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Analyse d’un extrait de L’existentialisme est un humanisme

de Jean-Paul Sartre

« S’il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait
la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine de condition. Ce n’est
pas par hasard que les penseurs d’aujourd’hui parlent plus volontiers de la condition
de l’homme que de Sa nature. Par condition ils entendent avec plus ou moins de clarté
l’ensemble des limites a priori qui esquissent sa situation fondamentale dans l’univers.
Les situations historiques varient : L’homme peut naître esclave dans une société
païenne ou seigneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c’est la nécessité pour
lui d’être dans le monde, d’y être au travail, d’y être au milieu d’autres et d’y être
mortel... Et bien que les projets puissent être divers, au moins aucun ne me reste-t-il
tout à fait étranger parce qu’ils se présentent tous comme un essai pour franchir ces
limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s’en accommoder. »,

Jean-Paul SARTRE, L’existentialisme est un humanisme

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées
principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des
autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1) Quelle est l’idée principale ? Dégagez les articulations du texte.

2) Expliquez les expressions suivantes :


a) « il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait
la nature humaine » ;
b) « Ce qui ne varie pas, c’est la nécessité pour lui d’être dans le monde ».

Introduction :

Le thème : Dans ce texte Sartre refuse au nom de la liberté la notion de nature


humaine.
La thèse : Sartre refuse donc ici l’idée d’une humanité inscrite dans une essence,
donnée à la naissance. Pour l’auteur il faut parler plutôt de condition universelle de
l’homme.
Le plan : Cette thèse en deux temps constitue la première partie du texte. Dans une
deuxième partie, Sartre analyse cette universalité de condition selon deux points de
vue successifs.

▪ D’un point de vue objectif, la condition humaine tient à une situation universelle
dans la mesure où tout homme rencontre des limites comme le travail, autrui,
la mort…
▪ Sur le plan subjectif chaque homme par son projet tente d’assumer ses limites
en les refusant, les acceptant ou les dépassant. L’existentialisme est une
réflexion sur l’existence humaine qui pour Sartre est avant tout liberté. Pour
l’homme, « l’existence précède l’essence », car une personnalité n’est pas
construite sur un modèle dessiné d’avance et pour un but précis car c’est moi
qui choisit de m’engager dans telle entreprise. Ce n’est pas que Sartre nie les
conditions contraignantes de l’existence humaine, mais il répond à Spinoza qui
affirmait que l’homme est déterminé par ce qui l’entoure.

Commentaire linéaire :

Premier temps de la première partie : Absence de Définition ou d’essence de l’homme

Ce texte de Jean Paul Sartre commence par une prise de position très affirmée contre
l’idée qu’il existerait une nature humaine, c’est-à-dire une essence de l’homme, une
définition éternelle de l’homme dont ce dernier ne pourrait pas sortir et qui le
contraindrait à vivre d’une seule façon possible. Sartre s’oppose catégoriquement à
cette idée en partant du principe qu’« il est impossible de trouver en chaque homme
une essence universelle qui serait la nature humaine, ».

Cependant il ne remet pas pour autant en cause l’idée qu’il puisse y avoir une
universalité humaine, mais selon lui cette universalité réside dans la condition de
l’homme et non dans sa nature. C’est cette notion de condition qu’il va définir dans le
second moment du texte.

Deuxième temps de la première partie : Définition de la condition de l’homme

Par condition de l’homme il faut entendre nous dit Sartre : « l’ensemble des limites
a priori qui esquissent sa situation fondamentale dans l’univers. », cela ne signifie pas
que la liberté de l’homme est limitée, mais que cette condition définit le contexte dans
lequel cette liberté va pouvoir s’exercer.

Premier temps de la deuxième partie : L’illustration d’un point de vue objectif sur la
condition humaine

Sartre illustre dans le moment suivant du texte cette définition en décrivant plusieurs
types de situations dans lesquelles un homme peut se trouver et en fonction
desquelles il va devoir se positionner. Ainsi si « Les situations historiques varient », la
manière dont le sujet va se comporter dans un contexte donné ne sera pas déterminée
par celui-ci, mais dépendra de son seul choix. Je ne choisis pas de « naître esclave
dans une société païenne ou seigneur féodal ou prolétaire. », mais je suis responsable
de la manière dont je vais vivre ma condition historique et sociale.

