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majori Coll. Rom.


Societ. Jesu

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.P AMI X
DES"

BONNES AMES
dans tous les Partis du Chriſtianífin”,
ſur les matières de .

RELIGIQNz’ſ'"
8c particulièrement \

Sur L’EU c”. lbs r1 E;


Oâ l’m n'y-md auflî à'ùn' A R’l‘l—ÛÏ: l"
Dc ſong-'élu des LETTRES PASTORAÏLES 9
0m13,
Aux Avis-Cim l'E-Amis pubhc's depuis peu, 8c que
l'on a joints ici,avec quelques autrespieces
quiconccmcmce ſujet. ‘
Par PIERRE POULET.
EŒÊÆ'ËXËUËÏY
,_ \17/
. .gfflU0'îrÎêj4’î—,,
7ROnmq’îçY.;
N

Aï AMS-.c ERDÀM‘»
Chez THEODORE BOETEMANJ 153;(- '

f
' ~~ - r‘*‘

l c 7-5-— l

M' r —
~ -M .. .

S'il prend envie'â quelqu’un dc traduire cet Ou


vrage en une autrelangue , il eſt prié de n’y rien
changer, m diminuer, 8c l'o_n verra par-là qu'il
eſt dans la ſincérité 8c dans l’impartialité loüable
que l'on-recommande tant dâns cc livre. Adieu.
I
l.
LECTEUR'
I vou: eſte: homme de probíte' , qui
emigniez. (9** cherchiez. Dieu , re—
gardez. me] comme une perflmne qui
n’aj Point d’autre deſſein que le '0$—
. . tre, C9" ne penſez pas que je mepra
poſe ele wmfm're dying er de Secte ou Je Part). ,9e
'yeux plûiofl 'vous montrer comment 'vous pourrez.
faire 1m [um uſage/élan Dieu de eeluy où 'vous' c'te: ,
(7', en modele ne’e‘effire’ , de eelu] où 'vous-ſeriez. oblige'
de vos” ranger-d'— Ne me critique-z. paint ſur me:
mot: , 0-' meímſſez. ceux d’impartial C9" d’impar
tíalité comme de: terme: de l’art qui marquent une
;baſe à laquelle le: homme: n’ompoint donne' de" nam'
parce qu’il: l’ontpea comme , 0'* encore mein: pra
(n’quee. .Ne Wu: farmalzſez, point ſi d'abord 'vous'
liſez. de: choſe: que 'Uamſembleram ou nouvelle: , ou
contraire: auxſentimem que 'vom tenez. pour bam'.
Pourſùi'uez, , S’íl wmplait , 0*' deſde-vez. la lecture
Je l’eu‘vrage , (9' vom] trouverez tout le re'pos que
7/01”pourriez, juſtementflmbaiter ſur eebſhjet. Lors
qu’an yyarle O* de: me’elmm (ÿ- des 4 ue, ſi 'vom
e’m du nombre de: bam" ne tirezpe” cela à 'vous , en—
core moin: au: choſes-méme: , au culte (9" 4m cere—
mom'ex, qm‘fam bonne: 0*' divine: en elles—mêmes.
* z S'il
Ru LECTEUR.
S'il m'arrive-deparler d’une erſbnne dont je m’é—
tais ten dans les Avis Charitagles , auſſi bien que de
mo), rejettez cela ſur la néceſſite' de fle defendre
lors, qu’on eſt injuſtement attaque' z (7' croyez. que
;en a] rien 'voulu recommander que.” que i’ay cru
ó‘ſç'u étre bon , -ve’ritable , ſolide, édifiant (7' a—
!lançant 'vers Dieu. e hay comme la mort les con
teſtes Ô' les ſpéculations inutiles, C7' i’aimeroi:
mieux mourir que de recommander ce qui eſtfaux
(9* qui pourroit éloigner les ames de Dieu O" de:
'vertus Chre’tiennes. Si les gens de bien apre’s la Le..
Eure de tet ouvrage tombent dans mesfentimens, :.ñ.
la bonne heure : ſinon, qu’ils cherchent O' qu’ils
prévient d’autres moienspour allerfè Dieu , ſans me'—
priſer ceux qui ontſm” cr' qui ſe ent [uiffammentr
àpluſieurs pour la me‘me fin. Paſſe le 0 n Dieu que
tous "moyens, tous actes, toutes choſes, rumeinent à lu)
ceux qui s’en ſer-vent; 0*' qu'ainſi , ſelon le ſouhait
Ju Roy—Pro he'te , toute ereature (7* tout ce qui re—
livire Ioüe on Saint Nom maintenant 0" à jamais L.
Amen.
ï

7 Pag. l
A toutes les bonnes
d’entre les i '

P R O T E S TANS
de .France 8c d’ailleurs 5
6: a toutes les Perſonnes qui craignent Dieu
avec ſincerité 61 ſans partialité dans
tousles partis de la Chretienté.

Maſſeur! Ü’Fre’rer en Jaſon-Chri ,


" ‘~ñ -- E n’aurois jamais penſéàme
preſenter devant vous ſi. un
autre ne m’y avoit produit
~ pour un ſujet Où il ne S’agiſ—
' ſoit nullement de ma perſon
ne, mais dela vérité indépendemment
de moy 8c de toute perſonnalité. j’avois
écrit une lettre pàrtículicre à mes
proclges , quille trouvent embaraſſez dela
maniere quelaplus—part de vous;
8c un de mes amis l'ayant vûe, avoir
trouvé bon de la publier ſans mon nom ,
our \le bien ,de quicçnque.- voudroit en
Eure un bon ùläge- z Cela n’avóit mieu;
ne liaiſon avec ma perſonne. _, ,Car il s’
íſſoit deſçavoi-r, ſi desan‘ics que l'on
:Ëligc .à certaines CC’ÎŒQŒËS 'qui 'Iéorit
., ~ ' - ta_
~z~ E P I T R 'E
éta ' ar rapport à Dieu , ne pour
ronzzn 7 ſims s’éloigner de Dieu 8C de
ſon‘t* ils Jeſus—Chriſt , &I méme en s’en
approchant, pratiquer les mêmes céré—
monies,quoiqu’auparavant
cruës ils lesavec
impropres 8C incompatibles ayent
ceſi
but, faute d’avoir bien pénétré toutes ces
choſes? C’eſt-ce que j'avois montré étre
trés-poffible, en faiſant voir , que l’eſ
ſentie] dela Religion Chrétienne‘conſi
ſtoit dans le cœur, 8c que les cérémo—
nies n’en étoientqu’un acceſſoire, dont
les bons pouvoient ſaire un trés—bon uſa
ge nonobfiantla variation &ladiffiéren
ce qu'il ya entr’elles 8C les abus que les
méchans en ſont. Et c’étoit làle point
où il falloir s'arrêter ſoit poury acquielî
cer , ſoit pour le contredire. Mais un de
"ceux qui 'envertu de leur eſprit dediipu—
re 8c de contradiction ,’ ſe croyent les
Colonnes delaReligion‘, 8c qui jaloux
rde leur propre honneur 8C de leur pro—
pre gloire créveroient de. dépit deyoir
' uc .le monde , '8C ſur tout ceux quiont
îe‘té’de leur dependance , allaflènten cas
ide néçeſxité .âjeſus-Chriſt parune autre
lÿoye‘ que parcelle de leurs fomialitez cx
;térieures .' dont ils ſe* ſont' fait des idoles
'qu’ils préfèrent àla_ charité, à la paix , 8c
z . au
Aux P'ROTESTANS 8Ce. g
aurepos de vos conſciences affligées , lel
quelles ils voyent' en état ou de pêcher
contre Dieu en faiſant ce qu’on vous or—
donne de ſaîre , ou à ſe rendre miſérables
en ne s’y ſoumettant' as 5 un de ces
eſprits de Secteôc de ſaäion , qui regar
dent comme des rebelles 8C des deſerteurs
tous ceux qui ne leur obéïflènt pas &t qui
ne -leS ſuivent pas aveuglément quand
bienméme on iroit à Jeſus-Chriſt; ne
s’efl: pas plûtôt aperçu d’un deſſein ſi con
Forme à la piéte ô: à la charité Chrétien
ne , qu’outré de douleur de ce que cela
choquoit ſes voyes de partialité, il s'eſt
reſolu de le rendre ſans effet. Et n’olànt
en attaquer les vérités, il S’eſt aviſé du
bel artifice des mediſàns, deſe jetterſur
ma perſonne pour la noircir , en m’attri
[zu-ant des deflèins , des extravagances 8C
:les impietez auſquellesjen’ay jamais pen—
ſé. Et noncontent de cela, s’étantim’a
giné que j'étois le chefd’une Secte qui
n’a de ſubſiſtence que dans ſa tête , 8C*
ſçacliant l’eſtime que quelques ames
pieuſes ont auſſi bien que moy des écrits
i’une perſonne qu’il devoir laiflèr au ju—
gement de Dieu , puis qu’il ignore [on
Eſprit &ſes ſentimens; la violence 'deſa
daflion luy adicté d’envelopper en unîe.
' A 2. — e
x —

4.- E P I T R E
de frapper en corps tout le prétendu par—
t1 , 8C de le ruiner chefs 8C membres,
pour avoir la ſatisfaction puérile d'avoir
pris pleinement 8C univerſellement ven-v
gence d’un écrit dontil Craignoit que les
effets ne fuſiènt ſuneí’ces à ſa partialité.
Il n'en aura pas toute la joie qu’il S’en
promet, je l’en allure. Il y a encore au
monde en toutes ſortes de partis , de Re—
ligions 8c de places , des gens d’eſprit &C
d’impartialité , qui ayant la crainte de
Dieu , lors qu’ils connoítront le caractére
du Docteur qui inconnu à ſoi même
prétend néanmoins ſaire connoítre les au
fi‘es,ils s’_éloîgneront autant de les conclu
fions qu’ll eſt éloigné de la vérité, dela
charité , de l’humilité &de lapaix. Cc
n’eſt pas que j’aie deſſein de vous entre—
tenir de diſputes 8C de choſes purement
perſonnelles , comme a fait nôtre Au
\theur àla reſerve de deux ou trois points,
,ſurquoi i‘ls’eſt contenté de plaiſanter en
paflànt. Je n’avancerai, s’il plaîtâDieu ,
que des'choſcs édifiantes 8c ſolides , ca
.pablesd’e’clairer , de pacifier véritable
.ment , 8C de conduire à Dieu les cœurs
des gens de bien , qui ſentir-ont bien eux
méni’es
;le , ſims queje
principalde les en avertiſſe,vient
ce quejſiej’ayancerai que
., ' ~ de
'Aux PROTES’I‘ANS Ste. ÿ—
de la ſource éternelle detoute verité , où
j’oſi: dire que je Pau' puiſé tant par la
prie’re que dans une grande defiance dé
mon eſprit gâté 8C corrompu (comme ce—
lui de tous les hommes) par le peché d’A
dam &I par tant d’autres indiſpoſitions,
qui nous rendroícnt indignes de la lumiére
de Dieu s’il n’avoit pitié de nous, 8C s’il
n’étoit riche en miſeri‘corde pour donner
à telle meſure qu’il le trouve à propos ſite'
geſieôclumie’re à ceux ui la lui demans
dent! en foi 8c en ſincérite de coeur. p
Mais avant tout, je íouhaittc, Meſ-‘
ſieurs 8c chers amis , que vous compre
niez bien mon but , qui n’eſt pas 'de pren
dre le'parti de l’un contre celuide l’au
tre; encore moins de diſ oſer les horn
mesà troquer , pour ainſidire, de parti
entre eux. Ie-n’ai deſſein , premièrement
que de vous addreſſerà Dieu \èulêcàſon
Fils Jeſus-Chriſt par l’eſiënticl de la Re
ligion Chrétienne, qui eſt eſprit 8cm,
vérité 8è charité. Mais comme les Chré~
tiens ſont maintenant diviſez en trois par
tis conſidérables, j’entreprends, en ſecond
lieu, de montrer, comment les perſon
nes ſincères 8C qui craignent Dieu dans
chaque parti , peuvent nonobſtant Ici-dif—
ſérence de quelques opinions 8C de quel
ques cérémonies , [qui ne ſont que des
I
1 4
cho: ' i
'6 E P I T' R E
choſes acceſſoires à la Religion Chré‘
tienne , faire un bon uíâge des mêmes
choſes’ëz: s’avancer vers Dieu, ſans ſe con-—
damner 8c ſe haïr mutuellement les uns
les autres pource ſujet. Enfin, je veux
montrer , comment en cas u’il arrive
que ceux d’un party ſoient Q ligez à le
conformer aux cérémonies de ceux d’un
autre party , de ſorte qu’ils ne puiſſent
l'éviter ſàns aigrir contr’eux les cœurs
des autres juſqu'au point de leur étre ae
caſion de commettre beaucoup de péchez
8c de ſi: procurer à eux-mêmes beaucoup
de maux ,. comment dis-je EN CE CAS l'on
peut en bonne conſcience , 8C méme avec
édification pourlà propre ame, ſe con- -
former aux Cérémonies de ce party-là,
_pourvû qu’on veüille écouter raiſon 8c
n’étre pas abſolument indoeile.
C’eſt ce queje vay tâcher d'exécuter
par les moyens ſuivans.
r. Premièrement , je ſeray préceder
la lettre d'Avis CHARITABLES qu’on a
publiée depuis peu ſur ce ſujet , &qui
a donné occaſion à M. J. de ſedéclaret
comme il a fait dans l’onzieme de ſes
Paſtorale: :— auflî bien ne ſcait-on plus
en trouver.
Il. En' leeond lieu, je répondray à
quelques difficultezdont une partie ont été
- 7 ar
Aux PRËOTE S‘T ANS 8Ce. ~7í
faites verbalement au ſujet de cette lettre.
q I—II. En troifiémelieu, ilſeroitàpro
pos de traiter à fond de la nature des Cé
rémonies ,' 8c en particulier de celle de
I’Eueariſtie , comme auffi des Schiſmes ,
8( des principales différences qu’il y a en—
tr’eux ſur toutj’ay
une' choſeſſque cela.déjaMais comme c’efl:
ſaire-ailleursdans—
mon S'y/?éme de l’Oecanomie Divine, dont
le Chap. X. du Tome IV. e lique la
nature des Ce’re'monü: , 8c les äiiapp. _,'
VI , VII 8c VIII. du Tome V. celle du
Bayte’me , ï de l’Eumri/Zie 8c des autres
choſes &fonctions du Culte exterieur, je
pourrois me contenter de ce renvoy 8C
n’en rien dire davantage. Ncanmoins ,
comme tout le monde n'a pas la commo
dité de ſe our’voir d’unlivre à ſept' par—
ties , qUOl que de tailleôc de prix medio
cre , 8C que cependant il eſt neceflàirc
qu'on _ſçache au moins la ſubſtance de ce
que j’y ay propoſe' touchant l’Bucarcſtie z
je me ſuis reſolu à en mettre ici deux
chapitres. Cela ſatisſera les gens qui
n’aiment ni beaucoup de lectures ni à en*—
t’rer en davantage de diſcuſſions: 8C quant
â ceux à qui cet échantillon ne déplaira—
pas, s'ils déſirent de Voir toutes les ma~~
tic’res principales de la’Religion 8C de la"
T heologíe; m éme celles dela Nature-.8c
A 4., les.
,8' ,\ E P l T R E
- les divines les plus relevées , traitées de
cet air , 8C expliquées avec une évidence,
une certitude, des uſages , 8c des ſujets de
repos d'eſprit de cette nature, &î méme
plus grands encore , lors que le ſujet 'y
porte,v ils n’auront qu’à voir tout l’Ou
vrage; 8c je m’aſſure que s’ils ſont gens
d’eſprit 8C deprobité , ils ne ſe repenti
nom jamais d’en avoir fait la leóture , &a
plus~
qu’ilsclairs
Retrouver-ont
pour ce qui
enſuite
concerne
avecDieu,
des le
,-ñ—Mónde, &eux-memes.
. IV. Aprés cela je fais ſuivre en qua—
triéme
far lieu desA-w':
la lettre , la Critique de Monſieur
cbó‘rritabluJc j. i
la mets

de mot à mot pour ne rien perdre de cette


précieuſe relique', de laquelle on auroit
peut-étre ,ſujet de douter deſormais ſur de
ſimples citations, tant elle eſt (in uliére
en ſon genre. Je l’aurois fait ſuivre les
Avis : mais comme elle ne les touche preil
quepas , il importe peu quelle place on
luy donne.. ', .
V. Je joins à cette piéce-là mes reflé—
xions 8C mes réponſes. - z. -
VI. Et enfin , parce qu’il a plûſa M'. J.
d’y accuſer une perſonne dont il ne s'agit:
ſhit pas, de troiS‘ cheſs principaux entre
pluſieurs autres; Sçavoir , I , d’a-Uair un
fina/train mépris CF" une parfaite indiſſo—
TCZÎ re
Au’x PROTESTÀNS 8Ce. 9
rence pour le; e’xercice: de piete’ , pour le
Mini/Zen public C9*- pour ceux qui l’e’xer—
cent-5 2 , de tenir lej- prie-'res O" le: e’le-va
tions 'vers Dieu comme de: choſe: entiére
ment contraire: à *l’eſprit dupurfuit Chri
fliumſme ; 8C 3.de recevoir chez fo) tou
ter fo rte: depcrflannesjuſqu’àdes’SoeínienS
mêmes ſum qu’ílsfoientoblzgezà changer
ele ſentiment m'a'cprutiques 5 je produiray
’ pour— la curioſité de ceux qui voudront
ſçavoir ce qu'il y a de vray ou de ?aux
dans ces accuſations-là , trois lettres de
cette perſonne où l’on verra ſon ſentiment ' -.
íur ces matières. Cela ſera Voir combien
l’on doit :1joûter de ſoy à nôtre Autheur,
lequel j’aurois pû. accablcr de mille 8c
mille paſiäges qui demeurent expreſſé
ment tout ce qu’illuy im ute: mais j’eíſi y
pére qu’on ſera plus éd' é, &enſemble ~
plus perſuadé de- l’innocence de la per K
ſonne accuſée, lors qu'on verra ce qu’el- -
le aécrit naïvement de ſon fonds avant!
que d’a’voir jamais été ainſi (uſpectée , 8C '
hors de toute penſée de faire par là ſon
Apologie.
ï
v Comme c’eſt aux Proteſtans de Fran— '
’ ce que M. J.,a addrefléſes accuſations, .v
le droit-veut que coññſoit aufflâ eux que
j’addrefle mes juſtifications, au moins à
ceux d’entr’eux qui ſont droits de cœur , …
A J. '- ſmcé:
\

IO E P I T R E
ſincères , 8C qui eſtiment la Vérité de Dieu
en ſà crainte , ſims entêternent &z; ſims
partialité. ' Et je le fais d’ä’utant meilleur
cœur, qu’étant touché de charité 8C de
grande compaſſion envers eux dans l'î
tat où ils ſhnt , je voudrois leur temoigner
dans cette néceſſité par le ſoulagement
' que je tâcheray de procurerà leurs con
ſciences , la reconnoiſiànce que je dois à
quelques uns d’entre eux , à quije ſuis re
devable d'une partie de mon education
SC' de mes études. Car encore que je
croye n’avoirpas enſuite moins employé
du mien que le double au ſervice de quel
ques autres E—gliſes , cependantj’eflime
que les bien-Faits prévenans ne peuvent
s’acquiter que par une reconnoiſiànce
continuelle , 8e je n’en’ lâche point de
~ meilleure que celle qui ſe Fait par la com —
munication de la Vérité , 8C d'une Vérité
:qui vient ſi à propos , 8C qui'cſt'ſi capable
e calmer ?inquiétude des bonnes ames,
aqui ſeulesje prétends parleiylaiſiänt lä’les
a mes partiales 8c déraiſonnables , qu’on
n’eſt 'pas obligé de ſatisfaire_ en bleflànt
l impartialité dela vérité 8c de la charité; À
Je ſçay bien , ames ſincéres 8C équita—
bles , que vous étes rares 8C clair-femées
en: toutes ſortes de Religions 8C de partis *7
je ne laiſſe pas néqnrnoins de préférer vô
_ne
\
Aux PR-O’FESTANSSCC. rr*
tre petit nombre à la grande ſoule des mé—
chans,des opiniâtres &des entêtez qui \ont
mélez par tout; parce queje ſai que Dieu
l’y préfëre,e'tant un Dieu qui n’a point d'é
gardé ?apparence ni au dehors derperflm
m*: 5 mais à que] eſt agréable en toute nation
quiconque le craint O' aime ce qui eſIju/It(
Le commun du monde n'a garde d’imiter ~
Dieu en cela; au contraire, rien neleur eſh
agreable que dans leur nation oudans leur"
party ; 8c leurspropres ſréres mêmes qui '
iont avec eux leur ſont à mépris lors qu’ils
ne veulent pas ſe rendre aveuglément à~
toutes leurs ſactieuſes controverſes. Vous ~
l’éprouvez ſans doute quelques fois, ames
équitables 8C qui craignez Dieu , que lors
que vous voulez ſuivre la vérité qui eſt ſe~'
lon la charité, ceux dervôtre propre Reli— >
gion,vos amis,&tquelques ſois vos ropres >
Paſteurs , ſont alors ceux—qui fedeclarent
le plus contre vous 5 8c qu’ils le ſont d’au—
tant plus‘violemtnent, que plus vous vous I
avancez vers lc bien 8C vers la vérité ſolij
de, lumineuſe 8c ſans bruit. Cela a été dés_
lc commencement du monde, 8( il conti
nuerajuſqu’à la fin queDieu a déterminée
*pour l’extermination des méchans. Cain
8c Abel , Iſmaël &I Iſâc , ne s’accorde~'
ront jamaisunais c'eſt toûjours le méchant
8c le_djamel qui ne peut ſouffrirl’eſprit de î
5L6' ’ ?WX—4
12 E‘PIT‘RE
paix du bon &c du lpiiituel. En effiót,.il y it—
oppoſition (brmelle auſſi bien entre leurs
principes qu’enti'e leurs œuvres; Les œu
vres (le la chair étant entr’autrcs , dit S..
Pau’Lles inimitíe’s, le: dïſſèmivmſierjalom
fier, le: animoſitér, le: diſputer , le: dit/:flow,
Infractions, le.: ent/ie: , CY" cmbldbler; 8C
celles del’elprit n'étant que Ela—Mire' , jaja,
paix, patience , bem’gm‘te’ , home', fou-dou
nur; il ne ſaut pas trouver étrange que
ceux qui \ont affectionnez aux premieres
Siem ennemis de ceux qui cultivent ces
derniéres. Camme celuy qui était ?réf/:lan la
Ehaiſſdit S. Paul,)perſécmait ire/u] qui était
xëſelo’zl'ejjſiorit , il en eſt de méme E7160 ra ó‘t
préfint. Mai: que d” l’ ECTÏÎUTÊŸCbaſſe l?ſi
clave Cÿ'ſhnfilr' 5 Mr left: de t’eſclzwe (les
hommes charnellement eſclaves dc leur
party) mſempoim héritier avec Irfilr de
ufo-mme Iïbre , de la vérité pure , libre, 8c
non eſclave d’aucune faction. C’eſt ainfi
qu’unjoulyôt plutôt qu’on ne penie,Dieu
échaſſera &Z de ſoy 8C du monde tous les
eſprits contentieux, qui laiſſeront la place
aux paiſibles 8c aux bOnsCcpmdrzm ſelon
le conſeil del’EcritureffloÛMë-a '00.: amer~
par vó‘trepatience , (7* prie-z pour le reſtez-z
âhſſcmcm pour lap-:ix de Îeruſalem. '
'i' Vôzreſelon Dieu.
P o I R E '17.
L
13

SECTION PREMIERE.
AVIS CHARITABLE
pour ſoulager la Conſcience dc ceux
qui ſont Obligez de ſe conformer au
Culte de l’Egliſe Catholique-Romai
_ ne: Tiré d'une lettre d'un Particulier
à- quelques-uns de ſes' amis en France.

Avertiſſement de l’Editcur.
E toute: le: Lemoi- , Advir , Ex—
hcrtatiom' , dſc. que I’on a pub/ie
engrande quantiteîpour ceux quig
trou-arm embarraſſc; dam le: aſſai
re: de la Religion en France , je n'ai
"marc rim nou-0:', qui [n'en Iain dc lcur Pofll’ï
Zuelqueſouldgemem , m- me Paroiſſcpluflot acca- ~
ler leur: canflríencer. Cela m'a toujour: fait de
la Wine, Ü‘j’euſſe *voulu qu'on) :tpm-Mſi quelque
rem :'dc. Enfin cette lettre m’cflam tombc’e mma
le: mainr , j’4i crû gu’clle contenait en partie ce
queje cbcrcbair. Ainſi je 1a publi-:par un mou—ve
ment de pure charité , dam" laPenjè’e quej’en ai
con; 11,9” ellefaurníra leſccours neceſſaire zi quel
que: 50mm amer , dont Ier confi‘ienccs _ſont chan-'
gamm a: lagefucfaute d’inflïuäion convenable a
IIe-ſtat ou :Heſſe trou-vent. Cependant on r dPcr-îï
m'a-'ra arſe’mem qu'elle n'a par eflc’ e’crire dans' le
A7 de _em
14 A v 1‘ s
Seflion IO
deſſein de [a rendrepuhliquefiſ moin: encore Pour
Ouvrir par là un champ u la comrooerſè- Auſſi
l’an eſpere que ceux àqui elle ne plait-4115;, la
laiſſeront Pour ce qu'elle eſl , df qu'il: n’tmaquc
Tompoim dcr gens , qui n'ont autre deſſein que de
faire trou-ver , en quelque e’tat qu’onſoz't ., dd:
moyens d’aller à jeſus-Chriſt ſeul , de* defaire
fmfialue. Adieu.

\Me-:cher: amie,—
Occaſion 'F Uoi qu'il y ait déja aſſez long-temps
deſfèt’n rie que J’ay appris comment il vous ella!
eme lettre. lé , je ne vous ay pas néanmoins écrit plûtôt
ſur ce ſujet. Non que je ſois inſenſible à ce
qui vous touche ;mais parce que ne ſçachant
en 'quel état ſont vos eſprits , je n’ay auffiſçû
comment vous-dire quelque choſe de cou—
formc'à vos diſpoſitions.- Jamaisje n’ay tant——
ſouhaitté de pouvoir 'vous parler , pour ré**
gler mes paroles ou mon ſilence—ſelon l’e’tat
où je pourrois découvrir que vous ſeriez'.
Mais puiſque cela ne ſe peut faire ,je vay me
hazardet à vous &ſe ici naïvement ce qu'il
me ſemblera de plus à propos pour la diſpo
ſition où je ſuppoſe-quevous ſoiez. . Je n'ai"
pas deſſein de vous aggraver vos difficult-ez,
de vous charger encore davantage lañconh
fi-:ience , m de vous faire naître plus de ſem-
poules à de peines intérieures ſur vôtre-chair"
gement à ſur les pratiques que l’on vous' '0*
blige de ſuivre. A Dieu ne plaiſe que je mŸé-z
tudie à vous faire regarder avec plus de 're
mors à de peines ce que vousdevcz fairezde
7 _ ſorte..
CHA-RITA'BLE. i)
ſo’rte quevous ne lcſafiîez qu’cn vous con- Scffimh
damnant vous-memes avec plus de deſeſ- - '
poir , 8c en bleſſant plus mortellement vos
conſciences. C'eſt à ceux qui ſuivent cette
méthodes'à voir,comment ils pourront juſti
fier devant Dieu une voye , par laquelle on
ne peut faire , dans l’état Où ſont les choſes ,-—
que desdeſeſperezôt que des miſérables de .
corps &dffiſprin Pourmoy, je ſouhait‘erois
pl ût—ôtde vous tiret de peine; & tije pouvois
vous communiquer à l'intérieur quelques
lumieres que je puis avoir ſur ce ſujet , j’eſñ.
pére que vous vous ſentiriez ſoulagez de ce
côté-là , &t que vous tourncriez la… batterie
d'un autre , aſſavoir , chacun contreſci—mé
me ô( contre les péchez qui (ont encore dans
chacun de nous , ſans nous mettre beaucoup
en .peine des lieux ,des cérémonies ','des me
nuës opinions ,q des controverſes 6c des di ſ
putes avec quoi l’on prétend ſervir Dieu , 6s
luy étre agréables ou déſagréables.
II. Je voudrois bien , mes chers amis, que Poiflmf
vous comprifficz une ſois pour toutes, que ſenl’ùhqflí
ce qui nous rend agréables ou deſagréables Memo-ï
damnera,
àDieu , cene
quiſont
nouspoint
ſauvera
les différences
ou ce quinous
des ’
Religions extérieures , de leurs cérémonies,
de leurs opinions , ni de leurs diſputes.
Dieu n’aimera ô( ne ſauvera perſonne pour
avoir été Catolique Romain , ou Reformé ,
ou Luthérien : à il ne damnera aufii per
ſonne pour cela , ni pour les différences des
'oginionsôt des cérémonies qu’ils tiennent.
Mais
16 A v i s4
Sec'îioul. Mais il ſauvera tous cenx‘d’e‘ntre eux “qui
s’humilient dans leurs cœurs devant lui 6c -
qui ne ſe preſe’rent à perſonne: qui gemiſ
lànt devant luy de ce qu’ils ſont encore ſi
corrompus, fivuidesde ſonamour, ſi durs
de cœurs. ſi inſenfibles aux choſes divines, \î
aveugles & ſi morts pour ce qui eſt e’terucl .,
ſivivans , ſi ſenſibles, fi actifs pour ce qui
concerneleurs propres avantages ſelon le
monde, lui demandent la lumiere de ſon
bon Eſprit pour connoiſtre l’abyſme desx
maux qui ſont encore’cachcz dans leurs
cœurs; 6c la force de cet Eſprit Saint pour -î
les coriger, & pour y renoncer : qui à meſure -
des connoiſſances que Dieu leura données ,
ſontle bien qu’ils connoiſſcnt x ô: ne ſont
pas ce qu’ils ſavent être mal; qui deſirent
queDieu leur augmente ſes connoiffimces .
afin 'qu'ils augmentent leur pratique ôt leur
obeïſſance; qui l'aiment ôt qui ſe haïſient
Bt Ie mépriſent eux—mêmes ; qui ſont ſes
commaudemens à ne font point leur pro
pre volonté : qui ſont patiens, paiſibles,
charitables ; En un mot, ceux qui élèvent en —
tout temps , en touslieux , en toute occu
pation autant qu'il eſt poffible , leurs cœurs à
Dieu , Priantſon bon Eſprit de venir dans
_euxydetruireles maux infinis , connus de
inconnus, quiyſont, à y produire toutes
les vertus & les diſpoſitions propres à les
rendre agréables à Dieu ; 6E qui le loüent
deslbiensinfinis qu'il nous afaits , 8c de ceux ~
qulil nous veut faire éternellement ſi nous
l'ai—
CHARITAËLE. l7
l’aimonsôttâchons de lui plaire en toutes Section!,
choſes. Ce ſont ceux-là que Dieu aime, & '
qu'il ſauve .1 ſans regarder au parti extérieur
de la Religion dont ils font profeſſion: cat
tous ces partis à toutes ces diviſions ne ſont
pas venus de Dieu; mais pl-ûtôt de l’ennemi
du genre humain , qui a introduit ces divi—
ſions-là ſous de chetifs prétextes , pour met
tre dans les eſprits des hommes des maux
incompatablement plus grands à plus more
tells ,l’orgueil z la haine , les diflenſions , la
cruauté , Bt ce qui s'enſuit, comme aufii une?
ſorte préſomption dt un aveu lement d’eſ- î >—
’ pritpitoiable, par lequel on s imagine d’—êj~
tre agréable à Dieu lors' qu'on eſt de cette
Religion-ci & qu'on
Ill. Certes. mes n’eſt
cherspas de celle-là.
amis, - i
quand on C: 4m c’cfl
Êtoit de l’Egliſe .primitive même , à qui F’ct’ſfl‘
plus eſt, du nombre des Apoſtres , I’on ſera Ïî‘ägé,
damne’ avectout celaſil’on a les mauvaiſes tienne_
diſpoſitions que je viens de marquer,ót qu'on L’ïfl’fflf’ïſj
, . - . d ç” la” ï I
n-ait- pas les bonnes dont je viens-auſii demffïſh_
faire mention: Voï \ÿavez aſſez , qu’iln’y ~
a que la ſeule Religion Chrétienne qui puifle
ſauvcrles hommes: 8c cela eſt vrai. Mais
cette divine Religion ne conſiſte pas dans_
toutes les opinions dont on ſedébat. Les
Diable pourroit avoir les plus véritables , &
il les aen effet 3 &t il pourroit avec cela pra
tiquer tout ce que l’on'íauroit pratiquer au
dehors enfait de cérémonies 8': de culte ex
térieur ; cependant, ſansêtre de la Reli—ſi
gion Chrétienne. S. Jaques fait conſiſter
cette divine Religion en ce_ que nos cœurs
v , ſoient
18 AVIS'
3,3… L ſoient p'urs &détachez du monde , 6c qu’on
ſe ſoumette par des ſervices d’amour ô( de
charité aux plus chetiſs mêmes qui-en ont lic
ſoin : Et Jeſus Chriſt dit , que pour en étre ,
il faut que chacun ſe combatte 6c ſe renonce
ſóyméme , à imite les vertus de ſa vie ôt la
patience de ſa mort: $1' quelqu'un 'veut 'UL-nir
apre? moy (c’eſt à dire , étre mon diſciple ;
ou étre de la Religion Chrétienne ,) qu’il fl.
rmonce f0) me’me, qu’il prenne ſi! croix , _U
qu’il me ſuive. Rennncèr inow-mt’mer,² c'eſt
nous mépriſer , nous quitter, nous haïr
nousôt tout ce qui vient de nôtre crû‘; de
nôtre eſprit , 6c de nôtre cœur originaire*
mentaveugle,fou , impur', &t \i corrompu,
qu’il n’y a rien de ce qui'vientde nous qui
vaille pour autre choſe que pour étre mépti
ſé, hai, 8c mis en croix: prendre fl: cro‘r’Ë',
c’eſiprendre tousles moyens de faire mou
tir nos inclinations à nos déſirs naturels : ôt
_ſhim- Ie Fils de Dieu, c’eſt ſoufi‘rir'comme
luy à la gloire de Dieu avec amour , patience
&humilité tout ce que Wu permet qui nous
arrive de quelque part que ce ſoit, ôt étre
revêtus de ſon Eſprit de ſainteté , de juſtice,
de bonté , 6E de toutes ſortes de vertus. j
Quiconque en eſt là , eſt dela veritable Re
ligion Chrétienne, &ſera ſauvé. Tout le
\ relie, ſoitopinions, ſoitcére’moniesm’eff
qu’acccſloire. Ce ſont comme des habits
différens , qui ne font pas la nature de'
l'homme . à neluy donnent pasla vie 5 mais
luy ſervent de moyens pour ſe mieux ajuſter
ót'accommoder. . -
1V. L’eflen—
ſſ_CHAnrT^ELE. 19‘
IV. L’eſſemiel dela Religion eſt pi” eſ- Fïction ï—
Prit. Dieu eſt Eſprit : dF-ler 'L rait acloratcur: (St Cul”, T0-—
gcns de Religion
L’udorerenfiſprie qu’jl
JF en demande
oert'te’. Quand, _ doivent
il n'y Effimffl,
auroit ni Temple, ni cérémonies ,ni corps, del-:Reli
ni monde matériel , cela n’empóclieroit pas sf" "W"
la véritable Reli ion ni ſon exercice. Le 'um'
- vray Temple où ieu veut étre prié & ſervy ,
c’eſt l'ame humiliée Bt le fond d'un cœur
pur. Le Paſteur quidoityenſeigncr, c'eſt'
ſon bon Eſprit, qui nous parle ſouvent par
les bons déſirsôt par les bonnes penſées qu'il
nous donne , à par les lumieres de nôtre
conſcience lors que nous penſons à nous
/Inémes en ſa preſence. Le culte 61 l’e’xcrcice
qu’il veut avoir de nous , ce ſont les actes &t
les habitudes des ſaintes vertus dont on a fait
mention. Ce Temple , ce Paſteur , ce Culte
nc nous pourront étreôtez de perſonne fi
.longtemps que par la grace de Dieu nous -_ 'A ,.
nous abſiiendrons du péché: car il n’y a‘quë '
1e ſeul péché qui ruine le ſolide de la vérita- -v _
ble Religion , qui profane le vray Temple,
qui déchaſſe le vray Pafleur , à qui faflè ceſ
ſer le vray Culte de Dieu.
V. Lors que la véritable Religion ell bien ;Mm-P….
établie dans leſond de l’ame , (car c'eſt la. eulteexte
ſon throne &t ſa place ,) comme cette ame. "fflſfî
eſt unie à un corps , 8c par là à toutes les cho- ;Tc-Ã…
ſes matérielles de cc monde ;alors il luy im- ſlim-ſmc.
porte peu de quelle'maniérc elle remue ſon
corps‘ 61 ſe ſerve des choſes extérieures par
tapport àDieu , pourvû qu’il ait le cœur , ou
que le cœur tcndeà luy. On peut alorî_ ſe
‘ er
zo A 'v ’1 s
Section). ſervir des cérémonies & d’aut’r‘es choſes de
cette nature , comme de moiens qui nous
rameinent à penſer à Dieu-dans nôtre cœur,
6c àélever nôtre eſprit à lui : Et l'on peut
ſe ſervir d'elles comme on les trouve déja é—
tablies , ſans ſe faire dela peine ô( des diffi—
cültés ſur leurs differences- S.Paul dit à
quelque ſujet, 7c ſuis Perfuadc’quc rien n’eſi!
fouille' ele ſoi même ', mais à ccluy qui eſtime
qu'une choſe eſt fizíiille’e , elle lu] eſt joiiille'e .
c'eſt ce qu'on peut dire des choſes de céré—
monies BZ de culte extérieur entre les Chré—
tiens: elles ne ſont pas mauvaiſes de ſoi-;
mais elles deviennent mauvaiſes à celuy qui'
les ctoid telles : à ainſi , qu'il tâche de recti
fier ſa penſée, dans laquelle eſt le mal, 6c
les choſes lui deviendrontbonnes.
îlpplíco- VLIl eſt vray qu'il eſt à ſouhaitterque l'on"
:ion deu ' \ ' .
Muti.” en viennelalibrement, & qu T11 eſt fort dur -
m …n d, de ſe voir contraint ſuree ſujet. Mais puis ~
l'Egliſe -qu’on vousaimpoſé cette neceſſite (dequoi
R‘W‘ffl‘- rendront compte à Dieu ceux qui en ſont
cauſe,) je vous conſeille ,de faire de neceſ
fitévertu, &de vous ſervir de tout l’vexte-ñ
rieur 61 de toutes les cérémonies d'uſage ,de
la maniere queje viens de dire, comme de
moiens pour penſer à Dieu, & pour éle
ver vôtre cœur à lui. Car c’eſt là leur-véri
table nature dans leur premiére inſtitution.
Leaculte‘ ſolide de Dieu s eſt, comme on
vient de le dire,de penſer âDieu avec amour,
pâiéres, humilité ôt loüanges dansſon cœur.
ais comme les hommes ſont oublieux , 6e
que s’occupant ſouvent au dehors ils per
dent
CHDRÎTAELE. LI
dent la penſée de Dieu , pour cet effet , Dieu &mon l.
a trouve' bon qu’il y euſt de certaines actions,
certains geſtes (St mouvemens , certaines
choſes ſenſibles & viſibles, qui nousfiſſent
penſer à lui :Or il importe ſort peu quelles
ſoient ces* ſes-là p’outvû que véritable
ment nôtre cœur s’éléve & ſe donne par-là
à Dieu , & s’aille rendre ainſi à des penſées
divines; comme il importe peu par quelle
voie l’on aille à un but a pourvû que l'on y
arrive. De ſorte que , par exemple, comme
dans la Meſſe chacun des geſtes 6: des céré—
monies ſont établis pour faire penſer àquel—
que acte de la Paffion de Jeſus Chriſt , fi vous
en faites cet uſage , s’ils vous ſervent d’oc
caſionät de memorial pour vous faire venir
dansla penſée tels &tels actes de la Paſſion
du Fils de Dieu ; &t que cela vous ayant con
duitàla penſée de Dieu , vous vous—laifiiez
enſuite toucher d’amout pour celui qui a
-airíſi ſouffert pour vous , le remercyiez de
ſa grande charité , lui demandiez qu’il vous
ſoit propice , ôt qu'il vous faſſe la grace
d’imiter ſa patience Bt ſa mort ; vous faites
alors une choſe tres-bonne , & pourriez
vous avancer par là dans l'Amour 8c dans
la Grace de Dieu. Ne vous faites point de
peines inutilement. Dieu regarde le‘cœur 6c
, ſon amour; & il ne peut qu'il n’approuve
tout ce qui ſert de moien à nous faire pen
ſer àlui , &t à nous recueillir dans ſon a
mour. ,
VII. Mais, dira-t’on, on adorelà du pain.
C'eſt une Idolatrie ; ô: les ldolatres iäont
. ans
z 7. A v 1 S *
Section 1. dans l'étang de feu 8c de ſouffre. Voilà‘
La cruau comment on tourmente 6l met àla geſue les
n Je la Pre conſciences pour des opinions à des partia
ſent: rrllle litcz qu'on veut ſoûtenir 3 de peur de recon7
JM” PE” -
eng/?ie noitre qu'on S’eſt trompé , o ‘ p’on a outre
.'ſfl Il' les choſes. Je voudrois bie‘tÏavoir quel
img—"lip
mal on fait de croire que Jeſus Chriſt ſoit
m~ imp-Iz
He . "3'
dans lÏEucatiſtie. .Et quand on le croid de
'if-“flè bonne foy ſur ce qu’il le peut dt qu'il l’a dit ,
ſans s’alambiquer beaucoup ſur le com
.ment t n'eſt-ce pas un exercice admirable de
ſoy , d'humilité , &d’abne ation dela rai
ſon humaine &t corrompue P es Luthériens
1e ctoyent bien,- ôz les Réformez non ſeule—
ment ne les condamnent pas pour celazmais
même, ils ne les en tiennent pas moins pour
fre’res , jusqu’à les admettre à une même
communion. De plus , il faut ſe ſouvenir ,
qu‘ileſt dit dans l’Evangile , que router choſe:
_[bnt pri-07H” au croyant . que la fia] peut tranfï
Porter' le: montagne: , Gt que Jeſus Chriſt dit
toûj ours aux hommes , gu’ü -vourflzirfaitſe
[on -vârTefiUDe ſorte que ſi ceux qui offlcient
dt ceux qui affiſtent à la célébration de l'Eu
cariſtie , ont la foy que Jeſus Chriſty ſoit
préſent, cette ſoy là “eſt ratifiée de Dieu , 6c
elle engage Dieu (outre ſa parole -Sc ſa pro
mefle ,) à ſe rendre preſent comme on le
croid: dt c'eſt là une penſée qui eſt ſi claire .1
que je ne doute pas que vous n'en compre
L'abu niez bien la force. ' i
ema :fl m” VIII. Orſi l'on croid que Jeſus Chriſt eſt
conſt-pan”
-ïlætſſaiu
preſent , 6c qu’il le ſoit en vertu de la foy &t
le Ia Pre es autres raiſons mentionnées, pourquoi
Inm mlle. faire
,CHAnrTAnLm a.;
~ faire difficulté'de l’adorer comme preſent? Section i.
Il eſt vray que les Luthériens ne le font pas ,
non-obſtant la perſuaſion qu'ils ont de ſa
vpreſence :mais il y a viſiblement de l'incon—
gruïté 6l de l’indécence dans ce procede-là.
(Jar le ſens commun nous dicte que Jeſus
Chriſt doit étre adoré oû il eſt perſonnelle
ment préſent.
IX. Mais pour ne pas ſe confondre icy , &z Deux/5r
ne pas prendre l'écorce pour la ſubſtance “jŸ'M'
interieure , ni l’habit pour le corps , il faut a'
Obſerver , qu’il y a deux choſes qui portent l‘l-íalutn‘e.
Ie nom d’ddoration : l’une eſhlors qu'on ſoû— 1' .'"1 ‘_
met ſon ame , ſon entendement à ſon cœur 55x31."
à_ Dieu avec amour. C'eſt là la veritable à la dame
ſubſtantielle Adoration que Dieu demande, Z‘PË' “‘
l’amour d'un cœur humilié: Eſtre véritable- FIM"
ment idolatre , c”eſt abaiſſer ét attacher ſon
cœur à ſon amour à quelque choſe qui n’eÃ
pas Dieu , comme à ſoi-méme, à l'honneur ..
à l'argent , aus plaiſirs , &t à-choſes ſembla
bles. Ce qui fait que S.Paul.appel~le l’avarice'
une Idolatrie. Aimer , dans le langage de
Dieu c'eſt la méme choſe qu’adorer. Aimer
autre choſe que Dieu , .ou aimer autre choſe
qu'en Dieu 6: que pour l’amour de Dieu ,
c'eſt Melanie.- Et cette ldolatrie-là damnera
les ames: comme aucontraire , l’Adaratian
qui luy eſt oppoſée , ou l'Amour reſpe
&ueux d'un Dieu 'Ii—qui l'on donne toutes ſes
affections —, les ſauvera. La ſeconde ſorte
d’adoratiou eſt une .Aë’ofdtím extérieure &
acceſſoire , lors-qu'on ſe proſterne avec rc
ſpeé). devant une créature laquelle perſon-
eſtunie î* ~
14. A rv z s
Section 1. perſonnellement à la Divinite’, aflavoir ,-dc
vant l'humanité de Jeſus Chriſt. Cette‘ado—
ration—là n'eſt pas celle que Dieu regarde
principalement, 6E il ne s'en ſoucie pas lors
que le cœur n'eſt pas bien diſpoſé. On peut
adorer Jeſus Chriſt de cette ſeconde ſorte ,
à neanmoins être damné , lors que le cœur
n'eſt pas uni à Dieu :ôz au contraire , fi quel—x
ques uns n’adoroient pasJeſusChriſt de cette
ſeconde ſorte , croiant qu'il ne leur ſoit pas
preſent, ils ne laiſſeroient pas d'être agréa
bles à Dieu S’ils l'aiment dans leur cœur.
Mais ceux qui adorent Dieu & leſus Chriſt
dans‘leurs cœurs dela véritable adoration de
l'Amour, 6E quioutre celacroians que Je—
ſus Chriſt eſt dans l'Eucariſtic , ſe pro
ſterne'nt avec reſpect devant ſa ſacrée huma
nité , dont ils adorent d'ailleurs la Divinite’;
ceux-là ſont trés-bien d'agir de la ſorte,& de
rendre ainſi à jeſus Chriſt tous les devoirs
qu’ilmérite. Et bien loin de commcttrelà
dedans de l'ldolatrie , ils n'en commet—
rroient pas même quand bien jeſus Chriſt ne
ſeroit pas là corporellement comme ils .le
croient ; parce que leur cœur étant élevé à
Dieu, Dieu, qui connoit l‘e cœunôr qui eſt le
Dieu du cœur , voit que ce cœur ne regarde
qu'à luy; 6c la faute ne ſeroitqu’une ſimple
à innocente mépriſe d'une ame laquelle
~ Dieu ne pourroit deſir—prouver , puis qu'el—
le n'a d'intention que de lui plaire. ;Dieu ne:
chicanne pas commeLors
choſes extérieures les .qu'on
hommes ſurſert
s'en les i

3 pour penſer à lui , 6c pour—en prendre occa—


. fion
CHAar'rA'nLE. 2;
fion de luy offrirl’ameâ le cœur, tout eſt seaiour.
bon.
X. Il eſt vray que- la plus-part du monde Lui,, q…
abuſe de ces mêmes choſes. Cela eſt tout vi- 1…… 7
ſible :mais de quoi n’abuſe-t’on pas ?laiſſez '"'fflî‘îffl‘
les autres en abuſer tant qu'ils voudront. 5,,,
Cela ſera ſur leur compte .& non pas ſur 1e .jazz-c…
vôtre. Pour vous, ſi vous vous enſervez **f-“
bien , l’abus des autres ne-vous uuira pas. Si
tous les hommes vouloientſe ſervir des cou
teaux pour en tuër leurs prochains, Qt que
pour moyje m'en ſerve à en couper du pain
aus affamés, je penſe que l’abus de tout le
monde ne—nuiroit pas au bon uſage que j’en
fctÏii' c ſ ' 1 à
. ela e eutSiläîs
.choſesextérieurîa a - i .images
uer toutes les :3:51:12:
vous font ñ
penſer àDieu , à Jeſus Chriſt , aus Saints 8c à P'î’ΑîiÏ‘
,
leurs vertus, ya_ t v-ll dumal là dedans? Je ne fkſl”
HM,aa…
dis pas qu’on s'y .aréte, mais qu'on en prene Images—
ſujet depenſer .à Dieu: & ſi quelques uns eu ‘~
abuſent , qu’on leur laiſſe leur abus. .Pour
m ,j'aimerais cent-fois mieux voir-partout
1 s' mages .de Jeſus .Chriſt 61 des Saints , que
des tableaux à méme deslivres Diaboliques
& impudiques, qui ne ſont que reveiller dans
l'ame des penſées &t des ,paíîions vicieuſes'.
Cependant, tel ſeſeandalifèra des unes qui
ne 1è ſcandaliſèra pasdesautres. ,Aveugle-—
ment de cœur ! ë _ .
XII. Appliquez leméme principe âtoutes Any,...
lesopinions dont on diſpute .fi inutilement. ma.- ml
Toute qpinion qui nous peutſervir âaug— 'P'Rl'ſfflff
menter dans nous l'amour de Dieu 6c de ſa ;Idf cf”.
‘ ' B t Juflí- traverſe.
. l
26 Av-is
Section_ Juſtice , ſa crainte ,la \äinteté,1’humilité,&
qui nous peutporter au bien ôt nous retirer
du* mal , on ne fait pas mal de l’embraſſer 6:
de la croire, quand bien elle ne ſeroit pas vé
ritable en elle—méme. Si un enfant avoit opi
nion que ſon Pere luy full toujours préſent ,
qu’ilregardaſttoûjours ce qu'il fait pour
le chatier ſévèrement s’il- fait mal;_& que
“ de cette opinion-là, quoique fauſſe , l’enſant
en priſl occaſion de bien penſer à ce qu’il
ñfait &de bien faire; il faudroit le laiſſer, 6c
mémel’affermirdans ſon opinion, loin de
vouloir la luy ôtetztoutefaufle qu'elle ſeroit,
elle ne laiſſeroit pas de luy étre trés—bonne &t
trés-ſalutaire: 61 par ce principe, je ne vou
drois jamais ôter à ceux 'qui croyent que
“ , Jeſus ChriſLefl preſent à l’Eucariſlie , la
f _ penſée qu'il y ell preſent g puis qu'elle eſt
- tres-bonne pour* faire'vivre les hommes en
-- reſpect ét en crainte devant Dieu", 8: pour
exercer leur ſoy ,leur amour, ôt leur recon
noilſance. -- ~
ApPlit-ï- XHI. Je, dis bien plus , la penſée que l'on
“"”
meme""‘
à la a,que ceux
. qui
v , meurent en la grace de Dieu
Pactflſifll ſans avoir purifié-leurs ames de tous pechés ,
?gm-SE” en ſoyent purifiez aprés la mort avec peines
" '
fondement. &douleurs,cette doctrine là tenant les hom
mes en crainte de mal—faire a en deſir de (è
ſantifier icy , en eſtime 8t- en reſpect pour la
Juſtiœ incorruptible de Dieu,eſi une doctri
ne non ſeulement bonne àl’égard de: ſes ef
ſets, mais méme (quelque abus à quelques
contes qu'on puiſſe y avoir mélé ,) elle eſt
tres—veritable en ſoy. Car comme rien de
- ſoüillé
CHARITABLE. '2.7
Ihäülénepcut entrerau Ciel, &que ſims la Satriani—
parfaite íàutificationhul ne verra 'le Sci
ÿgneur -, lors quÏil arrive qu'une àmeeſtdecé—
clée-de cette vie dans l’amout de Dieu, ayant
encore néanmoins des impuretés dt des
mauvaiſes habitudes en ſoy ; 1e .Fang de Jeſus
.Chriſt, ou la—grace de jeſus Chriſt purifiantc,
qui vient aprés la mortdans cette ame pour'- >
la purifier , .ou pour achever-àla purifier' de
vtout péché, yztrouvant encoreplusjou moins
desreſtes du mal à doſes mauvaiſes habitu—
des ô: pentesJes combat pour les enzchaſſer .f
&ce-combat de la Grace purifi‘ante de Jeſus
,Chriſt contre le mal d'ansune ame forrſenſi
ble,laquelle il veut nettoyer d~e 'tous' le’s‘reſtes
du péché , ne ſe fait pas , . & ne peut ſe faire.;
\ans-de grandes &de vives doulèursmon plus
que—dansles choſescorporel’le—s on' ne pour?
roitv retrancher ſans douleurs un membre
pour-ri d’avecunautre membre encore_ nm
6c vivant : l'ame auſſi ne pouvant jouir de_
la pure &lumineuſe preſence _de Dieu ſi
l longtemps qu'il Y ,a 'encore quelque mal
l dans elle ,la priyaçion‘où elle'ſe voit de, cette
aimable preſence,iuſqu’âcle Ïque ſa’putifi'ca-j
tion ſoir-achevée , _ ne peut'que lu) étre‘auflï
pénible
-_ XIV.queſonamour eſtgrähd.. ’ ’ ’ aſſeí
Il :meſemblequet'ſſoutcſclaêſt "“ ’~ Mz…
l clainpuurzéixê Somprls.,,óçipoütxacquíéſcer par ?co-tr(1'
avec— repos dîeſpritd'aus l’état 'ou vous étes, r chir-n .
iiinsecoute; toutes :les oppoſitions par …leſ ſa”mn”.
Chri*
7-—
s ?fielleson voudroit rendrezvos ſçgnpul’es pee "5""- "4?
l autsôz inſupportables. _Si vvous aviezz'encore. comporté
filon ce:
c . Cêmmeautrçfois_la'libertédutriſte'exterieur P.- map”.
é ..l
2. ’&ſidé
2‘8 îA v r s r
Section l. 8:v de proſeffer tels _ſentiments -qu’il- vous
plaî'ro'itſjem’aurois
ſ comme ardeſurcela
je fais, ni d'in' ſter de vous écrire
; puisque
j’e conſidere ces penſées làeor’nmeindffl‘é
rente‘s‘par rapport'à l'eſſentiel de' la veritas
ble Religion Chrétienne dontj’ayparlé ñ: 6e
ainſijem'e mettrois pîuen peine de 'quelle
maniere l°dn's"y comportait , à quellelopi—
'nion l'on 'eu'ſt'l'ä defius , moyennant que
l'on cheróhaſt ou poiledaſt- le principal:
Mais comme’v'ou's n'êtes plus dans ice-t
te liberté-'là ', dt qu'il n’y-a plus d‘a'ppa—
rence que Vous y retourniczjamais, je ſe
rois mari-y que vous tourmentiez vos ames
pour des choſes acceſſoires , qui n’étant—pas
mauvaiſes , 8l qui méme pouvant—étre d'un
tres—bon uſage , vous deviendroient néan—
moins perniçieuſe’s par 'l’o 'inion que vous
auriez qù’e‘lles ſont mauvai es, Gt etr—les pra—
tiquantç’ontrc les îîzhtimer‘rs de votre een
ſcience. Sij’éro‘is en vôtre plaeqjeneferois
nullement 'en peine de conformer de
bon-cœur 'au culte exterieur de l'Eglilè 'Ca—
ËóliqueRomaine, -ôr’ 'méme je 'le Fourmis
faire avecjedification ~— mon eme. Ses
fónâemens'ſdnt‘hobs ,- Bt plus Tel-'idee que
, l'aune s'imagine z ' ZEt' quoique Pen Team-.j
mette beaucoup d'abus , &que lapins-part
. d eſe‘s membres ſoient-de mauvais'Oluetiens
!le des méchans‘devan't Dieu., cela ne vous
peut nuire.
ſ . compte' a' '-Dieu:C'eſt
defi]poureux.
móaefiï Un… remi”
,' dit l’Ecr-i
ture.‘ lln’eſtpas_ vray que lors qu’il yades
abus‘, &méme eertainesetreuts MMM-1
’ 4 qu'un
CHARIT’LBLE. 29
qu’ñundes partisdela Religion Chrétienne., Seàion L
6c qu'on affine &participe à ſon culte ubliç
_à àï‘es cérémonies, l'on ſe rende co able
detous les abus qui s’y commettent: t je
nevousſçatuoisdonnerde meilleur garant
If
*de ce que' je dis que la' perſonne d‘e Jeſus
Chriſt même, lequel- affiſtoit 6E participoít
à toutes les cérémonies des Juifs à à tout
leur culte, quoiqu'il y euſt alors entr’eux
mille abus , 6L meme. quoiqu’on y toleraſt
des erreurs mortelles , comme celles des
Sadducéens-&comme l'opinion ,commune
qu'ils avoient d'étre juſtifiés devant Dieu
par la ran'que judaique de leurs cérémo
_nies , e leurs ſacrifices , à de leurs ordon
;lances extérieures: ce qui_ étoit une pure
idolatrieär une abnégarion de lajuſtice de
Dieu, ainſi quelefaitvoir S. Paul. Cepen—
dant Jeſus Chriſt ôt ſes Diſciples y affllloient
.à s’y conformoientſms ſe rendre pour cela —
coupables ni de leurs abus ,, ni de leurs er—
teurs; parce qu'ils en tiroient ſeulement le
bon uſage, ſe ſervant de toutes \ces choſes
pour penſer à Dieu avec amour 6c humilité ,
â pour en elever àDieu des coeurs fineércs ,
bien intentionnés , ô: diſpoſés de la maniere
que l'on a dite cy-devaut. O ſi nous regar
_dions plus auschoſes inviſibles, &- au culte du—
cœur , qu'àce qui eſt viſible-8( quin'eſt que
l'écorſe . que le dehors nous feroit alors
peu de peine a ô: combien-facilement nous
pourroit—il méme tourner à ſecours & à
bien! je prie Dieu d’e vous e’elairer là-dcſſus,
à de vous rendre. \fragment ſpirituels ,à a—
- ~ ' 3 .. ' ‘ *doraz
"'Avxs
l
~ W…. doratcurs en eſprit 6! en verité ; 6c alors
;Vous ne vous mettrez plus guéres en peine
's'il
gagne.ſaut adorer en Jeruſalem ou ſur .la Mon î

ſmc I'm” ’ XV. Quoique je ne ſçachc aſſurément


w‘tfl par comment cecy vous reviendra , croyez ce—
,pour 1 a 1m:
ſort” de
pendant quejc vous l’ay écrit par un vray
,uſo/5;. u. motifde charité ô: de de ſir pour vôtre \àlut ,
afin de vous y e’tre à avancemengôzpóur ſou
lager vos conſciences à leur procurer quel
0 que reposdc ce cÔcé—là.VOusuſerez diſcrete
ment de cette lettre, ſans la communiquer à
ceux qui ſont trop opiniatrés à leurs maniéſ
res pour en tirer du bien:encore moins faut
il inſiſter ſur ce qu’on en avoüe l'es penſées.
Je n’ay écrit pour chagriner perſonne; mais
pour lâcher de faciliter \quelque tranquillité
d'eſprit à ceux qui aimeront mieux en 'cher—
,cher par cette voye, ue d'étre ingénieux à
ſe tourmenter,& à ſe aire naitre des ſcrupu*
les qui leur changent en péché à en matière
de damnation tout cc qu’ils font : je laiſ
ſe ceux-cy à leur Methode , 6l je déſire
qu'ils me laiſſent en paix.
.IW-i: Ji ' XVI, Si l'on vous prend vos livres , vous
[rt—“Tn” à pourrez en trouver de trés-édifians à dc
de undni
U;
* ~trés~ſalutaires entre les Catholiques R04
mains'. je vous recommande le livre de l'I
mitario'n de Îefu: Clmfl ou Thema: a' K‘empir.
C'eſt un threſor incomparable de toutes les
richeſſes ſpi‘rituelleszil ne peut rien manquer
pour le ſalut à quiconque le \'çait à le prali—
quezlessaints mêmes les plus avancez y peu
vent trouver leur leçon. On peut Y ajouter le
“ \ ‘ '“ Clin'
\
CHARITABLE. zi
Cls'rc'tien ImeTicurdeM, de Bernier”, qui eſt Section.
un thréſor de méme nature. Ie ne vous en
nommeray pas davantage , ſinon , qu'en
matiere de théorie vous ſerez bien de lire
l'Expoſition de la Doctrine dc l’Eg/rfl* Caroli
que par Mr. l'Eveque de Meaux , ſans vous
are’teràce qu'on dit qu'il déguiſe les ſenti—
mens de l'Egliſe , dt que la plus—part ont ~
d'autres opinions à d'autres pratiques Soit.
Laiſſez leur en avoir tant qu'ils voudront._
Pourvous , tirez toûjours de toutes choſes
le meilleur ſens à le meilleur uſage qu'il.
vous ſera poſſible , &t ne refuſer pas les ſe
cours que l'on vous donnera pour cela a ſans
vous mettre en peine ſi les autres entirent
du bienoudu mal. Dieu ne vousimputera
pas ce que les autres auront fait , mais cc que,
vous aurez fait vous memes. Si je ſçavois le
détail de vos ſcrupules ,je vous e’crirois plus
particulierement: mais ne le \cachant pas ,
je finis ma lettre , en vous exhortant à ne pas '
vous enaigrir contre les méchans &t ceux
qui vous ſont du mal, .mais à prier Dieu
pour eux , dt à luy demander pour vous la.
grace de tirer du bien de'tout , dt de connoi—
tre par effet en toute occaſion combien
étendue à univerſelle eſt cette admirable
maxime de S. Paul ,TOUTES cHqsxs TOUR- '
NENT EN BIEN A> ceux V11 AIMENT'
DI Eu. Adieu.
1 Le MNH-derrière
‘ 1 6 S. 6,.

B4 ‘ SEC
32 REPONSE'
Seam!- 17._
SECTION II.
Réponſe à quelque: dtfficulte'; qui [à lu.:
. part, ont c'te' faim 'verbalement ſir le
ſujet de la lmr'e précedente.
‘I—. L A lettre que l’on vient de voir ne pâ
" 'rûc pas plûtôt a qu'on en fit plus de
bruit que je n’avois entendu. On en parla
ſon div erſemem ,- maisj’ay cu ia ſatisfaction
de reconnoitre à-cctte occafion-qu’il— y avoit
cri-core au mon'de plus de perſonnes-équita
bles à impartial’les que je n’euffl: oſé eſpé—
rer. Car je puis dire avec'véti-té, qu’en tous
partis , Catholique) Rcformé ,Lmhéricn ,
ce petit écrit , qui eſt d'un caractére à ne
pouvoir plaire qu’à des perſonnes juſtes à
desintéreſſées , a trouvé les plus gens de bien
pour appmbateurs.- Il ont bien vû &ſamy
dans leurs cœurs , que vcrikablcment l'on
n’y avoit pointd’autrc deſſein que de ramei
ner les amesà Dieu par l'eſſentiel de la Reli— l
gion Chrétienne , qu'on y diſtingue fi clari
rcment de l'acceſſoire , avec quoi on l’a 1
juſizu’icy ſi pernicieuſemcnt confondu : ce
qui eſt la ſource de toutesles mesintenigen—
ces &de tous les troubles du Chriſtianiſme.
Et quant à l’acceflïzire & au cultev extérieur ,
on s’efi bien apperçu, qu’on !e recomman
doit parle point ſolide à i11conteſiablc,qui
ruine l'hypocriſie, la ſuperſtition,lestrou
bles ô: lesxiiflemions: car quiconque ſe ſer»—
vïrade 1~cxtéricur, quel qu'il ſoit, pour lè
> . ten
'aux Difficulté: verbales. 3‘3"
rendre àl’amour de Dieu &du prochain; à »Semen rr.
l'humilité, à l’abnegation deſoi méme, ôc '
à l'imitation de Jeſus Chriſt, marchera fer- ‘
mément par tout., ſans jamais bronchen
Hors de’cela, tout n'eſt qu’hypocriſie. que
ſuperſtition , que moqueriedc Dieu, 5c qu'a—
veuglement de cœur. - Et c'eſt par ce prin
cipe qu'on adécid—é la difficulté qui emba—
_raſſe beaucoup de bonnes ames- , qui: ſont
dans la necefiité , ou de pêcher à de ſe geſ
ñ ner ë( fouiller la conſcience en faiſant des
choſes qu'elles croyent mauvaiſes ; ou de
ſe laiſſer informer , ſi poffible on ne pourroit
pas leur donner, dans l'état où elles ſont,
_quelques lumieres pour leur faire voir que
_non ſeulement elles peuventéviterle peche
— enpraiiquant ce qu'elles ſont obligées de
faire; mais même qu'elles peuvent ſe ſervir
des mêmes choſes comme de moyens-'à s’a- ~~
;vvancer dans l'amour de Dieu à dans la voye 7
du ſalut.
ll; Mais
ſ ',ritable ſi un des
a trouvé deſſein li Chrétien, &ril ſiaauffi
approbateurs cha- Qu'a—'r
“Mim
. L d
;rencontré des perſonnes qui ſe ſont decla- :.53, '1;
.reesà l'encontre d'une manière la plus crn- [mn P"
portéeôttout enſemble la plus ridicule du “""ffl ÿ
;monde Il n’y a eu perſonne qui ait pû y fai—
1 …re une_ ſeule objection ſolide; &je m'ima
-gine quece qui a le plus piqué les ames par- '
-tialles, ,c'eſt qu'ils ont bien vû que lesvéri- ' _~'
-jósgqu'op avancent, étoientirrefutables. Ce- ’
.la les-a dégoutés de leur conſidération parti— —_ . .
ñeuliére pour dire des injures v es ô: en ‘
Ãl’ain Parrapportà lapetſonne. e cs uns qnt ""
ç . z B F dit,
34 REPONSE
SïctíonlL dit, que cet Autheur n’avoit point de Reli—
gion; d'autres , que c'étoit un Papiſte dé
guiſé r; quelques uns mêmes , que c'étoit un
Socinien. Ce qui m'a fait rire , 6c hauſſer les
épaules de pitié ſur l'ignorance &la malig
nité de l'Eſprit de l'homme , qui apercevant
.la lumie’re,& remarquant qu'elle luy fait Voir
que ſes affaires ne ſont pas ſidroites qu'il les
croit, ou du moins que celles des autres ne
ſont pas ſi mauvaiſes qu'il ſe l’étoit imagi—
né , voudr oit bien la rendre inutile en la fai
ſant paſſer pour un feu d'égarement.” nefaut
que ſçavoir lire pour remarquer dans cette
'lettre la rejection préciſe du Soeinianiſ—
me dans ſes deux chefs principaux, qui ſont,
.la négation de la Divinité du Fils de Dieu ,
Gt le Pelagianiſme : 6l l'on n’y voit pas moins
qn’e’ncore que l’vautheur ne ſoit- pas attaché
~ à un party 'avec .l'opiniatreté' &1 la fureur
aveugle d'un 'Sectaire entétés néanmoins ,il
n'en condamne pas , 6! méme il en recom
~ mande, le culte à les pratiques par le bon
‘ ,, , -côté z à que d'ailleurs il tient fi fort pour
‘ ’ -l’eſſentiel de laReiigion Chrétienne, qu'il
-pourroit -dcffie‘r ſes *ennemis d'y avoir plus
; l ‘ .d'attachement que luy. î œ 1 " ~‘
Z‘Ÿfflſ’l" - lll. Ceux qui 'ont le plus deſaprouvé' la
'~
tufidl-rï- -lettre 'des Avi:
. charitable: -, ſont
_ quelquesl
m,- d- * uns des refugrés de France, qui: croyant avorr
Mm!" &fait unc œuvre héroïque de tout abandon— ~
;JLE-m" ner pour ne ſe pas rend-re zu'culte-qu'on letir
«M Reli-l. vpropoſoit , ſe regardent comme des Con
xî’î' P‘î‘” feſſeurs‘ou des demy-Martyrs; dz 'il leur ſem'
'*"‘"' -ble ',~ que cette lettre leur ravir ñ ces qualités ,
~ -‘ " ' - - les
aux Difficulté: 'verbales-ſi 3;
les convainc,, d'avoir fait peu de choſe; dt Section Il:
méme , qu’e—Ile paroit improuver &leur con—
duite à leurs actions. Maisje puis proteſter
devant Dieu , qui mejugem , que je n’ay pas
cu la moindre penſée de- les deſaprouver, de
les me’priſer , de les condamner ,, ni eux ni
leur conduite 5 à qu’au contraire, je les eſti—
me à les approuve juſqu’à un point qui doit -
les— ſatisfaire ,r ë: que je diray- incontinent.
je n’ay eu uniquement égardqu’au ſoulage
mentde ceux qui ſont dans un étatôt dans
des circonſtances où ſiceux qui deſaprou
vent ma lettre ſetrouvoient preſcntement,
ils ſeroient les premiers à faire l'éloge de cet
écrit,, & à l’approuver de tout leur coeur:
mais ſe trouvant. en d'autres circonſtances ,
- ils condamnent par un principe de peud’é
- quité ce qu’autrcmentils auroiem été bien_
ai ſes de ſçavoir ô( d’embraſſcr. -- ~
Deux [bm r
IV. Cependant, ils ſe donnent l’allarme Je Mann:
tres—mal à propos en s’imaginant que ma let (F de Ca”—
tre leur ravit les Témoignages qu’ils ſe ren- fïſfffl'ï-ſ
dent d’avoir bien-fait. Car outre qu'elle nc
les regarde pas directement., je tiens que des
P erſonnes Quicro Y ent qu’une choſecſtmau- -
Vaiſe dt deſagteahle à Dieu , ( quand bien ce
ſeroit par erreur ,..) font bien de Hévitct à
quelque prix que ce ſoit; fuſt-ce méme au '
prix de leur vie ; &- qu’ence cas., s’ils nejſo-nt
pas Martyr: de la 'verite' eſſentielle du Chriſtia
niſme g au moins ſont-ils ou Confeſſeurs ou
- v15e
Many” de la bonne
de la _fim‘erite’ conſcience,
de—cœur enversdela
Dieu,bar-meſa]
lequel
regardantau cœur , s’il voit que ces perſon,
…u‘
B 6 ‘ nes
3:6 R E P o N s E
Section Il. nes ſoie'nt d'ailleurs dans ſadivine crainte D
dans ſon amour &dans l'humililé,il diffimu
le ce qu'il y'a' dans elles-de ténébreux ôt d'im
. parfait; 6c recompenſeleur finceritéôtleur
bonne conſcience d'une recompenſe que ſa
* juſtice & ſa bonté proportionnent à leur bon—
ne diſpoſition.
Mari-w c” ~ V. C'eſt ain’ſi que j'eſtime que dans tous
r :null-Hit. les partis du Chriſtianiſme il yaeu des gens

dc bien qui ne ſont pas blamables , _ô’t mé


me qui ſont‘louables', d'avoir ſuby toutes
ſortes de touttnens, &t méme la mort, plûtôt
que de s'étre rendus à des choſes qu'ils
croyoient péché quoi qu’elles ne le fuſſent
pas. Les Catholiques Romains dt les Pro
~ tellans , ont eu quantité de perſonnes dela
ſorte à qui ils donnent les qualités de Mar—
tyrr &de Cmfrflm”. Cependant, ileſiim-v
poffible qu'étant oppoſés comme ils ſont , Gt
ſoufflant
ſoient touspour des àchoſes
Martyrs Confeo ſieurs
poſées
de ,l'eſ—
ils
ſentie] du Chriſtianiſme ( qui eſt ce qui fait
le vray Martyrz) mais il n'étoitôr n'eſt pas
encore impoflible que nonobſtant leur 0p
pofirion , iis ſoient tous Martyrsôtconſefiñ
ſeul-s de la bonne conſcience-St de la ſince
rité d'un cœur qui eſt droit devant Dieu:
parce qu'il n'eſt pas impoflible que les uns
croyant de bonne foy qu'une choſe qui d'el—
le méme ne ſera qu'acccſſoire dt exterieure,
ſoit agréable a Dieu; dt que d'autres eroyent
'qu'elle luy ſoit des-agréable dt que c'eſt
un péché: ſi bien que ſelon ces différentes
vues , chacun peut en fincerité à dtoiture de
- - cœur
ñ.

aux Difficulté: 'verb-aler. 37


cœur ſouffrir des traitemens fâcheux juſ- Section”.
qu'à la mort pourdes choſes acceſſoires fl
oppoſées , qu'ils croyent néanmoins par
foibleſſe ,&faute de plus de lumieres , étre
eſſentielles juſqu'au point d'étre ou peché
ou bonnes œuvres ſelon qu'on les pratique
ou qu'on les Ômet. Cette diſpoſition eſt in
î finimcnt
Dieu ,queplus
celleloüable
de ceux Btquiplus
pouragréable
éviter desà
incommodités temporelles , ſont des choſes
qu'ils tiennent pour péché à pour desagréa
bles àla Majeſté de Dieu.
VI. Ainſi donc non ſeulement je ne con- Le mdr-!fic
damne point les perſonnes qui pour éviter de l- *me
ce qu'ils ont crû étre péché - ſe ſont expoſées Z˒ϑÑZ’L_
à beaucoup d’incornmodités ; mais méme "mm",
je les eſtime &les loüe , pourvû que d'ail- &Animé;
leurs elles ayent la crainte 61 l'amour de ‘,"’"’"""
c rj) :me
Dieu. Il vaut mieux ſouffrir dans la chair PWM-…n 4, -
pour 1a paix de la bonne conſcience ; que [d'y-"filli
de ſouffrir dans la. conſcience pour la paix “
ô! pour l’accomodement de la chair. Mais
auſſi pour ſouffrir _de la ſorte d'une maniere
qui ſoitagreableàDieu, il faut que le cœur
ſoit dans une diſpoſition ſi ſincéreà l'égard
de la choſe pour laquelle ilſou e , que S’il
ſçavoir mieux, il fuſt— preſià de iſter de ſon
opinion, à àſe rendre àune meilleure in
formation. Lors que cette diſpoſition n’eſt
pas dans le cœur, alors on ne ſouffre que
pour les idoles de ſon amour propre , de ſa
partialité , à de ſa propre volonté : mais
lors qu'elle eſt dans le cœur, à que néan
moins Dieu ne permet pas qu'on air ſujet de v
-ï B 7 ſe'
38 REPONSE
Section Ir. ſe mieux inſtruire, alors fil’on ſouffre pourI
e choſe qu'on croid agréable àDieu, ou
?our en éviter une qu’on tient pour péché ,
on ell veritablemónt agréable à Dieu à rai
ſon de l’amourlincére, quoi que peu éclai—
ré , qu’on a pour Dieu. Que ſi Dieu fait nai.
rre à ces ſortes de perſhnnesl’occaſion de ſe
mieux informer de la vérité , 8c de connoi—
tre que ce qu'elles croyoient eſſentiellement
bonne œuvre ou péché , ell indifi‘erent de
ſoy, à que ſelon de différentes circonſtan—
ces &diſpoſitions cela peut ſe pratiquer ou
s’ometrre ſans péché 6( avec édification; en
ce cas , les perſonnesvrayementſincères8c
droites de cœur , ſe rendent ſans façonà une
meilleure information: &quand bien elles
auraient du paſſé ſouffert pour ce qu7elles
voyent alors étre indifférent; neanmoins ,.
f elles ne perdent nullement la recompenſe
- de leurs—ſouffrances paſſées ; parce que Dieu,,
qui regarde au cœur, ſçait 6c void qu'elles
les onrſouffertes en intention de luy plaie
re &avec un cœur affectionne à ſon amour
ô: à ſa volonté. Et c’eſi cette droiture de
cœur que Dieu recompenſera. Mais s’il ar
rive que ceä perſonnes aprés avoir été mieux
informées , veulent s’dopiniâtrer à-tenir pour
eſſentiellement bon ou-pour peche, ce qu’on
leur fait voir ne l’étre pas; alors elles per
dent tout le fruit de leurs ſouffrances paſ
ſées , deviennent eſclaves de leur propre
volonté à partialité .. ennemies de la pure.
lumiére,attacbécs factieuſement &judaïquee
ment à lTacceſſoire a abandonnées aus :fie,
x D
es
mix Difficulté: 'verb-iles.] 39
bres & aus parlions corrompues de leurs Sectionlſ.
cœurs , perſecuteurs memes dela plus pure
vérité , à fils de lagehenne au double. Y
prenne bien garde qui veut prendre'ſon ſalut
à cœur.
VII. Il y en a pluſieurs qui ſe trouvent
dans ee perilleux état, que toutes les bon
nes ames doivent beaucoup plus éviter qu'el
les-n'ont fait autrefois les choſes bonnes on
indifférentes qu'elles croyoient mauvaiſes
8c ſouillées de péché. Voyez, par exem
ple celuy qui aécrit contre les claires lumie
resdes Avr s CHAR r TABLES. Comñ’
ment ne s'eſt—il pas funeſtement engagé à
combattre ôt à decrier pour poxfim pcmicieux
un écrit qui ne contient que la pure vé—
rité , ôt qui ne ſçauroit tromper perſonne,
en ne recommandant comme eſſentiel que
ce qui eſt inconteſtablement eſſentiel ; dt
comme indifférent , ce ſans quoi lors qu'on a
cet efientiel, on peut étre'ſauvé , 6l avec quoi
lors qu'on n'a pas le mérite eſſentiel , on ne
le ſçauroit étre. Voyez comment il en eſt ve—
~mi juſqu'a n'appr'ouver pas‘l'uíäge des cho
'fis extérieures autant qu'elles conduiſent
àDi—eu &à l'a vertu , &qu'en les pratiquant
on arrete le‘torrent‘d'une infinité de deſor
dres& de péchés. De bonne foy,condan‘r- - . z
ner cela’n’eſt-ae pas une marque evidence* » ï.
dujuſte jugement de Dieu ſur les eſprits con— '
-tentieux, partiaux &o‘piniâtn-S, qui devien- it' *
nent ait—rfi rebelles -à la'vérité , & qui méme ~
*ſe revêtent d'un eſprit de perſécution con- _~ ë'
'tre ceux qui 'l'avance—'nt P tout cela ,’ parce ë‘ '
qu'ils.
40 REP'O’NSE
SectiPnlI- qu’ils ſont indociles, 6c que par orgueil de .
cœur ils ne veulent pas reconnoitre qu’ils
étoient mal-informés , 85 qu’ils ont pû ſe
tromper. Ces genslà déclament à gorge dé—
ployée contre] inſaillibilité du Pape de Ro—z
me à de l'Egliſe Romaine 3 &l cependant en
verité â par effet chacun ſe tient pour Pape—
ôc pour infaillible plus que le Pape méme en
toutes les deciſions qu'ils ont une fois faites
_touchant le bien à le mal , la verité à la
fauſſctéhcar depuis qu’ils ont une foisdit:
Cet-'j eſt neceſſaire tif-tlm; cela ne l'E-ſtp” : Cet-'y
(fl Melanie Upc’cbe’; cela ne l’eflpar : Icy on
peut (Haſan-ve', là mm; ne croyez pas qu’ils
cn de’mordrontjamais. On dit bien en l’air,
qu’o” n’eflpar infaillible; qu’myeut ſe tram
pc-r, à qu'on eflprct à ſe reconnaitre quand on
_ſèramieux informe'. Mais ce ſont des paroles
à faire dormir des cnfans. Le cœur, le cœur,
le miſérable cœur plein d'orgueil 6l d'amour
de ſoi me’me ô: de \a partialité , en empêche
fortement la ratification. _On ne peut ſe rc
ſoudre à la loüable .honte de dire 5 Term":
mal iîforme’- Ïe mefui: trompe—'M Ü‘j’ayenga
_ge’ de annefoy 1er autres-414715,' la ,me'mevmerin
telltgeuce , oû Dieu wit_ pourrai” que j’ay 4g
enfince’n'te’de cœur auſſi want-que me: lumière:
on 'UM' allaient juf u’alorr. .
,me noir VIII. ette ſorte de confefiion ſeroitfi
de hom( de agréable à Dieu & aus bons , elle ſeroit ſi
"'f’më'î’j propre àattirer la benediction de Dieu, dz
,I 0714p . \i . .
fl …MW a cbangcr en bien, ou méme afaueimppter
n- iut-nt _a bien toutes les bévûes paflées qu’onfaiſoit
""ffl-ï- avec bonne intention a que je ne ſçaxpour
. ’ quoi
aux Difficulté: V"Ix-1”. 4]
quoi on en a honte. Faut-ildonc avoir lnzate section u,
de ſe reconnoitre ſujet àſe. tromper, ,ſii’t tout
à ſe tromper en jugeant d’autruy à des céré
monies «St Pratiques d'autruy P Et' faut-il ſe
fâcher de voir que l'on repreſente cela à
tous les partis du Chriſtianiſme au méme
tem—ps qu'on leur fait voir qu'ils ont cha—
~ cun raiſon dansle bon uſage qu'ils ſont ou
qu'ils peuvent faire de leurs pratiques a &
que l'erreur à la faute conſiſte ſeulement en
ce que cbacund'eux ne ſe contentant point
qu'on le iuſtifie en cela, veut juger ôt voir
condamner ſon prochain: ce qui eſt mani—
feſtement contre le precepte de l’Apôtre;
(a) To) , un tel, Pourquoi condamner-ru un (a) Rom.
frere? #Fray , un autre , pourquoime’prifu-ta 14.
to” frere P N'eſt-ce par die-vant 1e Tribunal _de
Î- Cbnfl qu'il mur faut tour paraitre P L'un
croid qu'on peut manger de toute: choſe: ; dr Pau
”e qui eflfor‘He, ne mange que de: berbager :
(l'un croit de pouvoir ſe ſervir de toutes ſor
tes de ceremonies ; & l'autre s'abſtient de
telles à telles comme d'un péché.) L'un eſZr’
mimjaur (une ceremonie, une opinion,)
plu: que l'autre : l'ame eflime chaquejour e' al,
(chaque ceremonie indifférente de ſoy.) ue
chacunſdi; en Paix JF macquiefcenunt Id deſſu:
dam ſm eſprit Cela) qui a (gard à nnjaur (à une
eeremonie,à une opiniomà la préſence téele,
à la transſubſtantiatiomôtc.) [cf-:ir a' deſſein de
j—Iaive il Dieu : dater/u) qui n'y apoinr d’ejgardile
fait en intention de plaire à Dieu: Dc me’me auſſi;
erluy qui mange , Icfaitjèlon Dieu, à qui il, rend
grace: de l'uſage tier 'viande-t 5 da ccluj qui
fm'
47. REPONSE.
Seaionn. Parflilzleſſe ne mange Point de quelque choſe
depeur de pe’cher , le fait auffi jour plaire
à Dieu , à _qui il rend acer de ce qu’il
peut s’abflenird’une cho e qu’il— croid m'au
vaiſe. Ilrfom tout cela, ôt le relie , pourplairc
al Dieu. Toy dom: , tete partiale & murine ,
ur' c’r-tu pour condamner le Sm' virem- d’aurruj ,
gl de Dieu méme ?s’il eſt debout ou S'il tombe,
s'il peche ou s’il nepeche pas , c’eſt l'affaire
‘ deflm Seigneur, qui l’affermira lors méme que'
’ tu t’imagines qu'il 'tombez car il eſt puiſſant
pourl’emprcbcr de tomber quoique tu le cro
yes abymé dans le précipice. Ne nourjugcam
doncplu: le: um' le: dun-er; mai! jugez plutôt
que 'vous der-eq je’ne dis pas ne 'vom' Paint dan-ſi
ner deſcandale; mais ne vous pas haïr , con
damner, entremanget les uns les autres â
cauſe de vos différentes cérémonies Gr de
vos menues opinions là deſſus. Car le Roy
aume de Dieu , le vray Chriſtianiſme , ne con
fiflepar m cerſbrtcr de cbofer; mai: en lojufli
~aus
ce, cœurs
en lapcr'x,
purs drenipirituelis
lajoje- nequi
donne
ſontle ſes
&Eſprit
vrais

Temples & ſes 'vrais' Adam-teurs: Er quícow


quefen Îefu: Chriſt de la fine , efl agreable à
Dieu” au: gem- de bien. Ie fçd) i9' fui:
perfimde’paſ le Seígncur J E s U s ue nulle choſe
n’efl [buillc’e d’elle me’me : mai: ce uy qui cm'd
:me chofcflwille'e i5' mauvaiſe , elle lu) eſt mau
vaiſe. Æc lerfortlfupponem donc Ier infirmi
ce’r derfoiblcrflzm couloir que tout aille a' leur
propre-Plaiſir, _U que chacun AZ une juſte ccm*
deſcmdence pour l’edifi‘cation e ſon proc/Jai” ,
ainfi qu'a fait Ï. cbr-ſt. Voila ladoctrgnlg de
~ ‘- _aul
aux Difficulté; Ver-bai”. 43 ."

