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Chantier de fouilles maçonniques

Document
305-o,t-f
Manuscrit Vuillaume (1822)
Maçonnerie Écossaise : rituel des trente-trois degrés de l’Écossisme.
Rituels du 4e au 14e degré.

Origine : BnF (Fonds Smith-Lesouëf, Ms 125 à 127)


Le manuscrit Vuillaume présente l’intégralité des degrés relevant de la maçonnerie Écossaise,
du 1er au 33e degré du R. E. A. A., tels qu’ils étaient pratiqués en 1822, juste après la fusion du
Suprême Conseil d’Amérique en Exil avec le Suprême Conseil de France (1821), et rédigés de la
main même d’un des dignitaires du S. C., le T. Ill. F. Claude-André Vuillaume, membre influent de
la Commission Administrative Exécutive dès 1821 et futur Trésorier du Saint-Empire.
Cette seconde livraison est consacrée aux rituels du 4e au 14e degré :
Maître Secret, Maître Parfait, Secrétaire Intime, Prévôt et Juge, Intendant des Bâtiments, Maître
Élu des Neuf, Maître Élu des Quinze, Sublime Chevalier Élu, Grand Maître Architecte, Royal
Arche et Grand Élu de la Voûte Sacrée, accompagnés de plusieurs textes complémentaires :
Supplément à l’instruction sur le calendrier lunaire, Calendrier perpétuel des Épactes
et des lettres dominicale, Table des matières contenues dans le 1er Volume (Ms 125).
Nombreuses notes explicatives, en particulier sur l’hébreu des mots de passe et mots sacrés.
Fac-simile de l’original en vis-à-vis de sa transcription.

Edition 2020
Présentation du « Manuscrit Vuillaume »

LE MANUSCRIT

Ce manuscrit, réparti en trois volumes distincts, est enregistré à la Bibliothèque Nationale de France
dans le fonds Smith-Lesouëf sous les numéros 125 à 127. N’étant pas inclus dans le très connu fonds
maçonnique de la BnF, il avait échappé jusque-là au regard des chercheurs.
Numérisé et mis en ligne par Gallica le 25 juin 2019, il a été aussitôt repéré par un membre de la
Fondation Latomia.
Sous le titre de « Rituel des trente-trois degrés de l’Écossisme », ce sont trois forts documents en
demi-reliure basane rouge, dos doré au fer avec le titre « Maçonnerie Écossaise » et le numéro de volume.
Acquis par Auguste Lesouëf1, ils ont fait partie de sa collection, donnée en 1913 par ses héritières
Madeleine et Jeanne Smith à la Bibliothèque Nationale (don 36480), conservée jusqu’en 1980 à la
Bibliothèque Smith-Lesouëf de Nogent-sur-Marne, puis répartie entre les différents départements de la
Bibliothèque Nationale.
Les volumes sont magnifiquement illustrés, soit avec des tirages à part de lithographies de l’édition
1820 du Tuileur2 de Vuillaume, tirages souvent réhaussés en couleur, soit avec des dessins originaux, au
trait, au lavis, ou aquarellés, représentant les plans, signes d’ordre, bijoux, tableaux de Loge, objets et
tabliers du Rite.
Chaque grade est illustré du dessin d’un Franc-Maçon en pied, en costume d’époque et décors du
degré, présentant une des positions d’ordre caractéristiques.
On compte ainsi un total de 107 illustrations en pleine page : 76 planches numérotées à la main et
31 degrés illustrés (les dessins des 23e et 24e degré sont inclus dans les planches numérotées) ; de multiples
illustrations au trait sont également insérées dans le corps du texte et de très nombreuses notes explicatives
complètent l’ensemble, notes caractérisées par un large recours aux transcriptions en alphabet hébraïque,
parfaitement maîtrisé.
La numérotation générale des folios de texte est présente en haut et à droite de chaque recto et en
haut et à gauche de chaque verso ; un certain nombre de folios vierges sont aussi numérotés, dont une
trentaine de pages vierges en fin du volume III. Une table des matières, non paginée, achève chaque
volume.
Volumes I, pages 1 à 514
Volume II, pages 1 à 528
Volume III, pages 1 à 530
Ce sont donc un peu plus de 1500 pages de texte qui forment ce recueil de rituels dont la composition
est la suivante :

Volume I
• De la Franc-Maçonnerie en général
» Calendrier lunaire selon le système hébraïque, en usage dans la Franc-Maçonnerie
• Alphabet Maçonnique
• De l’Écossisme
• De la disposition et de l’organisation générale des Loges
• Des visiteurs
• Apprenti, 1er degré

1 Auguste Lesouëf (1829-1906), érudit et bibliophile, membre de la Société d’ethnographie, avait réuni
une importante collection d’ouvrages, en particulier des livres et manuscrits chinois.
2 Vuillaume Claude-André, Manuel maçonnique ou Tuileur de tous les rites de maçonnerie pratiqués en
France, Paris, Hubert & Brun, 1820.

page 1
• Compagnon, 2e degré
• Maître, 3e degré
• Cérémonies funèbres
• Past-Master ou Passé-Maître, donnant la faculté de présider des Loges, hors de série
• Installation d’un Vénérable dans sa Loge, après sa nomination
• Maître Secret, 4e degré
• Maître Parfait, 5e degré
• Secrétaire Intime ou Maître par curiosité, 6e degré
• Prévôt et Juge ou Maître Irlandais, 7e degré
• Intendant des Bâtiments ou Maître en Israël, 8e degré
• Maître Élu des Neuf, 9e degré
• Illustre Élu des Quinze, 10e degré
• Sublime, Chevalier Élu, 11e degré
• Banquet des Élus
• Grand Maître Architecte, 12e degré
• Royal-Arche, 13e degré
• Grand Écossais de la Voûte Sacrée de Jacques VI, ou Grand Élu, ancien Maître Parfait et
Sublime Maçon, 14e degré
• Banquet des Élus ou Grands Écossais
• Supplément à l’instruction sur le calendrier lunaire
• Calendrier perpétuel des épactes etc.

Volume II
• Chevalier d’Orient ou de l’Épée, 15e degré
• Prince de Jérusalem, Chef des Loges régulières, 16e degré
• Chevalier d’Orient et d’Occident, 17e degré
• Souverain Prince Rose-Croix, 18e degré
• Rose-Croix d’Heredom dit de Kilwining, hors série
Premier rituel
Second rituel
• Grand Pontife ou Maçon Sublime Écossais, 19e degré
• Vénérable Grand Maître de Loge ou Maître ad vitam, 20e degré
• Noachite ou Chevalier Prussien, 21e degré
• Prince du Liban ou Royal Hache, 22e degré
• Chef du Tabernacle, 23e degré
• Prince du Tabernacle, 24e degré
• Chevalier du Serpent d’Airain, 25e degré
• Prince de Merci, 26e degré
• Souverain Commandeur du Temple, 27e degré

Volume III
• Chevalier du Soleil, 28e degré
• Grand Écossais de St André d’Écosse, 29e degré
• Grand Inquisiteur, Grand Élu Chevalier Kadosch ou Chevalier de l’Aigle Blanc et Noir, 30e
degré
• Deuxième rituel des Chevaliers Kadosch
• Troisième rituel des Chevaliers Kadosch
• Quatrième rituel des Chevaliers Kadosch
• Grand Inspecteur Inquisiteur Commandeur, 31e degré
• Fidèle Gardien du Trésor Sacré, Prince du Royal Secret, 32e degré
• Souverain Grand Inspecteur Général, 33e degré
• Histoire du Suprême Conseil du 33e degré pour la France

page 2
METHODOLOGIE DE LA TRANSCRIPTION

Le choix a été fait, comme pour le manuscrit « Quesada3 » de présenter la transcription en vis-à-vis
de la numérisation de l’original. De cette façon, les chercheurs qui souhaitent vérifier dans le moindre
détail la lecture de ce manuscrit pourront le comparer intégralement à la transcription proposée.
Pour que la lecture de cette transcription soit aussi fluide que possible, et en tenant compte à la fois
de l’intérêt des historiens et de celui des Francs-Maçons pratiquant les versions modernes de ces rituels,
les conventions suivantes ont été adoptées :

• Orthographe : à l’époque de la copie de ces textes, l’orthographe n’était pas encore standardisée
comme aujourd’hui et s’écarte parfois de la grammaire actuelle. Mais ces variations ont un
intérêt pour l’historien, dans la mesure où elles sont la signature des habitudes du scripteur. Il
reste cependant facile, sur l’édition PDF®, à partir d’un mot recherché, de trouver rapidement
toutes ses occurrences dans le manuscrit même si l’orthographe de l’époque est différente.
• Majuscules : notre copiste les utilisent de façon parfois aléatoire dans un même paragraphe et il
est souvent impossible de distinguer son intention réelle. Dans la transcription, sa distinction
des majuscules a été conservée.
• Les « s » longs ( $ ) ont été transcrits en « s » classique, pour éviter les confusions avec la lettre
« f » ( f ). En cas de doute, se reporter à la numérisation en vis-à-vis.
• Ponctuation et signes diacritiques : les signes de ponctuation, guillemets, parenthèses, etc., sont
transcrits tels quels, même s’ils sont différents des standards actuels ou manifestement oubliés.
• Types de caractères : le scripteur a utilisé tour à tour une écriture penchée et une écriture droite
en particulier pour mettre en relief les dialogues. La transcription respecte ses choix.
• Numérotation des pages : La transcription reprend intégralement la numérotation indiquée
sur le manuscrit, c’est-à-dire soit le quantième de la page (recto ou verso), soit le numéro de
l’illustration.

CONTEXTE HISTORIQUE

La date de rédaction de ce manuscrit peut être connue avec précision :


• d’une part, les passages explicatifs sur les datations maçonniques ou hébraïques prennent
exclusivement l’exemple de l’année 1822 ;
• d’autre part, le chapitre « Histoire du Suprême Conseil du 33e degré pour la France » comporte cette
phrase essentielle, à la page 487 du volume III : « Tel est l’état actuel des choses (en 1822.) »
• on peut même être encore plus précis et parler du deuxième semestre de l’année 1822 puisque
le rituel de Compagnon mentionne en page 134 la « Sérénissime Grande Loge Centrale de
France » qui est le nom donné à la Loge de la Grande Commanderie par décret4 du 12 juillet
1822.
Ce manuscrit nous donne donc l’état exact des rituels du R. E. A. A. tels qu’ils étaient pratiqués
juste après la réorganisation du Suprême Conseil de France en 1821, suite à sa fusion avec le Suprême
Conseil des Îles Françaises d’Amérique.
D'où viennent ces rituels ? L’emblème de l’aigle couronné à deux têtes avec la devise
« Deus meumque jus », présent en page de titre de chacun des trois volumes nous indique le caractère quasi
officiel de ces textes qui sont probablement ceux du Suprême Conseil lui-même, tout du moins pour les
33 degrés de la série classique.

3 Latomia 295-o,t-f à 301-o,t-f.


4 S. C. D. F., Recueil des Actes du Suprême Conseil de France ou collection des Décrets, Arrêtés et Décisions de
cet illustre corps de 1806 à1830, Paris, Sétier, 1832, p. 213.

page 3
La présence de rituels notés « hors série » (Past-Master, Heredom de Kilwining), les quatre variantes
du Kadosh, et les nombreux textes explicatifs et historiques, laisse cependant penser que ce recueil allait
au-delà d’une publication officielle du Suprême Conseil et avait la volonté de présenter en détail un état
complet de ce que le scripteur intitule « Maçonnerie Écossaise ».
On notera également l’absence du rituel du « Pacificateur Américain » (typique du Suprême Conseil
des Îles Françaises d’Amérique), encore présent dans le manuscrit Quesada5, ce qui confirme l’attribution
au seul Suprême Conseil de France
Ce qui saute immédiatement aux yeux, c’est une ressemblance troublante avec le manuscrit6 intitulé
« Rituel des trois premiers degrés selon les anciens cahiers - 5829 » qui est à l’origine des rituels actuels du
R. E. A. A. et qui a été commenté par de nombreux auteurs7 :

• même type de reliure ;


• même type de papier ;
• même technique de lignes tracées pour guider l’écriture ;
• et apparemment même copiste avec la même inclinaison des lettres...

De plus, les deux manuscrits utilisent des illustrations identiques, qui sont des tirés à part de
lithographies de l’édition 1820 du Tuileur de Vuillaume, et collées avec la même technique : une fenêtre
rectangulaire est soigneusement découpée dans la page du manuscrit et la lithographie est collée au verso
de cette page ; dans d’autre cas, elle est collées sur un onglet constitué du reste d’une page du manuscrit
découpée le long de la pliure.
Il faut noter en particulier le frontispice, identique dans les deux manuscrits (à part un petit détail
du tronc d’arbre qui a été gratté sur le Smith-Lesouëf ), mais différent de celui du Tuileur dans sa version
1820-V1.
Il faut savoir qu’il y a eu beaucoup d’éditions et de tirages différents de ce fameux Tuileur de
Vuillaume, sans parler des rééditions récentes, que l’on peut différencier d’après les variantes du frontispice
(Planches 1 à 12) :

1820-V1
Le tronc de l’arbre à gauche se divise en très nombreuses ramifications, sans moignon de branche
coupée, et supporte un feuillage réduit reproduisant fidèlement le feuillage et la floraison caractéristique
du robinier faux-acacia (Robinia Pseudoacacia). Cet arbre, du genre robinia et de la famille botanique des
fabacées (sous-famille des faboïdées), est couramment appelé (à tort, mais depuis très longtemps...) acacia,
alors que le vrai acacia (du genre acacia) qui appartient à la même famille (sous-famille des mimosoïdées)
n’est pas un arbre des régions européennes tempérées, mais des régions arides ou sub-arides (moyen-
orient, afrique).
Les pyramides présentent des faces décorées de pierres dessinées.
Les Tables de la Loi montrent dix lettres hébraïques choisies sur les douze premières ; il manque
la sixième (Wav) et la douzième (Lamed) réputées écrites sur le bas enterré de la table. Remarquons au
passage que le dessinateur (Vuillaume) n’a pas respecté la mise en colonne traditionnelle d’un document
écrit en hébreu puisque l’ordre de lecture des colonnes dans ce dessin est de gauche à droite, alors qu’il
devrait être de droite à gauche. Cette erreur est typique de quelqu’un dont la culture hébraïque n’est pas
de naissance, mais acquise ; d’autres erreurs sur les transcriptions en hébreu, révélées dès 1821 (éditions
allemandes) et confirmées dans une édition critique récente8, confortent cette analyse.
Le haut du dessin montre neuf étoiles dans une gloire.
5 Latomia 300-o,t-f.
6 BnF, FM4(96).
7 Tout particulièrement : Simon Jacques, R. E. A. A., Rituel des trois premiers degrés selon les anciens cahiers
5829, préface de Jean-Pierre Lassalle, Bonneuil-en-Valois, éd. de la Hutte, 2013.
8 Krief Stéphane, Manuel maçonnique ou tuileur des divers rites de maçonnerie pratiqués en France, Vuillaume
1820 & 1830, Édition critique, préface d’Irène Mainguy, Paris, éd. Jean-Cyrille Godefroy, 2015.

page 4
Pl. 1 : Frontispice 1820-V1 (G. O. D. F.) Pl. 2 : Frontispice 1820-V1a (Baylot)

Pl. 3 : Frontispice 1820-V1a (Rituel de 1829) Pl. 4 : Frontispice 1820-V1b (Rituel de 1822)
page 5
La technique utilisée est la lithographie : on sait par Étienne Lerouge9, dans son compte rendu du
28 octobre 1820, que Vuillaume était l’auteur des 32 planches de son Tuileur, ou « Manuel Maçonnique »
« dessinées par lui d’après de nouveaux procédés lithographiques [qui] révèlent l’un de ses talents et prouvent que
notre F\ sait aussi bien parler aux yeux qu’à l’esprit ! »
Claude-André Vuillaume était d’ailleurs connu comme un remarquable dessinateur (directeur-
fondateur d’une école gratuite de dessin à Rennes)
Tirage de référence : exemplaire de la bibliothèque du G. O. D. F. (cote 5583). C’est l’illustration
réutilisée par Stéphane Krief (cf. planche 1).

1820-V1a
Cette version n’est pas un nouveau dessin mais une correction de la V1, directement sur la matrice
en pierre ; seule la technique lithographique autorise ce genre de correction à l’aide de crayons de pierre
ponce permettant d’effacer une partie du dessin pour le refaire.
Dans cette version, la correction touche uniquement le dessin des ramifications du tronc d’arbre ;
le dessin du feuillage est strictement le même et parfaitement superposable sur celui de la version V1. Un
moignon de branche coupée a été rajouté.
Le paysage en arrière-plan à gauche de la pyramide a aussi été effacé.
Le reste du dessin est identique et complètement superposable à celui de la version V1.
Tirage de référence : exemplaire FM BAYLOT IMPR-82 de la réserve Richelieu de la BnF ayant
appartenu au Frère Jean Baylot (cf. planche 2).
Cette lithographie a été réutilisée dans le rituel de 1829 (FM4-96) après grattage de « MAN »
remplacé par « RIT » (cf. planche 3).

1820-V1b
Version obtenue à partir de tirages de la V1a par grattage du moignon de branche coupée et de
« MAN » remplacé par « RIT ». Ces grattages ont été confirmés par des photographie par transparence
réalisées sur les originaux (cf. planche 5).
Le reste du dessin est identique à celui de la version V1a.
Tirage de référence : les trois lithographies utilisées dans les trois tomes du manuscrit Smith-
Lesouëf de 1822.

1820-V2
L’ensemble de la composition, tout en restant globalement proche de la V1, est un tout nouveau
dessin qui s’en inspire, mais de manière moins fouillée. De très nombreux petits détails diffèrent (visages,
plis de robe, arbre, etc.).
Le tronc d’arbre se divise ici en deux ramifications, sans moignon de branche coupée, et le feuillage
est dense non typique d’une essence particulière.
Les pyramides perdent le détail de l’appareil en pierre et montrent chacune une face hachurée.
Les tables de la Loi sont semblables, mais avec une moins bonne maîtrise de l’alphabet hébraïque ;
le rapport de taille avec le crucifix est différent.
Dans le dessin du triangle latéral gauche de la pierre cubique, les carrés sont remplacés par des
triangles équilatéraux.
Les sept rubans, portant les sceaux sous l’agneau, ont perdu leurs hachures horizontales.
Un visage dans une gloire (semblable à celui des tableaux de Loge) remplace les neuf étoiles.
Tirage de référence : exemplaire 16-H-540 de la réserve des livres rares de la BnF ayant appartenu
au Frère Joachim Rousseau (cf. planches 6, 7 et 8). Certaines planches de cet exemplaire ont été
soigneusement coloriées, mais pas le frontispice.
Il est fort possible que le dessinateur ne soit pas Vuillaume et ce n’est pas une lithographie mais
9 Lerouge André Joseph Étienne, «Rapport de la Commission pour l’examen du Tuileur du frère
Vuillaume», dans Rétat Claude, F. H. S. Delaulnaye, Thuileur de l’Écossisme, édition critique avec présentation et
documents inédits, Paris, Derry, 2007, annexe 4, page 613.

page 6
Pl. 5 : Frontispice 1820-V1b (Grattages de 1822) Pl. 6 : Frontispice 1820-V2 (BnF 16-H-540)

Pl. 7 : Avertissement de l’édition allemande de 1821 Pl. 8 : Ex Libris du Frère Joachim Rousseau
page 7
une estampe à partir d’une plaque gravée en étain ; ce renseignement nous est donné par l’éditeur de la
version V3 allemande (cf. planche 7), car c’est cette version qui a servi de modèle au graveur de l’édition
allemande.

1821/1829-V3
Composition identique à la V2, mais gravée sur une plaque de cuivre (cf. planche 7) et par un autre
dessinateur. Le dessin est de faible qualité, recopié (mal) à partir de la V2 ; son auteur est inconnu et ne
maîtrisait pas le dessin des lettres hébraïques. Toutes les planches des exemplaires allemands ont d’ailleurs
été redessinées.
Tirage de référence : deux éditions en allemand, en 1821 et en 1829, avec les mêmes illustrations.
1821, exemplaire de l’Universitäts- und Landesbibliothek, Düsseldorf (cote : HM-2-325).
1829, exemplaire de la Bayerische Staatsbibliothek, Munich (cote : H.g.hum. 408 x).

1830/1834-V4
Le frontispice est complètement redessiné, de même que toutes les autres illustrations, mais avec
un respect précis des originaux, quoiqu’avec des corrections (en particulier sur le dessin de la marche des
trois grades) ; on retrouve le style de Vuillaume, en particulier dans le dessin des visages. Le frontispice voit
l’introduction d’éléments égyptiens supplémentaires : obélisque, palmier, statue assise, temple.

Les Tables de la Loi présentent cette fois une calligraphie parfaite des 10 premières lettres de
l’alphabet hébreu, de aleph à yod, au lieu des 10 sur 12 de la V1. Mais il y a toujours l’erreur de répartition
en colonnes.
Il n’y a plus qu’une seule pyramide.
On retrouve les neuf étoiles dans une gloire de la V1.
La technique de dessin est différente : les ombrages en petits traits sont caractéristiques d’un travail
de gravure sur métal, ce qui ne permet pas le rendu précis des petits détails comme dans un dessin à plat
sur pierre ; ce ne sont donc plus des lithographies, mais des estampes obtenues à partir d’une matrice
gravée, probablement en cuivre.
Tirage de référence : exemplaire de la bibliothèque du G. O. D. F. (cote 6016). C’est l’illustration
réutilisée par Stéphane Krief (cf. planche 10).

Le Tuileur de Vuillaume, a donc été édité trois fois en français : en 1820 (avec au moins trois
tirages que l’on peut différencier grâce aux variantes des frontispices), en 1830, et en 1834 qui n’est que la
version de 1830 munie d’une couverture différente (cf. planches 11 et 12) portant la date de 1834 (C’est
probablement une tentative commerciale d’écouler les stocks à plus bas prix – 6 francs au lieu de 8 francs
– après la mort de l’auteur...).

Le même ouvrage a également eu deux éditions en allemand, en 1821 et 1829. Le traducteur de


Vuillaume annonce, dans ses deux « Avertissement du traducteur », en 1821 comme en 1829, qu’il corrige
les erreurs de Vuillaume sur certains mots hébreux. Comme le frontispice des ces deux éditions allemandes
est une version différente dont le dessin a des caractéristiques qui l’éloigne de la technique de dessin de
Vuillaume, ce dernier n’en est probablement pas l’auteur. Ce qui laisse penser que les éditions allemandes
ont été faites à son insu10.

10 Nous remercions tout particulièrement Paul Ninin qui nous a révélé ces variantes d’édition peu connues
en France, et en particulier l’édition allemande (Maurerisches Handbuch oder Darstellung aller in Frankreich üblichen
Gebräuche der Maurerei » Leipzig, Im Magazin für Industrie und Literatur, 1821) dont il nous a traduit certains
passages essentiels ; une deuxième édition allemande, identique à part la Préface et l’Avertissement du Traducteur
qui sont rédigés de façon un peu différente, et voulue « moins chère » par l’éditeur, est parue en 1829.

page 8
Pl. 9 : Frontispice 1821/29-V3 (Éditions allemandes) Pl. 10 : Frontispice 1830/34-V4 (G. O. D. F.)

Pl. 11 : Couverture de l’édition de 1830 Pl. 12 : Couverture de l’édition de 1834


page 9
LE COPISTE DES MANUSCRITS SMITH-LESOUËF

L’hypothèse que l’auteur des lithographies soit aussi le copiste est venue ensuite, assez naturellement ;
il ne restait plus qu’à retrouver des documents autographes pour comparer les écritures.
Par chance, la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur possède encore un dossier11 au nom
de Claude-André Vuillaume, nommé Chevalier de la Légion d’Honneur le 29 avril 1831, dossier déposé
aux Archives Nationales, et consultable sur internet12 dans la base « Leonore ». Ce dossier comprend en
particulier trois lettres écrites et signées par Claude-André Vuillaume, récapitulant ses états de services au
Ministère des Finances, au Ministère de la Guerre et au Ministère de l’Intérieur (planches 13 à 15) et le
procès verbal d’individualité, rempli par ses soins et signé (planche 16).
La comparaison lettre à lettre (cf. tableau ci-après) permet de lever les doutes. Les documents
autographes de Vuillaume ne comportent pas toutes les lettres de l’alphabet car il manque 12 lettres (les
moins fréquentes, comme le K, Q, Z et W), mais on dispose tout de même de 47 points de comparaison
grâce aux lettres de formes différentes dans le corps d’un mot ou en position initiale ou finale.
L’écriture est sans aucun conteste la même.
Par sécurité nous l’avons fait authentifier par une graphologue13 spécialisée dans l’étude des écritures
à qui nous avons fait parvenir des extraits du manuscrit Smith-Lesouëf, des extraits du Rituel de 1829, et
les lettres autographes de Vuillaume. Elle a confirmé en tous points notre analyse.

Le copiste est donc formellement identifié, et, par ricochet, celui du Rituel de 1829 l’est aussi !

On peut donc maintenant parler réellement du « Manuscrit Vuillaume » pour ce manuscrit du


fonds Smith-Lesouëf
D’autres éléments viennent confirmer cette identification : il s’agit des habitudes orthographiques
du scripteur, à une époque où l’orthographe n’était pas encore complètement fixée. Il maîtrise très bien la
grammaire, la conjugaison et l’orthographe, telles qu’elles sont en vigueur au début du xixe siècle, mais il
a conservé des habitudes orthographiques que l’on trouve dans la seconde moitié du xviiie siècle.
Ce qui est intéressant, c’est la constance de ces variantes orthographiques tout au long de la
rédaction et leur mise en œuvre. Or, dans le texte de la publication du Tuileur de Vuillaume, il y a des
mots systématiquement orthographiés de la même manière que dans le manuscrit.
C’est après la réforme orthographique de 1835 que ces variantes disparaîtront des publications.
Exemples de particularités orthographiques du Tuileur et qui figurent aussi dans le manuscrit du
fonds Smith-Lesouëf :
• alignemens
• appartemens
• commencemens
• long-temps
• monumens
• servans
• suivans
• surveillans
• tems
• canonée
• emblêmes
• houpe
• secrettes
• désinence en « és » des impératifs à la 2e personne du pluriel (Expliqués, Venés, Allés, etc.)
11 Cote LH/2741/24
12 http://www2.culture.gouv.fr/documentation/leonore/NOMS/nom_00.htm
13 Madame Christine Jouishomme, expert agréé par la Cour de Cassation, que nous remercions tout
particulièrement pour son apport essentiel à titre gracieux.

page 10
Pl. 13 : Pièce 2 du dossier Légion d’Honneur Pl. 14 : Pièce 3 du dossier Légion d’Honneur

Pl. 15 : Pièce 4 du dossier Légion d’Honneur Pl. 16 : Pièce 5 du dossier Légion d’Honneur
page 11
Tableau des comparaisons d’écriture lettre à lettre
Smith- Vuil-
LETTRE CARACTÉRISTIQUES Lesouëf laume

A minuscule Boucle fermée à droite par un trait vertical

Cercle se prolongeant par une queue à l’intérieur et lien en équerre


A majuscule
avec la lettre suivante

B minuscule Lettre terminée par une boucle régressive

B majuscule Trois boucles successives

C minuscule Forme commune

C majuscule Lettre en spirale

D minuscule Lettre en boucle régressive

D majuscule Attaque et fin du trait caractéristiques

E minuscule 1 Forme commune interne

E minuscule 2 Forme finale avec boucle

E majuscule Lettre en accolade, penchée sur le mot

F minuscule Deux boucles en sens inverse

F majuscule Boucle du haut non fermée penchée sur le mot

G minuscule Attaque du trait comme pour le a minuscule

G majuscule Boucle du haut non fermée penchée sur le mot

Barre montante du type du F minuscule et petit retrait vers l’arrière


H minuscule
en fin de trait

I minuscule Forme commune

I majuscule Courbes identiques

J minuscule Forme commune

J majuscule Attaque du trait contre la barre descendante

page 12
L minuscule Jonction horizontale avec la lettre suivante

L majuscule Boucle du haut non fermée penchée sur le mot

M minuscule Barres descendantes droites

M majuscule 1 Forme la plus fréquente

M majuscule 2 Forme moins fréquente

N minuscule Barres descendantes droites, comme pour le M

N majuscule Construction sur le modèle du M majuscule de type 1

O minuscule Forme commune, le plus souvent isolée des lettres qui l’entoure

P minuscule 1 Dans le corps d’un mot, boucle jamais fermée

P minuscule 2 Le plus souvent en position initiale

P majuscule Boucle du haut non fermée penchée sur le mot

Q minuscule Forme commune

R minuscule 1 Forme commune dans le corps d’un mot

R minuscule 2 Forme en position finale

Attaque avec une petite queue caractéristique à gauche et boucle


R majuscule
terminale accentuée

S minuscule 1 Forme commune

S minuscule 2 Forme en position finale avec boucle terminale accentuée

Boucle initiale fermée et boucle du haut non fermée penchée sur le


S majuscule
mot
Boucle arrière au bas de la barre descendante et barre horizontale
T minuscule 1
ample des deux côtés de la lettre, couvrant parfois tout le mot
Forme en position finale avec barre horizontale ample et boucle
T minuscule 2
terminale accentuée

T majuscule Attaque du trait caractéristique

page 13
U minuscule Barres descendantes droites sur le modèle du M et du N

V minuscule Forme commune avec première barre descendante droite

V majuscule Attaque du type de celle du J majuscule

X minuscule 1 Forme commune dans le corps du mot

X minuscule 2 Forme finale avec boucle descendante

Y minuscule Forme commune

Le T. Ill. F. Claude-André VUILLAUME

Le dépouillement du fichier14 « Bossu » de la BnF, le contenu de son dossier à la Chancellerie de


la Légion d’Honneur et les introductions des nombreuses rééditions de son Tuileur nous permettent de
résumer son parcours :
Né dans la commune de Messein (Meurthe et Moselle) le 30 novembre 1766, il aurait été initié
entre 1786 et 1793, sans que l’on sache exactement où ni quand (probablement dans le Nord ou en
Belgique, là où ses fonctions militaires l’avaient appelé). On le retrouve en 1804 comme Orateur de la
Loge « La Parfaite Union » à l’Orient de Rennes, ville dont il sera conseiller municipal de 1805 à 1816
et où il créa une école publique de dessin en 1809, dont il conservera le titre de directeur honoraire
toute sa vie. Actif dans de nombreuses loges maçonniques, à Paris comme en province, il s’intéressa et
participa à de nombreux systèmes maçonniques ou para-maçonniques. Le qualificatif de « Vétéran de la
maçonnerie » qu’il se donne, en omettant son nom réel en tête de son fameux Tuileur, n’est pas usurpé :
il connaissait de l’intérieur (à la différence de Delaulnaye - auteur d’un autre Tuileur célèbre - qui n’était
pas franc-maçon) tous ces systèmes maçonniques et tout particulièrement le R. E. A. A.
Il est couronné Souverain Grand Inspecteur Général, 33e degré, au sein du Suprême Conseil des
Îles Françaises d’Amérique, par Auguste de Grasse-Tilly en personne en 1805 ; la date n’est pas portée sur
l’inscription du Livre d’Or15, mais on peut la déduire de l’âge d’un des trois autres récipiendaires ce jour
là, Auguste Marie Duquesne, Chef de Brigade natif de la Martinique, donné comme ayant 40 ans ; or il
est né en 1865 d’après le fichier « Bossu ».
Mais son action au sein du Suprême Conseil de France devient importante dès 1821, année où il
est coopté comme membre actif après la fusion avec le Suprême Conseil des Îles Françaises d’Amérique
le 7 mai 1821. Le 21 mai de la même année, il intègre la Commission Administrative Exécutive dont il
signera ensuite régulièrement les décrets16.
C’est dire l’influence qu’il aura dans la gestion du « nouveau » Suprême Conseil. Il signera même
en tant que président d’office de cette Commission en juillet 1824, « en l’absence du souverain grand
commandeur, empêché pour cause de maladie ».

14 http://fichier-bossu.fr
15 Livre d’Or du Comte de Grasse-Tilly, premier Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France
1804, fac-similé et transcription, Paris, S. C. D. F., 2003, p. 289.
16 S. C. D. F., Recueil des Actes du Suprême Conseil de France ou collection des Décrets, Arrêtés et Décisions de
cet illustre corps de 1806 à1830, Paris, Sétier, 1832.

page 14
Dès 1827 il signe en tant que Trésorier du Saint-Empire (il l’était peut-être déjà avant), fonction
qu’il avait brièvement occupée en 1818 au sein du Suprême Conseil des Îles Françaises d’Amérique17, peu
avant la démission de Grasse-Tilly au profit du comte Decazes.
Il est nommé membre d’honneur en 1830 suite à son départ de Paris pour prendre sa charge de
Trésorier payeur du département du Puy de Dôme (nommé à cette charge le 11 octobre 1830) ; il était
sans fonction civile ou militaire depuis le 10 novembre 1816, après la chute de l’Empire.

Six mois plus tard, il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, le 29 avril 1831. Il meurt à
Clermont-Ferrand, à son domicile, le 4 avril 1833, à l’âge de 66 ans. Les honneurs maçonniques lui seront
rendus.
Il n’est donc pas étonnant de retrouver son écriture, et ses dessins, sur des documents touchant de
près le fonctionnement du R. E. A. A.
On peut penser que le succès de son Tuileur, édité en 1820, a pu l’inciter à préparer un ouvrage plus
conséquent, donnant dans le détail les rituels pratiqués au sein des Loges Symboliques et de Hauts Grades
du Suprême Conseil de France dont il était maintenant un dignitaire.
En regardant de près le manuscrit du fonds Smith-Lesouëf, il semblerait ainsi que nous ayons dans
ces trois volumes, l’original d’un inédit de Claude André Vuillaume qui, probablement grisé par son
succès de librairie, aurait pu envisager de préparer la publication d’un rituel maçonnique complet.
Le texte n’est pas destiné à son rédacteur, mais à des lecteurs (voir le discours très engagé sur le rituel
de Kadosch), cependant dans le contexte du Suprême Conseil de France et de sa Grande Loge Centrale.
S’agissait-il d’une publication destinée à un usage interne, comme nos rituels actuels ou plus large ?
Il est difficile de trancher : cela ressemble vraiment à un travail de pré-presse comme on pourrait le
dire aujourd’hui ; on a l’impression d’avoir entre les mains une maquette destinée à un imprimeur.
Cependant, la forme adoptée, et en particulier les nombreuses pages vierges pré-numérotées destinées
à recevoir des « notes et remarques », nous oriente plus vers un manuscrit à usage interne (usage personnel,
ou plus probablement usage du Suprême Conseil – pour la Commission Administrative Exécutive ?)
destiné à évoluer en envisageant des aménagements du rituel au fur et à mesure de son utilisation en
Tenue.
D’ailleurs, le rituel de 1829 (FM4-96), rédigé par le même Vuillaume, comporte en tête quelques
pages d’annotations (également de sa main, quoiqu’écrites en caractères plus petits, sans souci de
calligraphie) indiquant des suggestions de modification avec des références à des pages d’un précédent
manuscrit (qui n’est pas le Smith-Lesouëf ). Les pages vierges de notre manuscrit auraient donc pu avoir
le même rôle.
N’oublions pas non plus que son Tuileur était envoyé par le Suprême Conseil à toutes les Loges qui
en faisaient la demande...

Christian Mermet, Patrice Tillet & Paul Ninin,


Fondation Latomia, novembre 2019.

17 Piquet Michel, « Brève histoire du Suprême Conseil des Îles Françaises d’Amérique ( 1802-1821 ) »,
Ordo ab Chao, suppl. au no 46 : « Bicentenaire de la Création du Suprême Conseil pour les Îles françaises de
l’Amérique du Vent et sous le Vent », S. C. D. F., 2003, p. 62.

page 15
Les Rituels Des Hauts-Grades, 4e à 14e Degré.

Les rituels symboliques ont été publiés dans Latomia 304-o,t-f.


Nous avons choisi, comme pour la transcription du manuscrit Quesada, de présenter ensemble les
rituels des Hauts-Grades du 4e au 14e degré, ce qui correspond aux degrés actuellement travaillés en Loge
de Perfection.
La numérotation des pages et des notes est en continuité de celle de la transcription des rituels
symboliques.

Trois autres manuscrits ont principalement servi de base de comparaison et d’aide à la transcription :

• Rituel dit « Quesada », œuvre de plusieurs copistes entre 1813 et 1821 ( manuscrit n° 7834 de la
Bibliothèque Nationale d’Espagne,1 [Latomia 295-o,t-f à 301-o,t-f ] ).
• Rituel dit « Kloss » collationné par Dubin du G. O. ( Empire ) ( Grand Orient des Pays Bas,
collection Kloss [Latomia 121-t-f ] ), copie exécutée entre 1815 et 1821.
• Rituel dit « Pyron » de 1812 ( Collection du S. C. D. F., fonds russe2 ).

De nombreuses notes indiquent les principales différences entre ces quatre versions sensiblement
contemporaines (du 1er Empire à la 2de Restauration).

Lorsque c’était nécessaire une comparaison a été aussi faite avec le manuscrit Francken de 1783
(copie de 1794, publiée dans Latomia 87-o-e), qui reprend les rituels de l’Ordre du Royal Secret (Rite de
Perfection), précurseur du R. E. A. A.

Les notes de bas de page de l’apparat critique font référence à ces quatre manuscrits, sous les noms
respectifs de « Quesada », « Kloss », « Pyron » et « Francken », sans précisions supplémentaires.

Comme pour les degrés symboliques, le manuscrit est entièrement de la main de Vuillaume. La
copie est datée précisément de 1822, mais les textes recopiés sont souvent plus anciens, en particulier pour
les degrés qui étaient seulement communiqués.

Une des particularités les plus intéressantes du manuscrit est le recours systématique à la langue
hébraïque pour proposer des interprétations aux mots de passe et mots sacrés de chaque degré, dans la
droite ligne de ce qu’avait déjà fait Vuillaume dans l’édition de 1820 de son Tuileur. Il faut cependant
remarquer qu’il a principalement utilisé comme source de ses interprétations un autre Tuileur, celui de
Delaulnaye, en validant souvent, sans autre recherche approfondie, les hypothèses de ce dernier.
Nous avons donc procédé à une analyse détaillée de toutes les transcriptions hébraïques de
Vuillaume, en rectifiant souvent son orthographe défaillante (en hébreu comme en latin), et en suggérant
parfois des pistes de recherche alternatives, dont certaines ont déjà été proposées par d’autres chercheurs,
comme Michaël Segall (alias Saint-Gall), Sam Eched ou Claude Guérillot (cf. bibliographie in fine)

On peut noter aussi le soin avec lequel Vuillaume a recopié tous ces rituels : par comparaison aux
autres version connues (Quesada, Kloss et Pyron) il a souvent adapté les textes qu’il transcrivait avec le
souci de fournir une version parfaitement exécutable, avec tous les détails nécessaires pour la mise en
scène, dans les décors comme dans la déambulation. A contrario, en procédant ainsi, il a parfois résumé
approximativement certains longs discours traditionnels avec quelques confusions historiques (comme la
confusion entre les personnages de Noé et d’Hénoch dans sa version du rituel du 13e degré).
1 http://www.bne.es/es/Catalogos/BibliotecaDigitalHispanica/Inicio/index.html
2 Ce rituel a été publié récemment : Règlements et Rituels du Suprême Conseil de France, 1811-1812, Paris, S. C. D. F., 2016.

page 1
Quoiqu’il en soit, ce souci d’adaptation, que l’on avait déjà noté pour sa version très aboutie des
rituels symboliques, est probablement le témoin de cette volonté de la nouvelle équipe du Suprême
Conseil, après la fusion de 1821, d’offrir aux Loges de sa Juridiction un corpus de rituels irréprochables.

Enfin, de nombreux éléments, en particulier dans les rituels du 12e, 13e et 14e degré (cf. l’apparat
critique de leurs transcriptions), démontrent que Vuillaume avait entre les mains, comme source de son
travail, une version intermédiaire entre Francken et notre groupe de quatre manuscrits. Cette source reste
pour l’instant inconnue et était peut-être rédigée en anglais.

La Fondation remercie tout particulièrement, pour leur rigoureuse précision habituelle, Patrice
Tillet qui a assuré l’ingrate tâche de transcription primaire du manuscrit, et Paul Ninin qui a assuré la
correction détaillée de la mise en page finale, avec de nombreuses suggestions et apports pour parfaire les
notes de l’apparat critique.

C. M., Fondation Latomia, juillet 2020.

Bibliographie

Brown Francis, Driver S.R. & Briggs Charles A., A hebrew and english lexicon of the Old
Testament, with an appendix containing the biblical aramaic,
based on the lexicon of William Gesenius as translated by Edward
Robinson, 5e éd., London, Oxford University Press, 1962.

Rétat Claude, F. H. S. Delaulnaye, Thuileur de l’Écossisme, édition critique avec


présentation et documents inédits, Paris, Derry, 2007.

Eched Sam, L’hébraïsme réel ou déformé dans le R. E. A. A. et les M.M., R.A. et


R.A.M., par Sam Eched 33e, membre de la R.L. « La Fidélité »
G.L.R.B, O. de Gand, Belgique. 3e éd. revue et augmentée, 1er juillet
1998.

Gesenius Heinrich Wilhelm Friedrich., Hebrew and Chaldee lexicon to the Old Testament
scriptures, réédition de la 1ère édition de 1847 ( Samuel Bagster
and Sons, traduction de l’édition originale allemande de 1810 )
augmentée des notes « to the student » de l’édition de 1857,
traduction Samuel Prideaux Tregelles, Grand Rapids ( USA ), Baker
Books, 1979, reprint 1996.

Grasse-Tilly Alexandre Auguste ( Comte de ), Thuileur Rite Écossais Ancien et Accepté et


Rite Moderne, fac simile du manuscrit, Paris, S.C.P.L.F., 2004.

Guérillot Claude, La rose maçonnique, Paris, Trédaniel, 1995, Tomes 1 et 2.

page 2
Guérillot Claude, Le rite de perfection, Nouvelle édition revue et actualisée, Paris,
Trédaniel, 2007.

Jastrow Marcus, A Dictionary of the Targumim, the Talmud Babli and Yerushalmi,
and the Midrashic Literature, London, Luzac & Co. / New-York
Putnam’s sons, 1903.

Joüon Paul, Grammaire de l’Hébreu biblique, Rome, Institut Biblique Pontifical,


1923. 3e éd., 1965.

Krief Stéphane, Manuel maçonnique ou tuileur des divers rites de maçonnerie pratiqués
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Mainguy, Paris, éd. Jean-Cyrille Godefroy, 2015.

Lamoine Georges, Le Manuscrit Francken de 1783, présentation et traduction, Toulouse,


SNES, 2007.

Reymond Philippe, Dictionnaire d’hébreu et d’araméen bibliques, Paris, Le Cerf - S.B.F,


2004.

Saint-Gall Michel, Dictionnaire du Rite Écossais Ancien et Accepté. Hébraïsmes et autres


termes d’origine française, étrangère ou inconnue, 2e éd. corrigée,
Paris, Télètes, 2001

Sander Nathaniel Philippe & Trenel Isaac Léon, Dictionnaire hébreu-français, réimpression
de l’édition de 1859, Genève, Slatkine, 2000.

Trébuchet Louis, De l’Écosse à l’Écossisme, fondements historiques du Rite Écossais Ancien


Accepté, Tomes 1 à 4, Collections Fondations, Marseille, Ubik,
2012-2017.

Vuillaume Claude-André, Manuel maçonnique ou tuileur de tous les rites de maçonnerie pratiqués
en France, (1re éd.), Paris, Hubert et Brun, 1820.

Vuillaume Claude-André, Manuel maçonnique ou tuileur des divers rites de maçonnerie pratiqués
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Westphal Alexandre ( dir. ), Dictionnaire encyclopédique de la Bible : les choses, les hommes, les
faits, les doctrines, Paris, éd. Je sers, 1932-35.

page 3
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 221
Le verso de cette page, numéroté 222, est vierge.

Maçonnerie écossaise.

Maitre secret,
{Seconde classe

Maitre parfait,
Sécrétaire intime,
Prevôt et Juge,
Intendant des bâtimens.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n'est pas numérotée et le recto de la feuille, est vierge.)

Planche 9e.

Maître secret
Tableau de fonds du Saint des Saints  73

73. En commençant en haut au centre, et en tournant dextrorsum, les neuf noms


hébreux écrits sur ce tableau sont :
Myhvla orthographe exacte : Myh1Ola6 = ẹ̆lohîm = Dieu
la orthographe exacte : la2 = el = Dieu
hvla orthographe exacte : h<-ola6 = ẹ̆lôah = Dieu
lala orthographe exacte : la2yla6 = ẹ̆lyʾel = mon dieu est Dieu
ycla orthographe exacte : yc-jla2 = el-ḥay = Dieu vivant
ydw orthographe exacte : yd-<D{ = s̆ adday = [Dieu] Tout Puissant
hy orthographe exacte : h<y+ = yạh = Dieu
Nvla orthographe exacte : Noyl4i3 = ʿẹlyôn = [Dieu] Très Haut
tvbx orthographe exacte : toab=x4 = ẕĕvạ̄ôṯ = [Dieu] des Armées
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n'est pas numérotée et le recto de la feuille, est vierge.)

4 e. degré

Maître secret.   Ordre.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page de notes, insérée dans le manuscrit, n'est pas numérotée.)

Maître secret

Ce grade ne parait être, au premier appperçu, que


l’admission d’un lévite dans les ordres élevés du
Temple ; mais l’instruction qui le suit révèle la
doctrine nouvelle que l’on veut établir.
Dans le grade de Maître, il s’agit déjà d’une
parole ou verbe, que l’on craint que hiram n’ait
été forcé de révéler, et l’on convient qu’une nouvelle
parole sera substituée à l’ancienne. Mais ce
n’est là qu’un commencement de révélation du
système qui va se développer dans les grades suivans.
Déjà, dans le maître secret, il est question de la
parole, ou plutôt du verbe, doctrine dans les
nouvelle pour les hébreux, et qu’ils avaient puisée
dans les livres indiens qui commençaient à se répandre
parmi eux.
Ici, on récapitule tout ce qui a été enseigné dans
les trois premiers degrés, pour montrer comme cette
doctrine se lie avec ce qui a précédé, et l’on reprend
l’ancienne parole, qui est le vrai nom de Dieu, ancien  74
On ne rend pas en entier l’ancienne parole, on ne fait
qu’en donner quelques parties, le mystère doit se
découvrir plus tard. Cette parole sera le Verbe, qui,
comme chés les indiens, se fera homme pour le salut
du genre humain.
74. Remerciements particuliers à Paul Ninin qui a analysé de manière détaillée
cette phrase rayée pour en permettre une restitution sûre, en particulier pour le dernier mot
« ancien ».
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page de notes, insérée dans le manuscrit, n'est pas numérotée.)
donc
On ne peut s’empêcher de reconnaître dans la
maçonnerie la naissance du christianisme ; non pas
que dès l’origine on en eut conçu un projet arrêté,
mais on voulait apporter dans le judaïsme une
réforme que les abus introduits par les Prêtres et
par les Rabins rendaient imminens.
Cette doctrine du Verbe ou de la parole n’avait pu
être ignoré de Moïse, qui était instruit dans les
des
mystères égyptiens et des indiens, mais il n’avait pas
jugé à propos d’en faire usage dans sa théogonie,
et c’est pour cela que l’on dit que Dieu lui avait
défendu de révéler la parole, qui était son vrai
nom, mais ne lui faisant comprendre qu’un jour
cette parole serait recouvrée, comme on le verra
dans le grade de Royale arche.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 223

Maître Secret.

{ 4e. degré.

Décoration de la Loge.

