Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d’utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.
En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
'CSP/î
FB—-NHLIDNA l.
<
l o…
p.
ï
l 7
.,:ÎX—ïîízibliotheca
_ __._,,
_ä II[- 1.3.27
. îſſ _,_jZL’Ï'
z . . d. .
I .
D -ï
«
ï.
...ſi ..
p -
X x- a..
\- ...d
. ..
..
. . fi . . —
. . .
.. .. _
. s h
. . .
. I
. — d ï V
\x
.- a
»
a- . ï
i
.
a
l l I
ñ
n . .
.
ï
. . . .
d
. ‘
d a
. .
. I .
.P AMI X
DES"
BONNES AMES
dans tous les Partis du Chriſtianífin”,
ſur les matières de .
RELIGIQNz’ſ'"
8c particulièrement \
Aï AMS-.c ERDÀM‘»
Chez THEODORE BOETEMANJ 153;(- '
f
' ~~ - r‘*‘
l c 7-5-— l
M' r —
~ -M .. .
7 Pag. l
A toutes les bonnes
d’entre les i '
P R O T E S TANS
de .France 8c d’ailleurs 5
6: a toutes les Perſonnes qui craignent Dieu
avec ſincerité 61 ſans partialité dans
tousles partis de la Chretienté.
4.- E P I T R E
de frapper en corps tout le prétendu par—
t1 , 8C de le ruiner chefs 8C membres,
pour avoir la ſatisfaction puérile d'avoir
pris pleinement 8C univerſellement ven-v
gence d’un écrit dontil Craignoit que les
effets ne fuſiènt ſuneí’ces à ſa partialité.
Il n'en aura pas toute la joie qu’il S’en
promet, je l’en allure. Il y a encore au
monde en toutes ſortes de partis , de Re—
ligions 8c de places , des gens d’eſprit &C
d’impartialité , qui ayant la crainte de
Dieu , lors qu’ils connoítront le caractére
du Docteur qui inconnu à ſoi même
prétend néanmoins ſaire connoítre les au
fi‘es,ils s’_éloîgneront autant de les conclu
fions qu’ll eſt éloigné de la vérité, dela
charité , de l’humilité &de lapaix. Cc
n’eſt pas que j’aie deſſein de vous entre—
tenir de diſputes 8C de choſes purement
perſonnelles , comme a fait nôtre Au
\theur àla reſerve de deux ou trois points,
,ſurquoi i‘ls’eſt contenté de plaiſanter en
paflànt. Je n’avancerai, s’il plaîtâDieu ,
que des'choſcs édifiantes 8c ſolides , ca
.pablesd’e’clairer , de pacifier véritable
.ment , 8C de conduire à Dieu les cœurs
des gens de bien , qui ſentir-ont bien eux
méni’es
;le , ſims queje
principalde les en avertiſſe,vient
ce quejſiej’ayancerai que
., ' ~ de
'Aux PROTES’I‘ANS Ste. ÿ—
de la ſource éternelle detoute verité , où
j’oſi: dire que je Pau' puiſé tant par la
prie’re que dans une grande defiance dé
mon eſprit gâté 8C corrompu (comme ce—
lui de tous les hommes) par le peché d’A
dam &I par tant d’autres indiſpoſitions,
qui nous rendroícnt indignes de la lumiére
de Dieu s’il n’avoit pitié de nous, 8C s’il
n’étoit riche en miſeri‘corde pour donner
à telle meſure qu’il le trouve à propos ſite'
geſieôclumie’re à ceux ui la lui demans
dent! en foi 8c en ſincérite de coeur. p
Mais avant tout, je íouhaittc, Meſ-‘
ſieurs 8c chers amis , que vous compre
niez bien mon but , qui n’eſt pas 'de pren
dre le'parti de l’un contre celuide l’au
tre; encore moins de diſ oſer les horn
mesà troquer , pour ainſidire, de parti
entre eux. Ie-n’ai deſſein , premièrement
que de vous addreſſerà Dieu \èulêcàſon
Fils Jeſus-Chriſt par l’eſiënticl de la Re
ligion Chrétienne, qui eſt eſprit 8cm,
vérité 8è charité. Mais comme les Chré~
tiens ſont maintenant diviſez en trois par
tis conſidérables, j’entreprends, en ſecond
lieu, de montrer, comment les perſon
nes ſincères 8C qui craignent Dieu dans
chaque parti , peuvent nonobſtant Ici-dif—
ſérence de quelques opinions 8C de quel
ques cérémonies , [qui ne ſont que des
I
1 4
cho: ' i
'6 E P I T' R E
choſes acceſſoires à la Religion Chré‘
tienne , faire un bon uíâge des mêmes
choſes’ëz: s’avancer vers Dieu, ſans ſe con-—
damner 8c ſe haïr mutuellement les uns
les autres pource ſujet. Enfin, je veux
montrer , comment en cas u’il arrive
que ceux d’un party ſoient Q ligez à le
conformer aux cérémonies de ceux d’un
autre party , de ſorte qu’ils ne puiſſent
l'éviter ſàns aigrir contr’eux les cœurs
des autres juſqu'au point de leur étre ae
caſion de commettre beaucoup de péchez
8c de ſi: procurer à eux-mêmes beaucoup
de maux ,. comment dis-je EN CE CAS l'on
peut en bonne conſcience , 8C méme avec
édification pourlà propre ame, ſe con- -
former aux Cérémonies de ce party-là,
_pourvû qu’on veüille écouter raiſon 8c
n’étre pas abſolument indoeile.
C’eſt ce queje vay tâcher d'exécuter
par les moyens ſuivans.
r. Premièrement , je ſeray préceder
la lettre d'Avis CHARITABLES qu’on a
publiée depuis peu ſur ce ſujet , &qui
a donné occaſion à M. J. de ſedéclaret
comme il a fait dans l’onzieme de ſes
Paſtorale: :— auflî bien ne ſcait-on plus
en trouver.
Il. En' leeond lieu, je répondray à
quelques difficultezdont une partie ont été
- 7 ar
Aux PRËOTE S‘T ANS 8Ce. ~7í
faites verbalement au ſujet de cette lettre.
q I—II. En troifiémelieu, ilſeroitàpro
pos de traiter à fond de la nature des Cé
rémonies ,' 8c en particulier de celle de
I’Eueariſtie , comme auffi des Schiſmes ,
8( des principales différences qu’il y a en—
tr’eux ſur toutj’ay
une' choſeſſque cela.déjaMais comme c’efl:
ſaire-ailleursdans—
mon S'y/?éme de l’Oecanomie Divine, dont
le Chap. X. du Tome IV. e lique la
nature des Ce’re'monü: , 8c les äiiapp. _,'
VI , VII 8c VIII. du Tome V. celle du
Bayte’me , ï de l’Eumri/Zie 8c des autres
choſes &fonctions du Culte exterieur, je
pourrois me contenter de ce renvoy 8C
n’en rien dire davantage. Ncanmoins ,
comme tout le monde n'a pas la commo
dité de ſe our’voir d’unlivre à ſept' par—
ties , qUOl que de tailleôc de prix medio
cre , 8C que cependant il eſt neceflàirc
qu'on _ſçache au moins la ſubſtance de ce
que j’y ay propoſe' touchant l’Bucarcſtie z
je me ſuis reſolu à en mettre ici deux
chapitres. Cela ſatisſera les gens qui
n’aiment ni beaucoup de lectures ni à en*—
t’rer en davantage de diſcuſſions: 8C quant
â ceux à qui cet échantillon ne déplaira—
pas, s'ils déſirent de Voir toutes les ma~~
tic’res principales de la’Religion 8C de la"
T heologíe; m éme celles dela Nature-.8c
A 4., les.
,8' ,\ E P l T R E
- les divines les plus relevées , traitées de
cet air , 8C expliquées avec une évidence,
une certitude, des uſages , 8c des ſujets de
repos d'eſprit de cette nature, &î méme
plus grands encore , lors que le ſujet 'y
porte,v ils n’auront qu’à voir tout l’Ou
vrage; 8c je m’aſſure que s’ils ſont gens
d’eſprit 8C deprobité , ils ne ſe repenti
nom jamais d’en avoir fait la leóture , &a
plus~
qu’ilsclairs
Retrouver-ont
pour ce qui
enſuite
concerne
avecDieu,
des le
,-ñ—Mónde, &eux-memes.
. IV. Aprés cela je fais ſuivre en qua—
triéme
far lieu desA-w':
la lettre , la Critique de Monſieur
cbó‘rritabluJc j. i
la mets
IO E P I T R E
ſincères , 8C qui eſtiment la Vérité de Dieu
en ſà crainte , ſims entêternent &z; ſims
partialité. ' Et je le fais d’ä’utant meilleur
cœur, qu’étant touché de charité 8C de
grande compaſſion envers eux dans l'î
tat où ils ſhnt , je voudrois leur temoigner
dans cette néceſſité par le ſoulagement
' que je tâcheray de procurerà leurs con
ſciences , la reconnoiſiànce que je dois à
quelques uns d’entre eux , à quije ſuis re
devable d'une partie de mon education
SC' de mes études. Car encore que je
croye n’avoirpas enſuite moins employé
du mien que le double au ſervice de quel
ques autres E—gliſes , cependantj’eflime
que les bien-Faits prévenans ne peuvent
s’acquiter que par une reconnoiſiànce
continuelle , 8e je n’en’ lâche point de
~ meilleure que celle qui ſe Fait par la com —
munication de la Vérité , 8C d'une Vérité
:qui vient ſi à propos , 8C qui'cſt'ſi capable
e calmer ?inquiétude des bonnes ames,
aqui ſeulesje prétends parleiylaiſiänt lä’les
a mes partiales 8c déraiſonnables , qu’on
n’eſt 'pas obligé de ſatisfaire_ en bleflànt
l impartialité dela vérité 8c de la charité; À
Je ſçay bien , ames ſincéres 8C équita—
bles , que vous étes rares 8C clair-femées
en: toutes ſortes de Religions 8C de partis *7
je ne laiſſe pas néqnrnoins de préférer vô
_ne
\
Aux PR-O’FESTANSSCC. rr*
tre petit nombre à la grande ſoule des mé—
chans,des opiniâtres &des entêtez qui \ont
mélez par tout; parce queje ſai que Dieu
l’y préfëre,e'tant un Dieu qui n’a point d'é
gardé ?apparence ni au dehors derperflm
m*: 5 mais à que] eſt agréable en toute nation
quiconque le craint O' aime ce qui eſIju/It(
Le commun du monde n'a garde d’imiter ~
Dieu en cela; au contraire, rien neleur eſh
agreable que dans leur nation oudans leur"
party ; 8c leurspropres ſréres mêmes qui '
iont avec eux leur ſont à mépris lors qu’ils
ne veulent pas ſe rendre aveuglément à~
toutes leurs ſactieuſes controverſes. Vous ~
l’éprouvez ſans doute quelques fois, ames
équitables 8C qui craignez Dieu , que lors
que vous voulez ſuivre la vérité qui eſt ſe~'
lon la charité, ceux dervôtre propre Reli— >
gion,vos amis,&tquelques ſois vos ropres >
Paſteurs , ſont alors ceux—qui fedeclarent
le plus contre vous 5 8c qu’ils le ſont d’au—
tant plus‘violemtnent, que plus vous vous I
avancez vers lc bien 8C vers la vérité ſolij
de, lumineuſe 8c ſans bruit. Cela a été dés_
lc commencement du monde, 8( il conti
nuerajuſqu’à la fin queDieu a déterminée
*pour l’extermination des méchans. Cain
8c Abel , Iſmaël &I Iſâc , ne s’accorde~'
ront jamaisunais c'eſt toûjours le méchant
8c le_djamel qui ne peut ſouffrirl’eſprit de î
5L6' ’ ?WX—4
12 E‘PIT‘RE
paix du bon &c du lpiiituel. En effiót,.il y it—
oppoſition (brmelle auſſi bien entre leurs
principes qu’enti'e leurs œuvres; Les œu
vres (le la chair étant entr’autrcs , dit S..
Pau’Lles inimitíe’s, le: dïſſèmivmſierjalom
fier, le: animoſitér, le: diſputer , le: dit/:flow,
Infractions, le.: ent/ie: , CY" cmbldbler; 8C
celles del’elprit n'étant que Ela—Mire' , jaja,
paix, patience , bem’gm‘te’ , home', fou-dou
nur; il ne ſaut pas trouver étrange que
ceux qui \ont affectionnez aux premieres
Siem ennemis de ceux qui cultivent ces
derniéres. Camme celuy qui était ?réf/:lan la
Ehaiſſdit S. Paul,)perſécmait ire/u] qui était
xëſelo’zl'ejjſiorit , il en eſt de méme E7160 ra ó‘t
préfint. Mai: que d” l’ ECTÏÎUTÊŸCbaſſe l?ſi
clave Cÿ'ſhnfilr' 5 Mr left: de t’eſclzwe (les
hommes charnellement eſclaves dc leur
party) mſempoim héritier avec Irfilr de
ufo-mme Iïbre , de la vérité pure , libre, 8c
non eſclave d’aucune faction. C’eſt ainfi
qu’unjoulyôt plutôt qu’on ne penie,Dieu
échaſſera &Z de ſoy 8C du monde tous les
eſprits contentieux, qui laiſſeront la place
aux paiſibles 8c aux bOnsCcpmdrzm ſelon
le conſeil del’EcritureffloÛMë-a '00.: amer~
par vó‘trepatience , (7* prie-z pour le reſtez-z
âhſſcmcm pour lap-:ix de Îeruſalem. '
'i' Vôzreſelon Dieu.
P o I R E '17.
L
13
SECTION PREMIERE.
AVIS CHARITABLE
pour ſoulager la Conſcience dc ceux
qui ſont Obligez de ſe conformer au
Culte de l’Egliſe Catholique-Romai
_ ne: Tiré d'une lettre d'un Particulier
à- quelques-uns de ſes' amis en France.
Avertiſſement de l’Editcur.
E toute: le: Lemoi- , Advir , Ex—
hcrtatiom' , dſc. que I’on a pub/ie
engrande quantiteîpour ceux quig
trou-arm embarraſſc; dam le: aſſai
re: de la Religion en France , je n'ai
"marc rim nou-0:', qui [n'en Iain dc lcur Pofll’ï
Zuelqueſouldgemem , m- me Paroiſſcpluflot acca- ~
ler leur: canflríencer. Cela m'a toujour: fait de
la Wine, Ü‘j’euſſe *voulu qu'on) :tpm-Mſi quelque
rem :'dc. Enfin cette lettre m’cflam tombc’e mma
le: mainr , j’4i crû gu’clle contenait en partie ce
queje cbcrcbair. Ainſi je 1a publi-:par un mou—ve
ment de pure charité , dam" laPenjè’e quej’en ai
con; 11,9” ellefaurníra leſccours neceſſaire zi quel
que: 50mm amer , dont Ier confi‘ienccs _ſont chan-'
gamm a: lagefucfaute d’inflïuäion convenable a
IIe-ſtat ou :Heſſe trou-vent. Cependant on r dPcr-îï
m'a-'ra arſe’mem qu'elle n'a par eflc’ e’crire dans' le
A7 de _em
14 A v 1‘ s
Seflion IO
deſſein de [a rendrepuhliquefiſ moin: encore Pour
Ouvrir par là un champ u la comrooerſè- Auſſi
l’an eſpere que ceux àqui elle ne plait-4115;, la
laiſſeront Pour ce qu'elle eſl , df qu'il: n’tmaquc
Tompoim dcr gens , qui n'ont autre deſſein que de
faire trou-ver , en quelque e’tat qu’onſoz't ., dd:
moyens d’aller à jeſus-Chriſt ſeul , de* defaire
fmfialue. Adieu.
\Me-:cher: amie,—
Occaſion 'F Uoi qu'il y ait déja aſſez long-temps
deſfèt’n rie que J’ay appris comment il vous ella!
eme lettre. lé , je ne vous ay pas néanmoins écrit plûtôt
ſur ce ſujet. Non que je ſois inſenſible à ce
qui vous touche ;mais parce que ne ſçachant
en 'quel état ſont vos eſprits , je n’ay auffiſçû
comment vous-dire quelque choſe de cou—
formc'à vos diſpoſitions.- Jamaisje n’ay tant——
ſouhaitté de pouvoir 'vous parler , pour ré**
gler mes paroles ou mon ſilence—ſelon l’e’tat
où je pourrois découvrir que vous ſeriez'.
Mais puiſque cela ne ſe peut faire ,je vay me
hazardet à vous &ſe ici naïvement ce qu'il
me ſemblera de plus à propos pour la diſpo
ſition où je ſuppoſe-quevous ſoiez. . Je n'ai"
pas deſſein de vous aggraver vos difficult-ez,
de vous charger encore davantage lañconh
fi-:ience , m de vous faire naître plus de ſem-
poules à de peines intérieures ſur vôtre-chair"
gement à ſur les pratiques que l’on vous' '0*
blige de ſuivre. A Dieu ne plaiſe que je mŸé-z
tudie à vous faire regarder avec plus de 're
mors à de peines ce que vousdevcz fairezde
7 _ ſorte..
