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一一一一一一一一
MAISON RUSTIQUE
DU XIX: SIÈCLE.
MAISON MUSTIQUE
ENCYCLOPÉDIE D ’AGRICULTURE PRATIQUE .
LISTE DES COLLABORATEURS.
ANTOINE (de Roville), professeur à l'institut agricole de LASSAIGNE. professeur à l'école vétérinaire d'Alfort.
Roville (Meurthe). LEBLANC, professeur au Conservatoire des arts et métiers.
AUDOUIN, professeur au Muséum d'histoire naturelle, mem
LECLERC-THOUIN (Oscar), des Sociétés d'agric. et d'hort
bre de la Société centrale d'agriculture.
LOISELEUR DES LONGCHAMPS, des Sociétés d'agri.
BEAl'VAIS (Camille), directeur des bergeries de Senarl culture et d'horticulture.
(Seine-et-Oise), correspondant de la Société d'Agriculture.
MACAREL, conseiller d'État, professeur de droit administratif
BERLEZE (l'abbé), des Soc. d'agncultnrc et d'horticulture. des Sociétés d'horticulture et d'encouragement.
RIERNAKI, cultivât., anc. ministre de l'intérieur en Pologne. MALEPEYRE, avocat à la Cour royale de Paris.
BIXIO (Alexandre), docteur en médecine. '
MASSONFOUR, ex-professeur à l'École forestière de Nancy,
BONAFOUS, directeur du Jardin botanique de Turin, cor directeur du Journal d agriculture pratique.
respondant de l'Institut, de la Société d'agriculture.
MICHAUT, corresp. de l'Institut, de laSociété d'agriculture.
BOUCHARD (L.), propriét. -cultivateur. MIRBEL, de l'Académie des sciences, delà Société d'Agri.
CHAPELAIN (Octave de), propriét. -cultiv. dans la Lozère. culture, professeur au Muséum d'histoire naturelle.
DAILLY, propriét. -cultiv. à Trappes (Seine-et-Oise), des So MOLARD, de l'Acad. des sciences et delà Soc. d'agriculture,
ciétés d'agriculture et d'horticulture de Paris et de Versailles. MOLL, professeur à l'Institut agricole de Roville.
DEBONNAIRE DE GIF, cons. d'État, de la Soc. d'agricult. MORIN DE SAINTE COLOMBE, des Sociétés d'agricul.
DEBY, propriét. -cultivateur dans le Loir-et-Cher, de la Société ture et d'horticulture.
d'agriculture. NOIROT (de Dijon), auteur de plusieurs ouvrages d'agricul-
DESJOBERTS, députe, cultiv. à Rieux (Seine-Inférieure). ture forestière.
DITPIN (Charles), député, président de l'Académie des Scien NOI ROT-BONNET, géom.-foreat. a Lugrei (Haute-Marne),
ces, professeur au Conservatoire des arts et métiers, etc. ODART (le comte), président de la section d'agriculture di
FEBURIER, des Sociétés d'agriculture et d'horticulture de la Suciéléde Tours, propriét.-agronome dans Indre-et-Loire,
Paris et de Versailles. ODOLANT DESNOS, auteur de plusieurs ouvrages sur la
GASPARIN (de), sous-secrétaire d'État de l'intérieur, de la arts industriels et agricoles.
Société d'agriculture, etc. PAYES, manufacturier-chimiste, des Sociétés d'agriculture,
GIRARD, de la Société d'agriculture, ex-directeur de l'École d'horticulture et d'encouragement.
vétérinaire d'Alfort. POITEAU, des Sociétés d'agriculture et d'horticulture, au
GIRARD, de l'Acad. des sciences, de la Soc. d'agriculture. teur du Bon Jardinier, etc.
GIRARDIN (Emile de), député, fondateur de l'ins'itut gratuit POLONCEAU, inspecteur-divisionnaire des ponts et chaussées
agricole de Coélbo. des Sociétés d'agric., d'horticult. et d'encouragement.
GIROU DE BCZAREINGUES, correspondant de l'Institut POHJHIRR, directeur de fÉcho des haltes et marchés.
et de la Société d'agriculture. PUV1S, président de la Sociéié d'agriculture de l'Ain.
GODEFROY, ancien notaire. RAMBUTEAU de), député, conseiller d'Éiat, préfet de II
GOURLIER, architecte des Travaux-Publics de Paris, de la Seine, président de la Société d'agriculture.
Société d'eocouragemeut, etc. RIVIERE (Baron de), propr. culiivatcur dans la Camargue
GUYOT (Jules), docteur en médecine, à Gyé-aur-Seine (Aube). correspondant tle la Société d'agriculture.
HÉRICART DE I III llï (vicomte), de l'Académie des SOULANGE-BODIN, des Sociétés d'agriculture, d'horticul
sciences, président des Sociétés d'agricult. et d'horticult. ture et d'encouragement, fondateur de l'Institut horticole d<
HERPIN, propriét. -cultiv. dans l'Indre, de la Société d'agric. Fromont (Seine-et-Oise;.
HO.MBRES-FIRHAS (le baron d'), correspondant de l'Ins SYLVESTRE (baron de), de l'Académie des sciences, secré
titut et de la Société royale cl centrale d'agriculture, proprié taire perpétuel de la Société d'agriculture.
taire agronome dans le Gard, etc. TESSIER, de l'Acad. des sciences et de la Société d'agricult.
HUERNE DE PO.M.MEUSE, des Sociétés d'agriculture, TUBPIN, de l'Académie des sciences et de la Société d'hortic.
d'horticulture et d'encouragement. VALCOURT (de), cultivateur, inventeur de divers instrument
HUZARD père, de l'Académie des sciences, archiv. de la Soc. d'agriculture.
d'agricult., inspecteur des écoles vétérinaires de France. VILMORIN, des Sociétés d'agriculture et d'horticulture
HUZARD nls, des Soc. d'agric, d'horlir. et d'encouragement. propr. -cultivateur aux Barres (Loiret), ele
JAUME-SAINT-HILAIRE, de la Société d'agriculture, au VIREY, député, de la Société d'agriculture, etc.
teur de la Flore et de la Pomone Françaises. YVART, directeur de l'Ecole vétérinaire d'Alfort, de la SociéW
I.AItltK, des Sociétés d'agriculture et d'horticulture. d'agriculture.
LADOUCETTE, député, des Sociétés d'agriculture, d'horti YCNG, rédact. du Bull, des sciences agric. et de l'agronome.
culture et d'encouragement.
MAISON RUSTIQUE
DU XIX® SIÈCLE.
TERMINÉE
Rédigé et professé
Par une réunion d'Agronomes et de Praticiens appartenant aux Sociétés agricoles de France ,
SOUS LA DIRECTION
De M . C . Bailly de Merlieux,
De la Société centrale d'agriculture, Secrétaire de celle d'horticulture, etc.,
Directeur du Mémorial encyclopédique, Auteur de plusieurs ouvrages.
TOME PREMIER .
AGRICULTURE PROPREMENT DITE .
aris
AU BUREAU , QUAI AUX FLEURS, Nº 15 .
M DCCC XXXV.
TO NEW YORK
PUBLE LIBRARY
241374A
ASTOR , LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS
R 1926 L
. .. .
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
CHAP- I" DU CLIMAT ET DE SON INFLUENCE § a. Imperméabilité du sous-sol pour lea racines. . . 49
EN AGRICULTURE 1 § 3. Mélange du sous-sol avec la couche végétale. . 16.
Sur. iw. De l'atmosphère et de son influence 3 ^ 4. Imperméabilité du sous-sol pour Peau. . 5o
i Ier. Action chimique. ib, § 5. Principaux sous-sols qu'on rencontre. . . . ib.
% s. Action physique. — Dr» venu 3 Sict. vi. l'horométrie, agronoméiri* ou appréciation du
S 3. Moyens de connaître la pression, la force et la degré de fertilité des terres 5i
direction de l'air 16. Sict. vu. Fonctions des sols dans la végétation. . . .54
Sict. 11. De l'humidité, de la sécheresse et de leur in Sict. vin. Moyens d'apprécier les qualités des sols, . 55
fluence 4 $ i'r. Par l'aspect et tes propriétés physiques. . . . ib.
Ç Ier. Humidité et sécheresse du sol t'A. $ 3. Par les végétaux qui y croissent. , • . # . ib.
C j. — — de l'atmosphère 5 § 3. Par l'analyse chimique des sols 57
§ 3. Des nuages et brouillards . . ib. CHAP. III- Des amendemens - • . Sg
§ 4. De la pluie 6 Sict. i1*. Considérations générales • . ib.
$ 5. Instrumens pour déterminer l'humidité ou la sé § i*r. Etudes préliminaires. ib.
cheresse de Pair ib. § 3. Importance de l'usage des amendemens. ... 60
Sict. 111. De la température et de son influence. ... 7 $ 3 . Résultats de l'emploi des amendemens sur le sol
$ Ier. Effets généraux sur la végétation ib. français ib,
k 3, Durée des étés et de» hivers ib. Sect. 11. Des .amendement calcaires 61
\ 3. Intensité de la chaleur et du froid g Art. /«. Du chaulage ou de l'emploi de la chaux comme
S 4. Refroidissement et congélation 9 amendement ib.
$ 5. Moyens de déterminer la température. . . .10 $ i'r. Terres auxquelles la chaux convient. . . . ib.
Sict. iv. De Vcledricité et de son influence ib. § 3. Moyens divers d'employer la chaux ib.
Paragrfles, paratonnerres. ......11 5 3. Chaulages en usage dans divers pays 6i
Sict. t. Influence de la situation ib. § 4- Soins à prendre dans le chaulage IÎ4
% 1er. De la latitude ou du climat ib. | § 5. Qualités diverses de chaux . . ib,
$ a. De l'élévation 1 § G. Des seconds chaulages 65
% 3. Sol et constitution géologique 14 S 7. Doses des chaulages ib,
Ç 4. De l'exposition ib. § 8. Couduite à tenir dans les sols chaulés. . . . ib.
$ 5. De l'inclinaison et des abris i5 § 9. Effets de la chaux sur le sol ib,
Sict. ri. Moyens de juger du climat parles végétaux. . 16 § 10. Quantité absorbée par la végétation ib,
Sict. vit. Moyens de prévoir le emps 17 §11. De l'épuisement du sol par la chaux. ... 66
jS Ier. Pronostics fournis par les instrumens. . , ib. Art, II. Du marnage
i ». — par les astres 18 § i*1". Composition, recherche et choix de la marne, ib.
§3. — par l'atmosphère ib. § 3. Procédés de marnage dans divers pays. . • • 67
| 4. — par les végétaux. . . * 19 § 3. Doses de marne à donner au sol 68
% 5. — par les animaux ib. § 4. Soins à prendre dans le marnage 69
% 6. Signes et pronostics divers ib. § 5. Des seconds marnages ib.
Sict. vin. Du climat de la France 20 § 6. Epuisement du sol par la marne 70
CHAP- II. DU SOL, DE SES PROPRIÉTÉS ET DE § 7. Culture du sol après les marnages ib.
LA NATURE DIVERSE DES TERRES* * ai § 8. Assainissement produit par la marne. ...» ib.
Sict. 1™. De la formation des sols ib. Art. III. Emploi des plâtras ou débris de démolition
Sict. it. Composition, qualités des différons sols. . . ib. comme amendemens i/>.
{ 1er. Nature et qualités des sols ib. Art. IV. Du falunage ou emploi des coquilles comme
il. Composition des sols en culture 21 amendemens 71
3. Substance» contenues accidentellement dans les Sect m. Des amendemens stimulons ib.
sols ?4 Art. Ier. Du plâtre, sulfate de chaux ou gypse. . . ib.
Sict. m. Des différentes sortes de terres et de leur clas- Art. II. Des diverses sortes de ceodres 73
S Ier. Cendres de bois ib.
sifleation ib.
$ icr. Des sols argileux ib. S 3. — de tourbe et de houille 74
$ a. Des sols sableux 37 S 3. — pyriteuses, ou cendres noires, rouge*. . .75
I. Terres sablo-argileuses 39 $ 4. Tangue, cendres de v arecs, engrais de mer. . .76
II. — quart zeuses et graveleuses. . . * . . 3o Art. III. Des substances salinrs 77
III. — granitiques i'A, $ 1er. Sel marin ou hydrochlorale de soude. . . . ib.
"> IV. — volcaniques. 3l 5 3. Muriale ou hydrochîorate de chaux 79
V. — sablo-argilo- ferrugineuses ib, S 3. Sulfate de soude ib.
VI — de sable de bruyères , . ib. $ 4. Nitrate de potasse ou salpêtre , . 80
Vil. — de table pur 3* § 5. Remarques générales sur les sels ib.
Des dunes ib. Sict. iv. Des amendemens par le mélange t'es terres. . ib.
Gièves ou sables des bords des fleuves. . 33 CHAP- IV. Des engrais 8a
Jj 3. Des sols calcaires 34 Sect. ir*. Des circonstances favorables à leur action. . ib,
$ 4. Des sols magnésiens 36 S 1er. De l'humidité ib,
§5. — tourbeux et marécageux ib. § a. De la chaleur et de la porosité 83
Sict. iv. Propriétés physiques des sols 39 § 3. Des slimulaus et leurs effets généraux. . . . 84
$ Ier. Densité ou poids spéci6quedes terres. ... 40 Sict. m. Action dei divers engrais. . 86
S *• Ténacité et qualité plastique ib. Sict. 111. Des dîfférens engrais. ....... 87
S 3. Perméab lilé du sol 43 Art. Ier. Encrai» tirés du règne végétal. ib.
S 4* Faculté d'absorber l'eau , ib. § 1". Des plantes terrestres ib.
i "1. — de se dessécher 43 § 3. Des plantes aquatiques 91
È $6. Diminution de volume par la dessiccation. . . . ib. Art. II. Des engrais animaux 93
^^ $ 7. Effets de la capillarité des sols 44 § Ier. De quelques substances peu employées. . . ib.
^ S 8. Absorption de l'humidité de l'air 45 Sabots, cornes. — Plumes, crins, poils. — Viande, ib.
î 9. — dea terres pour les gai ib. § 1. Du sang desséché ib.
S 10. Faculté d'absorber et de retenir la chaleur. . . 46 § 3. Issues, vidanges et déchets des boyaux. ... 94
j S 11. Influence de l'état électrique des sols. . . .47 $ 4. Os i explication de leurs effets. . . . . . ib.
f Sur. ». Du sous-sol et de son influence ib. § 5. Engrais liquides 96
$ 1er. Notions de géologie et de géognosie. . . • ib. § 6. Fabrication et emploi de la poudrette. ... 98
VI TABLE DES MATIÈRES.
S 7. Inconvémens des engrais infects. • . , , III, Lais et relais de la nier. ...... i55
$ 8. Du noir anima! et du noir annualisé1. . Sict. v. Calculs qui doivent précéder les opérations
$ 9. Fabrication et emploi des engrais désinfectés. . 100 agricoles 157
$ 10. Imitations el falsifications du noir animalisé. . 1 05 CHAP- VI. Des façons générales a donner
Art. III. Des engrais mixtes, ou fumiers 1 o3 AU SOL i5S
Ç ier. Mode gênerai d'emploi Ssxt. 1™'. Des labours «ft.
io4
S a. Di-s fumiers d'élabîe ou litières ib. Art. I*T. Des défoncemens. -..,.,.,, 1 5g
5 3. Engrais produit par le parcage 106 S Ier. Profondeur des défoncemens. , , . . .160
$ 4. Excrémens de» oiseaux ». § 3. Divers modes de défoncemens. . . . . » ib,
§ 5. Vase des mares et étangs, et boues 107 I. A bras d'homme, pics, pelles, bêches. ... 16,
$ 6. Suie des chemine'es. . 108 II. A la chairue , 163
$ 7. Des compost*, ou mélange* des terres et fumiers. ib. III. A la charrue et à bras d'homme 163
Jonc* employés comme engrais 10g Art. II. Des labours ordinaires en général. . . . ib.
Sict. iv. Prix et effets comparés des divers engrais. ■. ib. i*r. Profondeur des labours ib,
$ ier. Fixation du prix du revient des engrais. ib. § a. Nombre des labours. . 164
Ç 2. Détermination des effets des engrais I 10 §3. Epoques favorables aux labours i65
$ 3. Proportion d'engrais contenue dans divers mélanges I I 1 Art. III. Des diveis modes de labours. . . . . . ib.
$ 4. Comparaison des prix et des effets des divers en % ier. Labours à bras d'homme : pioches, houes. . »,
grais, avec les doses nécessaires , § 3. Labours à la charrue 167
CHAP. V- Des opérations agricoles propres § 3. Direction des labours ib.
A RENDRE LE SOL CULTIVABLE^ • - ib. § 4- Différentes espèces de labours 168
Sict. i1*. D?s dè/rich-mens n3 Billons simples, doubles, etc ib.
$ i*r. Conditions avantageuses ou désavantageuses. . ib. Sict. 11. Des charrues , 170 !
$ 1. Procédés divers de défrichement M*. Art. J«. Des parties essentielles des charrues. . . . ib.
Ç 3. DéfrîcKemens à la charrue ib. § 1". Le soc i'A.
Ç 4. — à la main : Pics, tournées, fourches. 1 1 5 § 3. Le coutre ty%
Ssct. 11. De Vécobuage il fi § 3. I,c sep * . . ».
Art. Ier. Du découpage du snl j 4. Le versoir * . . 173
"7
Art. II. Du brûlis des terres contenant des végétaux. "9 § &• L'âge ,75
Art. III. — — dépouillées de toute végétation. 1 ?o % 6. Le régulateur. , ib.
Art. IV. Des effets de l'écohuage 1 î 1 ^ 7. Le manche ou les mancherons, . • . . «176
$ 1 er. Effets chimiques et physiques Art. II. De la résistance et de la force de traction. . ».
$ 3. Terres qu'il convient d'écohucr Art. III. Des araires ou charrues simples 178
$3. Plantes auxquelles convient IVcobuage. . Araires de Rovilte. 17g
Sict. 111. Des endigua ges ou embanquementt ou moyens Araires de Lacroix, écossaise, Molard, anglaise. 180
de prévenir les eneahissemens des taux plu- Araires de Finlayson, américaine, etc. . , • 18s
viates et de la mer Art. IV. Des araires à support el à roue. . . , , s 83 :
Art. In. Observations générales § ier. Araires à sabot : Brabaut, etc. . . . . ». j
§ Ier. Principes généraux » ^ a. Araires à une roue : Molard, écossaise, à treuil. i85
$ s. Procédés généraux dVndiguage ^ 3. Araires à 3 roues : Rosé, Châtelain. . 186
Art. II. Des meil'eurs moyens d'endiguer. Art. V. Des charrues à avant-train. ... .8;
$ icI>. Claies vivaces sur le bord des ruisseaux. . § 1er. Charrues à versoir fixe: Guillaume, de Brie,
$ 3. Moyens d'encaisser les rivières el lorreos. . champenoise, de Roville, Pluchet, Grange,
$ 3. Des polders ; digues sur les bords des fleuves et Laurent, etc 188
de la mer S 1. Charrues à tourne-oreilles ! commune,* Hugonet. ■ 9Î
Sict. iv. Du dessèchement des marais et de leur mise en § 3. Charrues à versoirs mobiles • Mol lard, Dessaux,
valeur Rosé. 194
Ait. I". Causes de l'existence des marais et moyens de § 4. Charrues â deux versoirs ig5
les assainir Art. VI. Des araires et charrues a plusieurs socs. » 196
Ç i'r. Desséchemens par remblaiment ou par col Araiie dos-à-dos de Valcourt , »-
mates ...... Charrue à double soc horizontal 197
$ t. Dessèchement par un système de canaux. . . Charrue à double soc ei à pied ».
5 3. Observations sur les travaux d'art Bisocs Guillaume et Sommerville ig8
§ 4. Résultats généraux des desséchemens, . , Trisocs de Bedforl, etc. .,.,..., 199
Art. II. Travaux pour le dessèchement des terrains Sict. 111. Des labours à Vaide de machines autres que
inondés ib, les charrues 300
$ i*r. Terrains inondés par la stagnalioo des eaux ^rf. Ier. Des labours à l'extirpateur ».
pluviales, ou des fontes de neige. ib. Scarificateur - Beatson ib.
$ a. Terrains inondés par des sources provenant de Exlirpateurs -. de Roville, Valcourt, etc. . . .soi
réservoir* souterrains ■ 38 Art. II. Des labours â la ratissoire ao3
$ 3. Dessèchement des plaines sans pente et sans Ratissoire à cheval; scarincateurs:Guillaume,C«kef
écoulement 140 Bataille, Geffroy, etc ».
§ 4. Des puits perdus, puisards et boilouts. . ». Scarificateur rotatif à râteau, etc 304
$ 5. Confection des fossés ouverts et couverts. >*3 Art. III. De l'éaioltage à la herse ao5
$ 6. Machines à épuiser Peau ■ 44 Herses triangulaire, quadrangulaîre, du Berwicshire ,
$ 7. Outils et instrumens de sondage. ..... 146 de Laponie, courbes, etc 306
Art. III. Entretien des travaux et emploi du sol après Art. IV, De l'émottage au rouleau 307
le dessèchement U8 Rouleaux : en bois, pierre, fonte, à châssis, brise-
S Ier. Entrelien des travaux ib. mottes, à disques, à pointes, squelette, etc. . . >o8
I. Réparation el conservation ib. CHAP- Vil. Des ensemencsmens et planta
A. Envasement et atlérissemem des canaux. ■ ib. tions. . «09
■*9 Sict. irt. Des ensemenceinens ib.
B. Conservation des talus ; gazonnement.
C. Entretien et conservation des digues. . ] 5o Art, f"". Choix des semences ib.
D. Entretien cl conservation des ouvrages d art* ib. Art. II. Epoque et profondeur des semailles. . , . sio
II. Moyens de pourvoir aux dépenses d'entretien* ib. § icr. Epoques des semailles ib.
A. Parti qu'on peut tirer des canaux. . . ». % 3 . Profondeur des semences 311
B. Pêcheries 161 § 3. Quantité de semences à employer. , . , . . ».
C. Végétations sur les francs-bords. . . . I**. Art. III, Des procédés de seminatiou aïs
§ t*r. Semoirs {Dtills des Anglais) ».
D. Plantations ».
$ ). Emploi du sol après le dessèchement. . . . i5s § a. Semailles à la volée 317
I. Sol garanti des crues ». Art. IV. Procédés employés pour recouvrir la se
H. Sols goutteux, étangs et marais. . . , . ib. mence, et plombage du terrain. . . . . 118
TABLE DES MATIÈRES. VII
Ski. ii. Des plantations et repiquages. . . . § 3. Conventions avec les moissonneurs. . . ■ . >97
i Ier. Préparation du terrain ib. ^ 3. Soins à donner aux moissons, surtout dans les
C i. Choix du plant 2 1 I années pluvieuses : Moyes, meulons, perches, etc. aç|8
§ 3. Exécution des plantations ib. § 4. Rentrée des moissons 3oo
CHAP- VIII- Des façons d'enthetien. DES § S. De q idques manières de moissonner - 3o 1
TERRES 717 Sict. iv. De la recolle des racines 3 11 2
Sut. i". Façons pour l'ègouttement du sol, , ■ ib. § Ier. Epoque de l'arrachage ib.
Sict. ii. Façons pour Vameubtissement du toi, . 133 $ 1. Récolte a la manière des Anglais ib.
Art. /". Du hersage des recolles ib. ^ 3. Arrachage à la main ib.
§ Ier. Hersage des céréales ib. ^ 4. Arrachage à la charrue ,b.
\ 3. Hersage des plantes sarclées "i § 5. Opérations postérieures à l'arrachage. . 3o3
§ 3. Hersage des prairies ib. Sict. v. Des assurances contre la grêle ib.
Ait. II. Du binage ib. CHAP- XII. De la conservation des ré
§ i*>. Binage des céréales coltes 3oi
| a. Binage à la main des récoltes sarclées. . ii i Sict. f'. Du transport des récoltes ib.
Eclairtîssage des plantes sarclées. . . . Art. Ier. lnstrumens à bras
"7 3o5
§ 3. Binage à la houe à cheval 338 § Ier. Brouettes, camions
ib.
Conduite des houes à cheval i79 ^ a. Hottes, mannes, civières 3nC
Sttt. m. Façons pour le nettoyage du sol. . »3i Art. II. lnstrumens conduits par des animaux. 307
5 i". De la destruction des mauvaises herbes. ib. § iCr. Coustruclion des roues
■ 4.
$ 3. De l'esseiglage a3a 5j 1. Longueur de la flèche et hauteur du chargement. 3ng
3. Du saiclage et de l'échardonnage tb. ^ 3. Meilleurs véhicules agricoles. ib.
S ;. Emploi des produits des binages et sarclages. 334 Sict. ii. Moyens de conservation des principaux pro
§ 5. Retranchement des ftuilles et sommités des liges. ib. duits agricoles. .ii,
Ssct. iv. Façons pour le terrassement des plantes, . 335 AH. i"**. Conservation des fourrages, des grains eu
i Ier. Du buttafce : à la main, à la charrue. , . ib, gerbes et des pailles ib.
S j. Du terrage et du roucholUge a36 Feuils et granges 3'7
i 3. Des terrasses et coitiêres Art. II. Conservation des grains battus 3 ai)
ib. § icr. Greniers à blé
CBaP. IX- Des arrosemens et irrigations- il,.
Sict. i1*. Des irrigations en général. . . tb. § a. Fo.ses de réserve ou silos 3, a
Sict. n. Des conditions qui permettent l'irrigation. . . s 3g Art. III. Conservation des racines 3iG
î icr. Culiures qui eu reçoivent plus d'avantages. tb. § Ier. Des seires, celliers et caves
3'7
-S a. Conditions dépendant de la nature du sol, de la § a. Conservation dausles établcs ib.
position et de la forme du terrain 140 §3. Conservation dans les silos 3a8
§ 3. Conditions dépendant de la si ualîoo, de la direc §4. Autres muyens de conservation
*»9
tion, de l'abondance et de 'a nature des eaux. 341 ^ 5. Conservation des racines destinées à la nourriture
§ 4. Conditions dépendant des travaux et de la dépense. 343 de l'homme ib.
âter. m. Des diverses espèces d' in igalion .... ib, Art. IV. Conservation des fruits , 33..
i 1". Irrigation par inondation ib. Sict. ut. Du battage et du nettoyage des grains. . . ii.
\ ». Irrigation par inâllration 344 Art. I". Du batiage des grains ib.
$3. Irr.galioo en faisant refluer tes eaux à la surface, ib. § Ier. Battage au lléau
ib.
Sict. iv. Des travaux nécessaires pour l'irrigation. . . ib. *à a. Dépiquage par les animaux 33a
icr. Travaux relatif» à la prise d'eau 34a § 3. Egreuage au moyen des machine 333
a. Canal principal ou de dérivation a4t> Art. II. Du vannage et du nettoyage des grains. 3<i
3. Vannes d'irrigation 347 CHAP. XIII. Des voies de communication
4. Rigoles principales d'irrigation. '..... ib. VICINALES ET RURALES
„ 5. Rigoles secondaires d'irrigation. . . , . . ii. Art. Ier. Des chemins caiitonuanx el communaux. . . 3i4
,4.
\ 6. Canaux d'écoulement 348 § Ier. Tracé el règlement des pentes
Î45
*ï 7. Vannes de décharge ib. ^ a. Amélioration des chemius réglés 3(6
\ 8. Digues latérales au lit dt$ rivières ib. § 3. Entretien des chemins .'Cia
Ssct. v. Des moyens artificiels de se procurer de l'eau. 249 Art. II. Des chemins ruraux 353
5 1er. Réservoirs artificiels ib. Ait. III. Obstacles q ii arrêtent l'amélioratiou des che
5 3. Arrosages par machines hydrauliques. i5o mins vicinaux, et moyens de les vaincre. . . 3 J ;
Sict. vi. De quelques pratiques spéciales d'irrigation. j .1 1 ^rr. IV. Des inspecleurs-voyer* 35i;
Art. J**r. De l'artosement dans les Cévenues. . . . ib. CHAP. XIV- DES CLOTURES RURALES. . . . 35 7
Art. II. De rarrosemenl dans les Vosges 23 S Ssct. i,e. Dei murailles
358
CHaP. X. Des assoleme.ns ai>6 Sict. ii. Des fossés 3 .'1 r,
Sict. ire. Théorie des assolemens ib. Sict. m. Des haies et fossés plantés
( Ie*. Théurie chimique des assolemens § iCr. Haies sèches ou oiortes. . 36o
s57 tb.
1 3. Théorie physique tSg ^ a. Haies vives 3Ci
S 3. Principes déduits de ces théories ib. Ssct. tv. Des barrières et passages 384
\ 4. Influence de la nature du sol aG 1 CHAP- XV. DES CÉRÉALES ET DE DEUR CUL
5 S. influence du climat 3 a TURE SPÉCIALE 305
h 6. lofluence de la consommation locale .64 Sict. ipe. Du froment.
§ 1er. Espèces et variétés .4.
% 7. InftuenVe du manque de bras et de capitaux. . aiiô
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VID
CUP
Dans ses rapports avec les lois de la végé- | trique ou , en d 'autres termes, l'action de la
tation et les principes de la culture, l' étude foudre et des orages. Cette étude comprend
du climat comprend celle de l'atmosphère encore la connaissance des influences de la
considérée d 'abord en elle -même, puis sous situation plus ou moins éloignée des pôles ou
l'influence en quelque sorte accidentelle ou de l'équateur , et plus ou moins élevée au
variable , d 'un petit nombre de circonstances dessus du niveau de la mer , ainsi que celle de
principales, telles que les alternatives de sé l'exposition , c'est- à -dire de l'aspect au nord ,
cheresse et d 'humidité , les changemens de au midi, à l'est , à l'ouest, etc. Ce chapitre
température, et la rupture de l'équilibre élec- sera complété par l'indication des moyens
AGRICULTURE I. - I
2 AGRICULTURE : CLIMAT. liv. r1
de tuger du climat d'un pays , par celle des tion , de la combustion et de la respiration ,
stores et pronostics- qui permettent de pré mais encore de la décomposition naturelle
voir le temps plus ou moins long- temps à ou artificielle de certaines substances miné
l'avance, et de régler en conséquence les tra rales. — Ce gaz est impropre à la respiration
vaux agricoles; enfin, par un aperçu du cli des animaux. Lorsqu'il surabonde dans l'air,
mat d«î la France. il cause rapidement l'asphixie. — Sa desti
nation principale est évidemment de con
Section ï". — De l'atmosphère et de Mm in- courir à la nutrition des végétaux. — En pré
fluence en agriculture. sence de tant de causes de production, il
serait en effet difficile de trouver celles de
Le milieu aériforme qui enveloppe de toutes l'absorption continuelle du gaz acide carbo
paris le globe terrestre, et auquel on a donné nique qui se fait à la surface du globe, si
le nom d atmosphère, est formé, d'air; fl con l'on n'avait découvert que , sous l'influence
tient en outre divers autres corps gazeux , de la lumière, il est inspiré et décomposé
une quantité toujours assez considérable par les organes foliacés des plantes , qui re
d'eau, {lu calorique et ùnjluide électrique. tiennent son carbone et émettent en grande
L'air, qu'on a considéré long-temps comme partie son oxigène. Nous chercherons plus
un élément, est cependant composé de gaz tard, en parlant de la nutrition des végé
ou vapeurs légères invisibles et impalpables taux, à pénétrer dans ses détails ce phéno
comme lui, qui agissent différemment sur mène, l'un des plus im porta ns, je ne dirai
la végétation, et que nous devons par consé pas seulement de la végétation mais de la
quent étudier séparément. — Dans son état nature entière.
de pureté, il contient un peu moins d'un Quant aux autres gai, produits de la dé
quart de gaz oxigène, et plus des trois quarts composition successive des corps, et qu'on
de gaz azote. Il est toujours mêlé à une voit, comme le gaz acide carbonique, se for
certaine quantité de gaz acide carbonique. mer et se transformer sans cesse, tels que
— Bien peu de lignes nous suffiront pour Yhydrogène à divers états de combinaison,
faire comprendre l'importance de ces trois Yammoniaque, etc., etc., leur influence gé
gaz à ceux de nos lecteurs qui ne sont pas nérale sur la végétation est encore trop peu
familiers avec la chimie. connue pour que nous ayons à les signaler
§ I". — Action chimique. ici. — Disons cependant que, quoique les ex
périences deschimislesaient démontré, d'une
L'air se décompose facilement. Son oxi- manière aussi précise que le permet l'état de
fène se combine naturellement avec une la science, que les principes constituais de
mie de corps. En les pénétrant, il cause l'atmosphère sont sensiblement les mêmes à
leur combustion: il donne naissance aux des hauteurs et dans des climats fort diffé-
oxides ou terres qui font la masse du sol rens, on peut dans un assez grand nombre
arable ; avec l'hydrogène il devient eau. Dans de cas trouver des exceptions à cette règle.
d'autres circonstances, il forme les oxacides, — Sans parler de ces grottes dans lesquelles
qui jouent dans la nature un rôle de pre le gaz acide carbonique vicie l'air au point
mière importance. de le rendre mortel, de ces vallées dont le sol
L'oxigène fait partie, sous mille formes, pestilentiel est en quelque sorte blanchi par
de la substance des animaux et des végétaux. les ossemens des animaux qui s'en sont ap
Il alimente la respiration des uns, il préside prochés dans leur imprévoyance, personne
à la germination et au développement des n'ignore combien des contrées entières sont
autres, et, même après la mort, en favori rendues malsaines par le voisinage de marais
sant la décomposition et la transformation de quelque étendue.
des produits du règne organique, il est un A température égale, privés de l'air vif et
des agens les plus actifs de la vie. — Il se léger des hautes régions, les végétaux des
fait donccontinuellement une consommation montagnes réussissent difficilement dans la
considérable de ce gaz, et cependant ses pro plaine, et ceux de la plaine, lorsqu'ils peuvent
portions ne semblent pas diminuer dans l'at croître à de grandes élévations, y végètent
mosphère. C'est aux, végétaux , ainsi que nous toujours moins vigoureusement; souvent
le verrons toul-à-l'heure, qu'il a été donné même ils y éprouvent des variations acciden
de le régénérer. telles, qui pourraient parfois faire douter
L'azote est un gaz simple comme l'oxigène, de l'identité des espèces. — Les plantes des
mais ses effets sur la végétation sont beau vallées profondes et abritées languiraient à
coup moins appréciables. On a pu faire ger une exposition découverte; celles des lo
mer, et vivre des plantes dans des milieux calités marécageuses viendraient mal sur les
qui en étaient dépourvus. Aussi suppose-t-on bords des eaux courantes, et celles de l'inté
généralement qu'il .est plutôt destiné à tem rieur des terres périraient sur les côtes, tan
pérer par sa présence la trop grande énergie dis que le petit nombre des plantes propres
de l'oxigène, et probablement des autres gaz aux dunes cesseraient de prospérer, si on les
nutritifs, qu'a agir par lui-même. — Cepen privait des émanations salines des vents de
dant il abonde dans tous les animaux, et l'on mer.
sait qu'il existe dans un grand nombre de § II. —Action physique et mécanique
substances végétales.