Le Loge est tendue de noir, parsemée de larmes


blanches. Elle représente le saint des saints. (*) Au
fond, est un grand cercle, dans lequel est inscrit un triangle,
au centre duquel est l'étoile flamboyante, portant un jod
( y ) au milieu ; dans les rayons, on lit en hebreu les
noms de Dieu : Elohim, El, Eloha, Eliel, Elhhaï,
Schaddaï, Jah, Elion et Sabbaoth. (**)
Le loge est éclairée par quatrevingt une lumières

MyDQd3Oq<h- Dd3Oq Kodesch hakkodeschim  75, sanctita sanctitarum.


(*) heb.
(**)  tob-<x- Nol1a3 h=y yd-<D} y!c=la3 la3l1a3 h=ola3 la3 Myh1ola3  76

75. L'orthographe exacte est : MyDQd=q8<h- Dd3Oq = qoḏẹs̆ haqqŏḏạs̆îm. Il y a


exactement les mêmes erreurs dans le Tuileur de Vuillaume.
76. Cf. note de la planche 9e pour l'orthographe exacte des neuf noms de Dieu. Les
éditions du Tuileur de Vuillaume, de même que le Tuileur de Delaulnaye, ne révèlent pas ces
noms.
Page 224 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

posées sur neuf chandeliers à neuf branches. On peut


néanmoins réduire ce nombre à neuf lumières, sur trois
chandeliers à trois branches.
On voit dans le fond, l’arche d’alliance, le chandelier
d’or à sept branches et la table des pains de proposition.

Tîtres
Le Vénérable ou maître de la Loge, représente
Salomon ; il prend le titre de Trois fois puissant. Il
vient dans le temple pour remplacer hiram-abi par sept
maîtres experts.
Il n’y a qu’un seul surveillant, qui représente
Adoniram.(*) C’était le nom de celui qui avait l’inspection
des ouvrages que l’on préparait sur le Mont-liban, avant
la mort de hiram-abi. Il fut le premier maître secret.

(*) heb. Mr=yn!Oda7 dominus excelsus, vel dominus celsitudinis. C’est le


nom d’un des Intendans employés par Salomon à la perception des tributs.
(Rois 3  77. ch. 4. v. 6.) il était fils d’Abda. L’historien continuateur de Josephe, donne
une épitaphe trouvée sur une pierre tumulaire à Sagonte qui laisserait croire qu’il exercait
son pouvoir jusqu’en Sicile.  78

77. Rois 1, Rois 2, Rois 3 et Rois 4 correspondent respectivement dans la classification


actuelle à 1 Samuel, 2 Samuel, 1 Rois et 2 Rois.
78. Cette anecdote est également indiquée dans les différentes éditions du Tuileur
de Vuillaume, ainsi que par Ragon. Mais la ville de Sagonte se trouve en Espagne comme
l'indique d'ailleurs « Villalpondus » (en réalité : Ioannes Baptista Villalpandus ou Juan Bautista
Villalpando), cité dans le Tuileur de Vuillaume et relatant la même histoire.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille, est vierge.)

Planche 10 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 225

Habillement

Salomon est revêtu d’un manteau noir doublé d’hermine,


il porte par-dessous un tunique de pourpre. Il tient un
sceptre à la main. Devant son trône est un autel triangulaire,
sur lequel est placée une couronne de laurier et d’olivier.
Salomon est décoré en outre d’un grand cordon bleu, passant
de droite à gauche, au bas duquel est suspendu un triangle.
Il ne porte point de tablier.
Adoniram, qui se place à l’ouest, porte également
un cordon bleu, mais bordé de noir, au bas duquel est
suspendue une clef d’ivoire, au milieu de laquelle est la lettre Z.
Tous les freres portent le même cordon et la clef.
Tablier blanc attaché avec des cordons noirs ; la
bavette bleue, avec un œil peint ou brodé en blanc. Au
milieu du tablier, sont deux branches unies en forme de
couronne, l’une de laurier et l’autre d’olivier, et au milieu, un Z.
Le Cordon des frères se met en sautoir, Salomon et
Adoniram seuls le portent transversalement.
Page 226 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Ouverture des travaux

{
Le trois fois puissant frappe un coup, et dit :
Frere Adoniram ! êtes-vous maître secret ?
Réponse : – « Trois fois puissant ! j’ai passé de
« l’équerre au compas ; j’ai vû le tombeau du Respect\
« maître hiram-abi, et j’ai versé des larmes avec mes
« freres et le plus sage et le plus puissant des rois, sur ce
« tombeau.
Le T\ F\ P\
Quelle heure est-il ?
R – « L’éclat du jour a chassé les ténèbres, et
« la grande lumière commence à paraître dans cette
« Loge.
Le T\ f\ P\
Puisque la grande lumière parait dans cette Loge, et que
nous sommes Maitres secrets, il est tems de commencer nos
travaux ! Avertissés qu je vais ouvrir la Loge !
Adoniram fait cette annonce, ensuite le Trois fois
puissant frappe sept coups dans la main :                – ! ainsi
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 227

que tous les frères, et après, ils font le signe de silence.


Le T\ f\ P\
Mes frères ! la Loge est ouverte !
Chacun prend place, et les travaux commencent
dans l’ordre accoutumé.

Clôture
Le T\ f\ P\
Frère Inspecteur ! quelle heure est-il ?
Reponse : « La fin du jour.
Le T\ f\ P\
Que nous reste-t-il à faire ?
R – « Pratiquer la vertu, abhorrer le vice, et
« demeurer en silence.
Le T\ F\ P\
Comme il n’y a plus rien à faire que de pratiquer la vertu,
de fuir le vice et de rester en silence, que la volonté de Dieu soit
faite ! il est tems de nous reposer !
– Frere Inspecteur, annoncés aux frères que je vais
fermer la loge par les nombres mystérieux !
le f\ Inspecteur fait l’annonce.
Le Trois fois puissant frappe dans les mains,
Page 228 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

comme pour l’ouverture, sept coups ; il est accompagné


par tous les frères, qui font ensuite le signe de silence.
Le T\ f\ P\
Mes frères ! la Loge est fermée !

Et chacun se retire en paix et en silence.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 229

Réception.

{
Le Candidat doit être sevèrement éxaminé par le f\
Expert, sur les trois premiers degrés, avant d’être introduit.
Cette introduction se fait ainsi :
Le M e. des cérémonies va prendre le Candidat, le
conduit à la porte de la Loge où il frappe sept coups, par
six et un, comme on l’a vû à l’ouverture des travaux.
Après les précautions ordinaires, on ouvre au f\
M e. des cérémonies qui entre seul et laisse le Récipiendaire à
la porte. Il dit au f\ Inspecteur :
« Très cher frère Adoniram ! le Maître que je viens
« de reconnaître a parfaitement répondu aux questions qui
« lui ont été faites ; je réponds de son zèle, de sa ferveur et
« de sa constance.
L’Inspecteur frappe un coup, et dit :
« Trois fois puissant ! le maître qui se présente a
« parfaitement répondu aux questions qui lui ont été faites ;
« il vous prie de permettre qu’il soit introduit. Le M e. des
« cérémonies répond de son zèle, de sa ferveur et de sa constance !
Page 230 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Le T\ f\ P\
Que l’aspirant soit introduit, et conduit au frère
Adoniram, à qui il rendra compte de ses connaissances
maçonniques !
Le M e. des cérémonies retourne prés du Récipiendaire,
lui met un bandeau sur les yeux, le fait avancer jusqu’au
pied de l’autel, après l’avoir arrêté près du f\ Inspecteur,
qui lui a fait diverses questions sur les trois grades symboliques.
Il lui a mis un flambeau allumé à la main ; il a
sur le front une équerre.
Etant arrivé à l’autel, il se met à genoux du côté
droit et le trois fois puissant lui dit :
Vous n’avés-vu jusqu’ici que le mur épais qui couvre
le saint des saints du temple de Dieu ! Votre fidélité, votre
zèle, votre constance, vous ont mérité la faveur que vous
allés obtenir. Je vais vous montrer un trésor, je vais vous
introduire dans un lieu sacré, dans le saint des saints !
Mais vous allés auparavant prononcer l’obligation
que nous devons éxiger de vous !

Obligation.
Je N. jure et promets sincèrement, en
présence du grand architecte de l’univers, et de
cette respectable loge de Maître secret, de ne
jamais
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 231

jamais révéler, ni faire connaitre à qui que ce soit,


ou profane, ou maçon d’un grade inférieur, ce qui
peut concerner celui-ci. Je promets en outre de
ne jamais revéler aucunes des lois ou transactions
faites dans cette loge, à moins que ce ne soit à un de
ses membres bien connu. De ne conformer aux
statuts et réglemens qui me seront communiqués. Je
voue une entière obéissance aux préceptes et
commandemens de la grande loge parfaite et sublime,
me soumettant à tous les ordres qu’elle voudra me
donner. J’obéirai pareillement aux grands Insp \

et à leurs députés, comme étant les seuls chefs


suprêmes de la maçonnerie. Je promets enfin de
ne jamais aider ni consentir à la réception d’aucun
individu dans ce grade hors de cette respectable loge,
ou de toute autre régulièrement constituée ; de ne
jamais m’entretenir de maçonnerie qu’avec ceux
que je reconnaîtrai avoir été légitimement reçus ;
et ce, sous les peines auxquelles je me suis soumis
dans mes premières obligations. Priant le grand
architecte de me maintenir dans le chemin de la
droiture, de la justice et de la vérité !
Après cette obligation prêtée, le f\ Adoniram
relève le Récipiendaire, et le fait avancer près du
Page 232 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

trois fois puissant, qui le décore du bijou et du


tablier ; il lui pose sur la tête la couronne de laurier
et d’olivier, en disant :
Mon cher frère ! je vous reçois maître secret ; je
vous mets au rang des lévites ! Ce laurier représente
la victoire que vous avés remportée sur vos passions, et
qui vous a mérité la faveur que vous recevés ; l’olivier est
le symbole de la paix et de l’union qui doit toujours
régner entre nous.
Vous pourrés mériter un jour, mon frère, que Dieu
vous permette d’entrer dans le lieu sacré pour y
contempler le pilier de la beauté !
Je vous décore d’une clé d’ivoire suspendue à ce
cordon ; c’est le symbole de votre fidélité, de votre
innocence et de votre discrétion. Le tablier et les gants
que je vous donne sont la marque du travail et de la
candeur des maîtres secrets au nombre desquels vous
venés d’être admis.
Par le rang que vous allés occuper parmi les
lévites, en qualité de maître secret, vous devenés un des
fidèles gardiens du saint des saints, et l’un des sept
maîtres nommés pour remplacer la perte de notre cher
frère hiram-abi, pour la construction du glorieux
édifice qui s’élève à la divinité.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 233

L’œil qui est placé sur la bavette de votre tablier


doit rappeller à votre mémoire que vous devés veiller
continuellement à la conduite de l’ouvrage qui vous sera
confié.
Ensuite le Trois fois puissant donne au Récipiendaire
les signes, mots et attouchement.
Signes
Mettre l’index et le doigt medius réunis, de la main
droite, sur la bouche.
Pour reponse, faire le même signe de la main gauche
Attouchement
Se prendre réciproquement la main droite, comme
au grade de Maître, puis avancer la main jusqu’au
coude que l’on empoigne, en se balançant par sept fois
le bras, pendant que l’on s’approche de la jambe droite,
en se touchant par l’intérieur.
Batterie
Sept coups, par six et un :                – !
Marche
C’est la marche de Maître.
Age
Trois fois vingt sept ans accomplis (81. ans.)
Mot de passe
Ziza. (heb. az+yz! ou az+z  79
! resplendens. c’est le nom du

79. On trouve aussi dans la bible la forme hz+yz!( 1 Chr. 23:11 ). No Strong = 02125.
Noms propres de plusieurs personnages bibliques dont le fils de Roboam et donc petit-fils de
Salomon ( version avec le « hé » ). Ils sont traduits par « éclat » ( Sander-Trenel 1859, p. 154 )
ou par « abundance » ( abondance ) ( Gesenius 1857, p. 243 )
Les rituels du R. E. A. A. traduisent habituellement « Ziza » par « resplendeur » ou
« splendeur ».
Page 234 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

fils de Jonathan, fils de Juda, fils d’Onan. Paral.  80 1 ch. 2. v. 33.)


Mots sacrés.
Iod, Adonaï, Ivah, ou bien Iaho, Adonaï,
Iah, (*) qui sont les premiers noms que Dieu revela à
Moïse sur la montagne d’horeb, et dont les initiales
sont tracées dans les triangles.

Après cette instruction, le trois fois puissant dit :


Allés, mon frere, reporter ces mots à tous les
frères, et vous viendrés ensuite écouter la lecture de notre
doctrine !
Le M e des cérémonies conduit le Récipiendaire à
tous les freres les uns après les autres en commençant
par le f\ Adoniram, ensuite il le ramène à la droite
du Trois fois puissant, où il le fait asseoir, pour
entendre l’instruction.

y
(*)  81 heb. jod. Lettre qui étant prise cabalistiquement, signifie :
Dieu, principe, unité.
   yn+Oda7 adonaï, Deus.
   hv+y  82! ivah, par contraction pour Jehovah.
    oh=y  83 iaho, pour Jehovah
   hy+  84 iah, aussi pour Jehovah.

80. Paralipomènes (terme utilisé dans la Septante), plus connus actuellement sous
le nom de « Chroniques ». Mais le nom exact du fils de Jonathan est = zạzạ̄. Le scripteur
az+z+
se trompe donc ici en interprétant le mot de passe.
81. Le scripteur a oublié ici l’appel de note ; nous l’avons restitué.
82. Ce serait plutôt h<v+yh1
= hîwạh, par permutation des deux premières lettres du
Tétragramme.
83. Ce serait plutôt ohy+
= yạhô.
84. S’écrit exactement : h<y+
= yạh.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 235

Instruction

{
Demande. Etes-vous maître secret ?
Reponse : Oui, je m’en glorifie !
D. Comment avés-vous été reçu≈?
R. En passant de l’équerre au compas.
D. Où avés-vous été reçu maître secret ?
R. Sous le laurier et l’oliver.
D. Dans quel lieu avés-vous été reçu ?
R. Dans le saint des saints.
D. Qui vous a reçu ?
R. Salomon, avec Adoniram, inspecteur des
travaux du temple.
D. Qu’avés-vous apperçu en entrant dans le saint
des saints ?
R. Des marques évidentes de la présence de Dieu.
D. Avés-vous remarqué quelque chose de particulier ?
R. J’ai apperçu un triangle dans un grand cercle,
au centre duquel était une étoile flamboyante,
qui m’a ébloui et pénétré d’un saint respect.
D. Que signifie le caractère hébraïque qui est dans
Page 236 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

le centre de l’étoile ?
R. Quelque chose au dessus des forces humaines,
dont je ne puis prononcer le nom.
D. Nous sommes en loge, où cela vous est permis ;
prononcés-le ?
R. C’est le grand et ineffable nom du grand archit\
de l’univers. Moïse en avait appris de Dieu la
vraie prononciation, lorsqu’il le vit sur la
montagne où il reçut ses lois ; mais il rendit une
loi qui défendait de le prononcer, ce qui fit que sa
vraie prononciation, tenue secrète, fut ignorée
du vulgaire. J’espère cependant avoir un jour
la connaissance de cette parole ineffable.
D. Qu’avés-vous encore apperçu ?
R. J’ai vû neuf autres paroles dans la même langue.
D. Où étaient-elles placées ?
R. Dans neuf rayons qui partaient du lumineux
et brillant triangle.
D. Que sont ces neuf paroles ?
R. Ce sont les neufs noms que Dieu se  85 donna
lui-même à Moïse sur le mont sinaï, en lui faisant
espérer que sa postérité saurait son vrai nom.
D. Donnés-les-moi avec leur signification !
R. Elohim, El, Eloah, Eliel, Elhhaï, schaddaï,

85. Mot en trop ; c’est une probable erreur de copie du scripteur,


déduite de la comparaison avec les versions Quesada et Pyron.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 237

Jah, Elion et Sabbaoth, qui sont pris du


nom de la divinité, d’après l’alphabeth des anges,
et la science cabalistique.
D. Que signifie le cercle qui environne le triangle ?
R. Il représente l’immensité du pouvoir de Dieu,
qui n’a ni commencement ni fin.
D. Que signifie l’étoile flamboyante ?
R. Un météore qui doit toujours nous guider vers
la divine providence.
D. Que signifie la lettre G. dans l’étoile flamboyante ?
R. Glory, greatness et goodness, qui veulent dire :
gloire, grandeur et bonté.  86
D. Qu’entendés-vous par ces trois mots ?
R. Par le mot gloire, j’entends celle de Dieu ; par
le mot grandeur, que l’homme peut d’élever
jusqu’à Dieu par la perfection ; et par le mot
bonté, la reconnaissance envers l’éternel pour ses
bienfaits. C’est le premier mot que prononcèrent
Adam et Eve, à la vue de tant de merveilles.
D. Que signifient les cinq pointes de l’étoile
flamboyante ?
R. Les cinq ordre d’architecture qui furent
employés dans la construction du temple ; elles
nous représentent aussi les cinq sens de la nature

86. Plus classiquement on voit ici « Gloire, Grandeur et Gomes » (Quesada, Pyron,
etc.), et même dans le texte anglais des manuscrits Francken.
La rétroversion anglaise proposée ici, avec « gomes » remplacé par un mot à sonorité
proche, « goodness », est une tentative d’expliquer ce mot très ancien dont le sens exact
pose problème et qui est cité dès le milieu du xviiie siècle comme parole écossaise. La piste
hébraïque semble plus logique : zm=Vk< (kûmạz), parure féminine en or évoquant la beauté
féminine, N Strong = 03558, ( Exode, 35:22 ; Nombres, 31:50 ). La confusion entre « bonté »
o

et « beauté » est également très ancienne dans les rituels de ce type : Quesada et Pyron
parlent explicitement d’une parole hébraïque en référence à la beauté d’Ève.
Page 238 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

sans lesquels l’homme ne peut être parfait.


D. Qu’avés-vous vû de plus dans le saint des saints ?
R. L’arche d’alliance, le chandelier d’or à sept
branches, avec la table des pains de proposition.
D. Où est placée l’arche d’alliance ?
R. Dans le milieu du saint des saints, sous l’étoile
flamboyante.
D. A quoi font allusion l’arche d’alliance et l’étoile
flamboyante ?
R. L’arche d’alliance est l’emblême de l’union que
Dieu contracta avec son peuple ; elle fut mise à
l’ombre des aîles des chérubins en signe de sa durée.
De même le cercle qui renferme le triangle dans
lequel est l’étoile flamboyante, est l’emblème de
la maçonnerie et de sa perpétuité.
D. De quelle forme était l’arche d’alliance ?
R. Un carré long.
D. De quoi était-elle faite ?
R. De bois de cèdre, couverte d’or, surmontée d’une
couronne d’or, portant deux chérubins de même
matière.
D. Comment se nommait le couvercle de l’arche ?
R. Le propitiatoire. Il servait à appaiser la
colère de Dieu.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 239

D. Que renfermait l’arche ?


R. Le témoignage que Dieu donna à Moïse de
son alliance, ou les deux tables de la loi.
D. De quoi étaient ces tables ?
R. Elles étaient de marbre blanc.
D. Que contenait-elles ?
R. Elles contenaient les dix commandemens de
Dieu. Les quatre premiers, qui sont relatifs à nos
devoirs envers la divinité, étaient contenus dans la
première table ; les six derniers, qui renferment
nos devoirs envers les hommes, étaient dans la
seconde.
D. De quel usage est la table des pains de proposition
que vous avés vue dans le saint des saints ?
R. Pour y placer les douze pains de proposition qui,
par l’ordre de Dieu, doivent toujours être placés
en sa présence.
D. De quoi étaient faits ces pains ?
R. De la plus pure farine.
D. Où étaient-ils placés ?
R. Six à la droite, six à la gauche, formant deux
monceaux.
D. Que mettait-on entre ces deux monceaux ?
R. Le meilleur et le plus pur encens.
Page 240 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

D. Pourquoi ?
R. En mémoire des obligations que nous avons à
Dieu, et du culte que nous lui devons.
D. Quel était le nom du saint des saints ?
R. Dabber.  87 (mieux Debar (*))
D. Que signifie-t-il ?
R. La parole.
D. Pourquoi le saint des saints est-il ainsi appellé ?
R. Parce que la divinité y résidait et s’y manifestait.
D. Qui construisit l’arche ?
R. Ce fut Moïse, après en avoir reçu l’ordre de Dieu.
Il fit pour cela le choix de Bezeleel (**) fils de
Uri, fils de hur, de la tribu de Juda, et de marie
sœur de Moïse, et d’Ooliab fils d’achisamech (***)
de la tribu de Dan, deux habiles ouvriers. Dans
cette occasion, le peuple d’israël témoigna tant
d’ardeur et de zèle, et donna tant de richesses, que
Moïse, de l’avis de ceux qui avaient la direction de

(*) De rb2<d  88
1< loquutus est, se forme rb-d  89
4< debar, verbum, fermo, eloquium.
(**) heb. la2lx-b4< in umbra Dei. Betzalel.
  90

(***) heb. ba=yl1h=a  91


= Oholiab, pater tabernaculi.
Ecce, vocavi ex nomine Beseleel filium Uri, filii hur de tribu Juda ... dedique
ei socium Ooliab filium Achisamech de tribu Dan... (Exod. 31. v. 2 et 6.)

87. Le rapprochement fait entre Debir (écrit ici Dabber - comme dans Quesada et
Pyron - mais Dabir dans Francken), nom du Saint des Saints, et Dabar, « parole » en hébreu,
est conforme à la racine hébraïque de ces mots.
88. Se prononce dibber. C’est ici le mode Pi’el (intensif actif) du verbe « parler ». Le
mode simple (qal) s’écrit rb-d=<
= dạvar.
89. Se prononce dĕvar. C’est ici à l’état construit (parole de ...). L’état normal s’écrit
rb=d=<= dạvạr.
90. S’écrit exactement la2l4x-b4<
= bĕẕalʾel.
91. S’écrit ba=yl1h8a= = ọhŏlîʾạv.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 241

l’ouvrage, fut obligé de faire publier à son de trompe


qu’il n’avait plus besoin de la généreuse assistance
du peuple.
L’ouvrage fut dont commencé suivant le plan que
Dieu en avait donné à Moïse, qui eût la direction
particulière des vases qui devaient être employés
dans le tabernacle, à l’usage des sacrifices.
D. Pourquoi le chandelier a-t-il sept branches ?
R. Parce que ce nombre représente les sept planètes
alors connues.
D. Qu’y a-t-il à l’extrémité de chaque branche ?
R. Une lampe, et chacune des lampes est dirigée
nord et sud.
D. En combien de parties se divise le chandelier ?
R. En soixante dix.
D. Que représente ce nombre ?
R. Les douze signes du zodiaque et les constellations
qui les environnent, parmi lesquelles les planètes
font leur révolution.
D. Que signifie l’œil qui regarde continuellement
dans notre Loge ?
R. Une seule lumière qui chasse l’obscurité de ces
lieux.
D. Par où montait-on dans les galeries du temple ?
Page 242 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

R. Par un escalier en forme de vis, dans le mur


neuf du temple, et où l’on montait par trois, cind
  92

et sept marches. On l’appellait coquille, parce


qu’il avait la forme d’un limaçon.
  dans
D. Combien y avait-il de portes de la le saint des
saints ?
R. Il y en avait une dans la partie de l’Est, qui était
appellée Ara, et qui était couverte d’une draperie
pourpre, hiacinthe, or et azur.
D. Que représentent ces couleurs ?
R. Les quatre élémens.
D. Quel âge avés-vous ?
R. Neuf ans accomplis.
D. Quel est votre mot de passe ?
R. Ziza, qui signifie balustrade.  93

Après l’instruction, le trois fois puissant ferme la


Loge comme on l’a vû ci-devant, page  94

92. Ce serait plutôt « nord ». On retrouve la même erreur dans Quesada, Pyron et
Kloss. Mais Francken indique bien « [...] in the north wall of the Temple [...] ».
93. Le scripteur a transcrit ici sans modification la phrase habituelle du rituel, sans
tenir compte de l’explication différente qu’il donne en page 233-234,
94. Le scripteur a oublié ici le numéro de page pour le renvoi.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 243
Le verso de cette page, numéroté 244, est vierge.

Maître secret

{
Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

5 e. degré

Maître parfait.   1er. signe.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 245

Maître parfait.

{ 5 e. degré

Décoration de la Loge.

Cette Loge est tendue en vert ; quatre colonnes blanches,


dans chacun des angles la soutiennent, ce qui donne ensemble
seize colonnes.
Soixante quatre lumières éclairent la loge, seize à chaque
angle. On peut cependant réduire le nombre de lumières au total
de seize.
A l’Est est le dais en étoffe rouge ainsi que le trône qui est
dessous ; au devant du trône est l’autel, couvert d’une étoffe noire,
parsemée d’étoiles en argent.
On voit sur le côté nord, vers le milieu de la Loge, le tombeau
de hiram, tel qu’il est décrit dans le tableau.
Page 246 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Titres

Le président représente Adoniram, fils d’Abda ; il


prend le titre de trois fois puissant respectable Maitre.
Il y a un frère surveillant, il représente Stolkin
un frère Assistant,
et un frère conducteur, ou introducteur ; ce dernier
représente Zerbal (*) capitaine des gardes de Salomon.

Habillement
Le président Adoniram porte les ornemens du degré
de la perfection et de Prince de Jerusalem ; il est assis sur
le trône de Salomon et tient à la main un maillet, comme
dans les autres loges.
Le surveillant Stolkin porte le bijou et le tablier de
perfection.
Tous les autres frères ont un cordon vert porté en sautoir,
au bas duquel pend pour bijou un compas ouvert sur une
portion de cercle égale à 60. degrés ; le cercle est gradué.
Tablier blanc, bavette verte ; doublure et bordure verte,
(*) heb. hy+jbr2w  95
R Schereb-iah, prævalens cum domino.
95. La bible indique qu’un Lévite portait ce nom (Esdras 8:18,24 ; Néhémie 8:7 ;
9:4,5 ; 10:12 ; 12:8,24), qui s’écrit exactement = s̆ erevĕyạ̈. et qui signifie « Chaleur
hy+b4r2DW
[éclat] de Dieu » plutôt que « Très robuste avec Dieu » comme le suggère la référence latine
de Vuillaume, classique dans les bibles et concordances de son époque. On est loin de la
phonétique de « Zerbal », comme l’avait déjà relevé Michaël Segall (Dictionnaire maçonnique,
Paris, Dervy, 2014, p. 389)... Nous ne savons pas où Vuillaume a recueilli l’équivalence Zerbal
= Schereb-iah, citée également dans les éditions de son Tuileur, en tous cas pas dans le
Tuileur de Delaulnaye qui est muet à ce sujet. Mais une autre possibilité existe : li-b-<jrz@
=
zer-baʿal, que l’on peut traduire par « couronne du maître », couronne étant pris au sens de
« bordure » qui entoure (cf description du tabernacle, Exode 25:11-24) et donc qui protège, ce
qui correspond parfaitement à la fonction de Capitaine des gardes !
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le verso de la feuille, est vierge.)

Planche 11 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 247

au milieu du tablier est peinte ou brodée une pierre carrée


sur laquelle sont tracés trois cercles et trois quarrés ; au centre
est la lettre J.

Tableau de la Loge
Ce tableau représente, au sommet un triangle rayonnant
au milieu duquel est le jod ; ( y ) des deux côtés sont le
soleil et la lune.
Au dessous, est une pierre carrée sur laquelle sont
tracés trois cercles et trois carrés ; d’un côté de la pierre est
un compas ouvert sur un segment de cercle de soixante degrés ;
de l’autre côté, une pierre carrée, au milieu de laquelle est
la lettre L.
Du côté du nord est le tombeau de hiram, entouré d’une
corde qui s’étend jusqu’au milieu de la Loge ; sur ce tombeau
est une urne cinéraire traversée d’un glaive ; au bas, sont les
lettre M\ B\ Une branche d’acacia est pardessus,
surmontée d’une tête de mort, deux os en sautoir ; au dessous
de la branche d’acacia, les lettre M. B. N. en hebreu : N b m .
Au milieu du tableau sont les deux colonnes B. J.
placées en sautoir ; sur le piédestal de la colonne B est la
lettre G. et sur celui de la colonne J. est un T.
Au dessous, sur le sol, sont représentées deux pyramides
Page 248 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Les éléments y sont aussi représentés par quatre


triangles placés en carré dans le tableau.
Enfin, au bas du tableau, à la gauche,  96 est un portique
élevé sur quatre marches.

Ouverture des travaux.

{
Adoniram frappe un coup, et dit :
Frere Inspecteur ! la loge est-elle bien tuilée ; sommes-
nous tous maîtres parfaits ?
Reponse : « Trois fois respectable Maître, nous
« sommes à couvert, et nous sommes tous maîtres parfaits.
Adon.
Avertissés que je vais ouvrir la Loge de maître parfait !
Le f\ Inspecteur dit :
« Frères qui décorés les colonnes ! le trois fois puissant

96. Sur la planche qui suit ce texte, le portique est représenté à droite.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille, est vierge.)

Planche 12 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 249

« respectable maître nous avertit qu’il va ouvrir la Loge de


« maître parfait !
Alors Adoniram frappe quatre coups égaux :          !
qui sont repétés par le f\ Inspecteur, ainsi que par le
F\ Assistant, qui est placé au sud, et tous les frères, guidés
par le T\ f\ P\ R\ M \e Adoniram font le signe
d’admiration.
Adon\
Frère Stolkin ! quelle heure est-il ?
Reponse : - « Quatre heures.
Adon\
Puisqu’il est quatre heures, il est tems que les ouvriers
se mettent à l’ouvrage ! Avertissés que la Loge de Maître
parfait est ouverte !
Cette annonce étant répétée, tous les freres font le
signe et frappent dans les mains quatre coups égaux,
sans faire aucune acclamation.
Adon\
Prenés-place, mes frères !
Chacun s’assied et les travaux commencent.
Page 250 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Clôture des travaux

{
Adoniram dit :
Frère Stolkin ! quelle heure est-il ?
Reponse : « Trois fois puissant respectable
« Maître, il est cinq heures.
Adon\
A quelle heure se ferment les travaux de maître parfait ?
Rep : - « A cinq heures.
Adon\
Quel âge avés-vous ?
R – « Seize ans.
Adon\
Puisqu’il est cinq heures, et que c’est l’heure à laquelle
les Maîtres parfaits ferment leurs travaux ; et puisque
l’ouvrage est terminé ; il est tems de se délasser !
— Avertissés que je vais fermer cette Loge !
Le f\ Inspecteur donne l’avertissement.
Après cela, le trois fois puissant respectable
Maître frappe quatre coups égaux, qui sont répétés par
le f\ Inspecteur et par le f\ Assistant.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 251

Ensuite tous les frères guidés par Adoniram, font le


signe d’admiration en fixant le tombeau.
Adoniram dit :
Maîtres parfaits, mes frères ! la Loge est fermée,
retirons-nous en paix!
Page 252 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Réception.

{
Le Candidat se présente dans le vestibule du temple,
revêtu des ornemens et du bijou de Maître secret.
Dès que la Loge est ouverte, le M e. des cérémonies se
lève, et va frapper quatre coups sur l’épaule du frère
Inspecteur, et lui dit :
« Frère Inspecteur ! il y a dans l’antichambre un
« Maître secret qui désire être admis parmi nous, et
« recevoir le grade de Maître parfait.
Le f\ Inspecteur rend compte de cet avis au Trois
fois puissant, qui dit :
Est-il bien recommandé ? est-il digne d’obtenir cette
faveur ? me répondés-vous de son zèle, de sa ferveur et de sa
constance ?
Le f\ M e. des cérémonies repond : « Oui, trois fois
« puissant respectable maître !
Adon\
En ce cas, allés le préparer !
Le f\ M e. des cérémonies va trouver le Récipiendaire,
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 253

L’examine sur les degrés qu’il possède déjà ; lui retire ses
armes, et lui passe au col une corde de soie verte, dont il
retient les bouts de la main gauche, ayant le glaive nu dans
l’autre main.   Il le conduit ainsi à la porte de la Loge où
il frappe quatre coups.   Le f\ Inspecteur y répond de
l’intérieur par quatre autres coups, ensuite il avertit le trois
fois puissant que l’on frappe.
Adon\
Faites-voir qui frappe ainsi !
Le f\ Expert va s’en informer ; il sort et demande
ce que c’est ; le M e. des cérémonies repond que c’est un Maître
secret qui demande à entrer.
Le f\ Expert rentre, et rend compte de son information
Adon\
Qu’on l’introduise !
On ouvre la porte, le Récipiendaire est amené par le
f\ Expert sur le côté sud du tombeau de hiram ; le M e. des
cérémonies qui suit derrière tient toujours les bouts de la corde
passée au cou du Récipiendaire.
Le Trois fois puissant R\ M \e appercevant le Récip re.
avec les décorations de Maître secret, lui dit :
Que demandés-vous, mon frère ?
Reponse : - « Je demande la faveur d’être reçu
« Maître parfait !
Page 254 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Adon\
Frère Inspecteur ! enseignés à ce frère à voyager !
Le f\ Inspecteur prend le cordon des mains du M e.
des cérémonies et fait voyager le Récipiendaire par le sud, en
lui faisant faire quatre fois le tour de la Loge ; après cela,
il le fait avancer vers le trône, en passant sur le tombeau
de hiram, par les quatre colonnes, en partant de la
première à gauche, delà à la droite, ensuite à la troisième
à gauche, et enfin à la quatrième à droite, comme on
le voit par la figure suivante.

Le surplus de la marche nécessaire pour arriver au trône


se fait sans cérémonie, du pas ordinaire.
Etant arrivé au pied du trône le Récipiendaire s’y
met à genoux progressivement, c’est-à-dire, qu’il fléchit
d’abord le genou droit qu’il tient plié pendant quelques instans
sans le poser sur la marche ; ensuite, il le pose tout à fait
et s’agenouille
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 255

et s’agenouille enfin entièrement ; il étend la main droite


sur la bible, et prononce l’obligation qui suit :

Obligation.
Je promets devant le grand architecte de
l’univers, en présence de cette respectable Loge,
de ne jamais révéler ni communiquer à personne,
les secrets qui vont m’être confiés ; et de ne jamais,
sous aucun prétexte quelconque, en converser, si ce
n’est avec de vrais Maîtres parfaits, connus pour
tels et régulièrement reçus ; à peine d’être
deshonoré, et de souffrir ce que je me suis imposé
moi-même par mes premières obligations !
Ainsi je prie Dieu de me maintenir dans la
droiture et l’équité !
Amen, amen, amen, amen !
Lorsque le Récipiendaire a prêté cette obligation,
le trois fois puissant lui ôte le cordon qui lui était
passé au cou, et lui dit :
Je vous retire maintenant du chemin du vice ; et par
le pouvoir que j’ai reçu du très-puissant roi des rois, je vous
élève au degré de Maître parfait !
Ensuite, il lui donne les signes, mots et attouchement.
Page 256 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Signes
D’admiration – Lever les mains et les yeux vers le
ciel ; laisser ensuite retomber les bras en les croisant sur le
devant, et en portant la vue à terre.
De reconnaissance. – S’approcher par degrés les
pieds l’un de l’autre par la pointe ; se toucher réciproquement
les genoux ; mettre la main droite sur son propre cœur, et
poser la gauche sur le sein de l’Examinateur, qui en fait
autant.
Attouchement
Se porter mutuellement la main gauche sur l’épaule
droite, comme dans le 3 e. degré ; ensuite se prendre par
la main droite, les quatre doigts serrés et le pouce levé, pour
former l’équerre ; le premier serre la main à quatre reprises,
le second répond : Moabon !
Mot de passe
Acacia.
Mot sacré
Jehovah. (*)
Après cette instruction, l’Orateur prononce le discours
historique qui suit :

(*) heb. hv+Ohy$ sum qui sum. C’est le grand nom que les hébreux ne prononçaient jamais.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 257

Discours historique.

{
Salomon, informé que le corps de hiram abi avait
été trouvé déposé dans la partie la plus basse du temple,
et voulant conserver les restes précieux de ce grand homme,
ordonna au noble Adoniram, qui avait été son grand ami,
de lui faire faire les funérailles les plus pompeuses possible.
Il défendit en même tems d’effacer les traces du sang qui
avait été répandu dans le temple, jusqu’à ce qu’on en eût
tiré vengeance. Il ordonna aussi que ceux qui assisteraient
à ces funérailles fussent décorés d’un tablier et de gants
blancs.
Le noble Adoniram fut chargé spécialement de
construire un tombeau de marbre blanc et noir, pour y
placer les restes de hiram-abi ; il fut terminé en neuf jours.
Le cœur du respectable maître hiram fut mis dans
une urne placée sur le sommet d’un obélisque placé à
l’ouest du temple, vers le nord, lieu où les meurtriers
avaient d’abord déposé le corps avant de le transporter dans
l’endroit où Stolkin le découvrit. L’urne qui contenait
le cœur de hiram était traversée d’un glaive ; et toutes les
personnes importantes de la cour de Salomon vinrent en ce
Page 258 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

lieu témoigner leur douleur et leurs regrets.


Quand la vengeance fut accomplie, le corps fut déposé
sous l’obélisque ; il fut couvert par une pierre triangulaire
sur laquelle étaient gravées les lettres M \ B \ N \ en caractères
hébraïques ; ( N b m ) une branche d’acacia était au
dessus de ces lettres.
Ce tombeau était placé dans un appartement séparé
du temple, où Salomon avait coutume de tenir son chapître,
et de conférer avec hiram, roi de Tyr, et avec hiram-abi,
sur les sacrés mystères.
Hiram-abi fut enterré avec les plus grands honneurs.
Trois jours après la cérémonie, Salomon vint dans le
temple avec toute sa Cour ; tous les ouvrier étaient rangés
dans le même ordre que dans la cérémonie des funérailles.
Salomon offrit des prières et de l’encens à l’éternel ;
il éxamina la tombe, le mausolée, le triangle et les lettres
qui y étaient gravées ; alors levant les mains et les yeux au
ciel, il dit, dans la satisfaction de son cœur : Cela est
parfait ! Et par un signe d’admiration, tous les
ouvriers levèrent les mains et les yeux vers le ciel, et laissant
retomber leurs mains croisées sur le ventre, ils s’écrièrent
par quatre fois : Moabon !

Après ce discours, on fait l’instruction qui va


suivre.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 259

Instruction.

Demande.
Réponse
colonnes.
D.
R.

{
Etes-vous maître parfait ?
J’ai vû le cercle et le carré placé sur les deux

Où sont placées ces colonnes ?


Dans le lieu où repose le corps de notre respectable
maître hiram-abi.
D. Que représentent ces colonnes ?
R. La colonne B et la colonne J. que j’ai passées
avant d’atteindre le grade de maître parfait.
D. Quelle était l’intention de Salomon en créant ce grade ?
R. Salomon, pour maintenir l’attachement des
Maîtres et les exciter à la recherche des assassins de
notre cher maître hiram-abi, dont il ignorait les
noms, mais qu’il soupçonnait être parmi les
ouvriers, ordonna une perquisition générale parmi ces
derniers, supposant bien que ceux qui ne se trouveraient
pas, seraient les coupables. Il ordonna donc à
Adoniram d’élever un superbe tombeau à l’ouest du
Page 260 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

temple ; d’y placer une urne qui devait renfermer le


cœur de hiram-abi, qui serait embaumé, et qu’il n’y
aurait que les maîtres parfaits qui en auraient
connaissance.
En conséquence de cet ordre, l’urne fut placée sur le
sommet de l’obélisque ; et pour marquer le desir
qu’ils avaient tous de tirer vengeance du meurtre, l’urne
fut traversée d’un glaive.
Lorsque le corps fut retrouvé, il fut inhumé dans
l’appartement où Salomon tenait ordinairement ses
conseils ou chapître, qui était dans l’enceinte du temple.
D. Qu’avés-vous appris dans les degrés par lesquels
vous êtes parvenu ?
R. J’ai appris à régler mes actions, à purifier mon
cœur, et à me rendre digne de la perfection.
D. Que signifie la pierre carrée contenant les cercles ?
R. Elle représente et nous apprend que notre édifice
doit avoir pour fondement une pierre parfaite
que nous devons couper et façonner nous-mêmes.
D. Que signifient les cercles ?
R. Ils sont l’emblême de la divinité, qui n’a ni
commencement ni fin.
D. Que représentent ces cercles ensemble ?
R. La création de l’univers, qui fut accomplie par
la parole de Dieu, et par l’action donnée aux
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 261

premiers corps mouvans.


D. Qu’entendés-vous par là ?
R. J’entends l’union du chaud, du froid et de l’humide,
dont la mixtion forma les élemens.
D. Pourquoi les élemens sont-ils représentés en ce lieu ?
R. Pour nous apprendre que Dieu est parfait, et
que sans son secours, il n’est ni solidité ni édifice.
D. Que signifie la lettre J. dans le centre de la pierre
carrée ?
R. C’est la lettre initiale de la parole sacrée de
Maître parfait.
D. Quelle est cette parole ?
R. Jehovah, nom ineffable de la divinité.
D. Comment savés-vous cette parole ?
R. Parce qu’elle m’a été donnée.
D. Comment avés-vous été reçu maître parfait ?
R. La pointe d’un glaive sur le cœur, et un cordon
autour du cou.
D. Pourquoi ce glaive sur le cœur ?
R. Pour me rappeller que j’ai consenti dans mon
obligation, à être poignardé si je manquais à mon
serment.
D. Pourquoi le corde au cou ?
R. Pour m’enseigner que pour parvenir à la
maçonnerie et à la vertu, je devais endurer les plus
grandes humiliations.
Page 262 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

D. Combien avés-vous reçu de signes ?


R. Un par cinq.
D. Pourquoi un par cinq ?
R. Pour me rappeller les degrés par où j’ai passé.
D. Combien avés-vous d’attouchemens ?
R. Un par cinq.
D. Pourquoi ?
R. Pour me rappeller les cinq points de mon entrée.
D. Que signifient-ils ?
R. Les quatre voyages autour de la Loge, et la
cérémonie de ma réception.
D. Qu’avés-vous vû en entrant ?
R. La tombe de hiram-abi.
D. Pourquoi est-elle située dans le nord du sanctuaire ?
R. Pour m’enseigner que l’homme doit être discret,
pour être digne d’y entrer.
D. Que signifie cette corde qui est autour du tombeau,
et qui est étendue dans la Loge ?
R. Elle représente les cordes dont les frères se servirent
pour relever le corps de hiram-abi, et le mettre
dans le cercueil. On nous apprend qu’elles étaient
vertes.
D. A-t-elle quelqu’autre signification ?
R. Elle signifie aussi que nous avons rompu tous
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 263

les liens qui nous attachaient au vice.


D. Qu’avés-vous appris en entrant ?
R. J’ai appris à régler mes pas, en passant de l’app\
au compagnon et au maître, et à croiser les deux
colonnes.
D. Pourquoi cela ?
R. Pour rappeller à ma mémoire qu’il faut passer
par ces degrés pour parvenir au Maître parfait.
D. N’est-il point d’autre mystère sous cet emblême ?
R. Il nous apprend aussi à reconnaître que nous ne
pouvons atteindre le saint des saints que par la pureté
de nos mœurs, par la droiture et par la discrétion
qui nous ont été recommandées dans nos premiers
grades.
D. Pourquoi entrer dans le saint des saints ?
R. Parce que c’est le chemin de la vertu.
D. De quelle couleur est votre loge ?
R. Elle est verte.
D. Pourquoi ?
R. Pour me montrer qu’étant mort au vice, je dois
renaître à la vertu, et par ce moyen atteindre au
dernier degré de la perfection, faire des progrès dans la
science sublime que j’espère pouvoir acquérir un jour.
D. Qui vous a communiqué la science ?
Page 264 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

R. Dieu seul, à qui il appartient de tout connaître.


D. Que signifient les deux pyramides qui sont sur
votre tableau ?
R. L’égypte, où les sciences prirent d’abord naissance.
D. Que signifie votre bijou ?
R. Qu’un Maître parfait doit toujours agir avec
mesure, et être attentif à ne faire que ce qui est juste.
D. Quel était le nom du premier maître des app\ ?
R. Il se nommait Booz, il était de la tribu de
Juda, et de la famille de David. Il était fort aimé
et très estimé de Salomon, qui, pour lui témoigner
son attachement, lui dédia et appella de son nom
la première colonne placée à gauche, ou les
apprentis allaient recevoir leur salaire.
D. Quel était le nom de celui des compagnons ?
R. Il se nommait Jachin ( Jakin ) et Salomon
lui fit l’honneur de donner son nom à la première
colonne placée à droite.
D. Comment s’appellait le Maître ?
R. Son nom était Moabon (*) C’était un homme
vertueux, pour lequel Salomon avait la plus haute
estime. C’était un de ses principaux intendans,

(*) Ce nom n’est-il pas une erreur ? cette explication désignerait plutôt Adoniram.  97

97. Remarque étonnante de la part d’un « rituéliste » aguerri comme Vuillaume ; ces
noms correspondent à la suite des mots sacrés des trois premiers degrés ; cette instruction est
identique dans les versions Quesada, Kloss et Pyron.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 265

l’ami intime de hiram-abi ; ce qui porta Salomon


à l’envoyer à la recherche du corps de son ami, après
que les premières perquisitions avaient été inutiles.
Salomon éxigea de lui trois choses ; la première
était de rapporter hiram mort, ou de le ramener vif ;
la seconde de rapporter aussi son bijou ; et la troisième,
de faire tous ses efforts pour découvrir les auteurs
de cet horrible meurtre.
D. Moabon accomplit-il ces trois choses ?
R. Non, il ne put exécuter que les deux premières.
D. Expliqués-moi cela ?
R. Moabon, accompagné de quinze maîtres, qui
avaient été choisis pour aller à la recherche, fut
d’abord vers le temple, où voyant le sang qui avait
été répandu en divers endroits, et particulièrement
vers un puits placé dans la partie septentrionale,
en conclut de suite que hiram avait été tué en ce lieu,
et ensuite jetté dans le puits. Un météore lumineux
paraissait sur le puits, et le confirmait dans ses
conjectures. Encouragé par ce phénomène, il
travailla, avec ses compagnons, à mettre le puits à
sec ; cela fait, il descendit dans le fond ; mais il n’y
trouva point, comme il l’espérait, le corps de hiram.
Il fut cependant assés heureux pour y découvrir le
Page 266 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

bijou de Maître, qui était en tout semblable à ceux


des autres maîtres ; d’où il paraissait juste de
conclure que lorsqu’il fut attaqué par les meurtriers,
hiram avait eû la précaution de jetter son bijou dans
le puits, afin qu’il ne tombât pas entre leurs mains.
Moabon remercia le ciel, et conjointement
avec ses associés, il offrit des vœux et adressa des
remerciemens au grand architecte de l’univers,
d’un succès aussi signalé. Après cela, il se mit
en devoir d’accomplir les ordres qui lui avaient
été donnés. Toujours précédé par le même
météore, il fut conduit sur un monticule, entre
Lida  98 et Joppé, où il résolut de prendre un moment
de repos.
Ce fut alors que le f\ Stolkin découvrit
le corps de notre respectable maître hiram-abi,
ainsi que vous l’avés vû dans le grade de Maître.
Mais il ne fut pas donné à Moabon d’en
découvrir les meurtriers.

L’instruction étant terminée, le trois fois puissant


respectable maître ferme la Loge comme on l’a vû
ci-devant, page  99

98. Ce nom de ville devrait être écrit ici « Lydda » (voir la version du manuscrit Kloss),
transcription du grec luvdda, pour le nom hébreu dol = lôḏ, ville du centre d’Israël. Quant à
Joppé (nom utilisé dans les Évangiles), cette ville est plus connue sous le nom de Jaffa.
99. Le scripteur a oublié ici le numéro de page pour le renvoi, comme pour le degré
de Maître Secret ; cela laisse penser que la numérotation des folios a été réalisée après le
rédaction complète des textes.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, décembre 2019. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 267
Le verso de cette page, numéroté 268, est vierge.

Maître parfait.

{
Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

6 e. degré

Secrétaire intime.   1er. signe.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 269

Sécrétaire intime
ou Maître par curiosité.

{ 6 e. Degré.

Décoration de la Loge.