CHA-RITA'BLE. i)
ſo’rte quevous ne lcſafiîez qu’cn vous con- Scffimh
damnant vous-memes avec plus de deſeſ- - '
poir , 8c en bleſſant plus mortellement vos
conſciences. C'eſt à ceux qui ſuivent cette
méthodes'à voir,comment ils pourront juſti
fier devant Dieu une voye , par laquelle on
ne peut faire , dans l’état Où ſont les choſes ,-—
que desdeſeſperezôt que des miſérables de .
corps &dffiſprin Pourmoy, je ſouhait‘erois
pl ût—ôtde vous tiret de peine; & tije pouvois
vous communiquer à l'intérieur quelques
lumieres que je puis avoir ſur ce ſujet , j’eſñ.
pére que vous vous ſentiriez ſoulagez de ce
côté-là , &t que vous tourncriez la… batterie
d'un autre , aſſavoir , chacun contreſci—mé
me ô( contre les péchez qui (ont encore dans
chacun de nous , ſans nous mettre beaucoup
en .peine des lieux ,des cérémonies ','des me
nuës opinions ,q des controverſes 6c des di ſ
putes avec quoi l’on prétend ſervir Dieu , 6s
luy étre agréables ou déſagréables.
II. Je voudrois bien , mes chers amis, que Poiflmf
vous comprifficz une ſois pour toutes, que ſenl’ùhqflí
ce qui nous rend agréables ou deſagréables Memo-ï
damnera,
àDieu , cene
quiſont
nouspoint
ſauvera
les différences
ou ce quinous
des ’
Religions extérieures , de leurs cérémonies,
de leurs opinions , ni de leurs diſputes.
Dieu n’aimera ô( ne ſauvera perſonne pour
avoir été Catolique Romain , ou Reformé ,
ou Luthérien : à il ne damnera aufii per
ſonne pour cela , ni pour les différences des
'oginionsôt des cérémonies qu’ils tiennent.
Mais
16 A v i s4
Sec'îioul. Mais il ſauvera tous cenx‘d’e‘ntre eux “qui
s’humilient dans leurs cœurs devant lui 6c -
qui ne ſe preſe’rent à perſonne: qui gemiſ
lànt devant luy de ce qu’ils ſont encore ſi
corrompus, fivuidesde ſonamour, ſi durs
de cœurs. ſi inſenfibles aux choſes divines, \î
aveugles & ſi morts pour ce qui eſt e’terucl .,
ſivivans , ſi ſenſibles, fi actifs pour ce qui
concerneleurs propres avantages ſelon le
monde, lui demandent la lumiere de ſon
bon Eſprit pour connoiſtre l’abyſme desx
maux qui ſont encore’cachcz dans leurs
cœurs; 6c la force de cet Eſprit Saint pour -î
les coriger, & pour y renoncer : qui à meſure -
des connoiſſances que Dieu leura données ,
ſontle bien qu’ils connoiſſcnt x ô: ne ſont
pas ce qu’ils ſavent être mal; qui deſirent
queDieu leur augmente ſes connoiffimces .
afin 'qu'ils augmentent leur pratique ôt leur
obeïſſance; qui l'aiment ôt qui ſe haïſient
Bt Ie mépriſent eux—mêmes ; qui ſont ſes
commaudemens à ne font point leur pro
pre volonté : qui ſont patiens, paiſibles,
charitables ; En un mot, ceux qui élèvent en —
tout temps , en touslieux , en toute occu
pation autant qu'il eſt poffible , leurs cœurs à
Dieu , Priantſon bon Eſprit de venir dans
_euxydetruireles maux infinis , connus de
inconnus, quiyſont, à y produire toutes
les vertus & les diſpoſitions propres à les
rendre agréables à Dieu ; 6E qui le loüent
deslbiensinfinis qu'il nous afaits , 8c de ceux ~
qulil nous veut faire éternellement ſi nous
l'ai—
CHARITAËLE. l7
l’aimonsôttâchons de lui plaire en toutes Section!,
choſes. Ce ſont ceux-là que Dieu aime, & '
qu'il ſauve .1 ſans regarder au parti extérieur
de la Religion dont ils font profeſſion: cat
tous ces partis à toutes ces diviſions ne ſont
pas venus de Dieu; mais pl-ûtôt de l’ennemi
du genre humain , qui a introduit ces divi—
ſions-là ſous de chetifs prétextes , pour met
tre dans les eſprits des hommes des maux
incompatablement plus grands à plus more
tells ,l’orgueil z la haine , les diflenſions , la
cruauté , Bt ce qui s'enſuit, comme aufii une?
ſorte préſomption dt un aveu lement d’eſ- î >—
’ pritpitoiable, par lequel on s imagine d’—êj~
tre agréable à Dieu lors' qu'on eſt de cette
Religion-ci & qu'on
Ill. Certes. mes n’eſt
cherspas de celle-là.
amis, - i
quand on C: 4m c’cfl
Êtoit de l’Egliſe .primitive même , à qui F’ct’ſfl‘
plus eſt, du nombre des Apoſtres , I’on ſera Ïî‘ägé,
damne’ avectout celaſil’on a les mauvaiſes tienne_
diſpoſitions que je viens de marquer,ót qu'on L’ïfl’fflf’ïſj
, . - . d ç” la” ï I
n-ait- pas les bonnes dont je viens-auſii demffïſh_
faire mention: Voï \ÿavez aſſez , qu’iln’y ~
a que la ſeule Religion Chrétienne qui puifle
ſauvcrles hommes: 8c cela eſt vrai. Mais
cette divine Religion ne conſiſte pas dans_
toutes les opinions dont on ſedébat. Les
Diable pourroit avoir les plus véritables , &
il les aen effet 3 &t il pourroit avec cela pra
tiquer tout ce que l’on'íauroit pratiquer au
dehors enfait de cérémonies 8': de culte ex
térieur ; cependant, ſansêtre de la Reli—ſi
gion Chrétienne. S. Jaques fait conſiſter
cette divine Religion en ce_ que nos cœurs
v , ſoient
18 AVIS'
3,3… L ſoient p'urs &détachez du monde , 6c qu’on
ſe ſoumette par des ſervices d’amour ô( de
charité aux plus chetiſs mêmes qui-en ont lic
ſoin : Et Jeſus Chriſt dit , que pour en étre ,
il faut que chacun ſe combatte 6c ſe renonce
ſóyméme , à imite les vertus de ſa vie ôt la
patience de ſa mort: $1' quelqu'un 'veut 'UL-nir
apre? moy (c’eſt à dire , étre mon diſciple ;
ou étre de la Religion Chrétienne ,) qu’il fl.
rmonce f0) me’me, qu’il prenne ſi! croix , _U
qu’il me ſuive. Rennncèr inow-mt’mer,² c'eſt
nous mépriſer , nous quitter, nous haïr
nousôt tout ce qui vient de nôtre crû‘; de
nôtre eſprit , 6c de nôtre cœur originaire*
mentaveugle,fou , impur', &t \i corrompu,
qu’il n’y a rien de ce qui'vientde nous qui
vaille pour autre choſe que pour étre mépti
ſé, hai, 8c mis en croix: prendre fl: cro‘r’Ë',
c’eſiprendre tousles moyens de faire mou
tir nos inclinations à nos déſirs naturels : ôt
_ſhim- Ie Fils de Dieu, c’eſt ſoufi‘rir'comme
luy à la gloire de Dieu avec amour , patience
&humilité tout ce que Wu permet qui nous
arrive de quelque part que ce ſoit, ôt étre
revêtus de ſon Eſprit de ſainteté , de juſtice,
de bonté , 6E de toutes ſortes de vertus. j
Quiconque en eſt là , eſt dela veritable Re
ligion Chrétienne, &ſera ſauvé. Tout le
\ relie, ſoitopinions, ſoitcére’moniesm’eff
qu’acccſloire. Ce ſont comme des habits
différens , qui ne font pas la nature de'
l'homme . à neluy donnent pasla vie 5 mais
luy ſervent de moyens pour ſe mieux ajuſter
ót'accommoder. . -
1V. L’eflen—
ſſ_CHAnrT^ELE. 19‘
IV. L’eſſemiel dela Religion eſt pi” eſ- Fïction ï—
Prit. Dieu eſt Eſprit : dF-ler 'L rait acloratcur: (St Cul”, T0-—
gcns de Religion
L’udorerenfiſprie qu’jl
JF en demande
oert'te’. Quand, _ doivent
il n'y Effimffl,
auroit ni Temple, ni cérémonies ,ni corps, del-:Reli
ni monde matériel , cela n’empóclieroit pas sf" "W"
la véritable Reli ion ni ſon exercice. Le 'um'
- vray Temple où ieu veut étre prié & ſervy ,
c’eſt l'ame humiliée Bt le fond d'un cœur
pur. Le Paſteur quidoityenſeigncr, c'eſt'
ſon bon Eſprit, qui nous parle ſouvent par
les bons déſirsôt par les bonnes penſées qu'il
nous donne , à par les lumieres de nôtre
conſcience lors que nous penſons à nous
/Inémes en ſa preſence. Le culte 61 l’e’xcrcice
qu’il veut avoir de nous , ce ſont les actes &t
les habitudes des ſaintes vertus dont on a fait
mention. Ce Temple , ce Paſteur , ce Culte
nc nous pourront étreôtez de perſonne fi
.longtemps que par la grace de Dieu nous -_ 'A ,.
nous abſiiendrons du péché: car il n’y a‘quë '
1e ſeul péché qui ruine le ſolide de la vérita- -v _
ble Religion , qui profane le vray Temple,
qui déchaſſe le vray Pafleur , à qui faflè ceſ
ſer le vray Culte de Dieu.
V. Lors que la véritable Religion ell bien ;Mm-P….
établie dans leſond de l’ame , (car c'eſt la. eulteexte
ſon throne &t ſa place ,) comme cette ame. "fflſfî
eſt unie à un corps , 8c par là à toutes les cho- ;Tc-Ã…
ſes matérielles de cc monde ;alors il luy im- ſlim-ſmc.
porte peu de quelle'maniérc elle remue ſon
corps‘ 61 ſe ſerve des choſes extérieures par
tapport àDieu , pourvû qu’il ait le cœur , ou
que le cœur tcndeà luy. On peut alorî_ ſe
‘ er
zo A 'v ’1 s
Section). ſervir des cérémonies & d’aut’r‘es choſes de
cette nature , comme de moiens qui nous
rameinent à penſer à Dieu-dans nôtre cœur,
6c àélever nôtre eſprit à lui : Et l'on peut
ſe ſervir d'elles comme on les trouve déja é—
tablies , ſans ſe faire dela peine ô( des diffi—
cültés ſur leurs differences- S.Paul dit à
quelque ſujet, 7c ſuis Perfuadc’quc rien n’eſi!
fouille' ele ſoi même ', mais à ccluy qui eſtime
qu'une choſe eſt fizíiille’e , elle lu] eſt joiiille'e .
c'eſt ce qu'on peut dire des choſes de céré—
monies BZ de culte extérieur entre les Chré—
tiens: elles ne ſont pas mauvaiſes de ſoi-;
mais elles deviennent mauvaiſes à celuy qui'
les ctoid telles : à ainſi , qu'il tâche de recti
fier ſa penſée, dans laquelle eſt le mal, 6c
les choſes lui deviendrontbonnes.
îlpplíco- VLIl eſt vray qu'il eſt à ſouhaitterque l'on"
:ion deu ' \ ' .
Muti.” en viennelalibrement, & qu T11 eſt fort dur -
m …n d, de ſe voir contraint ſuree ſujet. Mais puis ~
l'Egliſe -qu’on vousaimpoſé cette neceſſite (dequoi
R‘W‘ffl‘- rendront compte à Dieu ceux qui en ſont
cauſe,) je vous conſeille ,de faire de neceſ
fitévertu, &de vous ſervir de tout l’vexte-ñ
rieur 61 de toutes les cérémonies d'uſage ,de
la maniere queje viens de dire, comme de
moiens pour penſer à Dieu, & pour éle
ver vôtre cœur à lui. Car c’eſt là leur-véri
table nature dans leur premiére inſtitution.
Leaculte‘ ſolide de Dieu s eſt, comme on
vient de le dire,de penſer âDieu avec amour,
pâiéres, humilité ôt loüanges dansſon cœur.
ais comme les hommes ſont oublieux , 6e
que s’occupant ſouvent au dehors ils per
dent
CHDRÎTAELE. LI
dent la penſée de Dieu , pour cet effet , Dieu &mon l.
a trouve' bon qu’il y euſt de certaines actions,
certains geſtes (St mouvemens , certaines
choſes ſenſibles & viſibles, qui nousfiſſent
penſer à lui :Or il importe ſort peu quelles
ſoient ces* ſes-là p’outvû que véritable
ment nôtre cœur s’éléve & ſe donne par-là
à Dieu , & s’aille rendre ainſi à des penſées
divines; comme il importe peu par quelle
voie l’on aille à un but a pourvû que l'on y
arrive. De ſorte que , par exemple, comme
dans la Meſſe chacun des geſtes 6: des céré—
monies ſont établis pour faire penſer àquel—
que acte de la Paffion de Jeſus Chriſt , fi vous
en faites cet uſage , s’ils vous ſervent d’oc
caſionät de memorial pour vous faire venir
dansla penſée tels &tels actes de la Paſſion
du Fils de Dieu ; &t que cela vous ayant con
duitàla penſée de Dieu , vous vous—laifiiez
enſuite toucher d’amout pour celui qui a
-airíſi ſouffert pour vous , le remercyiez de
ſa grande charité , lui demandiez qu’il vous
ſoit propice , ôt qu'il vous faſſe la grace
d’imiter ſa patience Bt ſa mort ; vous faites
alors une choſe tres-bonne , & pourriez
vous avancer par là dans l'Amour 8c dans
la Grace de Dieu. Ne vous faites point de
peines inutilement. Dieu regarde le‘cœur 6c
, ſon amour; & il ne peut qu'il n’approuve
tout ce qui ſert de moien à nous faire pen
ſer àlui , &t à nous recueillir dans ſon a
mour. ,
VII. Mais, dira-t’on, on adorelà du pain.
C'eſt une Idolatrie ; ô: les ldolatres iäont
. ans
z 7. A v 1 S *
Section 1. dans l'étang de feu 8c de ſouffre. Voilà‘
La cruau comment on tourmente 6l met àla geſue les
n Je la Pre conſciences pour des opinions à des partia
ſent: rrllle litcz qu'on veut ſoûtenir 3 de peur de recon7
JM” PE” -
eng/?ie noitre qu'on S’eſt trompé , o ‘ p’on a outre
.'ſfl Il' les choſes. Je voudrois bie‘tÏavoir quel
img—"lip
mal on fait de croire que Jeſus Chriſt ſoit
m~ imp-Iz
He . "3'
dans lÏEucatiſtie. .Et quand on le croid de
'if-“flè bonne foy ſur ce qu’il le peut dt qu'il l’a dit ,
ſans s’alambiquer beaucoup ſur le com
.ment t n'eſt-ce pas un exercice admirable de
ſoy , d'humilité , &d’abne ation dela rai
ſon humaine &t corrompue P es Luthériens
1e ctoyent bien,- ôz les Réformez non ſeule—
ment ne les condamnent pas pour celazmais
même, ils ne les en tiennent pas moins pour
fre’res , jusqu’à les admettre à une même
communion. De plus , il faut ſe ſouvenir ,
qu‘ileſt dit dans l’Evangile , que router choſe:
_[bnt pri-07H” au croyant . que la fia] peut tranfï
Porter' le: montagne: , Gt que Jeſus Chriſt dit
toûj ours aux hommes , gu’ü -vourflzirfaitſe
[on -vârTefiUDe ſorte que ſi ceux qui offlcient
dt ceux qui affiſtent à la célébration de l'Eu
cariſtie , ont la foy que Jeſus Chriſty ſoit
préſent, cette ſoy là “eſt ratifiée de Dieu , 6c
elle engage Dieu (outre ſa parole -Sc ſa pro
mefle ,) à ſe rendre preſent comme on le
croid: dt c'eſt là une penſée qui eſt ſi claire .1
que je ne doute pas que vous n'en compre
L'abu niez bien la force. ' i
ema :fl m” VIII. Orſi l'on croid que Jeſus Chriſt eſt
conſt-pan”
-ïlætſſaiu
preſent , 6c qu’il le ſoit en vertu de la foy &t
le Ia Pre es autres raiſons mentionnées, pourquoi
Inm mlle. faire
,CHAnrTAnLm a.;
~ faire difficulté'de l’adorer comme preſent? Section i.
Il eſt vray que les Luthériens ne le font pas ,
non-obſtant la perſuaſion qu'ils ont de ſa
vpreſence :mais il y a viſiblement de l'incon—
gruïté 6l de l’indécence dans ce procede-là.
