, mais qu’après plusieurs années d’accompagnement chez
divers spécialistes, elle est bien fière de constater qu’ils sont tous
bien rendus à l’école. «J’ai travaillé très fort, Marie, mais tu vois, j’y
suis arrivée; la seule chose est que l’un d’entre eux a une réelle
difficulté à se concentrer, il bouge tout le temps. J’arrive à lui faire
faire ses devoirs le soir, mais je t’avouerai que ce n’est pas de tout
repos. Je veux des trucs parce que je crie tout le temps, je perds
patience avec lui.»
Elle me nomme que sa hantise est d’avoir le fameux appel de
l’enseignant lui disant que son plus vieux cause des problèmes en
classe. «Je travaille très fort, Marie, pour canaliser ses énergies.
Même que, le jour, je crée des exercices scolaires supplémentaires à
la maison pour lui présenter le soir, de manière différente du prof,
pour que ce soit plus facile pour lui. Je travaille très fort pour mes
enfants, Marie; ils sont ce que j’ai de plus précieux.»
J’écoute Sophie et j’accueille tout ce qu’elle me dit. Je comprends et
je ressens très bien tout l’amour inconditionnel qu’elle porte pour
ses enfants; c’est clair et sans reproche. Elle me répète souvent que
sa patience est diminuée et, dit-elle, elle a «la mèche courte». «Si je
te disais, Marie, que j’appréhende 15 h 30, lorsque les enfants sont
sur le chemin du retour. Je me suis rendu compte que je les accueille
les dents serrées.»
Après quelque temps à l’écouter et après qu’elle eut pris un grand
soupir de soulagement d’avoir eu le temps et l’espace de se raconter,
je lui pose une seule question: «Et toi, Sophie, toi, comment vas-tu?»
Sophie me regarde… et doucement, des larmes coulent sur ses joues.
«Moi, je suis à plat. J’ai l’impression d’être au bout du rouleau.
Non, pas l’impression… Je suis au bout du rouleau. Fatiguée.
Épuisée. Tannée. Pas tannée de mes enfants, mais je ne sais plus
comment me retrouver; c’est comme si je m’étais perdue quelque
part entre 31 et 38 ans.»
Croyez-vous que Sophie a pris quelques pauses quotidiennes durant
tout ce temps? Dans le mille! Bien sûr que non; c’est entre autres
pour cette raison qu’elle était au bout de son rouleau, que le stress
était au rendez-vous, que les «crises de 15 h 30» se pointaient du
lundi au vendredi.
Accompagnée de son médecin de famille pour une médication
temporaire, Sophie a pris du temps de pause pour se refaire une
santé. Elle a pris conscience que sa pile était bel et bien à plat et que
depuis quelque temps, faute d’avoir pris des pauses au quotidien,
elle survivait dans son quotidien.

Et vous, maintenant. Sur une échelle de 1 à 10, 1 étant que vous respirez
à peine et 10 que vous avez de l’énergie à revendre, où vous situez-vous?
• De 1 à 2, vous êtes en survie; vous arrivez à peine à respirer, à manger,
mais pas à faire la cuisine, simplement manger. Une grande léthargie est
omniprésente dans votre quotidien. Vous ne fonctionnez pas.
• De 3 à 5, vous avez un petit peu d’énergie pour vaquer à vos tâches
quotidiennes. On n’attaque pas le grand ménage du printemps et on ne
s’impose pas une séance de boot camp au gym; au contraire, on suffit à
prendre soin de soi, juste soi.
• De 6 à 8, ça va. On tente de remettre les choses en place, on gère le
quotidien et on se retrouve à la fin de la journée avec le goût immense
de retrouver notre oreiller. Mais ça va quand même.
• Et la totale: entre 9 et 10, on gère le quotidien, on planifie le futur, on a
de la «broue dans le toupet».

Sur cette échelle, où aimeriez-vous être? Où vous situez-vous


présentement? Prenez le temps d’y réfléchir, honnêtement. À l’aide de
l’image suivante, indiquez votre niveau d’énergie le matin, l’après-midi et
en soirée.
Souvenez-vous de Carole: lorsqu’elle est venue me rencontrer, elle
n’avait du temps que pour les autres. Elle était aussi épuisée. De prendre
conscience qu’elle se situait dans le «3-5» l’a fait réagir, et elle a bien saisi
l’importance de s’octroyer du temps pour elle, histoire de ne pas se
retrouver avec sa pile à plat au beau milieu de la journée. Ainsi, ses 30
minutes de pause par jour lui permettaient de recharger sa batterie, même en
plein jour.
Recharger sa pile chaque soir permet de reprendre de l’énergie, mais il
est important de comprendre que le temps de chargement est le même, que
vous soyez à «3» ou à «6». On ne dort qu’un nombre limité d’heures dans
une nuit, et ça c’est lorsqu’on ne fait pas d’insomnie. Si, durant la nuit, vous
êtes en mesure de recharger votre batterie de 3 points, par exemple, sachez
que vous ne commencez votre journée du lendemain qu’à trois points
supplémentaires de votre point de départ. Ne vous demandez pas alors
pourquoi vous vous sentez épuisé à la fin de votre journée; regardez plutôt
quel chiffre vous avez indiqué au dernier exercice.
Une des façons concrètes de pouvoir recharger notre batterie humaine
est d’être en mesure de poser nos limites, de reconnaître notre capacité à
donner, et bien sûr sans nous épuiser.

Notes à moi-même
Je pose mes limites

Savoir dire «non» à l’autre pour être

en mesure de dire oui à soi.


Moi-même

Combien de fois ai-je entendu les gens me dire qu’ils sont incapables de
dire non? «Ça ne se fait pas, j’ai déjà dit oui la dernière fois, il m’a toujours
aidé…» Bref, le livre des 1001 excuses a été appris par cœur par deux
auteures bien connues qui se nomment: Dames Culpabilité et Peur. Je suis
persuadée et convaincue que vous les connaissez, pas besoin de
présentation formelle, n’est-ce pas?
Loin de moi l’idée de vous empêcher de vivre la culpabilité et la peur;
j’aimerais plutôt vous présenter les avantages et les bienfaits de fixer ses
propres limites.
Tout d’abord, les frontières – ou les limites, choisissez le mot qui vous
convient le mieux – nous aident à mettre de l’ordre dans notre propre vie;
elles sont essentielles pour la santé tant du corps que de l’esprit.
Les limites servent à fixer nos valeurs, nos croyances dans notre propre
jardin, non pas dans celui du voisin. S’affirmer avec ses propres limites,
c’est être en mesure de prendre conscience de qui nous sommes, de prendre
la place qui nous revient, non pas toute la place, mais notre place. Il va de
soi également que de respecter ses propres frontières nous incite à respecter
celles des autres. C’est un besoin essentiel et vital à notre survie.
Vous savez, une limite est beaucoup plus qu’une simple façon de
s’exprimer ou de s’affirmer sur un sujet. Mme Anne Katherine nous
informe à ce sujet que les frontières nous permettent de nous protéger et de
nous respecter; c’est une façon de penser, d’être et d’agir pour soi d’abord,
et pour les autres ensuite. Apprendre à solidifier ses frontières, c’est accéder
à une meilleure connaissance de soi, à une lucidité et à une vérité qui
clarifient nos relations interpersonnelles. De plus, toujours selon elle, poser
clairement nos limites nous donne le pouvoir de déterminer l’attitude et le
comportement de l’autre à notre égard; lorsque nos propres limites sont
définies et que nous les assumons complètement, elles deviennent une
magnifique protection pour soi. Autrement dit, le fait de poser ses limites de
façon saine et respectueuse pour soi a un effet miroir sur les autres.
C’est évident que de poser ses limites, ça ne se change pas en claquant
des doigts. C’est un processus, comme tout le reste, d’ailleurs. Ne vous ai-je
pas mentionné précédemment que le temps était un allié de taille dans tout
ce processus de la connaissance de soi?
Je trouve important ici de mentionner que notre propre territoire – notre
jardin personnel – est un impératif biologique essentiel à la survie. On ne
peut le traverser sans conséquence, sans limites et sans territoire; c’est notre
identité qui est en jeu. Parce que nous nous identifions à notre territoire,
nous devenons très ébranlés lorsqu’une personne ne reconnaît pas nos
limites ou, pire, ne les respecte pas.
Lorsqu’une personne envahit notre territoire, notre existence même peut
être bafouée; nous recevons comme message que nous avons très peu
d’importance pour elle, ou seulement lorsqu’on répond à ses attentes.

Définir son espace, son territoire


Avant de poser ses limites, il est important de définir son propre territoire.
Au fait, de quoi est composé ce territoire personnel?
Il comprend plusieurs aspects de votre vie personnelle. C’est votre
identité propre, bien sûr, mais aussi vos pensées, vos croyances, vos
valeurs, vos actions. Ce territoire – physique et psychologique – vous
définit sur tous les plans: personnel, social, familial et professionnel.
• Votre nom. C’est le début de votre identité, du «Qui suis-je?» à votre
arrivée sur cette terre; on vous a octroyé un nom qui vous suivra jusqu’à
votre dernier souffle, et même au-delà. Votre nom est tout ce qui vous a
été transmis depuis votre naissance; c’est avec lui que vous êtes devenu
ce que vous êtes aujourd’hui. Il arrive à l’occasion qu’on vous concède
un mignon surnom; mais lorsque le sérieux s’impose, remarquez
comment votre véritable prénom prend toute sa force.
• Votre corps, votre santé, votre vie et votre mort. Eh oui, vous en
disposez selon vos désirs, vos croyances, vos valeurs. Ce territoire vous
appartient en propre, et personne n’a le droit de s’en approprier. Miser
sur votre santé, c’est croire en vous et en votre vie, et il n’y a que vous
pour vous prendre en main; personne ne peut le faire à votre place. Vous
avez le droit de refuser d’être soigné également; cette décision vous
appartient et vous revient.
• Votre temps de sommeil, de loisirs, de vacances. Ce temps est essentiel à
votre survie. Il vous appartient. Personne, à moins d’une urgence, ne
peut arbitrairement en disposer.
• Votre espace géographique (votre chambre, votre logement, votre
maison, vos meubles, votre espace de travail). Ce n’est pas peu dire,
même dans le code criminel, il est interdit d’accéder à la propriété
géographique de quelqu’un sans au préalable lui en avoir demandé
l’autorisation. Si vous avez déjà vécu une entrée par effraction à
domicile, rappelez-vous comment vous vous sentiez, même plusieurs
mois après cet événement.
• Vos choix de vie, vos idéologies et vos croyances. Pas pour les autres,
mais pour vous. Si vous décidez de vous coiffer de façon non
traditionnelle, par exemple, vous assumez les conséquences de ce choix,
c’est-à-dire le regard plutôt ébahi de l’entourage. Cela dit, ces choix de
vie sont propres à vous et ne doivent pas être imposés aux autres. Il en
va de votre territoire, et pas de celui de vos voisins, dans le respect de
chacun, et ce, là où vous vivez.
• Vos acquis, vos expériences personnelles et professionnelles, vos échecs
et vos réussites. Vos acquis vous appartiennent, et personne ne peut s’en
emparer. Vos succès et vos expériences font partie de vos acquis, qui
passent nécessairement par la responsabilité de vos actes.
• Votre rôle, tant sur le plan familial, social que professionnel: votre
charge de travail, votre espace de travail, les outils utilisés pour votre
travail ou vos valeurs personnelles; votre rôle vous appartient. Il est
intéressant de nommer ici toute l’importance reliée à l’affirmation de
soi; occuper l’espace afin de pouvoir jouer ce rôle avec tout le respect de
soi; ne pas prendre tout l’espace, mais prendre son espace.
• Vos biens. Argent, voiture, meubles, vêtements: vous pouvez en disposer
à votre guise; vous pouvez les prêter, mais pas à la légère, c’est votre
droit. Dans cette section, j’inclus également votre courrier, votre courriel
et vos appels téléphoniques personnels… Il n’y a rien de public là-
dedans.
• Vos engagements et vos responsabilités. Et pas ceux des autres! Vous
connaissez sûrement des personnes qui, parce qu’elles sont
manipulatrices, vous font porter leur propre engagement et leurs
responsabilités sur votre dos. Vous êtes dans votre droit de prendre ce
qui vous appartient, et de remettre aux autres ce qui ne vous appartient
pas.