Le lieu où se tient la Loge est la salle d’audience des


Maîtres dans le palais de Salomon ; cette salle est tendue
de noir ; la tenture est parsemée de larmes blanches.
Elle est éclairée par vingt sept lumières, placées sur trois
chandeliers à neuf branches.
Il n’y a point de trône, une table est placée à peu
près vers le centre, plus éloignée de la porte que du fond
de la salle ; deux fauteuils sont placés à droite et à gauche.
Page 270 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Sur la table, sont deux épées en croix, et un rouleau de


papier ou de parchemin.
Les trois chandeliers portent chacun une des trois
lettres E. W S.  100

Titres.

Cette Loge n’a que quatre Officiers, dont deux


sont chefs égaux. Le premier représente Salomon,
et le second, hiram roi de Tyr ; ils se placent de
chaque côté de la table sur les fauteuils qui ont été
préparés.
Il y a ensuite un Capitaine des gardes, nommé
à chaque tenue par Salomon, entre tous les frères de
la Loge.
Ce Capitaine des gardes a un lieutenant, qui est
ordinairement le dernier frère reçu, et remplit les fonctions
de Sécrétaire.
Dans la réception, il n’y a dans la Loge que les
deux chefs, le surplus des frères représente la garde du
roi salomon, et se tient dans le premier appartement.

100. Le manuscrit Kloss donne la même description, mais pas les manuscrits
Quesada et Pyron. En l’absence d’autre précision, ces lettres semblent correspondre aux
points cardinaux : Est (East), Ouest (West) et Sud (South). La source qui le confirme est le
rituel de Secrétaire Intime du manuscrit Francken de 1771 (Latomia 087-o-e) : « [...] placed in
the same manner as the 3 lights in a symbolic Lodge, East, West and South [...] », p. 52.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

Planche 13 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 271

Habillement

Salomon et hiram sont vêtus d’une robe bleue,


avec un manteau royal de même couleur, doublé
d’hermine ; ils ont la tête ceinte d’un bandeau royal.
Les gardes portent un cordon cramoisi, en sautoir,
au bas duquel est suspendu le bijou, composé de trois
triangles les uns dans les autres.
Tablier blanc, doublé et bordé de rouge ; sur la
bavette est un triangle en or, peint ou brodé.

Tableau de la Loge.

Le tableau de cette Loge représente l’intérieur de


la salle où était le tombeau de hiram-abi.
Ce tombeau est en marbre blanc et noir, élevé
sur une estrade de sept marches ; le fond est une draperie
Page 272 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

noire, parsemée de larmes blanches.


Au dessus du tombeau est une urne cinéraire,
traversée d’un glaive.
Sur le tombeau est une tête de mort avec deux
os en sautoir. Sur le devant, sont les lettres A. P. P.  101
Au dessus du tombeau, mais détachée, est l’étoile
flamboyante, rayonnant de lumière ; dans le centre
de l’étoile est la lettre J.
Un grand nuage est dans le haut du tableau ;
dans un espace que laisse à découvert le nuage, tout en
haut, on apperçoit une fénêtre, et le commencement
de la voûte d’un édifice, qui est la voûte du temple.

101. Ce sont les lettres initiales des mots Alliance, Promesse et Perfection,
« traductions » de Berith, Neder et Shelemoth, comme indiqué à la page 278 du manuscrit.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 273

Ouverture.

{
Salomon frappe, du pommeau de son épée, vingt
sept coups, par trois fois neuf :                      – !
Hiram en fait autant.
Tous les frères plient le genou, ayant les mains
croisées, de manière à ce que les deux pouces touchent au
front ; ils disent à vois basse : Jah ! Jah ! Jah ! (ou
selon quelques cahiers : - Jehovah ! par trois fois répété. C’est le même mot,
pour la signification.)
Après cela, ils se relèvent, et tirent leur glaive.
Salomon nomme alors un des frères pour remplir
les fonctions de Capitaine des gardes, ensuite il dit :
Je vous recommande de vous comporter avec décence, et
d’avoir le plus grand soin de la sûreté de la salle d’audience ;
d’écarter tous ceux qui voudraient en approcher !
Après cet ordre, tous les frères sortent, lorsqu’il doit
y avoir réception, et ils se tiennent dans la première salle,
sur deux lignes, de chacun des côtés de la porte.
Page 274 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Clôture.

{
Salomon et hiram se lèvent.
Salomon frappe un coup de son épée sur la table et dit :
Johaben, quelle heure est-il ?
Réponse : - « Grand roi ! il est neuf heures.
Salom.
Puisqu’il est neuf heures, et que mes affaires avec le roi
de Tyr, mon frère, sont terminées, il est tems de nous retirer !
Il frappe ensuite du pommeau de son épée vingt sept
coups, comme pour l’ouverture, et dit :
Gardes ! retirés-vous, la Loge est fermée !
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 275

Réception.

{
Après l’ouverture de la Loge, les gardes s’étant
retirés, Salomon et hiram, roi de tyr, restent seuls.
Le Récipiendaire est dans l’antichambre. Le capitaine
des gardes lui ôte son chapeau, son tablier, ses gants, son
épée et son cordon de Maître parfait.
Il le place ensuite à l’entrée de la porte de la salle
d’audience, qui a été laissée entr’ouverte à dessein, et le
laisse là, sous prétexte d’aller voir si tout est en ordre.
Les gardes faisant quelque bruit à la porte, le roi
de tyr tourne la tête de ce côté, il apperçoit le Récip re.
Il lève les yeux au ciel et s’écrie :
« Quelqu’un nous écoute !
Salomon dit :
Cela ne peut être ! puisque mes gardes sont à la porte !
hiram, sans répliquer, se lève et saisissant le
curieux par la main, le traîne dans la salle, en disant à
Salomon :
« Le voilà !
Page 276 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Salom\
Que ferons-nous de lui ?
hiram, en mettant la main sur la garde de son
épée, dit :
« Il faut le tuer !
Salomon alors quitte sa place, arrête la main de
hiram, et dit :
Un moment, mon frère !
Au même instant, il frappe un grand coup sur la
table ; le capitaine des gardes, suivi de cinq ou six des
siens, entre dans la salle ; ils saluent les deux rois.
Sal\
Assurés-vous de cet homme coupable, pour me le
remettre quand je vous le demanderai ! Vous me répondés
de lui !
Les gardes se retirent avec le prisonnier.
Salomon et hiram restent ensuite seuls pendant
quelques instans ; ils s’entretiennent bas et paisiblement.
Ensuite Salomon frappe un grand coup sur la
table, et les gardes ramènent au milieu d’eux le Récip re.
et le conduisent au pied du trône de Salomon.
Tous les gardes se rangent et s’asseyent autour
de la salle, et Salomon parle ainsi :
J’ai intercédé, par mon intimité avec le roi de tyr,
mon allié, en votre faveur, lorsque, par votre curiosité, vous
l’avés offensé, et qu’il avait prononcé sur vous une sentence
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le verso de la feuille est vierge.)

Planche 14 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 277

de mort !
Non seulement j’ai obtenu votre pardon, mais encore
son consentement pour que vous soyés admis comme sécrétaire
intime, en considération de notre nouvelle alliance.
Vous sentés-vous capable de garder un secret inviolable
sur toutes les choses que nous voudrons vous découvrir, et
consentés-vous à en faire le serment de la manière la plus
solemnelle ?
Le Récipiendaire repond : – « Je le jure, et j’y consens.
Salomon alors le fait agenouiller, et étendre la
main sur la bible ; en cette posture, le Récipiendaire
prête l’obligation suivante :

Obligation.

Je jure et promets, en présence du grand architecte


de l’univers, et de cette respectable assemblée, de ne
jamais révéler, ni directement, ni indirectement, à qui
que ce soit, ce qui va m’être communiqué sur le
grade de sécrétaire intime, pas même à un maçon
d’un grade inférieur. Je promets aussi d’obéir
strictement aux ordres qui me seront donnés par
cette Loge, et d’observer éxactement, autant qu’il sera
en mon pouvoir, ses lois et constitutions. Je jure
et promets d’avoir toujours la plus grande soumission
et le plus profond respect pour les sentences et les
Page 278 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Decrets du grand conseil des princes de Jérusalem ;


sous peine d’avoir mon corps desséché, mes entrailles
déchirées, et le tout jetté aux bêtes féroces, pour leur
servir de pâture !
Dieu m’aide à persévérer dans mon serment !
Amen !

Salomon, après avoir reçu l’obligation du Récip re.


lui donne l’explication du tableau, en ces termes :
Sal\
La fenêtre que vous voyés dans un nuage, représente
la voûte du temple.
Dans l’étoile flamboyante est la lettre J. initiale du
nom du grand architecte de l’univers.
Les larmes, et le mausolée représentent la salle
d’audience des Maîtres dans le palais, qui est tendue en noir,
et où Salomon allait gémir sur la perte de hiram-abi, et
dans laquelle il se trouvait, lorsque hiram, roi de tyr, vint le
visiter.
La lettre A, qui est sur le mausolée, signifie, alliance ;
le premier P. signifie promesse ; et le second P, perfection.
– Je vous reçois, mon frère, sécrétaire intime ;
promettés-moi d’être franc, et fidèle à l’Ordre dans lequel
vous venés d’entrer, comme l’était le grand homme que vous
venés remplacer !
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 279

La couleur de ce ruban dont je vous décore, doit


rappeller à votre souvenir les coups que portèrent et donnèrent
les assassins, et le sang que hiram aima mieux laisser
répandre, plutôt que de révéler les secrets de la franc-
maçonnerie.
Nous espérons, mon cher frère, que votre fidélité sera
inébranlable, et à toute épreuve !
L’épée dont nous vous armons servira à vous défendre
contre les lâches qui voudraient surprendre de vous ce
que nous allons vous apprendre.
Cette allocution finie, Salomon donne au Récip re.
les signes, mots et attouchement du grade.

Signes.
1°. Porter la main droite à l’épaule gauche, et la
ramener transversalement à la hanche droite, en dessinant
le baudrier.
2°. Croiser les bras, ensuite joindre les mains, et les
laisser retomber du côté de l’épée, en levant les yeux au ciel.
Attouchement
Se prendre mutuellement la main droite et la retourner ;
le premier dit : Berith ; le second remettant la main dans
sa première position, dit : Neder ; le premier recommence
la mouvement, en disant : Schelemoth. (*) ce qui signifie :

(*) heb. tyr1 b 4 < berith,foedus ; rd3 n @ neder,votum ; toml2 D R


Page 280 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

« alliance, promesse, perfection.


Batterie
Vingt sept coups, que l’on peut réduire à neuf, comme
suit :                      – !
Mot de passe
Johaben (*) qui est le nom donné au Récipiendaire,
qui représente le Maître curieux.
On repond : Zerbal, qui est le nom donné au
Capitaine des gardes.
Mot sacré.
Iah, ou Ivah, par syncope, pour Jehovah.
Après cette instruction, on donne le discours
historique qui suit.

schlemoth,  102 integrae. Quelques uns voulant donner à ces trois mots une
liaison, traduisent : vœu d’une alliance parfaite, ou complète.  103
(*) heb. Nb3<joh-y! Jahoben, filius dei. On devrait donc dire Jahoben,
mais l’usage a consacré Johaben.

102. Le scripteur a manifestement oublié un « e » : c’est « Schelemoth ».


103. Dans la mesure où « schelemoth » est un adjectif au féminin pluriel, on peut
effectivement se poser la question d’une phrase : Ml2D} = s̆ ạlem = parfait, hm=l2DR = s̆ ĕlemạ̈
= parfaite,toml2DR = s̆ ĕlemôṯ = parfaites. Si « berith » est féminin, « neder » est lui masculin ;
alors quelle phrase ? « Schelemoth » n’est présent que deux fois dans la bible (Deuteronome
27:6 et Josué 8:31), pour qualifier les pierres devant servir à la construction de l’autel ; la
traduction habituelle est « pierres brutes ou intactes ou non taillées » (pierres que le fer n’a pas
touché), ce qui est bien le sens premier du latin « integer », « parfait » étant un sens dérivé.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 281

Discours historique.

{
Salomon, en exécution du traité que ses ambassadeurs
avaient fait avec le roi de Tyr, devait lui donner en
compensation des matériaux qu’on avait pris sur le mont
Liban et dans les carrières de Tyr, vingt villes de la
Galilée, que l’on devait livrer à ce roi lorsque le temple
serait complétement achevé ; ainsi qu’une certain
quantité de mesures d’huile, de miel et de bled  104, dont
hiram avait déjà reçu une partie.
Le roi de Tyr alla voir les villes qui lui étaient
destinées ; mais elles ne lui plurent point, et il les appella
terres de chaboul (*) parce qu’il s’apperçut qu’elles lui
seraient plutôt à charge par la dépense qu’elles éxigeraient,
qu’elles ne lui seraient utiles. Il résolut en conséquence
d’aller trouver Salomon pour lui en faire ses plaintes.
En arrivant à Jerusalem, il fit son entrée au
milieu des gardes qui étaient dans la cour, et s’en fut

(*) heb. lVbk=< Xr3a3 terra arenosa, seu, terra in qua pedes ob lutum
vel arenam ceu compedibus irretiuntur  105.

104. Ancienne orthographe du mot « blé », courante au xviiie siècle (cf. Dictionnaire
de Trévoux, 6e édition, 1771) et encore présente au début du xixe siècle. On retrouve cette
orthographe au même endroit dans les manuscrits Pyron et Quesada.
105. Cette anecdote du discours historique ainsi que les mots en hébreu (= ẹrẹẕ
kạvûl) sont directement puisés dans la Bible : 1 Rois 9:13. L’explication en latin de Vuillaume
est recopiée mot à mot à partir du Dictionnaire Hébraïque de Sebastian Münster publié en
1539 (à l’entrée hb=k=<
) : « pays aride ; c’est une région dans laquelle les pieds, à cause de
la boue ou du sable, sont comme enserrés par des entraves » (merci à Paul Ninin pour cette
élégante traduction).
Page 282 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

directement dans l’appartement de Salomon, qu’il trouva


gémissant sur la perte de hiram-abi. Le roi de Tyr
entra si hardiment, qu’un des favoris de Salomon,
nommé Johaben, craignant qu’il n’eût quelque dessein
pernicieux contre Salomon, le suivit et entr’ouvrit la
porte pour écouter.
Le roi de Tyr l’ayant apperçu s’écria : « ô ciel !
« on nous écoute ! » Il courut immédiatement à la
porte, se saisit du curieux, l’entraîna dans la chambre
en disant : « le voilà ! qu’en ferons nous ? » Le roi de
Tyr porta aussitôt la main à la garde de son épée. Mais
Salomon lui retenant le bras, lui dit : « attendés, mon
« frere ! » Il frappa fortement sur la table : à ce bruit,
les gardes entrèrent dans la chambre, se saisirent de
Johaben, et en répondirent au roi.
Salomon seul avec hiram, lui parla en ces
termes : « Johaben, mon plus grand favori, est celui
« des hommes de ma cour qui m’est le plus fidèlement
« attaché ; je suis parfaitement convaincu de son zèle,
« et que ce qu’il a fait était pour ma sûreté ! L’altération
« qu’il a apperçu sur votre visage, en vous voyant
« traverser la cour, est la seule cause de sa curiosité.
« Je vous prie donc de révoquer la sentence que vous avés
« prononcée ; je réponds de sa discrétion !
hiram cédant à l’intercession de Salomon, consentit
à tout
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 283

à tout ce que ce dernier desirait ; et avant de se séparer,


ils renouvellèrent leur premier traité. Ils firent et
signèrent une alliance offensive et défensive, qui fut
inaltérable.
Ils traitèrent aussi de plusieurs autres affaires, dans
lesquelles ils employèrent Johaben, qui devint leur
sécrétaire intime.

Après ce discours, on fait l’instruction, comme


suit.
Page 284 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Instruction.

{
Demande. Etes-vous sécrétaire intime ?
Reponse. (En levant les yeux) Je le suis !
D. Comment avés-vous été reçu ?
R. Par curiosité.
D. Quels dangers avés-vous courus ?
R. Celui de perdre la vie.
D. Qu’a-t-on fait de vous, après vous avoir surpris ?
R. On m’a mis entre les mains des gardes, et j’ai
reçu une sentence de mort.
D. Ces gardes étaient-ils sécrétaires intimes, ou maîtres
secrets ?
R. Ils étaient sécrétaires intimes ; mais je l’ignorais
alors.
D. Comment échapâtes-vous au danger que vous couriés ?
R. Par l’intercession de Salomon.
D. Ne fites-vous rien pour cela ?
R. Ma fermeté et ma stabilité prouvaient que j’avais
été initié dans les trois premiers grades.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 285

D. Quel est votre mot de passe ?


R. Johaben ou Zerbal.
D. Qu’entendés-vous par Johaben ou Zerbal ?
R. Johabin était le nom du capitaine des gardes qui
écoutait à la porte, et Zerbal était celui de service.
D. Quel est votre mot sacré ?
R. Jah ! l’un des nom de Dieu.
D. Qu’étiés-vous avant d’être sécrétaire intime ?
R. J’étais favori de Salomon.
D. Combien de villes avait-on données au roi de Tyr,
en compensation des matériaux qu’il avait fournis pour
la construction du temple ?
R. Vingt.
D. Où avés-vous été reçu ?
R. Dans l’appartement de Salomon, tendu de noir,
et éclairé de vingt sept lumières.
D. Pourquoi cette Loge est-elle éclairée de vingt sept
lumières ?
R. Elles représentent les vingt sept chandeliers que
Salomon fit faire pour l’usage du temple.
D. Que représente la grande porte ?
R. La porte du palais de Salomon.
D. Que signifie le triple triangle attaché à votre cordon ?
R. Les trois vertus théologales ; la foi, l’éspérance,
Page 286 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, janvier 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Les deux pages suivantes, numérotées 287 et 288, sont vierges.)

et la charité. On peut encore lui donner cette


interprétation : il représente Salomon, hiram
roi de Tyr, et hiram-abi.
D. Quel âge avés-vous ?
R. Vingt sept ans.

Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

7 e. degré

Prevôt et Juge.    Ordre


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 289

Prévôt et Juge.
ou Maître irlandais.

{ 7e Degré.

Décoration de la Loge.
Le loge est tendue en rouge.
Elle est éclairée par cinq grandes lumières ; une
à chacun des points cardinaux, et une au milieu.
Le dais du trône est bleu, parsemé d’étoiles en or.
Au fond est un rideau qui couvre les objets décrits ci-après.
Tîtres
Le président de la Loge prend le titre de Trois
fois illustre. Il y a deux surveillans, qui sont
Page 290 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

nommés Illustres frères.


Le trois fois illustre, représente Tito (*) prince des
harodim (**) le plus ancien des Prévôts et Juges, grand
surveillant et inspecteur des trois cent architectes qui étaient
destinés à donner les plans aux ouvriers.

Habillement
Tablier blanc, bordé de rouge ; une poche au milieu,
fermée par une rosette rouge et blanche. Sur la bavette,
est peinte ou brodée une clef en or. La poche est destinée
à garder les clefs du coffre à renfermer les plans.
Cordon cramoisi, porté en sautoir, au bas duquel
prend, pour bijou, une clef en or.

(*) Ce nom n’est pas hébraïque  106, et le personnage n’est point désigné dans
la bible. Des maçons instruits pensent que c’est une corruption d’Achitob,
boeyc1a  107
8 okhitob, frater bonitatis, et cette conjecture ne parait pas être
sans fondement.
(**) heb. Myd1Orh= praesidentes. C’est ainsi que l’on nommait les
trois mille six cent chefs ou préfets que Salomon avait établis sur les
ouvriers du temple. (Paral.  108 2 ch. 2 v. 17 et 18) Dans la maçonnerie,
Tito, ou plutôt Achitob en est regardé comme le prince, ou chef.

106. Cette affirmation de Vuillaume est probablement à nuancer, même si elle a été
reprise par de nombreux auteurs, comme Michel Saint-Gall ; on ne peut passer sous silence
l’approche de Claude Guérillot (Le Rite de Perfection, Paris, Trédaniel, 2007, p. 449) qui
voit dans Tito le substantif hébreux oeye1 = ṭîṭô = son argile. En liaison symbolique avec
« harodim », il ,pourrait signifier « celui qui domine son argile » et donc ses pulsions.
107. L’orthographe exacte est bVeyc1a7 = ăḥîṭûv , nom présent dix fois dans la Bible.
108. Paralipomènes (terme utilisé dans la Septante), plus connus actuellement sous
le nom de « Chroniques ». La référence à ces versets est erronée. Myd1Orh= = hạroḏîm est
dérivé de la racine verbale hdr Myd1Or
(dominer), dont le participe pluriel est = roḏîm et qui,
précédé de l’article, signifie « ceux qui avaient autorité » (sur le peuple). En plus de 2 Chr. 8:10,
on le trouve aussi dans 1 Rois 5:30 et 9:23.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée)

Planche 15 e.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée)

Planche 16 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 291

Tableau de la Loge

Ce tableau est placé dans le fond de la Loge et


caché par un rideau qui n’est levé que dans le cours de
la réception.
Il représente un coffret en ébène, couvert de
plaques et d’ornemens en or ; c’est celui qui servait à
renfermer les plans et les desseins lors de la construction
du Temple.
Au dessus du coffret, est une balance.
Et dans le haut du tableau est un triangle radieux
dans lequel est inscrite la lettre G.

Signes alphabétiques.
Page 292 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Ouverture de la Loge.

{
Le trois fois illustre frappe un coup, et dit :
Illustre frère premier Surveillant ! sommes-nous
à couvert ?
Reponse : « Trois fois illustre ! nous le sommes.
T\ f\ Ill\
Où est placé votre maître ?
R. « Partout.
T\ f\ Ill\
Pourquoi cela ?
R. « Pour veiller à la conduite de l’ouvrage,
« précéder les ouvriers, et rendre justice à chacun d’eux.
T\ f\ Ill\
Quelle heure est-il ?
R. « Le point du jour, 8. heures, 2 et 7.  109
Alors le trois fois illustre frappe cinq coups :          – !
ce qui représente les cinq lumières, et dit :
Puisqu’il est la huitième heure, 2 et 7. il est tems de
commencer à travailler !

109. Claude Guérillot (La Rose Maçonnique, T1, p. 276-277, Paris, Trédaniel, 1995)
donne une explication à ce comput particulier, présent dès les plus anciennes versions de ce
degré : Il propose de faire la correspondance entre les chiffres des heures indiquées et les lettres
cb z
de l’alphabet hébreu ; 8, 2 et 7 seraient ainsi les notations des lettres ḥeth, beth et zayin, ( , et )
formant le mot cb-z# = zẹvaḥ, signifiant à la fois « sacrifice » et « victime du sacrifice ». Le Prévôt et
Juge travaillerait donc à l’heure du sacrifice, expression à mettre en relation avec un autre symbole
utilisé dans ce degré, les lettres IHS (cf. Instruction, p. 301) et montrant le substrat profondément
chrétien de ce degré, le sacrifice d’Hiram rappelant celui du Christ.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 293

Tous les frères repètent : « il est tems de commencer


« à travailler ! et ensuite ils font le signe, et la batterie.
T\ f\ Ill\
La loge est ouverte !

Clôture.

{
Quel âge avés-vous ?
Le T\ f\ Ill\

Rep – « Vingt et un ans


Le T\ f\ Ill\
D’où venés-vous ?
Rep – « Je vais et je viens partout.
Le T\ f\ Ill\
Quelle heure est-il ?
Rep – « Le point du jour, 8 heures 2 et 7.
Le T\ f\ Ill\
Comment cela ?
Rep. « Parce qu’un Prévôt et Juge doit être prêt
« à toute heure pour rendre la justice.

Après cette reponse le trois fois illustre frappe cinq


coups dans les mains avec les frères, et dit :
Mes frères ! la loge est fermée, allons nous reposer !
Page 294 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Réception.

{
Le Maître des cérémonies se rend dans la salle des pas
perdus, où il trouve le Candidat. Il le conduit à la porte de la
Loge, où il frappe cinq coups, qui sont répétés de l’intérieur par
les surveillans et par le trois fois illustre.
Le T\ f\ Ill\ dit :
Frere terrible ! voyés qui frappe ainsi à la porte du temple !
Après y avoir vû, le f\ terrible rapporte la reponse
que lui a faite le M e. des cérémonies :
« C’est le f\ N. qui demande à passer au grade de
« Prévôt et Juge.
Cette réponse est transmise au Trois fois illustre dans la
forme ordinaire.
Le T\ f\ Ill\
Que l’on introduise le Candidat !
On ouvre la porte, et l’on introduit le M e. des cerémonies
accompagné du Récipiendaire ; ils sont arrêtés entre les deux
surveillans, et la porte se referme.
Le premier surveillant quitte son siège, et vient saisir
le Récipiendaire
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 295

le Récipiendaire par la main gauche ; il lui ordonne de se


mettre à genoux, en disant : « Chivi ! (Kivi) (*) » Ensuite il
lui pose l’épée nue sur l’épaule droite, et après un moment
de silence, le trois fois illustre dit :
Ki ! (**)
Alors le premier surveillant relève le Récipiendaire, et
lui fait faire sept voyages autour de la Loge ; à chacun
des voyages, il lui fait faire le signe de l’un des grades
précédens, en commençant par celui d’apprenti. Au
septième voyage, le Récipiendaire est arrêté devant l’autel,
et le trois fois illustre lui parle ainsi :
C’est avec beaucoup de joie que je vous récompense de votre
zèle et de votre attachement pour le maître des maîtres, et que je
vais vous appointer Prévôt et Juge ! nous sommes convaincus
de votre discrétion, nous allons, sans hésiter, vous confier le plus
important secret !
Remplissés les devoirs du grade auquel nous vous élevons,
comme vous avés rempli ceux des degrés précédens !
Je vais vous confier la clef des lieux où sont placés le corps
et le cœur de notre respectable maître hiram-abi. Assurés-nous
que vous ne découvrirés jamais le lieu de ce dépôt ! –
(On lève dans ce moment le rideau qui couvrait le tableau.)
Agenouillés-vous ! et prononcés avec moi l’obligation que
je vais vous dicter !
  (*) (**) Voyés les deux notes à l’instruction ci-après.
Page 296 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Obligation
Je jure et promets devant le grand architecte
de l’univers, et les illustres frères ici présens, de ne
jamais révéler aucunes des choses qui concernent le
grade de Prevôt et Juge, ni directement ni indirectement,
à toute personne qui ne posséderait pas ce grade. Je
promets d’être juste et équitable envers tous, puisque
je suis établi par cette respectable loge pour rendre la
justice. Je promets encore d’obéir strictement aux
ordres et aux mandats du grand conseil des princes
de Jérusalem, et de régler ma conduite sur ce qu’ils
me prescriront. Et ce, sous les peines auxquelles
je me suis soumis par mes premières obligations !
Ainsi, Dieu me maintienne dans l’équité et
la justice !
Amen, amen, amen, amen, amen !

Le trois fois illustre fait relever le Récipiendaire ; il


lui pose les mains sur les épaules, et dit :
En vertu des pouvoirs qui me sont confiés, et du titre
dont je suis revêtu, je vous constitue Prévôt et Juge de tous
les travaux et de tous les ouvriers du temple !
Je vous décore, en cette qualité, d’une clef d’or que vous
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 297

porterés à un ruban rouge mis en sautoir !

Le trois fois illustre donne ensuite au Récipiendaire,


les signes, mots et attouchement.
Signes
Porter les deux premiers doigts de la main droite le long
de la joue, à côté du nez ; en réponse ; porter sur le bout du
nez l’index de la main droite, et le pouce sous le menton, en
forme d’équerre.
Attouchement
S’enlacer réciproquement le petit doigt de la main
droite avec l’index, et se donner cinq coups legers dans la
paume de la main.
Mot de passe
Tito. (V. la note sur ce mot page  110 )
Mot sacré
Jakinaï (*)
Grande parole
Izarias, Jehovah, hiram, Schoulkain, Ghematar,
Zanhour. (**)

(*) Pluriel de Jachin  111. Il est des personnes qui pensent que l’on doit lire : yh1a=jNk1y+
Jachin-ahi, qui voudrait dire préparation divine. Cela ne parait pas sans fondement.
(**) Ces mots sont grandement altérés dans presque tous les cahiers répandus.

110. L’oubli de la référence (c’est la page 290) montre que la numérotation des pages
a été effectuée une fois le manuscrit achevé.
111. Ce n’est pas l’avis de Michaël Segall (Dictionnaire maçonnique..., 2e éd., p. 381)
qui donne « Jechinim » comme pluriel. On peut cependant penser à un pluriel de majesté
yn+k1y+
( = yạḵinạy) sur le modèle de « Adonaï » ( yn+Oda7
) et « Elohaï » ( yh=Ola6
), la voyelle « a »
(quames) ayant un rôle emphatique et la valeur du suffixe possessif « i » étant pratiquement
effacée. (Paul Joüon, Grammaire de l’hébreu biblique, 136d).
Page 298 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Batterie
Cinq coups, par quatre et un :          – !
Tems pour le travail
Le point du jour, huit heures, deux et sept.

Après cette instruction le trois fois illustre envoye le


nouveau Prévôt et Juge aux surveillans, pour se faire reconnaître
par les signes, mots et attouchement.
Cela étant terminé, il est ramené près du trois fois illustre,
qui le proclame et fait applaudir à sa réception.
Ensuite, il invite toute la Loge à prêter attention pour
entendre l’instruction.

parmi les maçons, il en est qui disent : Geometros, Xincheu, Yzérie, Ivah, hiram,

et Stolkin ; d’autres disent : Isarias, Jehovah, hiram, Stolkin, géomêtres architectes &a.

Isarias (heb.) hy+jcr=z$y! ) Izrakh-iah, orietur dominus.  112


Jehovah, hiram (on a déjà vû la signification de ces mots.

Schoul-Kain au lieu de Stolkin partout où on le trouve. (heb. Ny!q-jlVD )


   fimbria possessionis.  113

Ghematar (heb. re=m=jhc-g@< Ghekha matar) pluvia sanitatis  114


Zanhour (heb. rVcjNi-x= Tsagan-khour) transtulit ingenuum.  115

112. « Le Seigneur se lèvera », 1 Chroniques, 7:3. L’orthographe exacte en hébreu


est : hy+c4r-z$y! = yizraḥyạ̈.
113. « le bout [pan, frange, extrémité ?] de la possession ». Il est difficile de
comprendre le sens des deux mots latins utilisés par Vuillaume ; si le premier mot hébreu
lVD
( = s̆ ûl) désigne bien le pan ou partie inférieure d’un vêtement (Ex. 28:33 ; Es. 6:1), le
second n’a jamais signifié « possession », traduction que l’on retrouve aussi indiquée par
Delaulnaye. Ny!q-
= qayin a plutôt le sens de « ouvrier des métaux ». Au-delà de l’interprétation
de Vuillaume, il est intéressant de voir cette référence à Caïn dans l’étymologie de « Stolkin » ;
dans cette hypothèse, on serait en face d’un mot composé déformé : « Stol-Caïn », voire
« Shtol-Caïn » ou même « Shtof-Caïn » ( Ny!q- j PoeDR = s̆ ĕṭôf-qayin). La racine PeD
signifie
« couler à torrents » et métaphoriquement « rapidité » une fois vocalisé (Targum sur Jérémie).
On expliquerait ainsi aussi bien le sens traditionnel d’eau courante donné à « Stolkin » qu’un
nom métaphorique donné à un des Frères partis à la recherche des meurtriers, « l’ouvrier-
rapide ».
114. « pluie de santé [de bon sens ?] » Même difficulté que précédemment. Si
re=m= = mạṭạr signifie bien « pluie », hc-g@<
= ḡeḥah ne semble pas exister en hébreu sous
cette forme ; on a bien = ḡạḥạ̈, « tirer, extraire », mais sans rapport avec « santé »
hc=g+
115. « Il a transporté l’homme libre [la loyauté ?] ». Même difficulté de traduction car
les mots hébreux ne correspondent pas vraiment à la traduction latine de Vuillaume : rVc
= ḥûr
signifie « tenture blanche » et Ni-x=
= ẕạʿan signifie « charger [une tente sur un animal] ».
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 299

Instruction.

{
Demande. Etes-vous Prevôt et Juge ?
Réponse. Je rends la justice à tous les ouvriers sans
exception.
D. Comment avés-vous été introduit dans cette loge ?
R. Par cinq coups, dont quatre réunis et un séparé.
D. Que signifient ces cinq coups ?
R. Les quatre angles du temple, et son centre.
D. Qu’avés-vous trouvé en entrant dans la Loge ?
R. Un surveillant, qui m’a conduit à l’ouest.
D. Qu’a-t-il fait ensuite ?
R. Il m’a fait mettre le genou droit en terre, et m’a
fait prononcer : Chivi ! (*)
D. Qu’a répondu le trois fois illustre ?
R. Après un court intervale, il a répondu : Ki ! (**)
D. Que signifient ces paroles ?

(*) Mot heb. formé de tp-k2< ou tk- cath ou chephath, qui signifie
inclinare ; c’est donc à dire : chivi, je m’incline !
(**) Formé de ya2q- ou Mya1q- Kaïm ou Kae, stat, vel, surgit ad
  116
standum. Ki ! levés-vous !

116. Ces deux interprétations en hébreu de Vuillaume, présentes dans l’édition de


1820 du Tuileur (et ses copies allemandes), mais supprimées dans l’édition de 1830, sont
à oublier depuis qu’il a été démontré que « Ki » et « Chivi » (ainsi que « Xincheu » et ses
variantes) sont en fait des mots chinois. Il sont tirés des coutumes funéraires de la Chine et
prononcés lors de l’hommage rituel rendu à un mort. (Désaguliers René et Dachez Roger, « La
pensée chinoise et la Franc-Maçonnerie au xviiie siècle : à propos du grade de Maître Irlandais,
Prévôt et Juge », Renaissance Traditionnelle, n° 96, octobre 1993). « Ki » signifie « se lever »,
« Civi » signifie « fléchissez le genou » et « Xincheu » signifie « siège de l’âme ».
Page 300 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

R. Chivi, veut dire : je me mets à genoux, et Ki,


veut dire : levés-vous !
D. Qu’a fait ensuite le trois fois illustre ?
R. Sur la bonne opinion qu’il avait de mon zèle, il m’a
constitué Prévôt et Juge.
D. Que vous a-t-il donné ?
R. Une clef d’or, qui est la marque distinctive de ce
grade ; ensuite les signes, paroles et l’attouchement.
D. Quel est l’usage de la clé ?
R. Elle sert à ouvrir un petit coffre d’ébène, dans lequel
sont déposés les plans nécessaires à la construction
du temple.
D. Que signifie encore cela ?
R. Cela désigne aussi que le Prévôt et Juge connait
le lieu où est déposé le cœur de notre respectable
maître hiram-abi.
D. Quel est le mot de passe ?
R. Tito.
D. Que signifie ce mot ?
R. C’est le nom du premier grand surveillant, prince
harodim, le plus ancien Prévôt et Juge, qui avait
l’inspection sur les 300 architectes du temple.
D. Qu’avès-vous apperçu en Loge ?
R. Un rideau, derrière lequel est suspendu un coffret
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 301

d’ébène enrichi de pierreries.


D. Qu’y avait-il dans ce coffret ?
R. Tous les dessins relatifs à la construction du
temple.
D. Qu’avés-vous vû encore ?
R. Un triangle, dans le milieu duquel était la lettre G.
D. Que signifie cette lettre ?
R. Que Dieu est le grand architecte de l’univers, et
qu’il a inspiré à David et à Salomon le dessein de lui
construire un temple.
D. Qu’y avait-il encore ?
R. Une balance.
D. Que signifie cette balance ?
R. Elle désigne l’exactitude que nous devons mettre à
remplir nos devoirs, et l’égalité qui doit éxister entre
tous les ouvriers.
D. Où repose le cœur de hiram-abi ?
R. Dans une urne d’or, placée sur le haut d’un
obélique.  117
D. Que signifient les lettres J. H. S. surmontées d’une
branche d’acacia ?
R. J. signifie Jehovah ; H. veut dire, hiram ; et S.
signifie Schoulkin. Ce dernier mot est le nom de
celui qui trouva le corps de hiram-bi, sous une branche
d’acacia qui avait été placée sur sa fosse, et servit à

117. Mis pour « obélisque ». Ce n’est peut-être pas une erreur ou un oubli de
Vuillaume. On trouve en effet le substantif obélique (sans s) dans des ouvrage imprimés des
xviiie et xixe siècle, avec la signification d’obélisque. Y avait-il alors confusion avec l’adjectif

obélique ?
Page 302 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

le faire décourvrir.
D. Dans quel lieu avés-vous été reçu ?
R. Dans la chambre du milieu.
D. Avés-vous fait quelqu’ouvrage remarquable, en
votre qualité de Prévôt et Juge ?
R. J’ai été employé à perfectionner le tombeau de
hiram-abi.
D. De quoi vous a décoré le trois fois illustre en vous
créant Prévôt et Juge ?
R. D’un tablier blanc, doublé et bordé de rouge cramoisi
au milieu duquel est une poche, avec une rosette rouge
et blanche.
D. Quel est l’usage de cette poche ?
R. C’est pour mettre en sûreté les plans déposés dans
les mains du plus ancien Prévôt et Juge, qui les porte
dans le temple pour être communiqués aux maîtres, et
prendre les proportions sur le pavé.
D. Que veut dire la rosette rouge et blanche ?
R. Le rouge rappelle le sang répandu par hiram-abi,
et le blanc est l’emblême de la candeur des Maîtres.
D. Quelle fut l’intention de Salomon en créant ce grade ?
R. Il le jugea nécessaire pour surveiller un aussi
grand nombre d’ouvriers que celui qui était occupé
à la construction du temple. Johaben, qui était
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 303

honoré de la confiance intime de Salomon, fut revêtu


de cette marque de distinction. D’abord, le monarque
créa Tito prince harodim, Abda et Adoniram, ses
fils, Prevots et juges. Il leur communiqua les plus
grands secrets, leur donna la clef du coffre d’ébène
qui renfermait les plans du temple. Ce coffre était
suspendu dans le saint des saints, sous un riche dais.
Ils eurent ordre d’initier Johaben dans ces mystères.
Lorsqu’il arriva dans le saint des saints, il fut saisi
d’admiration, et tombant à genoux, il prononça le
mot, Chivi ! Salomon le voyant prosterné, lui
répondit : Ki ! et lui donna une balance, en signe
de ses nouvelles fonctions et de l’augmentation de ses
connaissances.

Cette instruction terminée, le trois fois illustre ferme


la Loge comme on l’a vû plus haut, page  118

118. L’oubli de la référence (c’est la page 293) montre que la numérotation des pages
a été effectuée une fois le manuscrit achevé.
Page 304 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Les deux pages suivantes, numérotées 305 et 306, sont vierges.)

Prévôt et Juge.

{
Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

8 e. degré

Intendant des bâtimens.    1er. signe.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 307

Intendant des bâtimens


ou Maître en Israël.

{ 8 e. Degré.

Décoration de la Loge.
La loge est tendue en rouge.
Elle est éclairée par vingt sept lumières en trois groupes
disposés comme suit : l’un de cinq lumières placé devant
le second surveillant ; le second de sept, placé devant le
premier surveillant, et le troisième de quinze, placé devant
le président.
Le trône est bleu de ciel, parsemé d’étoiles en or.
Dans le fond du dais est un triangle radieux dans
Page 308 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

lequel est inscrit le grand nom de Dieu ( hvhy ) Jehovah.


Sur le côté du sud, vers l’ouest, est la mer d’airain,
ou bien elle est réprésentée sur un tableau.
A l’Est est le chandelier à sept branches.

Titres
Le président de la Loge représente Salomon, on lui
donne le titre de Trois fois puissant.
Le premier surveillant, représente Tito prince des
harodim ; il a le tître de Trois fois illustre inspecteur.
Le second surveillant représente Adoniram, et fait
les fonctions d’Introducteur.
Le Récipiendaire représente Johaben, favori de
Salomon.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto est vierge)

Planche 17 e.

2de. face du bijou.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 309

Habillement
Cordon rouge, moiré, porté en écharpe, passant de
droite à gauche, auquel est suspendu, avec une rosette verte,
le bijou, qui est un triangle en or, sur les côtés duquel
sont gravées les lettres initiales des mots du grade, c’est à
dire, d’un côté B. A. J. et de l’autre, J. K. J.
Tablier blanc, doublé en rouge, bordure verte.
Sur la bavette est un triangle, avec les lettres B. A. J.
peint ou brodé en or. Au milieu du tablier, est une
étoile à neuf pointes, posée sur une balance en équilibre.
Le trois fois puissant est revêtu des ornemens royaux,
et il tient un sceptre à la main.
Page 310 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Ouverture de la Loge.

{
Le trois fois puissant frappe un coup avec son sceptre
et dit :
Frere Tito ! sommes-nous à couvert ?
Reponse : « Nous le sommes !
Le T\ f\ P\
Quelle heure est-il ?
Rep. « Le point du jour.

A cette réponse, le trois fois puissant frappe sur


l’autel avec son sceptre, cinq coups égaux :          !
Cette batterie est aussitôt répétée par les deux
surveillans, Tito et Adoniram.
Alors le Trois fois puissant dit :
Puisqu’il est le point du jour, mes très chers frères, il est
tems de commencer l’ouvrage ! la loge est ouverte !
Tous les frères, guidés par Salomon, font le signe
d’admiration et de surprise ; ils frappent ensuite cinq
coups dans les mains, et prennent séance.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 311

Clôture.

{
Le trois fois puissant frappe un coup, et dit :
Quelle heure est-il ?
Le f\ Tito répond : « Sept heures du soir.
Le Trois fois puissant frappe un second coup, et se
lève, ainsi que tous les frères. Il dit :
Mes chers frères ! comme vous avés pratiqué les cinq
points de la fidélité, il est tems de vous affranchir, et de nous
reposer !
Le trois fois puissant frappe alors cinq coups, qui,
comme pour l’ouverture, sont aussitôt répétés par les
surveillans, et il dit :
Mes très-respectables frères ! la noble loge des Intendans
des bâtimens, maîtres en Israël, est fermée ! retirons-
nous en paix.
Tous les frères font les signes d’admiration et de
surprise, frappent cinq coups dans les mains, et se retirent.
N a. Dans quelques Loges, pour la clôture, les frères frappent
dans les mains 27. coups, par 5. 7 et 15. de cette manière :
!– – !– – – !
Page 312 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Réception.

{
Le Candidat attend dans l’antichambre ; il a les
pieds nus.
Après l’ouverture de la Loge, le trois fois puissant dit :
Frère Tito ! comment ferons-nous pour réparer la
perte de notre cher hiram-abi, qui était chargé des ornemens
de la chambre secrète, qui renferme l’arche sainte, dont l’éclat
assure aux israëlites la présence et le protection du Dieu très
puissant ?
Il nous a été enlevé par le plus horrible crime, et nous
sommes privés de ce respectable chef !
Pouvés-vous, frère Tito ! nous donner à ce sujet
quelques bons avis ?
Le f\ Tito répond :
« Je sens moi-même toute la difficulté qu’il y a
« de réparer la perte de notre cher Maître hiram-abi ; à
« cela, je crois que le seul remède est de nommer un chef
« pour chaque ordre d’architecture ; de réunir tous nos
« moyens ; d’employer toute notre capacité, pour finir
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 313

« l’ouvrage de la chambre secrète jusqu’à son troisième


« étage.
Le T\ f\ P\
Votre conseil est trop bon pour le rejetter ! en conséquence,
vous, frère Tito, et vous frères Abda et Adoniram, inspecteurs
et introducteurs, voyés s’il y a quelqu’un dans la chambre du
milieu !
Le frère Inspecteur s’y transporte ; il y trouve
Johaben, à qui il dit :
« frère ! y a-t-il ici des chefs des cinq ordres
« d’architecture ?
Johaben repond : – « Me voilà !
L’Insp.  « Avés-vous, mon cher frère, assés de
« zèle pour vous appliquer avec attention à tous les
« ouvrages qu’il plaira au trois fois puissant de vous
« ordonner ?
Johaben   –   « Je regarde comme mon plus grand
« bonheur et mon plus grand avantage d’accomplir
« ce que le trois fois puissant desirera de moi.
Alors le f\ Inspecteur lui demande les signes,
mots et attouchemens des trois premiers degrés.
Ensuite ils s’approchent ensemble de la porte de la
Loge, où le f\ Inspecteur frappe, 3, 5 et 7. coups,
lesquels étant entendus de l’intérieur, le f\ Introducteur
vient demander ce qu’il veut et qui il est.
Le f\ Inspecteur répond :
Page 314 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

« C’est un ouvrier de la chambre du milieu.


Le Compte en est rendu au trois fois puissant,
qui dit :
Introduisés-le !
Alors le f\ Introducteur vient prendre la main
du Récipiendaire à l’attouchement de Maître, le fait entrer,
            ^ cinq   fois ^
et lui fait faire ^ le tour du temple ; il lui en fait admirer
les beautés. Il le conduit à l’autel, et lui faisant faire
cinq pas graves, et le fait mettre à genoux.
Tito, qui est à ses côtés, lui met dans la main
droite une branche d’acacia, et dans cette attitude, le
Récipiendaire prononce l’obligation suivante :

Obligation.
Je N. promets, en présence du grand architecte
de l’univers, et devant les illustres freres qui m’entendent,
de garder éternellement le secret sur les mystères du
grade qui va m’être donné dans le moment, et de ceux
qui me seront accordés dans la suite. Je promets
obéissance entière et absolue à tous les statuts et
decrets qui me seront transmis par le grand conseil
des princes de Jerusalem, sous les peines de mes
premières obligations, d’avoir le corps séparé en deux, et
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 315

d’avoir les entrailles arrachées !


Ainsi que Dieu me maintienne dans la justice
et l’équité !
Amen !
Au moment où le Récipiendaire prononce les derniers
mots de son obligation, le f\ Tito le couvre d’un voile
rouge, le prend par l’épaule, le relève et le fait asseoir sur
un tabouret.
Alors, le trois fois puissant lui dit :
Mon très cher frère ! Salomon voulant porter à la plus
haute perfection l’ouvrage qu’il avait commencé, fut obligé
d’employer les cinq chefs des cinq ordres d’architecture, et de mettre
à leur tête, Tito, Adoniram et Abda. Salomon était bien
convaincu du zèle et de la capacité de ceux qu’il employait à
perfectionner son ouvrage. Comme lui, nous espérons, mon cher
frère, que vous contribuerés de tout votre pouvoir à remplacer
dignement notre respectable maître hiram-abi ; que vous
aurés la même fermeté que lui ; que vous mépriserés la vie, et
préfererés la mort plutôt que de découvrir les mystères de notre
Ordre !
– Je vais, maintenant, mon très cher frere, vous donner les
signes, mots et attouchement qui vous feront reconnaître.
Page 316 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Signes.
1°. De surprise. – Porter les deux pouces aux tempes, ayant les
mains étendues en équerre ; reculer de deux pas et avancer d’autant ;
porter ensuite les mains sur les yeux pour les couvrir et éviter
l’éclat d’une trop grande lumière, en disant : Ben-khorim (*)
2°. D’admiration. – Elever les deux bras en l’air en regardant
le ciel, la tête un peu inclinée sur l’épaule gauche  119 :
3°. Entrelacer les doigts des deux mains, tourner la
paume en haut, et laisser retomber les mains sur la
ceinture, en regardant le ciel, et en disant : Achar. (akar) (**)
4°. De douleur – Porter la main droite sur le cœur,
et la main gauche sur la hanche, puis se balancer par
trois fois sur les genoux. Le premier frère dit : Khaï, (***)
le second répond : Jah ! (****)
Attouchement
Se frapper mutuellement sur le cœur avec la main
droite, puis la passer sous le bras gauche ; ensuite prendre
l’épaule droite avec la main gauche, en prononçant, le
premier : JaKinaï  120 (JaKinaï) à quoi le second répond :

(*) heb. Myr1ocjNb3< nobilium filius  121.