(Jar le ſens commun nous dicte que Jeſus
Chriſt doit étre adoré oû il eſt perſonnelle
ment préſent.
IX. Mais pour ne pas ſe confondre icy , &z Deux/5r
ne pas prendre l'écorce pour la ſubſtance “jŸ'M'
interieure , ni l’habit pour le corps , il faut a'
Obſerver , qu’il y a deux choſes qui portent l‘l-íalutn‘e.
Ie nom d’ddoration : l’une eſhlors qu'on ſoû— 1' .'"1 ‘_
met ſon ame , ſon entendement à ſon cœur 55x31."
à_ Dieu avec amour. C'eſt là la veritable à la dame
ſubſtantielle Adoration que Dieu demande, Z‘PË' “‘
l’amour d'un cœur humilié: Eſtre véritable- FIM"
ment idolatre , c”eſt abaiſſer ét attacher ſon
cœur à ſon amour à quelque choſe qui n’eÃ
pas Dieu , comme à ſoi-méme, à l'honneur ..
à l'argent , aus plaiſirs , &t à-choſes ſembla
bles. Ce qui fait que S.Paul.appel~le l’avarice'
une Idolatrie. Aimer , dans le langage de
Dieu c'eſt la méme choſe qu’adorer. Aimer
autre choſe que Dieu , .ou aimer autre choſe
qu'en Dieu 6: que pour l’amour de Dieu ,
c'eſt Melanie.- Et cette ldolatrie-là damnera
les ames: comme aucontraire , l’Adaratian
qui luy eſt oppoſée , ou l'Amour reſpe
&ueux d'un Dieu 'Ii—qui l'on donne toutes ſes
affections —, les ſauvera. La ſeconde ſorte
d’adoratiou eſt une .Aë’ofdtím extérieure &
acceſſoire , lors-qu'on ſe proſterne avec rc
ſpeé). devant une créature laquelle perſon-
eſtunie î* ~
14. A rv z s
Section 1. perſonnellement à la Divinite’, aflavoir ,-dc
vant l'humanité de Jeſus Chriſt. Cette‘ado—
ration—là n'eſt pas celle que Dieu regarde
principalement, 6E il ne s'en ſoucie pas lors
que le cœur n'eſt pas bien diſpoſé. On peut
adorer Jeſus Chriſt de cette ſeconde ſorte ,
à neanmoins être damné , lors que le cœur
n'eſt pas uni à Dieu :ôz au contraire , fi quel—x
ques uns n’adoroient pasJeſusChriſt de cette
ſeconde ſorte , croiant qu'il ne leur ſoit pas
preſent, ils ne laiſſeroient pas d'être agréa
bles à Dieu S’ils l'aiment dans leur cœur.
Mais ceux qui adorent Dieu & leſus Chriſt
dans‘leurs cœurs dela véritable adoration de
l'Amour, 6E quioutre celacroians que Je—
ſus Chriſt eſt dans l'Eucariſtic , ſe pro
ſterne'nt avec reſpect devant ſa ſacrée huma
nité , dont ils adorent d'ailleurs la Divinite’;
ceux-là ſont trés-bien d'agir de la ſorte,& de
rendre ainſi à jeſus Chriſt tous les devoirs
qu’ilmérite. Et bien loin de commcttrelà
dedans de l'ldolatrie , ils n'en commet—
rroient pas même quand bien jeſus Chriſt ne
ſeroit pas là corporellement comme ils .le
croient ; parce que leur cœur étant élevé à
Dieu, Dieu, qui connoit l‘e cœunôr qui eſt le
Dieu du cœur , voit que ce cœur ne regarde
qu'à luy; 6c la faute ne ſeroitqu’une ſimple
à innocente mépriſe d'une ame laquelle
~ Dieu ne pourroit deſir—prouver , puis qu'el—
le n'a d'intention que de lui plaire. ;Dieu ne:
chicanne pas commeLors
choſes extérieures les .qu'on
hommes ſurſert
s'en les i
B4 ‘ SEC
32 REPONSE'
Seam!- 17._
SECTION II.
Réponſe à quelque: dtfficulte'; qui [à lu.:
. part, ont c'te' faim 'verbalement ſir le
ſujet de la lmr'e précedente.
‘I—. L A lettre que l’on vient de voir ne pâ
" 'rûc pas plûtôt a qu'on en fit plus de
bruit que je n’avois entendu. On en parla
ſon div erſemem ,- maisj’ay cu ia ſatisfaction
de reconnoitre à-cctte occafion-qu’il— y avoit
cri-core au mon'de plus de perſonnes-équita
bles à impartial’les que je n’euffl: oſé eſpé—
rer. Car je puis dire avec'véti-té, qu’en tous
partis , Catholique) Rcformé ,Lmhéricn ,
ce petit écrit , qui eſt d'un caractére à ne
pouvoir plaire qu’à des perſonnes juſtes à
desintéreſſées , a trouvé les plus gens de bien
pour appmbateurs.- Il ont bien vû &ſamy
dans leurs cœurs , que vcrikablcment l'on
n’y avoit pointd’autrc deſſein que de ramei
ner les amesà Dieu par l'eſſentiel de la Reli— l
gion Chrétienne , qu'on y diſtingue fi clari
rcment de l'acceſſoire , avec quoi on l’a 1
juſizu’icy ſi pernicieuſemcnt confondu : ce
qui eſt la ſource de toutesles mesintenigen—
ces &de tous les troubles du Chriſtianiſme.
Et quant à l’acceflïzire & au cultev extérieur ,
on s’efi bien apperçu, qu’on !e recomman
doit parle point ſolide à i11conteſiablc,qui
ruine l'hypocriſie, la ſuperſtition,lestrou
bles ô: lesxiiflemions: car quiconque ſe ſer»—
vïrade 1~cxtéricur, quel qu'il ſoit, pour lè
> . ten
'aux Difficulté: verbales. 3‘3"
rendre àl’amour de Dieu &du prochain; à »Semen rr.
l'humilité, à l’abnegation deſoi méme, ôc '
à l'imitation de Jeſus Chriſt, marchera fer- ‘
mément par tout., ſans jamais bronchen
Hors de’cela, tout n'eſt qu’hypocriſie. que
ſuperſtition , que moqueriedc Dieu, 5c qu'a—
veuglement de cœur. - Et c'eſt par ce prin
cipe qu'on adécid—é la difficulté qui emba—
_raſſe beaucoup de bonnes ames- , qui: ſont
dans la necefiité , ou de pêcher à de ſe geſ
ñ ner ë( fouiller la conſcience en faiſant des
choſes qu'elles croyent mauvaiſes ; ou de
ſe laiſſer informer , ſi poffible on ne pourroit
pas leur donner, dans l'état où elles ſont,
_quelques lumieres pour leur faire voir que
_non ſeulement elles peuventéviterle peche
— enpraiiquant ce qu'elles ſont obligées de
faire; mais même qu'elles peuvent ſe ſervir
des mêmes choſes comme de moyens-'à s’a- ~~
;vvancer dans l'amour de Dieu à dans la voye 7
du ſalut.
ll; Mais
ſ ',ritable ſi un des
a trouvé deſſein li Chrétien, &ril ſiaauffi
approbateurs cha- Qu'a—'r
“Mim
. L d
;rencontré des perſonnes qui ſe ſont decla- :.53, '1;
.reesà l'encontre d'une manière la plus crn- [mn P"
portéeôttout enſemble la plus ridicule du “""ffl ÿ
;monde Il n’y a eu perſonne qui ait pû y fai—
1 …re une_ ſeule objection ſolide; &je m'ima
-gine quece qui a le plus piqué les ames par- '
-tialles, ,c'eſt qu'ils ont bien vû que lesvéri- ' _~'
-jósgqu'op avancent, étoientirrefutables. Ce- ’
.la les-a dégoutés de leur conſidération parti— —_ . .
ñeuliére pour dire des injures v es ô: en ‘
Ãl’ain Parrapportà lapetſonne. e cs uns qnt ""
ç . z B F dit,
34 REPONSE
SïctíonlL dit, que cet Autheur n’avoit point de Reli—
gion; d'autres , que c'étoit un Papiſte dé
guiſé r; quelques uns mêmes , que c'étoit un
Socinien. Ce qui m'a fait rire , 6c hauſſer les
épaules de pitié ſur l'ignorance &la malig
nité de l'Eſprit de l'homme , qui apercevant
.la lumie’re,& remarquant qu'elle luy fait Voir
que ſes affaires ne ſont pas ſidroites qu'il les
croit, ou du moins que celles des autres ne
ſont pas ſi mauvaiſes qu'il ſe l’étoit imagi—
né , voudr oit bien la rendre inutile en la fai
ſant paſſer pour un feu d'égarement.” nefaut
que ſçavoir lire pour remarquer dans cette
'lettre la rejection préciſe du Soeinianiſ—
me dans ſes deux chefs principaux, qui ſont,
.la négation de la Divinité du Fils de Dieu ,
Gt le Pelagianiſme : 6l l'on n’y voit pas moins
qn’e’ncore que l’vautheur ne ſoit- pas attaché
~ à un party 'avec .l'opiniatreté' &1 la fureur
aveugle d'un 'Sectaire entétés néanmoins ,il
n'en condamne pas , 6! méme il en recom
~ mande, le culte à les pratiques par le bon
‘ ,, , -côté z à que d'ailleurs il tient fi fort pour
‘ ’ -l’eſſentiel de laReiigion Chrétienne, qu'il
-pourroit -dcffie‘r ſes *ennemis d'y avoir plus
; l ‘ .d'attachement que luy. î œ 1 " ~‘
Z‘Ÿfflſ’l" - lll. Ceux qui 'ont le plus deſaprouvé' la
'~
tufidl-rï- -lettre 'des Avi:
. charitable: -, ſont
_ quelquesl
m,- d- * uns des refugrés de France, qui: croyant avorr
Mm!" &fait unc œuvre héroïque de tout abandon— ~
;JLE-m" ner pour ne ſe pas rend-re zu'culte-qu'on letir
«M Reli-l. vpropoſoit , ſe regardent comme des Con
xî’î' P‘î‘” feſſeurs‘ou des demy-Martyrs; dz 'il leur ſem'
'*"‘"' -ble ',~ que cette lettre leur ravir ñ ces qualités ,
~ -‘ " ' - - les
aux Difficulté: 'verbales-ſi 3;
les convainc,, d'avoir fait peu de choſe; dt Section Il:
méme , qu’e—Ile paroit improuver &leur con—
duite à leurs actions. Maisje puis proteſter
devant Dieu , qui mejugem , que je n’ay pas
cu la moindre penſée de- les deſaprouver, de
les me’priſer , de les condamner ,, ni eux ni
leur conduite 5 à qu’au contraire, je les eſti—
me à les approuve juſqu’à un point qui doit -
les— ſatisfaire ,r ë: que je diray- incontinent.
je n’ay eu uniquement égardqu’au ſoulage
mentde ceux qui ſont dans un étatôt dans
des circonſtances où ſiceux qui deſaprou
vent ma lettre ſetrouvoient preſcntement,
ils ſeroient les premiers à faire l'éloge de cet
écrit,, & à l’approuver de tout leur coeur:
mais ſe trouvant. en d'autres circonſtances ,
- ils condamnent par un principe de peud’é
- quité ce qu’autrcmentils auroiem été bien_
ai ſes de ſçavoir ô( d’embraſſcr. -- ~
Deux [bm r
IV. Cependant, ils ſe donnent l’allarme Je Mann:
tres—mal à propos en s’imaginant que ma let (F de Ca”—
tre leur ravit les Témoignages qu’ils ſe ren- fïſfffl'ï-ſ
dent d’avoir bien-fait. Car outre qu'elle nc
les regarde pas directement., je tiens que des
P erſonnes Quicro Y ent qu’une choſecſtmau- -
Vaiſe dt deſagteahle à Dieu , ( quand bien ce
ſeroit par erreur ,..) font bien de Hévitct à
quelque prix que ce ſoit; fuſt-ce méme au '
prix de leur vie ; &- qu’ence cas., s’ils nejſo-nt
pas Martyr: de la 'verite' eſſentielle du Chriſtia
niſme g au moins ſont-ils ou Confeſſeurs ou
- v15e
Many” de la bonne
de la _fim‘erite’ conſcience,
de—cœur enversdela
Dieu,bar-meſa]
lequel
regardantau cœur , s’il voit que ces perſon,
…u‘
B 6 ‘ nes
3:6 R E P o N s E
Section Il. nes ſoie'nt d'ailleurs dans ſadivine crainte D
dans ſon amour &dans l'humililé,il diffimu
le ce qu'il y'a' dans elles-de ténébreux ôt d'im
. parfait; 6c recompenſeleur finceritéôtleur
bonne conſcience d'une recompenſe que ſa
* juſtice & ſa bonté proportionnent à leur bon—
ne diſpoſition.
Mari-w c” ~ V. C'eſt ain’ſi que j'eſtime que dans tous
r :null-Hit. les partis du Chriſtianiſme il yaeu des gens
\
Jan; l’Eglzfl- Primitive. 8 3~
particulier du Corps 'de Jeſus Chriſt 8c de 1a *FP* _11L
veritable Egliſedc Dieu. Am' L ’
Ce que pluſieur! n’azant pas‘ obſervé , il:
_ſimt , dit-il , dcvemlrfoi le: JF Ianguiſſtm”, par
chatiment ô( punition divine ?Up/aſian*: ms'
me: enflmt mor”- Voila juſtement' dans l'E
gliſe de Corintbe le ch’atiment d’Ananie 6e
de Sapphirav, eOmme-auffi leur ſaute étoit la.
méme que celle de ces deux propriétaires,
qyifùrent frapés de mort pour avoir violé
l-eflëntiel-de cette' ſainte-Communion d'a
lors. ~ .
On s’imagine'que SñJezm’a ômis dans ſon -
Evangile l’inſiitmion de la Sainte Eucari—
file: mais-cela n’eſt pas. Il en- parle beau
coup plus amplement que tous les autret
Evangelffles :ï carles-chapitres I 3-, 14, 1 53.
16 8c 17 de ſon Evangile , ſont en ſubſtance
la vraye inſtitution 6: explication dela Sainte
Communion :. Et ces paroles de ſon Epitre
teviennent‘à la-méme choſe-r: (a) A cecy a- (z) [Jas
'vom nous connu—la durite'.- C’efi qu’i‘i a mir/21 3- '- 16-
w’epour mum." nous dwmrdon‘c auffi mem-e nor 7’ l "~
vie-Spournorfic’ren— Or quiconque aura de: biens*
de ce monde JF wrTa-flmfic’re avoir nc’cejlítc’, r’ü
lily ferme ſe: ennaille: , comment demeurera la'
ela-Tite' de Dieu dam luy P Me: peti” mfm:
n’aímonr poin: de parole m' de langue ;- mai: par' , - ,
œuvrer 19* en writc’ : car c’efi a’æeqy que nous cm- . a
noitſom-que mm‘jbmmer du—party de 14 ve’rite’...,
(F ſue nous en aſſurerom n'a: cmm‘ devant lu). -
D- 6."
.84 DE L’EucAnrsTrE
Seétionlll -
Artic-2.' Il.
SEcTio--N 1V'.
C p. 1 r r QU E de Monſieur j… ſhr
les Avr s CH Muraux-ES,
' inſerée dans I’onziéme de ſes-—
Lettre: Paſtorale: ſous letit—re de:v
, ’ .-1.15 v,,
2'46 REPONSE:
seŒO-l v 1re' lirez) mais Je me ſers du mot de wav-dire',
pour ſignifier que l'ame ne'doit pas particu
.lariſer de ſoi ſon action ni ſes deſirs, (ainſi
que jeviens de dire) mais qu'elle doit s'é—
Yacuer de toute propre volonté. Ce qu’il
goûte de l’ane'amiſſemmt derfaculte’r pom-fai
re deſcendre le S. Eſprit , dz enſuite , d’aflou
Ier-fnulteî', à dejà procurer une qſpc’ce d'ex
ufe pour le méme effet, ſont toutes des fa
-dailes-de ſon invention , àquoi je n’aÿ ja—
-mais penſé.
_ M. l. Il; onttrerpcruellemem à la bouc/:e ce
m”, Silk-mt Creature”, UDominur 10 uatur:
&ſaler mîdtum Eugene; @que le eígmur
,în-le. -Si i’avois un oyaumeà perdre, je
» 'offlirois àq’uiconque peut aſſûrer avec vé—
zrité de m’avoirjamais ouï dire ce mot-là une
.ſeule fois. Je ne l’ay jamais ouï d'aucun de ~
mes amis, '6c nul d'eux nel’a jamais ouï de
;ma-bouche. Ie ne m'en défeuds pas comme
-d’une choſe_ mauvaiſe: car c'eſt uneztrés
bonne—.aſpiration de S—_Auguflin . ,de _Kem
pis, ét de pluſieurs ſaints: mais afin qu'on
.von-.comment M.). sïefl donné la _liberté
. dedire-.de nous tout ce _qui iuy vient _dans ;a
me. Chacun ,au reſte. , ,a _ſes manier—es d'a
H ſpirations ,- quelques-_uns en ont_ d’habituees,
&ri-?autres er:Moore;zquelqucscunsdeëvœ
cales, &quelques autresde _tacites ;iij’avojs
à en choiſir une habituelle , ce ſerait_ plutot,
Miſère” mn' Deurſecundummagmm miſericoï
durm num , que quelqu’autre plus pro.pre,à
un état moins bas que leſnien. .