Le gaz acide carbonique est le résultat de Maïs ces influences ne sont pas les seules
la combinaison de l'oxigène avec le carbone, que l'atmosphère exerce. — Comme on doit
ou l'élément du charbon. Il se forme jour le conclure de la counaissance de sa compo
nellement dans l'atmosphère, non seulement sition, l'air est pesant. Sa pression, pour
par suite de la fermentation, de la putréfac n'être pas sentie, parce quelle se çom
CMtV.t". AIR : MOYENS DE LE CONNAITRE. 3
pense en agissant en tous sens, et que la force chaleur, ils favorisent les progrès de la vegé-;
élastique de nos organes lui est propor tatlon . ils sont nourrissans, comme le disent
tionnée, n'en équivaut pas moins au poids les habitans des campagnes; quand ils n'en
d'une colonne dVau de 32 pieds environ, qui contiennent pas, ils produisent un effet tout
envelopperait de toutes parts le globe ter contraire; sous leur influence désastreuse,
restre, et cette pression, démontrée jusqu'à on voit souvent, pendant le cours de la belle
l'évidence par le jeu des pompes et les phé saison, le sol se dessécher plus rapidement
nomènes du baromètre, est une condition que par l'effet d'un soleil ardent; la germi
firemière de notre existence. — On a acquis nation ne peut avoir lieu, les feuilles sfe flé
a preuve, en s'élevant en ballon à de grandes trissent, les fleurs et les fruits tombent.
hauteurs, et mieux encore, au moyen de la ma En France, les vents dominons sont, sur
chine pneumatique, que si elle venait à ces tout le littoral et jusqu'à une distance assez
ser, les vaisseaux sanguins et ceux qui char considérable* des bords de l'Océan, ceux
rient dans les plantes les liquides séveux, se d'ouest et de sud-ouest; dans les départe-
distendraient aussitôt au point de se rompre. mens du nord, ceux du sud-ouest, el dans
Lorsque l'atmosphère devient trop pe les départemens méridionaux, ceux du nord-
sante, la santé des animaux parait en souf ouest et du nord-est. —' Les deux premiers
frir. — Lorsqu'elle se conserve pendant un sont presque toujours pluvieux et parfois
certain temps dans un grand état de légèreté, très-violens. — Les vents du midi charrient
on a cru remarquer que la végétation se ra aussi fréquemment d'épais nuages. — Ceux
lentit. C'est à cette circonstance qu'on a du nord accompagnent d'ordinaire le beau
attribué en partie la moindre élévation des temps. — Ceux de l'est et du nord-est sont
Yégétaux sur les montagnes que dans la vifs et desséchans.
Plaine. Ajoutons que le poids et le ressort de Si tout effort humain vient échouer devant
air, sa dilatation et sa condensation dans les effets terribles des tempêtes et des oura
les changemens de température, paraissent gans, l'impétuosité des vents n'est pas tou
être un des moyens employé» par la nature jours si grande qu'on ne puisse la contenir
pour déterminer les mouvemens de la sève. ou la modérer. — Les montagnes, les forêts,
Les variations dans la pesanteur de l'at forment autant d'obstacles naturels qu'un
mosphère sont presque nulles entre les tro cultivateur intelligent peut mettre à profit,
piques; elles deviennent de plus en plus sen lorsqu'il connaît bien le climat qu'il habite. —
sibles en raison de la plus grande proximité Des murailles, des massifs de plantation, de
des pôles. — Sous les mêmes latitudes, elles simples palissades , deviennent des abris suf-
sont généralement moins considérables à une fisans pour la petite culture.
petite qu'à une grande élévation; pendant la
belle que pendant la mauvaise saison. Le ba § III. — Moyens de connaître la pression , la force
romètre a une tendance générale à descen et la direction de l'air.
dre à l'époque de la nouvelle et de la pleine
lune; à monter, an contraire, aux approches De tous les instrumens de météorologie,
des quartiers. — Enfin , les vents sont encore le baromètre est le plus utile pour le cultiva
une des causes les plus directes des variations teur. Quoique son out principal soft d'indi
du poids de l'atmosphère. quer la pression de la colonne d'air, les va
Des vent*.—Les physiciens les ont divisés: riations de cette même pression sont, comme
tagénéraux, ceux dont l'action est régulière on le verra à la fin de ce chapitre , si étroite
et continue dans un même rhombe; pério ment liées avec les divers autres phénomènes
diques, ceiuc qui souffleut constamment pen atmosphériques, qu'on peut presque jour
dant plusieurs mois dans une direction, et nellement recourir utilement à ses Fie. 1.
pendant plusieurs autres mois dans une di indications.
rection contraire; irréguliers, ceux qui se Le baromètre , en sa plus grande
fontseutir dans une même contrée sans ob simplicité, est un tube recourbé en
server une marche, une époque, ni une durée siphon (fie. 1), fermé par le haut,
précise. élargi en poire du côté opposé, com
La dilatation de l'air par la chaleur solaire, plètement vide d'air et en partie
sa condensation par le froid, les commotions rempli de mercure. — Lorsqu'on
électriques et les ébranlement qui en résul place ce tube verticalement, le mé
tent dans l'atmosphère, peuvent servir à ex tal, après quelques oscillations , se
pliquer l'origine des vents. Il suffit, «n effet, fixe à une hauteur qui représente
que par l'une de ces causes l'air ait été raré le poids de l'atmosphère, et qui varie
fié sur quelque point du globe, pour que celui en plus ou en moins, selon que ce
qui n'a pas éprouvé le même effet se répande poids augmente ou diminue.
aussitôt de ce côté, avec d'autant plus de ra Au moyen d'un mécanisme ingé
pidité que la raréfaction est plus grande. — nieux, Torricelli a adapté au baro
Les vents agitent sans cesse et mélangent les mètre à syphon un cadran (fig. 2) sur
diverses parties de l'atmosphère; sans eux, lequel une aiguille indique extérieu
Ws gaz délétères retenus par leur propre rement les mouvemens du mercure.
Poids à la surface de la terre la rendraient Quoique le frottement des poulies
bientôt inhabitable; des contrées entières se qu'il a été obligé d'employer rende
raient privées de pluie, etc., etc. les résultats moins sensibles , com
Selon les contrées qu'ils ont parcourues, me on est parvenu à en diminuer
ils possèdent des propriétés fort différentes. beaucoup l'effet, cet instrument, as
Quand ils sont saturés d'humidité, surtout sez répandu, peut néanmoins être
lorsque cette humidité est accompagnée de consulté avec fruit.
AGRICULTURE CLIMAT. mvu F. i".
Fis:. 3.
Section il.—De l'humidité, de la sécheresse,
et de leur influence en agriculture.
le pays des orangers, des oliviers et des bordonnée aussi à la nature du sol. On se
vignes; il a au sud la Méditerranée et mettra donc en garde êontre les systèmes de
les climats brûlans de l'Afrique, et im culture qui embrassent le royaume entier ,
médiatement derrière lui les Alpes cou et, avant d'introduire de nouvelles cultures
pées presque à pic, qui l'abritent du nord. — dans son exploitation, le cultivateur consul
Le second , depuis Toulon , le pays des oli tera les influences analogues qui agissent sur
viers et des vignes, sans orangers ; il a en la localité qu'il habite. Parfeclionncz les mé
core au sud la mer ; mais les montagnes qui thodes et les cultures de votre canton, mais
lui servent d'abri sont éloignées de la côte.— ne les changez jamais complètement, quant
Letroisième, depuis Carcassonne, est le pays au fond, sans avoir auparavant fait bien des
'les vignes sans orangers ni oliviers : il a en expériences.
effet au sud les Pyrénées. — Le quatrième, à On reconnaît encore, dans la même con
partir de Bayonne, le pays sans vignes, a au trée , l'influence des abris sous un autre
sud les Pyrénées, et elles sont si voisines point de vue. Le midi de la France est en
qu'elles l'abritent entièrement de tons les général privé de pluies ; mais à Toulouse il
vents du midi; les pommiers y sont cultivés pleut beaucoup : ce cas particulier provient (
comme en Normandie, en Bretagne; et cette de ce que cette ville est couverte au sud par
contrée est cependant plus méridionale que les Pyrénées, et au nord, à .peu près à égale
Grasse et Nice. — En étudiant de ceye ma distance, par les montagnes du Rouergue; de
nière, dans tout le reste du royaume, l'in sorte que les nuages, attirés d'une part ou
fluence des abris naturels, on 'y trouvera d'une autre,' se dégorgent dans l'espace qu'ils
•fès-souvent la cause physique déterminante ont à parcourir, parce que la longueur du
uc la culture de chaque pays, cependant su trajet d'uuc chaiuc de montagne à l'autre,
16 . AGRICULTURE CLIMAT. uv.i".
excède la force de leur direction. On peut
appliquer cet exemple à toutes les contrées _j§
du royaume, et cela fera concevoir pourquoi ~~
un cantop est pluvieux plus qu'un autre;
pourquoi tel ou tel terroir est, pour ainsi
dire, chaque année abimé par la grêle, tan
dis que le terroir limitrophe en est exempt.
C'est surtout dans les régions froides que
l'effet des abris artificiels est le plus efficace:
sir J. SiNCLAin ( Code of Agric.) assure que ,
dans les seules îles Hébrides, on a , par des
clôturesbien entendues, augmenté infiniment
le rapport de 800,000 acres de terre. Les An
glais ont depuis l<mg- temps senti les avan
tages de garantir les i erres des vents du nord
et de l'est par la plantation de petits bois ou
de haies, parce que le froid ralentit la vé
gétation et nuit à la fertilité; de même que
le bétail se tient plits ▼olontiers sur le côté
méridional des haies et des bosquets, ainsi les
plantes poussent mieux à cette exposition.
Les vents arrivant au sol sous un angle très-
aigu, on peut admettre qu'un bouquet de bois
{fig. 17 ) garantit les terres adjacentes à une
Fig. 17.
gique, et dans la fameuse vallée d'Auge dans
la Normandie, démontrent les avantages d«
ce système.
Dans les situations basses et plates, or
doit, au contraire, écarter tout ce qui gêne-
rait la libre circulation de l'air, en agran
dissant les enclos, diminuant la hauteur de)
haies, et élaguant judicieusement les arbres
car lorsqu'un canton esteouvert de bois, il es
plus humide. On peut donc améliorer le cli
mat d'un pays qui est dans ces conditions
en abattant une partie de' ses bois. L'accu
mulation des terres marécageuses et de tour
bes inertes et spongieuses rend aussi I
climat plus froid ; tes dessécheniens ont don
le double avantage de livrer à la culture de
terrains presque sans valeur, et de readn
plus favorables les influences atmosphéri
ques. C. B. de M.
distance décuple de]sa hauteur, ou même da
vantage, s'il est sur une'éniinence ; si l'on Section vi. — Moyens de juger du climat
y ajoute des haies vives de manière à encein- par les végétaux.
dre tout le champ, l'abri sera bien plus effi
cace, parce qu'il conservera mieux le calori Nous avons vu combien est grande Pin
que accumuléà la partie méridionale du bos fluence du climat sur les diverses cultures
quet. Non seulement ces haies augmentent la et par conséquent de quelle importance
température, mais encoré*felles empêchent le est pour le cultivateur de la connaître. A oc
dessèchement du sol et l'évaporation des gaz égard, il est difficile de suppléer aux notion
féconclans. — C'est d'après ces considérations que fournit une longue observation et un
queM.NEBBiE\- (Einrichlungshunst derLand- habitation prolongée dans un canton. I
giiter) conseille de diviser chaque domaine propriétaire qui achète un domaine dans u
(fig. 18) en une certaine quantité d'euclos pays nouveau pour lui, le fermier qui va
dont les angles seront arrondis; il les enceint prendre une exploitation , ne sauraient doi
chacun d'uue lisière d'arbres plantés très-ser se dispenser de consulter, sur cet importai
rés, et de 20 à 50 pieds d'élévation, qui, tout sujettes habitudes et les pratiques dfes liaL
en abritant le sol, produisent du bois que tans du lieu, tout en les éclairant de Icu
l'on ne doit cependant exploiter que partiel propres lumières. Us peuvent aussi puis*
lement pour ne pas dégarnir les terrains en quelques renseignemens dans l'étude d
fermés. Entre ces pièces, il laisse une bande plantes qui croissent naturellement sur
de 96 pieds de largeur environ, qui sert de sol, et qui, influencées aussi bien que les v
pâturage et d'abri au bétail, et qu'on laboure gétaux cultivés par le climat, peuvent le 1
et ensemence de temps en temps. Dans l'in indiquer jtisquà un certain point.
térieur de ces clos ou plante des rangées N*us n'essaierons pas de donner les cara
d'arbres fruitiers, que l'élévation de la tem lères généraux de!a\é0étation des tropiqut
pérature fait prospérer parfaitement. Le* ni de celle des régions septentrionales ,
beaux produits qu'on obtieut par une culture ,
qui serait ,
sans application pour le cultivate
analogue dans le riche pays do Waes en Bel- 1 français; nous citerons seulement ce qui pe
CHAP. I". PRONOSTICS FOURNIS PAR LES INSTRUMENS. n
contribuer à indiquer la nature du climat dans les f*" sections de ce chapitre font
local. apprécùsr plus exactement les influences
Dans les lieux et les situations où le vent atmosphériques et l'état actuel du temps;
est fréquent et violent , les arbres ont une mais ils ne contribuent qu'accessoirement
forme trapue et peu d'élévation; ils sont'très- à] faire prévoir cet état à l'avance. Or, nul
rameux, et indiquent, par une inclinaison n'est plus intéressé a ce résultat que le cul
générale et par le plus grand alongemenl des tivateur, le vigneron, le jardinier, qui pour
branches du côté opposé, le point de l'hori raient alors modifier leurs cultures Jiàter ou
zon d'où le vent souffle d'une manière pré retarder leurs travaux, prendre desrtiesures
dominante. Dans les vallées et les lieux tran pour se préserver ou tirer parti des mé
quilles, on voit, au contraire, des arbres bien téores dont ils auraient prévu l'arrivée pro
filés élancer vers le ciel une tige grêle, peu chaine. On peut dire sans exagération qu'une
rameuse, et couverte de feuilles énormes. telle connaissance augmenterait de plus
Le caractère général de la végétation d'un d'un quart les produits du sol; et s'il est
territoire indique aussi très-bien si l'humi vrai que la plupart de»- habitons des cam
dité ou la sécheresse y domine. Les arbres y pagnes acquièrent par leur expérience per
affectent, dans le premier cas, une grande sonnelle l'art de prévoir le temps dans leur
vigueur; dans le deuxième, au contraire, les localité, on ne saurait douter de l'impor
pousses annuelles sont très-faibles. On y voit tance qu'il y a pour eux à profiter de toutes
aussi dominer lesarbres et les plantesdes sols les observations faites «ur ce sujet , et à
secs et humides, qui seront indiquées.dans le pouvoir éclairer à cet égard leur expérience,
chapitre suivant. en quelque sorte instinctive, par la con
Les localités qui sont à la fois humides et naissance des signes qui sont de véritables
mal exposées relativement au soleil, sont indi indicateurs'pupronostics des divers changement
quées par des végétaux en quelque sorte du temps. Dans un climat aussi variable
étiolés. Les pousses sont alongées, mais fai que le nôtre, cet art est fort difficile et de
bles, d'une consistance aqueuse , jaunes ou mande toujours la connaissance des locali
d'un vert pâle ; les rameaux sont peu nom tés, en outre de celle du résultat des obser
breux et espacés; les fleurs, également peu vations géaérales que nous allons repro
nombreuses, avortent ou coulent souvent; les duire. *"
boutons à fleurs tombent au moment de la
floraison ou peu après avoir noué ; le tissu
intérieur de ces végétaux est lâche; leur épi- § I".—Pronostics fournis par les instrumens. 1
derme est s*ns poils , quoique souvent il en
présente dans leur état naturel. I. Tirés du baromètre. — Le baromè
Les lieux qui se rapprochent de la condi tre monte ordinairement plus ou moins le
tion des montagnes offrent comme elles des matin jusqu'à 9 ou 10 heures, et descend
plantes basses, ramifiées dès les racines, jusqu'à 2 ou 4 , pour remonter ensui
d'une nature sèche et dure; leurs Heurs et te. Les mouvemens contraires à cette mar
en général tout l'appareil de la fructification che sont un indice probable de changement
est fort développé, comparé au reste de l'in de temps. — Ces changemens s'annoncent
dividu; les graines sont grosses, bien mûres, presque toujours la veille au rrifrins Lors
et avortent rarement ; la surface des feuilles que le baromètre, étant déjà au variable ou
et des tiges est souvent couverte de poils , au-dessous, descend, il annonce ordinaire
plus nombreux sur les sommités que sur le ment la pluie. Le mercure monte quand le
reste de la plante. temps tourne au beau. — Les vent» du nord
La couleur et les odeurs des plantes peu ou uu nord-ouest tiennent ordinairement le
vent même servir à indiquer le climat. Dans baromètre au-dessus de la hauteur moyenne;
les lieux bien exposés, dans ceux dont le ceux du sud-est et du sud-ouest le tien
ciel est généralement serein, peu couvert nent au-dessous. — Quand le temps est à
de nuages et où les brouillards sont rares, l'orage, les agitations du baromètre .sont
là où l'air est fréquemment renouvelé , les plus marquées; il remonte précipitamment
odeurs des plantes sont plus prononcées et quand l'orage est près de finir. — Lorsque
plus pénétrantes , et leurs couleurs plus le mercure baisse par un temps chaud, c'est
foncées que dans les contrées où le climat signe d'orage ; — en hiver, lorsqu'il monte,
est dans des conditions opposées. Chez plu c'est signe de froid. — S'il baisse pendant le
sieurs plantes, on voit même les fleurs, blan froid, c'est signe de dégel. — Un gros temps
ches ordinairement , prendre une teinte accompagné de la baisse subite du baro
plus ou moins foncée: les ombellifères par mètre ne sera pas de longue durée; il en
ticulièrement présentent ce phénomène ; sera de même du beau temps accompagné
plusieurs se teignent en rose sur les sommi d'une hausse subite; de même si l'ascension
tés, comme le cerfeuil, etc. Le vert des plan a lieu par le mauvais temps et continue avec
tes alpines est généralement foncé ; celui des ce mauvais temps pendant» deux ou trois
plantes de tourbières pâle et tirant sur le 'jours, attendez un beau temps continu; mais,
bleu; celui des plantes «le bois ou qui crois si par un beau temps le mercure tombe bas
sent dans les pays ombragés, d'un vert pâle et continue de tomber durant 2 ou 3 tours,
lirant sur le jaune. cela présage beaucoup de pluie et probable
ment de grands vents.
Sectiox vu. — Des moyens de prévoir le II. Tirés du thermomètre. — Le thermomè
temps. tre n'indique rien autre1 chose que les varia
tions de température; mais^l les indique de
. Les instrumens de météorologie indiqués la manière la plus exacte et la plus certaine.
AGRICULTURE, 3* livraison.
18 AGRICULTURE : CLIMAT. uv.r
On ne peut donc s'en servir pour prévoir le sont bien visibles; un cercle brillant l'en
temps que d'après les conséquences souvent toure lorsqu'elle est pleine. Ses cornes sont
très-concluantes que fournit le changement eljes pointues Ie4r jour, c'est du beau temps
de température. F.n général, lorsqu'il fait jusqu'à lu pleine lune. Son disque bien Imi
très-chaud et que le temps fraîchit, ou qu'il tant trois jours après le changement de lime
fait froid et que l'air se radoucit, cela indi et avant qu'elle soit pleine, dénote toujours
que de la pluie ou de la neige, selon la sai le beau temps. Après chaque nouvelle et
son. pleine lune, il y a souvent de la pluie suivie
III. Tirés des girouettes. — Les girouettes, d'un beau temps.
en indiquant d'où vient le vent, sont des III. Tirés des étoiles. — Signes de pluie: Elles
Îironostics très-précieux à consulter. En par paraissent grossies et pâles ; leur scintilla
ant des vents, on a indiqué leurs caractères tion est imperceptible, ou elles sont envi
dorainans et généraux pour la France. Per ronnées d'un cercle. Dans l'été, quand le
sonne n'ignore, après avoir habité un pays vent souffle de l'est et que les étoiles pa
pendant quelque teaops, quel changement raissent plus grandes que de coutume, alors
dans le temps est indiqué par celui du vent. attendez-vous à une pluie soudaine.
IV. Tiré de l'hygromètre. — Les variations Signes de beau temps et defroid: Les étoiles
les plus importantes provenant de l'état d'hu se montrent en grand nombre, sont brillante;
midité ou de sécheresse de l'atmosphère, et étincellent du plus vif éclat.
cet instrument est un des plus utiles à con
sulter. En donnant une mesure au une indi
cation de l'humidité, il déuote assez souvent § III. —Pronostics fournis par l'atmosphère.
à l'avance la pluie ou les brouillards.
L Tirés des nuages. — Signes de vent : Lors
que les nuages fuient légèrement, qu'ils se
§ II.—Pronostics fournis par las astres. i non! rent subitement au sud ou à l'ouest, qu'ils
sont, ainsi que le ciel, rouges, notammeut le
I. Tirés du soleil. — Indices de vent: Le matin. — Une giboulée après un grand veut
soleil se lève pâle et reste rouge; son dis est un indice certain que la tempête approche
que est très-grand; il parait avec1 un ciel de sa fin, d'où ce dicton populaire : a Petite
rouge au nord ; il conserve une-couleur de pluie abat grand vent. »
sang; irMemeure pJJe, avec un ou plusieurs Indices de pluie: La source la plus féconde
cercles obscurs ou <MB raies rouges ; il parait des pronostics météorologiques a toujours
concave ou creux. — Quand le soleil semble été» l'apparence diverse et les changement
partagé ou quand il est accompagné d'une d'aspect des nuages; cause prochaine de la
parhélie, c'est indice d'une grande tempête. pluie ou de la neige, on les a toujours re
Signes de pluie : Le soleil est obscur el gardés comme fournissant les signes les plus
comme baigné d'eau; il se lève rouge'el avec surs et les plus directs des changemens du
des bandes noires entremêlées avec ses temps. Malgré leurs changemens rapides et
rayons, ou devieut noirâtre ; il est placé au- leurs formes fugaces, nous citerons, les prin
dessus d'un, nuage épais ; il se monlre en cipaux renseignemens qu'on en peut tirer.—
touré d'un ciel rouge à l'est. — Les pluies Par un temps nuageux, quand le vent souffle,
subites ne sont jamais de longuedurée; mais la pluie doit s'ensuivre. Les nuages sont encore
quand le ciel se charge pelil-à-petit et que le indices de pluie quand ils s'amoucèient et
soleil, la lune ou les étoiles «^obscurcissent ressemblent à des rochers ou à des mon
peu-a-peu , il pleut généralement pendant tagnes qui s'entassent lès unes sur lesantres;
six heures. quand ils viennent du sud ou changent sou
Signes de beau temj/s : Le soleil se lève vent de direction. Quand ils sont nombreux
clair et le ciel l'a été pendant la nuit ; les ai. nord-est le soir, quand ils sont noirs et
nuagesqui l'entourent a son léser se dirigent vieunent de l'est, c'est de la pluie pour la nuit;
vers l'ouest, ou bien il est environné d'un s'ils viennent de l'ouest, c'est pour le lende
cercle, pourvu que ce cercle s'en écarte éga main; quand ils ressemblent à des floconsde
lement de tous côtés : alors on peut attendre laine, c'est de la pluie après deux ou trois
un temps constamment beau; il se couche au jours.
milieu ed«s nuages rouges , d'où ce dicton Lorsqu'il u beaucoup plu dans un endroit
populaire, que « ronge soirée et grue ma voisin de celui où l'on se trouve, dans l'été
tinée sont signes certains d'une bellejournée.» particulièrement, il se forme plusieurs cou
II. Tirés de ta lune. — Indices de vent : La ches de nuages; on doit donc attendre de
lune parait fort grosse ; elle montre une cou ia pluie, mais de peu de durée, parce que
leur rougeàlre; ses cornes sont pointues et l'humidité qui en avait été la cause était peu
noirâtres; elle est environnée d'un cercle considérable; alors on a ce qu'on nomme des
clair et rougeâtre. Si le cercle est double ou pluies d'orages. — ha pluie e\t de peu de durée
parait brisé, c'est signe de tempête. A la nou quand le ciel, couvert de nuages le matin, et
velle lune, il vu souvent changement de veut. l'air étant tranquille, les rayons du soleil
Signes depluie : Son disque est pàle;lesex- viennent à percer J^s nuuges ; cajr la chaleur,
trémités de son croissant sont emoussées. in dilatant alors 1 air supérieur, le rend
Le cercle autour de la lune accompagné d'un capable de contenir plus d'humidité, et le
vent du midi, annonce la pluie pour le lende temps devient serein. Mais si plusieurs
main. Lorsque le veut est sud ci que lu lune couches de nuages existent dans l'air et qu'il
n'est visible que Ml 4' nuit, cela annonce règne des vents humides, la pluit serti de
beaucoup de plyic pour le mois. longue durée. Il en sera de même, mais/iar
Signes de beau temps : Les taches de la 1 une ondées , si ces couches se meuvent avec des
MAP. I". SIGNES ET PRONOSTICS DU TEMPS.
vitesses différentes, de façon à laisser des in Indices du vent : Les oiseaux aquatiques se
tervalles en passant l'une' sur l'autre. — Si la rassemblent sur le rivage et s'y ébattent, sur
filuie cpmmence une heure ou deux avant le tout le ma tin; les Foulques et les Canards sont
ever du soleil, il est à croire qu'il fera beau inquiets et criards ; tes Corbeaux s'élancent
a midi; niais s'il pleut une heure ou deux dans l'air ou folâtrent sur les rivages. Les
après le lever du soleil, en général il conti poissons de mer et d'eau douce, lorsqu'ils
nuera h pleuvoir pendant tout le jour, et a4ors sautent souvent à la surface de l'eau , pré
la pluie cessera. Quand la pluie arrive du sagent un orage.
sinl avec un grand vent pendant deux ou trois Indices de calme : Le retour de l'Alcyon à
heures, que le vêtit cesse et qu'il continue à la mer quand le vent dure encore; la sortie
pleuvoir, dans ce cas la pluie se prolongera des Taupes de leurs trous; te chant ordinaire
durant 12 heures ou même davantage, et des petits oiseaux; les jeux des Dauphins sur
cessera ensuite. Ces longues pluies durent l'eau pendant l'orage.
rarement plus de 24 heures. Signes de pluie': Les oiseaux d'eau quittent
Indices de beau temps : Quand , au cou la mer pour venir à terre ; les oiseaux de
cher dn soleil, les nuages paraissent dorés terre, et notamment les Oies* les Canards,
ou semblent s'évanouir; que de petits nuages vonfà l'eau et y font de grands mouvemens
semblent descendre ou aller contre le vent; et de grands cris; les Corbeaux et les Cor
qu'ils sont blancs ou que le ciel est ce qu'on neilles se rassemblent et disparaissent ensuite
appelle pommelé, le soleil étant élevé sur subitement ; les Pies et les Geais s'attroupent
l'horizon. On a observé que le ciel pommelé, et jettent de grands cris; les Corneilles crient
qui dénote un beau temps pour le jour où le matin d'une manière entrecoupée ou plus
il se montre , est en général suivi de pluie que de coutume; les Hérons, les Buses
deux ou trois jours après. volent bas; les Hirondelles rasent la surface
II. Tirés des brouillards. — Signes de pluie: des eaux ; les petits oiseaux oublient leur
Lorsque les brouillards semblentatliresvers nourriture et fuient vers leurs nids ; les Pi
les sommets des hauteurs, il pleuvra dans geons gardent leurs demeures; les Poules,
on jour ou deux ; si , par un temps sec, les les Perdrix, etc., se roulent dans le sable et
brouillards paraissent monter plus que de secouent leurs ailes; le Coq chante le soir et
coutume, pluie subite. le matin et bat des ailes; l'Alouette et les
Signes de beau temps: Si les brouillards se moineaux chantent très-matin; le Pinçon
dissipent ou semblent descendre peu après fait entendre son cri de bonne Heure près
la pluie; si, après le coucher ou avant le des maisons; les Paons et les Ilibous crient
lever du soleil, il s'élève, des eaux et des plus fort et plus souvent que de coutume
prairies, un brouillard blanchâtre, c'est pour pendant la nuit ; etc., etc. — Les Anes braient
le jour suivant de la chaleur et du beau plus quede coutume; les Boeufs ouvrent leurs
temps. Le dépôt d'humidité à l'intérieur des naseaux, regardent du coté du sud, se cou
carreaux de Titres est signe de beau temps chent et se lèchent; les Chevaux hennissent
pour la journée. avec violence et gambadent; les Moutons et
III. Tirés du vent. — Dans presque toute la les Chèvres sautent beaucoup et se querellent;
France les venls d'ouest et du nord-ouest les Chats nettoient leur face et leurs oreilles;
donnent de la pluie ou des giboulées; celui les Chiens grattent la terre avec ardeur, et
du sud et du sud-est y dispose le temps. I.e un grand bruit se fait entendre dans leur
vent d'ouest donne quelquefois de petites ventre ; les Rats et les Souris font plus de
pluies, quoique le baromètre soit fort haut.— bruit que de coutume, etc., eto. — Les Gre
Quand le temps est orageux, il règne dans nouilles et les Crapauds croassent .dans les
l'atmosphère plusieurs vents opposés; la fossés ; les Vers sortent de terre en abon
marche des nuages en divers sens, ou dans dance; les Araignées travaillent peu et se
une direction contraire à celle indiquée par retirent dans leurs coins; les Mouches sont
les girouettes , est donc signe d'orage. plus lourdes et plus piquantes; les Fourmis
gagnent à la hâte leur habitation , ainsi que
S IV. — Pronostics fournis par les végétaux. les Abeilles; les Cousins chantent plus que de
coutume, elc.
Signes de pluie : Le Liseron des champs, Signesde beau temps: LesMilans,les Butors
le Mouron des champs, le Souci pluvial et volent encrianl ; les Hirondelles volent bien
beaucoup d'autres plantes, ferment leurs haut (parce qu'alors les insectes se tiennent
fleurs aux approches de la pluie; ce qui a dans les régions supérieures); les Tourterelles
même fait appeler le Mouron, baromètre du roucoulent lentement; le Rouge-Gorge s'é
pauvre homme. lève dans les airs et chante ; les Roitelets
chantent le malin de 9 à 10 heures et l'après-
S V. — Pronostics fournis par les animaux. midi de 4 à 5 heures, etc. — Les Cousins et
les Mouches jouent dans les airs après le
L'air pénètre presque tout le corps des coucher du soleil ; les Frelons, les Guêpes
oiseaux, les organes de la respiration secon- paraissent 1» matin en grand nombre ; les
linuanl dans leurs os; il n'est donc pas sur Araignées se montrent dans l'air et sur les
prenant qu'ils paraissent plus sensibles aux C lanlcs, filent tranquillement, et étendent
variations et aux influences de l'atmosphère eaucoup leurs rets.
que les autres animaux. Ce sont eux que le
navigateur, le chasseur et toute personne *
obligée de passer sa vie an dehors, consulte § VI. — Signes et pronostics divers.
Principalement : ils nous fourniront les in-
«uces les plus nombreux. Indices de pluie tirés des corps inanimés.
20 AGRICULTURE : CLIMAT. Lrv. i'
— Ils sont sans nombre : on peut citer le et il trouvera plus de profit à méditer les
gonflement du bois, le dépôt d'humidité sur considérations consignées dans les sections
fespierresetle 1er quisemblent suer; on voit f>récédentes, afin de les appliquer à la loca-
alors les cordes des instrumens de musique ité qui l'intéresse.
se briser, les toiles des tableauxet les papiers Qu'il nous soit permis de dire seulement
de teinture se relâcher, le sel devenir hu que le climat général de la France est tem
mide , un cercle remarquable se montrer péré, et que, considéré dans l'ensemble , il
autour des lumières , les étangs devenir n'est ni sec ni humide ; il se prête merveil
troubles et boueux, etc. leusement à toutes les tentatives des cultiva
Signes d'orage : Quand le temps est étouf teurs,qui le verront récoin peuser leurs efforts
fant et que le sol se fend, c'est toujours un s'ils savent choisir avec discernement les cul
présage que l'orage est proche; dans l'été, tures convenables à chaque localité. En effet,
quand le vent a soufflé du. sud pendant 2 ou le territoire français est trop vaste et trop
3 jours, que le thermomètre est élevé et que varié pour qu'il soit possible d'y prescrire
les nuages forment de grands amas blancs, une culture uniforme. Ainsi, la Norman
comme des montagnes qui s'entassent les die et une partie de la Bretagne sont mi
unes sur les autres, accompagnés de nuages ses, par le voisinage de la mer, dans des
noirs en dessous ; si deux nuages de cette conditions analogues au climat de l'Angle
espèce apparaissent des deux côtés. On a terre, et il en résulte que l'air est plus hu
observé que c'est le vent du sud qui amène mide et plus favorable aux pâturages, que la
le plus d'orages, et le vent de l'est qui eu température y est plus égale, c'est-à-dire les
amène le moins. étés moins chauds, et les hivers moins froids.
Signes de grcle et de neige : Les nuages D'un autre côté, Arthur Young dit qu'en
d'un blanc jaunâtre et qui marchent lente Angleterre, le fermier qui, ayant labouré en
ment, quoique le vent soit fort. Si , avant automne, sème en février, jette les semailles
le lever du soleil , le ciel vers l'est est pâle , dans un bourbier; tandis qu'il sème dans une
et si les rayons réfractés se montrent dans terre de jardin , si après avoir labouré en
des nuages épais, attendez alors de grands février, i 1 confie imniédiatemen t ses semences
orages avec gre/e.Les nuages blancs dans l'été à la terre. Il en est tout autrement dans la
sont signes de grêle, mais dans J'hiver,denei- culture du midi: l'homme qui laboure en
ge, surtout quand l'air est un peu adouci. Au hiver et sème en février, travaille dans une
printemps et dans l'hiver,' quand les nuages terre de jardin; celui dont les labours sont
sont d'un blanc bleuâtre et s'étendent beau exécutés en février, ne sème le plus souvent
coup, on doit s'attendre à du grésil , qui n'est que dans des mottes à peine brisées, et est
autre chose qu'un brouillard congelé. obligé à un grand nombre de travaux pré
Signes de froid et de gelée : L'apparition paratoires. La. sécheresse de l'été oblige les
prématurée des Oies sauvages et autres cultivateurs des terres fortes en Provence à
oiseaux de passage ; la réunion des petits se servir beaucoup du rouleau après chaque
oiseaux en bandes; l'éclat du disque de la labour; un hersage qui suit l'action du rou
lune, et l'aspect pointu de ses cornes après leau, éiniette parfaitement la terre ; lorsque
le changement de lune ; si le ciel est bril les printemps sont secs, on est obligé d'em
lant d'étoiles; si de petits nuages bas volti ployer d'énormes rouleaux de pierre, dont
gent 'vers le nord; si la neige tombe fine, le travail difficile et pénible reste quelque
tandis que les nuages s'amoncèlent comme fois imparfait. Les seconds labours d été
des rochers. offrent dans ces régions un autre genre de
Signas du dégel : La chute de la neige en difficultés, lorsqu'il ne pleut pas ou que les
gros flocons tandis que le vent souffle du pluies estivales sont peu abondantes, ce qui
sud, lescraquemens'qui se font entendre dans est le plus ordinaire: un labour fait impru
la glace; si le soleil parait baigné d'eau, etles demment gâte la terre, et y fait croître une
cornes de la lune émoussées; si le vent tourne multitude de coquelicots-et de crucifères qui
au sud ou est très-changeant. On voit que ce épuisent le sol et le couvrent pour plusieurs
sont en général les mômes indices que pour années de leurs semences abondantes. — Ces
l'humidité. considérations font sentir combien on doit
insister sur l'influence des climats dans l'ap
Section vm. — Du climat de la France. plication des principes de l'agriculture.
