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Lausanne
LE LIVRE
D E
LIMITATION
D E
JESUS-CHRIST>
TRADUIT DU LATIÏf
de THOMAS a KEMPIS.
NOUVELLE EDITION,
revue & retouchée.
A LAUSANN
Chez Henri Em. Vincent , Imp. Lîb:
—•p_ .: _ LL - , —
i S o o.
AVIS
AU LECTEUR,
P II É F A G E.
SOMMAIRE
DELA
PREFACE.
ht. z. j. Fruits à espérer de cet Ouvrage Je
lu »art des personnes de bonne volonté,
' 4-7. ii?3*8 non de ceui qui se contentent
toit du simp'e eitérieur de la Religion Chré
tienne ,.soit d'm?« science & d'une persuasion;
stérile; gens dont Ji? nombre est grand au
jourd'hui.
JQ. 8-10. Que la Religion Chrc'fienne étant une
vertu de Dieu puissante & effective , il faut
foui être Chrétien mourir effectivement au
péché & revivre à la sainteté & à la justice ,
. même dès cette vie. 12-19. Que les subter
fuges tirés de l'imputation de la justice & des
mérites de J, Cfirist , ne signifient rien pour
ceux qui ne meurent point au péché , & qui
' ne se revêtent point de l'Esprit de Jésus-Christ
pour s'appliquer à son Imitation. 16-19. Que
Fon ne sauroit ni croire ni être en J. Christ
sans F Imitation de sa sainte vie & de ses divi
nes vertus.
EL 19-25. Qu'il ne faut se laisser détourner
de l'Imitai ion de J. Christ ni par la paresse
de la nature , ni par la considération des
difficultés de la voie, ni par les prétextes de;
notre foibj«sse& de notre impuissance , guis-
PrEface. §'. T. xr
ime Dieu a promis le secours & le don de
son Esprit tout puissant à ceux qui le deman
deront ardemment & constamment, & qui
feront leurs efforts pour imiter le Sauveur.
26. 27. Sans quoi l'on demeure dans le péché
& dans la mort.
IV. 28. 29. Quelles sont les marques infailli
bles des vrais Chrétiens , qui seuls seront
reconnus de Dieu & sauvés éternellement.
S. L-
Si ce Livre de PImttation de Jésus-
Christ, a jusqu'ici été utile à ceux
qui se sont appliqués à le lire avec
attention , j'estime qu'il ne le sera pas
moins encore désormais ; car bien que
les mœurs de ceux qui se disent Chré
tiens soient extrêmement corrom
pues aujourd'hui , Dieu néanmoins dont
la bonté ne se lasse jamais , veut bien
encore tirer de l'abîme où le grand
nombre se précipite ceux qui touchés
de leur misere , rentrant en eux-mêmes
s'amendent & implorent son secours &
sa grace. Ce doit donc être pour nous,
un motif d'encouragement , qui mal
gré la grandeur du mal doit nous in
citer à agir comme on fait dans le»
maladies périlleuses, où l'on applique
promptement les meilleurs remède*.
A 6
J1I P R E 1 A C E. §. I.
Plus nous voyons croître l'impiété, plus
nous devons chercher les moyens d'y
remédier autant qu'il est possible , & de
sauver quelques ames de tant de milliers
qui sont endurcies & qui ont du dégoût
& de l'horreur pour tout ce qui tient
à la piété. Il est vrai, hélas! & l 'expé
rience ne le prouve que trop tous les
jours, qu'il n'y a jamais eu de siecle
où les Chrétiens aient été plus corrom
pus & plus contempteurs de la piété
qu'ils le sont aujourd'hui : cela n'empê
che cependant pas que nous ne devions
espérer que Dieu en tirera toujours
quelques-uns à lui. Quelques grands
<me soient les ravages de la peste ,
tous n'en sont pas foudroyés. Il faut
espérer qu'entre le nombre infini des
faux-Chrétiens d'aprésent, il en sera
quelques uns que Dieu touchera de sa
grace pour les retirer de la corruption
du siècle , & les ramener à sa crainte
& à son amour. Dans cette foule d'im
pies, Dieu ;a toujours quelques cœurs
qui, sans consentir & sans avoir part
à l'impiété & à la licence , se conser
vent par la vertu de son bon Esprit
clans de meilleures dispositions. C'est
P R E F H C é. $. I. XIII
ce qui m'affermit dans l'espérance que
ce Livre ne sera pas entièrement
inutile.
2. Ce petit ouvrage n'est pas l'effet
de l'industrie des sages du siècle , on
n'y trouve ni le vain éclat ni les fri
voles délicatesses que les Ecrivains du
monde répandent dans leurs écrits.
Il n'y est question ni de subtilités ,
ni de profondes recherches. Il n'est
rempli ni de questions épineuses, ni de
xaisonnemens rafinés. Son style n'est
ni recherché ni élégant, comme il le
faut à présent pour aller de pair avec
les livres que Ton propose au monde
plus par ostentation &. par un motif
de vaine gloire, que par un désir d'a
vancer le salut des ames. Ce livre est
«impie ; il est sans art , sans ornement ;
& néanmoins il est si rempli d'ins
tructions salutaires , que je puis assurer
avec confiance que qui le lira avec
Un cœur sincere , ne regardant qu'à
Dieu & au salut de son aine j < çomme
il faut faire en toutes choses ) en tirera
indubitablement, des avantages qui ne
peuvent s'exprimer. .Pour ce qtù me
concerne, je puis assurer que Dieu s'ert
est souvent servi efficacement pour me
Xtr Préface. §. I.
réveiller de mon assoupissement & de
mon sommeil léthargique , & pour faire
naître dans mon cœur quelque desir
de lui obéir : j'espère qu'il pourra faire
la même grace à ceux qui le liront
avec une intention pure & simple de le
connoitre , de le craindre, de l'aimer
& de marcher saintement en sa pré
sence.
3. En effet on peut dire que les livres
pleins de l'onction de la grace sont
pour ceux qui aspirent à devenir Chré
tiens une espèce d'échellon pour s'éle
ver vers le ciel ; ils allument pour ainsi
dire en eux le feu de l'Esprit divin r
ils le raniment , quand il est prêt à
s'éteindre; ils soutiennent l'homme dans
sa foiblesse , affermissent ses pieds
èhancellans & contribuent ainsi à ses
progrès dans le chemin qui conduit à
P R T. F A C E. §. III. XII
nous surmonter & pour nous vaincre,
il ne faut pas penser que le Royaume
de Dieu puisse jamais venir en nous,
ni que nous y puissions entrer.
22. Cependant il y a aujourd'hui
une infinité de personnes qui sans se
faire violence , sans se peiner, ou plu
tôt, ne se travaillant point du tout,
ne laissent pas de se vanter d'être dans
le Royaume de Dieu. Mais c'est se
tromper bien lourdement. Car puisque
(a) le Royaume de Dieu ejt jujiice , paix
& joie dans le St. Esprit , selon la pa
role de l'Apôtre, comment peut-il se
trouver avec eux , . qui laissent régner
en eux l'injustice, & qui ne sont point
dans le S. Esprit , ni le S. Esprit en
eux , comme ils le font assez voir par
une vie qui n'est pas meilleure que la
vie des infidèles
condamnent la doctrine.
23. Je sais qu'ils ont là -dessus
quantité de défaites, disant ; " Oue
», nous ne pouvons rien ; que nous se-
» rons toujours chair aussi long-tems
» que nous demeurons en cette vie ;
» que nous ne. pouvons pas faire
» de grands progrès à cau^e de la
(a) Rom. 14. v. 15.
xlii Préface. §. III.
„ grande fragilité de notre nature :
mais que Jésus -Christ suppléera à
„ tous nos défauts , & qu'il ne nous
„ imputera point nos péchés. „ Mais
ne voient-ils pas qu'en parlant de la
sorte , ou plutôt en flattant ainsi leur
chair , ils se retranchent de leur pro
pre aveu du nombre des Chrétiens?
24. Car s'ils ne peuvent obéir à
Dieu, ni faire ce qu'il nous commande,
ils n'ont pas l'Esprit de Jésus-Christ,
& (a) s'ils n'ont pas VEfprit de Jéfus-
Cbrift , ils ne font pas Chrétiens. St.
Panl dit bien , (b) que la chair ne veut
ne peut obéir à la Loi de Dieu ; mais
il ajoute aussi, que lesenfans de Dieu,
les vrais Chrétiens , ne sont pas dans
la chair , mais dans l'Esprit ; fous n'ê
tes point, dit-il , dans la chair, mais dans
VEfprit : s'il eft vrai que VEfprit de
Dieu habite en vous ; D'où il s'uit très-
évidemment que ceux qui ne peuvent
obéir à Dieu ,font en la chair : Or ceux
qui font en la chair , ( ce sont ses paro
les ) , ne peuvent plaire à Dieu. Voilà la
réponse à cette vaine défaite. Oue ces
lâches & ces timides se disent donc
plutôt à eux mêmes , si nous sommes
(a) Rom. 8- V. 9. La même . v. 7 & t.
Préface. §. Ilf. XLirt
toujours chair, nous ne serons jamais
Chrétiens , vu qu'être chair & Chré
tiens , sont des choses incompatibles ,
c'est-à-dire dans le sens qu'on en suive
les desirs et les mouvemens. Car au
reste , je ne nie pas que la chair ne
soit toujours en nous tant que nous
sommes dans ce corps mortel , qu'elle
ne nous incite au mal , et ne fasse
la guerre à l'esprit ; mais elle n'est plus
dans le Chrétien pour y vaincre; elle
n'y est plus pour se faire obéir & pour
y donner le branle à la conduite de la
vie par ses mouvemens déréglés ; car
il est constant que quiconque les suit",
ne doit pas être mis au nombre des
Chrétiens. C'est pourquoi St. Paul an-
nonce (a) la m&rt éternelle à ceux qui
vivent felon la chair après avoir dit ,
que la condamnation demeure fur eux.
25. Ouant à cette fragilité & cette
foiblesse, qu'ils allèguent à tout pro
pos pour se roidir contre ceux qui les
poussent à leur devoir, je confesse avec
eux qu'elle est grande , & qu'elle est
telle qué les meilleurs en sont quelque
fois comme accablés & abbailus par
l'action de Satan & de leur chair ; ce
(a) Rom. 8. ij. & v. i.
XLIV P R E T A C é. §. III.
q,ui les fait gémir & soupirer. Mais la
force de Dieu , lorsqu'ils s'y abandon
nent , est beaucoup plus grande; &
avec elle , je puis tout en Christ qui
me fortifie , dit (a) S. Paul. Mais si sans
l'implorer & s'y rendre , on prétend
faire de notre infirmité un rempart
pour la défense de notre corruption ,
pour nous y entretenir & nous y flater,
& pour nous donner licence à suivre
nos volontés, c'est le propre de gens
qui ne cherchent que prétextes & ocr
casions de mal faire, & d'abjurer toute
sainteté & toute justice ; ce qui ne peut
convenir aux vrais Chrétiens , dont
tout le soin n'est que de se conserver
dans la pratique des bonnes œuvres ,
parce qu'ijs savent qu'il n'est pas séant
à ceux qui font profession d'être pu
rifiés par le sang de Jésus-Christ , de
retourner aux souillures de la chair,
26. Dire au reste , que Jésus- Christ
suppléera à tous nos défauts & qu'il ne
nous imputera point les péchés auxquels
nous nous abandonnons si librement
& si volontairement après sa connois-.
sance ; c'est faire de Jésus-Christ d'a-
syle des vices , & de sa grace la nour-
(a) Phil. 4. v. 13. .
P n ï i c i. §. III. xvf
riture de l'iniquité ; ce qui est la der
niere impiété. Il nous présente sa gra
ce ; mais à condition que nous me
nions une vie pure , sainte , & digne
de lui ; & c'est pour cet effet qu'il nous
promet son Esprit , si nous le lui de
mandons avec foi. Prétendre autre
chose , c'est lui faire injure ; & si nous
nous conduisons autrement, nous nous
privons du bénéfice de la rédemption ,
nous nous en rendons entièrement in
dignes. Car ce sont ceux (a) qui mar
chent dans la lumiere que le sang de
Jésus- Christ purifie de tout péché , dit
S. Jean. Il n'y a rien à attendre pour
ceux qui demeurent dans les ténebres
& la désobéissance , que la condamna
tion & la colère de Dieu. Evang. S*
Jean 3. v. 19. 36.
27. Or je prie au nom de Dieu ceux
qui sont dans ce malheureux état, de
considérer sérieusement toutes choses,
& de penser, tout de bon à ces paro
les du Sauveur : (b) Tout homme qui
me dit , Seigneur , Seigneur , n'entrera
pas au Royaume des deux , mais celui-
là seulement qui fait la volonté de mon
(à) 1. Epjft, S. Jean 1. v. 7.
(b) Matth. 7. v. ai.
XLT1 P R E T A C E §. III.
Pere qui est aux deux. Ce ne sont pas
Les discours , ni les cérémonie's qui font
le Chrétien , l'enfant de Dieu, le fidèle,
le membre de Christ , l'élu de Dieu ,
quelque soit l'air fastueux ayec lequel
on s'arroge ces beaux titres , comme
si on en possédoit la réalité. Les mar
ques caractéristiques du Christianisme
sont les œuvres & lès fruits : L'amour,
Ça) la charité d'un cœur pur, d'une bonne
conscience , & d'une foi non feinte.
§• IV.
28. Et ce sera aussi ma conclusion ,
que la seule marque infaillible des
fideles c'est 1'Amour "& la Charité ,
sans laquelle on a beau parler de Jésus-
Christ & de l'Evangile , user des Sa-
cremens , avoir toutes les plus belles
cérémonies; tout cela n'est rien sans
la Charité ; & plût à Dieu que les
Chrétiens d'aujourd'hui les uns & les
autres ( car , hélas ! ils sont tous divi
sés entreux) , l'eussent bien pratiquée
toute leur vie jusqu'à present ! On ne
yerroit pas maintenant régner au. mi
lieu d'eux les haines, les animosités ,
fes meurtres , les cruautés , les factionsj
(a) Tim. 1. r. j. ,
Préface. §. IT. xlvu
les partialités , les trahisons , les dé
loyautés , les desirs de vengeance, &
une infinité d'autres maux. Le sang
n'auroit pas été répandu , comme il l'a
été si abondamment, & le sera encore,
si Dieu ne met un frein par sa grande
puissance aux cœurs des hommes ,
acharnés les uns contre les autres au
point qu'ils le sont , & animés à exé
cuter tout ce qu.î leur inspirent la fu
reur Jk- la violence de leurs passions ;
& si de leur côté ils ne courbent leurs
têtes criminelles sous le joug du Sei
gneur, reconnoissant humblement leurs
fautes , & recourant au remede de la
conversion pour appaiser la colere de
Dieu si justement allumée contre nous.
En un mot , nul remede si les hommes
ne se changent , & s'ils ne deviennent
doux & charitables, de durs & de cruels
qu'ils étoient.
29. Et afin que personne ne se trom
pe plus par des titres magnifiques, je
vais présenter en précis ceux à qui
seuls ils conviennent.
Les Chrétiens, sont (a) ceux qui
crucifient la chair avec ses affections et
ses convoitises.
(a) Gai. 5. v- 14.
xlviii Préface. §. III.
Les Enfans de Dieu sont ceux (b)
qui sont conduits par l'Esprit de Dieu ,
& non par l'Esprit du Diable , ou de
leurs propres desirs.
Les Fidèles, sont ceux qui ne s'ap-
pujent pas seulement sur la miséri
corde de Dieu par Jésus-Christ ; mais
qui aussi s'exercent en toutes sortes de
bonnes œuvres & qui selon la parole
de St. Pierre, (r) ajoutent à la foi la
vertu , à la vertu la science , à la science,
la tempérance , à la tempérance la pa
tience , à la patience la piété, à la piété
l'amour fraternel, à l'amour fraternel
la charité.
Les Membres de Jésus-Christ sont
ceux qui ne négligent rien de ce qui
peut les rendre conformes en cette vie
à leur Chef, autant qu'il est possible ,
sachant , qu'il ne se peut faire que le
Chef soit d'une volonté & les membres
d'une autre.