Aprés ces beaux exploits.” .M-.J-..n’çfizil
e pas
ä la Critique de M. " 24'7_
pas plaiſant de nous attribuer ſes propres 'vi- Sect. V.
jîom, 8c dedire qu’on en 'Doit de: trait: dan: '
' route m4 lettre 5 que c'eſt ce que _ſignifient ce: bu
mrlation: , ce: aneantiſſemen: , ce: aile: interne:
d’adlaerence a' Dieu que j’exorte de faire. Je
enſe, encore' un coup, que M l. tient ſes
ccteurs pour des cruches , leur voulant fai"—
re accroire qu’ils voyent le contraire de ce
qu’ils liſenteffeclivement. Où voit-on dans
ma lettre la moindre ombre de toutes ces
folles viſions Ë Et où me ſuis-je ſervi de cet
te phraſéologie myſtérieuſe (l'humiliation: a
d’ane’antiflèmcn: , d'acte: interne: que M. j.
devoit’inventer pour avoir ſujet d'y appli
ques ſes chimères? car mes termes ſimples
à ordinaires ne luy euſſent poinrdonné de
priſe ſans cela. Enfin n’eſt cc pas à M. J. la
plus bourrue de toutes les viſions , de m'im
puter d'avoir voulu aprend'rc à ceux à qui il
_écrit ſes Paſtorale: de ſe procurer des ane’amiſſe
men: à des exflaſe: par me: Avi: eharitabler?
Voila un but , une matiere , 6c des moyens ,
admirablement bien choiſis l Au moins euſt
il ſalu que (es fables euſſent un peu plus de
vra ſemblance. ‘
XX- Je ne ſçaylfi’c’eſt par railleriequ’il
-fait mention, que Dieuparle au _e'euritnmd—
-é’iatemene @par Iujme’me. ~ -Un homme qui
prophevi ſe que ſa Sectoſera‘ retablie en trois
'ans parvoye d'inſpiration , sfôtè à luy méme
’1~e ſujet dene pas ſe moquer de laparole'im— ‘
médiate de Dieu au cœur ,- -ôt -Pon‘eſt' inca
pable d'en juger lors qu'on fait profeſſion de
ne rien comprendre dans les choſes
’ ~ ~ L4., î mym-
ques. ~
148 R’EPONSE ,,-.'_
ques. Si quelqu’un du nombre de ceux qui l
Bect. Va
ſeraient en cet état , étoit aſſez téméraire
pour prétendre—:juger à fi. moquer de ces ado
rablcs Opérations du Tréshaur dans les ames
pures ., 61 qu’il voulûrſçavoir , de quelle ce
neur Mlle. B. luy répondroitz le voici dans
l’Avertiſſ:
r1/ contre
eſt en rc’néórer , i9' les Trembleurs
n’entend rien de: ,abo/ä-
pa . f[1]' ~
rituelle: : pour ccla le: veut-i1 Izlrïmer U me’pri
ſer. C’efi commefi un aſne entrait du contoir d’rm
grandMarc/:and: ilfaulerait bientôt au: pieds'
,tour ſe: livres JF Papier: qu’il trou-Umm# par
terre encore bien que ce [croient de: oblxgationr
degraml prix—;il fflferair dufumicr, l\un-ce qu’il:
ne lu) pourroient cr'vir a' autre chofie: comme
_auſfl un Pourccau .T il ennui: dam- une boutique de
Tic/:es c’Hferi il Iesfaliroít ou de’claircroit router
fan: Penjèr mal—faire, comme fait un tel , qui
condamne toute: le: choſe: qu’il ne connait poin]
[on rju’eller ne luy Peuvent ſervir a' l'uſage d’e’
.Mbh’rſd Sefle. L’Lcriture ſe ſert de pareilles
comparaiſons pour marquer ceux qui jugent
k6( condamnent les cholcs myſtiques. Ainſi
M. J fera'bien de s’en abſtenirſ Ce ſont let*
tres cloſes pour luy. ll luy faut une Theo’l‘o
gie d’enclume à de marteau,qui faſſe bien du
v bruitavcc de bons’articles de controverſes,,
de bonnes querelles , de bons débats, de
bonnes ruadcs, de bol-mes roſſesinjures,6r
de bons grands coups à ourdir les cœurs
endurcís, quíſàns cela ſontdéia aſſez ſourds
- _à la voix dc Dieu. Pour laMyffique, ce
n'eſt pas ſon gibier. . Il S’elt voulu hazarder à
Y faire une courſe à, la fin de ſon traité de
Pro—
zi la Critique defi-I:— :-4,9
~ propheties; mais dés l'entrée ila_lpliutoiable- ScÜ-VO
mentprisFaris-pour Corbeil, la éologie
~ Symbolique pour la Myſtique, deçu parla
reſſemblance de quelques expreſſions Sym-
boliques dont laMyſtique ſeſett quelques-
fois: qui eſt, comme ſi ayant promis d'ex
pliquer la Métaphyſique , j'allois traiter de
la Grammaire , àcauſe que la Métaphyſique
ñ ſc—ſert des mots qu’enfeigne la Grammaire;
De telle: gem- il 'eſt beaucoup'
Wi prendraient Vaugirard pour-mime.
Et qui, cuquetun: auplur dm,
Parler” de tout —, U n’om rien 'mſi-\,7
Q
,252- REPONSE
.3”. v.. trapé les principes de nôtre Syſtem-e, il‘ ne
‘ propoſe que, des propres chimères de ſon
crû ,, avec quoi il-,ſe divertit en ſiile de Jode
‘ I’er. ' Toutyeſt faux. Faux,que nous croi
' yons que Dieu a-voit-crc’e’l’homme maitre de tou
,
te: choſe: au Pied dela: lettre ôt dans le ſens de
' confuſion à de deſordre qu'il l’entend.
..
' . .jf
…5'55 Faux dans les exemples qu'il en allegue d"u
‘ ' Tete'rlecour: du Soleil, que Mlle. B. n’a pas
….
' tenucourir, non plusque moy; à de faire:
‘ remuer la terre, qui—.ſelonnous, tourne au—
tour du Soleil. Faux, que l’inflrument par
lequel i1 faiflit cela ou le Pou-Doit faire c’toit a—
lors ſafe); Faux , que l'c’t’at de Perfection oû'
Jeſus Chriſlnou: appelle , ce _ſoit celuy-la: au.
' contraire , c'en ſeroit pl—ûrôr Pàbnégntionäî
ce ne ſera qu’aprés la reſurreétion qu
l’homme recevra lapu-iflance, quîl‘zavoit eüe
ï»
à ſa création. Faux . que quand'Jeſus Chriſt.
' ditdela Foy Chrétienne , tout eſt poſſible au
-‘ "croyant, nous l’entendions ſan: figure do'fan: ‘
-î exceptionaucune. Ileſtvray que nous n’y ap
f' portons-pas des gloſſes- nizdes exceptions de.
~' la nature de celles de M.J.. qui excluent'la.
îæprcſcuce réelle. C'eſt cela qui luy dépläit...
² Enfin ,il n’y a rien de plus plaiſant que de le
Îvoir ſcde’couvriren ſon ridiculean coin de ſon;
~. feu 5C fbus le manteau defa cheminee eſſayant à
Α y renverſer l'ordre du monde 81 à—tranſſi/bſtanticr
‘ ſcscbcnmôttour le: ntenſil: de ſa maiſon par
Ç l‘a ſoy chimcrique de ſes 'prétendus princi—
^ pes ,' l'aquell’e ſeroit plûtôrune fumée d’hy
~ *poconjriaq'um qu'une penſée 8c un déſir
l Lieux- ecboſesſalutaires, ſoutenû ät réglé
~ " pau
Q
I
de leurs reflexions
détendre MHRB'S Bt adoueifletttens
ſi pour
M. J. ſe ſouviendYa'-auflí,~d’&re tomäé
d’aceord dans ſon Jugement ſur lesMéth-œ . v
des de !a Providence , que ſes'ſentimen's à
ceux des autres , ſont tels. quîlelïirupufi
ble àl’eſprit humain de les accorder avec la
haine ſouveraine quetDieu a contre le p6
ehé: à jeluy prouvent pardes conſéquen
ees trés-naturelle.” qu il' fait Dieu amateur
du péché. je ſçay qu'il a - en abominatînn
cette conſéquence». à Dieu lingerie—'dela
L'. M 6 hr!
1.76' R E P o N s E
s‘ça. V; luy attribuer; mais je ſoûtiens que c’eſi une
conſéquence naturelle , néceſſaire 8c infail
lible de ſon ſyſtéme. S’il me trouve une
telle épine dans tous les ouvrages de MH*- B.
ou dansles miens, erit mibx‘magmn Apotlo.
Cependant quand il entrouveroir, ſur tout
dans des choſes problématiques , encore
devroit-il avoir l'équité de ne nous les pas
imputer, &d’attendre ou de recevoir ſur
cela nos adouciſſemens ou nos éclaircifle
mens.
l’en pourrais faire de mérncànôrre Ag
greſſcurdeLeipſic, qui ayant écrit, à ce
.qu’on dit , contre l'hiſtoire du Luthéraniſ
me duP.Maimbourg, auroit le divertiſſe
f _. - .1. - ment de ſe voir confondre par les propres
~ .e armes dont il s'eſt ſervy contre ce Pere.
Je les rappelleray à l'équité de l’Inquifi—
tion méme, qui a étably pour régle , que
quand un autheur parle obſcuréme’nt dans
un lieu à clairement dans un autre, il faut
;donner au paſſage obſcur le ſens de celuy
;qui eſt. clair. '
Je leur repréſenteray s que tous gensde
Brien à, d'eſprit tombent d'accord, qu’il
, _ --ſaut lire les ouvrages des perſonnes ſanséæ
:'tude avec beaucoup d'indulgence 6c dc to
-jéranc‘e , comme ayant à faire à des perſon
Lznes qui »ignore-nt 6E les rêglesôclestermes
-d—es ,'eſerivainls ſçavans , 6L les difficultés
…qu’ils font ſur certaines matieres _de parler,
7 qui , ,quoi que ,capables de bon ſens , ont
kznéanmoinsété condamnéesà cauſe des abus
. — des grandes erreurs que d’autresont voo
ï--í c _r lu
à la 'Critique de M —zî~77
‘ lu cacher ſous elles; ce qui étant ignoré par 5,550. v,
ceux qui n’ont pas étudié , il peut arriver,
qu’ils ſe ſervent de quelques locutions ſuſ—
pectes ou condamnées, pour exprimer les
meilleurs ſentimens du monde , à avec une
intention toute innocente &Z toute droite.
je. leur demandetay , s'ils veulent pré
tendre qu'une fille qui n’a jamais étudié,
quineſçaitrien de lame’thode ni de la pré
ciſité des termes des Ecoles, qui a écrit,
non .pour faire raiſonner ni diſcourir les z
ſçavans, mais pour faire aimer Dieu aus
perſonnes ſimplesärindoctes, ait dû écrire
d'une maniere qui ſoit hors d’atteinte aus
chicanneurs qui voudront déchirer ſes écrits
en lambeaux pour en tirer de mauvais ſens
ô: de mauvaiſes conſéquences 5 pendant
que nuls ſçavans , nuls ſaints z nul homme
vivant n’a jamais peu éviter cela, ni empe
cher qu’on ne pûſt tirer du mal de ſes écrits
les plus exactement limés ê
Je leur feray voir, que s’ilyades paſſa
ges \dans ſes écrits qui ſoient ſuſceptibles
d’un mauvais ſens , les memes paſſages ſont
auſſi ſuſceptibles d’un tres-bon ſens ; à
q‘u’il n’y a que la malignite’ qui faſte choiſir _
ouinventerle mauvais; au lieu que la cha—
rité veut qu'on choifiſſe le bon. l .
t Je leur montreray dans les memes écrits
' pourunpaſſage obſeurou ambigu, vingt, ~
trente, cent paſſages clairs à directement
op’poſiîs au mauvais ſens que la maligmté
' *eut donne” à quimarquent indiſputable
vment le. bon'. z i. . — ~ ,cf
a.) M 7 . …
/
278- R e 2 o N sE
Mt. v.~ Je leur repreſenteray, que tout ou preſqueſ
tout ce dont il s'agira-x ne ſeront que des
choſes problématiques , qu'on ne recom
mande nullement comme néceſſaires ,
qu'on peut laiſſer—là ,- &ſur quoi on peut:
avoir de bonne ſoy vint opinions diŒren
tes , ſims péril pour 1a gloire de Dieu-8c pour
le Salut de l’ame ~ '
EXE' rc XXXIX.
aſſez, jeQue ſi toutcela
feray 61 fais n'eſt
des pas enco
à’prefizm
110M cette PROTESTATION devant Dieu
l” à devant tous les hommes , affiwoir,
!mm-n .
»1 Que Madlic. 'LS ou R I G N ON , ſes amis
” moy, n'avons jamais eu, n’avons enco—
n re , & n’aur—ons deſormais , moyennamla
,ï Grace de Dieu, d'autres 1ent—imens nid’au—
,1 tres defleins que de croire ét de vivre en
,1 véritables Chrétiens, faiſant profefiion de
,a bouche ét par effetdetout ce qui-eſt fonda
,1 mental au véritable Chriſtianiſme, 6( qui
,1 eſt compris dans le Symbole des Apôtres.
,- Que nous reconnaiſſons pour divines Gt'
,Î- pour infaillibles les Stes Ecritures du Vieil?
,v à du Nouveau Teſtament , Gt rejetton'st
,1 tout ce qui teur eſt contraire.
,T Que nous croyons à adorons l’adorabh
,, à l’incomprehenflble Trinité, le Père, le:
,, Verbe on le Fils,&lcS EſPl'ÎÛDDÎflI Trin
,,. &-nnz benyvé'ternellemcnt, duquel les diſtin
,, &ions intérieures , (de quelques~ noms
,,- qu’on les appe—Ife, réelles, relatives, la”.
,,. poſtatiqucs , perſonnelles , ſubſſtentiredv'
,, ies,&e.)l ſont auffi véritables, que vérin-
,,v blement incompréhenſibles. ñ» Reſprit. bm.
. Que
à la Crie-'Fe de! Mr; :79
Que' nous tenons~ jeſus Chriſt pour vray
Dieu éternel à pour vray Homme pour
Sauveur &E Redempteur du Monde , pour
Mediaxeur entre Dieu de les hommes., le
quel par ſes Mérites . par ſa Satisfaction , par
&Juſtice , par ſavie à par ſa mort , eſt-Au
theur du ſalut à'tousceuxqui l’imitent ,. ou,
pour parlerai/ec l’ApÔtre a à tous. ceux qui
luy obeïſſent. .RÈgo—.nàn n no-.o—o—Q
Que nous attribuant; la. gloire de toutle "n4—ñIï.. ñAfi.R—nfiñfl
bien à la pure grace de Dieu, de tout le mal
à la pure faute de l'homme äz du Diable.
Que nous failons conſiſter l’eflentielà 1a
perfection du vray Chriſtianiſme dans le re
noncementàſoy. dans la priére continuel
1e , dansl’Amour de Dieu 6c du prochain,
&dans l’lmitation du Sauveur.
Que toutes les» autres ſpéculations nous
les conſidérons comme acceſſoires : ſur
quoiil eſt bon , de ne condamner perſonne ;
mais de laiſſer à chacun la liberté de les
prendre ou d‘e les laiſſer', ſelon qu’elleslcur
peuvent-ſervir pour ?avancement de lïcſſen
fie]
Que lavéritabl'e cloſ- pout-paevenir à la
eonnoiſl'ance des choſes divines, eſt l'hu—
milité'ôr la prière , RJ non pas lesſpócula»
!ions forcées dela Raiſon humaine.
Que tous les Etats, l’Eccleſlaſtique, le
Politique, l’Oe-eonomique , ſont-établisde
Dieu; 8E qu'on leur doit à—-chacun reſpecti—
vement l'honneur &~ la ſoumiſſion qui leur
ſont proportiennésà réglés parlbparole de
Dieu. Que
2.30' REPONSE
3,3, v, Que quand on réprend le mal, cela ne
' ” touche ni les états directement , ni les gens
P’ de bien qui s'en trouvent exempts ; mais
':- les ſeuls abus &t la mauvaiſe conduite des
,s méchans.
,, Que ſi dansles écrits deM‘1°.B- ou de ſes
, amis il y a quelque choſe d’obſcur , ou qui
paroiſle contraire à ce _qu'on vientde dire,
” on s'offre à l’éclaircir ôt àl'y faire revenir,
7’ ou à le déteſter en cas qu'on puiſſe montrer
” que cela ne ſe puiſſe expliquer ,en bien, dt
',, que ce ne ſoit pas une mépriſe de mots.