Rozier fait remarquer que la France est
L'Anglais Arthur Yoi-ng rend ce témoi divisée en 14 bassins , dont 4 grands et 10
gnage en faveur du climat de la France, petits : on entend par bassin tout le pays
que de toutes les contrées de l'Europe iln'en qui a pour ses eaux une même voie d'écoule
est peut-être pas une qui soit dans des con- ment; ainsi la portion du terrain qui sépare
ditionspareilles de prospérité. Sachons donc un bassin d'un autre est nécessairement plus
profiter des avantagesnaturels de notre situa élevée, puisqu'elle détermine la pente des
tion. Ceux qui tiennent au climat sont aussi eaux. Nous nous bornerons ici à nommer ces
essentiels que la qualité du sol, et il est im bassins.
possible d'avoir une idée exacte de l'abon Les 4 grands sont ceux du Rhône, 'de la
dance et des ressources d'un État, si l'on ne Seine, de la Loire et de la Garonne, qui doi
connaît pas les avantages et les désavantages vent être subdivisés chacun en un assez
naturels de ses différens districts. Mais il grand nombre d'autres. Les lo petits bassins
faut avouer que, pour le cultivateur prati admis par Rozier, sont ceux de la Basse-
cien, il n'en est pas tout-à-fait ainsi : des gé Provence ou du Var; du Bas-Languedoc,
néralités sur le climat des différens bassins formé par plusieurs petites rivières, et prin
de la France auraient pour lui peu d'utilité, cipalement par l'Aude et l'Hérault; de la
CHIP. 2". FORMATION DES SOLS. 21
Navarre ou de PAdour ; des Landes de Bor l'Orne, la Touque, etc.; de la Picardie ou de
deaux; de la Saintouge ou de la Charente; la Somme; de l'Artois ou de l'Escaut; de la
de la Bretagne et de la Normandie, composé Meuse; de la Moselle; on peut encore y
de la Bretngne proprement dile, où le prin ajouter celui du Rhin pour la rive gauche de
cipal cours d'eau est la Vilaine, et de la ce fleuve depuis Béfort.
partie de la Normandie arrosée par la Vire, C. B. de M.
Les premiers objets, les premiers mot ils cette raison que le sol des vallées est toujours
d'étude dans la science agricole, sont les plus profond, d'une épaisseur inégale, et d'une
qualités du sol, question importante et l'une coin position très-variée, tandis que celui des
des plus difficiles de celles que présente l'a plateaux offre peu de profondeur, mais beau
griculture, ces qualités variant en raison de coup d'uniformité dans son épaisseur et sa
la nature et de la composition des terres, de composition.
leurs propriétés physiques , de l'influence Certaines couches géologiques sont natu
3u'exerce la couche intérieure, enfin de leur rellement à un étal terreux qui rend leur
egré de fertilité. La connaissance de ce qui désagrégation ou mélange bien plus facile.
concerne les sols sera complétée par l'indica Ces couches peuvent généralement être rap
tion des moyens déjuger des qualités des sols portées à trois espèces d'après lesquelles les
d'après l'aspect et les propriétés physiques, terres arables ont été divisées en trois classes,
d'après les plantes qui y croissent sponta savoir : 1° les terres argileuses, plus ou moins
nément, enfin par l'analyse chimique. compactes; 2° les terres sableuses*, plus ou
moins légères, et 3» les terres calcaires, plus
Section irc. — De la formation des sols. ou moins pures.
Le degré de fertilité de ces différentes es
Le sol arable, c'est-à-dire la ceuche ter pèces de terre dépend du mélange qui en a
reuse propre à la végétation , et qui se ren été opéré par la nature ou par la main de
contre à la surface de notre globe, dans tous l'homme ; chacune d'elles isolément ne pos
les lieux que n'occupent pas les eaux et les sède guère plus de propriétés végétatives
rochers, est composé d'une multitude d'élé- que les rochers dont elles proviennent, tan
mens divers ; ce sol varie autant que les cou dis que leur mixtion constitue tous les sols,
ches géologiques qui ont contribué à sa for depuis les plus médiocres jusqu'aux plus
mation parleur décomposition plus ou inoins riches, en raison de ce que l'une ou l'autre
rapide, plus ou moins complète, et il a la de ces terres domine, ou bien qu'elles sont
même nature, mais sous un autre état. combinées dans des proportions convenables.
Lesroches,k leur état primitif, se présentent 14 janv. 1834. — L. Héricart de Thury.
sous la forme de masses très-solides, com
pactes, souvent pierreuses : transformées en Section ii- — Composition, qualités des dij-
terre, elles sont devenues friables, pulvéru jérens sols.
lentes, à un degré plus ou moins grand en
raison des propriétés chimiques et physiques Les,;«lifférens terrains propres à la culture
des élémens qui les composent , et du mé offrent des variations très-nombreuses clans
lange de leur» diverses espèces. leur nature, leur composition et leurs qua
La végétation elle-même contribue à la for lités ; mais tous doivent réunir les conditions
mation des terres : c'est ainsi que sur les générales suivantes.
rochers les plus nus il s'établit d'abord quel § Ier. — Nature et qualités des sols.
ques lichens imperceptibles qui retiennent
I humidité, agissent sur le roc et contribuent, 1° Être assez divisées pour que les racines
avec les variations du temps et les influences les pénètrent facilement, et que les plumules
atmosphériques, à le décomposer peu-à-peu. ou germes les soulèvent ; assez pesans pour
Bientôt cette première décomposition,mèlée que les tiges ébranlées. par les vents résistent
aux débris de cette première végétation, à l'aide de l'espèce de scellement des racines.
forme une petite couche de terre -végétale; Ainsi , par exemple , si l'on considère une
c'est alors que naissent d'autres plantes plus plante à tige haute et feuilles très-développées,
fortes, telles que les grands lichens, les comme le Soleil (Helianthusannuus)de\afîgure
mousses, des graminées, etc., dont l'action 19, on conçoit que le poids de toute cet! e par
plus puissante et lesdébris plus considérables tie volumineuse hors de terre, augmenté par
accroissent avec plus de rapidité la couche les mouvemens que l'air agité lui imprime,
<>e terre, et finissent par en faire un sol sera difficilement contrebalancé par le poids
arable. du volume de terre que' comprennent les ra
Tel a été, nous devons le croire, son pre cines. Cette condition de stabiliténe sera donc
mier mode de formation sur un grand nom pas remplie dans les sols trop allégés, soit par
bre de terrains, et, si nous voyons encore l'abondance du terreau , soit par des propor-
aujourd'hui des rochers à ntf, c'est que leur J tions trop forles de calcaire magnésien, et un
situation abrupte a empêché rétablissement * seul coup de vent pourra renverser une plan
de toute végétation , ou a laissé successive tation de ces végétaux à haute tige. L'arra
ment entraîner par les pluies, dans les lieux chage à la main de ces plantes et de diver
plus bas, le produit de la décomposition des ses autres peut donner des indices sur la
roeset de la végétation des plantes. C'est par nature d'un sol , notamment sa ténacité, sa
35 AGRICULTURE : SOL LIV. 1"
Fig. 19. perméabilité aux Fig. 20.
racines, sa légè
reté qui favorise
le développe
ment de celles-
ci, elcv
2° Etre assez
perméables aux
eaux pluviales
et retenir l'eau,
au point de se
conserver humi
des à quelques
pouces de pro
fondeur, sans
former , après
les pluies , et
d'une manière
durable , une
sorte de pale
ou bouillie qui
chasse la pres
que totalité de
1 air libre , et
saus présenter
pendant le*
temps secs de
ces larges cre
vasses qui dé
chirent les raci
nes, et les font
souffrir en les sieurs variétés de betteraves blanches ou
mettant en par roses pyriformes,commeonlevoit en B, s'en
tie àl'air libre. foncent moins en terre ; une profondeur de
3° Être assez 9 à 12 pouces (24 à 33 centimètres) leur suffit;
légers pour ab d'autres plantes, telles que les navels C, exi
sorber , contenir et exhaler sous certaines in gent moins encore; enfin les céréales peuvent
fluences l'air atmosphérique et les gaz ou va être cultivées sur un sol offrant, comme l'in
peurs des engrais. dique D, seulement 5 et 6 pouces (15 à 17
4° Avoir, au moins près de sa superficie, une centimètres) de terre meuble.
couleurjaunâtre, Jauve, ou brune, assez foncée Lorsque la profondeur du sol est suffisante,
pour s'échauffer aux rayons solaires, et pré mais que de très-nombreux fragmens de ro
senter aux plantes une chaleur humide (air el chers, des pierrailles, cailloux, y sont inter
gaz chargés à nue température douce de va- posés, on y peut cultiver diverse» plantes
peurd'eauj.cireonstancesquiexeitent si puis dont les racines ne sont ni charnues, ni tu
samment la végétation. berculeuses, ou du moins dans lesquelles
5° Contenir de l'humus (débris organiques cette partie souterraine n'est pas le produit
ou restes de végétauxet d'animaux morts, plus que l'on doive récolter. Il suffit, dans ce
ou moins/jourrà ou consommés), susceptible, cas, que les intervalles entre les pierres
par une décomposition spontanée, de fournir offrent une terre perméable aux racines, à
aux plantes des alimens solubles ou volaiils. l'eau, et, en un mot, réunissant les pro
6° Renfermer de l'argile, du sable (argileux, priétés ci-dessus indiquées, et mieux décrites
siliceux ou calcaire), et de la chaux carbo- plus loin.
natée en proportions telles que les caractères 8" Au-dessous de cette profondeur ne peu
précédens soient ou puissent être réunis, et ojfrirun sol imperméable qui ne laisse aucun
surtout assez de la dernière substance (car passage à l'eau.
bonate de chaux) pour qu'il ne puisse s'y
produire ou s'y perpétuer un excès d'acide. § H. — Composition des sots en culture ou des
7" Avoir les propriétés précédentes dans terres arables.
uneprofondeur égale au moins à celles que les On rencontre généralement dans les ter
racines des plantes en culture doivent habi rains fertiles, de l'argile, du carbonate d<
tuellement atteindre. Aiusi, par exemple, les chaux, du sable, de Vhumus, des débris noi
betteraves jaunes, dites de Castelnaudary entièrement déformés de végétaux, de l'oxi
{Beta major), exigeraient une profondeur de de fer, de l'eau, de l'air et différens gaz, e
d'environ 45 centimètres, ou 15 à 16 pouces accidentellement du carbonate de magnésie
de terre meuble, puisque leur racine charnue du mica, du sulfate de chaux, et plusieur
fusiforme A {fig. 20) , peut atteindre facile autres sels.
ment cette longueur, et que si le sous-sol , I. L'argile constitue souvent la moitié oi
trop graveleux ou formé de tuf ou d'argile la plus grande partie du sol; elle-même es
peu perméable, était plus rapproché, la ra formée de silice et d'alumine mélangées ei
cine pivotante se bifurquerait eu radicelles différentes proportions. La silice domin
sans valeur ou difficiles à utiliser. — Plu généralement : elle forme souvent les 75 cen
en». V ■ COMPOSITION DES SOLS. 23
lièmes du mélange, et rarement moins des tous changemens par l'humidité et la séche
40 Millièmes. resse qu'il faut considérer que leur nature
L;i silice, que l'on croyait autrefois un corps chimique. Ainsi, les sables d'argiles maigres
simple, est véritab enent un oxide n étal- et durcs,el les sables calcaires, produisent les
lique (oxide de Silicium), blanc, rude au tou mêmes effets; toutefois, en se désagrégeant
cher, qui peut se combiner comme un acide à la longue, ces derniers font partie de la
avec d autresoxides ; ainsi, par exemple, unie terre divisée.
à la soude (oxide de Sodium), ou à la potasse III. Le carbonate de chaux, dont la présence
;oxide de Potassium), la silice formedescom- et les proportions déterminent la dénomina
posés (silicates de soude ou de potasse) fu tion de calcaires donnée a divers sols, marnes,
sibles à chaud , blancs, diaphanes, que l'on pierres, sables; albâtres, etc., est composé
connaît sous le nom de verres on de glaces, d'oxide de calcium (chaux), combiné à l'acide
et dont chacun sait quels sont les nombreux carbonique; ce dentier acide étant'suscepli-
usages. La silice pure, ou presque pure, se ble d'être séparé el volatilisé par une haute
montre dans le cristal de roche ; unie à la température, permet d obtenir la chaux par
potasse et à l'oxide de plomb (silicate de po* une simple calcination du carbonate.
tasse et de plomb), elle forme le cristal arti Depuis les marbres qui présentent le carbo
ficiel qui, soufflé, taillé ou moulé sous nulle nate de chaux presque pur, jusques aux mé
fornies, se prête aux décors de nos tables et langes en diverses proportions avec l'argile et
de nos appartenions. d'autres corps étrangers formant les marnes
Lalumine est aussi un oxide métallique calcaires et tous les sols fertiles, on rencontre
(oxide d'Aluminium) blanc,insoluble,qui, uni le carbonate de chaux sous mille formes dans
naturellement avec la silice dans certain*» la nature. Ainsi, il se trouve dans ces bancs
argiles blanches ou très-peu colorées,comme d'une immense étendue d'où l'on extrait les
dans le kaolin (argile maigre) de Sain t-Yrielx, pierres de taille et les moellons à bâtir, dans
près de Limoges, forme la base de la fabri ces diverses roches compactes qui donnent
cation de la porcelaine. les pierres lithographiques, les pierres à
L'argile grasse, ou argile plastique, est chaux hydraulique et à chaux .grasse, dans
compacte, douée au toucher, susceptible de ces énormes dépôts de craie qui se rencon
former pâte avec l'eau, dont elle absorbe trent à diverses profondeurs.
une si grande quantité, qu'en se desséchant Le carbonate de chaux facilement décom
ensuite elle diminue considérablement de posé par plusieurs acides, laisse alors déga
volume et se fend à l'air comme au feu, ger son acide carbonique el peut former
toutes les fois que ce retrait ne peut s'opérer d'autres sels plus solubles; c'est ainsi que,
très-librement. — Chauffée au-dessous du passant dans la sève des végéiaux, la chaux
rouge, et plongée dansl'eau, elle l'absorbe se retrouve dans leurs cendres. On trouve
si rapidement, qu'elle tombe en poudre, qui encore le carbonate de chaux dans les os des
aussitôt se réunit en pâte. — Chauffée au animaux.
rouge, elle durcit de plus en plus, et cesse Enfin la chaux, unie à l'eau (éteinte) et ré
de pouvoir être délayée dans l'eau. C'est sur pandue sur les sols ou dans divers composts,
cette propriété que se fondent les arts du absorbe l'acide carbonique de l'air et repro
briquetier, du potier, du faïencier, du fabri duit le carbonatede chaux. Nous verrons que
cant de porcelaine, qui tous moulent l'argile soit dans ce dernier état, soit seulement hy-
en pâte, la font dessécher, puis la durcissent dralée(étcinteà l'eau), soii combinée à l'acide
au feu. Nous verrons que l'on essaie facile sulfurique (sulfate de chaux ou plâtre), la
ment ainsi les terres argileuses. chaux est un des plus utiles agens de la vé
Cest en général l'argile plastique qui, par gétation.
m présence, rend les terres Jortes, grasses, IV. L'humus, qui forme une partie des sols
froides et humides. fertiles, est le résidu de la décomposition
Une argile qui intéresse beaucoup le cul des végétaux et des animaux que les cultures
tivateur est connue sous le nom de marne; et les engrais y ont déposés. Comme eux, il
elle est en général facile à délayer, se désa contient de l'hydrogène, de l'oxigène, du car
grégé même en séchant, et se met dans l'eau bone el ordinairement de l'azote. — Cette
en une bouillie qui n'a pas de liant; mais substance est encore décomposable, même
« qui surtout la distingue, c'est la grande lorsqu'elle est devenue acide, et s'est fixée
proportion de carbonate de chaux (du quart tellement que l'eau bouillante ne l'enlève
aux deux tiers) qu'elle renferme et qui lui pas à la terre. Elle forme souvent une sorte
donne des propriétés utiles si remarquables, de sel fulminate de chaux ), résultant de l'aci
sur lesquelles nous reviendrons, et les moyens de ulmique qui se rencontre dans la plupart
de la reconnaître et de la doser par sa facile des détritus de végétaux pourris, les tour
dissolubilité par les acidp et l'espèce de bières, etc. Dans cet état, elle peut fournir
bouillonnement (effervescence) qu'elle forme un aliment aux végétaux , a plus forte raison
dans ces liquides. lorsque sa décomposition est moins avancée.
II. Le sable, dans les sols, eft généralement Les débris des engrais et des plantes qui
formé de silice dont la cohésion est extrê ont conservé une partie de leurs formes et
mement forte, et de quelques traces de ma de leur dureté sont tuiles en se pourris
tières étrangères qui le colorent} les cail sant peu-à-peu el laissant dégager des gaz
loux, les pierres à fusil, la pierre meulière, qui nourrissent les piaules Nous verrons
les grès blancs, le cristal de Toche , etc., comment on accélère cette décomposition,
«firent tous la composition siliceuse. Sous en prévenant une anV///f nuisible.
le rapport de leur utilité dans les sols, c'est Nous verrons aussi comment à l'aide de
bien plutôt leur dureté, leur résistance à la chaux vive ou hydratée [éteinte), on sature
24 AGRICULTURE : SOL. liv. r
non seulement l'excès d'acide que contien gnées de bitume. Lorsque celte sorte d'huile
nent souvent les débris accumulés des plan ou de goudron minerai est assez peu abon
tes, niais encore ou décompose les sels am dante pour laisseras terres aisément divi
moniacaux, on dégage utilement de l'ammo sibles, sa préscnceenpetitequantité peutser-
niaque et l'on communique au résidu une vir en colorant la superficie du terrain. Mais
alcalinité convenable. en trop forte proportion, et pour peu qu'il
fasse adhérer entre elles les particules terreu
§ III.— Substances contenues accidentellement ses, il rend les sols impropres à la culture; il
dans les sols en culture. peut quelquefois, dans ce dernier cas, servir
La magnésie, le mica, l'oxide de fer, le de combustible et laisser un résidu propre
charbon, le bitume, Te sulfate de chaux et di- à l'amendement des-terres cultivées.
\ers selsïinsolubles ou offrant une solubilité VI. Sulfate de chaux {plâtre cru, gypse).
"variable, se rencontrent accidentellement Ce sel, très-peu soluble, est composé d'acide
dans les sols : nous devons donc en dire un sulfurique et de chaux (oxide de Calcium) ;
mot : il se trouve naturellement dans quelques
I. Magnésie. Cet oxide métallique (oxide sols en faible proportion, mais c'est surtout
de Magnésium), blanc, insoluble, uni à l'a comme stimulant de la végétation de cer
cide carbonique, forme un carbouate que taines plantes qu'il nous intéresse, et qu'on
l'on rencontre toujours accompagné de car l'ajout» à dessein sur les trèfles, les luzernes
bonate de chaux dans la nature. Les terrains et toutes les légumineuses : nous y revien
ainsi magnésifères participent des propriétés drons en parlant des sels stiniulans.
du carbonate de magnésie : trop froids ou Plusieurs autres sels offrent des stiniulans
trop humides par la grande quantité d'eau spéciaux pour d'autres plantes : nous nous
qu'ils recèlent après les pluies, trop friables en occuperons plus loin. A. Payex.
•et arides par leur légèreté et la grande pro-
Sortion d'air qui remplace l'eau après leur Section m. — Des différentes sortes de terres
essiccation, ils nuisent aux plantes dan s cha et de leur classification.
cune de ces alternatives.
II. Mica. Cette substance est assez souvent Selon que l'alumine, la silice ou le carbo
répandue en très; petits feuillets minces, nate de chaux domine dans la niasse du
luisans, blancs ou jaunâtres, dans les terres sol arable, on dislingue trois principales es
arables. Le mica reste au fond des vases avec pèces de terres, auxquelles ou a donné le
le sable lorsqu'on sépare les portions les plus nom d'argileuse, sableuse ou calcaire; elles,
fines en troublant et décantant l'eau dans se subdivisent, comme nous allons le voir, en
laquelle la terre a été délayée ; la silice, l'alu un grand nombre de variétés, dont la con
mine, la potasse et quelques centièmes de fer naissance, assez difficile à acquérir dans un
oxidé le constituent ordinairement;quelque- livre, est cependant d'une haute importance
fois il s'y joint un peu de chaux maguésifere. pour le cultivateur, puisque, d'après les pro
— Ce composé agit, en raison de sa forme et portions variables de chacune de leurs parties
•de sa cohésion, à peu près comme le ferait du constituantes, elles exigent des travaux et
.sable de même grosseur; cependant sa fa donnent des produits parfois tout différons.
culté pour absorber l'eau et la retenir est A ces trois sortes de terres s'en joignent
plus grande et son poids spécifique un peu quelques autres, moins importantes pour
inoindre (terme moyen 2264), en sorte qu'il uous, parce qu'elles n'existent pas en France
peut rendre un sol plus léger sans le rendre en masses aussi considérables, niais qui de
aussi chaud que le sable. vront cependant fixer notre attention dans
III. Oxide defer.Cest généralement à l'état l'intérêt des localités où elles se rencontrent;
deperoxide, c'est-à-dire contenant tout l'oxi- telles sont les terres tourbeuses , magné
gène qui peut entrer dans sa composition , siennes, etc.
que le fer se trouve dans les terres en cul
ture. Il communique à toutes une coloration § Ier. — Des sols argileux.
qui contribue à leur faire mieux absorber la
chaleur des rayons solaires ; il en retient Généralités. L'argile pure est composée de
d'ailleurs plus que le sable et rend les sols silice, d'alumine, et presque toujours d'oxick
plus chauds. — Quant aux propriétés nuisi de fer, dans un état de combinaison assez in
bles de l'oxide de fer, elles ne se sont mani time pour qu'aucune de ces parties ne puissi
festées que lors d'une grande proportion de être séparée des autres par suite de l'ébulli
■cette substance, et nous verrons que divers tion dans l'eau. — Celle qui a été analysé*
amendemens peuvent les faire disparaître. par Schubler contenait 58 pour 100 de silice
IV. Charbon. Ce corps à l'état poreux et 36,2 d'alumine et 5,2 d'oxide de fer.
três-divisé est fort utile dans les sols arables; Par suite de Kurs propriétés physiques, le
sou pouvoir très-remarquable d'absorption sols dans lesquels l'argile se rencontre seul
des rayons calorifiques et de condeusàtion ou presque seule, sont tout-à-fait impropre
pour divers gaz, en font un puissant intermé aux cultures économiques.— Lorsqu'ils con
diaire entre les agens extérieurs et les plan tiennent au plus un quinzième seulement d
tes ; il concourt à l'allégement de la terre et sable séparante par l'ebullition, l'auteur qu
ralentit irès-utilement la décomposition de je viens de citer leur donne le nom A'argi
certains détritus (urine, sang, matières féca leux auquel on substitue fréquemment celi
les, etc.), trop altérables : nous y reviendrons du glaiseux. — En pratique, on reconnaît
plus loin en traitant des engrais. ces sortes de sols les inconvéniens suiveuis, qi
V. Bitume. Diverses roches désagrégées, s'étendent, à divers degrés, à toutes les tel
des schistes et certaines argiles sont impré res dans lesquelles l'argile surabonde :
CHAP. T. rORMATIOV 1)1, SOL. 2.',
les terres çlniseu$es sont humides et amendemens. — Les. fumiers longs de litière
froides pendant les trois quarts de l'année; présentent le même avantage. Cependant,
elles procurent parfois d'assez abondans comme il n'y a rien d'absolu en agriculture,
produits, niais des produits tardifs et pres il faut distinguer : lorsque les terres argileu
que toujours de. qualité médiocre. — Les ses sont de nature humide et froide, ce qui
arbres y donnent des bois moins durs, arrive dans la plupart des cas pour peu
moins sains, conséquemnien&dc moindre qu'elles aient de la profondeur ou qu'elles
prix que partout ailleurs; ils y sont plus soient situées diins Tes lieux bas, les engrais
impressionnables aux fâcheux effets des for verts ou d'une décomposition peu avancée
tes gelées et de divéYses maladies; — les seraient insuffisans, parce qu'ils ne trouve
fromens, dans les années favorables, peuvent raient pas dans rte sol la chaleur nécessaire
y végéter; ils y présentent même parfois de pour se transformer en humus. Ils agiraient
belles apparences; niais ils grèneiH peu, et à la vérité comme amendemens, mais fort
leurs grains, gonfles d'eau avant la maturité, peu comme alimens. Dans de telles circons
diminuent considérablement de volume à tances, pour obtenir le double but qu'on se
cette époque. — Certains herbages y croissent propose, on doit donc chercher à faciliter
assez bien, mais leurs foins sont peu sueeu- leur fermentation, en employant la chaux ou
lens. — Enfin, les racines, les légumes et les en les mêlant à d'autres engrais très-chauds,
fruits y acquièrent du volume, m7ns>ils sont k<i«ibjà-dire très-actifs, tels que celui de mon-
d'ordinaire peu savoureux et peu noiïrrissafns. \U>u £tfeé<4t;vai , le noir animal, etc. Lorsque
Les cultures qui conviennent le mieux aux les terrains argileux offrent au contraire peu
sols argileux sont celles des grands végé de profondeur, qu'ils sont situés sur des hau
taux ligneux, dont les racines, plus fortes que teurs, l'emploi* des engrais chauds pourrait
nombreuses, ont la propriété de s'étendre devenir dangereux. Alors surtout les récoltes
sans pousser, dans certains cas du moins, vertes, enfouies par un labour avant la flo
d'abouilaus chevelus; celles des plantes an raison, sont particulièrement avantageuses.
nuelles ou vivaces qui jouissent de la même Les trmaux d'écoulement des eaux Sout
propriété, comme les fèves de marais, les souvent indispensables dans les argiles. Mal
luzernes, etc. heureusement, s'ils donnent les moyens d'é
Du reste, «les terres d» diverses natures viter une humidité excessive , ils ne peuvent
dont nous allons nous occuper, celles qui remédier qu'à ce seul inconvénient. — Les
contiennent de l'argile en excès, moins que pluies d'averse ne battent pas moins le sol de
toute aut^e peut-être, se prêtent à l'adoption manière à le couvrir d'une croûte épaisse,
d'un bon système d'assolement, et plus que compacte, imperméable aux gaz atmosphé
toute autre se montrent rebelles à la cul riques et à l'eau elle-même, lorsqu'elle tombe
ture.— Il est presque toujours fort difficile momenlanément'ou en faible quantité. — La
de trouver le moment de les labourer. — En chaleur solaire ne lui fait pas moins éprou
hiver, elles forment une pale tenace, que la ver un retrait qui met à nu dans de larges
charrue soulève sans la diviser autrement crevasses ou qui comprime les racines outre
qu'en longues lanières. — Le ménje inconvé mesure.
nient se fait sentir au printemps. — En été, A ces graves inconyéniens, le jardinier
elles deviennent d'une dureté souvent insur trouve jusqu'à uri certain point remède, par
montable , et lors même que les circons des paillages et de fréquens binages; l'agri
tances se montrent les plue, favorables, les culteur, moins heureux, ne peut recourir qu'à
labours qu'elles exigent sont encore laborieux de coûteux amendemens destinés à changer
et très-coûteux. la nature même du sol. Encore ne le peut-il
Cependant un des meilleurs moyens de pas toujours avec profit.
rendre les terres argileuses productives, c'est Mais tous les terrains dans lesquels l'ar
de les labourerfréquemment et de les diviser gile domine sont loin d'être aussi homogènes
par tous les moyens possibles. dans leur compositon que nous les avons
Tous les amendement susceptibles de cou- jusqu'ici supposés; lorsqu'ils contiennent de
courir physiquement à ce but sont bons. Le l'oxide de fer en surabondance, du sable et
sable, les graviers, les marnes calcaires, la de la chaux carbonatée en. proportions plus
chaux, l'argile elle-même amenée à un état appréciables, leurs propriétés se modifient.
voisin de la calcination, peuvent être em — De là ce* diverses sortes de terres aux
ployés avec succès. quelles on a donné les noms d'argilo-ferru-
Les marnes calcaires qu'on peut répandre gineuses, — argilo-calcaire^ — argilo-sableu-
sur ces sortes de terres, en proportions ses, — argito -ferrugino - calcaires , — argilo-
considérables, agissent mécaniquement sur ferrugino-si/iceuses ou sableuses, — argilo-cal-
elle en les divisant. Elles agissant de plus caro- sableuses, — argilo- sablo-calcaires, etc.
chimiquement, comme tous les calcaires, I. Terres argilo-Jerrusiheuses. Quelquefois
par leur piopriélé stimulante. les argiles contiennent une quantité si grande
Quant a la chaux, dont les effets remarquâ d'oxide de fcr, qu'elles ressemblent à de vé
mes sur la végétation devront nous occuper ritables ocres rouges. —Dans cet état, à tous
plus tard, il faut avoir été témoin de ceux les défauts des argiles plus ou moins com
qu'elle produit sur les sols argileux, pour pactes, elles en joignent d'autres qui sont
concevoir toute son importance. Plusieurs de dus à la présence du métal. — Lorsqu'il sura
nosdépartemens lui doivent en grande partie bonde, il les rend complètement impropres
la prospérité croissante de leur agriculture. à la végétation. — Lorsqu'il est moins abon
Les récoltes enfouies produisent un excel dant et mêlé à du sable ou des graviers, il
lent efiel sur les terres trop tenaces, parce ne produit pas des effets si fâcheux. — On
qu'elles sont à la fois des engrais et des a cru même remarquer qu'une petite quan-
AGRICULTURE. livraison. 1-4
Jfi AGRICULTURE : SOL. liv. i'r
tite d'oxide de fer favorise le développe Lel ■r : de 37,5 d'argile;
ment des plantes, et on en découvre en ef 37,5, pierre à chaux pulvérisée ;
fet, par il'analyse, quelque peu dans leurs 25 sable quartzeux;
divers tissus •, mais il n'en est pas moins vrai Le T: de 40 argile;
que les argiles ferrugineuses sont générale 30 calcaire ,
ment très-peux favorables à la culture; —à 30 sable quartzetix.
peine pourrait-on citer quelques végétaux III. Les terres argilo-sablcuses, dans leurs
qui puissent y croître inédiocremeat, à moins rapports avaei'agriciillure, ont pu être divi
qu'elles n'aient été préalablement amendées sées assez bieti eu terres fortes et terresfran
avec des marnes ou truite autre substance ches qui correspondent à peu près, les unes :
calcaire, et richement fumées. aux glaises grasses deSoiuBLER; c'est-à-dire
J'aurai occasion un peu plus loiu de par qu'on peut en séparer jusqu'à un tiers envi
ler des terres sablo-fcrrugineuses. ron et même plus de sable fin par l'ébulli-
II. Les ter/e.i argUa-calcaires sont de plu tiou, et le lavage; les autres aux alaises mai
sieurs sortes, et peuvent présenter divers gres du même auteur qui en abandonnent
degrés de fertilité. du tiers à la moitié et au-delà.
Lorsque le carbonate de chaux qu'elles U Terres fortes. Elles tiennent le milieu
contiennent se présente à l'état de sable ou entre les terres vulgairement dites glaiseuses
de petits graviers, elles ne différent pas beau et les terres franches. — Elles partagent à un
coup, sous le point de vue de la cnlture. des,, moindre degré lesinconvéniens dont je viens
terres argilo-sableuse» qui devrofct biëïitôt de ptirlerpour les premières, et les avantages
nous occuper; — lorsque, par une com 3ue nous 'reconnaîtrons bientôt aux secou
binaison plus intime, l'argile et le calcaire es.— Un sol de semblable nature suscepti
forment une masse en apparence homogène, ble de produire, année commune, d'assez
comme on peut le remarquer dans certaine», beaux fromens, a donné :
marnes, elles offrent des particularités re Argile 50
marquables. Sable quartzeux. . 29
Les argiles marneuses , autant au moins et Calcaire dûen partie à l'usage fréquent
plus peut-être que les sols glaiseux, conser de la chaux. ... 16
vent les eaux des pluies. Elles s'en pénétrent Perte et humus. . . 5
si facilement et à des profondeurs telles, qu'il et sur une autre partie du même champ :
n'est pas rare de les voir réduitesen une sorte Argile 49,5
<le bouillie, jusqu'au-delà de la portée êtes Sable 24
plus longues racines des plantes qui les cou Calcaire 18
vrent. C'est assez dire que dans les années Perte et humus. . . 8,5
pluvieuses on ne peut guère compter sur Dans l'un et l'autre cas l'argile ne m'a
leurs produits. — Les semis de printemps y paru qu'assez imparfaitement dépouillée du
sont le plussotivent impossibles;— ceux d'au sable qu'elle contenait. Au reste, la moindre
tomne cloi«jiit être faits de très-bonne heure; erreur en de semblables opérations peut
malgré cette précaution , ils n'eu sont pas changer tellement les résultats , les erreurs
moins trop 'fréquemment détruits, soit par sont si faciles hors des laboratoires d'habiles
l'humidité constanteet surabondante de l'hi chimistes, et tant decauses peuvent d'ailleurs
ver, soit par l'effet Des gfîées «ni se" font chartger'tes propriétés physiques de sols com
sentir sur ces sortes de terres plus que sur posés à peir près des mêmes élémens, que
d'autres. — Toutefois, après la maimise sai sans prétendre que les analyses ne puissent
son, lorsqu'elles ont été égoutlées et qu'elles être parfois d'u» grand intérêt, je les re
sont assez saines pour être travaillées, on garde eu partie comme plus satisfaisantes
peut encore, si les au très récoltes ont manqué, pour l'esprit qu'utiles à la pratique. — Un
leur confier quelques plantes d'une végéta réactif qui né trompe jamais le labooreur,
tion rapide ou susceptible de se prolonger c'est sa charrue et le nombre d'animaux de
après l'été, telles que le sarrasin, les pom labour qu'il est obligé d'employer pour la
mes-de-terre, et parmi les fourrages, les na mouvoir.
vets, les vesces, etc., etc. Dans les années favorables, c'est-à-dire ni
Dans certaines localités, les argiles mar trop sèches, ni trop humides, lorsque les
neuses servent de sous-sol à des sables pres labours ont pu être convenablement ef
que nurs. De deux terres à peu près impro fectués, que le terrain est suffisamment égout-
ductives, il est alors possible, sans de grands té et ameubli à l'époque des semis; que les
frais, de composerai excellent sol, puis qu'il pluies de printemps et d'été se succèdent à
suffit de les mêlerai d'attendre un ou deux de courts intervalles sans tomber par averses
ans les effets quelquefois prodigieux d'un tel avant que la végétal ion couvre complètement
amendement. le sol, les t«rres fortes sont très-productives.
