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Commentez en essayant de faire comme si vous étiez enseignant. Evaluez la clarté générale
du propos (progressivité, articulations) ; la présence et la consistance de la problématique,
éventuellement l’originalité ou la profondeur de l’approche du sujet ; la maîtrise formelle
( niveau de langue ; précision et qualité des citations et exemples )
Copie A
La formulation questionne le rapport qu’un sujet peut avoir avec sa vie. Il n’est pas question
de délimiter l’ensemble de tous les rapports possibles, mais de questionner si la vie, l’action
de vivre peut être comprise comme un devoir, c’est-à-dire comme une obligation ou encore
comme une tâche qui se donne à être accomplie. Le devoir peut impliquer une forme de
redevance. L’idée est alors la suivante, je suis redevable à quelqu’un, à quelque chose ou à
moi-même : le fait de vivre est alors compris comme l’accomplissement de ce que je dois
faire. Il y a un enjeu dans la conception de ce que devrait être la vie : la vie devrait être parce
qu’elle doit être vécue. La vie peut être entendue comme la mise en mouvement d’un
organisme, comme ce qui tend à son accroissement et à sa persistance dans le temps. Le
devoir de vivre n’implique pas nécessairement le devoir d’être autonome, il est possible de
comprendre l’idée être en vie comme le simple fait d’être là. Cependant, le simple fait d’être
là résume-t-il ce que c’est que d’être en vie ? Il faut évidemment réunir les conditions
nécessaires pour être en vie, l’idée est que son corps doit pouvoir suivre, mais le fait d’être en
vie soutent la capacité à expérimenter, à faire des expériences. La Vie se donne-t-elle
nécessairement comme une tâche à accomplir ?
Copie B
Il n’est pas si difficile d’attacher un sens moral au respect de la vie d’autrui, mais il est
une question plus difficile que la relation que nous pouvons avoir à notre propre vie. Le
suicide et l’euthanasie posent la question du devoir de vivre, contrairement par exemple au
sacrifice qui n’est pas en premier lieu une atteinte à sa propre vie mais le don de celle-ci pour
autrui.
S’il y a plusieurs sens imaginables à la vie humaine (divin, moral, biologique…), la
responsabilité que l’on a par rapport à cette vie humaine est liée à l’idée que la vie pourrait
avoir un sens. La vie peut se référer de la manière la plus matérielle à l’organisation vitale
individuelle s’opposant simplement à la mort, qui serait un anéantissement de la vie. On peut
aussi prendre la vie dans un concept plus moral, en parlant de « bien vivre », c’est-à-dire en
adéquation avec une certaine vertu particulière ou universelle. Le devoir est lui lié, et ce
même d’un point de vue strictement légal, à la morale. On pourrait le définir comme des
règles à suivre, que celles-ci soient déontologiques, civiles, religieuses… en faisant attention à
bien le distinguer du droit par la responsabilité.
Peut-on alors penser un devoir de vivre, que ce soit individuellement pour nous-même, pour
Dieu ou pour autrui ou notre vie et notre mort n’appartiendraient-elles qu’à nous, en tant
qu’individu conscient ?
Premièrement, on peut mettre en avant la vie chrétienne, une vie sacrée en tant qu’elle nous
est offerte par Dieu, qu’elle doit être chérie, et attenter à sa propre vie est alors un blasphème
car seul Dieu peut avoir le droit de vie ou de mort sur ses créatures.
Mais on peut aussi critique l’idée de devoir de vivre en avançant que chaque individu doit
détenir le pouvoir sur sa propre vie, et donc sur sa mort également, en impliquant la liberté.
Pour terminer, on peut admettre que même sans devoir moral de vivre, il vaut mieux dépasser
rationnellement l’idée suicidaire afin de mieux vivre.
Copie C
Le suicide assisté reste encore illégal dans de nombreux pays, la France y compris.
