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MAISON RUSTIQUE
DU XIXe SIÈCLE;
ANTOINE (de Roville), professeur à l'institut agri LECLEBC-THOUIN (Oscar), des Soc. d'agricul
cole de Rowlle (Meurthe). ture et d'horticulture.
AUDOUIN, professeur au Muséum d'histoire natu LOISELEUR DES LOIMGCDAMPS, des Soc. d'a
relle, inembie de la Société centrale d'agricultuie. griculture et d'horticulture.
BERLEZE (l'aLbé), des Soc. d'agriculture et d'hor MACAREL, conseiller d'état, professeur de droit
ticulltirc. administratif, des Soc. d'horticulture et d'encoura
BIERNAKI, propriét. -cultivât., ancien ministre de gement.
l'intérieur en Pologne. MALKPEYRE (L. ), avocat a la Cour royale de
RIXIO (Alexandre), docteur en médecine. Paris.
BONAFOUS, directeur dn Jardin botanique de MASSON FOL'R, ex professeur a l'école forestière
Turin, correspondant de l'Institut, de la Société de Nancy, directeur du Journal d'agriculture pra
d'agriculture. tique,
CHAPELAIN Ociavc de), propriét.-cultiv. dans la MICMAUT, correspondant de l'Institut, de la Soc.
Lozère. d'agriculture.
DAILLY, propriét.-culliT. & Trappes (Seine -et- MIRBEL, de l'Académie des Science", de la Soc.
Oise . des Sot iétés d'agriculture et d'horticulture d'agriculture professeur au Muséum d'histoire na
de Paris et de Versailles. turelle.
DEBONNAIRE DE GIF, çoris. d'élat, de la Soc. MOLARD, de l'Acod. des Sciences et de la Soc.
d'agriculture, d'agriculture.
DERY, prnpriét.-coltir. dans le Loir-et-Cher, de la MOLL, professeur a l'Institut agricole de Roville.
Soc. d'agriculture. IUORIN DE SAINTE-COLOMBE, des Soc. d'a
DESJOBERTS, député, cultiv. a Rieux (Seine-In griculture et d'horticulture.
férieure). NOIROT (de Dijon), auteur de plusieurs ouvrages
DUPIN (Charles), député, président de l'Académie d'agriculture forestière,
des Sciences professeur au Conservatoire des arts i NOIROT-BONNET, géomètre forestier à Langres
et métiers, etc. (Haute-Marne).
FEBURIER, des Soc. d'agriculture et d'horticulture ODART (le comte), président de la section d'agri
de Puris et de Versailles. culture de la Soc. d agriculture de Tours, proprié
GASPARIN (de), sous secrétaire d'état de l'inté taire-agronome dans Indre-et-Loire.
rieur, de la Soc. d'agriculture, etc. OUOLANT DESNOS, auteur de plusieurs ouvra
GIRARD, de l'Acad. des Sciences, de la Soc. d'a- ges sur les arts industriels et agricoles.
ïrricultiire. PAYE\, manufacturier-chimiste, des Soc. d'agricul
GIRAnDIN (Emile de), député, fondateur de l'ids- ture d'horticulture et d'encouragement.
tiltii gratuit de Coëtbo. POITEAl', des Soc. d'agricultuie et d'horticulture,
GOURME», architecte des Travaux-Publics de Pa auteur du J>on Jardinier, etc.
ris, de la Soc. d'encouragement, etc. POLONCEAU, inspecteur divisionnaire des ponts et
GLYOT (Jules), docteur en médecine a Gyé-sur- chaussées, des Soc. d'agriculture, d'horticulture et
Seine 'Aube). d'encouragement
HER1CART DE THURY (vicomte), de l'Aeidmie POMMIER, directeur de l'Echo des hatlei et mar
des sciences, président des Soc. d'agriculture et chés.
d'horticulture. PUVIS, président de la Soc. d'agriculture de l'Ain.
IIERPIN, propriét.-cultiv. dans l'Indre, de la Soc. RAMBUTEAU (dr>. député, conseiller d'état, préfet
d'agriculture. de la Seine, président de la Soc. d'agriculture.
BOMBRES-F1RMAS rie baron d'), correspondant RIVIÈRE (baron de), propriét.-cultiv. dans la Ca
de l'Institut et de la Soc. royale et centrale d'a margue, correspondant de la Soc. d'agriculture.
griculture, propriétaire agronome dans le Gard, etc. SOULANGE-BODIN, des Soc. d'agriculture, d'hor
HUERttE DE POMMEUSE, des Soc. d'agriculture, ticulture et d'encouragement, fondateur de l'ins
d'horticulture et d'encouragement. titut horticole de Fromont (Scine-et-Oise).
1IUZAHD père, de l'Académie des Sciences, archiv. SYLVESTRE (baron de), de l'Académie des Scien
de la Sec. d'agriculture, inspecteur des écoles vé ces, secrétaire perpétuel de la Soc. d'agricul
térinaires de France. ture.
1IUZARO fils, des Soc. d'agriculture, d'horticulture TESSIER, de l'Acad. des Sciences et de la Soc.
el d'encouragement. d'agriculture.
JAUME-SAINT-HILAIRE, de la Soc. d'agricul TURPIN. de l'Acad. des Sciences et de la Soc.
ture, auteur de la Flore et de la Pomone Fran d'horticultnre.
çaises VILMORIN, des Soc. d'agriculture et d'horticul
LABBE, des Soc. d'agriculture et d'horticulture. ture, propriét.-cultiv. aux Barres (Loiret), etc.
LADOUCETTE, dépoté, des Soc. d'agriculture, VIREY, député, de la Soc. d'agriculture, etc.
d'horticulture et d'encouragement. i YVART, directeur de l'Ecole vétérinaire d'Alfort,
LASSAIGNE, professeur à l'école vétérinaire d'Al- de la Soc. d'agriculture.
fort. YUNG, rédacteur du Hulletin des sciences agricoles
LEBLANC, professeur an Conservatoire des arts et et de l'Agronome.
métiers.
Tous le» articles de la Maison Rustique sont signés de l'un de ces noms.
MAISON RUSTIQUE
DU XIXe SIÈCLE.
COHTEHAHT
LES MEILLEURES MÉTHODES DE CULTURE USITÉES PARTICULIÈREMENT EN FRANCE, EN ANGLETERRE,
EN ALLEMAGNE ET EN FLANDRE; — TOUS LES DONS PROCÉDÉS PRATIQUES PROPRES A GUIDER
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TION D'UN DOMAINE RURAL; — LES PRINCIPES GÉNÉRAUX D'AGRICULTURE , LA CULTURE UB
TOUTES LES PLANTES UTILES; — L'ÉDUCATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES, L'ART VÉTÉRINAIRE,
— LA DESCRIPTION DE TOUS LES ARTS AGRICOLES ; — LES IN8TRUMEN8 ET BATIMENS RURAUX ; —
L'ENTRETIEN ET L'EXPLOITATION DES VIGNES, DES ARBRES FRUITIERS, DES BOIS ET FORÊTS, DES
ÉTANGS, ETC. ; — L'ÉCONOMIE , L'ORGANISATION ET LA DIRECTION D'UNE ADMINISTRATION RU-
RALE; ENFIN LA LÉGISLATION APPLIQUÉE A L'AGRICULTURE ;
TUMIHÉE
PAR DES TABLES MÉTHODIQUE ET ALPHABÉTIQUE,
PAB LA LISTE DES FICDHES ET CELLE DES ABEEVUTIOHS ET OUTRAGES CITES;
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D'ÉCONOMIE RURALE,
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RACES D'ANIMAUX, ARBRES, ARBUSTES ET PLANTES, BATIMENS RURAUX, ETC. ,
Rédige et profeuo'
■ et de Praticiens appartenant aux Sociétés agricoles de 1
«008 LA OIEECTIOn
fl)f JH. Afalcprgrt aîné,
De 1* Société centrale d'Agriculture.
TOME QUATRIEME.
M DCCC XXXVI.
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
'■
VIII TABLE DES MATIÈRES.
Sect. III. Evaluation de la valeur hcative. . . . 355 CHAP. VI. Organisation du service des
— it. Evaluation du prix d'acquisition* . . ib, BÊTES DE RENTE 400
— t. Observations générales . 356 Sect. ire. Du bétail dont on doit faire clioix. . . 4^3
CHAP- III. De l'acquisition ou de lalo- $ i«. Des chevaux 453
cation ib. 2. Des bêles à cornes 456
A»t. i«r. Exploitation par le propriétaire ou l'usu 3. Des bâtes à laine 4&>
fruitier 4. Des cochons 4^3
Ssct. if*. Exploitation parle propriétaire. ... «A. Sict. ii. De la quantité de bétail 4*>4
— 11. Exploitation par l'usufruitier. .... 357 § 1". De la taille des bestiaux 4*i5
— m. De l'acquisition des domaines. . . ib. 3. De la valeur nutritive des substances atii
§ fer. Examen de l'origine et de la nature de la taires 466
proprie'te' 358 3. De la quantité nécessaire aux bestiaux. . . 469
3. Du contrat et de ses formalités 359 4. Méthode pour calculer la quantité de bétail. 471
Art. n. De l'exploitation confiée à autrui. . . . ib. CHAP. VII. Organisation du service des en
Sstt. ire. Du métayer ou coton paritaire. . • ib. grais ... 47*
— n. Des diverses espèces de baux 36o Ssxt. ire. De ia consommation des engrais. . . . 47-*
$ icr. Du bail à cheptel 376 — II. De ta production des engrais 47 7
2. Du bail emphytéotique ib, CHAP. VIII. Services divers. . . . 4««
3. Bail a culture perpétuelle ib. TITRE IV. DIRECTION ADMINISTRA
4. Bail à domaine conge'able ib.
5. Bail à vie 377 TIVE DU DOMAINE.
Su t. m De la régie ib. CHAP. Ier. De la direction générale. . 4**
Art. 111. Des associations agricoles eo comman Ssxt. ire. Direction sous le rapport immobilier. . ib.
dite 378 $ 1er- Du fonds de terre ib.
TITRE IIP. DE L'ORGANISATION DU 3. Des objets immobiliers 4°4
» DOMAINE. 3* Des moyens de surveillance , • . ■ 4^5
Sict. 11. Direction des objets mobiliers 486
CHAPITRE Ier. Des capitaux 38x § x«r. Des objets du capital fixe d'exploitation. . ib.
Sect. i". Du capital foncier ib. 3. Capital du roulement 491
— 11. Du capital d exploitation ib. Ssct. 1 1 1. Direction des opérations agricoles. . . 49**
§ ter. De la distribution du capital d'exploitation, ib. Ssxt. iv. Direction des agent du personnel. . . . 498
2. De l'économie du capital ib. CHAP. II. Du choix d'un système d'ex
3. De la quotité du capital 383 ploitation. . . . . . . 5oo
4* De l'évaluation du capital 384 Sxct. ire. Causes qui influent sur le choix d'un système. 5o t
CHAPITRE U. Organisation du service ' $ i*r* Du système d'économie rurale ib.
du personnel 388 3. Du système de culture 5o3
Sect. ire. De ^entrepreneur 16. 3. Du plan de culture 16.
— 11. Des aides ou domestiques agricoles. . 38q Sxct. 11. Considérations générales 5o5
§ icr. Du choix dc3 aides agricoles. * ib. CHAP. III. Des TRAVAUX AGRICOLES. . . . 507
2- Du nomhrc des aideg agricoles 3g? Sect. ire. Travaux pourfumure. . . ib.
3. Organisation Ju personnel 3q4 — 11. Travaux de labourage. 5o8
Sict. 1 1 1. Des manouvriers 397 — 111. Travaux de hersage 509
— iv. Des apprentis, femmes, enfans. . . 399 — iv. Travaux de routage 5 10
— v. Prix du service des travailleurs. ' . . . ib. — v. Travaux d'ensemencement et de récolte.. . ib.
CHAPITRE III. Organisation du service — vi. Travaux de récolte dans les prairies. . . 5t3
DU FONDS. 400 — vu. Exemple dévaluation de travaux. . . . ib.
Sect. Ire. De l'étendue d'un fonds rural. . . . 401 CHAP. IV. 1>ES PROFITS ET REVENUS, DES
— 11. Des améliorations foncières 4°? VENTES ET ACHATS &14
$ l«. Principes économiques applicables aux amé Sict. ire. Des profts et revenus ib.
liorations foncières. ib. § 1er. Du profit foncier ib.
3. Du projet et des travaux d'àme'lioralions. . 4o4 3. Du profit du capital. . . • 5i5
3. Exemple d'un calcul d'amélioration. . . 4o5 3. Du profit industriel • • 5iG
4. Des opérations topographiques 406 Sect. 11. Desfrais de production 5iS
5. Des constructions rurales 408 § iw. Service du fonds ib.
CHAPITRE IV. Organisation du service 3. Service des capitaux 5ig
DES ATTELAGES 43o 3. Services industriels 5ïO
Sict. xre. De la composition des attelages. . . . 43 1 4. Principes économiques ib.
$ 1er. Du travail des bêtes de trait et des frais de Sict. m. Des ventes et achats 331
leur service. '. ib. § 1er. Principes des ventes et achats ib.
3. Mesure économique du travail des attelages. 4^7 a. Du prix courant et du marché ib,
3. Attelages de vaches et de taureaux. * . . 438 3. Pratique des ventes et achats. . > . . . 5a4
Sict. n. De la force et du nombre des attelages. . 439 CHAPITRE V. De la comptabilité agri
§ 1er. De la force des attelages ib. cole 52 5
3. Du nombre des attelages. ...... 44? Sect. ire, Avantages et nécesssitè d'une comptabilité, ib.
CHAPITRE V. Organisation du service — 11. Méthodes de comptabilité 5aC
DU MOBILIER 444 — ni, De l'inventaire ou état de situation, . . 5«7
Sect, ire. Du choix des instrument 445 — iv. Rédaction et but du journal. ..... 53o
§ 1er. But de l'emploi des instromens et des ma — v. Du livre de caisse . 53 1
chines — vi. Des abréviations. - 53*2
3. Conditions auxquelles doivent satisfaire les —' vu. Suite de la rédaction du journal. . . ib.
inslrumens 447 — ▼! 11. Des livres spéciaux 534
3. Considérations sur le choix des instrumens et — îx. Comptes de cultures 535
des machines 44$ — x. Comptes cVordre. ...«....• 539
' Sict. 11. De la composition du mobilier .... 449 — xi. Des comptes courons 543
§ 1". De l'évaluation numérique des objets mo — xii. Réflexions générales 644
biliers. ib. — xu L. Clôture de l'exercice ancien, et ouverture
a. Modes divers pour déterminer le nombre des des comptes nouveaux 543
objets mobiliers /|5o — xiv. Complément 54(5
Sict. 111. Du prix du service des objets mobiliers. ib. Çokclusiopi 549
AGRICULTURE FORESTIERE.
Une pépinière est un lieu destiné auv se Section i". — Choix et préparation des
mis, et par extension aux divers mor.'es de terrains.
multiplication, sur une certaine écbtflle, de
tous les végétaux ligneux dont la culture pré § I". — Nature, fertilité, profondeur, exposition et
sente de l'avantage sous le rapport de 1 uti situation du sot.
lité ou de l'agrément.
Le but de cet article est d'indiquer la ma Nature du sol. — Le terrain qui convient le
nière de former et d'entretenir un tel éta mieux à l'établissement d'une pépinière , est
blissement pour en obtenir les divers arbres celui que nous avons déjà designé sous le
utiles aux besoins de la grande culture. nom de terre franche, ou sous celui de
, terre sablo-argileuse. Trop compact, il serait
AGRICULTURE. IV. — i
AGRICULTURE FORERTIÈRE : PÉPINIÈRES. tir.
peu favorable à la végétation de la plupart du sol doit servir de guide dans cette opéra
des arbres ; il rendrait les travaux de culture tion. — S'il est de bonne nature, on se rap
matériellement difficiles, exigerait des la pellera que les labours les plus profonds sont
bours et des binages trop fréquens, et, cbose les meilleurs, et qu'une faible augmentation
également fâcheuse, en retenant outre me de dépense produira plus tard une notable
sure l'humidité et en se pénétrant difficile augmentation dans les produits. — Si le sous-
ment de la chaleur, il retarderait les progrès sol est de mauvaise qualité, il faudra, au con
de la végétation. — Trop léger, il aurait l'in traire, éviter de l'entamer, ou, tout au moins,
convénient non moins grave de nécessiter, de le ramener en trop grande épaisseur à la
dans plusieurs circonstances, des arrose- surface, à moins de nécessité absolue. — En
mens trop abondans et trop multipliés. fin, comme les meilleures terres, pour de
Fertilité du soi..—Aux yeux du pépinié venir productives, ont besoin d'être plus ou
riste, la richesse du sot n'est jamais trop moins long-temps exposées au contact im
grande. Plus les arbres végètent avec vigueur, médiat de l'air, et à faction directe des di
mieux et plus tôt il en trouve le débit: or, c'est vers météores atmosphériques, le défonce-
en renouvelant le plus possible les produc ment devra être fait généralement le plus
tions dechaque parcelle de ses culturesqu'il long-temps possible avant l'époque des se
cherche à en augmenter le revenu. — Les pro mis ou des plantations.
priétaires ont le plus souvent des intérêts dif Quoi qu'il en soit, le terrain ayant été ainsi
férons. A. moins qu'ils ne puissent planter en remué, ameubli, débarrassé des pierres et
des fonds excellons, ils trouvent, comme des racines qui pourraient nuire a sa ferti
la théorie l'indique et comme la pratique le lité, ou gêner plus tard les travaux de la
démontre tous les jours, du désavantage à bours, de plantations ou d'arrachages, il rie
acheter des arbres sortis d'un terrain trop reste plus qu'à le diviser de manière à fa
fécond ; en elfet, ces mêmes arbres, qui ont ciliter chaque sorte de culture et à éviter
pris, pendant leurs premières années, un dé pour les ouvriers toute perle de temps.
veloppement proportionné à la nourriture Le professeur Tbouin, dont le beau nom
abondante qui leur était fournie, lorsqu'ils doit trouver si souvent place dans un ou
changent de position, surtout après une vrage de pratique, proposait pour cela d'é
transplantation qui diminue nécessairement tablir dans les pépinières six carrés princi
le nombre et l'action vitale de leurs racines, paux destinés : le premier aux semis, — le
ne trouvent plus les alimens suffisans pour second aux repiquages, — le troisième aux
fournir, je ne dirai pas seulement à leur transplantations, — le quatrième aux sau
luxueux accroissement, mais au seul main vageons et autres porte-greffes , — le cin
tien de l'existence dans toutes leurs parties. quième aux marcottes, — et le sixième aux
— Il est donc désirable que le sol d'une pé boutures.
pinière soit d'une fertilité moyenne. — Mieux Lorsque la qualité variée du sol ne con
vaudrait certainement qu'il fut trop fertile duit pas à adopter une division moins régu
que trop pauvre. lière, mais plus en harmonie avec les habi
Profondeur du sol.—II est indispensable, tudes des différens végétaux, chacun de ces
pour la culture des grands végétaux ligneux, carrés peut encore être subdivisé en deux ,
que la couche de terre végétale ait une cer trois ou quatre parties d'étendue calculée
taine profondeur. En général, „nlus cette pro d'après les besoins de l'agriculture et de
fondeur est considérable, mieux ils réussis l'horticulture du pays, consacrées alterna
sent. Cependant, 5 à 7 décimètres (de 18 po. tivement à la propagation particulière des
à moins de 2 pi.) peuvent rigoureusement arbresjorestiers à feuilles caduques, des ar
suffire. bres verts, des arbresfruitiers, et des arbret
Exposition et situation. — Çuoiqve l'ex- et arbrisseaux d'ornement.
position et la situation dussent à vrai dire va Nous n'aurons pas à nous occuper ici de
rier en raison de l'espèce et de l'état parti ces derniers, et je ne devrai parler des au-'
culier de chaque culture, on doit préférer, très qu'autant qu'ils font ou devraient faire
en général, celles qui sont naturellement partie de la culture des champs.
abritées contre les vents violens qui pour
raient briser ou déraciner les arbres , les Section h. — Des semis.
vents froids qui arrêteraient la marche de § Ier. — Avantages et mconvéniens.
la végétation , et les vents desséchans qui
pourraient l'entraver d'une manière fâcheuse
au moment de son développement; — celles .Les semis ont sur les marcottes et les bou
qui ont le moins à redouter, dans le midi , la tures l'avantage à peu près incontesté de
sécheresse produite par une excessive éva- produire des individus d'une plus belle crois
poralion, et, dans le nord, l'humidité froide sance et d'une plus grande longévité ; — ils
qu'on ne peut éviter dans les localités trop servent à propager la plupart des espèces de
couvertes; — celles enfin qui procurent les nos arbres forestiers. — Les graines récol
eaux lesplus abondantes et de meilleure qua tées sur o'es variétés donnent naissance à
lité dans le premier cas, et qui se prêtent le de nouvelles variétés parfois préférables à
mieux à l'absorption et à I écoulement des celles dont eiles proviennent. Une fois qu'el
eaux surabondantes dans le second. les se sont écartées des types, elles tendent
Quelles que soient les terres qu'on veut à varier continuellement de nouveau.— C'est
transformer en pépinières, la première chose ainsi que nous avons obtenu et que nous ob
à faire est de les défoncer convenablement tenons encore divers fruits améliorés incon
au moyen de la pioche ou du pic et.de la nus de nos ancêtres.
bêche. Ce que j'ai déjà dit de la profondeur Les espèces présentent à la vérité moins sou-
en a p. r MANIERE D'EFFECTUER LES SEMIS.
vent, mais elles présentent cependant de loin tout-à-l'heure, de faire cette opération sur
en loin la même singularité. Chacun sait que la radicule même à une époque où, selou
dans une pépinière forestière les semences moi, elle offre le moins d'inconvéniens.
d'un même arbre produisent souvent un cer Dans les pépinièresforestières, on stratifié:
tain nombre de plants assez différens des — soit en plein air: on dispose alors les grai
autres pour constituer de véritables variétés, nes par lits alternatifs avec du sable fiu, et
et que , parmi ces variétés auxquelles on ne on les recouvre ensuite d'une couche de
fait pas toujours assez attention, il en est terre assez épaisse pour prévenir les effets
qui se recommandent par des qualités de la gelée {fig. 2 ) ; — soit dans des pots, des
f»articulières , telles que la précocité ou Fig. 2.
e retard de leur végétation , le développe
ment plus rapide ou plus considérable de
leurs diverses parties, la qualité même de
leur bois, leur existence plus robuste , etc.
Les semis ne servent qu'à multiplier
les espèces et les races , ou , comme uous ve
nons de le voir, à créer des variétés. Celles
qui existent déjà, moins nombreuses du reste
et moins importantes parmi les arbres fo terrines ou tous autres vases, en employant
restiers que parmi les arbres fruitiers, ne comme précédemment le sable, et en renfer
peuvent se transmettre qu'au moyen des mant ces vases en un lieu protégé également
marcottes , des boutures et des greffes. — contre l'excès de la chaleur et du froid, de la
Il est même de véritables espèces qu'on peut sécheresse et de l'humidité.
fort bien multiplier de graines et qu'on aime Le premier mode peut être utilisé pour
mieux cependant propager de marcottes, de grandes quantités de graines , le second
comme le tilleul, le platane, etc., ou de devra toujours être préféré pour de petites.
boutures, comme le saule, le peuplier, etc., 11 procure seul les moyens de hâter la ger
parce que la grande facilité de ce mode de mination lorsque la température extérieure
multiplication fait oublier les inconvéniens est assez froide pour l'empêcher au com
3u'il peut présenter, et parce que la rapi- mencement du printemps, et d'avancer ainsi
ité plus grande des résultats l'emporte sur très-sensiblement le développement du plant
la meilleure qualité des produits. pendant la première année.
Pour les graines qui ne conservent pas
§ II.— Disposition du terrain. leurs propriétés germi natives, le moment des
Le terrain destiné aux semis de la plupart semis ou de la stratification varie en raison
des arbres forestiers est ordinairement di de celui de la maturité : — celles de l'orme,
visé en planches de 1 mètre 1/2 à 2 mètres par exemple , tombent avant l'entier déve
de large, séparées par des sentiers de 2/3 de loppement des feuilles. Dans le centre de la
mètre. — Dans les localités humides, il est France , on peut les mettre en terre dès le
bon d'élever ces planches et de les bomber mois de mai , et obtenir ainsi de jeunes ar-
légèrement au-dessus du sol des allées; — 'ores avant le retour de l'hiver. Divers au
dans les lieux naturellement secs, de les tres végétaux sont dans un cas à peu près
abaisser au contraire un peu au-dessous. semblable. — Les graines des arbres fores
Ces précautions prises , et le sol ayant été tiers de la famille des amentacées, tels que
convenablement ameubli par les précédens le bouleau, le charme, le hêtre, le châtai
labours, on unit la surface au moyen du râ gnier, le chêne , ne mûrissent qu'à la fin de
teau. l'été ou dans le courant de l'automne. — On
sème le plus ordinairement les deux premiè
§ III. — Époque des semis. res espèces; on sème ou on stratifié les trois
autres avant le moment des gelées.
Diverses graines perdent trè s-promptement Mais, pour les graines qui se conservent
leurs propriétés germinatives lorsqu'elles ne bonnes plus long-temps, l'époque des semis
sont pas défendues du contact immédiat de doit être en général déterminée d'après la
l'air et de la lumière peu de temps après l'é nature du sol et la disposition particulière
poque de la maturité. De ce nombre sont du climat. — Ceux d'automne sont préféra
celles de l'orme, du houluau, du charme, du bles dans toutes les terres qui ne pèchent
hêtre, du châtaignier, du chêne, du frêne, pas par un excès d'humidité, parce que la
de l'érable. — Il est donc nécessaire de les plupart des semences des grands végétaux
semer ou de les strafifier le plus tôt possible. ligneux, si elles n'ont pas été long-temps hu
Quand on peut semer les graines dès mectées, rompent difficilement leurs enve
qu'elles sont bien mûres, on évite les em loppes, et qu'un printemps sec peut retarder
barras de. la stratification; mais les semis parfois d'un au leur germination. — Dans
présentent d'un autre côté, dans ce cas, l'in- les sols saturés d'eau, surtout à des exposi
convé nient assez grave, pour certaines se- tions plus que d'autres s' jettes aux froids
nien ces, de les laisser exposées, Ions-temps tardifs , il est nécessaire d'attendre le prin
■jvf.nt la germination , à l'influence fâcheuse temps,
<"j l'humidité froide et excessive de l'hiver,
"et surtout, lorsqu'elles offrent un certain § IV.— Manière d'effectuer les semis.
volume, à la voracité d'une foule d'animaux. La plupart des semis des pépinières se font
La stratification d'ailleurs, pour les espèces par planches et à la volée. — C'est le moyen
et dans les cas où la suppression du pivot le plus
est nécessaire, permet, comme je le dirai la mainexpéditif. — On répand les graines à
, le plus également possible , à des
4 AGRICULTURE FORESTIÈRE PÉPINIÈRES. uv. v.
distances proportionnées au développement
plus ou moins considérable que doivent pren Section m. — Des marcottes.
dre les jeunes plants. § l*r. — Avantages et inconvéniens.
Pour les graines volumineuses et pour
celles d'une grosseur moindre, telles que les
pépins, qui ont été stratifiées et qui doivent Bien qu'on fasse un usage fréquent des
être répandues, en partie germées,aveclesa- marcottes dans les pépinières, on les emploie
bleauquel elles sont mêlées, dans le butde les rarement en grand pour les arbres forestiers.
espacer plus convenablement, ou afin de mé Je viens de dire que presque tous se multi
nager leurs radicules naissantes, on sème fn plient le plus souvent de graines, et nous
de petits rayons creusés parallèlement entre verrons bientôt que, parmi ceux qui se prê
eux, à la binette ou au plantoir. tent le moins à ce mode de propagation, la
Enfin pour certains végétaux délicats, pen plupart réussissent aussi sûrement et plus fa
dant leur grande jeunesse, tels que divers cilement de bouture. Enfin, pour les arbres
arbres verts, on choisit des pots ou des ter fruitiers, on a recours à peu près exclusive
rines. ment aux greffes.
Les semences d'une certainefinesse veulent Cependant, dans certainscas, les marcottes
être peu recouvertes. Il en est, comme celles Peuvent être utilisées concurremment avec
du bouleau, de l'orme, qu'on trouve de l'a un ou l'autre de ces moyens, et parfoisà l'ex
vantage à abriter seulement par delà mousse. clusion de tous les autres sur quelques arbres
Celles de la grosseur des semences de l'é exotiques assez robustes pour supporter nos
rable, du frêne, etc., peuvent être enterrées hivers, mais qui ne donnent pas. ou qui
au râteau ou à la pelle, à la profondeurd'uu donnent encore rarement et en petite quan
centimètre (3 à 4 lig.) environ. tité de bonnes graines dans nos climats. —
Les chdtaignes , tes glands doivent l'être A ce double litre, nous devons nous en oc
de 2 à 3 centimètres ( 1 pouce) et plus, selon cuper ici.
la nature du sol. Dans l'acception la plus étendue de ce mot,
En général, il ne faut pas perdre de vue une marcotte est une lige à laquelle on (ait
que la profondeur nécessaire pour assurer le pousser des racines;ouune racine à laquelle
succès du semis est, toutes choses égales d'ail on fait pousser une tige avant de la séparer
leurs, moins grandedanslesterres compactes de l'individu dont -elle fait partie, pour la
<jue dans les terres légères et dans celles qui planter ensuite comme on plante les végé
sont humides et froides, que dans celles qui taux venus de semis.
jouissent de la propriété contraire.
Le plombage, complément des semis, con § II. — Des divers marcottages.
siste a comprimer légèrement le sol sur les
graines, de manière qu'elles se trouvent D'après cette définition, les drageons et les
de toutes parts en contact avec l'humidité rejetons sontde véritables marcottes naturel
qu'il contient-Cette opération se fait dans les les. — Sansle secoursdel'arl,il est des arbres,
Eépinières, soit avec le dos d'une pelle ou la tels que l'acacia, certains peupliers, des pru
alte, qui permet de ne fouler le sol qu .Mi niers, le broussonétier,et<\, etc., qui donnent
tant qu'on le juge à propos, soit avec les successivement naissance à un si grand nom
pieds.— Pour les semis en pot , on emploie bre de ces rejetons qu'ils envahissent bientôt
-simplement le revers de la main. eux seuls tout un terrain. — Mais il en est
Presque tous les arbres forestiers de nos d «utres qui n'en produisent ordinairement
climats lèvent et réussissent de préférence, que lorsqu'ils y sont amenés par des moyens
pendant leur première année, à une exposi artificiels. — Leurs racines i ncisées, blessées
tion fraîche, ombragée et dans un terrain sur divers points, à une petite profondeur
maintenu constamment un peu humide à l'é dans le sol, se couvrent de nodosités qui
poque de la germination.Lorsqu'on ne trouve donnent naissance à des bourgeons adven
pas dans les pépinières une situation qui pré tices, comn>e on le remarqué fréquemment
sente naturellement ce double avantage, on sur l'orme, i« planera, l'alisier, l'aylanthe
cherche à en approcher le plus possible en glanduleux et Leauconp d'autres.
abritant la surface du sol par une couverture Le marcottage simple, par butte ou en cëpce
légère de terreau ou de fumier de vieilles {fig. 3), est, après oelui-ci, le plus facile, et
■couches, qui a le double avantage de diminuer dans beaucoup de cas
les effets de l'évaporalion, et d'empêcher les le plus avantageux de
.pluies de battre le sol; — en donnant quel tous, pour les arbres
ques arrosemens, lorsque le besoin s'en fait robustes qui se prê
impérieusement sentir, cas, du reste, assez tent facilement au
rare au printemps. recépage. — Il se bor
Depuis te moment de la germinationjusqu 'à ne à rabattre, avant
celui des repiquages, le principal soin à pren le printemps, la tige
dre est d'empêcher l'envahissement du ter principale tout près
rain par les mauvaises herbes. — Quelque du collet, et à recou
fois on éclaircitle plant. —On arrose, si faire vrir de terre le tronc
se peut, après le eoucher du soleil, pendant ainsi mutilé. Les nom
les sécheresses excessives. — On couvre de breux bourgeons qui
paille longue, aux approches de l'hiver, pour se développent par
•empêcher l'effet des premières gelées sur suite de celte opé
les liges imparfaitement aoùtées, ou sur les ration s'enracinent
racines des espèces délicates. presque aussitôt à
CHAP. 1* DES BOUTURES.
leur base, et peuvent être séparés et plantés,
pour la plupart, dès l'année suivante. Beau Section iv. — Des bouiurt
coup de pépiniéristes recourent de préfé 5 I*r.—Avantages et inconvénicm.
rence à ce moyen pour obtenir les sujets de co-
gnassierqu'ilsdestinent à recevoir les greffes Si les boutures ont ainsi que les marcottes
de poiriers. — On peut l'employer avec suc l'inconvénient de diminuer progressivement
cès pour les mûriers, et notamment le mûrier la vigueur des individus et la lécondité des
niullicaule; pour le cyprès distique qui donne espèces, et si, à cet inconvénient, qui n'est
encore fort peu de bonnes graines en France, pas toujours également appréciable, elles joi
et qui reprend difficilement de bouture ; gnent celui de ne réussir que sur un certain
pour le gincko, dont j'ai lieu de croire nombre de végétaux, on doit reconnaître
qu'on obtiendrait ainsi des individus mieux qu'elles ont d'un autre côté l'avantage incon
disposés à s'élever verticalement, et pour testable d'offrir pour ces derniers un moyen
beaucoup d'autres arbres étrangers ou des de multiplication aussi prompt que facile et
variétés d'arbres indigènes qu'on est dans assuré.
l'usage de multiplier de grefles, et dont il D'après la définition la plus complète qu'on
peut être préférable, dans certains cas, d'ob en ait donnée, la bouture est une partie de
tenir des individus francs de pied. végétal qui, séparée de l'individu auquel elle
Le marcottage simple, par provins ou en appartenait, manque d'un des organes essen
archet(Jig. 4), présente à peu près les mêmes tiels au maintien de la vie, de racines ou de
bourgeons. La culture peut lui faire produire
Fig. 4. les unes et les autres.
On fait des boutures avec des tiges ou des
fragmens de tiges, des feuilleset parfois même
des pédoncules et des fruits; on en fait aussi
avec des racines : mais les seules qui offrent
de l'avantage pourla multiplication en grand
des végétaux qui nous occupent ici, sont cel
les de la première et de la dernière sortes.
Les arbres qui réussissent le mieux par et
moyen sont ceux dont le bois est tendre, le
tissu parenchimateux abondant , et l'écorce
marquée plus ostensiblement de ces sortes de
taches arrondies auxquellesM. De Candolle
a donné le nom de lenticelles, et qu'il désigne
avantages. Cependant il demande plus de comme autant de points marques par la na
temps et occupe plus de place sur le terrain. ture pour le développement des racines ad
On l'emploie communément pour la vigne, ventices.
pour regarnir les clairières des bois, et, dans diversOn multiplie habituellement de bouture
les pépinières, pour remplacer, sur les végé arbres forestiers des terrains humides^
taux d'une reprise difficile, les marcottages tels que les saules, les peupliers, etc., etc.
par cépées. On a conseillé de bouturer aussi les arbres
Des branches de 1 ou 2 ans, ainsi disposées, fruitiers, afin de les disposer à se mettre plus
manquent rarement de s'enraciner à l'épo tôt à fruits, et de faire acquérir à la pulpe
que de la sève descendante. — Cependant il de ces derniers plus de volume et de saveur*
arrive parfois qu'une seule année ne suffit mais, soit difficulté d'exécution, soit force
pas, et parfois encore on est dans l'obliga d'habitude , aucune expérience concluante
tion de provoquer l'émission des racines en n'a été faite à cet égard.
tordant, en comprimant par des liens ou en Quant aux arbres résineux, je ne pense
incisant de diverses manières les portions de pas qu'il y ait jamais avantage à employer
tiges qui doivent les produire. pour eux un pareil mode de multiplication :
Ces opérations préparatoires, dont la fig. 5 non qu'on ne puisse assez bien réussir, même
Fig. 5. donne une idée suffisan en pleine terre; mais parce que, d'après la
te, constituent le mar disposition particulière de leur tige, on ob->
cottage compliqué. — Plus tiendrait rarement des. individus d'une belle
de détails me feraient venue.
passer du domaine de la § II. — Boutures des tiges.
grande dans celui de la
petite culture, et ne se Epoque la plusfavorable. Deux conditions
rattacheraient plus, par principales s.ont on peut dire indispensables,
conséquent, qu'indirecte au succès de-s boutures faites en plein air.
ment à mon sujet. La première, relative aux végétaux à feuilles
A plus forte raison, je caduques, c'est qu'ils aient achevé le cours
ne ferai qu'indiquer le de leur végétation annuelle; la seconde, rela
marcottage qui se fait en tive au sol, c'est qu'il soit pénétré d'une hu
des paniers , des pots ou midité suffisante. — Aussi , sauf le cas où les
autres vases, parce que le gelées se font sentir et où des pluies excessi
temps, les appareils et les ves rendentla terre malsaine ou d'une culture
soins qu'il exige le ren diflicile, on peut bouturer depuis le milieu
dent peu propre à la multiplication de toutes de l'automne jusqu'aux approches du prin
autres espèces que celles dont la rareté fait temps. On préfère généralement cette r Jr»
le prix. nière époque.
6 AGRICULTURE FORESTIERE PÉPINIÈRES. iiv. y.
Dans le choix du terrain , il faut nécessai principales une foule de plaies irrégulières
rement avoir égard aux habitudes propres à qui deviennent souvent cancéreuses.— Dans
chaque espèce de végétal. Toutefois, comme plusieurs jardins, afin d'éviter cet inconvé
le but qu'on se propose avant tout, est, d'une nient on recèpe des arbres d'un certain âge
part, de faciliter la formation et l'extension de manière à les transformer en cépées, qu'on
des jeunes racines, et de l'autre, tant qu'elles rabat ensuite périodiquement comme les
ne sont pas encore développées, de mainte laillis et qui fournissent une immense quan
nir la vie dans la bouture en l'empêchant de tité de rameaux. — Les boutures en crossette
se déssécher faute d'eau ou par suite d'une se pratiquent avantageusement non seule
trop grande évaporation, on doit, dans tous ment sur Ja plupart des végétaux sarmen-
les cas, choisir un sol léger, un peu humide, tenx et notamment les vignes, mais encore,
à une exposition ombragée et abritée des dans le midi, sur le figuier et l'olivier.
vents desséchatis. — Une autre considération, Parmi les boutures de branches, les plus
moins générale peut-être, mais néanmoins employées à la multiplication des arbres
d'un grand intérêt, c'est que , toutes cho utiles sont celles en ramées et en plançons.
ses égales d'ailleurs, beaucoup de bou Les boutures en ramées sont de jeunes
tures qui manqueraient dans les localités branches {fig- 9) garnies de tous les rameaux
cultivées depuis long-temps en pépinières, Fig. 9
réussissent fort bien dans une terre neuve et
renouvelée par des cultures d'un autre
genre.
Préparation des boutures. On fait des bou
tures avec des bourgeons, c'est-à-dire du bois
d'une seule année de végétation; avec des ra
meaux ou du bois de deux ans; enfin avec
des branches de différens âges et de diffé
rentes grosseurs. La seconde et la troisième
méthode sont préférables pour les végétaux auxquels elles ont donné naissance. — Après
ligneux de nos contrées. les avoir couchées horizontalement dans une
Les boutures de rameaux s'effectuent de fosse peu profonde , on les recouvre de terre
trais manières principales. — Elles sont sim de manière que les sommités des liges dé
ples, — à talon, — ou en crossette. passent le niveau du sol de plusieurs yeux, et
Lef boutures simples (Jîg. 6) sont des frag on les rabat sur les deux ou trois premiers.
ment < rameaux de 2 à 3 décira. ( 8 à 10 p.) — On emploie ces sortes de ramées pour
dépou'il''^s de toutes les ramilles latérales former des mères d'olivier qui donnent, pen
et coudés obliquement par le gros bout. dant un grand nombre d'années, beaucoup
Les boù-twres à talon (fig. 7 ) diffèrent de de jeunes plants francs de pied et tout dis
ces dernièresyparce que, au lieu découper le posés à se mettre promplement à fruit. — On
rameau sur lui••même , on laisse à sa base une peut les utiliser sur le tilleul, le platane, l'o
partie de l'einpa l'ementqui l'unissaitàlabran sier et di\ers autres arbres.
c-he, en l'éclatant avec précaution. Les boutures en plançons ne sont autre
Dans les boutures àcrossette (fig. 8), le talon chose que des branches de 2 à 3 et 4 mètres
est remplacé par i'in crochet de vieux bois (6 à 9 et 12 pieds) et plus, qui se façonnent
de quelques centimètres (1 ou 2 p.) de long. de deux manières : — tantôt on les ététe par
le sommet et on supprime tous les rameaux
Fig. 6 latéraux; — tantôt on laisse ceux de la som
mité pour former la tête du nouvel arbre. —
Dans l'un ou l'autre cas on amincit Iriangu-
laireinent la partie qui doit être fixée en
terre. — Il est des localités où l'on ne con
naît pas d'autres moyens pour multiplier en
place la plupart des peupliers et des saules.
Lorsque les arbres sont d'une reprise diffi
cile, il est nécessaire de provoquer la forma
tion d'un bourrelet par l'un des moyens que
j'ai déjà indiqués pour les marcottes, 5.
— Le plus simple est de ligaturer la branche,
vers le commencement de l'été, avec un (il
de fer de manière à arrêter en partie la sève
descendante au point où l'on désire obtenir
Fig. 8. des racines.
Plantation des boutures. Les boutures sim
ples et à talon se mettent en terre au plan
toir ou en des tranchées parallèles, dans les
quelles on les place à des distances et des
profondeurs proportionnées à leur volume;
pu.'« on remplit ensuite successivement cha
Les boutures simpleset à talon sont le pin.' cune de ces tranchées avec la terre extraite
fréquemment employées par les pépiniéris o'e la tranchée suivante, de manière à lais
tes. — La seconde sorte offre plus de chances ser aux bouture» deux ou trois yeux au moins
de succès que la première, mais elle peut à l'air Jibre.
avoir d'assez graves inconvéniens pour la vie Les cr.ossettes, mnsi que les ramees, se
ds-s mères, en occasionant sur les branches
CHAF. P DES GREFFES.
plantent à peu près horizontalement. On doivent reproduire u'énrouvent pas uue dif
relève seulement la partie supérieure sur ficulté particulière à développer des gem
l'un des bords de la rigole, et on laisse, mes adventices , elles réussissent presque
comme précédemment , quelques jeux de toujours.
bois bien aoùté au-dessus de la surface du
sol. Section y.—Des greffes.
Quant aux plançons, la mélhode la plus
usitée, quoique la moins bonne, est de faire,
au moyen d'une barre métallique ou d'un S X.".— Avantages et ÏDConvéniens.
avant- pieu, des trous de un demi à deux
tiers de mètre (18 po. à 2 pieds)de profondeur, Le?., greffes partagent avec les marcottes et
dans lesquels on les place. Si, en des terrains les boutures la propriété de propager les va
très-légers , une pareille pratique ne présente riétés non transraissibles de semis. — Elles
pas de graves inconvéniens, dans les terres Véussissent même dans beaucoup de cas où
fortes elle en a de deux sortes: d'abord elle il serait difficile de recourir à l'un ou à l'au
comprime celles-ci de manière à les rendra tre de ces deux modes de reproduction.
peu perméables aux racines, et, ce qui r..st En théorie, les greffes peuvent être assi
pis, quelques soins qu'on prenne pour rem milées à de véritables boutures qui , au lieu
plir de terre des ouvertures aussi étroites, de puiser leur nourriture dans le sol , la re
elle laisse autour du tronc des vides nom çoivent par l'intermédiaire de la tige des
breux; — mieux vaut donc faire à l'avance sujets. Celte nourriture est modifiée au point
des trous comme pour une plantal.ion ordi d'insertion, selon la disposition des organes
naire. de chaque végétal, comme elle l'est en pas
La culture première des bouturas se borne sant de la terre dans les racines; de sorte
à affermir le sol par un plombage, autour qu'un nombre indéterminé d'espèces bien
de leurs parties enterrées, de manière à les distinctes peut vivre sur le même tronc sans
mettre sur tous les points r-n communica éprouver d'au très modifications que celles qu i
tion immédiate avec l'humidité de la terre; pourraient résulter de la différence du soi,
— à arroser lorsque les circonstances atmos de la quantité plus ou moins grande de sucs
phériques l'exigent, et à pailler, si faire se nourriciers qu'il contient. — Ce que j'ai dit
peut , pour diminuer les effets du hâle. Du de l'influence boutures est do'.ic à peu
reste cette culture ne diffère pas de celle des près applicable aux greffes quant à la lon
autres plants des pépinières. gévité, à l'élévation et à la mise à fruit des
individus qui en proviennent , et il en résulte
§ III. — Boutures de racines. nécessairement qu'elles sont utilisées bien
moins fréquemment pour les arbres fores
Les boutures de racines, quoique moins tiers que pour les arbres fruitiers.—La greffe
employées que ce Iles dont je viens de parler, améliore en elfet sensiblement les fruits en
offrent cependant uu moyen facile de mul volume, souvent en saveur; elle contribue
tiplier rapidement une partie de nos grands encore à hâter ieur production, quoique cet
végétaux ligneux. effet soit rarement aussi marqué qu'où s'est
Les plus naturelles sont celles qu'on ob plu à le dire; mais d'un autre côté, elle nuit
tient parfois à l'endroit même où un arbre au développement des organes conservateurs
d'un cert ain âge vient d'être arraché , sans ei elle abrège ordinairement le temps mar
autre soin que de laisser la fosse ouverte. — qué par la nature pour l'existence des ar
De toutes les extrémités des racines qui sont bres. —Ou sait cependant que le choix d'un
restées dans le sol on voit, le printemps sui bon sujet influe parfois d'une manière favo
vant, nallre des bourgeons, et lorsque ceux- rable sur le port, et, chose plus impor
ci ont été enlevés , il n y a pas de raison pour tante, on a cru remarquer qu'il influait aussi
qu'il ne s'en forme pas d'autres sur les mê sur la rusticité des végétaux au point qu'il
mes racines de nouveau raccourcies. ne serait pas impossible de profiter de cette
Mais ce moyen est plus curieu x qu'appli disposition pour faciliter la naturalisation
cable aux besoins de la grande culture; il de certains arbres étrangers. — Afin d'at
en est un autre dont il me semble qu'on mé teindre un but aussi désirable ; — pour hâter
connaît généralement les avantages : je veux la fructification de quelques individus rebel
parler des bouturespar tronçons. les;—pour multiplier diverses variétés amé
Lorsque comme dans ie cas précédent, on liorées, ce qu'on ne fait pas, je trouve, assez
arrache un arbre, on lorsqu'en labourant généralement, relativement aux essences fo
dans son voisinage, on supprime celles de restières; — pour transformer même des
ses racines qui nuisent aux cultures voisines; espèces de peu de valeur en arbres d'un
lorsqu'enfin on peut lui en ôter un certain meilleur produit, on devrait recourir aux
nombre sans nuire sensiblement à son dé greffes. — Le chêne robur, greffé sur le cer-
veloppement, on divise ces racines par tron ris, auquel la mauvaise qualité de son bois
çons de 1 à 2 et 3 décimètres (4 à 8 et 1G po.), a fait donner, dans beaucoup de pays, le
et .on les plante en élevant leur gros bout de nom de doucicr, pousse, dit-on, plus rapide
quelques millimètres seulement au-dessus ment sans perdre sensiblement de sa dureté;
du sol. —les chênes ballota et autres à glands doux
Généralement ces boutures donnent nais- pourraient se multiplier, se perfectionner
sance,dès la première année,;! des bourgeons peut-être, sur l'yeuse; — des ormeaux, des
vigoureux; — parfois cependant elles restent frênes, se couvrir de feuilles plus abondantes .
dans l'inaction plus long-temps; mais dans ou plus larges, et mieux du goût des bes
lous les cas, pour peu que les espèces qu'elles tiaux, etc., etc.
AGRICULTURE FORESTIERE : PEPINIERES. L1V. ».
— on la casse bien net au tiers inférieur ou
$ II. — Description de* principales greffe). à moitié de sa longueur; on ne laisse à la
grelTe également herbacée que 2 à 5 cent.
Les greffes qu'on emploie le plus fréquem (1 ou 2 po.); puis, après avoir incisé et réuni
ment dans les pépinières pour les grands vé les parties comme il vient d'être dit, et les
gétaux ligneux à feuilles caduques , sont les avoir consolidées par une ligature de laine,
suivantes : on les entoure d'un cornet de papier destiné
La greffe en fente ordinaire. (Voy. un peu à empêcher pendant les 10 à 15 premiers
plus loin, fig. 17.)
La greffe anglaise (fig.10), que sa grande jours les effets de l'évaporation.
Les greffes herbacées ne sont pas seule
solidité et sa facile reprise rend très-utile ment
pour les arbres à écorce mince et à bois dur. res; lapropres à la multiplication des coniiè-
plupart des arbres à feuilles caduques,
La greffe Lee, ou par entaille triangulaire, ceux même qui reprennent difficilement par
{fig. 11), qui convient surtout aux végétaux tout autre moyen analogue réussissent gé
dont la moelle ne doit pas être attaquée, et néralement avec celui-là : je citerai seule
aux grosses tiges dont l'écorce vieillie offre ment le chêne et le noyer.
peu de sève. Pour les arbres fruitiers, les greffes en
La greffe Varin, à rameau posé entre l'au écusson, en fente, en couronne et eu flûte,
bier et l'écorce, comme une greffe en cou sont presque exclusivement employées.
ronne {fig. 12), qui réunit les avantages des La greffe en écusson (fig. 15 et 16) convient
deux précédentes. également à presque tous; on la pratique à peu
Fig. 12. Fig. 11. Fig. 10. près exclusivement sur l'amandier, le pécher,
l'abricotier, presque toujours sur le prunier,
le cerisier, l'olivier, et très-fréquemment
sur le poirier, le pommier et même l'oran
ger.
La greffe enfente (fig. 17, 18, 19, 20 el 21) a,
pourles arbres fruitiers à noyaux, le grave dé
faut de donner naissance à des extravasions
deçomme; aussi ne l'emploie-t-on presque ja
mais sur le pêcher et l'abricotier. — Elle a
moins d'inconvénienv sur le prunier, quelques
cerisiers, elmôme l'amandier; — elle n'en a
aucun sur l'olivier, le pommier, le poirier, la
vigne. — On s'en sert de préférence quand
les sujets, arrivés à un certain âge, ont une
écorce épaisse et rugueuse peu favorable à la
Fig. 13. La greffe Cels (fig. 13), sur raci pose des écussons.
nes séparées des arbres et plan Parmi les grelfes en écusson , la greffe
tées par tronçons avant d'être Lenormand, avec un léger fragment d'au
opérées, qui permet de multiplier bier sous l'œil (fig. 15), est la plus facile, la
sur eux-mêmes des individus dont plus prompte Fig. 15. Fig. 16.
on ne possède pas de congénères. et aussi la plus
Enfin rarement celle en écus- employée dans
son. (Voy. un peu plus bas les fig. les pépinières.
15 et 16.) — Elle ne dif
La greffe herbacée des arbres fo fère de la gref
restiers résineux, telle qu'on la fe Descentet
pratique presque exclusivement ifig- K), que'
depuis une douzaine d'années, est parce que cet
d'une exécution fort simple et d'un résultat te dernière se
assuré. — Elle a permis de transformer par compose de
milliers, dans la forât de Fontainebleau, des deux écussons
pins sylvestres en Laricio d'une superbe ve au lieu d'un.
nue. — On peut croire qu'elle présenterait — On peut
le même avantage sur les terrains crétacés ainsi , dès la première année , obtenir les
de la Champagne pouilleuse. branches mères d'un espalier.
Selon que la greffe est de diamètre égal à Parmi les greffes en fente, la greffe A tticus
celui du sujet ou un peu moindre, on la (fig. 17) se trouve la première.
Fig. 14. coupe triangulairement (fig. La greffe Palla- Fjg. J8 Fig. 19. Fig.17
tl4), ou en biseau prolonge, dius (fig.18) en fen-
pour l'insérer dans une en Le, à deux rameaux,
taille correspondante à la som- se pratique sur des
i mité de la tige principale de sujets plus gros;
^sjïy l'arbre. — Dans tous les cas, elle offre une dou
on choisit, pour faire l'opéra ble chance de réus
tion, le moment où cette tige site.
; encore herbacée a atteint les Sreffe Tr0m
deux tiers environ de son dé chèreau ( fig. 19 )
veloppement, c'est-à-dire de 1 présente cette par
à 2 et 3 décim. environ ( 6 à ticularité, qu'au
6 et 10 po.), selon la vigueur de la végétation; lieu de fendre le
1". DES GREFFES
•ujet au centre on fait en sorte de ne pas lanières d'écorce qu'on a laissées sur le su
attaquer le canal médullaire. jet et qu'on relève après l'opération , de ma
Lagrefje enfenteau milieu du bois (fig. 20) nière toutefois à ne pas couvrir les yeux de
20. est recommandée spécialement la greffe , offre quelques chances de succès
pour les vignes. de plus.
Les greffes en ramilles se dis § III. — Choix des sujets.
tinguent des autres greffes en
fente en ce qu'elles se font avec Le choix des sujets est d'une grande im
de petites branches garnies de portance. Non seulement il doit exister en
leurs rameaux, souvent de leurs tre eux et les greffes une analogie naturelle
boutons à fleurs, et quelquefois aussi complète que possible , et celle ana-
même de leurs fruits naissans. — 'ogie, si l'on veut opérer sur des arbres fo
Elles sont employées assez fré restiers surtout , doit s'étendre à l'élévation,
quemment pour les orangers. — à la grosseur, aux époques de la végétation,
« En semant un pépia à une épo au mode de développement , à la durée
que déterminée, on est parvenu même de l'existence ; mais il faut encore
à recueillir avant la fin de l'année du fruit avoir é;;ard à la propriété particulière à cha
mûr sur l'individu auquel il donna nais que espèce de croître dans tel ou tel terrain,
sance (fig. 21). » V. A. TnouiN, Cours de à telle ou telle latitude, telle ou telle posi
Fig. 21. Fig. 22. culture et de tion, etc., etc. Il faut rejeter rigoureusement
naturalisa- tous les individus mal constitués, et ne faire
lion. usage que lorsqu'on y est forcé de ceux qui
Les gref ne proviennent pas de semis.
fes en cou Les greffes herbacées réussissent particu
ronne ( fig. lièrement sur les conifères, qui offrent entre
22), qui font eux, par le nombre de leurs feuilles, le plus
en quelque de ressemblance : — Le laricio, le weymouth
sorte le pas reprennent à merveille sur le pin sylvestre
sage enlre d'Ecosse; — le pin à pignon, sur le pin mari
les greffes time; — le cimbro, sur le pin du lord; — les
en écusson sapinettes, sur l'épicéa, — les giléads, sur le
et les gref sapin argenté , etc., etc.
fes en fente, L'amandier se grelfe sur lui-même ; — le
n'étant em pêcher, sur amandieretsur prunier, particu
ployées avec lièrement sur le damas noir et le saint-ju
un avantage lien; — l'abricotier et le prunier, sur ces
particulier que pour de vieux troncs, ne sont deux dernières espèces et sur la ceriselte;
pas utilisées dans les pépinières. — Elles — le cerisier, sur franc, c'est-à-dire sur des
peuvent l'être dans les champs pour trans sujets venus de semence, quand on veut qu'il
former promplement en arbres à bon fruit s'élève ; sur griotlier pour obtenir des arbres
des sauvageons de peu de valeur. d'une moyenne croissance, et sur mahaleb
Les greffes enflûte conviennent de préfé si l'on désire qu'il forme des basses liges.
rence à tous les arbres à écorce épaisse et à Le poirier se grelfe aussi sur franc ou sur
moelle abondante.— On les emploie dans les cognassier. Dans le premier cas il s'élève da
pépinières et les campagnes pour le châtai vantage, vit plus vieux , mais se met moins
gnier, le noyer, les figuiers et les mûriers promplement à fruit; dans le second cas,
La greffe fefferson (fig. 23 ), sans couper c'est le contraire. — Le pommier sur franc
la téle du sujet et à œil dormant, consiste à est aussi plus vigoureux et moins précoce ;
remplacer un anneau d'écorce enlevé sur le sur doucm , il prend un développement
sujet, par un autre anneau parfaitement d'é moyen; sur paradis, il reste nain.
gale dimension , pris sur l'arbre qu'on veut Le figuier, l'olivier, l'oranger, ne réussis
propager, et muni au moins d'un œil. sent que sur eux-mêmes.
L<* greffe sifflet {fig. 24), avec suppression
de la tète du sujet et à œil poussant, diffère § IV. — Choix des greffes.
principalement de la précédente en ce que
l'anneau de remplacement n'est pas fendu Les personnes qui greffent annuellement
longimdinalement. beaucoup d'arbres fruitiers ont dès long
La greffe de Faune (fig. 25), au moyen de temps fait la remarque que le choix de Ta
Fjg. 25. Fig. 24, Fig. 23. grelfe influe, généralement au moins, d'une
manière bien positive sur son développe
ment ultérieur; — elles savent que les scions
ou les gemmes séparés de branches faibles
donnent des pousses moins belles que ceux
qu'on prend sur des branches mieux déve
loppées ; — que certains arbres cultivés en es
paliers forment difficilement une tige droite
pour pyramide, si l'on choisit les greffes sur
les branches basses ou inclinées de l'espa
lier, tandis que si on les détache de ra
meaux qui s'élèvent perpendiculairement au
sol , à la sommité des plein-vents, on obtient
presqu'à coup sûr un effet contraire ; — que
A6KICCLTURE. IV.— a
10 AGRICULTURE FORESTIÈRE : PÉPINIÈRES. liv. y.
des yeux séparés de vieilles branches peu
disposées à se mettre à fruit, se développe Section w. — De la taille desjeunes arirtt.
ront, toutes choses égales d'ailleurs, avec
moins de vigueur que d'autres, et produiront La taille des arbres de pépinières corn prend
des arbres qui conserveront la même disposi quatre opérations principales: Vhabillage ou
tion à la stérilité. la préparation des plants à l'époque du repi
De pareils faits ont une importance que quage ou de la transplantation; — la taille
d'habiles _ praticiens méconnaissent rare vulgairement dite en crochets, ou de pre
ment, mais qui n'est pas assez généralement mière formation des tiges; — le recepage et
appréciée. l'élagage.
Comme il importe que les sujets soient § I". — Habillage.
plus en sève que les greffes lors de l'opé
ration, on peut couper celles-ci quelque L'habillage du plant se subdivise en deux
temps d'avance, les réunir en paquets, et les opérations; l'une relative aux racines, l'au
enterrer ainsi par le gros bout, au nord, tre aux jeunes troncs. Il ne s'opère pas dans
dans un lieu frais sans excès d'humidité. tous les cas de la même manière.
Pour les arbres forestiers à racines pivo
§ V. — Temps propre à effectuer les greffes. tantes, particulièrement pour ceux qui doi
vent s'élever beaucoup, la plupart des théo
Deux époques conviennent particulière riciens ont recommandé de laisser intact le
ment à la reprise de la plupart des greffes : pivot, et il est certain qu'on trouve de l'avan
le printemps, au moment de l'ascension de tage à suivre un pareil conseil toutes les fois
la sève, lorsque l'écorce a cessé d'être ad que cela se peut. — Le pivot n'est pas seule
hérente au bois et que les gemmes sont ment destiné à maintenir la sommité des
sur le point de s'ouvrir; — les approches de tiges contre les efforts du vent; il va cher
l'automne, pendant le cours de (a seconde chera de grandes profondeurs l'humidité et
sève. — Les greffes herbacées et en ramilles les sucs nécessaires à la nutrition du végé
se font seules entre ces deux époques. tal. — On a pu remarquer, dans bien des
Les greffes de printemps se développent circonstances, que sa suppression arrête sen
immédiatement. Presque toujours celles en siblement le développement du tronc. — Mal
Presque tou
fente et en couronne sont de ce nombre. — heureusement il est rarement possible de le
Les greffes de la sève d'août doivent être conserver dans les pépinières, parce que gé
exécutées à une époque telle que la reprise néralement il y acquerrait en peu d'années
puisse encore avoir lieu convenablement, une longueur si considérable qu'il devien
sans toutefois que les yeux trouvent le temps drait extrêmement difficile de 1 arracher, et
de se développer, parce que les bourgeons aux que si on le brisait, passé un certain âge, un
quels ils donneraient naissance seraient le pareil accident entraînerait souvent la perte
plus souvent saisis par les gelées avant d'être de l'arbre.
aoûtés. — Ces sortes de greffes s'appellent à Cet inconvénient est si bien reconnu, qu'il
œil dormant par opposition à celles qui pous forcera toujours de recourir aux semis en
sant dès qu'elles sont faites, et qu on a en place pour tous les arbres à racines pivo
conséquence nommées à œil poussant. — On tantes, tels que le chêne, par exemple, qu'on
greffe de l'une et l'autre manière en flûte et destine à former des futaies ou des planta
en écusson. tions d'aligncinens.
D'un autre côté, la suppression dn pivot
§ VI. — Manière d'assurer le succès des greffes. a des avantages incontestables. — Elle oc-
casione le développement de plusieurs ra
La végétation d'accroissement en diamètre cines latérales qui se bifurquent, se cou
des arbres se faisant entre l'aubier et l'é vrent d'abondans chevelus, et contribuent
corce, et la soudure des greffes ne pouvant ainsi efficacement, non seulement à facili
ter l'arrachage et à assurer te. succès des
avoir lieu qu'au moyen des parties herbacées transplantations futures, mais encore à en di
ou du liber, il en résulte qu il faut faire coïn
cider le plus exactement possible le liber de minuer les frais.
Afin d'obtenir plus sûrement un tel résul
la greffe avec celui du sujet, comme dans les tat, les pépiniéristes ne se bornent pas à rac
greffes en fente, ou le mettre en contact di courcir le pivot, ils rognent les principales
rect avec l'aubier de ce même sujet, comme racinesqui
dans les greffes en écusson , eu flûte et en et comme l'accompagnent ou lereiriplacent ,
cette opéri.«.ion diminue pour
couronne. — Pour les greffes herbacées , la quelque temps le nombre des bouches nour
vie active étant encore également répartie
dans toute la jeune tige, elle jouit en entier ricières du végétal, ils sont dans l'oblig tion
de la propriété de s'unir a uue autre tige dans deLors supprimer aussi une partie des branches.
du repiquage, ils taillent donc à un ou
le même état. deux yeux toutes celles qui croissent latéra
Dès que les greffes sont placées, on les lement sur la lige principale, et le plus fré
consolide par une ligature de laine, et on les quemment Us l'arrêtent elle-même à une cer
abrite du contact de l'air par de la cire à taine hauteur, quoique les avantages de cette
greffer ainsi composée: 1/2 cire jaune, 1/4 poix dernière pratique aient été vivement con
commune et 1/4 poix de Bourgogne, dans la testés, et qu'ils l'aient été, ce me semble, avec
quelle on ajoute souvent un peu de suif, et
qu'on fait fondre toutes les fois qu'on veut raison dans les applications à la culture des
1 employer.— Pour des tiges d'un certain âge, arbres de haute croissance
La suppression de la tète peut occasioner
ce simple enduit peut suffire sans aucune liga chez eux des maladies qui abrègent leur
ture.
CflAP. 1' DE LA TAILLE DES JEUNES ARBRES. 11
existence et dont les effets se font sentir, toutes les branches qui menacent d'attirer
même après la mort, sur la qualité du bois. par leur végétation vigoureuse une trop
— Elle est d'ailleurs le plus souvent inutile, grande partie de la sève qu'on veut diriger
car, pour peu que la diminution des branches vers la flèche.
soit proportionnée à celle des racines, il est Quant aux autres, si, outrant les consé
du reste assez indifférent qu'elle porte sur quences de ce principe, on voulait les rabat
telle ou telle partie du tronc, et Je cultiva tre également, on parviendrait en effet à
teur a conséquemment toute latitude pour augmenter encore le développement en hau
bien faire. teur de l'arbre, mais on empêcherait sa crois
Les espèces dont les racines ont plus de sance en diamètre; de sorte que bientôt il
tendance à se prolonger qu'à se multiplier, serait hors d'élat de se maintenir sans tu
qui n'en produisent que difficilement de nou teur. Il faut donc, à plus forte raison que
velles et qui ont peu de chevelu, exigent à lors de l'habillage, leur laisser quelques yeux
l'habillage plus de soins que celles qui pous pour appeler et maintenir la végétation à la
sent de nombreuses radicules, et qui repren circonférence.
nent avec facilité de marcottes ou de bou Là se borne à peu près la taille première des
ture.— Onfera bien pour les premières de re arbresforestiers.
courir à la serpette ou au sécateur, et d'opé Du trop petit nombre d'arbres fruitiers
rer isolément sur chaque individu. — Quant Îiu'on cultive dans les champs, pour leurs
aux autres, pour abréger, on a coutume dans ruilsou les produits qu'on peut en tirer, la
les pépinières de lesreunirpar petits paquets; plupart sont à haute tige ; — quelques-uns
on les place sur un billot, et, au moyen d'une en quenouilles ou pyramides ; — quelques au
serpe bien tranchante, on taille d'un pre tres en espaliers. Selon ces destinations di
mier coup les racines , d'un second la som verses, la taille doit varier dans les pépinières.
mité des tiges. Cette méthode, tout impar Pour les hautes tiges, comme le noyer, le
faite qu'elle est, n'a pas pour les très-jeunes châtaignier, l'amandier, les pruniers, les abri
plants des inconvéniens aussi graves qu'on cotiers, quelques pêchers, des pommiers et
pourrait le croire. des poiriers, la taille de première formation
Les arbres verts, comme les pins, les sa ne diffère en rien de celle dont je viens de
pins, les mélèzes, etc., etc., ne veulent être parler. — Mais lorsque les arbres ont atteint
privés ni de leur pivot ni de leur tige princi de 1 i à 2 mètres, au lieu de continuer à pro
pale , parce que, sauf dans de rares circons téger la croissance de la tige mère au détri
tances, leurs racines nese régénèrent pas plus ment des branches secondaires, on l'arrête
que leurs branches aux endroits où elles ont au contraire si elle est disposée à s'élever en
été détruites ou blessées. Aussi la culture pre flèche pour la forcer à se ramifier, ce qui ne
mière de ces sortes de végétaux a-t-elle pour manque pas d'arriver dès le printemps.
firincipal but de multiplier le plus possible Le but de cette opération étant moins en
eurs grêles et délicats chevelus, tout en core de donner une forme agréable à la tête
empêchaut l'extension démesurée de leur des arbres que de hâter la production et
pivot. d'ajouter à la beauté des fruits, en entravant
Quant aux arbres fruitiers, la préparation la marche de la sève, on doit la répéter l'an
de leur plant pour le repiquage ne diffère de née suivante sur celles des branches supé
celle du plant des arbres forestiers à feuilles rieures qu'on a jugé convenable de conser
caduques, qu'en ce que, pour tous ceux qui ver. On choisit donc les 3 ou 4 plus belles
pivotent, la suppression partielle du pivot {fig. 26 ), et on les taille de manière que
est plus profitable que nuisible, puisque, si, les bourgeons qu'elles produisent s'écartent
d'une part, elle diminue leur vigueur, de au de plus en plus de l'axe du tronc ; et comme
l'autre on a cru remarquer que, par cette retour du 3e printemps ces bourgeons ont
même raison, elle les dispose à fructifier plus en effet poussé, on répète pour la dernière
tôt. Le noyer seul, à cause de l'abondance fois, sur eux, la même opération, après avoir
remarquable de sa moelle, redoute particu préalablement supprimé entièrement ceux
lièrement la moindre atteinte de la serpette qui croissent dans des directions défavora
sur sa tige principale, et doit êtrepincé plu bles. ( Voy. fig. 27.)
tôt que taillé sur les branches latérales. Fig. 26. Fig. 27.
§ II. — Taille en crochet ou de première formation
, des tiges.
Depuis que le plant a quitté le. carré des
semis, surtout si on lui a coupé la tête, il a
dû se garnir de beaucoup de branches laté
rales que leur position plus ou moins verti
cale, plus ou moins rapprochée de la som
mité de la tige, et plus ou moins favorisée
par le contact de l'air et de la lumière, a fait
se développer avec une vigueur plus ou moins
grande. — Souvent 2 ou 3 de ces branches,
égales en force, se disputent la prééminence
qu'une seule doit obtenir pour devenir la tige
principale. — On doit supprimer rez tronc,
non seulement celles qui sont le moins avan
tageusement disposées, mais en général Le plus souvent les arbres à tiges, qu'on
12 AGRICULTURE FORESTIÈRE PÉPINIÈRES. ut. r.
nomme aussi plein-vents, sont sortis de la Les espèces cultivées en espalier sont, par
pépinière avaut cette 3e taille. mi les fruitiers à noyaux, le pécher, l'abrico
Dans les jardins de ferme on ne taille guère tier, quelquefois le cerisier et le prunier; —
en pyramide que le poirier, bien rarement le parmi les fruitiers à pépins, le poirier et le
pommier. Plus compliquée que la précédente, pommier.
cette taille est basée sur des principes dif- Si les pyramides donnent des fruits plus
férens. — Loin d'être dénudé de branches à beaux que les plein-venls, les espaliers en
sa partie inférieure, le tronc doit en être gar donnent de plus beaux encore que les pyra
ni du bas en haut, sur toute sa circonférence, mides.
à des distances à peu près régulières, et cal L'année qui suit celle du développement
culées de manière que l'air et la lumière de la greffe, on rabat la tige de l'arbre sur
puissent circuler facilement dans toutes les le 3° ou 4' œil, afin d'obtenir à peu de dis
directions. tance l'une de l'autre deux branches latérales
Dès l'année du développement de la greffe, qui formeront les ailes {fig. 31). — Si.les 4
lorsque la végétation est très-vigoureuse, les bourgeons prennent vie, ou pince les 2 moins
pépiniéristes en arrêtent une ou même deux bien placés pour donner plus de force aux 2
ibis les sommités en les coupant avec les on autres.
gles, afin de transformer en bourgeons, dans L'automne suivant, les arbres sont en état
le cours de la même saison, les yeux qui n'é d'être plantés à demeure. — Si cependant on
taient destinés à en produire que le prin veut les conserver encore en pépinière, ce
temps suivant. — Ils gagnent ainsi un an. — que je suis loin de conseiller, on devra
Dans des circonstances moins favorables, tailler assez court les 2 bourgeons réservés
s'ils ne peuvent pas pincer, ils taillent sur 2 yeux, l'un supérieur, l'autre inférieur,
pendant 1 hiver au-dessus d'un œil bien dé pour obtenir seulement cette seconde an-,
veloppé qui devra servir de prolongement à née la prolongation de chaque branche mère
la tige mère, et à une hauteur qu'on peut fixer et la naissance d'une première branche se
approximativement de 2 à 4 et 5 décimè condaire inférieure {fig. 32); — une troi
tres (G à 18 po. ), selon que le scion opéré est sième taille donnera la première branche
de la grosseur d'un fort tuyau de plume ou secondaire supérieure {fig. 33). — C'est ainsi
de celle du petit doigt (fig. 28). que se formera d'année en année la char
L'année suivante on taille les branches la pente de l'espalier. — Plus de détails sorti
térales plus ou moins longues, selon qu'elles raient de mon sujet (1).
sont placées plus ou moins près du sol(^;.29), Fig. 31. Fig. 32.
et ou arrête de nouveau la flèche, sans ja
mais perdre de vue les deux règles suivantes:
1° qu'il faut tailler long un individu vigou
reux, pour éviter le développement d'un trop
grand-nombre de branches et la croissance
de gourmands presque toujours nuisibles
dans les arbres soumis à la taille; — 2° qu'on
doit au contraire tailler court un individu
peu vigoureux, pour empêcher la trop grande
division de la sève ascendante, et la contrain
dre à développer convenablement le petit
nombre de bourgeons qu'on lui laisse.
La fig. 30 représente la taille de la troi
sième année.
Fig. 28. Fig. 29. Fig. 30.
I
On trouvera aux lettres A et R les détails
de la 2e et 3e taille pour une des ailes seule
ment.
§ 111. — Du Reccpage.
Siparune cause quelconque un jeune tronc
entier était tortueux, grêle ou mal venant, il
faudrait le receper, c'est-à-dire le couper
très-près du sol, afin d'obtenir l'année sui
vante un bourgeon unique qui pût le rem
placer. — Le recepage, dont d'habiles théo
riciens ont voulu trop généraliser les incon-
véniens, est à la vérité nuisible à certains ar
bres à bois très-dur, comme le chêne; à ceux
dont les liges uniques se régénèrent diffici
lement, comme les pins, et à un moindre de
gré les érables, les frênes, etc. ; mais il est
sans inconvénient pour beaucoup d'autres, et
on a pu remarquer qu'il est le plus souvent
utile pour les végétaux dont les premières
pousses sont maigres et irrégulières, comme
(I) Les personnes qui voudraient se perfectionner dans l'art difficile et compliqué de la taille des arbres
fruitiers en général devront consulter l'excellent ouvrage de M. Dalbrct , jardinier-chef des écoles de
culture au Jardin des plantes. —Prix : 6 fr. A Paris, chez Rousselon, libraire.
MIAI». 1* DES TRANSPLANTATIONS. 13
celles de l'orme, du châtaignier, du tilleul, grand établissement ; mais elle est excel
de l'aubépine, etc. lente.
J'ai vu rabattre au moment même de la Au reste, s'il est parfois nécessaire de
transplantation; mais cette pratique, excepté supprimer entièrement quelques branches,
fieut-ètre dans quelques terrains partieu- un élagage d'hiver fait avec réserve et dis
ièrement mauvais, ou pour des végétaux cernement n'offre pas à beaucoup près, sur
dont les racines ont été trop mutilées, me les jeunes arbres des pépinières, le danger
parait avoir un double inconvénient.— D'une qu'il aura plus tard sur ceux d'un âge plus
part, les chevelus ne peuvent puiser une avancé et d'un développement plus considé
1™ année dans le sol et envoyer au tronc rable.
mutilé qu'une très-faible quantité de sève.
Le but qu'on se propose, d'obtenir uns tige Section vh. — Des transplantations.
droite, vigoureuse, et dans laquelle les vais
seaux séveux puissent prendre une extension Quelques végétaux ligneux d'une moyenne
suffisante pour favoriser ultérieurement les élévation qui doivent être plantés jeunes,
progrès d'une riche végétation, est complète comme ceux qu'on emploie d'ordinaire à la
ment manqué; — de l'autre, loin de forti formation des haies , des brise-vents, des
fier les racines au moins cette 1" année, le charmilles, etc., etc., ou qui ont été semés en
recepage arrête au contraire, momentané rayons, à certaines distances les uns des
ment, leur développement en suspendant les autres, peuvent attendre dans le carré des
effets de la sève descendante, de sorte qu'il semis le moment de la transplantation à de
peut nuire à la reprise. meure. Dans la plupart des cas, il est avan
Le recepage a fréquemment lieu dans les tageux de les repiquer avant cette époque.
pépinières forestières. 11 serait assez dif
ficile de fixer d'une manière précise l'âge au § 1er. — Du repiquage.
quel les arbres en profitent le mieux. Je dirai
seulement qu'elle doit être faite lorsque les Comme la transplantation, il comprend
racines ont pris assez de volume pour don trois opérations principales d'un grand inté
ner naissance à une pousse d'un beau déve rêt pour l'avenir des arbres, — l arrachage,
loppement , mais avant que les tiges aient ac — la préparation ou l'habillage du plant, —
quis un diamètre trop considérable, afin de la plantation.
ne pas retarder les effets qu'on veut pro L'arrachage doit se faire à jauge ouverte ,
duire, et d'éviter que la sève ne se perde en c'est-à-dire en creusant sur l'un des côtés
une multitude de scions qu'il serait indispen du semis une tranchée dont la profondeur
sable de supprimer, à la réserve d'un seul. dépasse quelque peu l'extrémité inférieure
— Selon les circonstances, on pourra donc des racines, et en minant ensuite le terrain
receper, s'il y a lieu, quelques années après de proche en proche, de manière à soulever
le repiquage ou après la transplantation. — les jeunes plants sans effort et par consé
Dans tous les cas, on choisira le moment où quent sans détruire ou désorganiser les che
la sève est en apparence le plus complète velus.
ment inactive, c'est-à-dire, pour notre climat, J'ai dù parler de la préparation du plant
le mois de janvier. dans la section précédente.
§ IV.— De l'Élagage. Quant à la plantation, elle se fait en rigole
ou au plantoir. — D'après le premier mode
L'élagage, que nous ne devons considérer on creuse au cordeau, au moyen de la bêche
ici que dans ses rapports avec la culture fo ou du hoyau , une petite fosse d'une profon
restière, est, en pareil cas, d'une application deur et d'une largeur proportionnées à la
assez restreinte, car il ne s'opère, sur les ar longueur et au volume des racines. On y met
bres d'alignement, que lorsque ceux-ci ont un a un les jeunes planls en les appuyant
atteint dans le carré des transplantations un sur la terre d'un des côtés, et en ayant soin
âge qui permet généralement de les en faire de les espacer également à une distance cal
sorlir. — Cette opération n'est qu'une modi culée d'après le temps qu'on veut leur laisser
fication de la taille en crocheta laquelle elle passer en ce lieu et l'accroissement qu'ils
fait suite; son but et sa théorie sont les mê doivent y prendre. On ouvre ensuite paral
mes, c'est-à-dire de donner au tronc une di lèlement à la première une seconde rigole,
rection plus droite, et d'augmenter le plus dont la terre est rejetée sur les racines mises
possible son élévation sans nuire à son dé précédemment en place, et on continue ainsi
veloppement en diamètre. dans toute la longueur de la planche ou du
Quand les arbres sont plantés à des dis carré. Il ne reste plus après cette opération
tances convenables, ils filent suffisamment qu'à piétiner le sol pour l'affermir convena
sans qu'on ait besoin de recourir à l'éla blement autour des jeunes arbres. — D'après
gage , et cette circonstance est d'autant la seconde méthode on trace sur le terrain,
plus favorable que divers inconvéniens ac toujours au moyen du cordeau , des lignes
compagnent souvent la suppression des gros équidistantes et parallèles coupées à angle
ses branches. droit par d'autres lignes semblables. A tous
Dans une position différente, on peut en les points de section on fait, au plantoir, un
core rendre l'élagage inutile en pinçant une trou à la fois plus large et plus profond que
ou plusieurs fois, pendant le cours de la belle ne sont volumineuses et longues les racines
saison , les branches qui menacent de s'em qu'il doit recevoir, et après y avoir introduit
porter au détriment de la lige principale. ces racines, on les recouvre et on les com
Une telle pratique a contre elle d'exiger une prime légèrement à l'aide du plantoir ou de
surveillance assez active, difficile dans un la main , de manière à éviter, comme dans
Il AGRICULTURE FORESTIERE : PEPINIERES. ltv. v.
le cas précédent, qu' il ne se trouve quelque vera ailleurs développée avec détail, s'étend
vide entre elles et la terre. — Un arrosenient aux arbres comme aux autres végétaux. Dans
copieux achève de conduire à ce but et ga les pépinières, ainsi que dans les champs,
rantit le succès de l'opération. elle est la base d'une bonne culture.
C'est après la chute des feuilles, par un Il est des arbres qui possèdent particuliè
temps plus humide que sec, mais lorsque le rement lajâcheuse propriété de rendre le sol
sol n'est pas imbibe d'eau outre mesure et impropre, pendant quelque temps, à la vé
qu'il peut se diviser facilement, qu'on pro gétation, non seulement de leurs congénè
cède au repiquage. Dans les terres humides res, mais de tous autres végétaux ligneux.
et froides on doit parfois le différer jusqu'au — Les cultivateurs, frappés depuis long
printemps. Dans tous les autres cas, il est temps de la manifestation journalière de
bon de le faire de bonne heure en automne, celte vérité, se sont efforcés de l'expliquer
parce que les racines ont le temps de former par les sécrétions des racines ou la décom
de nouveaux chevelus avant l'époque des position, hors de la présence d'une suffisante
gelées. — Ce principe, dont l'importance n'est quantité d'air, de fragmens de ces mêmes ra
fias toujours assez sentie, s'applique à toutes cines abandonnées dans la terre après la
es plantations. mort naturel ieou l'arrachagedes vieux troncs.
§11. — De la transplantation. Soit qu'ils aient cru, avec plusieurs chimistes
modernes, aux effets fâcheux d'une fermen
Danslesensque nous lui donnons ici, c'est tation acide, analogue en quelque sorte à
la plantation des jeunes arbres tirés du carré celle des tourbières, ou, dans d autres cas,
des repiquages, au moment où, par suite de à ceux d'une réaction particulière de prin
l'accroissement qu'ils ont pris , ils s'y trou cipes astringens; soit qu'ils aient supposé
vent trop gênés. — A cette époque les arbres 3lie diverses racines dépouillaient plus que
forestiers destinés à former des bois ou des 'autres le sol de l'air et des sucs nourriciers
massifs ont ordinairement atteint l'âge et la nécessaires à la belle végétation des arbres,
grandeur convenables pour être mis définiti toujours ont-ils reconnu que ceux-ci cessent
vement en place, car il est toujours avanta à la longue de prospérer dans les lieux où on
geux de les planter jeunes ; mais ceux qu'on les cultive depuis trop long-temps, et sur
réserve pour la plantation des routes et des tout que les mêmes espèces languissent d'une
avenues doivent séjourner encore dans la manière plus ou moins apparente lorsqu'elles
pépinière. se succèdent plusieurs ibis de suite sur le
On les arrache, comme la première fois , à même terrain. La nature nous offre de loin
jauge ouverte. à loin des preuves de la seconde partie de
On prépare leurs racines et on taille leurs cette vérité; la pratique, qui devance, dans
tiges d'après les mêmes principes que lors bien d'autres cas, la théorie, démontre fré
du repiquage. Toutefois, cette seconde opé quemment la seconde.
ration exige , au moins accidentellement Lors de la destruction d'antiques forêts,
alors , quelques soins particuliers que je crois on a vu le hêtre, le bouleau, le tremble,
avoir indiqués avec des détails suffisans en etc., etc., succéder spontanément aux chê
parlant de la taille de formation et du rece- nes. — De vastes étendues de pins et de sa
page. pins, atteints pour la première fois par la
Enfin, on plante en quinconce à des distan cognée , se couvrent de semis naturels d'ar
ces proportionnées à chaque espèce de végé bres feuillus, tandis que ceux-ci, au con
tal, ni trop près, ni trop loin, afin que l'air et la traire, se transforment en semis de pins et
lumière puissent pénétrer dans la plantation, de sapins. — Plusieurs écrivains français,
mais que, d'un autre côté, les arbres d'aligne anglais et allemands attestent qu'il serait
ment soient forcés de s'élever au lieu de s'é facile de multiplier les exemples analogues.
tendre latéralement plus qu'il ne convient. D'un autre côté, on sait qu'il est parfois
— Dans un sol profondément et complète impossible de faire reprendre un arbre a la
ment ameubli, comme celui des pépinières, place d'un autre arbre mort de maladie, au
il y aurait peu d'avanlages à ouvrir des tran moins sans de grandes précautions, quoique
chées continues; aussi fait -on de simples je puisse dire en passant, à ce sujet, que je
trous au moyen de la bêche, en ayant soin me suis bien trouvé en pareil cas, dans les
de les rendre assez larges pour recevoir les sols argilo-schisteux de l'Anjou, de l'emploi
racines sans contrainte. — On place ensuite d'une certaine quantité de chaux mêlée a la
l'arbre de manière qu'il ne soit pas en terre du trou le plus long-temps possible
terré plus profondément qu'il ne l'était pré avant le moment Je la plantation. — On sait
cédemment, et tandis qu'un ouvrier rejette la encore qu'on évite avec grand soin dans
terre en l'émieltant le plus possible, un se maintes localités de faire succéder immédia
cond donne de temps en t> mps au tronc un tement la vigne au défrichement de taillis
mouvement de va et vient pour la l'aire encore de chêne; — dans d'autres, de planter des
mieux pénétrer entre les racines ; puis, lors vergers dans d'anciens vignoblesavant d'avoir
que le trou est en partie comblé, il piétine le préalablement refait la terre par quelques
sol en appuyant d'autant plus ou d'autant années de cultures herbacées; et j'ai vu con
moins fortement que ce même sol est plus stamment , dans le pays dont je viens déjà de
ou moins léger. parler, que, quand ou veut transformer des
vignes en pépinières, ce qui arrive fréquem
Section Vin. — Des assolemens dans les ment depuis quelques années aux environs
pépinières. d'Angers, on prend plus rigoureusement en
core les mêmes précautions ; on sème gé
\a grande loi des assolemens, qu'on troti- néralement des céréales, après avoir conve-.
chai\ 2'. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 15
nablement défoncé et labouré le sol. — Si sissent pas aussi bien les uns après les autres.
l'on n'était pas trop pressé par le temps, il — Il en est, comme le chêne, qui paraissent
serait sans nul doute avantageux d'adopter nuire assez généralement aux cultures qui
un assolement de trois ou quatre ans analo leur succèdent; —d'autres, comme l'ormeau,
gue à ceux dont on fait usage sur les défri- qui semblent détériorer beaucoup moins le
chemens et dans lesquels l'avoine et les blés sol. — Quelques-uns réussissent assez bien,
alternent avec des racines alimentaires qui même dans les terres usées; — quelques au
exigent de fréquens binages et des bultages. tres ne prospèrent au contraire que dans des
Dans quelques parties de l'Angleterre, d'a terres neuves ou renouvelées, et je connais
près Sang, lorsqu'on veut améliorer le ter tel pépiniériste, habile observateur, qui at
rain appauvri d'une pépinière , au lieu de le tribue surtout à l'application suivie d'une
fumer pour lui confier directement des grai telle remarque le succès complet de ses bou
nes forestières, on profite de l'engrais ré tures de cognassier.
pandu pour obtenir une première récolte de La théorie et l'observation tendent égale
plantes potagères ou fourrageuses. On a re ment à faire croire que, pour l'assolement
marqué que les fèves, les pois, les ognons, des pépinières, il est avantageux,comme pour
les choux, les raves et particulièrement les Celui des champs, d'avoir égard aux rapports
laitues, sont en pareils cas les meilleures naturels des végétaux; — d'éloigner le plus
cultures intercalaires. — La conséquence possible sur le même terrain le retour des
nécessaire de celle excellente coutume est mêmes espèces, des mêmes genres, des mê
d'interrompre de loin à loin la succession mes familles; — de faire succéder les petits
des végétaux ligneux. aux grands arbres; — les essences à racines
Le même auteur a, je crois, entièrement traçantes à d'autres essences à racines pivo
raison, lorsqu'après avoir recommandé de tantes; — de changer successivement la des
choisir pour l'emplacement d'une pépinière tination de chaque carré, de manière que
de petite étendue un terrain qui puisse être les transplantations fassent place aux re
partiellement et alternativement occupé par piquages, et ces derniers aux semis, etc., etc.
des eu II lires de jeunes arbres et de légumes, Du reste, celte partie de la science du
il ajoute que c'est un moyen à la fois sur et pépiniériste est encore peu avancée. Je crain
profi table de faire prospérer les unes et les drais de rencontrer trop d'exceptions si je
autres. cherchais à déduire de faits épars et particu
Dans l'état actuel de nos connaissances, il liers des principes ou trop généraux ou trop
serait difficile de dire précisément quels ar précis. Un ouvrage de pratique doit finir là
bres doivent se succéder de préférence, quoi où commence le doute.
qu'il soit bien démontré que tous ne réus- Oscar Leclerc-Thouin.
Pecpuer tremble, ou simplement Trem même hauteur que la précédente, et ses feuil
ble (P. tremula, Lin.). Ses fouilles, sur les les ont à peu près la même forme ; mais elles
jeunes pousses, sont en cœur, finement den sont en général moins grandes, et les chatons
tées, pubescentes ainsi que les rameaux qui femelles sont plus longs que dans aucune des
les portent; sur les branches plus âgées, au espèces précédentes. Depuis bien des années,
contraire, les feuilles sont arrondies, gla on le cultive en Europe. C'est à tort que dans
bres et bordés de grosses dents. Cet arbre quelques cantons on rappelle Peuplier de Ca
croit dans les lieux un peu humides des bois ; roline ou Carolin.
il s'élève à 50 ou 60 pieds. Peuplier baumier(P.balsamifera,\Àn.) {fig.
Peuplier d'Athènes (P. grœca, Wild.). Ses Cl). Cet te espèce est remarquable par ses bour-
feuilles sont en cœur, légèrement et finement Fig.61.
dentées, glabres ainsi que les rameaux, d'un
vert un peu glauque. Cette espèce croit na
turellement en Grèce et dans les Iles de l'Ar
chipel ; on la cultive plutôt comme arbre
d'ornement que de rapport; elle ne s'élève
guère à plus de 50 pi. ; on la multiplie en la
greffant sur une des espèces précédentes.
Peuplier noir, yiAgairemeniPeuplier franc
(P. nigra, Lin. ). Cet arbre s'élève à 80 pieds
d'élévation et plus; ses feuilles sont presque
triangulaires, crénelées en leurs bords, gla
bres et d'un vert gai, portées sur des ra
meaux cylindriques, glabres, étalés ; les cha
tons mâles sont grêles. Cette espèce croit
dans les terrains numides et sur les bords
des eaux.
Peuplier pyramidal, d'Italie ou de Lom-
bardie (P. Jastigiata, Poir.). Cette espèce
ressemble à la précédente par son feuillage
et sa floraison; mais elle s'en distingue faci
lement par son tronc toujours très-droit, et
par ses branches et ses rameaux effilés, ser
rés contre les tiges, de manière à former une
longue pyramide. Cet arbre s'élève à 100 pi.
et plus; il nous est venu d'Italie, et parait
originaire du Levant.
Peuplier du Canada(P. Canadcnsis, Mich.). geons enduits d'une sorte de résine jaunâtre,
Ses feuilles sont grandes, en cœur, glabres, abondante et d'une odeur balsamique agréa
crénelées en leurs bords, portées sur des ra ble. Ses feuilles, portées sur des pétioles ar
meaux cannelés. Son tronc s'élève à 70 ou 80 rondis dans toute leur longueur, sont ovales-
pieds. Cet arbre est originaire du Canada et lancéolées, dentées, d'un vert un peu foncé
des parties septentrionales des Etats-Unis; en dessus, réticulées et blanchâtres en des
depuis long-temps il est commun en Europe. sous, mais non cotonneuses. Ce peuplier est
Peuplier de Virginie ou Suisse {P.monihfe- originaire du Canada , où il s'élève à 60 pieds
t
•t
[36 AGRICULTURE FORESTIÈRE : AR 1RES ET ARBUSTES FORESTIERS, uv. *.
[de hauteur; on le cultive en France depuis nada; aussi, à mesure que ces dernières es
assez long-temps, mais plutôt comme arbre pèces se répandent, le peuplier noir devient-
d'ornement que de grande culture. il plus rare. Cependant il vaut mieux qu'eux
Quant aux usages et propriétés des peu- dirigé en têtards.
Îdiers et à leur culture, le Peuplier blanc a Son bois aussi est de meilleure qualité; on
'avantage de croître rapidement et de venir en fait communément des sabots, de la volige ;
presque également bien dans les terrains hu les charpentiers des campagnes l'emploient
mides, comme dans ceux qui sont plus secs. Quelquefois pour les pièces de l'intérieur
Cependant c'est sur les bords des eaux et es maisons, en place de celui de chêne. Les
dans les fonds naturellement frais qu'il ac menuisiers s'en servent, par la même rai
quiert les plus belles proportions. Il n'est son, pour faire des ouvrages de toutes sortes,
pas rare, dans ces circonstances favorables, comme portes, volets, boiseries, planchers,
de voir des arbres de cette espèce avoir, à 60 châssis, tablettes, etc.
ou 70 ans, 10 pi. de tour à hauteur d'homme, On pourrait multiplier cet arbre de graines,
sur 80 à 100 pi. d'élévation; et quand un de mais l'extrême facilité avec laquelle il re-
ces arbres a acquis de telles dimensions, sa Îirend de boutures fait qu'on néglige tous
valeur est de 100 à 150 fr. lorsque son tronc es autres moyens, et communément lés bou
est parfaitement sain; mais rarement lui tures ne se font qu'avec des branches de 5
laisse-t-on acquérir une telle valeur ; le plus à 6 ans, ayant 9 à 10 pieds de hauteur, et 6
souvent on l'abat quand il a seulement 5 à 7 pouces de tour par le bas. On aiguise ces
à 6 pieds de circonférence, et il ne vaut guère grosses boutures , appelées plançons, par le
alors que le quart du prix auquel nous l'a gros bout, à peu près en bec de* flûte, et on
vons évalué. Le peuplier blanc se multiplie les plante à demeure sur les bords des prés
de graines, de rejetons el de marcottes; il re humides et le long des rivières ou fossés
prend très-difficilement de boutures; mais d'irrigation, dans des trous de 15 à 20 pouces
comme il produit d'ailleurs d'abondans re de profondeur et préparés seulement avec
jetons, c'est presque toujours par ce dernier un fort pieu de fer. Ces plançons doivent être
moyen qu'on te propage. De toutes les espè solidement fixés en foulant la terre à leur
ces de ce genre, c'est celle dont le bois est le pied, et encore en les butant, afin qu'ils ne
plus estimé. Ce bois est blanc, léger, homo soient ébranlés ni par les vents ni par les
gène; il setravaille bien et prend un beau poli ; bestiaux : on peut les planter depuis le mois
mais il est un peu mou et d'une médiocre so de novembre jusqu'en mars; il y en a or
lidité. Les charpentiers, dans les campagnes, dinairement fort peu qui manquent de re
emploient les plus grosses pièces pour pou prendre.
tres et solives; les sabotiers en fabriquent Le Peuplier pyramidal ou d'Italie vient
des sabots; les menuisiers le font refendre mieux dans les terrains gras et humides que
en planches pour en Caire des armoires, des partout ailleurs; cependant il croit encore as
boiseries, des portes, des tables ; à Paris les sez bien dans les terres légères et sablonneu
ébénistes en emploient beaucoup pour la ses, pourvu qu'elles ne soient pas trop sèches.
carcasse des meubles qu'ils plaquent en aca On en plante beaucoup comme arbre d'orne
jou. Il y a quelques années, on faisait, à ment; la forme pyramidale et régulière que
Paris, des chapeaux de femmes avec de fines prennent ses liges le rend très-propre à
lanières de ce bois artistement tissées, et qui former des rideaux de verdure, et à faire de
avaient presque l'aspect des chapeaux de belles avenues devant les châteaux et les
paille. maisons de campagne. On ne le multiplie que
Les bestiaux, surtout les chèvres et les de boutures, parce que jusqu'à présent on
moutons, broutent volontiers les Jeuilles du n'en connaît que l'individu màle.On en plante
peuplier blanc. On a essayé de faire du pa aujourd'hui beaucoup comme arbre de rap-
pier et même des toiles avec l'espèce de co Eort, parce qu'il croit avec rapidité. Il est
ton dont ses graines sont chargées; mais ces on à abattre depuis 20 jusqu'à 30 ans. Son
essais ont été assez promptement abandon bois est moins solide et plus léger que celui
nés. du peuplier noir; on l'emploie à peu près
Ce que nous venons de dire sur le peuplier aux mêmes usages ; il est surtout propre, à
blanc peut en grande partie s'appliquer au cause de sa légèreté, pour faire des caisses
peuplier grisâtre et au tremble; seulement d'emballage ; aussi les layetiers de Paris en
ces 2 derniers arbres sont sous tous les rap- font-ils une grande consommation.
Îiorts inférieurs en qualité et de moindre va- La manière de multiplier le Peuplier de
eur. Les menues branches de tous ces arbres Canada., celui de Virginie et le baumier, est
servent dans les campagnes au chauffage des la même que pour 1 espèce précédente. Ce
fours et des foyers. que nous pourrions dire aussi sur la crois
Le Peuplier noir acquiert une grande élé sance de ces trois arbres, surtout des deux
vation, lorsqu'il croit dans les lieux humides premiers, ou sur les qualités de leur bois,
et sur les bords des rivières ou fossés aqua aurait également beaucoup de rapport avec
tiques, et surtout lorsqu'on a soin de l'émon- ce qui a été dit du Peuplier d'Italie.
der tous les 3 à 4 ans, en en retranchant tou Au reste, de tous les peupliers, celui qui
tes les branches latérales, dont on fait, dans croit le plus rapidement est le véritable Peu
les campagnes, des bourrées qui servent à plier de Caroline, Populus angulata, Wild.
brûler. Il vient mal au contraire dans les dont nous n'avons point parlé, parce que cet
terrains secs, et sa végétation y est presque arbre est très-sujet à geler dans le climat de
toujours languissante. Dans les meilleures Paris, et parce que son bois est si tendre qu'il
situations, il croit plus lentement que le peu ne saurait être employé utilement. Un de
plier d'Italie, le P. de Virginie et celui du ta- ces arbres, chez M. Audibert, de Tonelle,
chap. a. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 37
près Tarascon, avait 6 pieds de tour à l'âge les, larges de 10 à 12 pouces, sont seulement
de 12 ans. inégalement dentées, mais non découpées en
28. PLATANE (lat. Platanus).—Les plata lobes distincts.
nes sont de grands arbres, de la famille des Toutes ces espèces ou variétés sont sus
Amentacées^à. feuilles alternes, découpées en ceptibles de s.'élever à une grande hauteur,
lobes plus ou moins profonds ; leurs fleurs, à 80 et 100 pieds, et leur tronc peut acquérir
de peu d'apparence, sont unisexuelles, dispo avec les années une grosseur colossale.
sées sur le même individuenchatonsarrondis, . Le platane d'Orient est aujourd'hui assez
pendans; aux femelles succèdent des graines rare en France, surtout dans le nord; la
oblongues, réunies un grand nombre ensem cause oui a fait disparaître dans cette par
ble, en paquets globuleux, à peu près de la tie de la France tous les platanes d'Orient,
grosseur d'un marron ordinaire. Les fleurs est une gelée tardive qui arriva il y a quel
paraissent à la fin d'avril ou au commence ques années, et qui fit périr tous ces arbres.
ment de mai. Depuis ce temps, on ne trouve plus à Paris
On trouve, dans les livres de botanique, et dans ses environs que le platane d'Occi
quatre espèces indiquées dans ce genre ;mais dent et ses variétés P. acerifolia et P. cu-
nous croyons qu'il n*en renferme réellement neata. Dans le midi de la France même, le
que deux , savoir : le Platane d'Orient platane d'Orient est assez rare; celui_ d'Occi
(P. Orientalis, Lin. ), espèce très-ancienne dent, au contraire, ne parait pas craindre le
ment connue, que les Romains transplantè froid, et nous engageons les propriétaires à
rent en Italie, et le Platane d'Occident (P. {ilanter ce bel arbre beaucoup plus qu'on ne
Occidentalis, Lin. ) (fig. 62), apporté de l'A 'a fait jusqu'à présent: sa croissance rapide
mérique septentrionale en Angleterre, vers et l'utilité de son bois ne peuvent que leur
1640 en rendre la plantation avantageuse.
Fig. 62. Il faut aux platanes un terrain gras, un peu
humide et qui ait beaucoup de fond,- ils se
plaisent surtout dans le voisinage des eaux
el des rivières ; c'est là qu'ils acquièrent les
plus belles dimensions.
Les platanes se multiplient de graines, de
marcottes et de boutures. C'est a la fin de
l'hiver ou au plus tard au commencement du
printemps qu'il faut en semer les graines,
dans une bonne terre bien meuble et amen
dée avec du terreau très - consommé. Le
jeune semis craint le froid, surtout pendant
le 1er hiver, et l'on doit le préserver des for
tes gelées en le couvrant avec de la paille ou
des feuilles sèches. Le platane venu de graine
n'a que 6 pouces à un pied de hauteur à l'au
tomne de sa 1" année, et ce n'est, lors
qu'il a reçu les soins convenables en pépi
nière, qu'au bout de 6 à 7 ans qu'il est bon à
être mis en place. La lenteur des semis fait
qu'on préfère dans les pépinières multiplier
les platanes par marcottes, lesquelles en
moitié moins de temps font des arbres bons
à être transplantés partout où l'on veut les
placer. Les boutures faites de petits ra
meaux reprennent facilement si on a soin
de leur donner des arrosemens; mais elles
La lre espèce se distingue de la 2', par ses croissent plus lentement que les marcottes.
feuilles toujours découpées en lobes assez Cependant la facilité avec laquelle repren
profonds, bordés de dents grandes et irrégu nent les boutures ordinaires a fait essayer
lières. Elle ne parait encore avoir produit au de planter des plançons ou plantards de pla
cune variété, parce que, jusqu'à présent, elle tane de la grosseur dont on fait ordinaire
n'a jamais été propagée que par boutures. ment ceux de saule et de peuplier, et ces
La 2% au contraire, qui a été fréquemment plançons ont bien réussi toutes les fois qu'ils
multipliée par ses semences, a produit plu ont élé placés sur le bord d'une rivière ou
sieurs variétés qu'on distingue de la première d'un fossé d'irrigation, et elles ont formé de
espèce, en ce que les lobes de leurs feuilles beaux arbres en peu de temps.
sont moins profonds el moins dentés, et que L'usage le plus fréquent qu'on fasse des
leur limbe se prolonge souvent sur le pé platanes, c'est de les planter en avenue, où
tiole. Dans la variété dite Platanus cuncata, ils doivent élre espacés de 18 ou 20 pieds les
les feuilles n'ont que 3 lobes, et elles sont cu uns des autres. Ces arbres produisent, par
néiformes à leur base. Le P. accrifolia, autre leur large et beau feuillage, un très-bon ef
variété, a toutes ses feuilles à 5 lobes qui pé fet dans les promenades publiques, où ils
nètrent jusqu'à la moitié du limbe. En géné donnent une ombre agréable. On peut les
ral, les feuilles du platane d'Occident pa tailler au croissant, ainsi que l'on fait de
raissent être très-sujettes à varier dans leurs l'orme et «lu tilleul. En bordures dans les
découpures; la plus belle variété est celle qui prairies situées sur les bords des rivières,
a été nommée P. macrophylla, dont les feuil- ils supportent d'être émondés tous les 4 à 5
38 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARI RES ET ARBUSTES FORESTIERS. Lrv. v.
ans, et ils donnent alors de bons fagots pour et dans les lieux humides des bois et des mon
le chauffage. tagnes; le plus grand nombre appartient aux
On a proposé de planter les platanes pour climats tempérés ou septentrionaux de l'Eu
faire des taillis, et quelques essais ont prouvé rope.
l'avantage qu'on en pourrait tirer. Ces taillis
poussent avec beaucoup de rapidité, lors- . I. Espèces dont les feuilles sont en général
qu'ils ont été coupés; ils donnent, à l'au lancéolées, et les fleurs femelles à ovaires
tomne de la 1" année , des jets de 6 à 9 pieds glabres.
de hauteur, et on peut en faire la coupe man
che tous les 5 à 6 ans. Saule blanc ( S. alba, Lin.). Cet arbre s'é-
La grosseur colossale que le tronc des pla Fig.63.
tanes acquiert avec le temps l'a fait employer
clans le Levant et dans l'Amérique septen
trionale à faire des bateaux d'une seule pièce.
Le bois de platane est d'un tissu serré et il
ressemble assez à celui du hêtre; il est comme
lui d'une couleur rougeâtre claire , moucheté
de petites taches plus foncées. Il passe pour
être sujet à se fendre, et on lui reproche
d'être facilement attaqué par les vers; mais
il perd ces mauvaises qualités etacquiert une
grande dureté lorsqu'avant de l'employer on
a pris la précaution de le débiter en madriers
et de le tenir submergé dans l'eau pendant
quelque temps. Il est propre aux ouvrages de
charronnage et de menuiserie. Les parties
inférieures et renflées du tronc sont surtout
bonnes à faire des meubles; débitées en
Etanches, elles présentent souvent des mar-
rures et des ronces d'un effet fort agréable.
Comme bois de chauffage, les platanes brû
lent en faisant une flamme vive et en don
nant beaucoup de chaleur. Leurs cendres sont
riches en potasse.
Au reste , les espèces de ce genre n'étant
pas encore très-repandues, leur bois n'est
pas non plus très-commun dans le commerce;
mais nous croyons que sous beaucoup de lève à 30 et 40 pieds ou plus, et il acquiert C
rapports il serait avantageux de multiplier à8 pieds de circonférence. Sesjeunes rameaux
davantage les plantations de ces arbres , en sont rougefttrès,garnis de feuilles lancéolées,
préférant le platane d'Orient dans le midi, soyeuses et blanchâtres des deux côtés, prin
et celui d'Occident dans le nord. Le 1" n'a cipalement dans leur jeunesse. Les fleurs se
pas besoin d'un terrain aussi humide que le développent en même temps que les feuilles,
second. le long des rameaux d'un an ; les écailles des
29. SAULE (lat. Salix; angl. Willow; ail. chatons sont pubescentes, et l'axe qui les
Weide; ital. Salice). — Les botanistes comp porte est velu. Cette espèce se trouve le long
tent plus de cent espèces de saules; mais des rivières et dans les prés humides.
dans ce grand nombre nous ne devons nous Saule osier ou Osier jaune (S. vitellina,
occuper ici que de celles qui nous offrent de Lin.). Cette espèce diffère de la précédente
l'intérêt sous le rapport de leurs usages et par ses rameaux d'un jaune plus ou moins
de leurs propriétés. Il nous suffira de dire foncé, et par ses feuilles plus étroites, gla
que ce genre comprend les extrêmes de la bres. On la trouve dans les mêmes lieux, mais
végétation, de grands arbres qui s'élèvent à elle forme un arbre moins élevé, et le plus
50 ou 60 pieds, et d'humbles arbustes dont les souvent elle n'est cultivée que comme osier.
tiges basses et rampantes n'ont que quelques Saule fragile (S.fragilis, Lin.). Quant au
pouces de longueur; tels sont : le Saule her port et a la hauteur, cet arbre a beaucoup
bacé (S.herbacea, Lin.); le S. à feuilles de de rapports avec le saule blanc; ce qui lui
serpoletfJS. serpyllifolia, Willd.); le S. émoussé est particulier, c'est que ses rameaux cassent
(S. retusa, Lin.), qui croissent sur les som en offrant très-peu de résistance à l'endroit
mets des Alpes. de leur insertion sur les branches; ses feuil
Les saules font partie de la grande famille les sont d'ailleurs lancéolées, glabres et den
des Amentacées; ce sont des arbres ou des tées. Il est en général plus commun que les
arbustes, à feuilles alternes, entières, dont deux V" espèces.
les fleurs, disposées sur des chatons axillai- Saule àfeuillesd'amandier {S. amygdalina,
res, sont toutes mâles ou toutes femelles sur Lin.). Lorsqu'on laisse croître cet arbre en
des individus différens. Ces chatons, plus ou liberté, il s'élève au moins autant que le saule
moins àlongés,sont composés de fleurs nom blanc-, ses rameaux sont roneeâtres, garnis
breuses. Leur fruit est une capsule ovale- de feuilles oblongues-lancéolees, glabres et
oblongue, à une seule loge renfermant plu d'un beau vert en dessus, glauques en des
sieurs graines entourées a leur base par une sous, bordées de nombreuses dents. Cette es
aigrette de poils. Les espèces de ce genre pèce est moins répandue que les trois qui
çroissent en général sur les bords des eaux précèdent.
cha*. 2. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 89
C'est principalement le saule blanc et le Saule àJeuilles aiguësijS. acutîfolia, Willd.).
saule fragile qu'on plante sur le bord des Cet arbre est originaire des environs de la
prairies et des pâturages dont le fond est mer Caspienne; il s'élève à 20 ou 25 pieds
plus ou moins numide, ou qui sont situées de hauteur, et est remarquable par ses
sur les rives des eaux courantes. Ces arbres jeunes rameaux d'un violet noirâtre, à la
pourraient se multiplier de graines ; mais, surface desque ls se trouve une poussière ou
comme ce moyen serait trop long, on n'en sorte de fleur à peu près comme sur cer
fait jamais usage; on n'emploie que les gros taines prunes. Ses feuilles sont étroites, lan
ses boutures, nommées plançons, que l'on céolées, aiguës, dentées et glanduleuses en
fait avec des branches de 4 à 5 ans, et ayant leurs bords. Ce saule est encore très-peu ré
6 à 7 pouces de tour par le bas; on taille pandu; il mériterait d'être multiplié, sur
cette partie inférieure en bec de flûte, et on tout dans les oseraics, à cause de la flexibi
l'enfonce de 15 à 20 pouces en terre, dans des lité et de la ténacité de ses jeunes rameaux.
trous faits seulement avec un gros pieu dont Saule précoce (S. prœcox, Willd.). Arbre
le bout est armé de fer. Avec le même pieu de 30 à 40 pieds de haut, dont les jeunes ra
on presse assez la terre autourdu plançon,en meaux, d'un rouge assez foncé, paraissent
l'enfonçant à 2 ou 3 reprises et à quelques d'une couleur cendréeà cause de la poussière
pouces à côté, de manière à l'empêcher de qui les recouvre, ainsi que dans l'espèce pré
vaciller dans son trou ; enfin on le butte au cédente. Ses feuilles sont lancéolées, dentées,
pied, à la hauteur de 10 à 12 pouces, avec de munies d'une nervure très-prononcée; elles
la terre prise aux environs, et, sans autre pré ne viennent qu'après les fleurs, qui sont dis
caution, la presque totalité de ces plançons posées en chatons serrés et très-velus. Ce
s'enracine facilement et fait promptement saule croit sur le bord des eaux, dans plu
de beaux arbres. Lorsqu'on veut élever les sieurs parties de la France, en Italie, en Al
saules à haute tige, il faut avoir la précau lemagne, etc. Ses jeunes rameaux ont toutes
tion de planter les branches entières sans en les qualités propres à faire de bon osier; le
retranener le sommet: on les coupe, au con bois du tronc est blanchâtre, assez dur pour
traire, à 6 ou 7 pieds quand on veut en faire ce genre : il serait propre à la menuiserie.
des têtards. Saule de Babylone ou pleureur ( S. baby-
Les émondesque l'on retire des saules sont lonica, Lin.). Ce saule est facile à reconnaî
d'un usage journalier dans les campagnes tre; ses branches horizontales, divisées en
pour le chauffage, et ce sont principalement longs rameaux grêles et pendans, lui donnent
les menues branches q|ui y sont employées. un aspect tout particulier; ses feuilles sont
Elles nedonnent en brûlant qu'une médiocre étroites-lancéolées, glabres, d'un vert ten
chaleur; la braise qu'elles fournissent se cou dre; et ses fleurs sont disposées en chatons
vre promptement de cendres, ce qui lui fait grêles et jaunâtres. Cette espèce est originaire
fierdre promptement son ardeur. On fait avec du Levant; on la cultive dans presque tous
es plus grosses des gaules qui servent pour les jardins paysagers, à cause de l'effet pit
palissades, échalas, etc. C'est des saules tê toresque qu'elle produit.
tards qu'on retire les plus belles. Les arbres
à haute tige ne fournissent guère que de me II. Espèces dont lesJeuilles sontovales ou lan
nus brins bons à brûler; mais quand ils ont céolées, et lesfleurs femelles à ovaires tou
une certaine grosseur, comme 3 à 4 pieds de jours velus.
circonférence à hauteur d'homme, on peut Saule marceau, vulgairement Marsault ou
les abattre pour faire du bois de travail. Le
tronc des têtards, au contraire, est presque Malsault (S. caprœa, Lin.). Arbre de 25 à 40
toujours pourri dans le cœur, et n'est bon à Fig. 64.
rien, si ce n'est à brûler.
Le 6o« du saule blanc et du saule fragile est
rougeàtre ou roussâtre; il a le grain assez fin
et uni; il se travaille bien, soit à la varlope,
soit au tour; on en fait principalement des
sabots ; les charpentiers des campagnes s'en
servent quelquefois pour solives; les menui
siers l'emploient rarement, si ce n'est pour
des ouvrages communs. Ce bois est très-lé
ger; il nepése que 27 à 28 livres par pied cube.
h'écorce de ces arbres est amere et astrin
gente; on l'a quelquefois employée comme
fébrifuge, à défaut de quinquina. Les chi
mistes modernes y ont découvert un principe
particulier auquel ils ont donné le nom de
salicine. Dans quelques cantons on se sert de
cette écorce pour le tannage des cuirs. Au
printemps, les abeilles font une abondante
moisson de cire et de miel sur les fleurs de
ces arbres et des autres espèces congénères.
Les vaches et les autres bestiaux aiment les
feuilles des saules et les broutent avec avi
dité. On a essayé sans succès de fabriquer
des étoffes avec le duvet qui est à la base des
graines ; il est trop oourt pour pouvoir è tréfilé,
40 AGRICULTURE FORESTIÈRE ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS, tnr. ▼.
pieds, dont les rameaux sont grisâtres, gar Saule viminal, vulgairement Osier blanc
nis de feuilles ovales ou arrondies, quelque ( S. viminalis, Lin.). A l'état d'arbre ce saute
fois ovales-oblongues, glabres en dessus, co Fig. 65.
tonneuses et blanchâtres en dessous. Ses
fleurs, qui naissent avant les feuilles, ont les
écailles de leurs chatons très-velues. Le mar-
ceau est commun dans les bois frais et hu
mides de la France et de la plus grande par
tie de l'Europe.
Cet arbre croit avec beaucoup de rapidité,
surtout quand il repousse sur sa souche ; il
n'est pas rare alors de le voir faire, dès la
1" année, des jets de 10 à 12 pieds de haut,
ce quile rend très-propre àtformer des taillis
qu'on peut exploiter avec avantage tous les
6 à 7 ans.
Le bois qu'on retire du marceau cultivé en
taillis est propre à faire des échalas,des cer
cles, des lattes pour les vaniers, des fourches,
des perches, etc.; enfin les menus brins font
des bourrées qui servent dans les campagnes
pour chauffer les foyers, les fours, et pour
cuire la brique, la chaux, le plâtre, etc. Ce
bois produit un feu clair qui n'est pas de du
rée et ne donne pas beaucoup de chaleur, si
on le compare aux bois durs, mais d'ailleurs
Eréférable à celui de la plupart des autres
ois blancs. Comme bois de travail, celui du
marceau est d'un blanc tirant au rougeàtre;
il a le grain fin, serré, et est facile à travail
ler; il est propre à faire des sabots, des plan s'élève rarement à plus de 20 pieds; ses jeu
ches pour la menuiserie; on peut aussi l'em nes rameaux sont effilés, très-droits, chargés,
ployer pour les pièces de charpente inté dans leur jeunesse, d'un duvet soyeux, garnis
rieure, quand on en rencontre d'assez gros de feuilles linéaires-lancéolées, aiguës, lé
pour ce genre de travaux. Taillé en têtard, gèrement ondulées en leurs bords, vertes et
comme le saule blanc et le saule frayile, il glabres en dessus, revêtues en dessous d'un
fient de même être émondé tous les 3 à 4 ans. duvet soyeux et argenté. Ses fleurs, plus pré
1 prend facilement de boutures, quand on coces que les feuilles, sont disposées en cha
fait celles-ci dans un lieu frais et numide : tons cylindriques et très-velus. Cette espèce
nous l'avons même planté en gros plançons est commune en France et dans une grande
de 16 à 18 pieds de longueur et de 12 pouces de partie de l'Europe ; ou la trouve sur les bords
tour par le bas, et il a très-bien repris. Planté des rivières.
en petites boutures grosses comme le pouce, •Saule hélice (S. hélix, Lin.). Cette espèce
il est très-propre à regarnir avec économie n'est qu'un arbrisseau de 10 à 12 pieds d'é
les parties d'un taillis qui sont dépourvues lévation, dont les rameaux sont effilés, gla
de bois : il est encore bon à former des haies bres, garnis de feuilles souvent opposées, ra
de clôture. rement alternes, linéaires-lancéolées, d'un
Tous les bestiaux, et surtout les chèvres, ai vert gai en dessus, glauques en dessous. Ce
ment lesfeuillesdu marceau, et dans quelques saule se trouve en France et dans plusieurs
cantons on le cultive exprès pour en donner la parties de l'Europe, dans les lieux humides
dépouille à ces animaux ; sous ce rapport, les et aquatiques.
haies de cette espèce peuvent être tondues Saule pourpre, vulgairement Osier rouge
2à3fois dans la belle saison. Enfin son écorce, {S. purpurea, Lin.). Cette espèce ressemble
amère et astringente, a été employée en mé beaucoup à la précédente, et l'on ne peut
decine comme succédanée du quinquina, et guère l'en distinguer que par ses feuilles plus
dans quelques contrées on s'en sert pour le étroites. Elle croit dans les mêmes lieux.
tannage des cuirs. Les 3 dernières espèces sont cultivées à
Le Saule à oreillettes {S. aurita, Lin.), et cause de la flexibilité fort grande de leurs ra
le Saule acuminé {S. acuminata, Smith), ont meaux qui les fait employer à des ouvrages
beaucoup de rapports avec le marceau; ils se particuliers; le saule osier, ou l'osier jaune
trouvent comme lui dans les bois Irais et de notre première section, se rencontre aussi
humides; mais ils poussent avec moins de fréquemment dans les cultures connues sous
rapidité, et s'élèvent moins haut, ce qui les le nom d'oseraies; le saule précoce et le
rend moins recommandables sous le rapport saule à feuilles aiguës, encore peu répandus
de leurs usages. mériteraient aussi d'y trouver place.
Le Saule àfeuilles soyeuses ( S. holosericea,
Willd.), qui se distingue du marceau par ses III. Formation d'une Oseraie.
feuilles lancéolées, acuminées, revêtues en
dessous d'un duvet très-soyeux, nous parait Pour former une oseraie, on fait choix d'un
pouvoir rivaliser pour les produits avec ce terrain convenable; le meilleur est un sol
dernier. Cette espèce est d ailleurs peu ré profond, situé à peu de distance d'une ri-
pandue. | vière, ou qui soit naturellement gras et hu
chap. V. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 41
mide : on lui fait donner un bon labour à la conservent leurs feuilles pendant l'hiver, ce
charrue ou à la houe; et dans le mois de fé qui leur a valu aussi le nom d'arbres verts
vrier, si le temps le permet, on y plante, à 3 en horticulture. Cette famille, après celle
ou 4 pieds l'une de Vautre, des boutures de des céréales et des arbres fruitiers, est cer
15 à 16 pouces de longueur et de la grosseur du tainement la plus intéressante pour les peu
doigt, prises parmi les espèces dont on veut ples de l'Europe dans leur état actuel de
composer son oseraie. Ces boutures se met civilisalion.Nos vaisseaux ne pourraient par
tent en terre, en s'aidant d'un plantoir, et courir l'immensité des mers sans les hautes
en les enfonçant aux deux tiers de leur lon mâtures qu'elle leur fournit, sans le goudron
gueur. La coupe de la 1" année ne produit qui préserve leur coque et leurs agrès de la
que des brindilles à peu près inutiles pour pourriture. L'architecture civile et militaire
I usage, mais qu'il faut cependant couper en tirent des bois qui ne pourraient être
avec soin ; sans cela celle de la seconde année remplacés par aucun autre; enfin, elle offre
ne serait bonne qu'à brûler, parce que ses à l'économie domestique, industrielle et à la
branches seraient trop rameuses pour être médecine, des produits de première néces
employées à autre chose. Lorsqu'au con sité aussi nombreux que variés.
traire on a pris le soin de faire couper au ni Un autre avantage que possède encore
veau du tronc toutes les petites brindilles de cette précieuse famille, c'est que tous les ar
la première pousse, la seconde donne déjà bres qui la composent croissent dans les
un certain nombre de jets de 4 à 6 pieds de sols les plus maigres, parmi les rochers où
haut qui peuvent être utilisés. La coupe de aucune culture ne serait possible, et que la
la troisième année est plus productive, et d'an Quantité de terreau qu'ils produisent par la
née en année elle le devient davantage, de écomposition de leurs feuilles, est beau
telle manière que pendant 25 à 30 ans, lors coup plus grande que celle que fournissent
qu'il est en bon état et dans un bon fonds, les feuilles des autres arbres ; de sorte
un arpent d'oseraie peut rapporter tous les qu'une forêt d'arbres résineux enrichit le
ans 100 fr. et plus, et cela, sans aucune peine firopriétaire, et améliore en même temps
et sans aucun soin de la part du proprié a terre plus qu'aucune autre. C'est doncavec
taire, si ce n'est d'en écarter les bestiaux, et de bien bonnes raisons que les économistes
d'y faire pratiquer quelques binages pendant conseillent les plantations d'arbres résineux,
les lr" années. et d'en faire des forêts dans les déparle-
C'est en février, ou au plus tard en mars, mens sablonneux et sur les montagnes ro
qu'il faut faire chaque année la coupe des cheuses de la France.
osiers; les belles pousses ont communément Le nord de l'Europe et l'Amérique sep
. 8 à 10 pieds de longueur. On les coupe, avec tentrionale sont les contrées du globe où il
une(orleserpette,aquelques lignes du tronc, croit le plus d'arbres conifères, susceptibles
qui devient ainsi une sorte de têtard. d'être cultivés avec un grand profit sur le
La plus grande partie de l'osier jaune et sol de la France. Nous allons signaler avec
de l'osier rouge s'emploie avec son éicorce qui quelques détails, et indiquer la culture de
lui donne plus de force. Ces deux osiers sont ceux de ces arbres qui peuvent le plus con
d'un usage si général dans l'économie do tribuer à augmenter notre richesse territo
mestique etragricullure,qu'onserait aujour riale , et ne ferons qu'énumérer ceux qui ne
d'hui fort embarrassé pour s'en passer: on en paraissent pas de nature à améliorer notre
faitdesliens pour toutes sortes de choses, des agriculture ni notre économie industrielle.
corbeilles et des paniers légers, des claies, des Nons ne mentionnerons même pas les espè
hottes et autres objets de vannerie commune. ces étrangères qui, ne pouvant supporter
Refendu en 2 ou 3 trins, l'osier jaune est em les rigueurs de notre climat en pleine terre,
ployé par les tonneliers pour lier les cercles sont entièrement du ressort de l'horticulture.
des tonneaux, des cuves, etc., et sous ce rap 1. CÈDRE du Liban ( Cedrus Libani, Bar.
port, il s'en fait une grande consommation. Abies cedrus, Lin.; Angl. Cedarlarch; AU. Ce-
Les jardiniers et les vignerons font aussi un dar; Ital. Cedro).—Cet arbre (Jig. 66) est cer
grand usage d'osier pour le palissage des tainement le plus historique, le plus célèbre
arbres en espaliers, pour attacher les vignes
aux échalas. Fig. 66.
Les ouvrages de vannerie plus soignée se
font unosier blanc ou osier sans écorce.pour
lequel on emploie principalement le saule
viminal, parce que ses jets sont beaucoup
plus unis, ne se ramifiant jamais en brin
dilles secondaires.
Loiseleur Deslonxuamps.
Aht. II.—Arbres résineux, Conifères.
On désigne sous ces noms une famille na
turelle de végétaux ligneux , composée de
grands, de moyens et de petits arbres divi
sés en plusieurs genres , et dont le carac
tère commun est d'être résineux, et d'avoir
les fleurs monoïques ou dioïques, disposées
en épi serré que les botanistes appellent
cône, d'où le nom de conilère,, Presque tous
AGRICULTURE. TOME rv. 6
42 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. UT. V
et le plus majestueux de tous ceux que nous | connaissons. Le mont Liban (/%.67)est sa pa-
Fig. 67.
trie,etjaroais on ne l'a trouvé croissant spon reux rameaux étendus par étages distincts.
tanément sur aucun autre point du globe.il y Ses feuilles sont courtes, simulées et dispo
était autrefois si abondant que l'on s'en ser- sées en faisceaux. A ses fleurs, peu éclatan
vaitdans la construction des flottes et des édi tes, succèdent des fruits (cônes) (fig. 66),
fices; mais, déjà depuis long-temps, le nom ovales ou elliptiques , hauts d'environ 3 pou
bre en est tellement diminué, qu'en 1574 il ces, et dont les graines ne mûrissent que dans
n'en existait plus que 26 individus ; que cent la troisième année. Le bois du cèdre semble,
ans après, Ravvolf n'en trouva plus que 16, pour les qualités, tenir le milieu entre celui
et qu'enfin Labillardiêre n'en a compté que du pin sylvestre et celui du sapin.
7 en 1798.Quoique le cèdre produise des grai Le cèdre du Liban n'étant encore chez
nes en quantité , il n'en résulte aucun jeune nous qu'un arbre d'agrément , propre aux
arbre sur le mont Liban , parce que la terre scènes des grands jardins paysagers , son
y est couverte de gazon , et que ce lieu est éducation et sa multiplication sont entre les
un rendez-vous où le peuple s'assemble. Il mains des pépiniéristes , qui l'élèvent de
est donc probable que bientôt il n'yaura plus graines recueillies sur quelques anciens in
aucun cèdre sur le mont Liban , et que la dividus qui commencent à fructifier assez
destinée de ce colosse du règne végétal sera abondamment en France, en Angleterre et
entièrement entre les mains des cultivateurs. en Allemagne, pour qu'on ne craigne plus
Heureusement que le degré de civilisation d'en perdre l'espèce. Quoiqu'il soit assez dif
où les peuples de l'Europe sont parvenus , ficile de tirer les graines de leur cône, je
ne laisse aucune crainte de voir l'extinction n'en dirai rien , puisque tous les pépiniéris
de sa race, et qu'il est permis d'espérer qu'on tes connaissent les différens moyens de les
enverra plutôt planter des forêts, que sa en faire sortir.
multiplication négligée. Semis. — Les graines du Cèdre doivent être
Le tronc d'un cèdre mesuré sur le Liban semées au printemps, à une exposition
même, avait 36 pi. et demi de circonférence, chaude et ombragée , afin que le jeune plant
et ses branches couvraient une étendue de puisse acquérir, dans le courant de l'été,
111 pieds de diamètre. Des observations fai assez de force pour résister aux dangers de
tes sur celui planté en 1754, au Jardin-du- l'hiver suivant. C'est donc un bon usage de les
Roi à Paris, établissent que cet arbre croit semer en terrine dans de la terre de bruyère,
d'environ 5 lignes en diamètre chaque an de placer la terrine sur une couche tiède, de
née, pendant les premiers siècles de son la couvrir d'un panneau de châssis, de l'om
existence. Quant au nombre de siècles qu'il brer, et de tenir la terre de bruyère suffi
peut vivre, on ne sait rien de certain à cet samment chaude et humide pour que la ger
égard. Au reste, le cèdre du Liban intéres mination s'effectue en 15 ou 25 jours. Quand
sera toujours par son port majestueux, sa les cotylédons sont sortis , il faut diminuer
taille colossale, son aspect étranger, sa ver de beaucoup l'humidité de la terre en ména
dure sçvère et la disposition de ses vigou geant les arroseraens , éviter que le soleil no
chap. V. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 43
vienne frapper le jeune plant , donner un préparée, on choisit un jeune cèdre bienfait,
peu d'air, mais bien prendre garde que le dont la croissance n'a pas souffert, qui sur
vent ne s'introduise sous le panneau , car la tout n'a pas perdu sa flèche, car quoique
grande humidité , le soleil et le vent , sont les jeunes cèdres s'en reforment une autre
trois ennemis dangereux pour beaucoup de assez facilement , il ne faut pas trop y comp
graines en germination.Si le jeune plant n'est ter; d'ailleurs ce n'est jamais qu'aux dépens
pas trop dru, on peut le laisser dans la terrine de quelques années décroissance qu'une flè
toute l'année pour le rentrer en orangerie aux che se reforme. Si la tige du jeune cèdre
approches de l'hiver, ou bien, s'il est pressé, convient, on le dépotera pour examiner l'é
repiquer séparément chaque individu en tat de ses racines, et pour peu qu'il s'en
motte quand, les cotylédons sont bien déve trouve d'avariées , il faut le refuser. Quand
loppés , dans autant de petits pots en terre au contraire elles sont en bon état , on
de bruyère mélangée avec un quart de terre gratte la circonférence de la motte pour en
franche on normale , arroser modérément , faire tomber un peu de terre et mettre leurs
tenirà mi-ombre jusqu'à ce que la végétation extrémités à nu, sans les blesser ni les ra-
se manifeste par l'alongemenl de la jeune courcir; on plante de suite afin qu'elles ne
tige; en novembre, on rassemble les pots se dessèchent pas, et on arrose légèrement
dans un châssis , on les couvre de panneaux et doucement pour les attacher à la terre.
vitrés , et on prend bien garde que l'humi Le cèdre voulant croître en liberté, les seuls
dité ne s'introduise dans le coffre pendant soins qu'il réclame pendant sa jeunesse ,
l'hiver, autrement le jeune plant fondrait. sont quelques arrosemens dans les saisons
Pendant les deux et trois premières an sèches, des sarclages au pied pour que les
nées , la prudence demande que l'on abrite mauvaises herbes ne mangent pas la terre,
les jeunes cèdres des intempéries de l'hiver; de l'air et de la place pour qu'il puisse éle
après ce temps révolu, ils sont moins sensi ver sa tête au-dessus des plus hauts arbres
bles et ne reclament plus d'abris, mais il d'alentour, tandis que ses branches infé
faut chaque année leur donner un plus grand rieures couvriront au loin le sol où il est
pot et de la terre de bruyère mélangée avec planté.
un tiers de terre normale. On pourrait les Depuis long-temps on fait des vœux, si
planter en place et à demeure à l'âge de 4 ans; non pour voir des forêts , du moins pour voir
cependant le plus souvent on les conserve planter des masses imposantes de cèdres
en pot beaucoup plus long-temps , parce que sur le sol de la France. Un seul mot du
l'occasion de les planter ne se présente pas gouvernement suffirait pour que quelques
encore fréquemment dans l'état actuel de grands propriétaires les réalisassent.
nos cultures; pendant ce temps, leurs raci 2. CYPRES commun ( Cùpressus sempervi-
nes se contournent dans le pot, forment la rens, Lin.). — Petit arbre pyramidal, origi
boule , prennent une mauvaise direction , et naire de la Grèce, ne s'élevant guère qu'à la
lorsqu'on met l'arbre en place, elles ont de hauteur de 25 ou 30 pieds, et dont le tronc
la peine à s'attacher au sol, et à s'étendre au ne prend que 8 ou 10 pouces de diamètre sur
loin pour aller chercher leur nourriture. notre sol. Son bois est assez fin , plus beau
C'est un inconvénient que partagent tous les que celui du pin ; mais, lorsqu'on le travaille,
arbres qui sont restés long-temps en pot, et soit vert, soit séché depuis long-temps, il ré
qu'il n'est guère possible d'éviter dans le pand une forte odeur désagréable. L'usage
commerce des plantes. Si on les élevait en de cet arbre se bornera probablement tou
pleine terre , ils croîtraient plus vile et leurs jours à accompagner les tombeaux et à pro
racines seraient en meilleur état; mais les duire des scènes mélancoliques dans les
difficultés de les lever, de les faire voyager grandsjardins paysagers. Il a une variété don t
en motte, et le danger qu'ils courraient à la les branches étendues horizontalement for
reprise, ont déterminé les pépiniéristes à ment moins la pyramide.
les élever toujours en pot. 3. GENEVRIER comwiu/i {Juniperm commu-
Les voyageurs ne nous ayant pas fait con nis,lin.){fig. 68).— Celte espèce croit sponta-
naître la nature de la terre du Liban, nous Fig. 68
sommes obligés d'examiner la croissance
des cèdres plantés sur différens sols en
France, pour reconnaître celui qui est le
Elus favorable à la végétation de ce bel ar-
re; et l'examen apprend qu'il croit mieux en
bonne terre siliceuse , plus sèche qu'humide,
que dans toute autre terre. C'est donc dans
les sols de cette nature qu'il faut planter le
cèdre si l'on veut le voir bien végéter et qu'il
développe toute sa majesté au profit des ra
ces futures.
Pour planter un cèdre avec la plus grande
chance de succès, il faut faire un trou carré de
6 pieds de diamètre et de 2 pieds i à 3 pieds de
profondeur, l'emplir d'un mélange composé
de 1/2 terre de bruyère , 1/4 sable siliceux
et 1/4 terre franche ou normale, et l'affaisser
modérément si l'on doit planter de suite.
Uépoque la moins dangereuse est la fin d'a-
vril pour notre pays. La terre étant ainsi
44 AGRICULTURE FORESTIÈRE ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. Lrv. V.
Dûment en France, et se trouve plus fréquem- Depuis 3 ans seulement on a commence à le
mentvers le nord de Parisquevers le midi.On multiplier avec assez de succès par la greffe
la rencontre plus souvent dans les mauvaises en fente et herbacée sur le genévrier de Vir
terres que dans les bonnes ; c'est sur la pente ginie ; mais ce dernier genévrier n'étant
des collines calcaires, nues, exposées au nord, qu'un petit arbre, il ne pourra jamais four
qu'elle parait se plaire, et où elle se multi nir nu genévrier d'Orient assez de nourriture
plie le plus, sous forme de petits buissons pour en faire un grand arbre. Peut-être que
hauts seulement de 3 à 4 pieds, tandis que les si on le greffait sur racine, il s'affranchirait
individus oui croissent en bonne terre dans et prendrait le développement qui lui est na
les bois s'élèvent à la hauteur de 12 à 15 pieds. turel. Dans tous les cas, il vaudrait toujours
Le genévrier commun a les rameaux étalés, mieux en faire venir des graines de son pays
pendans ou inclinés, diffus ; les feuilles op natal, et le multiplier abondamment de se
posées 3 par 3, linéaires, piquantes, longues mis sur notre sol.
de 6 lignes, d'un vert sombre et foncé. Geivevrier</£ Virginie {Juniperus Virginia-
Ses fleurs, petites et de peu d'apparence, s'é n«,Lin.). On appelle assez communément ce
panouissent en mai, et il leur succède de lui-ci cèdre, cèdre rouge, cèdre de Virginie\x%
petits fruits ronds, noirâtres, un peu charnus, crayons de plombagine sont enveloppés de
globuleux, de deux lignes de diamètre, mû son bois, qui est rougeâtre et odorant. C'est
rissant en automne, d'une saveur très-aro un arbre qui , dans son pays, s'élève à la hau
matique, âcre, un peu amère, et dont on fait teur de 30 à 40 pieds sous une forme pyrami
usage en médecine et surtout en économie dale; mais ici on n'en connaît guère qui aient
domestique. Dans plusieurs départemens, les plus de 20 pieds de hauteur; ils sont très-
pauvres se fabriquent une boisson en mettant rameux, laissent pendre leurs branches flexi
une certaine quantité de fruits de genévrier bles, effilées, couvertes de très-petites feuil-
dans un tonneau avec de l'eau , et en remuant lées ternées, imbriquées, et beaucoup moins
le tout de temps en temps; il en résulte une longues et piquantes que dans le genévrier
liqueur piquante, aromatisée, qui d'abord ne commun. Les fleurs des individus mâles ré
parait pas agréable, mais à laquelle on s'ac pandent un pollen si abondant qu'il en ré
coutume. sulte un petit nuage jaunâtre lorsqu'on les
Le genévrier commun ne devenant jamais secoue. Les pieds femelles se chargent d'une
grand, son bois est ordinairement abandonné énorme récolte de fruits bleuâtres, moins
aux pauvres gens, qui en font des bourrées gros que des pois, et moins aromatisés que
du genévrier commun. n —-»
pour brûler. Dans les endroits où ij s'élève On ne s'enesrt
en petit arbre, on l'exploite en merrains pour que pour multiplier l'espèce.
en faire des seaux et d'autres vases, qui du J'ai vu exploiter en planches des troncs de
rent très-long-temps, parce que ce bois est genévriers de Virginie crûs en France ; ils
incorruptible et d'un grain très-fin. Il est avaient 8 ou 9 pouces de diamètre; leur au
d'ailleurs d'un assez beau rouge qui s'avive bier était blanc, et formait à peu près le tiers
encore avec le temps. Je n'ai rien à dire sur de leur diamètre; le cœur était d'un aussi
la multiplication de ce genévrier, puisqu'on beau rouge, était aussi fin, aussi odorant, et
ne le cultive pas, et qu'on laisse à la nature se polissait aussi bien que celui qui nous vient
d'Amérique. Je pense donc que le cèdre ou
et aux oiseaux le soin de sa conservation.
Genévrier d'Orient {Juniperus excelsa, genévrier de Virginie, qui jusqu'ici n'a été
cultivé que comme arbre d'ornement dans
Wild.).—Celui-ci est un grand arbre pyrami les jardins paysagers, pourrait se cultiver en
dal, originaire des bords de la mer Caspienne, grand pour l'usage de son bois. Son éduca
où il croit, selon Willdenow, dans les sols tion n'offre aucune difficulté. On en sème les
arides et pierreux. On ne le connaît guère en graines eu terre légère ou de bruyère à mi-
France que par quelques individus qui exis ombre; on repique
tent çà et la dans quelques jardins, et qui de distance pour lelefaire jeune plant à un pied
fortifier, et on le
proviennent de graines envoyées de Madrid met en place quand il a atteint la hauteur de
par le docteur Ortega il y a environ 50 ans.
Malheureusement ce peu d'individus se trou 2 àParmi 3 pieds.
les autres genévriers qui peuvent se
vent tous mâles ou stériles. Ce n'est même cultiver en France, mais dont le bois n'est
que depuis très-peu d'années que l'on a porté de nulle valeur, je citerai seulement le Cade,
quelque attention au seul pied de cette espèce Juniperus oxycedrus , qui fournit l'huile de
planté dans le temps au Jardin-du-Roi à Pa cade dans nos départemens
ris ; et comme si une fatalité le poursuivait, la Sabine, Juniperus sabina, méridionaux, et
qui se reconnaît
il se trouve placé si près de l'endroit où à son odeur forte et désagréable,
l'on élève aujourd'hui (1834) un nouveau ca fait usage particulièrement dans la et dont ou
médecine
binet de minéralogie, qu'il n'est pas proba
ble qu'il puisse être conservé. Le tronc de vétérinaire.
4. MÉLÈZE ( Larix Europœa, Lin.; angl.
cet arbre a 15 pouces de diamètre sur une L&rch. ) {fig. 69). — Cet arbre magnifique ne
assez grande longueur; sa hauteur n'est guère croit naturellement
que de 45 pieds , parce que,géné, étouffe par dessus des chênes etque dans les Alpes, au-
des sapins, et dans le
des arbres voisins pendant sa jeunesse, il n'a nord de l'Europe. Cependant on le mul
pu jouir de l'air qui lui était nécessaire pour
s'élancer selon sa nature; mais on voit assez tiplie facilement dans les plaines aux en
que sans ces inconvéniens il aurait formé un prèsvirons de Paris. Il est le seul avec le Cy
beau fût; et comme tous les genévriers ont chauve, parmi les arbres conifères, qui
le bois précieux par leur couleur, leur den perde ses feuilles pendant l'hiver. Dans les
sité et leur force, on regrette que celui-ci ne Alpes, on en trouve dont le tronc a 6 pieds
soit pas par millions sur le sol de la France. de diamètre, sur une grande longueur, et qui
ciUP. 2*. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS OTDIGÊNES. 45
terre, appartenant à sir John Sainclair, sur
Fig. 69. laquelle on a planté une immense quantité
de mélèzes il y a une soixantaine d'années,
et que l'on estime aujourd'hui à 10 millions de
francs. D'après cet exemple, M. le comte de
Rambuteau, préfet de la Seine, vient d'en
faire planter plus de 300,000 sur ses proprié
tés, dans des terres auparavant incultes et
sans valeur.
Les feuilles du mélèze tombent toutes à l'au
tomne, et se renouvellentau printemps; elles
sont linéaires, longues d'un pouce, d'un vert
tendre, naissent par faisceaux sur les bran
ches d'un an et alternes sur les pousses ac
tuelles. On peut impunément tondre ou cou
per au rez du tronc toutes les branches
des gros mélèzes, comme on fait aux peu
pliers d'Italie, en ne conservant quelaflèche,
ils repoussent une quantité d'autres bran
ches qui semblent ranimer la végétation. Les
s'élèvent à 140 ou 150 pieds de hauteur, droits fleurs sont monoïques, et les cônes qui leur
comme des flèches, sous une forme pyrami succèdent sont de la grosseur du pouce,
longs de 15 lignes, et se tiennent verticale
dale élancée, parce que leurs branches, éten ment. Quant au semis et à l'éducation du mé
dues horizontalement ou inclinées, sont fort
courtes. Mais ces beaux individus naissent et àlèze, ce sont les mêmes que ceux expliqués
l'article du Pin sylvestre. {Voy. ci-devant.)
périssent sur place, l'homme n'ayant aucun 5. IF [Taxus baccala, Lin.) [fig.10).— Vit
moyen de les en extraire. Quant à ceux éle
vés dans nos cultures, on n'en trouve encore Fig. 70.
guère dont le tronc ait plus de 2 pieds de dia
mètre et s'élève à plus de 100 pieds de hau
teur. Cependant nous les trouvons fort bea ux,
et fondons de grandes espérances sur eux ,
comme devant devenir propres à la haute
mâture. Le bois du mélèze passe pour incor
ruptible et avoir les qualités de celui des
meilleurs pins; il est tantôt blanc, tantôt
jaunâtre ou coloré en rouge ; on l'estime
beaucoup pour la charpente, pour toutes
sortes de constructions, et M.u.kmif.hhks cite
des maisons, dans les Alpes, bâties en mé
lèze, qui avaient plus de 200 ans, et dont les
bois étaient si durs qu'il ne put y faire entrer
la pointe d'un couteau.
Outre de la résine, qui est toujours liquide,
et que l'on extrait en faisant des trous dans
le bas de l'arbre, le mélèze contient encore,
mais seulement au centre, dit Pallas, une
gomme semblable à la gomme arabique. La
manne de Briançon est une substance qui
suinte pendant la nuit des jeunes branches
du mélèze, et qui se concrète en petits grains
blancs pendant le jour. Sa sortie est favorisée est un arbre originaire des montagnes du midi
par les piqûres d'un puceron; et quand les de l'Europe j il ne craint nullement les ri
abeilles en recueillent une partie, elle nuit à gueurs de nos hivers, mais sa croissance est
la qualité de leur miel. très-lente, et quoique avec le temps son tronc
Les plus beaux mélèzes du centre de la devienne fort gros, sa hauteur ne s'élève pas
France sont, je crois, ceux plantés sur la au-dessus de 30 à 40 pieds. Lorsqu'il croit en
montagne Saint-Martin-le-Pauvre, à Thury liberté, il affecte assez la forme pyramidale;
(Oise), vers 1790, avec nos pins indigènes et ses rameaux s'étendent horizontalement et
ceux d'Amérique. Ils ne le cèdent en grosseur laissent un peu pendre leurs extrémités; ses
qu'aux pins du lordWeimouth ; mais ils sont feuilles sont très-nombreuses, alternes, dis
beaucoup plus hauts, et promettent une bien tiques, linéaires-lancéolées, aiguës, longues
plus longue existence.D autres mélèzes plan de 6 à 8 lignes, d'un vert foncé très-som-
tés à Trianon dix ans auparavant sont moins bre ; on leur reproche de répandre une ,
gros et moins hauts. Il n existe aucun jardin odeur nauséabonde capable d'incommoder
paysager qui ne renferme un certain nombre les personnes qui resteraient long -temps
de cet arbre, mais nulle part on n'en voit de sous leur ombre. Aux petites fleurs jaunâ
plantation considérable, quoique l'on con tres, dioïques et peu apparentes de l'if,
vienne que son bois est de beaucoup supé succèdent des fruits ovales, gros comme des
rieur à celui du pin sylvestre pour une infi pois, qui deviennent d'un très-beau rouge,
nité d'usages et pour sa plus longue durée. charnus, visqueux, et que les enfans man
Cependant on cite une propriété en Angle- gent impunément sous le nom de marviaux.
46 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORÉSTIERS. tiv. m*.
Le bois de l'if a l'aubier blanc, peu épais, rée et propre aux constructions, est d'autant
et le cœur d'un beau rouge-orange, nuancé, plus estimé qu'il provient d'une espèce à
très-dur, très-lourd, d'un grain fin, incorrup plus grandes dimensions, qu'il a le grain plus
tible, prenant un beau poli, très-propre aux fin et offre plus de résistance aux agens des
ouvrages de marqueterie, de tour, et pour tructeurs. Jusqu'à présent, c'est dans le pin
plaquer des meubles; le croisement de ses sylvestre que les peuples de l'Europe ont
fibres le rend aussi très-propre aux ouvrages trouvé le plus de qualités utiles, et c'est par
de charron nage et à tous ceux où il faut du lui qu'il convient de commencer l'énuméra-
liant et de la dureté. Cependant on ne plante tion des espèces susceptibles d'être mention
aucun if pour ces usages, et il n'en existe nées dans cet ouvrage. Pour les présenter
aucune forêt nulle part. Autrefois on le pro avec un certain ordre, on les divisera d'a
diguait dans les jardins d'agrément, où on le près le nombre de feuilles contenues dans
taillait sous toutes sortes de formes; mais, chaque gaine.
en abandonnant ces goûts bizarres, on a cesse
de multiplier l'arbre qui était le seul propre 1. Pins à deuxfeuilles.