Depuis les argiles' qui contiennent une fai Pendant les étés peu pluvieux, elles conser
ble quantité de carbonate de chaux, jusqu'à vent même plus long-temps que d'autresmne
celles qui perdent ce nom pour prendre ce humidité favorable qui se fait remarquer de
lui de terres calcajfes proprement dites, Il la manière la plus heureuse sur leurs pro
existe une foule de nuances impossibles à duits. Mais le concours d'un si grand nom
décrire utilement. — J'ai du choisir les plus bre de circonstances favorables est rare. Aussi
tranchées. J'ajouterai cependant, d'après Tit- peut-on dire, d'une manière générale, queces
i.rt et Bercm wiv, que deux sols d une fer terres, années communes,sont non seulement
tilité remarqu ible, l'un pour le climat de Pa moins facilaset pluscoùteusesàcultiver, mais
ris, l'autre pour celui de la Suède, étaient d'un produit moinsassuréque beaucoup d'au
composés : tres.— Elles conviennent aussi à un moindre
CHXÏ. 2'. SOLS SABLEUX. 2~
nombre de plantes ; toutefois, il en est quel ratmosphèrc,qn'on recommence à cultiver.—
ques-unes qui ont la propriété de lès amé On conçoit que ces rocailles soient pendant
liorer, et qu'il est toujours facile de faire quelque temps peu propres à la culture des
entrer dans un bon système d'assolement. légumes et des plantes à racines chevelues;
La luzerne et le trèfle son t dans; ce cas. Ton I es mais, pour peu qu'elles soient mêlées a un
deux, parleu» racines, pénètrent et divisent reste de terre végétale, les arbres y prennent
le sol à diverses profondeurs, et le rendent un développement remarquable.— En Maine-
plus léger pendant les années suivantes. et-Loire, les schistes dont je parle, sous le
Parmi les céréales, le froment et l'avoine nom de roc, sont habituellement employés
conviennent particulièrement aux terres pour l'amendement des vignes. Tant qu'ils
fortes. — Pour peu qu'elles soient plus hu ne sont pas complètement décomposés,
mides que sèches, ce qui est le cas le plus ils divisent la terre, empêchent qu'elle ne se
ordinaire, les graminées vivaces y forment durcisse à sa surface par l'effet des pluies, et
de bonnes prairies naturelles. — Les fèves qu'elle ne soit trop promplcment privée d'eau
y réussissent de préférence. — Les pois, les parles effets de l'évaporation. — lis aug
vesees et les gesses, la chicorée, les choux mentent plus tard la couche de terre végé
y peuvent donner des fourrages foliacésl^- tale. A la vérité, leur nature argileuse les
les rutabagas, les choux-raves, et même les rend peu propres alors à l'améliorer, et né
betteraves, des racines alimentaires dont cessite l'emploi de nouveau roc.
chacun connaît les divers usages;'— enfin, 2" Les terres franches font le passage insai
quelques plantes, tellesque le colza, le pavot, sissable en pratique, des sols argileux aux
la moutarde, des produits économiques ou sols sableux, et semblent faire alternative
industriels. ment partie des uns et des autres. Les pro
Quand les terres forles sont situées dans portions de sable qu'elles contiennent varient,
des localités basses, elles deviennent exces ainsi c|u'il a déjà été dit, du tiers environ à la
sivement humides, surtout si elles sont moitié et quielquefois au-delà.—J'en ai vu dont
abritées du soleil du midi et des vents ab- on pouvait extraire de 25 jusqu'à près de 40
sorbans, par des montagnes ou des forêts; pour cent de calcaire, d'autres qui, sans être
elles prennent alors plus particulièrement le sensiblement moins fertiles, en donnaient à
nom de terres froides. Lorsqu'on ne peut les peine 10.
débarrasser des eaux surabondantes de l'hi Les terres franches conviennent au plus
ver, la chaleur les pénètre si lentement que la grand nombre de végétaux usuels. — Toutes
végétation n'y fait presque aucuns progrès.— les céréales y prospèrent ainsi que la plupart
Dans lesclimatschaudsel les offrent à la vérité des plantes économiques. — Rarement elles
quelques chances favorables ; mais, dans le ont besoin d'amendemens. — Elles s'accom
nord et le centre de la Franc*, elles donnent modent de tous les engrais.—Elles partagent
des produits sans Saveur, qui ne parviennent enfin presque tous les avantages des meilleu
pas toujours à leur complète maturité, et qui res terres sablo-argilcuses.
sont fréquemment détruits parles gelées. —
Le meilleur, parfois le serti moyen d'utiliser , § II. — Des Sols sableux.
ces sortes de sols, c'^st de les planter en ar
bres. Les bois blancs y réussissent générale Les terrains sableux offrent des inconvé-
ment : conduits en taillis ouen têtards, comme hiens et de* avantages diamétralement op
cela se pratique pour les oseraies, ils rappor posés à ceux des argiles. — Ils ne peuvent
tent beaucoup. retenir l'eau au profit de la végétation; celle
Les schistes argileux, très-abondans ù la des pluies ou des arroseméns les traverse
surrace du globe, donnent naissance, par comme elle ferait d'un cribre. — IL> s'é
leur décomposition successive, à des sols chauffent à la vérité facilement au printemps,
d'une ténacité d'autant plus grande qu'ils mais, par la même raison, ils se dessèchent
contiennent moinsde silice.— Ce sontde véri promptemenl et deviennent brùlans en été.
tables terres fortes, mais qui, dans certains — Dans les contrées froides et pluvieuses ils
cas, avant d'arriver à cet état, présentent des sont parfois fertiles alors que les terres argi
particularités remarquables. Dans une partie leuses cessent de l'être ; dans les pays chauds
de la Vendée, les métayers achetaient et achè ou tempérés sujets à des sécheresses de quel
tent encore fort cher, malgré l'emploi du noir que durée, ils se dépouillent au contraire de
animal et de la chaux, les terres de jardin toute végétation pendant le cours de la belle
produites par la décomposition de ces schistes, saison, tandis que les terres fortes Sont en
dès qu'elles ont été améliorées par un certain core couvertes de verdure.
nombre d'années de culture et des engrais Les terres sableuses changent d'aspect selon
suffisans. — Les vendeurs, ayant ainsi rois la nature du sable ou du sablon qui domine
ànulesous-sol,s'empressentaussitôlde ledé- dans leur composition. — Leur couleur est
foncér à une profondeur proportionnée aux Ordinairement jaunâtre ou brunâtre; parfois
cultures dontilsveulentle couvrir.— Le schis d'un blanc plus ou moins pur qui leur donne
te se lève par plaques lanvellaircs, plus ou au premier aspect une apparence crétacée.
moins volumineuses, qu'ils concassent, sans Leur culture est peu coûteuse. Il est tou
beaucoup de soin, en très-grossiers fragmens; jours facile de trouver le moment de les la-
de sorte qu'après cette opération, le sol pré bourer;car, quelque humides qu'elles soient,
sente plutôt l'aspect d'un résidu de carrière elles ne forment jamais pâte comme les ar
que d'une terre labourable. — Cependant, à giles, et quand elles sont sèches elles n'offrent
peineles pluies et les gelées d'une seule année pas une grande résistance.
ont-elles fait effeuiller à leur surface celles de Elles n'exigent pas d'ailleurs des labours
ces pierres qui se trouvent en contact avec aussi fréquens, parce qu'elles se laissent dans
2S AGRICULTURE : SOL. liv. i .
Ions les cas facilement pénétrer par les gaz talie (Jlg. 21), abaisser le niveau du terrain de
atmosphériques et par les racines ; mais Fis;. 21.
aussi leur mobilité les rend peu propres à
offrir à ces dernières un point d'appui de so
lidité convenable. —On peut presque toujours
ne pas leur donner les hersages ou émottages
qui doivent rigoureusement précéder les se
mis sur les terres fortes. Pour celles qui
nous occupent maintenant la herse n'a d'au
tre usage que de recouvrir les semences;
encore lui substitue-t-on parfois assez mala
droitement, pour cette opération, un simple
fagot chargé de quelques pierres.
Les plombages sont plus nécessaires et doi
vent être plus pesans, en raison de la plus
grande légèreté du sol. A la herse retournée manière à lui communiquer le degré d'humi
les bons cultivateurs préféreront toujours, dité convenable à chaque localité, et même à
dans ce cas, des rouleaux d'un bois lourd, de Chaque culture. — Par un semblable moyen
pierre et même de fonte. mieux encore peut-être que par des irriga
Une condition première de fertilité des ar tions, on peut quintupler les récoltes et cou
giles, c'est, en général, qu'elles soient débar vrir dessables peu fertiles, des cultures pro
rassées de leur humidité surabondante. 11 est pres aux meilleures terres.
indispensable de procurer ou de conserver La chaleur n'est pas seule à redouter dans
aux sables celle qui leur manque,ou qu'ils sont ces sortes de sols; par suite du peu de con
toujours prédisposés à perdre 'trop rapide sistance de leurs parties, ils présentent quel
ment. — Avec des irrigations, la plupart des quefois à la suite dos gelées de graves incon
inconvéniens de ces sortes de terres dispa véniens: je veux parler du déchaussement des
raissent; l'eau est pour elles plus que les en blés. — La glace qui s'y forme en longs filets
grais; mais il faut pouvoir en donner d'autant perpendiculaires, d'autant plus fréquens et
plus souvent, qu'elles sont plus exposées aux plus rapprochés que la terre est plus riche en
effets de l'évaporation. De là . les soins qu'on terreau OU plus pulvérulente, la soulèvent
doit prendre pour les abriter, par tous les parfois de plusieurs pouces, et mettent ainsi
moyens possibles, des rayons trop directs à nu les racines, ce qui entraîne habituelle
du soleil de l'été.—Les jardiniers font usage ment la mort des tiges.
de paillis. Les agriculteurs ne peuvent mal Il est dans certains cas assez facile d'a
heureusement que bien rarement les imiter. mender les terrains sableux; car fréquem
Cependant, dans quelques parties du dé ment ils reposant, à une faible profondeur,
partement du Gard, et notamment aux en sur une couche d'argile dont on peut ra
virons d'Aiguës -Mortes, ils couvrent leurs mener une partie à la surface, en donnant
champs de jonc qu'ils font piétiner par les un second trait de charrue au fond de chaque
moutons, de manière à le fixer sur le sol après sillon.— A la vérité, l'effet d'un pareil défon-
l'époque des semailles, afin d'éviter en même cement est ordinairement de rendre les ter
temps le vent qui entraîne une partie du sa res moins productives* parfois même à peu
ble, et la sécheresse qui s'oppose à la germi près improductives, pendant un certain
nation des graines. — En Toscane, la culture temps, jusqu'à ce que le sol nouvellement re
des plantes économiques se fait pour ainsi mué se soit péajjtré des gaz atmosphériques
dire à l'ombre des grands arbres, auxquels et convenablement incorporé a\cc le sable;
on marie la vigne. Pour les terrains sablon mais l'avenir indemnisera amplement de cet le
neux du midi de la France, la position est courte non-valeur. — Si le sous-sol est à une
presque la même. Pourquoi ne pas recourir plus grande profondeur, l'opération devient
a des moyens analogues? — Des palissades, plus coûteuse; car alors il faut extraire et
des haies de végétaux à racines peu traçan transporter les amendemens, et il peut ar
tes, devraient être multipliées parallèlement river que les frais s'élèvent au-delà de l'aug-
entre elles, et en regard du midi sur toute la mentalion de produit qu'on est raisonnable
surface du sol. — Les plantes cultivées de ment endroit d'attendre.
vraient, autant que possible, être choisies Tous les amendemens qui peuvent aug
parmi celles dont la végétation rapide s'a- menter la consistance des sols sableux leur
chè\e avant les fortes chaleurs, ou dont les sont favorables. Il en est cependant qui con
feuillages épais couvrent la terre complète viennent plus que d'autres. Parmi ceux-ci, il
ment — Enfin, des plantations par rangées, faut citer les argiles marneuses, dont les ef
dirigées du levant au couchant, devraient fets dépassent pour ainsi dire- toute croyance.
être faites à des dislances plus ou moins rap J'ai vu par leur mojcn de misérables cul
prochées, au moyen de végétaux annuels on tures de sarrasin se transformer en peu
vivaces, dont les tiges parviennent aune cer d'années en de bonnes cultures de froment.
taine hauteur, et peuvent procurer un om Les atluvions boueuses de la mer, dont les
brage salutaire, tout en donnant d'utiles Hollandais savent depuis des siècles tirer un
Îiroduits, tels que le maïs, le sorgho, le mil- si bon parti, et que les habilans de certains
et, le topinambour, etc., etc. comtés d'Angleterre recherchent à l'égal des
Dans certaines localités, l'eau se trouve à engrais à la lois les plus actifs el les plus du
une petite distance de la surface du sol. On rables, pourraient à coup sur être employées
peut alors, comme cela se pratique sur quel avec un égal succès sur quelques-unes de
ques points de l'Egypte, de l'Espagne, de 1T- nos côtes el dans le voisinage des marais sa
CHAP. T. SOLS SABLEUX. '29
Lins, comme amendement et comme fumure jusqu'à eux.—Par cette dernière raison, elles
des terres trop légères. exigent de moins fréquens labours. Ceux
Lesjumiers qui conviennent le mieux dans qu'on leur donne sont faciles , et l'on est pres
ces sortes de terres sont en effet ceux qui que toujours à même de les donner en temps
contiennent et qui conservent le plus d'hu opportun. — Tous les engrais conviennent à
midité. — C'est pour cela qu'on préfère ces sortes de terres. Elles ne sont point as
a tous autres celui des bêles à cornes, et sez froides pour retarder les bons effets des
qu'on a préconisé avec autant de raison, au fumiers peu décomposés, pas assez chaudes
moins, que pour les terres argileuses, l'en pour rendre dangereux ltjs effets des fu
fouissement des recolles vertes. —Les engrais miers actifs. Pour peu qu'elles aient un peu
très-actifs ont, en général, sur les sables une de fond, elles se prêtent enéore à l'emploi
action d'autant moins favorable, que ces der modéré de la chaux. En un mot, dans des cir
niers sont plus secs et plus chauds. L'expé constances favorables, on peut les regarder
rience de tous les temps est* cet égard d ac prcsqti'à l'égal des suivantes, comme types
cord »vec la pratique de tous les lieux. des meilleures terres.
I. Terres sab/o- argileuses. Elles viennent Les terres sablo-argileuses d'allusion ré
naturellement se placer à côtéttles terres cente et submersibles sont fréquemment re
tranches, dont elles ne diffèrent que parce couvertes, à l'époque des inondations, d'une
que la proportiro du sable siliceux qu'elles couche souvent assez épaisse, <l'un limon qui
contiennent l'emporte sur celle de l'argile. a été tenu plus ou moins long-temps en sus
En pratique, le passage des unes aux an pension dans les eaux, et transporté par elles
tres est inappréciable, et ce que j'ai dit des parfois à de fort grandes distances. — La na
premières se rapporte encore aux secondes. ture de ce limon varie nécessairement en
Tant que le sable ne domine qucjfaiblement, raison de celle des terrains que dépouillent
le mélange change à peine d'aspect ; mais, à les cours d eau auxquels il doit sa formation.
mesure ju'oti s'éloigne du afint moyen, où Onctueux, doux au toucher, il contient or
les sols îrgilo-sableux se conlondent avec les dinairement , en quantité prédominante, de
tnres sablo-argileuses, il devient assez fa l'argile, d'autres fois du calcaire, toujours
ille de distinguer ces dernières. Humides, beaucoup d'engrais et de substances végé
elles sont moins boueuses;— sèches, elles of- tales à divers degrés de décomposition. En
irentmoms d'adhérence. La simple pression se mêlant progressivement par suite des la
des doigts peut les réduire en une poussière bours aux sols qu'il recouvre, il leur commu
grenue et rude au toucher. nique en partie ses propriétés fécondantes,
Tantôt, quelle que soit leur origine, elles et conserve avec eux le nom de terres limo- w
wnl éloignées des grands cours d'eau, ou, ce lieuses, terres de redit '-es , etc.
qui revient au même, insubmersibles par eux ; Il n'est persdhne qui n'ait entendu vanter
— tantôt elles proviennent d'alluvions ré la fécondité prodigieuse des terres limo
unies des rivières et des fleuves, et sont su neuses des bords du Ml, et les effets remar
jettes aux inondations. quables des débordemens annuels de ce '
Dans l'un et l'autre cas, elles doivent à leur fleuve. — S'il menace de loin en loin de ne
-•'Sèreté plus grande quelques avantages de pas sortir de son lit, l'Egypte redoute une
plus que les terres franches; également fa- famine. — L'autorité prend des mesures ex
'orables à toutes les cultures qui réussissent traordinaires pour prévenir les suites d'un
sur ces dernières, elles peuvent l'être encore tel événement.— En France, nous avons.aussi
a celles des chanvres, des lins, et de divers des terres limoneuses d'une fertilité qui ne
't^t'iaux qui aiment comme eux les sols lé peut être bien appréciée que par ceux qui
gers et pourtant substantiels. L'analyse d'un les ont vues couvertes de leur luxueuse vé
yû de .cette nature qui venait de produire en gétation, et surtout qui ont élé à même de les
louraine un beau chanvre a donné : cultiver. — Telles sont celles de la plupart
Sable grossier. . . 49 des lies et des rives de notre belle Loire. —
Argile 2G Sur divers points, les cultures épuisantes du
Calcaire 25 lin, du froment et du chanvre, peuvent s'y
M Irop compactes, ni trop meubles, ces succéder sans interruption et donner cons
terres sont également perméables aux pluies, tamment, à l'aide de fumures moyennes, d'ad
a' air atmosphérique et aux faibles chevelus mirables produits.— Aux céréales d'automne,
"tes plantes délicates. — Elles absorbent l'eau, qui sont fréquemment submergées e.t dé
s en pénètrent, sans jamais s'en imbiberoutre truites par les inondations d'hiver, on est
mesure ou la retenir en nappes comme les Souvent dans l'obligation de substituer celles
argiles. — Elles s'échauffent au printemps de printemps: aussi en sème-t-on rarement
moins promptement que les terres pure au-delà du besoin de chaque famille, la terre
ment sableuses, mais plus facilement que les étant plus avantageusement occupé» par les
vils .argileux, et, presqu'autant que ces der plantes textiles. — Les linsy sont de qualité su-
niers, elles conservent leur humidil^ à l'é- périeure;on acominencéà introduire ceux de
l'oque des chaleurs. — Enfin, pour citer en Flandre, qui, loin de se détériorer, semblent
core un seul de leurs autres avantages, elles au contraire s'améliorer.— Quant à la culture
snnt. par suite des propriétés que nous ve des chanvres, elle y prend annuellement plus
nons de leur reconnaître, dans l'état le plus d'extension à mesure que le commerce ap
favorable à la décomposition des engrais, précie davantage la bonté de ses produits.—
puisqu'elles les entourent presque constam Dans ces sj>l s favorisés le besoin des prairies
ment pendant l'époque de la végétation, d'une artificiel les se fait rarement sentir; cardia
humidité chaude et modérée, et qu'elles que coin de terre, dès «tu il est abandonné
li'issonl l'oxigène de l'air pénétrer facilement sans cultures, se couvre Se rjehes pâturages.
30 AGRÏCtTLTURE ': SOL. uv. Ier.
Les graminées qui y croissent spontanément meline, la gaude, etc., etc. , parmi les plantes
arrêtent, lors des grandes eaux, le limon fer propres aux arts.
tilisant; elles augmentent ainsi peu-à-peu l'é Au nombre des arbres qui y croissent le
lévation du sol et résistent aux efforts désas mieux, on peut citer, après le saule marsault,
treux des forts courans. C'est pourquoi on l'osier des sables, le peuplier blanc et le bou
laisseen/>otor,vouen prés les parties les plus leau, les chêneset particulièrement le rouvre
exposées des rivages que l'on défend en outre et le tauzin, l'orme, le charme, l'érable com
par des plantations d'osiers et par le cou mun et celui de Montpellier, le frêne à fleur,
chage périodique de celles de leurs branches le hêtre et la plupart des pins.
qui se trouvent directement sur les bords du II. Terres quartzeuses et graveleuses. —
fleuve.— Les frênes, les ormeaux cultivés en Le quartz, pierre à base tle silice. se rencontre
têtards , donnent de trois en trois ans des dans une foule de roches, et par suite dans
coupes superbes, et produisent ehague été un grand nombre de terrains. — On donne
par leurs feuillages un riche supplément de le nom de quartzeux, non pas à tous ceux
fourrage. — Les peupliers croissent avec une qui en contiennent , même en propor
rapidité remarquable.—Les arbres fruitiers, tion assez^onsidérable, des fragmensplusou
à pépins surtout, se couvrent d'abondans et moins volumineux, mais à ceux qui en sont
d'excellens fruits. Les noyers, les châtai composés en majeure partio. Ils ne se distin
gniers, les mûriers blancs, etc., etc., nepren- guent pas alors sensiblement, sous le point
nentnullepart un développement plus grand de vue de la culture, des sols graveleux; seu
et plus rapide. — Enfin, les légumes d'été et lement les petites pierres roulées de la gros
les racines alimentaires que chaque habitant seur moyenne d'une noisette, qui composent
cultive avec parcimonie dans son petit jardin, ces derniers, ne sont pas toutes de même
acquièrent un volume considérable sans rien nature; selon la formation géologique des
perdre de leur goùl : privilège particulier à montagues doa£ elles ont été détachées, elles
ces sortes de terrains, dans lesquels l'humi sont tantôt sinceuses, tantôt ahrmiueuses,
dité féconde qui développe, est combinée et tantôt calcaires. Cependant presque tou
en de justes proportions avec la chaleur qui jours lesgraviers siliceux prédominent dans la
mûrit et qui donne la saveur. masse, et presque toujours aussi i ls y sont
Toutes les terres de nature sablo-argileuse mêlés à uue certaine quantité d'argile, pro
sont faciles à travailler. Celles dont je parle duite, soit par la propre décomposition des
actuellement sont tellement divisées entre roches, soit par les sédimens entraînés parle
les petits propriétaires ou leurs fermiers, cours des eaux. Les terrains graveleux doivent
ue chacun cultive sa parcelle sans le secours doncètre considérés dans la plupart des cas,
a le la charrue.—Les labours se font au moyen comme des sols sablo-argileux. Lorsque les
d'une large houe {fig. 22 ). — On dirait un cailloux qui les caractérisent sont volumi
neux, ei qu'ils ne sont pas unis par une quan
Fi g. 22. tité suffisante de terre végétale, on ne peut
guère les utiliser autrement que par des
plantations. Les bouleaux, le saule marsault
et quelques autres, l'orme, et, quand ils
offrent un peu plus de consistance, a une cer
taine profondeur, les chênes y réussissent
communément. — A leur défaut, les conifè
res y croissent parfaitement. — Les arbres
fruitiers y donnent des produits exquis. —
La vigne à bonne exposition y procure en
petite quantité un vin d'excellente qualité.
Si les sols graveleux sont composés de
vaste jardin entretenu avec le plus grand fragmens moins gros et mélangés à une plus
soin. grande quantité de terre, on peut leur con
Tant que les sables sont mélangés à une fier diverses plantes annuelles parmi les
certaine quantité de terre végétale, on peut quelles on devra choisir de préférence celles
leur demander d'utiles produits. — Nous ve qui arrivent à maturité avant la grande séJ
nons de voir que leur fertilité augmente à cheresse, comme le seigle, l'orge, etc., ,etr.,
mesure qu'ils prennent plus de consistance, ou celles qui donnent des produits de jardi-
jusqu'à foi*mer sans nul doute les meilleur*» nage d'un prix assez élevé pour indemniser
terres connues. — Elle diminue au contraire des frais inévitables d'arrosement.— Du reste,
à mesure qu'ils perdent trop de leur adhé les terres de graviers fins rentrent tout-à-fnit,
rence.» Le premier degré de cette progres quant à leur culture, dans la classe des terres
sion décroissante, est le passage des terres sablonneuses ou sableuses dont j'ai parlé ail
à froment aux terres à seigle. — En pratique commencement de ce paragraphe avec des
une telle modification en résume une foule détails siifûsans pour y renvoyer le lecteur.
d'autres. III. Terres granitiques.—Elles sont encore
Dans ces sortes de terres, les végétaux qui à peu près dans le inènie cas. I a décomposition
font la base des assolemens sont le seigle, du granité donne naissance àunsableargileuJ
l'orge, l'épeautre et le sarrasin, parmi les très-aride par lui-même et assez peu suscepti
plantes punaires ; — le sainfoin, la lupuline, ble d]aniélioralion , à moins d'amendemena
le mélilot, les cicers, les lenlillons et quel calcaires ouargilo-calcaires,etd'abondansen<
ques autres, parmi les fourrages verts ; — les grais.— Le seigle, l'épeautre font la base de la
raves ou turneps, elles navets* parmi les ra grande culture despa^s granitiques.—Il faut
cines alimentaires; — enfin la navette, la ca- pour que les prairies naturelles et artificielle:
SOLS SABLEUX. 31
y réussissent, qu'elles se trouvent dans les espèces de ponddingues plus on moins com
vallées, et par conséquent dans une position pactes, les rend d'un accès plus facile encore
3ui n'exclut pas toute humidité à l'époque à l'excessive chaleur, et la surabondance de
es chaleurs estivales. Rose, qui avait par cet oxide s'oppose parfois complètement à
couru eu tous sens la plupart des contrées toute végétation. — Il est presque toujours
granitiques de la France , recommandait préférable de les cultiver en bois que de
Je turneps comme une des plantes les plus toute autre manière. Les taillis de châtai
propres à y donner aux bestiaux une nour gniers y donnent de lents, mais de bons pro
riture à la fois abondante et très-succulenie. duits. Les bouleaux y croissent bien, et di
« Ce qui doit encore plus engager à le se vers autres arbres peuvent, sinon y prospé
mer dans ces sortes de sols, c'est, dit-il, rer, du moins y végéter avec assez de force
que les bestiaux, quoiqu'un général de petite pour acquérir de la valeur.
taille, y réussissent fort bien. Les chevaux y A force d'engrais peu chauds, on peut aussi
sont fins et vifs, voyez ceux du Limousin; risquer sur de semblables terrains laculture
les bœufs ardens au travail , voyez ceux de du seigle, mais on doit s'attendre à le voir
l'Auvergne ; les moutons y ont la chair sa manquer complètement, pour peu que les
voureuse, voyez ceux des Ardennes. Sons le Eluies ne soient pas fréquentes pendant la
double rapport de la production des engrais elle saison. — Au moyen d'arrosemens plus
qui manquent surtout aux terres granitiques multipliés qu'abondans, on obtient générale
et de la valeur des animaux, les habitons de ment dans les sables ferrugineux, en fruits
tes pays doivent donc se livrer de préférence maraîchers et en racines légumineuses
aux spéculations qui ont pour but l'éduca des produits d'une excellente qualité.
tion des bestiaux, même des volailles, puis VI. Terres de sable de bruyères. Ces terres
que, comme chacun sait, c'est du revers des que je placerais au rang des meilleures et des
Cévennes et du Limousin que sortent ces ex plus utiles en jardinage , sont , au contraire,
cellentes cuisses d'oies dont on fait un fort des moins fertiles polir la grande culture.—
grand commerce. * Elles contiennent cependant , uni à un sable
Presque toutes les montagnes granitiques ordinairement très-fin , à une petite quantité
de l'est de la France sont couvertes de beaux d'alumine et d'oxide de fer, une quantité de
chênes et de châtaigniers dont les fruits l'ont, terreau considérable, du a la décomposition
pendant une partie de l'année, la base de la successive des plantes qui les recouvrent.—
nourriture des hommes et de certains ani Quand elles se trouvent dans des circonstan
maux, comme les cochons et la volaille, aux ces favorables, leur fertilité est très-grande,
quels ils donnent en peu de temps une fort au moins pour beaucoup de plantes; mais,
bonne graisse. d'une part, comme il n'est que tropYacile de
IV. Les terres volcaniques sont aussi plus s'en convaincre en parcourant les vastes lan
communes dans l'est que dans toute autre des de Bordeaux, celles de la Bretagne, de
partie de la France. C'est en Auvergne et la Sologne, etc., elles offrent rarement assez
en Languedoc , c'est-à-dire dans le Cantal, de profondeur, ou elles reposent sur un
le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, l'HérauIt,etc: sous-sol argileux qui retient l'eau de manière
qu'il faut aller les étudier. Généralement à ce qu'elles deviennent de véritables marais
o» sont encore des terres légères, faciles à pendant l'hiver, tandis qu'elles se dessèchent
distinguer par leur couleur noire ou noi complètement pendant l'été; de l'autre, elles
râtre, souvent pulvérulentes , et qui exi ont trop peu de consistance.—Le seul moyen
gent les mêmes cultures que les terres sa de remédier à ce double inconvénient, c'est
bleuses on sablo - argileuses. — Jusqu'ici, de faciliter l'écoulement des pluies, et de
sans qu'on ait pu se rendre bien compte du défoncer.
pourquoi, elles sont, lorsqu'on peut leur Pour atteindre le premier but, on fait des
procurer en été une humidité suffisante, fossés, ou, si le terrain ne présente pas une
d'une fertilité qui dépasse de beaucoup, pente suffisante, on creuse, de distance en
non seulement celle des sols granitiques dislance, aux endroits les plus«bas, de petits
avec lesquels elles offrent cependant d'assez étangs, qui n'ont pas d'ailleurs l'unique avan-
nombreux rapports, mais encore eelle de ;tagu d'assainir la surface du sol.— Lors même
la plupart des autres sols connus. — Les qu|ils ne sont pas susceptibles de recevoir du
cendres de laves , pendant long-temps im poisson, ils donnent naissance à des plantes
propres à toute végétation, acquerraienl- aquatiques que les cultivateurs ont grand
=Mes, et conserveraient-elles après des siè soin de relirer pour les transformer en en
cles une propriété stimulante? —Quoi qu'il grais , et ils se couvrent sur leurs bords
tn soit, dans des circonstances ordinaires, d'hurbes, que leur mauvaise qualité n'em
les céréales, les plantes fourrageuses, et tous pêche pas d'utiliser, faute de meilleurs ou
l« végétaux économiques des terres lé de sùffisans pâturages.— Quant aux moyens
gères, croissent avec plus de vigueur sur les d'augmenter la masse de terre labourable ,
débris des anciens volcans que partout ail nous reviendrons nécessairement sur cet im
leurs. — Il n'est personne qui n'ait entendu portant sujet en traitant prochainement des
parler des châtaigniers monstrueux du mont défrichemens.
Etna. Dans la plupart des pays de landes, après
V. Terres sablo-argilo-ferrugineuses. — Elles avoir ensemencé deux ou trois ans de suite
Mit deux inconvéniens de plus que les terres une petite partie du sol en seigle, en sarra-
simplement sablonneuses. —La couleur bru zin, en pommes-de-terre, etc., on le laisse en
nâtre ou violàtre qu'elles doivent à l'oxide de jachères beaucoup plus long-temps.— Cepen
f;r,et qui les caractérise autant au moins que dant, dans la Campine, où du vastes landes
w fâcheuse disposition à s'agglomérer en d'un sable très-maigre reposent sur un fond
32 AGRICULTURE : SOL. LIV. Ier.
argilo-ferrifgineux, on est parvenu, malgré ment sont ceux qui , non seulement peuvent
leur stérilité naturelle, à les transformer en croître dans les sabies les plus arides et vivre
champs fertiles par l'adoption de l'assole dans une atmosphère imprégnée d'émana
ment suivant : aux bruyères défrichées suc tions salines, même d'eau de mer dans les
cèdent les pommes-de-terré, puis l'avoine et temps de tourmente, mais encore dont les
le trèfle, du seigle, de la spcrgule, des navets, racines ont la propriété de tracer de proche
assez souvent pâturés sur place, ou du sar- eu proche jusqu'à de grandes distances, et
razin enterré en vert; et enfin une seconde les tiges, lorsqu'elles appartiennent à des
récolte de seigle, qui l'ait parfois place à un plaides vivaces , de présenlerune consistance
bois taillis. —j)ans le Hanovre, sur un défri coriace qui les maintient et les conserve le
chement fait à la pioche par des colons pau plus long-temps possible à leur place. — Je
vres auxquels le terrain était concédé à peu crois devoir citer particulièrement :
près gratuitement pour de longues années, 1° Pour le nord île la France, — parmi les
un assolement analogue a produit des effets plantes vivaces .-.Les Eryngium maritime et
aussi satisfaisant. — Bien d'autres preuves champêtre, les Elyuius gigantesque et des
al testent que les landes les plus maigres sont sables,TArundo ,ou Oya des Cotes du Nord,
susceptibles de devenir d'une culture pro le Ray-grass, le Crambé ou chou marin et le
ductive. Si l'on en tire communément un si Topinambour ; — parmi les arbrisseaux : Le
mauvais parti, il ne faut pas pourtant tou Rhmnnoïde ou liciet d'Europe, I Ephèdreou
jours en accuser l'incurie des propriétaires; raisin de mer, l'Ajonc et le'Saiile des dunes;
car, quelque facile que suit théoriquement Parmi les arbres de diverses hauteurs : Le
leur amélioration, en pratique elle est sou Pin laricio, le Pin d'Ecosse, le PinW cimouth,
vent rendue impossible par les frais qu'elle l'Epicéa , le Sapin argenté, le Genévrier de
occasiouerait dans des pays d'autant moins Virginie, les Peupliers blanc et noir, leTreni-
peuplés qu'ils sout naturellement plus im ble, le Saule marsault, le Saule à feuilles d'a
productifs. mandier, le Saule hélix on bleuâtre;"
Lorsque leslcrresde bruyères ont une cer 2" Pour le midi du même pays, — parmi
taine profondeur, elles se prêtent à la culture les plantes vivaces : LeSparte d'Espagne, l'K-
du bois. — Le* Bouleaux, les Chênes rouvre chiuophora maritime, la Christe-marine ou
et tauzin, le Châtaignier même , si les eaux perce-pierre, le Panicum-Pied-de-puule, l'As-
ont de l'écoulement, y réussissent assez men. perge maritime, et le Jonc marin; — parmi les
— Le Pin maritime procure dans les landes arbrisseaux : Le Chalet' à feuilles étroites, le
de Bordeaux de riches produits par la ré Geuèl épineux, le Genêt d'Espagne, l'Arra
sine, le gfcudron qu'on en extrait, et par son che ou pourpier de mer, l'Asperge à feuilles
bois.— Le Pin sylvestre contribue à l'amélio aiguë-.; —enfin, parmi les arbre* verts, outre
ration des bruyères de la Campinc presque les espèces déjà désignées pour le nord: LePiu
aussi puissamment qu'à celle des craies de d'Alep, le Pin maritime, et même le Cyprès
la Champagne. — Le Pin du lord ou Wcimouth commun, et parmi les arbres iijeuilles cadu
réussit (le préférence dans des sables un peu ques, le Tamarix de JVarbomie , le Chêne
frais. Grâce à AI. i>e Morqgues, il commence, veuse ou chêne vert, etc.
je crois, à être cultivé frvec succès dans la Oumultipiieces divers végétaux degraines,
.Sologne.— Enfin le Pin rigida, qui vient éga de boutures au moyen de leurs liges, ou d'é
lement dans les graviers arides et dans les clats de leurs racines.— On peut donc, selon
terres marécageuses, s'accommode surtout les circonstances, les semer ou les bouturer
de ces dernières, et pourrait ainsi couvrir en place, ouïes planteraprès les avoir élevés
certaines landes d'une végétation productive. eu pépinière.
VIL Sols de sable pur. — Ils se présentent Je parlerai d'abord dessemis. Quelles que
tantôt en monticules qui bordent, les rivages soient les graines qu'on aura pu se procurer,
de la mer sous le nom de dunes ; — tantôt en on devra mëler,à un tiers de celles des arbres
masses plus ou moins régulièrement planes et des arbrisseaux., deux tiers, non pas en poids
et mouvantes, que les vents poussent de et en, volume, mais en nombre, des semences
proche en proche dans l'intérieur des terres; de plantes vivaces, dont les tiges, d'une crois
'■— tantôt enfin en plaines dont ta surface sance, au tau t que possible, rapide, abril eronl
mieux abritée se couvre de quelques plantes pendant leurspremièresannées lesjeuiies vé
d'une végétation chélive", qui donnent au sol gétaux ligneux, et empêcheront le sable d'être
un premier degré de stabilité. entraîné de manière à mettre leurs faibles
Conquérir à la culture de semblables ter racines à nu. — Les semis se fout épais et
rains,- c'est une opération difficile, dont les à la volée ; on enterre les graines par
résultats sont lents, parfois douteux, mais un léger hersage. Puis, pour diminuer la
dont l'importance exige que j'entre ici dans mobilité du terrain, on étend et on fixe à sa
quelques détails. surface, au moyen de piquets, des Lrau-
Des dunes. Presque partout, "entre la laisse chages d'arbres verts, ou, à leur défaut , de
des haules marées et la base des premières ge%els, d'ajoncs, etc., etc., qnii produisent eu
dunes, se trouve un espace assez vaste, même temps un obstacle elficace contre les
à peu près plane, sur lequel les sables, en vents, et un abri favorable contre les rayons
traînés par le vent, glissent sans s'arrêter. et la réverbération du soleil. — Ce mode
— Tous les cultivateurs qui ont cherché à est préférable à tout autre. — Riais sj l'on ne
fixer les dunes sont à peu près d'accord sur peut pas se procurer ces branchages en suf
ce point, que c'est par cette partie qu'il faut fisante quantité, pour suppléer le mieux pos
commencer.— Ou fera bien de ne pas opérer sible à leurs bous effets, on réunit eu cordons
à la fois sur mie trop graude étendue. des fascines de quelque épaisseur, qu'où dis
Les végétaux qui conviennent particulière- pose ensuite comme les cases d'un damier
BAP. 2*. SOLS SABLEUX. fe
(fig. 23), el entre lesquelles on" fait les semis. couvre provisoirement d'une toile humec
tée ou d'un paillasson , pour les abriter, si
besoin est, de la sécheresse de l'air. — En
fin, on les fixe au plantoir à 2, 3 ou 4 déci
mètres de profondeur (6 po. à un pi. et plus)
aux endroits où l'on juge convenable de les
piauler, de manière à nelaisser uorsdeterre
que les 2 ou 3 derniers yeux. — Les arbres,
les arbrisseaux et les -arbustes qui se prê
tent le mieux à ce mode de multiplica
tion sont, parmi ceux que j'ai précédemment
indiques, les divers peupliers, les saules,
le tamarix, le rhamnoïde, le chalef, l'éphè-
dre, et les arroches ligneuses.'