9. Paulauiujetde choſes de méme nature Sect—ion u.


que celles dont il s'agit. .
IX. Si les Chrétiens S’etoient appliqués à On m .ft/Z
'ſe condamner pour deÿchoſes inconteſta par co n
Jan-Mſn”
blement eſſentielles , s'ils avoient dit, I 'eſſentiel z
Quiconque n'aime point Dieu , eſt dans la mai: pour
mort éternelle :quiconque n'aime point ſon l'acceſſoire,
frere, eſt un meurtrier & hors de l'état du U U —pe.uU—u—.U
ïvuï ïvuvï ï ñz gïxſi‘zï
ſalut : Quiconque s'aime ê: s’eſtime ſoy mé
me ,'-le monde dz les choſes'qui ſont-au mon
de , eſt un idolatre, àquil’étang de feu 8c
de 'ſouffre eſt reſervé : Quiconque eſt or
'gucilleux , eſt compagnon du Demon : Qui
conque’amaíſe des treſors ſur la terre , eſt un
Payen ôt un infidèle , quine croid pas en la
Providence de Dieu,&q~ui n'a pas ſon Thre
ſor au Ciel : Quiconque eſt contentieux,
diſputeur, plein d'amertumc , & d'envie,
de jalouſie ,- de de it de colére , eſt (com
me' dit ~S. jaques , plein d'une ſageſſe
animale . terreſtre-6c Diabolique : Quicon
que pratique toutes les plus divines cérémo
nies du monde 8c ales plus veritables ſpecu
lations en idée ,‘ ſans s’avancer par là dans
la _ſainteté , dans l'amour de Dieu à du pro
chain, eſt ſuperſtitieux z vain , 6c hypocri
te: Quiconque s'avance dans l'Amour de
Dieu à dansla vertu par quelque moyen 8c
pratique que ce ſoir , eſt enfant de Dieu , &
va à l'eſſentiel ë: au-but de toutes choſes , de
la Loy 6E des Proféres :en un mot , Quicon
que aime jeſus Chriſt 6c fait ſes commande—
mens d'amour eſt aimé de luy ô( de ſon Pe
re; «5è quicanquen’aime point le Seigneur] E
l ’ S U Sz
x
'44.. -REP‘ONSE
&mon 1L s trs, qu'üfiu‘r Amnbc'me, be’rc’n‘que , m4747”
r/M; ab que tout cela auroit bien allé ! Mais
que diray-je? Les hommes ont abandonné
le Dieu du Cœur &l'eſſentiel de la véritable
vertu Gt du véritable Chriſtianiſme ; &t le
péché les ayant aveugles , ils ſe ſont arétés à
.des püérilités dontils devroient avoir honte
devant Dieu , s'ils :voient les ~ yeux ouverts :
a) Quiconque a telles ôt telles menues opi
a, nions, eſt dela véritable Religion ,- à qui
,, ne lesapas, eſt en périlde ſon ſalut: Qui
,, conque pratique telles cérémonies en tel à
,, tellieu eſtidolatre; ét quiconque en prati
,, .que d'autres en un autre lieu , eſt du nombre
,.1 des fidèles,, &t cent fadaiſes de cette nature.
J'appelle ainſi, non les cérémonies ni leur
bon ulàge',.mais la lourde mépriſe à les
ſors. jugemens des hommes qui preneur à
, tiennentl’acceſſoire pour 1e principal, le
quel ilsontoublié-&zeffacé de leur cœur dt
de leur vie , ſans méme en vouloir plusouïr
parler. , .
Onrflímc X. En effet , ce qui a le plus choqué la
Phuf’àc- plus—part dans les Arai: charitable: que l'on:
:ËÃÇÎË, publiés , eſt, qu'on n'y _infiſte abſolument
1_-faaù., que ſur l'eſſentiel ; 6c qu'on ne témo'Æne
:(75-14-— pomt d'attachement à. _l'acceſſoire _ſinon
“MHZ _par rapport à luy , &t cela ., d'une manière ſi
, rmparnale , qu'on ne condamne nul des par
tis qui‘en font bon uſage. Ce langage a été
du Chinois à du Japonnois pour certaines
gens, qui ne confiderantce qui eſt en effet
le Principal du Chriſtianiſme que comme
peu de choſe .- comme des qualités de bien
ſéance
aux Difficulté: verbales. 45
ſéance &de parade, _ crqyéut que la piéce la seœon ir.
pluseſſcntielled'un ,bon Chrétien dc d’une
perlîzmrre de la vraye Religion , eſt d'étre at
tacbéfactieuſemcntàun p .ty juſqu'à con—
damnerdr àlivrcr à tous les iables quicon;
que eſihonsde ce rty-là- C’eſt traiter bien
cavaliérement à a la Soldateſque les choſes
du'fitl-ut. Vous diriés que l'on conſidère les
partis du Chriſtiagifine comme _autant de'
&actions ennemies qui ſont en uerre ,
7 &- dont les' Chefs'ôr Capitaine-s ont les
Docteurs, 6c Pafleurs z 6c que. les Sol—
dats ſont leurs auditeurs .s à qui c'eſt un cas
pendable , que de deíèrter leur Compagnie
à prendre party ailleurs. Si cela leur arri
vc , ils ſont declarës rebelles , apo'ſiaſis1
revoltés,.-;perd_us Br damnés au conſeil de
guerre dc leursCapitaines , qui pourtant
par-.bonheur, n’ont .pas le ouvoir-de faire
exécuter leur (Sentence. ‘ ' pour ceux
qui demeurent fermes dans le party , on leur
fait faire l’ex—ercice de uelques ceremonies,, -
8e v*on* les !dreſſe avec in àbien attaquer de
&bien-repouſſer leurs enuemisç, \hr qui l'on
crie le ui vive vdés qu'on les void aus apre
ches.; ,_ 'e mot du ,party ouzduguet, c’efi le
Pape, Calvi” oil-Luther; &ſur cela. ortſe
met ou àſerreconnoitrepourfrercs, ou à 'ſe
canarder-ôt à s’afl‘ommer in nombre Domr'm'
ſans aucun quartier; _ou , ſi l’on_ ne le .fait
pasefimateriellemcnt, l'on abandonne ſon
ameàla diſpute . aus querelles, aus haines ,
&à—tousles mouvcmens que le Prince de la
diviſion inſpire à ceux ſur qui ila du pouvoir.
l
~ — ~ -Voila ,
46 REP’ONSE""“‘
MioflLVóî’la', voilà \'íh’Chr-iſiianiſme cOmme-'il
bons le faut, 'concevable 1 ~~vffible , palpable,
ét proportionné -à la capacité duïmo‘ride.
:M'ais dc nous p'ar’ler d'une:~ Religion dont le
imc] Temple, le vîray Pafleur,~-le vray culte
à le vray exercice'ſoit ſi purement eſprit que
de ſe Poùwx‘r pratiquer quand bien il n’y aurai:
aim de monde màte’riel , c'eſt' nous ten—conter
de belles! Dónnez nousdes Di’eusquimar—
chent d'èvan‘t nous , '6: 'qui >nous~conduiſent
d'une bonne groſſe manière' ,‘ chacun dans
ſa Faction z' car quant àce Jcfils Chriſt , à—ſon
Eſprit, à ſon culte’en eſpritdo‘enwe’rin’, nous
ne ſçavons ce q‘ue cela eſt-devenu ni ccqu’il
veut dire ; 6: ne comprénons pas-méme,
comment l’extcíieur 11e -doit’ étre ulm
moyen pour ſe rendre à l'interieur. 3 n cfa \
fer", l’bommeîanímqlne comprend Faim In’cba' î
fer qw'ſam‘de l'Eſprit debit”,— JF- Elle: luy/im:
folie, dit 8.Pau1. -Et comme 'la Religion
Chretienne eſt une chofi: de Î’EſpritdeDicu,
'rl ne faut pas s'étonner ſi les-hommes char
nels neh peuvent en comprçfndre -laſubflam
ce; à s’íls né ſç'àv'ent yïacquieſc—cr & faite
tout le reſtcparrapportàellefi‘íx . ‘ Un;
L'art-"Ph XI. Il Y cn-aqu‘íbmdiÿ, 'que ?exemple
Q3532', _de Jéſus Chriſt par lequel on‘prouve quei’on
4,7. c :fl peut affiſicr au culte d’un party où-ilñyauroir
:-Min-'"- des’abus‘ ſims néänmoins S’enîrendr'ecoûpah
b1_e,~ne'cQnc1uoitp~as~'. ~Et~ pourquoi P : pare.
ce, a—t—ondi’t‘i, 'que íeiësichtàſt’ïle fai-ibn:
.ñ pour accompfflir muté* læjuffic’e .de Lai-boys
Eh bien , faiſons-16 auffl'poupaceompliê
toutç'lla:juſtice .qu'il nous ſera pofliblc d’aç
î . com
a

aux Difficulté: 'verb-:ler, 47


complir; Jeſus Chriſt pour gaigner quel- Section n;
ques Juifs àDieu, 6! pour ne pas troubler
l'Egliſe d'alors hors de ſaiſon , s'eſt ſervy de
leur culte nonobſtant les abus qu'on en ſai
ſoit: Donc, que les Imitateurs de J. Chriſt
en faſſent de méme pour Dieu, pour eux,
ô! pour leurs prochains en pareil cas , no—
nobſtantpareilsabus. C'eſt une juſticeôc un
devoir qu'ils doivent accomplir à l'imitation
deleur Maitre. S. .Paul l’aadmirablement
bien imité en cela, &il a'ſouhaittéàcet é
gard , qu'on imitaſt jeſus Chriſt comme il
l’imítoit luy méme. '
XII ' Quelquesuns ont dit, que ma lettre 3292Z"
ſuppoſoit ce qui etoit incertain ou en que-Ã.” a),
flion, aſſavoir, que l'on fuſtdéja erſuadé
que l'on peut faire un bon uſaged un culte
d'un autre party ', à que ſans cette ſuppoſi—
tion , lalettrcdevcnoitinutile- C’eſt bien
ne ſçavoir que dire que de parler dela ſorte‘.
Je ne ſuppoſe rien ſinon qu'on ait ſincére—
ment l'Eſprit docile : en ce cas je montre par
des raiſons tirées du ſubſtantiel dz de l'acceſ—
ſoire du Chriſtianiſme z comment le dernier
peut ſervir en tel 61 tel party de moyen pour'
atteindre au premier. Quiconque a l'eſprit
droitâdocile, peut y voir la ſolution de
ſes ſcrupules , à ſe laiſſer perſuader de mes
raiſons. Voila mon but. Mais ſi quelqu'un
a un eſprit mal diſpoſé à indocile, je n’ay
rienà luy dire , 6c ne ſçaurois l'aider. Il
luy eſt libre , s'il lc trouveà propos , de ſoû
renir, que des perſonnes qui ſont obligées
àfairc ces choſes, ſont mieux de les prati—
quer
4.8 REPONSE
Section ii, quer contre leurs conſciences 6c en ſe con
damnant , que de les faire en tirant du bien
d'elles par une perſuaſion bien fondée que
loin d’étre mauvaiſes elles ſont bonnes d'el
les memes. Si quelcun veut ſe regler ainſi ,
-à la bonne heure s qu’il attende la deſſusle
fruit ui luy en reviendra.
Fuſqu’n‘c X I- On m'a demandé, ce qu'il-faudroit
'on peut faire en cas qu'une perſonne ne pût étre Per
qmkſu” - ſuadée de la validité du culte de J. Chriſt
du.
dans 1'Eucariſtie ; à ue néanmoins elle ne
pûſt ſe diſpenſer d'y a ſter ſans s'attirer plu
ſieurs maux , &t ſans fournir-à ſes\prochains
occafiond—e luy en faire Ê je réponds, que
ſi une telle per-ſonne a de l'intelligence &t
une ſincere impartialité, ie ne doute point
que ſes ícrupules ne luy puiſſent étreenle
vés ,— des conſidérations dont Dieu'ôt ſa
con cíence luy-feront comprendre laſol—idi-ñ
té, 6E je ne fais ;point dedifficulté de dire
qu'on .en trouvera de telles danslasection
ſuivante. Maisli une perſonnel; je ile—dis
pas Pamialle 3 (car pour de telles ill—n'y arien
àfaire; _) maisñde, Peu deipénétnation., ne
pouvait manquedecela, ni comprendre ni
croire les raiſons de finéculationqu'on luy
propoſeroit ſur ces matieres ; au :moins
comprendroitïelle bien , que ſi ceux .à qui
elle eſt obligée de ſe conformer n’ontzd'in
tention que d'adorerJ—eſirs. Chr-iſt , Tôt-que
' d'exiger d'elle que pour l'amour .de ;Lcd-:iſt,
Pour prévenir .mil—le troubles 6c mille
maux elle v-eüille ſe vtrouve—Len tel ,lieu, ;St y
adorerle méme Jeſus Chriſt connue .étant
au
aux Difficulté; 'Un-bdd”
au Ciel ſi tant eſt qu'elle ne le croye paspre- Seal” u;
ſent en ce lieu; il ne vaille mieuxleur con
deſcendre en cela; que non pas de donner
ſujet à mille deſordres ôt péchés par le refus
de cette formalité ôt d'une condeſcendence
de fi grand uſage. ’ Pourquoi faire tant de
difficulté àſe trouver en un lieu dt y adorer
Jeſus Chrilt comme Dieu dt Homme , 6l y
faire pour l'amour de luy, de ſa charité. de
ſa paix, _ét pour eviter mille maux funeſtes ,
y faire diſ—je un acte extérieur de reſpect
qu'on n'exige que pour luy à par rapport
à luy .P -
XIV. On me dira, qu'à cecompte-làles L'íñfl….
Chrétiens pouvoyent adorer Dieu devant ï‘flffllfflî‘”
les Idoles des Payens , ſans ſe laiſſer perſé- ËÏJ‘MÏM
cuter ſur ce ſujet plûtôt que de s’agenouil- 1m ris”.
ler devant elles. Voila une inſtance bien
trouvée! Les Payens exigeoient qu'on re
niaſt le vray Dieu ôt le Sauveur Jeſus Chriſt ,
ôt qu'on adoraſt des Démons ou des hom—
mes rnéchansôt impies: 8c fi on leur avoit .
obéi', ils ſe ſeroient lorifiés d'avoir fait re—
nier jeſus Chriſt , d'avoir détourné les
Chrétiens du vray Dieu vers lesfaux dieux;
Mais icy, que prétend-on P Rien d'autre
ue d’adorer dt de faire adorer Jeſus Chriſt.
't ſi ceux qui exigent cela de quelques uns ,
l'obtiennent , dequoi ſe glorifieront-ils con
tr'eux? qu'ils leur ont faitrenierJ.Chriſt?
pointdutout : Mais que le ſeul &t méme
_Ïeſhs Chriſt eſt 'St demeure toûjours l'uni
que objet de leur adoration en quelque lieu
qu'il ſoit à qu'on le confidére. Ne voila
C pas
“'R'BTP o N' 31E
'Zection Il,
pas une différence auſſi grande que l'eſt cel—
le du Paganiſme ô( du Chriſiianiſme , de
l’objet du culte de l'un d’avec celuy du culte
de l’autre , en un mot de Jeſus Chriſt d'avec
1e Démon? ~
L’on s’imagine , que l'inſtance du veau,
d'or eſt quelque choſe de plus fort. ]’y ré
pondray à plein dans la ſuite. Toutes ces
difficultés 6c ſemblables s’évanouïront en.
tiérem’ent déslaracine ſi nous conſidérons
une bonne fois la nature de l’Eucariſiie dans
ſapremiére ſource, ,&,C les_ raiſons originel
les dr ſolides des changemens_ 6c des variae
tions qui y ſont ſurvenues. C’eſi ce que
nous allons propoſer dans les trois articles
de la Section ſuivante, qui, excepté le
J changement d'un mot ou de deux,font le VI
dt le VII Chapitre du V. Tome de mon Oe—
commíc Divine.On ne doit pasau reſte s éton
pgrfiàlgLecturedePArticle qui va ſuivre
per-\hung ne' trouve-ra dans ce qu’on dira de
1*Eg1i(,ë,pſimitiye , lz’e’tabliíſement des pra
ziqpgs dr des formalités preciſes du party oû
Hotteſt-affluents Qu'on ſe donne patien~
certes deux autres Articles qui ſuivront,
mettront .parfaitement à repos ſur ce chapi~~
tre» qurqpnqueal’eſprit .8c le cœur bien
conditionnés; *.
5:
. Sect- llL -
SECTION III.
ARTIÇLE I.
De L’E_UCARISTIE,
On de la Ste. Communion, O' premiére
ment , comment elle étoitpratiquéc dam'
l’Eglzſe Przmitz’w.

I; COmme il eſt bon de remonter à» pmu-


toute Occaſion àla ſource des cho- ""7" 'ï
ſes,
Dieu,je cette
tacheray
méthode
de ſuivre
entrait'antde
, avec l’aide
l’Euca-
de ſzzzfz-ſſſi..
riſiie. Noustâcherons de voirla ſource d’où remonta- _
_LChriſtluy-méme l’a puiſée. L’écabliſſe- 5 “ IW‘F
ment des devoirs ou des cérémonies exté
rieures , n’eſt pas une choſefaite pour el-le—
méme , ou pour étre ſimplement pratiquée ’
parce qu’elleaété ordonnée Il faut aller à ’
l'intérieur à à l’Eſprit d'où elle vient. C’efl:
de là qu'on verraàla beauté , 6E la nature ,
6c les propriétés , &.les réglemens 2 6: les
uſages de lachoſe que l’on-recherched Al—
lons y donc.
Suppoſons que les choſes ſoient dansl’état‘
dela pureté à de la perfection primitive-Oli=
J- C. les avoit miſes parle Baptème; &c de—ià
confiderons par dégrés Les vérités ſuivantes.
II. Ily a des hommes , qui étant morts au ?nn-ig”
Péché, 6c qui ayant fait reſolution de n’y for-dem"
plus revivre , mais de ſe laiſſer- gouverner FHM_
par le S.Eſprit, ont été bapriſe’s en ſignede ,2… '
- C 2. mort
"52" DE L’EUcA R I ST 1 E
Sed. In. mort dr pour la reception du S. Eſprit, qui
Mtic- l. leuraété ainſi communiqué. (Voila l'état
ſuppoſé , que nous venons de dire.)
Comme l'Eſprit dc jeſus Chriſt eſt Un , 8:
uniforme , il s'enſuit ,que tous ceux qui ſont
baptiſés dans luy , ſont unis par luy en Un.
Des perſonnes unies dans un méme Eſ—
prit , ne \ont plus qu'une ſeule ſociété ou un
ſeul & méme corps.
Comme tout corps appartient à ſon Eſ
prit, à que l'Eſprit de ce'corps eſt l'Eſprit
de Jeſus Chriſt, donc ce corps appartient à
jeſus Chriſt, ou , c'eſtle c0rpsd,eJ.Chriſt ,
que l'on peut appeller ſon COTPF myſtique,
pour le diſtinguer d'avec ſon carpi- naturel.
Donc, tous lesbaptiſés, ou tous les vrais
Chrétiens, ne ſhnt plus qu’un méme corps
en l'Eſprit de Jeſus Chriſt , 8( ils ſont tous
membres les uns des autresdansl’Eſpritde
Jeſus Chriſt, dans lequel ils ne font qu'un
corps myſtique de Jeſus Chriſt.
‘ De ce corps myſtique de Jeſus Chriſt,
l'ame cſtle &Eſprit , qui en anime & en ré
gitlesmembres par ſesinſpiratious, par ſes
volontés , dt par ſesopérationsintérieuresdt
immédiates, beaucoup plus ſolidement-dt
plus réellement que ne fait une ame ſon
corps naturel. Les membre; de ce corps ſont,
premièrement, J. Chriſt méme .1 qui en eſt lc
membre principal ,ou le Chefa «Sr puis tous
les véritables Chrétiens , ô: chacun d'eux.
Il‘doit y avoir un méme intéret, .ou un
méme ſort commun entre les membres de
l 1c Chef, entre le Chef &les membres, cn-l
ñ \J tre
Dam' Z’Egh'ſ'c Prímizí'ueÎ'
- tre les membres 8c les membres, 6E entre Sect rw
chaque membre 8c tout le corps. Il ne pour- Artic' l
roit en cela y avoir de ſéparation ſans la de»
ſtruction ô( la diſſolution du corps.
Comme des membres du corps myſtique
deJeſuS Chriſt les uns ſont hors de cemon— _
de , dt ainſi hors du péril de périr, 6c que les
«autres ſont encore dans ce monde 5 c’eſtà
l'union à au bon état de ceux-cy qu’ilfaut
pourvoir principalement, 6c cela d'autant
plus , que fi-long—temps qu'ils ſont ſur la ter'.
re , ils ſont en péril de ſe corrompre dt de ſe
perdre par une mauvaiſe conduite des un:
envers les autres, 6: par n'avoir pas ſoin,
comme i1 faudroit, de leur ſort 8c de leur
intereſt commun. ~
Et c'eſt àquoy jeſus Chri-ſt a voulu pôur—
voir; en apprenant à- tous les membres d'e
ſon corps myſtique , comment ils> doivent
ſe comporter les uns_ envers les autres, de
chacun envers tout le corps. l
IlI. Pour ceteſt’et s il ſe propoſe ſoy-mé— gf": “'1'”
me
membre
à euxdeenſon
exemple.
corps myſtique,
Comme(ainſi
il eſtque
un ſa»
…:…ZÆ
corp:
l'on vientde le dire ,) iI veut que l'on pré- "V/“4'” ſ‘
ne garde a\ la maniere
ï 1
dont lI' s'eſt comportez Îïfl‘
m_
envers toutle corps & envers chaque mem- 1m 1H M- ‘
bre; afin que chaque membre régle firrcela tlm, "WW
ſa vie à ſa conduite par rapport à tout le
corps ôr à tous ſes membres. me', ë
Or on ſçair , que Jeſus Chriſt n'a pas cher
ché ſon propre; qu'il n'a rien eu que pour
le communiquer à tout le corps 8c à chaque
membre qui en avoit beſoin 5 que pour les
C 3 ſauvera'
54 DE L’EUCAIUSTIE
Seam. ſauver & les affiſter il n’a épargné ni vie , ni .
Amc' 1' biens, ni travaux; qu'il n'a eu un propre
corps, un propre ſang, une propre vie, 6c
toutle reſte, que pour le bien de ſoncorps
myſtique dt de chacun de ſes membres.
C'eſt là auſſi la diſpoſition ô( la conduite
qu'il veut qui ſe trouve dans tous ſes mem
bres à l'égard les uns des autres dt de tout le
corps.
Donc, comme il a donné corps, vie,
ſang, travaux, biens, pour ce corps my
ſtique 5L pour ſes membres S chacun doit
auſſi donner pour le méme corps tout ce
qu'il a en ſon pouvoir, corps, lang, vie ,
biens 6c travaux : 6c qui plus eſt, il veut
qu'un frére tienne & conſidére chacun des
aut‘res comme ſi c'étoit Jeſus Chriſt méme;
ôt qu'on agiſſe chacun envers ſon frére de la
méme maniére que Jeſus Chriſt avoit agy
envers eux , luy , qui a pris à cœur le ſort &
l'intéret de chacun comme le ſien propre ,
dt qui n'a rien Ômis de ce qu'il pouvoir pour
les ſoulagerdans leurs néceſſités , tant cor
porelles que ſpirituelles.
L. "WM IV. Car les membres du corps myſtique
dvi-..Mure de Jeſus Chriſt, ſi long temps qu'ils ſont
Zl‘î’ëffl‘* ſur la terre, ont chacun un corps naturel
fë‘î‘ffl" &infirme
,,…, éd,
' b r‘ d’é ſ l é r'
, qui a e Oll] tre ou ag , oit
l’ëncanflir ordinairement, parla nourriture 8c parles
?rm-"M vétemens; ſoir extraordinairement, dans
les maladies à dans les rencontres périlleu
ſes. Ces mémes perſonnes ont des ennemis
dangereux , qui ſont, le Diable à le mon
de, &méme la chair, ennemis auſquellson
uc
"Jam Z’EgIZ e Prímitífleſi 'J55'
ſtyzc‘omberoit, tout vainqueur. que-l'on ait Seguin.
été du paſſé, fi l’on vouloir écouter les ſu— Amc—L'
geſtions 15E les tentations qu'ils ne ſe laſſent
pas de réitérer tout le temps de cette vie.’ Il
eſt vray qu'ils ne tiennent plus que les dc
hors, je veux dire, la partie de la ſenſibili
té , 8c non pas celle de l’inclination ni de la
volonté: mais néanmoins leurs aſſaux ſont
quelques fois ſi prelîants , 6c en méme temps
ſi étonnans dt fi diſtrayans l’eſprit ,> que dans
cette diſtraction l’on pourroit facilement
tomber ſi l’on n’avoit d'ailleurs quelque ſe'—
cours. Dieu en preſente toûjours intérieu
rement à l'ame , il eſt vray: mais dans 1a di
\traction , dans l’égarement, dans latenta
tion où l’on eſt , on eſt trop hors de ſoy pour
s'apercevoir .du ſecours intérieur de Dieu &
pour s'en prévaloir, finon qu’il nous ſoit
donné ou montre' par. des voyes ſenſibles
ou extérieures : outre qu'il y a pluſieurs ſor—
tes dcſecours, comme les corporels, dont
ont beſoin pour le ſoutient de leur _vie ceux
qui doivent, ou s'y perfectionner encore,
ou convertir & perfectionner les autres. Et
Dieu n’adminiſtre point ordinairement—ces
ſecours-là d'une maniére miraculeuſe ;dz- im
médiate ;. mais il veut les communiquez
à ceux qui en ont beſoin par le miniſtère
mutuel des. membres de ſon-corps ,- tant
pour leurdonner une .occupation ſainte fi_— _ v_
long-;temps qu’ilsſontïſurlaixolœâ que Pqur ~
- les habituer dt les afièrmirdaxl‘â ÜQRICSſO—rtes
de Vertus .Chrétiennèss, . danszla_ charité, j -
dangle dégagement , l'humilité, la patien
_ ce, &ainſi des autres. .. 53,4”. vIl
$5 DE L’EucAntsTlE
s'cnionm Ilveutdonc, que ſecours ſoit donné ap!
“"““ 1' uns parles autres. Ilveut que les uns ſe pré
ſervent, ſe conſervent, ſe ſauvent par les
autres; 6L que tous enſemble employeur
toutce qu'ils ont au monde , à leurs vies
mêmes, les uns pour les autres: Que cha
cun aime le ſalutde ſon frére comme le ſien
propre; que lors que l’un voit ſes frères en
péril , il les ſecoure au péril de ſa propre
vie; qu’il leur p-rocureleurs néceffités tem
porellesôz ſpirituelles falufi-il leur donner
ſon propre ſang à boire à ſon corps en nour
rirures que tout travail, tous ſoins , tous
biens, tout temps , tous emplois , cœur,
corps, ſang, vie , &tout ce quieſt de cha
cun d’eux, ſoit mutuellement pour les fré—
res par une Charité Chrétienne. Et c'eſt cela
qui eſt l’eſſence 81 la nature de Ita—Sacrée
C o MMU N 1 ON,- c’eſioit là au commen
cement l’Inſtitution véritable de l’EUcA-ñ
R x sTrE z du don gratuit 8c de recon
noiſſanee que jeſus Chri-\1 a étably à or—
donné entre ſes Diſciples, pour durer juſ
qu'à ce qu’il— vienne, 6c pour nous mettre
toujours vivement 6c pratiquement de
-vant les yeux , comment il s'eſt donné
Dit-elec tout entier à nous juſqu'à la, mort de la
Pm’fîf" croix. ç,
V. Ceux qui onr leu 8e compris ce que
;eg-'z 1…*: l’ona (*) dit ailleurs de lavariauon de l’ex
“Wim térieur &z du cérémoniel,ne s’étonneront pas
32:33:' de voir que ces choſes ſoient aujourdh-uy
»dn-Mim dans un autre état 8c dans d'autres circon
ldmlï
cum.. ,L ſi an cCS—
m'on, (ï) Ocedukmblapr.). c.chay.v. . —
alan: PEglzfl- Primitive: '
flances. Cela ne pouvoit étre autrement Section!!!
aprés que l'état ſaintde la—Société Chrétien- Am***
ne 8c la diſpoſition des ames ont étéchangés- ~
comme ils le ſont. Lorſqu'il n'y avoit— que
des ſaints, il-nc ſe pouvoit que tout ne fuſt
commun-icable‘à tous dans l'Eſprit de Jeſus
Chriſt, à que Jeſus Chriſt- de ſon côté ne
eommuniquaſt de plus en plus à ces ſaintes
ames 'unies cn. tout, les dons abondans de
ſon Eſprit, dt méme les ſacrées émanations
de ſon Corps dans le leur. Mais dés qu'il y
vint des méchans, dés que les bons quitt6—~
nent ou laiflérent atiédir leur premiére cha
.rité , dés- que les parfaits devinrent imparr
faits, dés que les ſpirituelsdevinrent roſ
fiers 8c foibles s à qu'ils admirent au les*
foibles de lesgrofiiers dansun méme corps- 5:
dés—lors 9. il: étoit impofiible que les choſes
duraſſent comme auparavarm— Jeſus- Chriſt
à les membres d'une Société. ſi mêlée de'
mauvaisôtd'imparfaits, ne pouvaient plu-s
ſe communiquer ſi amplement , (ivivement,
fi ſamiliérement , & de la méme maniere
qu'auparavant., Quoi-que les bonsaimaſſent
les méchans , ils ne devoient pas néanmoins'
ni ſe communiquer nix s'ouvrir à eux ſi fat-—
miliérement, dt encore moins leur com-
muniquer 'tous leurs-travaux ét tous leurs
biens. Celaauroit bien accommodé le Dia
ble, de v—oir que tous les-bons euſſent été'
- d'eſpritôæde corps au ſervice 6c à la diſpo
ſition des hommes corrompus Ô( eſclaves
de la corruption, ou méme, membres de
Satan ;à qui ne cherchoient que leur-propre;
*.t .C $3. “3'33"
58 DE L’EUCAMSTIE
Se' 'on lu avantage à celuy de leur Maitre. On ne
Art ic. I.
pouvoir auſſi plus avoir de telle communion
avec les imparfaits 6E les foibles, dont l'a—
mour propre, la pareſſe, avec cent autres
deffauts, auroient abuſé de cette commu
nion pure, divineôtcharitable. Et comme
les Apôtres lors que de groffiers ils s'avan
çoient à la ſpiritualité , eurent beſoin que
JeſusChriſt retiraſt d'eux ſa préſence exté
rieure , afin qu'ils devinſſent capables de ſi:
préſence toute intérieure &c toute divine ,
8c qu'ils poſſédaſſent le Saint Eſprit &
ſ‘) Jean. jouïſſentde ſes dons: (a) Il vou: eſt expc’diem
16,
13, ueje m'en aille .~ carfijene m'en way, le Con
Îolateurne 'viendra point : de"fi je m'en -vay , je
'cour l'en-verra) , fçaaaiv , l'Eſprit de we’ritc’;
De méme , par oppoſition .a lors que les
Chrétiens de ſpirituels qu'ils étoient deve
noientgroflîers, il ne ſe pouvoít queJeſus
Chriſt ne ſe retiraſt d'eux quant à cette corn
munication pureàſublime de lon S-Eíprit
_ à de ſes dons ſpirituelsët divins, fi abon
dans 8c ſi viſibles dans l'E liſe primitive;
\St que pour ſe proportionner a l'état groffler
où l'on ſe mertoit, il ne permiſt que ſadi
vine communion fut faite à repreſentée
d'une maniére plus matérielle, de qui euſt
plus de rapport à ſa preſence corporelle
à à l'état des hommes foibles & groffiers,
qui ſont plus-touchés , plus tenus en re
ſpect , en crainte de Dieu , en modération ,
6c plus diſpoſés à Dieu par ce qui étant cor
porel, eſtproportionné à eux, qui eſt plus
rare ô: moins commun, qui n'eſt pratiqué
— b l- _ l que
‘~ dd” PEglzſë—'Ÿ’rímitî‘ân ^ F9
que dàn’s des temps; des-Lieux, *DE "avec des Sectió’ia m
circonſtances »lesquel-iesr attirent .du reſhect AM- h"
ô: de la vénëracion‘; que 'non'jpas'âvec dés
choſes 6c purement ſpirituelles., &fifamik—
liéres…. leflquenes ſont abſolument alors
hors de leur capacité & de leur ſphère.
Ia' C’eſtaginſi que l’état_ des ames' étant 1 5.1'.
changé', *la Communion des-unes avecſle’s “vi-P
autres ,-61 de tomes avec Dieu ,s'eſt-î auffi va- Pfflî‘*
riée’s ~ &eſt-devenue* de temps en‘ temps re'—
fireime à ce que l'hiuoir'eïe’n apprend à 'qui
conqued'a con—ſuite Cela nedev'oit 6! ne pouL
voit ſe faire, plus
autrement.
0u~moi>nsIlfoibies
impoîfiïblequ’un‘amïasdc
tiebonnes étoit abſolument
'perſomiesí en’par- Q, ï" ‘' ’
, g‘roffiéres,

impnrfaites, excérieuresôzihfirmes—laz 'luà- ~


part, euſſentavecDieu ôtcmrx’elles la \Mme
communion qu’une aflembléeîd’ames toutes '
ſaintes, toutes ſpirituel-ks , toutes parfaitesêz
.regies duS.Eſprit avoient enes entr’ellcs mé
mes &avec Dieu. .Outre l'impoſſibilité , ce
ſeroit une Babel ſi-les un‘s précendoient prati—
.quer une Communion. comme les autre’s.
C’eſt pourquoi l. C. , quoi qu'il déſaprou—
vaſi entiérement le relâchement des bons, - ~ ~ ñk
la -çonfufion qu’ils av'oient faire dediverſcs
clafles qzuiv étaient .avant cela diſtinguées en
ó tr’eux , à le mélange—des méchans avec eux;
ne pouvoitcependant qu’appronver ,(ce mal
' étant poſé ,— ) que l'on p'roportionnaſt . t’exté
rieur de la Communion primitive des ſaints ,
à ladiſpofition infirme de'ce qu'étoientdeve
mis les Chrétiens. Et ainſi,il a apcouvé qu'on
marquait avec des cérémonies ſenfiblesäc
plus
'66 DE L’EucARisTrE
;Sea—india! plus circonſtantiées la Communion &t la pré—
Il ſence extérieure de ſon Corps, 'laquelle eſt:
plus proportionnée à l'état des. perſonnes
d’alors; ;qu'on marquait auſſi par-là tant la
.communion ſpirituelle avec Dieu ,que celle
de la CharitéE qu'on doit avoir… les. uns avec'
R . les autres s comme encore , qu'on entretinſt
parles mémes ſacrées-cérémonies les ames
7 foibles 6c de bonne volonté en attention a
Dieu 6c à Jeſus Chriſt-,enreſpectant-humilité,v
en ſoûmiflion , ,en ioy , en eſpérance .r &en
charité devant luy S 5c en PZÎX‘ÂVCC'IËÎÃISJPÎO'
chains.. . , ,
can-mm VIL On ne peut nier que Jeſus Chriſt*:
.r’m un
vaine” cn ï
n'ait ratifié &t approuvé cela , 6E méme arc
&eur-I. . l'ait plus d'une fois commandé &recomman—
_dé de tout temps aus plus ſaintes ames d'en
ï
L tre les Chrétiens ,. quelque—corrompus qu'ils
ayent— été engéne’ral.. Quiconque a .reçu de:
Dieu lagrace de reconnoitre le caractére de"
ibn Eſprit par tout où il eſt , trouvera des aſ
-ſûrancesincenteflablesde cette vérité.- dans.
.lesteumsàdansles vies. de cesvSaintesa.»
“mes-là.. r ~ ~ - ' _ .
Fri-tion; . Mais pournousen tenira lë’Ecriturez .Pons
t p’eutr-cmarquer , que les paroles par lesquel
les' J; C..à-inſtitué ſa ſainte Communiotupeuñ
vent s'appliquer àce qu'elle eſt ſans variatiom
4 &avecvarirttion ſous l'un &ſous l'autre des
' deume’tanidu Chriſtianisme dont nous avons—
. parlé,du parfait, 6c du mélangé'ôt corrom
pm. Perſonne ne doute que les paroles de~
jeſus Chriſt à de S. Paul ,. ne ſoient applica~~
vBl’esà. lacommunion tellequîon la pratique
s… .h RIA;'Q
d'dm' l’ Egli/è Primitive. 6!
préſentement: Car encore que le Chriſiia- Sectionm.
niſme étant di-vi'ſé en partis differents, l'un Afflë'l‘
n’approuve pas le lens 6E l'interprétation des
autrcs ; onnedoute pas néanmoins que les
paroles de Ieſus Chriſt ne conviennent à.
quelqu'un d'en-X : ſeulement la difficulté
eſt de ſçavoir ô( de déterminer z qui ell ce
quelqu’un-là. Ce que je n’ay pas beſoin de
déterminer icy..
On ne peut auffi douter que les memes pa—
roles de jeſus Chriſt 6e celles de S. Paul , ne'
conviennent— tréS—bien-à cet état de commu—
nion divine &parfaite que L’on vient de dire
avoir été celle des premiers Chrétiens : On '
peut s—'en convaincre facilement fi l'on
veut faire quelques ſérieuſes reflexions.
VII-I. Ce que je viens de dire de l'a Sainte Dad-:Him:
Communion—,durcit . ce me ſemble , fiiflire #70'72'—
pour mettre en repos ſur cette matière l’efï :JJ-'Hp'
'pritdesperſonnes de bonne volonté fielles '
étoient plus ſimples dans le bien , &- moins—
curieuſes ä: pénétrer toutes les difficultés ñ
dont l’eſp'rit de diſpute eſt fécond ſur ce ſu- * '_
jet'- Mais comme ees- choſes ontrdonné' à ~ ‘
donnent encore tant d’c peines aux ames les
meilleures , 'à qu'on ne ſçauroit décrire les
maux qui enfant-venus, &t dont on—ne voit
pas-encore lit-fin ;' je tâcher—ay de mettre ces ~'
vérités dans un plus grandi jour ſans aucune
par—tialiré,&-d’une telle: maniére, queje m'aſ
ſure que quiconque les comprendra bien à
fl: réglera- à l’avenant, ne déplaira point à.
Dieu ;8c trouvera ſon ame en grande lumié»
l
rc 6c paix de ce côté—là.. ſſ'I
'
z S…) CZ ~ L'imz
62 DE L’EUCAR‘IST'XE
Section lll L’importance de la matiere par rapport
Artic. l. àla ſaiſon ôt à la diſpoſition -Où ſont mainte
' nantles eſprits à ce ſujet; ce qu'on n'en' a
pas encore (à mon avis) traité comme il ſaut,
le deſir de le faire ſuffiſamment 6E d'une ma—
niére à n'avoir pas beſoin d'en deſircr dav—a—n
tage , me ſeront ,étre un peu plus long ſur cet
article que ſur d’autres. Lesrbons Une , ſeront
pas marris queje me ſois donné cette peine
Pour eux. 4 . i, E ï
Je n'épouſeray aucun party. Jercpren—
drai les choſes ſelonle's principes que je viens
de poſer. Je parleray dans le reſte de ce cha
pitre de la Sainte Communion comme elle
étoit dans l'Egliſe ,des Saints 2' aqui étoit la
primitive,- Gr dans lc ſuivant, jeparleray de la
méme comme elle eſt dans le Chriſtianiſme
corrompu à relâché ,à méme diviſé en plu
ſieurs ſectes. . 7 .
Definition LX. Commençons- par la Communion
du Mm é* ſous l'Egliſe primitive. lc retiendray le mot
de Il chaſe,
dam' ,dezCo M M U N r o N; , comme; étant_ le plus
"ESM ſignificatif. ou méme celuy d’I‘; U c ,A' R i
primitive. s T r E , qui ſignifie action- de graces , -ou-te—
connoiflànce ,-5 parce que les—Chgétiqnâ pour
reconnoiffiince de ce qu'ils doivent-à JMJ-us
C H R r s 1', de s'être ſacrifié, , luy', membre
principal, pour tout le corps myſtique dont
;ils ſont les mempres , de ;zz-Savoir délivtéë'de
la mort , 6l qç’ſie donner ioutàmz-doiiicnc
/auffi rçciproquementz offrir; vMi,- . action; de
gracçs 6c en reconnoiflancoôl eux—mêmes,
à tout ce qu'ils ont-,8c toutzce qu’ils peu vzent,
pour le méme corps myſtique deJeſus Chri?î
A --çïñ
' K
\ C c
dem' l'Egliſe Primitive. 63
c'eſt à dire , pour tousleurs freres , Seâion lll
Artic- l,
L'E U c A R 1 s T 1 e eſt primitivementune
Charité practique 6c vivante de perſonnes u
nies en Jeſus Chriſt , ou une Communion eſ
fective de cœur, d’ame , de vie , de biens,
de nourriture , de couverture , de travail,
de ſoins 61 d’aſſiſtances entre les membres du
corps myſtique de J. Chriſt,vivans dt agiſſans ~
ainli les uns pour les autres , 8c pour tous en
ſemble , ſans diviſion , ſans partialité , ſans
propriété , comme n'étant tous qu'un ſeul
corps en Jeſus Chriſt , chaque membre ai
mant les autres autant que jeſus Chriſt ,
Gt plus que ſoy-méme, & n'ayant tous ni
biens , ni force , ni vigueur , ni avantages que
pour 1e ſalut dt le ſervice de tout le corps
myſtique de jeſus Chriſt , à de chacun de ſes
membres qui ſont encore ſur la terre: ſur
quoi Jeſus Chriſt, (à c'eſticy la grace ana
néxée à ce Sacrement,) répand de degrés en
dégrés les divines lumiéres , l'amour,la joye,
le courage , & tousles dons &t fruits de ſon
Eſprit, toutes les fois qu'il voit ſes enfans
dans cette union vivante à agiſſanre par la
charité. (a) O qu’il eſt [EMU agre’alólc ?ne de: (QPſJJI.
fre’rcr foyer” aigü um’r! Il deſcend là ur eux
une onflion divine df précieuſe comme celle qui
de la :c'te d'Aaron deſcendoitfurfa barbe , Üfi
communiquoitjuſqu'aur bord; de ſe: ve’remem;
comme une roſe’e de montagne , comme celle qui
deſcendfur Sion ñ' car Dicufair repoſer JF croitre
. [ur euxſa be’ne’diction , «b‘ leur donne la 'vie e’ter
nelle.
X- La Raiſon humaine ôt corrompue au;
roi
64 DE L’EucARrST'r-E"
SeÇhIXI toit— fabrique' , alors comme en tout temps-,
Aflffll- mille ſpeculations ſtériles ſur l'inſtitution—ï
' primitive de cette divine Eucatiſhe , ſi on
S'î‘ſ" 7" ë” a—volt voulu la conſulter: mais la ſimplicité
ecou'vrl ï” . ~ .
z,s….c,,,,_Chrét1enne des Apôtres 6c des ſaints qui——
*Wim Pu- n’entendoient point les fineſſes de la-Rarlon
Zv’î‘mî‘" corrompue, y voioit facilement dans la lu—
”u. . , . , .
miete de jeſus Chriſt ce que l. on. vient de
dire. Auſſi n’v ant-il eu rien d’autre en Jeſus
Chriſt lors qu’il—æyécu ſur la terre 6c qu’ily
eſt mor-t; 6c la ſtructure &conduite de ſon
corps, qui eſt l'Egliſe , ne conſiſte en autre
choſe qu'en ce que l’on vient de dire: 6E ain
fi , Cecy eſt _flm corp: , peut-on endire aprés
luy , lequel en étant unmembte principal,
( le Chef ,) s'eſt livre' à lamort ., à à-rejoandu
flan ſang, Pourſe: membres, leſquels aufli doi
vent enfairedeme'meles uns Our les autres,
juſqu'à ſe ſacrifier & pour Bien , 8c pour
leurs frères, 6c pour ſe mettre en étatd’ob—
tenir la remzffion 8c la. purification de [em-s
propres Pe’cbeîv. —
MIX-JIM_ XI. Pour bien découvrir le ſens de cette
H… _ſur I. divine Inſtitution par rapport à eux , il nous
"mm faut détournerles yeux de deflus le Chriſtia—
:Ëgíj’jjf' niſme relâché 6c corrompu ;ñ &- n’cnviſæ_
zu entendre geant que le temps, les perſonnes &.l’état des
ſir-ſlim- Apôtres , conſidérer quelles penſées pou
lio” de Il - -
M c…. voient naitre la\ dcffiis dans des cœurs diſpo—
-
,mu-n., ſés comme les leu-rs ;— &enſuite , regarder ce\
qu’ils ont pratiqué..
C’étoient de bonnes 6c de ſimples gens,qui.
n’entendoienc pas fineſſe: ils ne s’étoient pas
_fixbtilíſé Reſprit— par les ſpéculations dêhíla
' 1
JDM l'Egliſe Primitive'. 6,
Philoſophie ni d’Arifiote, ni de Platon, 6c Sea'- ux
encore moins de des—Cartes: ils n’étoient ni Amc” ‘
Docteurs ni Bacheliers en la Théologie ſco— \

laſiique : ils aſpiroient ſeulement à l'A


mour de Dieu , ſans ſe ſoucier du monde,
ni des choſes qui ſont au monde , lequel ils
avoient quitté pour vivre en commun dix ou
douze , par la raiſon , que Dieu même
S’y trouvoit, lequel vouloir leslréünir à ſon -
corps pour les ſauver , à pour ſauver le mon
de par la méme union qu’il e’tabliſioit ,
6c qu'il leur recommandoit. C’étoient des
perſonnes renoncées à elles-mêmes, moi
tifiées, & qui tâchoient d'imiter en toutes
choſes jeſusChriſt leur Maitre , lequel leur
avoit recommandé l’Imitation de ſa condui
ce comme l’affaire unique & capitale, ſans
laquelle on ne pouvoir étre membre de ſon
corps. C’e’toient des perſonnes qui—avoienr
vû dans jeſus Chriſt une charité infinie; qui
avoienr apris de luy qu’il venoit.donner \à
vie pourles hommes; qu'il n'avoir d’ame,
de corps , de vie , de ſang, d'amour à d'affe
ctions , de peines 8c de travaux, de ſoinsà de
biens , que pour eux , affin qu’ils fuſſent ſau—
vés dans l’union avec luy. ll leur avoitdit,
qu’ils devoient imiter cela , l’incorporer
dans eux , s’en nourrir : Que comme il ſe
nourriflOi-t de la volonté de ſon Pére , la:
quelle il prenoit pour ſa viande; eux nuffi
devoient ſe nourrir de ſa volonté, de luy,
méme , de ſa chair &de ſon ſang , leſquels
ils devoi-ent prendre pour leur viande ô: pour
leur breuvage'. ô( que leur Parlant de chaä
66 L’EUCARISTIE
See. 111. & deſang , il entendait (a) que c’étoient ſon
BELL_ eſprit à làvie qui vivifioie‘nt.ll leur avoit dé
(‘) 1m16- claré, qu’à la vérité ce luy avoit été un ca
' lice trés-amer que de pratiquer luy-méme
toutes ces choſes . &t ſe mettre dans cet état
pour les membres de ſon corps; mais que
néanmoins, quelque amer que cela fuit à
la chair , ils devoient, loin de ſe diſpenſer
(à) Matth. de l’irniter encela, (b) boire tous dans ce
30- m3. méme calice , & ſubir chacun avec amour,
commeluy , toutes ſortes de travaux Bt de
Reines'pour communiquer à leurs fréres tou
tesles choſes faluraires & néceſſaires qui ſe
roient en leur pouvoir. Et il les avoit ſi ſou
vent, ôt en tant de manières , entretenu de
ces vérités , il leur avoit tant témoigné que
c’étoit là ſon but unique que d'établir en—
tr’eux tous cette manière de vivre ainſi en un
corps, qui étoit le-vray’ moyen de reconno‘r—
tre ſes vrais diſciples , à d'attirer ſur eux le
comble de ſes graces divines; qu’ñil ſemble
que les Apôtres ne pouvoi’cnt manquer de
l'avoir alors dans L'eſprit. Et en effet , ils en
'avoient le cœur tout plein: ôt ils y aſpiroient
’àtoute occaſion. Voila l’état où nous de
-vons conſidérer les Diſciples de Jeſus Chriſt,
les penſées de leurs eſprits , &t la diſpoſition
Je!" .Mm de leurs cœurs… _ _
1,… …5… XII. Si d abord 11 S’étoit pû trouverdans
1. cm…— Jeſus Chriſt quelque action où en méme
;Ziggy-ff temps il cuſt fait un abrégé de tous les actes
humm. qu'il a fait en divers temps pour ſon corps
Hz… myſtique', où il cuſt fait voir enſemble ſon
amourinſiny, donné ſa vie , répandu ſon
- ſang ,
dam l’Eghſè. Primitive. 67
fimg, employé tousſesſoins, vétu, nour- Beſt-!Tl—
ry, pourvû de choſes néceſſaires ſes diſci- Amc' 1'
ples , fi dis-je tout cela euſt pû ſe rencontrer
enſemble dans une action de leſus Chriſt en
leur préſence, il auroit ſans doute inſtitué
alors la Sainte Communion , & dit à ſes Diſ—
ciples à l’occaſion de cette ſienne action,
Faite: cac) entre vous' en mt’moi're de m0)' : Et
l’on auroitvû parlà , que la Communion 8c
l’Eucariſtie qu’il inſtituoit entre les Saints ,
confiſtoit à rendre par l’eſpritdela charité
toutes choſes communes entre les fréres .1
Amour , cœur , ame , vie , biens ,vétemens,
nourriture ’, travaux 6: emplois , & à n’avoir
plus rien de propre Mais commeil ne ſe
pouvoit rencontrer tant de choſes ſi diffé
remment circonſtanciées dans une ſeule a
&ion ô: en un même temps, Jeſus Chriſt
néanmoins pour établir entr’eux le plus vi
vement que faire ſe pouvoit cette admirable
8c divine Communion des Saints, choiſit
l’une de ſes actions la plus propre 6c la plus
remarquablement circonſtanciée pour cet
effet: non que ſes Apôtres dûſſent ſe borner
charnellement à ces circonſtances matériel
lesôt paſſagéres, comme pourroient faire des
ſinges; mais afin qu'y conſidérant 6e y ren
fermant tout ce que l eſus Chriſt avoit fait , 8c
tout ce qu'il alloit encore faire juſqu’à ſa
mort, 'ils l’incorporaſſent, dans eux comme
Jeſus Chriſt le leur avoit recommandé.
Ainſi donc , Jeſus Chriſt pour établir vive
ment cette divine Communion entre ſes
Diſciples, choiſit l’action d'un repas , qui
“ natu
68' DE'L’EUCARISTIÉ
Se_&.‘lll. naturellement eſt un acte de communion
Amc* l' qui ſe doitré’irérer Ô( continuer. Mais en—
r core, quel repas? Un repas étably par ſes
ſoins particuliers; un' repas où ſes ſoinsle
rabaiſſérent juſqu'à laver les pieds de ceux
qui e’toient membres de ſon corps myſtique :
un repas oû il venoit de dire, qu'il faiſo‘rr
tout pour leur donner exemple: un repas
qu’il prenoit pour avoir la force d'aller ſe
livrer pour eux àla mort, ô’t qu'il leur don
noit pour qu'ils euſſent la force de l'accom
pagner. Au milieu de ce repas , dans la diſ—
poſition actuelle de livrer corps &t ame à la
mort pour les ſiens , il leur dit, leur preſen—
tant à manger à à boire, Prenez, mange’r:
Cet—“y eſt mon Corp: rompu pour pour. Beur-vez —'
Cecj :ſi mon San "Panda pour 1mm'. Editer
ne) en mc’moire e may. l
Fm Er”— XIlI. Que pouvoit'la divine ſimplicité des
;:ïïjfif‘î Apôtres dans la diſpoſition où nous venons
1_ amp, de les voir , entendre à l'occaſion de ces pa
~ roles & de cette Action de leur Maitre, ſur
tout aprés qulils eurent reçu le Saint Eſprit?
que pouvoient-i—ls en penſer enſiiite du long
diſcours de charité Ô( de conformité à ſa con'—
duite qu’il leur avoit-tenu aprés l’Eucariſtie ,
finon qu'il-leur avoit voulu inculquer 6c di—
re ; ., Comme vous étes des membres du
ï' corps myſtique dont je ſuisle Chef, & pour
” l'unionôtle ſalut duquel j’ay vécu 6c je vay
” maintenant livrer mon corps naturel à la
'7 mort; c'eſt à vous à m'imiter , comme auſſi
” jevousle recommande. Vivez 8e mourez
” comme moy pour mon corps myſtique. Pre
nez.
D411: ?Egliſe Primitive. 6,
nez , recevez &t incorporez dans vous mes “ SEQ-"l—
vertus, mes travaux, mon Eſprit, mavie, “Afflë'l'
maſùbſtance, mon ſang, touMnes biens, “
moy-méme, ma Doctrine practique, ma (a) “
For à ma CHAR ITE’ 3 'tout ce que “
*ay enſeigné 8c pratiqué , 6c que je vay faire nana-\n ôï‘Vflnfia

ncore pour vous retirer du péché à de la


nort.J 'ay fait le tout pour vous le communi
uer. Faites en de méme entre vous. Soyez
Dmmc moy : n’ayez biens ,travaux ) eſprit,
ie, ſang, ne faites, ne dites a ne poſſedez
cn,que pour le communiquer à vos freres
rendre tout commun pour leur ſoulage— «und—d **dB—ï—

entäleurſalut, auffi bien que pour l’cx


cicc de votre Charité 6c pour m’imiter.
ue perſonne ne cherche ſon propre. Que
ut ſoit à tous ,depuis l’ame à la vie juſqu’à
. morceau de pain. J’ay fait ainſi avec
us , 6e je vous vay donner encore ma vie
ec autant de cœur à de dégagement de Odd-o*. n -q”
m propre , que je fais à preſent ce repas 6c
morceau de pain, ;St que du paſſé je vous
four—ny tout 1e temps de ma vie tout ce
:j’ay eu. Donc, mes chers enfans , je
is recommande à l’heure de ma mort d d
[r le Teſtament que je vous laifle, que n n
!5 ſaflicz les uns ausautres tout de même n nd
que
) Saint Ignace dans ſa lettre :us Ttalliens. (Edit.
jin. 1 680 png-Ss ) interprere ainſi les paroles du
ie Dieu. Voici ſes termes: Von: dom: , me: bim
, *no-u Tflctïflf de patience é' Je 40net”. "fl'ïlz 1mn
x le: autre: dam la Fo), u qui eflleurpxdu Seigneur 5
a”, la Charité, u qui :fl le Sang de Iefu: Chriſt .*
\MST i'awrx‘e’” m'su , "J Eç" .aſí rn? Kupi’a, 'u
T31 , a" 'mr nfl-u 'Iwî Xzwí. ’
70 DE L’EucARxSTIE
Section 111 quej’ay faitenvers vous. A cela connoitra-t
Amc— 1'“ on que vous étes mes enfans ſi vous demeu

rez unis danïl’Amour à la Charité que j’ay
ï(
eüe pour vous. Souvenez vous de m’imiter ,
;i moy qui vous donne tout , & qui ne me
a ï—
reſerve rien en propre juſqu’à la mort.
Faites en de méme entre vous pour mon—
trer que vous étes des membres de mon
corps , 6( que vous avez ſouvenance de moy
“ vôtre Chet‘ôt le membre princlpal , dont
1a conduite envers tout le corps doit étre
“ la regle de la vôtre,, .
Voila la véritable C E N R , (car tout ce
que nous pouvons faire pour nos freres ſur
le declin à la nuit de ce monde n’eſt que
comme une Céne ou un ſouper leger ë) voila
dis-je la Céne , l'Eucariflie, &la Commu—
nion eſſentielle 6c véritable que le Fils de
Dieu a inſtituée avant ſa mort entre ſes
Saints Diſciples , convenablement a l'état
voù ils étoient alors.
Preuve de
XIV. Pour,
nous
.
convaincre
. .
davantage
ccld par 1. de cela, l Eſprit de Dieua permis que nous
Puff-1"_ euffions dans les divines Ecritures des exem
féflf" ples de la. pratique &t célébration bonne &
Egliſe. ' mauvaiſe de cette Sainte Communion.
Dans lesunsl’on y apprendcequ’elle eſtoit ,
& comment la pratiquer; 6c dans les autres
l’onyvoit ce qu’elle n’étoit pas ,. à ce qui
eſtoit incompatible avec elle.
Sans contredit, la maniere de pratiquer la
Ste. Communion eſt décrite dans le 2. 62 le 4.
des Actes des Apôtres , lors que I’Egliſe
étoit la plus ſainte ct la plus partaite qu‘elle
' ait
dam' l’EgIíſê Primitive. 7I
ait jamais été. Or comment eſt-ce qu’elley Section Il!
eſt décrite? Ecoutons-le au Nom de Dieu : Amc' I'
Cela vaut mieux que mille volumes que la .
raiſon aveugle des plus ſçavans feroit com
poſer ſur cette matière.
(a) Ilrperſè’oëroient_ dans la doctrine de: Apâ- (a) Act- ²= —
tre: , dam [4C0 M MuN IO N (lavoila,) J5' WW'
dans [ufr-action duPain , — (qui en étoit la partie
la plus ordinaire ôt qui rcvenoit le plus ſou—
vent; puisque la nourriture revient tous les
jours : ce qui n’eſt pas de la communication
d’habillemens , ou de l‘affiſtancc que l'on
rend aus ſaints en d'autres neceflités qui ſont
plus rares ct moins communes 3 ) Er tam' ceux
ui croyaient,
íl’union (*) e’ror‘ent
de volonté &t de rc’ünir
cœur dam
, &1ml’unanir
, (C’eſt

mire' dans l’eſprit de charité,) ù' il: avaient


tourcr choſes* communes. Il: 'vendoimt leur: Poſ
fiffiom da' leur: bien: , i9' le: diſh-jouaient drom
ſelon que chacun en avait beſoin. Er tour ler/ours*
perſe-verdun en l’um‘on d'un mc’me cœur dam- (1')
ceſhore/devoir, (ou bien , dans le Templc,)
rompam le pain dam toute: le: maiſon: , il: Pre
noiem leur repas avec joje , ds' en _ſimplicité de
cœur.
XV. Voila ce que la ſimplicité de cœur ,GL-«mm
faiſoit alors pratiquer aus Apôtres (SC àleurs ;“‘
diſciples en conſequence de ce que Jeſus “ff”
Chriſt leur avoit recommandé par l’inſtitu- Per-maj;
tion de l’Eucariſtie , dont la pratique eſt icy fl”
décrite depuis la communion du cœur juſ—
qu'à celle des biens 6: de la nourriture. Dieu
a ſi bien caractériſé cela , qu’il n’y a preſque
per-1,
o
. ,. (X) fm im‘ -m‘ d'a-ra. (il c'- EJ ire-T
7'2' DE L’EUcÀRIsTrE
Seek. nr. perſonne qui ne confeſſe que c’eſt de l’Euca—
Am" 1' ~ riſtie qu'il eſt parlé dans cet endroit: mais
' les préjugés où l’on eſt, font, que l’onſe
perſuade qu’il n'y a que le mot de fraction du
pain qui s'y doive rapporter , Gt que tout le
reſte n'en eſt pas; que c'eſt une belle chan—
ſon touchant les eſtes dela primitive Egliſe;
qu'il nous ſuffit el'e’couter 6c d'en eſtimer
_la belle melodie ', mais qu'on n'eſt plus dans
(ï) Matth les termes de dancer ſur cet air-là: (a) Nour
l" " *7' pour .uſant chantc’, JF vou: n'avez' Point 'voulu
dancer-J En effet, nous venons= de voir que les
choſes ne pouvoient plus aller de la ſorte
dans la ſuite des temps : mais la faute n’en eſt
que du côté du relâchement des Chrétiens ,
de leur corruption , 8c du changement du
bon état deleurscœurs. Autrement, s’ils
n’avoient pas voulu ſe relâcher dela divine
charité, ni avoir rien de commun avec le
mal 61 les mauvais , cette excellente maniè
ne de Communion ſeroit demeurée au mé—
me de’gré , à qui pluseſt, ſe ſeroittoûjours
plus perfectionnée. Mais pour s’épargner la
confuſion que l’on mérite ſur le ſujet du relâ—
chement intérieur & du changement d'état
qui a fait ceſſer cette maniere de Commu—
nion parfaite ô: admirable entre les Saints,
on diſſimule cette cauſe blamable , à l’on
cherche des ſubterſuges 8: des raiſons tirées
de la ſimple conſidération du temps 6c du
nombre des perſonnes.Cela étoit bon,dit—on,
lors que les Chrétiens n’étoient qu'un petit
nombre. On pouvoit alors entretenir facile#
ment une telle Communion de toutesc‘ho—
. , cs ſi
. dam l’Eglzfifrímiií-wj 73
ſés. Mais le moyen de le faire quand ils ſont Section nt
fifortaccrus P( 6c, faudroit-il ajoûter ,.ſi cor— Amc* L
rompus,ſi avares 6c ſi peu Chrétiens?) Voyez
un peu , que le monde eſt prudent ôt pré—
voiant ! Ces gens-là ſont en peine pour Dieu,
6c comment le S. Eſprit pourroit gouverner .
en unite' de cœur, de vie &t de biens , toutes
les‘perſonnes ſaintes qui ſeroient abandon
nées à ſa conduite! Et cependant,ils voyent
:ous les jours devant leurs yeux que des ar
nées de quelques cent-mille garnemensôc
l'enſans de Bélial , qui ne travaillent qu'à
le’truire, à ne ſe ſoucient de rien d'autre,
bnr pourvûs & entretenus de toutes cho
'es , abondamment méme ät réglément , par
:S ſoins d'une ſeule perſonne & de quelques
djoints qui exécutent ſes ordres. Et le ſaint
Îſprit , qui eſt le Dieu tout-puiſſantôtuni
>rme,qui inſpire &t qui meut tous les cœurs
ù il réſide , ne les uniroit as en un comme
eſt luy—méme un avec le ére dr le Fils! ou
ant déja unis, il ne pourroit les réglerôr
s entretenir dans cette union? quelle ex
tvagance à la folle prudence de la chair de
maginer cela! Cette conduite admirable ~
une ſuite- néceſſaire 6: eſſentielle de la
\lemon du S.Eſprit. On l'a vû dans l'E—
ſe d e Jéruſalem , où il n'y avoit pas ſi peu
perſonnes: huit ou dix mille Chrétiens
tOÎent .pas un petitnombre pourune ſeu
-ille 3 à s'il y en euſt eu partout ailleurs
ant à proportion , baptiſés avec la méme
doſition d'amezôt animés du méme‘Eſprit
'rt , je neſçay pourqpoi le S. Eſprit n'agi; .
. , r
'74. " DE L’FAUCARISTlE
Sea: ut. roit‘pû les conduire de la ſorte ſelon l'in
Amc-L tention, l'exemple &c l'ordonnance de Je
_ſus Chriſt, ôz ſelon la pratique des fidèles de
Jeruſalem. S'il y avoit des millions de mon
des , 6c qu’ils fuſſent tous baptiſés du S. Eli
_ſprit~, ils ſeroient tous dans 1a même Com
munion. Mais il eſt vray , encore un coup,
que des p‘erſonnes d'autres diſpoſitions que
_celles de ces vrais Chrétiens, ne pourroient y
étre. Or nous ne. parlons icy que ces vrais
Chrétiens. Continuous à voir ce qu'en di
ſent les Ecritures dans le livre des Actes.
Cantin-M— l XVI. (a) La multitude de ceux qui cra)
Ïfzmd‘h Diem , n'e’teit qu'un cœur dp” qu'une ame; O'
*APL—mi_ Perjbnne ne diſait qu’aucun defi-r biens-faſter' lu)
ſi” Egliſe. ..en Propre ; mais toute: choſe: leur e'toirm com
(‘)A&-4- mime: ———- @nul d’emr’eux n’c’toit indigem :
32' &6' car cem’r quipaffl’doimt champs ou maiſons', Ier
l
'vendoiem , JF en apportoiem le prix , JF 1eme:
tojem au: led: de: Apôtrer , JJ on le: diſtribue”
À clzacunſflon qu’il en allait ózfiu‘n. Voila com
Qment ,les premiers Chrétiens adminiſtroyent
pratiquoient le Sacrement de l’Eucari
\tie ou de la ſainte Communion— Toutes les
affaires, les biens , les ſoins , les actions de
,leurvie, eſioy'ent ſacrées, &t autantd'actes
d'un trés-divin
v.corps myſtique de Sacrement adminiſtrédela
Çhtiſt dansl'Eſprit au

Charité. Et il n'y avoit point de ſujet d’e


craindre que des hommes .naturels 4 fai—
néants &pareſſeux s'y fouraſſent pour jouïr
à.leur aiſeôren abondance des biens qu’ils
~ auroient pû _trouver là »tout-aprétés -: 'd'au
tant qu'on n'y admettoit que des ſaints: 6:
' ceux
Dam l’Egl-ſà Primitive; '7$'
ceux qui y demeuroient devant S’excrcer &CT-"ls
par un pur deſinte’reſſement dans la charité _, Amc**
dans le travail continuel, à donner tout 8L
à ne retenir pour ſoy que le moindre, ou
que ce qu'on luy donnoit par charité; cela
étoic une fournaiſe de feu oû la paille nc
pouvoir durer.
Que ii quelque hypocriteles vouloit ſur
prendre ôt tromper lors qu'ils faiſoient leur
devoir ô: veilloient ſur eux—memes , le Saint
Eſprit s’en declaroit le vangeur : au lieu
que vennns à ſe relâcher , aprés les avoir
châriés à repris quelques~fois , ſans qu'ils
vouluflènt veiller exactement ſur eux , il
les abandonnoit à leur relâchement, duquel
néanmoins ſa Bonté prenoit encore ſoin
par la continuation des ceremonies va
riées ô: proportionnées à l'état où ils ſe trou
voient , comme on le verra tantôt.
XVII. Nous avons des exemples de ces Le: chu
choſes dunsl’Ecriture. Au même endroit ‘I';""ſ""
des Actes où elle fait voir que l’Eglifi: Pri- Th‘c‘ſſiz
mitive pratiquoit ſi bien cette ſainte Com- 'malin-,dl
munion , il eſt fait mention d’un homme """ffl‘
&,de ſa femme , Ananie à Sapphira, qui :,7:
voulant entr—er frauduleuſement dans cette taflfiflfl'ſ.
Sainte Communion du Corps myſtique du Amv-k'- V
Seigneur , & s’en porter pour véritables S‘PP’M"
membres, comme étant en communion de
cœur, d’ame a de vie 2 de biens, de man
ger 6c de boire, & de tout avec les autres ,
furent frappés de mort par le &Eſprit , qui
leur dit par la bouche de S. Pierre : (a) Pour
g uoi~ avez-'aout mem.7 au Ds-gf
2PTir du' findſi rait
du (0H82:
5: 3
-ŸG DE L’EucAMsTrE
&WW m du priär de ce champ? N’c’rair—ü par a' 'vomir
mc‘" mn—ïvmdu, dr' vendu? Pourquoi faites-vous
” profeffion de vous rendre dans la compa—
” gnie de ceux où 'ame ,vie , â biens ſont com—
” muns par 'une ſainte Communion , à la—
” quel-le vous voulez participer en retenant
” cependant une partie de vôtre bien en pro
” pre ?'Ab'nſez-vous ainſi de la Communion
” du Corps myſtique du Seigneur? Ne pou
” viez—v’ous pas en demeuranthors d'elle en
” état de Catécuménes , retenir vos propres
” biens , puis que perſonne ne vous contrai
ï’ 'noit à vous &ire étre du nombre à de la
” ainte Compagnie des Chrétiens .P Repri
” mende qui fut ſuivie de la mort , & qui
étonnant toute l'Egliſe fit trember parti-v
euliérement ceux de dehors , les mond‘ains ,
lës lmpnr's , les avares , les propriétaires,
ô: tous ceux qui 'étant hors du pur amour
6l du véritable dégagement , auroientinéan
_ moins voulu 'étre participans de la ſainte
"'3' > Communion. Nul de: autre: (eſt-il ajoûté
’ enſuite) n’ofirctfe joindre à eux.
S'ils étoient demeures toujours 6c par
tomdansla'méme fidélité , ſans douteque
le' &Eſprit auroit_ eu ſoin de les conſerver
. purszotîdele’s pteſerêerde toutes ſortes de
ſurpriſës. Mais lors que comme les Iſraë
' 2'), 41"59' iites du temps (4') *ele joſu’é ils voulurent
' q admettre des freres ſans conſulter labou
che‘du Sci rieur, dt méme qu'ils commett—
cérentâä e "relâcher eux mêmes >, Dieu
'en-puuit'ót en ré rit premièrement qu'el
que’s uns de fois àautres: 6e en (hire, ayanz
. . … v
d

dans. ?Egliſe Primitive. 77


A vi‘i l'univerſalité & l’opiniatrete de leur re— sçnnr;
lâchement, il ſe reſolut—de condeſcendre à *mc-L
leurs imperfections. Nous allons voir’l’un
8; l'autre de ces degres de relâchement ,
c XVlII. Le premier _commençoit déja Mi”
à ſe cramer dés le temps même des Apô- Z'Ëmdn‘v’f
tres a &c nous en avons des exemples dans m… m
l'E liſe de Corinthe. 1'54"?? le
abus. ſuivans
Paul reprend dans lescontre
, ui étoient Corinthiens les tim dl
la bonne

pratique de la ommunion de l’Egliſe Pri Pulſar


Ënitive dont nous traittons, flf‘m'"
, Premièrement , qu’ils admettoyent à ‘
_leur Communion'de f ux freres ( *ſans
doute pour avo‘ïme Eg _iſe plus nombreu
ſe: ) Sur quoi il leur dit': (a) Si gazier… qgí (a) r Cor.
Mamma-'Mie .Efira-'Mds
Tre p au ïſiïîîííſíflh W 4344W
P’UWÆÎÊ‘Î , Ju- idoL-z—
'ïîlï'fflíî’ïct- 15e ë". y* " '3' ~

mangez P45 .( n'ayez. pas la ſaimc Ommu
_nion_) me; un tel . . . . prix Ieme’c/Mm ;Pen-tre
pour. C’eſt là le premier mal , 6; le 'pre
mier-.degré à lacorru tion de l'Egliſe Chre‘
tienne , le melan 'es faux freres: recon
ppitre pour mem res ducorps de J. Chriſt ,
des perſonnes qui n’avoient' pas ſon Eſprit;
à ſe comporter envers eux ſelon les devoirs
de laSainte
laiſſer Communion
làſi, ſans avoir rien, à audéme’ler
lieu deavec
les
eux , comme a. fait Jeſus Chriſt, lequela
bien cherché les perſoppesde bonne .volon—
té, qui péchoient par ignorance; ,mais qui
a laiſtë là les mondains ,volontaires qui re- q
jettoieut lavé-rité, ſans vouloir meme prier ‘
P Olylſ
. .eux- D 3- . ~
Sec-on~>
1
78” DE L'EUCARIST‘IE
Sérum.. - Sccondement, pluſieurs vouloient rete
A'ML nir leurs biens en propre , 6! méme pren
‘ dre injuſtement par procés ceux des autres:
(a) lbid. ,Sur quoi l'Apôtre dit: (4)1!) a dcÿaungnnd
Ch-ëvv- 7-defilut entre 'vous z ( l'a propriété) pui: que
'vous' avez' (enſuite d'elle) de: procc’r. v
Troiſiémement, retenant la propriété de
leurs biens , à voulant en mettre les fruits en
commun quant à la nourriture , afin de pra
liquer , aumoins juſques là , la Sainte Com'
munion, ils apportoient chacun \:1 portion de
nourritureôt la vouloientrerenir ſansla com—
muniquer à ceux qui n'en avoient point,croy.~
/ ant peut-étre que ce ſeroit aſſez pour la com
munion que d’avoir une ace commune 6:
une heure communezce qui n’étoit que ſinge
… …d rie,& nullementla CommunionChrétienne,
du,, n'. eommeleurdrt S.Paul: S12) 7e 'vom' déclare,
no. &c- que quand vous' 'vous' aſſcm leg cpmme 'Dour-fai*
ce: ,s cela n'eſtplurmanger la Ce’ne du Seigneur:
l car chacun y mange le[buyer - u’il y apport-?ſam
attendre le! dun-er, drainſi er umn'cmtríe” a'
manger Pendant quel” autrerfom bonne claire.
N’lvez-c—our par 'vor maiſon: pour] boire 3.71101”
j manger? ou meſDriſèz-vour l'Egliſe de Dieu?
Ü‘ voulez—Dour _faire home à ceux quifmrpau—
,, 'Um .P ( Si vous voulez chacun retenir ſon
,, propre , que ne demeurer—vous dans vos
,, maiſons , 1ans vous introduire dansl'Egliſe
,, Chrétienne pour _la deshonorer par une
,, fauſſe communion , qui n'eſt que mommeñ
,, \ries Gt' qui au lieu de ſoulager les pauvres
,, par une communication de tout , n’eſt que
,, pour leur faire honte par l'oſtentation im—
v per*
dam l’Eglzſe Primitive. 79
pertinente de vôtre abondance que vous ne “ Sell-1"»
leur 'communiquez pas P) Vour e” loücraj- “Ameli
je? Certer , jene 'vourcnloüe vint.
Aprés cela il leur mer evant les yeux
l'inſtitution du Seigneur de la maniere que ,
nous l'avons vûe , 6l que je ne ſeray point
de difficulté de paraphraſer icy pour la mic-ux
inculquer ô( faire comprendre.
Taj reçu alu-Seigneur ce que je *vous a] enſèr'- ñ
gne’: C’eſZ que le Seigneur 'z’efur en 14 nuire”
laquelle ilfut livre', prit du Pain. jeſus Chriſt,
dont la doctrine eſt la Charité , &l qui a ro- ëë
commandé uniquement à ~ ſes diſciples .ë '
qu’ilss’aimaſſentles uns les autres comme d
il les avoit aimés & leur en avoit donné “
l'exemple ., leur diſant qu'on les reconnoi- “ ’
troitàcela 5 pourlesy engager fortement, u
afait’avant mourir une choſe queje vous ay u ~
recommandée & qu'cj'ay app‘rife de ſuÿ’mê— “
me'- C’eſt dans le dernier repas qu'il donna “ ~
à ſes diſciples immédiatement avant que “ a '
d'aller donner ſa vie pour leur ſalut. d I‘
Ayant rendu grace: , il rampít ce pain .v JF
dit , Prev-le( , mangez; ñ' Cec) eſt mon Corp' , qui
eſt rompu pour 'Dour -' faire: cecj en comme/mora
zicm de m0). Avecjoye à actions de graces ,
Par un principe de Charité divine , il leur
donna encore ce qu'il pouvoit leur donner , “
iſçavoir , 'la nourriture dont ils avoier‘lt de “ '
beſoin: &prêtà lcurdonner ſavic, il leur u
dit x Prenez cette nourriture que je vous u_
donne , & penſez que pour ne vous rien m
épargner de nécellaire ic vay livrer mon
corps pour vous d’auffi bon cœur queje vous “'
D 4. donne. ~ '
86 DE L’EucARrsTrE
Semen… donne ceey: Faites en de méme entre vous
Artic. L les uns envers les autres : communiquez
vous les .uns aus autres par charité tous vos
beſoins , à la vie méme , en mémoire de ce
que j’ay fait pour vous. Voila la commé—
moration véritable que je vous demande de
moy.
SemHdHr-mtm auſſi apn‘: le fimpcr i1 prit la
coupe , diſant, Cette coupe eſt la nouvelle Al
[rance m mon Sang: Faites-eee) en me’moiredo
j, moy rome: 1” foi! que vou? boirez. Pour leur
montrer d’autant mieux que la Communion'
devoir étre parfaite , il ne ſe contente pas
” de leur avoir donné une nourritureincom—
pléte ; il leur preſente aufli la boiſſon , laquel
, le il rend commune , leur diſant, Je vous
” donne une coupe 6E une borſſon .commune
,a pourvous montrer que par l Eſprit de Cha
rité tout dort étre commun entre vous : car
cette Communion eſt l'Alliance ë( le con
tract nouveau que je fais avec vous répan—
” dant mon ſang pour vous. ~Je contracte avec
vous , que 3e vous reconnois pour mes mem
,, bres , leſquels je meſuis acquis parla com—
,, munication de tous mes biens , de ma vie
,, &de mon ſang, 6E que je vous conſerveray
,, à vous ſauveray comme miens , à condi
,, tion 3 que par Ia charité vous en ferez de
,, méme en ma faveur, en ma memoire, 6c
,, en ratification de cette alliance : à c'eſt ce
, ,que vous pratiquerez aufii ſouvent que vous
,,, vous communiquerez mutuellement tous
,,1 vos beſoins, breuvage, nourriturezôt 1e reſte,
,,Àdans l’Eſprit que je vous offre cette coupeſi,
~ pre
dam l’ Eglſfè Frjmítí‘à’e. 81'
?t'eſt ä verſer mon \àngpour~vousîs;ét à vous ‘rsc&_.1n.‘
donner toutce que je puis; juſqu'à .ma vie, “Amc— “ñ
ſans rien rcſerverniexcepter. u
Car router le: for‘r que 'vous mangera-ï de ce
pain i9' boire-z' de cette coupes' 'vous' annoncercz
(amor: du Seigneur, juſqu'a' ce ,u’r’l 'vit-mrc.
Commc lors del’inflitution ela (aimed:
.univerſelleCQmmunion Jeſus Chriſt ſe trou
voit dans la circonſtance de :ſon dernier
ſouper , lequel il prend pour occaſion d’iufii-ï
tuer &t de .recommander cette ſain-tc Com
munion de toutes choſes, laquelle .il mar
que par les-paroles 6E parles actions de m4”
ger lepain, à de boire lefuincommmh (qui ‘
ſont des actes de communion les plus néceſ
faires , les plusordinaires', ,&-guijeyien
nent le plus ſouvent: ) aufii-l’Apô—tre _ccm—
tinue à recommander-letotal-de ,la ſainte e
communion généraleſous les-tienne—Mie.—(desx
actesparti-culiers, lesplus ordinaires 6; les
plus neceſſaires de- _manger Gt .de boire;
comme s'il leur diſoit': .,,.TOuEï’-‘~$~.lcs'_ fois “'
~ donc que vousvouscoirrmuniquerezce pain “
&cette coupe que Ieſus :ChÏiflIM-.Quln étre “ſi
des choſes-communes 'MME' :vous z ,auffi ſon- “
-æent .que-:tions tous ,demarre-.les ;pas .ax—_ls “'
dautres vôtrepnourritute ót ,vos'béſoins cor- “'
vporcls dans ?Eſpritde Jeſus-Chriſt ï (qnlsſt “
un 'Eſprit de Charité a qui zn’exccpte -rie ..1 “~'
nir-biens.; ni vies) Noosfere”, une .véritàb e “fi
-mmmémoration dealer-mort. àllaquellejcſus " '
Z'Chtiſt‘â’cſt abandonné nour. Nous. :- -YQUS “
ayant ,donné ſansrreſcrue tontcevquÎilzalffliſ D “
rihſqu’fæſatuiczpœomustmpsnteriws aroma- **I .
.' . D S .- Ses
&Sa ÎD'E'L'EÛcAaIsi'rE
Se"- ut ges co’rporelsôtſpirituels. Annoncez 8k
— Artic. I.
memorez dela ſorte cette charité immen—
~ "’ ſe_ qui a porté Jeſus Chriſt à la mort pou-r
-” vous 1 annoncez dis-je ainſi vivemenrcette
7’ mort de Jeſus Chriſt ſans interruption à
” ſans ceſſe , juſqu'à ce qu’il vienne ſur la ter
” -re vous communiquer ſa gloire ét ſes tré
“” ſors, 6: vous mettre dans \un etat ou vous
” n’aurez plus beſoin de rien.
” Mais cependant, quiconque r’íngcreàman
- ï ger [Spain au à'boi‘re de' MCM/Fed” Seigneur in
dignrmem; quiconque S’i-ntroduit à la com
- munion quejeſus Chriſt a inſtituée comme
. 'Pretendant etre en état d'yavoir part , quoi.—
' que néanmoins il nefen’r pas en cet état~l>à;—il’
- peche &.-ſeÎrmdcatípaHe enversjefiis Chriſt,
cri-ver: lampe-!9' hj): ‘ du Seigneur, &t contre
T tous ſesLbicns‘, iieſquelsane. 'ſont point pour
" des perſonnes-indigncsï,mais pour ;les mem
-, bres-de ſon corps myſtique , à pour’les per—
_ ſonnes íäintesôtdesinrereſſées. .
i 3*
ë' ~- vraychrêtienzïdëgagéd’e
.Madam- cbacu” r’ï’proûwfayrmüne, s’ifeſt'
toute appropria
²’ D tion , plein—de charité; ne’cherchant poſnt
, .- … ſon propre’gmais‘l'e-bie’n desſréres‘; Ü‘qu’din
°’ - _fi ilmdnze-du pdf” U Zoive 'dr Itacoupedeschré
‘ ' «tiens z Bt entre dansla communion—ſainte de
' - tout ce qu’il y a entr’eux :.cararm'emmt; !En
' ' ?mid ſa— condamnation, ne :liſta-nam [Mim le
‘ -‘ C017” dtr—Seigneur',- en agiſſant .av ee 1a eom
' munion Chrétienne—'comme ſi‘e’étoit un ae
~ ñ “ ’edmmodementnaturel&payendequelques
"ë c biens-mondains’ dans une aſſemblée &t un
ë* ‘ corps politique;aulieu'que-efeſt'lecamctere
-x,
\h ~ par.
'"4

\
Jan; l’Eglzfl- Primitive. 8 3~
particulier du Corps 'de Jeſus Chriſt 8c de 1a *FP* _11L
veritable Egliſedc Dieu. Am' L ’
Ce que pluſieur! n’azant pas‘ obſervé , il:
_ſimt , dit-il , dcvemlrfoi le: JF Ianguiſſtm”, par
chatiment ô( punition divine ?Up/aſian*: ms'
me: enflmt mor”- Voila juſtement' dans l'E
gliſe de Corintbe le ch’atiment d’Ananie 6e
de Sapphirav, eOmme-auffi leur ſaute étoit la.
méme que celle de ces deux propriétaires,
qyifùrent frapés de mort pour avoir violé
l-eflëntiel-de cette' ſainte-Communion d'a
lors. ~ .
On s’imagine'que SñJezm’a ômis dans ſon -
Evangile l’inſiitmion de la Sainte Eucari—
file: mais-cela n’eſt pas. Il en- parle beau
coup plus amplement que tous les autret
Evangelffles :ï carles-chapitres I 3-, 14, 1 53.
16 8c 17 de ſon Evangile , ſont en ſubſtance
la vraye inſtitution 6: explication dela Sainte
Communion :. Et ces paroles de ſon Epitre
teviennent‘à la-méme choſe-r: (a) A cecy a- (z) [Jas
'vom nous connu—la durite'.- C’efi qu’i‘i a mir/21 3- '- 16-
w’epour mum." nous dwmrdon‘c auffi mem-e nor 7’ l "~
vie-Spournorfic’ren— Or quiconque aura de: biens*
de ce monde JF wrTa-flmfic’re avoir nc’cejlítc’, r’ü
lily ferme ſe: ennaille: , comment demeurera la'
ela-Tite' de Dieu dam luy P Me: peti” mfm:
n’aímonr poin: de parole m' de langue ;- mai: par' , - ,
œuvrer 19* en writc’ : car c’efi a’æeqy que nous cm- . a
noitſom-que mm‘jbmmer du—party de 14 ve’rite’...,
(F ſue nous en aſſurerom n'a: cmm‘ devant lu). -

D- 6."
.84 DE L’EucAnrsTrE
Seétionlll -
Artic-2.' Il.