   (**) heb. rk=i= gachar ou achar, conturbans  122. c’est un des noms de Dieu.
    (***) heb. yc- vivans.  123
  (****) heb. h<y+ deus.  124

119. Dans les deux éditions de son Tuileur, Vuillaume ne cite que le point tertio
(entrelacer...) comme signe d’admiration ; de même pour les versions de ce degré dans les
manuscrits Quesada, Kloss, et Pyron. Il semble donc que Vuillaume ait confondu avec un autre
degré (13e ?).
120. Il est probable que Vuillaume voulait écrire ici « Jachinaï » d’où le deuxième mot
entre parenthèses ; c’est cette procédure qu’il a suivie dans son Tuileur. Le « K » majuscule est
intentionnel (cf. note de la page 317).
121. « Fils de nobles ». 1 Rois 21:8 :Myr1Oc Myr1oc
ou = ḥorîm = nobles
122. « Troublant ». 1 Chr 2:7. C’est plutôt un nom d’homme (celui qui trouble, celui
qui perturbe).
123. « Vivant », mais aussi clan, parenté.
124. « Dieu ». Variante et forme allégée du tétragramme hvhy.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 317

Juda. (*)
Batterie
Cinq coups égaux :            !
Marche
Cinq pas graves.
Age
Vingt sept ans, par trois, cinq, sept et quinze.
Mots de passe
Jakinaï, Juda !
Mots sacrés.
Ben-khorim, achar, Jah ! (**) que l’on traduit
ainsi en maçonnerie : franc-maçon, ô dieu éternel !

Le trois fois puissant fait enlever le voile rouge qui


couvrait le Récipiendaire, il lui remet le cordon et le bijou
du grade, en lui faisant remarquer que les mots sacrés et de
passe y sont gravés en initiales : B. A. J. et J. K. J. (***)

(*) heb. ( hd=Vhy$ Jehoudah, laudatio.  125


(**) h<y+ rk=i= Myr1ocjNb2< Le Dieu vivant éblouit le fils de l’homme.
  126
telle est la traduction littérale de ces mots assemblés.
(***) Quelques personnes veulent que ces trois dernières lettres, qui veulent dire :
JaKinaï  127 Juda, représentent cette phrase : rt2y+ ya2q hd=Vhy$ Jehoudah Kae jather,
qui signifie : Juda s’élève digne de louanges ; mais il nous semble que c’est aller chercher
trop loin un sens qui est tout simple, celui des deux mots de passe.

125. « Louange ». C’est un nom théophore, donc plus exactement, « louange à Dieu ».
126. Traduction très personnelle de Vuillaume ! Celle du rituel est de la même eau...
Il est probablement vain de vouloir relier ces trois mots dans une phrase.
127. Le « K » majuscule en interne permet à Vuillaume de faire correspondre les
trois lettres à seulement deux mots (les deux mots de passe). Il est plus logique de faire
correspondre à trois mots, Jakinaï, Khaï et Yah, comme indiqué également (avec des variantes
de déformation) dans les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron.
Page 318 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Le trois fois puissant envoye ensuite le Récipiendaire


aux surveillans pour se faire reconnaître.
Revenu près du trois fois puissant, le Récipiendaire
s’assied sur le siège qui lui a été préparé à la droite du trône,
et l’on fait l’instruction qui suit.

Instruction

{
Demande. Etes-vous Intendant des bâtimens ?
Reponse. J’ai monté les sept marches de l’éxactitude,
j’ai pénétré dans la plus grande partie du temple ;
j’ai vû une grande lumière, au milieu de laquelle
paraissaient trois lettres hébraïques B. A. J.
sans savoir ce qu’elles signifient.
D. Comment avés-vous été reçu ?
R. En reconnaissant mon ignorance.
D. Pourquoi avés-vous été reçu ?
R. Pour dissiper les ténébres de mon esprit et me
procurer la véritable lumière pour diriger mon cœur,
et éclairer mon entendement.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 319

D. Où avés-vous été introduit ?


R. Dans un lieu merveilleux, plein de charmes, où réside
la vérité et la souveraine sagesse.
D. Quel est votre devoir ?
R. D’encourager mes freres par mon exemple à
pratiquer la vertu et à tenir nous  128 ouvrages sous le secret.
D. Pourquoi a-t-on éxigé de vous des preuves de compagnon
et de maître  129 avant de vous recevoir ?
R. Pour me montrer que ce n’est que par gradation que
l’on peut arriver à la perfection.
D. Que vous enseignent les premiers grades de la
maçonnerie ?
R. L’apprenti et le compagnon montrent la vertu morale,
et le maître, le vertu héroïque.
D. Pourquoi, dans ce grade, avancés-vous, et reculés-vous ?
R. Pour nous enseigner que nous devons mettre en
opposition l’humilité à l’orgueil qui nous est si naturel ;
que nous devons avancer dans le chemin de la vertu, en
faire le but de toutes nos actions, et ne rien faire qui ne
soit décent.
D. Pourquoi placés-vous Salomon dans le temple ?
R. Pour rappeller qu’il fut le premier qui consacra
un temple au vrai dieu.
D. Pourquoi place-t-on la mer d’airain dans le temple ?

128. Erreur du copiste : le pronom exact est «nos», confirmé par les autres manuscrits
connus.
129. « d’Apprenti de Compagnon et de Maître » dans les manuscrits Kloss et Pyron,
conformément à ce que décrit la cérémonie. Le manuscrit Quesada présente la même omission.
Page 320 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

R. Pour avertir que le temple du seigneur est saint,


et qu’on ne doit y entrer qu’après s’être purifié.
D. Que signifie le côté gauche du temple ?
R. Il représente la maçonnerie sous les lois de la
grandeur et de la vérité.
D. Que signifie le chandelier à sept branches ?
R. La présence de l’esprit saint dans le cœur de tous les
vrais observateurs des lois de Dieu.
D. Pourquoi, dans votre réception, avés-vous les pieds nus ?
R. Parce que j’allais approcher de choses saintes, et que
Moïse était ainsi lorsqu’il approcha du Seigneur.
D. Qu’avés-vous entendu, avant d’entrer ?
R. Cinq grands coups.
D. Que signifient-ils ?
R. Les cinq points de la fidélité.
D. Qu’ont produit  130 ces cinq coups ?
R. Un surveillant.
D. Qu’a-t-il fait de vous ?
R. Il m’a conduit cinq fois autour du temple, en me
soutenant.
D. Pourquoi cela ?
R. Pour m’en faire admirer la beauté.
D. Quelle impression les cinq voyages ont-ils faits sur vous ?
R. Une grande surprise, l’admiration et la douleur.

130. Ancienne tournure de phrase, que l’on retrouve dans de nombreux manuscrits
(rituels Bonseigneur, manuscrit Saint-Domingue, Pyron et Quesada). Or, selon le dictionnaire
de l’Académie française, édition de 1762, à l’article PRODUIRE : « PRODUIRE signifie encore,
Introduire, faire connoître. ». « Qu’ont produit ces cinq coups ? » veut donc dire « Qu’ont fait
connaître ces cinq coups ? » ou, plus élégamment, « Qui ces cinq coups vous ont-ils fait
connaître ? »
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 321

D. Pourquoi une grande surprise ?


R. A cause de ce que j’ai vû renfermé dans l’étoile
flamboyante.
D. Qu’y avait-il dans cette étoile ?
R. Le saint nom du grand architecte de l’univers.
D. Pourquoi cette étoile n’a-t-elle que cinq rayons ?
R. Parce que ces rayons font allusion aux cinq ordres
d’architecture dont on fit usage dans la construction
du temple ; ils représentent aussi les cinq points de la
fidélité ; les cinq sens de la nature, sans lesquels la
créature est imparfaite ; les cinq lumières de la
maçonnerie ; et les cinq zônes de la terre, habitées par
les maçons.
D. Quels sont les cinq points de la fidélité ?
R. Agir, intercéder, aimer, prier, et secourir ses frères.
D. Pourquoi avés-vous été saisi d’admiration et de douleur ?
R. D’admiration, en voyant la beauté du temple et de
ses ornemens ; de douleur, par la mémoire de la mort
de notre respectable maître hiram-abi, si cruellement
sacrifié.
D. Avés-vous vû toutes les beautés du temple ?
R. Je n’en ai vû qu’une partie.
D. Par quelle raison ne les avés-vous pas toutes vues ?
R. Une épaisse muraille m’en a empêché ; mais j’espère
Page 322 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

par mon zèle pour arrîver à la perfection dans l’art


royal, qu’un jour mes yeux n’éprouveront plus
aucun obstacle.
D. Avés-vous été attéré par la douleur ?
R. Non ! mais je l’eusse été sans doute si quelqu’un
que j’ai reconnu depuis pour un frère ne m’avait
soutenu.
D. Comment l’avés-vous reconnu pour frère ?
R. Par le grand nom qu’il a invoqué, après avoir
prononcé le mot JaKinaï, qui est le mot sacré que
j’ai vû dans le centre de l’étoile flamboyante.
D. Avés-vous promis de garder le secret sur tout ce
que vous avés-vû ?
R. Oui, illustre maître !
D. Que vous êtes-vous imposé si vous veniés à y
manquer ?
R. D’avoir le corps coupé en deux, et les entrailles
arrachées.
D. Comment avés-vous marché ?
R. Par cinq pas graves que j’ai fait en avançant
vers le trône pour y prononcer mon obligation (*)

(*) Il n’est peut être pas inutile de dire ici ce que l’on entend par le pas
grave ; c’est un pas du menuet ancien, qui peut être oublié aujourd’hui, ce
que l’on ne reproduirait plus sans le secours chorégraphique. Voici comment
il se faisait : Etant placé à la 2de. position de la danse, on fait un leger plié ;
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 323

D. Pourquoi avés-vous été couvert d’un voile rouge ?


R. Pour m’apprendre que tous les frères doivent être
morts au monde et à tous les vices.
D. Avés-vous vû votre illustre maître, aujourd’hui ?
R. Je l’ai vû.
D. Où était-il placé ?
R. Sous un dais bleu céleste, parsemé d’étoiles brillantes.
D. Comment était-il vêtu ?
R. D’or et d’azur.
D. Pourquoi ?
R. Parce que Dieu apparut ainsi à Moïse sur le mont
Sinaï, lorsqu’il en reçut les tables de la loi.
D. Etes-vous encore dans l’obscurité ?
R. Le jour m’est apparu, et l’étoile mystérieuse
est mon guide.
D. Où avés-vous été conduit ?
R. Je ne puis le dire.
D. Quel âge avés-vous ?
R. Trois fois neuf ans, par 5, 7 et 15.

relevés ; déployés du pied droit en arrière, demi-cercle en avant, et assemblés


à la seconde position, comme la figure suivante l’exprime.

départ

cette marche, cinq fois répétée est celle du grade.


Page 324 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

D. Comment marqués-vous cinq, sept et quinze, et


où avés-vous atteint ce nombre ?
R. Je marque ces nombres de la même manière que
l’on place les lumières. J’ai atteint le nombre
par mon zèle et par mon travail.
D. Que signifient les lumières ?
R. Je vous ai déjà rendu compte des deux premiers
nombres ; le dernier représente les quinze maîtres
qui trouvèrent le corps de hiram-abi, sous une
branche d’acacia.
D. Pourquoi y a-t-il du vert dans votre tablier ?
R. Parce que je puis espérer d’arriver à de plus
sublimes connaissances par mon zèle et par ma
constance dans la maçonnerie.
D. Que signifie votre bijou ?
R. La triple alliance de la divinité.

L’instruction étant terminée, le trois fois puissant


ferme la Loge comme on l’a vû précédemment,
page  131

131. L’oubli de la référence (c’est la page 311) montre que la numérotation des pages
a été effectuée une fois le manuscrit achevé.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mars 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 325
(Les trois pages suivantes, numérotées 326 à 328, sont vierges.)

Intendant des bâtimens

{
Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 329
Le verso de cette page, numéroté 330, est vierge.

Maçonnerie écossaise.

{
Troisième Classe.

Maître élu des Neuf,

Maître élu des Quinze,

Sublime chevalier Elu.


Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

9 e. degré.

Maître élu des Neuf.   Ordre dans la réception.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 331

Maître élu
des Neuf.

{ 9e. Degré.

Décoration de la Loge.
Le lieu d’assemblée de cette Loge représente un des
appartemens du palais de Salomon.
Tenture noire, parsemée de flammes rouges. Elle
est soutenue par des colonnes alternativement rouges
et blanches.
L’appartement est éclairé par neuf lumières, huit
dans un seul groupe, et une séparée.
Le président siège sous un dais noir ; le fauteuil est
Page 332 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

noir, ainsi que le tapis qui couvre l’autel du trône. Sur


l’autel, est un petit coussin couleur de feu ; une bible ;
un sceptre, et un poignard.
Dans le carré de la Loge sont trois squelettes humains,
placés, l’un à l’orient, du côté du sud, le second à
l’occident, du côté du nord, et le troisième, au sud.

Tîtres

La loge prend le titre de Chapître.


Le président représente Salomon, et reçoit le titre
de Très-souverain maître.
Il n’y a qu’un seul surveillant, qui est placé à
l’ouest, du côté nord ; il représente Schoulkain, et reçoit
le tître d’Inspecteur.
Le Récipiendaire représente Johaben, chef des neuf
maîtres envoyés à la recherche des assassins de hiram.
Ce fut lui qui tua de sa main l’un des meurtriers, qui
s’était réfugié dans une caverne située au bord de la
mer, près du port de Joppé.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto est vierge)

Planche 18 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 333

Habillement.
Le cordon est un grand ruban noir, porté en écharpe,
de gauche à droite, au bas duquel est suspendu un poignard.
Vers le bas du cordon, sont neuf rosettes rouges, quatre par
devant, et quatre par derrière, la neuvième est à la pointe,
et sert d’attache au poignard, qui est à poignée d’or et
à lame d’argent.
Tablier blanc, tacheté de rouge ; doublé et bordé
en noir. Sur la bavette est peint un bras ensanglanté,
tenant un poignard à la main. C’est un bras droit.

Tableau
Le tableau de la Loge est un carré long, sur lequel
on voit représenté :
1°. à droite, la ville de Jerusalem ;
2°. à gauche, une caverne environnée de rochers,
vers la mer, près de Joppé.
3°. Dans la caverne, un homme endormi, ayant la
Page 334 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

tête appuyée contre le rocher.


4°. A côté de cet homme, une lampe allumée et un
poignard ;
5°. Sur un des côtés de la grotte, un ruisseau d’eau
vive, et un petit vase au bord,
6°. Au milieu du tableau, un buisson qui paraît
être en feu, par la refléxion d’un arc-en-ciel.
7°. Au dessus de la caverne, est une étoile brillante.
8°. Le chemin de Joppé parait dans le fond du
tableau, sur ce chemin, et près de la caverne, on voit
un chien, suivi à quelque distance, d’un homme qui se
dirige vers la caverne.
9°. Plus loin, sont plusieurs personnes marchant
sans ordre déterminé.

Pour les réceptions, il y a un cabinet, près de la


chambre où se tient la chapître, dans lequel est une
caverne artificielle, dans laquelle est une large pierre,
sur laquelle on fait asseoir le Récipiendaire. Au devant
de la pierre, est une petite table, sur laquelle est une lampe.
Il y a sur la table un rouleau sur lequel est écrit le mot :
Vengeance ! à côté, est un poignard. Dans un des coins
de la caverne est une fontaine filtrante à travers les rochers ;
un vase de terre est à côté. Dans le fond, est un homme endormi.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le verso est vierge)

Planche 19 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 335

Ouverture du chapitre.

sceptre.
{
Salomon frappe sur l’autel un coup, avec son
L’Inspecteur Schoulkain répond
en frappant un coup sur sa table avec son poignard,
qu’il tient constamment à la main.
Le très souverain Maître dit :
Etes-vous chevalier Elu ?
de suite,

Reponse : – « Une caverne m’a reçu, une lampe


« m’a éclairé, et une fontaine m’a désaltéré.
Le T\ S\ M\
Quelle heure est-il ?
Rep. « Le point du jour !
Alors le très souverain frappe neuf coups : – !
qui sont répétés par le f\ Inspecteur.
Les frères font ensuite la même batterie avec les mains.
Le T\ S\ M\
Le chapître est ouvert ! que les frères se tiennent dans
l’attitude requise !
Chacun prend sa place, et les travaux commencent.
Page 336 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Clôture.

{
Le très souverain Maître frappe un coup ; fait le
signe, en mettant la main sur le front, et dit :
Faisons connaître nos obligations !
Tous les frères font le signe du poignard, en
frappant au front, ensuite au cœur.
Le très souverain maître frappe neuf coups, comme
pour l’ouverture ; cette batterie est répétée par le frère
Schoulkain et par tous les frères.
Le très souverain maître dit ensuite :
Mes frères ! le chapître est fermé !
Alors chacun se retire.

Réception
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 337

Réception.

{
Nota. Pendant le cours de
ont la tête couverte,
droit sur le gauche ;
avant, reposant sur la
appuyé sur le genou,
tristesse et de l’affliction.
la réception, les frères
les genoux croisés, le
la tête penchée en
main droite, le coude
dans l’attitude de la

Après les travaux ouverts, le M e. des cérémonies


va trouver le Candidat, le conduit à la porte du
chapitre où il frappe neuf coups, qui sont répétés en
dedans par le surveillant.
L’Inspecteur se lève, va recevoir le Récipiendaire,
l’introduit au milieu du chapître, en face du très souv\
Maître, qui, après un moment de silence, lui dit :
Que voulés-vous ?
Le Récipiendaire, aidé par le M e. des cérémonies,
répond :
« Je suis venu solliciter la faveur d’être initié au
« grade d’Elu des neuf.
Page 338 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Le T\ S\ M\
Quels motifs peuvent vous faire croire qu’on vous admettra à
un tel honneur ?
Reponse : - « Mon zèle, ma ferveur et ma constance qui
« redoublent encore, sont les seuls tîtres que j’apporte.
Le T\ S\ M\
Sachés, mon frère, que vous devés votre entrée dans le chapitre,
moins au désir que vous manifestés d’obtenir un nouveau grade,
qu’au besoin que nous avons d’éprouver votre conduite et votre
courage, et de savoir si vous avés rempli les obligations que vous
vous êtes imposées dans les grades précédens !
Vous devés vous rappeller, mon frère, que lorsque vous avés
été reçu maçon et que le lumière vous a été donnée, vous avés vû
tous les frères armés de glaives ; ils étaient tirés pour votre défense
dans le danger ; ils étaient aussi destinés à vous punir, et devaient
être plongés dans votre sein pour venger la maçonnerie si vous
étiés assés perfide pour violer les sermens solemnels que vous avés
prêtés, en divulguant les secrets qui vous allaient être confiés !
Eussiés-vous crû qu’il put exister des hommes capables de
fausser de pareils sermens, et de s’exposer à subir les peines
auxquelles tous les maçons se sont soumis ?
Hé bien ! sachés que dans ce moment nous avons en notre
pouvoir un des scelérats, meurtriers de notre maître Hiram, qui
gémit de l’énormité de son crime, et qui attend à chaque instant le
supplice qu’il a mérité et qui doit servir d’exemple à tous !
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 339

J’ai appris d’un inconnu, qui s’offre de nous guider, le lieu


où s’est réfugié le traitre Abiram. (*)
Le chapître, convaincu de votre zèle est très disposé à vous
accorder le grade que vous sollicités, mais il faut le mériter, et le
moyen s’en présente. Il faut venger l’Ordre, amener le coupable,
pour qu’il subisse une punition égale à son forfait.
Aurés-vous le courage de venger l’art royal, et de sacrifier
un traître à la maçonnerie ?
– Répondés !
Le Récipiendaire repond : – « Je suis prêt à éxercer la
« vengeance sur tous les traîtres à la maçonnerie !
Le T\ S\ M\
Je dois vous informer que l’homme qu’il s’agit d’immoler est
peut être votre ami ; que des liens très étroits peuvent vous unir.
Vous devés étouffer tout sentiment d’affection et de sensibilité, pour
ne conserver que celui de la vengeance que vous êtes chargé d’exercer.
C’est par là que vous ferés preuve de zèle et de courage ; c’est la seule
chose qui puisse vous procurer le grade que vous désirés.
– Etes-vous déterminé ?
Rep. – « Je le suis !
Le T\ S\ M\
Laissés-vous donc conduire, et suivés cet étranger ! il vous
menera dans le lieu où est la coupable !

(*) Pour Abiramah, hm=r=jyb1a7 dejiciens patrem.  132

132. « Jetant à terre le père ». Dans l’édition de 1830 de son Tuileur, Vuillaume complète sa
traduction avec « projecit patrem » (Il abandonna le père) dans les remarques à la fin du 11e degré.
Il n’est pas nécessaire de suivre cette tentative d’explication de Vuillaume : Mr=yb1a7 = ăvîrạm
= « mon père est exalté » , est suffisant pour donner une sens symbolique au nom du premier
meurtrier. Dans la Bible, c’est le nom d’un des conspirateurs, fils d’Eliab, qui se souleva contre
Moïse en compagnie de Koré et Dathan (Nombres, chap.16) ; la terre s’ouvrit et les engloutit. Le
parallélisme (trois conspirateurs) est suffisamment net pour ne pas chercher d’explication ailleurs.
Page 340 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

On bande les yeux du Récipiendaire, et on le conduit


dans la caverne. On le fait asseoir sur la pierre, en face
de la table, et vis-à-vis le meurtrier endormi.
Le f\ Terrible, qui l’a conduit, lui dit :
« Attendés-moi ici un instant !
Il sort ; on entend des bruits de chaînes ; les soupirs
et les gémissemens des coupables qui attendent le suplice.
Le f\ Terrible rentre, et fait placer le Récipiendaire à
côté de la table, sur laquelle il lui fait poser le coude droit,
soutenant sa tête dans la main droite, et lui dit :
« Mon cher frere, je dois encore vous quitter ! promettés
« -moi, sur votre parole d’honneur, que vous demeurerés dans
« cette attitude, quel que soit le bruit que vous entendrés, et
« quelque terreur que vous puissiés éprouver ! faites attention
« à ce que je vous dit, il y va de votre vie ! –
« Que répondés-vous ?
Le Récipiendaire dit : – « Je le promets !
Le f\ Terrible reprend :
« Mon frère ! Dès que vous entendrés quelqu’un
« frapper ; vous ôterés votre bandeau, et vous éxaminerés
« avec soin ce qui vous environne. On frappera un second
« coup en maçon ; vous boirés à la fontaine qui est à côté
« de vous, en vous servant du vase que vous trouverés. A
« la troisième fois que l’on frappera, vous exécuterés ce que
« vous prescrira une voix qui se fera entendre. N’oubliés
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 341

« rien de ce que je vous dis, et souvenés-vous que vos frères


« ont les yeux ouverts pour voir si vous serés ponctuel à
exécuter ce que je vous ordonne de leur part.
« Adieu, je vous quitte !
Le f\ Terrible se retire en fermant brusquement la
porte, et laisse le Récipiendaire livré à ses reflexions pendant
quelque tems.
Alors le f\ Terrible frappe un coup, et le Récipiendaire
ôte son bandeau. Il frappe une seconde fois en apprenti ; le
Récipiendaire emplit d’eau le vase et boit. Il frappe une
troisième fois ; une voix se fait entendre, et dit : « Prends
« le poignard, frappe le scélérat à la tête, et sors !
Le Récipiendaire exécute ce qui lui est prescrit ; de la
main droite il prend le poignard, frappe le coupable à la tête,
pendant qu’il est endormi, et va pour sortir.
Le f\ Terrible arrive dans ce moment, et dit :
« Je suis content de vous ! coupons la tête, et portons
« la à Salomon.
Le Récipiendaire, avec son poignard, détache la tête
du tronc, la tient par les cheveux, de la main gauche et
conserve le poignard dans la droite : il suit le f\ terrible
qui le conduit ainsi à la porte du chapître où il frappe neuf
coups.
Un frère entr’ouvre la porte, et demande : qui est là ?
Page 342 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Le f\ Terrible, qui est censé être le conducteur,


répond :
« C’est le frère Joaben, qui a découvert la retraite
« du traître Abiram, qui a vengé la mort de notre respectable
« maître hiram, et vient en demander la récompense.
Alors la porte s’ouvre, le Récipiendaire traverse
rapidement le chapître, et jette sur le trône la tête et le
poignard, en disant : « Vengeance ! vengeance !
Le roi le regarde avec indignation, et lui dit :
Malheureux ! qu’avés-vous fait ? mes ordres étaient
que l’on s’emparât du traître, et qu’il me fut amené, et non
qu’il fut mis à mort !
– Votre désobéissance vous coutera la vie !
– Frere Schoulkain ! faites prendre cet homme !
A cet ordre, tous les freres se mettent à genoux, et
sollicitent la grâce du Récipiendaire en disant :
« Très-grand roi ! la désobéissance de Johaben est
« un effet de son zèle et du desir de venger la mort de hiram.
Pendant que les frères intercèdent, le f\ Schoulkain
se tient à côté du Récipiendaire, ayant la main gauche sur
sa tête et le glaive dans la main droite, prêt à exécuter
les ordres du souverain maître qui enfin se laissant fléchir par
les prières des maîtres, accorde le pardon.
On retire de dessus de l’autel la tête et le poignard ; on
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 343

fait mettre à genoux le Récipiendaire, qui prononce ensuite


l’obligation qui suit :

Obligation

Je N. promets solemnellement, en présence


du grand architecte de l’univers, et des respectables
frères qui m’écoutent, de ne jamais révéler les secrets
du grade qui va m’être communiqué, et de m’en
entretenir qu’avec ceux de mes freres qui auront ce
grade. Je promets de venger la maçonnerie en
général et en particulier. Je m’engage en outre à être
le soutien de l’Ordre autant qu’il sera en mon pouvoir,
et d’aider mes frères de mes moyens et de mon crédit.
Je promets d’obéir au grand conseil des princes de
Jérusalem et des autres supérieurs de l’Ordre. Si
je manque à aucun de ces engagemens, je consens
à périr par ce même instrument qui m’a été confié
pour accomplir la vengeance !
Dieu me soit en aide !

Cette obligation étant prêtée, le très souverain M \e


fait relever le Récipiendaire, le revêt du tablier et du cordon
du grade ; ensuite il l’embrasse et le baise par quatre fois
Page 344 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

sur chacune des joues, et une fois sur le front. Il lui


remet entre les mains un poignard, puis il lui donne les
signes, mots et attouchement.

Signes.
1°. Faire le mouvement de frapper au front le tuileur,
avec un poignard. La réponse est de porter la main au
front comme pour s’assurer s’il n’y aurait pas du sang.
2°. Lever le bras, le poing fermé comme si l’on y
tenait un poignard, et frapper au cœur celui dont on veut
se faire connaître, en disant : Nekam (*) ! La réponse
est de mettre la main droite sur son cœur, en disant :
Nekah ! (**)
Attouchement
Fermer la main droite, lever le pouce, et le présenter
à l’éxaminateur, qui saisit le pouce à pleine main, tenant
également le pouce levé ; en réponse, on change de rôle,
et l’on repète l’attouchement.
Mot de passe
Begoal-chol. (***)
(*) heb. Mq=n  133
$ ultio, vengeance.
hk=h  134
(**) Pour hichah, 1 percussit, il a frappé. Quelques uns prétendent que l’on
doit dire Nich-ah ha=k4<n! humiliatus est  135.
(***) heb. lOk< li-Og<b4< in abominatione omnium.  136

133. C’est la version de l’édition 1820 du Tuileur de Vuillaume ; ce dernier corrige à


juste titre dans l’édition de 1830 en Mq=n+= nạqạm. En effet, la graphie Mq-n$
= nĕqam existe
bien, mais c’est l’état « construit » du même mot, donc lorsqu’il est suivit d’un complément
de nom (équivalent du génitif). Un autre mot hébreu, de sonorité proche, a le même sens de
« vengeance » : hm=q=n$ = nĕqạmạ̈, ce qui peut aussi expliquer la graphie « Nekam ».
134. C’est effectivement le mode hifil (causatif) de la racine verbale hkn
, donc « faire
être frappé », c’est-à-dire « frapper ». Mais on est loin de la sonorité du mot du rituel, même si
le sens colle parfaitement. Il vaut mieux penser à une corruption de = niqạ̈, qui peut se
hq=n!
traduire par « Il est quitte [de son obligation] ».
135. « Il est humilié ».
136. « Dans l’abomination de tous ». C’est le sens principal retenu par tous ceux
qui ont étudié cette expression et cela semble convenir au sentiment qui pourrait être
éprouvé envers un des assassins d’Hiram. Mais il vaut mieux retenir cependant une autre
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 345

Mots sacrés
Ce sont ceux donnés à l’attouchement : Nekam, et en
reponse : Nekah.
Batterie
Neuf coups, par huit et un : – !
Age
Huit et un ans accomplis.

Après cette instruction, le T\ S\ M \e prononce le


discours historique qui suit :

Discours historique.
Très respectable frère Elu !
L’empressement et l’unanimité des membres de cette
respectable assemblée à solliciter votre pardon, a disposé
notre cœur à vous l’accorder, bien persuadé d’ailleurs que le
zèle seul avait causé votre précipitation et votre faute ; en
cela vous n’avés fait qu’imiter Johaben favori de Salomon,
ainsi que je vais vous l’apprendre.
Vous devés vous rappeller la triste catastrophe de notre
maître hiram-abi ; vous savés que sa mort est le sujet
constant de nos regrets et de nos larmes, et qu’en cela nous
ne faisons que suivre l’exemple du plus sage des rois, qui ne

transcription, sur le modèle de très nombreux versets de la Bible ( Nbres, 35:19, 21, 24, 25, 27 ;
Deutéronome, 19:6, 12 ; etc. ) où est utilisée l’expression Md=<h- la2Og<= goʾel had‑dạm,
« le vengeur du sang », et en prenant un des autres sens de la préposition « beth », dite
alors « Essentiae », extrêmement fréquent dans la Bible, qui exprime l’identité de quelqu’un
(jb4< = dans, sur, contre, mais aussi = en tant que, comme ). L’expression hébraïque
s’écrit alors lOk<jla2Og<b4<= bĕg-goʾel-kol et se traduit littéralement en « comme
vengeur, tous ! ». Cela correspond parfaitement au thème du 9e degré. Il faut cependant
tenir compte du polysémisme caractéristique de l’hébreu ; ici, le mot « vengeur » n’est que
le sens apparent, et pour reprendre l’expression du Zohar, « le vêtement de l’écriture » ; il
sert à cacher le sens symbolique qui est celui de rachat, de libération, de rédemption.
Page 346 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

cessa de gémir sur ce malheur.


Vous avés appris que Salomon ne trouvant pas
hiram-abi, fit suspendre les travaux, et jura que personne
ne serait payé de son salaire, jusqu’à ce qu’il fut retrouvé,
mort ou vif. Vous devés vous rappeller aussi que tous les
Maîtres furent à sa recherche, et que Schoulkain le trouva
sous une branche d’acacia, où il avait été enterré, après avoir
été assassiné. Le bonheur de Schoulkain dans cette
déplorable circonstance, le rendit cher à son roi, et lui procura
sa plus intime confiance.
Salomon ne se contenta pas de célébrer avec pompe
et magnificence les obsèques de ce grand homme ; il résolut
de faire un exemple public de la punition des scélérats
qui l’avaient assassiné. Il fit publier un édit portant
qu’il accorderait une récompense considérable à quiconque
découvrirait le lieu qui recélait les coupables, déclarant
qu’il pardonnerait même à celui des meurtriers qui viendrait
se présenter pour découvrir ses complices, afin d’en tirer
une vengeance égale à leur forfait.
Cet édit resta assés longtems sans effet, et ne procura
aucune connaissance. Enfin, un jour que Salomon était
occupé dans la salle à donner audience à plus de quatre vingt
dix maîtres et à ses officiers, Zerbal, capitaine des gardes,
entra, et l’informa qu’un inconnu desirait parler au roi en
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 347

particulier, ayant à lui communiquer des choses de la plus


haute importance. Les maîtres furent étonnés de la
promptitude avec laquelle Salomon consentit à donner
audience à l’inconnu, et craignaient pour lui quelque danger ;
mais ils furent bientôt rassurés par le retour du roi, qui les
instruisit de ce que l’inconnu lui avait révélé. Cet homme
connaissait la retraite d’un des meurtriers de hiram ; et pour
donner plus de certitude à la vérité qu’il annonçait, il s’offrait
d’être le conducteur de celui que l’on choisirait pour s’assurer
du fait.
Tous les maîtres s’empressèrent en cette occasion de
témoigner leur zèle, et d’offrir leurs services. Salomon
fut extrêmement satisfait de leur ardeur ; mais il leur dit
que ne pouvant se déterminer à faire un choix dans un si
grand nombre de vertueux frères, il avait résolu que tous
leurs noms seraient mis dans une urne, pour être tirés au
sort, et que les neuf premiers qui sortiraient, seraient ceux
qu’il choisirait pour accompagner l’inconnu. Ceux que
le sort favorisa firent éclater toute leur joie. Le roi leur
ordonna de suivre l’inconnu jusqu’au lieu qu’il devait leur
découvrir, et de s’emparer du traître ; ils le promirent tous.
L’un d’eux, nommé Johaben, animé d’une ardeur
peu commune, précipita ses pas, et arriva le premier à
la caverne. Elle était située près de Joppé, au bord de
Page 348 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

la mer ; à côté était un buisson qui paraissait enflammé ;


une étoile, qui l’avait guidé pendant son voyage, sembla
se fixer sur ce lieu. Johaben enflammé de la plus vive
ardeur, pénétra dans la caverne, et au moyen d’une lampe
qui s’y trouvait suspendue, il vit le meurtrier endormi,
couché sur le dos, ayant un poignard à ses pieds. Johaben
ramassa aussitôt le poignard, et en frappa le meurtrier à
la tête et au cœur. Le malheureux se releva avec furie,
mais il tomba immédiatement mort en prononçant le mot,
Nekam. Johaben lui coupa la tête et alla étancher sa
soif à un petit ruisseau qui coulait au fond de la caverne.
En sortant de là, il trouva ses compagnons, qui
venaient le joindre ; ils apperçurent la tête du meurtrier ;
ils ne purent s’empêcher de lui représenter qu’il avait poussé
trop loin son zèle, qu’il avait transgressé les ordres de
Salomon, qui, sans doute, ne laisserait point cette désobéissance
impunie. Que cependant ils joindraient leurs prières
pour obtenir son pardon. Ensuite ils satisfirent tour à
tour leur soif à la fontaine de la caverne.
Johaben, chargé de la tête du coupable, ainsi que
ses compagnons, reprirent ensemble le chemin de
Jerusalem. Lorsqu’ils y arrivèrent, Salomon donnait des
ordres pour que l’on préparât le plus cruel suplice pour le
meurtrier de hiram. Quelle fut sa colère et son désespoir,
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 349

lorsqu’il apperçut la tête d’Abiram entre les mains de


Johaben ! dans le moment même il ordonna la mort de
ce trop zélé maître. Alors, tous les Maîtres se jettèrent à
genoux, pour implorer la clémence de Salomon, qui enfin se
laissa toucher. C’est ce qu’à son exemple nous avons fait
en votre faveur !
Vous sentirés, mon frère, quelle instruction vous devés
tirer des circonstances de cette histoire.
1°. Par la mort d’Abiram, vous voyés que le crime
ne reste jamais impuni, et que tôt ou tard on reçoit le
châtiment que l’on mérite.
2°. Vous appercevés, par le danger qu’a couru Johaben,
ce que l’on doit craindre quand on outrepasse les ordres que
l’on a reçus, et combien nous devons être attentifs à suivre
strictement ceux qui nous sont transmis par nos
supérieurs.
3°. Enfin, par le pardon qu’obtint Johaben, vous
voyés combien aisément le cœur d’un bon roi se laisse toucher,
et combien un tel cœur est clément et indulgent. Vous
apprenés aussi combien il est essentiel d’avoir de vrais amis,
qui sachent nous défendre avec chaleur dans les occasions
où leur secours nous est nécessaire.

Ce discours étant terminé le très souverain M \e dit :


Page 350 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Le T\ S\ M e\
Frère Inspecteur ! engagés, je vous prie, les frères
ici présens, à se réunir à vous et à moi pour applaudir à la
réception du très-cher frère N. parmi les Elus, et invités les à
le reconnaître à l’avenir en cette qualité dans le chapître !
Le f\ Inspecteur fait l’annonce et la proclamation
du nouvel Elu.
Tous les frères, guidés par le très souverain maître
font le signe et la batterie dans les mains.
Ensuite, on fait l’instruction qui suit.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 351

Instruction.

Demande.
Réponse.
D.
R.

D.
{
Etes-vous maître Elu ?
Le sort en a décidé, et la caverne m’est connue.
Qu’avés-vous vû dans cette caverne ?
Une lampe, une fontaine, un poignard, et le
traître Abiram.
De quel usage vous ont été toutes ces choses ?
R. La lampe chassait l’obscurité du lieu ; le
poignard a servi à venger la mort de hiram ; et la
fontaine, à me désaltérer.
D. Où avez-vous été reçu ?
R. Dans la salle d’audience de Salomon.
D. Combien d’Intendans des bâtimens furent élus le
même jour ?
R. Neuf ; je fus du nombre.
D. Dans quel nombre furent choisis ces neuf ?
R. Dans un nombre d’environ quatre vingt dix, presque
tous Intendans des bâtimens.
D. Quel motif aviés-vous pour desirer de parvenir au
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grade de maître élu ?


R. Le desir de venger le mort de hiram-abi.
D. Où avés-vous trouvé son meurtrier
R. Au fond d’une caverne, au pied d’une montagne,
près d’un buisson ardent, dans le voisinage de Joppé (*)
D. Qui vous a montré le chemin ?
R. Un inconnu.
D. Par quelle route avés-vous passé ?
R. Par des chemins obscurs et inaccessibles.
D. Que fîtes-vous en arrivant dans la caverne ?
R. Je ramassai un poignard que je trouvai à terre,
après quoi j’en frappait avec violence à la tête et au
cœur, le scélérat, qui expira aussitôt.
D. Que dit-il avant d’expirer ?
R. Je ne puis le répéter.
D. Donnés-moi une lettre de la première syllabe, je
vous donnerai la seconde !
R. N.
D. K. — que signifient ces deux lettres ?
R. Nekam, qui en hebreu signifie vengeance.

(*) heb. opy+ Japho, pulchritudo  137 (Jos. 19 v. 46.) aujourd’hui Jaffa.


C’est dans ce port qu’abordaient les vaisseaux que le roi de Tyr envoyait à
Salomon, chargés des matériaux destinés à la construction du Temple. (Paral.  138
2. ch. 2. v. 16.)

D. Comment

137. « Beauté ». La transcription latine de Vuillaume est basée sur l’étymologie


du nom hébreu de Jaffa, dérivé de l’adjectif « beau » = yạfẹ̈, au féminin « belle »
hp3y+
hp==y+ = yạfạ̈, ou du nom yp1y*
= yŏfî, « beauté ». On voit aussi dans la Bible le nom de cette
ville écritaopy+ = yạfôʾ (Ezra 3:7).
138. Paralipomènes (terme utilisé dans la Septante), plus connus actuellement sous
le nom de « Chroniques ».
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 353

D. Comment a-t-on consommé votre élection ?


R. Par vengeance, clémence, et par huit et un.
D. Expliqués-moi cela ?
R. Par vengeance, en détruisant le traître ; par
clémence, en obtenant par l’intercession de mes
frères le pardon de ma désobéissance ; enfin par huit
et un, parceque nous fumes neuf choisis pour
l’entreprise.
D. Que fites-vous après avoir tué le traître ?
R. Je lui coupai la tête ; j’appaisai ma soif ; étant
fatigué je m’endormis jusqu’à l’arrivée de mes frères,
qui entrèrent en criant vengeance.
D. Comment vous reçut Salomon ?
R. Avec indignation, parce qu’il se proposait de
faire punir lui-même le traître ; et il ordonna ma
mort. Je ne dus la vie qu’à la sollicitation de mes
freres, et en considération de mon zèle.
D. Que représente la chambre obscure où vous avés
été mis avant votre réception ?
R. Elle représente la caverne où je découvris le traître.
D. Pourquoi vous a-t-on bandé les yeux en vous y
conduisant ?
R. Pour me figurer la difficulté et l’obscurité des
chemins qui conduisaient à la caverne.
D. Que veulent dire les coups que l’on a frappés pour
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vous avertir de ce que vous deviés faire ?


R. Ils rappellent à ma mémoire le traître
endormi, et m’enseignent combien peu l’on doit se
croire en sûreté après avoir commis le crime.
D. Comment travaillent les Elus ?
R. L’obscurité les obligeait de mettre leurs mains
en avant pour éviter de se heurter la tête contre
quelqu’obstacle ; et comme les routes qu’ils suivaient
étaient mauvaises et difficiles, ils marchaient en
croisant les jambes. C’est pourquoi, en mémoire
de ces choses, les Elus ont toujours les jambes
croisées dans le chapître.
D. Que représente le chien que l’on voit dans le
tableau, et qui accompagne celui qui va à la caverne ?
R. Il figure l’inconnu qui conduit l’Elu.
D. Que signifie le bras nu, armé d’un poignard ?
R. Que la vengeance suit toujours de près le
coupable.
D. Que signifie le ruban noir que nous portons, et
le poignard ?
R. Le noir est la figure du deuil que portent tous
les bons maçons de la mort de hiram-abi ; le
poignard est pour conserver le souvenir de la
punition du crime.
D. Par quel emblême figurés-vous les neuf Elus ?
R. Par neuf rosettes rouges, au milieu des marques
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 355

de l’Ordre ; par neuf lumières dans le chapître ; par


neuf baisers. Enfin, le nombre neuf est encore
l’emblême du sang répandu dans le temple, dont neuf
goutes furent conservées sur le pavé jusqu’à
l’accomplissement de la vengeance.
D. Comment portés-vous votre cordon ?
R. De l’épaule gauche à la hanche droite, avec un
poignard suspendu au bas.
D. De quelle couleur est votre tablier ?
R. Il est blanc, doublé et bordé de noir ; il est
tacheté de rouge ; il a sur la bavette un bras
ensanglanté, qui tient un poignard teint de sang.
D. De quelle couleur est la tenture du chapître des Elus ?
R. De noir et de rouge (*) sur le noir sont des
larmes rouges, et sur le rouge, des larmes noires.
Ces deux couleurs représentent le deuil et le sang
       rouges et
qui a été répandu ; les colonnes blanches sont la
^
figure de l’ardeur et de la pureté des chefs.
D. Pourquoi n’avés-vous qu’un surveillant ?
R. Parce que le chapître se tenant dans le palais
de Salomon, il n’y avait que son favori qui veillât
à ce qui se passait.
D. Qu’y avait-il encore à faire.
R. Rien ! tout était achevé, hiram abi était vengé.

(*) Dans quelques cahiers, on indique une tenture rouge et blanche.


Page 356 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

D. Donnés-moi le mot de passe !


R. Begoal-chol.
D. Donnés-moi le mot sacré !
R. Nekam !
D. N’y a-t-il pas d’autres mots ?
R. Il y en a deux, par lesquels on peut reconnaître
un Maître élu ; c’est : Johaben et Schoulkain.
D. A quelle heure partirent les Elus pour se rendre
à la caverne ?
R. Dès que l’obscurité commença à couvrir la terre.
D. Quand s’en retournèrent-ils ?
R. Au point du jour.
D. Quel âge avés-vous ?
R. Vingt sept ans (ou huit et un ans accomplis.)

L’instruction étant terminée, le Chapître se


ferme, comme on l’a vû ci devant, page  139

139. L’oubli de la référence (c’est la page 336) montre que la numérotation des pages
a été effectuée une fois le manuscrit achevé.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 357
(Les cinq pages suivantes, numérotées 358, 359, 360, 360 bis. et 360 ter., sont vierges.)

Maître élu des neuf.

{
Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

10 e. degré.

Illustre Elu des Quinze.   Ordre


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 361

Illustre
Elu des quinze.

{ 10e. Degré.

Décoration de la Loge.

La tenture est noire, parsemée de larmes rouges et


blanches entremêlées.
A l’Est sont deux squelettes humains, qui sont ceux
d’Abiram et de Romvil, deux des meurtriers de hiram.
A l’ouest est un troisième squelette, représentant
Gravelot, troisième des assassins.  140
Ces trois squelettes tiennent dans la main les instrumens
140. Cette version de la décoration, ainsi que les noms des assassins, s’écarte de celle
connue dans les manuscrits précédents du R. E. A. A., Quesada, Kloss et Pyron, où les trois
assassins sont Abiram-Akiroph (son véritable nom, Hoben, est révélé à la fin de l’Instruction),
Sterkin et Oterfut.
Le Rite de Perfection (Ordre du Royal Secret) les nomme Jubulum-Akyrop, Jubella-
Guibs et Jubello-Gravelot (manuscrit Francken de 1783) – on retrouve là les noms déjà présents
dans « The three distinct knocks » en 1760 (Jubela, Jubelo, Jubelum ).
Dans les autres manuscrits du R. E. A. A. les squelettes sont disposé à l’Orient, à
l’Occident et au Midi. Les noms des trois assassins donnés ici par Vuillaume proviennent d’autres
versions des grades d’Élu, comme le « Maître Élu dit des Neuf » de la Mère Loge Écossaise de
Marseille (manuscrit de 1812) ou « Les plus secrets mystères... » de Bérage, publié en 1766.
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qui leur servirent à commettre le crime.


Quinze lumières éclairent la salle ; cinq sont devant
le président à l’est, et cinq devant chacun des surveillans.

Tîtres

La loge prend le tître de Chapître.


Le président est nommé Tres illustre maître.
Le premier surveillant reçoit le tître d’Inspecteur.
Le second surveillant, celui d’Introducteur.
Chacun de ces officiers occupe sa place ordinaire,
comme dans les loges symboliques.
Il ne peut y avoir rigoureusement que quinze
Elus dans le chapître, lorsqu’il y a réception ; les
derniers Elus qui excèdent ce nombre sont tenus de se
retirer.
Tous les frères sont Illustres Elus.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto est vierge)

Planche 20 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 363

Habillement.

Cordon noir en écharpe, passant de gauche à droite.


Au bas du cordon, sont peintes ou brodées, trois têtes,
l’une devant, l’autre derrière, et la troisième sur la pointe.
Au bas du cordon est suspendu pour bijou un poignard
à manche d’ivoire à lame d’argent, attaché par une
rosette rouge.
Tablier blanc, doublure et bordure noire. Au
milieu du tablier est peinte une ville carrée, représentant
la ville de Jerusalem, dont on voit trois portes en perspective
à vol d’oiseau ; sur les portes du sud, de l’est et de l’ouest
et de l’est  141 sont exposées les têtes des meurtriers de
hiram-abi, plantées sur un pal.

141. Erreur du copiste : « et de l’est » fait doublon.


Page 364 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Ouverture du chapître

{
Le très illustre maître frappe cinq coups égaux :
! qui sont répétés par les deux surveillans.
Il dit :
Frère Inspecteur ! quelle heure est-il ?
Reponse : « Très-illustre Maître, il est cinq
« heures !
Le T\ Ill\ M e\
Frère second surveillant ! à quelle heure s’ouvrent les
travaux du chapître des illustres élus des quinze ?
Reponse : « A cinq heures !
Le T\ Ill\ M e\
Puisqu’il est cinq heures, mes très chers frères ! il est
tems de commencer l’ouvrage ! Je vous préviens que le
chapître de maître élu des quinze est ouvert !
Les surveillans répétent cette annonce.
Ensuite le très-illustre Maître frappe un coup,
et dit :
A l’ordre, mes frères !
Tous, à l’imitation du très illustre Maître, font
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 365

le signe, la batterie dans les mains, par cinq coups


égaux, et s’écrient par trois fois : houzzai !

Dans le cours de l’ouverture, les quinze lumières


mystérieuses sont allumées dans cet ordre : cinq devant
le très-illustre Maître, lorsqu’il a frappé les cinq coups
d’ouverture ; cinq devant chacun des surveillans, aussitôt
après qu’ils ont fait la même batterie.