Les plumes de sable mouvant, plus encore
que les dunes, sont désastreuses pour les
cultures voisines. L'agent qui lés a formées,
par son action continue, les transporte de
proche eu proche dans l'intérieur du pays;
elles stérilisent chaque année une étendue
toujours croissante de terres labourables.
— Les moyens de les fixer et de les féconder
sont en tout les mêmes que ceux que je viens
d'indiquer.
Quant aux sables qui se trouvent entre ces
cultures nouvelles et l'intérieur des terres,
leur étendue est parfois si grande, surtout
sur les côtes méridionales de l'Océan, et les
— Enfin, lorsque ces cases présentent une frais de plantation seraient par conséquent
trop grande étendue, on peut augmenter les si considérables, que l'on, ne peut guère re
chances de réussite en substituant, par courir qu'aux semis. Ceux de graines de plan
moitié dans le mélange de graines dont j'ai tes maritimes annuelles et vivaces, mêlées
parlé ci-dessus, aux semences des plantes à d'autres arbres, d'arbrisseaux et d'arbustes
vivaces, d'autres semences de plantes an- d'une germination prompte et d'une crois
unelles d'une croissance plus rapide, telles, sance rapide, offrent le plus de chances de
par exemple, que diverses soudes, des ar succès, surtout lorsque la nature du climat
raches, des anserines ou Chenopodium, la ou celle des végétaux permet de les faire en
glaciale (Mesembrianthemum cristal liiium), automne.
quelques amaranthes, etc., etc. Toutes ces Si l'on pouvait les couvrir en partie, comme
plantes, et beaucoup d'autres qu'il serait trop précédemment, par des ramilles, il y a lieu de
long de citer, croissent de préférence dans croire qu'en effectuant ces semis par lignes
les sables marins, et peuvent y donner quel parallèles et croisées, qui formeraient plus
ques produits, au moyeu de la soude qu'on tard des brise-vents et des abris contre l'ex
en extrait par la combustion. cessive chaleur, ou rendrait infiniment plus
Par de semblables moyens, en peu d'an facile pour l'avenir le boisement complet.
nées, on doit obtenir une première ligne Les sables des bords des fleuves, ou les
de plantation, à l'abri de laquelle d'autres grèves, lorsqu'on a)le droit de se les appro
semis réussissent bien plus facilement que prier, sont d'une 'amélioration facile. —,On
les premiers. — Toutefois, sans attendre des peut ;les fixer et les accroître rapidement au
années, rien n'empêche de continuer pro moyen du] marcotta jje .'des luisettes d'osier
gressivement sur toute la surface du terrain qui bordent le rivage,(/zg". 24),;ou de boutures
l'opération que je viens de décrire, et qui, à
de légères modifications près, peut fort bien
s'étendre aux dunes elles-mêmes.
Les boutures se détachent des arbres à la
fin de l'automne, après la chute complète
des feuilles. — On choisit îles scions de 3 à
5 et 6 décimètres (de t à 2 pieds ) de long ,
qu'on réunit en petites bottes. —Si le lieu où
elles doivent être plantées est éloigné de
plusieurs journées, il est utile de les enve
lopper de mousse fraîche, et de les empailler
à la manière des arbres qu'on fait voyager
au loin. — Arrivées à leur destination , elles
seront déballées et enterrées par leur gros
bouta l'exposition du nord, sans délier les
paquets qui peuvent rester dans cette posi
tion jusqu'au moment de la plantation.
— Lorsque les pluies ont pénétré et af
fermi les sables à une profondeur assez
considérable , on transporte sur le terrain
autant de paquets de boutures qu'on croit
pouvoir en planter dans la journée ; on les
agiucultuke. ■ a* livraison. I. — 5
34 AGRICULTURE : SOL. ©v. 1"
faites à peu près de la manière que j'ai indi ques-unes des plantes des terrains sableux,
quée. Pour paralyser les efforts du courant. telles que l'orge, le trèfle, le sarrasin, les topi
pendant les grandes eaux, on dispose de nambours, les pommes-de-le'rre, les turneps
distance en distance, dans une direction obli y donnent çàetlà de chétives récoltes.— Un
que, des haies d'arçons en saule {fis- 25 ), der peljt nombre de fourrages, parmi lesquels il
rière lesquelles les sables et le limon ne man faut citer, eh première ligne, le sainfoin, y
quent jamais de s'amonceler. La portion in végètent plus ou moins bien; enfin, ceux des
férieure des deux figures 24 et 2.1 fait conce arbres qu'on y fait croître avec le plus de
voir le détail de l'opération. succès sont les pins.
Fig. 25. . La craie absorbe et retient l'eau avec une
torce qui parait plus nuisible qu'utile à la
végétation, parce qu'elle ne s'en dessaisitque
lorsqu'elle est sursaturée, c'est-à-dire qu'elle
devient boueuse. — En séchant elle s'agglo
Je mère à la surface en une croûte, plus ou moins
épaisse, qui, quoique très-friable, réunit au
désavantage dese fendiller comme lesargiles,
celui de ne se laisser traverser ni p3r l'air, ni
pardes pluies peu durables. — Ces dernières
produisent d'autant moins d'effet sur les sols
crétacés, que le tuf, qui se trouve communé
ment à peu de profondeur, est doué d'une
puissance d'absorption assez grande pour
s'emparer en quelques heures de l'humidité
des couches supérieures.
La craie ,pafsa couleur blanche, reflète les
rayons solaires ; elle les empêche de péné-
Irèr la masse du sol, et cause à sa surface une
réverbération brûlante , double effet égale
ment nuisible à la végétation. ,
Les eclées ont aussi plus de prise sur les
terres de cette nature que sur d autres ; elles
les soulèvent de manière à déchausser quel
quefois complètement les racines peu pro
fondes.
§ III. — Des sols calcaires. Mais un dernier inconvénient , de tous le
Il est bien peu de terrains dans lesquels on plus grave, c'est que, soit que la chaux carbo
ne rencontre pas une certaine quantité de natée , même à 1 état pulvérulent, absorbe
calcaire, tantôt en graviers plus ou moins gros, moins facilement et moins abondamment
détachés par les cours d'eau des montagnes l'oxigène de l'air, que les sols plus riches en
primitives et secondaires , et auxquels on a argile et en terreau, — soit qu'elle jouisse
donné le nom de sables calcaires, tantôt sous de la propriété de hâter particulièrement la
forme pulvérulente. transformation des engrais, — soit enfin que,
I. Sables calcaires. — Presque toujours par suite de l'extrême mobilitéde ses molé-
mêlés aux sables siliceux dont , à cause de cules, elle en soit plus facilement dépouillée
l'homogénéité de leur composition cl de leur par les pluies, toujours est-il que la craie a
dureté, ils partagent h peu près les proprié besoin de fumures plus fréquentes que toute
tés physiques, ces sols ne sont ni assez nom antre terre. — Dans l'impossibilité oii l'on
breux ni assez différens des sols graveleux se trouve trop généralement de lui donner
pour nous occuper fti bien longuement. les ainendemens convenables, il faut donc
Comme ils se modifient cependant à la lon chercher par tous les moyens possibles à y
gue par suite de l'effet des pluies, des gelées suppléer par le choix et la quantité des fu
et du soleil, et comme lejrésnltal de leur al miers.
tération est la production d'une terre cal Une très-bonne pratique consiste à creu-
caire le plus ordinairement mêlée d'argile, sera» bas de chaque champ, le long des che
ils se trouvent dans des circonstances agri mins d'exploitation, partout où se dirigent
coles plus favorables que les sables pure les eaux pluviales , des fossés ou des mares
ment quartzeux. destinées à recevoir les terreaux etles bonnes
La chaux carbonatée à l'état pulvérulent terres entraînées pendant les temps d'averses
forme la base des terrains crayeux, marneux cl d'orages. — On fait de ces dépôts des
et de tuf. ninas plus ou moins considérables qu'on mêle
VL.Solscraftux.— Cessols'els qu'on les ren ensuite avec des engrais liquides ou solides,
contre dès les environs de Troyes, d'où ils se de manière à les transformer en composts
répandent indéfiniment dans tout le nord- excellons pour toutes les cultures.
ouest et l'ouest du département de l'Aube et C'est surtout dans les sols crayeux que la
■au-delà, sont composés, dans la plupart des multiplication des prairies artificielles devient
cas, de deux tiers environ de calcaire et la base de tout bon assolement. Malheureu
<i'une quantité variable de sable lin, d'argile, sement peu de plantes y prospèrent comme
et par fois probablement de magnésie, ou lotirrages. Le sainfoin y donne d'assez bons
§lutôt de carbonate de magnésie. — En cet produits, bien qu'il faille les attendre pin-
tat, ils sont à bien peu près stériles, à moins sieurs. années. La pimprenelle s'y élève peu;
de Irais considérables de culture. — Quel elle convient d'ailleurs plutôt aux moutons
CHAP. T. SGLS CALCAIRES. 35
qu'aux animaux de labour. Les raves, et au mis qui sembleraient offrir des chances de
tres fourrages des terrains secs et légcrs.sonl succès ?— Les sables blanchâtres d'une partie
loin d'y venir partout, même à moitié bien, du Maine sont aussi arides et aussi brùlans
et il est une foule de localités où aucun d'eux mie les craies de la Champagne. Les semis
ne peut offrir un dédommagement suffisant de pins, et notamment celui du pin maritime,
des Frais de culture. Dans une position aussi 3ui se refuse obstinément à croître dans ce
désavantageuse, bien peu de ressources res ernier pays, y réussissent cependant, sans le
tent au cultivateur le plus industrieux. secours d'aucun abri, d'une manière vrai
La plantation, des pins lui en offre cepen ment admirable; mais il y a entre les deux
dant une importante; mais ne n'est encore localités cette différence capitale, que lest
qu'à regret que la nature semble lui faire cette effets du déchaussement sont peu appré
concession, car les semis qui réussissent avec ciables sur les sables, tandis qu ils le sont
un plein succès dans les sables les plus ari beaucoup sur les terrains crayeux.— Si l'on,
des du Maine , peuvent à peine être tentés voulait semer ceux-ci au lieu de les planter,
dans les plaines calcaires de la triste Cham ce serait donc aux froids de l'hiver bien plus
pagne.— Jusqu'à présent, à ma connaissance, qu'aux chaleurs de l'été qu'il faudrait oppo
au lieu de semer on plante, et, comme cette ser un abri ; or, l'une n'est pas aussifacile que
opération, si elle acquérait une grande ex l'autre en une telle circonstance.
tension, serait excessivement coûteuse, on IIL Sols tujfeux. —Le tuf, qui accompagne
jc borne à disposer à la surface du sol des très-souvent la craie à une certaine profon
porte-graines dont les premiers produits de deur, n'est lui-même qu'une craie plus com
vront se faire attendre parfois près d'un pacte qui acquiert assez de dureté pour être
quart de siècle {fg. 26).— C'est le pin sylvestre utilisée dans les constructions. Nous n'avons
ou d'Ecosse [Pinus sylvestres) qu'on cultive le pas à nous en occuper ici comme sous-sol.
plus généralement Fi; 26.
dans les terrains
rai eux. — Quoi
qu'on doive, pour
QHqii assurer le
succès, le planter
fort jeune, il con-
vieut de donner de
suite l'espacement
convenable , c'est-
à-dire i mètres cn-
uron en tous sens
utre chaque indi
vidu, et afin de di
minuer la prise des
vents, autant que
pour conserver un
peu d'humidité et
pour éviter quel
ques-uns des in-
"invénieus du dé-
''hauss'unent : par
les gelées , il est
non de le buter jus
qu'à une certaine
hauteur avec le sol
environnant. Là si
bornent les soins de la plantaiion, quis'effee- Lorsqu'il est ramené à la surface, son premier
tue vers le mois d'avril, autant que possible effet,ainsique celui de toutesles terres qui ont
en bonnes mottes. — Des binages seront été constamment soustraites aux influences
nécessaires dans la suite pour faciliter l'ex atmosphériques, est de causer la stérilité.Plus
tension des racines. que d'autres il possède cette fâcheuse pro
Par un semblable moyen, à mesure que les priété; il la conserve aussi plus long-temps,
pins commencent à donner de l'ombrage, — Dans une foule de cas cependant, les re
w sol se couvre en partie de mousses qui coupes de pierre calcaire d'une autre nature,
favoriseront plus tard les semis naturels. De les marnes, la craie sont d'excellens amen-
Suinzeàvingt ans, on voit lever une infinité demensj le tu/eau est généralement consi
' plants dont la réussite est assurée, parce déré comme impropre à cet usage, et j'ai été
lue leurs radicules sont protégées efficace à même d'éprouver plus d'une fois que les
ment contre les trop grandes chaleurs, les sé- vieilles traditions qui proscrivent son usage
c beresses excessives et surtout les gelées pro ne sont pas de simples préjugés. Toutefois il
duites par le rayonnement. est évident qu'on s'est exagéré ses incon-
Cette culture n'exigeant pas, comme on le véniens dans beaucoup de cas.
voil,de frais considérables, u'a vraiment con Les terrains de ta/mélangés à une certaine
tre elle que la lenteur excessive avec laquelle quantité d'argile et de sable ne sont point
elle donne ses résultats. !\'e pourrait-on pas infertiles; le temps, la culture et les engrais
arriver au même but par des moyens plus les améliorent sensiblement. — Lorsqu'il»
prompts?A.-t-ouessayéde touslesmodes de se- offrent une profondeur suffisaute,ils çoavien
36 AGRICULTURE : SOL. L1V. Ier
nent aux productions des terres légères. — peu d'adhérence de leurs parties, entraînées
Les céréales peuvent même y acquérir une par leur propre poids , elles se laissent aller
bonne qualité.— Les sainfoins, les luzernes, sur elles-mêmes , et glissent parfois à des
les trèfles, les raves, etc., y réussissent.— Les distances considérables.
arbres seuls, ceux surtout qui ont une dis Les sols marneux sont peu fertiles. Lors
position à pivoter, s'en accommodent fort que l'argile domine dans leur composition,
mal, ce qui est facile à concevoir. La vigne , ils rentrent dans la classe des terres glaiseuses
et, parmi ses nombreuses espèces, celles ou argilo-calcaires; — quand c'est la chaux
qui produisent des vins blancs , y donnent carbonatée, ils se rapprochent plus ou moins
Îiarticulièrement de très-bons produits jsur de la craie.
es hauteurs convenablement exposées.
Les personnes qui ontparcouru les coteaux § IV. — Des sols magnésiens.
du Cher, de la Creuse, de l'Indre, une partie
d'Indre-et-Loire et de la Vienne depuis Chà- La magnésie combinée au gaz acide carbo
telleraut jusqu'à l'embouchure de cette ri nique semontreçà et là dans les terres arables,
vière dans la Loire, et qui ont surtout visité unie, dans la plupart des cas, à la chaux car
avec attention les rives de ce fleuve entre bonatée. Quand elle esl saturée de ce gaz,
Tours et Saumur, ont pu remarquer avec elle n'exerce sur la végétation aucune action
l'auteur d'un ancien Mémoire inséré dans défavorable, ainsi qu'on peut en acquérir la
le tome 3 des Mémoires^ de la Société d'agri preuve plutôt en Angleterre et en Allemagne
culture de la Seine, que, tantôt les bancs de qu'en France. Loi'don rapporte qu'elle existe
tuf sont recouverts d'une poussière calcaire, en proportion très-notable dans le Lizard ,
qui communique sa couleur blanchâtre au l'une des parties les plus fertiles du Corn-
sol entier, et tantôt, lorsqu'ils se trouvent à wal.— Il serait facile de citer des exemples
nne plus grande profondeur, d'un terrain analogues sur plusieurs autres comtés, tels
jaunâtre ou rongeât re dans lequel la quan que le Leicestershire, le Derbishire, l'York -
tité du calcaire diminue en proportion de shire, etc., etc., dans lesquels on trouve
l'augmentation de celle d'argile. Au moyen d'abondans calcaires magnésiens.
de cette seule indication, on peut distinguer Mais, lorsqu'elle a été artificiellement dé-
très-aisément dans ces cantons les terres à pouillée de son acide carbonique parla cal-
vins blancs, des terres à vins rouges. cination, ou lorsqu'elle a été simplement ra-
Quand les sols de tuf sont peu profonds, menéeàl'étatde sous-carbonate(et elle existe
leur amélioration est d'autant plus lente et parfois ainsi dans la nature), elle exerce
plus difficile que le sous-sol jouit plus effi une influence des plus fâcheuses, que Davy
cacement de la propriété absorbante dont attribue à son affinité moins grande que la
j'ai déjà parlé, et qu'on ne peut le ramener à chaux pour le gaz précité. — Elle devient
la surface, même en petite quantité, sans alors un véritable poison pour une foule de
compromettre plus ou moins long-temps la végétaux. — Je me vois de nouveau forcé,
fécondité de la couche labourable. — En pa afin d'éviter des répétitions, de renvoyer le
reil cas cependant, au risque de diminuer lecteur au chapitre des amendemens pour de
encore momentanément les produits, dans plus amples détails.
l'espérance fondée de les accroître pour l'a Les cultivateurs anglais ont constaté, par
venir, on fera bien d'entamer légèrement le plu sieurs faits, ainsi que l'indiquait la théorie,
tuf inférieur chaque année, lors du premier que le meilleur moyen de neutraliser l'action
labour, jusqu'à ce qu'on soit parvenu à une de la magnésie, c'était d'une part de la mettre
profondeur suffisante. en conlact dans le sol avec des tourbes ou des
IV. Terres marneuses. — Les marnes (qui engrais qui pussent lui procurer une quan
devront être considérées dans un autre cha tité suffisante de gaz acide carbonique, et
pitre comme amendemens) se trouvent quel de l'autre, d'éviter complètement l'emploi de
quefois à la superficie du terrain, et forment la chaux sur les ferres dans lesquelles elle
alors des sols calcaires à divers degrés qui surahonde.
sont assez communs pour nous occuper uti
lement ici. § V. — Des sols tourbeux et marécageux.
Les m/irnes argileuses sont de couleur blan
châtre , grisâtre ou jaunâtre ; elles se dé Lorsque les végétaux se décomposent à la
laient à la moindre pluie, se dessèchent et se surface du globe sous l'influence de l'oxigène
durcissent par l'effet de la sécheresse la de l'air, ils donnent naissance à du terreau.
moins prolongée. —Dans ce dernier état elles Quand ils fermentent et s'allèrent dans l'eau ,
ne sont pas friables comme la craie. Mais ils forment la tourbe qui s'en dislingue par
elles se rapprochent des argiles en ce des propriétés chimiques fort différentes. —
qu'elles retiennent souvent l'eau des pluies, Tandis que l'un est d'une fertilité, on peut
ce oui les rend d'autant plus froides qjie leur dire excessive, la seconde esl complètement
couleur empêche qu'elles ne soient péné impropre à la végétation de toutes plantes
trées par la chaleur solaire. — Elles déchaus autres que celles que la nature a fixées par
sent presque aussi facilement que les craies , exception sur les tourbières. Ce dernier fait,
et, comme ces dernières, elles manquent gé qu'on le regarde comme la suite d'une ferme n-
néralement d'humus. lalion acide particulière, de la transforma
En des circonstances particulières, lors tion du mucilage en une substance huileuse
qu'elles contiennent peu d'argile, qu'elles que les tourbes paraissent contenir en quan
présentent une surface inclinée, et qu'elles tité plus considérable que les terreaux, de
Îieuveut être humectées à une certaine pro- l'action probable, dans quelques cas seule
ondeur, par suite de leur gonflement et du ment, des pyrites, ou de toute autre cause, ce
aiAP. V. SOLS TOURBEUX 37
fait, dis-je, est démontré par toutes les ex duire dès la première année, non seulement
périences connues. une récolte de pommes-de-terre, de navets,
I. Terrain1! tourbeux. — Ils ont un aspect etc., mais de toute espèce de blés.
qui dénote au premier coup-d'œil leur ori Le meilleur moyen d'entretenir ensuite sa
gine. On reconnaît facilement dans leur fertilité, est de continuer l'emploi des cal
masse les détritus diversement agglomérés caires, et de donner de loin à loin quelques
des végétaux qui les ont produits. — Ils sont fumures. — On contribue mécaniquement
spongieux et élastiques. — En se desséchant, au même but en faisant passer à la surface du
ils perdent la majeure partie de leur poids. sol, afin de diminuer sa porosité trop grande,
— Leur couleur est d'un brun noirâtre. — Ils un rouleau de pesanteur moyenne, autant de
s'échauffent cependant et se refroidissent fois que le comportent l'état des cultures
avec une égale lenteur, de sorte qu'on pour etlesfrais demain-d'oeuvre.—Nous donnons,
rait encore, les reconnaître en été à leur d'après Loudon, l'idée d'un rouleau triple
fraîcheur; en hiver, à une température plus de bois [fg. 27 ) , Fig. 27.
élevée que celle des terres d'une autre na- fort convenable
tnre. pour celte desti
// n'est pas toujours avantageux de trans nation.
former les tourbières en terres labourables; Les tourbières,
car, partout où le boisa une grande valeur, simplement égout-
la tourbe peut, jusqu'à un certain point, le tées jusqu'à une
suppléer, et tamise en culture de ces sortes certaine profon
de sols n'est rien moins que facile. Cepen deur, se couvrent
dant, dans certaines circonstances, on peut spontanément
trouver profitable de la tenter, ainsi que l'at d'une foule d'herbes, en général d'une as
teste la pratique des habitans des moors hol sez mauvaise nature pour les bestiaux, qui
landais, et des peat-mosses de diverses par produisent cependant des pâturages recher
ties des îles Britanniques. chés, parce que leur végétation tardive au
Après un dessèchement préalable, indis printemps, se prolonge pendant nne grande
pensable dans tous les cas, sur quelques partie de l'hiver.
points de l'Ecosse, on recouvre à grands frais Sans autres frais que quelques écobuages
les tourbières de terre végétale. — Quelques et l'emploi de la chaux, j'ai vu de pareils
pouces de sable ou de graviers, de calcaires terrains quintupler de valeur. Sous l'in
coquilliers, de vase de mer, et principalement fluence de ce double stimulant, les plan
d'argile, ont transformé des tourbières im tes marécageuses disparaissent successive
productives en terrains d'un très-bon rap ment et frnt place d'autant plus sûrement
port. et plus promptement à des herbages d'une
D'autres fois on brûle le plus complètement excellente qualité, qu'on répand au hasard
possible toutes les herbes qui recouvrent à la surface du sol quelques boisseaux de
la surface du terrain. — On donne ensuite graines ramassées pêle-mêle avec la pous
nn premier labour destiné à détruire les sière d'un grenier à bon foin.
racines de celles qui repoussent avec une De tous les végétaux , les arbres sont les
grande' facilité, telles que les Eriophorum, les derniers à prospérer dans les tourbières. —
Sardus, etc., etc. — On les réunit en tas avec M. le comte b OrHCHEs rapporte qu'il a vu
la tourbe soulevée par la charrue; on les en Souabe, près de Memmingen, dans une
brûle quand elles sont suffisamment dessé plaine à surface tourbeuse, des houblonnières
chées, et on en répand également les cendres. d'une beauté remarquable, et qu'il a depuis
— Cette opération terminée, après un second obtenu en France, sur des terrains analogues
labour,on transporte sur le sol une quantité de desséchés par d'étroites saignées , des hou
marne, qui n'est pas moindre de 200yards cu blons magnifiques, des plantes oléagineuses
bes par acre ( l'yard cube cori espond à 0 m-, d'un grand produit, et des asperges d'un vo
7R45 cubes; l'acre anglaise à 4o», 467).— Puis lume considérable. Sans doute, il a voulu
quand elle a été répandue en temps oppor parler de tourbières déjà améliorées par une
tun, on ajoute une quantité raisonnable d'en culture préalable.
grais. Une tourbière ainsi amendée peut pro- II. Terrains utigineux. — Les sols auxquels
Bosc a donné ce nom ont de l'analogie avec
les tourbes proprement dites et avec les sim
ples marais, quoiqu'ils diffèrent essentielle
ment des uns et des autres. «L'n terrain en
pente (Jig. 28 ) et inférieur à des sommets
susceptibles de laisser facilement infiltrer
les eaux des pluies, est toujours uligineux,
lorsqu'iLest formé d'un banc d'argile ou de
"„:
très -argileuse, surmonté d'une cou
che de terre
tourbeuse au
plus d'un
pied d'épais-
seur,lorsque
"eau qui le
4rend maré-
■ cageux est
celle de la
3» AGRICULTURE : SOL. LIV. I".
fduie tombée sur les sommets et arrêtée par submergés, ils deviennent complètement
e banc argileux, laquelle s'épanche par filets impropres a toute culture. Deux plantes
imperceptibles et très-nombreux, de sorte usuelle* y croissenlcependaul spontanément:
que la totalité de la couche supérieure en est le cresson et la macre ou châtaigne- d'eau
à peu près également imbibée.» {Bosc\. (Trapa natans,fig. 2U). Le fruit bizarre de ce
Explication de la figure : A, montagne gra Fig. 29.
veleuse susceptible de laisser infiltrer leau
des pluies et qui repose sur un lit d'argile; —
B, B, B, fentes qui se trouvent dans l'argile
et direction des eaux qui la pénètrent; — C,
terrain uligineux. i
Les terres uliginettses diffèrent de la tourbe
des lieux submergés, en ce que celle qui les
compose est toujours mêlée jjd'une certaine
quantité d'argile, de sable et même de ter
reau dû à la décomposition des diverses
parties des végétaux qui a eu lieu à la super
ficie du sol, et par conséquent en présence
de l'air. — Aussi est-il plus facile de les ame
ner promptemeut à l'état de terre végétale,
et ne faut-il pour cela que les soustraire aux
effets toujours agissans des infiltrations, les
exposer en couches minces aux influences
atmosphériques pendant quelques mois, ou
leur donner de la chaux.
Les terraius uligineux sont très-communs végétal, très -répandu dans les eaux (sta
sur dhers points de la France. Il en existe gnantes d'une partie de l'ouest de la Fran
tout près de Paris, autour de la plupart des ce, contient une pulpe fariueuse, nour
buttes à plâtre; il en existe aussi dans la fo rissante et d'un goût assez agréable, qui le
rêt de Montmorency, et ou peut les aller fait rechercher par beaucoup de personnes
étudier dans le voisinage du château de la à l'égal de la châtaigne, et qui mérite d'être
Chassé, uou loin du tombeau vénéré de l'ex plus généralement apprécie.
cellent homme qui les a décrits. — En gé Lorsque les terrains marécageux ne sont
néral, comme les véritables tourbières, ils submergés qu'une partie de l'année, ils se
se couvrent exclusivement de plantei qui couvrent d'une végétation qu'on pourrait
leur sonL propres. — L'aune, le saule aquati appeler mixte, dans laquelle, à côté des
que, le frêne et le bouleau sont à peu près joncs, des scirpes, des souehets, etc. (voy.,
les seuls arbres qui puissent, non pas y pros fig. 30), ou reconnaît d'autres plantes qui ap
pérer, mais y vivre languissaniuient. partiennent, aux prairies. Aussi donnent-ils
Les obstacles que la culture rencontre dans dans les années favorables des joins que
de telles luçalilés sont donc de plusieurs leur mauvaise qualité n'empêche pas d'utili
sortes, puisqu'à une humidité permanente et ser pour la nourriture des rumiuans, quoi
presque toujours froide, se joint la qualité qu'ils soient fort peu de leur goût et sou
semi-tourbeuse du sol et son peu de profon vent assez malsains. Il est telles localités où
deur. —Pour obvier au premier inconvénient, les bœufs perdent toute énergie et se cou
il est indispensable deicreuser àla partie supé vrent de poux, dès qu'on est obligé de les
rieure du terrain uligineux un fossé assez nourrir d'herbages de marais.
profond pour couper la nappe d'eau qui filtre Dans ces sortes de terraius quelques arbres
sur le squs-sol, et de diriger cette eau dans peuvent croître assez bien sans dessèchement
d'autres fossés, jusqu'au lond de la vallée. — préalable, pour peu que l'argile du fond soit
J'ai dit plus haut comment on peut parer au a une assez grande profondeur. Cependant
second; j'ajouterai cependant qu'à l'emploi beaucoup manquent à la transplantation ou
réitéré de la chaux ou, à sou défaut, de tout périssent de ses suites, même parmi les es
autre amendement calcaire, on fera bien de pèces qui réussissent le mieux a près la reprise.
joindre de loin en loin la pratique de l'éco- En beaucoup de cas, les plantations du prin
buage, dont les excellons effets, eu pareil temps, si elles étaient possibles, remédie
cas, ne peuvent être contestés. — Enfin, raient en partie du moins à ce grave incon
quant au peu de profondeur de la couche la vénient.— Au nombre des arbres qui peuvent
bourable , ou peut y remédier eu défonçant croître avec profit dans les marais et con
et en mélangeant l'argile ou la marne argi tribuer à-la-fois à leur altérissemenlet à leur
leuse du fouit avec la tourbe de la suyerficie; assainissement, il faut citer en première
opération coûteuse à la vérité, maisxTuu ef ligne les saules, les peupliers, puis l'amie,
fet certain cf. durable. le bouleau, qui a l'heureuse prérogative de.
III. Sols marécageux.— Ils se confondraient prospérer sur les sables arides des coteaux
avec les précédens, si, comme eux, ils avaient et dans les fonds vaseux, le cyprès dystique,
de la pente et étaient susceptibles de s'égout- qui deviendra peut-être un des grands végé
ter. — Ce sont des terrains sensiblement ho taux ligneux les plus utiles eu pareil cas,
rizontaux, couverts d'eaux stagnantes, au enfin le frêne, etc., etc.
moins une partie de l'année, et qui ne peu Les contrées marécageuses ne sont pas seu
vent eu être naturellement débarrassés que lement improductives, elles sont surtout in
par les effets de l'évaporation. salubres. Sous ce double rapport, il est égale
Lorsqu'ils sont lolalemenlet constamment ment désirable de les dessécher ou de les
■ Il \P. 2'. PROPRIÉTÉS PHYSIQUES DES SOLS.
ni
Fig. 30.
transformer en étangs.—Nous verrons dans des côtes de Normandie ; les bœufs des mê
uq des chapitres siiivans comment il est mes contrées; ceux d'une partie de la Cha
possible, et dans quels cas il est profitable rente-Inférieure, des îles de Ré et d'Ole-
de faire l'un ou l'autre. Les marais une fois ron, etc., etc. Oscar LECLEitc-Tiiotn.v .
convenablement égouttés, sont ordinaire
ment dAine fertilité d'autant plus grande et
plus durable qu'il est facile de leur procurer Sectiox iv. — Propriétés physiques des sois.
uq degré d'humidité convenable, et qu'ils
conservent long-temps quelques débris des Les sols arables varient bien plus en raison
végéta nx encore imparfaitementdécomposés, des propriétés physiques des substances qui
dont les générations se sont succédé jadis les composent, que par la composition chi
ilement à leur surface. mique de celles-ci. — En effet , toute la masse
Les marais sales, lorsqu'on parvient par du sol, à quelques centièmes près, ne sert
des digues à les soustraire aux elTets des que mécaniquement, soit à loger et mainte
hautes marées, peuvent devenir fertiles dès nir Jes racines, soil à tenir interposés l'eau,
que le sel dont ils sont imprégnés a été en les gaz, les solutions alimentaires ou stimu
grande partie entraîné par les eaux pluviales, lantes, etc., véritables agens de la végétation.
ou décomposé par la végétation de quelques- — Ces fonctions du sol dépendent évidemment
unes des plantes dans lesquelles on retrouve surtout de ses caractères physiques, et d'ail
particulièrement des muriatesou liydrochlo- leurs ceux-ci sont souvent indépendans de la
rates, et qu'on cultive parfois pour en ex composition intime, et peuvent varier sans
traire la soude; telles sont celles que j'ai que la nature de leurs cômposans change.
déjà citées en pariant des dunes. Citons quelques exemples : JL'argile plas
Les anciens marais salés donnent desfoins tique (terre glaise), mêlée avec cinq ou six
pour lesquels tous les herbivores montent centièmes de craie, contient tous les élémens
nhé avidité remarquable.—Sur les bords sub-, d'un bon sol (sauf les engrais et les slimtir
inersiblesdela basseTamise, il existe, tout près lans); mais.ee mélange est tellement com-
de Londres, des prairies marécageuses, légè pacte, /ow/y/, difficile à diviser, qu'il ne saurait
rement salines, dans lesquelles on envoie, être mis en culture.— Qu'on le calcine awroa^e.
moyennant un prix très-élevéjes chevaux fati naissant, puis qu'on le pulvérise, il offrira, au
gués ou malades, pour les rétablir prompte- contraire, une sorte de sable léger, poreux,
ment en état de santé, etdans lesquelles aussi trop .fcc, propre à rendre pi us meubles et meil
les animaux destinés à la boucherie ne man leures les terres trop compactes. — La chaux
quent jamais d'acquérir en peu de semaines carbonatée en parcelles dures, telles que les
ime qualité supérieure, sur laquelle spéculent menus débris de marbres, d'albâtres, de di
avec grand avantage les propriétaires de verses roches, de pierres de taille, etc., ne rc-
ces sortes de pâturages.— Nous pouvons citer liendra que 2."> à :i0 centièmes de son poids
en France, comme exemple des bons effets d'eau, tandis que la même substance, en pou
des herbages salins, lesmoutous de la plupart dre beaucoup plus fine, retiendra de 80 à 90
40 AGRICULTURE SOL. liv. r",
centièmes d'eau. —Nous rencontrerons d'au
tres faits de ce genre tout aussi remarqua § II. — Ténacité et qualité plastique.
bles, en traitant desamendemens; enfin, nous
dirons que le soufre, le charbon, le sable, et La ténacité d'un sol peut se reconnaître
tous les corps insolubles dans un état pulvé approximativement d'une manière fort sim
rulent convenable, avec de l'eau et un engrais ple : on humecte la terre avec assez peu
organique azoté, peuvent développer et sou d'eau pour que, tassée et roulée entre les
tenir une très-belle végétation. mains, elle forme une boule dure d'environ
un pouce de diamètre, on la laisse sécher au
§ I". — Densité ou poids spécifique des terres. soleil ou sur un poêle, puis on l'examine com
parativement. — Pour les sols très-sableux el
On désigne ainsi le poids d'un volume de légers, la consistance sera si faible que les
terre comparé au même volume d'eau. — Pour boules s'écraseront sous une pression faible,
le trouver, il suffit de constater le poids de ou même spontanément sous leur propre
la terre bien séchée que l'on emploie en rem poids. — Les bonnes terres arables résiste
plissant un vase déjà ■'■ demi -" : plein
■ " ■■- d'eau
->'- ■•• ■■ ront plus ou moins à la pression entre les
Ainsi, supposons que dans un flacon A doigts, mais s'écraseront en poudre sous un
Fig 31. ifig; 31) certain effort ou un léger choc. — Les glaises,
contenant terres argileuses fortes, exigeront le choc
A. E d'un corps dur, et resteront en fragmens
2La exacte
r\ 2 LU.
ment 2 li- que l'on ne pourra mettre en poudre sous
les doigts.