Une telle interdiction semble pourtant liberticide à première vue si l’on se réfère au principe
qui veut que “notre liberté s’arrête quand commence celle des autres”. En effet, sa propre
mise à mort semble ne concerner que soi, et maîtriser le devenir de son propre corps semble
essentiel. Nous pourrions cependant interroger la légitimité d’une telle liberté, qui si elle
venait à ne pas être souhaitable, nous conduirait à conclure qu’il existe un devoir à préserver
notre propre vie, un devoir qui pourrait être envers les autres mais aussi envers soi-même. Par
“vie” j’entends ici en premier lieu l’état biologique dans lequel se trouve l’être humain à partir
de la naissance, j’aborderai par la suite d’autres définitions de ce que signifie “vivre”, vivre
pouvant se comprendre non seulement selon la définition biologique, mais aussi comme un
état dans lequel l'individu se trouve dans une conception de la nature humaine avec une
connotation morale importante (“laisser vivre”, “vivre sa vie”), ici “vivre” est associé à la
liberté. Par “devoir” j'entends un impératif qui dicte le comportement de l’individu pensé
comme acteur responsable, par la suite nous étudierons le devoir sous l’angle moral, mais
aussi sous l’angle social et légal. On peut donc voir une contradiction avec l’idée de “devoir
vivre”, si vivre évoque un idéal de l’existence libre, alors on ne peut pas être forcé à vivre, on
pourrait cependant imaginer un devoir envers soi-même qui ne nous serait pas imposé, mais
que l’on déciderait en autonomie. Dans le cas où il s’agirait d’un devoir envers autrui, il
faudrait interroger le postulat fait précédemment selon lequel mourir ne concerne que soi.
Nous sommes en effet des animaux sociaux et mettre fin a sa vie a des répercussions qui
dépassent notre seule existence, se suicider c’est faire souffrir ceux qui tiennent a nous, laisser
tomber ceux qui dépendent de nous. Si l’on suit l’intuition morale selon laquelle il faut éviter
les souffrances, il semblerait qu’il y ait en effet un devoir de vivre, par respect pour nos
proches en particulier. Cependant, on pourrait s’interroger dans le cas d’une personne malade,
pour qui le suicide serait une réduction de souffrance, on peut douter que la souffrance des
autres prime sur la sienne. De plus, supposer une telle primauté du collectif sur l’individuel
semble fortement liberticide, la liberté étant une aspiration intuitivement importante
moralement. Une soumission de l’individu au corps social pourrait même être perçue comme
aliénante. Et dans le cas où vivre serait un devoir envers soi-même il va nous falloir étudier
notre propre nature afin de savoir si le suicide viendrait à trahir notre propre essence. Afin de
répondre à ces questions, nous allons nous demander si honorer notre droit à la vie constitue-
t-il un devoir ou bien si décider de mourir relève d’un choix personnel dépourvu d'impératif.
Nous analyserons dans un premier temps la thèse selon laquelle la mort volontaire doit relever
du choix personnel de l’individu. Ensuite, dans un second temps, nous verrons pourquoi la vie
pourrait être une obligation morale et sociale. Finalement nous verrons que même si préserver
sa vie peut se penser comme impératif envers soi et autrui, ce devoir est fortement à relativiser
face à d'autres obligations morales et sociales et surtout face au danger politique que suppose
un prétendu idéal moral qui priverait l’individu de la possession de son propre corps.
Copie D
Le postulat de mettre en lien la notion de devoir avec le concept de vie, nous interroge dans
un premier temps sur la question suivante : à qui ou envers qui avons-nous le devoir de vivre?