Il est important de saisir ici que si on perd notre territoire, on perd


automatiquement notre autonomie, notre liberté d’être et de faire. Notre
épanouissement ainsi que notre liberté d’être sont par le fait même
menacés.

Laissez-moi vous présenter Patricia, femme dans la mi-trentaine qui


désire depuis toujours amener sa fille en vacances à Walt Disney.
Après plusieurs années de dur labeur, elle y parvient non sans de
multiples contorsions financières et, surtout, à la suite
d’incalculables heures supplémentaires. Femme de confiance et
généreuse de son temps pour son employeur, ce dernier lui demande
de garder son téléphone cellulaire ouvert et de rester disponible
durant son voyage avec sa fille.
Patricia me rencontre à la suite de cette discussion avec son patron;
elle est vraiment désemparée et surtout déchirée à l’idée de devoir
travailler durant son voyage avec sa fille. «C’est un moment
privilégié que je veux avoir avec ma fille et je n’ai pas le goût de le
partager avec personne.» Par peur de perdre son emploi, elle n’ose
pas nommer son déchirement entre le plaisir de partir en voyage
avec sa fille et le sentiment de loyauté et d’allégeance envers son
patron.
Après avoir entendu et accueilli la peur de Patricia, nous avons
regardé ensemble les différentes définitions concernant le fait de
poser ses limites et le territoire personnel; quelle ne fut pas sa
surprise de constater que le temps de vacances était un des facteurs
importants pour son équilibre familial et professionnel. Elle a
compris que c’était un droit fondamental et que sa peur de perdre
son travail – qu’elle aimait beaucoup – l’empêchait d’affirmer, de
façon respectueuse, ses limites.
Patricia est retournée discuter avec son employeur et a clairement
pu affirmer son désir de partir seule avec sa fille durant ses
vacances tout en demeurant respectueuse mais ferme dans
l’intention de laisser son cellulaire fermé durant son séjour à Walt
Disney.

Un territoire, selon moi, ne se justifie pas; il s’affirme et impose le


respect – par soi et non pas par les autres, faut-il le rappeler.
Toutefois, il est très important de mentionner ici que tout cela doit se
faire dans un grand respect de soi et de l’autre. Ce que j’inscris ici est sur le
plan personnel seulement, et ne cadre pas du tout dans un aspect politique
ou autre.
De poser ses limites vient combler les besoins fondamentaux (que nous
regarderons un peu plus tard au cours de ce livre) qui sont, entre autres, les
besoins d’amour, de reconnaissance, de liberté, de sécurité et d’affirmation.
Pour être en mesure de les satisfaire, il est essentiel de développer des
aptitudes personnelles pour se faire respecter et d’être en mesure de
s’affirmer de façon adéquate et responsable.
«Un potier travaillant l’argile reconnaît les limites de son matériau; il
doit le tremper d’une certaine dose de sable, le vernisser comme ceci ou
comme cela, le conserver à telle ou telle température, le chauffer jusqu’à un
certain degré. Mais en reconnaissant les limites de son matériau, il ne limite
pas la beauté de la forme que, de sa main d’artiste, dépositaire de la sagesse
de la tradition et guidée par sa propre vision du monde, il a donnée à
l’argile.» Margaret Mead
Ce que nous apprend Mme Mead est l’importance de comprendre
jusqu’où nous désirons aller, que ce soit dans une direction ou une autre.
L’importance de poser ses limites pour être bien et en harmonie avec nos
propres décisions au lieu de constamment se fier au jugement des autres. Si
nous ne sommes pas en mesure de prendre position et que nous nous fions
toujours à l’autre parce que nous ne nous connaissons pas suffisamment,
nous passons tout droit dans la connaissance de qui nous sommes et dans
cette liberté tant convoitée par chacun d’entre nous. Liberté d’être et liberté
de choix de vie.
Lorsque nous apprenons à connaître la nature de notre propre argile,
nous pouvons donner à notre contenant la forme de son propre destin.

L’acceptation de soi pour être en mesure de changer les choses


La rencontre avec soi-même, c’est également le fait de prendre conscience
que ce «je» a une essence, un «je» profond et vrai. Vous savez, cette
essence tel un arbre, votre arbre, cet arbre dont vous portez fièrement les
branches et les feuilles de vos expériences personnelles et professionnelles.
Prenez le temps de fermer les yeux et de visualiser quelle est votre essence
d’arbre: un grand chêne, un peuplier, un érable, un pommetier en fleurs, un
pin?
Comme l’a si bien dit Félix Leclerc: «Un vieux pommier ne fait pas de
vieilles pommes.» Votre arbre se renouvelle, se modifie, change, évolue,
grandit au fil des saisons, au fil du temps. Il a fait face à de nombreuses
intempéries, à des hivers trop froids et des étés trop chauds. Cet arbre est
devenu, avec le temps, plus grand, plus fort, rempli de sagesse. Il porte le
poids des années; il est grand et beau; il a certes quelques branches
défaillantes, mais il vous offre selon la saison toute sa beauté, sa splendeur
et ses fruits du renouveau.
Vous ne le reconnaissez plus ou vous ne le regardez plus? Il vous semble
indifférent, isolé au fond du jardin ou encore étouffé dans une forêt trop
dense? Avez-vous cette sensation qu’on a essayé de modifier cet arbre,
qu’on lui a demandé de donner des poires alors qu’il est un érable à sucre?
Saviez-vous qu’à vouloir changer la saveur de vos fruits et parfois même
la composition de base de votre arbre, vous ne faites que repousser le
moment d’une belle rencontre avec vous-même? De vouloir donner de l’eau
d’érable pour vous faire aimer de vos proches et ainsi survivre, vous évitez
de goûter – enfin – à la saveur délicieuse que donnent les fruits de votre
arbre.
La rencontre avec soi, c’est le fait de prendre conscience que ce «moi»
reste immuable, quoi qu’il arrive. Que malgré les tempêtes, vents et marées,
vous demeurez cet arbre et que vous êtes, dans l’identité qui vous est
propre, cette personne qui peut offrir le meilleur d’elle-même, pour vous et
pour les autres.
Se connaître, c’est être capable de s’écouter, accepter ce qu’on entend à
l’intérieur de soi et apprendre à accepter ce que l’on vit pour être en mesure
de prendre soin de nos besoins.
Se connaître, c’est surtout se donner le droit de renoncer. Renoncer à ce
qu’on nous a enseigné; à ce qu’on a voulu que l’on soit, au détriment de
notre essence, de notre «moi». Se connaître, c’est s’aimer suffisamment
même dans la peur de renoncer à l’autre, afin de se retrouver, soi.
Ce n’est qu’à partir de cette certitude, ce n’est qu’en reconnaissant ses
besoins, ses peurs, ses manques et ses désirs qu’on peut commencer à se
percevoir comme «existant», jusqu’à être convaincu que ce «moi» en vaut
vraiment la peine et la douleur.
D’apprendre à se connaître, c’est le cheminement d’une vie, me direz-
vous, et vous avez raison. Comment puis-je me connaître? Quelles sont les
façons de mieux se connaître?
Tout au long de notre vie, nous avons rencontré plusieurs personnes,
vécu et répété diverses expériences; nous nous sommes retrouvés avec le
même genre de personnes, sans en comprendre véritablement le sens.
Finalement, nous sommes souvent blessés, déçus, voire déchirés. Il est
important de bien comprendre ici que nous répétons les mêmes schémas
relationnels parce qu’au fond de nous nous continuons de réclamer à cor et
à cri une chose qui ne peut pas être.
Par exemple, on peut bien nous fanfaronner à grands coups de clairons
qu’on nous aime, maintenant… mais notre mère ne nous le disait pas, à
l’époque de notre tendre enfance. Il faut donc renoncer à cet espoir, laisser
tomber ce «je t’aime» tant attendu, parce que nous ne pouvons tout
simplement pas revenir en arrière, remonter le temps, redevenir ce petit être
avec ce besoin si fort d’entendre notre mère nous dire «je t’aime». Ce
besoin de se faire dire qu’on nous aime et qu’on est important pour l’autre
est essentiel à l’estime de soi; que faire alors pour contrer ce besoin
nécessaire?
Nous pouvons, en tant qu’adultes, retrouver et satisfaire ce besoin par
d’autres moyens tout aussi valables, des moyens qui donnent lieu à une
expérience nouvelle. Par contre, tant que nous n’avons pas fait le deuil de
ce passé, tant que nous n’avons pas renoncé à entendre ce «je t’aime» de
notre mère, nous sommes condamnés à répéter une situation et une relation
qui ne peut répondre à notre besoin. Prendre conscience que celui-ci est
essentiel et vital pour nous, se responsabiliser face à lui et, surtout, faire le
deuil de ce passé, de cette absence, tout cela arrive à combler et à satisfaire
enfin un besoin nécessaire à notre évolution et à la rencontre de soi-même.

Je vous présente Charles, 45 ans. Marié puis divorcé, il me consulte


car il désire de nouveau rompre avec sa conjointe. «Les femmes sont
toutes pareilles, me dit-il d’entrée de jeu. Je suis tanné de toujours
être en couple et que ça se termine en queue de poisson chaque fois.»
Et il ajoute: «Les femmes sont menteuses.»
Au fil des rencontres, Charles me raconte son histoire de vie. «Rien
de spécial, m’exprime-t-il, à l’exception que j’ai dû renoncer à
poursuivre mes études car mon père m’a toujours dit que j’étais
pourri en mathématiques. J’ai terminé mon secondaire et suis allé
apprendre un métier de la construction; mon père aurait tant aimé
que je sois architecte, il aurait été fier de moi.»
Charles me raconte que ses conjointes (son ex et l’actuelle) l’ont
toujours apprécié, même qu’elles louangent son travail, ce qui le met
en rogne. Il s’empresse de dénigrer les propos, s’obstine à grands
coups de gueule qu’il n’est bon qu’à clouer des clous. Bref, il est
convaincu que ses conjointes le dénigrent et qu’elles rient de lui. «Je
suis un pourri, mon père me l’a dit. Comment une femme peut-elle
être fière d’un homme qui n’a pas réussi dans la vie?»
Pourtant, tout ce que Charles désire dans le fond, c’est de voir la
fierté dans le regard de son père. En prenant conscience de ce besoin
si profond, il commence à remettre en question sa propre perception
de son métier, de la fierté qu’il peut éprouver à bâtir et construire de
ses mains. Il reconnaît que même s’il a des lacunes en
mathématiques, ça ne fait pas de lui une mauvaise personne; au
contraire, il est habile de ses mains, ce qui n’est pas donné à tout le
monde.
Il est certain que Charles ne verra jamais la fierté dans le regard de
son père; c’était le désir de son père que d’être architecte, pas le
sien. Se bâtir une fierté lui a pris un peu de temps, mais aujourd’hui
Charles est heureux, et toujours en couple avec sa conjointe!

Attendre que les autres satisfassent nos besoins fondamentaux nous


ramène inévitablement dans nos blessures. Parce que l’humain est un être
de relation, nous essayons tant bien que mal de combler nos besoins par la
relation. Parce que le «moi» fait mal, nous remettons la responsabilité à
l’autre de répondre à nos propres besoins. Parce que l’autre n’est pas la
bonne personne pour réparer nos blessures, s’enclenche inévitablement une
violente émotion qui nous amène à le rendre responsable de ne pas avoir
comblé nos besoins. Et la roue tourne…

Notes à moi-même
Je m’affirme

Ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je

crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre,

ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que

vous avez envie de comprendre et ce que vous comprenez…

Il y a donc au moins dix possibilités de ne pas s’entendre.