I Lit. K«9sS ait versé Si'J'on fait chauffer au rouge cerise toutes
d'abord 1 ces boules, qu'on les laisse refroidir, puis
litre d'eau qu'on les mette dans l'eau, les terres sa
exacte bleuses se désagrégeront instantanément. —
ment mesuré, qu'ensuite on ait employé pour Les terres très-calcaires se délaieront plus
le remplir entièrement B, 2 kil. 75, ou 2750 lentement ou même exigeront une pres
gramm. de sable terreux; il est évident que sion entre les doigts. — Les argiles et t erres
ces 2750 gramm. de sable occupent le même argileuses fortes conserveront leurs for
volume ou tiennent autant de place qu'un li mes, et même seront beaucoup plus dures
tre d'eau, puisqu'il manquait seulement un qu'avant d'être chauffées. — Si l'on chauj-
litre pour remplir toute la capacité. Or, on fait au rouge presque blanc, les terres cal
sait qu'un litre d'eau, à la température où l'on caires donneraient delà chaux ou se vitrifie
opère, pèse 1 kil. ou 1000 grammes, donc le raient. — Les argiles et terres argileuses de
sable pèse sous le même volume 2750 gramm. viendraient de plus en plus dures.
ou 2 fois 3/4 davantage. Ainsi 2750 est le poid s On a essayé de soumettre à des essais ri
spécifique du sable comparé à celui de l'eau goureux la ténacité des terres; nous indique
qui est 1000. rons les moyens employés et les nombres
En opérant ainsi, le docteur Schubler a obtenus. — On devait aussi chercher à me
trouvé les poids spécifiques suivans pour les surer à l'état humide la consistance plastique,
diverses substances qui forment les sols. la résistance à la division et le frottement sur
Subtlaocej terreuses. Poids Poids les instrumens aratoires, pour mieux appré
— spèciUqoe. de l'eaa. cier les qualités des terres fortes ou faciles
Sable calcaire 2822 . 1000 à travailler, ou trop légères. — Les agricul
Sable siliceux 2753 . 1000 teurs s'en rendent à peu près compte à la
Glaise maigre (sableuse). 2700 . 1000 quantité en surface et profondeur de terrain
Glaise grasse 2652 . 1000 numide labouré, pour une égale force em
Terre argileuse 2603 . 1000 ployée. En général, une terre est d'autant
Argile privée de sable. . 2590 . 1000 plus consistante, plus adhérente aux outils,
Terre calcaire fine. . . . 2468 . 1000 qu'elle renferme plus d'argile plastique. Nous
Terre de jardin 2332 . 1000 indiquerons les données expérimentales >
relatives.
Terres arables I *2? ' Î222 La ténacité el la consistance du sol ont une
( 2525 . 1000 très-grande influence sur la végétation et sur
Magnésie carbonatée. . . 2232 . 1000
Humus. 1225 . 1000 les procédés de la culture. Ce sont surtout
ces propriétés que les cultivateurs désignent
Le poids spécifique des terres donne des in parles dénominations de sol léger oupesartt;
dices sur leur nature et leur composition; •"il convient donc de les soumettre à un exa
mais il est en sens inverse de fa compacité men approfondi, soit à l'état sec, soit à l'état
des sols pour l'argile et le sable.— Ainsi, les humide.
sables forment la partie la plus lourde des Pour éprouver la ténacité des terres à l'é
terres, et abondent cependant sur les sols tat sec, on a fait de chaque terre en particu
légers, secs et chauds. — Les argiles, qui lier, dans son état d'humidité moyenne, de'
constituent les sols compactes, humides et morceaux longs (parallélipipèdes), au move t
froids, sont d'autant plus légères qu'elles d'une forme en bois de la longueur de" 2i
contiennent moins de sable. — La terre cal lignes (45,2, millim.), 6 lignes de largeûi
caire, le calcaire magnésien en poudre et ( 13,5 millim. ;, et autant de hauteur. £Jè<
l'humus diminuent la densité et rendent les qu'ils étaient parfaitement secs, on les p0"
sols légers, pulvérulens et secs. sait sur deux points d'appui éloignés Tun
de l'autre de 15 lignes (33,6 millim.), puis oi
les chargeait £eu-a-peu de grains de plo ml
chap. S*. PROPRIÉTÉS PHYSIQUES DES SOLS 41
suspendus au milieu des morceaux de terre,
au moyeu d'un p1aleau,de balance, jusqu'à Conclusions que l'on peut tirer du tableau qui
ce qu'ils vinssent à casrfcr. Le poids qu'ils précède.
avaient supporté servait de mesure à leur
ténacité. 1° La désignation de sol léger et de solpe
La quantité de poids dont on est obligé, sant ou terre forte, si généralement usitée
pour les rompre, de charger les terres con parmi les agriculteurs, se fonde sur la téna
tenant de l'argile, est énorme. Elle s'est mon cité de la terre et sur son adhérence aux in-
tée, pour l'argile pure, à 11 kil. 100 gramm.; slriiiuciis d'agriculture : ces dénominations
la chaux fine et pure, au contraire , ne sup marquent donc surtout un sol plus ou moins
portait que 1 kilogramme 720 grammes. facile à travailler, ou un sol plus ou moins
Alors, prenant la ténacité de l'argile ( ÎY.IÔ adhérent aux outils et consistant. — Par les
kilog.) pour mesure commune de 100 degrés, moyens ci-dessus indiqués, on peut appré
on compare à celte mesure les ténacités des cier ces propriétés avec une exactitude suf
autres terres, comme on le verra dans la fisante. Un sol est très-facile à travailler si sa
table qui va suivre. ténacité, dans l'état sec, n'excède pas dix de
Cohésion du sot dans Fêtât humide, et son grés; au contraire, il est déjà assez difficile
adhérence aux instrumens d'agriculture. —En quand cette ténacité va jusqu'à quarante de
travaillant une terre dans l'état humide, il grés. — Un sol, dans son état humide, est
ue faut pas seulement vaincre sa cohésion, facile à travailler lorsqu'une surface d'un dé
mais principalement son adhérence aux in cimètre n'est retenue que par un poids de
strumens d'agriculture. On s'est servi du 0,20 à 0,30 kilog. ; mais il est déjà difficile
moyen suivant pour déterminer la résistance quand il lui faut une force de 0,40 kilog. ;
en ce sens des différentes espèces de sols : l'argile pure exige même 1 kilog. 33 gr. : Tes
deux disques d'une égale grandeur, de fer ou terres arables sont entre ces extrêmes avec
de bois de hêtre (ce sont les 2 substances différons degrés de ténacité et d'adhérence,
dont on se sert le plus souvent pour confec comme l'indique le tableau ci-dessus.
tionner les instrumens de culture ), sont at 2° La ténacité d'un sol n'estpas enpropor-
tachés aux deux extrémités des bras d'une tion directe de sa faculté de retenir Peau; la
balance, en ayant soin qu'ils y soient en terre calcaire fine et l'humus, qui la possè
équilibre. Alors on met un de ces disques dent éminemment et à un bien plus haut
en contact, le plus exact possible, avec la degré que l'argile, ontnéanmoins bien moins
terre à examiner, et l'on charge l'autre dis de ténacité et d'adhérence, et forment un
que de poids, jusqu'à ce que le premier se sol facile à travailler. — Plusieurs espèces de
détache de la terre ; la quantité des poids sols légers ( les sols sablonneux ) gagnent
ajoutés indique l'adhérence de la terre avec beaucoup de cohésion par l'humidité. Le sa
l'autre disque. ble sec n'en a aucune ; mouillé, il en acquiert
Afin de comparer les terres dans un état une assez considérable.
également humide, ce qui est très-impor 3° L'adhérence à une surface de bois est
tant, on les emploie chaque fois dans 1 état toujours plus forte qu'à une égale surface d*
où elles se trouvent quand elles sortent des fer ; ce phénomène se montre dans chaque
tamis ( V. page 42 ), au moment où elles ne terre en particulier, et il se reproduit en
laissent plus dégoutter d'eau. grand de plusieurs manières.
Les résultats différons obtenus par les 4° En général , la consistance d'une terre
deux modes d'essais précités sont réunis arable est d'autant plus grande qu'elle con
dans le tableau suivant : tient plus d'argile.
Diminution de la cohésion par l'effet des
gelées. — On sait combien la cohésion des
H?
5 2-* Adhérence mottes de terre diminue quand une terre
à l'eut humide fraîchement labourée vient à geler, et com
sus instrument d'à
Espèce! de terres. gril ii 11 nie. bien elle devient alors plus friable. Pour sui
sur 1 décimètre carré. vre ce phénomène de plus près, on forme de
longs morceaux de terre d'une égale épais
seur et largeur, on les expose dans un état
kilos. kilog. I kilos. humide, pendant plusieurs jours, à un froid
Sable sila-': i t 0 l) 0, 0, 17 : 0, 19 rigoureux , jusqu'à ce qu'ils soient complè
Sable calcairr (I 0 o, 0, 19 0, 20 tement gelés; puis on les laisse sécher peu-à-
Terre calcaire fine. . . ■ S (i '0,50 0. 65 ! 0, 71 peu dans un appartement habité, avec d'au
Humus S 7 0,97 0, 40 ! 0, 42 tres morceaux des mêmes terres qui n'a
Magnésie carbonatée.. . II 5 1,27 0, 26 0, 32 vaient pas été exposées au froid : on déter
Glaise maigre 57 3 0,3C 0, 35 0, 40
Glaise grasse. ..'... 08 g 7,64 0, 48 0, 52 mine alors leur ténacité par la méthode pré
Terre argileuse. ..-.-. 83 3 9,25 0, 78 0, 86 cédemment exposée.
Arçile pure ( privée de La cohésion de ceux qui ont été exposés aux
sable par décaou- froids diminue quelquefois jusqu'à moitié.
'ion ) . 100 0 11,10 1, 22 1, 32 Celle de la glaise grasse descend de 68,8 de
Terre de jardin 7 6 0,84 0, 29 0, 34 grés à 45,0; celle de la terre arable d'Hoff-
33 0 3,06 0, 26 0, 28 will,\ de 33 à 20 degrés. Uargile pure se
Terres arables . . . . <
22 0 2,44 0, 24 0, 27
laissait réduire en poudre par la seule pres
sion du doigt, ce qui n'était pas possible
pour la même argile séchée sans l'influence
du froid.
L'bumidité est nécessaire pour produire
AGRICDI/TTJRE.
gme iiVraison. I. — 6
42 AGRICULTURE SOL. LIV. 1'
cet effet ; des terres séchées avant d'être
soumises à la gelée ne perdent pas de leur
ténacité. Voici comment on explique ces ef
fets : la glace prend plus de volume que
l'eau dont elle provient; les particules de
terre entre lesquelles s'interposent les cris
taux de glace se trouvent donc écartées
et désunies. Mais cette diminution de con
sistance n'est pas toujours de longue durée.
En labourant bien la terre dégelée , elle ac
quiert la même cohésion qu'elle avait aupa
ravant. On voit par là l'influence favorable
des labours d'automne; la gelée ( produite,
par une température au-dessous de zéro )
V7XJV71
peut pénétrer beaucoup plus dans l'intérieur lelle en bois {fig. 33 ). Fig. 33.
de la terre; la masse de celle-ci se gèle mieux — La vitesse avec la
et garde plus long- temps sa porosité au quelle la filtration de
printemps ; les labours sont alors moins 1 eau aura lieu indi
utiles dans cette saison; car, opérés par un quera le degré de per
temps un peu humide , ils font perdre à la méabilité du sol en
terre cette porosité que le froid lui avait tre les deux extrêmes :
procurée. le sable qui laissera fil
Si toute la terre est humide lors de ces la trer aussi vite que l'on versera, et les argiles
bours du printemps, dans un sol argileux, plasliquesqui laisseront à peine couler goutte
le préjudice est considérable et est souvent à goutte.
sensible pendant plusieurs mois (1). Nous indiquerons plus loin, en parlant des
La consistance d'un sol diminue aussi con amendemens, les moyens de donner le degré
sidérablement en le brûlant. — La plupart de perméabilité le plus convenable.
des qualités physiques changent alors ; l'ar
gile pure, qui auparavant tonnait le sol le § IV. — Faculté'd'absorber l'eau.
plus compacte, devient, par cette opération,
plus friable; elle perd sa consistance et sa Cette propriété des sols est évidemment
ténacité ordinaires. Il n'est plus possible de une des plus importantes, car elle livre à la
la lui rendre en l'humectant. Dans des con sève une partie indispensable de l'humidité ,
trées de l'Ecosse, il est d'usage d'améliorer fournie quelquefois à de longs intervalles par
le sol en brûlant l'argile. les pluies.
Nous traiterons de cet important phéno On Vapprécie facilement en prenant sur un
mène en parlant de Vécobuage. des tamis dont nous venons de parler, et
Une simple dessiccation divise les terres lorsque l'eau ne s'en égoutte plus, 500 gram
argilo-calcaires, parce que l'argile diminuant mes de terre toute mouillée ; on en con
plus que le carbonate de chaux, toutes les naît le poids en la plaçant dans une large
parties se désagrègent successivement. assiette plate, tarée d'avance, puis on pose
cette assiette ainsi pesée , soit sur la sole
d'un four après la cuisson du pain, soit
§ IH. — Perméabilité du sol. sur un poêle: lorsque la dessiccation est com
plète, c'est-à-dire que le poids ne diminue
plus, la différence du poids trouvé alors in
On conçoit combien est utile la perméabi dique la quantité d'eau que la terre retenait
lité du sol qui doit laisser arriver aux extré absorbée entre ses parties. — Ainsi, lorsque
mités spongieuses des racines, l'eau, les solu 500 grammes de terre mouillée seront ré
tions nutritives ou stimulantes, l'airetles gaz. duits après la dessiccation à 400, on en con
C'est ainsi que l'expérience a fait connaître clura que les 400 grammes de terre avaient
l'importance de tenir la terre meuble pour retenu 100 d'eau, et que 100 auraient re
les plantes annuelles, de diviser la superficie tenu 25.
au-dessus des racines des arbres, etc., etc. De cette manière on a trouvé les résultats
Les expériences comparatives sur la per qui suivent.
méabilité sont faciles : — On prend un poids
égal de deux ou plusieurs terres sèches à es Substance lerrf useï p»snyerf.
loo punies n ikmii,' h! Eau.
sayer, 1 kilt par exemple; on délaye chacune
d'elles avec un litre d'eau, on jette sur des Sable siliceux 25
tamis A, B, C (fig. 32 ), séparés, posés de ni Sable calcaire 29
veau sur deux traverses D, E, et qui sont vus Glaise maigre 40
en coupe dans la figure. Glaise grasse 50
On arrose ensuite successivement 'avec Terres argileuses 00
10 litres d'eau , en ayant soin que le niveau Argile exempte de sable. . . 70
de la terre se dérange peu, et même aplanis Terre calcaire fine 85
sant à chaque fois la superficie avec une pa- Terre de jardin 89
(1) M. de Gasparin rapporte avoir vu dans son climat du midi un champ ouvert, un peu humide an
printemps, qui ne put être semé en automne, faute d'en pouvoir briser les motles. — J'ai souvent ob
servé ce fait dans quelques champs placés au bas des buttes qui environnent Paris , et dont le sol est ea
grande partie composé d'argile mêlée à du sable.
CBAÏ. î°. DIMINUTION DE VOLUME PAR LA DESSICCATION. 43
52 tant moindre qu'elle renferme moins de
Terres arables. 48 sable; — 4° Que l'humus retient l'eau plus
Magnésie carbonatée 456 que la plupart des substances terreuses ordi
Humus 190 naires; une faible proportion entretient donc
Le tableau précèdent montre : 1° Que les une humidité utile;— 5° Que la magnésie car*
sables retiennent le moins d'eau ( 20 à 30 bonatée contribue à rendre les sols froids et
pour 100) ; — 2° Que les terres argileuses en humides ; car elle contient le plus d'eau et
retiennent d'autant plus qu'elles contiennent en laisse exhaler le moins. Nous verrons plus
moins de sable ; — 3° Que la chaux carbo loin qu'elle s'échauffe moins et conserve
natée absorbe d'autant plus d'eau qu'elle est moins de chaleur que toutes les autres.
plus divisée; — 4° Que l'humus en relient le
plus, sauf la magnésie carbonatée qui ne se § VI.—Diminution de volume par la dessiccation. '
trouve jamais pure dans les sols, mais leur
fait contenir un excès d'eau. La plupart des terres se serrent davantage
quand elles sont desséehées, et il s'ensuit le
§V.—Faculté des terres pour se dessécher. plus souvent des crevasses dans le sol , qui,
trop larges, sont nuisibles à la végétation,
Cette propriété est fort intéressante à con en ce que les racines chevelues qui fournis
naître ; car il est évident que les sols qui se sent le plus de nourriture aux plantes , se
dessèchent le plus rapidement sont les plus dessèchent et se rompent dans ces ouver
secs et ebauds , et doivent recevoir des amen- tures.
démens appropriés ; réciproquement il faut Pour soumettre cette propriété à une me
faciliter la dessiccation des terres qui retien sure comparative, on s est servi du moyen
nent trop longuement l'eau pluviale. suivant:On forme, avec lejs différentes espèces
, M. ScnrnLF.il propose d'essayer cette fa- de terre également humectées, des morceaux
mité en constatant par la perte en poids , cubiques égaux de dix lignes de hauteur,
pendant une égale durée de temps, dans le longueur et largeur (c'est-à-dire mille lignes
même air, combien chaque sorte de terre cubes ) ; on les fait dessécher à l'ombre dans
Ircs-mouillée laisse exhaler d'eau sur la pro un appartement, par une température de 15
portion qu'elle renferme. La terre égoutlée à 18 degrés, et pendant plusieurs semaines,
sur les tamis, comme nous l'avons dit ci-des jusqu'à ce qu'ils ne perdent plus de leur
sus, peut encore servir à ce 3e mode d'expéri poids; alors on détermine leur volume, à
mentation. — On en prendra de chacune l'aide d'une mesure pouvant évaluer chaque
MOgrammes, par exemple ; on l'élendra pen côté à un dixième de ligne près. Voici les ré
dant 5 heures en couche également mince sultats ainsi obtenus :
sur une assiette, puis on pèsera «le nouveau. l ooo pi rtïef perdent
Si ces 200 grammes contenaient I _'() d'eau et Eipècei do trrrei. de leur volume :
qu'ils en eussent perdu 60, on calculera Chaux carbonatée fine 50
ainsi : 120 ont laissé évaporer 60 ; 100 au Glaise maigre 60 ',
raient perdu 50. Cet essai approximatif donne Glaise grasse 89
les résultats suivans. Terre argileuse 114
loo partiel d'eau Argile pure (sans sable) 183
SoblltDcel II rrtiurl. perdent Blagnésie carbonatée 154
Sable siliceux . . " 88,4 Humus 200
Sable calcaire 75,9 Terre de jardin 149
Glaise maigre 52 Terre arable 120
Glaise grasse 45,7 NOTA. Les sables siliceux et calcaire ne dimi
Terre argileuse 34,9 nuent pas de volume ou du moins fort peu , et se
Argile sans sable 31,6 brisent au plus léger attouchement.
Chaux carbonatée fine 28 Il résulte du tableau qui précède : 1° De
Terre de jardin 24,3 toutes les substances que contiennent les
Terres arables { jjjj terres, l'humus prend le retrait le plus con
sidérable ; il est égal au cinquième de son
Magnésie carbonatée 10,8 volume. L'humus acquiert aussi beaucoup de
Humus 20,5 volume , à mesure qu'on l'humecte. Cela ex
D'après les résultats de ce tableau on ob plique un phénomène observé dans les bas-
serve : 1° Que les sables siliceux et calcaire jonds de tourbe : on remarque souvent dans
perdent le plus d'eau dans le même temps, ces contrées un exhaussement considérable
ou se dessèchent le plus vite; aussi concou de la surface du sol , qui devient surtout
rent-ils à former les sols les plus chauds; — sensible quand un temps humide est suivi
2° Que la chaux carbonatée agit d'une manière par un temps froid rigoureux : la terre s'é
toute différente , suivant ses différentes for lève quelquefois alors de plusieurs pouces.
mes. En effet, le sable calcaire constitue un La cristallisation de l'eau gelée , qui ajoute
sol très-chaud, tandis que la terre calcaire une autre cause d'accroissement de volume,
retient très-long-temps l'humidité, et même contribue ici à cette élévation des terrains
plus long-temps que Yargile. Toutefois elle tourbeux. — 2° Entre toutes les terres qui ne
mérite une préférence marquée sur cette contiennent pas d'humus, l'argile est celle
dernière terre , parce que son action sur les qui perd le plus de son volume par la dessic
'cides lui donne une influence chimique cation; cette qualité diminue quand on y
utile sur l'humus , et d'ailleurs parce qu'elle ajoute du sable ou de la chaux carbonatée ou
reste toujours légère ; — 3° Que Vargile perd de la marne. — 3° La réduction du volume
de Peau qu'elle contient, une proportion d'au par la dessiccation n'est pas, comme on pour
44 AGRICULTURE : SOL. LIT. I".
rait le croire, proportionnée à la faculté des d'ailleurs sur toutes les surfaces que l'eau
terres pour retenir l'eau. En effet , la chaux peut mouiller, ce liquide s'élever sur la li
carbonatee fine relient une grande propor gne de contact , comme le monlrent encore
tion d'eau ; et cependant son retrait n'est les figures ci-dessus.
que de 50 parties sur 1000, tandis que Xargile Ces phénomènes, qui dépendent et de l'at
perd 183 parties. Cette qualité n'a pas non traction des surfaces précitées, et de l'attrac
tion entre les parties du liquide, ont lieu
dans les interstices des corps en grains in
formes, tels que le sable, et plus sensible
coup plus considérable. — 4" La pulvérisa ment encore dans les substances poreuses
tion de la marne, par les influences atmos dont les cavités en rapport forment une
phériques, s'explique en partie par la diffé suite de tubes irréguliers : tels sont les
rence de retrait de ses composans, l'argile éponges , les plâtras , les pierres tendres , les
et la chaux carbonatée fine; les points de terres plus ou moins légères; aussi voit-on
contact des différentes parties sont écartés ces substances s'humecter à une hauteur
par le retrait inégal, et les blocs de marne plus ou moins grande lorsqu'elles sont en
se pulvérisent spontanément. — 5° Ce fait contact avec l'eau seulement par leur partie
explique encore une partie de\'influence de la inférieure. Cela explique l'humidité con
marne calcaire, bien préférable à un mélange stante au-dessus du sol dans les carrelages,
de sable et d'argile : le carbonate de chaux murs, etc., construits en matérieux poreux,
diminue la consistance et la ténacité du sol, et une foule de faits qu'il serait trop long
mais en outre il possède un plus grand pou de rapporter ici.
voir absorbant pour l'eau, il est capable de La capillarité dans les sols est une de leurs
saturer les acides, propriétés que le sable ne plus importantes propriétés. En effet, c'est
peut offrir. elle surtout qui conduit 'près des parties
spongieuses des racines, les liquides envi-
§ Vil—De l'effet de la capillarité des sols. ronnans, lorsque les solutions en contact
sont absorbées; elle ramène à la superGcie
"L'action capillaire, qui détermine l'ascen les liquides infiltrés, au fur et à mesure que
sion et les infiltrations des liquides dans les l'évaporation entraîne l'eau dans l'atmo
sols, est fort importante à considérer, bien sphère. — Ce dernier effet fait aussi revenir
que celte cause n'agisse pas seule. — On peut près de la surface du sol les substances so-
facilement se rendre compte de cet effet en lubles fixes qui suivent l'eau liquide, mais
plongeant dans l'eau un petit tube ouvert des l'abandonnent lorsqu'elle se vaporise. —
deux bouts : on verra que le liquide s'élè Parmi les substances solubles, plusieurs
vera dans le lube au-dessus de son niveau sels augmentent considérablement les effets
dans le vase, et la différence sera d'autant de la capillarité, en lui fournissant de nou
plus grande que le diamètre du tube sera veaux points d'appui; aussi les voit-on grim
plus petit, comme le montre la figure 34. per à de grandes hauteurs, ou venir en efflo-
Fig. 34. resrenee à la superficie du sol.
Ces cfjiorescences salines permettent de
faire de véritables récolles de sels par un
simple balayage en certaines localités. C'est
ainsi qu"on se procure le salpêtre de Hous-
sage dans l'Inde.
Dans les terrains trop salés les mêmes phé
nomènes débarrassent en partie le sol de
l'excès du sel. On pourrait augmenter cet
^ elfel utile en écroulant ces terrains pendant
< 1rs sécheresses, puis exposani à des lavages
naturels par les eaux pluviales, ou par des ir
rigations artificielles, les terres ainsi enle
vées, avant de lès répandre sur les champs,
Si , comme on le \o\lfig. ou avant de les livrer de nouveau à la cul
35, on approche deux la- ture. Les labours en sillons profonds ont
mes de verre plongées d'ailleurs une efficacité plus immédiate dans
en parlie dans l'eau , le la culture des terres trop salées.
liquide s'élèvera entre La capillarité des sols dépend surtout d'une
elles, mais moins que perméabilité convenable ( /'. page 42 ) ; ainsi,
dans les tubes pour un la trop sableux ou trop argileux, ils entravent
écartement égal au dia force capillaire : dans le 1e' cas, en offrant
mètre intérieur de ceux- de trop larges interstices et se desséchant
ci. Enfin , si au lieu de trop complètement; dans le 2" cas, eu ré
maintenir ces lames pa trécissant tellement les interstices, que tonte
rallèles, on les joint sur circulation de l'eau y devient impossible.
une de leurs arêtes , de C'est ce qui arrive aux argiles plastiques;
manière à former un an lorsque celles-ci constituent le sous-sol , la
gle, comme dans la/ig. 'M>, capillarité seule dans la couche arable supé
on verra le liquide Is'cle- rieure peut ramener à la superficie, où elle
ver graduellement davan s'évapore, l'eau excédante «pie le fonds argi
tage en s'approehant des leux relenait, et qui eut altéré les racines
arêtes en contact. On voit des plantes.
chap. 2e. FACULTÉ D'ABSORPTION DES TERRES POUR LES GAZ. 45
une terre arable fertile, 8,0, tandis que l'ar
§ VIII. — Propriété des terres pour absorber l'hu gile infertile seule absorbait, dans le même
midité atmosphérique. espace de temps, 18,5; la terre calcaire, 13,0,
et la magnésie carbonatée, 34,5 (1). — 6° Celte
Cette propriété des terres, évidemment faculté est souvent , mais Don dans lous les
favorable à la végétation, est principalement cas, proportionnée à la faculté des terres
utile durant les temps secs, afin de compen f>our retenir l'eau ; elle s'accorde moins avec
ser en partie.par «l'absorption dans la nuit, à faculté de se dessécher. Au reste, l'inéga
rénorme évaporation opérée pendant le lité de la surface et le volume de la terre in
jou l'- fluent beaucoup sur ces phénomènes.
Ou a soumis cette propriété à une mesure
approximative à 'l'aide de plaques en fer- § IX. — Faculté d'absorption des terres pour
blanc, sur lesquelles on répandait en une cou les gaz.
che unie des quantités égales des différentes Cette propriété est encore fort importante
terres en poudre fine et sèche. Ces terres à considérer; elle n'a pas été éprouvée d'une
étaient exposées à un air également chargé manière assez approximativement exacte
de vapeur d'eau , en les enfermant à la pour que nous reproduisions les nombres
même température ( de 15 à 18 degrés ) sous trouvés.— Il est probable qu'elle est relative à
une cloche de contenance égale et qui était la faculté de retarder l'évaporation de l'eau,
fermée en bas par de l'eau. Après 12, 24, 48, d'autant plus que l'état de porosité lui est
72 heures de temps, la terre, pesée avec la également favorable. Elle suivrait donc à peu
plaque, indiquait la quantité d'eau absorbée. près l'ordre intliqué par les nombres du ta
Absorption dr 600 cen bleau du § V, surtout pour les sables et
tigramme! da terre , les 5 dernières substances ; les argiles fe
i !■ hdus sur unn 1:11 -
Sl'BSTaNf.ES TERREUSES. face de 36, 000 milli.
raient seules exception' dans leur état plas
mélrt-i cartel. tique , tandis que légèrement calcinées (brû
11 h. U !i -. I,
lées), elles peuvent devenir très-absorbantes
pour les gaz.
rrnt cem. cent. rrnl L'utilité d'absorber et de retenir les gaz est
Sable siliceux 0,» 0,» 0,» (I. évidente ; car les uns, comme l'oxigene de
vilile calcaire. . . < 1,0 1,5 1,:. 1, l'air, sont indispensables à la germination;
Glaise nJfcigre i0.5 f-So 14,0 14,0 les autres, et notamment lous ceux qiii ren
Glaise grasse fi 15,0 17,0 I ferment du carbone ou de l'azote, sont utiles
Terre argileuse •*>0 18,0 20,0 20,5
*rgile (pure ou sans sable). 18,.'. 21,0 24,0 24,5
à la nutrition des plantes, ou pour stimuler
Tfrre calcaire fine 13.0 lj, 17,5 17,5 leur force végétative ; c'est par suite de ces
Magnésie carbonatée 34,5 38,0 40,0 41,0 deux effets que des terres infertiles à une
Humus. 40 0 48,5 55,0 60,0 certaine prolondeur, .peuvent devenir fécon
Terre de jardin. . . . 17, 22,5 25,0 26,0 des par un a érige de quelques mois.
I 8,0 11,0 11,5 1 Il est démontré, en effet, par un grand
Terres arables 10,0 10,0
I 7,0 9,5 nombre de faits, que Voxigènejoue un grand
rôle dans l'économie animale et végétale, qu'il
Remarques générales sur le tableau qui pro favorise beaucoup le développement des par
cède : — l'^tej terres absorbent plus pendant ties organiques, principalement la germina
les premières heur* ; l'absorption dimi tion des semences, selon les observations de
nue à mesure qu'elles ont acquis plus d'hu MM. Th. de Saussure et De Ca\doli.e. Par la
midité, et cesse après quelques jours-, les culture et le labourage, plusieurs couches de
terres alors paraissent elfre saturées; elles terre*ont mises en contact avec l'air* et,
absorbent plus pendant la nuit que durant pour ainsi dire, fertilisées par l'absorption
le jour, sans doute en raison de la tempé de l'oxigene. Ces Iravaux sont d'autant plus
rature moins élevée dans le 1er cas. — 2° De nécessaires, que l'oxigene ne pénètre que
toutes les substances terreuses, Yhumus ab lentement à plus de quelques lignes de pro
sorbe le plus d'humidité, et surpasse même , fondeur, étant d'ailleurs souvent rencontré
pour celle faculté, le carbonate de magné par des substances organiques avec lesquelles
sie. — 3» Les argiles absorbent d'autant il produit des combinaisons, et notamment
mieux l'humidité, qu'elles contiennent moins de l'acide carbonique.
de sable, mais jamais autant que l'humus. Si l'on compare plusieurs couches de terres
— 4° te sable siliceux absorbe à peine arables, on Remarque toujours que les plus
l'humidité, ainsi que le sable calcaire ; ils profondes sont moins fertiles que celles qui
forment ainsi un sol aride , sec , chaud. — sont en contact immédiat avec l'atmosphère,
5° Quoique les terres absorbent ordinaire el qu'il faut quelque temps pour les faire ar
ment d'autant plus d'humidité qu'elles con rive» à un même degré de fertilité, même
tiennent plus ahumus, la fertilité du sol ne quand leur composition chimique est ideri-
Peut se juger par cet indice seul; car Yargile, tique à cela près des gaz interposés. On re
la terre calcaire fine et la magnésie, absor marque souvent ce phénomène sur les -terres
bent beaucoup d'humidité sans contenir nouvellement défrichées, qui, ayant été au
d'humus; d'ailleurs, une terre de jardin très- trefois fertiles, paraissent avoir perdu mo
fertile, qui contenait 7,2 pour cent d'hu mentanément cette qualité pour avoir été
mus, absorbait en 12 heures 17,5 d'humidité; privées long-temps de l'influence de l'air.
(0. Davy, dans ses Élément de chimie agricole, avait comparé la faculté d'absorber l'humidité de
plusieurs espèces de terres arables, et avait toujours trouvé qu'elle était plus grande dans les terres
fertiles; de sorte qu'il indique cette propriété comme une marque de la fertilité du sol.
AGRICULTURE : SOL. LIV. l".
Cela explique encore pourquoi l'argile et de jardin, noire et contenant de l'humus, s'éV
les terres contenant de l'humus, si elles pos chauffera beaucoup plus qu'une terre maigre,
sèdent en même temps la porosité convena calcaire ou argileuse.
ble, sont ordinairement des plus fertiles, Le degré d'échauffement des différentes
l'absorption de l'air ayant lieu très • facile terres dépend surtout des 4 circonstances sui
ment dans ces sols. vantes : 1" De la nature de la superficie de la
Utilité de laérage des sois.— Depuis long ferre; — 2° De la imposition des terres; —
temps on a constaté généralement l'utilité de 3° Des différens degrés d'humidité de la terre
cette pratique, qu'on opère , soit par des la lorsqu'elle est exposée au soleil ;— 4° Des dif
bours ou même des défonçages faits à l'a férens angles que forment les rayons du so
vance, soit par des trous profonds creusés leil en tombant sur la superficie du sol.
plusieurs mois avant la plantation des arbres. Diverses expériences ont été entreprises
Ces travaux ont plusieurs effets utiles : — pour déterminer numériquement les facultés
1° Ainsi quenous l'avons démontré plus haut, des sols pour absorber et retenir la chaleur;
les terres exposées sur une grande surface mais elles n'offrent pas assez d'exactitude
aux alternatives de sécheresse et d'humidité, pour être rapportées ici. Les considérations
aux variations de la température, se divisent, suivantes nous semblent de nature à don
deviennent plus poreuses, plus facilement ner des notions suffisantes et plus certaines.
perméables aux racines, et plus absorbantes. Au i"rang des conditions d absorption du ,
— 2° L'air et les gaz absorbés sont indispen calorique il faut placer la couleur la plusfon
sables, soit à la germination, soit au déve cée ; la moyenne d'un grand nombre d'essais
loppement des plantes : c'est ainsi que di a fait voir que la coloration en noir d'un sol
verses graines, et de même les tubercules blanchâtre peut augmenter de 50 p. 100 sa
des pommes-de- terre , ne peuvent germer à propriété absorbante. Lampadius a démontré
une profondeur quelquefois peu considéra l'efficacité puissante de cette coloration, en
ble, où la formation efele séjour de l'acide recouvrant d'un pouce de charbon en poudre
carbonique a exclu ou combiné tout l'oxigène la surface de la terre d'une caisse où des me
de l'air.— C'est ainsi que l'on conçoit com lons cultivés à découvert vinrent à maturité
ment des graines enfermées dans le sol, et pendant l'été frais de 1813 dans le district des
même des pommes-de-terre, y peuvent séjour mines de Saxe. La température s'éleva de 37
ner une, deux ou plusieurs années sans pous à 48°, tandis qu'à la superficie du, sol ordi
ser, tandis que ramenées par hasard ou à naire elle resta entre 25 et 38". Le noir anima-
dessein près de la surface, elles développent lise, dont nous parlerons en traitant des en
rapidement une belle végétation. grais, produit un effet semblable ; enfin les
murs des espaliers peints en noir hâtent et
§ X.— Faculté d'absorber et de retenir la chaleur. complètent la maturation des fruits.