.De l'E u c A R r s T I E comme elle e/Za’am'


le Chrzſtiamſme relaie/96._ Der Sch'zſmer,
O' de la Réunion. Canjidérutíon gene
ralejhr la difference de: ceremom'e: de
différent Partir.
Variation: I. N Otis venons de voir cequ'étoit primi
ſffl-ËT" tivernent la divine Euc‘ariſtie _dans
;fx-ë": l'Egliſe des Saints : une Communion chari
c/…pu— table de tout dans’l’Eſprit de Jeſus Chriſhqu’i
fliſm' Grï- rempliſſoitrtout par la grace: Bt_ nous avons
"‘“"“' vii., comment dés—lors l'on commençoit à en
déeho'tr par lejrelâcheme‘nt des Chrétiens, à .
comment YDieu d'un côrépar ſes punitions ,
Gt ilesÎApôtrçs de l'autre par leurs exorta
tions s uâchment de .mettre reméde à cette
.t ' ' — variation. Nous verronsrmaintcnant, com
ment Dieuôr les hommes., mémes les plus
gens'debien, ontdû conſentir enſuite à ce
7 ſquïil yarrivaſt du changement dans celañaprés
ñ ?que la face de la Primitive Egliſe fut chan
ïgée , 8! que l'état desames fut beaucoup avi
'rlydevant'Diemv ' .
.L L, " ' t. »Premièrementl'ondoitſuppoſer-pour
(gm-u_- . 'vérité , queco'mmeilya eu de tout-temps
;'gfÿîfflî'cquelques véritables ſaints , 8c quelques ames
"rj-..Mb remplies de .charité ét de ſainteté , telles
….róm- qu’étoientcellesdes Chrétiens de la Primi
"'.l‘f tive Egliſe , il y a auffi toûjours eu entre ces
'9"' ſi' ſaintes ames la véritable Communion Pri
'miti'vc de la Première Egliſe. On ne peutfien
C et
dans le Chriſtianiſme relícbe’. 8g
effet douter que le Saint Eſprit , que jeſus Section…
Chriſt , 6E que toutes choſes n’ayent été com- Anic- ²'
munes entre’les véritables ſaints ,ſelon cette
parole de S. Paul: (a) Tour eſZ a' 'voui- ,flic (a) | cor,
Paul , fait Apollo: , _fin‘t CEP/Mr , ſoit le monde , 3142.23.
fln'r la vie , jèit [4 mon-,ſoit [cr choſes-preſenter,
tout efln‘wur, Ü'wut c'te: a' Ma: Chriſt, U'
Îefu: CIM-:fl efl a' Dieu : 6c ce beau mot de
S. Barnabé , (lv) Vou: rendrez toute: choſe: com- … Bam_
muner ;icône prochain : 'vous' ne direz( de n'en Epiſtc .19
qu’il pour fizitpropre : carji ler choſe: interrup
cible: -Uour fimt commun” , a' plus fizrtc Tarja”
le doiaemc’zre ler corruptióler. C'eſt ce qu’il
range entre les préceptes de la *vaſe de la lu—
mic’nſi Lamoindre idée de la ſainteté ôt de
la Charité Chrétienne met cela hors de dou—
te , quoi que les effets n’en avent pas parû au
dehors lors que les ſaints étant fort clair—
ſémés, étoient ou ſéparés, ou méme incon
nus les, uns aux autres.
2.; Secondement ,' il n’eſt pas .difficile à 201mm,
comprendre , que quelquesuns, & méme mt dum—
une bonne partie des premiers Chrétiens,ve— fi"f°"'""‘
comme
nant à ſe(c)relâcher
ſeſus Chriſtle
de leurleur
premiére
reproche,
charité,
8c (a) APM_
voulant-introduire entt’eux les imparfait‘s, 8c ;m4,
méme des méchans qui faiſoient ſemblant
d’étre gens de bien; i1 étoit impoſſible au pe- -
tit nombre de ceux qui vouloient demeurer: _
dansla pureté de la‘Sainteté 8c de la Charité , >
de-tenir bon contre ce torrent: à ainſi, ils L'OM
dûrent àla fin tolérer ce mélange. l "'ſ’ “Ùî
. , . . ûabli ë
3. En troiſieme heu , comme Dieu ne Ï, …,ËÎ…
:-gent &- ne peut vouloi‘bforcer perſonneä‘q-u'il deſcend-Mc
voyoit
86 DE L’EUcA—RISTÏE
Seed_ nr. voyoit que 1e nombre de ceux qui ſe po:
AMic— z— toient pour Chrétiens hors de la diſpoſition
ſainte qu’ilvouloit , devenoit tOÜjOUl‘S plus
grand; que cependant il y en avoit entr’eux
de bonne volonté &ffl de bien-commancés, qui
pouvoient ſe perfectionner , Ô( méme qu’en—
tre les méchans il y avoit eſpérance-que quel
ques—uns pourrorent ſe convertir S’il les ar*
tendoit, 6c S'il condeſcendoitàleursvoyes
autant que faire ſe pouvoir; il a bien voulu y
condeſcendre au lieu de les faire tous mou.
rir , comme il avoit fait Ananieôt Saphira,
à ceux de l'Egliſe deCorinrhe; car autre
ment s’il avoit voulu continuer à les chatier
de là ſorte, il auroit falu remplir le Chriſtia
niſme de corps morts: ce qui n’auroit pas
été ſi ſalutaire aus méchans z ni ſi avantageux
aus imparfa’us ,que de les attendre à péniten
ce en l'es tolérant. , Par la' méme raiſon les
vrais ſaints, animés de l’Eſprit de Dieu .s ont
auffi dû condcſcendreà ces choſeszà eſſayer,
comme Dieu , à avec luy , fi durant cette
tolérance les gens de bien imparfaits pour
roient arriver à la perfection des premiers
Chrétiens, & les‘méchans à ſocorivertir.
_ ‘ L" 4. Or (en quatriélme lieu) les vrais Saints,
Sm,, 4,.. qul entreleurs pareils étoient dans la vérita—
'me fc r3- ble 6( &Communion primitiv e,ne pouvoient
"mb" " plus avoir de ſemblable communion avec les
l'égard de: . t . A ÿ
mm_ pécheurs,les rmparlartsnÿ les méchans cou
Jfflm. verts: premiérement,parce que ceux-cin’é
toienr pas regis duméme Eſprit qu'eux : en
ſecond lieu , parce que les Saints , quoi
qu'ils aimaſſem 1e ſalut despêcheurs—plus que
, leurs'
D471: Ie Cbrrſtídmfme rela‘cbe'. 87
leurs propres vies à leurs propres-biens , ne Sect. in.
pouvoient néanmoins par la méme raiſon de A m6- l
letr ſalut , ſe communiquer à eux avec tant
'd'ouverture ni d'étendue. Car pour conver -
tir les perſonnes qui vivent encore à la nature
corrompue, il ſaut les ſaire mourir à l'amour
d'eux-memes, à tout ce qui eſt au monde , 6e
ſurtout, à leurs aiſes, à l'avarice, à la pareſſe,
aus deſirs ô( à l'attachement aus biens dela
- terre. Or ç’auroit été juſtementnourirtous
ces vices-là dans des ames de cette diſpoſi—
tion,ſi on leur avoit ſans façon &t ſans reſerve
communiqué toutes choſes. Il falloir done ſe
rctrancher d'eux en quelque ſorte à cet é
gard 3 6c ceſſer de rendre tout commun, ſans
néanmoins devenir proprietaire : ce que le’s
Saints faiſoient en gardant leurs biens , non
Pour eux mais pour Dieu, ët pour les diſtri— ~_
buer ſelon ſa divine volonté à ceux quien
pourroicnt bien uſer , ſans en donner à ceux
qui ne s'en ſerviroient qu'à fomenterleurs
'Paſſions , à non pas à mourir à eux-memes. .f
D'autre coté , ceux qui étoientrelàchés'n’a—
voient garde de s'en tenir-à la Communion'
PrimitivmChacun cherchant ſon proprmmé
me entre ceux qui annonçoient l'Evangile,
~( ſelon que S. Paul (a) s'en plaint ,) on com— (4) Phu#
mença à retirer chacun vers ſoy ſon cœur,ſes v. zo,
ſoins 8c ſes biens. Il fut dit, que chacun rete
nant l'adminiſtration de ſes biens, l'on pour—
roit en apporter les fruits en commun- Mais
-cela méme leur élit trop peinible, l'on ymit
' Iticore des-bornes &des me ſures.L’on ſe con*
ima &de .colle&es,& de tenirquelquesfois—la
ſemaine
$8 DE L’EUCA’RÎST'IE
Sea-.111. maine ces aſſemblées oû l’on mangeoiteſſ
Amc- ²~ commun. Ce fut là l’inflitution des agapc:
,ou des banquets dc'charité, qui furent ſub
ſtitués à la vrayeCommunion de 'l’EglifiE
primitive , 6c cn quoi on fit conſiſter la
Communion d'alors.
ç_ c, qu,- j', Mais(pour cinquième remarque,) cela
m par .gué- ne dura pas longtemps dans cet état— là : par'
"‘ "W- ee que l’on ne fut pas long—temps ſans y com
mettre tant de meſſéances, ô: tant d’irre vé
tences , qu’il ſcmbloit , qu’on cuſt entiére—
'ment oublié qu’on fuſt- en. la préſence de
Dieu , &qu'on ne penfiiſt pluS-à/cette ard en— -
te charité que Jeſus Chriſt nous avoitóte’moi—
_gnée en donnant pour nous juſqu’a ſa propre
vie ſur le bois dela croix. ~ -' ~ ~
6 E 6. Donc, en fiſie’melieu; tous les Chré
4 ï.: tiens, à les-prendre' au— généraló .ou à laïplus
ÏÏTÏ grand Part',s’ë~tan’t ainfi relâchós ;à le Sñ Eſ~
l'E—Willie prit, qui -rem-pli‘ſſoít les cœurs des premiers
;ZÎ'ZË'Ë'IZ’ Chrétiens ., s’étant retiré de .çeux-cy , qui
dim-,5… étoient devenus terreſtres, charnels a foi*
dicímù bles 81 grofiiers; ils eurent beſoin pour faire
gzſf’ffl'î‘" leurſalut , de quelque' choſe quileurremifl
v 'devant les »yeux la preſencedeDicud’ùme
r:manière plus viſible , plusmatérie-lle , 6; plus
proportionnée à leur état grofiietôcimpar
fait. 'Et de là-vint la célébration de lTEuca—
riſiie-de la manière ô: avec les cérémonies
qu’on l’a pratiquée trés—longtempsà depuis
' pluſieurs ſiècles. Cela vint en ſubſtaneede
71’inſpiration 6c du conſeil de' Dieu par le.
“moyen dequelques trés-ſaintes ames qui'
étoient encore entreles Chæétiens ;SEE-il
'- - .
Dom: le Chriſtianiſme relucbe'. 89
marquable , que la Providence divine a telle— Srctſo'n 111
mentdiſpoſé des paroles de l'Inſtitutionde Amc"
J.C. que quoi qu'elles marquent primitive- '
ment ce que nous en avons fait voir dans l'E
gliſe primitive, néanmoins elles ſont auſſi ap
plicables à ce que l'on pratique dans l'état
dont nous parlons, ôt ſignificatives de ce
qu’ony célébre.D’où il paroit,que l'intention
de Dieu a été, que l'on en tiraſt pluſieurs
ſensôt pluſieurs pratiques pour aller à luy , 6c
pour S'avancer dansle bien , ſelon la diver
ſité des états oû l'on pourroit ſe trouver. Il
n'y a rien de plus familier àl'Ecriture que
d'abonder de la ſorte en quantité de ſens,
tous véritables , tous bons, dr tous à prati—
Fuer ſelon les états &les diſpoſitions oùl’on
etrouve ,- 6c j'eſtime que perſonne ne peut
douter avec raiſon de cette vérité.
II- Quand je dis, que ces pratiques vien— gîïçffflzj
nentdu S. Eſpritparl’organe de quelques a— fifa-dm.
mes trés—ſaintes , je n'entends pas , que com- pdg-m
me il y avoit alors entre les Chrétiens des i'm-'9'"
Perſonnes
_néanmoinsmoins éclairées
y avoient dz moins
beaucoup pures,qui, me nn'
d'authorité
ll ne s'y ſoit pû méler cle-là quelque choſe Nu
d’étranger ou de moins divin , qui ne vinſt
Pas ainſi du S-Eſprit: mais cela n'étant qu'ac
Ceſſoire , 6c des formalités de peu de conſi—
eration , qui ne nuiſoient pas à la ſubſtance
de la choiè, l'Eſprit de Dieu vouloir bien
non ſeulement les tolérer; mais auſii en ap.
Pfouver ôr en benir le bon uſage qu'en ſai
loient St les ſaints dz les foibles , qui par
humilité dc cœur 6c pour l'amour de Diîu ſe
… ou,
90 DE L’EUCAR rs'r r E
\Sed in, ſoûmettoieutàleurs Conducteurs dans tout.
Amc ²~ tes les choſes qui leur pouvoient ſervit de
' moyens pour s'élever à Dieu & à ).Chriſt.
Et par effet , de trés-ſaintes ames ſe ſont ſer
vies de toutes ces pratiques à cérémonies
avec leſquelles on a célébré l’Eucariſtie de
puis quelques fiécles; elles s’en ſont dis-je
' ſervies d’une maníére trés-bonne , trés-ſalu-,
taire, à qui les a avancées de plus en plus
dans l’union avec Dieu , (&je ne doute pas
méme qu’il n’y en ait qui ne le faſient enco
re, ) pendant que d'autres ames groſſiéres 8c
imparfaites en ont tiré d'autres fruits ſalutai
res,proportionnés àleurétat, & ſe ſontipar
là recœu‘illies en Dieu,conſiderées en ſa pre
ſence , en ont modéré leurs paflions , quel
ques unes méme juſqu'à en devenir ſaintes ,
ét d’autres. juſqu'à en mettre un frein àleuiz
corruption,qui ſans cela ſe ſeroit plus répan—
due dt plus vivifiée au dedans à au dehors.
&Qui ,az III. Ge n’eſi pas qu’il n’y en ait euplu—
:ſzÎh-ïm ſieurs à_ qui ces choſes n’ont ſCI-\VY- de rien ,
ſ… Diff 6c à qui méme elles ont tournéamal, ſoit
1cm Inf”. par lc mépris qu’ils en ont fait , ſoit par s’é-~
:Æ‘ſflflw tre attachés charnellement à l'uſage exté
mpſ' rieur de ces moyens ,' ſans ſe ſoucier dela
diſpoſition de leurs ames. Mais parce que
des ames ſaintes,& méme des ſoibles à groſ
fiéres, s’en ſervoient bien , 6L que par ces
moyens, qui étoient proportionnés à 'toutes
les ames, les plus diſiraites, les plus maté
rielles à les plus baſſes pouvoient revenir
â-Dieu, à la ſoy de \a préſence z_ à la conſi
dération de Jeſus Chriſt, de ſacharité &dire
, a
dans le Chriſtianiſme rela‘côe'. 9g
1:1 mort, & ainſi'pas à~ pas'ſe r’approcherde Sect- ne;
’état ſpiritueldes Chrétiens 'de la primitive M'ic'î- ,
Egliſe; Dieu a trouvé bon , que ces pfati
ques ſubſiſtent pendant le temps d'attente
qu’il a déterminé. c'eſt à dire ., auſſi-long—
temps qu'il a reſolu d'attendre que les hom
“mes foibles ôz charnels s’avancent vers luy
parces voyes—là. Si long-temps qu'il y en.
viendra encore aſſez conſidérablement par
là, i1 les ſera ſubſiſter: Mais lors que l’abus
deviendra univerſel , à que les hommes au
lieu de s’en améliorer , en prendront ſujet
de ſe fiatter 8c de s’endurcir dansleur cor
ruption, Dieu retranchera enfin ét ces mé
chans, & toutes leurs pratiques s pendant
qu’il ne conſerveraque les bons, qu’il réta—
blira enſuite dans l’état où étoient les Chrér
tiens de l'Egliſe primitive., à même dans*
un état plus pur 8c plus ſpirituel. M
V. Or pendant que durcit encore le 'à
temps de l'attente _de Dieu, ou le période .xUP-m; ‘
durant lequel Dieu vouloir qu'on laiſſait fur-Mr..
ſubſiſter ces pratiques à ces cérémonies 3 flſſ‘*
qu’ilavoitproportionnées à l’état relâché 8c '7
groſſier des Chrétiens, pendant ce temps
là diſ-je, il s’eſt excité des ſchiſmesôtñdes
diviſions , principalement à ce. ſujet.. _De
fois à autres on avoulu entreprendrede re
mettre les choſes en leur entier; comme on
diſoit , à les rameiri‘er àla premiére inſtitu—
tíondeJeſus Chriſt, à l’Eſprit ô: à'la prati
que de la primitive Egliſe; quoi que cepen
dant, à dire le vray . l'on ne compriſt pas
bien ni l’Eprit, ni l'état despremiers Chré—
- tiens ‘,
92 DE L’EUcARrsTrE
Feſt-Ill tiens , ni les raiſons divines ô: néceffiiires
'AMM' des changcmens faits en conſéquence du re—
lâchementätde l'épaiſſiſſement, pour ainſi
dire, des eſprits; ni les voyes pour retour~‘~
ner pas à pas ôt par degrés, parl'extérieurà
l'intérieur à à la perfection Chrétienne &
primitive. Ainſi , l'on quitta ét changea cé
rémonies pour cérémonies , ſentimens pour
ſentimens , extérieur pour extérieur 1 ſur -
quoi l'on s'eſt diſputé des fiécles entiers, ſans
autre avantage que d'en étre venus à des hai—
nes mortelles ét implacables , dt_ même au
fendt au ſang
, Je n’ay garde d'entrer dans ces maudites
diſputes par les voyez &t les. méthodes qui
ont conduit les eſprits à ces mneſtes effets.
Je vay prendre les choſes du côté de laveri
.refideia charité ſolide S G: cela _ne-Mitra**
nul enfant de la charité p !a MENU-G Parti??
ou en quelqueôcctc qu'il \à ?cuiſſe rencon
trert
V. Avantquc le Chriſtianiſme fuſt diviſé
'ZM dans les trois grands partis qui le compo
,.nù
:ç: 1:5"
.-1,-
à'.je
ſent
l’ay
aujourdhuy
dit cy-devant
, il y3avoit
des enfans
dans luyde, jeruſa

du": lemôtdes enſans de Babilone , des bons _à


des méchans, ô: même ces derniers Y fai
ſoient le plus grand nombre. Les bons s'y
trouvoient en de différents états. il y en
avoit qui étoient de trés-ſaintes ames, qui
avoient un véritable commerce avec Dieu ,
USE qui étoient remplis du Saint Eſprit: d'au
tres étoient moins parfaits ô: moins éclai
,rés , à d’autres encore moins que ceux-cv
‘._ > ~ &qui
dans le Cbnſtidmſme relíche’. 93
à qui avec un bon fonds 8c une bonne inten- Mi- ffl'
tion & volonté , avoient encore beaucoup …c' Z'
d'e te’nébres à beaucoup de paſſions corrom
pues, leſquelles n’étoient pas encore ni mor
tes , ni bien mortifiées. ll y avoit auffi entre
les me’chans diverſes claſſes 1 les uns étoient
plus les autres moins corrompus , hypocri—
tes , aveugles; plus ou moins inclinés , non
à faire mourir vleur vieil-homme , mais à tâ
cher d’a-paiſer les remors de’leurs conſcien—
ces par toutes telles inventions ét opinions
qu’ils auraient pû trouver , & qu'ils ſe ſe
roient pû perſuader e’tre d'inſtitution divine,
8c valables devant Dieu. -
Or quand les Schiſmes ſe firent , la vc
rité eſt , que les bonnes ames qui etoient vé~
ritablement ſaintes à éclairées de Dieu ,.
n’eurent garde d’y prendre part :, Mais il s'y
engagca quantité de ces autres bonnes ames ’
qui n’étoient pas encore aſſez éclairées ni
purifiées; 6c méme beaucoup dont les tóné—
bres à les imperfections étoient encore trés
grande‘s. Et’pour les méchansss’il en demeu—
ra dans le party que l'on quittoit z il ne s’y en
~ engagea pas peu dans celuy que l’on érigeoit.
Car il n’y avoit rien de plus facile à des ames ~
qui vouloient étre ſauvees avec leur vieil
Adamôc l’amour d’elles-mémes , que de ſe
défaire de quantité ~dc choſes qui leur é
toient penibles, dr que d’embraflèr detout
leur cœur certaines pratiques pluslégeres,
ét certaines Opinions, en vertu deſquelles
ils s’imaginoient de pouvoir immancable
ment acquérir le' ſalut ,- quelques .manque-—
ñ mens
94.' iDu L’EucAntsTrE
Seti. Ill. mensqn’ils euſſent d'ailleurs. C’eſtoit, dira
Am" n' t'on., un abus qu’ils faiſoient de la doctrine
qu'on leur propoſoit. N'en diſputons pas.
Soit ainſi. Le fait néanmoins eſt véritable ; 6c
d'autant plus faiſiible , qu'il eſt facile à des
méchans d‘abuſer dc tout. Je ne dis rien des
autres motifs qui pouvoyent leur faire pren
dre le nouveau party.
.17… z… VI. Voila donc‘encore dans chacun des
;zz-;Lu- trois partis du Chriſtianiſme des bons dt des
"m qui!, mechans, des enfans de Jéruſalem) ondes
fn” bien perſonnes qui avoient des diſpoſitions a le
.ſm-!44 devenir , 8c des cnfans de Babilone. Or
0;” comme dans le premierà ancien party ceux
MME_ des bons qui étoient encore peu éclairés 6C
P" 1-' !eur fort foiblcs 8c imparfaits,& mémes quelques
ſ‘b‘" uns des méchans, pouvoient s’avancer à s’a~.
vançoient effectivcmentversDieu parle bon
uſage des pratiques dr des vérités qui étoient
entr'eux S auffi dans les partis qui s'en étoient
ſéparés , _les bonnes ames qui ont fait un bon
uſage des vérités chrétiennes &des prati
ques ät cérémonies telles qu’on les célébroit
ét qu'on les adminiſtroit entr'eux, ſe ſont ñ
~ . ~ véritablement avancées vers Dieu par-là ,
quelques-unes mémes, (mais trés—rares 6c le
plus ſouvent expoſées àla dériſion &t àla per—
ſecution des autres, ) y ſont parvenues à une
véritable ſainteté , ôt méme au commerce
avec Dieu :Et quant aus méchans &t aus cn
fans de Babylone qui y étoient , il y en a eu
auffi qui parles mémes moyens ſont devenus
bons à enſans de jéruſalem , 8c qui venant
-par là. de l'amour d'eux-mémes à l'amoàlr
e
dam le Chriſtianiſme relie-lac'. 95
de Dieu , ont ainſi fait leur ſalut. Scufhm.
V I I. Et l’on ne me doit pas objecter icy , Amc' ²'
que c'eſt une choſe impoſſible , que des per
ſonnes .r qui de bonne ſoy ſe ſeroient enga- yum,
gées dans un Schiſme , ou qui y ſeroient par mom-eu'
leur naiſſance, pûſſent ſe ſervir des doctri- Pi": 4""
nes & des pratiques qui y ſont pour arriver à PIJ;—
l’amour de Dieu ët au ſalut. Car ſi entre ces Chr-111'4
doctrines l’on y trouve le ſubſtantiel des vé- “Tm
'rite’s chrétiennes , comme' les vérités du
Symbole Apoſtclique , celles des Comman
demens de Dieu , -ôz la Priére du Seigneur,
ô( en un mot , «les Saintes Ecritures ; à que
les cérémonies y ayent pour but l'élévation
de l'ame à Dieu ‘ quelque levain étranger
qu'on y pourroit ſuppoſer d’ailleurs; cela
néanmoins n’empéche pas abſolument qu’u—
ne ame de bonne volonté , 6E qui cherche
Dieu ſincèrement, ne puiſſe en effet s'élever
îà luy par le moyen du bien qu’il y a entre
'ces choſes-là. Car ſi l’on peut tirer ce fruit &r
cet uſage des choſes de la nature , de celles
qui ſont deſtinées à des uſages vils à vains, 6c
méme quelques—ſois des mauvaiſes 5 à beau
coup plus forte raiſon le peut-on tirer des di
vines 6C de celles qui ſont directement éta(
blies pour élever l'ame à Dieu.
' L'on me dira , que ces autres choſes 3 ou
mauvaiſes , ou erronées, ou humaines , qui
peuvent étre melées avec les bonnes , peu
vent auffi étre à obſtacle qu’on ne retourne
bien vers Dieu. Je le confeſſe 5 &je déplore
que cela'n’ait que trop ſon effet, ſur tout à
l'égard des perſonnes lâches/6c peu -diliget ~
ç _ es
96 DE L’EUCAMSTIE
.Sen-m. tes àcb-ercher Dieu: mais cela méme peut
“Wî- ²* ſervir quelquesfois aux ames les plus droites
6c les plus ſincères. Et poſé que l’on ſoit re
tardé de ce côté-là, cependant, ſi le cœur
eſt ſincère ê( ardent àla recherche de Dieu ,
l’on peut étre ſecouru 6l redreſſe par les au
tres choles bonnes. Méme à meſure que l’on
s'avance, on reçoit de plus en plus de Dieu 1a
grace d’oublier l’inutile à le nuiſible d Gt dc
n’y pas penſer , ou de n’y penſer qu’en paſ
ſant, &méme àbonneintention; 8c de.ne
s’aréter qu’au bien &t à l’eſſentiel , à quoi ad—
- hérant ſelon Dieu, Dieu donne enfin à de
tels la lumiére pour connoitre ſolidement ce
qui fait le Chrétien ôt le ſiilut , &z pour ſe peu
ſoucier des choſes qui foñt matiére de con
troverſe &de diviſion entre les hommes , ſi
tant eſt., qu'on en ait encore quelque teintu
‘ re. Car quand on n’en a oint , comme on
ſe contente alors de l’effgntiel de ce qui fait
le Chrétien , on ne prend pas la peine de ſe
vouloir inforrmr du reſte.
MMM_ ~ VH1. Mais a , diront peut—étre quelques
,,…U-m'. uns, ce ſeroitalors que de telles perſonnes
jZ-r le devrorent quitter le Schiſme ou elles ſe trou
mufó, l‘ vent engagées , & retourner au party an—
m-zm-m cien , qu elles , ou que leurs devanciers , ont
*k* Partir. quitté ; puis qu'elles verroient alors (à ce
qu’on ſuppoſe) que ces Scbiſmes ont été
faits malheureuſement, 6c ſans fondemens
ï- N-lr.
(cmd-bu” légitimes. . , premſiiérement;
I_ A c613 je réponds
~ l ~ é ,.
Hai-"SLT que de telles perſonnes ne peuvent plus étre
"wir—u. tenues pour Schiſmatique—s; parce qualors
~ elles
dam- Ie Chriſtianiſme rol-Mn'. 97‘
elles adhérent à ſont unies en charité de SeE‘t-IIIL
cœur à Dieu ô: à toutes les bonnes ames qui Amc” >
ſont dans le party ancien dont elles ſont ex— ~
térieurement ſeparées , ôt méme à toutes les
autres bonnes ames qui ſont dans tous les au
tres partis du monde , entantqu’elles adhé—
rent à Dieu , ou qu'elles le cherchent en ſin
cérité de cœur. Tout cela eſt re’üny devant
Dieu dans un corps myſtique, que lebon
EſpritdeDieu anime par les bons mouve
mens & par les lumiéres qu'il leur donne , à
chaque membre à proportion de ſa capa
Cité.
z. Secondement, il eſtſouvent’ néceſſai- 2.114:
re ou utile , que dans toutes ſortes de par- FW?? *ui
tis ôt de Sectes il’ y .ait &t demeure quel- H33”
ques perſonnes éclairées à ,amies de Dieu, éclairés”
pour que chacune d'elles tâche d'avancer a'ffl'm‘_
dans l'amour tie-,Dieu
du Chriſtianiſme &,~dans,
les autres le ſolide
bonne—s ames, Sthrſtlc.

&Ales foibles qui ſont en ſon party; &


i qui ne recevroient que comme d'un lieu
ſuſpect ce—-qui leur ,pourroit venir de la
part des perſonnes d'un party différent
duleur. z? -' i 7, , ,
3…Entroifiéme1iens- il ne ſaut pas dou— 3. 0m.,
terque de telles perſonnes ne vinſſent à ſe en cert-ici:
re'üníràleurpremier'partyfi 'elles ſçavoient ffl' 1M"
ue tellefuſt la volonté de Dieu , 6c que ,ÊLËZÛZ
ieu vouluſt les perfectionner davantage , !red-:Murs
ou ieundonner plus de @races ,v Ou- leur faire, “me
éviter 'plus de maux- en eux ou en leurs pro
chains, par les ccremonies’ét par -1esprari-_
rues-Yun &mariner-attr- que Parsellssd’im;
, ~ ~ E ' autre.
98 'D-E L’EucMttsTtE
See-.ttt, autre. Car enfin , Dieuaime mieux ſa gra
A1"- ²- ceëtl’avancement ſpirituel des ames , ilai
me mieux éviter des maux tels que ſont les
meurtres , les haines Ô( les troubles , que
de ſoûtenir ou de redreſſer des cérémo—
nies , dt certaines menues opinions qui ne
ſont pas eſſentielles à 'ſon Amour à à la
Sainteté. .
4. EM", 4. De là vient, que ſi une perſonne ne
cmd. pouvoit changerde party ſans négliger les
!WP-J moyens qui ſoulagent ſa faibleſſe dans la
f‘îſ‘ct" techerchede Dieu , ſans émouvoir' les paſ
ſions, la haine, 6e peut-étre les violences
' meurtrières de ceux qu’il quitteroit‘ ,- .ſans
' fortifierles méehans &les mondains du pat
ty où il iroit ,dans l’abus qu'ils font des cho
ſes divines, dans ieurpréſhmption, &dans
la folle confiancequ’il‘s-mettent en leurs 0
pinions ét en un exténieurdontils ſe ſervent
pendant que leurs ames ſeroient. trés-mal
diſpoſées, tres—vuides de l’amour de .Dieu
&du prochain , de la'juſtice, de la ſimpli—
cité, de l’hu’milité, .de la miſéricorde, de
la compafiion , à 'de-l'amour- pour ſes-enne
mismémes; en cecas, l'on feroittrés—mal
- - T. - de ſe r’eñdre à' 'cette ſorte "de change
‘ ment. ' r - . - 1
g. E» ,dut ~ z'. Mais ſi avec lumiere, ſans motifs 8e
“WWF principes d’elachairêt-duſang, l.’on voyoit,
WMI" ' que‘l’onpûſt'ſemieumreeœuillir en Dieuôe.
’ en ſon amour—par les pratiques d'un-.party
que par celles d'un autre ;qu’enxlefniſant on
fit raſieoi‘r les-paſſions desméchans 'qui- ſans»
delacommettroyentzmillelmauxñ, &agen-@d
'' 3— es
dam le Cbrzſtíamſme rol-foiré. 99
-des meurtres, &une‘infinité de pechés, il SïÔË-lm
l'on ne ſe conformoitàl'extérieur de leur Amc'z"
party; ſi l'on voyoit que l'on pourroit profi
;terà ceux des bons vers qui l'on iroit; 6c ue ~
ceux du party oû l’on auroit été.juſqu'alors ,
ne voudroient plus les entendre , ni profiter
-deleurstalensg-&qu'enfin ils ſçeuſſent par
:une conſcience éclairée que telle eſt la vo
lonté de Dieu ;dans ces cas , je' ne fais poi—nt
de difficulté de dire , que l'on feroit-trés—
-bien de quitter un party pour reprendre l'an-'
cien dont on ſe ſeroit ſéparé , quand méme
-on ne pourroit éviter alors l'indignation ni
empêcher le ſoulèvement des menues paffi ~ -
ſi Onsde
'6. Jeceux que l'on
ne voids quitteroit.
point -
de néceſiité abſolue 5_ 2.4,#
âce qu'une perſonne ſoit de l'extérieur d'un Mdr-pm)
l ~Party plûtôt que d'un autre pour étre ſauvé ' “"Pffll
mais. bien
. . uni. par le lien
que l'on ſoit . 0 ’
de l’eſ t 'r e
Prjtàl’intérieur du party de tous les ſaints mens
»6c de toutes les bonnes ames, de quelque
ſociété qu’elles ſo—yent ; ou , que l'on adhére
«à l'amour de Dieu , & à l'amour du pro
chain, qui eſt le point eſlentiel du ſalut: car
de là viennent les lumiéres 51 les connoiſiàn
"Ces ſitlutaires de ce qu'il faut ſçavoir en ma— _
tiére defoy. 4) Cela] qui m'aime, fera aime* (‘) I631?
-dermm Bei-_edfje l’aimerapdy‘mefera) connaitre '4'*** *
-iIuyDe là les principes de la bonne condui»
'le envers le prochain &Z enverstous les com
mandemens .de Dieu : (5)14 chante' ne (z) 1….,
Manan-demain” prochain'.- Ül'aceomplzf- \3.1.10
femem de 14 loſe-'aſí [dubai-ire'. Ainſi, celu
quiaime , .ellbienpartoun JeſusChtiſi e
c i ~ E Z
"ſ03 DE L’EUCARISTrE
SÊB. Il! fait connôitre à luy autant qu’il eſt néceſiai
Attic, z.
re;& il le conduit ſelon ſes commandemens,
ſans luy laiſſer faire du mal aus autres, &t mé- '
me en leur faiſant du bien, par les priéres
qu'on offre àDieu pour eux , à par d’autres
moyens convenables. Mais quoi qu’iln’y
ait point de néceſſité abſolue qu’en aimant
Dieu l’on ſoit d'un party extérieur plutôt
que d’un autre , cela n'empeche pa‘s que la '
naiſſance 81 les raiſons que l'on vient de dire,
ne doivent déterminer les ames ſoit à de
meurer toit à ne demeurer pas en certain
party. ~ ~ ~
Quels par IX- J’eſtime qu’onme fera la'juſtice de
zi] I’on ï” croire ,’ que quand je parle des partis du P
Jaitjamair
'conſidère r‘
Chriſtianiſme leſquels il n'eſt pas' abſolu
comme m ~ ment néceſiàire de quitter , JC n’entends pas
dijji'rem. ceux qui rejettent ou~ les cauſes ou les mo
- yens eſſentiels à l’amour de Dieu,quoi qu’ils
ayent en main les divines Ecritures qui Les
pourroient détromper s'ils ne vouloient pas
s’ètudier à les énerver , 8c s’aveugler volon
tairement , comme font les Pélagiens &t
les Sociniens, qui méconnoiſi‘ent & nient
par un eſprit de ſuperbe &d’opiniatrete la
corruption 6c la miſére de l'homme , 1a réa—
lité &t la néceſſité de la Grace intérieure de
Dieuôt de ſes opérations dans le cœur de
l'homme z &même (les derniers) la Divi—
nite’ ,du Médecin de nos ames , lequel eſt la
ſource de l’Amourde Dieu , comme ces
autres choſes en ſont les préparatifs ,les mo
yens , &Z les principes prochains à néceſſai
res, ſans quoi , l’Amour de Dieu ned-evivra
- l
.I
v L— 1. jamais
i
J471: le ChrË/Zïaníſme relícbe‘. r Αo—Î
jamais dans perſonne, &hors de quoi l’on Sect- 117d .
eſt par conſequent -indubitablement perdu Amc”
pour l’éternité.
. X. Mais il n’en pas ainſi des partis oùl’on .Quel-par
trouve les moyens de s’humilier profondé— TF" "‘
ment devant Dieu par la reconnoiſſance de ;LH/:"—
l’état damnableoùl’on eſt, à de l’impuiſ- wmv-!fi
ſance àen ſortir ſims la Grace toute puiſſante ë'ïïsmzt .
à intérieurementopérante de Dieu devenu
homme pour nous remplir de ſon Amour en
nous purifiantde nos ordures infinies , de
nôtre orgueil , 61 de nôtre amour propre.
Ceux qui
point , onconviennent
ne doit pas de
les bonne ſoycomme
regarder en ce '

ſi éloignez que le voudroientfaire accroire


des perſonnes qui ſe plaiſent à outrer tout
pour défendre leur partialité , leurs interets,
leur conduite paſſée, &leur reputation ſe
lon le monde , dt pour s’épargnerla honte
de confeſſer qu’ils ſe ſont trompés, à qu'ils '
en ont engagés d’autresdans les mémes mes—
intelligences. ' Si ceux du party que l’on a
quitté ont l’humilité à la charité , ils ſe*
ront bien-aiſes que ceux qui ſe ſont ſeparez
d’eux n’en ſoyent pas ſi fort élozgnez par
rapport à l'eſſentiel de la vérité alutaire,
qu'ils ſe l’étoient prémierement imaginé.
De méme, ſi c‘eux qui ſe ſont ſéparés des
autres , ont l’humilité 6c la Charité divine )
ils ſeront auffi bien aiſes de reconnoître que -
ceux qu'ils pcnloient plus éloignez des vé— ï .
ritez néceſſaires au ſalut, ne le ſoyent pas
pourtant comme ils l’avoient crû; 6c cela
étant, l’on ne feroit plus tant de vacarmes
3 pour
ï'

ſro: ' ~ Dz'. L’EUCAMSTTE


*QQ- m-- pour le relie , qu’on devroit laiſſer à 1a Iiberâ
*Arne- z.
' . té de chacun, ſur tout des gens de bien , 6E
des perſonnes qui ont quelque lumière de
. Dieu;puisqu’ileſtàpréſumer, qu’elles ne
feront rien là-dedans que par de bons motifs
_ 6c pour la gloire de Dieu. ,
;em-;1.4. .XL S.Paul aprés avoir quitté laSynago—
S P-Î-lm gue pour embraſſer le Chriſtianiſme , ne
:LSE-J" laiſſoit pas d’y retourner quelques-fois, (a)
W27 de faire des vœux, de les obſerverlé ale
,,uſb‘cc_ ment, (11) de faire circoncire Timot‘ée,
(ë) Act- lorsque Dieu-luy faiſoit Voir qu'en ſe rappro
16- 'a 3- _chant ainſi des Juifs 6E de leurs cérémonies ,
il poux-Toit gaigner les bons &- les foibles
d'entr'eux, leur communiquant la vérité ,
*qu’ils recevroient de luy comme d'une per
ſonne moins ſuſpecte. Mais lors que Dieu
luy fit voir qu’il n’y avoit plus entre les juifs
que des opiniâtres , à que des-perſonnes qui
au lieu de ſe laiſſer gaigner à Jeſus Chriſt,
voulaient impoſer le joug de leurs cérémo
nies comme des moyens abſolument néceſ—
faires-à tous pour étrejuſiitiés , il s'en retira,
(ele-1,2. (c) ne voulut point qu'on circonciſtTite,
" 3' ni qu'on pratiquaſt plus les cérémonies de. 1a
Loy. L] faut icy de lalumiére à de la pru
dence d’enhauc , du defintereſſement , :Sr un
pur motifde charité divine p‘our ſçavoir bien
comprendre 8c imiter cette parole de ce
ſ3) Loo,, .Grand Apôtre : (zi) Bien—queje foi: e” /rbenc’
9. n19. &l'égard de :ou: , je meſa” aſſer-cd zi tour afin
degaigmrplur de Fm'fimner à Dieu. E: jc me
ſui: fait Îuif au: Îmfl' , afin de gagner le:
Îmfr ñ' a' ceux guíjbnrjbu: 14 La) , cammcfij’c’- ~
tait
J41” 1e Clartſtíamſme relie-he'. l o;
toii-find: [a La] , afin de gai mr ceux qui ſms Sed. In. -
Attic a.
flmr la La] : a' ceux quifimtfim: Loy , commefi
j’c’tor’r _ſam Loy , (bien que je neſa” point [21m
.Loy qudma‘Dieua mais je ſur": jbm la La) dp
Î. Chri/h) afin de gaigner ceux qui fimtíamz
La). Îe mcfui: fait comme fin'ble au: for' [et,
afin cie-gangſter les-faible: : je meſuit fait couter
clauſe: 4' tout , afin qu'en quelque-flirte que ceſhit
j’enſau-ve quelques-um. Or je fai: toutes ce;
choſes' pour l'avancement de I’Eoangila , afin yer
d'autre: j ajent par: avec moy. Mais ans_
contredit il ya peu de S, Pauls 81 d'imita
teursde luy‘: 8c il eſtàcraindre qu’il n’y ait
beaucoup plus (a) d’Ece’boles & d’imitateurs (a) Secr—
de ce fameux Protée ô: marchand de Reli hili. Eccl.
Liv. 3,
gion, qui pour maintenir \a petite fortune eh. 15.
mondaine ,ou pour l’augmenter,de Payen ſc
…faiſoit Chrétien ſous les Empereurs Chré—
tic—ns.,
:Péreursêt- uisſe
ayenstendoiti’ayea
s ô: derecheffous les
redevenoit

Chrétien ſous leurs Succeſſeur-s Chrétiens.


Auffi inſiſte-t’onätrop ſur l'extérieur &t ſur dc
.miſérables points de controverſes , du côté
deſquels l’on prefle ſort aveuglément la
converſion, au lieu qu’elle doit commencer
'6E s’avancer par la—mott du peche ét par l'A
mour de Dieu 6c du prochain. Si cela étoit
ainſi d'evantDieu,ſon divinEſprit feroit biens
tôt l’accordôt la réunion du reſte.Mais Dieu
ſçaitçomhienl’on en eſt loin, 8c comment
l’on en demeur‘eroit éternellement éloigné
ſienfinil ne venoit retrancher tous les mé—
chans, les opiniatres, 8( les ſuperbes qui ſont
dans tous les partis , Pourſréünir le reſte dans
ſon Amour en Eſprit ét en vérité.» _E -4 1l.
&OZ DÉL’EUCARISTiE
Seam. Il yabeauconp de perſonnes aux intérets
Anïc- 2- deſquelles il importe que ces choſes-cy ne
ſoyeut pas tenues pour véritables. Comme
Il s'en trouve trés—peu qui ſoient entiére—
ment dans la vérité 61 dansla Charité , auffi
y en a-t'il trés-peu qui ne ſoient choqués de
la pure vérité & de la pure charité. *
:Mſi-UM- XII. Voila qui eſt général à pour tous les
\ïimfmlu partis du Chriſtianiſme. Il faut dire quel—
d' ' . . ſur chacun
que choſe de plus particulier
p.- "ppm d'eux, &par rapport à leurs maniéresdc cé
‘.",E"“- lébrerl’Eucariſtie. _
'47"' On ſçait que le Chriſtianiſme eſt diviſé en
trois partis capitaux, quiſont, celuydel’E—
gliſe Romaine , eeluy des Reformés ou Cal
viniſtes , 5C celuy des Luthériens. Conſidé
tons les en deux manières: premiérement,
entant qu'ils ſont différens de l'Egliſe primi—
rive: ſecondement , en ce que l'on peut fai—
re dans chacun d'eux un uſage ſalutaire de
leurs différentes pratiques.
Tm re- XIII. La premiére conſidération peut étre
wjfflïſſffl' commune àtous trois: car je m'aſture qu'il
ZËÂ'ÊÎËË" n'y aperſonne de ſincére 6c d'intelligenten—
pin-ù… tr'eux , qui ne reconnoiſſe que ſon party eſt
Eslïfïñ éloigné en beaucoupde choſes de la pratique
de la primitive Egliſe , telle que nous la
voyons décrite dans le livre des Actes. Les
m voy Catholiques-Romains (a) les plus ze’lés ne
_ * . . ~ , , .ñ
Defenſe ſont point de difliculte d avouer , que la
du C311" plus—part de leurs pratiques dz cérémonies ſe
;'a‘k'ëffif" ſont introduites peu à peu dans l'Egliſe, ſur
nmeys, tout, depuis que les Empéreurs furent de
venus Chrétiens. Les autres avoüent , qu'iäs
ñ … n—o —
\.
dam le Chriſtianiſme relie—hé. Io 7
n’obſervent pas cette communion univer- Mt…
ſelle qui eſt marquée dans le livre des Actes. Attic. z:
Chacun allégue ſes raiſons : Et nous avons
reconnu (a) cy-deflus , qu’en effet ces choſes (ï) Su .
ne pouvoient plus ſe pratiquer préſentement num. L
comme autresfois , à qu’il étoitbon qu’elles
ayent été changées. Mais on ne confidére
pas aſſez , que quoique ces ſortes de change
mens ayenr été approuvés 8c méme corn
mandés de Dieu a néanmoins du côté des
hommes , la premiére cauſe en étoit trés
mauvaiſe, ô: qu’ils doivent paſſer là—deſſus
condamnation , ſans chercher en premier
chef des excuſes frivoles ſur cette eliſconve~
nance d'avec l'Egliſe primitive. ‘
XIV. Quand on dit, par exemple , Le: Lip-nm”
Clare'tiem c’tant de vmm‘groflierr JF lents' , ont eu 'ï "ïſc 4‘
lóefiin qu'on inſtituafl cea] df cela Pour [cr Te’peil
1er,' On n’a pû conſerver la communion de toute: HM!,
:baſer à caujè de: aóur que le: lâcher i9' Ier can- ~
'voiteux en dur-Diem tirc’r; je veux que tout cela
ſoit véritable , Bt que Dieu-méme en ait diſ—
poſé ainſ. Mais je dirois volontiers comme
Jeſus Chriſt diſoit aus Juifs ſur la matiére du ’
divorce que Dieu leur avoit permis par Moï
ſe z (à) C’eſZ pour la durera' de T0: cœur: que (a) Matfi
Moiſe -Uour ape-rmi: cela : ear au commencement *9' '- 3
íln’e’tdítpar ainſi'. De méme, l’on pourroit
dire aus Chrétiens: C’eſt parce que vos cœurs
ſont devenus durs 6c froids àla premiére cha
rité , à I’amour de Dieu , àla vigilance ſur *T _ A;
vous—mêmes , que Dieu vous a permis ou- P'
ordonné cela. Car ſi vous elliez demeurés "7"
dans le pur Amour de Dieu , dt dans la ſain— v -
E 5 ' w”
106 DE L’EUcAnrs-rrE
Bottin,, te Charité,& que vous fuffiés demeurez ſer
Am‘- ²',, mes à ne recevoir entre vous que de vérita
,, bles ſaints 8c des perſonnes parfaitement
,, mortes au monde , toutes dégagées, &t tou
,, tes ſpirituelles, comme cela ſe pouvoit;ſi
,, en veillant ſur l’aſſemblée des ſaints vous
,, euſſíez voulu conſulter Dieu ſur toutes vos
,, difficultés, 6c ſur tous les cas qui concer
,, noient ces choſes; alors vous n'auriez pas eu
,, beſoin de cecy ni de cela, 6c vous n’euſſiez
,, pas forcé Dieu , pour ainſi dire , à établir ou
,, à conſentir à tantôt tant de choſes , de régle
,s mens , ô; de variations, que Jeſus Chriſt
,, n'avoir pas ainſi primitivement établis. Jeſus
,, Chriſt avoit ſi bien &t ſi parfaitement diſpoſé
,, de tout pour ſe conſerver une aſſemblée 6c
,, une Egliſe ſainte, telle qu'il en avoit com
,, mencé une , qu’il étoit impoſſible d’oter
v ou d’ajoûter quelque choſe à la primitive I n—
,, ſtitution ,de luy, qui eſt la Sageſſe Eternelle.
,, Mais depuis que par l'inſtinct de l’ennemy
,, de vôtre ſalut vous avez changéôzafloibly
z, l’état de vos ames,& que vous avez introduit
,s les-lâches &les mondains entre vous,il a bien
, z, fallu que Dieu , s’il vouloir faire quelque
,. bien de vous , &ne vous pas laiſſer courirà
a, l’abandon à vôtre perdition, établiſt telles
a, ~6t telles choſes pour vous refreiner 5 ou qu'il
n con ſentiſt qu'étant établies des hommes , el
a. les fuſſent obſervées, Bt paſſaſſent en loix
,z authoriſées de luy. Et ainſi, la premiére
., penſée quivous doitvenir dans l'eſprit lors
15 que vous conſidérez l'état des choſïs &des
z,, ,pratiques d’à preſent, 6c leur différence d’e
’ vec
.34m le Ch'rífliamflh'nelä‘c'he'. 107
vec'celles de l’Egli ſe primitive , n'eſt pas une Sect- m.
penſée d’Apologie , d’excuſe ou de défenſe ; 3m." *'
m‘ais une penſée de confuſion à d’humilia—"_},_,..—.
tion , vous reſſouvenans, que vous étes dé- “
chus de vôtre premiere ſpiritualité , pureté , “
ſainteté , 6e charité ,- &r que vos relâchemens “
&vôtre groflierté ont occaſionné ces choſes. “
.Aprés cela , ſuive la penſée d’Apologie con- “
tredes perſonnes qui étant elles-mêmes en- v.
core charnelles 6E corrompues , préſomp- ,t
tueuſes méme 6c refractaires , veulent ne pas “
ſe ſoûmettre à ces pratiques ôr réglemens, “
mais qui s'en moquent, 8e les tiennent par “
orgueil de cœur ou—pat aveuglement d'eſprit “
pour beaucoup au deſſous d'elles. v
XV. C’eſticy qu’il eſt/bon de faire valoir Cri-Mimi
1a- raiſon que ces choſes ont été ordonnées, 4" 5m”
approuvées, commandées de Dieu méme ; ZZ…. .n,
que l’on doit s’y ſoûmettre cri—conſcience; dutbqríſk‘_
queles ſaints l’ontfait- eux-mêmes ,- Ô! que *DMT
comme elles ſont établies pour faire penſer
à Dieu &àla vertu , aufli Dieu étend ſa be
l nediction ſur ceux qui les_,pratiquent en hu
rmilité de cœur pour l'amour de luy &pour ~
édifier leurs prochains.Î , ,
,Lors qu'on les-détend” à les recomman—
— der-va' par ce principepnne lesrecommandeœ
;ra pas phariſaïquemennät l'on ſe conſerver»
dans l'état de-confeſſer , que Dieu , le—S. Eſ—
l prit, à des perſonnes remplies à _regies du
…SiEſprit , comme étoiem celles-de l’Egliſe "
_primitive a iont au deſſus de: tout cela, à
:peuvent, \i Dieu le trouve à propos, s'en
A *Wear-.MMM P‘FctPÈ‘ cà’orsueílôrtdcmé
pris* ~
108 DE L’EKICARIËTIÉ
Secttlll. pris; mais pour obei‘r à la volonté de Dien
'Am-9*' ôt aus inſpirations du S.Eſprit, poſé qu'el
*les aillent-là. Et c'eſt ainſi que quanti—
u ,té de ſaints Anacoretes ont vécu ſéparés
du monde , ét ſont morts faintement., ſans
ſe ſervir jamais , ou que tres-rarement,
des choſes ſacrées &r des cérémonies‘dè
l’Egl‘iſè. -
SMI-“P -XVL Voila quieſt bon., diront ceux de
. 5 ' - , .
…jame— -1 Egliſe Romaine , pour les CCœmO‘nlCS des
"mm-my* Catholiques ,- maisà ce conte-là, cel-les des
“xi'j‘ Proteſtans ne pourront paſſer pour valables.
I ' . Pourquoinon? Sans dire que les bonnes a—
mes d’entr’eux s’en ſervent en‘conformité
(le plus qu’ils‘peuvent,) avec l'intention 6c
' -l’Inſtitljtion de Jeſus Chriſt, autant que S’é
…ſi'- tend la
ñ' me, méſure de
à prendre lesleur lumière;
choſes quand
au pire, ellesme'
ne
F‘- '-3 " è ſeroient que d’inv‘ension d’homme ,²' fi néan
‘ " ‘ î-m‘oins elles ſont établies pour e’lever l'ame a ~
î Dieu ,il paroit , par les choſes que l’on a— dé
,Û DE “montrées «(4) ailleurs touchant les cérémo—
ËV… íiïlj' 'nies ,~ que'Dieu Iesaïpprouve, à qu’il cube
ehap- L '- ni‘tfit en rend ſiíluta'ir'e _l'e'bon' uſage. Ort-\ré
ï- 4* 5’ 6' mettra icy ſans doute' ſur le täpis-Faffäir‘e &u
-sch‘i’ſmez !ét l’on‘dîru , que “Dieu n’ñappi'ou
’ vant'pas'un Sehjſrït’e s' 'ne‘P’e’ut’err’âPP’tditÿèr
~ F- 'rri en author'iſer les cérémonies , -’ m 'tout ñ ee
‘ js’enettſuitp ~' -~ <- d
dzçfiî’zf‘î XVII. Les :hommes ſont 'fi grofliers
MJ… ïchamel’s entr-autant desaftæeçsue Religion,
WIP-"h ?que @eſt grande pitié'.- 'Ils ne regardent &-'tíe‘
Tffiîconſidérent pasle Scbiſhre-&la ſéparatidn
' Umm-ia. que ſont'leurs
ſ I": ~
amesffiave'ciDi‘eus,
g .
d'arc-:Pn
'- .Amour,
e‘r troír Partir. 10'9
Amour, d'avec ſa ſainteté, ſes vertus, ſa SectÆEl
charité; parce qu’ils ont la plûpartles yeux AM9 7-*
de l'eſprit fermés,- dr ils ne conſidérentavec
les yeuxdu corps que le Schiſme ou la ſépa
ration qu'on a faite en ſe retirant d'eux exté—
rieurement , ſans avoir égard , ſi ces perſon
nes ainſi ſéparées cherchent néanmoins de
s'unir àDieu , à ſans conſidérer, qu'elles
s'en peuvent effectivement approcher quoi.
que ſéparées extéricurement de leurs pre
miers partis. C'eſt pourtant là qu'il fau.
droit regarder s Car Dieu ~y regarde , quand
méme la cauſe dc la ſéparation extérieure
auroit été invalide. \'oicy un cas ſem
blable qui doit mettre la choſe hors de diffi
culté_
XVlIl. Lors que Salomon vivoit fainte— Dz'lïplïï
ment devant Dieu , le Royaume d'Iſraël ſe "ï' PW?—
trouvoit &t ſe conſervoit ſous ſa direction "ZZ-'5,5"
dans une fioriſſante unanimité : mais dés d'un ſchiſ
qu'il ſe corrompit , luy ôz ſon ſucceſſeur , 6: :"- ó'l"'
, . . o ~ 2 r 'POINT IJ
qu oubliant Dieu 1ls ſe rendirent ſeveres ô: ,ſghmm
formidables au peuple , il ſe fit alors un ſuivit”.
Schiſtne grand &t funeſte , ou nous avons EMM
'ttois'ou quatre choſesà remarquer; la pre—_ 4
'miere,
peuple' par
queune
ce Schiſme
ſédition la
ſe _plus
fit de_mſoutena—
la partdu l
ëble dr la pluscriminelle quifut jamais: car
ils allércnt (a)juſqu'à maſſacrer cruellement (4) l Roi,
ledeputé du Roy: Laſeconde, que cepen- iz.v.~i8.
dant Dieu , ſans approuver toutes leurs ma
?niéresMonſentoit àla’choſe méme Br (bfl’ap- (b) l Rod
"prouvoit par un de ſes Ss.Profétes: la troi— u. v1.29,
fiéme, que néanmoins il desaprouvoit la
' ~~. E cauſe
rto DE L’EucARrs'rrE
Sctſilll. cauſequil’obli eoit, pour ainſi dire, àper
*mc 3* mettre ce Schi me , laquelle étoit, la corru
ption & du Roy &t du peuple , laquelle Dieu
r regardoit avec un œil de colére: (a je t’a)
tu) of" donne’nn Roy mma colc’re, dit-il à ce uyet: 6c
3. v. u. . …r .
jctelotcraj cn ma fureur. Enfin ladernlérc
eſt, que nonobſtant tout cela, le Schiſme
étant fait r les lſi'aélites étoient obligés en
conſcience de rendre à leur Roy tous les de
voirs que de fidéles ſujets doivent à leur .
Prince, ôt qu’ils le devoient conlldércr com
me étably de Dieu ſur eux;& ſesloix(à la re
ſerve de celles qui étoient impies,)comme é
tant authoriſécs de Dieu ; ſi bien que quicon
que s’y ſoûmettoit par conſcience, étoit a— —
réable à-Dieu; & quiconque les euſt mépri- -
c'es à transgreſſées , auroit péché contre
Dieu. '
C'eſt ainſi qu’aprés que le Chriſtianiſme 8c
ſes Conducteurs ſe furent relâchés de leur ’
premiére ſainteté , à que ceux-cy ſe furent
rendus, comme chacun ſçait , ſévéres & in
ſupportables au peuple par leur mauvaiſe >
conduite, Dieu permit que ſe fit leSchiſme
que l'on ſçait. Suppoſons,ſans choquer per- ~
ſonne , que ce Schiſme ſe ſoitfait lezplus in- -
juſtement du monde, Gt que Dieu n’en ait
pas approuve les voyes ni les manie'res , mais '
qu’il ne l’ait permy qu'avec un œil decolére; —
&qu’il ait deſſein, lors que la meſure des
péchez ſera comble, deñle faire ceſſer en ſa‘_
fureur; néanmoins, lachoſe étant faite,
devant durer auſſi-longtemps qu’il plaira à .
-Dieu d'attendre que ceux qui y ſonnrewur—
_ nent
ét trois Partir. Itr
nent à ſon Amour 6c à ſonunion parles bons Sea m,
moyens qui leur ſont adminiſtrés par leurs Anic— !
Conducteurs ; il eſt certain, que Dieu,qui eſt
un Dieu d'ordre, 6c non pas de confuſion, ra
tifie 6c approuve cela pendant ce temps d’at
tente ,— à que quiconque ſe ſert en humilité
de cœur de ces moyens-là , &r comme en ſe
ſoûmettant à Dieu à en le cherchant , luy
plait 6: luy devient agréable; au lieu qu'au
contraire , quiconque d’entr’eux voudroit
ne plus s'y ranger par un eſprit d'orgueil , de
mépris, de rebellion contre ſes Supérieurs ,
&delibertinage , pécheroit contre Dieu. je
nedemande qu'un peu d’impartialité & de
raiſon dans un Lecteur pour étre convaincu
de ces vérités.
Conſidérons maintenant , comment dans
toutes ſortes de partis l’on peut faire un uſage
trés-bon &t trés-lalutaites des maniéreszquoi
Pac_ différentes, dont on y célébre l’Euca
n ie.
ARTÏCLE 111.
Defenſe de: bomſur l’Eucarrflíe JF de leur: diffe
rem-er Pratiquer en tous' Partir. De la pre
ſence réelle , JF defm efficace. Deld Tranſ
ſubſtantiation. De I’AdOÎ-aeion. Di 'culte'
touchant la tolerance i9' 14 diſſemw” 6150m.-—
, Perſona
L Omme je prévois que cecy ſera ſujet de difllrm
à la conteſte de quelques - uns,]~ e fais
' unctc‘ru.
WII-:ſm
'précéder quelques remarques néceſſaires ſur a ,a d, p,
les diffétens états qu'il y a dans chaque party. ab- ù qui
.
Premièrement —
,— [LY a dans chaqueb Pîgez
t parle'.
l’on mmïd
112 DE L’EUCARISTIE
Sect. Ill. des mc’chans ô: des enſans de Babylone; 8e
Artic. 3. cela en grand nombre: des perſonnes qui
n’ont point le cœurhumble, qui n’aſpirent
point à Dieu nià la paix , à qui ne ſçavent
ce que c’eſt que de ſe haïr eux-mêmes; mais
qui au contraire ont le cœur fier ô( ſuperbe ,
plein d'amour propre , à porté à me’priſer
tous les autres hommes. Ceux-là ſont or—
dmairement fort inclinés à la calomnieêcà
la perſécution de tous ceux qui ne ſont point
de leur party : à ils les ha‘iſſent mortelle
ment , au lieu de les aimer avec compaffion.
Il y a,en ſecond lieu, des gens de bien 6c de
, bonne volonté , mais qui ayant encore beau
coup de ténébres 8c de paffions immortifiées,
ſe laiſſent facilement émouvoir par les ten—
tations du Diable à par les me’chans , àou—ñ
trer , à condamner, à damner abſolument-z à
haïr méme ôr à perſécuter tout ce qui n’eſt
pas de leurparty. C’eſt un Zéle aveugle, fort
dangereux ô: fort pernicieux à quiconque
s’en laiſſe conduire. Il n’y a rien à démêler
ni à expliquer avec ces deuxſortesde gens;
mais bien à les éviter le plus qu'on peu-t.
Mais il y en a auſſi qui ont le cœurju’ſie ,
droit, impartial , à en_ quelque ſorte éclairé,
‘ tel qu’eſioit, par exemple, entre les Catholi
~quesRomainsJe grand Eraſmc du ſiècle paſ
ſé ;6c entre les Proteílans, un aſſez bou nom—
bre dans ces Provinces. Il y a méme encore,
ou du moins il Y a eu aurresfois en tout par—
ty , des ames éclairées , ſaintes , à véritable—
.ment unies à Dieu. _Ces deux ſortes de per
ſonnes , ôz principalement ces derniéres , ne
ſon.;v
e’: mi: Partir. Il;
ſont point inclinées ni à la haine , ni à la mo- See. nt.
querie , ni àla contrainte , ni àla perſécution Amc' 3*
de ceux qui ne ſont pas point de leur party;
au contraire,elles ne deſaprouvent pas ſeule—
ment ces moyens,mais elles ſont méme tou
chées d'amour &c de grande compaſſion pour
_ ceux qu'elles ſuppoſent dans des Schiſmes
à dans des erreurs dangereuſes. De-là vient,
qu'elles gemiſſent devant Dieu pour eux;
qu'elles offrent à Dieu des priéresardentes
pourleur converſion &leur-ſalut; &t que ſi
l'occaſion S’en préſentoir , elles ne leur ſe
roient que toute ſorte de bien , &jamais au
' cun mal. L’on voit cela dans cette ſainte 8c
admirable-créature,Srt. Téréſe,qui en méme
temps qu'elle parle des Luthe’riens comme
de miſérables hérétiques , prie pour eux avec
tant de charité. Il eſt vray qu’elle ſuppoſe . .r-*c
qu’il’s étoient tous ſans exception dans un
-mauvais état. Je diray tantôt comment ces
ſortes de mépriſes (ſuppoſé qu’il y en ait s
comme en effet, il peut y en avoir, ) peuvent
ſe trouver dans les ames les plus ſaintes, ſans
rien déroger à la ſainteté de leur état.
C'eſt de ces derniéres perſonnes,c’eſt à dire,
ſinon des ſainteszdu moins de celles qui ſont
droites 6l aſpirantes à la véritable ſainteté ,
. que je prétends parler en \
fait de Commu
uion ôt de participation a l’Eucariſtie , ſans
rne ſoucier des méchans ni de ce qu'ils y pré
nent ou qu'ils n’y prénent pas , allure ,. qu'a
prés tout , ils n'en retirent que malediction.
C'eſt encore à ces memes perſonnes que . o

ie prétends parler-5 . parce que celles .dçau—


res
11‘4 DE L’Euc AR rsTrE
Seek-111. tres diſpoſitions ne ſont pas capables de pro
Anic- 3- fiter de la véritéimpartiale. Néanmoins,
en faveur de ceux dont les ames, bonnes
d'ailleurs dans le fond , ſelaiſſentpréoccu
per , 8c ſouvent emporter par des préjugés
-oû leurs ténébres ne leur permettent pas de
diſcerner la vérité ſolide d'avec l'apparen
ce, je prévicndray quelques difficultés qui'
les empécheroient dc comprendre ce que
l’on veutdire touchant le bon à lekgitime
uſage que peuvent faire de l'Eucariſtie tou
tes ſortes de Chrétiens en diverspartis , Ro
mains . Retormés , Luthériens , chacun de
meurant dans les céremonies dt dans lesſcn—
timens différent où ils ſont ſur ce ſujet.
L" km'- ll.- On me dira d'abord , que leurs ſen
~ "'"î‘ '1" timens ſont tro o oſés lesunsaunautres
arr' r' - P PP
ſur...? :f pour pouvoir tous étre agréables àDieu ,ou
ſont m' fl méme, tous véritables, ainſi que je prétends'
î’ſe‘lml’fçfi le montrer. Car, dira-t'on, ll’ s'agit d'af
M5… ,M faires à capitales à contraires les uuesaus
l'on penſe. autres. ll s'agit de ſçavoir, fidanSlatCéré
monie qu'on pratique , Jeſus Chriſt y eſt té
'e'llement ou corporellement préſent quant à
a nature humaine , ou bien s'il n'y eſt pas ?'
S'il n’y a que du pain &du vin; ouſiavec
le pain & le vin il y a le Corps 6c le Sang de
j. Chriſt; ou enfin, fi la 'ſubſtance dupain
dt du vin n'y eſt plus , mais qu'elle ſoit chan
gée au Corps à au Sang de jeſus Chriſt? Et
làdeflus encore, il s'agird'adorerJ Chriſt;
ou .1 en cas qu’il n'y ſoit pas , d’adorer
- g du pain &r du vin. Ne voila pas des Articles -
de la derniére importance , à qui étant
néan
és— trair Pa’rti‘r. 1 l 5'*
néanmoins contradictoires les uns aux au- sñ-n m.
tres, ne peuvent étreni tous véritables, ni A‘Üc- 9»
tous ratifiés ou approuvés de DieuPEt cela é- ñ
tant,n'y va-t'il pas du ſalut de ne pas regarder
indiffércmmenttous les partis &t toutes leurs
pratiques ,. à d'étre ſeulement du bon côté?
le reponds, que toutes les difficultés que
les hommes trouvent là dedans ne ſont que
de miſe-tables vétilles ſuſcitées par des eí‘-
prits contentieux, à qu'elles ne valent pas
la peine qu'on en parle. — -
ll n'eſt pas vray queles hommes ſoientſi
éloignéslà defius qœ les Controverſiſtes le
veulent ſaire acroire- Le plus grand point
de différence, eſtceluy de laréalité , ou de
la préſence corporelle de jeſus Chriſt dans
le Sacrement. LesReformés ne l-'adm'eu
tentpoints Gr l'on en fait (il eſtvray) un
des principaux fiijets d’éloignement oû ils
ſont ſur cette matière d'avec les Catholi
ques. Cependant, ils reconnaiſſent eux
mémes, lors que l’on conſidère les choſes
hors dela chaleur des diſputes, qu'il n’y a *
r'ien de mauvais dans ce ſentiment-là , ou du
moins, rien qui doive empécherl’unionôr .
la charité fraternelle : car ils offrent leur
Communion aux Luthériens, à les recon
noiſient pour fréres, quoi qu'ils ſoient tous p

dans cette penſée-là. Il eſt vray que l’on allé


gue, que les Luthériens n’adorent pas le Sa
crement,ou, Jeſus Chriſt dans le Sacrement,
comme le font ceux de l'Egliſe Romaine;
ô: que c'eſt cela qui fait,à ce qu'on prétend,le
point eſſentiel &le ſujet important de la q‘ivi—
ron
11.6 D E L‘EUCMUSTIE
Beſt. m l'ion où l’on eſt ſur cette matiere. Pour moy,
Artic. 3. je ſuis trop ouvert pour diſſimuler que ja
mais je n’ay pû rien comprendre dans cette
manie’re d’agir; ôt qu'il me ſemble, qu'il
ſaudroit plûtôt blamer les Luthériens de
ce qu’ils n’adorent pas le Sacrement en
croyant( comme ils font) que Jeſus Chriſt y
eſt préſent, que non pas les Catholiques Ro
mains de l’adorer en croyant laméme pré
ſence. ffllls font ce qu’ils doivent en y ado
rant LC. lors qu’ils l’y croyent préſent; Sc les
Luther-lens cornettent à tout le moins une
eſpéce d’indécence dt :Incivilité , ſi croyant
cette préſence, 6c adorant dansleurs cœurs
13 Divinité du Sauveur z ils ne rendent pas
extérieurement à ſon humanité préſente
toute l'adoration qu’elle mérite. Néan—
moins comme Jeſus Chriſt regarde au
cœur, lors qu’il s’y voit adoré intérieure—
ment, ce luy ,eſt peu de choſe, ou rien du
tout, s'il n’en voit pas'les marques extérieu—
res par rapport à un certain lieu particulier,
pourvû que lc cœur ſoit bon.
‘ Príncipe de III. Le grand principe qui nous doif
la verite' é‘ faire reconnoître comment-Dieu approuve
validité de:
ſem-'mens 8c réaliſe différemment ce que pratiquent
dlſſkreu: icy des perſonnes de partis ô( de ſentiânäpréis
dukan: de
l ~
Jive” P"
tir,
(1-) C'eſt préciſément le ſentiment de Calvin me'
me (a) QR) a—t—il, dit—ii , deplu; étrange, que de le
(a) Calv. mttttcau pam , Cÿ'dc ne l‘ypiumlmærë Et ſiſe/it;
Libro de Chriſt eſt au pain , c'eſt donc ſom IEPWÎH qu'il/e faut
vera parti.
cip. Corp.
m'am- : Le Clerge’ de France a inſeté ce palldge
Chriſti in dans ſes Actes.
Cœna.
e’: trois Partir. x !I7
différens, eſt la FOY ſincère &non feinte Sea; Ill—
que les bonnes ames ont en Dieu. Ce n'eſt Amc' 3'
pas ſans ſujet que l'on requiert l'intention
lors que l'on célébreles Sacremens. Il me
íemble , que cela doit s'entendre de la Foy ,~
8c qu'on ne doit pas borner cette intention
à la foy de celuy qui adminiſtre, mais l'é-7
tendre à la foy de ceux à qui ou devant qui
l'on adminiſtre les choſes ſaintes .— quand
méme celuy qui les adminiſtre ſeroit un mé
chant , ou un homme ſans foy dr ſans bonne
intention. Dieu ne laiſle point, en ce cas ,
la Foy des afiiſtans infructueuſe à ſans effet
61 réalité, lors qu'elle eſt fincére dt ſans
feinte.
IV. La Foy eſt un principe tout puiſ— Valíëitíqó'
ſant , à quoi Dieu s'eſt obligé de ſe con- zfPc’e‘ëj‘r’fſ_
former, ô( de faire agir ſelon elle &ſes dif- Hyde…
férens de rés , ſa Puiſiance divine ô( ſa 15: Pam"
Chariré. arelle, (a) tourercboſerſhmpoſſ- …Mm-.9.
ble: du croyant, juſqu’à (ófimnÿorterder mon- 'AZI-M…
tag-ſer, ditJeſus Chriſt méme. Tout ce qu'on il' v_ zz; L
deſire en f0) avec confiance en Dieu a ſur 24.
tout lors que l'on affermit ſon deſir 6e
ſa ſoy par la conſideration de ſes paroles , de
ſes promeſſeæde ſa Toute—puiſſance de de ſa.
Charité, tout cela dis-je fl-Ta fait; à Dieu
le ratifie à proportion de ladiverſité à des b
dégrés delaFoy que chacuna— Ainſi s lo‘rs ' ſi '_
qu'une ame pieuſe d’entre les Catholiques ’
Romains abandonne ſa ſoy à la Toute—puiſ
ſance de Dieu dans la confiance dela pré
ſence corporelle de ſon Humanité , la ſincé
rité ôr la grandeur de ſaFoy luy fait eve-fim
ſ C C: _