Les Elus de Dieu sont ceux qui s'é
tudient (d) à être Saints & irrépré*
hensibles devant lui en charité.
Voilà, voilà les marques par les
quelles on les peut & les doit discer-
l (b) Rom. 8- v. 14. (c) z. Pierre t. 5. 6.
(d) Ephcf. r. s. 4.
ner
Préface. §. IV. xlix
ner d'avec les infideles & les profa
nes , d'avec les en fans & les membres
du Diable , & en un mot , d'avec tou
tes sortes de faux Chrétiens. Sur quoi
écoutons le beau mot de S. Augustin :
Le méchant peut avoir le Baptême ; il
peut avoir la prophétie ; il peut recevoir
le Sacrement du Corps &f du Sang du
Seigneur; il peut être appellè Chrétien
avoir en sa bouche le nom de Christ,
il peut avoir lus autres vertus; mais
l'Amour, la Charité efi tellement pro
pre aux vrais Chrétiens , que le méchant
ne les peut avoir. Que chacun donc , dit-
il ailleurs , s'interroge soi-même touchant
ce qu'il aime , & il trouvera d'où il efi
Citoyen. S'il aime le monde & ce qui
ejl au monde , comme la chair , les ri-
cheffes , les honneurs ; il efi citoyen de
Babylone , & n'a rien de commun avec
la jufiiee ; s'il aime Dieu, il est citoyen
de Jérusalem, il est bon, il est juste ;
£«f Pon ne doit pas douter que Dieu ne
lui donne dans le grand jour la couronne
de justice. Amen.
C
f L'IMITATION
: j D E
JESUS-CHRIST,
LIVRE PREMIER.}
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II.
Les humbles fentimens qu'il faut avoir
de foi-même.
1 . X Out homme désire naturellement
de savoir ; mais que sert la science sans
la crainte de Dieu ?
En vérité , un Paysan humble & qui
obéit à Dieu , vaut mieux qu'un Phi
losophe superbe, qui au lieu de se
connoitre & de se régler lui-même ,
dissipe son tems à considérer le cours
du Ciel & des Astres.
Celui qui se connoit à fond n'a que
du mépris pour soi-même , & ne peut
souffrir qu'on le joue.
Ouand j'aurois toute la science , sans
la pure charité, de quelle utilité me
seroit-elle devant un Dieu qui me ju
gera, non selon ma science , mais selon
mon amour pour lui, & selon mes
œuvres.
2. Reprime en toi le desir de
savoir beaucoup de choses ; car un
esprit trop curieux est le jouet de la
dissipation & de l'erreur.
Ceux qui ont beaucoup de science
ont aussi beaucoup d'ambition. Ils veu-
C 4
$6 D'e l' Imttatîon
lent être renommés & paroître sages,
ïl est cependant une infinité de, choses
dont la connoissance est à pure perte,
ou de peu de profit pour L salut de
l'ame.
C'est être bien insensé que de s'ap
pliquer à d'autres choses qu'à celles
qui contribuent au salut éternel.
Beaucoup de discours ne nourrissent
pas l'ame.
Il n'y a que la bonne vie qui mette
l'esprit en repos ; il n'y a que la pureté
de la conscience qui fasse que l'on se
présente avec confiance devant Dieu.
3. Plus tu sais de choses , & mieux
tu les sais; plus ta condamnation sera
rigoureuse , si tu n'as pas vécu plus
saintement.
Si tu excelles dans la connoissance
de quelque art ou de quelque science,
ne t'en enleve point; tremble plutôt
de ce que tu as plus de connoissance
que de pratique.
Lorsqu'il te viendra dans la pensée,
que tu sais beaucoup de choses , &
que tu les entends bien , pense qu'il
y en a infiniment davantage à l'égard
desquelles tu n'est qu'un ignorant.
Ne televe point dans l'opinion
de J. Christ. Livr. I. Ch. 2. 57
<3e ta sagesse ; avoue plutôt ton igno
rance. Pourquoi voudrois-tu te pré
férer à d'autres , vu qu'il en est tant
qui te dévancent & qui ont plus d'in
telligence que toi dans la loi de Dieu-?
Veux-tu apprendre une science qui te
sera fort utile? Apprends à aimer d'ê
tre inconnu, & d'être estimé moins
que rien.
4. L'instruction la plus hante et la
plus utile , est de se connoître & se
mépriser.
C'est une grande sagesse & un avan
cement signalé dans la perfection , que
de n'avoir aucune bonne opinion de
soi-même & de croire que les autres
sont bien meilleurs que nous.
Ouand tu verras quelqu'un commet
tre un péché ou un crime énorme ,
ne pense pas que tu sois meilleur que
lui ; parce que tu ne sais pas combien
de tems tu demeureras sans faire de
çhûte. Nous sommes tous fragiles ;
mais ne crois pas que persqnne soit
plus, fragile que toi. ,
C 5
38 De l' Imitation
CHAPITRE III.
// faut être attentif quand Dieu parle à
notre cœur & Je vaincre fui-méme.
Eureux celui que la vérité en
seigne par elle-même , & non point
sous l'obscurité des figures , & par des
sons qui passent ; mais telle qu'elle est
essentiellement !
Nous sommes souvent trompés par
nos opinions & par nos sentimens ,
qui ne nous donnent que des lumières
foibles et imparfaites.
A quoi bon tant de contestations
sur des choses cachées et obscures ',
,dont l'ignorance ne nous sera pas
imputée au jour du jugement de Dieu?
C'est un étrange aveuglement de
négliger ce qui est utile et néces
saire , pour nous appliquer à des cho
ses inutiles et curieuses , et même nuisi
bles et dommageables. C'est avoir des
jeux , et ne point voir.
2. Qu'avons-nouS besoin de ces fa
tras Philosophiques , tels que les gen
res où les espèces ? Celui à qui la
parole éternelle parle , n'a plus que
faire de tant d'opinions.
de J. Christ. Livr. T. Ch. 59
Cette unique Parole est la source
de tout ce qui est solide , et tout nous
renvoie à elle par un langage muet.
C'est elle aussi (a) qui eji le fouverain
principe qui nous parle. Sans elle on
ne comprend rien , on ne peut juger
de rien sainement.
Celui à qui cette Parole unique est
tout , qui ramène tout à cette unité ,
& qui voit tout en elle , aura le cœur
ferme & inébranlable , et demeurera
tranquille en son Dieu.
O mon Dieu ! vérité éternelle , fai
moi la grace que je sois une même
chose avec toi par ton amour éter
nel ! Je m'ennuie souvent de tant de
lectures &de tant de discours. Tout ce
que je cherche & que je desire ne se
trouve qu'en toi.
Oue tous les docteurs se taisent j
que toutes les creatures se tiennent
dans le silence devant toi ! Toi seul ,
mon Dieu! toi seul, daigne parler à
mon ame.
3. Plus un homme est recueilli en
lui-même & dans une innocente sim
plicité du cœur, plus ses eonnoissan-
ces s'élèvent & s'étendent avec faci-
(c) Jean. 8- v *$. .
êo De l' I m i t a t t o sr
lité , parce qu'il est éclairé d'enhaut.
Une ame pure , simple & constante,
ne se dissipe pas au dehors par une
multitude d'occupations ; ' parce que
tout ce qu'elle fait ne tend qu'à un
seul but , qui est la gloire de Dieu ;
elle n'a point d'égard à ses intérêts
et tâche d'être toujours libre de toute
propre recherche. Y a-t-il rien qui
te trouble & qui t'embarrasse davan
tage que les desirs immortifiés de ton
cœur ?
Celui qui craint Dieu, ne fait rien
au dehors que premierement il ne l'ait
réglé & disposé en dedans de lui-
même ; ne fait rien par le penchant
des inclinations vicieuses ; il range
tout sous la Loi de l'esprit & de la
droite raison.
Qu'y a-t-il de plus pénible que de
se vaincre soi-même ? Quel ouvrage
plus important? Nous devrions sans
cesse travailler à surmonter nos appe
tits & à faire de nouveaux progrès dans
'la vertu.
4. Pendant que nous sommes dans
cette vie nous n'avons point de per
fection sans mélange , & nos lumiere»
sont toujours bien obscures.
de J. Christ. Livr.l. Ch. 3. €1
L'humble connoissance de notre
néant nous conduira plus sûrement à
Dieu, que la recherche d'une science
profonde. Ce n'est pas que la science
ou la simple connoissance des choses,
soit condamnable puisqu'elle est bonne
en soi et dans l'ordre de Dieu. Mais
on doit toujours préférer une bonne
conscience .& une vie vertueuse.
Il y en a beaucoup qui se trompent
malheureusement & qui ne font pres
que point ou peu de bons fruits , parce
qu'ils ont plus de passion pour savoir
beaucoup, que de ferveur pour bien
vivre.
O ! si l'on prenoit autant de soin à
extirper les vices du cœur & à y éta
blir les vertus qu'à agiter de vaines
questions , l'on ne verroit pas tant dè
maux et de scandales parmi le peuple,
ni tant de désordres entre ceux qui
font profession d'une vie plus spiri
tuelle !
Certainement au jour du jugement
il ne nous sera pas demandé ce que
nous aurons lu , mais ce que nous au
rons fait ; il ne sera pas question de
savoir si nous avons dit de. belles cho
6s De V Imitation
ses , mais si nous en avons fait de
bonnes & de saintes.
Où sont à présent ces grands Doc
teurs & ces Savans que tu as connus
pendant leur yvie , & que leur science
rendoit si célèbres ? Leurs emplois &
leurs biens sont passés à d'autres , qui
peut-être ne pensent pas à eux. Lors
qu'ils vivoient , on les estimoit , on les
louoit , maintenant on n'en parle plus.
6. O ! que la gloire de ce monde
passe vite ! O s'ils avoient été aussi
saints, qu'ils ét oient savans, leur science
auroit fait leur bonheur loin de leur
nuire ! Combien n'est pas grand le
nombre dé ceux qui se perdent par
une science vaine , qui leur fait négli
ger le service de Dieu ? Comme ils
aiment mieux une vaine réputation que
l'humilité , ils se perdent dans la vanité
de leurs pensées.
C'est être vraiement grand & loua
ble que d'avoir un grand amour pour
Dieu & pour son prochain.
C'est être grand que d'être petit à
ses propres yeux & 'de ne faire aucun
cas de la gloire & des honneurs mon
dains.
dé J. Christ. Liv. I. Ch. 4. 63
C'est être prudent que de (a) regar
der toutes les chofes de ce monde comme
des ordures afin de gagner J. Chrift.
Et celui-là est vraiement savant , qui
sait faire la volonté de Dieu & renon
cer à la sienne propre.
CHAPITRE IV.
Il ne faut point juger légèrement , ni
avec précipitation.
\«
<?4 T^e l' Imiiation
point précipité dans ses actions , ni
attaché à i>on propre sens avec opi
niâtreté.
C'en est une aussi , de ne pas ajou
ter foi à tout ce qu'on nous dit , &. de
n'aller point rapporter aux autres ce
que nous avons ouï ou crû.
Prend conseil d'une personne sage &
de bonne conscience, & cherche de
recevoir plutôt l'avis & l'instruction
de celui qui est meilleur que toi , que
de suivre ta propre pensée. La bonne
vie rend l'homme divinement sage , &
lui donne de l'expérience en beaucoup
de choses. Plus on est humble de cœur
& soumis à Dieu , plus on croit en
sagesse & on jouit d'une profonde
paix.
CHAPITRE V.
Il faut lire l'Ecriture Sainte avec VEf-
prit qui l'a dictée.
CHAPITRE VI.
Les affalions déréglées caufent un trou
ble , quije calme en leur réfifiant.
CHAPITRE VII.
On ne doit point mettre fa confiance
dans les créatures , il ne faut tirer
vanité de rien & revêtir fhumilité.
CHAPITRE VIII.
Choifir un ami fage , fe famillarifer
peu avec le monde.
CHAPITRE IX.
De île la foumijfion & de hbéijfance.
CHAPITRE X.
Il faut éviter les entretiens frivoles , &
parler dis chofes faintes.
CHAPITRE XI.
Four acquérir la paix il faut com
battre fes inclinations vicieufes.
D 3
?8 De l' Imitation
CHAPITRE XII.
Il efi avantageux d'être affligé.
CHAPITRE XIII.
Il efl bon d'être tenté, mais il faut
réfijïer aux tentations & demeurer
fermes*
D 6
84 De i' I m t t a t i • U
l'on est avancé dans la piété : c'est
.par elles qu'on devient digne de la
couronne promise, & que la vertu pa-
roit avec plus d'éclat. . . ;..
C'est peu que d'avoir de la dévotion
& de la ferveur quand on est sans
affliction ; mais lorsqu'au milieu des
adversités on demeure ferme , c'est La
.marque d'un grand progrès. .
Il en est qui dans les grandes tenta
tions sont préservés de chûtes, &iqui
sont très-souvent vaincus dans les plus
médiocres & les plus ordinaire*, afin,
qu'ainsi humiliés, ils ne présument rien
d'eux-mêmes dans les grandes choses!,
•n sentant & éprouvant leur foiblesse
«lans les plus petites. ; mat
- 1 1 1 1 — lu.
C H A P I T R E XIV:
Il faut éviter tes Jugemens téméraires
fur autrui, fe juger foi-mfane & fe
foumettre à Dieu. , <.<.:..,
CHAPITRE XV. ;ç
CHAPITRE XVII.
Un bon Chrétien doit l'être par fa vie
par fes meeurs.
1. Il faut que tu apprennes à rompre
ta volonté en beaucoup de choses , si tjn
veux conserver la paix avec les autres.
Ce «'est pas peu , que de vivre en ce
monde sans reproche , & de persévérer
(a) Gai. 6 1 t. a.
de J. Christ. Ziv. I. Ch. 17. 91
jusqu'à la fin dans la fidélité que l'on doit
à Dieu.
Heureux celui qui après y avoir bien
vécu a terminé sa course saintement !
Si tu veuxy demeurer ferme & avan
cer dans la piété , regarde-toi comme
un exilé , qui est dans une terre étran
gere , où il ne fait que passer.
Situ désire sincerement de mener une
vie vraiment chrétienne, que l'amour
de Jésus-Christ te dispose à souffrir d'é>
tre tenu du monde pour un insensé.
2. L'habit , l'arrangement modeste des
cheveux sont peu de chose , mais refor
mer ses mœurs , mortifier ses passions,
voilà le vrai esprit de la religion & du
christianisme.
Celui qui ne cherche pas Dieu ni le
salut de son ame uniquement & pure
ment , ne trouvera qu'afflictions & an
goisses ; & celui qui ne veut pas être le
plus petit de tous & soumis à tous , ne
jouira pas long-tems de la paix.
3. Tu ès venu pour servir & non pas
pour dominer , tu ès appellé à la souf
france & au travail , & non pas aux vains
plaisirs & aux conversations vaines.
C'est ici queies hommes sont éprou
vés comme l'or l'est dans la fournaises
jj 'De l'Imitatioït
Ne te trompe pas ; personne n'est
chrétien s'il ne s'humilie de tout son
cœur pour l'amour de Dieu.
CHAPITRE XVIII.
Il faut fuivre fexemple des Saints &
le zèle des premiers Chrétiens & fuir
les tiédes de ce fiècle.
♦
94 De l' I m i t a t i o w
nes leur étoit si chère & si douce qu'ils
oublioient les besoins du corps.
Ils renoncoient à toutes les richesses,
aux dignités, aux honneurs, aux parents.
Ils ne désiraient rien de tout ce qu'il
y a dans le monde ; à peine pouvoient- "
ils se résoudre à prendre les choses les
plus nécessaires à la vie; & quelques
besoins qu'ils en eussent , ils gémis-
soient de se voir assujettis à cette né
cessité.