à les satisfaire, et l'if est aujourd'hui assez
rare partout, quoique son bois soit toujours Pu» sylvestre ( Pinus srbestris, Lin.; angl.
estimé. ff'ildpine, Scotch pinc; ail. Kiefer; ital. Pino),
L'if peut se multiplier de boutures faites Pin de Riga, pin de Russie, pin de Haguenau,
pendant l'hiver, à l'ombre et dans Hne terre pin de Genève, pin à mâture.—Cet arbre pré
substantielle ; mais les arbres qui en pro cieux parait varier et perdre de ses qualités
viennent ne sont ni aussi beaux ni ne s élè à mesure qu'il s'éloigne des parallèles placés
vent autant que ceux provenus de graines. entre le 50e et le 60e degrés de latitude nord
C'est par graines,qu'il donne assez abondam de l'Europe; aussi est-ce de ces régions que les
ment, qu'il faut donc le multiplier; on doit puissances maritimes le tirent de préférence
les semer aussitôt qu'elles sont mûres , afin a toute autre pour la mâture de leurs vais
que la plus grande partie lève le printemps seaux et pour diverses parties des construc
suivant; autrement elles seraient deux ou tions navales, civiles et militaires. II faut
trois ans à lever. On fait le semis sur un bout croire qu'il s'y multiplie rapidement, car,
de planche à l'ombre, en terre douce et d'après l'immense quantité qu'on en tire
fraîche, et quand le plant a 3 ou 4 pouces de chaque année depuis des siècles, le pays en
hauteur, on le repique à la distance de 8 à serait dépourvu s'il n'y croissait pas plus
12 pouces, et on le laisse grandir jusqu'à ce promptement qu'en France, et ne se repro
qu'il ait atteint la hauteur de 2 à 4 pieds, qui duisait pas plus abondamment par ses grai
est la taille la plus convenable pour le planter nes. On le trouve aussi dans les Alpes, les
enfin à demeure. Quoique l'if ne soit pas Pyrénées, les Vosges, en Auvergne; mais
difficile sur la nature de la terre ni sur 1 ex dans aucun de ces endroits on ne lui recon
position, il croit cependant mieux en bonne naît ni la hauteur ni les qualités de celui qui
terre à blé que dans toute autre. On a même nous vient d'au-delà du Rhin. C'est pour
remarqué que des ifs venus en terre très- quoi les économistes et les constructeurs en
calcaire avaient le bois moins bon que celui font une espèce distincte de ceux de la même
d'autres ifs venus en terre moins calcaire. sorte naturels ou élevés en France, tandis
Il existe quelques autres espèces d'if dont que les botanistes soutiennent que ces diffé
je ne parle pas, parce qu'elles ne peuvent se rences ne constituent que des variétés dues
cultiver en pleine terre sous notre climat. au climat et au territoire. Le gouvernement
6. PIN ( lat Pinus; angl. Fir; ail. Fichte ; en a fait venir des graines de Russie il y a
ital. Pino ). — Voici le genre le plus nom une trentaine d'années, et en a fait planter
breux en espèces, et le plus utile de la famille une petite forêt près de Rochefort,qui donne
des conifères. Les zones froides des deux actuellement de grandes espérances. Des par
mondes en produisent des forêts immenses, ticuliers en ont planté aussi dans l'espoir
tandis que les pays chauds n'en montrent qu'il soutiendra chez nous la réputation qu'il
que quelques espèces particulières et en pe a dans le nord. La forêt de Fontainebleau en
tit nombre. Quelques-unes s'élèvent à plus contient maintenant à peu près 10 mille ar-
de 150 piedsde uauteur.et d'autres atteignent pens de différens âges, et dont le premier
au plus 12 ou 15 pieds d'élévation. Toutes semis a été fait avec des graines tirées en
ont les feuilles filiformes, longues de 2 pou partie de Russie en 1786; je dis en partie,
ces à 1 pied, réunies de 2 à 5 à la base par car on a semé en même temps et en mélange
une petite gaine; les fleurs sont monoïques, du pin maritime.
disposées en chaton , et le pollen des fleurs Pour que le pin sylvestre atteigne toute sa
mâles est si abondant, qu'emporté au loin hauteur, qui est de plus de 100 pieds, il faut
par le vent et tombant sur la terre, on l'a qu'il croisse en forêt et en futaie; alors sa
quelquefois pris pour une pluie de soufre. tige file droit comme un cierge et son écorce
Le fruit, appelé cône, est de différentes gros reste lisse et grisâtre; ses rameaux, ternés
seurs, selon les espèces. Les graines ne mû ou quaternés, forment des étages plus éloi
rissent qu'à la seconde année, et même qu'à gnés les uns des autres et le bois du tronc en
la troisième dans le pin Pignon. Ces graines; est meilleur; ses feuilles, longues de 3 pouces
munies d'une aile plus grande qu'elles ( ex dans les jeunes plants bien venant, et lon
cepté dans le Pignon et le Cimbro ), sont fa gues seulement de 2 pouces sur les arbres
cilement disséminées au loin par les vents. adultes, sont d'un vert gris sombre, raides et
Toutes les espèces de pin produisent de la fort dures. Les fruits ( fig. 71 ) sont petits,
résine ou du goudron en plus ou moins grande plus courts que les feuilles, restent de la gros
quantité, et leur bois, toujours de longue du seur d'un pois pendant la première année ,
éiup. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 41
deviennent plus gros que le pouce, longs de de le labourer assez profondément pour faire
20 à 24 lignes, et mûrissent leurs graines dans le semis de la même manière; mais l'expé
la seconde année. rience a appris qu'un semis de pins fait sur
Fig. 71. une terre profondément labourée réussit
moins bien que sur une terre qui n'a été, en
quelque sorte, qu'égratignée parce que plus
la terre est ameublie à une grande profon
deur, plus les gelées successives de l'hiver
la soulèvent, déracinent les jeunes pins et
les font périr. L'époque la plus critique pour
un semis de pins est le premier hiver, sur
tout quand la terre ne reste pas couverte de
neige pendant long-temps. Quand on a com
mence à semer en pins de grandes parties de
la forêt de Fontainebleau, on labourait la
terre à grands frais, et jamais un quart du
semis ne réussissait, soit parce que la terre
se soulevait par les gelées pendant l'hiver,
soit parce que le jeune plant manquait d'a
bri. Le semis à la volée ayant encore d'autres
chances contre lui , il vaut mieux semer en
rayons dirigés de l'est à l'ouest, espacés entre
eux de 5 à 6 pieds. Dans ce cas, les uns con
seillent de planter au moins un an d'avance
des lignes d'arbustes et d'arbrisseaux dans
le même sens et à la même distance, et de
A l'inspection des pins sylvestres provenus semer ensuite les pins en rayons parallèles
du premier semis fait dans la forêt de Fon aux lignes d'arbustes et à 1 pied ou 15 pouces
tainebleau, il y a bientôt 60 ans, on peut pré de distance du côté du nord, afin que l'ombre
sumer que cet arbre gagne en croissance et des arbrisseaux protège le jeune plant des
en qualité jusqu'à l'âge de 100 ans, et qu'il y ardeurs du soleil. D'autres conseillent de
a de la perte à rabattre plus tôt s'il se trouve planter des lignes de topinambour au lieu
dans un sol favorable. d'arbrisseaux. Alors les tubercules du topi
Climat, sol, exposition.—Cetarbre paraltne nambour peuvent se mettre en place seule
pas pouvoir atteindre toutes ses dimensions ment 8 ou 15 jours avant qu'on exécute le
dans les plaines à une latitude pins sud que semis de pins, ou bien en même temps. Leurs
l'ouest de la France. Si on le trouve prospé tiges et leurs feuilles, se renouvelant à cha
rant dans les Alpes et les Pyrénées, cela tient que printemps, protégeront le jeune semis
à la hauteur des lieux. Un sol sablonneux, pendant plusieurs années, et fourniront une
pierreux, plus sec qu'humide, lui suffit; ce quantité prodigieuse de tubercules précieux
pendant il est loin de refuser ce que nous pour la nourriture des bestiaux. Pendant ce
appelons bonne terre légère. Les montagnes temps, l'intervalle entre les lignes pourra
siliceuses ou granitiques, qui laissent des être cultivé en légumes, pommes-de-terre
roches à découvert, lui conviennent beau ou autres plantes. Mais si la terre, au lieu
coup; là ses racines, naturellement courtes d'être nue, était couverte d'herbages et d'ar
et menues, s'alongent de 20 à 25 pieds, de brisseaux, on ouvrirait des rigoles profondes
viennent grosses comme le bras, courent et de 4 ou 5 pouces, larges de 7 ou 8, dans la
serpentent le long des roches, qu'elles sem direction et à la distance indiquées, et on
blent affectionner plus que la meilleure terre. sèmerait la graine de pin dans le fond des
J'ai découvert et constaté cette singularité rigoles. Les herbages et les arbrisseaux pro
dans la forêt de Fontainebleau, oii les roches tégeraient suffisamment le jeune plant. Ce
et les pins ne manquent pas. Quant à l'expo dernier procédé est employéavec succès dans
sition, celle du nord lui est le plus favorable ; la forêt de Fontainebleau, concurremment
mais sur les hauteurs, elle lui devient moins avec un autre moyen encore plus économi
nécessaire. que, qui consiste à semer à la volée les
Semis en place. — Tous les auteurs con graines de pin suret au-travers des bruyères,
viennent que pour former un bois de pins et de donner la bruyère aux pauvres gens du
ou pour en couvrir un grand terrain, la pays à condition qu'ils l'arracheront de suite.
meilleure manière serait d'y faire un semis Les graines se trouvent suffisamment en
de graines de cet arbre; mais on n'est pas terrées par l'arrachage des bruyères, et le
d'accord sur le meilleur procédé à employer jeune plant assez protégé par les her
pour réussir le plus complètement possible. bes qui restent et par les petits monti
Si le terrain est entièrement nu, les uns con cules de terre produits par l'arrachage. De
seillent de le labourer peu profondément, quelque manière que l'on sème en place, il
et au printemps, d'y semer a la volée des faut tâcher que les graines ne soient guère
graines de pin et de l'avoine ; cette dernière, qu'à 5 ou 6 pouces 1 une de l'autre; car, en
levant promptement, protégera le jeune supposant que toutes lèvent, il périra tou
plant de pins contre les ardeurs du soleil jours beaucoup de jeunes plants pendant la
pendant l'été. Dans ce cas, il faut semer l'a première et la deuxième année.
voine clair et la laisser périr sur pied. Si, au Semis en pépinière. — Quand des difficul
contraire, le terrain était couvert d'herbages tés ou quelque raison ne permettent pas
et d'arbustes, on ne pourrait se dispenser d'exécuter le semis en place, on fait le se
48 AGRICULTURE FORESTIÈRE : AR] RES ET ARBUSTES FORESTIERS, tsv. V.
mis en pépinière, c'est-à-dire dans un lieu avec une grande partie de la terre qui est
très-circonscrit, en bonne terre douce, lé entre leurs racines, et on va les placer dans
gère, à l'exposition du nord ou ombragée, les trous qui leur sont préparés. Cette fois-
sans cependant que la circulation de l'air ci il est rarement besoin d'arroser ; mais,
y soit interceptée. On laboure et on ameu pendant les 2, 3 ou 4 ans que ces jeunes
blit bien la terre, on en nivelle la surface, arbres peuvent rester en place, on les entre
on y sème en avril les graines de pin à en tiendra nets par de légers labours et des
viron un pouce de distance, et on les re sarclages.
couvre immédiatement de 3 ou 4 lignes Plantation en place. — Les pins qui ont
d'épaisseur de terreau, ou mieux encore de subi les deux opérations que je viens de dé
terre de bruyère. Les soins de toute l'an crire n'ont presque plus de danger à cou
née se borneront ensuite à quelques arro- rir lorsqu'on les plante définitivement en
semens quand la terre devieut trop sèche. place, parce que leurs racines seront moins
On laisse ordinairement le semis 2 ans sur longues, beaucoup plus ramifiées, et qu'on
place, mais lorsqu'il réussit parfaitement on est sur de pouvoir les enlever avec une motte
peut le repiquer à l'âge d'un an. plus ou moins considérable, ce qui est une
Premier repiquage.— Soit que l'on repique grande sécurité pour le planteur. — Pendant
à l'âge d'un an ou de 2 ans, c'est toujours en les 2, 4, et même 6 années que les jeunes
avril ou mai, quand les pins entrent en sève, pins peuvent rester dans cette position sans
qu'il faut les repiquer. A cet etfet on pré- souffrir, on a le temps d'aviser aux moyens
£are par un bon labour, à la bêche ou à la de préparer le grand terrain où l'on veut
oue, l'étendue de terrain nécessaire ; on définitivement les voir figurer, soit en ave
soulève les plants en passant obliquement nue, soit en quinconce, en massif ou en fo
une bêche au-dessous de ses racines; on les rêt. Si l'on plante les pins de l'une des deux
met dans un panier sans en secouer la terre, premières manières, c'est évidemment dans
et on va sans perdre de temps les repiquer la vue de n'en retirer que de l'agrément
en lignes, à la distance de 12 ou 15 pouces fiendant longues années; alors on espacera
l'un de l'autre, dans la terre préparée. Un es arbres à 20 pieds l'un de l'autre. Dans le
temps couvert est le plus propre pour cette troisième cas, on peut avoir le même point
opération, et on donne un verre d'eau à de vue que dans les deux précédens, alors
chaque plant pour l'attacher à la terre où on plantera à la distance de 15 à 20 pieds; ou
il restera pendant 2 ans, et recevra un la bien on peut vouloir en tirer profit en peu
bour chaque année et les sarclages néces d'années, alors on plantera à la distance de
saires. Le repiquage a l'avantage de multiplier 6 pieds. Quant à la plantation d'un grand
les racines du jeune plant, et d'augmenter bois ou d'une forêt de pins, c'est le profit
les chances de succès lorsqu'il faudra le plan qu'on a droit d'en attendre qui doit être le
ter définitivement à demeure. Ce n'est pas premier mobile; et pour que les frais puis
que du plant non repiqué ne puisse jamais sent rentrer le plus tôt possible en attendant
réussir; mais, quand les années ne sont pas le profit, il convient de planter les arbres à
favorables, il en meurt une grande partie. 6 pieds l'un de l'autre et en lignes. — Lors
J'ai moi-même planté avec le plus grand suc que les jeunes pins de la pépinière ont 4 ou
cès des pins sylvestres, hauts de 8 a 10 pieds, 5 pieds de hauteur, il faut penser à les
pris dans la forêt de Fontainebleau, qui n'a planter à demeure. Pour cela on leur prépa
vaient jamais été repiqués; mais il m a fallu rera des trous profonds de 18 pouces sur 3
employer des soins minutieux et des pro pieds de face s'ils sont carrés, ou 3 pieds de
cédés dispendieux impraticables dans une diamètre s'ils sont ronds, et on rejettera de
grande plantation. la meilleure terre dans le fond des trous
Deuxième repiquage.—Cette seconde opé pour les réduire à la profondeur de 12 ou
ration ne peut pas être un repiquage propre 14 pouces. Cette opération peut, ou plutôt
ment dit, c'est une transplantation, mais je doit se faire six mois, un an avant l'époque
conserve le mot consacré par l'usage. Le se de la plantation, afin que la terre s'ameu
cond repiquage n'est pas même toujours blisse et se bonifie. Quoiqu'on cite des exem
exécuté dans l'éducation des pins; cepen ples de plantations faites à l'automne qui
dant, comme il contribue à augmenter le ont bien réussi, il est toujours prudent de
nombre et les fibrilles des racines, c'est tou ne planter les arbres résineux qu'au mo
jours une bonne pratique de l'exécuter. C'est ment où ils entrent en sève. Quand on les
même sous ce point de vue que j'ai conseillé sort de terre plus tôt, leurs racines très-
de faire le premier repiquage à 12 ou 15 menues s'altèrent, pourrissent, et meurent
pouces de distance, car autrement il fau en partie avant que la végétation vienne
drait l'espacer davantage. Quand le premier pour les ranimer dans leur nouvelle posi
repiquage a 2 ans ou même 3, s'il n'a pas crû tion. Si l'on a beaucoup à planter, il faut
avec vigueur, on prépare, par un labour multiplier les bras pour que le tout soit ter
convenable, un terrain double en étendue miné en 8 ou 15 jours, en temps opportun.
de celui qui le contient, et on y ouvre, à 4 Les trous étant préparés, on lèvera les pins
pieds de distance, des trous de 8 à 9 pouces de la pépinière, en prenant bien garde d'en
de profondeur sur 1 pied de largeur, disposés dommager ni de raccourcir leurs racines ,
en lignes à 2 pieds 1 un de l'autre, et de ma entre lesquelles il devra rester beaucoup de
nière à former l'échiquier;ensuite,et toujours terre, et on les transportera aux trous qui
en avril ou mai, quand la végétation sem leur sont destinés pour les y planter avec les
ble commencer, on passe une bêche sous les soins requis par l'expérience.
racines des jeunes pins, on les soulève par une Manière de soigner et d'utiliser un semis ou
pesée, on. les enlève en motte, ou du moins une plantation de pins pendant les premières
CUAP. 2e. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 49
années. — Les jeunes pins, une fois à de- 1 lui-ci forme de grandes forêts en Ecosse ; on
meure, n'ont plus besoin de culture propre- ' l'indique aussi comme croissant naturelle
ment dite, parce que leur ombre fait mou ment dans les Alpes et dans les Pyrénées; les
rir les herbes qui se trouvent à leur pied; uns le considèrent comme une espèce distinc
mais si des arbrisseaux s'élevaient au-dessus te, et les autres comme une variété du pin
d'eux, il faudrait les en débarrasser. Dans sylvestre. Le fait est qu'on ne peut l'en distin
un semis à demeure, les individus sont tou guer par aucun caractère de quelque valeur,
jours beaucoup plus nombreux que la place et que ses légères modifications ne sont dues
et l'air nê le comportent, et les gros font mou qu'au climat. Les Anglais en font les mêmes
rir les petits, après en avoir souffert eux- usages que nous du pin sylvestre.
mêmes pendant quelque temps. Il vaut donc Pin horizontal {Pinus horizontalis). Au
mieux couper les petits rez-terre avant qu'ils tre variété remarquée depuis très-peu d'an
soient étouffés, et en faire des bourrées, nées parmi la précédente dans les forêts de
afin que les grands croissent plus à leur aise; l'Écosse. On la dit supérieure par les qua
et, en répétant cette opération tous les 2 ou lités de son bois, et divers auteurs l'ont déjà
3 ans dans le commencement, et à de plus préconisée. Elle est encore inconnue en
longs intervalles dans la suite, on prélude France. M. Soulaxgk-Bodin l'a introduite de
à rentrer dans ses frais. Cette espèce d'é- puis peu dans ses vastes pépinières.
claircie, qui fait partie de l'aménagement des Pin mugho {Pinus uncinata, De C). Celte
forestiers, s'appelle jardiner, éclairci en jar espèce croit dans les Alpes et les Pyrénées, où
dinant, et convient parfaitement aux pins. elle ne s'élève qu'à la hauteur de 12 ou 15 pu,
Elle se répète aussi souvent que les arbres et par conséquent ne mérite pas la culture.
paraissent se gêner réciproquement en crois Pin nain {Pinus pumilla, Waldst). Croit
sant trop près les uns des autres; toujours dans le Jura, et mérite encore moins la cul
on coupe près de terre les mal venant, les ture que le précédent.
Elus faibles, pour faire de la place aux plus Pin d'Alep {Pinus halepensis, Desf.). Arbre
eaux, aux plus élevés, jusqu'à ce que ceux- peu garni, assez élégant, haut de 25 à 30
ci soient à 20, 25, 30 pieds les uns des autres, pieds, feuilles longues et fines, d'un vert
qu'ils jouissent de tout l'air convenable, et glauque, réunies par deux ou par trois dans
que rien ne les empêche d'atteindre le maxi la même gaine. Il croit sur les deux rivages
mum de leur croissance. Pendant ces lon de la Méditerranée, en Provence, en Syrie et
gues années on retire d'un semis ou d'une en Barbarie. De Caudolle dit que c'est' de lui
plantation de pins en forêt, des bourrées, qu'on tire exclusivement le goudron en Pro
des fagots, du bois à brûler, du bois de char vence. Il est plus du ressort des jardins
pente, du goudron, en attendant que les gros paysagers que de la grande culture.
arbres soient eux-mêmes en âge d'être abat Pin pignon {Pinus pinea, Lin.). Cette es-
tus avec le plus grand profit. Fèce croit dans les parties méridionales de
Cette manière de semer et planter le pin Europe, et on la cultive peu en France. Son
sylvestre, d'en éclaircir le bois ou la forêt, tronc devient gros, mais sa hauteur ne parait
est applicable aux autres pins indigènes à pas devoir dépasser une cinquantaine de
grande dimension, aux exotiques, lorsqu'ils pieds, car il se forme naturellement une tête
ne craignent à aucun âge les rigueurs de nos hémisphérique fort large, qui ne lui permet
hivers, au mélèze, au sapin et à l'épicéa. Si pas d alonger sa flèche. Son écorce, à un
quelques-unes de ces espèces réclament de certain âge, présente des stries en hélice qui
petits soins particuliers ou moins de précau indiqueraient que le bois de son tronc est
tions, j'en avertirai à leur article, comme je tors, ce qui lui donnerait une grande force.
renverrai à celui-ci pour les généralités de Aussi Olivier dit-il qu'il sert exclusivement
leur culture. de mâtureà la marine turque. Ses feuilles sont
Vmd'Écosse {Pinus rubra,W\W.) (y%.72).Ce- plus longues et d'un plus beau vert que celles
Fig. 72. du pin sylvestre, et ses cônes {fig. 73) , gros
Fig. 73.
La formation des bois et forêts a lieu dé pratiquer dans les intervalles laissés par les
2 manières: par Vensemencement des graines; ensei;:ericemehs naturels.
par la plantation de jeunes plants déjà for Lorsque ces arbres ont rempli leurs fonc
més. tions, ou les abat successivement, avec un
L'ensemencement est naturel, ou artifi profil plus considérable, et sans crainte qu'en
ciel. La plantation est toujours un fait dé tombant ils ne détruisent la recrue.
culture et ne peutélrë qu'artificielle. Quant à l'ensemencement naturel des bois
L'enseineucemerit naturel a produit origi d'arbres résineux, il faut se régler d'après
nairement toutes lès forêts , et il peut suffire le principe de la différence essentielle des
à réparer leurs pertes naturelles pendant un propriétés des forêt» de pins, de celle des
tfemps indéfini. Elles conservent, dans cettfe forêts de sapins et d'épicéas situées sur les
condition et pendant cette période, lè iioiri montagnes.
de forêts naturelles. On à lieu de craindre, sur les montagnes ,
Les semences qui tombent des arbre» lor» et dans les forêts d'épicéas que l'on éclaircit,
de leur maturité assurent donc, salis lè ue les vents ne renversent les réserves dans
secours dé l'art, l'entretien naturel et la per es cantons entiers ; mais on ne doit pas
pétuelle durée des forêts. Ces arbres s'ap avoir cette crainte à l'égard des réservés de
pellent porte-graines. Il faut, dans l'exploita pins sauvages. Tous les ans, celles-ci répan
tion économique des bois, savoir ménager dent en plus ou moin» grande quantité dans
cette ressource précieuse. Les arbres porte- les champs, leurs semences ailées auxquelles
graines garantissent eu outre contre l'ardeur elles donnent, dès qu'elle» sont levées, les
du soleil, les sécheresses, les vents, les gelées et abris et l'ombre que la nature légère du
la crue des herbes nuisibles, les plants régéné sol des forêts de pins leur rend Si néces
rateurs provenant des graines qu'ils ont pro saires.
duites et répandues sur la terre. Pour favoriser le repeuplement naturel
des forêts de pins sauvages, il convient de
Section i". — Forêtt naturelles. n'abattre annuellement qu'un tiers de la
coupe, sauf, pour avoir la même quantité de
L'ensemencement naturel se fait différem bois, à entamer trois coupes à la fols. I/an-
ment dans les forêts de boisfeuillus, et dans née suivante, on exploite dans la même pro
les bois d'arbres résineux, et vent ainsi être portion, tant sur ces trois coupes que sur une
particulièrement étudié et conduit dans l'un nouvelle coupe annuelle. Quand, par suite
et dans l'autre cas. ., de ce procédé, la première coupe se troiive
Les bois feuillus ou à feuilles caduques ensemencée, on y enlève peu à peu les ar
portent, ou des semences pesantes oui tom bres à semence, avant que leur exploitation
bent directement autour do leurs pieds,ou des puisse nuire au jeune bois. En suivant d'an
semences légères que les vents emportent à née en année l'ordre établi pour la première
une certaine distance, ou enfin des semences coupe, l'on parviendra à le» repeupler sans
ailées qui se disséminent facilement au loin. frais considérables pour tes ensemencemens,
Les semences pesantes ont besoin d'être surtout si on a eu égard aux années fertiles
plus enterrées que les semences légères. en graines pour tneltre les coupes en dC-
La connaissance de ces propriétés des fens.
graines apprend quelle est, pour chaque es Les ensemencemens naturels ne sont qu'un
pèce,l'étendue des repeuplemens naturels en secours léger et incertain pour le repeuple
jeunes plants qu'il est permis d'attendre des ment naturel des forêts d'épicéas, qui fcont
arbres porte -graines, et par conséquent souvent plusieurs années sans produire dé
quel est le nombre de ces arbres à conser graines fertiles. On les favorisera, alitant
ver, lors des exploitations, pour faire tour que possible, feu évitant que les coupes né
nerai) profit des repeuplemens naturels tous livrent passage aux vents de l'ouest, ei en
les avantages offerts par la nature. leur donnant une forme demi-circulaire,
Pour aider les porte-graines à bien effectuer puisque les terrains exploités doivent être
les ensemencemens, il y a seulement quel ensemencés par la partie de la forêt qilt Ht
ques soins à prendre, tels que la préparation encore eh massif, et non à l'aidé de baliveaux.
du terrain à recevoir la semence, une légère Mais il faudra surtout avoir recours aux en
culture, la mise en défense du canton et d'un semencemens artificiels
ternis artificiel qu'il peut être nécessaire de Quand lesforêts de sapins se trouveront à
«8 AGRICULTURE FORESTIERE : PLANTATION DES FORETS. ut-
Ïieu près également méléesd'épicéas,il faudra mide et une température fraîche qu'on lui
eur appliquer le mode d'aménagement indi procure en l'élevant d'autant plus au-dessus
qué pour eus derniers. Mais, vu les propriétés du niveau de la mer. Comme il retrouve l'uue
diverses de chacune de ces espèces d'arbres, et l'autre dans les lieux bas et très-humides,
et les différentesqualilés de leurs graines, iné marécageux même, l'expérience a prouvé
gales en pesanteur et en durée, il faut les qu'il s'accommodait très-bien de cette sorte
traiter suivant la méthode indiquée pour les d'exposition. Il ne faut pas uu aussi bon
pins, d'après laquelle on ne doit pas faire fonds aux arbres à racines traçantes et super
de coupes à blanc-étoc, et prendre succes ficielles, qu'à ceux dont les racines pivotan
sivement le bois dont on a besoin dans un tes et perpendiculaires vont chercher la
canton déterminé, mais en en favorisant le nourriture a une grande profondeur. 11 faut
repeuplement. placer à l'abri des vents violens qui régnent
Le repeuplement des forêts de mélèzes sera au bord de la mer et désolent certaines con
au contraire soumis aux principes indiqués trées, les arbres dont la cime branchue et le
pour celui des forêts d'épicéas. feuillage épais donnent tropdcpriseà leur ac
tion. Les bois propresauchauflàgeauront tou
Section h. — Forêts artificielles. jours l'emploi de leurs produits assuré dans les
pays de minerai et dé hauts fourneaux, et à
Les forêts artificielles proviennent de se la portée de diverses usines dont les produits
mis ou de plantations faits par la main des se traitent parle feu, comme les verreries. Les
hommes. bois blancs, donnant de la volige, seront em
Les endroits qui sontprivés delà ressource ployés aux emballages de ces ciablisseniens,
des ensemencement naturels, ainsi que tous et, portés près des rivières et des canaux, ils
les lorrains vides destinés à la culture des bois, pourront arriver sans trop de frais vers les
rentrent dans le domaine de l'art, auquel il points où la consommation eu sera assurée.
appartient de les peupler. Cet art forme le Les boisqui donnent descercleset des échalas
premier et prineipal objet de la science fo serontd'unrevenu certain danslespays de vi
restière. Ses moyens sont : r les semis; 2° les gnobles. Les pins donnant de la mâture, des
plantations. pièces propres aux constructions navales, et
i Art. l". —Des semis. des produits résineux, à la portée des ports
de mer, offriront une source de richesse à
Les semis artificiels ont pour objet de rem des contrées frappées d'une stérilité immé
placer les arbres à semences. Ces semis au moriale.
ront un succès aussi heureux et plus uni 5 H. — Bonté des semences.
forme que les ensemencemens naturels, s'ils
sont bien dirigés. Les méthodes les plus sim Le succès de tout semisdépend essentielle
ples et les moins coûteuses sont, dans tous ment de la bonté des semences; il y a S con
les cas, les plus sures, si elles imitent la mar ditions principales pour qu'une graine soit
che de la nature et sont employées avec la bonne ei propre à germer.
prudence convenable. Ainsi , pour les semis La 1" est d'avoir pris complètement sa
artificiels, on doit s'occuper principalement: forme sur la mère plante, et d'avoir reçu,
1° de choisir les essences convenables; 3° de par une fructification convenable, un germe
s'assurer de la bonté des semences; 3" de s'en fertile. Chaque graine, bien nuire et bien
procurer une quantité suffisante ; 4° de choi formée,doit avoir 3 pièces essentielles, savoir:
sir et préparer convenablement le terrain; une enveloppe extérieure et une intérieure,
5° de saisir le temps propre aux elisemence- une amande, et un germe qui est le rudiment
mens; 6° d'enterrer la semence de manière de la plante future.
à ce qu'elle ne soit ni trop ni trop peu recou La 2' condition est d'être parvenue à un
verte; 7° enfin, d'examiner si l'entreprise degré oonvenable de maturité. La maturité
doit se faire en grand ou en petit. se reconnaît lorsque le fruit, la capsule ou le
§ I".— Choix des essences. cône qui la renferme a acquis tout son déve
loppement; qu'elle contient elle-même et à
Les semis en çrand doivent toujours se l'état sain les parties huileuses et farineuses
faire avec des espèces de bois dont le mérite qui lui sont propres; que l'amande en est
est reconnu dans l'économie forestière, et bien formée et de la conteur et odeur qui lui
qui conviennent le plus aux besoins du pays sont propres; et, pour la plupart des bois,lors
et à la nature du terrain. Il serait contre toute que celle semence se détache naturellement
raison d'infester les forêts des essences les de l'arbre.
moins utiles, et de négliger celles qui ont La 3* condition dépend d'une bonne mé
toujours eu ou qui promettent un succès et thode de récolte et de conservation.
des avantages assurés. Les bois résineux se De la récolte. — Les semences doivent être
ront confies aux sols légers, sablonneux, récoltées fraîches et mûres, elélre à l'instant
couverts de bruyère, en ayant égard à la dis étendues spacieusement dans des endroits
tinction qui doit être faite entre les pins aérés, où on les remue souvent pour les faire
proprement dits, les sapins, les épicéas, les sécher, leur donner un dernier degré de ma
mélèzes, et entre les résineux indigènes et les turité, et empêcher par là qu'elles ne s'é
résineux exotiques. Le pin du lord, par exem- chauffent et ne se corrompent. — On doit
Î)le, s'élève daus les terrains bas, frais et pro- avoir recours à ces moyens, soit que la graine
bnds de l'Amérique septentrionale, et le Pi- doive être semée tout de suite, soit qu'elle
nus uungens croit sur des plateaux secs et doive être conservée.
élevés, il faut au mélèze une atmosphère hu- Dans ce dernier cas, la conservation, clia
FORETS ARTIFICIELLES; SEMIS.
que espèce de graine demande un traitement du jour donnera plus de chances de
particulier; niais pour toutes les graines on On pourra aussi protéger la levée des grain*
doit avoir l'attention de prévenir, par les par des abris artificiels, susceptibles d'être
moyens appropriés, dont la stratification appliqués même à de grandes surfaces. Les
( voy. t. III, p. 3) est le plus efficace, la trop vents de l'ouest et l'ardeur du soleil couchant
grande déperdition des fluides qu'elles con frappant un sol déjà desséché parla chaleur
tiennent, et d'empêcher qu'elles ne fermen du jour , non seulement font beaucoup de
tent, ne se pourrissent ou ne germent trop tort aux grands semis, mais aussi aux grands
tôt. arbres; on protège le semis contre leur ac
tion, soit en se servant de rideaux de grands
% III. — Choix et préparation des terres, g arbres, quand cela est possible, soit en mê
lant aux graines des espèces dures et lentes
Choix du terrain.—La terre, considérée sous à croître, des graines d'arbustes qui poussent
certains rapports généraux, est susceptible vite et vivent peu, comme les genêts, soit en
<le nourrir des plantes dans chacune de ses semant ou plantant des zones de grands ar
expositions élevées, moyennes ou basses, et brisseaux que l'on fait courir du nord au
quelle qu'en soit la température; mais dans sud, et à l'est desquels on pratique les semis,
la culture artificielle, il est nécessaire d'étu quand ces espèces de haies peuvent com
dier le rapport de chaque espèce de plante mencer à les abriter et les détendre , soit
avec chaque espèce de terre, chacune se enfin en divisant le terrain en larges plaie-
lon sa nature, son exposition et le climat. bandes au moyen de haies sèches dans les
Ces généralités ont été traitées ailleurs. Itays où l'on peut se procurer à bon marché
( Voy. tom. I", p. 21 et suiv.)La situation d'un e menu bois propre à leur confection.
terrain a toujours une influence marquée Préparation du terrain. Lorsqu'on a choisi
sur la propriété des terres, et par conséquent judicieusement l'espèce d'arbre qu'il con
sur la réussite et l'accroissement des arbres. vient d'établir dans une localité déterminée,
Les différences de situation produisent des d'après la nature du sol et les différentes
fonds tantôt très -humides et aquatiques, circonstances locales, on doit s'occuper de
tantôt moyennement humides, tantôt secs mettre le terrain en état de recevoir la se'
et arides. Quand il est question de la culture mence, d'en favoriser la germination, et de
des arbres, on doit entendre par terrain hu fournir aux jeunes plants la nourriture dont
mide celui qui, toujours frais dans le temps ils ont besoin. Pour assurer au semis tous
le plus sec, n'est cependant pas habituelle ces avantages, il faut semer la graine dans
ment aquatique, car s'il conservait de l'eau une terre fraîche et nouvellement remuée,
à sa surface pendant tout l'été, il serait im de manière qu'elle puisse facilement y ger
propre, non seulement à toute espèce de se mer, s'y étendre et s y nourrir.
mis, mais encore à la plupart desplants fores On atteint ce but en cultivant la surface
tiers. du terrain, opération où les méthodes les
Les terrains médiocrement humides quand plus simples et les moins coûteuses sont tou
ils ne sont pas trop glaiseux et compactes, jours les plus naturelles et par conséquent
favorisent beaucoup Te développement des les meilleures.
graines et la nutrition des jeunes plants. Un terrain exempt de racines et de pierres
Mais , par la suite, ils influent sur la qualité admet la culture à la charrue {voy. 1 article
des tissus ligneux, et peuvent donnerdesbois Défrichement; t. 1", p. 113), qui est la plus
moins bons dans leurs emplois économiques. expéditive et la plus économique ; mais,
Les terrains secs, quand ils ne le sont pas jus quand le terrain n'est pas dans cet état, il
qu'à l'aridité, donnent en général des bois faut avoir recours à la main des hommes
meilleurs. Les succès dessemisqu'on leur con pour le faire remuer à la pioche ou à la
fie exigent quelques préparations de culture houe. Celte opération se fait de deux maniè
ayant pour objet de rendre et de maintenir la res : la première consiste à labourer toute la
surface du sol plus meuble et le dessous plus surface du terrain à la pioche ou à la houe ,
frais. Mais les premières difficultés passées, et à le mettre dans l'état où il serait si des
les plants, plus endurcis, se soutiennent cochons y eussent passé; la seconde, à enle
mieux que dans l'autre cas contre les in ver le gazon à la houe par bandes alternées.
fluences atmosphériques. Les semis réussis On doit encore employer la pioche pour fa
sent bien à l'exposition du nord, parce que voriser par le simple remuement du sol les
le mouvement de la sève, qui est plus tardif repeupiemens naturels.
et plus lent, s'arrête plus tôt, et qu'ainsi les
jeunes plants sont mieux préservés des at $ IV. — Quantité de î : à employer.
teintes des gelées tardives du printemps et
précoces de l'automne. La terre s'échauffe L'insuffisance des graines ne donne pas
passablement à l'est, mais les gelées tardives lieu d'espérer un semis fourni ni une crois
peuvent faire beaucoup de tort aux plants. sance convenable, en ce que les arbres, trop
Le midi, surtout quand le pays est ouvert éloignés entre eux, étalent beaucoup leurs
et la chaleur excessive, offre de grands ob branches. La surabondance, au contraire,
stacles au succès des grands semis, si l'on outre une dépense inutile, donne des jeunes
n'a pasipu y disséminer l'ombre en conser plants trop pressés, qui ne peuvent éten
vant ça et là de grands arbres, et en conser dre convenablement leurs racines, s'élancent
vant des rideaux debois du côté du sud.Mais, en hauteur sans prendre de corps, et s'étouf
lorsqu'il se trouve à quelque distznce quel fent entre eux eu grande partie. Il ne faut
que montagne qui projette au loin son om donc répandre ni trop ni trop peu de graines,
bre, le côté qui en jouira pendant une partie el se régler d'après la nature du terrain,
H AGRICULTURE FORESTIÈRE : PLANTATION DES FORETS,
celle du boi» qu'à» veut créer et la qualité dans du sable sec ou dans une fosse pro
reconpue de la semence. Si la semence est fonde. On sème du gland à trois intentions :
bonne et le terrain bien préparé, il y aura 1? pour repeupler une vieille foret de chêne
lied de semer, d'aulant moins dru qu'il se qui conserve encore des moyens d'ensemen
présentera alors plus de chances de succès. cement naturel. Alors on se contente de faire
M règle à suivre esl donc de semer modéré- herser les endroits qui ne peuvent recevoir les
Blenf quand la graine est bonne, le terrain semences qui tombent des arbres, puis on y
bon et bien cultivé; de doubler quelquefois fait un semis à la main pour lequel on em
la semence dans le cas contraire, et en gé ploie environ 60 décalitres de glands par hec
néral de n'employer dans les semis par tare, quand on peut compter qu'il en est
rayons que les deux tiers au plus de la se tombé une pareille quantité des arbres sur
mence ordinaire pour un espace donné. On place pendant la glandée. Après l'ensemen
économise beaucoup les semences et on se cement ou fait passer sur tout le terrain une
prépare un succès bien plus certain quand, herse avec laquelle on peut enfoncer les
parmi les semis en place, on plante des mort- glands à environ 2 pouces. — 3* Pour con
bois qui, par leur croissance rapide, protè vertir en essence de chêne un canton compose
gent les jeunes plants et préviennent les d'autres essences. On double la quantité de
pertes nombreuses qu'occasione toujours le 'glands, attendu qu'il n'y a aucune ressour
défaut d'abri. Il y a même une excellente mé ce pour l'ensemencement naturel. La pré
thode, c'est de mêler aux semences de bois paration du terrain esl îa même.—Z'Pour con
une demi-semence de céréales dont on ne vertir en chênaie un terrain entièrement nu et
coupe le chaume qu'au tiers ou à la moitié dépouille d'arbres. Il faut le mettre en culture
de sa hauteur. Par là on se dédommage des pendant quelques années, le labourer de nou
frais de culture, et l'on prépare au semis un veau en automne, y jeter du gland à la volée
abri, à la terre un engrais. à raison de 120 décalitres par hectare, puis le
herser dans toute sa longueur avec une herse
S V. — Recouvrement des graines. de fer. Si le terrain ne peut recevoir le labour
Le recouvrement des graines dépend du àdesla rayons charrue, on doit y pratiquer a la boue
dislans'de deux pieds entre eux,
volume des semences, du temps qu'elles met- y déposer ensuite
ient à lever, de la manière dont elles lèvent, eufin les recouvrirlesd'un glands seul à seul, et
pouce de terre. Il
de la qualité du terrain plus serré ou plus
perméable. En général, les semences doivent faut pour cette opération 80 litres de glands
être ' peu recouvertes de terre; elles doivent parSentishectare.
d'orme. Les semis d'orme peuvent
l'être d'autant moins que le terrain est plus être employés avec avantage pour le repeu
serré, que la semence est plus petite et plement des terrains vagues et découverts,
qu'elle lève accompagnée de feuilles sémina pourvu que le sol soit frais et de bonne qua
les. I| faut très-peu recouvrir de terre les se lité. On ramasse la graine dès qu'elle est
mences pesantes que l'on sème en automne mure, soit aux pieds
sou* l'abri de vieux arbres, où elles doivent arbres eux-mêmes. Ildesfaut arbres, soit sur les
recevoir pendant l'hiver une couche épaisse qu'elle ne s'échauffe, car en peuprendre garde
de feuillage. On ne doit point recouvrir de gâterait absolument. On la sèmed'heu reselle se
tout de suite
terré les semences ailées et légères, mais il après avoir bien préparé le terrain à la char
faut se contenter de les répandre à la surface rue ou à la houe.ll faut au moins 30 décalitres
de la terre après une légère culture. Il n'en de bonne semence par hectare. L'opération se
sera pas tout-à-fait de même à l'égard des se fait par un temps calme et pluvieux, afin que là
mences que l'on répand sur les sables lé
gers après les avoir dépouillées de leurs mem semence soit mouillée tout de suite et se mêle
naturellement à la terre sans qu'on la recou
branes ailées; cependant il sera toujours
dangereux de les exposer à trop s'enfoncer. vre. Les semis d'orme ne réussissent point
dons les terrains dont la surface se dessèche
Les semis de pins réussissent mieux lors tout-à-fait pendant l'été. Il faut, pour peupler
qu'ils ne sont pas recouverts. ces terrains, employer les plantations aor<-
$ VI. — Régies pour le semis des diverses espèces. mes à feuilles lisses.
Semis de frêne. Ils sont propres à tous les
La quantité des graines à semer est aussi modes de repeuplement indiqués à l'article
déterminée par la nature des essences. Nous du chêne. L'exposition peut donc être ombra
allons entrer à ce sujet dans quelques dé gée ou exposée en plein air, pourvu que le
tails. terrain soit très-bon, doux et toujours frais.
A. Bois feuillus On récolte la semence en octobre et on la
répand le plus tôt possible sur le terrain pré
Dans la formation de ces bois, on donne paré , soit à la houe, soit à la charrue , à rai-
en général la préférence au chêne, a l'orme, sou de 52 kilog. par hectare. On fait passer,
au frêne, au châtaignier, au hêtre, a l'aune, sur le semis, des broussailles d'épines qui le
au charme, aux érables et au bouleau. recouvrent légèrement. La graine est souvent
Semis de glands. La situation doit être om deux et même trois ans à lever.
bragée, la terre fraîche, profonde et plus Semis du hêtre et du châtaignier. Comme
douce que serrée. L'époque où l'on doit ra ceux du chêne, ils réussissent rarement sur
masser les glands est en octobre , où ils tom les terrains entièrement nus. L'exposition doit
bent parfaitement mûrs.. Ils ne conservent surtout être ombragée, et plus au nord et à
guère leur faculté germinative que jusqu'au l'est qu'au sud et a l'ouest. Comme les ra
printemps. La saison naturelle des semis est cines du hêtre s'étendent beaucoup en super
par conséquente!) automue; on les conserve ficie, ils ne demandent pas la même proton
CHAP. a*. FORETS ARTIFICIELLES ; SEMIS. 71
deur de élevée ni trop aride. Les semences mûrissent
taignes sur la fin d'octobre, ce qui s'aperçoit a la
poque couleur jaune et à la sécheresse de leurs
ment. Il faut bien prendre garde qu'elles membranes. Si on veut différer l'ensemence
ne s'échauffent. Bien stratifiées dans du sa ment, on nettoiera la semence et on la con
ble , elles se conservent jusqu'au printemps; servera dans du sable frais. Il faut par hec
mais les semis d'automne sont préférables. tare 45 kilog. de graines non épluchées^.
Quand il ne s'agit que du repeuplement Semis d'érable. Les variétés d'érable, ainsi
d'un bois déjà garni de vieux arbres, vingt que le charme, conviennent mieux pour les
décalitres de semences par hectare suffi taillis que pour les futaies; ils préfèrent un
sent pour compléter l'ensemencement que terrain doux , noir et de bonne qualité ; mais
fourniront les vieux arbres. Pour convertir l'érable plane vient bien dans un terrain sec
en essence de hêtre un bois composé d'autres et léger. La semence mûrit en octobre. Quand
espèces, on fait disposer le terrain en rayons on veut différer les semis au printemps, on
dans lesquels on place les laines à 6 po. de conserve la semence en la stratifiant dans du
distance. On les recouvre d'un demi-pouce au sable frais. L'érable commun et l'érable
plus de terre bien émiettée. Il faut alors plane paraissent dès le printemps : là plu
15 kilog. de faine par hectare. Quand les se part ne se montrent qu'aux seconde et troi
mis doivent avoir lieu clans des terrains con sième années. Il faut 30 kilog. de semence
sidérables absolument vides, il faut toujours d'érable par hectare, lorsqu'on l'emploie
les faire précéder par la culture de quelques avec ses ailes. Les grandes chaleurs et les ge
autres essences qui puissent protéger les jeu lées tardives nuisent beaucoup aux jeunes
nes hêtres. plants; c'est pourquoi il faut leur procurer
Semis d'aune. L'époque la plus favorable de l'ombre et des abris dans leur première
aux semis d'aune est le commencement de enfance. On enterre suffisamment les graines
mars. Les repeuplemens à faire dans les en traînant sur le terrain un fagot d'épine».
bois d'aune seront disposés dès l'été par un Semis de bouleau. C'est un des bois les
bon labour à la houe. Le dessous des arbres plus utiles et qui s'accommodent le plus de
sera suffisamment repeuplé par la chute na toute espèce de terrains. Parmi les bouleaux
turelle des graines; mais il faudra semer à la américains, il y en a qui sont éminemment
main les places vagues, ce qui emploie 11 dignes de nos soins, comme le bouleau me
kilog. par hectare. La même quantité sera risier ( Betula lenta) et le bouleau à canot
nécessaire pour les endroits absolument vi {hetula papjrracea) (vojr. tome IV, pag. 54,
des qui se trouvent dans les fonds, mais qui 55 ). Les semis du boule leau présentent de
ne doivent pas resler constamment inon grands avantages dans plusieurs circonstan
dés. Après les avoir labourés eo automne, ces : 1° on l'élève en futaies avec d'autres es
on les sèmera dans le mois do mars h la vo pèces de bois, parmi lesquels il se distingue
lée, en tenant la semence entre trois doigts. par un très-grand rapport; 2° on le cultive
La semence de l'aune est renfermée dans sur les landes arides, où le chêne et le hêtre
des petits cônes qu'on récolte en octobre et ne peuvent végéter, et où seul il forme des
novembre. On les étend sur un sol bien plan- futaies oui se maintiennent en bon état au
chéié, et on les remue pour les faire sécher. moyen des onsemencemens naturels et de
L'hiver on les fait ouvrir peu-à-peu en les quelques soins; 3° dans \e& hauts taillis il offre
étendant sur une claie dans une chambre mo à la fois des arbres de réserve et des perches;
dérément chaude (/f^. 92), puis on passe la se- 4° on lé cultive encore dans les petits taillis
Fig. 92. situés en bons terrains, pour en avoir des
produits rapides; 5° enfin cet arbre est cul
tivé avec grand avantage sur -les terrains lé
gers et impropres à la culture de toute autre
espèce, et peut servir à peupler en Jutaie les
ensablemens qui présentent le front à l'est et
au nord , dès qu'on est parvenu à les fixer.
Il y a deux espèces de bouleau commun ,
l'une hâtive, dont la semence mûrit au mois
de juillet, et l'autre tardive, qui mûrit au
mois de septembre. Cette maturité se recon
naît à la fermeté et à la couleur brune des
graines renfermées dans les petits cônes
verts, d'où elles s'échappent très facilement
Elles s'échauffent très-promptementsi on les
met eu tas étant encore fraîches. Les semis
faits dès l'automne, ou en hiver sur la neige,
ou au printemps suivant, sont égalemen t bons.
Plus tard, ils ne réussissent jamais aussi
bien. On doit labourer la terre, mais sans la
mence au crible et on la transporte aussitôt rendre trop meuble. On emploie par hectare
dans un lieu frais pour la conserver. L'épo 35 kilôg. de cônes broyés, ce qui fait 2 kilog.
que la plus favorable au semis de l'aune de semence mêlée de 33 kilog. d'écaillés.
commun est le commencement de mars. Cette quantité suffit, vu la petitesse extraor
Semis du charme. Le charme réussit par dinaire de la graine. On choisit pour faire le
tout où il y a une couche de terre végétale semis un temps calme et pluvieux. Du reste,
et où la situation du terrain n'est ni trop on ne doit pas du tout le recouvrir. Les plants
72 AGRICULTURE FORESTIERE : PLANTATION DES FORETS. tir- V.
de bouleau se plaisent mieux dans les en fermes, frais, pierreux, couverts de terre -vé
droits découverts que dans ceux trop om gétale, exposés au nord et dans une situa
bragés. ■ tion fraîche et ombragée. La semence de ces
arbres est contenue dans des cônes dirigés
: • B. Bois résineux. vers le ciel; elle mûrit et on doit la récolter
Cinq espèces ' de . bois résineux concou en septembre. Les écailles des cônes s'ou
rent surtout aujourd'hui à la formation des vrent très-facilement, et laissent tomber leurs
forêts. Ce sont le pin sauvage, le sapin blanc graines; on doit en débarrasser la graine en
argenté, l'épicéa, le mélèze,et, dans les dépar- la passant au crible, et faire promplement
temens plus méridionaux, le pin maritime. cette opération, parce que cette semence, con
Semis du pin sauvage. Il s'opère de deux tenant beaucoup de parties huileuses et
manières , soit avec des cônes entiers, soit aqueuses, ne conserve guère sa faculté ger-
avec la semence épluchée et débarrassée de minative au-delà du printemps suivant.
ses membranes. Le pin sauvage se contente Comme elle est beaucoup plus grosse que
des plus mauvais sables, pourvu qu'ils soient celle du pin sauvage, il en faut au moins une
fixes; mais il croit d'autant mieux que le ter fois autant que de celle-là , c'est-à-dire 31 ki
rain n'est pas exposé à la sécheresse, qu'il log. par hectare. On se contente de gratter la
est mêlé d'un peu de glaise, et que sa sur surface du terrain, et de répandre la semence
lace est recouverte de terre végétale. On pré sans l'enterrer
pare d£s l'automne, par un labour, le ter- Semis d'épicéa. L'épicéa n'exige pas un ter
vain destiné à recevoir les semences. Quant rain aussi bon que le sapin argenté. Cepen
aux sables fixes, on se contente d'y passer la dant il vient mal dans un terrain sec et sa
herse, si toutefois on ne craint pas , par là , blonneux; il lui faut une exposition froide
de leur rendre trop de mobilité. Il faut éviter et élevée. Sa semence mûrit vers la fin d'oc
soigneusement de diriger, les sillons de haut tobre, et il faut récolter les cônes depuis le
en bas, parce que les eaux inonderaient et mois de novembre jusqu'au mois de mars-
entraîneraient les semences ou les jeunes Les semis doivent toujours se faire avec de
plants. La semence du pin mûrît ordinaire la semence épluchée, elle a l'avantage de se
ment vers le commencement d'octobre, et conserver plusieurs années. Il faut 15 kilog.
s'envole au printemps lorsque le temps est de graine pure par hectare. Elle ne doit pas
chaud. La récolte peut donc se fixer de la fin être couverte.
d'octobre jusqu'au mois d'avril. Semis de mélèze. Cet arbre, le premier des
- Sentis de cônes entiers. Ils conviennent sur bois résineux, prospère dans les lieux élevés,
tout pour les endroits nus et sans abris froids, tempères, ainsi que dans les plaines où
contre le soleil, ainsi que pour les plaines il y a de la fraîcheur. Les cônes se récoltent
sablonneuses et les amas de sable restes à dé- après le mois de novembre jusqu'en mars; on
'couverl. Il faut, par hectare de terrain absolu ne doit pas cueillir ceux qui sont vieux et
ment nu , 24 hectolitres de cônes. On peut vides. Il est très-difficile de les éplucher, et
répandre les cônes à la main dans des sil ceux qui en font métier détruisent souvent
lons tracés à la charrue ou à la houe. Ils les germes en plaçant les cônes dans un four
s'ouvrent d'eux-mêmes et laissent échapper trop chaud. On répand la semence dans des
leurs graines, mais seulement par la surface sillons pratiqués à la charrue, ou dans des
qui touche à la terre et immédiatement au rayons pratiqués à la houe. Dans le dernier
tour du cône, et non parla partie supérieure. cas, on n'emploie que 5 à 6 kilog. de graine
Pour rendre l'ensemencement égal, il faut, pure par hectare. Mais les semis de cette
quand les cônes sont parfaitement mûrs, sorte éprouvent tant de chances contraires,
taire passer dessus une herse de branchages. 3u'il est très-préférable de planter plutôt que
Les cônes, en roulant, répandent la semence e semer les terrains sur lesquels on veut
qu'ils contiennent encore, et on abandonne établir des bois de mélèze.
ensuite le succès du semis aux hasards de la
température.' AHT. II. — Des plantations.
Semis de graines de pins épluchées. Us sont
très-avantageux dans certains cas : 1" pour S I".—Des différentes sortes de plants, enlèvement,
remplacer, après un léger labour, les coupes habillage.
dans lesquelles il ne reste pas assez de porte-
graines pour fournir un ensemencement suf Avant de déterminer une plantation, il faut
fisant ; 2° pour réensemencer, après les avoir examiner avec soin la nature et la profon
hersés, les vides qui se trouvent dans les se deur du sol à planter, afin de pouvoir choisir
mis déjà avancés en âge; 3° pour semer les en aVec discernement, parmi les essences de
droits ensablés qui sont recouverts de brous bois qui lui conviennent, celle dont le pro
sailles, et où il est impossible de remuer les duit deviendra le plus avantageux.
cônes qu'on y répandrait. Dans ces différens Il y a des essences qui croissent beaucoup
cas, on sème à la main, en se servant de trois mieux mélangées ensemble que quand elles
doigls, et on emploie environ'15 kilogram sont de la même espèce. Le chêne aime à
mes par hectare. Mais si on sème par rayon être entremêlé avec , le frêne, et se plaît
trace à la charrue ou à la houe, il ne faut même mieux avec les bois blancs. Telles es
:]ue 5 à 6 kilog. de graines. Les semis de pins pèces enfoncent perpendiculairement leurs
nu veulent nullement être recouverts, il faut racines, d'autres les étendent à la surface.
qui; la semence reste à nù sur le sol. Celles-ci s'accommodent des lieux secs et éle •
Semis de sapini. Les semis de sapins, soit vés; celles-là préfèrent les situations basses
en plaine, soit sur les montagnes, réussissent et humides.
très-bien dans les terrains de bonne qualité, Les plantations se font en jeunes plant*
cba». V. ■-. ' FORETS ÀRTIFICI
SLLES ; PLANTATIONS. Tl
élevés dans les pépinières, ou arrachés dans
lesforets; ou bien en jeunes arbres ayant $ II. — Préparation du sol.
acquis en pépinière une certaine force.
Les plants élevés en pépinière sont infini On counalt 4 manières de préparer k
ment préférables; la reprise en sera plus as moins de frais les terrains que l'on veut
surée, dans beaucoup de cas, si, après avoir planter en massifs de bois.
été conservés un an ou deux à la place où 1* On les cultive à la houe; savoir, à plat,
le semis a été fait, ils ont été repiqués si le sol est sain et léger, ou en pente suf
en lignes, où ils auront pu former -un bon fisante ; et en planches plus ou moins bom
chevelu. bées, ou en rayons plus ou moins élevés, si le
Les plants arrachés dans les bois valent en terrain est humide et compacte.
core moins qu'ils ne coûtent. Ils n'ont en gé 2" On ne cultive les terrains à la houe que
néral qu'un pivot ou des racines peu cheve par rayons de 2/3 de mètre de largeur; on
lues qui se sont fait jour avec peine entre les laisse incultes les intervalles, et l'on plante
racines serrées des autres arbres dans un ensuite sur les rayons cultivés.
terrain envahi et épuisé. Leur tige est mai 3° On cultive avec la charrue toute la super
gre et étiolée, leur Dois est dur et rabougri, ficie du terrain à planter, et avant de plan
et l'habitude qu'ils ont de vivre à l'ombre, ter on lui donne assez de façons pour le
dans la mousse et sous de grands arbres, les rendre bien meuble.
rend extrêmement sensibles à l'action du so 4° On ne cultive à la charrue, et sur une
leil, du hàle et des vents, dans les positions largeur de 2/3 de mètre, que les parties du
ouvertes. terrain sur lesquelles on doit planter, et on
Quelqueespèce deplant qu'on sedétermine laisse inculte le surplus, comme dans la 2*
à employer, suivant les facilités qu'on peut manière.
avoir et les convenances dont on veut pro Il faut observer que les labours à la char
fiter, I''enlèvement du plant et samiseen place rue sont plus propres aux semis et admet
définitive sontassujettis à des précautions qui tent difficilement l'emploi des plants enra
ont pour but d'en assurer la reprise et l'en cinés, à raison de toutes les précautions
tier succès. qu'il faut prendre pour assurer leur reprise;
On peut planter depuis la chute des feuil d'abord on ne peut guère planter ainsi que
les jusqu'à leur renouvellement. Le choix de déjeunes plants provenus de semis de 2 ans,
l'époque précise dépend de la nature des ter ensuite on ne peut appliquer cette manière
rains, de l'espèce des arbres, du caractère qu'à des terres très-legèi es et suffisamment
habituel que la différence de climat et d'ex- préparées par plusieurs labours. Enfin il faut
fiosition peut imprimer aux saisons, qui accé- trois personnes pour effectuer cette planta
èrent dans un lieu le phénomène de la vé tion, l'une qui ouvre le sillon , l'autre qui
gétation, et les retardent dans un autre. 1 ■ pose les plants dans la raie, et la 3' qui re
Les arbres qui poussent de bonne heure dresse en terre et y assujettit les plants que
au printemps, ou qu'on destine à des sols la charrue a renversés, ou n'a qu'imparfaite
légers, secs et chauds, doivent être plantés ment recouverts.
en automne ; ceux qui craignent les gelées, Une manière très-expéditive, quand le ter
ou qu'attendent des terrains argileux et hu rain y est propre, c'est de défoncer le sol à
mides, réussissent mieux au printemps. ■ * la houe, de placer le plant dans la tranchée
Il faut éviter d'arracher et de planter par à mesure qu'on avance, de le recouvrir avec
un temps de gelée, ou quand l'air est sec et la terre de la tranchée qu'on ouvre ensuite
froid. Les racines ne doivent rester exposées en avant, comme pour combler la jauge', et
à l'air que le moins possible. On retranche ainsi de suite en assujettissant suffisamment
celles qui ont été mutilées ou froissées. le plant avec la houe ou avec le pied.
L'habillage des plants doit se borner là ; il $ III.—Modes divers de plantations, espacement
y a des ouvriers qui, par un retranchement des lignes.
exagéré du chevelu, remettent les plants pres-
qu'à l'état de boutures. C'est une grande On appelle plantation en pots, potets ou po-
faute, et il vaudrait infiniment mieux tomber quets(Jïg.9Z) ,1 action de planter dans des trous
dans l'excès contraire. On aura donc grand Fig. 93.
soin de ménager la partie ligneuse des raci
nes. Il y a des espèces d'arbres aux racines
desquels on ne touche généralement point ,
tels que les arbres verts. Lorsqu'on doit
transporter le plant à quelque distance de
la pépinière, il faut veiller à ce que les raci
nes ne se dessèchent pas en route : et si un
emballage est nécessaire, on prendra des
précautions pour qu'elles ne s'échauffent
pas, ce qui arrive ordinairement par la trop
grande humidité de l'intérieur des ballots.
Les plants s'échauffent quelquefois alors,
jusqu'à être complètement brûlés et perdus.
Le danger est encore plus grand , dans le cas
du transport des arbres verts, dont les feuil
lages persistans contractent et conservent
une plus grande humidité.
être semées et plantées avec certitude de suc perpendiculaires, plutôt que de ceux qui les
cès entre des rangées de topinambours écar ont opposées, et dont les feuilles sont larges
tées de 6 pieds, et parallèles à ces premières et variables en position; ainsi le charme est
lignes ; on peut employer aussi des planches préférable à l'épine, et le peuplier d'Italie
de pin quand on en a à sa disposition , et des au peuplier Iremble. Mais les meilleures
branches d'arbres résineux étendues sur le iiaies pour abris sont celles des arbres verts;
sol ( fig. 100 ) , avec leur gros bout dirigé du si elles sont un peu lentes à croître, on en
Fig. 100. est bien dédommagé par leur solidité, leur
beauté et leur durée. On peut voir à Fro-
mont le parti que j'ai tiré, très en grand, de
mes hautes palissades de thuya d'Orient ,
pour l'abritement de mes pépinières exoti
ques. J'ai essayé avec le même succès le
tnuya d'Occident. Le genévrierde Virginie,
bien conduit, offrirait sans doute les mêmes
avantages.
Les arbres se servent mutuellement d'abri
quand ils croissent en massifs très-serrés ;
mais cet avantage est balancé par des incon-
véniens dans l'éducation des srb'res a feuil
les caduques. L«s Anglais pratiquent un
moyen de proléger ces derniers dans leur
jeunesse. C'est de commencer par couvrir le
côté du vent. terrain de plants d'arbres verts, et de les en
VII. — Repeuplement dei clairières et terrains tretenir jusqu'à ce qu'ils aient atteint la
vagues; des abris. taille de 3 pieds, afin de pouvoir protéger
contre les injures du temps les arbres d'une
Le repeuplement des clairières et terrains autre nature que la leur qu'on introduit en
vagues dans les bois peut se faire par les suite parmi eux, soit par voie de plantation,
moyens combinés des semis, des plants enra soit par voie de semis. Il semblerait que cette
cinés et des provins. On y plante des tiges de méthode ferait perdre à ces derniers plu
tremble et d'ypréauà 8 mètres de distance les sieurs années de croissance sur le temps où
unes des autres, ainsi que des massifs voisins. ils doivent se développer ; mais dans la réa
Les intervalles sont semés de glands en polets lité il n'en est point ainsi. Un grand avan
dans les espacemeus indiqués , et l'on fait tage qu'elle présente, c'est de préserver les
provigner les bordures intérieures des mas arbres tirés des pépinières pour être placés
sifs {fig. 101). Quatre ans après on coupe à rez- à des expositions âpres et froides, de l'en
terre les tiges des trembles et desypréaux,ainsi durcissement de leur écorce et d'un rabou-
que les brins qui avaient été provignés : les grissement dont ils sont quelquefois long
rejets forment de fortes cepees à l'ombre temps à se rétablir. On peut élever ainsi le
desquelles les glands s'élèvent parfaitement. chêne, l'orme, le hêtre et les autres meilleures
Les arbres à feuilles caduques ont besoin, espèces d'arbres feuillus. L'opération consiste
dans leur jeunesse, d'abris contre le vent, le essentiellement à ne semer ou planter ces ar
Jroid, la chaleur. On vient de voir le parti bres que lorsque les pins et les mélèzes sont
qu'il était possible de tirer des hautes tiges assez grands pour défendre, contre les vents
de topinambours plantés en lignes convena et contre le froid, des plants de taille infé
blement orientées et espacées. Les haies for rieure, ce qui demande de 4 à 7 ans, suivant
ment des abris Irès-bous quand elles ont pris la qualité des sols. On tire de grands profils
une hauteur et une épaisseur convenables. de l'exploitation successive de ces sortes de
Quand on les destine à cet usage, il vaut pépinières, qui permettent en outre de n'em
mieux les composer d'arbres à branches al ployer que la quantité rigoureusement né
ternes et à petites feuilles abondantes et cessaire de plants à feuilles caduques, qui
78 AGRICULTURE FORESTIERE PLANTATION DES FORÊTS. MT%«,
sont destinés à rester en place, jusqu'à ce entre eux d'un mètre. Ils sont espacés sur les
qu'ils r développement na- rayons à 1™ 30, et ou évalue qu'il en entre
turel. 7,600 par hectare. Une plantation, aiusi éta
blie sur un sol défoncé de 40 à 60 centim. de
Abt. m. — Frais de semis etplantations. profondeur, suivant la nature du terrain, re
çoit 4 années d'entretien, pendant lesquel
On seut combien ils doivent varier suivant les on lui donne 11 binages: 3, chacune
les lieux et les terrains. Il n'est pas sur les des 3 1"' années, et 2 la 4e. A 8 ans, il faut
plantations de mode fixe, mais seulement faire émonder les couronnes inférieures dn
quelques principes généraux. L'exécution rang de bouleau, dont on tire parti pour de
doit toujours être modifiée, d'après la nature la brinde à balais; et à 5 ou 6 ans, il con
et tétat du sol qu'on veut mettre en emploi. vient de le receper, parce qu'il ombragerait
La profondeur des défoncemens, surtout, ne trop les essences dures. Ce recepage, dont
peut être une chose fixe ; en général, on dé l'on tire produit, est indispensable, soit
fonce trop, et on ne laboure pas assez; beau qu'on destine la plantation h faire un taillis,
coup de plantations manquent totalement soit qu'on se propose de la laisser croître à
pour avoir été trop défoncées. Voici, toute l'état de futaie; mais, dans ce dernier cas, le
fois, le devis de ce que doit coûter la planta recepage doit être réitéré à 12 ou 14 ans.
tion et l'entretien pendant quatre ans, d'un Voici comment se sous-divise la dépense de
bect. de terrain de médiocre, qualité, planté ces plantations faites en massifs et e
en essences forestières : feuillues qui se voient aujourd'hui à ]
1° Défoncement d'un hectare à 40 centimètres nebleau :
de profondeur. 200 fr. 1° Défoncement à la main et à jauge ouverte
2° Fourniture de 10,000 plants de ri sur une profondeur de 40 à 50 centimètres,
goles: chênes, hêtres, charmes et suivant ta possibilité. 150 fr.
pins, à 10 fr. le mille, âgés de 5, 4, 3 2° 5,000 plants de chênes et autres es
et 2 ans. 100 sences dures, ayant au moins 3 ans
3" Transport du plant et exécution de semis en pépinière, ou ayant
de la plantation. 100 passé au moins 2 ans en rigoles, si
4" Trois regarnis estimés à 1500 de ces plants avaient été dans l'origine
plants, les trois. 45 arrachés sous bois en forêt, à 8 fr.
5° Huit façous, données en 4 ans, à le mille. 40
raison de 25 fr. 200 3° 2,500 plants de bouleau, ayant aussi
2 ans en pépinière, à 6 fr. le mille. 15
Total. 645 fr. 4" Tracé des rayons et mise en terre
Devis d'un semis de chêne. 1° Dans un terrain des plants. 45
très-riche qui ne sera pas envahi par des 5" 11 binages h 15 fr. chaque. 16S
graminées a longues racines, telles que le 6" 4 regarnis ou repiquemens à 15 fr.
festuca ca}rulea,le calamagrostis et autres l'un. 60
de ce genr£, l\ suffit de labourer le terrain 7° Pour frais de surveillance et autres
en bandes alternées de 56 centimètres de menus frais. 15
largeur, fouillées de 20 à 22 centimètres de A pour quoi il convient d'ajouter 10 p. 100
le bénéfice de l'entrepreneur. 49
profondeur, éloignées l'une cle l'autre par
trois pieds de friche. Cette opération doit Total. 539 fr.
coûter de 50 à 60 fr. l'hect., ci. 60 fr.
2° 12 hectolitres de glands semés très- Les semis de résineux se font en grand
drus, au printemps, dans un rayon dans deux systèmes, soit sur un défoncement
tracé au milieu de chaque bande total, soit par bandes; voici ce qu'ils coû
défoncée, à raison de 4 fr. l'une , tent :
conservation, transport et semage Semis en plein. — 1" Défoncement à 30 ou 35
compris. 48 centimètres de profondeur. 90 fr.
3° Deux façons à raison de 20 fr. l'hect. 40 2° Cassage des mottes, semage de la
graine et ratissage pour l'enterrer. 30
Total. 148 fr. 3° 10 kilogrammes de pins sylvestres,
Un semis ainsi pratiqué, quand on peut le à 3 fr. 30
garantir des mulots, des corneilles, des ra 4° 10 kilogr. de graine de pin mari
miers et autres ennemis, a sans .doute un time, à 50 cent. 5
succès beaucoup plus lent qu'une plantation,
mais il n'est pas moins sûr. Total. 155 fr.
Les élémens qui précèdent ont été recueillis Dans les semis par bandes parallèles, de
dans la forêt de Compiègne. En voici d'antres 50 centimètres de largeur, entre lesquelles
qui établissent la dépense moyenne d'un restent des bandes incultes d'un mètre, la
hectare de bois dans la forêt de Fontaine dépense est la même, sauf une diminution
bleau, en y employant deux tiers d'essences sur le défoncement de 60 fr. par hectare, ce
dures et un tiers de bouleau. Ces plants sont qui réduit les frais à 95 fr.
placés dans des rayons parallèles et distans Soulange Boom.
ch\f. 4'. DES 'DIFFERENTES ÉSPÉCÉS DE BOIS ET FORETS.
Ir«. — Des différentes espèce,•s de Ces futaies forment des massifs qui, en
bois et forêts. Frauce, s'exploitent presque tous suivant la
méthode appelée jardinage ou furetage, qui
§ I". — Des forêts en général. consiste à choisir les arbres mûrs ou dépé-
rissans et à les extraire du massif pour les
Nos forêts employer aux usages auxquels on les juge
de la nature firopres. C'est ainsi qu'on les exploite dans
n'a point coi a majeure. partiet~ . de l'Europ" ■i
plantées que dans les contrées de l'Europe
où la sylviculture a fait des progrés. Sous
ce rapport, l'Allemagne est au premier rang;,
l'Angleterre est au second. On a fait aussi de oyeh-age et ne doit p«
fort telles plantations en France depuis quel rer long-temps. Nous ferons connaître les
ques années. La plupart des forêts plantées variations qu'il a subies avec leurs causes et
n'étant pas cultivées ne tardent pas à res leurs effets.
sembler aux forêts naturelles; des espèces On donne quelquefois le nom de vieilles
inférieures s'y introduisent ; elles dégénèrent écorces aux arbres dont l'âge est plus que
bientôt, mais la culture forestière, dont les centenaire (fig. 102, 103, 104, 105, 106).
produits sont bien supérieurs à ceux des fo
rêts abandonnées à la nature, devant s'éten Fig. 102. Fig. 103. Fig. 104.
dre graduellement, on pourra désormais di
viser toutes les forêts en deux grandes classes;
celles qui demeurent incultes et celles qui
sont cultivées.
§ II. — Des taillis.
Les taillis sont des bois que.l'on coupe or
dinairement assez jeunes, soit pour les em
ployer au chauffage, soit pour convertir les
bûches en charbon, soit pour faire des écha-
las, des cercles, des pieux, etc. Le caractère
distinctif des taillis est qu'ils repoussent de Brin de t'âge du laillit. Kaliieau »ur taillii^ Jloderoede i ■£«•.
leurs souches, tandis que les futaies se re
peuplent presque entièrement pqr les semis. Fig. 105. Fig. 106.
Il n'y a point de taillis d'arbres résineux,
car ces bois ne repoussent pas de leurs sou
ches. . .
On divise ordinairement les bois taillis en
trois classes :
LesJeunes taillis sont ceux qui s'exploitent
à l'âge de 7, 8 ou 9 ans; ils sont composés
généralement de marsaults, de coudres, de
châtaigniers et de bouleaux, qui sont em
ployés à des usages divers, et surtout au
chauffage des habitans de la campagne-
Les taillis moyens sont ceux que l'on ex
ploite à l'Age de 18 à 20 ans pour en tirer du
charbon ou du petit bois de chauffage. 4 âges. Vieil!* «Corée de I agent «B-deleut.
Les hauts-taillis s'exploitent à l'âge de 25
à 40 ans et fournissent du bois de chauffage dans le langage fores! 1er. plus
A l'avenir, on mettra de précision
pour les villes, de petites pièces de charpente tions vagues, on substitueraAl'expression, des dénomina
soft
et decharronnage,et surtoutdu bois de fente des dimensions exactes, soit de l'âge de l'ar
pour la latte, les échalas, etc.
Il n'existe plus guère de taillis de 40 ans; bre ou de la classe d'arbres dont on voudra
en général, depuis lin demi-siècle, les coupes parler.
sont beaucoup plus fréquentes qu'autrefois.
Nous en expliquerons la cause. § IV. — Forêts d'arhrcs d'une seule espèce.
§ Ht. — Des futaies. Il existe peu de forêts iTarbres d'une seule
essence, mais le nombre des espèces est
Les bois de futaie se divisent ordinaire d'autant moins grand que le bois a vieilli
ment en plusieurs classes, entre lesquelles il plus long-temps; les grandes espèces, comme
n'y a point de différence bien caractérisée. les hêtres, les sapins et les chênes, survivent
La jeuneJutaie est celle qui a de 40 à 50 à toutes les autres.
ans. On l'appelle demi-futaie lorsqu'elle est Le nombre des essences diverses est ordi
âgée de 50 à.60 années. Elle prend la déno nairement considérable dans les jeunes tail
mination de haute futaie lorsqu'elle a atteint lis; car les arbres qui ont le moins de lon
l'âge de 100 ans. gévité sont très-vivaces dans leur jeunesse et
90 AGRICULT. FORESTIÈRE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORETS, tnr.v,
croissent rapidement pendant les premières née à la nature, il ne s'agirait que d'observer
années de leur existence. un grand nombre de forêts et d'étudier la loi
que suit l'accroissement annuel, soit en ma
§ V. — Forets mixtes. tière ligneuse, soit en valeur vénale. Mai»
la culture, les nettoiemens, les éclaircis.
La plupart des forêts sont composées d'es ont singulièrement accéléré cet accroisse
pèces mélangées ; il en est un grand nombre ment. Un arbre de 40 ans, qui croit sous l'in
qui disparaissent même avant "expiration de fluence de circonstances favorables, présente
la période de l'aménagement; mais, pendant un volume aussi fort que celui d'un arbre de
leur existence , elles oppriment les espèces 80 ans qui est relégué au fond d'un massif in
du I" ordre en dérobant a ces dernières 1 es culte. Ainsi, nous présenterons des échelles
pace qui'leur est indispensable pour se déve d'accroissement qui diffèrent éntre elles.mais
lopper. Ce dernier effet, qui se fait remar qui reposent sur des faits également obser
quer dans tous les taillis aménagés depuis vés dans des lieux divers.
long-temps suivant l'ancienne méthode, obli
gera d'abandonner le système actuel 1er Tableau de la croissance des bois.
Section h. — De l'accroissement des arbres. Les massifs de taillis croissent d'après une
progression qui s'approche de celle des carrés
des nombres naturels. La marche est plus ra
Avant d'indiquer le mode d'aménagement pide dans un bon sol bien garni de souches;
Î|tii convient le mieux pour chaque classe des elle l'est moins dans un sol médiocre. Il y a
orèts, il est indispensable de reconnaître la aussi des variations suivant que les espèces
loi de l'accroissement progressif des arbres d'arbres sonl plus ou moins appropriées au
et de leur décadence. Les idées à ce sujet sol. -
sont encore très-vagues, nous entrepren- INous présenterons la progression suivante
di ods de les fixer. comme un ternie moyen.
La règle générale posée par les anciens fo
restiers était celle-ci : coupez un taillis aus Agt. Valeur a Age. Valeur i
sitôt qu'il donne des signes de dépérisse Auueea. chaque âge. Anneee. chaque ige.
ment ; exploitez une futaie aussitôt qu'elle 1 . . . . 1 23 . . 629
est parvenue à sa maturité. 2 . . . . 4 24 . . . . 576
Rien de plus vague et de plus inapplicable S . . . . 9 25 . . . 625
qu'un tel précepte ; car un taillis présente à 4 . . . . 16 26 . . . 676
tout âge des brins dépérissaus et des brins 5 . . . . 25 27 . . . . 729
qui croissent avec force; ces derniers étouf 6 ■ » . 36 28 . . . . 784
fent les autres. Si l'on voulait abattre un 7 . . . . 49 29 . . . 841
taillis aussitôt qu'une partie des brins dépé 8 « . 64 30 . . . . 900
rissent, il faudrait les couper avant l'à^e de 9 . . . 81 31 . . . . 961
10 ans; si l'on veut, au contraire, les conser 10 . . . 100 32 . . . . 10Î4
ver tant que les brins principaux prospére 11 . . , 121 33 . . , 1089
ront, il n'est point de taillis qu'on ne puisse 12 . . . . 144 34 . . . 1156
élever eu haute-futaie; car, dans les plus 13 . . . . 169 35 . . . 1225
mauvais terrains, les arbres arrivent à de 1» . . . . 196 36 . . . . 1296
fortes dimensions lorsque le sol n'est jamais 15 . . . . 225 37 . . . . 1369
découvert et que l'humidité ne s'évapore pas. 16 . . . . 256 38 . . . 1444
Nous aurons souvent occasion d'appliquer 17 . . . -. 289 39 . . . 1Ê21
celle observation, qui est fondamentale et 18 . . . ..324 40 . . . . 1600
qui explique 1° comment il existe de belles 19 . . . . 361 50 . . . 2500
forêts dans des espaces où la terre végétale 20 . . . . 400 60 . . . 3600
n'a que 3 ou 4 po. d'épaisseur; 2° comment 21 . . . . 441 70 . . . 4900
ces forêts une fois détruites, il est impossible 22 . . . 484 80 . . . 6400
de les remplacer par d'autres qu'on' n'ait
préalablement trouvé le moyen de garnir le Ainsi, un taillis de 40 ans a 16 fois plus de
sol de quelques plantes qui en couvrent la valeur qu'un taillis 3e 10 ans; il en a 4 fois da
surface. vantage qu'un taillis de 20 ans, et 2 fois da
La question de savoir à quelle époque il vantage qu'un taillis de 28 ans•
faut'couper les arbres se complique de plu
sieurs élémens qui en déterminent la solu 2* Tableau de la croissance des bois.
tion. Veut-on obtenir, dans un temps donné,
la plus grande masse de bois possible, ab Un arbre qui croit dans un bon sol et qui
straction faite de toute autre considération ? n'est entouré que de sous-bois, peu nuisible a
.\eut-ou avoir, dans un temps donné, le plus sa croissance, augmente son volume suivant
grand produit possible en argent? La solu
lion ne sera pas la même dans les deux cas ; la progression ci-après ;
mais, quel que soit l'aspect sous lequel on
envisage le problème, l'une des données es
sentielles est la connaissance exacte de la loi
que suit l'accroissement dts arbres.
Si .es forets continuaient à être exploitées
comme elles le sont encore généralement, si
leur croissance était entièrement abandon
ciiap. 4e. DE L'ACCROISSEMENT DES ARBRES.
1 As" A 8e Taux
im l'arbr* EcarrilMge. Cubaje. de l'arbre Ecarriaaage. Cubage. Accroilsemcnt de
et piada et pieds annuel. l'aceroinemeDt
île hauteur. de hauteur. par cent.
pouce*. pi. po. li,;. pouce*. pi. po. li;. pi. po. lig.
12 0 2 3 13 1 5/8 0 2 10 0 0 7 20.8
16 0 5 4 17 2 58 0 0 4 0 1 0 19.9
20 2 1/1 0 10 5 21 2 58 1 0 0 0 1 7 14.7
24 3 1 6 0 25 3 5/8 1 8 4 0 2 4 13
28 3 1/2 2 4 7 29 3 5.8 2 7 9 0 3 2 M
32 4 3 6 8 33 4 5/8 3 10 9 0 4 1 9.67
36 4 1/1 5 0 9 37 4 5'8 5 5 11 0 5 2 8.5
40 5 0 114 41 5 5'8 7 5 8 0 G 4 7.0
44 5 1/1 9 2 11 45 5 5/8 9 10 7 0 7 8 6.90
48 6 12 0 0 49 6 5/8 12 9 2 0 il 2 0.38
52 6 1/1 15 3 0 53 6 5/8 1G 1 10 0 10 10 5.9
56 7 19 0 8 57 7 5(8 20 1 1 1 0 5 5.4
00 7 1/2 23 5 2 61 7 5/8 24 7 0 1 2 4 5.1
64 8 28 5 4 05 8 5/8 29 9 7 1 4 3 4.70
08 8 1/2 34 1 4 69 8 â/S 35 7 8 1 G 4 4.49
72 9 40 6 0 73 9 5(8 42 1 G 1 8 6 4.2
76 9 1/2 47 7 0 77 9 58 49 G 5 1 10 11 3.98
80 10 55 6 8 81 10 5/8 57 7 H 2 1 3 3.0
84 10 1/2 64 3 8 85 10 5 8 00 7 7 2 3 11 3.5
88 11 73 10 4 89 11 5/8 76 5 11 2 7 7 3.3
92 11 1/2 84 5 9 93 11 5/8 87 3 4 2 9 7 3.15
96 12 96 0 0 97 12 5/8 99 0 4 3 0 4 3.09
100 12 1/2 108 0 0 101 12 5/8 111 9 6 3 3 0 3
Si l'arbre augmente de 18 pouces en hau- lement, son accroissement sera comme ci-
teur et de 2 pouces en circonférence annuel- dessous.
La table qui suit donne encore les mêmes Elle s'applique aux peupliers et aux arbres
détails pour les arbres dont la croissance à tiges élevées.
annuelle est de 18 pouces en hauteur et de a
puticm eu circonférence.
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Un dernier tableau nous fera connaître
{'accroissement moyen des sapins dans un § l*r.— Aménagement des taillis.
massif jardiné, dans les foréls du Jura et des
Vosges. Dans la pratique il est difficile de se ren
dre compte des motifs qui engagent les pro
priétaires à exploiter leurs taillis à tel âge
Age. Circonférence
muycuuc. Hauteur. Solidité. fil u tôt qu'à tel autre. Nous allons indiquer
es moyens de reconnaître cet âge, en sup
posant que l'on s'occupe d'obtenir le plus
! Ana- Pouetl nitiriquei. Ficdi mélriq. Pieda cub. eaaati naut revenu possible en argent. Nos premiers
10 4 3 00 2 calculs seront fondés sur la table des carrés
20 9 12 00 18 des nombres naturels, laquelle exprime d'une
30 14 22 00 93 manière très-approximative la moyenne de
40 20 33 3 66 l'accroissement du taillis.
50 28 44 9 18 A quel dge dois-je exploiter un taillis qui
60 37 56 19 02 croit suivant cette progression? Si je l'ex
70 47 68 30 28 ploite lorsque sa 10e année est accomplie,
80 se 79 66 00 j'aurâi le produit de la coupe évaluée 100 fr.;
90 64 90 97 50
j 100 72 100 136 08 mais si j'attendais que ce taillis eût 20 ans,
! 110 81 109 193 80 j'obtiendrais le quadruple de cette somme
! 120 90 118 265 50 dans un espace de temps double du premier.
130 99 128 337 68 Nous allons reconnaître le rôle que joue le
140 108 135 433 11 calcul des intérêts dans la solution de cette
question.
C'est sur ces différentes données que nous En exploitant mon taillis à l'âge de 10 ans,
ferons les calculs relatifs à l'aménagement. j'aurai au bout de 20 ans :
1° Le produit de la lre coupe qui s'est élevé
Section m. — De raménagement desforets. à 100 fr., somme qui, avec les intérêts cu
mulés à 4 p. 0/0 pendant 10 ans, s'élève
Aménager une forêt, c'est régler l'ordre à 148 fr. 02 c.
dans lequel on l'exploitera pendant une pé 2" J'aurai la 2' coupe du tail
riode dont la durée est indéterminée, mais lis de 10 ans qui vaut. . . . 100 »
qui doit comprendre au moins la 1" exploi
tation de tous les plants actuellement exis- Total ... 248 fr. 02 c.
lans dans cette foret; c'est déterminer la Les 2 coupes ne me donnent que 248 fr.
quantité de bois que l'on coupera tous les 02 c. tandis qu'une seule aurait produit 400 fr.
ans et le mode que l'on suivra dans cette Il est donc beaucoup plus profitable d'ex
exploitation. Nous nous conformerons au ploiter ce taillis à l'âge de 20 ans qu'à celui
classement que nous avons indiqué précé de 10 ans.
demment des différentes espèces de bois et Mais il doit arriver un terme où la pro
forêts. gression des intérêts dépassera celle de
«6 AGRICULT. FORESTIERE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, tnr. ».
l'accroissement du bois; c'est ce terme qu'il 1348 fr. 30 c.
faut chercher. Pour cela, comparez la pé 2° Un taillis de 8 ans; je ga
riode de 80 ans avec celle de 40 ans. Sije gne donc une avance de 8 ans
préfère la dernière période, j'aurai à l'ex d'intérêts sur la coupe future,
piration des 80 ans : mais je n'en jouirai que dans
1° Le produit de la 1" coupe qui était âgé 24 ans; or, 8 années d intérêts
de 40 ans, lequel est de 1600 fr. avec l'in de 1024 fr. à 8 p. 0/0, donnent
térêt cumulé de cette somme à 4 p. 0/0 pen 245 fr. 76 c, somme qui, ré
dant 40 ans, le tout s'élevant à 7,680 fr. 96 c. duite à sa valeur actuelle,
2° La 2* coupe qui vaut n'est que de 107 63
comme la première .... 1,600 »
Total 1455 fr. 93 c.
Total 9,280 fr. 96 c. Dans ce cas-ci, il eût donc été préférable
d'attendre que le taillis eût atteint l'Age de
En faisant 2 coupes au lieu d'une seule, 40 ans, car il aurait produit 1600 fr.
j'obtiendrai donc une somme bien supé Nous allons actuellement faire de sembla
rieure à celle que m'aurait donnée une coupe bles calculs sur d'autres tables d'accroisse
de 80 ans dont le produit total ne se fût ment.
élevé qu'à 6,400 fr. Prenons la première table de M. Waistell.
Nous avons choisi le taux de 4 p. 0/0 com Est-il plus avantageux d'exploiter à 24 ans
me le taux le plus convenable pour l'intérêt la plantation figurée dans ce tableau, que de
annuel; mais, si nous prenons pour base de la laisser subsister jusqu'à l'âge de 48 ans ?
nos calculs un taux plus élevé, le résultat — Si je l'exploite à 24 ans, j'aurai un volu
sera bien différent; la raison en est évi me de bois exprimé par 1 pied 6 pouces, dont
dente: l'accroissement du bois dans les pre la valeur en décimales est 1500; j'aurai à
mières années marche aussi rapidement que "expiration des 48 années :
l'intérêt composé; mais cette puissance d'ac 1° Cette somme, avec intérêts cumulés
cumulation ne tarde pas à détruire l'équi pe ndant 24 ans à 4 p. 0/0, laquelle s'élève
libre, et dans un long espace de temps elle a. , . . 3,844 fr. 80 c
laisse bien en arrière les progrès de la végé 2" Une seconde coupe de 24
tation; elle les devance d'autant plus vite ans dont la valeur est de. . . 1500 a
que le taux de l'intérêt est plus élevé. Cette
vérité sera rendue plus sensible par un Total. 5,344 fr. 80 c.
exemple.
Calculons un moment d'après l'intérêt à Mais la valeur de mon bois, à l'âge de 48
5 p. 0/0, et comparons l'aménagement de 32 ans, est exprimée parle nombre 12,000 fr. Il
ans avec celui de 40 ans. Supposons queJ'a y aurait donc une perte de plus de moitié, à
batte ma coupe lorsqu'elle a 32 ans. Elle exploiter la plantation à l'âge de 24 ans.
produit 1024 fr., somme qui, avec les intérêts Ainsi, d'après la table des carrés, il faut
pendant 8 ans, c'est à-dire jusqu'à l'époque couper les bois vers l'âge de 30 ans, et d'après
où elle aurait été abattue si j'eusse pris la la table de M. Waistkll., il faut attendre une
période de 40 ans, s'élève à . 1612 fr. 91 c. époque beaucoup plus reculée. La raison de
J'aurai à la fin de la même celte différence est que la table des carrés
période un taillis de 8 ans ; on exprime le progrèsde la valeur moyenne des
pourra donc faire la seconde bois abandonnes à la nature, et dont l'accrois
coupe 8 ans plus tôt; je ga sement se ralentit promptement , tandis que
gnerai 8 ans d'intérêt ou 409 fr. les tables de M.Waisteul expriment les pro
60 c; mais je ne jouirai de grès d'une plantation cultivée.
cette dernière somme qu'à l'é Dans l'état actuel des bois, on ne peut pas
poque de la coupe ultérieure, compter sur une n. arche plus rapide que
c'est-à-dire dans 24 ans; cette celle des carrés des nombres naturels, pour
même somme doit être réduite exprimer l'accroissement annuel des taillis
à sa valeur actuelle, à . . . 127 01 et des massifs de futaie non éclaircis. En ef
fet, si nous comparons cette table avec le
Total 1639 fr. 92 c. prix moyen des coupes, soit des petits-taillis,
soit des hauts-taillis, soit des massifs de
Mais si j'eusse attendu la 40* année pour haute-futaie, nous trouvons un rapport assez
exploiter ma coupe, elle ne m'aurait rendu exact avec les prix courans des coupes an
que 1600 fr. J'ai donc gagné 39 fr. 92 c. à nuelles dans l'étendue de la France.
1 exploiter à 32 ans. La valeur d'un taillis de 20 ans est marquée
Nous allons voir que si je ne veux compter dans cette tâfble par le nombre 400. Suppo
l'intérêt qu'à 3 p. 0/0, c'est-à-dire que si je sons que ce nombre exprime des francs, et
me déside à laisser mes bois sur pied, pourvu que l'étendue soit d'un arpent (demi-hectare),
que leur accroissement me rapporte 3 p. 0/0 la valeur de la coupe sera 800 par hectare.
par an, je dois préférer l'aménagement de 40 C'est le prix actuel d'un taillis de cet âge,
ans à celui de 32 ans. venu dans un bon sol. L'expression de la va
En effet , si j'eusse abattu la coupe lors leur du taillis de 25 ans est de 625. La valeur
qu'elle avait 32 ans, j'aurais à l'expiration des de l'hectare est donc de 1250 fr. La valeur de
40 années: l'hectare de 30 ans sera de 1800 fr. La valeur
1° Le prix de cette coupe, on 1024 fr. de l'hectare de 40 ans sera de 3,200 fr. La va
avec intérêts cumulés à 3 p. 0/0 pendant huit leur de l'hectare de 50 ans sera de 5,000 fr.
ans. ...»•»... 1348 fr. 30 c Nous sommes d'accord jusque là, avec les
4e. DE L'AMENAGEMENT DES FORÊTS.
prix courans; mais, si nous poussons cette d'une route, qui ouvriront de nouveaux dé
comparaison jusqu'à la 120* année, nous ver bouchés à l'exportation, engagent à laisser
rons qu'à cette époque, la valeur de l'hectare vieillir les coupes; mais, si ces voies de com
de futaie devrait être de 28,800 fr., en suivant munication doivent au contraire, apporter du
la loi des carrés; or, il n'y a point d'exem bois dans la contrée, il faut se hâter d'exploi
ple qu'un massif de futaie de cet âge, conduit ter ceux que l'on possède. 5° Il en est de
suivant la méthode ordinaire du jardinage, même, si l'on prévoit la prochaine introduc
c'est-à-dire abandonné à la nature, ait pro tion de la houille dans une contrée où Ton
duit cette somme. n'employait que du bois pour le chauffage et
Nous voulons seulement constater que les pour les usines. 6° Possède-t-on un taillis
ftroduils annuels des forêts, traitées suivant composé uniquement de châtaigniers desti
a méthode ordinaire, ne dépassent pas la nés a faire des cercles ou cerceaux, on doit
progression indiquée par les carrés des nom l'exploiter précisément au moment où les
bres naturels. brins sont propres à cet usage. Il en est de
Nous n'ajouterons qu'un exemple du cal même d'un taillis de coudrier. 7° Un taillis de
cul nécessaire pour reconnaître l'âge le plus frêne s'exploite avec avantage, lorsque les
convenable pour couper un taillis, en calcu perches ont atteint les dimensions propres
lant l'accroissement suivant la progression aux ouvrages decharronnage. 8° Un taillis de
que le propriétaire de la forêt aura constatée. chêne doit être coupé avant l'époque où la
Son premier soin doit être de reconnaître quai ité de l'écorce commence à se détériorer.
la valeur des taillis de chaque âge, dans sa Les préceptes que nous venons de donner
forêt; supposons qu'ellesoit située dans une sur l'aménagement des taillis sont également
contrée où le principal emploi des taillis est applicable a ceux de France, d'Allemagne et
le débit des cercles et des fagots, comme en d Angleterre, et de tous les autres pays où les
Bresse et en Eeauce, et que la progression de bois sont mis en coupes réglées. Nous ver
valeur soit celle-ci : rons plus loin les effets de la méthode mo
ans ans derne des nettoiemens ou éclaircies dans les
à 5 le taillis vaut 50 f. à i:3 le 137 f. taillis.
6 61 14 148 § II.—Aménagement des futaies en massif.
7 72 16 159
8 83 16 170 Où n'a encore adopté en France aucune
9 94 17 181 méthode pour Yaménagement des massifs de
10 ' 105 18 192 futaie. On les exploite généralement en jar
11 115 19 202 dinant, opération qui consiste à enlever les
12 126 20 214 arbres dépérissans ou nuisibles et ceux qui
F.xploitera-t-on le taillis à l'âge de 10 ans, sont parvenus à l'époque que l'on croit être
ou à l'âge de 20 ans ? Si on l'exploite à 10 ans, celle de leur maturité. C'est ce qui se prati
on aura dans la période de 20 ans : que dans les forêts de sapins et de hêtres des
1" Le prix de la première coupe qui est Pyrénées, des Alpes, du Jura, et du versant
de 105 fr. » c. méridional des Vosges.
5T L'intérêt cumulé à 4 p.O/Ode Les désavantages de cet ancien usage sont :
cette somme, pendant 10 ans.. 60 42 1° le peu de revenu que l'on tire des forêts
3° Le prix de la 2* coupe. . 150 » ainsi traitées; on est obligé de les parcourir
pour aller chercher les arbres dépérissans, cé
260 fr. 42 c. qui rend l'exploitation et l'extraction très-
On aura donc 260 fr. 42 c. au lieu de 214 fr. dispendieuses; 2° les dégâts qui en résultent;
que rendrait la coupe laite à 20 ans. 8° la lenteur de l'accroissement des jeunes
Ces calculs ne servent pas toujours de rè plants qui languissent à l'ombre des massifs,
gle déterminante pour vendre la coupe, car au point que ceux qui sont le mieux exposés
des circonstances particulières décident sou croissent deux fois moins vite que s'ils jouis
vent les propriétaires publics ou privés à saient des bienfaits de l'air et de la lumière.
faire des coupes prématurées ou à les retar 4" La destruction des neuf dixièmes de ces
der. plants dans leur jeunesse.
L'époque d'exploilabilité est beaucoup plus Cet usage présente cependant un avantage
facile à déterminer dans un taillis homogène remarquable; le massif delà forêt se conserve
que dans un taillis mélangé, car il est évident intact pendant une durée indéfinie, si le jar
que lecoudrier et le marsault ne doivent pas dinage est bien exécuté, et surtout si l'on a
s'exploiter au même âge que le hêtre. Ces Soin de conserver sur les bords une épaisse
calculs doivent d'ailleurs être combinés avec lisière pour défendre la forêt contre les vents
des considérations d'un autre ordre, que impétueux ou desséchans. Il est vrai que les
nous allons indiquer: produits sont inférieurs à ceux que procure
1° La probabilité d'une hausse ou d'une l'application des nouvelles méthodes d'amé
baisse future du prix des bois, influe sur la nagement; mais, pour peu que ces métho
fixation de l'époque de la coupe. 2° Prévoit- des soient mal entendues dans l'exécution,
on que les grands taillis ne tarderont pas à la forêt se dégarnit et ne se repeuple plus.
être recherchés pour certains usages, comme C'est en ne découvrant jamais le sol en entier
des exploitations de mines, des ouvrages de avant d'avoir assuré le repeuplement, que l'on
fente, etc., on doit les laisser vieillir. 3° Les peut faire croître de magnifiques sapins sur
charbons soni-ils très-chers, on se hâte d'a un plateau de 2 à 3 pouces de terre repo
battre les taillis qui sont propres à cet usage. sant sur des masses de rocs calcaires ou gra
4° Le prochain établissement d'un canal ou nitiques; dans l'application des nouvelles
as AGRICULT. FORESTIERE : CULT ET AMENAGEMENT DES FORETS. Uf. t.
méthodes, le moindre accident peut mettre favoriser les semis naturels, on enlève les
le terrain à nu. pousses et les herbes en grattant le ter
L'ancien usage d'exploiter les forêts en jar rain à la pioche. Les arbres isolés que l'on
dina:il subsiste encore dans la plus grande a laissés de distance à autre pour aider an
partie Je l'Allemagne , mais les nouvelles repeuplement doivent être coupés aussitôt
méthodes dont nous allons parler, et qui ont que le plant est assez épais et assez fort pour
été inventées et mises en pratique par des se passer d'abri.
Allemands, se propagent au point qu''elles 1 Exemple: Forêt d'épicéas d'Aarau, canton
paraissent devoir remplacer partout l'aiancien d'Argovie.
procédé.
§ III. — Coupes par bandes. $ IV.— Méthode de repeuplement des forets.
Au lieu de chercher çà et là les arbres La méthode scientifique adoptée dans l'Al
mûrs ou dépérissans,on rail unecoupe pleine lemagne méridionale, et qui a été appliquée
à laquelle on donne la forme d'un rectangle av-c succès dans nos forêts du Haut et du
irrégulier très-alongé. Tous les arbres qui se Ras-Rhin, consiste à traiter l'exploitation
trouvent dans cette surface sont abattus, à des massifs de haute-futaie ainsi qu'il suit :
l'exception de quelques porte-graines. Cette Le massif de hêtre , de chêne ou de sapin
bande forme la coupe annuelle qui se repeu qui est jugé prochainement exploitable, est
ple naturellement par de jeunes plants qui mis en défense quelques années d'avance,
se Irouventdéjà sur le sol, et surtout par ceux c'est-à-dire que le pâturage et le pacage y
3 ni doivent provenirdes graines qui tombent sont interdits dans la vue de conserver les
es massifs d'arbres entre lesquels cette graines. Lorsque le moment de l'exploita
lisière est resserrée. L'année suivante on ex tion est arrive, on procède à l'assiette de
ploite une autre bande de forme semblable la coupe nombre, en désignant pour l'abattage
dans une autre partie du massif. La princi les arbres qui sont situes dans les endroits
pale précaution à prendre dans ces exploi les plus épais, de manière que ceux qui res
tations consiste à les diriger de manière à tent conservent un égal ombrage sur toute
ne pas donner entrée aux vents destructeurs l'étendue du sol. Cette opération importante
Les hêtres et les sapins, quoique d'une hau et délicate a un double objet : celui de per
teur excessive, n'étant pourvus que de fai mettre au semis de lever'et celui d'empê
bles racines, dans un sol très-peu profond ne cher l'accroissement des herbes. L'air circu
peuvent résister à de faibles coups de vent lera à travers le massif, la lumière commen
qui n'ébranleraient pas des arbres ordinaires. cera à s'y introduire, et les jeunes plants se
On dirige autant que possible les bandes développeront sous l'influence de ces agens
de l'est à 1 ouest, pour procurer de l'ombrage de la végétation, en même temps qu'ils se
au plant {fig. 107). Quelquefois on tourne sui- ront protégés contre les gelées et contre les
chaleurs.
Fig. 107. Lorsque le plant, répandu uniformément
sur le sol, a pris une' hauteur de 10 à 15 pou
ces ; lorsqu'on n'a plus lieu de craindre que
l'accès du soleil et du grand air ne le fasse
périr en occasionant une subite évapora-
lion de l'humidité du terrain; lorsque le
massif est bien garni, il est temps de s'oc
cuper de la coupe secondaire. Celle-ci, que
l'on nomme aussi coupe claire, comprend
une grande partie des arbres restans. On
observera pour l'espacement des arbres des
règles à peu près semblables à celles d'après
lesquelles on a dirigé la coupe sombre; on
vant la pente, pour éviter que les pluies en la se rappellera seulement que les parties de
forêt les mieux repeuplées sont celles qui
traînent les graines (fig. 108). Dans la vue de exigent le moins d'arbres. On laisse subsis
Fig. 108. ter les arbres réservés jusqu'à l'époque où le
semis, ayant atteint une hauteur moyenne
d'un mètre, est devenu assez robuste pour
être livré sans inconvénient à l'influence de
l'air, du soleil et des météores.
Cette époque arrivée, on peut procéder à
la coupe définitive qui comprend les arbres
restans, sauf quelques pieds destinés à ser
vir de porte-graines dans les endroits que
l'on ne juge pas suffisamment repeuplés.
Ces porte -graines sont ordinairement pris
parmi les arbres faibles, difformes, peu éle
vés ; leur destination est de donner des grai
nes et de conserver un peu d'ombrage dans
les lieux où le plant est encore faible. Ces
arbres ne tardent pas à être écimés, ébran-
chés, rompus ou déracinés.
Les trois exploitations embrassent ordi
CHAT. 4*. DE L'AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
nairement une période d'environ 10 années. plement ; 3° que les plants de 3 ou 4 pieds
La rareté ou l'abondance des graines, la ra de haut, étant dégagés du voisinage des grands
pidité ou la lenteur de la croissance des arbres, croissent bien plus rapidement que
plants déterminent les époques respectives ceux qui garnissent les bandes bordées de
des trois exploitations. La principale diffi massifs; 4° que les semis naturels sont dis
culté à surmonter dans l'emploi de cette mé pendieux et ne réussissent pas toujours.
thode, consiste à diriger les exploitations de Exemple d'une belle forêt traitée par la
manière que les vents ne s'introduisent pas méthode de l'ensemencement naturel : Forêt
dans la forêt après la coupe sombre et sur de Ribeauvillé (Haut-Rhin ;.
tout après la coupe secondaire, car ils fe
raient tomber une foule d'arbres , qui, la § V. — Des futaies surtaillis.
plupart, seraient brisés et sans valeur: mais
cette perte n'est pas la plus grande ; l'acci On nomme futaies surtaillis les baliveaux
dent que nous signalons dérange toutes les de tout âge que l'on réserve dans les taillis
combinaisons du forestier, qui a donné tant à mesure de leur exploitation.
de soins pour élever le jeune plant-, on est L'usage le plus général est de réserver 50
obligé quelquefois de recourir à l'ensemence- baliveaux de taillis par hectare. Nous sup
mentnaturel; lesplanlsnesontplusdu même poserons dans nos calculs ultérieurs que la
âge ni de la même force. Mais si aucun dé révolution de l'aménagement est réglée h la
sastre n'est venu déranger l'ouvrage de l'art, période de 25 ans. La coupe comprendra
la terre est bientôt couverte de myriades de donc 50 baliveaux de l'âge du taillis par
plants de l'essence qu'on a voulu propager; hectare. A l'époque de la seconde coupe ces
l'extrême épaisseur de ce plant est une condi baliveaux sont âgés de 50 ans. On fait abattre
tion essentielle de sa réussite; les jeunes tiges, ceux qui sont faibles, difformes ou trop rap
délivrées du voisinage des arbres qui les au proches les uns des aulres, et on en réserve
raient affamées, s'élèvent droites et hautes; environ 18 par hectare. A l'époque de la troi
elles forment un massif dans lequel tous les sième coupe ces baliveaux sont âgés de 75
brins étant à peu près de même force, cha ans. On en réserve 8 environ par hectare.
cun d'eux n'étant ni ombragé ni épuisé par A l'époque de la quatrième coupe, ces bali
les autres, croit avec le maximum de la force veaux sont âgés de 100 ans. On en réserve
qu'il lire de son essence, du sol dans lequel environ 3 par nectare. Aux époques des cou
il est né et de l'atmosphère dont il est en pes suivantes, on réserve un anbrc ou deux
vironné.
La traite du bois qui est abattu dans les par hectare, de 125, de 150 ans, etc. Telle est
la proportion ordinaire dans les foréls bien
coupes doit être exécutée très-promptement, aménagées du nord-est de la France.
pour éviter de trop grands dégâts ; on a soin
qu'elle se fasse à travers les parties de la la L'accroissement de ces futaies varie suivant
coupe non encore exploitées. On recèpe les les nature du sol et l'âge auquel ou exploite
taillis. Le tableau suivant fera connaître
! jeunes tiges de bois à feuilles caduques qui le rapport moyen de leur accroissement dans
tout été brisées, et leurs souches ne tardent un bon sol :
pas à repousser des rejets.
Lorsque le jeune taillis est parvenu à sa Ah du CuLaga en grume. Cubage en priime
20' année, on procède à l'extraction des jeu baliveaux. piedi eubei. baliveaux. pir«la cube».
nes plants de marsault, tremble, bouleau, 40 . ..23 80 . . . 18
charme, oui croissent plus rapidement que 50 . ..63 90 . . . 23
les bois (lui s ou qui embarrasseraient les 60 . . . 10 5 100 . . . 30
plants de sapins.—20 ans plus tard, on pro 70 . . . 13 120 . . . 56
cède à un second nettoiement , en ayant 75 . . . 15 125 . . . 05
soin de tenir toujours le plant épais et bien La queslion des futaies surtaillis a été l'ob
garni ; c'est une condition essentielle de leur jet de longues controverses entre les anciens
prospérité future. On continue ainsi tous les forestiers ; mais, comme la plupart d'entre
-'0 ou 25 ans, jusqu'à ce que le massif soit eux avaient négligé un élément essentiel, ce
exploitable. lui du calcul des produits et de l'intérêt
Les inconvéniens de celte méthode sont : composé, leur opinion n'a pas influé sur la
1* qu'il se passe souvent plusieurs années pratique générale.
sans qu'il y ail des semences forestières et Le motif qui a fait convertir les massifs de
qu'on est alors obligé de recourir aux semis haute-futaie en taillis est que lorsque l'in
artificiels qui ne réussissent pas toujours dustrie s'est introduite en France, on a
dans les terrains découverts; 2° que la moin abattu les massifs pour en consommer les
dre négligence dans l'exécution peul perdre produits, soit dans les villes, soit dans des
sans retour quelques parties de la forél; usines, et que l'on a trouvé plus commode et
3° que trois exploitations dans le même lieu plus avantageux de couper les taillis lors
entraînent des frais considérables, tnndis qu'on trouvait à les vendre, que de les con
qu'en exploitant la coupe par bandes étroites serverez massilsde futaie. Le développement
on abat tous les arbres à la fois, sauf quel de la richesse publique ayant successivement
ques porte-graines. Il est juste d'observer, augmenté la valeur des bois, on a reconnu
1* que les coupes par bandes favorisent aussi qu'il y avait plus de profil à abattre les gros
l'eutrée des vents dans les massifs; 2" que arbres qu'à les conserver, et on en a peu à
celle succession de coupes sombre, secon peu diminué le nombre par le motif ou sous
daire et définitive n'est indispensable que le prétexte que ces baliveaux nuisent à l'ac
dans les terrains secs; car, dans les bons sols, croissement du taillis. C'est sur cette idée
deux coupes suffisent pour opérer le repeu- qu'est fondée la pratique actuelle qui se pro-
AGr.ICUI.TUKB. tomb IV.— i a
90 AGRICULT. FORESTIERE : CULT. ET AMENAGEMENT DES FORETS.
page rapidement. Elle présente des inconv ivé- Il serait impossible de comprendre com
nieus
niens qui entraîneront l'abandon aes des tutaies
futai plètement la théorie générale de l'aménage
sur taillis. 1" Dans les terrains secs le sol ment si l'on n'appréciait pas toutes les con
est trop découvert par l'enlèvement de la séquences diverses de chacun des modes que
futaie, l'humidité s'évapore, et la végétation nous venons d'exposer. Nous ferons d'abord
s'affaiblit à un degré considérable ; les ra connaître la différence entre les produits
cines des arbres et du taillis restans, étant matériels dans deux circonstances opposées.
privés de l'humidité oui les alimentait, ne Prenons une forêt de 100 hectares aména
fournissent presque plus rien à la nourri gée à l'âge de 10 ans, dans un sol de qualité
ture des plantes; 2° les cimes des arbres su moyenne; on exploite par an dix hectares de
bitement exposées aux courans d'air se des taillis qui produisent chacun 50 stères de
sèchent ; 3* les jeunes baliveaux, n'étant plus bois, lesquels, à 5 fr. le stère, vaudraient
dans un état serré, se forment de grosses 250 fr., ce qui donnera pour le revenu de la
têtes et cessent de croître en hauteur après forêt 2,500 fr.
l'abattage du taillis. Prenons une autre forêt semblable pour
Ainsi on ne doit plus avoir désormais que le sol, mais aménagée à 100 ans, et dans la
des arbres difformes ou de petite stature quelle on enlève périodiquement le bois mort
dans les taillis. et les chablis ; cette forêt rendra :
Le mode oui est sur son déclin produisait 1" En bois mort et chablis, par
cependant une immense quantité de beaux an 200 fr.
arbres pour tous les besoins de l'Etat et des 2° La coupe pleine, dont la con
particuliers. Ces arbres étant tenus dans un tenance sera d'un hectare, com
état serré, leurs tiges s'élevaient à peu près prendra 500 arbres valant chacun
comme dans un massif; le taillis ne formait 20 fr., ce qui fait en tout. . . . 10,000 fr.
qu'un sous-bois qui garnissait l'intervalle
entre les arbres; mais actuellement le taillis Revenu annuel . . . 10,200 fr.
étant devenu le produit principal, la futaie (On trouve en France, et notamment dans
dégénère rapidement Les coupes des taillis le haut plateau des Vosges, des massifs de
dont l'époque est déterminée par des calculs haute-futaie qui contiennent pour 10,000 fr.
fondés sur un intérêt élevé étant plus fré d'arbres résineux dont l'âge moyen est de
quentes qu'elles ne l'étaient autrefois, il sera 100 ans.) Ainsi le pays perd les 3/4 des pro
impossible désormais d'élever de beaux ar duits en nature par un aménagement en
bres dans les coupes, car, pour avoir une taillis ; mais la génération présente gagne
futaie d'une belle dimension, les taillis ne sur l'intérêt de l'argent.
doivent pas être coupés trop jeunes; les ba Il est évident qu'une contrée qui possède
liveaux ne s'élevant plus guère après l'ex- un million d'hectares de bois âges de 100 à
Êloitation,surtout lorsqu'ils ne sont pas nom- 150 ans est beaucoup plus riche en matière
reux, ils ne forment jamais que des arbres forestière qu'une autre contrée qui possède
rabougris, et l'on ne manque pas de pronon un million d'hectares de bois taillis dont
cer que le sol de la futaie ainsi traitée ne l'âge moyen est de 20 ans. Dans la première
convient pas pour élever de la futaie. contrée on fait abstraction de l'intérêt de
l'argent; dans la seconde on en fait une ap
§ VI. — De l'âge auquel il convient de couper plication peu éclairée.
la futaie. Dans l'impossibilité de réduire le taux de
l'intérêt de l'argent, il ne reste d'autre moyen
Nous parlerons d'abord de l'usage général. pour rétablir l'équilibre de la production que
Ce n'est que depuis un demi-siècle environ celui d'accélérer la croissance des plants
Îiue l'on tait en France de grands abattis de forestiers; on y parvient par les cultures,
utaie. On conservait autrefois les vieux ar par le nettoiement, par l'élagage et par l'ap
bres sans s'occuper du point de savoir si leur propriation des bonnes espèces de bois au
accroissement rapportait 1, 2 ou S p. 0/0 ; l'u sol. Tel est aujourd'hui l'état de la science
sage, une espèce d idée vague du sacrifice fait forestière en Angleterre, où l'art s'efforce de
au bien public, une pensée dominante d'ordre recréer une partie de ce qui a été perdu sous
et de conservation guidaient le forestier l'influence de l'ancienne législation des forêts
mèmeàson insu, et il réservait uneimmensité et des chasses.
d'arbres qui, tout en continuant de végéter, En Allemagne, on conduit d'une manière
ne gagnaient pas un pour cent par an. Les savante les arbres jusqu'au terme où ils ont
vues qui dirigentaujourd'hui le forestier fran acquis les plus belles dimensions propres à
çais sont encore puisées en partie dans ces leur espèce. On exploite la plupart des forêts
idées de conservation et reposent aussi en résineuses et celles de hêtres â l'âge de 150
partie sur des théories particulières ou sur ans; ainsi chaque année on abat la 140° par
des calculs plus ou moins justes; en sorte tie de leur étendue totale. Les massifs de
qu'il n'y a aucune fixité à cet égard. L'amé chêne subsistent pendant plusieurs siècles.
nagement en Allemagne se règle d'après les Comparons cet aménagement avec l'aména
produits en nature. On veut conserver pour gement ordinaire de nos forêts de sapins.
les siècles futurs une masse de bois égale au Ces dernières, exploitées par la méthode
moins à celle que l'on a trouvée. Il en est du jardinage, produisent annuellement en
tout autrement en Angleterre, où l'on coupe viron 60 pieds cubes par hectare pour toute
un arbre lorsqu'il ne rapporte plus tant pour l'étendue de la forêt; ainsi une forêt de 140
cent. On cherche uniquement uu produit en hectares produit par an 8,400 pieds cubes de
argent, à moins qu'il ne s'agisse d'arbres con bois qui valent dans la forêt, à raison de 60
servés pour agrément. centimes le pied cube, la somme de 5,040 fr.,
chai-. 4*. DE L'AMENAGEMENT DES FORÊTS, 91
laquelle exprime le revenu de 140 hectares, 188 fr. 80c.
en sorte que le revenu par hectare est de abattus; ces derniers cubent clin
86 francs. cun 30 pieds métriques et valent,
En Allemagne, une forêt âgée de 140 ans à raison d'un franc 20 centimes
contient 20,000 pieds cubes de bois, terme le pied cube, 36 francs chacun,
moyen, parhectare, en sorte qu'en exploitant ce qui fait pour tout 180
un hectare par an, le produit total est de 4° Il reste 8 arbres de cent ans
20,000 pieds cubes de bois de chêne, hêtre et au-dessus ; on peut en couper
ou sapin, qui, à 60 centimes le pied cube pris deux, qui valentensemble,y com
en forêt, valent 12,000 fr. pris les branchages 112
On procède à l'expurgade des Le taillis de 25 ans produit
bois blancs et des plants qui sur 6,400 pieds cubes de bois propre
chargent le massif 4 fois dans la au chauffage ou à la carbonisa
révolution de l'aménagement, c'est- tion qui, ft 15 centimes le pied
à-dire tous les 35 ans, coupe qui, cube, valent 960
réduite à un terme moyen annuel,
s'étend sur 4 hectares et produit à Valeur totale de la coupe. . . .1,440 f. 80 c.
raison de 600 fr. par hectare la
somme totale de 2,400 Comme cette coupe est le seul revenu
d'une forêt qui contient 25 hectares, il en ré
Total 14,400 fr. sulte que l'hectare rapporte annuellement
Ainsi, le revenu annuel d'un massif de 57 francs 63 cent. Cette somme est bien su
futaie, traité par la méthode allemande, est périeure au taux moyen du revenu des forêts
de 14,400 francs pour 140 hectares, ce qui de l'Etat, qui ne dépasse pas communément
revient à 102 fr. 85 cent, par hectare , 20 francs par hectare; mais nous calculons
somme qui dépasse de beaucoup le revenu sur une forêt située dans les plaines du nord-
des forêts semblables traitées suivant l'an est de la France, où les débouchés sont fa
cienne méthode du jardinage. ciles et les moyens de consommation assu
Exemptes de forêts bien peuplées: Forêt de rés.
Riquervirch (Haut-Rhin); il y a dans ce mas Ainsi, en réduisant les produits à leur va
sif.1400 sapins par hectare estimés 21,000 fr.; leur en argent, nous trouvons qn'une forêt de
fbrèt de Nideck (Bas-Rbiù). haute-futaie jardinée produit annuellement
Nous allons calculer pour dernier terme de parhectare, terme moyen 86 f. » c.
comparaison le revenu moyen d'une futaie sur Qu'une forêt semblable traitée
taillis, exploitée suivant la méthode française par la méthode allemande pro
dans un sol assez fertile et dans laquelle on a duit 10S 85
choisi des réserves dont le nombre est gra Et qu'une forêt exploitée en
dué dans la proportion indiquée au § précé taillis et futaie sur taillis produit 57
dent. Ce revenu est calculé pour la coupe Celte comparaison donne lien aux ré
d'un hectare dans un bois de 25 hectares flexions suivantes :
aménagé à 25 ans. Le système des massifs de futaie qui s'é
1* On trouve 50 baliveaux âgés de 25 ans, tend sur les 9/10" des forêts de la France n'est
et comme on en réserve 18, il en reste 32 à plus en vigueur, puisque généralement on ne
abattre. Dans ce dernier nombre la moitié réserve pas des arbres en assez grand nom
ne sert qu'à faire du bois de chauffage , il en bre et d'un âge convenable pour remplacer
reste 16 dont les tiges contiennent chacune ceux que l'on exploite. La méthode du jar
deuxpieds cubes 310, et comme le pied cube dinage n'est plus généralement suivie, mais
métrique de petit bois vaut communément aucun mode fixe n'y a encore été substitué.
un franc, la valeur de 16 arbres sur taillis est On peut remarquer seulement que la prati-
de 36 fr. 80 cent 86 f. 80 c. Î[ue générale qui s'établit en France, par une
Les 16 autres arbres sur taillis, oule de faits isolés, tend à adopter en défi
propres seulement au chauffage, nitive pour unique base de l'aménagement
valent ensemble, avec les bran forestier les produits en argent. C'est par une
ches des premiers 13 » suite de calculs faits avec plus ou moins
2° On trouve 18 modernes ou d'exactitude sur cette base qu'une grande
arbres de 75 ans par hectare, fiartie de nos futaies ont été abattues, et que
8 sont réservés et lOsont coupés; 'époque de l'exploitation des taillis a été de
dans ce dernier nombre 7 sont vancée; les revenus sont considérables parce
propres au service, les trois autres que l'on exploite beaucoup à la fois; mais ils
ne peuvent guère servir que pour s épuiseront, et l'on ne pourra en créer de
le chauffage. Les 7 premiers cu nouveauxque par l'adoption d'un bon système
bent chacun 15 pieds métriques de culture forestière, lequel consiste princi
et valent 15 francs. Leur valeur palement à accélérer la croissance des taillis
totale est donc . 105 » et des futaies en dépensant à propos l'argent
Les trois modernes de qualité nécessaire pour en soigner la production.
inférieure valent avec les bran Cette culture consiste : 1° à approprier les
ches des premiers 35 » espèces de bois au sol et au débit; 2° à com
3° On trouve 8 arbres anciens, poser chaque aménagement d'une espèce
âgés de 100 ans, par hectare, 3 d'arbres ou de deux espèces analogues; 3° à
sont réservés , les autres sont ne conserver dans chaque massif que des
plants delà même force, du même âge et con
188 f. 80 c. venablement espacés autant que possible;
92 AGRICULT. FORESTIÈRE : CULT. t ;t AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, ut.
•I" à n'exploiter chaque massif qu'à l'Age où il
rend le maximum clos produits en argent; VII. — Exploitation des futaies arec un repeuple
5" à ue pas conserver de vieux baliveaux clans ment artificiel.
les taillis, niais à élever de grands arbres
rnmassilsdansla meilleure partie de la forêt; Si les repeuplemens artificiels étaient ton -
fi" à employer dans les portions arides des jours bien assurés, ce serait sans contredit
forêts la méthode d'ensemencement naturel ia voie In plus économique pour repeupler les
pour les futaies et celle du fur tage pour les Jorêts. On pourrait faire des coupes pleines,
taillis; 7° à ne pas épargner les frais de cul dans l'espace d'un an.ee qui serait beaucoup
ture lorsqu'il est évident qu'ils doivent être plus avantageux que de faire durer l'exploi
remboursés par des produits immédiats ou ta! ion à diverses reprises pendant 10 ans;
par un surcroit de produits éloignés. mais on ne peut guère espérer de voir ce
Les calculs qui seront faits d'après l'étude procédé généralement usité, tant que chaque
du maximum (les produits en argent feront forêt n'aura pas sa pépinière pour fournir
connaître que tel bois doit être exploite à du plant en abondance et à bon marche.
10 ans, tel autre à 30, tel autre à 100 ans, Cependant c'est ainsi que se régénèrent les
suivant les besoins que l'on a dans chaque plus belles forêts de sapins de la Toscane;
contrée, de menu bois, de gros bois ou de on y a fait les exploitations à blanc, el le
pièces de charpente. Partout l'étendue et la repeuplement s'opère au moyen des pépi
nature de la production devront se régler nières annexées aux forêts. Ces repeuple
d'après la demande présumée. On ne réali mens sont peu dispendieux, car une pépi
sera pas de telles améliorations sans beau nière de 2 ares suffit pour replanter 1 hectare.
coup de calculs et de démonstrations préli Les plantations se font en automne; le prin
minaires. Nous ne croyons pas inutile, sous temps est trop sec en Italie pour que l'on
ce rapport, de passer encore une fuis en revue puisse confier dans cette saison le plant à la
les tables précédentes. terre, à moins qu'elle ne soit arrosée. Les
Prenons un exempte dans la table 1" delà plants sont espacés de manière à occuper
page 81. La progression nous fera connaître, chacun un étendue de 7 à 8 pieds de rayon.
en la combinant avec un calcul très-facile, On a adopté l'ordre symétrique comme ce
l'âçe auquel il convient d'abattre les arbres lui dans lequel les arbres se développent le
qui croissent suivant cette progression. mieux. L'efficacité de ce soin est à accord
Nous supposerons que l'on veut les exploiter avec l'observation que les arbres demandent
ittissitôl qu'ils ne rapportent plus 4 p. 0 0 par un espace dans lequel ils puissent s'étendre
an. Leur valeur primitive doit doubler tous également dans tous les sens. Peu de temps
les 18 ans pour qu'ils puissent rendre ce) in après que la plantation est effectuée , le sol
térêt. Nous voyons que l'arbre désigné dans se couvre d'une infinité de ronces et d'au
ce tableau a plus que doublé de valeur tous tres arbustes que l'on se garde bien de dé
les 18 ans jusqu'à lâgede5->aus; son volume truire, car ils tiennent le sol à couvert et
croit ensuite plus rapidement, mais le pied garantissent par là le jeune plant d'une trop
cube de gros bois étant plus cher que celui lu rte transpiration; mais au bout de 6 ans
d'un petit bois, on gagne encore à attendre cette espèce d'abri a disparu, el les sapins
pour le couper. Si nous jetons un coup-d'œil couvrent tout l'espace.
sur le tableau de la page 19, nous verrons La coupe de ces arbres se fait vers leur
que jusqu'à l'âge de 110 ans la valeur de l'ar 90" année, lorsque la flèche supérieure, qui
bre qui fait le su jet de celle table, a encore est la dernière pousse annuelle, s'incline et
doublé dans la dernière période de 18 ans. ne s'alonge plus.
La table qui fait connaître l'accroissement La culture momentanée du seigle dans
moyen des sapins dans un massif jardiné les sapinières exploitées a produit, dans ces
(pageSô) donne à peu près le même résultat. climats chauds, des effets désastreux, en
Jl ne faut point perdre de vue que ces ta arrêtant la multiplication des arbustes, des
bleaux d'accroissementdes futaies ne s'appli ronces et des grands herbages qui croissent
quent qu'aux arbres qui ont pu vieillir un naturellement après la plantation, et qui
siècle ou un siècle et demi dans un état sain, seuls conservent la fraîcheur el l'humidité
mais qu'elles n'ont aucun rapport avec une nécessaires à la végétation.
foule d'autres arbres viciés ou gâtés par des On ue connaît en Italie que deux modes
maladies et des accidens de tout genre. Si les de culture forestière, celui des taillis et ce
arbres de la fêlasse grossissent suivanteelte lui des massifs de haute-futaie. Le mode
progression, il s'en faut bien que l'accroisse mixte des futaies surtaillis n'y est pas em
ment total des massifs de nos futaies pris en ployé.
masse suive la même loi ; mais on la retrouve
dans les forêts soumises à la méthode de l'en § VIII. — Des essarts.
semencement naturel et des expurgades par
éclaircies. J'ai reconnu que dans la forêt de Après avoir parlé des méthodes générales
Joux, et dans les autres belles forêts du Jura, d'exploiter les bois, soit en tailiis, soit en
les sapins qui ne sont pas défectueux grossis futaie, nous parlerons des pratiques locales
sent uniformément d'un pouce par an sur qui sortent de ces grandes divisions.
leur circonférence; mais celte progression La culture des bois en e.ssarts se pratique
n'est point applicable à l'étendue totale du depuis plusieurs siècles dans les Ardeunes ,
massif qui est soumis au jardinage. les Vosges, dans le pays de Darmstadt et en
divers lieux sur les bords de la Sarre, de la
Moselle et du Rhin. Les bois d'essarts sont
des taillis de cbéue qui s'exploitent en plein,
chap. A'. DE L'AMÉNAGEMENT DES FORETS
sans réserve de baliveaux, tous les 16 ou
18 ans, et dont on cultive le sol après l'ex-
ploitalion pour y semer du seigle et d'autres
graines pendant 2 ou 3 ans au plus.
Uécobuage est l'un des travaux essentiels
de celte culture. Lorsque le taillis est coupé,
les habitans du voisinage cultivent le sol à la
pioche; ils disposent la pelouse en petits
fourneaux sur lesquels ils placent les genêts
et les herbes qu'ils ont pu ramasser dans le
voisinage ; les cendres de ces fourneaux sont
répandues sur le sol ; ensuite on y sème du
seigle. Dans certaines localités, la portion du
propriétaire, qui n'est tenu à aucuns frais,
s'élève ordinairement à 30 ou 36 francs par
hectare.
L'abattage des taillis et Vécorcement se
font simultanément en pleine sève. M. Lintz
a reconnu que la végétation se montre bien
plus puissante dans ces essarta que dans les
taillis ordinaires; il a mesuré des jets de
chérie d'un an, qui avaient 3 mètres de lon
gueur. Il regarde celte forte végétation com
me l'effet de l'abattage onéré en pleine sève;
mais la culture y contribue davantage, car ■/^/^
nu ne remarque pas dans les taillis incultes , '
cou; és en pleine sève, des effets semblables.
Les taillis des essarts sont aussi élevés et
aussi forts à l'âge de 6 ans que les taillis ordi
naires à l'âge de 12 ans. Les brins étant écor-
cés jusqu'au niveau du sol, les jets sortent
nécessairement du collet des racines et for riture abondante ; le taillis procure aux der
ment plus tard eux-mêmes de nouvelles niers jets des souches un abri contre les
souches. vents desséchans et contre les gelées. Ce
Les Allemands, qui ont étudié ce sujet genre d'exploitation convient parfaitement
d'un point de vue élevé, ont reconnu que aux taillis de hêtre, dans les terrains secs
cet usage se recommande encore plus par et légers. 11 est usité dans les forêts du nord-
l'étendue des travaux utiles qu'il exige que est de la Nièvre, et de l'ouest de Saône-et-
par la richesse du produit brut qu'il pro Loire. Les taillis de chêne du même pays,
cure. En effet, une partie de ce produit est qui sont destinés à être écorcés , sont ex
une création industrielle. ploités de la manière suivante: tous les 6 ans
on coupe sur chaque souche les gros brins,
§ IX. — Du furetage. qui sont âgés de 18 ans, et on laisse subsister
tous ceux qui sont âgés de 12 ans et de 6 ans.
Six ans plus tard on revient couper les brins
On appelle ainsi le mode d'aménagement qui avaient 12 ans à l'époque de la coupe
qui consiste à couper dans un taillis les plus précédente, et ainsi de suite.
gros brins d'une grosseur déterminée , en Cette exploitation s'exerce avec certaines
laissant subsister les petits brins jusqu'à précautions, qui ne doivent jamais être né
l'époque où ils auront atteint la dimension gligées. Comme dans les essarts, on écorce
des premiers. Les bois où le furetage s'exerce les brins jusqu'au niveau du sol, afin que
sont peuplés principalement de hêtres; on les jets sortent nécessairement de terre; on
n'y conserve point de futaies, parce qu'elles ne réserve point de baliveaux; 2 ans après
sont considérées comme nuisibles; on ré chaque coupe, on procède an curage, opéra
serve à peine quelques baliveaux; mais on tion qui consiste à couper le houx, le genêt,
laisse croître en liberté les châtaigniers qui les épines, les brins tralnans et les plantes
se trouvent çà et là dans ces taillis. L'ex adventices, de manière que Je.pl an ( de chêne
ploitation revient tous les 10 ans dans la reste seul dans la forêt.
même partie «le la forêt. Sur chaque souche Exemplet de ce mode d'exploitation : Bois
il y a des brins de 3 âges différens (Jîg. 109). de Roussi lion et Verrière (Morvan); boisd'Ar-
On coupe tous ceux qui ont plus d'un pied leu (Nièvre).
detour,et on laisse subsister les autres. On
conserve tous les brins de semence. § X.— Aménagement on assolement de forêts
Les coupes nouvellement Juretées sont suivant méthode de M. Cotta.
couvertes d'herbes, de genêts, de brins cas
sés ou pliés; mais quelques années après on But de cette méthode. — Répartir les forêts
n'aperçoit aucune trace des dégâts que l'ex selon les besoins du pays et suivant la nature
ploitation avait occasionés, et les arbustes du sol; — céder à l'agriculture les portions
sont étouffés. Les petits brins, trouvant l'es de forêts qui lui conviennent, et qui après
pace nécessaire pour se déveloper, croissent un long repos sont engraissées par 1 accumu
avec force, et comme lo so\ n'est jamais lation de débris végétaux ; — placer les forêts
découvert, les racines reçoivent une nour dans les lieux qui ne conviennent pas ou qui
AGRICULT. FORESTIÈRE t CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORETS, irr.T.
ne conviennent plus à l'agriculture; — régler 7° Lorsque ces derniers arbres ont atteint
cet assolement de manière à augmenter la l'âge déterminé, on les arrache et on en re
masse totale des produits agricoles et fores plante d'autres dans l'espace qu'occupaient
tiers : — tel est le but de la méthode de les céréales; ensuite on cultive des céréales
M. Cotta, qui classe dans an seul système tou dans les lieux où existaient les arbres que
tes les cultures, y compris la culture des bois. l'on vient d'arracher.
Exposé de la méthode. — 1° On choisit une 8" On dirige autant que possible les ran
forêt propre à l'objet que l'on se propose; on gées d'arbres du nord au sud.
la divise en un certain nombre de coupes 9° Les espèces d'arbres que l'on plante de
déterminées d'après la nature du sol, la tem- préférencej sont le bouleau, le pin, le mélèze
fiérature du climat, et l'espèce d'arbres que et le cerisier. (Il est indispensable d'avoir
'on veut élever. une pépinière dans chaque forêt.)
2° Chaque année on abat le bois de l'une 10" En cessant de cultiver le blé, on sème
de ces coupes dans l'ordre suivant {fig. 110) : avec celui de la dernière année des graines
de trèfle et de sainfoin.
Fig. 110. 11° Les arbres sont soumis à l'élagage, s'ils
en ont besoin.
de ce mode d'aménagement
ceux-ci f— le bois croit bien plus rapi
dement dans un espace cultivé que dans un
massif de forêt; — la croissance d'un arbre
isolé est bien plus vigoureuse que celle d'un
arbre de même espèce, qui croit au milieu
d'un bois; — lorsqu'une terre a été pendant
30 ou 40 ans planté'e de bois, et surtout d'es
sences résineuses, les céréales y croissent
avec plus de force qu'auparavant, et sans en
grais pendant long-temps; — les arbres
croissent ensuite à leur tour avec force dans
un sol qui a été cultivé; — on ne nuit point
aux arbres, dans leur jeunesse, en cultivant
du blé ou d'autres plantes annuelles, dans
leur voisinage, et réciproquement, celles-ci
n'en reçoivent aucun dommage ; — on obtient
ainsi la plus grande quantité possible de blé,
de fourrage et de bois dans un espace donné.
Chaque partie du sol est occupée de la ma
nière la plus avantageuse ; le plus petit espace
est planté du bois qui lui convient, et chaque
espèce d'arbres est à sa place.
Deiigatlioo Anodee de
des coupe*. l'eiptoiUlian. lesExemples. En Poméranie, on essarte dans
forêts de pins des espaces dans lesquels
A 1835 on sème du blé pendant plusieurs années,
B 1836 après lesquelles le terrain est abandonné
C 1837 pour être ensemencé par les bois voisins. En
D 1838 Souabe, en Franconie, les terres sont mélan
E 1839 gées d'arbres. Dans la vallée de l'Emmen, en
F , . . . 1840 Suisse, les collines sont boisées de bouleaux
3° On défriche la coupe et on en dispose que l'on exploite à l'âge de 20 à 30 ans; on
le sol pour la culture des céréales. On cul arrache les souches, on brûle le résidu de
tive ce terrain défriché comme un champ l'exploitation pour en répandre les cendres
ordinaire. sur le terrain dans lequel on sème, pendant
4" On choisit ensuite une espèce d'arbres 3 années de suite, du blé, des pommes-de-
propre au but que l'on veut atteindre et terre et des légumes. Le sol épuisé est de
aux besoins locaux. On plante ces arbres en rechef planté en bouleau.
raies dans le sens des sillons, en disposant Application. — La culture du bnis peut
les rangées de manière qu'elles soient éloi s'alterner avec la culture des céréales, à des
gnées 1 une de l'autre de 20 à 30 mètres, se intervalles plus ou moins longs; la durée
lon que l'on a plus ou moins besoin de blé., des périodes varie suivant les espèces d'ar
de fourrage ou de bois. Les tiges des arbres bres. Le marsault s'exploite en taillis qui se
qui forment ces rangées sont éloignées en coupent tous les 8 ou 9 ans; les souches con
tre elles de 10 à 12 décimètres. servent leur force pendant 30 ans; ensuite
5* Entre ces lignes d'arbres on cultive du on les arrache, et on cultive le sol jusqu'à
nié ou d'autres céréales, tous les ans, jusqu'à l'époque où la culture en devient onéreuse
l'époque où les arbres ont pris assez de crois ou peu profitable.
sance pour gêner cette culture. On la cesse Lorsqu'on exploite le pin sylvestre, les sou
ensuite entièrement. ches sont arrachées, et on met utilement
6° On éclaircit ces arbres lorsqu'ils sont le terrain en culture. Les terres qui ont été
devenus assez forts pour se nuire mutuelle fécondées par l'engrais des feuilles de pins,
ment; on ne laisse subsister que ceux qui deviennent fertiles pour un assez grand nom»
peuvent croître avec vigueur, jusqu'à l'épo bres d'années.
que de la coupe définitive. La culture forestière des grands bois à
. 4». CULTURE DES FORÊTS. 95
feuilles caduques ne peut s'alterner avec la très-épais. Si le plant de l'espèce que l'on
culture des céréales qu'à de longs intervalles, veut propager est trop cher, on remplit les
car les semis de chêne, d'orme et de frêne ne intervalles de bois blauc dont la croissauce
produisent que de faibles brins, dans les 20 rapide procure promptement le couvert dont
premières années de leur existence; mais, la plantation a besoin. Cette observation
après la première exploitation, le recru s'applique à tous les terrains qui ne sont pas
pousse avec force; les souches produisent en humides.
core davantage après la seconde exploita-
lion; leur vigueur dure plus d'un siècle, à § 11. —Travaux d'assainissement et d'irrigation.
peu près dans la proportion suivante :
Dans un taillis de 20 ans, la solidité d'une L'humidité du sol, occasionée par le sé
tige est d'environ t pied cube. Sa souche jour d'eaux croupissantes, est une cause fré
poussera des rejets, dont le volume total, à la quente du dépérissement des forêts, tandis
fin de la 2e période de 20 ans, sera de 3 pieds qu'en faisant écouler ces eaux dans des ca
cubes. La souche de 40 ans portera des jets naux creusés pour ces objets^ on peut, dans
qui, 20 ans plu* tard, cuberont ensemble 10 certaines localités, s'en servir pour d'utiles
pieds. La souche di 60 ans produira une cé irrigations. Le dessèchement s'opère presque
pée d'environ 20 pieds cubes. toujours facilement en ouvrant, suivant la
Il est des souches d'aulnes qui produisent, direction de la pente du terrain, des fossés
dans une période de 2u ans, 60 pieds cubes qui versent les eaux au dehors de la forêt.
de bois. On peut vérifier cette observation Les eaux stagnantes se rendent dans ces fos
dans tous les taillis. sés par de petites rigoles qui sillonnent le
Ainsi, on ferait une perte considérable, si terrain dans toutes les directions indiquées
l'on arrachait un plant de bois dur tous les 20, par la configuration du sol {fig. 111).
30 ou 40 ans; mais il y a du profit à arracher Fig. 111.
les arbres résineux, dont les feuilles ou ai
guilles engraissent le sol, au point qu'il de
vient pour long-temps fertile sans engrais ni
amendement. L'assolement des céréales se
combinant parfaitement avec la culture des
arbres résineux, ce sont ces dernières essen
ces qu'il faut planter de préférence.
Section iv. — Culture desforêts.
§ I™. — Soins et culture à donner aux plantations.
Labourage et culture a la houe. Les planta
tions qui sont faites daus les terrains secs
n'ont besoin de oulture que dans la première
année qui suit la récolte des blés dans les
quels les plants ont été placés. Ce labour
coûte 18 fr. par hectare. Mais, dans les ter-
raius humides, il est indispensable de cou
per l'herbe tous les ans, jusqu'à ce que le
taillis soit assez fort pour l'étouffer. Exem Ces fossés et rigoles peuvent être traces
ple. — Vastes plantations de Nully (Haute- à peu de frais, de Ta manière suivante : On
Marne), en bouleaux, marsaults et chênes. charge le garde forestier, ou un ouvrier in
Il est beaucoup plus facile de cultiver les telligent, d'aller reconnaître, après une
plantations faites en lignes, que celles qui grande pluie, la direction des petits courans
sont disposées irrégulièrement. On peut qui s'établissent de toutes parts sur la sur
même semer dans les intervalles, des plantes face de la terre inondée, et de planter des
annuelles, dont la récolte rembourse les frais jalons dans toute l'étendue de ces courans;
de culture. Exemple. — Plantation de chêne et lorsque l'eau est retirée, on fait creuser
et frêne , faite clans le bois de Lamarche des fossés et des rigoles plus ou moins larges
(Côte-d'Or), cultivée avec mélange de mais. dans toutes les directions jalonnées, que Ion
— Croissance excessivement rapide. redresse un peu. Le prix des fossés varie, sui
Les bois formés par la voie des semis ne vant leurs dimensions, de 10 à 15 centimes
demandent pas à être cultivés dans les pre par mètre courant. De petits aquéducs con
mières années, à moins qu'il n'y ait trop de struits en pierre ou en bois traversent les
grandes herbes sur le sol, mais il ne faut pas chemins et les routes, dans tous les endroits
même le dégarnir de ces plantes protectri où ces voies de communication interceptent
ces, à moins que le jeune plant ne soit assez le cours des eaux.
épais pour couvrir presque entièrement la Ce système de dessèchement, si peu dispen
terre. Exemple d'un semis de chêne âgé de 20 dieux, réussit complètement, à moins que le
ans, fait à la charrue, et n'ayant point reçu terrain ne soit dominé par des courans supé
de soins ultérieurs, à Buisseuil, près Paray rieurs. Il est inutile de donner d'abord beau
(Saône-et-Loire). Ce semis forme un taillis coup de largeur aux fossés: on reconnaît plus
très-beau et bien garni. lard, en exécutant le premier curage, les di
Des observalious faites sur un grand nom mensions précises qui leur conviennent.
bre de planiations prouvent que leur réus Un dessèchement subit fait périr les aul
site n'est assurée que lorsque les plants sont nes et les marsaults ; mais les espèces dures ne
06 AGRICULT. FORESTIERE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, u». v.
tardent pas à paraître à leur place, s'il y a de les palissades étant très-dispendieuses, on se
grands arbres porte-graines de cetle dernière borne à ouvrir des fossés de 16 à 20 décimè
essence dans le voisinage. Toutes les terres tres de largeur; les terres provenant du cu
argileuses deviennent fécondes lorsqu'elles rage sont amoncelées sur le bord supérieur.
sont desséchées. Quelquefois on plante une haie sur cette
Les irrigations naturelles, occasionées par berge, et le fossé se remplit de ronces, ce qui
le débordement des rivières et des ravins fait une clôture impénétrable. On pourrait
dans les forêts, influent fortement sur la vé employer l'acacia, que l'on couperait en tail
gétation, pourvu que ces eaux puissent pren lis très-jeune pour le tenir constamment ser
dre assez promptement leur écoulement, et ré; la surface même du fossé serait ainsi em
ne croupissent pas dans le sol. Le bois qui ployée produclivement.
croit dans les parties arrosées d'une terre lé Dans 1rs pays de pâturage où les propriétés
gère ou sablonneuse a, toutes choses égales sont closes, il est plus indispensable qu'ail
d'ailleurs, quatre fois plus de volume que leurs que les taillis soient environnés dé hai«*s
celui qui existe dans les parties supérieures qui les défendent contre les incursions du bé
au niveau du débordement. Il est souvent tail. Quant aux pépinières forestières, il faut
facile, par le moyen de quelques barrages, nécessairement les enclore de murs ou de pa
d'arroser un bois à peu de frais, opération lissades pour les défendre contre le gibier.
qui permet de récoller des fourrages dans
les intervalles des plants forestiers. § IV. — Elagage des arbres dans les forêts.
§ III. —Clôture et abri des semis et plantations. L'élagage des arbres dans les forêts a été
essayé et pratiqué souvent avec peu de
Sur les bords de la mer, où il est si difficile succès, parce qu'il exige plus de précautions
de faire réussir les plants forestiers sans avoir que l'on n'en prend ordinairement Telle est
formé des abris préalables, il est nécessaire la cause qui a empêché que celte méthode
de conserver des massifs d'une dizaine de ne s'étendit généralement. On a cependant
mètres de largeur, pour protéger les plants ou réussi dans les forêts où l'on a employé la
le recru des taillis, surtout contre les vents méthode suivante : 1* On ne coupe que les
du nord-ouest, dans la plupart de nos con branches inférieures des arbres ; 2° on ne
Irées. Dans les Alpes, on laisse subsister sur coupe pas les grosses branches immédiate
les bords des forêts d'épaisses lisières d'ar ment près delà tige principale, mais on laisse
bres ; ce sont ordinairement des sapins; quel un tronçon ou chicot d'environ un pied de
quefois on choisit d'autres «s pères ; M. Kas- longueur, lequel est abattu et rasé près de
tiiofer cite une plantation de sorbiers faite la tige un an ou deux après la première opé
autour d'une forêt communale en lignes si ration. Cetle précaution a pour objet d'éviter
serrées, qu'ils eu ferment l'entrée aux brebis le dessèchement que produit toujours la
et aux chèvres. chute d'une grosse branche lorsqu'on la
En France, dans plusieurs localités, on coupe en une seule fois sur la tige; 3* on a
laisse subsister des lisières de a à 3 mètres soin que la surface de la section soit parfai
de largeur sur le bord des coupes, pour rom tement nette.
pre l'effort des vents et former une espèce L'élagage sera d'autant plus
de clôture. La figure suivante donne une idée que l'on se conformera davantage,
de la disposition de ces lisières, qui sont très- I exécution, aux préceptes suivans : 1° on
utiles dans les forêts dont le sol est un peu doit éviter de procéder trop tôt à l'élagage
sec et élevé (fig. 112). Les clôtures murées et des taillis dans un terrain sec; il faut que le
Fig. 112. sol soit suffisamment ombragé pour que l'on
puisse retrancher des branches sans le dé
garnir; 2° on choisit les plus belles bran
ches verticales et on supprime les branches
inférieures; on raccourcit seulement celles
3u'il parait utile de conserver pour ne pas
imiuuer subitement la masse du feuillage;
3* il est inutile d'élaguer dans les taillis les
brins qui ne sont pas destinés à devenir un
jour des baliveaux; 4° ou commence les éla-
gages au mois de septembre; ils doivent être
terminés au plus lard le 15 mars.
Mo\tk*ih recommande aux forestiers
d'être soigneux dans le choix des branches
qu'ils doivent conserver, et de couper celles
qui tendent à s'élever dans une direction verti~
cale et à rivaliser avec la tige principale.
Quant aux branches horizontales qui nuisent
peu à la végétation de l'arbre, ou retranche
seulement Tes plus basses. Lorsqu'un arbre
présente deux tiges élevées qui se disputent
la supériorité, il faut, si toutefois on peut le
faire sans porter préjudice à la tige princi
pale, enlever la moins belle et soigner celle
qui reste.
I»t valeur d'un arbre dépend principale-
nui». 4\ CULTURE DES FORETS,
ment de la netteté, de la beauté el de la hau courbes en suivant soigneusement le pro
teur des tiges. On doit donc les diriger de cédé que nous allons indiquer d'après Mon
manière à en former des arbres d'un certain tea th.
prix (Jig. 113.) Si vous avez un chêne, un orme ou un
Fig. 113. châtaignier qui se bifurquent en deux tiges
se disputant entre elles la supériorité, coupez
la tige la plus droite et la plus élevée {fig.X 14).
Fig. 114.
Taillis de 15 ans.
Fig. 120.
ICO ACRICULT. FORESTIÈRE : OJLT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS. v.
Fig. 121.
Taillis de 25 ans.
Fig. 122.
Taillis de 30 ans.
Ces figures indiquent le nombre et la sta temps. Il s'en faut de beaucoup qu'il en soit
ture des brins réservés après les nelloie- ainsi. Je ne citerai ici qu'une observation
niens. que j'ai faite dans un pai e sur un massif de
sapins dont les plants sont de u:éme âge,
§ VII.— De l'élagage des massifs de futaies de bois observation que tout le monde peut vérifier
feuillus. dans d'autres parcs. Les arbres du pourtour
La première opération qui se fait dans les ont 3 pieds et demi de tour; ceux qui sont
mass i's de futaie de chêne ou de hêtre com dans l'intérieur n'ont qu'un pied et demi ;
la hauteur est à peu près égale, en sorte que
plètement repeuplée par la méthode d'ense les derniers n'ont pas le cinquième du vo
mencement naturel, consiste à enlever, vers lume des premiers ( la solidité étant ici
la 24' année de l'âge du plant, tous les bots comme les carrés des surfaces).
blancs. Cette extraction donne un produit
assez considérable. Le plant destiné à former desOnmassifs peut faire la même observation sur
la futaie est encore très-faible, car il est ex qui croit au de futaie. Un chêne de 100 ans
milieu d'un massif non éclairci
trêmement épais. On peut en juger par le n'a ordinairement qu'un volume de 4 pieds
dénombrement suivant: et demi cubes, tandis qu'un chêne du même
M. Lintz a compté dans la forêt du Mont- âge
Tonnerre, sur une coupe de plants de hêtres dansqui croit sur le bord du massif ou même
une futaie sur taillis a ordinairement
âgés de 3 ans, 1 million de plants par hec
tare. Un plant de la même espèce, âgé de 30La pieds cubes.
conclusion de ces faits est, qu'il faut
10 ans, lui a présenté 360,448 brins par hec étudier
tare. Une autre coupe bien fournie en hêtres commencent avec soin le moment où les plants
de 30 ans a donné 10,314 perches par hec sif qu'il ne faut à languir et les enlever du mas
tare. Ainsi une immensité de brins avaient car les arbres cependant pas trop dégarnir,
péri ou avaient été enlevés dans les inter hauteur de se soutenir ont besoin pour croître en
valles des époques ci-dessus. mutuellement.
La culture forestière a pour objet d'en
lever dans le temps le plus opportun ces § VIII. — Du nettoiement des forêts résineuses.
plants qui étaient destinés à périr, si l'art
ne fût pas intervenu dans la double vue de La plupart des forestiers veulent que les
les employer utilement et de dégager plus plan talions d'arbres résineux soient écbiirci es
promptement les brins qui doivent former comme les autres bois; mais ils convien
le massif de futaie. La principale difficulté nent tons que ces arbres doivent être tenus
est relative à Vespaccmrnt à donner à ces dans un état serré pour résister aux vents
derniers dans chaque période de leur ac qui les fatiguent beaucoup plus que les ar
croissement. bres à feuilles caduques et pour (pie le sol
Il importe de détruire une erreur généra demeure entièrement couvert. Le plus petit
lement répandue à ce sujet. Cette erreur espace suffit dans les forêts pour que chaque
consiste à croire que si l'on resserre les ar plant d'essence résineuse croisse avec une
bres dans un espace tel qu'ils occupent cha vigueur apparente; on voit des centaines de
cun 4 pieds carrés, ils prendront moitié de jeunes arbres vigoureux s'élever dans un es
la force qu'ils auraient acquise dans- un es- pace de 10 mètres en carré, mais ils finissent
Vace de 8 pieds carrés pendant le même par s'éclaircir naturellement: une lutte s'é
CHAP. 4*. EXECUTION DE L'AMÉNAGEMENT. 101
tablit entre eux, et les plus faibles ne tar leure de toutes les délimitations est l'ou
dent pas à languir; c'est sur cette indication verture d'une route mitoyenne sur tous les
qu'il faut procéder à leur extraction. points de la propriété qui sont limitrophes
En conséquence, dans une plantation d'ar d'uneautre forêt; chacun des riverains ouvre
bres résineux qui s'embarrassent mutuelle un fossé sur son terrain pour fixer et assainir
ment, il faut éclairar par degrés en coupant la route; on ouvre ainsi une voie commode
tous les pl.ints qui sont dépassés par les att pour l'extraction des bois.
ires au point que ceux-ci doivent bientôt
les olouffer. L'effet -de ces éclaircies est de § II. — Reconnaissance des coupes précédentes.
permettre aux arbres restans de s'étendre
un peu on largeur et de développer leurs L'usage suivi jusqu'à l'époque où l'on s'oc
racines. cupe de l'aménagement doit être l'objet
Le mélèze et les épicéas seront tenus plus d'une étude attentive ; les changemens
serrés que les autres espèces. 11 faut avoir brusques, lorsqu'ils ne sont pas impossibles,
égard aussi à la profondeur du sol; car, si sont souvent nuisibles; d'ailleurs les pro
la couche de terre végétale est assez épaisse priétaires publics ou privés souscrivent dif
pour permettre aux racines de pénétrer à ficilement à un nouveau plan dont l'exécu
une profondeur de deux pieds, l'arbre sera tion doit les priver momentanément de leurs
beaucoup plus solidement assis que dans une revenus. A-t-on Feconnu par exemple qu'un
couche de terre qui n'a que trois pouces d'é taillis qui s'exploite à 20 ans le serait beau
paisseur; on peut dans les premiers sols coup plus avantageusement à 30 ans, on ne
éclaircir fortement, mais, dans les seconds, doit pas espérer de pouvoir suspendre les
il suffit d'enlever les plants à mesure qu'ils coupes pendant 10 ans; il faut donc cher
paraissent devoir être étouffés prochaine cher un moyen d'arriver par degrés au but
ment. Il vaut mieux perdre un peu de temps que l'on se propose. Supposons' que le bois
sur l'accroissement que de risquer de voir contienne 30 arpens ; l'étendue de la coupe
l'arbre ébranlé et arrêté dans sa croissance actuelle est d'un arpent et demi ; il est cer
par le défaut de solidité de ses racines. Mais, tain qu'en la réduisant à un arpent, on ar
dans tous les cas où l'éclaircie peut être pra rivera au point de couper le taillis à l'âge
tiquée, il ne faut pas la négliger, car les ar cherché ; mais ce résultat ne sera obtenu
bres font plus de progrès en un an après une qu'à la fin de la période de 30 ans; cepen
éclaircie bien entendue, qu'ils n'en faisaient dant le revenu augmentera tous les ans dans
en 3 années dans l'état primitif. une proportion telle que dans la lt* année
Exemples de forêts trop éclaircies : Les le propriétaire jouira du même revenu qu'il
montagnes du Val-Travers (Suisse) sont cou avait auparavant, et qu'à la 30° année son
vertes d'épicéas qui croissent dans une cou revenu sera augmenté dan,s la proportion
che de terre de 4 pouces d'épaisseur reposant de 2 à 3.
sur un roc incliné impénétrable aux racines. Voici le calcul fait d'après la progression
Les parties non éclaircies sont couvertes de ordinaire de la valeur des taillis. Un arpent
massifs épais d'arbres d'environ 40 mètres de taillis (demi-hectare) âgé de 20 ans vaut
de hauteur et de 2, 3 et 4 mètres de circon 400 fr. La même étendue d'un taillis à^é de
férence ; mais les portions qui ont été trop 30 ans vaut 900 fr. Le revenu produit par
éclaircies par des coupes prématurées ou l'ancien aménagement est de 600 fr., puis
mal disposées sont dégarnies et ne paraissent que l'on coupe 1 arpent et demi par an. La
pas devoir se repeupler, coupe étant réduite à 1 arpent, elle vaudra
La plupart des plantations de pins du dé seulement 400 fr. Mais dès la seconde année
partement de la Marne étant trop espacées, on coupera du taillis de 21 ans, et successi
ces arbres s'élèvent peu; d'ailleurs le sol vement on exploitera des taillis plus âgés.
étant découvert, la plus grande partie des Cette simple conversion de l'ancien ordre
sucs nutritifs s'évapore. Il conviendrait de de choses doit augmenter en définitive le
garnir entièrement le sol de bois blanc pour revenu de moitié ; mais un autre avantage
lormer un abri compacte. qu'elle procure, c'est celui de permettre de
faire une coupe de nettoiement assez lucra
Section v. — Exécution de l'aménagement. tive; car, dans un taillis qui ne doit s'ex
ploiter que tous les 30 ans, on peut exécuter
% l". — Abornemcnt. le nettoiement dans la 12e année, et le produit
à cet âge est considérable. Dans un bois de
Autrefois,lorsque le sol avait pende valeur, 30 arpens la coupe annuelle en nettoiement
on en marquait les limites par des arbres sera donc de 2 arpens et demi ; le produit
auxquels on donnait le nom de pieds cor- uet, terme moyen, sera de 100 fr., en sorte
niers. (La langue forestière s'étant formée que le revenu sera porté immédiatement à
dans le moyen-àge présentait une foule de 700 fr. et s'élèvera jusqu'à 1000 fr.
locutions barbares dont la plupart sont inu
tiles et hors d'usage.) Ces arbres parvenaient § III. — De la forme et de l'étendue des coupe».
souvent à des dimensions colossales et ils
étaient destinés à pourrir sur pied; mais, de La configuration des coupes doit être dé
puis que le terraiu et les arbres sont devenus terminée de manière que l'exploitation soit
précieux, les propriétaires respectifs ont mis d'une surveillance facile, et que chaque vente
plus de soin dans la détermination des li aboutisse sur une roule destinée à l'extrac
mites, et ils font abattre les vieux arbres. Le tion des bois; ces ventes sont ordinairement
périmètre des forêts est marqué par des bordées de chemins tracés en ligne droite;
bornes en pierres ou par. des fossés: la meil- mais, dans les coteaux trop rapides pour per
102 AGR1CULT. FORESTIÈRE : CIJLT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, liv. v
mettre le passage des voilures, on n'ouvre 8b. 33 ar.
que des sentiers, à l'extrémité desquels on B), qu'il convient de couper à
place des bornes ou des poteaux qui indi l'âge de20ans, pour fabriquerdu
quent le n° de la coupe. Deux soins assez im- charbon ; la coupe annuelle sera
portans ne doivent jamais être perdus de vue de 6 00
dans cette opération : le 1" est d'observer 3° 200 hectares de taillis où
autant que possible l'ordre de conliguité en le chêne domine ( partie C ),
tre les coupes qui doivent s'exploiter succes qu'il convient d'exploiter à l'âge
sivement, et de ne pas laisser subsister, par de 28 ans, avec une éclaircie
exemple, de grands massifs de taillis sur le faite à l'âge de 12 ans; l'éten
pourtour entier d'un taillis de 2 ou 3 ans ; le due de la coupe annuelle sera
second est d'éviter que la traite des coupes se de 7 15
fasse à travers les jeunes taillis. 4° Il reste 80 hectares de tail
Les coupes d'une forêt doivent-elles être lis situés dans un vallon; le chê
égales en étendue superficielle? doivent-elles ne y domine, les autres essences
être égales en produits? L'un des objets prin sont l'orme, le frêne, le plane;
cipaux que se propose un propriétaire en ré on divisera le massif en deux
glant l'aménagement de ses bois, c'est de se portions de 40 hectareschacune.
taire un revenu à peu près égal tous les ans. La première (partie D), choi
On doit donc s'attacher plutôt à l'égalité des sie dans la portion du sol la
produits qu'à celle des surfaces exploitées; moins fertile, sera aménagée à
mais on éprouvera rarement cette difficulté si 40 ans ; on la divisera par consé-
chaque portion de la forêt est aménagée d'une 3 lient en 40 coupes, qui contien-
manière analogue à la nature du sol, aux es ront chacune 1 hectare. . . 1 »
sences dont elle est peuplée, et au genre de On exécutera dans ce canton
débit usité pour ses produits. 3 neltoiemens de 13 en 13 ans;
On établira dans la forêt autant de séries ou trouvera dans l'exploitation
de coupes qu'il y a de taillis d'espèce et de définitive environ 3.000 brins,
qualité différentes. dont une grande partie propres
Supposons que l'étendue du massif soit de à la petite charpente et au char-
500 hectares ; on examinera séparément cha ronnage.
que canton de la forêt, et on établira les La seconde portion E, dont l'é
échelles de la valeur progressive des taillis tendue est également de 40 hec
pour chacun de ces cantons. On fera ensuite tares, sera divisée en 80 petiies
des calculs semblables à ceux dont nous parcelles qui s'exploiteront suc
avons donné plusieurs modèles, et on en cessivement, et qui seront net
établira Je résultat dans l'ordre suivant : toyées de 12 en 12 ans; la coupe
définitive produira du bois de
Fig. 123. charpente et do charronuage;
son étendue sera de » 50
Total. . . 22 h. 98 ar.