1-18 DE L’EUc-ARrsTIE’
"Sïctrm- réëllcment la ſubſtance du Corps du Sei—
Affl" 3 gneur , à détermine Dieu 6c ſaToute-puiſ
lance à réaliſer ce que la Foy embraſſe. Il
~en faut dire de méme d'un Proteſtant du
party de Luther , qui ſera perſuadé que Je
fils Chriſt eſt dans le pain à dans le vin
quantàſon corpsôz àſon ſang , à qu’il l’.y
;reçoit réëllement. La naïveté de ſon cœur ,
à la force de ſa foy Opéreront cela parla mé
.me Puiſſance dc Dieu, jointe &t coopéran
te avec la Foy. Que fi une ame pieuſe 6c
. qui craigne Dieu d'entre les Proteſtans Re
formés va àla Communion avec la. croyan
ce que ieCorps de Jeſus Chriſt n’y ſoit pas;
mais que le conſidérant comme .au Ciel…
elleimplore le fruit de ſes Méritcs , \leslus
-miéres, les bons mouvemens, 6c .lesgraccí
de ſon bon Eſprit , avec unideffein—ſincére
.de ſuivre ſesinſpirarions ;il ne faut pas dou
ter qu'elle ne ſoit agréable à Dieu , & qu'en
ratification de ſa ſoy Dieu ne luy-commu—
nique ſes graces
. v ~ íälutaires ſpirituelles,
nonobſtant qui luy
l'abſencev ſeront
matérielle
ct du Corps du Seigneur. :Nous voyons donc,
comment les 'gens de bien en quelque party
qu’ils ſoyent , ont raiſon dans la Foy à dans
l'Amour de Dieu ou ils le trouvent diffé—
remment , chacun ſelon ſa meſure; à que
(d) Mari 11. Dieu leur—ditàtous, (a) Æ’il 'vom ſôit fais
9- V ²9v filon "nôtre-ſoy. ‘
cel-Hemi- , V.…_]ene~doute point, que cecy ne pa
*:;Jjf’ſ‘ rouſſe d’abord à fort nouveau 8c fortétranñ
l' ' ge àplufieurs. Mais puiſque chacun croit
que ſapepſ‘éè_ ô( ſa croyance, eſt yéritabk:
d ..-0
&an- _
ds, trait Partir. 119
ét ancienne , 6c que je kay voir— qu'elles ſont Sea. nr;
toutes véritables par rapport à toutes les Artic. 3.
bonnes ames qui ſont dans la charité à dans
la Foy , il faut donc que tous reconnoiſ—
ſent, que je dis des vérités anciennes ,- 6:
qu'il n'y a rien de nouveau que la paix 6t
l'accord , qui eſt auſſi une vertu fort ancien
ne entre les bons. Y a-t’il vérité plus an
cienne que de dire , que la Foy eſt! toute piaf.
fmu, ou que tout eflpoffilzlc au croyant? que ,
divers degre/r de fi); ſont accomplir au‘re’alxjè’t en
diffèſſfffltflſ manie-fret,, à qu'une de ce: manie’rer
ne contrediryar à l'autre en de différent: ſujet: Ê
Pour moy , je ne voids rien de plus évident
ni de plus certain que cela.
VI. Voudroit-on dire, que Dieu n'au— 2” «Il
roit pas eu la volonté ou la puiſſance de ra. n'eſt' en] ~
'faire ns' 3
tifier ainfila Foy .P ou bien , qu'il ſeroit im I a wlm -
Poflible que de véritables gens de bien fuſ- ré ..x a
ſent ainſi différens dans la Foy , laquelle [ï Pin/Finca
de ie” m‘
néanmoins eſt une , dit S.Paul? 4' l'unité J]
le répondrois àla premiére de ces difficul la Fry,
tés, que quand Dieu n’auroit pas eu anté
rieurement la volonté de ratifier ces choſes ,
laſoy laluy ſeroit venir: car Dieu a donné
ccpouvoiràla Foy, de le porter à vouloir
ce que la Foy veut.
Je ne crois pas avoir beſoin de répondre
ila ſeconde ; 8c j'eſtime que perſonne ne
ſera ſi téméraire que de vouloirborner par
ſon-petitefirrit malade la Toute-puiſſance
e Dieu. . - _ .
Ê' Et pourla troiſieme , je dis , qu'il eſt bien
'Pa-Y ïïlne _lalïoy \ eſt unepar \rapport :à l'uniâé.,
t; ' . ’- e
:i “k
rzo DEL’E'UcAnrsTrE
SïËt-HI- de ſonObJet, qui eſt Dieu lc Pére, le Fils
Am" 3' à le S. Eſprit, un ſeul 8c méme Dieu; mais
il y a dans elle de la différence , non ſeule—
ment quant à ſes degrés , mais aufli par rap
port aus différents états des croyans, 6c aus
différentes opérations de Dieu.
VlI. Nous voyons dans l'Evangile, que
Èfr’rflzfdl la méme ſoy qui obtenoit aus malades la gué
z'. ;mn-z, riſon de leurs ames &r de leurs corps , ſe
m. trouvoit différente en différentes perſonnes.
Il y en avoit qui pour obtenir leur guériſon,
avoient la ſoy qu'elles devoient s'expoſerà
1a vûe 8e à la préſence corporelle deJeſus
Chriſt,commelelépreux, 6c le paralytique
qui ſe fit deſcendre par le toit. D'autres
…c‘roioient fermement , que ſans que j. Chriſt
les viſt , pourvû ſeulement qu'ils le tou
chaſſeur , luy ou ſes 'vétemens , \Sr en cachet—
te, celaleur ſufflſoit, ainſi qu'il arriva à la
femme affligée d'une perte de ſang. Enfin ,
ily en adon't la ſoy ſe contente dc la volon—
té, de la parole, de de laTOute-puiſſance
du Sauveur , ſans regarder à ſa preſence cor
porelle , 8c méme en ne l'admettant pas lors
qu'il ſemble que Jeſus Chriſt la leur offroit!
(a) Matth. Et telle‘fut la Foy du célébre (a) Centenier,
3- VvÔ-&ü ä qui le Seigneur ayant fait dire touchant 'ſon
malade, j'iray dr le gun-im); il luy fit 'ré
pondre , Seigneur , je ne ſui-'Far digne que tu
entrer fini: mon toit : Dir ſeulement [APM-oie;
JF mon ſervitem" fm gun). - Sutquoizjeſus
Chriſt , loin de ſe fâcher-de ce qu’on'v-ouloit:
ſe paſſer de ſa preſence corporelle', vne pût
sfempécher de- faire aveczctonnc'mept _l'é-e
- logs
é: trot": Partir. [2!
loge de cette ſoy admirable, 1e 'vom dir, SeéLlll‘d‘ .
qu'en Ifiat-l mc’meje n'a) point trouve’de figran Artic. 3.x.
defi). Et l'on voit dans l'Evangile , que tous
ces divers degrés à toutes ces différentes
maniéres de toy, étoient agréables à Jeſus
Chriſt, 6: qu'illes ratifioit toutes en diſant
à chacun ) Prenez courage. Æ'z‘l 'vaurſoitfait
ſelon 'vôtre f0). Wire-flo) 'vous' fimvc. Allez"
en Paix.
Et qui peut douter qu'il n'y ait eu , «Se Applied.
qu'il ne Puiſſe encore y avoir quelques bon— n'a-gd …un
nes ames dont la foy correſponde à ces dif- ſ'1“'
férens états? Que les unes ſe perſuadant que
l'abſence du Corps de jeſus Chriſt eſt utile
pour diſpoſer les cœurs à rechercher ſon Eſ—
prit, ſelon cette parole , (a) 11 -vour cfl exPe’ i) Jean.
din” ueje m'en aille : cat-fi je ne m'en va) le ([6. v. 7.
Conſo Meur ne viendra point , ſe contentent
d'alpirer en ſoy à ſon Eſprit, 6c que cela ne
leur tourne à profit ſalutaire Ê Pourquoi cela
déplairoit-il à Dieu? quel mal feroient—elles
en cela , y procédant en ſincérité de cœur ſi:
lon la meſure qu'elles ont ê Et d'autre côté ,
peut-on douter qu'il n'y ait d'autres ames»
pieuſes qui penſent que la préſence réëlle ,'î
d'une maniere imperceptible &qui—donne*
lieu à exercer la foy r non ſeulement n'eſt'.
pas à obſtacle àla recherche de ſon Eſprit;
mais que c'eſt un puiſſant moyen de le re—
chercher, de l'aimer , à de s'avancer dans la
ſainteté &dans la ſpiritualité par mille con
fidérationspieuſesôc par mille mouvemens.
d'amour qui naiſſent de la penſée de cette
préſence? Quiconque en doutera , n'a qu’à.V
J F Jet
'ui DE L’EucAnrSTrE
SUR.; ur. jetter les yeux ſur le quatrième livre de Kem
. *3 pis , ſurles vies de SW--Téréſe , de Ste. Cate
rine de Genes , à ſemblables ,- ſur les Inſtitu—
tions deTaulére, ſur le Chrétien Intérieur
de Mr. de Berniéres , dt ſur une infinité d'au*
tres, où l'on ne pourroit méconnoiſtre le
doigt ôz l'Eſprit deDieu ſans étre abandonné
àun ſens reprouvé. Pour moy,, je ne puis
queje n'en ſois convaincu autant quede quoi
quece ſoit ; ô: je ne puis douter de toutes
les merveilles, ni ,de toutes les choſes mira
culeuſes que ces ſaintes ames-là rapportent '
à ce ſujet: car des erſonues ſi ſaintes , dt de
fiinſignes amisde ieu, ne pouvoient étre
dans l'élément du menſonge. Et je m'éton—
ne extrémemcnt de l'aveuglement de ceux
quine remarquentpas cela, ou plûtôt, qui
ne le touchent pas au doigt. - -
Peut-étre qu'il ne déplaira pasàquelques
bonnes ames, qui ne ſont pas encore ſans
ſcrupules ſur ces matiéres , que je m'expli
que ſur celles qui donnent le plus de peine
à ceux ,qui veulent entrer dans leur détail ,
c'eſt .à &lire , ſur les'maniéres de la pri-.ſam
?Mie ,-,ſur ſon utilité & efficace, &ſur 1’a—.
dim-trim; J'en vay dire aſſez', .ce me ſemble,
PPurmettre là-deflîls en une tranquillité ſo—
lide les gens de bien qui aim-ent la paix.
- VIII. Quant à la préſence réelle , j’ay q
D4 Il pre déja dit , qu'on ne doit point nier qu’elle no
Tenee reel ſoit pofiible à Dieu , qui dans ſa Toute Epuiſ
1Go .ſance a des moyens infinis d'exécuter ce que
l'eſprit humain ne pour-toit concevoir. Mais
je dis de plus s que l'on ne manque pas iây,
e': tr’oi: Partir. :2;
de concevoir pluſieurs manières générales Scct-_UL
de la poſſibilité de cette choſe. AWG-'
_ Un corpsvglorifié , comme celuy du Sau
veut, peut faire émaner de ſoy autant de di—
vine matiere qu’il luy plait, à où il luy plait.
Car, outre que la nature ( ſelon les princi- …cede
pes que l’on a prouvés (a) ailleurs, ) eſt la ccm.
reproductive d'elle méme à l’infiny , per- ChïP- Vil
ſonne n'ignore , qu’ilne tranſpire continuel— n* W'
lement de nos corps , quelque -ſte’riles &2
lourds qu’ils ſoyent à préſent, une infinité
d'eſprits& de matiere la plus ſubtile , à mé-'
me lameilleure à la plusélaboutée. Or il
n’y apointd’impoffibilité que cela ne s’effe—
ctuedans la Celebration de l’Eucariſiie; 6c
àoutle monde le peutclairementcompren
re.
IX. L'on me dira, que cela ne ſert tout Dé t.
au plus qu’à expliquer cette maniere de la IMF”
préſence réëlle qu'on appelle Conſuóflantid- &TL-.,1
tio” 5 mais non pas celle qu'on appelle Tram- _y dll/I deſſu
fubflanriarion. Réponſe. .Je n’ay garde de *";ZZP "‘
de prétendre qu'on ſe doive mettre en peine ;fm—,f
d'une infinité de vetilles 6E de creuſes pen
fiz’es que quantité de Docteurs particuliers
&de diſputeurs du fiécle (gens pour la plus
par; plongés dans les ténèbres del’ſſeſprit,)
ont débite' ſur cette matiere , comme, s’il eſt
\nai que le Corps de J. C. ſoi \préſent quant
à \à grandeur naturelle a 6c cela dans un
ſeu-l point? &une infinité d’autres que—
\lions , qui ne méritent ni qu'on y penſe,
ni qu'on les décide., Je ſuisiafluré que
lesvtais dévots ne ſonFgent pas à ces forma— .
' z. mes—
124 DE -L’EUCARÎSTIE
lités-ſilà dans leurs pieux exercices ôr leurs'
Seel’ Ill
Attic. 3
ſaintes e’lévation‘s à Dieu. Peut-étre que
ceux des bons qui ont pû dire , que Jeſus_
Chriſt tout entier , ou quant à ſon tout , étoit
préſent ſous chaque partie du Sacrement,
l'ont entendu dutoutde l'efficace; &qu'ils
ont voulu dire s qu’une petite partie du
Corps ou du Sang de Jeſus Chriſt jointe à (a.
grace z poſſéde ét contient l'efficacc du tout,
(l'on dira tantôt ce qu'eſt cette efficace.)
Les pointilleux peuvent avoir travaillé là
deſſusàleur ordinaire: mais cela ne mérite
pas que les bons s'en mettent en peine: ils
peuvent méme, pour avoir la paix s ſi des
Docteurs opiniâtres &z importuns les preſ
ſoient ſur leurs fióiions particulières, faire
‘ï
ſemblant d'admettre toutes leurs imagina—
o tions , comme on fait celles-des hypocon
driaques, aus penſées deſquels on ne con
tredit pas pour avoir la paix ôc pour les gué
rir. Que ne doit-on pas faire parcondeſ
cendence à l'eſprit malade de l'homme cor
rompu pour le tenir ou le conduire à la cha
rité &àla paix, quiſontle reméde &l'éle
'ment qui doivent le guerir P Le meilleur
pour les ſimples eſt, de ne pas vouloir entrer
dans cent ſortes de particularités de cette na
ture , de n'y p'as penſer , ou , d’y donner ét
~de les laiſſer paſſer à la bonne foy Gt ſans y
rien comprendre. Ce ne ſont que des for
malités auffi peu néceſſaires, que de ſçavoir
toutes les manières & les voyes parriculiéres
par leſquelles s'eſt faite l'incarnation dans
'le ſein de la Vierge; ou comment ſe feront
' r tou—
e’: trois Partir. I 2 5'
toutesles circonſtances de la Reſurrection Sea ur.
Artic 3.
ou du Jugement dernier.
X. Laiſſant donc les broiiillerics particu
liéres des perſonnes privées , ne conſidé Explica
Un] de a
rons que ce qu'on—peut penſer de la Doûri Tranſſnb.
ne commune de la Tranjhbſtamiaiion. Ceux [h util
qui l'ont voulu expliquer par les principes ri”.
d'Ariſtote ou de Des-Cartes. n'ont abſolu
ment rien fait qui vaille. On ſçait quelles
contradictions l'on reproche aus premiers;
mais il faut avoüer , que jamais il n'y eut
rien de plus contraire à cela que le Carteſia~
niſme. Cela a été hautement 6c univerſelle
ment reproché à tous les Carte’ſiens de la
Communion Romaine; &t ils n'ont pû ten—
ter de s'en laver qu'en ſe rendant ridicules a
ou en niant des conſéquences auſti claire
ment déduites de leurs principes, que le ſont
les concluſions d'une démonſtration Ma
thématique—Et de fait,ces deux ſortes de Phi
loſophes ayant de ſans principes , on n’avoit
garde de réüſſir en voulant expliquer par la
ce qu’il y a de vray dans la Transſubſtantia—
tion que Dieu opére par ſa volonté puiſſante
dt par la Foy de ceux qui la croyent. Mais a
vec des principes plus ſolides, l’on peut faci
lement comprendre , comment dans l'Eu—
cariſtie toute la ſubſtance du pain ôt celle du
vin peut étre changée au Corps Gt au Sang
du Seigncuhde telle ſorte, qu’il ne reſte plus
que les accidens des choſes élémentaires.
Ilfaut pour ce ſujet, ſans ſe brouiller la Ce q-u‘efl
cervelle avec les notions deſubſtance &t d'ac que lub
ſtance dz'
cidem d'Ariſtote &t de des-Cartes , avoir qu’äcci
. F '3 égard dens.
126 DE L’EucAnisTrz
s;&_. in. égard auſensle plusordinaire , le plus com
Amï-S- mun , 6c le plus connu aus plus ſimplcsdu
peuple. L'on ſçait, qu’il n’yarien de plus
‘ ordinaire que d’appeller la Subſtance d'une
x - choſe ce qu’il y a en elle de ſullentatif, de
nourriſſant, de ſolide, qui eſt une certaine
eſſence ſubtile qui ſe ſepare ſoit parla‘drge—
flion naturelle , ſoit par l'art1 du reſte de la
maſſe ; 8c que ce ſelle n’eſt proprement ‘
qu'une écorſe, une choſe accelloirc ô: ac-'
cidentelle , (accidcm prædicabile ſi l'on aid'
me mieux le jargon de l'Ecole, ) par rap
- port à cette ſubſtance ouà cette eſſence quiî
nourrit lc corps. Et cela eſt fondé dans la
véritable nature: Car avant le péché la ſub
flance du pain , du vin, (St de toute autre‘
nourriture, n’étoit que pure eſſence , pour
ainſi dire, ſans qu’il y euſt rien de cettelé
pre roffiére, de cette terre morte & flérilc
que 'on ſepare maintenant dans la conco
(d voyez &ion ô: diË/Îfiion d'avec la ſubſtance nour**
om… du riſſante. ais le péché ( a) pervertiffimt
äfhÊ-m toute la Nature, à l’inveſiiſſant de corru—
n- l', &c ’ ption , il a* revêtu la ſubſtance de la nourri
Occ. du ture,aufli bien que celle de nos corps à de'
Re* 4V* toutes les choſes de la nature,d’une écorſe de'
l’I n.ch. 1L - -
n. zo, P, _matière corrompumgrofiiérc, fiérileôzopa
;1.52. que , ,qui
choſes nous
dont ellecache cettel’extéricur,
n’eſt que ſubſtance des
lev
véhicule, à une eſpece de vétementqui luy
eſt entiérement accidentel.
XI. Cela étz’nt, il n’ya rien de plus facile
àcomprendre que la réalité du changement
de la jbl-flame du pain 6E du vin, pendant
- - que
é: trois Partir. Î27
que toutes les apparences , ou tous les acer'— '
dlëm, demeurent de méme qu'auparavant. Si Amc' 3' __
la ſubſtance, de la nourriture que-nous pre~‘ Ül‘fllfflm
nous , ſe change en nôtre propre ſubſtance , "211; gf:
par la conformation qu'en faitune partie du a… ,ce ‘
ſang , ou des eſprits , ou de la matière de nô- ln “ei-"i"
tre corps , avec quoi elle eſt mélée 3 'à Ëçj‘î‘zfl
beaucoup plus forte raiſon quelques émana— ,…_ [Z, ù
tions ſorties du Corps de LC., ou la ſeule for- l'ordinaire.
ce de ſavolonté, pourront—elles , comme une
teinture ſacrée dt toute-puiſſante , changerla
ſubſtance du pain 6e du vin en la ſubſtance d'e
ſon
qu'ilCorps ét deque
ſon la
Sang.
ſeule Cependant, puis
nî'y aura ſubſtance du pam
&du vin qui en ſera changée , toute la ma
tiére craſſe à corruptibile qui luy eſt anne
xée, dt qui ne luy eſt qu’accident 6c qu'écor
ſe' utement acceſſoire , demeurera donc
toujours la méme'. Et comme nos'corps &t
nos ſens , devenus groffiers par le péché , ne
ſont mûs que par cette matiére groſſière de..
aeeeſſhire qui'a couvert la ſubſtance des cho- ‘
ſes S à qu'ils ne peuvent étre mſts par i'eſlen
ce ſubtile à incorruptibile qui y eſt renfer
nrée &t cachée;il s'enſuit manifeſtement, que
les ſens ne doivent nullement s'apercevoir
de' la préſence du Corps &t du Sang du Seig
neurgét qu'ils ne doivent voir , ſentir à goûñ_
ter' que ce' que nous fait ſentir la matiére groſ~
fiere Gt acceſſoire qui cache l'eſſence imper~'
eeptible 6! noutrifiante du pain à du vin.
XII. On peut, fi' je ne me trompe, ex
pliquer à foudre par cette voye toutes les
difficultés imaginables ſur lamatióre de la*
F 4,_ Tranſ “5
15,8 DE L’EucMusTiE
Scſi. in. Tranſſubflantiation , 6c ſur tous les événe—
Affl‘- 3- mens fâeheux qu'on a ſouvent objccte’ pour
l’impugner 8c la reduire ad aàfurdgm. Tout
.Egg-;5' ce qui peut auiverd’indigne à l’Eucariſtie ne
;fllf-m" touche que ce qu’il y a d’accidentel dans lc
lg: a… ſn pain & dans le vin , que cette matiére groſ
:Ïÿîcfïl‘u lié-re , accefioire , corruptible , ſéparablc ,
m_ qui n'eſt nullement eſſentielle à la ſubſtance
du pain 6c du vin , à beaucoup moins enco
re au Corps 61 au Sang du Seigneur a qui
.ſont une matiere inviſible , trés-ſubtile , in
corruptible , incontaminable , &que le Sei
gneur peut , S'il luy plait, extraire 6: retirer
en un moment du reſte de cette matiere ac
ceſſoire fi on la mettoit dans un lieu ou dans
un état Où le Seigneur ne voulût pas que ſuſi
ſon corps , ſans que cependant cette ſouſtra
ctioncauſaſt un changement viſible dans la
matiere accidentelle du pain &t du vin; de la
ç.) voy_ même maniere qu'à la mort 1’amc&(a) le
Oec du plus ſubſtantiel du corps ſe ſéparent du cada—
lîîlf‘ſcv “gg” vre, ſans qu'il _pareille que rien s’en ſoit re
n_ ,Q ,3', tiré , m qu’il ſoitdimmué.
, lp. l Au moins, voila mes penſées ſur la Tranſ—
ſubl‘tantiation. Je ne ſçay ſi elles ſeront con
formes à celles que des perſonnes illuminécs
de Dieu pourront avoir eües ſur ce ſujet. Je
m’imagine m'e’me que comme les ames unies
à Dieu ne ſe mettent pas en peine de ces ſor
tes dc recherches du comment &t des voyes
particuliéres;auffi ne leur en aura-t'il été rien
' reve’lé z au lieu que quant à la choſe méme ,
je puis aſſurer, que mon cœur , qui par la
grace de Dieu n’efl pas tout-à-fait aveugle . a
aperçu
e’: trois Partir. 129
aperçuôt reconnu indubitablement dans plu- Sect_ m.
ſieurs des ouvrages des Saints,la voix de Jeſus ^‘“‘~ 3*
Chriſt qui les a aſſure' de la verité de cette
Tranſſubſtantiation. Et c'eſt ce qui m'a fait
ceſſer de la tenir pour une fiction à l'égard de
ceux qui en ont la ſoy ;de qui m'a fait recherï.
cher la maniére de la comprendre à de l'ex
pliquer que je viens de dire,6t que je ne refu—
ſe point de déclarer , ſous eſpérance , que
cela pourra donner ſujet de tranquillité à
quelques bonnes ames ſcrupuleuſes qui ſont
de cette communion-là; &t que ceux qui n'en
ſont pas , pourront en prendre occaſion de
nc pas condamner hautement toutes les cho
ſes qu'ils n'ont pas compriſes , & qu'ils ne
pratiquent pas.
Si les hommes étoient ſages ,ils diroient à~
l'imitation du Prophéte , (a) We tou: eſprit: ;a (a) Pr;
tes intelligences , toutes ſortes de ſenti—:15°.
Ÿns, toutes ſortes de pratiques, de moyens,
e cultes , loüemle Seigneur , dt que tous hom—
mes le loüent auſſi , chacun ſelon la meſure
de ſa penſée à de ſon intelligence: car Dieu
n'en demande pas davantage avec l'amour
du prochain s comme il le montre lors qu'il
dit , que chacun doit aimer le Seigneur de toute
fm intelligence do' de tamrfizpmfe’c , (auſſi avant
que ſes lumières vont , ) Üſmprot‘bain comme
_fly-méme.
ñ Venons à I'eflïcace de la preſence réelle.
Voici ce qu'on en peut penſer raiſonnable—
ment.
XIII. Perſonne n'ignore s que nôtre
-corpsne puiſſe beaucoup ſur notre ame par la
. _ F 5' raiſon
!30 DE L’EucAn rsTrE
Sea. nr. raiſon de ſon union avec elle: l'on n'igno
Artic. 3. re pas aufii que ce qui entre dans nôtre corps
à qui ſe méle avec nôtre ſang à nos eſprits,
ne puiſſe faire de merveilleux changemens à—
nôtre ame: par exemple: ſi l'on venoit à irr—
corporer quelque matiére de mauvaiſe diſ
poſition,comme ſont les poiſons,ou quelque
autre choſe de nuiſible , l'ame pourroit de
.là ſe ſentir diſpoſée à la triſteſſe , à la colé
re , àla luxure , à lafolie , à à mille extra
vagances &t irrégularités: au contraire , il y
ad'autres choſes qui peuvent la diſpoſer à la
joye , à la douceur , àla tempérance , à l'e'
galité , 61 à la ſageſſe , à éteindre dans elle
les penſées de luxure dt de. pluſieurs autres
pafiions déréglées. Si de ſimples herbages ,_
ou quelques extraits des choſes qui parti
cipent à lat—corruption qui nous environne ,
peuvent cela dans nous lors—que nous les—i ,
manations ,duque
oorporons ſacré Corps dupas-!hire
ne pourront Fils de 'les
Dieu
dans nos corps s'ils viennent à- y participer?
];l n’y a point de doute qu'elles n’en modéï—
rent les mouvemens dérégl-és &r les pentes
uicieuſes , 6l qu'elles ne donnent à l'ame-det
penſées divines., pures , chaſtes, modérées,
qui l'incitentaus vertus , l’éloignent desvi—
oes , dr la portent àla pureté dt de l'eſprit &a
du corps. _
Cela étant ſans contredit , je ne doute.
point , que Jeſus Chriſt ne répandedes éma
nations de ſon divin Corps dans les corps do~
tous ſes vrais entans , ſans en excepter au
cun,8c même ſansattendre qu’ilsaillent par
ttci
â?- rflíf’ Fan-tir.” rï‘zíiz
ti’c’ip’er â- la cérémonie Sacramentelle. Il lesJ Sect'. nr:
leur communique lorſqu’il-luy plait , à me‘- Am‘- î’ï.
ihre de l’amour qu’ils luy portentzſans qu’ils
ſçachent eux—mêmes la maniere donri'l Opé
re dans eux. Ceux qui ne croyent pas que par
l'uſage de la- Céne Jeſus Chriſt ſe commuë
nique ainfi â eux ,.. ne laiſſent pas néanmoins'
(s’ilsſont craignants Dieu) de les recevoir .1
ſhitpar le méme moyen , ſoit par une infi
nité d’aûtres ;S puiſqu'il eſt trés-facile au Fils'
de Dieu d’inſinuër les ſacrées emanations de
\bn Corps dans les corps de ſesenfans com
me il luy—plait :l &ceux qui ont le déſir 6l la
Ray d'y participer par le moyen 'du pain :Sr du”
vin de la- Sainte Céne,les reçoivent aufii d’u-'
ne maniere plus parnculiére par ce moyen là
ſelon la grandeurîôz de la fermeté de leur1
FOY , à de leur Amour envers'J’eſus Chriſt;
XIV. Quant à l'aider-:tion , il' y en a de Del’ado
d'eux ſortes , L'une re arde la' Divinité , Gt‘ Mim' de
l’autre l’Humanité. n doit , ſans doute ,’ ï'.
adorer Jeſus Chriſt comme Dieu éternehſoir paſépré- ‘
qu'oneſtJl'oFit
l’on ſu oſe ue ne
qugon ,ſonle corps
ſuppoſeeſtpaszc’eſtà
préſent! di
oû .ſv-Md"

re,qu’0n doit-le reconnoitre pour ljEtresou’


Verain, Autheur de tous biens, auquel on s’îa
b'andonne, ô! dans lequel on met ſa Foy , ſon'
Aniourär ſon Eſperance. C'eſt-là l'Adora—
.tion dela Divinité. Celle qui regarde I’Huſ—
'.riranité eſt, de la reconnoitre avec amour,
reſpect ôr eſtime infinie , pour Throne &z or'
gane de la Divinité; Et qu'en conſideration
que la Divinité en eſt inſéparable , 8c ne ſait
avec elle qu'une Perfiiinnâ, l'on rende au rg;
. ï
137. DE L’EU/OARÎSTIE
SEB. ll). tal conjointement ce qu'on rend à Dieu. Or
Attic 3. ſans doute que ſi l'Humanité de_ Jeſus Chriſt -
eſt préſente , on doit aufii l'adorer de l'a
doration qui luy convient; vû qu'effective
ment elle eſt adorable en ce ſens-là. Et puiſ
que la Divinité eſtjointe trés—étroitement 8c
d'une maniére perſonnelle où l'Humanité ſe
trouve , il s'enſuit , qu'on doit adorer Jeſus
Chriſt ſouverainement oû ſon Humanité eſt;
c'eſt à dire, qu'on doit adorer l'Humanité oû
elle eſt,& la Divinité comme étant unie per
ſonnellement à cette Humanité, 61 le t0-
tal comme étant le Dieu éternel uni à la na- .
ture humaine. Et je ne puis comprendre.
comment les Luthériens, qui croyent que le .
Corps de Jeſus Chriſt eſt dans le Sacrement,
s'abſtiennent de l'y adorer. C'eſt, encore un
coup , une reſerve fort mal-entendue , de
r quoi néanmoinsJeſus Chriſt ne ſe met pas
beaucoup en peine. Car Dieu ne regarde pas
à l'apparence ; mais il a égard au cœur. Di
.i
re,qu'on ne l'y adore pas parce qu'il y eſt ca
ché ſous le pain,ót qu'on craindroit d’adorer
-Àrï le pain , eſt comme qui auroit dit, qu'il ne
ſal loit pas adorerjeſus Chriſt ſur la terre lors
qu'il étoit-enveloppé de ſes habits ou qu'il
avoit la téte détournée , de peur qu'on n'a
doraſt ſes vétemens ouſes cheveux-Dire en—
core , que Dieu ne doit pas étre adoré par
tout où il eſt, puis qu'il eſt méme dans les ar
bres à dans les autres corps naturels , cſtune
grande mépriſe. Dieu n'eſt pas quant à ſon
effence,& encorejnoins d'une maniére trésx
étroite &perſonnellqdans les corps de la na
ture ,
/
2': traír Partir. t 3;
ture', comme il eſt uni àl’ame 6c au corps de Sed. !1L
Jeſus Chriſt qu'on ſuppoſe préſens. Les ſça Artic. 3.
vans ont eu de côté 61 d’autre des idées à des
raiſonnemens ſi abſurdes touchant ces ma
tiéres, qu’ils ne valent pas la peine qu'on
s’en informe plus particulierement.
X. Je diray encore un mot ſur la ſuppo Si h-Cïrp
'WJ
ſition .1 ſi en cas que le Corps de Jeſus Chriſt Je Ieſ”
ne ſuſt pas préſent dans le ſacrement, une Chri/I e'tM” 1l
perſonne ſincére qui l’y adoreroit en cro fmt , en”
yant de bonne ſoy qu’il y fuſt , commettroit fruity”
idolatrie? Vous diriez qu'on ne ſçache pas une Mold
:n'a de l'.
en quoi conſiſte l’idolatrie, pour faire des dorer-le
difficultés de cette nature. L’Idolatvie con :rajout
ſiſte eſſentiellement en ce que l’ame occupe pnſcm 2
ſes facultés divines, qui ſont faites pour
Dieu, à des choſes qui ne ſont pas Dieu.
Lors que le deſir , que l’intellect 6c l'eſprit ,
que l’acquieſcencc de l'ame , que ſa joye,
ſon eſtime , ſon amour, ſe portent , ſe don
nent , ſe plaiſent 1 ſe terminent à des créa
tures & à des choſes de créatures; lors que
chacun ſe déſire , ſe cherche , ſe conſidère,
s’eſtime , s’aime ſoy-méme , il eſt idolatre 6c
de cela 8! de ſoy: il en eſt dc méme lorsqu'on
eſt ainſi diſpoſé à l'égard des autres choſes s
que ce ſoient des hommes , de l'argent ,des
viandes , des plaiſirs , des honneurs s des ba
timens, des 0rnemens,~' des marmouſets;
des états, tout eſt idole &idolatrie devant
Dieu. N'importe qu'on ne ſe proſterne pas
devant ces objets-là: le proſternement n’eſt
qu’un pur acceſſoire, qui ne fait pas l'ido
l’atrie z qu’on peut faire devant mille choſes
F' 7 ~ ſans
13.4 DE L’EUcAMs-rrE
Zeſt. m. íanslesidolâtrer, &ſans lequel ſe peuvce’ntñ.
Artic. 3. arr
commetrretoutes ſortes d'idolatr‘ies.
l'id‘olatri'e', auſſi bien que l'adoration vérita~
ble , eſt un ouvrage du cœur z‘ 8: reſide dans
le cœur : les dehors n'en ſont'que des ſignes
trés~équivoques,qui ſe peuvent ſaire, omet
tre , varier en cent façons , ſans aucun eri
mc lors que le' cdeur‘adliére à Dieu ;~ 6c ſans
aucune vertu lors que‘le cœur eſt éloigné de
Dicu‘. 'Tels flechiſſenttous les jours les ge»
nous en penſant ſpéculativement à Dieu, qui—
n'ont’jamais fait un vrai'acte d’adoration: tel
accuſe ſes prochains d'idolatrie,âcauſe qu'ils
_ ne-ſereglent pasſel'onſon‘opinion ,à qui ce—
pendant ſon opinion,ſcs íëntimensſſà partia—
lité , ſont des idoles'qu’il préfére à Dieu mé
me,au'divin amour,à la'charité, à‘l'humilité,
à‘la paix, &en un'mot, à lavolonté de Dieu;
Lors donc qu'une'ame eſt bien diſpoſée a
l'égard‘d'e'Dieu ; 15C que penſant que ſa ſacrée
humanité ſoit dans un lieu oû néanmoins
c‘lle ne ſeroit pas , elle ſeroit des actes
extérieurs de proſternemens 8c de genu-'
flexions,ſeroit elle pour cela coupable d'ido-'
latrie .P Qui ne voit qu'il faut répondre abſo—-‘
lument que non? car comme on vient?
de voir que c'eſt'le cœur qui fait l'adoration"
véritable &interne , Gt non pas les geſtes du'
corps ; â qu'icy le cœur adhére à' Dieu—
d'int’ention, d'amour, d'affecti0rr,de foy,
d'eſpérance 5 c'eſt donc Dieu qui eſt ici'—
adoré , puisque le cœur penſe à luy de'
u'il l'aime. Tout' lernal qu'il'y auroit ,,
toit uue‘mépríſe‘ou‘une erreurde fait t0n‘-‘
chant_
2': trois Partir. 13';
chant le lieu où eſt le Corps de Jeſirs Chriſt , Sect nr.
que l'ons’imagineroit étre en tel lieu , dr Aníï- 3»
ſous telle couverture ou telles apparences ,
à-l'occaſion de quoi l'on rendroir dans ce
lieu à ſon humanité l'adoration qui luy con'
vient,&que l'on doit luy rendre quelque
partqu'ilſc trouve; à à ſa Divinit’é la Sou—
veraine, qu’onluy doitaufli en tout temps
& en tout lieu. Voila bien une afaire à trou—
bler le monde l
Quoi ! Jeſus Chriſt pourroit voir dans
moy que mon coeur , ma penſée , mon A
mour, adhérent à ſa—Divinité,& que j'ayauſii
pour ſa ſacrée Humanité le reſpect , l'amour
à les ſentimcns d'adoratiou queje luy dois 5'
il verroit que je ſuis diſpoſe' à luy rendre
cette rcconnoiſſance par tout où—je le ſçau
my, &àla refuſer Ÿçtoute'afflutrc choſe,- il
verroit que croyant bonnement qu'il' eſt
dansun tel lieu, je n’ay deſſein que de ren
dre ‘a~luy ſeul par l'amour que j’ay- pour luy
l'adoration que mon ame luy addreſſe ef—
fectivement comme étant-là , (St- que mon
corps luy témoigne ſelon la penſée qu'en a'
mon ame , tout prét au reſte ~àomettre ce*
témoignage exterieur par rapport à ce lieu*
ſije ſea-vois que ſa' perſonne n'yfuſt pas; J'e
ſus Chriſt, dis-je , pourroit voir dans-tout ce»
la la ſincère diſpoſition de mon cœur en -‘
vers luy, dt cependant me tenir pour utr
idolatre 8k pour un homme qui par là me
rendrois coûpable de lamort-étemelle! Aſ
ſurément 'la chaleur de la diſpute faitſou.-~
vent aller les hommes trop loin ,. 6e les faire ~
agir
136 DE L’EUcAarsTrE
&&'m' agir bien des fois non ſeulement contre la
Artic. 3.
charité 6c la vérité, mais méme contre la?
raiſon à la vray-ſemblance. Quoi! le
ffiurrois dire avec verite à Jeſus Chriſt:
on Seigneur , Vous ſçavez que mon cœur .
" à ma penſée ne ſe ſont pas pas éloignés de
” Vous. ~l’ay crû auſſi ſans malice &dansla
” ſincerité de mon cœur , que vôtre divin
corps étoitlà préſent: ôr par le principe de
” l'amour &de l'adoration interieure que j’ay
” toûjours par tout pour Vous, j'en ay don
né des marques extérieures en cette occa
” ſion-là , tenant ſans ceſſe ma penſé ôz mon
” cœur élevésàVous. Si je me ſuis trompé
” quant au lieu de vôtre préſence corpo—
” telle, Vous ſçavez que dans mon deſſein,
” dans mon cœur à dans ma foy,il n’y a eu que
” Vous ſeul qui ayez été l’objet de mon ado
ration. Je n’ay point ëu d'autre principe ,
” d’autreintention, d'autre motif, d'autre ob
” jet, ni d’autre but, ,dans mon ame que Vous
” ſeul. Et cependant il me diroit , Allez,
maudit, aufeu e’tcmel, ( car c’eſtiàle Ren~
del-vous des Idolatres, ) à cauſe d'une tres
]égére faute , ou plûtôt , à cauſe d'un devoir
trés-juſte à trés-légitime que je luy aurois
rendu hors de lieu ſeulement , ſur l'igno—
tance d'un fait que j’aurois crû autre qu’il
n’eſt L Mais l'on vous a averty que vous vous
trompiez, dira-t-on. Eh, combienyen a
t-il qui ne l’ont pas été? Mais encore , quel—
le raiſon ay-je de croire à c'es avertiſſemcns
&r à ceus qui les donnent,qui ne ſont exempts
:nde préjugés, ni de ténèbres, ni de paſ-_
ſions,
e’r rroír Partir. 137
ſions , 8e qui ſont contredits par d'autres Sté? IU
perſonnes, entre leſquelles je vois qu'il y M193'
enavéritablement de ſaintes \Sr de familiè
res à Dieu , qui me donnent des avertiſſe
mens tout—contraires?
XVI. L'inſtance que l’on fait prdinai- Din/!Dm
rement en cetendroit touchant la rectitude ?ſg-;'5'
&la pureté de l'intention ,- quel'intention [WLM-J,,
nc juſtifie pas l'action , puisque les Iſraëli- d” [ſud-'
tes en adorant le veau d'or avoient la meil— “."m‘ffl"
leure intention du monde; que leur deſſein m"
étoit d’adorer Dieu , le Seigneur qui les
avoit tiré du païs d'Egypte, à qui, ſelon ñ
leur déclaration , ils vouloient célébrer la
ſe’te; qu'ils n’avoient garde de penſerado
rer autre que luy, n'étant pas ſi fous ni ſi
aveugles que de ne pas ſçavoir qu'une ima—
ge qu’ils avoient vû fondre ÔL mouler des
_joyaux de leurs femmes , fuſt ce Dieu-là qui
les avoit tiré de l'Egypte; ét que néanmoins
nonobſtant leur bonne intention ils \creu
dirent coûpables d'idolatrie , 6c en furent
punis d'une maniére trés-ſévère; cette in
ſtance-là disje , eſt ſi mal-priſe de tous les _
côtés, que je m'étonne que l'on aitpenſéà
s'en ſervir. Il y a autant de différence de
cesIſraëlites-là aux bonnes ames qui ont a
doré Jeſus Chriſt dans l'Eucariſtie, que de
la nuit au jour.
Les Iſraëlites ſçavoient de temps immé
morial par la bouche de leurs Ancétres , que
Dieu'avoit en abomination les Idoles.~ Ils
n'ignoroient pas ce que Rachel aveitî’ait'à
Laban, 6E que Jacob les avoit exterminées :lle
. a
138 DE L’EUcARrSTÎE
Sect. m.
Artic. 3. ſa famille. Cependant, ayant vû en Egy—
pte la plus craſſe Idolatric qui ſe puifle ima—
giner , l'adoration d’un bœuf, d’abord que
le Diable leur met en téte de l’imiter au:
’ milieu
yvſirer, des déſirsimpurs
dedanſer, à charnels
dejoüer, de s’en—
ils y donnent
ſi lourdement, que de ſe laiſicr infatue’r
juſqu'au point de croire que cette idole-là
ſoit leur Dieu, ſans que tous les beaus rai—'—
ſonnemens qu'on leur préte charitablement
pour lcs faire paroitre incapables de cette
folle penſée, puiſſcntymettre remede: car'
ces raiſonnemens—là ſuppoſent tous que les
idolatres ſe ſervent de leur raiſon en idola—ñ
.trant : ce qui n’eſt pas véritable. - Les Iſi‘aë—
lites, dir-on , ne pouvoient ignorer que ce
veau d'or n’étoit pas leDieu qui les avoit'v
tiré d’Egypte‘; ear ils l'avaient vû fondre;
Cela ſei-oit vray fi les Idola‘tres n’agiſſoien‘t
pas en aveugles ôt déraiſonnablement
ils ne conſultent pas laraiſon; à ſans faire
réflexion ſur ce qui s’eſt paſſé &r qu'ils ontv
fait eux-memes a' ils donnent aveuglémen‘t
dans toutesles chimères les plus incroiables
8: les plus extravaga‘ntes que le Diableleut
met'dansla-tére, juſqu'à croire, que L'ou
vrage
ce pas de
Dieu-méme
leurs— mains-Melant-
qui nousDieu—
convainc d'e‘
cette vérité dans le Prophète' Iiſaïe'? (A) Il
(a) \ſl-44
v, 13. 6re_ nous y repreſente un Homme , qui ayant
planté un arbre, que la'pluie-afaitcroitre;
le coupe,en brûle une partie ,- s’en* chauffe ,
en fait cuire ſon pain &t ſa viande, prend
l'autre partie, la compaſſe, la meme, la.
a crayon—
ét trois Partir. !39
crayonne, la façonne en idole , en brûle-auſſi Sect. nt.
les éclats dt le réſidu à ſon uſage; dt dela pié- Mic' 3
ce qu'il s'eſt reſervéc, en fait unDieu, ô:
luy adreſſe ſa priére , luy diſant , DJivre may,
ou läuve moi, car ru tr mon Dieu. A quoi'
Dieu ajoute pour montrer la ſtupidité de
l'homme idolatrc: Ilr fànrſanr eſprit Uſanr
intelligence —' 1mm' yeux [ontfcrme’r Pournepaínt
wir, ù" leur: cæurrpaur ne paint entendre. Nul
ne rentre danrjbn cœur avec intelligence dr Tcfle’
x10” , ſom' dire; Î'ay Im’ile’ 14 motric’de cecy au
feu ; en a] cuit dupzzin ſur ler Elm-&ant , JF de
la viande quefaj man e’e. Fe‘ror‘r-je donc du reſte
une choſe abominalzle . Adoreroir—je une branche
del-oit? 11 nourrit ſandmede cendre, JF l’ty’ga
rement deſon cœur lefdie error. Ne voila pas
que Dieu attribue expreſſément aus Idol-â
tres des choſes encore plus roſſiéres que
celles dont on veut que les ſraëlites cor
rompus Gt charnels n’ay-ent pû étre capables—
au milieu de la débauche dt de l'aveugle
ment ou le Diable les avoit plongés .P Or
quelle comparaiſon de cette intentionidolâ
tre, ſaufleôt erronnée , imp're &î contraire
àl'idée à à la Nature de Dieu, impure;v
charnelle , 8c ſervant de moyen à des excés
de débauche-s_ infames , quelle reſſemblance
&is-je de eetteinrention—tà , avec l’intenñ
tion pure d'une erſonne 'vertueufiz , qui
~craint& qui aime eu, qui conſerve avec
adoration l'idée de la grandeur de ſa Maje
ſté; &qui tcachant qu'elle eſt unieperfon
nellement à un Corps qui eſt adorable aſa
maniére, 6c croyant bonnement fin’fil pla
ro e,
14.0 DE L’EucArtrsTtE
Seam.; role, que ce Corps là luy eſt préſent, luy
Am”- rend cequiluy eſtdûinconteſtablement, de
ſe ſert de ce culte qui luy eſt dû a pour s'a
vancer dans ſon amour &dans la purete du
cœur? Le Ciel eſt-il plus éloigné de la ter
re, que
ſont l'uneces intentionsIl ne
de—l’autr’e? 6c faut
ces pas
actions-là le ë
donc s'é-
tonner ſi l'une eſt abominable à Dieu , Gt ſi
l'autre ne luy déplait pas. '
s.r rcrm”- _~ XVII.. .
Il ſeroit bon de. ſçavoir de ceux
,.
qui
f,, 11.12.'- ſont ſi rigides ou fi chagrins ſur cela , s ils ont
m'on del- conſidéré le Corps de ]. C. ſans rapport à au
fſr'ſ‘fz 4"' cune place. Ils diront, ſans doute,qu'ils l'ont
z 5…,, adoré 6c qu'ils 1’adorent encore comme étant
éme de m1- corporellement dans le Ciel. Le Ciel où
» m 'ils le conſidèrent , eſt une place aſſez indéter—
ſmzz M_ minée â la vérité , 6c éloignée de nous; mais
emprd'ldo» l'éloignement n’y fait tien : la place eſt toû
“‘"‘~ jours préſente par penſée. Or que ſera-ce ſi
l'on ſe méprend icy , ô: que J.C.ne ſoit pas ni
déterminément, ni indéterminémeut dans le
lieu où l'on ſe le repreſente , à dela manière
que l'on ſe le repreſenteêLors qu'onſe repre*
ſente j. C. comme dans le Ciel, chacun le
conſidére comme à peu prés au deſſus des
nuées, à, ſi l'on veut. des étoiles,& méme au
de là, environ le deſſus de nos tétes. Jamais
perſonne,généraleme'nt parlantme ſe l'eſt re:
preſente autrement qu'à peu prés audeſſus de
nos tétes. Or les Chrétiens qui ſont aux Anti—
podes,adorent auſſi J C.comme étant dans le
Çiel au deſſus de leurs tétes; ce qui eſt juſte
ment le placer à des millions de lieües au deſ—
ſous de nos pieds z ô: où il eſt certain que pas
un
e': trois Partir. 141
un de nous autres n’a jamais penſé l’ado- Sïctñ !m
rer. ll y en a méme qui croyent que J. Chriſt Artic. 3.
n’eſt pas dans le Ciel empyrée comme l’on ſe
l’imagine ;mais qu’il eſt avec Elie, Enoch, 8c'
d’autres ſaints , dans le Paradis terreſtre où
Dieu avoit créé Adam , 6c dont il le chaſſa:
lieu qu'on dit qu’ilapreſervé dr de la malé—
diction , &t des eaux du déluge. Quoi qu'il
en ſoit, il eſt certain qu’il y en a icy de trom—
pésdans leur imagination ;car ils ne peuvent
tous avoir raiſon. Il y a donc des perſonnes
qui adorent Jeſus Chriſt comme au deſſus de
leurs tetes , quoique cependant il ſoit ſelon
l'opinion des autres directement au deſſous
deleurs pieds; «Sr infiniment eloign-é du lieu
oui-ls ſe repreſentent qu’ils l’adorent. Ils l’a—
dotent donc-comme préſent à une place & à
un endroit où cependant il n’eſt pas. Si ado
rer JefitsChriſi comme dans un licu oùce
Pcndant ſelon l'opinion des autres il n'eſt
pas, rend les perſonnes ldolatres , où enſe
ront donc les Chrétiensde l'un ou de l'autre
hemiſphére .1 6c qui ſeraexempt d’idolatrie Ë
Ne voit-on pas de là , que toutes les chican
ncries que l’on ſe fait ſur cette adoration par
rapport à la préſence locale ,. ne ſont que
d’ennuyeuſes ôz de ſtériles ba atelles ?
XVIII. le n’ay inſiſté ur ces ſortes de Pur-qui
minucies que parce que j’ay obſervé , que P a” ï infl—
ſié j” c”
quelques—uns ont rejette à leur grand doma-.dmùm
ge les divines dt ſalutaires lumieres de plu- chofis.
ſieurs ſaintes ames,d’un Taulére, d’un Kem
pis , d’une SïcſTéréſe, dt d'autres Myſtiques,
ſous le prétexte, qu’ils auraient été des1 Ido—
' atres
142 DE L'EucAarsnE
sça Ill. .latres pour avoir vécu dans ces Pratiques-là,
Mic. 3-, dt pour en avoir quelques-fois parlé avec re
commendarion. Mon ame n'a jamais pû
condamner comme des ldolatres ces trés
ſaintes ames—là , lorsméme que je ſupoſois
qu'elles ſe trompoient dans lefaiLMaisDieu,
qui a agréé la diſpoſition où ila vû mon cœur
envers ſes amis , m'a fait la grace de me fai-~
re comprendre les choſes ainſi que je les ay
déclarées. Et 'e défireque cela puiſtè ſervir à
modérer les ommes les uns envers les au
_ tres , dt à faire q u'ils ne re ardent P lus avec
mépris , condamnarioſhaverfion , dt méme
cxécration , des perſonnes dt des pratiques
ue l’on devroit ſinon eſtimer, du moins laiſ
,er pour telles qu'elles ſont , ſans leur inſul—.
ter. Cela n'eſt pas Chrétien. Quoi qu'une
perſonne' ne puifle ou ne vueille pratiquer
les maniénes des autres , & que méme .elle ne
le doive pas , de peur de troubler ſans fruit
ceſux de ſon party., néarirnoinsc'eſt toûjours
bien fait d'eſtimer les cérémonies de toutes
fortes de partisaufii avant que. des -infirmes
de bonne vvolonté de .de'cœurſincére cher
chent d'en faire un bon uſage , _c'eſt à dire ,~
de s'avancer par _elles dans l'Amour de.
Dieu , dans la puretédu coeur , & dansle rez
noncement àleurs péchcz. Car Dieu rçgarſi
de au cœur! A quoi bon infiilter aux céré-…
moules les uns des autres , 6: ſe divertir à les,
~tourner en ridicules , en Comédies , en pra
tiques de Payens? Hé bien ,‘ quand elles'ſe—
roienr imitées des Payens , quel mal y a-tl’ilg
S’rl eſt permis de tirer des penſées &ds la,
' o—
\_*L'

'e'r H105: Partir. 1 43


doctrine des Payens de bons ſujets denous Sed. IF*
elever à Dieu, pourquoi ne pourroiteon pas AW- 3"
,tirer de quelques unes de leurs pratiques des
occaſions à penſer à Dieu 6c à s'élever à ſon
amour? Et qu'eſt tout le culteextérieur de
~ vant Dieu, .qu'eſt toute la conduite exté
;gieutc de ſes cnfans envers luy , ſinon .un
Jeu? Qu'eſtmétne le Paradis &tout ce qui
.ſe paſſera dans la Vie éternelle, ſinon des
dwertiſſcmens a des ſpectacles, &,Pour ain
fidire, de ſaintes comedies , ou des jeux -
.enfantins ,de Dieu avec les Saints ôr des
.Saints avecDieu? En verité a les hommes,
.chagtinsêerigides qu’ils ſont, ne commit;
ſentui la privauté ni l’innocente ſimplicité
de Dieu, quleſt un Eſpritdknfance , de fa
.mijiarite’ , ,de coudeſceudence , de jeu 6c
dedivertiflemens, dans la plusgrande naï—
.veté &t ſimplicité qui ſoit; mais pour ſes en
fans ſeulement. Peut-étre que quelques
unstraitteront cecy de bigoteri'e. Mais Dieu
en juge bien autrement. Il ne ſe moque pas
des coeurs ſimples à ſincères comme ſont
les vains 6: orgueilleux ſizavans de ,tous ceuxv
qui ne ſont pas entétés de leurs creuſes 6c
ehagrinesidées. Si onle connoiſſoit, ouen ’
Iugeroit bien autrement. .
Je n’ay pas, au teſte , pretendu parler de
ees choſes par rapport aux abus qu’en peu
vent faire les enfans de Babilone , les cœurs *
dominés par l’amour vpropre , les impies , les
mondains, lesfourbes, lesambicieunles ava— ~
res , qui y commettent en effet des abus
etiants Gt preſque univerſels , leſquels _at
. -, tite
!4.4 DE L’EiſſtOAjUSTIE
Seœ. m. tireront Ia malediction de Dieu ', tant ſur
^m°~ 3' leurs perſonnes, que ſur leurs cérémonies
lors que Dieu viendra rétablir la réalité de
toutes choſes. '
RFI-pm .
XIX. (l)
. ,
Mais ne
.
vaudrait—il pas
…ſh-m_ mleux , me dira-t on , quite! tant de forma
(l ) s'il m lues-à de dtverfités , 6c reprendre la premié—
x reſimplicité, comme elle étoit dans la Pri
5mn,, 1,, mitive Egliſe .P Je réponds , premièrement
cbr/e: unl— que ceux qui vou-droient prefler ſi exacte—
"W‘ m" ment,v ( ou pluſtôtſi matériellement, ) le
"MMM" rétabliſſement des choſes ſur le pied précis de
ce qu'elles étoyent dans l'Egliſe primitive,
ſeroient peut-étre les premiers à en ſoûtenir
le changement S’il falloir envenir aux effets.
L’on ſçait que dans l’Egliſe primitive on ne
baptiſoit que des adultes , &t qu'on donnoit la
Communion aus petits enfans des fidèles ,- 6c
l’on peut voir, que, ſelonles principes que
l’on a déduit (a) ailleurs, cela ne pouvoir
w VW" alors ſe faireÏa'ùt'i-ement'puiſque les petits en.
Oee. aùl’cs ’
Chriſt fans ne pouvoient fournir les conditions que
CMP-Vo l’on exigeoitalors pour le Baptême, à que
~"- '°* 5m del’autre côté ils ne pouvaient vivre niétre
entretenus de tous leurs beſoins que parla
Sainte Communion, dans laquelle leurs Pa
rents ayant tout mis., ils tiroient auſſi tout
d'elle , tant pour eux, que pour leurs en
fans. A preſent au contraire, l’on baptiſe
* les petits enfans , à l’on n’admet que les a
dultes àla Communion telle qu'on la prati—
que maintenant. L'on croid avoir raiſon ;6c
, j’ayfaitvoircommenton17a. Mnisce n'eſt
' pas dequoi il s’agit.Il s’agit}qu’on ſe convainë
que
e’r trot*: Partir. ~ r4;
que par-là, qu'on—ne ſe croid pas toujours Sed_ HL'
obligé de revenir au premier état des cho- Amc- 3
ſes- \
XX. Mais je dis en ſecond lieu, qu'en axfl'l‘ Vuze à'
mc'—
effet il faudroit en revenir à la premiére !bruit de
ſimplicité des choſes ſi_ les ames des hommes Reform;
étoient diſpoſées comme celles des premiers tim.
Chrétiens , ſpirituelles , fortes, ſaintes de
remplies du S. Eſprit, lequel diſpoſer—oit bien
luy méme de tout, ainſi qu'il faudroit. Mais
que ſans avoir un tel intérieur , l'on vouluſt
néanmoins imiter ſcrupuleuſement l'exté—
tieur des premiers Chrétiens, ce ne ſeroit
que grimaſſes à que iingeries, beaucoup plus
ſujettesàl'abus que les choſes que l'on pré- ‘
tendroit rejetter ; puis qu'on S'imagineroit
alors_ par une tromperie ét une illuſion mor
telle , étre pour cela dans le méme état que
ces premières & ſaintes ames du Chriſtianiſ—
me. Un .ſinge qui voudroit corriger les
actions des ſinges ſes compagnons , 61 les gé
ner à ſe rendre plus conformes àla conduite
de l'homme , ſeroit ridicule. Mais s'il y a—
voitquelque voye par .où ces ſinges pûſſent
acquérir la raiſon intérieure,ilsferoient ſans
doute mieux de tâcher de ſuivre cette voye ,
que de vouloir ſe moûler, les ,uns les autres
àdes manières ,extérieures .par une’ridicule
imitation. L'homme qui eſt _hors de l'état_
des premiers Chrétiens , &qui n'en veut qu'à
l'extérieur , n'eſt qu'unebéte [Sr un ſinge.: 6E
il ſeroit ridicule ſi .longtems qu'il n'eſt qu'un
animal, de faire conſiſter ſa Reforme dr ſon
hnmauiſation, pour ainſi dir-e, a régler ſes
- 'G ' ~ grimaſſcs
146 DE L’EucARrSTrE
Sea: lll. grimaſſes &t \on extérieur. Qu’il'commen—
Anic. 3. ce plûtôt par la voye intérieure de purifier
ſon ame de péchés , 6c de s’élever à adhérer
à Dieu, afin de recevoir l'intelligence divine,
qui eſt le S. Eſprit. Et lors que celle-cyſera
venue , elle donnera à l'extérieur la forme
agreable à Dieu , 6c utile au ſalut tant de ſoy
me’me que des autres.
(2 ) Sil‘m XXI. (2) Mais à ce compte-là , di
pmtérre
ru'k‘é dans ra—t’on, l'on pourroit etre ſauvé en toutes
tout() flrtu ſortes de Religions ou de partis du Chriſtia
dc Rlli .
'on-r.
niſme.~ Le grand malheur ! je confeſſe,
«(~)ſſai.s7 que pour les méchansils ne peuvent , de*
V. ZI, meurant tels , étre ſauvés nulle-part, pas
(à) Act méme dans le College des Apôtres. (4)11
'O— v 34
Ss
n’y upoint dej-Mix pour le: mc’c/Mnr , .td-it mon -
Dieu, comme s'exprime le Prophète. Mais
pour les gens de bien , (la) En route action.,
dit S. Pierre, cela) qui craint Dieu, (9' qui
s’dddomze àjuſiice, luy eſt agre’able. En toute
ſorte de Religion , Romaine , Calviniſte,
Luthérienne , il y a en de vrais ſaints &de
vraisenſans de Dieu. Et ſi à preſent il n’y
cn a plus en un -tel degré, du -moiuszy-en
a—t’il encore qui cherchent ſincerement
Dieu , qui ont -le cœur *bon , &r qui ſont
dansles principes de la grace deDieu', par
laquelle, s'ils venoient ày mourir', ils ſe*
roient—ſauvés. -
a Ce n’eſt pas ce qu’il y a de particulier dans
un party, & qui le diſtingue d'avec les autres,
qui ſauve ou qui-condamne devant Dieu :
Mais le ſeul eſſentiel de la Religion Chré
tienne, la Crainte ;Sc l’Amounde Dieu-,la hai
J ne'
l: mir Partir. !4.7
tie-de ſoy-méme 6c celle du péché , c'eſt cela Sect. nr
qui ſauve: Et ce qui eſt oppoſéàcet eſſen— Anic- 5l
tie!, l'impiété, le-péché, dr l'amour pro
pre, c'eſt cela qui damne. Quiconquea la
Crainte dt l'Amour de Dieu ,&-ce qui en dé—
pend s l'amour du prochain , la haine du
péché , 8c *le mépris de ſoy méme , a l'eſſenffl
tiel ,_ \lecteur , la-vie ,dt l'ame de la Religion
_ſalutaire— Le reſte n'en—'ſont quecomme des
habits , *qui ſont faits d'étoiles de de façons
différentes. ,Or ne -fèroit—il pas-ridiculede
ſmitenir , vqu'on ne :flzauroit vivre ſtnon'
dans-un habit de telleétoffl: dt de -telle fa—
çon P_ Et ne ſerait-il pas -cruel decondam—
nerïlà .deſſus à la mort-quiconque ne-ſeroit
Pashnbillé de nôtre‘maniére , &méme d'ex
douter lg gensſur cela ? 1e ne doute pas-que
devant i’eu ', :qui regarde au cœur , c-e pro
códéuieſoitaufli abſurde que ladiſputeór la
perſécution que ſe: firent autresfois les Cor
deliers iiirïlaxforme ide leur-capuchon , dont
il-eſtpn‘rlé dans'(4)les'lma inaires; Dieuſe (ULM-1
metïbienven peine quels.- abirs l’on porte ,
quelles cérémonies-d'or] pratique , quelles
níènuesopirnions l’on ait, lorsqued'ailleurs
onPl-'a‘irhqqffldri a—lec‘œur humble-'&- ſincere,
qu'on nehaitïneïméprifeïôt neperſéeuteper
fonneſinonehaeundſon proprevíei‘l—Adam.
'XXXL-(3.); 1Ace-oompte-là , dira-t'on en— (3&1)ff:
core ,-perſonneinedevroitsſe convertir. Je HLM,,
réponds,qu'ilfaut ſe—eonvertir à J ..Chriſtg en Converſions
quittant—ſe peche , ,6: fi: rév‘etant de~ſa trés- "ls-""
fainte’ vie &de ſon divin Eſprit; Mais-de
Changer ſimplement de party -ät-d’habrts ,
G z voila
1,48 D E L’Euc AR 1- s 'r r!
Sect- in. voila de belles converſions! Que dit lï’Eeni‘r
Amc-3* turc ?(4) Ifiuel.,fi ru ,te convertit Mom-etr) to) a”,
—~'~— moy , ditle Seigneur. C’eſtlediangement &z
(aller 4 la làntification du cœur», &non; pas le chan-z _
"" gement de party Gr de quelques menues opi-L
nions , qui fait la converſion valable devant
Dieu. Il eſt prédit ,dans l'E-Ecriture,, ques_
derniers temps le Chriſtianiſme ſera rcmplyz
d'hommes charnels &de citoyens dieBnbler
fi) d'lſîm' lone , que les hommes -d’alorszſerontüx
3' "’²’ct' amateur: d’eux me’mer, , aware: , ſuperbes,, gta-z.
vieux , deflzbe’iſſam à leurrfirpe’n’ewr 3 in a” ,
impier , de’mturc’: , ſam-fo] dí'flam' para e,- cr.
lomniateuvr , de’hauche’r z mec/.mm , Luiſa-r;
ler gem- de [n'en, traître! z infilmr, mflà‘zda
Mm'ze’, aimdmglur leurr _plugin que Dieppe;
qui n'auront ue ?apparence-ie Îïíe’re’zmójm
,rcjette’la re’a irc’dF la Dei-ini; , orsqjecerœz
prédiction ſera—accomplie , il .eſt certain'nue
le Chriſtianiſme d’alors ne ſera .qu'une co
h‘üe de _méchans , l ou il ne ſe ,trouveraîque
quelque peu de bons , trés- clair-ſémés 6c ,cas
chés. Ce ne ſeraqu’une -Babilone , .qui par
(c) APM' ſèsprqprçsdéſqrdres_ pourra ſe diviſerçe) en.
“î' V' ‘ 2' trois …à meme-«m pluſieurs autres-par-tzis-…Qe
je vousprie., ſi alors un party v-Qulçiteonver—
tir l’autre à ſoy, ne \èroitrce ;pauline belle.
converſion? Changer_d”,nn,quartier-àv d'une
' - rue de_ Babilone pour aller, demeurer 'enun
autre quartier de lalméme Yillelchanger une,
ſorte, ÆaPPaEcnceÀç; piétégpsrprendxe une.
autre ſorte diàpparrncezie piété! 'Ce neſcw
roitque pur ouvragede BabeLçDieu , quinte~
Fcaint rientant que de n’ayoirpasun peuple
_ i,, ſaint
:'3' mn? Partis. T49"
ſaint ôt volontaire , n'a garde de faire conſi- Sect; txt.
fier la converſion dans ces choſes-là. C'eſt, ^‘“‘-~ 5'
à ceux qui aiment leur ſalut d'avoir l'œil ou
vert ſur l‘e temps oû cette prédictiorrêzces ſi l
'conduites-là ſerontenvogue. Et_ alors, les
gens'debien, affectionne’S—aus pierres 6c à
la poudre de Jéruſalem toute’détruite, tâ
eheront deſc rendre dignes d'en devenir
citoyens par la charité au milieu' deBabel
méme, dans quelque quartier de la grande'
_Ville qu'ils ſe trouvent engagés , ſe conforñ‘
!nant pour le reſte , autant que faire'ſe peurz:
lus maniéres qui y 'ont cours , "afin d’éviter‘
de plus rands maux , 'Gt pout-'édifier les foi
Blas. ”eſt là la véritable‘ConverfiOn: ſe
convertir de l'amour propre', &de-la haine'
de Dieu &du—prochain., à l'amour de Dieu‘_
6), à~ l'amour dh prochain par la pureté de
c’œur‘enversl’urhj 6; par la benignité, la*
douceur', l’humilité 6( 'la tolérance envers
l'autre. Quiconque a ai‘nfi changé la dureté,
l’orgueil-, la fierté , dt la malignité naturel.
l‘e de ſon cœur , ell véritablement convcrty
de la bonne Converſion;
~.XXI‘ll. (4.) Mais,dira-t*’~on cncore;dans "9'17""
laïdiveffité des partis où‘le Chriſtianiſme eſt_ ;31,373
pî'éſentementäiviſé, 'ce ne ſont pas ſCUÎC‘baMdUiç
ment-tés îmiéêb'ans- d'un party qui cond‘am “'"PfflîI
lièht'to'us ceux' de l'autre , ce~ſontmémc les- 'ctÎÏÃÏ
hi'ſhs à les plus ſaints'. Voyez, par exemple,,.…d1zm…c,
les ſaints del’Egliſc Romaine , comme une
SR-T-'ér'éſej '8c' quelques autres :‘ comment
ne déplorent-ils pas— la damnation des Lu— '
thén‘ens ét des Calviniſtes 5 à ceux~cy ,cel—
~ G 3- ~ le
150 DE L’E—ucan :-ST r E
Scct III. le des Romains .P Pour leurs Docteurs , la
Arfic- 3 choſe parle d'elle—méme. Je réponds ,y que
la condamnation des hommes , n'eſt pas cel
(a) 1H4. ie de Dieu (a) Nour doom un_ſeul Legrjlateur
7.1::
llíſſefltfdu’vfl dr quipemperdre. Etfaudroit
il s'étonner ſi les plus íàints-mémes, quidés *
leur enfance entendroient dire' que ceuxqqui
habitent dans un autre quartier de la grande
Ville , ou quiſe ſont cantonnés apart au mi—
lieu d'elle , ſontdes ennemis de Dieu , \des
iinpies, des deſtructeurs duchriſtianiſmez,
ne peuvents'ſempécher doſes tenir pong; des
gens qui ſont hors de la voye du Salut»
*ui ne peuvent étre 'ſituvés ſanschanger ?J Je
dis que les ſaints qui ſont prévenus deces
p‘rejugés-lä, doivent juger comme ilsfont.
C'eſt une vérité indiiputable touchant le r
droit a ue ceux qui'ſont_ diſpoſés dela me,
n‘iére qu on leur repreſente., ſont dans la,
voye de la perdition. ‘ îMais.c'eſt—une _erre-un
de fait, de croire , que tels dr tel's yſbient
tous r à qu'ils y demeurent tous. Les ſainw
peuvent bien tomber. dans, une telle erreur
de fait par les rapports que leur ſont—fils celav
-des perſonnesou intereſſées 1 ou'préoccu—
gnes.
pées, ouEtDieu laiſſeoutré,
d'un Tele à ces ou.
flintesameszcee
méme
ſortes d'erreurs de fait . qui _neibleſſçnt pzeſ
leur charité ; puis qu'ils ont pitié de ceux
qu'ils croient étre dans un état de perdition,,
&qu'ils prient Dieu pour eux , commeſai
ſoit la Sainte dom on vient de parler,- la.—
quelle dans la penſée que tous les Lutheriens
fuſſent hors dcl’état du ſalut ,r prioit‘lgieu
. ,1 :tr—
e’r troir Partir. - 151
ſiardemmenr pour eux. Il faut avoir les seét nr.
mêmes penſées des gens de bien qui ſont Afflffl*
dans les autres partis , qui ſans doute ſe com
portent ainſi avec ceux qui ſonthors de leur
communion , hors de laquelle ils croyent
(&chacun preſque le croid de lafienne, )
qu'il n’y a oint de ſalut. _ ,
XXIV. out cela en vertu de cet Axiome am…
indiſputable , Ho” de l'Egliſe il n’y apointde hmd. _
ſalut. Sur quoi chacun en faiſant l’applica- l 551K:
tionàſon party, l'on en conclud à la con- LIM,,
damnation des autres. Mais les bons 6c
les éclairés nc ſont pas ſi déciſifs niſi étour—
dis queles aveugles à les méchans. J’ôſe
rois aſſurer , que nulle perſonne de piété,
pas méme de ceux de l’Egliſe Romaine ,
(qui ſont les plus ri ides,) ne donneroità
ces paroles, s'il les 'uy faloit paraphraſcr ,
un ſens contraire à celuy-cy z,, Hors de la u
Doctrine qui fait l'eſſentiel de la Véritable (f
Egliſe &r des Enfans de Jeruſalem , ſçuvoir ,
hors du renoncement au mal, hors de l'A- “
mour de Dieu &de lc’lmitation de). Chriſt , “
il n’y apoint de ſalut , non plus que hors des a
onnes ordonnances dt des bonnes prati- cc "
ques de l'Egliſe lors qu'on les mépriſe &-16.6 u
rejette par orgueil, par fierté à par maligni- “
léopiniàtre &t profane; puis que cela eſt une ‘
marque qu'on n'a point l'amour de-Dieu. ‘
Mais ſi quelcun étoit hors de ces ordonuan— “
cesdt pratiques à dc ce party par un autre c:
principe , dr que ce ſuſi par préoccupation, ë‘
par ignorance , par mauvaiſe information “
qu’il s'en tinſt ſéparé , étant au reſte dans
G- 4- ~ une
1,*: DE L’EUcARIsTtE
ct. III ,, une diſpoſition de c ur humble ôt ſincére s
Artic.
3',, & prét à s'y rendre il étoit convaincu de
,, leur validité, 61 qu'il viſt que ce fuſt ſon de
,, voir; pour un tel , qui eſt de cœur dans tout
,, le bien qui peut étre dans le meilleur de
,, tousles partis,&dansl’Egliſe; 8c qui n'en
,, eſt dehors que par foibleſſe 8c par erreur
,, d'eſprit, ily aeſpérance de Salut,,‘. Je ne
crois pas qu'aucune perſonne qui a la
crainte de Dieu, en quelque party que ce
ſoit, vouluſt autrement interpréter ces pa
roles, ni dire, que hors du party qu'elle croid
l'Egliſe, il n'y a point de ſalut,- finon qu'elle
l'entende deceux qui ſont hors du bien de
de la vérité par orgueil, par mépris , par
malignité &opiniatreté, &qui ſont vuid’es
de charité. C'eſt pour eux que cette Régie a
été faite: &c'eſt par rapport à eux qu'elle
doit étre interprétée.
(r) Io” XX V. z'. L'on pourroit demander ,
7-101 Dim
ld-flê 1m! ~
Pourquoi Dieu laiſſe ſes ſaints mémes dans
quer fin’:
detelles erreurs detait . comme ſont , de
leijîtm ſuppoſer que ceux qui ſont hors de leur par—
du: de ty , ſoienthors de la charité , &t dans un état
:tilt: er ~
ram Je
de perdition? Pourquoi ne leur fait-il pas
f4”. connoître qu'il peut y avoir làquelqucs gens
_ de bien, dt qu'il yenaméme quelques-fois
pluſieurs? Je répond—s , que c'eſt pour le
bien des infirmes av'ec qui ils converſent,
&t qu’ils doivent gaigner à Dieu. Un temps
a été , que ſi Dieu euſt maniteſtéà une ame
ſainte d'un certain party , que ceux qui ſont
dans une autre Société peuvent auſſi étre
ſauvés, &qu'il y a effectivement entr’äux
cs
e'r trail Partir. '53
des-amesjuſtes , , cela auroit rendu cette per- Sea: in: -
ſonne ſuſpefle çiñ’héréſie à ce de ſon party, A-rue. Si ,I
de peut-étre qu’onl’auroit mourir : du
moins, celaeutdécrédité toutes les autres
vérités 1alutaires par leſquelles Dieu vouloit
faire du bienàceux avec qui une telle ame
converſoit. En ce cas, une tellerconnoiſ
ſance du fait dont. nous parlons, auroit été.
6c inutile 8c nuiſible au. ſalut des ames; 6c.
au contraire .- Ferreur de fait leur -étoiti
profitable à néceſiairez dz ainſi, il ne ſaut: '
pas s’e’tonner ſi Dieu la leur laiſſoit, avec.
encore quelques autres imperfections de:
méme nature, comme (croit, letrop d’at-r
tachementàdes Directeurs, ou à-_quelques
pratiques de peu de conſidération , dont
néanmoins l’inobſervance auroit troubléſ
l'édification des ames qui étoient, dans ce—~
party-l‘a, ou, ſil’onveut, dans ,cequartier
de la grande Ville , où elles devoient ſe.
ſantiâer… Si Dieu a pardonné aus luifsle:
péché contre ſon-Fils entantqu’il’s le cruci-~
âérent par ignorance , penſant faire mourin.
un ſéducteur; ,à plus forte raiſon n’impute~~
ra-t’il pas à ſes enfans une 'errenrdefaitzoinr
teavec—la-char—ité. ,. z -
í Je dis erreur dc, fait jointe avec. Ici-charts??
Car les vrais enſans de Dieu n’errent pasñ
dansle droit, ni contre la charité.— Ils ne
condamnent—_que ce qu’ils ſuppoſent mana
vais ;à ils lc juſtifient ſuppoſé-qu’il ſoit bons'
pourzl-e reſte, ils ont compaſſion de tous ,ñ
8c donneroient volontiers leurs vies .pour le
bien—de— ceux qu’ils croyent étre—dans l’erT
5 :eue, .1.
:$4 DE L’EUcArtrsTrE
s ea. m. rcur, prientpour‘ eux, à ſouvent, par hui
Artic. 3.
milite de cœu les tiennent pour moins
éloignés ou pour moins indignes du Royau
me de Dieu, Gt pour moins coupables , qu'ils
ne le ſont eux-memes.
!Mſg-:nm XXV] Mais ce ſont les méchans z à ſur
ſuper h! tout , les Docteurs-Ze les ſçavans impies ,les
drme’cham. enſans & les garnemens de Babilone~,~ qui
ſon t cauſa
de tous I” ſont cauſevde ces erreurs de fait, pour ne'
lei-ordre: pasv dire d'une infinité d'autres maux. Ce'
crm-'5. le: ſont eux qui prétendant par orgueil de cœur
Chrétien.
dominer ſur tous , veulent tirer tout le'
monde à eux , &t ne pas ſouffrir qu’on con
ſulce, qu'on écoute , qu'on reconnoiſſe d'a ~
tres qu'eux. S'ils ne cherchoient quela—gloi~~
rc de Dieuavec humilité 8e abnégatîoflv
d’eux—mêmes, ~ils regarde-mirent peu _fi' en!
les ſuit ou non, ſi-æ’on ſe ſoucie-d'eux ouï
non , pourvfi‘ ſeulement-'que l’dn'cherclialk?
6E ue l’on ſu-iviſt Dieu'.— S'ils aimoierirDim—E
il croient joyeux que ceux ne ſont pas
ele-leur party-z aſpiraſſent à- 'eu-par quel~~
gites moÿensque ce ſoit ;._ ä vile taehjemieïrtiï
en‘e’les meiner" que là', ſans les Mamer
í'ur ccs‘ntoyensz— non pros qu‘e'ſans leur paru'
ler à contre—tempsde leurs converſions er**
f‘erieures , ét dele'urs affligeantes d'iſputte's'ót
controverſes ,.qui ne ſervent derien- à"- Mann*
cer ladivine Charité ,. &qui plutot y ſont a
,grand obſtacle. v Hs ſe fouviendreient des!
(cf—Color.
paroles de l'APô‘t‘re , (a) Mike-ï 14 colere',
3* VO 8) l’a‘igrtu’r, làmm’r‘ee, la me'dÿdncè. d ...Et vous'
z. r'c’vè're com‘nieÿe’lûrdetDh‘u, [mdf-&intui
he's", d- &mr-Mie: de' ,j &MMM-'bu- —
mille
e’i rrbír 'FINI-f. r5;
milite', de modeſtie', dſſcíatience, wurſupPu-T- Sea, m. '
ram ler um' 1er autres'- , c' 4mm remettant a' ſon Atiic- 3
fre’re tour ler ſujet: de plainte! qu'il Pourrait:
avair contre luy, JF 'vom' entre-pardimrtam com*
me le Seigneur vou: a pardonne' Mais-fm* tout .d
:-we're-ï 'vous de 14 Chai-ire', qui eſt' le lien dela
perfection : d'5" faire: reigner dam 'vor cœurs- 14-'
paix deÿefur Chriſt 2 à laquelle 'vous c’rer ap- q
ÿtlle’r comme en un corps'. . ..'
Cependant par un aveuglement d'eſprit? _
dont on ne ſçauroit aſſez s'étonner , l'om
Ptétend 'avancer l'édification 1 l'union, à lañ—
charrté , par le principe de la diſcorde. L'on*:
diſpute, dit~on , pourla vérité de l'E-ucari—
ſhe. Quelaveuglement! De bonne ſoy a a
t'on diſputé à qui aime-toit le plus ſon pro
chain , à qui montreroit le mieux par œu—
vresôr par effets qu'on n'eſt qu'un cœur 6e;
qu'une ame ; à qui l'cmporteroit en charité,
en imparrialité, enhumilite', en profuſion]
de biensôz de vie les uns pour les autres ?ï
Eſt-ce pour avancer cela s qui eſt l'eſſence
à l'eſprit de laveritable Communion, ques
l'on s'eſt employé, que l'on s'eſt diſputé;—v
ehieanné , diviſé , hai', maudy ?N'eſt-ce pas'—
i’à agir pour l'a' partialité la plus terrrbleç
ui eſt l'oppoſé de la— ſainte Communion i*:
que doit-on attendre de ces belles -
thodes des Chrétiens d'à preſent .P (a) .fr—m Ga,, q
'pour 'vom' mordez JJ' 'vaut dew'rez'ler' um 1er 5;,, 1.55":
autre: , prenezgarde que 'Dour ne ſoyez, conſu- j ‘
me’r le: rim-Parler autres'. En effet z l aſtairo
En va là , pour quiconque veutouvrrr ,lesffl
Yeux: Et—ce qu'il y a-de déplorable, c—eſt
G 6:-- que
]56 DE L’EucAur—sTr-E
Sea m. que les uns au lieu de reconnoitre‘qu’en tel
Artic. 3. cas ils ne ſont guidés que par un eſprit de
faux ze’le, ſe eroiront animés du‘Zéle de ñ
Dieu ;. 6c que les autres ſetiendront pour des
martyrs de la verité de Dieu lors qu'ils ne
feront que ſouffrir la punition 6E lespei—nes de
l leur propre partialité. .
bizzz" XXVn. (6) Je ne me ferma pas fi-forté
d,, …M2, tendu quej’ay fait ſur cette matière, n’étoit,
ï…- n’ïm— comme je l’ay dit, qu'elle eſt maintenant
Pîë’î‘Pîî‘, plus de ſaiſon que jamais, de qu'il ſeroità
q” on il( f! . ' .
I'ſffli'wram- ſouhaiter que tous lues bons fuſlent en par!
mek-Dim- 6: en tranquillité ſur cela. Je la vay finir
en répondant à cette derniere difficultés
comment il ſeroLt poſſible que des gens de
bien pratiquaſſent non ſeulement des cété.
moniesdifiërentes, mais que méme ils les
reçuſſent comme de la main de Dieu , com
me ven-antes ou comme approuvées de’luy ,
lors que cependant elles ſont différentes , 8s
même oppoſées les unes aux autres? Cette
difflcultéeſt nulle, &t chacun ſe peut con
vaincre deſa nullité par les choſes les plus
ordinaires, LÎEcriture _ne nous enſeigne.
t’elle pas à recevoir toutes choſes,,- méme
lesmauvaiſes , juſqu’aus complots des mé—
ehans ôr des démons contre nous, & tout
ce quinousaarive , comme nous etant diſ
4 . ï penſé delamain de Dieu, & quece fuſtluy—
(-Iïgîh 1% même qui nousles adminiſtraſt? (a) Le Sei
" ‘" ’ gum-1,4 donné, diſoit Job, du le Seigneur l'a
Ste'. Bem‘ſoir fimNom. Lesperſon-nes bon
nes à ſincères qui reçoiventär ces ſortes de
.choſes extérieures , à toutes les» autres,
1'- . com.
Ï's trois Partir. ’ ,157
comme dela partdç Dieu méme, dt qui _les AS‘ËL m5*
rapportent à luy avec une bonnediſpoſitiorr mc' 3'
de cœurôtune ſou-million d'ame à ſa divine
Majeſté , non ſeulement ne luy ſont point
déſagréables ; mais méme Dieu leur donne
par ces pratiques-là ſa grace divine à proporñ.
tion de leur foy à de leur retours à luy. Et'
n'importe que ces pratiques ſoi-entdifféren
tes en di-fférenslieus. La ſanté 8e la mala
die , la proſpérité &t l'adverſité , la vie ét la
mort, ſont bien des choſes contraires g‘ ô:
cependant , l'on fait trés-bien de les rece--ñ
ſoir de la main d'un méme Dieu, lequel
ſans doute en approuve le bon uſage. Car
enfin, Tous LEs MOYENS EXTERIEURS- '
(LUI RAPPELLENT A DIEU , PEUVENT'
ETRE DIFFERENS , ET MEsME oPPosu:
WANT A CE Qu’ILS ONT D'ExTERrEuR,
à cauſe de la différente diſpoſition , ou des
différentes circonſtances , où- ſe trouvent
les—hommes. 7
. Je dis plus : une perſonne qui a quelque
lumiére &Z quelques principes d'amour de'
Dieu , peut ſans aucun ſcrupule , &z dans
une grande tranquillité de conſcience, affi
ſter à tous les cultes à à. toutes les diffe—
rentes pratiques des differens partis de
la Chrétienté ,. à en tirer du bien. ~Mais ce—
Cy doit avoir cette reſtriction. C'eſt que ſi». ‘p
généralement parlant , les bons s étoient -
corrompus ., ou qu'ilsfuſſentrenres du mon~~ o
de, & qu'il n'y reſtaſt que des hommes re
lâches à. des enfans dËBabilone &à detll’a
mour P roP re (l.uiabuſa
, ent7P_ar tout es'c f”.
G 0-
!53' Critique de ’ Mr.
Sea. lv. ſes ſacrées, en un mot, que les choſes fui:
ſen’t dans les circonſtances que l'on amar—
(,) Supra quées cy-deſſus (a), en ce cas, il ne fau
num. z. droit pas authoriſer cet abus-là par ſa préſen
ce 5 &j'eſtime que Dieu Ôteroitalors au peu-—
de bonnes ames qui reſteroyent a le deſir de
ſe rendre avec les méchans pour afiiſter à
leurs abus ſacrilé es, comme il fit autres-'
ſois-au Prophéte Ïerémie , luy enjoignant
_ de ne plus ſe-trouver avec les Juifs dans le
m 3” ' " Temple de Jéruſalem : (à) &Ramon bien—ai—
:.15,
me’à faire dam m.: Maiſon, air qu'on n’jfa-íe
311e de: choſe: abomimrólcr .L Et ſans doute ,— ſa
_ ivine juſtice ſera alors à la. porte pour dé
' truire les méchans 6c leurs cérémonies, &-—
pour rétablir ſon vray culte en Eſprit (9' en
Vc’rite', connue il eſtoit au commencement.

SEcTio--N 1V'.
C p. 1 r r QU E de Monſieur j… ſhr
les Avr s CH Muraux-ES,
' inſerée dans I’onziéme de ſes-—
Lettre: Paſtorale: ſous letit—re de:v

'Article Je Centro-verſé' ; Reflexion: ſer


un écrit nou-veau , envoyé aux Bxl-j'm.:
' Je France. -

_ Yam—achevé nôtre article d’Antîqm’téç,


:y _ il faloit entrer en eeluydecontroverñ— ñ
.
Fi*
ſur les— Avi: Cbariubler. 179*
ſe; 6E nous l’euffions fait ſansdérour fi nous “ Sca- rw
n’avions- rencontré dans nôtre chemin un ñ“
écrit-intitulé , Arai: charitable pour fioul-rg” “’
la conſcience ale-“ceux qui ſmtobligq d’rfe con- “
formefatwulte de’l’Egllſe Rpmar'ne- Tire' d’u- ‘—'
nelenre d'un particulier à ſe: amir. Cette ‘ë‘
dangereulc lettre a- próciſément un'but op- ‘ë
poſé au nôtre; Nous voulons vous réveil- “î
ler; elle veutvonsendormir, à vous per-\- ‘ï‘
ſnader que lesñ'fuperffitions qu'on? 'vous ob— - f‘
liga de pratiquer' ne vonsïpeuvzent noires-Gt "‘
méme qu’ellesvouslpeuvem ſervir a pourvu W
que vous vous en faflie't des moyens de vous “
unir à'Dicu. 'Ce qui rend -le poiſon de cet "’
écritïpluï‘ñ-dmgereuxç c’eſt-qu’il eſt mélé “
avec uni ear-1&5” d’humil’rté; - de piété , î &- “
de‘devotionïï Nous ſavonsd’ai-lleursrz .que “' '
des .perſonnes qui' pour faire-leur cour., -ontë 'ÿ
Pour butdevous'porter à la &vomi—Mon pour “
vospertëcureuts, vous enontenvoyé beau'- “
coup d'exemplaires. ~ Tellement que nous ‘_‘
avons route ſorte &intéret à vou-s munir coud »“
tre'le‘péril OÛ' ce partiel-eux ecrit_ pourroiu ‘_‘
porterde's gent, qui n‘ont déjarpuetropde “_
ññenchamràſœflater 6c m'endormir.; :Cene "È
ſera-pas muſeum les raiſons de cet Au- “
\beur que* nous vousdefendrons contre luy r: ‘ſ‘
e'eltñenvousle faiſant connaitre. Cela ſuf- “l
lira pour vous apprendre que-lle créance t"
nous deveaavoiraux Principes dz’urr tel Do- ‘r
fleur. ñ - ‘ ï(
~ Vous ſaurezdonc que ce n’elipointun de H
vos anciens Paſteurs qui vous ócritainfi: Il «ë
in vray'que l'Autheur-de cette lettre-aéré u
au!
1-60' ~ Critique de Mr; î‘
“a w, ~ ' autresfois de ce caractérezmaiszil _yamenoncë
ï' il y a pluſieurs. années-pomzſe jetterenrrc‘
” les bras d’une eerta'mc femme viſionnaire,,
’-’ nommée AnminertedeBourignon. . Cette
'femme trouvant qu’il n’y avoit pas encore
’.² aſſez de Sectes -dans leChriſtiand'ſme-y s’eſh
î" miſe. dans latére d’cn faire encore une. En
" de plus, les perſonnes-_de Lbnſéxeónz’ayantë
**pas accoutumé d'étre fondatrieeszde' Reli-ñ
gions ; elle s'eſt .imaginée ;que la ſienne ſe:
P rendmítconfidérable -dans le monde 'par la:
**ſingularité 'de íbnor-igine. c'Aveeun grandx
’-’ airde devotlon, qui— ſe voirdans tous les vi-ñ
” ſionnair—es , elle s’efi miſe à prêcher au mono,
”'dé par dis-huit ou Yilngr volumes d’écrits
”' qu’el‘le‘ a oufaitimprimer durant ſavie, ouï
”' læíflé à imprimer- aprés ſa mort.—-…Dans ces>
!:- Ounrages , outre les ventes chrétiennes , .Ge
" particuliéremenrde la Morale-.,U’qn’elle a
” habillées afie'r. heureuſement en quelques
” endroits, elle debite mille viſions parade-
"”Xes 6: mille-ſonges creuxeontre les Veritésñ
”' reçues/entre, les Théologicnsd M. .P, Au—z
î teur de'l’écrltdontió’s’agic, plusparfoiblei‘î
f _ſe dïeſprir _que par corruptiondccœllrzz .S’fſh
’ jette dans ce party.,- &s’en eſt rendu lc chef;
”‘ Onva voir de luy .t-rei'ie volumes ,z qui ,ï ſans;
"_' doute , expliqueront 6c pouſſeronr bien plus
” loin les-Myſiéres de ſæMalſhreflè- Il ſuffi-E
ra pour vous aprendre. que] _eſile caractére.
?:de _ees Meffieurs, de vous donner quelques
’ trans de leur‘Religion, *tirés du propre Serie
:a qu’on veus a envoyé. ~ .- l
'ï Premièrement, leur Secte, e’eſtden’m
~ point…
ſin' luv Arai: Cham-151”. rô'r
point avoir, 8c de n'en affecter aucune: re— ëcsetuv;
cevoir chez eux Papiſtes, Luthériens z Re- “
monſtrans , Reformés , Sociniens, Men— “
nonites , Anabaptiſtes; tout y eſt bien venu,
ſans qu'on l'es oblige à changer de ſentiment “
nidepratiqucs. ſi bon leur ſemble. Mais “
auflileur Religion , c'eſt de n'en pratiquer “
aucune extérieurement. Ils ne vbnt ni à u
Pre’che , ni à Meſſe: ils ne font exercice de “
Religion ni public ni particulier. Ils n'ont “
point d'aſſemblées comme les autres Sectes
entre les Chrétiens. Si leur caprice les con— “
duit, aujourdhuy ils iront à la Meſſe, de- “
mainils iront à l'Egliſe des Reformés: Mais ï‘
cela ne leur arrive peut-étre pas une fois en :ë
un an 5 ni méme une fois en toute leur vie : u
Carilsfont profeſſion d'avoir un ſouverain ‘
mépris Gt une parfaite indifférence pour les
exercices de piété , les regardans com
me des dehors , qui ne ſervent qu’autant “
que l'intention 8c la maniere dont on en uſe ça
pour rectifier le cœur 6e l'eſprit, les rend u
utiles, dr méme qui nuiſent beaucoup plus “
qu'ils ne ſervent, parce qu'ils tirent l'ame a,
hors d'elle méme. Je crois qu'ils ont beau
coup de rapport en cela avec les Sectateurs “
d'uDocteur Molini, qu'on appelle Æie’n'- œ
fl" ) ét qui font aſlez de bruit en Italie. Ils ce
médiſent des Paſteur-s avec exce’s, &t ſous u
une apparence de 'Léle il n'eſt rien qu’ils ne
diſent pour rendre odieux &t mépriſableôt “
le Miniſtere public, ôt ceux-— qui-l’exercent,
dans l'une &l'autre Religion. C'eſt ce que “1
l'on peut voir dans les ecrits de la Fondatri— *c
cea,
\
16a Critique A M
Marv.” ce , Antoinette de Bourignon. lls ne' tont—
pas méme d'exercices particuliers de devo
” tion dans leurs maiſons , au moins qui ſoient'
” viſibles. Car M.P. a luy méme faitſavoir
” au public , que chez Mademoiſelle de Bou—
,, rignon on ne faiſoit aucunes priéres dans le
,, domeſtique, ſice n'eſt à table, encore re—
marque-fil que cela ſe ſaiſoit à voix baſſe.
Ce n’eſt pas qu'ils ne permettentl’uſage des
” prieres à qui en veutfaire, comme ils per
” mettent d'aller au Préche ou à 1a Meſſe *in——
” différemment. Mais- l'es parfaits d'entr’eux
,, ne s'amuſent point à cela. Et l'un des
,, principes de M. P. c'eſt , que les déſirs, les-
priéres, les élevationsversDieu , 6E les mé
ditations , ſont entiérement contraires à.
” l’eſprit Liu—parfait Chriſtianiſme , &~ font op.
v poſition à la deſcente du S. Eſprit-&à lave;
” nue de la Grace. _Selon luy, le ſeul état
,f propre aattirer le S. Eſprit , y c'eſt celuy qu'il
,,l appelle d'inaction, par lequelñdansuue pri
vation de priéres ._ de déſirs, & de mouve
” mens, on ſelaiſſe tomber dausle-néant. Et'
” cet anéantifièmentd—etou‘tes les facultés . eſt.
'n- le ſacrifice agréable_ à Dieu qui fait de cen-v
,, dre le S.Eſprit. Ils ont_ perpctuellement à
,, la bouche ce mot ,s Siledns Creature ,t G' Domi.
H m” lay-Mur : $255 le: crû-mn: fi; raſer”, G‘
_ ue le Seigneur-parle ë Par oàils ſignifient non
” eulement qu on doit impoſer ſilence aus—
î paflions our écouter Dieu: ce qui eſt bien
”- vray: ais aufii qu'il faut fermer la porte à.
,z .tous les objets externes, & aſſoupir toutes
les facultés internes pour ſe procurer une—eſ
. 2 [Nicev
“ſarl” Avi: Clim-110171”. 163
péce d’exſtaſe, durant laquelle/Dieu parle “Sea rv.
au cœur immediatement dr par lu même. a
Voila une des viſions de cette Se e, dont u
vous voyez des traits répandus dans toute la ‘
lettre. Car c’eſt ce que ſignifientces humi
liatio‘ns, ces anÿantiſiemens, ces acte‘sin- “
ternes d'adhérence à Dieu , que l’on'vous “
:Sorte de faire. ~ . ü
Voicy un autre ſonge de ces eſprits mala- u
des ,qui ſe lit auſſi danscet ecrità la 4Êpage., z',
à; la ſeconde colonne. Da plus, dit-il, du
faut ſe [Em-venir gzr’ílefl dir dam I’E “agile que .,
saû'tercbaflrſmepoffiâle:attrayant—,quela fo _'—‘
Pratt-ſuſpecter ler montagne!,
Ji*: rozíjourr aut-bananier, qn’üwmrQ1425'. Chri *ſi*
flair fn’çfi-z “
Idmïvâtrefoj. De jàne que _ficeux çuiaflícícm ce
i? m' agiſſe” 4è la catch-:rim de_ L’Eue-mfiiem; ,5
le 01, WM": @Myſt-"meſa" a drm-ï. .fe-.M ,.
p ratific’edepr'mz La' elle mg _ Dieu,, cum
@Parole @farm-cab àfitÆ . ?Meme “‘
organiques": .-7 JJ' c’efi Là ump Agra' @ſui M
claire, ue je m doute' pr” www n'eut-'om- ë**
pren-“q ie” la jim-:a : e ut-il pas avoir: cz
l'eſprit bien gâtépour appeller cela une pen- d
ſéculaire P ,Je \n’en vais vous ?éclaircir a
L'un des dogmes de cette myſtérieuſe caba—
le?? e’sfluu’misinsllement-Disu avoit-créé “‘
l. flamme-maitre; de toutes choſes.; mais mni-,v fé
tre. de tout, au pied de la leitrezz en ſorte' a'
qu’il pouvoir., arréter le cours? du Soleil, re- “a
muet le globe de _l'ai terre , tranſporter les “
montagnes-&cu Et. l’iuflnimcm- Par lequel'— -.
ilſailbitcela, ou le pouyoitfaire r cîétoiïſü .,
f0!- ,C-.ST ñ :Fauſt-FWM ï!- .Grwnr a -ü-ngïlfiff‘j
. ., . . te
F54. Crin'qüe Je' M.
Sea-.1v. gure 6c ſans exception aucune. L’e‘tat de
perfection'oùjeſus Chriſt nous appelle ', c’efl
celuy-là , ſçavoir , celuy de foy z qu'rnous
>’ rend tout pofliblc. Tellement qu’aujout’
” dhuy pour renverſer l'ordre du monde,- vous
,, n’avez 'qu'à croire que vous le pouvez faire;
6e cela ſe fera. Car c'eſt préciſément dans
le ſens litéral qu'ils veulent qu'on préne ces
” paroles de Jeſus Chriſt: Si 'vom' aviez de [a
”fój auſſi gro: ,comme :ſi .un grain defemencíe‘de
v moutarde
;a , nom'
toy-en [amer, drrieqIeferait
'Ur/Ie 'd cette montagne z jette
vE1: ce n'était
5, pas un privilege des ApÔt-res: c’étoit pour
a, tous les fideles. Voila l’admírable penſée—
qu’on vous dit étre fi claire qu'il- eS/l impoſſible
que -vourn’en comprenne/z ldfidrce. ivous n'en'
v comprenez la-foree ,_ au moins en compren;
n drez vous Pac‘omrt‘todïté’. Car quand ilévous‘
,, plaira de croît-e que jeſus Chriſtſeſt' corpo-È
v tellement dàn‘s’vôtte
teau de vôtre chenet
cheminée, 8e dans'le man».
'cſie‘laîſé'feraà Et"
par là tänsfortir du coin -de-vôtre feu- , Tous?
” irez à la Meſſe? ,- & 'ehacunde vous par Ia‘foyi
uſe feraune conſécration & une, tranſſubr
Q‘ÃBDEÎRÜOB de tous les uten'ſilkes de jamai',
ſon_ >~ - ;3:- '2') ?zi-..gr :- .. '_ .u M.
Z" «'Dan’s -ſeï meme éerlt— Oui-trouvera” autre:
‘ ' viſion quilnéïïparóit eſn'eo‘re- plus- burleſque.
’í'- C’eſidans-la page‘ſlfiëme e‘n la# ſeconde co’ó‘
*ï lonne , au ſujet du Purgatoire. « Lorrqu’ît‘_
narrive qu'une-:me eſt d'ece’dè’e de cem 'vie dant
” l'amour-'de Dieu,~ aya” encore nunmoínr de:
,, impuretés-JF dès mm-tïarfethabímd'er en jb); le
“ſang ;le Teſt” CbTz'ſô-j‘ i'm Mgr-tee' de jeſus-Cléry?
—-- , un*
fl”- I” Avi: Charz'mbln. 1-165
?Wifi-mrc, qui 'vient ayre’: ſa mort dam- cem_ïcse&.i~v;
amepour lazmrifier, Dufour achever de la 1m- .u,
n'fler de tout pe’cbe‘, y mariant encore plus ou “x
main: de: rejîerïdu mal , iF- deſè: mauvaiſe: Imñ, ‘
blade-:U Lente: ..,- Ie: combat pour le: en chaf C
fer. Ce combat de [agnes parifldnte de _7e il: “
Cbnfl contre le _mal damune ame forrñfenfl le ,, “
laquelle-#ww nettoyer de rom-.Ier Teſte: du ye’èf‘ ſi '
abc', ncſèfizítpdt, Ünefepeut ſuivez-ſam *de “z
fraudes—;dr de Wir/e; daulmre. - Celzrn’e—fl-il pas*: “_
ieu ſingulier , que quand n-neame eſt \dpa-z
:ée de ſon corps , lez—Sang de Jeſus Chriſt s’y ~ “
fourre commedu làble àfourbir , pour écu— “
ner.cette-ame,'.ce qui luy cauſe devives dou- . “
leurs? Aſſurément Monſieur Pa_ ne _pouvoir -ï‘
mieux fäire pour exc‘iter‘la curioſité du pu— c5
vblilc: quede nous donner cet échantillon de ;5
ſes myſiéres . Cela vaudra auffiâuelque
choſe àíèîn Inïpjrimeu: : carje ſuisa_ urfé que ë‘
les curieux de …France voudront à quelque
prix queceſojr .voir—,un
cc‘tte’àdmiràblſie Syſteme complet .de u
Théologie. “ ’
Quoi qu'il en ſo’it, ce n'eſt pas ſans‘une ce
pavrticuliérèPrdvi‘dence-qüïil eſt arrivé, que “
dans un? “écrit—&ailleurs rrésäpmpre-à flarer “
les cœurs des Nicodé’mites, &l’Aureur'ſe ſoit
ouvert fuffiſämment pour ſe faire connaitre “
pour ce qu’zil eſt. .Apréscela, mes Frères, '_“
jugez quelle foy vous, devez avoir pour un u
hommeſquivous donne une idée de la pieré ;a
ſelon ,laquelle les-lí‘ra’eîlites _adorerçnt vle-M ‘"
Veau d’fltíèns crime , parce qu'ils le regaré
doiçxiſr comme Dieu: ſelon laquelle on peuç L.
âne Turc.] ..6c admet-méme des >chouxäf‘.
- . , ’ pourv
\66 Réponſe
5M- V.” pourvu-qu'on s'en ſerve de moyens pour—s'u
,, mr à Dieu &pour exciter ſon_ amour. ,Ces
,5 Meilleurs nousdemandent .qu'on les laiſſe

‘ c—n paix : Qu'ils nous. y laiſſent donc~ z de
qu'ilsne ſe mélent—point de, venir donner
” des avisànos Trqupeaux, -n'y .étant point
” appelleu- Detoutmon-oœurxj-'aurois voulu
»~ les laiſſer en repos : je n'aime pasv-àchagriſi
,.4 nerpenſonnét &je les kriſſeraydansleunre—
,,, traite fort paiſiblement-g- . pourvu. qu’ils-fia
_metten-tdans Slîétatídïùmäiou à nôtre'. rtf'

;auſſi bienquîàllégard' -de Dieu. -ÎMais s'ils'
” continuent à nousSrroublc-t . ladiſpure pour
'- roit-prendreuntour qui nerouieudroitpas: à:
»lambeaux-:ur: " a: ' '~ ':i. ornítí Ji
;a -Jq . - :ii—… .J'DÑJ :.oq mit.: :UL-i"
'rar' " 1 't' L"'Lî‘ſ’[)" F‘r'r-N‘ií‘ Hr'iLnÏſ.
à)

, ’ .-1.15 v,,

_ 'Re'Pàrt/?m fauffnfi ,aäft/iſſTË-r Je.