Ainsi ils étoient pauvres à l'égard des
choses de la terre , mais riches en grace
& en vertu. Nécessiteux au dehofs ,
& pleins de grace & de consolation
divine au dedans. /
4. Ils étoient
mais amis familiers de Dieu. A leur
propre jugement ils n'étoient rien , à
celui du monde ils étoient méprisables ;
mais ils étoient précieux aux jeux de
Dieu , qui les aimoit comme ses' chers
enfans. Ils demeuroient avec constance
dans la vraie humilité , ils obéissoient
à leurs supérieurs avec simplicité, & ils
marchoient dans l'amour & dans la pa
tience.
Ainsi ils avançoient tous les jours
dans la vie de l'esprit , & tous les jours
ils receyoient de nouvelles graces.
de J. Christ. Dvr.h Ch. ig. , çg
Ils ont été laissés pour exemple à
ceux qui veulent vivre chrétiennement ,
& leur petit nombre doit avoir plus
de force sur nous pour nous donner du
courage , que le grand nombre des lâ
ches & des tiédes d'aujourd'hui, pour
nous porter au relâchement.
5. O que les Chrétiens des premiers
siecles ont eu de zèle & de piété !
quelle ardeur dans leurs prieres ! quel
effort de bien vivre ! quelle exactitude
dans leurs saints réglemens! avec com
bler} de respect et d'obéissance se sont-
ils soumis à la discipline de leur maître!
Ce qui nous reste de leur vie nous
assuré qu'ils étoient vraiment saints &
avancés dans la perfection.
Ils ont combattu le monde avec tant
d'ardeur & de force , qu'ils sont parve
nus à le fouler enfin à leurs pieds.
Aujourd'hui celui-là passe pour un
chrétien du premier ordre qui ne viole
pas grossièrement & au dehors les
commandemerts de Dieu, et qui pousse
sa patience jusqu'à se soumettre aujoug
extérieur de la religion que sa naissance
l'a engagé de professer.
6. Lâches èt négligens que nous som
mes ! pourquoi nous éloignons : nous
ainsi de ce premier zèle des Saints ?
96 D e. l'. Imitation
O que notre lâcheté et notre tiédeur'
est grande de ne pouvoir souffrir sans en
nui qu'on nous parle seulement de vivre
comme eux, et qu'au moindre combat ,
la vie pour ainsi dire , nous devienne
'ennuyeuse et insupportable !
Toi qui consideres les exemples des
Saints , ne t'endors pas quand il s'agit
de t'avaneer dans l'exercice des vertus
qu'ils ont pratiquées. Je prie Dieu qu'il
t'en fasse la grace.
CHAPITRE XIX.
On doit renouvelle? chaque jour fes
bonnes réfolutipns , &' exciter fon
zèle par de faims exercices. j
CHAPITRE XX.
De l'amour de Dieu , de la foliîude &
du ftlence.
CHAPITRE XXII.
On doit conji'iêrer les miferes humainet
avec un cœur touché.
CHAPITRE XXIII.
De la méditation de la mort ; on doit s'y
préparer chaque jour-
1 . Il te reste peu de tèms à vivre ;
pense à ce que tu deviendras après la
mort.
Un homme paroît aujourd'hui ; il dis-
paroit demain , & lors qu'on ne le voit
plus, on en perd le souvenir.
de J. Christ. Liv. I. Ch. 23. 1 17
O stupidité & endurcissement du .
cœur de l'homme ! il ne pense qu'au
présent , & il ne prévoit point le ter
rible avenir.
Dirige toutes tes actions & toutes tes
pensées , comme si tu devois mourir
aujourd'hui.
Si ta conscience n'avoit rien à te re
procher , tu ne craindrois pas beaucoup
la mort.
Il vaudrait mieux éviter le péché que
de fuir la mort.
Si tu n'es pas aujourd'hui bien pré
paré comment le tseras-tu demain ?
Le jour de demain est incertain pour
toi ; d'où sais-tu que tu vivras encore
alors ?
z. A quoi sert de vivre long-tems,
puisque nous nous amendons si peu f
Hélas ! ce n'est pas la longue vie qui
fait la conversion. Le plus souvent elle
ne fait qu'augmenter le nombre de no*
péchés & nous rendre plus inexcu
sables.
Plût à Dieu qu'il y eut un seul jour
dans notre vie, où nous eussions vécu
sans péché !
. Il y a beaucoup de gens assez vains
pour compter les années depuis leur
conversion , mais l'on voit peu de fruits
de leur amendement.
n8 De l'Imitation
Si la mort est à craindre , peut être la
prolongation de la vie l'est encore da
vantage. Heureux (a) celui qui a tou
jours devant les jeux sa dernière heure ,
& qui est tousles jours disposé à mourir!
Il ne se peut que tu n'aies vu mourir
quelqu'un ; pense sans cesse qu'il te fau-
dras franchir le même pas.
3. Au matin considère que peut-être
tu ne vivras pas le soir , que si tu passe*
ce terme , ne te flatte point du lende
main.
Sois donc toujours prêt , & vis de telle
manière que si la mort te surprend, elle
te trouve préparé.
Beaucoup de gens meurent subite
ment & sans préparation; (b). Le Fils
de Vhomme viendra. , dit l'Evangile , à
Vheure que Von n'y penfera pas.
Ouand ta dernière heure sera venue,
tu penseras bien autrement de ta vie
passée , que tu ne fais maintenant ; & tu
sentiras le déplorable malheur d'avoir
été si négligent & si lâche.
Heureux & sage celui qui tâche d'être
tel toute sa vie , qu'il désire d'être au
jour de la mort.
Une vie passée dans le mépris du
(a) Ecclef. 7. v. ?.
(6) LUC 12. v. 40.
de J. Christ. Liv. I. Ch. 23. 119
monde , dans des désirs ardens de la
vertu, dans l'amour de la correélion,
dans les larmes de la pénitence, dans
le renoncement à soi-même, dans le
support de tous les maux pour l'amour
de Jésus-Christ, donne une merveilleuse
assurance de bien mourir.
Tu peux , pendant la santé, employer
saintement ta vie , mais le pourras-tu
étant malade ? il en est peu qui s'amen
dent par la maladie.
Il est aussi rare que ceux qui aiment
à courir & à voyager, puissent se sanc
tifier.
Ne t'appuye point sur tes amis ni sur
tes proches , & ne diffère point l'affaire
de ton salut pour l'amour d'eux ; les
hommes t'oublieront plutôt que tu ne
pense.
Il vaut mieux travailler toi-même de
bonne heure à ton salut , que de t'en
rapporter à ce que d'autres peuvent te
dire. »
Si tu n'as pas soin de toi-même , qui
en auras donc soin ?
Voici les momens précieux, (a) voici
lejour du falut, voici le tems favorable.
Hélas ! ô douleur ! faut-il que tu n'em-
(«) a. Cor. 6. t. z.
i20 De l'Imitatiow
ploies pas mieux le tems qui t'est donné
pour acquérir l'éternité !
Le moment viendra où tu souhaiteras
d'avoir un jour, ou même une seule
heure , pour te convertir, & je ne sais
si tu l'obtiendras.
6. Ah ! mon cher frere , quels périls ,
quelles angoisses ne pourras-tu pas évi*
ter , si tu demeures toujours dans une
sage précaution à l'égard de la moxt.
Fai tous tes efforts pour vivre de
telle sorte qu'en ce jour terrible tu aies
plus de sujet de te rejouir que de trem
bler.
Apprends maintenant^ à mourir au
monde , afin qu'alors tu commences à
vivre avec Jésus-Christ.
Mortifie maintenant ta chair , afia
qu'à la mort tu puisse te confier plei
nement en la miséricorde de Dieu.
7. Fou et insensé que tu es? je vou-
drois bien savoir pourquoi tu t'imagi
nes de vivre long-tems, toi qui n'a pas
un seul jour d'assuré?
Combien de gens cette folle ima
gination n'a-t-elle pas trompé , qui ont
été enlevés de ce monde plutôt qu'ils
ne pensoient.
N'as-tu pas souvent ouï dire : un tel
a été tué , un autre s'est noyé ; un autre
en
de Jv Christ Livr. I. Ch. 23. i2t
en tombant s'est rompu le cou ; cet au
tre est mort en mangeant ; cet autre
en jouant; le feu , le fer, la peste, les
voleurs , n'enlèvent - ils pas beaucoup
de monde ? & ceux qui échappent doi
vent-ils attendre une autre fin que la
mort. Ainsi finissent tous les hommes,
& leur vie passe comme une ombre.
3. Prétends-tu qu'on se souvienne de
toi, ou qu'on prie pour toi après ta
mort ?
Non , non, mon cher frere, fais main
tenant le plus de bien que tu peux ;
puisque tu ne sais quand tu mourras,
ni ce qui t'arrivera après ta mort.
Amasse des richesses immortelles
pendant que tu en as le tems. Ne pense
qu'à des choses vraiement salutaires ;
ne t'applique qu'aux choses de Dieu.
Fai-toi maintenant des amis en hono
rant les Saints par l'imitation de leur
vie, afin que , selon la parole de l'E
vangile, ( g?) lorsque ta vie défaudra ,
ils te reçoivent dans les tabernacles éter
nels.
9. Regarde-toi sur cette terre com- '
me un passant & un étranger , qui n'a
rien à démêler avec le monde.
Conserve ton cœur dans la vraie -
W) Luc 16. v. 9.
F
i22 De l' I m i t a t i « h
liberté , & qu'il soit toujours élevé à son
Dieu ; parce que (<?) tu n'as point ici de
cité permanente.
Adresse tous les jours à Dieu tes
prieres, tes gémissemens et tes larmes,
afin que ton ame dégagée des liens du
corps , s'envole au sortir de cette vie
dans le sein du Seigneur. Amen !
CHAPITRE XXIV.
CHAPITRE XXV.
Ilfaut travailler avec ardeur à l'amen
dement de fa vie.

-OOOOOOOOD-
L'IMITATION
D E
JESUS-CHRIST,
LIVRE SECOND.
CONTENANT
Des avertiffements pour avancer dans h
vie intérieure & spirituelle.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE IL
Dieu ne donne fes biens & fon fecours
quaux humbles.
CHAPITRE III.
Si tu aime la paix , tu Supporteras
tout.
I. Etablis- toi premièrement dans la
paix de Dieu, alors seulement tu pourras
pacifier les autres.
Un homme pacifique est plus utile
qu'un homme savant.
Celui qui se laisse emporter par ses
passions tourne même le bien en mal ,
et croit aisément le mal ; mais l'hom
me pacifique interprête et tourne tout
en bien.
Celui qui aime la paix , n'est point
soupçonneux , mais un esprit inquiet
et qui n'est jamais content, est tou
jours agité de soupçons ; il ne peut de
meurer en repos , ni y laisser les autres;
il dit souvent ce qu'il devroit passer
sous silence ; il omet souvent ce qu'il
devroit faire. Il examine quel est le '
devoir des autres , et il néglige le sien.
Pour toi , jette premierement la vue
sur ta propre conduite, travaille à
te corriger, et tu pourras avec plus de
droit songer à corriger les autres.
%. Tu ne manque pas de donner de
belles
de J. Christ. Liv. II. Ch. 3. 14$
belles couleurs à tes actions , ou dç
les excuser, et -tu ne veux point rece
voir les excuses des autres.
Il seroit bien plus juste que tu t'ac
cusasses toi-même , et que tu excusasses
ton frere.
. Si tu veux que l'on te supporte, il
faut aussi que tu supportes le prochain.
Vois donc combien tu es encore éloigné
de la vraie chanté & de l'humilité, qui
fait que l'on ne peut avoir de colere &
d'indignation que contre soi-même.
, Ce n'est pas une grande vertu que
de vivre en paix avec ceux qui
sont bons & doux ; naturellement on
se plait dans la compagnie de ces sorte*
de personnes , & chacun vit en paix
et en amitié avec ceux qui ont un même
sentiment que lui ; mais c'est un effet
de la grace de Dieu et la marque d'une
ame forte et courageuse de pouvoir
▼ivre en paix avec des gens rudes ,
méchans, intraitables , et d'une humeur
opposée à la nôtre et qui nous contra
rient sans cesse.
<- 3. H'v en a qui jouissent de la paix
intérieure , & qui sont aussi en paix
avec les autres hommes.
Il y en a qui . n'ont point de paix
ni avec eux-mêmes , ni avec les autre*
G
14-6 De l' Imitation
qu'ils tourmentent sans cesse , et quî
se tourmentent encore plus eux-mêmes.
Il y en a enfin qui ayant la paix en
eux-mêmes- , cherchent à la porter par
tout.
Cependant nous devons faire consis
ter notre paix tout le tems que nous
sommes dans cette misérable vie , plu
tôt à souffrir humblement qu'à ne sen
tir aucune peine.
Qt i sait le mieux souffrir , jouira de
la plus grande paix. Celui qui a cette
science , est vainqueur de soi-même ,
maître du monde , ami de JésUs-Christ,
et héritier' du ciel. '• <••<•. :
]'' ' - ' ~ - - * i 1 ' • * .i ' ..- - »..'-. -• j- —
C H A P I T R E ÎV. S
L'œil Jlmple le emtr pur élèvent
jufqu-à Dieu.
CHAPITRE V.
Il faut rentrer en foi-même , & s'occu
per entièrement de Dieu.
- t. .
: 1. Nous ne -devons pas trop nous
fier à notre propre jugement, parce
que souvent la grace et l'intelligence
nous manquent.
Nous avons bien peu de lumiere , et
le peu que nous en avons, nous le
perdons bientôt par notre négligence.
Nous sommes souvent si stupides , y
i»e J. Christ. Liv. IL Ch. 5. 14^
que nous ne sentons pas jusqu'où va
l'aveuglement de notre cœur.
Souvent nous agissons mal , et nous
nous excusons plus mal encore.
Nos passions nous font prendre feu
et nous emportent, et nous nous ima
ginons que c'est le zèle de Dieu.
Nous reprenons avec rigueur les pe
tites faute» dan* les autres , et nous
passons par dessus les nôtres qui sont
beaucoup plus grandes. ,
Nous sentons vivement et nous pe
sons avec exactitude ce que nous avons
à souffrir de la part des autre» ;
mais nous ne considérons pas ce qu'il*
ont à souffrir de nous. En vérité si
chacun vouloit bien examiner et peser
ses actions , il verroit qu'il n'a pas sujet
de juger si sévèrement le prochain.
2. L'homme intérieur préfère le soin
de son arae à tous les autres soins ; et
celui qui est eiact à se considérer Soi-
même, n'est guère tenté de parler des
autres.
On ne vivra jamais de la vie spiri
tuelle et intérieure, qu'en se tenant
dans le silence sur ce qui regarde les
autres , pour s'employer tout entier à
réfléchir sur soi-même.
Si tu foccupes entièrement de Dieu
G 3
>£o De l' Imitation
et de toi-même , tout ce qui arrive a»
dehors te touchera peu.
Où es-tu quand tu n'es pas présent
à toi même ? Ou'as-tu profité , si ayant
parcouru et scruté toutes choses tu as
négligé ton propre cœur ?
Veux-tu avoir la paix et la vraie union
avec Bieu? il faut nécessairement que
tu te détaches de tout ce qui est au
monde , pour ne jeter les jeux que
*ur toi.
Si tu veux t'avancer dan* la voie de
Dieu , dégage toi de tous soins tem
porels ; mais tu reculeras beaucoup ,
pour peu que tu t'en charges encore.
N'estime rien de grand, d'élevé,
de beau , d'aimable , que Dieu , ou ce
qui est de Dieu. Repute pour vain et
inutile tout ce que la créature peut te
donner de consolation.
L'ame qui aime Dieu , compte pour
rien tout ce qui est au-dessous de Dieu.
Un Dieu seul éternel , infini , & qui
remplit toutes choses , est la consola
tion de l'ame , & la vraie joie du eceur.
De J. Cbtrist. Livr. II. Ch. 6. ï% i
i - . i
C HAPITRE VI.
La joie pure &folide efi dans la conf-
cience.
CHAPITRE Vil.
Il faut aimer Jéfus-Chrijl lui Jiul &
fur toutes chofes-
CHAPITRE ÏX.
Dieu prive quelqutfois les fiens de toute
confolation pour les éprouvtr.
CHAPITRE X.
Il faut rendre grace à Dieu de fes
confolations , & fouffrir patiemment
lorsqu'on s'en voit privé.