Edmond Wells

La meilleure façon pour soi de poser ses limites de façon claire et surtout
respectueuse est de s’affirmer. De nommer ce qu’on ressent, ce qu’on veut
dire pour soi d’abord – c’est une question de respect envers soi – et pour les
autres, évidemment. L’affirmation de soi, c’est le fait d’exprimer fermement
et tranquillement son point de vue, en défendant ses droits tout en
respectant ceux des autres. C’est pouvoir dire oui et non avec ouverture sur
les autres, sans culpabilité pour soi et sans peur.
S’affirmer, c’est savoir trouver des compromis réalistes en négociant les
désaccords sur la base d’intérêts mutuels. Pratiquer l’affirmation de soi,
c’est vivre dans l’authenticité, parler et agir en fonction de ses sentiments et
de ses convictions les plus profondes.
Il existe plusieurs façons de s’affirmer, selon un contexte donné.
S’affirmer ici ne veut pas dire crier, frapper, pleurer ou mordre. Au
contraire, cela signifie respecter la différence de l’autre tout en restant en
lien avec la réalité. S’affirmer peut se manifester dans l’expression d’une
idée, par exemple, ou d’un compliment que l’on donne, dans un silence
poli, dans le refus de sourire lorsqu’un travail nous ennuie.
Regarder, poser une question, penser par et pour soi-même, soutenir un
point de vue, se mobiliser dans l’action et dire non sont toutes des façons
saines de s’affirmer.
Sylvie demande à me voir, car elle n’arrive pas à concilier le travail
et la famille. Mère monoparentale de deux enfants au primaire, elle
se sent bousculée et malheureuse. «J’aime ce que je fais, mais ça
déborde de partout, je n’arrive pas à passer à travers mes tâches
quotidiennes. J’aimerais bien arriver à mener à terme les projets
spéciaux que mes patrons me proposent, mais je n’y arrive pas. Je
reviens à la maison fatiguée et, surtout, frustrée de ne pas être en
mesure de m’épanouir pleinement en tant que femme au travail.»
Sylvie est une personne d’une très grande générosité et d’une écoute
exceptionnelle. Elle est l’amie et la confidente dans son milieu de
travail; tout un chacun s’empresse, à toute heure du jour, de lui
confier ses problèmes. Sylvie écoute, conseille judicieusement ses
collègues à un point tel qu’elle prend un retard considérable tous les
jours. Les conséquences sont désastreuses; pour arriver à terminer
ses tâches, elle fait des heures supplémentaires tous les soirs.
S’ensuit de la frustration, car au-delà des amendes à payer pour les
nombreux retards à la garderie, de la perception qu’elle a d’elle-
même à ne pas être en mesure d’exploiter son talent, elle n’a ni le
temps ni l’énergie pour passer du temps de qualité avec ses enfants.
Bref, ça ne va pas.
Après m’avoir raconté tout cela, Sylvie prend conscience que son
problème ne résulte pas des tâches professionnelles et familiales qui
la rendent malheureuse, mais plutôt du fait d’être constamment
dérangée au bureau, ce qui l’empêche d’accomplir les projets
spéciaux. Elle prend conscience qu’après la séparation d’avec son
conjoint, elle a tellement eu peur de perdre son réseau social qu’elle
s’est mise à vouloir entretenir des relations professionnelles pour se
sentir «utile».
Sylvie a pu mettre en pratique des exercices d’affirmation de soi,
puis a été en mesure de dire oui aux projets spéciaux et non à ses
collègues de travail. Avec le temps, le fait de s’affirmer a eu un
impact positif sur la vie de Sylvie et au-delà du respect qu’elle se
porte maintenant, elle s’est rendu compte que non seulement rien ne
s’est écroulé autour d’elle, mais également que ses partenaires de
travail ont continué à discuter et à échanger avec elle, et ce, dans le
respect de son horaire.

Dans le non-verbal aussi


Est-ce qu’on peut ne pas communiquer? Eh bien non! On communique tout
le temps. Le silence est une forme de communication – même si on croit
l’inverse; ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de paroles qu’il n’y a pas
d’échanges.
On dit que le langage corporel et l’expression de la voix comptent pour
93% du message que vous communiquez: c’est énorme. Une personne
assise à la bibliothèque, par exemple, nous envoie le message «Je lis».
Maintenant, cette même personne est-elle heureuse, ennuyée par sa lecture,
aime-t-elle l’endroit? Ça, nous ne le savons pas. Mais le message principal
qu’on reçoit est qu’elle lit. Nous avons reçu un message, et ce, même s’il
n’y a pas eu un mot.
L’affirmation, c’est aussi le langage du corps. On ne peut pas dire non
quand tout notre corps dit oui, et vice versa. On devient incohérent pour
l’autre mais, surtout, irrespectueux envers soi.

Je me rappelle, lorsque mes enfants étaient très jeunes, il y avait un


temps dans la journée, ne me demandez pas pourquoi, que
j’appelais affectueusement «l’heure du crime», le 16 h à 19 h. Vous
savez, le souper qui approche, l’accompagnement aux devoirs pour
le plus vieux qui est indispensable, les collations à préparer, les
fourneaux qui roulent à fond, la télévision qui répète le même film
pour les deux plus jeunes, un bras qui brasse la sauce, une oreille
attentive au deuxième qui veut sa pomme en quartiers et non pas en
tranches, et la plus jeune qui chante à tue-tête la chanson des
Télétubbies. Bref, je suis à ce moment-là «dans le jus».
Comme dans tout bon moment intense, ma plus jeune arrive un soir
au beau milieu de «l’heure du crime» avec une question toute douce,
«Maman, est-ce que tu m’aimes?» en tirant sur mon pantalon. Je ne
réponds pas, je ne l’entends même pas. «Mamaaannn, est-ce que tu
m’aimes?» me redemande-t-elle plus intensément et avec une voix
plus mielleuse. Je vous rappelle que j’aide déjà le plus vieux pour
ses devoirs et que j’ai un bras dans la soupe!
«Mamaaannn, est-ce que tu m’aimes pour vrai?» me redemande-t-
elle pour la troisième fois. Je lui réponds avec le plus grand des Oui,
mais dans une intensité et une frustration immenses. Que pensez-
vous que ma fille a entendu? Un «Oui, je t’aime, ma fille» ou un
«Aïe, tu me déranges, ma fille»? Dans le mille, la deuxième réponse!
Même si j’ai répondu oui, dans le moment présent j’étais débordée
et j’ai répondu pour calmer la tempête. Pas besoin de vous dire que
ma fille est retournée au salon et n’a pas continué à chanter…
Je me suis alors aperçue de ma grande bévue. J’ai fermé les ronds
de la cuisinière, j’ai dit à mon plus vieux de poursuivre sa lecture et
donné des quartiers de pomme à mon deuxième. Ensuite, je suis
allée retrouver ma fille, je l’ai prise dans mes bras et avec tout mon
cœur, tout mon corps, je lui ai dit que je l’aimais. À ce moment-là,
elle m’a donné un gros câlin de soulagement. «Oui, maman t’aime,
ma fille!»

Entre la tête et le cœur


Lorsque la tête et le cœur ne sont pas alignés, vous n’êtes tout simplement
pas à la bonne place. C’est alors qu’une partie importante de vous est
occultée et remplacée par un conformisme qui peut aller jusqu’au mensonge
le plus innocent et le plus inconscient.
Prenons l’exemple précédent. J’avais nié une partie de moi, en ne
reconnaissant pas la frustration que j’éprouvais pendant mon «heure du
crime»; j’ai donc dit oui à ma fille en espérant qu’elle retourne au salon, au
lieu d’arrêter le tout et de prendre dix secondes pour lui dire combien elle
était importante pour moi. J’aurais pu aussi prendre un grand respir et lui
dire un oui tout en mettant ma frustration de côté pendant un petit dix
secondes. Mais vous savez, parfois, l’impulsion prend le dessus et l’humain
étant ce qu’il est…
La seule façon d’être en harmonie avec vous-même est de vous respecter
en tant que personne, d’apprendre à reconnaître vos émotions, de les
accueillir et de prendre des décisions en fonction de ce que vous vivez
intérieurement, et non pas de responsabiliser les autres pour vos propres
émotions.
Sylvie en est également un bel exemple. Elle a nié pendant longtemps la
peur d’être seule et de vivre l’isolement. Au lieu d’exprimer à ses collègues
la peur qu’elle entretenait au plus profond d’elle-même, elle se niait comme
personne et donnait beaucoup trop de temps à écouter les déboires de ses
collègues sur son temps de travail, ce qui lui faisait vivre des frustrations
immenses tant sur le plan personnel que sur le plan familial. Sylvie a pris la
responsabilité de ses émotions et a nommé à ses collègues sa peur de se
retrouver seule. Non seulement elle a acquis une liberté de temps pour
permettre de savourer les projets spéciaux que ses patrons lui avaient
proposés, mais elle a également trouvé des collègues attentionnés qui, au fil
du temps, sont devenus des amis sincères.
Un des outils que je propose lors de mes rencontres est «Entre la tête et
le cœur»; c’est tout simple. Ce que vous pensez est en lien avec ce que vous
ressentez, vous êtes en paix avec votre émotion et votre pensée, c’est
parfait. Vous pouvez nommer ce qui est là et aller de l’avant.

La tête en lien avec le cœur


Ce que vous pensez n’est pas en lien avec ce que vous ressentez? Prenez
un temps de recul pour bien comprendre ce qui se passe à l’intérieur de
vous. Ne responsabilisez pas les autres, mais prenez plutôt conscience que
les émotions ressenties vous appartiennent: il ne tient qu’à vous d’en
prendre l’entière responsabilité. Tout comme Sylvie.
Notes à moi-même
J’ai besoin de…

Depuis le début de ce livre, je vous parle de besoins non comblés. Il est


impératif de comprendre ici que nos besoins ont été satisfaits par nos
parents ou une figure parentale substitut dès notre première journée de vie.
Devenus adultes, nous nous devons maintenant de répondre à nos propres
besoins. Eh oui! Je vous explique.
Mme Colette Portelance, dans son livre Relation d’aide et amour de soi,
nous apprend que derrière nos actions, nos paroles se cachent nos besoins
d’être, d’affirmation, d’aimer, de liberté, de créer, d’écoute, de sécurité, et
plus encore. Ceux-ci sont vitaux. Ils sont essentiels: ils ne sont pas des
caprices de notre nature, ils ne peuvent être ignorés; ils doivent être
comblés… par soi.
Un besoin se manifeste par une insatisfaction, une sensation d’inconfort.
Il échappe à notre contrôle, à notre volonté. C’est vital, et c’est ici et
maintenant. Un besoin est une pulsion, une source de motivation pour
passer à l’action, pour combler un manque, une déficience de l’organisme,
pour permettre la croissance de l’individu.
Un besoin est également inné et universel; on le retrouve chez tout être
humain, peu importe l’âge, le sexe ou la race, dans toutes les cultures et
toutes les civilisations. Il ne peut rester indéfiniment insatisfait sans
conséquences graves pour la survie ou la croissance de la personne. Si nous
nous coupons de nos besoins, quelqu’un en paiera le prix, nous-mêmes ou
l’autre.