~‘ …IZÃWÊÎ-aríséïnu ñïz‘i ÏY’PXÇ‘PŸWÏ
. Uni-.M .SF-pls' ,PWM-s.;
t Tſh‘kQfl-Ê.WŒŒWÆL’WÀ‘CMÜËMŒ At—
a Xahyoxvëílaffie'tépbnïÿîSalma ’. :- ez:
ſt'gſunzziiîl‘tiï'- '_ 'r n,
4- T; -m‘u fait ?laJgrace-de
entraver/i - »con-dome avec quelque fondement'
IS* relu]
dcp-ix. - ~le *ſolide de :ſa—divine mérité ,- -j’ay ttoâjours
regardéave-ſpit: dediſpute &d‘eæonlroveflesf
ſur-le eul'teextétieur , ſixties cérémonies', 6e'
,les menues-opinions-desReligions; comme
~ uneproduæâion-duínémonï, @une mat—âne
r' in il:
à [4 Critique de .M, '167
infaillible de l'eſprit d’aveuglement, d’or—
Scction V.
gueilótde cruauté. Tousles hommes, 6:
vParticulièrement les Chrétiens , doivent
s'aimer comme *étant frères à enſans dc
Dieu par la création 6e par la Rèdemption ~:
Dc plus, comme ils naiſſent maintenant
en corruption , en tenebres ,flupi’dcs, groſ
fiers, ſéparésde Dieuôt de la ſource de la
vie , &-dansun-étac qui fait pitié à Dieu mé
me, la partie offénſeczcombicn plus c’c‘la
.doit—il faire -pitié "à quiconque n'eſt' pas-ou
bête ou démon .P Lors donc , que 'l'on voit
quelques -uns de ces miſérables lâcher de ſe
réciter de .cet ë depcrdition, ou’d’en reti
rerles autres , de ſe rapprocher de Dieux
Par-des moyens Exterieurs pro'porcionnésà
leur-foibleſiè , ne faut—il pas avoir l'eſprit
bien cruel :6E bien malin; ou extrêmement
aveugle ,pour—venir troubler -lâ deſſus _ces
pauvres créatures ,les venir chicanner ~ſur
\cecyâ firr cela , & leur faire mille 'peines 8c
mille ſcrupules , pour lesñ détacher de ces
moyens-là 6c lesattachxcrà
de damnation &autres
on ctd’idola’trie ſur peine'
?Nefaudroit—îl'_
pas plûtôt'ſc réiou'ír dc’voirque ces_ pauvres*
ames ont la volonté de 'ſortir' 'des 'liens du
Diable &de rechercher la'Grace de' "Dieu Gt*
lwieï! Et nc faudroif—il pas tâcher de "les aî
der en cela de tout ſon pouvoir par ces “meſ—
mes moyens qu’ils ont à la main,‘~ du par'
ceux 'domîquelques-uns ſont obligés 'dtr ſe
ſervirindiſpènfablemem, lors qu‘il ne leur
eſt s libre'd’en pratiquer d'autres? .p l
“ nmotif fi .pur &une maniere d'agir _ſi
c ari—
168 Rép-!uſé
charitable, ſi Chrétienne, &fiſolide; de
&mon V.
rameincr ainſi les ames à_ Dieu, peuvent-ils
en conſcience déplaiſe aus gens de bien de
de quelque party qu’ils puiſient être? doi
vent—ils méme déplaire aus ames raiſonna
blesàqui ont le lens commun? Je croiois
donc, qu'ayant écrit par ce charitable mo
tif, 6c l'ayant fait d’une manière ſiéquita
ble que de me donner de garde qu'en facili
tantcertains moyens à ceux qui n'ont pas la
liberté de \Je ſervir d'autres 3 je ne deſaprou
vaſſe point en méme temps ceux qui ſont en
état 6c en libîerté d’obſerver d'autres prati
ques; je croyois, dis-je , que fi l'on n’ap
prouvoitpas mon deſſein , du .moins on me
.laiſſerait en aix: Mais c'eſt) ce qui n’eſt
' pas arrivé. \de vray, mon_ eſperance en
étoitfort
,j’avois foible,
d'une dans dont
PÇrſonne la connaiſſance que
la gloire veſt d'é
tre un des eſprits les plus hargneux ô: l‘es'plus
contentieux de toute la terre. Je m'en dou—
toisfi bien, que pour m’en éclaircir je me
reſolusde perdre une partie de mon temps à
la lecturedes lettres qu'on appelle Paſta-ras
le: ,.\encommençantdés‘ la neuvième , qui_
parufenwixènletérnps de mon Ççritó—ôt je":
iióuvïayÿàlîonziëme q'uŸxnond/oute ne m’aſ-u
voit pàsſtr'ompé. Maisje fus bien fin‘pris lors
qu’ad‘lic‘u de raiſons qui vinſſent à propos
ſu’rl’aèhoſi: do'nti—ls’agiſſoit , 'je ne~ trou-lay
que des perſonnalités
~venoient auffl ,ſimalàtoutes
point 'Fauſſes
à \nôtre, 6c ;qui, '
ſujet
que‘les‘ Lettres Pa’florales à l'état préſentI
des Reforrnésde France. Ces bgnnes ames
ſont
-
à la Critique de M. ſitGp‘

ſont en peine ſur ce qu'elles pratiquent. Les_ seaion V;


meilleurs , bleſſent mortellement leurs con ~
ſciences, ou bien, ils ſe rendent miſérables.
leur vie durant, ſi-long-temps qu'ils n'ont
point d'inſtruction convenable àleur état.
M. J. pour les ſecourir convenablement à
cet état-là , croid faire merveille de leur en—
voyer de tempsà autre ces ſaintes babioles
de Lettre: Paſtorale-r, qui juſtement ne ſont
propres qu'à aggraver leurs difficultés 8c i
accabler leurs conſciences de remotsôt de
deſeſpoir parle moyen de ces fatras d'arri
cle: d’amiqm‘te‘ JJ' d'article: de contra-verſé
qu’onleur met dans la téte comme ſi de là
dépendoit leur ſalut 6c leur paix , &que Dieu.
leur duſt demander en ſon jugement, s'ils
ont bien ſçû leurs articlesd’antiquité Ô( leurs.
articles de controverſes ?Ne faut-il pas étrer
bien aveugle, &du nombre. de ces conſo/4*,
mm facheux dontl'Ecriture parle , pour a~.
gir de la ſorte , &t pour appeller cela une con—.
duite Paflorale , au méme temps qu'on s’em-ï.
Porte contre une innocente ~lettre qui con-,
tient les ſeuls remédesvetitables ,ét propres
aus maus des conſciences que l’on prétend
ſoulager!
II. Mais ce n'eſt pas ſans ſujet qu'on [uv Butdîflï
en veut. . Cette dangereuſe 1eme 4 Precife’mem '1'. '5'
un but oppoſe' au nôtre, dit M. j. Crayons
l'en puis qu'il le dit— Et ainſi, comme le but
de ma lettre eſt d'appaiſer les conſciences,
celuy de M.). ſera de les troubler: le but
de malettre eſt de faire qu’ontpratique ſans
ſoüiller ſon ame ce qu'loln pratique , Gt cehây
* e
! 7o R E P o N s E
Section' V. de M. J. de faire qu’on nc le pratique qu'en
péchant. Il y aplus. Les vérités de ma let— -
tre ren-verſent par le fondement toute la
machine de ces admirables Lettre: Paſtorale:
ä toutes ſes piéces d’artiele: d’ünnguitc’, JF
Æam‘cle: de comm-verſer. Car, ſelon la let
lettre d’avis , les ceremonies n’étaut bonnes
que par rapport àDicu , à étant routes bon
nes lors qu'elles y rameincnt , qu’importe ſi
hpremiére ou la ſeconde antiquité y a ap
porté quelque changement, &li les ſuivans
y en ont encore introduit quelques autres Z‘
quand bien méme dt à preſent , ô( deſormais,
on trouveroix .bon d’y faire d’autres varia
tions , tout cela ſeroit bon pourvü qu'il ra
meinaſt à la penſée amoureuſe de Dieu , ót à
l’humilité de cœur: Et ainſi , voila tous mes
article: d'ami uit-z' par terre. Pour les opi
mons , ſans e mettre en peine de celles des
autres, &c ſans ſe tourmentcr ſcrupuleuſe
ment ſin' leur ſtérile lpéculation , on n’a (ſe
lon la méme lettre , ) qu’à les embraſſer auſſi
,avant qu’on ſe ſent porté par elles à la crain—
ze de Dieu , àíbn amour , àla vertu , 6c à la
pratique du bien: Et par cela ſeul ,voilà tous
les article: de controverſe en fumée. Jugez de
là ſi Mr.). n’av‘oit pas raiſon de dire , Cette
.dangereufiz lemeaprc’ctſe'mem un but 0111M e' au
nôtre. Nou: 'vou/am 'vous reveiller, elle 'veut
'vous endormir. C’eſt qu’il veut reveiller les
ames à la conteſte »,aus diſſentions , aus que
relles , *à à routes ces diables de diſputes 6:
de controverſes qui comme la piquure des
queries des ſooryions dont ?Ecriture parle
pour
à Ia Critique de M Î- 'x7tſi
pour marquer les faux Docteurs , mettent 5cm,,- ſa
les ames en troubles , en amertume , en ini
mitié , en deſordres, en furie les unes con
tre lcsautres, &lesfont ainſi mourir de la
mort et-ernelle; au lieu que la lettre vou
droitles endormir àtous ces maux de l'En
ſer,de la méme maniere que l'Ecriture ditde
la vérité qu'elleeſt dans la bouche de ceux
qui la portent comme une parole d'enchan
tement qui endort les aſpics; mais à laquelle
les méchans , comme des ſerpe-ns ruſés,
bouchent l'oreille pour n'en étre pas etr
dormis. Juſques là M. J. a dit la vé
rité. . .
Ill. Maisiln’eſtpas vray que la lettre uit &FFM-'a
deſſein de perſuader que le: fizperflr'tiom ne "132?
puiſſent nuire. M. J. fait bien voir par là qu'il q '
ne ſçait-encore ce que c'eſt que ſuperſtition.
Une méme choſe peutétreôt ne pas étre ſu
perſtition ſelon le motifde ſon inſtitution 6c
l'uſageoul’abus qu'onenfait. 'Toute céré
momie qui eſt établie pour faire enſer a
rnoureuſement dr humblement à ieu, 6:
ui eſt pratiquée dans cet eſprit—là , n'eſt pas
' perſtition; -ôr toute cérémonie qui eſt éta
blie ou pratiquée hors de ce motif ô: de cet
ugepſtſuperflition. Orcelles de l'Egliſe Ro
-maine—-dontj'ay parlé, ſont établies par _ce
bon-principe; 6c j’ay fait voir que les eſprits
dociles 6c ſincères ñdes gens de bien peuvent
enfaire, 6t— en fonteneffet , un bon uſage.
.Je n’ay donc pas eu deſſein de juſtifier aucu
'ne ſuperſtition: au contraire, ie lesay ex
Preſté'mentblamées
' ſi enHplus
z d'un _endroitdes
en
'[7Ï 'REPONSE
élection V. deſaprouvant l’abus des choſes ſaintes. M.
J. reconnoit luy-méme un peu aprés , que
~ l'on veutperfuader que ce qu’il appelle ſauflè
'ment ſuperſtition peut ſer-vir paurrû qu’onen
faſſe des moyen: de t’um‘r à Dieu: Et c'eſt Ce
la qu’il met en oppoſition à ſon deſſein.
Qui l’auroit jamais crû , qu'un Theolo
gien, qu'un Paſteur. qu'un Chrétien, qu’une
créature raiſonnable , pût faire proſeffion
d'avoir des deſſeins oppoſés à celuy d'une
perſonne qui enſeigne que les choſes dont
on fait des moyens de s'unir à Dieu , ſont
bonnesôzutiles? En verité , je ſuis tout é—
pouvanté de lîénormité de ce terrible aveu—
glement- ~ -
comme IV. Puis que M. ]..tr0uve que-ma lettre
name” ~ -eſtfipréciſémentoppoſée à ſes deſſeins , il
cf! un poi
ion per nefaut pas s’étonner s’il la traitte de poiflm
dicleux dangereux à d’e’cn‘t pemicíeux. Il en a encore
ÔM-ſf. -une raiſon particuliere. C'eſt qu’il a publié
'un livre qu’il appellePreſeTz'anfl ôt que quel
quesuns de ſesAntagoniſtes ont appellé en
riant, du mitridate ou de l’antidote: à il 1e
trouve que ma lettre, ſans deſſein particu—
*li‘er pourtant, établit desprincipesqui ſont
évaporertoute la force de ce mitridate: 6c
par conſéquent', elle eſt un poiſon perni—
cieux.. Ladémonſhation cn eſt toute clai
re. Toute ch'oſe qui rend inutile 1a force du
preſervatifou de l’antidote,eſt un?mfm per
mafieux. Or la. lettre de queſtion fait cela
au preſervatifou à l’antidote de M. I. Ergo,
cette lettre eſt un poiſon pernicieux. Avec
;Wanda-pourtant, il y a quantité de per
ſonnes
à [4 Critique de Mr'. 1.73.
ſonnes qui ont de la piété & du bon ſens , qui Section V.
n’y trouvent rienque dettes—bon, de trés
édifiant , à de trés-ſalutaire: â de là on
prend ſujet de regarder M. J.. comme un
M edecin d’ames qui ne ſe connoit guéres en
poiſons ni en contre-poiſons, &a qui là’deflſiusè
pourroit bien donner à ſes malades quelques, ,
dangereux qui Pro quo. Déerier pour poi-
ſm un écrit qui en vérité n’a poiñntd’autre but_
que de meiner les ames à l'Amour de Dieu,
dz à l’imitation de Jeſus Chriſt par toutes
ſortes de moyens , à qui diſtingue fi exacte:
ment les eflentiels , auſquels ſeul's il faut*
é'tre attacher. s d'avec les acceſſoires, dont
on ne recommande que le bon uſagſie l ne iic
vroit-on pas étre honteux d'un jugement ſi
pervers, pourne pas dire ſi impie , par où
l’autheur nefait qu’attirer ſur ſa téte la male——
diction que Dieu dénonce par ſon Proféte à',
ceux qui appellent-le bien , mal ,~ 19' le malſhíen :
le: !eh-:Frei, lumic’rei i514 lumie’re,tc’ne’ârer 4*,
1e doux, amer; da l’amer, doux .' les ſemé-ï
des , poiſon; & le poiſon des nmédes 5l des
antidotes ?Si M. J. pouvoite’tre un moment,
hors de téne’bres &z de paflions , on' pourroit
1e défier d’oſer ſoûtenir , que quiconque
pratiqueroit ce qui eſt marqué dans cette let-
tre de la manie’re à dans .la diſpoſition d’eſ
pritôtde cœur qui y eſt recommandée, ne
ſoit pas en état de ſalut. Qn le défie de pſoñ_
poſierune autre voie comme néceſiàire au
1alut, que celle—là. On le défie encore de
trouver autre remede pour guérir les ames
de leurs pechez contre Bien 6c contre leurs
3 l Pſ0'
174 R E F o N s E
Sefiiou vV.
prochains, de leurs haines, de leurdiflen
tion 8c de leurs diſputes &t controverſes dia— î
boliques , qui les transforment à l'image du
Demon ; à pour les rameiner à l'amour Di
vínôt aus vertus Chrétienncs , qu’en tole
rant par charité 61 par douceur les ſentimens
- &les pratiques diférentesde ceux qui cher
chent de plaire à Dieu , ainſi qu'a fait ôt re
commandé Jeſus Chriſt même. Et où eſt
d'onc le prétendu poiſon de cet écrit? Où eſt
’ , ce qui ſeroit mourir une ame qui ptatique-‘
roit les choſes quej’y ay dites?
'Belle me V. N’attendons pas que M.). nous le
thode de vienne montrer. De peur qu'on ne voye
M. J que ce ſont de trés-bonnes choſes, il n'en
dira mot, ôt ſe donnera de garde d'attaquer ‘
mes raiſons. Ilne le peut, & il n’oſeroit(
Ce mſn-41744 , dlt-ll , enrefutdnr ler raífim; de
cet Auteur que nour vous deflrndronr contre luy.
Diriez-vous pas quej’ay attaqué ceux à qui '
i1 écrit, puis qu'il veut leur faire à croire
qu’il courtàleur défenſe contre moy .P La
verité eſt P ouñant 2 u’iln’ y arien dans mon‘
e’crit‘que pour leur ſoulagement :de que c'eſt
plûtôt luy méme qui eſt l’aggreſſeur de la.
paixô: de l’integrité de leurs conſciences,
auſſi bien que de ma perſonne 6e d’autres en—
core qu’il‘vaſaire profeffion de vouloir ca
lomnier , ſans qu’on air penſé à luy. Car que
veut—il dire avec ſon, je nc refuteraj Pmſer
mtflmr; mais je va vous le faire connaitre
d'une maniere quiffllffiſè zi ce qu'on ne luy
donne point de crc’ance , non plus qu’à ſes
principes que je ne veux pas refuter? N'eſt
ce
lt l'a Critique de M I7;
ce pas tout autant que s’ildiſoit , Sam mefim— Scétiowv.
crer d’auczme ratſàn, je m'en 'vary eſſayer a' 'vous'
le noircir da a' le rendre tellement ridicule , que
quiconque me 'voudra croire , la traitera comme'
on traite lerfimr , dont tm ne daigne e’coutcr ce
qu’ílr diſent. Voilà un paneau bien roflîéñ‘
rementtenduàſes Lecteurs! je ne çai s’ilç
y en aura d’affiez be’tes pour y donner 6c pour'
ajoûter ſoyàun homme qui fait profeffion
de s'engager à dire du mal de quelqu'un ſans
écouterſes raiſons. La belle declaration!
Le belexorde pour diſpoſer ſes Lecteurs à
croire ce qu'il va dire! Souvenons nous em
deſormais ; C'eſt en cecy ſeu-lement que
MJ. ,eſt croyable , dt qu’il‘ne manquera pas
dans la ſuite à nous tenir exactement parole ,
médiſantde qui il trouvera à propos ſans ſe
mettre en peine ni, de reſuter > ni de com»
prendre, nid’onïr méme les raiſonsqu’on
pourroitavoir. Celaeſtſivray, que JC prie
les Lecteurs d'obſerver que de toutes les
choſes qu’il va dire , il n’y en a aucune qui
ne ſoitfauſſe ou qu’il. n'ait mal compriſe;
toitqu’il ſe mêle de parler de nos ſentimens,
ſoit qu’il s’en préne à des perſonnalités.
Outre les fauſſetés qu’il. imputera/à ceux
qu'il luy plaira , il eſſayent encore de le: rendre
ridicule: par ſe: expnflimr burleſque”. Le:
Loncin-gen: n’en ujem pas ainſi. De que/que
Religion 8c party que l’onjbit, quando a de la
vertu , (8c de l’amour pour la m6,)
on la refivecte par !out , mc’me dan: ſer en*
nemir U* dam' les' ennemi: de ſa Religion.
C'eſtv ce qu'il diſoit autresſois à M-Maim—
Hdi. bourg
'176 RÉPONSE
Sea. V. bourg qui avoit parlé-d'une perſonne qu'il
eſtime, bien moins ſatyriquementôtmoins
burleſquement que Monſr.). ne vafaire de
M‘le- Bourignon 1 dont la vie n'a été qu'un
tiſlu de vertus; & qui loin d'étre ennemie
de la perſonne~de M.~J. ou de ſa Religion ,
étoit amie de tous les gens de bien dt de tout
ce qu ils font pour plaire à Dieu. Pour moy,
quoi que je n'aye tien qui l'oblige à ſentir
ou à parler avantageuſement de moy , je
crois luy avoir donné encore moins de ju
ſte ſujet de me traiter fi mal-honétement
qu’il va faire, 5c méme ſi hors de propos.
Mais cela viendra ad Tom pour le faire con
noitre luy méme, & pour luy faire ou'r'r
quelques unes de ſes verités un peu claire
ment, ſansbleſter la juſticeôrl'e’quité. .S'il
avoit ſeulement attaqué nos veritables ſen
timens, on ne s'en ſèroit pas choqué: on
les auroit ſimplement défendus contre ſes
raiſons. Mais de nous' attribuer publique
ment ô! avec inſulte je ne ſçay combien
d'extravagances, ô; memes d'impietés pu
niſſables, à toutes fauſſes ;_ ce ne ſera pas
luy rendre la vingtième partie de ce qu'il
mérite, que de les repouſſer avec quelques
reflexions ſirrluy méme , ſans pourtant luy ,
attribuer rien à faux.
'La Críliqtu
VI. je viens de ledire. 8: c'eſt une de
de M 1 m mes premieres remarques ſur ſon écrit, ~que
une/re à toute ſactritique qui ſe jette ſur des perſon
l'affaire
JM! rl .t'a
nalite’s, eſt entiérement hors du ſujet, 6c
.gie, du* M tout-à-fait impertinente- Car quand l’au—
ſert 73a le theur
faire nam-im !19: même.
À la Critique Je M 177
thcur de la lettre ſeroit un extravaguant, un v, Sea.
fou , un viſionnaire 6c un amy de viſionnai—
res , un efpriefaible , malade Ügätc's fi néan—
moins il n’a rien mêlé de ſes pretendues fo—
lies 8c viſions dans ſa lettre; mais ſeulement
des choſes ſolides à bonnes , les Lecteurs
en demeureront-là. Et \i— j’y ay dit la vérité ,
que leur importe-t'il que d’ailleurs on veüil
le les perſuader que je ſoisfouou-viſionnai—
re? Mais Mr.). prend trés-mal—ſesd‘e—ſſeins
&t ſes meſures pour cela. v Car à qui penſe—
t’il perſuader qu’on le doive croire lors qu'il
ſaitprofeffion de faire les portraits de ceux;
qu'il prend pour objets de ſa paſſion, 8:
dontiltemoigne qu’il v-eut parler preſente-4
ment à deſſein de les décrier.> Ignore-t’il
que toute la terre ne ſache qu’il n’y a perſona
ne à l’abry de ſes médiſances 'z ô: aæ’il--ouffl
blié combien defois on luy a reproché pu-v
bliquement _d'avoir imputé cent fauſſetës,
de fait à ceux qu'il entreprend? On ſçait ſi,
bien ce que vaut ſon témoignage en ces ſors,
tes de rencontres , qu'il ne ſeroit pas néçeſñ.
laire d'en faire voir la valeur par quantité,
(le-ſemblables fauſſetés qu’ilñ impute àMHC.
B. laquelle il vîa cher-cher &attaquer bien
plus hors du ſujet qu'il ne fait ma perſonne.
ais parce qu'il ne ſera -pas mauvmspour‘
pluſieurs raiſons ue l’oneonnoiſſe toûjours
mieuXl’Eſprit—de HJ., qui 'eſt ſiempreſſé
à faire connoitre les Eſprits des autres., 6c
qu'en voicy une occaſion qui~n3yc0ntribue~
tapas peu, je, ſuis d’avis de ne la pas laiſier
échapper. N’ímporte que le ſujeten ſou
H 5' une
178 REËONSE
Sea. V. une fille dont peut-étre quelques uns croi
royent qu’il ne vaut pas la peine de s'infor
mer. Quand ce ſeroit une Turque, il eſt—
certain , que ſi d'ailleurs elle avoit de la pro
bité, &qu'il ſe trouvaſt quelqu'un qui l'in
ſultaſt ſans raiſon, qui l'outrageaſt, qui luy
vouluſt imputer cent fauſſetés pour la rendre
haïſſable , & luy faire je ne ſçay combien
d’injuſtices z que c'en ſeroit aſiez pour faire
connoitre de-là à tout le monde le caractére
de cet aggreſleur—là. Et je penſe qu'en ce
cas nul ne trouveroit mauvais qu'on priſt en
main l'innocence de la perſonne inſultée , dt
qu'on tâchaſt de 1a mettre en ſon jour ôt
*d'en donner des preuves & des témoignages,
ne fnſt-ce que pour connoitre de-là l'eſprit
d’un homme qui n'eſt pas tantl'aggreſſeur
de quelques particuliers que celuy de tout le
monde. Au moins eſt-il certain que je ſuis
obligé à cela pour ma propre juſtification ,
ou plûtôt, pour celle de 1a verite' ſalutaire,
laquelle M.). a voulu décrier dans la lettre
des.Avis Charitables par la conſideration
d'une perſonne qu’il luy a plûd’entrepren
dre trés injurieuſement , &z qu’il avoit , ce
jèmble , depuis long temps ſurle coeur.
J'admire cependant ſa grande prudence'
à-choilir les occaſions_ propres àdecharger
ſon mal—talent. S'il avoit tant d'envie de
fiatyriíer Madlle. Bourignon de ſes amis , ne
devoit-il pas prendre un autre ſujet que ce
l-uy de la lettre des avis charitablesê Car,
aprés tout , quiconque fera la lecture de
cette lettre-là avec tant ſoit peu de ſens
< ñ 60m3
i Z4- C’Û’tíque de" 1'79
commun , jugera bien , que celuy qui l'a é~ Sect.- v.
crite, «Sr que ceux avec quiila conformité
de l'entimens, ne ſe mouchent pas tout à
faitdupied , & ne ſont pas des eſpritsſivi
ſionnaires, ſi-malades, ſigâtés, ſicapables
de tant de fauſſetés, d'impiétés & d'extra
vagances, qu'il le voudrait perſuader , &
que des ignorans ou des malins pourroient
l'avoir publié &le publier encore.
‘ VII. M.). prétend , à ce qu'il dit, de ſis" "FF
me faire connaitre- A la bonne heure ſi cela …,4 'mfm
peutcontribuer à l'avancement de la Vérité-ſm- Mz
&t à la confuſion du menſonge. je voudrois ""7"
en ce cas qu'il ſuſi fcrutateur de mon cœur,
à qu'avec moy il pûſi ledecouvrir à tout le
monde. On yverroit une impartialité, u
ne candeur à un amour ſi-droitêcſi-ſincérc;
Pour la vérité ſolide ,… divine &~ ſalutaire,
que je m’aſſur—e que les gens de bien ne pour
roient m'avoir pour ſuſpect. Carv j'aime la*—
Vetité , 6e l’ay toû’jours aimée dés ma jeu~’
neſſe autant que je l’ay connue. Pourſon:
amourje n’ay eu égard à Secte ni à Party , à
amis ni à ennemis, à emplois, à charges,
à gages, à liaiſons, à relations, à avanta
ges, à honneur ni—à deshonneur, và loüanges
ni àrailleries , àproſpé-rité nià perſecutions,
nià uoi que ce ſoit ,. pourvû ſeulement que
je puſſe trouver la divine Vérité , que j'ay
embraflée lors méme qu'elle m'a été cou—
traire,& dont je tiendray à bonheur les coups.
queje dois encore recevoir d'elle avant que
tout ce qui eſt corrompu dans moy ſoitre
dreſſé ſelon ſa rect—itude. _ Car je-me ſuis mis
_. ‘ H 6- ' ſom
!807 REPONSE
Sea . v. ſous ſa diſcipline, 6c j’eſpére qu'elle-11eme'
rejettera à ne m’abandonnera point depuis
qu’elle m'a fait la grace de ſe montrer tant
ſoit peu à moy. je luy ay offert en ſincérité
mon ame & ma vie pourjamais: elle aura
ſoin que le menſonge , la fiatterie, &la ſe
duéîtion ne trouvent point de place dans ma
bouche nidans mon cœur. Mefficu rs mes
Lecteurs , Pardonnez moy l’imprudence
que je commets à parler ainſi de moy. Ne
vous ſemble-t'il pas qu’elle ſoit pardonna
ble dans un cas oû l’on veut fonder ſur la
conſidération des diſpoſitions de ma perſon~
ne , la rejection & le mépris de la ſalutaire
ét édifiante vérité qu'il y a dans malettre,
ſi ô: de celle que je pourrois encore propoſer
deſormais?
VllI'. Et qu'a-t'on à dire de moy P Vour
_ſçaurez que ce n’ejZ point un de 'vos' Ancien: P4
fleur: qui-vou: e’crit ainfi. je ne ſçay à quoi
bon cela ſinon peut -étrc pour perſua
der ſourdement que c'eſt quelque jeune
étourdy de Néophyte qui ne doit point en
core avoir de voix en chapitre. Mais il me
ſemble pourtant qu’à quarante ans paſſez .
apres ſept de ſervice , ôt enſuite onze d’cm
ployés à rechercher plus que jamais la Veri
té ſalutaire , on a aſſez de caracteres pour
écrire une 1eme d’aoí: ſur les choſes dela
Religion , quand bien on aux-oit Tenonce‘à ce
luy de Paſteur, comme M.). dit que j’ay
ſait: ce qui eſt ſi peuvra-y , que non ſeule
mentj’ay en bonne forme le congé d'une E
gliie que le malheur des guerres di-ſſolvoit;
. .1. mais
à liC’rhig'ue de M. 18:
mais que des Princes memes les plus-pieux 8:8!- V;
m'ont fait l'honneur de m’écrire quelques
années depuis cela, 6c pluſieurs fois , pour
me faire continuer dans leur propre Cour
lesfonctions Paſtorales, que j’ay diſconti
n—uées ſans avoir pourtant renonce' au Caracte
re, duquel ſi je ne me pre’vaus pas beauc0up,ñ
moins encore le veux-je rejctter ou mépri
ſcr; au contraire , je l’eſtimeinfiniment, &c
ce n’a été que la conſideration de mon indi~
gnité , de mon indiſpoſition , du peu de fruit
& même de l'abus que j’ay remarqué que les
auditeurs faiſoient des choſes ſaintes, qui
me l'a faitdiſcontinuer , aprés avoir déplo
rémon imprudence à mon aveuglement à
m’engager tout ſoible &tout imparfait que
j'étois ( 6c que je ſuis encore,) dansune
chargefiſainte , 6: cn- méme tempsfi terri
bleôzſi péſante , que de ſe rendre reſpon
ſable des ames des hommes , qui à toute for—
ce veulent qu'on les flatte &qu'on leur ad
miniſtre les divins ſacrcmens, quoiqu’o’n
voye bien , qu’ils aiment le monde U le: choſe;
uiſam au monde, df que l'amour du Pere ne
Zn) par dam eux. Je ne pouv-ois reſiſierà
'cela ſans me les rendre ennemis , &z je ne
pouvois y condeſcendre ſans bleſſer ma eon—
ſcience. Mais aprés deux-ans de gemiffe
mens ſous ce grand poids, Dieu m'ayant
mis en liberté ainſi quej’ay dit , je me reſo—
lus enſuite de vaquer à moy méme a &de
m’approcher le plus prés qu’il me ſeroit-poſ
ſible des gens de bien 8c des plus ſaints que
je pourrois trouver, fuſſent-ils au. bout du
_ H 7 mon.4
X82 REPONSE
seôr. V. monde; C’ell pourquoi, quelques uns des
(a) Lalu divins (a) écrits de Mad…. Bourignon m'é
miete ne’e tant alors tombés par hazard entre les mains,
en Tene— dr mon cœur s’en trouvant de plus en plus
brcs , &le
Tombeau
dz enfiammédel’amour de la vérité divine,
dela Faul— &touché d'une maniére que je puis dire ſur—,
je Theo naturelle dt qu’il n’y avoit que Dieu ſeul qui)
logic.
pûl‘t opérer , je voulus voir ſi je ne trouve—
rois pasles moyens de parler à une ame ſi il
luminée de Dieu, laquelle étoit alors ca
_che'e depuis environ ſix ans que lesméchans—
la perſecutoient à cauſe des calomniesdias
boliques‘ & infernales dont les Scribes , D01
cteurs ôt Pharifiens de ce fiécle l’avoient
malignement noircie. j'eus le bonheur de
la rencontrer , dt de trouver dans elle ce que—
je n’avois point trouvé dansles grands Do—
cteurs de la terre. Et Dieu m’a fait par elle
de telles graces, que ſauray bien ſujet dc.
m'en rejouï—r à toute éternité , ſans me ſou
cier des railleries des hommes inſenſe’s , que
l’orgueil &t la malignité rendent aveugles
és œuvres magnifiques que le Seigneur opé
re & qu'il a opéré de touttemps par des in,
flrumens bas, abjects, chetifs 8c mépriſés
aus yeux du monde', mais précieux devant
-luy lors qu’ils ſont humbles , purs de cœurs,
de qu’ils luy ſont fidèles»
IX. Voila ce que M. ]. appelle burlefl
quement ſe jetter cmt-e le: bn” d’unefemme-,.
phraſe extremement digne de la gravité d'un
vieux Théologien qui fait profeſſion d’écri-—
re des Traitc’r de dévotion. Je feray inconti
nent. reflexion ſur la qualité dcſvlfimnaire
,.z'. s _ _ qu’il—
à 1d Critique de M. I 8;
qu'il luy donne , à ſurtouteslesautres cho- Sea, v,
ſesqu’il en dit: achevons premièrement ce
qu’il y a ſur le chapitre de ma perſonne..
qui, dit-i1, r’efljctte’dam cepartj par fliilllçſſi
ſe d'eſprit. Je n’ay trouvé pointde party au
prés d'elle ni de ſes amis , ſinon ſeulement
le deſſein de devenir ô: d'étre de veritables
Chrétiens , en pratiquant la Doctrine du
Sauveur chacun dans le party où il étoit, à'
la reſerve du mal, des partialités , des divi
ſions, animoſités (Sr des diſputes diaboliques ,
*qui font mourir les hommes à l'amour de
Dieu ôz du prochain. Je confeſſe que mon
eſprit eſt fortfoíbleà même malade U* gäte’ ſi
M.]- le veut: mais de la maniere qu'il vou
droitle perſuader, comme ſi je ne pouvois
diſpoſer de moy & de mes jugemens ſans
extravaganee , ceux qui me connoiflent
ſçavent que je n’ay jamais paſſé pourtel: 6c
le livre latin que je compoſay environ ce.
temps .là, peut temoigner ſi j’avois alors
en ce ſens l'eſprit ſi foible & ſi malade. . .
Mais c'eſt peu que cela. M. _. en va bien
dire d'autres. Il s’imaginequeje ſuis ,auſſi
bien que Madlle. Bourignon 61 ſes amis,
comme une piéce de cire entreſes mains,
&qu'il peut nous donner telle forme 6c nous ñ
faire paroitre ſous telle figure qu’il luy plai—
ra. Il va me faire chef de party, me faire'
autheur de treize volumes, va me donnen
une Maitreſſe, laquelle il qualifiera de vi—
ſionnaire, deſectaire, de précheuſe, d’a—
maſſeuſe de monde &z de Sociniens memes.
Iît cette pretendue-Secte'il la varendre ſans
Re
184- REPONSE'
SÇŒV Religion, mépriſant les exercices dc piété,
mediſant du Miniſtère public , le haïſſant
méme auſſi bien que les Paſteuts qui l'exer—
cent: il en va faire une troupe de gens qui
ne prient point Dieu a à qui méme tiennent
les priéres— pour contraires àla perfection du
Chriſtianiſme ét àla reception du S. Eſprit ,
une troupe enfin d’exſtaſiés à de gens à lo—
ger aus petites maiſons , pour ne pas dire à
punir par le bras de la Juſtice comme le me- ~
riteroient trés—bien des ennemis ét des Ca—
lomniateurs du Paſtorat & des Paſteurs , &a
de tels impies qu'il nous dépeint publique,,
ment, plûtôt(je le veux croired) par l'a—
veuglcment d'un faux Zéle, que par pure_
malice d'eſprit. Car je ne le crois- pas ſi
méchant que d'inventer & d'imputer ſçiemñ_
ment de telles ſauſſetés à des perſonnes qui.
en ſont innocentcs: mais lïennemy de ſon
ſalut luy a aveuglé les yeux ſur ce ſujet,
Pour ne pas voir qu'il fait mal d’imiter les
Phariſiens 6c les Doctcursd’autresfois, qui..
firent tourner le Sauveur en ridicule avec
une couronne d’épines ét un vieux manteau
délabré pour faire crier ſur luy,.Crucifie.
Car il en fait de méme à ſa divine véritéätà
l'innocence de ceux qui la ſont connoitre ,
la téte deſquels il veut—.charger de ſes pi
quantes épines &t de ſes gloſſes ôt conſé—
quences ridicules a pour faire crier ſur elle
crucífie les ignorans du peuple, qui s'imagi—
nent que des gensſi ſaints que M 1. ne.ſau~_
roient faire des tours de cette nature.
X. C'eſt àfaux ', qu'il me-ſait chefdeFat-(ii
à 14 Critique Je' M I 8'7
Ilvméſizre mes inclinations à l'aune—des ſien- Sect. vt'
nes. J’atteſtc celuy à qui rien n'eſt caché,
que depuis onze ans que j’ay ceſſé de pré—
cher , je n’ay pas eu un ſeul-diſciple , ni per
ſonne au monde qui ait eu relation av-ec moy
en qualité de diſciple, de dépendant, d'ap
prentiſ,de membre,de ſoumis, dont j'aie
été ou Maitre, ou Chef, ou Directeur,
ou tout ce qu‘ilvous plaira; &que mainte
nant je ſuis encore plus éloigné que jamais
dece deſir ô( de cet état. Ce ſont des fi—
&ions de M.). auffi bien que le nombre de
treize volumes qu’il me donne pour faire -
ſoy qu’il eſt ſort exact à dire la vérité en tou—
tes choſes, en petites comme en grandes.
De ces treize volumes je luy renvoye les fix
derniers comme étant de ſon crû, à le re
mercie de ſa liberalite’ âme donner une Mai-ë
treſſe dont je doive poufler le: Myflc’ver. Je
n’ay. point de Maitreſſe que laDivine Veri—
té. Celle-là eſt à ſera à jamais l’unique 6c
l’adorable Maitreſſe de mon cœur. C'eſt
elle ſeule queje cherche 6c queje conſidère
dans les inſtrumens dont il luy plait de ſe
ſervir, 6c non pas les inſirumens mêmes ,
qui hors de la Verité ne ſont rien , à moins
que rien. Que \iellevouloit que je pouſ- ,
faſſe ſes divins Myſtères plus loin que M. J.
&ſes ſemblables, il faudroit bien qu’ils le
priſſent en patience. En ce cas je la prierois—
ſeulement qu’elle purifiaſt 6E regiſt mon
cœur à ma plume , afin que je n’en publiaſ
ſe rien qui puſt de'figurer lestraits de ſon a
dorable beauté. Mr. J. qui n’en a pas once—.
re
186 REPONSE
Je!! V. re vû un ſeul rayon en ſa pureté, n’auroit
point de ſujet de s'en moquer, comme il
tait un peu plus bas de mes productions,
qu’il appelle par raillerie , une The'ologie ad
mirable. N'eſt-il pasluy mémeadmirable,
de vouloir juger d’une choſe qu’il n’a pas
encore vûe? ou bien croit-il que parce qu’il
eſt grand Théologien à ſes propres yeux , de
qu’il me regarde comme un petit compa
gnon, que la vérité ne ſe puiſſe trouver au
prés de moy aufiitot que chez luy .P ll pour-
toit bien s’y tromper; car Dieu ne la donne
pas comme une recompenſe de la grandeur
ou de l’eſiime que l’on a de ſoy méme ;mais
comme une recompenſe de la candeur 6l de
l’impartialité où l'on eſt , qualité ( au moins
cette derniére) dont M. J. eſt l’antipode..
Que s’il'vouloit y revenir , 6c dans cette diſ
poſition lire le sjfle’me de cette The’ologic ad;
minable, j’oſe dire franchement qu’il de-r
vroit avoüer qu’ily a peu dc pages où il n'ap
priſt quelque choſe de ſolide, dont il ne
ſçavoit pas encore ou la ſubſtance, ou la.
maniere de labien prouver; & qu’il verroit
la ſolution des difficultés qu'on a tenues juſ
qu’icy, luy auſiî bien que les autres, poun
entiérement inſurmontables. Ne puis-jo
pas dire ce mot hardy pour défendre la vé~,
rité d’une inſulte qu'on luy fait ſi inconfidé
rement 8c ſans la connoitre?
Repmfi: Mu X1. M. J. trouve mauvais que j’aye de
Îïlfllîïſ que l'eſtime pour Madlle. Bourignon quoi que
Mlle. B.
M 7 ſ‘ll
J"aye moins d'attachement pour elle qu’il
n'en a pour ſon Calvin , ou que pluſieurs de—
ſes.
à [oz Critique de M. 187
ſes-auditeurs n’en ont pour luy, dont ils re- Scſi. v:
çoivent toutes les paroles, 8e méme toutes
ltsvifions, comme des oracles, ſans autre
dilſcuffion. Au lieu que pour moy, je n’ay
enviſagé par tout que la Sageſſe 8c la Verité
de Dieu,- & il m'a toûjours été indifférent
par quel moyen Dieu -me l'ait voulu faire
counoitre , ſi par un homme ou par une
femme, par un docte ou par un indocte,
parun Catholique , par un Calviniſte, pac
un Lutherien , ou méme par un Juif ou par
un Payen.: ce m'eſt tout un, pourvû qu'il ait
laverité, dt auffi avant qu'il l'aura: mais
Pas d'avantage. Si Dieu veut me' la faire
VOll‘ par une femme , à la bonne heure, le
leveux auffi; ô: je m'en approcheray non à
tauſe de l'organe dont Dieu ſe ſert; mais
a cauſe de la vérité qu’il communique par là.
On ne s'approche pas d'une fontaine à cauſe
d'un canal de bois ou de plomb , ou d'autre
matière plus ou moins vile,- mais à cauſe
dFs_ eaux pures qu'il répand ; à il ſerolt
nd1cule d'inſulter à une perſonne ſenſée qui
vaàlafontaine , comme ſi elle y alloitpar
attachement à un canal de bois , ôt là deſſus.
la_tourner en ridicule comme faiſant ſon
P‘rlncipalôtſa maitreſſe de ce moyen maté
nel. C'eſt pourtant l'admirable procédé_
de M- J- à mon ſujet.
.Il eſt vray qu'il prétend que ce canal ne
rePïlnd pas des eaux pures. Il n’oſeroit di
ſe, comme de mon écrit, qu'elles ſont
Ëmpoiſonnées: Cela n'a pas réüffi à quanti
tede Calomniateurs qui ont voulu accuſer
Madllïñ
188 REP’ON'SE‘
scaionvMadlle. B. d’hétérodoxie. Pour luy,il ne
l’accuſe que d'avance des Paradoxer, des
'vi/l'om, &des ſonger. ncore doit-i1 recon~
noitre qu'en quelque: endroit: elle a aſſez heu
Teufimcm traite' le: 've’ritz’r Clzre’tienner , dp*
?mieu/derme… celle: dé la morale. M. J. n'a
preſque rien lû de ſes écrits , 6c il y entend.
encore moins, ne .les regardant qu’au tra—
vers des lunettes gâtées de ſa partialité. Ce
pendant ,il prétend juger univerlellement 6:
ſouverainement d'eux,de l'eſprit de l'auteur,
dt de ſa conduite , qui pourtant luy ſont des
énigmes. lime faudroitfaire un livre plus
gros queles deux tomes de l'Eſprit de Mr.
_ Arnaud ſije devoisinſiſter ſur toutes les be—
vûes (pour ne rien dire de pis,) où il eſt tom
bé, de luy faire toutes les reparties mor
tifiantes qu’il mérite z mais le deflein
~ qu'on a d’e’tre court , luy en ſauvera'la
' plus-part. z
5"” ‘“'~* XII. Je ne m’e’tonnerois pas qu'un autre
,MMM que M.J.accuſaſt Mlle. B. de debiter mille
F!- 'viſíomparadoxer dfi'mille ſonge: creux : Il y a
longtemps que S. Paul adit , l'homme animal
da charnel ne compvendpar 1er choſe: de l'Eſprit
de Dieu ñ' elle: It/yfimt folie :i1 ne peut le: com
4 prendre. Mais que luy , luy , qui ſçait bien
qu’il pafle par tout pour un des plus grands
Viſionnaires de l'Europe , ôſe faire ,à d'au
tres de ces ſortes de reproches , c'eſt comme
1e Charbonnier qui appelloit le meuſnier,
noir. Un temps étoit que M. J.ne vouloir
pas entendre parler de reve’lations, d'inſpira
tions , devifions 3 6c dans ſon paralelle du
. , Cal:
à 'la Crítíqäe de M l 89
Calvíniſme &du Papiſmedl a un chapitre en— Scene-n v.
tier (le 6.) où il ſe vante d'étre luy & ſes
ſemblables , hors de la peine de diſcerner
les inſpirations à les viſions véritables d'a—
vec les fauſſes , parce que , comme un autre
Alexandre ,il tranche tout net ce nœud gor—
dien , à les rejette toutes ſans examen , juſ—
qu'à renvoyer a' la [Jurgation , a la ſaxgne'e da'
au: Medecins quiconque parleroit d'en avoir
eues , quelguefage Uſain: qu’ílfln't d'ailleur: ;
juſqu'à s'écrier par dériſion au ſujet de quel
ques—uns , Vi-ve le: inffiire’r l Mais mainte
nant, la carte eſt bien c angée. Depuis qu'il
s'eſt mis en téte de donnerau public deux vo
lumeside ſes viſionsà de ſes ſonges ſur l'A—
pocalypſe, tout ce qui favoriſe ſa partialité
6: ſa Secte , luy eſt devenu revélation, inſpi
ration divine, viſion miraculeuſe. En quoi il
a cent fois fait pis que ce qu'il oſe me repro
cher , d'avoir ſuivi une femme viſionnaire :
Car il adonné luy-méme à corps perdu dans
les viſions d'une _fille , ,dans celles d'un arti
ſan , 6c de je' ne ſçay combiend’autres , ſans
rien dire dune infinité qui ſont dc ſon propre
crû. Cbrrflina Poniatovz‘a luya paru inſpirée,
Gt inſpirée deux anne’er durant xi miracle: auſſi
grand: qu'il enfin: arrioe’depuír ler Apôtrer , ds:
(je cite ſespropres termes,) il ne trou-ve rien
dan; la aie derplur grand: Prop/:ete: cle-plu: mr'
Taculeux que ce qui eſt arri'vz’a' cette fille. Cot—
terus luy eſt devenu un Prop/;c'tegrand dama
gnifiquqôlil tieutfiue les-,images deſc: vrsroNs
ont Mnrde Majefle JF tam de nobleſſe , que cel'
,lesder ancient, Prop/acier n'en amp-u davamaLge. y
. QS
ë
190 REPONSE
'Semen V. Les (Vrai/ion: de Drabicius , qu'il qualifie de
Prop/:c'te , luy paroiſſent avoir auffi leur gran
dear. ïaſeph Medde luy a paru INSPI RE'.
Mais tout cela eſt peu au prix de luy , qui eſt
auffi inſpiré à ſes propres yeux , 6c qui nous
debite ſur ce pied-là mille viſions bourrues.
Il a conſultée-em Ù'ccmfois la vc’rite’ Eternal/e ,
i9' enfin elle lu) a Te'pondu ; au moin: il le :raid ,
-dit-il. Et que luy a-t-eile inſpiré? Elle luy
-a inſpiré'cette penſée burleſque, que le Pa
pe de Rome eſt l’Antechriſt , 'lequel il ſeroit
beaucoup mieux de chercher dans ſon pro
pre cœur 8c dans le cœur de tous ceux qui ſc
\diſans Chrétiens , ne ſont pas conduits par
l'Eſprit de J… Chriſt , fuflènt—ils Papes ou
non-Papes , Romains ou Reformés. Eile
luy ainſpiré 3 que quand la Chrétienté cor
rompue , la Grande Ville , ſe diviſera en troisJ
eelaſignific une tranſſubſiamiaæion de deux
parties de Babilone—en deux Jéruſalem , qui
aprés leur diviſion ne ſeront ,plusdeméme
nature que 1e tout; parce que ſa partialiré
ne luy permet pas‘de conſidérer ſa Secte 6e
celle de Pau-tre part-y, comme des parties
de la Babilorme de confuſion ou—llEſprit de
xl’Antechriſt domine; maisoù neanmoins il
?y a encon: , *aufli bien que dans le premier
Party, des ames qui appartiennentàDieu,
- ôr qui
(*) Je neprercm pasiugcr ſi c'eſt à dxoit ou d tord
-qu’il 1-: penſeainſi : encore moins veus-je me rendre juge
»de ces perſonnes ou de leurs viſions, que je laiſſe pour ce
qu'elles valent : mais il me ſuffit de faire tema :que: dam
M. J. beaucoup davanlafc que ce qu'il reprend dant
_.mpy; &que quandilcfl "humeulu il trouve un mer
'vcmcux gout aus viſions &ë auainſpmrions.
_ à Ik Critique de Mr. 19 t
&qui ſont ſon peuple. Elle luy a inſpiré que SC &VH V.
d’icy à deux ans à demy, ou environ, le Roy
de France deviendra inſp'iré , que toute la
Cour deviendra inſpirée , que les Parlemens
deviendront inſpirés , que la meilleure par
tie dela nobleſſeà du tiers état deviendont
inſpirés, tous à ſe faire Calviniſtes , & qu’ils
envoyeront des ambaſſades à M. J. 6c à ſes
Confréres pour faire monter le Calviniſme
ſur le Thrône. Penſez que ſelon luy les au—
tres Reformés deviendront auſſi inſpirez , 8e
que luy, qui eſi le point ſaillant de ces inſpi
rations , y aura ſa bonne part. Vive ler inſpi
Tez ! Qu‘il y aura de plaiſir à aller oui'r M. J.
précherà pleine téte en inſpiré dans Notre
Dame de Paris ſes Préjugés légitimes ontre
le Papiſme! Or ça , de bonne foy, n faut—
il pas (pour me ſervit de ſes termes) avoir
l'eſprit bien malade 8c bien gärc’pour en venir
là? dt ſon propre conſeil , de ſe faire [MY-@r
à jurger, &r d'aller au Medeein , ne'vien
droit-il pas icy le plus à propos du monde?
Aprés cela, ne faut-il pas étre bien aveu
lé pour Ôſer traiter de viſionnaires, des per
nnes qui ne ſe ſon-t jamais fondées ſur au
cune viſion , Gt qui n'en ont jamais recom—
mandé aucune , quoi qu'elles ayent eu l’eſ
prit de diſcernement pour diſtinguer les vé
ritables d'avec les fauſſes; au lieu que Mr. J.
n'en admet pour la plus-part que de bour
rues , ô: ſe moque des véritables a comme de
eellesdes Saints Peres des deſerts , de S. Je
rome , des laintes Hildegarde , Gertrude,
Brigitte . Teréſe , dt d'autres trés-ſaintes
ames ,
192 Rar-o N s-ÎE
sestion v. ames, dont les viſions , les revélarions la
doctrine 6c la vie ont indubitablement les
caractères du bon Eſprit de Dieu. Mais el
les ne favoriſent point la partialité de Mr. J .
C’en eſt aſſez. Elles ſont viſionnaires.
Si Madll-s. Bourignon l'avoit favoriſé , el
le auroit été pour luy une Ptopheteſie du
plus haut étage, & ſa 'vie luy auroit parû
encore bien au de—là de celle de ſa Prophe
teſſe Poniatovie plu: miraculeuſe que celles
de: Prophe’ter. Mais comme elle ne s'attache
qu'à l'eſſentieldu Chriſtianiſme, (Sr qu'elle
deíaprouvetout ce qui regarde lïeſprit de
Sectes, de diſputesôr de partialitésp; voila
pour M. J. des marques de l'eſprit de rez-raba
n‘an plus qu'il ,n'en faut.
vSm- PM”— XIII. On ne le pourroit pas moins pouſ
ſ‘m'î". ſer ſur le Paradaxiſme qu'il oſe re rocher à
TIM** Mlle. B. pendant que luy mémeygſt enfon
ce’ Juſqu'à un tel point, qu'à peine y a-t-il
un liat de Théologie ſur quoi il n'ait une
opinion paradoxe. De fraîche datte même
il s'eſt entété d'un plan general &d'un Sy—
ſiéme de Théologie tout, aradoxe ; dz ce
plan , il l'a emprunté du ÊhMalcbranche,
aprés l'avoir traité vingtfois de viſionnaire.
Encore vabien qu'il n'a oſé accuſer Mlle.
Bourignon que dc paradoxiſme ,- On ſçait
que le paradoxe demeure dans le genre des
opinions problématiques , dontla diverſité
ne bleſſe pasl'orthodoxie, 6c ſur ;leſquelles
àpeiney a-t-'il deux Théologiens d'accord
en quoi que ce-ſoit. Pourquoi donc nous
vient-il conter que les opinions paradoxes
‘ de
à la Critique de M. 7. 193"
de Mlle, B. ſont comraírer aux -ve’riee’r reçue: Section V
emre Ier T/aeologiem ? Hé , accordez vous
premiére-ment entre vous ſur toutes ces ſor
tes de verités problématiques , pour leſquel—
les vous vous mordez méme , dt vous entre
mangezóz diviſez en Sectes les uns les au—
tres: ôtez premierement ces poutres de vos
yeux ,~ & puis vous penſerez à accuſer les
autres de paradoxie ſur ce qu'ils ne s'accor—
dent pas avec vous.
Les mille Paradoxe: que Mr. J. attribue à
Mlle. B. reviennentàrrois capitaux , I. ſur
lacréation du monde, qu'elle dit avoir été
faite en état de gloire, ainſi qu’il ſera unjour
retably; 2. ſurla production deJeſus Chriſt.
qu'elle dit avoir paru à Adam , à Moïſe , 6c
ausautres SS. Prophétes dans un corps qu'il
avoit tiré d'Adam: .à ſur la fin à le Reta—
blíſſement du Monti* . ll n'y a point de . ~. l
héologien quin’ait ſur ces trois chapitres 7M-- ñ
des opinions beaucoup plus étranges que
tout ce qu'on pourroit appeller Paradoxe.
Pour le premier, le (a) Syſtéme de nouvelle (a) Voyez
adoption de M. J. eſt pur paradoxe , pour ne ſoulagem
pas dire pure fauſſeté : Pourle ſecond', ceux 1"
quidiſent que c’étoit un Ange crééïqui-pa» ag, ;ſq
roiſſoit à qui parloir 'à Moiſe , n'ont pas'gcc
ſeulement une opinion paradoxe, mais eX-
preſſe’ment contraireàl’Ecriture, qui nous
repreſente cet Ange comme diſant , ~~_‘7e fuir v
l'Eternel le Dieu d'Abraham d d’Ifaac, da' de
?arab : 8c méme elle eſt pernicieuſe, comme
donnant priſe aux Sociniens pour énerver
l'Ecriture—ſans repartie :Ëït pour ceux quíi;di~
~ . ent
1.94, REPONSE
Scale-YY.. ſent-quec’étoit Dieu—méme . s’ils ne recon-
noiſſcnx qu’il avoit dés lors un propre corps ,
ils ſe rendent ridicules à vouloir expliquer la
.viſion où Moïſe le vit par derrière (St ſur rou
che de ſa main , mais ſans voir ſon viſage;
6c quantité d’autres 3 ſur quoi l’on deflie M.
J à tous lesThéologiens, de dire quelque
choſe de ſenſé que par les principes de
Madlle-.B commejel’ay fait voir plus am
plement (a) dans mou SyſtémeR-;tie le der_
(ï) Tom
1v. p.368
uier article capital que regarde la tin à le
6re. Renouvellement du Monde , de quoi M.).
a publié un Accompliſſemcm des Prophe
ties qu'il n’ignore pas étre tout plein de Pa
radoxie depuis le commencemeuciulqu’à la
fin. '
Caractere XIY. Maisvo'ypns un peu les vrais çara—
Aufemi &etes; de ces ſortes d'opinions problémati
mcm parei ques—qu'a.- Madue., B. , leſquels M. 1. auroit
:alien dl
M lle. B. mieux faicde rapporter que de leur donner
la qualité des ſiennes, de flmger creux. Le.
' premiueffi , que non ſeulement elles ſont
Coliſeum-:rs— à PEE-rieure , ,mais qu'elles _en
exPlziqzwrit-mille 6L mille paſſages z, 5l nent le
3 Syfléme des-@WWW Dieu, d’uue manie;
r6_ à-WOÎ &l'en n'a pû encore atçejndre. Qui—
cgnque lira ;Sr-comprendra mon .Syfiéme de
lÎOgcWmicDù-'hæ ~, en ſera-?en tiverement con
vaincu, Leſqcond. qfue l'onde recommam
de pas’ces ſemimens—là m comme, néceſſai*
.nes , ni à. toux,- maiscpmme accefloires- 6c
ppuvmr—-ſervir à quelques uns à leur
.faire admirer-6c aimerDieuñdan—s ſes merveil—
* 15,6; rnépriſervles baœſſçs .de ce monde—
J… .i troi
L'a Id Critique de M. ?Di
mnji'ſime z que tous ces ſentimens acceſſoi— Sem” FU,
res ne ſont pas la centième, pas même la
milliéme .partie -des choſes que MU‘ZBOH*
rignon propoſe, 6: qui ſont inconteſtable
mentneeeflaires, ſolides, divines à effica
ees. Le quatrie’me eſt , qu’elle a dit 6c écrit
centfois, qu'on pouvoit -ne les pas croire ,
qu’on n’en ſeroit pour cela ni ,plus ni moine
agréable à Dieu.: que méme on devoir s’a-b— z
\lcnirde les rechercher par un &Mt dc cu
rioſité; que cela n'eut-;endroit alors que
diſtraction, que préſomption à qu’orgueil
de cœur: qu’il falloitles kiffer là- pour étu
dier uniquement) E -s U s CH R 'LS T cruci
fié., ſon imitation , de le renoncement à ſoy
même , ſans quoi le diable ét le péché ſe m6
[croient partout. Elle a ſur ce pied-!MM
àplufieurs , ſouvent méme avec col-éme,, de
s’expliquer‘ d'avantage ſur ces ſortes-:ic cho
ſes, leur diſant , A quoi &on 'vous dlflrairc I’c—
jim? inutilement , J9' laiſſer !à .leprincipal ? I4—
Cbqde renoncer â z-aur-me’mer JF d’tmitcr 7…'
Cbnfl ; ù' alor: 'vourfiſ-aurezſ :ln-jour ce qu'il efi
decerchaſes: fino” z ww Wu: en priver-zz* de!
Wur 'vom dan-_notez par -vâerze curiofikz’ du' P”
'amyrefimpu’m ſon nem’enpmlepln: Sub'
gu’onfemnflælí ,W neceſſaire, d !Tuni—
?neck-oſefondamentale, à) E s—U s C H n 1- s '1',
cR‘ ,U CL* F I E’ ,htm- duquel s. Pau! ne 'voulait
Ticïfçmir. Qu’en dires vous P Eli-ce là
Penſer à parler en viſionnaire 6E en eſprit;
malade 6c gâté P 11m3”.
XV. M. J. a reproché cent fois à MEZIL'—
Maimbourg d’avoxir ſupprimé .toutes les Emi_
1 2- C 0-311”.
'196 REPONSE
Tëfiion V. choſes dontil pouvoir tirer quelque avanta
ge , d’en avoir perverry cent autres , & d'a
voir avancé du ſien je ne ſçay combien de
fauſſetés. Mais il en fait à proportion cent
fois pis que luy dans cette petite méchante
paſquinade qu’il aoſé publier pour diffamer
ee qui (contre ſes ſentimens emportés) eſt la
vérité à l'innocence méme. S'il veut….
comme il dit , apprend-rca ſes gens que! eſt le
caracte’re de ce: perſonne: , pourquoi ne pas di
r‘e unv mot de—ce …en quoi-ils ſont conſiſter
L'eſſentiel , 8: même le tout , de leur doctri
ne P’ Pourquoi ne parler que de la milliéme
partie de quelques ſentimens-acceſſoires?
Pourquoi habiller le bienqu’ilne peut en
nier, àlaburleſqueí'? &pourquoi yajoûrer
du ſien tant-defauíſetésë labelle methode,
s’illaiuit envers tous!! Il falloir dire ici,
que l’eſſentiel de la Doctrine de Madlle. .B.
ou ce qui 'forme , lelon elle , .le—véritable
Chrétien, &~ qui le diſlinguedu faux , re
vient à ces quatres_ articles , .1. Rÿflïflœr diſai
mt’me, ,2.. Pvierſamñceſſe , 3..Aimer Dieu, 4. da'
[mixer 7e ur Chi-:flamm- Mime-e ,Jeux do" lau
milire’; que c’eül‘à’ l-U’NIQ E cHo SE
qu'elle' recommande par tout. ñIl falloir_ par
ler de ſes opinions acceſſoires ainſi que je
viens de faire ; & dire ., que ſi elle a eu quel
ques apparitions qu'elle añcrues divines , elle
ne les a jamais recommandé à 'perſonne ,'ni
7re u qu’avec lesprécautions qu’on voit dans
ſa ie , & que tous les Myfliques recom
mandent comme des moyens infaillibles de
ncs’y méprendre pas. -Si l'on vouloir par.
~ --' \16.111
a la Critique de M 197
ticulariſer quelcune de ſes penſées, l'on pou- Section V.
voirdire, qu'elleaannoncé au Monde de
la part dc Dieu , Que tous les hommes ont
maintenant abandonné Dieu pour ne plus
s'aimer qu'eux-mémes, leurs intérets , &r
les choſes de la terre. Qu’ils ſont attache:
judaïquement,aveuglément, &par amour
propreàleursceremonies, à leur Chriſtia
niſme extérieur , à des opinions ſtériles , qui
ne peuvent ſauver perſonne , dt à des con—
tr’overſes dt diſputes diaboliques, qui ren:
dent leurs ames diaboliques, , pleines de
haine, de rages , de meurtres , pendant
qu’ils ont abandonné l'Eſprit dr la Vie de Je
ſusChriſt .1 6c ſont devenus véritablement
Anti—Chrétiens. Que les plus ſçavans ſont
les plus méchans dt les plus perdus, de toute
labande; que ce ſont eux qui _ſeduiſent le
monde , à qu’ils ſont la ſource de toutes ſor
tes de maux Que néanmoinsil y en a en—
core par tout &t en tous états quelques bons ,
leſquels Dieu veut ſecourir par ſes lumières,
de peut qu’ils ne périſſent dans leur aveu?
glementr Que ſi les Chrétiens d’aujourduy
ne ſe convertiſſeur à Dieu en reprenant la
vie des Chrétiens de l'Egliſe primitive, Dien
va les exterminer par ſes derniers jugemens
en quelque ſecte &t party qu'ils ſoyent : mais
qu'il preſervera ceux d’entr’eux qui renon
çant à eux mémes 6e au monde,s’abandonne~
ront à l'Eſprit du Seigneur J E SU s , pour
vivre en Charité , en humilité , en ſainteté ,
enjuſtice , en paix , &r pour ſervir 6c adorer
Dieu en Eſprit, en vfrité, dc par la pratique
3
r 9,8 R E P o -N s E .
!ef-lion v. detoutes ſortes de vertus, en ne plus pen
íànt 6c ne plus donnant leurs affections
qu'ans choſes qui ſont en haut, à point à
celles quiſontſurla terre; Et que pendant
qu’il exterminera tout le reſte , ceux-cy de
meureront ſur la terre , à y renouvelle
ront le veritable Chriſtianiſme ainſi qu'il é
toit du temps des Apôtres. Voila , voila;
des choſes utiles à ſolides, à bien autres
que ees-niaiſeries de M. ].,que dans deux ou
trois ans le Roy de France ou ſon Succeſſeur
ſera inſpiré à ſe faire Calviniſte ô! àre’tablir la
Secte de Calvin dans tout ſon Royaume; dt
BIC cela ſera,leRétabliſſement de l‘Egliſe de
leu dont lesProphétes ont tant parlé. Ya
t'il perſonne à qui ces fadaiſes ne faſſent mal
au coeur P
Dr: Liam- ’. XVI. M. Jine pouvant nier que les écrits
Je' Mel-III!, de Mïk. B- nercſpirent'ôt n'inſpircnt la pié
Bom-gm”,
té laplus pure , à ne ſoient capables d'en
flammer dans l'amour de Dieu les ames les
plus glacées, s’aviſe de tourner ce bien en
ridicule, de d'appeller cela, avoir un grand
dir de cie-vation qui ſe 'voit'dam tour ler 'vi/ion
”airex. Voila comment M. ). pour ſatis
faire ſes paſiions eſt preſt tantôt à faire l'élo
ge, tantôt à inſpirer du mépris, pour la.
dévotion. Lors qu'il s'agitde luy méme , dt
qu'il veutfaire croire au monde qu’il en a
beaucoup, il nous écrit des Traite/s deDevo
ſition, oû il la recommande à tous, ſans que
pourtant il y paroiſſe rien que de l'affectation
étudiée 8c des mots choifisôz examinés par les.
connoiſſeurs : mais quand il voit la dévotion
vivang
* à la Critíquede M. 7. @9
'vivante à cn ſa naïveté dans les gens de' bien Sea-m v,
qu’il mc’priſe,il la fait alors paſſer pour un ca.
Tactere de viiionnaires. Belle égalité dejuge
ment! Au reſte, les Lecteurs ne doivent pas
‘s’effrayer du nombre des Livres de Mï‘ï‘. B.
queM. J.met peut être icy à ce deſſein-là.
lls ne ſont pas écrits afin que chaque perſon—
-neleslil‘e tous: mais afin que les perſonnes
'de différentes diſpoſitions en choiſiſſent di
'verſement , ccluy-cy 2 un; 61 celuy-là, un
:une , ſelon qu’on eſt plus ou moins touché
par de différentes matieres. Ceux qui ſont
'le plus61 touchez
ſſtales par ala peuvent
de la Vertu lecture des
lirechoſes mo—
les Traite?
dela Solide Venu, oules Avi: Ü‘ Inſtructions'
ſalutaire: z ou la Lumie’re ne'e en Tc'ne’óre.”
Ceux qui ſont touchés par la conſidération—
des merveilles de Dieu , trouveront le Nou—
jveau Ciel df la Nou-t'elle Terre , l'Etaile du M4
n'n. Ceux qui veulentavoir l'idée de l’Eiſen
tiel du Chriſtianiſme , verront , le Renou
fvellemem de l'Eſprit Evangeligue, les Pierre:
de la Nouvelle j‘crufalcm. Quiconque eſt ſen— '
ſible à la vûc du relâchement du. Chriſtianiſ
me à de tous ſes partis ,, aura, ur le Chri
flianiſme en general, l’Amec :ſida-'ouvert
5( le Tombeau dela Fauſſe Theolagie; pour l’E—
gliſc Romaine , la Lumic’re du Monde à l'A—
cademic de: The’ologicm : pour le Proteſtan—
tiſme , le Temoignage de Vc’rite’ ë( la Pierre de
touche: pour les Menuoniſtes ou Anabap
titles , l’A-Ucuglcmcm de: homme: de mainte
nam : pour les Trembleurs , l’A-Umiſſemcm
contrñ’eux.: pourleICartefianiſme, la Sain/te
t 4. Ii
'2,09 REPONSE ï
Section v. Vzfie’refle ne ſont pointdes invectiveszce ſont
de vives dt de charitables remonlirances des
maux où l’on eſi,&la déclaration des moiens
ſalutaircs pour en ſortir. Qui ſe veut ſentir
porté à ſe rendre à Dieu ſans conſidérer au
truy,tr0uvera l'Appel dcDieuiôl ainſi du reſte:
L’eflentiel du Chriſtianiſme eſt ſi bien mélc’
danstous ces Ouvrages, qu'il y eſt tout en
chacun# néanmoins toûjours d'une manie'
re nouvelle , à qui fait voir les. mêmes cho—
íës ſubiiancielles toûjours par de nouveaux
côtés.
‘ XVII. Je ne ſçayſiM.). acrû ne morti
'fier en me faiſant connoître au public com
me amy de feüe MME-&z comme étant dans
ſes ſentimens. S'il eſt ainſi , il s’eſi bien
trompé : Car loin de cela , j’en veus prendre
ſujet de luy faire honte de cequ’i] ſe declare
en elle l’énemy des perſones les plus diſtin
guées par leurs dons à par leurs vertus ;&je
veux me faire honneur devant tout le mon
'dc de les approuver z de les cherir, à de
rendre encore plus public en faveur de ceux
quicherchenttoutde bon ôt ſans partialité
les moyens ſolides de faireleur ſalut, le té
moignage qucj’en ay déja rendu : C’eſt que ,
,, pour mon particulier ôt à mon égard, i’ay
trouvé , que íàns les écrits à la converſa
” tion de Mlle. Bourignonje ne ſçaurois rien
” ſolidement dans les choies divines ni méme
” dansles naturelles. Toutes les vérités que
” 'ſay propoſées icy &r ailleurs , ne ſont que des
,, conſéquences des Principes que j’ay ' tirés
n d’elle > ou quej’ay trouvés ô( aprofondiï en
Ultc
à la Critique de Mr. zo!
ſuite des ouvertures d'eſprit qu'elle m'a ëëçca- v,
donné pour toutes ſortes de choſes,— dt qui d '
plus eſt, ſans ſesdivineslumiéres, je ſerois Sc
encore dans mes ténèbres à dans l'aveu- ce
glement de mon cœur, dans l’eſclavagedt ec
l’idolarrie de ma Raiſon corrompue, & tel ce
queſi j'y ſufledemeuré , il euſtété bon pour Âï‘ï*ï~no—adc

A
ï~
K
A

moy de n’étre point né. Tout cœur humble


à ſincere reconnoitra ſans peine que les
divins écrits nous donnent triés d ivement la
droite connoiſſance de Dieu , de ſa Puiflan
ce, deſa Sageſte , deſaBonté , de ſa Jde F*
ſh
ïñi