La coupe annuelle sera de 22 hectares 98
ares, ce qui équivaut à l'étendue totale d'une
exploitation réglée sur l'âge uniforme de 21
à 22 ans.
L'adoption d'un aménagement ainsi com
biné donnera le maximum du produit dont
la forêt est susceptible, et n'occasionera point
de diminution momentanée dans les revenus
des propriétaires, car ils exploitent commu
nément leurs taillis à l'âge de 20 à 22 ans.
§ IV. — Des chemins et routes dans l'intérieur
des forêts.
Les routes qui traversent les forêts rem
plissent le double objet de séparer les exploi
tations et de servir à la traite des produits.
Dans les plaines, ces routes sont ouvertes en
lignes droites; elles servent à pénétrer dans la
forêt dans tous les sens, de manière que d'un
1" 100 hectares de taillis de coudriers et de point quelconque, le liajet à un autre poiut
marsaulx, situés sur une montagne (partieA), éloigné soit le plus court possible Ou em
qu'il convient d'exploiterdans leur 12'année, ploie à cet effet le système des lignes brisées
eour faire des cercles, de petits échalas et du sous des angles très-obtus (fig. 124). Nous
ois de chauffage; la coupe annuelle sera par donnons comme exemple le plan de la forêt
conséquent de 8 h. 33 ar. de Lux, Côte-d'Or, contenant 1850 hectares.
En général, l'extra -lion dis bois dans les
3° 120hect. de taillis de char coupes est très-pénible et très-coûteuse: les
mes, coudriers, bouleaux (partie taillis et les arbres qui bordent les chemins
8 34 ne permettant pas qr.e l'air * la chaleur du
chap. 4". EXÉCUTION L'AMÉNAGEMENT. 103
Fig. 124. Fig. 125.
L'exploitation des bois doit toujours être ou l'espèce des arbres ; l'un est formé de fi
dirigée dans la vue d'obtenir des coupes le bres dures et presque incorruptibles; la durée
plus haut prix possible. Nous croyons devoir de l'autre n'est pas de la durée du premier.
faire précéder ce que nous avons à dire sur Ainsi, la valeur du pied cube de hêtre étant
les détails de l'exploitation, de quelques exprimée par 1, celle du pied cube de chêne
considérations relatives au prix des bois abat devrait être exprimée par 2.
tus ou exploités. 6" Le rapport de la demande h là quantité
i de la matière. Si, dans le voisinage de la forêt
Section i™. — Du prix des bois. en question, il existe peu de hêtres, et que la
demande de ce dernier bois soit plus consi
Ce prix n'est jamais en raison directe et dérable que celle du chêne, dans le rapport
simple du poids, ou du volume, ou de l'es de 3 à 2, le rapport des prix respectifs est
pèce des arbres; mais il est en raison com alors de 3 à 4, c'est-à-dire que le pied cube
posée de divers éléinens assez nombreux. de chêne se vend 4 fr. lorsque le pied cube de
1° La qualité du bois. Ainsi, le ciiéne, pro hêtre se vend 3 fr.
pre à une infinité d'usages, est plus cher en 7° L'emploi dont chaque bois est suscepti
proportion, que d'autres arbres qui ne sont ble. Si le chêne ne vaut rien pour la fente, et
pas susceptibles d'emplois aussi variés. 3u'il ne puisse se débiter qu'en planches, tan-
2° L'abondance ou la rareté de chaque es is que le hêtre se débile en plalcaux, pilots,
pèce de bois dans chaque localité. usleusiles de toute espèce, etc., celte circon
3" Le genre de débit usité dans la contrée. stance influe sur les prix, et si leur rapport
L'orme et le frêne se vendent nn tiers de est de 4 à 3, la valeur du pied cube de hêtre
plus que le chêne, dans les bois situés à por est remontée au niveau de celle du pied cube
tés desvilles.ils se vendent un tiers de moins de chêne, quoique la valeur intrinsèque des
que le chèue dans les forêts éloignées des deux bois puisse être dans le rapport d'un
voies de communication où ce dernier arbre à 2. Un pied cube de chêne, débité en boissel-
se débile en merrain, boisselleric ou autres lerie, merrain, planches, elc. , vaut moitié
marchandises d'un transport facile. Le con plus que le pied cube de sapin, débite de
traire arrive dans les montagnes où les habi- même ; mais le pied cube d'un sapin de 72 pi.
tans industrieux savent diviser le frêne en de longueur, propre à faire une belle pièce de
petits ouvrages de sculpture. Le buis a beau charpente, se vend aussi cher qu'un pied cu
coup plus de valeur dans les environs de St.- be de chêne, ce qui provient de ce que la tige
Clnude que dans d'autres contrées où il de ce dernier arbre n'atteint pas la longueur
n'existe point de fabriques pour l'employer. dont on a besoin pour l'usage dont il s'agit.
4" La proximité ou l"éloignement des lieux S"La construction d'usines, routes et canaux
de consommation. Un mélèze situé dans des modifie le prix des bois. Ces prix sont aug
montagnes peu accessibles se vend beaucoup mentés aux lieux d'où se fait l'exportation,
moins
» cher qu'un
1" peuplier
I |- d'un
— ---- égal
-o—• volume et diminués ailleurs. Ils sont diversement
qui croit dans le lulieu même de la consom- modifiés suivant les espèces d'arbres mises
mation. en circulation. L'établissement d'une scierie
5° La valeur intrinsèque des bots. Cette va donne de la valeur aux chênes et aux sa
leur intrinsèque se. détermine par la nature pins. La construction d'un moulin a tan a
CrtAf.i». DU PRIX DES BOIS. tOt
. ■ * "i
pour rcsiilt.1t de rendre la futaie de chêne
plu» rare, car le propriétaire, ayant le débit Section h. — De l'emploi des bois.
de ses taillis assuré par la vente de l'écorce,
élève moins de bois en futaie. On a indiqué dans d'autres parties de cet
9" Le prix des bois varie suivant la qualité ouvrage les usages auxquels ou emploie ordi
de chaque arbre et de chaque partie du même nairement chaque espèce de bois. Nous au
arbre. Les chênes dont le tissu est gras et rons donc peu de choses à ajouter sous ce rap
spongieux sont d'une qualité bien inférieure port; mais, comme le mérite d'une bonne
à celle des chênes dont la libre est élastique. exploitation consiste principalement à em
Dans certaines forêts, ces arbres ont peu ployer chaque pièce de bois à l'usage le plus
d'aubier; dans d'autres, l'aubier forme nue lucratif, nous traiterons ce sujet sous ce
partie considérable de leur volume. point de vue.
10* Enlin, il faut se rappeler que tous les Pour donner une idée de la perte qui ré
bois demandés dans lajore't se vendent plus sulte du mauvais emploi des arbres, nous
cher que ceux que l'on est obligé d'offrir sur dirons seulement que le bois de chauffage
les marchés, après les avoir fait débiter en vaut 5 fr. le stère pris en forêt et que le bois
marchandises. de service vaut au moins, dans la même posi
On ne peut donner sur les prix compara tion, 40 fr. le stère; cette énorme différence
tifs des bois en général que des évaluations fait sentir l'étendue de la perte qu'éprouve
approximatives, mais on pourrait dresser le marchand ou le propriétaire de la coupe
pour chaque localité un tableau semblable à lorsqu'il met en bois de chauffage un arbre
celui ci dessous; ce travail procurerait, entre qui aurait pu être propre à tout autre usage.
autres avantages, celui de faire connaître Tel arbre scié en planches produit 40 fr.
l'espèce d'arbres dont la culture présente le dont on aurait tiré une courbe qui seule
plus grand bénéfice. aurait valu 60 fr.
Les arbres qui vont être désignés sont tous Nous passerons successivement en revue
âgés de CO ans. les principales espèces d'arbres :
Chêne. On commence par le choix de tou
Volume
Je Valeur Valrur tes les pièces propres à faire des courbes
Nom* def arbrea. chaut)? t't* du pied de tige.
chaque pour les navires, des ceintres de ponts, des
d'arbre. cube. roues d'usines. On détache, sans endomma
ger les tiges, les branches propre à faire des
l'icilsru bet. fr. cn.l fr. cwil. courbes de bateaux. On vend ensuite les
M 1 00 22 40 tiges propres aux constructions navales et à
15 1 G5 2* 75 la charpente des usines. Comme il faut pour
Frêne 22 2 • 44 »
18 1 10 19 80 ces usages des pièces de dimensions déter
22 1 25 27 50 minées, le marchand qui les possède les vend
22 1 ■ 22 » souvent à un prix de monopole. Les pièces
S;ipin 18 1 i 18 * 1 de charpente pour les bàliinens en construc
18 1 50 27 » tion ou en réparations dans la contrée, se
ÎO • 90 18 » vendent aussi à un prix assez élevé. Vient
22 1 20 20 40 ensuite l'emploi de la fente pour tous les
22 1 35 29 70
Érable 7 3 » 21 » arbres nou demandés par des acheteurs.
15 1 05 24 75 Leur prix est nécessairement inférieur au
Pomm cr, aimer, précédent, car le merrairi provenant d'une
5 3 • 15 » belle lige de 30 pieds de longueur ne se
4 4 > |C » vend pas plus cher sur le marché que le
IMerisier, poirier . 18 I 30 23 40 merrain provenant d'un arbre dont la tige
[charme 10 1 25 12 50 n'a que 10 pieds de longueur ou d'une bille
22 1 10 24 20
I Marronnier d'Inde. 30 > 80 24 » de bon bois prise dans un arbre dont tout
Acacia ( faux). . . . 22 1 30 28 C0 le reste est défectueux. Les chênes qui ne
sont pas propres à la fente se débitent eu
Le tableau suivant lera connaître le prix planches.
Orme. Le plus profitable emploi de 1' rme
des bois en Angleterre, sur les marchés de est le charronnage pour l'artillerie, car on
Londres et de l.eith; on doit déduire à peu n'admet que de beaux arbres pour ce ser
près moitié de ces prix pour les frais de trans vice, et l'on ne peut choisir sans payer plus
port, et pour le profit du marchand qui a cher. Les limons de charrette se vendent
exploité les coupes. bien lorsqu'ils sont droits et sains. La con
■ Pi il struction des voilures à janle* larges exige
1 rix
Noms det arbre». du pi •il cube du des ormes de 7 à 8 pieds de tour pour faire
an ;lais. stère. les moyeux. Dans les contrées où le chêne
fr. efin. fr." est rare, on emploie l'orme pour bois de
4 20 148 charpente; niais comme le cœur de cet ar
3 75 133 bre se gâte promptenient, il ne faut rem
3 75 133 ployer que scié en quatre pièces.
3 00 127 Hêtre. Le hêtre csl propre à une infinité
2 50 88 d'emplois; mais comme chacun de ces em
3 75 133
4 20 148 plois est très-borné et que les frais de débit
3 50 83 sont considérables, 1 exploitation d'une
2 50 88 grande coupe de hêtres-futaies est assez dif
1 fii 58 ficile. Plus les ouvrages que l'on fait ave**
108 AGRICULTURE FORESTIERE : D E L'EXPLOITATION DES BOIS. Lrv.
ce bois sont communs, moins les frais du I moins vite, l'infériorité de son volume lui
main-d'œuvre sont élevés et plus le pied cube donne, à égalilé d'âge, moins de valeur qu'à,
de bois rapporte. Par exemple, dans les con ce dernier.
trées où le hêtre vaut 75 centimes le pied Bouleau. Les sabots, le charronnage, le
cube, on le débite en sabols; mais on n'en merrain pour les marchandises sèches, sont
fait des ouvrages délicats que dans les forets les emplois les plus profitables.
où les sabots ne se vendraient pas bien; il Tremble, peuplier. On fait avec ces bois
faut alors établir des ateliers qui débitent des charpentes durables si elles ne sont pas
les hêtres en une foule de petits ouvrages trop chargées et si elles sont bien aérées. Les
comme étuis de galnerie, feuilles à mettre sablières et autres pièces qui portent sur les
derrière les glaces, etc. Comme les frais murs durent très long-lemps si on les pose
de fabrication sont considérables, il faut que sur de pelits chevalets qui les séparent du
le bois ne coule pas plus de ôO centimes le contact des mortiers. L usage de ces bois
pied cube. Le débit le plus avantageux est le s'élendra progressivement.
charronnage. Ce bois exposé aux intempé
ries est sujet à élre piqué des vers et se gâte Section iii. — De la qualité des bois relati
en très-peu de temp*, mais il se conserve vement au terrain, au climat et à l'exposi
bien dans la terre; il est très-cher dans quel tion.
ques villes d'Angleterre, on l'on en fait des
pilolis pour asseoir les bùlimens. Entre les terrains aquatiques il faut distin
Frêne. Les portions de l'arbre propres à guer soigneusement ceux qui sont inondés
faire des meubles se vendent 4 fr. le pied par des eaux courantes deceux qui ne sont pé
cube. Les arbres de 5 pieds de tour nropres nétrés que d'eaux stagnantes. Les arbres qui
à faire des brancards sont d'un bon débit. Il croissent dans les terrains de cette dernière
y a du bénéfice à vendre pour la construc espèce sont d'un tissu gras, lâche et spon
tion des moulins et des machines toutes les gieux, faible et tendre. Ceux qui croissent
pièces qui conviennent à cet usage. Le frêne, dans des terrains arrosés sont d'un tissu
étant actuellement employé dans la con dense, assez dur et élastique. Les meilleurs
struction des diligences et autres voilures, sont ceux qui viennent dans de bonnes terres
est fort recherche. La valeur du pied cube convenablement desséchées. Les chênes des
de frêne est communément à celle du pied forêts d'Amérique et du nord de l'Europe
cube d'orme comme 3 est à 2. sont de mauvaise qualité pour les ouvrages
Puis, sapins, mélèzes. La vente de ces ar qui doivent être exposés en plein air. Ces
bres en pièces de grandes dimensions pré bois ont beaucoup d'aubier. On eu fait de
sente beaucoup de bénéfice. Viennent en bonne -menuiserie, mais ce n'est là qu'un
suite les emplois secondaires, tels que la emploi secondaire.
fente et le sciage. Les bois qui croissent dans les sables gra
Châtaignier. Les grandes pièces venues en nitiques ou dans les graviers sont de bonne
massif sont bonnes pour la charpente et qualité quand les racines peuvent pénétrer
pour le merrain lorsqu'elles ne sont pas assez profondément dans le sol. Les chênes
trop vieilles. Mais la plupart des arbres qui qui viennent dans une mince couche de
croissent épars ou en futaies sur taillis sont terre posée sur un roc plat ont ordinairement
creux. Le pied cube de châtaignier vaut un beaucoup d'aubier et une fibre cassante. La
tiers de moins que le pied cube de chêne. végétation y est faible, à moins que l'humi
Aune. Le débit de ce bois pour en faire dité de l'atmosphère ne suffise pour l'entre
des tuyaux de conduite et de pilotis a peu tenir.
d'étendue. La fabrication des sabots en ab La dureté des bois varie selon les climats.
sorbe bien davantage, mais on le vend beau En France même le bois des forêts du midi
coup plus cher pour le premier emploi, est plus lourd que celui des forêts de nos
lorsqu'il se présente, que pour le second. départemens du nord.
Les tuyaux de conduite doivent être cou Les arbres isolés sont peu propres à la
verts de 8 pouces de terre au moins; autre fenle, mais ils fournissent de bonnes pièces
ment ils ne se conserveraient pas. pour les constructions navales.
Erable, sycomore. Dans les forêts où ces Si l'on considère les qualités des bois rela
arbres sont nombreux, on les emploie au tivement à l'exposition des arbres, on peut
charronnage; l'érable se vend très-cher lors dire que les aspects du nord-est, de l'est et
qu'il est dtmandé pour faire des meubles. du sud sont les meilleurs, et que la plus mau
Alizier, sorbier, cormier. Le cormier est vaise exposition est celle du nord-ouest, car
plus dur que les deux autres espèces. Ces la plupart des arbres placés à ce dernier
arbres ne croissent que d'un tiers de pouce aspect sont attaqués de la gélivurc.
par an sur leur circonférence. Leur haute Nous allons passer à l'estimation d'une
valeur intrinsèque ne compenserait pas la coupe de bois tant en matière qu'en argent.
lenteur de leur croissance, si ces arbres
étaient plus communs. Section iv. — Evaluation des produits
Merisier. Les cercles de ce bois convien d'une coupe.
nent pour les caves humides. On ne doit |;as
attendre que les arbres soient trop gros § 1". — Instrumens pour mesurer les arbres.
pour les couper, car leur bois ne serait pas
sain. Pour estimer un bois sur pied il est indis
Poirier, pommier. Le premier de ces bois, pensable d'en connaître les dimensions. La
excellent pour les ouvrages de tour, est su grosseur des arbres se mesure à l'aide d'une
périeur au pommier j mais comme il croit chaînette eu fil de f«r divisée eu 1/2 pieds eu
r.tiAP. 5«. ÉVALUATION DES PftO HJITS D'UNE COUPE. 1Ô9
en centimètres, on bien au moyen d'une hauteur de la tige au-dessus du niveau de
tresse pommée divisée en nouvelles et en l'instrument. Il faut ajouter à cette hauteur
anciennes mesures. On estime la grosseur la distance entre le sol et le point de la tige
moyenne d'un arbre sur pied en appréciant à où l'alidade fixe est dirigée. Si au lieu de
l'œil la grosseur supérieure par comparaison s'éloigner de 10 mètres on s'éloignait de
avec la mesure réelle de la partie intérieure ; 10 toises, le nombre qui se lirait sur le limbe
on ne se trompe guère quand on a l'oeil un exprimerait des loises et des fractions de
peu exercé. On peut d'ailleurs avoir égard toises. Peu importe de quelle mesure on se
a celte remarque, que dans les futaies sur serve, pourvu qu'on s'éloigne d:. pied de
taillis ordinaires la grosseur des tiges dé l'arbre ae 10 fo.j la longueur de cette me
croît d'un pouce par pied de hauteur, et que sure.
dans un massif de futaie elle ne déçrolt que § II.— Cubage des bois.
d'un 1/2 po. par pied. Supposons un chêne
dont la tige a 30 pi. de longueur et dont la
grosseur inférieure est de 6 pi. de tour; sa Dans une exploitation de bois on mesure
grosseur supérieure doit être de 3 pi. 1/2 de toutes les marchandises et toutes les pièces
tour, et sa grosseur moyenne de 4 pieds au pied cube pour avoir une mesure com
mune. La manière de cuber les arbres varie
9 pouces.
Ce décroissement n'est pas uni/orme pour suivant les localités, mais nulle part dans le
les diverses espèces d'arbres; la tige du commente on ne mesure le volume total de
hêtre se rapproche plus de la forme cylin l'arbre avec son écorce.
drique que celle du chêne. Supposons un En Angleterre on déduit Céeorce et on
sapin de 100 pi. de hauteur dont la grosseur prend le quart de la circonférence pour le
inférieure est de 108 po. de tour; cette coté du carré; l'écorce y est évaluée dans
grosseur décroissant d'un 1/2 po. par pied , les proportions suivantes:
elle se réduit à 58 po. au sommet; la gros Oo#»rur (omit dci «rlirel. Dédurlioti polar
l'érorcr.
seur moyenne est donc de 83 pouces. De 12 h 24 ]>ouccs métriques. . . 2 pouces.
On mesure ordinairement la circonférence De 24 a 30 » » ... 3 »
à la hauteur de 3 pi. et 1/2 au-dessus du sol, De 30 A 48 » » ... 4 »
quand on se sert d'une chatnelte ; il faut de l)c 48 à 72 » s ... 5 »
même évaluer la grosseur supérieure à 3 pi. De 72 et au-dessus 6 >
et 1/2 au-dessous du sommet de la tige. Ainsi un chêne de 6 pi. de tour est réduit
On a quelquefois mesuré la grosseur des à 67 po. non compris son écorce. Le quart
arbres à l'aide d'une espèce de compas, mais de f>7 po. est 17 po. 7/10 ou 48 centime!.;
ce mode est défectueux, car il s'en faut de si l'on multiplie ce dernier nombre par lui-
beaucoup que les tiges des arbres soient même, la section du carré sera de 0,2304, et
exactement rondes. si l'arbre a 10 mètres de hauteur, la solidité
On parvient d'une manière facile à me sera de 2 stères 304, ou G2 pi. cubes métri
surer la hauteur des arbres au moyen d'un ques.
instrument dont j'ai donné l'idée à M. le mar En France on prend dans certaines loca
quis d'Agrain et qu'il a fait exécuter et per lités le quart de la circonférence de l'arbre,
fectionner [fig. 129) Voici la manière de se y compris l'écorce, pour le coté du carré;
mais plus généralement on fait une déduc
Fig. 129. tion sur la circonférence , et on prend le
quart du reste.
L'usage le plus commun et celui de l'ad
ministration de la marine est de déiluirc le
cinquième. Supposons un arbre de 5 pi. de
lour, y compris l'écorce, et de 30 pi. de lon
gueur; déduisant un cinquième de la cir
conférence, il restera 4 pi.; le quart de ce'
dernier nombre ou le côté du carré est 1 ;
ainsi le volume de cet arbre est de 30 pi.
cubes : c'est à peu près ce que donne l'écar-
rissage fait suivant l'usage.
Dans les environs de Paris, on déduit le G"
de la circonférence et on prend le quart du
reste. Un arbre de 5 pieds de tour, y compris
l'écorce, et de 30 pi. de longueur, cubera, sui
vant cette méthode, 32 pi. 55/100. Dans plu
sieurs contrées du midi on cube les arbres en
servir de cet instrument. On le place, au déduisant seulement le 12e de la circonfé
moyen d'un pied planté en terre, à 10 mè rence; un arbre de 5 pieds de tour, y compris
tres de l'arbre; on dispose horizontalement l'écorce, et de 30 pieds de longueur, cubera,
l'al:dade fixe au moyen du petit niveau, suivant celte méthode, 39 pieds cubes 38/100.
en la dirigeant vers la tige de l'arbre. On Enfin, on prend ailleurs le 1/4 de la circonfé
fait monter l'alidade mobile jusqu'au point rence. Un arbre de 5 pieds de lour, y compris
où elle permet de voir dans sa direction le l'écorce, cubera 40 pieds cubes 8/10. Ainsi,
sommet de la tige ; on la fixe au moyen d'une un arbre qui, suivant celte dernière méthode,
vis de pression, et il ne s'agit plus que de cubera [fig. 130), carré A, 46 pieds cubes 8/10;
lire sur le limbe de l'instrument le nombre au 12e déduit cubera, carré B, 39 pi. cub. 4/10;
de mètres et de décimètres qui exprime la au 6r déduit cubera, carré C, 32 pi. cub. 55/100;
1JQ AGRICULTURE FORESTIÈRE : EXPLOITATION DES BOIS ttv. v.
. • Jïg. 130. plus que de multiplier ce nombre par 28 (lon
gueur de l'arbre), et on a pour la solidité de
cet arbre 52 pieds cubes 64/100. Cette der
nière partie de l'opération figure le cubage
des bois carrés.
Comme on abrège beaucoup les calculs en
prenant le pied métrique pour unité de me
sure, nous placerons ici une peti'e table pour
la réduction des pouces linéaires en fractions
décimales du pied :
Pouce». Pied, | Pdurei. pi«Il Poucet. Pied».
1 . 0,083 0,417 9 . . 0,7ôO
2 . 0,107 0,500 10 . . 0,833
3 . 0,2:10 0,583 M . . 0,917
4 . 0,333 0,067 12 . . 1 ,000
Section v. — De Vexploitation des taillis.
Les personnes habituées à évaluer les pro
duits matériels des taillis sur pied s'accor
dent ordinairement, a un vingtième près, sur
la quantité de stères et de fagots que la coupe
peut fournir. Supposons un taillis de chêne
nui s'exploite à l'âge de 8 ans pour l'usage
an 5e déduit cubera, carré D, 30 pieds cubes. des tuileries on des fours à chaux. Ou pourra
Lorsqu'on connaît le volume cl un arbre, il en tirer 3,000 fagots par hectare, dont la fa
s'agit de choisir l'emploi le plus avantageux. çon coûtera 2 fr. le cent. Le cent de fagots se
Les exploitons sont généralement attachée à vendra 6 francs, en sorte que le produit net
l'usage établi depuis un temps immémorial; sera de 4 fr. par cent, ce qui fera 120 fr. par
cependant l'art d'employer les bois les inoins hectare.
chers a déjà fait quelques progrès. Le chêne Dans les pays d'usines, on estime les taillis
était exclusivement employé aux charpentes à la corde ou au stère.
intérieures et extérieures, et aux ouvrages de Le tableau suivant peut servir k évaluer
fente. Ou commence à se servir du tremble, approximativement le produit des taillis.
du bouleau et du peuplier, pour les charpen
tes légères; le pin et le sapin y sont employés
dans les lieux où ils croissent naturellement, Age Produit dé rtieitorc de taillis dans
et dans tous ceux où ils peuvent s'exploi A
ter. On commence aussi à varier l'emploi de taillis.
l'orme, qui était réservé exclusivement pour an toi excellent. unsolmàliocrc. un sot msuTais.
charron nage.
On ne doit pas craindre d'employer à de An». Nomluc tic Hèrci. NomWe de slèret. Nombre de «tires.
nouveaux usages les bois qui jusqu'à présent 20 ' 180 100 70
n'avaient été consacrés qu'à des usages spé 25 270 ;140 90
ciaux, pourvu 1" que ces bois aient été gra
duellement desséchés; 2° qu'ils ne soient pas
exposés aux intempéries; 3° qu'ils soient pla Quand le produit total est connu, on le di
cés dans un lieu oii l'air se renouvelle facile vise suivant l'emploi que l'on peut faire des
ment bois.
Le but d'une bonne exploitation étant d'ob Les personnes qui ne sont pas familiarisées
tenir le plus haut prix possible du pied cube avec les évaluations peuvent, avant de vendre
de chaque espèce de bois, il faut d'abord con ou d'exploiter une coupe, procéder de la ma
naître les moyens exacts de déterminer le nière suivante. On fait abattre un quart
volume de chaque partie des taillis et de d'hectare dans la meilleure partie de la cou
chaque partie des futaies pe, un quart d'hectare dans la partie médio
cre, et un quart d'hectare dans la plus mau
§ III, Manière de cuber les arbres à défaut de vaise partie; on fait soigneusement débiter
table. le bois que produit chaque petite portion;
ensuite on additionne les produits, et le
Exemple. — Nous voulons avoir, au fie dé tiers du total forme la valeur moyenne du
quart d'hectare, d'où l'on déduit immédia
duit, le cubage d'un arbre de 28 pieds «le lon tement ce! le de l'hectare de la coupe.
gueur sur fi pieds 7 ponces de circonférence Les lisières de taillis qui bordent les rou
moyenne. Prenons d'abord le O de la circon tes dans les forêts s'évaluent facilement. Il
férence, et pour plus de facilité réduisons les suffit de faire couper dans chaque lisière les
pouces en parties décimales du pied Or, 7 arbres et le taillis sur la longueur d'un déca
ponces égalent 0,583 pieds. La circonférence mètre. On fait soigneusement exploiter et
de l'arbre étant de fi pieds, S83, le tu de ce évaluer le tout : une simple proportion donne
nombre, est 1,097; déduisant ce dernier nom la valeur totale; on frit plusieurs épreuves
bre du premier, il reste 5,48(i, dont le quart semblables, si la consistance des taillis et dej
est de 1,371, ce qui exprime lecôlédii carré;
en multipliant ce nombre car lui-même, on futaies n'est pas uuifpnpc,
a pour la surface du carré 1,88: il ac B'agit
CHap. 5' ÉVALUATION . DES PHOpUJT& D'UNE COUPE. 111
1 neuf. Le bois gravier est composé de huches
§ I". — Division du bois du taillis. de bois dur, flottées et non lavées. Enfin on
1° Bois de chauffage. comprend sous le nom de bois Jlotté celui
qui est composé de bûches de toute espèce
Moules, cordes. On dresse le bois en cordes et dont l'écorce n'est plus adhérente au
ou en moules, dont les dimensions varient bois. Les /«lourdes ont 80 centimètres de cir-
suivant les localités et l'espèce des bois (fig. conférence sur 57 centimètres de longueur.
131 ). Le bûcheron choisit un terrain sur le Le double stère ou la voie de Paris a
- Fig. 131. 2 mètres de couche et 88 centimètres de
hauteur; la longueur de la bûche est d'un
mètre 14 centimètres. La solidité est de
2,0064 stères.
Le prix du bois de chauffage est fondé
principalement sur deux élémens : 1* l'es
pèce des bois; 2° la grosseur des bûches.
Supposons que le stère de bois de chêne
vaut 10 fr. » e.
Le stère de charme, orme, hê
tre, frêne, vaut 50
Le stère de pin et de sapin
vaut . . ; . ■ 6
quel il n'y a point de souches. Il plante 2 Le stère de châtaignier vaut . 6 50
forts piquets verticaux soutenus en dehors Le stère de cerisier vaut . . 6
par des arcs-boutans, entre lesquels il em Le stère d'aune vaut. . . . 0 50
pile les bûches jusqu'à la hauteur convena Le stère de tremble vaut .'• 5 50
ble ; mais si la hauteur doit être par exemple Sous le rapport de la grosseur des bûches,
de 4 pieds, au moment où la corde sera en on trouve les différences suivantes fondées
levée, il faut lui donner 2 ou 3 pouces déplus, sur ce qu'un stère composé de grosses bûches
attendu que l'affaissement du bois réduira la pèse beaucoup plus et renferme par consé
hauteur d'une assez forte quantité dans l'es quent beaucoup plus de matière ligneuse
pace de six semaines oit deux mois. qu'un stère composé de petites bûches. U"
Les ouvriers sont plus ou moins habiles stère de bûches de 30 à 36 pouces de tour
dans l'exécution de ce travail. Unè corde de vaut 12 fr.
80 pi. cubes (t) passablement empilée ne con Un stère de bâches de 20 à 30 pou
tiendrait pas plus de 60 à 70 pi. cubes si ejle ces de tour van t 10
était dressée par des ouvriers très-habiles Un stère de bûches de 15 à 20 pou
dans ce genre de travail. Il y en a dans les ces de tour vaut ........ 9
grandes forêts qui sont chargés exclusive Un stère de bûches de 10 à 15 pou-
ment de cette partie de l'exploitation. Ils ces de tour vaut ". 7
ont soin de placer les bûches tordues sur la Un slère de bûches de 0 à 10 pou
superficie et de mettre toutes les bi.chos ces de tour vaut 6
courbes en dehors sur les côtés de la corde. . Un stère de bûches de 2 à G pouces
Les bûches destinées au chauffage sont or de tour vaut ......... 5
dinairement sciées ; il y a aussi de l'avantage On suppose que tous les stères sont formés
à faire scier les gros brins et ceux de gros de la même espèce de bois.
seur moyenne qui doivent être réduits en La faconde l'abattage et du dressage d'une
charbon, car les entailles en bec de flûte sont corde est de 36 centimes par stère. Le trans
perdues dans la carbonisation. port du bois de chauffage daus les chemins
Autrefois on fendait des chênes de 2 à 3 de traverse se paie ainsi qu'il suit : Pour un
pi. de tour pour les mettre en bois de chauf stère de gros bois conduit à 2 lieues de lu
fage. Actuellement, dans une exploitation coupe, 1 fr.; pour un stère de bois blanc con
bien dirigée, on range dans les bois de ser duit à la même distance, 1 fr. 50 c.
vice tous les arbres qui sont propres à quel Fagots. On distingue presque aulnnl d'es
que autre usage qu'au chauffage. Les plus pèces de fagots qu'il y a de forêts différentes.
belles bûches de chêne servent à faire de la On peut les réduire à deux divisions princi
latte , des rais, des échalas, des âges ou des pales : 1° les fagots de gros bois; 2" les fa
manches de charrues. ' gots de ramilles, appelés bourrées.
Il y a différentes espèces de lois de chauf Le cotret est un fagot de 18 pouces de
fage qui sont classées d'après la grosseur tour composé de brins d'égale longueur,
des bûches et leur qualité de bois tendre ou rangés avec soin et liés de deux harts ou liens
de bois dur. On nomme bois neuf, à Paris, qui sont des menus brinsde coudrier,cbarme,
celui qui n'a pas été flotté; il est composé saule, osier, viorne, etc. La façon du cent
de bûches de chêne, charme, hêtre et orme. de cotrets est de 1 fr. 60 c.
Le bois lavé est celui qui n'a été flotté que Pour serrer fortement les fagots de gros
dans un court trajet de rivière, et dont les bois ( dont les brins ont de 3 à 6 pouces de
bûches ont été lavées au moment du tirage tour), on se sert d'une corde et d'un petit
des trains. Il a presque autant de valeur, évier, ensuite on adapte les harts à chaque
toutes choses égales d'ailleurs, que le bois bout du fagot.
Jt)*fcn parlant dt! pttdj nous entendrons toujours |c pied métrique égal à 333 millimètres linéaire»,
lia AGRICULTURE FOREStlÈHE : t)E L'EXPLOITATION DfeS BOIS. Ltv.
Les fagots qui ne sont pas dépouilles rie j parquet {fig. 134). Ce parquet est composé
feuilles se vendent moins cher que les autres, I -pie. 134.
excepté dans les contrées où la reaille des
arbres forme une partie importante de la
nourriture des bestiaux. Les fagots de menus
brins sont moins chers, et même, dans les
pays très-boisés, les petites branches et tous
les brins qui n'ont pas un pouce de tour ne
servent qu à fabriquer de la potasse. Le prix
des fagots de gros brins de 6 pieds de lon
gueur sur 26 pouces de tour ( 8 centièmes
de stère) dans les départemens où le bois est
cher, est de 50 centimes chacun. Ce prix
porte le stère à 6 fr. 25 c. Sur les ports de la
Saône, entre Châlons et Lyon, un fagot de d'une plate-forme en bois autour de laquelle
gros brins, pesant 17 kilogrammes dix mois sont solidement fixés des piquets formant une
après l'exploitation, se vend 25 centimes. enceinte circulaire dans laquelle l'ouvrier
Dans les forêts où l'on fabrique du charbon, ajuste et range ses cercles. Il fait disparaître
il ne reste que les plus petits brins qui pro les noeuds et les courbures à l'aide du mail
duisent, par hectare, 800 bourrées qui valent let et de la plane. La façon des cercles de
S fr. le cent; déduisant 1 fr. 50 c. pour la tonneau de 3 mètres de longueur se paie au
ihçon, le produit net est de 4 fr. 50 c. par cerclier à raison de 35 centimes la couronne ;
;ent ou de 36 fr. par hectare. la façon des cercles de 22 à 25 décimètres
se paie 25 centimes la couronne. La façon
2* Cercles de futailles. de chaque cercle de cuve coûte 50 centimes.
Ces cercles se vendent 20 francs la douzaine.
Les meilleurs bois pour fabriquer les cer Le travail du cerclier produit un paquet
tes ou cerceaux des futailles dans lesquelles de petits copeaux par couronne; chaque pa
on met le vin et les liqueurs spiritueuses, quet vaut 10 à 12 centimes pris à l'atelier.
sont le châtaignier,le coudrier et Icmarsault. Le transport des cercles de futailles de
Les cercles de cette dernière essence con 220 litres dans les chemins de traverse coûte
viennent très-bien pour les caves humides. 15 centimes par couronne et par lieue.
Les plus mauvais bois pour cet usage sont le
chêne, le charme et le hêtre. 3" Echatas.
Les meilleurs cercles de cuves sont ceux de
châtaignier, de bouleau, d'orme et de frêne. et On distingue les échalas de bois fendn,
Les petites perches de coudrier, mar- deslesbrins échalas appelés paisseaux, qui sont
sault, etc., font ordinairement chacune deux conférence.entiers de 20 à 25 lignes de cir
On emploie ces derniers dans
cercles de futailles; les plus fortes en four les vignes après avoir aiguisé le pied pour
nissent chacune 3, 4, 5 et même 6 ; on les lie le faire entrer dans la terre et enlevé les
en paquets appelés couronnes ou môles qui petites branches et les nœuds qui en gar
contiennent chacune 25 cercles {fig. 132). Le,s nissaient la tige. Les meilleurs paisseaux sont
Fig. 132. ceux de genévrier et de pin; mais ils sont
rares. Ceux de coudrier et de marsault sont
passables; mais les paisseaux de charme,
hêtre, tremble, chêne et bouleau pourrissent
très-promptement.
Un moule de bûches de chêne propre à
faire des échalas a les dimensions suivantes:
4 pieds sur 2 faces; la longueur des bûches
est de 4 pieds 8 pouces. La solidité est de 74
pieds cubes 1/10. Ce moule rend 2,500 écha
las ou 50 bottes, composées chacune de 50
échalas. Le prix dans la forêt est d'un franc
la botte, ce qui fait 20 fr. le mille d'échalas.
Nous allons donner le compte d'un moule
fabriqué :
perches destinées à cette fabrication ne doi 2,500 échalas à 20 fr. le mille valent en
vent pas être coupées pendant l'ascension de tout 50 fr . . 50 fr.
la sève, car l'écorce se détacherait, et les cer Il faut déduire la façon qui est de
cles qui en seraient dépouillés ne se ven 4 fr. par mille en abandonnant les co
draient pas. . , . . peaux au fendeur 10
Le travail du cerclier consiste a fendre
adroitement les perches et à enlever ensuite, Produit nef 40 fr.
à j'aide d'une plane Fig. 133. Le moule se vend 30 fr. dans la forêt ; le
{fUi. 133 ), le bois profit de l'acheteur est par conséquent de
qui ne doit pas res 10 fr.
ter dans le cercle Le tremble et les autres bois blancs ser
qu'il fait ensuite vent à faire de bons échalas de fente qui tou
entrer à coups de tefois ne doivent être employés que lorsqu'ils
maillet dans le sont parfaitement secs.
CHAT. y. EVALUATION DES PRODUITS D'UNE COUPE. M*
Là botte de 50 paisseaux de brins ronds Dans les forêts du centre de la France, la
coûte à transporter à 3 lieues par un chemin botte d'écorce a 3 pieds 1/2 de tour sur 3 pieds
de traverse 7 centimes , et à S lieues 1/2, 12 1/2 de longueur ; elle se vend 90 cent, dans la
centimes. Le transport des échalas de fente coupe ; la façon est de 18 cent. Cette botle
coûte moitié plus cher. pèse 28 livres. Un taillis de 18 à 20 ans bien
peuplédechénesrend 700 bottes par hectare;
4° Perches propres à divers usages. on compte 9 & 10 bottes d'écorce par double
stère de bois.
Les perches et chantiers pour la construc bois Uécorcement fait perdre sur une corde de
tion des radeaux sont de petits bois dont le le 8e du volume de cette corde.
prix fojme l'intermédiaire entre celui du bois Voici le classement de la valeur des écor
de service et celui du bois de chauffage. Les cés en Angleterre, où l'art de les employer
taillis de frêne servent à faire de petites pour le tan est poussé très-loin. La meilleure
échelles, des manches de balais, de brosses, ecorce de chêne mélangée recueillie sur du
etc. On dresse ou l'on courbe les brins au taillis et des futaies vaut par tonue ( 1000
moyen du feu après les avoir fait tremper kilog. ) 300 fr.
dans l'eau pendant quelque temps.. Les per L'écorce de châtaignier. . . . . 243
ches propres à former les treillages qui gar L'écorce de bouleau 162
nissent les murs des jardins ont environ 2 L'écorce de frêne de montagne. . 125
pouces de tour sur 10 pieds de longueur. L'écorce de mélèse. . . . . . 131
Lesfourches qui servent à faner le foin et L'écorce de l'épicéa fournit aussi du tau ;
à charger les fourrages de toute espèce sur on la mélange avec celle du chêne.
les voilures sont des brins branchus dont
la forme naturelle les rend propres à cet
usage; mais ordinairement on les façonne p.6° Charbon.
en les chauffant soit sous une cheminée, soit L'ancienne méthode de cuire le charbon
dans un four, soit sur un feu de menus brins dans les forêts à l'air libre est toujours usi
dans la coupe même; on les tient assujetties tée et n'a reçu que de légers perl'ectionne-
au moyen de crochets, et quand elles sont re raens.
froidies, elles conservent la courbure qu'on On a reconnu récemment que les fourneaux
leur a fait prendre. les plus avantageux sont ceux qui ne contien
Ces objets se vendent beaucoup plus chers nent pas plus de 60 stères de bois, et que la
que le bois de chauffage, a égalité de vo dimension la plus convenable pour les bûcUes
lume. est celle de 3 à 7 pouces de circonférence.
5* Ecorce. Les brins qui excèdent celle dernière mesure
sont refendus.
La meilleure écorce pour faire du tan est La longueur des bûches ne doit pas ex
celle qui provient des taillis de chêne Agés céder 2 pieds ; car lorsqu'elles sont trop
de 18 à 30 ans. L'écorce des chênes de 50, 75 longues, u est difficile de les arranger, sur
et 80 ans se vend pour le même usage, mais tout si elles sont courbes. On coupe ordinai
il faut qu'elle soit nettoyée, c'est-à-dire que rement ces dernières en plusieurs morceaux.
lesrugosités soient enlevées. C'estdu 10 mai au Le cuisage réussit d'autant mieux que les
10 juin que l'on enlève l'écorce sur les brins espaces qui se trouvent entre les brins sont
de chêne; la meilleure est celle du mois de plus petits et plus égaux entre eux. La flamme
mai ; le mélèse et le bouleau sont écorcés se développerait dans les vides trop grands,
beaucoup plus tard ; on attend même quel et le bois serait consumé au lieu d'être ré
quefois au mois d'août duit en charbon.
L'ouvrier abat la tige à la cognée, et au On fabrique du charbon avec des souches
moyeu de sa serpe il fend l'écorce qu'il en refendues et des racines, mais on ne doit
lève ensuite à l'aide d'une espèce de spatule jamais le mettre dans un magasin fermé, car
appropriée à cet usage. L'écorce enlevée doit il s'enflamme spontanément avec facilité.
être immédiatement mise en paquets. Quel- Pour obtenir la plus grande quantité pos
auefois, malgré la défense du propriétaire, sible de charbon, le bois ne doit être ni trop
1 écorcement se fait sur pied, ce qui est plus vert ni trop sec; on laisse ordinairement
facile qu'après l'abattage , car la sève se re sécher les cordes pendant 2 ou 3 mois, plus
tire presque aussitôt que le brin est coupé ; ou moins suivant la saison, la température
mais si l'on est obligé de souffrir ce procédé, et la grosseur des bûches.
11 faut exiger que le brin soit abatte immé Un stère de bois taillis âgé de 16 à 18 ans
diatement après l'écorcement, car si on tar rend 7 pieds cubes de charbon. Uu stère de
dait et que la souche eût le temps de pousser taillis âgé de 24 à 30 ans rend 9 pieds cubes
des rejetons, on les détruirait infailliblement de charbon.
en coupant plus tard le brin écorcé. Le poids d'un pied cube de charbon varie
L'écorce de jeunes taillis mélangée d'écor- de 15 à 18 livres (7 à 9 kilogr.) suivant l'es
ce de futaie se vend, dans beaucoup de loca pèce du bois et sa pesanteur spécifique.
lités, à raison de 40 cent, le paquet pris en Un stère de bois sec pèse 675 livres, ce oui
forêt. Ce paquet est un cylindre de 2 pieds fait 25 livres par pied cube, y compris tes
de longueur sur 3 pieds de tour cubants cen interstices des bûches qui sont évalués aux
tièmes de stère. La façon est de 8 cent, par 9/20" du volume total; ce stère, que nous sup
. .botte , v cornons l'abattage du bois.Lesjraisde posons de bon bois, rend 9 pieds cubes de
1 transport sent de 2 f. 50 c. par lieue pour 104 charbon pesant 162 livres. Le bois rend donc
bottes de cette dimension dans un chemin le quart de son poids en charbon, terme
de traverse ordinaire. moyen.
TOME IY>— l5
114 AGRICULTURE FORESTIERE : EXPLOITATION DES BOIS. uv. v.
Le*frais de transport du charbon dans les
chemins ordinaires sont d'un franc par stère Fig. 1S5.
Îlésant 486 livres (238 kiiogr.) pour une
ieue ; ces frais ne sont que de 64 centimes
Ear lieue lorsque la distance excède 3 lieues.
« transport a dos de bétes de somme coûte
un quart de plus.
7* De la feuille des arbres.
La feuille du charme, du chêne, du frêne,
do tremble et de l'alisier sert à nourrir les
moutons. Pour jouir de ce produit on abat
les taillis à la fin d'août. Les ramilles ou
menues branches sont, mises en fagots de
18 à 24 pouces de tour, qu'on laisse sécher à
l'air pendant quelques jours ; ensuite on les
place sous un hangar, ou ils peuvent se con
server pendant une année entière. Un hec
tare de taillis, Agé de 30 à 25 ans, rend 2,500
fagots de feuillage qui >alent 40 fr. le mille
dans la coupe; la façon est de 8 fr. par mille ;
le produit net est par conséquent de 82 fr.
le mille, ce qui fait 80 fr. par hectare.
I
Aussitôt que l'exploitation est commencée, ses marchés, ses recettes, ses dépenses et ses
le commis qui y est préposé ouvre un livre livraisons.
journal, dans lequel il inscrit jour par jour Il a un livre spécial à talon pour les ven
tes, dans cette forme.
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Nous sommes entrés, dans l'article intitulé dant un temps plus ou moins long. Cette fa
Culture et aménagement des forêts, dans tous culté n'est pas identique pour tous les bois, et
les détails nécessaires sur la croissance des varie même dans un même bois suivant di
arbres, et dans celui de l'exploitation ; nous verses circonstances, parmi lesquelles les sui
avons fait connaître la destination qu'on peut vantes exercent le plus d'influence :
donner aux produits d'une coupe, le prix de 1° La pesanteur spécifique. D'après les ex
la façon et du transport des bois; il ne nous périences de M. Hartig, la pesanteur spéci
reste* donc ici qu'à traiter d'une manière gé fique des bois ne règle pas exactement l'or
nérale des produits variés que donnent les dre de leurs qualités pour le chauffage ; mais
forêts et de l'usage auquel on peut les desti généralement parlant, et surtout dans une
ner. Ces produits sont le bois de chauffage, même essence, les bois qui ont une plus
le charbon, les bois d'oeuvre et quelques me grande pesanteur, c'est-à-dire les plus den
nus produits, utiles dans l'économie agricole ses, sont ceux aussi qui donnent une chaleur
ou industrielle. plus intense et plus durable. Les causes qui
La forme sous laquelle il peut être le plus paraissent le plus influer sur la pesanteur
avantageux aux propriétaires de débiter les des bois, sont le climat, la nature, la situation
produits de leurs bois et forêts, est une ques et l'exposition du terrain, l'état libre ou
tion purement économique, dont la solution serré dans lequel les arbres croissent, le
dépend la plupart du temps des localités. degré de dessèchement ou d'humidité de ces
Les objets qu'il importe le plus d'examiner bois, la partie de l'arbre où le bois est pris,
pour la résoudre sont l'essence, l'âge, la l'âge et l'état de vigueur et le dépérissement
quantité et la qualité des bois qu'on veut ex du sujet, la saison dans laquelle il est abattu,
ploiter, la nature du terrain où ils ont vé- l'état de l'atmosphère au moment où l'on
Sété, leur prix marchand a l'époque fixée, la fait usage du bois, etc.
emande et la consommation sous telle ou 3° Vdge. La qualité des bois de feu varie
telle forme dans les environs et jusqu'à une avec l'âge ; mais, ainsi que nous le verrons
certaine distance, la facilité des débouchés, plus bas, cette variation n'est pas la même
tels que rivières flottables ou navigables, pour chaque essence. Les expériences ont
routes, chemins, canaux, etc. Enfin le mode prouvé que dans les arbres à feuilles cadu
adopté d'aménagement et d'exploitation. ques c'étaient les bois d'un âge moyen ou
qui ont acquis un accroissement parfait, sans
Section ir*. — Bois de chauffage. être sur le retour, qui donnaient, à volume
égal, la plus grande quantité de chaleur,
La majeure partie des bois qu'on exploite tandis que, dans les arbres résineux, les bois
et qu'on recueille dans les forêts est em de l'âge le plus élevé dégagent constam
ployée au chauffage, soit des foyers domesti ment plus de chaleur que ceux d'un âge
ques, soit des fours, fourneaux ou feux des moindre.
usines et établissemens industriels. On fait 3° Le terrain et l'exposition.Tom les terrains
usage comme bois de feu de presque toutes et tontes les expositions ne conviennent pas
les essences d'arbres, quoique toutes ne don aux différentes essences; le chêne se plaît
nent pas un combustible de même nature et dans les terres fortes, dans les fonds d'argile
de même valeur. La différence qu'ils offrent mêlés de terre végétale, de sable, de pier
sous ces rapports sert tantôt à fixer leur raille ; il aime les revers de montagnes, les
valeur vénale, tantôt à les faire rechercher expositions au nord et les plaines. Le hêtre
dans quelques industries et dans plusieurs croit de préférence dans un bon terrain frais,
arts particuliers. mêlé de sable et de gravier, et dans les
La qualité la plus importante dans le bois mêmes expositions que le chêne ; le frêne et
de chauffage est la combustibilité, c'est-à-dire l'orme se plaisent particulièrement dans les
la faculté de dégager par l'acte de la combus fonds humides, le châtaignier, dans les ter
tion une certaine quantité de calorique, pen rains sablonneux, etc. Le bois d'un arbre %
CBAP. 6*. BOIS DE CHAUFFAGE. 125
d'autant plus de qualités que celui-ci a vé 1/5* à 1/6* de leur poids d'eau qu'on ne peut
gété dans une situation plus favorable à son leur enlever au à une température de
essence. En général, dans les terrains fort 100° c.
humides, le bois, à l'exception de celui des 7° La partie de Varbre. Dans un même arbre
arbres aquatiques, est léger, tendre et poreux, sain et vigoureux, toutes ses parties étant
et au contraire il a d'autant plus de den au même degré de dessiccation, le bois est
sité et de qualités, que les arbres ont végété plus pesant au cœur du tronc qu'à la circon
dans des fonds dont la terre était substan férence, davantage près des racines qu'au
tielle et non sujette à être inondée. sommet de l'arbre, et celui du tronc pèse
4° Le climat. Les arbres crus dans les pays plus que celui des branches. Ainsi M. Har
chauds ont plus de densité et sont plus durs tig a trouvé que la valeur comparative du
et plus solides que les mêmes arbres qui ont bois de chauffage de tronc, coupé hors sève
végète dans des pays tempérés ou froids; et bien sec, dans du hêtre de 120 ans, du
il y a aussi une différence notable entre les charme de 90 ans, du chêne pêdonculé de
bois qui ont végété en masse ou bien isolés, 190 ans, était représentée par les nombres
et entre ceux des pays plats et des monta 1600, 1719, 1459, tandis que le bois des gros
gnes, etc. ses branches de ces mêmes arbres, dans les
5° La saison de rabattage. L'usage est d'a mêmes circonstances, n'était représentée
battre les arbres en hiver. A cette époque le que par les nombres 1386, 1364 et 1234.
bois n'est pas en sève; il sèche plus prompte- 8° Vétat du bois. Un bois carié ou échauf
ment, et, à poids égal, donne un meilleur fé donne, à poids égal et dans des circon
combustible. • stances identiques, moins de chaleur que du
6° La dessiccation du bois. Plus un bois est bois sain et de bonne qualité. Un bois flotté
sec, plus , à poids égal, il est susceptible de donne aussi moins de chaleur qu'un bois
dégager une quantité utile de calorique en de gravier ou du bois neuf. Par exemple, la
brûlant. Dans un bois vert et gorgé de sève, quantité de chaleur dégagée du bois de hêtre
une portion notable de ce calorique est em en combustion, sec et bien sain, de 120 ans,
ployée à vaporiser l'humidité du bois, et est étant représentée par 1600, celle du bois
ainsi dissipée en pure perte. A ce sujet échauffé provenant du tronc n'est plus que
M. Hartig a trouvé que du bois de tronc de 1258. Du bois de chêne pêdonculé de 190 ans,
hêtre de80ans, coupe hors sève parfaitement en bon état, donne une quantité de chaleur
sec, donnait, quand on le brûlait, une quan représentée par 1458; le même bois échauffé
tité de chaleur représentée par 1557, tandis n'en donne plus que 1241, et 939 quand il
que le même bois brûlé vert ne donnait a été flotté.
plus qu'une quantité de calorique repré 9°L''essence du bois. On a fait de nombreu
sentée par 1236 ou un peu plus des 2/3 du ses expériences pour s'assurer du rapport de
bois sec. la combustibilité, et par conséquent de la
Nous devons à M. Schubi.er la table sui valeur des différentes espèces de bois comme
vante de la quantité moyenne d'eau, va combustible. Duhamel, Rumfort, Hassen-
riable suivant les espèces , l'âge et l'époque fratz, en France, ont tenté des essais de ce
de l'abattage, que les bois contiennent à l'état genre; mais les plus complets ont été faits en
vert et qu'ils perdent en grande partie par Allemagne. Celtes de M. Hartig sur ce sujet
la dessiccation à l'air. ont été fort étendues: cependant, comme il a
négligé dans ses expériences plusieurs cir
constances importantes qui devaient influer
100 partie»de boi»nouvellement sur ses résultats, ceux-ci n'ont pas toute la
abattu contiennent en euence de Eau. Boti aec. rigueur nécessaire pour les faire admettre
avec confiance. M. Wernek a repris ces expé
riences en tenant compte de ces circonstan
Charme 18,6 81,4 ces et en cherchant à donner plus de préci
Saule marseau. .... 26,0 74,0 sion aux calculs. Enfin plus récemment, en
Sycomore Ï7,0 73,0 1826, M. Kauschinger a fixé son attention
Sorbier des oiseaux. . . 28,3 71,7 sur ce sujet, en cherchant à apprécie» toutes
Frêne 28,7 71,3 les causes qui pouvaient influer sur la valeur
Bouleau 30,8 69,2
Alizier des bois. .... 32,3 «7,7 comparative des bois de feu. Malgré le peu
Chêne rouvre 34,7 65,3 d'accord qui existe entre les résultats de ces
Chêne pêdonculé. . . 35,4 64,6 trois forestiers distingués,nous donnons ici le
Épicéa 37,1 62,9 tableau des chiffres auxquels ils sont parve
Marronnier 38,2 61,8 nus, en réduisant tous les nombres à un dé
Pin sylvestre 39,7 60,3 nominateur commun, et en supposant pour
Hêtre 39,7 60.3 cela que du bois de hêtre sain, de bonne
Aune 41,6 58,4
Tremble 43,7 56,3 qualité et âgé de 120 ans, a une valeur de
Orme 44,5 55,5 1000. Mous nous bornerons aussi au bois de
Sapin 45,2 54,8 tronc à différons Ages, suffisamment sec et
Tilleul 47,1 52,9 dans un bon état de conservation.
Peuplier d'Italie 48,2 51,8
Mélèse 48,6 51,4
Peuplier blanc. .... 50,6 49,4
Peuplier noir 51,8 48,2
5 Quelques observateurs ont aussi remar- sains, denses, d'un Age moyen, ayant végété
jué que le volume du bois variait suivant dans un terrain approprié a leur nature, qui
a longueur des bûches. Ainsi, suivant M. Le ont été abattus hors sève, bien desséches,
brun, un stère de bois diminue de 1/4 de conservés et transportes par terre jusqu'à
son volume lorsqu'il est scié en deux , de destination.
1/3 lorsqu'on le scie en trois, et d'un peu On n'apprécie pas de la même manière les
Slui du tiers lorsqu'on le scie en quatre. qualités du bois de chauffage dans tous les
[. Berthier a vu qu'une demi -corde ou arts ou dans l'économie domestique. Quand
64 pieds cubes de bois des environs de Mou ou veut développer tout-à-coup une grande
lins, uni se composait de 80 bûches et pesait flamme, communiquer une température
1660 liv., ce qui porte le stère à 36 bûches élevée à des objets éloignés du foyer, ou une
pesant 753 liv., ne formait plus, lorsque ces température uniforme a des corps solides en
bûches avaient été sciées en quatre, qu'un grandes masses, on donne la préférence aux
volume de 48 1/8 pi. cubes, et que le poids du bois légers et refendus en bûchettes pour
stère était alors de 1016 liv. rendre la combustion encore plus vive. C'est
En résnmé, les meilleurs bois de chauf sous cette forme qu'on s'en sert dans les
fage sont les bois du tronc qui sont bien verreries, les faïenceries, les fabriques de
1*8 AGRICtJLT. FORESTIÈRE : PRODUITS DIVERS DES BOIS ET FORÊTS, lit. v.
porcelaine , etc. Au contraire les bois denses bouleau, etc. Dans quelques arts on recherche
sont préférables pour le chauffage des chau le charbon de plusieurs espèces particulières
dières et des autres appareils de ce genre, de bois : aiusi, dans la fabrication de la
ainsi que pour celui des cheminées ordinai poudre, on donne la préférence aux char
res, des poêles, des calorifères, où ces bois, bons d'aune, de bouleau, de saule et surtout
par la lenteur de leur combustion, permet de bourgène ; on se sert de charbon de saule
tent d'entretenir une température uniforme ou de bouleau pour la fabrication des crayons,
sans être obligé de charger très-souvent l'ap et les dessinateurs donnent la préférence au
pareil. , charbon du fusain pour dessiner, etc.
Le meilleur charbon se prépare avec de
Section il. ■— Du charbon. jeunes rondins de 6 à 12 pô. (16 à 32 cent. )
de circonférence, provenant de taillis de
Tout le monde sait qu'on nomme charbon l'âge de 16 à 20 ans. Quand on veut convertir
une substance qui reste après qu'on a dé du bois plus gros en charbon, il faut le re
pouillé le bois par la chaleur et au moyen de fendre en quartiers. Dans les taillis exploités
précautions ou dispositions particulières de en bois de feu ou en bois de charpeute, on
toutes les matières volatiles qu'il contient. destine ordinairement au charbon tous les
Le charbon sert principalement à la cuisson bois de branchage et les brins qui ne peu
des alimens, à la fabrication et au travail du vent fournir du bois de corde et qui ont au
fer et des autres métaux; il a aussi une moins 1 po de diamètre. On devrait rejeter
foule d'autres usages économiques et indus tous les bois tortueux, qui ont l'inconvénient
triels dont il est inutile ici de parler. Nous de laisser des vides dans l'intérieur des four
nous contenterons de rappeler que, quand il neaux de charbonnage, et d'empêcher les
est convenablement préparé, c'est un com charbonniers de bieu conduire leur feu.
bustible qui brûle sans flamme ni fumée, et Les bois coupés hors sève donnent un meil
•st susceptible en même temps de donner leur charbon que ceux coupés en temps de
un degré de chaleur plus élevé que celui sève. Les bois trop verts donnent, à poids
qu'on obtient du bois à poids égal. égal, une quantité moindre de charbon
Le bois séché à l'air se compose, d'après et de plus mauvaise qualité que les bois
l'analyse des chimistes, de 38,48 parties de secs ; mais les bois trop secs se consument
carbone. 35,52 d'eau combinée, 25 d'eau libre trop facilement et se réduisent aisément en
et de 1 de cendre. ^* braise, sorte de charbon auquel le contact de
On peut convertir en charbon toute es l'air a enlevé en grande partie ses propriétés
pèce de bois d'après les procédés que nous combustibles, et qui ne donne plus qu'une
faisons connaître dans les arts agricoles; faible chaleur.
mais on donne ordinairement la préférence La saison la plus favorable pour transformer
aux bois qui ne peuvent être employés comme les bois en charbon, est, pour ceux abattus en
bois de chauffage et qui sont à meilleur mar hiver, les mois d'août, septembre et octobre
ché, à moins que, comme daos les pays riches suivans.
en forêts, où les débouchés du bois sous Nous nous sommes déjà expliqué (p. 114)
forme de bûches ou de bois d'oeuvre sont sur la longueur qu'il faut donner aux bûches
peu étendus, les transports difficiles, et où destinées au charbonnage.
le bois a peu de valeur, on ne trouve plus Des expériences faites à Aschaffenbourg
avantageux de convertir en charbon tous les par M. Weknek, et publiées en 1811, lui ont
produits des forêts. permis d'établir le tableau comparatif de la
Tous les bois ne donnent pas la même quan quantité de chaleur que donnent les diffé
tité de charbon ni des charbons de la même rentes essences forestières, quand elles ont
3ualité. Suivant M. Wernek, les qualités été converties en charbon; les nombres ex
es charbons dépendent à peu près de celles primés ici ne sont pas des quantités absolues
des bois qui les produisent. Pour apprécier de chaleur données par chaque charbon,
en outre Ta qualité des charbons qu on ob mais expriment seulement les rapports des
tiendra, il faut avoir égard à l'âge du bois, à différens charbons entre eux.
son état de conservation, ses dimensions, la
saison dans laquelle il a été abattu, son état <•
de dessiccation et d'humidité, etc. NOMS la quantité
DU I1PECU DB BOIS. raaleur
Les diverses espèces de bois n'exigent pas développé*.
non plus le même espace de temps ni la même
température pour être convertis en charbon Htt rt , bois d'un tronc de 1 30 an». . 1600
de bonne qualité. Le mode de carbonisation — boil d'un arbre de 40 ans. . 1639
exerce aussi une grande influence sur la — boit flotte' du tronc. .... 1173
bonté du charbon ; ainsi la carbonisation en Chêne pédoncule' , boil du tronc de 1 90 ans 1459
forêts donne non-seulement un charbon — boit d'un arbre de 40 ans. . . 1484
moins abondant, mais encore sa qualité est — boil du tronc flotte. . • 939
de 1/8 environ moindre que celle des char-, Charme, buis du tronc de 90 ans. . • . 1684
bons préparés en vases clos. — boil du tronc flotté 1239
A/ifter, boil du tronc de 90 ans. . . 1292
Dans les forges et grandes usines on dis — boil d'un brin de 3o ans. . . 1409
tingue les charbons en 2 classes : 1° les char Frêne, boil d'un tronc de 1 00 anl. 1646
bons dé bois durs et pesons, tels que ceux de — brin de 3o an« 1753
chêne, épine, hêtre, charme, orme, érable, — boil flotté du tronc. . . • 1200
cornouiller, alizier, pommier; 2° les cher- Orme, boil du tronc de 1 00 ani. , 1407
bons de bois doux et légers, savoir : ceux de .— brin de 3o ani 1522
tilleul, tremble, aune, coudrier, pin, sapin,
DU CHA.RBOÏ*. 12S»
bon, ainsi que la quantité en poids de char
bon qu'ils devraient fournir. M. Nau a égale
ment déterminé cette de» nière quantité et a
donné aussi, avec le précédent auteur, le
poids spécifique du charbon obtenu. Nous réu
7. Erable Sjcomor» tbo\t*Vuu tronc de lOoaD». 1647 nissons leurs résulta tsdai.s letableau ci-après:
— hrinoV4oani 1720
— bois (lotie1 du tronc 1117 Pu charbon.
8. Tilleul, bnis d'un tronc de Ho ans , 1089 Cent partiel de boit Poiitl
o. Bouleau, bnis d'un tronc de 60 ans. 1461 ■[Critique
— brin de ?5 an» 1406 contiennent En potdi, limant du
— — i euirboo.
— bois Itntte du tronc. ... . . 1062 VFrmek N«u.
10. Aune, bnis du tronc de 70 uni «S..
1 1 . Sn-'le blanc, bois du tronc de So ans. . 935 46,6 33,6 33,5 0,224
1 2. Saule Mu-, tu-,, idem de <>o ani. . 1173 CIicdc rouvre. . . . 47,8 34,6 20,7 0,255
tS. Iiemb'.t, bois d'un tronc de Go ans. 988 Chêne pédonculé.. . 44,0 » V 0,244
•— brin de <o ans 1017 Charme 50,2 31,6 19,6 0,268
i4. Me iùer, bois de tronc 1246 Kouleau 48,4 35,5 15,2 0,249
1 5 . Erab e champêtre, bois d'une perche. . 1733 Sycomore 49,6 33,5 12,7 0,268
16, Pin saurape. bois d'un tronc de 1 15 ana. 1724 Frêne 47.3 33,9 20,8 0,225
— souch" 1899 Alizier des bois. . . 51,2 33,9 20,8 0,209
—■ bois flotte du tronc. 1199 Sorbier des oiseaux.. 4y,6 » B 0,215
1 7 Sapim commun, bois d'un ironc de 100 ans. 1127 51 5 33,8 U 0,195
— bois d'un tronc de 80 ans brûl»: à Aune 44,2 32,5 15,4 0,190
l'air libre 1202 Peuplier tremble. . 44,2 39,5 19,4 0,184
— tout he 884 Tilleul 4.i,8 » » 0,196
18. Epicéa, bois d'un tronc de 100 ans. . 1176 Saule osier 4i',8 » v 9,196
33,7 15,3 0,196
Ainsi, abstraction faite des autres qualités Saule marceau. . . 48,7 U • 0,200
du charbon, on trouve que, sous le rapport 31,2 21,0 0,208
de la quantité de chaleur dégagée, les char Châtaignier. . . . 51,4 37,8 18,4 0,271
Érable champêtre. . 52,7 31,9 » 0,249
bons de bois doivent être rangés dans l'ordre 52,7 34,1 16,8 0,162
suivant : frêne, érable champêtre, piu sau 50.2 33,7 25,9 0,226
vage, érable sycomore, charme, hêtre, orme, Cornouiller sanguin. 50,2 u » 0,268
alizier, chêne pédoncule, bouleau, merisier, Bout-gène 52,7 31,2 7.0,4 0,184
épicéa, saule marceau, sapin, tilleul, saule Pin sylvestre 42,0 33,8 21,2 0,2j2
blanc, tremble et aune.On voit en outre parce Mr lèse 45,8 37,2 20,6 0,217
tableau que c'est le charbon de bois d'un âge Sapin 4a,2 36,9 17,4 0,204
47,2 36,7 25,1 0,210
moyen qui donne le plus haut degré de cha
leur, et que celui qui provient de bois altéré
par le flottage est inférieur sous ce rapport. I.a quantité de charbon que donne le bois
Un bon charbon doit être bien cuit, et pré dans la carbonisation en forêts, varie non-
senter la forme du végétal qui 1» produit ; il seulement, comme nous venons de voir, avec
esl noir. brillant, dur, pesant, sonore,Solide et l'espèce, mais encore avec l'Age et ta qualité
se cassant difficilement, salissant faiblement des bois; bien plus, elle n'est pas la même
les doigts, ne présentant pas de fentes consi suivant que l'opération du charbonnage est
dérables, et d'autant plus compacte qu'il pro dirigée par un charbonnier habile ou par un
vient d'un bois plus dur et que la carbonisa ouvrier médiocre. M. Haïti ig, qui a suivi avec
tion a été opérée graduellement et d'une beaucoup d'attention des travaux de char
manière lente. Il s'allume facilement, brûle bonnage, faits par une excellente méthode
avec vivacité et sans répandre d'odeur dés dans les forêts de la principauté de Nassau,
agréable. nous fournit à cet égard des renseignemena
M. Wernek a déterminé d'une manière intéressant que nous avons convertis en me
très-précise la diminution de volume que les sures françaises et que nous présentons dans
bois éprouvent par leur convers on en char- le tableau suivant :
Poid» Kilogrammes de charbon pro- HfplolMre» ( i-cio det un. euWi ) dr
NOMS d'un itère duitspour lookilo;;. d<? bois. rhai Ivm produit! par i «1ère ( iouu
décimètre cubtijde buia.
(looodëcim.
Et qualités des boif. cubes)de hoia Par nu bou Par ne ouvrier Par un ouvrier
en kilos. QiiTtîer. médiocre. médiocre.
kilos. kilog. kilog.
1. Hêtre, bois de fentede 100 A
120 ans 452 21 33 19 50 90 41
2. — Cotrets provenant d'é-
claircics de 70 à 90 ans. . . . 497 23 » Î0 » 20 06
3. Chêne, bois de fente de vieil
les tiges impropres à la con
struction 528 12 » 11 » 3 60 3 26
— tUitrets protenant de
. perches de 18 5 «0 ans. . . . 545 16 14 50 4 65 3 30
Pin, bois de fente d'arbres de
70 à 80 ans 426 16 » 14 66 & 55 fi 07
— Cotrets provenant d'é-
claircics 355 17 » 15 50 4 20 3 88
•à»
A6&ICTJLTUBX. tOMB 1Y.
130 AGRICULT. FORESTIÈRE : PRODUITS DIVERS DES BOIS ET FORETS. Uf, v.
Ainsi on voit par ces expériences, en écar lente ou rondins 50 p. 0 0 en volume du bois
tant toutefois le n° 3, qui a eu lieu avec des consommé; decotrets, 40 p. 0/0; de fragmens
bois cariés et altérés, et en ayant égard tu vide de souche, 32 p. 0,0.
que les bûches laissent entre elles dans le M. Hartig a présente aussi quelques don
cordage, qu'on doit obtenir par le procédé nées sur la quantité de charbon que fournit
suivi dans les forêts, quand l'opération est un volume donné de bois quand on a égard
bien dirigée, 16 à 23 de charbon p. 0,0 de aux vides que le cordage laisse dans la me
bois carbonisé, le tout en poids; ou 42 à 55 sure. Ainsi il a observé qu'une niasse solide
p. 0 0 en volume du bois employé, en mesu de 100 pi. cubes rte hêtre sec, de 100 à 120 ans,
rant également le charbon sans tenir compte Eesanl 2167 kil., donnait 30 pi. cubes de chai-
des vides qu'il laisse dans la mesure. ou mesuré sans les vides, ou 70 2/3 mesuré
Le temps qu'on emploie à la carbonisation, avec les vides, et pesant 476 kilog. quand le
au moins en vases clos, exerce aussi une charbon est préparé par un ouvrier habile, et
grande influence sur la quantité de charbon que dans les mêmes circonstances 100 pi.
obtenu. C'est ce qui se déduit des recherches cubes ou 36U0 liv. de pin jsec, de 70 à 80 ans,
de M. Karsten dont nous allons présenter le donnaient 84 pi. cubes de charbon mesuré
tableau, en nous bornant aux bois de nos sans vides, ou 80 pi. cubes avec les vides, et
foréis. Dans les essais qu'il a laits, la matière pesant 328 kilog.
était employée à l'état de copeaux qui pen La quantité de charbon obtenue dans les
dant plusieurs jours avaient été desséchés forêts ne s'élève guère, terme moyen, au-
parfaitement à I air, à une température de 15 delà de 18 à 19 p. 0,0 eu poids, ou de 30 à 36
a 18" cent. La même espèce de matière fut en volume du bois employé. Nous verrons
par lui soumise à une carbonisation très-ra qu'il y a des procédés de carbonisation qui
pide pour laquelle on employa, dès le com donnent communément 20 et 24 p. 0 0 en
mencement de la distillation, une chaleur poids , avec une quantité plus M moins
incandescente, et d'autre pari à une tempé grande d'acide pyroligneux et de goudron, et
rature que l'on Ht monter lentement jusqu'à que la méthode de distillation en vases clos
ce point. On détermina avec soin la quantité donne jusqu'à 27 de charbon.
de cendres obtenues au moyeu de l'incinéra Nous avons déj i dit «pie le poids du char
tion du charbon, et le poids de cette cendre bon était très-variable, suivant les bois qui
lut défalqué de celui du charbon. ont servi a le fabriquer et le mode de fabri
Ce tableau présente un résultat général cation. Voici à cet égard un tableau, em
curieux que voici : quelque différence que prunté à M. Kertiiieh, du poids d'un stère en
présentent les diverses essences de bois, elles kilogrammes, ou d'un pied cube en livres, de
donnant toutes, à poids égal] des quantités charbons de diflérentes qualités, et principa
presque ('gales de charbon dans la distilla lement de celles qui forment habituellement
tion, quand on les soumet à une carbonisa la consommation de Paris.
tion lente.
Poids Poids
QUANTITES E uiariio.N Espèce* de charbon. du mètre du
(ibieniiri de cube pied cube |
BOIS 100 pari, dr bilil rn poids. en lilogr. en liv
—^
aoumisà la distillation. par la rarbo- par la carbo-— -,
DÏSM. rapide. niral. lavlfj. Charbon île bois de commerce. 200 a240 14 à 16 .
— de pin sylvestre de Sibérie. 157 U 1/2 ,|
Chine jeune .... 10,39 25,45 — de pin 141
— vieux .... 15,80 25,60 — de sapin 125
14,30 25,50 — de bois dur de Picardie 180 13
13,75 25,75 — — du dép de l'Yonne,
Charme commun jeune. 12,80 24,90 pris sur les bateaux
— — vieux. 13,30 26,10 de l'aris et humide. 250 18
14,10 25,30 — fait à Choisy, par distil
14, 'J0 25,25 lation 160 3 175 Ili- à I2j
Bouleau jeune. . . . 12,80 24,80 — de chêne, pesé chaud. 200
— vieux. . . • 1 1 ,90 24,40 — rie hêtre, id. . . 210
Epicéa jeune .... 14,10 2.1.10 — de noisetier, id. . . 190 14
— vieux .... 13,90 21,85 — de bouleau, id. . . 185 13
Sapin commun jeune. . 10,110 27,50 — de sapin, id. 175 12 3;4
— — vieux. . 15,10 24,50 — d'Aune, id. . . 160 I 1 1,2
Pin sylvestre jeune,. . 15,40 25,'.I5 — de pin de branches refen
— — vieux . . 13,60 25,80 dues 160 10 2,3
12,90 24,20 — de pin de branchages. 177 12
4° Bois courbes, ou bois de fortes dimensions à 2 branîhes, courbés en arc, qu'on p.:u*.
diviser en 3 espèces.
a. Bois formant un angle obtus.
Oourhe detillac ire {fig. 14 g, C) . 3,24 38 38 1 Brion ou ringeoi ire {fig. i<3 A). 5,851 43 4f
— de jottreau i™ ( fig. 1S9 B). 3,90 43 22 Boaioir i" {fig. 1S1 B). . . 4,55 38 38
— d'arcaue 1" {fig. 145 B) . • 4,53 43 37 |
b. Bois formant un angle droit ou a peu près.
Conrhe de gaillarde 3' (fig. 1 4 1 B, 1 64B.M 2,92 I 43 I 43 I Courho d'ctimboi ire {fig. 157 B 16! 1 4,55 | 38 38
— de chambre 3e {fig. i54 B.164 C,| 2,27 I 22 I 16 j — de pool , ™ (fig. 1 39 B) . . 1 2,92 35 27
c. Bois formant un angle aigu, ou ressemblant à un Y.
Oourbt de capucine .** (Jig. i 4 4 B). 13,241 54 43 1 Fourcat ie (fig. ■ 63 B). . . 27
Fourca: ir# (Jig. 1(6 B, 160 B ). 1 3,25 j 49 32 | J3,25| 13 j
Fig. 160. 161. 162. 163. 164. 165.
Les Lois droits sont l'ouvrage de la nature; sayé un grand nombre de procédés. Mox-
les soins de l'homme doivent se borner à TEATH, BlIFFON, DUHAMEL, HAS8ENFR ATZ. Du-
«•carter autant que possible les obstacles qui bois de Chemant, Becker et beaucoup
peuvent s'opposer à la croissanceverticalcdes d'autres ont proposé des moyens plus ou
arbres. Parmi ces obstacles on range l'action moins ingénieux pour donner artificielle
des vents, les dommages causés par les ment aux arbres la courbure qui les rend si
hommes, les animaux sauvages ou domes précieux dans les chantiers de construction.
tiques, les insectes, le voisinage des autres Toutes les méthodes qu'ils ont proposées, si
arbres, -te. on était curieux de les connaître, sont expo
Les bois courbes sont le produit de la na sées avec détail à l'article Marine du tome II
ture ou lie l'art. Les bois des arbres propres du Dictionnaire des eaux et jorêls de Bau-
à fournir naturellement des courbes se trou DR1M.ART, auquel nous renvoyons. Aujour
vent particulièrement sur les lisières des fo d'hui, elles ont moins d'intérêt depuis qu'on
rêts, dans les bois mal peuplés, dans les bor a établi dans plusieurs de nos chantiers de
dures, les haies, et partout où les arbres construction des appareils propres à courber
sont isolés, parce que, dans ces positions, ils les bois et à leur donner les formes requises
poussent beaucoup de branches, s'inclinent par des moyens mécaniques, aidés de l'ac
du côté des terrains découverts pour y jouir tion de la vapeur d'eau bouillante.
de l'air et de la lumière, se courbent par la Les bois de chêne, pour le service des arse
charge des neiges et sous l'action des vents. naux de la marine, se vendent au stère et à
Parmi les arbres dont les bois sont courbés des prix débattus rtitre les propriétaires ou
naturellement, on n'en rencontre qu'un petit adjudicataires et l'administration.
nombre qui soient sans défauts et propres Dans les conslrnciions pour la navigation
aux constructions navales. Cette disette a fait fluviale, on emploie généralement le chêne
rechercher les moyens d'y suppléer par des pour les grands bateaux, tels que les joncets,
moyens artificiels, et, dans ce but, on a es écqyers, flettes, barquettes, cabotières de la
CHAP. 6*. BOIS D'i'OEUVRE 135
Normandie; les marnais, languettes, flûtes de les moulins à poudre, à papier, à fouler, a
l'Oise et de la Marne. Quant aux toues ou sa extraire les- huiles, etc., exigent également
pines At la Haute-Loire,elles sont toutes bâties des arbres qui aient de 40 à 48 pouces (108 à
en planches de sapin, et sont assez ordinaire 125 centim.) d'écarrissage, etc. Quant aux
ment déchirées au lieu de leur destination. autres pièces diverses qui entrent dans
Les bois courbes pour ces constructions étant la composition des grandes machines ou
d'une dimension beaucoup moindre, sont dans celle des machines plus pelites, on
bien plus communs et plus faciles à se pro fait usage de divers bois d'écarrissage plus
curer. petit. Par exemple, on emploie , pour les
roues dentées des moulins, les écrous des
§ lit. — Buis piopres aux constructions civiles. ftressoirs, les vis de presses, les. plateaux des
anternes, les fuseaux, les alluchons, etc., de
Dans les constructions civiles, on fait usage l'orme ou du noyer, ou bien encore du cor
de presque toutes les espèces de bois qui mier, de l'alisier, du cornouiller, du meri
croissent dans nos forêts; les uns sont em sier, du charme, etc.
ployés comme bois de charpente, d'autres On divise communément le bois de char
comme bois propres à la construction des pente en deux espèces. L'une se nomme bois
Î'rondes machines ou appareils usités dans de brin et l'autre bois de sciage. Le bois de
es arts; d'autres, enfin, comme exclusive brin est celui qui reste de grosseur naturelle
ment propres à la menuiserie. et qui a seulement été écarri sur ses 4 faces,
en enlevant 4 dosses à la scie ou àla coignée.
V Bois de charpente. Le bois de sciage est celui qui est refendu à
la scie en plusieurs morceaux.
Les bois de charpente arrivent à Paris en
Dans les grandes constructions civiles, telles pièces de différentes sortes : 1° en poutres et
ue celles des ponts, des écluses, des ports, poutrelles ; 2° en solives, chevrons, poteaux et
a es grands édifices publics, les arbres de fu membrures.
taies dont on peut obtenir des bois de dimen Les poutres et poutrelles sont des pièces
sions plus ou moins grandes, sont le ebéne, de bois de brin, ayant depuis 12 jusqu'à 24
le châtaignier et le sapin. Ces constructions pouces (32 à 65 centim.) d'écarrissage sur une
exigent parfois des arbres qui aient 30, 40, longueur variable. Quant aux solives, che
50 et 60 pieds (10 à 20 mètres) de hauteur de vrons, poteaux et membrures, nous avons
tige, et 5 à 6 pieds (1 mètre 60 à 2 mètres ) de donné dans le précédent chapitre (pag. 117)
circonférence moyenne. leur écarrissage et leur longi eur.
Ou fait principalement usage, dans les con La longueur des bois de charpente diffère
structions civiles ordinaires pour la charpente de 3 en 3 pi., et leur grosseur en proportion,
des villes} des différentes espèces de chênes, depuis6, 9, 12, 15,18, 21, 24, 27, jusqu'à 30 pi.
du châtaignier et du sapin ; pour celles des (2 a 10 met.) et plus. Ces bois s'estiment à la
campagnes, du bouleau, des érables, des sau pièce, qui est une mesure de 6 pieds (2 met.)
les, des peupliers, des arbres résineux, de de lougsur6pouces(16 centim.) d'écarrissage
l'orme, du cormier, de l'alisier, du frêne, du ou 3 pieds cubes de bois. C'est à cette mesure
charme, du merisier, etc. qu'on réduit tous les bois de différentes lon
Dans les constructions en terrains humides gueurs et largeurs qui entrent dans la con
ou submergés,pour les pilotis,les grillages, les struction des bâtimens. Ils se vendent au
fondations, le muraillement des puits et des cent de bois, c'est-à-dire par cent pièces de
mines inondées, les pieux, etc.,on se sert, avec bois, ou au stère.
avantage, outre le chêne, de l'orme, des bois
résineux et surtout de l'aune. C'est avec ce 2° Bois de menuiserie.
dernier bois que sont exécutés les pilotis sur
lesquels sont fondées Venise et la plupart des Menuisier en bâtimens. Les bois employés
villes de la Hollande. Les clôtures rurales le plus ordinairement par les menuisiers en
sèches, les pieux et les planches établis pour bâtimens sont le chêne, le châtaignier, le sa
soutenir les fossés, les terrains, le bora des pin et le tilleul. Ils font encore usage de
mares, canaux, et les endiguages sont plus noyer, orme, hêtre, frêne, platane, sycomore,
durables quand on les établit en chêne, en érable, merisier, cornouiller, tremble, robi
châtaignier, en hêtre, en acacia. Les conduits nier, etc. Ces bois sont généralement débités,
«l'eau et les pompes se font particulièrement sous différentes dimensions, dans les forêts
en orme, en aune, en sapin, en mélèze, etc. par des scieurs de long ou dans les moulins
La construction des grandes machines, ou a scier le bois.
celle d'appareils dans les usines, exige aussi Le chapitre précédent contient Cpage 117),
souvent des bois de nature diverse et d'assez à l'égard de ces sortes de bois appelés bois
fortes dimensions; pour les arbres et pivots de sciage, toules les instructions nécessaires
de moulin, les arbres des roues hydrauliques, pour faire connaître leurs dimensions et le
fiar exemple, on emploie les chênes, ou, à prix de leur main-d'œuvre.
eur défaut, le pin sylvestre, le sapin, l'é Menuisier en meubles, ébéniste et marque-
picéa qui ont depuis 20 jusqu'à 36 pieds (7 à teur. Les bois indigènes de nos forêts dont
12 mètres) de longueur sur 20 ou 24 pouces se servent les menuisiers en meublessontdes
(54 à 65 centim.) d'écarrissage; pour ceux r'es bois durs, tels quechène,orme, fréne,érable,
martinets de forge, des chênes, des hêtres, prunier, poirier et pommier sauvages, alisier,
des arbres résineux de 36 à 40 pieds (12 à 13 cytise, sureau, if, etc., et les bois blancs ou
mètres) de longueur sur un écarrissage de 40 tendres de saule, tremble, bouleau, peuplier,
à 42 pouces (108 à 112 centim.). Les piles pour tilleul, ainsi que le sapin, et de plus le brous-
136 AGRICULT. FORESTIÈRE : PRODUITS DIVERS DES BOIS ET FORÊTS, ut. t.
tin loupes ou excroissance, de buis, d'érable usage de perches, rames et ramilles, pour faire
de frêne, d'aune, d'orme et de sycomore. Ces des saucissons, des gabions, des fascines,
bois leur sont livrés sous la forme de soli desclayoniiages; d'arbres retendus, de pieux,
veaux, de baltaus, de membrures, planches d'échalas pour former des palissades; de
ou Voliges. planches, de chevrons de chêne pour les
On les voit encore faire usage, en arbres plate formes de batteries; de solives pour
de nos forêts, et comme bois d'ébénisterie, blindes, etc.
de placage ou de marqueterie, d'acacia,
buis, châtaignier, cornouiller, fusain, gené S V. — Bois d'ouvrage.
vrier, houx , marronnier, mélèze, micocou
lier, coudrier, pin, platane, sycomore, etc. On donne ce nom au bois qu'on travaille
Menuisier en voitures. Il fait principale dans les forêts ou dans leur voisinage, et
ment usage du frêne, de l'orme, du noyer, dont on fait de menus ouvrages ou diflërens
du tilleul et du peuplier refendus à la scie ustensiles. Ces bois sont ou simplement feu-
en tables de diversvs épaisseurs, bien des dus et dressés, ou bien reçoivent plus de
séchés, et du bois .e sapin. Le bois d'orme façon. Dans le rr cas on les nomme bois de
sert aux bâtis; à défaut d'orme, ou emploie /ente et ils servent à faire des échalas, des
le noyer ou le Irène, comme en Angle laites, du merrain, du domain, des barres
terre. Les panne.iiix des équipages sont tou pour soutenir le fond des louneaux, des co
jours en noyer. Le sapin sert pour les pan peaux, pour les gainiers au miroitiers, des
neaux de custode, le tilleul pour les caves, cercles ou cerceaux, des cercles pour cri
les panneaux de doublure, et à couvrir les bles, caisses de tambours, bordures de ta
pavillons. mis, mesures de capacité, des éclisses ou
Menuisier treilla^eur. Cet artiste emploie clayettes pour dresser les fromages, etc.
les bois de cliàlai mer, de chêne, de frêne, et Daus le 2' on les appelle bois de raclerie, et
les bois à grains lins, tels que le bouleau, on en fait des attelles de colliers, des fûts
l'aune, le pin, le sapin, le cyprès, etc., qu'il de bâts et arçons de selle, des jougs de
refend avec le coutre et travaille ensuite bœufs, des pelles à four, à grains et à boues,
avec des outils qui lui sont propres. 11 se des battoirs de lessive, etc. Tous ces ob
seri, la plupart du temps, des bois de fente jets se font presque exclusivement en hêtre,
travailles en forêts, et dont nous parlerons mais on en fait aussi quelques-uns en aune,
plus bas. bouleau, charme, noyer et saule. C'est aussi
Menuisier layetier. Il ne fait guère usage en hêtre que se font la plupart des sabots ; on
que des voliges de bois blancs qui servent à en fabrique aussi en noyer et en orme, et
faire les caisses destinées au transport des avec du bouleau,du tilleul, du marronnier, de
marchandises. l'aune du tremble, du saule et du peuplier.
Nous renvoyons, pour plus de détails sur ces
5 IV.— Bois de charronnage. bois d'ouvrage, à ce que nous avons dit au
chapitre précédent, à l'article de l'exploita
On comprend sous ce nom tous les bois tion d'une coupe (pag. 110 à 120).
qui sont mis eu œuvre par le charron pour
la construction des roues et pour celle des § VI.— Bois employés dans différens arts.
chariots, charrettes trains descarrossesetde
plusieurs instruroens d'agriculture. Les bois Les bois que produisent nos forêts reçoi
employés de préférence par le charron sont vent un grand nombre d'autres applications
l'orme, le frêne, le chêne, l'érable, le hêtre, utiles, ou servent dans diverses industries,
le charme et le boni' au. Nous avons indiqué parmi lesquelles nous citerons les suivantes.
plus haut (page 116 l'usage et le choix qu on On fait des échalas de rondin, de meuues
fait de ces bois pour les diverses piècçs de perches, des tuteurs, des piquets avec pres
charronnage. Nous ajouterons seulement que que tous les bois, mais surtout avec le chêne,
les bois sont livrés au charron eu grume, en cornouiller, châtaignier, charme, pin, gené
billes ou tronçons coupés de longueur ou re vrier, robinier, coudrier, elc.On en fait aussi
fendus à la scie, et qu'ils se vendent généra en saule, tilleul, sureau, peuplier et anne.
lement au slère. Les harts, liens, rouelles de trains de flot
Bois propres h /"«■ tillerie. L'artillerie, dans tage se font avec les jeunes rameaux tralnans
ses constructions, lait à peu près usage des ou rampansde la plupart des arbres. On em
m- mes bois que le charron. Ces bois sont ploie, pour les manches de fouet et houssi-
tous fournis et tr nspoi tés en grume, ou nes, des jeunes ti^es d'érable, micocoulier,
simplement dégrossis. Pour les flasques, on houx, elc. ; pour les fascines qui servent dans
emploie le bois d'orme bien sec; pour les les constructions en bois, ou à maintenir les
enlreloises, le cheue t rès-secet de dimension terrains en pente ou dégradés par les eaux,
variable, suivant que les pi'—es sont montées des rameaux de toutes sortes de bois. On
pour l'artillerie de terre ou celle de la ma débite des allumeties dans de petites billes
rine. Les roues sont en orme, les moyeux en de tremble sec ou de bourgène refendues on
bois vert , les jantes en bois sec , les raies en menus brins; on fait des manches d'outils,
chêne pur et sans noeuds. Les essieux se font des fléaux, des maillets, des masses, des pou
en orme, les limonières d'avant- train , les lies, des coins, des fourches et râteaux en
selliMes, les sassoires, etc., se font avec le charme, chêne yeuse, frêne, aubépine, cor
nième bots. Les bois blancs, tels que l'aune, nouiller, soi hier, micocoulier, tilleul, etc.;
le peuplier, servent ordinairement pour le des balais avec des brindilles et en particu
corps des caissons et les coffrets. lier celles du bouleau ; des fuseaux, lardoires,
L'artillerie et le génie militaire font encore aiguilles à tricoter, en fusain ou en buis; de»
CHAP. 6" MENUS PRODUITS DES FORÊTS. 137
manches de couteaux commuas, des étuis, importance pour l'économie agricole etdans
en hêtre durci au feu; et on fabrique en buis, les arts. Voici les principaux :
surtout aux environs de St.-Claude, quantité Les t'corces. Celles des jeunes chênes se
de menu* ouvrages, tels que grains de cba- vendent avantageusement pour tanner les
fielets. sifflets, boutons, cannelles à vin, cuil- cuirs, et nous renvoyons à ce sujet au cha
ers, fourchettes, tabatières, peignes, coque pitre qui précède. On sait que l'écorce du
tiers, poivrières, moules à beurre, etc. Les chéne-liége fournit des bouchons, des se
chaises communes, les échelles se font avec melles, des chapelets pour les filets des pê
le tilleul, l'aune, le bouleau, et les lignes de cheurs, etc. Les cordes à puits se fabriquent
1>éche eu saule, peuplier, sapin, micocou- avec l'écorce de tilleul. La teinture 'ait usage
ier, etc. de l'écorce de l'aune «t du noyer. On retire
Les pompiers font usage de l'orme et de de l'épidémie du bouleau une huile empy-
l'aune pour les conduits d'eau et les corps reumatique qui sert à la préparation des
de pompe; les tourneurs, de noyer, buis, fu cuirs dits de Russie. L'écorce du houx et
sain, genévrier, merisier, frêne, alisier, cor celle de l'if sont employées à la préparation
nouiller, sorbier, robinier, tremble, aune, de la glu. On fait des nattes et des objets
bouleau, ainsi que de hêtre, charme et syco de vannerie, des cabas avec la deuxième
more. Les graveurs préfèrent le buis à tous écorce de l'orme, du tilleul et de quelques
les autres bois pour la gravure en relief, qui autres arbres. Eufin, on retire de l'écorce
est destinée à s allier à la typographie, el le du saule un corps alcaloïde, connu sous le
poirier, cormier, alisier pour la gravure des nom de salicine, et dont la vertu fébrifuge
planches employées à l'impression des in est presque égale à celle du quinquina, etc.
diennes ou des papiers peints. Les sculpteurs hi'sjeuilles. On peut les employer à l'état
travaillent le chèue, noyer, sycomore, aune, frais, ou convenablement conservées, pour la
tilleul, marronnier, peuplier, saule, etc. Les nourriture des bestiaux. Les feuilles qu'on
dessinateurs, peintres, graveurs se servent estime le plus sous ce rapport sont celles de
de bois de saule ou de fusain calciné pour frêne, érable, tilleul, orine, platane, tremble,
dessiner; du même bois de saule eu tablettes cormier; puis viennent celles de chêne,
pour tracer des croquis, el du bois de marron charme, saule, peuplier, coudrier, etc. Dans
nier dressé et poli, et connu alors sous le le Nord on emploie même à cet usage les
nom de bois deSpa, pour décalquer des litho feuilles des arbres résineux. On peut encore
graphies qui doivent orner des boites ou pe se servir des feuilles, soit comme litière pour
tits meubles de goût. Les orfèvres font usage les animaux, soit pour former des engrais,
du bois de saule pour polir l'or et l'argent. des composts, ou bien des couches dans les
Le tabtetier emploie presque tous les bois, jardins, etc.
soit pour faire le corps de son ouvrage, soit Fruits sauvages et semences. Ceux dont la
comme placage ou marqueterie. Le cojfre- vente ou l'emploi peuvent procurer des
tier-malletier construit ses boites en hêtre, avantages ou des prolits sont les glands, qui
chêne ou sapin. Le Orossier, pour le dos de servent à l'engraissement des porcs; la Jatne,
ses brosses, prend des planchettes minces de qu'on destine au même usage ou a la nour
hêtre, noyer ou bois blanc. Le paumier-ra- riture des dindons, et dont on retiré une
Euelier fait usage de beau bois de frêne en grande quantité* d'huile bonne à brûler et à
il les refendues en échalas pour le corps manger; la semence du micocoulier, qui, sou
des raquettes, et de tilleul ou de bois blanc mise à la trituration et à la presse, donne
pour 1 étançon. Le formier fait des formes également une huile douce et agréable; les
ou des embauchoirs eu hêtre, charme ou noix, les noisettes, les châtaignes, les mar
noyer. Le luthier emploie presque tous les rons, dont tout le monde connaît les usages
bois, el surtout le hêtre pour la table infé économiques; le marron d'Inde donton peut
rieure des instrumeus à corde, et le sapin retirer plusieurs produits; les fruits du ge
pour la supérieure. Le facteur de pianos se névrier, du prunier épineux, du cornouiller,
sert de tous les bois d'ébénisterie et en outre de Yépine-\>inette,A\\ sureau, de la ronce, dont
du sapin pour les tables d'harmonie, etc. on fait plusieurs préparations utiles dans les
Daus les ouvrages de vannerie, tels que ménages rustiques; ceux du cormier, qu'on
hottes, paniers, corbeilles, vans, on (ail le mange comme les nèfles et dont on fabrique
plus communément usage de l'osier jaune et une espèce de cidre; la semence de tous les
de l'osier rouge. Les objets les plus soignés arbres, et entre autres des conifères, qui
en ce genre sont en osier blanc ou saule vi- peut être récoltée, séchée et vendue avan
miual. On fait aussi des corbeilles et des tageusement, etc.
paniers avec les rameaux de la viorne La sève. Avec celle du bouleau on prépare
mancienue, de la bourgène, du cornouiller une liqueur fermenlée assez agréable; celles
sanguin, du uoisetier, du bouleau et autres, du sycomore et de l'érable champêtre con
refendus eu menus brins. Enfin, les vanniers tiennent aussi une quantité notable de sucre
emploient encore des lattes minces de saule et peuvent être converties en boissons fer-
marceau et du bois de peuplier réduit en meutées. Le pin maritime, le pin sylvestre,
lanières minces dont on fabrique aussi des auxquels on a pratiqué des incisions, lais
chapeaux. sent écouler ce corps demi-fluide connu sous
le nom de térébenthine de Bordeaux ; les sa
Section iv. — Menus produits desjoréts. pins commun et épicéa donnent par des pro
cédés analogues la térébenthine de Strasbourg,
Nous rangerons sous ce litre quantité et le mélèze la térébenthine de Venise, tous
de produits qu'on peut recueillir dans les produits qu'on peut transformer en un grand
forêts, et dont quelques-uns ne sont pas saus nombre de corps, connus dans les arts sous
1GRICULTURE. TOMB IV.— 1 8
198 AGRIC. FORESTIERE CONSERVATION ET DÉFENSE DES FORÊTS, liv.
le nom de résine, poix, goudron, noir de fu potasse; les mousses, qu'on peut employer
mée, etc Les merisiers laissent nttssi suinter comme lilière ou pour faire des composts,
une matière épaisse «jut se concrète à l'air, des matelas, ou emballer des marchandises ;
et qui est employée dans divers arts sous le les herbages et foins, etc., qu'on peut récol
nom de gomme de pays. On recueille encore ter en temps opportun ou faire pâturer par
surle ironc des jeunes mélèzes une substance les animaux domestiques; la viorne obier
grasse, connue sous le nom de manne de (viburnurn opulus), dont on fait des baguettes
Briançon, et qui est employée en médecine. de fusil, des tuyaux de pipe, de petits ou
On peut encore ranger au nombre des me vrages au tour; la viorne cotonneuse ( v. lan-
nus produits des foréis les fruits du meri tana ), qu'on emploie à faire de petits cer
sier, du fraisier, de l'airelle myrtille, du cles, des liens, des paniers, des corbeilles ;
framboisier qu'on mange en nature, dont le daphne metereum, dont on fabrique des
oo prépare aussi des boissons ou qui servent chapeaux d'un blanc éclatant et du papier
à diverses préparations économiques; la ronce imitant celui de Chine ; la clématite des haies
dont on lait des liens; les églantiers ou ro (clematis vitalba L. ), qui sert à faire des
siers sauvages, sur lesquelson greffe d'autres liens, des paniers, des corbeilles, des ruches ;
rosiers dans les jardins; les truffes, les cham le brou de noix, qu'on emploie en teinture ;
pignons comestibles, les morilles qu'on ré les œufs defourmis, dont on nourrit les jeunes
serve pour la table; l'agaric chirurgical, le faisans; les canlharides, employées en phar
bolet amadouvier: le genêt commun, dont on macie; les œufs des oiseaux sauvages; enfin
fait des balais, des liens, de la litière, des une foule de plantes, de semences et de fruits
bourrées; le genêt des teinturiers, employé employés dans les arts industriels, l'art de
encore en teinture; les fougères, qui peuvent guérir et l'économie domestique, etc.
servir à la nourriture des bestiaux, à couvrir Il faut encore mettre au rang des produits
les plantes de jardin pendant l'hiver, et four des forêts le miel, qu'on peut enlever aux
nissent par leur incinération une grande abeilles sauvages, et les animaux sauvages,
quantité de potasse; les bruyères, que les soit quadrupèdes, soit oiseaux, dont la pour
moutons, les chèvres et les vaches mangent suite ou la destruction fait l'objet de la
volontiers, dont on fait de la litière, des ba chasse, et dont la dépouille et la vente peu
lais, des corbeilles, des cabanes de vers-à- vent procurer des bénéfices assez impor-
soie, et dont on relire du charbon et de la tans. F. M.
La science forestière ne consiste pas seu Les dommages causés par l'homme peu
lement à connaître les essences qui profite vent avoir lieu par suite d'une attaque im
ront le mieux sur le sol dont on peut dispo médiate contre la propriété, ou être le ré
ser, les meilleures méthodes de semis, plan sultat d'actes médiats préjudiciables aux fo
tation, culture, aménagement et exploitation rêts, ou enfin celui de l'ignorance ou de
des bois et forêts, elle apprend encore à dé 1 abus.
fendre ces sortes de propriétés contre toute
sorte d'agens destructeurs, et à les garantir § 1". — Attaques immédiates contre la propriété
des attaques d'ennemis auxquelles elles sont forestière.
plus exposées que toutes les autres.
Les moyens de conservation ou de défense Ces attaques portent atteinte soit au sol fo
doivent varier suivant la nature des auens de restier, soit à ses produits.
destruction ou l'espèce d'ennemis qui atta 1 " On porte atteinte au solforestier quand on
quent nos forêts. Ces agens ou ces ennemis déplace, bouleverse ou supprime les marques,
sont l'homme, les animaux, les végétaux et bornes, poteaux, fossés, pieds corniers, etc.,
quelques phénomènes physiques. qui établissent la limite des héritages. Les
Des forestiers distingués de la France et de fontaines, ruisseaux, rivières, chemins, mon
l'Allemagne oi.t étudie avec soin celte partie tagnes sont souvent employés pour fixer les
intéressante de la science; nous citerons en limites forestières, mais on leur préfère au
tre autres MM Dum-et, Hechstein, Buiigs- jourd'hui les pierres , qui ont en effet plu
DORFF, CoTTA. HaiITIG, MeVER, PtElL, SCHIL sieurs avantages. Pour assurer ces limites, il
LING et Laurop. Ce sont les travaux de ces faut y établir, dans un lieu apparent, des
savans, surtout ceux des derniers, qui vont bornes en pierre d'un assez fort cubage pour
nous servir de guides dausce chapitre. qu'on ne puisse les renverser facilement. Ou
enfouit sous ces bornes d'autres pierres plus
Section I". — Dommages causes par petites ou des matières incorruptibles, telles
l'homme. que du charbon, qu'on appelle témoins, et
qu'on retrouve quand les bornes out été dé
L'homme peut porter préjudice aux forêts placées. Lin plan cadastral bien fait, une des
de bien des manières diverses, prévues la cription précise de la propriété, des recole-
filupart par les réglemens forestiers ou les meusde bornage faits de temps à autre avec le
ois de l'Etat, et classées par celles-ci, suivant plan à la main et en présence des propriétaires
leur gravité, en contraventions, délits ou riverains, et dont il est dressé procès-verbal,
criu.es. enfin, une surveillance active de la part des
chap. T«. DOMMAGES CA USÉS PAR L'HOMME. 189
agens chargés de In gnrde dos bois et forêts, fâcheuses ; lels sont le renversement des
sont les moyens les plut propres à conserver marques de coupes, la destruction des haies,
et à garantir leurs limites. fossés, treillages, palis, murs ou clôtures
Avant d'aller plus loin.notisdirons un mot quelconques, ce qui facilite les vols ; le ren
des qualités nécessaires à de bons agens versement des tuteurs des jeunes arbres, le
forestiers, en prenant pour guide le portrait bouleversement ou la destruction des routes
qu'en a tracé M. Hartig. Un bon garde doit forestières ou des chemins, des ponts, du lit
être d'une constitution robuste, d'une bonne des rivières flottables, des ports de débarde-
santé, bon marcheur, doué d'une bonne vue, menl; la destruction des greffes, l'enlève
de l'ouïe fine et de beaucoup d'activité et de ment d'anneaux d'écorce aux arbres, ou les
persévérance. Il est indispensable que sa blessures graves qu'on peut leur faire, le
moralité soit irréprochable. Il doit avoir un renversement des cordes ou piles de bois et
certain degré d'intelligence et de capacité, et plusieurs autres délits, presque tous prévus
être brave pour réprimer l'audace aesdélin- et punis par les réglemens forestiers. Les
quans et des brigands dont les bois sont .sou agens préposés doivent tenir rigoureusement
vent le repaire. Il doit savoir line et écrire et la main à Xobser\<ation de ces réglemens , et
être en état de faire un rapport clair et mé s'opposer à ce qu'on s'introduise dans les
thodique, connaître l'arithmétique, savoir un forêts avec des scies, haches, serpes, coignées
peu de géométrie, avoir une idée générale de et autres instrumens de cette nature; à ce
l'administration, de la «cience et de l'écono qu'on pratique dans une saison ce qui est
mie forestières, enfin, connaître tout ce qui défendu à cette époque; à ce qu'on ne donne
concerne les délits forestiers, la chasse et la pas lieu, par négligence ou autrement, à des
conservation du gibier. incendies, etc.
2" Les produitsforestierssont très-difficiles L'homme peut allumer un incendie dans
à défendre contre les attaques de l'homme. les forêts, soit avec préméditation, soit par
Le bois est un île ceux qui donnent le plus négligence ou par imprudence. C'est un fléau
fréquemment lieu aux délits. Une surveil au'il faut prévenir avec soin, parce qu'il cause
lance active et les peines portées par nos lois souvent les plus prompts et les plus affreux
ne le mettent pas toujours à l'abri des dé ravages. Un incendie peut se déclarer dans
prédations. On y parvient quelquefois en dé une foret quand des bûcherons ou des char
livrant à très-bas prix ou même gratuitement bonniers allument sans précaution du feu
les broussailles, ramilles , copeaux et autres dans des lieux où il peut courir, ou quand
combustibles d'une faible valeur aux pauvres les fourneaux de ces derniers sont établis et
des communes voisines, en maintenant à un conduits avec négligence. Dans les séche
prix très-modéré dans les environs tous les resses, une étincelle échappée de la pipe d'un
menus bois qui servent dans l'agriculture, fumeur, la bourre enflammée d'un fusil, une
tels que perches, échalas, gauletles, liens, légère flammèche que lèvent apporte d'un feu
rames pour les légumineuses ou le hou voisin, sont la plupart du temps la cause des
blon, etc.; en redoublant de vigilance au embrasemens. Nos réglemens forestiers con
moment des coupes; en rassemblant autant tiennent un grand nombre de dispositions
que possible les bois coupés en grandes mas qui ont pour objet de prévenir cet événe
ses, toujours plus faciles à surveiller; en vi ment, et des peines graves contre ceux qui
dant les coupes le plus proniplement pos tendraient à les enfreindre. C'est aux per
sible, etc. sonnes préposées à la garde des forêts à les
Il n'y a aussi qu'une surveillance active qui connaître et à les faire observer rigoureu
puisse prévenir certains délits qui ont pour sement.
objet de mutiler ou d'estropier, avec des în- Quand Vincendie est déclaré, ilfaut em
sl rumens trauchans, les arbres sur pied ou ployer les moyens lesplusprompts pourarrêter
les jeunes plants. Ces attaques, quelquefois les progrès du feu: 1° faire annoncer le feu
très-désastreuses pour les forêts, ont lieu la dans tout le voisinage par le son des cloches
plupart du temps dans le but de se procurer ou tout autre moyen, et inviter les habitans
des barts pour les fagots et les gerbes en à se rendre sur le lieu de l'incendie, armés
coupant déjeunes brins dans les taillis, d'en de haches, hoyaux, pelles ou bêches; 2° à pla
lever des marcottes et des boutures, de faire cer les travailleurs a mesure qu'ils arrivent,
des balais avec les pousses du bouleau, de les uns pour faire des abattis sous le vent,
recueillir de la sève en perçant les arbres les autres pour peler la superficie de la terre
résineux, des écorces pour la vannerie et la dans une largeur de 6 à 7 mètres, en reje
sparterie, de la nourriture ou de la litière tant les herbages secs et les gazons du côté
pour les animaux, en enlevant les fruits fo opposé au feu; 3" à pratiquer, quand la cir
restiers, ou eu coupant des branches (ie co constance l'exige, des tranchées à une cer
nifères, en moissonnant à la main ou en fai taine distance du feu; 4" à se servir d'eau et
sant brouter aux bestiaux les herbes, gazons de pompes quand on peut s'en procurer; 5° h
et autres plantes dans les semis ou planta faire fouiller la terre quand le feu a pris dans
tions, en dépouillant les arbres de leurs les bruyères ou des matières sèches,' et à la
feuilles ou bien en enlevant les feuilles sè jeter sur ces matières enflammées, ou même
ches, mousses, genêts, bruyères dans les lieux sans attendre qu'elles le soient. La terre
où ces objets sont utiles à la culture et au étouffe le feu et la tranchée arrête la com
repeuplement de la foret. munication.
Nous regardons encore comme préju Quand on est parvenu, n'importe parquet
diciables aux forêts une foule d'actes qui, moyen, à éteindre un incendie, on fait veiller
si on ne s'y opposait pas par une bonne sur les lieux pendant plusieurs jours et plu
garde, finiraient par avoir des conséquences sieurs nuits, surtout si on aperçoit encore çà
140 AGRIC. FORESTIÈRE : CONSERVATION ET DÉFENSE DES FORETS, "lit.
et là des matières enflammées, et on fait par Relativement aux droits d'affouage et de
courir aux hommes préposés à cette garde , marronnage, l'usager ne pouvant exercer son
non seulement les endroits incendiés, mais en droit saus une délivrance préalable du pro
core ceux des environs qui se trouveraient priétaire ou de l'administration forestière,
sous le vent, afin d'étouffer, avec de la terre et les arbres en délivrance étant préalable
ou autrement, le'feuqui se rallumerait, ou les ment marqués, on parvient avec de la sur
flammèches qui auraient été emportées daus veillance à prévenir les abus. D'ailleurs, on
les cantons voisins. peut fixer le jour auquel on enlèvera ces
bois; ne pas permettre que les usagers ven
§ H. — Attaques médiates contre les forêts. dent ou permutent leurs lots; surveiller leur
transport, et s'assurer que ces bois ne reçoi
L'homme nuit médiatement aux forêts vent pas une autre destination que celle pour
uaud il cherche à en tirer, dans un temps laquelle ils sont délivrés. On peut aussi dis
ouné, plus de produits qu'elles ne peuvent cuter et soumettre à la révision 1 s titres des
eu fournir: quand il en néglige la ru Hure et en usagers, faire procéder à une évaluation de
dirige mal l'aménagement. Il diminue aussi leurs droits, et racheter ces droits par une
leur produit lorsqu'il tolère les abus qui se indemnité ou par l'affectation d'un canton
glissent la plupart du temps dans la jouis nement ; enfin, on peut atténuer l'effet des
sance des servitudes ou des droits d'usage. abus qu'entraîne leur jouissance par l'obser
Un propriétaire nuit à ses forets quand il vation r goureuse des lois forestières, que
coupe plus de bois que ne le comporte une nous ferons connaître daus notre partie lé
«nne période d'aménagement. Il diminue gislative.
leur produit quand il déracine, sur partie ou Le pâturage et le panage sont bien plus
totalité du sol, des arbres dont les souches préjudiciables aux- forêts que l'affouage,
auraient donné de bons recrus, ou défriche tant sous le rapport du dommage que les
imprudemment et emploie le sol à d'autres animaux font daus les bois, que par les nom
usages économiques; lorsqu'il pratique des breux délits et les abus auxquels donne lieu
coupes extraordinaires, règle d'une manière la jouissance de ce droit. En effet, les vaches
préjudiciable à propriété l'âge de ses cou et les bœufs recherchent les feuilles et les
pes, de manière que la quanliléde bois dimi bourgeons, leurs pieds battent le terrain et
nue annuellement; lorsque ses arbres , aban étouffent les germes et les jeunes plantes;
donnes trop long-temps sans être exploités, les chevaux et les ânes mangent des branches
dépérissent et se pourrissenl;lorsqu'il adopte de l'épaisseur du doigt, rongent l'écorce des
un mode vicieux de culture forestière, opère arbres, et en se roulant fout un dégât énor
ses coupes à contre - saison, néglige de faire me; les chèvres et les moutons, dont l'intro
le nettoiement des taillis et les éclaircies né duction est sévèrement prohibée dans les
cessaires, ou bien enlève trop de bois eu les bois de l'Etat et des communes, causent
pratiquant, et agit, dans ce cas, avec peu de dans les forêts de bien plus grands dom
prudence et sans discernement; enfin, quand mages encore en broutant les bourgeons des
il néglige le repeuplement en bonnes essen jeunes coupes, et en privant ainsi les cépées
ces appropriées au sol, ou d'après les règles de leurs feuilles et de leurs moyens naturels de
d'un bon assolement forestier. Il n'y a d au végéter; les porcs mangent les glands et les
tre moyen, pour éviter les dévastations qu'on laines, fouillent la terre, déracinent les cé-
peut causer ainsi aux forêts et leur dépéris Cées, culbutent les semis et causent un dou-
sement, qu'à les diriger suivant les prin le dommage en détruisant le bois et en
cipes que nous avons posés daus ce litre, ou s'opposaut au repeuplement.
d'en confier l'administration a des forestiers Les meilleurs réglemens sur le pâturage
instruits et honnêtes. et le panage dans les forêts ne suffiront ja
Les droits d'usage qui pèsent encore sur mais pour en faire cesser les abus, et tous les
les forêts donnent lieu, quelle que soit l'acti forestiers instruits,tant français qu'étrangers,
vité des gardes et malgré les lois qui en rè s'accordent à eu réclamer la suppression.
glent et déterminent la jouissance, à des On peut employer contre les abus auxquels
abus si graves et si nombreux, que c'est une ce droit donne lieu, ainsi que contre les pe
des causes les plus actives du dépérissement tits usages, quelques-uns des moyens indiqués
de la propriété forestière. Ces droits d'usage pour se préservtr des inconveuieus de l'af
se divisent en grands et petits usages. Les fouage, tels que la surveillance active, le ra
çrands usages sont : 1° l'affouage, ou droit chat moyennant indemnité et l'observation ri
de prendre dans uue forêt le bois de chauf goureuse des dispositions réglementaires et
fage nécessaire aux usagers; 2" le marronnage, législatives qui fixent l'exercice de ce droit,
ou le droit de se faire délivrer des arbres tant dans les forêts de l'Etat que dans celles
Êour la construction et les réparations des des particuliers.
âtimens; 3° le pâturage ou pacage, ou droit
de faire paître le bétail ; 4° le partage, la
glandée ou la poisson, qui consiste dans la § III.— Dommages résultantrance.
de l'abus ou de l'igno
faculté de mener les porcs dans une forêt
pour s'y nourrir de glands et faines.— Les
Îtetits usages consistent principalement à en- L'exploitation des boit, c'est-à-dire Yabat-
ever les branches sèches, les bois morts et tuge, le transport et le travail en forêts peu
les morts-bois, c'est-à-dire certaines espèces vent donner lieu à plusieurs pratiques vicieu
de peu devaleur, telles cme saules- marsaults, ses et à des abus très-funestes, qui exigent
épines, sureaux, aunes, gtnèts, genévriers et qu'on les prévienne, les arrête ou les ré
ronces. prime avec sévérité. Ces pratiques, relative
QBAP. 1'. ANIMAUX NUISIBLES AUX FORÊTS. 141
ment à l'abattage, concernent soil le temps sur les arbres entaillés au printemps est faite
où on le Tait, soit la manière de le faire. plus lot que le mois d'août suivant, avant
L'expérience parait avoir prouvé qu'il est que les plaies de l'arbre puissent se recou
nuisible à la qualité des bois et à la repro vrir et empêcher les eaux pluviales de péné
duction des souches de procéder à rabattage trer dans la substance ligneuse. On ne doit
des arbres en sève, et que l'exploitation d'hi également faire sur chaque arbre, du côté
ver est la plus favorable. L'abattage d'été opposé à celui où viennent les pluies, qu'une
détériore les bois, affaiblit les souches par entaille s'il est petit, et s'il est gros, qu'une
line déperdition considérable de sève, fait seconde après la première; ces entailles
perdre une feuille. endommage davantage les ayant au plus 4 pi. de hauteur sur 1 et 1/3
jeunes plants, est plus dispendieux et enfin po. de largeur. La récolle des feuilles, celle
plus difficile par suite de la quantité de feuil des fruits sauvages à la main ou au pâturage
les dont les bois sont couverts. et à la glandee ne doivent avoir lieu aussi,
Relativement aux méthodes qu'il faut sui pour éviter les abus, qu'à une époque fixée,
vre pour l'abattage, nous nous sommes déjà dans des cantons désignés et avec des for
expliqué à cet égard ( page 120), mais il faut malités qu'il importe à la sûreté des forets
de plus veiller à ce que pendant le travail les et à leur repeuplement de rendre aussi dif
arbres de réserve ne soient pas encroué\, ficiles que possible à remplir et de faire ob
c'est-à-dire endommagés par la chute de server avec vigueur.
ceux qu'on abal, et s'opposer avec soin à ce La culture des clairières, des places vides,
que les arbres à alnltre tombent sur de jeu vaincs ou vagues renfermées dans l'enceinte
nés plants, ne les brisent ou ne les mutilent des forèts,souvent utile et avantageuse, donne
dans leur chute. Ou évite les dégâts de celte quelquefois lieu à des délits et à des excès qui
nature en élaguant les principales branches peuvent avoir des conséquences graves pour
des arbres à exploiter et en dirigeant avant les bois. Aussi doit-on, quand on la permet,
l'abattage leur chute dans la direction où ils fixer au fermier le mode de culture, les plan
causeront le moins de dommage, ce qui est tes qu'il doit cultiver, l'époque de la récolte
toujours possible. et la manière de la faire, et en même temps
Quant aux abus auxquels peut donner lieu surveiller tous les serviteurs et ouvriers
^exploitation des bois, on doit d'autant plu> qu'il emploie, et les rendre responsables des
se mettre en gardecontre euxet les prévenir, dégâts.
qu'ils donnent lieu à des dommages le plus Le sol des forêts offre souvent des espèces
souvent irréparables; qu'ils entraînent à des minérales utiles, telles que la chaux, la pierre
dépenses considérables ou bien à des procès à bâtir, l'argile, la marne, le sable, ia tourbe,
ruineux. C'est dans cette catégorie qu'il faut à l'enlèvement et à 1 extraction desquelles il
ranger l'abattage des pieds corniers, témoins, faut généralement s'opposer. Si on juge à
ftarais, arbres de lisière et de réserve, le bou- propos de faire ou de concéder l'exploitation
eversement des routes et chemins, la des de ces matières, il faut y procéder avec des
truction des pouls, ponceaux, barrières, le précautions extrêmes, parce que celle-ci en
comblement des fossés, sangsues, rigoles, la traîne à sa suite un grand nombre d'incon-
ruine dos cépées, semis et plantations, la mu véniens et d'abus très-préjuciables aux forêts
tilation de* gros arbres, l'enlèvement frau et qui balancent les avantages qu'on peut
duleux des bois de chauffage, les vols de toute recueillir de l'exploitation. C'est ainsi qu'en
espèce, elc. Une active surveillance au mo ouvrant des carrières et en transportant les
ment de l'exploitation et l'observation des machines, les matériaux ou produits, on
réglemens de police forestière peuvent pré diminue, on mine l'étendue du sol forestier,
venir et mettre un terme à ces abus; mais il on détruit, renverse ou muiile les arbres
faut en outre rendre responsables des délits qui |. copient la forêt, et enfin qu'onouvre une
les adjudicataires des coupes, les marchands large porte aux vols ou aux délits de toute es
rentiers, leurs facteurs ou girde-ventes et pèce auxquels se li\ renl journellement les ou
tous autres préposés à cette exploitation ou vriers exploitans. Pour mettre fin à ces abus
à la direction «les ateliers. ou délits, il faut renoncer à ces sortes d'ex
La récolte ou l'exploitation de ce que nous ploitations quand on peut se procurer les
avons nommé menus produits an chap. VI peu matières minérales autre part et au même
vent devenir extrêmement dangereuses pour prix; cire inscrire, clore et entourer le canton
les forêts quand on ne surveille pas avec ac exploité et les roules qui y conduisent, réta
tivité ceux qui sont chargés de les faire. blir le sol partout où. on cesse d'exploiter,
C'est ainsi que la récolte des écorces pour les déterminer avec soin le mode d'exploitation
tanneurs f.iit périr les souches quand on ne et de transport, rendre les entrepreneur.1»
pratique pas auparavant au pied du brin de responsables des délits commis par leurs ou
taillis, et le plus près possible de terre, une vriers ou gens de service, ainsi que de tous
incision annulaire d'une largeur suffisante ceux qui ont lieu dans les cantons environ-
pour que le déchirement de l'écorce ne se nans de leur exploitation.
communique pas aux racines; que l'extrac
tion des produits résineux ou de la sève, qui Section h. — Animaux nuisibles auxforets.
déjà nuit à la croissance des arbres, à la qua
lité de leur bois et à la durée de leur exi Dans la poli.e forestière il faut distinguer
stence, devient encore plus préjudiciable les animaux domestiques de ceux qui vivent
quand elle commence plus de 10 à 12 ans à l'état sauvage. Une surveillance active et
avant l'exploitation d'un canton, qu'on la pra les peines portées par nos lois et réglemens
tique plus de 5 ou 6 fois sur chaque arbre, I contre les propriétaires des premiers servent,
que l'enlèvement et le grattage de la résine | comme nous l'avons vu, à garantir la pro
142 AGRIC. FORESTIÈRE : CONSERVATION ÈT DÉFENSE DES FORÊTS. LIV. V.
priété contre leurs ravages. Quant aux se hêtres, érables et frênes, et il arrive souvent
conds, il n'est pas aussi facile de prévenir que les taillis de 2 à C ans sont entièrement
leurs attaques ou de s'en préserver. ecorrés par ce rongeur. On le voit aussi se
Parmi les animaux sauvages qui portent nourrir, en cas de besoin, de racines tendres
préjudice à nos forêts, les uns appartiennent et des bi urgeons de presque tous les jeunes
a la classe des mammifères, les autres à celle plants, qu'il déchausse en outre en soule
des oiseaux, cl le plus grand nombre à celle vant la terre pour creuser ses galeries. La
des insectes. souris cause moins de dégâts que le mulot,
parce qu'elle est plus faible et moins vorace,
§ Ier. — Les mammifères. mais elle est nuisible par sa grande fécondité.
8° La taupe (talpa Europea, L.) bouleverse
1" Le daim(cervus dama, L.). En hiver il dé les semis et coupe les racines des jeunes ar
vore les bourgeons et l'écorce de tous les bres. Les forestiers connaissent aujourd'hui
arbres, au printemps les jeunes pousses, et les moyens qu'on emploie ordinairement pour
en été les feuilles et les branches des pins, se délivrer de cet animal.
sapins, mélèzes, et de plusieurs arbres à La plupart des forestiers sont d'avis qu'il
feuilles caduques. A toutes les époques de n'est pas possible de conserver de beaux bois
l'année cet animal dépouille les arbres de avec, des bêtes fauves, et qu'il vaudrait mieux
leur éeorce et brise les jeunes brins. les bannir entièrement que de les multi
2° Le cerf (cervus elaphus, L.). En hiver il plier. Néanmoins, comme ces animaux, mal
mange les jeunes pousses, surtout celles des gré leurs ravages dans les forêts, ont encore
épicéas, mélèzes, trembles et de plusieurs un but d'utilité, soit comme produit, suit
saules; au printemps il attaque celles dis pour les plaisirs de la chasse, etc., il con
hêtres, érables, ormes et frênes; en été il vient peut-être d'en conserver un certain
détruit les feuilles et les jeunes branches de nombre. Sous ce point de vue, la science du
tous les arbres. Il est encore très-nuisible forestier consiste donc à fixer ce nombre
fiai- les plaies redoutables que sa dent fait à d'une manière telle que les inconvéniens qui
'écorce des sapins et des pius. Il cause résultent de leur présence soient compensés
quelque dommage aux arbres en y frottant par les avantages qu'on peut en tirer. Ainsi,
son jeune bois pour le débarrasser de la peau on doit accroître ou diminuer ce nonbre
qui le couvre. jusqu'à ce qu'on soit arrivé au point où, avec
3° Le chevreuil ( cervus capreolus, L. ) est des bêtes fauves, le repeuplement de la forêt
très-préjudiciaiile aux forêts, où sa présence n'éprouve pas de difficulté sensible, et où les
s'oppose à un bon mode de culture. Il ha arbres prennent librement tout le développe
bile de préférence les taillis, où il se nourrit ment qui correspond à leurâge.Arrivésà cette
des jeunes liges, des pousses et des bour limite, il faut pourvoira la nourriture de ces
geons des plantes ligneuses, surtout du animaux, si on veut encore diminuer leurs
chêne, frêne, charme, tremble, et des jets de ravages. On y parvient en favorisant, nu prin
pins et même de sapins. A peine touche-t-il temps tt en été, dans les clairières et les lieux
aux plantes herbacées et aux graminées. dégarnis, la croissance des végétaux et des
4° Le sanglier (sus scropha, L.) l'ait un tort plantes qu'ils préfèrent, et, en automne, en
considérable dans les semis de bois en fouil abattant quelques arbres dont les feuilles et
lant la terre pour en tirer le gland, la châ les jeunes tiges leur servent principalement
taigne et la faine; il empêche encore le repeu d'ahmens, tels que les trembles, peupliers,
plement, en broutant les jeunes arbres nou tilleuls, etc., et en les laissant avec leurs
vellement levéset en détruisant par sa masse feuilles et branchages sur le terrain tant que
et ses habitudes brutales les jeunes taillis les animaux y trouvent de quoi se nourrir.
qu'il mutile, foule aux pieds, brise ou déchire. Les clôtures sont aussi un moyen fort efficace
Lesangliera quelque utilité, il délivre les bois pour garantir les jeunes arbres, semis et
des mulots, des souris et de quelques insectes plantations de la dent des bêtes fauves. Une
auxquels il fait une chasse fort active. hauteur de 5 pieds est suffisante pour cet ob
5° Le lièvre et le lapin ( lepus timidus et eu- jet ; seulement, ces clôtures doivent être éta
niculus L. ) ne sont nuisibles que lorsqu'ils blies le plus économiquement possible. A ce
sont très-multipliés. Alors ils font quelque sujet, on doit encore observer, pourgarautir
fois beaucoup de tort en dévorant les pousses les forêts contre les dégâts des bêtes fauves,
des jeunes hêtres et parfois même des sapins, que, suivant les localités et les essences, cer
et en écorçant aussi les trembles, les saules taines espèces sontplus nuisibles que a"autres.
et quelques autres arbres, mais seulement en On s'attachera donc à diminuer beaucoup le
hiver quand ils manquent de nourriture. nombre des premières, ou à les détruire en
6° 'L'écureuil (sciurus vulgaris, L.) ne de tièrement, et à favoriser la multiplication des
vient incommode que lorsqu'il se multiplie autres. Enfin, on doit s'appliquer constam
beaucoup ; alors il ronge les bourgeons des ment, au moyen d'une surveillance active, à
arbres à feuilles caduques, mange les pousses éloigner certaines espèces des endroits où
des pinsetdes sapins, et déterre les semences elles pourraient causer le plus de ravages.
des chênes, hêtres, ainsi que celle des pins et La chasse de ces animaux cause aussi des
sapins. dévastations considérables dans les forêts;
7" Le mulot et la souris (mus sylvaticus et c'est au forestier habile à donner les indica
musculus,L.).L,e premier de ces animaux cause tions nécessaires pour la diriger de la manière
de grands ravages dans les forets parla grande la moins désastreuse aux végétaux qui peu
consommation qu'il fait de glands et de plent les boisconliés à ses soins.
faines, et parla destruction des jeunes recrus. J La quantité de bêles fauves qu'il faut con
II aime surtout l'écorce des jeunes charmes, I server sur un espace donné dépend des loca-
chap. 7«. ANIMAUX NUISIE ,ES AUX fORJlTS. 143
lités, de l'essence des arbres qui y croissent , conifères et des bouleaux, et quelques-uns
du mode de culture et d'aménagement, de d'entre eux se nourrissent même de jeunes
l'espèce d'animaux qu'on veut y entretenir et tiges.
des moyens artificiels dont on peut disposer Au nombre des oiseaux les plus nuisibles
pour les nourrir. En Allemagne on calcule, aux forêts, on conlpte le coq de bruyère, le
en ayant égard à toutes ces considérations, pelil tétras ou coq de bouleau, qui est très-
qu'on peut placer un cerf et une bu ';e sur rare en France, la gélinotte OU poule des cou
4 hectares de superficie ; une paire de 'daims driers, le pigeon ramier, le faisan, l'oie et' le
sur 2 hect. 1|2, et une paire de chevreuils sur canard sauvages; d'autres le sont beaucoup
environ 3 hectares. Quant au sanglier, on moins, tels sont : le pinçon ordinaire, les
doit autant que possible le bannir entière becs-croisés, le verdier, le loriot, etc.
ment. Les mesures à prendre contre les oiseaux
Lorsque l'écureuil se propage en trop grand sont d'empêcher la multiplication de ceux
nombre, on lui fait uue chasse active et on qui font le plus de dégâts dans les forêts, et
provoque le zèle des habitons du voisinage par la vigilance, d'écarter simplement les
en accordant une prime à ceux qui l'attaquent autres pendant quelque temps du lieu où
et le détruisent. l'on a fait des semis.
On emploie divers moyens pour se garan
tir des ravages des mulots et des souris, et § III.—Les insectes.
pour amener leur destruction.
1° On favorise la multiplication des ani Voici les ennemis les plus dangereux des
maux qui dévorent ces petits quadrupèdes. forêts, ceux qui se multiplient à l'excès quand
Parmi les mammifères, les plus dangereux on n'arrête pas leur propagation , et qui exi
ennemis des rats et des souris sont les chats, gent la plus grande surveillance et l'activité
les renards, le blaireau, le putois, le héris la plus infatigable de la part des agens fores
son, les martes, les belettes, etc. Les chiens tiers pour prévenir leurs dégâts et arrêter
les chassent aussi avec fureur et en tuent leurs ravages.
beaucoup. Il serait facile de les dresser à L'ignorance où l'on est encore sur les
cette chasse. mœurs de la plupart des insectes à l'état de
Au nombre des oiseaux, on compte tous larve, fait qu'on ne connaît pas encore tous
ceux qui sont nocturnes, le milan commun, ceux nui peuvent nuire aux forets , et la na
le tiercelet, rétnouchet, l'orfraie, la buse, le ture des dégâts qu'ils y font Nous ne pou
faucon, la bondrée, la corneille, le corbeau, vons donc mentionner ici que ceux dont les
la cigogne, etc. Ces animaux détruisent une attaques ont été bien constatées par les ob
quantité considérable de souris; quelques- servations des forestiers et des naturalistes,
uns, il est vrai, nuisent à la propagation du en les rangeant dans l'ordre adopté par ces
menu gibier, mais, au moins, on n'a pas à derniers.
craindre de les voir se multiplier au-dela des Les ravages causés par les insectes sont de
bornes nécessaires, parce que la plupart émi différentes espèces ; les uns percent le bois
grént quand ils ne trouvent plus une nourri des arbres abattus ou vivans, les autres se
ture suffisante dans les lieux qu'ils habitent, nourrissent de leurs fruits, et un grand nom
ou bien se font mutuellement la chasse. bre endévorent ou en sucent les feuilles. Plu
2° On introduit des porcs dans les forets in sieurs, tels que la plupart des coléoptères,
festées. Ceux-ci fouillent la terre, vont cher des hémiptères et des hyménoptères , vivent
cher les mulots et souris jusque dans leur re séparés et n'attaquent guère qu'individuelle
traite et les dévorent. ment les végétaux des forêts; d'autres, au
3° On pratique desfossés sur la limite des contraire, comme plusieurs lépidoptères,
champs et des forêts. Les mulots se répan sont réunis en société et dévastent en com
dent dans les champs, pendant le printemps mun, à l'état de chenilles, nos bois et nos ver
jusqu'à l'automne, époque à laquelle ils re: gers, où ils causent des perles incalculables
tournent dans les forêts, où ils trouvent des si on ne s'empresse d'anéantir leurs voraces
glands, des faines, des noisettes et autres peuplades.
fruits dont ils font provision pour l'hiver.
Pendant l'été on creuse au bord des forêts A. Coléoptères
des fossés de 3 pieds de profondeur, à parois
verticales et bien unies, et on place de dis Voici rémunération des insecles de cet
tance en distance des pots à demi remplis ordre, que le forestier doit redouter:
d'eau, de telle façon que l'animal, qui ne peut 1° Le hanneton commun (scarabœus melo-
les éviter, tombe dedans et se noie. Les au lonlha, L»), insecte connu de tout le monde,
tres moyens proposés pour détruire ces ani- qui se montre aux mois d'avril et de mai, et
maux ne paraissent pas praticables en grand. dévore les fleurs et les feuilles des chênes et
des hêtres. Ses larves, connues sous les noms
§ II. — Les oiseaux- vulgaires de vers blancs, mans, turcs, etc.,
rongent les racines des arbres et les font
Les dégâts que causent les oiseaux dans languir ou périr. A l'état parfait on peut re
les forêts sont peu considérables, à moins cueillir les hannetons en secouant les arbres,
qu'ils ne multiplient au-delà des limites rai les insectes engourdis tombent; on les écrase
sonnables. Ils se bornent, en général, à re ou bien on les brûle en tas. A celui de larve,
chercher et à dévorer les graines, soit sur on les trouve en remuant la terre et on les
les arbres, soit dans le sol, ce qui les rend fait dévorer par des oiseaux de basse-cour
nuisiblesaux semis. Quelquefois ils becquet ou des porcs. Quelques quadrupèdes, les oi
tent les bourgeons, principalement ceux des seaux de proie diurnes et nocturnes, les pies
144 ÀGRIC. FORESTIERE : CONSERVATION ET DEFENSE DES FORETS. liv. v.
grièches, les gallinacées, les freux, les pies, I sylvestres morts ou Fig. 168. Fig. 169.
les corbeaux, leur font une chasse active et vivans, gisans ou
en détruisent beaucoup. sur pied, surtout
Fig- 1G6. Le hanneton foulon les vieux arbres.
S.fullo, L.) (fig. 166 ), On se garanti! de
long d'un pouce et ses ravages et on
demi, brun ou noirâ le détruit par les
tre, tacheté de blanc mêmes movens
en dessus. On le ren que le précéilent
contre particulière 4" Scolyte pini-
ment sur les cotes et perde ( scolytus
dans les dunes. Il pa piniperda, Ouv.
rait en juillet et atta Lat.), dermeste piniperde de LlNVÉ ( 169),
que les tilleuls, les peu noir, légèrement velu, avec des sT cré-
pliers et surtout les nelées sur les élytres; anlennes et pattes
chênes qu'il dépouille ronges; long de 2 lignes. On le trouvé
de leurs feuilles. On l'écorce des Bois résineux de 40 à70ans, aux
peut lui faire la guerre quels il cause souvent de très -grands
comme au précédent. dommages. Il perce aussi un trou dans les
2° Le bostriche typographe (boslrichus ty- jeunes pousses des pins sauvnges, et dépose
pographus, Fab. ), dermeste typographe de ses œufs dans leur canal médullaire. La larve,
Liv\Ê,rt scolyte typographe d Olivier et de qui éelôt bientôt après, ronge la moelle et
Fig. 167. Latreille (fig. 167); occasione ainsi l<: dessèchement et la chute
brun, velu, a élytres des pousses. On «mploie pour sa destruction
striés, tronqués et les mêmes moyens que pour le typographe.
dentés à l'extrémité, 5° Scclyle destructeur (scolytus destructor,
long de 2 ligues 1/2. Lat.) (fig. 170 ), noir,
C'est à l'état de larve, brillant, ponctué, les Fig. 170.
depuis avril jusqu'en anlennes,les étuis et les
octobre, que cet insec pal les marron. Il cause
te attaque divers ar les plus gr.mds dom
bres, et devient un vé mages aux ormes, sur
ritable fléau pour les tout à ceux qui végètent
.forêts de sapins et d'épicéas, en s'insiuuant avec peu de vigueur.
'entre l'écorce et le bois, et en y traçant une 6° Bostriche du mé
multitude de galeries qui arrêtent la circula lèze (bostrichus lancis,
tion de la sève. Il exerce de préférence ses Fab.;, noir, élj 1res cré
ravages sur les arbres malades ou mutilés et. nelés, lonj; de 2 lignes. p
le» bois gisans, mais il se. jette aussi sur les Il se tient sous l'ecorci
'ecorec des mélèzes sur pied
arbres sains, et détruit en peu d'années de ou gisans
vastes forêts. Pour se garantir du typographe, 7' Bostriche des sapins (dermestes mrcro-
on favorise la multiplication de ses ennemis, graphus, 1,iy.,/mstr/chusabreliperda, Bechst),
tels que les oiseaux de nuit, les campagnols, noir, corps tronqué à l'extrémité, élyires en
les pics, les mésanges, les pinçons et plusieurs tiers, long de 1 1,4 ligne. On le rencontre
autres espèces de passereaux; ou enlève surtout sous l'écorce des épicéas de tous les
prompteiiient, et en toute saison, les arbres âges.
malades, avariés ou abattus, ou au moins on 8" Scolyte testacé (scolytus tcstaceus^n.r.),
écorce ces derniers; on extirpe aussitôt les dermeste testacé de Lin i\É , d'un jaune d'ocre
souches après l'abattage, ou on les dépouille ou brun; ailes entières, lisses et recouvrant
le plus tôt possible de leur écorce; on garantit tout le corps. On ne le trouve guère que sur
les bois d'arbres résineux de l'action vio les pins malades, et est assez rare en France.
lente des vents et de la chaleur, qui occa- Il est de la grosseur du ty pographe , et on
sioneut l'état languissant des arbres que le peut lui faire la guerre eu même temps qu'à
bostriche attaque de préférence. Enfin, on re celui-» i.
cherche a .ec attention les arbres attaqués par La famille des' xilophages de Latreille,
l'insecte, qu'on reconnaît à leur flèche des parmi laquelle sont les bostriches, \esscolytes,
séchée et à la couleurjaune de leurs aiguilles, etc., contient encore un bien plus grand
et ou les abat et les é< orce sans délai. On par nombre d'insectes qui vivent sous l'écorce oa
vient à détruire le typographe par des pro dans le bois des arbres; mais leurs moeurs
cédé» analogues, et en brillant l'écorce des sont moins connues, et ils ne se multiplient
arbres infectés, ou en lui offrant pour appât pas avec autant de rapidité que le typogra
quelques arbres gisans où il se réfugie, et phe. D'ailleurs on peut arrêter leursT-avages
qu'on livre aux fl. mimes au bout de trois à par les mêmes moy ens qu'on emploie contre
quatre semaines Un lait épais de chaux vive, ce dernier ennemi
appliqué au pinceau sur les parties décorti 9° La cantharide des boutiques (meloe vesi-
quées des arbres attaqués, a donné, dit-on, catoricus)(fig.n 1), longue de 6 à 10 lignes,d'un
de bons résultats. vert doré, luisant , avec les antennes noires.
3° Bostriche du pin sylvestre ( B. pinastri, Cet insecte, bienconnu parses pnupriétés vési-
Becost), bostriche capucin de Geoffroy, Oli cant es, attaque surtout le frêne à (leurs ^rajci-
vier et Latreille (fig. 168); lonç de 4 à 5 lig., nusornus). En secouant, le m. il in, les jeunes
brun marron avec les émis et l'abdomen rou arbres que les canlharidcs affectionnent le
ges. Il attaque, comme le précédent, les pins plus, elles tombent; on les ramasse et on les
CHAP. T. ANIMAUX NUISIBLES AUX FORETS.
jette dans du vinaigre pour les vendre en Fig. 176. Fig. 177.
suite aux pharmaciens.
10° Dans la famille des charançons, on
compte principalement parmi ceux qui atta
quent les arbres de nos forêts : 1° le rhyn-
cMne des pins (rkynchœnus pineti, Fab. )
(fig. 173), qui est noir, long de 3 lignes, avec
Fig. 171. Fig. 173.
Dans les chapitres précédens, on a pré règles; personne ne doute que l'estimation
senté d'abord le dénombrement et la des des forêts ne soit un anneau essentiel dans
cription exacte de tous les arbres qui en I la chaîne des travaux confiés à la science du
trent dans la composition de nos forêts; on forestier: c'est le corollaire, le complément
a donné ensuite des préceptes sur leur plan de sa mission ; tous ses soins habituels tendent
tation, leur conservation et leur reproduction; en effet à accélérer le développement des
plus loin on a exposé les principes qui produits qui doivent, par la suite, appeler
doivent présider à la culture, à l'aménage son attention comme estimateur. Ses appré
ment et à l'exploitation des bois; en dernier ciations, alors, prennentplace narmiles plus
lieu on a fait connaître la nature et l'emploi importantes opérations de l'économie fores
des produits variés dont ces fouds précieux tière , elles interviennent forcément dans les
sont la source, ainsi que les moyens de les relations du vendeur et de l'acheteur : leur
garantir des attaques et des dégâts ; actuelle but est de garantir à l'un qu'il retirera de sa
ment nous avons à traiter de l'estimation chose le prix le plus élevé possible, et à l'au
des forêts; en d'autres termes, à ramener tre qu'il ne la paiera cependant point au-delà
l'appréciation de ces propriétés à l'unique d'une véritable et juste valeur.
point de vue de leur valeur pécuniaire. L'estimation des bois se rattache à des inté
L'estimation d'un bois consiste à détermi rêts majeurs dans une foule de circonstances,
ner la valeur en argent, soit dufonds, soit des mais plus particulièrement dans lecas d'attri
produits superficiels de cefonds. De là, î di bution de cantonnement à des usagers, ou
visions principales dans notre travail. La V* lorsqu'il s'agit de l'aliénation d'une forêt, d'un
se rapportera à l'évaluation du sol, et la se partage, d'un échange de bois, en un mot,
conde à l'évaluation de la superficie des bois. dans toutes les transactions qui impliquent
H serait suraboudant de faire ressortir l'u l'évaluation du fonds même de la propriété,
tilité de l'art dont nous allons retracer les avec l'évaluation de tet produits. Nous rem
162 AGRICULTURE FORESTIERE : DE L'ESTIMATION DES FORETS. lit. v.
cerons les procédés vagues et arbitraires rêts qui s'élèvera à 600 fr., de sorte que cette
nt on .se contente assez communément, par propriété me rapportera 1600 f. dans le cours
des règles positives, que nous déduirons du de 20 années, tandis que dans le même
raisonnement ou de l'expérience. Nous les temps le produit de l'hectare ne sera que de
formulerons de manière à les mettre à la por 1000 fr. Ces deux fonds n'ont donc aucune
tée de toutes les intelligences, en leur donnant identité de valeur, bien que leurs revenus
cependant assez de précision pour qu'elles annuels semblent être exactement les mêmes;
conduisent toujours à des résultats certains l'hectare de bois dont il s'agit ne peut être
et rigoureux. estimé au même prix que l'hectare de terre;
ce qui nous autorise à conclure que le mode
Section I". — Evaluation du sol des bois. d'évaluation des fonds de bois ne saurait avoir
5 1". — Principes de l'évaluation du sol des bois. rien de commun avec le mode d'évaluation
des fonds de terre.
L'estimation des terres, des prés, des vignes, Il est d'usage, cependant, A'esîimer les
ainsi que des usines de tout genre, c'est-à-dire fonds de bois par comparaison aux terres voi
l'estimation des propriétés tant rurales qu'in sines, en prenant pour base le produit annuel
dustrielles, présente, en général, la plus gi ande des classes de terre analogues aux classes di
facilité, i lie n'exige qui une seule recherche verses du sol boisé. Nous démontrerons,
préalable, celle du revenu de la propriété. Or, avant d'aller plus loin, que cette pratique est
ce revenu est toujours aisé à déterminer, extrêmement vicieuse, et qu'elle ne peut con-
souvent même il se trouve tout exprimé. Lors duirequ'à des résultats erronés.
qu'on en connaît le chiffre, on le multiplie Supposons qu'il s'agisse d'estimer des bois
par celui qui indique le taux de l'intérêt cou situés sur des coteaux ardus n'offrant qu'une
rant. Ainsi, par exemple, qu'un champ soit couche légère de terre végétale; nous re
affermé à raison de 50 fr. par an, on sait im marquerons que le bois prospère plutôt dans
médiatement, à l'aide d'un calcul tout à-fait ces terrains inclinés que dans les plaines,
usuel, que ce fonds vaut 1000 fr. si l'intérêt dont le fonds serait de même nature, et plu
de l'argent est compté à 5 p. 100; 1250 fr. si tôt encore au revers septentrional des mon
l'intérêt n'est porte qu'à 4 p. 100, et, enfin, tagnes que dans les pentes exposées au midi.
166G fr. et une fraction de franc, si l'intérêt Des terres labourables, au contraire, situées
ne s'élève pas au-dessus de 3 p. 100. Ces ap sur de fortes déclivités, seraient toul-à-fait
préciations ne comportent aucune méthode impropres à la culture ou ne donneraient
spéciale ; il est aussi aisé d'en saisir les élémeus qu'un faible revenu, notamment si elles se
que de les soumettre aux combinaisons du trouvaient à l'aspect du nord. La consé
calcul. quence évidente Je ce rapprochement, c'est
Mais où trouver l'expression du revenu an une dans les situations les plus semblables,
nuel des bois pour en faire la base d'une éva des terrains de même nature peuvent avoir
luation semblable à celle qui précède? Un beaucoup de valeur comme bois, ou n'en avoir
hectare de bois rend 1000 fr. à chacune de ses aucune comme terre.
exploitations, dont le retour a lieu périodique Ne trouve-t-on pas quelquefois dans les
ment tous les 20 ans. Si je me place par la pays de plaine, et fréquemment dans les con
pensée à l'origine d'une de ces périodes, j'ai trées montueuses, des forêts du plus précieux
devant moi la perspective d'un produit de revenu, entourées de terres d'un faible pro
1000 fr. à recueillir après une révolu lion de duit, et même de friches que le soc n'a jamais
20 années. Et si, pour ramener ce produit à sillonnées? Si le fonds de ces forêts devait être
la forme d'un revenu annuel, je le divise par estimé proportionnellement aux terres voi
le nombre d'années que je dois mettre à 1 at sines, l'évaluation ne donnerait qu'un résul
tendre,je trouve pour chacune de ces 20 an tat fort exigu ou tout-à-fait nul. Or, comment
nées un revenu apparent de 50 f.; nous disons un fonds qui est supposé donner de grands
apparent, parce que, comme nous allons le produits pourrait-il n'offrir aucune valeur
voir, le revenu vrai est bien inférieur à ce capitale?
chiffre. Il est de toule évidence, au surplus, qu'on
Comparons les produits respectifs d'un ne peut établir de rapprochement vrai et ri
hectare de terre et d'un hectare de bois dans goureux qu'entre des valeurs ou des choses
le cours d'une période de 20 ans, en suppo semblables. Les fonds plantés de bois et les
sant que ces deux fonds rapportent, savoir : terres cultivées diffèrent essentiellement par
le champ 50 fr. par an, et le bois 1000 fr. au leur nature comme par le mode de succession
bout de 20 ans. de leurs produits ; ces propriétés n'ont entre
Je perçois annuellement le revenu du elles aucune mesure commune. La valeur des
champ, c'est-à-dire que, chaque année, je re unes ne saurait donc être prise pour base de
çois une somme de 50 fr. Cette série de pe l'estimation des autres.
tits capitaux se bonifie de la réunion des in Un principe qui parait incontestable dans
térêts progressifs. La 1" rentrée de 50 fr. me le sujet qui nous occupe, c'est que les fonds
firocure tu uns d'intérêts, la 2' rentrée 18 ans, de bois doivent être estimés, et d après le de
a 3' 17 ans, et ainsi de suite, en décroissant gré de bonté du sol, et d'après la valeur vé
jusqu'à la 20* et dernière annuité. L'accumu nale des produits. Mais comme les produits
lation de ces intérêts, que je ne supposerai varient et doivent nécessairement varier en
que de 4 p. 100, finit par ajouter au capital quantité ou volume, selon la bonne, ou mé
lin accessoire très-important. Dans l'hypo diocre, ou mauvaise qualité du sol, ilestclair
thèse que j'ai choisie, le champ me donnera, que les données relatives au sol d'un bois se
non seulement vingt fois 50 fr. ou un capital trouvent toujours implicitement comprises
de 1000 fr. , mais en outre use somme d'inté dans l'expression de son produit pécuniaire.