Cette question implique que nous aurions une dette, une contrainte serait alors émise. Cette
contrainte prendrait la forme de ce que nous nommons en philosophie “une contrainte
morale”. La contrainte morale revêt de fait la forme d'une coercition exercée sur le libre-
arbitre. Mais si le libre-arbitre se trouve limité, alors la liberté de l'individu s'en trouve
affaiblie. De plus comment contraindre quelqu'un à la vie ? Le débat sur l'euthanasie est un
exemple sur lequel nous pouvons nous appuyer pour tenter de voir les paradoxes
qu'impliquent le libre-arbitre conjugué au devoir. Ces paradoxes mettent en lumière des
facultés/aptitudes, ainsi que les conséquences sur la vie de l'individu, ces facultés en tensions
les unes avec les autres sont : la volonté, le but, la contrainte dans le contexte où l'on voudrait
mettre fin à sa vie: si le but de la personne est de mettre fin à sa vie, si nos lois ne lui
permettent pas de le faire, est-il possible de donner un nouveau but qui serait celui de vouloir
vivre? Et surtout peut-on parler de devoir? Se pourrait-il que le concept de devoir et de
contrainte/coercition n'aient pas la même signification? Alors le devoir de vivre ne serait plus
une coercition, mais une possibilité fortement recommandée? Mais encore une fois nous
revenons à notre première interrogation qui est: envers qui avons-nous ce devoir? Est-ce qu'un
devoir n'est pas une attente de la part d'autrui, de soi, ou de la société, voire peut-être même
de Dieu; auxquels nous avons la possibilité d'y déroger; là où la contrainte ou la coercition ne
nous laisserait d'autre choix que de lui obéir. Là où le devoir laisse une place à la volonté, la
contrainte, elle, n'en laisse aucune. Et si la contrainte ne laisse aucune place à la volonté, alors
l'individu ne peut suivre un but qu'il s'est fixé; or l'une des composante de l'exercice de la vie
est de poursuivre un but et de chercher à l'accomplir; en sommes, en l'absence de but et de
choix dans la recherche de but l'on ne peut parler de “vie” au sens de vivre sa vie. Avec ces
différents éléments, l'on voit bien que l'absence de but et de choix, nous sommes en présence
d'un simulacre de vie. Au vu des différents premier éléments que nous venons de donner, la
problématique qui nous animera tout au long de notre dissertation sera: “le devoir de vivre
doit-il se conjuguer avec la présence d'un but ainsi que la possibilité de faire des choix, ce qui
pourrait nous amener à penser qu'en l'absence de ces items nul vie n'est possible ou plutôt que
la notion de “vivre sa vie” n'a plus la même signification nous autorisant alors à y mettre fin;
ou bien contrainte et devoir sont synonymes, et si le but et la capacité de choix ne sont pas
nécessaire à la vie alors il se pourrait qu'il y ait un devoir de vie au sens d’une contrainte
morale.
Copie E
La vie est une succession de douleurs et d’angoisses et il peut être très facile d’oublier
tout ce qui la rend agréable, tout ce qui fait qu’on est bien content d’exister, quelques fois. On
pourrait vouloir se suicider, se reposer enfin. Quand des miettes d’allégresse ne suffisent plus,
il ne reste plus qu’à opposer à son désir un devoir de vivre. Il faudrait se faire violence et
trouver quelque chose, n’importe quoi qui nous obligerait à continuer son existence, trouver
dans les autres des cœurs susceptibles d’être déchirés, pour justement ne surtout pas les
déchirer. Car, on l’admet assez facilement, nous avons l’obligation morale de ne pas nuire aux
autres, de ne pas les faire souffrir. Et ça ne suffit sûrement pas de perpétuer les processus
biologiques de notre organisme, de faire durer un peu plus longtemps sa conscience. On ne
peut peut-être pas mourir impunément, sans ébranler tous ces gens qui ont un lien avec nous,
qui nous aiment. On ne peut pas non plus souffrir impunément. Donc on a aussi le devoir de
vivre une vie épanouie, ou de faire semblant d’être heureux, transformer son sourire en
réflexe. C’est le minimum. S’il est impossible d’être heureux, il vaut mieux être le seul à
souffrir. Ça fait toujours ça de moins de souffrance. Mais ce devoir de vivre n’est-il pas alors
un devoir de souffrir ? En se basant sur le principe que l’on doit aux autres de leur épargner la
souffrance, on en arrive au devoir de continuer d’infliger de la douleur à quelqu’un. N’est-ce
pas contradictoire ? En plus de ça, est-ce vraiment suffisant de mentir pour que son mal-être
perde son pouvoir de nuisance ? Est-ce qu’on peut si bien mentir que ça ? A-t-on le devoir de
vivre, puisque mourir ferait du mal à d’autres, ou bien se contraindre à exister n’est-il pas
insuffisant ? Dans un premier temps, nous considérerons que nous avons le devoir de ne pas
faire souffrir les autres alors qu’on pourrait l’éviter et, pour cela, il faut bien que l’on continue
de vivre. Mais nous pouvons voir les limites d’un tel devoir, qui n’empêche pas que les autres
soient tristes de nous voir souffrir. Enfin, puisqu’il ne suffit pas de vivre mais qu’il faut être
heureux, cela implique que la question de s’obliger ou non à vivre ne se pose plus.