Clôture.
{
Le très-illustre Maître frappe un coup, et dit :
Frere Inspecteur ! quelle heure est-il ?
Reponse : « Six heures du soir !
Le T\ Ill\ M e\
Pourquoi six heures du soir ?
Reponse : « Parce que c’est à cette heure que les
Page 366 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

« deux meurtriers expirèrent, et que la vengeance fut


« accomplie.
Le T\ Ill\ M e\
Puisque la mort de notre cher Maître hiram-abi
est vengée par le suplice de ses meurtriers, nous devons
être satisfaits et nous reposer !
Alors, il frappe, comme pour l’ouverture, cinq
coups égaux, qui sont répétés par les surveillans.
Ensuite tous les frères, guidés par le très-illustre
Maître font le signe et la batterie d’acclamation, en
s’écriant par trois fois : houzzai !
Le T\ Ill\ M e\ dit :
Mes frères ! le Chapître est fermé !

Reception
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 367

Réception.

{
Le f\ Expert va prendre le Candidat, et le conduit
à la porte du chapître, où il frappe neuf coups, en élu
des neuf.
L’Inspecteur y répond de l’intérieur par un coup,
et avertit le très-illustre Maître que l’on frappe à la porte
du chapître en élu des neuf.
Le T\ Ill\ M e\ dit :
Frère Inspecteur ! faites-voir qui frappe ainsi !
Un des gardes de l’intérieur est envoyé pour savoir
qui frappe ; il entr’ouvre la porte, et dit :
« qui frappe ainsi ?
Le f\ Expert répond : « C’est un maître élu des
« neuf, qui désire connaître les deux autres scélérats
« meurtriers de notre respectable maître hiram-abi, et
« qui voudrait parvenir au grade de Maître élu des
« quinze !
Le garde vient rendre compte de cette réponse aux
surveillans, qui la transmettent, selon la forme ordinaire
au très-illustre M \e qui dit :
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
Page 368

Le T\ Ill\ M e\
Que l’entrée lui soit accordée !
On ouvre la porte, on fait avancer le Récipiendaire
par quinze pas triangulaires :

    
1er. pas ....

point de départ

il porte dans la main gauche une tête coupée, et de la droite,


il est à l’ordre de l’Elu des neuf.
Tous les frères sont debout, le poignard levé, tout
prêts à frapper.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 369

Lorsque le Récipiendaire est arrivé au pied de


l’autel, tous les frères laissant tomber leur poignard,
joignent les mains, les doigts entrelacés, et demandent
pardon pour le Récipiendaire.
Le T\ Ill\ M e\
Pourquoi me demandés-vous pardon pour le Candidat ?
Tous les frères répondent :
« Parce qu’il n’est pas coupable !
Le T\ Ill\ M e\
Puisqu’il n’est pas coupable, pourquoi me demandés-
vous son pardon ?
Le f\ Inspecteur répond :
« Nous demandons seulement par grâce qu’il soit
« admis au grade d’Elu des quinze.
Le T\ Ill\ M e\
A-t-il les qualités requises ?
Tous les frères ensemble :
« Nous répondons de lui !
Le T\ Ill\ M e\
Si cela est ainsi, qu’il se mettre à genoux !
(S’adressant au Récipiendaire)
Les illustres élus des quinze ici présens, demandent
que je vous admette au grade qu’ils possèdent, et que vous
deveniés leur égal. Vous sentés-vous capable de garder les
secrets de ce grade ? Consentés-vous à en prêter ––––––––
Page 370 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

solemnellement l’obligation ?
Le Récipiendaire répond : « Oui !
Alors le f\ Inspecteur et le frère second Surv .t
lui retirent la tête qu’il tient à la main ; lui font
étendre la main droite sur la bible, pour prononcer
l’obligation qui suit.

Obligation.
Je N. jure et promets, sur la sainte bible,
de ne jamais revéler le lieu où j’ai reçu le present
grade. De ne jamais dire qui a assisté à ma
réception. Je promets de ne recevoir jamais
personne dans ce grade, sans en avoir reçu le
pouvoir de mes supérieurs. De n’assister à
aucune réception hors d’une Loge régulière de ce
grade, et de garder fidèlement dans mon cœur
tous les secrets qui me seront révélés. Je consens,
si je manque à mon serment, d’avoir le corps
ouvert perpendiculairement, pour être exposé
pendant huit jours en plein air, et que mes
entrailles deviennent la pâture des mouches et
de tous les insectes. Je consens encore que ma
tête soit coupée et exposée sur le lieu le plus
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 371

élevé de la terre ; et je promets d’infliger la même


peine à ceux qui dévoileraient les secrets du grade,
et qui fausseraient leur serment.
Sur ce, que Dieu veuille me maintenir !
   Amen !

Cette obligation étant prêtée, on fait relever le


Récipiendaire.
Le très illustre maître lui donne les signes, mots
et attouchement.
Signes.
1°. Prendre son poignard, en porter la pointe sous
le menton et la faire descendre le long du ventre, comme
si l’on voulait se l’ouvrir.
2°. En réponse : Se porter la main à la gorge,
faire le signe d’apprenti, ayant la main fermée et le
pouce levé.
Attouchement
S’entrelacer réciproquement les doigts de la main
droite. (*)

(*) Dans quelques rituels, l’attouchement est enseigné comme suit :


Se porter réciproquement le pouce sur le ventre, le conduire du haut en
bas, comme si l’on voulait l’ouvrir avec le poignard.
Page 372 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Batterie
Cinq coups égaux.
Marche
Quinze pas triangulaires.
Mot de passe
Eliam. (*)
Mot sacré
Zerbal ; en réponse : Ben-iah ou Benaïas.. (**)
Après cette instruction, le Récipiendaire est envoyé
aux surveillans, pour se faire reconnaître ; ensuite il est
proclamé dans la forme ordinaire.
On le fait asseoir à la droite du très illustre Maître
pour entendre le discours historique et l’instruction du
grade.

(*) heb. Mi=yl1a6 Eligam, populus Dei.  142


(**) heb. h<y+jNb3< filius Dei.  143 Dans quelques rituels, on fait dire :
Ben-akar, rq=i=jNb3< filius sterilis,   144
nom que l’on donne à la caverne
où s’était réfugié l’un des meurtriers de hiram ; dans d’autres, on fait dire :
Ben-daka, ak=d-jNb3< filius contritus.145 C’est le nom de l’un des
Intendans de Salomon dans Maccès (Rois 3. ch. 4 v. 9.) Ces deux mots
conviendraient également ; mais l’usage le plus général fait employer
Ben-iah ou Benaïas, qui est le même nom.  145

142. « Peuple de Dieu » ; le mot hébreu (= ẹ̆lîʿạm) se traduit plus exactement par
« Peuple de mon Dieu ». C’était en particulier le nom du père de Bethsabée, épouse de David
et mère de Salomon dans le second livre de Samuel ; il est nommé ailleurs « Ammiel » qui
signifie alors « Dieu de mon peuple ». Kloss, Quesada et Pyron indiquent « Heleanam »
comme mot de passe, qui est une déformation de El Khanan (Dieu misécordieux).
143. « Fils de Dieu » (= bẹn-yạh). Nom hébreu présent dans la bible sous la forme
hy+n+b4<= bĕnạyạ̈, (Ezech. 11:13 ; Ezra 10:30, 35, 43 ; 1Chr. 11:22 ; etc.) dont la transcription
en grec (Banaiaı) dans la Septante explique la forme « Benaïas » citée par Vuillaume. Mais le
sens exact de ce nom en hébreu, formé à partir de h<y+
= yạh, abréviation du Tétragramme et
de la racine verbale hnb
(construire), est « Dieu a construit ».
144. « Fils stérile » ; ce nom hébreu composé (= bẹn-ʿạqạr) est inconnu dans la
Bible, mais le mot rq=i=
= ʿạqạr, veut bien dire « stérile » (Deut. 7:14).
145. « Fils accablé, brisé ». Nom inconnu sous cette forme dans la Bible. La référence
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 373

Discours historique.

{
Vous avés appris, mon très cher frère, dans le grade
d’Elu des neuf par lequel vous avés passé, qu’Abiram, l’un
des meurtriers de notre respectable maître hiram-abi, fut tué
dans une caverne. La squelette que vous voyés à l’est est le sien ;
il tient en main le même instrument dont il frappa la
victime. Salomon fit embaumer sa tête pour qu’elle put se
conserver et être exposée avec celle des deux autres meurtriers,
quand on les trouverait.
Six mois après la mort d’Abiram, Bengheber (*)
l’un des Intendans de Salomon, faisant des perquisitions dans
le pays de Gheth (**) gouverné par Maachah (***) prince
de cette contrée, tributaire de Salomon, apprit que Sterkin
et Oterfut (****) les deux autres meurtriers de hiram-abi, s’y

  (*) heb. rb3<g#<jNb3< filius hominis,  146 au lieu de Bengabel,  147 qui est insignifiant.
   (**) heb. tg torcular  148
(***) heb. hk-i7m- Magachah, compressus.  149
(***) On nomme ici les deux assassins Sterkin et Oterfut, ces mots ne sont point heb.150
  150
On voit bien que ces noms doivent être signifians et allégoriques ; aussi trouve-t-on

Rois 3 ch4 v9 de la Vulgate (quatre livres des rois) correspond à notre référence actuelle 1 Roi 4:9
où le nom indiqué est rq3dj<3 Nb3<
= bẹn-dẹqẹr (fils du coup de poignard). Quesada et Kloss
indiquent « Bendecar » comme réponse. Pyron l’indique aussi mais le rectifie en « Benaya ».
146. « Fils d’homme [puissant] ». C’est exactement rb3g#<jNb3<
= bẹn-gẹvẹr (1 Rois 4:13).
147. Ce nom déformé est présent dans les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron.
148. « Pressoir ». Gheth est une déformation de tg_<= gaṯ dont c’est bien le sens.
149. « Étroit, serré, opprimé ». C’est exactement hk=i7m-= maʿăḵạ̈, roi de Gath (1 Rois 2:39.
150. Contrairement à ce qu’indique Vuillaume, on peut envisager une racine
hébraïques pour « Sterkin », dans le droit-fil de ce qui a été indiqué pour « Stolkin » (cf. la note
de la page 298) : inconnu dans la bible, mais présent dans les Targum, le mot re-DR = s̆ ĕṭar
Page 374 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

étaient réfugiés et s’y croyaient en sûreté. Salomon l’ayant


appris, écrivit immédiatement à Maachah ; il informa du
desir qu’il avait de découvrir les coupables, et de leur faire
infliger la peine due à l’énormité de leur crime. Il chargea
de cette lettre quinze des plus dignes maîtres, qu’il choisit parmi
les plus zélés, et au nombre desquels il comprit les neuf maîtres
élus qui avaient été à la recherche d’Abiram.
Ils partirent le 15 .e jour du mois de juin de l’ère
nouvelle, (*) et arrivèrent le 28 .e jour du même mois
dans le pays de Gheth. Ils remirent la lettre de Salomon à
Maachah, qui, épouvanté de cette nouvelle, donna sur le
champ des ordres pour que l’on fit les recherches les plus
éxactes, et que le coupables fussent livrés aux israëlites,
s’estimant heureux de délivrer ses états de la présence de
pareils monstres.
On employa cinq jours à ces perquisitions. Zerbal
et Eliam furent ceux qui les découvrirent ; ils étaient retirés
dans une carrière nommée Ben-achar.  151 Ils furent saisis
et chargés de fers sur lesquels on grava le crime dont ils

dans plusieurs cahiers, qu’ils se nomment : l’un Romvil ou Rom‑evil lyv!a6jMor


stultus exaltatus,   152
et l’autre Gravelot, eoljbr=g+< garav-lot, abscondens scabiem.  153
Au surplus ces noms varient dans presque tous les rituels.
(*) Cette date répond ordinairement à la fin de la lune de Sivan, ou au
commencement de celle de Thamouz.

peut signifier « frapper » (dictionnaire Jastrow, p. 1555). = s̆ ĕṭar-qayin, déformé


Ny!q-jre-DR
en « Sterkin »serait alors l’« ouvrier qui a frappé ». Pour « Oterfut », Michaël Segall et Sam
Eched n’envisagent pas une racine hébraïque et Claude Guérillot (La Rose Maçonnique, tome
1, p. 300) propose quand même une piste qu’il admet lui-même peu convaincante : « [...] il vaut
mieux avouer notre ignorance ».
151. Zerbal, Eliam et Ben-achar ont été explicités précédemment (p. 246 et 372)
152. « fou exalté ». C’est plus « idiot » que « fou » en hébreu : = ẹ̆wîl.
lyv!a6
153. « couvert de gale ». Littéralement, en hébreu : « voile de gale », de br=g+<
= gạrạv
(gale) eteol = lôṭ (voile).
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 375

étaient coupables, et le genre de châtiment qui leur était


réservé.
Ils arrivèrent à Jerusalem le quinzième jour de la lune
d’Ab ; ils furent conduits à Salomon, qui leur reprocha le
noir forfait dont ils s’étaient rendus coupables ; ensuite il
ordonna qu’ils fussent conduits dans la tour de Gezer ou Ezer (*)
pour y attendre l’exécution de leur sentence.
Le lendemain, à dix heures du matin, ils furent attachés
chacun à un poteau par le cou et par les pieds, les bras liés
derrière le corps ; ils furent crucialement  154 ouverts depuis la
poitrine jusqu’à l’os pubis, et ils demeurèrent dans cet état
pendant huit heures. Les mouches et d’autres insectes vinrent
se repaître de leur sang, et leur dévorèrent les entrailles.
Leurs cris et leurs gémissemens étaient si lamentables,
qu’ils touchèrent le cœur même de leurs bourreaux, qui
leur coupèrent la tête, et jettèrent leurs corps par-dessus les
murs de Jérusalem, pour servir de pâture aux corbeaux et
aux bêtes féroces.  155

Ce discours terminé, on fait l’Instruction qui suit :

(*) au lieu d’Achizar  156 que l’on trouve dans plusieurs rituels. Gezer ou Ezer,
heb. rz#i2 de secours, est le nom d’une des tours qui environnaient Jerusalem.

154. Terme signifiant « en croix » et qui, mal lu, a souvent évolué en « cruellement »,
comme dans le manuscrit Pyron et les versions modernes. Quesada et Kloss l’ont conservé.
155. Le récit des deux meurtriers réfugiés chez le roi Maakah à Gath est une
adaptation du récit biblique des deux esclaves de Shiméï (1 Rois 2:39).
156. Achizar (Quesada), Achiazard (Kloss), Dachizar (Pyron). C’est un mot hébreu
rz+jyc1a7 = ăḥî-zạr, « frère d’étranger » ou rz+jyc1a=
= ạḥî-zạr « mon frère est étranger ».
Page 376 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Instruction.

{
Demande Frère grand Inspecteur ! êtes-vous illustre élu des
quinze ?
Reponse. Mon zèle et mon travail m’ont procuré ce grade.
D. Où avés-vous été reçu ?
R. Par Salomon lui-même, dans sa salle d’audience.
D. Pourquoi, et à quelle occasion vous a-t-il élevé à ce grade ?
R. Parce que je fus du nombre de ceux qu’il envoya à
la recherche des deux scélérats meurtriers de hiram-abi.
D. Avés-vous pris vous-même les informations ?
R. Oui, très illustre Maître, et si je n’eusse pas été
du nombre de ceux choisis par Salomon, je serais parti
à mes propres dépens pour venger la mort de notre
respectable Maître.
D. Avés-vous eu beaucoup de joie en voyant punir les
coupables ?
R. L’image de leur tête que je porte sur mon cordon
en est la preuve
D. Que signifient ces têtes ?
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 377

R. Ce sont celles des meurtriers de hiram-abi.


D. Pourquoi faites-vous mention de trois têtes, puisque
vous ne fûtes qu’à la recherche de deux meurtriers ?
R. Parce que les meurtriers étaient au nombre de trois.
D. Quels sont les noms des deux meurtriers que vous
ramenâtes ?
R. L’un se nommait Sterkin et l’autre Oterfut.
D. Comment furent-ils découverts ?
R. Par la diligence de Bengheber, l’un des intendans
de Salomon.
D. Quelle mesure pris Salomon pour les avoir ?
R. Il écrivit à Maachah, roi du pays de Gheth, où
ils s’étaient réfugiés ; il lui témoigna le desir qu’il avait
que l’on en fit sur le champ la recherche.
D. Qui porta la lettre de Salomon à Maachah ?
R. Zerbal, capitaine des gardes.
D. Le roi Maachah se refusa-t-il à faire ce que lui
demandait Salomon ?
R. Non ! il donna au contraire des guides aux gardes
de Salomon.
D. Où trouva-t-on les coupables ?
R. Dans une carrière, nommée Ben-achar.
D. Comment furent-ils découverts ?
R. Par l’avis d’un berger.
Page 378 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

D. Quels furent ceux qui les trouvèrent ?


R. Zerbal et Eliam, après cinq jours de perquisitions.
D. De quoi furent faites leurs chaînes ?
R. De pièces de fer en forme de règles carrées, sur
lesquelles étaient gravés, et leur crime et le châtiment
qui les attendait, d’après les ordres de Salomon.
D. Quel jour arrivèrent-ils à Jérusalem ?
R. Le quinzième jour de la lune d’Ab, qui répond au
mois de juillet de l’ère nouvelle.
D. Combien Salomon choisit-il de maîtres pour cette
expédition ?
R. Quinze. Je fus du nombre.
D. N’y avait-il que les quinze maîtres ?
R. Le roi Salomon nous donna des troupes pour
nous escorter.
D. Que fîtes-vous des coupables à votre retour à
Jerusalem ?
R. Nous les conduisimes à Salomon.
D. Quel ordre donna-t-il ?
R. Après leur avoir reproché amèrement l’énormité
de leur crime, il commanda au grand Maître de sa
maison de les renfermer dans la tour d’Eser pour y
attendre leur suplice, qui fut fixé pour le lendemain,
à dix heures du matin.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 379

D. De quel genre de mort furent-ils punis ?


R. Ils furent attachés nus par le cou et par les pieds
chacun à un poteau, les bras liés par derrière le
corps ; ensuite on leur ouvrit le ventre depuis la
poitrine jusqu’à l’os pubis.
D. Furent-ils longtems dans cet état ?
R. Ils furent ainsi exposés pendant la plus forte
chaleur du jour ; les mouches et les autres insectes
leur dévoraient les entrailles ; ils faisaient des cris si
lamentables, qu’ils touchèrent même le cœur de leurs
bourreaux, qui, après huit heures de tourmens, leur
coupèrent la tête, et jettèrent leurs corps par-dessus les
murailles pour servir de pâture aux bêtes féroces.
D. Que fit-on de leurs têtes ?
R. Elles furent placées, par ordre de Salomon, sur des
pieux, pour être exposées sur les portes de Jerusalem ?
D. Quel était le nom de l’autre meurtrier ?
R. Selon l’Elu des neuf, il se nommait Abiram
Akiroph (*) mais ce nom est emblêmatique ; son véritable
nom était hoben. (**) Il était l’ainé de sept frères.

(*) Ce nom est insignifiant ; ce pourrait bien être tobr=q4h= hakeravoth,


qui signifie prœlii, belli.  157
  (**) En heb. Nb3Oh hoben ou hoven. signifie : Elephantus, ou arbor hebenina  158.
il faudrait dont écrireNb3jboc khobben, peccatum filii.  159

157. « de combat, de bataille ». La traduction exacte du mot hébreu cité par Vuillaume
est « les combats » ; il aurait donc du transcrire en latin par un nominatif pluriel du neutre :
prœlia, bella, et non par un génitif. Plusieurs autres hypothèses ont été présentées pour
trouver un sens à « Akiroph » et ses variantes (Akyrop, Akyroff, etc.) ; la plus plausible semble
celle de Claude Guérillot (La Rose maçonnique, tome 1, p. 299) : hp3r=jyc1a== ạḥî-rạfẹ̈,
dont le sens est « mon frère est un lâche ».
158. « Éléphant [Ivoire] » ou « bois d’ébène ». Ce mot hébreu ne peut pas
signifier « Éléphant [ivoire] » et n’est connu dans la bible (Ézéchiel 27:15) qu’au pluriel :
Myn!b4h= = hạvĕnîm, dérivé de la racine Nb3Oh
= hovẹn.
159. « faute du fils ». boc = ḥôv signifie « dette » plutôt que « faute ». Hoben peut
Page 380 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

D. Où furent exposées les têtes des meurtriers ?


R. Au sud, à l’est et à l’ouest.
D. Pourquoi furent-elles exposées ainsi ?
R. Parce que les violences qu’ils avaient éxercées sur
notre respectable maître hiram-abi avaient eû lieu
aux trois portes du temple, qui regardaient le sud,
l’ouest et l’Est. Ce fut à cette dernière qu’Abiram lui
porta le coup mortel.
D. Quelle est la parole d’un maître élu des quinze ?
R. Zerbal et Ben-iah.
D. Quel est le mot de passe ?
R. Eliam.
D. Quels sont les signes ?
R.    (on les fait)
D. Quel est votre attouchement ?
R.    (on le donne, en disant : « répondés-moi !)
Ici se place la clôture du chapître, comme on l’a
vue ci-devant, page 365.

également s’envisager comme une déformation de « jahoben » (qui a donné le nom Johaben
— cf. la note de Vuillaume à la page 280 dans le rituel du sixième degré), mais c’est peu
crédible dans le contexte des assassins d’Hiram. On peut aussi penser à une déformation de
Nb3a3 = ẹvẹn, « pierre » et surtout de Nb2<h-
= habben, « le fils », la détermination par l’article
pouvant alors renvoyer au premier fils, comme indiqué dans le rituel : « il était l’aîné de sept
frères ».
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 381
(Le verso de cette page, numéroté 382, est vierge.)

Illustre élu des quinze.

{
Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

11 e. degré.

Sublime Chevalier Elu.   Signe.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 383

Sublime
Chevalier Elu.

{ 11 e. Degré.

Décoration de la Loge.

Tenture noire, parsemée de cœurs enflammés.


Vingt quatre lumières éclairent la Loge

Tîtres

La Loge prend le tître de Grand Chapître ; il ne


Page 384 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

peut excéder le nombre de douze membres.


Le président représente Salomon, et reçoit le tître
de Trois fois puissant.
Il n’y a pas de surveillans ; ou plutôt, le premier
surveillant fait les fonctions de Grand Inspecteur ; et
le second, celles de Maître des cérémonies.

Habillement

Cordon noir, passant de gauche à droite, sur lequel sont


brodés trois cœurs enflammés, ou simplement, la devise :
Vincere aut mori.  160 Au bas du cordon est suspendu, pour bijou,
un poignard d’or à lame d’argent.
Tablier blanc, doublure et bordure noire. Au milieu
du tablier est une poche, sur laquelle est peinte ou brodée
une croix rouge.

160. « Vaincre ou mourir ».


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le verso est vierge)

Planche 21 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 385

Ouverture
du grand chapître.

pommeau de son glaive. {


Le trois fois puissant frappe douze coups égaux avec le

Le grand Inspecteur en fait autant.


Ensuite le trois fois puissant dit :
Grand Inspecteur ! quelle heure est-il ?
Reponse :   « Douze heures !
Le T\ f\ P\
Puisqu’il est douze heures, il est tems de perfectionner nos
travaux ! – A moi, mes frères !
Le trois fois puissant, suivi de tous les freres, fait le
signe, la batterie dans les mains ; et l’on s’écrie par trois
fois : houzzai !
Le T\ f\ P\
Le grand chapître des Chevaliers Elus est ouvert !

Chacun prend séance, et les travaux commencent.


Page 386 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Clôture.

{
Le trois fois puissant frappe un coup et dit :
Etes-vous sublime chevalier élu ?
L’Inspecteur répond :
« Mon nom vous le fera connaître.
Le T\ f\ P\
Quel est votre nom ?
Reponse : - « Amar-iah (au lieu d’Emereh).  161
Le T\ f\ P\
Que signifie ce nom ?
Rep - « homme vrai en toute occasion.
Le T\ f\ P\
A quelle heure se ferme le chapître ?
Rep. - « Au point du jour.
Le T\ f\ P\
Quelle heure est-il ?
Rep. - « Le jour parait.
Le T\ f\ P\
Puisque le jour paraît, avertissés que le chapitre de
sublime chevalier elu va se fermer par les signes et la batterie
d’usage !

161. Les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron indiquent ici « Emereh ». Le manuscrit
Francken de 1783 indique « Emerk », de même que le manuscrit Baylot, vers 1768. L’explication
de la signification, « Homme vrai », est la même partout. La déformation en Emereh, Emerk,
Emerch, Emerech ou Emeric à partir de Amar-Yah, prônée par Vuillaume (cf. p. 391), et
avant lui par Delaulnaye, semble acceptée par plusieurs spécialistes (Sam Eched, Michaël
Segall). Mais c’est loin d’être convaincant. Il vaut mieux penser à une déformation de Emeth,
tm3a6 = ẹ̆mẹṯ = « vérité, fidélité, vrai, véridique », vu l’explication donnée par le rituel ; c’est
aussi l’avis de Claude Guérillot (Le Rite de Perfection, p. 437). Dans la Kabbale, Emeth est l’un
des noms de Dieu le plus puissant (cf. l’histoire du Golem de Prague).
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 387

Le grand Inspecteur porte cet avis, ainsi que le


grand M . des cérémonies.
e

Ensuite, tous les frères, debout et à l’ordre, conduits par


le trois fois puissant, font le signe, la batterie, et terminent
par la triple acclamation de houzzai.
Le Trois fois puissant frappe un coup, et dit :
Le grand chapître est fermé, retirons-nous en paix !
Page 388 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Réception.

{
Le grand M .e des cérémonies sort pour aller prendre
le Candidat. Il le conduit à la porte du chapître, où il
frappe cinq coups égaux, en élu des quinze.
Le grand Inspecteur y répond de l’intérieur par un
coup, et dit :
« Trois fois puissant ! on frappe à la porte du grand
« chapître !
Le T\ f\ P\
Voyés qui frappe !
Le grand Inspecteur se lève, va à la porte, l’entr’ouvre,
et dit : « Qui est là ?
Le grand M .e des cérémonies répond :
« C’est un illustre élu des quinze, qui demande à
« pénétrer dans le grand chapître des sublimes chevaliers Elus.
Cette réponse est reportée au Trois fois puissant,
qui dit :
Accordés-lui l’entrée !
On ouvre la porte ; le grand M .e des cérémonie
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 389

conduit le Récipiendaire au grand Inspecteur, qui l’examine


sur les grades précédens.
Après cet éxamen, dont il rend compte au trois fois
puissant, ce dernier dit :
Grand maître des cérémonies ! que demande cet illustre
élu des quinze ?
Le M .e des cérémonies répond :
« Trois fois puissant ! il demande la faveur d’être
« admis au grade de sublime Chevalier Elu, et d’obtenir
« la récompense due à ses voyages et à ses travaux.
Le T\ f\ P\ au Récip re.
N’auriés-vous pas voyagé dans des vues d’intérê ?
Le Récipiendaire répond :
« Mon premier but a été de remplir mon devoir, en
« punissant les traîtres ; j’ai fait cela à mes propres
« dépens, et sans attendre d’autre récompense que la faveur
« que je sollicite maintenant.
Le T\ f\ P\
En ce cas, mon frère, approchés ! Venés prononcer
votre obligation !
On fait avancer le Récipiendaire au pied du trône, où
il se met à genoux, et prononce l’obligation suivante :

Obligation
Je N. jure et promets sur la sainte bible, de
Page 390 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

ne jamais révéler le lieu où j’ai reçu le présent


grade ; et de ne jamais dire qui a assisté à ma
réception. Je promets de ne recevoir jamais personne
dans ce grade sans en avoir obtenu le pouvoir de mes
supérieurs ; de n’assister à aucune réception, à moins
que ce ne soit dans un chapître régulier de ce grade.
Je promets d’être charitable. Et si je manque à
mes promesses, je consens d’avoir le corps coupé en
quatre, et que ma mémoire soit en horreur, comme
celle d’un imposteur !
Cette obligation prononcée, le Récipiendaire se
relève, et le trois fois puissant lui donne les signes, mots
et attouchement.

Signe
Se croiser les bras sur la poitrine, ayant les mains
fermées le pouce écarté.

Attouchement
1°. Se présenter mutuellement le pouce levé de la
main droite, les autres doigts demeurant fermés. L’un
des frères saisit à pleine main le pouce de l’autre, lui
renverse le poignet, en disant : Berith ; le second, se
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 391

redressant le poignet, dit : Neder ; enfin le premier,


répétant son mouvement, prononce : Schelemoth.
2°. Prendre la main droite de l’Examinateur, et avec
le pouce, frapper trois coups sur la première phalange du
doigt medius ; c’est la demande du mot sacré.
Mot sacré
Adonaï. (heb. yn+Oda7 Dominus  162)
Mot de passe
Schoulkain (au lieu de Stolkin) que l’on traduit
par eau courante.  163
Parole
Amar-iah. (heb. h<y+jrm-a= verbum domini  164)
Batterie
Douze coups égaux.

Après cette instruction, le trois fois puissant envoye


le Récipiendaire au grand Inspecteur et au grand M .e
des cérémonies, pour se faire reconnaître.
Revenu près du trois fois puissant, le nouveau
Chevalier est proclamé dans la forme ordinaire, et ou le
fait asseoir à la droite du trône, pour entendre le discours
historique et l’instruction qui suivent.

162. « Seigneur ». Vuillaume l’a transcrit « Deus (Dieu) » ailleurs (p. 234).
163. Cf. les notes de la page 298 au sujet de l’appellation « eau courante ».
164. « parole du seigneur ». Cf. la note de la page 386. Delaulnaye le notait
hy+r4m-a7 = ămaryạ̈ et le transcrivait « verbum dei (parole de dieu) » ; c’est sous cette forme
qu’on le trouve dans la bible, en particulier comme nom d’un prêtre cosignataire de l’alliance
contractée avec Dieu par Néhémie (Néh. 10:3). Le sens exact en hébreu est « Dieu (Jah) a dit »
ou « [...] a promis ». Toute cette partie (mots de passe et parole) est présentée différemment
dans les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron, sans uniformité entre eux.
Page 392 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Discours historique.

{
Le vengeance des trois meurtriers étant accomplie,
Salomon, pour récompenser le zèle, la ferveur et la
constance des quinze grands élus, résolut d’instituer un
grade encore plus élevé ; et pour se garantir de toute
influence, il fit tirer au sort douze d’entr’eux, et ordonna
qu’à mesure que les noms sortiraient de l’urne ils fussent
inscrits sur la liste dont il voulait composer un grand
chapitre qui commanderait les douze tribus.
Il leur donna le tître d’Excellens Amarias (ou
Amariah) qui, en hébreu, signifie homme vrai en
toute occasion.
Il leur montra les choses précieuses qui étaient
renfermées dans le tabernacle, et les tables de la loi
données par Dieu lui-même à Moïse sur le mont Sinaï,
auprès du B\ A\  165
Il les arma de l’épée de la justice, et leur acorda
plusieurs autres faveurs.
Tel est, mon cher frère, le sujet de ce tableau, qui

165. Abréviation de « Buisson Ardent ».


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 393

doit toujours être devant vos yeux, et faire l’objet de votre


étude et de vos refléxions. Nous nous flattons qu’ayant
une si belle route à suivre, vous ne négligerés pas de le
faire, et que vous éviterés d’entrer dans les sentiers
dangereux qui vous écarteraient des devoirs que vous avés
à remplir. Vous trouverés facile l’éxécution de pareils
principes, pourvu que votre cœur sente la nécessité de
maintenir la justice, et de la suivre en tous tems. Enfin,
mon cher frère, en remplissant strictement vos
obligations, et en y demeurant fidèle, nous trouverons
en vous un frère ardent, zélé, officieux, et digne du titre
respectable de sublime chevalier élu que vous venés de
recevoir !

Après ce discours, on fait l’instruction comme


suit :
Page 394 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Instruction.

{
Demande. Etes-vous sublime chevalier élu ?
Reponse. Mon nom vous l’apprendra.
D. Quel est votre nom ?
R. Amariah est mon nom, et celui de ma profession.
D. Combien y a-t-il de chevaliers dans votre conseil ?
R. Il ne peut y en avoir que douze, qui sont les
douze maîtres des douze tribus.
D. Quel est votre mot sacré ?
R. Adonaï, l’un des noms de Dieu.
D. Quel est votre mot de passe ?
R. Schoulkain, nom de celui qui découvrit le
corps de hiram-abi.
D. Quel est le signe de sublime chevalier élu ?
R.    (on le fait)
D. Que signifie ce signe ?
R. Il me rappelle la promesse que j’ai faite, de
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 395

porter toujours ma croix, pour me souvenir de


mes fautes, quoiqu’elles ayent été effacées.
D. Quel est le signe de reconnaissance ?
R.    (on le fait ; c’est le second signe)
D. Que signifie l’attouchement ?
R. Amour de Dieu ; fidélité envers ma patrie, et
charité envers mon prochain.
D. Qu’avés-vous vû en entrant dans le chapître ?
R. Vingt quatre lumières.
D. Que signifient-elles ?
R. Les douze Maîtres élus, et les douze tribus d’israël.
D. Savés-vous les noms des douze premiers maîtres
élus ?
R. Oui ! D’abord les neuf Maîtres élus qui furent
à la recherche de hiram, savoir : Johaben,
Schoulkain, Tercy, Morphi, Algheber, Dorson,
Kerem, Berthemer et Tito ; et ensuite
Kiroph, Zerbal et Tabor, qui complétèrent les
douze.
D. Quel emploi Salomon leur donna-t-il ?
R. Il leur donna l’inspection des Maîtres. En
cette fonction, ils avaient le tître d’inspecteurs, qui
les autôrisait à se faire rendre compte chaque jour
Page 396 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

des travaux relatifs à la construction du temple.


D. De quelle manière étaient employés les douze
Inspecteurs pour surveiller un si grand nombre
d’ouvriers ?
R. Ils eûrent chacun une tribu sous leur inspection
particulière. Cette distribution fut faite comme
nous allons le dire :  166
Johaben, eût la tribu de Juda,
Schoulkain, celle de Benjamin,
Tercy, celle de Siméon,
Morphi, celle d’Ephraïm,
Algheber, celle de Manassès,
Dorson, celle de Zabulon,
Kerem, celle de Dan,
Berthemer, celle d’Aser,
Tito, celle de Nephtali,
Zerbal, celle de Ruben,
Kiroph  167, celle d’Issachar,
et Tabor celle de Gad.
Les douze maitres rendaient compte à Salomon des
progrès des travaux ; ils recevaient la salaire de
tous les ouvriers, et en faisaient la distribution
par tribu.
D. Pourquoi votre chapître ne s’ouvre-t-il qu’à minuit ?
R. Parce que
166. Le grade de Sublime Chevalier Élu dérive directement d’un grade dit « Chevalier
des Douzes Tribus » connu probablement dès 1750 (Latomia 116-o-f). On y retrouve cette
même liste de noms, avec leurs attributions aux Tribus ; il y a cependant des différences :
« Joabert, Elchior, Thercy, Morphis, Alkibert, Dorson, Kerem, Berthemert, Thitho, Banachat,
Saphat et Thabestey » ; chacun de ces chevaliers commandait à un nombre précis de Maîtres et
d’ouvriers. Claude Guérillot (La Rose Maçonnique, Tome 1, p. 318-319) pensait qu’il fallait faire
correspondre ces nombres aux valeurs guématriques de mots hébreux et donne un exemple de
cette possibilité. Tous ces noms sont probablement des déformations de mots hébreux, comme
on l’a déjà vu pour plusieurs. On retrouve ces mêmes noms, avec d’autres déformations, dans
les rituels Quesada, Kloss et Pyron, ainsi que dans le manuscrit Francken de 1783.
167. Au lieu de « Benayal/Banayar/Benachad » des autres rituels : on retrouve cette
même confusion, due à une erreur de recopiage, dans le manuscrit Quesada.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 397

R. Parce que plusieurs des sublimes chevaliers


étaient occupés pendant le jour à combattre les
infidèles ; que les autres étaient employés aux
devoirs de l’hospitalité, et ne pouvaient, par conséquent
se réunir que pendant la nuit. L’heure de minuit
fut donc fixée pour la réunion des chevaliers, pour
entendre le compte que chacun d’eux venait rendre
de ce qu’il avait fait.
D. Pourquoi le chapître se ferme-t-il au point du
jour ?
R. Pour exécuter pendant le jour ce que le grand
chapître a ordonné pendant la nuit.
D. Quel âge avés-vous ?
R. Trente et un ans.

Après cette instruction, le grand chapître est


fermé suivant le rituel, comme on l’a vû page 386.
Page 398 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Ce folio est suivi de deux pages vierges numérotées 399 et 400.)

Sublime Chevalier Elu.

{
Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 401

Banquet des Elus.

{
Les ustensiles de table ont le même nom que dans
les degrés symboliques, à l’exception de ce qui suit :
Les verres sont nommés Urnes,
Les couteaux, sont des Poignards.

Commandemens pour les santés.

Drapeau tortillé au bras !


On s’entoure le bras gauche avec le drapeau, dont
on retient les bouts dans la main.
Main droite au poignard !
Le poignard contre le cœur !
On place le poignard en long, sur le côté gauche, la
pointe en bas, le pouce allongé sur la poignée.
Le poignard à la main gauche !
On fait passer le poignard dans la main gauche, la
pointe toujours tournée vers le bas.
La main droite à l’urne !
Haut l’urne !
Page 402 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Vidons l’urne en trois tems !


En avant l’urne !
Plongeons le poignard dans l’urne !
On exécute par trois fois ce mouvement, en disant, à
chaque fois : Nekam !
L’urne sur le cœur !
Posons l’urne en trois tems !
Un – deux – trois !
En prononçant le dernier commandement, on fait
descendre par degrés l’urne sur la table, et au mot,
Trois ! tous la posent ensemble, avec le plus de
précision possible, afin de ne faire entendre qu’un
seul coup, si cela se peut.
Poignard à la main droite !
haut le poignard !
Le poignard en avant !
A ce commandement, on fait un mouvement comme
pour frapper avec le poignard.
Le poignard sur l’urne !
On place transversalement le poignard sur l’urne,
comme on a dû le faire après avoir chargé l’urne
pour la santé.
A moi pour la batterie !
On fait la batterie du grade dans les mains, et l’on
dit par trois fois : Nekam ! ou Houzzai !
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 403
Le verso de cette page, numéroté 404, est vierge.

Maçonnerie écossaise.

{
Quatrième Classe.

  Grand-maître-architecte,

  Royale-arche,

   Grand écossais de la voûte sacrée


    de Jacques VI.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

12 e. degré

Grand Maître Architecte.   Signe.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 405

Grand-Maître
Architecte.

{ 12 e. Degré.

Décoration de la Loge.

La tenture de cette Loge, est blanche, parsemée


de flammes rouges.
Sur la table des trois premiers officiers est un étui
de mathématiques.
Au nord, est une étoile lumineuse, qui éclaire la Loge ;
au dessous de l’étoile est une table sur laquelle est posé un
étui de mathématiques.
Page 406 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Tîtres

Le président de la Loge reçoit le titre de Grand-


Maître-Architecte.
Il y a deux surveillans, qui sont Maîtres-
Architectes.
Tous les frères sont Architectes.

Habillement
Le grand-Maître est vêtu d’une robe blanche de grand
prêtre. Pardessus cette robe, il porte un large cordon
bleu, passant de l’épaule droite à la hanche gauche, au
bas duquel pend le bijou. Il porte en outre les attributs
de la perfection, ou du grand chevalier élu, sublime et
parfait maçon.
Les surveillans ont le même costume, et pour bijou,
le niveau et la perpendiculaire.
Ce costume n’étant pas de rigueur, les trois officiers
peuvent être en habit de ville, et alors ils sont décorés
comme tous les architectes et revêtus des ornemens que l’on
va décrire. Ils ont le chapeau sur la tête dans
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto est vierge)

Planche 22 e.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 407

l’exercice de leurs fonctions.


Cordon bleu, porté en baudrier par les trois premiers
officiers, et en sautoir par le surplus des architectes.
Tablier blanc, doublure et bordure bleue. Au
milieu du tablier est une poche noire, qui est censée
contenir l’étui de mathématiques. Sur le tablier des
surveillans, et au milieu de la poche, est brodée en blanc
la lettre G.
Le bijou est une plaque d’or, de forme carrée, en
guise de médaille formant un carré parfait. Sur l’un
des côtés sont gravés quatre demi-cercles en face de sept
étoiles ; au centre est un triangle renfermant un A.
Sur l’autre côté sont les cinq ordres d’architecture,
représentés par cinq colonnes, sur le socle desquelles sont
gravées les initiales du nom des cinq ordres : C. D. T. I.
et C. Au dessus de ces colonnes est un niveau ; au dessous,
est une équerre, un compas ; dans le centre du compas,
les lettre R. N.  168 initiale et finale du mot de passe.
Entre l’équerre et le compas, est une croix.
N a. Quelques maçons donnent aux cinq lettres que l’on regarde
comme les initiales des noms des cinq ordres d’architecture, une signification
symbolique comme suit : (Corinthien) db3k3< chebed,  169 grandeur (Dorique)
qb2d3< debek,  170 union. (Toscan) tq=ot thokath,  171 force. (Ionique)
yp1oy jophi,  172 beauté. (et Composite) hl=<k1< chillah,  173 perfection. Si en effet cet
ordre de maçonnerie avait l’ancienneté qu’on lui suppose, il n’est guère probable
en effet qu’alors le nom des cinq Ordres d’architecture fut donné.
168. « R. M. » dans l’édition 1820 du Tuileur de Vuillaume, avec la même orthographe
hébraïque du mot de passe (erronée, cf. la note de la p. 415) et sa transcription en « Rab-
banaïn  ; « R. N. » dans l’édition 1830 du Tuileur de Vuillaume, avec toujours la même
orthographe hébraïque et la même transcription. Les éditions allemandes indiquent « R. M. »,
gardent l’orthographe hébraïque erronée, mais rectifient la transcription de « Rab-banaïn »
en « Rab-banaïm ». Quesada indique « R. M. » et « Rabucin », Kloss porte « R. M. » et
« Rabucim » et Pyron indique « R. M. » et « Rabanim ».
169. C’est ici l’état construit (relation génitivale) de db2k=<= kạveḏ (lourd, important).
170. Mot du Talmud (jonction, union). Dans la bible qb2d=< = dạveq (attaché à).
171. Peut-être th-q4ot<< = tôqĕhaṯ, (espoir ?) nom d’homme dans la Bible (2 Chr.
34:22), ou plus probablement (erreur sur lettre finale) Pq3ot< = tôqẹf (force).Dans le Midrash.
172. Mot du Talmud (beauté).
173. Accompli du pi‘el de la racine verbale hlk (il a terminé).
Page 408 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Ouverture de la Loge.

{
Le grand Maître frappe trois coups : – ! qui
sont aussitôt repétés par les surveillans ; et il dit
Frère premier Surveillant ! faites votre devoir !
Le premier surveillant demande au garde de l’intérieur
si la Loge est couverte. Sur la réponse affirmative, le
Surveillant dit :
« La loge est couverte, les profanes ne peuvent
« pénétrer dans cette enceinte.
Le G\ M \e
Etes-vous grand maître architecte ?
Réponse : « Je connais parfaitement tout ce que
« renferme un étui complet de mathématiques.
Le G\ M \e
Quels sont les instrumens qui le composent ?
Réponse : « Une equerre, un compas simple,
« un compas à quatre pointes, une règle, un plomb,  174 un
« compas de proportion, et un demi-cercle.  175

174. Terme usité à l’époque pour désigner un « fil à plomb ». C’est un « aplomb »
dans les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron.
175. Terme usité à l’époque pour désigner un « rapporteur ».
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 409

Le G\ M \e
Où avés-vous été reçu grand maître architecte ?
Réponse : « Dans un lieu tendu de blanc, parsemé
« de flammes.
Le G\ M \e
Que signifient le blanc et les flammes ?
R.   « Le blanc signifie la pureté du cœur ; et
« les flammes, le zèle dont tous les Maîtres architectes
« doivent être animés.
Le G\ M \e
Que représente l’étoile qui est au septentrion ?
Rep - « La vertu qui doit guider les actions de
« tous les maçons, comme l’étoile du nord guide les
« voyageurs.
Le G\ M \e
Quelle heure est-il ?
Rep. « L’étoile du matin paraît.
Le G\ M \e
Puisqu’il est ainsi, mes très-chers frères, travaillons !
Le grand maître frappe sept coups : – – !
ce que les surveillans répètent aussitôt.
Alors, on fait le signe et l’acclamation.
Le G\ M \e
La loge est ouverte, prenés place, mes frères !
Page 410 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Clôture de la Loge.

{
Le G\ M \e
Frère premier surveillant ! donnés-moi le signe du grand
maître architecte !
Le frère premier surveillant donne le signe.
Ensuite, le Grand M .e ouvre son étui, et dit :
Laissés-nous travailler !
Il sort les instrumens de l’étui, les range sur une petite
table ; il met la main gauche sur le compas de proportion, et se
penchant sur le côté droit, il dit :
Connaissés-vous cet ouvrage ?
Rep. « J’en connais bien d’autres !
Le G\ M\
Frere premier surveillant ! donnés-moi l’attouchement !
Le frere premier surveillant se lève, et va donner
l’attouchement au Grand Maître.
Le G\ M\
Donnés-moi la parole !
Rep. « Rab.....
Allés encore
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 411

Le G\ M \e
Allés encore !
Rep. « ba.....
Le G\ M \e
Finissés !
Rep. « naïn !
Alors le grand Maître forme un triangle avec le
compas et dit :
Mes frères ! nous avons fini !
Tous les frères remettent leurs instrumens, et disent :
« Nous avons fini !
Ensuite le grand Maître frappe trois coups, comme
à l’ouverture, et dit :
Cette Loge est fermée !
Les surveillans répétent :
« Cette Loge est fermée !
Le G\ M \e
Retirons-nous en paix !
Page 412 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Réception.

{
Le Candidat se présente, décoré des ornemens de
sublime Chevalier élu ; il frappe à la porte du temple, trois
coups, suivant l’instruction qui lui a été préalablement
donnée.
Le premier surveillant avertit le grand Maître, qui dit :
Frere premier surveillant ! faites voir qui frappe ainsi ?
Le premier surveillant, après avoir vû, dit :
« Grand Maître architecte ! c’est un sublime chevalier
« Elu qui sollicite la faveur de passer au grade de grand
« maître architecte.
Le G\ M\
Donnés-lui l’entrée !
On ouvre ; le Récipiendaire entre et va directement au
midi, puis au nord, où il admire quelques tems l’étoile ;
ensuite il retourne à l’ouest, où il est interrogé par le grand
maître sur les huit premiers grades.
Le grand maître, satisfait de ses réponses, lui dit :
Mon cher frère ! passés à l’est par les pas du grade,
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 413

afin d’y prononcer entre mes mains votre obligation !


Le Récipiendaire avance par trois pas en équerre, le
premier un peu lent, et les deux autres plus vifs. Arrivé
au pied de l’autel, il se met à genoux, et prête l’obligation
qui suit.
Obligation
Je N. sublime chevalier elu des douze tribus
d’israël, promets à Dieu et à cette respectable loge,
des grands maîtres architectes, de ne jamais révéler les
secrets qui vont m’être confiés ; de ne jamais donner
mon consentement pour l’admission d’aucun individu
dans ces mystères, que conformément aux réglemens,
statuts et constitutions  176 secrets de l’ordre. Je promets
en outre soumission à tous les réglemens qui émaneront
des souverains princes de l’Ordre, et obéissance
entière aux ordres et aux décrets du grand conseil.
Si je manque à mes engagemens, je consens à
subir les peines que je me suis imposées par mes
précédentes obligations ; que mon nom soit écrit en
lettres rouges, pour que la postérité le lise comme
celui d’un infâme et d’un perfide !
Que Dieu me maintienne dans la justice et l’équité !
   Amen !

176. Un premier mot « conditions » a été ensuite surchargé en « constitutions ».


Page 414 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Après l’obligation prononcée, on fait relever le


Récipiendaire, et debout, devant le grand maître, il écoute
le discours qui suit :

Discours historique.