L'on proteſte contre tout ce qu'on pour
’ roit nous citer de ſes écrits , ou objecter par
maniére de conſéquence contre ce que je
” ,viens de dire , comme contre autant de dé
” troncations
îazmali nes, dehonteuſès , d'interprétations
frauduleuſes ealomnies .- de
~,‘, con équences injurieuſes,‘ dont Dieu nous
ñ,, fera juſtice fi les hommes ne nous ſont pas
équitables.
Je proteſte encore contre tous ceux qui
j' veulent ſe méler de juger en mal de ce qui
v concerne Madllc. Bourignon‘ , ſes amis , ou
” moy, ſans que néanmoins ilsayentleu les
-,, principaux de ſes écrits ou mon Syſteme,
” comme contre des juges imques _dt des in
. ſenſés, a tout .le moins comme contre des
,” perſonnes trés-mconſidérées 6c trés indignes
2 ” de foy’. Enfin je crois, que j'ay droit d'exi
ïï ger du public , que des perſonnes qu’on au—
' »ra convaincu de nous imputer centfaufle
1 ,, _tés ,v &d'autres qui les auront crû ſans façon,
n ne ſoient plus admis' les uns à la qualité-d'ac
'.- cuſaó
l
A 14 Critique de M 281
cuſateurs, à les autres à celle de juges: Sea. v.
mais reculés les uns comme des Impofleurs
notoires , 6c les autres comme de francs
étourdis. ~.
XL. Peut-on ſhuhaitter quelque choſe de
plus P. Si Dieu donne le temps àquelques
uns , l’on fera une Table ou un Indice gene
ral ſur tous les ouvrages de M”°.Bourignon,
d'où il paroitra en un clin d'œil, 1. quels
ſont ſes vérirablesſentimens ſur toutes ſor—
- tes de matieres: 2.. quels ſont les lieux ob
ſcurs là deſſus: 3. quelles ſont les objections
qu’on luy afaites; 4. &t comment elle s’en
eſt juſtifiée de ſon vivant dans ſes écrits.
Aprés cela , faſſe tempétet le Diable qui i1
luy plaira: je n’y ſache plus de reméde que
de le laiſier faire en ſouffrant à en ſe taiſant;
auſſi bien faut-il que le FilsdeDieu ſoit en
core une foisaccuſe, ca-lomnié, condam
né, moque , à crucifié ſpirituellement en
ſa vérité Gr en ſes membres par les Phariſiens
6c par les Docteurs dans la Sodome 8c l'E
gypte de ce Monde méchant.
~ N’eſi-ce pas ( pour— m’addreſſer non à
M. ]. mais à nos perſecuteurs 6e à’nosca
lomniateurs habituels ôtendurcis, quinou
obſtant toutes lortes de remonſtrances, con—
'tinuent toujours leur vieu train; )'n’eſt ce
'pas diſ-je une choſe cruelle 6c à faire fré
mir , qu'une poignée de gens de bien ne
puiſſent vivre en repos ſur laterre ſans
étre perſécurés à calomniés par ceux-lg
mémes qui devroient les protéger , par des
*Paſteurs à des gens qui fontprofefiion de »
ſpi—
ï
28,2 »REPONSE
Section v. ſpiritualité à de pieté , qui nous perſécut—ent
depuis dix à quinze ans d'une mani ere qui
ſeroit mourir de honte les gens du monde
~ s'ils en faiſoient autant entr’euxê En effet,
dans le monde , des-hommes de cœur cre
veroient de confuſion de s’atta quer à une
femme , ô: encore plus de la vouloir battre
en traitres, par ſupercheries &t ſans ſujet:
Et nos gens de lettres , d'Egliſe, à d'appa
rence , non ſeulement ſont aflezlâches pour
attaquer une fille , méme. apre’s la. mort.;
mais n’oſant enviſager \bn idée ni ſes ar—
mes, ils ſe mettentàlesfalſifier, à en ſube
ſtituer de fauſſes, à, luy' attribuer des—ſenti
mens cliaboliques , qui ne ſont pas les ſiens;
ô: puis , vous vont combattre cette Chimère
ſous le nom de cette fille , & vont publier
par tout qu'elle eſt vaincue .1 \à qu'ils ont
gai né la victoire. Hommes ſans cœurs..
lâc — es perſe’cuteursdesvivans dt des morts,
-impoſteurs ignorans à malins! allez, ca
chez vous ,_ 6c montez de honte de vos in
fames pagnoteries à lâehetez ; &t que ja
mais n'aviez vous la hardieſſe d'ouvrir la
bouche aprés des baffeſſes de cette nature.
(ï) rf.” (a) Et T0), Seigneur, delà-re nour; car—
lerflrints (melti-ir fin, &a le; 'véritables ont ceſſe'
de 'vit-re entre le: fl: des homme!! L'un dit
des menfmgerä Palm” : Leur: cam-.c fantfaux
da* leurs langue: tromfeufir. Le Seigneur u
Terrano/:er le: langues rrompeufes à taufles,
[er ler-rer gm' fwigrmd bruit -' Qgi daft-nt,
Nour amon: le deſſurpcr nor langue: : qui l'em
10mm par deſſu na” ? .Le Seigneur dit, A
eau
Ir la Critique de M 283
cauſe qu’an defi/e le: afflíge’r , Ûqu’on faitgemir Sect- Y*
lc: appt-eſſe? , je Ta) me lever , JF je'vay mettre
en/ieud’aſſumnce U He ſalut celuy a' qui I’on
tend de: pieſger. Lei~ parole: JF' Promeſſe—r du
Seigneur ſont de: parole: Pure: ôt vcritables.
C’eſt un argent purifie’ feptfoir dau: le creuſet.
Ou), Seigneur, tu délivrer-d; le: tient, Un;
lergurderar pour jamais de cette race perverſe.
Le: me’cban: trottertmz‘ça' JF 14'; eL'T‘ cependuu)
ceux qui e’taiem [erp/ur 'vilr dt les. plus mépri—
ſés devant le: homme” feront exacte? du S-ei
gncur.
SECTION v1.
Juſtification des véritables ſentimens 6C
Pratiques de: Mad#- Bounignon, pau
quelques-unes de ſes propres .lettres,
~ ~ contre les principales accuſations de'
Mt.), ſur la tole-'mute qu’íl‘ luy attrlbucî
detouterſhnude ſentiment 8C de pra
tique: , méme
ſ i pdrftéh'au'du des Sac-'m'enfirrle
Chriſtianiſme', ;t ſur la.
culte
exterieurôtl’es tdm-cim* de pie’te’; ſur
l’apriæ're , &t I'es'e'le'vatiom de cœur, 8C1
I ſur ce.
un»qu’ilî.
Sethluyimpute
viſit-ruſſiedekim—uma;
vouloir éta
i L ET-Ë
,O
VÊtt’eæozcte mme”. -‘
d’Amſt. 3.May, !670. . A.. B. ~ -
N 4_ LET
'29’5 ?Juſtification dell-fl". B.
VI.
Lcmez, L E T R E II'.
00mn' de zo r'
de nouvellesforces ,. 6: neſe laſſe jamais de Sect— vn»
nous tenter. ôt ſurprendre', v‘û que 'cet enne— Lmm’ñ
my ne repoſe jamais-à ne ceſſede mal faire..
Il nous—laiſſera bien en repos quelquesfois/
le temps de nôtre Oraiſon : . mais ſitôt qu’cle
. le eſtachevée, ilretoume, (Scſouventaveçv
plus de forces quedevant ,- à par ainſi, re.
gaigne ce. qu’il. avoit perdu. durant, la,
priere. . . ,
C’eſtpourquoi il ne s’ëpouvantepoint.des-
priereszque nous faiſons lc matin , le fait,,
4mm ou apre’: le repair, ouen autre temps..
précis que nousferoient
ces priéresxſe prenonsavecattention.
pour.prier,quoi qLe
ue ~~
Diableſe retirebien pource pen de temps:
mais , comme lors qu'un amy s’abſcnte.
pouruntempsde ſon amy., il retourne de
ſon voyageavec une plus grande amitié au*
prés-deluy. que celle. qu’il avoit eüe. avant:
ſon départ., ô: fait ſouvent quelque. nouvel*
le alliance ,- le méme- en fait ſouvent. le:
Diable avec l'homme qui par routine.s’a‘~.
donne—.àla priere.: car il croit d.’.avoir ſatis
faitàDieu aprés avoir dit les priere: ordinai.- -
m, à. laiſſe hors* dÎelles-agir. ſon eſprit ésë
ſolicitudes des biensvde la terre, ou.rà pren
dre ſes plaiſirs &recréations , finsſe reſſort,
venir de Dien.. ,
I 1 . Ce n'eſt ppintqueje .veiiille .blame-,r—
les priéres du ſoirôt dumatin, celles de la.
table , ou d’autretemps précis qu’on ;prend
.pour faire ſes—priéres : parce. que cela eſt.
loüable pour les perſonnes du monde ; 1eſ~.
quelles étant ſi. diſtraitcs~ dr l diyerties dans,
_ _z N. 7~ ‘ leurs—z ‘
302 ;Wife-nic” Je M”. B.
Sedínnvlÿieurs affaires 8c negoces, ſi elles ne pré# 4i
“me ²' noient pas certain temps pour faire leurs
'prières , il eſt à craindre qu’elles ne trouve
roient jamais le temps pour penſer à Dieu:
c'eſt pourquoi elles font trés-bien de mer
tre une régle 6l d'ordonner-\un temps pré
cis pour faire leurs prières, afin de penſer
quelques-fois à Dieu , ‘R ne ſe point oublier
dans les affaires du- monde.
r z. Mais pour les enfans d'c'Dieu 6E ceux
qui tendent à la perfection Chrétienne , ils
doivent continuellement prier JF ne jamai: ceſ
fer; parce:qEr
les tenter uele
plusDiable
ils ont ne ceſſejamais
deſir de
de la perſe
~r‘ſtion , tant plus ils ſont véxés de tentations ,
6c plus auſſi ont-ils ſujet de la pric’re canti
Îmelle , tantôt pour demander ſecours du
'Ciel , tantôt pour remercier Dieu de ſes
‘ grace” autresfois pour le benir 6c honorer:
’ ibien que jamais ne paſſe un moment du
jourſans avoir quelque ſujet de prier Dieu
p pour celuy qui prend garde de bien-prés aus
,_ diſpoſitions de ſon ame: il trouvera Tou
"joutes NECESSAÎR‘E DE FAIRE SA PRIE
KE CONT] NUELLÊ , pour en avoir matiere
continuelle par les occaſions qui nous arri
'vent , tant intérieures , qu’extérieures.
13. Car ſi nous converſons avec les hom~
mes, quelquesfois ils nous loiierontpout'
'nous donner ſujet de vaine gloire; autres
fois ils nous mépriſeront pour nous faire:
‘tomber en colére, on chagrin, les mepri
ſer ou les haïr'. Et lors qu’on a quelque cho
~ ;ſe à deméler avec eux, l’avarice s’y fourre,
~ ~ ou
contre M'. 30j
oula recherche de ſoy—méme. Une proſpe‘- Seé‘c. Vi.
Lettre z.
rité nous ſera rejouïr ou élever; Une adver
ſité nous fera triſtes à affligés; dt ainſi mille
autres accidens qui nous arrivent à l’exte—
rieur donnent continuellement ſuiet de
recourir à Dieu par oraiſon pour luy deman
der ſa grace , 6c la force de nous bien main
tenir ſans tomber en pechez parmi tant de
rencontres diverſes, qui arrivent à l'exte
tieur, 6: encore davantage à l'interieur;
Car ſi on confideroit bien les agitations à di
~vers mouvemens des paſſions de nos ames',
l’on y trouverort des'maux mfinis , auxquels
il faut reſilier. C'eſt un métier tout-fait que…
de refréner nos inclinations vicieuſes, pour
celuy qui s'applique à la perfection de ſon.
ame; 6c il trouvera TOUJOURS MATIERE
-HE'PRIER Dr FU 61 requerir ſon ſecours
;Bt-aſſiſtance , ſans laquelle on vne peut com
battre tant d'ennemis viſibles à inviſibles.
Il faut s’addonner àla príerecominuelle, ou
vivre ä mourir leu—:eſclave , dr efire à tous
jours mil-etudie. l
r4. jenedefire pas que vous aviez con*
tinuellernent mûre-Eſprit bande àla priere
à voſire Ordinaire; car cela von-s 'bleflèroit
1a teſte , 8l forgeroit mille imaginations peu
neceſſaires, &encoremoins utiles. Mais
je voudrois bien que vous reclamaffiez Dieu
toutes les foisqu’en avez beſoin; &que vous
le benifliez toutes les fois que vous recevez
de luy quelques graces ét afliflances ; puis
quec’eſt une ingratitude de ne le pas remer
Jí AeierdeehaquedOn-eu particulier qu'il fl j
'gl—04' faſt-:fication de' Mm… B;
- SER”. VI. fait ,- veu que la. reconnoifl‘ance d’un bien;
'9" Battez. fait obtient toûjours de Dieu nouvelles fac
v~eurs,&qu’i~l delire que nous l’invoquions-ert
nos beſoins, enpromettant de nous ſecourir;
6c ayder. vSi‘Dieu-veut biemſire prié , pour—
quoyne le voudrions-nous point faire? Il:-v
dit , Cherche ,., a* 'vous trouverez; demandez-,z
(F 'voui- obt ~ - rez 5 heurte? :importe demiſerx’r
corde , JF elle pouſſer-Mauve. 1 .
r‘lf… A quDyñtient-il donc, mon-..Enfant ,
que vous: ne ſçachiezz ſurmOncctñ—v—os—ïenne- -
miss. puisqneDieu de ſapaet vous- fait tant;
de promeſſe” leſquollesſeront toûjours in+~
faillibles de ſon. collé? Il' faut-dc neo'eflitóî
dire , ,qu’il y~. a. du manquement de voſtro?
part ;.&jene ſçay voir quel il pourkoi: elite,,
finon celuyz-de la priere; eminem/lq: que ne'
connoiſſezpoint a ez; & penſez de ſurmon
ter vosennemis avec vos propres-forces: ce:
.quevous ne ferez jamais.— Vous» leur- aver'.
bien donné puiſſance de vous nuire par vo
flrepropre volonté :i mais elle n'eſt point?
aſſez forte pour dechaſſer vos ennemis. IH
fautmaintenant UNE GRACE TOUTE PAR-
TIcULIERE DE DIEU ,. LAQUELLE NB—
vOUS SERA~~~ Pom-r DONNE’É WE- PAR-“1
L4 PRIERE, &icell'e- eom'mUELLE.
16. Ievous veux-apprendre ce que Cefil
dela P_-R LE R 1: , afinquevon-s la connait?—
ſicz , craignant quielle ne vous ſemblait trop -
difficile pour-l'embraſſer ,…quoy quñ’il'n’y ait:
rien deplus dons 6: agréable. Mais dles ima-~
gzinations des hommes la -tont 'ſembler Sdiffiæ
cde, .voijejmpoffibleà quelques-_uns .5 peer
. œ*:
contre M". '310;
ce qu’ils n’ont jamais biendécouvert ce que Sea.”
c'eſt de la priere. Les uns l’ont attribuée à \NW-*î*
beaucoup de drole; vocale: ; les autres à des
ſpéculations fou meditations] de l’Eſprit ,.
leſquelles ils ont appellées omifm: ments/er.
Mais croyez moy , que ce ne font ny les
paroles, ny la ſpéculation , qui fait l’Oraiſon;
Ains la VRAYE ORA xsoN confiile en
PEntretieu d’elprit que l’hommeaavec
ſon Dieu , lors. que (bn cœur lu parle..
8C demande les choſes qu’il a de Zeſhin 5.
ou le benir 8C remercie de ſes ?ira-:es ; ou
louë ſa grandeur, bonté, c arité , 8C
autres qzualitez , que l'homme rem arque
en ſon Dien. Cette Elevation d’eſprír,
ou entretien qu’il a avec Dieu, compoſe l;
vraye Priere, hors de laquelle il n’y peut at'
voir de vrayeOrai-ſon, quoy qu’on appelle
de ce nom beaucoup de choſes diverſes,
leſquellesil ſeroit impoſſible que l'homme
peuſt faire continuellement, comme _le
ſusChriſia dit, qu’z’l faut taurjourr prier_ df
m' jamai: ceſſer.
r 7. Il. ne pouvoitjamaisordonner à l’hom.
me des choſes impoffibles r; comme ſeroik
ſa priere continuelle en la façon qu'on ll:-~
veut entendre. Car s'il falloiteſtre toujours— , .
és Egliſes pour prier , toutes les autres cho—
íès neceſſaires-.à l'entretien de la vie peri- _
roient, & l'homme mourroit faute d'elles.