CHAT. V. ÉVALUATION DU SOL DES BOIS. ISS
D'où il tait que ci produit doit être le véri somme exprime réellement la juste valeur
table régulateur de l'estimation du Tonds. du fonds de l'hectare de bois, mettons en
Et en effet, on pourrait énumérer beau parallèle 2 placemens simultanés, l'un de
coup de circonstances susceptibles d'accroître 360 f. 18 c. à 4 p. 100 d'intérêts sur obliga
le retenu, et par conséquent la valeur d'une tion, l'autre de pareille somme, formant le
forêt, sans opérer aucune amélioration dans prix d'acquisition d'un hectare de bois dé
la qualité de son sol. La création d'usines qui pouillé de taillis et d'arbres de réserve, ou
assurent un débouché plus régulier et plus du moins, dont les réserves sont évaluées et
avantageux à ses produits; l'établissement de payées à part. L'accroissement du taillis, re
routes qui la mettent en rapport avec de nou produit par le fouds acheté, représente la
veaux lieux de consommation et appellent progression des intérêts dont se grossit an
une plus grande concurrence; enfin, un sys nuellement le capital primitif, dans le place
tème d'aménagement mieux combiné, et d'au ment par contrat de rente. Au bout de la
tres moyens industriels, dont l'influence, période de 25 ans, ces 2 placemens offriront
sans modifier en aucune manière le fonds de des résultats entièrement semblables et ma
la propriété, en élève cependant le prix ca tériellement égaux; l'un et l'autre auront
pital.Ainsi, nous sommes tout-à-fait fondés à produit, dans le laps de temps donné, la
établir, comme règle générale, que l'on doit même masse d'intérêts, c'est-à-dire chacun
apprécier la valeur d'une forêt, non d'après 600 fr. Ils sont donc identiques ; le fonds de
la nature plus ou moins riche de son sol, mais bois étant payé 360 fr. 18 c. se trouve acheté
uniquement d'après la mesure de ses produits à sa véritable valeur; car, à égalité du taux
ou de son revenu. de l'intérêt, les avantages que procure cette
Ce revenu se détermine ainsi qu'il suit : on acquisition sont les mêmes que ceux qui
récapitule tous les produits donnés par les doivent résulter d'un prêt à intérêt. De part
coupes annuelles pendant un certain nombre et d'autre, chaque placement, après 25 ans,
d'années (la forêt étant aménagée réellement aura constitué un capital de 960 fr. 18 c,
ou fictivement), et l'on en prend le terme composé de la mise originaire qui est de
moyen. Mais ici se présente une question : 360 fr. 18 c, et des intérêts agglomérés qui
Quelle série d'années doit-on embrasser pour s'élèvent à 600 fr.
en déduire le revenu moyen? On peut bor Puisque ces 2 modes de placement condui
ner celte série à 14 ans, comme ou le pra sent à des résultats tout-à-fait semblables, et
tique pour déterminer le revenu imposable qu'ilsoffrent une égale utilité.on peut indiffé
des terres, et pour évaluer le produit des remment se décider pour l'un ou pour l'au
i fonds atteints par les droits de mutation. tre ; dès-lors, la somme de 360 f. 18 c. est,
\ L'année commune est formée sur 14 années sans contredit, l'expression exacte de la va
antérieures, moins les deux plus fortes et les leur vénale d'un hectare de bois qui rap
deux plus faibles. porte 600 f. tous les 25 ans, en admettant,
Le produit des 14 dernières coupes repré comme nous le ferons dans toute la suite de
sentera-t-il exactement le revenu d'un bois? notre travail, que le taux de 4 p. 100 est l'in
Oui, si les coupes qui ont précédé cette pé térêt moyeu des placemens en immeubles, et
riode sont de la même consistance et de la particulièrement en fonds de bois.
même valeur que les autres. Dans le cas op Quel que soit au surplus le taux de l'inté
posé, on peut déterminer par analogie le pro rêt, les principes que nous venons d'émettre
duit qu'auraient donné ces coupes, si elles restent les mêmes; seulement les conséquen
eussent été exploitées dans le même inter ces sont différentes : le prix des fouds doit
valle de temps, en les supposant parvenues varier, aiusi que nous l'avons vu plus haut,
au terme de l'aménagement; ajoutant alors dans un rapport inverse du taux de l'intérêt,
la dernière somme à U première, et divisant c'est-à-dire que plus ce taux est élevé, moin
le total par le nombre des coupes annuelles, dre est le prix du fonds. •
on obtient ^expression numérique du revenu Nous avons démontré que la valeur du
brut moyen. fonds d'un hectare de bois est égale à la
On déduira ensuite de la somme trouvée : somme qui, étant placée pendant la période
1° les frais de conservation ou de garde ; de l'expioitabilité, donne en intérêts seule
2° les impôts; 8* les frais de vente, si Te bois ment un produit équivalent au revenu net
est en régie; 4° les frais de repeuplement et de cet hectare. Il s'agit maintenant de trouver
d'eutretieu ; et ou aura pour reste le revenu cette valeurfoncière, dans toutes les hypothè
net et moyen de la lorêt. ses possibles. Si nous voulons résoudre ce
Cherchons actuellement à remonter du re problème par les moyens que fournit l'arith
venu d'un bois à l'évaluation de son sol. Afin métique, nous serons obligés de recourir à la
de mieux fixer les idées, posons la question règle appelée de fausse-position, que nous fe
suivante : Quelle est la valeur foncière d'un rons counaltre par une application à l'hec
hectare de bois actuellement exploité, qui tare de bois, dont nous avons déjà déter
doit, après une période de 25 ans, rapporter miné la valeur. Nous chercherons donc quel
600 fr., tous les frais déduits? Il est évident est le prix du fonds d'un hectare de bois qui
que cette valeur doit être égale au capital rapporte 600 fr. à chaque révolution de 25
qu'il faudrait placer aujourd'hui à 4 p. 100 ans. Nous supposerons tout d'abord que la
(cet intérêt étant suppose celui des placemens question est résolue, et que le capital cher
immobiliers) pour obtenir, en revenus seule ché est 1000 fr.; puis, nous établirons sur ce
ment, uu bout de 25 ans, une somme de chiffre fictif tous nos calculs ultérieurs. Un
600 f. I.e calcul nous apprend que le capital capital de 1000 fr., placé à 4 p. 100 peudant
qui satisfait à cette condition est de 360 1.18c. 25 ans, se grossit d'année en année, selon la
Afin de nous convaincre que cette dernière progression suivante, que nous ne pousserons
AGRICULTURE. TOMB lVt — ao
I
J64 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DE L'ESTIMATION DES FORETS. UT. *.
pat au-delà du 4* terme, notre objet n'étant facilitera l'usage de ces tables, sans en alté
que d'indiquer la marche du calcul : rer l'exactitude, comme nous allons sur-le-
Au bout d'un an, on a 1000 fr., plus 40 fr. champ en offrir la preuve.
d'intérêts; au total 1040 fr. » c. A l aide de laboiieuses combinaisons de
Au bout de 2 ans, on a chiffres, nous avons reconnu, il y a un mo
1040 fr., plus 41 fr. 60 c. d'inté ment, que la valeur foncière de l'hectare de
rêts; au total 1081 60 bois susceptible de rapporter 600 fr. à 25 ans
Au bout de 3 ans, on a est de 360 fr. 18 c. Voyons actuellement de
1081 fr. 60 C, plus 43 fr. 26 C. quelle manière nous arriverons à cette solu
d'intérêts; au total 1124 86 tion par l'emploi de nos tables.
Au bout de 4 ans, on a Je prends dans la table n" II (calculée sur
1124 fr. 86c, plus 44 fr. 90 c. l'intérêt de 4 p. 100) le nombre qui corres
d'intérêts; au total. . . . . 1169 85 pond à 25 ans. Ce nombre est. . 600
On poursuit ces évaluations successives, Je le multiplie par le produit
jusqu'à ce qu'on ait épuisé la série des 25 an de l'hectare qui est supposé de. 600 fr.
nées. On parvient alors à un résultat final de
2,065 fr. 84 c, dont il faut retraucher 1000 fr. Produit. . . 360,000
pour le capital primitif; ce qui donne 1665 f. Je retranche 3 chiffres sur la droite du
84 c. pour la somme des intérêts accumu produit, et j'ai dans le reste, à gauche, 860 fr.
lés. La longueur d'un pareil calcul le rrnd pour la valeur demandée. Ce chiffre est, à 18
d'autant moins praticable, qu'il ne réalise centimes près, le même que celui qui est ré
la solution cherchée; il ne fait sulté d'un calcul rigoureux. Une pareille ap
Sue la préparer, en fournissant les élémens proximation estbien suffisante dans la prati-
e la proportion suivante : 3ue même la plus sévère. On voit que l'usage
Si, pour recueillir 1665 fr. 84 c. d'intérêts e nos tables abrège singulièrement le tra
en 25 années, il faut placer un capital de vail, en le réduisant à une multiplication de
1000 fr., quel autre capital faut-il placer pour 2 nombres l'un par l'autre. Le premier de ces
obtenir 600 fr. d'intérêts composés pendant nombres se puise dans la table, et le second
la même période? En effectuant le calcul, on exprime le produit net d'un hectare de bois
trouve que le capital cherché est de 360 fr. d'un âge donné, depuis 10 jusqu'à 40 ans.
18 c, ainsi que nous le savions déjà. Le pro Il faut observer ici que la détermination
blème est donc résolu par les procédés ordi du produit net d'un hectare de bois n'est
naires de l'arithmétique. Des calculs d'un point une opération aussi simple qu'elle le
autre ordre épargneraient ce long circuit de parait au premier abord; le revenu net est ce
chiffres, en procurant sans effort et sans perle qui reste du produit brut, lorsqu'on a fait la
de temps la solution du problème; mais ces reprise des déboursés relatifs à la garde du
calculs exigent l'emploi des tables de logarith bois, aux impôts et autres charges annuelles.
mes, que peu de personnes connaissent ou Or, ces déboursés consistent non seulement
possèdent; nous ne pouvons donc propose dans la somme des mises successives, mais
ce moyen, qui, quoique extrêmement simple, encore dans les intérêts progressifs de cha
ne serait pas à la portée de tous nos lecteurs. que mise, à partir du moment où elle a lieu,
Cette considération nous a suggéré la pen jusqu'à celui où l'exploitation du bois réalise
sée de chercher un mode de calcul qui se ré le revenu que le propriétaire attend depuis
duisit à une simple multiplication, opération une certaine suite d'années.
familière à tout le monde. Mous sommes par Comme ces intérêts ont une importance
venus à ce but. en déterminant la valeur d'un 3ui ne permet point de les négliger, et que
hectare dont le produit eu taillis de chaque 'ailleurs on ne peut les évaluer que par des
Age, exprimé numériquement , serait constam calculs longs et compliqués, nous avons ob
ment I unité suivie de zéros, comme 1000, de vié à cette difficulté par trois tables qui font
manière que pour les diverses périodes d'a suite à celles des valeurs du sol.
ménagement, comprises entre les termes Une remarque ne doit pas nous échapper,
extrêmes 10 et 40 ans, nous avons établi une c'est que le calcul des intérêts composés, ap
série de valeurs fictives, formant le type de plique aux déboursés annuels.n'est nécessaire
toutes les valeurs réelles que l'on peut avoir que pour l'évaluation des bois non aména
de connattt e, et "que Ton trouvera gés. Quant aux forêts divisées en coupes or
avec toute la facilité possible par la multi dinaires, le revenu net se trouve exprimé par
plication de deux nombres, et le retranche la différence entre les déboursés simples et
ment de trois chiffres sur la droite du pro le produit brut de chaque coupe; c'est-à-dire
duit. Ces valeurs fictives composent les trois que, dans cette hypothèse, il su (fit d'une sous
tables par lesquelles commence le paragra traction ordinaire pour déterminer le revenu
phe qui va suivre. Ces tables se rapportent net du bois. Observons encore que par cette
aux degrés 5, 4 et S p. 100 de l'échelle des in expression, revenu du bois, nous entendons
térêts. le produit des taillis purs ou des taillis ious-
Nous n'entrerons dans aucune explication Jutaie. La futaie elle-même n'est pas un re
aur la formation de ces tables : des détails venu proprement dit , c'est un capital dont
de pure théorie seraient déplacés dans un l'évaluation fera, dans notre travail, l'objet
ouvrage de la nature de celui-ci. On pourra d'une division particulière.
d'ailleurs les trouver dans le Manuel théori Ces développeinens nous paraissent d'au
que et pratique de l'estimateur des forêts,d'oÙ tant plus sufiisans pour préparer à l'intelli
nous avons extrait toutes les tables que ren gence des tables qui vout suivre, que nous
ferme cet article, en les simplifiant par la consacrerons le 8 paragraphe à montrer en
suppression de 2 chiffres décimaux, ce qui détail la manière de s'en servir.
CÉA». •*. ÉVALUATION DU SOL DES BOIS; 166
t.
$ II.—Tables pour l'évaluation du sol des bois.
TABLE N° 1",. TABLE N° II, TABLE N* 111,
Au taux de 5 pour 100. Au taux de 4 pour 100. Au taux de 3 pour 100.
fermas Facteun coûtai» Période Facteurs cmstan» Période Faoleur» conatana
de l'aménagement de l'aménagement pour de l'aménagement pour
ou de l'vtpïoitibi- un W.ra. ou de l'eiplnitabi- un beclara. ou de l'exploitaiù- un bec are.
iué du bo». lité du boi*. lilé du bois.
Aon*». Anneea ann«ei.
10 1590 10 2082 10 2908
II 1408 11 1854 11 2603
11 1257 12 1664 12 2349
13 1129 13 1504 13 2134
14 1020 14 1367 14 1951
151 927 15 1249 15 1792
16 845 16 1146 16 1654
17 774 17 1055 17 1532
18 711 18 975 18 1424
19 6id 19 903 19 1327 I
20 605 20 840 20 1241
21 560 21 782 21 1162 I
22 519 22 730 22 1092 B
23 483 23 683 23 1027
24 449 24 640 24 968
U 419 25 600 25 914
26 391 26 564 26 865
27 366 27 531 27 819
2g 342 2» 500 28 776
29 321 29 472 29 737
30 301 30 446 30 701
31 283 31 421 31 667
82 266 32 399 32 635
33 250 33 378 33 605
34 235 34 358 34 577
M 121 35 339 35 551
36 209 36 322 36 527
37 197 37 306 37 504
38 186 38 291 38 482
39 175 39 276 39 461
40 165 40 263 40 442
I
TABLE, N" IV, de progression des déboursés annuels avec les intérêts à à p. 100 à déduire du
produit brut d'un hectare, au bout de chaque période d'exploitabilité.
PÉRIODE Dibouné* pour impdu , fraia de garde, r«pe, eus.
de
l'eiploitab lité. 5 fr. par an. S fr. par an. ♦ fr. par an. 3 fr. par an. a fr. par an. i fr. par an.
Aanéea.
10 85 71 57 43 28 14
11 98 80 64 48 32 16
U 106 88 70 53 35 18
13 118 98 78 59 39 20
14 130 108 86 65 43 22
15 142 118 94 71 47 24
16 155 129 103 77 52 26
17 169 141 113 85 56 28
18 183 152 122 91 61 30
19 198 165 132 99 66 33
20 214 178 142 107 71 36
21 231 192 154 115 77 38
22 249 207 166 124 83 41
23 267 222 178 133 89 44
24 286 238 190 142 95 48
25 307 256 205 154 102 51
26 329 274 219 164 110 55
27 350 292 234 176 117 58
28 374 312 250 187 125 62
29 399 332 266 199 133 66
30 425 354 283 212 142 71
31 452 377 302 227 151 75
32 480 400 320 2)0 160 80
33 510 425 340 255 170 85
34 542 452 362 272 181 90
35 575 479 383 287 192 96
3b 610 508 406 305 203 (09
37 646 538 431 323 215 108
38 685 571 457 342 228 114
39 725 604 483 3G't 242 121
40 767 639 511 384 256 128
IM AGRICULTURE FORESTIÈRE : DE L'ESTIMATION DES FORÊTS. tftr. *
TABLE, Vf V, de progression des déboursés annuels avec les intérêts à A p. 100 à déduire ét
produit brut d'un hectare, au bout de chaque période d'exploitabiùté.
PÉRIODE Dcbourw'i pour impoli, 1 nu de garde, régie, etc.
de
l'nploiubilile. 6 fr. par in. 5 fr. par an. < fr. pir «n. 3 fr. p«r ao. > fr. par an. i fr. par an.
année
10 80 67 54 40 27 13
11 90 75 60 45 .10 15
12 100 83 67 50 33 16
13 110 92 73 55 37 19
14 120 100 80 60 40 20
15 130 109 87 65 44 22
10 142 118 95 71 47 23
17 154 128 103 77 51 25
18 168 158 III 83 55 27
19 178 148 119 89 59 29
20 192 160 128 96 64 32
21 208 171 137 103 68 34 |
22 220 183 147 110 73 36 |
23 236 195 157 118 78 39 1
24 250 208 167 125 83 «1
25 264 221 177 133 89 44
2S 282 235 188 141 94 47
27 300 250 200 150 100 50
28 318 265 212 159 106 63
29 338 281 225 169 112 56
30 356 297 238 178 119 59
31 , 376 313 251 188 125 62
32 3V8 ?31 265 199 132 66
33 420 350 280 210 140 70
34 442 368 295 221 147 73
35 468 389 311 234 165 78
38 490 408 327 245 163 81
37 516 430 344 258 172 86
38 542 452 362 271 181 90
39 570 475 380 285 190 95
40 600 500 400 300 200 100
TABLE , N1 VI, de progression des déboursés annuels avec les intérêts à 3 p. 100 à déduire
du produit brut d'un hectare, au bout de chaque période d'exploitabilité.
PÉRIODE Débounri pour impots, fraii de garde, régie, etc.
de
lVzplotUbilitl. 6 fr. par an. S fr. par ao. 4 fr. par an. 3 fr. par an. i fr. par an. i fr. par an.
Annécf.
10 77 64 51 38 26 13
11 85 71 57 43 29 14
12 94 78 62 46 31 16
13 103 87 70 52 35 17
14 112 93 75 56 38 19
15 121 101 81 61 41 20
16 131 109 87 65 44 22
17 141 117 94 70 47 23
18 151 126 101 76 61 25
19 161 134 107 80 53 27
20 172 143 113 85 56 28
21 183 152 122 91 61 30
22 195 162 130 97 65 32
23 207 172 138 103 69 34
24 219 182 146 109 . 73 36
25 231 192 154 115 77 38
26 244 203 162 122 81 41
27 257 214 171 128 86 43
28 271 226 181 136 90 45
29 285 237 190 142 95 47
30 300 200 200 150 100 60
31 315 262 210 157 105 62
32 331 276 221 166 . no 65
33 346 288 230 173 115 58
34 363 302 242 181 121 60
35 380 317 254 191 127 63
36 397 331 265 199 132 66
37 415 346 277 208 139 69
38 433 361 289 217 145 7»
39 452 377 302 226 151 75
40 472 393 315 236 157 79
ClAl*. 8*. ÉVALUATION DU SOL DES BOIS. 157
Je prends dans la table n» I, vis-à-vis 80
§ III. — Usage des tables précédentes ans, le nombre 301
Je le multiplie par le revenu
Les tables n" I, II et III présentent, dans brut qui est de 820 fr.
une colonne, la série des périodes d'aména- 6020
Sement à partir de 10 ans jusqu'à 40 ans, et, 2408
ans une autre colonne, une série de facteurs
constans ou de multiplicandesinvariables, par Produit. . 346,820
chaque Age d'exploitabilité. Ainsi le nombre
419, qui correspond à 35 ans dans la table Je retranche 8 chiffres à droite, et j'ai pour
n° I. sert à calculer la valeur foncière à 5 p. la valeur brute du fonds . . . 246f.82c.
100 de tous les bois exploitables à 25 ans ; Le capital représentatif des dé
le nombre 366, qui correspond dans la même boursés est égal à 20 fois 5 fr. (au
table à 27 ans, sert à calculer les valeurs fon taux de 5 p. 100), ce qui nous donne
cières de tous les bois exploitables à 27 ans; à déduire) 100 »
le nombre 165, qui correspond à 40 ans, tou
jours dans la même table, sert à calculer les La valeur nette cherchée est donc
valeurs foncières de tous les bois exploita de 146f.82 c.
bles à 40 ans, et ainsi des autres facteurs de 8* exemple. Une coupe d'un hectare, dans
cette table, et des facteurs consignés dans un aménagement à 15 ans, rapporte 412 fr. à
les tables n" II et III. chaque 15' année ; les charges sont de 6 f. par
Les tables qui viennent ensuite, et qui an. On demande quelle est la valeur du sol
portent lesn" IV, V et VI, ont pour objet de de cet hectare, au taux de A p. 100.
donner le montant tout calcule des débour Je prends dans la table n* II, vis-à-vis 15
sés progressifs qu'exige l'acquittement des ans, le nombre 1249
charges annuelles. Il est essentiel de se rap Je le multiplie par le revenu brut
peler que ces dernières tables ne sont appli qui est de 412 f.
cables qu'à l'estimation des bois non aména
gés. Dans les bois distribués en coupes ordi 3498
naires, les déboursés sont uniformes et ne 1249
portent point d'intérêts, puisque, chaque an
née, ces avances sont couvertes par un pré
lèvement sur le revenu. Produit. . 514,588
Après ces explications préliminaires, pas Je retranche S chiffres sur la droite de ce
sons aux exemples. produit, et j'ai pour la valeur brûle du
fonds 514f.58c.
f Bois Le capital représentatif des dé
boursés est égal à 25 fois 6 (au
V exemple. Une coupe d'un hectare, dans taux de 4 p. 1 00), ce qui donne une
un aménagement à 20 ans, donne un produit déduction de .' . . , 150 »
brut de 700 fr. à chaque 20* année; les frais
annuels sont de 4 fr., tant pour la garde du donc de La valeur nette cherchée est.
bois que pour l'impôt. On demande quelle 364 f. 58 c.
est la valeur de ce fonds , au taux de 5 p. 100. 4* exemple. Une coupe d'un hectare, dans
Je prends dans la table n" I, un aménagement régie à 22 ans, donne à
vis-à-vis 20 ans, le nombre. . 605 chaque 22 année un produit de 540 f.; les frais
Je le multiplie par le revenu annuels sont de 4 fr. 50 c On demandequelle
brut qui est de 700 fr. est la valeur du sol de cet hectare, au taux
de 3 p. 100.
Produit. 428,500 Je prends dans la table n* III, vis-à-vis 22
Je retranche 3 chiffres sur la droite de ce ans, le nombre 1092
produit, et je trouve pour la valeur brute du quiJeest le multiplie parle revenu brut
de 540 fr.
fonds, en négligeant la 3* décimale qui n'ex
prime que des millièmes de franc, la somme 43680
de 423 fr. 50 c. 5460
De cette valeur je dois dé
duire le capital repré>entatif Produit . . 589,680
des déboursés, s'élevant à 4 fr. Je retranche S chiffres sur la droite de ce
par an, d'où résulte (à 5 p. 100) ftraduit, et j'ai pour la valeur brute du fonds
un capital de 80 a somme aie 589 f. 68 c.
Reste. . 343 fr. 50 c. Le capital représentatif des dé
La valeur nette du fonds de l'hectare est boursés est de 150 fr. (au taux de
donc de 343 f. 50 c. 3 p. 100) 150 >
Y exemple. Une coupe d'un hectare dans La valeur nette cherchée est
un aménagement composé de 30 coupes an donc de 439 f. 68 c.
nuelles rapporte 820 fr. tous les 30 ans. Les
charges sont de 5 fr. par an. On demande 2° Bois non aménagés.
quelle est la valeur du sol de cet hectare,
au taux de 6 p. 100. Dans les questions qui vont !
iU 'AGRICULTURE FORESTIERE : DE L'ESTIMATION DES FORÊTS. txr.f.
nous ne pourrons plus capitaliser les débour Nous avons assez multiplié les exemples
sés, puisqu'ils sont progressifs et non uni pour faire comprendre parfaitement la ma
formes, comme dans les problèmes que nous nière d'employer nos labiés. La seule atten
venous de résoudre. Nous aurons alors re tion qu'elles réclament consiste à bien déter
cours aux tables n" IV, V et VI qui pré miner, avant toute recherche, le taux d'inté
cèdent. rêt sur lequel on veut faire l'évaluation.
1" exemple. On veut connaître la valeur
foncière, au taux de 5 ». 100, d'un hectare de Section ii. —Evaluation de la
bois qui rapporte 972 f. à chaque révolution boit.
de 24 ans, et qui est grevé d'une charge an
nuelle de 3 f. . % l". —Taillis en croissance.
De. . . . 972 f., produit brut donné. Une estimation forestière n'offre pat de
Je retranche 142 f. pour les frais accu très- grandes difficultés quand elle s'applique
mulés pendant 24 aux produits d'une coupe parvenue à l'état
ans, à 5 p. 100, d'après de maturité qui lui est propre, c'est-à-dire au
la table n.IV. dernier degré de croissance que permet, soit
Je trouve . 830 f. pour produit net la nature du sol, soit la forme particulière de
Je multiplie par 449 facteur constant pris àl'aménagement ; cette coupe appartient alors
la catégorie des bois exploitables.
dans la table n°I, en Pour évaluer une coupe exploitable, on dé
regard de 24 termine la quantité de cordes ou de stères de
Produit . 372,670 bois de feu ou de service qu'on peut tirer du
taillis ainsi que des futaies; le nombre de fa
Séparant 3 chiffres à droite de ce produit, gots que peuvent fournir les branchages et
j'ai 372 fr. 67 c. pour la valeur cherchée. les ramilles, etc. On estime ensuite au prix
2' exempte. On veut connaître la valeur local et courant les produits matériels pré
foncière, au taux de 4 //. 1 00, d un hectare don sumés. Cette opération, quoique simple dans
nant un revenu brut de 1120 f. à 34 aus, et ses procédés, n'en réclame pas moins des
grevé d'une charge annuelle de 4 f. connaissances spéciales; mais comme l'abat
La table des déboursés n°V m'indique que tage ne tarde pas à mettre en lumière les mé
4 francs par an, pendant 34 ans, forment a 4 comptes de l'estimateur, celui-ci ne peut
p. 100 une agglomération de 295 f. que je re manquer d'être bientôt en état de préjuger
tranche de 1120; ce qui me donne un revenu avec une justesse suffisante, à l'aspect d'une
uetde 825 f. vente sur pied, le volume de combustible et
Je multiplie ce chiffre par de bois d'oeuvre qu'elle doit fournir. Et c'est
le nombre 358, pris dans en cela particulièrement que consiste la dif
la table n9 II. ficulté de l'est imation des bois exploitables.
Il suffit doue à la rigueur, pour ce genre d'ap
Produit. . 295,350 préciations, des connaissances expérimen
Cet hectare vaut donc 295 fr. 35 c. tales qu'on acquiert toujours en suivant les
3* evemple.Oa veut savoir quelle est la va exploitations.
.Mais les données de la pratique, si elles ne
leur foncière, au taux de 3 p. 100, d'un hec sont pas éclairées par la théorie, se trouvent
tare donnant un revenu brut de 1240 f. à 28 insuffisante* lorsqu'il s'agit d'apprécier une
ans, et grevé d'une charge annuelle de 6 fr.
La table desdéboursés n° VI m'indique que coupe qui n'a pas encore atteint le terme de
6 f. par an, pendant 28 ans, forment avec les l'exploitabilité. Il est évident que cette éva
luation doit être calculée d'après les degrés
intérêts progressifs, un total de 271 fr. Je re d'accroissement du bois, et d ès lors, il devient
tranche celte somme de 1240 fr., et j'ai 969 I. nécessaire d'étudier la loi suivant laquelle
pour produit net s'opère cet accroissement. Toutefois, les di
Je multiplie donc 969 verses espèces de bois n'acquièrent pas le
Par le nombre 776, tiré de même
la table n" III, vis-à-vis 38 ans. volume dans des temps égaux. Et
en supposant même que l'on parvienne à
Produit. . . . 751,944 calculer avec précision la somme de pro
La valeur cherchée est donc 751 fr. 94 c. duits que peut donner le bois à chaque phase
4" exemple. Ou veut savoir quelle est la cupe ne de la vie végétale, la question qui nous oc
valeur foncière, au taux de 3 p. 100, d'un hec resterait serait encore résolue qu'à demi. Il
à estimer ces produits d'après leur
tare qui donne un produit brut de 450 fr. à degré d'utilité, ou, en d'autres termes, d'a
10 ans, et qui estgrevé d'une charge annuelle près leur valeur relative. Il faudrait assigner
de 5 fr. des prix proportionnels à la corde de taillis
La table des déboursés n° VI m'indique que de 6 ans, à la corde de taillis de 10 ans, de
5f. par au forment, au bout de 10 ans, une taillis de 15 ans, 20 ans, etc.; car on sait qu'à
agglomération de 64 f.; je retranche cette pareil volume des taillis de différens âges pré
somme de 450 fr., et j'ai un produit net sentent des valeurs très-diverses. Or, cette
de 386 f. que je multi dernière détermination ne serait pas plus
plie par le nombre. 3908, tiré de la table praticable que la précédente.
n" III, vis-à-vis lOans. Ce n'est donc pas sous le point de vue des
Produit . . 1133,488 produits matériels qu'ilfaut env.sager un boit
en croissance dont on veut Caire l'estimation,
Le fonds de cet hectare veut donc 1133 fr. c'est uniquement sous le rapport des valeurs
48 cent exprimées en numéraire. Il est de tonte évi -
cm*. 8». EVALUATION DE LA SUPERFICIE DES BOIS.
dence qu'un taillis de 1, 3 ou 8 ans, ne peut celte époque sera donc la même que s'il eût
fournir aucun produit matériel utile; d'un placé a rente celle somme de 581 fr. 84 c. k
autre côté,onsaitaveccettiludequece même 4 p. 100. A l'expiration des 13 ans, les intérêts
taillis a une valeur quelconque, plus foi le à auraient formé, avec le capital primitif, un
2 ans qu'à un an, à S ans qu'à 2 ans, et qui même total de 968 fr. 84 c.
augmente progressivement jusqu'à l'instant Cou unissant la somme des valeurs du fonds
marque pour l'exploitation; ceite valeur, et de la superficie de l'hectare à vendre, nous
comme nous venons de l'observer, n'est point pouvons facilement en conclure la valeur
dépendante de la quantité ou du volume des séparée de la superficie, en retranchant du
produits actuels d'un taillis en croissance, capital 581 fr. 84 c. donné par le calcul, le
mais des produits qu'on doit recueillir à l'é prix du fonds que nous savons être de 408 f.
poque de la maturité du bois. 80 c. ; le reste 173 fr. 4 c. représentera le prix
La valeur d'un taillis encore naissant vrai d'un hectare de recru de 9 ans, dans le
n'existe donc que dans un avenir plus ou bois en question.
moins éloigné ; une coupe de 3 ans n a point Pour le recru de tout autre âge, comme
de valeur absolue et actuelle; elle a une va 4 ans, par exemple, nous dirons, d'après la
leur relative et future. Cette valeur future même analogie, que l'acquéreur fait un pla
est connue ou dn moins présumée. On sait, cement de 18 ans à intérêts composés, puisque
par exemple, qu'un taillis de 22 ans a été dans ce bois la coupe présentement âgée de
vendu MO fr. l'hectare; on en déduira la pro 4 ans ne sera exploitable qu'à 22 ans. Nous
babilité qu'une coupe de 3 ans située dans chercherons ensuite quelle somme il faut
le même sol, composée des mêmes essences, placer, pour former au bout de 18 ans un
de même nature, en un mot, se vendra éga capital de 968 fr. 80 c; le résultat du calcul
lement £80 fr. lorsqu'elle sera dans sa 22' sera une somme de 478 fr. 24 c, de laquelle
année. Et comme ou ne peut aller que du ôtant 408 fr. 80 cent, pour le fonds, il restera
connu à l'inconnu, on rattachera à cette don 69 fr. 44 cent, pour le prix d'un hectare âgé
née extrême l'évaluation graduelle des recrus de 4 ans.
d'1 an, 2 ans, 3 ans, etc. Nous allons voir Nous avons donc résolu le problème de
comment on parvient à faire cette évalua l'évaluation progressive des taillis, tout en
tion pour nn casdéterminé. n'admettant dans notre solution qu'une seule
Un hectare de recru de 9 ans est à vendre donnée , le produit de la coupe exploitable,
dans un bois qui n'est exploitable qu'à 22 ou de la coupe qui a accompli la révolution
ans, etoù l'hectare de taillis en maturitévaut entière de Vaménagement; nous avons mon
560 fr. Un demande quelle est la valeur ac tré de quelle manière on obtient cette solu
tuelle de cet hectare de 9 ans ? tion; mais, comme l'opération exige, ou
A l'aide de notre table des valeurs du sol , l'emploi fatigant des procédés de l'arithmé
n° II, nous déterminerons préalablement la tique, ou l'usage de certains calculs scienti
valeur du fonds d'un hectare de ce bois, par fiques, nous n'aurions rempli qu'une partie
l'opération suivante : de notre tâche, si, de même que nous avons
Je prends dans cette table, vis-à-vis 22 ans, réduit l'estimation du sol à la forme la plus
le nombre 730 simple possible, nous n'avions facilité l'esti
Je le multiplie par le prix de mation de la superficie par des tables ana
l'hectare en maturité, qui est de 560 fr. logues à celles que nous avons données dans
la section précédente : ces nouvelles tables,
43800 qui forment le % 2 ci-après, transforment
3650 aussi le calcul en une multiplication toute
ordinaire, qui n'exige d'autre attention que
Produit . . . 408,800 le retranchement de 3 chiflres sur la droite
Séparant 8 chiffres sur la droite du pro du produit : nous ferons juger à l'instant
duit, je trouve que le fonds de l'hectare de ce même de leur utilité, en resolvant par leur
bois vaut 408 fr. 80 c. au taux de 4 p. 100. Il secours les deux problèmes énoncés plus
suit de là que l'hectare présentement âgé de haul, et que nous reproduirons dans les ter
9 ans offrira dans 13 ans, c'est-à-dire lorsqu'il mes suivans :
aura atteint sa 22* année, une valeur de 560 f. 1* Quelle est la valeur présente d'un hec
pour la superficie, et de 408 fr. 80 c. pour le tare de recru de 9 ans, dans un bois exploi
tonds ; au total 968 fr. 80 c. table à 22 ans, où l'hectare de ce dernier âge
Cela posé, nous demanderons combien se vend 560 fr.?
vaut aujourd'hui une propriété qui, dans 13 Je prends dans la table de l'aménage
ans, vaudra 968 fr. 80 c, ou, pour nous ment à 22 ans, vis-à-vis la 9* année, le nom
servir d'une formule équivalente, nousdeman- bre. . 309
derons quelle somme il faut placer aujour Je le multiplie par le prix de
d'hui, à un intérêt de 4 p. 100, afin de consti l'hectare en maturité, ci 560 f.
tuer dans ISans, avec les intérêts progressifs,
un capital de 968 fr. 80c. Une règle de fausse 18540
position nous apprendra, par une longue 1545
suite de calculs, que la somme cherchée est
de 581 fr. 84 c. L hectare de bois de 9 ans, Produit . . 173,040
tant fonds que superficie, vaut donc en ce Je retranche S chiffres à droite de ce pro
moment 581 fr. 84 c. En effet, l'acquéreur de duit, enj'ai la somme de 173 fr. 04 c. pour le
ce fonda, en déboursant actuellement 581 fr. prix de l'hectare de 9 ans.
84 c, se trouvera avoir accumulé une valeur 2* Quelle est la valeur présente d'un hec
de 968 fr. 80 c. dans 13 ans; sa condition à tare de recru de 4 ans dans le même bois?
160 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DE L'ESTIMATION DES FORÊTS. ut. v.
Je prends dans la même table, vis-à-vis la Les tables suivantes commencent par celle
4* année, le nombre 124 de l'aménagement à 10 ans, et finissent par
Je le multiplie par le prix de l'hec celle de l'aménagement à 40 ans. Les âges
tare en maturité, ci 560 f. intermédiaires n'y figurent que de 2 ans en 2
ans; c'est-à-dire que nous eu avons exclu les
7440 âges de 1 1 ans, 13 ans, 15 ans, etc. Notre motif
62» a été que peu d'aménagemens ou de systèmes
d'exploitations sont réglés en périodes im
Produit. . 69,440 paires, et que, dans.cette hypothèse même,
Je retranche 8 chiffres sur la droite du l'application de nos tables n'en serait ni
Îtraduit, et j'ai la somme de 69 fr. 44 c. pour moins utile, ni moins commode; le seul soin
a valeur de l'hectare de 4 ans. particulier à prendre dans cette circonstance,
Ces 2 résultats obtenus avec tant de faci consisterait a isoler la dernière coupe, pour
lité sont identiques avec ceux auxquels nous l'évaluer distinctement, et à considérer la
étions parvenus péniblement par la voie du pénultième coupecommeexploitable, afin d'en
calcul arithmétique. Ils nous paraissent suf faire le point de départ de l'estimation de
fire, quaut à présent, pour indiquer la ma toutes les autres fractions de l'aménagement.
nière de se servir de nos tables. Dans une exploitation composée de 2% coupes
Nous n'avons dressé, pour l'évaluation des annuelles, le recru de 24 ans peut être
taillis, qu'une seule suite de tables calculées regardé comme mur, tout aussi bien que
sur le taux de 4 p. 100 : d'autres tables à 5 et celui de la coupe suivante, et peut être éva
3 p. 100 eussent été tuut-à-fait inutiles; le lué tout aussi exactement d'après ses produits
taux de l'intérêt, ainsi que nous l'avons éta actuels : l'estimation par induction n'est in
bli dans le Manuel déjà cité, n'a presqifau dispensable que pour les recrus encore éloi
cune influence sur l'évaluation des superfi gnés de l'époque de maturité.
cies, tandis que son action est au contraire En jetant les yeux sur ces tables, on voit
extrêmement marquée dans l'estimation des ue la coupe en exploitation est la première
sols. Une autre considération non moins cou» 9 e chaque série; sou âge et sa valeur actuelle
cluante, c'est que la progression de l'intérêt sont exprimés par zéro. Nous avons supposé
à 4 p. 100 est celle qui coïncide le plus exac partout le produit de cette coupe égal au
tement avec la progression matérielle des nombre 1000, comme nous l'avons fait dans
taillis. D'où nous tirons cette conséquence, les tables des valeurs du sol ; et c'est ce qui
?ue le recru d'un bois doit être estimé sur explique le retranchement de 3 chiffres dans
'échelle de 4 p. 100, quel que soit d'ailleurs tous nos résultats.
le taux de l'évaluation du fonds.
Nota. — Le produit de la vente des ramilles suffit pour couvrir les frais d'exploitation dans les
pays de plaine, et pour en payer un tiers environ, dans les localités montagneuses, où le bois est
ordinairement plus abondant qu'ailleurs ; un hectare peut donner de 1100 à 1400 fagots, après la
fabrication de la cuarbonnette.
oa ao
facteurs FACTEmS S§ = FACTEURS FACTEURS
§ s § | 1 il
codsUids. constans. i ■§. constans. constaoa,
11
* t 1 1
1
De ce tableau, (1) dont les données relatives les réserves en futaies. Un propriétaire, en
à l'accroissement de valeur des arbres sont , laissant vieillir des arbres dans ses bois , croit
sinon rigoureusement exactes , au moins très faire un sacrifice en faveur de la société ; il ne,
approximatives , il résulte que , dans un bon fait que bien comprendre ses intérêts, si pour-l
terrain , il y a bénéfice à élever de la futaie jus- tant il ne multiplie pas ses réserves au point
qud 100 ans, parce qu'un arbre vaudra 30 frM de nuire à la croissance du taillis.
tandis que le placement de 50 centimes à La règle-pratique que nous pouvons déduire
4 p. 0/0, n'aura produit que 25 fr. 23 c; que de ce qui précède est celle-ci : S'agit-il d'es
dans un fonds médiocre la progression s'arrête timer une futaie jeune, en pleine croissance?
à 75 ans, puisqu'à 100 ans l'arbre ne vaudra on en portera le revenu à 4 p. 0/0 du prix ca
que 20 fr., tandis que les 50 centimes sont de pital. S'agit-il d'estimer une futaie mûre et
venus 25 fr. 23 c. Enfin que le terme extrême déjà sur le retour? on en portera le revenu
parait être de 125 ans, car, après la période sui à 3 p. 0/0.
vante , c'est-à-dire à 150 ans, l'arbre de cet âge S V. — Du partage, du cantonnement et de rêchanpj
ne vaudra jamais 179 fr. 25 c, quelle que soit des foréis.
la fécondité du sol. Il y aurait donc perte à
conserver de la futaie au-delà de 125 ans, si Comme toutes les questions de calcul qui
l'on cherche à obtenir un intérêt de 4 p. 0/0. peuvent dériver de l'un ou de l'autre des trois
Si l'on porte l'exigence plus loin et qu'on objets qu'embrasse ce paragraphe doivent
veuille, par exemple, obtenir de ses fonds un nécessairement trouver leur solution dans les
intérêt de 5 p. 0/0, on devra abattre les futaies développemens précédens, nous nous bor
entre 75 et 100 ans, par la raison qu'au bout de nerons a exposer ici quelques considérations
cette première période les 50 centimes au générales dont l'importance sera facilem '
ront formé un capital de 19 fr. 42 c, somme appréciée.
égale à la valeur de l'arbre de 75 ans , en bon 1° Du partage.
fonds , ou de 100 ans dans le sol médiocre. Ce serait méconnaître un principe fonda mm
. Si l'intérêt n'est que de 3 p. 0/0, on pourra tal, en matière de partage, que de confondre!
laisser crottrela futaiejusqu'a 175 ans; au-delà en une seule opération la division du fonds d'un'
de ce terme , il y aurait perle de revenu. bois et celle de sa superficie. Comment, «i
Conclusion: 1 intérêt étant à 3 pour 0/0, le effet, si I'ol. n'établit point de distinction
terme extrême de l'exploitation sera l'âge entre le sol et les fruits du sol, pourra-t-on,
de 175 ans. ainsi que le prescrit la loi, faire entrer autant
L'intérêt étant à 4 p. 0/0 ce terme que possible, dans chaque lot, une égak
sera de „ 125 quantité de biens de même espèce ? Pour éta
L'intérêt étant à 5 p. 0/0, ce terme blir une véritable égalité dans le partage, il
sera de 75 est donc nécessaire de faire séparément la di
Et comme le taux de l'intérêt en placemens vision du fonds et celle de la superficie des
fonciers ne descend presquejamais au-dessous forêts. Cette manière de procéder, qui est rk
de 3 p. 0/0, on peut fixer à 175 ans le terme convenance dans tous les cas , est évidemment
le plus reculé que puisse atteindre la futaie, de rigueur, dans les opérations qui intéressent
avec avantage pour le propriétaire. ou l'état ou des mineurs, des absens ou des
Ces rapprochemens se trouvent peu' en interdits ; en un mot des propriétaires dont k
harmonie avec la prévention qui règne contre droit ne peut s'exercer dans toute sa pléni
tude.
(l) On Toit, par ce tableau, qu'un arbre qui aurait Représentons-nous les résultats probables
été conservé pendant 350 ans, et qui n'aurait valu d'un partage opéré sur le cumul ou la confu
originairement que 80 centimes, coûterait au proprié sion des deux valeurs; certains lots se trouve
taire la somme énorme de 99,180 fr. en comptant ront assis sur des parties de forêts riches en
l'intérêt à 8 p. o/o. superficie, et d'autres sur des parties dépoiul
chap. S*. APPLICATIONS GÉNÉRALES. 179
lées de leurs produits. Les premiers, rece La chose se passerait à peu près de cette
vant un excédant de superficie, prendront manière : on attribuerait à la commune usagère
nécessairement une part moindre dans le la portion de forêt garnie des taillis les plus
fonds. Cette compensation, entre une valeur forts, et peuplée de la plus belle et de la plus
foncière et une valeur de même nature que nombreuse futaie ; on lui donnerait ainsi une
'argent,constituera une ventesous l'apparence grande valeur mobilière ou pécuniaire, et par
d'un partage; vente qui, pour être valable, suite une faible part dans le sol. Cependant,
exigera l'assentiment formel des intéressés, la commune , ou n'apercevant pas les consé
et par conséquent une pleine capacité de dis quences de cette déviation des règles , ou sé
poser. D'où nous concluons que partager dis duite par l'appât d'une jouissance prochaine,
tinctement le sol et la superficie des bois, c'est donnera sa sanction à une opération désas
se conformer à une règle impérative, de la treuse pour son avenir.
quelle il n'est permis de dévier que dans des
circonstances toutes particulières. 3° De l'échange.
2° Du cantonnement.
Un échange de propriétés boisées peut
L'exécution d'un cantonnement se divise en avoir lieu entre l'état d'une part , et de Vau
deux parties ; la première consiste à détermi tre une commune ; entre l'état et un particu
ner la somme fixe en argent, représentative lier, entre deux communes, entre une com
des droits d'usage, tant en bois de chauffage mune et un particulier, ou enfin entre deux
qu'en bois de construction; et la seconde à particuliers.
désigner la situation et l'étendue de la por Dans toutes ces combinaisons, moins la
tion de bois à abandonner pour le cantonne dernière, l'échange doit être précédé d'une
ment. estimation qui est soumise à des formes légales
Lorsque l'évaluation des droits d'usage est et qui réclame la distinction entre le sol et la
réduite en argent, l'assiette du cantonnement superficie, parce que le contrat implique des
réclame, de la part des experts chargés de ce intérêts dont on n a pas l'entière disposition;
travail, une attention consciencieuse et des la séparation des deux natures de biens est
connaissances qui soient au niveau de ces sortes commandée par la nécessité d'éviter l'échange
d'opérations. La loi n'accordeauxpropriétaires d'une partie du sol contre une valeur mobi
la faculté d'affranchir leurs fonds de Yusage en lière, laquelle valeur serait le prix de vente d'un
bois, que sous la condition de remplacer l'u fonds que dans l'hypothèse donnée, on n'au
sage par la propriété pleine et entière d'une rait pas le droit d'aliéner.
fraction du sol. Des experts qui ne compren Il est clair que dans le cas d'échange entre
draient pas leur mission pourraient éluder, Ïiarticuliers jouissant de tous leurs droits,
en partie du moins , l'intention du législateur, 'estimation des forêts n'a point de forma
ea substituant, d'un'» manière indirecte, le obligée.
rachat au cantonnement. Noiuot BOKXKT.
fil
d'un trou conique, se bouche par on bouchon Le puits ( fig. 204 ) se monte au-dessus de
en bois qui prend le nom de bonde et qui est
taillé de manière à remplir le trou ou œil du Fig. 204.
canal ; cette bonde se manœuvre par une tige
en bois ou en fer qu'on soulève, depuis le ter
re-plein supérieur de la chaussée.
On donne, dans le département de l'Ain, à
tout le mécanisme employé à évacuer on re
tirer les eaux le nom de thou; on l'établit le
plus souvent en bois. Pour manœuvrer plus
facilement, on place l'œil du canal et par con
séquent la tige de la bonde à la naissance su
périeure de la pente , et les terres de chaque
côté, comme celle de la chaussée elle-même,
se retiennent par une charpente en bois
doublée de plateaux dans les 2 parties laté
rales, et de travons de 5 à 6 pouces d'équar-
rissage du côté de la chaussée; les 2 colonnes
qui tiennent la pièce oii manœuvre la tige de
la bonde sont de fort échantillon , de 10 à 12
pouces d'équarrissage.
L'ensemble de cette construction est, vu
la rareté et la cherté des bois de forte di
mension, très dispendieuse; sa durée est à
peine de 25 ans et demande de l'entretien ; il
devenait donc important d'y faire des modi
fications : un architecte de Bourg, M. Debelay
père, a proposé de remplacer la construction
en bois qui enveloppe la tige de la bonde par
un puits en pierre ou en brique. Cette cons
truction, qui se rapproche de la méthode pié-
montaise que notre architecte cependant ne
connaissait pas , a été exécutée avec avantage
sur un grand nombre de points. Déjà aupara
vant on avait employé la pierre ou la brique
pour remplacer le bois, mais la forme de
construction était restée la même, en sorte
qu'on avait gagné un peu de durée, mais fait
beaucoup plus de dépense. Les premiers
essais de ces thoux en pierre ont été faits par
mon beau-père et moi; l'expérience nous a
conduits à des modifications, mais nous avons
obtenu des résultats avantageux dont les
détails ont été consignés dans un mémoire
assez étendu publié dans le journal de l'Ain :
nous nous bornerons à en extraire quelques
détails techniques nécessaires pour diriger
ceux qui voudraient répéter ce mode de cons
truction. l'œil du canal en laissant 3 ou 4 pouces d'es
188 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. UT. V.
pacc entre la bonde et le côté intérieur du y comprenant la main-d'œuvre du charpentier,
puits du côté de la chaussée, et en ménageant s'élève au moins à 3 ou 400 fr. Le prix d'un
un espace au moins double du côté de l'étang thou de même dimension en pierre ou en
et de l'embouchure du canal qui mène les eaux briques, y compris le fer et toute la main-
à l'œil du canal de vidange. Ce canal , qui fait d'œuvre du maçon , du maréchal et du tailleur
communiquer le puits avec l'étang, n'aura que de pierres, n'est guère plus de moitié. Ces
3 à 4 pieds de longueur et une largeur suffi résultats sont donnés par l'expérience pour
sante pour qu'un homme puisse, en s'y en des localités où le bois est cher, mais où la
gageant, manœuvrer à son aise et prendre pierre et la brique le sont encore davantage.
le soin nécessaire pour boucher hermétique Outre le moindre prix , la facilité de la sur
ment la bonde, soin qui consiste à garnir de veillance, le moindre danger qu'on risque
mousse le joint circulaire de la bonde avec des malveillans, les thoux en pierre offrent
l'œil et à recouvrir de boue ou d'argile cette encore l'avantage d'être d'une durée indé
espèce de calfat. Le puits, pour une bonde de finie, et de n'avoir besoin d'aucun entretien.
18 pouces de diamètre, doit avoir de 32 à 34 Nous avons parlé précédemment des thoux
pouces de diamètre. On garnit avec avantage piémontais; ces thoux ressemblent à ceux en
sa partie supereure d'un collet de pierres de pierre que nous venons de décrire, mais le
3 à 4 pouces d'épaisseur; ce collet se recouvre bouchon, au lieu d'être en bois, est en pierre,
de plateaux de chêne ou d'une dalle qui s'en garni d'un plateau qui reçoit un cuir à sa
gage dans une feuillure du collet; on re partie inférieure; on le manœuvre au moyen
couvre de terre le tout, soit pour le conserver, d'un treuil placé à la partie supérieure de la
soit pour le mettre à l'abri des curieux et des chaussée, autour duquel s'enveloppe une
milveillai]s. chaîne qui soutient le bouchon; cette chaine,
Lepi/on, bouchon ou bonde est en bois; il porte à 18 pouces de la bonde, se divise en 3 chaînons
une tige de fer plat qui le traverse et qui sert qui aboutissent à 3 points également éloignés
à le hausser ou le Baisser; la tige est main de la circonférence du bouchon ; le treuil , à
tenue dans sa direction par 2 anneaux plats sa partie supérieure, porte une roue dentée
fixés sur 2 traverses en fer, scellées dans les dans laquelle un cliquet s'engrène , pour
mnrs du puits. Pour manœuvrer la tige, sou maintenir la bonde à la hauteur que l'on veut.
lever et fixer à volonté le bouchon, la tige Les étangs de ce pays, qui sont destinés à l'ir
sur un de ses côtés porte des dents dans les rigation de prairies, envoient leur trop plein
quelles s'engrène un cliquet placé deinanière dans les parties les plusélevées; et la chaussée
à s'accrocher aux dents par son propre poids; est percée à cet effet à différentes hauteurs
un fil de fer qui monte jusqu au-dessus du par des canaux qui s'ouvrent et se bouchent
puits sert à soulever le cliquet pour pouvoir a volonté , et qui correspondent à des rigoles
a volonté baisser le bouchon ; la tige en fer a qui arrosent les parties intermédiaires des
une longueur telle que lorsque la bonde est prés. Ceux de ces étangs où l'on élève du
soulevée et l'étang enassec, le puits puisse poisson ne se vident entièrement que pour la
encore rester bouché; il est essentiel aussi pèche.
que la face inférieure du bouchon ou pilon, On emploie encore quelquefois des thoux
soulevée pendant le temps de l'assec, soit au- dits à In prussienne ; dans ces thoux, l'orifice
dessus de la partie supérieure du canal qui du canal pour évacuer les eaux est à quelque
amène l'eau de l'étang; sans cela, le choc des distance de la chaussée , en sorte que la bonde
grandes eaux sur le pilon peut ébranler la se trouve au milieu de l'eau; le bâti au mi
construction. L'extrémité supérieure de la lieu duquel elle est placée peut être en fer
tige est garnie d'un anneau ; cet anneau est ou en Dois; on y arrive au moyen d'une
plongé dans l'eau lorsque l'étang est plein. échelle ou d'une planche qui sert de pont
Pour soulever la bonde on a une tige en fer, et s'appuie d'un côté sur la chaussée , et de
munie d'un crochet à un bout, et a l'autre l'autre sur les traverses de fer ou de bois du
bout d'un large anneau; quand on veut sou thou. Le treuil piémontais serait le meilleur
lever la bonde, on engage le crochet dans moyen de manœuvrer ce thou*, trois montans
l'anneau de la bonde, et dans l'anneau de la en "fer , scellés dans la pierre de la bonde et
tige un levier à l'aide duquel on soulève avec maintenus entre eux par des traverses, pour
facilité la bonde; cette tige se conserve à la raient soutenir tout le mécanisme et ne se
maison et peut servir de clé à tous les étangs raient point une dépense plus considérable
de même construction : par ces divers moyens que le puits en pierre; toutefois on serait
toute la manœuvre de 1 étang se trouve tout- obligé , pour empêcher le poisson de sortir
à-fait à l'abri de la malveillance. lors de la pêche, de couvrir l'orifice par une
Lorsque l'étang doit être grand et que la grille spheroïdale assez élevée pour permettre
quantité des eaux affluentes est considérable, le soulèvement de la bonde, et dans laquelle
comme il ne serait point du tout commode on laisserait un trou pour le jeu de la tige ou
de donner à l'œil du canal plus de 18 pouces de la chaine qui la soutient. Cette grille en fer
de diamètre, on construit alors deux canaux mince serait une dépense qui ne dépasserait
parallèles qui se touchent immédiatement et pas 50 fr.
ont chacun leur œil ; on ne fait qu'un seul Tous les avantages des thoux en pierre n'ont
puits pour la manœuvre; on le fait ovale, en pas encore pu les faire généralement admettre;
donnant au grand diamètre parallèle à la cependant on en trouve sur un assez grand
chaussée une dimension suffisante pour une nombre de points des pays d'étangs dans le
manœuvre facile. département de l'Ain, et il parait que dans
Avec les prix actuels des bois , et surtout le Forez on a commencé à les introduire.
des bois de fort échantillon, le prix d'un Après avoir décrit le moyen d'obtenir et
thou en bois avec sa bâchasse ou son canal, en d'évacuer les eaux , nous devons nous occuper
chap. 9«. DE L'ÉTABLISSEMENT ET DE LA CONSTRUCTION DES ÉTANGS. 189
des moyens de les introduire et faire sortir le On peut suppléer la grille du trop-plein d'une
trop plein. manière simple et avantageuse; pour cela, dans
Pour empêcher le poisson de sortir de l'étang, le mur du puits dont nous avons parlé et du côté"
en remontant ou en descendant le cours des de l'étang, on place un tuyau en fonte en deux
eaux qui y arrivent ou qui en sortent, on place pièces; on donneàce tuyau la hauteur du banc
des grilles G(fig. 199 ) a l'entrée et à la sortie; gravier où s'écoule le trop-plein; ce tuyau a
ces grilles sont faites en bois avec des bar son embouchure inférieure dans le canal d'é
reaux quadrangulaires de 2 1/4 pouces d'écar- vacuation de l'étang, et ce canal est pavé en
rissage, placés diagonalement a 8 lignes de dalles sôus le point du dégorgement du tuyau'
distance entre eux et maintenus dans un as de fond , comme sous l'œil de la bonde ; ces;
semblage de charpente dans lequel ils s'enga tuyaux se scellent à leur entrée dans le canal,,
gent.Ainsi construites, ces grilles sont chères, à leur point de réunion et avec le mur du puits,,
durent peu long-temps et sont faciles à se dé avec du ciment de Pottilly ou le ciment à la:
ranger etàse détruire; nous les avons rempla rouille , qui se fait avec 17 parties de limaille'
cées avec avantage et économie par des grilles de fer, une de sel ammoniaque et 2 de fleur de-
en fer, de petit échantillon, de 3 à 4 lignes de soufre; on entoure la partie supérieure dur
càlé{ fig. 205), assemblées dans trois traverses tuyau d'une petite grille en fer qui empêcher
Fig. 205. la sortie du poisson. Le diamètre de ce tuyau
doit être proportionné à la quantité d'eau af-
fluente et à la hauteur de l'eau dans l'étang.
Les dimensions du canal d'évacuation ont
dû être réglées proportionnellement à la quan
tité d'eau affluente; c'est donc ces dimen
sions et la hauteur de l'eau dans l'étang qui
doivent servir d'élément pour établir le dia
mètre de notre tuyau vertical. On suppose
que le canal de l'étang, dans les grandes eaux,
se remplit et débite ses eaux avec une vitesse
d'un mètre par seconde, mais comme la con
traction de la veine-fluide et d'autres causes
en fer plat placées au-dessus, au-dessous et physiques diminuent de beaucoup la quantité
au milieu de la grille; la traverse du dessous d'écoulement que donne le calcul, comme
se noie dans un banc-gravier en pierres de surtout l'expérience nous a prouvé que les.
taille; ce banc-gravier supporte 2 montans dimensions doubles de celles données par le-
en pierres dans lesquelles se scellent les 2 calcul n'étaient pas suffisantes , nous avons,
autres traverses de la grille. En donnant à ces pensé que des dimensions quadruples seraient
grilles en fer la moitié de la largeur des convenables, et qu'elles mettraient plus sûre
grilles en bois, elles offrent un beaucoup plus ment à l'abri de toute chance d'accident. Nous,
fort dégorgement que celles-ci; chaque bar avons donc modifié le tableau donné dans le
reau de bois offrant 8 lignes de passage d'eau, mémoire en question, et nous le reprodui
pour un espace de 44 lignes , et le barreau en sons ici , en désignant pour le canal en fonte
fer donnant la même issue pour un espace de des dimensions quadruples de celles du calcul..
12 à 13 lignes (1). On emploie pour cet
usage le fer laminé, et la grille peut s'établir 1DIMENSION es0 . S5
J EU » M j 0 .
à froid; une grille de 4 pieds de large sur g 2 j a 5 2
2 1/2 pieds de hauteur pèse moins de 50 livres. H 1 l ■S s *5 5
En estimant la pierre et la main-d'œuvre chè a 2 " £Q «5 S » 6« 3a s»•
rement, l'établissement d'une grille en fer S " 5 " 1 «"
revient en tout à 60 fr. et dure toujours,
pendant qu'une grille en bois coûte a peu • Pie*. Pouc«l. Fiedi. l'-HICM.
près le même prix et ne dure pas 20 ans.
Dans le Dauphiné quelques étangs ont des g ' 6 7 3Ô | 6 M 75«-
grilles de cette espèce. H 6 80'- s. _ 1 7 U 40
M. Périer, député actuel de l'Ain, s'est o• 1 8 G 60 00 M 8 11 05
bien trouvé de remplacer le système de grille 9 (i 40 V t. ' 9 10 70
■3 * 6 20 10 10 35
de barreaux rectangulaires en bois, qui pren *oc î? —o « 1
nent trop de place, par un assemblage de pe 11 f. 11 10 00'
« | 12 5 80 12 9 70'
tites lames parallèles en chine, placées comme
les lames de persiennes ou d'abat-jours; la grille u 6 8 32 i f 6 13 50'
ancienne se remplace par une grille en lames O f
c* 7 8 05 t . 7 13 15
à laquelle on peut donner 4 fois moins d'é à ' 8 7 80 8 12 80
tendue; la distance entre les lames est de 9 7 55 9 12 45
8 lignes comme pour les autres grilles ; -3 1 10 7 30 T34» h'
3 10 12 10'
l'inclinaison des lames est du côté de la e« 11 7 05 "Sa 11 11 75
chaussée. \ 12 C 80 11 40
I d C 11 6 17 75
(l) La théorie semblerait dire qu'on pourrait ne oc* 7 10 70 l | 7 17 15
donner aux grilles en fer qu'un tiers de celle des grilles om 8 10 40 8 15 95
I en bois , mais la pratique apprend que les grilles en 9 10 10 9 15 55
I bois dégorgent presque autant que lu tiers de leur lar -3o fca3 \ 10 n 80 "3U 3u ', 10 15 35
geur; et pour cetle raison nous avoni donné moitié de "rta tn 1 11 9 50 « 11 14 75
f celte dimension. A la grille eu fer. U 12 9 20 Ô \ 12 14 15.
I
190 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. LIV. V.
Il n'y aurait pas d'inconvénient qu'une por le canal, il serait impossible de le boucher
tion de la chaussée bien gazonnée,tfune vingtaine par ce moyen; il ne resterait que le premier
de pieds de large, fût tenue six pouces plus bas que nous avons indiqué.
?ue tout le reste , en la garnissant du côté de
étang d'uue petite claie à claire voie qui per Section V. — Dépense de construction
mettrait le débit de l'eau, et défendrait le pas d'un étang.
sage du poisson. Les grandes eaux sont la cir
constance la plus à craindre pour les étangs ; La dépense de construction d'un étang
quand la chaussée est surmontée, le poisson est très variable; nous allons prendre pour
s entraîne, la chaussée se détruit en plusieurs exemple un cas simple qui pourra servir à
poiuts, et si l'étang renferme un grand volume remonter à d'autres plus complexes.
d'eau, tous les fonds inférieurs sont submer Supposons un bassin favorable et tel qu'en
gés et entraînés ; on ne peut donc prendre le barrant par une seule chaussée transversale
trop de précautions contre de pareils accidens, on puisse couvrir d'eau une surface de dix
et encore ne sera-t-on jamais à l'abri des sacs hectares; en admettant que l'étang ait une
d'eau qui arrivent quelquefois. fois plus de longeur que de largeur, la chaussée
Le peu de solidité et de durée des grilles en bois aura 3 ou 400 mètres, soit 350 mètres de
est cause que beaucoup d'étangs s'en trouvent longueur; si le terrain a, depuis l'entrée de
privés à l'entrée et à la sortie des eaux; on les l'eau ou la queue jusqu'au point le plus bas
supplée par des fascinages, auxquels on donne vers le milieu de la chaussée, 9 pieds de pente,
le nom de fagottées, qui ne permettent qu'un l'étang aura 9 pieds de profondeur, et la
débit très lent aux eaux , et causent par-là de chaussée 10 pieds de hauteur; sa base infé
frequens accidens que préviendraient les rieure vers le thou sera de 30 pieds , soit plus
grilles en fer que nous avons proposées. Il est convenablement de 35; la base supérieure
encore un moyen très utile de parer aux ac ou le terre-plein aura 10 pieds : or le cube
cidens et d'assurer le produit de l'étang en de cette chaussée , en supposant la pente
eau et en assec : ce moyeu consiste à faire pas uniforme, est de 96,000 pieds cubes ou même
ser les eaux de l'étang, quand il est plein, dans de 100,000 parce que le fond du bassin a
un fossé qui en contourne les bords. Ce moyeu toujours une partie qui a peu de pente. Ce
offre le grand avantage de débiter une grande massif donne 237 toises cubes de 7 pieds et
partie des eaux dans les cas d'inondation ; en demi de côté, de 422 pieds cubes ou enfin
outre, quand l'étang est plein, il est de remar 3300 mètres cubes.
que que le poisson se nourrit mieux et profite La construction à forfait des chaussées se
davantage lorsque de nouvelles eaux ne vien conclut de deux manières différentes : la pre
nent pas dans l'étang; ce fait admis par tous mière consiste à payer au déblai 12 à 15 cent,
les praticiens, quoiqu'ils ne l'expliquent guè par toise carrée de 7 pieds et demi de côté
re, est néanmoins tout-à-fait certain. sur une pointe de pèle de 4 pouces de pro
Lorsque l'étang plein vient à couler par le ca fondeur. Ce prix porte la toise cube de 2 fr.
nal ou autour du canal,on fait avec des fascines 70 cent, à 3 fr. 37 cent., ou le mètre cube
et de la terre, derrière le canal, une digue circu de 20 à 24 centimes, prix sans doute peu
laire qui se rattache à la chaussée en envelop élevé pour le mètre cube de terres qu'on doit
pant l embouchure du canal ; on monte cette charrier de quelque distance à la brouette,
digue en battant la terre aussi rapidement qu'on doit bien travailler dans la clave et
§u on le peut jusqu'au niveau de la chaussée, conduire et régaler sur tout le reste de la
i la masse d'eau qui coule élaitassez forte pour chaussée. Mais dans cette manière d'apprécier
empêcher cette construction, on peut mettre le travail, on trouve souvent des ouvriers
dans la digue un tuyau en bois qui donne passage peu consciencieux qui prennent leurs témoins
à l'eau pendant la construction , et lorsque la de déblai dans les endroits les plus hauts et
digue est construite on bouche le tuyau par qui savent au besoin les surhausser. Pour
un tampon. n'être pas trompé ou n'avoir point de difficul
Si on n'a pas de tuyau , ou que la fuite soit té, il est préférable de payer au remblai de 4
trop considérable , on fait derrière la claie au- à 5 fr. la toise cube, de 29 à 35 cent, le mètre
dessus du canal un fossé perpendiculaire; lors- cube. La chaussée , reviendra à ce prix à 11 à
u'on arrive au canal, on enlève un ou deux 1200 fr. Le pionnier aura fait en même temps
ïes plateaux de recouvrement ; si la perte d'eau la pêcherie et une petite partie du bief dont il
a lieu par le canal , on place l'un des plateaux a conduit les terres sur la chaussée. (Je bief
en travers, et on le garnit autant que possible et la rivière de ceinture auront 600 mètres
avec de la terre et de la mousse ; puis , avec au moins de longueur chacun. La rivière de
autant de promptitude qu'on peut, on jette ceinture de 4 pieds 1/2 de largeur sur 2 à 3
dans le canal des terres argileuses qu'on de profondeur, dont les déblais se placent sur
sorroie, et on continue jusqu'à ce que le le bord du côté de l'étang, peut valoir au
fossé pratiqué soit plein : par ce moyen l'eau moins 30 cent, la toise ou 12 cent, le mètre
se trouve ou tout-à-fait ou en très grande courant. Le bief qui aura 9 à 10 pieds de lar
Eartie tarie. Si le canal, au lieu d'être eu geur sur 18 pouces de profondeur, et dont il
ois, était en pierre, on enfoncerait la voûte faut que les terres se transportent ou se
ou on lèverait une des dalles qui le recouvrent jettent en des points où elles n'empêchent pas
pour faire la même opération. l'écoulement des eaux , coûtera a peu près
Si le passage de l'eau était à côté de la bonde, 50 cent, la toise ou 20 cent, le mètre courant
lorsqu'on y arriverait on y jetterait prompte- En tout la rivière et le bief coûteront 192 fr.t
ment de la terre préparée, battue et mouillée, soit 200 fr. en comptant quelque chose pour
et on se hâterait de remplir de terre bien le creusement de la vidange au bas de la
battue k fossé. Enfin, si je passags niait sous chaussé* «t à la grilla du trop-plein; ajoutaut
CHAT. 9e. DE L'EMPOISSONNEMENT. 191
à cela 400 fr. pour le thon et le canal de dé lasse et n'est pas d'un bon goût; il est géné
charge que nous supposons simple, et pour ralement meilleur lorsque l'étang renferme
la grille d'introduction des eaux et pour celle du brochet qui l'empêche de se livrer tran
de trop-plein,nous aurons en moyenne 2000 fr., quillement à la pose.
pour la dépense de construction d'un étang La carpe n'a quelquefois point de sexe , elle
de 10 hectares en position favorable, soit porte alors le nom de carpeau. Les carpeaux
200 fr. par hectare. Mais la moitié peut-être sont beaucoup plus estimés par les gourmets
des étangs, n'est pas en aussi bonne position; que les carpes des 2 sexes. Ils semblent qu'ils
un assez grand nombre, ceux surtout où l'on appartiennent au sexe mâle, et que quel
est oblige de faire un ou plusieurs chaussons que circonstance aura détruit leurs organes
ou chaussées latérales ou plusieurs thoux, sexuels.
peuvent coûter au moins le double; il y en a Les Anglais ont essayé de faire des carpeaux,
en outre un grand nombre de petits dont la et ils y ont réussi. On a aussi soumis à la
dépense par hectare devient beaucoup plus même opération les tanches, les brochets et
forte, en sorte qu'on n'exagérerait rien en les perches. Dans cet état le poisson croit da
disant que, pour construire les 23,000 hectares vantage, s'engraisse beaucoup plus vite et
d'étangs qui sont dans le département de beaucoup mieux 5 il est de meilleur goût. Nous
l'Ain , il faudrait dépenser au moins moitié ignorons si cette industrie est arrivée jusqu'en
en sus de notre évaluation ou 300 fr. par France. Rozieh se récrie beaucoup contre
hectare, ce qui porterait la dépense totale à cette cruauté, mais la plupart des animaux
7 millions. destinés à la consommation de l'homme sont
traités de même par lui ; et s'il fallait mesurer
Section VI.— De Vt la pitié que l'homme doit aux animaux qui
deviennent victimes de ses spéculations gas
On emploie dans les étangs trois espèces tronomiques en raison de l'utilité et de Fin-
principales de poissons la carpe , le brochet telligence , certes la carpe en mériterait moins
et la tanche. qu'aucun autre.
Sans recourir à cette opération, il parait
5 I". — La carpe. que la séparation des sexes suffirait seule pour
avoir en moins de temps des produits plus
La carpe est regardée comme le produit forts et de meilleure qualité.
principal {fig. 206); ce n'est qu'à l'âge de 3
S IL— Le brochet.
Fig. 206.
Le brochet ( fig. 207) tient le deuxième rang
Fig. 207.
ans au plus tôt qu on l'emploie à la consomma parmi les poissons que l'industrie de l'homme
tion; elle pèse alors un peu plus ou un peu prépare pour sa consommation. Pendant que la
moins d'une livre; un an plus tard elle pèse carpe semble ne vivre que de petits insectes ou
d'une à2 livres; elle a alors plus de chair et de de produits à peine apercevablesdu sol dans le
graisse, et elle est de meilleur goût. Elle peut quel elle fouille pour prendre sa nourriture,
arriver à une grosseur beaucoup plus consi le brochet ne vit que de poissons ; il s'attaque
dérable, mais elle grossit d'autant moins à toutes les espèces, k la carpe, surtout à la
vite qu'elle est plus âgée , et il parait qu'à tanche et à son espèce même lorsque les
grosseur elle fatigue beaucoup autres lui manquent. Le brochet d'une livre
les fonds dans lesquels on la nourrit : quel qu'on mettrait avant l'hiver dans un étang où
ques praticiens estiment qu'une carpe au- se trouveraient beaucoup de petits poissons ,
dessus de 6 livres charge autant un fond et surtout de la tanche, peut croître dans l'été
qu'un cent d'empoissonnage , en sorte qu'une d'une livre par mois.
carpe de 12 livres qui mettra 10 ans à arriver Il en est de même des brochets que de
à ce poids aura fait perdre 5 à 6 fois sa valeur la carpe. Lorsque le brochet a acquis une cer
à ceux qui l'ont nourrie, alors même qu'on taine grosseur, qu'il est arrivé à 6 livres, par
l'évaluerait à 6 fr. le kilogramme. exemple ; il lui faut plus de temps et surtout
Les moyens de multiplication de cette espèce beaucoup plus de nourriture pour arriver jus
sont immenses : une carpe femelle pond qu'à 10 livres qu'il n'en a mis pour arriver jus
chaque année depuis 24,000 jusqu'à 600,000 qu'à 6 livres. On n'a donc pas d'intérêt à cher
œufs. Si on la laisse seule ou sans brochets, cher à faire de grosses pièces qui d'ailleurs ne se
dans un étang, elle s'épuise à poser, ne grossit vendent pas plus cher le kilogramme que les
pas et l'étang est inondé de feuilles et d'em- autres pièces moyennes.
poissonnage qui se nuisent réciproquement. Le brochet ffaye en février et juin. II perd
La carpe-femelle dépose ses œufs sur le bord dans ce moment Beaucoup de sa qualité; u de
des étangs, et la carpe-mâle les féconde en les vient maigre ; il faut alors prendre beaucoup
serrant sous son ventre, d'où la pression fait de soin pour l'empêcher de s'échapper de l'é
sortir la liqueur séminale que contiennent les tang , parce qu'il remonte tous les fossés où
laitances. il rencontre de l'eau.
Le frai des carpes a lieu 2 fois par an , en La séparation des sexes dans le brochet pa
; «cette époque, le poisson est mol- raîtrait devoir offrir beaucoup d'avantage,
192 AGRICULTURE FORï TIÈRE : DES ÉTANGS. liv. y.
M. Vaulpré , médecin instruit et agronome Il parait que dans quelques pays d'étangs,
habile, a fait sur ce sujet des expériences qui on cherche aussi à élever l'anguille [fig. 209) ;
paraissent très concluantes. Il a placé dans un Fig. 209.
étang d'empoissonnage des brochetons mâles,
et dans un autre des brochetons de sexes mé
langés; et les brochetons mâles, un an après,
ont produit un poids 50 fois plus considérable,
pendant que ceux de sexes mélangés n'ont pris mais elle perce les chaussées, s'écarte dans
que l'accroissement ordinaire de 10 pouces. les prairies qui bordent les étangs, et lors de
Le brochet peut donc être un produit très la pèche ou n'en retrouve presque plus. On
avantageux , d autant mieux que son prix est semble donc y avoir généralement renoncé.
souvent triple de celui de la carpe; mais pour
qu'il soit avantageux de produire du bro Section VII. — De l'assolement des étangs.
chet , il est nécessaire qu'il ne consomme que
du poisson de peu de valeur, et dont l'exis § I*r. — Principes d'assolement dans divers pays
tence serait plutôt nuisible qu'utile au produit de la France.
général de 1 étang, autrement la perte serait
grande pour le producteur, parce que le poids Les principes de l'assolement des étangs sont
du brochet consommateur ne produit pas le les mêmes que ceux de l'assolement des ter
dixième du poids du poisson consommé. res en labours. La nature demande à varier
§ III.— La tanche. ses produits, et le sol, soit qu'il produise par
l'effet de la végétation spontanée ou de la vé
La tanche (fig. 208) est un poisson du genre gétation artificielle dirigée par l'homme , se
Fig 208. repose en produisant des végétaux de familles
diverses. Ce principe s'étend à tous les pro
duits naturels, aussi bien aux produits ani
maux qu'aux produits végétaux
Dans la culture des étangs, la terre couverte
d'eau nourrit avec avantage et fait croître du
des cyprins, dont la reproduction a beaucoup poisson pendant 2 ou 3 ans. Déjà même, dans la
exerce les naturalistes. Cependant on a fini par 2' année on estime dans le Forez que la pêche
s'assurer qu'à l'époque du frai , aux mois de vaut 1/10' ou 1/8* de moins. Mais si la culture
juin et de septembre, les tanches avaient com en eau se prolonge, elle diminue de produit,
me les carpes des œufs et des laitances qui pendant que le sol, fécondé à ce qu'il semble
disparaissent ensuite; la tanche alors s'agite et par les déjections des poissons qui y ont vécu,
maigrit beaucoup. Le brochet en est particu mis à sec et labouré, donne d'abondantes ré
lièrement friand , il la poursuit à outrance et coltes, après lesquelles le produit en poisson
elle lui échappe, dit-on, en pénétrant dans la redevient de nouveau avantageux. Ce principe
vase. Quand elle est grasse elle est très recher a été rigoureusement appliqué aux étangs de
chée des consommateurs ; son poids moyen Bresse et Dombes. Ils sont dans ce pays d'un
est d'une livre, et il faut des circonstances fa intérêt beaucoup plus grand que dans les an
vorables pour qu'elle prenne un poids plus tres; ils y couvrent 1/6' du sol, pendant qu'ail
élevé ; ce poids néanmoins, dans quelques cas leurs ils en couvrent à peine l/25«. On y a donc
particuliers, peut aller jusqu'à 10 livres. attaché plus d'importance. En outre, en Dom-
hes, ils appartiennent sou vent à des associa lions
$ IV. — Autres poissons d'étang. de particuliers , et souvent encore l'eau n'ap
partient pas au propriétaire auquel appartient
Après les trois espèces de poissons dont nous le sol. Il a donc été nécessaire que dans ce
venons de parler, quelques propriétaires d'é pays des conditions régulières fussent établies,
tangs admettent la perche. Ce poisson très vo- et que les droits respectifs des propriétaires
raee détruit le frai des autres espèces? et con de Passée entre eux et le propriétaire de l'eau
somme dans l'étang une grande partie de ce fussent réglés d'une manière précise. Nous
qui sert à la nourriture des autres. Quand il allons parcourir rapidement ce que nous avons
est un peu nombreux, on dit qu'il brûle l'é pu recueillir sur les systèmes d'aménagement
tang ; aussi, par cette raison, les éleveurs de adoptés dans les principaux pays d'étangs.
poissons le rejettent quand ils en sont les maî Nous développerons ensuite avec plus d'éten
tres. En Dombes surtout on ne le trouve guè due celui suivi dans l'Ain, pour le comparer
re que dans les étangs formés par cours d eau aux autres , et prendre dans chacun d'eux ce
ou dans ceux où la malveillance les jette qui nous semblera meilleur.
quelquefois. Le brochet ne peut presque pas D'abord nous nous occuperons des étangs des
l'atteindre : ses nageoires sont armées de poin plateaux étendus qui bordent la Loire; l'aména
tes qu'il hérisse quand il se sent attaqué et gement des étangs y parait à peu près le même.
qui blessent cruellement la gueule armée de Dans toutes ces contrées , les détails que
son ennemi , qui est obligé de lâcher prise. donnent MM. de Marivaux, de Morogues,
La perche est très délicate; on la regarde Rozier, Bosc, Frorerviixe et d'Auteroche
comme supérieure aux trois espèces qui pré n'annoncent pas de système général admis ab
cèdent. Avant la révolution, les fermiers des solument; mais les étangs, dans presque tous
terres de Dombes cherchèrent à élever des les pays dont ils ont voulu parler, sont à peu
perches jusqu'au poids de 2 livres qu'ils joi près toujours en eau; rarement on les cultive,
gnaient aux carpeaux de 12 à 15 , pour présens et l'assolement par le labour est un souhait
« leurs propriétaires. qu'ils forment assez généralement , mais qui
CHAP. 9e. DE L'ASSOLEMENT DES ETANGS. 193
ue serait presque nulle part accompli. Les ductifs pour 'a pêche. Aussi leur culture et
étangs des plateaux de la Loire sont doncpour leur assolement sont plutôt dirigés pour l'une
la plupart toujours en eau; on les Tait chômer ou l'autre de ces conditions qué pour le plus
a terme fixe pour les reposer, curer la pêcherie grand produit en poisson; toutefois ce produit
et les biefs, réparer au besoin la chaussée et y est d excellente qualité, et il vaut au moins le
la bonde. poisson de rivière.
Dans la Brenne, pays inondé , à la gauche Dans le Jura, l'assolement le plus ordinaire
de la Loire, dans le département de l'In est en avoine ou blé noir pour les terres légè
dre , ce repos revient à peu près tous les res. Dans les terres argileuses de bonne qua
onze ans; mais on ne laboure pas cette année lité, on laisse jusqu'à 3 ans en eau pour avoir
l'assec. Cette opération ne serait pas profitable ensilite 2 récoltes successives et sans engrais,
parce que le sol en étang non cultivé se trouve la 1" de maïs, la 2* de froment. On a généra
presque toujours infeste de plantesaquatiques, lement remarqué que le poisson profite mieux
de roseaux, de carex qui s'élèvent souvent par après une année de céréale qu'après une ré
cépées au-dessus du sol *t qui coûteraient colte sarclée; serait-ce parce qu une céréale
trop à détruire pour la culture en labours laisse toujours des grains et de la paille sur le
d'une seule année. On fait pâturer le bord des sol dç l'étang, pendant que la récolte sarclée
étangs, ou on y fauche jusque dans l'eau un enlève tout?
fourrage de mauvaise qualité qui sert cepen
dant à nourrir plus ou moins mal les bestiaux | II. — Assolement des étangs de 1Ain.
pendant l'hiver.
L'éducation des poissons se fait dans trois Nous arrivons maintenant aux détails à don
sortes d'étangs. Dans les plus petits on élève la ner sur l'assolement et la culture des étangs
feuille, dans ceux un peu plus grands on la dans l'Ain. En principe général , les étangs
fait grossir pour en faire du nourrain ou em- doivent être 2 années en eau et une année en assee.
poissonnage, et dans les plus grands on place La plupart des étangs sont labourés chaque
le nourrain pour y faire du poisson de vente 3* année; cependant, dans les positions où on a
qu'on ne pèche qu'au bout de la deuxième peine à se défendre des eaux , les étangs se
année. fauchent l'année d'assec; le poisson y est moins
Vempoissonnage d'un étang se compose des productif, et lorsque l'assec ne dure qu'une
trois premières espèces dont nous avons par année le fourrage y est de mauvaise qualité;
lé ; on trouve que les anguilles se perdent et mais à la 2e année d'assec, le produit s'amé
que la perche nuit beaucoup au-delà de ce liore. Aussi ces étangs , lorsqu ils appartien
que vaut son produit. nent à un seul ou qu'il peut y avoir accord
Cet assolement, qui semble appartenir à la entre les divers propriétaires, restent-ils sou
pl us grande partie des étangs de France, change vent 2 années en assec; mais le cas des étangs
pour ceux de l'Est; leur assolement rentre dans qui restent en prairies est généralement assez
les principes de la culture alterne. Dans le Fo rare; l'assolement général est donc en eau
rez on la plaine de Montbrison renferme une et labourage.
quantité proportionnelle d'étangs beaucoup Depuis quelques années on a trouvé plus
plus grande que les parties inondées de la profitable de pécher tous les ans. Il n'est
Sologne, les étangs sont alternativement en Ï>eut-être pas difficile d'en assigner la raison :
eau et en labourage. La culture en poissons al™ année, il faut 40 à 50 feuilles pour peser
dure 2 à 3 ans, et celle à la charrue en dure une livre, la 2e trois ou quatre pèsent autant;
une, 2 ou 3 années,- suivant la nature du ter la 3e la carpe pèse en moyenne une livre, et
rain. C'est dans les terrains compactes que la la 4e une livre et demie. Ces poids sont ceux
culture est plus longue; souvent la 1" année des carpes d'étangs médiocres; dans les étangs
d'assec s'emploie tout entière à labourer le de meilleure qualité le produit est plus fort,
sol ; on fait la 2* année la l" récolte, qui est mais conserve toujours à peu près le même
suivie d'une seconde la 3e année. Dans les ter rapport. La carpe décuple donc la 9° année,
rains légers on ne laisse guère que 2 années quintuple la 3*, et grossit seulement de moitié
en assec. en sus la 4'. Aussi, malgré qu'on doivei faire
On a divers étangs pour produire la feuille, tous les ans.de nouveaux frais d'empoisson-
l'empoissonnage et le poisson de vente, mais nage, malgré les frais de pêche, le produit net
assez souvent dans le même fonds on fait à la de 2 pêches d'un an parait plus fort que celui
fois la feuille et l'empoissoiinage. des pêches de 2 ans. Le poisson, la 1™ année,
L'expérience semble avoir amené à pécher prend de la taille et du volume, la 2' année il
tous les ans au lieu de ne pécher que la 3« an se met en chair. La qualité est donc meilleure
née. Un produit pins fréquent et annuel con dans le poisson de 2 ans, mais le producteur
vient mieux au cultivateur, e\ surtout ait fer s'occupe plus du résultat de la vente que de la
mier, qu'un produit qui se fait attendre. qualité meilleure qui ne se paie pas plus cher.
la proportion des brochets qu'on met dans La pêche d'un an donne assez peu de brochets,
l'étang n'est jamais que moitié de celle de la' pendant que la pêche de 2 ans peut en four
dose ordinaire de l'Ain; peut-être cet usage a-' nir beaucoup ; mais le succès du brochet est
t-il pris sa source dans leur habitude de pé toujours assez chanceux, par la raison peut-
cher à un an. être qu'on ne sait pas toujours proportionner
Dans Saône-et-Loire on assole à peu près de leur nombre et leur force a la nourriture qu'ils
la même manière que dans le département de doivent prendre dans l'étang. Nous ne regai-
l'Ain les étangs des plaines; ceux des monta dons pas cette question de la préférence à ;
gnes du Cha^-ollais sont plutôt des étangs pour donner à la pêche d'un an sur la pêche de 2
les irrigations, des étangs qui servent de ré comme absolument décidée; on est peu d'ac
servoir aux moulins , que des étangs pro- cord sur ce point, quoique ce soit une ques»
ACUCULIbRE. 60" livraison. tomb IV. — 35.
194 AGRICULTURE FORESTIERE : DES ÉTANGS. UT. V.
lion de chiffres sur laquelle on peut acquérir che réglée ; on ne met de tanches que le quart
tous les ans de nouvelles données. du nombre des carpes, et les tancties doivent
Il est très utile de faire communiquer ensem être grosses et en bon état. Ni l'une ni l'autre
Me les divers étangs qu'on possède; par ce moyen espèce d'empoissonnage n'a besoin d'être en
on peut donner de l'eau à ceux qui en man forts individus. On a remarqué que la pose
quent et remplir ceux qu'on veut empoisson était plus abondante lorsque le nombre des
ner à l'époqui/rpie l'on choisit. Lorsque les mâles était double de celui des femelles. Les
étangs sout nombreux le but est plus aisément laites et les céufs désignent très bien le sexe
rempli, parce que leur distance est moindre dans les carpes , mais dans les tanches ces 2
et que les fosses de communication ont par indices n'existent que dans le temps du frai :
conséquent moins d'étendue. L'opération est cependant les mâles se distinguent en tout
fort simple lorsque les étangs sont situés dans temps , parce que leurs nageoires sont plus
un même vallon, mais quand ils sont dans des fortes que celles des femelles.
vallons différens le niveau apprend ce qui Au bout de l'année on pêche une grande quan
peut se faire. M. Gbeppo le père, dont la Dom- tité de feuilles dont la grosseur est inégale, par
bes conserve l'honorable souvenir, a , par ce ce qu'il y a la pose du printemps et celle de la
moyen, fait communiquer le plus grand nom fin de l'été. Les carpes et les tanches qu'on a
bre des 36 étangs de sa propriété de Montellier; mises au commencement de l'année, s'épuisant
il a ainsi facilité leur aménagement et amé par la pose , sont restées maigres et ont peu
lioré leurs produits. Son fils en recueille l'a profite.
vantage, et marche dignement sur ses traces On sépare la feuille des tanches de celle* des
en se dévouant tout entier aux améliorations carpes; ces feuilles se vendent au cent. Pour
de toute espèce. les compter sans les fatiguer , parce qu'elles
On a depuis quelque temps imité avec pro craignent beaucoup la main de l'homme, on
fit la pratique du Forez qui, pendant la lr* an en remplit un petit vase dont on compte les
née crassec, donne au sol les labours profonds individus , et le reste de la feuille s'apprécie
et répétés d'une jachère d'été; l'année d'après en la mettant dans le vase sans la compter.
on aune belle récolte en seigle ou en froment, Dans le Forez, on emploie pour la pose des
et les poissons et l'avoine qui succèdent réus carpes qui ont cessé de profiter depuis quelque
sissent très bien. Au bout de quelques années temps , et qui viennent des étants trop char
la terre se tasse sous l'eau et le labour léger gés , de ceux où l'eau a manque ou de ceux
de l'avoine, en sorte que le besoin d'un nou que le défaut de brochets a laissé s'épuiser
veau travail à soleil se fait sentir. à la pose ; on regarde ce poisson comme plus
On a encore trouvé de l'avantage h partager productif de feuilles.
les grands étangs par des chaussées; leur pro Le cent de feuilles et de l'empoissonnage
duit est meilleur, leur pêche plus facile ; l'é dans l'A in est de 80 pairesoude 160 têtes; dans
tang supérieur prend une plus grande quan la Brenne , il est de 70 paires ou de 140 têtes;
tité d'eau.M.PÉRiERaainsi divise l'Étang-Tur- dans la Bresse Chdonnaise de Saônen
let en 2 autres étangs qui ont très sensible il est de 64 paires ou 128 têtes. Il est \ .
ment augmenté son produit net. que dans cette manière de compter on a grossi
le cent de toute la perte probable du poisson
Section VIII. — Éducation dupoisson. pendant l'année; on en conclurait que la perte
est plus grande dans le département de FAin.
Les poissons d'étangs ne se consomment guère § II. — Etangs pour l'empoissonnage.
qu'à l'âge de 3 ou 4 ans. Il serait très difficile et
peu profitable d'élever ces différens âges en La feuille se place dans un autre étang de
semble et dans les mêmes eaux, par cette rai moyenne grandeur ; on y en met de 500 a un
son. Partout on les éiangs un peu nombreux millier par cent du poisson qu'on met dans l'é
ont été assujétis à un aménagement régulier, tang en pêche réglée ; on v met aussi 15 à 20
on a trois ou au moins deux espèces d'étangs : livres de feuilles
les étangs pour produire la pose ou la feuille, feuilles de carpes.de tanches par millier de
les étangs dans lesquels la feuille grossit pour Ces étangs s empoissonnent avant l'hiver. La
devenir cm poisson nage , et enfin les étangs
pour produire les poissons de vente, où l'em feuille qu'on sort d'un étang où elle est en
tassée profite déjà pendant le cours de la sai
poissonnage grossit pour la consommation. son
Bosc, dans le Nouveau Dictionnaire d'Agricul beaufroide. L'empoissonnage sera d'autant plus
à la pêche, qu'où y aura moins mis de
ture, a donc commis une erreur grave en di- feuilles d'août, et plus de feuilles de mai. Pour
sant_ que ces aménagemens lui paraissaient empêcher cet empoissonnage de s'épuiser à la
n'exister que dans les étangs qu'il avait vus en Fose
Allemagne. , et pour que la pose faite ne charge pas
étang en feuilles qui seraient inutiles , on
5 1er- — Étangs pour la pose. met au mois de mai 8 à 10 brochetons de la
grosseur du doigt par cent de feuilles ; par ce
moyen, au bout de l'année , on a des brochets
On emploie les plus petits étangs à la produc de 2 à 3 livres , très gras et très délicats , et
tion de fa feuille; il est bon qu'ils soient peu l'empoissonnage est en beaucoup meilleur état
profonds, à l'abri des vents, et qu'ils ne soient et a grossi davantage. On le trouve de trois
Eoint vaseux; il est surtout nécessaire que les sortes ; la feuille produite par la pose du mois
rochets ne puissent en aucune manière s'y in de mai de l'année précédente donne du pois
troduire. Ony met en carnes dont un 1/3 de fe son de 4 1/2 à 6 pouces entre tête et queue, qui
melles, et 2/3 de mâles du 6' au 1/4 du nom fournit de l'empoissonnage à un an ; la pose
bre nécessaire à empoissonner l'étang en pè- du mois d'août donne de l'empoissonnage à 2
cbap. 9- DE LA PRATIQUE DES PÊCHES, 196
ans, de 3 à 4 1/2 pouces entre téte et queue ; Dombes , parce que la manière d'empoisson
ceux au-dessous prennent le nom de carnous- ner y donne im produit plus considérable en
siers , et sont employés à faire la feuille ou poisson. On aurait donc , à ce qu'il semble
nourrir les brochets. tout avantage à imiter en Dombes la pratiqué
Dans le Forez on charge un peu moins les du Forez.
étangs d'empoissonnage 3 les pèches à un an Dans la Brenne les étangs d'empoissonnage
ont prévalu, et c'est la raison pour laquelle on reçoivent un millier de têtes de feuilles par hec
cherche à se faire de plus forts nourrains. tare; là on le transporte à dos de cheval dans
Pour avoir du poisson d une livre et demie au des paniers appelés mannequins, et on ne pesé
bout de l'année, on prend le nourrain du poids pas le nourrain. Ce nourrain est marchand
de 1/2 livre, et pour les carpes de une livre et lorsque le poissonnier, ayant la main fermée,
quart, on le prend de 3 à 4 à la livre : toutefois la tête et la queue dépassent le poignet ; cette
on a remarqué que lorsque le nourrain est taille correspond à 3 ou 4 pouces, et c'est ce
d'une 1/2 livre, la pêche est plus égale qu'avec le que donne leur empoissonnage pour leur pê
nourrain de 3/4 ; avec ce dernier on a à l'em- che à 2 ans.
poissonnage de plus grosses carpes en petit
nombre, mais aussi un plus grand nombre de § III. — Etangs pour le poisson de vente.
petites.
Nous avons dit que dans ce pays un même Nous avons vu précédemment que l'asso
étang leur servait souvent à faire leur feuille et lement régulier dans le département de l'Ain
leur empoissonnage. Pour cela, avec un millier était 2 ans en eau et un au en assec ; cepen
en moyenne de tètes de feuilles par hectare, dant, sur beaucoup de points , comme le pro
ils mettent 6 à 8 têtes de carpes d'une livre, duit en avoine est plus considérable que celui
tant mâles que femelles, prises parmi les moins en poisson , on assole les étangs une année en
belles et les plus vieilles. Au bout de l'année eau et une année en culture. Il est certain qu'il
l'étang donne de l'empoissonnage de 6 à 8 on est des étangs dans lesquels cet assolement
ces par téte, une grande quantité de feuilles; est profitable, mais peut-être ne l'appiique-t-
et les carpes se sont refaites d'une manière on pas toujours à propos; il est un peu plus
remarquable. Ce procédé ne donne, il est vrai, commode pour des fermiers qui, sans avoir
point de brochets , mais il est très commode un grand nombre d'étangs, peuvent par ce
Îiour ceux qui ont peu d'étangs et qui ne veu- moyen vendre tous les ans du poisson et de
ent acheter ni feuilles ni empoissonnage sou l'avoine. Parmi les étangs qu'on laisse 2 ans
vent très cher. en eau, il arrive aussi qu un assez grand nom
Nous avons ici line observation fort impor bre se pêche tous les ans. Ce poisson d'un an
tante à faire : la Dombes, dont les principes a plus d'apparence que de qualité réelle; il pa
d'assolement et plusieurs pratiques d'aména rait souvent presque aussi gros que celui de
gement des étangs peuvent bien être regar 2 ans ; une paire de carpes d'un au, dans les
dés comme un modèle, a néanmoins, à ce qu'il étangs d'assez bonne qualité, pèse 3 livres,
nous semble, une excellente leçon à prendre comme à 2 ans elle en pèserait 4, sans avoir
dans le Forez pour la manière d'empoissonner des dimensions sensiblement plus fortes; mais
en carpes dans la pèche d'un an. Le sol de la croissance a été plus que double dans la
Dombes est, à ce qu'il semble en moyenne, 1" année, et les marchands détaillans vendent
au moins égal en qualité à celui du Forez. Les presque aussi cher ce poisson plus jeune ;
produits en labour des étangs y sont même c'est ce qui fait l'un des plus grands avantages
supérieurs ; comment se fait-il donc que le des pèches à un an. On a peu de brochets dans
produit en poisson soit très inférieur en Dom ces pêches, alors même qu'on ne les met qu'au
bes , où il devrait être meilleur parce que les mois de mai; ils mangent le frai avant que
Èluies annuelles y sont plus considérables ? l'œuf soit développé et pendant qu'il est en
lans le Forez, les pêches d'un an donnent de core au chapelet. Lorsque la nourriture en
la carpe de 3 livres la paire, sur la rive gauche jeunes poissons leur manque, ils se jettent sur
de la Loire, mais avec un empoissonnage d'une l'empoissonnage, et particulièrement sur les
demi-livre, et sur la rive droite, le poids est de tanches, et s'épuisent à poser eux-mêmes, en
2 1/2 livres avec de l'empoissonnage de 3 à 4 sorte que lors de la péene il arrive souvent
à la livre. En Dombes , avec de l'empoisson qu'on a peu de brochets. Mais, sans nous oc
nage de 4 à 5 à la livre , on a en moyenne cuper plus long-temps de cette question que
des carpes de 2 livres la paire , pendant qu'on nous avons précédemment agitée, nous allons
peut regarder comme à peu près certain qu'a entrer dans la pratique des pèches à 2 ans et
vec de l'empoissonnage d'une demi-livre on des pèches à un an.
atteindrait le poids moyen du Forez, 3 livres
la paire. En Dombes, un quintal d'empoisson Section IX. — De la pratique des pèches.
nage en reproduit 4 en poissons de vente ;
dans le Forez, et sur la môme étendue, 2 quin § Ier. — Pêche à deux ans.
taux en reproduisent 6 , et d'un poisson qui
vaut sur les marchés un cinquième au moins Nous commencerons par nous occuper de
de plus. En ôtant de part et d'autre la valeur cette pèche qui est la pèche de règle et qui
de l'empoissonnage, ajoutant un quart de la nous servira de point de départ pour les
valeur ordinaire de la pêche, à cause des bro autres.
chets et des tanches , les produits nets com- On doit retenir les eaux dans Vétang aussitôt
Îiarés sont entre eux comme 20 est à 30. La va- que la récolte est enlevée, et empoissonner leplus
eur nette de la pêche avec le fort empoisson tôt que faire se pourra, pour que le ncisson
nage est donc de moitié eu sus; aussi y répète-t puisse se reconnaître, se reposer des fatigues
on plus souvent les années de pêche qu'en du transport pendant l'hiver et soit disposé à
190 AGRICULTURE FORESTIERE : DES ETANGS. L1V. V.
commencer à travailler dès le premier prin sonnage; il propose donc, pour se diriger dans
temps. Le poisson, dans le premier mois qu'il ce point important, de peser |es carpes de la
risse dans un étang, s'occupe à le parcourir, pêche d'un étang, et pour avoir le nombre de
le reconnaître sur tous les points et profite têtes d'empoissonnage à y mettre, il divise le
peu; il vaut beaucoup mieux qu'il emploie à poids total par le poids particulier qu'il veut
ceia un mois d'hiver qu'un mois de printemps avoir pour les carpes de sa pèche. Il ajoute t/5%
qui serait perdu pour sa croissance. pour couvrir les chances de la mortalité et les
Nous avons dit précédemment que l'em pertes probables; il proportionne ensuite à
poissonnage de carpes à 2 ans, devait avoir de ce nombre celui des tanches et des brochets
3 1/2 à 4 1/2 pouces. Il est convenable pour qu'il doit y ajouter. Ce système serait facile et
toute espèce de pêche et de poisson, qu'il soit commode à adopter si le principe sur lequel
égal autant que possible; lorsqu'il est inégal , il se fonde était bien avéré; mais u est douteux
carpes, tanches ou brochets, les plus gros qu'un étang produise toujours le même poids
vivent aux dépens des plus petits^ et a la de poissons, et l'expérience et la raison prou
pécheon a quelques belles pièces, mais le plus vent que le poids est moindre lorsque la quan
grand nombre est resté faible, et le produit tité d empoissonnage est trop forte ou trop
total est moindre que si on n'eût employé que faiWe.
du petit empoissonnage. Dans la Brenne la proportion de Vempois-
La quantité d'empoissonnage se règle suivant sonnage est beaucoup moindre. M . de M a n i v aux,
la qualité des fond»; on met dans les meilleurs auteur d'un bon écrit sur les étangs de ce
fonds environ un cent d'empoissonnage ou 80 pays, évalue de 9 à 1100 têtes de carpes l'em-
paires de carpes pour dix coupées, inondées poissonnage d'un étang de 10 hect., propor
soit 2/3 d'hectare; dans les fonds médiocres, tion d'un tiers y»lus faible que la proportion
un cent pour 15 coupées ou un hectare et dans moyenne admise dans l'Ain. Nous pensons que
les mauvais, un cent pour 20 coupées. En tra cette quantité résulte dans ce pavs de l'expé
duisant en hectare et en cent d'empoissonnage rience comme celle admise dans l'Ain. La fai
on a 240 létes par hectare dans les bons fonds, ble quantité de la Brenne peut venir de ce que
160 dans les médiocres et 120 dans les mau le sol serait de moindre qualité ou de ce qu on
vais. On met par 100 d'empoissonnage en compte pour la surface a empoissonner tout
carpes de 10 à 25 livres de tanches suivant la le terrain, même les parties non inondées de
nature de fonds et 10 brochets, ce qui fait l'étang; lorsque les étangs sont laissés en pâ
une livre de tanches pour 6 têtes de carpes et turage comme dans la Brenne, on comprend
un brochet pour 16. dans l'étang une assez grande étendue que
On préfère généralement ne mettre lebrochet l'eau ne couvre point. Dans l'Ain, on hase, et
qu'au tout délai" année. Au mois d'octobre on avec raison, rigoureusement la quantité de
jette l'épervier pour reconnaître si la carpe a l'empoissonnage sur l'étendue du sol inondé,
posé. Pour attirer le poisson dès la pointe du et par millier de carpes on met en moyenne
jour on a d h amorcer en j e tan t dans les endroits 20 à 25 brochets et 50 tanches.
profonds, à la distance de 40 à 50 pas, de l'orge, En Sologne , M. de Murogues donne pour
de l'avoine,du seigleou du blé noir cuit avec une les étangs de 1" qualité la proportion de 400
tête d'ail. Une heure après on jette l'épervier; d'empoissonnage par hectare Je terrain tou
s; lefilet ramène peudefeuilles,onmetpar 100 jours couvert u'eau; elle serait presque dou
de carpes 10 brochets du poids d'une livre en ble de la nôtre si la base sur laquelle on l'éta
moyenne; si la carpe a pose, on peut en mettre blit était la même; mais en Sologne on ne
depuis 15 jusqu'à 30 tètes par cent de enrpes. compte rigoureusement que le sol que l'eau
Les quantités relatives des 3 espèces de pois couvre encore dans les grandes sécheresses,
sons se modifient aussi suivant la nature des pendant que nous comptons tout le sol que
fonds: dans les sols légers non vaseuxauxquels peut couvrir l'eau pendant que l'étang est
on donne le nom d'étangs blancs, la carpe et plein. Ce qu'il y a de particulier dans ramé-
le brochet réussissent mieux; on peut en aug nagement d'étangs de ce pays, c'est qu'on ne
menter la quanti!/ en diminuant celle des met point de brochets dans la pêche et qu'il
tanches. Il arrive souvent dans ces étangs que en reste ou s'en insinue presque toujours
les tanches reproduisent à la pèche à peine ce 3uelques - uns , qu'on y -accuse d'apporter
qu'elles ont coûté d'empoissonnage, parce ans l'étang plus de dommage que de profit.
qu'elles y ont peu profité et qu'elles n'ont pu On conçoit que des brochets d une grosseur
se mellre dans la bourbe à l'abri de la vora sans proportion avec celle de l'empoissonnage
cité du brochet ; au contraire, dans les étangs peuyent être nuisibles, mais en revanche 3s
vaseux dont le sol est compacte, la tanche ar sont très profitables lorsque l'empoissonnage
rive souvent au produit de 8 pour un : elle du brochet est fait d'une manière rationnelle.
doit donc y être mise en plus forte quantité. En Sologne, où l'on pèche à 2 ans, sans alter
Dans le Forez on charge un peu plus en em nance dassec, les brochets qui restent dans
poissonnage, quoique les pèches soient généra les biefs comme résidu de pèche, et ceux qui
lement à un an; on met 250 à 300 têtes de car ont été mis comme empoissonnage la ln an
pes par hectare, 120 à 150 tanches et 10 bro née, peuvent faire beaucoup de dégât et occa
chets; toutefois on fait varier cette moyenne sionner plus de perte que de profit, surtout
suivant la qualité du sol. M. Durand, vice- s'ils sont plus forts que le reste de l'empois
président du tribunal et membre de la société sonnage. Dans l'Ain on pare à cet inconvénient
d'agriculture de Monlbrison, qui a fait un fort en ne mettant le brochet que la 2« année.
bon écrit sur l'aménagement des étangs du On aurait donc tout intérêt en Sologne à
Forez, admet en principe que le produit en imiter la pratique du Forez, où l'on égoutte
poissons dans un étang est ordinairement le rigoureusement tous les étangs qu'on doit em
même, quel que soit le nombre de l'empois poissonner l'année d'aorès ; on les laisse au
CHAP. 9e. DE LA PRATIQUE DES PÊCHES. 197
moins 15 jours en vidange , afin que les feuil le plus souvent plusieurs pêches successives
les de toute espèce et les Drochets périssent et à un an; on trouve néanmoins que la seconde
ne viennent pas surcharger ou détruire l'em- est inférieure d'un 8* ou d'un 10* à la pre
poissonnage qu'on doit y meltre. mière.
Il est tout-à-fait reconnu que la carpe est
meilleure et plut belle dans les étangs où il se
trouve du brochet que dans ceux ou il y en a S III.— Pèche folle.
Îieu ou point. Le brochet débarrasse l'étang de
a feuille, du petit poisson qui le chargerait et Dans l'Ain on a donné ce nom à une pêche
nuirait à la nutrition et à la croissance du pois à 2 ans dans laquelle on ne met que la moitié
son de la pêche; d'ailleurs en pourchassant la de l'empoissonnage ordinaire en carpes dont
carpe et la tanche, il les empêche de s'aban 2/3 de laitées et 1/3 d'œuvées; on met la quan
donner librement à leurs amours qui les épui tité ordinaire de tanches de 2 ans et 4 à 5 tan
sent, les maigrissent et les arrêtent dans léur ches en bon état par cent d'empoissonnage.
développement. Dans l'automne on connaît à f'épervier si la
Les brochets, dans l'empoissonnage à un an, carpe et la tanche ont produit beaucoup de
ne donnent pas toujours de profit, mais en feuilles et si les feuilles ont bien profite, et
core Y sont-Us utiles pour débarrasser la feuille. suivant qu'il y a beaucoup ou peu de pose on
met dans l'étang depuis 15 jusqu'à 30 et même
40 têtes de brochets par cent d empoissonnage
§ II. —Pèche A un an. mis la 1" année. La grosseur des brochets est
d'une livre en moyenne qu'on augmente ou
La première condition pour une pêche à un diminue suivant la grosseur de la feuille et de
an, c'est de recevoir l'eau dans son étang le plus l'empoissonnage. Il est essentiel que les bro
tôtpossible et d'empoissonner avant l'hiver; 1 em- chets ne soient pas assez gros pour manger la
poissonnage qu'on sort d'étangs où il est très première pose des carpes, la pose du mois de
nombreux et se nuit réciproquement se trouve mai, qui doit offrir à la pêche de l'empoisson
très bien d'être mis au large et d'avoir une nage de choix. Le succès de cette pêche dé
nourriture abondante; il commence donc à pend pour l'ordinaire du nombre et de la gros
profiter pendont les temps doux de l'hiver et seur des brochets qu'on y a mis. On lui donne
du premier printemps. le nom de pèche folle parce que son succès est
On met pour la pèche dunan les 2/3 de l'em- moins assuré que celui des pêches régulières;
poissonnage qu'on met pour la pêche à 2 ans, mais en cas de réussite son produit est très
et l'empoissonnage doit avoir 4 1/2 à 6 po. en considérable.Elle offre un brochet moins gros,
tre tête et queue. On met toujours de 10 à 25 il est vrai, que dans les pêches réglées, mais
liv. de tanches et 10 brochets pour chaque plus gras et pour l'ordinaire en grande quan
cent de 80 paires d'empoissonnage. Les tanches tité; (a carpe est bien en chair, quoique un peu
sont aussi plus grosses; elles doivent avoir la coriace, et elle supporte facilement le trans
grosseur du pouce, pendant qu'il suffit qu'elles port. Quant à la tanche, il en reste assez peu ;
aient moitié de cette grosseur pour l'empois le brochet en est tellement avide qu'il la pour
sonnage à 2 ans. Le brochet ne se met qu'au suit à outrance et la préfère à tout autre pois
mois de mai après la pose faite; il doit être à son; cependant au hasard d'en pêcher peu, il
peu près d'une 1/2 livre. Il serait à désirer est nécessaire au succès du brochet d'empois
qu'on choisit pour celades brochets d'un seul sonner l'étang en tanches.
sexe; on pourrait espérer d'en trouver au On retrouve encore à la pêche des empois-
moins le double en poids. Il arrive assez sou sonnages de différentes qualités, de gros era-
vent que le brochet ne réussit pas dans ces poissonnages de la pose de mai, qu'on nomme
flèches. En arrivant dans l'étang il se jette sur panneaux et qui se vendent jusqu'à 30 f. le
e frai et détruit parce moyen ses ressources cent d'empoissonnage à un an et deux ans,
pour l'avenir; et si les tanches ne sont pas et des carnassiers ou plus petit empoisson
un peu fortes, et surtout si la nature du sol nage.
de 1 étang ne leur permet pas, en s'embour- Le produit de cette pêche est faible lorsque la
bant, d'échapper à la dent de leur ennemi, on pose de la premièreannée n'a pas étéabondante;
en trouve peu à la pèche; toutefois, comme alors on ne retrouve à la pèche que de la carpe
nous l'avons dit, il est toujours nécessaire d'y et du brochet, et le brochet, après avoir été
mettre du brochet. abondamment nourri, lorsqu'il a consommé
L'empoissonnage à un an pèse au moins le tout ce qu'il peut atteindre, dépérit; elle est
double de celui à 2 ans et il coûte souvent plus faible encore lorsque le nombre des tanches
du double.Le prix de l'empoissonnage à 2 ans n'a pas été suffisant ou qu'il s'en est beaucoup
va de 4 à 6 f., et celui à un an de 8 a 12 f. La Eerou. On retrouve à la pêche un grand nora-
tanche se vend depuis 40 jusqu'à 60 f. le quin re de poissons; mais la carpe et la tanche, af
tal ; elle est d'autant plus chère qu'elle est famées par la quantité d'empoissonnage, sont
Slus petite. Le brochet, pour l'empoissonnage maigres et petites, et les empoissonnages ont
e 2 ans, vaut de 6 à 8 sous la livre , et celui peu de valeur. Le peu de brochets qui restent
d'un an 1/3 en sus. est beau,mais ils sont trop peu nombreux pour
ISavantage le plus notable de cette piche est indemniser de la perte. Ce cas arrive assez
de faire revenir le produit en avoine tous les souvent parce que peu d'étangs ont leur grille
2 ans au lieu de le faire revenir tous les 3 ans assez bien en état pour retenir le brochet qui
seulement. Le produit en avoine est souvent s'échappe de toutes parts à l'époque du frai.
double de celui du poisson, et sa paille offre Les pêches à 2 ans tournent quelquefois en
des ressources de fourrages et de litière pré pêche folle lorsque le brochet y a manqué par
cieuses au cultivateur. Dans le Forez on fait T'mie ou l'antre des raisons ci-dessus.
198 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS.
Section. X. — Accidents et destruction des coup des orages; lorsque la foudre a éclaté dans
poissons. le voisinage d'un élang ou peut-être sur l'é
tang lui-même, il arrive souvent qu'on trouve
Le poisson craint beaucoup la neige et même un grand nombre de poissons, et surtout de
l'eau de neige. Après quelques instans qu'on brochets, morts. Cette année j'ai perdu de
l'a placé sur cette substance, le sang sort au cette manière en grande partie les brochets
tour de ses écailles et il meurt promptement. d'un étang de 10 hectares. On croit aussi que
Les hivers neigeux et accompagnés de beau la grêle est souvent fatale aux poissons; peut-
coup de glace lui sont dangereux ; l'hiver de être cela tient-il à une même cause, à l'état
89 fît périr une grande partie des poissons des électrique de l'atmosphère.
étangs. On a beaucoup disserté sur la cause , Les loutres sont aussi de dangereux ennemisdes
qu'on ne parait pas avoir rencontrée.Dcpuis ce poissons; cet animal amphibie va les attaquer
temps, toutes les fois que la glace couvre les jusque dans leur élément et en fait un grand
étangs, on la casse vis-à-vis les places les plus carnage; on les prend avec des filets, on les
profondes qui servent de retraite au poisson tue à coups de fusils, des chiens les poursui
et on met dans le trou une botte de paille ou vent dans les terriers qu'elles se sont mé
de chènevoltes pour empêcher la glace de nagées, mais leur dent est acérée, et souvent
reprendre et permettre à l'air de s'introduire. elles les déchirent. Le renard, dit-on, détrui
Ce moyen parait utile, mais n'est point encore rait aussi des poissons, mais on ne sait par
un spécifique; il renouvelle évidemment l'air quelle industrie; le héron, les mouettes et une
nécessaire aux poissons et qui se trouve entre foule d'oiseaux d'eau vivent de petits poissons
la glace et l'eau, mais il est incertain que la et c'est à eux qu'on doit en grande partie la
cause de mortalité soit tout entière dans disparition à la pêche d'un quart ou d'un
l'air vicié. cinquième de l'empoissonnage qu'on avait
Le poisson pendant l'été souffre souvent beau mis dans l'étang.
Section XI. — Du mode de pêche des étangs.
Fig. 210
Le mode de pèche des étangs nous parait à chérie derrière la chaussée où s'arrêtent les pois
peu près uniforme dans les divers pays dont sons petits ou gros qui passent par le canal;
nous parcourons les usages. Partout, dans la mais lorsqu'on a des thoux établis dans le sys-
partie la plus basse se trouve un fossé ou bief Fig. 211. tème que nous avons pro
où le poisson se retire lorsqu'on fait couler posé, on se dispense de
Peau. A côté du bief est un espace creusé à cette pêcherie au moyen
un pied de profondeur de plus , auquel on d'une grille en fer qu'on
donne le nom de poêle ou de pêcherie. Ï)lace temporairement à
Un grand filet plus large que le biefse traîne 'orifice intérieur du ca
depuis la partie supérieure de l'étang pour nal de décharge. Cette
réunir tout le poisson dans la pêcherie; lors grille se glisse facilement,
qu'il y est réuni on le pêche avec des trubles ou au moyen de cordons qui
filoches {fig. 2J1); on le pèse ensuite ou on le la soutiennent, depuis le
compte , suivant les conventions avec le mar bord supérieur de la
chand, et on le met ordinairement dans des mÊÊÈ chaussée au-devant du
tpiujettes. Un second coup de filet) réunit le canal dans l'étang ; une
coisson qui a échappé au premier. seule suffit pour tous
' Dans quelques étangs on a mis une petite pi' le» étangs, parce qu'on
ciur. 9-. CONSERVATION DU POISSON. 199
n'eu a besoin qu'au moment de la pèche. leurs feuilles dans des paniers à dos de cheval
Le poisson calme ou agité au sortir de la pê ou à dos d'homme en les plaçant sur un peu de
cherie indique s'il y aura ou non du danger paille ou dans un linge. Lorsque l'empoisson-
pour son transport; l'agitation annonce un nage arrive on le reçoit dans des paniers et on
commencement de souffrance qui s'accroît le verse doucement au bord de l'eau; on
pendant la route. s'assure par ce moyen de la quantité que le
Vheure la plus favorable pour la pèche est transport a fait périr. Lorsque c'est du gros
celle du soleil levant. Quand on craint du dan poisson, on le place de même et on ouvre les
ger il faut remplir les tonnettes d'eau fraîche ouïes de celui qui parait en avoir besoin.
et au besoin y mêler moitié d'eau de puits. Dans la Brenne on prend un soin analogue,
mais encore mieux raisonné. Us font en arri
Section XII. — Du transport du poisson. vant une petite enceinte avec du menu bois,
de la bruyère ou des roseaux dans un endroit
Dans l'Ain, le transport du poisson se fait peu profond de l'étang ; ils y déposent leur
ordinairement dans des tonnettes ou petits empoissonnage en le sortant des paniers. Au
tonneaux d'un hectolitre et demi pleins d'eau bout de quelque temps de repos, si le poisson
fraîche. On met de 100 à 150 liv. de poissons est bien vif, on lui ouvre une petite issue dans
dans chacune, en séparant les brochets des l'étang ; le poisson alors gagne la grande eau
carpes et des tanches. Ces tonnettes se pla sans danger, pendant que, sans cette précau
cent sur des charrettes qu'on conduit sans dé tion, le poisson jeté dans l'étang se noie ou
teler à leur destination. La quantité de pois s'étouffe en se plongeant la tête dans la vase.
sons des tonnettes varie suivant que les veuts Quant à leur gros poisson , lorsqu'on ne le
sont au nord ou au midi, que le transport sera transporte pas en tonnettes, on le charge sur
plus ou moins long et suivant la facilité qu'on des charrettes bien garnies de paille (fig. 212)
a de donner en route de l'eau fraîche au pois Fig. 212.
son. Lorsqu'on est obligé de faire manger l'a
voine au cheval, on ne le détèle pas afin qu'il
produise enmangeant de petites secousses qui
tiennent le poisson éveillé; au besoin le con
ducteur le remue dans la tonnette avec un
bâton ; il change en route l'eau aussi souvent
qu'il le peut, en préférant de beaucoup l'eau
de source ou au moins l'eau fraîche. En intro
duisant cette eau il remue son poisson , afin
que la nouvelle eau débarrasse autant que pos
sible le poisson de l'enduit visqueux qui le
couvre. Lorsque Lyon, point ordinaire de
destination, n'est qu'à 4 ou 5 lieues des étangs,
on l'y conduit en voiture; mais lorsqu'il est Ear lits alternatifs de paille et de poissons. Le
éloigné, on le mène à la Saône ou à la rivière rochet, plus délicat, se place au-dessus de la
d'Ain; on l'embarque alors en le plaçant dans carpe et on le recouvre de paille; on place à
des filets que traînent des bateaux, ou dans l'arrivée le poisson dans des réservoirs.
des bateaux percés de trous. Dans le transport à dos de cheval les pré
Dans la Brenne, les tonnettes ou tonneaux cautions consistent à ouvrir de temps en temps
peuvent contenir 3 quintaux de poissons, aussi dans la route les ouïes des carpes, qui se col
leurs frais de transport sont moins chers; lent, et à les faire dégorger souvent. La charge
mais il est à croire que la dimension des ton- d'un cheval est de 150 hv. dans les 2 paniers.
nettes de l'Ain est plus favorable à la conser Le transport du poisson de Sologne est plus
vation. L'expérience y a conduit à diminuer difficile qu'en Dombes ; la distance des riviè
d'un tiers la contenance de 2 hect. des vieilles res et des grands débouchés est plus grande.
fûtes pour le vin, qu'on emploie à cet usage. Nous pensons que leurs moyens de transport
Le poisson se porte à dos de cheval dans le sont préférables; ils sont d'ail'.eurs analogues
Daupniné ou la Savoie; il est alors placé sur à celui qu'on emploie dans l'Ain pour la Sa
de la paille, et toutes les fois qu'on s'arrête on voie et le Dauphiné. La soustraction de l'eau
le met dégorger dans des réservoirs.On a soin au poisson ne lui est pas promptement mor
d'ouvrir de temps en temps dans la route les telle. M. Durand rappelle dans son écrit qu'on
ouïesdescarpes; lorsqu'on transporte de belles a conservé pendant plusieurs mois des carpes
pièces, on tient leurs ouïes séparées avec une en lieux frais dans des filets suspendus et garnis
pelure de pomme ou une rouelle de pomm^ de de mousse qu'on arrosait fréquemment, et sur
terre. On met 3 jours pour arriver à Cham- laquelle on plaçait, pour les nourrir, du pain
béry; le voyage se fait sans avarie si le froid ou détrempé dans du lait; il parle encore de car
la chaleur ne se sont pas fait trop sentir.Lors- pes transportées à de grandes distances dans
que le poisson arrive on enlève avec un linge des caisses percées de trous, garnies de mousse
fin le gluten qui colle les ouïes. humide sur laquelle on les couchait après
Lorsque les Bressans veulent changer l'eau avoir séparé les ouïes avec des pelures de pom
des tonnettes, ils donnent l'eau nouvelle par mes.
l'ouverture supérieure, en faisant déborder
l'eau par-dessus sans la tirer par le bas. Dans Section XIII.—Conservation du poisson.
le Forez ils vident leurs tonnettes par le bas
et les remplissent en même temps par le haut Les poissonniers conservent le poisson dans
en continuant de laisser couler jusqu'à ce que de grandes caisses de chêne percées de trous,
J'eau sorte çlaire. Ils transportent volontiers qu'ils placent dans des rivières 04 dans de»
900 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS.
réservoirs. Une tonnette percée de trous est oui, les inondant, refroidissent le sol, donnent
un moyen commode de conservation pour la de la force aux herbes aquatiques et affaiblis
consommation d'une maison particulière. sent en même temps les jeunes céréales; l'a
Le poisson se garde mieux dans le cuivre que voine, surtout, craint beaucoup celte inonda
dans le bois et dans le chêne mieux que dans le tion. Le sol recèle dans son sein des myriades
sapin, dont il craint l'odeur et la saveur rési de graines qui ne pourrissent pas sous les
neuse; une poignée de farine de seigle, de la eaux et qui, lorsque l'étang est en assec,
fiente de vache ou de cheval, du jus de fumier poussent et couvrent la surface; si l'humidité
aident à le conserver. Toutefois s'il est nom et le séjour des eaux viennent favoriser la vé
breux dans un vase où l'eau ne se renouvelle gétation de ces plantes aquatiques , la céréale,
pas, il faut le changer assez souvent. Par le sé l'avoine surtout qui n'a pas encore eu le temps
jour dans la même eau, leur corps se recouvre de prendre de la force, est étouffée par leur
d'un enduit visqueux qui parait beaucoup leur ftraduit. On sent dans ce cas l'utilité d'un
nuire, surtout si le temps est chaud. arge canal d'évacuation ; on y supplée par un
second canal auquel on donne le nom de bâ
Section XIV. — De la culture de l'étang dans chasse borgne; l'orifice intérieur de ce canal se
les années d'assec. bouche de terre dans l'étang en eau et s'ouvre
dans l'étang en assec pour hâter le débit des
Nous avons dit précédemment que le pro eaux d'inondation. Mais on conçoit qu'une
duit des étangs alternés en eau et en laboura rivière de ceinture est un moyen plus sûr,
ges était plus considérable. L'usage est d'avoir plus complet, et utile dans l'élang en eau
2 juis d'eau et une année de culture ; cepen comme dans l'étang en assec.
dant lorsque le sol est d'une nature argileuse, En Dombes, le propriétaire qui habite sur
2 années d'eau tassent quelquefois le terrain les lieux, ou son fermier général, fait cul
de manière à ce qu'un seul labour ne parvient tiver les domaines à moitié, ou les amodie en
pas à l'ameublir; dans ce cas il est plus profi argent et s'en réserve les étangs; il les em
table de ne donner qu'une année d'eau. On poissonne à son compte et l'année de la culture
trouve dar s cet*e nature de sol grand avan il les fait ensemencer à moitié par les fermiers,
tage à faire geier ce terrain, et pour cela on qui fournissent toute la semence et ont pour
pêche au commencement de l'hiver. Les étangs eux toute la paille avec la moitié du grain,
brouilleux, c'est-à-dire où abonde la brouille toutefois avec le prélèvement des affauures
fétuque flottante (festuca fluitans) sont dans le de moissons et de battaisons qui sont le cin
même cas. On y trouve de plus l'avantage de quième du produit total en grains.
faire pourrir cette plante aquatique pendant Depuis quelques années on a imaginé un
l'hiver. Les étangs sablonneux doivent rester cours de culture que l'expérience a prouvé très
couverts d'eau jusqu'au moment des semail profitable. La première année d'assec se con
les, et on les laboure pendant que le sol est sacre à une jachère d'été dans laquelle on la
encore humide, pour lui donner un peu plus boure profondément ; cette jachère est suivie
de consistance. Dans le sol argileux, le labour, de seigle ou froment qui donne une récolte
autant que possible, doit se faire quand le ter abondante; le produit en poisson qui lui suc
rain est presque sec. cède et l'avoine qui le suit sont par- là beau
Un seul labour en planches de 3 à 4 pieds, coup améliorés; il serait à désirer que cette
bombées dans le milieu et sur lesquelles on jachère pût revenir de temps en temps, parce
donne un coup de herse , suffit pour la se que la terre se tasse de nouveau sous l'eau
maine. On couvre la semence avec un ou plu et le labour léger de l'avoine. Cet assolement
sieurs hersages; une dernière façon à la herse, ne peut se suivre que daus les étangs duns les
donnée lorsque la plante est sortie, est sou quels on est maître, soit de l'assec, soit de
vent très utile; elle sarcle en quelque façon la 1 évolage.
céréale et détruit la mauvaise herbe qu'on Les labours profonds sont donc, à ce qu'il
pourrait craindre. Les soins que nous venons me semble, éminemment utiles aux produits
d'indiquer sont ceux qu'on donne à la semai Ile de toute espèce des étangs; on conçoit bien
d'avoine, qui est le produit le plus fréquent alors que, dans les systèmes de culture
dans les étangs. On sème un quart plus d'a où on ne les laboure pas, les produits doivent
voine qu'on ne sèmerait de blé. être inférieurs. Dans la Brenne on ne les
Lorsqu'on veut semer du froment dans un laisse en assec que chaque 11» année;
étang, ù faut le pécher avant la fin d'août ou cette année même ne produit qu'un mauvais
vers le milieu de septembre. Dans le premier pâturage , parce qu'il est impossible de faucher
cas on le laboure a plusieurs reprises, et on le dans ces étangs infestés de mottes de roseaux
sème en octobre dans la terre ainsi bien pré et de carex.
parée.
Lorsqu'on pèche en septembre on laisse Section XV. — Du pâturage des étangs.
ressuyer les fonds pendant unedizaine dejours,
au bout desquels on donne un labour. On sème Lorsque les étangs sont en eau , leur pâtu
ensuite le froment après un premier hersage et rage offre une assez grande ressource. Ce sont
on recouvre la semence par un deuxième coup ceux surtout où abonde la brouille qui offrent
de herse. Cette dernière méthode s'appelle se- leplusd'avantage. Au premier printemps, cette
tner sur la £>ou«; elle est souvent aussi profitable framinée tapisse la surface des eaux ; les bêtes
que l'autre; en 1835 un étang ainsi semé m'a cornes et les chevaux en mangent avidement
produit plus de onze fois la semaille. les pousses nouvelles et se remettent assez
Les rivières de ceinture sont éminemment promptement de la disette des fourrages
utilts pour la mise en culture des étangs. Elles qu'ils ont presque toujours éprouvSe pendant
défendent les récoltes contre l'arrivée des eaux 1 hiver. Au milieu de l'été, lorsqu'elle monte
chap. 9'. DU PRODUIT COIV >ARE DES ÉTANGS. 201
en graine , ses tàgés durcissent et cessent cPêtre beaucoup baisser et n'être que le 1/3 de celui
recherchées des bestiaux; mais la graine, à ce que nous venons de donner comme terme
?u'il parait , devient très utile au poisson. En moyen. Dans le temps où l'on voulait tout
oloj»rtè, oit elle est très abondante, on fa re mettre en étangs , on agit comme dans toute
cueille sous le nom de manne de Pologne et on circonstance on 1 engouement tient lieu de
en fait des potages très savoureux; la sève raison. On fit de très grandes dépenses pour
d'automne, après la fructification, fait pous mettre en étangs des fonds qui produisenl très
ser a la brouille de nouvelles tiges, qui de peu en poisson, et qui auraient pu produire
viennent de nouveau du goût des bestiaux de bons bois ou être labourés et cultivés avec
comme au printemps. quelque avantage. Les chaussées qui environ
Cette graminée repousse avec une grande vi nent ces fonds, souvent de trois cotés x coûte
gueur et presque à mesure que ses tiges sont con raient maintenant beaucoup plus à faire que
sommées. Le rédacteur de l'article Etang, dans le fonds n'aurait de valeur vénale.
la statisque de l'Ain , cite un étang brouilleux Dans les fonds de qualité moyenne dont nous
qui nourrit 40 têtes de bétail depuis le com avous parle, le produit de l'assec est regardé
mencement du printemps jusqu'à la mi-mai comme double Je celui du poisson; le produit
et depuis le mois d'août jusqu'à l'hiver. Quoi de l'avoine est de 20 à 25 hectolitres par hec
que les étangs ne soient pas toujours si produc tare.
tifs, ils offrent réellement un grand avantage Dans le Forez le produit donné par M. Du
comme pâturage; mais ce n'est encore que les rand est plus considérable; les frais d'empois
étangs labourés qui peuvent fournir ces gran sonnage sont aussi plus forts; leur empois-
des ressources, parce que les autres sont in son nage d'un an pèse 7 à 8 onces , pendant qu'il
festés de plantes perennes qui sont une mau ne pèse que moitié dans l'Ain. Le produit brut
vaise nourriture pour le bétail. en poissons y serait de 100 fr. par hectare et
Le fenouil d'eau (phellandrium aquaticum), par an, dont ils ôtent moitié pour frais d'em
oison pour l'homme, est très recherché du poissonnage, de garde et de pèche; il resterait
E étail. Il croit au milieu des étangs les plus en produit net 50 fr. Le produit de la pêche
profonds et les bestiaux vont le chercher à la de deuxième année s'évalue à 1/8° de moins
nage ; il parait aussi utile au poisson , du moins que celle de première année. Le produit en
les étangs qui le produisent donnent de plus assec, au contraire de ce qui se passe dans le
gros poissons. département de l'Ain, est regardé comme in
Dans quelques étangs se trouvent en abon férieur à celui du poisson, en sorte que le
dance une variété de scirpus maritimus; les co produit net moyen annuel de l'hectare du
chons sont très avides de sa racine ; ils vien terrain en étang serait de 40 fr. Cependant les
nent la chercher de fort loin et dévastent , si étangs se sont relativement moins accrus que
on n'y prend garde , les étangs en avoine. dans le département de l'Ain; mais l'usage
La chasse des étangs offre aussi de l'impor des pêches d'un an et du labour des étangs est
tance; il est tel grand fonds où, le jour de la devenu tout-à-fait général.
chasse, on tue plusieurs centaines de têtes de M. de Morogues évalue le produit annuel à
gibier, qui se composent de morelles , de ca un quintal de poisson par an et par hectare. Si
nards et de sarcelles. La chasse se fait au fu on évalue le quintal de 25 à 30 fr.,et qu'on ôte
sil et dans des bateaux; le canard fuit au pre moitié pour 1 empoissonnage, le chômage, ce
mier coup de fusil, mais la morelle ne fait qui est sans doute beaucoup, on aurait 12 à
que changer de place et se laisse détruire sur 15 fr. par an pour le produit net moyen de
1 étang pendant tout le jour de la chasse; la l'hectare d'étang. Ailleurs il ne porte ce pro
nuit, celles qui ont échappé au carnage se ras duit net qu'à 5 fr. Ces deux chiffres, donnés
semblent pour partir et ne plus revenir. par un propriétaire qui habite le pays, seraient
assez difficiles à concilier etnes'expliqueraient
Section XVI. — Du produit comparé des que par la grande différence de valeur du
étangs. poisson dans les différens cantons de la So
logne. Mais ces résultats , en prenant même
Dans le département de l'Ain, on estime en le plus fort, prouvent surabondamment que
moyenne, dans la pêche à 2 ans, d 50 fr. par an le produit des étangs, non alternés en labou
le produit par cent d'empoissonnage assorti rage, est peu considérable.
de ses tanches et de ses brochets. Il faut en Enfin M. de Marivaux estime le produit en
déduire les frais d'empoissonnage qui sont en Îtoisson annuel, d'un hectare de première qua-
moyenne de 10 fr. par cent d'empoissonnage ité, dans laBeauce,à32 fr. 50c, déduction faite
à 2 ans et de 15 à 20 fr. pour frais d'empois de l'empoissonnage et des frais; si on retran
sonnage à 1 an, en y comprenant les tanches che les frais de pêche et le chômage de la
et les brochets. La pêche à 1 an vaudrait peut- ouzième année, ce produit se réduit à 28 fr. ;
être un peu plus de 60 fr. par cent d'empois il est de très bons fonds, dans le département
sonnage, surtout si les brochets ont réussi. de l'Ain, qui donnent un produit triple.
Dans un étang de bonne qualité la carpe, en Le résultat de ces comparaisons de produits
2 ans , augmente dans la proportion de 1 à 16, serait donc évidemment que l'assolement al
c'est-à-dire qu'une carpe de 2 onces arrive à ternatif en labour et en poissons est sans compa
2 ljv.; le brochet d'un quarteron arrive à 2 et raison le plus favorable au produit; d'ailleurs
8 ljv. et la tanche quadruple ou quintuple son il fournit tous les 2 ou 3 ans, sans engrais, une
poids. Mais il y a dans tous ces produits bien récolte abondante de paille qui est une res
du hasard , et c'est pour cela que nous avons source très précieuse pour le domaine; il est
réduit le produit moyen au-dessous de ce ré encore moins malsain, parce que la terre de
sultat. Lorsque le sol se tasse facilement ou l'étang, labourée en planches bombées, à me
qu'il est de mauvaise qualité, ce produit peut sure que par l'évaporation de l'été le sol se
Agriculture. tome IV. — 26
202 AGRICULTURE FORESTIERE : DES ÉTANGS. IXY.
découvre, s'égoùte beaucoup mieux que le nérale du pays fut donc attaquée jusque dans
sol couvert de joncs, de carex et de plantes ses sources les plus fécondes par une opéra
aquatiques. tion qui favorisait quelques intérêts indivi
duels ; en même temps,par une réaction toute
Section XVII. — Du dessèchement des étangs. naturelle et qui se reproduit toujours, la di
minution de prospérité agricole, de salubrité
Cette question qui intéresse la salubrité de et de population se fit sentir au pays tout en
vient, en quelque façon, par-là une question tier. Ceux mêmes qui avaient trouvé quelques
d'i ntérêt public. Nous avons vu précédemment bénéfices présens et matériels à construire
que cette grande mesure ne pouvait pas être des étangs, ou au plus tard la génération qui
ordonnée comme elle l'a été en masse une les suivit, perdirent beaucoup plus qu'ils nla
lre fois par la législation; il serait toutefois à vaient d'abord gagné. Ceux de leurs fonds qui
désirer que sur les réclamations des commu ne furent pas inondés, c'est-à-dire les 5/6 de
nes ou des particuliers, le dessèchement d'un la surface, virent s'évanouir la moitié de
étang pût être ordonné, sauf indemnité au leurs revenus nets ; mais il est bien difficile de
propriétaire , et que , comme nous l'avons dit revenir à meilleur ordre et à l'état ancien des
précédemment, on ne pût pas construire un choses. Les propriétaires actuels ont encore,
nouvel étang ou en agrandir un ancien sans en général, le même intérêt à conserver leurs
une enquête de commodo vel incommoda. étangs que leurs devanciers ont eu à les éta
Nous avons vu plus haut qu'une dépense blir; il est donc impossible de leur demander
actuelle de sept millions au moins serait né un dessèchement spontané pour lequel il leur
cessaire pour mettre en étang les 23,000 hec manquerait les moyens nécessaires aussi bien
tares inondés du département de l'Ain; il se que la volonté. Le gouvernement peut res
rait impossible, dans le moment présent, de treindre l'établissement de nouveaux étangs,
faire l'avance de cette somme énorme avec les et il serait à désirer qu'une exemption d'im
ressources qu'offre le pays, en supposant pôts pendant vingt ans pût être accordée à
même que les constructions ne se fissent que ceux qui dessécheraient les leurs, en frappant
dans un grand espace de temps; il est donc d'un impôt double, pendant le même-temps,
tout-a-fait probable qu'à l'époque de la cons ceux qui les rétabliraient après les avoir des
truction de ces étangs, où le prix du travail séchés et avoir profité de l'immunité.
comparé à la valeur des fonds était relative Le tort de ceux qui dans le temps étaient
ment beaucoup plus élevé , le pays était plus chargés des intérêts généraux fut de ne pas
riche, plus prospère qu'il ne l'est maintenant. deviner l'avenir qui menaçait la contrée par
Des anciennes villes ruinées, où se trouvent l'établissement des étangs, et de favoriser par
encore beaucoup de maisons sans habitans; une foule de dispositions spéciales leur
d'anciens châteaux dont on a démoli une construction. Maintenant les choses en sont
grande partie, et dont la plupart de ceux qui à un point que l'autorité légale ne peut tout à
restent sont à peine habités; enfin les traces coup les changer ; mais elle peut bien , dans le
d'une eu1ture ancienne qu'on rencontre sur des Code rural,prononcer la cessation de toute excep
terrains en bois ou en pâturage, prouvent en tion favorable pour les étangs qu'on voudrait
core d'une manière plus précise le fait d'une établir, en même temps que, comme nous
plus grande population , d une culture plus ac l'avons dit, elle les classerait dans l'une des
tive, plus riche que celle d'aujourd'hui et' qui catégories des élablissemens insalubres en in
remontent évidemment au-delà de l'établisse terdisant leur construction à moins de 500
ment des étangs. Les étangs, dont on ne peut mètres des bàtimens.
aujourd'hui se passer,qui représentent presque Le dessèchement de certains étangs est sou
tout le produit net du pays , qui sont une né vent une opération d'un très grand produit;
cessité agricole dans l'état actuel des choses , mais c'est surtout le dessèchement de ceux
ont donc été, pour l'avenir de la contrée, plu tôt qui sont toujours en eau. L'n étang de 1 1 hec
un moyen d'appauvrissement que de richesse. tares, sur lequel était un moulin, et dont le re
Dans le temps les propriétaires trouvaient venu n'était pas de 300 fr. , est maintenant
sans doute avantage à inonder leurs fotids, une petite prairie qui produit annuellement
puisqu'ils l'ont fait en un aussi grand nombre 2000 fr.; au-dessus et au-dessous de cet étang
de lieux; le prix élevé du poisson, son facile s'en trouvent deux autres d'une plus grande
débit , le peu de main-d'œuvre nécessaire à la étendue, dont le dessèchement a encore été
culture engagèrent à construire des étangs, plus utile.
mais les intérêts généraux et bientôt les inté- M. Doui.set, propriétaire à Paracuy, dans
téréts particuliers en souffrirent eux-mêmes ; le Berry, a changé un étang de 1000 fr. de lo
l'insalubrité du pays s'accrut, la masse géné cation en une prairie qui en rend 5 à 6000.
rale de la main d œuvre nécessaire à la culture En Dombes, l'étang du grand marais qui ne
du sol diminua; avec un moindre besoin de s'asséchait jamais a été desséché et assaini par
bras, une partie de la population cessa d'avoir M. de Belvey qui en retire maintenant un
de l'emploi et alla en chercher ailleurs; la produit beaucoup plus considérable; un autre
construction des étangs absorba une grande étang, dans la commune de Villiers, dont ré
partie du capital agricole; les étangs devenus volage appartient à M. de LATOUR-MAunounc
une fois le produit principal, la culture des et l'assec à MM. Giieppo et autres proprié
autres fonds fut négligée : la plupart des fonds taires, desséché maintenant, donne d'immen
des vallons, couverts de prairies furent chan ses produits qu'on a beaucoup accrus par des
gés en étangs dont le produit était plus élevé; chaulages bien entendus. Enfin la Bresse était
l'agriculture, dans toutes ses branches, fut couverte d'étangs dans les siècles derniers ; des
donc énervée et tomba dans la langueur où prés de bonne qualité les remplacent presque
nous la voyons aujourd'hui. La prospérité gé- partout et produisent, sans doute 2 ou ç
chap. 9-. DES VI •IERS. 203
fois autant que lorsqu'ils étaient en eau. Leur Les étangs qui, pendant longues années , ont
dessèchement est assez ancien, son époque est reçu les eaux de toutes les parties supérieures,
oubliée, et si les chaussées, les titres et les se sont enrichis de leurs débris; la chaux em
lieux dits ne les rappelaient, on ne soupçon ployée sur ce sol y produit le plus grand effet.
nerait pas l'ancien état des choses. Nul doute M. Gheppo a retiré 16 pour 1 en froment de
que dans la Dombes et dans la plupart des ses portions d'assec de l'étang dont nous avons
Says d'étang, une grande partie de ces fonds parlé, et qu'il a amendées avec de la chaux.
esséchés ne parvinssent enfin à donner du Les terres étant rendues productives par les
fourrage d'assez bonne qualité. Partout les amendemens calcaires on en voudra augmen
étangs n'ont pu être établis que dans le fonds ter l'étendue, et pour celaon mettra en culture
de petites vallées , et c'est là partout la po les étangs qui s égoûtent avec plus de faci
sition des prés. Mais comment arriver à l'état lité. La ferme dans laquelle le travail à la
de prospérité et de richesse agricole néces charrue s'est accru, aura besoin aussi d'ac-t
saire dans les pays d'étangs pour cet impor croître le nombre de ses bestiaux et par consé
tant changement? quent ses fourrages; on mettra donc en prés
Bans les parties assez nombreuses où un sol les étangs les plus bas et qui reçoivent le plus
glaiseux , tenace et qui se tasse sous les eaux d'eau. La population et les bras qui manquent
ou par l'effet seul de la pluie, ne donne que seront appelés dans le pays parce qu'ils y trou
des étangs tout-à-fait médiocres, leur destruc veront de l'emploi, de l'aisance, et un prix de
tion ne doit pas être longue à attendre. Cette salaire élevé. On laisserait sans doute encore
nature de sol le plus souvent peut produire en eau quelques étangs, parce qu'il est des
de bon bois, et le prix de cette denrée s'est sols et des positions où aucun autre produit
presque partout élevé de manière à produire ne leur est supérieur, mais ils resteront en
un revenu supérieur à celui de ces mauvais petit nombre , et placés dans une contrée ri
étangs; des plantations de bois sont donc che, féconde et assainie, ils seraient désormais
tout-a-fait convenables et n'exigent pas des sans inconvéniens.
avances considérables. Ainsi, dans une pro Il faut, il est vrai, bien du temps pour
priété qui contenait 9 étangs, nous en avons réaliser tout cet ensemble de prospérité; mais
fait planter 7. Déjà, au printemps, le sol jadis toutes les circonstances s'enchaînent, se né
en eau commence à verdir sous le feuillage; cessitent l'une et l'autre; elles dépendent sou
dans la place qu'occupaient ces réservoirs vent d'une première impulsion; cette impul
d'eau insalubres, tristes à voir et d'un mince sion est donnée dansl'Ain.Une foule de grands
produit, la verdure vive et variée des diffé propriétaires s'empressent d'employer la
rentes variétés d'arbres résineux commence chaux; des moissons abondantes et des four
à se nuancer pendant toutes les saisons. Si les rages vigoureux récompensent leurs avances;
derniers étangs ne sont pas plantés, c'est toute la contrée est témoin de ces succès , et
qu'il aurait fallu discuter judiciairement des le temps n'est peut-être pas loin ou chacun
prétentions au pâturage. Le dessèchement dans ce pays fera ses efforts, suivant sa posi
des contrées analogues offrirait donc peu de tion, pour se procurer de la chaux, moyen
difficultés lorsque l'assec et l'évolage appar puissantetdurable de fécondité et, nous osons
tiendraient au même propriétaire; dans le le dire, de salubrité.
cas contraire, les difficultés nous paraissent
assez grandes. M. Varennes de Fenille, en Section XVIU — Des viviers.
discutant cette question prouve, que, dans le
cas de dessèchement, il devrait être attribué $ I". — De l'usage des Tivîerï.
au propriétaire de l'évolage 5/9 de l'étendue
et 4/9 au propriétaire du sol. D'ailleurs l'as Lesviviers ou réservoirs sont des pièces d'eau
sainissement de ce sol d'étang est facile: un pour conserver ou engraisser le poisson. C'est
petit nombre de fossés, pratiqués dans les un établissement très utileàlacarn pagne.Outre
parties basses et qui aboutissent à l'ancien l'agrément d'une pièce d'eau qui anime, vivifie
bief, assainissent toute la surface. et varie le coup d'œil des jardins , il procure
Quant aux pays où les étangs offrent plus le grand avantage de tenir le poisson prêt pour
d'avantage, dans le chapitre de '•et ouvrage où le moment du Tbesoin. A la ville les poisson
nous avons traité des amendemens calcaires niers se chargent de ce soin, mais à la campa
( tom. I", pag. 60), nous avons tu que tous gne cette ressource manque. Nous n'entrerons
les pays de sol argilo-siliceux pouvaient de pas dans les détails des constructions et des
voir à leur emploi de grandes richesses agri usages des viviers des anciens; c'était un objet
coles; nous avons vu que, suivant toutes les sur lequel ils avaient porté tout leur luxe et
probabilités, ces amendemens, en apportant la toute leur industrie; mais c'était surtout des
richesse dans un pays, y apporteraient aussi viviers d'eau de mer qu'ils avaient établis ;
la salubrité. Nous remarquerons maintenant ils y conservaient à leur disposition des pois
que dans tous les pays ou les amendemens sons de toutes les mers connues et de toutes
calcaires sont généralement employés , les les tailles.
plateaux argilo-siliceux n'offrent point d'é Les réservoirs des modernes sont plus mo
tangs et ne sont point insalubres; nous eu destes et mieux assortis à nos mœurs et à nos
conclurons que leur emploi dans les pays habitudes; ils sont destinés particulièrement
d'étangs, en doublant le produit du sol cul aux trois espèces de poissons dont nous avons
tivé, en enrichissant le propriétaire et le cul parlé: aux carpes, aux tanches et aux brochets.
tivateur, leur donnerait les avances néces Il est a propos d'avoir 2 réservoirs pour cha
saires pour se passer du moyen insalubre des que espèce, ou au moins 2 séparations dans un
étangs et appeler sur leur sol desséché toutes seul réservoir. Le brochet doil être seul, parce
les cultures productives. I que autrement il dévoue ou fait au moins péi
204 AGRICULTURE FORESTIERE : DES ÉTANGS. tiv.
rir les 2 autres espèces ; la faim lui fait attaquer sources peu abondantes viennent les rafraîchir.
les carpes d'un poids presque égal au sieu ; il L'année dernière, dans le fort de la sécheresse,
ne peut les avaler, mais il les blesse cruelle des carpes et des brochets ont péri en assez
ment, et le plus souvent elles succombent aux grand nombre dans des réservoirs alimentés
suites de ces blessures. On le nourrit avec des par des sources, mais auxquels manquait de la
petits poissons. On le conserve aussi sans lui profondeur.
donner de nourriture, qu'il n'est pas toujours Si les réservoirs sont assez grands pour que le
facile d'avoir sous la main et qui, a la longue, poisson puisse y faire de la feuille, il est bon
serait très dispendieuse. Lorsque l'eau du ré que l'un des bords au moins soit en pente
servoir est vive, que quelques sources l'ali douce, pour faciliter le frai. On se défend
mentent et que le fond n'est pas vaseux, il y des maraudeurs en plaçant des piquets dans
maigrit sans nourriture, mais néanmoins se le fond des viviers pour empêcher 1 action des
conserve ferme et d'excellent goût pour le filets; mais il est néanmoins à propos de se con
moment de la consommation. server au moins une place profonde où l'on
Dans des pays d'eau vive on a aussi des ré puisse soi-même, avec un épervier, prendre
servoirs de truites , mais il faut que leur eau soit le poisson au moment du besoin, autrement
près de la source et qu'elle se renouvelle fré on est obligé de faire couler son réservoir, ce
quemment. La truite est aussi un poisson vo- qui n'est pas sans un grand inconvénient si on
racc; il faut donc l'alimenter avec de petits n'a pas une source abondante pour le remplir.
poissons de rivières ou d'étangs. On jette quelque amorce dans cette espèce de
Les carpes et les tanches se nourrissent avec pêcherie , et on y envoie au besoin le poisson
plus de facilité; on envoie, si l'on peut, avec en battant l'eau dans les autres parties du ré
§ranci avantage, dans leurs viviers, les eaux servoir.
es écuries, des éviers; les débris de la table,
les balayures de la maison leur conviennent $ II. — De la construction des viviers.
à merveille; le fumier, frais ou vieux, les
grains de toute espèce, cuits ou crus, liés entre Il faut choisir aux réservoirs une position
eux avec de I nie; le boulettes de pommes favorable; un pli ou une inflexion de terrain
de terre cuites, vec des farines d'orge, leur est presque nécessaire, comme à l'éta
de froment, de mais ou de sarrasin, les sa blissement d'un étang ; s'il ne s'en trouve pas,
lades crues, les racines hachées, toutes ces il faut alors creuser sur un terrain en pente;
nourritures entretiennent et engraissent la car la pente est absolument nécessaire aux
carpe et la tanche dont la chair est d'autant réservoirs, autrement on ne pourrait pas les
plus délicate qu'on les a mieux nourries. vicier, soit pour prendre le poisson, soit pour
Il parait qu'à Strasbourg on engraisse les débarrasser le fond de la bourbe qui s'y éta
carpeaux du Khin , et on les fait grossir dans blit.
des réservoirs d'ou on les tire pour les de Si on n'a point d'eau de source pour son
mandes du pays, et souvent de Paris. En Hol réservoir, il faut l'établir dans un point qui
lande on engraisse les carpes sans eau, sus reçoive une quantité d'eau de pluie capable de le
pendues dans des filets oii elles reposent sur remplir en peu de temps; les eaux grasses,
de la mousse humide, avec de la laitue et les eaux des cours, des terres labourées, con
de la mie de pain imbibée de lait; la courge viennent beaucoup mieux que celles des
ou l'orge bouillie conviennent aussi très bien bois ou des terrains maigres.
pour cet objet. Si on a été obligé de creuser son réservoir,
On fait dans les réservoirs la provision d'hi on recommande de le laisser sans eau , exposé
ver des carpes avec de grosses masses d'ar pendant un anaux influences atmosphériques
gile pétrie avec de l'orge ou d'autres grains; avant d'y retenir l'eau.
le poisson attaque cette argile et consomme, à Mais ici, comme dans les étangs, Tune des
mesure du besoin, le grain qui s'y trouve ; la premières conditions est d'avoir un sol imper
carpe sans nourriture maigrit beaucoup, mais méable, à moins que le vivier ne soit alimenté
se conserve ferme et de bon goût, si les eaux par des eaux abondantes et qui coulent sans
des réservoirs sont vives et reçoivent des cesse. Si le sol est imperméable et qu'on ait
sources ou un peu d'eau courante*. Il est es une inflexion de terrain , une chaussée en
sentiel de débarrasser fréquemment le fond des terre se fait avec les mêmes soins et sous les
viviers de la vase qui s'y forme, sans cela la mêmes conditions que nous avons vues pour
carpe y prend un goût de bourbe fort désa les étangs; lorsqu'on a creusé le sol on fait la
gréable. Cette saveur peut se perdre par le chaussée avec les terres du déblai.
séjour un peu prolonge dans une eau vive. Si le sol n'est pas imperméable, il faut y
La boue des réservoirs est un excellent en suppléer par l'industrie; on peut alors glaiser
grais pour la plupart des terrains, quand on le fond, c'est-à-dire le garnir d'un corroi
lui a laissé passer quelques mois à l'air; on est d'argile pure d'un pied d'épaisseur. Les An
donc amplement dédommagé du soin et des glais se sont bien trouvés de mettre un lit de
frais de curage. chaux sous le lit d'argile; celte chaux repousse
Le réservoir doit être placé en lieu aéré et qui les insectes, défend par conséquent le corroi.
reçoive le soleil. Des arbres nombreux, qui y La marne ne vaudrait rien pour cet objet,
jettent leurs feuilles et leurs débris fout de la parce qu'elle se pénètre par 1 eau et se délite
vase et sont plus nuisibles qu'utiles au poisson. facilement. Pour s'assurer que l'argile n'est
Il leur faut aussi une certaine profondeur, fioint calcaire, quelques gouttes d'acide avec
pour que l'eau pendant l'été ne prenne pas esquelles on touche l'argile décident la ques
une température trop élevée? sans cela les tion; lorsqu'il n'y a point d'effervescence, on
poissons périssent dans les jours chauds et a de l'argile pure; l'argile effervescente est
longs de la cauicul e, alors même que quelques marneuse. Le corroi ou la clave s'établit avec
CHAF. 9e' DES MÀRES ET DE LEUR CONSTRUCTION. 205
les mêmes soins que nous avons recom Section XIX. — Des mares et de leur construc
mandés pour les chaussées d'étangs. tion .