Copie F
Le devoir est un ensemble des règles générales qui guident la conscience morale. Il est
accompli par obligation, en dehors de toute autre considération de volonté ou de désir. Par
exemple, l’homme est un être naturel qui doit vivre par et dans la nature. Et, vivre c’est
assumer ces fonctions biologiques en tant qu’être vivant. De là, la vie est un phénomène
naturel qui permet à tout être humain de se voir sur terre. Ce droit naturel qui est donné à la
nature humaine d’exister, n’exige pas d’être profité. On peut observer un rapport entre droit et
devoir de vivre. De plus, si la liberté est ce qui fait l’homme, il ne peut en jouir qu’à la
condition de vivre. Et, en tant que vivant il a un devoir d’honorer à cette liberté humaine.
Ainsi, Jean-Paul S. affirme « l’homme est condamné à être libre ». Par ailleurs, la vie en
société aussi permet à l’homme de se construire et il doit vivre en société pour acquérir son
identité, et comme le dit bien Michel Tournier « l’homme est un être exclusivement social. Sa
façon d’être est totalement déterminé par ces relations avec les autres. » A qui devons-nous le
devoir de vivre ? Mieux, en quoi doit-on vivre pour les autres ? Mieux encore, devons-nous
vivre pour nous-même ? Alors, que vaut notre vie d’être vécue ? Notre vie dépend il des
autres ?
Copie H
Le 25 août 2018, la française âgée de 78 ans, Jacqueline Jencquel, annonce qu’elle mettra fin
à ses jours en Suisse en janvier 2020 ; pour cause, « la vieillesse ou la fin de l’autonomie ». Si
depuis 2001 aux Pays-Bas et depuis 2002 en Belgique l’euthanasie est légale, elle est toujours
interdite en France. Cette interdiction peut nous amener à nous demander alors: Avons-nous
le devoir de vivre? Un devoir renvoie (entre autres) à une obligation qui nous est imposée
(soit par la morale, soit par la loi, par un règlement ou encore par des conventions sociales),
c’est une tâche à accomplir. Ainsi, il paraîtrait curieux d’affirmer dans un premier temps que
nous avons « le devoir de vivre » et donc (par extension) que nous n’avons pas le droit de
mourir ; notamment face à la pathologie incurable par exemple. C’est d’ailleurs la raison pour
laquelle 76 000 membres militent activement dans l’Association pour le droit de mourir dans
la dignité (pour ne pas en citer d’autres). « Liberté, Égalité, Fraternité »: comment refuser
alors à l'un de nos « frères » de lui accorder la mort s’il la souhaite? Néanmoins, à travers une
réclamation de l’extension illimitée de droits individuels, n’est-ce pas ici penser
exclusivement l’être humain dans une conception individualiste et alors faussée? Et si
l’homme a des droits, n’est-ce pas parce qu’il a, avant tout, des devoirs ; et des devoirs
notamment envers ses congénères? Peut-être ne serait-il pas si étrange, alors, d’affirmer dans
un second temps, que, puisque faisant partie d’une communauté, l’homme a bel et bien le
devoir de vivre: il est d’utilité commune. Un exemple trivial mais éclairant: que faire si la
Terre manque d’éboueurs, de docteurs, de coiffeurs? Cependant en tranchant cette question du
devoir ou non de vivre, tout se passe comme si le fait de vivre n’incluait pas de manière
essentielle la dimension d’une tâche à accomplir. Or, vivre ce n’est pas simplement l’état
d’être en vie mais l’action d’exister. Alors, en ce sens, vivre est nécessairement un devoir,
quelque chose à accomplir. De même que celui qui est amoureux se distingue de celui qui
aime (le premier n'est que passif quand le second est actif, il va déclarer sa flamme à sa bien-
aimée, la combler de mille petites attentions etc.), de même celui qui est en vie se distingue de
celui qui, en fait, vit. Celui en soins palliatifs par exemple se distingue de celui qui est en
pleine santé ; bien que les deux soient en vie, qu'un seul ne vit réellement.
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »: Quel sens y aurait-il à leur
refuser le droit de mourir en leur incombant le devoir de vivre? Mais, infirmer le devoir de
vivre n’est-ce pas là raisonner dans une conception erronée de l’existence humaine: l’homme,
plus que créature individuelle, n’est-il pas membre d’une grande communauté humaine? En
outre, plus que de se demander si nous avons le devoir de vivre ou non, y a t-il du sens à
penser que vivre peut ne pas être un devoir, quelque chose à réaliser?
Nous tâcherons de répondre à ces trois questions successivement.