"Et s’il faloir- eſlre toûjours à_genous pour
prier, le corps ne pourroit ſouffrir cette l'a-
figue continuelle. Et s’il faloit çousjourst
L, . ’ ‘ media.
306 Juſtification de Mü‘aB.
Sea. vx. medr‘ter en ſon eſprit de Lellerfpe’eulatiom, ’o‘n
Len. z. l’on ſe romproit la teſte : ou parler conti
nucllement de prieresz on ne 'pourroit dor
mir, nibuire ou manger. ‘ Si bien qu'il ne
faut point croire que Dieu demande de
.l'homme autre prière continuelle que celle
de l'entretien defm eſprit avec Dieu; ce qui ſe
peut faire continuellement , en travaillant,
en beuvant, mangeant, écrivant ,' voire meſ
me en dormant ,- puis que 'celuY/qui‘a entre
tenu le long du jour ſon eſprit avec Dieu , il
repoſe aſſeurémemt avec luy en dormant.; '
parce que l'eſprit s’eflant ptomenéentveil
lane avec ſon Dieu îSi] ſe repoſe auſſi avec.
luy en dormant. t pour l'ordinaire les
eſprits vitaux ſont remplis de ce qu'on aime;
à ce u’o‘n 'aveu &entendu en lajournée , ſe
repre‘ cute à ?eſprit en dormant. S-iïbien que
celuy qui s'entretient avec J’efpvi: eleve' en
Dieu dejour, pert ſorltpeu du meme entre
t‘ien durant la nuict ; meſrine-quelquefois
Dieu ſe communique à luy 'par ſonges.
1 8. “Par oû fi-:voit .,_ qu’il eſt bien poſſible
dePrjeN'ominue-'lemem , comme jeſus Chri-ſt
_nous l'a enſeigne: voire i‘ln’y a rien de plus
faeileô’r agréable. Pour rnoy , je ne ſ u
_a'ois vivre ſans cette ,prière continue lez,
MSC la-mortme ſeroít plusdouceque d'en
cfl‘ne uneheuredehm', parce que toutes
:forte de plaiſirs hors de cet entretien me ſont
des ennuis Gt demortelles afflictions. C'eſt
vËmrqtmy je m’y tiens toûjours, 8c ne pen—
‘ point. 'que vous \n'ayez v-û ſortir de
' -ñ cet
y l contre ~ Mr. 307
cet entretien pour me delecter en autre Sea-mv
Choſe- Par oùvous pouvez—voir , qu’il eſt -'
bien poſſible de Maj-MMM" 13' jamai: m- ceſl
fer, & qu'il _eſt même bon ôt plaiſant; veu
que celuy qui eſt en cette continuelle priere»
n eſt Jamais melancolique ;ce que vous pou—
vez aufii avoir remarqué en‘moy, parmy tant
d événemens divers .- à de ſujets d'affil—
cctions .
I9- Pat'tant adonnez vous à cette priere
p continuelle .s à vous vaincrez par elle vos
l ennemisintérieur—sôt exterieurs. Vous au
l rez de la‘joye ôt du repos en vous méme , :St
vous apprendrez tout ce que vous avez be
ſoin de faire &de laiſſer. Ne vous appliquez
Hin” ſpeculer les grandes merveilles de
'eu , oules conduites qu'il a ſur les hom
mes , 'ny autres myſtères Divins ou de Relia
‘ ion ; ains pratiquez cette Prie’re continuelle
elon voſh-e beſoin , parlant à Die” rom‘ímlel'*
lement. Si vous eſies en tentation , deman
dez ſon affiſtance. Si vous elles dans l'igno
rance , demandez luy la ſageſſe pour accom
plir ſavolonté. Sivouseltes faible , la for
ce 5 6c fi vous recevez ſes‘graces , benilſſez—le
l \6c remerciez-lede cette faveur faite à' vous
ëpécbeurx Et par ainſi, vous aurez matiél‘e
’ ,continuelle d'avoirvollre efpriee'kae’à Dieu .
~ en quoy confi’ſte ila V‘RAYE 0M tsoNcAvec
' cela , vous vous habituer” peu à peu à par
'ler à Dieu , ô’t àvo'us entretenir d'eſprit avec
”luy 5 8c àla fin_ il vousparleraÆt ſerez icy uîii
;‘à luy, en attendant l'unité Lparfiritmiausl'é*
,
f “‘ ë tet'
)
\
fùflificativn Je Mlle. B.
*3 ~l 0
ternitê. Ce que vous_ſouhaite celle quíde—
meure "
Voflre bien aflèfliannc'em Ïefur Chri/À T
LETTRE III.
Comment loin de 'vouloir attirer Ie Monde 5 ou de
dire d tous les bien-venus , me’me aus Soci
niens , ſanslesobliger àchanger de ſenti—
mens ni de >pratiques,(c0mme le dit M1?)
M1le . B. ne deſire que de -viw‘e enſolitude pour
la ſeule recherche de l’Ererníre’, en Tençmçgnt
ia der-*lavant la. guerre aux ahoflzr z aux affi
&ionr , aux jèntimenr , aurpratiquer , au:
—. complaiſance: humaines-U_ temporelles, d pa
_ Ïç’nrx, ù* à; ami: mairies-,Hamann
tqûjqumſèyledffperſe’cgnb, mieux
quſſedÎc’tre (m
dec-oni
pa ne'e_ debpérflrnm-;ct Æaumr dijÿofi'tiônr que
hv
ce c: qui mem-;i lafeule'Eternite'.; ;Vam'ce'
de: choferduMende-
Cette Lettre eſt ſſécriteau meine ~ '
que"
la premiére ,. &z c’eſt la 12.. de la.
,Lam nc’eſien Imeb. La”. 1V. :az—xdmaA .-ñ—A—-A-u
Morr- cruz-Étienne? ., î
t x ~ \Eſky _bleu quedire
à ment-andre vous'que
avez d_~e~~ la' peîñer
ſijqfuir-ſitauſtê
- feuie'dAm-lèmmde;puisquevousdeifl—
…rez .de m’accompagner à nie ſuivre..
Votre deſir eſt bon cu' cela,- maisma pro
poſition eſt veritable , _que je _Kris toute ſeule
«dans le-,chcmin 051 Dieu me; condùir- 1L
'15. ' c
rant” M. 3'09
rie-vous faut point troubler d'entendre la ve- Sectî. vt. '
rité , mais plût—ôt découvrir ce qu’il faudroit Lu" 3'
faire pour m’accomp ner. ’
JE VOYAGE VERS L’ETERNITE’;
&voy tout le monde voyager vers la terre de
banniſſement, quieſt ce miſerable monde n
apres lequel chacun aſpire. Car je n’ay
point encore trouvé une ſeuleperſonne qui
ne cherche que les biens éternels ſeule
ment. _ .
2.. Tous les hommes de bon jugement di
ſent , qu'il: aſpirent aux bien: Eremelr; pen
dant qu’ils penſent, travaillent à eſtudient,
pour cequiregarde-laterredtletemps. Eſt
il- bien poffible d'avoir un ſemblable aveugle
ment d'eſprit .1 quede eroiredefirer lesbiens
éternels lors qu on les mépriſe? Car celuy
qui cherche lesbiens de ce monde, donne
un témoignage aſſeuré , qu’il mépriſe vl'E
ternité : puis qu'elle donne une pleine ſa
tiété àl’homme qui la deſire, 6c il ne ſçauroit
plus defirer autre choſe. Parce que toutcc
qui eſt temporel dc tranſitoire , luy ſemble
fumier à ordure: dequoyil ſe ſert lemot'm'
quîilpeut', à voudroit voler en l’air vers l’E
tcrnité , ſans aucunement toucher àla terre, '
ſi-\on corps n’étoitde matière ſi péfitnte ,. 6:
obligé à prendre de ſi groffiers aliments pour
ſa' ſubfiſiance.- Mais les perſonnes qui che
minent vers le monde defirent encore'de
lîor-&del’argent ,- afin que-par leur moyen-
ilsſefaſlènt ſervir à honorer ;- prénent leurs
delices en boire , ïmanger, ſe promener, ſc
v'étir commodément , à orner leurs malſoâis
.,
*A*
_ ~ l c
zm fnflifîmflm ù‘Mue. B.
Sccti. V! de beaux meubles i ,Gt-'de riches ornements ,
Lett. 3. pour contenter leurs cinq ſens naturels a de
voir , ouïr, fia’irer, goûter, ôt toucher.
3. En ſorte que ce n'eſt point de merveil—
le qu'une perſonne qui voyage vers l'Etern—i—
té , ſe trouve ſeule au chemin ,~ puis que tous
les hommes qu'on voit maintenant , pre
tendent &t defirenttoutescns choſes; eſtu
diant &travaillant pour lesobtenit‘ à 1eur
pofiîble, ſans les vouloirmép'riſer ou quit—
ter pour toutes les raiſons qu'on leur ſçau—
roit dire. Ils veulent bien avoir l’Etemitë
ſans vouloir abandonnerletemus; encore
bien que Jeſus Chriſt die s qu'mncpeueſewr'v
à deux Mmflrerfmeflre ínfidcfla Al'un ou à
L'autre., Ils tordenree paſſage (ſelon la ſert—
ſualité àeleursinelínations, de veulent les
ſuivre, 6c avoir auſſy la vieEternelle : ce
qui eſt impoſſible; ;C'Lefl Pourquny ,je
n'entends point les hommes de 'mainte—
nant , 8c eux ne m’entcndent point auffi
pour cela nous'nc pouvons demeurer par,
enſemble- '
;~4~ I-_l mefaut. bien-pallier parmi les. home.
mes-parneeeſſué: mais 1e les quittcrayauffiñ
tôt qu'il ;ne—fina. poffible pourſuivre-levure_
que Dieu-me montre , ÔE les lai-(ſer ſuivre
celleszqu’ilsveulem—aimer àleur damuatiottd
Jeneveux point dire .1 moncher Frère , que
vous chemjniez çnzeecte voye-de elamnation,
puts _que vous avez un defirefficacq de vou;
ſauver , voire de .me ſuivre-z Mais vous ches….
encore, cheminant vers le monde s, lequel
n'eſt
eamre Mr. 7. 31 l
n'eſt point encore cruciſié en vous: vous ne Sect vl.
Lctt. J
ſçavez méme encore coment on doit mourir
à luy en toute'choſe. C'eſt pourquoy je vous
fais de la peine à vouLora MARCHER sEu.
LE; ô: vous m'en faites encore davantage à
m’obliger à vous ſuivre en cheminant vers
la terre à le temps , où jc nevous ſçaurois
accompagner ſans combats & conteſtes
continuelles. Car il n’y auroit point une pa
role. ou une action temporelle qui ne ſoit
reprehenſible dans ce chemin ou cette voye
eternelle : parce que ſitôt que je vous enten—
drois parler des choſes qui ne regardent que
la terre , -je vous re—prendrois comme de pa
roles oiſeuſes à inutiles pour l’Eternité- Et
ſi par, actions vous* travailliez pour les cho
ſes de la terre s je plaindrois vôtre employ ,
à eſtimekojs vôtre labeur vain.
. ſ. Voilà comment je vous ſcrois à charge
6e vous me ſeriez inſupportable. Et partant
nôtre chemin ſeroit triſte 6c facheux, auſii
bien pour vous que pour moy , à pire que
celuy de deux perſonnes qui ne s'entendent
l’une l’autre ni par ſignes ni par paroles.. Ce
n'eſt pas pourtant que vôtre compagnie me
déplaiſe : \carje l'aime , à cauſe des bons de*
ſirs que vous avez. _le ne vous reprendray
auſſi par maniere de correction ou de re ri-q
mende; mais parbonne inclination àv tre
perfection , laquelle j’aime comme la mien
ne. Mais vôtre nature en reflèntirades pei—
nes, leſquelles vous ſeroient peut-eſtre in
ſizpportables , ou blefleroienr vôtre ſanté.
.6, Ça; JE NI- CEDE MEN A 'LA NATUÏRB
Ça‘
3'12. ?ii/#fication Je Ml'. B.
Sea. V1. ſçachant bien qu’elle eſt corrompue , 'à eu
Len. 3. g-end-re toutes ſortes de pe—chez , qui don
nenrlamor-tà l'ame, à font perdre I’Etcr
nité bien-heureuſe. Il faut de neceflité la
contredire &r luy d-eni'e'r toutes ſes volon
tez; ou autrement, elle nous menera a tou
tes ſortes de malheurs éternels. Ce que peu
de perſonnes compre’nent. Car-on voir cha
cun ſuivre !a pro-pre volonté ſans penſer
mal faire , ne voyant aſſez que nôtre PROPRE
VOLONTL’ ENGENDRE LA MORT ETER—
NELLE : comme elle fait vrayementzce que
je vois par les yeux de la foy. Er Jeſus Chriſt
nous l’a auſſi enſeigné lorsqu’ildit: que ce—
lu] qui ne renonce âjbj-me’me , nepeut eſz‘re ſm
Diſcíyle. Je ne \Ëaurois trouver des termes
plus precis pour faire entendre à l'homme
qu'il ne doit point ‘ſuivre ſa propre volonté;
ains luy denier tout ce qu'elle demande ab
ſolumenr. Cependant, l’on voir que les
míeux-intentionnez d’aujourd’huy s’eſii
ment-heureux de pouvoir ſuivre leur propre
volonté, qui s’incline toûjours à la terre 85
au temps, & jamaisàl’Etemité ,— qui luy eſt
inviſible 6c incompreherrſible. ‘ .
6- C’eſt pourquoy', je ne .peux-*nulle
ment accompagner' une perſonne qui
chemine'vers le monde , &c ſuit \à pro re
volonté. Il me Faudra toûjours marc :r
_ſèule‘fi long temps que je n’en trouveray
point d’autres , eſtant comme :me Veuve de'
fi‘le’e , qui n’a ny compagnie , ny conſolation
etr-ce monde : cequi‘eſt bien triſte à la naru
. \ \c
ram” M. '1 ;r3~
Sect. vl.,
Te même: à cauſe qu’elle eſt toûjours ſocia Lqttnz. '
ble , 6c ſe plait en la compagnie de ſon ſem
blable, lequel je n’ay encore rencontréen
»ce monde a ayant toûjours .eſté obligée de
cheminer ſeule, pour n’avoit trouvé per
Ibnne à quije me pourrois unir, bien queje
:les aye toûjours cherché , ~& me ſois infor
-mée où elles pourroient eſtre s ces AMF—s
W1 VOYAGEN'T VERS L'ETERNITE’ , ſans
Îles avoit découvertes juſqu’àpreſent. .
’_ 7.v j'aÿ converſe -les Religieux ôt perſon
-nes devotes-de nôtre quartier; Gt les ay tous
-trouvé 'cherchant les choſes dela terre: car'
.s’ils étud’ientôz préchent , c'eſt pourſe ren-i
dre recommandables aux hommes, , ,ou pour
avoit à manger. Et les perſonnes' &culiéres;
qui
cineſont entremiſes
ou âîla à la pratique’de
marchandiſe , tout cela la
nemedez
ſe fait
que' pour gaigner de l'argent, ou pour ac,
querir honneur &plaiſir en ce monde: De
ſorte que nuls de ceux-là ne me peuvent
accompagner au chemin de l’Eternité;
6C partant, 11 me. faut marcher ſeule 5
ou retourner en arriere vers la voye' dece
monde :ce que je ne veux point ſhit-&aimant
mi euxmourir ſeul-e au chemin de Salut, que
de ſuivre à grande compagnie le cheminde
perdition ; puis que le grand nombre des
damnés ne ſoulageroit point ma peinemiais
?augmenter-oit davantage par l'augmenta
tion du nombre-des ames damnée’s
- J-C’eflpourquoy,je veux demeurerau che—
min de l’Etemité, quoy Cq)ue je devroilîy
. c (a
r
314_ ;zz/;Mariah de Mk. '3;
Seaionvœ èheminër'ÏËULE juſqu’i la. mon; aimant
1 :me 3,
r'nieux eſtrç Ièule avec Jeſus Chriſt ', 'que
d’cſtre à v grande compagnie. avec lç m'on:
de 8c l’Enfcr. Je ſçaÿ' bi_cn, \mon clzç; fi‘çÿrek,
ue vous-n'avez pas le deſir de ſuivre lc
onde ou l’Enfer ; .mais ,par eflet Yqu's
le'S ſuivez' tçûjonls rfi long—temps que vóus
çherche'z en‘córç‘àu’trc choſe que l’Eternité,
Il n’e irons-ſemble' point 'que vousyóuliez
chercher autre' choſe depuis' que V'Oqs’àv'ei.
reſólu de quicterle’mon‘dezMaî’s croyez moy,
qu’aufil long-temps que vous cherchez en:
core 'de plaire dmc-'hommes- , à qù‘ef vous av—ez
[crainte de leur. dc’pñ’aire, .vous nſtcs’encoœ
au chemin du Monde :~ Etſi longétemp‘szquc
l(7,011$ prenez v icy .df Plaiſir' en [Vianney]r oſi
;mma e_ du monde 1-, 'vous ne‘ "o’urx'ez’ goû
ter les elices Oule‘ repos de; 1' te'mite’ i. Et
fi vous cſtimez'cncore les 'rick-eme!, c’e‘ſi afl’c‘uſi
rément uc “vous n’cſtes point pa’rÿèmſí à
,.