On fajt la chaussée du réservoir en y met
tant une clavede 2 pieds au moins, d'épaisseur Les mares sont des réservoirs d'eau desti
d'argile. nés à abreuver le bétail ; elles sont presque de
On parvient par ces divers moyens à avoir l" nécessité dans une exploitation, et comme
un réservoir qui ne perde pas l'eau. Cependant il faut qu'elles conservent l'eau pendant l'été,
le temps, les poissons, les insectes et les soins elles doivent être en sol imperméable ou
de curage, détruisent bientôt le corroi du fond rendu tel par l'art.
dans lequel les moindres fissures suffisent Si on a des fourcti, il suffit d'agrandir le lieu
pour perdre l'eau. Pour faire donc un ouvrage où elles sourdeut, et le terrain dans ce point
solide et durable, il faut garnir le fond et les est d'ordinaire assez imperméable pour que
bords d'une couche de G pouces de bon béton le réservoir reste plein.
de chaux hydraulique. Ce moyen est plus Si on n'a point de source, la mare doit être
cher sans doute mais il est de toute durée et placée de manière à pouvoir y attirer une
à l'abri de presque tous les accidens. On assez grande quantité d'eau de pluie pour
trouve maintenant à peu près partout la la maintenir pleine pendant toute l'année.
pierre peur faire la chaux hydraulique ; la dé 11 faut chercher à y envoyer l'eau des
pense n'est donc pas plus considérable qu'a toits qui fournit toujours une assez grande
vec la chaux ordinaire. Avec de la chaux hy masse, parce qu'elle ne s'imbibe pas à mesure
draulique à 2 fr. l'hectolitre ou 20 fr. le mètre de sa en u le, comme celle qui tombe sur le
cube, prix sans doute très élevé, et du sable sol. L'eau des fumiers s'emploie beaucoup
ou gravier à 2 fr. le mètre cube, on peut fa plus utilement sur des prés à peu de distance
briquer du béton à moins de 10 fr. le mètre de la maison ; elle les féconde d'une manière
cube ou 35c. le pied cube; le mètre carré du très remarquable ; mais si on n'en a pas l'em
fond du réservoir reviendra donc à moins de ploi et qu'elle soit perdue pour l'exploitation,
4 fr. on peut la recevoir dans la mare; elle en al
Le béton se fait plus économiquement et tère la couleur, la saveur peut-être; mais elle
meilleur, même avec le gravier qu'avec le sable est assez du goût des bestiaux, qui n'en veu
fin. Dans un béton bien fait, la chaux doit en lent point d'autre quand ils y sont habitués.
velopper chaque molécule, et il est bien évi Cet usage est répandu dans un grand nombre
dent qu'un gros gravier demande, pour être de pays; on l'a beaucoup critiqué, mais on l'y
enveloppé, beaucoup moins de chaux qu'un conserve, et l'expérience ne le condamne pas
volume égal de sable fin dont toutes les molé comme le raisonnement , ce qui est le plus es
cules doivent être également entourées. sentiel. D'ailleurs l'instinçl des animaux qui
On emploie aussi le béton d'une manière très recherchent avec empressement ces eaux
économique , toutes les fois qu'on peut se pro serpit, à ce qu'il me semble, tout-à-fait rassu
curer de la blocaille ou des cailloux; on fait rant contre l'insalubrité ; et puis enfin les ma
unel" couebe de béton de2à3 pouces d'épais res qui reçoivent les eaux donnent, chaque
seur sur le sol ; on jette de la blocaille sur le fois qu'on les vide, des engrais d'excellente
béton , on l'y distribue de manière à ce qu'elle qualité.
soit placée partout à bain de béton, et on l'en Si le sol où est la mare n'est pas imperméable,
fonce jusqu'à ce qu'elle touche le sol; les il faut absolument le rendre tel. Les moyens
pieds armes de sabots sont le moyeu le plus sont les mêmes que pour les réservoirs: mais
facile pour l'enfoncer et la disposer convena pour les mares, plus encore que pour les vi
blement. On met une nouvelle couche de bé viers, le corroi de glaise est insuffisant; les
ton de même épaisseur, dans laquelle on jette bestiaux, en descendant sur les bords de
de la nouvelle blocaille, et on continue ainsi la mare, et en parcourant le fond, détruisent
sa construction, et la blocaille aura épargné le corroi dout 1 imperméabilité ne peut durer;
un quarL de volume du béton; deux couches il est donc alors absolument nécessaire de re
ainsi disposées suffisent pour faire le fond du courir à un béton de chaux hvdraulique.Si la
réservoir. chaux n'était pas d'une grande hydraulicité,
Si on n'a pas de bonne argile , un mur de 2 que sa prise dans les premiers moments ne fut
pieds d'épaisseur, construit avec des matériaux pas très ferme, il serait nécessaire que la der
de peu de volume, placés à bain de mortier nière couche de béton fût couverte de pier
hydraulique, feront une construction que les res plates, placées à bain de béton, et qui of
eaux ne pourront traverser. Lorsqu'on n'est friraient aux pieds des animaux un ensemble
pas à portée delà pierre, ou qu'on a des terres derésistaneequ'ils ne rencontreraient pas dans
a sa disposition, on l'ait une chaussée en terre le béton lui-même.
dans laquelle on a une clave de béton d'un Robert Gardener a imaginé une construc
pied d'épaisseur qui suffit pour arrêter l'in tion d'abreuvoirpour Us bestiaux qui a très bien
filtration des eaux. réussi et qui s'est répandue dans tout le comté
Les moyens d'évacuer l'eau des viviers sont d'York. Sur le fond bien dressé et bien battu
les mêmes que ceux des étangs; on peut les du réservoir A{fig, 213), on place une couche
faire plus simples en plaçant au-devant de la Fig. 213.
chaussée, dans le réservoir, l'oeil de la bonde,
sans aucune construction, ni en bois ni en
pierres. Cet œil est bouché avec un tampon de
bois qui porte un anneau de fer; un bâton
garni d'un crochet de fer, qu'on reutre à la
maison, suffit pour ouvrir la bonde et faire
évacuer l'eauquand on veut viderle réservoir.
206 AGRICULTURE FORESTIERE : DES ÉTANGS. tiv. v.
d'argile B de 6 p., qu'on bat ou marche jusqu'à 8 lig. de hauteur d'eau, à moitié à peu près
ce qu'elle forme une masse bien homogène. de cette surface, ce qui semble devoir suffire
Sur cette argile on place une couche de chaux pendant une sécheresse de plus de 2 mois ;
ou de mortier C, de 2 à 3 po., qu'on unit et mais il est assez rare d'avoir un fond imper
dresse de même épaisseur sur toute la surface. méable dans un sol de jardin; c'est donc là et
Sur cette couche, quand elle est un peu sè plus qu'ailleurs qu'il faut avoir recours à l'art.
che et qu'on l'a bien préservée des fentes, on Il n'y a d'ordinaire point de chaussée dans
met une 2* couche D, de 6 po., bien égale, ces réservoirs; il faudrait, pour établir une
d'argile ou terre argileuse qu'on bat et unit chaussée, avoir une pente dans son terrain,
avec soin. Le pied des moutons est le meil ce qui est rare dans les jardins, et qui exige
leur moyen de la tasser également. Sur ce lit rait même des murs de terrasse pour empê
d'argile on met un lit de gravier ou de blo- cher l'éboulement des terres.
caille E, d'un pied d'épaisseur. Lorsque ces Ces réservoirs se font donc dans le sol avec
matériaux sont rares on peut faire un pre un plancher de béton d'un pied d'épaisseur
mier lit de gazons retournés sur lequel on et des murs circulaires de 18 pouces, faits en
met une couche de gravier. Le réservoir, dont petits matériaux et de bonne chaux hydrau
le fond est garanti de l'effet des pieds des lique. Nous recommandons les petits maté
bestiaux par le lit de gravier, est alors très du riaux parce que notre expérience nous a ap
rable et conserve bien l'eau. Toutefois, le pris que les pierres qui ont de grandes di
béton de chaux hydraulique,
h; qui reçoit un mensions occasionnent souvent des fentes,
pavé, nous semble le plus solide, plus durable par la raison que le béton adhère moins à la
et moins cher. pierre qu'avec lui-même; Teau se fait souvent
un passage sur toute leur longueur, pendant
que les petits matériaux sont sépares entre
Section XX. — Des réservoir»pour les jardins. eux par des couches de béton qui interdisent
tout passage.
Les jardins de l'homme des champs ont On peut faire son réservoir d moins de frais:
un besoin d'arrosement tout-à-fait indispen pour cela on creuse dans le sol un fossé cir
sable. L'eau est donc pour eux un objet de culaire sur tout le développement de l'en
Eremière nécessité. On a, pour remplir ce ceinte qu'on veut lui donner et auquel on
ut, les sources, des puits, des pompes ou des doune un pied de profondeur de plus qu'au
réservoirs. Le 1" moyen, l'eau de source, est réservoir. Pour en faire la fondation on rem
rare ; le 2*, les puits, peuvent partout s'éta plit ce fossé de béton garni de biocaille. Lors
blir; le 3«, les pompes, ne sont que le com que la prise est faite on vide tout l'intérieurà
plément du second ; et néanmoins ces trois un pied de profondeur de plus qu'on ne veut
moyens, qui fournissent de l'eau, dispensent donner au réservoir; on jette sur le fond bien
à peine du réservoir. nettoyé un béton d'un pied d'épaisseur et pour
Les eaux de source ou de puits ont besoin, que la liaison du fond avec les parois du réser
pour bien réussir dans les jardins, d'être ex voir se fasse plus exactement, on gratte et on
posées pendant quelque temps à l'air et au détruit une partie du béton qui correspond
soleil. Le réservoir n'a pas besoin d'être à l'épaisseur du béton du fond, et afin de ren
grand quand on a une source ou un puits dre toute fuite par ce joint impossible, on
pour l'alimenter; mais lorsqu'on n'a pour le peut y faire une petite moraine de ciment de
remplir que les eaux de pluie, il faut que la Pouilly.
masse d'eau qu'il offre soit proportionnée à Nous avons vu dans le Vivarais des réser
la durée probable des sécheresses et à l'éten voirs de jardins faits également à peu de frais.
due du sol à arroser. Le fond se garnit de 3 po. de béton, et le tonr
Sa profondeur peut être de 5 à 6 pieds ; la d'un mur à sec fait en petits matériaux. Un
dimension en profondeur est celle qui coûte crépissage de leur mortier sur ce mur à sec
le moins, parce qu'elle demande moins d'es su ffit pour leur donner des réservoirs qui ne
pace et qu'elle exige un moindre développe perdent pas une goutte d'eau, mais on trouve
ment de travail quand on est obligé de faire rarement de la chaux de cette qualité; le
des constructions. temps, sans doute, n'est pas loin où, la science
Lorsque l'étendue du sol qui verse au ré marchant avec la pratique, nous aurons par
servoir est un peu grande, il se remplit facile tout des cimens et des chaux hydrauliques de
ment sans avoir besoin de grandes pluies. Dans toute qualité auxquelles nos constructions
ce cas un réservoir rond, de 24 pieds ( 8 mé devront à la fois la durée, la solidité, l'imper
trés) de diamètre, sur 6 pieds (2 mètres ) de méabilité et par conséquent la salubrité; mais
profondeur, suffit à peu près à un jardin en attendant il faut marcher avec les maté
d'un quart d'hectare. Cette contenance de riaux qu'on a, et se contenter de la chaux hy
100 mètres ou 1000 hectolitres peut fournir draulique qu'on peut se procurer.
pendant la sécheresse un décimètre ou 3 po. A. Putis.
Nous allons faire connaître à nos lecteurs Ièr tuyau A (fig. 214), fermé à l'une de ses
une méthode nouvelle pour vider les étangs extrémités par une calotte hémisphérique et
et pour remplacer les bondes ordinaires que dont la partie supérieure est percée de fentes
vient de proposer M. Quknard, propriétaire à oblongues qui forment grille , de façon que
Courtenay (Loiret), et qu'il nous assure avoir cette portion grillée offre autant et plus de
mis à exécution avec beaucoup de succès. vide que .la section intérieure du tuyau. La
L'appareil qu'il a inventé pour cet objet, et Îiartie inférieure reste pleine afin d'empêcher
qu'il nomme tuyau-bonde, se compose d'un. e passage de la bourbe. Ce corps de tuyau
CHA*. 9<. DES RÉSERVOIRS POUR LES JARDINS. 207
Fig. 214.
reste en entier sous l'eau , en-deçà de la bite du froid , alors on peut par un léger écou
chaussée. B, C, sont des tuyaux simples lement d'eau, se garantir de la perte trop
qui s'ajustent au 1" et qui augmentent en fréquente du poisson, qui, surpris entre les
nombre suivant l'épaisseur de la chaussée; deux couches de glace, est infailliblement
d est le dernier tuyau fermé à son extré Fêlé. Par ce moyen le poisson se retire avec
mité par un tampon et percé verticalement eau qui vient à baisser et rentre sous la pre
dans toute son épaisseur d'un trou coni mière glace; et l'on peut dire, à l'avantage du
que comme le boisseau d'un robinet. A la nouveau procédé sur l'ancien, que cela se fait
partie supérieure de cette ouverture il existe sans aucuns frais et avec une faible dépense
un bourrelet dans lequel est creusée une gout- de temps; tandis qu'avec la bonde ordinaire,
' tière circulaire. Ce bourrelet est interrompu après en avoir baissé le pilon, il faut , pour
sur sa circonférence par 2 échancrures qui Pétancher, approcher une et souvent plu
descendent jusqu'à la gouttière circulaire. Ce sieurs voitures de terre, ou mieux de poussier
dernier tuyau est coulé d'une seule pièce ; de charbon, et en charger ce pilon.
S est un autre cylindre creux destiné à fermer « Il en est ainsi toutes les fois qu'on veut
exactement l'ouverture conique du tuyau pré lever la bonde et la baisser.
cédent comme la noix d'un robinet. Ce cy « Dans l'été, à la suite des orages, lorsque
lindre est surmonté d'une calotte sur laquelle les étangs se déchargent par la grille, on aura
est implantée une tige octogone pleine, à la un moyen précieux d'abreuver sans frais les
quelle s'adapte une clé à double levier, qui sert prés qui se trouvent à la file des étangs; j'ose
à le faire tourner quand on veut présenter au même espérer par ce moyen utiliser une eau
fluide une partie percée à jour dans cette noix qui s'en va ordinairement en pure perte et
pour le faire écouler ou la partie pleine pour faire faire un pas à notre système d'irriga
le retenir. Le tuyau e est en fer ou en fonte tion, si utile dans ses applications à l'agricul
étamée recouverte d'une feuille de cuivre; il ture, et voir s'établir désormais, à la suite de
doit être graissé pour en faciliter le service. tous les grands réservoirs d'eau, de grandes et
A la hauteur f, ce cylindre porte 2 dents qui fécondes prairies.
entrent dans les échancrures du bourrelet et « Avec la bonde ordinaire, avant de mettre
glissent quand on le tourne dans la gouttière un étang en pèche, il faut toujours avoir la
circulaire. De cette manière on est assuré que précaution d établir dans le fossé d'écoule
l'eau ne soulèvera pas ce cylindre, et les dents ment, à quatre ou cinq pieds de la fout ou trou
sont autant de points de repère qui indiquent où tombe l'eau en sortant du canal, une pe
la fermeture ou l'ouverture de l'appareil. Ce tite digue appelée rouettis, faite avec quelques
cylindre peut, au moyen de la clé, s enlever à légers pieux entrelacés de rouettes ou bran
volonté quand on veut vider l'étang et faire ches flexibles, afin de barrer le passage aux
écouler 1 eau par toute la capacité du tuyau ; il poissons qui auraient pu couler dans le canal;
n'y a pour cela qu'à faire arriver les dents vis- après la pèche de l'étang l'on baquette et l'on
à-vis les échancrures et à soulever le cylindre Ïlèche cette fosse. Ces deux opérations ont
qui sort alors de l'ouverture conique, h h h, ' une et l'autre de grands inconvéniens. D'abord
sont des brides en fer qui relient les tuyaux si le rouettis est trop serré ou obstrué , il re
les uns aux autres; J J des tiges qui servent à tarde l'eau; s'il est trop lâche, la force de l'eau
fixer ces tuyaux, soit dans une pièce de bois le troue, soit sur les côtés, soit en dessous, et
placée en travers dans le sol, soit dans un dé il ouvre passage aux poissons; dans tous les
en pierre percé à cet effet. Les parties du cas il exige une surveillance active. Enfin pour
tuyau qui sont recouvertes par les eaux ont baquetcr ou pécher la fosse ou trou de bonde,
peu de chose à craindre de Voxidation, niais il arrive souvent au'il faut employer le tiers
celles qui sont en contact avec la terre de la du temps qu'on a déjà passé à pécher l'étang.
chaussée sont enduites d'une forte couche Le tuyau-bonde n'exige ni ces préparatifs ni
de goudron, pour les préserver de la destruc ces travaux.
tion. « Avec le tuyau-bonde, disparaissent ces
Cet appareil offre une fermeture exacte et dispendieuses pièces de bois nécessaires à la
sans qu on ait à craindre de perte d'eau. Il confection d'une bonde, et qui nécessitent des
fonctionne avec célérité quand on a besoin de renouvellemens fréquens et une foule de tra
faire écouler l'eau, et donne un écoulement vaux longs et toujours coûteux qui diminuent
qu'on peut graduer à volonté. beaucoup le produit net des étangs.
« Dans 17»it>«r, dit l'auteur, au moment où de « Le travail pour la pose du tuyau-bonde
fortes glaces pèsent sur les étangs, ou surtout consiste dans celui d'une tranchée ordinaire
lorsque après un faux dégel une seconde glace qu'on pratique dans la chaussée, à la suite de
est survenue par l'intensité nouvelle et su la partie la plus basse du bief ou fossé. Des
208 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. Lrv. v.
pièces de bois placées en travers, ou des dé* dans ce cas, la tige du cylindre e reçoit
en pierres, l'un à la téte, un autre à la queue autre tige sur son carré, puis celle-ci une
du tuyau et un troisième au milieu, si on le tre, jusqu'à la surface de l'eau, où la clé or
juge à propos, reçoivent sur leur niveau, un dinaire remplit son service. »
peu incliné, tout 1 appareil. Plusieurs couches M. Quenard s'est occupé de la fabrication
de terre glaise pilonnée, enveloppent ensuite de son appareil , et d'après les devis et le prix
les tuyaux places dans la tranchée. Le devant des matériaux , il a calculé qu'une bonde ordi
de cette tranchée dans toute sa hauteur jus- naire à chapeau, de 11 pieds de hauteur et dont
3u'au milieu, en largeur de la chaussée, le canal a 42 pieds de longueur ou la largeur
evra être pilonné avec cette même ' terre de la chaussée, coûtait dans JeLoiret au moins
glaise, afin de fermer l'entrée aux vagues; le 350 fr.; tandis qu'il peut livrer un tuyau-bonde
surplus de la tranchée peut être rempli de de la même longueur, de 7 pouces de diamètre
terre ordinaire. et 3 à 4 lignes d'épaisseur pour 160 fr. savoir:
<c S'il advenait qu'un étang ou tout autre 135 fr. pour les 42 pied» de tuyaux à 32 fr. les
pièce d'eau fût placée au-dessus d'un autre 100 kilog. de fonte, et 25 fr. pour la confec
étang, et qu'on voulût faire écouler l'eau du tion du cylindre, 8 écrous, rajustement des
premier dans le second, ou faire fonctionner tuyaux et la clé. Les travaux de terrassement
cette machine pour augmenter l'eau de la sont à peu près les mêmes dans les deux cas.
deuxième pièce d'eau, ou enfin qu'on voulut F. M.
mettre en communication deux pièces d'eau ,
XPXC xxumu
. ET LÉGISLATION RURALE.
Sat définit l'impôt de la manière sui que sous une pareille égide, ne mérite pas
vante : <i C'esl une valeur délivrée au gouver a'étre protégée; il vaut mieux pour le pays
qu'elle soit abandonnée; droits protecteurs
nement par les particuliers, pour subvenir exactement suffisants pour assurer le marché
aux dépenses publiques. Il se mesure sur le
sacrifice exigé du contribuable, et non sur la national à la production intérieure, de ma
somme que reçoit le gouvernement; telle nière àtoutefois à ne point accorder une
ment que les frais de recouvrement, le temps prime l'ignorance ou à l'indolence du fabri
perdu par le contribuable, les services per cant ; abaissement progressif du droit pro
sonnels qu'on exige de lui, etc. , font partie tecteur, au fur et à mesure que les condi
tions de la production indigène deviepnent
des impôts. » plus favorables : telles sont en abrégé les
Le sacrifice résultant de l'impôt ne tombe conditions générales de l'assiette de l'impôt.
pas constamment et complètement sur celui J'ajouterai a ces conditions quelques considé
par qui la coutribution est pavée. Lorsqu'il rations générales quej'aiindiquées dans le dis
est producteur et qu'il peut, en vertu de cours que j'ai prononcé lors de la discussion
l'impôt, élever le prix de ses produits, cette du budget des recettes de 1833 (1), et que je
augmentation de prix est une portion de vais tacher de résumer en peu de mots.
l'impôt qui tombe sur le consommateur des
produits qui ont renchéri. • Il est toujours difficile d'innover en finances, parce
L'augmentation de prix ou de valeur que qu'on court le danger des illusions qui se passionnent
les produits subissent en vertu de l'impôt, pour un système nouveau sans avoir pu en étudier et
n'augmente en rien ]e revenu du producteur surtout sans pouvoir en garantir les résultats. L'a
de ces produits, et elle équivaut à une dimi l'intérêtvenir d'un grand peuple, l'exactitude des services,
nution dans le revenu de leurs consomma de sa défense, la conservation de son crédit,
tout commande la prudence.
teurs. • L'impôt progressif n'a encore été indiqué que
L'impôt est donc une charge qui pèse sur comme un progrès, rumine une espéranee de sou
l'industrie et sur la propriété, et dont on lagement des classes souffrantes ; mais dépouillé des
trouve la compensation par la sûreté et par grands mots qui le voilent, c'est une loi agraire.
les jouissances que l'état de société procure En effet, la propriété foncière serait la seule qu'il
aux hommes. serait possible de soumettre, en partie du moins, à
Lorsque l'impôt est trop lourd, il diminue l'action de l'impôt progressif. Car une partie de la
la consommation générale et tarit ainsi la matière imposable disparaîtrait par les aliénations,
source de la production. les partages Gctifs et par les hypothèques réelles ou
Sous le nom d'impôt il faut comprendre simulées, dont il faudrait bien admettre la réduc
tion pour déterminer ce surplus dont on voudrait
tout ce qui grève l'industrie ou la propriété. dépouiller les particuliers au profit de l'intérêt géné
Ainsi, les dîmes au profit du cierge qui exis ral. En France, où les capitaux, la fortune mobilière,
tent encore clans certains pays, les taxes des les produits et bénéfices de l'industrie, sont évalués a
pauvres, les charges foncières et municipales une somme égale aux produits de l'agriculture, cetlo
agissent sur les produits de la même ma partie du revenu échapperait toujours à l'action de
nière que l'impôt. l'impôt progressif, quelque arbitraire ou tyrannique
Quelquefois l'impôt est destiné à protéger qu'on suppose sa puissance. Mais ce serait encore le
la production intérieure contre l'envahisse moindre danger de cette mesure : essentiellement
ment des produits étrangers, il prend alors mobiles, les capitaux fuiraient bientôt une terre in
le nom de droits protecteurs, et le système hospitalière, qui n'offrirait aii travail, à l'industrie,
général des lois qui règlent l'importation et àpar la richesse aucune sécurité. L'impôt progressif n'est
une nouveauté : fruit de l'envie et de la jalousie
l'exportation des marchandises et des rela qui trouve
tions avec les étrangers, a reçu le nom de ment ceux qu'il est plus facile de dépouiller violem
qui possèdent, que de se placer à leurs cô
système des douanes. tés par les fruits du travail et de l'intelligence, loua
Si la liberté complète du commerce était les goitvcrnemcns révolutionnaires, tyranniques ou
possible entre les diverses nations, les diffi populaires ont usé de ce moyen par des taxes arbitrai
cultés qui se présentent en foule pour for res, des emprunts forcés, des réquisitions, le maxi
muler une bonne loi de douanes disparaî mum, etc. La Convention n'avait guère d'autres
traient immédiatement, ou plutôt cette loi systèmes financiers que la planche aux assignats et
serait inutile, car il suffirait de proclamer le le balancier de la place de la Révolution. Le Direc
principe de la liberté commerciale. Mais toire, en renonçant à ces derniers moyans, fut im
malheureusement il n'en est pas ainsi. mis puissant en finances et en crédit, et la détresse de
Chaque nation, soit par sa situation géogra pas soldats quand les fruits de la victoire ne venaient
couvrir l'impéritic du gouvernement, la fortune
phique, soit par la nature de son sol , soit de quelques fournisseurs, la misère générale, ont
par son infériorité industrielle, soit enfin prouvé que la richesse des Etats, comme celle des
par des causes accidentelles , telles que particuliers, tient aux mêmes causes : la justice, la
dettes publiques et autres empèchemens loyauté, la bonne foi dans les engagemens, l'esprit
analogues, a besoin de protégersou industrie d'ordre et d'économie. Les taxes somptuaires n'ont
contre la concurrence étrangère. Les prin jamais rendu a,000,000 et paralysent vingt fois au
cipes qui gouvernent aujourd'hui celte ma tant de travail et de consommation.
tière peuvent se résumer ainsi : suppression » L'impôt proportionnel sur tous let revenus: serait
de toute prohibition, car la fabrication d'un une belle et importante découverte, si son exécution
produit indigène qui ne peut se soutenir était aussi facile que sa pensée est juste et raisonna
(t) Discours de M. de Rambuteau, député de Saône-et-Loire dan8 la discussion du budget des
recettes pour l'année 1833 , prononcé à la séance du 17 avril 1832.
252 ÉCONOMIE PUBLIQUE DE L'AGRICULTURE : DES IMPOTS. uv. vi.
ble. Il résoudrait le grand problème de tous le» éco de restreindre les consommations, de nuire à la re'
nomistes, de prendre a tous une part égale à leurs production, de paralyser les améliorations, ces con
bénéfices i mais s'il est facile de constater les reve sidérations prennent une grande importance aux
nus du sol, il est impossible de filer les capitaux, yeux du législateur, et doivent balancer dans son
de constater d'une manière équitable et régulière esprit la facilité avec laquelle on lui propose trop
les bénéfices du commerce et de l'industrie, varia souvent d'augmenter les ressources du trésor au
bles de leur nature : il faudrait donc livrer à une inves moyen de centimes additionnels, dont le son pré
tigation de tous les instans les livres et les opérations sente a l'oreille une valeur minime, alors qu'elle se
du commerce, il faudrait établir des peines sévères résout en pénibles sacrifices pour les contribuables.
pour les soustractions et fausses déclarations, il fau • Un des résultats les plus importans de notre
drait encore une armée d'employés pour celte sur révolution de 1789, a été de tripler et an delà le
veillance journalière, qui placerait chaque négo nombre des propriétaires en France, par l'abolition
ciant, chaque industriel dans la situation d un des biens de main-morte, la vente de ceux du clergé,
failli envers l'Etat. L'exercice sur les a8o,ooo débi l'égalité des partages, la liberté et la protection du
tants de boissons qui est facultatif, deviendrait la travail; ils ont contribué a amener les résultats sui
situation de tous les citoyens ; le secret de toutes les vants : la France possède 5a,000,000 d'hectares, le
fortunes, de toutes les entreprises, serait livré a la cadastre coostnte environ ia5,oon,ooo de parcelles,
cupidité et à la malignité. Je doute que la paix pu dont le nombre s'accroît tous les ans dans nne
blique, la prospérité commerciale fussent le résultat forte proportion. 1 1 existe en France 11,000,000 de
d'un pareil système. Celui relatif aux patentes, aux cotes foncières, possédées par 5,000,000 de proprié
taxes de luxe, aurait les mêmes inconvénient!. Qui taires chefs de famille : c'est en moyenne a cotes
ne sait que dans la même classe de patentés, il se i/5 par propriétaire. Comme toutes les parcelles
fait dix fuis plus d'affaires et plus de bénéfices dans existant dans la même commune, appartenant an
une maison que dans une autre f La pensée d'impo même contribuable, sont portées à un seul article
ser les bénéGces des artistes, médecins, avocats, au du rôle, c'est en moyenne 11 a 1 a parcelles par cotes
teurs et autres classes libérales par la patente, n'est et »6 ou 37 par propriétaires. Les cotes de ao francs
pas plus heureuse ; elle trouverait peu défaveur dans et au-dessous s'élèvent à 8,034,987, tandis que celles
l'opinion. de 1001 fr. et au-dessns ne s'élèvent qu'à i3,44j-
• Quant aux prêts hypothécaires nu commerciaux, • Il faut remarquer encore que l'impôt qui porte
les premiers s'élèvent a 10 milliards; mais qui ne sur le revenu u'est pas la seule charge qui pesé sur
comprend que tout impôt de cette nature sera une la propriété foncière ; l'enregistrement lors des mu
nouvelle charge pour l'emprunteur auquel le prê tations, l'intérêt toujours élevé des prêts hypothé
teur fera toujours la loi, et qu'il diminuerait néces caires, la législation sur les hypothèques qui est si
sairement la valeur du sol par la concurrence des contraire aux iptérêls de cette nature de biens,
Tentes multipliées qui auraient nécessairement lieuf doivent aussi être pris en considération. Tel est en
Pour le commerce, comment contracier ces prêts? résumé l'ensemble des charges qui grèvent en France
Les soumettre à une déclaration, c'est mettre en la propriété foncière, accrues encore des dépenses
fuite le capital circulant qui porte partout la vie, et charges locales.
l'activité et le travail. • Il résulte des faits ci-dessus, i" que le sol de la
La propriété foncière offre à l'impôt une assiette France est possédé par plus de S,000,000 de proprié
ble, pourvu toutefois qu'il suit modéré. Les taires chefs de famille, et qu'environ aS ou a6, 000, 000
deux tiers de la contribution foncière sont parés en de sa population sont intéressés a la propriété foncière.
France par des contribuables au-dessous de 200 f.Cette • a" Que la division de la propriété tend chaque
dernière quotité suppose un revenu de 11 ou taoofr., jour à s'acroître, par l'égalité des partages et par le
elle descend par des degrés fort rapides pour les 4/-> désir de chaque cultivateur de devenir propriétaire.
de nos propriétaires ruraux. Ce fait est important a • 3" Qu'enfin les a/3 de l'impôt sont supportés par
constater, car trop souvent en imposant de nouvelles des chefs de famille ayant moins de 1000 fr. de re
charges aux contributions directes, on a l'esprit venus, et que toute augmentation sur l'impôt fon
préoccupé de la pensée que le sol est possédé par cier porte pour la plupart des propriétaires sur
des propriétaires aisés, pour qui un accroissement leur nécessaire ; que ces impôts, lorsqu'ils sont trop
d'impôt est une réduction sur leur superflu. Mais si, onéreux, paralysent dans une progression effrayante
au contraire, la plus forte partie du sacrifice imposé dans nos campagnes la culture des terres et le tra
est prélevée sur le nécessaire, si elle a pour résultat vail qui la féconde.*
INTRODUCTION.
Les biens situés à la campagne sont acquis, de trois systèmes principaux, qui sont : Ie la
possédés et transmis conformément aux lois loi du 38 septembre 1791, qu'on a long-temps
civiles générales; mais ils sont en outre pro considéré*, malgré ses imperfections, comme
tégés par des lois particulières dont l'ensem le Code rural français; mais la plupart de ses
ble forme ce qu'on appelle le Code rural. dispositions ont été tellement modifiées par
La codification de ces lois n'a pas encore été une foule de lois postérieures et éparses qu'il
faite en France par le pouvoir législatif ; elles en reste à peine aujourd'hui quelques articles
sont encore disséminées dans le volumineux en vigueur; 2° la loi du 21 mai 1827, oui s'oc
Bulletin des Lois. Napoléon, dont l'esprit vaste cupe exclusivement des forêts et des bois ap
s'étendait à tout ce qui pouvait contribuer au partenant tant à l'Etat qu'aux particuliers, et
développement de la force ou de la grandeur celle du 15 avril 1829, qui traite tout ce qui est
de la France , avait voulu aussi doter l'agricul relatifà la pèche fluviale. On a reproché ajuste
ture d'un code complet , et par son décret im titre à ces deux dernières lois d'avoir con
périal du 19 mai 1808 il avait créé une com fondu les dispositions légales qui intéressent
mission d'hommes instruits pour préparer un les biens des particuliers avec celles qui inté
projet de loi sur cette partie si importante de ressent les biens de l'Etat, et d'avoir mêlé en
l'économie publique; mais ce travail conscien semble des intérêts administratifs à des inté
cieux est resté imparfait comme un monument rêts purement privés. Dans le travail que nous
inachevé qui atteste les difficultés de cette en présentons, nous ferons disparaître cet incon
treprise. vénient et nous n'emprunterons à ces lois que
Depuis la publication de ce projet, les lois les dispositions qui régissent les intérêts pri
qui régissent plus spécialement les intérêts vés. Mais notre travail serait encore fort im
agricoles ont été considérablement améliorées, parfait si nous nous contentions de puiser à
et un examen attentif de ces lois m'ayant con ces sources. Nous étendrons en conséquence
vaincu que, malgré quelques lacunes et imper la sphère de nos conquêtes ; nous emprunte
fections, elles étaient encore les moins impar rons avec hardiesse aux lois civiles de procé
faites de toutes celles qui régissent les contrées dure et de pénalité tout ce qui intéresse la
les plus civilisées de l'Europe, j'ai essayé en propriété rurale, sans nous inquiéter du sys
1834 de les recueillir systématiquement, et tème de codification auquel elles peuvent ap
j'ai publié cet essai sous le titre de Code rural partenir. En un mot , nous nous efforcerons
français. * de présenter un résumé complet de notre lé
Ce recueil , malgré son titre , ne renferme gislation agricole-
pas uniquement les lois qui appartiennent spé Ce travail sera divisé en trois» titres : dans
cialement au Code rural; il embrasse aussi le premier nous classerons tout ce qui con
toutes les lois civiles de procédure et de pé cerne la propriété considérée comme droit ab
nalité qu'il est surtout nécessaire de mettre solu et toutes les modifications que l'intérêt
journellement sous les yeux des propriétaires général a forcé d'apporter à ce droit ; nous
ruraux. Je me propose de suivre le même plan parlerons de la jouissance des biens des par
dans l'exposition méthodique que je vais pré ticuliers , et enfin des règles qui gouvernent
senter de la législation rurale; je tâcherai, au les biens des communes soumis à des disposi
tant que possible, d'enseigner aux cultivateurs tions spéciales dans l'intérêt des particuliers;
et propriétaires ruraux tout ce qu'ils doivent dans le second titre nous traiterons de la
savoir pour se garantir des pièges que la mau compétence des diverses autorités qui protè
vaise foi pourrai t leur tendre ; j'essaierai de leur gent les biens ruraux et des formes de procé
faire connaître leurs droits et leurs devoirs, et dure à suivre pour conserver ou réclamer ses
de leur indiquer les moyens de repousser ou droits ; enfin , dans le troisième, nous rap
de venger les atteintes qu'on porterait à leurs pellerons toutes, les peines dont la loi me
propriétés. nace ceux qui contreviendraient à ses ordres
Les lois rurales de la France se composent souverains.
TITRE PREMIER.
On comprend sous le nom de bien* tout ce meubles , parce qu'elles ne peuvent plus être
qui peut être l'objet d'une propriété publique considérées comme accessoires du fonds.
ou privée; mais nous ne nous occuperons ici Sout encore immeubles par leur nature les
que des biens corporels , c'est-à-dire de ceux moulins à vent ou à eau établis sur le sol ou
qui ont une existence matérielle et qui tom piliers fixes, lorsqu'ils ont étéconstruits par le
bent sous les sens, comme un champ, un che propriétaire du sol (C. a, 519). Il en est de
val, etc ; les biens incorporels, tels que la reven même des arbres qui ne sont pas destinés à être
dication d'un droit, une créance, etc., appar coupés ou abattus ; ils font partie du fonds pen-
tenant exclusivement au droit civil général. dantqu'ils y restent attaches; s'ils sont vendus,
Les biens corporels se divisent en meubles ils deviennent meubles entre les mains de l'ac
et en immeubles. quéreur, parce qu'ils sont dès lors destinés à
être abattus.
Sect. I™. — Des meubles. A l'égard des arbustes et des fleurs, ils sont
immeubles lorsqu'ils sont en pleine terre et
Les meubles sont en général les corps qui qu'ils y ont été plantés par le propriétaire ,
peuvent se transporter cfun lieu à un autre, parce qu'ils forment dès lors un accessoire du
soit qu'ils se meuvent par eux-mêmes comme fonds; mais lorsqu'ils sont dans des caisses,
les animaux, soit qu'ils ne puissent changer pots ou vases, lors même qu'ils seraient en
de place que par l'effet d'une force étrangère, terre, ils conservent leur nature de meubles.
comme les choses inanimées (C. c, 528). Les ognons de fleurs, même ceux qu'on retire
Ainsi sont meubles par leur nature les ba de terre pendant l'hiver, restent toujours im
teaux, bacs, navires, moulins et bains sur ba meubles, comme les accessoires du fonds,
teaux, et généralement toutes usines non mais il faut qu'ils aient été mis en terre au
fixées par des piliers et ne faisant pas partie moins une fois ; la même distinction doit avoir
de la maison (C. c, 531). Il en est de même lieu à l'égard des échalas des vignes.
des matériaux provenant de la démolition d'un Les mines, les bàtimens, machines, puits,
édifice (C. c, 532), sauf l'exception que nous galeries et autres travaux établis à demeure
signalerons par la suite. Nous verrons aussi sont également immeubles comme adhérant
qu'il existe un grand nombre de circonstances au sol; mais les matières extraites, les appro-
où des objets meubles par leur nature de visionnemens et autres objets mobiliers con
viennent immeubles, parce que cette qualité servent leur nature de meubles (loi du 21 avril
leur est attribuée par la loi, eu égard a leur 1810, art. 8 et 9).
destination. Ces distinctions pourront peut- La loi réputé également immeubles les ré
être paraître subtiles aux esprits qui n'en coltes pendantes par les racines et les fruits
apercevraient pas du premier coup d'œil toute des arbres non encore recueillis ; dès que les
l'importance, mais elles sont indispensables à grains sont coupés et les fruits détachés,
connaître pour ne pas s'égarer dans l'apprécia quoique non enlevés, ils sont meubles. Si nue
tion ou la revendication de ses droits. partie seulement de la récolte est coupée, cette
partie seule est meuble (C. c, 520).
Sect. IL Des immeubles, Les coupes ordinaires des bois taillis ou de
futaies, mises en coupes réglées, ne devien
S I*r. — Des immeubles en général. nent meubles qu'au fur et à mesure que les
arbres sont abattus (C. c, 52t).
Les biens ruraux sont immeubles par leur Mais si les récoltes de fruits ou la coupe
nature, par leur destination ou par l'objet au de bois étaient vendues, elles deviendraient
quel ils s'appliquent (C. c, 517). meubles entre les mains de l'acquéreur dès
Les biens qui ne peuvent être transportés que la vente serait parfaite; car ces fruits ne
d'un lieu à un autre sont immeubles par leur pourraient plus dès lorsétre considérés comme
nature; tels sont les fonds de terre et les bà- des accessoires du fonds.
timens; il faut toutefois remarquer que les La même distinction doit être appliquée aux
constructions élevées sur un fonds ne sont im animaux que le propriétaire du fonds livre au
meubles que comme accessoires du fonds. Si fermier ou métayer pour la culture; s'ils res
donc elles appartiennent à d'autres qu'au pro tent attachés au fonds, ils participent à sa na
priétaire, par exemple au fermier ou à l'usu ture; mais si le propriétaire les vendait au fer
fruitier, elles conservent alors leur nature de mier ou métayer, ils cesseraient «d'être im
nxr. 2*. DES IMJ UBLES. 227
meubles , quoiqu'ils restassent sur le fonds , ue la disposition de la loi du 1 1 août 1789, qui
parce qu'ils n'en seraient plus l'accessoire. onne à chacun le droit de tuer les pigeois
Il est également évident que si les animaux trouvés sur son terrain en temps prohibé,
étaient donnés à cheptel par un autre que le est devenue insuffisante à raison de fa
propriétaire , ou que le propriétaire les don variété des assolemens. Pour la compléter, le
nât à cheptel à d'autres qu'a son propre fer ministre du commerce , par sa circulaire datée
mier, ils conserveraient leur nature de meu du 4 septembre 1835, propose d'accorder aux
bles (C. c, 522 ). propriétaires la faculté de tuer les pigeons en
De plus la loi considère comme immeubles tout temps sur leurs terrains, du moment où
par destination les objets que le propriétaire ils peuvent leur causer du dommage, sans pou
y a placés pour le service et l'exploitation de voir dans aucun cas s'approprier les animaux
ce fonds; tels sont : 1° les tuyaux servant à la tués. Cette mesure est réclamée par les inté
conduite des eaux ; 2° les semences données au rêts agricoles, et nous ne doutons pas que tôt
fermier ou colon partiaire; 3° les lapins de ga ou tard elle ne soit adoptée.
renne; 4° les poissons des étangs; 5° les pres
soirs , chaudières , alambics , cuves et tonnes ; J Ul. — Dei ruche» , eiMimi et lera à soie.
6° les ustensiles nécessaires à l'exploitation des
forges, papeteries et autres usines ; 7° les pailles Les ruches à miel sont également considé
et engrais (C. c, 524). rées par la loi comme des immeubles lors
Sont aussi considérés encore comme immeu qu'elles ont été placées par le propriétaire du
bles par destination tous les objets que le pro sol (C. c, 524), et les abeilles qu'elles renfer
priétaire a attachés au fonds à perpétuelle de ment participent à leur nature, car elles sont
meure; tels sont ceux qui sont scellés à plâtre rangées par la loi au nombre des animaux sau
ou à ciment et qui ne peuvent être détachés vages jouissant de leur liberté naturelle; elles
sans fracturer ou détériorer soit les objets eux- ne sont susceptibles de devenir propriété pri
mêmes, soit la partie du fonds à laquelle ils vée que lorsqu'elles sont renfermées dans une
sont attachés (C c, 525). ruche , qu'elles y ont établi leur gite et qu'elles
y reviennent habituellement. En conséquence,
$ II. — Dm pigeons. les abeilles trouvées sur un arbre , dans un
buisson, dans un rocher, la cire et le miel
Les pigeons des colombiers sont aussi con qu'elles y déposent, appartiennent au premier
sidérés comme immeubles par destination (C. occupant.
c, 524), parce que, jouissant de toute leur li Le propriétaire d'un essaim a le droit de le
berté , nous né pouvons pas dire, à proprement réclamer et de s'en ressaisir tant qu'il n'a pas
parler, que nous les possédons; nous ne pos cessé de le poursuivre ; autrement l'essaim
sédons réellement qu un colombier peuplé de appartiendrait au propriétaire du terrain sur
pigeons ; ils ne forment pas quelque chose de lequel il se serait fixé ( loi du 28 septembre
distinct du colombier. Mais il en est autre 1791, titre l",sect. III, art. 5). On a coutume
ment lorsqu'ils sont renfermés dans des vo en pareils cas de poursuivre par des cris ou
lières ; nous les possédons réellement alors , sons retentissans les essaims qui s'échappent;
nous les tenons sous notre main ; Us conser cette pratique n'a pas pour but , comme on le
vent donc en ce cas leur qualité de meubles. croit généralement, de retenir et de fixer les
Lorsque les pigeons de colombier passent abeilles , car il est constant qu'elle ne saurait
dans un autre colombier, ils deviennent aus avoir cet effet , mais bien de constater que le
sitôt la propriété du maître du nouveau gîte propriétaire continue à poursuivre son es
qu'ils se sont choisis; mais il faut que la dé saim.
sertion n'ait pas été provoquée par quelque Au surplus, le propriétaire d'un essaim peut
pratique frauduleuse; car, dans ce cas, le suivre et le ressaisir partout où il le trouve;
le propriétaire du colombier dépeuplé au il n'a pas besoin de la permission du juge de
rait le droit de réclamer des dommages-inté paix du lieu où l'essaim s'est arrêté ( Réper
rêts du propriétaire qui aurait employé des toire de Mebxin, au mot Abeilles); mais s'il
moyens illicites et frauduleux (C. c, 564). commet quelque dégât pour exercer ce droit,
Au surplus, ledécretdu 11 août 1789, en pro de suite il est tenu de le réparer (C. c. , 1382
nonçant 1 abolition du droit exclusif de fuies et et 1383).
en ordonnant que les pigeons doivent être ren Pour protéger et encourager l'éducation
fermés pendant le temps fixé par les commu des abeilles la loi défend de les troubler dans
nautés, ne prononce d'autres peines contre le leurs travaux; en conséquence, même en cas
défaut de clôture des colombiers que la per de saisie légitime, une ruche ne peut être dé
mission accordée aux propriétaires de tuer les placée que dans les mois de décembre, jan
pigeons sur leurs terrains; il n'est donc pas vier et février, époques où elles peuvent
permisaux conseils municipaux d'étendre cette l'être sans de graves inconvéniens. Ces abeilles
peine et d'en prononcer une autre quelconque ne peuvent être saisies ni vendues pour au
{dt;cision du comité féodal de l'Âtsemblée cons cune cause de dette, si ce n'est au profit de
tituante, 23 juillet 1790). Conformément à cette la personne qui les a fournies ou pour raison
décision, la Cour de cassation a jugé, par divers des droits du propriétaire envers son fermier;
arrêts rapportésauRépertoire de Merlin,au mot dans ce cas ce sont les derniers objets qui
Colombier, que le propriétaire qui laissait sor peuvent être saisis ( loi du 28 septembre
tir ses pigeons en temps prohibé ne pouvait 1791, titre I", sect. III, art. 3).
être poursuivi par voie de simple police; mais Tous les objets que la loi déclare immeu
le propriétaire des pigeons peut être poursuivi bles par destination ne peuvent être saisis
par vote civile pour réparer le dommage qu'ils mobilicremeiit ; mais ils seraient nécessaire»
ont causé. On «'accorde aujourd'hui à penser ment compris dans la saisi»' de i'inweuble,
228 LÉGISLATION RURALE. HV. VI
dont ils ne forment que l'accessoire en cas de guesseau, défendait de saisir les feuilles de
saisie immobilière^ C. de proc. , 592). mûrier; cette disposition a été conservée et
Les vers à soie et les feuilles de mûriers étendue à l'insecte lui-même, par l'art. 4 de la
cueillis pour leur nourriture conservent leur sect. III , titre Ier de la loi du 28 septembre
nature de meubles ; mais pour encourager 1791 , ainsi conçu : « Les vers à soie sont de
l'éducation de ces précieux insectes dans les même insaisissables pendant leur travail ,
provinces méridionales de la France , une dé ainsi que la feuille de mûrier qui leur est
claration de Louis XV, du 6 août 1732, rendue nécessaire pendant leur éducation. »
sur la proposition du célèbre chancelier d'A-
Nous diviserons le régime des eaux , en reste dans le domaine public, qui, étant as
eaux vives ou courantes et en eaux stagnantes servi à l'usage de tous et étant hors du com
telles que lacs et étangs. merce , n'est pas susceptible des règles de la
propriété.
Section I™. — Des eaux courantes. Ainsi toute anticipation pratiquée sur les
bords d'une rivière navigable ou flottable,
eau courante considérée comme élément tout ouvrage établi dans le lit de la rivière ,
est hors du commerce des hommes, comme tout canal de dérivation d'eau, tous ponts ou
l'air et la lumière, elle n'est donc pas suscep écluses, moulins ou bâtimens qui y seraient
tible d'une possession exclusive et incommu- construits par des particuliers, même avec
table; elle n'est en conséquence soumise l'autorisation des autorités compétentes, ne
3u'aux lois de police qui règlent la manière pourraient toujours exister que précairement
'en jouir. Cependant la loi civile a dû néces et de fait, sans que, vis-à-vis du Gouverne
sairement établir une distinction entre les ri ment, le droit pût être acquis par prescrip
vières et Ueuves navigables ou flottables, et tion, même après la possession la plus lougue.
les rivières ou ruisseaux qui ne le sont pas. Nous verrons ci-après à quelle autorité il faut
Les premiers restent exclusivement dans le avoir recours pour obtenir même précaire
domaine public; à l'égard des seconds la loi a ment l'usage des eaux des rivières navigables
accordé aux propriétaires riverains des droits ou flottables (voy. ci-après Police des eaux).
fort étendus sur l'usage de leurs eaux.
$ II. — Des rivières et ruisseaux non navigables ou
j I" —Det fleuret et rivières navigables ou flottables. flottables.
On appelle rivières navigables celles qui Les droits d'usage des particuliers sur les
portent bateaux pour le service public; elles eaux de ces rivières sont bieû plus étendus et
n'appartiennent au domaine public que jus ils équivalent réellement à une quasi -pro
qu'au point où peuvent remonter les bateaux. priété. Ainsi le propriétaire dont l'héritage
Les rivières qui ne sont que flottables sont borde une eau courante, autre que les fleu
celles qui, sans porter bateaux de leur fonds, ves et rivières navigables ou flottables, peut
servent néanmoins à transporter le bois, soit s'en servir pour l'irrigation de ses propriétés
en trains ou radeaux, soit à bûches perdues. (Ce, 644 ) , pourvu que le propriétaire du
En conséquence on doit ranger dans cette fonds inférieur n'en ait pas acquis ou pres
classe les simples ruisseaux lorsqu' ils sont crit l'usage. Mais pour donner au proprié
asservis aux mêmes usages publics ; mais d'à- taire riverain le droit de se servir de l'eau
pr '-s l'art. 1" de la loi du 15 avril 1829, il n'y pour arroser ses domaines, il faut que le cours
a que les rivières sur lesquelles le flottage d'eau soit naturel. On ne pourrait pas faire des
s'exerce avec train et radeaux qui appartien coupures ou prises d'eau sur un cours d'e.-.u
nent sous tous les rapports au domaine pu artificiel ; tel serait un canal ou bief servant à
blic. Les ruisseaux qui ne sont flottables qu'à l'usage des moulins ou usines, lors même que
bûches perdues restent quant à tous leurs cet usage ne nuirait pas au propriétaire du
usages, excepté celui de fa flottabilite, dans canal, ou qu'il serait reclamé dans l'intérêt de
le domaine privé des propriétaires riverains. l'industrie (Courdecass., 28 novembre 1815,
Ces fleuves et rivières appartenant ainsi et 9 décembre 1818); car dans ce cas le lit du
que leurs lits au domaine public, il s'ensuit cours d'eau appartient à celui qui a creuse le
que les lies, Ilots et attérissemens formés ou canal ou le bief.
qui se forment successivement dans le sein Les droits du propriétaire dont l'eau cou
de rivières appartiennent à l'Etat, puis rante traverse l'héritage sont encore beau
qu'ils font partie de leur lit. coup plus étendus , car la loi lui accorde le
Les particuliers peuvent acquérir, soit par droit d'en user pour ses besoins dans l'inter
titre, soit par prescription, certains droits sur valle qu'elle y parcourt; il est seulement tenu
les fleuves ou rivières navigables ou flotta de la transmettre, mais dans l'étal où elle se
bles; ils pourraient acquérir ainsi la pro trouve, après l'usage q^u'il en a fait , au pro
priété des lies , Ilots ou attérissemens , des priétaire du fonds inférieur , et de la ren
droits de pêche, et autres analogues; mais dre ainsi à son cours ordinaire (C. c, 644).
quand il s agit du fleuve considéré en lui- Ainsi il peut faire dans son fonds toutes les
même comme agent de la navigation, il est coupures et constructions qu'il juge néces
imprescriptible dans toutes ses parties ; il saires, lors même qu'elles diminueraient le
cHAr 8". DES EAUX COURANTES. 229
volume de l'eau et que l'usage en altérerait I Tellement et d'une manière continue. La loi
la limpidité. Cependant on admet en général a voulu que l'eau qui sourcille ou qui jaillit
qu'il doit jouir de ces avantages avec réserve, soit considérée comme un produit du fonds ,
et de manière à ne pas rendre illusoire la par la raison que le corps de la source en fait
jouissance dévolue aux propriétaires infé une partie matérielle.Ainsi, qu'il s'agisse d'une
rieurs. Si donc il s'élève quelques contesta source d'eau douce et ordinaire, ou d'une
tions entre les propriétaires auxquels ces source d'eau salée ou d'eau thermale, ou mi
eaux peuvent être utiles, ce sont les tribunaux nérale, peu importe, elle appartiendra, ainsi
ordinaires qui prononcent sur ces difficultés. 3ne tous les avantages qui peuvent résulter
Ils doivent d'abord consulter les réglemens e son usage, au maître de 1 héritage. Il peut
d'eaux particuliers, s'il en existe, et appuyer donc disposer des eaux comme bon lui sem
leur décision sur cette base. A défaut de rè ble , il peut même en céder l'usage , soit a
glement , la loi leur trace elle-même le prin titre gratuit , soit à titre onéreux.
cipe qu'ils doivent suivre, en leur prescrivant Cependant comme l'intérêt de l'agricul
de concilier autant que possible l'intérêt de ture, qui peut bien être sacrifié au respect dù
l'agriculture avec le respect dù à la propriété à la propriété, ne doit pas l'être au caprice
(C c, 645). ou à tout autre motif de malveillance de la
C'est d'ailleurs l'autorité administrative qui part du propriétaire de la source native , on
a le droit de fixer la hauteur des eaux et de s'accorde à refuser au propriétaire du fonds
veiller à ce qu'elles ne nuisent à personne où la source prend naissance le droit de re
floi du 28 sept. 1791, tit. II, art. 16), comme tenir ou interrompre le cours d'eau par ma
aussi de déterminer la hauteur des ouvrages lice ou vengeance , et saus intérêt pour lui
que l'on peut faire pour en jouir (Cass., (loi 38, § de Rei vendit., lib. 6, tit. I). Ainsi il
7 avril 1807 , Répertoire de Merlin , au mot ne pourrait l'anéantir en la perdant dans un
Cours d'eau). Enfin, dans le cas de la décou puits ou entonnoir perforé dans son domaine:
verte d'un nouveau cours d'eau, c'est encore il pourrait moins encore se permettre d'en
à l'autorité administrative qu'il appartient de corrompre les eaux , car c'est là une action
le diriger autant que possible vers un but qui a toujours été considérée comme coupa
d'utilité générale , d'après les principes de ble et qui pourrait donner lieu à des pour
l'irrigation ( instruction de l'assemblée na suites correctionnelles contre le propriétaire
tionale du 12 août 1790). Remarquez que si le voisinage en était incommodé. Mais
ce droit si étendu que la loi accorde au comme le droit de propriété est toujours su
propriétaire dont l'héritage est traversé par bordonné à l'intérêt général et qu'il est borne
un cours d'eau, ne doit appartenir qu'à celui au droit de jouir et disposer de la chose en se
dont il parcourt naturellement la propriété. conformant aux lois et réglemens, le pro
Le propriétaire qui l'aurait fait pénétrer dans priétaire de la source ne peut en changer le
sou domaine artificiellement par des tran cours, et il perd même le droit d'en disposer,
chées, fossés ou coupures, ne pourrait pas lorsqu'elle fournit l'eau nécessaire à un service
réclamer un droit aussi étendu. Il n'y a d'ail- public, qu'elle alimente, par exemple, une
:.vjrs que celui dont la propriété est traversée fontaine qui fournit l'eau nécessaire aux habi-
^aruue eau courante qui ait le droit d'en user tans d'une commune, village ou hameau, sauf
a sa volonté pour l'irrigation de ses propriétés ; l'indemnité qui peut être due au propriétaire
celui dont la propriété est plus reculée ne et qui est réglée par experts , si les habitans
pourrait pas forcer le voisin immédiat de la n'en ont pas acquis ou prescrit l'usage (C. c,
rivière à lui livrer passage par une rigole ou 643 ). Cette servitude s'étendrait même au
canal d'irrigation amenant les eaux sur sou droit de pénétrer et de conduire leurs bes
fonds. Et si un pareil canal de dérivation était tiaux sur l'héritage du propriétaire du fonds
fait sans le consentement des propriétaires de la source, si les habitans ne pouvaient pro
, inférieurs qui jouissent aussi des eaux du fiter autrement de l'usage des eaux. En ce cas,
ruisseau , ils auraient droit de réclamer con l'entrée devrait leur être livrée par l'endroit
tre cette dérivation extraordinaire qui porte le moins dommageable. Cest là une servitude
rait atteinte à leurs droits. Mais il est à dé de nécessité qui ne peut s'appliquer qu'à l'u
sirer, dans l'intérêt de l'agriculture, qu'il sage personnel et immédiat des habitans et
intervienne, entre les divers propriétaires voi à leurs besoins journaliers. Au surplus, la
sins ou à la proximité des rivières, des accords servitude doit se borner à la satisfaction des be
pour étendre autant que possible les bienfaits soins de la commune, en sorte que si la source
des irrigations. Au surplus, le gouvernement était assez abondante pour satisfaire à plu
conserve toujours le droit d'empêcher les dé sieurs usages, le propriétaire resterait maître
rivations d'eau , même à l'égard des simples d'en détourner une partie, car il ne doit aux
ruisseaux, lorsqu'il s'agit de les faire servir à habitans de la commune que l'eau qui leur est
la navigation intérieure. A l'égard des petites nécessaire.
rivières, le propriétaire du fonds traversé ne Le propriétaire du fonds où la source prend
pourrait pas, de sa propre autorité, en dépla naissance perd encore le droit d'en dispo
cer le cours, aucun changement, modification, ser lorsque les propriétaires des fonds infé-
inflexion ou même rectification ne pouvant rieuen ont acquis ou prescrit l'usage ( C. c. ,
y être fait que par les ordres de l'autorité 611); mais les servitudes ne pouvant s'ac
publique (loi du 28 septembre 1791 , tit. II, quérir par prescription qu'autant quelles
art. 16). sont continues et apparentes , la servitude
$ III. — Des sources. de cours d'eau ne peut être acquise par pres
cription que par une jouissance non inter
On entend par source une eau vive qui se rompue de 30 années, a compter du moment
• fa<t jour à la surface du sol et qui coule natu- où le propriétaire du fonds inférieur a fait
230 LÉGISLATION RURALE. UV. TIa
et termine* les ouvrages apparens destinés à tendu qu'il n'j a qu'un torrent là où les eaux
faciliter la chute et le cours de l'eau dans sa ne s'écoulent que dans les temps d'hiver ou de
propriété ( C. c, 642); il faut que ces tra grande pluie.
vaux apparens aient été faits sur le fonds su La différence qui existe entre les petites ri-
périeur, parce qu'alors la loi suppose qu'il y tières et les ruisseaux , c'est qu'à l'égard de*
a eu convention , mais que le titre a été égare. premières les droits des propriétaires se bor
Les ouvrages faits sur le fonds inférieur ne nent à un simple usage des eaux et du domaine
peuvent pas servir à fonder la prescription, superficiaire du lit du fleuve; mais l'auto
car le propriétaire du fonds supérieur a pu les rité conserve le droit trifoncier sur le corps
ignorer, et en tout cas il ne pouvait pas les et le lit de la rivière, ce qui entraîne le droit
empêcher. Il faut de plus que ces travaux pour le public de prise d'eau pour boire et
■oient apparens, il ne suffirait pas qu'il existât, abreuver les bestiaux et pour lavages, de flot-
même sur le fonds supérieur, des conduits tabilité à bûches perdues et concession dn
ou tuyaux souterrains pratiqués même de droit d'établir des usines sur les V>rds de ces
temps immémorial , à moins qu' il n'y ait des rivières. Les ruisseaux, au contraire, sont ainsi
regards qui manifestassent ces travaux ( Cass. 3ue leur Kt et leur tréfonds dans le domaine
26 août 1812. HiNHion-BE-PAuratT, ch. 26, $ es particuliers dont ils bordent ou traversent
4, n« 1" et Proudhon, du Domaine publie, nr les domaines. On peut voir à cet égard la sa
1376. vante dissertation de M. Proudhon, Traité du
La seule existence de ruisseaux tracés par Domaine public, a' 930 et suiv., vol. III. De là
la natnre, et possédés par le propriétaire in résultent pliisieifrsdîfférences. D'abord, lors
férieur, ne suffirait pas pour lui assurer la que le cours d'eau d'une petite rivière borne
propriété incontestable du cours d'eau. Quel un héritage , il lui sert de confins , et l'héri
que longue qu'ait été sa jouissance durant tage profitç de tous les accroissemens et snp-
cet état de choses , il pourrait toujours être porte toutes les pertes de terrain qui résultent
privé de l'avantage des eaux par le fait du des allnvions, attérissement, relais on ehan-
propriétaire de la source qui voudrait lui don gemens de lits, et la propriété se trouvant
ner un nouveau cours ou un nouvel emploi. ainsi bornée naturellement, le propriétaire ne
Quoique les sources d'eau salée appartien peut former contre le riverain opposé aucune
nent, comme celles d'eau douce, au proprié demande en délimitation. Mars il n'en est pas
taire du fonds où elles prennent naissance, ainsi à Fégard des ruisseaux dont le lit est dans
cependant l'intérêt du fisc a fait admettre le domaine de propriété privée ; le droit d'al-
quelques règles particulières. Ainsi aux ter luvion n'existe pas ; il n'y a rien d'incertain et
mes de la loi du 24 avril 1806, il ne peut être de flottant dans les limites de la propriété ,
établi aucune fabrique et chaudière de sel et nonobstant les cliangemens qui peuvent ar
sans une déclaration préalable du fabricant, à river dans ce genre de cours d'eau, le droit de
f>eine de confiscation des ustensiles propres à propriété foncière reste toujours le même.Cha-
a fabrication et de cent francs d'amende ( voy. que propriétaire peut donc demander la déli
Traité du Domaine public, par M. Proudhon , mitation de son héritage. Et si le ruisseau chan
n° 1392 et suiv. ). Enfin les sources d'eau geant de lit s'est porte entièrement sur l'héri
thermale et minérale sont restées sous la sur tage d'un des riverains, il devient sa propriété
veillance de l'administration publique, non exclusive. Les petites rivières restent, quanl
plus par rapport aux intérêts du fisc, niais à la police, sous la direction réglementaire de
dans l'intérêt de l'hygiène publique ( t'd. , l'autorité gouvernementale; elle doit surveil
n° 1409 et suiv.). ler et réprimer toutes les anticipations que
l'un des riverains ponrrait faire sur le sol de
Section II. — De la du lit des court la rivière, sauf le droit qui appartient aussi aux
riverains de poursuivre devant le* tribunaux
la répression des anticipations commises par
On distingue trois espèces de cours d'eau : d'autres et qui feraient refluer d'une manière
1* les grandes rivières sur lesquelles s'exerce dommageable les eaux sur leurs propriétés.
la navigation ou le flottage avec trains ou ra Mais le lit des ruisseaux étant dan» le domaine
deaux ; elles appartiennent au domaine public, privé , les contestations qui pourraient s'éle
non-seulement quant aux usages, mais aussi ver sur de prétendues anticipations appartien
quant au lit du fleuve ; 2» les petites rivières , draient exclusivement à la juridiction des tri
c est-à-dire celles qui ne sont ni navigables ni bunaux ordinaires.
flottables ; on doit aussi comprendre sous cette Les propriétaires riverains ni antres ne peu
dénomination la partie supérieure des fleuves, vent établir aucun pont ni construire auenne
en remontant vers leur source, à partir du usine dans le lit des rivières sans l'autorisation
point où ils commencent à être navigables ou du gouvernement ; mais cette autorisation n'est
flottables; elles sont, quant à la jouissance pas nécessaire pour former de pareils établ isse-
des avantages qu'on peut en tirer , dans le do mens sur les ruisseaux des propriétés privées.
maine privé; mais leur tréfonds reste dans Enfin, le propriétaire dont un ruisseau tra
le domaine public; 3" enfin les simples ruis verse l'héritage peut de sa seule autorité opé
seaux qui sont dans le domaine privé, même rer un déplacement dans le cours d'eau, le
quant a leur lit et tréfonds. Pour distinguer faire serpenter et circuler sur son domaine
une petite rivière d'un simple ruisseau, il faut suivant son caprice, tandis qu'en fait de ri
considérer sa grandeur et la qualification vières, de quelque classe qu'elles soient, aucun
qu'elle a reçue des habitans. De plus, le carac changement, modification, inflexion ou recti
tère essentiel d'une rivière , c'est qu'elle ait fication ne peut y être fait que par les ordres
un cours pérenne , ou , en d'autres termes , de l'administration publique.
que le cours de ses eaux soit continuel , at- Cependant, et dans tous les cas, les droit!
chap. S". DES ILES ET ILOTS. '281
des propriétaires sur l'élément liquide ne con gable ou non enlève par une force subite une
sistent jamais que dans une jouissance usa- partie considérable et reconuaissable d'un
gère , et ils doivent sans distinction rendre les champ riverain, et le porte vêrs un champ in
eaux , à la sortie de leur fonds , à leur cours férieur ou vers la rive opposée , le proprié
naturel. taire de la partie enlevée peut réclamer sa pro
priété. Mais il est tenu de former sa demande
Section III. — De l'alluvion et des ehangemens dans l'année. Après ce délai il n'y serait plus
de lit. recevable, à moins que le propriétaire du
On appelle alluvion les attérissemens ou ac- champ auquel la partie enlevée a été unie
croissemens qui se forment successivement et n'ait pas encore pris possession de celle-ci
imperceptiblement aux fonds riverains d'un (C. c, 559).
fleuve ou d'une rivière, soit que l'alluvion se M. PnoubHON (n. 1 282) pense que ce droit de
forme par le dépôt des terres charriées par un revendication subsiste, soit que la portion dé
fleuve ou rivière, et alors il s'appelle plus spé tachée du terrain se soit unie à l'héritage infé
cialement attérissement, soit qu'il ait lieu par rieur par superposition ou par simple adjonc
les relais que forme l'eau courante en se reti tion; mais il ajoute que le droit de revendica
rant insensiblement de l'une des rives pour se tion que la loi attribue au propriétaire de la
porter sur l'autre. L'alluvion appartient tou partie enlevée n'est pas celui de revendiquer
jours au propriétaire de la rive découverte, ou de se faire adjuger une partie du sol comme
sans que le riverainducôtéopposé puisse venir formant un second fonds qui soit à lui, mais
réclamer le terrain qu'il a perdu. Toutefois ce bien seulement de reprendre et enlever les
droit n'a pas lieu à l'égard des relais de la mer, terres et débris reconnaissables provenant de
et ne peut être exercé sur les fleuves et ri son fonds. Cette revendication doit être faite
vières navigables et flottables qu'à la charge de dans l'année, et si le propriétaire inférieur
laisser le marche-pied ou chemin de halage con voulait en disposer sans attendre la fin de
formément aux réglemens (C. c, 556 et 557 i. l'année, il aurait le droit de requérir l'autre
L'alluvion doit être l'œuvre progressive de d'avoir à s'expliquer sur la question de savoir
la nature; un des propriétaires riverains ne s'il veut ou non enlever le dépôt et lui faire
pourrait donc jeter dans la rivière aucun prescrire un délai pour cela.
corps, ni y faire aucune plantation dans la vue Si une rivière ou uft fleuve coupe ou em
de donner naissance à 1 alluvion et d'en favo brasse une propriété, elle continue à appar
riser l'agrandisscment.Lorsqueralluviona pris tenir au propriétaire; car il n'y a aucun mo
une consistance ferme et solide et que l'eau a tif de l'en priver (C. c, 5C2). Si un fleuve ou
cessé de le dominer, il peut, il est vrai, y faire une rivière navigable , flottable ou non, se
des plantations pour s'en mieux assurer la pos forme un nouveau cours en abandonnant son
session, parce qu'alors il ne s'agit plus que de ancien lit, les propriétaires des fonds non
conserver ce qu'il a acquis ; mais ces planta vellcment occupés prennent à titre d'indem
tions ne doivent pas être faites de manière à nité l'ancien lit abandonné , chacun dans la
favoriser l'accroissement de l'alluvion ; on doit proportion du terrain qui lui a été enlevé
laisser à la nature seule le soin de compréter (C. c, 563).
son œuvre. 11 est également permis, sauf les
lois de police, aux propriétaires riverains, de Section IV. — Des fies et ilois gui se forment
pratiquer des ouvrages inoffensifs envers les dans le lit des fleuves et rivières.
tiers, pour mettre leurs héritages à couvert
du débordementou de l'action envahissante des Le lit des fleuves et rivières navigables ou
eaux. flottables appartenant au domaine public, il
Le partage des alluvions entre les divers en résulte comme conséquence naturelle que
propriétaires riverains peut faire naître des les Iles , Ilots et attérissemens qui se forment
difficultés sérieuses entre eux; nous,pensons dans le lit de ces fleuves ou rivières, et qui
qu'il doit s'opérer par la prolongation des li- ne sont que l'exhaussemeut de leur fonds, ap
Î;nes latérales des divers héritages voisins de partiennent à l'Etat. Mais aujourd'hui les fonds
a rivière, miellé que soit la direction respec du domaine public se divisent en deux classes :
tive de ces lignes; c'est l'opinion de M. Char la première comprend ceux qui, consacrés à
don, président du tribunal civil d'Auxerre, l'usage de tous, ne sont la propriété de per
dans son excellent Traité du Droit d'alluvion. sonne; telles que les rivières navigables et les
C'est aussi de cette manière que le gouverne grandes routes , et qui par rapport à leur des
ment partage les terrains entre les proprié tination sont inaliénables et imprescriptibles.
taires riverains, lorsqu'il supprime ou rétré La seconde comprend les fonds du domaine
cit une rue ou voie de communication. Voir national ordinaire qui sont possédés par l'Etat
toutefois la dissertation de M. Proudhon, à titre de propriétaire, et qui, comme les pro
u. 1291. priétés particulières, sont susceptibles d'être
La loi distingue avec soin le cas oii l'ac irrévocablement aliénés lorsque la vente en
croissement a été successif et insensible de est faite en vertu d'une loi, car l'art. 2227 du
celui où il a été subit et visible : clans le pre Code civil veut que l'Etat soit soumis pour ces
mier cas, l'alluvion profite par droit d'incor biens aux mêmes règles que les particuliers.
poration aux propriétaires des terres aux De là résulte que les lies et attérissemens qui
quelles il s'est joint; celui dont l'héritage est se forment dans les rivières navigables ou flot
diminué ne peut le revendiquer , parce qu'il tables quoique appartenant à l'état sont sou
est impossible de constater si ces particules mis à la prescription (Ce, 660).
terreuses proviennent du sol de son héritage Mais les lies, Ilots et attérissemens qui sa
ou de celui de toute autre propriété supé forment dons les rivières non navigables ni
rieure ; mais si un fleuve ou une rivière navi- flottables appartiennent aux propriétaires ri
232 LÉGISLATION RURALE uv. vi.
verains (Ce, 561) , et d'après les principes que entrepreneurs qui doivent le creuser à '.
nous avons adoptés ce n'est pas comme formant frais.
une part de leur fonds . puisque le lit ou tré Lorsque la confection ou réparation des ca
fonds de toutes les rivières appartiennent au naux cause quelque dommage aux propriétai
domaine public, mais à titre de don fait par res voisins, 1 Etat ou les entrepreneurs doivent
la loi. L'Ile appartient au propriétaire riverain les indemniser; toutes les contestations qui
du côté où elle s'est formée. Si elle ne se peuvent s'élever à cet égard entre eux et les
trouve placée que vis-à-vis d'un seul héritage, entrepreneurs sont de la compétence du con
elle appartient tout entière au propriétaire de seil de préfecture ( loi du 28 pluviôse an VHI,
ce fonds ; mais si l'Ile s'est formée vis-à-vis le art. 4).
frrint de plusieurs héritages, elle appartien Il en est de même des dommages qui peu
dra à chaque propriétaire en proportion du vent résulter de leur établissement pour les
front de chaque domaine. Lorsque l'Ile s'est propriétés voisines , par les infiltrations qu'ils
formée des deux côtés, elle appartient aux y portent , soit que les terrains soient simple
propriétaires des deux rives à partir de la li ment humectés ou inondés. Les propriétaires
gne qu'on suppose tracée au milieu de la rivière ainsi lésés ont contre le gouvernement ou les
(C. c, 561). concessionnaires un recours en indemnité pour
les pertes qu'ils éprouvent. Ces principes, qui
Section V. ■ Des canaux de navigation ne sont que l'application rigoureuse des lois
intérieure. de l'équité , ont été adoptés par décision du
conseil d'état du 12 mars 1824 a l'égard du ca
Les canaux de navigation intérieure qui ont nal de Loing.(Foy.)oi du 21 vendémiaire an V,
été établis par le gouvernement, quoique creu préambule; décret du 22 février 1813, art. 4;
sés de main d'homme , font partie du do arrêt du 27 avril 1826, cité par M. Mauul,
maine public, puisqu'ils ont expressément t. VID, p. 227; arrêt du 29 février 1832, et
reçu cette destination, et qu'ils n'ont été exé M. Proudhon, Traité du Domainepublic, n°* 797,
cutés, pour le service public, que par l'ex 1563 et 1655.)
propriation des fonds qu'ils occupent; or, cette
expropriation avait justement pour but de les Section VI. — Des lacs.
faire sortir du domaine privé. -
Le plus souvent les canaux de navigation in Les lacs sont de grands et profonds réser
térieure s'établissent par des concessions faites voirs créés par la nature et alimentés par des
à des compagnies ou entrepreneurs qui, aux sources ou des coufans qui conservent perpé
termes de leurs traités , doivent en avoir la tuellement la masse de ces grands réceptacles
possession à perpétuité ou pour un temps li d'eaux.
mité. Dans ce cas , les concessions faites à ces En thèse générale, les lacs font partie du
entrepreneurs consistent seulement dans la domaine public; mais un lac peut également
possession ou jouissance d« l'octroi de la na être dans le domaine privé d'un particulier ou
vigation et non pas dans l'aliénation du canal d'une commune ; c'est ce qui se voit fréquem
qui, étant placé dans le domaine public, est ment à l'égard des petits lacs qu'on trouve
essentiellement inaliénable et imprescriptible dans les pays de montagnes. .
tant que la destination du fonds n'a pas été tota La différence qui existe entre les lacs qui
lement changée. De là il résulte que toutes les dépendent du domaine public et ceux qui ap
aliénations faites par le gouvernement, à la partiennent au domaine privé sont les sui
charge par les acquéreurs ou fes concession vantes :
naires de les éntretenir dans leur état de via Dans les lacs publics, le revenu de la pèche,
bilité publique , ne sont pas de véritables ac comme celui des rivières navigables , appar
tes de vente opérant une aliénation parfaite ; tient à l'Etat; dans les lacs qui sont propriété
que ce ne sont que des engagemens révoca privée , la pêche appartient exclusivement au
bles suivant les circonstances , en indemni propriétaire.
sant les concessionnaires. Ces canaux , même Sur les lacs publics, l'usage de la navigation
concédés à perpétuité } conservent donc tou ou des passages qui peuvent avoir lieu en tous
jours leur nature de voie publique, et comme sens par le moyen de barques et bateaux doit
tels ils restent soumis aux servitudes de vue être permis à chacun comme l'usage des gran
et autres, compatibles avec leur nature envers des routes ; mais le passage au moyen de bar
les fonds voisins ; et toutes les contestations ques à travers un lac privé , pour arriver de
3ui peuvent avoir pour objet ces servitudes I un des bords sur le fonds situé de l'autre
oivent être portées devant les tribunaux côté, ne peut être exigé, pour servir a l'ex
ordinaires. Les canaux de navigation étant des ploitation de ces fonds enclavés, lorsqu'il n'y
voies de communication tracées dans l'intérêt a pas de servitude consentie par le proprié
public, legouvernement peut toujours, moyen taire , que moyennânt indemnité.
nant indemnité, s'emparer des sources et ruis Dans les lacs publics où la masse d'eau est
seaux qui se trouvent dans les terrains supé en général assez abondante pour satisfaire à
rieurs et qui peuvent être nécessaires pour tous les besoins du voisinage, sans nuire à la
alimenter le canal. navigation , toutes les prises d'eau doivent être
En tous cas, le concours du pouvoir législa permises ; au contraire il ne peut être permis
tif est indispensable pour autoriser un canal de pratiquer des rigoles de dérivation dans un
qui doit être creusé par le gouvernement et canal propriété privée sans le consentement
pour voter les fonds nécessaires à sa confec de ce propriétaire.
tion. Le concours de l'autorité législative est Enfin , si le propriétaire du lac privé a quel-
également nécessaire pour autoriser la con 3ue moyen d'en faire écouler les eaux, il peut,
fession d'un canal à une compagnie ou à des e sa propre autorité , obtenir ainsi une plus
CHAP. 3e. DES ETANGS. 233
grande quantité de terrain et même le ré l'eau vienne à diminuer; et réciproquement,
duire à sec, sans avoir recours aux mesures le propriétaire de l'étang n'acquiert aucun
exigées par la loi du 16 septembre 1807, comme droit sur les terres riveraines que son eau
on peut le voir dans la décision du conseil vient à couvrir dans les crues extraordinaires
d'état du 11 août 1824, rapportée par M. Ma- (Ce, art. 558).
carel, t. VI, p. 523, sauf les lois de police sa Il résulte de cet article que les fonds rive
nitaire. rains d'un étang sont soumis à la servitude
d'inondation plus ou moins étendue sur leurs
Section. VII. — Des étangs. bords , dans le temps des grandes crues, et
qu'il suffit que l'étang ait été établi depuis
On nomme étang un amas d'eau retenu par plus de 30 ans, pour que cette servitude reste
des ouvrages de main d'homme. définitivement acquise à l'un sur l'héritage
Chacun peut établir des étangs sur sa pro de l'autre. Mais avant l'écoulement de cet es
priété , mais il doit préalablement obtenir la pace de temps , les propriétaires voisins au
permission de l'autorité administrative, qui raient une action pour faire réduire la chaussée
ne l'accorde qu'après une enquête decommodo de l'étang à une hauteur telle qu'elle ne pût
vel incommoda, faite dans l'intérêt de la salu Slus leur nuire; et ils auraient même droit
brité publique. C'est elle aussi qui doit fixer 'en exiger la démolition totale si la disposi
la hauteur du déversoir des eaux de manière tion du local ne permettait pas d'y for er un
à ce qu'elles ne nuisent à personne ( loi du 28 étang.
septembre 1791 , tit. II, art. 16). Les voisins Il résulte aussi de cette disposition de notre
sont également autorisés à former opposition Code que ce qu'on peut appeler les lais et
dans leur intérêt particulier à la formation relais d'un étang ne sont pour le propriétaire,
d'un étang, sauf à faire statuer par l'autorité comme pour ses voisins, que soumis à une
compétente sur le mérite de leur opposition. possession passagère et précaire , les actes de
Le propriétaire d'un étang nouvellement possession de la part des riverains, tels que
construit n'a pas le droit de forcer le proprié d'y couper de l'nerbe, d'y faire paître des
taire inférieur à recevoir ses eaux, a moins troupeaux, ne pourraient pas servir de fon
qu'elles n'eussent auparavant un écoulement dement à la prescription, et de part ni d'au
naturel, même en lui offrant une indemnité tre on ne pourrait agir au possessoire sur cet
proportionnée au tort qu'il en éprouverait , espace intermédiaire.
attendu que dans ce cas il ne s'agit plus d'un L. Malepeyre.
intérêt public, mais d'un intérêt privé ( C. c,
545 et 640). On voit par ce qui précède combien les dis
Le propriétaire d'un étang doit tenir sa positions de nos lois sur les étangs sont in
bonde et sa chaussée dans un état tel qu'il complètes ; aussi , comme nous l'avons déjà
n'en résulte aucun préjudice pour les pro dit dans notre article sur ce sujet, p. 179,
priétaires voisins. S'il ne les réparait pas et les étangs, dans le département de l'Ain, sont-
qu'il résultât de sa négligence des chutes ou ils des nids à procès. La nécessité d'avoir
infiltrations d'eau, il serait tenu de réparer le des règles fixes, pour prévenir ou décider les
dommage qui en résulterait. contestations, y a fait établir quelques règles
Durant tout le temps qui s'écoule depuis d'usage ou de coutume qui tiennent lieu de
l'alvinage ou l'empeuplement, jusqu'à la pê loi; mais ces règles elles-mêmes sont souvent
che de l'étang, les poissons qui s'y nourris contestées. Dans la plupart des autres pays
sent sont considérés comme accessoires du on n'a pas des réglemens aussi précis : on se
fonds, et en cette qualité immeubles par des plaint généralement de ce que les lois ne sont
tination ( C. c. , 524 ) -, mais lorsque tirés des pas intervenues pour donner un caractère fixe
étangs ils sont renfermés dans des viviers ou a ces dispositions souvent vagues et peu pré
réservoirs, ils reprennent leur nature de meu cises, et qui, par cette raison, sont souv-nt
bles. ruineuses pour ceux qui les invoquent. Ni...»
Lorsque deux ou plusieurs étangs commu allons résumer la plupart de ces dispositions,
niquent entre eux, les poissons appartiennent en parcourant ce que M. Durand a ait sur les
toujours au propriétaire de l'étang où ils se usages du Forez et M. de Marivaux sur ceux
trouvent, pourvu qu'ils n'y aient pas été atti de la Sologne ; nous avons trouvé peu à ajout ci
rés par fraude ou artifice (C. c, art. 564 ); aux usages de Bresse; ils soat consignés dans
mais un propriétaire peut suivre son poisson les ouvrages des jurisconsultes Reval et
oui a remonté par une crue ou débordement Collet , etc. , résumés dans la statistique de
d'eau, jusque aans la fosse ou auge de l'étang Collin , d'où nous les avons extraits, en les
voisin ; il peut faire vider cette fosse dans la resserrant, comme pouvant fournir des ren -
huitaine, le propriétaire présent ou dûment seignemens utiles à tous les pays d'étangs.
appelé. Une partie de ces dispositions est sans doute
C'était l'ancien usage attesté par tous les devenue contestable dans l'ordre nouveau et
auteurs qui ont écrit sur le droit rural, et le sa législation actuelle; c'est un motif de plus
Code n'y a pas dérogé, puisqu'il n'attribue au pour solliciter à ce sujet des dispositions lé
propriétaire que le poisson qui passe dans son gislatives.Toutefois nous n'admettrons pas l'o-
étang. fiinion de ceux qui voudraient regarder l'évo-
Enfin l'alluvion n'a pas lieu à l'égard des age comme un droit purement léodal; il y a
étangs, les propriétaires riverains ne peuvent sans doute un grand nombre d'étangs faits
acquérir aucun droit sur l'étang dont le pro- par conventions et le consentement mutuel
Ïiriétaire conserve toujours le terrain que des parties qui y ont trouvé avantage.
'eau couvre lorsqu'elle est à la hauteur de la 1° Le propriétaire d'étangs doit la vidange à
décharge de l'étang, encore que le volume de l'étang supérieur tant pour la pêche que pour
AGRICULTURE. tomeJV.—30 •
234 LEGISLATION RURALE. MT. TV
Passée ; cette vidange doit se donner avant le lement à la charge de l'état. Sont toutefois
15 mars. 5» Le propriétaire d'un fond supé exceptés les canaux et fossés existans ou qui
rieur à un étang ne peut , même pour son seraient creusés dans les propriétés particu
usage , détourner les eaux de l'étang. 8° Le lières et entretenus aux frais des propriétai
propriétaire de l'évolage a droit de suite sur res ( loi citée, art. t*r ).
son poisson dans les prés et même dans les La pêche, dans les rivières de l'état, ne
étangs supérieurs; ce droit ne dure qu'un an. peut donc être exercée que par les porteurs
4» Le propriétaire des étangs a le jet de Berce, de licence ou par les fermiers qui s'en seront
c'est-à-dire le droit de prendre de la terre a rendus adjudicataires ( idem, art. 5 ).
7 pieds et demi au dehors de sa chaussée, et le Le gouvernement doit déterminer, d'après
voisin de l'étang ne peut faire des fossés sans des enquêtes de commodo vel incommoda,
se tenir au moins à cette distance. 5° Le pro quelles sont les parties des fleuves et rivières
priétaire de l'étang ouvre el ferme à volonté où le droit de pêche sera etercé au profit du
les grilles ou daraises, les fonds inférieurs ne domaine de l'état. Il a également le droit de
peuvent rien exiger pour cet objet, sans titre. déclarer navigable ou flottable une rivière qui
6" Le propriétaire de l'évolage doit donner ne l'était pas, et dans ce cas il n'est dû aux
assec chaque 3* année; s'il est le plus grand propriétaires riverains que l'indemnité de leur
portionnaire du sol, il peut s'en dispenser, droit de pêche supprimé {idem, art. 3).
sauf indemnité, sinon il ne peut le refuser. Les fermiers et porteurs de licence ne
Il entretient seul la chaussée, les grilles et peuvent user, sur les fleuves et canaux navi
les thoux; pour les réparations de la chaussée, gables, que du chemin de halaee, et sur les
on prend la terre d'abord dans la pêcherie et rivières flottables, que du marche-pied, sauf
ensuite partout où on le peut sans nuire. 7° Ce à traiter de gré à gré avec les propriétaires
lui qui a pie dans l'étang doit l'ensemencer riverains suri' usage des terrains dont ils peu
de grains qui s'enlèvent en même temps que vent avoir besoin pour retirer et asséner leurs
ceux semés par les autres propriétaires; le filets ( io>m, art. 35 ).
propriétaire de l'eau a droit de le sommer à cet Dons toutes les rivières et canaux, autres
effet, et après le délai, de cultiver la pie lui- que ceux ci-dessus désignés, les propriétaires
même. 8° Un propriétaire de pie peut la clore riverains ont, chacun de son côté, le droit de
d'une naie sèche l'année de l'assec, et en pêche jusqu'au milieu du cours de l'eau, sans
jouir alors comme i\ V'entend , pourvu que sa préjudice des droits contraires établis par
récolte soit enlevée au moment de recueillir possession ou titre.
les eaux, qui est fixé à la Toussaint. 9" Un Le droit de pêche, dans Jes cours d'eau non
propriétaire de pie peut forcer tous les autres navigables ou flottables, est un des attributs et
a reparer la chaussée. 10» Tout propriétaire comme une partie de l'usufruit perpétuel que
de partie d'assec ou d'évolage a droit de nai- la loi attache aux propriétés riveraines ; il ne
sage et pâturage; ce droit cesse si les eaux peut donc en être détaché et cédé à perpé
sont baissées d'un tiers. 11* Lé propriétaire tuité à des étrangers ; mais l'un des proprié
d'une pie, lorsque l'étang est en assec, n'a taires riverains pourrait acquérir, par titre ou
droit de pâturage que sur sa pie; ce droit par possession, le droit de pêche sur tout le
cesse même après la récolte. cours d'eau qui est vis-à-vis le front de son
M. de Mar'ivaux dans son écrit sur les héritage; ce seraitalors un des deux usufrui
étangs de la Brenne, propose tin projet de loi tiers qui prescrirait contre l'autre. Chacun
où il a fondu une partie de ces dispositions; des propriétaires pourrait aussi louer et af
cet écrit, très bon à- consulter, se trouve fermer son droit de pêche sur sa portion de
dans le numéro des Annales d'Agriculture du la rivière, comme tout usufruitier peut affer
31 août 1836. mer le droit de jouissance qu'il a sur un héri
A. Pmris. tage.
Les droits qui dérivent de la propriété sont la loi a voulu que le bornage se fit à frais
assez multipliés, nous ne nous occuperons ici communs » (Ce, 646 ).
que de deux espèces de ces droits dérivatifs Le bornage remonte aux premiers âges do
a savoir : du bornage et du droit de clôture. monde. Moïse et Numa Pompilius, ces deux
grands législateurs des Hébreux et des Ro
Section I". — Des bornage et délimitation!. mains , avaient non-seulement fait un devoir
à leurs peuples de fixer les limites de leurs
Ç Ier. — Du bornage des propriétés rurales. héritages, mais ils avaient mis au rang des
plus grands crimes le déplacement fraudu
Le droit de bornage dérive du droit de pro leux de ces signes sacrés de la propriété,
priété, le maître de la chose ayant toujours parce qu'ils avaient senti que le respect de ce
intérêt à ce qu'elle ne soit pas confondue droit pouvait seul assurer l'existence et le re
avec celle de ses voisins; de là cette disposi pos des sociétés.
tion de la loi qui porte que « tout propriétaire On entend en général par borne toute mar
peut obliger son voisin au bornage de leurs que qui sert à designer la ligne séparative de
propriétés contiguës ; et comme cette délimi deux héritages. Mais le plus communément
tation d'héritages est dans l'intérêt conuuun. ce sont des pierres plantées debout et eu fou
au*. 4*. DES BORNAGES ET DÉLIMITATIONS. 23!)
cées en terre aux confins des propriétés con- Si les titres des deux voisins offraient une
tigtiës. Four témoigner que ces bornes ont étendue plus ou moins grande que celle de
été placées pour limiter les héritages, on place tout le terrain, il faudrait faire une règle de
dans certains endroits du charbon pilé sous proportion et attribuer à chacun une quan
la pierre qui sert de borne ; dans d'autres lo tité proportionnelle à ses droits.
calités, ce sont des morceaux de verre, de Si les borues avaient été placées en vertu
cuivre ou autre métal ou quelques autres frag- d'un titre commun et non contesté et que,
mens de saatière qui paraissent avoir été par erreur, elles se trouvassent avoir été mal
placés de mains d'hommes. Le plus souvent placées, l'erreur devrait être rectifiée.
on se contente de placer des tuileaux prove Après la vérification des titres et le mesu-
nant d'une seule brique que l'on casse en plu rage des terres, on place les bornes, on dresse
sieurs morceaux, et qu'on place en divers en procès-verbal de l'opération, et si le bornage
droits du pied de la borne, sans trop les mor est fait en justice, les experts déposent leur
celer, de manière qu'on puisse reconnaître, rapport au greffe du tribunal, qui statue con
en les rapprochant , qu'ils proviennent d'une formément aux dispositions du Code de.pro
même tuile ou brique. cédure civile. *
Ces marques s'appellent garons, témoins Souvent il arrive que la demande de bor
ou fileuses[ Brodeau, sur la Coutume du Maine, nage entre deux propriétaires nécessite la
art. 297. Coquille, sur celle du Nivernais, même opération entre un plus grand nombre.
tit. VIII ). Mais ces usages ne limitant pas Si, par exemple, le propriétaire dont le champ,
les signes qui peuvent servir à déterminer les fait partie d'une vaste plaine demande le bor
bornes des propriétés, tout autre mode de nage à son voisin et que ni l'un ni l'autre ne
délimitation, tel qu'un fossé, un talus, un trouve la quantité de terrain portée en leurs
mur, une haie, etc. pourraient servir à borner titres, ils sont alors forcés de demander le
des propriétés contiguës. bornage aux autres voisins, de sorte que le
Le bornage ou la reconnaissance des an bornage peut s'étendre ainsi de proche en,
ciennes limites se fait à l'amiable, si les deux proche à tous les propriétaires aune vas ;
voisins sont majeurs et d'accord. Ils dressent plaine.
alors un acte sous seing privé, en double, ou C'est un grave inconvénient, car les frais
ils font rédiger, par le notaire du lieu, un énormes qu entraînent ces arpentages génd*'
procès-verbal authentique qui constate le raux mettent les petits propriétaires dans l'im
bornage. possibilité de profiter des dispositions de la
S'ils ne peuvent s'accorder, les bornes doi loi, puisqu'ils ne pourraient obtenir le borna
vent être placées, envertu d'un jugement, par ge sans s'exposer à se ruiner. Le meilleur
des experts convenus entre les parties ou moyen d'éviter que l'action que la loi leur ac
nommes d'office par le juge. Ces experts prê corde ne soit vaine, ce serait de fixer sur le
tent serment et procèdent dans les formes territoire de chaque commune et, sous la sur
déterminées par le Code de procédure ci veillance des conseils municipaux, des points
vile. fixes de repère qui auraient été établis avec
Chaque partie remet ses titres aux experts toutes les précautions nécessaires, de ma
pour qu'ils puissent déterminer les endroits nière à limiter les arpentages que le bornage
où les bornes doivent être placées. Ces titres pourrait exiger.
doivent servir de règles, à moins que l'un des Nous avons vu avec plaisir que ce moyen
voisins n'ait acquis une plus grande quantité de faciliter ou plutôt de rendre possible les
de terrain que celle portée dans son titre par bornages que nous avons proposés lors de la
la prescription, c'est-à-dire par une posses publication de notre code rural ( 1834), a fixé
sion paisible et continue pendant 30 ans, s'il l'attention du gouvernement. Voici en effet
n'a pas de titre qui lui confère un droit sur dans quels termes s'exprime M. le ministre
cette partie de la propriété, et pendant dix du commerce, dans la circulaire par lui adres
ans seulement, si la personne contre laquelle sée aux conseils généraux, le 4 septembre
il prescrit réside sur les lieux, et 20 ans si 1835. « Les anticipations de propriété sont
elle n'y est pas, lorsqu'il possède en vertu fréquentes et grandement dommageables. —
d'un titre translatif de propriété dont il ignore Lorsque l'on considère tout l'avantage qu'il y
les vices. Mais, pour prescrire, même par la aurait à mettre obstacle à ces empiètemens
possession de 30 ans, il ne faut pas que cette et à tarir ainsi la source principale des con
possession puisse être considérée comme clan testations relatives à la propriété rurale;
destine, et l'on réputerait telle une légère an quand on s'aperçoit que les mutations de
ticipation de terrain faite en labourant une propriété, souvent indiquées avec inexacti
pièce de terre où il n'y aurait pas de bornes tude, diminuent insensiblement chaque an
ou dont les bornes ne seraient plus appa née les bienfaits de l'opération du. cadastre,
rentes. on est amené à regretter que dès le principe
S'il y a différence entre les titres des deux de cette grande opération les communes, à
voisins, celui qui possède doit être préféré. mesure que leur territoire a été cadastré)
S'il n'y a pas de titre, la seule possession n'aient pas fait limiter les principales divi
doit faire la règle. Si l'un a des titres et que sions cadastrales qui îi'avaient pas de limites
l'autre n'en ait pas, les titres doivent servir certaines par de* bornes rattachées à des
de règle. points fixes et toujours facilement rempla
Si les deux voisins ont des titres, mais qu'ils cées en cas de disparition. Dans l'intérieur
ne fixent pas l'étendue de la portion de cha de ces divisions, les géomètres auraient pu
cun, il faut partager également et par moitié, indiquer sur les plans la largeur et la hau-
toujours en supposant qu'il n'y ait pas de pos I tenr de chaque parcelle, et de celte façon les
session contraire. t usurpations auraientété rendues impossibles.
240 LÉGISLATION RURALE. LIV. TI.
« Ce bornage, qui n'aurait pas causé beau l'état et les propriétés riveraines peut tou
coup de frais pour chaque commune et dont jours être requise, soit par l'administration
la dépense aurait été supportée, soit sur les forestière, soit par les propriétaires riverains
fonds communaux, soit au moyen d'un rôle (loi citée, art. 8).
extraordinaire additionnel à la contribution Toutefois, en reconnaissant le droit égal
foncière, pourrait être appliqué à tous les soit des particuliers soit de l'administration
territoires qui ne sont pas encore cadastrés. à provoquer la séparation des immeubles li
« Quant aux territoires cadastrés, l'opération mitrophes, il a paru conforme é la justice
pourrait se rattacher aux plans de conserva d'autoriser l'administration à suspendre le
tion du cadastre, dont s'occupe M. le minis cours des actions partielles en bornage, pour
tre des finances et qui sera l'objet d'une pro vu qu'elle offrit d y faire droit dans le délai de
position législative. » six mois en procédant à une délimitation géné
Ces vues sont sages, sans doute, et introdui rale de la forêt ( idem, art. 9 ).
raient de grandes améliorations dans la pro Dans ce cas l'administration doit annoncer
priété rurale, mais elles se rattacheraient cette opération deux mois à l'avance, par
mieux encore à un plan général de réunion un arrêté' du préfet, qui sera publié et af
qui, nous aimons à nous flatter de cet espoir, fiché dans les communes limitrophes; ei.,
remédiera un jour au morcellement pres pour qu'aucun citoyen ne puisse être dé
que indéfini de la propriété qui menace l'ave pouille d'une portion de sa propriété par
nir de notre agriculture et a l'enclave et en l'emploi de moyens administratifs, dont il
chevêtrement des terres, source de procès et pourrait très facilement, surtout dans les
de dommages pour la culture de notre sol. campagnes, n'être pas instruit en temps uti
Dans l'état actuel de notre législation, la le, la loi a voulu que l'arrêté du préfet
délimitation ne peut être confondue avec le fût signifié au domicile des propriétaires
bornage, la cour de cassation l'a décidé ainsi riverains ou à celui de leurs fermiers, gar
par arrêt du 30 décembre 1818. Elle a pensé des ou agens (idem, art. 10 ): et comme
que la délimitation indiquait seulement la l'article 173 de cette même loi donne aux
ligne séparative des propriétés, mais que le gardes de l'administration le droit de faire
bornage seul constatait légalement cette li toutes citations et significations d'exploits en
gne ; qu'ainsi l'action de bornage devait être matière forestière , Tes frais qui auraient pu
accueillie lors même que les propriétés au résulter de cette disposition se trouvent ré
raient des limites suffisamment indiquées, duits et les inconvéniens qu'elle semble pré
telles que haies vives, épines et arbres. senter au premier abord sont entièrement
En général les bornes placées aux extrémi palliés.
tés des héritages indiquent qu'il faut, pour Après ce délai, les agens de l'administra
former les limites, tirer une ligne droite d'u tion forestière procèdent à la délimitation en
ne borne à l'autre. présence ou en l'absence des propriétaires ri
Pour avoir droit d'intenter l'action en bor verains (idem, art. 10).
nage; il faut posséder à titre de propriétaire. Le procès-verbal de délimitation est immé
Ainsi le fermier ou colon ne pourrait pas in-, diatement déposé au secrétariat de la préfec
tenter directement celte action, mais ils le ture et par extrait au secrétariat de la sous-
pourraient indirectement en actionnant leur préfecture, en ce qui concerne chaque arron
bailleur pour le contraindre à leur livrer la dissement. Il en est donné avis par un arrêté
contenance de terrain qui leur a été donnée du préfet, publié et affiché dans les commu
à bail ou à faire cesser le trouble qu'ils éprou nes limitrophes. Les intéressés peuvent en
veraient dans leur jouissance, de la part du prendre connaissaissance et former leur op
voisin. position dans le délai d'une année, à dater du
Enfin on s'accorde à donner à l'usufruitier jour où l'arrêté a été publié. Dans le mê
et au preneur, à titre d'emphytéose, le droit me délai le gouvernement déclare s'il ap
d'intenter l'action de bornage. Mais M. Pboud- prouve ou s'il refuse d'homologuer ce pro
hon pense que le bornage fait avec l'usufrui cès-verbal, en tout ou en partie. Sa déclara
tier n'est que provisoire, et que le proprié tion est rendue publique de la même ma
taire peut en demander un nouveau à la fin nière que le procès - verbal de délimitation
de l'usufruit ( Traité de l'usufruit, n° 1243. ( idem, art. 1 1 ).
Voy. aussi Toullier, n» 169 et suiv.). Si, à l'expiration de ce délai, il n'a été élevé
On considère aujourd'hui l'action de bor aucune réclamation par les propriétaires ri
nage comme imprescriptible, parce qu'elle est verains "contre le procès-verbal de délimita
inhérente à la propriété, qu'elle en suit le tion et si le gouvernement n'a pas déclaré son
sort et ne peut en être détachée. refus d'homologuer, l'opération sera définiti
ve. Les agens de l'administration procéderont,
J II. — De Ja délimitation et bornage de* boil et dans le mois suivant, au bornage en présence
forêts conliguës à ceux de l'Etat. des parties intéressées, ou elles dûment ap
pelées par un arrêté du préfet, ainsi qu'il est
La délimitation et bornage des bois et fo présent ci-dessus ( idem, art. 12 ).
rêts appartenant à des particuliers se fait con Si la séparation s'opère par un simple bor
formément aux règles qui précèdent, mais nage, les dispositions de l'article 640 du Code
lorsqu'ils sont contigus à des forêts de l'état, civil sont applicables et les frais de bornage
le bornage se fait d'après des règles particu sont supportés en commun ( idem, art. 14 ).
lières qui sont consignées dans la loi du 21 La séparation peut aussi être effectuée par
mai 1827 et dans l'ordonnance d'exécution du des fossés de clôture, soit de la part de l'admi
1" août de la même année. nistration, soit de la part des particuliers. En
La séparation entre les bois et forêts de ce cas, ces fossés doivent être faits aux frais de
COAP. 4* DROIT DE CLOTURE. L'I!
la partie requérante et pris en entier sur son refusent de le faire, si même ilsne se présen
terrain( idem, art. 14). Mais il ne résulte pas de tent ni en personne ni par un fondé de pou
cette disposition que l'état ouïes particuliers voir, il en sera fait mention. En cas de
puissent nuire au voisin, sans que celui-ci ait difficultés sur la fixalidh des limites, les ré
le droit de réclamer une indemnité. Un fossé quisitions directes ou observations contradic
de clôture peut nuire considérablement aux li toires seront consignées au procès- verbal.
sières des bois qui, en général, sont formées Toutes les fois que par un motif quelcon
des plus beaux arbres ; en dénudant leurs ra que les lignes de pourtour d'une forêt, telles
cines, on les expose à souffrir et même à pé qu'elles existent actuellement, devront être
rir. La loi a voulu seulement considérer l'é rectifiées, de manière à déterminer l'abandon
tat comme un particulier et que chacun res d'une portion du sol forestier, le procès-verbal
tât dans le droit commun. Celui donc qui devra annoncer les motifs de cette rectifica
se croira lésé pourra poursuivre l'autre de tion, quand même il n'y aurait à cet égard
vant les tribunaux. On sent, en effet, que les aucune contestation entre les experts ( idem,
dispositions de l'article 672 du Code civil, qui art. 61 ).
permet au propriétaire de couper les racines Dans le délai d'une année le ministre des
des arbres qui s'avancent sur son terrain et de finances doit rendre compte au roi des mo
contraindre le voisin à élaguer les branches tifs qui pourront déterminer l'approbation
qui se projettent sur sa propriété, ne sont pas ou le refus d'homologation du procès-verbal
applicables aux bois et forêts, aux termes des de délimitation ; il est statué par le roi sur ce
dispositions de l'article 150 de la loi du 21 mai rapport.
1827 qui prononce des peines graves contre A cet effet, aussitôt que le rapport aura été
ceux qui élagueraient les arbres des bois et déposé au secrétariat de la préfecture, le pré
forêts sans l'autorisation des propriétaires. fet doit en faire une copie entière qu'il adresse
Au surplus, l'indemnité ne pourrait être pro sans délai au ministre des finances ( idem,
noncée que par les tribunaux civils, en con art. 62 ).
formité de l'article 1332 du Code civil. Les intéressés peuvent requérir des ex
En tous cas ce sont les tribunaux ordinai traits dûment certifiés du procès-verbal de
res qui sont appelés à statuer sur toutes les délimitation, en cè qui concerne leur proprié
contestations qui peuvent s'élever relative té; les frais d'expédition de ces extraits sont
ment à la délimitation entre l'état et les par à la charge des requérans et réglés à raison
ticuliers, et c'est encore eux qui doivent sta de 75 centimes par rôle d'écriture, confor
tuer si les agens forestiers refusent de pro mément à l'article 37 de la loi du 25 juin 1794
céder au bornage ( idem, art. 13 ). ( idem, art 63 ).
Les réclamations que les propriétaires pour
Ç III. — Mode de procéder à la délimitation et au ront former, soit pendant les opérations, soit
bornage des bois et foréls. dans le délai d'un an, devront être adressées
au préfet du département, qui les communi
L'ordonnance du 1" août 1827 règle le mode quera au conservateur des forêts et au direc
de procéder à la délimitation et au bornage teur des domaines pour avoir leurs observa
des bois et forêts entre l'état et les particu tions (idem, art. 64 ).
liers. La demande doit en être adressée au Les mairç* justifieront, dans la forme pres
préfet du département (art. 57). crite par l'article 60 ci-dessus, de la publica
Si les demandes ont pour objet des délimi tion de l'arrêté pris par le préfet pour faire
tations partielles, il sera procédé dans les for connaître la résolution prise par le gouverne
mes ordinaires. Dans le cas où les parties se ment relativement au procè- -verbal de déli
raient d'accord pour opérer la délimitation et mitation. Il en sera de même de l'arrêté par
le bornage, il y aurait lieu à nommer des ex lequel le préfet appellera les riverains au bor
perts; le préfèt, après avoir' pris l'avis du nage, conformément à l'article 12 du Code
conservateur des forêts et du directeur des forestier ( idem, art. 65 ).
domaines, nommera un agent forestier pour Les frais de délimitation et bornage seront
opérer comme expert dans l'intérêt de l'état établis par articles séparés, pour chaque pro
( idem, art. 58 ). priétaire riverain, et supportés en commun
Mais s'il s'agit d'effectuer la délimitation par l'administration et lui. L'état en sera
générale d'une forêt, le préfet nomme les dressé par le conservateur des forêts et visé
agens forestiers et les arpenteurs qui devront par le préfet. Il sera remis au receveur des
Ïirocéder dans fintérêt de l'état, et indique domaines, qui poursuivra par voie ne con
e jour pour le commencement des opéra trainte le paiement des sommes à la charge
tions et le point de départ ( idem, art. 59 ). des riverains, sauf l'opposition sur laquelle il
Les maires des communes où devra être af sera statué par les tribunaux, conformément
fiché l'arrêté destiné à annoncer les opéra aux lois ( idem, art. 66 ).
tions relatives à la délimitation générale sont
tenus d'adresser au préfet des certificats Section II. — Du droit de clôture.
constatant que cet arrêté a été publié et affi
ché dans ces communes ( idem, art. 60 ). Le droit de clore ses héritages dérive éga
Le procès-verbal de délimitation est rédigé lement du droit de propriété , et l'assem
parles experts, suivant l'ordre dans lequel l'o blée constituante a aboli toutes les lois et
pération aura été faite; il sera divisé en autant coutumes qui contrariaient ce droit par l'ar
d'articles qu'il y aura de propriétés riveraines, ticle 4 de la section IV de la loi du.28 sep
et chacun de ces articles sera clos séparément tembre 1791. Le Code civil a sanctionné cette
et signé par les parties intéressées. Si les pro disposition.
priétaires riverains ne peuvent pas signer ou Deux exceptions ont toutefois été intro-
A6RICl'LTCnik. 82* livraison. TOMK IV.—3 1
242 LÉGISLATN >N RURALE, lîv. vi.
duites, la première en faveur de celui dont le qu'il en a le droit, perd son droit au parcours
fonds est enclavé. Il peut réclamer un droit et à la vaine pâture, en proportion du ter
de passage, comme nous le dirons par la rain qu'il y soustrait (Ce, 648 ). Si doue
suite; il eu est de même, à plus forte raison, il clôt le tiers de ses héritages, il perdra le
lorsque le droit de passage est fondé sur un droit d'envoyer à la pâture le tiers des bes
litre tiaux qu'il aurait eu le droit d'y faire paitre,
Dans les pays où le parcours et la vaine pâ avant de faire clore ses propriétés.
ture ont lieu, pour connaître si l'on peut Un héritage est réputé clos lorsqu'il est ea-
clore son héritage il faut établir les distinc touré d'un mur de quatre pieds de hauteur,
tions suivantes: Si le droit de parcours et avec barrière ou porte, ou lorsqu'il est exac
vaine pâture est fondé sur un titre exprès, tement fermé ou entouré de palissades ou de
au profit d'un ou plusieurs particuliers, on treillages, ou d'une haie vive, ou d'une haie
ne peut clore l'héritage qui y est soumis; mais sèche faite avec des pieux ou cordelée avec
s'il n'existe que de paroisse a paroisse ou qu'il des branches, ou de toute autre manière de
ne soit fondé, même entre particuliers, que faire des haies, en usage dans chaque localité,
sur des usages locaux, chaque propriétaire ou enfin d'un fossé de quatre pieds de large
peut s'y soustraire en mettant ses héritages au moins à l'ouverture et de deux de profon
en état de clôture. Ces distinctions, qui ré deur (loi du 28 septembre 1791, titre 1", sec
sultent des dispositions de la loi du 28 sep tion IV, art. 6 ).
tembre 1791, ont été consacrées par un arrêt La clôture n'est jamais forcée dans les cam
de la cour ie cassation, du 14 fructidor an IX, pagnes ; on ne peut donc pas contraindre le
et confirmées depuis la promulgation du Code voisin même à la réparation de la clôture com
civil par un nouvel arrêt de la même cour, mune, la loi ne la rendant obligatoire que dans
du 13 décembre 1808. les villes et dans les faubourgs ( C. c, 663).
Tout propriétaire qui se clôt, lors même
i
CHAP. 5'. DES SERVITUDES RURALES.
veruemenl, soit qu'ils aient été établis par Ce droit ne peut jamais s'exercer sur h-s
des entrepreneurs concessionnaires, ils ne prairies artificielles; il ne peut avoir lieu sur
sauraient être une servitude naturelle, comme un terrain ensemencé ou couvert de quelque
celle qui existe sur le bord des fleuves et ri production, qu'après la récolte. Dans les prai
vières navigables. L'on ne peut donc exercer ries naturelles sujettes au parcours ouàla vai
ce droit que sur les bords qui dépendent du ne pâture, il est soumis aux usages locaux ; il
canal, et qui ont dû être achetés, soit par le ne peut avoir lieu que dans les temps autori
gouvernement, soit par les concessionaires, sés, et jamais tant, que la première herbe n'a
lorsque le canal a été creusé, de même que le pas été récoltée (idem, art. 10).
lit du canal; de sorte que les propriétaires Dans les pays où le parcours et la vaine pâ
riverains n'ont aucun droit de propriété sur ture sont admis, ce droit ne pouvait être
ses bords latéraux. Mais aussi si les besoins exercé, avant la loi du 28 sept. 1791, que col
de la navigation exigeaient que le chemin de lectivement, au nom de la commune, et non
halage fût élargi, les propriétaires du canal individuellement et à troupeau séparé; mais
ne pourraient exiger cet élargissement à titre aujourd'hui tout propriétaire ou fermier peut
de servitude, de la part des propriétaires ri renoncer à cette communauté et l'aire garder
verains; ils devraient acheter, soit degré à par troupeau séparé un nombre de bétail pro
gré, soit par voie d'expropriation, après avoir portionné à l'étendue des terres qu'il exploite
rempli les formalités légales, les terrains dont dans la commune; il peut avoir un pâtre par
ils auraient besoin. ticulier, et par suite se dispenser de concou
rir au paiement du pâtre communal (idem, art.
s°. Parcours et vaine pâture. 12, et cour de cass., 4 juillet 1821 ). Les trou
Les usages connus sous le nom de parcours peaux ne doivent pas être conduits au-delà des
et vaine pâture, quoique ayant des rapports limites prescrites par la coutume du lieu. La
d'analogie, diffèrent cependant ; l'un et l'autre plupart des coutumes indiquaient pour limi
se rapportent à la libre pâture des troupeaux ; tes du parcours le clocher de chaque commu
mais le parcours ou compascuité donne à des ne soumise au droit de réciprocité, ou, à dé
troupeaux de plusieurs communes le droit de faut de clocher, le milieu de la commune.
paître sur les terres les unes des autres, avec La quantité de bétail que chaque particulier
ou sans réciprocité ; tandis que la vaine pâ a le droit d'envoyer à la vaine pâture est pro
ture est restreinte au droit de faire paître, portionnée à l'étendue du terrain qu'il exploi
dans sa commune seulement, des bestiaux, te. C'est, au surplus, à l'autorité municipale
sur les grands chemins, dans les prés naturels, à fixer le nombre des bestiaux que chaque par
après la coupe du premier foin, sur les ja ticulier a le droit d'y envoyer (idem, art. 13).
chères, les friches, sous les bois de haute fu La compascuité, c'est-à-dire le parcours de
taie et dans les taillis, lorsqu'ils ont atteint commune à commune, est aussi susceptible
une certaine hauteur et qu'Us ont été décla d'être réglée par la même autorité. Toute
rés défensables. fois, les arrêtés pris parle conseil municipal
Le parcours, entraînant la vaine pâture, a d'une commune n'obligeraient que les habi-
donc plus d'extension qu'elle. Ces deux usa tans de cette commune, et non ceux des com
ges sont peu connus dans les pays de petite munes voisines sujettes au droit de récipro
culture, et le premier est plus rare que le se cité (Cass., 20nov. 1823).
cond. On sentait depuis long-temps les incon- Néanmoins, comme il peut se trouver des
véniens graves que ces usages présentent pour chefs de famille domiciliés qui n'aient pas de
le développement de l'agriculture, puisqu'ils terre, soit en propriété, soit à titre de fer
formaient des obstacles insurmontables à la miers, dans la commune sujette au parcours
destruction des jachères et qu'ils s'opposaient ou à la vaine pâture, ou bien des chefs de fa
à l'irrigation des prairies, à la formation des mille, propriétaires ou fermiers, à qui la mo
prairies artificielles, qu'ils empêchaient d'ob dicité de leur exploitation n'assurerait pas as
tenir des regains dans les prairies naturelles, sez d'avantages à cet égard, la loi leur a permis
enfin qu'ils contribuaient a propager les épi- de mettre sur ces terrains, soit par troupeau
zooties, en transportant les miasmes délétè séparé, soit en troupeau commun, jusqu'au
res d'une commune à une autre. nombre de six bêtes à laine et d'une vache
Depuis la loi du 28 sept 1791, la servitude avec son veau, sans préjudicier aux droits des
réciproque de paroisse à paroisse, connue dites personnes sur les terres communales,
sous le nom de parcours, et qui entraîne avec s'il y en a dans la paroisse, et sans entendre
elle le droit de vaine pâture, avait été res rien innover aux lois, coutumes et usages lo
treinte dans d'étroites limites, et n'a été caux, et de temps immémorial, qui leur ac
maintenue que là où elle était devenue un corderaient un plus grand avantage ( idem,
droit. Ainsi cette servitude n'existe plus que art. 14).
lorsqu'elle est fondée sur un titre, ou autori A plus forte raison, les propriétaires ou fer
sée par un usage iocal et immémorial. Si ces miers, exploitant des terres sur la commune,
conditions n'existent pas, l'exercice de cette ont droit au parcours et à la vaine pâture, en
servitude a dû cesser et la commune rentrer proportion du terrain qu'ils y possèdent, lors
sous l'empire de la loi générale, qui restreint même qu'ils ne seraient pas domiciliés dans la
le pâturage de chaque commune à son terri commune ; c'est un droit de réciprocité qu'il
toire. était juste de leur accorder ; mais dans aucun
En tous cas, les communes ne peuvent user cas les propriétaires ou fermiers ne peuvent
de ce droit, lorsqu'il n'existe pour elles qu'eu céder leur droit à d'autres (idem, art. 15).
se conformant aux usages locaux, lorsqu'ils Tout propriétaire peut s'affranchir de ces
ne sont pas en opposition avec la loi ( loi ci deux servitudes, en faisant clore son héritage.
tée, art. 2, 8 et 4). Dans ce cas il perd, comme nous l'avons vu
-
254 LÉGISLATION RURALE uv. VI.
( voy. clôture), ses droits au parcours et à la du commerce du 4 septembre 1835, que
vaine pâture, en proportion du terrain qu'il y nous avons déjà citée, a invité les conseils
soustrait (C. c, 648). Il faut aussi remarquer généraux à rechercher quels seraient les
que la clôture n'affranchit de ces deux servi moyens les plus avantageux d'utiliser ces
tudes , entre particuliers, que lorsqu'elles ne propriétés. Espérons que ces investigations
sont pas fondées sur un titre ; dans le cas con conduiront à des résultats qui seront d'autant
traire elles subsisteraient malgré la clôture (loi plus avantageux qu'on y aura apporté plus de
du 28 sept. 1791, art. 7 ). Mais lorsqu'il s'agit maturité.
d'un droit réciproque entre deux communes,
la clôture affranchit du parcours, lors même 3". De l'essartement.
qu'il serait fondé sur un titre, et la commune,
dont les droits seraient restreints par ces clô On appelle essartement l'obligation impo
tures, ne pourrait prétendre à aucune indem sée aux propriétaires de bois, épines et brous
nité, sauf à elle à renoncer à la faculté de ré sailles , qui se trouvent dans l'espace de
ciprocité qui résultait de celui de parcours 60 pieds des grands chemins, servant au pas
entre elle et la paroisse voisine, et par cela sage des coches et carrosses publics, qui tra
même à s'en affranchir. Cela aurait également versent les forêts, de les essarter et couper à
lieu si le parcours au profit de la commune leurs frais , en sorte que le chemin soit libre
s'exerçait sur le terrain d'un particulier(ùiem, et plus sûr. Cette obligation est imposée par
art. 17 ). Ainsi la loi établit une distinction l'ordonn. de 1669, tit. XXVIII, art. 3. Dans les
notable entre les communes et les particu lieux où cet essartement serait exigé par l'au
liers, puisqu'elle annule les titres des com torité , on devrait accorder au propriétaire
munes et respecte ceux des particuliers, à 6 mois à partir de l'avertissement.
l'exception, toutefois, de la pâture sur les Les 60 pieds exigés par l'ordonnance doi
prairies naturelles, lorsqu'elle existe eu vertu vent être pris à partir des bords extérieurs
d'un titre conventionnel; car ce titre, dans la du chemin. Au reste, il faut remarquer que,
main des communes comme dans celle des par dans bien des localités, cette mesure de sû
ticuliers, fait obstacle à la clôture des prairies reté publique ne s'observe plus à la rigueur.
(idem, art. 10 et 11; et Henrion De Pensey, S'il y a contestation à ce sujet, c'est au con
Police rurale et forestière, p. 410). seil de préfecture qvi'il faut avoir recours.
Enfin tout droit de vaine pâture, même
fondé sur un titre entre particuliers, est ra- 4°. De l'alignement.
chetable à dire d'experts , suivant l'avantage
que pouvait en retirer celui qui avait ce Il est défendu aux propriétaires des héri
droit, s'il n'était pas réciproque ou eu égard tages adjacens aux routes ou chemins pu
au désavantagée qu'un des propriétaires aurait blics , de construire aucun édifice ni clôture
à perdre la réciprocité si elle existait ; le tout en maçonnerie sur les bords, sans avoir ob
sans préjudice au droit de cantonnement, tenu l'alignement du préfet. C'est au conseil
tant pour les particuliers que pour les com de préfecture, sauf recours au conseil d'état,
munautés (idem, art. 8). que les contraventions à cette défense doi
L'Assemblée constituante aurait probable vent être portées, conformément à la loi du
ment entièrement supprimé ces droits , en 29 floréal an X. Faute par le propriétaire ri
réglant les conditions du rachat lorsqu'ils se verain d'avoir demandé et obtenu l'aligne
raient fondés en titre , si elle n'avait pas ment, il se rend passible d'une amende de
craint les effets dangereux d'une abolition 300 fr., et si, en construisant sans alignement
subite. En 1808 , la suppression totale de cet ou sans observer celui qui a été indiqué , il
usage fut proposée à la presque unanimité , commet quelque anticipation sur la voie pu
par les commissions locales fondées à cette blique , il doit être en outre condamné à dé
époque pour préparer les bases d'un nouveau molir et à souffrir la confiscation de ces ma
code rural. Pendant les 20 dernières années tériaux.
qui viennent de s'écouler, la suppression des
jachères, la culture des prairies artificielles § II. — Serritude d'utilité particulière.
et des racines, ont été adoptées avec plus ou
moins d'extension dans tous les départemens. Les engagemens qui se forment sans con
Ces améliorations se généralisant de jour ventions peuvent résulter ou de la loi ou
en jour, la vaine pâture devient ainsi de plus d'un fait personnel à l'une des parties; sous
en plus onéreuse pour les propriétés qui y ce paragraphe, nous ne nous occuperons que
restent soumises , et en même temps elle des obligations résultant des lois, qui ont
offre moins d'avantages à ceux qui en usent, reçu le nom de servitudes légales. Elles sont
lorsqu'ils se bornent à jouir sans fraude du relatives aux devoirs réciproques des pro
droit qui leur est laissé; il est donc probable priétaires voisins , et spécialement à l'écoule
que ces servitudes si onéreuses pour l'agri ment des eaux pluviales ou natives, à la mi
culture seront bientôt supprimées. toyenneté et au droit de passage.
Dans l'hypothèse de la suppression de ces
servitudes , la loi qui interviendra devra né 1" Servitude* résultant de la situation des
cessairement déterminer les movens d'uti lieux.
liser la quantité considérable de biens com
munaux que l'adoption de cette mesure Les fonds inférieurs sont assujétis, envers
laissera libre. Ces biens, qui ne produisent ceux qui sont plus élevés, à recevoir les
pour ainsi dire rien aujourd'hui, sont sus eaux qui en découlent naturellement, sans
ceptibles d'acquérir une immense valeur par que la main de l'homme y ait contribué. Le
le défrichement. La circulaire du ministre propriétaire inférieur ne peut point élever de
CHAP. 5*. DES SERVITUDES RURALES. 255
digue, qui empêche cet écoulement; le pro d'échelle, qui résultait du seul voisinage et
priétaire supérieur ne peut rien faire qu' qui consistait dans le droit attribué au pro
aggrave la servitude des fonds inférieurs priétaire d'un mur non mitoyen de faire
(C. c, 640). passer ses ouvriers sur le fonds de son voi
Les mêmes règles doivent aussi s'appliquer sin et d'y déposer ses échelles pour réparer
aux éboulemens de terre , rochers et avalan ce mur, étant abolie. C'est la conséquence de
ches, pierrailles et graviers qui se précipitent l'art. 681 du Code civil , qui déclare impres
naturellement des collines, comme aux eaux criptibles les servitudes discontinues. Le
des torrents et ravins qui n'auraient pas de propriétaire qui fait construire un mur doit
cours réglé. donc laisser, entre ce mur et l'héritage voisin
Le propriétaire des fonds inférieurs ne l'espace suffisant pour pouvoir faire les répa
{>eut rien faire pour empêcher l'exercice de rations à ce mur sans entrer sur l'héritage
a servitude ; mais s'il proposait de faire , soit du voisin, à moins qu'il n'acquiert ce droit
sur son terrain , soit sur le fonds supérieur , ou qu'il ne lui soit concédé par un titre for
quelques travaux qui, sans nuire au proprié mel. Voyez ci -après, droit de passage, let
taire supérieur, rendraient l'écoulement des tre D.
eaux moins nuisible à sa propriété , les tribu Lorsqu'un propriétaire laisse autour de
naux, guidés par l'équité, pourraient l'autori son mur un espace suffisant pour le répa
ser à faire ces travaux à ses frais. rer au besoin, il est prudent de faire cons
Mais si les propriétaires inférieurs et supé tater par un procès - verbal fait en présence
rieurs ne peuvent pas, dans leur intérêt par des voisins ou eux dûment appelés , que le
ticulier, modifier l'ordre de la nature sur propriétaire du mur a conservé cette partie
l'écoulement des eaux pluviales, l'adminis de terrain. Il peut alors en user comme bon
tration le peut dans l'intérêt public. lui semble, y établir les égoûts de ses eaux, y
Ainsi, lorsque l'administration juge utile jeter ses immondices, pourvu qu'elles ne s'é
de donner une direction particulière et nou tendent pas sur le terrain voisin , et sauf les
velle au cours des eaux de quelque nature lois de salubrité; il peut aussi ouvrir sur ce
qu'ils soient , les particuliers sont obligés de terrain des portes et des jours, pourvu qu'il
s y soumettre. C est alors une servitude im ait la largeur requise par les articles 678 et
posée au fonds par l'autorité civile pour 679 du Code civil.
cause d'utilité publique. La présomption légale de mitoyenneté
C'est ainsi que, pour prévenir la dégra cesse lorsqu'il existe des marques du con
dation des routes et chemins , l'on y pratique traire, telles que des filets, chaperons, cor
souvent des rigoles pour en dévier les eaux beaux, ou un plan incliné d'un seul côté, ou
pluviales sur les fonds adiacens. Quelque enfin lorsque le mur soutient un édifice ou
dommage qui puisse eu résulter pour les pro une terrasse appartenant à l'un des voisins; à
priétaires, ils n'ont pas droit de s en plaindre. plus forte raison ces présomptions cessent
Et comme l'exercice d'un droit légal est lorsqu'il .y a un titre.
toujours permis, lors même qu'il en résulte Lors même que la non - mitoyenneté est
rait pour autrui quelque dommage, le pro prononcée, tout propriétaire joignant un mui
priétaire d'un champ peut y tracer de pro peut le rendre mitoyen , en remboursant au
fonds sillons, y pratiquer des fosses et autres propriétaire la moitié de la valeur du mur, au
ouvrages propres à l'assainir, pourvu qu'il moment où il veut le rendre mitoyen , et la
n'y fasse pas des canaux de dérivation qui moitié de la valeur du sol sur lequel il est con
porteraient artificiellement les eaux sur le struit. Le voisin n'est d'ailleurs pas forcé d'ac
terrain inférieur. quérir la mitoyenneté de tout le mur; il peut
n'en acquérir qu'une partie et jusqu'à la hau
2°. De la mitoyenneté. teur qu il désire. Lorsque les deux voisins ne
peuvent s'entendre sur lavaleurde la partie du
Les servitudes de mitoyenneté s'appliquent mur que l'un d'eux veut acquérir, le prix doit
au mur séparatif de deux héritages ruraux , être fixé par experts; celui qui veut acquérir
au fossé et à la haie. doit faire alors des offres réelles du prix qu'il
offre, et suivant que ces offres sont trouvées
A. Du mur. suffisantesou insuffisantes par letribunal saisi
de la contestation, le demandeur ou le défen
On appelle mur mitoyen celui qui est seur sont condamnés aux dépens.
construit sur la limite de deux héritages con- L'un des voisins ne peut pratiquer dans le
tigus , qui a été édifié à frais commun , et est corps d'un mur mitoyen, et à plus forte raison
assis moitié sur le terrain de l'un des pro- dans le corps d'un mur qui appartient exclu
■ priétaires et moitié sur le terrain de l'autre. sivement à l'autre propriétaire, aucun jour
Si le mur est établi en vertu d'une conven ou fenêtre. Lorsque le mur est mitoyen, aucun
tion, le titre qui l'établit en règle les charges des propriétaires n'a le droit d'y appliquer
et les effets ; à défaut de titre le Code civil ses édifices, d'y pratiquer des enfoncemens
établit une présomption légale qui en tient ou de le percer pour y placer des poutres ou
lieu. En général le mur est présumé mitoyen solives, qu'après avoir obtenu le consente
s'il n'y a titre ou marque du contraire (C. c, ment du voisin ou avoir fait régler par expert
6531. Lorsque le mur est mitoyen, chaque les moyens nécessaires pour que ces travaux
voisin doit souffrir le passage des ouvriers ne nuisent pas au voisin. On se contente, dans
et des matériaux nécessaires aux répara la pratique, de faire signifier au voisin l'inten
tions, qui doivent se faire à frais communs; tion où Von est de percer le mur, et s'il n'y a
mais il n'en est pas de même si le mur n'est pas opposition de sa part, on peut procéder à
pas mitoyen, la servitude d'échelage ou tour ces opérations.
2;,G LEGISLATI' i?i RURALE. i.iv. vf.
Celui qui est propriétaire exclusif d'un mur sé, en sorte que s'il croitsur te talus quelques
séparant deux héritages, peut même y prati bois ou épines, le propriétaire du fossé a le
quer des jours et fenêtres donnant sur la pro- droit de les couper, pourvu qu'il reste de
Ïîriété voisine, en se conformant toutefois à bout dans son fossé, en faisant cette coupe, et
'article 676 du Code civil, sauf le droit réservé qu'il ne se serve que d'une serpette bûche-
au voisin d'en acquérir la mitoyenneté et de resse; c'est ce qu'on appelle bûcher à la volée
faire supprimer en ce cas les ouvertures. delà serpe (Traité du voisinage, au mot fossé ).
Chaque propriétaire doit contribuer pro Le fossé mitoyen doit être entretenu à frais
portionnellement à ses droits aux réparations communs; ainsi la réparation et lecuragedes
et à la reconstruction du mur mitoyen (C. c, fossés sont des charges communes ; chacun
355).Toutefois, tout propriétaire d'un mur mi peut contraindre son voisin à contribuera ces
toyen peut se dispenser de contribuer aux répa frais d'entretien. Mais chaque voisin aie droit
rations et reconstructions, enabandonnanl son de se dispenser de contribuer aux réparations
droit de mitoyenneté, y compris la portion de et au rétablissement du fossé mitoyen, en
terrain sur laquelle son mur est construit, abandonnant la mitoyenneté. Toutefois, nous
pourvu, toutefois, qu'il ne soutienne pas un pensons, avec DisLviNcouiiT(C'our* de droit ci
édifice qui lui appartienne (Ce, 656), les clô vil), que le voisin ne pourrait pas se dégager
tures n étant pas forcées dans les campagnes, des charges de la mitoyenneté, si le fossé
l'article 663 du Code civil ne les rendant obli était du nombre de ceux que l'on pratique
gatoires que dans les villes et faubourgs. pour l'écoulement des eaux respectives des
deux héritages, ce cas ayant beaucoup d'ana
B. Du fossé. logie avec celui d'un propriétaire qui a un bâ
timent appuyé sur le mur mitoyen et qui ue
Les fossés dont il s'agit sous ce paragraphe, peut abandonner la mitoyenneté pour se dis
sont ceux qui font l'office de clôture, en ser penser de contribuer aux charges (C. c,,
vant à garantir l'héritage des invasions du de 656).
hors. La présomption légale de mitoyenneté
existe à l'égard des fosses qui séparent deux C. De la haie.
héritages, s'il n'y a titre ou marque du con
traire (C. c, 666). De même que le mur et le fossé, toute baie
Le rejet ou la levée de la terre d'un, seul qui sépare des héritages est réputée mitoyen
côté fait présumer qu'il n'y a pas mitoyenne ne, s'il n'y a titre ou marque du contraire, et
té ; le fossé est censé appartenir à celui du la loi met au nombre des signes qui établis
côté duquel se trouve le rejet (C. c, C67). sent la non-mitoyenneté le cas où il n'y a qu'un
S'il y a rejet des deux côtés, ou s'il n'y a pas seul des héritages en état de clôture. La haie
de levée et que le terrain soit uni des deux cô appartient alors à celui des propriétaires qui
tés, le fossé est encore censé mitoyen. est clos de toute part, sauf toujours le cas où
Dans les campagnes, un voisin ne peut ja il y aurait titre ou possession suffisante au
mais contraindre 1 autre à faire un fossé de sé contraire (C. c, 670).
paration, la clôture n'étant jamais obligatoire, On distingue deux espèces de haies de clô
comme nous l'avons dit, excepté dans les villes ture, la haie sèche et la haie vive. La premiè
et faubourgs. re se forme de bois secs liés ensemble, et qu'on
Celui qui veut se clore par un fossé, doit renouvelle toutes les fois que le besoin l'exige ;
prendre toute la largeur du fossé sur son hé on la nomme aussi haie morte, et, dans quel
ritage; il doit même laisser entre son fossé et ques endroits, hallier. Elle peut se planter
l'héritage du voisin un espace suffisant, pour sur la ligne séparative des deux héritages,
que ce dernier n'ait pas à souffrir de l'ébou- sans observer aucune dislance ; ne poussant
lement des terres. La largeur du talus de la aucune racine ni branche, il n'est pas à crain
berge, du côté du voisin, doit être propor dre qu'elle s'étende sur le terrain du voisin.
tionnée à la profondeur du fossé, suivant la La haie vive, au contraire, se forme d'ar
nature du terrain, de manière que le talus bustes de diverses natures, qui s'accroissent
soit suffisant pour empêcher que la berge ne par la végétation et forment un fourré qui of
s'éboule. Suivant les usages locaux, maintenus fre quelquefois les mêmes avantages qu'un
par le Code civil, la distance qui doit séparer mur. Mais la haie vive pouvant, par l'ombre
un fossé de la limite d'une propriété voisine qu'elle projette et les racines qu'elle pousse
est en moyenne de 53 centimètres ; mais tan sur l'héritage voisin, nuire au propriétaire de
tôt cette distance est plus ou moins considé ce fonds, elle ne peut être plantée qu'à la dis
rable, et quelquefois elle n'existe pas. Cepen tance fixée par les réglemens locaux, ou par la
dant il y a injustice à ouvrir un fossé immé loi à défaut de réglemens. Cette distance est
diatement contre le terrain du voisin, qui alors d'un demi-mètre de la ligne séparative
souffre nécessairement des éboulemensqu'en- des deux héritages (C. c, 671 ).
traine cette ouverture. Par la circulaire, déjà A l'égard de la haie vive, celui qui en émon-
citée, du ministre du commerce, en date du de habituellement les arbres, qui en recueille
4 septembre 1835, il propose de fixer un maxi les fruits, sans opposition de la part du voi
mum de 35 centimètres pour la distance du sin, est censé propriétaire; et si l'émoudage
bord extérieur du fossé à la limite de la pro- et la cueillette des fruits avaient duré 30 ans,
Criété voisine. Cette mesure nous semble cette possessioli, si elle avait été paisible et
onne et utile et nous espérons qu'elle sera non interrompue, lui assurerait la propriété
adoptée. exclusive de la haie, lors même qu'il serait
Au surplus, le talus ou espace qui reste conslaté par litre qu'elle était originairement
ainsi entre le fossé et l'héritage du voisin mitoyenne; celui qui aurait titre et bonne foi
continue à appartenir ou propriétaire du fos- pourrait même prescrire par 10 ans, si celui
CHAP. 5* DES SERVITUDES RURALES.
contre lequel il prescrirait était présent, et 20 le réclame. Ainsi il peut être circonscrit dans
ans s'il était absent. certaines saisons, ou à certaines époques de
Quelques coutumes accordaient au voisin l'année, ou même à certaines heures.
propriétaire de la haie, le droit d'aller sur Le passage ne peut donc être fixé arbitrai
l'héritage voisin pour cueillir et ramasser les rement par celui qui le doit ; il doit être pris
fruits des arbres qui s'y étendaient; mais cet régulièrement du côté où le trajet est le plus
usage n'est pas consacré, et ce droit lui est court, du fonds enclavé à la voie publique.
aujourd'hui refusé (cour de cass., 31 décem. Tout propriétaire auquel on réclame un
1810). droit de passage peut donc s'en défendre, en
L'article 672 du Code civil accorde au voisin prouvant que rheritage d'un autre voisin pré
le droit de couper les racines des arbres qui sente un trajet moins long, quoique moins
avancent sur sa propriété ; mais elle lui donne commode ; toutefois, si ce passage, pour être
seulement le droit de le contraindre par les praticable, obligeait celui qui le réclame à des
voies judiciaires à élaguer les branches qui dépenses considérables, il pourrait s'adresser
avancent sur son héritage; il ne pourrait pas à un autre voisin. Il en serait de même si le
opérer lui-même cet élagage sans autorisation passage, quoique physiquement possible, était
du juge (C. c.,672). dangereux ou coûteux pour celui qui le ré
Lorsqu'il y a un fossé ou tranchée, ou jet clamerait. Ainsi le passage par terre pourrait
de terre formant talus, au-delà de la haie, elle être réclamé, lors même qu'il serait possible
cesse d'être mitoyenne ; elle est censée appar d'aborder la propriété par eau, si la traversée
tenir à celui du côté duquel se trouve la tran de la rivière était dangereuse.
chée ou le rejet (cour royale de Paris, 10 juin Le passage doit aussi être accordé dans l'en
1809). droit le moins dommageable à celui qui est
Les arbres qui se trouvent dans la haie mi forcé de l'accorder; ainsi il peut, en raison
toyenne sont mitoyens comme la haie, et cha des convenances locales et de la commodité
cun des propriétaires a le droit de requérir du propriétaire qui le doit, être pris d'un côlé
qu'ils soient abattus ( C. c, 673 ). Toute où le trajet du fonds enclavé à la voie publi
fois, si le tronc de l'arbre ne se trouve pas que n'est pas le plus court (cour de cass., 1er mai
dans la haie, quoique ces arbres s'étendent 1801 ). Quelquefois la servitude de passage ,
dans la haie et même sur l'héritage voisin, il quoique peu onéreuse dans son origine, do-
est censé appartenir exclusivement au pro- vient gênante par la suite. En effet, cette ser
Friétaire du terrain d'où sort le tronc de vitude étant divisible, est due à tout le fonds
arbre. enclavé et à chaque partie de ce même fonds ;
Les propriétaires des haies vives, dont les en sorte que si ce propriétaire vient à vendre
héritages bordent la voie publique, sont tenus son héritage par portions ou qu'il se divise
de faire élaguer les branches qui obstruent la naturellement entre ses héritiers, il est dû un
viabilité. ( Voy. ci-dessus Essartement.) passage au propriétaire de chaque portion.
Les haies mitoyennes doivent aussi être en Si les parties ne conviennent pas entre elles
tretenues à frais communs. Chaque proprié à l'amiable, soit du montant de l'indemnité,
taire peut forcer son voisin à contribuer an soit de l'endroit et du mode de la servitude,
rétablissement de la haie, à moins qu'il ne le tout doit être réglé par experts, propor
préfère abandonner son droit à la mitoyen tionnellement au dommage que le passage
neté. peut occasionner à celui qui le doit, et sans
avoir égard à l'avantage que doit en tirer celui
D. Du droit de passage. auquel il est dû.
Cette servitude peut aussi s'acquérir gra
L'enclave ou enchevêtrement des proprié tuitement par la prescription de l'action en in
tés, offre des inconvéniens insurmontables demnité (C. c, 685).
aux progrès de notre agriculture, et nous fai Quand on établit une servitude, on est cen
sons des vœux sincères pour que des mesures sé accorder tout ce qui est nécessaire pour
législatives, rendues faciles par l'assentiment l'exercer; ainsi celui qui aurait acquis, par
des propriétaires ruraux et leur concours à titre, le droit d'aller puiser de l'eau à une
l'exécution, viennent bientôt faire cesser cet fontaine, aurait nécessairement le droit de
état vraiment déplorable(l). Sous le régime ac passage (C. c, 696 ).
tuel, celui dont le fonds est enclavé et qui n'a Lorsque le passage pst réglé par les con
aucune issue surlavoiepubliqueponr l'exploi ventions des parties ou par experts, le titre
tation de son héritage, peut demander un qui l'établit ou qui le règle fait la loi des par
passage sur l'héritage voisin, à la charge«4'une ties. Toutefois si la fixation primitive était
indemnité proportionnée au préjudice qui devenue trop préjudiciable au propriétaire du
doit en résulter pour celui qui livre le pas fonds assujeti à la servitude, ou si elle l'em
sage (Ce, 682). pêchait de faire des réparations avantageuses,
Pour que le passage puisse être réclamé, il il pourrait offrir au propriétaire de l'autre
faut qu'il y ait enclave complète. L'incommo fonds un endroit aussi commode pour l'exer
dité du passage ordinaire, fût-elle extrême, cice de ce droit et cehii-cl'ne pourrait pas le
ne suffirait pas pour obliger le voisin à grever refuser (C. c, 701 ). ,
sa propriété de cette servitude. Le passage Celui qui fournit le chemin n'est pas teuu
forcé sur l'héritag - voisin n'est pas de sa na de l'entretenir à ses frais, mais il doit souf
ture illimité; au contraire, il doit nécessaire frir les réparations qui seraient faites par ce
ment être restreint aux besoins de celui qui lui qui a droit de jouir du chemin. Dailleurf
(i) Voyez notre article sur la réunion des propriété» morcelées inséré en 1 836 dans la plupart des journau
d'agriculture publiés à Paris, et la lettre deM.B«»TrB» de Roville, dans 1 Jgrvnome , fin de 1835.
AOBicti.Tt rk. 83* livraison. tome IV. —33
258 LEGISLATI N RURALE. tiv. ti.
tout, dans cette matière, doit être réglé par nécessité constatée, etde ne l'accorder, quelles
l'équité et les lois de bon voisinage. Par sa que soient les circonstances , qu'à la condi
circulaire, en date du 4 septembre 1835, que tion d'indemniser le dommage. On voit par-là
nous avons eu plusieurs fois l'occasion de citer, que le ministre propose de rétablir l'échelage
M. le ministre du commerce propose d'étendre ou tour d'échelle, droit qui existait autrefois
le droit de passage sur la propriété d'à utmi dans les campagnes et qui, comme nous l'a
au cas où il ne serait pas possible de réparer vons dit ci-dessus, semble avoir été aboli
un mur ou d'élaguer autrement une haie éta comme conséquence de l'art. 681 du Code
blie sur la limite de deux propriétés, sans civil. C'est là une servitude de nécessité et
passer sur la propriété voisine, en admettant nous croyons, avec leministre, qu'il serait dé
toutefois que si l'héritage est clos, ensemencé sirable qu'elle fût établie dans les limites qu'il
pu chargé d'une récolte, il semble convenable propose.
de restreindre la faculté de passage, au cas de
Avant la loi du 28 septembre 1791 , la jouis gestion de leurs biens, ces derniers seuls ont
sance des propriétés rurales était soumise à le droit de faire des baux des biens de leurs
une foule d'entraves. Indépendamment des administrés.
restrictions imposées par les usages féodaux, Lorsqu'un fermier prend une ferme à bail,
les lois de police soumettaient les proprié il doit donc faire examiner les titres de pro
taires aux' bans de moisson, fenaison, de priété du bailleur, car s'il n'était pas proprié
vendange, glanage, chaumage , ratelage, taire, s'il n'avait qu'un droit résoluble ou con
grapi liage et autres usages qui mettaient la testé, le fermier ne devrait pas accepter le
propriété dans une espèce de tutelle des au bail, car son droit s'évanouirait avec celui du
torités locales. L'assolement forcé a quelque prétendu propriétaire.
fois été prescrit par les autorités locales, mais Le bail serait également nul s'il avait été
en cette matière comme dans tous les cas de fait par le propriétaire privé de l'administra
production, il est toujours plus conforme à tion de ses biens, sans l'assistance de ceux que
l'intérêt général d'accorder aux producteurs la loi charge de les diriger.
la plus grande liberté. Leur intérêt les gui Enfin lors même que cos baux seraient faits
dera toujours mieux que les actes souvent par les véritables administrateurs, ils ne
arbitraires de l'autorité. pourraient obliger les femmes mariées ou
La liberté restituée aux propriétaires ru leurs héritiers, lés mineurs devenus majeurs,
raux, par la loi du 28 septembre 1791, em les interdits en cas de résipiscence, les com
porte avec elle la faculté de se servir de tous les munes, hospices ou autres établissemens pu
instrumens qui peuvent leur convenir, de faire blics pour les baux consentis par les maires,
la récolte quand bon leur semble, de disposer économes et autres administrateurs, que pour
à leur gré des productions de leur propriété, le temps qui resterait à courir soit de la pre
d'avoir telle espèce dé troupeaux qu'ils ju mière période de 9 années, si les parties s'y
gent convenable, en un mot de disposer avec trouvaient encore , soit de la seconde et ainsi
toute latitude de leurs produits, en se con de suite, de manière que le fermier n'aurait
formant toutefois aux lois et réglemens de que le droit d'achever la période de neuf
police. années dans laquelle il se trouverait ( C. c.
Ce chapitre comprendra 1° le bail à ferme, 171, 481, 450, 509, 1429, 1430, 1718; loi du
2° lebailà cheptel, 3° les mesures de police que 5 février 1791; loi du 16 messidor an VII, art.
l'intérêt des particuliers a exigées pour 15 arrêté des consuls du 7 germinal an IX).
certaines récoltes. Les baux de ueuf ans et au-dessous que ces
administrateurs auraient passé ou renouvelés
Section I™. — Du bail à ferme. plus de trois ans avant 1 expiration du bail
courant, seraient sans effet, à moins que leur
Règles générales. exécution ne fût commencéeavant la fin de leur
gestion.
On appelle bail à ferme celui des héritages L'usufruitier est soumis aux mêmes obli
ruraux, pour le distinguer du bail des pro- gations (C. c, 595). A l'égard du simple usa
Îiriétés urbaines qui a reçu le nom de bail à ger, il ne peut céder son droit et doit jouir
oyer. par lui-même (C. c, 630, 631).
En général le droit de jouir d'un héritage L'intérêt de notre agriculture fait un de
n'appartient qu'à celui qui est propriétaire, voir de modifier ces différentes dispositions.
ou a celui auquel un titre régulier confère la Il faut permettre aux administrateurs de laire
jouissance de ce bien, tels sont les usufrui des baux beaucoup plus longs, en prenant les
tiers, les usagers, et les preneurs à titre de bail. précautions nécessaires pour que les droits
Suoiqueen règlegénérale le propriétaire de la des incapables ne soient pas compromis.
îoseait seul le droit d'en conférer et céder la Le bail peut être fait verbalement ou par
jouissance, cependant comme dans la société écrit.
chacun n'a pas l'administration de ses propres
biens et qu'il a été nécessaire dans 1 intérêt $ I» — Pu bail verbal.
des mineurs, des interdits et des femmes
mariées de confier à des administrateurs la Le contrat de bail n'exige aucune formalité
chap. G*. DU > BAIL''A FERME. 259
et peut être fait même xerbalement, et alors
les conditions en sont réglées par l'usage des i*. Droits et obligations (ht bailleur.
lieux et les dispositions des lois.
Cependant lorsque le bail n'est que verbal Le bailleur est tenu de délivrer au pre
et qu'il n'a reçu aucun commencement d'exé neur la chose louée au temps convenu, de
cution, c'est-à-dire lorsque le fermier n'a en l'entretenir en bon état de grosses répara
core Fait aucun acte de prise de possession, tions qui surviennent pendant la jouissance;
la preuve ne peut en être faite par témoins, le fermier n'étant tenu ordinairement et
quelque modique que soit le prix du bail et sauf stipulations contraires, que des répara
lors même qu'on alléguerait qu'il y a eu des tions locatives, et n'étant obligé de faire les ré
arrhes données. Mais s'il existe un commen parations plus importantes que lorsqu'elles
cement de preuve écrite, c'est-à-dire un écrit ont été occasionnées par le défaut de répara
émané de celui qui nierait le bail, lequel écrit tions locatives. Nous indiquerons par la suite
rendrait probable le fait allégué, la preuve dans la partie administrative quelles sont les
testimoniale pourrait alors être admise. réparations locatives. Enfin il est tenu de faire
En tous cas, le serment peut être déféré à jouir paisiblement le preneur pendant la du
celui qui nie le bail ( C. c, 1715). rée du bail ( C. C, 17 19 et 1720).
S'il y a eu prise de possession, et qu'il y ait Le bailleur, dès qu'il a livré la jouissance
seulement contestation sur le prix du bail, de sa chose pendant un temps déterminé,
les quittances font foi s'il en existe. S'il n'en ne peut plus en changer la forme; ainsi il n'a
existe pas le propriétaire est cru sur son affir pas le droit pendant la jouissance de conver
mation, sauf le droit réservé au fermier de tir un pré en bois, une prairie en terres la
requérir une expertise, auquel cas les frais bourables, ni de faire pendant la durée du
de l'expertise restent à sa charge si l'estima bail aucuns travaux qui puissent gêner la
tion excède le prix qu'il a déclaré (C. c, jouissance du fermier, à moins que ce ne soit
17 IG ). des travaux urgens qui ne puissent être dif
Le bail à ferme fait sans écrit a cela de par férés , car dans ce cas le fermier serait tenu
ticulier qu'il est censé fait pour tout le temps de les souffrir sans indemnité, pourvu qu'ils
nécessaire pour que le preneur recueille tous ne durent pas plus de quarante jours. (C. c.,
les fruits de l'héritage affermé. Mais la durée 1724).
est-elle alors proportionnée à celle de l'asso Le bailleur n'est tenu de garantir le pre
lement an moment où le fermier entre en neur du trouble que des tiers apportent par
jouissance, ou bien à celui qu'il adopte ? Nous voie de fait à sa jouissance, que lorsqu ils
pensons que l'intérêt de l'agriculture doit prétendent quelque droit à la propriété , par
faire décider la question en faveur du fermier, exemple , lorsque la ferme ou une partie des
et que s'il adoptait l'assolement quinquennal terres qui en dépendent sont revendiquées
ou septennal sur ses terres lors même qu'il par un prétendu propriétaire ou fermier. En
ne serait pas en usage dans le pays, le bail ce cas, le fermier a droit à une indemnité
verbal devrait durer 5 ou 7 ans, car il n'aurait proportionnée au préjudice qu'il éprouve,
épuisé qu'après cet espace de temps la rota pourvu toutefois qu'il ait dénoncé le trouble
tion d'assolement qivil aurait adoptée, et au propriétaire en temps opportun ( C. c,
l'art. 1774 du Code civil lui donne droit de 1726); mais si le trouble est occasionné par
profiter de tous les fruits, de toutes les soles. des personnes qui ne prétendent aucun droit
Cette décision paraîtra peut-être rigoureuse de propriété ou de jouissance sur la chose
aux jurisconsultes, mais elle est conforme louée, le bailleur n'est plus tenu de garan
aux intérêts de l'agriculture. tir le fermier du trouble, sauf à ce dernier
à les poursuivre en son nom personnel ( C. c,
§ II. — Du bail écrit. 1725).