Pour apprécier l'influence de la couleur
Cette propriété dessols estfort importante; de la surface de la terre sur réchauffement
eu effet, elle offre une des plus puissantes du sol, on fit les essais suivans : des quantités
causes de l'activité végétative ; détermine la égales de différentes terres fu rent mises dans
germination; compense en partie les inéga des vases d'une égale contenance et d'une
lités brusques de température de l'atmos superficie de quatre ponces carrés pour un
phère entre les jours et les nuits, comme en demi-pouce de profondeur, au ^milieu et au
tre certains jours; évite les transitions trop fond desquels étaient placés les boules de
brusques qui sont si nuisibles aux plantes et thermomètres comparés, capables d'évaluer
aux animaux, et constitue la principale cause un dixième de degré. On exposait à l'ardeur du
de la température générale de la surface du soleil un de ces vases avec sa surface decouleur
globe, qui peut entretenir la vie des animaux naturelle; la superficie de l'autre était tein
et des plantes. Fodrier ajdémontré, en effet, te en noir, au moyen de noir de fumée, sau
que la chaleur centrale avait peu d'influence poudré à l'aide d'un tamis ; le troisième était
aujourd'hui sur la température de la croûte coloré en blanc par le moyen de la magnésie
terrestre. La température de l'atmosphère au carbonatée très-fine et très-blanche. On laissa
milieu de laquelle nous vivons, est, en consé chaque fois ces vases exposés à l'ardeur du
quence, entretenue à peu près exclusive soleil pendant un laps de temps égal, sous un
ment par l'absorption des rayons calorifiques ciel serein ( dans les mois d été entre onze
solaires. heures et 3 heures, ordinairement pendant
Les différentes sortes de terre sont échauf 1 heure). En général, une surface noirfie ac
fées àdifférens degrés par les rayons du so quérait une température plus forte. La tem
leil; cet effet doit avoir une grande influence pérature de Vargile teinte en blanc augmen
sur la végétation, principalement lorsque, tait, par l'action dusoleil, de 16" centigrades,
au printemps, la terre n'est pas encor* om pendant que la température d'une quantité
bragée par les feuilles. —-C'est sur cette pro égale de terre colorée en noir augmentait de
priété que se fonde en général la dénomina 34". — Cette augmentation de température,
tion de solfroid ou chaud; et , quoique l'agri occasionée par les surfaces noires , n'est pas
culteur ne semble pas indiquer par là des seulement passagère, mais elle demeure con
caractères certains, ils sont néanmoins con stamment plus forte pendant toute la durée
formes aux données précédentes. En effet , de l'action solaire. Exposez au soleil pen
un sol formé d'une argile humide et de cou dant des heures entières les mêmes espèces
leur claire sera beaucoup moins et plus len de terre, avec des surfaces noires et blanches,
tement échauffé par le soleil qu'un sol sa celles-ci auront constamment une tempéra
bleux de couleur foncée ; ce que le thermo ture moinare. — C'est encore sur ce fait que
mètre peut démontrer facilement. Une terre se fonde la pratique de semer au printemps
chip. y. DU SOUS-SOL ET DE SON INFLUENCE. 47
des tendres et de la terre sur la neige pour la ces d'observation , et les plus récentes expé
faire fondre plus vite (1). — Diverses ofeserva- rimentations, notamment de M. Becquerel,
tions montrent combien la température des prouvent combien les faibles forces élec
coudes supérieures du sol est différente de triques, portées par des courans continus,
celle de l'air. —On a observé à Tarascon jus- agissent sur la vie et les développemens des
uu'à 51° de température près de la superficie végétaux.
d'une terre sablonneuse, légère, rougeàtre , On a constaté ainsi que Yélectricité néga
au -mois de juillet. tive avait une action stimulante très-favorable
La plus grande influence de capacité (quan sur la végétation, tandis que l'eieclricité po
tité absorbée J pour la cbalenr tient au poids sitive était défavorable. — Ces observations
spécifique du sol {Voy. p. 40 ) ; car, d'un coté, s'accordent d'ailleurs avec les faits incontes
lair interposé dans une terre très-légère est tables qui prouvent Yutilité d'un léger excès
mauvais conducteur; de l'autre, à profon des lafes alcalines éloctro-négatives (chaux,
deur égale jusqu'à laquelle la température ammoniaque, potasse, soude) dans les en
du terrain augmente ,1a substance terreuse grais, tandis que les acides libres électro
Slus lourde offre une plus forte masse, qui, positifs sont souvent nuisibles, et peuvent
'après les essais, contient plus de chaleur. même, à faibles doses, arrêter toute germi
Enfin la quantité d'eau interposée est une nation. — C'est ainsi que divers détritus de
cause de refroidissement, par la grande pro végétaux, des fonds de tourbières infertiles,
portion de chaleur que son évaporation exige, peuvent être rendus très-propres à l'engrais
etlessofs humides sont en effet généralement des terres par un mélange avec quelques cen-
fruits. — La... quantité
, d'humidité influe beau- ^tièmes de chaux vive ou éteinte, tandis que
coup sur réchauffement des terres par le so-ï Itous les débris d'animaux susceptibles de
leil.Des terres humidesgnt une température donner, par leur décomposition spontanée,
moindre de quelques degrés que desserres une réaction alcaline, forment sans mélange
de la même espèce sèches. Cette moindre d'excellens engrais, comme nous le démon
température se maintient même au soleil trerons plus loin. A. Payeh.
jusqu'à ce que l'évaporalion de l'eau soit
presque complète. On ne peut pas douter que Section v. — Du sous-sol et de son influence.
la grande quantité de chaleur nécessaire à
l'évaporation ne soit la cause principalede ce On désigne sous la dénomination de sous-
phénomène. I.a différence de température se sol, la couche de terre, de pierre ou de ro
moulait dans divers essais d^i-6" à 8". — Les che, placée immédiatement au-dessous du
terres d'une couleur claire et ayant «nue sol cultivé, et sur laquelle repose celui-ci.
eraude faculté de retenir4'eau, ne s'échauf Préservé en tout ou en partie par la terre
fent donc que très-lentement et faiblement arable des influences de l'air ,j le sous-sol
parunedouble raison : un sol froid , argileux , présente ses couches géologiques presque
contient beaucoup d'eau et en perd peu, tan dans leur état de pureté ou dans un très-faible
dis que le sable, au contraire, forme un sol commencement de désagrégation. Son in
sec et chaud, en raison du peu d'humidité fluence sur les qualités des terres et l'avan
qu'il contient, et qui d'ailleurs s'évapore tage ou le désavantage que présente son mé
bientôt lange en raison de sa nature, rendent son
Lis pentes du terrain ont encore une in étude et sa connaissance tr&- importante
fluence très-marquée sur son échauffement pour le cultivateur.
parles rayons du soleil; la quantité de cha Au commencement de ce chapitre nous
leur absorbée, toute autre circonstance égale avons donné une idée de la manière dont les
d'ailleurs, est d'autant plus grande que les sols se sont formés peu-à-peu par l'action
rayons solaires sont plus long-temps dans lente, mais toujours croissante, dés élémens
une situation le plus rapprochée de la per atmosphériques et delà végétation.Les roches
pendiculaire avec la superficie du sol. On et les couches dont la décomposition et le
conçoit en effet que la même quantité de mélange ont donné naissance aux terres la
rayons qui tombe obliquement et s'étend sur bourables, son£ disposées dans un certain
une surface double doit produire un effet ordre au'il est bon que le cultivateur instruit
d'environ moitié moindre.— On se rend faci cônname ; nous indiquerons donc , mais
lement compte ainsi des effets très-remar brièvement, la succession de ces roches et de
quables observés pour des expositions diffé ces couches, dont la Géognofic a pour but de
rentes, et on peut choisir celles quiçonvien- faire connaître le gisement et les rapports,
nfnt le mieux aux diverses cultures. dont la Minéralogie étiraie la composition in- ■
time,et dont la Géologie conclut la structure
§ XI. — Influence de l'état électrique des sols. et la composition du globe, ainsi que les
changemens et les révolutions qu'il a subis.
Les nombreuses observations faites dans
ces derniers temps attestent une action § 1er.— Notions tic géologie et de géognosie.
puissante de la part de l'électricité «lan» les
phénomènes chimiques comme dans les Les géologues*divisent généralement les
réactions entre les matières inorganiques roches en terrains primitifs, terrains secon
et les corps organisés. Une science tout en daires et terrains tertiaires.
tière, l'électro-chimie, est maintenant fondée Les terrains primitifs ou ceux qui parais
sur ces principes ; elle se lje à toutes les sçien- sent les plus anciens puisque tous les autres
(i) C'est de la terre noire que répandent sur la rlfeigc les hahitans de Chnmouny pour en accélérer la
'°ntç et avancer l'époque où ils pourront ensemencer leurs champs. „ (de Saussure.)
48 AGRICULTURE : SOL. uv. i«
leur sont généralement superposés, se com dans le fond des mers. Lorsqu'il se ren-
posent principalement des rochefgranitiques, contre quelques parties infertiles dans les
quartzeuse.i etfeldspathiques , de schistes- mi terrains tertiaires, l'agriculteur peut pres
cacés, et de roches amphiboliques,— Le quart/, que toujours les rendre facilement produc
le feid - spath , le mica et l'amphibole domi tives , parce qu'on peut trouver dans ses di
nent en différentes proportions dans ces ro verses couches celles dont le mélange devra
ches qui constituen t les plus hautes montagnes produire la fertilité: c'est ce que nous verrons
du globe, et sgtronventaussi aux plus grandes dans le chapitre des amendemens. Ainsi, lors
profondeureque l'industrie humaine ait en que les grès de- la formation marine se trou
core pu atteindre. vent à la surface du sol, ou ne laissent pas
Les terrains secondaires, appelés aussi in une couche cultivable assez épaisse, la terre
termédiaires ou de transition, et dont l'âge, et est infertile parce qu'elle est trop sablon
par,conséquent la position générale ^st jo neuse ; mais, presque toujours au-dessous de
termédiaire entre les roches primitives et ces grès ou sables marins, se trouvent des
celles des terrains tertiaires, comprennent : couches de marnes argileuses que l'agricul
les schistes plus ou moins semblables à l'ar teur doit exploiter et répandre sur ses
doise ; des calcaires en couches très-épaisies , champsî' Quand ce sont les calcaires ou les
plus ou moins semblables au marbre, et qui argiles qui dominent, les terres sont encore
commencent à contenir des coquillages fos peu fertiles, et c'est le sable ou le sable argileux
siles ; des grès et des pouddingues souvent qu'il faut se procurer pour les améliorer. Du
très -durs, accompagnes dans certaines lo- reste, les qualités et les défauts des différens
calités des houilles ou charbons de terre; les ^|ols ont été traités dans une des précédentes
grès bigarrés ; le lias ou calcaires alpin et sections; ce serait nous répéter que d'en
jurassique, très-riches en débris fossiles, et au parler à propos du sous-sol.
milieu desquels on trouve diverses couches Une 4' classe, moins importante pour le géo
de marnes schisteuses noires ou de couleurs logue que pourl'agronome, comprend les ter
variées; la formation de la craie, composée de rains diluviens et post-diluviens. On y rencon
grès, d'argiles et de calcaires, où domine la tre d'abord les sables et cailloux roulés, qu'on
craie proprement dite , et qui forme des trouve en abondance dans certains sols ; puis
couches très-épaisses, très-étendues et très- lesformations marines ou lacustres, qui con
nombreuses. . tinuent à s'accumuler dans lesimersou dans
Les terrains tertiaires renferment un petit les lacs par le dépôt des substances que les
nombre de roches dures ; les sols y sont par eaux contiennent; enfin les dépôts de trans
conséquent plus profonds. Les couches prin portât d'altuvion, que les cours d'eau actuels
cipales qu'on y dislingue sont : les grès des charrient et déponent dans leur sein ou vers
terrains tertiaires, quelquefois durs comme leurs bords. Ces sols ont été pareillement
celui des pavés de Paris, quelquefois com étudiés .précédemment, ainsi que ceux qui ap
plètement à l'état de sable ; des argiles plas partiennent à la classe des formations volca
tiques en couches plus ou moins épaisses qui niques.
alternent souvenl av«c des marnes ; enfin les Ces terrains, dits plutoniques, c'est-à-dire
calcaires de formations marines et de forma qui doivent leur formation a l'action du feu
tions d'eau douce qui se distinguent princi ou des volcans, comprennent un assez grand
palement parjes caractères de leurs fossiles: nombre de roches remarquables, et sont as
ces calcaires offrent une multitude de va sez répandus dans certaines contrées qui
riétés qui en font des calcaires marneux ou n'offrent plus maintenant aucun signe d'é-
siliceux, présentant tous les intermédiaires ruptions volcaniques; les principales de ces
depuis \eimarnes argileuses, jusqu'au silex ou roches sont: le porphyre et la serpentine, qu'on
pierres meulières. Ces formations, très-éten trouve en filons ou en masses épanchées au
dues, disposées constamment en couches milieu des terrains primitifs et secondaires;
horisontales, se trouvent souvent placées les le trachyte et les basaltes, qui se montrent
unes au-dessus des autres, et leur alternance assez fréquemment taillés en prismes ou pi
se répète même plusieurs foi» dans la même liers naturels; enfin les laves et les scories,
localité, en sorte qu'on peut coucevoiMue la que vomissent journellement les volcans en
mer après avoir occupé tel ou tel lieu; a été activité, et qu'ont vomies précédemment les
déplacée , qu'un bassin d'eau douce lui a volcans éteints.
succédé, puis que ce bassin a fait place à une Complétons cette esquisse géognoslique en
nouvelle mer, et ainjù de suite. C'est dans disant que les veines qui renferment les
ces terrains que se trouvent les lignite* ou substances métalliques, telles que les gangues
terres noires bitumino-pyriteuses, entre les ou minerais dont on extrait le plomb, le cui
argiles plastiques et le calcaire marin ; et au- vre, l'argent, l'or, etc., etc., sont des fissures
dessus de celui-ci des gypses ou pierres à plà- ou des fentes remplies de matières différen
tre,quelquefoistransparens et très-purs,mais tes de celles qui composent les rochesqu'elles
plus souvent terreux et oalcarifères. — Les traversent en tous sens el sous toutes les in-
' terrains tertiaires couvrent de vastes contrées clinaison*B possibles. On nomme filons ces fen
où le sol est généralement fertile, parce qu'il tes ainsi remplies de diverses matières et de
résulte du mélange d'un grand nombre d'é- ■substances métalliques, pour les distinguer
lémens divers, et se trouve par conséquent des failles, qui sont des fentes ne con
favorablement constitué pour la végétation ; tenant que des matières stériles. Les géo
ces élémens sont en effet empruntés à tons logues et les minéralogistes ont déterminé
les terrains plus anciens, dont les débris en des caractères qui permettent de préjuger la
traînés paries eaux ont été déposés par elles Tencontre et la richesse de ces filons métal
et mêles ensemble soit dans les lacs, soit lifères.
CBAP. 2e, MÉLANGE DU SOUS-SOL AVEC LA COUCHE VÉGÉTA.LE. 49
Il est évident, d'après ce qui précède, qu'on cailloux. — Au contraire, quand le sous-sol
peut rencontrer au-dessous des terres labou est doué des propriétés qui sont déjà en excès
rables autant de couches différentes qu'il dans la terre qu'on cultive, il faut s'en tenir
existe de roches ou de formations diverses); aux labours superficiels, ou du moins n'at
il en résulte aussi qu'il existe au moins autant taquer la couche inférieure qu'avec de grands
de variétés de sols que les roches qui se trou menagemens, et après de nombreux essais
vent à la surface de la terre offrentd'espèces. sur les effets que ce mélange doit produire.
Dans le fait, il y en a beaucoup plus; car'sans Dansles terres qui ontipeu deprofondeur, la
parler des changemens pWWuits par l'indus couche inférieure agit donc d'une manière
trie humaine et par la culture, les matières très-importante à apprécier, en arrêtant les
(Ionise composent les couches ont été mêlées racines ou les laissant passer avec plus ou
et transportées d'un lieu dans un autre par moins de facilité. Dans le premier cas, on
les diverses révolutions qui ont eu lieu sur le doit se borner à la culture des plantes à ra
globe et par l'action continue des eaux. Une cines traçantes, les seules qui puissent pros
classification scientifique des sols serait inu pérer dans ces sols; dans le deuxième, c'est-
tile; celle qui est généralement adoptée par à-dire si le sous-sol est composé de cailloux,
les agronomes, et qui a été l'objet de la sec- de galets, de pierres , mêlés de substances à
lion:!0 de ce chapitre, suffit; il nous reste à l'étal friable, il pourra permettre aux racines
indiquer l'influence du sous-sol dans la cul longues et fortes de s'y insinuer avec avan
ture. tage pour la végétation, ou bien il se laissera
pénétrer par toutes les racines fibreuses, et
§ 11.—Imperméabilité du sous-sol pour les racines. l'on devra choisir les cultures en conséquence*
La couche inférieure du sol est tan § III.—Du mélange du sous-sol avec la couche
tôt composée des mêmes élémens que la cou végétale.
che supérieure, à l'exception de 1 humus et
des principes que celle-ci tire de l'atmosphère M. Darblay a parfaitement expliqué com
avec laquelle elle est en contact ; tantôt elle ment le précepte que lorsqu'on ramène à la
est composée de substances d'une nature dif surface, par un lahour profond, les terres
férente. d'un mauvais sous-sol, on rend la couche su
Lorsque la touche arable repose sur des ro périeure, anciennement cultivée, infertile
ches dures et non désagrégées ou dans un com pour quelques années , comment ce précepte,
mencement de décomposition, elle est ordi vrai dans le cas de mauvaises cultures, de
nairement peu fertile; on ne pourrait lui don* vient inexact dans le cas de bonnes cultures,
ner plus de profondeur que par des trans où la rotation des récoltes est bien entendue.
ports de terre, toujours trop dispendieux en Si le cultivateur veut immédiatement obtenir
agriculture sur une surface un peu étendue; une bonne récolte de céréales, sans s'embar
elle offre en outre l'inconvénient de causer rasser de l'amélioration progressive du sol,
fréquemment la rupture des instrumens ara il n'y a pas de doule que le sous-sol non im
toires. Si cette couche est très-mince, et que prégné d'engrais et des influences atmosphé
la roche n'offre pas de fissures, la terre est riques, fût-il même de bonne qualité, ne nuise
presque improductive, et ne présente que a la végétation de la céréale au lieu de lui
peu de chances d'amélioration. Mais, quand être favorable; il n'y a pas de doute qu'il ne
le sous-sol est compose de blocs détachés ou diminue même considérablement la récolté
qui laissent entre eux des fentes, lors même s'il est de mauvaise qualité. ■-
que quelques parties se montrent au 4jehors, Mais, si le cultivateur veut améliorer le
ces sols peuvent être utilisés surtout en bois, fonds de sa terre; si , au lieu de regarder à la
les racines des arbres trouvant moyen de pé- récolte d'une seule année , il fait attention
oétrerdans les fissures et les crevasses, entre aux récolles suivantes, alors les labours pro
les blocs, et d'y puiser l'humidité qui s'y con fonds deviennent les plus avantageux, parce
serve très-bien. On peut aussi les cultiver en qu'après quelques cultures ils ont augmenté
plantes céréales ou autres; maïs on est alors l'épaisseur de la couche cultivable, ont ainsi
obligé le plus communément de se servir donné aux racines la possibilité de s'enfoncer
des outils à main. plus avant, et les ont mises en contact avec
Dans les lieux où le sous-sol est composé de une plus grande étendue de matière qui les
couches comjHictes , soit argileuses, soit cal alimente. Par cette raison, la plante est mieux
caires, soit argilo-calcaires, soit enfin argilo- nourrie, les tuyaux sont plus gros, les végé
sableuses, la manière dont le cultivateur doit taux tiennent plus au sol, et les pluies et les
se comportai' dépend de la nature de la terre vents ne peuvent les renverser, les coucher
et des qualités ou défauts qui y dominent.— que difficilement; un autre avantage, c'est
Lorsque le sous-sol est de, nature à améliorer qu'un temps sec long-temps continué les fait
la terre labourable, ou à augmenter son épais moins languir, parce que la couche inférieure
seur sans la détériorer, on doit, par lcdéfon- «onserve plus long-temps de l'humidité que
cement ou des labours profonds, en ramener la surface. Enfinles labours profonds enfouis
une partie à la surface ; au premier abord , sent à une grande profondeur et font périr
ce mélange amoindrit quelquefois le sol , une foule de graines qui, enterrées moins
mais ensuite le terrain en est sensiblement profondément, auraient encore végété et nui
amélioré : telle est la conduite qu'on doit a la récolte.
tenir, par exemple, quand un sol léger re Pour arriver a l'amélioration progressive de
pose sur une couche compacte ou sur une cette couche inférieure du sol, il faut une
niarne argileuse, ou qu'un terrain trop tenace meilleure culture; il faut que les plantes sar
est superposé ti un tuf composé de petites clées et fumées, la pomme-de-terre surtout*
pierres calcaires, de graviers siliceux ou de commencent la rotation, et que tous les deux
AGRICULTURE, 7" li*' raison, I, — n
M AGRICULTURE : SOL. uv. I"
ans, dans les commencent en s, une nouvelle mais si la couche d'eau retenue par l'argile
culture sarclée remplace une culture non mouille trop les racines, les plantes languis
sarclée; il ne faut pas qu'une jachère non sent. Un sol argileux ou marneux qui repose
labourée vienne permettre au sol de se tas sur un lit de pierre calcaire et poreuse , est
ser de nouveau, et aux plantes inutiles de se plus fertile que lorsqu'il est assis sur de la
multiplier en produisant leurs semences. roche dure, imperméable à l'eau : parce que
C'est au moyen d'une pareille culture qu'on dans le 1er cas l'eau filtre et s'échappe, tan
approfondit sans inconvénient le sol d'un à dis que dans le second elle reste stagnante
plusieurs pouces, et qu'on rend, avec le temps dans un sol pâteux qui ne relient déjà que
et sans frais, très-productifs des terrains qui trop d'humidité.
payaient d'abord à peine leurs frais de culture. On ne peut gnrrr remédier au défaut dft
L'effet, nuisible pour les premières récol laisser passer les eaux comme un tamis
tes, du mélange du sous-sol avec la terre vé que par des moyens indirects, c'est-à-dire
gétale, a fait rechercher des instrumens avec en humectant le terrain par des irrigations
lesquels on pût remuer et ameublir la couche supérieures ou souterraines lorsque cela est
inférieure, sans la retourner et la remuer à la possible, ou en l'abritant de l'action des vents
surface immédiatement et avant qu'elle ait desséchans et du soleil au moyen de plan
pu être améliorée par l'infiltration des en tations en bordures.
grais et par les influences atmosphériques. Quant à l' imperméabilité du sol inférieur
M. le M'1 de la Boessiêre a inventé pour cet pour les eaux, on en diminue les inconvé-
usage une machine qu'il a appelée drague niens en donnant les labours par sillons plus
à claies (I), et qu'on peut comparer à une ou moins relevés, en pratiquant des écoule-
très-grande et tics-forte rôtissoire de jardin, inens dans les champs et les prairies, au
montée surquatre roues, etassez solide pour moyen de saignées plus ou moins profondes
résister aux efforts les plus puissans. Cette et nombreuses, ou tien en formant des cou
machine parait bien remplir son objet; nous ches de cailloux ou de pierrailles sous la terre
regrettons de ne pouvoir la décrire ni la figu végétale. En Angleterre , où l'excès de l'hu
rer, on lui reproche avec quelque fondement midité a fait plus qu'en France chercher les
d'être trop compliquée, trop dispendieuse, et moyens d'y obvier, on est dans l'usage de
de nécessiter l'emploi de 10 à 12 chevaux pour percer de nombreux trous de sonde les cou
la faire fonctionner. M. Vilmorin emploie ches inférieures qui retiennent les eaux, lors
dans sa pratique, pour augmenter l'épaisseur qu'elles sont d'une nature compacte, d'une
de la couche arable d'un à cinq pouces, sans épaisseur peu considérable, et ont au-dessous
mêler immédiatement cette terre non pré fl'elles une couche perméable ; on doit pra
parée avec celle de la surface, le cultivateur tiquer ces trous dans les endroits où le ter
ordinaire, ou buttoir h pommes-de-terre, ins rain offre de la déclivité, et dans ceux où les
trument très-simple, et qui commence à être eaux s'amassent davantage à la surface. Au
assez généralement répandu. Pour lut donner reste, nous devons renvoyer pour plus de
cette destination, il suffit d'en enlever les détails à ce sujet au chapitre des desséche-
versoirs ou oreilles, et de lui faire suivre la mens, et à la section qui traite des propriétés
charrue, dans le même sillon ouvert par elle, physiques des sols pour apprendre à recon
en l'attelant d'un cheval ou de deux chevaux naître dans le sous-sol les qualités ou fes dé
placés à la file. fauts que venons de signaler ; on peut aussi
consulter sur le dessèchement des terres ar
§ IV.— Imperméabilité du sous-sol pour les eaux. gileuses et humides, sujettes à tblre annuelle
ment inondées, les considérations que nous
C'est le plus communément à l'imperméa avons publiées pour servir de programme
bilité de la couche inférieure qu'est due la trop au prix mis au concours par la Société royale
grande humidité du sol : lorsqu'il en est et centrale d'agriculture (2).
ainsi, et que le terrain n'a pas de pente,
l'eau, ne pouvant ni s'égoutter ni s'écouler, «V, -Principaux sous-sols qu'on rencontre en
est retenue comme dans un bassin, la terre agriculture.
meuble devient semblable à une bouillie, et
cette humidité excessive est très-nuisible à Dans l'impossibilité de spécifier les varié
la plupart des plantes cultivées ; ces terrains^ tés des couches inférieures aux terres ara
dans leur état naturel, ne peuvent être res bles, et qui sont multipliées à l'infini, nous
suyés qu'à la longue par 1 évaporation. On citerons, d'après Tiiaèr, celles qu'on rencon
voit d'après cela combien il importe de bien tre le plus communément.
étudier, dans les champs qu'on veut exploi lorsque le sous-sol est marneu»pu calcaire,
ter, la nature du sous-sol, puisqu'en livrant et que la couche supérieure offre à peine
aux eaux un passage trop facile ou trop dif des traces de chaux, l'approfondissement du
ficile, il en resuite que la couche de terre la sol, parle défoncement complet ou successif,
bourable est exposée à être trop desséchées produit des effets surprenans, et l'améliore
ou imbibée et même noyée entièrement. en même temps d'une manière durable,
Une couche d'argile sous un sol sablonneux parce que la marne, quelque tenace qu'elle
contribue à sa fertilité, en retenant l'eau qui soitdaiis les couches inférieures, lorsqu'elle
filtre trop facilement au travers, et en y est amenée à la superficie et mise en contact
conservaut une humidité" plus constante ; avec l'air, se divise et se pulvérise , de ma
il) Voyez Annales a" Agriculture françnisc. Février 1834.
(2) Du dessèchement des terres cultivables sujettes à être inondées, pour servir de Programme au
prix proposé par lu Société royale et centrale d'agriculture, sur le dessèchement des Serres argileuses
et humides, au moyen de puisards urtijicicls, de sondages, etc.— Paris, in-8", chez M""1 Euzard.
chip. 3«. DEGRÉS DE FERTILITÉ DES TERRES 51
nière à pouvoir facilement être mêlée avec L'ocre ou la mine defer limoneuse, que l'on
le sol. trouve assez fréquemment au-dessous de la
Sous un terrain argileux ou glaiseux on superficie du sol, est très-nuisible à la végé
trouve aussi quelquefois une couche/dc terre tation, qu'il empoisonne, pour ainsi dire,
sablonneuse: si elle n'est placée ni trop près lorsqu'il n'est pas recouvert d'une couche de
de la superficie du sol , ni à une trop grand* terre végétale assez épaisse pour qu'il ne soit
profondeur, c'est-à-dire si elle est à trois ou pas atteint par les racines. Il est ordinaire
quatre décimètres ( 1 pied ou 1 pied |) au- ment au-dessous d'une couche de terre âpre
dessous de la surface, et si sa couche est assez et de couleur brune, de même nature que lui,
épaisse, elle produit un sol éminemment fé qui devient plus dure à mesure qu'elle des
cond, qu'on qualifie de pesant et chaud tout cend, et est enfin transformée en pierre. Les
à la fois, qui ne souffre jamais de l'humidité arbres dépérissent aussitôt que leurs racines
en en laissant toujours écouler la partie sur atteignent cette terre.
abondante. 25 /ci'. 1834. — L. Héricaiit de Thuby.
Le sol où la terre végétale n'a qu'une
petite épaisseur et recouvre une couche infé Section vi. — De laphorométrie, agronométrie,
rieure de sable , est fortement exposé aux sé statique agricole, ou du degré defertilité des
cheresses, lors même qu'il parait très-fertile terres.
dans les saisons humides.
Quelc/ue/ois la couche de sable ou de gra On désigne sous ces noms la méthode par
tter est très-mince , et recouvre elle-même laquelle les Allemands ont cherché, dans ces
une couche d'argile imperméable. Si le ter dernières années, à mesurer exactement les
rain n'a pas de pente, 1 eau s'amasse dans la variations de la fécondité du sol, à les éva
couche de sable comme dans un réservoir luer en chiffres, et à les rendre comparables
et reflue vers la surface; alors il s'y forme en les rapportant à une commune échelle.
des fondrières, des places humides, le ter Thaer a le premier ouvert celte voie, que de
rain devient froid et stérile, parce que l'eau H i i.fkn et de Voght ont ensuite élargie et
entraine les particules d'engrais dissoutes, affermie.
et les dépose dans la couche de sable où Tu im suppose qu'une terre qui donne an
elles sont à peu près perdues pour la végé nuellement, clans une récolte moyenne, 12
tation. Cette espèce de terrain est une des heclol.84, de froment par hectare, possède 100
plus mauvaises', si on ne l'améliore par des degrésdefécondité, suppléant, parcemotabs-
saignées qui fournissent un écoulement à trait, à tout ce que nous ignorons des quali
l'eau : mais à l'aide de ces saignées, ce terrain tés réelles du sol. Ces 100" nesontpasépuisés
peut être complètement corrigé. après la récolte, mais ils ont subi une dimi
Plus le sable qui est au-dessous d'un sol nution ; et , pour reconnaître la valeur de cet
déjà sablonneux est sans fond et mouvant, abaissement, Thaër a eu recours à deux pro
plus ce terrain est sec. Si à une certaine pro cédés qui se sont contrôlés l'un l'autre : 1° il
fondeur, le sable prend plus de consistance, a pris l'ensemble «les résultats fournis par
et que l'écoulement de l'humidité soit ainsi des exploitations bien dirigées dans des an
un peu arrêté, le sol a plus de fraîcheur et nées moyennes; 2" il a aussi fondé ses déduc
est meilleur. tions sur les analyses qu'Einhof a faites de
Quelquefois, surtout dans les montagnes différentes céréales , d'après le principe que
et sur les plateaux des collines de formation les récoltes absorbent les sucs nourriciers
tertiaire, le sous-sol est composé de pierres qui contenus dans le sol en proportion directe de
ne laissent souvent qu'une épaisseur de quel lasubstancenutritivequ'elles-mémes contien
ques pouces à la couche végétale. — Lorsqu'il nent, surtout dans leurs graines. Au moyen
est composé de pierres à chaux, c'est la cir de ces deux ordres de considérations , il a
constance la plus favorable ; à la superficie trouvé qu'une récolte qui succéderait immé
de la couche, cette pierre est le plus souvent diatement et sans engrais à celle que nous
délitée et pleine de crevasses ; elle absorbe avons prise pour type, produirait7 hectol. 70
l'eau, et les racines des plantes, notamment du même grain; d où il a déduit, par une
du sainfoin et des arbres et arbrisseaux, y pé simple règle de proportion, un épuisement
nètrent très-bien. Les roches calcaires et gyp- de 40 p. 0/0 sur la première récolte. Par le
seusessontdonemoins stériles que lesautres. même procédé, il a été conduit à attribuer un
Le schiste argileux, couvert d'une légère épuisement de 30 p. 0/0 au seigle, de 25 p. 0/0
couche de terre végétale, se délite lorsque à l'orge et à l'avoine. Or, il résulte de la que
la charrue l'entame ou enlève des morceaux ; pour donner un hectolitre sur un hectare, le
on peut ainsi rendre plus profonde et amé froment consomme 3° 21 de fécondité, le
liorer la couche arable. seigle 2,34, l'orge 1,64 et l'avoine 1,18.