CHAPITRE XI.
Du petit nombre de ceux qui aiment la
Croix de Jéfus-Chrifl éf qui renon
cent à tout pour le juivre.
CHAPITRE XII.
Il faut prendre la Croix de Jéfus-Chrifi
fi on veut fa couronne.
v
de J. Christ. Liv. II. Ch. xi. X77
souffrances sera venu , quoi qu'il ne doi
ve pas venir pendant que nous vivons
sur cette terre. Mais si tu la portes mal
gré toi , tu la rends plus pesante & plus
insupportable, & toutes fois il faudra
que tu la portes.
Si tu rejetes une croix, tu en trouve
ras infailliblement une autre., peut-être
plus pesante que la premiere.
é. Crois-tu donc pouvoir ériterceque
nul des hommes n'a pu éviter? Oui
d'entre les Saints a été sans croix & sans-
adversités dans ce monde ?
Notre Seigneur Jésus-Christ même
n'a pas été une heure sans elles , pen
dant qu'il a vécu sur la terre.
(a) 11 falloit , dit-il que le Ckrififouf-
frit , qu'il rejfujcitat & qu'il entrat ainjt
dans fa gloire.
Comment donc cherchés- tu une autre
voie que cette voie royale , cette sainte
voie de la croix ?
7. Toute la vie de Jésus-Christ n*»
été qu'une croix & un martyre conti
nuel j & tu cherches dù repos & de 1*
joie pour toi ?
Tu te trompes assurément , si tu' as
pires a d'autres choses qu'à souffrir des
adversités ; puisque toute cette vie mor
te) Luc 34. v. %s.:
178 D E l' I M 1 I A T 1 O Jï
telle n'est pleine que de miseres & n'est
environnée que de croix.
Plus une personne a fait de progrès
.dans la vie spirituelle , plus elle trouve
de croix ; les dernieres seront encore
plus pesantes que les premieres , parce
que plus on a d'amour pour Dieu , plus
la peine qu'on souffre d'être exilé de lui ,
devient sensible, & parce encore que
Dieu charge davantage le cœur coura
geux & qui l'aime, afin de rendre sa
couronne plus belle.
8. Néanmoins une ame chargée de
tant de peines n'est pas sans consola
tion , sentant bien , que la croix accep
tée de bon cœur, lui rapporte un très-
grand fruit.
Car en se soumettant volontairement
i la croix , il prend une admirable con
fiance & résignation en. Dieu , qui pro
duit toujours la consolation céleste.
Plus la chair est abattue par l'afflic
tion , plus l'esprit est fortifié par une
grace intérieure qui l'affermit. Quelque
fois même on a tellement le cœur tou
ché & fortifié par l'adversité , la tribula-
tion , & par le désir d'être conforme à
Jésus-Christ souffrant, qu'on ne vou
droit pas être sans douleurs & sans souf
frances; parce qu'on espère être d'au
ïve J. Chkist. lit?. II. Ch. iî.
tant plus agréable à Dieu , qu'on souf-
, frira davantage pour l'amour de lui.
Il ne faut pourtant pas attribuer ces
effets à la vertu de l'homme ; ce n'est
que la grace de Jésus Christ qui peut h.
qui fait to.ut cela dans la foiblesse de la
nature ; c'est elle qui fait qu'on em
brasse & qu'on aime avec ardeur , ce
qu'qn abhorre & ce qu'on fuit naturel- -
lernent en tout tems.
9. Porter la croix , aimer la croir,,
, mortifier son corps , le réduire en ser
vitude , fuir les hommes , souffrir de bon',
cœur les injures & les opprobres , se mé
priser soi-même, désirer d'être méprisé,
. endurer toutes,sortes de maux, ne point
désirer la prospérité de ce monde; sont
.de$ choses contraires aux inclinations,
naturelles de l'homme.
. Si tu nejettes les jeux que sur toi , tir
; te verras dans l'impuissance de faire-
rien de tout' cela.
. , Mais si tu, t'appuyes sur le Seigneur, il
enverra du cied: une force si puisante
{. qu'elle a^siyettira a l'esprit le njQnde &
la .chair., , ' . rix ;r —
-, ,)Les. at;n>e^ spirituelles de, la foi'fc de
•^la croix du Sauveur, banniront de ton
cœur toute la crainte de l'ennemi.
10. Consacre-toi donc comme un boni
' H- 6
180 De l' Imitation
& fidèle serviteur, à porter courageu
sement la croix de ton Maître, qui a
bien voulu être crucifié pour l'amour
de toi.
Prépare-toi à beaucoup d'adversités,
& à toutes sortes de maux dans cette
misérable vie.
Quelque part que tu ailles , dans quel
que lieu que tu te retires , ils te suivront
par-tout. C'est un chemin par où il faut
nécessairement passer.
Il n'y a pas de moyen d'éviter lés
afflictions , les maux & les douleurs ;
l'unique remède est , de posséder ton
ame par la patience.
Bois de bon cœur dans la coupe de
la passion de ton Seigneur, si tu desi
res d'être son ami & d'avoir commua
nion avec lui.
Remets au bon plaisir de Dieu de te
donner les consolations qu'il jugera le
plus à propos.
Mais de ton côte prépare-toi à sou
tenir des épreuves , & regarde les souf
frances comme tesjoies les plus grandes;
car (e) les fouffrances du tems prêfent,
( quand tu pourrois seul les supporter
toutes) ne. peuvent point contrebalancer,
(0 Rom. g. y. 18.
de J. Christ. Livr. II. Ch. 12. tfï
la gloire à venir , ni ne sont point ca
pables de la mériter.
1 1 . Lorsque tu auras fait un progrès
tel que les afflictions te deviennent
douces, & que tu trouveras du goût
dans les souffrances , pour l'amour de
Jésus-Christ , assure-toi alors que tout
va bien , & que tu as trouvé le paradis
sur la terre.
Mais tant que tu te fais de la peine
de souffrir, & que tu cherches à t'en
dispenser , tu n es pas dans un bon
état , & les maux que tu fuis te suivront
par-tout.
12. Que si tu tâches de répondre à
ta vocation qui est de souffrir jusqu'à
la mort , ton état changera prompte-
ment en mieux , & tu trouveras la paix.
Lors même que tu autois été ravi com
me St. Paul jusqu'au troisième Ciel , (/)
cela ne te dispensera pas de souffrir*
(g) Je lui ferai voir , dit Jésus-Christ ,
de ce même St. Paul , combien de maux
il faut fouffrir pour mon nom.
Tu ne dois donc attendre que des
souffrances , si tu veux aimer Jésus-
Christ & le «ervir toujours.
Plût à Dieu que tu fus digne de
i Kfï ». Cor. 12. t.* }Att. 9. V. 16.
182 De i' I m i t a t i o s
souffrir quelque chose pour l'amour de
Jésus! que de gloire pour toi ! que de
joie pour les saints de Dieu! que d'é
dification pour ton prochain ! Car tout
le monde recommande la patience,
quoique peu de gens aient la force de
la pratiquer.
Mais ne devrois-tu pas souffrir un
peu pour Jésus-Christ , vu que les. en-
fans du siecle souffrent tant pour le
monde.
14. Tiens pour certain que tu, dois
mener une vie mourante ; k. que plus
©n meurt à soi , plus on vit à Dieu.
Nul n'est propre à comprendre les
choses du Ciel , s'il ne s'est dispose à
souffrir pour Jésus-Christ les maux .de
. cette, vie. , : -- -
- ,11 n'est rien de plus agréable à Dieu,
ni de plus salutaire à l'homme dansrce
monde , que de souffrir de bon cœur
pour l'amour de J. Christs
Si tu avois le choix, tu ne devrois
pas hésiter un moment à renoncer, aux
, consolations et à la j 04$ pour embras-
.ser les souffrances ; parce que tp serois
ainsi plus semblable' à Christ et , à
tous le£ Saints. . n
-Car. ni ce qui plait à Dieu en nous,
ni l'état de ' notre avancement , ne
deJ. Christ. Liv.il. Ch. xz. 183
consiste pas en des sentimens de dou
ceurs et de jqyes, mais plutôt dans
la souffrance des plus grandes tribula
tions.
1 5. Oue s'il y avoît eu quelque chose
de meilleur et de plus utile pour le
salut des hommes que la souffrance ,
sans doute , Jésus-Christ l'auroit ensei
gné par ses paroles et par son exemple.
Cependant il se borne éà exhorter
hautement ses disciples , et tous ceux
qui le veulent suivre , à porter la croix ;
(a) Si quelqu'un veut venir après moi ,
qu'il renonce à foi-même , qu'il charge
fa croix & qu'il me fuive.
Ainsi après avoir tout pesé et exa
miné , nous devons conclure avee l'A
pôtre, que (b) c'ejl par plufieurs tribu
lations qu'il nous faut entrer dans h
Royaume de Dieu.
ia) Matth. 1 6. v. «4. (b) Adt 14. t. aa.
L'IMITATION
D E
JESUS-CHRIST,
LIVRE TROISIEME.
CONTENANT
En forme de Dialogue les consolations
spirituelles que Dieu donne à l'amet
et que Vaine cherche en Dieu , et les
secrets de la vie intérieure et cachée
en lui.
CHAPITRE PREMIER.
C H A P I T R E II.
L'homme parle au dehors , £f Dieu
parle au dedans.
Le Disciple.
CHAPITRE III.
On fait tout pour le monde , on ne fait
rien pour Dieu.
Jes us-Christ.
CHAPITRE IV.
Jésus-Christ.
CHAPITRE V.
Des merveilleux effets de l'amour divin;
on doit le demander a vec ardeur , car
on a tout en lui.
Le Disciple.
CHAPITRE VI.
Celui qui aime véritablement le Seigneur*
, ne fe rebute pas quand il ejl éprouvé
par Vadverjitê.
J e s v s - C h n i s T.
CHAPITRE VII.
Il faut être humble dam la grace pré-
fente ou abfente.
Jésus-Christ.
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
Il faut rapporter tout à Dieu comme à
notre derniere fin.
Jésus-Christ.
CHAPITRE X.
On ne peut fervir Dieu & le monde:
douceurs ineffables que Ton trouve
dans le fervice de Dieu.
Le Disciple.
ï, JE prendrai, Seigneur! la hardisse
de parler encore. Je ne me t'airai point ;
je pousserai les soupirs de mon cœur
jusqu'au trône de mon Dieu , de mon
Seigneur & de mon Roi , dont la Ma
jesté est élevée par dessus toutes choses.
O Seigneur ! (a) combien font grands
les biens que tu as réfervés à ceux qui
te craignent !
Que n'es-tu pas à ceux qui t'aiment,
qui te servent & qui t'obéissent de tout
leur cœur !
C'est une douceur vraiment ineffa
ble que. de pouvoir te contempler ô
éternelle beauté ! comme le font tes
amis sincères. Tû m'as moptré ta ten
dresse; & la grandeur de ton amour
en ceci ; c'est que je n'étois pas , & tu
m'as fais , j'étois égaré , & tu m'as ra-
L (a) Pf. il. v. 20.
Iv 2
220 De l' Imitation
mené , afin que je te serve ; & tu m'as
fais la grace de commander que je
t'aime.
2. O source éternelle d'amour ! Pour-
rois-je bien t'oublier, toi qui as dai
gné te souvenir de moi , lors même que
séparé de toi J'étoisune branche sèche
& morte?
Les miséricordes que tu as faites à
ton serviteur sont plus grandes que je
ïl'aurois jamais osé espérer.
Je n'ai en rien mérité que tu m'ho
nores de ta grace. O Seigneur ! que te
pendrai -je pour tant de faveurs?
Oue te rendrai-je pour celle que tu
m'as faite & que tu ne fais pas à tous ,
de renoncer à toutes choses & au siècle
présent , & de mener -une vie retirée
& intérieure î . .
Te récompenserai-je beaucoup en te
servant, toi à qui toute créature est
obligée d'obéir ?
Tous les services que je puis te ren
dre ne sont rien du tout ; mais la
grace que tu m'as faite de me prendre
pour un de tes serviteurs, & de me
joindre à ceux que tu aimes , malgré
mon indignité & ma bassesse , est
m J. Christ. Lh. lit. Ch. 12. tu
-une grace , que je ne saurois assez
admirer.
3. Voilà, toutes choses sont à toi,
je n'ai rien qui ne soit à toi , & le culte
que je te rends , est un don de ta grace.
Maïs je m'abuse de dire que je te.
sers ; n'est-ce pas plutôt toi , Seigneur !
qui me sers ?
C'est pour le service de l'homme que
tu as créé le ciel & la terre , qui eri
effet servent tous les jours selon les
régies que tu leur imposes.
Et comme si c'étoit peu de chose ,"
tu veux qu'il soit servi par les Anges.
Mais que tu sois devenu de toi-même
le serviteur de l'homme , & que tu ayes
voulu te donner toi-même à lui , c'est
ce qui est au-dessus de toute pensée
& de toute expression.
4. Oue te rendrai-je , Seigneur! pour
ces biens infinis dont tu me combles ?
0 que ne puis-je te servir tous les jours
de ma vie .' Mais hélas ! si seulement
je pouvois te servir un seul jour com
me tu en es digne !
Tu es vraiment digne d'être servi ,
d'être honoré, d'être loué éternelle
ment & par dessus tout.
Tu es mon Seigneur & mon souve
K 3
222 De l' Imitation
rain Maître , & je suis ton pauvre ser
viteur , obligé de te servir de toutes
mes forces , & de publier tes louanges
sans me lasser jamais.
Je le veux, mon Dieu! je le désire;
je te prie de suppléer à ce qui me
manque pour l'accomplissement de ce
desir.
5. Quel honneur ! quelle gloire de te
servir , & de mépriser toutes choses
pour l'amour de toi! ceux qui se sou
mettent de bon cœur à ta sainte obéis
sance , y trouveront des graces très-
abondantes.
Ceux qui rejettent tous les faux plai
sirs , parce qu'ils t'aiment avec ten
dresse , trouveront dans ton St. Esprit
des plaisirs purs & infiniment plus dé
licieux.
Ceux qui pour l'amour de toi entrent
dans la voie étroite, & qui se défont
de tous les soins du monde, jouiront
d'une vraie liberté d'esprit.
6. O divine & aimable servitude , qui
en assujettissant l'homme à son Sei
gneur, le rend non-seulement libre ,
mais véritablement saint ! O état sacré
de l'obéissance chrétienne qui rend
l'homme chéri de Dieu , égal aux An
m J. Christ. lw. III. Ch. 1 1 .
ges , terrible aux démons , recomman-
dable à tous les fidèles ! O heureuse
servitude digne de tous nos souhaits ,
qui nous met dans la jouissance du bien
souverain & de la joie éternelle !
CHAPITRE XI.
Il faut examiner & modérer les dejirs
du cœur y & s'efforcer de plaire à
Dieu.
Jesus-Chbist.
CHAPITRE XII.
-7/ fautfouffrir les maux avec patience
& fuir les vains plaifirs du monde.
Le Disciple.
CHAPITRE XIII.
L'exemple de Jéfus- Chrijl nous enfeigne
Nbéiffance &Ja foumiffion.
Jésus-Christ.
CHAPITRE XIV.
// faut confidérer la grandeur de Dieu
& notre néant , & ne pas tirer vanité
de nos bonnes œuvres.
Le Disciple.
CHAPITRE XV.
Il faut vouloir tout ce que Dieu veut,
& non ce qui nous feroit agréable.
Jesus-Christ.
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII.
Il fautfe repofer fur Dieu de tout le foin
de nous-mêmes , & lui abandonner
notre conduite.
Jésus-Chbist.
Le Disciple.
4. Je veux , Seigneur ! souffrir de bon
cœur tout ce qui rn'arrivera par la dis-
pensation de ta sage providence.
Je recevrai également de ta main le
bien k le mal, le doux & l'amer, la joie
&. la tristesse; & quoiqu'il m'arrive, je
te rendrai pour toutes choses des ac
tions de graces.
Préserve seulement mon ame de tout*
péché, & je ne craindrai ni la mort ni
l'enfer.