«Je ne suis plus capable d’endurer ça», raconte Émilienne, belle


dame de 72 ans aux joues roses et au regard stressé qui se tord le
cœur à l’idée d’endurer «ça» pour encore bien longtemps. Mais
qu’est-ce que c’est que ce «ça»?
Venant d’une famille très modeste, où «tout était compté, même les
patates dans l’assiette», Émilienne a vécu une enfance plutôt
heureuse. «La ruelle était mon terrain de jeu et l’école, un moment
de paix; j’adorais apprendre.» Travaillant «à la shop» depuis ses 15
ans tout en donnant sa paie à sa mère, elle a quitté sa famille à 19
ans pour se marier. «C’était comme ça dans le temps, Marie. J’ai
trouvé un bon parti, un bon travaillant et je me suis mariée. J’ai eu
mon premier fils à 20 ans et les autres – elle a eu six enfants – ont
suivi jusqu’à mes 30 ans.»
Émilienne me raconte qu’au début de leur union ils étaient bien et
heureux. «Un peu insouciante peut-être!» Elle vivait correctement;
pour elle, finalement, la vie de couple et de famille, c’était ça, le
bonheur.
À la venue du sixième enfant, son conjoint a perdu son emploi. Se
sont succédé une suite d’épreuves qui ont amené Émilienne à devoir
demander de l’aide sociale. Humiliée et déchue, elle s’est mise –
comme sa mère – à compter les patates pour être capable de devoir
nourrir sa famille. «Marie, ce furent des moments d’horreur et
d’angoisse. Ce qui me faisait le plus mal là-dedans, c’est que je
voyais mon mari dépérir et se détacher de ses responsabilités de
pourvoyeur. Je me suis mise à tout calculer, à compter et à
portionner la nourriture. Rien ne se perd, rien ne se jette.» S’en est
suivie une obsession quasi maladive d’étirer sa soupe et les portions
avec un bout de pain ou une tasse d’eau supplémentaire.
Quelques mois plus tard, son conjoint a trouvé un autre emploi, la
stabilité financière du couple s’est rétablie et l’aide sociale n’était
plus qu’un mauvais souvenir. Sauf que, pour Émilienne, la peur
d’en manquer est demeurée omniprésente. Encore aujourd’hui, elle
me nomme combien il est difficile de vivre à l’idée de manquer
d’argent au point d’être obligée de «compter les patates».
Le «ça» d’Émilienne est «la peur d’en manquer». Cette forte pulsion
l’empêche de vivre des moments paisibles avec son conjoint,
prétextant ne pas avoir suffisamment d’argent pour profiter de la
vie; elle sombre plutôt dans l’économie à outrance au cas où «ça»
revienne.
En faisant le tour de la question et surtout en accueillant la peur
d’en manquer, Émilienne se rend compte combien ce besoin de
survie a été important au cours d’une grande période de sa jeunesse
et qu’un retour à être obligée de «compter les patates» – à ses 30 ans
– a été une réouverture à sa blessure et à son instinct de survie.
«Marie, aujourd’hui, je sais dans ma tête que j’ai les moyens de
m’offrir de petites vacances ou même un voyage, mais je suis
bloquée par en dedans, je suis prise avec “ça”».
En prenant conscience de son besoin et en exprimant sa peur en
thérapie, Émilienne a commencé à se percevoir comme une
personne qui pouvait jouir de la vie sans avoir peur d’en manquer.
D’être capable de se sécuriser face à son grand stress a été le
premier grand pas vers sa liberté.
Au bout de quelques mois, Émilienne est arrivée dans mon bureau,
les yeux pétillants, avec une brochure: elle avait le projet de partir,
«pour une première expérience», en croisière.
Bon voyage, Émilienne.

Le beau de l’histoire, c’est que le fait de répondre à ses besoins est le


début de la connaissance de soi. «En reconnaissant ses besoins, en
revendiquant ses sentiments, on peut commencer à se percevoir
correctement comme existant […] on commence à créer et découvrir ce “je”
qui en vaut la chandelle.» Judith Viorst

L’importance de bien cerner un besoin


Cerner un besoin, c’est d’abord admettre son inconfort et son malaise. Un
besoin, satisfait ou non, fait naître une émotion agréable ou désagréable,
selon que ce dernier a été répondu ou non. Par exemple, «J’ai besoin de
partir en vacances» se traduit par «Je suis fatiguée»; «J’ai besoin de
manger» est inévitablement parce que «J’ai faim»; «J’ai besoin d’un ami est
probablement déclenché par «Je me sens seul».
La théorie d’Abraham
Abraham Maslow (1er avril 1908-8 juin 1970) est un psychologue célèbre
considéré comme le principal meneur de l’approche humaniste connu pour
son explication de la motivation par la hiérarchie des besoins, qui est
souvent représentée par la pyramide de Maslow. Selon lui, il existe une
chronologie dans les besoins qui sont subdivisés en cinq points:
1. Physiques
Les besoins physiques sont ceux qu’on retrouve à la base de la pyramide
de Maslow. Au début de votre vie, ils ont été comblés par la mère, le
père ou le parent substitut: vous nourrir, vous vêtir, vous réchauffer,
vous changer de couche, etc. Ces besoins ont répondu à vos cinq sens et
sont directement liés à votre survie. Aujourd’hui, ces besoins physiques
peuvent être, par exemple, faire de l’exercice, manger adéquatement,
dormir huit heures par nuit, vous vêtir adéquatement selon la
température, etc.
2. Sécurité
Le besoin de sécurité s’inscrit dans la protection contre les différents
dangers qui nous menacent, par exemple sur le plan affectif ou en ce qui
a trait à nos acquis (sécurité financière). On entend par ce besoin celui
d’avoir un emploi, de se sentir à l’abri d’un danger quelconque ou
encore de vivre dans un climat familial sécurisant.
3. Appartenance
Ce besoin est directement lié à la dimension sociale de la personne qui a
besoin de se sentir acceptée par les groupes dans lesquels elle vit: la
famille, par exemple, le travail ou encore la communauté. La personne
se définit par rapport à ses relations.
4. Estime
Le besoin d’estime est très important dans le stade des besoins
fondamentaux. Il est le levier qui permet de prendre son envol en tant
qu’être humain, de croire en son potentiel, de se définir en tant que
bonne personne (amis sincères, appartenir et participer à des groupes,
être reconnu par les autres, confiance en soi, affirmation de soi, avoir de
l’influence sur les autres, savoir son travail reconnu et respecté, être
reconnu pour ses talents, être valorisé).
5. Se réaliser, se développer
Apprendre, connaissance de soi (cours, études, lecture), épanouissement
de ses talents, but à atteindre dans la vie, choix concrets à faire, l’action
dans le milieu, contribuer à…, transmettre, créativité, etc.

Maslow nous indique également que:


• chacun diffère dans l’énergie et le temps qu’il met à connaître et à
satisfaire ses besoins;
• chacun est différent dans la réalisation de ses besoins;
• chacun a droit à la satisfaction de ses besoins;
• chacun est appelé à comprendre et à accepter les besoins des autres;
• chacun est responsable de la satisfaction de ses propres besoins;
• chacun doit respecter les besoins des autres.

Nous sommes responsables de nos besoins


Il est important ici de bien comprendre que nous sommes responsables de
prendre soin de nos besoins. Au début de notre vie, nous avions parents et
famille qui, tant bien que mal, ont comblé nos besoins; mais force est de
constater qu’avec le temps, l’autonomie et la responsabilisation de soi, il
nous revient de droit de nous prendre en main et de répondre à nos propres
besoins.
Ne vous méprenez pas: un désir n’est pas un besoin. Le désir étant une
convoitise ou une envie, il ne doit pas nécessairement être comblé ou
exaucé, mais il doit être entendu. Si vous avez une envie folle de partir pour
la Jamaïque, par exemple, est-ce un besoin lié à une fatigue (besoin
physique) ou encore est-ce pour retrouver une paix intérieure (besoin de se
réaliser)? De là l’importance de bien cibler votre besoin, et non pas de
répondre à l’envie de partir en voyage. Car, entre vous et moi, ce n’est pas
nécessaire de partir en voyage pour répondre à un besoin de repos ou pour
retrouver une paix intérieure. Par contre, vous devez vous occuper de votre
besoin physique (vous reposer) qui vous permet de poursuivre vos journées,
ou encore répondre au besoin de retrouver cette paix intérieure afin d’être
en équilibre et en harmonie avec vous-même.
Tout comme dans l’histoire d’Émilienne et la responsabilisation de son
besoin, on comprend bien ici l’importance de bien le cerner afin d’être en
mesure d’y répondre, et non d’attendre que quelqu’un d’autre le fasse pour
soi. Voilà la différence entre être à la merci des autres au lieu de goûter
pleinement à une liberté d’être, pour soi.
Il est donc important ici de bien saisir la notion de la responsabilisation
face à ses besoins, et de là, prendre soin de soi. Nul ne peut le faire à votre
place. Vous êtes fatigué? Personne ne peut se reposer pour vous. Vous vous
sentez seul? Il n’y a que vous qui pouvez faire les premiers pas pour vous
sortir de l’isolement. Vous vous sentez inutile? Trouvez un endroit dans
votre communauté qui appréciera votre expertise ou votre expérience de
vie.
Être conscient de ses besoins et en prendre soin: voilà un pas de plus
vers la connaissance de soi.

Notes à moi-même
On fait le ménage

Je vous ai donné jusqu’à maintenant des outils afin de mieux vous


connaître. Vous avez sûrement retrouvé une partie de vous-même. Vous
avez pris le temps de reconnecter avec plusieurs aspects de votre
personnalité, de vos croyances, de vos perceptions, de votre spiritualité.
Vous avez pris le temps de mettre en mots, en ordre ou en désordre,
d’apprivoiser, de ressentir ces nouveaux aspects de vous.
Pour arriver à vous approprier de votre nouveau «Qui suis-je?»,
permettez-moi de vous raconter une belle histoire, votre histoire!

Il était une fois un «Mini-moi». Ce Mini-moi, nouvellement né, est


accueilli par sa mère et son père. Ses parents décident tout pour lui.
Ils lui donnent un prénom, un nom de famille et des racines. Ils lui
imposent une langue, une façon de vivre, un environnement, une
nourriture, les croyances religieuses et spirituelles ainsi qu’une
famille élargie. Mini-moi n’a aucun droit de regard sur les décisions
imposées par ses parents.
Mini-moi s’impose au fil des années. Vers 3 ans, il choisit lui-même
s’il veut un verre de jus de pomme plutôt qu’un verre de jus
d’orange et à l’occasion, il décide de la couleur de son chandail. Il
est fier de prendre ses propres décisions. Mais lorsque vient le temps
du coucher ou du bain, pas de choix possible. Ses parents se
chargent de sa santé et de son bien-être. Il va à la garderie le jour et
se retrouve ensuite à la maison, avec ses parents qui, bien sûr,
décident de l’heure du coucher.
À 5 ans, Mini-moi se retrouve au préscolaire. La grande école, c’est
tout un changement pour lui. À partir de ce moment, ses parents ne
sont plus les seuls responsables de son bien-être. L’enseignant est
partie prenante de son apprentissage. Pas le choix, Mini-moi se
retrouve parmi plusieurs autres élèves, dans un nouvel
environnement qu’il n’a pas choisi; pas de négociation possible. Par
contre, notre Mini-moi goûte à une certaine autonomie et porte
fièrement son sac d’école… qu’il a choisi.
Le temps file et passe à la vitesse de l’éclair. Notre Mini-moi se
retrouve à 13 ans, aux portes de l’adolescence. «Je ne suis plus un
Mini-moi, mais un Moyen-moi.» Et il a raison. À 13 ans, il est apte à
prendre des décisions pour son bien-être et sa santé, mais ses
parents sont toujours présents pour l’encadrer et l’aider à faire ses
choix.
Après la grande traversée de l’adolescence de notre Moyen-moi, les
18 ans lui font subir une grande transformation. «Je suis Moi,
maintenant», tout en se rendant bien compte – sans toutefois le dire
et se l’affirmer – que de prendre des décisions pour lui-même, de
prendre soin de son bien-être et de sa santé est difficile! Papa et
maman ne sont jamais bien loin!
Moi rencontre l’être aimé et prend un jour conscience qu’il parle
comme son père, qu’il entretient des relations comme sa mère, qu’il
entend comme son frère et qu’il est convaincu qu’il est ce qu’il est
grâce à sa grand-mère. Moi se pose une seule question: «Comment
cela se fait-il que je ne suis pas Moi et que je suis tous les autres à la
fois?»

C’est ça, l’influence; qu’elle soit positive ou négative, les gens autour de
vous, et ce, depuis votre venue au monde, vous ont influencé en vous
transmettant leurs valeurs et croyances, leurs façons de vivre, leurs balises
et leurs façons de faire. C’est normal, et c’est dans la lignée des choses.
Quoi qu’il en soit, devenus adultes, nous continuons de subir ces
influences dans notre quotidien sans trop y penser, jusqu’au jour où, tout
comme Louise, nous n’en puissions plus. Sans en comprendre la raison, il y
a quelque chose qui dérange dans l’influence qu’une personne peut
transmettre chez soi.