Si le bail est écrit, les conditions en sont *°. Droits et obligations du preneur.
réglées par l'acte qui a été dressé. Si 'cet acte
est sous seings privés, il doit être fait en au Le preneur a droit de céder son bail en
tant d'originaux qu'il y a de parties contrac tout ou en partie , si cette faculté ne lui a
tantes. Aiusi, s'il n'y a d'autres parties que le pas été interdite (C. c, 1717). Il lui est dû
propriétaire et le fermier, il suffit qu'il soit fait garantie pour tous les vices ou défauts ca
en double; s'il y a une caution qui intervienne, chés qui empêcheraient l'usage de la chose,
il doit être fait triple, et lorsque plusieurs lors même que le bailleur ne les aurait pas con
personnes ont un même intérêt, il suffit d'une nus lors du bail. Par exemple, si les terres
seule copie pour toutes celles dont l'intérêt étaient sujettes à des inondations périodi
est le même; un mari et une femme, plusieurs ques, qui rendraient la culture impossible.
co-héritiers ou co-propriétaires n'auront be S'il résultait même de ces vices ou défauts
soin que d'une seule copie. Le bail est ud quelque perte pour le preneur, le bailleur
acte fort important; lorsqu'il s'agit d'un grand devrait 1 indemniser; ainsi dans l'exemple
corps de ferme, il doit être fait avec le plus ci-dessus, si les inondations avaient détruit
grand soin. Il vaut mieux le faire dresser par les semences du fermier, le bailleur devrait
nn notaire, parce qu'il acquiert alors ce qu on lui en rembourser les frais (C. c, 1721).
appelle l'exécution parée; c'est-à-dire le droit Le fermier doit user de la chose louée en
d en poursuivre l'effet de piano, sans avoir bon père de famille, c'est-à-dire employer
recours au tribunal, et sans être obligé de su chaque chose aux usages auxquels efleestdesti-
bir les délais de la justice. Lorsque le bail est née; ne pas convertir, par exemple, les ap
écrit, sa durée est toujours fixée par l'acte partenons en greniers, les magasins en écu
même. ries ; et apporter au contraire a la conserva
260 LEGISLATIC T RURALE, ut. «,
tion «les choses les soins d'un bon père (Ce, 11 répond de l'incendie, à moins qu'il ne
1728 ). Il doit réparer les dégradations qui ré prouve que l'incendie est arrivé par cas for
sultent de l'usage de la chose, excepté toute tuit ou force majeure, ou par vice de cons
fois les objets détruits par vétusté ou force ma truction, ou que le feu a été communiqué
jeure. S'il a été fait un état de lieux, il doit les par quelque maison ou ferme voisine ( C. c,
rendre tels qu'il les a reçus d'après l'état; et 1733).
s'il n'en existe pas, il est censé les avoir reçus Les pailles et fumiers sont considérés
en bon état , sauf la preuve contraire. comme faisant partie d'un domaine rural
Le fermier doit cultiver en homme de bien, (C. c, 524). Le fermier n'a pas le droit de
garnir sa ferme d'ustensiles aratoires, de bes les détourner ni de les vendre, mais il est
tiaux et autres objets nécessaires à son ex tenu de les consommer sur le terrain même
ploitation; engranger dans les lieux a ce qu'il tient à bail; cependant si ces fumiers
destinés; diriger sou domaine comme un cul n'étaient pas tous nécessaires à ses terres,
tivateur intelligent qui tire de ses terres soit parce que le genre de ses cultures ne
tous les produits qu'elles peuvent fournir l'exigerait pas, soit parce qu'il aurait d'autres
sans s'épuiser; fumer et ensemencer en temps moyens de les fumer, le parquage de nom
et saisons convenables , et exécuter avec pro breux troupeaux, par exemple, il n'y aurait
bité toutes les clauses de son bail. pas lieu à exiger rigoureusement la conver
Une autre obligation non moins impérieuse sion des pailles en fumier. Le fermier sortant
du fermier, c'est de payer exactement les fer doit laisser les pailles et engrais de Tannée,
mages à leurs échéances; ce paiement doit c'est-à-dire ceux faits journellement après
être fait au lieu désigné par le bail. Si le bail qu'il a semé sa dernière sole de blé, s'il les a
est verbal ou qu'il n'y ait pas eu de désigna reçus lors de son entrée en jouissance ; s'il ne
tion , le paiement devra être fait au domicile les a pas reçus, le propriétaire peut toujours
du fermier, surtout si ce paiement devait les retenir sur estimation (C. c, 1777).
avoir lieu en nature de grains et autres pro Le fermier sortant doit offrir à celui qui
duits du sol, qui exigeraient des frais de voi lui succède toutes les facilités pour les tra
ture; s'il a été convenu que le paiement se vaux de l'année, et réciproquement le fer
rait fait au domicile du bailleur, ce dernier mier entrant doit laisser a celui qui sort les
ne peut pas rendre cette condition plus oné logemens et facilités pour la consommation
reuse en allant demeurer plus loin. Dans ce des fourrages et les récoltes restant à faire;
cas il devrait désigner un heu à la même dis en tous cas les fermiers entrant et sortant
tance où le paiement serait fait, à moins doivent se conformer à l'usage des lieux
toutefois qu'il n'eût été stipulé par le bail (C. c, 1778).
que le paiement serait fait au domicile du Souvent on stipule la contrainte par corps
bailleur quel qu'il fût, et alors même qu'il contre les fermiers pour le paiement des
viendrait a en changer par la suite; car dans fermages des biens ruraux; elle ne peut être
ce cas cette clause devrait recevoir son exé ordonnée que lorsqu'elle a été formellement
cution (C. c, 1728). stipulée. Toutefois le juge peut la prononcer
Pour éviter des contestations sur des diffé contre les fermiers et colons partiaires sans
rences minimes relatives à la contenance de stipulation, faute par eux de représenter à la
la ferme, la loi a décidé qu'il n'y aurait ja fin du bail le cheptel de bétail , les semences
mais lieu à augmentation ou diminution au et instrumens aratoires qui leur ont été con
prix du bail , pour différence de mesure en fiés, à moins qu'ils ne justifient que le déficit
tre la contenance réelle des terres louées et de ces objets ne provient pas de leur fait
celle déclarée au contrat, qu'autant que la (Ce, 2062). Dans ce cas le temps delà dé
différence serait d'un vingtième en plus ou tention est fixé par le jugement oui la pro
en moins, sauf le droit réservé au fermier de nonce; elle ne peut être moindre cf un an, ni
se désister du contrat toutes les fois qu'il y excéder cinq ans ( loi du 17 avril 1832, art. 7 ).
aurait lieu à augmentation de prix (C. c,
1619 , 1620 et 1765 ). 3*. Du colon partiaire.
La loi met encore au nombre des devoirs
du preneur l'obligation d'avertir le proprié Celui qui cultive sous la condition d'un
taire des usurpations qui pourraient être partage de fruits, est tenu des mêmes obli
commises sur le fonds, et punit cette négli gations que le fermier; cependant, comme la
gence par des dommages-intérêts (C. c, convention qui est faite avec lui est basée
1768). Le preneur doit aussi souffrir les ré principalement sur la considération de sa
parations, pourvu qu'elles ne durent pas personne comme cultivateur , il ne peut ni
au-delà de 40 jours, autrement il a droit à sous-louer ni céder son exploitation, a moins
une indemnité ; mais si ces réparations étaient que cette faculté ne lui ait été réservée. En
de telle nature qu'elles rendissent inhabita cas de contravention, le propriétaire a le droit
ble ce qui est nécessaire au logement du de rentrer en jouissance, et le colon peut
fermier et de sa famille, il pourrait deman être condamné aux dommages-intérêts (C. c,
der la résiliation du bail (C. c, 1724). 1763 et 1764).
Le fermier est encore tenu des dégrada Le colon , toutes les fois qu'il éprouve une
tions survenues pendant sa jouissance , à perte de fruits , lors même qu'ils sont déta
moins qu'il ne prouve qu'elles ont eu lieu chés de la terre , a le droit de faire supporter
sans sa faute (C. c, 1732). Il est également au propriétaire sa part dans la perte , pourvu
tenu de celles commises par ses enfans, par toutefois qu'il ne tût pas en demeure de lui
ses valets et pâtres, ainsi que par les per délivrer sa part de récolte, car alors le retard
sonnes de sa maison ou de ses sous-locatai- constituerait une faute qui ferait supporter
res (C. c, 1735). la perte au colon seul (C. c, 1771).
chap. 6*. DU BAIL A FERME. 361
trouve fréquemment celle qui impose au fer
4*. — Des pertes qui surviennent pendant la mier de suivre les assolemens locaux, sans
joui* pouvoir dessoler ni dessaisonner. Cette clause
absurde, si elle était rigoureusement exécutée,
La loi n'admet le fermier à réclamer une arrêterait tous perfectionnemens agricoles.
remise sur le prix du bail , que si la perte est Mihun, Répertoire, au mot Àtiolemmt ensei
de la totalité ou de la moitié au moins d'une gne qu'il a été plusieurs fois jugé, que le des-
récolte. Si le bail est d'une année, l'indem solement pouvait être justifie par l'usage,
nité est proportionnée à la perte; si le bail quoiqu'il fut expressément défendu parles
est fait pour plusieurs années, le fermier baux ; nous ajouterons qu'il devrait être éga
peut encore demander une remise, a moins lement justifié, s'il était conforme à une saine
qu'il ne soit indemnisé par les récoltes pré théorie et aux règles de l'agriculture. L'article
cédentes; s'il n'est pas indemnisé par les 1766 n'autorise le bailleur a demander la réso
récoltes précédentes, l'estimation ne peut lution du contrat, que lorsque le premier
avoir lieu qu'à la fin du bail , sauf la faculté n'exécute pas les clauses du bail et qu'il en
réservée au juge de dispenser provisoirement résulte pour le bailleur un dommage. Si donc
le fermier de payer une partie du prix de son les terres, loin de souffrir du nouvel as
bail, en raison de la perte soufferte (C. c, solement, en profitaient, il est certain que
1769). le bailleur ne serait pas recevable à se plain
Ainsi, soit un bail de 9 ans : la première dre.
année la totalité des fruits est perdue; la Parmi les principales obligations du fer
deuxième année le fermier a encore éprouvé mier, il faut placer, comme nous l'avons dit,
une seconde perte de la moitié de sa récolte ; celle de payer ses fermages aux termes conve
mais les sept autres années ont été abondan nus. Faute de paiement, la, résolution du bail
tes, et ont indemnisé amplement le fermier peut être demandée par le propriétaire, à
des pertes qu'il a éprouvées; il n'y aura pas moins qu'il ne préfère poursuivre simplement
lieu à indemnité. Mais si les sept dernières le fermier en paiement de ses fermages, sans
années' ont été médiocres , il devra obtenir demander cette résolution. Ce n'est, en effet,
une indemnité proportionnée à ses pertes, au'un moyen d'exécution que la loi met à sa
c'est-à-dire d'une récolte et de la moitié d'une isposition, et dont il peut, en conséquence,
récolte. user ou ne pas user.
Le fermier ne peut demander d'indemnité, pour A l'égard du nombre de termes nécessaires
lorsque la perte est moindre de moitié ; il n'a demander la résolution, il faut suivre
pas non plus droit à une remise, lorsque la les usages locaux. Le bail peut aussi être ré
perte arrive après que les fruits ont été déta solu par le défaut respectif du bailleur ou du
preneur de remplir leurs engagemens. Il est
chés de la terre, à moins que le bail ne donne résolu de plein droit par la perte de la chose
au propriétaire une portion de la récolte en louée ou 1 impossibilité de remployer désor
nature. Si la cause du mal existait et qu'il ait
lu le prévenir au moment où il a pris le bail, mais à l'usage auquel elle est destinée (C. c,
Fee fermier n'a pas droit à une indemnité (Ce, 1741).Dans le contrat de louage, comme dans la
1770 et 1771). Le preneur peut aussi être
chargé des cas fortuits par une stipulation plupart des autres contrats, nous sommes
expresse ( C. c, 1772 ). Cette stipulation ne censés stipuler pour nous et nos héritiers;
en conséquence, le bail n'est pas résolu par la
s'entend alors que des cas fortuits ordinai mort
res, tels que grêle, feu du ciel, gelée ou cou du preneur ni par celle du bailleur(C. c,
lure. Enfin, le preneur peut être chargé de 1742).
tous les cas fortuits ordinaires et extraordi Si le bailleur vend la chose louée, l'acqué
naires, prévus et imprévus, et en ce cas il les reur ne peut expulser le fermier dont le
supporte tous, même ceux qui proviendraient bail a une date certaine, à moins qu'il ne se
des ravages de la guerre ou d'une inondation soit réservé ce droit par le contrat (C. c,
auquel lé pays ne serait pas sujet (C. C, 1743) (1). La manière la plus ordinaire de
1773). donner une date certaine au contrat, c'est de
le faire enregistrer. Si l'acquéreur a cette fa
culté et qu'il n'ait été fait aucune stipulation
{ III. — Comment finit le bail à ferme. sur les dommages-intérêts, l'indemnité que le
bailleur doit payer au fermier est du tiers du
L'obligation de jouir en bon père de famille bail pour tout le temps qui en reste à courir
est tellement de rigueur dans ce contrat, que (Ce, 1744 et 1746). L'acquéreur oui veut ex
la loi permet au bailleur de demander la ré pulser le fermier, doit en outre l'avertir au
siliation du bail, si le fermier n'use pas de la moins une année d'avance ( C. c, 1748). Le
ferme louée en bon cultivateur. Il doit donc fermier ne peut d'ailleurs être expulsé que
garnir la ferme des bestiaux et ustensiles né lorsqu'il a été payé des dommages-intérêts
cessaires, ne pas abandonner la culture et ne ci -dessus expliqués (C c, 1749). Lorsque
pas employer la chose louée à un autre usage le bail n'a pas de date certaine, l'acquéreur
que celui auquel elle a été destinée. Cette ré peut expulser le fermier, en lui signifiant un
siliation peut encore être demandée, s'il n'exé congé au temps d'avance fixé par l'usage des
cute pas les clauses du bail et qu'il en ré lieux ; il n'est alors tenu d'aucuns dommages-
sulte un préjudice pour le bailleur ( C. c, intérêts, sauf le recours du fermier contre
1766). Parmi les clauses les plus usitées, on . son bailleur (C c, 1750).
(t) fojfCi les inconvénients des clauses de cette nature ci-après. Administration, liv. VII, au titra des baux
à ferme.
.LÉGISLATION RURALB. L1V. VI.
Le bail des héritages ruraux a cela de parti 17S6 placé sous le titre des règles communes
culier que, lors même qu'il est verbal, il est aux baux des maisons et des biens ruraux
censé tait pour tout le temps qui est néces Porte que, lorsque le bail a été fait sans écrit,
saire au fermier pour recueillir tous les fruits une des parties ne peut donner congé à l'au
de l'héritage affermé ; ainsi le bail à ferme tre qu'en observant les délais fixés par l'usage
d'un pré, d'une vigne et de tout autre fonds, des lieux ce qui semble impliquer une conti'a-
dont les fruits se recueillent en entier dans le diction. Pour concilier cette antinomie appa
cours de l'année, est censé fait pour un au. rente qui existe entre l'article 1736 et les ar
Le bail des terres labourables, lorsqu'elles se ticles 1774 et 1775, il faut faire une distinction:
divisent par soles ou saisons, est censé fait le propriétaire qui a loué verbalement peut
pour autant d'années qu'il y a de soles (Ce, reprendre les lieux après l'expiration du temps
1774). De plus ce bail, quoique fait sans écrit, fixé par l'article 1774, sans être forcé de si
cesse de plein droit à l'expiration du temps gnifier un congé; mais si le propriétaire a laissé
Eour lequel il est censé fait, sans qu'il soit le fermier en jouissance pendant deux ou plu
esoin de signifier un congé (C. c, 1775). sieurs périodes de ce môme temps, alors il
A plus forte raison il cesse de plein droit à ne peut mettre fin à la jouissance qu'en noti
l'expiration du temps fixé par l'acte qui le fiant régulièrement un congé. Le congé est
constate. Cependant, si le preneur continuait égalejuent nécessaire si, à l'expiration du bail
a jouir, au vu et su du bailleur, sans opposi écrit, le fermier est laissé en possession ; eu
tion de sa part après l'expiration du temps un mot, il s'applique au cas où il y a tacite re
fixé, il en résulterait un nouveau bail, qui se conduction, parce que, dans ce cas, le délai
rait censé fait aux mêmes conditions, mais fixé pour la fin du bail pouvant se prolonger
qui, pour la durée, se trouverait soumis aux indéfiniment, à la volonté des parties, il faut
règles que nous avons posées pour le bail ver bien qu'elles s'avertissent assez long-temps
bal ( C. c, 1776). d'avance pour qu'elles puissent prendre réci
Ce nouveau bail se nomme tacite reconduc proquement les mesures nécessaires.
tion; il est alors fondé sur le consentement Le Code ne donne aucune règle positive pour
présumé du propriétaire. Il en résulte que les délais des congés ; il s'en est rapporté a l'u
cette présomption cesse, s'il a manifesté une sage des lieux, et ces usages sont très différons,
volonté contraire ; par exemple, s'il a fait si suivant les divers pays. Il serait donc à dési
gnifier un congé, ou s'il a fait à son fermier rer que ces usages fussent constatés par des
une sommation de déguerpir. enquêtes, ou, mieux encore, que la loi pres
Si la chose louée vient à périr en totalité, le crivit quelque mesure uniforme à cet égard.
bail est résolu ; il en est de même si le bail Dans les environs de Paris, on s'accorde, en
leur est évincé de sa propriété, c'est-à-dire général, à reconnaître que le délai doit être
s'il est reconnu qu'il n était pas propriétaire de trois mois au moins avant la fin de l'an
réel, sauf les dommages-intérêts du fermier née agricole, c'est-à-dire avant la Saint-Mar
contre le bailleur. Si la chose louée n'était dé tin, à l'égard des héritages dont les fruits se
truite qu'en partie, le preneur pourrait, sui recueillent en entier dans le cours de l'année,
vant les circonstances, demander une dimi comme prés, vergers, vignes et terres ense
nution du prix ou la résiliation même du bail. mencées tous les ans; mais, à l'égard des ter
Dans l'un et l'autre cas, comme dans celui de res labourables, divisées par soles ou saisons, il
destruction totale par cas fortuit, il n'est du au faut donner le congé six mois au moins avant
preneur aucun dédommagement, à moins que l'époque où finit la récolte de la dernière sole,
la destruction n'ait été occasionnée par quelque afin que le fermier soit averti à temps de ne
faute antérieure du bailleur, ou que le vice pas commencer les labours de la sole dont le
de la chose n'existât au moment du bail, et qu'il tour va revenir. Ainsi, dans les pays où les
en soit résulté une perte pour le preneur, au terres se cultivent par trois soles, le congé
quel cas le bailleur devrait l'indemniser (C. c, doit être signifié six mois avant l'expiration
1722). de la troisième année agricole. Enfin, d'après
Le bail finit aussi par le consentement mu les nouveaux éditeurs de D*&izaht, si les hé
tuel des parties, et sauf les droits des tiers; par ritages produisent annuellement, s'ils sont, par
exemple, si la résiliation consentie parle fer exemple, cultivés en foin ou luzerne, le con
mier avait pour but de frustrer ses créanciers, gé doit être donné avant la Saint-Jean, pour
ces derniers pourraient s'y opposer. Les ef quitter l'héritage avant la Saint-Martin. Les
fets de la résolution, par consentement mu mêmes auteurs ibnt observer que, relative
tuel sont déterminés par les conventions des ment aux marais de Paris, le propriétaire est
parties. tenu de payer ce qui reste sur le terrain, d'a
Du congé. Le congé doit être également classé près la prisée qui s'en fait par experts-jardi
parmi les moyens de mettre tin au bail à ferme. niers ; ce qui peut s'élever à des sommes con
D'après ce que nous avons dit, il semblerait sidérables. C'est pourquoi il est prudent, lors
qu'il n'est jamais utile de signifier un congé qu'on passe un bail de marais potagers, de
pour les baux à ferme, puisqu'aux termes de fixer la somme à laquelle la prisée pourra être
l'article 1787, le bail écrit cesse de plein droit au portée, sans pouvoir l'excéder; ou plutôt de
terme fixé, sans qu'il soit nécessaire de donner stipuler que le propriétaire ne devra aucuue
congé et que, suivant les art. 1774 et 1775, le indemnité à cet égard.
bail verbal est censé fait pour le temps qui Nous donnerons un modèle ou formule
est nécessaire au fermier pour recueillir tous complète de bail à ferme dans le livre suivant,
les fruits de l'héritage affermé, et qu'il cesse dans le chapitre qui traitera de ïacquitition
de plein droit à l'expiration du temps pour ou de la location d'un domaine.
lequel il est censé fait, sans qu'il soit besoin j
de signifier un con^é. Cependant, l'article I
es**. 6'. DU BAIL A CHEPTBL. 263
En cas de contestation, le preneur est tenu
Section II. — Du bail à cheptel. de prouver le cas fortuit , et le bailleur la
faute qu'il impute au preneur (C- c, 1808).
Le t>ail à cheptel est un contrat par lequel Mais en cas de perte même par cas fortuit,
l'uue des parties donne à l'autre un fonds de si le cheptel périt en entier sans la fauje du
'bétail , c'est-à-dire toute espèce d'animaux preneur, la perte est pour le bailleur; s'il ne
susceptibles de croit pour l'agriculture et le périt qu en partie, la perte est supportée en
commerce, tels que bétes à laine, bêtes à commun, d'après le prix de l'estimation ori
cornes, chèvres, cnevaux, et même des porcs ginaire et celui de l'estimation à l'expiration
pour les garder, nourrir, soigner soqs les du cheptel (C. c, 1810).
conditions convenues entre elles (C. p., 1800 Lorsque le preneur est déchargé parce
et 1802). L'acte qui règle les conditions n'est qu'il prouve que la perte est le résultat d'un
d'ailleurs assujéti à aucune forme spéciale, cas fortuit , il doit néanmoins rendre compte
et peut être fait par acte sous seing privé, et des peaux des bétes (C. c, 1809).
alors il doit être fait en autant de doubles Le fonds de bétail appartenant au bailleur
qu'il y a de parties, ou par acte devant no pour la propriété, et au preneur pour une
taire. Lorsqu'il est fait sous signatures pri Partie de la jouissance , il n'est pas permis à
vées, il est toujours prudent de le faire enre up de disposer d'aucune bête du troupeau
gistrer, autrement u ne pourrait pas être sans le consentement de l'autre (C. c, 1812).
opposé aux tiers qui auraient intérêt à con Cette défense s'applique aux vieilles bêtes
tester la propriété du troupeau. ainsi qu'aux jeunes. Quelques coutumes pro
Qu distingue (rois espèces de cheptel : nonçaient même des peines corporelles con
t° Le cheptel simple ; 2° le cheptel à moi tre les preneurs qui disposaient des bétes
tié; 3° et ]e cheptel donné par le propriétaire sans le consentement des bailleurs. Sous la
à son fermier ou colon, que l'op appelle chep législation actuelle, il pourrait y avoir lieu
tel de fer. Enfin il y a une quatrième espèce d'appliquer les peines prononcées par la loi
de contrat improprement appelé cheptel, contre l'abus de confiance et les dispositions
que nous ferons aussi connaître ( C. c., de l'art. 2062 du Code civil.
1801). La tonte se divise entre les deux parties;
Ces contrats se règlent ordinairement par le preneur ne doit pas tondre sans en aver
les conventions écrites des parties, mais à tir le bailleur assez a temps pour qu'il puisse
défaut de conventions on suit les règles sui vérifier la tontepar lui-mémeou par ses prépo
vantes (C. c.,1803). sés; si la tonte était effectuée à l'insu du
bailleur, il y aurait présomption de fraude,
( I". — Du cheptel simple. qui pourrait devenir une cause de résiliation
(C. c, 1814 et 1816).
Le bail à cheptel simple est un contrat qui Néanmoins si , hors la saison des tontes , la
entraîne obligation de la part du preneur de santé des bétes exigeait qu'on leur enlevât de
garder, nourrir, et soiguer des bestiaux, à la laine sur quelques parties du corps, le pre
condition qu'il profiter^ de la moitié du croit neur pourrait le faire, après en avoir averti le
et qu'il supportera aussi la moitié de la perte bailleur.
(Ce, 1804). La durée du bail lorsqu'elle n'a pas été
A l'égard du laitage, du fumier et du tra fixée par les parties est de trois ans (C. c,
vail des animaux, ils profitent au preneur 1815), on fait alors une nouvelle estimation
seul. Le bail à cheptel simple forme donc du cheptel. S'il y a accroissement le croit se
une espèce de société entre le bailleur et le Eartage; s'il y a perte, le preneur doit en rem-
preneur qui a été soumise à des règles dic purser la moitié au bailleur qui reprend le
tées en général par l'équité. Ainsi il n'est pas cheptel. Le partage du croit et des laines doit
permis de stipuler que Je preneur suppor être fait aux époques déterminées par les
tera la perte totale, quoique arrivée par cas conventions; il n'est d'ailleurs pas indispen
fortuit et saps sa faute, ou qu'il supportera sable que le croit ne soit partagé qu'à la fin
dans la perte une part plus forte que dans le du bail; s'il n'a pas été fait de convention, il
profit, qii que le bailleur prélèvera à la fin doit être fait à des époques convenables, qui
du bail quelque chose de plus que le cheptel s'accordent avec les intérêts des deux parties
qu'il a fourni ; toute convention semblable se (C c, 1817).
rait: nulle (C. c, {811). Tout ce qui garnit la ferme est le gage du
Il se fait ordinairement au commencement propriétaire; le cheptel livré au fermier par
du bail une estimation du cheptel; cette esti un autre que le propriétaire, se confondant
mation n'équivaut cependant pas à une vente, avec les objets mobiliers qui appartiennent au
et ne transfert pas par conséquent la pro fermier, deviendrait aussi par confusion le gage
priété du cheptel au preneur. Elle sert seu du propriétaire. Mais comme il est de l'intérêt
lement à constater la qualité, la nature et la de l'agriculture et même de celui des proprié
valeur des bêtes, et à servir de règle dans le taires des terres, que de nombreux troupeaux
cas où il y aurait lieu à remplacement. ( C. c, soient entretenus dans les fermes, le bail
1805). leur du cheptel peut garantir son troupeau
Le preneur n'est pas tenu des cas fortuits, du recours du propriétaire, en lui faisant no
à moins qu'ils n'aient été précédés de quelque tifier l'acte qui le contient avec désignation
faute de sa part, qui y ait donné lieu et exacte de chaque bête; mais cette notifica
sans laquelle la perte ne serait pas arrivée tion doit être faite au propriétaire au mo
(C. c, 1807 ) ; car il doit à la conservation du ment même où l'on introduit le cheptel
cheptel les sains d'un hop père de famille dans la ferme; plus tard elle n'aurait plus
'C, c, 1806 )% d'effet, et le propriétaire pourrait le saisir
264 LEGISLATION RURALE, liv. vr.
gager, comme les autres objets mobiliers an les veaux qui appartiennent au bailleur, le
partcnant à son fermier, faute par celui-ci de quel conserve aussi la propriété des vaches
remplir ses obligations (C. c, 1813). A l'ex (C. c, 1831).
piration des baux à cheptel écrits, si les par Celui qui loge et nourrit les vaches doit
ties ne procèdent pas au partage, il s'opère, faire allaiter les veaux jusqu'à ce qu'ils puis
comme dans les baux a ferme, une tacite sent être sevrés et en état d'être vendus; à
reconduction qui, d'après les usages, ne s'é cette époque le bailleur est tenu de les reti
tend pas au-delà de la Saint-Jean suivante. rer, à peine des dommages-intérêts du pre
neur.
$ II. — Du cheptel à moitié. L'âge réputé convenable pour retirer les
veaux est celui de six semaines au plus tard.
Ce cheptel est une véritable société dans Si la durée de cette espèce de louage a été
laquelle chacune des parties fournit la moi fixée, le bailleur doit laisser la vache pendant
tié des bestiaux qui demeurent communs le temps convenu, à moins qu'il n'ait de jus
entre eux (C. c, 1818). Le bailleur n'a droit tes motifs pour faire prononcer la résiliation
qu'à la moitié des laines et du croit. Les lai du contrat.
tages, fumiers et travaux des bétes appartien A défaut de convention, le bailleur peut le
nent au preneur, et toute convention con retenir quand bon lui semble. Toutefois, il y
traire est nulle , à moins que le bailleur ne a des usages et des convenances qui doivent
soit propriétaire de la métairie dont le pre être observés ; ainsi, le bailleur ne pourrait
neur est fermier ou colon (C. c, 1819). pas retirer la vache immédiatement après
Toutes les autres règles du cheptel simple avoir retiré le veau, car le preneur a été privé
s'appliqueat au cheptel à moitié (C. c, 1820). des laitages pendant tout le temps de l'allaite
ment ; il est donc juste qu'il jouisse des laita
$ III. — Du cheptel donné par le propriétaire i ton ges pendant un temps assez long pour l'in
fermier. demniser.
De même, le bailleur qui aurait donné une
Ce cheptel a lieu lorsque lepropriétaire d'un vache à l'entrée de l'hiver, époque où les four
héritage, le donne à son fermier tout garni rages sont chers, ne pourrait pas la retirer au
de bestiaux , à la charge qu'à l'expiration du printemps.
bail , il laissera des bestiaux d'une valeur Par réciprocité, le preneur ne pourrait pas
égale au prix de l'estimation de ceux qu'il a rendre la vacbe au bailleur dans un moment
reçus (C. c, 1821). Tous les risques sont inopportun; par exemple, au moment ou elle
alors à la charge du fermier, mais aussi tous est prêle à vêler.
les profits lui appartiennent, sous l'obliga Ces difficultés, qui sont de ia compétence
tion d'employer exclusivement les fumiers à des tribunaux, doivent en général se régler
l'amélioration de la métairie, et de rendre un d'après les principes de l'équité.
cheptel de pareille valeur à la fin du bail Le maître de la vache, en restant proprié
(C. c, 1823 et 1824), le fermier est même taire, la perte qui surviendrait de l'animal se
tenu de la perte totale et par cas fortuit, sauf rait supportée par lui, sauf son recours con
les conventions contraires (C. c, 1828). A la tre le preneur pour le cas seulement où il se
fin du bail le fermier ne peut retenir le rait prouvé qu'il y a eu faute de sa part.
cheptel en en payant l'estimation originaire ,
il doit en laisser un de valeur pareille à celui Section III. — Police des récoltes.
qu'il a reçu, s'il y a du déficit il doit le payer,
et c'est seulement l'excédant qui lui appar Jadis, comme nous l'avons indiqué au com
tient (C. c, 1826). Ce cheptel qui n'est en mencement de ce chapitre, la jouissance des
général qu'une des conditions du bail ne finit champs était soumise a une foule d'entraves
qu'avec le bail de la métairie. qui ont été abolies par la loi du 28 septembre
1791; elle n'a maintenu que les mesures
S IV. — Du cheptel donné au colon partiaire. de police qui sont nécessaires pour la sûreté
Ce cheptel est soumis aux mêmes condi desAinsi, propriétaires ruraux.
les bans des vendanges, qui empê
tions que le cheptel simple, sauf les modi chent un particulier de vendanger prématu
fications suivantes :
On peut stipuler que le colon délaissera rément sa petite propriété, de marauder celle
de ses voisins et de faire passer ses larcins
au bailleur sa part de la toison, à un prix in pour les fruits de son crû, ont été maintenus.
férieur à la valeur ordinaire ;
Que le bailleur aura une plus grande part enDans les pays où les bans de vendange sont
usage, il peut être fait à cet égard chaque
du profit ; qu'il aura la moitié des laitages, année un règlement
sans cependant que sa part puisse excéder la mais seulement pourparlesle vignes conseil municipal,
non closes.
moitié; mais on ne peut stipuler que le colon Les réclamations qui peuvent être faites con
sera tenu de toute la perte (C. c, 1828). tre le règlement sont portées devant le préfet
Au surplus, ce cheptel finit aussi avec le du département, oui statuera, sauf l'avis du
bail de la métairie (Ce, 1829). sous-préfet ( loi du 28 sept. 1791, sect. V,
art. 2). C'est le maire qui, après avoir pris
$ Y. — Du contrat improprement appelé cheptel. l'avis du conseil municipal, publie le ban des
vendanges.
Ce contrat a lieu lorsqu'une ou plusieurs Il ne doit être publié que sur la déclaration
Taches sont données à quelqu'un qui se d'un certain nombre de propriétaires, que la
charge de les loger et de les nourrir, sous la récolte est en maturité ( Edit du mois de fé
condition d'en avoir tous les profits, excepté vrier 1535); même après la publication du
chap. T. GARDES CHAMPÊTRES ET FORESTIERS DES PARTICULIERS. 265
ban des vendanges, les propriétaires doivent treindre les viticoles à des entraves inutiles.
se conformer aux usages. Ainsi, ils ne peu L'affranchissement du ban des vendanges a
vent commencer , leur récolte avant le lever été introduit sans inconvénient en 1834, dans
du soleil, ni la continuer après son coucher. plusieurs communes importantes des princi
La prohibition relative à l'ouverture des ven paux vignobles de la Côte-d'Or. Nous approu
danges ne s'applique pas aux terrains clos de vons donc la mesure proposée par M. le mi
murs, fossés, haies ou palissades; le proprié nistre du commerce, à savoir : de maintenir
taire peut les exploiter sans attendre la publi le ban des vendanges dans les communes qui
cation du ban. en ont conservé l'usage, et autant seulement
On a demandé que la formalité du ban des que les conseils municipaux n'en deman
vendanges fût appliqué? à toutes les commu deraient pas la suppression ( Circulaire du 4
nes qui le réclameraient. Cette demande est sept. 1835).
motivée sur l'avantage d'assurer la bonne qua La loi du 6 messidor an III, qui est encore
lité des vins, et de prévenir la déprédation des en vigueur, a prohibé la vente des grains en
vignes; mais il est évident qu'il vaut mieux vert ou pendans par racines, sous peine de
étendreque restreindre la liberté de jouissance confiscation encourue, moitié par le vendeur
des propriétaires. L'intérêt personnel deceux- et moitié par l'acheteur. Mais cette loi, pu
ci à la bonne fabrication de leurs vins offre la bliée en l'an III, c'est-à-dire à une époque où
meilleure garantie d'une maturité convenable ; les céréales étaient rares, fut une mesure de
aujourd'hui surtout que l'art de fabriquer les circonstance,l'intérêtpublicn'exigepasqu'elle
vins, éclairé par la science et l'expérience, a soit maintenue; il faut donc la laisser tomber
fait de si grands progrès, ce serait peut-être en désuétude, si on ne l'abroge pas formelle
arrêter l'élan qu a pris cet art de vouloir as ment.
TITRE DEUXIÈME.
Attributions, compétence et procédure en matière rurale.
Les agriculteurs ont fréquemment des de ordinaires de la vie. Nous diviserons donc
mandes ou des réclamations à adresser aux cette partie de notre travail en 4 chapitres;
diverses autorités qui administrent le pays. dans le premier nous comprendrons la com
Les attributions de chacune de ces autorités pétence administrative et la procédure que
étant spéciales et définies , il est nécessaire, l'on doit suivre ; dans le deuxième, la compé
non pas de les faire connaître à fond, car tence civile ; dans le troisième la compétence
un pareil travail excéderait de beaucoup les pénale et la procédure à suivre; enfin le
bornes d'un ouvrage élémentaire de la nature quatrième et dernier chapitre comprendra
de celui-ci, mais de les indiquer au moins quelques formes et procédures spéciales qu'il
sommairement , afin de pouvoir diriger les nous a paru nécessaire d'indiquer.
cultivateurs dans les circonstances les plus
TITRE TROISIEME.
DES PEINES.
DISPOSITIONS GÉNÉRALES.
On appelle peine le châtiment que la loi peines réunies, suivant la gravité des circon
prononce contre les crimes, les délits ou les stances, et quelquefois de confiscation, sans
contraventions. préjudice de l'indemnité de la partie lésée.
L'infraction que les lois punissent de pei Mais en cas de concurrence de l'amende et de
nes de police est une contravention. la confiscation dans les cas où elle est autori
L'infraction punie de peines correction sée, avec les restitutions et dommages-inté
nelles est un délit; l'infraction punie d'une rêts dus à la partie lésée sur les biens insuffi-
peine afflictive ou infamante est un crime sans du condamné, la partie civile doit obte
(Code pénal, 1 ). nir la préférence ( loi du 28 septembre 'l 79 1 ,
En général les délits ruraux sont punis d'a tit. II, art. 3; C. p. 54, et lettre du grand juge,
mende ou d'emprisonnement, ou de ces deux 19 mars 1808).
CBAP. !■ DISPOSITIONS GÉNÉRALES. Î83
Toutefois le privilège accordé par la loi du lits punis par la loi du 28 sept. 1791, aucune
5 septembre 1807 au trésor public, pour le excuse ni circonstances atténuantes (cass., 31
recouvrement des frais, prime l'indemnité octobre 1832). Mais la loi du 28 avril 1832,
due à la partie civile, ces frais étant censés art. 102, a modifié la généralité de cette dispo
faits dans l'intérêt de cette partie (lettre citée). sition, et l'article 463 du Code pénal, qui per
D'ailleurs nulle contravention, nul délit, nul met au juge, lorsqu'il y a des circonstances at
crime ne peut être puni de peines qui n'é ténuantes, de réduire l'amende et l'emprison
taient pas prononcées par la loi avant qu'ils nement, est aujourd'hui applicable à tous les
fussent commis (C. p., 4). Si le fait n était délits oui ne sont plus exclusivement punis
pas défendu par la loi on ne peut pas le pour par la loi du 28 septembre 1791 (loi du 28
suivre, quelque mauvaise que soit l'action sous avril 1832, art. 102, et nouv. C. pén, 483).
le rapport moral. L'exécution des condamnations à l'amende,
Toute tentative de crime manifestée par des restitutions, dommages-intérêts et frais, peut
actes extérieurs et suivie d'un commence être poursuivie par la voie de la contrainte
ment d'exécution, si elle n'a été suspendue par corps (C. p., 52).
ou n'a manqué son effet que par des circon Toutefois, la contrainte par corps ne peut
stances fortuites ou indépendantes de la vo être exercée que lorsque le jugement de con
lonté de l'auteur, est considérée comme le damnation est définitif, et qu'ayant été signi
crime lui-même (C. p. ,2). Mais les tentati fié à la partiecondamnée,avec commandement
ves de délits ne sont considérées comme dé de payer, il s'est écoulé cinq jours depuis ce
lits que dans les cas déterminés par une dis commandement sans que le condamné se soit
position spéciale de la loi (C. p. , 3). libéré. De plus, la partiecivile qui veut exercer
La solidarité est de droit contre tous ceux cette contrainte doit consigner les alimens
qui ont été condamnés pour un même délit ; nécessaires au condamné ( loi du 17 avril
chacun d'eux peut être poursuivi pour la to 1832, tit. V).
talité des amendes, restitutions, dommages- Cependant l'exercice de la contrainte par
intérêts et (rais (C. p., 55). corps n'est que facultatif; elle n'est pas con
Les peines , pour délits ruraux , qui n'en- sidérée comme une mutation ni une prolon
tràlnent pas, aux termes de la koi du 28 sep gation de peines, mais comme un moyen d'Exé
tembre 1791, condamnation à une amende cution autorisée par la loi pour parvenir au
excédant trois journées de travail, doivent être recouvrement des amendes et autres condam
doublées en cas de récidive ou si le délit a été nations pécuniaires. L'état ou la partie civile
commis avant le lever ou après le coucher du peuvent donc en exercer ou en suspendre les
soleil, et triplées si ces deux circonstances se effets (circulaire du ministre de la justice,
trouvent jointes (loi du 28 septembre 1791, l"aoùt 1812).
tit. II, art. 4). Si le condamné prouve son insolvabilité con
Depuis la loi du 23 thermidor an IV, les formément à l'art 420 du C. d'instr. crim., il
amendes prononcées par la loi du 28 septem peut être mis en liberté après avoir subi la
bre 1791 ne peuvent être au-dessous de trois contrainte pendant les délais et suivant les
journées de travail ou de trois jours d'em distinctions établies par l'art. 33 de la loi du 17
prisonnement ( C. de cass. , 19 messidor an avril 1832.
VII et 24 avril 1807 ); et aux termes de la loi La durée de la détention doit toujours être
du 23 juillet 1820, art. 28 , le prix de la jour fixée par le jugement qui doit la prononcer
née de travail doit être fixé chaque année par ( loi citée, art. 39 et 40 ).
les conseils généraux des départemens, sur la Le directeur de l'enregistrement peut tou
proposition du préfet ; elle ne peut être au- jours abréger la durée de la peine lorsqu'il
dessous de 50 c. , ni excéder 1 fr. 50 c. le juge utile aux intérêts de l'état, saut le
La cour de cassation a aussi décidé que la droit de reprendre la contrainte par corps
peine des délits graves, que la loi du 28 sep s'il survient au condamné quelques moyens
tembre 1791 déclarait être double de celle de solvabilité (C. p., 53).
des délits simples, avait également été portée C'est donc au directeur de l'enregistrement
au double de celle fixée par la loi du 23 ther et des domaines que doivent être adressées les
midor an IV, c'est-à-dire à six jours d'empri réclamations des condamnés, par voie de pé
sonnement et à six jours de travail ( Dalloz, tition, avec les pièces à l'appui.
p. 756, verso, Délit rural ). Les peines de simple police sont : 1° l'em
La loi en général n'a pas puni et ne pouvait prisonnement, 2° l'amende, 3* la confiscation
punir avec la même rigueur les délits qui atta des objets lorsque la loi autorise (C. pén.,
quent les propriétés rurales que celles situées 464). L'emprisonnement pour contravention
dansles villes, mais elle a voulu qu'aucune con de police ne peut être moindre d'un jour ni
travention ou délit rural ne restât impuni. excéder 5 jours ( idem, art. 465), et le con
Dans cette vue elle a investi le ministère public damné ne peut être détenu pour cet objet
du droit d'action, nonobstant le silence de la Elus de 15 jours, s'il justifie de son insolva-
partie lésée. De plus, elle n'admet pour les dé- J ilité {idem , art. 467).
INTRODUCTION.
Abandonnée pendant long-temps à l'empire éviter les mécomptes. C'est elle encore quî
des circonstances et soumise à une routine nous apprend à raisonner et à conduire à
empirique, l'agriculture, en France, a com bonne fin toutes nos opérations, à nous livrer
mencé seulement de nos jours à suivre une avec confiance à des améliorations dont les
marche plus rationnelle et plus en harmonie avantages ou les chances sont prévues à l'a
avec les progrès des sciences et de la ci vance, à nous assurer des bénéfices indus-
vilisation. Mais en améliorant ainsi les mé triels a peu près certains, et enfin à nous ren
thodes de culture et en portant la lumière dre compte numériquement de toutes les opé
dans diverses branches de l'industrie agri rations que nous entreprenons ou que nous
cole , on n'a pas tardé à s'apercevoir que nous proposons d'entreprendre dans l'exploi
le perfectionnement des méthodes, et les ap tation d'un domaine rural quelconque.
plications les plus heureuses des faits dé Afin de faire mieux sentir l'utilité d'une
couverts dans les sciences physiques ou natu bonne administration, ajoutons à ce que nous
relles, n'étaient pas les seuls élemens d'un pro venons de dire quelques considérations géné
grès certain et legage d'un avenir prospère;que, rales qui rentrent dans ce sujet.
de plus, il était nécessaire de recueillir tous les Pour exercer l'industrie agricole , il faut
faits généraux d'expérience qui se présentaient posséder des capitaux quelquefois considé
dans la pratique, de les coordonner, d'en dé rables. Ces capitaux, qui servent à faire des
terminer les rapports, les limites, les consé avances à la production , ne peuvent , par
quences et d'en former un corps de doctrines suite de la nature même des opérations agri
propres à éclairer la marche de l'agriculteur coles, être avancés et rentrer avec bénéfice
qui débute dans la carrière, à servir de flam plusieurs fois dans l'année, comme cela s'ob
beau à celui qui a vielli dans l'exercice de cette serve dans les industries manufacturières et
industrie, et enfin a donner aux opérations commerciales; il faut, la plupart du temps,
de l'un et de l'autre une certitude de succès attendre une année entière pour que le cercle
et une régularité dans la marche qu'elles n'a complet de la production agricole ait été par
vaient point présenté jusqu'alors. D'un autre couru ; ce qui oblige, pour obtenir des profits
côté, les progrès des sciences économiques égaux à ceux qu'on recueille dans les autres
ont aussi permis de faire d'heureuses applica industries, à des avances plus fortes decapitaux
tions de leurs théories à la production agri et pose une limite assez resserrée aux bénéfi
cole, et c'est des faits généraux empruntes à ces qu'on est en droit d'espérer ou d'attendre
l'expérience, des inductions qu'en a tirées le de l'industrie qui s'applique à la création des
raisonnement et des applications qu'a fournies produits de l'agriculture.
l'économie politique, qu'est résulté une nou Par suite du nombre considérable des pro
velle branche des sciences agricoles, qu'on a ducteurs, de l'approvisionnement constant et
désignée sous le nom &administration rurale, soutenu des marchés, de l'immense concur
d'économteou d'administration de l'agriculture. rence dans la production et le commerce des
Une administration rurale fondée sur lesmeil- denrées agricoles, concurrence à laquelle les
leursprincipes est aujourd'hui laseule base solide étrangers sont eux-mêmes appelés a partici
de toute bonne agriculture. En vain vous adop per sous certaines conditions, ces denrées ont
teriez les systèmes de culture les plus vantés, en général un prix qui n'éprouve que de fai
en vain vous mettriez en pratique les procé bles variations, et qui, n'étant pas de beaucoup
dés les plus accrédités et ceux qui ont donné supérieur aux frais de production, ne laisse à
les résultats les plus heureux, vous ne pour l'agriculteur qu'un bénéfice peu considérable
rez espérer un succès constant si les princi et qu'une prime peu élevée pour l'intérêt des
pes d'une administration sévère, méthodique capitaux qu'il avance et pour couvrir des chan
et régulière ne servent à guider vos pas dans ces souvent très désastreuses.
la carrière si fertile en revers que vous par Quoique les diverses branches de l'écono
courez. C'est en effet la science de l'adminis mie rurale fassent chaque année quelques pro
tration agricole qui nous enseigne à l'avance grès et qu'on doive s empresser d'accueillir
à ne pas compromettre notre fortune dans et d'appliquer les perfectionnemens qui sont
des entreprises hasardeuses , à connaître les proposés et qu'on croit fondés sur des prin
avances de capitaux auxquelles il faudra nous cipes raisonnes et sur l'expérience, cependant
résoudre suivant les besoins , à calculer nos l'introduction de nouveaux procédés dans un
ressources, évaluer les frais d'une opération , établissement rural exigelantdeprudence,tant
apprécier les bénéfices, vérifier les pertes et de temps consommé en essais et en tâtonne»
AtilUCULTLHE. S'Y li< raison, tome IV.— 39
306 ADMINISTRATION RURALE, LIT. TU.
mens, 'et des avances de capitaux parfois si travaux , à leurs spéculations et à leurs bénéfi
importantes qu'on a, la plupart du temps, ces, que l'étendue du marché qu'ils savent
de la peine à se déterminer, même aivec un. s'ouvrir, la rapidité de la consommation et la
esprit éclairé et progressif, à les adopter ; ou concurrence, l'agriculteur a non-seulement
bien que, faute de moyens, on est ODligé de les mêmes limites comme marchand de den
persévérer dans des méthodes ordinaires qui rées agricoles , mais de plus il a devant lui
donnent moins de bénéfices et vous placent les obstacles insurmontables que présentent
dans un état d'iuftfrinriié vis-àrvis les autres les bornes du fonds qu'il peut exploiter avan
producteurs qui ont cédé à l'impulsion. tageusement et la pénurie des capitaux.
L'état d'imperfection des voies de com Ainsi tout concourt, dans l'industrie agri
munication , les charges fiscales-, la pénurie cole, d'un, côté à réduire le taux des bénéfi
des capitaux, le taux élevé de ceux qu'on ces, et de l'autre à resserrer ceux-ci dans d'é
•veut emprunter, sont encore pour les agri troites limites, et tout prescrit, tout fait uue
culteurs les plus instruits et les plus actifs loi impérieuse à ceux qui se livrent à l'exer
eux-mêmes, autant d'obstacles qui entra cice de cette industrie, de rechercher, dans
vent leur industrie, accroissent leurs frais une appréciation rigoureuse de toutes les cir
de production et restreignent encore leurs constances qui influent sur la production,
bénéfices. dans la comparaison numérique des avantages
La plupart des produits bruts de l'agricul que présente tel ou tel procédé, tel ou tel sys
ture sont volumineux , lourds , encombrans, tème, dans des tableaux et des comptes exacts
et ne peuvent, généralement parlant, par de tous les moyens mis en œuvre pour par
rapport à leur valeur vénale, supporter de venir à un résultat quelconque, en un mot,
gros frais de transport et être avec avantage dans une administration habile, régulière et
envoyés au loin; ce qui restreint le marché méthodique, les chances de succès et les bé
OÙ on pourrait espérer de les placer, empêche néfices auxquels a droit tout homme actif,
de les vendre sur celui où on en retirerait un comme récompense de ses travaux et de son
plus gros bénéfice, et diminue le nombre des industrie.
consommateurs auxquels on pourrait les of Dans l'exposé sommaire que nous allons
mettre sous les yeux du lecteur des principes
frir.
La division du travail, qui accroît la puis de l'administration rurale, nous avons pense
sance du producteur, diminue les frais de que le premier devoir de celui qui voulait se
production et à laquelle l'industrie manufac consacrer à la production agricole était de
turière et les arts doivent tant de merveilles, jeter un coup (Tœil sur lui-même, et d'exa
ne trouve guère d'applications que dans les miner s'il réunit les conditions auxquelles doit
grandes fermes et les exploitations étendues. satisfaire tout en trepreneurde ce genred'indus-
Dans toutes les autres, c'est-à-dire dans la ma trie. Dans le cas affirmatif, son deuxième de
jeure partie de la France, l'exiguïté des héri voir est de se livrer à la recherche, puis de
tages ne permet pas que chaque travailleur procéder à l'acquisition ou location du do-
soit constamment occupé d'un même genre inaine qu'if doit exploiter. Une fois en pos
d'ouvrage et empêche de profiter des avan session de ce fonds, c'est à lui à l'organiser
tages de cette division. Ajoutez à cela que dans toutes ses parties d'après les principes
l'agriculture se compose d'une variété infinie qu'enseigne la science. Enfin, le fonds étant
de travaux annuels,, qui presque tous doi organisé , il ne restera plus qu'à imprimer à
vent être exécutés dans une saison opportune, l'iidministration la direction que l'entrepre
qu'il faut un très petit nombre de travailleurs neur jugera la plus convenable et la plus con
pour exploiter même nn domaine d'une cer forme à ses intérêts.
taine étendue, enfin que des avances plus con Ces quatre phases distinctes de l'admi
sidérables de capitaux sont indispensables nistration rurale feront le sujet d'autant
Sour établir une division profitable du travail de titres séparés dans le présent livre; mais,
ans une opération quelconque, et on conce avant d'entrer en matière, nous éprouvons
vra que, dans les circonstances actuelles, l'a le besoin de consigner ici une observation
griculture, en France, ne peut pas comp générale , que nous prions de ne jamais per
ter sur ce moyen puissant pour diminuer dre de vue dans tout le cours de ce livre,
ses frais de production et accroître ses béné parce qu'elle s'applique en quelque sorte a
tous les sujets que nous aurons à traiter, et
fices.
Dans les conditions les plus ordinaires , un qu'elle nous évitera le soin d'entrer dans des
entrepreneur, quelque instruit, actif ou in détails minutieux ou des répétitions inutiles
dustrieux qu'il soit, ne peut guère diriger ou fastidieuses.
avec succès qu'une exploitation d'une gran- La production agricole est un problème
deiir médiocre; les difficultés croissantes que immense, susceptible d'une variété infinie de
présente l'entreprise à mesure qu'elle aug combinaisons et de solutions , et dans lequel
mente d'étendue, la rareté des capitaux, Ta il entre un nombre considérable d'élémens
répugnance de ceux qui les possèdent à les non-seulement divers entre eux, mais varia
confier à l'industrie agricole, le taux ruineux bles eux-mêmes suivant une foule de circons
et beaucoup trop élevé de l'intérêt qu'on exige tances accidentelles, imprévues, et souvent
pour les prèteraux agriculteurs, tendent donc très difficiles à discerner et à apprécier. Ainsi,
aussi à restreindre 1 industrie de ceux-ci et à ce qui est vrai poiw un pays ne l'est pas par
les forcer de se contenter des bénéfices qu'on fois pour un autre; ce qui parait bon et avan
peut recueillir sur un domaine resserré ; et tageux dans un canton pourrait être préju
tandis que lemanufacturier et lecommercant diciable dans un canton voisin ; ce qu on
soutenus par un crédit presque illimité , ne pourrait entreprendre avec profit dans une
Connaissent souvent d'autres bornes à leurs ferme serait désastreux dans un domaine
cha». 1". QUALITÉS PERSONNEL! ÎS DE L'ENTREPRENEUR. 307
quelquefois voisin ; ce qui a réussi une année dans une matière aussi compliquée , c'est d'é
peut échouer dans toutes les autres, et enfin tablir des données moyennes et générales qui
ce qui a été avantageux dans un temps peut puissent servir de jalons an milieu des routes
cesser de l'être sous l'empire des circonstan innombrables qu'offre l'agriculture dans un
ces. Dans cet état de choses, on doit aisément état avancé, en laissant aux agriculteurs à
comprendre qu'il nous a été impossible de te démêler suivant les localités, les circonstan
nir compte des influences infiniment varia ces, les temps, la sagacité ou la capacité des
bles qui affectent à un degré plus ou moins individus, ce qui peut être le phis profitable
éminent le phénomène de la production agri pour eux, et en leur indiquant toutefois com
cole, tant sous le rapport des lois de la nature ment ils doivent s'y prendre pour apprécier
que sous celui des moyens mécaniques et éco les avantages, les inconvénient et les obsta
nomiques qui sont soumis à la volonté de cles qui se présentent, on comment ils peu
l'homme, et qu'on se tromperait si on regar vent s'éclairer dans leur marche ou se ren
dait comme absolus les principes que nous al dre compte des succès et des revers dans
lons exposer. Ce que nous avons dû tenter toute la série de leurs opérations.
TITRE PREMIER.
DE L'ENTREPRENEUR DTNDUSTRD3 AGRICOLE.
Uu entrepreneur d'industrie agricole est telles sont ses connaissances théoriques et
un homme qui conçoit, exécute ou fait exécuter pratiques, son activité, sa prudence, son amour
une suite d'opérations ou de travaux qui ont pour de l'ordre, etc. ; les autres conditions sont re
objet la production agricole. latives à l'état de sa fortune et de ses biens et
Pour concevoir, exécuter ou diriger ces opé- constituent pour lui ce qui a été désigné sous
rations,cet entrepreneur doit réunir en lui plu le nom de fonds d'instrumens d'industrie, va
sieurs conditions essentielles qui le rendent leurs capitales matérielles, etc. ; tels sont ses
apte à concourir au phénomène de la produc capitaux, ses biens immobiliers et mobi
tion. Ces conditions forment deux catégories liers, etc. Chacune de ces catégo-ics donne
bien distinctes ; les unes sont toutes person lieu à des considérations particulières, qui
nelles à l'individu, et forment pour lui ce que vont faire le sujet des deux chapitres sui-
les économistes ont appelé son fonds indus vans.
triel, ses capacités, ses capitaux immatériels -,
TITRE DEUXIÈME.
DU DOMAINE.
Le premier devoir d'un homme qui se con vues , puis en' déterminer la valeur vénale ou
sacre a la production agricole et oui possède locative, et enfin procéder à son acquisition
les capitaux nécessaires ainsi que tes qualités ou à sa location, en suivant les formalités
que nous avons exigées, c'est de se procurer nécessaires en pareil cas. Ce sont là autant de
la jouissance d'un fonds productif; pour par sujets divers qui vont être développés dans
venir à ce but il doit d'abord se livrer a la les chapitres suivans.
recherche d'un domaine propre à remplir ses
(1) Ce résultat , obtenu par la comparaison d'un grand nombre d'expériences et d'observation» due* i
MM. 1 liaer, lilixk cl Kreyssi;;. dans dilïéiens systèmes de culture , parait une moyenne propre a la partie cen
trale et septentrionale de I Allemagne. Il serait à désirer qu'on enlreprll en France des essais du même genre ,
ou qu'on rapprochât les observations faites dans diverses localités , alio de connaître l'influence que le climat
tierce sur le rapport de la quantité en poids du fumier à celle du grain produit.
cbap. 2«. ESTIMATION DES D MAINES RURAUX. 339
aussi que nous discuterons les avantages qui également d'après ce qui a élé dit ci-dessus,
doivent résulter pour chacune d'elles de l'a été évaluées pour moitié de leur poids de
doption de tel ou tel mode, et que nous ferons fourrages secs, savoir : 5 p. 0/0 en paille et
connaître les modifications qu apportent dans 45 p. 0/0 en foin.
un plan de culture les engrais qu'on peut se Dans les colonnessuivantes, sous le titre de
procurer au dehors et les pâturages. produit brut, on a donné en hectolitres et
quintaux métriques Je produit dont la se
4" Tableau estimatif du produit des différentes mence a élé déduite pour la totalité de la ro
classes de terre dans un système de culture rai tation, soit en grain, soit en fourrage, puis le
sonné, économique et adaplé d leur nature. produit moyen pour un an, c'est-à-dire le
produit précédent divisé par le nombre des
Dans un système de culture alterne, il y a années dont se compose la rotation.
2 modes différons d'employer les plantes ser A la suite des produits on a fait connaître
vant à la nourriture du bétail et qui entrent par hectare les travaux de culture qui sont
dans l'assolement. Dans le premier, le bétail nécessaires pour obtenir les récoltes indiquées
consomme ces fourrages à l'étable où il reste dans la 2« colonne; ces travaux sont :
constamment et où ou les lui apporte, soit en 1° Le transport des fumiers par chars de
vert, soit à l'état sec; dans le second, les ani 25 pL cubes, ou 850 décimètres cubes;
maux sont conduits à certaines époques de 2° Les labours et les hersages qui ont été
l'année sur les soles fourragères où ils con divisés en forts, moyens et légers, ainsi que
somment sur place une partie des récoltes. nous l'expliquerons dans le chapitre III du
Le premier mode, ou la stabulation perma titre IV qui traitera des travaux;
nente, est celui auquel on donne aujourd'hui 3° Les travaux de récolte des grains et des
la préférence comme s'alliant le mieux à un fourrages qui se composent de "ensemence
bon système d'économie rurale ; mais lepâtura ment, de la moisson et de l'emmagasinage de
ge étant non-seulement très usité, mais offrant ces récoltes.
souvent sur le premier des avantages qu'on Ainsi une terre à froment de 1" classe cul
doit aux circonstances locales, il était utile de tivée d'après l'assolement indiqué au tableau,
faire connaître le produit des terres classées et avec la stabulation permanente, adonné lieu
firécédemment, suivant qu'on adopte l'un ou par hectare pendant le cours de la rotation, et
'autre mode de consommation des fourrages, pour obtenir la récolte indiquée au trausport
parce que la rotation éprouve des changemens de 124 chars de fumiers, à 3 labours forts d'un
et que les rapports des soles à fourrages à hectare (ou 1 lalKiur fort de 3 hectares ce qui
celles à grains, de la fumure, etc., ne sont revient au même), à 8 labours moyens, a 3
plus les mêmes comme on le verra dans le hersages forts et 8 moyens, toujours pour 1
tableau qui va suivre. hectare, et enfin aux frais nécessaires pour
Relativement à ce tableau il est nécessaire l'ensemencement, la récolte et l'emmagasi
d'entrer dans quelques détails qui eu facili nage pour 3 hectares ensemencés en grains et
teront l'intelligence. 3 autres en plantes fourragères. Dans ce der
Toutes les terres arables y sont rangées nier cas les travaux de 2 coupes sur 1 seul
suivant la classification adoptée, et pour cha hectare sont comptés comme une coupe sur
cune d'elles on a indiqué un assolement con 2 hectares.
forme à sa nature et propre à donner le pro Les 6 dernières colonnes contiennent une
duit le plus élevé. Dans la première colonne comparaison entre le produit en grain de cha
on a désigné les différentes classes de terres; que classe de terre, avec la rotation qu'on lui
dans la deuxième, où l'on a donné l'assolement applique et la quantité d'engrais fournis par
adopté pour chacune d'elles dans les 2 systè la consommation des pailles et fourrages pro
mes économiques mentionnés plus haut, on duits, en tenant compte de l'enfouissement
trouve : 1» à la suite de la désignation des des racines de trèfle et des années de pâtu
filantes qui doivent successivement occuper rage. Cette partie du tableau ne nous occupera
e sol chaque année, le produit des récoltes pas pour le moment, mais elle nous fournira
par hectare en grain, paille ou fourrage (se dans un autre chapitre les élémens de divers
mence déduite); 2» le nombre des laboursqui calculs intéressans dans la question impor
ont été donnés pour obtenir ces récoltes; tante du choix d'un système d'exploitation.
3° la quantité de fumier qu'on a employée. Nous ajouterons enfin que les nombres que
Le produit des années de pâturage a été renferment ces (i dernières colonnes ont été
évalue comme une récolte fauchée et conver calculés, en supposant que le froment récollé
tie en foin, ainsi que nous l'avons annoncé pèse 70. le seigle 70, l'orge 60, la petite orge 50,
ci-dessus. Les pommes de terre ( semence, l'avoine ordinaire 44, Pavoine nue 30, et les
frais^de sarclage et de récolte déduits) ont, pois 87 kilog. l'hectolitre.
ASSOLEMENS,
PRODUIT.
LABOURS, FUMURE ET PRODUITS ANNUELS PAR HECTARE.
A. — TERRES A FROMENT.
— Total de 6 «
t*. Froment; 80,80 hecr. grain, 64 quint, paille: 1 Ub. 1"
STUrunon miimn. Rotathh de fl années.— année. Feieeerougi;fauchées
1 coupes,en 96»ert;quiol.:
Go quint, mét.;de 3fumier.—
labour*; 4e.80 Froment;
chaw de 36,40
fatnter.hect.
— l**^Trèflé 44 chars
grain, £4 quint, pnlllet 9 labours. — 5«. Orge d'hiver; 3o,8obeel. grain, 59 quint, paille? 4 laboura. Moyen poetr 1 s
Jref PiTtrmoK. Rotction de 7 années. — i™. Vaut» fauchées en serl i 60 quiut, 5 lab.; So ch. de fumier-— b". Froment; So.ftohert. grain. 64 Total de 7 «
1 quint, paille; 2 lab. — 3«. Trèfle; 1 coupe*, 96 quint.1 44 cb. de fumier.'— 4*. Proment; >6,4o hect. grain, 64 quiot. paille; s lab.—i*.Orge Moyen pour 1 1
Met plante* de pâturage; 3o,8o bect. graîu, 38 quint, paille; 4 lab.; 30 ch. de fumier. — 6*. Pâturage; 49 quiot — 7*. Avoine; 44 beei. grain;
I 64 quint, paille; 3 labours. î xoiai ae
. grain,
S tabula mon paille;
r-Basu*.a lab.—
Rotaiin3e.deTrèfle;
5 années. — iM.7aFetcee fauchées ?ert; 48 quint ; 3 lab.t 8o ch. de fumier.—a*. Froment; i( so beel. % Total
en fumier. de s-5 ans.
1
6o quint, s coupes; quint.; ao ch. de - 4". Froment; i4,io hect. grain, Go quiol. paille; a lab.— » Moy
6*. Orge; ss hect. grain, a 9 quint paille; 4 labours. Moyen pour 1 10.
Pati B Aiit. Rotation de 7 années. — 1™. Peece* fauchéesen verl; 4H quint; 5 lab.; 80 cb. de fumier.—1*. Froment; i4,aobect. grain, 60 quint, Total de 7 ans.
2» paille; s '.ab.—2* Trèfle; a coup., 7 ï quint. t i6eb de Lumier.—4e. Fromett; a4,ao bect. grain, 60 quint, paille; a lab.— 5*. Orge tt plante» Mo>en pour 1 sa.
de pâturage*; s4,to bect. graio, 3o quinl. paille; 4 lab.; aucb. de fumier. — 6*. Pâturage; 3a quînl. —7e. Avoine; 3o,So hect. grain, 3o quinl.
paille ; 5 laboura.
SnarLiTios puis. Rotation Sa 6 ans. — iM. Pesées fauchées en eert; 86quinUi 3 lab.; 36 cb. de fumier. —>*. Froment; 17,60 hect. grain, Total de 6 ans.
36 quinl. paille; 1 lab.—3». Trifie; a coup., 48 quinl.—4*. Trèfle; 1 coup-, 16 quinl. puia jachère.—6*. Froment; l5,4<» hect. grain, 3a quint, Moyen pour 1 ■■.
paille; 3 lab.; 3 a ch. de fumier.—6*. Orge; 17,60 hect. gtain, a a quint, paille « 4 labours.
PatFaies. Rotation de 9 années. — 1™. Fêtre* fauchée* en *erl; 3a quint.; 3 lab.. 60 ch. de fumier. — a*. Frurnsnt; 17,60 hect. graio, 36
quint, paille; a lab.—3e. Trèfle; a coup., 43 quinl.— 4e. Trèfle; 1 coup., a8 quinl., après pâturage.—b*. Pâturage; soquinl.— 6e. Pâturage I Total de 9 ans.
jusqu'au a5 juins 8 quint., aprèsjachère. —7*. Froment; 17,60 hecl. (tram, 36 quint, paille; 3 lab.t *8 cb. de fumier.— 8*. Orge; 17,60 bsjet. ' Moyeo pout 1 as.
grain, ai quiut. paille; 4 lab —9*. P«hs; i3,so bect. grain, 34 quint, paille; 1 labour.
Stbbulitioh ?bbm. Rotation de 6 années.— ir*. Peera* fauchées en vert: >4 quinl.( 3 lab.t 6s rfa. de fumier a*- Fromsnl rouge; iï bect. Total d« 5 us.
grain, as quint, paille; a lab.—3*. Trèfle; 56 quint.—4*. Avoine; i3,ao hecl. grain, la quiot. paille; 5 lab.— 5*. Pot»; iS.ao hect. grain, 34 Moyen pour 1 an.
quint, paille; Rotation
1 labour.de 8 années.—if«. Feecee fauchées en vert; s4 quint.; 5 lab.; 4ocb. de fumier.—ae. Froment; n bect. grain, sa quint,
PlTcaioe.
paille; s \ah.—o*.Trèfle>i a eoup.,36 quiol.—4*. Pâturage; 16 quinl.— 5e. Pâturage jusqu'au a 5 juin; 6 quint., après jarhLre.-^C.Froment; Total de 8 ans.
11 bect. grain, as quint* paille; 5 lab.; te ch..de de fumier.—7e.
" " Pots; i3,ao hect. grain, 54 quiot. paille; ) lab.—8*. Avoine; 1 5,10 hecl. grain. Moyen pour 1 ao.
il quiut. paille; 3 '"'
-TERRES A SEIGLE.
Stiiclâtiov ntsb Rotation de 5 année!.—iN. Fetca» en vert t 4o quint ; 1 lab.; 60 eh. de fumier.— a*. Seigle; 16.40 bect. grain, 66 Total de 5 an*.
qui.tt. paille; 1 lab, —; 16,405*. Orge
hect.etgrain;
Trèfle;665o,8oquinl.bect. grain, 58 quint, paille; 5 lab. — 4*. Trèfle; a coup., 60 quint.; 48 ch. de fumier. —
6e. Seigle ou Froment paille; 1 labour. Moyen pour 1 an.
Patobaoe. Rotation de 8 années.—1". Fastes eu rert; 40 quint.; a lab.t 71 cfa.de fumier.—a*. Seigl'; *6,4o bect. grain, 66 quinl. paille;
t lab.— 3*. Orge; 3o,8o hpct. grain, 38 quinl. paille; 3 lab. — 4e. Trèfle; a coup., 60 quint.; fis ch. de fumier. — 5* Pâturage; 3o quint. — Tota> de 8 ans.
6e Pâturage jusqu'au ai juin; 14 quint.,jachère. — 7*. Seigle; a6.4o becl. grain; 66 quint, paille; s lab.— 9*. Avoine; So,80 becl. grain, 58 Moyen pour 1 ao.
quint, paille; a pEKH.
□tabiïlation labours.Rotation da 4 années. — lT#. Pommée de terra; 160 quint., équivalant, semence et trais de récolte déduits, i 6 quinl.
Total de 4 »*.
paille, 71 quinl. fuiu; 3 Ub ; 40 ch. de fumier. — a*. Moitié Seigle et moitié Orge; 11 beel. seigle, i5,so hect. orge, 44 quint, paille; a lab.
— 5*. Trèfle; a coup.. 48 quinl.; ao ch. de fumier.—4*. Seigle; 11 hect. graîu, 64 quint, paille; a laboura. Moyen pour 1 ao.
2-< 38 Patoraci. Rotation de 9 années. — irc. Pomme* de terre; 6 quinl. paille. 71 quint, foin; 3 lab.] 60 cb. de fumier.—a*. Orge; 3o,8o becl.grain,
quint, *bpaille; Total de 9 ana.
juin;a lalab.—3*.
<)iiint., Trèfle; a coup.,Seigle;48 quiut.;
ss bect.3a grain,
ch. de£4fumier.— 4*. Pâturage;
a lab.—8e.ei Seigle
quiut.—6*.
fumé; Pâturage;
17,60 bect-a4grain,
quinl.— 6*. Pâturage
jusqu'au jachère.—7*. quint, paille; 4a quiot. paille; Mo; en pour 1 an.
3a cb. de fumier; a lab. — 9r. Avoine; 19. 80 bect. graio, ao quinl. paille; s labours.
&TABCLAT10N rusu. Rotation de 4 années.—ir*. Pommes de terre; iao quiut. équir. 46 quint, paille, 54 quint, foin; 3 lab.; i4 cb. de fumier. Total de 4 ans.
—»*,Orge; 17,fo bect. graîu, s» quint, paille; 1 lab. —3e. Spergule; a coup.. Sa quint.; s lab.; iC cb. de fumier.— 4«.S»»g(«; 13,10 hect. grain,
34 quiot. paille; 1 labour. Moyr-n pour 1 aa.
Pituraob.17,60Rotatio,, de g années.—1", Pommes de terre;Pâturage;
6 quint,aspaille,
quinl.64—4*.
quint, foin ; 5aalab.: s4 ch. dePâturage;
fumier. —aa a*. Orge cl6e.Plante» de
I pâturage; becl grain, as quinl. paille; 1 lab.—3*. Pâturage; quînl.—5*. quinl.— Pâturage Total de* 9 ans.
jusqu'au a5 juin; ta quiut., jachère; iC ch de fumier.—7e Seigle; 17,60 hect. grain, 44 quinl. paille: a lab. — 8*. Seigte fumé; i3,so hect Moyen pour 1 an.
grain, 34 quiut. pebm
Stabilatioïi paille;Rotation
16 cb. dede 4fumier;
anoées.—irc1 lab.—9*.
Pomme» Avoine; i5,ao100becl.
de terre; grain,
quinl. 1a quint,
équîv. a 6 quinl.paille; a laboura.
paille; 44 quint, foin; a lab.; soefa. de fumier, Total de 4 ans.
—a*, àeigle df printemps; i3,ao hecl. grain, a8 quint, paille; 1 lab.—i*.Spergule; a coup., a4 quint., 1 lab.; 10 ch. dej fumier.—4*. Seigle
d'automne
Pâturageaprès la rèeolle
Rotation de 10deanné<la tpergule^ 1 1 bect. degrain,
s.—ir*. Pommée terre;ad6quinl.
quint, paille;
paille,644quinl.
quint,fourrages;
foin; s lab.; 1 labour.
ao cb. de fumier.—a". Seigte de printemps; Moyen pour 1 an.
i3,ao bert. grain, a8 quinl. paille, 1 lab.—S*. Seigle fumé el graminiee fourragère»;
—4*. Pâturage; 16 quiut.—5e. Pâturage; 18 quiut. — 6*. Pâturage; 18 quint. — 7e. Pâturage; 18 quinl.—8*. 1 1 hecl. grain; a8 quinl. Seigle
paille; 1d'automue;
lab.; socb.dei3,sofumier;
b*ct Total de 10 ans.
grain; 34 quinl. paille: s lab—9*. Seigte d'automne; 11 bect. grain, aS quim. paille, el après la récolle *pergule;G quiot. fourrages; 1 lab.; Mo;en pour 1 ao.
10 cb. de fumier. — 10e. Seigle de printemps; 8,80 bect grain, 1S quint, paille; a labours.
C. — TERRES A CEREALES DE PRINTEMPS.
SfABtXATioK PBBBt. Rotation de 3 années.—l". Pommes da terre; aso quint, équir. a 10 quiot. paille, 100 quint, foin; 3 lab.; 44 ch. de fu ) Total de $ ans.
mier. — a*. Orge; 3o,8ode bect grain,—4oir<*.quinl. paille;de aterre;
lab.—3*. Avoine; 3o,8o100hect. grain,
Pâturage. Rnlation 8 années. Pommet 10 quint, paille, quiut, foin;403 q'iint.
lab.; 84paille;
cb. des labours.
fumier. — a*. Oige et frasai*- I Mojen pour 1 an.
née* fourragère»; 3o,8o bert. grain, 4o quint, paille; s lab.—3e. Pâturage; a8 quiut. — 4e- Pâturage; aS quinl. — .•>". Pâturage; aS quiol.— I Toial de 8 ma*.
6e. Pâturage; aS quinl.—y*Avoine nue; 3o,8o hecl grain, 40 quinl. paille; l lab.—b9.Orge; as becl. grain, s8 quinl. paille; 3 labours.
Stabit atiob rata. Rotation de 4 années.— ir*. Pomme* de terte, 160 quint, équif. à .i quint, paille, 7a quint, foin; 3 lab.; 56 ch. de fu Mojen poo r 1 an.
mier.— a*. Petits orge aa heci. graio, sS quint, paille; a lab.— 3e. Pois; i3,ao bect. grain, 54 quint paille; ilab. —4e. Avoine; i3,ao becl. Total de 4 an*.
grain, ia qaiut. paille; a labours.
2' grain, Pbtcbacb. Rotation de 9 années.—l r*. Pommes da terre; 8 quint, paille, 7a quinl. foin; 5 lab.; 48 cb. de fumier.—s*. Petite orec; aa hect. Moyen pour 1 an.
s8 quint, paille; a lab.—3*. Poi*; i5,ao bect. graio, 34 quint, paille; 1 lab.—4". Avoine avec Trèfle blanc, et Graminée* fourr.; i5,ao Total de 9 ana.
bect.Avoine
gtain,nue;
ta qu.nl.
19,60 paille; a lab.— 5e. Pâturage;
paille; 1 94labour.
quiut— 6e. Pâturage; s4 quint.— 7*. Pdlurogs; %U quiut — S«. Pâturage; a4 quinl. Moyen pour 1 ao.
9e. becl. grain, ao quinl.
SrairilTioai peih. Rotation de 3 années.— ir*. Pommes de terre; 180 quiol. équir. a 9 quinl. paille, 81 quiot. foin: s lab., 56 eh. defumier. Total dr 5 ans.
i —iK.Avoine nue; a6,4o becl. grain, 54 qui il, paille; 1 lab.—3e. Avoine nue; aa hecl. gratn, sS quint, paille ; a labours.
PiTCBAGB. Rotation de 7 aimées. —i". Pomme* de terre;*, quinl. paille, 81 quiut. foin; a lab.; 56 ch. de fumier.—■*. Avoine et Graminé 1 Moven
3»t fourragère»;
pour a an.
a6,io becl. grain, 34 quinl. paille; 1 lab — 3r. Pâturage; 14 quinl. —4«. Pâturage; 14 quint. — b*. Pâturage; i4 quinl. — Total de 7 ans.
f 6*. Avoine nue; 3o.8u hrci, grain, 40 quitu paiJIe; 1 lab. —7*. Avoine nue; 36,40 bert. grain, 34 quinl. paille; a labours. Moyen pour 1 an.
Stabclatiob ps m. Rotation de 3 anuées. — i'e. Pommes de leire; 1 10 quint équW. i 5 i|uint paille, 60 quinl. foin ; 3 lab.; 16 eh. de Tolal or S an*.
I fumier. —a*. Avoine, i3,ao hecl. (train, .a quinl. paille; 1 lab.— 3e. Avoine; 8,So becl. grain, 8 quiot. paille; a laboura.
IPatdbavb. Rotation de 7 années.—1". Pomme» de terre; B quint paille, 60 quinl foin; 3 lab.: 10 cb. de fumier.—s*. Avoine et planta* de Total depour Moyen
7 ans.
1 sa.
pâturage; i3.ao bect grain, ta quint, paille: 1 lab.—3e. Pâturage; 14 quiut—4r* Pflluragt; 14 quinl.— Pâtttrags; 14 quiut.—C*.
23,80 becl. grain, 1 4 quiot, paille; 1 lab.—7e. Avoina; 8,80 becl.grona.fi quint> palUeit laboun. Moyen peur 1 as.
Comparaison entre le produit en grain
PRODUITS BRU! s. TRAVAUX DE CULTURE. et la quantité d'engrais fourni par les con
sommations de pailles cl fourrages.
mlusoouenins dufetumi1er
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GRAINS. rouillai. liions. ««mis. RÉCOLTE. =Z
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67
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3g,Co 3o,8o 19,80 160 l&o lll 5 6 • 6 1 340 +
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• 1.7» ■ » ■ i4,ao 11, au 6 • • 0,90 1 1 0,60
ssi ■Sï
s*s aES
(l) Pour connaître cette matière importante on peut consulter avec fruit le Traité des sociétés <
étales, par M. Malbpeyhe, avocat I la cour royale de Paris, et M. Jourdain, juge au tribunal civil de la même
Ville, nu gros volume in-8°, prix 7 fr. KOc. , chez Mansut fils, libraire, rue des Malhurins-Saint-Jacques, 1T.
380 ADMINISTRATION RURALE, uv. vu.
TITRE TROISIÈME.
DE L'ORGANISATION DU DOMAINE.
Lorsqu'on s'est procuré à un titre quelcon suivent, lesquels passent les uni aux autres par des
que la jouissance d'un fonds productif, les nuances souveut peu tranchées et difficiles i saisir.
principes de l'économie de l'agriculture en l'r Système. Culture des végétaux. Dans ce sys
seignent que pour l'exploiter il est nécessaire tème on s'adonne principalement à la culture et an
d'y établir un certain nombre de services qui, travail des végétaux , ou au moins ceux-ci forment .'<
d'une manière plus ou moins directe, con beaucoup près la branche la plus importante des reve
courent avec le fonds lui-même à la produc nus de l'établissement. Nous en avons des exemples
tion agricole. L'établissement de ces divers dans la culture des plantes potagères, des fourrages et
services constitue ce que nous appelons ici des céréales, près des grandes villes ou autres localités,
{'organisation du domaine. où les engrais sont abondans et à bon compte , ainsi
L'organisation d'un domaine rural exige que dans celle des forêts, des prairies , des oliviers ,
beaucoup d'expérience, de tact et de connais des mûriers, des vignes, du houblon, des pépiniè
sances, et influe puissamment, suivant qu'elle res, etc.
a été faite avec habileté ou avec ignorance, sur l' Système. Éducation des animaux. Ce système
les succès et les revers de rétablissement. On comprend l'éducation, l'entretien et l'engraissement
doit autant que possible s'attacher dés l'ori des bestiaux sans culture de la terre , avec les résidus
gine à suivre une bonne direction; des erreurs des élablissemens industriels ou des grandes villes, ou
légères en apparence causent parfois votre en achetant des fourrages, louant des pâturages, etc.;
ruine ou bien il s'écoule beaucoup de temps on y rattache aussi l'éducation des oiseaux de basse-
et on perd beaucoup, d'argent avant qu'oit cour, des vers i soie, des abeilles et celle des pois*
puisse rentrer dans la bonne voie. sons dans les étangs toujours en eau , etc.
Les règles d'une sage économie prescrivent 3e Système, ou Système mixte. Dans ce système, qui
de faire dans l'organisation d'un domaine rural est une combinaison des 3 précédeos et embrasse la
tout ce qui est nécessaire pour l'exploitation rai- majorité des élablissemens agricoles, la culture des vé
sonnée du fonds, mais aussi rien que ce qui est gétaux est réunie à l'éducation des animaux suivant
nécessaire. Si tous les services n'ont pas été un rapport infiniment variable. C'est ce système que
établis convenablement, si on a mis une éco nous aurons principalement en vue dans les détails
nomie mal entendue dans leur organisation, où nous allons entrer sur l'organisation du domaine
on ne parviendra jamais à tirer du fonds tous rural.
les fruits qu'il est capable de donner, et, si on Quand on est fixé sur le système économique d'a
a été au-delà du but, on a la plupart du temps près lequel on exploitera un fonds rural , il faut déter-
engagé des capitaux qui deviennent impro miuer le système de culture qu'on adoptera pour le
ductifs ou dont les intérêts grèvent inutile mettre en valeur. Ce système varie nécessairement avec
ment la production et dont personne ne con le pays et les circonstances.
sentirait à rembourser la valeur dans le cas Tantôt le domaine en entier est consacré au pâtu
où on voudrait vendre ou céder sa propriété. rage, tantôt on l'exploite par la culture triennale avec
Les fonds productifs dont se compose le jachère; ici on peut introduire la culture des céiéalct
territoire d'un pays peuvent être, les uns eu avec prairies naturelles, 14 un assolement avec prai
friche et à l'état de nature, tandis que les ries artificielles et la culture sarclée des plautes com
autres ont déjà reçu des améliorations fon merciales.
cières plus ou moins importantes; dans les C'est encore en s'occupant du système de culture
1er* tout est à organiser, et, comme ce cas est qu'on doit déterminer la manière dont les bestiaux se
le plus général, c est celui que nous prendrons ront alimentés, soit a l'élable où ils resteront cons
pour exemple dans l'ensemble de ce titre, en tamment, soit en partie à l'élable et en partie au pâ
supposant que l'entrepreneur possède les ca turage , soit enfin , uniquement au pâturage ou dans
pitaux nécessaires pour donner à chacun des les champs où on les tiendra toute l'année.
services le développement qu'il exige dans un Le système de culture étant déterminé, on passera
établissement dirigé suivant les principes an plan de culture ou i l'assolement. Celui-ci comme
d'une bonne administration. on sait , comprend deux choses principales. 1* La pé
riode de tassolement qui peut être, suivant les circon
Avant de songer à organiser un domaine , il est in stances, d'un plus ou moins grand nombre d'années.
dispensable d'avoir une opinion arrêtée sur le système 3° La rotation qui détermine le choix des plantes
d'exploitation au moyen duquel on se propose d'en ti qui enlrerontdans l'assolement et la manière dont elles
rer des fruits, parce que les systèmes divers adoptés en se succéderont.
agriculture réclament la plupart dn temps une orga Enfin, après avoir raisonné le plan de culture, il con
nisation qui leur est propre et que tous n'ont pas un viendra d'étudier le mode d'aménagement qu'on sui
égal besoin des services qui composent une organisation vra pour tirer le plus grand produit des terres dans
complète. l'assolement dont on aura fait choix. Ce mode d'amé
Le choix d'un système d'exploitation comprend à nagement doit avoir pour but : 1' de déterminer les
son tour celui d'un système d'économie rurale , de cul moyens qui permettront d'entretenir ou d'accroilre la
ture et d'aménagement, expressions sur lesquelles nous fécondité de la terre et de la maintenir dans un boa
pensons qu'il importe de s'entendre avant d'aller plus état de propreté, d'ameublissement, de profondeur et
loin. de richesse. Ainsi on s'occupe de la quantité d'engrais
Pour exploiter un fonds, on peut d'abord choisir en que doit recevoir chaque sole, du nombre de façons
tre les 3 principaux systèmes d'économie rurale qui qu'on lui donnera , etc. 3° De faire choix des moyens
CflAP i". DES CAPITAUX. 88*
d'exéculion , c'est-à-dire des agens du personnel qui Voici maintenant les divers services dont nn do
doivent la cultiver et des instruirons qu'on y emploiera, maine exploité suivant le système mixte réclame l'or
etc. 3" De l'exécution , c'est-à-dire de la manière par ganisation : 1° Le service des capitaux. 9° Celui du
ticulière dont tous les travaux seiont exécutés et des personnel. 3" Le service du fonds lui-même, i' Le
époques où on les entreprendra. service de Vinventaire qui se partage en inventaire vi
Nous ne nous occuperons pas davantage de ce sujet vant qui comprend les bêles de trait et de rente et en
qui, ainsi qu'on le voit, embrasse presque toute l'admi inventaire mort ou mobilier proprement dit. 3* Le ser
nistration rurale et sur lequel les chapitres suivans sont vice des engrais. 6° Enfin divers services qui ont
destinés à répandre beaucoup de jour ; d'ailleurs nous le une certaine importance dans un établissement un peu
reprendrons en particulier lorsque nous traiterons du considérable.
choix qu'il convient de faire d'un système d'exploita
tion pour un domaine.
Nous désignons ici sous le nom d'organisa est un bien petit nombre parmi ces der
tion du service du fonds , toutes les opérations, nières qui ne soit susceptible d'améliorations
tous les travaux qui sont nécessaires pour pour compléter cette organisation et augmen
rendre productif un fonds inculte jusque la ter leur produit net.
ou au moins pour accroître sa faculté pro Dans nos départemens où les baux n'ont
ductive et faciliter son exploitation. Ces opé qu'une durée très limitée , c'est la plupart du
rations ont été désignées sous le nom d'amé temps le propriétaire qui se charge de mettre
liorations foncières , pour les distinguer des le fonds en état et de l'organiser ; mais dans
améliorations agricoles , dont nous parlerons les pays où ces contrats ont une plus longue
daus un autre chapitre. existence, en Angleterre par exemple, on
La majeure partie des propriétés rurales voit très souvent des fermiers prendre à bail
en France sont déjà dans un état plus ou moins des fonds en friche ou en mauvais état, et v
Îiarfait d'exploitation, ou ont reçu des amé- faireà leurs frais toutes les améliorations pour
iorations plus ou moins importantes, et il les rendre exploitables ou plus productifs. Le
n'est pas toujours nécessaire de procéder à fermage, est alors diminué proportionnelle
Une organisation fondamentale, mais il en ment aux améliorations stipulées dans le bail
«hap. 3". - DE L'ÉTENDUE DES FONDS RURAUX, 401
on bien le propriétaire fait remise au fermier plus d'avnutagea donner de l'étendue au fonds
<!e 2 ou 3 années de lover, ou bien enfin le et à chercher un accroissement de produit
fermier abandonne au propriétaire, à l'expira plutôt dans l'extension donnée à la surface
tion du bail, les améliorations qu'il a (ailes exploitée que dans un accroissement de main-
dans l'état ou elles se trouvent , a des condi d'œuvre sur une surface circonscrite; c'est
tions arrêtées à l'avance dans les clauses mê le contraire dans les pays où le sol est cher
mes de ce contrat. et le travail à bon marché. — Dans un pays où
Quelquefois aussi des compagnies ou socié le sol est naturellement fécond et le climat
tés se chargent à leurs risques et périls de très favorable à la végétation , et où la produc
certaines améliorations qui, comme des des- tion végétale exige peu de travaux, on peut
sècheniens de vastes marais , le défrichement exploiter un domaine plus considérable que
<!e landes considérables, exigent de très fortes dans les contrées où ces conditions ne se ren
avances de capitaux; ces avances sont faites contrent pas. —Quand le climat d'un pays est
moyennant le sacrifice de la part des proprié très variable et ne laisse que quelques jours
taires d'une partie des terres améliorées au pour certaines opérations importantes de l'a
profit des compagnies, ou à des conditions griculture , on franchit plus aisément ces pé
variables suivant les localités ou la nature des riodes critiques en appliquant aux travaux
travaux. toutes les forces disponibles d'une grande fer
Enfin, on a vu dans ces derniers temps , des me. — Dans les pays moutueux et coupés ,
associations de propriétaires se livrer en com- quand un domaine est placé sur le flanc des
jnun à de vastes améliorations qui ont tout collines ou des montagnes, il n'y a guère qu'un
ii coup transformé des cantons presque incul petit exploitant qui puisse se livrer avec suc
tes en de riches contrées. cès aux travaux longs et pénibles queces fonds
Avant de nous occuper d'une manière gé nécessitent. Il en est de même pour ceux dont
nérale des améliorations qu'on peut opérer la surface est composée d'une roche dénudée
sur les fonds , nous croyons utile de parler qu'il faut briser à bras et pulvériser pour en
de l'étendue qu'il convient de donner à une faire un sol meuble; au contraire, dans les
exploitation rurale. pays de plaine où la surface est unie, les trans
ports faciles , et les travaux par machines ai
Section I". — De l'étendue à donner à un fonds sément praticables, les fermes peuvent avoir
rural. une plus grande étendue. — Dans certains
pays très peuplés, dans ceux où la propriété
Disons d'abord un mot de ce qu'on entend est très divisée , tels que la Flandre, la Belgi
par petite , moyenne et grande ferme. Ces ter que, l'Alsace, la Toscane, et une grande par
nies désignent dans chaque pays des établis- tie de la France , il serait souvent très diffi
semens bien différens les uns des autres sous cile de trouver, de former ou d'exploiter avec
le rapport de l'étendue superficielle; une profit un grand domaine , tandis que dans
grande ferme en Belgique, de 30 à 36 hect., d'autres, comme l'Espagne, l'Angleterre et la
est à peine une ferme moyenne dans la Bauce, plus grande partie de 1 Allemagne, où les biens
et les grandes fermes de ce dernier pays ne fonds sont concentrés dans les mains d'un pe
seraient guère regardées en Angleterre et en tit nombre de propriétaires, on trouverait
Allemagne que comme des fermes moyen difficilement une petite ferme, et il y aurait
nes. souvent peu de profit à l'exploiter. Enfin,
Il semble, dit un auteur, qu'en tout pays dans d'autres, comme dans l'ancien Berry ou
ou peut donner le nom de petites fermes à cel le Câlinais, où on ne rencontre le plus com
les où le fermier est obligé, pour vivre , de munément que des fermes moyennes, les fer
faire lui-même et avec sa famille, ou un très mes grandes ou petites exploitées par le mode
petit nombre de serviteurs, tous les travaux usité dans le pays seraient sans doute peu
manuels de son exploitation; celui de grandes avantageuses. — Près des grandes villes , où
fermes à celles où le fermier est uniquement l'agriculture ressemble à une culture jardi
occupé à diriger et surveiller les travaux de nière et se compose d'une multitude de pe
nombreux serviteurs et a même besoin de tits travaux de détail et où les capitaux sont
surveillans , et de réserver le nom de fermes abondons les petit es ou moyennes exploitations
moyennes à celles où le fermier, tout en em sont ordinairement celles qui sont les plus
ployant et surveillant lui-même un certain productives. — Les pays où la majeure partie
nombre de serviteurs , prend une part directe de la population habite les villes et s'adonne
aux travaux manuels de son exploitation. aux arts et aux travaux des manufactures
En France, les établissemens auxquels on permettent l'exploitation de domaines d'une
peut donner le nom de grandes fermes ont, plus grande étendue que ceux où elle est
terme moyen, de 120 à 200 hect. et au-delà ; répandue dans les campagnes et s'occupe
les fermes moyennes sont celles qui exploi exclusivement de travaux agricoles, etc.
tent de 50 à Ï20 hect.; au-dessous, les éta 2° Causes relatives à l'entrepreneur. Tout le
blissemens peuvent être rangés parmi les pe succès des entreprises agricoles dépend, com
tites fermes. me nous l'avons dit déjà, du fonds industriel
Parmi les causes qui tendent à faire varier de l'entrepreneur et des capitaux qu'il pos
l'étendue que doit recevoir un établissement sède; tel homme qui dispose de gros capitaux,
rural , les unes sont purement locales , les au et a un bon fonds de connaissances agricoles
tres tiennent à l'individu qui se propose de ainsi que toutes lesqualités requises, exploitera
l'exploiter ou au mode d exploitation qu'il avantageusement unefermed'une très grande
mettra en usage. étendue , tandis qu'un autre qui ne réunira pas
1 Causes locales. Partout où le terrain est h ces conditions, ou seulement à qui l'une d'en
bon marché et où le travail est cher, il y a tre elles manquera , échouera dans l'adminis-
AGIUCCLTI.RE. 101e. livraison. TOME IV. — 51
402 ADMINISTRATION RURALE. i.rv. vu.
Iration d'un -fonds rural même d'une étendue treprendre pour rendre Un domaine exploita
bornée. ble et productif peuvent être rangées sous les
En général , tous les cultivateurs sont dis 4 titres suivaus.
posés, quand ils ont fait quelques économies, à
acheter des parcelles de terres pour les ajou 1° Pourprendre possession du terrain, le former on
ter à leur héritage plutôt que de chercher à le conserver. Tels sont les travaux d'end iguage. d'en
accroître la faculté productive de celui-ci par caissement ou d'embanquement , la construction des
des améliorations bien entendues. Les entre chaussées, jetées , épis de défenses pour contenir les
preneurs qui prennent à loyer les fonds des eaux, celle des canaux, fossés, coulisses, puits , pui
propriétaires sont tourmentés aussi par une sards, boitouts, ouvrages d'arts divers pour dessèche
maUdie analogue que J. Sinclair et beaucoup ment, l'établissement de claies vivaces, de clavonna*
d'autres agronomes ont sfgnalée depuis long ges, de gazonnemens, de plantations, de remblais, etc.
temps. 9° Peur éloigner les obstacles qui s'opposent à la
« Les fermiers, dit le premier de ces au culture. Tantôt ce sont des eaux stagnante* à la sur
teurs, sont toujours disposés à entreprendre face ou sur le sous-sol , auxquelles il faut procurer un
l'exploitation de fermes trop considérables écoulement par des puits, coulisses, saignées couverte*,
pour le capital dont ils disposent. C'est une etc. ; tantôt des masses de sable ou de matières miné
grave erreur; il en résulte que bien des gens rales qu'on doit enlever; d'autres fois de grosses pier
restent pauvres sur une grande ferme , tan res, des éclats ou pointes de rochers, de grands végé
dis qu'ils auraient pu vivre avec aisance et taux ligneux, des souches, des cépées, qu'il faut faire
faire de bonnes affaires sur une ferme de moin disparaître; tantôt enfin des ondulations incommodes
dre étendue. Un fermier ne peut se livrer à du terrain qui nécessitent des remblais et des travaux
son entreprise avec sécurité s'il n'est pas en de nivellement, etc.
état de payer non-seulement les dépenses or 3° Pour améliorer Fétat du sol. Les travaux d'amé
dinaires de son établissement, mais aussi de lioration du sol sont : les défriehemens, les défonce-
faire face aux circonstances imprévues. Lors mens, la pulvérisaiion et l'ameublissement du sol par
qu'un fermier, au contraire, prend une exploi labours, hersages, roulages, par l'érobuage , la com
tation inférieure à son capital , il se met en pression mécanique du sol, le limonage, l'épierrement
état de profiter de toutes les circonstances ou enlèvement des pierres routantes, le chargement du
favorables pour acheter lorsque les prix sont sol avec divers mélanges terreux, le marnage, le chan
bas, et attendre, pour vendre, l'augmentation tage, le plâtrage, etc.; la construction des abris, des
des prix. » rideaux d arbres, des haies, des murs; l'accroissement
En Angleterre les fermiers en général ne de la richesse du sol par les façons, l'enfouissement
prennent guère d'établissemeus agricoles au- des récoltes en vert, les engrais de toute nature; la
dessus de leurs moyens; c'est le contraire destruction des plantes parasites, etc.
dans la plusgrandepartie delà France , et une t'Pour faciliter Cexploitation du sol. Tels sont:
des causes auxquelles on a attribué avec raison les travaux pour établir des chemins ruraux, des
l'infériorité de notre agriculture. batimens d'habitation et d'exploitation, des clôtures,
3° Causesrelatives à la nature et au mode a"'ex des moyens d'irrigation ou l'accumulation des eaux né
ploitation du domaine. Il eslbien plus facile d'ex cessaires aux usages de la ferme dans des mares ou bas
ploiter un grand domaine qui consiste en bois, sins, des pu ils ordinaires et artésiens, des citernes, etc.;
prairies, pâturages, étangs, etc., et il faut la ceux qui ont pourobjel l'ouverture des mines ou carrières
plupart du temps pour cela bien moins de capi pour se procurer des amendemens, du combustible fos
taux que pour un établissement en terres ara sile, des matériaux de construction ; enfin ceux qu'on
bles de même étendue. Une ferme à pâturage entreprend pour l'arpentage, la réunion des para-Iles,
en pays de montagne peut avoir 1000 à 1200 la division du terrain en soles et la classification des
hect. sans exiger autant de capitaux de roule terres, et qui ont pour but de dresser le plan , la cane
ment qu'une ferme à grains en pays de plaine topographique, l'inventaire et l'étal de lieux du do
de 100 a 120 hect.; au contraire, la culture des maine et de tout ce qu'il contient, etc.
vignes, des plantes potagères ou industrielles La plupart des travaux d'amélioration dont nous ve
qui exigent une main-d'œuvre considérable, nons de parler, ont, sous le rapport technique, été dé
sont plus avantageuses sur une petite échelle. crits dans les livres précédens de cet ouvrage, il ne
Une dimension modérée est celle qui convient nous reste donc qu'à les considérer sous un point de
le mieux aux fermes , à 'laiterie et où l'on en vue économique et administratif , les seuls qui puissent
tretient du gros bétail, tandis que l'éducation ici nous occuper. Cependant, comme il en est quelques-
des moutons n'est au contraire bien dirigée uns , tels que la division d'un domaine en pièces de
que dans les exploitations de grande cultu terre, les opérations topographiques et la construction
re , etc. des batimens ruraux, qui n'ont pas encore été traités
Vétendue qu'il convient de donner à une ex- dans les tomes précédens, et qui se rattachent à l'aJ-
Ploitation doit donc être celle dans laquelle minis ration générale d'un établissement, nous entre
entrepreneur, au milieu des circonstances rons à leur égard dans des considérations plus détail
locales qui l'entourent, avec les capitaux dont lées.
il dispose , la somme de ses connaissances et
son fonds industriel, parviendra, par l'emploi % Ier. — Des principes économiques applicables aux
le plus judicieux des uns et des autres, à réa améliorations foncières.
liser les plus gros profils qu'on puisse faire
dans des conditions pareilles. Dès travaux opérés sur un domaine ne peu
vent, en économie agricole, être considérés
Section II. — Des améliorations foncières en comme des améliorations foncières qu'autant
général. qu'ils doivent produire une utilité réelle, im
médiate ou piochai ne, et qu'ils donnent au
Les améliorations foncières qu'on peut en- fonds une plus haute valeur. Tous les capi
I—
Fig. 219.
Fig. 2(7. Pltn du rei de-chaussée i — a, cuisine ( S"" X
5"1) ; — buanderie ( 3m X 3"1 ) ; — c, petit garde-manger;
«levant est un espace pour placer quelque* ouiiU; — d, esca
lier à l'étage supérieur et sous lequel ou peut placer une pe
tite provision de bois; — o, latrines.
Fig. SIS- Plan du 1er étage i —e, chambra à coucher à
% lit» et I lit d'enfant , et avec une cheminée; — /, autre
chambie à coucher; — À, armoire ou tambour ferme.
Fig. 2 19. Vue en élévation de la maison qui a 8 mètres de
face sur 5 mètres de profondeur et occupe une surface de I
4q mètre» carres; hauteur à la naissance du toit, 6 mètres. ' Fig. 225. jj
(l) Toutes les indications que nous donnerons de la superficie des bàlimens seront toujours dans alivra), .1 «*
ptisseur des mura changeant avec les pays, les malériaux et U charge qu'ils doivent porter.
" HAP. 3«, BATIMENS D'EXPLOITATION. 418
Fig. 223. Plan du rez-de-chaussée : — a, cuisine avec esca Fig. 230 et Fig. 231. " _
lier à l'étage supérieur (6"> X5™)| — b, chambre de ré
ception ou de travail, parloir ( 6m X 3'" )i— e, buanderie
(J«XJ l/3m ); — d, e'table pour ï yaches ( 3"> X 3m) i
— laiterie (3"' X 3">) j — e, bûcher j —/, latrines.
Fig. 234. Plan du 1er e'tage i — g a h, chambres à cou
cher.
Fig. 225. Vue eu élévation delà maison qui a 9 mètres de
façade, G de profondeur et qui occupe 54 mètres de superficie ;
ta hauteur e>l de 6 mètres; les dépendances n^en ont que 3 et
autant de profondeur: superficie totale des bâtiment, 81
mètres carrés.
Autre maison de journalier avec étage de
mi-souterrain, étable pour 2 vaches et laiterie.
M. Morel de Vindé a proposé le plan sui
vant :
Fig. 226.
■13 r-
mm Fig. 232.
T 227 Fig. 330. Plan du Ma de-chaussée i — a, cuisine avec
four et escalier (5m X ; — 6, cabinet pour le lin ou le
chanvre de vente (3mx3m)| — e, laiterie ( 2"» X S"1 ) î
— ci, étable (l"X im)i — »i petite grange (3">x 3m)i
T. 220 —J, case a porcs (2m X 3m)( — o.poulailleri —h, latrines;
flM VK * M —i, petit bûcher.
E " Pi v\ Fig. 231. Plan du 1er étage: — l. m, n, chambre* di
verses.
Fig. 232. Vue en élévation de la maison qui a 11 mètres
de façade, 5 de profondeur et qui couvre 55 mètres carrés
de superGcie; sa hauteur est de 6 mètres; les dépendances
sont moins élevées pt ont 1 mètres de profondeur; superficie
totale 70 mètres carres. ,
Habitation et dépendances pour un petit
cultivateur exploitant 2 à 3 hectares de terre,
exerçant un art agricole et mettant ses récoltes
en meules.
Fig. 233.
Fig. 229.
Fig. 826. Plan des fondations 1 —a, fournil et
son four (3X1" lm).
Fig. 227. Plan du rez-de-chaussoe 1 — é, cuisine avec 2
lits d'enfans ( 'Jm X 4°°); —c. chambre i coucher k 3 lits,
avec un poêle r (5">X3m); — d, étable pour 2 vaches
(» 1/2"» y 3m)i—'«, laiterie (2™ X 2 l/2m) —f, hangar
servant débâcher; — o, toit à porc; — A, poulailler 1 — 1,
cases à lapins ; — /, latrines.
/"'i:- 228. Cuupe du bâtiment ou les mêmes lettres désignent
les mêmes objets que dans les lig. précédentes—mm, gre-
oiers auxquels on monte par une échelle mobile.
Fig. 2^9. Rlévation de face du bâtiment qui a 13 mètres
de façade, 5 de profondeur et couvre une surface de 65
mètres carrt's.
Habitation pour un manonvrier plus aisé,
avec «étage au-dessus, une étable pour 3 ou 4
vaches, un toit à porc et une petite grange.
Pbrthuis, dans son Mémoire sur l'art de
perfectionner les constructions rurales, a pré
senté le plan qui suit :
Fig. 234.
Fig. 333. Plan du rez-de-chaussée i — a, porche avec
toit; — b, bûcher; — c, cuisina (6»>X6m); — d, atelier
pour placer un métier ou autre mach.iue (im X 9m) («— «»
420 ADMINISTRATION RURALE. tnr. vti.
arrière-cuisine on buanderie ( 3m X *m) avec escalier / con Le 1er étape est distribue comme le rez-de-chaussée.
duisant au 1er étage; — 0, garde-manger; — i, magasin à Fig. 234. Elévation des hàiimens. Le corps principal a 10
fourrage* (3m X * l/2"' ); — *i étable pour 2 on I vache;) mètre» de façade sur 9 de profondeur et rouvre 90 mètres
( 3"> x 4m); — f, laiterie (3»X 4m ) au-dessus, ainsi que de superficiels; la cut&ioe, l'atelier sont élevés de 50 cen:imêtr«<
Jetable, magasina paille; — m, magasin aux oulils et instru ati-des»us du niveau ds sol; le magasin à fourrages, la buan
ment et servant aussi de cellier(3'» X *m)i — », magasin derie, le'lable, le toit à poic sont au nîve.iu; la laiterie, le
aux racines servant total d'aire à battre (3"» x 4*"); au-de»us, cellier» le magasin aux racine» un peu au-dessous; hauteur du
de» greniers; — v, réduit pour 2 ou 3 porc* (2» X2m)i bâtiment, 6 mètres; dépendances de chaque cote', 4 i
-"-/>, latrines ; — r, poulailler. profondeur ; superficie totale, i G j mettes carre*.
Petite maison de ferme pour un propriétaire | terres à froment de 1™ classe avec récoltes
cultivateur exploitant 10 à 12 hectares de | meules.
Fig. 236.
Fig. 24o. Plan de l'étape â demi souterrain de la maison l'a'taçe supérieur (3" X im)j — 6, salle de i
d'habitation ; 1, laiterie voùte'e garnie de tables de pierre et à manger ( 4,75m x 3,75m ) ; — 7, cabinet du foi
dallée, avec un dégorgeoir donnant sur un puisard pour Té* (4,75m x 3,75m ); — a, petit hangar par où l'on entra
coulemenl des eaux. On descend à la laiterie par un escalier s, dans l'arrière- cuisine et l'on descend a la laiterie ot qui sert à
placé sous les bàtimens d'exploitation ( 5ra X 4 1/2 ) ; faite sécher les ustensiles de celle ci ( 4m x l,5m); — 1>,
— 2 , cellier aux boissons et au charbon ( 4m x m ! ; — garde-manger (1,5m x ',5m); — c, elable pour les vaches
3, celliers aux racines et pomuies de leire. On descend à ces qui vêlent, malades ou à l'engrais et un taureau (4m X 6nl);
celliers par l'escalier j (4m x 4™ et 5m x 5m ), — d, étable pour 24 vaches (14'" X 6,50m ), — », éla-
Fig. 2Al. Plan du res de-chaussce de tous les bàtimens;— blfl pour 4 veaux (2m X 3m); —y, réduit pour les usten
4, cuisine ( 5m x 5 1/2"»); —5, arrière-cuisine seivant de siles de pansement des vaches; — p, magasin ou hangar k
fournil et d'échaudoir pour la laiterie; un escalier conduit à foin (9m x 4m ); — toits pour les porcs, et 1, latrines
422 ADMINISTRATION RURALE. LTV. m.
pour le* hommes (6m x 5« ) j — k , écurie pour on 5 ares. Le magasin à foin et les greniers an-dessus de* eta
3 chevaux ( G" X 4** ),* — l, sellerie , hache-paille , bles, des écuries et des hangars , présentent an développe
coffre à avoine (6>n X ?m t — m, hangar pour les voitu ment de plus de 400 mèt. cubes pour le logement d
res et initrumens («.m X 6m)( — n, grange ( 10m X 6m)f get, et suintant pour 4 mois d'hivernage.
— o, basse -cour t— bûcher ; — 7 , lalrines pour le fermier el Les hauteurt sont, pour l'étage souterrain, 3m 50, le
les servantes) ; — r, niche à chien* — r, réservoirs à urines; liment d'habitation 6 met., les e'iables et écuries 4 mèt. ,1a g?
— puits ou citernes avec auge pour abreuver les animaux; — ge et le magasin i\ fourrages 5 mèt.
■ , tas à fumier sous un hangar ; — r, fosse à purio ; — x,
emplacement Jet meules. Autre exemple pour une ferme de
Fig. 242. Vue perspective de rétablissement. Toute la su étendue que la précédente, et exploitée de
perficie du terrain qu'il occupe est de 7 ares ou 700 met. car.; même.
a a 94 mèt. de façade sur 29,50 de profondeur. Le major Beatsopï, dans son nouveau systè
Le bâtiment d'habitation couvre 100 mèt. car. on 1 are, et me de culture publié en 1820, a proposée
Uabitimtni d'exploitation 400 met., en tout 500 mèt car. me très commode le plan suivant :
Fig. 245.
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Fig. 244. Fig. 243.
La maison d'habitation est placée a 1 0 met. en avant des bâ- ^ ïnslrumens (2,5™ X -,ni ' ; — h talle fermée aux outil* (5m
tïmens d'eiploitation; dans ses éiages souterrains elle ressem X î™); — m, logement «Tua serviteur ou surveillant,, avec
ble a la précédente, et on y plare le fournil, le cellier aux un 1 •* étage au besoin (4m X 3ni ) f — n, bûcher (3m —
boissons el le bûcher. La laiterie |>eut y êire également sou* 5m \- — o, basse-cour , — p, latrines ; — qt puits , mare ou
terraiDe ou bien être placée avec son échaudoir au rez-de- citerne , avec auge pour les bestiaux ; — r> mare pour les
chaussée comme dépendance, et du côté du nord. porcs.
Fig. 843. Plan de la maison d'habitation: — t, cuisine; — La maison d'habitation couvre avec la laiterie 130 mèt. de
S, buanderie ; — 3, cabinet du fermier *•—4, salle à manger ; snper6cie; les bâtimen» d'exploitation 384 ou 370 m -t. au to
—-5, laiterie ; — 6, échaudoir et chambre a fromages. tal 500 mèt. car. ou 5 ares comme précédemment. La soperé-
Fil'. 344.a, sellerie, hache-paille, coffre à avoine ( 2°» cîe totale enretnte par les bàtimen» e»t également environ «ta
y 8m); — A, écurie pour 4 à 5 chevaux (4D1 X 8"»); — 7 ares; savoir ; I are 30 pour la maison d'habitation , et S
«, e'iable pour 4 veaux (2m X 8n> ); — d, étable pour tî ares 90 pour les bàlimens d'exploitation (22 mèt. de Iodç. tor
Taches ( 7™ y 8m J ; — #, cour à fumier avec toits à porcs; 37 de largeur). La grange a 70 mèt. de plancher ta hauteur
( 1 01» X 3 m ) i —-/, étable pour I 4 vaches ou bêtes à l'en est de 3 t/2 à 4 met-, sa capacité est de 250 à 300 mètre*
grais (7m X 8m), et magasin à foin au-dessus; — g, grange cubes. Les grenier* à fourrages au-dessus des écuries, des éta-
(10m x ?); — A, cellier aux racines ( 5,5om x 5« ); — blcs, des hangars et des salles, ont une capacité de 413 mèt.
t, hangar aux voitures (5m x 5»); — A, salle fermée aux cubes, et Je cellier aux racines do 100 mèt. cub.
cnxp. »•. BATIMENS D' EXPLOITATION. 4M
Dans les f exemple* qui précèdent, nous avons établi pâturage à classe et à nature de terre égales, une par-
le pian el l'étendue des bâtiment pnur une ferme de lie des récoltes étant consommée sur place, le matériel
S4 hect. en terre à froment de t" classe, avec culture mort el le personnel ne sont pas, pour une même éten
alterne et nourriture des bestiaux à Tetable. On due, aussi considérables que dans le système de la
sent assez que ai la ferme, quoique de même étendue, stabulation permanente, el que les batimens qui ser
était en terre à froment de S*, S* ou 4* classe, ce plan vent à loger les bêles de reule n'ont pas besoin d'être
pourrait être non-seulement modifié suivant les be établis avec autant de frais et de soin dans ces S cas.
soins, mais que l'étendue décroîtrait proportionnelle Il est encore utile de remarquer que les observa
ment avec le volume on la valeur des récolles , au point tions précédentes ne sont applicables qu'aux ferme*
qu'une ferme de 34 hect. en terre à froment de 4* classe d'une même localité et qu'elles ne seraient pas tou
n'exigerait pas des batimens plus vastes qu'une ferme jours exactes si on les étendait à des pays différens. U
de to 1 is liect. en terre à froment de 1" classe, le est, par exemple, des terres a seigle en Belgique qui
poids des récoltes, dans les 9 cas, étant à peu près le donnent des produits et paient un fermage 3 fois plat
même, et le nombre des bestiaux qu'on peut entretenir forts pour une surface égale que quelques terres à fro
dans l'une et dans l'autre étant peu différent. ment de même classe ou même de classe supérieurs)
A surface égale et a classe correspondante, les récol dansquelquesdéparlemens de laFrance,ct où le fermier
tes, sous le rapport du volume, ne diffèrent pas beau- belge a droit par conséquent à des bàtimens plusspa-
coupdansles terres à seigle et dans celles à froment et cieux, plus commodes et plus agréables.
exigent, par conséquent, une capacité à peu près égale
pour les loger; mais elles ont une bien moindre va A ces exemples trop peu nombreux de la
leur, et, ainsi que nous avons déjà eu l'occasion de le disposition et du plan des établissemens ru
faire remarquer, elles ne peuvent payer, pour les ba raux, nous ajouterons un modèle proposé par
timens, une rente aussi élevée. Ces batimens doivent Waistell dans son Architecture rurale, pour
donc être plus légers et présenter moins de commodi une ferme de grande dimension et ou on
tés dans leur construction, surtout relativement à la nourrit et engraisse beaucoup de bêtes à cor
maison d'habitation qui peut élre plus modeste. nes qui passent l'hiver dans de vastes cours
Dans les terres à céréales de printemps, les récoltes garnies d appentis pour les garantir des inju
étant a surface et classe égales, moindres et moins as res du temps. Nous ne donnons pas ici les
surées, le fermage ne peut être aussi élevé que dans mesures, parce qu'on peut aisément agrandir
les S divisions précédentes, ce qui nécessite une dimi ou diminuer les dimensions des diverses par
nution dans l'étendue et les frais de construction des ties , suivant l'étendue de la ferme et les
batimens ruraux. besoins de l'établissement qu'on se propose
Nous ferons aussi observer que, dans le système du de former sur ce modèle.
' L'organisation du service des attelages a | tains animaux domestiques à divers appareils,
ur but d'économiser le temps et les trais I instrumens ou machines pour exécuter plu-
raain-d'œuvre en appliquant la force de cer- [ sieurs travaux agricoles , qu'on ne pourrait
UUP. 4*. COMPOSITION DES ATTELAGES. 431
entreprendre avantageusement sans leur se pensons qu'il est utile de rappeler qu'autre
cours. fois les bœufs étaient employés presque ex
Ces travaux consistent, pour la plupart, en clusivement aux travaux des champs, et que,
labours, hersages, roulages, façons diverses don daus presque tous les pays où ces travaux, au
nées à la lare, el en transports de denrées, en lieu d'être comme jadis irréguliers et inter-
grais ou matériaux, et c'est parce qu'où les mi tiens, sont devenus constans et uniformes;
exécute le plus communément au moyen de et principalement dans les exploitations éten
bêles attelées à une machine qu'elles mettent dues qui paieut un gros fermage et où les
en mouvement, qu'on a désigné cette bran agriculteurs sont dans l'aisance, on parait avoir
che de l'organisation d'un domaine par l'ex donné la préférence aux chevaux. L'emploi de
pression de service des attelages. la force de ces derniers a même prévalu sur
Tous les hommes versés daus la pratique de les petits établissemens où il n'y a pas toute
l'art agricole, sont d'uu avis unanime sur la l'année d'occupation pour les attelages et où
nécessité d'apporter le plus grand soin dans l'entretien de ces animaux parait devoir être
l'organisation de ce service. C'est en effet de la dispendieux.
bonne composition des attelages et de la ma 11 importe peut-être ici de faire observer
nière dont ils sont dirigés, que dépendent la que, d'après les principes des plus célèbres
perfection des façons qu'on donne à la terre éleveurs de bestiaux, ou doit regarder comme
et qui jouent un rôle si important dans la des qualités très précieuses pour les bêles à
quantité et la qualité des produits; c'est à la cornes la faculté d'engraisser jeunes et de
sagacité qu'on apporte dans leur organisation prendre facilement ia graisse à tous les âges.
aue sont dues, en grande partie, la célérité Ces qualités se rencontrent à un éminent de
es travaux, l'économie du temps et des frais gré dans les races dites perfectionnées qu'on
de production. est surtout parvenu à créer en Angleterre;
Les animaux qu'on emploie le plus com mais ces races, par des causes dont nous n'a
munément en France au service des attelages, vons pas à nous occuper ici, sont devenues en
sont le cheval et le bœuf, qui se disputent à cet même temps moins robustes et moins pro
égard la prééminence. On attelle aussi quel pres aux travaux de l'agriculture que les bê
quefois les vaches , comme nous le verrons les communes, et, en outre, comme elles don
plus loin. Dans quelques pays, et notamment nent des animaux qui, dès l'âge de 3 à 4 ans,
dans l'Isère , le Var, les Bouches-du-Rhône et fournissentpourla boucherie une chair d'aussi
quelques départemens de l'Ouest , on fait bonne qualité quecelle des bœufs qu'on garde
usage du mulet, animal très propre aux travaux jusqu'à 8 ou 9 ans en les faisant travailler, les
rustiques ; dans d'autres on se sert des tau agriculteurs ont trouvé qu'il était plus avan
reaux. Enfin l'âne, qui est généralement trop tageux pour eux de les élever plutôt comme
faible pour la plupart des travaux agricoles, bêles de renteque pourle travail, puisque leur
est cependant attelé quelquefois à la charrue prompte maturité et leur engraissement facile
dans des sols très légers, mais plus générale donnaient lieu à un renouvellement plus
ment employé à effectuer des transports à de prompt des capitaux avancés pour leur édu
petites dislances, surtout dans les établisse- cation el leur entretien, et d'employer exclu
mens les plus modestes où il est souvent le sivement les chevaux à tous les travaux d'éco
seul animal dont on puisse payer les services. nomie rurale.
Nous traiterons d'abord dans une première La question de l'emploi des chevaux et des
section de la composition des attelages, et en bœufs dans les travaux ruraux se rattache
suite dans une 2e section de leur force et de aussi à plusieurs sujets d'intérêt public, que
leur nombre. nous passons toutefois sous silence pour ne
l'envisager que sous le point de vue purement
Section 1". — De la composition des attelages. agricole.
Daus l'organisation d'un fonds, un admi-
Nous venons de dire que les attelages étaient nistrateur doit se proposer naturellement
le plus ordinairement composés de chevaux d'effectuer tous les travaux du sirvice des at
et de bœufs , et que ces deux espèces d'ani telages de la manière la plus avantageuse à ses
maux de trait se disputaient la prééminence ; intérêts et la plus profitable à son établisse
nous allons en 1er lieu faire connaître com ment; or, en réfléchissant aux principes éeo-
ment on parvient à comparer le travail de nomiques qui peuvent conduire à ce but, on
l'une ou de l'autre de ces espèces, et à eu éta remarque que le travail des animaux doit être
blir la mesure économique; puis après cela étudié sous 4 rapports principaux : 1° la quan
nous parlerons des attelages de vaches. tité qu'on eu obtient d'un animal; 2° la qua
lité de ce travail; 3" la célérité avec laquelle
j I". — Du travail des bétes de trait et des frais de il peut être exécuté; 4° enfin le prix auquel il
leur service. revient. C'est en combinant, dans chaque si
tuation et suivant les circonstances, les 3 pre
fï II n'y a peut-être pas de question qui ait été miers éléméns avec le 4e qu'on parvient à éta
plus vivement débattue, soit parmi les agro blir la mesure économique du travail des ani
nomes, soit parmi les cultivateurs, que celle maux, et à fixer son choix sur le mode qui
relative à la préférence qu'on doit donner aux présente la plus forte somme d'avantages so
chevaux sur les bœufs. Nous ne croyons pas lides et permanens.
devoir rapporter les nombreux argumens (Quoiqu'il soit difficile, au moment de l'or
qu'on a fait valoir en faveur des uns et des au ganisation d'uu fouds, d'établirà l'avance avec
tres, parce que cette question, traitée de celte rigueur le prix du travail des attelages, puis
manière, ne nous parait pas avoir été envisagée que ce prix dépend de la variation de celui des
avec la généralité qu'elle comporte ; mais nous denrées dans les années suivantes, des cas
432 ADMINISTRATION RURALE. ov. vu.
fortuits qui petivent occasionner la perte des un mode vicieux d'expérimentation dans la mesure du
animaux ou au moins leur inaction pendant travail des S espèces et surtout à l'oubli presque géné
long-temps, des modifications que l'expé ral de ramener a des termes comparables tous les élémeos
rience forcera d'adopter dans le système de qui pourraient servir à la solution de ce problème.
culture, ou l'adminislralion économique des M. Frost, qui a pendant long temps administré le
divers services, etc., néanmoins, de pareils domaine de Windsor , où les bœufs Se uls étaient em
calculs ont toujours beaucoup d'utilité pour ployés è tous les travaux d 'exploitation, a reconnu que
déterminer la combinaison la plus avanta les 107 bœufs destinés a cet usage auraient pu facile
geuse dans le choix des moteurs, et d'ailleurs ment être remplacés par 65 chevaux (rapport de la
ils offrent d'autant plus d'exactitude que les quantité de travail annuel d'un bœuf a celui d'un che
chances et les accideus sont prévus et qu'on val, »/ye environ) (t).
y porte en compte les sommes destinées à Dans lesdisirictsdu Yorkshire et de l'Hertfordshire,
couvrir les pertes qu'on peut éprouver par où l'on fait usage d'aï telages de bœufs, on considère qoe
l'effet du hasard. G bons bceuls travaillant constamment, et qu'on ne veut
Entrons maintenant dans l'examen des élé- pas accabler de fatigue, lonl autant d'ouvrage que 4
mens qui servent à mesurer économiquement chevaux (rapport du travail journalier d un bœuf à ce
le travail. lui d un cheval, i/3); c'est aussi le chiffreque donne Sin
clair, qui regarde ce rapport connue un terme moym
1° La quantité de travail. Elle se mesure ordi parmi tous ceux fournis par le* partisans des bœufs en
nairement en mécanique par le poids qu'un moteur élè Angleterre. M. Buroer, dans son Manueld'agriculture^
ve, dans un temps donné, à une certaine hauteur, et donne aussi ce même rap|ioii; ma.s il ajoute que toutes
dans les applications usuelles par la résistance vaincue circonstances égales, il lui parait que les bœufs travail
ou le poids transporté à une certaine distance dans un lant toute l'année donnent </* de moins d'ouvrage qu'un
même temps. Dans les travaux ruraux, le temps donné même nombre de chevaux (rapport, 3/l). Dans le
est le nombre d'heures de travail effectif qu'un animal comté de Gloucester , S bœufs de la race d'Hereford ,
fournit dans l'année, et la résistance est celle que les nourris avec du foin et de l'herltc verte , sont regardés
instrumens ou les véhicules opposent aux efforts que dans les travauxde labourage comme égaux à 4 ch< vaux
font N s moteurs pour les mettre en mouvement. Celle ( rapport, 4/5). RI. de Domrasl,e, qui pendant plu
résistance est variable suivant le travail; mais on se sert sieurs années a fait exécuter une partie des travaux de
souvent en économie rurale de celle qu'on éprouve son établissement par des bœufs du poids de 350 kil.
pour labourer la terre et qui offre en général le travail environ, nous apprend que Pexpérieuce lui a démontré
le plus pénible qu'il y ail a faire sur un établissement qu'on pouvait constamment obtenir de ces boeufs ferrés
et celui qui s'y exécute avec le plus d'étendue aux prin des 4 pieds, nourris en abondance à l'étable, el dans des
cipales é|oqms de l'année. journées de travail de 8 heures en 3 attelées, les 4/5" du
La quantité de travail qu'on peut tirer d'un animal travail que peuvent exécuter des chevaux de taille ana
dans le cours d'une année, sans altérer sa vigueur et sa logue, rapport qui nous parait en effet le plus eiacl et
santé, dépend principalement de sa masse, de son éner le mieux constaté , quo qu'il ne manque pas d'exemples
gie musculaire et du régime qu'on lui fait suivre. On nombreux en Angleterre d'attelages de bteufs faisant
peut accroître celte quantité pour un même an mal par autant d'ouvrage que des chevaux dans de* circonstan
un bon mode de répartition des labeurs dans le courant ces à peu pics semblables, etc.
d'une année, et une distribution économique des heures Pour être à même de comparer avec certitude la
de travail et de repos pendant la journée, par une bonne quantité de travail annuel des chevaux et des bœufs, il
combinaison dans la force des bêles qui composent les est nécessaire de se rappeler que ces aerniers, dans le
attelages, par l'attention qu'on prend pour dresser et cours d'une année et sur un même établissement, ne
conduire ces animaux et les soins hygiéniques qu'on leur peuvent, à cause des circonstances atmosphériques et de
donne, par une nourriture abondanlccl substantielle, l'état di s chemins dans les diverses saisons , être en
par l'emploi d'inslruuiens perfectionnés et des meilleu voyés delmrs el attelés aussi souvent que les chevaux, et
res machines, par un bon mode d'allelagc et remploi fournissent par conséquent dans une. année un nom
des appareils de tirage bien conçus et parfaitement bre moindre de journèesel d'heures de travail que ceux-
adaptés à la conformation des moteurs; enGn, en ne con ci. Ce nombre est 1res variable suivant les localités et
fiant ces moteurs pour les faire fonctionner qu'à des dépend en grande partie, en supposant une distribution
agens actifs, honnêtes et expérimentés. également habile des labeurs et une' bonne administra
Nous nous occu|>erons dans uu autre chapitre de la tion, du climat et du la nature du sol.
quantité absolue de travail qu'on peut obtenir d'un che M. Bloch, qui habite la Silésie sous une latitude à
val ou etun bœuf, de taille et de force moyennes , peu près semblable à celle du nord de la France ou de
dans les circonstances les plus ordinaires; ce qu'il im la Belgique, nous informe que ses nombreuses investi
porte d'établir ici, c'est le rapport entre la quantité de gations sur les terrains variés de sa province lui ont
travail du 1" de ces animaux elcelleque fournit le se démontré qu'on pouvait, relativement au nombre de
cond lorsque les circonstances sont les mêmes pour l'un journées de travail des animaux, classer les sols de la
comme pour l'autre, cYsi-à dire lorsqu'ils sont de bon manière suivante :
ne race, de taille et de forces ai.alogues , bien dressés , l" Classe. Terrains élevés, faciles à travailler et
entretenus, nourris et conduits avep les soins convena qu'on peut labourer sans désavantage, 3 4 heur, après
bles et appliqués à un même liavail. la pluie ha plus abondante.
Les documerts qu'on trouve sur ce sujet dans les écrits 3e Classe. Terrains bas, humides, qui ne peuvent
des agronomes de tous les pays présentent des discor être labourés ou parcourus par les animaux attelés après
dances considérables qui sont ducs en grande partie à une pluie abondante qu'au bout de plusieurs jours.
(l) Ce rapport nous parait remarquable en ce qu'en prenant le rapport delà quantité de travail journalier assigné
par M. de Dohbasle pour le bœuf et le cheval ou 4/5°, el le multipliant par le nombre des journées de travail
fournies dans l'année par ces animaux, suivant M. Blocs, comme on va le voir plus bas, on obtient les nombres
920 et 1438, 840 et 1350, 760 et 1350 qui sont, en effet, à fort peu près entre eux dans le rapport de 65 à
• 07.
CIIAP. 4'. COMPOSITION DES ATTELAGES. 433
3* Classe. Terrains bas , compactes , argileux , im tionsà remplir pour atteindre cette perfection étant va
perméables et pourvus en outre de mauvais chemins. riables avec la nature des travaux.
En tenant compte ensuite des jours fériés et de ceux C'est un fait qui parait démontré que les bœufs atte
où il est impossible de travailler la terre, de faire rou lés au joug soin plus propres que les chevaux aux la
ler les véhicules ou mettre les auir.iaux dehors, il a bours, et que leur travail, surtout dans les sols argileux,
trouvé que le nombre des journées de travail était en tenaces, pierreux ou monlueux , ou quand il s'agit de
moyenne : défoncer à 9 ou 13 po. de profondeur, ou de rompredes
gazons ou de vieux pâturages, est exécuté d'une manière
WMJ1 LU POl B LSI plus régulière et plus parfaite. Ainsi, dans les fermes
< I1MM X ■CMfl. où les terres ont été négligées et sont en mauvais élal ,
celles où l'on a besoin de labours soignés et multipliés ,
on peut employer les bœufs à ces trauvaux , quoique
ta ° sur les terres furies, qui ne produisent pour eux que
de la paille et du foin, leur nourriture soit plus dispen
dieuse que sur les terres d'une moindre cohésion , plus
Dam Ifi terrain, de ire cl. IMTiux d'été i85 j
Ira*-, d'bmr too j
18S
;5 propres à la culture des racines qui conviennent mieux
id. triv. dVté 174 1 a ces animaux. Les bœufs sont également employés
Ira», d'hittr 96 1 avec avantage dans tous les autres travaux qui exigent
id. A. trat. d'été i»a 1
Ira*, d'imer 91 | des efforts soulenus et patiens, et on peut les appliquer
au manège, aux transports sur les terrains escarpés , à
l'extraction des bois des forêts, etc. Ces animaux pa
Quant au nombre d'heures dont se compose la jour les raissent perdre une part'n- < e leurs avantages quand on
née des bêles de trait, il l'évalue terme moyen, a lt fontaltellc plus
au collier, mais ils sont alors plus leslcs et
d'ouvrage.
heures pour les jours d'élé, et à 8 pour ceux d'hiver; Les chevaux de leur coté sont moins pesans que les
ce qui donne pour le nombre d'heures de travail de bœufs; ils plombent moins les terres labourées et leur
l'année, les résultats suivans : conservent mieux leur élasticité et leur légèreté, ce qui
les rend [lus aptes aux hersages et autres façons qu'on
jj)ani les terrlins. Pour les cbernux. Pour lf» baufs, donne auxcl>amps,etqui, n'offrant qu'une faible résis
de 1" classe. 3835. . 31 tu. tance, peuvent èlre exécutés avec célérité.Ce sont aussi
S* . . . 8684. . . 1093. ces animaux auxquels on doit donnerla préférence quand
3* . . . 3474. -. . 1804. il s'agit de transports, surtoulde ceux qui se font au loin
et avec rapidité ou qui ont lieu dans des routes diffici
M. de Dombasls, malgré tout le soin qu'il a mis i'i les et en mauvais élal.
régler chez lui le travail des attelages, de manière è em Ledirecieurde Roville nous apprend (Ann. t. Irr,
ployer ses chevaux toute l'année et à peu près sans in p. 164 ) qu'il a appliqué sans inconvénient ses bœufs
terruption, nous apprend fAnn.de Roville, t.VI, p. 89), à tous les travaux dé culture autres que les labours ,
qu'il n'a pu parvenir à obtenir plus de 241 journées qu'il les a attelés a la herse, à l'extirpaleur, à la houe
moyennes de 8 h. de trav. effectif ou 1038 h. par an. à cheval, et que partout ils se sont comportés avec au
Les quantités de travail indiquées ci-dessus pour les tant de ilocililé et de régularité que les chevaux ; mais,
bœufs sont bien moindres quand, au lieu de les faire pour obtenir ces résultais, il fajt qu'un établissement
travailler constamment , on ne leurfait faire qu'une agricole soit aussi habilement administré que celui que
seule attelée par jour. Tuaeb établit que, dans les pays nous venons de citer et que les services divers y soient
où l'on fait ainsi travailler ces animaux, un attelage de organisés avec le même foin.
rechange de 4 bœufs fat J seulement un peu plus d'ou S* La célérité du travail. La célérité est une
vrage que 9 chevaux, cl même avec cette condition que chose très désirable dans tous les travaux agricoles su r-
l'attelage de rechange est conduit au cliarrelier dans toutdans nos climats septentrionaux où le nombre des
les champs par un jeune garçon. Il est des contrées où jours favorables aux travaux agricoles est toujours bor
le nombre des bœufs de rechange este'gal comme ci- né. C'est à l'extrême mobililé di s saisons en Ecosse
dessus a celui des animaux qui travaillent , d'autres que tous les écrivains anglais attribuent l'abandon gé
où ce nombre n'est que la moitié, c'est-à (lire un bœuf néral des bœufs dans l'agriculture de ce pays, tandis
de rechange pour S qui travaillent, et d'autres enfin où que la douceur et l'uniformité du climat dans quelques
l'on n'entretient qu'un bœufde rechange pour 4 ou 6 districls de l'Angleterre, rendant les travaux îles champs
bœufs d'attelage. faciles à toutes les époques de l'année, les ont fait con
Ces dernières manières d'employer les bœufs au tra server. D'un autre côté, la célérilé, quand elle n'ex
vail sont bien loin, comme on le voit, de faire un em clut pas la bonne qualité du travail et qu'elle ne peut
ploi économique de leurs forces; elles conviennent porter aucun préjudice à la saïUé ou a la vigueur des
mieux dans les élablissemens où ces animaux sont plu moteurs, est toujours une chose utile qui permet d'ob-
tôt considérés comme des bêles de renie qu'on engraisse lenir le concours c!o ceux-ci à un prix moindre cl plus
dans le cours de l'année et qu'il faut ménager, que avaniageux.
comme des bêtes de trait dont il s'agit de comparer le La célérilé dans le travail des animaux suppose 2
travail è celui des chevaux. On conçoit au reste que conditions ; 1» que les animaux peuvent supporter pen
dans les fermes mal administrées, où les attelages chô dant un certain temps un travail extraordinaùe ;
ment une partie de l'année et où l'on se sert d'instru- 2° que leur allure est vive et accélérée.
mens grossiers qui nécessitent l'application d'un grand Relativement au 1" point, le cheval en général l'em
nombre d'animaux dont on fait ainsi un emploi si peu porte sur le bœuf, cl on peut, en augmentant la quan
judicieux, il peut dire plus avantageux d'employer des tité de ses alimens et en les lui donnant de qualité su
bœufs, même de cette manière, que des chevaux qui périeure , obtenir de lui une quantité de travail très
resteraient la plupart du temps dans l'inaction et per considérable; néanmoius , il parait démontré que le
draient annuellement de leur valeur. bœuf jouit de la même faculté ; Sikclaih parle d'un
3° La qualité du uavail. On la reconnaît à la per habile agriculteur anglais qui, en nounissant ses bœufs
fection avec laquelle un travail est effectué , les condi- avec de l'avoine, lour faisait supporter des iravaux ex-
agriccltl'be. 104' livraison. TOMS IV. — 65
434 ADMINISTRATION RURALE. tiv. «i.
traordinalres, aussi bien qu'aux chevaux; on cilc en l'achat ou l'éducation des hèles de traitsont, toutes cir
France les boeufs de race auvergnate, auxquels on fait constances égales d'ailleurs, beaucoup plus élevées, jus
faire dans le Cantal, à certaines époques de l'année, qu'à â et même 3 fois davantage, pour un chevalque pour
des travaux étonnans pour le transport des bois et qui un bœuf.etcetledifférence déjà Tort importante pour nos
résistent fort bien à la fatigue. M. de Doubasle affir agriculteurs dont le capital d'exploitation est trop sou-
me mèiue( Ann. de R.ov., 1. 1, p. 468) qu'après plu veut très borné et généralement insuffisant , le devient
sieurs années d'emploi de ces animaux , il a constam encore plus par les intérétsdecessommesqui accroissent
ment rcmarquéque, dans les temps où les travaux ont d'une manière permanente le prix du travail du l" de
été un peu forcés dans son établissement, ses bœufs ont ces animaux ; cependant , nous croyons utile de faire
mieux soutenu que les chevaux cet excédant de fatigue observer que les bœufs de trait ne sont i bon marché
et ont inoins dépéri que ceux-ci. que parce que leur usage est peu répandu, et qu'aussi
Quant à la rapidité de l'allure, celle des bœufs est tôt que les agriculteurs les demanderont en grand nom
incontestablement plus lente que celle des chevaux , et bre dans un canton, la concurrence portera bientôt leur
nous avons vu quedans leurs travaux journaliers la dif valeur à un prix capable de balancer ou d'annuler peut-
férence pouvait, dans des attelages bien conduits, être être les avantages qu'on trouve dans leur emploi.
environ pour les t"" les 4/S" de celle des seconds; (A) Fonds d'amollissement ou prime annuelle qui
mais cette lenteur dans la marche parait, au moins dans doit servir à rétablir le capital p'imitif d'achat quand
un assez grand nombre de cas, êlredue plu'ôt au choix les animaux auront péri ou seront hors de service. On
d'une race qui n'est pas propr" au trait, et a une édu peut supposer que le cheval commence à travailler i 4
cation incomplète ou mal dirigée, qu'à la nature même ans, et qu'il est hors de service à li, et établir parcon-
et au tempérament de l'animal ; dans une foule de séqucnl cette primeannuel'e au 8e du capital ou environ
concours de charrues qui ont eu lieu en Angleterre, en 12 p. o/o. Quant au I œuf qu'on fait travailler à S ans
Ecosse et en Irlande, des bœufs, attelés par paires, ont et qu'on réforme à 8 ou 10, il n'y a la plupart du temps
fait autant d'ouvrage dans le même temps que les che- rien à p irler au prix de son travail pour celte prime,
▼aux entrés en lice avec eux. En 1803 , lord Someb- pane qu'on le revend au mêmetauv où on I achète ; sou
T1LLI produisit dans un concours de ce genre plusieurs vent même ce taux étant su péi ieor, l'excédant vient encore
attelages de a bœufschacun, prispirm! ceux du pays et en déduction du prix de son travail ; mais c'est un dés
Conduits chacun par un seul charretier, et qui dépas avantage d'être obligé tous les 4 à S ans de renouve
sèrent en vitesse' tous les attelages de chevau» appelés ler les bœufs de Irait et de dresser des attelages.
à lutter contre eux. Scuweu dans son outrage sur (c) Prix d'assurance sur la vie des animuui . Celte
l'agriculture de la Belgique, loin. \", pag. 97, dit prime, destinée à faire face aux sinistres, tels qu'épi-
que dans quelques cantons de ce pays on attelle zooties , mort subite , maladies , blessures et accidents
souvent 1 la charrue un cheval et un bœuf , le graves, est eu général basée sur la valeur capitale des
t" marchant dans le sillon, et que, quoique le cheval animaux et moindre pour le bœuf que pour le cheval.
ait une ahure accélérée, le bœuf le suit sans effort et Le Ier, étant d'un tempérament plus rustique, est
avec une égale vitesse; il rapporte aussi qu'il a vu moins exposé aux maladies et au danger de périr. La
dans la Campine des bœufs conduisant des chars de fu prime d'assurance peut s'élever de 1/i i t p. O/o du
mier et qui marchaient avec une telle rapidité qu'il capital, quand ce sont des compagnies d'assurances qui
avait peine a les suivre. On dit que dans le Corrrwall et prennent à leur charge lous les risqu»1» à 4 et à S p.0/0
le Devonsbire, où on attelle général-inent des Ltceufs. ces p ur le bœuf et 7 à 8 et plus pour le cheval quand il
animaux, aux temps de la fenaison et de la moisson, faut «oi-mèmesupporler leschancesde celteassurance.
transporte t avec aisance et au trot les chariots vi (d) Frais de Ingénient. Ces fraissecoinposenl, ainsi
de* dans les champs. On a cité les bœufs de lord Schkf- que nous l'avons déjà vu p. 316 et 1 1-2. du loyer des
fislo, dans ses domaines du Siissex, qui ont une al écuries, élables, magasins à lourrages et autres 14li-
lure plus relevée et plus aciélérée que tous les che- mens à l'usage des animaux , ainsi que de celui Jes
vacxde travail du pays ; enfin, M. TunNER recommande hangars où sont déposés les inst rumens et machines
comme béies de irait la race de IkeuI's du Lancashire, avec lesquels ils .travaillent. Sous le rap|iort du loge
qui non-seulement est très robuste et 1res vive, mais ment, un bœuf de Irait n'ayant besoin que de 56 pi.
qui ayant le corps allongé , lait des |ias de 4 no. plus car., tanlis qu'il en faut 75 pour un cheval, les frais
grands que les autres races, ce qui la rend éminem de son logement sont moindres que pour ce dernier.
ment propre aux travaux qui exigent de la célérité. Ses équipages et iostruinens oceupent aussi moins de
Malgré ces exemples . il est certain que dans h s ras p'ace.
les plus orlinaircs les liœufs sont moins aptes que les (je) Intérêt» 1 Sp O/o des sommes employées à
chevaux pour cxètutcr avec rélérité les travaux de cul l'acquisition des objets mobiliers à l'usage des bêles de
ture ou les Iranspons lointains, et que partout où il trait, tels que harnait et objets de si llet i'- f ustensiles
sera nécessaire d'établir, une succession rapide de tra décurie ou d'étuble, et instrument et machines avec
vaux à certaines é|K>ques de l'année et avec le plus pe lesijui la les animaux opèrent. Li s sommes mises ainsi
tit nombre possible de moteurs, partout un les élabUs- en avant par lélo d'animal, dans l'organisation d'une
semens sont éloignés de* lieux de consommation , où ferme, sont infiniment variables suivant la nature de
les pièces de terre sont à une grande distance de la l'exploitation , les travaux qu'on y exécute, le nombre
maison de ferme, etc., on devra donner la préférence de bêles qu'on attelle à chaque machine , le mode d al-
aux chevaux. lebige ou de harnachement des animaux, etc. Atin de
4» Le prix du travail- Ainsi qu° nous l'avons dit , doiioer une idée des calculs qu'il est nécessaire d'elfec-
ce prix, combiné avec la quantité et la qualité, donne luer pour lixer le chiffre di s intéiéts qui figuient pour
la mesure économique de ee travail ; d convient donc les objet» dé-ignés ci-des«us dans le prix du travail des
d'en rechercher et d'en évaluer tous les éléinens qu'on héles île Irait , nous allons piésenler des exemples en
peut ranger sou» les titres suivans : sup|x>sanl qu'il s'agit d'établir ce chiffre pour un clic-
(a) Intérêts du jirir d'achat di s animaux ou des val de labour et pour on l œuf de trait, | ourvui de tout
sommes qu il en a coulé |ioiir leur éducation jusnu'au ce qui est nécessaire au service auquel ils font des
moment où on les applique au t'avait. Ces intérêts sont tinés et dans un tlablissemi ni où les travaux sont dis-
ordinairement calculé-' sur le pied île S à 6 p. 0/0 du tnbués avec régularité et économie et où on n'attelle
capital. Les sommes qu'il est nécessaire d'avancer pour jamais plus de 2 bêtes.
CHAP. 4V COMPOSITION DES ATTELAGES. 435
1° Un cheval de labour exige les objets suivans, es (h) Éclairage des écuries ou élables , assainisse
timés à un prix moyen nécessairement variable pour ment de ces batimens et des objets mobiliers a l'usage
chaque localité. des animaux, graisse ou vieux-oing pour les instru
fr. irions roulans , etc. Ces sommes sont à peu près les
1 collier avec dossière el traits en fer. 50 mêmes pour un cheval et pour un boeuf, et peuven I s'éle
1 bride, chaînette, mors, bridon et ver en moyenne à 8 el 6 fr. par an pour l'un ou l'autre.
guides en cordeau. 1G (i) Salaire , nourriture et entretien des serviteur*
1 selletle el avaloir à 18 fr. pour 2 chargés du soin des anircaux. Un aide uniquement char
chevaux ; par cheval ' 9 gé de soigner et panser les bêles de trait, d'aller cher
1 chariot à 2 biles, à essieu en fer
el son attirail à 400 fr ; par cheval. • 100 cher, de hacher, cuire el distribuer leur. nourriture ,
1 charruede Roville avec bàiis et ver- peut aisément gouverner ainsi 8 a 10 chevaux ou 13
•oir en fonte, soc en acier et talon de re i 18 boeufs de trait, nourris pendant toute l'année à
change à G S : pi chi al 34 l'écurie ou à l'élable. En supposant 8 des et 12 des
l exlirpateur à pieds fixes et socs en seconds, et qu'un aide pour ce service revient à 430
acier à 80 fr.; par cheval 40 fr. par an (for', p. 400 i, on voit qu'il faudra porter
i houe à cheval avec 4 pieds et régu
lateur à 48 fr.; parclteval 34 au compte du prix de Iravail des animaux 83 fr. 80 c.
1 herse à losange à dents de fer pour un cheval, el SS fr. pour un bœuf. On comprend
pour 2 bêles, avec sa chaîne et cro que le mode d'alimentation , les soins plus ou moins
chets à 46 fr.; par cheval 23 attentifs qu'on donne aux bêles et le prix auquel re
1 Rouleau en pierre el sa limonière. . . 4o vient le iravail des aides, etc., apportent des modilica-
Objets divers de remise, tels que chè lions nombreuses dans le chiffre que nous venons de
vre à graisser les roues, crics , sabot el donner pour exemple.
chaîne d'enrayage, ete ; par cheval. . . (,/c) Nourriture et litière. Le prix de la nourriture
Objets divers d'écurie; coffre à avoi est l'objet qui, dans les frais qu'occasionne le travail
ne , hache-paille , ustensiles de panse
ment, vans, seaux, sacs, mesures à avoi d'un animal, apporte dans ceux ci les différences les
ne, pelles, fourches, etc.; par cheval. . . . plus remarquables. Ce prix peut varier du cent maniè
Objelsdivers pour magasina fourra res diverses, suivant le régimequ'on fait suivre aux ani
ge, silos à racines, etc maux el le mode d'alimentation auquel on les soumet,
Total du prix des objets mobiliers ainsi que suivant les localités el les circonstances. Le
à l'usage d'un cheval. ...... 4/0 mode d'alimentation lui-même est aussi modilié dans
Intérêts de celle somme & 5 p. 0/0 un même lieu par suite de I» mobilité des prix du mar
par an. ....... 23,50 ché, et suivant les saisons, les travaux et surtout l'éco
9° Un bœuf de trait travaillant toute l'année et em nomie que peut procurer telle ou telle combinaison.
ployé à lous les travaux de la ferme a besoin des objets F.n effet, d'après les règles d'une bonneadministration,
mobiliers suivans : la nourriture des bêles de trait doit être réglée de telle
I joug avec tous ses accessoires 9 façon qu'elle revienne au prix le plus modéré possible,
1 chariot avec essieu en fera 400fr.; mais elle doit en même temps satisfaire à la condition
par bœuf. 200 d'être saine, abondante, substantielle et proportion
1 charrue k 68 fr.; par boeuf. 34 née à la quantité de travail qu'on exige des animaux.
1 extirpaieur à 80 fr.; par bœuf. 40
1 houe à 48 fr j par bœuf. . . . 34 C'est une grave erreur de croire qu'en nourrissant les
bêtes de trait avec parcimonie el avec des alituens peu
Objets de remise, de magasin k fourra-
ge, de silos a racines, elc; par bœuf. 8 riches en matière réparatrice on fasse une économie sur
Objets d'élable, elc. . . . le prix de leur travail; loin de là, ce travail devient
Total du prix des objets mobiliers k ainsi fort dispendieux. Ainsi , dans les fermes où l'on
l'usage d'un hœuT de irait 3.10 suit encore l'assolement triennal avec jachère complète,
Intérêts de cette somme à 5 p. 0/0. 16,5o on regarde comme une économie de nourrir les bœufs
de trait uniquement avec de la paille, et de les laisser
[f) Prime pour dépérissement etrenotivellemenldes dans l'inaction; mais ces animaux maigrissent peu à
objets mobiliers ci-dessus. L"s frais d'entretien et de peu, s'affaiblissent et ne sont plus capables de grands
renouvi llc'tnent, surtout des véhicules et des inslru- efforts lors du retour de la saison des travaux, de sorte
mens d'agriculture, sont variables suivant la qualité et que cette nourriture peu substantielle et distribuée
la nature du sol, la viabilité des chemina et la bonne d'une main avare n'a donné cependant aucun profil à
construction de ces objets. Dans les circonstances ordi l'agriculteur puisqu'elle u'a produit ni Iravail, ni chair,
naires, l'expérience a prouvé qu'on pouvait les évaluer ni graisse, et que le fumier qu'elle a procuré a été eu
à 25 p. O/o du capital, ce qui ferait, dans les exem petite quantité et de qualité très médiocre.
ples cités ci dessus, 117 fr. 80 c. pour les objets a En général le bœuf est moins difficile que le che
l'usage d'un cheval, el 8i fr. 80 c. pour ceux à l'usa val sur le choix des alimens, et sa nourritue peut très
ge d'un Ixruf. Dans les sols compactes, tenaces, rem bien se composer de substances plus grossières et d'un
plis de pierres ou autres obstacles, et quand les objels prix moins élevé, mais si ou veut entretenir sa santé
sont mal construits , ces frais peuvent s'élever à 55 el sa vigueur, el surtout si on se propose de le soumet
p. 0/0 et même davantage dans les élablissemens où tre à des travaux extraordinaires ou d'en obtenir la
on n'établit pas un bon mode d'organisation de surveil même quanti té de Iravail qued'un cheval, il est néces
lance. Au reste, dans celle somme p''iil être comprise saire que cette nourriture devienne substantielle; il ne
un prime de 1/4 a t/S pour 0/0 de la valeur desdits serait pas raisonnable d'exiger de bœufs nourris de
objels pourfrais d'assurance contre l'incendie. paille ou d'herbe verte seulement autant de travail
{g) Ferrure, soins du vétérinaire, médicamens. que de chevaux uourrU de bon foin et d'avoine. Sous
Lesbœufsdont on veut tirer un travail constant et qu'on ce point de vue, la différence dans les frais qu'oc.i-
emploie à des charrois doivent être ferrés des 4 pieds. sionne l'alimentation n'est pas aussi considérable pour
Ou peut évaluer, selon les circonstances , cette ferrure les 3 espèces qu'on est généralement |iorlé a le croire;
ainsi que les frais du vétérinaire et des médicamens, à toutefois, à force égale dans les animaux, cette diffé
38 fr. environ pour un cheval el a 18 ou SO fr. pour rence parait être constamment en faveur 'lu bœuf.
un bœuf. Nous u'essaieions pas de calculer le prix du travail
430 ADMINISTRATION RURALE. uv. vit.
des betesde trait dans tous les modes possibles d'alimen- tité de fumier produite dans ce cas sera de 2 kil. 300
tation, parce qu'un pareil travail n'aurait qu'une mé gram. ( ou, pour une liv. d'alim., de S liv. 4 on. 6 gros
diocre utilité pratique; mais nous croyons qu'il est au iS grains de fumier).
moins essentiel de présenter un exemple de la manière En reprenant l'exemple que nous avons donné ci-
d'opérer dans ce cas, parce que cet exemple nou9 ser dessus, de la consommation annuelle d'un cheval , et
vira plus loin à établir la mesure économique du tra réduisant le tout en poids et en kilogrammes, nous au
vail des animaux.Nous supposons ici qut les bètesde trait rons :
pour lesquelles il s'agit de calculer les frais de nourriture kU.
et de litière sont nourries constamment à l'écurie ou à Fein 3660
l'étable, qu'on exige d'elles un travail soutenu et éner Avoine, 33 hect. à 45 kil. l'hect. . . . 900
gique pendant tout le cours de l'année, et que leur nour Paille pour nourriture et litière. . . . 3737
riture est suffisamment abondante et réparatrice pour Son, 1/3 hect. à 84 kil. l'hect. . . . lî
entretenir leur santé et leur vigueur. Total du poids annuel de la
Exemple du calcul des frais de la nourriture et de la nourrit, et de la lit. d'un cheval. . . . 7389.
litière d'un cheval de taille moyenne, de 225 à 350 kil. Multipliant ce poids par le rapport 3,3, nous aurons
pour la quantité annuelle en poids de fumier produit
:»:: par un cheval dans Ijs conditions pré
Foin, 10 kil. parjour, ou 36,50 quint,
met. par an, a 6 f. le quint. 219 cédentes 16,994 kil.
Avoine, 6 lit. par jour ou 22 hect. par ou environ 170 quint, mét.
an, à 7 f. Phect 154 En faisant la même opération pour la nourriture du
Paille hachée ou brute pour aliment, bœuf, et en observant de ne porter les pommes de terre
& kil. par jour ou 18,25 quint, mét. par qu'on lui distribue que pour la moitié de leur poids,
an à I F. 6a c. la quint 30 15 parce que ces alitnens sont à Pétai frais, on trouvera
Son pour eau blanche, recoupet-
les, etc.; \J2 liect 1 25 que le poids de la nourriture annuelle et de la litière
d'un bœuf, est de 7,391 kil.
Total du prix Je la nour. d'un cheval. 404,40 Qui, multipliés par le rapport 3,3, donneront pour
Paille pour litière, 2 l/2kil. par jour, la quantité annuelle de fumier fournie par un bœuf de
on 9,12 quint, met. par an, à 1 fr. 65 c. 15, 10 J-trait, dans les conditions précitées. . . 16,7 74 kil.