-la connoxſſance des biens Eternels :îparcc
que ce'üX-läfdflfitdûjours m'épriſe‘rles biens
çerieſt’res, en lesvoyant vains &indignes de
dcnôtrqaffcctiom 2".’ ~:‘, "132.1 ' p; .
9. Par Düvouspouvez aſſncémcnt diſcer
ner fi ygous… efics au 'chemin de .l’Ecemité ou
bienzen* celuy'de vlat-terre. 8c du temps; lors
que vosviſécs à prétenfion’s tendent àl’un
ou àzl’autre. Cela. eſt une régle generale pour
!nous le? hommesdn monde ,- îavcc laquelle
ils peuvém mefilrcr s’ils :ſo'm au chemin' dc
LÈETERNITE’ BIENÔHEÛREÏISË , ou' en ee
luy qui ménc à lî—ETERN ;nf MAI—Humm
_ contre Mr. 3ls
SſiE , en examinant, ſi leurs ſoins , deſirs , 6c Scet.- v1.
affections ſont aus choſes de la terre ; ou Lfflî- 3*
bien , aux choſes Eternelles. ~ _
' IO. Ce n'eſt point qu'il faille vivre oíſeus'
en ce monde; parce qu'il y faut continuelle
ment travaillez-,pour accomplir la penitence
que Dieu nousa enjointe. Mais il faut que
nôtre travail regarde l'éternité , la gloire de
Dieu,le ſalut de nôtre ame,ou celuy de nôtre
prochain. Et tout ce qui eſt hors de là, eſt
mauvais. Car ſi on travaille pour ce monde,
on y reçoit la recompeuſe de ſon travail : &c
partanhplus rien à pretendre pour l'éternité.
Car autrement , Dieu ne ſeroit pas juſte : vû
que celuy qui a travaille' pour gaigner de l'ar
gent , l'ayant gaigné , a reçu le ſalaire de ſon
travail, à n'a aucun droit de prétendre autre
choſe; pour n'avoir rien deſire d'autre. Si
'vous travaillez pour avoir un Office ,'81 que
vous l’obteniés ;vos travaux ſont-bien payez
par l'obtention de cet office. Si vous travaild
“lez en trafique ôt negoce pour gaigner del’ar—
'gent ,‘ à que cela ſuccède ſelon vos deſirs ; il
:ne faut point attendre autre recompeuſe fi?
non l'argent que vous avez gaigné.Si vous'é*
_tudiez pour vous perfectionner devant'les
hommes , vous eſtes reco‘mpentë par les lou
anges &t par l'eſtime qu’ils ſont de vous'.
Voilà tout ce que peut preten‘dre une perſon
Îne qui travaille pour la terre &t le temps'.
Dieu ne peut avec Juſtice lu donner l'Eter
nite bien-heureuſe lors que es travaux n'ont
butte qu'à laterre , vers laquelle ils chemi—
ſ'ncnt
i touslesjours
‘ dc leurviezcomme
~ O 2. ’ on' voit
que
3416; Ïuflification de MQ. B.
Seam… que tous les hommes ſont maintenant, Gt
Lettre‘z . s’eſtiment ſages 6E heureuxlors qu’ils cher
chent bien leurs avantages en cc monde .:
car celuy qui ne le fait point s en eſt mé
priſé , ô! tenu pour un idiot.
l :1. _Voila le chemin où marchent tous
les hommes p auquel il me ſeroit impoſſible
de les ſuivre ou imiter : parce que je regar
de toutes ces choſes pour'dcs folies &t des—
amuſemens de Satan. Car que peut-il profi
ter à l'homme S’il parvient à quelque Office
ou benefice , ou s’il amaſl‘c de l'argent pour
prendre ſes delices en ce monde? Tout cela
prend fin à la mort: &les loüanges des hom
mes qu’on a acquiſes en ſe perſectionnantme
ſont qu'une boufée de vent qui fait envoler
les cendres de nôtre corruption parl’oubli
hors de leurs memoires : 6c la pauvre ame
ſe trouve dépoüillée de la gloire Eternelle a
qu’elleîne pourra plusJamais recouvrer aprés
_cette vie paſſagere, qui eſt le ſeul chemin
dcl’Eternité heureuſe ou malheureuſe. En
ſorte que celuy. qui marche ici dans les af
fections _de latetſreôr du temps , ne peut ar
river' à l’Ete-rnité bien-heureuſe. C'eſt folie
à tromperie de l’eſpérer. Il faut qu'il ſe
:contente delater're, laquelle il aaimé; à
deshommesz auſquels il avoulu plaire. ,
b I z. Voyez ,‘ mon cher Fr'ere , quelle re‘
compenſe leur pourra. donnerla terre 8c les
'hommes pour tous les ſervices qu’on leur
aurarendus! Rien que des peines 6c regrets
_de les abandonner par for_ e , à des remors
de conſcience d'avoir ſuivi la terre , 6E che
miné vers le 'monde trompeur à tranſitoi
ï
xe.
contre Mr. 31?
re. Pour mo , je vois toutes ces choſes ſi &&- VÏ- i
clair que le oleil : c'eſt pourquoy je les mm a'
veux mépriſer & oublier, pour me ſouv —
nir des biens pcrmanens, qui ne finirontjä
mais. Sivous voulez m’accompagner,vous
le pourrez faire; car Dieu vousacre’e’ libre,
'vom mettant entre Iefcu Ul’eau Dur choiſir lè
que! il 'vom plaira le mic-ux. e -feu vous
échaufi‘era le deſir d’avoir des richeſſes, hon’
neurs, & plaiſirs en ce monde: Et l'eau vous
fera embraſſer la penitence, pour combat?
tre le diable , 1e monde , à la chainqui ſont—
les trois ennemis dela Beatitude Eternellè.
Vous avez ja pris la reſolution'dc chemin‘ér
vers l’Eterniré , à de quitter la voye dd
monde; ce que par effet vous ne faitespaïs
encore parfaitement. C’ei’r POul’quQY,Ÿ0ü_$
ne me pouvez accompagner juſqu’à ce
que ferez— tout—libre des biens de l'a ter'—
re , 8c qu’aurez quitté le deſir de plaire
aux hommes: Parce que ces choſes vous
achoperoient toujours en nôtre_ voyage.
13. Car il faut quelquesfois perdre ou
'prodiguer les biens de la terre pour des ſu—
jets éternels : Ce qui vous ſeroit peniblefi
longtempsqu’il vous reſte encore quelque
affection auf-?lits biens. Et dans le chemin
de l’Etemité il faut ſouvent déplaiſe aux
hommes. C’e-ſi pourquoy Ieſus Chriſt dit,
que celuy qui *veut laire auxÿonrme: , n’efi
poimflm Diſciple. cailleursil dit , den’cſm
Point venu pour apporter la pqrxmmre, 4m:
#guerre entre le Pere dr l’ânfam, le Pme contrée
3 e
I
.ſi3‘18 Juſtification :le M . B.
Sea. vi, le Fnrc; 1e Mary contre la Femme, dſc. pour
Le! montrer , que celuy qui veut cheminer vers
,l’Eternité doit guerroyer contre tous ceux
qui cheminent versle monde ; bien que ce
ſeroit contre ſes plus proches parens à amis.
Car ſi on veut tarder pour leur plaire .v on
n’arriverajamais à l’Eternité ,- pource qu’ils
nous _tiendront
_parvenir à la fin.toûjours
Car nosenplus
chemin , ſans
proches P37 ſ
rens ſont les plus puiſſants ennemis que
~ ~nous trouv‘ions en cheminantvers l’Etérnité
lors qu’ils ne nous veulent point accompa
gner. C'eſt pourquoy il faut quitter le deſir
e leur plaire: pour celaadit Jeſus Chriſt:
que celuy qui ne Zuitte Pere , Mere, Sœur-r,
Frei-e!, Ütoutec oſepourflm Nom, q qu'il n’eſZ
digne‘deluy. Par ou il enſeigne, quelfonde
ment de vertu doivent avoir ceux quiveu:
.lent cheminer vers l’Eternité.
r4. Ils doivent tout reniicr offrir à Dieu
tous les bieus qu’ils po edent , pour étre em
ployez à ſa gloire ſeulement s (St non plus ſe
lon nos deiirs, ou pour ſuivre nos ſenſuali
tez.secondemenr,il faut quitter le deſir de plai
're aux hommes, puis qu'en leur plaiſant il
faut de néceſſité déplaire à Dieu ; à cauſe que
leurs defirs ſont autres que ceux de Dieu , d:
regardent leurs propres interefls ſeulement;
Br partant ils ne pourront aprouver que nous
abandonnions le monde 6c ſes richeſſes 8c
plaiſirs, ausquels ils participent ſi long temps
que nous les poſſedons pour leur ſatisfaire.
Voyla pourquoy il. faut perdre leur amitié
fi nous voulons trouver celle de Dieu, &t
L en'
- 'contre Mr. 319
entreprendre cette guerre que JCſilS Chriſt Sea v!,
nous eſt venu apporter contre la chair &les Lctt 3- l
parens ſanguins. '"
' 15. L’on penſe que ce ſoit bien fait de
cLnſerver-la paix entr’eux; ce que j’avouë
pour ſi long temps qu’ils veulent marcher a
vec nous au chemin de l’Eternité.ll n’y a rien
de plus deſirable en ce monde que la paix
&la concorde entre les amis 6c prochains.
Mais lors qu’ils nous retiennent ou nous
empêchent de cheminer versl’Eternité, il
faut rompre cette paix, qui ne prédit que la
colére de Dieu. Car c'eſt un des ſignes de
ſes derniers fleaux; ,Lari- que les' homme-*fe di
'ſont Paix Üaſſeurance , alor: (dit le Saint EF'.
_prit ) efl arr-'vale temp; de la Tui'ne totale., Ain—
fi arrive-t-il à une perſonne qui entreprend
le voyage de l’Eternité , ô: veut conſerver;
la. pal-x avec ceux qui cheminent encore vers
le monde. Il leur faut .PUBLI RR_ LA_ OuERjg
RE sv’ils nous regardent _ou empêchent d'la-z
!lancer vers lÏEternite’ ; parce que leur ami
rié n’eſt pas tant confiderable comme eſt no_—
tre Salut eternel ,. qu’ils ne~ nous peuvent
donner , ~mais bien ſervir de moyen à nofire
datnnation. Car—...ces deux points , d’affig
&im; aux richeſſes-,JJ de (vouloir plaire aux kom-z
me: .1 onteré cauſeque_ grand nombre de pere
ſonnesv ſe ſont-perdues éternellement , me:
mes de celles qui étoient bien intentionnêes.
16. Car fi long-temps que nous avons en—
core de l'affection pour quelque choſe de la
terre,nous ne pouvons cheminer vers l’Erer—
Rite: ll faut étre tous libres , &C aſpirer
\ ~ ~ '~ O 4 ſeu
;'zo' fiſiÿï’cmz‘w de Mlle'.— Bi
SQLI. VX ſeulement aprés nôtre Patrie bien—heu
Lem, 3.
reufè , prenant par necefflté 1e moins qu’iI
eſt poffible des choœs de Lav terre pout
achever le voyage : le moins d’honneur ,
lc moins de charges , le moins d’ar ent,
.~ le moins d’habits , le moins de Vian cs 8C'
de boiſſons qu’il nous ſera poſſible :1 8C
avec cela. nous chemincrons bien PAR
ENSEMME 'vers L’Etemité, &ferons 1e
gercment le voyage. Car encore que nous
tîrouverions' en chemin des travaux , des
ſoins, des ſouffrances , des perſécutions,
des mépris, des injures, des priſons, ou ht
'mort 5 tout cela nous ſemblera leger en l'efó’
perance de cette Beatimde éœrncllc- Car fir
celuy quichemine vers lc monde, s’enime
heureux de gaigner de l'argent parlés pei
nes, ſoins , ou travaux ç combien l‘e 'doit
efire davantage celuy qui attend‘laretribuà
tien Etcme‘lle en chcminant -vers l’EtemiF
ré P Il n'aura gar-dc de s’acreſicr pour rer
luy ſcroit
cueillir fort peſant
lc Sablon pour
de l’or &r voyager vers—, PE—
de l'argent qui v j
tc'mité. -C’eft pom-quo je vous conſeille de
re'jetter loin de vous : alors , je vous tien—
dray par la main pour mieux achever-nôtre~
voyage. Ce qu’anendantje demeure , - ï
Vôtrefidelle Amie en Dieu.
A. Amfiexdamlezz october [670.
L E 'l' T R E asceſſèírr. ſizz I"—
L’Imprimeur ayant demande' dequoí remplir les'.
page: qui reſtent z on a cru ne pouvoir lefaire
mieux que par :me 1eme de 14 me’me Demai
ſelle 5 ou‘ l'a” 'verra le noyau JF 1e but de tous'
ſes e’cn'tr, auffi bien que la ſubſtance de tout
le Chrtflianijme.
Elle l’ë c’criae a' un Paſteur de Malines* , JF
c'eſt la 13' de la Lam: ne’e e” Teneó. Part. I.
Monſieur ,
l. Ene ſay commen-tun—bon jugement Di,, ...z ’
. peut aimer autre choſe que Dieù , vû aime) le
ï qu’il n’y a tien de créé qui. ſoit digne Mfflf‘ 4' ï
de nôtre amour comme lui z étant l'a '
ſource de tout 1c bien , 1a Sageſic, le Don- tim, 1.
neur de toute ſageſſe, laBeauté qui crée tou— DF my
te beauté , la luſti‘ce des juil-es, la Bonce de &fifa-,3
toute bonté , l’Accompliſſement de tomes Amm—
les pekfeâions , enfin, le ſeul Objet digne de Ë‘ſſ‘fflfflf
noſheamour , 'hovs duquel rien n’eſt aima— ""“b’ffl’
ble ni azuciel— niren la' terre. Rien hors de luy
ne peu-.t rafl'afier nôtre ame , rien ne lœpcuï
contente: , ſign ne lui peut donner de par—
fait plaiſir , tien nela peut bicn-heurer, ni—au
preſent ni- à lä’avenir- C'eſt lui qui; nous a
nées: c'eſt !aigü-;mus maintient: c’eſt—lui
gui nous jugera. . . ,i
Si le bien de ſaumure eſt mumu-'Nime
ble , commentdonc l'ame n’empl'oie-t’elle
tomes ſes puiſiànccs à- aimer-l’Originc, la
Perfection ,. à la Con-ſommation de tout
bien, qui eſt Diem?
, 2.. Si la reflmblance engendre l’amour ,- fiïſlœr.- — .
commenwôxnmñ
'.~.. ~ dqf\zi—&eſté fM‘Eeàläfc
' blanc:- (dz-Mmes
"'“M’f'k
'312, L' E 'r' .3T \a E
blanc-e de Dieu, 'peut-elle \vivre ſansl’aimer?
Quel autre objet peut—elle trouver aimable
hors de Dieu , ſon unique reſſemblance?
Quel parangon de routes choſes periſſablcs
auprés de cette Ame divine à immortelle,
?Jui ne* peut trouver ſon ſemblable qu’en
ieu-méme Ê
3. D” 3 Si les bienfait: obligent la Nature mé
bicnsf-j" me à aimer ſes bienfaiteurs z combien l'ame'
323L; doit-elle _aimer ſon Dieu, qui luy adonné
D _ ~ -
mcm… tout ce qu elle pofléde , 6c promis des biens
cfïésà infinis St éternels , qui ſont ſans pareils, en la
5572?; vie future ? Il a donne’l’ame’, laquelleil a
1……-1' créée de rien. Il ne l’a pas ſeulement faire à
la reſſemblance des Anges des Cieux , ains
à 1a reſſamblance de la Deite’meſme , ~en ſorte
que tou/tes les ames ſont parla 'création fai
tes de petits_ Dieux. Pouvoir-il!, ce Dieu d’A
' :nour, donner à l'homme de plus grands
biens 8c dons pour ſe faire aimer de lui , que
cette création divine de ſon ame, immortel
~ le comme luy ? Le Corps', qu’il a formé pour
cuſtode 6c renfermierc de cette Ame , pou
voit—il avoir plus _de pcrfections P Y a-r-il
choſe en la Nature' plus admirable que le
Corps humain ,. animé de toutes les puiſſan
ces de l’Ame , d'un cntendement pour com
prendre, d’une mémoire pour ſe reſouvenir,
d'une volonté pour 'agir ; en ſorte que le
Corps meſrne eſt une image ou reſſemblance
en certainefaçon de la SMNT E mmrTr’?