Moi, mes influences choisies


Après avoir fait le tour du «comment faire pour être» vient tout
naturellement le temps de faire le ménage du printemps, d’observer les
personnes qui gravitent autour de nous et de faire, consciemment cette fois-
ci et sans grande douleur, un tour de table pour décider qui, de notre famille,
de nos amis, de nos collègues seront présents pour nous influencer, mais en
toute conscience.
Votre table d’influence vous appartient, et c’est à vous d’y positionner
les gens dont vous appréciez la vision, les valeurs, le fonctionnement, et
dont vous voulez qu’ils soient des gens d’influence, pour vous.
Je vous invite à vous installer confortablement à votre table et de vous
décerner la place de choix, c’est-à-dire celle des décisions. Au tout début de
votre vie, cette place a été prise par votre mère, suivie de très près par votre
père; plusieurs autres personnes ont gravité autour de cette table. Certaines
ont changé de position, d’autres sont demeurées bien présentes, et
quelquefois malgré vous. Tous se sont vus attribuer des rôles bien
spécifiques: mère et père, éducateurs et professeurs, grands-parents, tantes
et oncles, cousins et cousines, voisins et amis. Tous ont eu des influences
positives ou négatives autour de votre table, selon le rôle qu’ils ont joué.
Nous possédons tous une belle tablée interne. Différentes influences
nous assistent dans nos prises de décision, dans les orientations de notre vie.
En chacun de nous reposent plusieurs personnes d’influence, qu’il s’agisse
de nos parents ou d’adultes signifiants rencontrés au cours de notre vie.
Elles posent un regard sur nos comportements et les jugent en fonction de
leurs valeurs respectives.
Selon vous, les décisions qui ont été prises depuis le tout début de votre
vie vont-elles dans le même sens que vos propres valeurs, vos passions et
votre mission?
Prenez le temps d’observer les personnes autour de votre table. Quels
sièges y occupent vos parents? Qu’ils soient encore vivants ou non, leurs
enseignements continuent de vous influencer secrètement. Et les autres
personnes d’influence, quelles sont-elles? Fratrie, voisins, famille élargie,
anciens professeurs? Avez-vous l’intention de leur demander de poursuivre
leur mandat ou, au contraire, désirez-vous les congédier?
Prenez le temps d’observer les personnages que vous avez élus autour de
votre table et les rôles que vous leur avez attribués. Ces personnes, ces
forces qui vous guident devraient-elles être maintenues, modifiées ou
carrément exclues?
En passant, je vous informe que vous êtes le principal décideur de votre
table, vous avez la place de choix; si ce n’est déjà fait, il est temps de faire
le ménage. C’est une étape cruciale et très positive pour s’épanouir, grandir.
Cela dit, faire le ménage ne veut pas dire opérer un revirement complet et
tout balayer du revers de la main.
Faire le ménage veut dire prendre le temps de se regarder, de s’observer,
de s’examiner pour être en mesure de prendre sa bonne décision; celle que
l’on veut et non pas celle des autres. Eh oui, certains renoncements sont
nécessaires pour retrouver une liberté de penser et d’agir.
Cette responsabilité vous revient personnellement; personne ne peut
faire le ménage à votre place. Peut-être que, pour la première fois, vous
serez votre propre personne d’influence. Allez-y, soyez confiant. Vous
savez, être un MOI, c’est être responsable: responsable de ce que vous
ressentez, de ce que vous vivez intérieurement. Parlez-en à Claudine…

Je rencontre Claudine, en pleurs dans mon bureau. Elle me raconte


que, depuis quelques années, elle essaie tant bien que mal de
retourner aux études. Chaque fois qu’elle vient pour déposer son
inscription à l’admission du cégep, elle flanche. De nature fonceuse,
elle ne se reconnaît pas lorsqu’il s’agit de se prendre en main.
Claudine est une personne énergique et pleine de bon sens. Elle
travaille pour une entreprise familiale depuis plusieurs années, mais
aimerait bien retourner aux études afin de se perfectionner dans le
domaine des communications. «Il me faudrait au moins un DEC en
communications, Marie, mais chaque fois que vient le temps des
inscriptions, je repousse toujours, j’ai la trouille.»
En faisant le tour de sa tablée, Claudine se rend compte qu’elle a
«engagé» son ancien professeur de français de troisième secondaire;
brillant enseignant disponible et rationnel, Claudine l’admire pour
son intelligence et son esprit cartésien. Par contre, malgré toute sa
bonne volonté et son vouloir d’apprendre, elle a échoué son cours:
on lui a reproché son manque d’études et d’engagement, de sérieux
et d’intelligence. Elle a dû faire un cours de français en rattrapage
pour arriver à obtenir sa note de passage. Malgré les années qui ont
passé, le professeur de français de Claudine continue d’avoir une
influence négative quant à ses choix de carrière.
Pourtant, au fil des années, Claudine s’est grandement améliorée et
a obtenu son diplôme de 5e secondaire avec «très grande
distinction». Toutefois, le doute persiste toujours: elle entend encore
la petite voix du professeur de français qui lui reproche son manque
de sérieux!
En faisant le tour de sa tablée, Claudine a pris conscience combien
cette personne avait une grande influence dans ses décisions, et que
celle-ci n’était pas nécessairement positive. Elle a donc pris le temps
de la «remercier», et a placé sur le siège vacant une amie qui lui
apporte soutien et réconfort et qui l’encourage à poursuivre ses
études collégiales.
La semaine suivant le remaniement de sa tablée, Claudine est
retournée au cégep, et a remis sa demande d’admission avec le
sourire.

Bref, faire le ménage ne veut pas nécessairement dire jeter le tout et


rebâtir avec du neuf. L’expérience et l’expertise acquises au cours des
années par les personnes assises autour de la table peuvent être fort utiles;
on ne jette pas le bébé avec l’eau du bain. Parfois, ce n’est pas la personne
tout entière présente à votre table qui est une mauvaise influence pour vous,
mais plutôt une phrase, une attitude qui fait en sorte que vous agissez de
façon négative à votre propre égard.
J’ai écrit précédemment que le fait de se réserver un moment au
quotidien est essentiel à l’équilibre. Faire votre «tablée» une fois par année
– pourquoi pas à votre anniversaire, quel merveilleux cadeau à se faire à
soi-même – vous permet de vous centrer sur vos objectifs, et non pas sur
ceux des autres, et de bien vous entourer afin de les atteindre.
Je vous propose honnêtement de prendre une belle journée où vous êtes
en mesure de bien sentir vos besoins, vos désirs, vos objectifs; installez-
vous confortablement dans un endroit où vous êtes à l’aise. Prenez le temps
d’observer votre tablée actuelle, et selon vos objectifs pour l’année qui
vient, regardez d’abord les personnes avec qui vous êtes certain de pouvoir
poursuivre votre route, et celles qu’il serait temps de remercier pour leurs
loyaux services.

Ma tablée
Notes à moi-même
Mon ami Johari

Je n’ai pas besoin de savoir qui je suis

puisque vous le savez tous.


Francis Picabia

Lorsque je rencontre une personne à mon bureau et que je lui demande de


se définir, la première réponse qui est nommée est «Je ne sais pas» ou
encore «Je n’en sais rien». Prendre le temps de se connaître: voilà une
première démarche dans l’affirmation et le non-jugement de soi. Être en
mesure de s’observer demande de l’humilité et une dose de franchise envers
soi-même.

Une fenêtre ouverte sur soi grâce à celle de Johari


La fenêtre de Johari est un outil tout simple pour apprendre à se connaître.
Cet outil demande une introspection et du temps. On ne se découvre pas en
une seule journée. Cette fenêtre, créée par Joseph Luft et Harrington
Ingham, permet de prendre le temps de mieux se connaître en classant des
informations personnelles sur un individu, c’est-à-dire vous.
Cette fenêtre est classée en quatre zones distinctes: deux sur les
informations que vous disposez (une zone secrète et une zone que vous
dévoilez au grand jour) et deux autres (une que vous ne reconnaissez pas et
l’autre dont vous ne connaissez pas encore le contenu).
L’utilisation de cet outil se révèle une façon très structurée qui favorise
la connaissance de soi et celle de ce que les autres perçoivent et savent de
vous.

Zone dévoilée (connue de moi et des autres)


Cette première zone représente toute l’information que vous partagez
librement autour de vous. Qu’ils soient verbaux ou non verbaux, prenez le
temps d’indiquer dans cette case tous les renseignements que vous savez sur
vous et que vous voulez que les autres apprennent de vous. Ces derniers,
tels que vos points de vue, votre expérience de vie et certaines de vos
connaissances et expériences, tant sur le plan personnel que sur le plan
professionnel, font partie de cette zone dévoilée. Allez-y, à vos crayons,
notez.

Zone non reconnue (connue des autres seulement)


Cette zone est comme un grain de poivre entre deux dents; vous ne le savez
pas et vous souriez à pleines dents. Ce sont des qualités ou des défauts que
vous possédez mais, pour différentes raisons, vous ne saisissez pas
l’occasion de vous les approprier ou vous ne les avez pas encore
découverts.

Zone secrète (connue de moi seulement)


Cette zone constitue votre jardin secret. C’est correct de ne pas tout dévoiler
sur soi. L’important, c’est d’être en accord avec soi-même tout en étant
conscient que notre jardin ne nuit pas à notre acceptation de soi. Une zone
cachée, ou secrète, peut toucher, entre autres, à quelque chose que l’on fait
pour soi et qu’on souhaite toujours garder exclusivement pour soi; par
exemple, j’écris des poèmes et je les garde pour moi, c’est mon jardin
secret.
Toutefois, il est important de noter que, dans cette zone, il peut y avoir
de l’information personnelle utile à partager afin que les gens autour de
vous puissent mieux comprendre d’où vous venez ou qu’ils sachent pour
quelle raison vous agissez de cette façon plutôt qu’une autre. Cela dit, ces
informations ne peuvent être divulguées qu’à quelques personnes bien
intimes.

Zone ignorée de tous (inconnue de moi et des autres)


C’est une zone de surprises émotives; elle comprend les occasions
nouvelles, les apprentissages et les talents en devenir. Par exemple, nul ne
sait comment vous réagirez devant une catastrophe ou un événement
extraordinaire. Souvenez-vous du 11 septembre 2001: quelle a été votre
réaction? Ou encore lors de la crise du verglas au Québec en janvier 1998:
comment avez-vous réagi face à l’ampleur de cette crise? Lors du décès
d’un proche? D’une demande en mariage? Cette zone relate les émotions
des grands événements de votre vie.

Me vient en mémoire Sébastien, mon voisin. Jeune homme dans le


début de la vingtaine, indépendant, fier de son apparence et artiste
dans l’âme. Il est comme la majorité des jeunes adultes de sa
cohorte: il se cherche. Il s’affirme difficilement, laissant plutôt la
vague le porter là où elle se trouve. Très gentil, poli et travaillant, je
le retrouve au beau milieu de l’après-midi, assis dans l’escalier de sa
demeure, l’air penaud et le doigt emballé, ce qui me porte à croire
qu’il a eu un fâcheux incident.
«Un tuyau de 110 kilos m’est tombé sur le doigt. Neuf points de
suture plus tard et le doigt cassé, je suis en arrêt de travail pour une
semaine.» Sans être ébranlé par la situation, Sébastien est toutefois
préoccupé par son travail. «Mon patron m’a appelé et il veut que je
rentre quand même.»
Sébastien me dit qu’il a toujours été présent et a donné plus que son
temps à son patron. Il aime ce qu’il fait et a un sentiment
d’allégeance très fort pour l’entreprise. Il est préoccupé et se sent
déchiré: écouter son patron en retournant au boulot le lendemain,
ou suivre les conseils du médecin et attendre le prochain rendez-
vous médical la semaine suivante.
N’écoutant que son cœur et tout en jasant, Sébastien me dit qu’il ira
au boulot le lendemain, en étant bien prudent. Je ne suis pas
surprise de sa décision, car tous savent que ce jeune a le cœur sur la
main… même avec un doigt en moins.
La semaine suivante, je retrouve Sébastien en colère. «Même si je
suis retourné au boulot et que j’ai fait tout ce que j’ai pu – avec un
doigt cassé et coupé –, mon patron n’était pas content que je prenne
du temps pour mon rendez-vous médical aujourd’hui.»
Sincèrement, je ne reconnaissais pas mon voisin doux et poli; il était
en colère, frustré et surtout m’a nommé combien il s’était senti floué
dans toute cette histoire. Il a explosé…
«Marie, je ne me reconnais pas, je ne sais pas ce qui se passe, j’ai le
goût de laisser la job là; ce n’est pas vrai que mon doigt et ma santé
vont passer après le travail.» Jamais ses parents, sa famille et ses
amis ne l’avaient vu dans un tel état. «Si tu penses que je vais faire
le tapis en retournant travailler pour eux, eh bien non! Je vais
prendre soin de mon doigt et je vais me trouver un autre emploi.
Tant pis pour eux.»
Jamais Sébastien n’avait agi de la sorte; il n’avait jamais non plus
vécu une telle situation qui devenait compromettante pour lui-
même. Le fait de sentir une émotion forte, comme la trahison, fut
pour mon voisin une façon de voir que de poser une limite était
salutaire pour lui-même.