Salomon voulant former une école d’architecture,


pour l’instruction de ceux qui continuaient les travaux
du temple, pour encourager les bons maçons dans les progrès
de l’art royal, et pour exciter l’emulation parmi ceux dont
le zèle, la discrétion et les talens promettaient déjà d’être
des ouvriers distingués, il créa le grade de grand maître
architecte.
Ce sage roi, plein de justice et de bonté, voulut
récompenser le zèle, les connaissances et les vertus des
sublimes architectes Amar-iah, pour les faire approcher de
plus en plus du trône céleste du grand architecte de l’univers ;
la divine providence lui fit jetter les yeux sur les divers
chevaliers élus, afin d’effectuer envers eux la promesse que
Dieu avait faite à Moïse, à henoch et à David, en leur disant :
que si par leur ardeur et leur constance ils parvenaient à
pénétrer un jour dans les entrailles de la terre, ce serait par
la permission de sa providence divine.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 415

L’attachement que vous faites paraître à l’étude de la


géométrie, à laquelle vous serés à l’avenir entièrement
consacré, vous procurera, comme à ces anciens maîtres, les
moyens de parvenir aux plus sublimes connaissances.

Ce discours étant fini, le Récipiendaire retourne vers


le premier surveillant, par les trois pas du grade ; le
premier le conduit vis-à vis l’étoile lumineuse ; on l’y
arrête un instant pour l’admirer ; il recule de trois pas,
et fait les deux derniers pas du grade, qui le conduisent
près du premier surveillant.
Ce dernier lui donne les signes, mots et attouchement
comme suit.
Signe
Passer la main droite dans la main gauche, comme si l’on
tenait de l’une une planche à tracer et de l’autre un crayon ; on
fait le mouvement d’y tracer des lignes, en regardant par
intervalles le grand Maître, qui est sensé en indiquer le sujet.
Attouchement
Se prendre réciproquement la main droite, et s’enlacer
les doigts ; ensuite poser la main gauche sur le cœur, l’un
de l’autre.
Mot de passe.
Rab-banaïn, qui veut dire : Architecte. (heb.
Ny!n_b=jbr= aedificantium magister)  177
177. « chef des constructeurs ». C’est le Tuileur de Delaulnaye qui donne le premier
cette version en hébreu, recopiée dans ce manuscrit et dans le Tuileur de Vuillaume. En
hébreu biblique, le mot « constructeur » est connu seulement au pluriel et sous les deux formes
suivantes : yn@Ob<
= bonê (1 Rois 5:18 ; à l’état construit c’est-à-dire en relation génitivale) et
Myn!Ob<= bonîm (2 Rois 12:11, etc. [8 occurrences] ; à l’état absolu). Mais le Talmud nous
offre une variante fréquente à l’état absolu (Jastrow 1903, p. 176), Mya1n+>b-<
= bannạʾîm
(constructeurs) ; cependant, le suffixe marquant le pluriel se présente parfois avec la finale
araméenne Nyj1= -în à la place du plus classique Myj1
= -îm ; dans les deux cas, c’est le
pluriel de yan_>b<-
= bannāy (constructeur, maçon). Il est donc difficile de trancher pour la lettre
finale du mot de passe et par conséquent pour celle figurant sur le bijou, « M » ou « N », cf.
la note de la page 407. Cela peut expliquer les hésitations des Tuileurs. Le « M » semblant
Page 416 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Mot sacré
Adonaï.
Batterie
Trois coups, par un et deux : – ! et sept autres
coups, par trois, trois et un : – – !

Le frère premier surveillant décore ensuite le Récip re.


du cordon et du bijou ; le revêt du tablier, l’embrasse, le
felicite sur son admission, et lui dit :
« Allés, maintenant, mon frère, rendre au grand
« Maître, ainsi qu’à tous les frères, les mots, signe et
« attouchement !
Ce qui étant exécuté, le Récipiendaire prend place
parmi les architectes, et le grand maître fait l’instruction
suivante :

l’occurrence la plus fréquente dans les manuscrits, il vaut quand même mieux restituer en
Mya1n+>b-<jbr- = rav-bannạʾîm. Le mot br- = rav, placé en tête, signifie classiquement « chef,
capitaine, dirigeant [substantif de l’adjectif ‘‘grand’’] ». Le « chef des constructeurs » peut ainsi
être assimilé, comme le suggère Vuillaume, à notre concept moderne d’ « architecte », inconnu
en hébreu.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 417

Instruction.

Demande.
Reponse.

D.
R.

{
Quel est le premier des arts ?
L’architecture, dont la géométrie est la clef,
ainsi que de toutes les sciences.
Combien y a-t-il de genres d’architecture ?
Il y en a trois, l’architecture civile, la navale,
et la militaire.
D. Qu’est-ce que l’architecture civile ?
R. C’est l’art de bâtir des maisons, des palais, des
temples, des arcs de triomphe, pour décorer et
embellir les villes.
D. Qu’est-ce que l’architecture navale ?
R. C’est l’art de construire des vaisseaux, soit pour la
guerre, soit pour le commerce.
D. Qu’est-ce que l’architecture militaire ?
R. C’est l’art de fortifier les villes, pour soutenir, avec
un petit nombre d’hommes, les efforts d’un plus
grand ; de disposer les ouvrages de manière à ne pas
être forcé ; de commander, par les fortifications, les
pays que l’on veut conserver. – Dans l’art royal
Page 418 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

de la maçonnerie, il ne s’agit que de l’architecture


civile ; il n’et parlé des deux autres qu’à cause de
leurs attributs communs.
D. Quelles sont les sciences qu’un parfait maçon
architecte doit posséder ?
R. Il y en a plusieurs, et qui ont une telle connéxion
entr’elles, qu’on ne peut se dispenser de les étudier, si
l’on veut posséder l’architecture dans toutes ses parties.
En voici la nomenclature :  178
1°. l’Arithmétique,
2°. la géométrie,
3°. la trigonométrie,
4°. l’optique,
5°. la catoptrique,
6°. la dioptrique,
7°. le dessin,
8°. la perspective,
9°. la méchanique,
10°. la tactique,  179
11°. l’hydraulique
12°. la géographie,
13°. la chronologie,
14°. la coupe des pierres et celle des bois,
15°. les mesures,

178. Cette liste est variable suivant les manuscrits : Kloss et Pyron séparent en deux
points « coupe des pierres » et « coupe des bois » mais omettent « l’astronomie » (ce qui fait
toujours dix-neuf points). Quesada sépare aussi mais rajoute « l’astronomie » en dernier point
(ce qui en fait vingt).
179. C’est plus probablement « la statique » comme on le voit écrit en anglais (statics)
et expliqué dans la suite de l’instruction du manuscrit Francken de 1783. Les manuscrits
Quesada, Kloss et Pyron font la même erreur, ce qui démontre une source commune à celle
de Vuillaume, mais intermédiaire entre Francken et notre groupe de quatre manuscrits. Cette
source reste pour l’instant inconnue et était peut-être rédigée en anglais (cf. la note suivante).
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 419

16°. la physique,  180
17°. la musique,
18°. l’astronomie,
19°. enfin l’architecture.
D. Combien y a-t-il d’ordres d’architecture ?
R. Cinq, le toscan, le dorique, l’ionique, le
corinthien et le composite.
D. Quelle différence y a-t-il entre ces ordres ?
R. Le toscan et le dorique sont les plus élevés et
les plus graves  181 ; le corinthien et le composite
sont ceux où il y a le plus de goût, et l’ionique
est le plus simple.
D. Quel âge avés-vous ?
R. Trente trois ans.

Après cette instruction, on ferme la Loge, comme


on l’a vû ci-devant, page  182

180. Le manuscrit Francken de 1783 porte en anglais « Physics » qui a été traduit
dans les publications par « Médecine » aussi bien par Claude Guérillot (Le Rite de Perfection)
que par Georges Lamoine (Le Manuscrit Francken de 1783) ; ils s’appuient avec raison sur
l’instruction (beaucoup plus développée qu’ici) qui explicite le terme de manière précise et bien
en rapport avec la médecine. Il y a donc eu une perte de sens par une mauvaise traduction,
aussi bien dans le manuscrit Vuillaume que dans les versions de Quesada, Kloss et Pyron. Le
corollaire est l’existence probable d’une version anglaise, qui ne comportait pas l’explication
des mots dans la suite de l’instruction (empêchant l’erreur de traduction), comme source de
cette version du 12e degré du R. E. A. A., où l’instruction est fortement réduite.
181. Probable erreur de recopiage du scripteur : les manuscrits Quesada, Kloss et
Pyron indiquent ici « les plus rares ». La réponse est très différente dans le manuscrit Francken
de 1783 : « Le toscan et le dorique sont les plus connus et les moins ornés. Le corinthien et le
composite sont les plus beaux et les plus ornés, le ionique est plus orné que les deux premiers
mais moins que les deux derniers. » (trad. Lamoine).
182. L’oubli de la référence (c’est la page 410) montre que la numérotation des pages
a été effectuée une fois le manuscrit achevé. Il est à noter que la référence de page était bien
indiquée pour les deux degrés précédents (10e et 11e).
Page 420 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, avril 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Ce folio est suivi de deux pages vierges numérotées 421 et 422.)

Grand maître architecte.

{
Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

13 e. degré

Royal arche.   1 er. signe.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 423

Royal-arche.

{ 13e. Degré.

Décoration de la Loge.

Le Loge se tient, autant qu’il est possible, dans un


lieu souterrain et voûté, sans portes ni fenêtres ; on y
entre par une trape placée au sommet de la voûte.
Neuf arches ou arceaux, supportent la voûte ; sur
chacune des arches est tracé en caractères hébraïques, le
nom d’un des neuf premiers architectes qui suivent :  183
y  jod principium.  184
oh-y jhao existens,  185
183. La liste qui suit est recopiée sur celle publiée dans le Tuileur de Delaulnaye ; Vu
le nombre de différences par rapport à ce que nous disent les manuscrits précédents, ce n’était
pas vraiment une bonne idée, d’autant plus que Vuillaume, en voulant systématiquement
proposer une transcription hébraïque (comme Delaulnaye), fait souvent fausse route en ne se
posant pas préalablement la question des déformations vocales.
184. « commencement, origine ». Pour la tradition juive, c'est le principe créateur.
yy
Dans l'écriture biblique il est souvent écrit redoublé ( ) et est alors considéré comme sigle
remplaçant le tétragramme et, comme lui, vocalisé par respect en « Adonaï ».
185. « existant, manifesté ». Vocalisation possible des trois premières lettres du
Tétragramme ( hvhy ). Cette forme isolée est absente de la Bible, au contraire de Jah. Il
Page 424 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

h<y+jah Deus,  186
hy+h1a6 ehiah ero,  187
hy+l1a6 eliah fortis,  188
bh2y+ jaheb concedens189
yn+Oda7 adonaï Dominus,190
Nn_c=jla3 el-khanan misericors Deus,191
lb3oy jobel jubilans192
Ce sont tous des noms de Dieu, qui est en effet le premier
de tous les architectes.
La voûte est éclairée par une seule lumière, placée
dans un piédestal triangulaire, qui est transparent,
et posé au milieu du souterrain. Sur chacune des faces
de ce piédestal on lit le grand nom de Dieu en caractères
hébraïques ( hv+Ohy$ )
Un grand fauteuil placé sous un dais très riche, est
disposé à l’Orient pour le président.

Tîtres
La loge prend le titre de College ou Loge royale.
Il y a cinq officiers nécessaires :
1°. Le président, qui réprésente Salomon, et reçoit
le titre de Trois fois puissant grand maître.
vaudrait mieux la vocaliser sous la forme ohy$ = yĕhô, et donc « jeho » plutôt que « jhao » ;
c’est ainsi que ce trigramme apparaît dans de nombreux noms théophores de la Bible, comme
par exemple « Jehoshua » (Dieu est sauveur) qui fut donné comme prénom à Jésus.
186. « Dieu ». Vocalisation classique des deux premières lettres du Tétragramme
hvhy
( ). Dans l’édition 1830 de son Tuileur, Vuillaume traduit par « Deus fortis » (Dieu courageux).
187. « je serai ». La forme exacte en hébreu est hy#h4a3 = ẹhyẹ̈. C’est un inaccompli
qui signifie donc à la fois « je suis » et « je serai ».
188. « courageux ». La forme exacte en hébreu est hy+fl1a2 = eliyyạ̈.qui signifie « mon
Dieu est Yah » (2 Rois 1:3). Dans l’édition 1830 de son Tuileur, Vuillaume traduit par « Deus
excelsus » (Dieu très haut). Mais « Eliah » est plutôt ici une déformation de « Elion » que l’on
retrouve au même endroit dans les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron. Noyl4i3 = ʿẹlyôn,
nom divin fréquent dans la Bible, signifie « le Très Haut ».
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 425

2°. Un second officier, qui représente hiram roi


de Tyr, qui se place à l’est à la gauche du président.
3°. Un grand trésorier, qui représente Zabulon,
qui se place du côté du nord.
4°. Un grand secrétaire, qui représente Johaben,
et se place au sud en face du grand trésorier.
5°. Enfin, un grand Inspecteur, qui représente
Schoulkain, et se tient à l’ouest.
Les deux premiers officiers doivent avoir au moins
le grade de Prince de Jérusalem.

Habillement

Le grand maître est vêtu d’une robe jaune, et par


dessus, il porte un manteau royal en satin bleu, doublé
d’hermine ; il tient un sceptre à la main. Pardessus la
robe, est un grand cordon, couleur pourpre, passant de
droite à gauche, en ruban moiré de trois à quatre pouces
de largeur ; au bas du cordon est suspendu un triangle
en or.
Hiram, second officier, est en habit de voyage à
l’antique ; il a la tête couverte, et le glaive en main ; il
189. « concédant ». Ce n’est pas de l’hébreu, mais de l’araméen : participe présent
de la racine verbale bhy (donner, poser). Dan 2:21 ; 3:28. Esd 5:16. Fréquent aussi dans
les Targumim, parfois avec le sens de « négocier ». Là aussi, c’est plutôt une déformation de
« Jahoh » que l’on retrouve à cet endroit dans les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron ; c’est
une des vocalisations possible du Tétragramme ( hvhy hohy+
lu = yạhôh).
190. « Seigneur ». Pluriel de majesté, la voyelle finale « a » (quames) ayant un rôle
emphatique et la valeur du suffixe possessif « i » étant pratiquement effacée. (Paul Joüon,
Grammaire de l’hébreu biblique, 136d). Vuillaume l’a transcrit « Deus (Dieu) » ailleurs (p. 234).
191. « Dieu miséricordieux ». Dans la Bible, il se trouve écrit sous la forme
Nn+c=l4a3
= ẹlḥạnạn, comme nom d’homme (2 Sam 21:19, 23:24 ; 1 Chr 11:26, 20:5). En
hébreu, littéralement, Nn_c= la3
= ẹl ḥạnan signifie « Dieu a fait grâce ».
Page 426 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

porte le même cordon et le même bijou que le président.


Le grand trésorier porte en sautoir un cordon blanc,
auquel est suspendue une clef en or. Sur le ruban du
cordon sont brodées en or les lettres : I. V. I. O. L. qui
sont les initiales des mots : inveni verbum in ore leonis (*)193
Le surplus des officiers, et tous les membres du
Collège ont le cordon pourpre, mais porté en sautoir,
auquel est suspendu, pour bijou, un triangle en or,
ou bien une médaille, sur une des faces de laquelle est
gravée une trape fermant une voûte, et sur l’autre un
triangle, avec les lettres qui suivent pour exergue :194
R et S. J. Z. S. I. P. T. F. A. S. R.+H. anno 2995. Ces
lettres sont les initiales des mots : R . et Schoulkain,
Johaben, Zabulon, Salomon, invenerunt praetiosissime
thesaurum fabricatum artificium subter ruinas henoch,
anno 2995. (on remarquera que la signification du premier R. n’est
pas donnée) + regnante et sapientisimo Salomon, Zabulon, Johaben,
¨      Stolkin +

  (*) Quelques uns prétendent que ces cinq lettres doivent être hébraïques,
et qu’elles représentent : ayb1l= hm=x4i8 My+ rVa lOky+ jachol ur
jam otzmah labi, qui signifie : Le feu prévaut sur l’eau avec la force
d’un vieux Lion. Ceux qui veulent rapporter toute la maçonnerie aux
templiers, assemblent cabalistiquement la figure des trois premières lettres,
et présentent IVI o l. (Molay) C’est beaucoup d’érudition peu utile.
Ouverture
192. « jubilant ». On retrouve cette même transcription latine dans les éditions de
1820 et 1830 du Tuileur de Vuillaume. Mais cela ne correspond pas du tout au sens du mot
hébreu indiqué qui signifie « jubilée » et s’écrit exactement lb2oy
= yôvel. Le terme latin
correspondant devrait donc être « jubilaeus ». La même erreur se retrouve dans le Tuileur de
Delaulnaye où Vuillaume l’a probablement recopiée sans vérifier. Le second problème est que
ce nom ne peut pas être considéré comme un qualificatif divin ; il faut donc envisager là aussi
une déformation. Dans le Royal-Arche du Rite de Perfection (manuscrit Francken), le nom lié à la
neuvième arche est « johabulum » qui a facilement pu être déformé et raccourci en « jobel » ; le
manuscrit anglais le traduit par « en Dieu est ma foi ». « Johabulum » est également le nom indiqué
dans les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron. Ce mot est une déformation de « zevouloun », par
l’intermédiaire de « zabulon » ; NVlb5z$ ( ou NVlVbz$ ou Nl5Vbz$
) = zĕvulûn, nom du sixième
fils de Jacob et Léa (Gen 30:20), signifie « demeure divine ».
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le verso est vierge)

Planche 23 e.

193. « J’ai trouvé la parole dans la bouche du lion » est la traduction la plus classique.
Mais une autre traduction est possible : « Trouve la parole dans la gueule du lion ! » (Impératif
actif d’un verbe latin de la 4e conjugaison). L’explication « hébraïque » que relate Vuillaume est
typique de ce début du xixe siècle ; on retrouve ce même genre de tentative dans la version du 18e
degré du manuscrit Quesada (vers 1819) où l’on essaye de faire coller le sigle I. N. R. I. (pourtant
tiré du latin...) avec les quatre lettres correspondantes de l’hébreu et d’en faire une phrase ou
un groupe symbolique au prix de grosses approximations sur le sens des mots. Par exemple on
retrouve ici aussi le mot My+ = yạm traduit par « eau » alors qu’il signifie « mer » ; dans le même
style,rVa = ûr n’est pas le « feu » mais la « lumière », éventuellement celle du feu, ou sa flamme.
« Feu » s’exprime lui par le mot Da2 = es̆ . Quant à ayb1l= = lạvîʾ, c’est la « lionne » et pas le
« lion », etc. Comme le dit lui-même Vuillaume, « C’est beaucoup d’érudition peu utile. ».
194. Curieusement, la description et l’interprétation de ces lettres sur la médaille sont
totalement absentes de toutes les éditions du Tuileur de Vuillaume (qui mentionnent cependant une
série de lettres différentes au 31e degré de Misraïm [équivalent du 13e degré du R.E.A.A.], mais
sans explications : S.J.J.S.I.P.T.F.A.S.R.H. anno 2995), ainsi que du Tuileur de Delaulnaye. On les
trouve par contre dans les manuscrits Quesada et Pyron, mais pas dans le Kloss. Par comparaison
à ces deux manuscrits, on pourrait restituer en R. S. S. J. J. & S. I. P. T. S. R. H. anno [mundi]
2995, soit « Regnante sapientissimo Salomone, Jibulum, Johaber et Stolkin invenerunt
pretiosissimum thesaurum subter ruinas Henoch anno [mundi] 2995 » qui se traduit par
« Sous le règne du très sage Salomon, Jibulum, Johaber et Stolkin trouvèrent un très précieux
trésor sous les ruines d’Henoch, en l’année [du monde] 2995. ». C’est la version du manuscrit
Pyron, très proche du rajout (entre les deux signes « + ») de Vuillaume ; la seule différence notable
est « Zabulon » écrit « Jibulum » et l’absence de « fabricatum artificium » (l’art de construire)
après « thesaurum ». Le manuscrit Francken de 1783 donne une version légèrement différente :
« Regnante Sapientissimo [le scripteur semble avoir hésité avec l’adverbe « Sapientissime »]
Solomon [pour Salomone (influence de l’orthographe anglaise)], Guibelum, Joabert & Stolkin
Invenerunt Pretiosissimum Thesaurum artificium Subter Ruines [pour Ruinas (influence de
l’orthographe française)] Enoch Ao= 2995 » (Sous le Règne du Très Sage Salomon, Guibelum,
Joabert et Stolkin Trouvèrent un Très Précieux Trésor, le métier, sous les Ruines d’Enoch en l’Année
2995). Remarquons au passage l’équivalence des différentes déformations d’un nom important à
ce grade : Zabulon = Jibulum = Guibelum.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Planche 427

Ouverture de la Loge.

{
Le grand maître frappe un coup avec son sceptre,
et dit :
Frere Inspecteur ! où sommes-nous ?
Réponse : « Dans l’antre le plus sacré du monde.
Le G\ M\
Qui êtes-vous ?
Rep. « Je suis ce que je suis. Mon nom est
« Zabulon. (au lieu de Jabulum, qui est insignifiant)
Le G\ M\
Quelle est votre qualité ?
Rep. « Chevalier de Royal-arche.
Le G\ M\
Qui vous a reçu ?
Rep. « Salomon et hiram roi de tyr, pour
« récompense de mon zèle et de ma constance, m’ont
« elevé à ce grade avec Johaben et Schoulkain.
Le G\ M\
Quels sont vos mots, signes et attouchemens ?
Page 428 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

L’inspecteur donne l’un et l’autre.


Le G\ M\
Que signifie le mot de passe ?
Reponse : « Il signifie que Zabulon est un
« bon maçon, et qu’il faut le récompenser.
Le G\ M\
Avés-vous encore autre chose à désirer ?
Rep. « Oui ! la sublime maçonnerie, sous
« le nom de la perfection ou félicité éternelle.
Le G\ M\
Dieu permettra un jour que vos desirs soient accomplis !
Rep. « Amen, amen, amen !
Le G\ M\
Prions, mes frères !

Prière
Grand architecte de l’univers ! Dieu adorable !
Nous implorons ta divine bonté, veuille éxaucer
nos désirs ! en toi réside la vraie sagesse où
nous aspirons ; elle doit faire la force et la beauté
du temple que nous te consacrons. Purifie nos
cœurs ; puisse-tu y régner éternellement !
Amen, amen, amen !
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 429

Le grand Maître frappe dans les mains cinq coups :


– ! Cette batterie est répétée par hiram, et par
les trois autres officiers.
Ces trois derniers officiers quittent alors leur place,
vont se mettre à genoux devant le divin triangle, et
font le signe d’admiration, ainsi que tous les frères.
Un instant après, ils se relèvent, s’aidant
réciproquement, en se prenant ensemble par dessous les
aisselles.
Ensuite le Grand Maître frappe de nouveau cinq
coups, et tous les frères, qui étaient demeurés à genoux,
se relèvent.
Alors le Grand maître dit :
Frere Inspecteur ! prévenés tous les frères que le
Collège est ouvert !
Le fr. Inspecteur fait l’annonce, et chacun prend
sa place.
On s’occupe ensuite des travaux qui ont été mis à
l’ordre du jour.
Page 430 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Clôture du Collège.

{
Le G\ M \e
Frere Inspecteur ! désirés-vous encore quelque chose
de moi ?
Reponse : « Perfection et bonheur éternel.
Le G\ M \e
Dieu permettra que vous soyés un jour récompensé !
Rep – « Amen, amen, amen !
Le G\ M\
Quelle heure est-il ?
Rep. « Le matin.
Le G\ M\
Prévenés que je vais fermer cette loge par les nombres
les plus parfaits et les plus mystérieux !
Le f\ Inspecteur fait l’annonce.
Le Grand Maître fait ensuite par trois fois la
batterie du grade : – – – – – ! Ce qui
est repété successivement par hiram et par les trois
autres officiers.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 431

Le G\ M \e
A l’ordre mes frères !
Tous les frères se mettent à genoux, font ensemble
le signe d’admiration ; ensuite ils mettent la main droite
sur les yeux, et la gauche sous les bras, et s’aident
mutuellement à se relever.
Le G\ M\
Mes frère ! la loge sublime est fermée !
Le f\ Inspecteur répéte l’annonce, et chacun se
retire.
Page 432 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Réception.

{
On ne peut recevoir moins de trois membres à la fois ;
et s’il n’y en a qu’un seul ou deux, deux ou un membres déjà reçus
complètent le nombre trois.
Il n’y a de même que les cinq officiers qui agissent dans
la réception ; les autres frères sont simples spectateurs.
Les Candidats sont amenés à l’entrée de la trape ; ils y
frappent en Maître architecte. On leur demande ce qu’ils
veulent ; ils répondent qu’ils desirent d’être reçus chevaliers
de Royal arche. Le garde répond qu’il n’est pas encore
possible, mais qu’ils ayent à prier Dieu de le permettre.
Na. Ceci se passe entre les Récipiendaires et l’Introducteur qui
    reste en dehors, à l’entrée de la trape.
Les Candidats réitèrent leur demande une seconde fois ;
ils reçoivent la même réponse.
Enfin une troisième fois ils font la même demande ;
alors l’Introducteur conduit l’un des Récipiendaires à l’entrée
de la trape, et lui demande s’il est disposé à descendre dans
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 433

le centre de la terre pour y chercher des trésors. Comme il y


consent, il lui passe une corde autour du corps ; la trape
s’ouvre, toutes les lumières ont été éteintes dans le caveau ;
on y descend le Récipiendaire jusqu’à une certaine hauteur,
ensuite on le fait remonter par deux fois. A la troisième
fois qu’il est descendu, on le laisse tomber avant qu’il ait touché
le plancher et une pierre, qui est sensée se détacher de la voûte,
tombe avec lui. Alors, les lumières qui éclairaient le delta
sont rallumées. Le grand surveillant fait mettre à genoux
le Récipiendaire près du piédestal, fait le signe d’admiration,
et la trape se referme. On fait la même cérémonie pour
l’introduction des deux autres.
Quand tous trois sont introduits, et placés à genoux
autour du piédestal, le grand maître leur dit :
Le grand architecte de l’univers vous a choisis pour
découvrir le trésor le plus précieux des maçons, et vous êtes ses
élus ! –– Approchés ! et venés contracter votre obligation !
Les Récipiendaires vont se placer à genoux devant le
grand Maître ; ils s’aident mutuellement à se relever de
devant le piédestal, en se passant les mains sous les bras.
Etant devant le grand Maître ils prononcent cette
obligation.
Obligation
Je N. jure solemnellement, devant le grand arch \
Page 434 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

de l’univers, de redoubler de zèle, d’amour et d’amitié pour


mes freres de ce grade ; de n’y jamais admettre personne
sans le consentement de cette Loge, et de ne pas le donner, à
moins de trois Candidats ensemble, à moins d’y être
autôrisé par un tître authentique. De ne consentir à
l’établissement d’une Loge de l’Ordre qu’à la distance de
vingt cinq lieues d’un Collège de Royal-arche, dûment
constitué, à moins d’un pouvoir spécial d’un grand
Inspecteur ; de n’y admettre aucun frère qu’après m’être
assuré qu’il a reçu les grades précédens ; qu’il est
membre d’une Loge régulière, et qu’il a donné des preuves
de sa charité et de sa bienveillance pour ses frères.
De me soumettre aux lois, statuts et réglemens de
cette Loge ; de ne jamais m’en séparer sans la permission
du très-puissant grand maître et de ses grands officiers ;
de ne jamais séduire la femme, la fille, la sœur, ni aucun
individu de la famille de mes frères, si je les connais
pour tels ; de reconnaître en tous tems les Conseils
des Princes de Jerusalem et de Royal Secret ; de me
soumettre à leurs ordonnances, et d’en signer une
soumission et l’acte le plus authentique ; sous les
peines de mes précédentes obligations, et d’être exposé
à la férocité des bêtes sauvages, pour leur servir de
pâture !
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 435

Que Dieu me maintienne dans la justice et l’équité !


Amen, amen, amen, amen !

Après l’obligation prêtée, le trois fois puissant grand


maître décore les Récipiendaires, et les envoye au grand
Inspecteur, qui leur enseigne les signes, l’attouchement et
la parole.
Signes
D’admiration – Lever les mains vers le ciel, la tête
penchée vers la gauche, et un genou à terre.
D’adoration – Mettre les deux genoux à terre
Attouchement.
Porter les mains sous les bras de l’examinateur, comme
pour l’aider à se relever, en disant : Toub baani amal
abel, (*) qui veut dire : ayés bon cœur, courage !
Pour réponse, on fait le même attouchement, en disant :
Zabulon ! qui sont l’un et l’autre les mots de passe.
Batterie
Cinq coups, par deux et trois : – !

(*) Voici la traduction litterale de ces mots :


  heb.   lb2a  
= lm=i  
= yn!i8b=   bVe
  pron.  abel  gamel  bagani   
toub
     lugentis   labor in afflictione bonum  195

195. « Dans l’affliction le travail de deuil est un bien » ; la prononciation exacte des
mots hébreux transcrits ici par Vuillaume est « ṭûv vạʿŏnî ʿạmạl ạvel », ce qui n’est pas tout
à fait ce qu’il indique. Notons que l’édition 1820 du Tuileur de Vuillaume transcrit à l’identique
(en recopiant d’ailleurs textuellement le Tuileur de Delaulnaye) mais que celle de 1830 indique :
lb-a= lm=i= yn!i7b= bVe = ṭûv vạʿănî ʿạmạl ạval, vocalisé en français par Vuillaume en
« toub baani amal abal » ce qui est correct, hormis les trois beth nom marqués d’un daguesh
b<
( ) pour pouvoir les prononcer « b » et pas « v ». Cette phrase devrait s’écrire lb3a2 lm=i=
yn!i8b=< boe = ṭôv bạʿŏnî ʿạmạl evẹl pour se traduire comme l’indique Vuillaume.
Mais Vuillaume ne se pose pas la question des déformations vocales qu’a pu subir
cette phrase ; l’étude détaillée de toutes les versions depuis le xviiie siècle permet pourtant de
proposer une restitution probable. Déjà, les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron indiquent
Page supplémentaire pourTranscription
la note 195.C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

respectivement [mots écrits suivis, entre parenthèses, de l’explication fournie] : « hamalabec


Jibulum (Jibulum est un bon Maçon, il faut le récompenser) », « toub-Bannaï hamalabec Jibulum
(Jibulum est un bon Maçon et il faut le récompenser) » et «hamalabeer Jibulum (c’est un bon
maçon, il faut le récompenser) ». Quant au manuscrit Francken de 1783, il porte « Hamalaheck
Guibelum (Guibelum est un bon maçon que nous devons aider et récompenser) ». Dans tous
ces cas, l’explication fournie ne peut jamais être la traduction de deux seuls mots « hébreux »,
mis à part le manuscrit Kloss qui fourni quatre mots « hébreux ».
Sans multiplier inutilement les exemples (très nombreux), le panorama des graphies
depuis le milieu du xviiie siècle jusqu’à la fin du xixe siècle montre une double origine de ce
mot de passe : c’est au début du xixe siècle que les deux premiers mots sont rajoutés à la
phrase, apportés par les premières versions du R. E. A. A. au retour d’Amérique. Quand on
sait le nombre important d’hébraïsant parmi les premiers membres du Suprême Conseil créé
à Charleston, il est curieux que les rédacteurs des tuileurs publiés peu après n’aient pas vu la
qualité de ce rajout qui n’est rien d’autre que la rétroversion en hébreu de la phrase traditionnelle
« c’est un bon maçon ». La tentative de Delaulnay, reprise par les tuileurs suivants, de rectifier
la phrase, même si le sens induit est assez parlant, n’est pas convaincante, car bien éloignée
du sens ancien.
En effet, « Toub » est, comme on l’a vu précédemment, une graphie évidente pour
boe ( ṭôv ) qui signifie « bon » en hébreu. Quant à « Bannaï », c’est la graphie tout aussi
évidente de yan_>b<- ( bannāy ) qui signifie « constructeur » et plus précisément « maçon »,
fréquemment noté ainsi dans le Talmud ( Jastrow 1903, p. 176 ). Les deux premiers mots
forment ainsi une proposition nominale sans verbe (très classique en hébreu) dont le pronom
sujet est omis : yan_>b<- boe aVh[ ] = [hûʾ] ṭôv bannāy ), dont la traduction est « [ Il est,
c’est ] un bon maçon ».
Pour la seconde partie du mot de passe, il vaut mieux travailler à partir des premières
mentions du xviiie siècle (dès 1760, dans le Grand Élu de Londres - Latomia 7-o-f), en tenant
compte des confusions possibles, soit entre les sons perçus, soit entre les lettres recopiées.
On voit déjà immédiatement la confusion facile dans les manuscrits maintes fois recopiés
entre «h» et «b», voire entre «k», «h» ou «t» pour les finales. On peut suivre alors la piste du
sens traditionnel donné, qui est constant autour de la notion de récompense, avec une nuance
volitive : « il faut [nous devons] - récompenser Guibulum ».
Or il existe en hébreu une racine verbale plusieurs fois utilisée dans la Bible, et courante
dans d’autres textes traditionnels, qui a comme sens primitif « remplir » et comme sens figuré
« combler (de bienfaits) » ( Exode 23:26 ; Ezéchiel 26:2 ) : À l’accompli, au mode actif, elle
s’écrital2m= = mạlē mais, à la première personne de l’inaccompli (puisque c’est Salomon qui
prononce cette phrase) il faut rajouter la lettre aleph en préfixe, soit al2m=a7 = ămạlē ; on voit
que l’on se rapproche déjà nettement de notre « hamalahec », le «h» initial pouvant rendre le
coup de glotte du aleph initial. Si maintenant on veut rendre la nuance volitive, il faut penser
à l’utilisation classique du suffixe rajouté à la fin, que l’on appelle le « he » cohortatif :hj= ; la
voyelle finale « e » évolue alors en « a », soit ha=l4m-a7 = ămalʾạ̈, comme on peut le voir, mais
au mode passif, en Ezéchiel 26:2. De plus, le nom propre « Guibulum » qui suit immédiatement
est par nature déterminé ; il est donc naturel en hébreu que sa position en tant qu’accusatif soit
précédée de la particule jta = eṯ- (qui ne se traduit pas), classiquement utilisée dans ce
cas. La confusion sonore ou écrite entre les finales « -eth » et « -ech » est facile à concevoir.
La phrase exacte en hébreu serait alors :

NVlb5z$jta2 ha=l4m-a7 yan_>b<- boe = ṭôv bannāy ămalʾạ̈ eṯ–zĕvulûn.

Littéralement : « Il est un bon maçon, je veux combler Guibulum » ou plus élégamment,


« Guibulum est un bon maçon, je veux le récompenser. ».
Page 436 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Mot sacré
Jehovah, qui est celui qui fut trouvé sur la plaque
d’or posée sur le piédestal.
Mots d’entrée
Pour entrer dans le collège, on donne les neuf noms de
Dieu inscrits sur les arches de la voûte, dans l’ordre qui a
déjà été présenté ci-devant page  196

Après cette instruction, on ramène les Récipiendaires


près du grand Maître, qui les proclame, et les fait asseoir à
sa droite, pour entendre le discours historique du grade,
comme suit.

196. L’oubli de la référence (ce sont les pages 423 & 424) montre que la numérotation des pages a
été effectuée une fois le manuscrit achevé.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 437

Discours historique.

{
Noé, fils d’Isaac et de la sixième génération d’Adam,  197
vivait dans l’amour et la crainte de Dieu, qui lui apparut
en songe, et lui dit : « tu desires savoir mon nom ! suis moi ! »
Une montagne lui parut alors s’elever jusqu’au ciel, sur laquelle
il fut transporté. Dieu lui fit voir une plaque d’or
triangulaire, sur laquelle était son nom en caractères hébraïques,
qui répandait une lumière éclatante, et lui défendit de jamais
le prononcer. Ensuite Noé crut descendre perpendiculairement
sous terre ; il s’arrêta dans un souterrain soutenu par neuf
arches, et vit sur un piédestal cette même plaque brillante,
avec les mêmes caractères. Penétré de l’esprit qui l’animait,
il éleva sous terre un temple à la gloire de Dieu, dans lequel
il y avait neuf arches de la même forme que celles qui lui
étaient apparues. Mathusalem, son fils ainé, en fut
l’architecte, sans savoir pour quelle raison il était construit.
Ce fut dans la terre de Chanaan, depuis, la terre promise,
et au lieu même où fut ensuite bâtie Jerusalem, ou la cité
sainte. Noé fit une plaque d’or, de forme triangulaire,

197. Le début de ce discours historique relaté par Vuillaume s’écarte notablement


des versions connues depuis celle du Rite de Perfection (manuscrit Francken de 1783),
reprise dans les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron : la Genèse nous indique que la sixième
génération d’Adam correspond à Hénoch, fils de Yared, et non à Noé qui n’est d’ailleurs pas
le fils d’Isaac, mais celui de Lamek et petit-fils de Mathusalem, lui-même fils d’Hénoch, ce qui
nous mène à la neuvième génération d’Adam. Mais dans la légende maçonnique traditionnelle,
c’est bien Mathusalem qui fut l’architecte des neuf arches. Vuillaume, en voulant réduire la
longueur de la première partie du discours historique, a donc confondu Hénoch et Noé, ce qui
est très étonnant de sa part.
Page 438 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

enrichie de pierreries, et l’enchassa dans une pierre d’agathe,


qu’il plaça sous la neuvième arche, et grava dessus les
caractères qui lui étaient apparus. Il plaça le tout sur un
piédestal de marbre blanc. Dieu lui apparut de nouveau, et
lui dit de faire une trape, d’y fixer un anneau de fer, pour
l’enlever au besoin. Il lui dit encore qu’il était résolu
d’exterminer tout ce qui respirait sur la terre. Noé prévoyant
que la connaissance des arts et des sciences serait perdue par la
destruction universelle, et voulant la transmettre à la postérité
que Dieu sauverait, il éleva sur la plus haute montagne deux
grandes colonnes, l’une d’airain, pour résister à la force des
eaux, et l’autre de marbre blanc, pour résister au feu. Il
grava sur l’une et l’autre des caractères hiéroglyphiques,
pour faire comprendre que tout auprès était caché dans des
arches, sous terre, le plus précieux des trésors, consacré à
Dieu ; il y grava aussi les principes des arts libéraux et
ceux de la maçonnerie. Par la suite des tems, et après
que le peuple d’israël eut été délivré de l’esclavage sous les
égyptiens par Moïse, et qu’il eut pris possession de la terre
promise, il éleva la ville de Jérusalem, sous les ordres du
sage Salomon. Ce fut alors que se ressouvenant de la
promesse que Dieu avait faite à Moïse, de lui faire découvrir
son saint nom quand il en serait tems, on espera de faire cette
heureuse découverte, avant de consacrer le temple à l’éternel,
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 439

et de pouvoir y déposer ce précieux trésor.


En effet, en fouillant, pour établir les fondemens du
temple, on trouva les ruines d’un ancien édifice, et quantité
de richesses, telles que des vases d’or et d’argent, des colonnes
de marbre, de porphyre, de jaspe et d’agathe, et un nombre
prodigieux de pierres précieuses. Salomon présumant qu’il
y avait eû dans ce lieu, avant le déluge, qui en l’an du monde
1656. avait tout détruit, hors la colonne d’airain, qui avait
transmis les arts libéraux et la maçonnerie ; Salomon,
disons nous, présumant qu’il y avait eû dans ce lieu un
temple dédié à de fausses divinités, et craignant que la
majesté du vrai Dieu n’en fut profanée, il abandonna ce
premier lieu et choisit la plaine d’Anumia.  198
Lorsque le temple fut bâti, Salomon fit construire
une voûte sous terre, qu’il nomma voûte sacrée ; il fit
élever au centre un pilier de marbre blanc, qu’il nomma,
par inspiration, le pilier de la beauté. Pour arriver à la
voûte secrète, on passait par un lieu fort étroit, et sous
neuf arches qui se suivaient et qui communiquaient par
dessous terre au palais de Salomon. C’est dans ce lieu que
Salomon et hiram s’entretenaient des saints mystères.
La perte de hiram priva Salomon de cette satisfaction, et
comme le nombre deux n’était pas suffisant pour entrer
dans cette voûte sacrée, il fut obligé de choisir un
troisième.

198. « Arunia » pour Francken, « Arinsca » pour Quesada, « Arunsca » pour Kloss et
Pyron, sont des déformations de « Aravna » ( = ărawnạ̈), nom du Jébuséen, appelé
hn+v$r-a7
aussi Ornan, qui possédait une aire sur le mont Moriah où fut construit le Temple de Salomon
(2 Chr. 3:1).
Page 440 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Plusieurs Maîtres, Intendans, sublimes Elus, et


grands maîtres architectes, informés que hiram roi de tyr
était à Jérusalem, et que du vivant de hiram-abi, Salomon
allait avec eux dans un lieu sous terre, qu’il appellait la
voûte secrète, qui n’était connue que du dernier maître et
des deux rois, allèrent les trouver, et les prier de choisir
parmi eux quelques uns qui fussent introduits dans ce
lieu saint. Salomon répondit, en levant les bras et la
tête :  199 « vous ne devés pas espérer cette faveur ; mais
« Dieu permettra que vous y parveniés un jour !
Quelques jours après, Salomon envoya chercher
Johaben, Schoulkain et Zabulon, et leur ordonna d’aller
fouiller de nouveau dans les anciennes ruines où ils avaient
trouvé tant de richesses ; ils partirent à cet effet. Zabulon,
en travaillant avec un piquoir,  200 découvrit un gros anneau
de fer qu’il fit remarquer à ses compagnons ; ils
présumèrent qu’il devait y avoir quelque chose d’extraordinaire
de déposé dans ce lieu ; ils redoublèrent d’attention et de
courage ; ils parvinrent à ôter la terre qui couvrait cet
anneau ; ils découvrirent qu’il était fixé à une grande
pierre carrée, qu’ils parvinrent à lever, et ils s’apperçurent
que cette pierre couvrait un lieu très profond. Zabulon
proposa à ses compagnons d’y descendre, et à cet effet,
ils lui passèrent une corde autour du corps, et convinrent
que lorsqu’il secouerait la corde, on le retirerait de suite.
Ils observèrent

199. C’est normalement « en levant les bras et inclinant la tête » (Quesda, Kloss et
Pyron). Oubli du scripteur ?
200. Un piquoir est le nom donné à une aiguille utilisée pour piquer un dessin. Les
versions traditionnelles parlent d’une pioche dont un des anciens noms est piquois ou picois.
Lapsus professionnel de Vuillaume ?
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 441

Ils observèrent éxactement cette convention. A peine


descendu, il découvrit successivement trois arches voûtées ; il
s’arrêta un instant pour observer ; mais n’osant continuer,
il secoua la corde, et ses compagnons le retirèrent.
Il leur fit part de ce qu’il avait vû, et leur proposa
de descendre aussi à leur tour, pour faire de nouvelles
recherches ; mais ils s’y refusèrent. Zabulon se détermina
alors à redescendre, et leur dit qu’à chaque arche il secouerait
légèrement la corde ; mais que s’il voyait du danger, il la
secouerait fortement, pour qu’ils le retirassent de suite. Il
redescendit donc, et parvint jusqu’à la sixième arche, où il
fut obligé d’avertir ses compagnons de le remonter. Il
leur dit qu’il était parvenu jusqu’à une sixième arche, et
qu’il avait observé qu’il y avait encore beaucoup de
profondeur, et qu’il n’avait osé aller plus loin. Schoulkain
et Johaben furent effrayés et refusèrent absolument de
descendre. Zabulon s’arma d’un nouveau courage ; il
alluma un flambeau, et les pria de bien observer ce qu’il
leur avait dit.
Il descendit donc jusqu’à une neuvième arche ; et
quand il y fut arrivé, un morceau de terre, ou une pierre,
tombant tout à coup, éteignit son flambeau ; mais
heureusement, un rayon de soleil qui frappai sur les arches,
lui permit de découvrir une plaque d’or, de forme
triangulaire, enrichie de pierreries dont l’éclat frappa
Page 442 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

tellement Johaben, qu’il fut prêt à perdre connaissance. Il fit


alors naturellement le signe d’admiration, qui était aussi celui que
Salomon et hiram, roi de tyr, avaient fait, lorsqu’avec ses
compagnons il avait témoigné le desir de parvenir au sublime
grade. Zabulon tomba à genoux, prosterné, la main droite
sur les yeux, et la gauche sur les rheins,  201 il secoua subitement
trois fois la corde ; Schoulkain et Johaben le retirèrent.
Il leur dépeignit les merveilles qu’il avait vues à la
neuvième arche ; sur son récit, ils proposèrent de descendre
tous trois, avec une échelle qu’ils construisirent à cet effet.
Lorsqu’ils furent à la neuvième arche, ils firent les mêmes
signes et les mêmes mouvemens que Zabulon, frappés
de la même surprise et de la même admiration, et du
même respect. Johaben et Schoulkain aidèrent
Zabulon à se relever, parce qu’il restait toujours prosterné,
et ils prononcèrent ensemble : Hamelech Zabulon (*) ce
qui signifie : « bon maçon, nous devons l’aider et le
« récompenser !  202
Ils éxaminèrent ensuite la plaque d’or, sur laquelle
ils apperçurent des caractères qu’ils ne purent comprendre.
La plaque était incrustée dans une pierre d’agathe, de
forme aussi triangulaire ; ils l’admirèrent avec un saint
respect, et présumèrent que les caractères qu’elle portait,

  (*) heb. NVlb5z$ K9l3m3h- hamelech Zebuloun, cest à dire :


Zabulon est le roi (des maçons.)  203

201. Orthographe assez fréquente jusque sous l’Empire.


202. Voir la note détaillée de la page 435. Il est étonnant de voir Vuillaume donner
ici un mot de passe différent de ce qu’il a indiqué précédemment, mais semblable aux
mots habituellement rapportés dans les autres manuscrits, avec les mêmes explications
traditionnelles : « bon maçon » et « nous devons le récompenser ». Il l’a cependant transformé
(de hamalah[-b]ec à hamelech) pour le faire coller à sa tentative de traduction en hébreu. Il
y a donc une incohérence entre la partie reprise de son propre Tuileur (et surtout de celui de
Delaulnaye...) et sa remise en forme du discours historique.
203. Tel qu’écrit ici en hébreu (hamẹlẹḵ zĕvulûn), cela ne peut se traduire que par
« le roi Zabulon » (cf. par exemple 1 Rois 1:28). On évitera donc de suivre Vuillaume sur cette
voie périlleuse...
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 443

formaient le nom sacré de Dieu, qui ne devait être connu que


de Salomon, de hiram roi de tyr et de hiram abi.
Il leur parut que depuis la mort de hiram-abi,
Salomon et le roi de tyr, qui ne se trouvaient peut être pas
en nombre suffisant pour leur conférer le grade qu’ils
avaient demandé, pourraient y être déterminés par cet heureux
événemens. Ils se résolurent à lever la pierre sur laquelle
était fixée la plaque, et à la porter à Salomon. Ils y
arrivèrent au point du jour, au moment où le roi de Tyr
entrait dans l’appartement de Salomon. Les deux rois
furent surpris à la vue d’un si précieux trésor, et firent
aussitôt le signe d’admiration que les trois maîtres avaient
fait à la première vue de la plaque ; ils tombèrent à genoux,
Salomon le premier, revenant de sa surprise, et voyant le
roi de Tyr toujours à genoux comme en extase, prononça
ces mots : Hamelech Zabulon !
Ils éxaminèrent avec attention les caractères qui
étaient sur la plaque, et ils reconnurent que c’était le
nom de Dieu hvhy . Mais ils ne voulurent en donner
l’explication qu’aux trois Elus, et leur dirent que le grand
architecte de l’univers leur avait accordé la faveur la
plus signalée, et les avait choisis pour recouvrer le plus
rare et le plus précieux trésor de la maçonnerie.
« Vous êtes, leur dit-il, ses bien aimés ; je vous
« en felicite ! Et pour vous récompenser de votre zèle, de
Page 444 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

« votre ferveur et de votre constance, je vous crée chevaliers de


« Royal arche ; et vous promets en outre, de vous donner
« l’explication des caractères mystérieux que vous voyés sur
« cette plaque triangulaire, lorsque j’aurai trouvé un lieu
« convenable pour la déposer ; et je vous dévoilerai le plus
« haut et le plus sublime grade de la maçonnerie.
Les trois élus observèrent à Salomon que la parole
que lui, et le roi de Tyr avaient prononcée en appercevant
la plaque était la même que celle qu’ils avaient
naturellement prononcée eux-mêmes dans la même
circonstance, sous la neuvième arche ; et ils lui racontèrent
tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient dit,
et qui se trouva être précisément la parole, les signes et
l’attouchement du grade institué à cette occasion, qui fut
nommé Royal arche.
Salomon leur dit ensuite que la promesse de Dieu
était accomplie. Qu’il avait autrefois promis à Noé,
à Moïse et à David son père, qu’un jour son vrai nom
serait trouvé sur une plaque d’or, et que ce nom était
celui sous lequel il voulait être invoqué, qu’ils pouvaient
l’écrire, pour leur satisfaction ; mais qu’ils ne pouvaient
ni ne devaient jamais le prononcer ; qu’il ne devaient
même en épeller les lettres qu’avec la plus grande circonspection.
« Vous savés, leur dit-il, que la parole de Maître
« a été perdue par la fin tragique de hiram-abi ; cette
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 445

« parole ne nous est parvenue que par la tradition, et elle


« a toujours été corrompue ; nous n’avons pas, maintenant,
« la véritable ; mais ces caractères nous en feront trouver
« la vraie prononciation. Il ne nous reste plus qu’à
« récompenser avec justice le mérite de vos travaux !
Les deux rois et les trois chevaliers prirent la plaque
précieuse, et allèrent dans la voûte secrète par le chemin
privé des neuf arches, qui n’était connu que d’eux seuls ; ils
arrivèrent ensemble ; lorsqu’ils y furent parvenus, ils s’y
reposèrent, rendirent hommage au grand architecte de
l’univers de la faveur qui leur avait été accordée.
Le brillant éclat de la plaque, la splendeur des diamans
et des rubis qui l’ornaient, suffisaient pour éclairer ce lieu.
Les deux rois changèrent le nom de voute secrète en celui de
voûte sacrée, dont l’existence ne devait être connue que des
grands Elus parfaits et sublimes maçons. Il fut tems
alors, de récompenser la vertu et le courage de Zabulon, de
Johaben et de Schoulkain ; les deux rois leur accordèrent le
titre de grands élus, parfaits et sublimes maçons ; ils leur
enseignèrent la manière de prononcer les paroles sacrées et
mystérieuses de la plaque.
Les trois initiés firent serment à Dieu et aux deux
rois, de ne jamais admettre aucun maçon à ce sublime
grade, sans s’être assurés de son zèle et de son attachement
à la maçonnerie ; et de faire usage des cérémonies que vous
Page 446 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

avés vues, en commémoration de la glorieuse découverte du


delta près du B\ A\  204 où Dieu avait promis aux anciens
patriarches de leur faire connaitre un jour son vrai nom.
Lorsque le temple fut achevé et dédié, Salomon admit
à ce grade les douze maîtres qui avaient commandé les douze
tribus, après la mort de hiram-abi ; dix autres anciens M tres.
distingués par leurs vertus furent aussi admis et formèrent
la sublime loge de Royal arche.
Dans peu de tems, ils parvinrent à la perfection ; les
douze  205 maîtres admis à la voûte sacrée gardaient les portes
des neuf arches qui conduisaient au palais de Salomon ; le
plus ancien était placé près de la voûte sacrée, et les autres,
par degré d’ancienneté, et ils ne donnaient l’entrée qu’aux
grands élus parfaits et sublimes maçons, qui étaient obligés
de leur donner les signes, paroles et attouchemens à chacune
des arches, ainsi que le nom de l’arche à laquelle il se trouvait.
Lorsque l’on donnait en dedans le mot sacré, on rendait
pour mot de passe celui de compagnon : Schibboleth,
prononcé par trois fois avec force.
Alors le nombre des anciens maîtres elus fut porté à
trois fois neuf, ou vingt sept, comme suit :
Salomon,
Hiram roi de Tyr,
Trois chevaliers de Royal-arche,

204. Buisson Ardent.


205. En remodelant le discours historique, Vuillaume a fait ici une erreur : ce ne peut
être que « neuf » maîtres (cf. les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron).
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 447

Douze anciens maîtres des douze tribus,


Un ancien maître architecte,
Et neuf anciens maîtres élus.
Il y avait en outre 3668  206 anciens maîtres, qui avaient
servi dans la construction du temple, et qui, jaloux des
vingt cinq frères admis à la voûte sacrée, qui leur était
interdite, envoyèrent une députation à Salomon, pour lui porter
leurs représentation. Ce monarque les écouta, et leur dit :
« Les vingt cinq maîtres ont mérité sur vous la préférence
« par leur zèle et leur ardeur au travail ; votre tems n’est
« pas arrivé. Dieu permettra un jour que vous soyés
« récompensés !
Un des Députés, peu satisfait de cette réponse, dit avec
feu à Salomon : « Nous n’avons pas besoin de grades plus
« élevés ; nous savons que la parole est changée ; nous allons
« voyager comme maîtres, et recevrons notre salaire en
« cette qualité.
Salomon fut frappé de cette réplique ; mais toujours
rempli de sagesse et de bonté, il ne voulut pas réprimer cette
audace comme elle le méritait, mais il lui dit : « Les anciens
« maîtres ont mérité le degré de perfection parce qu’ils ont
« été jusqu’aux ruines anciennes ; qu’ils ont pénétré dans les
« entrailles de la terre, d’où ils ont tiré d’immenses trésors,
« qui ont servi à décorer et embellir le temple du tout
« puissant. Allés en paix, imités-les ! Travaillés à

206. Le nombre exact est « 3568 », comme indiqué sur les manuscrits Pyron, Kloss, et
Francken. Le manuscrit Quesada indique lui-aussi un nombre erroné (5568). Ce nombre permet
un calcul précis : 3568 + 25 (nombre des Frères admis à la Voûte Sacrée) = 3593, nombre que l’on
retrouve dans de nombreux rituels anciens. C’est une référence guématrique au roi David (Claude
g h
Guérillot, Le Rite de Perfection, Paris, Trédaniel, 2007, p. 176-177). En effet, 3 = ; 5 = ; 9 = ; e
g
3 = ; donc 3593 = gheg ; par décalage à la lettre suivante de l’alphabet (procédé classique de
« Temurah » dans la qabbale), on obtient : dvyd dyv!d=<
.qui, réécrit de droite à gauche, se lit = dạwîḏ.
Page 448 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

« l’ornement du temple du Seigneur, et vous serés récompensés !