Ne me rejeté point pour jamais de
devant ta face , & n'efface point mon
nom du livre de vie ; alors quoiqu'il
arrive , je suis certain que rien ne pourra
me nuire.
CHAPITRE XVIII.
A l'exemple de Jéfus- Cbrifl nous devons
/apporter avec patience les mijeres de
cette vie.
Jésus-Christ.
C H A P I T R E XIX.
Il faut fupportcr les injures, ce qui ejl la
marque de la véritable patience.
Jésus-Christ.
CHAPITRE XX.
De Faveu de fa propre foiblejje , & des
mijères de cette vie.
Le Disciple.
CHAPITRE XXI.
Dieu vifite le cœur qui Paime £«? qui le
prie.
Le Disciple.
CHAPITRE XXU.
Du fouvenir des bienfaits de Dieu &
de la reconmijjance que nous en devons
avoir.
Le Disciple.
CHAPITRE XXIII.
Dieu nous enfeigne ce qui peut nom pro
curer la paix i nous devons le prier
de nous faire la grace de Vobferver.
J i s u s - C h r i s t. , -
M 4>
*7» © E l' I M I T A T I © K
CHAPITRE XXVI.
L'exellence de la liberté de ftfprit ,
jwi s'acquiert plutôt par la priere
que par la Ie&ure.
L b Disciple.
C H APITRE XXTÎL
Qui veut' jouir de tout doit aujji tout
donner, car l'amour de foi-même nous
éloigne extrêmement dufouverain bien*.
J é s u s - C h r rs T.
„ 1. iJoNNE moi le tout pour le tout,'-
„ mon fils ! afin de m'avoir tout entier,
» il faut que tu sois tout entier à moi
„ & qu'il ne te reste rien de toi-même.
„ Rien dans le monde ne t'est plus'
„ nuisible que l'amour de toi-même.
„ Tu te trouveras plus ou moins -lié:
„ aux choses du monde , selon que tu!
„ auras plus ou moins d'attache & d'a-
,3 mour pour elles. v
„ Si ton amour en est entièrë-
„ meut dégagé & pur, s'il est rendu*
„ simple &. bien réglé, tu ne seras plus-
,3 esclave de rien.
,3 îfe désire jamais ce qu'il ne t'est;
„ pas permis d'avoir, & ne retiens riea*
» de ce qui peut retarder ta liberté in«-
M térieure & spirituelle..
„ Il est bien- étrange que tu ayes de*
M- 6
376 De l' Imitation
„ la peine à t'abandonner à moi de
„ tout ton cœur & sans réserve , avee
„ tout ce que tu peux désirer ou pos-
„ séder.
n 2. A quoi bon consumer ta vie à
„ des soins inutiles ? Pourquoi te tour-
„ menter de tant de vains soucis ?
, „ Tiens-toi ferme à ce qui est de mon
„ bon plaisir, & rien ne sera capable
» de te nuire.
„ Mais si tu cherches quelque Ghose
>} de particulier, si tu désires d'être ou.
» en un tel lieu , ou en un tel état ,
„ pour trouver ce qui t'est le plu*
i, agréable & le plus commode , sois
„ assuré que tu ne seras jamais en re-
'„ pos, & que l'ennui & l'inquiétude
„ te suivront par-tout ; parce" que dans
M quelque état que tu te trouves , il y
M manquera toujours quelque chose de
„ ce que tu auras désiré; & tu trou-
„ veras par-tout des contradictions.
„ 3. Ainsi le plus grand avantage
x qu'on peut retirer des choses exté-
» rieures ne consiste pa* à avoir acquis
» & à posséder beaucoup de biens
„ temporels , mais à les mépriser &
9 en détacher son cœur.
» Ce que je dis ne doit pas s'en
de J. Christ. Liv. III. Ch. 17. 277
'» tendre seulement des richesses , mais
aussi des desirs de l'ambition , & de
„ l'honneur, de la louange & de la
» gloire ; vanités qui disparoissent pour
„ l'homme avec le monde.
„ En quelque lieu que tu sois , tu ne
„ seras jamais bien, ni en sûreté, si la
„ piété te manque ; & de quelque tran-
» quilité que tu jouisses au dehors ,
„ elle est peu durable si ton cœur n'est
„ pas bien fondé, je veux dire, s'il ne
„ repose absolument sur moi, sans cela,
„ quelque changement qui t'arrive , tu
„ seras toujours le même, misérable,
„ aveugle & nud , également éloigné
„ du vrai amendement, & à la premiere
„ occasion tu te verras dans les mêmes
„ maux ou même en de plus grands,
n que ceux que tu voulois éviter.
Le Disciple.
O Dieu ! affermis mon ame par Ta
grace de ton St. Esprit. Oue l'homme
intérieur & spirituel se fortifie en moi
par ta toute puissante bonté.
Vuide mon cœur de tous les soins
inutiles & de tous les chagrins du monde.
Ne permets pas que mes desirs m'en
traînent vers quoi que ce soit ou de
considérable ou de peu d'importance,;
278 De l' ImitAt ro-N
mais fais que j'envisage tout ce qui est
sur la terre comme des choses qui ne
font que passer , aussi bien que moi ,
qui passe & qui disparoîtrai avec elles.
( a ) Rien n'ejl permanent fous le foleil.
Tout eji vanité & tourment d'efprit.
Heureux celui qui considere attenti
vement cette grande vérité & qui en
est convaincu.
5. Je te demande, ô mon Dieu , la
fagejje qui vient d'enbaut , afin qu'elle
m'apprenne à te chercher par dessus
toutes choses , & à te trouver au-dessus
de toutes choses ; qu'elle fasse que je
ne goûte., que je n'aime que toi seul,
& que je ne considère tout le reste
que par rapport à cette divine Sagesse.
Donne- moi la prudence nécessaire
pour ne me pas laisser surprendre aux
flatteries & aux louanges des uns , &
la patience pour supporter les contra
dictions & les oppositions des autres.
Gar c'est être sage en toi que de ne
point se troubler & de fermer égale
ment l'oreille aux médisances & aux
calomnies qui nous attaquent, & aux
flatteries de ceux qui cherchent à nous
séduire: par leurs louanges. C'est ainsi
(0) Ecclef. 1. v. ».
de J. Christ. Liv. III. Ch. 28. 279
que l'on peut marcher sûrement & sans
crainte, dans la vie qui conduit à Dieu.'
CHAPITRE XXIX.
Il faut invoquer & béttir Dieu aux
approches de la tribulation ç$ /crc-
qiCon y ejl engagé.
Le Disciple.
-
mJ. Christ. Liv. III. Ch. 29. 2S1
Dans l'impuissance de l'éviter, je
Tiens implorer ton secours afin qu'elLe
me tourne en bien.
Mon Dieu! je suis en peine; mon
cœur est affligé ; les maux me pres
sent & ne me laissent aucun repos.
Mon Dieu & mon Pere , que diraï-je ?
Je su% dans un abattement extrême.
Seigneur ! sauve-moi de cette heure.
.% Mais c'est pour cela même que j'y
suis venu , afin que tu sois glorifié par
.mon humiliation , & par la délivrance
que tu me donneras ensuite.
Délivre-moi, Seigneur ! selon ton bon
plaisir. Où puis-je aller & que puis-je
faire sans toi , pauvre & misérable que
je suis! Seigneur , donne-moi encore la
patience dans cette épreuve ! Aide-moi,
mon Dieu ! & je ne succomberai point,
quelque fardeau que je porte.
2. Oue te dirai-je en cet état , Sei
gneur ! sinon , Ta volonté foit faite ?
J'ai mérité ce châtiment & cette afflic
tion.
Je dois la souffrir , & plaise à ta sou
veraine bonté de m'accorder que je la
souffre avec patience , en attendant
que l'orage passe & que la tranquillité
renaisse. i /
282 De il ï M I T À T I o s
Ta main , qui peut tout , peut aussi
me tirer de cette tentation , & modé
rer sa violence , d-e peur que je n'y
succombe, puisque c'est une grace
que tu m'as déja faite si souvent , ô
mon Dieu! source inépuisable de misé
ricorde en qui j'espère !
Plus il m'est difficile d'en sorti?, plus
le Très-haut se signalera en m'en reti
rant par un coup de sa puissante
main. - » - ', ,
CHAPITR E XXX. "
On doit demander le fecours de Dietp
& ne pas s'inquiéter de l'avenir.
J ésus-Christ.
CHAPITRE XXXÏ.
// faut quitter toutes les créatures pour
trouver le Créateur.
Le Disciple.
CHAPITRE XXXIfc
Du renoncement à foi-même & à toute•
cupidité.
Jesus-Christ.
CHAPITRE XXXIII.
De Vinftabilitê de notre cœur , & qu'on
doit toujours fe propofer Dieu pour
fin.
Jesus-Christ.
CHAPITRE XXXIV.
Celui qui aime Dieu le goûte en toutes
chofes, & par diffus tout.
Lê Disciple. ,
CHAPITRE XXXV.
Dieu dejîine les fiens à fouffrir dans ce
monde.
Jésus - Chris t.
CHAPITRE XXXVI.
// ne faut pas s'inquiéter des vains
fugemens des hommes , mais remettre
tout à Dieu.
J ésus-Christ.
0
go6 De l' Imitation
pas à toi ; car quels qu'ils puissent être,
ils n'échapperont pas au jugement de
Dieu. Pour toi , aie toujours Dieu de
vant les jeux , et laisse-là les plaintes
et les querelles. „
" S'il te semble que tu succombes
pour un tems , qu'on te tienne pour ce
que tu n'es pas , et que tu en sois cou
vert de honte ; ne t'en fâche pas , ne
perds point par ton impatience la cou
ronne que je te promets. „
" Leve les jeux au Ciel ; regarde à
moi ; je suis puissant pour te délivrer
de l'opprobre et de la honte ; je le ferai
en son tems , et (g) rendrai à chacun
felon fes œuvres. „
C H A PITRE XXXVII.
De la pure entière réfignation de
foi-même , pour obtenir la liberté du
coeur.
J É S U S - C H R I S T.
CHAPITRE XXXVIII.
Il faut demeurer libre en tout & avoir
recours à Dieu en toutes choses
Jésus-Christ.
CHAPITRE XXXIX.
£homme ne doit point s'attacher avec
empreffement aux affaires du monde ,
& il doit abandonner à Dieu le foin
de fa conduite.
Jesus-Christ.
C H A P IT RE XLI.
Vu mépris desJmnneurs temporels.
J É S U S r C H R I S T.
CHAPITRE XLIL
// ne faut point établir fa paix dans
les hommes , mais aimer Dieu feuL
J i s u s - C H k i s T.
CHAPITRE XLIII.
Contre la vaine fcience du Jiècle , Dieu
donne de l'intelligence aux humbles.
Jésus-Christ.
CHAPITRE XLIV
II faut mourir au monde afin d'avoir
.;. la paix dè Dieu dans le cœur- v j
..Jéshs-Chms t. '.. .-'.' v°* ..
CHAPITRE XLV.
On doit fe repofer en Dieu & ne point
compter fur les hommes.
Le Disciple.
CHAPITRE XLVI.
De la confiance qu'il faut avoir en Dieu
quand on eji attaqué par des paroles
piquantes.
Jésus-Christ.
>.Mon fils ! demeure ferme & espère
en moi. Car que sont toutes les parole»
des hommes sinon du vent? Elles bat
tent l'air , mais elles ne peuvent ébran-t
1er la fermeté de la pierre. »
" Si tu ès véritablement coupable de
ce qu'on dit de toi , prens en occasion
de te corriger; & si tu ès innocent T
pense à souffrir avec joie pour l'amour
de Dieu.
Puisque tu ne peux encore souffrir
les coups, au moins apprends à souf
frir quelquefois des paroles.
" Pourquoi de si petites choses te pi
quent-elles jusqu'au vif, sinon parce
que tu ès encore charnel , & que tu as
plus d'égard aux hommes que tu ne
devrois T,t
" Tu ciains d'en être méprisé ; &
c'est pour cela que tu ne veux pas qu'on
te reprenne de tes fautes , et. que ta
i>e J. Christ. Liv. III. Ch. 46. 331
cherches toujours des excuses pour le»
couvrir. „ .
2. " Mais considère-toi mieux que tu
p'as fait jusqu'à présent , & tu verras
que le monde vit encore en toi , & que
tu ès encore assez vain pour désirer dé
plaire aux hommes. „
" Tu ne saurois mieux prouver quç
tu n'ès pas vraiement humble , que tu
n'ès pas mort au monde , & que le
monde, ne t'est pas crucifié, qu'en crai
gnant comme tu fais ^ d'être abaissé ,
d'être repris , & de recevoir de la con
fusion de tes fautes. „
" Ecoute donc ma parole autrement
que tu n'as fait, & toutes les langue^
& les paroles ne te toucheront point.
" Dis moi quand le monde publieront
pour te noircir tout ce que la calomnie
peut inventer de plus malin, quel mal
te feroient toutes ces médisances si tu
les laissois passer & emporter par le'
vent comme un peu de paille ? En tom-
beroit-il un cheveu de ta tête ?
3. Il est vrai que celui dont le cœur,
au lieu d'être appliqué à la considéra-,
tion de son intérieur , est tout répandu
au dehors , & qui n'a pas Dieu devant
les yeux , se choque du moindre
blâme qu'on lui jete; mais celui qui
ayant renoncé à son propre juge
ment , ne s'appuye que sur moi seul , ne
craindra rien , quoique les hommeâ
puissent dire ou faire contre lui.,,
" Car je suis le Juge de tous ; il n'y a
rien de secret pour moi ; je sais comment
toutes les choses se sont passées ; je con-
hôis celui qui a le tort , & celui qui le
souffre. „
° J'ai permis que tout ce qui t'a été
dit & fait , arrivât ainsi , (à) afin que les
penfées de pfitfteurs fe manifeftaffent. Je
jugerai le coupable & l'innocent au
dernierjour ; mais il m'a plû auparavant
de sonder l'un & l'autre par un juge
ment secret & caché.
4. " Le témoignage que les hommes
donnent, est trompeur; mais mon juge
ment est véritable , il est ferme & ne sera
jamais renversé. „
" Il est caché & peu de gens sont ca
pables de le pénétrer ; cependant il
n'est jamais faux & ne peut jamais l'ê
tre ; quoiqu'il ne paroisse pas droit aux
yeux des insensés. „
" C'est donc à moi qu'il faut s'adres
ser , c'est moi qu'il faut consulter pour
(a) Luc z. îj.
beJ. Christ. Liv. III. Ch. 46. 333
juger sainement des choses ; & l'on ne
sauroit, trop se défier de son propre"
jugement. „ . • , :
" Lejuste ne sera point effrayé , quoi
que Dieu permette qu'il lui arrive. „
Il ne se mettra point en peine des
jugemens injustes qu'on fera de lui ; & ne
se réjouira pas beaucoup s'il voit que
d'autres prennent son parti pour le dé
fendre raisonnablement. „
* Il considère que (b) je fuis celui
qui fonde les cœurs & les reins , & qui
ne juge point selon l'apparence & ce
qui parolt aux yeux des hommes. Car
très-souvent je blâme &je condamne ce'
que les hommes jugent bon & louable. * '
Le Disciple.
. 1- Seigneur. mon Dieu! juste Juge,
& fort patient , qui connpis parfaite
ment la fragilité & la corruption des.
hommes^ sois ma force & tout moiï
appui ; car le témoignage dé ma cons
cience quelque favorable qu'il soit , ne
suffit pas pour assurer mon repos. »
:,Tu vois en moi ce que, je, n'y vois,
pas moi- même ; c'est pourquoi j'ai sujet ,
de ,m'humilier toutes les fois que l'on
Bje reprend & que l'on me blâme , &
(6) Apoc. s. v. aj, , , -.j
534 D é L' I M I T A T I O W
je dois supporter tout avec douceur.
O mon Dieu ! pardonne-moi les pé
chés que j'ai commis toutes- les fois
que je n'ai pas agi de la sorte ; & fais-
moi la grace désormais d'apprendre à'
mieux souffrir. L'abondance de tes mi-, ,
séricordes, m'est beaucoup plus né
cessaire pour obtenir mon pardon ,
que le témoignage toujours suspect de
ma conscience , dont je ne conhois pas-
bien là corruption.