Copie J
Dans Oblomov, Gontcharov met en scène un personnage qui préfère s’enfermer dans ses rêves
que de vivre une vie qu’il considère comme sûrement décevante ; ceci le pousse à l’inactivité,
menant ainsi à une mise à distance du bonheur pour lui, la souffrance de son entourage et
même à un certain manque à gagner pour la société (il est décrit comme promis à un brillant
avenir). Bien qu’en vie, il ne vit pas sa vie, au désespoir des autres mais aussi du sien.
La question « avons-nous le devoir de vivre ? » interroge tout d’abord la notion de
devoir ; le devoir est une obligation mais une obligation qui peut être envers autrui tout
comme envers soi-même. En effet, on doit la vie à quelque autre, que ce soit à ses parents, ou
pour les croyants à Dieu : on est donc en droit de se demander si le fait de « devoir sa vie » à
autrui donne un quelconque droit aux autres car il s’agit bien de sa vie. En effet, nous sommes
le sujet de notre propre vie et il est difficile par exemple de prétendre que quelqu’un qui aurait
abandonné son enfant à la naissance aurait plus de droit sur la vie de ce dernier que lui-même,
sous prétexte qu’il lui « aurait donné la vie ». De plus, au-delà des individus, nous sommes le
fruit d’une société dans laquelle nous évoluons et même de l’Humanité, est-ce que cela nous
impose un devoir et envers qui ? En parallèle, la question d’une obligation porte ici sur le fait
de « vivre » mais ce verbe a plusieurs acceptations, il peut s’agir de l’opposé du verbe mourir
et donc être synonyme de « rester en vie » ou bien être quelque chose de plus et qui est lié à la
nature humaine. Compris ainsi, vivre est lié à l’action et à l’interaction, il s’agit d’être dans
une activité et non être passif, ne pas être spectateur des évènements. Dès lors, des paradoxes
apparaissent. S’il s’agit d’un devoir envers autrui, ne pas se suicider lorsqu’on est devenu un
immense poids pour la société est vu comme un devoir pour son entourage là où au contraire
on pourrait presque penser à un devoir de ne plus vivre pour la société. S’il s’agit d’un devoir
envers soi, rester en vie peut avoir un quelque chose de Don Quichotte car il s’agit de souffrir
pour finir dans tous les cas par mourir, d’un autre côté si on considère le désir de vivre sa vie
pleinement comme une évidence commune, à l’exception de personnes atteinte de pathologies
(dépression, phobie…), ce désir est parfois contraire au fait de s’assurer de rester en vie. Il en
va de même pour l’opposition courante entre devoir envers soi et devoir envers les autres.
Ainsi, on est en droit de se demander comment résoudre les incompatibilités qui apparaissent
entre devoir envers soi ou devoir envers les autres, entre être acteur de sa vie et essayer de
rester en vie.
Copie K
La naissance d’un enfant transforme une femme en mère. Une femme devient mère quand elle
donne la vie. Par « donner la vie » on entend que la vie est conçue comme un don. La vie
conçue comme un don sous-entend que je me la représente comme un cadeau, non comme un
fardeau. Si nous nous représentons la vie comme un devoir nous allons contre une
représentation habituellement partagée. Il y a une importante opposition entre le devoir de
vivre et penser la vie comme un don. Nous allons voir plus en détail la distinction entre don et
devoir. La notion de don évoque l’idée que je peux choisir de recevoir ou de refuser ce qu’on
me donne. Si je reçois un don, je peux choisir comment m’occuper de ce don. À l’inverse, la
notion de devoir implique que l’on me donne quelque chose dans l’attente d’un retour de ma
part. L’individu chargé d’un devoir l’endosse jusqu’à ce qu’il soit mené à terme. Lorsqu’un
individu donne un devoir, il attend un retour. Le devoir peut alors être défini comme une
tâche que je dois accomplir. La tâche à accomplir suppose moments, le premier est celui de la
réception. Je reçois la tâche que j’ai à accomplir. Le second est celui de la réalisation de cette
tâche. Le dernier temps est celui de l’accomplissement. En d’autres termes, lorsque l’on me
donne une tâche, je dois la réaliser dans le futur. Lorsque je suis en train d’accomplir une
tâche, je la réalise dans l’instant présent. Enfin, une tâche accomplie est une tâche qui est
laissée derrière moi. J’ai réalisé la tâche que j’avais à accomplir, la tâche est révolue, le temps
est passé. En ce sens, on peut affirmer qu’une tâche accomplit est une tâche finie. Le
problème est alors le suivant : devons-nous penser le devoir de vivre comme le devoir de
mener à terme sa vie ? Autrement dit, la vie s’accomplit-elle dans l’actualisation de la mort ?