Les Deputés firent leur rapport, et comme ils n’avaient
été ni réprimandés ni punis, l’ambition et la jalousie les
excitèrent à aller ensemble dans les anciennes ruines. Dans
ce dessein, ils partirent le lendemain matin à la pointe du jour.
Arrivés aux anciennes ruines, ils découvrirent bientôt
l’anneau de fer et la pierre qui fermait l’entrée de la voûte ;
ils trouvèrent les cordes et l’échelle et descendirent dans les
arches avec des flambeaux. Mais Dieu voulant, sans doute,
punir ces maîtres ambitieux et insolens, permit qu’au
moment où le dernier fut arrivé dans les arches, elles
s’écroulèrent successivement les unes sur les autres ; de sorte
que l’on n’entendit plus parler d’eux, ni prononcer la parole
corrompue.
Salomon fut bientôt instruit de cet evénement, et
envoya Zabulon, Johaben et Schoulkain, pour en savoir
les détails ; ils partirent au point du jour, et arrivés au lieu
du désastre, ils virent des choses si surprenantes, qu’ils ne
purent en deviner la cause, ni découvrir aucun reste de ces
Maîtres ; ils présumèrent qu’ils avaient été ensevelis sous les
décombres, après avoir été écrasés par la chûte des ruines.
Ils éxaminèrent tout avec soin, et n’appercevant que
quatre vingt dix neuf  207 pierres de marbre, sur lesquelles étaient
des caractères hiéroglyphiques, ils les portèrent à Salomon,
qui les fit réunir. Il envoya chercher des frères qui pussent

207. Les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron indiquent ici « quelques pierres de
marbre » ; le nombre 99 apparaît seulement dans le présent manuscrit. Paul NININ nous
propose, à juste titre, un recopiage erroné de Vuillaume à partir de ses premiers brouillons où
il a pu utiliser des abréviations : « quelques », abrégé en « qq » a ainsi pu être lu « 99 ». De
plus, la traduction de « a few pieces of marble » (manuscrit Francken de 1783) par « quelques
pierres de marbre » dans tous les manuscrits français est étrange ; on peut se demander si
la ressemblance visuelle entre les mots « pieces » et « pierres » n’aurait pas influencé une
traduction un peu trop rapide...
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 449

découvrir la signification de ces caractères ; et il apprit par


eux que les ruines qu’ils avaient vues, et sous lesquelles les
Maîtres présomptueux avaient été ensevelis, étaient celles de
l’édifice que Noé  208 avait bâti et consacré à l’Eternel ; qu’il
avait été élevé avant le déluge, et détruit à cette époque.
Salomon fit transporter ces pierres dans la voûte
sacrée ; celui qui expliqua ces hiéroglyphes se nommait
Abdamon (*)
Médités, mes très chers frères, sur la profondeur de
ce mystère ! Vous n’êtes pas encore parvenu au degré de
connaissance que vous devés acquérir, mais vous le mériterés
un jour par votre ferveur et par votre constance.

Après ce discours le trois fois puissant grand Maître


fait la clôture des travaux comme on l’a vû ci-devant page  209

(*) heb Nomh7jdb3i3 gebed-hamon, servus populi.  210

208. Il s’agit bien sûr d’Énoch, comme vu précédemment.


209. L’oubli de la référence (ce sont les pages 430 & 431) montre que la numérotation des
pages a été effectuée une fois le manuscrit achevé.
210. « Esclave du peuple ». Le même mot « Abdamon » se trouve dans les manuscrits
Pyron, Kloss et Francken. Le manuscrit Quesada indique « Addom ». C’est aussi le nom du Grand
Orateur au 14e degré, nommé ainsi dans ce manuscrit et dans ceux de Pyron et Francken. Les
manuscrits Quesada et Kloss le nomment « Abdon ». La restitution possible en hébreu est plutôt
Noma=d<b4i- = ʿavdʾạmôn, contraction de Noma=jdb3i3
= ʿẹvẹḏ-ạmôn, qui peut se traduire
par « serviteur d’Amon » ou « officier d’Amon » forme que l’on trouve au pluriel, à l’état construit,
Page 450 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Ce folio est suivi de deux pages vierges numérotées (451 et 452.)

Royal-arche.

{
Notes et remarques.

dans la Bible : Noma=jyd2b4i- = ʿavḏê-ạmôn ; c’est alors du roi hébreu « Amon » que l’on
parle (2 Rois 21:23). Mais comme le même mot hébreu peut nommer la divinité égyptienne
« Amon », ce peut être alors un nom donné aux prêtres Égyptiens d’Amon qui, par nature,
étaient capable de traduire des hiéroglyphes. La divinité égyptienne Amon est attestée dans
la Bible (Jér. 46:25), mais pas le nom « Abdamon », ni dans la littérature hébraïque. Un roi de
Sidon, capitale de la Phénicie, a cependant porté ce nom (451-406 av. J.-C.) ; il est mentionné
dans les ouvrages historiques, au moins dès le XVIIIe siècle (Jauna Dominique (Chevalier),
Histoire générale des roïaumes de Chypre, de Jérusalem, d’Arménie et d’Égypte, Leyde, Jean
Luzac, 1747, p. 28.)
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto de la feuille est vierge.)

14 e. degré

Grand Ecossais de la voûte sacrée.   2 d. signe.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 453

Grand Ecossais
de la Voûte sacrée de Jacques VI.
ou
Grand Elu,
Ancien Maître,
parfait et sublime maçon.
{
14e. Degré.

Décoration de la Loge  211

La loge représente une voûte souterraine, tendue en

211. Toute la description de Vuillaume, quoique reprenant les éléments déjà vus dans
les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron (qui sont tous les trois identiques sur ce point) est
entièrement réécrite avec un luxe de détails (déjà décrits dans son Tuileur) qui dénote une
probable adaptation aux fonctionnement de l’époque ; on sent que ce degré était réellement
pratiqué.
Page 454 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

étoffe rouge pourpre et flambée couleur de feu. Des colonnes


sans nombre déterminé soutiennent la voûte.
Vingt quatre lumières éclairent la salle, et sont distribuées,
savoir : neuf devant le trône du président, à l’est ; sept au
sud ; cinq à l’ouest, devant le premier surveillant, et trois
autres devant le second surveillant.
En avant du trône, du côté du sud, est l’autel des
parfums sur lequel est un réchaud allumé, dans lequel
brûle le plus pur encens. Du côté du nord, est une
table carrée, sur laquelle sont les douze pains de
proposition, formant deux piles, chacune composée de
six pains. Sur cette table, entre les deux piles, est une
auge en or, avec une truelle de même métal ; l’auge
contient une mixtion composée d’huile, de lait, de miel et
de farine, pour les réceptions. Sur la même table,
on place aussi pour les réceptions, un pain et une coupe
remplie de vin, ainsi que l’anneau destiné au Récipiend re.,
son cordon, son bijou et son tablier.
A l’ouest est un grand vase ou cuve remplie d’eau,
représentant la mer d’airain, et disposée de façon que
l’on puisse y faire tremper les pieds du Récipiendaire
dans la réception.
Dans le fond du dais qui orne le trône, est un delta
transparent, où l’on voit, en caractères hébraïques le
grand nom de Dieu hvhy
A l’est, en avant du trône, est l’autel des sacrifices,
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 455

qui est un piédestal triangulaire.


Le tableau de la Loge est un grand triangle dans
lequel sont peintes des ruines.
Un peu en avant de l’autel du trône, est un piédestal
rompu. Dans quelques Loges, c’est la pierre cubique.

Tîtres

Cette Loge, comme toutes celles des grands écossais


et sublimes maçons, prend le tître de Collège, et se
compose de dix officiers,  212 non compris le président, qui
représente Salomon et prend le tître de Trois fois puissant.
Ces officiers sont :
1°. hiram roi de Tyr, assis à la droite du président
2°. Le respectable premier grand surveillant, qui
représente Adoniram,
3°. Le respectable second grand Surveillant, qui
représente Moabon, le plus zélé des Maîtres, et ami
particulier de hiram-abi.
4°. Le grand garde des Sceaux, qui représente Galaad
(*) fils de Sephonias, chef des lévites ; il se place à la

(*) heb. d<i2jlg_ Gal-ged, tumulus testis.213 hyjNVpx= arcanum Dei.214

212. Dans les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron, comme dans le manuscrit
Francken de 1783, ce sont neuf Officiers dont le Président ; Hiram de Tyr est bien présent,
mais pas inclus dans les Officiers, ni les deux Tuileurs. Dans le Tuileur de Vuillaume, ce sont
dix Officiers dont le Président et Hiram de Tyr, mais sans les Tuileurs qui ne sont pas cités.
213. Dans l’édition de 1830 du Tuileur, une virgule a été rajoutée à tort entre les deux mots
latins : « tumulis testis » = « tertre témoin ». Galaad est la transcription latine (Bible Vulgate) du nom
grec relevé dans la Bible des Septante, Galaad. C’est à la fois un nom de lieu et un nom d’homme,
présent 134 fois dans la Bible (Nbres, 26:29,30, etc.). En hébreu, il s’écrit di=lg!< = gilʿạḏ ; comme
nom d’homme, c’est en particulier le petit-fils de Manassé. En hébreu, il ne faut pas le confondre,
comme semble le faire Vuillaume, avec un autre nom de lieu, di2lg4 <_= galʿeḏ (Gen. 31:47, 48),
Page 456 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

gauche du trône.
5°. Le grand trésorier, qui représente Zabulon ; il est
placé au nord, devant la table des pains de proposition.
6°. Le grand secrétaire, qui représente Johaben ; il se
place au sud, vis à vis l’autel des parfums.
7°. Le grand orateur, qui représente Abdamon, qui
expliqua plusieurs énigmes à Salomon, et interprêta les
hiéroglyphes tracés sur les marbres trouvés dans les ruines
de Henoch sur la montagne d’Achel-dama.215 Il se place au
sud près de l’autel des parfums.
8°. Le grand maître des cérémonies, qui représente
Schoulkain.
9°. Le grand capitaine des gardes, qui représente
Zerbal ; il se place entre les deux surveillans.
10°. Enfin, le grand Tuileur.
Ce dernier office est ordinairement double ; il y a un
Tuileur en dedans, et l’autre en dehors, pour éviter que
les surveillans soient jamais dans la nécessité de quitter
leur place.

habillement
construit à partir del4g<_ = gal = « tas de pierre » et de di2 = ʿeḏ = « témoin ». Pour « gal », on
dirait maintenant un « cairn » ou mieux une « montjoie » ou « monjoye », ancien mot français
justement utilisé dans la Bible de Genève, édité en 1669, dans ces deux versets de la Genèse
où Jacob conclut une alliance avec Laban : « Apres Laban dit, Cette monjoye $oit aujourd’hui
te$moin entre moi & toi : pour cette cau$e, elle a e$té nommée Galhed. »(verset 48). Dans cette
optique, la transcription latine de Vuillaume est alors juste. La Bible des Septante transcrit ce mot
en Bouno;ı mavrtuı (verset 47) et Bouno;ı marturei~ (verset 48) ; on peut là aussi traduire par
« tertre témoin »). Mais, en réalité, « Galaad » est un dérivé de « Galhed » : « Et de ce mot, par
une legere inflexion, $e forma depuis celui de Galaad » (notes de la Bible de Genève). La Bible
Vulgate transcrit d’ailleurs le verset 48 en « Dixitque Laban : Tumulus iste erit testis inter me et
te hodie, et idcirco appellatum est nomen ejus Galaad, id est, Tumulus testis. » Ce qui montre
que Vuillaume n’avait pas complètement tort...
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le recto est vierge)

Planche 24 e.

214. arcanum Dei = « secret de Dieu ». La mention de Sephonias était absente des
éditions du Tuileur de Vuillaume, mais présente, écrite « Séphronie », dans les manuscrits
Quesada, Kloss et Pyron. Il s’agit probablement du prophète Sophonie dont le nom hébreu est
exactement hy+n$p-x4= ẕĕfanyạ̈, et dont la signification est effectivement « caché par Dieu ».
Mais le problème est qu’il n’existe aucun lien de filiation entre Sophonie et Galaad (ou Galhed),
ni dans les trois chapitres attribués à ce prophète, ni dans le reste de la Bible. Il existe par
contre un Lévite appelé aussi Sophonie (1 Chr 6:36). Que le Garde des Sceaux soit nommé
« Galaad » semble logique : cette fonction maçonnique est celle d’un archiviste qui garde en
particulier les engagements pris (contrats, témoignages, comme celui cité dans les versets 47
et 48 du chapitre 31 de la Genèse). Il faut peut-être aussi lire la mention de « fils de Sophonie »
non pas comme une filiation réelle, mais comme un complément explicatif du nom « Galaad »,
ce qui donne « un tertre témoin caché par Dieu » description parfaite de l’autel souterrain,
porteur du triangle d’or gravé au nom de Dieu, caché dans la voûte sacrée.
215. Exactement, « Akeldama » ; déformation du grec Akeldamav j c (Actes des
Apôtres 1:19). D’après Michaël Segall, cela transcrirait l’araméen hmd lqh , signifiant
« champ du sang ». Mais le Nouveau Testament, traduit en hébreu moderne, le transcrit
am=d4<jlq-c7 = ḥăqal-dĕmạ̄ ; ce sont bien des mots araméens (présents dans les targumim) :
lq-c7 = ḥăqal = « champ » (Jastrow, p. 497) et = dĕmạ̄, = « sang » (Jastrow, p. 312).
am=d7
Ce « champ du sang » est le terrain acheté par Judas avec les 30 deniers de sa trahison, situé
à quelques centaines de mètres au sud de l’esplanade du Temple de Jérusalem. C’est donc à
cet emplacement que le mythe maçonnique situerait les ruines d’Enoch. Cette localisation est
absente des manuscrits Quesada, Kloss et Pyron, mais est citée dans le manuscrit Francken
de 1783, sous le nom « Ancheldama » ; c’est un indice de plus pour l’existence d’un manuscrit
intermédiaire en anglais.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 457

Habillement
Salomon et hiram roi de Tyr portent, comme dans
les grades précédens, un costume royal à l’antique, c’est
à dire, la robe longue et le manteau doublé d’hermine.
Cordon cramoisi, porté en sautoir, au bas duquel est
suspendu le bijou, qui est un compas en or, surmonté
d’une couronne à pointes, ouvert sur un quart de cercle.
Entre les jambes du compas, est une médaille, représentant
d’un côté le soleil, et de l’autre, l’étoile flamboyante, au
milieu de laquelle est la lettre G. Sur le quart de cercle
sont gravés les chiffres arabes, 3, 5, 7. 9.
Tablier blanc, doublure et bordure cramoisi ; en
dedans de la bordure est un petit ruban bleu, séparé par
un petit intervale, qui fait une double bordure. Au milieu
du tablier est peinte ou brodée une pierre carrée, à laquelle
est scellé, dans le milieu, un anneau de fer. Sur la
bavette, est peint ou brodé le bijou.
Chaque Ecossais porte un anneau en forme d’alliance,
dans l’intérieur duquel sont gravés, d’un côté, le nom de
l’Ecossais et la date de sa réception ; de l’autre côté, ces mots :
Virtue unites what death cannot separate,  216 c’est-à-dire,
« la mort ne peut séparer ce qu’unit la vertu, ou, la vertu
« unit ce que la mort ne peut séparer.
216. C’est la phrase anglaise exacte que l’on peut relever dans le manuscrit Francken
de 1783 ; elle est également citée dans les éditions du Tuileur de Vuillaume. La deuxième
traduction de Vuillaume est la bonne. La version anglaise est absente des manuscrits
Quesada, Kloss et Pyron, ainsi que du Tuileur de Delaulnaye. Vuillaume aurait-il eu entre les
mains un manuscrit en anglais de ce degré (cf notes des pages 418 et 419 du 12e degré) ? La
version latine, « Virtus junxit mors non separabit » ne semble pas encore utilisée ; on la voit
adoptée dans le Tuileur du Convent de Lausanne (1875), mais elle est déjà citée en 1858 (The
American Freemason, Masonic Magazine, vol. I) dans la recension d’une réédition de « The
Freemason's Monitor » de Thomas Smith Webb. L’habitude de transcrire des textes importants
en latin est typique de cette époque qui avait déjà vu apparaître en 1832 la version latine des
« Grandes Constitutions de 1786 » dans le livre d’or du comte de Saint-Laurent.
Page 458 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Pierre cubique
On enseigne que la plaque sur laquelle était
gravé le nom inéffable de Dieu fut renfermée sous une
pierre d’agathe de forme triangulaire, posée sur un
piédestal, sur lequel étaient gravés tous les secrets de la
maçonnerie. En conséquence on a imaginé de représenter
sur les quatre faces de la pierre cubique à pointes  217 la
réunion de toutes les connaissances maçonniques.
La première face présente la combinaison des nombres,
et la cabale des différens mots des grades maçonniques
La seconde présente les propriétés des lignes droites
et circulaires.
La troisième la science des lettres, figurant la
grammaire, la logique, la rhétorique & a.
La quatrième présente l’image des conceptions
humaines, l’étude de l’astronomie, qui conduit à la
connaissance de Dieu et de ses attributs.
Enfin le dessus présente l’étoile flamboyante, avec
la lettre G. au milieu, qui couvre le vrai nom de Dieu.

217. Comme le montrent les dessins qui suivent, ce n’est pas vraiment une pierre
cubique à pointe, mais une pierre cubique surmontée d’une pyramide tronquée et d’un
parallélépipède à deux faces carrées. Elle est d’ailleurs représentée ainsi sur les frontispices
au début de chacun des tomes du manuscrit.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le verso est vierge)

Planche 25 e.  218

Les mots se lisent ainsi :

1) partie carrée, en descendant en diagonale de la


gauche vers la droite, en partant de l’angle en bas à gauche :

BOOZ
JACHIN
MOABON
BERITH
NEDER
SCHELEMOTH
JABULUM
SCHIBBOLETH
MACHOBIM
ELHHANAN
ADONAI
JEHOVAH

2) partie triangulaire, en montant en diagonale, de la


gauche vers la droite, en partant de l’angle en bas à gauche :

BEA
MACHEH
BAMEARAH

218. Cette illustration, qui est collée sur la feuille insérée à cet emplacement, est
un tirage à part de la lithographie utilisée pour l’édition de 1820 du Tuileur de Vuillaume
(planche IX).
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le verso est vierge)

Planche 26 e.  219

219. Cette illustration, qui est collée sur la feuille insérée à cet emplacement, est un
tirage à part de la lithographie utilisée pour l’édition de 1820 du Tuileur de Vuillaume (planche X).
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le verso est vierge)

Planche 27 e.  220

220. Cette illustration, qui est collée sur la feuille insérée à cet emplacement, est
un tirage à part de la lithographie utilisée pour l’édition de 1820 du Tuileur de Vuillaume
(planche XI).
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Cette page n’est pas numérotée et le verso est vierge)

Planche 28 e.  221

221. Cette illustration, qui est collée sur la feuille insérée à cet emplacement, est
un tirage à part de la lithographie utilisée pour l’édition de 1820 du Tuileur de Vuillaume
(planche XII).
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 459

Ouverture des travaux.

{
Le trois fois puissant frappe un coup, et dit :
Très-respectable premier grand surveillant ! sommes
nous à couvert dans cette voûte sacrée ?

« surêté.
Réponse : - « Nous sommes à couvert, et en

Le T\ f\ P\
Puisqu’il est ainsi, prions le grand architecte de
l’univers, pour qu’il daigne nous inspirer et nous éclairer !
– Mettons un genou en terre !

Prière.

Souverain architecte de ce vaste univers !


toi qui penètres les pensées les plus secrètes des
mortels ! purifie nos cœurs par le feu sacré de ta
divinité. Guide-nous et dirige nous dans les sentiers
de la vertu ; écarte de ton sanctuaire la perversité.
Page 460 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

et l’impiété ! occupe nous uniquement du grand


œuvre de la perfection, et que ce soit la récompense
de nos travaux ! que la paix et la charité ressèrent
les liens de notre union, et que cette Loge soit
l’image du bonheur dont jouissent les Elus dans
le royaume céleste !
Donne-nous cet esprit saint de discernement
qui distingue le bon du mauvais, pour que nous
puissions reconnaître ceux qui ont le vrai zèle de
la perfection ! fais enfin que nous n’ayons d’autre
but que ta gloire et l’avancement du bien dans
l’exercice de la vraie maçonnerie !
Amen, amen, amen !

Après la prière, il règne un silence de méditation


d’environ deux minutes ; ensuite le trois fois puissant
Maître fait les questions suivantes :
Demande. Très-respectable frère premier surveillant !
qui vous a conduit ici ?
Reponse. « Mon amour et mon obéissance à la
« maçonnerie, et le desir de parvenir à la
« perfection.
D. Qu’avés-vous apporté ici ?
R. « un cœur zélé pour l’amitié, et rempli d’amour
« pour la vertu.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 461

D. Quelles sont les qualités propres pour y parvenir ?


R. « Une qualité mène à l’autre ; et quand on
à
« les possède toutes, on atteint bientôt la perfection
« et au le vrai bonheur.
D. Quelles doivent être les dispositions d’un véritable
élu parfait et sublime maçon ?
R. « De ne laisser aucun accès dans son cœur à
« l’iniquité, à la vengeance ni à la jalousie ;
« d’être toujours prêt à faire le bien, et de ne jamais
« employer sa langue à médire ou à calomnier.
D. Comment devés-vous vous conduire en ce lieu ?
R. « avec un profond respect.
D. Pourquoi le riche et le pauvre, les princes et les
sujets sont-ils ici tous égaux, amis et frères ?
R. « Parce qu’il y a dans ce triangle, sur ce piédestal,
« et dans le firmament, un Etre plus grand et
« plus puissant que tous.
D. Pourquoi ce triangle est-il l’objet de nos respects ?
R. « Parce qu’il contient le nom révéré et éxalté
« du grand architecte de l’univers.
D. Quel âge avés-vous ?
R. « Trois fois trois, nombre parfait de
« quatrevingt un, justement répété par des calculs
« mystérieux.
D. Comment pouvés-vous démontrer cela ?
Page 462 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

R. « Je suis parfait et sublime maçon, mes épreuves


« sont finies, il est tems que je recueille le fruit
« de mes peines.
D. Quel engagement avés-vous contracté quand vous
avés reçu ce grade ?
R. « Une alliance avec la vertu et les hommes
« vertueux.
D. Quelle marque pouvés-vous m’en donner ?
R. « Cet anneau, symbole de la vertu et de la pureté.
D. Quelle heure est-il ?
R. « Midi plein.
D. Qu’entendés-vous par midi plein ?
R. « Que le soleil darde maintenant ses rayons
« sur cette Loge, pour favoriser nos travaux.
D. Où trouverons-nous des matériaux ?
R. « Dans les trésors de la vertu, et en dirigeant
« nos actions et nos pensées par l’équerre, le
« compas, et la sagesse divine.
D. Où trouverons-nous cette sagesse divine ?
R. « Dans le cœur de tous les membres de cette
« Loge, dont vous êtes le soutien.
Le T\ f\ P\ reprend :
C’est sur vous que je me repose pour exécuter ce glorieux
dessein.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 463

dessein !
–– Très-respectable premier grand surveillant ! annoncés
que je vais ouvrir cette Loge par les nombres trois, cinq,
sept, et neuf !
Les surveillans font l’annonce.
Ensuite le second surveillant frappe trois coups :
! le premier surveillant cinq : ! le trois fois
puissant, sept : ! et après un profond silence
d’une minute ou deux, le Trois fois puissant dit :
A l’ordre, mes frères !
Tous se lèvent et se mettent à l’ordre.
Le T\ f\ P\ Le frappe trois coups : !
Tous les Elus font le premier signe.
Le T\ f\ P\ frappe encore trois coups : !
Tous les Elus font le second signe.
Enfin le T\ f\ P\ frappe trois autres coups : !
Tous les élus font le troisième signe.  222
Le T\ f\ P\ dit :
Mes frères ! la Loge est ouverte !
Tous les Elus font le salut, se couvrent, et
prennent leur place.
On fait la lecture de la planche tracée des derniers
travaux, ensuite, on procède à la réception, lorsqu’il y
a lieu.

222. Dans les manuscrits Quesada, KLoss et Pyron, ainsi que dans le manuscrit Francken
de 1783, chacun des signes est décrit ici. Vuillaume, dans son adaptation, à supprimé ces descriptions
probablement parce que cela est fait en détail à la fin de la réception.
Page 464 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Clôture des travaux.

{
Le trois fois puissant Maître dit :
D’où venés-vous ?
Le premier grand surveillant répond :
« De la Judée.
Le T\ f\ P\
Qu’apportés-vous ?
Reponse : « Le premier trésor que je dépose
« dans vos mains.
Le T\ f\ P\
Voyons, mon frère !
Le premier surveillant s’approche du trois fois
puissant ; il épelle à l’oreille le mot sacré.
Le Trois fois puissant ayant reçu le mot, dit :
A l’ordre, mes frères !
Tous les Elus se rangent autour du piédestal et
font la chaîne d’union. Le trois fois puissant épelle le
mot sacré à l’oreille de l’Elu qui est à sa droite ; le mot
fait ainsi le tour du cercle, et il revient au trois fois
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 465

puissant par la gauche. Alors il dit :


- Mes frères ! le mot qui était perdu est retrouvé !
Gardons-le dans le fond de nos cœurs, gardons le silence !
Prenons soin de ne pas laisser corrompre nos cœurs par aucun
vice ! – prions !

Prière.
Dirige nos pas, ô souverain auteur de
l’univers ! fais que nous puissions échapper aux
pièges que nous tendent nos ennemis, et que le
flambeau de l’esprit divin nous éclaire, et que nous
ne tombions jamais dans les ténébres ! Donne-nous
les moyens d’exercer et de répandre sur les pauvres,
les dons précieux de ta providence ! accorde-nous
de ne pas rendre nos travaux vains et inutiles !
bénis-les, sanctifie-les, que nous ne puissions agir
que par ton esprit et pour ta gloire, en pratiquant
sans cesse les vertus que la maçonnerie nous
enseigne !
Amen, amen, amen !
Après cette prière, chacun retourne à sa place,
et s’assied.   Le trois fois puissant maître reprend :
Page 466 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Très-respectable frère premier grand surveillant ! quelle


heure est-il ?
Reponse : « Il est minuit.
Le T\ f\ P\
Pourquoi dites-vous qu’il est minuit ?
Rep. « Parce qu’après le travail vient le repos.
Le T\ f\ P\
Pourquoi fermons-nous nos loges à minuit ?
R. « Parce que la nuit est destinée au repos
« des ouvriers.
Le T\ f\ P\
Quel motif vous a conduit ici ?
R – « Le desir de pratiquer des actes de vertu,
« de justice et de charité.
Le T\ f\ P\
Qui vous a attiré ici ?
R. « Le divin delta.
Le T\ f\ P\
Pourquoi le divin delta est-il si souvent répété ?
R - « Pour rappeller le pouvoir du grand
« architecte de l’univers dans le ciel et sur la terre.
Le T\ f\ P\
Que reste-t-il à désirer aux grands Elus, parfaits et
sublimes maçons ?
R. « Le dernier bonheur après lequel ils doivent
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 467

« perpétuellement soupirer.
Le T\ f\ P\
Avertissés que je vais fermer la loge de perfection par
les nombres trois, cinq, sept et neuf !
Les surveillans font l’annonce.
Ensuite le second surveillant frappe trois coups, et
il éteint trois lumières.
Le premier surveillant frappe cinq coups, et il
éteint cinq lumières.
Le trois fois puissant frappe sept coups, et il éteint
sept lumières.
Après un silence assés prolongé, le trois fois puissant
dit :
A l’ordre, mes frères !
Il frappe ensuite trois coups, et tous les frères
font le premier signe.
Il frappe encore trois coups, et l’on fait le second signe.
Enfin il frappe trois autres coups, et les Elus font
le troisième signe.
Le T\ f\ P\ dit :
Je vous invîte à vous retirer en paix, à pratiquer la
vertu, et à vivre toujours dans l’esprit du grand architecte
de l’univers !
Tous les Elus répondent :
« Amen, amen, amen !
Page 468 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, mai 2020.

Ensuite le Trois fois puissant dit :


Que Dieu bénisse l’Etat et nos travaux !
Tous les Elus applaudissent des mains par trois,
cinq, sept et neuf, selon le rythme suivant :
- – - ­  – - ­  – - - - - - !
N . Dans quelques rituels, cette batterie se fait comme suit :
a

   - - - !
Le T\ f\ P\
Mes frères, la loge est fermée !
Et chacun se retire dans le plus grand silence, et avec
des marques de respect pour le saint lieu.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 469

Réception.

Le Candidat

{ attend dans
communiquent à la voûte sacrée par un passage étroit.
Il est revêtu des décorations du grade précédent.
les

Lorsque tout est disposé dans l’intérieur, le Maître


des cérémonies va trouver le Candidat, le conduit à la
première porte de la voûte sacrée, et lui dit d’y frapper
parvis, qui

trois, cinq, et sept coups.


Le frère qui est de garde à cette porte, ouvre ; il lui
dit par trois fois  223 avec force : Schibboleth ! le
garde répond : « passés !
Il rencontre un second garde, qui lui demande le
mot de passe ; il lui dit : Moabon ! le garde
répond : « passés !
Il trouve encore un troisième garde, qui lui demande
le mot sacré ; il lui dit : El-Khanan !
Après cela, le M e. des cérémonies dit au Récipiend re.
de frapper à la seconde porte par trois, cinq, sept et
neuf coups. Cette batterie est répétée de l’intérieur par

223. Les rituels Quesada, Kloss et Pyron disent ici « en trois temps », c’est-à-dire Shib­– Bo
­ Leth, et non par trois fois.

Page 470 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

les surveillans et par le trois fois puissant maître.


Celui-ci ordonne de voir qui frappe.
Le second surveillant entr’ouvre la porte et demande qui
est là.
Le M e. des cérémonies repond
« C’est un sublime chevalier de Royal arche, qui desire
« la perfection.
Le second surveillant referme la porte, fait son rapport
au premier, et celui-ci au Trois fois puissant, qui ordonne de
l’introduire, en la manière accoutumée.
Aussitôt que le Récipiendaire est introduit, un des Elus
lui pose la pointe du glaive sur le cœur, ainsi que le Maître
des cérémonies ; on le retient entre les deux surveillans. On
lui fait faire le signe d’admiration, en regardant le T\ f\ P\
Après un instant de silence, le trois fois puissant s’adresse
au Récipiendaire et lui dit
Que demandés-vous ici, mon frère ?
Le Récip re. répond : « Je demande la perfection de la
« maçonnerie.
Le T\ f\ P\’adressant aux Elus :
Consentés-vous, mes frères, que ce Chevalier de Royal arche
parvienne au grade de la perfection ?
Les Elus lèvent la main en signe de consentement.
Le T\ f\ P\ au Récip re.
Avant de vous initier aux mystères sacrés de la perfection, vous
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 471

devés répondre aux questions que je vais vous faire. –  224


Dem. Etes-vous maçon ?
Rep. « Mes freres me reconnaissent pour tel.
D. Donnés au resp\ frère second grand surveillant les signe,
parole et attouchement d’apprenti !
R. (Le Récipiendaire obéit.)
D. Etes-vous compagnon ?
R « J’ai vû la lettre G.
D Donnés au resp\ frère premier surveillant les signe, parole
et attouchement de ce grade !
R.   (Il les donne)
D. Etes-vous Maître ?
R. « Je connais l’acacia ; tout est consommé.  225
D. Donnés au second grand surveillant les mots, signes et
attouchement de Maître !
R. (Le Récipiendaire obéit.) Lorsqu’il donne le mot sacré,
Moabon, tous les Elus dirigent la pointe de leur épée vers
son cœur.
Le T\ f\ P\
Qu’avés-vous dit ! ce mot que vous venés de prononcer si
hautement nous a effrayés ; nous sommes toujours prêts à punir
ceux qui l’osent prononcer indiscrètement, de crainte que les profanes
ne l’entendent ! Mais puisque c’est sans mauvaise intention de votre
part, nous vous le pardonnons ! –

224. Toute cette série de questions-réponses est proche de celles des manuscrits Quesada,
Kloss et Pyron. Vuiilaume n’a pas conservé la description de chacun des signes, présente dans
Quesada, et en partie dans Pyron, mais absente de Kloss ; il a par contre gardé les interventions des
Frères lors de la prononciation de certains mots, présentes dans Quesada et Pyron mais absentes
dans Kloss.
225. Réponse curieuse dont la deuxième partie n’appartient pas au grade de Maître. Les
manuscrits Quesada, Kloss et Pyron indiquent ici : « Examinez-moi, l’acacia m’est connu ».
Page 472 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Le T\ f\ P\ continue ses questions :


D. Etes-vous Maître secret ?
R. « J’ai passé de l’équerre au compas ; j’ai vû, et j’ai versé
« des larmes avec mes frères, sur le tombeau de notre
« respectable maître hiram-abi.
D. Donnés au premier surveillant les mot, signe et
l’attouchement de maître secret.
R. (Le Récip re. obéit.)
D. Etes-vous maître parfait ?
R. « J’ai vû les trois cercles et les trois carrés, sur deux  226
« colonnes en croix.
D. Donnés au second surveillant les signes, mots et attouchemt.
de Maître parfait.
R.   (Il les donne.)
Lorsqu’il prononce le mot sacré, Jehovah ! tous les
Elus se récrient, et le T\ f\ P\ dit :
Que dites-vous ! nous craignons toujours d’entendre
prononcer à haute voix, même la moindre syllabe de ce mot
mystérieux et sacré, et nous sommes toujours prêts à punir ceux
qui le prononcent en vain !
Le T\ f\ P\ reprend les questions :
D. Etes-vous sécrétaire intime ?
R. « Ma curiosité a été satisfaite, mais elle a manqué
« me coûter la vie.

226. Écrit « trois » rectifié en « deux ».


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 473

D. Donnés au premier surveillant les signes, mots et attouchts.


R.   (Il les donne)
D. Etes-vous Prevôt et Juge ?
R. « Je rends la justice à tous les ouvriers sans distinction.
D. Donnés en les mots, signes et attouchement au second
surveillant !
R.   (Il les donne.)
D. Etes-vous Intendant des bâtimens ?
R. « J’ai monté les sept marches ; j’ai pénétré dans
« l’intérieur du temple ; j’ai vû la grande lumière, au
« milieu de laquelle étaient des caractères qui m’étaient
« inconnus.
D. Donnés au premier surveillant les signes, mots et
attouchement !
R.   (Il les donne.)
D. Etes-vous chevalier élu ?
R. « Une caverne m’a reçu, une lampe m’a éclairé,
« une fontaine m’a désaltéré.
D. Donnés au second surveillant les mots, signe et attoucht. !
R.   (Il les donne)
D. Etes-vous grand maître élu ?
R. « Mon zèle et mon travail m’ont procuré ce grade.
D. Où avés-vous reçu ce grade ?
R. « Dans le cabinet de Salomon.
D. En quelle occasion avés-vous été reçu ?
Page 474 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

R. « Quand je fus envoyé avec mes compagnons chercher


« les meurtriers du respectable hiram-abi.
D. Comment furent-ils découverts ?
R. « Par l’adresse de Ben-gheber, intendant de Salomon
« dans le pays de Gheth.
D. Donnés au premier surveillant les signe, mot et attoucht. !
R.   (Il les donne)
D. Etes-vous sublime élu et chevalier illustre ?
R. « Mon nom vous le fera connaître.
D. Quel est votre nom ?
R. « Amar-iah est mon vrai nom.
D. Donnés au second surveillant les signe, mot et attouchement !
R.   (Il les donne.)
D. Etes-vous grand maître architecte ?
R. « Je possède toutes les sciences de mathématiques ;
« leurs attributs me sont connus.
D. Donnés au 1er. Surveillant le signe, mot et attouchement !
R.   (Il les donne.)
D. Quel est le plus sublime grade que vous ayés reçu ?
R. « Le Chevalier de Royal arche, par un effet de
« la providence.
D. Expliqués-moi cela !
R. « Je fouillais un jour dans des ruines anciennes, et
« j’y trouvai le delta promis à nos anciens patriarches.
D. Qu’entendés-vous par le delta ?
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 475

R. « Un triangle en or, rayonnant, au milieu duquel


  henoch  227
« le nom de Dieu avait été gravé par Noe, avant que le
« déluge eût submergé la terre.
D. Connaissés-vous ce nom mystérieux ?
R. « Je ne le connais pas encore, parce que mon tems n’est
« pas fini. Ce nom n’est connu que des Elus parfaits
« et sublimes maçons. Toutes mes espérances sont en
« Dieu, et j’espère le connaître, quand le tems sera
« accompli.
D. Quelle est votre qualité ?
R. « Chevalier de Royal arche.
D. Quel est votre nom ?
R. « Zabulon !
D. Donnés au second surveillant les signes, mots et attoucht. !
R.   (Il les donne)
D. Que desirés-vous ?
R. « Le sublime grade de grand elu, parfait et sublime
« maçon !
A cette réponse, le trois fois puissant fait le signe
d’admiration, et dit au Récipiendaire :
Retirés-vous, mon frère ! Dieu permettra que vous receviés
aujourd’hui ce que vous desirés si ardemment !
Le Récipiendaire sort de la loge, accompagné de M e.
des cérémonies.
Le T\ f\ P\ consultant les élus, leur dit :

227. Cette correction de « Noé » à « Hénoch » est révélatrice de la confusion entre ces
deux personnages bibliques dans la version « Vuillaume » du 13e degré (cf. les notes consacrées à
ce degré).
Page 476 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Le T\ f\ P\
Consentés-vous que ce chevalier de Royal arche reçoive la
perfection ?
Les Elus manifestent leur consentement en levant la
main.
Le T\ f\ P\
Puisque vous y consentés, applaudissons par trois, cinq,
sept et neuf !
Tous se réunissent au T\ f\ P\ et applaudissent ; ensuite
on fait rentrer le Récipiendaire, et on le place entre les deux
surveillans. Le T\ f\ P\ lui dit :
Depuis que vous êtes reçu maçon, votre conscience ne vous
a-t-elle jamais reproché d’avoir été faux envers vos frères ;
d’avoir cherche à leur porter préjudice, ou à leur famille, ou d’avoir
manqué à votre religion ou à l’Etat ?
Le Récipiendaire répond : « Jamais …. jamais !
Le T\ f\ P\
N’avés-vous jamais communiqué ou laissé échapper
quelque chose de relatif à nos mystères devant les profanes ?
Reponse : _ « Jamais !
Le T\ f\ P\
Qu’auriés-vous fait aux assassins de hiram-abi, si vous
eussiés vécu alors ? auriés-vous vengé sa mort ? – répondés-
moi sans hésiter !
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 477

Reponse : « j’aurais fait ce que fit Johaben.


Le T\ f\ P\
Avés-vous toujours été attentif à remplir les obligations
que vous avés contractées en présence du grand architecte de
l’univers ?
Rep. – « Je l’ai toujours été.
Le T\ f\ P\
Avés-vous jamais trouvé dans vos obligations quelque
chose de contraire à la religion, à l’Etat, ou qui blessât votre
conscience ?
Rep. – « Jamais !
Le T\ f\ P\
Souvenés-vous, mon frère, que si vous vous approchés de
nos mystères avec froideur et indifférence, quand vous aurés reçu
le grade de perfection, vous serés beaucoup plus blamable
qu’avant, et que vous en répondrés au grand et terrible jour du
jugement, où tous les secrets des cœurs seront divulgués.
Ce grade, mon frère, est la mesure complette de la maçie\
à laquelle vous allés être lié par des obligations indissolubles, et
que vous ne connaissés pas encore. Je me flatte, et j’espère qu’elles
resteront gravées dans votre cœur, lorsque nous vous les aurons
communiquées, et que votre ardeur à pratiquer la vertu vous
unira à nous, qui sommes en ce moment vos compagnons, à vos
supérieurs, et en général à tous vos frères. –
Y consentés-vous ?
Page 478 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Reponse : – « J’y consens !