Total du prix de la nourriture et de ou environ 168 quint, mét.
la litière d'un cheval 419,50 Les quantités annuelles de fumier fournies ainsi par
Exemple du calcul des frais du la nourriture et de la les animaux de trait ne profilent pas entièrement à l'é
tablissement rural pour lequel ils travaillent, parce
litière d'un bœuf de 550 à 400 kil., et nourri toute qu'une partie des matières solides et liquides de leurs
l'année a l'étable. déjections est perdue sur les routes et les chemins où
Nourriturs d'été. V ils les répandent. La plupart des agronomes évaluent
ordinairement la perte qu'on éprouve ainsi à la moitié
Trèfle vert , 56 kil. par jour équivalents fr. c. de ces quantités; nous croyons qu'elle ne peut être
à 14 kil. de trèfle sec ; pendant 5 moif aussi considérable, el que des chevaux ou des bœufs qui
ou 1 50 jours, 21 quint. met. à 4 f. le quint. M
Paille de froment, 2 1/2 kil. par jour, labourent ou sonl occupés à d'autres travaux sur les
on pour 150 jours, 3,75 quint, m. à if.65. 6 20 terres d'une ferme, répandant surces terres un partie
Sel, 25gramm. par jour, ou 3,75 kil. de leurs eicrémens pendant les heures de travail , cel
pour 150 jours, à 35 c. le kil. . 1 30 les-ci en tirent toujours quelque profit, et qu'en éva
Nourriture d'hiver. luant, terme moyen, pour tous les terrains, cette perte
au tiers seulement de la quantité que les animaux pour
Pommes de terre, 2 kil. par jour, ou raient produire s'ils restaient constamment à l'écurie ,
42 quint, met. pour 21 5jours, à2 fr. 50 c on approcherait plus de la réalité. Dans les exemples
le quint 105 choisis on aurait alors 1 1 3,3 quint, pour le cheval , cl
Paillede froment, de seigle ou d'avoi 1 13 quint, pour le bœuf.
ne, 5 kil. par jour, ou 10,75 quint, mét.
pour 215 jours, à 1 fr. 65 c. le quint. 22 90 Nous proposerons pour cet objet une autre méthode
Poio, 2 t/2 kil. parjour, ou 5,40 quint, qui nous parall plus rationnelle, et qui consiste à compa
mét pour 2 15 jours, a 6 fr. le quint. 32 40 rer le nombre d'heures contenues dans l'année avec
Total du prix (le la nourr. d'un hoeuf. 251 80 celui où lesanimaux sont dehors pour leurs travaux, et
Paille pour litière, 3 kd. par jour, on a réduire proportionnellement a ce dernier nombre la
1 1 quint, met. par an, à 1 fr. 65 c. 18 quantité de fumier qu'on obtiendrait d'eux dans le cas
Total du prix de la nourriture tt de d'une slabulation peimanente.
la litière d'un hœuf de trait. . . ; 269 80 Ainsi, il y a 8,700 heures dans l'année, et en se re
portant au lableau delà p. 433, on voit que dans un ter
(t) Fumiers. Les bétesde trait ne paient pas uni rain de la Ire classe, par exemple, un cheval peut don
quement par du travail leur nourriture et les soins ner 2836 heures de travail; retranchant donc de 170
qu'on leur donne ; elles remboursent encore une partie quint, un nombre proportionnel à 3,835, on le réduit
des avances qu'on a fait pour cet objet par dis fu à 120 quint, qui est la quantité de fumier qu'on doit
miers qui ont une valeur importante pour l'agriculteur. obtenir d'un cheval dans les circonstances proposées } en
La quantité de fumier que fournissent annuellement un faisant la même opération pour le bœuf de trait qui ne
cheval ou un bœuf de travail dépend de leur race, de fournil que 168 quint, cl 2,165 heures de travail
leur taille, de la quantité ou poids et de la qualité des dans le même terrain, on trouve 136,5 quint, pour la
al i mens qu'on leur fait consommer. quantité réelle de fumier qu'il donnera en un an dans
Dans un autre chapitre nous nous occuperons d'éta les mêmes circonstances.
blir le rapport en poidsdu fumier produit aux alimcns Au reste, on conçoit que ces évaluations n'ont d'au
consommés ; il nous suffira de dire ici , pour l'objet que tre but que de faciliter, lors de l'organisation d'un do
nous avons en vue, que ce rapportes! terme moyen Je 2,5, maine, les calculs propres à établir approximativement
c'est-à-dire que si on suppose qu'on ait fait consom le prix du srrvice tics animaux de travail j il est en
mer à un animal t kil. par exemple d'alimctis, la quan suite aisé, après quelques annéesd'uneexploitalion t'fgu
CIIAP. 4*. COMPOSITION DES ATTELAGES. 437
lière , de mesurer directement la quantité de fumier seul charretier, sont aussi économiques que
fournie par ceux-ci . et de la porter pour sa valeur, réelle le transport de ce même fardeau par 3 ou 6
dans la comptabilité, en se rappelant toutefois que le attelages de 2 bétes ou d'une seule, conduits
fumier de bœuf a une valeur plus élevée que celui du par 2 ou plusieurs serviteurs, etc.
cheval, pareequ'il est plus propre à diverses cultures.
Celle valeur ne peut pas au reste être fixée arbitrai J II. — De la mesure économique du travail des '
rement dans les calculs d'évaluation ; en effet, puisque attelages.
dans le compte du prix du travail des bétes de trait,,
ainsi que nous venons de l'établir, on porte les denrées
consommées par eux au prix du marché, quoique pri il Lorsqu'on organise le service des attelages
importe d'avoir sous les yeux l'enquête
ses sur la ferme, el qu'on y fait figurer les soins qu'ils 3u'on a dit faire avant d'acquérir la jouissance
exigentau prix courant de ces services, il est clair qu'on 'un fonds, et tous les élémens qui ont servi
doit de même porter au crédit de ce compte les fumiers à son estimation. Au moyen de ces documens
suivant leur prix courant, c'est-à-dire le prix auquel on est à même d'évaluer les ressources dont
on pourrait communément en vendre ou en acheter on pourra disposer pour l'alimentation des
dans le pays, déduction faite des frais de transport. bêtes de trait , tant en produits de la ferme
qu'en denrées achetées à l'extérieur, ainsi que
Avant de terminer ce paragraphe, nous fe le prix d'achat des animaux et celui de tous
rons observer qu'ilest des circonstances qui in les objets mobiliers à leur usage; c'est ainsi
fluent nécessairement sur le choix que l'agri qu'on peut parvenir à établir le compte du
culteur doit faire eutre l'une ou l'autre espèce prix du travail, soit pour les chevaux, soit pour
de bêtes de trait ou qui peuvent au moins le dé les bœufs, suivant des régimes ou modes d'a
terminer à composer ses attelages en partie limentation divers, mais également propres à
de chevaux et en partie de boeufs. Ainsi, dans leur conserver leur énergie et leur santé , et
les fermes où l'on recueille en abondance des à découvrir la combinaison qui donne la même
herbages grossiers, il y a de l'avantage à les quantité de travail rapide et de bonne qualité
faire consommer par des bœufs; dans celles au prix le plus modéré, ou celle qui au même
où les fourrages sont acides, il vaut mieux au prix donne un travail d'une plus haute va
contraire entretenir des chevaux qui mangent leur.
volontiers cette espèce de foin, que des bœufs Afin de présenter un exemple de calculs
qui les refusent. Dans les lieux où on se pro pour mesurer sous le point de vue économi
cure aisément des résidus de sucreries, de dis que le travail des bêtes de trait, nous suppo
tilleries, de féculeries, etc., il est présumable serons qu'il s'agit de comparer le prix du tra
qu'on obtient à bon compte le travail des vail d'un cheval et d'un bœuf de force et de
bœufs.Un agriculteur qui se livre à l'éducation taille analogues et moyennes, dans un établis
des chevaux de trait et de travail et qui peut sement qu'où orgatii.-.e, où la terre produira
faire exécuter des labours légersou quelques tout ce qui sera nécessaire à l'alimentation de
travaux faciles aux poulains de 3 ans, comme l'une ou de l'autre espèce, où le sol peut être
on le voit en grande partie dans la Seine-In rangé sous le rapport de la difficulté du tra
férieure, l'Eure, le Calvados, etc., obtient vail dans les terrains de la 1" classe, et en ad
ainsi du travail à bon marché. Un établisse mettant que les attelages ne se composent que
ment, placé au sein d'un canlon où existent de 2 bétes qui travaillent toute l'anuée et sont
de nombreuses foires pour l'achat et la vente indistinctement appliquées à presque ttftts les
des bœufs, trouvera sans doute de l'avantage travaux de culture.
à composer en totalité ou en partie ses atte Cela posé , nous allons établir notre calcul
lages avec ces animaux, surtout si les chevaux en empruntant les principaux élémens au pa
y sont rares, d'un haut prix ou de race ché- ragraphe précédent.
tive.
Enfin nous rappellerons que lorsqu'on éva
lue le prix du travail des bêtes de trait, il est Prix du travail d'un cheval de taille moyenne.
indispensable de prendre encore en considé Prix d'acquisition 500 fr.
Harnais, inslrumens et autres objets
ration \eprix du travail des aides agricoles qui mobil. à l'usage de cet anim. (p.A35). 470
fonctionnent avec ces animaux, pendant tout 970 *
le temps que ces 2 sortes d'agens sont ensem
ble en activité. Ainsi, il est des pays où un il. c. •
serviteur qui conduit les bœufs est moins ré Intérêts de cette somme â 5 p. 0/0 48 50
Prime d'amortissement pour de'pe'ris*
tribué que celui qui dirige un attelage de che ■soient do l'animal, t/fle du capital 62 50
vaux ; mais en outre il faut faire attention , Prime d'assurance sur la vie, 3 p. 0/0
lorsqu'on veut connaître la combinaison la du capital ■ 40 i
plus économique, qu'il peut arriver que 4 at Frai» de logement (p. 256 ) 17 50
telages de 2 chevaux , conduits chacun par objets Do'perisscment et renouvellement des
un seul homme, soient moins dispendieux que mobiliers, 25 p. 0/0 du capital 117 50
Ferrure, soins du veteriuaire , mc'di-
5 attelages de 2 bœufs qui ne font que le même camens 25 ■
travail et exigent 5 charretiers pour les diri Eclairage des e'euries, assainissement. ... 5 ■
ger, et que bien souvent le travail d'un atte Salaire , nourriture et entretien d'un
lage de 4 chevaux obéissant à la voix d'un seul serviteur. 52 50
homme, reviendra moins cher que celui de 5 Nourriture et litière 419 50
bœufs qui nécessiteront l'emploi de 2 aides et 788 T
feront au plus autant d'ouvrage, et enfin, A de'duirc pour 120 quint, me't. ds
que dans les transports sur les routes, il faut fumier , à 1 fr. 10 c. le quintal. .... 133 ■
calculer si des attelages de 4, 5 et 6 chevaux Total du prix du travail annuel d'un
trainant un pesant fardeau et dirigés par un cheval, ...» 656 »
438 ADMINISTRATION RURALE. LlV.
Ainsi, avec le mode d'alimentation proposé, et dans 1rs tion réelle et immédiate, des principes que nous a
circonstances mentionnées , les frais pour l'entretien posés dans le cours de ce titre.
d'un cheval reviendraient en moyenne, pendant tout le
cours de l'année, a environ 1 fr. 80 c. par jour, eteora- Dans le calcul que nous venons de présen
me sur le terrain de \" classe dont il est ici question ter on voit que le prix de la journée de tra
il donnerait 383 jours de travail, on voit que ces jour vail du bœiif s'est élevé à 1 fr. 83 c. , que
nées reviendraient à * fr. 30 c. celle du cheval est restée à 2 fr. 30, et que si
Le nombre d'heures de travail effectif dans le cours on parvenait à faire une économie de 47 c. sur
de l'année étant sur ce terrain de 9,838, chacune d'elles la journée de ce dernier, en employant à sa
coûterait en moyenne 23 c. à peu près. Dans les ter nourriture, soit des carottes, soit des pommes
rains de 3e et 3" classe, cette heure de travail revien de terre cuites, des rutabagas ou tout autre,
drait à 34 c. l)i et 30 c i/i dans les mêmes circons sans diminuer sa vigueur, son énergie et la
tances . quantité de sou travail, non-seulemeut ce tra
vail ne reviendrait pas plus cher que cehii du
Prix du travail d'un bœufde poids moyen. bœuf, mais serait en outre exécuté avec
fr. plus de promptitude.
Pril d'acquisition 140 Ces résultats changeraient bien ph;s encore,
Harnais, instrument et autres ob si au lieu de faire constamment travailler l'at
jets mobiliers 330 telage de 2 bœufs on en employail un de re
T/Ô~ change par jour, ou si on avait 2 relais de
fr. r. bœufs par journée de travail; les prix seraient
Inte'réti de cette somme a 5 p. 0/0. . 33 50 bientôt en faveur des animaux de l'espèce
l'uni ■ d'uss. surla vie, 5 p. 0/0 du cap. 7 .
Frais de logement 15 » chevaline. Il en serait de même si les bœufs
Dépe'risseiiienl des objets mobiliers étaient d'un faible poids, mal dressés, indo
35 p 0/0 du capital (2 50 ciles, d'une allure très lente et conduits par
Ferrure, «oins du ve'le'rînaire, etc.. 20 • des valets mal disposés en faveur des atte
Eclairage des etables, assainissement. 5 > lages de cette espèce.
Salaire, nourriture et entretien d'un Nous croyons inutile de faire connaître le
serviteur. 35 ■ prix du travail des attelages dans divers pays
Nourriture et litière. .... 269 80 ou dans des élablissemens agricoles renom
457 80 més par la perfection ou la régularité de leur
A de'duire pour 136,5 quint, met. de
, à 1 l'r. 20 c. le quint 151 80 administration, parce que la plupart des ter
mes qui concourent à composer ce prix sont
Total du prix du Irav. ann. d'un bœuf. . 306 ■ extrêmement mobiles et souvent peu compa
rables entre eux ; mais nous insisterons sur la
Ainsi, dans les conditions indiquées , les frais de nécessité où l'on est d'imprimer dès l'origine
toute nature pour l'entretien d'un bœuf pendant tout une bonne direction à ce sirvice, puisqu'il
le cours d'une année sont de 84 c. environ par jour, est évident d'après les détails dans lesquels
et ceux de sa journée de travail, dont on ne compte nous venons d'entrer qu'on éprouve une perle
dans le terrain de lre classe que 230 par an, de I fr. journalière considérable en laissant les atte
83 c. Les heures île son travail dans ce terrain, qui lages dans l'oisiveté, ou plutôt que la petite
sont au nombre de 2,168 , reviendraient donc à 14 c. quantité de travail qu'on leur fait exécuter
t/n.djns hs terrains de 3e classe à 15 c. l/3 elàprès dans le cours d'une année revient, dans ce
de 17 c. dans ceux de 3". cas, à un prix excessif. En vain cherche-t-on
Kn se rappelant maintenant qu'un boeuf bien dres dans ce mode vicieux à compenser les pertes
sé, de bonne race, et conduit convenablement, ne four qu'on fait ainsi en diminuant la ration des ani
nit dans une journée île travail que les 4/S" de l'ouvrage maux pendant les jours de repos, ceux-ci s'af
que peut faire un cheval de taille et de force analo faiblissent insensiblement , perdent par le re
gues, on voit que, s'il s'agissait, par exemple, d'un tra pos l'habitude du travail et n'en fournissent
vail qu'un attelage de 3 chevaux peut exécuter en 1 plus qu'une quantilé minime quand on vient
fr. r. a les atteler et à en exiger des services.
joui', ce travail ainsi fait coûterait. . . 4 60
Que ce même travail ne serait accom $ III. — Des attelages de vaches et de
pli, par un attelage de 3 bœufs, qu'en 1 l/l
de journée de travail qui coûterait . . . 3 33 On a souvent demandé s'il convenait d'atte
Somme a laquelle il conviendra d'ajou ler les vaches et de leur faire exécuter des
ter, en supposant que chaque atlelage soit >3 67 travaux sur un établissement rural. Beau
conduit par I seul charretier recevant un coup d'agriculteurs ont pensé que le travail
même salaire, 1/* de journ. de charr. ou » 38 exécuté par ces animaux était le plut écono
Différence eu faveur de l'attel. de bœuf. . . » 93 mique de tous, quand cette opération était
bien conditi te- L'ai 1 tire des vaches est pl us vive,
Il resterait maintenant à examiner si celte diffé plus franche et presque aussi rapide que celle
rence de 93 c. en faveur du prix du travail journalier des chevaux, surtout si elles sont dressées de
des bœufs sera réellement avantageuse à l'établisse bonne heure; leur force moyenne est les 2/3
ment ; s'il ne serait pas plus profitable de faire le sacri de celle d'un bœuf de même race; on peut les
fice de celte somme afin d'obtenir un travail plus accé atteler pendant 3 à 4 mois de la gestation, les
léré, de meilleure qualité, ou plus conforme aux con employer sans inconvénient à la charrue, à la
ditions par'iculièresdans lesquelles le domaine se trouve herse, à l'extirpateur, aux charrois, et elles
placé. C'est une question qui ne peut être qu'indi n'en donnent pas moins tut veau fort et bien
quée ici, et non pas résolue d'une manière générale, constitué. Le lait diminue en quantité (de
tout dépendant de circonstances que l'administrateur 1/4 environ ), mais ce produit a une valeur
est seul capable d'apprécier quand il fa;t une applica- bien peu considérable clans beaucoup d é la-
chap. 4». FORCE ET NOMBRI , DES ATTELAGES. 43»
blissemens, et si on a l'attention d'augmenter i Dans le Cantal, les taureaux sont aussi dres-
la ration des vaches qui travaillent et de ne I sés et attelés entre 2 ou 3 ans, époque à la
les fatiguer que modérément, la qualité s'a quelle leur force n'est calculée que la moitié
méliore et sa quantité revieutaisément quand de celle des bœufs dans la force de l'âge, et
la vache se repose pendant quelque temps. dans la belle ferme-modèle du Ménil-Saint-
D'un autre côte, on fait aux attelages de Firmin (Oise), on fait un emploi avantageux
vaches les reproches suivans : Ils exigent de la force de ces animaux en les altclaut au
pour le labourage des auimaux de très lorte manège.
race, si l'on ne veut pas perdre l'avantage de
n'atteler à la charrue qu'une paire de bêtes Section II. — De la force et du nombre des
et de la faire conduire par un seul homme, et attelages.
obligent à entretenir un trop grand uombre
de bêtes de trait, puisqu'el les sont moins fortes Le choix des animaux qui doivent compo
que les bœufs, font moins de travail et doi ser les attelages, les formes extérieures, les
vent d'ailleurs être plus ménagées que ces qualités qu'il est utile de rechercher dans
derniers et ne faire même qu'une attelée par ceux qu'on desline au travail, la manière de
jour, surtout quand elles sont pleines. Cette les élever, de les soigner, de les nourrir et de
augmentation d'animaux de travail accroît les les diriger ont donne lieu à d'importants dé-
frais de harnais, de logement, d'aides pour veloppemens dans le livre III, où l'on s'oc
les conduire et les soigner, et tous les genres cupe spécialement des animaux domestiques;
de risques sur les bestiaux. Les vaches sont il ne nous reste donc à présenter et à discu-
souveii t indociles, et coinmeon ne peut les faire terque quelques questions générales qui inté
travailler continuellement, on ne peut évi ressent l'administrateur, principalement au
ter, en les attelant au joug, de les changer de moment où il organise le service de ses atte
main,cequi apporte des difficultés et des len lages. Ces questions sont relatives à la force à
teurs dans le travail. Au collier, il est bien dif donner aux attelages et au nombre de bêles
ficile de les maîtriser, et elles exigent, si on de trait qu'il convient de r'Junir sur une ex
ne veut pas que leur emploi devienne onéreux ploitation rurale pour y exécuter tous les tra
à l'établissement, des soins plus assidus que vaux.
les autres bêtes de Irait. Enfin, les bêtes de
rente ayant une destination et une économie $ Ier. — De la force de» attelages.
spéciales, il ne parait pas qu'il puisse être
avantageux d'exiger du travail et Je tirer des Parmi les labeurs qu'exécutent annuelle
produits journaliers d'un même animal. ment des attelages sur un fonds rural, nous
En balançant ces argumens les uns par les avons déjà reconnu que les travaux de labou
autres, on reconnaît aisément qu'il n'y a guère rage étaient les plus pénibles, les plus multi
que chez les petits exploitons chez qui l'achat pliés et ceux qui nécessitaient des efforts plus
et l'entretien des chevaux serait trop dispen soutenus et une plus grande vigueur dans
dieux et où cet animal resterait oisif la ma les animaux, et que c'étaient ceux par consé
jeure partie de l'année; qu'il peut être conve quent qu'on pouvait prendre pour exemple
nable de faire travailler les vaches et de les pour établir la commune mesure de la force
employer à tous les travaux ruraux; que c'est motrice qu'il convient d'accumuler sur ua
là surtout qu'elles reçoivent les soins attentifs fouds pour y effectuer tous les travaux qui
qu'elles réclament dans ce cas. C'est dans ces sont le partage du service de ces attelages.
circonstances nue les vaches sont employées Avant de nous engager dans la discussion
dans le Cantal aux charrois et aux labours, des principes qui règlent la mesure de cette
qu'en Toscane, dans le val de Nievole, où l'a force, disons un mol sur ce qu'où entend par
griculture est si florissante, on attelle cons force ou puissance d'une bêle de trait.
tamment les vaches à la charrue, et que les La puissance d'un animal pour vaincre une
petits cultivateurs desenvirons de Hambourg résistance quelconque, et en faisant abstrac
labourent tous leurs fonds avec deux va tion de la vitesse du mouvement, se compose
ches, etc. Néanmoins quelques personnes de 2 élémens: 1° son énergie musculaire, qui
persistent à penser que, dans les exploitations varie avec chaque animal suivant sa race, sa
étendues, on pourrait entretenir avantageuse conformité, sou tempérament et son régime :
ment quelques attelages de vaches toutes 2° sa masse, qui est également variable d'un
dressées qui serviraient au transport de l'herbe animal à l'autre. La masse se mesure par le
verte, aux légers charrois, et qu'on emploie poids des animaux. Ce poids, dans la plupart
rait surtout dans les sols meubles et légers d'entre eux et pour une même espèce, est
lors des semailles, de. la moisson et des tra ftresque toujours proportionnel à leur vo-
vaux urgens. ume ou espace géométrique qu'ils occupent,
Certains agriculteurs anglais préfèrent aux de façon qu'on peut dire d'une manière gé
vaches ordinaires et même aux bœufs le free- nérale que les animaux qui ont la taille la plus
marlin, sorte de vache stérile qui naît dans haute avec la plus forte carrure sont aussi
une même portée avec les veaux mâles, ou ceux qui ont le plus de masse ou qui offrent
bien choisissent les vaches châtrées. Les Ie" ani le plus grand poids. Généralement parlant,
maux sont généralement robustes et actifs et entre 2 animaux qui ont la même énergie
font , dit-on , quand ils sont nourris convena musculaire, celui qui aura le plus de masse,
blement, presque autant d'ouvrage que les che c'est-à-dire qui sera plus grand et plus gros,
vaux de bonne race. sera aussi celui qui parviendra à vaincre avec
Dans d'autres pays on dompte les taureaux un même effort une plus grande résistance
et on les applique aux travaux agricoles. Cet ou à faire dans un temps donné une plus
usage e:>t commua en Italie et eu Espagne. grande somme de travail, et qui l'emportera
I
440 ADMINISTRAT ION RURALE. Liv. vu.
à cet égard sur un animal de taille et de cor dans ce comté, où l'on élève des chevaux de taille colos
pulence moindres. L'énergie et la masse, eu se sale et auxquels on prodigue l'orge et les autres alimens
combinant dans des proportions infiniment substantiels, il y ades fermes où l'entretien d'un attelage
variables, donnent aussi des animaux de puis de ces animaux est d'un prix aussi élevé que le loyer
sances très différentes, et chez lesquels cette du fonds où ils travaillent; ces chevaux qu'on achète à
force ou puissance est due pour les uns à la 3 ans et revend à 6 aux entrepreneurs de roulage de
firédominance de l'une ou l'autre de ces qua- Londres, et qu'on est obligé de ménager pour qu'ils at
ités, et chez, les autres à une heureuse com teignent toute leur taille et leur beauté, remboursent
binaison de toutes deux. rarement ainsi et par leur travail le prix exorbitant
Ceci bien compris , on demande quelle est de leurenlreiien. Dans quelques endroits de l'Allema
la force qu'on doit donner aux attelage» ou, en gne et de la France, où l'on a voulu appliquer au trait
d'autres termes, comment ils doivent être les boeufs de la grosse race suisse qui pèsent ordinaire
composés pour vaincre de la manière la plus ment de 700 a 750 kil. , on a trouvé que ces animaux
complète et la plus avantageuse la résistance payaient peu avantageusement par leur travail les frais
constante qu'ils éprouvent dans des travaux de leur entretien, qu'ils étairnt mous, indolens, et ne
de labourage, par exemple dans un sol de co fournissaient guère plus de travail qu'un bœuf de la
hésion et de consistance moyennes ? moitié ou même du tiers de leur poids, qui ne con
Les lois de la mécanique enseignent que, sommait par conséquent que la moitié ou le tiers' des
dans toute nature de travaux, la puissance alimens qui sont nécessaires à ces gros animaux ; enfin
doit être proportionnelle à la résistance; or, il parait constant que, dans plusieurs localités de l'An
dans les travaux de l'agriculture il y a 8 gleterre, le bon sens des cultivateurs leur a fait aban
modes différens pour rendre la puissance donner ces animaux à forte corpulence, que pendant
proportionnelle aux résistances qu'il s'agit quelque temps on avait regardé comme plus propres que
de vaincre. Voici ces 3 modes. les autres aux travaux ruraux.
3° En augmentant le nombre des animaux qui com
1° En faisant usage d'animaux guiprésentent une posent les attelages.
grande taille ou une grande masse. Cette augmentation présente des inconvéniens grives
Ce mode de composition des attelages a donné1 lieu qui ont été signalés depuis long-temps. Il est toujours
à des discussions dont il importe de résumer ici les plus difGcile de conduire s ou 4 chevaux dans un même
principaux argumens, en prévenant qu'ils s'appliquent attelage que 3 seulement ; il est impossible, fussent-
plus spécialement aux chevaux. ils même dressés avec le plus grand soin, qu'ils ne se
Deux chevaux d'une haute stature et d'un grand gênent et ne se contrarient pas mutuellement; on ne
poids, onl dit 1rs partisans dece système, bien dressés et peut ainsi parvenir à les faire tirer constamment avec
appariés, tirent d'une manière plus simultanée , sur la même uniformité et en obtenir la même quantité de
montent les résistances avec plus d'aisance, et font un travail que s'ils étaient attelés séparément ou au moins
labour plus correct et plus uni'orine; ils peuvent ainsi par paires; la perte de force et de temps qu'on éprouve
travailler long-temps dai.s un sol compacte et argileux de cette manière s'accroît avec le nombre de bétes atte
sans épuiser leurs forces et sans être accablés par la lées, et au-delà d'une certaine limite, assez restreinte,
fa igue; ils sont faciles à conduire et n'ont besoin pour l'addition d'un autre animal dans les attelages accroît
cela que d'un seul charretier; ils exigent moins de les difficultés sans augmenter la puissance; le travail
harnais, de ferrure, de matériel qu'un plus grand nom d'un attelage composé d'un grand nombre d'animaux
bre de chevaux moins puissans qui ne feraient que le mê est la plupart du temps moins correct et moins parfait
me ouvrage; enfin, dans les charrois, ils se tirent que celui de 3 bêles; dans les labours et autres façons
mieux d'un mauvais pas au moyen d'un fort coup de données a la terre, ils piétinent et durcissent davanta
collier. ge celle ci ; uneaugmenlalion dans le nombre des bêles
Lus gros chevaux, ont répondu les adversaires, sont de irait accroît aussi les frais pour les harnais, la fer
des sujets de choix, difficilesa trouver et à remplacer, rure, le matériel, le logement, ainsi que pour le salaire
et qui ayant nécessité plus de frais pour leur éduca et l'entretien des serviteurs plus nombreux qui sont
tion et pour leur faire acquérir tout leur développe nécessaires pour les soigner et les faire fonctionner, et
ment et toute leur vigueur, sont par suite d'un prix fait nailre une foule d'embarras dans la direction éco
proportionnellement plus élevé que In autres; à pro nomique et raisonnéc de ce service.
portion de leur travail ils consomment plus que des Ces inconvéniens dominent surtout quand on réunit
chevaux de moindre taille, cl leurs alimens doivent le sur un domaine des animaux de race chélive ou trop
plus souvent être de meilleure qualité, si on veut les faibles qu'on est obligé d'allelleren grand nombre pour
maintenir en bon étal. Chez des chevaux de forte cor exécuter les tiavaux agricoles les moins péuibles.
pulence, l'énergie manque fréquemment ainsi que la vi 3° En faisant choix d'animaux doués, proportion-
vacité; leur allure est très souvent lente, parce qu'ils m llement à leur taille ou à leur poids, d'une grande
ont une grande masse à transporleret ils s'usent promp- énergie.
tement par leur propre poids; dans les sols argileux Ce choix parait conforme aux principes d'une sage
ils plombent le terrain, ou nuisent à ceux qui sont lé économie; en effet, l'énergie dans un animal destiné
gers, humides et ameublis, en y enfonçant profondé au travail peut suppléer en partie à la masse et au
ment. Quand ils périment par accident ou par suite nombre, et dispense par conséquent d'avoir des che
d'éplzoolie, on perd une plus forte valeur capitale; vaux d'une trop forte stature ou de composer les attela
leur oisiveté ou leur inaction par suite de maladies ou ges d'un nombre superflu d'animaux. Cette énergie
autrement est plus onéreuse ; enfin il est une foule de dans un cheval est souvent duc aux belles proportions
petits labeurs auxquels on ne peut pas appliquer un gros et à l'harmonie des formes extérieures unies a la viva
cheval, qui ne ferait ainsi qu'un emploi de sa force peu cité et a un certain tempérament qui constituent,
avantageux aux intérêts du cultivateur. quand l'animal est en outre doué a un haut degré de
Ces derniers argumens paraissent péremptoires, et 1 aptitude nécessaire au service auquel on le destine, ce
il nous sufliradc les appuyer par des exemples tirés de qu'on nomme un bon cheval de travail. Un bon che
la pratique. Tu. Davis, dans son ouvrage intitulé, Coup val, ou un cheval actif, énergique, courageux et patient,
(tœil sur l'agriculture du IFiUshire, rapporte que fourait dans le même espace de temps uu bien mcit
chap. 4«. FORCE ET NOMI RE DES ATTELAGES. 441
leur travail et en plus grande quantité qu'une autre partie de leurs forces, et ne font qu'un travail incor
kéte du même poids dénuée d'activité et de courage , rect et qui marche avec lenteur. Dans un attelage com
cl comme tous deux consomment à peu près la même posé d'animaux de force inégale, le plus fort fatigue le
quantité de grains et de fourrages et exigent les mêmes plus faible et s'épuise en efforts qui ont peu d'effet utile;
soins et les mêmes frais , il est évident que le travail dans ceiui où les bêtes ont une allure qui n'est pas la
du 1er a une bien plus grande valeur pour le cultiva même, le travail ne marche qu'avec la vitesse de celui
teur que celui du second ; ce travail convient en outre qui a la marche la plus lente, et il n'y a que dans des
à un bien plus grand nombre de cultures. Souvent en attelages bien appariés où le travail ait toute la célé
fin le prix d'achat d'un bon cheval ou d'un bon bœuf rité et la régularité qu'il comporte. Nous avons parlé
n'est pas beaucoup plus élevé que celui d'un autre ani plus haut de l'influence de la nourriture sur l'éner
mal de même apparence, mais dépourvu des quali gie motrice des animaux, et par conséquent sur la quan
tés précieuses qu'on doit rechercher dans les bêles de tité et la qualité de leur travail. 3° Employer des ser
trait. viteurs habiles, honnêtes et inlelligens. C'est un fait
Ces principes étant admis, il est aisé d'en faire l'ap bien connu que des chevaux conduits par un bon la
plication dans l'appréciation économiquede la forcedes boureur sont moins fatigués par le même travail que
attelages. ceux conduits par un homme maladroit ou inexpéri
1° Les animaux de travail ne doivent pas être de menté. Un homme habile fait d'ailleurs plus de tra
taille ou de dimension tro/ifirtes , ou trop chélives, et on vail dans un même temps , et un meilleur ouvra-e. 4°
doit donner la préférence à ceux de taille et de poids Faire usage de harnais et d'un mode d'attelage bien
moyens, qui sont en général les, plus faciles à rencon entendus. Des harnais mal adaptés à la conformation
trer, et chez lesquels on trouve le plus souvent la vi des animaux leur font perdre une partie de leurs avan
gueur, l'énergie, l'activité, la sobriété, qualités dont il tages et les empêchent de produire le plus grand effet
est si intéressant que soient doués les moteurs animés utile dont ils sont susceptibles. Un mode d'attelage vi
employés en agriculture ; c'est aussi chez eux que ces cieux produit le même effet; ainsi l'expérience parait
qualités, quand on n'abuse pas de leurs forces, se conser avoir démontré que, dans les mêmes circonstances , 3
vent le plus longtemps et ceux parconséquentqut four chevaux de front font autant de travail que 3 attelés à
nissent un travail à meilleur marché et d'une plus gran la file, etc. 5° Régler convenablement les heures de
de valeur, qui sont applicables à des travaux plus va travail, de manière que les animaux aient un temps
riés et peuvent faire dans ces travaux l'emploi le plus suffisant pour le repos et fassent néanmoins un em
avantageux de leur force et de leur temps. ploi avantageux de leur force ; 9 à 10 heures de travail
3° Dans les travaux de labourage on ne doit pas, en effectif par jour en 3 attelées parait être le mode qui
général, atteler /dus de S bêles. C'est une règle admise donne les résultais les plus salisfaisans. La répartition
aujourd'hui à peu près dans tous les pays où l'agricul habile du travail dans le cours d'une année est aussi
ture a fait des progrès et par tous les praticiens éclai fort importante pour obtenir le maximum que peuvent
rés. L'expérience a prouvé en effet qu'il est bien peu fournir les moteurs, et pour parvenir à ce but on doit
de sols, même les terrainscornpactes et argileux, qui ne autant que possible les faire travailler constamment et
puissent être labourés avec 9 chevaux, excepté peut- non pas irrégulièrement et àdel- ngs intervalles, com
être les labours de défrichement et le 1" labour de me cela se voit dans quelques élablissemens.
jachère des terres très tenaces. Partout où on a adopté « En général, dil M. de Dombasle ( Ann. de Rov.,
l'usage de n'aiieler à la charrue que 2 chevaux ou 3 t. 1*, p. 108), il m'est impossible de concevoir qu'on
bœufs, la situation des cultivateurs s'est fortement amé puisse se livrer à l'agriculture avec profil lorsqu'on
liorée par suite d'une diminution aussi essentielle dans est forcé d'atteler à la charrue * ou 8 chevaux et plus,
les frais de culture, et ce doit être un motif puissant comme on le fait dans certains pays. L'emploi d'une
pour engager les propriétaires et les agriculteurs à in mauvaise charrue qui exige une force de tirage si con
troduire sur leurs élablisseinens l'usage des charrues sidérable et entraîne à des dépenses si énormes pour
à 'i bêles , ainsi que celui de faire deux attelées par l'entretien des attelages met le cultivateur le plus in
jour. dustrieux, placé dans celle circonstance, dans le plus
Lorsque, d'après l'expérience des plus habiles prati cruel embarras. S'il économise les labours, ses récoltes
ciens, nous disons que dans les labours on ne doit pas diminuent et ses terres s'empoisonnent de plus en plus
atteler plus de 3 bêtes, nous entendons également que de mauvaises herbes ; s'il les multiplie, il se jette dans
celle opération est faite avec toute la perfection dési des frais de culture, qui ne pourront souvent pas être
rable, c'est-à-dire que la bande est de largeur conve couverts par le produit des récoltes. »
nable, la terre tranchée à la profondeur nécessaire et Lorsque nous nous occuperons delà quantité de tra
retournée convenablement, que les animaux fournissent vail que doivent fournir les moteurs animés et les agens
dans leur journée le maximum de travail qu'ils peu employés en agriculture, nous ferons connaître le tra
vent donner et travaillent ainsi journellement sans être vail journalier des bêtes de trait dans les travaux de la
trop fatigués et sans que leur santé se détériore et que bourage; mais on conçoit dès à présent que les terrains
leur vigueur diminue. qui, depuis l'argile compacte jusqu'au Bible mobile ,
Pour obtenir ces résultats avec 2 bêtes attelées, il présentent des degrés de cohésion si divers , doivent
faut remplir plusieurs conditions : 1°faire usage etune dans le travail faire éprouver des résistances très dif
bonne charrue. Un bon instrument de ce genre réduit férentes, et qu'il convient d'avoirégard 4 ces différences.
souvent la force nécessaire pour opérer un même tra Avec un même attelage de force convenable , on laboure
vail à la moitié et au tiers ou même au quarl de celle une bien plus grande surface dans un terrain léger que
qu'on est souvent obligé d'employer avec une charrue de dans un terrain tenace et argileux, et comme nous avons
construction vjci. use ou établie en dépit des principes vu que la puissance des animaux pour le travail se com
de la mécanique. 2* Avoir des animaux bien dressés et posait de leur énergie musculaire et de leur masse, on
appariés, soignés et nourris convenablement. Des ani voit aisément que , pour travailler ces derniers terrains
maux bien exercés apprennent à ménager leurs forces et pour ne pas contraindre les moteurs à déployer une
et a ne faire aucun mouvement qui n'ait un but utile, énergie musculaire considérable, ce qui pourrait les
ce qui rend leur travail rapide et régulier, tandis que épuiser, il convient d'augmenter leur masse, qui leur
des bêtes mal dressées ou indociles s'emportent , s'é permet de vaincre alors une partie de la résistance par
carient de la voie, dissipent ainsi en pure perle une leur propre poids.
AGRICULTURES. TOME IV.—56
442 ADMINISTRATION RURALE. LIV.
Ainsi, da«s les terrains qui offrent une grande cohé- ter tous les travaux annuels dévolus aux at
sion, on choisira desanimaux de travail de taille moyenne, telages dépend nécessairement des condition»
mais doué» d une certaine masse et d'une grande vigueur particulières dans lesquelles se trouve l'éta
et qui soutiendront ainsi sans tropd'efforls musculaires blissement.
un travail long et pénible, tandis que dans les sols lé Disons d'abord, quelle que soit la nature du
gers on pourra donner la préférence à des animaux domaine, que,' si on veut s attacher aux règles
moins puissant, a formes plus svelles, d'une allure d'une rigoureuse économie, celle-ci prescrit,
plus légère, et qui expédieront plus d'ouvrage dans un lorsqu'on a déterminé la force des attelages,
même temps, ou a des animaux un peu plus pesans , de u'entretenir que le nombre de bêle* stricte
mais dont un seul suflira pour retourner le terrain ment nécessaire pour la bonne exécution de tous
comineon le voit dans plusieurs localités delà Itclgique, les travaux dans le cours d'une annéeagricole.
et entre autres dans la Cainpine et dans les environs de Les bêtes de trait, en effet, fournissent uni
Lille. Enfin, dans les terrains de cohésion moyenne, quement du travail et ne donnent aucun re
on pourra se rapprocher suivant les circonstances, de venu; Leur nombre doit être restreint dans
l'une ou de I autre de ces limites. les limites les plus étroites; mais il est une
Il serait du plus grand intéréi pour l'agriculture et foule de circonstances où il est impossible de
pour ta solution du problème de l'emploi le plus écono ne pas faire fléchir cette règle qu'il ne faut pas
mique du la force des moteurs, qu'il existât un dyna néanmoins perdre de vue, et des situations où
momètre exact et sur les indications duquel on pût on éprouverait des pertes bien plus impor
compter, et qu'avec cet instrument on entreprit une sé tantes en restreignant ainsi le nombre des ani
rie d'cxriérienccs . d'aliord avec «ne même charrue et maux de travail qu'eu l'accroissant, quelque
un même mode d'attelage, dans des terrains de cuhé • coûteux que leur entretien soit pour un éta
sions diverses, et qu'on mesurai les forces nécessaires blissement.
pour opérer ce travail; puis, qu'on fit ensuite dans un
même terrain une suite de nou eaux essais, en faisant Cela posé, il est évident que le nombre det bêles de
varier la forme des charrues, les appareils d'attelage, Irait dépend d'abord de l'espèce i laquelle on donne la
la vitesse des animaux, etc. De pareilles expériences, préférence, puisque nous avons vu que la quantité de
combinées avec celles qu'on possède déjà sur la force travail des bœufs est inférieure i celle det chevaux, et que
moyenne des bétes de travail , serviraient à l'instant pour exécuter un même travail, les r " ont besoin d'élre
même à déterminer, pour un terrain donné, la force plos nombreux sur un même domaine. Pour une même
qu'il serait le plut économique de donner aux attela espèce et dans les mêmes conditions, ce nombre varie
ges. ensuite avec la race, In taille, la vigueitr,la docilité,
Il nous reste une observation à faire sur l'ensemble le courage et l'énergie, det moteurs dont on fait choix.
de la composition et île la force des attelages. Les uns ont l,e mode d'alimentation, ainti que nous l'avontdil, intlua
conseillé de les composer tous de bêles de même poids, et beaucoup sur leur vigueur, en permettant austi d'en ti
de même force, et d'autres d'avoirdes attelages defor rer une plus grande quantité de travail, et par consé
ces diverses ; l'une et l'autre de cet opinions peut Aire quent de diminuer leur nombre.
pri«e en considération suivant les circonstances. Dans Le climat du pays au sein duquel le domaine est
les petits élatilissemens où les même» animaux de trait placé mixlilie aussi le nombre des attelages ; ainsi, lors
sont employés à une foule de travaux divers dans que ce climat est très variable cl peu favorable à la vé
le cours d'une année, il parait plus avantageux d'avoir gétation, qu'il faut concentrer tous lot travaux de l'an
des attelages de même puissance et de force constante; née sur un petit nombre de mois, et mettre prompte-
on parvient do celte manière a faire une répartition nu nt a profit let courts intervalles propres aux travaux
plus régulière des travaux annuels d'attelage et à ap- det champs qui peuvent te présenter dans cet mois, on
p'i'juer avec économie et avantage aux instrument ou doit chercher a racheter les désavantages de celte po
véhicules une force qu'on connaît bien et dont on a étu sition par une plus grande célérité dans ces travaux,
dié l'intensité. Dans les grandes fermes au contraire, on ce qui ne peut s'effectuer la plupart du temps sans une
on réussit mieux à établir la division du travail et où il augmentation dans le nombre des bêles de trait, sur
est plus aisé de distribuer également les travauxdans le tout lorsqu'on ne veut pas alors accabler de fatigue det
cours de l'année, on concpil qu'on doit trouver plus pro attelages insuffisans, moyen que réprouve une sage éco
fitable d'avoir des attelages de fon.es variées et propor nomie et qu'on préfère par un sacrifice pénible, il est
tionnelles aux labeurs auxquels on les applique ; ainsi, vrai, atténuer les chances de perles considérables qui
ceux qui laboureront tous les jours sur les terres fortes vous menacent sous un semblable climat.
on qui feront de pénibles charrois sur des coteaux Parmi les causet influente! dans l'organisation du
abruptes ou à travers des routes présentant des obsta service qui nous occupe, c'est la masse des t»a> au,
cles, devront dire d une masse plus considérable que d'attelages de toute esricce qu'il s'agit d'exécuter dans
ceux chargés des travaux les plus légers de culture, ou le cours d'une année qui règle le plus impérieusement
■lu transport accéléré des récoltes ou desdenrées turdet le nombre des bêles de trait. Cet travaux, qu'on peut
chemina ou des routet unies et en bon état. C'est exécuter de bien des manières diverses qui ne nécessi
même un det avantaget des grands établissement de tent pat toutes l'emploi d'une même force, peuvent en
pouvoir ainsi appliquer a un travail quelconque la force outre être plus ou moins multipliés sur det domaine!
rigoureusement nécessaire qui lui convient, tandis que qui prétentent une égale surface. Lorsque nous nous
dans les petits on est obligé souvent de mettre en mou- sommes occupés de déterminer le nombre det travail
vcmeiitdesanimaux et de leur faire exécuter des travaux leurs qu'il convient d'appeler pour l'exploitation d'un
qui sont loin d'employer toute leur force et de fournir fonds (p. 393 ), nous avons lixé notre attention sur let
un travail économique. causes qui peuvent accroilre ou diminuer ces travaux
et signalé en particulier parmi celles-ci la nature
$ II. — Du nombre des animaux d'attelage fur on et la configuration du terrain , l'éloignemenl det
établissement rural. pièces de terre et de! balimens, l'état de! chemins ru
raux, le système d'exploitation, de culture et d'aména
Le nombre de bêles de trait qu'il convient gement qu'on a adopté, le choix det inttruroent, let
de réunir sur un domaine rural pour exécu- mesures administratives plut ou moins bien entendues,
cdap. 4«. FORCE ET NOM] RE DES ATTELAGES. 443
le nombre des journées de travail de l'année, cl dans cultivateurs. Dinsd'aulres où l'on établit des fabriques
chacune d'elles celui des heures de travail effectif , la agricoles ou des entreposes accessoires qui emploient
force, l'intelligence, l'adresse et l'énergie des serviteurs des animaux à des charrois ou autres objets, on trouva
à gages ou autres agens, etc. ; nous pouvons donc nous naturellement sous sa nain une ressource précieuse
dispenser de revenir sur les détails d'un sujet qui se dans îles besoins urgens, et un nombre d attelages addi
représentera d'ailleurs eneore dans le cours de ce li- tionnels pour exécuter avec vigueur et célérité des
•vre. travaux qui ne souffrent ni délai , ni négligence, etc.
C'est ici qu'il nous parait utile de rappeler que le
nombre des bêles de trait dans les élablissemens ru On a proposé plusieurs règles empiriques
raux ne croîtpas dans la mêmeproportion que Céten pour estimer approximativement le nombre de
due des surfaces, même en supposant que le système bêtes d'attelage dont on a besoin sur un éta
d'exploitation et celui de culture y fussent les mêmes blissement rural , mais comme ces règles ne
et également bien dirigés. Dans un grand établissement tiennent pas compte la plupart du temps des
où s'établit naturellement Indivision du travail, un peut circonstances variées auxquelles il est néces
consacrer presque constamment les mêmes attelages et saire d'avoir égard dans cette estimation, nous
les mêmes serviteurs à un seul et même travail dans ne pensons pas qu'il soit nécessaire d'en faire
lequel les uns et les autres deviennent plus experts, mention. Le plus sûr, dans l'opinion de Thaeb,
tout en expédiant plus de besogne; on conçoit d'ail est toujours de dresser le tableau des travaux
leurs qu'au moyen de celle division on peut employer que dans chaque, cas donné, d'après le sys
de» attelages mieux appariés au service auquel on les tème de cullure et d'aménagement adopté,
destine, leur distribuer plus régulièrement le travail ainsi que suivant les circonstances locales, on
pendant le cours d'une année et que dans les grandes doit exécuter à chacune des périodes de l'an
fermes les animaux peuvent être plus vigoureux . plus née agricole. On distinguera en même temps,
beaux et mieux nourris. Dans les petits élablissemens, en les plaçant dans 2 colonnes différentes, le*
au contraire, la multiplicité des travaux auxquels on travaux qîii pourraient être exécutés d'une
est obligé d'appliquer un même attelage fait que les manière plus parfaite par des bœufs de ceux
moteurs et les agens sont moins aptes et moins habi qui doivent l'être par des chevaux, et on por
les pour chacun d'eux; le passage continuel de l'un à tera dans chaque colonne, en regard de la spé
l'autre ne se fait pas sans perle de temps ou sans qu'il cification du travail, l'indication du nombre de
s'en éioule une |iort!on assez notable avant que le nou journées atte chaque bête de trait emploiera
veau travail auquel on applique l'attelage marche ré pour l'exécuter. On déterminera ainsi avec
gulièrement et avec la célérité convenable, ce qui oblige une exactitude rigoureuse le nombre d'ani
■ l'entretenir proportionnellement un plus grand nom maux dont on aura besoin sur l'établissement,
bre d'animaux. et le rapport le plus avantageux entre le nom
Cette différence dans le nombre des altelages néces bre des bœufs et celui des chevaux quand on
saires est bien plus sensible encore entre les grands et veut employer simultanément au travail l'une
les petits élablissemens, lorsque leurs modes de cultu et l'autre espèce.
re viennent i différer. Ces calculs, comme on voit, sont simples,
Dan» les lm, on à recours a des machines perfec mais ils exigent la connaissance de la quantité
tionnées, d'un prix d'achat élevé, mais qui expédient de travail que fournissent les moteurs appli
beaucoup de besogne; on ne donne a la terre que les qués a divers labeurs; nous renvoyons donc au
façons rigoureusement nécessaires a la production , et chapitre qui traitera des travaux l'exemple au
on cherche a restreindre le nombre des attelages et a moyen duquel nous nous proposons d'en faire
économiser sur la main-d'œuvre. Dans les seconds, au voir l'application; mais afin de fixer les idées
contraire, on ne laisse jamais la terre en repos et on des agriculteurs qui débutent, nous termine
lui prodigue les faço'.s; on ne craint pas de cultiver rons ce chapitre par quelques exemples du
les plantes (fui exigent les travaux les plus multipliés nombre de bêtes de trait qui, d'après le témoi
de sarclage, de binage ou autres ; ce qui nécessite un gnage d'agronomes instruits, Sont employées
nombre de moteurs quelquefois double de celui que la dans quelques pays et dans des systèmes va
grande culture emploie sur la même surface. riés de culture.
Malgré ces attelages quelquefois nombreux, c'est ce
pendant la petite ou la moyenne culture qui éprouve A. Grande cullure.
souvent le plus d'embarras dans les climats variables et Dans les pays où règne eneore l'assolement triennal
dans les circonstances atmosphériques peu favorables avec jachère complète et où on épargne les façons et les
à l'agriculture. En effet, dans les fermes moyennes et engrais à la terre, on n'emploie pas plus d'un cheval
petites, où tout doit être réglé avec économie, on fixe pour 30 6 31 hectares de terres labourables ou prai
le nombre des bêles de Irait d'après les besoins rigou ries.
reux du service, et on cherche autant qu'on le peut Thaeb, qui a donné dans son agriculture raisonnée
parunaecroissemenl temporairedans le travail des hom plusieures évaluations des travaux qu'on doit exécuter
mes et des animaux, a franchir heureusement les pé sur une exploitation rurale dans des systèmes variés de
riodes chanceuses de l'année. Il n'en est pas de même culture depuis l'assolement avec jachère complète jus
dans les grandes fermes bien dirigées, où l'on fait sou qu'aux assolemens alternes les mieux entendus, et avec
vent un commerce de gros bétail qui permet d'appli nourriture du bélailàcornes a l'étable, estime que pour
quer au travail dans les momens urgens des bœufs ou undomainede 360 liéet. en bonne terre, dont 38 sont en
vaches qu'on achète aux époques des grands labeurs , prairies permanentes, el où dans l'assolement triennal
qu'on engraisse ensuite et revend avec profit; dans ces 75 hect. sont en pâturages, ce qui ne laisse que 360
grands élablissemens qui se trouvent parfois placés au hecl. a la charrue; tandis que dans la culture alterne
milieu de pays où la grande et la petite cullure sont KO hect. sont joints aux soles eu cullure, ce qui porte
également réparties, on n'hésite pas i enlrelenir un les terres soumises à la charrue à 300 hect., il faut de
nombre d'attelages supérieur aux besoins , parce que 8 à 13 chevaux (lerine moyen to), plus 16 à 34 bœufs
aux époquesoù on n'en fait pas usage, on loue leurs ser (terme muyen âo ), ne faisant qu'une attelée par jour
vices et oa les fait travailler à façon pour les petits ou en comptant comme lui, que 30 bons boeufs de re
4M ADMINISTRA TION RURALE. ut, vit.
change font autant d'ouvrage que 11 chevaux, en tout En France, dans la majeure partie des département
31 chevaux pour 360 hect., ou l cheval pour 17 hect. situés au nord de Paris, où l'assolement triennal amé
environ , les journées de charrues étant calculées pour lioré s'est introduit, et où les établissements rtiran
S chevaux et les autres travaux par journées d'atte sont administrés avec inte'ligence, ceux de :
lages de 4 bétes ; mais il est nécessaire de faire ob grande étendue et en sol silico-argileux
server que ce célèbre praticien compte 300 jours de 9 peu près l cher, sur 10 à 18 heci.
heures chacun de travail effectif dans Tannée, et qu'on Un relevé fait en Angleterre, et que nous avons sons
a beaucoup de peine dans les exploitations bornées et les yeux, nous apprend que dans un grand nombred'élz-
surtout quand on commence à se livrer à l'exercice de blissemens agricoles choisis dans des districts diverse!
l'agriculture à établir celte distribution parfaite des exploités suivant un système de culture alterne, on a
travaux et du temps des agens qu'on parvient i obte trouvé en moyenne que sur une étendue de 40 hect.de
nir dans des exploitations rurales très vastes, bien diri terres arables, il faut un attelage de 3 chevaux et ud
gées et depuis long-temps en activité. attelage de 3 bœufs ou en moyenne de une béte de trait
A Roville, où on se sert d'une excellente charrue et pour 10 hect.
de chariots attelés d'un seul cheval , le nombre des B. Petite culture.
bétesdetravail a varié suivant le plan de culture adopté Les petits cultivateurs du comté de Norfolk, où la
à diverses époques. Dans ce domaine composé de 190 culture alterne est en vigueur et où le sol est léger et
hect. de terres de cohésions diverses et dont 16 sont sableux, tiennent communément un cheval pour 8 hec
en prairies irriguées, le nombre des bétes de trait en tares de terres soumises à la charrue.
18iâ au moment de la formation de l'établissement et Parmi les exemples nombreux cités par Balsamo.
où les terres en assez mauvais état ont nécessité des l'abbé Maiïk et Schwekz, sur la culture de la Belgique
labours profonds et multipliés, a été de 14, savoir: et de la Flandre, on voit que dans les différens sols
5 chevaux et 9 bœufs, et en calculant suivant les dont se compose ce pays, les cultivateurs calculent 1 che
Annales de cet établissement, que les 9 bœufs fai val pour 7,6 et même 8 hect. Dans la Campine, beau
saient autant d'ouvrage que 7 chevaux environ, de 13 coup d'agriculteurs n'ont qu'un bœuf pour cultiver 6
chevaux ou d'un cheval pour 16 hect. En 18-28, le hect. environ d'un sol meuble et léger.
nettoiement progressif des terres ne rendant plus Dans son ouvrage sur Yagricullure de tAlsact
nécessaires des cultures aussi multipliées, et environ (p. 47), Schwebz dit qu'on rencontre communément
80 hect. de terres de la culture la plus difficile dans ce pays de petits établissement où tout le travail
ayant été consacrés à la luzerne , le nombre des che d'un cheval est nécessaire pour cultiver 4 hectares de
vaux a été de 8 ou 1 cheval pour 34 hect. Enfin, terrain.
en 1830 les terres consacrées à la luzerne ayant été Quant au rapport des boeufs à celui des chevatu
remises en culture . le nombre des bétes de trait a été sur les grands établissemens ruraux, Sikclaib rapporte
reporté à 13 chevaux comme précédemment, ou 1 che que dans les fermes anglaises qui exigent le travail de
val pour 16 hect. 30 chevaux, on en entretient souvent 10 avec 8 bœufs;
Dans l'agriculture anglaise on compte en général que dans une ferme bien administrée un fermier en
dans les districts bien cultivés, sur les grandes fermes tretient 33 charrues attelées de chevaux et 8 attelées
en terres arables et dans divers systèmes d'assolemens, de bœufs, et que beaucoup d'agriculteurs regardent le
environ 1 cheval pour II à 13 hect. au moins et sou rapport de 60 chevaux à 38 bœufs de trait comme le
vent davantage, parce que le climat égal et tempéré plus avantageux qu'on puisse établir pour l'économie et
du pays permet une répartition facile des travaux dans la bonne exécution des travaux.
le cours de l'année. F. M.
On donne le nom demobilier en particulier, i"" Catégorie. Outils ou objets qui dans les travaux
de matériel ou cheptel morf,elc.,à cette portion de culture se manient ordinairement à la main.
des objets mobiliers d'un établissement rural Bêches, piochesî houes, biuellcs, faux, faucilles, tapes, râ
qui servent aux hommes ou aux animaux à teaux, coupe. gazons, touchent, bidenls, fourches, brouettes,
exécuter les travaux que rend nécessaires l'ex plantoirs, etc.
ploitation du fonds ou qui sont à leur usage Ces outils sont a peu près les seuls dont on fasse
individuel. usage dans la culture maraîchère ou les jardins pota
Les objets divers qui peuvent entrer dans gers, ou dans celle des champs sur la plus petite échelle.
la composition du mobilier d'un établisse On s'en sert aussi dans la moyenne et la grande cul
ment sont nombreux et variés, et plus la cul ture, mais seulement pour certaines espèces de tra
ture tend à se perfectionner, plus aussi on les vaux.
voit se multiplier. Notre intention n'est pas 3e Catégorie. Inslrumens de culture ou appareils
ici de les examiner en détail, mais de les en mobiles et transportables mis généralement en action
visager d'une manière générale et comme il par les bétes de trait.
convient à l'administrateur qui organise ce
service avec toute l'attention et le soin qu'il l° Instrument de labourage. Araires, charrues simples ou*>r
réclame. avant-lrain et divers hinols, exlirpaleurs, scarificateurs, culti
Pour fixer les idées sur la diversité des ob vai eurs, elc. 2o Instrument de pulvérisation, a"ameublitsemt*l
jets ou appareils qui peuvent faire partie du ttde déplacement du sol. Herses, rouleaux, instrumens divan
mobilier d'une ferme , nous essaierons de les à niveler la terre, former les billoDs, etc. 3° Inslrumens par
classer sous 4 catégories distinctes qui peu sematlle. Semoirs divers, plantoirs à cheval, rayonneur*. etr.
4« Instrument pourfaçons d'entretien. Houes n cheval, <:r-
vent se partager elles-mêmes en plusieurs cloirs. ratlstoirs, butoir*, charrues à buter et d'irrigation, ele.
sous-divisions. 5° Instrument pour récoltu et engrais. Chars, charrettes, wia-
iïap. 5*. ORGANISATION DU SERVICE MOBILIER. 445
ereaux, camions, râteaux à cheval, instrumens à faner, char» part du temps à un très haut prix, tandis
motionner, charrues a arracher les racines, etc. qu'il serait facile de les remplacer avec peu de
frais par des instrumens perfectionnés qu'on
C'est dana cette catégorie que se trouvent les appa- peut déjà se procurer sur plusieurs points du
:ils les plus utiles à l'agriculture, et qui constituent en territoire.
rande partie le mobilier d'une ferme. Plus un establis Pour mettre l'administrateur à même de
hment de ce genre est bien monte et dirigé, plus aussi comprendre l'importance des bons inslrtt-
>nt généralement nombreux et variés les instrumens mens, nous lui présenterons le résumé des
u'il emploie. avantages qu'on doit se proposer d'obtenir par
3e Catégorie. Machines ou appareils fixes, et dont l'emploi judicieux des instrumens et des ma
t mécanisme est mis en activité sur place par des boni - chines dans les travaux de l'agriculture.
les ou des animaux,
Machine à battre les grains, lararcs et autres appareils § Ier. — Du but de l'emploi des instrumens et
our vanner, neupyer, concasser, décortiquer, réduire en fa des machines en agriculture.
ine les graines, nettoyer, couper on hacher tes tubercule* ou
;s racines, concasser cl pulvériser les os, la chaux, le plâtre,
le, et toutes les machines employées en agriculture qui re- Les instrumens et les machines ne créent
ueillenl, transmettent ou consomment à poste fisc une force pas de la force, mais permettent de faire un
lOlrice quelconque. emploi plus avantageux de celle des moteurs.
La plupart de ces machines ne sont encore employées Cet emploi plus avantageux de la force se réa
ue dam les grands élublissemens, où elles procurent lise par la combinaison de 4 conditions essen
ne économie de main-d'œuvre et de temps. tielles que voici.
4e Catégorie. Ustensiles, appareils ou objets ayaut 1° "L'économie de la force. Les forces dont on fait
ne destination variée; tels sont ceux pour : usage en agriculture dans les travaux des champs son
J° Le harnachement des chevaux et des bœufs; 2° les écu- empruntées le plus communément aux moteurs ani
'*s,les élables, la btrgeiie, la porcherie, la basse-cour, la ga
mne, le colombier, ele ; 1° les granges et les gieni-rs; 4<> les més, soit l'homme, soit les bétes de Irait. L'emploi de
ibriques et arts agricoles divers tels que ceux pour les laile- celte force, tomme nous le savons déjà, n'élanl pas
es à lait, à beurre et à fromage , l'éducation de* abeilles , la gratuit, il importe d'en faire l'usage le plus profitable
agnantrie, la fabrication des vins, de l'eau-de-vie, île la bière, qu'il est possible. Les avances ou les sacrifices qu'on
ir cidre, de l'huile, etc ; 5° le bureau cl la comptabilité^ 6° le est obligé de faire pour en obtenir la jouissance se
esurage des récolles, produits, denrées, etc.; 7° le ménage mesurent, pour les hommes, par les salaires qu'on leur
lus lesquels sont coinpii. les ustensiles et autres objets pour accorde et les frais qu'on csl souvent obligé de faire
maison d'habitation, le logement des serviteurs, la cave, le
îtlier, le bûcher, elc; 8° 1j conservation des bàlimens , tels pour leur nourriture et leur entretien, comme nous
ne outils divers pour lesréparations, pompe à inceuilie, seaux, l'avons vu au chapitre III du présent titre, et pour les
rhelles, etc. animaux, par les frais variés dont nous avons essayé
Los ustensiles entrent pour une part plus ou moins de faire l'évaluation économique dans le chapitre pré
rande dans tous lesétablissemens ruraux, suivant l'im- cédent.
orlance de ceux-ci , le système d'exploitation adopté, Les frais qu'occasionne, à l'époque actuelle, l'emploi
: nombre des fabriques accessoires qui s'y trouvent de la force de l'homme , sont environ les S/3 ou la
[ablles, et l'aisance de l'entrepreneur. moitié de ceux que nécessite l'emploi du service d'un
Cette classification simple étant admise, bon cheval de taille moyenne; mais ce dernier étant
ous allons nous occuper dans les sections capable de vaincre dans ua même temps une résistance
ui vont suivre du choix et de la composition au moins 7 fois aussi considérable que celle que sur
es objets qui doivent former le mobilier d'un monte le on voit déjà que la substitution du tra
tablissement rural et du prix de leur sér vail des animaux à celui de l'homme, non-seulement a
iée, en avertissant, toutefois, que les consi- permis d'exécuter des travaux que la faiblesse de celui-
érations dans lesquelles nous allons entrer ci rendait impraticables, mais en outre a procuré à l'a
appliquent plus spécialement à ceux que griculture un avantage considérable par l'économie du
ous avons compris dans la 2p catégorie, c'est- nombre de bras qui autrement eussent été nécessaires.
-dire aux instrumens qui sont, en effet, les L'agriculture ne s'est pas contentée de celle sim
bjets les plus importans du mobilier et ceux ple substitution de la force des animaux à celle de
ont la bonne composition influe le plus sur l'homme, elle a du chercher de plus à tirer des
: succès en agriculture. I"" le plus grand ejfel utile possible, ou à leur faire
payer soit par une plus grande quantité de travail, soit
Section Ire. — Du choix des instrumens par un travail d'une plus haute valeur, les soins et la
d'agriculture. nourriture qu'on leur accorde. Ces condiiions n'ont
pu être remplies qu'en donnant aux animaux, par l'exer
Le choix des instrumens agricoles est en cice, une éducation conforme aux services qu'on vou
cnéral d'^in très haut intérêt, et on a fait re- lait en lirer, en les faisant conduire par des hommes
îarquer avec beaucoup de raison que, si les exercés à ces travaux , et enfin en fournissant à ces
*riculteurs anglais et belges ont une supé- moteurs des instrumens propres à mettre utilement à
iorité bien marquée sur ceux de la plupart profit la somme de leurs efforts journaliers.
es autres nations, on doit l'attribuer eu Cette dernière condition, la seule qui doive nous oc
rande partie aux excellens instrumens qu'ils cuper ici, est bien loin d'être réalisée dans la plupart
mploient dans leurs travaux de culture. des instrumens d'agriculture encore en usage, et pour
En France on ne comprend pas encore as- n'en rappeler qu'un exemple vulgaire, il suffit de citer
ez généralement que, de toutes les amélio ces charrues avec avant -train construites avec tant
rions que l'agriculture peut recevoir, l'a- d'imperfection qu'on csl, dans quelques localités, obligé
option des bons instrumens est une des plus d'y atteler i ou 6 bêles et plus pour faire un labour
rgentes et celle qui doit procurer les avan- qu'une lionne charrue simple, établie sur un bon mo
tges immédiats les plus étendus. On con- dèle, telles que celles de Small, de Koville , etc., exé
srve encore des instrumens grossiers et dont cuterait aisément et d'une manière plus parfaite avec
: travail est ti cs imparfait çt revient la plu- â chevaux seulement.
446 ADMINISTRATION RURALE. UY. m.
Ainsi nous voyons que la force nécessaire pour exé conséquence, en agriculture, une augmentation dam U
cuter un même travail, en supposant qu'il ait la mime production, c'est à-dire un accroissement dans la quan
perfection dans les 2 cas, peut être S, S Ht même 4 fois ti lé des produits récoliés avec les mêmes frais; ainri.
plus considérable avec on instrument imparfait qu'avec dans les Annales de Roville (l. III, p. 303), on c k
un autre instrument construit sur un bon modèle, d'a un fermier de la Moselle qui, d'une année a l'autre, i
près les principes de la mécanique et suivant les con vu s'accroître de 94 p. O/O le produit brul en grils
ditions que l'expérience a révélées, et combien il im de ses champs, par la substitution de la charrue sim
porte à l'administrateur d'économi?er dans ces travaux ple de cet établissement, attelée de 9 chevaux , i ont
par un choix d'appareils perfectionnés cette force mo charrue du pays avec avanl-lrain, qui employait 6 i s
trice qu'il paie fort cher, et d'en faire l'emploi le plus chevaux.
utile et le plus judicieux. On ne peut nier toutefois que parmi les instrumeri!
2° La célérité des trtivaux. Puisqu'un animal attelé qui économisenl la force et accélèrent l'ouvrage, il rA
à un instrument ou à une machine convenable expé en ait beaucoup qui donnent souvent un travail infé
die dans un même temps beaucoup plus de travail qu'un rieur en qualité à celui qui est exécuté à la main avec
homme, et que sou travail devient ainsi proportionnel des oulils; ainsi, avec les charrues, les lierses el les rou
lement moins dispendieux, il parait tout simple, dès leaux, on parvient diffici'ement à obtenir dans les I»-
que les travaux deviennent plus importants cl l'éten bours l'amcublissemenl, l'égalilé, la légèreté el l'élasti-
due de la surface qu'on veut exploiter plus considéra cité que le travail de la bêche donne au sol. et soo« w
ble, de faire exécuter ceux-ci par les bêles d'attelage; rapport il reste encore beaucoup a faire dans la méca
c'est ce qu'on a fait de temps immémorial pour les la nique agricole ; mais il n'en resle pas moins conMam
bours et les charrois, et c'est d'après le même principe que les insirumens améliorés élanl ceux qui dan? h
que nous voyons, dans les pays où l'agriculture fait des travail se rapprochent le plus de cette perfection, qui
progrès, les houes, le» binettes , les fourches et les râ est une des conditions à laquelle on doit viser sais
teaux ordinaires, etc., outils qui , dans la main de cesse, cr- sont aussi ceux auxquels ii convient de drainer
l'homme ne font qu'un travail lent et pénible, être la préférence dans loul établissement bien organisé.
remplacés par la houe i cheval, les sarcloirs, les char 4° L économie dans lesfrais de production. Cul li
rues à butter, les appareils pour faner, etc., insirumens principalement l'objet qu'on a eu vue dans l'emploi Jet
qui, conduits par un animal, expédient bien plus vile insirumens el des machines, ainsi que le but et la con
la besogne. séquence de l'économie de la force et de la célérité dans
Mais celle célérité liprécieuse dans les travaux d'a les travaux agricoles qu'on cherche dans leur secoure.
griculture ne doit pas éire achetée aux dépens de la Celle économie, danstous les cas, ne consiste pas seu
perfection des façons ou par une dépense superflue lement i épargner sur les frais d'un travail qu'il r«t
dans l'emploi de la force motrice; or, ces conditions évidemment plus profitable de faire exécuter par des
ne peuvent èlre remplies qu'en (aisanl usage d'inslru- animaux el d< s insirumens que par un grand nombre
mens perfectionné*, qui, à pari l'habilelé de ceux qui d'hommes , il faut de plus qu'elle soit la plus considé
les dirigent et l'aptitude des animaux qui les meltent rable qu'if est possible de réaliser, tout en obtenant un
en mouvement, sont les seuls qui, pour un travail bien Iravailde bonne qualitcou m^mede qualité supérieure,
fait, consomment la moindre quantité de forcée! expé c'est-à-dire qu'on doit s'efforcer, parmi les instrunv r.s
dient en même temps le plus d'ouvrage. employés en agriculture, de faire choix de ceux qui
Ce n'est pas seulement sous le rapport de l'exécu donnent en même temps un travail parfait el rapiJe.
tion prompte des travaux journaliers d'un établisse et avec moins de fiais que par loule autre combinai
ment que les insirumens perfeclionnés présentent de son.
l'avaniage, c'esl aussi 1res souvent sous celui de l'ac Nous pouvons encore citer à ce aujet la machine à
complissement plus cniier de la masse des travaux battre le grain, trop peu répandue parmi nous, mais qui
annuels, dont ils permettent la distribution plus égale l'est beaucoup plus en Angleterre. Cette machine, d'un
et plus régulière. Un exemple bien connu aujourd hui prix toujours assez élevé, n'est guère à la portée que
en France met celle vérité dans tout sou jour. L'ex des grandes exploitations; mais dans ce dernier pays où
cellente charrue sans avanl-lrain de Roville, qui per on est industrieux, les petits fermiers ne sont pas
met de labourer presque par tous les lemps, en loule privés des avantages qu'elle procure, cl dans quelques
saison et dans tous les terrains, et d'oblcnir constam coinlés on voit un homme, assiste d'un enfant, transpor
ment un travail satisfaisant, olfrc cerlainemenl une ter avec 3 chevaux, de ferme en ferme , une machine
bien plus grande faciilé pour la répari il ion méthodique portative de celle espèce dont ils louent le service à U
des travaux annuels, el par conséquent pour ap|>orlcr journée (voy. I. I", p. 338). Dans celle journée de tia
une pins grande diligence et une plus grande activité vail, la machine bat environ 30 à 39 hefcl. de froroer;
dans l'exploitation d'un fonds rural, qu'une charrue très proprement el sans endommager la paille, pour le
établie sur un modèle vicieux, el avec laquelle on ne prix de 2 i fr.; avec celte donnée, essayons de faire le
peut obtenir un travail passable que pendant quelques compte du hallage au fléau et à la machine en Angleterre,
jours seulement dans la saison favorable. où le froment est actuellement coté au pr^x d'environ
5' La per/eciion des travaux. L'emploi des insiru 24 fr. l'hecl., el de comparer les frais qu O'-ensionneot
mens et des machines en agriculture a aussi pour but ces deux modes usités (>our faire un même- travail.
d'obtenir un tiavail plus parfait; ainsi la machine a Battage à la machine. La machine bal 900 ç- rlie-
battre qui donne communément \jih' de plus en grain dans une journée de travail, el donne en grain i/is'd.
que le hallage au lléau, el fail bien plus d'ouvrage que plus que le battage nu lléau, ou. 32 hect.
ce dernier dans un lemps égal et avec une même dé Qui.au prix moyen dc2 * fr. l'hect.,
pense, fournit par conséquent un travail plus perfec
tionné; les semoirs, qui répartissent les grains sur le foutA une somme de
déduire pour le prix du service
768 fr.
toi d'une manière plus égale el de telle façon que cha de la machine 14
cun d'eux jouit plus compléiemenl des ah nions qu'il •
peut puiser dans le sol et de sa portion d'air cl de Resle net 744
lumière, sont des insirumens qui perfectionnent le tra- Battage aufléau. Un bon batteur
Y»il, etc. en grange ne bal guère que 90 ger
Celte perfection du travail a presque toujours pour bes , qui fournissent 3 lieu . de grain.
chap. 5*. DU CHOIX DES INSTRUMENS D'AGRICULTURE. 447
D'autrepart. . . . 744 fr. aulre en bois, comme elle peut servir 3 fois plus long
Il faudrait tO journées d'homme pour temps, elle est à meilleur marché 7° Il faut qu'on
battre les 800 gerbes qui ne dunne- puisse les régler sans peine, promptement et surplace,
rout que SOb.OOl. et qu'ils fassent un bon travail, indépendamment de la
A déduire rn nature 8 p. 0/0 pour dextérité ou de l'habileté du travailleur et de la doci
frais de battage 1 BO lité et de l'apliludedu moteur. 8° Enfin les instrumens
Reste «8 80 doivent eue adaptés à la nature soit montueuse , soit
Qui,au taux moyen de 34 fr. l'bect., plane du pays, à la qualité de son sol, ceux qui con
font 684 viennent à des terres légères ne rendant pas d'aussi
bons services dans les terres fortes , ou même pouvant
Différence en faveur de la machine. 60 n'être d'aucun usage, et appropries* son climat, k l'état
Ainsi, non-seulement on a obtenu un travail plus de ses routes, à la force des bêles de trait dont on fait
rapide, puisqu'on un seul jouron a battu une quantité usage, et surtout au syslème de culture et d'aména
de gerbes qui eut exigé un crand nombre de travail gement au moyen duquel on lire des fruits d'un fonds.
leurs qu'il est toujours difficile de se procurer et de
surveiller , mais en outre ce travail a été mieux fait car Nous venons de dire que les instrumens
on a obtenu tJlS' de grain de plus; enfin, avec la ma d'agriculture doivent être solides et durables;
chine le prix du hallage n'est revenu qu'à 75 c. l'hect. ces qualités dépendent en partie des maté
de grain disponible, taudis qu'il a coulé plus de 1 fr. riaux qu'on emploie à leur construction.
46 c. par le battage au fléau. Ceux dont on fait le plus communément usage
sont le bois et le fer, soit à l'état de fer forgé,
Ç II. — Des conditions auxquelles doivent satisfaire soit à celui de fonte.
les instrument, d'agriculture. Ces 2 malières peuvent entrer dans des pro
Après avoir fait connaître le but de l'emploi portions très variées dans la construction des
des instrumens et des machines et combien inslrumens d'agriculture ou dans celle de
il importe que ces objets soient établis et leurs pièces, et aujourd'hui il en est plusieurs
construits d'après les meilleurs principes, qu'on construit en totalité en fer forgé ou en
nous allons rappeler, d'après Sinclair, Thaer fonte, ou avec ces deux espèces de matériaux.
et autres agronomes et praticiens distingués, Le bois a l'avantage d'être facile à travailler
quelques-unes des autres conditions aux et d'un prix peu élevé ; les pièces construites
quelles ils doivent satisfaire. en bois se réparent ou se remplacent aisé
ment, mais aussi elles se détériorent plus
1° Les instrumens d'agriculture doivent être aussi promptement par le travail ou quand on n'en
simples dans leur construction que le permel le but prenn pas soin, et souvent on ne parvient à
auquel ils sont destinés, afin qué leur usage soit plus leur donner le degré de solidité qui leur est
facile et qu'ils puissent être réparés par les ouvriers or nécessaire qu'en augmentant beaucoup leur
dinaires quand le cas l'exige. Ils ne doivent présenter volume ou leur poids.
aucune pièce inulile ou dont l'objet ne puisse élre at Le /èr, par sttile de la résistance plus con
teint d'une manière plus simple et plus commode ; on sidérable qu'il offre, permet de diminuer beau
doit ainsi éviter d'introduire des pièces qui éprouvent coup le volume des pièces sans nuire à leur
des frolteincns et qui occasionnent par conséquent une solidité. Construits dans de vastes élablisse-
grande porte de force ; i° Les matériaux qui entrent mens qui peuvent adopter la division du tra
dans leur construction doivent tire durables, afin d'é- vail, ét d'après des patrons ou des modèles
viler autant que possible les interruptions de ir.ivail choisis avec attention , les instrumens en fer
et les pertes de temps qu'entraînent les réparalions ou ont en général des formes plus satisfaisantes,
l'achat d'un matériel -trop considérable. 3" Ils doivent plus régulières et ne reviennent pas alors
être d'une construction solide, afin qu'ils soienl peu beaucoup plus cher que ceux eu bots. Le fer
endommagés; par les secousses et les chocs auxquels ils en outre convient mieux, en ce qu'il n'est pas
sont exp isés, et pour qu'ils poissent élre mancruvrés attaqué par les insectes, qu'il résiste mieux ,
sans crainle de les briser par les ouvriers ordinaires sans éclater ou s'altérer, aux alternatives de
qui n'ont pas l'habitude de manier des inslrumens per la chaleur et du froid, de la sécheresse et de
fectionnés. 4* Dans le- inslrumens ou machines d'un l'humidité ou à la déformation qui résultent
grand volume, on duit faire une allenlion particulière des influences climatériques ainsi qu'aux
à la légèreté, de la construction; un pesant chariot, par chocs violens.
exemple, s'use par son propre poiJs presque autant Les instrumens en fer ou en fonte jouissent
que par les denrées dont il est chargé; il faliguc les en outre d'un avantage important; c'est que
chemins et les terres , et diminue l'effel ulile qu'on leurs différentes pièces étant faites la plupart
peut tirer du travail des animaux. 8° Le bois dnil être du temps sur des modèles invariables qui les
coupé et p'acé de la manière la plus convenable pour reproduisent avec des formes parfaitement
ré>ister à la fatigue, et on doit éviler de faire sans né identiques, on peut facilement remplacer en
cessité des assemblages et des mortaises pour réunir un instant une pièce détériorée sans attire
les piècei; celles-ci doivent, quand elles ne fatiguent travail que celui qui est nécessaire pour fixer
pas, êirc assez ré luiles pour donner louic la légèreté des boulons, tourner des écrans ou chasser
compatible avec la solidité de l'instrument. 6" Le prix des clavettes, la nouvelle pièce s'adaptant par
doit dire td que les cultivateur! d'une fortune médio faitement à la machine sans frais et sans perte
cre puissent eu faire la dépense ; cependant, le bas prix île temps; avantage inestimable et que doivent
ne doit jamais déterminer un administrateur judicieux apprécier ceux qui savent combien une pièce
à faire l'ai quisil ion d'un instrument peu solide ou de réparée d'après des principes arbitraires dans
construction vicieuse; il n'y a même qu'une économie un instrument d'agriculture peut faire varier
apparente dans ce marché, car le prix d'achat se com les conditions et la qualité de son travail, et
bine avec les fraisd'eatrelien, et lors même par exem avec quelle attention on doit chercher à faire
ple qu'une charrue en fer coulerait 3 fois plus qu'une fonctionner des agens soumis, la plupart du
448 ADMINISTRAI ON RURALE. . ut. vu.
temps, à l'empire de la routine, à des préjugés, nouveaux instrumens dans un canton-, l'igno
ou incapables d'un nouvel apprentissage avec rance, les préjugés, la routine, l'obstination
des inslrumens d'une forme parfaitement con des valets de ferme ou des gens du pays of
stante et donnant toujours les résultats iden frent parfois des obstacles presque insurmon
tiques. tables et dont M. de Dombasle, dans son excel
Enfin, les instrumens en fer bien établis, lent mémoire intitulé Du succès ou des revers
étant d'une inflexibilité presque absolue, il en dans les entreprises d'améliorations agricoles^},
résulte beaucoup de régularitédans leur mar nous a présenté un tableau exact.
che ; avec eux la perfection du travail de « L'adoption des instrumens perfectionnés
vient moins dépendante de la volonté de ce d'agriculture semble, dit-il, au 1" aperçu, du
lui qui les fait agir, et enfin il est plus aisé, nombre de ces améliorations qui sont à la
par suite de la constante uniformité de la portée de tout le monde, dans lesquelles on
résistance qu'ils éprouvent, de mesurer la peut réussir partout dès le début d'une entre
force nécessaire pour vaincre celle-ci et d'em prise agricole. Cependant il est bien certain
ployer plus utilement la force motrice. que c'est par des tentatives prématurées de
On a reproché aux inslrumens en fer de ne ce genre que beaucoup de personnes en ont
pouvoir être réparés par tous les ouvriers, compromis le succès clans leurs exploitations,
d'être plus pesans et d'un prix plus élevé; et quelquefois aussi dans le voisinage. Le con
mais il est constant que lesaltérations et les rup cours de la volonté des employés inférieurs
tures y sont beaucoup moins fréquentes que ou des valets de ferme est indispensable pour
dans les instrumens en bois, et qu'au moyen qu'un nouvel instrument, quelque utile qu'on
des pièces de rechange les réparations sont le suppose , puisse s'introduire avec succès
aussi rapides que faciles; que s'ils sont quel dans une exploitation rurale, plus que tout
quefois plus pesants, la régularité et la per autre genre d'amélioration. Pour obtenir ce
fection de leurs formes font qu'ils n'offrent résultat, il faut que le maître inspire de la
pas plus de résistance au tirage; enfin, que confiance à ses valets, je veux dire de la con
lors de l'acquisition, s'ils sont d'un prix plus fiance comme cultivateur et surtout comme
élevé, leur durée et la perfection de leur tra possédant les connaissances du métier, car
vail paient bien au-delà, et souvent dès la lre c'est là tout ce qui constitue toute l'agricul
année, l'excédant de dépense qu'ils occasion ture aux yeux des hommes de cette classe.
nent. Au reste, il est présumable que l'abais Communément le propriétaire qui entreprend
sement progressif du prix du fer, et l'établis d'exploiter son domaine en changeant les mé
sement sur plusieurs points du royaume thodes du pays ne place guère de confiance
de fabriques d'iustrumens d'agriculture aux dans les idées des valets; mais ceux-ci dans
quelles un bon système d'étalonnage permet ce cas en placent encore bien moins dans les
tra de réduire les prix, ne laisseront plus, connaissances de pratique du maître, et il ré-
même au petit ménager, de prétexte pour sultede cette défiance réciproque la situation
donner la préférence aux instrumens grossiers la moins favorable pour l'introduction de
du charron de son village. nouveaux instrumens. La confiance ne peut
secommanderetil n'estqu'un moyen de l'obte-
§ III. — Considérations sur le choix des iostrumeas nir,c'estdela mériter. Aussitôt que le proprié
et des machines. taire aura réellement acquis de l'expérience,
qu'il possédera une connaissance approfondie
Quelque éclairé qu'on soit dans la pratique de ses terres; lorsqu'il connaîtra bien la mar
de l'art, quelque versé qu'on puisse être dans che et l'emploi des instrumens que l'on y ap
la théorie et les sciences accessoires à l'agri plique tous les jours; lorsqu'il sera en état
culture, il n'en faut pas moins apporter ta d'apprécier par ses propres observations
plus grande prudence dans le choix des ins leurs qualités et leurs défauts, les avantages
trumens dont on veut garnir un domaine. Par ou les vices des cultures qu'ils exécutent, alors
exemple, on a fait observer avec justesse qu'il ses valets commenceront à juger qu'il est cul
ne serait pas toujours judicieux de repousser tivateur, et il trouvera dans les essais qu'il
sans examen les instrumens employés dans pourra tenter pour introduire de nouveaux in
un pays oii l'on organise un fonds, sous le strumens, uou-seulemcul des bases plus sû
prétexte qu'ils sont construits dans leur en res pourasseoir lui-mèmeunjugementsur les
semble sur des principes vicieux. Ces instru effets qu'il en obtiendra et pour s'affranchir à
mens peuvent en effet présenter des formes cet égard de la dépendance de ses gens,
ou des modifications qu une longue pratique mais aussi bien moins de résistance de leur
aura fait juger nécessaires, qui ont pour elles part. S'il a réussi dans ses 1™" tentatives, ou
la sanction de l'expérience et qui sont utiles du moins sises valets l'ont vu juger avec dis
dans la circonstance locale où on eu fait usage ; cernement et en praticien les instrumens
ce qu'il importe alors, c'est de corriger les qu'il a essayés, on peut être assuré qu'il lui
vices de construction tout en conservant le sera facile d'obtenir une coopération franche
principe, et d'obtenir ainsi une amélioration et bienveillante dans les tentatives du même
sans s'écarter des habitudes du pays et de la genre qu'il fera ensuite. Je ne crains pas d'af
routine des agens. firmer que dans le nombre des mécomptes
Quand les inslrumens sont imparfaits et ne que beaucoup de propriétaires ont épromés
présentent aucune modification utile, le mieux dans des essais d'introduction d'instrumens
est assurément de les remplacer complète perfectionnés d'agriculture , la cause princi
ment par des instrumens perfectionnés; mais pale se trouve dans le défaut de confiance
il est souvent très dilficile d'introduire de des valets occasionné par l'absence des con
(l) finales de fiwille, lorac YIU, p. »7S,
CHAP. 6». COMPOSITION DU MOBILIER. 449
naissances de pratique du maître. Il est donc l'acquisition qu'au moyen d'un marché dans
sage de s'efforcer d'acquérir ces connaissances lequel on énoncerait le prix convenu, la na
avant de se livrer à des tentatives de ce genre, ture et la quantité de travail qu'on exige dans
à moins qu'on n'ait sous la main un homme la machine et où on stipulerait que le paie
dans lequel on est bien assuré de trouver, avec ment ne serait effectué qu'au moment où, la
des connaissances de pratique, une coopéra machine étant montée, le mécanisme fonc
tion franche et le désir sincère d'obtenir la tionnera bien. Une machine fonctionne bien
réussite des instrumens que l'on veut intro lorsque sa marche est douce, silencieuse, uni
duire. » forme, qu'elle remplit les conditions voulues
Lorsque nous conseillons de faire choix, au relativement à l'emploi de la force, ou du com
moment où on organise les divers services du bustible consomme si c'est une machine à feu,
domaine, d'instrumens nouveaux et perfec à la quantité et à la qualité du travail exigé.
tionnés, nous n'entendons pas qu'on garnisse Une mauvaise machine est toujours très dis
la ferme d'instrumens nouvellement inventés pendieuse par les résultats imparfaits quelle
ou de ceux auxquels des agriculteurs ou des donne, les réparations qu'elle nécessite ou les
mécaniciens auront propose de faire quelques chômages continuels qu'elle occasionne.
améliorations qui peuvent être parfois utiles
dans une localité, mais qui n'ont pas ce ca Section II. — De la composition du mobilier.
ractère de généralité qui distingue les bons
instrumens. En agissant de cette dernière ma § Ier. — Des principes propres à guider dans l'évalua
nière, on ferait en effet une faute grave; l'an tion numérique des objets du mobilier.
née où l'on forme un établissement rural n'est
pas le moment favorable pour faire l'essai de Le nombre des instrumens d'agriculture
nouveaux instrumens, à cette époque on ne inventés jusqu'ici est si considérable qu'il faut
saurait marcher avec trop de circonspection et nécessairement faire un choix, même parmi
on a beaucoup d'autres études et de tentatives ceux qui jouissent d'une réputation méritée.
à faire pour en assurer le succès. Par instru Ce choix, comme on le pense bien, doit être
mens nouveaux et perfectionnés nous enten nécessairement basé sur les besoins du ser
dons de bons instrument, qui ont été améliorés vice et sur l'importance ou la nature de l'éta
d'après les principes de la mécanique ou les blissement qu'on organise.
préceptes de l'expérience, et qui ont déjà reçu, Il est d'abord 2 écueils qu'on doit chercher
dans les pays où l'agriculture a fait les progrès à éviter quand on s'occupe du mobilier d'une
les plus remarquables, la sanction du temps ferme, l'un est de garnir la ferme d'un nom
et l'approbation des praticiens les plus éclai bre insuffisant d'instrumens et l'autre d'un
rés; et enfin ceux qui, dans les circonstances nombre superflu.
où on se trouve placé, sont les plus propres à Un mobilier insuffisant annonce toujours un
remplir les conditions qu'on doit chercher établissement mal administré et où on veut
dans l'emploi des instrumens d'agriculture et souvent exploiter une étendue de terrain qui
que nous avons exposées plus haut. n'est pas en proportion avec les capitaux dont
Nous avons insisté il n'y a qu'un moment on dispose. Dans une pareille ferme, faute
sur la simplicité, la solidité et la légèreté que d'instrumens et de machines, on éprouve,
doivent présenter des instrumens d'agricul dans les cas urgens, des dommages considé
ture, et nous avons ajouté quelques considé rables ; les appareils, y fatiguent beaucoup
rations sur les matériaux qui doivent servir à et ont besoin de réparations fréquentes qui
les construire ; nous n'avions alors en vue que occasionnent des chômages prolongés et très
d'énoncer les principes généraux qui doivent onéreux pour l'entrepreneur. C est doue
guider dans le choix de ces instrumens ; mais une économie bien mal entendue que de ne
quand il s'agit de les acquérir; il faut pousser consacrer, sur le capital fixe d'exploitation,
encore plus loin l'examen de détail. Il ne suffit qu'une somme qui ne suffit pas pour se pro
Cas qu'un instrument soit construit d'après un curer tous les objets mobiliers nécessaires
on modèle et avec des matériaux convena pour établir une bonne distribution économi
bles, il est de plus nécessaire qu'une banne que des travaux dans le cours d'une année et
exécution assure à ces appareils tous les avan pour être même en état de faire face aux cas
tages que leur modèle présente et doit garan graves et urgens, et un précepte dangereux
tir. Ainsi, après avoir étudié avec attention la par ses conséquences que celui donné parquel-
pureté et la rigueur des formes d'un instru ques auteurs de mettre la plus rigoureuse éco
ment, après avoir reconnu les matériaux qui nomie dans l'acquisition des instrumens, sous
entrent dans sa construction, on s'assurera de le prétexte que c'est un capital qui dépérit
la bonne qualité de ceux-ci, surtout dans les très rapidement et ne peut se renouveler qu'au
pièces qui sont destinées à éprouver beaucoup moyen de nouveaux sacrifices.
de fatigue, des secousses violentes ou des Remarquons d'abord que les instrumens
chocs; on examinera avec attention leur mise perfectionnés et bien établis, comparés en par
en œuvre et surtout les moyens d'union des ticulier à ceux de même espèce mais d'une
pièces et les assemblages, et enfin les orne- construction moins parfaite, expédiant en gé
mens toujours superflus dont les construc néral plus de besogne que ceux-ci, n'ont pas
teurs décorent les instrumens souvent pour besoin d'être aussi nombreux, et, quoique
masquer certains vices de construction qui souvent- d'un prix plus élevé comparative
ne doivent pas échapper à un œil exercé. ment, ne sont pas, au résumé, plus onéreux
S'il s'agissait d'une machine plus impor pour le capital d'exploitation.
tante, telle que la machine qui sert à battre Rappelons ensuite que quand on substitue
le grain ou celles qu'on emploie dans divers les instrumens mis en action par les animaux
arts agricoles, il serait nécessaire de n'en faire au travail de l'homme, on est, il est vrai,
AGRICULTURE. 109* livraison. xomk IV. — 57
4M ADMINISTRATION RURALE. LIT. Tîl.
obligé de consacrer nn« somme plus considé terminer les causes qni accroissent ou dimi
rabl»* à l'acquisition des instrumens cl des nuent la quantité de tracail annuel sur les éta-
moteurs, mais ou diminue en même temps blissemens ruraux, tant pour les agens (p. 393)
dans une proportion bien plus grande les som que pour les moteurs (p. 4:12), nous avons vu
mes qu'il faudrait consacrer annuellement que les principales étaient l'étendue du fonds
aux travaux manuels, el il est certain qu'une à exploiter, la nature et la configuration du
comptabilité en règle démontre bientôt qu'il terrain, le climat, l'éloignemceit des pièces de
y a eu économie réelle sur les capitaux avancés terre, l'état des routes el chemins, le système
pour l'exploitation du tonds au bout d'un de culture et d'aménagement, le mode d'ad
certain espace de temps. ministration, le nombre et la durée des jour
D'un autre coté, nn mobilier superflu a ses nées de travail, la force, l'énergie el l'adresse
inconvenieus; il occasionne des avances de des travailleurs, la vigueur ou l'aptitude des
fonds plus considérables et charge inutile bêtes de trait, les travaux d'amélioration, etc.
ment la production des intérêts de ces avan Toutes ces causes agissent dans le même sens
ces; il occasionne des encombremeus qui, pour faire varier le nombre des outils, instru
dans les ferme» où l'espace renferme1 par les mens, machines ou ustensiles dont il convient
bâtimens est limité, causent des perles de de garnir un domaine, puisque c'est avec ces
temps, des lenteurs dans le travail ou des ac- objets que le travail est généralement exé
cidens. De plus, il n'est pas un cultivateur qui cuté De même que lorsqu'il s'agit des
ne sache qu'on ne parvient en agriculture à agens et des moteurs, plus les instrumens
faire économiquement un l>ou travail, qu'au sont propres aux services auxquels on les
tant que les agens ou les moteurs eux-mêmes applique, moins ils ont besoin d'être nom
ont acquis par un usage constant et prolongé breux.
l'habitude des instrumens; que, des qu'on Dans le mode le plus ordinaire, on déter
change très fréquemment c< ux-ci,ou devient mine d'abord le nombre des charrue» dont on
moins expert à conduire chacun d'eux el qu'on aura besoin pour les labours; puis on fixe en-
perd même un temps assez considérableu uiip suile, d'après celte donnée, le nombre pro
sorte de nouvel apprentissage qu'il faut faire portionnel des autres instrumens de culture
chaque fois qu'on change dinsl rumens el qui seront nécessaires. Dans d'antres occa
avant que le travail marche avec une parfaite sions on prend pour base le nombre des che
régularité. C'est en se basant sur ce fait d'ex vaux qui sont jugés utiles pour exéculer Ions
périence que A M)i;nso>, qui avait smiout en les travaux, et on établit, d'après la composi
vue les fermiers anglais qui assez souvent tion des attelages, le nombre des charrues en
garnissent leurs élablissemcus d'objets mobi comptant I charrue pour î, 4 on 6 chevaux;
liers nouveaux et trop multipliés, disait que puis proportionnellement celui des autres ob
des instrumens nombreux el qu'on emploie jets. Ainsi, je suppose qu'il s'agisse de con
rarement étaient pour le cultivateur une naître quels sont les insl rumens ordinaires de
source d'embarras et de mécomptes plutôt culture qu'il serait nécessaire d'acquérir pour
que de satisfaction. exploiter dans le système de la culture al
Celle observation s'adresse surtout aux jeu terne un domaine de 120 liect. de terres la
nes gens qui forment un établissement ou aux bourables placées en plaine, en sol de consis
propriétaires ïélés pour les progrès de l'agri tance plutôt comnacte (tue moyenne, donl les
culture, qui, animés du désir de mouler leur labours doivent être exécutés dans l'espace de
ferme avec tous les perfeclionnemens connus 40 jours, où les bâtimens sont situés au cen
dans le moment, nu d'épargner la main-d'œu tre de l'exploitation, les chemins en bon état,
vre, ou enfin de répandre la connaissance d'un les journées de 12 heures de travail effec
nouvel instrument qu'ils croient avoir un haut tif el les instrumens perfectionnés. Sur ce
degré d'utilité, s'empressent d'acquérir une domaine 8 chevaux de taille moyenne, bien
loule d'objets mobiliers superflus dont ils se dressés, travaillant avec 4 charmes, seront
servent rarement on dont ils sout obligés sou nécessaires pour exéculer ces labours dans le
vent d'abandonner l'usage. temps déterminé. En outre, ou aura besoin
Kn règle générale, on ne doit meubler une d'une charrue de rechange, au moins, en cas
ferme qu'avec les objets réellement nécessai de rupture, de délérioraltonoit d'accident ; en
res et ceux seulement dont ou peut faire un toul 5 charrues. Il faudra compter également
emploi utile et avantageux. sur 5 herses à 2 bêtes. Si on employait un ex-
lirpateur, il en faudrait également 5; mais
J II. — De» modes (li»eri pour iWlerminor la quantité dans ce cas, on n'aurait plus besoin que de î
ou le nombre des objets mobiliers charrues. Deux rouleaux suffiront poui les
4 attelages, et ! ou 2 houes à cheval, suivant
l'étendue des cultures sarclées. Quant aux
Nous n'essaierons pas de donner ici un in véhicules, il faudra 4 charrettes ou chariots
ventaire exact du mobilier d'un établissement à 2 chevaux pour les 8 animaux de trait, etc.
rural ; on comprend assez que les mod fica Un mode plus naturel pour connaître, lors
tions infinies qu'apportent dans ce service les de l'organisatiou d'un domaine, la manière
conditions essentiellement variables dans les dont on doit composer le mobilier consiste,
quelles chaque terme se trouve placée, ren après qu'on a arrête le système <b' culture et
draient cette nomenclature longue,incomplète d'aménagement qu'on devra suivre, h former
ou inutile; mais nous pouvons dire un mot sur le tableau de» travaux annuel» de culture. Ce
la manière dont il convient, dans chaque cas tableau étant dressé suivant les saisons,
particulier, de régler la quantité de ces objets on y relève ensuite séparément tons les tra
mobiliers. vaux de différente espèce, c'est-à-dire q «l'on
Lorsque nous nous sommes occupés de dé- fait uu relevé de tous les labours qu'où aura
cBap. 5'. PRIX DU SERVICE DES OBJETS MOBILIERS. 431
à exécuter dans l'année, aussi bien que celui néralement dans le prix du travail de ces ser
des hersages, routages et charrois, etc. vices; c'est ainsi que nous avons porté au prix
Prenant ensuite en considération la nature du service des attelages les frais qu'occasion
du terrain, la situation des bàlimens, la diffi nent les inslrumens avec lesquels les animaux
culté des travaux, la perfection dos inslru- travaillent, les ustensiles qui servent à leur
mens et la quantité de travail journalier que harnachement, leur pansement, leur nourri
peuvent fournir les ageusel les moteurs qn ou ture, etc.; il est doue fort essentiel de con
emploie, ainsi que l'espace de temps pendant naître ces frais pour déterminer le prix du
lequel ces travaux doivent être exécutés, on travail ou de la coopération des services actifs
détermine aisément par cette méthode le et pour faciliter la recherche des combinai
nombre des outils et des instrumeus qui se sons qui peuvent présenter l'économie la plus
ront nécessaires pour faire ces travaux, eu réelle et la plus avantageuse.
avant égard aux casualités, c'est-à-dire aux
circonstances où il faudrait achever ces tra Les frai» pour la jou'tsanre des objet! mobilier» se
vaux en un moindre temps et où lesaccidens couipo-cni de divers élémens dont voici l'éuuinéralion :
et les détériorations peuvent mettre un objet 1* Intérêts du prix (Tachai qu'on calcule à raison
hors de service pour quelque temps. On par de S ou 6 |<our o/u par an , suivait le taux de l'ar
vient ainsi à connaître la quantité des ob gent.
jets qui doivent composer les 2 première» ca »> Finis de re'pamtinns ei d'entretien. Ces frais des
tégories établiesau commencement de ce cha tinas à faire face au déjiérbseinenl annuel et au renou
pitre, et comme ils forment la partie princi vellement des objets mobiliers dép ndentde leur l>oune
pale du mobilier d'une ferme, uous essaierons ou de leur mauvaise construction, de leur nombre, de»
de donner un exemple de ce mode d'évalua matériau* qu'on y emploie, des diflKullés du travail ,
tion numérique à la suite du chapitre qui du soin qunn en prend, de l'habitent des agens, etc.
traitera des travaux. Dans une ferme bien tenue et pourvue d'un mobilier
Maintenant, comme dans le système de cul (onvenablc , ces frais, en supi-osaul les objets achetés
ture que nous supposons qu'où a adopté, ou urufs et en bon élal, peuvent s'élever de iS à .16 p o/o
peut calculer assez exactement le poids ou la du pris d'achat pour les charrue» , de 36 à 33 pour les
quantité des récoltes probables, il n'est pas hèr es a ilenls de Imi», et 10 à H pour celle» à dents
difficile alors de déterminer le nombre des de fer ; de 7 à 18 pour les rouleau», de 15 « 30 pour
objets de la 3, catégorie ou des machines qui le» il «Telles el chariot*; de 1 J i %g pour 1rs autre» ou
Seront nécessaires pour faire subir à ces den tils ou inslrumens; de 30 a 56 pour les objets de harna
rées récoltées un travail ou une transforma chement d'écurie el d'élalile, eic. Kn moyenne, et pour
tion quelconque, et, de même, il n'y a pas de tous les objet» mobilier», les divers auteurs varient
difficulté à mesurer la force recueillie, trans dans leurs estimation», de 15 à 6.N pour 0/11; on
mise ou consommée dont ou atira besoin. pcul adopter ïo p. 0/0 comme terme cénéral pour tous
Enfin, relativement à la 4' catégorie ou aux les |»av» el dans toutes le» cindistances . et pour ne
ustensiles, le nombre et le mode de harnache pas rester au-dessous de» besoins dan» celte évalua
ment des attelages détermineront les pièces tion.
qui composeront celte partie du mobilier, les 3° Frais pour le hqement de» objet» mobilier». Ce»
connaissances pratiques qu'on possède déjà, frais se calculent comme icai du même pe re pour le»
les usages du pays, l'aisance du fermier ser autre» services ; nous avons donné a la page 3 16 In m i«
viront ensuite pour établir la nomenclature de nière d'effet tuer ce ratent. Nous y renvoyons, en rap
tous les autres objets de celte catégorie qui pelant que les frais d'assurante des bàlimens *|>étiale-
appartiennent à un service quelconque. meul affecté» à cet emploi sont compris dan» celte éva
luation.
Section III. — Du prix du service des objets ♦ * Finis d'aswrance contre l'incendie qu'on ne peut
mobiliers. pas évaluer au-delà de l/l p. 0/0. attendu qu'en cas
d incendie, on parvient presque loujour» à sauver une
Les objets mobiliers étant pour la plupart à partie de» objet» mobilier*.
l'usage des autres services, les frais auxquels
leur jouissance donne lieu figurent le plus gé F. M.
TITRE QUATRIÈME.
La bonne administration d'un domaine a rale. Ensuite il faut «voir faire choix d'un
pour base une organisation forte et habile; système d'exploitation, de culture ou d'amé
mais une fois cette organisation établie, c'est nagement dans chacune des u verses bran
à la direction à s'emparer des divers services ches économiques dont se compose rétablis
qui ont été créés, à les mettre en activité et à sement; puis évaluer, mesurer, surveiller
leur imprimer un mouvement régulier, cons l'exécution de tous les travaux qui doivent s'y
tant et propre à assurer la bonne exécution faire, savoir établir les frais de production
et le succès de toutes les opérations. des denrées, connaître les lots écopomiques
Pour diriger un domaine rural, il est indis qui règlent la vente et l'achat de ces denrées,
pensable d'abord d'exercer une antorité, un et eulin coordonner et contrôler tous les dé
contrôle et une surveillance sur l'ensemble tails de cette administration par une bonne
des opérations et sur toutes les circonstances comptabilité. C'est à l'examen de ces divers
3 ai peuvent intervenir dans 1'admhiistratiou sujets que les chapitres qui suivent vont être
'un établissement rural ; c'est ce que uous consacrés.
désignerons sous le nom de direction géné
I
chai'. 1". DIRECTION ÉCONOMIQUE D'UN ÉTABLISSEMENT. 491
lopg-lcmps que colle dépense cuit compense bion au- de son imperfection ou de sa lenteur, afin d'apporter
delà |<ar la durée de* objets. Eolin cet mage commence dans cette partie du service tontes les modifications
à s'introduire en France, surtout pour les instruirons qui doivent en perfectionner les résultais.
perfectionnas qui, élant d'un prix plus élevé, ne sau Toute machine ou instrument qui n'a plus d'utilité
raient dire conservés avec trop de soin. directe, soit par suite d'un changement dans la mé
Dès qu'un instrument ne doit plus servir dans la thode ou les procédés de culture ou autres, soit par
saison, il faut le replacer dans les magasins et dans un les dommages que le temps et l'usage lui ont fait éprou
endroit on il ne géne pas pour le service. Colle rentrée ver, doit être mise à la réforme et vendue. En con
en magasin ne peut avoir lieu sans que cet instrument servant ces objets, ils perdent de plus en plus et avec
n'ait élé complètement nettoyé, puis séché, et enduit rapidité de leur valeur; on charge en outre le service
avec des huiles grasses s'il est en bois, et avec une sur le compte duquel ils figurent de sommes inutiles;
couche de peinture a l'huile s'il est en fer. Ainsi em enfin on perd l'intérêt d'un capital qui, quelque petit
magasiné dans un lieu sec, cet objet ne court aucun qu'on le suppose, pourrait fructifier avec avantage pour
risque de détérioration, et peut être ainsi conservé rétablissement.
pendant long-temps en bon état. Un cultivateur éclairé, Les frais d'entretien du service du mobilier ont déjà
actif et intelligent tiendra toujours beaucoup à avoir donné lieu de notre part à quelques considérations,
des instrumens propres et en bon ordre. auxquelles nous renvoyons (voy. p. 4SI); ce qu'il est
Certains instrumens ou machines qui sont d'un important seulement de rappeler, c'est qu'une admi
usage journalier demandent à être constamment en nistration établie sur de bons pi incipes diminue consi
bon état. Il en est de même de la pompe à incendie, dérablement ces frais, tandis qu'une administration
qui ne sert que très rarement et qui doit toujours être négligente peut les faire monter à un chiffre véritable
prête 4 fonctionner. ment ruineux pournn établissement.
La surveillance de l'administrateur ne se borne pas Quant à la durée des objets du mobilier, elle est
au bon entretien de ses instrumens, il les suit encore aussi variable que ces objets eux-mêmes, et, quoiqu'on
dans les champs, les examine et les étudie pendant le ait cherché à dresser des tables de la durée présumable
temps du travail. de tous les outils, instrumens, machines ou ustensile*
Le* instrumens perfectionnés, légers et délicats ne qui entrent dans le mobilier d'une ferme, les nombres
peuvent être confiés qu'à des serviteurs intelligens et donnés ne sont guère que des observations locales qui
soigneur, qui apprennent promptement à en faire ne peuvent être appliquées généralement, même i
usage, qui savent alors les ménager, les entretenir avec des établissemens également bien gérés et adminis
soin et qui en augmentent ainsi beaucoup la durée. Les trés.
aides ou manouvriers grossiers, ignorans ou malhabiles
les détrairaient promptement par les chocs ou les ef $ II. — Du capital de roulement et des objets qui
forts auxquels ils les exposeraient. L'instrument d'a le composent.
griculture le plus parfait dans les mains d'un mauvais
ouvrier ne donne d'ailleurs qu'un travail médiocre et t°Du capital de roulement en général.
est en outre exposé i beaucoup plus de chances d'ava
ries qu'un instrument grossier mieux adapté à la rusti Le capital de roulement dans une ferme, éprouvant
cité de celui qui le fait fonctionner. par suite de sa destination même un mouvement con
Tout instrument ne doit être extrait des magasins tinuel et des transfonnalions multipliées, doit plus que
et transporté sur le lieu du travail que lorsque cela est tout autre être exposé à des chances de perles et d'ava
nécessaire et que les circonstances sontfavorables. Il ries. Ces pertes, si l'oeil de l'administrateur ne les suit]
est en effet inutile de l'exposer sans raison à des chan pas constamment avec la plus vigilante sollicitude à Ira- '
ces d'avarie et de destruction ou à être dérobé par des vers ses changemens de forme divers, peuvent devenir
malfaiteurs. D'ailleurs, des instrumens mis en activité quelquefois considérables, et mettre souvent un entre
dans des momens opportuns, non-seulement donnent preneur hors d'élat de continuer ses travaux ou l'obli
un travail plus régulier et plus expéditif, mais en outre ger, pour faire honneur à sesengagemens, d'entamer son
éprouvent moins de causes de détérioration. capital foncier ou son capital fixe d'exploitation.
Pendant le temps que les instrumens fonctionnent, Il ne suffit pas de veiller i la conservation de son ca
l'administrateur doit, dans ses visites aux champs, les pital de roulement; un administrateur habile doil cher
observer avec la plus grande attention. Si le mode cher en outre tous les moyens de l'accroître annuelle
d'application de la puissance n'est pas conforme aux ment, parce que tout accroissement dans ce capital
règles de la mécanique, si on n'attelle à ces inst. unions fournil à l'agriculteur des moyens plus étendus d'action
que des bêles indociles ou un nombre d'animaux in ou tourne à l'augmentation du capital foncier, au bien-
suffisant pour faire marcher le travail avec aisance et être et à la prospérité de la famille et de l'établisse
régularité, si les attelages sont confiés à des mains in ment.
habiles, les instrumens éprouvent alors une fatigue Il est d'autant plus important de veiller i la conser
considérable ou des secousses violentes dues aux efforts vation du capital de roulement que c'est sur lui que
saccadés des moteurs qui en brisent les pièces et les pèsent toutes les charges de rétablissement, que c'est
mettent en peu de temps hors de service. Pour ména lui qui est chargé de desservir les intérêts de tous les
ger les instrumens, il faut donc un bon mode d'attelage, autres capitaux, qui pourvoit â leur entretien et qui
une force suffisante pour les mettre en action, dea ani récompense tous les services industriels. Aussi lorsque
maux bien dressés et des serviteurs iuteiligens. le capital éprouve des pertes, les autres capitaux ne
Nous ne reviendrons pas ici sur les conditions que peuvent plus recevoir le prix de leur coopération dan*
doivent remplir les instrumens d'agriculture pour don les opérations agricoles, les divers services se détério
ner un travail expéditif et de bonne qualité, on peut rent faute d'entretien , l'industrie des agens ou du
consulter à ce sujet ce que nous avons dit au chapi maître ne reçoit plus fa récompense à laquelle elle a
tre V du titre III, page 445; mais un administrateur, droit, et l'activité qui doit régner sur un établissement
jaloux de conduire habilement son établissement, ne se ralentit peu à peu et Gnit par s'éteindre.
peut, en aucune occasion et sous aucun prétexte, négli La conservation du capital de roulement est, comme
ger d'étudier avec la plus scrupuleuse attention la na nous venons de le dire, une chose qui doit sans cesse pré
ture du travail qu'exécutent ses attelages cl les causes occuper l'administrateur. Il ne peutjamais la perdre de
492 ADMINISTRA ION RURALE. uv. vil
vue dans ses opération* ou spéculations quelconques, et rigoureusement aux recettes les plus probables, et ne
ii doit la chercher jusque dans les moindres détails de pas grossir cette partie du compte de créances douteuses
son entreprise. Celte conservation repose en grande ou de recettes trop éventuelles; car il est de l'intérêt
partie sur ses connaissances théoriques et pratiques, son de l'administrateur, et il y va même de son honneur, que
habileté à conduire ses opérations, sa prudence à se toutes les sommes qui figurent aux dépenses et qui la
couvrir des risques que courent ses capitaux, son in plupart du temps sont exigibles avant que les recettes
telligence et son infatigable activité. A cette impor annuelles aient été opérées entièrement soient acquit
tante matière viennent se rattacher toutes les questions tées avec la plus scrupuleuse exactitude. Apporter de la
d'administration et de pratique qui constituent l'exploi négligence ou des retards à s'acquitter de ses engage-
tation d'un domaine; en un mot, la coniervalionelïac mens, nuit nécessairement au crédit de l'administrateur
croissement annuel du capital de roulement doit e'tre et donne à penser à ceux dont il a loué les services per
l'unique tendance et le but constant de toute entre sonnels ou dont il a réclamé la confiance que c'est un
prise agricole. homme sans habileté administrative ou sans probité,
On peut dissiper son capital de roulement de tant qu'il y a des chances hasardeuses à courir avec lui,
de manières diverses que nous n'oserions pas tenter chances qui doivent être couvertes par une prime dé
d'eu faire une énuméralion même imparfaite. Ainsi, un guisée sous la forme d'accroissement de salaire ou d'aug
entrepreneur qui l'ait exécuter des travaux qui ne sont mentation de prix, et qui retombe toujours à la charge
pas productifs d'utilité ou à contre-saison , celui qui de l'administrateur négligent ou imprévoyant.
paie des travaux i un prix plus élevé que leur valeur Il est en outre nécessaire de se rappeler que, malgré
courante ou réelle, ou qui emploie un modedispendieux qu'on cherche par l'assurance à se mettre à l'abri des
de travail , dissipe son capital de roulement. Il en est grands fléaux, il est, dans une machine aussi compliquée
de même de ceux qui laissent chômer leurs agens ou qu'un établissement rural, une foule de causes secon
leurs attelages, ou qui par négligence perdent une por daires de perles et d'avaries qu'avec la plus grande sur
tion ou la totalité de leurs récoltes , ou laissent gas veillance et une extrême prudence il n'est pas toujours
piller des matières premières; de ceux qui achètent sans possible de prévenir et d'éviter, et qu'on doit chercher
discernement, et àdes prix ruineux, ou qui permettent à couvrir par des sommes facultatives mises ainsi en
l'introduction d'abus graves qui dévorent en pure perte réserve pour faire face aux cas imprévus.
une portion du capital de roulement, tel qu'un nombre Un bon principe économique qui règle surtout l'em
superflu de serviteurs ou d'animaux de travail , des ha ploi du capital de roulement dans 1 industrie manufac
bitudes de paresse parmi les agens, ou enfin qui ne turière et commerciale, c'est que ce capitaine doit chô
répriment pas le luxe inutile qui s'introduit dans leur merjamais, el que lesavances qu'il fatldoivent parcourir
ménage, etc. avec la plus grande rapidité toutes les phases de la pro
Le capital de roulement étant destiné à alimenter duction .Cecapital en effet, occupé moins longtemps dans
tous les services organisés, il importe beaucoup qu'il chaque opération, sert à eo faire dans un même temps un
soit distribué entre eux proportionnellement à leurs plus grand nombre; chaque opération productive se
besoins. Celle répartition, si on ne veut pas s'exposer trouve alors chargée de moins de frais, el quelle que
à faire languir un service aux dépens des autres, doit soit l'exiguïté des bénéfices, leur répétition el leur ac
être faite à l'avance et au commencement de chaque an cumulation finissent pardonner des profits raisonnables.
née agricole. Malheureusement il n'est pas au pouvoir de l'agri
Pour opérer cette répartition , on dresse avant la fin culteur de répéter plusieurs fois dans le cours de l'an
de l'année un budget, ou bilan provisoire et général née ses opérations productives; mais il peut distribuer
de toutes les dépenses qui seront nécessaires pour mettre ses travaux , ses dépenses et ses receltes de telle façon
en activité chaque service en particulier ou pour dé que son capital reste le moins possible dehors , et entre
penses générales et de toutes les recettes sur lesquelles prendre certaines spéculations ou même adopter <1<I
on est en droit de compter terme moyen dans le cours systèmes d'exploitation et de culture propres a lui pro
de l'année. Dans ce budget on fait d'abord figurer toutes curer celte répétition si désirablede bénéfices.
ses dettes passives *, on y ajoute pour chaque service un On a conseillé, avec beaucoup de raison, d'établir la
état des frais pour intérêts de capitaux , entretien, re série des opérations agricoles de telle façon qu'on
nouvellement , améliorations ou assurance ou pour sa puisse compter sur des recettes au moment des dé
laires, et ou y joint tous les frais généraux qui ne pèsent penses et qu'on puisse payer celles-ci au comptant.
sur aucun service en particulier. On fait de même, en C'est en effet un inconvénient fâcheux d'être obligé
suite pour toutes les dettes actives, pour les récoltes d'ajourner des travaux urgent faute d'argent pour les
en magasin ou en espérance, en évaluant approximati payer, ou d'avoir recours au crédit.
vement les récoltes qu'on recueillera dans l'année ou « Acheter à crédit du travail ou des objets matériels,
les bénéfices qu'on pourra espérer des spéculations qu'on dit M. Sat, c'est consommer son capital de circulation
entreprendra. Cela fait, on rapproche les deux résultats i l'avance , et sans être certain qu'on ne dépassera pas
et s'ils ne coïncident pas, on modifie celui des dépenses les bornes qu'on doit se prescrire. 11 convient même
en faisant porter également sur tous les services ou d'avoir toujours de l'argent en réserve pour les besoins
sur les services les moins importans, ou qui ont le imprévus; car l'expérience nous apprend que les dé
moins besoin d'améliorations et de secours, l'excès de penses vont souvent au-delà de ce qu'on avait présumé,
celles-ci sur les recettes, afin d'arriver a une balance el quand on n'est pas en mesured'acquiller sur-le-champ
exacte entre les deux sommes. une dépense devenue nécessaire, la considération per
Dans le cours de l'aunée et suivant les besoins du sonnelle en souffre toujours un peu. Les rentrées cou
service , on est souvent obligé d'apporter des modifica rantes non-seulement doivent pourvoir aux consomma
tions aux chiffres arrêtés ; mais on doit s'efforcer au tions courantes, mais réparer les pertes future*. »
tant que possible à ce que ces changemens soient renfer Un administrateur vigilant doit s'attacher i suppri
més dans des limites peu étendues , afin de porter moins mer certaines petites dépenses qui fatiguent inutile
le confusion dans ce bilan que l'administrateur doit ment le capital de roulement, ou au moins les circons
avoir constamment sous les yeux, et qui doit lui servir crire dans les plus étroites limites ; telles sont, entre
de régulateur toutes les fois qu'il s'agit de matières fi autres, les habitudes de hanter les cabarets ou les cafés
nancières. les jours de marché ou de réunion, etc Ces dépcn«es,
Dans l'établisssementde ce budget, il fauts'en tenir si elles étaient additionnées au bout Je 1 amcc.ijionne
chap. i". DIRECTION ÉCONOMIQ rE D'UN ÉTABLISSEMENT. 40S
raient certainement par leur chiffre l'administrateur i
même le plus insouciant 2° Des objets qui composent le capital de roule-
De même on doit se tenir en garde contre toute dé ment.
pense qu'on ne fait que par occasion ou par caprice et
suivre le conseil de Franklin qui pense que parmi le Jetons maintenant un coup d'œil sur les principaux
grand nombre de gens qui se rendent dans une vente objets qui représentent le capital de roulement de l'en
publique beaucoup se laissent tenter par des objets dont trepreneur: ces objets sont les récoltes , les semences ,
le besoin ne s'est jamais fait sentir 4 eu*. « Vous ve les fumiers, divers objets d'approvisionnement et l'ar
nez, leur dit-il, dans l'espoir d'avoir des marchandises gent comptant.
à bon compte, mais ce qui n'est pa« nécessaire est tou !" Les récoltes, une fois détachées de la terre qui
jours cher. J'ai vu quantité de personnes ruinées 4 les portait deviennent d'après la loi, des objets mobi
force d'avoir fait des bons marchés Ceux quiachètent liers: sous ce nouvel état, la sollicitude de l'entrepre
le superflu finissent par vendre le nécessaire. • neur doit les suivre dans tous les mouvemens qu'elles
Cette économie, dans le maniement du capital de vont éprouver pour les préserver des différentes chances
roulement, qui doit être regardée commeunedes condi d'avaries auxquelles elles seront exposées.
tions les plus indispensables de la bonne administra Nous n'avons rien à ajouter à ce qui a été dit dans
tion de toute entreprise industrielle, n'est pas égale les chap. XI et XII du t. Ier sur les précautions 4
ment bien comprise par tout le monde et il est utile ici prendre pour effectuer les récoltes , sur leur transport
de déterminer avec M. de Dombasle ce qu'on entend et les moyens les plus usités pour leur conservation;
par économie. « Dans la vie privée , dit-il , (< ) l'écono mais il ne suffit pas que ces récoltes aient été mois
mie consiste 4 ne pas dépenser plus que son revenu ou sonnées 4 l'état le plus convenable de maturité et en
même 4 dépenser moins; il n'en est pis ainsi dans les temps opportun, avec les soins nécessaires et en pré
spéculations industrielles où les dépenses ont pour but sence de l'entrepreneur et de ses agens les plus fidèles
la création d'autres valeurs. L'administrateur est aussi et les plus intelligens , qu'on leur ait préparé des ma
homme privé, et sous ce rapport, c'est-4-dire, 4 l'égard gasins où elles soient 4 l'abri des injures dis saisons,
des dépenses relatives 4 ses besoins ou à ses jouissances, il faut, de plus, les préserver d'une foule de détériora-
l'économie est entièrement la même chose que pour un lions qui tendent sans cesse 4 en diminuer la valeur ou
individu qui ne fait pas d'affaires. Mais le défaut d'é la quantité.
conomie dans ce genre de dépenses est bien plus fu Pour procéder avec ordre dans cette matière, il con
neste pour lui parce que, dans les produits de son in vient d'abord de jauger les récoltes, c'est-4-dire de
dustrie, son revenu se trouve confondu avec les valeurs déterminer leur volume, ou si on le peut leur poids, au
qui représentent les frais de production ; en sorte que moment de l'emmagasinage; puis sur les registres de
s'il ne tient pas une comptabilité très sévère qui classe la comptabilité de leur ouvrir un compte où on men
avec précision le revenu , les profits et les frais de pro tionne les prélévemens successifs qui sont faits sur la
duction, il court le risque de diminuer son capital par masse, en tenant compte de la diminution de volume
des dépenses qu'il croit prendre sur son revenu ou ses ou de poids que plusieurs d'entre elles éprouvent avec
profits, peut-être au moment même où son entreprise le temps. Par exemple, on calcule que, terme moyen
ne lui offre que de la perte. Quant aux dépenses rela- +00 liv. d'herbe de prairie se réduisent 4 100 liv. lors
tivesàla spéculation, c'esl-4 -dire celles qui ont pour but qu'elles sont converties en foin au moment où on les
la production , l'économie ne consiste pas 4 dépenser le met en meules ; au bout d'environ un mois , la chaleur
moins possible, mais 4 atteindre un but donné avec le produite par la fermentation abaisse ce poids 4 95, qui,
moins de dépenses. Il faut atteindre ce but; par suivant Middletoti, se réduit pendant le cours de l'hi
exemp'e exécuter telle opération que je suppose profi ver 4 peu près 4 90. Depuis le milieu de mars jusqu'à
table en elle-même; celui-là ne sera pas le meilleur septembre, les opérations du'bottelage, du chargement
économe qui manquera le but en restreignant trop la sur les voitures et du transport sur les marchés, exposent
dépense , mais celui-là qui parviendra 4 l'atteindre aux encore le foin à l'action de l'air et du soleil, de manière
moindres frais. En réduisant les dépenses agricoles 4 qu'il ne pèse plusque 80, au moment où 4 cette époque
ces limites, une exploitation présente encore presque il est livré4 l'acheteur (î). Au moyen de ce compte, on
toujours un vaste champ 4 des dépenses profitables et vérifie successivement les récoltes consommées, ven
par conséquent économiques; mais celui-là manquerait dues ou en magasin ; ou constate les pertes provenant
encore 4 l'économie qui se livrerait 4 la dépense même de causes quelconques ; on contrôle la fidélité des agens,
la plus profitable si elle excède les ressources que lui et on fait peser sur qui de droit la responsabilité.
offre son capital , ou s'il 'est forcé d'y employer des Les mesures administratives à prendre pour la con
sommes qui seraient réclamées par d'autres opérations servation des récoltes sont : 1° Vassurance contre Cin-
plus indispensables, n cendie, qui met 4 l'abri d'une des chances les plus rui
En terminant ce que nous avons 4 dire sur lecapi. neuses qui puissent affecter l'agriculture; V la sur
tal du roulement envisagé en général, nous rappellerons veillance active, qui prévient les déprédations ou les
que l'administrateur exerçant dans l'établissement un constate, qui reconnaît les causes d'avarie et les arrête
pouvoir sans contrôle en matière de finances , il peut dans leur cours. L'assurance indemnise, il est vrai, en
plus facilement exercer une surveillance active sur partie de la perte des bàlimens et des récoltes, mais
cette partie de sa fortune mobilière ; mais cette surveil l'incendie est un fléau qui porte toujours la perturbation
lance , qu'il l'exerce par lui-même ou qu'il la délègue , dans le roulement des opérations d'un établissement,
exige pour rendre palpable aux yeux toute la série îles qui parfois dévore beaucoup d'autres choses qui ne
opérations agricoles et les différentes chances qu'elles sont pas assurées ou qui ne sont pis l'objet des contrats
ont eues 4 éprouver, qu'une comptabilité régulière vien ordinaires d'assurance et donne lieu souvent 4 des pro
ne y porter la lumière. Cette matière étant de la plus cès longs et dispendieux. Ce contrat ne doit donc pas
haute importance , nous nous réservons de la traiter inspirer au cultivateur une sécurité aveugle ni assez
avec détail 4 la tin de ce titre. de confiance pour lui faire négliger toutes les mesures
Toute opération agricole se résout en défi mais beaucoup de ces documens ne doivent
nitive en travaux exécutés par 1rs hommes être adoptés qu'avec circonspection, attendu
ou les animaux, ou par le concours de ces 2 3ue ce sont plutôt des maxima obtenus dans
sortes d'ageus, et les frais qu'elle occasionne es concours que des résultais moyens, se
dans le prix du travail des uns et des autres rapprochant de ceux qu'on obtient le plus
pendant toute la période du temps qu'on met communément dans la pratique. L'Allemagne
à l'exécuter. est très riche en matériaux de ce genre, et
Un administrateur, qui veut mettre de l'or un très grand nombre d'agronomes de ce
dre dans ses opérations et qui cherche à se pays se sont appliqués avec persévérance à
rendre un compte exact, soit à l'avance, soit rechercher par expérience la mesure exacte
après le travail, de la manière dont elles ont et commune du travail journalier des agens
été conduites et exécutées, doit nécessaire agricoles animés. Nous nous proposons de
ment avoir une commune mesure au moyen de mettre à profil les travaux qui ont été publiés
laquelle il puisse apprécier la quantité de tra sur ce sujet dans ces deux derniers pays,
vail fait dans un temps donne et déterminer dans les tableaux succincts que nous allons
si cette quantité correspond à celle qu'on présenter pour les principaux travaux de cul
doit attendre dans les circonstances où il est ture. Les nombres qu'on trouvera dans les
placé des homMies et des animaux, c'est-à- sections suivantes sont ceux auxquels on doit
dire s'il a fait à la fois l'emploi le plus écono atteindre dans un établissementbien organisé,
mique et Î3 plus rationnel du travail de ses et où tout est dirigé suivant les meilleurs
agens et de ses moteurs. principes, et dans une série d'opérations qui
Nous avons déjà parlé des causes locales et se succèdent sans interruption dans le cours
indépendantes qui peuvent faire varier là quan d'une année agricole; seulement nous devons
tité de travail des hommes et des animaux, et faire remarquer que certains travaux, dans di
des élémens qui servent à sa mesure économi vers pays, ne sont pas toujours confiés aux in
que (p. 432). Il ne nous reste plus qu'à dé dividus du même sexe, et que tantôt on y ap
terminer la quantité absolue que peuvent plique des hommes et tantôt des femmes, ce
fournir en moyenne les agens animés pendant qui peut faire varier les nombres suivant les.
une certaine période de temps, période que usages des localités.
nous fixerons également, en moyenne, dans ce
qui va suivre, a une journée de travail de 10 Section 1™. — Travaux pour la fumure des
heures, à moins que nous n'avertissions du champs.
contraire. 1» Chargement du fumier. Ce travail peut être
On ne connaît qu'imparfaitement laquantité exécuté par des hommes et des femmes. SuivantMariK,
moyenne et absolue de' travail journalier des un homme peut charger en une journée de travail 8 chars
hommes et des animaux, eu France, dans les de fumier de I mèl. 40 cent, cube chacun (40 pi. cubes),
travaux de l'agriculture, et nous n'avons à ou en (oui 1 1 mèl. cub. (310 pi. cubes), ou eu supposant
cet égard que des données isolées; d'ailleurs, que le mètre cube de fumier normal pèse 730 kilog.
l'agriculture, sur la majeure partie de notre (38 kilog. le pi. cube), environ RO quintaux métri
territoire, a fait si peu de progrès, et bn y est ques de fumier chargé par jour. — M. Schmalz porte
si peu soucieux d'y rechercher comment on ce chargement jusqu'à 14,8 met. cubes (430 pi. cub.),
parvient à économiser le temps; que les nom on à 1 08 ou 106 quint, mét. par jour. — M. KntissiG a
bres qu'on a pu ainsi recueillir ne peuvent observé que 4 personnes àdultes chargeaient par heure
être que d'une faible utilité pour un établis 4 chars de fumier de l mèt. 4Q cent, cube chacun, ce
sement organisé d'après les meilleurs princi qui fait, en une journée de travail de 10 heures, 86 mèl.
pes économiques. En Angleterre, on possède cub. (l,800 pi. cub), ou pour chaque personne et par
un assez graud nombre de documens pré jour, 14 mèt. cub. (400 pi. cub.), c'est à-dire 103 quint,
cieux sur cette matière qui se rattache si es mét. de fumier normal. — M. Blocs, porte aussi ce
sentiellement à la pratique de l'agriculture; même travail à 103 quint, mét.
568 ADMINISTRATION RURALË. Liv. vu.
3» Transport àufumier aux champs. M. Schmalz Voyons maintenant, comme exemple, d'après ces do-
admet que 4 bons chevaux de forte taille transportent cames» , combien il faudrait de journées de travail
dans les champs, à unedistance moyenne, 10 à 13 chars d'homme, de femme et d'animaux pour charger et con
île fumier de tm,So cube (43 pi. cub.) chacun, et ceux duire, i unedistance moyenne de 1,500 mètres des bâ-
de petite taille, de 1 met. seulement (39 pi. cub.). timens d'exploitation en pays de plaine surdes ebareà 3
— M. Kheissig pense que pour une distance moyen chevaux, décharger et épandre 50 mèt. cube* (environ
ne on peut admettre qu'un attelage de 4 chevaux peut 1,500 pi. cub.), ou à peu près 365 à 370 quint, de fu
transporter 15 chars de fumier dans les champs en mier normal dans les champs.
10 heures de travail, en chargeant également 1°>,80
cube iou 1 1 quint, met. ) pour les forts chevaux, et 1 mèt.
(7 quint.) pour les petits. II ajoute qu'en hiver, lors JOURNÉES
qu'on transporte le fumier sur des traîneaux, s forts s1
chevaux suffisent pour un chargement de )"\S0 cube et ta o
Groa. relits. S•
2 petits pour un chargement de t met. cube. En
moyenne, dit-il, on peut admettre qu'en un jour 1° Chargement. • . ••
Un fort cheval transporte 6 mèt. cub. (l 80 pi, cub.) 1° Tranaport. . 10 ■ ■ 5 a f » «.7» ■
ou 44 quint, met. 3* Déchargement ■ a ■
Un petit cheval transporte S™, 70 («07 pi. cub.) ou 4° Epandage. . ■ • ■
3 7 quint, met. Total, pour So 10 ■ 15 a M* M»
En supposant que la moitié de la charge au moins est
transportée par traîneau.
Voici maintenant les résultats présentés à ce sujet Section II. — Travaux de labourage.
par Al. Block.
Si on suppose qu'en moyenne un cheval de taille or « L'étendue de terre labourée dans un jour, dit
dinaire, dans les jours longs et courts de l'année, attelé Sikclair, doit varier selon la qualité du sol, la largeur
à un char, parcourt 30 kilom. ( 7 lieues de 3,300 de la bande de terre qu'on prend à chaque raie, la
toises), moitié chargé et moitié à vide, et qu'il y ait des profondeur du labour, la longueur du champ, la saison
chars de rechange, tant dans les cours de chargement du de l'année où le labour est exécuté. Dans un sol moyen,
fumier qu'aux lieux de déchargement, auxquels on at et qui n'est pas trop durci par la sécheresse, une paire
telle les animaux aussitôt qu'ils arrivent pour ne pas les de chevaux peut labourer 40 ares dans une journée de
laisser à rien faire pendant ces opérations, et que la 9 heures de travail, divisée en 3 attelées; une lon
charge pour un char attelé de 3 chevaux soit de lm,3S gueur de 300 mèt. sur une largeur de 30 nièL forme
cub. ou 9 quint, met., voici pour différentes distances cette étendue. Cette largeur fait 86 sillons de 34 cen-
le nombre de chars de fumier normal, de mètres ou pieds tim. (9 po.) de largeur chacun ; de sorte que les che
cubesou de quintaux qui seront transportésaux champs: vaux, en prenant une bande de terre de cette largeur,
parcourent une longueur de 17 kilomèt. 300 mèt, sans
compter les tournées. Si on suppose que les tournées
FUMIER TRANSPORTÉ font 1/10 en sus, les chevaux parcourent un peu moins
de 10 kilomèt. Cette quantité d'ouvrage est assez pour
DISTANCE A PARCOURIR. ■ 3 chevaux; cependant, 19 kilomèt. en 9 heures sup
posent un pas fort lent. Dans un sol meuble, plat et
bien ressuyé, une bonne paire de chevaux laboure 48
ares dans sa journée, 36 ares dans un sol argileux et
souvent pas au-delà de 33 ares. Dans les 3e et S* la
Pour une dût. d« i i 3oo mit. du bali ■7.7» bours, pour les turneps (sols légers), en été ou au
mena d'ex printemps, ils peuvent faire 64 ares, et dans quelques
ploitation.
■Mo ■t.» )3S,6o sols très faciles jusqu'à 80 ares. En Norfolk, la journée
n.7« ii,SI 108,75 ordinaire de travail est de 40 i 60 ares. Dans cecoro-
Ideai. 1.S03 Idtn. B»So ll.Si 85,5. lé, les chevaux marchent généralement à raison de s
idem, iiVae, S ■ 10 ■ 7» ■
idem, l.Soo tétm. S,so 8, 60 6l . kilomèt. i l'heure environ, et le tirage est si léger que
idem, 1,100 Une. 6,oC 7,55 54,Jo
idem,
idée,.
1,400
1.700
Uam. Mo
Une. 4»fo 1,11 48,80 les animaux le sentent i peine. Pour labourer 60 ares,
u> avec des sillons de 34 centimèt. (9 po.)de largeur, les
8,000 M* 5,So 4* > chevaux parcourent une longueur de près de 37 kilo
mèt. (6 l/3 lieues de 3,300 toises), et avec an sillon
de 31,66 centimèt. (8 po.) de largeur, environ 30 ki
En prenant la moitié de ces nombres on aura le tra lomèt. (7 lieues). La longueur des sillons influe beau
vail journalier d'un cheval de taille moyenne dans ces coup aussi sur la quantité de travail qu'on peut exécu
diverses circonstances. ter dans une journée. Il parait d'après les expériences,
Quand les chemins sont en mauvais état ou dans lea que, lorsque les sillons n'ont que 70 mèt. de long,
pays de montagnes où l'on est obligé de moins charger et (36 toises), les tournées font perdre 4 heures 39 min.
où les attelages vont plus lentement, il faut compter sur dans une journée de 8 heures; tandis que, lorsque les
1 /3 de moins de travail. sillons ont une longueur de 343 mèt. (134 toises), l<s
3° Déchargement dufumier. Un homme aux champs tournées ne prennent que 1 heure 19 min. Dans la
décharge en une journée de 10 heures de travail 40 a 43 partie du Norfolk où le sol est argileux, on ne laboure
mèt. cub. de fumier (1,200 pi. cub.), ou 390 à 310 qu'environ 40 ares par jour. *
quint, mét. En formant 3 divisions dans les terrains, suivant
4° Epandage dufumier. Une femme, en 10 heures leur cohésion, c'est-à-dire en les partageant en terre»
de travail, répand dans les champs 14 mèt. cub. (envi fortes, moyennes cl légères, ou bien d'après le tableau
ron 400 pi. cub.) de fumier ou 100 et quelques quin de la page 340, en parlageanl les labours en labours
taux (Kanssic). — Une femme répand dans le même forts, moyens et légers. M. Kreissic donne le tableau
temps, en fumure normale, du fumier sur 30 à 30 ares suivant du travail des hommes et de; animaux pour le
(Block), labour d'un hectare.
r.HAP. 3". TRAVAUX DE HERSAGE. 509
Section III. — Travauxdc hersage ou èmottage
lonatxs T>i TlifUL à la herte.
parb «tare
L'étendue de terrain qu'on herse dans une journée
varie suivant la qualité et l'étal physique du sol, la vi
■ • ■» tesse des chevaux, la nature et la construction de la
d'i om JB•V —S herse, la méthode de hersage et le mode d'attelage des
"3 ^ animaux. En Ecosse, un homme et une paire de che
(a) Sol compacte , labourfort. vaux font 4 hect. par jour, lorsqu'on ne donne qu'un
1° • caecaux dm fortt faille labourent en seul trait, et seulement la moitié lorsqu'on donne 3
moyenne dans Ici jours longs et courts So ares traits. En Norfolk, dans les terrains en pente, on est
de terrain
1* s ekivaua a** rallia marmite, nourris l'été en i 4 dans l'usage de faire aller les chevaux au pas en mon
' vert ou au pâturage, labourent dans les mê tant et de redescendre au trot; on herse ainsi 5 hect.
|o* s hmifi a*a laillt marmite, nourris au palu- * g environ par jour. En attachant ensemble plusieurs her
, rage el qui travaillent tans interruption, la ses, on fait a proportion plus d'ouvrage (Sinclair).
bourant dansées eireoosUooes so ares. . . . i 10 Dans les sols légers on peut n'employerqu'une seule
(A) Sol moyen ou labour moyen, béte de trait au hersage. En supposant un seul her
c'est-à-direS<!el3e labours des ter sage en sol moyen, on peut herser de i l/s hect. à
re» forte», et l'r dea terres de co 3 1/3 hect. par jour avec 3 chevaux, et I i/4 i I 3/*
hésion moyenne. d'hect. avec 3 bœufs. Si le terrain exige 3 et 3 traits,
la surface hersée se réduit a moitié ou au tiers de celle
>« a eberaus de taille moyenne qui plturenl , 1,66 1,13 indiquée (Pabst).
s i Dans les terrains légers de la Campine un bon che
3* a breufs de ptturage, s5 ares., 4 S val, dans une attelée de 3 heures, herse <3t ares, ou
(c) Sol léger ou labour léger, c'est- S hect. 50 ares en s attelées, et 3 hect. 76 ares en une
à-dire 9« et 3e labours en sol journée de 9 heures de travail effectif (Schwerz).
mojen et labours des sols légers. Un cheval herse (en sol moyen) 3 hect. en une
journée de travail de 8 heures (Dohbasle, III , 408 ).
1° s chevaux de forte Uille, 7i ares. 1,33 i.M En conservant la division adoptée plushaut, NI .Kreis-
s* s chevaux de taille moyenne, 6o ares. . . . 1,6(3 3,33 sic divise les hersages en forts , moyens et légers , et
3* s beeuf, de pâturage, 4o ares. i.fio t | dresse le tableau suivant des journées d'hommes et
d'animaux pour le hersage d'un hectare dans différons
Beyait estime qu'an cheval exerce dans le labour systèmes d'attelages et des sols divers.
une force de tirage de SB à 60 kilogr., en sol léger, de
60 à 63 dans un loam de consistance moyenne, de 66
à 67 dans les terres fortes et de 75 i 78 dans les terres
fortes, caillouteuses ou pierreuses.
En Belgique, dans les labours ordinaires en sol de
cohésion moyenne, les chevaux, qui font ordinairement
S attelées , labourent en billons 33 ares dans cha
cune on 65 à 66 ares dans leur journée de travail ; de
manière qu'on compte qu'un attelage de 3 chevaux la
boure en S jours un bunder (i31 ares) de terrain Hersage fort ou des sols argileux et
(SCHWEBZ). compactes, particulièrement quand ils
En adoptant la classification des terrains en sols sont desséchés.
compactes moyens et légers, M. Block présente le ta Ie Deux forts chevaux ne peuvent travailler, au
bleau suivant de la quantité de travail que peut faire moyeu- 1d'une herse pesante, au-delà de laS ares par
chevaux exigent un homme pour les con-
un atlelagcde * bons chevaux, dans les travaux de la i,r,o
bourage, en une journée de longueur moyenne, quand reçoivent ° Dc'ix chevaux moyens, qui pâturent l'été ou
lu champ est à proximité des bàtimens ruraux. une nourriture verte, travaillant avec des
hante légères, ne hersent guère que 7a ares ; 4 che
vaux exigent un homme 1,66
SURF ACE EN ARES t. Hersage moyen ou des sols compactes
uaooais osas vit sol après les 3" et 3e labours, et des sols
moyens après le i"'; ici les herses sont
moins pesantes.
léger. moyen. compacte. i D Drus forts chevaux herseut en un jour 3 bret. ;
s chevaux
sB Deuxexigent
chevauxun moyens,
conducteur.au régime indiqué ci-
Labour de jachère 6s 56 M dessus, hersent iBoares; i chevaux ont besoin d'un
38 3a a» conducteur.
Labour de sainaille. . . . 90 8s 63 c. Hersage léger, ou des sols moyens
38 3s «0 après le 9e labour et des sols légers
après le i"; herses légères attelées
Il calcule ensuite que pour chaque distance de 300 d'une seule béle de forte taille.
met. (ISO toises environ) des bàtimens d'exploitation, I ■ Deux forts chevaux bersent 3 hect. et exigent un
l'attelage laboure environ s ares à 3 ares 50 cent, de conducteur • Deux chevaux moyens, attelés ensemble, hersent o,ls3
moins dans chaque espèce de terrain que les nombres 3 hect. 75 arcs; i exigent un conducteur
portés dans le tableau précédent. Ainsi, dans le labour
de jachère, et lorsque la distance où il faut que se ren
dent les attelages est de 1,800 mèt., la quantité de Dans ces sortes de travaux M. Block. n'admet que
terrain labourée en un jour n'est plus que de 50 ares 3 distinctions : les hersages légers el les hersages forts;
pour les sols légers, de 14 pour les moyens et de 30 à c'est d'après cette base qu'il établit le tableau suivant
31 pour 1rs sols compactes. du travail journalier d'un cheval dans divers systèmes
510 ADMINISTRATION RURALE. trv. vu.
de hersages, et lorsque le champ à herser est à proxi »o Travaux de moiston et de récolte.
mité des batimens d'exploitation. a. Fauchaison. Froment ou seigle d'hiver non cou
ché ; un homme fauche communément 60 à 76 ares
parjour.
SUHFACE HERSÉE î b. Orge, avoine et froment de printemps , dans les
n atm. mêmes circonstances, 70 a 80 ares par jour.
c. Pois, féverolles, 88 à 30 ares par jour.
Hermage Henage d. FaucUlageiet céréales; un homme ou une femme,
lejtr. fort ternie moyen, 30 à 38 ares par jour. . . .
e. Javelage des céréales ; une femme met ainsi en
javelles, par jour, 3 hect. . . « . -
i* Un «nul trait 5i»,5o l5o a 1 f. Engerbage des céréales ; un homme dépose dan»
i° Peut Irait*. ■ ■ to • la corde de paille, lie 'la gerbe, dispose en moyes ou
S* Trou traits. . loi • 8S,i5 meulons la récolle de 80 i 60 ares.
4° Quatre traita. 78,11 6a.»o
(• Cinq traita. 01,1a fto 1 g. Chargement des gerbes sur les chars; un homme
6° Sil traita. . Si,08 il,60 charge de 1000 à 1400 gerbes, du poids de 7 à 0 kilog.,
par jour. .... t i
Pour chaque distance de 300 met. (150 taises envi- uneh.personne, Déchargement et engrangeaient. Eu moyenne,
ron) des bâtiment d'exploitation, cette quantité de tra engrange 400 nhomme ou femme, décharge en un jour et
800 gerbesdu poids moyen de 7a • kilog.
vail diminue ensuite, savoir : i. Récolte des pommes de terre. Quand elles spnt dé
Cn Irait 10 «Ma Quatre traita. . a.So are». terrées à la charrue et que l'hectare produit 400 à 350
Deut traita. .... a tjinq traita. . . ■a hectol., une femme en récolte de 6 I 7 hectol. par jour
Troia traita. .... »,55 Six traita. . . 1,66
ou le produit de 3 ares. Un enfant de 10 a 11 ans ea
Section IV. — Travaux de roulage ou émot- récolte un tiers de moins. Quand la récolte, est moindre,
tage au rouleau. les travailleurs fournissent moins de travail. Pour char
ger, décharger, emmagasiner les poti.mesde terre, on
La quantité de travail fait au rouleau dépend de la compte une journée d'homme par 30 a 40 hectol. de
cohésion du sol , du poids et de la longueur de l'instru tubercules.
ment, du nombre et de la vitesse îles animaux, de la k. La récolte îles clioux , des raves, d s navets, des
construction du rouleau ét de la direction dans laquelle betteraves est difdcile à évaluer; le travail dépend de
on donne ct'tle façon. la nature du terrain. En moyenne, une personne, homme
On calcule qu'un cheval de taille moyenne peut rouler ou femme, peut récoller le produit de 3 ares.
de 300 à 300 ares par jour et un bœuf 180 i 178 Relativement au transport des récoltes, nous crevons
( Pabst j. devoir ajouter ce qui suit :
Un rouleau pesant attelé d'un cheval, en supposant Le travail qu'on exécute en ce genre dépend dn
que chaque trait recouvre une petite partie du trait nombre de voilures dont on peut disposer. Pour des
précédent et en ayant égard au temps perdu dans les champs qui sont peu éloignés, il faut 8 chars pour S
tournées, peut rouler environ 440 ares de terrain par attelages; pour ceux plus éloignés, ou bien quand le
jour ( StKCLAlB. ). chargement dans les champs peu distans se fait avec
En Belgique , dans les sols légers, on roule dans une beaucoup de célérité, 3 voitures pour a attelage. —- Le
attelée de 3 heures 13t ares de terrain, ou 4 hect. en nombre des chargeurs se détermine par celui des atte
une journée de travail effectif de 9 heures, en 3 atte lages et la distance i parcourir; quand celle-ci n'est que
lées (Schwerz). de 1 kilom.. on doit faire en sorte qu'il y ait, sur 3 voi
Le roulage qui s'opère au moyen d'un seul cheval, tures, une en chargement et une en route. Au-delà de l
lorsque le rouleau est de pesanteur moyenne et n'a que kilom., il faut 3 voitures, dont une toujours en charge.
de 8 à 7 pi.de longueur, peut marcher, suivant M.Hlock — Le nombre des déchargeurs se règle suivant la dis|«-
dans toute espèce de terrain , au taux de 6 hed. par silion des granges et le nombre des voilures de transport.
jour, quantité de travail qui diminue de 10 ares pour Il faut, pour décharger une voiture, I ou 3 personnes,
chaque distance de 300 met. des batimens de la ferme, suivant l'habitude; dans la grange, 1 calvanier pour ran
et par conséquent se réduit, pour une distance de ger, et de 10 en 10 pi. l personne pour passer les
3,000 met., à 4 hect. par jour. gerbes.
Pour chaque rouleau il faut un conducteur. La charge qu'une béle de trait en bon état et de taille
moyenne peut transporter dépend surtout de la nature
Section V. — Travaux d'ensemencement et de des chemins. Pour le transport du foin, dit M. PaosT,
récolte des produits des terres arables. on admet qu'un attelage peut transporter, par tête d'a
nimal, quand il est composé :
Voici , suivant M. Bt.ocx, les résultats qu'on obtient D'une seule béle, — 4 i 600 kilog.
le plus communément dans ces sortes de labeurs du tra Ue deux bétes, — 300 à 800
vail journalier des hommes, des femmes ou des enfans. De quatre bétes, — 380 à 400
4° Semaille, repiquage et plantation. Pour les autres récoltes on peut charger l/B'ensus.
a. Froment, seigle, orge, avoine, pois, féverolles Cela pose, le nombre des voyages qu'on peut fait e en
et graine de lin : un semeur exercé sème par jour de l jour dépend de la distance et de la composition de
300 à 380 ares. l'attelage.
b. Semences plus légères de colza , millet , trèfle et Au-dessous de 1000 mèt. (i/ide lieue environ), les
autres, de 400 à 460 ares. chevaux peuvent faire 11 à 13 voyages et les boeufs
c. Choux, raves, navets, betteraves, etc.; un homme 9 à 10 . . •
nu une femme peut repiquer 8 à 7 ares par jour. A 1000 mètres , les chevaux 10 voyages , et les
et. Pommes de terre ; une femme peut planter dans bœufs 8.
les siTlons so à 30 ares par jour, non compris l'arra Au-delà de 1000 mèt. etjusqna 3000 mèt. (s/4 de
chement du plan; un enfant de 10 à 13 ans 1/3 de lieue), les chevaux 6 à 9, les bœufs 4 à 7.
moin*. On suppose, dans cette estimation, qu'on a des véhi
CHAP. 3*. TRAVAUX DE RECOLTE. 611
cules de rechange, c'est-à-dire qu'on charge les uns ceuxDans les pays où les routes sont mauvaises, ou dans
pendant que les bêlas de trait font mouvoir les autres. moins,quiet sont les
montagneux , on est obligé de charger
attelages vont plus lentement ; on fait
Eu opérant ainsi, et quand les pièces de terre sont plus
rapprochées de la ferme, on peut encore faire davantage aussi environ l/3 moins de besogne*
Voyons maiiiienanl avec M. Kbkissig comment on
de besogne, surtout à l'époque de la moisson, où lea peut établir le calcul des journées de travail d'homme,
jours sont longs et où les travaux de transport peuvent de
être prolongés. Quand on ne commence à transporter vauxfemme et de bète de trait, nécessaires pour les tra
d'ensemencement et de récolte d'un hectare de
les mo'ssons qu'au milieu du jour, on ne fait au plus
que 3/4 de l'ouvrage précédent.* - •■ terrain.
Dn auteur allemand a donné le tableau suivant du travaux Dana un établissement quelconque, la quantité des
poids des récoltes qu'on peut transporter. Selon lui, de la surface, dece genre dépend non-seulement de l'étendue
pour un attelage de 4, chevaux ou 4 bons .bœufs, on récolter. En se mais en outre de la masse des produits à
reportant au tableau de la page 340. on
doit charger en récoltes de bonne qualité et sur des verra que , sons ce rapport, on peut distinguer 9 cas,
roules passables, savoir : savoir : ceux où il s'agît de travaux sur les terrains des
19 900 kilogr. en perbe» de froment. 3 i classes dans chaque division el ceux où il s'agit de
900 — 4> teigne. travaux sur les S dernières classes. Voici actuellement,
1,100 — d'orge. pour les uns et les autres, le tableau des travaux à exé
\t i i.Sov — d'avoine,
la i 1 ,000 — dr léeuraineuaea. cuter pour 1 hect. de terrain.
Pom-i>ei de terre, maïs, betterwea t 1 DE
14 600 kilogr. de grain, fionaeot ou mata. 1,, Sur les soles à grains.
600 — eeigle.
600 — grainea
760 — ère»,
9 1 1,100 — avoine. JOCItWBBS II T «Avili.
per beeta re
Un autre auteur établit que 'a charge de 1 chevaux
agricoles sur des routes dans un état médiocre d'entre
tien est de 8 i 10 quint, mét, et de 13 k 1S pour 4 Récolte pesante de céréales ou tra
ehevaux; que ce chargement peut être de beaucoup aug vaux sur les 3 premières classes
menté sur les chaussées en bon état et peut aller aisé de terres.
ment jusqu'à 10 quint, par léteda cheval, tandis qu'il
peut s'abaisser jusqu'à s quint, parléte snr les routes Un •emeur, dana une journée moyenne,
en mauvais état ou qui offrent de graws obstacles. sème 35o are» de terrain ; pour un bec»
tart 0,aS
Suivant lui, la plus grande distance à laquelle on puisse On faucheur habile fauche en moyenne Co
envoyer un attelage en un juur pour aller et revenir est ■rte de céréales d'hiver, 36 de poli , 85
d'orge et d'avoine { en moyenne f-o are» 1,Co
90 lutom. (B liaues environ). A une distance de 13 à La mite en feerbe eiige une femme pour 60
15 kilom., il faut également une journée, mais on pour are». . ■
mtte!«f et retourner en cai d'acci
peut charger davantage. dents une femme pour 5o are». . . .
A Roville, les chariot* construits sur le modèle de Enrain» admettant qu'en moyenne dans les ter
de celle cUme le poids du (Train et
ceux qu'on emploie dans la Franche-Comté sont légers rie la paille s'élève i 80 quint, met- el que
et peuvent recevoir à volonté des échelles à foin, des sur chaque chor à 4 chevaux ou charge 10
échelles à fumier ou des tombereaux longs en sapin. quint., il y aura ainsi 8 voyagea pour le
transport dta récoltes : et en supposant
Ces tombereaux contiennent environ 9 hect. de pom que l attelage puisse faire par jour iode
mes de terre, ce qui fait la charge d'un cheval. En gé ces voyages, on aura pour un hectare . .