4.Du 4. Dieu pouvoir-il-.donner davantage à
bien??? l’hommc’,& de plus guns dons qu'il n'a fait,
F‘ËÎEË" pour l’obliget à l'aimer? car aprés luy avoir
Mz». -ñ z v \ donné
_acceſſbir-e. gf;
donné l'être à la 'vie , ille ſoûtient 6: main?
tient , avec toutes les choſes néceſſaires',
qu’il a encore creées pour l'entretien de cet
homme,auquel il a aſſervi tant d’autres créa
tures ſous ſa puiſſance , l’ayantfaitſuperieur a \s
de tous animaux ,- Bt authoriſé comme le
Chef-d'œuvre des œuvres de Dieu , la Ter—
rc pour ſon marche-pied , le Ciel pour l’il
luminer , l'air pour reſpirer , le feu pour'l’é—
chaufer , l’eau pour le deſaltérer , les fruits
pour l’alimenter , les fleurs pour le recréer,
enfin tout ce que Dieu a créé'de viſible &r de
materiel n’a elie que pour le corps de l’hom—
me. Que doit-il reſerver pour ſon Ame,
qui eſi ſans nulles comparaiſons plus eſtima
ble , comme efiant divine , créée à la ſem
blance de Dieu , s’il a tait tantde— choſes ad
mirables pour l'entretien du corps , _qui dort
Ïmourir 61 ſi peu relier ſur la terre? Tous ces
'dons 3 tous ces bienfaits, n’obligent-ils pas
l'homme à aimer un tel bienfaiteur Ê puis
.qu’ilnñ’a reçu 'Gt ne peut jamais recevoir au
ïcuns vrais biens hors de ce Donneur dc tous
biens ê . M — - - :î
z'. 'Comment peut-il'eflre ſans l'aimer en ,a mr, p
-eonfidéranrſon 'Amour ,- qui ne* s’e‘fl encore Miſe-i5 -ñ
-voulu ſicontenterîde nous‘avoir dépaſti grra ?Ng-"3
-tuïteme‘nt tant de dons; ains aprés que eut .,3, ff"
'homme ingrar eut ñïalmſé . de tant de faveurs, l'homme.
ſe détournant de ſon Créateur pour ſe join
dre àla créature , eſtimant -plus le don que
'le Donne-un', .zpréiumantde * meriter encq
donnan’ceszveetparmbhlrion dleſprir
Te davantage , lil ſeit—end' rebelle fimoir
à ſes
,In-I O 6 l- 1 plus
3-24 LETTRE' .
plus qu’il ne plaiſait à ſon Créateunenſraind.
ſon Commandement afin de s’égaler à luy .ï
Cet amoureux Dieu, qui pouvoit en un in
(tant condamner toutes cesingratitudes par.
(ï) e. à J. une damnation éternelle oùilavoit (*) de
relég ue. \iinéles Anges rebelles, a plus aimé l’hom
me que l’Ange ; & en- prenant plus d’êgard
à l'Amour qu’il luy portoit qu'à ſa deſobéïſ—
ſance , il luy pardonne ſon peehé, .5l luire
met ſa faute , moyennant une pénitence
temporelle.
G. D‘ï ſim r . 6. Ce temoignage d’affectiomd’un Dieu
Incarna
rien.
.vers ſa- créature, ne merite-t-il pas qu’elle
l’aime? l-l ?oblige encore par des moyens
plus—puiſſans: Car pour lui faire voir que ſes
delicer ſmc d’eflre avec le: enfant de: hommes',
il fle fait Homme viſible 6c ſenſible comme
_eux , ne ſe contentant d’avoir fait l'homme
.àſonimageôrſemblancfi maisfa-it Dusuà
l’imageôt ſemblance de l'homme,voire s’eû.
fait vraiemant homme pourles enſeigner à.
l'aimer de paroles à d’effets corporels 6c.
materiels ,, conformément à leurs capacitez
humaines. —
7. Dieu pouvoit-il témoigner— davan
snïanuſ tage d'Amour pour l'homme que de s’abaiFr
furent. 1er a voirx—s’anéamir (pour-parler ſelon nô
_trc langage y.) &ſi; revêtir dela Nature lim
Iaine? Queljugemem pouſſoir Geuurevui'v
»de plus grands témoignagesde ſon Amour?
-ïuqnelsmoyens pourraient fè trouver pour
plus-.fortement obliger l'homme à) l’aimer
que de ſe Aire ſemblable àxluy en name, ſe
andre.- egfflenñ condition ,, ent-,ne- fir préfe
rant.
l
acceſſoire. 37; ç
rant au plus petit des hommes ; converſe à
ſe familiariſe avec eux comme frére ou
compagnon ; voire ſe ſoûmet 6c obé’ít à
l'homme pour gaigner ſon amitié, le ſers,
même ,juſques àluy laverles pieds; & quoi
quel’homme l’offenſqil le prévient toûjours
d'amitié, ſe laiſſe baiſer àJudas qui machi—
ne ſa mort; 8c à l'heure qu’il le vient livrer
à ſes ennemis , il l’appella… encore ſon
o
ami.
8-. Et pour preuve qu'il _tient l'homme 8 De la'
pourami, il luy declare ſes fet-Tm, 6E tout charge dé
Docteur
7
ce qn’il a apris de ſon Pere ; tout c’ela , pour Ô( P”—
tirer des hommes leur Amour reciproque. plaire.
Ilboitëz mange avec eux, les attrait avec
ſa douce converſation , leur enſeigne fami
tiérement tous les moyens néceffitires pour
Palmer , leur donne une Loy toute d’Amour’;
qui ne contient autre choſe que l'Amour de
Dieu i9' du prochain. Tout ſon Evangile ne
contientque les vrais moyens pour accom
plir cette loy amoureuſe. Il preſſe tellement:
cet Amour, qu'il menace de damnation é
ternellefi l’on ne l'aime tout de ſm cœur , de
touteſbn ame , Udetouterferforces. Sautoir—il
plus fortement exprimer le deſir qu'il a que
l’homme l'aime', en lezſſirant méme par for
ce à ſon mour? -’ -'
9. Et pour rendre cette force toute 9. Duel”.
amoureuſe, *il ſe charge du fardeau de ſes de Sacri
fics-teur.
pechez, voulant , pour ?Amour qu'il lui
porte , _ſoufrir en ſon propre corps les peines
dûës pour eux. Il ſoufre faim , ſoif, laffl‘
rude a 'chemifiant- en' îtanrd’err'droits pour
- v O 7 Cher'.
ZLCLET’PRE
— chercher l’homme 61 le ſoulager de \à péni—
tence,afin qu’il n’ait plus d’autre ſoin que de
l'aimer. Seroit-ilpoflible que l’homme ne’
reconûtun tel amour? Seroit-il ſi denatnré
que de ne point aimer un tel bienfaiteur,
qui l'oblige par tant de preuves ſi pénibles de
ſon Amour, qu’il ſemble exceder les limízv
tes de la raiſon? .
[0. Dm 10. Qui vir jamais Amour arriver à de
1'" "'17 ſemblables exccz 'de bienveillance pour le
53:55;* ſujet aimé ë s’avillir, s’aſſujettir à foufri~r,un
mime-r ,Ml DIEU pour ſa créature! ce que perſonne ne
í‘ç'ffl‘fï feroit pour ſon ſemblable , ét ſeroit bien un
~"“ Grand Amour de donner ſa vie pour .ſon
ami; ce que JESUS CHMST a donné pour
" l'homme qui luieſioiterinemi, ayant vain
cu ſa malice par l’excez de ſon Amour: 6c
plus l'homme ſe porte à le mal—naitre: , plus
ilſe-porte à l’aimer, donnant volontiers ſa
vie pour l’obliger davantage par les conſi
dérau‘ons d’un tel AMOUR , qui raï-'it tout
amendement, qu'un Dr Eu ſe porte àaimer
un Vermiſſeau de terre , duquel il u’a aucun
beſoin , à meſme qui ſe porte à l’outrager ô:
àl’offenſer, aulieu de ſe porteràl’aiïner! ._
n ï D" u. Ingrate créature? que ne vous ren*
“Lung” dez-vous ,a cet und-i? cruelle a vous
M'A-un me’me! ennemie e vôtre _bien 1.'. ;que ne_
DM": ployez—vous ſous cejoug, qui eſtſidoux 6c
aimable ? Sa captivité eſt une liberté : ſa ſer
virude eſt un regne: ſes peines ſont des déli
ceszſes travaux ſont des repos : ſes douleurs
des contentements. Cet AMOUR raſſafie
1’Ame,la remplit de tout bonheuyla conſole
L. v'~ \- _3 &l'em
‘Ç'ÇlfiíÏC-w 3 z7
àl’embellit , la tient toujours en liefle au
prez de ſon Bien-aimé: rien ne la peut offen—
ſer. Quel bonheur, quellejoye, quelle paix,
quelles delices à l’ame qui poſſéde cet A- ‘
MOUR !Elle ne craint rien,elle n’eſpe‘re rien,
ne cherche rien, ne trouve rien d’aimable
hors de cet AMOUR.
' 12.. Combien aveugle &ignorant eſt ce— rz. Dale
luy qui aime les biens , les honneurs, Br les EFW*
plaiſirs de ce monde l‘ Il n’eſijamais content ,MKII
ni raſlàfié : car le: richeſſe; portent en croupe des ri
mille ſoucis dt inquiétudes avec une alrera— chîſſ‘”
tion inſatiable , qui attache l’ame àla terre
dc_ Èux métaux, Gt la divertit de la Divi—
mt .
_ Le: honneur: ſont encore plus vains que les Des *10n
richeſſes; d’autant qu’ils—ne ſont que fanta- 'mm'
fliquesäzimaginaires, qui ne mettent rien
dans l'ame_ qui les aime ſinon une bouffée de
vent d’orgueil, qui' leur fait crever le cœur
au moindre revers de fortune 3 qui les gef—
ne à les bourelle continuellement de crain
te &de ſouci de les perdre: dt quoy qu’on
les poſſederoit legitimemcnt 8( avec aſſu
rance, ſi ne ſont-ils jamais qu’une fumée
de vanité: puiſque nous ne ſommes rien ,
dt que tous ceux qui nous honorent ſont
ſemblablement des riens. Quelle folie d'at
tendre dela gloire de tous ces NEANTS , ë;
d’aimerdes honneurs ſi'vains &î de ſi peu de
durée ! - ' ' _
Le: plaiſirs- ', tels qu’ils puiſſent étre, n°39311'.
dorment fort peu de ſatisfactions à l’homme
en geneçalsjïyarce qu’ils-,ſont de ſi courte.
in _ . . . — duree
;28 LETTRE
durée en particulier, qu'ils ſont vils 6c tet'
reſtres , indignes de lanobleſſe de nôtre a
me, qui eſtdiviue Gt ſpirituelle; car pren
dre plaiſir à manger 8c àboire , c'eſt s’égaler
en ce point aux belles , dr ſouvent bleſſer
ſon ame à ſon corps; puiſque ces plaiſirs
engendrent quelquesfois des excez nuiſibles
àlaſanté, indiſpoſans le corps Ô( l’eſprit,
leſquels payent bien cher les plaiſirs qu'ils
ont pretendu avoir en beuvant à mangeant.
Tous les autres plaiſirs du corps ſont toû
jours inſatiahles à celuy quiveut contenter
ſes cinq ſens ; jamais l’œil ne ſera las de
voir, loreille d’cntendre , à ainſi du re
ſte: ſi laraiſon ne reglele tout, ils nous ſe~
ront impot-runs, voire inſolents dt ſans ſa—
tisſaction: aimer les jeux , c'eſt perte de
temps; aimer la chaſſe , c'eſt lafiitude;
aimer le monde , c'eſt inquiétude: jamais il
n’eſt raſſaſié : plus nous le voulons obliger,
plus i—lſera mécontent. Et qu’aurons—nous
aprez avoir ſatisfait à tousnos ſens , 6! don
né à nôtre corps tous les plaiſirs qu'il ſou
haite? autre choſe que des laffitudos ô! des
remors de conſcience , qui bourelleront—
noſtre ame, principalement à la mort. Nous
pouvons bien legitimement uſer de toutes
ces choſes , mais non pasles aimer; parce
u‘elles ne ſont aucunement dignes de no
re amour. .
i3. Rien !3. Il n’y a que DIEu sEuL 'quieſt A1.
.ir-alla
gm Dieu.
MABLE & eut raſſaſier noilre ame : aufli
n’a—t-elle Jiécréée pour autre ,rn ue pour'
'
aimer-fl” Dieu 8c adhel'er â luiſexl. ous-les?
au—
neceſſaire; 3 7.9
.autres biens ſont fauxättrompeurs. Puiſ
.que nous ne pouvons vivre ſans AMOUR,
pourquoy point aimer ce DIEU , qui eſt
SEUL AIMABLE P de tant plus qu’il le defi—
re , 6L qu’il nous y a obliger. par tant de dons,
6c qu’il les continue' à toutmoment , 6c con
\tinuerajuſques à noſire mort?
De qui attendons-nous tout noſire bon Hon Ju
.beur ſinon de Dieu, qui nous jugera P Si qnel tout
nous avons ſervi lemonde , il nous payera ëflfilíe ,
mal/m”- à'
d’ingratitude; ſi nous meſines, nous n’a aboutir”
vons que l'impuiſſance &les mileres. Je ne n'envi
ſçay voir d’autre bonheur que d'A 1 MERDI EU. um Ame
Tout le reſie eſt vain &r periſſable: les ri— lzpäëusz ~
au' ï
E R R A T A.
Page ligne faure: corrigqu_
4. derniereje J’avanceray eflàceï Je
n 6 àquel . auquel
153 31 bons ’ ‘ bon: r
196 14 partiede partie,~dc
zoo 13 crû ne crû me
248 ~3 ſi moquer ſe moquer
257 25'… *l’a la
?.71 ,19 ~ aſſezpreuves aſſez de preuves
273 .22:9 -c’elehre . cclebres
ai la pdg: v1 16.1ig. 30. 31 . il faut meme en ita
- [Être ces parole: ,~ mettre au pain , .Chriſt
ñ ſe au parnz. v h p
, ,
LesTraírésde I'O-EEONQM LE D l v l N E, dont
E on; vûvicydes extraits, ſetrouvent aAmſrer.
~ dam, chez HmÿJVerſh-in , Lib’raíre,~dans le
. Calve'ſh'ant 3 '8c auſſiwuces lcsœnvres de Maëlle.
. Bourignon, ſéparément onconioîmement, en
François , 'Fiamanz 56 Allem‘an , '8x quelqu”.
\mes en latin. 4
T ABQLE»
E 'tre aus bons 'd'entre les Proteſiaus 8c
' des Chrétiens de tous Partis. pdg; l
SECTION I.~ \Avrs'deCHARITÀBLE
k jbulagerſila eonfcïence Pour
ceux quifimt DHz'gez
, defi: conformer au culte de l'Egliſe 'Catholi
ue-Mmaíne.
ë CTION II-ſi Reponſe Ziguelque:- I3
ärflícul—
_ ,td-'propoſées verbalement_ _ſur la lettre prece
Ïſäent’e’x” ’ ‘ . " 3'2.
SECTION III. De L’EucAnrsTre.
ARTICLE I.. De l’E-ucariſtie cbmme elle
e’m‘t dans l'Egliſe rimití‘ve. Fr
ARTICLE-IL- De l’ -ucariſtie dam' le Cim'
flianifnïirejdäcbe'. [Der Seb-fm”. De la
Re‘unioiî; “Com-ce
monierl'îîñ‘ſſ" . 4 "1** 'de":Ë’-la difiêrence
, V de: Cere
84
ARTICLE III. De PEuc'ariſiie dans le:
mi: Parti: du Chriſtianiſme. De [apre
flznce Re’elle. De la Tranſſubfldntiation.
De ?Adoration De 14 tolerance. Dela dif—
femíon de: bon: 3 dſc. 1rI
SECTION IV.A1rticle de l’Onz'ie'me de: Let
tres Paſiorales de M. _7. oû ilen'tique 1er
Avis Charitables. r 58
SECTION V. Kr’ponfe à cet Article de la
Critique de M. 7- où I’an explique auſſi plu
fleur: chaſe: qui concernent la Religion JF la
ie’te’- 166
SECTION VI. Îufliflcaeíon deMIIe-B.con~
me le: principale: fauſſere’: que luy impute
M- î. 283
LET
TABLE_
. J
'L TTRE I. Sur laTolerance du mal, fîlr-'l’eſ' _
entiel de 14 Perfection , le: Religieux, culte.:
da' ceremonies differente! s Ü‘Ieur uſage. 2.84
LETTRE II. s‘ur la Prici‘e’, 1er e’lwatiam de
‘cæuTiiDieu , dac. dont M. Ï- avoirimpuñ
ee’la negatian ii M- B. 29
rLETTRE III. Sur la dtſÿefltím Te wfl- dam
‘ ceux qui 'voulaient e’tre arvecM'l‘. .comre ce
qu’en ditM. ï. ‘ ' 310
Lettre acceflbíre s contenant 1e' ſubſtantiel de
toy; le Chriſtianiſme. i - l 32.;
. r4 .m ...
*I
. ï
ï
…Île