Vous êtes sur la page 1sur 1

Dire à quelqu'un : « Sois naturel », est-ce lui donner un

bon conseil ?
Problématique :
Faire appel au naturel de quelqu’un, n’est-ce pas lui demander de ne pas se laisser troubler par
des comportements parce qu’ils ne feraient pas partie de sa nature ? Ou bien ce naturel
pourrait au contraire ne pas rendre possible le choix d’une réaction adaptée à la situation ?
Première partie :

Thèse : Suivre sa nature est nécessairement bon pour quelqu’un.


Première sous-partie : la nature de quelqu’un s’est constituée par des habitudes qui ont fait
ce que la personne est devenue (seconde nature). Ne pas la suivre serait ne pas être soi-même.
Seconde sous-partie : c’est l’image qu’on veut se donner en société qui est mauvaise et non
notre nature (Rousseau).

Transition : Mais puisqu’il s’agit s’affronter une situation et que celle-ci a sûrement un
caractère social, à quoi bon faire appel à nos habitudes (seconde nature) qui peuvent ne pas
être adaptées ? Et être naturel, au sens de Rousseau, n’est-ce pas au contraire ce qui peut se
retourner contre nous en société (où il s’agit de savoir paraître) ?

Deuxième partie :

Thèse : On ne peut s’en remettre à la spontanéité de notre nature qui peut donner lieu à une
conduite non adaptée à la situation
Première sous-partie : les habitudes qui constituent notre seconde nature ne sont pas
nécessairement adaptées (peut-être même ne sont-elles pas morales), elles ne sont que le reflet
du milieu dans lequel nous avons vécu.
Deuxième sous-partie : l’état naturel de l’homme comporte aussi des pulsions agressives
(Freud) qui peuvent jouer en notre défaveur, il faut donc plutôt être capable de s’y opposer.

Transition : ne faut-il donc pas plutôt se dire que quelqu’un a aussi choisi de devenir ce qu’il
est et que c’est cette capacité d’être responsable de soi-même qui doit encore le conseiller ?

Troisième partie :

Thèse finale : Ce n’est pas notre nature (seconde ou biologique) qui doit nous guider mais
notre liberté, c’est elle qui fait notre nature.
Première sous-partie : l’homme est capable de se donner à soi-même une règle pour agir, il
est capable d’autonomie et même capable d’agir par devoir moral (liberté selon Kant). Suivre
sa nature revient alors à se soumettre volontairement à la nature morale de l’homme et non à
suivre sa seconde nature ou sa nature biologique. « Sois naturel » voudrait dès lors dire :
« sois capable de faire appel à ton humanité, sois libre, sois moral ». Ou encore : « sois à la
hauteur de l’événement (Stoïcisme), n’en sois pas indigne (Deleuze) ».
Seconde sous-partie : la morale universelle n’est toutefois pas toujours bonne conseillère, ne
permettant pas de faire un choix dans certaines situations (Sartre), il convient alors de
s’engager à suivre une conduite de notre choix pour devenir celle ou celui qui aura su
répondre à telle situation. Notre nature est celle que nous faisons de nous, l’existence précède
l’essence (Sartre). « Sois ce qui, après coup, te paraîtra être ton naturel parce que tu l’auras
choisi ».

Vous aimerez peut-être aussi