Cette zone est extraordinaire et pleine de découvertes; la beauté de cette


case spécifique est en lien direct avec la sagesse, car plus on avance en âge,
plus cette zone rétrécit et devient de moins de moins contestable, quoique
parfois la vie nous apporte son lot de surprises et d’émotions, quel que soit
notre âge.

La fenêtre de Johari
Notes à moi-même
Respirer pour arrêter le tourbillon

De temps en temps, se retirer de ce qu’on fait,

et gagner quelque hauteur pour respirer et dominer.


Jules Renard

On se dit souvent que des vacances seraient salutaires pour évacuer le trop-
plein, que le quotidien est si lourd qu’on n’a même pas un tout petit
moment pour soi, que les responsabilités familiales, professionnelles et
sociales sont si importantes qu’on s’y perd, que la colère dure et perdure
dans notre corps, que la concentration n’est plus là faute d’en avoir trop sur
les bras et que vingt-quatre heures dans une journée ne sont pas suffisantes.
Vivement que le temps s’arrête, on n’en peut plus!
Et si on prenait le temps de bien respirer, tout simplement, afin
d’assimiler le tout? Non pas respirer des épaules (vous savez, lorsqu’on a
les épaules aux oreilles et qu’on se dit qu’on est très détendu), mais plutôt
prendre le temps de déposer le trop-plein et de laisser la place à la
nouveauté et à l’essentiel du moment.

Bien respirer
Eh oui, respirer, ça s’apprend au même titre que de bien dormir; c’est la
base. Ne serait-ce que pour se retrouver dans le ici et maintenant et faire fi
du stress et des crises existentielles non nécessaires à notre vie. Notre
respiration étant directement liée à nos émotions, il nous arrive parfois de
nous sentir «essoufflés» sans avoir fait d’effort. Dès que nos émotions nous
perturbent, notre respiration en est affectée.

Inspirez, expirez, une respiration à la fois


Prendre conscience de la façon dont on respire est important; on ne change
pas notre manière de faire du jour au lendemain, c’est progressif, comme le
reste. Souvenez-vous: «Presse-toi lentement, Marie.» Eh oui, papa!
Je ne suis pas une experte de la respiration, loin de moi l’idée de vouloir
porter ce chapeau beaucoup trop grand pour moi. Toutefois, je vous offre
mes petits trucs, ceux qui fonctionnent dans mon quotidien et qui me
permettent de passer à travers les aléas de ma vie.
Pour que vous soyez en mesure de vraiment sentir notre respiration, je
vous propose de vous installer sur le dos, les bras perpendiculaires à votre
corps (en «t»), d’inspirer tout en ressentant le mouvement de votre
diaphragme, ce muscle qui permet au poumon de faire le plein d’air.
Ressentez, pendant l’inspiration, votre ventre se gonfler, vos côtes s’écarter,
votre cage thoracique se soulever. Voilà.
Maintenant, expirez. Voyez comme votre ventre s’aplatit, vos poumons
se vident d’air et votre cage thoracique s’abaisse. L’expiration est
essentielle, tout autant que l’inspiration, car elle libère les toxines du corps.
L’inspiration dynamise l’organisme; l’expiration l’apaise. Ce n’est donc
pas tout d’inspirer, il faut également expirer, ce qui est aussi un «art» en soi.
Une bonne respiration mérite qu’on lui consacre quelques minutes par jour,
ce qui a un effet relaxant et procure un bien-être assuré, tant sur le plan
physique que sur le plan émotionnel.

Respirez pour être en harmonie avec le corps et l’esprit


Souvenez-vous de l’exercice «La tête en lien avec le cœur» que je vous ai
présenté précédemment? Respirer pour être en harmonie en est la suite
logique. Lorsque nous pensons à des choses positives, que nous sommes en
accord avec nous-mêmes et qu’il n’existe pas d’ambiguïté ni de filtre, que
nous écoutons une chanson qui nous rappelle un moment agréable, notre
cœur et notre cerveau deviennent en parfait accord, ce qui permet aux
fonctions vitales du corps d’être également en harmonie.
Si on ajoute la respiration consciente à l’harmonie du cœur et du
cerveau, le calme s’installe alors tout doucement à l’intérieur du corps, ce
qui procure un apaisement et une douceur nécessaires à la concentration, un
bien-être général et plusieurs autres effets positifs au corps que je
nommerais «de petits moments de grâce». Vous savez, quand plus rien
n’existe, quand le moment est présent, que la terre arrête de tourner et que
le temps se fige.

Antoine. Cet homme de 35 ans me rencontre un lundi soir de


printemps. En ouvrant la porte de mon bureau pour l’accueillir, je
vois un grand gaillard essoufflé d’avoir monté les quelques marches
de l’escalier avec une incapacité de parler tant il cherche son souffle.
Je lui demande d’abord si sa condition physique est correcte.
Acquiesçant positivement de la tête, Antoine prend place dans mon
bureau et essaie tant bien que mal de répondre à mes questions
routinières tout en cherchant continuellement son souffle.
Je me dis donc, en l’observant, que cela ne sert à rien de poursuivre
notre rencontre «en mots». Je dépose mon dossier et m’installe
confortablement dans mon fauteuil. Je lui demande de faire de
même, en m’imitant.
Tout en gardant les bras sur les appuis-bras du fauteuil, les pieds
bien ancrés au sol, je prends soin de rouler mes épaules vers
l’arrière afin qu’elles puissent bien prendre leur place. Le dos
appuyé contre le dossier du fauteuil, je prends une grande
inspiration par le nez et je retiens mon souffle pendant cinq
secondes.
Par la suite, j’expire par la bouche en lui expliquant bien de placer
ses lèvres comme s’il soufflait dans une bouteille ou dans une flûte
traversière.
Finalement, avant de reprendre une deuxième inspiration, toujours
par le nez, je fais une pause de trois petites secondes, histoire de
faire baisser la tension. Nous répétons cette séquence pendant cinq
minutes.
Après l’exercice, Antoine s’est senti beaucoup mieux;
l’essoufflement avait quitté son corps. Il a été capable de bien
poursuivre sa rencontre. Pas besoin de vous dire que tous les autres
suivis que j’ai faits avec Antoine ont débuté par un temps nécessaire
de respirations conscientes.

Ces moments de grâce


Prendre le temps de bien respirer, c’est être conscient que le stress et
l’anxiété sont deux facteurs envahissants qui peuvent nous empêcher de
bien fonctionner, de bien se concentrer, de faire face aux tracas du quotidien
de façon adéquate ou encore d’être en mesure de prendre une bonne
décision pour soi. Je ne parle pas ici d’un choc post-traumatique ou d’une
nouvelle envahissante qui nous paralyse – quoique ça puisse aider –, mais
plutôt d’une façon d’être au cours de notre journée.
Vous savez, ces moments où plus rien n’existe que le moment présent,
ces moments où il n’y a ni avant ni après. C’est ce que j’appelle un moment
de grâce, de plénitude. Comment s’y retrouver? Voici une façon simple et
qui fonctionne à tous les coups!

G = Grounding
Grounding, en anglais, qui signifie prendre le temps de se déposer, de
s’arrêter, de retourner à la base. Visualiser ce qui nous envahit et le déposer
à quelques mètres de nous. Le temps de nous retrouver, sans contrainte,
sans culpabilité et sans pression. Prendre ce moment où que l’on soit: à la
pause au bureau, dans un parc, au beau milieu de la cuisine ou de notre
atelier, avant de nous endormir ou encore au réveil, là où on se sent à l’aise,
là où on sent que le besoin est présent.

R = Relâcher
Relâcher les muscles du cou, des épaules. Prendre le temps de bien s’étirer,
de laisser tomber nos bras, secouer nos mains pour laisser sortir le trop-
plein de stress de notre corps. Faire des rotations avec les chevilles, les
poignets, sans excès ni pression. Ce n’est pas une compétition, simplement
un moment pour préparer notre corps à accueillir l’énergie.

A= Ancrer
S’ancrer les pieds au sol, le dos bien appuyé. Sentir l’énergie passer dans la
colonne. S’ancrer pour ne pas perdre l’équilibre, pour être en mesure de
revenir à soi afin de vivre en pleine conscience le moment présent. S’ancrer
pour rester maître de sa vie en gardant les pieds sur terre et en restant
concentré sur ses objectifs. S’ancrer afin de ne pas perdre le sens des
réalités pour nous permettre de mieux comprendre le véritable sens de sa
vie.

C = Concentrer
Se concentrer sur le ici et maintenant, faire le vide autour de soi et entendre
ce qui se passe à l’intérieur. Sentir notre cœur, se concentrer sur sa
respiration. Notre cerveau étant surstimulé au cours de la journée, il est
important de reprendre un moment pour faire de la place à la capacité
attentionnelle intérieure, plus posée et nécessaire à la réflexion, à
l’ouverture à soi.

E = Énergiser
Ressentir l’énergie qui se propage dans notre corps par les inspirations
profondes. S’énergiser pour recharger notre batterie intérieure. Tout comme
une voiture a besoin d’essence pour avancer, notre corps et notre esprit ont
besoin de cette énergie pour poursuivre et affronter le quotidien.
Saviez-vous que 20% de notre oxygène est absorbé par le cerveau? De là
l’importance de bien respirer, ne serait-ce que pour calmer notre petit
hamster intérieur! Retrouver cet état paisible à l’intérieur, en goûtant le
moment présent, le ici et maintenant, sans stress et sans pression. Ça remet
les pendules à l’heure. À ce moment, on retrouve souvent les réponses aux
questions auxquelles il nous est impossible de réfléchir dans le tourbillon du
quotidien.
Comme dans tout apprentissage, il est préférable de commencer cet
exercice de façon progressive et de le faire dans un contexte favorable,
c’est-à-dire à l’extérieur de moments difficiles, de grandes tensions. Le fait
de vous prêter aux exercices proposés de façon quotidienne vous amènera à
mieux les maîtriser et ainsi à les appliquer de façon spontanée lorsque
viendra un moment plus difficile.
Un conseil: si, en pratiquant les exercices décrits, vous ressentez un
malaise, des étourdissements, sachez que ces réactions peuvent être
normales lorsqu’on n’en a pas l’habitude. Un trop grand apport d’oxygène
peut également provoquer chez certaines personnes un début
d’hyperventilation. Ces réactions sont sans danger, mais dans ces moments-
là, arrêtez tout, et revenez tout simplement à votre respiration normale et
naturelle.