ſtice, de ſaLiberté, dz des grands dt divins


Myſtères de laRedemption ,- qu’ils décou
vrent le fond & l’étcndue de la miſére de
l’homme; qu7ils rendent l’Elprit tranquille *A!In
à aſſuré ſur tous les doutes de Religion;
qu’ils font mourir toutes les Controverſes; ëï
qu’ils teraſient toutes les hereſiesz qu’ils ré— ïë
veillentle cœur,lefrapent, le percent, le dd
mettent dans une ſalutaire inquiétude juſ
qu’à ce qu’il ſe donne äDieu 5‘ qu’ils le ren- ,c
dent impartial , humble, 'pacifique , déta
ché des choſes acceſtoires 6c attaché àl’u
nique & au. ſeul néceſſaire abandon de la
volonté entre les mains 'de Dieu ;enfin qu’ils
ſatisfont à tout ce qu’on lçauroit ſouhaiter “
en matière deTh_éorie & de Pratique, de “
conduite intérieure dz extérieure , avec
Dieu, avec ſoy-méme, à avec les hom
mes , bons à méehans, tout cela avec une
naïveté 8E une facilité ſi hors d'exemple, ‘
dans les matieres mémeslesplusſublimes, “
que les petits enfans de bonne volonté le
Peuvent comprendre ; avec une évidence
I. y &une .
zzoz' \RÉPONSE
Sïct, V. ,1 ê! une clarté ſiinconteſtable , avec une re*
cherc-hé ſ1 pure du ſeul Amour de Dieu 6e
” de l’ertermination du peché , que je ne puis
:7’ comprendre. comment
méchantſiôc ſceletat ſans avoir
devant Dieu un cœur—
on pour
,D
roit les condamner ou les mépriſer aprés en
avoir faitlalecture avec quelque attention,
'7, du moins celle des principaux; «Sr aprés a
voir leu l’Apologie qu'on a miſe au devant
37
'de ſaVie ,,.}e le dis avec aílurance :8E M.).
peut bien voir que pour parler de la ſorte
il faut qu'il le ſoit lait quelque autre choſe
dans mon cœur par les écrits de Madlle
Bou R x GN ON que par ceux de Calvin;
dt que la conviction oùje ſuis , qu'elle étoit'
enſeignée &t regie. par l'Eſprit divin, n'eſi pas]
fondée ſur quelque- choſe d'obſicur , de.
mort , ou d'iucertain dans moy. Cela eſt
'écrit par lez—Doigt deDieu cn carafléres vi
vans dz inefiàçables ſur les 'tablesde mon
'cœulu Et pourvû que mon Dieu ne m’a
handonne point, I\/1.J..& toutes les créatu—
res du Ciel s de laTerre , à del’Enfer , ſe
:ont bien habiles s'ils peuvent l'en effacer.
*Car-l'ouvrage de Dieu' eſt plus-fort que ce
luy detoutes lescréatures dt de tous~les 8e-
-ducteurs du-monde De là vientcque quand
ksplus’ſimplesqui ont le coeur ſincere , en~~
tendent la Verité , Dieu opére en leurs
cœurs une œuvre que toutes les‘ſophiſie—
ries des doctes ne peuvent détruire: car ils
ne ſont que paille , eux (St leurs' ſitdaiñſes,
devant l'ouvrage-du Seigneur. Si les ſimples
ne ſavent pas foudre leurs ſophiſmes , ils
s'en l
à‘là *Critique “de zog
S'en moquent, l'ouvrage—de Dieu dans leurs vscct. v. '
cœurs eſtant-plus fort &t plus durable que
ee'luy des vains ſçavans, qui ſçav’ent bien'
cela , 6E qui-en crèvent de dépit_v dans la#
crainte de ſe voir abandon-nés :Sc méprilés;
dupeuple. Et de-là vient qu'ils ont pris.;
la malheureuſe reſolution de diffamer ce..
bien pour empecher à leur-poffible-la com-i
municati-on-de—\la pure—verité# l'avancemenoi
de l'ouvrage de Dieu. ils y ont méme ſouz
ventre’uffi. Car du paſſé il y a euvcent &i
centames trésvſaintes qui ont eu la lumiere
deDieu ôt qui l'ont propoſée-aus hommes-
de leur temps: Mais les méchans ſçavans,.
cesimpies organes du Demon , les ont ſup~<
primé à fait taire parleurs calomnies, par*
leſquelles ils ont toujours - prévenu tout le:
monde , 6! méme les bons , contre les ſaints. ñ
Et ils s’imaginent ſi bien qu'ils-pourront:
toujours faire ainſi ,16( particulierement, en*
core à preſent au ſujet de Mlle. Bourignon,,
que les-Bureardus de-Sleswic , les Magifleeñ‘
Ouw dc-Flensbourg- 3 les Compilateurs- def
Leipſic, &î d'autres perſecuteurs cruels &t fils ~
du pére demenſimgc, ont crû'l'avoir déjaa
engloutie dans leurs gueules de Dragons -, &i
l'avoir dépe’chée à peu de frais.- Mais-,xtoutſ
beau,ñ Meſiieurs les Perſécuteurs !ñ'vousi
n'en e’tes pas-encore: tout-à fait- UÛWVOU'B"
penſez, Dieu- fera parler lespiéres quand?
les Docteurs de la Loy deviendront-'muets »
Ouperſocuteurs de ſañſainte-Ve-ritéï. dela—
quelle lev tcmps~s'approcheî pour vainereët r
pour percer toutes les -nuées du menzlb'nge‘ï
r . I—óx- - JMŒS
204. REPONSE
Section V. &des calomnies, &t pour luire comme le
Soleil en (on plein midy.
Voila ce qu'on gaigne à vouloir décrier la
Veritéôtl’innocence. On elicaule, contre
ſon intention, qu'elle en'paroitra par tout
plus claire ê( plus pure. C’eſi comme lors
qu’onjette de la boüe ſur une perſonne qui
hait l’immondice: elle s’en lave; 61 par là
ellene
Je paroit
luy encore pluscenette
rends pas qu'auparavant;
devoir par un atta-ſi
chement que j’aye pour ſa perſonne. Je ne
regarde qu’à la vérité à au bon Eſprit de
Dieu quiy étoit: à quant à l’artachement
perſonnel, j’cn‘ ſuis ſi dégagé , que ſi la dif-'l
famat’ion actuelle & univerſelle de Madlls.
Bourignon, ſans aucune juſtification, pou
voit ſervir de moyen à avancer la gloire de\
Dieu ô: le ſalut des hommes , je ſerois
joyeux qu'on la calomniaii partout ſans re
partie. Mais le Diable voit (St ſçait bien que
files ames de bonne volonté venoient à lire
051 à prendre à cœur ſesdivinsécrits , elles
ſe convertiroient à Dieu 8c échaperoient
ſes griffes , celles du monde , à celles des
Seducteurs qui y ſont. C’eſt pourquoi ayant
tant de pou‘pir ſur les méchans , ſur les
ames partiales, &ſurlesZelés aveugles, il
s'eſt aviſe' de S'en ſervir pour diffitmer par
eux ces divins-moyens -là , afin d'en donner
de l’horreur aus ames ſincères, &d'empê—
cher ainſi leur converſion 8c leur ſalut.
Mais s’il plait à Dieu de donner à qui il vou
dra vie, forces, 6e affiſience, ils ſe trou—
veront plus loin de leur… compte qu'ils ne
s’imaginent. XVIII. En
à la .Critique de M. zo;
XVIII.~-En voila aſſeztouchantMllc.B. ce
par rapport àla Doctrine. Voyons mainte- ſi ctV.
D: l'accu—
nant ce que M- j. nous va conter de ſa con- ſa… d,
duite ô: de ſa—Religion , tant en general, que faire …z
touchant quelques prétendus articles qu’il W'
luy attribue,le tout à faux. Quant au général,
il débute par trois fauſſetés , la r ‘. que Mlk'.
Bourignon ait trcu've' qu’i/ n’y M'aitpar enco—
re aſſez de Sectes' dans le Chrrſtz’amfme .- la 2.
qll’ellejèjbit miſe dam la te’tc d'en faire encore
une: dr la 3e. qu'elle l’ait 'voulu Tendre re
commendablc par la jingularit-"dc fin Origine.
S’il avoit lû ſes écrits .1 il y auroit remarqué
cent proteſtations contraires: qu’une des
choſes qu’elle déploroit le plus, étoit la
naiſſance ôr la pluralité de ces malheureux
ſchiſmes qui ont diviſe' le Chriſtianiſme en
tant de factions: à que volontiers elle n'au
roit pas épargne' juſqu’à la derniére goute de
ſon ſang ſi elle avoit pû par—là re’ünir les
rétiens en un dans l’Eſprit de Jeſus Chriſt'.
Eſt-celà trou-Der qu’iln’y a a: encareaſſezde
Sed-2: dans le Chriſtianiſme? lle y a proteſté
cent 8( cent fois qu’elle n’envouloitpoinl:
établir; .qu'elle ne vouloir attirer perſonne
àſoy a mais renvoyer tout le monde à._].(_3.
&t à la pratique de la Doctrine_ du S. Evangi
le 1 ne du‘ſt- ellejamais voir perſonne, com
me elle le ſouhaitoit : elle a fui' les hom—
'mesz elle s’eſt cachée d’eux : el-le les a ren-'
voyés , rejettés , évités ;. 8c à peine quelques
uns aprés beaucoup d'inſtances 6c de prié
respouvoient—ils obtenir d'étre ou dunom—
bre ele-ſes domeſtiquesl , ou de ſes amis de
cor—
TDC" K'E P o N‘S E'
Sem-v. correſpondence. Elle—n’aétably-ni nouveau"
ñ culte, ni nouveaux exercices , ni loix ni
régles qui reſiententla Secte. M.].vain
continent luy donner poursecte— , de n’cn
point avoir. Accordez cela, qu'à des per—
ſonnes Chrétien-nes , ne point avoirvde Se
cte ce ſoit établir une nouvelle Secte. A ce
comptelà le pur Chriſtianiſme ſera une nou— -
Yelle Secte à M. J_- Ne. ſçauroit-on mettre
hors de la téte de ces ames—partielles cette.
impertinente imagination ,qu'une perſon—
ne qui voudroit viv re Chre’tiennement ſelon.
les clairs préceptes de l'Evangile , ſans
s’embaraſſer d'aucune— des matières de con-—
troverſes , ne pourroit faire cela qu'en éra
bliſſant par‘là une nouvelle Secte? Et ſi huir,..
ſi dix, ſi vingt perſonnes veulent le fai
rc, 6c s'approcher les unes des autres ſoir:
dans une méme maiſon , ou dans un me’me
voiſinage, dr avoir entr’ellestelle commu
nication Chrétienne qu’il leur plaira , ſera
tlon ſi malin que d’appeller cela Sefle , pour
.les expoſer ainſi àla deriſion 8E àla perſecu
t-ion des hommes-P Les Politiques, les—
marchans, les ſçavans, les beuveurs, les
joueurs, les plaillards , on les laiſſe bien,
diſpoſer deleurs allées 8c de leurs venues,—
s'approcher à demeurer enſemble , ſans-
qu'on les accu-ſe- pour cela de faire de nou
Welles Sectes: de des perſonnesquine cher-—
chcnt que de vivre ſelon les commande- l
mens de Jeſus Chriſt., on les traittera de:
nou-celle Seäe pour ce ſujet-là; à des Pa*
ſteursmms) qui dCVIOl-Cfllélſfi-ICSPI‘OLÛ'
’ éteurssa
4' la Critique de M v7.07'
&leurs des gens de bic-n a ſeront les premiers Sea. W
à les diffamer; à quelques uns à S'en décla
rer les Perſecuteurs! Her' mí/u'! quid inco/a
tll: mem prolongatu: ej? . . . . . cum .bir qui ode
T‘um Pacem!
Ce qu’ilditde la ſingular-ita' de l'origine de
la prétendue Secte de Mlle. B. , eſt ſonde ſur
ce qu’elleétoit indocte 8c qu'elle éxoit fille:
à pourluy, il prétend quedansles régles z
onncdoir point ériger de Secte qcu’on n’aie
une barbe au menton 61 des études en la té—
tc. Fiat! Laiſſons le diſpoſer des—caracté—
res gcneraux 8E ſinguliers dc ceux quifont
des ſectes: Ce n'eſt pas là nôtre. affaire.
Mais s’il prétend que Dieu ne donne ſa lu—
mie’re qu’ä ceux qui portent barbe—&z haut
de-chauſies, 8c non pas à des femme-s; 6e…
qu’ilne les puiſie communiquer par elles.
aus autres hommes; il n’a qu'à ouvrir ſon
Nouveau Teſtament 3 äz ily—trouvera, que '
la premiére 6E la fondamentale prédication
du Chriſtianiſme a été. faire. par une femme.
nommé-e Madeleine aux Apôtres mémes,.
'qui npprirent d’elle la grande-verité dela
Reſurreâion de Jeſus Chriſt, laquelle eſt'
ſelonS Paul ( I-Cor. Ij’- ) le fondement*
'de laReligionGhrédenne. Si Dieu veut,,
'ne peut—il pas-encore ſe ſervir d.’une femme:
pour communiquer par elle les vérités ne~~~
ceſſaires au Renouvellement du méme
'Chriſtianiſme ?~ Mais il eſt ſi peu vray que
Mlle. Br ait eu deſſein de ſe prévaloir de cet- ~
'te ſingulm‘ite’ , qu'au contraire on trouve
'dans ſa Vienne-cela luy-_éxoic fi à contre
,~.
208 REPONSE
seſhV. cœur , que lors que Dieu vouloit qu'elle
communiquaſt quelque verité aus hommes,
clle luy diſoit: Mon Dieu, laiſſez m0) plutôt
mettre entre quatre-murailles', afin que jamai:
cre’ature n'ait connaiſſance. de moy -' mair ſer-ve(
'vou-r, monDieu, de quelque Pre’lat :faut/:ori
te’, en luy faiſant connaitre 'vôtre -volomc'e'n de:
clroſerflimportanter. He' mon Dieu, Pourquoi
m'a'oez--vourfait _fil/epuis que Tous 'voulez cela
de mo) vë Pourquoi ne m'avez-'vous point fait
homme? j'aurai: eu del’aaamage,d9“ plus de ca.—
pacite’paur vous ſer-oit'. Sont-ce là des cara
ctéres d'une perſonne qui s'imagine de ſe ren
dre conſidérable dam- le monde par la flngularitel
d'établir une Secte étant fille? Si M. J. eut
voulu ſçavoir la raiſon de cette ſingularité,—
il n'avoit qu'à prendre garde aus paroles
conſolantes que Dieu luy diſoñit au. cœur
pourla raffermir, aufli bien que pour con~
fondre les doctes ſuperbes &t altiers: _7e mg
'veux fizrair de la matie’re la plur -oilepaur con
fondre l'orgue” de: bommcr. Vous meplarſezl
ainſi- Me: jugement ſont bien autre: que ceux
derbommer. . Îe me ſers-dc choſe: faible: pour
confondre lerforter Ne craignezríen. 'z‘edon
ncray poid: a' Wo: Paroles , que lei-'bons fuir-"ront
Pour le Te'mbliſſt'ment du 'veritable Chriſtian-ſſ—
~ me Mais je crains dejetter leschoſes ſain.,
tesàdescre’arures qui en faſſent du fumier.
Dr: aſſocié: XIX. M.). voulant parler en particulier
(Nm-'rdc delaReligjondeMl .Bourignon & de ſes
Mlle. B. amis a dit qu'il en va donner quelque: trait:
tire’: du propre e’crit de queſtion , oude la lets-x
tre des l‘xviïÇharnablesf Nous Vctroliss’il
tiendra
à la Critique de M 209 .l
1x
tiendra ſa parole. Au premier mot qu’il va Sectv.
dire il va déja avancer une ſauſſeté démentie
par les Avis charitablcsJl: reçoivent chez eux
Papi/Ze: , Lmloc'ricm , Rçmonſtranr , Reforme’r,
Socinienr, Mermomfler, Anabapnſtcr, tout y
eſt bien venu 1 ſans gu’on l—:r oblige a' changer de
lèntimem m' de pratique: fi bon leur ſemble.
M.). devoir ajoûter , Pictorilóur, (ou plû
tôt par rapport à luy) Paſtor-ibm- atque Poe
tír, Omnia fingmdi _ſemper fuir æquaſſoteflar.
Cela ell-il tire’de mon' propre c’cn‘t? ôt n’y voir—
on pas en ce qui regarde les Sociniens , di—è
. rectement le contraire , puisque j'y ſais con
ſiſter l’eſſentiel du Chriſtianiſme en ce qu'on
prie le bon Eſprit de Dieu de venir dans
nous y détruire le mal à y produire le bien,
à que j'y établis l'adoration Souvcrainede
1a Diviniré de Jeſus Chriſt comme la cauſe
de nôtre ſalut: ce qui renverſe les deux ar
ticles fondamentaux du Socinianiſme , qui
ſont, le Pelagianiſme, à celuy qui nie la
Divinité du SeigueurJeſus? M.). Voudroit—
il favoriſer les calomnies infernales dont
quelques ſcelerats de Holſtein ont diabo
liquement noircy Mlle. Bourignon, l'ac
cuſanr de Socinianiſme pour la faire piller
à maſſacrer par le peuple , ô: même par les
Magiſtrats, comme il n’a pas tenu à eux?
Voudroit—il nous faire paſſer maintenant
pour des ſauteurs de Sociniens? Ie luy déclaffl
rc hautement, &atout le monde, que ni
Madîl". B. ni ſesamis, ni moy, n’avonsja.—.
mais eu,& n’aurons jamais , non ſeulement
d’union, mais pas méme de commerce a—
vec
2'10 REPONSE
Sté. V. vec aucun Socinien, ni avec aucune créa'
ture qui veuille rcyetter la Divimté bouve
raine de J. Chriſt , auffibien que celledu Pére ,
&du S.Eſprir, la néceſſité de la Grace in
térieure deDieu , & la reconnoiffimce de
l’étar damn-able de l'homme naturel, Cc
ſont là les premiers fondemens de nôtre
Chriſtianiſme- Il le pourroit voirs’il avoit
lû les écrits de Mlle. B.. où il verroit auffl,
(à on le verra vers la fin) qu'elle enſei
gnc , qu’en protegkeant ou en tolerant le mal,
on s'en rend coupable. Comment donc
pourrions- nous reconnoitre dr recevoir
pour Chrétiens ceux qui détruiroient les
fondemcns du Chriſtianiſme ô: qui ne
voudroient pas changer de ſentimens ni de
pratiques ê Sur quelles preuves M. l. oſe—t’il
avancer une pareille faufieté? Les Trem
bleurs mémes ne ſeroient pas tolérés entre'
nous avec leurs ſentimens 6c leurs pratiques
fins y renoncer. Mais nc diſiez-vous pas à
entendre M. j. qu’on a deſſein d’amaſier
des armées de monde à quelque prix que ce
ſoit, 8c d'en faire un corps plus monſtrueux
que n’cſt le Chriſtianiſme d’aujourdhuy?
Et pour groffir cette armée , il fait deux*
corpsàpar’tdes Mennoniſtes Gr des Anana
tiſtes, comme ce galant hiſtorien moder
ne à qui l'on a reproché d'avoir fait deux
perſonnes de Charles—Quint , un Empereur'
6c un Roy d’Eſpagne. Que ne diſoit-il plû;
tôt qu’on recevoir à bras ouvers les Papi
fics, &lesCatholiques, &ceuxdel’Egliſe
Romaine, &les Proteſtans, ôr les Luthe
riens, .
I I4 Critique de M. 2”
riens, à les Evangeliques, à ceux de la Sect. v.
Confeſſion d’Ausbourg, ê( les Reformés ,
’& les Calviniſtes, &t les Arminiens , dt les
Rcmonſtrans , dt les Unitaires, dt les Soci
niens , à les freres de Pologne, dt les An
titrinitaires , &je ne ſcay combien d’autres?
Voila une armée à faire peur aus autres Par
lis a dt à les faire ſe cantonner dt ſe mettre en
defenſe contre ce nouveau , de crainte qu’il
.ne les engloutifl‘e. Cependant de combien—
peníez—vous , Meſiieurs, qu’e’toit nom
breuſe la communauté lors de la mort de
MME. De quatre perſonnes, elle y corn
'ſcz Et prel'entement il n’y en a pas ſeule-
ment deux qui vivent en communauté .- nt
troisquivivent ſousun méme toit, ni qua
tre dans une méme ville ou Province; 6c
J- cheg-eux
ëgrand auroit bien
dontà ilcourir
parle pour
, ſi cetrouver ce
n’eſt qu’il
'veuille le chercher dans ſa te’te, où il eſt
ſeulement. Nous ſommes, (ſi j'oſe par-4
'ler comme ayant quelques amis ,) un trés
Pctit nombre de particuliers ayant chacun
'ſon chez-ſoy , ſes biens 6l ſes interets à part, ,
mais qui neanmoins nous aimons en jeſus
Chriſt , ôtquipeut étre , ſi nous étions plus.
yatfaits, 8c que Dieu le vouluſt,chercherionsñ
² nous retirer enſemble quelque part à l'e
cart 6c hors du monde pour nous donner
tout àDieu , en obſervant ſes commande- —
mens Gt toutes les bonnes ordonnances de
Police du lieu oû nous ſerions , & nous
'donnantdegatde comme de la mortde ne
recevoir en nôtre amitié dt converſation des
pet
z—rz REPONSE’Q’
scaion v. perſonnes qui ne ſeroient point entiérement
mortes à routes controverſes, diſputes, à
autres occupations ou mondaincs ou diabo
liques, 8c reſolues abſolument delne plus
s'occuper de rien que del’e’tude de J. Chriſt
crucifie’ 5c de la recherche de l'éternité bien_
heureuſe. je feray_ voir tantôt par une let
tre de Mlle. B. méme, laqualité des pet-ſoir,
nes qu'elle vouloit recevoir chez _ſoy , &z el'e
a écrit ſur ce ſujet un livre entierintimlé,
Les' Pierre: de la Nouvelle Îerufalem. .
.De la R: XX. Ad’autres. M. J.dit, leurKclËgím
Îí‘im, eſt de n'en Pratiquer aucune 'exterieure-mem..
M. j. nous tient finement pour des cruches,
'St ſes Lecteurs aufli, que de nous vouloir
debiter des fauſſetés fi-extravagantes , ſelon
quoirdes ſouches & des mulets pourroient
avoir une Religion , s'il ,_y- en'a. une quïon’
faſſe conſiſter à n'en point pratiqueriexté—
rieurement. Les betes_ en font de méme.
Cela eſt-il auſſi rire’de mcmpropre écrit? N’a—
t'on pas des yeux pour y lire z que jïy fais
conſiſter la Religion, non à n'en point pra
tiquer extérieurement 5 ( penſée extrava—
gante ,) mais a' adorer Dien-.en eſprit JF era—'ve
rite’, a' imiter Îefur-Chnfl par 14 pratique de
toute: ſbrte: de 'vertus' Chrcrimner a *Ü‘àjèſçr—
vir der‘ce’re’monícr qu'on trou—'ve (tablier comme
de moyen: qui nous' ewancçmà cette-fin? 1l eſt
vray , qu'on n'a Paint d’aſſemólc’e: nouvelles
à différentes de celle des Religions établies
en la Chretienté. Les Perſecuteurs en ont
voulu faire un crime à Mlle.B. 8c à ſes amis,
en les accuſant , de faire de nouvelles aſſem
blées
a' la Critique Je M. 7. x r3
blées,& méme d'y prêcher. On a fait enquê Sed. V4
te publique en Holſtein ſur ces ſortes d’accu—
ſnxions; -ôcj’étois moy méme àHambourg
lors que fut ordonné priſe de corps contre
elle ſur l’accuſation calomnieuſe des Pa
ficurs de ce lieu,qui luy imputoient , de pré
chcr dans un logis ,. d’y debiter les héré‘
ſies diaboliques des Sociniens, & d’y faire
des aſſemblées dc nouvelle Secte. Mais
voicy M. J. qui maintenantveut faire un
crime de ce qu'on ne fait pas ce que lesautres
imputoyent à crime. Hé,de grace,MeffieurS,
que faut il faire pour ne vous. pas déplaireê
Aller à la Meſſe? M. ].dit que c'eſt idolatrie.
Etde plus' Mlle. B. 6c ſes amis Catholiques
ont faiten cela 6c en autres choſes toutes les
ordonnances. de leur Egliſe ſi long-temps
que la ſanté ou la perſécution ne.les en ont
pas unpéchóAlleraus préches de M. j. ſans
doute. Bon , . s'il préchoit comme un
Taulére, ou un Suſe: Mais que pourroit
on apprendre d’une perſonne qui appelle
Poiſon une doótrine telle que celle des Avis
chaæitables? Y entendre ſes article; Æami
quíte’~ à ſes Articles- «de contres-verſe , donc
nous n’avons pas de beſoin .P Il devroit plû—
tôtluy méme venir apprendre la vérité ſoli
de dansles écrits de M‘leñBt 61 il .eſt obligé
de le faire avant qu’il préxcnde en luge: ma
giltralement: Pour- le reſte , il ſçaura, s'il
luy plait, qne—lemoindredes amis de cette
cmoiſelletout fimplequ’il ſoit , en ſait
plusqueluy dans ce qui concerne le véri
\able Chriſtianiſme 5 à ainſi., qu’on n’a gué
: k res
:mp REPONSE
Sea v. res de peine à ſe paſſer de ſes préchcs. Et à
quoi bien, (pour me ſervir des termes de
1’Ecriture,) aller conſulter les morts pour
les vivans,ou pour ceux qui veulent vivreê
Qu'il nouslaille en paix, 1ans nous évoquer
devant ſon tribunal d'lnquifition pour nous
faire rendre compte finous allons IO ou 2.0
fois à l'Egliſe ou non. [i ne nous plait pas
de ſatisfaire à ſes capricieusſoupſçons &à \ès
pear-erre cecy. , pure-étre cela. Les perſon
nes équitables ſeront aſſez ſatisfaites là
deſſus par ce qui a précédé 2 &t par ce
qu’on verra encore dans une des lettres
ſuivantes. ' ë*
Dam... XXI. M. J. Ill-font profeſſion. d'avoir un'
cuupn- SOUVERÀIN MEPRÏS Üune parfaite-MXN'
“m— rence Pour les exercices dcpim’. Autrcfaulſe
té énorme , donc ill. iÎÇui-'I in contraire e11 Gp
conſciences’il y regarde : .calr ceq-ui l-'a pi—
qué contre moy z- eſt, qu'il a vû .par-*mon
écrit quevj'eſilimois les cérémonies,parexem~
ple, de l'Egliſe Romaine , 6c mmémeut
de la Meſſe , que je riens pourſainte à pour.
divinedansl’eiprie de ſhrm'inüitueion, ſans
mépriſer les ceremonies des Pnoteſiansçque
j'eſtime pareillement danslóe bon uſage que'
les gens de bien en ſont. Et c’cfl Pcſiimc'
que nous avons pour ceschoſes qui nous fait
en mépriſer l'abus , à qui nous fait ,dire ,
qu'il vaut mieux s'en ahſtenir, que d'expo
ſeràun rcl'deshonneur des vchocſi‘es ſi ſaintes.
à (i eſhimables en elles-memes. C'eſt ce*
qu’il'taut auffi appliquer au Miniſtere de la.
Prédtcanion à aus aſſemblées publiques. Ce;
ſont
4‘ la Critique de M. z !5'
ſont dans leur inſtitution , des choſes ſi ſain- Sïct- V
tes, que plûtôt que d'en abuſer, & que de les
dcshonnorer par cet abus , il vaut mieux
s'en abſtenir. Certes cela m'a plus d'une
foistouché de compaſſion , de voir les Chai
res de la vérité, (comme quelques-uns les
appellent ,) occupées aſſez ſouvent par des,
perſonnes qui avec un eſprit éventé d'Ora
teurs Payens .- pour ne pas dire de Comé—
diens à de L'harlatatrs , n'y debitent que des
ſpéculations ſtériles , des obſervations de
critique , des flatteries , ô( tout au plus , des
declamations generales (Sr en l’air contre les
Pechés gtoffiers dz palpables ; pendant qu'ils
entretiennent à nourriflent leurs auditeurs
dans un eſprit d'amour Propre r de diviſions,
d'animoſité , & de préſomption d'étre bien
plus agréables à Dieu que les autres parce
qu'ils en ſont. diſtingués parleur exterieur &i
par leurs-diables de controverſes à de diſpu
tes , oublians &r ignorans méme abſolument
l'eſſentiel du Chriſtianiſme , prenansl'ex
tetieur à l'écorſe pour la moüe—lkrc Que s'ils
viennent à dire quelque choſe, de bon, ils
vous detruiſent vingt fois d'une main ce
qu'ils avoie-nt baſty une fois de l'autre—,le dis
qu'en ce cas , il vaut mieux s'en abſtenir tout
àfait (lorſque cela ſe peut ſans donner Oc
caſion à de plus grands maux,) que de desh.o-.
noter ſi horrible-ment des choſes \i ſaintes
Wuntelabus. Et c'eſt Dieu méme qui a~ñ
dit à qui a fait pratiquer cela. Lorſque l EH
Sliſejudaïque étoi-tla véritable, dr qu'il en_
avoir luy même fi expreſſément regle lecul
. . “a
2r6 REPONSE
Sea. V. te , 6( toutes les circonſtances des Sacrifices ,
des aſſemblées , de la Paſque, dt d'autres
exercices &r ceremonies , qu'on ne pouvoit
les Ômettre ſinon ſur peine de la vie à de ſa
malediction; néanmoins ,lors qu'il vit qu’on
les pratiquoitdans un autre eſprit que dans
celuy de l'amour de Dieu &t du prochain , de
lapaix, de l'humilité 6c du renoncement,
au lieu dequoi l'on n'avoir qu’amour pro
pre, propre volonté , débats , contentions ,
inimitiés, dureté de cœur, 6! la pitoyable
préſomption d'étre agreable à Dieu lors
qu'on alloit Judaïquement au Temple dt aux
exercices, &qu'on crioit à pleine gorge ,
.Le Temple du Seigneur, le Temíle du Seigneur!
Pn’cber . Pre’cber! Exercice eſhah‘gíon! que
fait—il? Voyez le chap. Ld'lſaïe. u’d -jea'
faire de 'vos ſacrifices', exercices', aſſem le’er,
&le reſte? voyez auſſi le ſ7, Ô( le 66, du
méme prophète .1 dt le 7e. de Jeremie (Ste.
Si M. j. avoit vécu alors , il auroit bien crié
que c’étoit Id avoir un fini-Demi” mc’prir Pour
[er exercice: depíete‘. Mais que fait Dieu? Il
les renvoye à l'intérieur de leurs cœurs pour
leur faire voir qu'ils étoient tous pleins d'a
bominables idoles , dr que de-là tout leur
culte extérieur ôt leurs prétendus exercice:
de pine', ou plûtôt exercice: d'hypocrtjie, luy
étoient en abomination : il les leur défend:
illeur raſe leur Templezôt vous les envoie
promener en Babylone avec commande
ment d'y demeurer ſans ce culte-là , pour
leur apprendre à le ſervir en eſprit 6: en veri
t6 , 6c à luy rendre le vray culte-[St le ſervice
.' ~ lnté*
à 7d Critique de' M 3'17
intérieur qu'il demande toûjours , 6E dont S. Sea-m v.
Paul dit , 'fe 'vous' conjurer me: frere: , par le:
eompaflîom de Dit-u , de prefimter vo: corp: en
Sacrificefaim , plaiſant dz* agreable a' Die-u : car
c'eſt la' 'vôtre "veritable JF razſbrmable SERv ICE
U' culte divin —' Ne 'vom' conforme( point au Pre
flmfie’cle. Soyez change-'1r dam l'interieur par
un RENOUVELLEMENT
afin D'AME
d’tprouïvcrpar effet quelle do' d'eſprit
efl' laóunne, l' ~, ſ
*K
gre’able , JF laparfait” 'voIomc'de-Dieu.
- Meſſieurs les Chrétiens, tôt les Proteſians
entr’autres , mettez un peu la main àla con- “s
ſcience , à dites en bonne ſoy, ſil’onvousx
a ſouvent entretenus & habitués àce Tem-~
ple , à ce Paſteur, àce culte, àcet exercice
de Religion intérieure , dont on adit un mot
dansles A v I s ê Si vous n'etes pas la plus
parr encore aveugles , ſourds , -immobiles ,
& tout neufs dans ce nouveau 6: divin Tem
ple , à-ce nouveau Paſteur , àce nouveau cul
te \St exercice de Religion? vos exercices
extérieurs ne vous ſont pasdes bandeaus ſur
les yeux , qui vous endorment & vous font
vivre ſans aucuns progrés dans un relâche
ment continue] , vous imaginant , qu'il vous
va bien de ſuivre ce tran-tran-là peu-s'en ſaut »ï
comme desbétes, ſans devenirjamaisſpiri— c
tuels? S'il n'eſt pas vray que vous e’tes moins
devots aprés vint & trente ans d'exercicesäc
de communions que la premiére tois que
vous avez communiéê S'il n'eſi pas—vray que
vous étes comme cesfemmelette: de l‘Ecrit-u
re , toûjour: charge? de quantite/de convoitiſe:
Mondain” , @ren-mr: tîêjouflſamjamgi; @Mis i ,
- 'ſi . 4H1.
'ttfi 11.51.01; 's n_
:gg-\Toyz Ua emaiſſnce .de14Mim' ſolide. ,ſousíl’efl
' ~ ~' clavageär lapedagog-ie extérieure_ des créa.
tures qui ne :vous conduiſent jamais à la li-r
bertéin‘térieure du.S.Eſprit 3 6c qui appre-,
!tendent comme latmort dedize comme S.
jean , Ilfaqtíquïl cuiſſe,, JF quejcfoi; :meme,
ty…?~ Enfin , ſſl‘JCfilS Chriſt ne vouspourroit
pas blendireà la plus-.part , ,, Hyper-'rites' que
vom i'm. l. C’efl defi/ou: quÎIjàïe a profenſſt'.
” en diſant ,x Cepmpd'e-.cj r’dp ‘ Orbe de maj dejà:
” [em-ir: mais leur cdd-,ur en q/Z im e’lmgm’… CERF
!9 MAT” _e’xpre’x de leur Lauybtdds'bím loin de 1cm,
” mm! Pendant qu’ils font de belles mines,
,, 6T. qu’ilsd-iſentdde .belles choſes , non íèulez
, ment leutcæur n’a pas. audedanece qu’il]—
marquent parledehocsgmais méme. lln’en a,
” pas nude-ſit aufii Yeritablc que desehoſes du,
” maude- Etautdevenus nmndæingan-imaux &à
v charnel” &ne làcbant'plus 'rien de l'adore?
,- tic-nen. .eſprit .&.envexité , nide laReïligion
,, du cœur.; 'ils ſeſont-faitdes idoles deleurs
‘ exerçiçesdextérieuxnà ſe ſontcntétés à opi—
niatréslà dçſſus, parun, ,eſpritde diviſion , de.
” haine &lœemprtumc .cnv—ieillie à faire paſſer.
v lçzçxerçipes_ dee-luttes pouridolatrie, cri
” me— dontjls ſe croient fort nets pendant
,, quïilsrgardent 8:. qu’ils adotentxdaus leurs
a, cœurs_ les _véritables idoles que Dieu abomi
” ne , l'amour de ſoymémc, l'amour du mon»
de, l'amour de l'argent, l'amour de l'inté
” rer_ propre, l’amour des plaifirsàldes hon
" nent-n, ladiſſcnſion, le menſonge, la cole
me, l’envie, la haine, dcsbons, de la pure
»verité &.dçl’lmpaxtlalité. &pendent qu’ils,
:do
à la Critique de M. 7; z r9
idolâtrent leurs opinions ſtérilesâleurs fol- “Sea- 'K
les controverſes, quineles rendrontjamais ïï',
meilleurs devant Dieu. Ils s'attachent, ce- ï‘ ~
Pendant à ces idoles-là plus qu'au Souverain ‘ï “
bien , avec autant d’opiniatreté que s'ils :añ -'cr s—:mï-z RSH

Û
*ï*
fi*

ctïoyoienr étre plus infaillibles que le Pape;


6E avec aurantd’aveuglement , que d'aimer
mieux qu'on ſe laiſſe tourmenterdr brûler
*tour-vifs , que démordre de ces fadaiſes.
Que ſi quclcun vient à les quitter pourpren—
dre d'autres exercices ou menues opinions,
pu pour y condeſcendre en cas de nécefiîté ,
ils appellent cela , apoflafier , abandonner
Dieu , Pe’cher contre le S. Ejÿn’t, crucífier de
nouveau le Fil; de Dieu , à cent termes tragi
ques qu'ils ont d'abord àla bouche: 6c ils
diſent, à l’irnitaciondes Phariſien‘s d'autres
fois: Siquelqu’un fléchírle enouàlaMeſ
ſe, ou ſe recommande aus rilables prié—
res des Saints, ou s’il croit un purgatoire, (Sec.
il. eſt idolâtre.: Mais ſi quelqu'un ale cœur ~“”
plein d'amour propre 6e. d'amour du monde -“ î
&des choſes qui ſont au monde,pourvûqu’il “'
nÿille pas aus exercices de ceux—là 6c qu'il “
Vlçnue à .nos Egliſes a il n'eſt pasIdolârre. ï*
Phariſiens aveugles ! quel eſt donc 1c plus “
gtandz flóchir _le corps en un lieu où l’on “
croid ſur la parole du Fils de Dieu qu’eſt “
Ëíeſente ſa. Sacrée Humanité auff‘bien que ſa _“
l vinité , qu'on doit adorer par tout , la auſſi íï‘
blenqu’aiueurs, d: qui en cas d’erreurtou- ‘ï’
Chant le lieu de ſon corps, verroit qu'on ne “
laiſſe‘pgsde. l’aimer, à qu’on ne ſe trom- b‘ï'
Pcroic—quie‘par mépriſe 5 ou bien , ſe prëvz- “
. , ~ . ~ K 2. loir ‘
1.2.0 R z. P o N s 'E
scà. V,_,,'loir ſie’rement d'étre aſſez indocile pourrie
vouloir pas entendre-raiſonlà-deſſus , aſſez
_opiniâtre pour ne vouloir pass’y rendre , 5c
aſſez cruel-que de vouloir plûtôt laiſſer-cré
-ver~les bonnes ames embaraſſées ſur cela,
n que deleur procurer ou de leurlaiſſer pro
P curerqpar d'autres quelque ſoulagement par
_P des voyes qui mêmes les-approchent de
ſDieuôt de ſon amour, _pendant qu'en mé
” *ine-temps -vous avez dans vos cœurs cent
”~idoles de vices , dr que vous .déchaſl‘ez de
-zzbvôtre intérieur l'humilité , la charité, à la
,,*paix ?ÿ Vous nettoyer. le dehors 8c dela cou
a;15e , dt du p’lat,8t devos exercices extérieurs;
pendant que 'le dedans veſt remply :de toutes
""ſortesd’iniquités. Aveugles que vous étes‘! ’
”~'~Nettoyez,,'. nettoyer. vpremiérement le de— j
P' dans, & puis vous -verrez que le dehors dc- ‘
—”î viendra net de ſoyméme , que toutes choſes
.,, ſont -putes à ceux qui ſont purs , dr que nul'e
_ 'choſe extérieure qu'on fait dans l'amour de
"Dieu n'eſt ſouillée qu'à celuy qui la tient
”pour’.ſoüillée. .Ces 'parolespas6E les
_Jeſus Chriſt nepourroit—il ſemblables,
,addreſſerct
_je ne dis pas _aus bonnes ames tant des Pa
"ſteurs que des brébis qui' peuvent ſe trouver
dans un meilleur état; mais àquantité d' ~
_ mes pattiales , qui ſont encore dans un aveu
' glement '& dans des ,incongruïte’s ſembla
Îbles? Revenonsà nôtre Texte
XXII. M. Laptés avoitdit, Ilr font Pro
feflian ,d'a-voir un ſamurai” me'prir JF une par
fàite indifférence-pour le: cxcrcicei' de pine', ad—
”joute, le: regardant comme de: dehors qui ne
à la' Critique de ‘ z z' I'
ſervent qu’autant que l'intention Uſa manic’re 5M- W
done on en uſeſſour rectifier le cœur i9' ?eſprit -, le:
rend utile:- Voila une manière admirable
de prouver de de raiſonner! M. J; veut mon
\trer qu'on mépriſe ſouverainement- les ex—
ercioes de pieté , à qu'on a pour eux une
parfaite indifférencc- La raiſon qu’il en al'
légue eſt , qu'on les tient pour utiles lors
qu'on les pratique avec une bonne intention
dt pour en rectifier le cœurôt l'eſprit. Ne
voila pas une preuve admirable d'un ſouve
rain mépris pourles exercices de piétéPSi
un autre que luy-raiſhnnoit— de laſhrte,, ne
diroit-il pas u’il al'eſprit malade ou exta-
fie? Ce que - J. allegue , loin de marquer
qu'on ait del’indifference poureux , faitvoir
qu'on les— eſtime beaucoup: Carv ſi on les'
eſtimeautantqu'ils- rectifient le cœur 6e l'e
ſprit; &qu'on eſtime larectificarion du cœur v
à de l’eſprit,c’eſt à dire, l'amour 6e -lalumié
re de Dieu, aufiibien que la bonne intention;
on eſtime donc les exercices de pietéqui—y
conduiſent.
Mais , d'ïaùt’on, cela eſt l'es regarder dans-x
l'uſage: - mais en eux-mêmes on les regarde
comme indifferens. Réponſe. —
Sio'eſt là ce que M. j. veut reprocher, je*
vois bien qu'il n'entend guéres ni nôtre pen—
ſée ,l ni la nature du culteà des exercices ex-v
terieurs. Je vay tâche—r de luy-enfaite com
prendre lelsyſtéme.. v
XXII'. Quand' on dit qu'une choſe eſt Expire-'Hm
bonne , mauvaiſe oulèndifférente deſc] , ce d" mm*
ce: é* du
3 mlle exu—
n'cïr: «mms—mſn: indiſſérensz mauvais, m bons.
:2”. .'R :-P OXN s E
.defi-;peut marquerou tout ce qui appartient
.à l'état completde cette choſe , ſon inſtitu
_—tion, ſon but, ſon uſage; à en ce ſens le
. culte- extérieur n'eſt pas indifférent de ſoy:
. ou bience deſc) peut marquer \à forme à ſa
@matiere exterieure ſeulement: &en ce cas
la choſe eſt de ſoy indifférente. Exemples.
Suppoſons qu'il y ait une machine Faite
_ñcommeile corps-de l’homme, laquelle ſans
-ame divine , ſans penſées ni bonnes Diman
.vaiſes . faſſe les mouvements &t les geſtes,~&
;prononce les paroles que l’on fait dans les
zcxcrcices du culte extérieur. Il eſt certain
. qu'en-ce cas , ces exercices-là ſont de ſa) i”
-zdifiïz’rem 3 ;à nciſont ni moralement bons , ni
.moralement mauvais. Les ſinges &t les per
,ñroquets pourroient bien en faire'autant.
_ Suppoſons qu'il ſurvienne à cette machi
-_ nezuneame i qui joigne à ces mouvements-là
. des penſées vuides de l'amour de Dieu à
— -_ pleines d'amour-propre , de propre-volonté,
d'orgueil , de préſomption , à ſemblables:
'qui ne voit qu'en ce cas , les exercices par
z rappeu- à- cette perſonne-.là &En jugement
z que Dieu en fait , deviendront uillés. mau
vais 6c rejettés de Dieu?
(Suppoſons en troiſieme lieu—,qu'il ſurvien
ñae à cette machine à à les mouvemens une
-ame qui y joigne des deſirs à dés penſées
bonnes d'amour divin , de paix , d'humilité,
Gt ſemblables: en ce cas , comme l'on voit.
les exercices 'de cette créature deviendront
trés—bons à trés-agreables à Dieu.
Suppolbns encore que la même machine
ait
.i la' Critique-de Mt 21:53'
:it une ame , qui ſims'aucuns de ces mauve? Sea. W'
.mens à aucunes de ces paroles extérieures,
ait la connoi-flance &l'amour de Dieu; Ne
voit-on pas qu'icy , ſans exercices à ſans cé
rémonies; (je ne dis pas en les méprilànt ,>-):
l'on ſera agréable à Dieu .P ,-.
Faiſons une cinquième ſuppoſition , qu’u'
ne ame Jointe à une telle machine ſoit ſans
,bonnes-.St ver'tueuſes penſées 6: habitudes;
mais qu'elle ſe trouve’facilite’e à en acque—
tir par_ le moyen des exercices 6c des ceremo—
nies d'autres machines animéesjôz d'un par
ty que l'on croid hou z 6c oû Dieu méme'
ait enſeigné par des paroles expreſſes l'uſage
de ces exercices—la. Perſonne ne peut*
douter qu'en ce casDieu n'aprouve ’ tout ce
larcomme des choſes trés-bonnes. ,
Mais ſi (pour ſiſiéme ſu poſition ,—) la
'méme machine animée ſe ervoit pour at— .I
teindte ,- ô: atteignoit effectivement , à l'a—
mour deDieu—ô: à. la~ vertu, 6e s'y entrete—
noit—par les ceremonies-d les geſtes ét les
*paroles d'un party qui ne ſemblafl pasbon'
' aus autres; 8: méme qu'il full vray, que*
n'aurait pas’étably ni- enſeigné ces ex—
ercices-là par des paroles exprefles, mais
ſeulement qu’ils fu—fient de l'invention
dïun deſir- ôt d'une intention am‘oure’uſede‘
chercher Dieu &t d'élever ſon cœur à ſon"
çſprítàluy; que doit-on--penſer \ùr cela?
Dieu dira-t'il à une telle crearure z II‘ eſt'
vra) que tu m’ax‘me: :— mais' parce que c'eſt avec'
de telle: ceremomier, . 0m- eela, 'e re rejette;
Vox-eau Didlct— Mira-vil mica-mer,
.. K4 ü
*224 REPONSE.
W” V- Il e/Z '074] que tu nem’aimerpar , i9' que tu n’kz‘r
mi l’eſprit m‘ 1e cam* Teëtij‘ie’dr : Mairparce que
tu ris-fait de: exercice: que 7'47 verbalement e”
feigm’: 5 Pour cela , nonobſtant le manquement
de la rectification de l’e prit JF duc-zur , je ne
laiſſe par de t’approu-Der. Pour en venir là ne
filudroit-il pas s'imaginer que Dieu ſeroit
devenu un ſectaire auffi aveugle, auffi par
tial à auſſi brutal, que le ſont la plus-part
des hommes? Et ne ſaudroit-il pas qu"il’ai-—- ~
-maſt plus des mouvemens ôt des paroles que
~ſon Divin Amour , 61 méme qu'il haïſtſcn‘r
amour à qu'il ſe ha‘iſt loyméme en cayd’abſi
íènge de certaines ceremonies exterieu
res. — ~
p XXIII. Seroit-'ce là un Dieu qui eſtpur
Eſprit & pure vérité P Et quand bien certai
prix ù- nes ceremonies ne ſeroient pas établies ex—
*W- preſſémcnt de Dieu, l’intention amoureu—
ſe des’élcver à Dieu par là ne vient—elle pas
de Dieu, &ainſi, Dieu n’en eſt-il pas toû
jours la cauſe , 'ſoit par des paroles exté
rieures , ſoit par des mouvemens intérieurs?
L’Amourn'authoriſe-t’il pas tout? 6c y a—
t’il-quelque choſe qui vaille ſans luy , 6c qui
ne vaille pas avec luy? 'Ama ,' diſoit &Au
guſtin, G fac quad 'virñ' Aimez, 0' faire: ee
que 'vous' 'vou/eq'- La Loy , les Prophétes ,
l'Evangile, les hommes, les Anges , Jeſus
Chriſt , Dieuméme . tirent leur prix 6c leur'.
valeur de l'Amour Divin , ſans lequel Dieu
méme ne vaudroit rien s'il ne s’aimoit pas.
Et cependant , M. J- n’eſt pas content qu’on
donne aux exercices de piece l’eſtime g
d., l ~Â~ --Ô
à la Critique Je' M 22.5.
l‘n valeur que leur donne l'Amour', ou ]I~Se&. v. v,
rectification de l'eſprit da'. du cœur! ]’avoüe,—
pour moy , qu'il m'eſt incompreh-enſible.
ſur ce chapitre-là… '
Peut-onſans donner danslè Judaïſme—le
plus groffier, demander autre choſe quela‘ï
pratique ôr les' exercices de‘ïpiété autant*
qu'il-S avancent à qu'ils entretienneml'Aſi
mour de Dieu? O Divin Amour ! 'eſt—il poſ~>
ſible qu'on ne ſoit pas 'content de toy »à
qu'on deſire pour exercicede piété quelque :
choſe qui neſoit pas utile à ton avancementê '
C'eſt bien-là mépriſer 6c outrage-t ſouverai—
nement les exercices de piété” que devon
loir les ſc‘parerde l'eſprit-d'Amour , &t que ñ
de faire conſiſter leur valeur en autre- choſe ~
que dans 1e divin Amour. C'eſt bien ligne.
qu'on adbéretài autre choſequ’àl'Amour ,,
qu'on adore-autre choſe que le Dieu de l’A-~ * ~~ 'ñ‘
mour ,. & qu'on eſt véritablement-.Juif &f
Idolatre de l'extérieur-\do dela pratique Ju~~ y .
daïque des ceremonies. Sion faiſoitñles-z
exercices de— piété ſans idolâtrie, deſtàdi- ~
re , par pur amour de-Dieuz &- ſansarnoutr
propre , :on n'y'ſeroit pas attaché Plusavantd'
que l'Amourde Dieu :8c quand les ceremov
nies des autres conduiſent: àl’Amour. onïr
ne les condamneroit pas.- De méme , .ſilon
ne les fai-»ſoit pas par propre volonté-,'…lorsù
que la volonté divine .ſeroit qu'on-les laiſ- ~
ſaſt , . à qu'il enôteroit les moyens, l'on yz i
acquieſceroit ſans trouble dt avecdpaix; l'on a
racheroit d'entretenir .&.de ſaire croitre ſom
amour, ſapaixsiondhumilité, ſa bonté-&.1 P
K 5' \Ours ' ‘
'5-26' R E P o N s Mazet?
sïœiïbív. -toutcs ſortesde -vertus , par tels-moyens-que
:l'on trouveroit à la main. Mais l'on-eſt
-bien éloigné de cela. Je ne puis que jene
faſte voir le Syſteme de la conduite de la
pluſpart en fait de leurs :Religionsôt de leurs
-exerciees. >33,
u . - ïXXIV. -Premiéremertt-l'Amourde Dieu
4., ...a à de ta pure dt divine volonte eſt mort dans
ſui-ï" eux ; ô: à peine ont-ils pour luy quelques pe
'YÂS -titesdtinefficaces-vellei‘tés.
:me .mm, En ſecond lieu ,l'Amour propre y eſt do—
Dmm vrninstntót adoré , auſſi bien , que_ la- propre
p.1… ....4 volonté, l'orgueil, la préſomption a dt la
paſſer_ pm reſolution que l'on ade paſſer dans ſa téteét
MW” devant leshommes pour pieux, pour reli
-ñgieux, &z pour zelé ſur l’intereſt 61 ſur la cau
v?ſe de Dieu.
r î En troiſieme lieu, comme l'amour 'pro
L’ïï'ï' "pre, l'orgueil, la préſomption, à la vo
'LIE ,3:7 ontede paſſer pour favory de Dieu ,- ne ſont
mon., -pas- incompatibles avec le Culte extérieur
-de la Religion, cetamour propre ô: cet or
eil ſpirituel s'en accommodent fort bien.
'-‘ même ils s’avancent 6c ſe tortlfient par li.
— #Ah que de plaiſir à l'amour propre de s'ha
--biller ainſi , dt de paſſer par ce moyen chez
…ſoy ô: devant le monde pour divinement
' .Zelé , pour pieux, pour religieux , pour
juſtifie ; 'dr de s’imaginer que le bon Dieu le
recompenſcra de tout celal' i‘ -
2d. , ſuſñ' Enquatriémelieu , comme on aime ees
fiïflïfló‘ ehoſesextérieuresà proportion de l'amour
"ï-"r'- depropre, qui eſt violent, à plus fort que la
I'M-uw
:norme-ne; de là vient qu’on s'attache—ti
‘ 'ë etran
íſſllCrítíqae de M. à. 2. 7
dérangement àelles , que pour les'eonſer- Scale-nv.
ver on n'eſt pas-ſeulement preſt ane &pas
ſoucierde l'Amourde Dieuôrde—les divines
vertus (auſquelles—on eſt mort , ).mais qu'on
renonceroit méme plutôt à (à propre vie
corporelle. Voyez un peu les juifs (a) du (Onoſegh
temps deTibére ór de'Caligula.. comment :guerre eï
au méme temps qu'ils ſont morts à l'amour uiſs,Liv.
die—Dieu— à la: juſtice,.à=la miſéricorde, i l ela-x48
.
x7o
'la pure vérité, Gr lors-qu’ils impuguent le
tri-&Culte de Dieu , 1es-vertus~& la vie de
J. riſt &-de ſes-ſaints, les-voilà qui pre*
ſentent tous leur gorge à~eouper à leurs
Gouverneurs plûtôt que de ſouffrir ue les
Images des Empereursſoient ou ans le
Temple ou même dans la-ville de Jeruſa—
1em— Si des perſonnes ainſi diſpoſées s'é
toient laiflétu'o‘r pour cela .— de qui_ croiriez
vous qu'ilsvauroient été Martyrs? De l'A—
;mont propre. S'il cuſt fallu en faire autant
:Eur éviter le péché- &- ce qui eſt incompati—
- eavecl'Amour‘ de Dieu-8: du prochain,
;perſonne au logis. ~-‘_- ï
~, ~ En cinquième lieu 's - comme l'amour pro*
-pre habillé ainſide la Religion extérieure, eſt Emu—h*
à' cmt”
-devenu-l’idole à le Dien de l'ame , aufii …ſa d.
— .tout ce qui nes'accordo pas avec luy en cc l'mon
~ init là, luy devient ſon Diable ôt ſon ennc— P"P"—'
my- De là vient qu'on regarde ceux_ qui
ont des ceremonies &- des—mamies opinion-ï
oppoſées à-ce-lle que .nôtreamour proprea
_~~mnbratſées—, comme des ennemis dangereux
ddontzon doit ſe garder , à que l'on doit
,Wire par .Aubonne
K 6$ eoatrov-cníëiùèf"
, wc
, 1,21*- R’E‘P-“ONSEP
M \td vec une ſainte haine & une picufe colére;w
«St plûtôt crever que de ſe rendre. Alors
croit-on ſoûtenir la cauſe de Dieu , étre un
de ſes Héros, à conduire les batailles rank
~gées du Dieu dï'lli'ael: pendant qu’en effet
Yon combat pou-r l'amour propre ſous l’éë
tendart de Satan. .
L'a…. Enfin , comme l’AMouR DE DrEu eſt
pràprc rh- la Vide-dble Religion, dt que- lævéritable Re
ſäſ‘jä‘fl’w ligion n'a p‘o’mt — d'ennemis que l'Amour
g, Wſ…- propre â ſes dépendances , delà vient , que
rm du quand on va expoſer à l'Amour propre qu’il.
ſſ‘î‘ſi? î" 's'eſt lourdement trompé , dt qu ila pri-s l'é-—
un”, ~ .
-eorſepourle box—s , dt l ,,acceſſoire
.
ou le matZ
'que de l'a-Religion pour le ſolide; que ſes»
diſputesôt controverſes ne ſont. que des ex'
'ercices du Diable; que- ſes—travaux à ſouf
'frances ſont 'opiniatreté' &j 'peines perdues 5
m Vovezfqu’apre’savoir (a) peſe' , conté êz reconté les
1. hdi-'m ~gloiresfutures qu'il-ſe promet pour ſes ſouf
ſ" fg; ‘fi~ances, il ſe-trouve qu’il a conté ſans ſon
7_ :hôte, &qu’il—a calculé ſur une fauſſe ſuppo
“ ſiti’ond’étre l'amour de Dieus’au lieu qu’il.
l W . 'efl‘l’am‘onr propre ;îlots qu'on luy faiLvoirË_
…z _~ que fes-“exercices de piété ſent-couvertures"
:1 '- l— ïd’l‘rypocrifieï qu—'il doit ſe haïr, à mourira—
~ ve‘c tou/re - Fa prefom‘ption* &t tout ce qu’il af
"fectîonu'e ,’ aſin‘que l'Amour de Dieu , l'ef
'Tentiel de la veritableRel‘igion (dont il n’cſt
?pas encore) vienneêvivvrîe- en-ſa-place, à
ï en'ſiuite qu’ilfeut’ſe ſervit en paix,en humili
?ÿéôt‘läns dlſput’eîïdel'extóri‘eur tel qu'on l'a
3 *ë !a inainët autant-qu’il meine' à Dieu; Voi
_’ -Îa-uneèupde foudre- pour—l'amour; propre ,
' - *- qui
à Il Critique de \Î/ſr. 7.2 9
qui ne peut y tenir. C'eſt pourquoi tous ceux Sc* 70":
qui ont-reſolu.- de laiſſer vivre ce propre A
mour , leur préſomption , le bon témoigna
ËË: ſpirituel qu’ils ſe rendent àv eux— memes
que d’autresleur rendent , ſur tout lors-
qu'ils ſont Chefs à Capitaines en faction, ne
ſe voyent pasplûtôt découverts par la pure
verité, qu’ils‘ s'en trouventdéchirés de dé—
pit , 6c que peu s’en t‘autqu’ils n’en enragent
tout-vifs. Et l’eſſemiel de la.véritable Re'—
ligion Chrétienne leur étant peu de choſe à
comparaiſon de cc qu’iis veulent ſoûtenir;
ils traitent tout ce que l’on en dit de poiſon
ÿernicieux, tâchcnt de diſſimulerles matie
res , vomiſſent des monceaus d’injurcs ôz de
calomnies ſur les perſonnes , &t feroient
beaucoup pis s’ils en avoient le pouvoir, afin
qu’en-donnantdel²horreur pour une véritë
qui les met à nud ,. ils puiſient demeurer'
dans l'état oùils ſont àlcurs .yeux-81 aux-yeux
du monde , 6e que nul de leur party ne faſſe
?autrement qu'eux. je laiſſe à juger S'il n’cn-—
'tre pas de cet* in rédient dans les m0-
-tifs quiont porté .Je à écrire de lama-
?nière qu’il a fait contre les Avis charitables:~
*Voici comment il pourſuit.
XXV. M.). Ils regardent les exer’cicesa
comme? des dehorsqui-me’r'ne nuiſent beaucoup
[us gu’ilrnefl’r-Ûem, Parce qu'il: tirent' Pam!
î en' d’eNe-mc'me. C'eſt encore une autre -
-fauſſe‘té‘- - -M—l. l’a-t’~il auffiñtirée de. mo’n.
?écrit ;ï‘ &‘n’y voit-on pas le contraire., auſſr'
jbien que dans la Ie lettre ſuivante Ê Ce qu’ilt
lit n'eſt pas-notre penſée; 6l ce n’eítpae
" .î K 7 auffi.
\'30 R'E Î- GN s r
WV. auflîlamäfé .1 'que les exercices-de piété,,
pratiqués dans l'eſprit de leur divineinſiituv
tion à de leur but, nuiſent plus qu'ils ne
profitent, &t tirent l'ame hors d'elle : al
conttaire , en cette diſpoſition ils-profitent
toûjours , Gt ſervent à recœuillir les ames.
Mais quand on s’y attache judaïquement,
quand les-fonctions en ſontmal-faites , com
me ïpar- exemple , lors-- qu'au lieud’annon
cer cette pure parole du Seigneur qui «con
vertit les ames à Dieu, à qui les enflamme.
de ſon Amour , l'on- vous debite une vaine
critique d’antiquité , des articles de contra-
wet-ſes, Bt ſembables'fatragâqu’on—y flatte
l'imam' propre; en cecas, ils nuiſent—Plus
qu'ils ne profitent : Et lors que Dieu appel
le une ame déja bien avancée hors de tous
les exercices extérieurs qui. ne ſont pas
d'obligation , & que cette ame ne-voudroiï—
pas ſe rendre à la volonté de Dieu, ou que
L'on voudroitl’en empêcher, en ce cas ti~~
rent-ils l'ame hors d’elleeméme à luy ſom
ñà empéchement. Cela paſſe la diſpoſition
deM— J- qui en tirera quelques monſircsde
conſéquences ſi longtemps-qu'il eſtimer:
plus les moyens que la fin.. Peut-étre efl.
-ce là qu'il nous veut -méner lors qu'il parle
des Æi‘e’nſter ,. Sea-mur: du DoäcurMolíni,
qui font Mm de bruit en Indie.
n _
AL**
XXVI. M. J. ſçait autant ee que. ſont les
_Qin-fle: qu’il ſçait ce que nous ſommes.
-Ses grands autheurs là deflbs ſont, \le bruit
communales Gazettes, qui en ont ditdu
î'Œl-Ôldfiichlmélïso llyudenstoutesſœ
ñ _x 7 ICI
à la‘Cv-ifdq” de MI i zz!

tes d'états des perſhnnes qui en portent le &Un;


filtre à faux. Si ceux qu'on appelle Wim
Zfles ſourde ce nombre , \i \ans-diſtinction de
'quiétude ils la recommandent à tous , eu
»tout temps. en tout état , en tous lieux,
-hors de l’amaàion divine , à en mépris del
exercices de devoirs exterieurs , je n'ay
tien à-dire pour eux- 'Mais s'ils foam/éric#
'blement ce que leur nom ſignifie , j’aydeur
»choſes àen dire, l'une , que c’eſt- un ho”
'depropos de les alléguer icy : car ils fouet
'doivent faire tous les exercices communs'
"d‘obligationeutre lesleurs, leur émue re*
.gardam que le privé,quiefi de liberté :à-quel'
propos donc les alléguer icy P L'autre choſe *
eſt , que ceux qui ſont arrivés à cet état par'
att-rait de Dieu , à non par -pmprechoiï à.
par affectation , ſont les ames les plusavm
'cées à les plus pures du Chriſtianiflne.
Qu’onn’atteude—pas que je faſſe icy l'Apo
logie-d‘e ce ſublime étatde uie‘wde, quiefi
un des plus hautsdég—résoû eS.E-ſpn'réléé
.ve les ames qui luy ont été long-temps fidé‘
l'es dans de longues épreuves qu’il en a fai
ltes , ſur tout lorsque ce repos eſt purement
paffif 61 ſurnaturel. Que l'on conſulte là
îdefl‘us les Myſtiques, comgne S.J_ean'Cli~
ſi maque , ‘S. Bernard , Kempls , le divin Rulï
brochius, Taulere , Jean de la Croix,
Sœ-Tëreſe, &ſemblables; 6: entre les plus
mecens, le Docteur Rojas, CanfeId,M.d'e
- Bernieres , Malaval , le P. Epiphaue Imuïs,
le Pere Nouè‘t , &r quelques autres. On en
\EnWMI-it pourvû que l'on ſoit d'une dig:
~ — P0
en' "R‘ E» P” .o N' s E"
W015 V. poſition oppoſée àcelle de M. J. aveclz
quelle on y comprendroit autant que _s'ils-—
parloientëChinois. Le Fils deDieuc-onjure.
dans le Cantique qu'on laiſſe ,en paix les a
;nes qui ſe repoſant dans ſes divins bras,
peuvent dire avec vérité comme l'Epouſe,.
Îe dor; , _mais mon cœur Taille. Filles de Îeru
;ſalem (dit-ilaus Ames coureuſes & diſcou..
joutes) j'a—'vom ctrijure denepar t'a—'veiller mon
,amie qu'elle ne le 'veuille : A plus forte. raiſon
vcles ames turbulentes, ſophiſtiques , paſ
fionnées, cham-elles, qui s'entendent au
tantà ces ſublimités divines que des che-vaux '
de careſſe, (T) Brice: fau-mage: ſam raiſins,
[48,
Tſ- 33| Et tout betail de lamaiflm, doivent-ilss'ab
ſtenir de venir braire— comme des aſnes au
tour dece cabinet desdelices du S. Eſprit.
Divine oiſïvete'zz _ſi peu comme au: homme: ,
Hal", 5L9' 'veulent difi-'ourir .I
:Wídë-.quimmfait Wirle‘ne’antquenou: amener!
Art de raûjourr mourir .
Silence tre'r diſèrt, oû l'on parle ſam' ceſſe
Bar un homagejaim l ‘.
Bel
1*) L’Ectiture apgelle tous—les hommesdesblm en
fait de choſes myſtiques 8:' ſpirituelles ſi long templ—
qu‘ils n 'ont point reçu-l'Eſpr-t dc vieu ni ſa lumiere
.Pour les connaitre. Si doxc quelques-unsveulent- le
meter d'cnjuger avant cela , il eſt ?rpmpos de leur faire
ſouvenir de leur incapacité, 6c de ce que Dieu les tient
encorepour des betes *a‘cet égard—là : quoi qu’à l’egard
. dcl'eſprit bt de l’erudition humaine , loin qu'on air deſ
ſein deles appelleiainfi ( ce qni- ſeroit les outrager in
emlement = l on_ eſt preſt 2-. reconnoitrequ'ils ſont des,
L mes &HB purflans,~ rcnorranaññô; rnnſſccm‘hntïz
comparu . n deſquels. mpg-M mum.
4' la Cn‘n'qäe de M Z373
BelEmpire du cœur 3 où nul fem- ne nour He e ñ‘ Scam;
Deſert tranquille da' Plein..
L'Eſj‘rit eſt* e’ciaírc’ , la *volanrc’ brillante,
'ſ . La mc’mor‘rcfle mir :
L’irlíaginatíon n'eſt' plus* ſi turbulence , ' A'
Et lefmrſè fimmer.
Ennemi: conjureîrr de cette Q u l E 'r u D É ,
_ Æt‘wul’ezm douter, -
.Reglez lerpaſſîonr . l'intéret , enfant—deg_ MQ_
… ñ Your ldpſwrrezgourerz 7 *
‘ſ

XXVH. Revenons à l'action , aufli bien


M. je n'a pas envie de nous laiſſer en re os.
Ilrme‘diſentx dit-il, de! Paſteur: d'une cé;
Ü‘fizu: une apparence de Zele il n'efl n'en' u’ilx
ne diſent pour rendre odieux U' me’pnfab G' le r
mini/:1ere Public, »IF ceux
I’une JD' l'autre Religion. qui l'extr— t dans ~’
i', it bien-- Nu. ſi a;
aiſe ſi comme Hérode il pouvoir? s'accor a'
der avec Pilate dans cc point pour agir g
de concert contre la vérité dt l'innocence.;
Il tient ceux d_e l'autre Religion pour des;
Prétres Idolatres; à cependant il-ieur veut
faire accroire qu'il va prendreicy leurxcauî
le pour eſſayer s'il pourroit les attiretàs’u
'nir avec luy contre nous. Aet—il auſſi tire-'dr
mon c’cri: ce qu’il vient d'avancer .P non.
’C’efl , dit-i] a ce que I’onpeut 'voir dans le: c'crí”
de lefondatrice, Antoinette de Boun’gnon. Pour
.roit-on croire qu’il y euft au monde quel—
qu'un qui euſi le front de parler de la ſorte
contre une perſonne quia écrit -ôt publié en.
.9. forme;
;3M RE-P‘ON'S‘E’ r
METZ tdr’rne l’Apologie des Paſteurs , du Miriſi
ſtér‘e ,public , &--de, ceux qui l’exercent?
C'eſt ce qu’a fait Madilc. Bourignon ,
contre' laquelle 'pourtant M- J: oſer‘épan—
' dre de fi cruelles médiſa'nces. — Les Quackres
ou Trembleurs l'avaient 'accuſée par' un
écrit public, Æe im‘er leiPaſi‘eurr z le Mim'
fle’reyublic, df ier-envoyer- le: perſonnes à leur:
. 'Senmmr &aus Egliſes . *Voyez (panpurem
theſc,)-comment les ennemis de la pure
vérité s’accordent entr’eux dans leurs—accus
ſations ! *L'un l—'accuſc d'eſtimer , &l'antre
de mépriſer, le Miniſtere 6: les Paſteurs.
»Quoi qu'il en !oit , cela -dofina‘à'MflS B.
d'occaſion de faire en forme ?Apologie dés
Paſteursótdu Miniſtère Eceleſiaſtiquc dans
~ un Traité imprimé', &intitulé , Avertiſſeml’”
- '» JPA-?B- mm MSc—&eden Tremblant p où l’on
&peut-voir en pluſieurs endroits , &z particu
- t lièrement à la page' ” 1-' &ſuivantes ;qu'elle
ſhûtientditectementvle cóñtrairede Ia fauſ
?Été-que- luy' impurc-M. j. Mais ,- dira-nil,
dans \es-Luttes ouvrages-elle ~ inveâive con
troles Paſteur-s 6E le Miniſtere. z Belle infim
: \ce l MJ. ſeroit-ilfincwice dans la lettrede
-l’Ecriture ,~ que de neapeszy avo‘ir- remarqué
:âne ceêtcmémeîEcliture, uierablit-le-Rm'
-\ cméittôtlaffldignitédu-Sar inifiéteôt du!
»Batteurs , eſtlaîtnéme uiinvective mille-ü
mille fois contr’eux? I 'ie , Jeremie ,Eze
\chiel ,r Oſée .1 Mulachiwjeſus Chriſt du”
b’Evangile, S. Paul, S. Pierre, S. Juricaſ
en diſent-mille maux ,» les appellans des Se
-ducteurs ,_ des impies, des einem-md?
à la Critique de Mr. 1; 3?;
dcshypocrites , des flatteurs , des merce- :emo-H;
naires , des voleurs , des loups , des Mini
flres de Saran , 6c cent til-tres de cette natu—
re , 6c leur denonçant leur ruïne. Comment
accorder cela avec l’efiime qu’en fait l’Ecri—
ture?C’eſi que ?Ecriture n’invective pascon
tre le Miniſtère conſidéré en luy méme , ni
contre les vrais Paſieurs 3 mais contre l’abus
de l'un ,. 6c contre les maux desàutres à les
méchansñ d’entr’eux : 6c cela-,ſubſiſte trés
bien avec l'eſtime du Miniſtere en ſoiôtdc
ceux qui l’exercent. Ne faut-il pas étre bien
injuſte pour condamner ce procede-là dans
.M11c.B? Et aprés qu'elle a fait plus d'une
fois des proteſtations exprefl‘es de cette diſ—
tinctiomôr fait des Apologies en forme pour -
cette chargeôt pour ceux qui l’excercent, ne
(faut-il pas manquer de candeur pour diffi—
vmulet' cela , &t pour lu imputer publique
ment à deſſein de la di er , qu'il n’qſrrím
- :t'elle Uſer 'amb' ne dxjèm pour rendre odieux
_Mini/Zeit JF ceux gmîlx’exm'em P .Nous
.avons méme ,A pour confondre toutes ſorœï
de, calomniateurs, reduiten Syſiéme tou
-ïes ces choſes , 'à tout ce qui-ſe peut \dire
(pin en bien ,. ſoitv en. mal , du :Miniſtere-.â
des_ Pafieurs. i :6c cela ſe trouve traité-:m
ment dans lit-Préface de la- II. Partie du_ 1:
-moignage de ;verité . qui-employe-vmt—
cinqñgrandeszpeges uniquement à .ce .ſu—
~ !ct- .Aprés cela , = fiez-.vous en, à: la . pax-,o
jciÂeÀM' il* _ ‘ . . l l
. Je-voudroiâbtcnñqu’ilmcdiſt, S'il-"n’- .a
\poi-inde Mamina-anne., &.pointï
236 REPONSE'
Section V. busd-ansle Miniſtère; Eten cas qu’il y en
ait, fi l’on eſt calomniateur du Miniſtere-6:
des Paſieurslorſqu’ou repreſente ces maux
.pour s’en donner de garde? Certain Auteur
qui ſçait faire des eſprits , a dit dans celuy de
z. Put.
MT. Arnaud parv un motif beaucoup moins
Y- 145 -
. fructueus, à ſans façon , que lapins-part des
Paſteursdont les Synodes ſont compoſés,
ſont des jeuner—gem indxſcrotr U' dcr faux-fre'
7e: Mais veut-ll,pourluy faire bien au cœur,
queje luy en cite un autre, un Paſteur, un
Genevois,unALolOgiſie des Egliſes de Fran
zce, 1’Autheur d'es Lemoi- Since’r’es , qui—«tir
ſoutdebitées par tout avec tant d’approba—
tion des Reformés î' Ecoutons ce qu’il eu
di-ten ſa II. Partie, lettre z. Nôtre conduite,
no: pre’dicatiom, no: mæurr , JF toute: choſe:
engeneral, ſont tellement dſc/:fier- du Point au
guelelle: devraient e’tre, quejme fçay plur ne
dire. Î’en dj la douleur au cœur J‘T la conf” oil
ſur la face toute: le: foi: que j’y Penſe: i9' me
defautrfimt enfigrand nombre du' fi ' exorbitm!,
ue fi fem-'reprends' de -Uour ler— deduire je ne
_Zurpy-Par quel bout commencer. Si je regtmä
les Sermom deja flux-Pan- dU'Pdflfl-fi’ſ , j?
*voidr lag/aire propre qui regne en eux.. N.”
n’afcctonn ue de paraitre fçawmr’, éloquent
ou Pbiloflnp er.. Nou: avom abandonne' la finl
plicite’de l’E-Uangilepour le: fleur: Ole-'pointer
*du Sio’cle. Ilſèmble que nôtre but ect plûtâz d'4—
meinçr le: homme: a‘ nous-:eſtimer, que de Ier—*a
meímra‘ ?aſus Chri/I. S— Paul a eu &eau direz
u’i! n’eflp'oíntoenu end’rſèourramajam de la'
4111m” humaine 5 que mnæqu’s’l i’eſipropof
ï:
à la Critique de M 13 7
léfça-voir n’eflautre choſe çue’z'. Chriſt, do‘iee Sed V.

luy crucifie’; que c'eſt ce gu’il 4 annonce' en evi


dence d’eſſrit U' de puiſſance : .L’exemple de S.
Paulne nourupoint touche’; dy' nou: d'vom mieux
aime’conformer no: 'voix au: 710i! du Sie’cle qu’u'
celle de l’Agneuu. Au lieu de chercher naſtre ’
e'loqumcedÿ‘noflre doctrine dans' le Ciel par de
ſainte: contemplation: , nour anom- 'voulu join—
dre ce qui eſt incompatible de fo) me’me , deguiñ?
ſer une beaute’celefle df divine avec de: ajuſte
mem' du monde. Pour ce qui eſt de nor mature b'
denoſire conduite, elle: _ſont tel/er, que naflre
exemple n'eſt plu: le miroir de: amer our la
Saimete’; mais plîieq/i une matiere de [fandale
Pour lerfoible: : En effet .1 noflre orgueil , noſlre
maurice , noſire 'Dengence , noflre haine, nor
de’regiemen: ont tellement e’clate’ù" ſont devenue
_fi Publier , quaſi nomjenſamleenior , non jeu
lement le: homme” mené-auſſi ler pierre: s’e’le
Teront contre nour. Et comment efl—ce que nor
.Egliſe-:ne croient !45 corrompu” Puiſque nour
ſomme: corrompu: . Comment en chaſſèrionr-noue
le: 'vices- , Puiſque bien loin de le: chaſſer de nor
cœur: , nour le: nourriſſmr dam- nar cæurt?
CommentPaurrionr-nour e’le ver le: [Sommer a' der.,
Medimeion: celeſler vfpirituellcskpendant que
I'on ne remarque en nou: rien que e charnel b' y
tie-terreſtre? Le Samuaire eſi ſoüille’; le mal
efl venu denos‘ProP/;c’rer , qui ont 'voulu ſe can— "
former au: coù‘eume: du monde , b' nonPn: à la
'volonte' de 7- Chriſt. C'eſt nour qui ſomme:
cauſe de la decadence de rio: Egliſe: , Ü‘ c'eſt ar
nou: que la corruption r’eſl gliſſee au milieu el
le: .. . . . Ïe crains que Dieu ne [rc’ne une ſe
~ ï> 'dre
zz?~ REPONSE
Sïfiignñv. We'rewngencedemus, &qui il acmfle' le gard
:le-deſc: troupeaux, dF—mar'r quíau lieu de le:
garder Ier avons abandonne' en proje- au: loup!,
n’e’rançanmif: u’à mflr‘e profit., qu'a' mſtre
ambition, pb'. u zinotplarjſirr. Aprés cela il
introduitun eculier parlant ainſi: N'eſt-ce
Pet-une cbafc dFodieu eù'honteuſez que quand'
on weutparler de que que haine-incurable U' de
quelque-vengeance e’rernelle, on dira xiprefèna,
Mme-'e &Mini/Ire; haine deMnË/ire? Î'g.,
eu…en ma, 'vie quelque: dfflïmltq‘. Ten day—en.
une, aucun Miniſtre; j'en ay eu douze , dfplw,
avec-.der gent de guerre, ù' Je: plus' furieux.
Mai: il’faut que je 'vous avoue que. celle, ne
j'a] eue aver-le Mimflre m'afaíe plu: de Penne: -
"a m'a eau e’plur d'a-ruban” , ſurtout” le: qc z A
ne: mfm [aqui/eſa” 'UllídfiſſB—ï‘fofl doucement;
Mai: I’opiniatreté; la chic-mm', da' l'humeur#
«balance du Mini/ire , mapaníedverſe ,fab
liremeemflirà me faire perdre patience. ſe
m'mplar‘gmísunjour a' mes. amis, qui me dz'.—
rmt, He’lar Monfieur ,‘ namur. imaginez
qu'il ſoirlefeulde eme humeur. Il; . ïïïñ.
?raſſurant fra Pe _à ent-in. .Ilſemóle
ém’melaPre’ni cruz-ire dal-abimé: èſeeuçñ.
gùíl'omreceües le Mímflehengenemljbr‘eæ,
m'a; de L'eflaínesmauvmfit qualité-J cam.;
l'orgue-'1, d'avaríce , d’apinimfm’, de haine', der
mater-Voila comment en parle—;l'un d’eux, …
à leurApologiſie-Mlle. Bd ne peut avoir rit-.Il,
dit.de plusfort en ſuhſianceje_ ne dis-pas,
contre le Miniflerçôt les-bonsPafleutsmain…
eqntrelesmauvais &contre l'abus. qu'ils eg...
font- Maintenant , fi M. J. eſtdans le. caen
dela Satyre du Po‘e’tc, " ' ~ ‘ Em_
à la Critique de 2,39'.
'Safi wlutflricto quotie: Luciliur ardeur señion v.
Iïficmuit, tube: audit” cm' fi-igid- mms
B
Criminibar , tacitajiidamyrecordia culpa;
Inde me —-—
je ne fcaurois qu'y faire. Mais s'il n'y .
eſt pas , pourquoi tirc-t-il la choſe à ſoy 6c à
tous ê &pourquoi veut-il étre l'Avocat. des
méchans , &r des maux par leſquels -ils ſoiiil
lent une chargequieſt trés-ſaintede ſoyê. p" 5,….
XXVIII. .Des exercice: publics' M. J. :-july-r
vient aus particulier: dedwon'on, à ditpre— ""‘"‘"
miercment— , qu'il: .n’m font point dam- leur:
maiflmr : mais ſa conſcience luy donnant -la
deſſus un coupd’aigpinon , il redreſſeñà re
&ifie ſa penſée en ajoûtantnii moin: qux‘for‘mï
-v-fibler. Sans mentir ils en font plus quevous
&dans lesformesque Ieſus Chriſt a preſcri
tes: La” que ru Murphy-,entrent to” ubàlet,
forme: en [aſſo-ne ſur to), U1)prie to” Pc’n en ~
fe'cret: Et s -il yavoit eu descnfans entr'eux._
ceux qui enauroient eulacharge auroient
été obligés à les exercer à cela viſiblement.
Mais n'y ayant euque -des perſonnes capa—
blesde tier ou delire par elles ſeules, une
des rai ons' qui lesaobligéà agir ainſi, ont .
été les perſëcut—ions devos ſemblables , des
gens d'Egliſe memes , qui faiſoient affléger
les murailles voiſines par des perſonnes v
apoſtées , pour voir, s'ils entendroient par
1er hautôr ſans interruption quelque eſpace.
durant , à pour avoir ſujetde lesaccuſer— de
faire une nouvelle Seéte, desconventicuàes.
es
240 REPONSE
"MW" V' des predications, ſur leſquelles calomn’ies
il n’a pas tenu à eux de ſe ſaiſir plus d’une fois
de leurs biens 61 de leurs perſonnes On leur i
a fait ſur ce faux prétexte tant d’avanies, que
Iouvent l’on n’oſoit parler haut au logis ni
lire haut une lettre venant dc la poſte. Aprés
cela, n’y añtil pas dela cruauté à nous in
ſulter, qu’on ne t'a—it point d’aſſemblées com
mevles autres Sectes , ni d'exercices com
muns à à haute voix dans le domeſtique?
Nos cruels perſécutcteurs n'ont ſouvent de-.
mande que cela pour nous perdre. Si M.).
nele ſçaitpas, il eſt blamable de ne le pas
ſçavoir : car la Vie à les livres de Muc. B. le
déclarent aſſez. . .
Du Priè ~XXIX. ll vient aux prie’rer_ z ſurquoi il
~ vn. DE la penſe nous faire grace de nous; accorder que
perfection du moins nous les permettez” a'qm' en wurfai
Je Chri.
~ fliamſm. re comme une choſe qu'on .peut faire ou
laiſſer indzffe’remmem. Je-ne luy tiend ray gue
res compte de ſa liberal-ile , à il n’en ſera pas
quitte pour cela. Ecoutons—le. .
M.). Le: parfait: d’entr’cux ne t'amuſer”
aim à cela , (aus priércs.) A la reſerve de
île.Bourignon( qui étoit , à mon avis , ve
ritablement parfaite r 8( dont l’e'lément étoit
la priere continuelle, ) nul d’entre nous ne
s'eſtjamais tenu de n'a jamaisxcnu aucun de
ſes freres pour parfait iuſqu’à ce jourdhuy,- de
.ainſi , cesparfain d’entre nam' (ont une fiction
de M.). Mais c’en ell bien-une autre qu’il
leur faſſe rejetter les prières. , S’il avoit étu
dlé zo ans pour imaginer quelle pourrait
erre la plus» grande 6c la‘pl—us, palpable_ de
. tou
Jr la Critzgue Je M 2_z].~\_
toutes les ſauſſete’s qu'on pourroít attribuer Section Y.
â Mlle. B. 8c à ſes :unis, il n’auroitjamais pû
mieux rencontrer qu’il a fait ſur le ſujet de la
priere. La doctrine de Mlle. B.(& par con
ſequent celle de ſes amis 6c la mienne) ſur la
perfection du Chriſtianiſme, eſt, qu'elleconfiſi .
.ſie, 1. en l’abnégation de nous memes; z en
la priere continuelle , ou en l’entretieu
amoureux avec Dieu, en des defirs, dés mé-_
ditations affectives, à des élevations con
tinuelles du coeur à Dieu. Tous ſes livres em
ſont pleins Voyezia Lumiere du Monde, ſi
Part. C. 16, r 7, 18 &c- où elle enſeigne que
l’homme a été préciſément créé pour cela ,
que nous n'avons rien d’autre à faire au
monde , & que c'eſt la nôtre UN’IOLE NE—
CESSAIRE- Je produiray tantôt une de les
lettres ſur cc ſujet. 3. La troiſième choſe en
quoi conſiſte la perfection du Chriſtianiſme 5
eſt , de correſpondre fidèlement àce dont
Dieu nous a donné commiflion , à aus de—
v oirs qu’il nous impoſe par la déclaration de
ſes volontés. ñ
Or pour debrouiller tout le ténébreux ar
P ticlc d’abſurdités que M. J. nous va objecter,
il faut remarquer touchant 1e z.point(dont
il nous imputc fauſſement la negation z ,l que
les deſirs, les priéres , les meditations aſſe
ctives , ſont véritablement des action: _de
l’ame aidée de la grace de Dieu: ſeconde
ment , que dans ces actions—là l’ame doit
brider ſon affioite'paniculie’re & celle de ſa
raiſon , afin que 1a grace de Dieu puiſſe ope
rer librement dans l’étendue de l’activité de
L cette
ñ24z _REPONSE
Sect- V- cette ame &avec elle: c’efl àdîre: qu'à la
vérité l'ame ne doit pas étre inagiſſante ab
ſolument à hyfiquement: ce qui eſt im—
pofiible & ri i‘cule: mais ſon inaction eſt,
, de ne ſe pas determiner à des choſes bornées
&.particulieresfi_ l’ame ne doit pas de ſon
chois déterminer ſes after ou deſirs à cecy ni
àcelade particulier j, elle ne doit demander
.ui cecy ni cela qui luy vient en fantaiſie , ou
qui luy ſeroit le plus agreable; mais ſeule
ment deſirer—en général, ſur quoi que ce ſoit,
que la ſainte volonté de Dicuſe faſſe en tout
&partout , .comme il ſçait qu'il eſt le meil
leur, ſans_ luy rien preſcrire _determinémcntz ~
ôr que de méme les mc'ditaliom ne ſoient pas
du genre des ſtériles—efforts de laraiſon , a
lambiquée à des‘ ſpéculations ſur les idées
deschoſes ſpirituelles; mais des e’lcvatiom
dffeemæ du cœur à l'amour de Dieu.
Les Myſiiqucs vont plus avant, ô: ils en
ſei _nent _en ſubſtance, que quand l’activité
de ieu veut ſaiſir fortement , ſenſiblement,
Gr ſurnatprellementl’activité de l'ame; alors
cettezactlvitép toute-puiſſance abſorbe celle
dcl’ame , qui ne .ſe ,ſent preſque plus devan;
Ia divine, 61 qui ſemble comme aneaneieôt
toute Paffivez c'eſt ce qu'ils appellent , aſſou
piſſemem, fimeil v, aneuneiflemem , repos' ärc. qui
ſont des opérations trés-réelles_ g mais de
Dieu ſeul: ear fil’homme vouloit prétendu;
'd'en produire, il ue feroit que des folies p
auſſi im ertiuentes . que s’il vouloit être Cté: î
ateur à outpuiſſant- C'eſt durant ce repos
que Dieu (à ce qu’ilsdiſcut) communique
à l'ame
ï
à la Critique de :.43
â'l‘ame des ſentimens , des vûes ,des goûts, Sea- V'
des tendreſſes , des graces , trésſublimes de
trés-ineffables. Sur tout cela ils font re
marquer. 1. Que laperfection de l'ame, dt
encore moins celle du Chriſtianiſme ne con
liſte pas là dedans; mais plûtôt à vouloir en -
étre privé. a. Qu'on ne doit pas ſouhaiter
ces graces-lâ. 3. Qu'il eſt impoſſible de
s’y diſpoſer , 6l encore moins de s'y mettre;
&ainſ . que ce prétendu aſfimpiſſement &a
ne’amiſſemcm qui viendroit des efforts de la
créature , 6( qu'on dit fauſſement que les
Myſtiques enſeignent à fi: procurer .de ſoi—
méme , (dequoi M. J. parle auſii) eſt une
pure fadaiſe. 4. Il faut auffi remarquer, que
la Doctrine de Madllï. B. neproule pas ſur
ces points-cv; mais uniquement ſur les trois
où j'ay ditincontinent qu'elle faiſoit conſi:
ſter la pcrfeétion de l'ame ôt duvéritable
Chriſtianiſme.
Cela poſé, il faut ſçavoir, I. que M.).
-s’eſt imaginé , que Mlle- Bourignon & ſes
amis faflent leur principal de cette matiere
extraordinaire que je viens d'attribuer aus
Myſtiques, &qu'ils faſſent méme conſi
,ſter- la perfection du hriſtianiſme. ~ Ce qui
veſt faux : 6e à peine en parle-t'elle en paHant,
fins y- inſiſter. Secondement, comme M.
J. n'entend rien du tout dans cette matiere
des Myſtiques , de qu'il l'a broüillée en un
c‘aosdont il a forgé des longtemps des chi
»mères à des conſéquences_ folles dt abſurdes
u'il leur 4 attribut-!et , il veut maintenant ſur
une _fauſſe ſuppoſition 1deäfaít , an'ribiîŒ-uj
ï
'244 'REPONSE
&mon v, Mlle. B. à àmoy toutes ſes fictions abſur-Î _ y
des pour me faire l'honneur de me faire paſ
ſer pour un inſenſé.
Toutes ces petites .obſervations ſont né
~ccſtaires pour l'explicationdu texte de M.J .
Venons y. …
.L’im de; Principe! de M; P. (c'eſt moy ,
Meffieurs, ſansvanité,) .c'eſt que 1e: defi”,
.lerjórie’rer, le: elle-cation: 't'en' Dieu, 01e: m2'
ditatiam' r flmt emie’remcnt cantTai—Ter a' l'eſprit
du parfait Chriſtianiſme ., JF font oppoſition zi
la deſcente du S. Eſprit do' -a‘ [a venu: de lagrace.
M. ]. oublie toûjours à nous tenir parole , 6c
à nous—montrer comment ce qu'il. dit dc
moy eſt iirc’de monpropre e’erit. Ce ſera ſans
doute dulieu où j'ay mis entre les caracté
res de ceux qui ſont en état de ſalut , celuy
d'ELE-vE-R EN TouT TEMS, EN TOUT Lieu,
EN TOUTE OCC'UPATÎON amant qu'ileſtpoſfi
ble, LEURS CœuRS à Dri'u,de ?REER ſon bon
Eſprit de 'venir dam- rux , de le 'LoüER ,:. 6c lors
que j'y dis , que l'eſſentiel de la Religr’pn Clare'
tienne confifle'à A-DOR-ER Dieu en eſprit ven
oc‘rite’. je prie ceux qui veulent \avoir 'plus
~ particulierement mes ſentimens ſur ces
choſes, de vouloir lite les chapp.II.'_IV.— à
IX. duTome VI‘. demon Syſteme.; , Tout
ce que je puis faire icy , eſt, .de déclarer.
,, Que je prends le Ciel &la Terre àtérnoin de
” la PaoTesrnr-roN que je _fais _contre ce
qu'on m attribue ici comme contrezdes fauſ
” ſetésinfignes, quine meſontjamais—ycnues
z’ en la penſée, &leſquelles je déteſteſouvc
'a raineme’nt. Et s'il ya auímonde quelqu'un
'qui 1
à [a Critique de M 7.. 14;
qui me puiſſe prouver quej’aye jamais eu “ 5M- V
des penſées ſi‘monſtrueuſesge m'abandonn‘e “
à étre tenu 8c à e’t-rc puny comme le plus im- “
'pie de tous les hommes du monde. ~ Ce "r
ſeul article m'obligeoit indiſpenſablement'à
~ne me pastaire. Je viens d'ôter l'ambiguïté
' du mot de méditation , qui eſt le ſeul—ſur quoi
‘ on me pourroit chicanner , &je déclare, que
‘ je tiens &t ay toûjours tenu les deſir!, le: prie'
’ rer z 1er c’le’rmtionr 'ver-'r Dieu , da' le: meditatienr
affectives, pour INDISPENSABLEMENT NE
CESSA I r2 ES à l'eſprit d'a parfait Chri/Ziani me , _
'à [4 dcfirrme 6e communication du S.E prit,
‘ ù' à la 'venue de la grace. Pourquoi donc
. m’imputer publiquementle contraire? Que
diroit M. j. ſi je luy enimputoisautantde—
vant- le monde P Cependant j'aurois cent
-fois plus de couleur de le faire que luy: car
par la voye des conſequences. j’aurois bien
l “tôt fait à luy prouver que par ſes-principes ſur
“la Providence, iur- les decrets, ſur le con
' cours , c'eſt plutôt luy qui anéantir les prie
'resôzla piété. q î ’
' M.). Selon luy ( c'eſt ene‘ore'moy,)lèfeul
- e’mt Propre ti attirer le S. Eſprit eſl celuy qu'il
appelle, _d’inaé‘tion :' far lequel dentaire-Pri
'vation de prie’rer , de defirr- U_ de mou-vement,
onſe ' laiſſe tomber dant le‘rte’tmt- Cette indian,
eettepri-Mtion, ce ne’tmt Pour attirer- le s. Eſ
prit , au ſens qu'il- l'entend-&t qu'il m'impu
* de
te,M.).
ſont des Mon fictions dt' depas
mot n'eſt creuſes
celuy chimcres
d'inafliſſim
(dont je ne ſache pas m’étrejamais ſervy- ?.
lois dans un livre que M-— J; n’avoit pûenco—
- L 3 re
_A4
\a

2'46 REPONSE:
seŒO-l v 1re' lirez) mais Je me ſers du mot de wav-dire',
pour ſignifier que l'ame ne'doit pas particu
.lariſer de ſoi ſon action ni ſes deſirs, (ainſi
que jeviens de dire) mais qu'elle doit s'é—
Yacuer de toute propre volonté. Ce qu’il
goûte de l’ane'amiſſemmt derfaculte’r pom-fai
re deſcendre le S. Eſprit , dz enſuite , d’aflou
Ier-fnulteî', à dejà procurer une qſpc’ce d'ex
ufe pour le méme effet, ſont toutes des fa
-dailes-de ſon invention , àquoi je n’aÿ ja—
-mais penſé.
_ M. l. Il; onttrerpcruellemem à la bouc/:e ce
m”, Silk-mt Creature”, UDominur 10 uatur:
&ſaler mîdtum Eugene; @que le eígmur
,în-le. -Si i’avois un oyaumeà perdre, je
» 'offlirois àq’uiconque peut aſſûrer avec vé—
zrité de m’avoirjamais ouï dire ce mot-là une
.ſeule fois. Je ne l’ay jamais ouï d'aucun de ~
mes amis, '6c nul d'eux nel’a jamais ouï de
;ma-bouche. Ie ne m'en défeuds pas comme
-d’une choſe_ mauvaiſe: car c'eſt uneztrés
bonne—.aſpiration de S—_Auguflin . ,de _Kem
pis, ét de pluſieurs ſaints: mais afin qu'on
.von-.comment M.). sïefl donné la _liberté
. dedire-.de nous tout ce _qui iuy vient _dans ;a
me. Chacun ,au reſte. , ,a _ſes manier—es d'a
H ſpirations ,- quelques-_uns en ont_ d’habituees,
&ri-?autres er:Moore;zquelqucscunsdeëvœ
cales, &quelques autresde _tacites ;iij’avojs
à en choiſir une habituelle , ce ſerait_ plutot,
Miſère” mn' Deurſecundummagmm miſericoï
durm num , que quelqu’autre plus pro.pre,à
un état moins bas que leſnien. .
Aprés ces beaux exploits.” .M-.J-..n’çfizil
e pas
ä la Critique de M. " 24'7_
pas plaiſant de nous attribuer ſes propres 'vi- Sect. V.
jîom, 8c dedire qu’on en 'Doit de: trait: dan: '
' route m4 lettre 5 que c'eſt ce que _ſignifient ce: bu
mrlation: , ce: aneantiſſemen: , ce: aile: interne:
d’adlaerence a' Dieu que j’exorte de faire. Je
enſe, encore' un coup, que M l. tient ſes
ccteurs pour des cruches , leur voulant fai"—
re accroire qu’ils voyent le contraire de ce
qu’ils liſenteffeclivement. Où voit-on dans
ma lettre la moindre ombre de toutes ces
folles viſions Ë Et où me ſuis-je ſervi de cet
te phraſéologie myſtérieuſe (l'humiliation: a
d’ane’antiflèmcn: , d'acte: interne: que M. j.
devoit’inventer pour avoir ſujet d'y appli
ques ſes chimères? car mes termes ſimples
à ordinaires ne luy euſſent poinrdonné de
priſe ſans cela. Enfin n’eſt cc pas à M. J. la
plus bourrue de toutes les viſions , de m'im
puter d'avoir voulu aprend'rc à ceux à qui il
_écrit ſes Paſtorale: de ſe procurer des ane’amiſſe
men: à des exflaſe: par me: Avi: eharitabler?
Voila un but , une matiere , 6c des moyens ,
admirablement bien choiſis l Au moins euſt
il ſalu que (es fables euſſent un peu plus de
vra ſemblance. ‘
XX- Je ne ſçaylfi’c’eſt par railleriequ’il
-fait mention, que Dieuparle au _e'euritnmd—
-é’iatemene @par Iujme’me. ~ -Un homme qui
prophevi ſe que ſa Sectoſera‘ retablie en trois
'ans parvoye d'inſpiration , sfôtè à luy méme
’1~e ſujet dene pas ſe moquer de laparole'im— ‘
médiate de Dieu au cœur ,- -ôt -Pon‘eſt' inca
pable d'en juger lors qu'on fait profeſſion de
ne rien comprendre dans les choſes
’ ~ ~ L4., î mym-
ques. ~
148 R’EPONSE ,,-.'_
ques. Si quelqu’un du nombre de ceux qui l
Bect. Va
ſeraient en cet état , étoit aſſez téméraire
pour prétendre—:juger à fi. moquer de ces ado
rablcs Opérations du Tréshaur dans les ames
pures ., 61 qu’il voulûrſçavoir , de quelle ce
neur Mlle. B. luy répondroitz le voici dans
l’Avertiſſ:
r1/ contre
eſt en rc’néórer , i9' les Trembleurs
n’entend rien de: ,abo/ä-
pa . f[1]' ~
rituelle: : pour ccla le: veut-i1 Izlrïmer U me’pri
ſer. C’efi commefi un aſne entrait du contoir d’rm
grandMarc/:and: ilfaulerait bientôt au: pieds'
,tour ſe: livres JF Papier: qu’il trou-Umm# par
terre encore bien que ce [croient de: oblxgationr
degraml prix—;il fflferair dufumicr, l\un-ce qu’il:
ne lu) pourroient cr'vir a' autre chofie: comme
_auſfl un Pourccau .T il ennui: dam- une boutique de
Tic/:es c’Hferi il Iesfaliroít ou de’claircroit router
fan: Penjèr mal—faire, comme fait un tel , qui
condamne toute: le: choſe: qu’il ne connait poin]
[on rju’eller ne luy Peuvent ſervir a' l'uſage d’e’
.Mbh’rſd Sefle. L’Lcriture ſe ſert de pareilles
comparaiſons pour marquer ceux qui jugent
k6( condamnent les cholcs myſtiques. Ainſi
M. J fera'bien de s’en abſtenirſ Ce ſont let*
tres cloſes pour luy. ll luy faut une Theo’l‘o
gie d’enclume à de marteau,qui faſſe bien du
v bruitavcc de bons’articles de controverſes,,
de bonnes querelles , de bons débats, de
bonnes ruadcs, de bol-mes roſſesinjures,6r
de bons grands coups à ourdir les cœurs
endurcís, quíſàns cela ſontdéia aſſez ſourds
- _à la voix dc Dieu. Pour laMyffique, ce
n'eſt pas ſon gibier. . Il S’elt voulu hazarder à
Y faire une courſe à, la fin de ſon traité de
Pro—
zi la Critique defi-I:— :-4,9
~ propheties; mais dés l'entrée ila_lpliutoiable- ScÜ-VO
mentprisFaris-pour Corbeil, la éologie
~ Symbolique pour la Myſtique, deçu parla
reſſemblance de quelques expreſſions Sym-
boliques dont laMyſtique ſeſett quelques-
fois: qui eſt, comme ſi ayant promis d'ex
pliquer la Métaphyſique , j'allois traiter de
la Grammaire , àcauſe que la Métaphyſique
ñ ſc—ſert des mots qu’enfeigne la Grammaire;
De telle: gem- il 'eſt beaucoup'
Wi prendraient Vaugirard pour-mime.
Et qui, cuquetun: auplur dm,
Parler” de tout —, U n’om rien 'mſi-\,7

ñ dit la ſable dit-ſinge , applicable à quiconque?