Copie L
Le scientifique Bichat disait que "la vie est l'ensemble des forces résistant à la mort". C'est en
effet cet espace si fragile qui sépare la vie de la mort, c'est cette matière vivante qui se meut,
qui respire, qui grandit. La vie en premier temps est cet ingrédient si complexe qui permet aux
choses de croître, de respirer et de perpétuer leur existence. La vie humaine va au-delà de ce
qu'elle présuppose, car elle offre à tous les hommes des facultés inhérentes à ces derniers. La
vie humaine n'est pas la vie animale ou végétale, la vie humaine est unique, elle transcende
toutes les espèces car elle se pense elle-même, elle s'accomplit elle-même. Comment oser dire
que nous n'avons pas un devoir de vivre ? Le devoir est une contrainte mais cette contrainte
est librement acceptée par tous en vue de ce qu'il a à nous offrir. Le devoir est cette
contradiction entre ordre à suivre et liberté car le devoir est accompli en vue du bien qu'il
procure. La vie apparaît comme un cadeau exceptionnel, comme chose à accomplir, à réaliser.
Quelle serait notre réaction si nos êtres chers décidaient du jour au lendemain de mettre fin à
leur vie ? La vie impliquerait alors une responsabilité envers autrui, au sens où nous ne vivons
pas seulement pour nous même, mais nous vivons aussi pour les autres, pour la société
humaine, pour l'accomplissement et la perpétuation de l'espèce humaine. Cela impliquerait
aussi que toutes les vies sont a priori égales. Nous avons le devoir de sauver la vie et de la
féconder puisqu'elle nous a été donnée, elle est un prêt qui doit se propager en vertu du bien
qu'elle porte en elle car c'est par la vie que l'homme est. Cependant la question n'est pas si
simple, la vie biologique n'est pas suffisante à la réalisation de l'homme. Peut-on en effet
réduire la vie, qui paraît tellement plus grande à la réalité biologique qu'elle présuppose ? La
vie n'est-elle que survie du corps dans le sens de la non détérioration ou plutôt, de la non
décomposition progressive du corps ? En effet, personne ne ferait l'économie de la liberté ou
de la nature humaine en parlant de sa propre vie. Vivre c'est aussi faire des choix libres, c'est
user de notre libre arbitre. Il n'y a que moi qui sait ce qui peut être bon ou mauvais pour moi,
j'ai le droit d'user de ma liberté en vertu de ma qualité humaine et de décider quand ma vie
s'arrête. Vivre c'est aussi être présent au monde et d'en avoir conscience, la vie humaine est
particulièrement spéciale car c'est un mélange entre la biologie et l'aspect transcendant
qu'apporte la condition humaine. Vivre ce n'est pas seulement être présent dans le monde,
c'est aussi être acteur et actrice du monde. La réalisation humaine passe par l'accomplissement
du "je suis" grâce à l'accomplissement de sa liberté et à terme de son bonheur. Cependant, la
survie du corps biologique n'est pas la vie au sens de l'accomplissement, elle n'est rien d'autre
que la présence vide du corps telle qu'une coquille vide. Y a-t-il vraiment un sens de parler de
devoir de vivre si la personne en question n'a plus de conscience ou si elle n'a plus cette
capacité et les facultés qui lui permettent en temps normal de s'accomplir ? N'a-t-elle pas déjà
mis un pas dans la mort ? On peut alors penser qu'il y a un devoir de vivre car c'est ce qui
permet de réaliser notre nature humaine en vue d'accomplir notre bonheur. Cependant, la vie
humaine c'est aussi être libre, mais si cette liberté est déjà perdue, si le corps n'est plus que
corps, si la conscience fait défaut, alors il y a peut-être un devoir de mourir en vue d'espérer
une survivance plus noble après la mort. Le devoir de vivre doit donc avant tout être un devoir
libre et conscient car ce dernier apporte le bonheur mais ne peut être réalisé s'il y a un défaut à
la vie.