Pour la rentrée des récottes : aux champ*,
néral, ces chariots se chargent d'un mille (600 kilogr ) une personne pour charger la voiture et
de foin ou d'un poids égal de gerbes,' lorsque le» che une pour ratifier , à la ferme, une pour
décharger et cinq1 pour engranger: en lotit
mins sont beaux ou charge 1200 à 1800 livres (6 à 8 personnes, dont l homme et 7 femmes
7 i/l quint.) de racines. Sur les routes, on donne tou qui peuvent rentrer ainsi la récolte de aôo
jours cette charge à un cheval de (aille moyenne.
Pour le transport des récoltes, M. Blocs donne le ta
bleau suivant des voyages qu'on peut faire en un jour .Total pour d'un l'ensemencement et la récolta
hectare 3,10
de 10 heures de travail, en supposant qu'un attelage de
3 chevaux transporte 9 quint, mét. de récoltes, et que Récolte lég 're de céréales ou tra
iecharretier ne prend aucune part au chargement qui se vaux sur les a dernières classes
fait par d'autres travailleurs et sur des chars de re de terres.
change. Ensemencement comme cî-deasui. . •
L* récolte étant moins épaisse un faucheur 0,18
peut « en moyenne, couper 76 ares. , . .
TRANSPORTS Engerbiigr : par ta même raison une femme
peut mettre en gerbe 76 ares par jour.
Rattriage et retouruage
Récolte moyenne : 40 quint, mét. eu paille
DISTANCE A PiECOURlR. et grain.
i Du ailclsgede i chevaux chargeant loquint-
el faiiiant 10 voyages, eidera ainsi a el
dettti hect.
Chargement, .-attelage et engrangement ; I,S0 •Mo
S personnel, dont un homme et 7 femmes
[la. Pour une diatance de i i Soo met. dea eom'rn'e ct-tJéMua, qui engrangeront la ré
loitatioo.
bltimenv d'exploîl l4.3o colte de h hect . . . . Mo
■S. iàam do i à Soo lé.m. 11,10 100
goo idtai, 8,io II
idem, I aoo iifim, 7.70 70 Total pour Pensernencernent et la récolte. 4,00
tfem. t$no tètm. 6. Go 6o
id»m. 1800 itftim. 54
rarm- sioo /tf«m. IM kl
Héo idêm. 4.?! 43 Les difficultés qu'on éprouve souvent par suite du
»7oo («Vue . i.9o i9
ôooo idtm. 4 3* clima de l'humidité atmosphérique, ou des circonstan
ces locales, peuvent faire varier la quantité de travail
612 ADMINISTRATION RURALE. LIV. Vif.
des femmes, ci-dessus donnée, de i/iO* de la
totalité. Les nombres précédens ne peuvent servir que î DE TRAVAIL1!
quand on ne retourne qu'une seule fois les récoltes pour
les faire sécher.
2° Sur les soles fourragères.
1 ° Fauchaison etfanage.
JOUfiNEÉS Un homme faucha en un jour 66 ■ 76 ara,
H ruTalL en moyenne 70 •.ta
pu hectare, Fanage ; ce travail dépend de rélat de la
récolte et de celui de l'aunoeplièro ; on eup-
poie qu'en tempe opportun une femme peut 1, in
faner 4o ares. 1, So
Récolle pesante de fourrages sur les deui Mile en meulona 1 une femme pour 66 area.
lrc> classes de terres. Toril, 1" recolle.. 4 •
Un faucheur exercé fauche eu moyeune 60 arei Ie récolte. 1 a * a
de fourrages verti en un jour. îo Transport dufoin.
Une femme fana par jour 1 beet. 1 ©elle opération
étant répétée 2 foi*. ... Un ebar à 4 ebevaui, dana ce travail, ne
Une femme met en meulons sa arei . . * . charge que 8 quint, mét. de foin pour ne pal
Récolte moyenne, 80 quint. : un ebar à & chevaui détériorer la prairie; en luppoaant lel biti-
riurgcant 10 «juint. et faisant 10 Tojuges, vide par meni à une diatanoe moyeuoe de 1,000 inèL
(.{largement et engrangement, comme pourlei cé- dea prairiei, il peut faire 10 ravagea par jour
et transporter So quint, ou le produit pour
une coupe dea lurfacel luiventee en prairie!
de diveraei daasea (t. p. 343). lavoir :
Totil pour la récolle d'un hectare 3, ao i, so rnilBIll BiMES. rllraïae aiuiui
1" cime. 1S0 area. 1" claiae. 100 area.
Récolte légère de fourrages sur les 3 !'.... ISO »•.... ato
dernières classes de terre. S'. . . . ito S". . . . 4oo
4'. . . . JSo »•.... 660
Un faucheur exercé fauche Go arts. I• Eu luppoaant une prairie baiee qui ait
Pour sécher et retourner comme ct-dcuui. . . . «,66 fourni par hectare, en 1 coupea, 46 quiut.,
Mi f in mruloni ce eara pour le traoaport du foin en journée!
Kn supposant que la récolte moyenne a'élère, en d'hommes et d'animanx
»yant égard à la ruatte des oljrti rér-oltés (pommes
de lcrrc*i radota, etc.), a 110 quint, par hectare, 3° Emmagasinage.
un at'.elagc de 6 rhrtaux, eu 10 toyoges de lo quint, En moyenne 7 peraonnea, doot un
'inqu-, peut rider M area par jour 4, 8o a, m I sii femmei, chargent, déchargent et em
Chargement, déchargement, emmagasinage de U ! O, 10 magasinent par jour 1 60 quint, met. de foin ;
récolte, comme pour le> céréales de cm rlassei. . . pour 43 quint. 1. ?o
TuriL pour 1a recolle d'un hectare. Totil par hectare pour la récolta d'une
prairie à 1 coupe! a, (a) 4.J0 11, So
1 " * FRAIS l
Bâtiment d'habitation.
fr. c. fr. c. fr. e. fr. c. fr. 0.
ISO • iS 6> il l» 1S 61 ito Sg Frais généraux ou personnel.
»s ■ »'» i 45 S )S m 71 Penwunel.
] Bâtimens oTexploitation.
Il Ecurie, tellerie, magasin a foin tt at-oino. . «S » Il 90 8 ■ 11 90 1&9 80 Attelles.
• il ■ 19 io So iS s9i 60 Betesde rente ou production animale.
liS > :i 9° 8 » Il 90 ï59 80 Uim.
iMagaliu à racine! fourragères. . . • . • t» • t * 8 lo > ' ISO 14) Utm.
■ Ua'terir. ebantrre a Seur-e el fromage. . »• ■ 114 60
îS8 «oi° * 7e IHm.
13 lio 181 So Personnel et attelages.
J Hangar*. Mlle» aux initrumer» et oulila. . iS6 ■ a io
UGrapaxa, arbitra,-aire «t machine iitailre. ■So • ■S It 17 5o 16 15 34g 8° Fonda ou production vrgrtato.
flGretuen, chambres à grain, ele }|o t |l If 7 *• 11 15 149 80 ,idw».
l,6oo ■ iSo ■ 100 1 ISo • I.OOO B
Ainsi, par exemple, je suppose que l'établissement lo Pour ses intérêts qui vont grossir le prix de la
en question entretienne 10 chevaui de travail; leur jouissance des services auxquels il fait des avances. C'est
logement et ce'ui des objets a leur usage coûtera par ainsi que leprixdu travail des serviteurs agricoles se
an 189 fr. SO c. à l'entrepreneur; plus, 182 fr. 30c. trouve grevé comme nous l'avons vu à la page 400 ,
pour le logement des instrumens avec lesquels ils Ira- des intérêts de toutes les sommes avancées pour nourri
vaillent : en tout, 341 fr. 1 0 c. ; c'est-à-dire que leture, salaire, logement, entretien , etc. Ces intérêts sont
prix du travail de chaque cheval est grevé annuelle à un taux plus ou moins élevé, suivantqueles capitaux
ment de 34 fr to c, savoir: 18 fr. 98 c. pour le lo appartiennent en propre à l'entrepreneur, ou qu'il a été
gement de l'animal , et 18 fr. 93 c. pour celui des ins obligé de les emprunter i des conditions qui varient
trumens à son usage. De même, la production animale suivant les pays , et par les causes que nous avons in
tloit supporter une charge de 391 fr. 80 c. pour loyer diquées plus haut en nous occupant du profit des capi
desétables; de 189 fr. 80 c. pour magasina paille et taux.
fourrages; de KO fr. 10 c. pour caves à racines; de ï° Pourlesfrais etassurance contre lagrêle etTin-
1 14 fr. 60 c. pour laiterie, et de 60 fr. pour logement
cendie , pendant tout le tempstque ce capital est sous
des agens du personnel préposés à ce service ; en forme de récoltes qui peuvent être détruites par ces
tout, '836 fr. ÏO c. qui, répartis entre 7î tètes de gros
fléaux.
bétail qu'on suppose réunies sur le domaine , mettent 3° Pour prime contre les faillites , banqueroutes ,
à la charge de chacune d'elles pour logement une somme retards de paiement qu'on peut évaluer à i/4 p. 0/0 du
de il fr. 80 c capital de roulement.
B. Le capital fixe ou engagé d'exploitation figure
$ II. — Service des capitaux. dans les frais de proJuction :
i* Pour «es intérêts aux mêmes conditions que celui
Le prix du service des capitaux varie suivant qu'ils de roulement.
appartiennent au capital de roulement, ou au capital *° Pour les frais de son entretien et ses réparations,
fixe ou engagé. qni peuvent s'élever jusqu'à 36 et 30 p. 0/0 par an,
A. Le capital de roulement entre dans les frais de suivant l'espèce et la nature des objets mobiliers péris
production. sables qui le représentent. Nous avoua cherché A éva
flâo ADMINISTRATION RURALÉ. i.iv. vu.
locr pour chacun Je ceux-ci le chiffre de cet entretien de frais de production. Il en sera de même si , par une
lorsque noua avons , dans le titre II , traité de l'orga administration sage et habile, on diminue les déchets,
nisation des divers services. les rebuts, les avaries, les vols, etc.; si on fait choix de
2" Pour lesfrais d'assurance contre l'incendie, et travailleurs plus laborieux et plus actifs et inlelligens;
contre les épizoolies ou les maladies contagieuses qui si on réduit au strict nécessaire les capitaux fixés dans
attaquent les animaux; frais cui varient suivant les cir- des objets qui ne sont productifs que d'agrément , tels
que meubles somptueux , habillemens recherchés; si on
établit une rigoureuse économie dans lea dépense* du
§ III. Services des industriels. ménage, etc.
D'un autre côté, si , tout en dépensant une mime
Les services des industriels dans les entreprises agri valeur en services industriels, ou pour les mêmes frais
coles accroissent la masse des frais de production de toute de production , on parvient à créer une plus grande
la somme qui représente les proBts auxquels ils ont droit quantité de produits d'une même valeur que précédem
pour leur coopération ; or , en nous occupant de l'or ment, ou des produits d'une plus haute valeur, on aura
ganisation du service du personnel dans le titre III, et encore produit plus avantageusement, puisqu'on don
des profits industriels dans le présent chapitre, nous nera moins pour obtenir plus, ce qui est une meilleure
sommes entrés dans des détails assez étendus pour éva affaire et un marché plus profitable. C'est ainsi qu'on
luer et calculer cette portion des frais de production ; peut considérer comme un progrès qui équivaut à une
ce qui nous dispense de revenir sur ce sujet. diminution de frais de production la suppression des
jachères , l'adoption d'un bon système d'assolement ,
§ IV. — Principes économiques applicables aux frais l'éducation des races fécondes et productives de bes
de production. tiaux, l'amélioration et l'accroissement successif de la
fertilité du sol, qui donne alors des récoltes plus abon
Dans tout établissement agricole, de même que dans dantes qui ne coûtent pas plus de travail, etc.
toutes les autres entreprises industrielles, il faut, pour Tous les efforts d'un entrepreneur doivent donc ten
prospérer, que les produits créés aient une valeurégale dre sans cesse, par tous les moyens que lui suggèrent
à leursfrais de production. En effet, si la valeur de ses connaissances , sa capacité et sa pratique, et les
ces produits ne couvre pas les frais qu'ils ont coûté, il progrès des arts agricoles, à diminuer sesfrais depro
y a un service productif qui n'a pas reçu sa récom- duction , soit en faisant une économie sur le prix des
services productifs, soit, avec la même quantité de ser
Par exemple, l'entrepreneur, par l'influence des cir vice et les mêmes frais, en obtenant des produits' plot
constances ou par son inexpérience , peut ne pas être abondans et d'une plus haute valeur.
indemnisé de ses soins, ou bien les capitaux qu'il a C'est l'entrepreneur qui profite d'abord de la dimi
avancés ne lui rapporter aucun intérêt. Dans tous les nution dam les frais de production qu'il parvient à
cas, comme c'est lui qui a conçu la pensée de l'entre obtenir, soit par des bénéfices plus considérables , mit
prise et qui l'a dirigée a ses risques et périls, c'est aussi par un écoulement plus prompt et plus assuré de ses
le plus communément lui qui coure toutes les chances produits.
de la production ; ses bénéfices s'accroissent ou dimi Si cette diminution est due i une méthode perfec
nuent suivant les circonstances ou le degré d'habileté tionnée, à un instrument plus parfait, à un mode ad
avec lequel il a conduit ses opérations. ministratif mieux entendu , toutes choses qui peuveot
Quand un produit paie très largement ses frais de avoir des imitateurs, la concurrence, comme nous l'avons
production, c'est-à-dire, dans le cas qui nous occupe, déjà dit, ne tarde pas à ramener les bénéfices au prix
lorsque les bénéfices que recueille un agriculteur de la courant dans le pays. Mais si cette diminution est en
création de ce produit s'élèvent au-dessus de ceux que tièrement due aux qualités personnelles de l'entrepre
donnent communément les autres produits , les autres neur; si elle réside dans sa sagacité , dans ses vastes
producteurs ne tardent pas à s'en emparer et à rame connaissances et son expérience consommée; si elle est
ner par la concurrence les bénéfices qu'il procure au due à une habileté peu commune pour juger par le tact
taux moyen des autres productions du pays. et la vue des qualités du bétail , à une aptitude toute
Le prix courant des bénéfices qu'on peut faire sur particulière pour l'achat et la vente des animaux, à
chaque produit varie néanmoins dans des limites assez une activité extrême et toute personnelle à l'individu,
étendues, dans chaque canton et dans chaque établisse il est clair alors que l'entrepreneur peut espérer jouir
ment. Dans ce dernier cas, nous savons déjà que le taux long-temps de l'accroissement de bénéfices qu'il se pro
du fermage, celui de l'intérêt descapitaux, la capacité in cure ainsi par la diminution de ses frais de production.
dustrielle de l'entrepreneur sont les causes qui déter Le calcul desfrais de production est indispensable
minent les variations les plus sensibles dans ce prix. à établir toutes les fois qu'on a créé un produit et qu'on
Souvent la concurrence ou l'engouementdes agricul veut le porter sur le marché, afin de comparer les prix
teurs pour un produit peuvent être tels que son prix qu'on en offre aux frais qu'il a coûtés, ou pour s'assurer
courant descende au-dessous de sesfrais de produc de la réalité et de l'étendue des profits que donne une
tion. C'est à l'administrateur habile à prévoir ce con opération agricole quelconque. Ce calcul suppose d'abord
cours, à se mettre en garde contre ces dépréciations de une connaissance parfaite de tous les élément qui doi
prix, et à diriger sur des produits d'une vente plus vent y figurer, et que nous venons de faire connaître,
ferme et plus soutenue ses efforts et ses capitaux. et ensuite une comptabilité très régulière où l'on puisse
On fait faire un progrès à l'industrie agricole toutes puiser ces élémens avec facilité et avec la certitude qu'ils
les fois que, par un moyen quelconque, on parvient à ont toute l'exactitude nécessaire pour qu'on puisse
diminuer lesfrais de production. compter sur les résultats rigoureux des calculs. Nous
Si, tout en obtenant une même quantité deproduits donnerons quelques exemples de ces calculs dans l'ar
et des produits de même qualité^ on parvient à suppri ticle qui traitera de la comptabilité et qui terminera
mer, je suppose, eu tout ou en partie, l'usage d'un ce titre.
service, à obtenir des conditions plus favorables dans
l'emploi des agens ou des moteurs, à tirer un meilleur
parti du concours d'un service quelconque , etc., il est
clair ou'on aura créé une valeur é-'alc mais avec moins
CHAT. 4". DUS VINTES ET ACHATS. Ml
créés qui ne peuvent être consommés par le maître, 'es
serviteurs, les bêtes de trait ou de rente, ou les fabriques
Section III. — Des ventes et achats. industrielles, il devient indispensable de proposer ce
surplus à d'autres consommateurs. Or, on ne peut
5 I". —i Des principes des ventes et achats. abandonner à ceux-ci la jouissance ou l'usage de ces
produits que s'ils contentent à donner en échange un
Un agriculteur qui produit pour son propre compte autre produit qui convienne A l'entrepreneur. C'est cet
n'est pas seulement un entrepreneur d'industrie , échange de prodoits qu'on nomme vente et achat.
c'est encore un marchand de denrées agricoles, qui Un produit n'a de valeur échangeable qu'autant
souvent ne se contente pas de vendre ses propres den qu'il a de C'utilité'aux yeux de celui qui vent 1 acquérir ;
rées, mais spécule en outre sur les denrées créées par l'échange sert donc à constater la valeur d'utilité des
d'autres et cherche ainsi à réaliser des bénéfice» choses. Pour comparer et évaluer l'utilité des choses
en dehors de la production par des combinaisons plus on se sert ordinairement d'un certain nombre de pièces
ou moins heureuses suivant sa sagacité et son intelli de monnaie, parce que la monnaie est un produit
gence. dont la valeur, c'est à dire la quantité de chose qu'un
L'agriculteur doit donc, indépendamment deses con nombre déterminé de pièces de monnaie peut acquérir,
naissances dans l'industrie qu'il exerce, avoir l'habileté étantgénéralement connue, parait sous ce rapport émi-
du négociant et l'expérience du marchand ; et, à ces di nement propre a ces sortes d'évaluations.
vers titres , il importe que celui qui administre un do La valeur etéchange des choses est de sa nature
maine connaisse les phénomènes sociaux qui se mani perpétuellement variable; elle change avec les lieux ou
festent dans la vente et l'achat des produits de toute d'un moment à l'autre, et rien ne peut la fixer définiti
espèce. vement parce qu'elle est fondée sur des besoins et sur
La vente des produitsdudomaine est une des fonc des moyens de production qui peuvent varier i chaque
tions dévolues à l'administrateur. C'est la conclusion instant, et suivant des circonstances infiniment multi
de toutes les opérations agricoles , celle qui complète pliées.
le cercle de la production, démontre si on a conduit Une des causes principales qni tendent surfont à
avec habileté ces opérations , révèle souvent les vices faire varier la valeur des produits dans une localité,
d'une méthode ou d'un mode d'administration, fait ren c'est laJacilitédes débouchés, ou moyens d'effectuer l'é
trer annuellement le capital de roulement augmenté change réciproque des produits créés. Les débouchés
des bénéfices industriels de l'entrepreneur, et constate sont d'autant plus vastes , plus faciles et plus variés
enfin d'une manière préremptoire l'étendue de ces bé que les producteurs dans un pays sont plus nombreux,
néfices. Mais il ne faut pas échouer au port, et, après plus actifs, plus riches, et les objets échangeables plus
avoir conduit toutes ses opérations avec prudence et sa variés; que la civilisation fait éprouver a la population
gacité, perdre par négligence ou par l'ignorance des pre des besoins qu'elle est par son industrie en état de sa
miers principes du commerce les fruitsde son travail et tisfaire; que les objets sont prodoits à moins de frais ;
de son industrie. La vente des produits d'un domaine que les moyens de transports y sont plus étendus , plus
est donc une opération dans laquelle on ne saurait variés , plus surs et moins dispendieux; que des me
apporter trop de sagacité, de prudence et d'activité. sures administratives n'y entravent pas la production,
Témoins des chutes multipliées et des revers qui ont la libre circulation , et la consommation des pro
été la conséquence de spéculations entreprises par des duits, etc.
fermiers, beaucoup d'agronomes ont fait observer que
l'agriculteurprudent ne devraitjamais sefaire spécu $ II. — Du prix courant et des marchés.
lateur en denrées agricoles ; que les chances dans
ce genre d'industrie, qui en réalité est en dehors de l'a La quantité de monnaie pour laquelle on trouve
griculture proprement dite , étaient trop incertaines et communément à acheter ou vendre un produit quel
trop variables pour ne pas porter la perturbation dans un conque constitue son prix courant. Le prix courant
établissement ; que les risques qu'on court, comme toutes d'une marchandise suppose toujours, dans les transac
Ieschosesqui présentent quelque apparence aléatoire ou tions du commerce, une quantité fixe de cette mar
d'un jeu, finissent par dominer l'esprit de celui qui s'y chandise et une qualité déterminée. A insi, quand on
abandonne; que, dans cet état, un agriculteur tout en dit que le froment était, en février 1838, A «8 fr. sur
tier adonné au soin de ses spéculations ne pouvait le marché de Paris, cela signifie qu'un hect. de fro
plus apporter la même activité ni la même attention à ment de V* qualité s'échangeait contre cette somme à
l'exploitation de son domaine ; enfin , qu'il devenait cette époque à la halle aux blés de Paris.
plutôt un marchand de denrées qu'un agriculteur. Ces Le prix originaire d'un produit est d'abord basé sur
observations nous paraissent exactes, et nous pensons les frais de production, et, quand ces frais de pro
aussi qu'un administrateur prudent se bornera simple duction ont déterminé le taux le plus bas auquel la
ment à spéculer sur les produits qu'il a créé» lui-même; création de ce produit peut être entreprise et poursui
cette sorte de spéculation offre déjà des chances asseï vie avantageusement, ce taux, combiné avec l'utilité
multipliées tans les grossir par des achats et des ventes propre du produit ainsi qu'avec le nombre, la richesse,
sur des produits autres que ceux du domaine, et sans les besoins des consommateurs, détermine la quantité
s'exposer aux innombrables mécomptes que présentent de ce produit que le public demande et par conséquent
les prix courans et les mercuriales, et la solvabilité ou la quantité qu'on peut créer avec profit.
la mauvaise foi des autres spéculateurs. C'est bien assez Quand un produit est cher, c'est-à-dire quand il ne
d'ailleurs que toutes les opérations de l'agriculture ne peut être créé qu'avec de gros frais de production, U
■oient, pour ainsi dire, qu'une sorte de spéculation , où demande qu'on en fait est moindre, puisqu'il n'y a
on achète des services productifs qu'on paie les uns en qu'un nombre limité de consommateurs qui peuvent le
argent et les antres en nourriture, en entretien , en lo payer, et réciproquement lorsque, par des moyens per
gement , et en soins divers ; car toute opération agricole fectionnés de production, les produits baissent deprix,
n'est, en définitive, qu'une spéculation dont tout le se leur consommation s'accroît dans une proportion bien
cret est de donner le moins pour recevoir le plus. plus rapide que la diminution des prix.
Puisque dans la plupart des établi»semens agricoles Plus un produit est demandé, plus les service*
il y a toujours une quantité considérable de produits qu'on consomme pour sa production deviennent d'à-
AGRICULTURE 114' livraison. TOME IV.— 66
522 ADMINISTRATION RURALE. tiv. vn
bord rares et cners; aussi une demande subi le plus marché un emplacement public où l'on se rend de t
étendue a t-etle presque. constamment pour résultat de les lieux d'alentour pour vendre des denrées qu'on
faire élever les prix courans. Par une raison sembla produit ou acheter celles qu'on veut consommer.
ble, le prix d'un produit baisse généralement d'autant Il ne suffit pas, en effet, de produire des denrée* et
plus qu'il est plus offert par le producteur et moini que les consommateurs dans un pays soient multipliés,
demandé par le consommateur, ou que les services riches et en état de les acquérir par l'échange, il faut
jonl il est le résultat sont plus offerts et moins de encore, pour qu'ils puissent proposer et effectuer cet
mandés. échange, qu'on mette les produits à leur portée on sous
. Très souvent le prix courant des denrées agricoles leur main par des transports, qu'on les divise par por
éprouve d'autres influences que celle des frais de pro tions, afin qu'ils puissent en prendre la quantité dont
duction; des circonstances politiques, l'apparence des ils ont besoin et dans un lieu où il leur est commode
réco'tcs prochaines, la crainte d'une mauvaise année ou de les trouver. C'est ce lieu, cet emplacement où le pro
l'espérance d'une bonne, la direction des besoins des ducteur et le consommateur se rencontrent et où l'on
consommateurs, la formation d'industries nouvelles, la trouve communément les denrées que l'un veut céder
concurrence entre les acheteurs combinée avec celle qui ou l'autre acheter divisées en portions d'un poids ou
s'établit entre les vendeurs, la mode et l'engouement d'un volume déterminé, auquel on donne le nom de
qui exercent aussi leur empire sur les denrées agrico mareftépublic, de halle, bourse de commerce, etc.
les, etc., influent sur les quantités offertes et deman C'est dans ces halles et marchés publics, où les agri
dée?, et par conséquent sur le rapport de l'une à l'autre culteurs, les industriels ou les marchands se rendent k
qui est l'expression du prix courant. Dans tous les ras, certaines époques fixes, que s'établit le prix courant ou
les frais de production d'uu coté elles besoinsde l'autre cours des denrées agricoles. Ce prix, ainsi que nous l'a
tendent sans cesse & ramener ce rapport à son taux na vons dit, s'établit naturellement en hausse, suivant que
turel. les denrées sont plus demandées et moins offerte*, et
Les économistes ont donné le nom de marrhé à tous en baisse, suivant qu'elles sont plus offertes et moins
les endroits où l'on trouve l'écoulement ou la vente des demandées. Souvent ce prix éprouve des fluctuations
produits dont on veut se défaire; c'est, à proprement assez notables dans un même marché par suite d'une
parler, l'étendue physique de terrain sur lequel on nouvelle afflucnce de vendeurs ou d'acheteurs, par de*
trouve des consommateurs de ces produits : ainsi, nos spéculations inattendues ou considérables, par des cau
département maritimes sont un marché actif pour la ses fortuites, de* nouvelles sur la politique ou la si
vente des chanvres, celui du Bas-Rhin pour celle de la tuation industrielle et agricole du pays, vraies ou faus
garance, celui de la Seine pour les denrées agricoles de ses, ou par besoins imprévus, etc. Tantôt, au contraire,
toute espèce, etc. ce prix reste calme ou n'éprouve que des variations peu
Un marché, dans le sens général de ce mot, est d'au étendues.
tant plus considérable ou plus étendu que l 'importance Les halles et marchés ont donc l'avantage pour fa
et les moyens de vente y sont plus considérables, plus cultivateur de constituer des points de réunion ou des
faciles et plus multipliés. Un pays populeux et riche rendez-vous dans lesquels il .'st certain, S diverses
offre, pour tous les produits qu'on peut y vendre, un époques de l'année , de trouver rassemblés des ache
marché plus étendu qu'un pays pauvre et dépeuplé, et teurs ou des vendeurs de denrées agricoles , et où la
les grandes villes présentent partout un marché consi concurrence et les circonstances locales ou accidentelles
dérable pour la vente des denrés agricoles. fixent le prix courant des denrées qu'il veut vendre ou
Des moyens de transport faciles et peu coûteux, qui de celles dont il veut se pourvoir.
permettent de faire voyager plus au loin les denrées La connaissance du cours des denrées sert ensuite
agricoles, un service d'attelages bien organisé, etc., pour les achats et les ventes quipeuvent sefaire hors
augmentent l'étendue du marché sur lequel on peut des marchés; elle permet de ne pas payer une mar
vendre des denrées. De mauvaises roules, l'absence de chandise au-delà de sa véritable valeur, ni de la vendre
canaux de navigation, de chemins de fer, des mesures au-dessous de son prix courant.
fiscales onéreuses, des attelages mal montés, l'igno Ces principes étant posés, nous allons examiner quels
rance des besoins des populations et du prix courant sont les devoirs de l'administrateur comme marchand
dans les localités environnantes, l'indolence du plus de denrées agricoles.
grand nombre des cultivateurs, l'apathie des popula L'objet le plus important que l'administrateur d'un
tions, sont autant.de causes qui tendent au contraire à domaine doit d'abord avoir en vue pour la Tente de ses
restreindre l'étendue du marché. denrées est de s'assurer de tétendue du marché sur le
Le poids des denrées, combiné avec leur valeur quel il pourra écouler ses produits; pour cela, il pas
échangeable ou leur prix courant concourt à accroître ser» successivement en revue les lieux où se tiennent
ou à restreindre l'étendue du marché. Par exemple, les marchés, ceux où il y a des halles permanentes,
une marchandise précieuse ou qui a une haute valeur les points où la population se trouve agglomérée, comme
peut, quel que soit son poids, être transportée à une les villes , les bourgs , les camps, ou bien les centres
grande dislance; les frais de transport ne seront tou d'activité industrielle ou commerciale, comme les fa
jours qu'une petite fraction de sa valeur qui se trouve briques, les usines, les ports, les villes d'entrepôt, etc.
ra fort peu augmentée par ce déplacement. Il n'en est Cela fait , il s'assurera de l'espèce des denrées dont ou
pas de même de la plupart des denrées agricole*, qui trouve le plus facilement à se défaire sur ces marchés,
ont en général un grand poids et un volume souvent de celles qui y ont un cours permanent, ou qu'on de
considérable avec une faible valeur. Il n'est pas possi mande le plus particulièrement dans les lieux de con
ble, si ce n'est par les moyen* les plus économiques sommation.
que présentent la navigation de la mer, des rivières ou des Ces notions étant acquises, il s'informera de Pnn-
canaux, et les chemius de fer, de les transporter à une portance des marchés, de la masse des affaires qui
grande distance tans augmenter d'une manière notable s'y font dans chaque espèce de denrées, les jours où
leurs frais de production que les prix du transport vien le marché est ouvert ; si ces affaires se font plus par
nent encore grossir ; leur marché est donc toujours bor ticulièrement par petites, moyennes ou grosses parties;
né à une étendue de pays assez limitée par suite de la quels sont les individus qui se présentent communé
difficulté ou du prix des transports. ment comme acheteurs; s'il sont solvables et d'une mo
Dan» un sens plus restreint, on désigne par le mot ralité rec .anue; si la vente des denrées et la variation
CITAI1, 4'. DES VENTES ET ACHATS. 523
des prix courant» ne sont pas 1 la discrétion de qufIqtic* 1 . S^r le marelit- iK- P, i.tué à 8 Li.lom. , le prix du froment est vo\é
gros marchands , de courtiers pu de spéculateurs, f(.»t» »» fi te ». roui* qui y eonduil r»t ferrie et en mauvais élat. Le*
if U tv^-..; I *\ 1. m U-iir, qui l^tmiU i>(fve,t.ttr tu un- j'.ui-
et s'il faut nécessairement avoir à faire à eut et passer née pa' : ' i 'ci' tu- «Uclée de 4 chc*4Ui nécessaires -U1 ' ,,;lt-
par leurs mains; quels sont les modes de traiter les rouie,tjjMfnsri sont, «avoir;
de elteval à ifr. *«*>.. 9 U- >o o.
plus en usage; si on fait les affaires au comptant, à | jnur,M;e (i(ç fWrrfûrr. ï comprit |e i l >t gement et
déchargentrnt de la toiture, a \ fr ko c 1 tjo
Coulage, échantillons, défaut de mesumge, un quart
(>«HÏ eç((|. i * « f • 1 ■ * 1 • 1 1°
Droits municipaux., l Co
peut jeter sur le marclië, on ne dépréciera pas le prix; Total. i3
courant; si ce prix s'établit naturellement et n'est pas On1,peut ^e ra«rehà de C eut siuir i 48 k'tlnui ;lc fromn\t(V rrtçoté l6 f Une,
se !■ m!"- i ce m-n-hr par un* ritière Mligroble , qui p*t*B A
sujet i dos fluctuations considérables, résultat des ma
nœuvres de quelques spéculateurs ; si on n'est pas sou tn tout t«'tiip» -ti■-■ listeaux fu charge, i.mt à U vr">n"t<: '1"'- 1 1 dfrt nie
mis pour le déplacement des denrées a des mesures vexa- ei>ui|.ii* l.t* prix il" ii 'i. l est de so ernl, psr lonneau el par kïlnméire, f
le« ilio i> ii.n iij.il.t.n. le \raniparl tl I» unie »c fou P«r
toires ou aux eiigenccs du lise , etç. reiilremi'e de courtiers rf'id'"il «ir |es |ïctU f\ qui prcimeul uu pour
Toutes ces matières étant éclairqes, il s'assurera de cent Hmti de -If it de ronunluinn. [.' ■ Frai» -'-n t alors les sulTant :
lutin., r de cliciil pour Irauaptart au bateau, i
la distance de la ferme à tous ces marchés au lieux de a l> ôu r- . . , ,,
consommation dans un rayon, assez étendu, en tenant Quart dejotirnee d'Iinnime pour charger, conduire, i (r. ao ç.
compte des sinuosités et détours des chemins ; puis, il décharger la Toiture el déposer sur le bateau, i
I fr.cl4ftO-
étudiera avec le plus grand soin les voies de communi Fraii dro.l .de ,n»»ipation , 1$"
cation qui conduisent aux unf et aux autre» sous le 1Meli3rg»Hieul du bateau transport au marche. ... $
Co,ulu«, Marie!. f«Uaiitillut»i. défaut dt t
rapport de leur viabilité, de la célérité des moyens un aentî pour cent 1
de transport , de la sécurité, du roulage, et enfin du AHiiranee rentre tes aecideix, ]f9 pour cent.
Ht'Mi de commitmou, au r«mtiar |
prix du transport pouf une distance et pour un poids Prqlli muniçïpatu^ ,, t Ko
déterminé de denrées. TOI^I "Û
C'est d'après tous ces documen», et en les combi i. |,e mardi* de P c*t tjUut • H tvitoro. \,9* froment y ri< coti 16 fr
nant entre eux, que l'administrateur se déterminer* à tic c.mut* Ou *c rend à ce inarrhé parr un canal distant d'une demi-journée
de U f. i nie et au l'i>ii trouva «u tout temps des bateaux e«
porter ses denrées sur le marché qui lui présentera c(<ar^c Ut vritupori, cl la *<m(c »■■ fut>i de mi nu par d*i eourtiera rjui
«lue somme d'avantages supérieure à celle 4e tou» les d«l dltera olioits prclctryt un. huit de droit (Je continiisaion. Le prix du transporte!
autres. M de si c«nt. par tonneau el par kilomètre ut les fraïa
de transport, raroir :
Ponnons un exemple du calcul auquel il est utile de s journées de ehrral pour transport au canal, àifr. So. 4 fr. 60 C
recourir dans ce cas. i journée d'homme pour charger, eonduire, déchar-
S»ri4 voiture et dcpe^criv If ba.tnv- , 4o
L'administrateur de la ferme de M" dans le canton Frais et droit de naiigntioti 90
de P", je suppose , veut vendre 3Q hectolitres du for Dëchargemenl duu bateau
l»aleau et transport
trans| au marchd
tovUs», asarit*. « .-itaniillon,. d^f^ut d« 1
ment du poids de 70 kilog. l'hectol.; en tout l,4uo kil. un tlenii peur eent »••■ <
( ou l 3/8, tonneau de t ,Ooq kilog, ). Les frais de Droit de coinmi*»ion au courtier S
Ai»maiv contre !«■» aeci«iei)i, ut pour cent
ce froment sur la ferme ont été, d'après le relevé de Uroiii «muicipaui t la8
la comptabilité, et y compris les frais de conservation TuUl. 4o
jusqu'à cette époque et les béncGces industriel* de i L| MnM «iiu* à So k-iiui». < t |o InMMt y en «oit
l'entrepreneur, qu'on a portés à 0 p. 0/Q de ton capital peu tl' distance. I.r e-hantier de i-harBemeul pour ce cl "min est i uneà
16 rr, So g. Qn parvient à ce n>arcrte par un cliemîa dr fer »;11ï passe
d'exploitation, de t i fr- l'hectolitre. Cinq marchés pour 4«r|*liaurU»e. <!<■ I.. fouir. I .a v nU (ttLit fr ti.t .m. i.m m pit l't
IWnidemcnt de ce froment sont ouverts conslammettt , OïiniMraienr qui arr0(rt^af(pe ses denn-es. I,c prix du trirtHCD rest1*** " de
i cent, par tonneau et
«t | résentent chacun, pour une distance qui n'est pas 4 cent, par ktlom. Les frais se cnmpQtfut d- » mi uh ik iuivnii| par «.lloni.: celui du transport des voyage tira d«
}
la ( lème , une voie de communication différente, el un 3 j'.i f * de cheval Mgr tr»"»p9rt #u cliatuier de
prix souvent différent pour chacun d'eux, jférnentau chemin, | s fr. 3o e. . . . /, (V. f-ofa cc.
1 i' t'n.i r d'Uaiitiiic pom ohirger. conduire, déuharjer U
voiiyrç < t
Ërji du lr»n*[>or[. ■ rtwier »ur \u n^onf. .... 61
, , ,
1. Sur I" marrhl fa A, iltufl à 20 kîtrtni.. le pria tlu lt« 'it eolè t6 t.;
ht route 'iv > cm. lu,t fit p«t<« , »ii hoi> rl,i| «M tialitliU •» loul lelNIll joli«rteptant l't triniport aur le nion-U I î:
«t >Qrf. Lçi frajs pi >.u l, u . (a l «t li cetour Qui Mutent 1 rH, 1 lucr CullU;--. a'.Util. d.:l\uit iff Hlf.Il{ .1 Jjr: , 1 /l
- n 1 joumrei par une cfeArrrttc de ta ferme «llcfèe cfe ) c*e*aui, tout « p. rriil. , 1 fo
4 jwtmir* in fb««*l à a (>, Sa t.* 1 W. s* Droit* munlelpaut. s 99
5 I 'Uri.iL, 4e t LurUu , > CMQRfia t« «' !.. rç«uu n t el F«i| de ¥...(, Ufjc dt reiurtprtttcur, «lier al rttour. , ■ i 60
défharf'eiiicni ue la Toiture a 1 fr. 4q c. a 80 t» lo
lïouUg.. ' . It.M.itlUms. défaut oV puMa, mcaurage,
uu ,u«l po'U: wtu s so
proila municipaux , | |fl Avec ces rlcmcns, on est en plat de dresser le ta-
IrfujMxtetil pcnJ.nit um n.lt oVaHtevaul et de. la Tql- Moau suivant qui fait voir d'un icul coup d'œil les avan-
V"« * •
lAges que prûsfiHe tel ou tel marché*
■ - . 1 ;
MOYEN SISTalcs F"l,s
do rsiz IB&tS PUIS
P LIIOI DE V1ICBI. d* à tranaporl do Thect. dt production
«1 pris, de vente
p.r- sur chaqno du trottiDort aur le* WFFÉRBPIM.
counr. topour
hect. niaroW. pour 30 hect. marchoa.
A. a , a Rotttt on bon *'tat. 30 kil. 30 fr. 30 0. 16 h-. 0. J»0 fr. 30 c. 320 fr. — a fr. 10 «.
14. tnauvait*. , 1 11 li CO 3)3 a tia — 1 a
Itiitcre. , , . , . n sa IC «0 3«4 CO 33a -t- U S»
Cansl. H ii «0 1S 55 325 4P 33t
K. . . . . . Chemin do fer. . Co ■a so \6 H- * 6»
40 3J& io 33a + 4 so
Dans ce tableau, on voit d'un coup d'œil que le* tageux, surtout si on peut employer les bile* de mit
iharclifs A et B, où l'on se rend par roule de lerre et plus utilement; que même ces deux mircliés, qui sont
avec les attelages de la ferme, ne tout nulK-uient avan le* plus rapproché», donnent, à cause du bas prix du
S54 ADMINISTRATION RURALE. tnr. -Vit.
froment, une perle de 30 c. et de 1 fr. sur les Trais de marchés par les petits cultivateurs pressés de convertir
production et de transport. Les autres voies de commu en argent leurs récoltes, et qui se contentent alors d'un
nication présentent toutes de l'avantage; mais c'est très léger bénéfice. Dans d'autres lieux on a observé
celle par la rivière qui réalise sur l'opération une dif qu'aux époques les plus généralement adoptées dans le
férence en plus de 11 fr. 31 c. qui parait mériter la pays pour le paiement en argent du canon de la forme,
préférence. le marché se chargeait davantage de denrées qu'aux
Resterait à balancer les avantages que le calcul assi autres époques, parce que les fermiers sont alors obligés
gne aux divers marchés par les chances commercia de convertir en écus une partie de leurs denrées, etc.
les que présente chacun d'eux sous le rapport de la Quelques fermiers, pour se délivrer des inquiétudes
certitude de la veAte, de la moralité et de la solvabilité que peuvent leur causer la mobilité des prix courant,
des acheteurs ; de la bonne foi et de la loyauté des adoptent la méthode de partager leurs récoltes en un
courtiers ; des conditions, termes ou échéances auxquels grand nombre de petites portions, qu'ils livrent succes
se font les ventes et les paiemens, etc.; toutes circons sivement a la consommation chaque jour de marché.
tance qu'il nous est impossible d'examiner ici , et dont Cette méthode a cet avantage que les denrées, au bout
la connaissance des localités, l'expérience et la pratique de l'année, ont été vendues au prix courant moyen
permettent seules de tenir compte dans les transactions de l'année et que les rentrées ont été faite* régulière
de celle espèce. ment pour couvrir les dépenses , ce qui occasionne des
Rien ne serait plus facile pour un administrateur avances moindres de capitaux; mais elle a l'inconvénient
que de dresser un tableau du prix moyen du transport, de nécessiter des charrois et de causer des pertes de
à diverses époques de l'année, d'un hectolitre ou d'un temps bien plus considérables, et dont il serait impor
quintal métrique de toute autre denrée, pour tous les tant de tenir compte si on voulait la comparer écono
marchés qui l'entourent et toutes les voies de commu miquement avec celles qu'on suit en d'autres lieux.
nication qui peuvent y conduire. Un pareil tableau A moins qu'on ne prévoie avec quelque certitude un
étant placé sous ses yeux, lorsqu'il voudrait vendre des événement grave ou une circonstance importante qui
denrées, il n'aurait plus qu'à comparer entre eux les sera très propre à élever prochainement le prix courant
prix courans , les rapprocher du prix du transport et d'une manière sensible et un peu durable, la prudence
calculer en un instant et en tout temps sur quel mar conseille, dans toute spéculation, aussitôt que le prix
ché il pourrait placer ses denrées avec le plus d'avan courant est arrivé à un taux satisfaisant , de se dé
tage. faire de ses denrées et de réaliser ses bénéfices. En agis
sant ainsi, on se délivre du soin de la conservation
§ III. De la pratique des ventes et achats. des récolles et des chances défavorables qui peuvent
naître par suite de la variation dans les prix ; on cesse
Le prix courant, combiné, ainsi qu'on vient de le de charger les récoltes de frais de logement et de con
voir, avec lesfrais de production, y compris le trans servation; on délivre des capitaux qui étaient engagés
port sur le marché , sert donc de base à toutes les spé et restaient oisifs, et qui peuvent être employés a faire
culations de l'administrateur, et lui indiquent les lieux de nouvelles avances i la production ou à d'autres spé
où il doit livrer ses denrées à la consommation ; mais culations avantageuses, etc.
l'instant auquel il convient , dans les intérêts du produc A cet égard, on ne sait pas toujours, dans les établis-
teur, de se délivrer ainsi de ses denrées et de les jeter semens ruraux, calculer avec cette rigueur qu'on doit
sur le marché n'est pas aussi facile à déterminer qu'on apporter dans toutes les parties de l'administration,
se l'imagine, et mérite que nous entrions à cet égard mais surtout quand il s'agit de vente etde spéculations.
dans quelques explications. Afin de donner une idée des opérations de calcul qu'il
Les prix courans, comme nous l'avons dit, sont es est utile de faire dans ce cas, nous donnerons un exem
sentiellement mobiles, et il arrive souvent que d'un ple bien simple.
marché à l'autre, et parfois dans un même jour de mar Supposons que le froment de in qualité, dans mon
ché, ils éprouvent des variations dont il est très difficile établissement, revienne, en frais de production, i te fr.
d'apercevoir les causes et qui déjouent touslès calculs de l'hectolit., y compris les frais de conservation et mes
l'administrateur. Il faut infiniment de sagacité et une bénéfices de 96 c. à 6 pour 0/0 par an comme entrepre
connaissance approfondie des besoins et des ressources neur et que j'en aie 100 hectolitres a vendre que
d'un pays pour pouvoir déterminer à l'avance avec quel je puis trouver i placer sur un marché a raison de
que chance de succès les limites probables entre les 16 francs 30 centimes l'hectolitre, les frais de
quelles pourront osciller les prix pendant une certaine toute espèce pour le transport et la vente étant de
période de temps. Des études raisonnées, des voyages, 6 c. l'hectolit. En vendant au moment indiqué sur ce
un commerce étendu, une connaissance parfaite des marché, je réaliserai une somme de. . . 1,030 fr.
marchés, une grande habitude des spéculations, peu dont il faudra déduire pour frais de trans
vent seules donner ce coup d'oeil sûr, cette prévision port 6
nette des mouvemens que devront éprouver les prix ou, en tomme nette 1,6x4
courans. C'est le fruit d'une longue expérience et des
applications auxquelles nous conseillons l'administra
teur de se livrer comme étude, soit réellement, soit c'est-à-dire que j'aurai vendu mon froment 16 fr. s i c.
même fictivement, quand l'importance de son entreprise l'hectolitre et que mon bénéfice aura été de 96 c, plus
ne lui fournit pas suffisamment d'occasions favorables, it c. ou l fr. 20 c. par hectolitre.
s'il veut porter dans ses spéculations cet esprit d'ordre, Un cultivateur voisin, qui a observé que les prix cou
celte prévision, celle prudence qui en assure le succès. rans du marchéontéprouvé peude variations depuis quel
Quelquesfaits d'expérience, relativement a la varia que temps et qu'ils ont une tendance à la hausse, préfers)
tion des prix courans, sont pour ainsi dire devenus attendre que ces prix soient plus élevés. En effet, il se
banals, mais n'en méritent pas moins l'attention de manifeste dans le prix courant un mouvement de hausse,
l'administrateur. Dans un assez grand nombre de loca mais assez lent, et au bout de i mois les fromens do
lités, par exemple, on remarque, après la moisson, la qualité supposée sont cotés sur le même marché i
sjuel qu'ait été le succès de la récolte, que les céréales 17 fr. 90 c. l'hectolit. Voyons lequel de nous deux a
éprouvent généralement une dépression qui provient réalisé les bénéfices les plus considérables, en suppo
de la grande quantité de ces denrées apportées sur les sant que les frais de production fussent les mêmes.
«
CHjVP. 5*. AVANTAGE ET NÉCESSITÉ D'UNE COMPTABILITÉ. 525
100 liectolit. de froment lui coulaient en | tes et par fois constituant de véritables fraude» pour
frais de production à l'époque où j'ai | tromper l'acheteur sur la qualité de la marchandise ou
vendu lui en imposer sur la quantité, ou enfin pour l'attirer,
1,600 > pour le séduire, pour capter sa confiance et conclure
Auxquels il convient d'ajouter : un marché à un prix qui leur soit avantageux. II en est
Frais de conservation pendant 4 mois, de même pour les ventes qu'un homme peu expérimen
10 journées d'homme à l fr. 40 c. 14 » té tente de faire; là une foule de voix s'élèvent pour
Intérêts des avances i raison de S p. o/o le décourager, pour déprécier sa marchandise, pour le
par an, pendant 4 mois 90 60 contraindre à la céder à vil prix ou lui imposer des
Bénéfices industriels, i 6 p. 0/0 par an des conditions onéreuses. Ce n'est qu'à force de bon sens
capitaux avancés; pour 4 mois. . . . 33 » et de droiture qu'on parvient à déjouer toutes ces ru
Avaries, pertes, vols, coulage, à raison de ses mercantiles qui au reste exercent peu d'influence
1 0 p. 0/0 par an ; pour 4 mois. . . 53 33 sur un administrateur qui fréquente habituellement
Frais de transport sur le marché. . . 6 » les marchés et qui par suite a acquis une grande ex
Total des frais i,T3l 93 périence et finit par apprécier la loyauté et la pro
Ainsi son froment, au bout de 4 mois, lui coûte, bité individuelles de la majeure partie des marchands
rendu sure marché, 17 fr. 33 c. l'hectolit., et comme ou des spéculateurs qu'on y rencontre, et se lient en
en réalité il ne l'a vendu que 17 fr. 30 c, il s'ensuit garde contre leurs manœuvres de toute nature.
que son bénéGce, pour 1 6 mois, a été composé de la ma En général, il faudrait s'astreindre, dans un éta
nière suivante : 96 c parhectol. à l'époque de ma vente, blissement bien dirigé, à ne porter sur les marchés
plus 31 c. pour les 4 mois qu'il a conservé son blé en que des produits aussi améliorés que cela est possible.
magasin, moins 13 c, différence du prix de revientau Un exemple que nous avons eu sous les yeux nous a
bout de 4 mois, avec le prix du marché ou au total de la paru assez frappant pour que nous le citions ici.
somme de l fr. 16 c. tandis que le mien, au bout de 16 Un cultivateur dont les terres étaient négligées ré
mois se composera d'abord d'une somme de 1 fr. 30 c, coltait un froment de bonne qualité d'ailleurs, mais
réalisée 4 mois plus tût, plus de 33 c pour mes bénéfi renfermant une assez grande qnanlilé de grains amai
ces industriels pendant ces 4 mois où j'aidù recommen gris et de graines d'herbes parasites. Ce blé, transporté
cer une opération productive, au total l fr. 53 c. par sur les marchés, s'y vendait, a cause de sa malpropreté,
hect., c'est-à-dire une différence de 36 fr. sur les 100 1 fr. 60 c. de moins par liectolit. que le blé nettoyé;
liectolit., sans compter les soins administratifs que la ainsi, lorsque les prix courans du marché étalent, pour
conservation lui a nécessités, les inquiétudes que la va les blés propres, de 16 fr. l'hectolit., ce fermier ne pou
riation des prix lui a causés, les embarras pour défaut vait vendre les siens que 14 fr. 50 c. Un nettoyage soi
d'argent comptantet peut-être la stagnation dedivers tra gné, que nous lui conseillâmes et qui ne revenait qu'à
vaux qu'il n'a pas pu entreprendre faute de moyens, etc., 40 c par liectolit., fit aussitôt remonter ce froment au
et encore ne faisons-nous pas figurer dans les calculs les taux ordinaire et procura de suite à ce cultivateur un
frais de logement des récultes, qui pourraient y être por profit de 1 fr. 10 c. par hectolit. par cette seule opé
tés si, dans les 4 mois où mon voisin a conservé ces ré ration ; la diminution de la quantité de blé se trouvant
coltes j'avais trouvé le moyen d'employer utilement mes presque compensée par la valeur des grains maigres
greniers, mes granges et mes magasins. donnés comme aliment aux volailles et aux cochons.
Ce n'est pas assurément une chose simple et aussi En définitive il résulte de tout ce que nous avons dit,
facile qu'elle leparaûau premierabordque de vendre que, dans les veotes et achats, il faut connaître les be
et acheter sur les marchés; indépendamment de la soins et les ressources d'un pays et l'allure de ses mar
connaissance parfaite des circonstances qui peuvent in chés, avoir une connaissance parfaite des hommes, sa
fluer sur le prix courant, c'est un art qui exige une voir apprécier avec sagacité la valeur et la qualité des
parfaite connaissance des hommes en général et en par objets qu'on veut vendre ou acheter, agir avec pru
ticulier de ceux avec lesquels on traite. On a générale dence et réaliser quand on trouve un prix convenable,
ment a faire, dans les achats à des marchands ou à des et chercher plutôt les gros proGts dans la répétition
négocians qui défendent leurs intérêts avec une ex des bénéfices quand cela est possible que dans l'espoir
trême àprelé et à qui la pratique et l'expérience ont d'une grande élévation dans les prix.
enseigné une foule de manœuvres quelquefois innocen- F. M.
j mm DU1CRÀT10B TOTAL
taa' AABirnviTfnwB
UaB&nVATlUnB*
bv obocpe. 2 DBS OBJETS. en espèces. du groupe.
M 1
fr. c. frc.
charrues simples a 85 fr. l'une. . 510 »
Mobilier de la ferme , S charrues a avant-train i 115 fr. . 230 »
herses à il fr. 60 c 62 50 802 50
etc.
jumens de 7 ans à 500 fr. l'une, 1000 »
Chenus. chevaux, robe etagediversà 300 f. 2700 »
i: poulains de s ans a s 50 fr. . . 500 » 4200 »
râteliers doubles a 10 fr. . . . 180 »
Bergerie. ; s 300 »
300 4800 » 5280 »
etc. 10282 50
Ce tableau suffira , je pense , pour mettre quelle quotité doit être à la charge de chaque
chacun sur la voie qu'il convient de suivre. groupe.
Quoiqu'il ne convienne pas, ainsi que je l'ai Quoiqu'il soit facile à chacun dégrouper les
dit, de réunir en un seul groupe des objets valeurs qu'il a à inventorier je pense néan
peu analogues dans leur destination, il ne faut moins qu'il ne sera pas inutile de faire con-
pas cependant toujours suivre cette indication naltreicilesobjets qui viennent se ranger dans
dans te classement des valeurs. De quelque les principaux groupes.
manière que l'on distribue aux différens comp Caisse. Ce compte comprend exclusivement
tes ou groupes les valeurs à inventorier , le les valeurs représentées par les espèces mo
résultat général et définitif sera bien toujours nétaires.
le même; mais on n'aura pas une idée précise Effets à recevoir. On range dans ce groupe
des résultats partiels et spéciaux. Je n'approu les valeurs qui sont en portefeuille, tels que
verais pas, par exemple , un inventaire dans billets à ordre, traites, obligations de banques,
lequel la cabane du berger, les claies et us promesses, enfin toutes les espèces de papier-
tensiles du parc, etc., seraient réunis au mo monnaie souscrits en faveur de l'exploitant
bilier de la ferme; je préférerais les mettre à la Mobilier de la ferme. On inscrit sous ce titre
charge du compte de la bergerie et voici sur tous les objets mobiliers dont les frais d'en
3vielles raisons je fonde mon opinion. Les frais tretien et de renouvellement , ainsi que la
'entretien du mobilier de la ferme sont et rente, sont à la charge des récoltes. Les char
doivent être répartis entre les différentes ré rues, les chariots, très souvent les ustensiles
coltes; si l'entretien des ustensiles de porche déménage, degranges, d'écuries, de greniers,
rie, de bergerie, de laiterie se trouvaient en de magasins; les harnais, les ameublemens et
globés dans fe mobilier de la ferme, les récoltes literies des valets y entrent comme partie es
en seraient indûment chargées , tandis que sentielle.
les porcs, les vaches, le troupeau auraient leurs Ménage ou Provisions de ménage, ou enfin
comptes respectifs bonifiés d'une somme Dépenses déménage. Ce groupe représente tou
qu'ils devraient supporter. Quand même il tes les provisions emmagasinées et destinées
n'y aurait pas homogénéité dénature, je crois à être consommées par les gens de la ferme :
donc qu'il est plus rationnel de distribuer à le pain , la farine , le sel , l'huile , le porc
chaque groupe la portion du mobilier qui n'est sale, etc.
pas destinée à être répartie entre les diverses Animaux. Je ne conseillerai jamais à un cul
récoltes. Ce mode de fractionnement présente tivateur qui opère sur une échelle un peu im
quelquefois des difficultés qu'il n'est pas fa portante, d'introduire dans son inventaire un
cile de résoudre. Par exemple, à une exploi groupe général pour tous les animaux qu'il
tation rurale se trouve annexé le service des possède. Il est préférable d'établir plusieurs
postes royales : les ckevaux sont alternative catégories. Ainsi, il y aura, suivant les circon
ment occupés sur la ferme et à la course; qui stances, un groupe spécial pour les chevaux,
dira quelle portion des frais d'entretien des les vaches, les bœufs de travail, les bœufs à l'en
harnais, des râteliers, etc., sera supportée par grais, los porcs , les moutons. On pourra, sui
les récoltes , quelle autre portion devra être vant les renseignemens qu'on désire obtenir,
à la charge du compte de poste ? II en sera de fractionner encore ce dernier compte ; ainsi,
même si l'établissement agricole est confondu l'on aurait les groupes de moutons fins , com
avec une entreprise de messageries, avec une muns, métis, anglais, moutons d'engrais, mou
tuilerie, une sucrerie, etc. Je ne crois pas qu'il tons a laine, etc.
soit possible, dans ces différens cas , de faire Denrées en magasin. Je ferai pour ces valeurs
une répartition mathématiquement équitable la même observation que pour les animaux.
des frais occasionnés par l'entretien et le re On aura donc à l'inventaire un groupe spécial
nouvellement du mobilier. Quand on se trouve Îiour les racines en magasin, pour les pailles,
en face de semblables conjonctures , il vaut es foins, les grains en magasin ; et si l'on a
mieux n'avoir qu'un compte de mobilier, et une grande tenue, il ne sera pas sans utilité de
confier à sa prudence le soin de déterminer fractionner encore quelques-uns de ces com^
CHAP. 5'. DE L'INVENTAIRE ET DE L'ÉTAT DE SITUATION. 529
tes ; ainsi on pourra avoir si on le désire, avoine, l'hypothèse qu'on succède à un fermier qui a
blé, orge, seigle, eu magasin ; foin de trèfle , de cultivésiiivantl'assolementtriennal. Les avan
luzerne,d'espar'cette, etc., en magasin. Enfin, il ces au profit du fermier entrant ne seraient
est rare qu on n'ait pas à établir un compte de pas moins importantes si son prédécesseur
fumiers ou d'engrais. Sous ces différens chefs avait cultivésuivant l'assolement ou le système
viennent se ranger les différentes valeurs que alterne, pastoral, etc.
le cultivateur possède à son entrée en ferme, On m'objectera peut-être que ces valeurs
ou dans le courant de sa carrière. S'il y en a sont fictives plutôt que réelles, car on doit
quelques-unes qui ne trouvent pas naturelle en laisser d'équivalentes en sortant. C'estjouer
ment leur place dans quelqu'une des précé sur les mots , ou prouver qu'on n'a pas une
dentes catégories , il sera facile de lui assi idée bien précise de ce qu'on appelle capital.
gner unedénomination, et d'en faire un groupe Le capital de l'exploitant, ce sont les valeurs
nouveau. qu'il consacre à l'exercice de son industrie.
Les inventaires se bornent ordinairement Peu importe à l'essence du capital que ces va
à l'estimation des objets analogues à ceux que leurs appartiennent en propre à l'exploitant,
je viens de mentionner; cependant ils ne for ou qu'il les doive à son crédit, à des prêteurs,
ment pas la totalité du capital dont le fermier à des actionnaires, etc. Dans l'espèce,les valeurs
débutant peut disposer. Il y a encore d'autres engagées dans le sol doivent être rendues à la
valeurs qui, pour être latentes et généralement fin du bail , je le sais; mais elles ne font pas
négligées, méritent d'être prises en considé moins partie intégrante du capital, et doivent
ration sérieuse. Ces valeurs sont représentées figurer dans l'inventaire avec d'autant plus de
par les engrais, qui se trouvent non pas dans justice qu'on n'en paie pas ordinairement
la cour ou les parcs de la ferme, mais qui sout d'intérêts. Ceux qui n'ont pas résolu de nier
déjà enfouies dans le sol. Ces valeurs sont l'évidence seront donc convaincus avec moi
réelles, et personne, que je sache, n'a conseillé que l'inventaire réclame à bon droit l'estima
de les inventorier. C'est certainement une tion de ces valeurs.
erreur; car elles font partie intégrante du ca Je vais essayer de poser quelques principes
ntal, et l'inventaire est incomplet toutes les sur la manière dont on doit procéder à l'éva
tbis qu'il ne résume pas tous les élémens dont luation de cette portion du capital; je suppose
se compose le capital. Ces engrais déposés qu'on entre à la Saint-Michel : les pailles, les
dans le sol ne reçoivent pas le nom de fumiers, racines, les fourrages de toute espèce laissés
mais celui d'engrais en terre. par le fermier sortant à son successeur trou
Au nombre des valeurs qui ne figurent pas veront naturellement leur place dans les grou
ordinairement dans les inventaires, et à tort, pes, pailles, racines, foins, etc., en magasin.
selon moi, on peut encore mettre toutes cel Les fumiers qui pourront exister seront in
les qui ne sont plus disponibles, mais qui n'en ventoriés comme a l'ordinaire.
sont pas moins existantes; telles sont les terres Pour les champs emblavés , on supputera,
qui ont reçu des labours, les terres déjà en 1° les frais de labours, hersages, etc.; 2° les
semencées, les prairies artificielles en pleine frais de semences; 3° les engrais en terre. Les
prospérité, etc. deux premiers objets sont faciles à évaluer
Je vais essayer de faire sentir toute l'impor d'après les usages locaux ; les engrais en terre
tance de cette portion du capital ainsi engagé s'estiment de la manière suivante :
dans le sol, importance qui est aussi grande Dans l'assolement triennal , blé. avoine, ja
pour le fermier que pour le propriétaire ex chère, on suppose que le froment s'empare
ploitant. Les deux époquesordinairesd'entrée des 3/5 des engrais déposés dans le sol ; que
en ferme sont la Saint-Georges (fin d'avril), l'avoine prend à sa charge les 2 autres cin
et la Saint-Michel ( fin de septembre). Si on quièmes.
prend possession du sol au printemps , on ne Dans l'assolement alterne , racines, céréa
jouira pas, à la vérité, des céréales ensemen les de printemps, trèfle, blé, on suppose que
cées; mais on aura à sa disposition les fumiers les racines de la 1™ récolte épuisent la moitié
3ai ont été amassés pendant l'hiver , on jouira des fumiers qu'elles ont reçus ; que la céréale
es engrais qu'a reçus la jachère précédente, qui les suit épuise la moitié de ce qui reste ou
et que le dernier blé du fermier sortant n'é 1/4 de la totalité ; enfin, que, sans rien mettre
puisera pas en totalité. On aura aussi la jouis à la charge du trèfle, on fait supporter le der
sance des prairies artificielles qui n'auront coû nier quart au blé de la dernière année.
té aucun frais d'ensemencement. Si l'époque Pour les prairies artificielles de longue du
d'entrée est fixée à la Saint-Michel, le capital rée, on divise les frais d'ensemencement par
engagé dans le sol au profit du débutant est le nombre probable d'années que durera^ la
bien plus considérable encore et plus appa prairie ; et on mettra à la charge des prairies
rent ; il jouit des emblavures, il jouit des en existantes la quote part qu'elles doivent sup
grais en terre, il jouit enfin de tous les four porter. Je vais éclaircir ces considérations par
rages, de toutesles pailles qui ont été récoltées quelques exemples.
pendant l'exercice précédent. J'ai parlé dans
Je ne pousserai pas plus loin pour le mo' cles qui concernent d'autres objets, lté peu
ment ces exemples de rédaction pour le jour vent être facilement groupés pour être vérifiés.
nal; j'aurai encore plusieurs fois occasion d'y Cette vérification de la caisse se nomme 6tt-
revenir dans la suile de cet article. lance, et elle repose sur un principe qu'il est
facile de comprendre : La somme qui reste en
Section V. — tht livre de caisse. caisse, plus celle qu'on a dépensée en versemens,
égale la somme totale qu'onpossédait avant d'ef
J'ai dit que le journal enregistre jour par fectuer âurun paiement ; les sommes que l'onpos-
jour totUes les modifications de valeurs, tou sédait, plus celles qu'on a reçues, sont égales aux
tes les opérations. Cependant il est préférable sommes qu'on a déboursées, plus celles qui res
d'avoir pour les dépenses et les receltes qui tent. De ces deux principes découle la distri
s'effectuent immédiatement en numéraire, bution des pages du livre de caisse, ainsi tpie
un livre spécial auquel OH donne communé la manière dont on doit faire la vérification.
ment le nom de livre décaisse. Les motifs qui Cette vérification a polir but de découvrit* si,
m'engagent à prescrire la tenue de ce livre dans la transcription des articles de caisse, on
spécial sont d'abofd : que les articles ordinai n'aurait pas commis quelque omission ott
res du journal ne se transcrivent que lorsque quelque erreur. Si la somme qu'on possédait
toutes les opérations de la journée sont ter le matin, augmentée des recouvremens effec
minées, tandis que les opérations décaisse doi tués, est trouvée le soir plus grande que la
vent élre enrôlées au fur et à mesure qu'elle» somme qui reste en caisse, plus les paiemens
se présentent ; ensuite parce que les recettes faits dans le cours de la journée, il est évident
et les déboursés en argent confondus pôle- qu'on n'aura pas inscrit toutes les dépenses
mêle les uns avec les autres -, et avec les arti qu'on a soldées en espèces • alors, il faut re
532 ADMINISTRATION RURALE L1V. VII.
passerdans son esprit tous ses actes de lajour- l'on paie ou que l'on débourse. En regard de
née jusqu'à ce qu on se rappelle le paiement chaque nombre, on indique sommairement à
dont l'omission avait causé 1 erreur. Si on ne qui et pour quoi la somme a été donnée ou
peut découvrir d'omission, c'est que quelqu'un reçue.
a reçu une somme moins forte que. celle qui Une règle qui rend les causes d'erreurs
est indiquée au livre de caisse. moins fréquentes, c'est de marquer sur son
Dans fe livre de caisse, chaque page est di livre avant de payer, et de recevoir avant de
visée en deux portions égales ; sur la partie marquer. J'engage beaucoup les caissiers à se
qui est à gauche on place les sommes qui sont familiariser avec celte pratique; ils s'épargne
en caisse ou qui y entrent ; sur la partie qui ront beaucoup de désagrémens et de recher
est à droite on inscrit toutes les sommes que ches pénibles.
Recettes. Livre de Caisse. Dépenses.
dates. DATES.
fr. •. fr. c.
Janvier 1. 11 y a m ceisse suivant inventaire «S17 33 Janvier t. Para i Brasion pour 3 palrea de jeunes pore». . ta U
• Reçu de M. Robert pour s beelol. blé i la fr. . . 38 • — au facteur divers porta de lettre i ■
Reçu de Pierre Carion la moulant de ton billot. . 45 aS V■ ■
■ — à Sylvestre, 6 hectolitres de vio nouveau.
1 ■ — 4 Colin, berger, pour gratification . ao L s 9° >
Pour ses gages ( avance ). 1So s 170 »
44oo 6o — A Meunier, charron, le montant de aon anc-
' Apport dei déboursés. . , . «oS 15 moîro que j'ai vérifié et reconnu juste. . . ■i 10
ijonvier i. Total. . . . io8 15
3ûo,s o5
Sije trouvais, en comptant l'argent qui reste, pide et moins fastidieux. La connaissance oes
une somme plus grande ou plus petite que signes abréviatifs est utile à celui qui veut te
3.992 fr. 05 c, c'est qu'il y aurait une erreur nir une comptabilité, et indispensable à celui
ou une omission qu'il faudrait s'occuper de qui veut lire et comprendre les extraits de
rechercher sans délai. Le système monétaire comptes qu'il peut être dans le cas de recevoir
aujourd'hui introduit en France donne le des maisons de banque, de roulage , de com
moyen de compter assez vite des sommes très missions, etc.; c'est ce qui m'a engagé à ex
importantes; mais pour abréger le travail, on poser ici les principaux de ces signes conven
pourrait se servir de la méthode dite par borde tionnels.
reau, laquelle consistesimplement à compter le On supprime très fréquemment la particule
nombre depièces de chaque sorte de monnaie. de. Ainsi, au lieu de dire : 1 hectolitre de blé ,
Ainsi pour trouver la somme ci-dessus de 15 kilogrammes de foin, on écrit et on lit :
3.993 fr. 05 c.,on rendra le travail plus rapide 1 hectolitre blé, 15 kilogrammes foin.
et moins fastidieux si on prend un morceau
de papier sur lequel on transcrit le nombre
des pièces de la manière suivante :
C'a signifie compagnie. Hectol. signifie hectolitre.
BORDEREAU DU 1er JAHVIER. Dp* — département. Pr
SOIR. — pour. i
At-di — arrondissement. F, — folio. '
|S« — suivant. 0/ — ordre.
|V/ — votre ou vos. B» — billet.
•.740 N/ — notre ou nos. s> — sur. |
tioo S/ — son ou ses. Nst — négociant.
P. 0/0 — pour cent. Cple — compte.
ISO jP. 0/00 — pour mille. Mdt — mandat
11 (Lvon — livraison. Phla — payable.
— 1 80' Kilo. — kilogramme.
a so
— 0 08
3993 OS m, placée au-dessous d'un autre chiffre si-
1 eaiùemille: 15/m pour 15 mille, quand le nom
bre ne doit être soumis à aucun calcul d'ad
Cette manière de compter facilite beaucoup dition ou de soustraction.
Fin courant veut dire : à la fin du présent
les vérifications. Supposons qu'on reçoive l'en mois.
voi d'un sac annoncé comme contenant la
somme précédente, et qu'après avoir compté,
on ait fait une erreur de 1 fr., il est certain Section VII. — Suite de la rédaction du
qu'on n'aura pas à compter de rechef les piè journal.
ces de 20, de 5, de 2 fr., et que l'erreur ne
pourra être que dans les pièces de 1 fr. et de Je ne saurais trop répéter que cette rédaction
50 c, etc. n'est astreinte à aucun mécanisme obligé, à au
cune forme particulière. Cependant comme
Section VI. — Des abréviations. l'ordre, la méthode, la régularité sont par
tout des élémens de succès, des moyens de
Il y a, dans la langue de la comptabilité, quel rendre le travail plus simple, plus satisfaisant
ques expressions qui se présentent fréquem à l'œil, je crois que la marche à suivre dans
ment sous la plume, et qu'on n'écrit pas en la rédaction quotidienne devra être empreint (■
toutes lettres pour rendre le travail plus ra- d'uqe sorte d'uniformité et de parallélisme
CïlAP. 5*. SUITE DE LA RÉDACTION DU JOURNAL. S8t
dans la succession des divers articles. Je veux pas été faites au comptant, etc. Les expressions
dire qu'on commencera tous les jours par la qui, dans la rédaction sont destinées a frapper
transcription des mêmes faits. Après avoir in les yeux parce qu'elles forment l'idée domi
diqué les observations météorologiques , on nante qui a présidé à la transcription de l'ar
passera les articles des travaux extérieurs, des ticle, seront écrites en lettres particulières,
chevaux, des valets à gages ou employés , des mises en marge ou soulignées suivant que
journaliers; arrivent ensuite les travaux ou les circonstances le demanderont ou le per
particularités extérieures, les objets consom mettront.
més, lesachats, les ventes, les pertes, qui n'ont
MODÈLE DU JOURNAL.
Du i«r r
Observations météorologiques : Th.'mat., -f- 3 ; midi + 7 ; soir, -"- 3. Découvert fr. c
et soleil par intervalles, vent N. E., Barom. 37 po. l/i.
Chevaux. 4 pour 3 charrues ; labour au pré battu pour l'avoine. * Avoine.
4 pour 3 herses ; même pièce. * Avoine
3 conduit du fumier sur le blé du Haut-Gravier; 10 voitures
prises au fumier des chevaux. "Blé.
I au bois pour Jean-Paul, manœuvre. * Jean-Paul.
Boum. 4 pour 1 charrue, champ de la Fontaine, pour pommes de terre. " Pommes de terre.
3 malades ou fatigués. Je crois décidément que les bœufs, pour bien
travailler doivent être ferrés comme les chevaux.
Employés. Labour et hersage du Pré-Battu, pour l'avoine, par Bradier, Denis
et Faraud; au champ de la Fontaine, pour les pommes de terre,
Philippe. Pierre a conduit du fumier sur le blé du Haut-Gra
vier. Ce blé languit.
Journaliers. [Aug. Henriot], hersé au Pré-Battu pourl'avoiné ; [Blangy] avec Phi
lippe, i la Fontaine pour pommes de terre ; [Ricard], au bois pour
Jean-Paul. Célestine Bordin, Françoise Camon, chargé du fu
mier pour le blé. [Marie Colin], [Claudine Croise'], [Joséphine
Evrard] répandu le fumier sur le blé; [Diwal], suivi les bœufs
pour compléter le travail de la charrue qui retourne mal. Pommesde terre.
Fiin. La consommation des animaux n'a pas changé. Il faut cependant
ajouter 6 kilogr. de farine de seigle pour les bœufs malades.
Marie, cuisinière, m'a remis l'état des œufs pondus pendant le
mois de février; il y en a eu 7 douzaines, dont 4 ont été con
sommées par le ménage ; il y en a 3 de reste, qu'on ne peut ven
dre à cause de l'approche du carême. Volailles.
Les vaches donnent par jour 3 lit. de lait de plus que dans le mois
précédent ; c'est donc 19 lit. par jour. Vaches.
Troupeau. II est mort aujourd'hui une brebis ; le berger a tué l'agneau pour
le ménage.
Porcs. On a égorgé un porc pesant lio kilogr. pour le ménage. H faudrait
ce jour diminuer la consommation des porcs de 3 lit. farine de
féverolles etde 13 kilogr. pommes de terre cuites.
Orservations J'ai fait conduire du fumier sur le blé du Haut-Gravier; m'étant
CUtTORALES. aperçu que les chevaux et le chariot laissaient dans la terre
des traces profondes, j'ai pris le parti de faire décharger près du
chemin et de faire transporter de là sur le champ avec des ci
vières.
Le berger prétend que la brebis perdue est morte d'épuisement, il
assure que les agneaux commencent à manger concurremment avec
les mères : comme la dose de la ration n'a pas changé, la nourri
ture ne suffit plus; c'est ce que je verrai.
du 3 MARS.
Observatiobs météorologiques : Th. mat., + S ; midi, + 0 ; soir, ■+- 4. Très beau,
vent N.-E., Barom., 37 po. 1/3.
Chevaux. 4 i 3 charrues au Pré-Battu. Avoine.
4 à 3 herses au même endroit. On a recouvert l'avoine semée, Avoine.
l laissé reposer la jument grise qui poulinera bientôt.
3 hersé aux Basses-Haies pour semer des carottes. Carottes.
BOEUFS. 4 labouré au champ de la Fontaine; mais sur le haut, cela retourne
mieux. •Pommes de terre.
Emploies. Au pré:Battu, Bradier, Denis et Faraud pour pommes de terre ;
Philippe avec ses bœufs au champ de la Fontaine pour l'avoine ;
Pierre hersé aux Basses-Haies pour carottes. Carottes.
Jouasamies. [Auguste Henriot], hersé au Pré-Battu pour avoine ; [Blangy] avec
Philippe aux pommes de terre ; [Duval], [Ricard], [Célestine Bor
din], [Jek Lamon], [/"■ Croise*], [Claudine Evrard] amassé
des pierres dans la luzerne devant le moulin. [Jaeques] n travaillé
534 ADMINISTRATION RURALE. LIV.
Suit» du Modèle de journal.
au jarJin; il a palissade, plan lï des poTs el ratissé les, allées au
compte du ménage.
Feumi. J'ai fait augmenter la ration du troupeau de io kilogr. de pomm.es.
de terre cuites ; c'est S40 Wilogr. tous les jours.
Vacbes. Vendu à Aubry, boucher, le veau delà Tache n° T, la Luby, Igc de
4 mois 1/4 ; à payer dans 18 jours.
On pourra accompagner cette rédaction de Nous trouvons sous la date du 2 mars qu'un
réflexions plus ou moins étendues, suivant veau a été vendu à Aubry, boucher. Il faut
qu'on en aura le loisir, ou qu'on en sentira le porter 86 fr. 50 c, valeur du veau, du côté du
besoin et l'importance. produit des vaches, et il faut encore les por
Quels que soient l'ordre, la méthode et la ter sur le compte courant d'Aubry. Sans cette
régularité qui auront présidé à la rédaction double transcription on ne pourra jamais ar
des articles du journal, il est facile de voir river à l'exactitude; je dis pltis : la comptabi
que les objets ne peuvent y être groupés de lité fourmillera d'erreurs.
manière à en faire surgir un résultat satisfai Maintenant que l'on connaît approximati
sant. Pour que la comptabilité soit réellement vement le rôle cjite sont appelés à remplir
et immédiatement instructive et positive, il dans la comptabilité les livres spéciaux, il me
est indispensable que les faits qui, dans le reste à indiquer comment ils peuvent être
journal sont rangés par ordre de dates, soient tracés, pagines et distribués dans leurs détails
classés dans un autre livre par ordre de ma et dans leur ensemble pour eu forcer un tput
tières. régulier.
Section- VIII.— Des Ikrçs spiciaux. On craindra peut-être une surcharge da
travail si l'on est obligé de passer au journal
Ces livres seront donc comme une seconde tous les faits qui se présentent à enregistrer,
copie du journal et du livre de caisse; seule puis de les transporter encore deux fois sur
ment les objets y seront placés suivant un les livres spéciaux. Il faut avouer que cetra.
ordre différent. vail est long; mon intention, je l'ai déjà dit,
On aura préparé pour cela un cahier spé n'a pas été ae faire une comptabilité abrégée,
cial, ou plutôt trois registres qui porteront les simple, parce que je suis convaincu que la
noms de Comptes de culture, Comptes d'ordre, comptabilité qui offrira ces deux avantage!
Comptes courons. Dans l'une ou l'autre de ces encourra le reproche d'inexactitude et n'a»
catégories viennent se ranger tous les articles mènera à aucun résultat utile. Si on veut
du journal. Mais avant d'indiquer les particu qu'une comptabilité féconde l'avenir, il faut
larités qui concernent chacun de ces comptes, être prodigue de détails. Cependant il est pos
il est utile d'indiquer quelques principes qui sible encore d'abréger un peu le travail et de)
faciliteront le transport des articles du jour s'épargner la peine de passer aux livres spé-
nal aux comptes spéciaux. ciaux une foule de petits articles dont la tran
Toute modification de valeur subie par un ob scription créerait une occupation asse? fasti
jet qui a une place marquée dans la comptabi dieuse. Le moyen que je .propose consiste
lité exige l'intervention de deux comptes, l'un dans un dépouillement préparatoire du jour
qui reçoit, l'autre qui donne; l'un qui prête, nal, dépouillement que l'on ferait tous les
l'autre qui emprunte. La consommation d'un mois dans les petites fermes et toutes les se
fait étant le résultat de l'altération subie par maines dans les grandes exploitations. Ce dé
deux objets ou groupe, il s'ensuit que chaque pouillement n'offre dans son exécution au
article du journal qui est l'expression d'un cune difficulté sérieuse. Je vais en donner uu
l'ait concerne toujours deux comptes; il s'en exemple :
suit encore que chaque article du journal co Voici le dépouillement fictif de la fraction
pié sur les livres spéciaux doit être transcrit de journal que j'ai donuée pour le l*r et 2
deux fois sur ceux-ci, une fois au compte de mars. On agirait de même pour une période
l'objet qui donne et une fois au compte du plus longue.
groupe qui reçoit.
Je vais éclaircir par quelques exemples ce Dépouillement du travail des chevaux du
que ces propositions paraissent avoir de trop 1" au 2 mars inclusivement.
abstrait. Nous trouvons au journal sous la
date du t mars que 8 chevaux ont travaillé LE JOUR EST PBIS TOUR UNITÉ.
à préparer la terre du Pré-Battu pour rece
voir un ensemencement en avoine. Cette .... ■an»!
terre reçoit la valeur de 8 journées de che ! de» complu.
vaux: il faut donc prendre le compte de l'a de lourt
voine, inscrire la valeur de ces journées à l'ar
ticle des dépenses. Si l'avoine a exigé une dé IAto'iik. îC
pense de 8 journées, il faut nue ces 8 jour jRli. . . . . 3
nées soient produites par les chevaux; il faut Jean Paul . . t
Carotle*. . S
donc marquer du côte du produit de ceux-ci iRi-poi . . 1
la valeur de leur travail. Ainsi, l'article dont | Tari. . . »
il est question doit figurer deux fois sur les
livres spéciaux, au compte des chevaux com
me produit, et au compte de l'avoine comme Comme, en effet, j'ai 1 1 chevaux de traTail, 4 jours
dépense. d'occupation doivent réaliser -ajournées, en comptant
ciiap. 5«. COMPTES DK CULTURE. 535
les jours de repos accidentel ; c'est là le moyen de véri en est de même du travail des employés, c'est-
fier si l'on a compté exactement- à-dire des domestiques à gages.
Chaque fois que l'on inscrit le travail d'un Le dépouillement du travail des journaliers
jour sur la feuille du dépouillement on place est plus compliqué, et je conseille de le faire
a côté du root indiquant l'objet qui a reçu le toutes les semaines. Il sera double Dans le
travail un petit trait obliqueou aslérique pour premier dépouillement on prendra pour base
indiquer que cet article est mentionné au du groupement des travaux le compte ou le
dépouillement. J'ai figuré ces petits traits nom de chaque journalier; dans le second
aux mots Avoine, Blé, Jean-Paul, Pommes dépouillement on catégorisera les travaux d'a
de terre et Carottes du modèle du journal. près la nature des récoltes ou des objets aux
Le dépouillement du travail des bœufs s'opère quels ils ont clé affectés.
de la même manière que celui des chevaux. Il
Jer Dépouillement des journaliers du 1er au 2 mars. 8e Dépouillement desjournalier* du \" au S mars.
Pour indiquer qu'un travail de journalier tion de valeur ne doit pas légitimement leur
est porté au premier dépouillement on fait à être imputée. Les charrues, par exemple, les
gauche du trait qui souligne le nom de cha herses, les chariots dont la réunion forme
que journalier un secoud petit trait perpen le compte du mobilier s'usent et se détério
diculaire au premier; pour indiquer que ce rent continuellement; mais comme par eux-
même travail est porte au second dépouille mêmes ils ne «ont point la cause de cette dé
ment on fait le même trait à droite. Ainsi térioration qui doit être imputée au blé, à l'a
lorsqu'on rencontrera dans le journal le nom voine, aux prés, etc., le compte mobilier ne
[ Ricard avec le trait à gauche, on saura que supporte pas de pertes. La différence de va
la journée de ce manoeuvre est portée au pre leur qui se trouve entre le premier et le se
mier dépouillement, mais pas au second; si cond inventaire forme une somme qui est
on trouve ce même nom avec le trait à droite, répartie entre les diverses récoltes, en propor
Ricard], on saura que la journée est inscrite tion de leur étendue. Nous ne classerons donc
sur le second dépouillement, mais non au point le compte de mobilier dans les comptes
premier; enfin si les deux traits sont présens, de culture. Les chevaux de travail, les bœufs
[Ricard], la journée est portée sur les deux de travail ont des comptes qui, comme celui
dépouillemcus. du mobilier, ne font point partie de ceux dits
On pourrait suivant le degré d'importance de culture; car on peut considérer les ani
des matières faire des déponillcmens pour la maux de travail comme un mobilier vivant:
consommation du ménage, pour la consom ainsi, la perle que pourraient éprouver ces
mation des animaux domestiques, etc. Mais ce comptes se répartirait aux récoltes; il en se
n'est que dans les grandes tenues que ces dé- rait de même du bénéfice s'il s'en présentait.
pouillemens sont indispensables. Mous avons Il ne faut pas confondre le bétail de vente
indiqué trois catégories de comptes ou livres avec le bétail travailleur- Le premier est le
spéciaux. Mous allons donner quelques détails but de la spéculation; il rapporte du bénéfice
sur chacun d'eux. ou de la perte ; la seconde espèce de bétail
n'est qu'un moyen, qu'un intermédiaire pour
Section- IX. — Comptes de culture. arriver à un autre but, et il ne prend aucune
part dans les pertes ou les bénéfices.
Ces comptes qu'on pourrait appeler Comptes Voici les principaux comptes de culture:
de spéculation ou financiers concernent tous les Avoine, Bergerie, Blé, Bœufs a l'engrais, Carot
objets qui, dans une exploitation rurale, sont tes, Fourrages en magasin, Téverolles, Grain*)
exposés à des chances do pertes ou de bénéfi en magasin, Luzerne, Orge, Pois, Pommes de
ces. Ils ne sont pas aussi nombreux qu'on terre, Prés, Sainfoin, Seigle, Lin, Chanvre, Va
pourrait se l'imaginer. Il y a bien un grand ches, Colza, Trèfle.
nombre de comptes qui subissent des pertes Chacun de ces comptes occupe sur le ca
ou mieux des diminutions de valeur, par l'u hier les deux pages en regard : le verso d'un
sure, par l'exercice, etc. ; mais cette diminu feuillet et le recto du feuillet suivant; le côté
53G ADMINISTRATION RURALE. Ltv. vn.
gauche est destiné à recevoir les dépenses el même prix à des opérations dont l'évaluation
le côté droit est destiné à recevoir les pro est soumise à des variations incessantes. Par
duits. Bien entendu qu'aucun article ne doit exemple, à Roville on compte par hectare
arriver au grand compte de culture qu'après 8 fr. pour un hersage; il y a cependant des
avoir passé par le journal. jours où la terre est rebelle a la herse, et d'au
Parmi les différentes dépenses qu'occasion tres jours oti elle se prête merveilleusement
nent les comptes de culture, on fait figurer en au hersage. Dans cette dernière circonstance
premier lieu celles qui sont énoncées à l'in on fait quelquefois le double de besogne que
ventaire; puis, au fur et à mesure que les ar dans la première. C'est donc une erreur de
ticles viennent s'inscrire au journal, on les compter le même prix pour des opérations
transporte aux comptes de culture, à moins faites dans des circonstances si différentes. Je
que ces articles ne soient de nature à être en veux bien que ce prix représente une moyenne
rôlés dans les dépouillemens. tirée d'un grand nombre d'années; mais il
Tout ce qui passe aux comptes spéciaux doit n'en est pas moins certain que l'évaluation du
itre évalué en argent. Ainsi, les semences, les travail ne doit pas être constante dans sa va
travaux de journaliers sont convertis en nu leur, mais avoir assez de flexibilité pour être
méraire; les travaux des employés le sont toujours proportionnée aux frais qu'a néces
également; mais ici l'évaluation présente plus sites l'opération. C'est là l'idéal d'une perfec
de difficultés : en effet, il faut faire entrer tion qu on n'a pas encore atteint jusqu'à ce
dans le prix de la journée le salaire annuel, la jour; mais on s en rapproche beaucoup si on
valeur de la nourriture, du logement, des évalue séparément l'espace de temps que les
jours fériés et les autres qui ne permettent chevaux ont consacré à cette besogne. Aussi,
point de travailler. De toutes ces données on au lieu de marquer pour un labour une som
fait sortir une moyenne probable qui repré me constante de 25 fr. , nous inscrirons an
sente assez bien le prix du travail des em journal, et au dépouillement s'il y a lieu :
ployés en général. Labouré telle pièce pour du blé: ajour
Voici comment on peut procéder à cette nées de chevaux a 2 fr. 25 c. • . 27 fr. » c.
évaluation: je suppose qu'on tient 4 valets, 4 journées d'employés à 1 fr.
l'un à 200 fr. , l'autre à 250 et les 2 derniers à 42 c. 1/2 5 70 '
270 fr. chacun , ou en tout 990 fr. » c. Total du prix du labour 32 70
La nourriture revient à 70 c. Si pour le labour suivant il est indispensa
par jour et par tète, ou en tout ble d'employer un plus grand nombre ou un
pour un an à 1,022 » moindre nombre de chevaux, ce mode d'éva
Le logement, les soins, le lin luation l'indiquera; il serait impossible de
ge de lit, etc. peut s'évaluer pour faire passer ces variations dans la comptabilité
les 4 à 40 » si on avait un taux fixe pour chaque opéra
Total de la dépense pour 4 tion. On conçoit que pour arriver a ce degré
employés 2,052 » d'exactitude il est nécessaire de déterminer
Pour un seul 513 • préalablement le prix de la journée d'un che
Les employés sont occupés à val. Cette fixation exige que l'on fasse pour
soigner, panser et alimenter les les animaux un calcul analogue à celui que
chevaux pendant 2 heures par nous avons établi pour les employés. Comme
jour ou pendant 1/6* de leur ici les données sont plus variables et que les
temps, objet pour lequel on élémens du calcul sont plus nombreux et
compte 1/6' du salaire moyen plus complexes, je crois utile de les énumé-
ou par chaque tète 85 50 rer sommairement.
il ne reste plus d'applicable Les objets qui constituent la dépense an
directement aux travaux que. 427 50 nuelle d'un cheval sont : les frais de nourri
ture, de pansement, de logement, de vétéri
Et comme on travaille à peu près 300 jours naire, l'intérêt du prix d'achat, la prime d'as
pendant l'année, chaque journée reviendra en
moyenne à 1 fr. 42 c. 1/2 — On sent que les surance représentant la diminution annuelle
élémens du calcul varient dans des propor de la valeur de l'animal. Les produits sont :
le travail, le fumier, le poulain chez les ju-
tions infinies; mais la manière d'opérer est roens, ou le saut des étalons. La somme des
toujours la même. — Dans beaucoup de con jours pendant lesquels les chevaux peuvent
trées, la valeur du travail des employés est travailler n'est pas
confondue avec celui des attelages qu'ils con l'évalue à 300 par an ;partout la même. Thaeb
Pabst à 285 ; M. de Dom-
duisent; cette méthode d'évaluation est très basle à 240. Je crois que ce dernier chiffre est
vicieuse; elle est d'ailleurs presque toujours celui qui se rapproche le plus de la vérité pour
inexacte. la France centrale et septentrionale. Au reste
L'évaluation du travail des chevaux se fait j'ai déjà dit que les élémens qui forment la
de deux manières différentes : on peut pren dépense et le produit des chevaux amènent
dre pour base de l'estimation la quantité de une combinaison de résultats assez différens
travail qui a été exécuté ; on détermine sui suivant les localités. Le tableau suivant indi
vant l'usage des lieux le prix du labour, du que pour la journée d'un cheval des prix assez
hersage sur une surface donnée ; on sait com différens, et qui tous cependant reposent sur
bien on comptera pour le transport d'une des évaluations exactes; j'y ai joint le prix de
voiture de fumier, combien pour la rentrée la journée d'un employé et d'un bœuf, dans
d'une voiture de gerbes, etc. — Cette méthode les mêmes circonstances.
n'est pas exacte, en ce sens qu'elle donne le
CHAP. S*. COMPTES DE CULTURE. 537
Prix de la journéede valet 1 fr. » c. 1 fr. » c. f fr. 60 c 1 fr. 40 c. i fr. BO c. ifr. SOC.
— — — d'un cheval » » 1 60 1 40 1 50 S 25 1 04
— — — d'un bœuf 0 75 f 10 1 60 1 40 » » 1 24
Ainsi tous les travaux qui s'exécutent à bras convient de suivre lorsque l'exploitant est pro-
d'hommes, tous ceux qui réclament l'emploi Îiriétaire. Lorsqu'il est fermier, la fixation du
des attelages seront estimés journée parjour oyer de chaque parcelle se détermine sni-
née, et non pas à la pièce , à moins que l'ou vantune autre manière de procéder. On com
vrage n'ait été entrepris à la tâche; et, dans mence par faire l'estimation spéciale de la va
ce cas, l'estimation ne présente ni difficulté, leur foncière de chaque pièce; et de longs
ni chance d'erreur. Il serait sans doute ridi raisonnemens seraient superflus pour prouver
cule de calculer les frais de moissons par jour que le loyer de chaque parcelle est en pro
née si on est convenu de leur payer par hec portion directe avec la valeur foncière. Cou-
tare une somme déterminée. naissant la valeur locative totale, la détermi
Les comptes de culture sont chargés des nation de la portion qui doit être affectée à
frais de fumure et d'engrais en terre dans la chaque parcelle se déterminera facilement.
proportion quenous avons indiquée en parlant Je vais donner un exemple :
de l'inventaire. r. O u a loué une fermepour la somme totale de
Enfin, ou porte du côté des dépenses la por 7, 500 fr.; on désire savoir quelle fraction de
tion de loyer qu'il convient de faire supporter cette somme doit être à la charge de chaque
à chaque récolte, eu égard à la surface qu'elle pièce, comme loyer. On débute, ainsi que je
occupe et à la bonté du sol sur lequel elle se l'ai prescrit, par faire l'estimation foncière.
trouve. La rente réelle du sol se détermine,
soit approximativement, en comparant la va VALEUR
leur de chaque pièce à celle de pièces voisines nicu. corrMABcsj de VALEUR
dont on connaît la valeur etla rente, soit pro l'hectare. totale.
portionnellement à l'évaluation du cadastre
et des tableaux dressés pour les impositions fr.
foncières : cette méthode me parait la plus 3 hect. S.OOOfr. 9,000
judicieuse; soit enfin en se servant du mode Pré du Clo). . . * 1,100 4.400
d'évaluation observé ordinairement dans les P'éMur-Boii. . . 15 8,000 30.000
placemens d'argent, c'est-à-dire en comptant 7 5,S00 14,500
pour le lover environ 2 1/2 à 3 p. 0/0 de la va Verte-Cote. . . 10 2,000 40,000
leur foncière. Pour être moins éloigné de la Pré-Rompu. . . 19 1,800 Il ,600
vérité, on pourra même prendre la moyenne Granden-Haies. . 15 1,500 37,800
déduite de ces 3 modes d'évaluation. Vieui-Puita. . . 30 1,400 42,000
Exemple : Il s'agit de déterminer la rente 209,000
d'une pièce de 3 hectares de terres arables.
Les terres de même nature sont affermées
dans le canton à raison de 50 fr. l'hectare; à Une simple règle de trois sera suffisante
ce taux, le loyer de la pièce en fr. c. pour nous faire connaître la valeur locative
question serait de 150 » d'une pièce ; celle du jardin, par exemple, se
Sur les cotes foncières le revenu trouvera au moyen de la proportion suivante :
de cette pièce est évalué à . . . 140 » 209,000 : 9,000 : : 7,500 : x Î23 fr. 06 c. Le
Enfin, cette pièce pourrait se ven même calcul fait sur les autres pièces amène
dre à raison de 2,100 fr. l'hectare, rait pour résultat le montant de leur valeur
ou 6,300 fr. la totalité. locative.
Dans le pays, les propriétés fon Au nombre des dépenses qui viennent s'en
cières rapportent 2 1/2 p. 0/0; le rôler dans les comptes de culture, on place
loyer serait donc de 157 50 encore avec raison les frais généraux dont
La somme des trois modes d'éva nous aurons occasion de parler plus ample
luation étant de 447 50 ment.
Pour donner une idée de la manière dont il
La moyenne, ou le loyer le plus convient de grouper les élémens qui consti
raisonnable sera le tiers, ou. . . 149 17 tuent les comptes de culture, je donne ici 1»
ou bien par hectare, de 49 fr. 72 c. spécimen de deux de ces comptes.
Telle est la marche 'a plus rationnelle qu'il
Dépenses. Produit,
! Janvier. Il reste de l'engrais aprè* le* pommefl di 4/ ni gerbes qui au battage pre-vùisoire,
terre, tu(Tant l'inventaire, pour la inm otit été présumées donner )oo lectol, fr
4e 4oo fr. grain I ? fr. «S. . . . .«io
3> journéet de chevaux pour rompre la l'ius 8,5oo lui. paille à ( fr. p. 0/00
luaeme ..... 8) »t hft 161 I
16 journées de valets pour la même be La menue paille vaudra environ. . . at
aopie. . . » I.e piturage auraîl pu être loue £ fr p.
h cbevaux pour herver bechire, j. porte aine en proddil .
a îalets, laVai Il reete an .lierai, non «Diurne, environ
80 ournéet de chevaux. Labour aux la rnnitié de ce qu'il y avait avant
Terret-Bougaa [Vnaent.ncani.nt 0.
1S journée* d'ciuployèa, même besogne
■ 5 neclol.de semence à P fr. -
|6.6o elietauk pour recouvrir la aeniann
8,a5 journée* d employés, mémo besog.
Juin. > s journéet de mauoruvrrs pour tarder
A- m. Feuritlajie a 8 fr. Hierlare
45 journalier*. Engvrbagfi etemmenlage
Transport de* gerbe*. 4 chevaux et 4
valets ....
Loyer de la lerre de* Longuet Raies, à
45 fr. l'hacUr* . f
Lover detTeiret-ïlouget , a 3o fr l'htcl
Frait généraux, A 10 fr. l'hectare. .
f'e
is l.icelui eotiiine il faait dimmurr
« fraie da Lattage mi ijii du pro |,V9«
duit en (train, c. qui fait i, b à
ffr. aie, nu. ..... loifr Soc.
a* Lea dépeneee ci^orilra. t, le» |o Mm
Il rente Bel ou pour bênéeVv i»7
Je dois, pour l'intelligence du compte qui Chaque fois que l'on rentre les gerbes d'une
précède, donner quelques éclaircissemens sur récolte, on les compte soigneusement. Pour
certains articles dont 1 évaluation pourrait pa estimer approximativement leur rendement
raître arbitraire ou erronée. futur, on en pèse quelques-unes, on les bat,
La plupart des articles qui constituent la on en mesure le grain et on pèse la paille qui
dépense en travail de chevaux et d'employés provient de ce battage préalable. On a ainsi la
ne sont pas immédiatement transportés du mesure du produit probable de chaque ré*
journal, mais ils sont copiés sur les dépouil- coite et de chaque pièce. Cette opération se
lemens dont j'ai parlé. Ainsi, quand je dis nomme battage provùoire.
qu'au 28 février, on a employé 50 journées de La valeur du pâturage sur les chaumes, va
chevaux pour labourer aux terre* rouges, cela rie suivant une infinité de circonstances qu'on
veut dire que, depuis le dépouillement, qui ne peut exactement apprécier quesur les lieux.
précède le 28 février, jusqu'au dépouillement En Allemagne, elle est ordinairement évaluée
qui a été fait à cette dernière époque, 50 jour à 5 p. 0/0 du produit brut en grain.
nées de chevaux ont été exigées pour ce tra Pour compléter ce quê" j'ai à dire sur les
vail. Il est boa de remarquer qu'au lieu de comptes de culture ou comptes financiers
journée d'un cheval, on dit simplement 1 proprement dits, je donne le modèle d'uo
cheval. compte de
J'ai déjà ditqueje parlerais ailleurs des frais
généraux.
OIAP. û'. DES COMPTES D'ORDRE. 539
Dépenses. Bceufs à Vengrais. l'nODUlT.
'S fr. e.
1.i i il 3 employée ont été nourri* pendant 1 an, fe mets 4 leur
s j JS S Levetbera employé 1/4 de ion temps pour
tl BeuE d
D1T1I. a o
tfï J B P il & 5 111*l'engrais, je mets i la charge de ceux-ei
a été coiiMcré aui poree
4. >.
i) »o
2o t>
{; i/3 ont été consacré* aui vaches • ■ ■oS
Le berger n'a été employé que ix mois, c'est doue a
lilre. kiL kil. kil. bect heet du troupeau ». , * ltS
Jamier. i. 7 •I il Il 48 >
Février. i. t il 1 I. !• «1 1 1
Arril. 3. 8 4«8 lo10 > «0 1
Juin. a. t 1. 1
Août. 1. 8 10 • < » 3 1
Ortobre. i. 8 lo S S 1
Décembre f. 8 II i tl 107 i 1
ToUl. . l5o II 7' l 170 11 >7 liS
La dépente annuelle peut te rétamer ainsi : fr
i3o litre* de bit à 10 c ■> il
6C kil. beurre à i fr. lo e 71 60
71 kil. aaindoui A 1 fr 71
170 kil de lard i 1 fr 170
sa heclol. blé a lS fr Ja«
17 heet. bM 4 S fr 186
118 kil. viande fraîche i 70 e. ■ • . • . , 8g 4o|
Gagea de la cuisinière ]Bo
14 journée* de femmes pour laver le linge . ...... 11 Co
Sel et poivre 63
l,ao5 |ë|
Si de eette somme on retranebé >14 dea dépense* de la oui-
f[ainiêre pour le temp* qu'elle donne a la laiterie et qui *e porte
i 4S fr. de salaire, plu* 36 fr. 90 e. pour entretien tl 0*1
Il ne restera plu* 4 la charge des employée que 1,118
Noua avons 6 employés pendant 1 moi* ou 180 jours.
7 employé*
llplovéa peodant
peodaut 11il moie
mois ou 1,338
3,338 joura
jour*
loul tlS joura. d. i,ibS fr. 90 . ai je r
"f1* . Jauraii ilfl trouver ici o oni iniigni6aolea
' 1 néglige 1
If. opération*
opél ori^bmètiquea lorsqu'on
'on tut
Te an Unir
Ce qui fait par léte et par jour 41 e. environ ou t64 fr. par an. ti'aboui
abouiiaraot qu'à de médiocres rérullale.
Chacun pourra, suivant les circonstances parties : l'une qui regardeles dépenses, et l'au
de sa position , augmenter ou diminuer le tre qui indique la répartition de ces dépenses.
nombre des colonnes destinées à enregistrer Je me crois dispensé de rappeler désormais que
la nature de chaque objet mis en consomma la prem ière pa rtie est 1 e résumé des obj ets con -
tion. Je dis mis en consommation , car on in sommés et autres dépenses , taudis que la- se
scrit ces objets non pas lorsqu'ils sont con conde est l'indication des objets auxquels le
sommés, mais lorsqu'on les livre à la consom travail a été affecté. Il se compose d'un double
mation. dépouillement auquel on ajoute les valeurs
qui n'ont pu y figurer.
$ II.— Chevaux de travail.
| Ce compte se distribue également en deux
Dépenses. Chevaux Travail et produit.
■i |dePtoerm e.*
oatea a,fe J3i gt* e>*> 4 01TBS i
• * i0* a « e
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a'3 •O S a•m■ "Sa • des "Sa s S i .s4» i—
e aS M.
«5 < G fe-4»V S3 5 C
dépouillement. h "5a S g
i39 H dépouillement.
~kJL heet heet. (ours* joura. jours. i»- i*- i* !»• io. fo. l°*
Janvier. ». ~kiï. litre*. litres. 1«■3
ato lBo 6 3 a a i3o al Janvier. 7. il a a e 9 a a
1Avril. 9- 100 ioo» a 1 a a S10 a Mars. S. »© 4 1» a ao 1 5a 1 10
Juillet. 8. * * ■ M 10 3oo 4o Juin. s. a a 18 10 9 l IO a
Octobre. 1. lBo a • a «0 II iSo 90 Septembre. 5. 14 lo S 5 1 a a > 11
Décembre. 7- 3oo n5 3 1 a • 8o lo Décembre, s. ■ ■a a a 8 1 S * 4
i En multipliant les totaux de chacun des Ce qui restera sera certainement la valeur
objets de consommation par la valeur res du travail que les chevaux ont effectué dans
pective de ces objets , on obtient facile l'année. S'il y avait moins-value dans le nouvel
ment le prix de la npurriture des chevaux ; inventaire, il faudrait en porter le montant
si on ajoute les frais de vétérinaire, de médi- du côté des dépenses.
camens , d'éclairage , de ferrage , etc. ; on Si on divise la valeur du travail des chevaux
obtiendra la totalité de la dépense des che par le nombre de jours qu'ils ont travaillé,
vaux , on aura le prix de la journée de travail ; si ce
Si de cette somme on retranche: prix coïncide avec la valeur fictive qu'on a
1° La plus-value accusée par le nouvel in supposée, il n'y a pas d'opération ultérieure à
ventaire sur l'ancien ; effectuer ; mais si la comparaison établit une
2° La valeur du fumier différence, le montant de celle-ci constitue
CHAP. 5* DES COMPTES D'ORDRE. 541
un article de frais généraux. Exemple : un servi représente la valeur de 1,500 liv. de foin,
cheval a effectué annuellement un travail de ou la nourriture d'un cheval pendant 80 jours.
200 jours ; j'avais présumé au commencement Comme la nourriture d'un cheval coûte ordi
de l'année que chaque jour de travail coûte nairement 35 cent. , la- valeur du vert con
rait 1 fr. 85; il se trouve que, vérification faite sommé dans le cas présent serait de 18 fr.
à la fin de l'année , cette journée ne revient On fera des tableaux semblables pour les
qu'à 1 fr. 70- Il s'ensuit que plusieurs récoltes bœufs de travail , pour les vaches de travail ,
ont été chargées en dépense d'une somme pour les mulets , etc. Mais il est facile de
trop forte de 15 cent, par chaque journée de comprendre que les comptes de vaches lai
cheval qu'elles ont exigée; il est donc indis tières, de bœufs à l'engrais , de chevaux d'é
pensable de rétablir cette erreur qui se monte lève, de volaille, de veaux engraissés, de porcs,
a 30 fr. par cheval pour toute l'année et sur de bergerie , etc., ne sont pas des comptes
l'ensemble de toutes lesopérations. C'estàquoi d'ordre , mais des comptes financiers. Ceux-
l'on parvient jusqu'à un certain point au ci sont le but , l'objet et la fin ; les autres ne
moyen du compte de frais généraux. servent que d'instrumens , de moyens ou
Suivant la marche adoptée à Roville, je n'ai d'auxiliaires. La nuance qui sépare ces deux
pas évalué la nourriture au vert d'après son catégories est souvent très délicate et diffi
)oids. Il faut cependant lui donner une va- cile a saisir, mais on y parvient avec un peu
eur. Pour la déterminer , on s'est servi d'un de sagacité et de réflexion.
moyen qui parait à l'abri de tout reproche.
On connaît par la consommation de l'hiver $ III.— Livres de magasins.
ce que les chevaux mangent de foin pendant
l'espace d'un jour ou d'un mois. Pendant l'été, Ces comptes sont très faciles à tenir : comme
on leur donne du vert dont on ne cherche pas pour les précédens, les objets qui y sont con
d'abord à déterminer la valeur. La différence signés auront été préalablement enrôlés au
entre la consommation en foin de l'hiver et journal. Ils se composent de deux parties :
celle de l'été donne la valeur du trèfle con dans la première on marque l'entrée ; dans la
sommé. En supposant qu'un cheval mange seconde, la sortie. Il y a un compte pour
par jour 25 liv. de foin , c'est pour 6 chevaux chaque nature de récolte. Je vais seulement
pendant un mois, 4,500 liv. Si, outre le vert, en donner un modèle qui fera comprendre
ils n'en consomment au mois demai que 3,000 facilement la disposition que présentent ces
liv. , il est évident que le vert qui leur a été sortes de comptes.
On fera de même pour le seigle, l'avoine , blé en magasin figure aussi dans les comptes
le foin, la paille, etc. Je ne veux pas encom de spéculation ou de culture.
brer cet article de modèles analogues au pré
cédent ; leur distribution ne présente aucune $ IV.— Compte du fumier.
difficulté, et chacun sent leur importance. Le
Provenance. Compte du fumier. Emploi et distribution.
1-
mi X• Nombre Nom*
Surface
Genre Nature Nombre
• jy io Tout
nim- ■s m Sm tl
eJ3 de de* pitee* da de de voiture*
■4 fumée.
1 i & roilurei. fuméet. r«colle. fumier- par beet.
â
Voi- VoU Voi Voi- Voi Voi
turee. turei. ture*. tur •. ture». ture!.
laneler. li. la « • 10 ■ i • a
!Fe,ri.r. 1». 10So il So 10 4 1>3 77 So tltaefc Pomme* da terre. Diverse. ao
Juin. il. 13 *o 1 19.5 Grand Ooa 7 h. Botterare*. Diverse. tS environ
Septembre. 15. 5o II 30 ■ t tl l5o Joiiot 7 h. Coin. Direne. ai i,j
Décembre. 15. «0 la 11 10 7 m 1 Santiira •.al Suerion. Cbersl la
Tot.1. . . lll ■o, ~ïii~ il as 1 433 1
^2 ADMINISTRATION RURALE. tiv. ttt.
Il reste sans emploi 10 voitures de fumier,
qui feront partie du nouvel inventaire. § V. — Du de frai» généraux.
Chaque voiture de fumier s'évalue suivant
son poids ou les usages de la localité- Nous Jusqu'à ces derniers temps on n'avait atta
supposerons , qu'une voiture de 700 fcU. fu ché que peti d'importance a ce compte, et je
mier vaut 5 fr. Les betteraves du Grand-Clos sais persuadé que c'est à cette faute qu'il faut
auront à supporter une somme de 975 fr. , et attribuer les nombreux mécomptes des culti
ainsi des autres récoltes. Le fumier se compte vateurs, qui croyaient faire de beaux béné
aux animaux pour moitié de sa valeur. L'autre fices lorsque réellement ils étaient en perte.
moitié est censée devoir couvrir la valeur de La plupart des comptes rendus des expéri
la paille qui a servi de litière. Si la paille n'a mentateurs n'en font aucune mention , et
pas réellement une valeur égale à celle de la c'est ponr cela qu'ils se sont fait illusion à
moitié du fumier, on a évalué la voiture de eux-mêmes, et ont fait naître des espérances
celui-ci à un taux trop élevé, et les récoltes trompeuses dans l'esprit de lenrs lecteurs.
fumées ont été chargées d'une dépense illé Les Allemands, mieux avisés, manquent rare
gitime. Si, au contraire, la paille donnée en li ment de tenir compte des frais généraux ; et
tière a plus de valeur que la moitié de celle quand ils ne peuvent en déterminer la quotité
du fumier, il est évident que celui-ci n'a pas parce qu'ils n'ont pas tenn une comptabilité
été porté à un prix assez hant,etqu'ona favo exacte , ils les évaluent eu moyenne à 10 p. 0/0
risé injustement les récoltes qui l'ont reçu. dn produit brut .
Dans tous les cas, l'excédant se porte au Ce compte est appelé frais généraux parce
compte des récoltes fumées.Exemple : que les valeurs qui le composent sont répar
Le tableau ci-dessus mon- fr. c. ties entre toutes les récoltes, eu raison de
tre qu'on a récolté 443 voi la surface qu'elles occupent sur le terrain.
tures de fumier à 5 fr., ce Comme les précédens, il se compose de deux
qui fait 2,215 parties. L'une représente les valeurs qui sont
Lamoitiédecettesomme a répartir du côté des dépenses des récoltes ;
se répartit entre les diffé les autres qui sont à répartir du côté du pro
rons producteurs du l'a duit de ces mêmes récoltes. Examinons les
micr , ou ,. 1,W 60 principales valeurs qui forment la part à
On a employé pour li- distribuer aux récoltes du côté de leurs dé
tièreSO^m kil. pailleà 18 fr. penses.
p. 0/0 ou 940 Ce sont: 1° les intérêts du capital à 5 p. 0/0;
Ce qui porte le prix de 2° les impositions si elles sont a la charge de
revient à 3,047 50 l'exploitant; 3° les frais de commis, de bu
Ce prix de revient est in reau, de correspondance; 4° les gratifications,
férieur à celui supposé de amendes , prestations et corvées ; 5° les frais
167 50 d'assurance contre la grêle, l'incendie, etc.;
Cette somme doit donc être répartie entre 6° l'achat des livres, l'abonnement aux re
lès récoltes fumées* en proportion du nombre cueils/ périodiques , les souscriptions aux
de voitures qu'elles ont reçuej. comices, sociétés agricoles et scientifiques. Il
Il resterait à savoir par quel moyen on par est évident pour les moins clair-voyans que
viendra à déterminer le nombre, de voitures ces dépenses ne peuvent légitimement être
de fumier produit par chaque espèce de bé mises a la charge d'une récoite spéciale, mais
tail. Cela n'est réellement pas facile, si l'on qu'elles doivent être réparties sur toutes les
veut prétendre à une rigoureuse exactitude. récoltes en général.
Cependant, avec un peu de tact et d'expérience, Si on a évalué le prix de la journée d'un
on n'a pas à craindre de s'éloigner beaucoup chevalà 1 fr. 85 c.,etque le compte de chevaux
de la vérité. Si le fumier est enlevé des dtables démontre à la fin de l'année que ce prix n'est
sur des civières , on pèse chacune de celles- en réalité que de 1 fr. 70 c, 11 faut décharger
ci pendant quelques jours. Connaissant le les récoltes, ôu les &on»7îerdè cette différence;
nombre de civières et leur poids, ij sera et ce sont les articles de cette nature qiil for
facile de savoir combien de kilog. de fumier ment, pour le compte de frais généraux, la por
ou a obtenu , et partant, le nombre dé voi tion à répartir du côté duproouit des retpfîes.
tures à mettre au compte de chaque espèce SI, au contraire, làjournée d'iin cheval coûtait
de bétail. Ori vérifiera, à l'épqque dtt trans 1 fr. 95 eau lieu de 1 fr. c. 85 prix d'évaluation
port sur les champs, si les chiffres se rap provisoire, il faudrait porter ta différence du
portent, etç'est seulementalors qu'on pourra côté dès dépenses des récolte».
avoir une donnée un peu précise sur la ma
nière dont on doit calculer. Kxemple :
CUAP. »e. DliS COMPTES D'ORJJÎtE. 543
RÉPARTITION ENTRE LE6 COMrTKS M FRJM OBKSHACX. REPARTITION ENTRE LES PRODUITS.
Mare Pa)é au forteur disais ports <ie lettres Remporte au concoure (la ** un prix de
cl paqueta. J'avais estime que la journée d lui cbaeal
Juillet. U. Pejé ..u directeur »'e le Cairi pour coûterait t fr. 86 c. i «lie ue reliant
sa/slsuraiire qu'a i l>. »• o. t sur io cbaeaux fui
Doie-mbre. ■ 4- Abo|lU»lU«lll « l'.lfr-ueass •( à U 1/dl- nul IraiaiUc s«ojsstsn. c'est Mie staminé
SUN nuiiisea- ..... »«4 »
Payé au pepxtjer potuj réxluro «I re
gistre, plutns», encra,
lulèréle de 4i,aoo fr. tic capital . . .
Paye au percepteur le» prestations a
in/charge
Paya uiieollsalimi au secrétariat de 1a
- 'ri* !.. u« * *
Pavé un banc à refuse pour ni/maieou.
IL
Nous avons donc 3,480 fr. 30 c. à mettre à diaires intelligens avec lesquels il traite , je
la charge des diverses récoltes ; nous de vais en parlée succinctement.
vons eu même temps les décharger ou les
bonifier de 6?4 fr. C'est en définitive les char Section XI. — Des comptes courans.
ger d'une somme de 1906 fr. 30 c. Si nous# Les comptes courans expriment la situation
supposons maintenant qu'on a une ferme de* du cultivateur relativement à toutes les per
ÏOO hectares de terres arables de toute nature, sonnes avec lesquelles il est en affaires : tous
chaque hectare supportera comme dépense les ouvriers, les employés, les charrons, les
une somme de 9 fr. 55 c. journaliers, les épiciers, etc. Les matériaux,
Au moyen de ces différens comptes, et des de ces comptes se trouvent tous au journal,
articles qui n'y figurent pas, mais qui sont et quelques-uns sont aussi consignés dans les
consignés au journal, il est très facile d'établir dépouillemens ou comptes d'ordre. Les comp
les conlptes financiers ou de culture. tes courans bien tenus, exacts, circonstanciés,
Jusqu'à présent nous n'avons pas parlé des constamment à jour, sont les plus surs gar
comptes courans qui n'ont pas mission d'hl- diens de la bonne intelligence, préviennent
iliquer le résultat des opérations culturales,ni les difficultés, les malentendus et quelquefois
de tracer la marche de l'expérience; mais écartent des procès dispendieux. Je vais don
comme ils sont essentiela pour maintenir en ner quelques exemples de ces comptes cou
bonne relation le cultivateur et les intermé rans.
Doit. Compte courant de Louis, maréchal. Avom.
Reçu i faecloh blc au pris Je la tt. . . . Fourni ioo cluui pour ta ber|*ria.
Deue éhatlui et Françnra p. un tuvsec. Ferré
Couduil ti voilures rie blv- . . .«..;. ,|FtT/rier. rroi,ent. cercles , evateui en fer , ui cha
•>■ mémoire 195 ■
Labouré c hectares de tesrc à aa t (prix t ■ Avril- oUrui ■* pvlilra » > fouette, i i (. . . . 10 s
convenu). 70 • Juin. rri* deux brouette* • I
Rs-ça en essvtoee ...... m» ■ Aodt ourni uu balauciér p,ur la uoUTelIe
éccritbrs. Viodu t beclol. blé > il (, pompe *.... 11 s
Heçtl en elpeaea. . . . 175m ■» Vaudu k pcllei en f«r 7 io
Vendu une griffa a arracher le houblon. < a
Noiembrc< Vendu 4 marteaux à oauar lea pierre*. . l« s
Ueceinbrt. Vu sou mémoire pour raccommodage de
détail ei rccouuu couforme 17J Si
F«rr*4ja de 9 abattui à la f. pitee (pril
convenu) •..
4«9 5o Fourni lit de fer pour un grillage i la ber
Je lui redoie. III »S gerie, article oublié du là février. . .
600 76
Les mots doit et avoir s'expliquent natu cependant cru devoir mentionner ici une par
rellement ici par l'inspection du compte. Au ticularité qui est d'un usage habituel. Ou voit
côté de la page où est inscrit le mot doit, on par le compte courant précédent qu'il est
enregistre tout ce qu'a reçu le compte. A la dit au maréchal une somme de 1 1 1 fr. 25 c.
page que distingue le mol u cuir, ou enregistre Cette somme se nomme balance. Un nommé
tout ce qu'on a reçu du compte ou de 1 indi ainsi les valeurs ajoutées au débit pour le ren
vidu dont le nom forme le tilre du compte. dre égal au crédit, ou an crédit pour le ren
Ces mots s'emploient fréquemment dans la dre égal au débit. Toutebalauce oui ne repré
comptabilité en parties doubles. Le coté où sente pas uu bénéfice ou une perte forme un
est inscrit doit ae nomme la débit du complet, article d'inventaire; je parle de la méthode de
l'autre coté se nomme le crédit. Quoique j'ai comptabilité que je propose ici.
évité de me modeler sur cette méthode, j'ai
544 ADMINISTRATION RURALE. ut. vu.
COMPTE COURANT D'A. BLANGY, JOURNALIER. 1336. ?. eamplts courant, i835, p. 46.
Contenu que ses journées de décembre à Janvier, Il lui e*t redu sur */ dernier compte. . , fr.6 fit.r
mari lui eeront compléta à 90 c-, lee laurier. Journée» du 3 au ao janvier, 8 7 10
autres à 1 fr. lo c. ; celles de «/femme Je*, de a/ femme, . . 18
le seront i 60 c. pour toute l'année. . fr e. Juillet. H depuis le dépouillement du. . 14. 1810 Ao.0
Payé le montant de la. balance de 1/ der Aoui. Sa femme a faucille a hectares blé i 9 (r. 18 s
nier compte 6 80 Août. Fourni u bottes paille de seigle pour
M.i. Loué t5 aree de m/ pré au chalet, a 36 f. . 36 ■ lies» i 40 e
Juillet. j3. Fteça un hectolitre Lie à 19 a Septembre. Journées depuis le dép. du 4 juillet, s3. . *7i 3ola 1
Fait couvrir ■/ vache pu m/ taureau. . , a 7I Celles de sa femme, 10, 8) s
61 65 98 se I
Balance en ta faveur 13 13 f. cernâtes «eurens, 18)7, p. lA.
Pour faciliter les recherches en cas d'erreur, pour la découvrir. Avec la méthode que je
d'oubli ou d'omission, on note en haut de la propose on peut commettre des erreurs, mais
>age le folio où le compte se trouve dans le rien n'avertit qu'elles sont commises. C'est là
R1ivre précédent; on note également au bas de un désavantage, je l'avoue; mais il est large
la page du compte, le folio où le compte se ment compensé.Je suis persuadé qu'un homme
trouve reporté pour l'année suivante. un peu habile à compter ne fera pas de gran
Comme on le voit, les comptes courans des fautes, et que les erreurs qui se glisserout
sont très faciles à tenir ; ceux qui concernent à son insu auront peu d'influence sur la phy
les journaliers devront être très circonstan sionomie de chaque compte.
ciés, parce que les ouvriers des campagnes L'exposition de cette méthode a pu paraître
n'ayant que peu de mémoire, en général , et ardue; quelques comptes ont semblé peut-
n'écrivant pas eux-mêmes, confient leur comp être arbitraires dans leurs dispositions et la
te à leur souvenir, calculent de tête, comme combinaison des colonnes. C'est là la surface,
ils disent, et se trompent fort souvent. Si le et je ne prétends pas que pour réussir on
compte du cultivateur ne s'accorde point avec doive calquer ses comptes d'ordre sur les mo
le leur, ils s'imaginent qu'on veut les tromper, dèles que j'ai donnés, pourvu qu'on ne s'é
à moins que le compte ne mentionne une carte pas des principes fondamentaux, c'est-à-
foule de détails fastidieux au premier abord, dire le journal et les 3 sortes de comptes.
mais qui souvent évitent bien des querelles, On a discuté la question de savoir a quelle
et éloignent les causes de malentendu. Un époque il convient d'ouvrir et de clore la
ouvrier réclamait une .journée de binage qui comptabilité. M. Pabst traite cette question
n'était point sur le registre. Fatigué de son avec lucidité dans l'ouvrage qu'il vient de pu
obstination,j'étaissnr le pointd'étreconvaincu blierà Darmstadtsur l'économie rurale; je ne
que c'était un oubli de ma part. Enfin , en saurais mieux faire que de reproduire ici ce
compulsant le journal, je trouvai que le jour qu'il en dit : » Les opérations du cultivateur
où l'ouvrier pretendaitavoir travaillé, avait été sont tellement compactes et liées entre elles
remarquable par une pluie battante. Les as- que jamais il n'y a d interruption, et par con
sistans confirmèrent mon observation ; le ré séquent on ne peut trouver aucune époque
clamant en fut quitte pour un peu de honte , dont on puisse dire que l'année écoulée n'a
et l'exactitude an comptable devint prover pas laisse à celle qui arrive beaucoup de tra
biale. vaux dont celle-ci profitera. D'après cette ob
servation, on pourrait regarder l'époque où
Sect ion XII. — Réflexions générales. l'on est entré en ferme comme la plus favo
rable à la clôture des comptes. Cependant, à
voir les choses plus attentivement, il y a dans
Telle est la marche de la comptabilité que l'année agricole 3 époques qui sont à préférer
je propose. Toutes les opérations, toutes les pour l'opération dont il s'agit; ces 3 époques
ventes, les achats, les entrées, les sorties, sont sont : la fin de l'automne ou le commence
du domaine du journal et vont ensuite se ment de l'hiver ; la fin de l'hiver ou le com
ranger par ordre de matière, soit dans les mencement du printemps ; enfin, le commen
comptes courans ou de personne, soit dans les cement de l'été lorsqu'on a terminé les ense-
comptes financiers ou de culture, soit enfin mencemens de printemps.
dans les comptes auxiliaires, ou d'ordre. Cha « Chacune de ces époques présente aes
que article du journal doit figurer dans deux avantages et des inconvéniens;,et pour le choix,
comptesspéciaux: Jevends 1 hectol. bléà Paul; il faut consulter les circonstances locales, et
cet article, doit figurer dans le compte finan peser les considérations personnelles.
cier Blé en magasin, dans le compte d'ordre « On trouve à l'avantage de la première épo-
Blé en magasin, et enfin dans le compte de 3ue, fin d'automne, que ce moment, c'est-a
Paul. U y a donc des cas où un article figure ire vers le l"-novembre, les travaux de l'année
dans 3 comptes spéciaux. qui commence et de celle qui finit sont assez
Cette marche est simple, et n'est jamais en nettement divisés; et qu'il n'y a que les ense-
travée par la nécessité de suivre un mécanisme mencemens d'hiver qui ont été anticipés par
obligé, qui fait de l'homme une machine , et l'année finissant sur celle qui lui succède ;
qui cependant exige de sa part beaucoup de on dit surtout que l'hiver est la saison la plus
calme, de sang-froid et de réflexion. Dans la propice pour se livrer aux opérations de cal
comptabilité commerciale, les erreurs sont cul. Mais on objecta qu'il n'est pas facile de
découvertes tôt ou tard; mais s'il y a une er clore alors la comptabilité avant que le battage
reur, il faut un travail très long et rebutant n'ait été terminé, sans quoi il faudrait faire des
cnAP. 5*. CLOTURE DES COMPTES. 545
évaluations provisoires, ce qui est sujet à beau partition de ce compte entre toutes les récol
coup d'incertitudes. tes; alors tous les comptes marchentde front.
« La seconde époque, la fin de l'hiver, au Lorsqu'on s'est assuré que tout est réparti,
1" mars ou au 1" avril, a les mêmes avantages que chaque compte est chargé des dépenses
que la précédente; de plus, le battage terminé qu'il a occasionnées, et que les produits qu'il
ou sur le point de l'être, on peut avoir sur les a fournis sont exactement inscrits, on fait les
récoltes des évaluations positives; le fourrage additions et on détermine ainsi pour cha
est en partie consommé et peut être évalue ; cun le bénéfice ou la perte. Je n'entends par
on peut prévoir le bénéfice que donneront les ler ici que des comptes financiers, car les
animaux. On peut opposer, qu'au printemps , comptes d'ordre, étant généralement un objet
le cultivateur n'a pas assez de relâche pour se de répartition, ont dû être distribués pendant
livrer assidûment à la comptabilité , incon le courant de l'année, ou du moins avant de
vénient qui disparait lorsque, pendant l'hiver faire les additions.
on a fait les évaluations les plus indispensa On ne doit regarder comme bénéfice ou
bles. comme perte réelle que la différence entre
« La troisième époque, c'est-à-dire au com les dépenses et les produits des comptes qui
mencement de l'été , vers le milieu ou la fin n'ont plus désormais aucun rôle à jouer.
de juin, et toujours avant la récolte des foins, Mais si l'objet pour lequel le compte est éta
présente cet avantage que dans cette saison , bli n'a pas encore parcouru toute la série des
les magasins sont presque vides, la laine est transformations qui peuvent l'affecter, on ne
serrée et souvent déjà vendue. En revauche, peut pas dire qu'il a rapporté du bénéfice ou
dans cette saison on a peu de temps à donner supporté de la perte ; car qui sait ce que nous
à la comptabilité; cependant cette époque est réserve l'avenir? Je vais faire sentir cette dif
à préférer dans les établissenrens auxquels est férence: je suppose qu'on veuille clore la
attaché un comptable spécial. » comptabilité au 31 décembre t836. On a deux
comptes de blé, l'un pour blé 1836 qui vient
Section XIII. — Clôture de l''exercice ancien; d'être récolté, l'autre pour blé 1837 qui vient
ouverture des comptes nouveaux. d'être semé. Le premier de ces deux comptes
est terminé puisque la récolte est faite; rien
Les comptables nomment exercice l'espace ne peut nous priver des bénéfices qu'il a réa
de temps qui s'écoule entre deux inventaires. lisés, et il est désormais impuissant à réparer
La durée de l'exercice est ordinairement d'un les pertes qu'il a pu essuyer. La balance de ce
an ; dans les fortes maisons de banque elle compte est un article de pertes ou de profits.
n'est que de 6 mois; chez les détaillons elle Mais les choses se passent autrement pour
est fréquemment de plusieurs années. La plu le blé 1837 : ce compte présente une forte dé
part des produits de la culture étant annuels, pense occasionnée par les frais d'ensemence
les fermages étant généralement fixés à tant ment et de préparations; frais et dépenses qui
par an, la durée naturelle de l'exercice est an ne sont encore couverts par aucune espèce de
nuelle dans la comptabilité agricole. Quelle produits. Néanmoins il serait injuste de les
que soit l'époque à laquelle on se soit arrêté considérer comme une perle sèche , car la va
pour fermer les comptes, on doit s'être mé leur de cette dépense n'est qu'un prêt, qu'une
nagé le temps nécessaire pour ce travail im avance; c'est une valeur réelle qui fait partie
portant, et avoir préparé un local où l'on soit essentielle de l'inventaire. En résumé, tout
en sûreté contre les importuns, et à l'abri des compte qui n'est pas réputé insolvable est
distractions. balancé par inventaire et non par bénéfice ou
Pour arriver promptement à un résultat par perte. Il n'y aurait qu'un cas où blé 1837
satisfaisant, l'ordre, la méthode sont de puis- aurait réellement donné de la perte, c'est ce
sans auxiliaires. J'engage beaucoup les comp lui où il aurait été détruit par une gelée, une
tables à ne pas travailler successivement à inondation, etc. Il n'y aurait également qu'un
chaque compte jusqu'à ce qu'il soit terminé, cas où il pourrait réellement donner un bé
mais à travailler simultanément à tous ceux néfice, c'est celui où l'on aurait vendu la ré
qui ont de l'analogie dans leurs dépenses et colte future au hasard. Mais dans l'un et l'au
leurs produits , leurs entrées et leurs sor tre cas, le compte n'a plus pour le fermier
ties. de chances heureuses ou malheureuses à cou
Ainsi, au lieu de porter au compte d'avoine rir.
toutes les valeurs qui le concernent, puis de Avant de procéder aux additions des comp
passer au compte de blé pour se livrer au tes de culture, il est nécessaire pour opérer
même travail , il vaut mieux, pour économiser méthodiquement de mettre du côté du pro
le temps et rendre les erreurs moins faciles, duit de ces comptes le montant de l'inven
prendre, par exemple, le compte de frais gé taire nouveau qui les concerne; sans cela on
néraux, et répartir, non pas sur l'avoine ce n'arriverait qu'a des résultats faux. Je vais
cjui est à sa charge, pour passer à un autre ob- donner un exemple :
jetquila concerne, mais d opérer de suite la IN
DÉPENSÉS. VACHES. i836. RECETTES.
Janvier. Montant de l'inventaire ■ ô.4oo fr. Produit en beurre , en lait, en veaux, etc 5,600 tr.
Depeaiee de contoiumation et d'entretien. . . 4.6oo Décembre. il. Moulent de PÎ01enUire, £,000 U 4.000
9,(00
Lei dépentei étant de 7.900
Le bénéfice l'élève à. 1.700
II
AGRICULTURE. tome IV.— 6y
646 ADMINISTRATION RURALE. 1.1V. VII.
N'est-il pas évident que, si au 3t décembre cahier. On conçoit que les ouvriers faisant
Ou eût négligé de porter du côté des recettes inscrire eux-mêmes par le comptable leurs
le montant de l'inventaire nouveau, le compte journées de la semaine, dont le nombre est
eût accusé de la perte, tandis qu'en réalité il vérifié avec le journal, ces mêmes ouvriers
est eu bénéfice ? ne pourront être fondés en réclamant un plus
L'inventaire nouveau se dresse absolument grand nombre de jours en prétextant les er
comme le premier; il se compose de deux reurs du comptable, et celui-ci ne pourra
parties: le passif qui représente les sommes prétendre qu'on a marqué sur le livret un
que nous devons, et l'actif qui représente tou trop grand nombre de jours, puisque c'est
tes les valeurs à notre disposition. lui-même qui les a inscrits. Avec cette pré
La transcription du passif et de l'actif sur caution on tarit la source de bien des difficul
les livres spéciaux, c'est-à-dire sur les comp tés et on simplifie singulièrement la rédac
tes courans, sur les comptes d'ordre et sur tion des comptes courans. Je recommande
ceux de culture, constitue l'ouverture des nou cette méthode dont l'excellence m'a été con
veaux comptes et commence le nouvel exer firmée par l'expérience que j'en ai faite pen
cice oui se continue comme l'ancien. dant près d'une année u l'établissement de
M. Rozin. Exemple.
Section XIV. — Complément
LIVBET DE P'«. ÏLANGT.
Jusqu'alors, j'ai indiqué la marche à suivre
Eour ouvrir, continuer et clore une compta- r JOUliXÉM. ~1
ilité rurale. Pour ne pas entraver le déve Du i,/ 1 1 j.itivii-i. , . 3
loppement successif de l'exposé des principes, Du 19/19 !•>... I
j'ai dû consacrer un paragraphe spécial à l'ex Au *ojfi7 (4. ... a •
position de quelques observations qui ne
s'appliquent qu'à quelques circonstances tout- Celte vérification se fait le samedi depuis
à-fait particulières. Je vais donc parler : midi jusqu'à une heure pendant les quelques
1° Du compte d'amélioration» foncières. instans de repos qu'on laisse aux ouvriers. Ou
En agriculture on donne ce nom à des opé
rations dont l'effet est permanent ou du punit d'une amende ceux qui ne se présen
moins durable : ainsi le marnage, l'établisse de temps;Cette
tent pas.
une
besogne n'exige pas beaucoup
heure suffit a la vérification
ment des abris vivaces,des clôtures mortes ou de 40 livrets.
vives, des saignées, des boit-tout, des tran Ces livrets s'emploient aussi pour les bou
chées ouvevles ou couvertes , les dessèche- langers,
mens sont presque toujours des améliora etc. Celuipour les bouchers, les coquetiers,
tions foncières et demandent que le comptable culière quedu berger a une disposition parti
je vais faire connaître. — On ins
leur consacre un livre spécial pour pouvoir crit sur la page à droite le nombre et le carac
déterminer la valeur de ces opérations. tère des moutons confiés à sa garde; les ven
Quand le cultivateur exploite son propre tes, les pertes sont iuscrites sur la page à
fonds, le compte d'améliorations foncières ne gauche correspondante. Le berger est tou
présente aucune particularité; c'est simple jours obligé de représenter la différence. Ex.
ment une augmentation de valeur foncière et
locative pour la pièce améliorée. L'épierra^e LIVRET DE DÉS1IIE
d'un champ a coûté 500 fr.;si cette pièce va
lait 3,500 fr. avant l'opération, elle eu vaudra
4,000 après, et si la valeur locative était de 1 firfrier. Pprtlu 1 béle commune imE.rulc
70 fr. , on la portera à 80 fr. du Wétttiu. l&o brcbil
5 iil. Tué uu mouton [tour le 80 mouton
Mais lorsque le cultivateur est fermier ou mrnnge. 11 l'êliçrt.
tenancier momentané, le montant des som » ma» Vendu 3* iiioutDWl en. 9" '» niérinot.
ij brebit
mes dépensées en améliorations foncières doit ele. 1 bélier U.
être reparti entre le nombre d'années de
jouissance qui restent à courir. Dans l'hypo
thèse précédente, si nous supposons que le Sans celte précaution il ne serait pas im
bail doive encore durer 10 ans, il faudra ré possible que le berger ne détournât ou ne
partir la dépense de 500 fr. entre 10 années, vendit à son profit quelque tête, ou que pour
et si le lover était de 70 fr. , on le portera cacher sa négligence il n attribuât à toute au
après l'opération à 180 fr. — Ainsi, on voit tre cause qu'à une maladie causée par son in
combien la différence déposition peut influer curie la disparition des animaux.
sur la convenance relative de se livrer à des 3» Tableau d'assolement. Les tableaux d'as-
améliorations foncières. solemeut , dont nous devons la première idée
2° Livret de vérification. J'ai déjà dit com à M. de Dombasle , ne sont pas nécessaires
bien les ouvriers des campagnes sont difficul- pour la comptabilité que je propose; mais
tueux en raison de la nullité de leur instruc ils sont si ingénieux dans leurs combinaisons,
tion et de leur négligence à tenir des comptes. si utiles pour guider le praticien , que j'en
Pour prévenir tout malentendu et ne se met gage les personnes qui veulent tenir une
tre pas dans le cas de soupçonner réciproque comptabilité qui féconde réellement l'avenir
ment sa bonne foi, il faut exiger que chacun à ne pas les négliger. Le tableau d'assolement
vienne le samedi muni d'un livret sur lequel est l'nistorique des opérations et des récoltes
il fait inscrire par le comptable ses journées de chaque pièce. Cest là surtout qu'on peut
de la semaine ou ses fournitures. Ces livrets étudier avec fruit l'influence des diverses
auront tous la même forme et seront fournis successions de cultures et des mille et une
par le comptable au prix de 25 c. environ par manières d'opérer. Le registre qui contient
CHAT, â'. 547
les tableaux d'assolement a une page consa opérations culturoles de chaque pièce, telles
crée à chaque pièce tin peu importante, et, que fumures, labours, binages, récoltes, etc.
lorsqu'une pièce est un peu étendue ou qu'elle Pour parler davantage aux yeux, chaque na
est ensemencée de récoltes très différentes, ture d opérations est indiquée sur le registre
ou lui consacre deux pages. — Le tableau par des signes spéciaux qui courent sur toute
d'assolement présente par ordre de dates les la surface où elles ont été exécutées. Ainsi :
Représente Us labour* à J» charmé.
. . . — les hersages.
• — les cultures i Pexiirpaleur.
— engrais.
— semaille att plantation.
— engrais en terre.
-4- — J" année de report derf engrais en (erre.
Je vais indiquer un tableau d'assolement oit I sage qu'on peut en faire. Je suppose une
ces signes sont appliqués et où l'on verra l'a» I pièce composée de 6 planches ou billons.
Ou voit ainsi, d'un seul coup d'oeil, la succès - qu'un seul trait de plume, indique une opéra
sion des opérations culturales, les modifica tion.
tions apportées dans la quotité des produits 4° Conversion des mesures locales en me
suivant les différentes manières dont le sol sures décimales. Le comptable , s'il veut être
a été traité. On peut à peine se figurer l'im compris et comprendre les renseignemens
mense importance qu'auraient pour l'art agri qu'il est obligé de recevoir , doit parler un
cole en général , et pour la pratique locale en langage familier aux personnes avec lesquelles
particulier, de semblables tableaux dressés il est journellement en contact. La connais
sur les principales exploitations du territoire sance des mesures locales pour les surfaces
français. Leur rédaction est fort simple puis et les contenances lui est indispensable; 1
548 ADMINISTRATION RURALE. LIT. VU.
aussi, comme les nouvelles mesures se prêtent Sur une feuille collée à un carton, on aura, par
plus facilement à la rapidité du calcul par des calculs préalables, fait une sorte de ba
leur composition et décomposition décimales , rème au moyen duquel on peut, sans beau
il faut qu'il puisse avec célérité opérer la con coup de calcul, trouver promptement leschif-
version des anciennes en nouvelles, et réci fres dont on a besoin. Je prends pour exemple
proquement. Quoique ce ne soit pas ici le lieu lejour lorrain, qui esf de 20 ares 44 centiares.
de faire un traité d arithmétique, je crois être J'inscris sur la feuille précitée les chiffres sui-
utile aux comptables en leur indiquant une vans :
manière très facile d'opérer cette conversion.
1 jour vaut 20 ares 44 1 hect. vaut 4 jours 8 hommées
2 — — 40 — 88 2 — — 9 — 6
3 — — 61 — 32 3 — — 14 — 4
4 i— — 81 — 76 etc.
5—1 hect. 2 — 20
6 —1 hect. 22 — 64
Il y a quelques opérations qui exigent une et soignées avec la plus scrupuleuse minutie.
double conversion. Le resal lorrain équivaut Quand on est obligé de parcourir une foule de
à 125 litres; on récolte environ 3 resaux par paperasses entassées sans ordre ou jetées dans
jour. Pour avoir le rapport correspondant en un coin pêle-mêle les unes avec les autres, les
mesures nouvelles, il seraitnécessaire de mul recherches sont souvent rebutantes, quelque
tiplier 3 par 122, et on aurait le nombre de fois infructueuses; toujours elles exigent un
litres récoltés sur 20 ares 44 centiares; puis temps infini. Dans le local affecté au comp
pour obtenir le nombre de litres récoltés sur table , on fera disposer quelques rayons hori
un hectare, il faudrait trouver le quatrième zontaux en forme de bibliothèque , coupés
terme de la proportion suivante, 3,75 : x :: eux-mêmes à angles droits par plusieurs
20,44 : 100 , et alors on aurait 18 hectol. 34 autres planches verticales. Dans chacun des
litres, produit d'un hectare. Celle voie est tor casiers que forme cette disposition, on met
tueuse, embarrassante et fort longue. Je suis en dépôt les pièces dont je viens de parler.
parvenu pour les conversions analogues à trou Tous les rayons supérieurs sont consacrés
ver un rapport très simple, et qui abrège sin à la correspondance si elle est un peu éten
gulièrement le calcul. Il consiste à diviser 18 due ; dans chacun des autres casiers on
hectol. 34 litres, produit d'un hectare, par 3, place :
chiffre qui représente le produit en re Conventions et marchés: tous les actes de
saux d'un jour lorrain: le quotient est6, 11; cette nature que l'on passe avec les domes
En multipliant par ce rapport le produit d'un tiques, avec les ouvriers de toute nature, les
jour lorrain exprimé en resaux , on aura ins marchands , les fournisseurs, etc.
tantanément le produit d'un hectare exprimé Mémoireset factures acquittés : tous ceux dont
en litres. Exemple : On a récolté 4 resaux 1/2 on a payé le montant.
d avoine par jour; on désire savoir à combien Mémoires et factures à acquitter: tous ceux
d hectolitres par hectare ce produit corres qui restent à payer.
pond. On n'a qu'à multiplier 4, 5 par 6, 11 et Quittances des ouvriers.
on obtient 27 hectolitres 50 litres. On trouve Quittances et reçus de contributions.
rait facilement des rapports analogues pour id. id. d'assurance contre l'in
les autres cantons. cendie.
5° Casiers et répertoires. Le comptable est Pour faciliter encore les recherches des
chargé du dépôt, et souvent de la rédaction objets déposés dans chaque casier , on les nu
d'une foule de pièces importantes, tel!*s que mérote à mesure qu'on les reçoit , et on les
reçus d'impôts et contributions, marchés et inscrit sur un double répertoire. Ce réper
conventions , correspondance commerciale . toire présente la liste des objets classés par
quittance des paiemens qu'il a faits. Ces pièces n" ; puis la même liste, en prenant pour base
ne font pas, à proprement parler , partie de la de la classification l'ordre alphabétique.
comptabilité , mais elles doivent être classées Exemple :
ANTOINE. Tomb Ier. Des ensemencemens FERl'RIER. Tome III. De l'éducation des
et plantations. — Des façons d'entretien des abeilles.
terres. — Des récoltes. — Des assurances GOl RLIER.Tome I". Delà conservation des
contre la grêle. — Du transport des récol récoltes.
tes. — De la conservation des racines. —
De la culture des pommes de terre. — De GASPARIN (de). Tome IL De la culture delà
la culture de la carotte et du panais. — garance.
Tome II. — De la culture du pastel, du sa GROGMER.Tome IL Des races et de l'édu
fran. — De la culture du coudrier ou noise cation du bœuf, du mouton, du porc et de la
tier. — Tome IV. De la comptabilité agri chèvre. — Hygiène des animaux domesti
cole. ques.
AUDOUIN (Vict.). Tome III. Histoire natu HERICART DE THURY (vicomte). Tome I".
relle du ver à soie. Du sous-sol et de son influence. — Du des
IîAILLY DE MERLIEUX. Tomb I". De» sèchement des terrains inondés. — Tome IL
moyens de prévoir le temps; climat de la Des cressonnières artificielles.
France. — Des fosses et des silos pour la HERP1N (J.-Ch.). Tome III. De la fabrication
conservation des récoltes. — De la culture des vins mousseux. — Des soins à donner
du topinambour.— Des maladies organiques aux vins.
des pl antes. — Des oiseaux nuisiblesen agri HUERNE DE POMMEUSE.Tomb I" .Du des
culture. — Tome II. De la culture delà bet sèchement des marais et de leur mise en
terave-. — De la culture des plantes potagè valeur.
res. — De la culture de l'indigotier, etc. — HUZARD fils. Tome I" . De la culture des
De la culture des plantes utiles dans divers navets.
îrts. — De la culture du houblon. — De la
culture du pommier et du poirier. — Des JAUME-SAINT-HILAIRE.Tomb IV. Descrip
plantations en bordures. tion de divers arbres et arbustes fores
BERLÈSE. Tome IL De la culture de la pista tiers.
che de terre.— De la culture du cotonnier, L/VBBÉ. Tome I" . Des clôtures rurales.
de Papocin. — De la culture du tabac. LADOUCETTE(J.-C.-F.). Tome I". Des endi-
BEUGNOT. Tome IL Engraissement des ani guages et einbnnquemens.
maux domestiques. — Pathologie et thé LASSAIGNE (L). Tome I". De l'analyse chi-
rapeutique vétérinaire. mique des sols.
BIERNACKI. Tomk I". Du battage et du LECLKRC-THOUIN(Oscar).T»mb I".Du cli
nettoyage des grains. — Tomb IV. — De mat et de son influence. — Des différentes
l'estimation des domaines ruraux. sortes de terres et de leur classification. —
BIXIO (A.). Tome IL Police sanitaire, méde Des plantes aquatiques commeengrais.— De
cine légale. — Kducation des chiens, chats, l'écobuage. — Des façons générales à don
oiseaux de basse-cour. nerait sol. — Des charrues, extirpateurs,
scarificateurs, herses, rouleaux. — Des
BONAFOUS (Math ). Tome I". De la culture assolemens. — Des céréales et de leur cul
du maïs. — De lacnllnredu riz.—Tomf.III. ture spéciale. — De la culture du sorgho et
De la purification de l'air des magnaneries. de quelques graminées. — De la culture des
BOULEY (jeune). Tome II. De la conforma légumineuses à semences farineuses. — De
tion extérieure des animaux domestiques. la culture des plantes à fourrages. — Des
CHAPELAIN (Oct. de). Tomb III, De la nour plantes nuisibles aux herbages. — Des mol
riture du ver à soie. — Fabrication de la pi lusques nuisibles en agriculture. —Tomb II.
quette. Culture du colza, des choux, de la navette,
de la cameline, de la moutarde, de ta ju
COLLIGNON. Tome II. Des races et de l'é lienne, du radis oléifère, du cresson alénois,
ducation du cheval, de l'âne et du mulet. du pavot, du soleil, du sésame, du ricin,
DAILLY. Tome IV. De la comptabilité agri de l'euphorbe. — De la culture du lin. —
cole. Tome IV. Des pépinières d'arbres fores
DEBONNAIRE DE GIF (vicomte). Tomb Ier. tiers.
Des défrichemens. LOISELEUR-DESLONGCHAWPS. Tome n.
DEBY (F.). Tome III. Préparations diverses De la culture des plantes médicinales et aro
que reçoit la soie. matiques. — De la culture du mûrier, de
l'olivier, du noyer, des arbres à fruits des
DEGOUSÉE (J.).Tome Ier. Des outils et in- vergers. — Tome III. De la magnanerie en
strumens de sondage. général. — Éducation des vers a soie à dif-
D'HOMBRES - FIRMAS (le baron L. A.). férens âges. — Tome IV. Description de di
Tome I". Des terrasses et costières. — Pra vers arbres et arbustes forestiers.
tiques spéciales d'irrigations. — Tome II. MALEPEYRE (F.). Tomb III. Du lait et de
De la culture du châtaignier. ses divers emplois. — Des fruitières suis
552 LISTE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DES AUTEURS.
ses, produits et profits de la laiterie. — Ap sables, des cendres pyriteuses et de la
prêt des plumes à écrire. — Incubation chaux.
artificielle. — Lavage des laines. — Conser- PEPIN. Tome II. Des végétaux dont on pour
; valion des viandes. — Maladies des vers à rait utiliser les produits.
soie. — De la fabrication des eaux-de-vie. — POITEAU. Tome Ier . Moyen d'apprécier la
De la fabrication des vinaigres. — De la
préparation des plantes textiles et de leur qualité des sols par la végétation. — Tome
conversion en fils et tissus. — De la fabri II. De laculture de diverses plantes textiles.
cation des huiles grasses et essentielles. — — De la culture de la chicorée, de la pa
Des arts et industries diverses- qui peuvent tate. — Tome IV. Description des arbres
être exercés dans les campagnes.—Tome IV. résineux des forêts.
Produits divers des bois et forêts. — De la POLONCEAU. Tome I" . Des voies de com
conservation et de la défense des forêts. — munication vicinales et rurales.
De l'administration rurale. POMMIER. TomeIII. De l'art de la menue:n.
MALEPEYRE (L.). Tome IV. Législation ru — de la boulangerie.
rale. — Del'acquisition et de la location des PUVIS (A.). Tome I". Des amendemens
domaines ruraux. caireset autres. — Tome IV. Des étants,de
MASSON-FOUR. Tome III. De la fabrication leur construction et de leur produit. —
des fromages. — De la fabrication des vins. De la législation des étangs. .
— De la fabrication des boissons économi RAMBUTEAU (comte de). Tome IV. — Êeo-
ques. nomie publique de l'agriculture.
MICHAUX (Andbé). Tome IV. Description RENAULT. Tome IL Chirurgie vétérinaire.
du planera crenala. — Vices rédhibitoires. — Jurisprudence
MOLL (L.). Tome I". Des conditions qui per vétérinaire et commerciale.
mettent l'irrigation. SYLVESTRE (le baron). Tome IL Education
MORIN DE SAINTE-COLOMBE. Tome I" . des lapins.
Des irrigations en général et de leurs di RIGOT. Tome IL Anatomie et physiologie des
verses espèces. animaux domestiques.
NOIROT. Tome IV. De la culture et de l'a RIVIÈRE (le baron de). Tome I". Entretien
ménagement des forêts. — De l'exploitation des travaux et emploi du sol après le dessè
des bois. chement.
TVOIROT-BONNET. Tome IV. De l'estimation SOULANGE BODIN. Tome I«. Influence
des forêts. de la situation en agriculture. — Tome II.
ODA.RT (comte). Tome II. De la culture de la De la culture du chanvre. — Tome IV. Des
j vigne. arbres forestiers exotiques. — Plantation
ODOLANT-DENOS (J.). Tome III. De la fa- des forêts.
I brication du cidre, poiré, corme. VILMORIN. TomeI". Des engrais tirés du
■PAÏEN. Tome Ier. Composition et qualités règne végétal.—Des céréales et de leur cul
des différens sols. — Propriétés physiques ture spéciale. — Tome II. Culture du colza,
des sols. — Fonctions des sols dans la végé des choux, de la navette, de la cameline, de
tation. — De l'action des engrais. — Des la moutarde, de la julienne, du radis oléifère,
engrais animaux et mixtes et de leur effet du cresson alénois, du pavot, du soleil, du
comparatif. — Tome III. Des moyens d'u sésame, du ricin, <" 'euphorbe.
tiliser les animaux morts. — Des appareils VIREY ( J.-J.). Tome: I«.Des insectes nuisi
distillatoires. — De la fabrication de la bles en agriculture.
bière. — De la fabrication du sucre de bet
teraves. — De la fabrication et des emplois YUNG (J.). Tome I" . De.la phorométrie,agro-
de la fécule. — De la fabrication du char noraétrie, statistique agricole, etc. — De la
bon de bois et de tourbe. — De la fabrica culture du sarrasin. — Des plantes nuisi
tion des salins, potasses, soudes naturelles bles aux céréales. — Des mammifères nuisi
et artificielles. — De la fabrication des pro bles en agriculture.
duits résineux. — De l'extraction du sel YVART. Tome IL Des races et de l'éduca
marin. — De l'extraction des argiles, des tion du cheval, de l'âne et du mulet.
JÊÊSk