(c) Car quoique je ne me fente coupa-'
ble en rien , je ne fuis pas pour cela juf-
iifié. En effet , si sans avoir égard à ta'
miséricorde , tu veux nous juger à la
rigueur, (d) nul homme ne fera jttftifié'
devant toi.
CHAPITRE XLVII. 2
Pour obtenir, la vie éternelle , il faut
fupporter les chofes les plus fâcheufes.
' : J é S U S - G H R I S T.
CHAPITRE XLVIIL
En fupportant les mifères de cette vie ,
il faut penfer au jour de l'éternité.
Le Disciple.
I. O Heureuse demeure de la Cite
P
338 De l' Imitation
céleste ! O jour lumineux de l'éternité
que la nuit du péché n'obscurcit point,
mais que la vérité souveraine éclaire
incessamment ! O jour de joie sainte &
interminable ! jour assuré contre les
chûtes & l'inconstance; plût à Dieu
que tu fusses présent , & que ces chO'
ses temporelles fussent disparues!
Il est vrai que ceux qui sont sancYi-
fiésjouissent dès ce monde de ta clarté
éternelle; mais ils n'en jouissent que
comme de loin; ils ne la voient qu'à
travers un miroir pendant qu'ils voya
gent sur cette terre.
2. Il n'y a que les Citoyens de la Jé
rusalem céleste qui connoissent la joie
dont elle est comblée, pendant que
les enfans d'Eve gémissent dans le sen
timent des peines & des amertumes de
leur exil.
Les jours de cette vie mortelle sont
courts & mauvais , pleins de douleur*
& de misères.
L'homme y est souillé par une infi-
pité de pechés ; enchaîné par une mul
titude de passions, tourmenté par beau
coup de craintes , embarrassé de mille
soucis, dissipé par la curiosité, pos
sédé par la vanité, aveuglé par Ter
i>e J. Christ. Liv. III. Ch. 47. m
reur, abattu par les travaux , accablé
par les tentations , amolli par les dé
lices, & tourmenté par la pauvreté &
par la disette.
3. Hélas! quand ces maux finiront-
ils pour moi? hélas! quand serai -je
délivré de la malheureuse servitude du
vice? quand viendra le tems où toutes
choses étant oubliées pour moi, je ne
-penserai plus qu'à mon Dieu., & ne
me réjouirai pjus qué de mon Dieu ? .
Quand serai-|e délivré dé mes chaî
nes, de tous les!obstaeles que je trouve
à ma liberjté, de ce qu'il y a,dans mon
: corps & ^ahs 1 môii aine qui ni'empê-
che d'être tout à Dieu ? - ' '
Quand aurai-je une paix solide avee
l)ieu; une paix qui ne puisse plus être
•troublée ; une paix intérieure & exté
rieure ; une paix ferme & qui ne cesse
jamais?
0 1 mon Jésus, Sauveur plein de mi
séricorde , quand serai-je 'affermi dans
la sainteté parfaite pour voir ta face
en justice ? ! J" ' ' ' :" ' '
Quand verrai-je l'établissement de
ton régne en moi & hors de moi ?
quand seras-tu mon tout en toutes
choses!
P *
j4o De l'Imitation
Ouand serai -je uni à toi dans le
royaume que tu as destiné dès l'éter
nité à tes amis? ^ . .
Regarde , je suis ici loin de ma pa
trie , dans un dur exil , errant & vaga
bond dans un pays ennemi , où je ne
rois tous le» jours que guerre & que
malheur, l.-,?m.;
4. Je ne soupire, qu'après toi, Sei
gneur ! console-moi dans cet exil &
adouci mes, maux,, ti.;:. \..
Tout ce que le monde me peut pré
senter pour me réjouir ne fait qu'aug
menter ma peine. .- ; ,
./ ,Je brûle du desir d'aller à toi , d'être
éternellement avec toi*;. mais je nesau-
rois y atteindre. ^ , , . ;.j£. :
Je désire de m'éleye^ et de m'atta»
„eher aux choses spirituelles et célestes';
mais les temporelles et mes passions
qui sont encore vivantes , sont un poids
qui me courbe vers la terre, , *
L'esprit voudroit s'élever au-dessus
des choses sensibles, màjs quelqu'effort
qu'il fasse , la chàir le retient et. lj'att^rp
en bas»,. --: .t-j , ,. ' (
Ainsi dans mon extrême misere, cou-
traint d'être en guerre avec moi-même,,
j'ai de la peine à me supporter,, je sens
* r .
de J. OhIust. Lit). III. Ch< 48. 3^t
au-dedans de moi des movfvemens op
posés , l'Esprit se portant vers le ciel
et la chair vers la terre.
- 5. O quel martyre que le mien lors
que méditant dans l'oraison, 'des cho
ses spirituelles et célestes , je me vois •.
tout d'un coup précipité dans la boue
des pensées terrestres et charnelles ! .
O mon Dieu! (à) ne féloigne point
de moi , ne te détourne point de ton fer-
viteur en ta colere. Lance tes éclairs
tes fofrdres, & dijfipe toutes ces illu
sions. Tire tes flèches, & détrui ces,
pensées ennemies.
Uni tous mes sens à toi ; fais-moi \%
grace que j'oublie toutes les choses dii
monde , que je rejette & méprise les
premieres impressions du péché, &
qu'îles s'etKieent incontinent de mon
eeprit.
- Viens à mon aide, Vérité éternelle,
afin que je ne sois point ébranlé par
la vanité. Plaisir chaste & divin , fais-
toi goûter à mon ame , afin que l'im
pureté & les plaisirs du monde s'éva*
nouissent devant toi. ,
Pardonne -moi mon Dieu! & use en
vers moi de miséricorde toutes les foi»
(a) PC 27. v. 9. & ig. v. iç. , . .
342 D E x' I M I T A T I O N
«me je pense à autre chose qu'à toi
dans mes prières.
Je confesse , il est vrai , que je suis
très-souvent distrait. Mon esprit n'est
point d'ordinaire où est mon corps ,
il va où l'imagination l'emporte. Ainsi
je suis où est ma pensée , & ma pen
sée est où est mon cœur. Ce quej'ai
me par inclination naturelle ou par
habitude , me revient sans cesse à l'es
prit.
é. C'est pourquoi , ô. Vérité incréée !
tu nous as dit en termes très-clairs,
(b) Oit ejî votre trêfor , là efi aujfi. votre
ecettor.- -. >; - ..; :fi 7
. Si donc j'aime bien les choses spiri
tuelles , s'il est vrai que je prenne pour
mon trésor les choses célestes , j'y dois
toujours avoir le cûsur & la pensée.
Si j'aime le monde , je me réjouirai
des joies & des plaisirs qu'il me pro
curera, & m'affligerai des disgrace*
qu'il p'ourra me causer.
Si j'aime la chair, je remplirai mon
esprit des pensées qui concernent la
chair; mais s'il est vrai que j'aime l'es
prit, mes délices seront de m'entretenir
des choses de l'esprit.
(6) Matth. 6. v. 8i%
De J. Christ. Liv. 111. Ch. 48. 343
- Car on s'entretient , on parle , & on
entend parler volontiers des choses
que l'on aime; on y pense toujours;
on se les représente sans cesse , $ç on
en conserve la mémoire.
O mon Dieu ! qu'heureux est celui
qui pour l'amour de toi a congédié &
banni de son cœur toutes les créatu
res ; qui se fait violence & qui cruci
fie les desirs de la chair par la ferveur
de l'esprit ; afin que sa conscience étant
pure & paisible, il te présente den
prières toutes pures ; & qu'ayant éloi
gné de lui tout ce qui est terrestre , il
soit rendu digne d'être admis dans la
compagnie des Anges pour t'y adorer
en esprit & en vérité.
CHAPITRE XLIX.
Du defir de la vie éternelle £-? quels biens
font promis à ceux qui renoncent aux
ponneurs du monde.
Jésus-Chbist.
CHAPITRE L.
Dans les affligions & la trijleffe , on doit
fe remettre entre les mains de Dieu.
Le Disciple.
C H APITRE LI.
Quand on manque de forces pour les œu
vres Jublimes, il faut s' attacher à
celles qui font communes.
J-E!DS-ChïI8T.
,.M on fils ! il n'est pas possible que
l'ardeur du zèle & du désir que tu sens
pour le bien, ne. souffre ni interruption
ni éclipse. » ;
M Tu ne peux aussi te conservertou-
jours ferme dans le haut degré de la
contemplation où tu te trouves quel
quefois ; mais la foiblesse & la corrup
tion de ta nature te met dans la néces
sité de descendre souvent vers les choses
inférieures , & de sentir malgré toi &
be J. Christ. Jip- III- Ch. 51. 35f
avec peine le fardeau de ta yie corrup-
tible. „
a Tant que tu seras dans cette chair
corruptible, tu seras sujet à l'ennui &
à l'abattement de cœur ; ce qui te doit
faire gémir sous le poids de ce corps
mortel, tant que tu lui ès uni, parce qu'il
^empêche de t'élever aux objets spiri
tuels , & de te donner tout entier & eii
tout tems à la contemplation des chose*
divines.,,'
a 3. Lorsque tu ès dans cet état d'a
baissement , il t'est bon de t'appliquer
.à ;eelles d'entre les œuvres extérieure»
qui sont basses & humbles , afin de dis
siper cet ennui par des bonnes actions.»
" Attends avec une ferme confiance
.que je retourne à toi & que je te visite
.d'en-haut, & cependant supporte avec
patience ton exil & la sécheresse de ton
ame, jusqu'à-ce que je vienne de nour
veau vers,toi , &. que je te délivre de
toutes tes peines. „
" Je t'établirai dans laj jouissance
d'une paix qui remplira tellement ton
ame , que tu oublieras tous tes travaux:
J'exposerai à tes jeux les beautés de
mes Ecritures , afin qu'avec dilatation-
•le cœur t» commences à courir dajis
§58 De l' I m i t a t i o n
la voie de mes commandemens. H
* Alors tu diras, (a) les Souffrances
du tems préfent n'ont aucune proportion
avec la gloire à venir qui doit être révé
lée en nous. „
CHAPITRE LU.
Il m faut pas s'efiimer digne de confola-
lions, mais plutôt de châtiment.
Le Dis c i p l e,
i . Seigneur ! je suis indigne de tes con
solations & de tes visites spirituelles ;
c'est pourquoi tu me traites avec justice
lorsque tu me laisses dans la pauvreté
& dans la désolation d'esprit.
Lors même mes yeux se fondraient
devant toi, & que mes larmes égale-
roient les eaux de la mer, je ne laisse-
rois pas d'être toujours indigne de tes
consolations.
- Je ne mérite que tes châtimens les
plus sévères, parce que je t'ai souvent
Offensé par mes péchés , qui sont en
grand nombre.
Lors <lonc que je pense bien à' ce que
je suis , jV vois clairement que je ne mé
rite pas la moindre de tes faveurs.
(<0 Rom. 8. v. rg.
de J. Christ. Lh. lit. Ch. 53- Î59
Mais toi , mon Dieu ! parce que tu
ès infiniment bon & miséricordieux , &
que tu ne veux pas laisser périr l'ouvra
ge de tes mains, pour faire paroître les
richesses de ta bonté dans les vaisseaux
de ta miséricorde , tu daignes venir
consoler le plus lâche de tes serviteurs
d'une maniere qui surpasse les forces
humaines. O que tes consolations sont
différentes de celles qu'on trouve dans
les conversations du monde!
2. Ou'ai-je donc fait , Seigneur! pour
«l'attirer des consolations du ciel ? Je
ne me souviens point d'avoir fait aucun
bien , mais plutôt d'avoir toujours été
porté au mal ; lent & paresseux à me
corriger. Je le reconnoîs & si je disois
le contraire , tu me démentirois , &
me convaincrois de mon iniquité,
sans que personne osa ou put me dé
fendre.
Qu'est-ce qui m'est dû , sinon l'enfer
& le feu éternel ? ô mon Dieu ! je con
fesse ingénument devant toi, que je
suis digne d'être le jouet & le mépris
de toutes les créatures ; & que ce seroit
à tort qu'on me mettroit au nombre des
vrais chrétiens & de tes serviteurs.
Et quoique ces paroles me semblent
360 De l' Imitation
bien dures, néanmoins je ne puis être
vrai qu'en confessant & reconnoissant
mon absolue indignité, & alors j'ob
tiendrai plus aisément ta miséricorde.
2. Je suis un criminel ; j'en suis tout
confus: que dirai -je? Je ne puis ouvrir
la bouche que pour prononcer cette
parole; j'ai péché, Seigneur ! j'ai pé
ché ; aie pitié de moi & me pardonne !
Accorde-moi le teins de pleurer dans
ma douleur avant que je descende dans
la terre des ténèbres , qui est couverte
de l'ombre de la mort.
Oue demandes-tu de plus d'un cri
minel & d'un misérable pécheur , sinon
qu'il s'humilie , & qu'il brise son cœur
dans la vue de ses péchés ?
Aussi lorsque le cœur est véritable
ment humilié & brisé , on sent renaître
l'espérance du pardon, la paix de la
conscience, le recouvrement de la grace
perdue , l'assurance contx-e la colère à
venir; & alors Dieu & l'ame pénitente
«e rencontrent , s'embrassent & se don
nent le saint baiser de la paix.
4. L'humble contrition du cœur est
devant toi , ô Seigneur, un sacrifice
plus agréable que l'odeur de l'encens &
des
m. S. Christ. Liv. III. Ch. 53. 361
des parfums ; on peutjustement le com
parer à ce précieux parfum , qui fut
répandu sur tes pieds ; car tu n'as ja
mais méprisé un cœur véritablement
contrit & humilié.
C'est là qu'est notre refuge pour fuir
la colère de notre ennemi ; & c'est par
ce moyen que l'on purifie & que l'on
nettoie l'ame des souillures & des taches
qu'elle avait contractées.
CHAPITRE LUI.
La grâce de Dieu efi incompatible avec le
goût des chofes terreftres.
Jésus-Christ.
CHAPITRE LIV.
Des différens mouvemms de la nature &
de la grace.
J es us-Christ.
CHAPITRE LVIII.
// faut refpetter en filence les fecrets
jugemens de Dieu.
Je sus-Christ.
CHAPITRE LIX.
Il faut mettre en Dieu feul tout fon
efpoir & toute fa confiance.
Le Disciple.
L'IMITATION
D E
JESUS-CHRIST,
LIVRE QUATRIEME.
L'IMITATION
D E
JESUS-CHRIST,
CHAPITRE PREMIER.
La voix de Jésus-Christ.
CHAPITRE II.
Nous devons nous approcher de Dieu avec
humilité & refpeU.
Le Disciple.
i . Je viens donc à toi , Seigneur ! plein
de confiance en ta bonté & en ta grande
miséricorde. C'est un malade qui s'ap
proche de son médecin , un voyageur
altéré qui court à la source d'eau vive ;
c'est un pauvre qui s'adresse au plus
grand & au plus riche de tous les Rois ;
c'est un serviteur qui vient à son maître ;
c'est une créature qui cherche son Créa
teur ; c'est une ame désolée & pleine
d'amertume , qui se jette entre les bras
de son Dieu Se de son unique consola
teur.
Mais , ô mon Dieu ! d'où me vient cet
honneur que tu daignes me visiter ? Qui
sui$-je , que tu veuille$ te donner à une
créature
»e J. Christ. Lvo. IF Cb. 2. 409
créature si chétivé ? Comment une ams
pécheresse ose-t-elle paroitre devant
toi ? & toi j comment daignes tu Rabais-..
ser jusqu'à elle ? t. : . \
Tu connois ton serviteur ; tu sais qu'il
n'y a rien de bon en lui , pour t'invitera
lui faire cette grace. Je confesse que je
suis un rien , & que je ne vaux rien , &
moins que rien. Je reconnois que tu n'as,
pour motifque ta seule bonté. Je loue ta
miséricorde ; &je rends graces à ta cha- ;
rité infinie. : ' . r
C'est pour l'amour de toi-même que
tu agis de la sorte; & non pas que je
l'aie mérité ; tu veux me faire ainsi con-
noitre la grandeur de ta bonté , m'ins-
pirer une grande charité , & merecom-
mander une humilité plus parfaite.