~ veut parler-des choſes, des ſentimens, des
écrits à des perſones qu'il n'a-ni ſus, ni "com-
pris, nilûs,-niconus,= Ildevoit—ſeſouvenirï
. de l’avû qu'il a fait autreſoisde ſon peu d'in
: telligence en fait de Théologie Myſtique.—
, C'eſtau ch. VI. de ſon Paralelledu Calvi
' niſme à du Papiſme.- Il y dit; Cette Théologie'
Myſtique eſi un tiſſu d'expreffiíonr barbares',
!NINTELLIGLBLESB dewjïom’ridículer, JF
'Y d'une devotionfiilledſ extruvugante', cupablede‘
E gâter 1er ef_rits.Telrfimt 1er lio-rer de Îeunscbim"
; have, de cun TuulerutſdeRutbrocbiur,(HO-*
;- tés que les ouvrages de ces tres-ſaintes ames-
'. .là ſont des thréſors de—lumiéresz ,ñ ÔL— des
; merveilles de Dieu les plus ſublimesëSz 1Ls~
;-_ plus pures,,-) »du particulierement (adjoûtee
- t'il,) dela Mere’iulienne, (dont je ne puis~
- .rien dire, n'ayant rien vi’id’ellelceflnt (pours'
.’… ~ ~ F; " ſuit-—
-25'0 REPONSE
ScfizV— ~ſuit~il,)
"PREND RIENd’afreux atimathiar
, ligne” oû l'on NE ui
que lerautheurr coMle:
ont eompojè’r-avoientpuaotr LE SENc. mon
Sauveur, Sourceunique deces-divines lu
mieres! Voilà enperſection l'accompliſle
-ment de cette parole de vôtre Apôtrc ,
L'homme animal-JF charmi- NE COMPREND
PAS Ieſthqſèſde l'Eſprit deDt‘eu: ELLES LuY
‘$0NT FOLIE! Dans lemémelieu,il con—
fond avec des fanatiquesà fouleà ſes pieds
ſ comme dans le contoir du marchand , di
mir-Mlle. B.) les céleſtes écritsde l'admira
ble S". Téréſe,'&- de-quelques autresrſaintes
ames , num-bien que le trés~divinëlivret de
la Théologie Germanique s qu'il dit contenir ler
"fondement dufanatſſmedo'du libertiniſme, au
‘-lieu~qu’il a été-préciſément compoſé par
:une ame qui —~avoit -le bon Eſprit de Dieu
--comre le fanatiſme ôt le libertiniſme, &:qu’il
"les ru'i'nede fond en comble. Ce petit-livre
' :a paruſi admirable &ſi div-in aux plus pieux
'à aus-plus ſçavamsdesrrois Communions ,
-qu'ils 'l'ont-traduit de l'original-Allemand:
[fait imprimer ſouvent en toutes‘ 'ſortes-'de
' ?langues fLes Catholiquçs‘l'ont fait-impri
- -mer .à— Anvers avec leïPriviólége duzRoy
"d'Eſpagne :' Entre-- les Luthériens-le célébre
?Arendt , à le Docteur Lutherméme ,ñ en ont
Pfaitl’élogejuſqu’à l'égalcr quaſiv aus divines
"Ecritures ,-dans les éditions qu’ilsſen ont
'-jprocuréavee des Préfaces de leur façon ;ide
' -entre les' Reformés , --le -ſçavanrà .pieux
Caſtalio n’en a pas-moins faitdanslesñTra
~. ductions Lat-ine dt Fconquiſe-qu'il - enballiépu
es.
l à !à Critique de' -_ _z‘fr
,bliées. Oſé—je dire qu'en ayantfaitparoitre Sçctioufi.
moy-mémeuue Traducti nFranſçoîſe i-lya ' ~
environ onze ans, elle fixant-;Lie avec a-pro
_.bation quoi que pleine de faute's’d’impreſ
x lion; 8c que peut-étre mepourroit-ilbien
prendre envie d'en procurer un de cesjours
une nouvelle Edition ~, d'où- l’on verrait,
combien' peu ceux qui condamnent des vé
ritésfienſubſtantielles
ſent à fidivines,
choſes ſpirituellesctèſ En ſe connoii- .
voilaaſſeót
pour’faire Voir; que ceux qui ont étudié t'ou
z ce autre choſe que la. Théologie Myſtique,
feroient trés-bien de lalaiſſer-lä, elle , les
perſonnes
aprocher. a 6e les écrits qu’ils-s’irnaginentien
L
XXXI. Enfin M.].vientàciter quelque Der-pu.
* choſe de mon écrit, non ponrl'impugner /ïm'hl'ï
directement; mais pour 1e broüiller, 6c pour P‘fl'fi"
tirer de ſes brouilleries- des conſéquences
ineptes à propres à faire rire ceux à qui il tâ—
che de procurer quelque divertiſſement. ;Il
. cite ce quej’ay dit de 1a preſence Te’elle par _71a
_Parole deDieu_& par la fbj'r ſur quoi z aprés—
avoir témoigné_ ſa pitié ſur la mala-:ſie &ſur
les fmge: de mon eſprit tâte’ , il s’offre de
,nous venir e’éiat'rcx'rma penſée.ñ Sans-doute
,'.M. j. eſt l’homme du monde le plus propre
à' éclaircir nos penſées. Il s’y entend à mer
veilles- Maisvoyons. Premie’rement,…‘il~
ſait trés mal ſa Cour Gt hors de ſaiſon aus
.frc’res de la Confeſſion d'Arts—bourg voulant-toute.
'ſuer ici en ridicule la» préſence réëile, u’il‘
traite de monſtre dans ler-préface de ſes _ro
“pheties- Secondement , croyant: avoirac—
.…… … .. L. . “Spé

Q
,252- REPONSE
.3”. v.. trapé les principes de nôtre Syſtem-e, il‘ ne
‘ propoſe que, des propres chimères de ſon
crû ,, avec quoi il-,ſe divertit en ſiile de Jode
‘ I’er. ' Toutyeſt faux. Faux,que nous croi
' yons que Dieu a-voit-crc’e’l’homme maitre de tou
,
te: choſe: au Pied dela: lettre ôt dans le ſens de
' confuſion à de deſordre qu'il l’entend.
..
' . .jf
…5'55 Faux dans les exemples qu'il en allegue d"u
‘ ' Tete'rlecour: du Soleil, que Mlle. B. n’a pas
….
' tenucourir, non plusque moy; à de faire:
‘ remuer la terre, qui—.ſelonnous, tourne au—
tour du Soleil. Faux, que l’inflrument par
lequel i1 faiflit cela ou le Pou-Doit faire c’toit a—
lors ſafe); Faux , que l'c’t’at de Perfection oû'
Jeſus Chriſlnou: appelle , ce _ſoit celuy-la: au.
' contraire , c'en ſeroit pl—ûrôr Pàbnégntionäî
ce ne ſera qu’aprés la reſurreétion qu
l’homme recevra lapu-iflance, quîl‘zavoit eüe
ï»
à ſa création. Faux . que quand'Jeſus Chriſt.
' ditdela Foy Chrétienne , tout eſt poſſible au
-‘ "croyant, nous l’entendions ſan: figure do'fan: ‘
-î exceptionaucune. Ileſtvray que nous n’y ap
f' portons-pas des gloſſes- nizdes exceptions de.
~' la nature de celles de M.J.. qui excluent'la.
îæprcſcuce réelle. C'eſt cela qui luy dépläit...
² Enfin ,il n’y a rien de plus plaiſant que de le
Îvoir ſcde’couvriren ſon ridiculean coin de ſon;
~. feu 5C fbus le manteau defa cheminee eſſayant à
Α y renverſer l'ordre du monde 81 à—tranſſi/bſtanticr
‘ ſcscbcnmôttour le: ntenſil: de ſa maiſon par
Ç l‘a ſoy chimcrique de ſes 'prétendus princi—
^ pes ,' l'aquell’e ſeroit plûtôrune fumée d’hy
~ *poconjriaq'um qu'une penſée 8c un déſir
l Lieux- ecboſesſalutaires, ſoutenû ät réglé
~ " pau

Q
I

[la Critique de M. 273


v;par l'Eſprit Saint, qui eſt l'eſprit de l’ordrc &t Sïct- "Ã
de la Sageſſe , à par la parole de Dieu ;ainſi
que doit étre L A F o Y véritable que Jeſus La ford'
' Chrifl’ratifie dans ceux qui l’onr. Ne voilà
pas un admirable explicateur des penſées
d’autruy? On me dira peut-étre, que je ne
les explique pas moy-méme aſſez ample—
ment. Je crains d'etre trop long. C'eſt pour—
quoije renvoye au 2-. 8c au 6 .Tome de mon
Syſteme , où l’on trouvera ſuffiſamment de
quoi ſe ſatisfaite ſur tout cela.
XXXLI.. Il eſſaye enſuite à rendreburleſ- D, ,4 19,_
l que l‘e peu qucyay dir en paſſant' de la purífi— nficmw
cation de l'ame aprc’: la mort , de laquelle il ſe W": 'ë
raille, aufii bien que du Syfiéme de Théo— "ſi"
Iogie queje viens de rendre public. Si Mr.).
flznvoít combien grande eſt devant Dieu ſon
' ignorance touchant les choſes ſpirituelles ,t
il ſeroit honteux de la. ridicule preſomption
où il eſt d’oſer ouvrir la bouche pour en par—
1er d’un ton de tailleur , & comme s’il avoit_
penetré le fond des choſes dont il n'a pas
ſeulemcnt encore vûlaſuperficie.. ~ ll n'en a
vfl'au travers des lunettes de ſes lpréjugés»
que le peu de l’apparence trompeu e que la,
jaſerie de la Théologie de l’Ecole en.propo~
-'I
ſe , ë; celaluy ſuffit poutinſultcr à la verité
qu’iln’ajamais connue. Qu'il liſe un peu
; les chapitres, 5, 6, à 7 du VI- Tome de
cette Theologie admirable dont il ſe taille ici
' ſurle ſujet dela purification,- &S’il a de la
Gand—eur, ilverra dequoi s’en convaincre,
’ ô( dequoi—rougir d’avoir impugne’cette veri
' té z ſur tout avec une Comparaiſon aufli ma—
L7 tériel~~
-2,54 R E rouen'
Section v. tériclleà auffi peu—ſenſée qu'eſt celle-deçíôn'
~ fable u‘fiiurbir. Ilya là dedans une baſſeſiè
que toutle monde ne comprend pas. ll,a
.penſé me piquer ',~ à il m'a tait rire de tout
mon cœur. _Ilme veut inſulter ſur ce que
, mon pere étoithomme de métier. _Nc voila
w pas un grand ſujet de confuſion? & eſt-ce
q ſur ces ſortes de choſes que M. _I-men'aſſc de
L nous fairetournerla diſpute à deshonncurê
Pour moy', je ſuis d'avis de laiſſer làla
honte pour quelque autre ſujet , c5: de n'a
voirhonte que du _ſeul péché, à non pas
_._d'avoir .eu un pére qui travailloit‘de les
mains ſelon l'ordonnance de Dieu. Si j'a
,,.yois l'ambition d'aſpirer à quelque élevation
jdansle monde, il ter-oit- tres-bien de rabaiſ
.,ſer _ma vanité par cetteconfideration-là.
Mais jen’en ay point; & i’eſpére que Dieu
f ſevrera pourjamais mon ame de_ ces deſirs
"là— ' Ma grande qualite' eſt 81 ſera quejeſois—
;EntantdeDir-'u , ' ’ ' ‘

Qæfm Amourfiiit ma richeſſe',


“Mim train , mon e’rut , _pmu nobleſſe !ë

—, Cela-PWM.” a .moyennant \à divine-gray,


«gtou‘tem'on rnbition; &l'artiſan aautanſu'ig
'-.drr'oitd’y Ifircſifslœ l’Empéreunpqurne, ; s
; dir-:avec, - Raul. que Dieu ſe plait à &horm
, les choſes ſoibles , , baſſes ,v mépriſables; tôt
' enëantmémc, pour confondre les fortes,
, les nobles , .&'cellcs qui ſont de grand éclat.—
ÎM- l- .ſsaithicn ?Cia- C’Gfi un lien cqtnníun
e ' ~ ' 'par
ä la Critique de Mr. 2.”
, par lequel ils defendent les premiers Pa - Section V,
n ſteurs dela Reformation, qui étoient la plus
. part des gens de metier. Mais ſi M. J_. av oic
ñ ſçû .que mon grand-pére pour ſe rendre Re—
formé , de Religieux de l'Egliſe Romaine
. qu'il étoit auparavant , avoit dû quitter
tout , juſqu'à ſon nom , _pour éviter les per
ſécutions des Moines 8c de \a famille; dz que
dans cette conjoncture ilairna mieux ſe re
duire à aprendre le métier ,de fourbiſſeur
que d'étre à charge ausautres à de vivre en
fainéant; je veux croire. qu'il nem’auroit
pas voulu faire honte d'une-_choſe qu'il au*
roit dû plûtôt eſtimer ſelon ,ſes principes : Et
je gagerois, que ſi à préſent il ſe trouvoit des
Religieux, Romains qui pour embraſſer ,le
Calviniſme .ſans étre à charñeI à perſonne,
vouluſſcnt en faire autant, . j. ſe ſervi
roit de leur .fable, à _filtré-ir ;pour leur enfoui
bir un, rand éloge.
X~ XII. Mr. j. ſe prépare-à finir par [ri/htm Jb
-. quelques reflexions. 4 La premiére eſt , que *un d'” ,
d'et”
c'eſt par une Particulie’re Providence de Dien, Titre , à'
, 'Jte dans un kritd’eillmrr He's-.propre à flirter d'A-dcr”
': :cœur: de.” Nicodemitet . \läditrbeurfe flu; _qu dtr :ln-ux
.twertfiffiſmem-peur ſafe-Île. Connaitre- que ce
a' e ~ ~ .Voilaune …reflexion-.ſoda -— .ravi
-- ence admirablement bien placée l' Mz).
,iprétend-il que la Providence ait, décretéde
ñ. .toute erernitéquej'écrirois la lettreïde que
ſtion .afin que-l'on pûſt connoitre-,par alle
. que je ſuis danstous les ſentimens extrava
guans qu'illuy.a plû de m'imputerê Il. faut
avoir à faire. à des ſtatues ,pounparler dÊ- la
‘ OI
176 REPONSE
A &mon v. ſorte :car des gens raiſonnables ne pourront'
rien connoitre de l’autheur de la lettre par-ſa'
lecture ,' ſinon que c'eſt-une perſonne qu]
’ recommandelans partialité
des raiſons , l’ſieſientiel du , Chriſtianiſme,
&par de ſoli—

~ ô: l'acceſſoire auſſi autant—qu’il rameine à cet


' eſſentiel,& qu'on a la liberté de S'en ſervir en
l’e’tat oû l'on eſitmais qu’en cas de neccffité ,
' on peut s’accornmoder de l'acceſſoire des
~ autres autant qu’il rameine àDieu,plûtÔr que
d’occafionner mille maux par ce refus, ou»—
que de ſoüiller ſa conſcienceen faiſant une
' choſe qu'on croiroitillieite; & qu’il donne
’ cetAvis par une véritable charité dt compaſ
fion qu’il apourles bonnes ames qu’il ſçait
étre dans des angoiſies mortelles-ſur ce ſu
~ jet. Mais laProvidenee divineaveritable
‘.ment permis que M. l. ait faitce qu’il 'a fait,
‘ afin d’en tirer l’occafion :le faire connoi—
treôtdejufiifierl’innocence &r la vérité ſa
c_ - ' '~ ' ſht’aire en bien des lieux où ſans cela elle:
— cuſt demeuré ou ſuſpecte ou entiérement in-~
connue; v
XXXIV. Voici' une ſeconde refléxio
" de M. J. laqueñlle'contient trois inſtances.—
' Apre’r cela, me: fre-Ter, juge-ï quelle fbſſy 'voui'
’ tie-ve avoirpour 1m homme qui 'aout donne une
idc’e elapie’teſſelon laquelle le: Iſraëliter ada
‘ re’rentlerueau d'or-ſam- cTime, parce qu’il: le
rrgardoiemcomme Dieu-5 ſelon
e’tre Turc, Üddorerme’me des lahquelle
c aux, on peut
pourrûſſ
q'u’otr r’enſer've de mojempour s'unir-a' Dieu i9'
' Pour exciter-'ſen amour. j ay déja répondu cy
- deſſusà Pinſlanceduvcaud’or. ,- à fait-voir ,—
... que;
di lal’idée
que ſelon Criïiqäe Je M.de la piété z,les Sea V.
qucje donne

Iſraélites ne pouvoicnt l’adorer qu’en idola


,nant d’une maniére la plus brutale du mon
de. Mais , dit Mr. J . Il: regardaient le 'veau
' d'or comme Díeu..Et pourquoi l'y regardoient
ils? étoit-ce ſur la parole de Dieu .P Dieu
avoit-il dit du veau d’or , Ccey eſt mon Corp: ,
comme il l'a dit de l’Eucariſtie? Le Diable,
la debauche,la craſſe idolatrie des Egyptiens,,
Ëur avo-ient dit cela, à non la bouche de
ieu méme, qui eſt ſi expreſſe ſur le ſujet
du Sacrementde ſon Corps: j’ajoute en ſe—
coud lieu, que les Iſi'aëlites ne pouvoieut.
ſçavoir que Dieu fuſtjoint à un corps debéte,.
comme leSChrétiens ſçavent qu'il eſt uni hy
poſtatiquement àun Corps humain , lequel
il a dit étre préſent'. Quand ces choſes ſeront
égales , alors ,on pourra conclure, que s’il
n’y a point de péché dans l'une , il n’y en
avoit point aufii dans l’autre. Mais hors de
cette égalité , à dans l'énorme à l’eſſen—
tielle diſproportion où elles ſont, c'eſt ſe
méprendre trés-palpablement que de tirer
des _concluſions de l'une à_l’autre: 6L une
pareille inſtance, ſi on l’a re’itére encore ,_
ne doit-plus paſſer deſormais que pour une
pure inſtance de veau.
Mais rien ne me paroit ſi ſingulier que
l'inſtance de ſe faire ou dl’e’tre Turc 8c ~d’4~
dorerde: choux. Selon l'idée que je donne.
de la piété , on ne doit aimer 6e adorer ue
'Dieu ſeul d’adoration ſouveraine; &a o
rer lïhumaniré de jeſus Chriſt comme. _unie
perſonnellement avec la Divinité. M. Je
cou*
2.58 REroNsE
Sefiion v. conclutde cette idée , que delà on peut c'en
Turc ou adorer der choux. Diriez-vous pas
qu’il étoit exſiaſie’ quand il éctivoit cela? ét
n’auroit-il pas été bon pour luy dlétrc alors
dans l’e’rar d’inaffion? Merveilleuſe conſe
quence! Tels ôt tels pratiquent leur pieté
_en ſe ſervant pour s'unir à Dieu des moyens
ui ne leur mettent devant les yeux que
Îeſus ChriſiHOmme—Dieu. Ergo,~on peut
e’tre Turc par ce principe-là. De plus , étre
pieux, s’unir àDieu, aimer Dieuſeul, a—
dorer Dieu ſeul, & Dieu-humanité, luy
donner ſon coeur 6c toutes ſes affections,
c’eſt la méme choſe,- 8c c'eſt la fin à quoi
l'on doit tendre : _6E pour s’y avancer , l'on
Lpeut , ſelon mes principes , ſe ſervir de tous
"les mo ens qui peuvent~y contribuer. Ergo,
_ditMj- on peut donc pour cet effet adorer,
(donner ſon cœur 8e_ toutes ſes affections,
_ou _reconnaitre .pour erëa’ture perſonnelle
mentunie
…dire à la D1vinité,)
, \afin d’aſidorcr .des,on
Di eu ſeul choux:
peutc’eſi
adoà
_ _rer ce qui n'eſt 'ni'Dieu ni uni à luy. 'On
.peut prendre. 'our moyen à une_ fin ce qui
'detruit cette n‘. ~ La' belle-Logique! ~ ‘
je voi's bien ce que c"eÃ.~ 'll’ aſur cette
matiere quelque choſe' qui leur. aiſdel’en'r
abattu'n’ontjdmaſſís
_qu’ils ſaute .debien fçavoii' un “Principe
amfi'cbhſidcté. - Le'voi -
' Àcy. [ç'eſt ,"Que pou‘rïſine'- perſonne ' ui
_n’auroit ~ as _la conſnói nee' de-'Ii-Chi‘i ,…
elle' urque'ou'Pàÿènhe , auffi 'avant
…que quelques ceremonies 'que' ce-ſóit d'e' ſo‘n
party luy _ſervent i gerer-:clou a‘s’vavagâr
. . s
.‘ë la Critique de M 259
dansl’amour duDieu ſouverain , Créateur Sea. v.
de toutes choſes , auſſi avant fait elle bien
de S’en ſervir. Et non ſeulement Dieu ne
l'en reprendra pas, mais méme en ce casil
luy impuzera (pour m’exprimer parles-ter
mes de l’Apôtre) le pupuce à Circonciſion.
Mais pour des perſonnes à qui Dieu a revé
le cet admirable moyen de ſe communiquer
ànous ôt de nous élever à ſon Amour , ſça
voir, Ieſus Chriſt, le Throne ,le canal, à le
moyen vivant de la communication 8c de
l'union de Dieu avec quiconque l’écoutera
tôt ſe ſoûmettra ar obeïflance à ſon Fils
.Jeſus Chriſt .1 ce eroitune abnégation 6l une
.rejection de Dieu 8e de ſa communication
que de rejetter ce ſacré moyen pour quelque
.autre choſe à pretexte que ce ſoit. Delà
,vient qu’il vaut mieux mourir quede renon
cer jeſus Chriſt , ou que de conſentir à Çcux‘x
qui nous veulent porter à le renoncer. Mais—
~en bonne ſoy ,— eſt-cekà_ l’abnegationde Jeſus
_Chriſt comme Dieu—homme- comme _ca—
_nal de communication de Dieu à nous r'
;comme moyen vivant de nous élever àl’A
_mont rie_ Dieu, que nous portent le ſenti
,ent W8( les Ceremonies *des Catholiqueî
?Romains ſur iÏEucarjflie ?,Et .y—_a-r'il ,
;moindre ombre g’en tirer _ltézs conſequences
,que le jeule r-it epartialit, .eut s’opinia
.trenà leur &grant apr-és. gagna!, été infi
,ſarnmentéclaircy _de leur intention P
XXXV. MJHaPrÉS cela, nous. preſcrit
.de nsepar'mdmçr dja-vi: àferïrpqpeaux, n'y _
ÜWÊ‘PۑΑʗWÊUÊÎ-
'î ’ »S'il- .était 'man Créa:—
teur—x -
2'60 REPONSE
, SSG- V'. teur ô( celuy de ſes troupeaus, ſa volonté
;nous devroit tenirlieu de Loy: Mais étant
ii aveugle à ſi paffionné ,' elle me ſera quel’
que choſe de moins que rien. Et depuis
'quand eſi-il devenu Dictateur. fi univerſel ,ñ
que de prétendre d'empêcherqueje n’écrivê
[une lcrrre d'avis âmes plus proches? C’f
,tout ce que j’ay fait: 8c ma lettre n’auroir
jamais paru fi un amy nem’en avoit deman—
î dó’ copie , &m'avoir voulu de ſon chef la
rendre publi uez‘ à quoi' je n’ay pas voulu
refiſicr, cr yant que cer amy n’avo‘it pas
bcſoin pour cer efferd’étre appelle' à cela par
M. J. , qui aura bien dela peine un jour d’e
deffendre ſon propre appel à bien 'des cho
- 'ſes , à de ſe metrre'à couvert. de cette 'pard
Ie de Dieu, 1,1: ont prapbe’rífi’à mai: mm par
, de'par m0)., . Il: om couru S Üſœ n'ai-vitry: ma]
, qui ler 'enz-oyuir: . _g- 'p _ p
. XXXVI. Tout cecy ne plaira pas à~ M- J.
;qui le déclare aſſez- par avance' en nous pré"
ſcrivanr avan’t finir , de nous* mettre dam l’c’
'Mr d'inaäion
_ſi rement, *de a'paſſer‘pour
jb’n égard, ſur
des peine, premié
perturbareurs
vde ſon _repos 8: pour des gens qui-les mu
Hem', &en ſecçínd lieu, ſur peine devoir
qu'il feraprendre a" la diſpute un tbur '1m'ne re
'alícndoít [gm-[à nôtre' honneur'. M. 1.'eſiauffi
'équitable 'que véritable'. Il veut qu'il luy
"ſoit 'expjis de ſe declarer gran‘: nôtre ag
_gre çu‘r , non ſeulement d'une maniérela—
plusjnſulranre, la plus ſatyrique , 61 la plus
vçut'rageuſe dumonde ; mais auſſi en ſe don
.ryant la liberté d'avancer' des fauflèrésàdóu -
'laine'
'a
à la Critique de Mr. 1-61, A]

laine pour deshonorer publiquement 6c


rendre indignes de créance, 8c méme d’au—_ Sea. ſe

dience , des perſonnes qui n'ont pas penſé_


,à luy; 6c qui loin de troublerles conlcien-L
ces (comme il fait parſes méchantes cort-—
troverſes,) tâchent de leur procurer ſelon:
Dieu des moyens d'une paix ſolide. Mais,
lors qu'on voudra lui repartir, dt lui faire voir
que le ridicule -eſtplûtôt du côté de l'aggreſ-ſi
ſeur mordant que de ceux qu’il .attaque ſans'
regarder où il aſſéne ſes coups d'étourdy;
quîil S’eſt trompé dans ſes accuſations,- 6E
que tout ce qu’il a avancé ſont de faux'
faits & des mépriſes palpables; ilcriera au
feu &au trouble!
Ati: tulen't Grace/ao: de fcditione quer-enter F'
A-t’on jamais rien vû de plus abſurde dz de
plus deraiſonnable? Cependant , en cas
qu’il ne voye pas qu'on ſe ſoit reglé ſur ce
'caprice plûtôt que ſur le droit des gens 8c
l'équité naturelle, il nous menaſſe que la
dtflwte pourvoit Prendre un tour qui ne nour re
-Uiemlroitpar a‘ honneur. Hé bien, nous le ver
rons. M.]- ſçaura, s'illuy plait,queje ne
le crains point, ni luy , ni ſes artifices, ni
ſes menaſſes, ni les eſprits, ni les ſatyres,
ni les plaiſanteries en beau françois. La
Verité toute ſimple eſt plus forte que tout
cela. Avec trois feüilles‘ de papier elle peut
renverſer par les fondemens certains gros
volumes à faire peutjaus ignorans. Vous di
riez à oui'r ſes menaſſes,qu’il ne ſait ce qu’un
Chrétien doit craindre. J’ay a prisà dirle
~ ~ que '
2624 REPONSE
seaion 'V. quelques fois à Dieu avec le'pieu'xKern’pîs ,_
Præſewva me ab 0mm' pet-caro; dy' mm :imc-be
mortem nec ínfemum , qui ſont des ennemis
b' n plus redoutables que les menaſſes de
L’l‘. J. qui me ~ſont plûtót rire 6c me réjouir
que trembler: car Jeſçay bien qui eſt celuy
quiadit, Refouifl'ez 'Hour Io'rr que le: homme:
diront en mmmmv tome! ſortes de maux contre
'üour a' eauflz de m0): 6c ce n'eſt qu’à cauſe
qu'on veut meiner les hommes à J. Chriſt
hors de toute partialité , qu'on déplaiſt à
ce M. J. qui nous veut rendre ſes ménaſſe‘s
redoutables. ‘C’eſt luYJc’eſt plûtôt luy , qui a'
ſujet de craindre'celles de Dieu ét le péril
' du péché à de ñla perte de ſon ame: car-il .
ſe' trame à ſoy-méme ſa propre perdition
s’il continue, comme ila fait, à répandre'de's
fauſſètés pour decrier des innoc’ens 6c des
vérités ſalutaires. ll ſçaie trés-bien , que
ler mt’dsfdnr n’berr'rerom Faim le æyaume der
C-íerl’x. Cela le doit faire trembler a & luy
faire reparer ſes tantes s’il veut ſauver ſon
ame. Je ne ſeroisîp'as marry que ma répon‘
ſe puſt luy occaſionner fiir cecy quelques
trouóler ſanitaires, qui aboutiſſent enfin à
la paix de ſa’conſeience,- Bt qui ſerviſſenr à‘ -
le rendre impartial, ainlî que doit erre url
vra‘y fèrviteurde Dieu*: Car Dieuïn’étanl:
pas un Dieu de party , ’ mais le Dieu de' tous
ceux' qui l'aiment de b'on cœur ; il* faut an'fli
qu’un vrav Serviteur de Dieu ne ſoit point
eſclave d’un party ou d’un autre : mais
qu'il ſoit pour-procurer le bien de tous ceux
qui aiment Dien, en quelqu” ?mis quii”,
puiſ—
d' la Critique de M. :63
puiſſent ſe rencontrer. Voila tout lc mal Section xr..
que Je luy ſuuhaitte, & auffi , que Dieu ne
luy impute point à péché ce qd’il a fait à
nôtre ſujet, mais qu'il luy éclaire les yeux
à luy touche le coeur pour l'empêcher de
blcſier encore plus mortellement ſon ame
s’llvenoit àexécuterà ſa propre perte &t à
ſa confuſion la menaſſe qu’il nous fait icy,
.de-vouloir nous troubler à faire des choſes
qumous tourneur àdeshonneur.
Je ne ſçay de quel biais il pourroit s’y pren- On _u p
dre pour en venir à bout. ll paroit par cet "‘"”’P,"
échantillon que ſa belle méthode , de nez:
ne pas vouloir s’eu prendre à nos razflm: mur-PW"
pour les refuter a mais à nos perſonnes pour " f‘ffl’"
les noircit , ne luy ourra étre de grand uſa— ‘
ge s'il y continue. e la maniere qu'il en a
agy , iln’yarien de plus propre pour faire
croire au monde qu'une choſe eſt blanche z
quelots qu’il aſſurera qu’ell-e eſt noire: 6E
quelque habile qu’il ſoit àſaire des recher
ches de ceux dontil veut mal—parler,il perdra
icy toutes ſes peines.Mlk. B- . à qui il en veut
*tant ſans ſujet, a été dés ſon enfance un
modéle de vertu , de ſainteté , de charité ,
àfaire rougir l’impudence méme. Ses en
nemis ayant deux-fois .eu la hardieſſe de
faire faire enquete informatoire contr’el—
le ſur toute ſa vie , eurent la confuſion
d'en voir faire l'éloge parles Juges .1 qui,
quoi qu’animés ſecrètement contr’elle , la
déclarérerent de vie irreprochable; on luy
dit méme avec larmes ſur ce qu’clle vouloir
continuer à faire entendre quelques depo
finons
264 R-EPONSE
'Section V.
\irions à ſa décharge , ' qu'il n’étoir pas néceiï.
ſaire , à que peu S'en faloit qu’il n'y en cuit;
aſſez pour la faire canoniſer. Les piéces ſonË
encore dansle Greffe deLille , ôt l’on peut
voirà la fin dela I . Partie du Temaxgnage_ 4;
Ve’ritc’ bien ſoiſante atteſtations de perſonnes
dignes de ſoy qui l’ont connue; à de ces at
teflations il y en a bien le tiers de ſolennel-le
ment aſſermentées , à autant qui ſont' de
gens de Lettres, à de Théologiens tant
Çatoliques que Protefians , qui luy rendent
des témoignages d'une vie & d'une vertu
ſur—humaine
Temple 'vi-van;, du
&r qu’elle étoit
S. Eſprit: ce un
queVéritable
je puſiis
auſſi aſſurer au péril de mon ſalut être la vé
rité méme Et je penſe que t0u_t cela peut
bien contrebalancer ce que M- J. pourroit
inventer pour faire tourner au dcrbonncur
de cette fille incomparable les querelles
dontil nous menaſſc. Que s'ila- égard aus
p erſonnes de ſes amis 45( à la mienne , quoi
_qu’infinimentinſerieursàMlleÏB. il y pa'
dra encore ſes peines. ll n’a rien avec verité
à reprocher à nos amis;car nous n’en avonsä
n’en conſervons que de ceux qui cherchent
à qui craignent Dieu. La bien-ſéance m’o
blige à ne rien dire de moy : mais de peur
qu'on ne's’imagine que M. J. auroit quel
que choſe àme reprocher ſur ma conduite
dont le deshonneur (de quoiil nous menäf
ſe ,) pûſt rejaillir lur la cauſe queje defens ,
je luy declare , que quelque pauvre pécheur
que je ſois dans mon intérieur devant Dieu
Pour le regard de mes penſées à de mes affe
‘ "étions,
à Ia Critique de '265'
&ions , néanmoins de ma vie je n’ay rien Sea-m v'.
fait de rcprochable devant les hOmmes,Dieu
m'ayant méme donné une retenue pourme
preſerver des déréglemens de la jeuneſſe;
auſſi bien que des compagnies du monde,
que j'ay toujours fuïes , pour ne m’aflocier
que de ceux quej’ay crû craindre ſon Nom ,
quoi que je les aye trouvé bien rares ,
-——— -- —— -vix totidem que:
Thai-drum porta , ne] divitir oſh'a Nili.

mais enfin, j'en ay trouvés, &de meilleurs


que moy. Si c'eſt cela qu'on me veüille
faire tourner àdeshonneur, j'en feray mg_
couronne , 61 n'auray point de honte d'étre
amy des amis de Dieu fuſtent-ils ſur le gibet,
&dûſſé—je y aller avec eux. je ne veux pas
prévenir un reproche que peut-étre il penſe
me faire de certaine particularité qui eſt la
meilleure &la plus defintereſſée de toutes les
choſes que j’aye faites 6c pû faire de ma vie
pour l'amour de Dieu Je lçay que cela
ne plait pas à des gens du monde , qui ſont
aveugles dans les choſes d’qihaut : mais ſije
voulois en faire l’Apologie, on diroit que
je cherche hors de propos à parler de moy dt
à me rendre'recommandable. ll me doit
ſuffir qu'on ſçache , que ſuit queje parle, ſoit
que je me raiſe , je ne crains point les me*
naſſesdeMc-'J- . , '. ,- ' .
XXXVlI. Mais peut-étre qu'il prétend on rule
changer de Methode , à laiſſer les perſon— ?ſwf
nes pour sſcn ,prendrez/È leur dpctrineçrôt à ËJ‘ËÑÎ
leurs
266 REPONSE
Section V leurs raiſons. 'Si cela eſt, nous aurons en*
~ 7
core du répit: car il luy faudra premiére
ment aprendre quels ſont nos véritables ſen
timens, afin de ne nous en plus attribuer
de faux, comme il afait: 6l pour cela, il
luy faudra du temps avant que d’avoir leu de
compris les principaux ouvrages de Mlle. B.
auſii bien que mon Syſteme , qui les ex
plique methodiquement, &qui en ôte les
difficultés: .Aprés cela, s'il eſt bien aviſé,
ilen demeurera là., depeur qu'entre ces
gens d'eſprit malade ir gite' il ne rencontre
par hazardune-épée un peu mieux fourëie on
detmeilleure trempe qu’il ne ſe ſeroitima
ſine. Il croit avoir fait vaillance du paſſé
agiſſant contre des perſonnes qui étant aufii
partialesque luy a S’étoient, anffi bien que
luy, fait une affairede deffend-re chacun le
bien &ik mal-de ſonparty; d’où vient queſe
lon qu’ils Sim preneur par hazardau bien ou
lui mal , tantôt ils ſuccombent , (quoi qu’ils
k diſiimnlerm) ét tantot ils font un petit
triomphe. .Mais il ne ſçait pas encorecc
que c’eſt que de s’en prendre à la \retireron—
ee pure de hors de toute partialiré. -ll y eſt
tout neuf. C'eſt un pa'r‘s dont la «carte luy
fixant inconnue, ilne'rpeut prevoir der‘quol
001M il ſera attaqué dt battu. Il ferait mieux
peut-due de la'rfler cette Monture à quel
qnesaurrcs: cacily on avaſicz àqui il dé
mange de ſe faire frotter. …Il y arun- an
L'_~.ï n qu'un des Journaliſtes de Leipſc ayant
AH. '.\ï‘
1|
-voulu a mettra: gaza-:rar— les rangs d'ag—
.In . .
gœſiourS/Lfin MEP-roumaine par-un' pe'
í t 1.-. ü]
à la Critique Je M '267
tit 'écrit '(4) qui ne convainqui’t un de ſes Section V;

articles de 8 pages que de plus de >40 fauſſe


tés : comme ce n’étoit pas encore autant (i) Moni
que M. J. qui en a avancé plus de zo en tumad
A
deux pages in quam a il ſemble qu'il n’en ait Érudit
pas été content. C'eſt pourquoi il vient de Lipfienſia
anni !686.
publier fraichement en latin ſur :ie meme ſu
jerungrosvolume (6) qui n'eſt qu'un tiſſu ſ(la) Defen—
l o Rela
continuel de vieilles 61 de nouvelles calom tionis Li .
nies, de ſophiſmes frauduleux , 6c d'inju ſienfis de
res fi emportées 6c ſi rofliéres, que cela Amo iia
nous vaut plus de vingt pologie‘s en forme, B—urigno—
ma.
n'y ayant perſonne entre les honcſtesgens 8:
les peoſonnes-íènſées qui ſmilie manquerai-'a—
'v'oirde l’horreur pour des extravaganeeszñ
énormes, quoique—peut-Ûreilſe puiſſe enñ.
core trouver des cœurs affez—gâtez de des e(
Ptitsaſſez mal-conditionnés .pour Wouèoirſc.
faire de la fête ſans en étre priés. Pour-moy,,
j'eſtime qu'il ſera néceſſaire sd’en étriller
une bonne ſois comme il ſaut ^un oudeux
des .plus mutins, pour exempie à tous la
aut-res, 8c pour rallentir les plus .-éehauffé's.,
apres qu’ils auront .une fois bienzcompris ee
qu‘ily alà à gaigner pour eux \i longtemps
qu’ils agiront ainſi. N'eſt-ce pas une chofi:
étrange ,~ que ces Mcfiieurs ne voulant pas
nous laiſſer-eu paix, veulent faire accroire,
au monde q’u’ils nous combattent en nous
attribuantdes autres ſemvimens que les nô
tres P 'S’ils veulent nous-attaquer, au moins
qu’ils nous _attribuent des ſentimens qui ſois
ent à nous; autrement, ils ne fqnt que tra
miller à leur propre confuſion , ô; ilsſe ver—r.
z M 2. ront
'258; REPONSE
ſi rontinfailliblement battus'par la ſeule 'dé-2
Seam
couverte 6c négation des opinions qu’ils:
nous imputent en mentant, comme vient
de faire encore noſtre nouveau ôt malin Ca—
lomniateur de Leiplic 3 dont la principale
machine eſt la reſolution opiniatrée 8c des-v
eſperée de nous imputer contre nos ſenti
mens interieurs, contre nos paroles, nos
proteſtations , nos explications , nos ſer
mens mémes s’il eſt neceſſaire , la negation'
de la Ste. Trinité , dela Divinité,du merite
8: de la Satisfaction de 1. Chriſt, à en unx
(a) Dei'.
mot, (a) d'a-voir derlacrcſſier JF derſentimenr:
Eclat. Pire: que le: Sociniem' , que Sert/et , U' que:
Lipſ. png. Vanina: mz’me; parce que ce Menteur. à, ce
104, los. turbulent Sophiſtecroit avoir aſſéz de méñ,
chanteadreſieponr y détorquer par ſes gloſ-r
ſes .par les explications,.ô: ſes con ſéquences;
malignes, quelques paflàges ou obſcurs ou
tronqués de nos écrits ,r 1ans vouloir écou-v
ter mille autres declarations co.n.traires,clai
tes &.íäDSequiVOqUeS, que .nous avons tait ,~
faiſons-.6: ferons encorecontre des calom~.~
nies. .fi afreuſes , 6: contre une maniere;
fi cruelle-dt (i hors d'exemple de criminali—,
ſerdesinnocens. . . ~ _ )
Ce 'n’eſt -pas que j’aye deſſein de multi~.
plier les repliq-ues à l’infiny à meſure qu'il ſe.
pre-ſentera de nouveaus ailaillans ou de nou-z
velles calomnies , qui peut-étre ne s’épuiſe—z
ront jamais: car vous diriezque l’ennemy'
de la verité prend finguliérement: accent.
d'inciter le monde à nous calomnz‘er des
boucheôt par écrit; On adgéja publiédjx ou,
7. . . douze
à la Critique de M. 169 \

douzelibelles contre nous à c'e deſſein: un SMF:


des Trembleurs , trois d’Altena , un des
Labadiſtes , trois ou 'quatre de Holſtein,
'deux deLeipſic, &la paſquinade dc M.].', u

ſans rien dire~ des coups de dents que nous


donnent en paſſant dans des imprimés quel
ques menus impoſteurs: Et que ne fera-t'on
pas encore? Et quand aurois—je fait de répon
dre à tous?LeDiable,qui ne ſe laſſejamais de
faire ealomnier s me ſuſciteroit par ce
_moyen-là aſſez de beſoigne pour tout le
temps de ma vie, afin de détourner mon
’ [me de la recherche 6c de l'application uni
que que nous devons à Dieu. Certes je ne
répondrois pas méme une ſeule fois s’il ne
s’agiſſoit que de la cauſe des créatur es. Mais
étant queſtion de celle de la vérité ſalutaire z
dont une infinité de bonnes ames profite»
roieut fi elles n’en étoient détournées par
les calomnies afreuſes à univerſelles des
méchans &des faus-Zélés, je crois qu'il y
auroit du péché à ſe taire tout àfait , à à ne
pas decouvrir une fois ou deux la ſource dc
tantd’opoſitionsôtde médiſances , y Opo
ſant une Declaration générale des vérités
qu'on profeſſe à des erreurs qu’on des
avouë , proteſtant contre tout ce qu'on nous
pourroit imputer de different comme con
tre autant d’impudens menſonges de quel
ques eſprits contentieus Gt malins. Cela
fait , aboyera enſuite qui voudra , 6c y aj oû
tera foy quiconque aura envie d'étre ſéduit
à trompé. ‘
r Je me m’aréteray pas beaucoup àv leurs
: M 3 inju:
279 REPONSE
:-Dion Vi injures vagues. le m’imagine que depuis
1 . ’ qu'on aura vûla Puf-tec Apologe’tigue qui eſt
lſfj‘ſſi'” miſe au devant de la Vie de Mile. B. nul
entré”. homme d'honneur ne ſerafi hardi que d'imi
ter nÔtreA reſſeur de Leipſic , non plus
'un impo eur de Magiſter Burcardus,
ccleſiaſtique de Sleeſviq, qui l'avoir dia
boliquement noircie dans deuxlibelles qu'il
azpubliéscontr’elle , d e ces horribles calom
m'es, de nierla Ste.Trinité, laDivinité de
Jeſus Chr-iſt', ſes Mérites, ſa Satisfaction,
laRedemption, laParoledeDieu-z les Sa
cremensñ, l'Egliſe , l’envoy- du S. Eſprit
ans Apoſtres, du haïr toutes ſortes d'états,
&de -definer leur ruine, avec une. infinité
des plusex-écrables abominations- que l'En
fer— ſoit-capable d'inventer : Ce qui aéré cau
ſeque cette ſainte & innocence créature a
ëtéñfidfurieuſementperſécutée le' reſhe de (à
trio, quëapoós s'être vûedépoüillée dela-plus'
- part de ſes biens , dt reduire à fuïr comme
une pauvre buſte du. place en. place z, a
peine pouvoitrelle trouver. un. lieu-exempt
1è'- petſécutions Où- elle- puſt: .repoſer \à
te.
[dj—mac Je crois,.disrje, que deſormais- peu-de.
"ſim-"r'- perſonnes-ſenont capables—de s'abandbnner à~
la, calomnie jnſqu’à— tel excès 3. &t pour les
injures-vaguesd'étrc "viſionnaire a 8c ſembla
bles ,Ç on/les fera facilement diſparoitre en.
déclarantzque Mad…. B. &ſes amis, ne ſont
pas des perſonnesàavancer des choſes hors
de vray-ſemblance, &t à les ſoûtenir avec
opiniattetó &b ſans vouloir écouter raiſon;
. ce
à la Critique de :7 x
ce qui eſt le caractére d’un 'viſionnaire au ſens 9cm… v,
d‘aujourdhuy: Mais ce ſont des perſonnes '
tres
qui bien
avancent
liées,quoique
des choſes
peu penſées
bien ſeuſées,
juſqu’ici,,

à qui les demonſtrcnt trés—bien , tant


par de trés-bonnes raiſons que par des paſ—
Iages des divines écritures 5 qui écoutent les
raiſonscontraires , à qui y ſatisfont ou ſont
rets à s’y rendre ſi elles ſont meilleures que
S leurs. SOnt-ce-là , à voſire avis, des
caracteres de Viſionnaires? Que l’ou me
propoſe par_ manière d’eſſay deux ou trois
de ces ſortes de flsntimens qu’on nous impu
te à viſions , (pourvû que cc ſoient nos vé
ritables ſentimens ,) je m’offie à y ſatisfaire
dela ſorte , ou à me rendre à de meilleures
informations. Que veut-on defirer d’avan—
tage? 6c n’ay—je pas donné dans mes ouvra
ges imprimés afiez preuves de ma ſincérité
en ſemblables ~cas , ayant réjetté à deſaprou’
vé dans les derniers beaucoup de penſées de
mes premiers , pour en embraſſer d'autres
lors qu'elles m’ont paru meilleures?
XXXVIlI.
. , .
La grande reſſource . des op- G, and:
poſitions quon prétendra nous faire , (à ſunny,,
peut étre que M- j. y a quelque égard,) ſera, .pp-fier…
de déchirer à d’amaſſer en ſuite, quantité de 1” Fm;
lambcaus des écrits de M11?- Bourignon, 'r
qui étantdétachez de leur ſujet , ou peut- 1…. .
étre un peu obſcurs, ſeront ſuſceptibles de Phfl’j’ſfl
tousles mauvais ſensqu’il leur plaira de leur Z2272… ſi
donner , à dontilstireront autant de con— pom-Ie:
ſéquences fauſſes 6c abſurdes que leur ma— mfm***
lign'ué le trouvera à propos. Si c’eſt-là leur
~ M4 fort ,
:71; -REPeNsE
Section V fort, (Gt c'eſt il en effet , ) je leur ſeray
bientoſt voir vingt ou trente batteries pour
l'abymer de loin , ſans qu’il ſoit beſoin de
. combattre de main à main , ni d'entrer dans
île détail de toute leur chicanne.
je leur teray voir,que ſelon leur belle mé
thodeil n’y a ni héréſies ni impiétés qu’on
'ne puiſte tirer de la ſorte des divines Ecritu
res. Ce qui devroit les couvrir de confuſion
éternelle. '
' Jeleurmontreray. que lesPéres les plus
ſaints 6c les plus anciens , up S. Clément, un
~S.Barnabé, un Hermas, un S-Ignace,un
S.Juſtin, un Origenei à toute l’Antiquité,
'qui étoitdiviſée ſur ſes livres à s’excommu—
nier quaſi les uns les autres ,- que des Lactan
ces, des Ss. Cypriens, Athanaſes, Hilai
'res , Jéromes, Auguſtins , à que ne diray
'je pas, ont dit, écrit,-ſoûtenu,deschoſes
'quipriſesàla rigueur, pour ne pas dire au
‘mauvais ſens qu'on pourroit leur donner , à
'confiderées avec les conſéquences que des
eſprits hargneux en pourroient tirer , rre
pourroient ſervir qu'à transformer la plus
ſainte &t la plus pure antiquité du Chriſtia
niſrrie en un corps monſtrueux, ridicule , pa
radoxe , viſionnaire , dt fourmillant de
toutes les erreurs les plus bourrues du
monde. >
le leur oppoſeray , que les Conciles qu'ils
tiennent pour les plus ſacrés , ne pourront
étreà couvert des reproches d'erreurs, de
folie 3 &'d’héréfies méme , fi‘leurl’imper
tineute chicanne devoitavoir lieu( ~ Et cell?
_ i _ - c
à la Critique de M. 2.73
efiſivray, que lors que les plus ſaints ont Sea-V.. 9
voulu eſſayer tant ſoit peu cette maniere de
proceder , ils ſe ſont ( même Concilescon—
tre Conciles ,) emportés, diffamés , mor
.dus .r déchirés à anathématiſés les uns les
autres , ſans qu'on ſçuſt à quoi S’en tenir.
Je leur montreray , que lesplus grands
Docteurs modernes 6c les plus ſçavans, à y
procéder par lambeaux , par interprétations
à la rigueur ou malignes, ô( par conſéquen—
ces, n'ont point fait d’ouvrage qui ne ſoit
ſujet à de plus arroces accuſations que cel
les de nos calomniateurs.
Je les feray ſouvenir de cent à centvo—
lumes que Catholiques, Luthériens , Cal
viniſies, ont écrits les uns contre les autres,
tant pour s’ajuſler en beaux garçons , en
fous , en enrage’s , en hérétiques , en Turcs,
en Athées , par cette ſorte de voye, que
pour ſe deſſendre mutuellement desmedi—
ſauces, des calomnies , des tords, que
chacun diſoit avoir reçu de ſes Antagoni
,fles ſur des doctrines &des aſſages de leurs
_autheurs mal-entendus. t la voye que
thacun a tenté de 'ouvrir pour ſortir de ce
Labyrinthe, ce &Za la défenſe dont' nous
ſaurons de beſoin.
_ Je diray ,~ qu’entre les Reformés, les
lus cele’bre de leurs Docteurs, 6E Calvin
méme , n'ont pû écrire d’une maniere aſſez.
hors d’atteinte pour empecher qu’on ne
tirait de leurs écrits des paſſages 6c des
.conſéquences qu'on a fait aller àl’AthéifZ
,me,_au Turgifine, à mille blasférnes, Y
U_ l ’ ~ 'M' S: " ' faire
J
2-574” REPONSE
Sect‘- V. faire Dieu autheur du péché , crue? 5: mé
chant , à faire~ deſeſperer jeſusChr-iſt, 8!
méme à le damne‘r; ot que leur-s propres
frères Lu’thériens leur ſont" autheurs de
quantité d‘e ſemblables traitemens , dont
on ne ſe* peut defendre qu’en medonnane
des armes pour te’raſi‘er les Calomniateurs
de Manille-B: , laquelle on- n’oſeroit atta
quer de fi' haut. 7
Je remonſtteray aus Lutheriens , que
l'eurs
jſie ne Antagoniſtes
ſcay combienom
de citémxpliqué,
fois de leu-ts conclu
écrits,
u’ils étoient des Eutychiens ét des deſtru
eurs de l'Humanité de jeſus Chriſt; ô;
_ ’entr’eux ils ſe \bm mordus ôt manges ſur
lubiquité ét ſur la tolérance des Réformes,
'ſuſqu’à s’em~ déclarer Hërétiques' irreoonci
Ijableslesuns les autres; Que ne pourrois*
j‘epasdire' ſurl'e'ſujer dn livre de ſervo avi/71";
m'a deLutber, ou" ſur le fiijet de la neceſſi—
œdes bonneeœuvres, contre leſquelles ils
onteompoſé deslivres tout-ex rés en prod
1e à en verslat'ms'que j’ay vô's lûs de mes
ropresyeux? lls ont Iii—deſſus leursexcud
s, leurs exceptions, l'explication deleut
But, qu’ilsl’ontdità-telótàtel-é rd', &en
_telâ tel ſens. Paſſe toutcela. ais com~
menroíë-t’on-apres ces choſes prendre la li
dan-e de 'nous attaquer par nnevoye , qui ,
, fl' elle étoit‘ valable, prouver-oit en forme
qu'eux inémes ſont des ennemis de Dien 6e
-d’e‘ ſa ſainteté ê
Je leur produi’ray l‘es Confeſſions de fg
&ſes Carerhifines de. preſque toureslcs
~“ i ~ ' ~ i gliſcs
a' la Critique de M 2‘79‘
gl'rfes, de quoi l'on pourrait tirer parla mé- Section v;
me voye .r des accuſations les plus attocos '
du monde.
Si M. J. veut tenter cette voye contre
nous , je n'auray pas beſoin d’autre contre
poiíon que de quatre volumes qu'il a écrits
contre le P. Maimbourg , de cinq-ou fix con
tre M. Arnaud , dt d'autant d'autres à peu
prés
oûilsque ces Meflieurs ont écrit contre
ſe plaigſinentéternellemcnr luy ï
de la mau
vaiſe ſoy,— des tronquations infidéles, des
interprétations violentes, des conſéquen
cesinjuſtes , des imputations de ſentimens
à faux s qu’ils ſe font les uns les autres, au
méme temps qu'ils preſcrivant de belles ro
gles de moderation , (“) de ne pas interpró- (1-) voye:
ter les motsà la rigueur, de donner un bpst- …ſi R53
ſens à une choſe obſcure qui eſt ſuſceptible gages”
d'un bonôr d'un mauvais», ét denepo'mts’at— du Ju:
tribuer les conſéquences, quoique-naturel— ïm- ſu!
lesâ
Je néceſſaires
n’auray , lorsqu’ñilsles
pas beſoin deſavoiient.
de la- vintiéme partie de;

de leurs reflexions
détendre MHRB'S Bt adoueifletttens
ſi pour

M. J. ſe ſouviendYa'-auflí,~d’&re tomäé
d’aceord dans ſon Jugement ſur lesMéth-œ . v
des de !a Providence , que ſes'ſentimen's à
ceux des autres , ſont tels. quîlelïirupufi
ble àl’eſprit humain de les accorder avec la
haine ſouveraine quetDieu a contre le p6
ehé: à jeluy prouvent pardes conſéquen
ees trés-naturelle.” qu il' fait Dieu amateur
du péché. je ſçay qu'il a - en abominatînn
cette conſéquence». à Dieu lingerie—'dela
L'. M 6 hr!
1.76' R E P o N s E
s‘ça. V; luy attribuer; mais je ſoûtiens que c’eſi une
conſéquence naturelle , néceſſaire 8c infail
lible de ſon ſyſtéme. S’il me trouve une
telle épine dans tous les ouvrages de MH*- B.
ou dansles miens, erit mibx‘magmn Apotlo.
Cependant quand il entrouveroir, ſur tout
dans des choſes problématiques , encore
devroit-il avoir l'équité de ne nous les pas
imputer, &d’attendre ou de recevoir ſur
cela nos adouciſſemens ou nos éclaircifle
mens.
l’en pourrais faire de mérncànôrre Ag
greſſcurdeLeipſic, qui ayant écrit, à ce
.qu’on dit , contre l'hiſtoire du Luthéraniſ
me duP.Maimbourg, auroit le divertiſſe
f _. - .1. - ment de ſe voir confondre par les propres
~ .e armes dont il s'eſt ſervy contre ce Pere.
Je les rappelleray à l'équité de l’Inquifi—
tion méme, qui a étably pour régle , que
quand un autheur parle obſcuréme’nt dans
un lieu à clairement dans un autre, il faut
;donner au paſſage obſcur le ſens de celuy
;qui eſt. clair. '
Je leur repréſenteray s que tous gensde
Brien à, d'eſprit tombent d'accord, qu’il
, _ --ſaut lire les ouvrages des perſonnes ſanséæ
:'tude avec beaucoup d'indulgence 6c dc to
-jéranc‘e , comme ayant à faire à des perſon
Lznes qui »ignore-nt 6E les rêglesôclestermes
-d—es ,'eſerivainls ſçavans , 6L les difficultés
…qu’ils font ſur certaines matieres _de parler,
7 qui , ,quoi que ,capables de bon ſens , ont
kznéanmoinsété condamnéesà cauſe des abus
. — des grandes erreurs que d’autresont voo
ï--í c _r lu
à la 'Critique de M —zî~77
‘ lu cacher ſous elles; ce qui étant ignoré par 5,550. v,
ceux qui n’ont pas étudié , il peut arriver,
qu’ils ſe ſervent de quelques locutions ſuſ—
pectes ou condamnées, pour exprimer les
meilleurs ſentimens du monde , à avec une
intention toute innocente &Z toute droite.
je. leur demandetay , s'ils veulent pré
tendre qu'une fille qui n’a jamais étudié,
quineſçaitrien de lame’thode ni de la pré
ciſité des termes des Ecoles, qui a écrit,
non .pour faire raiſonner ni diſcourir les z
ſçavans, mais pour faire aimer Dieu aus
perſonnes ſimplesärindoctes, ait dû écrire
d'une maniere qui ſoit hors d’atteinte aus
chicanneurs qui voudront déchirer ſes écrits
en lambeaux pour en tirer de mauvais ſens
ô: de mauvaiſes conſéquences 5 pendant
que nuls ſçavans , nuls ſaints z nul homme
vivant n’a jamais peu éviter cela, ni empe
cher qu’on ne pûſt tirer du mal de ſes écrits
les plus exactement limés ê
Je leur feray voir, que s’ilyades paſſa
ges \dans ſes écrits qui ſoient ſuſceptibles
d’un mauvais ſens , les memes paſſages ſont
auſſi ſuſceptibles d’un tres-bon ſens ; à
q‘u’il n’y a que la malignite’ qui faſte choiſir _
ouinventerle mauvais; au lieu que la cha—
rité veut qu'on choifiſſe le bon. l .
t Je leur montreray dans les memes écrits
' pourunpaſſage obſeurou ambigu, vingt, ~
trente, cent paſſages clairs à directement
op’poſiîs au mauvais ſens que la maligmté
' *eut donne” à quimarquent indiſputable
vment le. bon'. z i. . — ~ ,cf
a.) M 7 . …
/

278- R e 2 o N sE
Mt. v.~ Je leur repreſenteray, que tout ou preſqueſ
tout ce dont il s'agira-x ne ſeront que des
choſes problématiques , qu'on ne recom
mande nullement comme néceſſaires ,
qu'on peut laiſſer—là ,- &ſur quoi on peut:
avoir de bonne ſoy vint opinions diŒren
tes , ſims péril pour 1a gloire de Dieu-8c pour
le Salut de l’ame ~ '
EXE' rc XXXIX.
aſſez, jeQue ſi toutcela
feray 61 fais n'eſt
des pas enco
à’prefizm
110M cette PROTESTATION devant Dieu
l” à devant tous les hommes , affiwoir,
!mm-n .
»1 Que Madlic. 'LS ou R I G N ON , ſes amis
” moy, n'avons jamais eu, n’avons enco—
n re , & n’aur—ons deſormais , moyennamla
,ï Grace de Dieu, d'autres 1ent—imens nid’au—
,1 tres defleins que de croire ét de vivre en
,1 véritables Chrétiens, faiſant profefiion de
,a bouche ét par effetdetout ce qui-eſt fonda
,1 mental au véritable Chriſtianiſme, 6( qui
,1 eſt compris dans le Symbole des Apôtres.
,- Que nous reconnaiſſons pour divines Gt'
,Î- pour infaillibles les Stes Ecritures du Vieil?
,v à du Nouveau Teſtament , Gt rejetton'st
,1 tout ce qui teur eſt contraire.
,T Que nous croyons à adorons l’adorabh
,, à l’incomprehenflble Trinité, le Père, le:
,, Verbe on le Fils,&lcS EſPl'ÎÛDDÎflI Trin
,,. &-nnz benyvé'ternellemcnt, duquel les diſtin
,, &ions intérieures , (de quelques~ noms
,,- qu’on les appe—Ife, réelles, relatives, la”.
,,. poſtatiqucs , perſonnelles , ſubſſtentiredv'
,, ies,&e.)l ſont auffi véritables, que vérin-
,,v blement incompréhenſibles. ñ» Reſprit. bm.
. Que
à la Crie-'Fe de! Mr; :79
Que' nous tenons~ jeſus Chriſt pour vray
Dieu éternel à pour vray Homme pour
Sauveur &E Redempteur du Monde , pour
Mediaxeur entre Dieu de les hommes., le
quel par ſes Mérites . par ſa Satisfaction , par
&Juſtice , par ſavie à par ſa mort , eſt-Au
theur du ſalut à'tousceuxqui l’imitent ,. ou,
pour parlerai/ec l’ApÔtre a à tous. ceux qui
luy obeïſſent. .RÈgo—.nàn n no-.o—o—Q
Que nous attribuant; la. gloire de toutle "n4—ñIï.. ñAfi.R—nfiñfl
bien à la pure grace de Dieu, de tout le mal
à la pure faute de l'homme äz du Diable.
Que nous failons conſiſter l’eflentielà 1a
perfection du vray Chriſtianiſme dans le re
noncementàſoy. dans la priére continuel
1e , dansl’Amour de Dieu 6c du prochain,
&dans l’lmitation du Sauveur.
Que toutes les» autres ſpéculations nous
les conſidérons comme acceſſoires : ſur
quoiil eſt bon , de ne condamner perſonne ;
mais de laiſſer à chacun la liberté de les
prendre ou d‘e les laiſſer', ſelon qu’elleslcur
peuvent-ſervir pour ?avancement de lïcſſen
fie]
Que lavéritabl'e cloſ- pout-paevenir à la
eonnoiſl'ance des choſes divines, eſt l'hu—
milité'ôr la prière , RJ non pas lesſpócula»
!ions forcées dela Raiſon humaine.
Que tous les Etats, l’Eccleſlaſtique, le
Politique, l’Oe-eonomique , ſont-établisde
Dieu; 8E qu'on leur doit à—-chacun reſpecti—
vement l'honneur &~ la ſoumiſſion qui leur
ſont proportiennésà réglés parlbparole de
Dieu. Que
2.30' REPONSE
3,3, v, Que quand on réprend le mal, cela ne
' ” touche ni les états directement , ni les gens
P’ de bien qui s'en trouvent exempts ; mais
':- les ſeuls abus &t la mauvaiſe conduite des
,s méchans.
,, Que ſi dansles écrits deM‘1°.B- ou de ſes
, amis il y a quelque choſe d’obſcur , ou qui
paroiſle contraire à ce _qu'on vientde dire,
” on s'offre à l’éclaircir ôt àl'y faire revenir,
7’ ou à le déteſter en cas qu'on puiſſe montrer
” que cela ne ſe puiſſe expliquer ,en bien, dt
',, que ce ne ſoit pas une mépriſe de mots.
L'on proteſte contre tout ce qu'on pour
’ roit nous citer de ſes écrits , ou objecter par
maniére de conſéquence contre ce que je
” ,viens de dire , comme contre autant de dé
” troncations
îazmali nes, dehonteuſès , d'interprétations
frauduleuſes ealomnies .- de
~,‘, con équences injurieuſes,‘ dont Dieu nous
ñ,, fera juſtice fi les hommes ne nous ſont pas
équitables.
Je proteſte encore contre tous ceux qui
j' veulent ſe méler de juger en mal de ce qui
v concerne Madllc. Bourignon‘ , ſes amis , ou
” moy, ſans que néanmoins ilsayentleu les
-,, principaux de ſes écrits ou mon Syſteme,
” comme contre des juges imques _dt des in
. ſenſés, a tout .le moins comme contre des
,” perſonnes trés-mconſidérées 6c trés indignes
2 ” de foy’. Enfin je crois, que j'ay droit d'exi
ïï ger du public , que des perſonnes qu’on au—
' »ra convaincu de nous imputer centfaufle
1 ,, _tés ,v &d'autres qui les auront crû ſans façon,
n ne ſoient plus admis' les uns à la qualité-d'ac
'.- cuſaó
l
A 14 Critique de M 281
cuſateurs, à les autres à celle de juges: Sea. v.
mais reculés les uns comme des Impofleurs
notoires , 6c les autres comme de francs
étourdis. ~.
XL. Peut-on ſhuhaitter quelque choſe de
plus P. Si Dieu donne le temps àquelques
uns , l’on fera une Table ou un Indice gene
ral ſur tous les ouvrages de M”°.Bourignon,
d'où il paroitra en un clin d'œil, 1. quels
ſont ſes vérirablesſentimens ſur toutes ſor—
- tes de matieres: 2.. quels ſont les lieux ob
ſcurs là deſſus: 3. quelles ſont les objections
qu’on luy afaites; 4. &t comment elle s’en
eſt juſtifiée de ſon vivant dans ſes écrits.
Aprés cela , faſſe tempétet le Diable qui i1
luy plaira: je n’y ſache plus de reméde que
de le laiſier faire en ſouffrant à en ſe taiſant;
auſſi bien faut-il que le FilsdeDieu ſoit en
core une foisaccuſe, ca-lomnié, condam
né, moque , à crucifié ſpirituellement en
ſa vérité Gr en ſes membres par les Phariſiens
6c par les Docteurs dans la Sodome 8c l'E
gypte de ce Monde méchant.
~ N’eſi-ce pas ( pour— m’addreſſer non à
M. ]. mais à nos perſecuteurs 6e à’nosca
lomniateurs habituels ôtendurcis, quinou
obſtant toutes lortes de remonſtrances, con—
'tinuent toujours leur vieu train; )'n’eſt ce
'pas diſ-je une choſe cruelle 6c à faire fré
mir , qu'une poignée de gens de bien ne
puiſſent vivre en repos ſur laterre ſans
étre perſécurés à calomniés par ceux-lg
mémes qui devroient les protéger , par des
*Paſteurs à des gens qui fontprofefiion de »
ſpi—
ï
28,2 »REPONSE
Section v. ſpiritualité à de pieté , qui nous perſécut—ent
depuis dix à quinze ans d'une mani ere qui
ſeroit mourir de honte les gens du monde
~ s'ils en faiſoient autant entr’euxê En effet,
dans le monde , des-hommes de cœur cre
veroient de confuſion de s’atta quer à une
femme , ô: encore plus de la vouloir battre
en traitres, par ſupercheries &t ſans ſujet:
Et nos gens de lettres , d'Egliſe, à d'appa
rence , non ſeulement ſont aflezlâches pour
attaquer une fille , méme. apre’s la. mort.;
mais n’oſant enviſager \bn idée ni ſes ar—
mes, ils ſe mettentàlesfalſifier, à en ſube
ſtituer de fauſſes, à, luy' attribuer des—ſenti
mens cliaboliques , qui ne ſont pas les ſiens;
ô: puis , vous vont combattre cette Chimère
ſous le nom de cette fille , & vont publier
par tout qu'elle eſt vaincue .1 \à qu'ils ont
gai né la victoire. Hommes ſans cœurs..
lâc — es perſe’cuteursdesvivans dt des morts,
-impoſteurs ignorans à malins! allez, ca
chez vous ,_ 6c montez de honte de vos in
fames pagnoteries à lâehetez ; &t que ja
mais n'aviez vous la hardieſſe d'ouvrir la
bouche aprés des baffeſſes de cette nature.
(ï) rf.” (a) Et T0), Seigneur, delà-re nour; car—
lerflrints (melti-ir fin, &a le; 'véritables ont ceſſe'
de 'vit-re entre le: fl: des homme!! L'un dit
des menfmgerä Palm” : Leur: cam-.c fantfaux
da* leurs langue: tromfeufir. Le Seigneur u
Terrano/:er le: langues rrompeufes à taufles,
[er ler-rer gm' fwigrmd bruit -' Qgi daft-nt,
Nour amon: le deſſurpcr nor langue: : qui l'em
10mm par deſſu na” ? .Le Seigneur dit, A
eau
Ir la Critique de M 283
cauſe qu’an defi/e le: afflíge’r , Ûqu’on faitgemir Sect- Y*
lc: appt-eſſe? , je Ta) me lever , JF je'vay mettre
en/ieud’aſſumnce U He ſalut celuy a' qui I’on
tend de: pieſger. Lei~ parole: JF' Promeſſe—r du
Seigneur ſont de: parole: Pure: ôt vcritables.
C’eſt un argent purifie’ feptfoir dau: le creuſet.
Ou), Seigneur, tu délivrer-d; le: tient, Un;
lergurderar pour jamais de cette race perverſe.
Le: me’cban: trottertmz‘ça' JF 14'; eL'T‘ cependuu)
ceux qui e’taiem [erp/ur 'vilr dt les. plus mépri—
ſés devant le: homme” feront exacte? du S-ei
gncur.

SECTION v1.
Juſtification des véritables ſentimens 6C
Pratiques de: Mad#- Bounignon, pau
quelques-unes de ſes propres .lettres,
~ ~ contre les principales accuſations de'
Mt.), ſur la tole-'mute qu’íl‘ luy attrlbucî
detouterſhnude ſentiment 8C de pra
tique: , méme
ſ i pdrftéh'au'du des Sac-'m'enfirrle
Chriſtianiſme', ;t ſur la.
culte
exterieurôtl’es tdm-cim* de pie’te’; ſur
l’apriæ're , &t I'es'e'le'vatiom de cœur, 8C1
I ſur ce.
un»qu’ilî.
Sethluyimpute
viſit-ruſſiedekim—uma;
vouloir éta
i L ET-Ë
,O

284. fuflifiutian Je _MH-ï. B.