Le T\ f\ P\
Voulés-vous vous lier par de nouveaux engagemens ?
R. « Je le desire de tout mon cœur.
Le T\ f\ P\
Puisque vous le desirés, lavés vos mains dans cette mer
d’airain pour prouver votre innocence, et que vous n’avés
jamais violé vos engagemens !
Souvenés-vous que nos ancètres pratiquaient cette
cérémonie quand ils étaient accusés de quelque crime, et que c’est
par cette action qu’ils démontraient leur innocence !
Le M e. des cérémonies conduit le Récipiendaire à
la mer d’airain, où il se lave les mains ; ensuite il est
reconduit entre les surveillans.
Le T\ f\ P\
Vous êtes introduit, mon cher frère, dans le lieu le plus
sacré de la maçonnerie ; les mystères les plus secrets vont vous
être dévoilés. Ces murs ont toujours été sûrement gardés, et
par les soins des grands Elus, rien n’a transpiré, tandis que les
trois premiers grades semblent avoir été dévoilés à toute la
terre. Nous allons vous initier dans les plus grands
secrets ; nous sommes assurés de votre discrétion, et nous avons
en vous une confiance entière ........ cependant il faut
auparavant contracter avec nous une nouvelle obligation.
Le M e. des cérémonies fait avancer le Récipiendaire
vers le
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 479

vers le trône par huit pas précipités et un lent ; il se met


à genoux et prononce l’obligation suivante :

Obligations

Je N. jure sur la sainte bible, en présence du


grand architecte de l’univers et de cette respectable
assemblée des grands élus parfaits et sublimes maçons,
d’être éternellement fidèle à ma religion ; de ne jamais
porter les armes contre l’état ; de ne jamais tremper
ni directement ni indirectement dans aucune
conspiration contre ma patrie, et même de les
découvrir s’il en venait à ma connaissance.
De ne jamais révéler, ni à un grand maître
architecte, ni à un chevalier de Royal arche, ni à
aucun autre maçon des précédens grades, les mystères
de celui que je reçois ; de ne jamais divulguer ce qui se
passe dans cette respectable Loge, ni ses lois, ni ses
statuts, sous les peines de mes précédentes obligations ;
De me réunir, tant qu’il me sera possible, à mes
frères, au moins une fois l’an, le jour de la s .t Jean
d’été ou d’hiver, et de fréquenter cette respectable
Loge toutes les fois que mes affaires me le permettront.
De regarder du même œil tous les frères de ce
Page 480 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

grade sublime, sans distinction de fortune, de noblesse


ou de roture ; de ne faire entr’eux d’autre différence
que celle qui résulte de la vertu ; de reconnaître et
d’accueillir un frère honnête homme, en quelque
situation qu’il se trouve, dans le malheur, ou dans
l’indigence ; de visiter mes frères dans leurs maladies ;
de les aider et de les assister de mes bras, de ma bourse,
et de mes conseils ; de les consoler dans leurs peines
et afflictions, et de leur être utile en tout ce qui sera
en mon pouvoir.
De ne jamais consentir à l’admission d’un frère
à ce grade, si je n’ai pas une parfaite connaissance
de ses bonnes vie et mœurs, et si sa conduite n’a pas
été scrupuleusement éxaminée.
De ne jamais séduire la femme, la fille, la sœur,
ni aucune des parentes d’un frère, si je les connais
pour telles, et de ne jamais violer ce serment.
De ne jamais recevoir, ni assister à la réception
d’un frère au présent grade, s’il n’a pas été officier
d’une Loge régulièrement constituée, et si les
conditions suivantes n’ont été remplies : 1°. la
permission et le consentement unanime de tous les
membres d’une loge régulière du grade. 2°. le brevêt
accordé par le grand Inspecteur ou ses députés, à la
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 481

distance de vingt cinq lieues de toute loge régulière de


la perfection.
Toutes lesquelles obligations je promets de remplir
sous les peines de mes premiers sermens, et en outre,
d’avoir le ventre ouvert, les entrailles arrachées et
jettées aux vautours !
Que Dieu me maintienne dans la justice et
l’équité !
Amen, amen, amen, amen !
Le Récipiendaire reste à genoux ; le M e. des
cérémonies va chercher l’auge et la truelle, et les présente
au trois fois Puissant, qui, avec le bout de la truelle, fait
l’onction sur les yeux, sur les lèvres et sur le cœur du
Récipiendaire, en lui disant :
Par les pouvoirs qui m’ont été donnés, et que j’ai acquis
par mon assiduité, mon travail, ma constance et mon intégrité,
je vous sacre les yeux, les lèvres et le cœur avec cette huile sainte
qui oignit le pieux Aaron, le pénitent David et le sage Salomon ;
je vous en empreins, pour que votre zèle pour le service du grand
architecte de l’univers redouble, et pour graver dans votre esprit
et dans votre cœur cette ferveur et cette constance qui doivent
toujours guider vos actions !
Il relève le Récipiendaire ; ensuite il lui présente le
pain, et du vin dans une coupe d’or, et dit :
Page 482 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Le T\ f\ P\
Mangés avec moi, et buvés du vin de ce vase, pour
apprendre à remplir les devoirs de l’hospitalité, à vous secourir
mutuellement entre frères !
Le Récipiendaire mange et boit avec le trois fois
puissant, qui lui présente ensuite l’anneau, en disant :
Recevés cet anneau, en signe de l’alliance que vous avés
contractée aujourd’hui avec la vertu et avec l’homme vertueux.
Promettés-moi, mon frère, de ne jamais vous en défaire pendant
votre vie, et à votre mort, de ne le donner qu’à votre femme, à
votre fils, ou, à leur défaut, à votre meilleur ami.
Après cette cérémonie, tous les Elus se lèvent, et
vont manger du même pain et boire dans la même coupe.
Ensuite le Trois fois puissant décore le Récipiendaire
des ornemens de l’Ordre, en lui disant :
Je vous salue à présent, mon frère, et vous donne le titre
de grand élu, parfait et sublime maçon, avec tout le plaisir
imaginable ! Revecés le cordon et le bijou de l’Ordre. La
figure triangulaire que vous voyés, représente le delta sur
lequel fut gravé par hénoch, le saint nom des noms, qui est
le principal objet de nos mystères, et dont nous n’avons eû
la connaissance que par nos travaux, nos peines et nos dangers.
La couleur rouge du cordon représente deux choses ; la première,
les rayons qui environnaient le buisson ardent, lorsque Moïse
reçut de Dieu même la revélation de ce nom sacré ; la seconde
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 483

la prééminence du grand élu, parfait, sublime maçon, sur tous


les frères qui ne sont pas encore parvenus à ce grade.
Le bijou suspendu sur votre poitrine, vous donne aussi de
grandes et utiles instructions. 1°. la couronne désigne l’origine
royale de la maçonnerie ; 2°. le compas et le cercle de 90. degrés
représentent l’opération des différentes choses qui appartiennent
au grade des grands élus parfaits et sublimes maçons. Le soleil
marque la supériorité de ce grade, et sa place sur la poitrine,
vous rappelle sans cesse l’ornement de votre dignité, pour que
vous ne vous écartiés jamais des devoirs qu’elle vous impose.
Les instructions du grade achèveront la perfection de
votre étude dans la maçonnerie.
Il y a trois signes, trois attouchemens et trois mots, outre
le grand mot sacré de l’ordre ; je vais vous les communiquer.

Premier signe
celui du serment.
Porter la main droite vers le flanc gauche ; la retirer
horizontalement et avec vivacité vers le coté droit.
Premier attouchement
Se prendre mutuellement la main droite, et la
retournant alternativement jusqu’à trois fois, l’un des deux
frères dit : Berith ! le second prononce : Neder ! et
le premier replique par : Schelêmoth !  228

228. Pour le sens de ces trois mots hébreux, voir les notes du 6e degré, p. 279-280.
Page 484 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Premier mot couvert.


Zabulon, ami choisi, favori Elu, frère zélé
Premier mot de passe.
Schibboleth !

Second signe.
Celui du feu.
Porter la main droite ouverte sur la joue gauche, la
paume en dehors ; et se tenir le coude droit avec la main
gauche.
Second attouchement
Se prendre réciproquement la main droite, et se
l’empoigner ou gripper comme au grade de Maître ; dire
ensuite : « allés-vous plus loin ? » Répondre en avançant
la main le long du bras jusqu’au coude, porter la main
gauche sur l’épaule droite de l’examinateur, avancer la
jambe droite entre les jambes ; ensuite se balancer par
trois fois.
Second mot couvert.
Machobim (*)  229 que l’on interprête ainsi : c’est lui !
il est mort ! ou bien : silence et respect !
Second mot de passe.
El-khanan ! misericorde de Dieu (heb. Nn_c-jla3)  230
(*) heb. Myb1Oak4m- dolores ; ô douleurs !  231
229. « Mohabon » dans les manuscrits Quesada et Kloss, « Mahabim » rectifié en
« Mohabim » dans le manuscrit Pyron. Le manuscrit Francken de 1783 indique « Mahabin »
que l’on retrouvait déjà dans le rituel du Grand Élu de Londres (Latomia 7-o-f) à la fin des
années 1750. Il est fortement probable que toutes ces variantes soient une déformation du
mot de Maître, comme l’indiquent les manuscrits Quesada et Kloss. N’oublions pas non plus
que le manuscrit anglais « Sloane 3329 » (copie vers 1700 d’un texte antérieur à 1686, d’après
David Taillades), donne comme mot de Maître « Mahabyn ». Vuillaume, qui reprend l’opinion
de Delaulnaye, pense lui que c’est un mot à part. On peut aussi y voir une déformation de
« Makabim [ou -in, si pluriel araméen] », Myb1<k<=m=
= mạkkạbbîm = Macchabées. Les
Macchabées sont l’archétype des ordres militaires qui défendaient le Temple au Moyen Âge ;
les Chevaliers Hospitaliers de St Jean les revendiquaient comme à l’origine de leur Ordre.
230. L’orthographe hébraïque exacte est Nn_c= la3
= ẹl ḥạnan, qui signifie « Dieu a
fait grâce ».
231. Myb1Oak4m- = maḵʾovîm est le pluriel de boak4m-
= maḵʾôv, souffrance, peine.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 485

Troisième signe
celui d’admiration et de silence.
Lever les deux mains ouvertes vers le ciel, ayant la
tête inclinée vers le côté gauche, les yeux élevés. Porter
ensuite les deux premiers doigts de la main droite sur les
lèvres.
Troisieme attouchement
Se saisir réciproquement par la main droite ; se
cramponner avec la gauche à l’épaule droite l’un de
l’autre ; ensuite avancer la main sur le dos, comme pour
attirer à soi.
Troisième mot couvert
Adonaï ; Seigneur Dieu.
Grand mot de passe
Bea macheh bamearah ! (*) que l’on interprête :
Dieu soit loué, nous avons trouvé !
Grans mot sacré
Jehovah !
Marche
Huit pas précipités et un plus lent.

   (*) heb. hr=i=m4b-< hk3<m- ai=b4< bega machech bam’garah !


quærit interfectorum spelunca  232

232. Transcription latine curieuse, déjà présente dans l’édition 1820 du Tuileur ; Vuillaume
aurait du écrire « quærit interfectorum speluncam » c’est-à-dire « Il cherche la caverne des
assassins » ou, pour mieux transcrire sa restitution en ”hébreu”, « quærit interfectores (in) spelunca »,
c’est-à-dire « il cherche les assassins dans la caverne ». En effet, = bĕʿạ̄ signifie « il a cherché »
ai=b4<
(mais en araméen...), hk3<m- = makkẹ̈ signifie « celui qui a frappé », et hr=i=m4b-< = bamʿạrạ̈
signifie « dans la caverne ». C’est une belle tentative pour trouver une phrase hébraïque avec un
sens proche de la légende. Il est cependant permis de douter de cette interprétation quand on lit
la longue liste des phrases plus ou moins déformées dans les rituels d’Élu parfait qui ont précédé
le R. E. A. A., depuis 1750. La phrase présente de nombreuses variantes ; le manuscrit Quesada
indique « Mac-ma-ha-ra-ba-kak », les manuscrits KLoss et Pyron « Mac-Ma-Ha, Ra-ba-hack » et le
manuscrit Francken de 1783 porte « Mahacmaharaback » Sans rentrer dans les détails de l’analyse
sémantique, on peut proposer la restitution suivante : ca=b-< ar=m=a7m- = maʾămạrạ̄ baʾạḥ, que
Page 486 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Age
Trois fois trois, nombre parfait de quatrevingt un,
quand il est répété avec justesse par les calculs mystérieux.

Cette instruction achevée, le Récipiendaire est


envoyé aux surveillans pour se faire reconnaître. Revenu
près du trois fois puissant, il est proclamé grand élu,
parfait et sublime maçon, et tous les Elus applaudissent.
Alors le Récipiendaire prend place, et le frere
Orateur prononce le Discours qui suit :

l’on pourrait transcrire, en marquant l’attaque glottique des deux « aleph » par h, ch, k ou kh,
en une version du type « mak-am-ara-ba-kach » avec toutes les variantes possibles... La seule
modification réelle du squelette est le « am » devenu « ma » ce qui est facile à concevoir sur
des manuscrits recopiés maintes fois. Cette phrase est sans verbe ; c’est une proposition
nominale, type extrêmement classique en hébreu. La traduction peut s’écrire « Un mot ( est )
avec le Frère », ce qui évoque bien sûr la redécouverte de l’ancien mot de Maître gravé sur le
triangle et explique le commentaire habituel « Dieu soit loué, nous avons trouvé ».
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 487

Discours historique.

{
Votre bonne conduite, votre zèle et votre discrétion
nous ont déterminé à vous accorder le grade de la perfection ;
vous portés à présent le nom de grand élu parfait et sublime
maçon ! Nous nous félicitons d’avoir été assés heureux
pour faire un si bon choix ! L’application avec laquelle
vous avés cherché à pénétrer les mystères de chaque grade
auquel vous avés été admis avant de parvenir à celui-ci,
nous a convaincus que vous possédés l’histoire de la
maçonnerie jusqu’à l’époque miraculeuse où Zabulon,
Johaben et Schoulkain, par la permission divine,
trouvèrent le saint nom de Dieu, gravé sur le triangle
brillant, dans la neuvième arche du soûterrain où Henoch
l’avait déposé, sur la montagne d’Achel-dama, dans la
vallée de Thaphet,  233 au sud de celle de Josaphat, sur le mont
de Sion, nommé auparavant la terre d’argile ou du
potier, aujourd’hui, terre du sang.
Vous connaissés l’histoire de cette découverte, et
vous savés comment trois frères zélés y parvinrent, et
rapportèrent le précieux delta à Salomon et à hiram roi
de tyr, qui, pour les récompenser, les creèrent chevaliers

233. Les manuscrits Quesada, Kloss et Pyron ne citent pas ce lieu. Seul le manuscrit Francken
de 1783 parle aussi de « la vallée de Tophet ». C’est un indice de plus pour un lien direct entre le
manuscrit anglais et la présente version de Vuillaume. Un lieu-dit Topheth ( tp3Ot<
= tofẹṯ), non loin
de Jérusalem, dans la vallée d’Hinnom, est effectivement cité dans la Bible (Jérémie, 17:31,32).
Page 488 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

de Royal arche, et leur promirent de leur donner


l’interprétation de ce mot sacré, dès qu’ils auraient un
lieu pour déposer le delta. Vous savés aussi que, lorsque le
temple de Salomon fut achevé, les maçons acquirent
beaucoup d’honneurs ; leur société devint un Ordre, et la
délicatesse des frères dans leurs choix les rendit respectables.
Le mérite seul pouvait espérer d’être admis. Les grands
Elus, parfaits et sublimes maçons, ne reçurent jamais que
ceux qui leur parurent dignes ; un grand nombre de
ces derniers étaient très habiles ; ils partirent de Jerusalem
après la dédicace du temple, et se dispersèrent chés les
nations voisines, pour les instruire des vérités de l’art
royal. La maçonnerie, dans ses premiers grades, fut
multipliée avec si peu de précautions, que ses mystères
devinrent publics, et cessèrent d’être recherchés.
Mais les grands Elus parfaits et sublimes maçons
prirent le plus grand soin de se réserver la connaissance
de leurs derniers mystères, et mirent toujours une grande
circonspection dans leurs communications, qu’ils
resserrèrent dans le nombre fixé pour le grade.
Témoins des désordres qui s’étaient introduits
dans la maçonnerie, les grand Elus firent de grands
efforts pour prevenir les effets de l’indiscrétion d’un si grand
nombre d’initiés, admis presque sans choix ; leurs efforts
furent vains. Des innovations s’introduisirent dans
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 489

les mystères ; une nouvelle doctrine remplaça l’ancienne ;


source éternelle de dissentions frauduleuses qui faillirent
perdre la maçonnerie.
Mais, heureusement, nous avons échappé à la
contagion ; nous avons conservé la dignité et la pureté du
grade de grand Elu, parfait et sublime maçon, dont les
mystères sont demeurés renfermés dans nos sublimes Loges.
Faisons donc notre possible pour continuer à les dérober
aux profanes et aux maçons vulgaires ; tâchons d’obtenir
par notre zèle et notre discrétion, cette ancienne perfection
qui seule, peut nous faire parvenir à la connaissance
parfaite du grand architecte de l’univers.
Le mot divin, que vous connaissés à présent, était
celui des anciens maîtres. Salomon l’avait choisi, pour
inspirer aux ouvriers de la vénération pour ce nom, et les
engager à travailler avec ardeur et fidélité à la construction
du temple. Ce sage roi connaissait toute la force de
ce saint nom, il savait que le grand architecte de l’univers
ayant apparu à Moïse dans le buisson ardent, auprès
duquel notre Loge doit être sans cesse, lui avait déclaré
que c’était son vrai nom, et qu’il était le seul des
patriarches qui l’eût connu, et qu’il ne devait à l’avenir
l’invoquer que sous ce nom, dans le temple qu’il lui avait
ordonné de bâtir à sa gloire dans la terre promise, et
suivant le plan et les dessins qu’il lui donna alors pour
Page 490 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

la construction du Tabernacle, qui renfermait l’arche


d’alliance, dans laquelle étaient les tables de la loi.
Ce saint nom ayant tant de rapports avec le but
de la construction du temple de Salomon, devint ainsi
la parole du maître.
Mais lorsque hiram-abi fut tué, le roi, quoique
bien convaincu de sa courageuse discrétion, et quoique bien
persuadé qu’il n’avait point divulgué le secret, résolut
de ne plus le donner à l’avenir à qui que ce fut ; en
conséquence, les signes, paroles et attouchement furent
changés ; il n’y eut que les anciens maîtres qui le connurent
et le conservèrent, jusqu’au jour où les trois chevaliers de
Royal arche eûrent découvert le delta, dans les ruines
de henoch.
Salomon, et hiram roi de tyr, satisfaits d’avoir
mis en sûreté ce précieux dépôt dans  234 le saint des saints,
appelèrent ce lieu la voûte sacrée ; dénomination juste,
puisqu’il n’y avait sur le piédestal que le divin delta.
Cette voûte était la troisième de celles qui supportèrent le
temple ; le vulgaire en ignorant l’usage, et les caractères
lui demeurèrent inconnus.
Le temple fut achevé l’an 3000. du monde, après
avoir employé à sa construction six ans, six mois et
dix jours. Salomon en avait posé la première pierre
avec la plus grande pompe ; et quand le temple fut fini,

234. Le manuscrit Francken de 1783 utilise sensiblement la même phrase mais avec
la préposition « sous » qui semble plus conforme à la légende. La même erreur se voit dans
les manuscrits Kloss et Pyron, alors que le manuscrit Quesada utilise une tournure de phrase
différente, sans l’erreur.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 491

il donna audience pendant huit jours successifs à tous


les ouvriers.
Le premier jour, il reçut les Maîtres élus qui avaient
été introduits dans la voûte sacrée, quand les chevaliers de
Royal arche furent créés et chargés du soin de la neuvième
arche. Les grands maîtres étaient alors dans l’appartement
de Salomon ; il accorda le grade de la perfection aux plus
vertueux des deux Ordres. Il leur fît prêter solemnellement
l’obligation de vivre en paix entr’eux, et d’exercer des
œuvres de charité et de bienveillance, pour imiter leur
ancien chef hiram-abi ; de prendre, comme lui, pour
base de leurs actions, la sagesse, le justice et l’équité ;
de garder le plus profond silence sur leurs mystères, et
de ne jamais les révéler qu’à des personnes qui
mériteraient cette faveur signalée par leur zèle, leur
ferveur et leur constance ; de s’assister mutuellement
dans leurs besoins, de punir sévérement la trahison,
la perfidie et l’injustice. Il leur donna sa bénédiction
et leur découvrit l’arche d’alliance, de laquelle l’éternel
rendait ses oracles. Il ordonna plusieurs sacrifices,
les admit aux saintes libations ; les embrassa, et leur
donna à chacun un anneau d’or, en signe d’alliance,
en mémoire de celle qu’ils venaient de contracter avec la
vertu et les hommes vertueux. Il leur fit plusieurs
présens, et leur donna la permission de rester à Jerusalem,
Page 492 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

ou de voyager.
Le second jour, Salomon donna audience aux
maîtres, chevaliers élus dans le chœur du temple. Il
leur fit promettre tout ce qu’il avait éxigé des précedens ;
il leur accorda le grade de maîtres architectes ; les décora
des ornemens de ce grade ; leur fit jurer de garder
fidèlement leurs mystères, et de ne les communiquer qu’à
ceux qui en seraient dignes. Il leur fit des présens, leurs
permit de rester à Jérusalem, ou de voyager.
Le troisième jour, Salomon donna audience aux
apprentis et compagnons. Il introduisit les compagnons
dans la partie de l’est du temple, devant le tombeau de
hiram-abi ; et pendant ce tems, les apprentis gardaient
les dehors. Il donna aux compagnons qui en étaient
le plus dignes, le grade de Maitre. Ensuite, il fit entrer
la apprentis, les fit introduire dans le portique du
temple, et leur donna le grade de compagnon. Il leur
fit jurer d’observer les principes de vertu qu’il leur avait
enseignés, lui et leur ancien chef ; d’être toujours unis ;
de s’assister mutuellement ; de garder entr’eux les mots,
signes et attouchemens, et de ne les communiquer qu’à
des hommes vertueux. Il leur fit des présens, leur
permit de rester, ou d’aller où bon leur semblerait.
Il donna ordre à ses Intendans de les défrayer de leur
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 493

dépenses jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés dans leur


famille.
Salomon, ce roi si sage et si vertueux ; ce roi que
Dieu avait choisi dans son cœur, devint orgueilleux !
Le premier roi de l’univers, parce qu’il avait bâti un
temple d’une architecture si magnifique, qu’il était
l’admiration de tous, oublia bientôt la bonté de Dieu, et
se livra à la débauche ; la sagesse l’abandonna. Sa
faiblesse pour un sèxe aussi dangereux qu’il est aimable,
détruisit sa piété pour le vrai Dieu ; il offrit de l’encens
à l’idole Moloch, encens qui n’aurait dû fumer que
dans le saint des saints, devant le Dieu éternel ! Ce
crime pénétra de douleur tous les cœurs des bons maçons.
Ils n’en instruisirent pas moins leurs enfans dans les
principes de la vertu, et ils leur communiquèrent
cette sainte et respectable union qui avait toujours
subsisté entr’eux. Ils essayèrent, par leurs bons
conseils et leurs éxemples, d’écarter leurs concitoyens
du sacrilège et de l’impiété ; mais ils n’y purent parvenir,
malgré qu’ils leur remissent sous les yeux, dans
l’amertume de leur cœur, la vengeance que Dieu avait
éxercée sur leurs ancêtres par le déluge. Ils leur
représentèrent que le tonnerre grondait sur leurs têtes,
et que ce superbe temple, bâti par Salomon, objet de
leur orgueil, pourrait être détruit un jour, et Jerusalem
Page 494 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

écrasée. Que leurs femmes et leurs enfans souffriraient


et porteraient la peine dur à leur iniquité par le plus
dur esclavage.
Voyant que leurs efforts étaient inutiles, et qu’ils ne
pouvaient persuader leurs concitoyens, la plus grande
partie des maçons se bannit elle-même d’une patrie dont
ils prévoyaient la ruine prochaine et presqu’inévitable,
pour n’être pas témoins des maux qu’ils envisageaient.
Les crimes du peuple de Juda étant à leur comble,
Dieu inspira à Nabuchodonozor, roi de babylone, la
funeste résolution de faire le siège de Jerusalem, dont
il se rendit maître, ainsi que de toute la Judée, avec une
armée nombreuse, commandée par Nabuzardan, son
général, qui ruina les murailles de la ville, détruisit
même les fondations du temple de Dieu, après l’avoir
dépouillé de toutes ses richesses. Il emmena captifs
à babylone les habitans de la ville et des campagnes,
et le roi Joachim  235, qui régnait alors sur les tribus de
Juda et de Benjamin.
Cet evénement arriva 470. ans six mois et dix
jours après la dédicace du temple. Les grands Elus,
parfaits et sublimes maçons qui étaient alors à Jerusalem,
la défendirent avec la plus grande intrépidité ; mais
ils ne purent résister au nombre, ni à la force des
conquérans

235. Les manuscrits Quesada, Pyron et Kloss donnent comme nom du roi
« Sedecias », Seul le manuscrit Francken de 1783 parle ici du roi « Jehoiakim », conformément
au texte biblique (2 Chr. 36:6 et sq). Mathanias, sous le nom de Sédécias, fut ensuite installé
sur le trône de Juda par Nabuchodonosor pour succéder à son neveu Joachim. Mais c’est bien
après la défaite de Sédécias que le Temple fut détruit. Nouvel indice d’un lien direct entre le
manuscrit anglais et la version de Vuillaume.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 495

conquérans. Dieu avait abandonné la nation ! Les


élus maçons ne combattaient pas pour défendre les
richesses de Jerusalem, ils se souciaient peu des trésors
profanes ; ils ne s’occupaient que de celui qui était dans
la voûte sacrée ; ils craignaient qu’il ne fut découvert ;
ils bravèrent avec intrépidité la fureur des soldats qui
gardaient les portes du temple pour en assurer le pillage ;
ils réunirent tous leurs efforts pour pénétrer jusqu’à la
voûte sacrée. Lorsqu’ils voulurent y entrer, pour
s’emparer du delta, ils y trouvèrent le corps de Galaad,
fils de Sephonias, homme considéré par les parfaits
maçons, et chef des Lévites. C’était lui qui gardait la
voûte sacrée, et avait soin d’y entretenir allumées les
lampes qui y devaient perpétuellement brûler. Ce
parfait maçon, comme hiram-abi, aima mieux perdre
la vie près du divin delta, que de le faire découvrir par
sa retraite, et il avait préféré d’être enseveli sous les
ruines du temple, plutôt que d’exposer le trésor qui
lui avait été confié, à la rapacité des barbares. Il
venait d’expirer victime de son zèle et de son devoûment.
Il est difficile d’exprimer la satisfaction
qu’éprouvèrent les Elus parfaits et sublimes maçons,
en même tems que l’admiration que leur causait le
devoûment de Galaad. Cependant, leur premier
Page 496 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

mouvement fut excité par le vue du Delta conservé ; ils


s’écrièrent tous ensemble : bea macheh bamearah !
qui veut dire : « Dieu soit loué, nous l’avons trouvé !
C’est ce mot que nous avons adopté pour grand mot de
passe, et le plus essentiel pour se faire connaître pour
fidèle gardien du trésor.
Revenons à eux ! Ils effacèrent les caractères
qui composaient le nom précieux, ils cassèrent la pierre
cubique, ils mirent la plaque d’or dans l’arche qui
contenait les tables de la loi, et quelques autres objets
précieux ; ils renversèrent la colonne et le piédestal sur
lequel était auparavant la pierre cubique ; ils creusèrent
une fosse de vingt sept pieds de profondeur, dans laquelle
ils jettèrent tous ces débris ; ils retirèrent la robe de
chef des Lévites, qui couvrait Galaad, qui consistait en
une tunique du plus fin lin, et sa thiare ; ils enterrèrent
son corps et le couvrirent d’une table de marbre qui
était dans la voûte sacrée, et qui faisait partie de
celles trouvées par Zabulon, Johaben et Schoulkain
dans les ruines du patriarche henoch.
Cette expédition terminée, ils se retirèrent
satisfaits, et résolu de ne jamais confier à l’avenir
qu’à leur mémoire la parole sacrée, et de ne la
transmettre à leur postérité que par la tradition orale.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 497

C’est de là que vient la coutume de l’épeller, sans jamais


se permettre d’en prononcer même les syllabes.
Cet usage fut ensuite observé quand le temple fut
rebâti sous le règne de Cyrus. Le grand prêtre, au
milieu d’un petit nombre de parfaits maçons, qui
formaient une chaîne autour de lui, avait seul le droit
de le prononcer, une fois dans l’année, en l’epellant.
Pendant ce tems là, on faisait faire un grand bruit, qui
couvrait la parole, afin qu’elle ne put être entendue du
vulgaire. Par cette circonspection, on a perdu l’habitude
de prononcer, et même d’écrire cette parole sacrée ; de
sorte que l’on est dans l’incertitude sur le nombre de lettres
qui la composent, et sur la vraie prononciation connue
des seuls anciens grand Elus parfaits et sublimes
maçons ; parce que Dieu a voulu que les anciens maîtres
qui connaissaient cette parole avant la mort de
Hiram-abi et la création des grands Elus, fussent
ensévelis dans les ruines de la neuvième arche du
monument de Hénoch.
Page 498 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Ce folio est suivi de deux pages vierges numérotées (499 et 500.)

Grand écossais de la voûte S ée.

{
Notes et remarques.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 501
(Le verso de cette page, numéroté 502, est vierge)

Banquet des G\ Elus,


ou Ecossais.

{
Les verres sont nommés coupes.
Il n’y a point d’éxercice du glaive.
Commandemens pour les santés.
1°. La main droite à la coupe !
2°. Haut la coupe !
3°. Vidons la coupe en trois tems !
4°. La coupe à l’épaule droite !
5°. La coupe diagonalement à la hanche gauche !
6°. Remontons la coupe à l’épaule gauche !
7°. La coupe diagonalement à la hanche droite !
8°. Remontons la coupe à l’épaule droite !
9°. En avant la coupe !
10°. Posons la coupe en trois tems !
11°. Un – deux – trois !
12°. A moi, mes frères, pour la batterie.
Et après la batterie, pour acclamation :
Dieu benisse le roi et les chevaliers !
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 503

Suplément
à l’instruction sur le calendrier lunaire.
(Renvoi de la page 22.)

{
Pour compléter le chapître mis au commencement
de cette collection sur le calendrier lunaire usité en
maçonnerie, on a crû ne pouvoir mieux faire que de
rapporter ce qu’en dit l’astronome Lalande dans son
abrégé d’astronomie, Liv. IV. Page 203. de l’édition de
1795.
Des revolutions de la Lune,
et du Calendrier.  236
La première connaissance éxacte que l’on ait eue
dans la grèce du mouvement de la lune, ou de la durée
éxacte de sa révolution, fut celle que donna Méton,
qui vivait environ 430. ans avant l’ère vulgaire.
Il avait reconnu, ou plutôt, il avait appris des
orientaux qu’en 19. années solaires il se passait
deux cent trente cinq mois lunaires complets ; et

236. Vuillaume recopie ici intégralement et presque mot à mot le texte de l’astronome :
Lalande Jérôme, Abrégé d’astronomie, 2e édition, Paris, Firmin Didot, 1795, livre IV, pages 203-
206, ainsi que les tableaux qui suivent (pages 207-208) que nous mettons en vis-à-vis de ceux de
Vuilllaume pour comparaison. Mais il adapte parfois le texte en le rendant plus « littéraire » (par
exemple, « 1 » écrit « un »).
Page 504 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

cette détermination n’est en défaut que d’un jour sur


312. ans, au bout desquels les nouvelles lunes arrivent
un jour plutôt. Aussi, cette découverte parut si
belle dans la grèce, qu’on en grava les calculs en lettres
d’or ; on s’en sert encore dans le calendrier, et l’on
appelle cycle lunaire la révolution de 19. ans, qui
ramène les nouvelles lunes aux mêmes jours de l’année
civile.
Le Nombre d’or est celui qui indique l’année
du cycle lunaire ; il est marqué par l’unité, ou
par un, toutes les fois que la nouvelle lune arrive
le 1 er. janvier, comme en 1786 et 1805. (et 1824.)  237
Des 235 lunaisons qu’il y a dans 19. ans, on
en donne douze à chaque année, ce qui fait 228, qui
sont alternativement de 29 et de 30. jours : il en reste
7. qu’on appelle embolismiques, ou intercalaires,
dont 6. de 30. jours, et la dernière de 29. ce qui
forme en tout 6935. jours. Comme il y en a 6940
dans 19. années, dont cinq sont bissextiles, il manque
5. jours qu’on ajoûte dans les cinq années bissextiles
à la lunaison qui renferme le 29. fevrier, et qui
devient de 30. jours au lieu de 29, ou même de 31,
au lieu de 30.

237. La parenthèse est un rajout de Vuillaume, qui recopie en 1822.


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 505

Cette période fait voir que le retour de la lune à sa


conjonction est de 29 jours 12. heures 44’ 3’’ : c’est ce
qu’on appelle Lunaison, mois synodique, ou
révolution synodique. Cette révolution est plus longue
que la véritable période ; car pour que la lune, après
avoir fait une révolution entière dans son orbite,
arrive jusqu’au soleil, il faut qu’elle parcourre encore
les 29. degrés que le soleil a faits dans l’écliptique
en 29. jours, par son mouvement annuel. Ainsi,
quand la lune a atteint le soleil, il y a plus de deux
jours que sa véritable révolution est finie, et celle-ci
ne dure que 27. jours 7. h. 45’ 4’’ ½ : c’est ce qu’on
appelle la révolution périodique. Il y faut ajouter
7. secondes, si l’on veut avoir la révolution sidérale ;
mais on ne fait point usage de celle-ci, parce que c’est
aux équinoxes que l’on rapporte les mouvements célestes.
La distance de la lune à l’équinoxe, ou sa
longitude moyenne le 1 er. janvier 1800. à midi moyen
au méridien de Paris (était)  238 de 11. signes  239 5°. 38’ 44’’ ;
elle fait chaque jour 13°. 10’ 35’’ 0285. Cela suffirait
pour trouver sa longitude moyenne en tout tems.
Le cycle solaire, dont on fait encore usage dans
le calendrier romain, est un intervalle de 28. ans,

238. La parenthèse est une correction de Vuillaume ; Lalande, en 1795, avait logiquement
écrit « sera ».
239. En astronomie, le signe était une unité de mesure d’arc, actuellement obsolète, égale
à 30°. La longitude écliptique était ainsi mesurée en signes, degrés, minutes et secondes. Le signe
était exprimé par un nombre de 0 à 11 ou par le symbole correspondant (Zodiaque).
Page 506 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

qui ramène les jours de la semaine aux mêmes jours


du mois. Si l’on ajoute 9. à l’année courante
de l’ère vulgaire, et qu’on divise par 28. le reste sera
l’année du cycle solaire. Ainsi, en 1800. l’on
trouve  240 17.
Les lettres dominicales marquent les jours de
la semaine qui reviennent les mêmes tous les 28. ans.
Ainsi, en 1800. la lettre dominicale est E, et cette
lettre répond au 5. janvier ; ce sera le premier dimanche
de l’année, et tous les jours, où dans les calendriers,
sont marqués d’un E, par l’ordre suivi des lettres
dominicales, sont des dimanches.  241
Les années suivantes ont D, C, B ; l’année 1804
étant bissextile a deux lettres, A. et G. la première
lettre, pour toutes les années qui en ont deux, sert
pour les deux premiers mois, la seconde sert pour les
dix autres.
Le cycle d’indiction est une période de 15. ans,
usitée dans les anciens titres ; il suffit d’ajouter 3.
à l’année courante, et divisant par 15. le reste est
l’indiction de l’année ; ainsi pour 1800. on trouve
3. d’indiction.
Le produit des trois cycles 19, 28 et 15, ou
7980. forme la période julienne, proposée par Joseph
Scaliger

240. Lalande avait bien entendu écrit « trouvera ». Même remarque pour la suite du
texte, chaque fois qu’il est fait référence à l’année 1800 ou à des années après 1795.
241. Phrase peu claire de Vuillaume, là où Lalande écrivait de manière limpide : « Ce
sera le premier dimanche de l’année, et tous les jours où il y a E seront des dimanches ».
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 507

Scaliger pour simplier  242 la chronologie. Si l’on ajoute


4713. à l’année actuelle, on aura l’année de la période
julienne. (Ainsi l’année 1822 est l’année 6535. de la
période julienne.)  243
Nous avons parlé du calendrier pour ce qui
concerne les années solaires : l’article des mois
lunaires est plus difficile. On s’en est longtems
occupé, et l’on y attachait une grande importance
relativement à la célébration de la pâque. Depuis
le Concile de Nicée, tenu en 325. il était réglé que
cette fête devait être le dimanche après le 14 e. de la
lune qui arrivait ou le 21. mars, ou après le 21. (*)
Il fallait donc une règle pour trouver la nouvelle
lune ; c’est ce que Grégoire XIII. chercha dans la
réformation de 1582.
L’imperfection du cycle lunaire de 19. ans, qui
est en erreur d’un jour au bout de 312. ans, fit
adopter le calendrier des épactes pour trouver à
perpétuité les nouvelles lunes du calendrier
ecclésiastique, au moyen des règles suivantes.

(*) C’est ce qui fait que la Pâque des chrétiens n’arrive pas
toujours avec celle des hébreux, qui est invariablement fixée au jour
  244
qui suit le 14e. de la lune de Nisan, c’est-à-dire, le 15.

242. Erreur de copie : mis pour « simplifier ».


243. Lalande avait écrit « Ainsi l’année 1794 est l’année 6507 de la période Julienne ».
C’est une preuve supplémentaire que 1822 est la date de rédaction du manuscrit de Vuillaume.
244. Cette note est un rajout de Vuillaume.
Page 508 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

L’épacte  245 est l’âge de la lune le 1 er. janvier ; c’est


aussi ce qu’on ajoute à l’année lunaire pour avoir
l’année solaire. Ainsi, quand le nombre d’or est un,
comme en 1805. et que la nouvelle lune arrive le 1 er.
janvier, l’épacte est zero ou 30. on le marque par
un astérique.
Dans les années suivantes, elle augmente de
onze, et l’on ôte 30. quand ils y sont. Ainsi les
épactes des années 1806 et suivantes, sont : XI, XXII,
III, XIV, XXV, VI, XVII, XXVIII, IX, XX, I, XII, XXIII, IV,
XV, XXVI, VII, XVIII et XXX ou zéro ; après quoi elles
recommencent dans le même ordre, du moins pour
le 18 e. et le 19 e. siècles.
L’irrégularité des années bissextiles et
l’imperfection du cycle de 19. ans, forment, dans les
épactes, ce qu’on appelle l’équation solaire et
l’équation lunaire, qui, dans différens siècles, font
diminuer ou augmenter toutes les épactes d’une
unité. En effet, quand on ôte une bissextile,
comme en 1700, 1800 et 1900. la nouvelle lune arrive
plus tard, et il faut diminuer l’épacte qui doit la
désigner dans le calendrier perpétuel. Et quand, au
bout de 312. ans elles arrivent un jour plutôt, il
faut augmenter l’épacte qui répond à chaque année

245. Lalande avait indiqué ici en note : « Epavgw, j’ajoute ».


Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 509

du cycle lunaire. C’est ce qui arrive tous les 300. ans ;


et la 8 e. fois, au bout de 400. ans seulement ; (en 1800
et en 4300) ensorte qu’il y ait 8. équations lunaires en
25. siècles, à raison d’une pour 312 ans ½.
Dans les trois siècles qui suivront 1900. les
épactes seront moindres d’une unité, c’est à dire, qu’à
l’année 2. du cycle lunaire, l’épacte sera X. au lieu de
XI. qu’on a dans ce siècle-ci.
L’épacte de l’année marque toutes les nouvelles
lunes dans le calendrier perpétuel que l’on joint ici,
où l’on a mis trente épactes dans un ordre rétrograde.
On a été obligé de cumuler deux épactes en six
endroits du calendrier perpétuel, afin que les 360
épactes ne fissent que les 354. jours de l’année lunaire ;
mais comme il ne peut pas y avoir deux nouvelles lunes
au même jour dans l’espace de 19. ans, dans les siècles
où XXV et XXIV. se trouvent ensemble, on met 25. d’un
autre caractère, et on le place à côté de XXVI. qui ne se
trouve pas dans ces siècles là. On a mis au dernier
décembre 19 à côté de XX. parce que quand le nombre
d’or 19. concourt avec l’épacte XIX. et que l’année
suivante on a I d’épacte, le calendrier n’indiquerait
point de nouvelle lune entre le 2. décembre et le 29
janvier. Cette difficulté, et beaucoup d’autres
Page 510 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

circonstances du calendrier éxigeraient de longs détails,


pour lesquels je suis obligé de renvoyer à mon astronomie.
On y verra que la période entière des épactes est de 300
mille ans, à cause de la complication des équations solaire
et lunaire.
Dès qu’on connait l’épacte de l’année, on voit dans
le calendrier perpétuel toutes les nouvelles lunes de
l’année : ainsi en 1800. l’épacte est IV. et je vois que la
nouvelle lune est le 27. janvier, le 25. fevrier & a. c’est à
dire, partout où il y a IV. d’épacte.
Le premier jour après le 7. mars, où cette épacte
répond, est celui qui décidera de la pâque ; car, en
comptant 14. jours, y compris celui où répond l’épacte
IV. de l’année, on tombe au 9. avril ; mais la lettre
dominicale en 1800 est E, et elle est placée au 13. avril.
Ainsi pâque est arrivé cette année le 13. avril.
Les limites de la fête de pâque sont le 22. mars
et le 25. avril ; celle-ci a lieu quand le 14. de la lune
tombe le 20. mars ; car alors, c’est celui du 18. avril ;
et si c’est un dimanche, on ne prend que le suivant.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 511

Calendrier perpétuel
des Epactes
et des Lettres dominicales,
ou

Calendrier Grégorien
pour trouver les nouvelles lunes,
les jours de la semaine & a.
{
Page 512 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Plutôt que recopier les tableaux de Vuillaume qui sont parfaitement


lisibles, nous avons choisi de mettre en vis-à-vis ceux de Lalande.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125. Page 513
Page 514 Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Attendu  246 que pour se servir du tableau qui précède,


il faut connaitre l’épacte de l’année, on donne ici l’épacte
des années restant à écouler du 19 e. siècle.

Années Epactes

1822 1841 * 1860 1879 1898 VII


1823 1842 1861 * 1880 1899 XVIII
* 1824 1843 1862 1881 ...........1900 *
1825 * 1844 1863 1882 1901 ........... XIX
1826 1845 * 1864 1883 1902 ........... XXIIXXI
1827 1846 1865 * 1884 1903 ........... IIIII
* 1828 1847 1866 1885 1904 .*........ XIVXIII
1829 * 1848 1867 1886 1905 ........... XXVXXIV
1830 1849 * 1868 1887 1906 ........... VIV
1831 1850 1869 * 1888 1907 ........... XVIIXVI
* 1832 1851 1870 1889 1908 .*........ XXVIIIXXVII
1833 * 1852 1871 1890 1909 ........... IXVIII
1834 1853 * 1872 1891 1910 ........... XXXIX
1835 1854 1873 * 1892 1911 ........... I *
* 1836 1855 1874 1893 1912 .*........ XIIXI
1837 * 1856 1875 1894 1913 ........... XXIIIXXII
1838 1857 * 1876 1895 1914 ........... IVIII
1839 1858 1877 * 1896 1915 ........... XVXIV
* 1840 1859 1878 1897 1916 .*........ XXVIXXV

Les astériques à côté des années indiquent celles qui sont


bissextiles.  247

246. À partir de cette page, Vuillaume ne recopie plus Lalande.


247. Cette fois, Vuillaume ne se trompe pas (cf. page 19 du manuscrit) sur la liste
des années bissextiles. De plus, il donne ici la liste des années restant à écouler du xixe siècle
et commence cette liste à 1822. C’est une nouvelle confirmation de la date de rédaction de ce
manuscrit.
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Les cinq pages de la table des matières ne sont pas numérotées)

Table
des matières contenues dans le 1 er. Volume.

Pages
De la franc-maçonnerie en général........................................................ 1
Calendrier lunaire selon le système hébraïque, en usage
   dans la franc-maçonnerie....................................................... 13
Alphabeth maçonnique...................................................................... 23
De l’Ecossisme.................................................................................... 25
De la disposition et de l’organisation générale des Loges........................ 29
Des Visiteurs...................................................................................... 43
Rituel des trente trois degrés – Apprenti, 1 er. degré................................. 51
_____ ouverture des travaux........................................................... 54
_____ ordre des travaux................................................................. 56
_____ clôture des travaux............................................................... 62
_____ Réception............................................................................ 65
_____ Instruction........................................................................ 103
Compagnon, 2 d. degré...................................................................... 113
_____ ouverture de la Loge........................................................... 115
_____ clôture des travaux............................................................. 118
_____ réception........................................................................... 119
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Pages
Maître, 3 . degré...................................................................... 141
e

_____ ouverture de la Loge................................................... 144


_____ clôture des travaux..................................................... 148
_____ réception................................................................... 149
_____ instruction................................................................. 171
Notes et remarques sur les trois degrés symboliques...................... 178
Cérémonies funèbres................................................................. 185
_____ ouverture de la loge funèbre........................................ 189
Past-Master, ou Passé-maître, donnant la faculté de
    présider les loges, hors de série........................................ 205
_____ réception................................................................... 209
Installation d’un Vénérable dans sa Loge, après sa nomination 216
Seconde Classe
Maître Secret, 4 e. degré............................................................. 223
_____ ouverture des travaux................................................. 226
_____ clôture....................................................................... 227
_____ réception................................................................... 229
_____ instruction................................................................. 235
_____ notes et remarques...................................................... 243
Maître parfait, 5 e. degré........................................................... 245
_____ ouverture des travaux................................................. 248
_____ clôture des travaux..................................................... 250
_____ réception................................................................... 252
_____ instruction................................................................. 259
_____ notes et remarques...................................................... 267
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Sécrétaire intime, ou maître par curiosité, sixième Pages


    degré............................................................................... 269
_____ ouverture........................................................................... 273
_____ clôture............................................................................... 274
_____ réception........................................................................... 275
_____ instruction......................................................................... 284
_____ notes de remarques............................................................. 286
Prévôt et Juge, ou Maître irlandais, 7 e. degré...................................... 289
_____ ouverture de la Loge........................................................... 292
_____ clôture............................................................................... 293
_____ réception........................................................................... 294
_____ instruction......................................................................... 299
_____ notes et remarques.............................................................. 304
Intendans des bâtimens, ou Maître en israël, 8 e. degré......................... 307
_____ ouverture de la Loge........................................................... 310
_____ clôture............................................................................... 311
_____ réception........................................................................... 312
_____ instruction......................................................................... 318
_____ notes et remarques.............................................................. 325
Troisième Classe.
Maître élu des Neuf, 9 e. degré........................................................... 331
_____ ouverture du chapître......................................................... 335
_____ clôture............................................................................... 336
_____ réception........................................................................... 337
_____ instruction......................................................................... 351
_____ notes et remarques.............................................................. 357
Transcription C. M. & P. T. , LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.

Pages
Illustre élu des quinze, 10 . degré............................................... 361
e

_____ ouverture du chapître................................................. 364


_____ clôture....................................................................... 365
_____ réception................................................................... 367
_____ instruction................................................................. 376
_____ notes et remarques...................................................... 381
Sublime Chevalier élu, 11 e. degré.............................................. 383
_____ ouverture du grand chapître........................................ 385
_____ clôture....................................................................... 386
_____ réception................................................................... 388
_____ instruction................................................................. 394
_____ notes et remarques...................................................... 398
Banquet des Elus..................................................................... 401
Quatrième Classe.
Grand Maître architecte, 12 e. degré........................................... 405
_____ ouverture de la Loge................................................... 408
_____ clôture de la loge........................................................ 410
_____ réception................................................................... 412
_____ instruction................................................................. 417
_____ notes et remarques...................................................... 420
Royal-arche, 13 e. degré............................................................. 423
_____ ouverture de la Loge................................................... 427
_____ clôture du collège........................................................ 430
_____ réception................................................................... 432
Transcription C. M. & P. T., LATOMIA, juillet 2020. BnF, Ms Smith-Lesouëf 125.
(Le verso de la feuille est vierge et elle est suivie de quatre pages vierges.)

Pages
Royal arche – notes et remarques....................................................... 450
Grands écossais de la voûte sacrée de Jacques VI, ou
   Grand élu, ancien maître parfait et sublime
   maçon, 14 e. degré................................................................. 453
_____ ouverture des travaux......................................................... 459
_____ clôture des travaux............................................................. 464
_____ réception........................................................................... 469
_____ notes et remarques.............................................................. 498
Banquet des Elus, ou grands écossais.................................................. 501
Suplément à l’instruction sur le calendrier lunaire  503
Calendrier perpétuel des épactes & a................................................... 511

Fin de la Table
du 1 er. Volume.

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