Le compte à rebours
Je vous propose un petit exercice tout simple qui ne prend que quelques
minutes et qui vous aidera à vous centrer sur l’essentiel et à poursuivre vos
activités en ne perdant pas de vue votre objectif.
Un des exercices de relaxation que j’aime bien est le compte à rebours.
Installez-vous sur une chaise, au pied d’un arbre, dans votre lit, bref, là où
vous vous sentez bien et où vous n’avez pas besoin de concentration.
Relâchez vos épaules. Prenez une grande inspiration en remplissant vos
poumons tout en faisant grossir votre ventre; oui, votre ventre. Vous verrez
combien d’air de plus peut entrer dans votre corps.
1. Retenez votre souffle tout en gardant vos épaules basses (cinq secondes
tout au plus).
2. Expirez doucement, comme si vous souffliez dans une bouteille ou dans
l’embouchure d’une flûte traversière.
3. Lorsqu’il n’y a plus d’air, respirez normalement tout en comptant dans
votre tête, tranquillement, un chiffre à la seconde: 20, 19, 18, 17, 16, et
ainsi de suite jusqu’à 0.

Lorsque vous arrivez à 0, recommencez le processus précédent. Mais au


lieu de partir de 20, vous partez de 19, 18, 17, 16, et ainsi de suite jusqu’à 0.
Ensuite, vous partez de 18, 17, 16, et ainsi de suite jusqu’à 0.
Vous poursuivez cet exercice jusqu’à ce que vous arriviez à ne plus avoir
de compte à rebours à faire. Observez votre état à la fin de cet exercice:
Êtes-vous plus détendu? Avez-vous pu faire le vide autour de vous?

Un décompte pour le pays des songes


Dans le cadre d’une journée bien remplie, d’une semaine mouvementée,
d’un événement stimulant ou traumatisant, notre cerveau a tendance à
vouloir demeurer bien éveillé même si l’heure du repos est méritée.
Autrement dit, difficile de mettre nos pensées en veilleuse lorsque vient le
temps de dormir.
Je vous propose ici un petit exercice tout simple que vous pourrez faire
lorsque vous serez allongé et prêt à partir pour le pays des rêves. Je l’ai
nommé tout simplement le 5-4-3-2-1.
Basé sur trois aspects différents, le visuel, l’ouïe et le toucher, cet
exercice s’inscrit dans le moment présent, dans le ici et maintenant. Pas
question ici de ressasser les tensions de la journée ou encore de laisser une
place à votre stress ou à votre anxiété.
Installez-vous confortablement, c’est là où vous partez pour le pays des
songes. Évitez toute distraction: pas de lumière ni musique ambiante.
Fermez votre téléphone ou mettez-le en mode vibration, loin de vous.
• Prenez le temps de regarder autour de vous cinq objets: votre réveil, le
plafonnier, les rideaux, un cadre de porte, le cadre sur un mur, votre
main, etc.
• Fermez les yeux, écoutez cinq bruits ambiants: le tic-tac du réveil, une
voiture qui passe, le bruit du ventilateur, votre estomac qui gargouille,
votre conjoint qui ronfle, etc.
• Ressentez cinq choses qui vous touchent: le froissement de votre
couverture, votre tête sur l’oreiller, l’odeur agréable des draps frais, la
lourdeur de votre jambe, votre colonne bien appuyée sur le matelas, etc.

Maintenant, prenez une grande respiration et expirez doucement.


Poursuivez l’exercice en diminuant le nombre de choses à regarder, à
écouter et à ressentir à quatre, puis à trois, puis à deux, puis à… Eh oui,
vous ne vous êtes probablement pas rendu à un. Si toutefois vous y arrivez,
je vous invite à faire l’exercice précédent, «Le compte à rebours», pour
ensuite revenir au «Décompte pour le pays des songes».
Il est certain que ce chapitre vaut la peine qu’on s’y attarde plus
longuement. Plusieurs spécialistes sont reconnus pour avoir une expertise
plus approfondie de ce qui a été décrit précédemment.
Je souhaite simplement que ce survol respiratoire vous invite à vous y
intéresser plus longuement afin que vous puissiez y découvrir les nombreux
bienfaits d’une bonne respiration.

Notes à moi-même
Un cycle pour changer

Vouloir que ça change est une chose, mais se changer soi-même en est une
autre. Loin de moi l’idée de vous proposer des solutions toutes faites, au
contraire. La démarche que vous êtes en train de vivre n’est pas axée sur
des solutions, mais plutôt sur une attitude et une perception à adopter vis-à-
vis de vous-même en lien avec les déclencheurs qui vous entourent. Vous
n’êtes pas en train de travailler pour résoudre des difficultés, mais plutôt
pour y faire face avec plus d’authenticité et de pouvoir sur vous-même.
On a souvent l’impression de toujours revenir au point de départ d’une
situation donnée, où peu importe ce que l’on dit ou ce que l’on fait en lien
avec une personne ou une situation, on n’obtiendra pas les résultats voulus.
Et vous avez probablement raison. Quelqu’un a dit un jour «que l’on
s’étonne de voir que le résultat est toujours identique à une action qui est
constamment répétitive»; à toujours faire pareil, on ne vit que d’espoir que
ça change.

Un cycle pour mieux comprendre


Plusieurs pédagogues, psychologues et andragogues se sont penchés sur la
manière dont l’être humain réagit face à une situation donnée. Pour ma part,
j’aime bien celle de David A. Kolb (1981) qui nous démontre que le
processus d’acquisition des savoirs se rapproche passablement du processus
de résolution de problèmes.
M. Kolb s’est basé sur une approche expérientielle et il a ainsi modélisé
le cycle d’apprentissage. Apprendre ici ne veut pas dire retourner sur les
bancs d’école et rédiger une thèse de maîtrise, mais plutôt vivre
consciemment, poser des actions concrètes en lien avec ce que vous êtes,
afin que le résultat de la relation ou de la problématique soit satisfaisant,
pour vous.
Le cycle proposé se divise en quatre parties:
1. L’expérience concrète: le déclencheur
C’est le ici et maintenant. C’est le moment où l’émotion prend sa place.
Qu’est-ce qui se passe? Comment vous sentez-vous dans cette situation?
Comment les autres réagissent-ils à cette situation? Comment devez-
vous réagir? Autant de questions que de réponses peuvent surgir à cet
instant précis.
2. L’observation réflexive: la pensée
Inconsciemment, vous trouvez à l’intérieur de vous des réponses à la
première phase du cycle. Ai-je déjà vécu cette situation avant? Quelle a
été ma réaction? Qu’est-ce que cela signifie pour moi? Qu’est-ce qui se
passe à l’intérieur de moi? Êtes-vous en train de vous bâtir un scénario,
ou est-ce que ce qui se passe est bien réel? Encore une fois, cette partie
peut s’avérer difficile et déstabilisante.
3. La conceptualisation abstraite: la réflexion
Durant cette phase du cycle, vous cherchez, plus ou moins
consciemment, à conceptualiser, à projeter et à actualiser des
expériences vécues ou des situations anticipées. Il y a donc un passage
du «ici et maintenant» à «ailleurs et à un autre moment». C’est un
moment crucial dans le processus, car c’est à partir de votre pensée que
vous poserez vos actions, ce «ailleurs et à un autre moment».
4. L’expérimentation active: être et faire
C’est ici que vous êtes amené à confronter vos peurs, vos schémas
internes et conceptuels avec la réalité. Vous appliquez vos connaissances
déjà acquises par le passé (l’habitude de faire toujours comme ça) ou de
nouvelles conceptions à expérimenter (de nouvelles façons d’être ou de
faire) afin d’améliorer une situation. Autrement dit, c’est ici que vous
appliquez de nouvelles façons de dire, d’être et de faire en relation avec
la situation ou la relation.

Josée roule à la vitesse permise sur une petite route de campagne,


par une journée ensoleillée. Accompagnée par sa mère, elles jasent
de tout et de rien en contemplant le paysage bucolique. Tout à coup,
les sirènes stridentes et agressives d’une auto-patrouille retentissent
à l’arrière de la voiture. Josée se gare sur le côté de la route, le cœur
en chamaille. «Qu’est-ce que j’ai fait?» La mère de Josée étouffe de
panique à l’idée de se faire arrêter par la police… (Expérience
concrète: le déclencheur)
Josée est terriblement nerveuse; l’anxiété monte en elle juste à
penser qu’elle devra répondre aux nombreuses interrogations du
policier. «Si je bafouille, si le policier ne me croit pas, si ma voiture
est semblable à celle d’un criminel. Dire que la dernière fois, quand
je me suis fait arrêter, ça a été une expérience traumatisante. Oh que
je ne veux pas revivre ça!» Le cœur palpite, la tension monte, la
bouche s’assèche. Où est la bouteille d’eau? (Observation réflexive:
la pensée)
En attendant que le policier quitte sa voiture, Josée parle à sa mère:
«Pourtant, je n’ai rien bu, rien volé, j’étais dans les limites permises
pour conduire. Je n’ai pas de contravention en retard et ma voiture
est en ordre.» La mère de Josée acquiesce, tout aussi nerveuse que
sa fille. «Bon, il ne me reste qu’à respirer un bon coup, présenter
mon permis de conduire avec mon plus beau sourire.»
(Conceptualisation abstraite: la réflexion)
Josée accueille le policier et dit: «Bonjour, monsieur l’agent;
écoutez, je suis perplexe, je crois avoir tout en règle et n’avoir rien
fait de bien grave.» «Bonjour, madame, simple vérification.» La
tension baisse; Josée, perplexe, regarde sa mère. «Eh bien, j’en suis
quitte pour une belle frousse, sans plus. Ça m’apprendra à douter
de moi.» (Expérimentation active: être et faire)

Josée aurait pu réagir de plusieurs façons devant cette situation; bien


qu’elle ait déjà vécu une situation difficile en relation avec un policier, elle
a pris la décision, après réflexion, de faire différemment, c’est-à-dire de
prendre une grande respiration, d’afficher son plus beau sourire et, malgré
la chamaille qui se passait à l’intérieur d’elle, elle a pris le temps de
nommer au policier son questionnement en lien avec l’arrestation policière.

Mon cycle de changement


En résumé, se changer soi-même, ça prend le temps qu’il faut, tout
simplement. Il n’y a pas de limite de temps pour poser le geste d’un mieux-
être. C’est à vous de prendre le temps nécessaire afin de vous approprier
votre pouvoir. C’est à vous de décider du meilleur moment pour traverser
vos peurs, vos tourments, vos angoisses et vos souffrances.

Notes à moi-même
Je suis moi, en relation avec les autres

Je pense, donc je suis.