Sea. v1.
Lett. I. L E T T_R E I.
De la Tolerance 2 qu'elle ne doit jamai: aller
juſqu'a' communiquer directement ou indire
&emem au Pe’cbe’. De l'eſſentiel i9' de [aper
feflían du Chrtfliamfine , de: Religions, cul—
les JF ceremonier ſi df de leur uſage.
Cme lettre# e're’e’crvíre à l'un defi” intime! , M.
~ ?un de Velde- U c'eſt la z. d.- la Lumiere née
en tenebr. Part. III.. -
TVIONSIEÛRD .
:l . E ſçay que vous cherchez la perfe
ction de vôtre ame , à que vous aſpi
rez aprés Dieu : je ſçay auſſi qu’il
vous a départi de ſes graces, à parti
culierement enſeigné ſes volontez en aucu
nes choſes: mais je ſçav auſſi que vous n'a
vez pas encore reçu le Eſprit qui nous doit
enſeigner toutes veritez ,- vû que vous ne
diſcerner. point aſſez le mal d’avec le bien.»
6L que vous aimez toutindiſtéremmentpar
une bonté naturelle , comme fit Adam , le
quel conoifloit tres-bien la conſolation 6c le
.le repos qu'une ame trouve à s'entretenir
avec Dieu , mais ne ſçavoir point ce que c'é—
toit du mal, pour ne l’avoit jamais goûté.
Il étoit créé en plaiſirs 5l delices , _ à conver—
ſoiten paix avec ſon Dieu , ſans apprchen—
der le mal qui 1uy_pouvoit-ſurveniren l'a
bandonnant pour ſe plaire avec les Creatu
res. C’eſt pourquoy il eſtfifacilementtom
bé enpeché avant que d’av'oir aperçu les
mah
contre M. 2.85
malheurs ét miſéres qu'il luy cauſeroit— Sect VL *
2. Il vous en eſt preſque arrivé de méme, W" L
mon cher frere: carpendant que vous jouiſ—
fiez d'un doux entretien avec Dieu , vous
elles demeuré dans les ſenſualitez de la na
ture corrompu’e' , par leſquelles vous avez.
inſi nfiblement_ perdu l'entretien avec Dieu ;
parce qu'aufiitôt qu'il voit l'homme ſe plai
re en autre choſe qu'en luy, il ſe retire peu
à peu , 8c laiſſe l'ame vivre à elle méme, qui
ſe precipite‘ ſouvent en pluſieurs maux , par-v
ce que nôtre propre volonté engendre la
' mort depuis qu'elle a eſté corrompue~ par le
peché. - .
3. Vous avés aiméle bien , &t l'aimez crt-H.
cote; mais n'avez point aſſez haï le mal ,-
pour ne l'avoir point allez connu , ~ vous per— '
ſuadant que vous faiſiez aſtez de le ſupporter
és autres, ſans apercevoir, que nous pou
vous pecher en autruy en neufmaniéres : La
premiére en y confentant , (2.) en le conflit-z
Iam , (3) en le tolerant, (4) en I‘aidant (5)_
en defmdant le mal, (6) en le commandant,
(7) en y Participant ; (8) en ne l’tmjttec/mtttv
quand il eſt à nôtre pouvoir, (9 ou en le!
ce/antà celuy qui l'empécheroit ,
. 4. Toutes ces choſes ne ſont point aſſez*
conſidérées, ôt fort facilemcntl’on y tombe;
ſans l'apetcevoir. Encore bien qu’on defi
re de plaire àDicu ,' le diable'nous ſurprend
ſouvent par des péchez hors de nous, lors
qu'ilvoit qu'il ne les peut faire commettre,
en nous; parce qu'il a autant de pouvoir ſur,
nos ames par' les pechez

que nous commet
ſi \011$
286 ?uſtíſicatian de [Wie, B.
Section” tons en ant-m'y , comme par ceux que nous
Lutr. L commettons en nous-mémes ; puis qu’ils
nous ſeront également imputez: 6c ſi je ne
vous en avertiſſoi-s point, vous pourriez y
tomber facilement ſans l’apercevoir.
Par exemple ; vous converſer. avec des
perſonnes avares , ſuperbes, ou entachées
d’aucuns autres pechez : elles vous ſont ſoû—
rniſes ou inférieures , comme ſont vos fem
mes, vos enfans, vos valets ou ſervantes,
ou quelques mercenaires qui vous ſervent ,
ou ſur qui que ce ſoit ou 'vous avez du pou
voir :- cependant, crainte deleur déplaire ou ‘
de perdre leur amitié, vous conſentez que
des poch-ez s’y commettent, n'y oſmt ou n’y
voulant contredire. Tous ees peehez qui
ſe commettent par votre conſentement vous
feront aflèurement imputez comme 'ſi vous
lesaviez commis vOus-méme: pour conſeil
ler arrial-faire , celanevous arrivera point .
auffi-long-temps que vous crnindrez Dieu;
mais_ pour le toknr en autruy , je doute que
ne le fia-liſtés aucunes fois', 'pour n’av—oir—aíſez
de haine du -peché, comme lors que vous
voyez qu'une perſonne vous trompe envenä
dant ou en travaillant pour vous, &quece—
pendant vous continuez à l’employer ou à
acheter de luy , c’eſtrolevev aſſurément [ccm-d
' qu’il fait.
5. ll vaudrait mieux demeurer -en’nece‘F
me en ne point achetantou cmployantœuxi
qui vendent outravaillent par avarice, fran-.
de , ou tromperies: car l’arne eſt plus pré
cieuſi: que le corps, !equeldoit plûtôtſouf
‘~* ‘ frit
contre M. i b 2,87

ftir ſes neceſlitez , que de les prendre au Sea'. vc.


préjudice de ſon ame , qui ſe ſoüille afluré— Lem-1
ment en tolerant le peche en autruy , &en
core plus en aidant ou defendant le mal',
comme , celuy qui donneroit des biens à un
avare, ſuperbe s ou glouton, pareſſeuinou
yvrogne , il l’aideroit à pourſuivre en ces
pechez s à àen perpetrer davantage avec les
dons ou aſſiſtances qu'on luy ſeroit : 6c fi on
veut defiêndre ou excuſer le mal d’autruy,on
ſe rend auſſi coulpable du méme , lequel on
ne doit jamais excuſer ou ſoutenir , crai
gnant que cette defence ne ſoûtienne le mal
faiteur en ſes peebez , pour leſquels com
mettre nôtre nature cnrrornpuë n’a beſoinde
ſoûtie-ntou de defenſe ,- &a celuy qui le fait,
ſe rend participant du mal d’autruy, encore
bien qu'on die communément, u’íl faut
excuſer le: aber( d’aufluy U' aſſî er ler pe
eheurr; c’e une faune Théologie, bien pre
vjudicable aux juſtes , qui ſont ſouvent trom
pez du 'mal faute de le—connoître.
6. Pour commanderde mal-ſaire vous n’e~ .
fics point auſſi dans ce peril auffi-long-temps ~
que vous craindrez Dieu; non plus que vous
ne voudrez jamais participer au eche' mani’*
ſeſte , comme au larcin ;rear ieu !vous a
delivré de l'avarice , par ſa grace : il faut
pourtant bien prendre garde d'empe‘aber le mu!
lorſqu'il eſt en votre pouvoir z autrement
cette omifflonvous ſeroit participer au pe
ché de ceuxqui le commettent; de méme
lors que vous ne 'le dcclareriez à ceux* qui
«l-cmpéehemient. Ions ces peehez, ou 9511.-.
. * -ie
288 Îuflzficdtím Je M11'. B.
Sea. vi. tie d'eux, ſe peuvent commettre par des‘gens
I'M-1 de bien qui aſpirent à la P E R F E c’r 1 o N ,
fignamment lorſqu'ils ſont de bonne nature,
ils prennent tout en bien.
l'ay tombé quelquesfois dans aucune de
ces fautes par trop de bonté ou égard hu
main; mais Dieu m'adepuis faitconnoître
clairement ces pechés qu'on peûtcommet
tre en autruy: c'eſt de quoy je vous ay fait
part, pour aymer autant vôtre perfection
que la mienne par une vraye charité Chré
tienne, voyantqu’aſpirez àſaperfeffion, la
quelle je veux auffi montrer en quoy elle
conſiſte: car les ténèbres de ce monde ſont
maintenant ſi grandes, que les ames bien
intentionnées ne ſçavent point où elles mar
ehent au regard de leur perfection , pré
nant ſouvent le faux pour le 'vray , &l'im
parſairpour le parfait; c'eſt à cauſe qu’ona
maintenant enſeigné tant de divers moyens
pour arriver à la yerfeâion, qu'on ne ſçait
lequel de tous prendre pour le plus aſiuré. '1
D” Reli
gm” Ô' nt ~7. L’un'dit ,, qu’ilfaut ſouvent aller à
emm pmu: l'Egliſe ourrequenter les Sacremens; l’a -
ó- exu tre met la pcrtection Chrétienne à s'enga—
fiat".
get dans quelque Çonfrairie ,ou Commuv
nauté de_ Religion; les autres la mettent dans
des jûnes ou macerations de corps— Toutja_
ceschoſes peuvent eſtre bonnes ſi 'on envi?
ſoit bien; “mais ce n'eſt poin'tIa fin., nypÿ)
.cpnſiſte‘laptrfkäion ’:' car elles ſe pourroient
bien faire par ceu‘x qui n’obt'rendront jamai;
leur* ſalut: ñà cauſe quenulles choſes extéÿ_
rieur-es ne pçrrectionnent .l'ame a 6c ne h_
, ~ ‘ ï' ~ 'peu
centre M'. 289_
*peuvent auſſi ſoüiller. Ce ſont ſeulement Sect. VI*
desmoyens avec leſquels on arrive plusfa- 'Lcttr. le
cilement à la vertu , ou bien on tombe plus
aiſément au pcché- - . ~
8. Chaque ame en particulier doitpren—
dre les moyens ext-erieurs qui l’incitent da
vantage à la vertu Chrétienne, 61 doit auſſi
éviter tous les moyens extérieurs qui inci-_l
tent à pecber: car il eſt écrit, qui aime le»
[cri], perira en iceluy 2 En ſor-te que celuy qui
ſe ſent ſi foible la en chaſteté qu’il n'a la for- ’
ce de regarder une femme ſans la convoiterſ
n’en doit jamais regarder; à celuy qui s'en
yvre en beuvant 'le vin , s'en doit auffi abſte
nir; ôt ainſi de toutes les autres choſes ;bien
que d'elles—mêmes elles ne_ ſoient mauvai- ~
ſes . elles occaſionnent le mal par nôtre foi
bleſſc , comme d'autres occaſionnent le
bien 6c la vertu à nos ames lorſque ces
moyens de perfection engendrent en nous la
perfection.
Par exemple : Si vous trouvez par une
experience veritable que vous eſtes plus re—
cueilli en Dieu en allant à l'Egliſe , ou que
vous eſtes plus uni à luy en freq—'uentaritles
Sacremens , vous eſtes obligé de prendre
ces moyens, &t de vous en ſervir le plus qu’il _
vous ſera poſſible: car un chacun doit toû—
jours chercher ſa plus grande perfection.
Mais ſi ces moyens n'opércntrien en vôtre
ame, il ne s’cn faut pas ſervir; Bt ſi vous
ſentés plus dc recueillement en Dieu en
demeurant enfermé en vôtre‘chambrette,
vous eſtes obligé d'y demeurer s &ne vous_
‘ ~‘N ~ - point
\ 29,9-? Îulhfictztintt de M114. B.
&&"Ví, pointdiſtraire pour-aller à l'Egliſe,-& ſi-vôtrc
Lettre);—
ame ſe ſent lus unie àDieu dans la ſolitude
qu'en chere ant cetteunion par la frequen
tation des Sacremens , il vous fauttenir ſ0
]itaire z, Gt -là banqueter intérieurement avec
vôtre Dieu ; car la [mme conſcience q/Z un can
'zri'uc &Mim-et, oû l'a—me ſe repoſe ôt ſe re
c'rée avec ſon Dieu: c'eſt pourquoy elle n'a
paS-toüjours beſoin d'uſer des moyens ex
terieurs pour émouvoir- ſon ame à cette
union.
'— ro. Car Dieu la prévient ſouvent d'une
joye 6E d'un contentement ſpirituel, ſans
ſavoir d'où il a pris ſon origine ,- parce que
Dieu eſt eſprit , nullement attaché aux cho
ſes materielles , ny à lieus, ~places , ou
moyens quelconques; eſtant eſprit, ô: lſañ*
me eſprit, ils ſe communiquent en eſprit:
&celuy qui a beſoin de chercher Dieudans
les Communautez ou Religions différentes,
n'eſt point fort avant en la connoiſſance de'
_Dieu , &- ne ſçait oû eſt le lieu auquel il
, prend repas ä, midy, ni où il repoſe la nuit :
car-;s'il ſavoie cela, il ne coutroit point d'une
Religion à l'autre pourtrouver Dieu, ains
d'e‘meuroroit arte-ſté en-ſoy—méme ; parce
que LE çENTaa- DE Nos COEuRS ſontles.
Palais d'honneur ou Dieu ſe repoſe dt y
prend ſes* delices. Toutes les Confrairies
dt Religionsv du Monde- ne peuvent donner
cette UNION AVEC Dray ; il faut que nous
la trouvions— etr-nous mémes ,- ôt encore que
les plus parfaites Communautez puiſſent
bien ſervir de moyens pourñnous acheminer
-‘ ~ - ñ àla
contre M. 29t
à la perfection Chrétienne , ſi ne peuvent ËΑYTD ".
elles donner le ſalut ſans les vertus inte— '
rieures.
1 1. L'un ſe vante d’eſtre Catholique; l'au
tre d’eſtre ſhafinrme’; l'un ſe picque d'eſt”
ſpirituel pour eſtre dansquelque Ordre, ou
de laReforme de Mama, comme ſont icy~
les Anaóapnſier; à quelques autres croyant
d'avoir la lumiere du Saint Eſprit pour eſh'c,
eu la Communauté des Tremóleurr. Cer—
tes, mon cher frére, toutes ces choſes ne
ſont point Dieu , 6E ne peuvent donnerait!
ames nulles perfections. C'eſt ſe tromper
d’apuyer ſon ſalut ſur quelquesReligionsa ~
puiſque nulles ne nous peuvent ſauver ſans'
avoir en now-mes: ia vraye-Perfcctieu-Chré
tienne.. r _ - i
. dz. Si les Régles ,ou Statuts de quelques 3,”, "gr
Religions nous ſervent de mayem. par let: bre-pc
quels nous experimentions qu’ils nous uniſſ- ""1"
fem-imc”, nousſommesobli ez à lesem
braſſer &ſuivre : car il fau eſtimerles—
ravagée-comme l’on eſtimeroit le fout-eau'
d’une épée de grand prix : mais nejamais te
ni—rlefoureau ſi precieux.. que l’éPée qui efi_
dedans, puisqu’iceluy-ne ?cutter-\fiez .corn-
battre nos ennemis s ny les vfaire retirer de
nous. Liz-Diable, 1e Mendeôrlaclzdimſontñ
nos trois eme-mir jurez, qui attaquent con-,
tiuuellement nosames. , leſquels i-l .nous fane
Combattre avec l'ejne’mde lefoy fit lc-óouclíeri
de La charité 5. CMſi’nQUS penſons les vaincre»
avecle fourcau exterieur de nos Religions-.
le Diableſemriquemiädqnous _enorme 0113
i 2.- C
~ Îuſtzficdtíôn de M". B.
See-Ô 'vxî'íë
' uffl‘ſſ'" moquéroit
dame 'd'un ſoldat
ſon ennemi avec. qui voudroitdecom
1e foureau ſon
épée; encore eſt-il plus ridicule de voir les
Chrétiens preten’dre d’emporter 1e Royau—
medes Cieux par leurs Religions . leſq uel—
les ne-les peuvent ſauver ſans l'A M O U R
DE DI Euæsz 1a CHARITE’ au prochain.
"WIP"
!Lv-[intl ó- , 13. Ce ne ſont
v que des amuſizmens
, de
ſm m1,,, &appuyez ſur uncelOrdre ou une te.le Re—
hgion , ou bien croire qu'on ſera ſauvé pour
sïétre eñnrollé dans le plus parfait Ordre ou
Religion du monde. Si vous penſez étre ſau
vé poufetre en la'Reh'gíon Catholique ſans la
ſoy—vivante , .ñl’e‘ſp'erance en Dieu , 6c la cha
rité-au prochain , vous étes trompé; parce
que perſonne n’eſt- veritablement Catholique
que‘ ç‘eluy 'qui eſte-n la communion des
~ l. ~. .n A Saints; puiſqu'à” Catholique n’eſt autre cho- u
ſe'qu’étre uN l de cœur U de volonte' à TOUTES
. "ler ame: qui ſont UNIES à l’EfpT-it de JEsus ~
Ü’IR l-ST. Voila ce qui fait la çommünion
des ſaints ôcñ-*l'aflèmbléc des Catholiques.
Mais‘ ?ſi vous voyez 'GE-_ſentez que -les regle
mens-des Catholiques_ vous conduiſent à
Dieu ',‘»il^- lvous les ſaut obſerver—fidèlement;
6c plûxÔtmour—ir' qu'en; 'décheoir : çar com
me :il .eſt Îcertainque celuy-1m' ſdínie le pari!,
per-'Ta ;lauffi efi—“il tres-certain que celuy qui
embfafle fidelem‘entles mo e—ns de ſa perfe
‘ &ion , ſe erfectionnera: 'a cauſe dela foi
bieſſe_ de’- nôtre nature il la faut toujours ai
der 6c ſoût'e’n‘ir par les4 moyens qui-la peu
vent renforcer; ‘…ñ i. .;.ê“.‘~, z . 4). ‘
- ‘:14.—Mais ſi nos ames: étoient! arrivées à
I_,5 x. 7 .. l'u
_ contre M'. 2.93'
l'uNroN avec Dieu, elles n'auroíent plus Sea. v-r.
beſoin de ſe ſervir d'aucuns moyens s parce “me”
que l’AMouR eſt alors loy—àſoymémes 8c
cette union ſurmonte tous les mouvemen's
de la nature corrompuë, à laquelle on n'a
plus lors beſoin de refiſter par des jeûneson
autres macerations de corps', leſquelsmo—
yens ſont bons pour ceux qui ont lâché la—
bride à leurs &nſualitez à excez en boire,
manger , ou qui ont donné à leurs corps au—
tres plaiſirs de lachair, l'habitude deſquels
ne ſe ſurmonte ordinairement qu'en faiſant
v,toutes choſes contraires: parce que nôtre
nature eſt comme un cheval fougueux qui
n'eſt pas menage', inſolent Bt revéche , lequel
on ne ſçauroit dompter aprés luy avoir laiſ
ſé ſuivre ſa liberté , ſinon avec la brideïŒ
l’eſperon des mortificatious de la chair.
1$'- Voila, mon cher frére, comment'
vous pourrez apprendre à bien régir' vôtre
_ame , &t diſcerner en quoy confiſtelavraye
PERFECTION ,- afin que ne preniezlavertu
apparente au lieu de la réelle ;~ car. nôtre
temps eſt le dangereux dont Jeſus Chriſtza
prophetiſé , & dit , qu’ilflrfaut bien donner de
prophete-*ſe
garde
mit-acier..
3 JF que
[Wer-mt
Je plufleurr
ſçaybien
,. dfferont
faux
quevous
Chri/Z;
grands"
étesſigne:
dftombé

dans le mal inſenſiblement , à que peu à peu


vous avez perdu L'entretien avec Dieu par
ignorance , 6c pour n’avoir. aſſez haï‘lemal,
niconnu les peehez que vous pouviez com
mettre en autruy ç mais il faut reprendre
cœur &t commencer de nouv eau; épluchant
,4 'N3 …~~
...,.447
‘~ de
' K94 Înſizſimfivn de Mlle. B.
Sea. "VL de plus prés en quoy conſiſte 1a perfection
1M"- L -Cbre’tieóaneçafin que 'comme Adam n'el‘c plus
Jamais tombé en peche depuis qu’il a connu
* le mal qu’il luy avoir apporté ; ainſi vous ne
Qombiés' plus dans les ſenſualités de la natu
ïre ; 'ainsſuiviez la conduite des mouvemens
'au Saint Eſprit', comme Adam 'a fait au
"temps qu’il les 'a—'connusz car tonte ſhvie n'a
«été qu'une continuelle penitence &regret
d’avoir del-àifié 'l'entretien avec Dieu.
ë- 16. Siîvous'zvjez ce parfairregrer, ilvous
fera impofflbie de retomber dans lesſenſuä
"lirez 'de ia nature , en 'voyant qu'elles
vous ont fuſiaendu de l'entretien avec Dien.
Ceregretpurgeravôtre ame , 6e la difp’oſera
~ retrouver cette 'union , pendant que jerâ
-therïpar me‘s ſiÎivantes à vous menu-cree
_ ue _ figue la vra e vertu, à dequiiila
- au: apprendre , a n quewous ne ſoyiez
“trompé-de perfonnez-Be- 'ne vDusîäffie-Lun
"veritable diſcernement e ra vraye perfe
* &ion d'avec la fauſſe: en quoy pluſieurs pet
"iormes bien imemîonnées ſe‘trompem en
dies-mêmes 6c *és autres ; 6c 'vous-méme
-nîavez point encore reçu cette fumier-e du
‘_ Ve'ritzbie d’iſcem'ement pour connoître les
.tho‘iäes ainii zqu’ellesſomdevantDieu", les
î regardant 'fiàuiement comme elles 'paroiſ
' ſënraujugememdeshommcs, qui ſouvent
trompent; 'car il eſt écrit, que Mur "Sommer
fmmmmn, voire nous nous mentons plu
ſieurs fois à nousemémes , en nous perſua
î dant que nous ſçav‘ons 6l entendons les çho
ſes myſtiques lor'sque'nous en ſommes‘du
‘ tout ignorant.. ~ ‘ 173 J’ay
contre M". _7. ’ ²9$
r7. J’ay converſé avec _pluſieurs perſon- Seffim‘ï
- - ñ - - 9 Lettr. L.
-nes qui ſe diſotent ſpirituelles, à n en ay
point encore trouvé une ſeule qui connût
veritablement le peche &z la vertucomme
elle eſt deva—ntDieu. Pluſieurs en parlent
aſſez bien , & en ont de hautes ſpeculations;
mais dans la pratique de leurs vies. rien n'eſt
-conforme à laverité de Dieu ,- voire méme
-ils ſe ſcandalizent de la veritable vertu,
parce qu'ils ne laconnoiſſent point. Vous
pourrez bien voir cela en pluſieurs lettres
que j’ay écrites à diverſes—perſonnes ſur .ce
qu'aucunesdiſoient que je m’eſtime ;les au
tres , que j'étois avare; d'autres, que j’étois
fâcheuſe , ne pouvant étre ſerv-ie de perſon
_ne ; ainſi de pluſieurs autres fautes, deſquel—
'les pluſieurs perſonnes ſpirituelles, m'ont
accuſée, faute d'avoir reçu de Dieu la lu—
'miere de diſcerner le vray bien & le vray
mal,- 'dt par ainſi ,j'ay eſté obligée de demeu
rer ſeule juſquerà preſent, pour n'avoir en—
core trouvé perſonne qui m’entende , ou
diſcerne la voye par laquelle Dieumecon
duit: chacun abondant en ſonproprc ſens,
'penſe avoir trouvé la lumiére de verité,
lors qu'il chemine encoreaumilieudestët
>nebres, d'où vous n'eſtes point auffi ſorry;
~maisj'eſpére que Dieu vous en‘delivrera par
le moyen des veritez que je vous découvri
rai. Cependant je demeure ,

VÊtt’eæozcte mme”. -‘
d’Amſt. 3.May, !670. . A.. B. ~ -
N 4_ LET
'29’5 ?Juſtification dell-fl". B.
VI.
Lcmez, L E T R E II'.

De la prière , en quoi elle conſifle. De: priéres


regle’es U' d'exercice, leur milite'. De Il
PRIERE CONTINUELLE, [Mature, fane
eeflîte’ abfilue pour 'vaincre no: ennemi: inte
‘. n'eun-Üexten‘eur: ,4 pour obtenir la 'Grace
. c. de Dieu .,. pour atteindre a' la perfection…
e.;— ù' Pour .r’y conſerver, ſam'jamais fizrtirzde
c . eme pric’ve eantinuelle. Cette lettre efl
2-. la 7c. du Tombeau de lafauſſe Patología,,
~ …Partie IV- — … >
Mon chcnamy a.
_ PUis que vous avez reſolud’e renoncer-i;
vous-méme 8E de ne plus ſuivre vos ſen*
\ſualite’s, vous avez beſoin de la Prie’re con
timlelle, afin d’av oir force d'exécuter vôrrp
. bon propos. Car lors que le.D_iable a.u~ne fois
l eu la puiſſance ſurune perſonneD 5l luyſa.
fait aimer à ſuivre‘ſes íenſualitez', il ne
-s’ep déportc point legérement a ne voulant
'rquiter (la fortereſſe dc laquelle ila été une.
.ſois gouverneur; mais il Iamaimient par
.-fOſCCzÔC cqmre le gré de lalperſonne qui l'en
î. yeux déchaſſexj: , ſi bien qu’il lc faut combat
. «t‘re pay-lorce. C'eſt de ſemblables Diables
queJ‘. Chriſt diſoit , qu’ils ne ſîmem poin:
— _ſinon [mr le‘mojen daim/ne JF de l’Onn'fian.
Ce
tres n’eſt pas que
n’euſſenſit Jeſus Chriſt
la~ grace_ ô: aſſez
dev Dieu. ſes APO
for—
fps pouf Ëç’chaflëí toutes ſortes 'de Díâ?
' *
. 4273].' ' ~
~. ~ -
4..: ' bless.
cam” Mr. ~‘ 2:97'
blesr; maisrc’eſt que lors qu’ilâ ont unc- Se'ŒonVL’-
fois acquis du pouvoir ſur' la volonté de “mu”
l’ëhommo, à qu’il a conſenty à toutes les
ſuggeſtions du Démon, il n’en'veut'ſortir'
que. par force de jeqſner'ôz d’óraifom', veu:
gäílagaigné ſon ame par des'fzriſualiteîr »50'
m' li enceràlaprie’re. ‘
z lfaut de néceffité qu’ii'foit déehaſſé"
par des moyens- directement* contraires à'
ceux-deſquels il s'eſt ſervipouwavoirentrée
dansles ames. Lors qu'elles ont “obeï au
Diable en ſuivant les-fimfmfite’r’ de la'nature
corrompue , ilfaut 'par aprés-qu’en” renon
cent aus-memes íenſualités par-jeufner'à abo
_flimcez àmoins—dequoi , ell-es ne déc’haf
ſerontjamais cettoſor-terde- Diables. Et \ii
elles- onc e’coute’lër tentation: du Diable au‘lien l
desinſpirations du S. Eſprit, il faut'de‘ né'—
cefflté une Pris/Tc continuelle pour déchaflerz‘
cette ſorted'eDiable-z vû qu’il ‘aï‘cominueiz -
lement entretcnu—l’eſpritde-penfe'e: Wine: , il Z
faut que le méme eſprit- s’emrcticnne com-ió
çuellemem-aveo Dieu-5 ou autrement? iL-ne—I
pourra faire ſortir 'cette ſorte de Diables-.H
3. Et partant ~, je vous exorte à laïPRlIR'E'ï
CONTINUELLE‘Y afindemait‘r'rſercet-"enne—
my de vô’treame‘, 5c le- déc‘hafler‘ par l'es
moyen de-l’Oraiſorr‘, qui eſt‘une-armœ puis-—
finte contre .toutes les furiesde l'Enfer-.a
4. Il faut pourtant queje-vous déclare ec:
que dc‘fi que l’on A :-SON avant-quevous la z
fiichiez bien—fairezparce-qu’ón pren*: ſouvent "
pour Oraiſon quelques beaus mots- qu’on'a 1
Jû‘s -, ouentcndus de quelqu’un , comme T
‘_I‘ N ' ſi, l'on”
l Ïufltſicdm‘m de Ml”. B.
Sealed" l’on a-coûtume en ces quartiers de lire'ou
Lettre z. chanter les Pſeaumes lorſqu'on veut( prier
ou faire oraiſon : 'ét ailleurs l’on dit quelque
quantité de Pater-noſter, Ave-Maria, ou
autres Otaiſo'ns .écrites en quelques-livres,
oûl’on aprend ces mots pour les reciter lors
qu'on veut prier. _
3-. Tout cela ne \è doit point appeller
Omiſon, puiſque cesmotsär ces Pſeaumet
ſe peuvent-bien dite ſans faire aucune .priere
à Dieuñ: Etvp'orurprier en diſant des Pſenu—
mer, ~ il' faudroitavoir les memes D E s Î- Rs
qu'ont eus ceux qui'les ont :faits , &dire let
memes mots avec le méme deſir qu'ils
'avaient en les-diſant; ou autrement , ce ne
peut étre PR] ERE ; .-mais-plurôtdes *paroles
,rciſeuſes‘ , qui .ne profitent de .rien : voire
-bienfouvent'l'ouditpar ces paroles—des in—
iuresàDieu, ou l'on pronocncedes menſon
«ges ou railleries. Car celuy qzuidit le' Pſeau
me de David *lorſqu'il étoit penitent ,> qu'il
j'en—noir :6c qu'il prâoit .en lavantſa cou-cherie
d'esiarmes, vau lieu queoeux qui chantent
ces choſes ſont .bien ſonventnemplis de vim
_ &de friandiſes ,paſſant les nuits en péthez 6e
1æn juxure., n'eſt-ce pas là ſe moquer de
'Dieu &mentir-en ſa preſence -? Gommefom
èufli ceuxsqui dièibnt le !Vater-.moſka ,. w au
trespuicres, ſans 'avoir le .deſir des paroles
-qu’ilsprononcene ..
26. 'Ils—diront que Dieu eſt leur Pe’n, ſans
fluyvonloir obéir comme enfans. 1 ue fm
-Wamfiitabeniderſqu'ils le deshonorent- mé
priſent-en efl'egaimantplus -lcur-ptoprî «vp-é
' _ A '_ '—
em” 7. - ‘ 2-99'
fimé'àbonneur, que ceux de Dima. Ils Sea-mn.
diſent, queſc-n-Ryyaume leur adr-jeune, lors LW" ²ë‘
qu’ils ne ſouhaittent que derægne-r en ce
monde, où ils voudroient toûjours vivre fi
Dieu leur donnait proſperitéñ. Et diſent dac
parole , queſt: volume’faitfaíae e” la terre com'
mcaucx‘cl, pendant qu'ils nc ſe veulent re—
ferer enrien à la volonté de Dieu , tâchant
d'accomplir laleur autant qu’il leur efi poſ—
ſible. Et en priant pour avoit~ le pain quoti
dim , ilstravaillentôtsîétudient pour-avoit
l'abondance, 6c veulent malgré Dieu avoid:
plus-que le pain quotidien pour lequel ils
prient. Ils pcient auffi , qu’il leur pardon”
leur-:Fecha, pendant quÏi-ls les aiment , 8c
-veulentperſevereràcn-cornmett-re tous les
*jours-davantage : Et qu’il Ier' delle-ve du mal,,
pendant qu’ils cherchent 6E font le mal du
quclils diſentvouloir étre delivrez. Et en
priant Dieu qu’il les ele/ivre de 14 tem-m'on , ils
!ny donnent aliment, la ſuivent, &luy 0
beïſſent. _
7. Voila commentent-'e moque de Dien
!par de ſemblables- priéres , & qu'on ment en
\ſa preſence. C’eſt pourquoi— je ne ſouhaite
Àpoint que vous faffiez de ſemblables prières-t.
puis qu'elles neva’lent rien, &que vous ne
pouvez jamaisobœn—ir lagrace de Dieu par
elles; mais plfltô‘tune plus grande condam—
-narion : parce que Dieu ne veut pas étre
moqué, &ilne prend point plaiſir é‘s vaine
diſcours. llfimdeſeulementler Îæim à exa
- ?mine les conſciences . étant fondateur du
en” , ~cie-point auditeË—dâ nqspawles‘feiœ
m
?aſh-_fication dÀMí". B. F
Seâ- V1; tes. .Aufli—dit l'Evangile , qu’íl nefaul'poim'
Lettre z..
prie-r comme le: Pharifiens leſquels penſent e’tre
exauce’r en beaucoup Parlant; 61 donne le con~~
ſci] defermer nôtre hui: [on 4H70” 'veut prier nô.
”e-Pc’re enfirm; aſſurant,que nôtre Pc’reſçm’t
dequoinour’avom beſoin , ſam &Macally parler.
; ,8; Sibien que ce n’eſi pasà ces ſortesxdeë
prie’reszque je vous exorre , mon enfant;
mais .à la.. PR 1ERE c0NT1NU.ELLE,>qui doitz~
soRTxR DU COEUR. Vous avez. à . tout
moment beſoin des forces &t de lïaffiſiance
de Dieu pour combattre le Diable le monde,,
&la chaiLEtencorebien que vous ayez—en*
\repris de les ſurmonter.; ii ne le faites-vous.
pointer) effet-5 mais vous étes encore ſou:
ventesſois ſurmonté par eux. .C’CÃPOUI’ÇBDÎD
_il-vous faut une fn’rceſumclturelle, laquelle
_vous ne-pouvez obtenir que par la priere 8c
Ã’oraiſou,, laquelle , fiivous la connoiffiez,
bien. vous ſeroit facile, &t vousderien
droit habituelle. Er comme vous avez can-E
tinuellenunrbeſhin l’afiiſiance de Dieu ; ainſi
auſſi av'e'Lv-Ous beſoin dejaprie’re-:cmrinue-Ue..
:,2:- 9. G’eſl pourquoi il .vous lasfaut- embraſ
ſer-;61.14% LA JA/MAlS- PLUS. WrTÎr-ER ſi
vous'voul.ez.étre.Maîtrede vosennemis ; ou.
.autrement, vOus-ne- les pouvez jamais ſur.
‘ .monter,- oontrevoſire gré. 8c voſire- propre
Volonté, Jeyeux bien croire-_que vous avez
quelquesfois prié Dieu pour étredelivré de
:vos-ennemis. Mais- ces pn'c’m. paſſagers;
~ne ſont point ſuffiſantes pour combattre un,
xennemy-fi commun [ou continueL] comme..
-oſile…Diabl_e.,>qui à tous. mamans. .rçprelâi
:z, U ,ÿ . — et
z

00mn' de zo r'
de nouvellesforces ,. 6: neſe laſſe jamais de Sect— vn»
nous tenter. ôt ſurprendre', v‘û que 'cet enne— Lmm’ñ
my ne repoſe jamais-à ne ceſſede mal faire..
Il nous—laiſſera bien en repos quelquesfois/
le temps de nôtre Oraiſon : . mais ſitôt qu’cle
. le eſtachevée, ilretoume, (Scſouventaveçv
plus de forces quedevant ,- à par ainſi, re.
gaigne ce. qu’il. avoit perdu. durant, la,
priere. . . ,
C’eſtpourquoi il ne s’ëpouvantepoint.des-
priereszque nous faiſons lc matin , le fait,,
4mm ou apre’: le repair, ouen autre temps..
précis que nousferoient
ces priéresxſe prenonsavecattention.
pour.prier,quoi qLe
ue ~~
Diableſe retirebien pource pen de temps:
mais , comme lors qu'un amy s’abſcnte.
pouruntempsde ſon amy., il retourne de
ſon voyageavec une plus grande amitié au*
prés-deluy. que celle. qu’il avoit eüe. avant:
ſon départ., ô: fait ſouvent quelque. nouvel*
le alliance ,- le méme- en fait ſouvent. le:
Diable avec l'homme qui par routine.s’a‘~.
donne—.àla priere.: car il croit d.’.avoir ſatis
faitàDieu aprés avoir dit les priere: ordinai.- -
m, à. laiſſe hors* dÎelles-agir. ſon eſprit ésë
ſolicitudes des biensvde la terre, ou.rà pren
dre ſes plaiſirs &recréations , finsſe reſſort,
venir de Dien.. ,
I 1 . Ce n'eſt ppintqueje .veiiille .blame-,r—
les priéres du ſoirôt dumatin, celles de la.
table , ou d’autretemps précis qu’on ;prend
.pour faire ſes—priéres : parce. que cela eſt.
loüable pour les perſonnes du monde ; 1eſ~.
quelles étant ſi. diſtraitcs~ dr l diyerties dans,
_ _z N. 7~ ‘ leurs—z ‘
302 ;Wife-nic” Je M”. B.
Sedínnvlÿieurs affaires 8c negoces, ſi elles ne pré# 4i
“me ²' noient pas certain temps pour faire leurs
'prières , il eſt à craindre qu’elles ne trouve
roient jamais le temps pour penſer à Dieu:
c'eſt pourquoi elles font trés-bien de mer
tre une régle 6l d'ordonner-\un temps pré
cis pour faire leurs prières, afin de penſer
quelques-fois à Dieu , ‘R ne ſe point oublier
dans les affaires du- monde.
r z. Mais pour les enfans d'c'Dieu 6E ceux
qui tendent à la perfection Chrétienne , ils
doivent continuellement prier JF ne jamai: ceſ
fer; parce:qEr
les tenter uele
plusDiable
ils ont ne ceſſejamais
deſir de
de la perſe
~r‘ſtion , tant plus ils ſont véxés de tentations ,
6c plus auſſi ont-ils ſujet de la pric’re canti
Îmelle , tantôt pour demander ſecours du
'Ciel , tantôt pour remercier Dieu de ſes
‘ grace” autresfois pour le benir 6c honorer:
’ ibien que jamais ne paſſe un moment du
jourſans avoir quelque ſujet de prier Dieu
p pour celuy qui prend garde de bien-prés aus
,_ diſpoſitions de ſon ame: il trouvera Tou
"joutes NECESSAÎR‘E DE FAIRE SA PRIE
KE CONT] NUELLÊ , pour en avoir matiere
continuelle par les occaſions qui nous arri
'vent , tant intérieures , qu’extérieures.
13. Car ſi nous converſons avec les hom~
mes, quelquesfois ils nous loiierontpout'
'nous donner ſujet de vaine gloire; autres
fois ils nous mépriſeront pour nous faire:
‘tomber en colére, on chagrin, les mepri
ſer ou les haïr'. Et lors qu’on a quelque cho
~ ;ſe à deméler avec eux, l’avarice s’y fourre,
~ ~ ou
contre M'. 30j
oula recherche de ſoy—méme. Une proſpe‘- Seé‘c. Vi.
Lettre z.
rité nous ſera rejouïr ou élever; Une adver
ſité nous fera triſtes à affligés; dt ainſi mille
autres accidens qui nous arrivent à l’exte—
rieur donnent continuellement ſuiet de
recourir à Dieu par oraiſon pour luy deman
der ſa grace , 6c la force de nous bien main
tenir ſans tomber en pechez parmi tant de
rencontres diverſes, qui arrivent à l'exte
tieur, 6: encore davantage à l'interieur;
Car ſi on confideroit bien les agitations à di
~vers mouvemens des paſſions de nos ames',
l’on y trouverort des'maux mfinis , auxquels
il faut reſilier. C'eſt un métier tout-fait que…
de refréner nos inclinations vicieuſes, pour
celuy qui s'applique à la perfection de ſon.
ame; 6c il trouvera TOUJOURS MATIERE
-HE'PRIER Dr FU 61 requerir ſon ſecours
;Bt-aſſiſtance , ſans laquelle on vne peut com
battre tant d'ennemis viſibles à inviſibles.
Il faut s’addonner àla príerecominuelle, ou
vivre ä mourir leu—:eſclave , dr efire à tous
jours mil-etudie. l
r4. jenedefire pas que vous aviez con*
tinuellernent mûre-Eſprit bande àla priere
à voſire Ordinaire; car cela von-s 'bleflèroit
1a teſte , 8l forgeroit mille imaginations peu
neceſſaires, &encoremoins utiles. Mais
je voudrois bien que vous reclamaffiez Dieu
toutes les foisqu’en avez beſoin; &que vous
le benifliez toutes les fois que vous recevez
de luy quelques graces ét afliflances ; puis
quec’eſt une ingratitude de ne le pas remer
Jí AeierdeehaquedOn-eu particulier qu'il fl j
'gl—04' faſt-:fication de' Mm… B;
- SER”. VI. fait ,- veu que la. reconnoifl‘ance d’un bien;
'9" Battez. fait obtient toûjours de Dieu nouvelles fac
v~eurs,&qu’i~l delire que nous l’invoquions-ert
nos beſoins, enpromettant de nous ſecourir;
6c ayder. vSi‘Dieu-veut biemſire prié , pour—
quoyne le voudrions-nous point faire? Il:-v
dit , Cherche ,., a* 'vous trouverez; demandez-,z
(F 'voui- obt ~ - rez 5 heurte? :importe demiſerx’r
corde , JF elle pouſſer-Mauve. 1 .
r‘lf… A quDyñtient-il donc, mon-..Enfant ,
que vous: ne ſçachiezz ſurmOncctñ—v—os—ïenne- -
miss. puisqneDieu de ſapaet vous- fait tant;
de promeſſe” leſquollesſeront toûjours in+~
faillibles de ſon. collé? Il' faut-dc neo'eflitóî
dire , ,qu’il y~. a. du manquement de voſtro?
part ;.&jene ſçay voir quel il pourkoi: elite,,
finon celuyz-de la priere; eminem/lq: que ne'
connoiſſezpoint a ez; & penſez de ſurmon
ter vosennemis avec vos propres-forces: ce:
.quevous ne ferez jamais.— Vous» leur- aver'.
bien donné puiſſance de vous nuire par vo
flrepropre volonté :i mais elle n'eſt point?
aſſez forte pour dechaſſer vos ennemis. IH
fautmaintenant UNE GRACE TOUTE PAR-
TIcULIERE DE DIEU ,. LAQUELLE NB—
vOUS SERA~~~ Pom-r DONNE’É WE- PAR-“1
L4 PRIERE, &icell'e- eom'mUELLE.
16. Ievous veux-apprendre ce que Cefil
dela P_-R LE R 1: , afinquevon-s la connait?—
ſicz , craignant quielle ne vous ſemblait trop -
difficile pour-l'embraſſer ,…quoy quñ’il'n’y ait:
rien deplus dons 6: agréable. Mais dles ima-~
gzinations des hommes la -tont 'ſembler Sdiffiæ
cde, .voijejmpoffibleà quelques-_uns .5 peer
. œ*:
contre M". '310;
ce qu’ils n’ont jamais biendécouvert ce que Sea.”
c'eſt de la priere. Les uns l’ont attribuée à \NW-*î*
beaucoup de drole; vocale: ; les autres à des
ſpéculations fou meditations] de l’Eſprit ,.
leſquelles ils ont appellées omifm: ments/er.
Mais croyez moy , que ce ne font ny les
paroles, ny la ſpéculation , qui fait l’Oraiſon;
Ains la VRAYE ORA xsoN confiile en
PEntretieu d’elprit que l’hommeaavec
ſon Dieu , lors. que (bn cœur lu parle..
8C demande les choſes qu’il a de Zeſhin 5.
ou le benir 8C remercie de ſes ?ira-:es ; ou
louë ſa grandeur, bonté, c arité , 8C
autres qzualitez , que l'homme rem arque
en ſon Dien. Cette Elevation d’eſprír,
ou entretien qu’il a avec Dieu, compoſe l;
vraye Priere, hors de laquelle il n’y peut at'
voir de vrayeOrai-ſon, quoy qu’on appelle
de ce nom beaucoup de choſes diverſes,
leſquellesil ſeroit impoſſible que l'homme
peuſt faire continuellement, comme _le
ſusChriſia dit, qu’z’l faut taurjourr prier_ df
m' jamai: ceſſer.
r 7. Il. ne pouvoitjamaisordonner à l’hom.
me des choſes impoffibles r; comme ſeroik
ſa priere continuelle en la façon qu'on ll:-~
veut entendre. Car s'il falloiteſtre toujours— , .
és Egliſes pour prier , toutes les autres cho—
íès neceſſaires-.à l'entretien de la vie peri- _
roient, & l'homme mourroit faute d'elles.
"Et s’il faloir- eſlre toûjours à_genous pour
prier, le corps ne pourroit ſouffrir cette l'a-
figue continuelle. Et s’il faloit çousjourst
L, . ’ ‘ media.
306 Juſtification de Mü‘aB.
Sea. vx. medr‘ter en ſon eſprit de Lellerfpe’eulatiom, ’o‘n
Len. z. l’on ſe romproit la teſte : ou parler conti
nucllement de prieresz on ne 'pourroit dor
mir, nibuire ou manger. ‘ Si bien qu'il ne
faut point croire que Dieu demande de
.l'homme autre prière continuelle que celle
de l'entretien defm eſprit avec Dieu; ce qui ſe
peut faire continuellement , en travaillant,
en beuvant, mangeant, écrivant ,' voire meſ
me en dormant ,- puis que 'celuY/qui‘a entre
tenu le long du jour ſon eſprit avec Dieu , il
repoſe aſſeurémemt avec luy en dormant.; '
parce que l'eſprit s’eflant ptomenéentveil
lane avec ſon Dieu îSi] ſe repoſe auſſi avec.
luy en dormant. t pour l'ordinaire les
eſprits vitaux ſont remplis de ce qu'on aime;
à ce u’o‘n 'aveu &entendu en lajournée , ſe
repre‘ cute à ?eſprit en dormant. S-iïbien que
celuy qui s'entretient avec J’efpvi: eleve' en
Dieu dejour, pert ſorltpeu du meme entre
t‘ien durant la nuict ; meſrine-quelquefois
Dieu ſe communique à luy 'par ſonges.
1 8. “Par oû fi-:voit .,_ qu’il eſt bien poſſible
dePrjeN'ominue-'lemem , comme jeſus Chri-ſt
_nous l'a enſeigne: voire i‘ln’y a rien de plus
faeileô’r agréable. Pour rnoy , je ne ſ u
_a'ois vivre ſans cette ,prière continue lez,
MSC la-mortme ſeroít plusdouceque d'en
cfl‘ne uneheuredehm', parce que toutes
:forte de plaiſirs hors de cet entretien me ſont
des ennuis Gt demortelles afflictions. C'eſt
vËmrqtmy je m’y tiens toûjours, 8c ne pen—
‘ point. 'que vous \n'ayez v-û ſortir de
' -ñ cet
y l contre ~ Mr. 307
cet entretien pour me delecter en autre Sea-mv
Choſe- Par oùvous pouvez—voir , qu’il eſt -'
bien poſſible de Maj-MMM" 13' jamai: m- ceſl
fer, & qu'il _eſt même bon ôt plaiſant; veu
que celuy qui eſt en cette continuelle priere»
n eſt Jamais melancolique ;ce que vous pou—
vez aufii avoir remarqué en‘moy, parmy tant
d événemens divers .- à de ſujets d'affil—
cctions .
I9- Pat'tant adonnez vous à cette priere
p continuelle .s à vous vaincrez par elle vos
l ennemisintérieur—sôt exterieurs. Vous au
l rez de la‘joye ôt du repos en vous méme , :St
vous apprendrez tout ce que vous avez be
ſoin de faire &de laiſſer. Ne vous appliquez
Hin” ſpeculer les grandes merveilles de
'eu , oules conduites qu'il a ſur les hom
mes , 'ny autres myſtères Divins ou de Relia
‘ ion ; ains pratiquez cette Prie’re continuelle
elon voſh-e beſoin , parlant à Die” rom‘ímlel'*
lement. Si vous eſies en tentation , deman
dez ſon affiſtance. Si vous elles dans l'igno
rance , demandez luy la ſageſſe pour accom
plir ſavolonté. Sivouseltes faible , la for
ce 5 6c fi vous recevez ſes‘graces , benilſſez—le
l \6c remerciez-lede cette faveur faite à' vous
ëpécbeurx Et par ainſi, vous aurez matiél‘e
’ ,continuelle d'avoirvollre efpriee'kae’à Dieu .
~ en quoy confi’ſte ila V‘RAYE 0M tsoNcAvec
' cela , vous vous habituer” peu à peu à par
'ler à Dieu , ô’t àvo'us entretenir d'eſprit avec
”luy 5 8c àla fin_ il vousparleraÆt ſerez icy uîii
;‘à luy, en attendant l'unité Lparfiritmiausl'é*
,
f “‘ ë tet'

)
\

fùflificativn Je Mlle. B.
*3 ~l 0
ternitê. Ce que vous_ſouhaite celle quíde—
meure "
Voflre bien aflèfliannc'em Ïefur Chri/À T

Du lieu de ma rerrairel’e7 d'Avril !67L ~

LETTRE III.
Comment loin de 'vouloir attirer Ie Monde 5 ou de
dire d tous les bien-venus , me’me aus Soci
niens , ſanslesobliger àchanger de ſenti—
mens ni de >pratiques,(c0mme le dit M1?)
M1le . B. ne deſire que de -viw‘e enſolitude pour
la ſeule recherche de l’Ererníre’, en Tençmçgnt
ia der-*lavant la. guerre aux ahoflzr z aux affi
&ionr , aux jèntimenr , aurpratiquer , au:
—. complaiſance: humaines-U_ temporelles, d pa
_ Ïç’nrx, ù* à; ami: mairies-,Hamann
tqûjqumſèyledffperſe’cgnb, mieux
quſſedÎc’tre (m
dec-oni
pa ne'e_ debpérflrnm-;ct Æaumr dijÿofi'tiônr que
hv
ce c: qui mem-;i lafeule'Eternite'.; ;Vam'ce'
de: choferduMende-
Cette Lettre eſt ſſécriteau meine ~ '
que"
la premiére ,. &z c’eſt la 12.. de la.
,Lam nc’eſien Imeb. La”. 1V. :az—xdmaA .-ñ—A—-A-u
Morr- cruz-Étienne? ., î
t x ~ \Eſky _bleu quedire
à ment-andre vous'que
avez d_~e~~ la' peîñer
ſijqfuir-ſitauſtê
- feuie'dAm-lèmmde;puisquevousdeifl—
…rez .de m’accompagner à nie ſuivre..
Votre deſir eſt bon cu' cela,- maisma pro
poſition eſt veritable , _que je _Kris toute ſeule
«dans le-,chcmin 051 Dieu me; condùir- 1L
'15. ' c
rant” M. 3'09
rie-vous faut point troubler d'entendre la ve- Sectî. vt. '
rité , mais plût—ôt découvrir ce qu’il faudroit Lu" 3'
faire pour m’accomp ner. ’
JE VOYAGE VERS L’ETERNITE’;
&voy tout le monde voyager vers la terre de
banniſſement, quieſt ce miſerable monde n
apres lequel chacun aſpire. Car je n’ay
point encore trouvé une ſeuleperſonne qui
ne cherche que les biens éternels ſeule
ment. _ .
2.. Tous les hommes de bon jugement di
ſent , qu'il: aſpirent aux bien: Eremelr; pen
dant qu’ils penſent, travaillent à eſtudient,
pour cequiregarde-laterredtletemps. Eſt
il- bien poffible d'avoir un ſemblable aveugle
ment d'eſprit .1 quede eroiredefirer lesbiens
éternels lors qu on les mépriſe? Car celuy
qui cherche lesbiens de ce monde, donne
un témoignage aſſeuré , qu’il mépriſe vl'E
ternité : puis qu'elle donne une pleine ſa
tiété àl’homme qui la deſire, 6c il ne ſçauroit
plus defirer autre choſe. Parce que toutcc
qui eſt temporel dc tranſitoire , luy ſemble
fumier à ordure: dequoyil ſe ſert lemot'm'
quîilpeut', à voudroit voler en l’air vers l’E
tcrnité , ſans aucunement toucher àla terre, '
ſi-\on corps n’étoitde matière ſi péfitnte ,. 6:
obligé à prendre de ſi groffiers aliments pour
ſa' ſubfiſiance.- Mais les perſonnes qui che
minent vers le monde defirent encore'de
lîor-&del’argent ,- afin que-par leur moyen-
ilsſefaſlènt ſervir à honorer ;- prénent leurs
delices en boire , ïmanger, ſe promener, ſc
v'étir commodément , à orner leurs malſoâis
.,
*A*
_ ~ l c
zm fnflifîmflm ù‘Mue. B.
Sccti. V! de beaux meubles i ,Gt-'de riches ornements ,
Lett. 3. pour contenter leurs cinq ſens naturels a de
voir , ouïr, fia’irer, goûter, ôt toucher.
3. En ſorte que ce n'eſt point de merveil—
le qu'une perſonne qui voyage vers l'Etern—i—
té , ſe trouve ſeule au chemin ,~ puis que tous
les hommes qu'on voit maintenant , pre
tendent &t defirenttoutescns choſes; eſtu
diant &travaillant pour lesobtenit‘ à 1eur
pofiîble, ſans les vouloirmép'riſer ou quit—
ter pour toutes les raiſons qu'on leur ſçau—
roit dire. Ils veulent bien avoir l’Etemitë
ſans vouloir abandonnerletemus; encore
bien que Jeſus Chriſt die s qu'mncpeueſewr'v
à deux Mmflrerfmeflre ínfidcfla Al'un ou à
L'autre., Ils tordenree paſſage (ſelon la ſert—
ſualité àeleursinelínations, de veulent les
ſuivre, 6c avoir auſſy la vieEternelle : ce
qui eſt impoſſible; ;C'Lefl Pourquny ,je
n'entends point les hommes de 'mainte—
nant , 8c eux ne m’entcndent point auffi
pour cela nous'nc pouvons demeurer par,
enſemble- '
;~4~ I-_l mefaut. bien-pallier parmi les. home.
mes-parneeeſſué: mais 1e les quittcrayauffiñ
tôt qu'il ;ne—fina. poffible pourſuivre-levure_
que Dieu-me montre , ÔE les lai-(ſer ſuivre
celleszqu’ilsveulem—aimer àleur damuatiottd
Jeneveux point dire .1 moncher Frère , que
vous chemjniez çnzeecte voye-de elamnation,
puts _que vous avez un defirefficacq de vou;
ſauver , voire de .me ſuivre-z Mais vous ches….
encore, cheminant vers le monde s, lequel
n'eſt
eamre Mr. 7. 31 l
n'eſt point encore cruciſié en vous: vous ne Sect vl.
Lctt. J
ſçavez méme encore coment on doit mourir
à luy en toute'choſe. C'eſt pourquoy je vous
fais de la peine à vouLora MARCHER sEu.
LE; ô: vous m'en faites encore davantage à
m’obliger à vous ſuivre en cheminant vers
la terre à le temps , où jc nevous ſçaurois
accompagner ſans combats & conteſtes
continuelles. Car il n’y auroit point une pa
role. ou une action temporelle qui ne ſoit
reprehenſible dans ce chemin ou cette voye
eternelle : parce que ſitôt que je vous enten—
drois parler des choſes qui ne regardent que
la terre , -je vous re—prendrois comme de pa
roles oiſeuſes à inutiles pour l’Eternité- Et
ſi par, actions vous* travailliez pour les cho
ſes de la terre s je plaindrois vôtre employ ,
à eſtimekojs vôtre labeur vain.
. ſ. Voilà comment je vous ſcrois à charge
6e vous me ſeriez inſupportable. Et partant
nôtre chemin ſeroit triſte 6c facheux, auſii
bien pour vous que pour moy , à pire que
celuy de deux perſonnes qui ne s'entendent
l’une l’autre ni par ſignes ni par paroles.. Ce
n'eſt pas pourtant que vôtre compagnie me
déplaiſe : \carje l'aime , à cauſe des bons de*
ſirs que vous avez. _le ne vous reprendray
auſſi par maniere de correction ou de re ri-q
mende; mais parbonne inclination àv tre
perfection , laquelle j’aime comme la mien
ne. Mais vôtre nature en reflèntirades pei—
nes, leſquelles vous ſeroient peut-eſtre in
ſizpportables , ou blefleroienr vôtre ſanté.
.6, Ça; JE NI- CEDE MEN A 'LA NATUÏRB
Ça‘
3'12. ?ii/#fication Je Ml'. B.
Sea. V1. ſçachant bien qu’elle eſt corrompue , 'à eu
Len. 3. g-end-re toutes ſortes de pe—chez , qui don
nenrlamor-tà l'ame, à font perdre I’Etcr
nité bien-heureuſe. Il faut de neceflité la
contredire &r luy d-eni'e'r toutes ſes volon
tez; ou autrement, elle nous menera a tou
tes ſortes de malheurs éternels. Ce que peu
de perſonnes compre’nent. Car-on voir cha
cun ſuivre !a pro-pre volonté ſans penſer
mal faire , ne voyant aſſez que nôtre PROPRE
VOLONTL’ ENGENDRE LA MORT ETER—
NELLE : comme elle fait vrayementzce que
je vois par les yeux de la foy. Er Jeſus Chriſt
nous l’a auſſi enſeigné lorsqu’ildit: que ce—
lu] qui ne renonce âjbj-me’me , nepeut eſz‘re ſm
Diſcíyle. Je ne \Ëaurois trouver des termes
plus precis pour faire entendre à l'homme
qu'il ne doit point ‘ſuivre ſa propre volonté;
ains luy denier tout ce qu'elle demande ab
ſolumenr. Cependant, l’on voir que les
míeux-intentionnez d’aujourd’huy s’eſii
ment-heureux de pouvoir ſuivre leur propre
volonté, qui s’incline toûjours à la terre 85
au temps, & jamaisàl’Etemité ,— qui luy eſt
inviſible 6c incompreherrſible. ‘ .
6- C’eſt pourquoy', je ne .peux-*nulle
ment accompagner' une perſonne qui
chemine'vers le monde , &c ſuit \à pro re
volonté. Il me Faudra toûjours marc :r
_ſèule‘fi long temps que je n’en trouveray
point d’autres , eſtant comme :me Veuve de'
fi‘le’e , qui n’a ny compagnie , ny conſolation
etr-ce monde : cequi‘eſt bien triſte à la naru
. \ \c
ram” M. '1 ;r3~
Sect. vl.,
Te même: à cauſe qu’elle eſt toûjours ſocia Lqttnz. '
ble , 6c ſe plait en la compagnie de ſon ſem
blable, lequel je n’ay encore rencontréen
»ce monde a ayant toûjours .eſté obligée de
cheminer ſeule, pour n’avoit trouvé per
Ibnne à quije me pourrois unir, bien queje
:les aye toûjours cherché , ~& me ſois infor
-mée où elles pourroient eſtre s ces AMF—s
W1 VOYAGEN'T VERS L'ETERNITE’ , ſans
Îles avoit découvertes juſqu’àpreſent. .
’_ 7.v j'aÿ converſe -les Religieux ôt perſon
-nes devotes-de nôtre quartier; Gt les ay tous
-trouvé 'cherchant les choſes dela terre: car'
.s’ils étud’ientôz préchent , c'eſt pourſe ren-i
dre recommandables aux hommes, , ,ou pour
avoit à manger. Et les perſonnes' &culiéres;
qui
cineſont entremiſes
ou âîla à la pratique’de
marchandiſe , tout cela la
nemedez
ſe fait
que' pour gaigner de l'argent, ou pour ac,
querir honneur &plaiſir en ce monde: De
ſorte que nuls de ceux-là ne me peuvent
accompagner au chemin de l’Eternité;
6C partant, 11 me. faut marcher ſeule 5
ou retourner en arriere vers la voye' dece
monde :ce que je ne veux point ſhit-&aimant
mi euxmourir ſeul-e au chemin de Salut, que
de ſuivre à grande compagnie le cheminde
perdition ; puis que le grand nombre des
damnés ne ſoulageroit point ma peinemiais
?augmenter-oit davantage par l'augmenta
tion du nombre-des ames damnée’s
- J-C’eflpourquoy,je veux demeurerau che—
min de l’Etemité, quoy Cq)ue je devroilîy
. c (a
r
314_ ;zz/;Mariah de Mk. '3;
Seaionvœ èheminër'ÏËULE juſqu’i la. mon; aimant
1 :me 3,
r'nieux eſtrç Ièule avec Jeſus Chriſt ', 'que
d’cſtre à v grande compagnie. avec lç m'on:
de 8c l’Enfcr. Je ſçaÿ' bi_cn, \mon clzç; fi‘çÿrek,
ue vous-n'avez pas le deſir de ſuivre lc
onde ou l’Enfer ; .mais ,par eflet Yqu's
le'S ſuivez' tçûjonls rfi long—temps que vóus
çherche'z en‘córç‘àu’trc choſe que l’Eternité,
Il n’e irons-ſemble' point 'que vousyóuliez
chercher autre' choſe depuis' que V'Oqs’àv'ei.
reſólu de quicterle’mon‘dezMaî’s croyez moy,
qu’aufil long-temps que vous cherchez en:
core 'de plaire dmc-'hommes- , à qù‘ef vous av—ez
[crainte de leur. dc’pñ’aire, .vous nſtcs’encoœ
au chemin du Monde :~ Etſi longétemp‘szquc
l(7,011$ prenez v icy .df Plaiſir' en [Vianney]r oſi
;mma e_ du monde 1-, 'vous ne‘ "o’urx'ez’ goû
ter les elices Oule‘ repos de; 1' te'mite’ i. Et
fi vous cſtimez'cncore les 'rick-eme!, c’e‘ſi afl’c‘uſi
rément uc “vous n’cſtes point pa’rÿèmſí à
,.
-la connoxſſance des biens Eternels :îparcc
que ce'üX-läfdflfitdûjours m'épriſe‘rles biens
çerieſt’res, en lesvoyant vains &indignes de
dcnôtrqaffcctiom 2".’ ~:‘, "132.1 ' p; .
9. Par Düvouspouvez aſſncémcnt diſcer
ner fi ygous… efics au 'chemin de .l’Ecemité ou
bienzen* celuy'de vlat-terre. 8c du temps; lors
que vosviſécs à prétenfion’s tendent àl’un
ou àzl’autre. Cela. eſt une régle generale pour
!nous le? hommesdn monde ,- îavcc laquelle
ils peuvém mefilrcr s’ils :ſo'm au chemin' dc
LÈETERNITE’ BIENÔHEÛREÏISË , ou' en ee
luy qui ménc à lî—ETERN ;nf MAI—Humm
_ contre Mr. 3ls
SſiE , en examinant, ſi leurs ſoins , deſirs , 6c Scet.- v1.
affections ſont aus choſes de la terre ; ou Lfflî- 3*
bien , aux choſes Eternelles. ~ _
' IO. Ce n'eſt point qu'il faille vivre oíſeus'
en ce monde; parce qu'il y faut continuelle
ment travaillez-,pour accomplir la penitence
que Dieu nousa enjointe. Mais il faut que
nôtre travail regarde l'éternité , la gloire de
Dieu,le ſalut de nôtre ame,ou celuy de nôtre
prochain. Et tout ce qui eſt hors de là, eſt
mauvais. Car ſi on travaille pour ce monde,
on y reçoit la recompeuſe de ſon travail : &c
partanhplus rien à pretendre pour l'éternité.
Car autrement , Dieu ne ſeroit pas juſte : vû
que celuy qui a travaille' pour gaigner de l'ar
gent , l'ayant gaigné , a reçu le ſalaire de ſon
travail, à n'a aucun droit de prétendre autre
choſe; pour n'avoir rien deſire d'autre. Si
'vous travaillez pour avoir un Office ,'81 que
vous l’obteniés ;vos travaux ſont-bien payez
par l'obtention de cet office. Si vous travaild
“lez en trafique ôt negoce pour gaigner del’ar—
'gent ,‘ à que cela ſuccède ſelon vos deſirs ; il
:ne faut point attendre autre recompeuſe fi?
non l'argent que vous avez gaigné.Si vous'é*
_tudiez pour vous perfectionner devant'les
hommes , vous eſtes reco‘mpentë par les lou
anges &t par l'eſtime qu’ils ſont de vous'.
Voilà tout ce que peut preten‘dre une perſon
Îne qui travaille pour la terre &t le temps'.
Dieu ne peut avec Juſtice lu donner l'Eter
nite bien-heureuſe lors que es travaux n'ont
butte qu'à laterre , vers laquelle ils chemi—
ſ'ncnt
i touslesjours
‘ dc leurviezcomme
~ O 2. ’ on' voit
que
3416; Ïuflification de MQ. B.
Seam… que tous les hommes ſont maintenant, Gt
Lettre‘z . s’eſtiment ſages 6E heureuxlors qu’ils cher
chent bien leurs avantages en cc monde .:
car celuy qui ne le fait point s en eſt mé
priſé , ô! tenu pour un idiot.
l :1. _Voila le chemin où marchent tous
les hommes p auquel il me ſeroit impoſſible
de les ſuivre ou imiter : parce que je regar
de toutes ces choſes pour'dcs folies &t des—
amuſemens de Satan. Car que peut-il profi
ter à l'homme S’il parvient à quelque Office
ou benefice , ou s’il amaſl‘c de l'argent pour
prendre ſes delices en ce monde? Tout cela
prend fin à la mort: &les loüanges des hom
mes qu’on a acquiſes en ſe perſectionnantme
ſont qu'une boufée de vent qui fait envoler
les cendres de nôtre corruption parl’oubli
hors de leurs memoires : 6c la pauvre ame
ſe trouve dépoüillée de la gloire Eternelle a
qu’elleîne pourra plusJamais recouvrer aprés
_cette vie paſſagere, qui eſt le ſeul chemin
dcl’Eternité heureuſe ou malheureuſe. En
ſorte que celuy. qui marche ici dans les af
fections _de latetſreôr du temps , ne peut ar
river' à l’Ete-rnité bien-heureuſe. C'eſt folie
à tromperie de l’eſpérer. Il faut qu'il ſe
:contente delater're, laquelle il aaimé; à
deshommesz auſquels il avoulu plaire. ,
b I z. Voyez ,‘ mon cher Fr'ere , quelle re‘
compenſe leur pourra. donnerla terre 8c les
'hommes pour tous les ſervices qu’on leur
aurarendus! Rien que des peines 6c regrets
_de les abandonner par for_ e , à des remors
de conſcience d'avoir ſuivi la terre , 6E che
miné vers le 'monde trompeur à tranſitoi
ï
xe.
contre Mr. 31?
re. Pour mo , je vois toutes ces choſes ſi &&- VÏ- i
clair que le oleil : c'eſt pourquoy je les mm a'
veux mépriſer & oublier, pour me ſouv —
nir des biens pcrmanens, qui ne finirontjä
mais. Sivous voulez m’accompagner,vous
le pourrez faire; car Dieu vousacre’e’ libre,
'vom mettant entre Iefcu Ul’eau Dur choiſir lè
que! il 'vom plaira le mic-ux. e -feu vous
échaufi‘era le deſir d’avoir des richeſſes, hon’
neurs, & plaiſirs en ce monde: Et l'eau vous
fera embraſſer la penitence, pour combat?
tre le diable , 1e monde , à la chainqui ſont—
les trois ennemis dela Beatitude Eternellè.
Vous avez ja pris la reſolution'dc chemin‘ér
vers l’Eterniré , à de quitter la voye dd
monde; ce que par effet vous ne faitespaïs
encore parfaitement. C’ei’r POul’quQY,Ÿ0ü_$
ne me pouvez accompagner juſqu’à ce
que ferez— tout—libre des biens de l'a ter'—
re , 8c qu’aurez quitté le deſir de plaire
aux hommes: Parce que ces choſes vous
achoperoient toujours en nôtre_ voyage.
13. Car il faut quelquesfois perdre ou
'prodiguer les biens de la terre pour des ſu—
jets éternels : Ce qui vous ſeroit peniblefi
longtempsqu’il vous reſte encore quelque
affection auf-?lits biens. Et dans le chemin
de l’Etemité il faut ſouvent déplaiſe aux
hommes. C’e-ſi pourquoy Ieſus Chriſt dit,
que celuy qui *veut laire auxÿonrme: , n’efi
poimflm Diſciple. cailleursil dit , den’cſm
Point venu pour apporter la pqrxmmre, 4m:
#guerre entre le Pere dr l’ânfam, le Pme contrée
3 e
I
.ſi3‘18 Juſtification :le M . B.
Sea. vi, le Fnrc; 1e Mary contre la Femme, dſc. pour
Le! montrer , que celuy qui veut cheminer vers
,l’Eternité doit guerroyer contre tous ceux
qui cheminent versle monde ; bien que ce
ſeroit contre ſes plus proches parens à amis.
Car ſi on veut tarder pour leur plaire .v on
n’arriverajamais à l’Eternité ,- pource qu’ils
nous _tiendront
_parvenir à la fin.toûjours
Car nosenplus
chemin , ſans
proches P37 ſ
rens ſont les plus puiſſants ennemis que
~ ~nous trouv‘ions en cheminantvers l’Etérnité
lors qu’ils ne nous veulent point accompa
gner. C'eſt pourquoy il faut quitter le deſir
e leur plaire: pour celaadit Jeſus Chriſt:
que celuy qui ne Zuitte Pere , Mere, Sœur-r,
Frei-e!, Ütoutec oſepourflm Nom, q qu'il n’eſZ
digne‘deluy. Par ou il enſeigne, quelfonde
ment de vertu doivent avoir ceux quiveu:
.lent cheminer vers l’Eternité.
r4. Ils doivent tout reniicr offrir à Dieu
tous les bieus qu’ils po edent , pour étre em
ployez à ſa gloire ſeulement s (St non plus ſe
lon nos deiirs, ou pour ſuivre nos ſenſuali
tez.secondemenr,il faut quitter le deſir de plai
're aux hommes, puis qu'en leur plaiſant il
faut de néceſſité déplaire à Dieu ; à cauſe que
leurs defirs ſont autres que ceux de Dieu , d:
regardent leurs propres interefls ſeulement;
Br partant ils ne pourront aprouver que nous
abandonnions le monde 6c ſes richeſſes 8c
plaiſirs, ausquels ils participent ſi long temps
que nous les poſſedons pour leur ſatisfaire.
Voyla pourquoy il. faut perdre leur amitié
fi nous voulons trouver celle de Dieu, &t
L en'
- 'contre Mr. 319
entreprendre cette guerre que JCſilS Chriſt Sea v!,
nous eſt venu apporter contre la chair &les Lctt 3- l
parens ſanguins. '"
' 15. L’on penſe que ce ſoit bien fait de
cLnſerver-la paix entr’eux; ce que j’avouë
pour ſi long temps qu’ils veulent marcher a
vec nous au chemin de l’Eternité.ll n’y a rien
de plus deſirable en ce monde que la paix
&la concorde entre les amis 6c prochains.
Mais lors qu’ils nous retiennent ou nous
empêchent de cheminer versl’Eternité, il
faut rompre cette paix, qui ne prédit que la
colére de Dieu. Car c'eſt un des ſignes de
ſes derniers fleaux; ,Lari- que les' homme-*fe di
'ſont Paix Üaſſeurance , alor: (dit le Saint EF'.
_prit ) efl arr-'vale temp; de la Tui'ne totale., Ain—
fi arrive-t-il à une perſonne qui entreprend
le voyage de l’Eternité , ô: veut conſerver;
la. pal-x avec ceux qui cheminent encore vers
le monde. Il leur faut .PUBLI RR_ LA_ OuERjg
RE sv’ils nous regardent _ou empêchent d'la-z
!lancer vers lÏEternite’ ; parce que leur ami
rié n’eſt pas tant confiderable comme eſt no_—
tre Salut eternel ,. qu’ils ne~ nous peuvent
donner , ~mais bien ſervir de moyen à nofire
datnnation. Car—...ces deux points , d’affig
&im; aux richeſſes-,JJ de (vouloir plaire aux kom-z
me: .1 onteré cauſeque_ grand nombre de pere
ſonnesv ſe ſont-perdues éternellement , me:
mes de celles qui étoient bien intentionnêes.
16. Car fi long-temps que nous avons en—
core de l'affection pour quelque choſe de la
terre,nous ne pouvons cheminer vers l’Erer—
Rite: ll faut étre tous libres , &C aſpirer
\ ~ ~ '~ O 4 ſeu
;'zo' fiſiÿï’cmz‘w de Mlle'.— Bi
SQLI. VX ſeulement aprés nôtre Patrie bien—heu
Lem, 3.
reufè , prenant par necefflté 1e moins qu’iI
eſt poffible des choœs de Lav terre pout
achever le voyage : le moins d’honneur ,
lc moins de charges , le moins d’ar ent,
.~ le moins d’habits , le moins de Vian cs 8C'
de boiſſons qu’il nous ſera poſſible :1 8C
avec cela. nous chemincrons bien PAR
ENSEMME 'vers L’Etemité, &ferons 1e
gercment le voyage. Car encore que nous
tîrouverions' en chemin des travaux , des
ſoins, des ſouffrances , des perſécutions,
des mépris, des injures, des priſons, ou ht
'mort 5 tout cela nous ſemblera leger en l'efó’
perance de cette Beatimde éœrncllc- Car fir
celuy quichemine vers lc monde, s’enime
heureux de gaigner de l'argent parlés pei
nes, ſoins , ou travaux ç combien l‘e 'doit
efire davantage celuy qui attend‘laretribuà
tien Etcme‘lle en chcminant -vers l’EtemiF
ré P Il n'aura gar-dc de s’acreſicr pour rer
luy ſcroit
cueillir fort peſant
lc Sablon pour
de l’or &r voyager vers—, PE—
de l'argent qui v j
tc'mité. -C’eft pom-quo je vous conſeille de
re'jetter loin de vous : alors , je vous tien—
dray par la main pour mieux achever-nôtre~
voyage. Ce qu’anendantje demeure , - ï
Vôtrefidelle Amie en Dieu.
A. Amfiexdamlezz october [670.
L E 'l' T R E asceſſèírr. ſizz I"—
L’Imprimeur ayant demande' dequoí remplir les'.
page: qui reſtent z on a cru ne pouvoir lefaire
mieux que par :me 1eme de 14 me’me Demai
ſelle 5 ou‘ l'a” 'verra le noyau JF 1e but de tous'
ſes e’cn'tr, auffi bien que la ſubſtance de tout
le Chrtflianijme.
Elle l’ë c’criae a' un Paſteur de Malines* , JF
c'eſt la 13' de la Lam: ne’e e” Teneó. Part. I.

Monſieur ,
l. Ene ſay commen-tun—bon jugement Di,, ...z ’
. peut aimer autre choſe que Dieù , vû aime) le
ï qu’il n’y a tien de créé qui. ſoit digne Mfflf‘ 4' ï
de nôtre amour comme lui z étant l'a '
ſource de tout 1c bien , 1a Sageſic, le Don- tim, 1.
neur de toute ſageſſe, laBeauté qui crée tou— DF my
te beauté , la luſti‘ce des juil-es, la Bonce de &fifa-,3
toute bonté , l’Accompliſſement de tomes Amm—
les pekfeâions , enfin, le ſeul Objet digne de Ë‘ſſ‘fflfflf
noſheamour , 'hovs duquel rien n’eſt aima— ""“b’ffl’
ble ni azuciel— niren la' terre. Rien hors de luy
ne peu-.t rafl'afier nôtre ame , rien ne lœpcuï
contente: , ſign ne lui peut donner de par—
fait plaiſir , tien nela peut bicn-heurer, ni—au
preſent ni- à lä’avenir- C'eſt lui qui; nous a
nées: c'eſt !aigü-;mus maintient: c’eſt—lui
gui nous jugera. . . ,i
Si le bien de ſaumure eſt mumu-'Nime
ble , commentdonc l'ame n’empl'oie-t’elle
tomes ſes puiſiànccs à- aimer-l’Originc, la
Perfection ,. à la Con-ſommation de tout
bien, qui eſt Diem?
, 2.. Si la reflmblance engendre l’amour ,- fiïſlœr.- — .
commenwôxnmñ
'.~.. ~ dqf\zi—&eſté fM‘Eeàläfc
' blanc:- (dz-Mmes
"'“M’f'k
'312, L' E 'r' .3T \a E
blanc-e de Dieu, 'peut-elle \vivre ſansl’aimer?
Quel autre objet peut—elle trouver aimable
hors de Dieu , ſon unique reſſemblance?
Quel parangon de routes choſes periſſablcs
auprés de cette Ame divine à immortelle,
?Jui ne* peut trouver ſon ſemblable qu’en
ieu-méme Ê
3. D” 3 Si les bienfait: obligent la Nature mé
bicnsf-j" me à aimer ſes bienfaiteurs z combien l'ame'
323L; doit-elle _aimer ſon Dieu, qui luy adonné
D _ ~ -
mcm… tout ce qu elle pofléde , 6c promis des biens
cfïésà infinis St éternels , qui ſont ſans pareils, en la
5572?; vie future ? Il a donne’l’ame’, laquelleil a
1……-1' créée de rien. Il ne l’a pas ſeulement faire à
la reſſemblance des Anges des Cieux , ains
à 1a reſſamblance de la Deite’meſme , ~en ſorte
que tou/tes les ames ſont parla 'création fai
tes de petits_ Dieux. Pouvoir-il!, ce Dieu d’A
' :nour, donner à l'homme de plus grands
biens 8c dons pour ſe faire aimer de lui , que
cette création divine de ſon ame, immortel
~ le comme luy ? Le Corps', qu’il a formé pour
cuſtode 6c renfermierc de cette Ame , pou
voit—il avoir plus _de pcrfections P Y a-r-il
choſe en la Nature' plus admirable que le
Corps humain ,. animé de toutes les puiſſan
ces de l’Ame , d'un cntendement pour com
prendre, d’une mémoire pour ſe reſouvenir,
d'une volonté pour 'agir ; en ſorte que le
Corps meſrne eſt une image ou reſſemblance
en certainefaçon de la SMNT E mmrTr’?
4.Du 4. Dieu pouvoir-il-.donner davantage à
bien??? l’hommc’,& de plus guns dons qu'il n'a fait,
F‘ËÎEË" pour l’obliget à l'aimer? car aprés luy avoir
Mz». -ñ z v \ donné
_acceſſbir-e. gf;
donné l'être à la 'vie , ille ſoûtient 6: main?
tient , avec toutes les choſes néceſſaires',
qu’il a encore creées pour l'entretien de cet
homme,auquel il a aſſervi tant d’autres créa
tures ſous ſa puiſſance , l’ayantfaitſuperieur a \s
de tous animaux ,- Bt authoriſé comme le
Chef-d'œuvre des œuvres de Dieu , la Ter—
rc pour ſon marche-pied , le Ciel pour l’il
luminer , l'air pour reſpirer , le feu pour'l’é—
chaufer , l’eau pour le deſaltérer , les fruits
pour l’alimenter , les fleurs pour le recréer,
enfin tout ce que Dieu a créé'de viſible &r de
materiel n’a elie que pour le corps de l’hom—
me. Que doit-il reſerver pour ſon Ame,
qui eſi ſans nulles comparaiſons plus eſtima
ble , comme efiant divine , créée à la ſem
blance de Dieu , s’il a tait tantde— choſes ad
mirables pour l'entretien du corps , _qui dort
Ïmourir 61 ſi peu relier ſur la terre? Tous ces
'dons 3 tous ces bienfaits, n’obligent-ils pas
l'homme à aimer un tel bienfaiteur Ê puis
.qu’ilnñ’a reçu 'Gt ne peut jamais recevoir au
ïcuns vrais biens hors de ce Donneur dc tous
biens ê . M — - - :î
z'. 'Comment peut-il'eflre ſans l'aimer en ,a mr, p
-eonfidéranrſon 'Amour ,- qui ne* s’e‘fl encore Miſe-i5 -ñ
-voulu ſicontenterîde nous‘avoir dépaſti grra ?Ng-"3
-tuïteme‘nt tant de dons; ains aprés que eut .,3, ff"
'homme ingrar eut ñïalmſé . de tant de faveurs, l'homme.
ſe détournant de ſon Créateur pour ſe join
dre àla créature , eſtimant -plus le don que
'le Donne-un', .zpréiumantde * meriter encq
donnan’ceszveetparmbhlrion dleſprir
Te davantage , lil ſeit—end' rebelle fimoir
à ſes

,In-I O 6 l- 1 plus
3-24 LETTRE' .
plus qu’il ne plaiſait à ſon Créateunenſraind.
ſon Commandement afin de s’égaler à luy .ï
Cet amoureux Dieu, qui pouvoit en un in
(tant condamner toutes cesingratitudes par.
(ï) e. à J. une damnation éternelle oùilavoit (*) de
relég ue. \iinéles Anges rebelles, a plus aimé l’hom
me que l’Ange ; & en- prenant plus d’êgard
à l'Amour qu’il luy portoit qu'à ſa deſobéïſ—
ſance , il luy pardonne ſon peehé, .5l luire
met ſa faute , moyennant une pénitence
temporelle.
G. D‘ï ſim r . 6. Ce temoignage d’affectiomd’un Dieu
Incarna
rien.
.vers ſa- créature, ne merite-t-il pas qu’elle
l’aime? l-l ?oblige encore par des moyens
plus—puiſſans: Car pour lui faire voir que ſes
delicer ſmc d’eflre avec le: enfant de: hommes',
il fle fait Homme viſible 6c ſenſible comme
_eux , ne ſe contentant d’avoir fait l'homme
.àſonimageôrſemblancfi maisfa-it Dusuà
l’imageôt ſemblance de l'homme,voire s’eû.
fait vraiemant homme pourles enſeigner à.
l'aimer de paroles à d’effets corporels 6c.
materiels ,, conformément à leurs capacitez
humaines. —
7. Dieu pouvoit-il témoigner— davan
snïanuſ tage d'Amour pour l'homme que de s’abaiFr
furent. 1er a voirx—s’anéamir (pour-parler ſelon nô
_trc langage y.) &ſi; revêtir dela Nature lim
Iaine? Queljugemem pouſſoir Geuurevui'v
»de plus grands témoignagesde ſon Amour?
-ïuqnelsmoyens pourraient fè trouver pour
plus-.fortement obliger l'homme à) l’aimer
que de ſe Aire ſemblable àxluy en name, ſe
andre.- egfflenñ condition ,, ent-,ne- fir préfe
rant.
l
acceſſoire. 37; ç
rant au plus petit des hommes ; converſe à
ſe familiariſe avec eux comme frére ou
compagnon ; voire ſe ſoûmet 6c obé’ít à
l'homme pour gaigner ſon amitié, le ſers,
même ,juſques àluy laverles pieds; & quoi
quel’homme l’offenſqil le prévient toûjours
d'amitié, ſe laiſſe baiſer àJudas qui machi—
ne ſa mort; 8c à l'heure qu’il le vient livrer
à ſes ennemis , il l’appella… encore ſon
o
ami.
8-. Et pour preuve qu'il _tient l'homme 8 De la'
pourami, il luy declare ſes fet-Tm, 6E tout charge dé
Docteur
7
ce qn’il a apris de ſon Pere ; tout c’ela , pour Ô( P”—
tirer des hommes leur Amour reciproque. plaire.
Ilboitëz mange avec eux, les attrait avec
ſa douce converſation , leur enſeigne fami
tiérement tous les moyens néceffitires pour
Palmer , leur donne une Loy toute d’Amour’;
qui ne contient autre choſe que l'Amour de
Dieu i9' du prochain. Tout ſon Evangile ne
contientque les vrais moyens pour accom
plir cette loy amoureuſe. Il preſſe tellement:
cet Amour, qu'il menace de damnation é
ternellefi l’on ne l'aime tout de ſm cœur , de
touteſbn ame , Udetouterferforces. Sautoir—il
plus fortement exprimer le deſir qu'il a que
l’homme l'aime', en lezſſirant méme par for
ce à ſon mour? -’ -'
9. Et pour rendre cette force toute 9. Duel”.
amoureuſe, *il ſe charge du fardeau de ſes de Sacri
fics-teur.
pechez, voulant , pour ?Amour qu'il lui
porte , _ſoufrir en ſon propre corps les peines
dûës pour eux. Il ſoufre faim , ſoif, laffl‘
rude a 'chemifiant- en' îtanrd’err'droits pour
- v O 7 Cher'.
ZLCLET’PRE
— chercher l’homme 61 le ſoulager de \à péni—
tence,afin qu’il n’ait plus d’autre ſoin que de
l'aimer. Seroit-ilpoflible que l’homme ne’
reconûtun tel amour? Seroit-il ſi denatnré
que de ne point aimer un tel bienfaiteur,
qui l'oblige par tant de preuves ſi pénibles de
ſon Amour, qu’il ſemble exceder les limízv
tes de la raiſon? .
[0. Dm 10. Qui vir jamais Amour arriver à de
1'" "'17 ſemblables exccz 'de bienveillance pour le
53:55;* ſujet aimé ë s’avillir, s’aſſujettir à foufri~r,un
mime-r ,Ml DIEU pour ſa créature! ce que perſonne ne
í‘ç'ffl‘fï feroit pour ſon ſemblable , ét ſeroit bien un
~"“ Grand Amour de donner ſa vie pour .ſon
ami; ce que JESUS CHMST a donné pour
" l'homme qui luieſioiterinemi, ayant vain
cu ſa malice par l’excez de ſon Amour: 6c
plus l'homme ſe porte à le mal—naitre: , plus
ilſe-porte à l’aimer, donnant volontiers ſa
vie pour l’obliger davantage par les conſi
dérau‘ons d’un tel AMOUR , qui raï-'it tout
amendement, qu'un Dr Eu ſe porte àaimer
un Vermiſſeau de terre , duquel il u’a aucun
beſoin , à meſme qui ſe porte à l’outrager ô:
àl’offenſer, aulieu de ſe porteràl’aiïner! ._
n ï D" u. Ingrate créature? que ne vous ren*
“Lung” dez-vous ,a cet und-i? cruelle a vous
M'A-un me’me! ennemie e vôtre _bien 1.'. ;que ne_
DM": ployez—vous ſous cejoug, qui eſtſidoux 6c
aimable ? Sa captivité eſt une liberté : ſa ſer
virude eſt un regne: ſes peines ſont des déli
ceszſes travaux ſont des repos : ſes douleurs
des contentements. Cet AMOUR raſſafie
1’Ame,la remplit de tout bonheuyla conſole
L. v'~ \- _3 &l'em
‘Ç'ÇlfiíÏC-w 3 z7
àl’embellit , la tient toujours en liefle au
prez de ſon Bien-aimé: rien ne la peut offen—
ſer. Quel bonheur, quellejoye, quelle paix,
quelles delices à l’ame qui poſſéde cet A- ‘
MOUR !Elle ne craint rien,elle n’eſpe‘re rien,
ne cherche rien, ne trouve rien d’aimable
hors de cet AMOUR.
' 12.. Combien aveugle &ignorant eſt ce— rz. Dale
luy qui aime les biens , les honneurs, Br les EFW*
plaiſirs de ce monde l‘ Il n’eſijamais content ,MKII
ni raſlàfié : car le: richeſſe; portent en croupe des ri
mille ſoucis dt inquiétudes avec une alrera— chîſſ‘”
tion inſatiable , qui attache l’ame àla terre
dc_ Èux métaux, Gt la divertit de la Divi—
mt .
_ Le: honneur: ſont encore plus vains que les Des *10n
richeſſes; d’autant qu’ils—ne ſont que fanta- 'mm'
fliquesäzimaginaires, qui ne mettent rien
dans l'ame_ qui les aime ſinon une bouffée de
vent d’orgueil, qui' leur fait crever le cœur
au moindre revers de fortune 3 qui les gef—
ne à les bourelle continuellement de crain
te &de ſouci de les perdre: dt quoy qu’on
les poſſederoit legitimemcnt 8( avec aſſu
rance, ſi ne ſont-ils jamais qu’une fumée
de vanité: puiſque nous ne ſommes rien ,
dt que tous ceux qui nous honorent ſont
ſemblablement des riens. Quelle folie d'at
tendre dela gloire de tous ces NEANTS , ë;
d’aimerdes honneurs ſi'vains &î de ſi peu de
durée ! - ' ' _
Le: plaiſirs- ', tels qu’ils puiſſent étre, n°39311'.
dorment fort peu de ſatisfactions à l’homme
en geneçalsjïyarce qu’ils-,ſont de ſi courte.
in _ . . . — duree
;28 LETTRE
durée en particulier, qu'ils ſont vils 6c tet'
reſtres , indignes de lanobleſſe de nôtre a
me, qui eſtdiviue Gt ſpirituelle; car pren
dre plaiſir à manger 8c àboire , c'eſt s’égaler
en ce point aux belles , dr ſouvent bleſſer
ſon ame à ſon corps; puiſque ces plaiſirs
engendrent quelquesfois des excez nuiſibles
àlaſanté, indiſpoſans le corps Ô( l’eſprit,
leſquels payent bien cher les plaiſirs qu'ils
ont pretendu avoir en beuvant à mangeant.
Tous les autres plaiſirs du corps ſont toû
jours inſatiahles à celuy quiveut contenter
ſes cinq ſens ; jamais l’œil ne ſera las de
voir, loreille d’cntendre , à ainſi du re
ſte: ſi laraiſon ne reglele tout, ils nous ſe~
ront impot-runs, voire inſolents dt ſans ſa—
tisſaction: aimer les jeux , c'eſt perte de
temps; aimer la chaſſe , c'eſt lafiitude;
aimer le monde , c'eſt inquiétude: jamais il
n’eſt raſſaſié : plus nous le voulons obliger,
plus i—lſera mécontent. Et qu’aurons—nous
aprez avoir ſatisfait à tousnos ſens , 6! don
né à nôtre corps tous les plaiſirs qu'il ſou
haite? autre choſe que des laffitudos ô! des
remors de conſcience , qui bourelleront—
noſtre ame, principalement à la mort. Nous
pouvons bien legitimement uſer de toutes
ces choſes , mais non pasles aimer; parce
u‘elles ne ſont aucunement dignes de no
re amour. .
i3. Rien !3. Il n’y a que DIEu sEuL 'quieſt A1.
.ir-alla
gm Dieu.
MABLE & eut raſſaſier noilre ame : aufli
n’a—t-elle Jiécréée pour autre ,rn ue pour'
'
aimer-fl” Dieu 8c adhel'er â luiſexl. ous-les?
au—
neceſſaire; 3 7.9
.autres biens ſont fauxättrompeurs. Puiſ
.que nous ne pouvons vivre ſans AMOUR,
pourquoy point aimer ce DIEU , qui eſt
SEUL AIMABLE P de tant plus qu’il le defi—
re , 6L qu’il nous y a obliger. par tant de dons,
6c qu’il les continue' à toutmoment , 6c con
\tinuerajuſques à noſire mort?
De qui attendons-nous tout noſire bon Hon Ju
.beur ſinon de Dieu, qui nous jugera P Si qnel tout
nous avons ſervi lemonde , il nous payera ëflfilíe ,
mal/m”- à'
d’ingratitude; ſi nous meſines, nous n’a aboutir”
vons que l'impuiſſance &les mileres. Je ne n'envi
ſçay voir d’autre bonheur que d'A 1 MERDI EU. um Ame
Tout le reſie eſt vain &r periſſable: les ri— lzpäëusz ~
au' ï

cheſſes, la ſageſſe, les plaiſirs, les hon de DlEU- ’


neurs , ne ſont que fumée s'ils butent à autre
finqu’à cet AMOUR- Tout le reſten’efl ue
fadéſe, ſaletéôrinconſtance, indigne d é
tre aimé d’une ame tant noble &t divine , la
legitime EPousE de Dieu , 8c coheritiére de
_JESUS Cmus'r. N'eſt-il pas triſte , voire
abominable, qu'elle aille ſe joindre ou a
dulterer avec les viletez de la terre, quit
tant ſon fidele Epoux , qui l'aime ſi parfaite
ment, 6E qui afait tant de choſes admirablcs ‘
pour l’obliger à ſon Amour, voire au ſeul
conſentement de ſe laiſſer aimer par luy ſe
lon qu’il le deſire; mais qu’elle s'arrache
de luy pour s’attacher ou s’affectionner à
laterre, aux vents, aux metaux, à la chair
.à au ſang , quel jugement depravé! qui
~me fait ſouvent gemir , voyant cette ingra
'titude des créatures à l'endroit de leur Crea
[teurí, leqnelje prie qu’il leur ouvre les yeiâx
' ' e
M
33è Lettre dico-&Wire r
ile l'ame , pour voir les veritables moyens
de leur ſalut. Cependant je demeure,
Monſieur ,
Votre trés-humble ſervante
,De Gand le l 5'- de
‘ .Mars, 1667.
. A. B.
F I ~ N._

E R R A T A.
Page ligne faure: corrigqu_
4. derniereje J’avanceray eflàceï Je
n 6 àquel . auquel
153 31 bons ’ ‘ bon: r
196 14 partiede partie,~dc
zoo 13 crû ne crû me
248 ~3 ſi moquer ſe moquer
257 25'… *l’a la
?.71 ,19 ~ aſſezpreuves aſſez de preuves
273 .22:9 -c’elehre . cclebres
ai la pdg: v1 16.1ig. 30. 31 . il faut meme en ita
- [Être ces parole: ,~ mettre au pain , .Chriſt
ñ ſe au parnz. v h p

, ,
LesTraírésde I'O-EEONQM LE D l v l N E, dont
E on; vûvicydes extraits, ſetrouvent aAmſrer.
~ dam, chez HmÿJVerſh-in , Lib’raíre,~dans le
. Calve'ſh'ant 3 '8c auſſiwuces lcsœnvres de Maëlle.
. Bourignon, ſéparément onconioîmement, en
François , 'Fiamanz 56 Allem‘an , '8x quelqu”.
\mes en latin. 4
T ABQLE»
E 'tre aus bons 'd'entre les Proteſiaus 8c
' des Chrétiens de tous Partis. pdg; l
SECTION I.~ \Avrs'deCHARITÀBLE
k jbulagerſila eonfcïence Pour
ceux quifimt DHz'gez
, defi: conformer au culte de l'Egliſe 'Catholi
ue-Mmaíne.
ë CTION II-ſi Reponſe Ziguelque:- I3
ärflícul—
_ ,td-'propoſées verbalement_ _ſur la lettre prece
Ïſäent’e’x” ’ ‘ . " 3'2.
SECTION III. De L’EucAnrsTre.
ARTICLE I.. De l’E-ucariſtie cbmme elle
e’m‘t dans l'Egliſe rimití‘ve. Fr
ARTICLE-IL- De l’ -ucariſtie dam' le Cim'
flianifnïirejdäcbe'. [Der Seb-fm”. De la
Re‘unioiî; “Com-ce
monierl'îîñ‘ſſ" . 4 "1** 'de":Ë’-la difiêrence
, V de: Cere
84
ARTICLE III. De PEuc'ariſiie dans le:
mi: Parti: du Chriſtianiſme. De [apre
flznce Re’elle. De la Tranſſubfldntiation.
De ?Adoration De 14 tolerance. Dela dif—
femíon de: bon: 3 dſc. 1rI
SECTION IV.A1rticle de l’Onz'ie'me de: Let
tres Paſiorales de M. _7. oû ilen'tique 1er
Avis Charitables. r 58
SECTION V. Kr’ponfe à cet Article de la
Critique de M. 7- où I’an explique auſſi plu
fleur: chaſe: qui concernent la Religion JF la
ie’te’- 166
SECTION VI. Îufliflcaeíon deMIIe-B.con~
me le: principale: fauſſere’: que luy impute
M- î. 283
LET
TABLE_
. J
'L TTRE I. Sur laTolerance du mal, fîlr-'l’eſ' _
entiel de 14 Perfection , le: Religieux, culte.:
da' ceremonies differente! s Ü‘Ieur uſage. 2.84
LETTRE II. s‘ur la Prici‘e’, 1er e’lwatiam de
‘cæuTiiDieu , dac. dont M. Ï- avoirimpuñ
ee’la negatian ii M- B. 29
rLETTRE III. Sur la dtſÿefltím Te wfl- dam
‘ ceux qui 'voulaient e’tre arvecM'l‘. .comre ce
qu’en ditM. ï. ‘ ' 310
Lettre acceflbíre s contenant 1e' ſubſtantiel de
toy; le Chriſtianiſme. i - l 32.;

. r4 .m ...
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