Sartre affirme que c’est l’homme qui librement confère à la situation son sens. Par
exemple, une situation devient intolérable pour des gens qui se sentent opprimés par
elle et ils se révoltent librement contre elle. Cette situation n’est peut-être pas
intolérable en soi, dit-il, mais elle le devient parce que l’homme lui a conféré ce sens
par son projet de liberté alors que un autre homme pourrait, avec un autre projet,
considérer cette même situation comme bénéfique. Les chrétiens n’invitaient jamais
leurs esclaves à se révolter mais les invitaient à bien faire leur travail d’esclave pour
devenir un bon chrétien qui irait au paradis. En projetant mes intentions sur ma
situation actuelle « c’est moi qui librement transforme celle-ci en moyens d’action ».
Plus l’homme vit dans une situation tragique et difficile, plus il éprouve le besoin de
"’s’en sortir", et il cherche les moyens de le faire.

Deuxième temps de la deuxième partie : Ce qui fait l’universalité de cette condition


pointe aussi la dimension subjective de la condition humaine

C’est pourquoi Sartre conclut ce texte en insistant sur ce qui fait l’universalité de
l’humanité, ce ne sont pas des caractéristiques innées que tous le hommes
posséderaient par nature, mais le fait qu’ils soient tous plongés dans un monde dans
lequel ils doivent accomplir leur existence comme projet. Ce que je suis n’est pas
défini à l’avance par une nature quelconque, mais résulte de la manière dont je choisis
d’affronter le monde, les limites inhérentes à ma condition ne sont pas
infranchissables, ma liberté me permet de « franchir ces limites », de « les reculer ou
[...]les nier » ou de m’« en accommoder ».

Ce sont donc mes décisions qui donnent sens aux situations.

Bilan :

On peut voir finalement émerger ici un réseau de concepts qui définit assez bien
l’existentialisme.
Le concept d’Essence est ici lié au sujet de l’homme : « il est impossible de trouver en
chaque homme une essence universelle qui serait la nature humaine ». Mais s’y
substitue le concept de condition : « il existe pourtant une universalité humaine de
condition ».
La condition humaine
Celui de projet « bien que les projets puissent être divers » répond à la nécessité d’être
au monde et donc d’être en situation :
Comprendre que c’est le projet d’un être libre qui donne une signification aux relations
humaines montre comment le projet n’est qu’une manière humaine de répondre aux
limites d’une situation et surtout comment le projet philosophique qui prend la liberté
pour objet devient l’affaire de tous, il est le projet exemplaire par excellence.

Réponse 2)a) :

Sartre pense que nous n’avons pas de possibilité de trouver une définition de ce qui
fait qu’un être humain est un être humain. Bien entendu on peut le définir d’un point
de vue biologique, on peut le définir du point de vue de normes culturelles communes
à toutes les cultures. Mais ceci ne permettra pas de le caractériser du point de vue de
son humanité : rien ne le distingue à ce niveau des animaux qui se définissent du point
de vue biologique et qui ont parfois des normes comportementales qui ne sont pas
innées mais transmises et acquises par des apprentissages. Pour Sartre ce qui
caractérise l’homme est qu’il n’est pas définissable parce qu’il est libre de se définir
lui-même par des choix et donc qu’il est libre de redéfinir autrement la culture qu’on lui
avait transmise. Notre existence d’être libre relativise notre essence corporelle animale
voire nos schémas culturels les plus universels : comme le dit Sartre « l’existence
précède l’essence ».

Réponse 2)b) :

Pour Sartre, l’homme n’a pas de nature. Sa conscience est libre de toute nature.
La Condition humaine : Mais pour Sartre, la conscience ne peut pas exister en-dehors
d’un corps, et donc en-dehors d’un monde matériel (on voit donc la nécessité pour lui
d’être dans le monde).
Paradoxe : Il y a un paradoxe : d’un côté, la conscience est libre de toute identité
sociale individuelle, intellectuelle, culturelle (on peut changer de culture, d’idées, de
sexe, etc.), mais de l’autre côté : la conscience hérite à chaque instant du monde dans
lequel ma conscience s’est constituée. On peut donc avoir l’impression d’être jeté au
monde, d’être confronté à une situation qu’on a pas choisie ou qu’on avait choisie alors
qu’on était un autre.
Sartre reproche aux personnes de dire « mais c’est ma nature d’être comme ça : d’être
paresseux » alors qu’en fait, personne n’est paresseux pour Sartre puisqu’il s’agit
d’une décision. On peut être paresseux mais il faut l’assumer comme un choix.

Réponse 3) :

Y a-t-il une nature humaine ?

Sartre estime qu’il n’y a pas une nature humaine mais une universalité des conditions
de vie humaines. Il défend ceci au nom de notre capacité à former des décisions
délibérées.

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