René Descartes

Je pense, donc je suis: c’est si vrai. Lorsque j’étais enfant, on me posait


souvent la question: «Et qu’en penses-tu, Marie?» Je répondais souvent:
«Aucune idée.» Ne pas être en mesure de se faire une idée sur un sujet
quelconque appartient souvent à la non-définition de qui nous sommes. Ce
que j’aime, ce que je n’aime pas, ce que je veux et ce que je ne veux pas, ou
plus, ce dont j’ai besoin et ce que je désire, ce qui me fascine et ce qui me
fait peur. Se connaître suffisamment pour se forger sa propre opinion, c’est
extraordinaire. Ne pas se faire influencer tout en gardant l’esprit ouvert,
c’est pour moi une des belles composantes de ma vie.
C’est un cheminement, de nombreuses introspections et des
questionnements souvent sans réponse qui nous amènent à nous définir, à
mieux nous comprendre – pas totalement, rappelez-vous mon ami Johari –
et à être en mesure de reprendre notre propre pouvoir sur notre propre vie.
Être en mesure de poser des gestes concrets pour soi, être capable de
s’affirmer, sans peur d’être jugé: voilà l’essence d’être vrai. Mais, me direz-
vous, comment fait-on pour être en mesure d’être bien avec les choix que
nous prenons, avec les paroles que nous exprimons? Comment être en
relation avec les autres?
Une des phrases que je préconise au cours de mes rencontres est la
suivante: «Il est impératif que ce que vous dites soit directement en lien
avec ce que vous ressentez et ce que vous faites.» À ce moment-là, aucun
doute, en étant vous-même, en respectant qui vous êtes en relation avec la
personne qui est devant vous, vous êtes dans la bonne voie.
Lorsque cela n’est pas respecté, vous n’êtes tout simplement pas à la
bonne place. Selon Colette Portelance, c’est qu’une partie importante de
vous est niée et remplacée par un conformisme qui peut aller jusqu’au
mensonge. Vous devenez alors un personnage, au lieu d’être la personne
que vous êtes vraiment.
Bien sûr, vous n’agissez pas de la même manière avec votre conjoint,
avec votre voisin ou avec un ami lointain. Chaque relation est différente.
L’important est de comprendre que vos pensées, vos actions, vos paroles
soient le plus près de vous, et ne soient pas teintées ni truffées de
mensonges.
Être en relation vraie avec chaque personne demande de «porter un
chapeau» différent et non pas d’être différent. Comme je l’ai mentionné
précédemment, on ne peut agir de la même manière avec tout le monde,
mais on doit demeurer soi-même avec tout un chacun. Elle est là, la grande
distinction. Le respect des autres passe fondamentalement par le respect de
soi. Comment voulez-vous qu’on vous respecte si vous ne vous respectez
pas d’abord? C’est l’essence même de la relation.
Voici un dernier exercice qui peut vous être très utile. Prenez le temps de
vous centrer sur vous-même, vos valeurs, vos rêves et vos aspirations, votre
quotidien, votre mission de vie, vos peurs et vos frustrations. Par la suite,
prenez un moment de recul et visualisez la relation que vous avez avec
l’autre: cette autre personne avec qui vous partagez une partie de vous-
même.
Tout en vous protégeant du chapeau que vous avez – parent, fils, voisin,
ami –, portez une attention particulière sur vous-même: comment vous
sentez-vous en relation avec cette autre personne? Peut-être avez-vous des
améliorations à apporter? Retourner à l’exercice «La tête en lien avec le
cœur» ou visiter votre cycle de changement serait peut-être une belle façon
de reprendre contact avec vous-même avant de reprendre la relation avec
l’autre.
Et si, avant de reprendre la relation, vous alliez faire un tour à votre
tablée? Non pas pour remanier tout le monde, mais simplement pour vous
assurer que cette personne est bien invitée autour de votre table, ne serait-ce
que le temps d’un repas ou d’un café. Il serait tout aussi intéressant de
reprendre quelques-unes de vos introjections passées afin de voir si elles
sont toujours adéquates pour vous, en lien avec l’autre, ici et maintenant.

Je suis moi, en relation avec les autres

Quelle est la relation que vous entretenez avec chacune des personnes
nommées?
Est-ce que vous êtes en harmonie avec vous, ou au contraire jouez-vous
un personnage?
Notes à moi-même
En terminant…

Le bonheur ne dépend pas de ce qui

nous vient de l’extérieur, mais du jugement

que nous portons sur le réel et sur nous.


Montaigne

Qui aurait dit un jour que je serais rendue là où je suis maintenant?


Personne, évidemment. J’arrive à la fin de ce bouquin tellement heureuse et
fière, vous n’avez pas la moindre idée. Enfin mon rêve réalisé!
Vous souvenez-vous, au début de ce livre, des questions que je me suis
posées? Vous rappelez-vous combien la réticence me paralysait à l’idée de
commencer à écrire ce que je pensais vraiment? Eh bien, c’est chose faite!
Tout au long de ce parcours d’écriture, j’ai hésité, je me suis
questionnée, je suis retournée à mes notes, à mes lectures et à mes souvenirs
afin d’être certaine que ce que je partagerais avec vous serait pour moi
authentique et vrai. Pour moi! Je n’ai pas la prétention d’avoir les outils
magiques et les recettes miracles, mais je suis convaincue que ce que je
vous ai présenté est utile et intéressant dans un parcours de réflexion et un
cheminement personnel.
Jean-Louis Servan-Schreiber a écrit: «Mais au fond, qui suis-je? Suis-je
un nom, un métier, des valeurs, des sentiments, une éducation, un savoir?
Tous ces visages suffisent-ils à me définir? Non, mais j’ai besoin de les
reconnaître et de les explorer pour me sentir pleinement exister.» De se
connaître et se reconnaître est un des besoins fondamentaux chez l’être
humain pour se permettre d’être et d’exister. D’explorer différentes avenues
de mon parcours professionnel afin d’arriver à vous présenter ce livre est
une des facettes de qui je suis, de mon éducation, de mon savoir-faire et,
surtout, de mon être.
«Tout seul, on ne peut trouver que peu de sens aux choses. C’est comme
le bruit que ferait une seule main en applaudissant.» C’est si vrai. J’ai été
inspirée par beaucoup de personnes et de professeurs, de lectures et de
professionnels, de clients et de rencontres; toutes ces expériences font en
sorte que je suis arrivée à vous transmettre un petit bout de ma passion, qui
est l’humain et ses rencontres.
Lorsque je me pose la question «Qui suis-je?», je réponds bien
humblement et avec tout mon cœur: une femme heureuse, fière d’être et de
faire, accomplie dans plusieurs sphères de ma vie, entourée de personnes
aimantes et aimées, pour ce qu’elles sont et ce qu’elles font.
En terminant, je désire simplement vous dire d’être conciliant avec vous;
soyez bon et juste, loyal et respectueux avec vous. Soyez votre meilleur
ami, vous le méritez. Voici une citation d’une auteure que j’adore, Judith
Viorst. Elle a écrit beaucoup, mais la réflexion suivante a retenu mon
attention et mon cœur: «Si on exige trop des êtres aimés ou de soi-même,
on n’est pas l’adulte sain qu’on devrait être. Il faut du temps pour grandir, et
il nous faudra peut-être longtemps pour apprendre à équilibrer rêves et
réalités. Longtemps pour apprendre que la vie, c’est, au mieux, un rêve
contrôlé, et que la réalité est faite d’imparfaites relations.»
Je crois profondément que tout être humain a le droit de se connaître, de
s’aimer pour ce qu’il est, de se respecter pour ce qu’il pense. Je vous
souhaite la plus belle des rencontres avec vous-même.
Bibliographie

BEAULIEU, Danie, Techniques d’impact pour grandir. Des illustrations


pour développer l’intelligence émotionnelle chez les adultes, Éditions
Académie Impact, Québec, 2000.
BRODZINSKY, David M. et Gormly, Anne V., Le cycle de la vie.
Psychologie du développement, Éditions Études Vivantes, Laval, 1994.
CYRULNIK, Boris, Les Vilains Petits Canards, Éditions Odile Jacob, Paris,
2004.
HÉBERT, Jacques, Comment j’me jase, Éditions Le Dauphin Blanc,
Québec, 2014.
KATHERINE, Anne, Frontières humaines. Délimiter son espace vital,
Éditions Béliveau, 2009.
KOLB (1981), Recueil de textes. Stratégies d’intervention pédagogique
auprès des adultes, TÉLÉ-UNIVERSITÉ, Québec, 2005.
DE MELLO, Anthony, Redécouvrir la vie, Éditions Albin Michel, France,
2014.
PORTELANCE, Colette, La guérison intérieure, un sens à la souffrance,
Éditions du CRAM, Montréal, 2007.
PORTELANCE, Colette, Relation d’aide et amour de soi, Éditions du
CRAM, Montréal, 2004.
ROGNON, Frédéric, Les passions. Textes expliqués – sujets analysés,
Éditeur Hatier, 1997.
SALOMÉ, Jacques, Le courage d’être soi, Éditions du Relié, France, 1999.
SENÉCAL, Jacques, Le bonheur philosophe, Éditions Liber, Montréal,
2008.
SENÉCAL, Jacques, Manières de dire, manières de penser, Éditions Liber,
Montréal, 2004.
VIORST, Judith, Les renoncements nécessaires. Tout ce qu’il faut
abandonner pour devenir adulte, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009.
Remerciements

Comme à la fin d’un film, au générique, se retrouvent ici les gens qui ont
apporté une couleur intéressante, un regard constructif, un apport particulier
à l’œuvre présentée. Eh bien, croyez-moi, je n’aurai jamais assez de mots
de gratitude à offrir à tous ces gens qui, de près ou de loin, parfois sans
qu’ils le sachent, ont contribué à la création et à l’aboutissement de ce livre.
Un merci sincère, profond et reconnaissant:
• À mon conjoint Luc et à mes trois fiertés d’être mère, Pierre-Luc, Ian et
Marie-Jeanne: sans vous, je n’aurais jamais pu être et m’épanouir
comme je le suis;
• À mes parents, Pierrette et Jean, qui m’ont donné les outils nécessaires
pour grandir et faire de moi la personne que je suis;
• À ma sœur Hélène et à son conjoint Alain, qui ont accueilli sans
jugement mes frustrations et mes joies depuis toujours;
• À mes amis et amies qui ont contribué à faire de ce livre une réalité et
qui m’ont encouragée et accompagnée jusqu’au bout du parcours:
Gilles, Nicole, mon amie de toujours Hélène, Jacinthe, Pat, Hayley,
Nathalie, Chantal et mon Quatuor;
• À ceux et celles qui m’ont poussée à aller de l’avant, à croire en mes
capacités d’auteure; merci à Jacques Senécal, Nicole Audet, Frédérie,
Mélanie, Andrée, Lucie et Sonia;
• À mes clients et clientes, jeunes et moins jeunes, merci pour votre
confiance et merci pour partager vos souffrances, votre mal de vivre,
vos questionnements et vos réponses. Vous êtes beaux et belles à voir
vous épanouir et prendre votre place sous mes yeux;
• À mes tout premiers lecteurs, merci de votre accueil, de vos critiques
constructives; merci de m’avoir guidée: Gilles Mailhot, France
Dagenais, Nicole Audet, Hélène Montpetit, Anne-Marie Auclair, Nicole
St-Maurice et Éric Guitard;
• À ceux et celles qui n’ont pas cru en moi, je dis merci, car c’est aussi
grâce à vous que je me suis permis de me questionner, de me
positionner, de reprendre mon chemin pour aller de l’avant;
• Et à vous, chers lecteurs et lectrices, qui me permettez de porter
fièrement le titre d’auteure; je réalise un rêve secret, longtemps enfoui
au plus profond de moi.

Comme quoi un projet ne se fait ni ne se vit jamais seul…


À propos de l’auteure

Bachelière spécialisée en intervention et thérapeute d’impact, Marie


Montpetit s’est bâti, depuis 1997, une solide réputation en tant
qu’animatrice, formatrice et conférencière dans le domaine des relations
interpersonnelles, des habiletés parentales et de la gestion de conflits.
Engagée dans de nombreux organismes communautaires, commissions
scolaires, CSSS et Centres Jeunesse, elle se démarque depuis plusieurs
années par son expertise professionnelle en tant qu’intervenante
psychosociale, thérapeute d’impact et personne-ressource, aussi bien sur le
plan de la famille en général que dans l’intervention thérapeutique
individuelle.

L’être humain avant tout


Passionnée par l’être humain et surtout convaincue que chaque personne a
la capacité de trouver ses solutions, elle crée un concept d’ateliers pratiques
pour favoriser les habiletés parentales et l’autonomie personnelle de chaque
individu.
Sa formation universitaire, sa pratique en relation d’aide, son expertise
sur le terrain et son expérience de vie en adoption internationale et
québécoise ont amené l’auteure à développer des moyens concrets pour
surmonter les différentes problématiques tant sur le plan familial que sur le
plan personnel.

Comprendre pour aider


Conférencière depuis plus de vingt ans, Marie Montpetit a rencontré des
centaines de parents. Elle a donc été en mesure de trouver avec eux des
pistes de solution concernant leurs questionnements, leurs rôles et leurs
habiletés parentales.
Journaliste dans l’âme, Marie Montpetit se démarque également, depuis
près de vingt ans, par la publication d’articles dans différents organismes
communautaires et dans des revues spécialisées traitant de plusieurs sujets:
la problématique relationnelle parent-enfant, l’adoption internationale ainsi
que l’introspection de l’humain.
Son bureau de consultation privée permet à l’auteure d’accompagner
toute personne vivant une problématique personnelle et désirant être suivie
dans son cheminement – stress, deuil, travail acharné, relations
interpersonnelles – ou encore dans la compréhension du modèle familial ou
d’un comportement spécifique, déroutant et persistant d’un enfant.

Vous pouvez joindre


Marie Montpetit aux adresses suivantes:
info@mariemontpetit.ca
www.mariemontpetit.ca

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