Copie N
La question de savoir si nous avons le devoir de vivre est complexe et soulève des débats
éthiques et métaphysiques. D'un point de vue éthique, certains pensent que la vie a une valeur
intrinsèque en elle-même, indépendamment de nos préférences et de nos désirs, et que nous
avons donc une obligation morale de préserver cette vie. D'autres soutiennent que la vie n'a
pas de valeur en soi et que nous avons le droit de décider de mettre fin à notre vie si nous le
souhaitons.
D'un point de vue métaphysique, la question de savoir si nous avons le devoir de vivre est liée
à notre conception de l'existence et du sens de la vie. Certains pensent que la vie a un sens
intrinsèque qui nous échappe, tandis que d'autres soutiennent que la vie n'a de sens que celui
que nous lui donnons.
Dans cette dissertation, nous explorerons ces différentes perspectives et tenterons de
déterminer si nous avons réellement un devoir de vivre, ou si le choix de vivre ou non doit
être laissé à notre discrétion.
Copie O
« Avons-nous le devoir de vivre ? » Cette question peut faire écho aux nombreuses
interrogations concernant l’accès à des pratiques telles que l’euthanasie et le suicide assisté,
toujours interdites en France. Lorsque la souffrance physique et mentale d’un individu n’est
plus supportable, la décision de mettre fin à sa vie pourrait devenir un droit. Si de nombreuses
personnes se disent aujourd’hui favorables à la mise en place de ce type de dispositifs,
d’autres soutiennent encore qu’il serai contraire à l’interdit générale de commettre un
homicide, voire à une certaine conception de la dignité humaine.
Pour autant, le droit à se retirer volontairement la vie implique-t-il de faillir à notre devoir de
vivre et inversement, l’interdiction au suicide doit-il être compris comme une injonction à
vivre. Mais que peut bien signifier un tel devoir ? Le devoir renvoie à l’idée d’obligation, de
responsabilité ou plus simplement de fonction à remplir : on doit se nourrir pour vivre, on doit
respecter la loi, on doit aller à la messe le dimanche, etc. Les lois morales ou juridiques, les
coutumes, les règles de vie en société sont autant de devoirs à respecter. Une contrainte, en
revanche, m’est imposé contre mon gré. Donc, une obligation qui irait contre ma volonté et
qui me forcerait à agir, serait vécu comme une contrainte. Quant au fait de vivre, il désigne
généralement le fait d’exister, d’être en vie dans l’intervalle de temps qui sépare la naissance
de la mort. Cependant, peut-on réduire la vie humaine à ce phénomène biologique ? On
distingue souvent la vie humaine de la vie animal, faisant de l’Homme une créature aux
facultés nettement supérieures. L’Homme est un être qui pense, qui réfléchit, qui sait se poser
des questions, et qui en l'espèce, est capable de s'interroger sur sa propre existence et ses
actes. Contrairement à l’animal qui agit par instinct, les êtres humains ont besoin de se sentir
maître de leurs actes pour éprouver leur liberté et ainsi se sentir vivre. Or, si nous avions un
devoir cela ne vient-il pas contredire notre nature même ? Avons-nous une certaine
responsabilité à l’égard de notre vie ? En effet, si individuellement le devoir de vivre peut-être
vécu comme une contrainte, une responsabilité à l’égard d’autrui peut néanmoins se faire
ressentir. Par exemple, nous aurions le devoir de vivre pour notre entourage, pour contribuer à
la société en continuant de remplir notre rôle de citoyen, etc. Toutes ces questions nous
amènent à nous demander si nous possédons réellement un devoir de vivre ou bien, si au
contraire, notre vie nous appartient en propre.
Dans un premier temps, nous aborderons la question de la liberté qui semble être à la fois la
condition même de notre existence et contradictoire avec la notion de devoir. Nos choix nous
appartiennent en propre et c’est en cela que les être humains se sentent réellement vivre, ainsi
nous vivons par choix et non par devoir. Dans un second temps, nous verrons les limites
d’une telle conception de la nature humaine. En effet, en vertu de cette même nature, vivre
peut-être vécue comme un devoir envers soi-même, de se réaliser pleinement, mais aussi
envers autrui car nous avons des responsabilités qui n’engage pas que nous-même. Enfin,
nous tenterons de comprendre comment ces deux notions en apparences contradictoire
peuvent se réunir si l’on conçoit le devoir non pas comme contrainte mais comme respect de
certaines valeurs auxquelles nous avons librement consentie.