Puis donc que c'est ton bon plaisir, &
qu'il t'a plu me commander que je
vienne à toi, je suis prêt de répondre
aux invitations que tu daignes me faire ;
j'y réponds de tout mon cœur; fais ô:
mon Dieu! que- mes iniquités n'y met
tent point obëtaeje. • , •
.a. O Jésus ! plein de douceur & de
miséricorde ! Quel respect , quelles ac
tions de graces', quelles louanges ne
doit- on pas te rendre , de ee que tu veux
S
410 De l' Imitation
te donner toi-même à nous ? Toi , ô
grand Dieu ! dont les perfections & la
dignité sont incompréhensibles à tous
les hommes ?
Que penserai-je en me présentant à
mon Seigneur pour le reeevoir ? Je ne
saurois avoir assez de respect pour lui;
& néanmoins je désire de le recevoir
dignement.
Oue puis-je penser de meilleur & de
plus salutaire, que de m'humilier pro-•
fondément devant toi , & de publier
l'excès de ta bonté pour moi ?
" Je te loue , ô mon Dieu i & je souhaite
de te magnifier éternellement. Je me
méprise moi-même , & m'abaisse devant
ta grandeur dans la profondeur de ma
bassesse & de mon indignité;
3. Tu ès le Saint des saints , & moi ,
je ne suis que corruption & qu'ordure.
Tu t'abaisses jusqu'à moi , et je ne suis
pas digne de te regarder. Tu viens vers
moi; tu veux t'unir à moi, tu -invites
mon ame à ton banquet spirituel ; tu
veux me donner une nourriture toute
céleste , le pain des anges , c'ést-à-
dire toi-même, ôDieu!(#) le pain qui
vivifie , le pain defcendu du ciel, & qui
donne la vie au monde*
(a) Jean 6- r. jj-
[de J. Christ. Liv. IV. Ch. i~. 41c
4. Eh ! Seigneur d'où peut procéder
cet amour ? Que paroit-il en moi qui en
soit digne? que je te dois d'actions de
graces & de louanges pour de si grands
bienfaits! que tes desseins ont été utiles
& salutaires lorsque tu as institué ces
sacrés mystères !
Oue le festin où tu nourris nos ames
de toi-même est divinement délicieux!
Oue les opérations de cette céleste
nourriture sont admirables !
5. Chose étonnante , & néanmoins
très- digne d'être crue, quoiqu'elle sur
passe l'entendement de l'homme , que
toi , ô mon Seigneur & mon Dieu ! Dieu
véritable, qui t es uni à notre nature par
ton incarnation , t'unisses encore pré
sentement à des créatures pécheresses,
que tu viennes en elles n'être plus qu'un
avec elles , sans que néanmoins tu per
des rien de tes perfections, ou que tu
contractes aucune de leurs imperfec
tions !
ODieu, Seigneur de toutes choses!
ce n'est pas que tu aies besoin de de
meurer avec nous ; mais tu le veux par
un effet de ta pure bonté. Sanctifie &
conserve dans la sainteté mon cœur &
mon corps, afin que ma conscience
4t2 De h' Imitation
étant tranquille et pure, je sois plus en
état de m'approcher toujours de toi , et
de sentir les effets de cette communion
ineffable , qui étant la source de mon
salut, aété établie de toi principalement
pour ta gloire,etafîn qu'on se souvienne
éternellement de ta bonté.
6. Réjouis-toi mon ame ! et rends
grace à ton Dieu pour un si grand don ,
et pour cette consolation singulière
qu'il te donne dans cette vallée de lar
mes. Car toutes les fois que tu renou
velles la célébration de ce saint mystè
re , tu renouvelle l'œuvre de ta rédemp
tion , et tu deviens participante de tous
les. mérites de Jésus-Christ.
L'amour de Jésus-Christ ne diminue
point, et les richesses de la rédemption
et de la paix qu'il a acquises, ne s'épui
sent point. C'est pourquoi tu dois tou
jours te disposer par un renouvellement
de ton Esprit, et par une forte appli
cation de toutes tes pensées , à ce grand
mystère de notre salut.
Lorsque cette union avec Jésus se
fait en toi , cela te doit être aussi cher
et aussi recommandable , que si Jésus-
Christ commencoit à naître pour toi
dans le sein de/ la Vierge, à devenir,
»de J. Christ. Lit). IV. Ch. 413
homme pour toi , à être crucifié , à souf-
frir et à mourir pour toi , comme il fit
autrefois en sa chair' pour le salut des
hommes. ' - '
CHAPITRE III.
Il ejl avantageux de communier Jouvent
& de ne fasfe tenir longtems éloigné
de Dieu.
Le Disciple.
CHAPITRE IV.
L'union avec Dieu efi la fource des
graces.
Le Disciple.
i
4i$ De l' Imitation
pie ce mystère sublime; k affermis Ma
foi au-dessus de tous les doutes.
Tes opérations surpassent les forces
de l'homme ; & tes desseins ne sont pas
des fiélions humaines.
Personne ne peut de soi-même les en
tendre , & ils sont au-dessus de la capa
cité des anges. Comment pourrois-je
donc concevoir la grandeur & la subli
mité de ces choses sacrées & si secrêtes ,
moi , qui ne suis que poudre & que cen
dre & un indigne pécheur ?
2. Mon Dieu , puisque tu m'invites ,
je m'approche de toi dans la simplicité
de mon cœur , & avec une foi ferme &
sincère ; ne doutant point de ta divine
présence , ni que tu ne te donnes tout à
moi , toi vrai Dieu , & vrai homme.
Tu veux, mon Dieu f que je te reçoive,
& que je m'unisse à toi par le sacré lien
de l'amour.
Je prie ta miséricorde de m'être favo
rable , & j'ose te demander une grace
singulière, qui est, que mon ame se
fonde , qu'elle s'écoule, qu'elle se perde
tellement en ton amour , que jamais elle
ne recherche plus ni soi-même, ni au
cune joie de la part des choses créées ,
puisque tout est renfermé en toi.
T)E J. Christ. Liv. IV. Ch. 4.' 419
En effet , le salut de l'ame & du corps,
les remèdes contre tous les maux spiri
tuels , la guérison de mes vices , le frein
de mes passions , l'affoiblissement des
tentations , la victoire sur elles, l'aug
mentation de la grace , l'accroissement
dans la vertu., l'affermissement de la
foi , la fermeté de l'espérance , l'ardeur
& la dilatation de la charité & de l'a
mour , toutes ces divines richesses sont
renfermées dans ton union & ta pos
session.
3. O mon Dieu & mon Père , qui re
çois mon ame dans les bras de ta misé
ricorde , cette ame rebelle qui sembla
ble à l'enfant prodigue s'était éloignée de
son Pere céleste , qui daignes la guérir
de ses foiblesses, & de son impuissance,
& qui ès l'unique source de ses consola
tions intérieures, combien sont grands &
admirables les biens que tu as donnés
& que tu donnes encore tous les jours
à tes bien-aimés qui ont part au sacré
mystère de ton union.
c. S'ils sont environnés de maux & de
traverses , tu les consoles ; si la vue de
leur néant & de leur indignité les abat -,
tu les relèves par les assurances de ton
amour; tu les éclaires dans les ténèbres,
S 6
420 De l' I m i t a t i o n
& tu renouvelles leur esprit par ta grace."
Si quelquefois attristes de ne pointée
voir dans les dispositions & les marries
dignes de ta divine union , ils se sentent
dans, la tiédeur , tu les remplis d'une
nourriture si céleste & si efficace , qu'ils
se trouvent incontinent tout changés.
Tu agis ainsi diversement avec tes
élus; & ne leur dispenses le sentiment
de te#çraces que par intervalles; afin
que d'un côté la vérité & une longue
expérience leur fassent voir combien
grande est leur foiblesse ; & que de l'au
tre ils sachent quelles sont les richesses
delà bonté & de la grace que tu leur
communiques.
Ils trouvent en eux-mêmes la froi-
, deur , la dureté , & l'indévotion ; mais
ils reçoivent de toi la ferveur , l'acliv-ité,.
la facilité au bien, & la dévotion- 'floil
Car pourroit-on s'approcher avec
humilité de celui qui est la source de la
douceur,, qui rend toutes les choses
douces, agréables & faciles., sans en
remporter quelque impression , &• sans
«ontrader de la douceur , & de la faci*
iité pour tout ce qui le concerne ?
£t quelqu'un pourroit-iL être auprèi
m. J. Christ. Lh. IF. Ch. 4. 42 r
d'un grand feu, sans en recevoir de la
' chaleur?
Tu èa la source qui ne tarît point. Tu
ès ce feu qui brûle sans cesse , & qui ne
s'éteint jamais. *
4kS'H ne m'est pas encore permis de
puiservlans la plenitude de la source
divine , & d'en boire jusqu'à être plei
nement rassasié ; au moins approche-
rai-je ma. bouche du canal par où cette
divine source répand seseaux salutaires,
& en prendrai-je quelque part, afin de
me désaltérer, de peur que je ne meure
de sécheresse. Oue si je ne puis encore
être tout céleste & tout feu comme les
Chérubins & les Séraphins ; je ferai au
moins mes efforts pour m'animer de
zèle , & pour disposer mon cœur à rece.
'voir Quelque étincelle de ce feu divin ,
^ui élève à Dieu par la communion in
time qu'il donne avec lui.
O Jésus mon Dieu! Sauveur & Sanc
tificateur de mon ame, veuilles suppléer
par ta bonté infinie à tout ce qui me
manque, Toi qui as daigné m'appelle.?
lorsque tu a» dit , Venez à moi, vous tous
qui êtes travaillés & chargés , &je vous
foulage*ai. - à j * :
5. Je suis travailléjusqu a la sueur de
422 Dé t* I M I T A T I 0 fî
mon visage ; je suis affligé par les dou
leurs secrètes qui sont cachées dans
mon cœur ; je suis chargé du grand far
deau de mes péchés ; je suis inquiété
pas beaucoup de tentations ; je suis
pressé & enveloppé de beaucoup de
passions; & je ne vois personne pour
m'aider, pour me délivrer , & pourme
. sauver que toi seul , ô mon Dieu , & mon
Sauveur unique I
Je m'abandonne donc entièrement à
toi avec tout ce qui me concerne , afin
que tu me conduises à la . vie éternelle.
Ne me rejete point, mon Dieu ! mais
reçois-moi pour l'amour , pour la louan
ge , & pour la gloire de ton nom x puis
que tu as bien voulu te donner toi-même
en nourriture & breuvage à nosames.
O Dieu, mon Sauveur! fais- moi la
grace qu'en m'approchant de toi, &
participant à tes mystères, les flammes
de mon amour & de ma piété devien
nent toujours plus vives &plus ardentes.
CHAPITRE V.
Dieu ne fe communique qu'aux vmis
-, J - Chrétiens.
Jesus-Christ.
i. Qitand tu aurois la sainteté" des an^
be J. Christ. Liv. IV. Ch. f. 423
ges , ou celle de Jean- Baptiste, tu ne
mériterois pas de me recevoir ni de
t'unir à moi.
" Il ne dépend pas des mérites de
l'homme de m'introduire en lui , ni de
recevoir ce pain du ciel qui donne la
vie. „
" Oue ce mystère de piété est su
blime ! & que la dignité à laquelle Dieu
élève les vrais chrétiens est grande !
Car il n'j a que les ames vraiment sacer
dotales , les vrais membres de l'église
des saints , qui aient reçu le droit d'agir
ainsi avec Dieu , de l'attirer & de l'in
troduire dans leur ame. „
" Mais ils ne sont que les instrumens
de Dieu dans ce grand ouvrage , se laisr
sant entièrement régir par l'efficace de
sa parole & selon les règles de sa con
duite. „
" C'est Dieu qui est en tout l'auteur
unique & la cause principale ; c'est lui
qui opère invisiblement tout ; il peut
tout ce qu'il veut", & sa parole est suivie
de l'effet.,,
" C'est donc sur la seule force & puis
sance de Dieu qu'est fondé ce bien inef
fable , & non pas sur les sentimens des
hommes & leur propre suffisance , ou
424 De l' Imitation
sur la pratique de quelque cérémonie.
On ne doit donc se présenter à Dieu
qu'avec tremblement & respedl. „
" Prends donc garde à toi , & consi
dère à quelle dignité Dieu t'a élevé par
la profusion de ses graces. Voici, il
t'appelle à être chrétien, & à loger en
toi son propre fils, qui doit y vivre à
jamais. „
a Présente - toi maintenant à Dieu de
tout ton cœur en sacrifice pendant qu'il
en est tems, & que tu menes une vie
pure & irréprochable.,,
" En devenant chrétien on n'acquiert
pas le privilège de l'indépendance & du
désordre ; au contraire on est lié plus
étroitement à mes commandemens , &
obligé à une sainteté plus grande & plus
parfaite. »
" Le chrétien doit être revêtu de tou
tes les vertus ; & sa vie doit être aux
autres l'exemple & le modèle d'une vie
sainte. „
" Sa conversation journalière ne doit
pas ressembler à celle du commun des
hommes ; mais à celle des anges du ciel ,
ou à celle des hommes les plus parfaits*
qui soient sur la terre. ,x
m J. Christ. Liv. 1F. Ch. 5. 415
" Le chrétien revêtu de toutes les
vertus de son Sauveur, revêtu de Jésus-
Christ mème,doit être une copie vivante
de son maître, & tenir sa place en ce
monde par les humbles & les ardentes
prièrés qu'il doit présenter à Dieu pour
les autres hommes aussi-bien que pour
lui-même.
" La croix du Sauveur doit être conti-
Tuetiement devant lui, pour se souvenir
toujours de sa passion & de ses souf
frances, pour regarder avec soin les
traces de Jésus-Christ qui l'a précédé,
•&4es suivre- avec un ardent amour;
il doit souffrir pour l'amour de Dieu
& avec patience tous les maux qu'on
pourroit lui infliger. ^ . -' .-,
".Il doit, porter la croix devant lui,
je veux dire , que remettant sous ses
yeux les pochés qu'il a commis, il les
pleure avec amertume de cœur. *
" Il doit aussi porter la croix sur son
dos, c'est-à-dire , qu'il doit s'approprier
les péchés des autres pour les pleurer,
étant touché de leurs infirmités , & se
mettant pour ainsi dire à la brèche , &
entre Dieu & eux pour détourner sa
«olère. »
426 De l' Imitation
" Il doit prier sans cesse , & présen
ter le sacrifice d'un cœur contrit , jus-
qu'à-ce qu'il obtienne de Dieu sa grace
& sa miséricorde. „
" Lorsque le chrétien se présente &
s'unit ainsi à Dieu , il honore son Sei
gneur; il réjouit les anges; il édifie les
fidèles ; il est à ceux qui vivent encore
dans le péché un secours pour les en
tirer ; il contribue à la paix de ceux qui
sont morts quant au monde ; & il com
ble sa propre ame de toutes sortes de
biens. . ; . -.:-
i • i— ;
CHAPITRE YI.
Nous devons demander à notre Sauveur
qu'il nous prépare à le recevoir.'
- '. • • - ' 1 - ' si J Y "
1 ; . L e Disciple-;
CHAPITRE VII.
Il faut examiner Ça conscience 6? pren-,
àre la réfolution de s'amender.
Jésus-Christ.
CHAPITRE VIII.
1
Nous devons mus offrir fans réferve à
Dieu , pour lui être agréable.
Jésus-Christ.
et L-omme je me suis offert moi-même
volontairement à Dieu mon Pere, pour
tes péchés, les bras étendus et le corps
nud sur la croix , et que j'ai tout sacrifié
dans la seule vue de satisfaire à sa jus
tice , et de te procurer la reconciliation
et la paix avec Dieu; de même tu dois
t'offrir volontairement toi - même en
oblation pure et sainte , lorsque tu te
présentes à moi , et tu le dois faire de
toutes tes forces , de toutes tes affec
tions , et de toute l'étendue de ton cœur.
" Oue demande- je de toi avec plus
d instance, sinon que tu te donnes a
moi sans réserve ? Je ne me soucie point
de tout ce que tu me peux donner situ
ne te donnes toi-même ; car c'est toi*
4jz De l' Imitatioht
même que je cherche, et. non pas tes
offrandes. „
" Si tu possédois tous les biens du
monde , ils ne pourroient te contenter
sans moi ; de même aussi quelque don
que tu m'offre , je ne serai point con
tent , si tu n'entres toi-même dans, le
don. w
" Offre- toi à moi, consacre- toi à Dieu
par le don entier de toi même , et alors
ton oblation lui sera très- agréable. „
" Considère queje me suis offert tout
entier à monPere pour toi, que j'ai don
né tout mon corps, tout mon sang, pour
être la nourriture de ton ame , afin que
je fusse tout à toi , et que tu fusse tout à
moi. „
" Mais si tu demeure encore attaché
à toi-même et que tu ne t'offres pas de
toute ton ame à ma sainte volonté , ton
oblation ne sera pas pleine, et il n'y aura
point de parfaite union entre nous. „
" Si donc tu désire dejouir de la vraie
liberté et de la grace céleste , il faut que
toutes tes œuvres soient précédées d'u
ne oblation volontaire de toi - même
entre les mains de Dieu. „ .;.
" La raison pour laquelle il y a si peu
de gens vraiment illuminés et vraiment
libres
i>e J. Christ. Liv. IF. Ch. g. 43§L
libres dans l'intérieur est , qu'on ne sait
pas renoncer entierement à soi-même.
Car cette parole , que j'ai dite , est
yéritable et ferme , (a) fi quelqu'un ne re
nonce pas à tout , il ne peut être mon dis
ciple. Si donc tu veux être mon disciple,
viens t'offrir à moi , avec toutes tes af
fections et tous tes désirs.
CHAPITRE IX.
Nous devons nous offrir à Dieu , avec
tout ce qui eji à nous , & lui offrir nos
vœux pour tous.
Le Disciple.
T 3
43 8 Délimitation
CHAPITRE X.
Nous devons unir nos cœurs à Dieu , en
tous tems & fans cejfe.
Jésus-Christ.
CHAPITRE XI.
La vie de Jéfus efl notre nourriture-
Le Disciple.
i. Jésus, mon Dieu! délices de mon
cœur ! qu'il est doux pour une ame
fidèle de manger avec toi à ta table et
de se nourrir dans ton festin où nulle
autre viande ne lui est présentée que
toi , son Bien-aimé ; que son cœur de
sire plus que toutes les choses desi
rables.
Toute ma joie, ô mon Dieu! seroit
de répandre en ta présence des fon
taines de larmes qui sortissent de mon
«œurj^t voyant cette pauvre pèche-.
ï>eJ. Christ. Liv. IV. Ch. n. 445
resse arroser de ses larmes tes pieds
qu'elle venoit d'embrasser , ne devrois-
je pas en embrassant les saintes traces
de ta vie , fondre en larmes de les
avoir si mal suivies jusques à présent ?
Mais où trouverai-je cette dévotion
si tendre , et qui fera de mes jeux des
sources de larmes ?
Hélas ! mon cœur ne devroit-il pas
être enflammé devant toi et en la pré
sence de tes anges ? Et mes jeux ne
devroient-il pas verser des larmes de
joie et d'amour? O mon Dieu! qui
m'en donnes le sujet , fais que je l'em
brasse , et que je jouisse de ta divine
présence , quoique tu te communiques
à nous par des mojens qui ont si peu
d'éclat; (par une foi si nue, par un
esprit si simple , par des croix si mor
tifiantes et si méprisées des hommes , )
cachant ta divine communion sous ces
choses de peu d'apparence.
a. Aussi la foiblesse de nos jeux ne
pourroit supporter ta splendeur, si tu
nous la découvrois comme elle est dans
ta Divinité. Le monde ne pourroit sub
sister devant la gloire de ta Majesté.
Tu as donc eu égard à notre foi
blesse, en voulant cacher ta divine
446 De l' Imitation
communion sous des choses qui parois-
sent la foiblesse même ; et néanmoins
lorsqu'on les embrasse vraiment , on
adore en elles et sous elles celui que
les anges adorent dans le ciel.
Il est vrai qu'au lieu que ces divins
Esprits sont les speclateurs de ta
gloire, j'embrasse cette gloine et cette
plénitude par la foi ; mais il faut que
je me contente de la manière dont il
plait à Dieu de se communiquer à moi.
Et puisqu'il me fait la grace de m'il-
luminer par la foi , je dois marcher en
elle jusqu'à ce que le jour de la clarté
éternelle commence à paroître , et que
les ombres de ces obscurités se dissi
pent.'
. (a) Lorsque ce qui ejl parfait , fera
venu , cette mesure et cette diversité
de tems et de manières par lesquelles
Dieu se communique maintenant , sera
anéantie, tout étant réduit à une pleine
uniformité.
Les bien-heureux n'étant plus sujets
dans la gloire à aucune foiblesse, n'ont
plus besoin , ô Dieu ! que tu te commu
niques à eux par reprises et par
une vie de croix et de sacrifice , par
(0) 1. Cor. 13. r. 10.
®eX Christ. Liv. IV. Ch. i r. 447
où tu empèchois autrefois salutaire-
ment leur chair de s'élever et de se
corrompre.
Ils jouissent toujours de ta présence
glorieuse , et te contemplent face à
face ; ils sont transformés et comme
abimés en toi ; et dans cette plénitude
de. lumière la Parole faite chair leur
fait goûter ses douceurs , ils la voient,
ils la possèdent , telle qu'elle a été au
commencement , et qu'elle demeurera
éternellement.
3-Ouandje pense à toutes ces mer
veilles ineffables , je suis plein d'ennui
et de tristesse, même au milieu des
consolations spirituelles ; parce que
tant qu'il ne m'est pas donné de voir
mon Seigneur dans la plénitude de sa
gloire , je tiens pour rien tout ce que
je vois et ce que j'entens au monde.
Tu le sais , mon Dieu ! nulle créature
ne peut me réjouir , rien ne peut me
contenter , si ce n'est toi , mon Dieu !
mon ame désire de te contempler éter
nellement.
Mais comme cela ne peut se faire
pendant que je suis en prison dans ce
corps mortel , je me resous à la patien
ce , et je desire ardemment de me sou
448 De l' Imitation
mettre en toutes choses à ta sainte
volonté. -
Car ô mon Dieu ! c'est ainsi que tu
as bien voulu traiter tes Saints qui sont
maintenant dans ton royaume.
La foi , une grande patience , et
l'attente de ta gloire , ont été leur sou
tien pendant leur vie. Je crois ce qu'ils
ont espéré ; et je m'assure que j'arrive
rai par ta grace où ils sont arrivés.
Cependant je marcherai dans la foi,
et je m'animerai par leurs exemples.
L'Ecriture sera la consolation et le
modèle de ma vie ; mais sur-tout , ton
corps & ton sang , ton esprit & ta vie,
seront mon souverain remède , & l'a-
svle unique où je veux me rendre &
me mettre à couvert contre les maux.
Tandis que je suis dans ce monde,
deux choses me sont nécessaires , la
lumière & la nourriture ; exilé de ma
véritable patrie , ma vie seroit insup
portable , si j'en étois privé.
Tu as pourvu, Seigneur, à ce besoin ,
tu m'as donné tout ton corps & ton
sang, ton esprit & ta vie pour nourrir
mon ame , & même mon corps est res
tauré par cette parole de vie , qui me
br J. Christ. Liv. IV. Ch.w. 449
renouvelle & me soutient ; (b) car ta
parole cjl une lampe à mes pieds, Ç£
une lumiere à mes /entiers.
Je ne saurois vivre sans ces deux
choses ; car la parole de mon Dieu est
la lumière de mon ame ; & la partici
pation au mystère de sa mort & de sa
vie en est la nourriture.
Voilà les deux tables que Dieu a mi
ses dans le tabernacle de son église mi*
litante ; l'une nous présente Jésus-
Christ , ce pain spirituel & vivifiant;
l'autre nous montre la sainte doétrine
qui éclaire & conduit notre foi , & la
mène sûrement jusqu'au dedans du
-voile où est le Saint des Saints.
Je te rends grace , ô Jésus , mon Sei
gneur ! splendeur de la lumière éter
nelle 3 poar cette doctrine sainte que
tu nous as enseignée par tes Prophè
tes , par tes Apôtres & par tes autre*
serviteurs.
4. Je te rends grace , ô Créateur &
Rédempteur des hommes! de ce que
voulant faire connoître à tout le monde
ton amour infini , tu as préparé un fes
tin dans lequel tu ne nous donnes pas
pour nourriture une chose figurative
ip) Pf. 119. v. 10-.
45o De l' Imitation
tomme étoit l'agneau de la Pàque,'
mais tu te donnes toi-même ; comblant
ainsi de joie dans ce banquet tes ame6
de tous ceux qui te sont fidèles.
C'est dans ce repas sacré que tu
enyvres les justes, que tu les combles
de ta joie, que tu leur présentes tou
tes les délices célestes. Les anges y
ont part avec nous, quoique d'une
manière plus douce, & sans retours
d'amertume.
5. O que la vocation des chrétiens
est honorable ! qu'elle est grande ! Il
leur est donné d'introduire en eux le
Seigneur de gloire; de consacrer par
lui toutes leurs paroles & toutes leurs
actions ; de le proposer & dé le mon
trer aux autres vivant en eux-mêmes.
O que ces mains , ces actions , ces
paroles, cette conduite , ce cœur , doi
vent être saints , puisque l'Auteur de la
sainteté y doit être & y vivre àjamais!
Qu'il ne sorte donc de la bouche &
du cœur du chrétien rien que de saint,
rien que d'honnête , rien que d'utile ;
Îuisque tout cela doit être plein de
ésus- Christ. 1
* 6. Oue ses yeux soient simples & .
chastes , pour contempler le Seigneur,
que ses mains^ses actions soient pures,
m: J. Christ. Liv. IV. Vb. i ù 4$i
& appliquées aux choses célestes , pour
embrasser avec elles le Créateur du
eiel & de la terre.
C'est aux chrétiens que s'adresse par
ticulièrement cette parole de la loi an
cien ne, (c) Soyez faints, car je fuis
faint , moi gui fuis T Éternel votre Dieu.
7. Dieu tout-puissant ! assiste-nous
par ta grace , afin qu'ayant embrassé
la vocation de chrétiens , nous puis
sions t'y servir d'une manière digne
de toi , en toute sainteté , & avec une
conscience pure. 1
Et si nous ne pouvons pas demeu-
rer dans une innocence & pureté de
vie aussi parfaites qu'elles devroient
l'être , fais-nous la grace de pleurer
avec amertume toutes nos infirmités ,
&. de te rendre à l'avenir avec plus
. d'ardeur l'obéissance qui t'est due, dans
un esprit d'humilité et dans une volonté
ferme & constante.
CHAPITRE XÏL
Quand on veut recevoir J. Chrijl on doit
y préparer fon cœur avec grand foin.
Jésus-Christ.
K 1. J'aime l'innpcence & la pureté &
(e) Lev. 19. v. t. u Pier. ». v. 16.
452 De l' Imitation
c'est moi qui faits les Saints. Je cherche
un cœur pur ; e'est-ià le lieu de mon
repos. „
" (a) apprête-moi dans ton intérieur
une chambre haute, bien préparée, &
je ferai la Pàque chez toi avec mes
difciples. „
* Si tu veux que je vienne à toi ; &
•lue je demeure avee toi , (b) purifie-
toi du vieux levain; & nettoie ton
«œur. „
" Bannis en le siècle , et le tumulte
des vices ; retire-toi à part fur le toit ;
reviens à toi-même , et demeure dans
la plus haute partie de toname ; sois y
(c) tout feul, comme un paffereau foli-
taire, repassant avec une grande amer
tume de cœur les égaremens de ta vie.
Cl Toute personne qui aime ardem
ment , prépare à son bien-aimé le lieu
le meilleur et le plus beau qu'elle puisse
avoir ; car c'est pai>là que l'on connoit
avec quelle affection le bien-aimé est
reçu. „
„ i. Je veux néanmoins que tu sa
ches , que tu ne pourrois jamais te pré
parer assez dignement comme je le
{à) Luc 22. v. ii. (Jb) i Cor. ç. v. ^.
(C) Pf. 102. v. 8.
i>e J. Christ. Liv. Vf. Ch. 1 2. 4^
mérite , quand même tu employerois
des années entières , et que tu ne pen-
aerois uniquement qu'à cela. »
" Si je te donne la liberté de te pré
senter et de venir à moi pour en être
noAirri , c'est un don de ma miséri
corde et de ma pure grace ; comme si
un roi puissant faisoit manger à sa ta
ble un pauvre mendiant , à qui il ne
resteroit rien pour reconnoitre ce bien
fait que de s'humilier profondément
devant lui, et lui en rendre graces. „
" Fais tout ce qui est en ton pou
voir. Recois-moi avec crainte, avec
respect et avec aftection , et non par
coutume ou parce que le devoir t'en
est imposé , ou par tel autre motif hu
main ; puisqu'étant ton Seigneur et ton
Dieu , je daigne bien venir frapper à
ta porte. „
. * C'est moi qui t'appelle. Je veux
suppléer à tout ce qui te manque.
Viens donc et me reçois.,,
" Lorsque je touche ton cœur par
le sentiment de la dévotion, tu en dois
rendre graces à ton Dieu, car ce n'est
pas à cause de ta dignité que je t'ai
fait ce don , mais parce que j'ai voulu
te faire miséricorde.»
454 De l' I m i t a t i o i*.
" Que si tu ne sens pas ces doux
înouvemens, mais plutôt des sécheres
ses , redouble tes prières , gémi , frappe
à la porte , persévère , jusqu'à ce que
tu reçoives une goûte de ma grace sa
lutaire. n
" Je n'ai nullement besoin de toi ;
mais tu as besoin de moi ; et si tu m'ap
proches, ce n'est pas pour me sancti
fier, mais c'est moi qui viens te sancti
fier et te rendre meilleur. „
" Tu viens à moi pour être sandlifié
et pour m'être uni , pour croître en
grace , pour recevoir de nouveau se
cours , pour avancer de plus en plus
dans la vie spirituelle. „
" Ne néglige donc point ces grands
biens auxquels je t'appelle ; mais pré
pare-moi ton cœur, et y introduis ce
lui que tu aimes. „
*' 4. Tu ne dois pas seulement te pu
rifier et te disposer à une ardente piété ,
lorsque tu veux aller à la sainte com
munion ; mais après , t'y conserver en
core avec grand soin. „
" Tu ne dois pas veiller et te tenir
sur tes gardes avec moins de soin après
xn'avoir reeu que tu le faisois , quand
tu te préparois à me recevoir. „
* Se bien tenir sur ses gardes après
ï>e J. Christ. Liv. IV. Ch. ia. 455
m'avoir recu , est une excellente pré
paration à me recevoir encore avec
plus de graces. „
" Mais si l'on se relâche et cherche
inconsidérément des consolations exté-,
rieures , on se rend incapable de ma
goûter encore. „
" Garde -toi de parler beaucoup ,
demeure en silence dans ton intérieur,
et jouis de ton Dieu ; tu jouis d'un bien
inestimable que tout le monde ne te
peut ôter. „
" C'est à moi que tu dois te donner
tout entier et sans réserve , afin que tu
ne vives plus en toi , mais que tu vives
en moi dans une profonde paix. „
CHAPITRE XIII.
Il faut dêfirer avec ardeur de s'unir
à Dieu fans réferve.
Le Disciple.
CHAPITRE XV.
Plus on renonce à foi même , plus on
s'unit à Dieu.
Jésus - Chris t.
CHAPITRE XVI.
Prions notre Créateur de venir agir en
nous.
Le Disciple.
CHAPITRE XVII.
Nous devons redoubler notre ardeur
pour nom unir à Dieu.
Le Disciple.