Le terrain qui n'a que peu d'épaisseur, et On a différens moyens de réparer le défi
qui recouvre le granit et autres roches pres cit de la fécondité, ou de l'augmenter elle-
que indécomposables, ne peut s'améliorer même, entre autres les engrais, le repos de
3u'en y transportant de la terre végétale ou la terre ou sa conversion en pâturage, et la
es déblais et démolitions pour en augmen jachère. Thaër estime qu'un chariot de fu
ter la couche. mier de 2,000 livres augmente de 2° 55 la fé
Lorsque la couche inférieure est composée condité d'un hectare; Une cherche pas d'ail
de cailloux roulés, s'ils sont suffisamment re leurs à faire exactement la part de la qualité
couverts de terre végétale, ils ne sont pas du fumierni celle de l'état de la terre. Il re
nuisibles; et même, si le terrain eslargileux, garde au contraire cette dernière condition
ils peuvent être très-utiles en procurant un comme influant directement sur l'accroisse
écoulement aux eaux surabondantes. ment de la fécondité par le repos. Selon
AGRICULTURE : SOL. LIT. I".
lui, une terre qui a 10° gagne par année 4° lorsqu'on a fixé arbitrairement un nombre
20° 6° quelconque, qui sert ensuite de mesure in
30° 8° variable, pour représenter le produit d'un
40" 10° champ), on trouve les nombres qui doivent
60° 11° représenter les deux facteurs de la richesse
60° etc. . 12° et de l'activité, dont le produit forme la fé
— De même l'amélioration par la jachère condité, au moyen de la différence des pro
est proportionnelle à la fécondité de la terre, duits que donne une même plante cultivée
au moment où elle reçoit les cultures. Thaér deux fois de suite sur le même champ , en la
estime cet effet à 10° pour une terrejqui en supposant chaque fois précédée diine ja
possède déjà 40, et il l'augmente d'un degré chère, afin que l'activité reste égale à elle-
par chaque dizaine de degré au-dessus de même; cette différence est au degré de fécon
cette limite inférieure. dité indiqué par la première récolte ce que
Au moyen de l'échelle phorométrique de l'épuisement est à la richesse. La proportion
Thaer, de môme qu'avec celles de ses suc ainsi posée donne le facteur de la richesse,
cesseurs, H est facile d'apprécier la valeur par lequel on divise le nombre des degrés de
comparative des divers assolemens, et de dis la fécondité pour avoir le facteur de l'acti
cerner celui qui épuise le moins je sol; mais vité. M. de Wulfen a donné dans la langue
le système sur lequel elle s'appuie est incom algébrique un procédé général qui sert à dé
plet. Toutes les terres ne peuvent pas se ran terminer ces deux facteurs.
ger dans une seule catégorie ; elles ne cèdent 3° La valeur numérique de l'activité doit
pas toutes les 40/100 de leur fécondité; elles toujours être une fraction de l'unité; car il
ne mettent pas toutes en action les engrais n'y a jamais qu'une portion de la richesse qui
dans la même proportion; elles ne reçoivent se transforme en fécondité, et par consé
pas toutes un même accroissement de valeur quent celle-ci est plus faible que celle-là. Le
par la jachère. Les termes de la formule doi produit de la multiplication de la richesse par
vent être également changés suivant les cli l'activité est donc toujours moindre que le
mats. Ainsi, leur valeur peut être affectée de nombre qui représente la richesse.
plusieurs variables dont les quantités fixées 4° L'épuisement du sol par les céréales est
par Thaër sont, pour ainsi dire , les coeffi- proportionnel à la quantité de matière nutri
ciens. Ainsi, par exemple, suivant M. de Gas- tive contenue dans le grain, et cet épuise
parin, il y a dans le midi de la France des ment doit être soustrait du nombre qui ex
terres qui, sans engrais et au moyen de la prime la richesse.
jachère seule qui revient tous les 2 ans, peu 5° On peut compenser la diminution de l'ac
vent produire 8 hectol. 16 par hectare; elles tivité du sol , ou produire un effet analogue à
possèdent donc 63° de fécondité, et, pour une élévation de cette activité, par de fré
qu'il puisse y avoir égalité entre les récoltes quentes cultures données au sol.
avant et après la jachère, il faut que celle-ci Dans ses estimations et ses calculs, M. de
fournisse les 25°68 dont les 8 hectol. 16 ont Wulfen parait n'avoir été guidé que par des
épuisé le sol. Or, Thaër n'aurait admis dans vues a priori el des déductions d'observations
ce casque 12°30 de restitution; ily aurait donc vagues, banales et peu nombreuses; lui-même
dans ces terrains une faculté de réparation n'a pas entrepris les expériences nécessaires
double de celle des climats où il observait ; pour confirmer la justesse de ses ingénieux
et, en donnant ces 12°30 pour coefficient à la aperçus, et pour donner à ses déterminations
formule de la fécondité croissante du sol. il le degré de précision convenable.
faudrait, pour le cas qui nous occupe, multi Mais ce qui manquait à sa théorie sous ce
plier ce coefficient par 1 en Allemagne et par rapport, M. de Voght, propriétaire du do
1,08 dans le midi de la France, pour avoir la maine de Flotbeck , près de Hambourg, s'est
vraie valeur de ce terrain. Cette distinction chargé de le suppléer, et les expériences aux
ne tarda pas à être faite. M. de Wclfen con quelles il s'est livré ont été si bien faites, si
çut que la fécondité devait résulter et des variées, si fréquemment répélées,qu'elles doi
principes nutritifs contenus dans le sol, et vent nous inspirer une pleine confiance.
de l'aptitude de ce sol à les mettre en action En adoptant le système de M. de Wulfen,
pour les approprier à la végétation. Il vit donc le propriétaire de Flotbeck y a introduit un
dans \& fécondité la résultante de la richesse changement important. Au "mot activité il a
du sol en matières organiques assimilables substitué le mot puissance, qui exprime une
par les végétaux, et de sa force ou de son ac autre manière d'envisager les faits. En effet,
tivité h les rendre susceptibles de cette assi selon M. de Wulfen, l'effet de l'activité sur la
milation, en les élaborant dans un temps plus richesse est une fécondité inférieure à cette
on moins long, et en transformant ainsi la richesse, parce que, selon lui, les substances
richesse en fécondité. C'est d'après ce point organiquescontenuesdansle sol sont les seu
de vue qu'il donna à l'agronométrie le nom les matières qui puissent fournir des princi
de statique agricole. Les ouvrages où M. de pes nutritifs aux plantes, et que leur propre
Wulfen a exposé ces idées neuves sont restés masse est toujours supérieure à celle de ces
inconnus en France; nous ne pouvons donc principes élaborés. Selon M. de Voght , au
donner à nos lecteurs qu'une idée imparfaite contraire, l'effet de la puissance sur la ri
de son système d'après le peu que les jour chesse est une fécondité supérieure à cette
naux allemands en ont dit. richesse, parce que, suivant lui, la terre a la
1° Le produit en céréales est dans un rap faculté d'absorber les fluides atmosphériques
port direct avec la fécondité du sol. qui s'insinuent aussi dans les végétaux à tra
2° Lorsque le nombre des degrés de la fé vers les suçoirs de leurs racines, soit directe
condité est connu (c'est-à-dire, apparemment, ment, soit après s'être combinés avec quel
CHAP. î'< DEGRÉS DE FERTILITÉ DES TERRES. 58
qucs-uns des élémens de l'humus. Il résul le de sance du sol par l'effet d'un engrais de même
ia que les sols qui ont le moins d'activité aux quantité et de même qualité sur ce sol, toutes
veux de l'un, ont le plus de puissance aux les autres circonstances étant exactement les
jeux de l'autre, et réciproquement que ceux mêmes.
qui ont le plus inactivité ont le moins de puis Des influences étrangères, notammentlesphér
sance, c'est-à-dire que les deux échelles sont nomènes atmosphériques, peuvent faire varier
inverses l'une de l'autre. la puissance du sol. Pour échapper autant que
Pour poiut stable de la sienne, M. deVoght possible à ces causes de trouble, M. de Voght
a prisun champ de 21 ares, qui, ayant reçu 5 a choisi comme base de son système la récolte
voitures de fumier demi-consommé, formant sur laquelle l'action atmosphérique se fait le
435 pieds cubes, avait produit 840 liv. de blé, moins sentir, savoir, le froment. D'ailleurs il
mesure de Hambourg, ou 406,81 kil. (environ lient note de la température etde son influence
•i ht'ctol. 35 lit. ) ; il a désigné celle fécondité sur les phases de la végétation; puis, combi
par le chiffre 720, terme qui a déterminé le nant ces observations avec le jugement porté
nombre des divisions dans une étendue don par les praticiens sur la productivité de l'an
née de son échelle, et qu'il a choisi parce née pour chaque espèce de plantes cultivées
qu'il croyait rapprocher ainsi sa mesure de par lui, il apprécie Je combien pour cent elle
celle de M. de Wulfen. Au moyen de cette a été 'au-dessus ou au-dessous des années
unité métrique , il pouvait désormais ap moyennes, et hausse ou baisse en conséquence
précier la fécondité relative de ses autres le chiffre de la puissance, qui, par sa multi
pièces de terre, par une simple règle de pro plication avec celui de la richesse resté le
portion, en connaissant leur produit. Parmi même, lui donne la différence en plus ou en
ces essais, il en est un qu'il faut distinguer, moins de l'année par rapport à une année
parce qu'il a servi d'étalon , de norme pour moyenne. Une seule année ne suffit pas, au
la détermination des deux facteurs de la fé reste, pour fixer irrévocablement la puissance
condité. Situé immédiatement à coté du pre du sol; il faut des comparaisons multipliées
mier, il produisit 700 livres de blé la même pour arriver à une certitude raisonnable.
année, sur la même surface de 21 ares et dans Ainsi les premières bases de la phoromé-
des circonstances du reste égales, mais sans Irie étant une fois posées, on apprécie avec
avoirété fumé.Ilpossédaitdonc600°de fécon la plus grande facilité le degré de la puis
dité. Ce point établi, on examina tour-à-tour sance quand celui de la richesse est connu,
avec soin ses propriétés physiques et chimi ou le degré de celle-ci quand celui de l'autre
ques, ainsi que les plantes qu'il produisait na est déjà déterminé ; on peut savoir avec une
turellement, et on lui assigna pour l'expres exactitude auparavant impossible à attein
sion de sa puissance le nombre 8, par la même dre, de combien on augmente la fécondité
raison qui avait fait choisir le nombre 720 par une égale quantité de fumier, sur des
pour l'expression normale de la fécondité. champs de puissance différente, et de com
Pour trouver la richesse naturelle de ce sol bien par conséquent le produit sera plus
ou la décomposition précédente des substan considérable. La phorométrie fournit par là
ces organiques qu'il contenait, il n'y avait le moyen de connaître ce qu'il faut d'engrais
plus qu'à diviser le nombre 600, exprimant à tel ou tel champ pour le faire arriver à une
la fécondité, par le chiffre 8 de ia puissance ; fécondité moyenne, au-delà de laquelle les
"ii obtint ainsi 75. effets de l'engrais deviennent plutôt perni
Le champ qui avait reçu 5 voitures de fu cieux qu'utiles. Elle nous apprend qu'il y a
mier par SI ares ayant manifesté une fécon une proportion à garder entre les degrés de la
dité de 720°, e* sa puissance étant la même puissance et ceux de la richesse, selon la
3ue celle du second champ, puisqu'il était fertilité pJus ou moins grande du sol , et se
ans des conditions identiques, si ce n'est lon l'espèce des végétaux qu'on y veut cul
celle du fumier, il en résulte que 435 pieds tiver. C'est ainsi , par exemple, qu'à Flotbcck
cubes de fumier par 21 ares ont augmenté la le colza exige 1000 degrés, et n en supporte
richesse de 15° et la fécondité de 120°; ainsi guère plus de 1200, et que par conséquent
chaque voilure de fumier a augmenté de 3° pour être cultivé avec avantage, il doit être
le facteur de la richesse. Tel est l'effet que placé sur des terres dont la puissance soit
M. de Voght attribue en moyenne à l'espèce au moins de 10°. Les pommes-de-lerre fines
de fumier qu'il emploie. exigent 800°, les pommes- de- terre commu
Si un champ ayant reçu le même engrais nes 600°, l'orge 650 à 700, la spergule 500, etc.
eût, dans des circonstances égales, produit Par des expériences continuées pendant
plus de 840 livres, 1050 par exemple, c eût été plusieurs années, M. de Voght a trouvé que
le résultat d'une plus grande puissance. Pour la production de 100 livres de froment épuise
la déterminer, on chercherait d'abord la fé 1°19 de richesse, et enlève 5 a 10 p. 0/0 de la
condité que supposent 1050 livres propor puissance ; que le seigle exerce le même effet
tionnellement à 840 livres; on diviserait en sur la puissance, mais qu'il épuise la fécon
suite les 900" trouvés par 90, nombre qui ex dité de tO p. 0/0 "de moins; que l'orge épuise
prime la richesse dans ce cas, et l'on trouverait la richesse à l'égal du seigle , et l'avoine à l'é
10° de puissance. Si avec la même quantité gal du froment; que, néanmoins, les grains
d'engrais il produisait moins de 700 livres de de printemps ne détériorant pas le sol, la fé
blé, qui ne supposent que G00° de fécondité, condité n'est diminuée que de l'épuisement
ce serait dans l'abaissement de la puissance de la richesse ; que le sarrasin rend à la puis
du sol qu'il faudrait chercher la cause de sance ce qu'il enlève à la richesse; que les
l'abaissement du chiffre d% la fécondité, et vesces et la spergule produisent le même ef
l'on y parviendrait par un procédé analogue, fet, ou même peuvent quelquefois ajouter à
test ainsi que M. de Voght a mesuré la puis- la puissance et à la richesse ; que le colza
54 AGRICULTURE : SOL. tlY. I*
épuise la richesse de 1° 60, tandis qu'il élève même en peu de jours, devinrent de la hau
la puissance de 5 p. 0/0; que lespommes-de-terre teur d'un pouce et demi, et parurent croître
enlèvent 1/10 de degré à la richesse, mais plus vigoureusement que dans le sable de
qu'elles rendent 1 1/2 à 2 p. 0/0 à la puissance; quartz; mais les tiges se flétrirent et séchèrent
enfin, que la troisième coupe du trèfle, enter par un temps chaud.
rée de 3 à 6 ponces, augmente la puissance Dans la glaise maigre, les semences germè
de 5 p. 0/0 et la richesse de 6 à 12°. Au moyen rent bien ; il se développa une radicule et une
de ces données,ilesl facile de calculer l'aug plumule d'une ligne et demie ; mais elles
mentation ou la diminution de la fécondité moururent avant d'avoir percé la surface de
selon l'état préexistant de ses deux facteurs. la terre, qui se couvrait d'une croûte serrée;
Malgré ses immenses travaux, M. de Voght les germes paraissaient être trop faibles ponr
n'a pu arriver à un ensemble systématique de se faire jour au travers de cette croûte.
faits généraux et constans; car chacune de Dans la glaise grasse on observait la même
ses données devra subir, dans les différentes chose, mais à un degré plus fort; la radicule
localités, une correction dépendant de la et la plumule ne parvenaient pas à une ligne
différence du climat et môme du sol ; mais il de longueur, et mouraient bientôt.
a établi, sur de solides fondemens, une mé Dans la terre argileuse plastique, le déve
thode dont l'adoption procurera aux agri loppement était moindre encore que dans
culteurs tous les avantages attachés à la pré les précédentes.
cision et à l'exactitude, et qu'il serait inutile On ne pouvait plus remarquer aucune ger
d'énumérer. mination dans l'argile exemple de sable; les
Pour la compléter, M. de Voght a dressé semences, pendant quinze jours, y restèrent
une tabledestinée hfaciliter, dans les pays où sans développement, soit que la terre fût
l'agriculture est le plus avancée, l'applica mouillée ou sèche, à l'ombre, ou au soleil.
tion de l'échelle phorométrique à l'apprécia Cette argile formait une masse très-ferme et
tion des récoltes exprimées parles poids et très-consistante.
les mesures de ces pays. Pour connaître ce Les mêmes graines qui paraissaient mortes,
qu'un champ, de quelque fécondité que ce mises dans une terre arable ordinaire, ger
soit, peut produire : mèrent en quelques jours, et poussèrent de
D'hrclollt. par hectare en France, dirirei le degré de fécondité par j8,56 belles tiges.
Bu»h< Il • acre. Angleterre ) ■.'j': Dansle carbonate dechaux,lesgraines ger
Vierlkl. . blinder, Brananl i5,6i
filutl. . . jurharl. Suiase (Berne) 140,07 maient en peu de jours; leurs tiges parve
Melxen. . joch. , Autriche 34,66 naient à une hauteur considérable; beaucoup
SchefTcl. . inorgen. Pruiae Co,.l
Tonne mesure, tonno areal.Holilein 7» de petites racines se formaient, et parais
Tcbelrert, drtialtne. Ruaaie Eo,uo saient parfaitement saines.
Réciproquement, pour remonter du pro Dans la magnésie carbonatée, les graines
duit exprimé en mesures locales de superfi germaient bien aussi en peu de jours, parve
cie et de capacité, on le multiplierait par le naient vite à une hauteur considérable, et les
nombre indiqué pour chaque pays; de cette plantes étaient d'une belle couleur verte et
manière la table phorométrique, désignant pleines de suc.
purement et simplement le rapport du pro Elles poussaient dans l'humus de la même
duit à la faculté productive, ne fait rien pré manière que dans la magnésie.
juger sur les circonstances dont celle-ci dé Les semences confiées a la terre de jachère
pend , et rend ainsi inutiles des descriptions et à la terre arable germaient et se dévelop
toujours plus ou moins vagues. Son adoption paient bien; seulement les plantes parais
introduirait plus d'uniformité dans la langue saient croître moins vile que semées dans
agricole. J. Ytjkg.^ l'humus et dans la magnésie; ce qui résulte
sans doute de la grande proportion d'eau
Section vu. — Fonctions des sols dans la vé que retiennent ces dernières substances, et
gétation. de leur porosité, qui permet aux plantes d'ê
tre en contact avec l'atmosphère.
De la germination des graines et de leurpre Ces résultats montrent que la porosité et
mier développement dans les substances ter l'humidité des terres sont deux des condi
reuses. —Pourobserver l'influence diverse des tions les plus indispensables pour la végéta
substances que renferment les sols sur la tion, et que l'argile pure a une influence nui
germination, on en mil des quantités égales sible moins par sa grande faculté de retenir
dans des vases d'une égale capacité , d'un l'eau que par sa grande ténacité et sa consis
pouce et demi de profondeur et de qua tance , enfin, parce qu'elle oppose mécani
tre pouces carrés de surface, exposés à l'air quement des obstacles au développem«nt de
au mois de juillet, de manière h ce qu'ils pou- la jeune plante, et qu'elle la prive du con
vaientparuntempssereinrecevoirnuitiineuf tact de l'air, indispensable à la végétation.
heures la lumière du soleil. On les arrosa On peut conclure, des données qui précè
tous en même temps, et tmssi souvent que dent, que les sols servent essentiellement:
l'eau de la pluie ne paraissait pas suffisante. 1° A offrir aux graines les conditions d'humi
L'arrosage de la terre arable ordinaire ser dité, de température, de présence d'oxigène
vait de guide, y ayant mis des grains de fro qui déterminent la germination;
ment de la même espèce. 2° A présenter des interstices dans lesquels
Dans le sable quarlzeux,les graiues germè les radicules et les plumules puissent s'insi
rent en peu de jours; les tiges prirent la lon nuer, et que les racines, les tubercules et les
gueur d'un pouce, mais se flétrirent et séchè tiges puissent ensuite élargir, afin de se dé
rent rapidement par un temps d'été. velopper graduellement en assurant à la
Dans le sable calcaire, elles germèrent de plante une sorte de scellement ou de base
( hip. r. MOYENS D'APPRÉCIER LES QUALITES DES SOLS.
solide qui la fasse résister aux efforts de l'air I L'aspect particulier aux sols trop argileux,
agité et de quelques autres agens extérieurs; J pu trop sableux, ou meubles et offrant les
3" Aconduirc l eau, les solutions alimentaires conditions physiques utiles, se dénote en gé
tl stimulantes vers les extrémités spongieuses néral très-bien après le labour et le 1er her
des racines qui les entraînent dans les con sage. Ainsi la terre argileuse humide reste en
duits séveux, au fur et à mesure que les mottes ou tranches consistantes, comme l'in
feuilles et les parties herbacées exhalent dans dique \afig. 37, et-en sillons informes.
l'atmosphère l'excès d'humidité;
4° Et réciproquement, le sol reçoit en réserve
l'humidité atmosphérique condensée par les
feuilles, et qui compense la déperdition trop
considérable éprouvée durant les séche
resses ;
S" A emmagasiner, durant la journée , la
dialeur des rayons solaires pour rayonner la Le sol sableux est alors, au contraire, pul
chaleur à son tour, pendant les nuits, en plus vérulent, en grains sans adhérence, offrant
grande abondance qu'elle n'en reçoit alors : à peine des traces de sillons, comme on l'a
c est ainsi que se forme un milieu tempéré, indiqué dans \a_fig. 38.
dans lequel les plantes sont soustraites à de Fig. 38.
trop brusques variations de température;
5° A entretenir l'excitation électrique qui
contribue au développement des plantes;
7° Kfournir à l'eau de très-minimes parties
de sa propre substance, et notamment de sels
calcaires qui , ne pouvant suivre l'eau lors Le sol meuble et la terre bien amendée,
qu'elle se volatilise dans l'air, restent inter contenant des débris organiques, offrent,
posés dans le tissu des végétaux; dans les mômes circonstances, une forme
8° A offrir aux détritus végétaux, restés moins pulvérulente; ses parties adhèrent lé
après les récoltes, et aux divers autres en gèrement entre elles, en sorte que les sillons y
grais organiques répandus à dessein, les cir restent largement tracés, comme on le voit
constances d'humidité et de chaleur qui fa- dans la fig. 39.
'orisentleur décomposition, en même temps Fig. 39.
que la porosité du sol retient une partie des
gaz nourriciers résultant de cette altération
spontanée.
On voit par ces données, conformes à la
théorie comme à la pratique , que l'épuise
ment du sol n'est jamais à craindre toutes les
fois que l'on peut lui rendre la faible propor En décrivant plus haut les propriétés phy
tion d'amendemens, de slimulanset d engrais siques les plus importantes, nous avons donné
que les récoltes lui enlèvent, et que les ja- les moyens de les constater.
<here$ peuvent être supprimées dans toutes A. Payen.
les localités qui ne seront pas inaccessibles
aux agens de la fertilisation. § II.—Par l'inspection des végétaux qui croissent
spontanément sur le sol.
Section vin. —Moyens d'apprécier les qualités
Cette partie de nos connaissances est en
des sols. core fort peu avancée , et probablement elle
Les propriétés et l'apparence physique peu parviendra difficilement au degré d'exacti
vent servir très - utilement à apprécier les tude et de précision nécessaire pour qu'on
qualités des sols ; nous citerons aussi les in puisse lui accorder la confiance que méritent
dices que l'on peut tirer des plantes qui crois les analyses. Depuis que Linné en a réuni
ant spontanément]!; enfin nous indiquerons les premières notions, plusieurs botanistes
les réactions chimiques qui permettront de et agronomes y ont joint le fruit de leurs ob
faire facilement l'analyse des terres. servations; mais, à mesure que l'on recueil
lait des faits, les exceptions se présentaient
h Ier.—Par l'aspect et les propriétés physiques. en plus grand nombre.
La sécheresse, l'humidité, la hauteur des
Une terre brune ou de couleur jaune, et sols, les abris- et l'ombrage ont une si grande
divisée, offrira les V" indices de fertilité. A influence sur la station des plantes, que la
quelques centimètres, elle devra être assez nature même de la terre semble perdre tout-
humide et tenace pour s'agglomérer sous la à-fait la sienne vis-à-vis de beaucoup de vé
pression des mains, et redevenir pulvéru gétaux. Ainsi, une terre peu élevée au-dessus
lente ou facilement divisible entre les doigts. du niveau de la mer produit des plantes fort
Au 1" aspect, on peut souvent reconnaître différentes de celles qui croissent sur une
uasolde mauvaise nature, lorsque, par exem terre de même nature, mais placée à quel
ple, les parties sableuses ne contractent au ques centaines de toises plus haut. Si un sable
cune adhérence entre elles, ou qu'au con sec et aride, qui produit à peine quelques
traire, fortement plastiques, elles présentent Bruyères, quelques Véroniques et quelques
" très-larges crevasses durant les sécheres- Canches, vient à recevoir une humidité per
ses,ou se couvrent d'eau pendant les pluies, manente, ces plantes disparaîtront pour faire
el adhèrent très-fortement aux pieds comme place à des Laiches, à des Scirpes, des Scro-
11 tous les ustensiles aratoires. I p hulaires, des Lysimachies, des Linaigrettes,
56 AGRICULTURE : SOL.
même à des Saules et des Peupliers. Quand Des considérations d'un autre ordre nous
on abat une forêt, non seulement les petites amènent encore à n'accorder qu'une faible
plantes qui croissaient sur ses lisières dispa importance à la connaissance de la nature
raissent, mais il en -vient d'autres à la place de la terre où croissent spontanément les
de la forêt même, et qu'on n'y avait jamais plantes que nous voulons introduire dans nos
Tues. cultures. Dans les terres légères, les racines
D'un autre côté, il y a beaucoup de plantes se multiplient aux dépens de leur grosseur et
qui, par la simplicité de leur organisation, de leur longueur; dans les terres substan
s'accommodent de terresfort différentes. Ainsi tielles, mais perméables, elles grossissent et
M. De Cakbolle observe que les montagnes s'alongent aux dépens du nombre. C'est au
granitiques des Vosges, et les montagnes cultivateur à savoir quelle est celle de ces
calcaires du Jura, nourrissent presque toules deux modifications qui lui est le plus utile
les mêmes plantes. Ce célèbre botaniste dit pour faire choix de la terre. C'est surtout a
même « qu'il ne saurait trouver un seul vé l'égard des racines alimentaires que nous de
gétal qu'on puisse affirmer n'avoir été trouvé vons donner, aux plantes qui les produisent,
que dans des terrains calcaires ou que dans une terre plusricne en parties nutritives que
des terrains granitiques,» et déjà il avait re celles où elles croissent naturellement, puis
connu que la nature de la terre n'a qu'une qu'il n'y a pas d'exemple que la nature nous
très-faible influence sur l'habitation générale les donne toute seule aussi grosses et aussi
des végétaux ; mais il en accorde une très- succulentes que quand nous les cultivons
grande : 1° à la température, qui est déter dans une terre que l'expérience a appris leur
minée par la distance de l'équateur, la hau convenir.
teur au-dessus de la mer, et l'exposition au Les produits végétaux sont généralement
sud et au nord ; 2" au mode d'arrosement, qui de meilleure qualité dans une terre légère
comprend la quantité plus ou moins con que dans une terre forte; mais on doit attri
sidérable d'eau qui peut arriver à la plante, buer cette supériorité à la juste proportion
la manière plus ou moins rapide dont cette d'humidité que retient la terre légère , et a la
eau peut se filtrer au travers du sol, les ma facilité qu'elle offre à l'air de la pénétrer. Si
tières utiles ou nuisibles à la végétation de on la rend aquatique, ses produits perdent
telle ou telle plante, qui sont dissoutes dans de leur qualité; si on la dessèche outre me
l'eau ; 3° au degré de ténacité ou de mobilité sure, il n'y croit plus rien. Donc, la nature de la
du sol. terre est tellement maîtrisée par la tempéra
A ces considérations générales, j'ajouterai ture, la sécheresse et l'humidité, que, quoi
que, dans un ouvrage de la nature de celui- que indispensable à la végétation, son in
ci, il est bien plus question de chercher à fluence sur le développement d'un végétal
donner aux végétaux une terre propre à leur plutôt que d'un autre n'est pas aussi grande
faire prendre le plus de développement pos qu'on se l'imagine généralement. ,
sible et toutes leurs qualités, que d'examiner Je suis loin cependant de vouloir dire
Celle où ils croissent spontanément; car un que l'étude des différentes sortes de terre
grand nombre de plantes sont plus parfaites que les plantes paraissent afTecter dans leur
dans nos cultures que dans leur station na station naturelle doive être négligée par le
turelle. Voyez le Trèfle, la Chicorée sauvage, cultivateur; j'ai seulement voulu montrer
la Laitue vivace le long de nos chemins; la que jusqu'ici cette étude n'a encore offert que
Carotte dans les clairières et dans les prés peu de ressources à l'agriculture. Pour en ti
secs; le Houblon dans nos haies: et considé rer tout le parti possible, il faudrait, je crois,
rez ensuite ces mêmes plantes dans nos cul la combiner avec la température et le degré
tures! à peine pourrez-vous les reconnaître d'humidité et de sécheresse dont elle est ha
tant elles y gagnent en volume et en perfec bituellement affectée chaque année. Alors
tion. Le Tussilage {Tussilago Jar/ara), qu'on celte étude deviendrait compliquée; on ne s
ne trouve à l'état sauvage que dans l'argile bornerait plus à dire: telle plante croit spon
presque pure et noyée d'eau pendant l'hiver, tanément dans telle terre, mais on ajoute
prospère à merveille transplanté en terre rait : sous l'influence de telle température,
calcaire dans nos jardins. Le Salsifis des prés de telle lumière, à telle hauteur, à tel degn
humides, pressé de toutes parts par les herbes d'humidité ou de sécheresse. Ce travail n
à foin, développe une végétation luxuriante tant pas fait et ne pouvant se faire que par
cultivé en plante sarclée. Des végétaux même l'observation dnrant une suite de plusieurs
que la nature ne fait croître que dans des années, je suis obligé de suivre le sen tR
lentes de rocher, tels que le Figuier, le battu, et de me borner à présenter ici le ta
Rhododendron, deviennent vingt fois plus bleau des plantes qui croissentspontaneine i
grands et plus fertiles en bonne terre dans dans chacune des principales sortes de l?rr
nos cultures que dans leur station naturelle. sur le sol de la France. Si d'un côté j'en ajou^
Je n'ai jamais trouvé le Unis nain à l'état sau quelques-unes aux listes déjà publiées,
vage que dans des terres argiio-calcaires , et l'autre j'en élimine un certain nombrei no ^
pourtant il prospère dans tous les jardins, la station ne me parait pas aussi limi tee •
telle ou telle nature de terre que les çou •
quelle que soit la nature de la terre. Dans le
Périgord, la terre où 'Croissent les Châtai borateurs du dernier Cours complet d ag
gniers ne ressemble p is à celle où ils crois culture l'ont pensé. _ .. s
sent dans la forêt de Montmorency ni dans La première ou les deux ou trois pt"emlv\,
le bois de Meudon. J'ai trouvé en Virginie plantes de chaque section sont celles l1".^
plusieurs espèces d'Andromèdes en terre montrent les premières de leur section
grouéleuse et granitique, que nous ne pou que la terre qui leur est propre a subi as _
vons faire vivreiciqu'eu terre dite de bruyère. de mélange pour que la végétation pu"
crTM,. g, ANALYSE CHIMIQUE DES SOLS
commencera s'y établir (car, tant que l'ir Mcnllie poivrée. Obier.
rite, la silice et le calcaire restent purs, il n'y Epilobc (deux espèces). Spirée Sciophulairc aquatique.
Lytbrc salicaire. ulmaire.
a guère de végétation possible), cl les doux Et beaucoup d'autres. Menthe aquatique.
oirilrois dernières indiquent (|ue la terre se Jonc (plusieurs espèces).
/I Dans l'eau une partie de
trouve déjà assez mélangée pour que la plu l'année seulement. Linaigrettc (deux espè
part des cultures puissent y prospérer. Ainsi ces).
le Tussilage est donné comme exemple de la Saule (beaucoup d'espè Laiche ( plusieurs espè
ces). ces).
plante qui se montre la première dans l'ar- Pcupliel*( plusieurs es
gile encore presque pure, et la Chicorée sau Et beaucoup d'autres.
pèces ).
vage comme exemple de celles qui ne s'y ren Eupatoire d'Avieenne. POITEATJ.
contrent que lorsque l'argile est assez mélan
ge de silice, de calcaire, ou enfin de terreau, § III. — De l'analyse chimique des sols.
pour que beaucoup d'autres plantes puissent Les sols ou terres dans lesquels les végé
y croître également. taux se développent et croissent varient con
I. Terrains argileux. Genêt sagitté. sidérablement dans leur composition ou dans
bouleau enimmin. les proportions des différentes substances
Tussilage pas-d'âne. Châtaignier commun: qui les constituent. Ces substances sont de
Laitue Tireuse.
Sureau jèble. certams mélanges ou combinaisons de quel
V. Terrains ombrages (i). ques-unes des terres primitives, de matières
Lotirr eorniculé.
Orobe tubéreux. Lauréate commune. animales ou végétales en état de décompo
tflMtit traçaHte. Cornouiller sanguin. sition , et de certains composés salins. Parmi
Cnicorée snuïage. Paturiu des bois.
Brome géant. les premières l'on trouve la silice, Yalumine,
II. Terrains argila-enl- Stellaire d*s bois. la magnésie, la chaux, le peroxiile île jer et
enires. Mélique uniflorc. quelquefois le pero.ride de manganèse, et an
Anlbyllidc vulnéraire. t'ervenclie grande. nombre des derniers l'on compte le carbo
rotentillc auserine. Viorne maneienne. nate ele chaux (craie), le sulfate, de chaux
— nuipantc. Géranion robertin. (gypse), le phosphate ele cheiux, quelquefois
'■irlupii; bleue. Mélampjrc des bois. le sulfate de. potasse et le nitrate de la même
Laitue maces Euphorbe des bois.
Sainfoin cultivé. Jacinthe des bois. base.
Cnondrflie joncéc. Pédiculaire des bois. Les substances que nous venons de signaler
Frêne commun. Anémone sylvie. comme se rencontrant le plus ordinairement
III. Terrains calcaires. Lierre de bacchus. dans la composition des terres propres à la
Lierre tprrestrc. culture des végétaux, retiennent l'eau avec
P.runctle à grandes fleurs. Mosehatelinc commune.
Bourage saxifrage. plus ou moins de force ; elles existent en
Muguet des bois.
i>rmandréc petit chêne Mélite à feuilles de Mé proportions très-diverses dans les différens
l'otcntille printanierc. terroirs, à l'état de sable siliceux, d'argile
Seslcric bleuâtre. lisse.
Pulmonaire officinale. et de terre calcaire; et c'est pour en déter
Globulaire commune. Sanicle d'Europe. miner les quantités et découvrir leur mode
Noisetier commun. Mercuriale vivace. d'union, qu'on soumet ces terres aux expé
IV. Terrains sablonneux Circée parisienne. riences de l'analyse.
Jasione des montagnes, Kcnoite commune. En général, lorsqu'on examine un sol sté
tljme Aes sables. Aspérule odorante, rile dans la vue de l'améliorer, il faut, si cela
Staticc des salîtes. balsamine des bois. est possible, le comparer avec un sol extrê
Laiche des sables. Laiche (plusieurs espè
Roieau des sables. ces). mement fertile, voisin du sien, et dans une
Fléole des sables. Verge d'or des bois. situation semblable ; la différence que pré
Saule des sables. Chèvrefeuille des bois. sentera l'analyse de ces sols indiquera les
Sabline pourpre. Luzulc printanierc. procédés d'amélioration à apporter. En effet,
— à feuilles menues. Froment des bois. si le sol fertile contenait une grande quantité
Unche naine.
— blanchâtre. VI. Plantes plus ou moins de sable ou de silice, en proportion de ce qui
Iftuquc rouge. aquatiques. existe dans le sol stérile, le procédé consis
Drare printanierc. terait simplement à en fournir à ce dernier
A Dans l'eau toute Cannée.
Orpin acre. une certaine quantité, ou bien à ajouter de
— blanc. Macre. l'argile ou de la terre calcaire si ces deux
Liste helianthême. Eétuquc flottante. dernières terres étaient en quantité insuffi
— moucheté. Laiche ( plusieurs espè sante.
Anémone pulsatille. ces). Il importe de prendre des échantillons de
Oseille petite. Scirpe ( plusieurs espè
Agrostide des vents. ces ). la terre du champ qu'on veut examiner, eu
Uroniquecn épi. Souchet (deux espèces) . différens endroits , à 6 ou 7 pouces de pro
Saxifrage tridactyle. Nénuphar (deux espèces). fondeur, et de les bien mêler ensemble ; car
lilago des champs. Renoucule(dcux espèces). il .arrive quelquefois que dans les plaines
OCillet annerie. Roseau à balais. tout le sol supérieur est de la même espèce,
— des chartreux. Massette ( deux espèces ). mais dans les vallées et le voisinage des ri
Spergute des champs. Uciijanthe à trois feuil vières il y a de grandes différences.
calicinale. les.
vulgaire. Les bornes dans lesquelles nous devons
Gratiole officinale.
M»U i jaune. lïutome à ombelle. renfermer cet article, et le but pratique de
m cornfcde-ccrf. Flcchière. cet ouvrage, nous forcent de décrire d'une
Wranion sanguin, plantain d'eau. manière très-succincte les procédés les plus
t-enet d'Angleterre. Vérouiquef trais espèces) exacts en môme temps que les plus simples.
(1) Quoique ce soit plus en vertu de l'ombre qu'en vertu du terrain que plusieurs plantes croissent
wus bois plutôt (pie dans les plaines découvertes, j'en citerai cependant ici quelques-unes ; je relaterai
mêmedans une section à part plusieurs plantes plus ou moins aquatiques, plutôt pour ne pas rétrécir le
«dru tracé par mes prédécesseurs, que par conviction d'utilité dans un ouvrage delà nature de celui-ci.
ageicultuhe, 8" livraison, I. — 8
58 AGRICULTURE : SOL. trv. Ier.
La proportion d'humidité peut être évaluée La portion du précipité insoluble dans la
en desséchant un poids connu de la terre potasse ne contient plus que le peroxide de
à analyser, et en ayant soin de ne pas dé fer et le carbonate de chaux; on les redissoul
composer les substances organiques qui s'y dans l'acide hydrochlorique, et, en ajoutant
trouvent. ensuite de l'ammoniaque, le peroxide de fer
Après cette détermination, on séparera les est isolé de la chaux, qui reste dans la liqueur
graviers et pierres , on les pèsera, et on s'as surnageante, et qu'on précipite à son tour
surera de quelle nature ils sont au mayen de par une solution de carbonate de potasse.
l'acide hydrochlorique ou ni trique; ils seront Chaque principe séparé par la méthode
dissous avec effervescence s'ils sont formés indiquée doit être fortement calciné et pesé ,
de craie (ou carbonate de chaux), et reste afin de connaître dans quel rapport il se
ront insolubles si c'est la silice qui en fait la trouve dans l'échantillon de terre soumise à
base. l'analyse.
Les sols, outre les graviers et les pierres De l'humus et de sa composition. — On a
qui y sont mélangés en quantité variable, donné le nom d'humus au résidu que forme
contiennent une plus ou moins grande pro le détritus de la décomposition plus ou
portion de sable fin, dont on peut opérer la moins avancée des substances organiques
séparation en agitant la terre quelque temps exposées au contact de l'air. Ce résidu noi
dans l'eau. Le sable, plus lourd , se précipite râtre, en raison de son aspect terreux, est dé
en moins d'une minute; on le recueille dans signé encore sous le nom de terreau végétal
un vase par décantation, et après l'avoir séché ou animal, suivant qu'il provient des subs
on le pèse. Saflature est aussi facile à recon tances végétales ou animales ; il fournit à
naître par un acide que celle des graviers. l'agriculture, un engrais excellent et parait
Les parties terreuses les plus ténues, et la agir dans l'acte de la végétation, non seule
matière animale et végétale, moins pesantes ment par les principes solubles salins qu'il
que le sable, restent plus long-temps en renferme, mais encore par la propriété qu'il
suspension dans l'eau. On filtre la liqueur à a, suivant les observations de MM. Théodore
travers un papier pour les séparer. de Saussure et de Humbolt , d'absorber par
Quant à reau qui a servi à cette opération, son carbone une certaine quantité d'oxigène
elle contient les matières salines et les ma à l'air, et de produire du gaz acide carboni
tières organiques solubles, s'il en existait dans que qui, décomposé par les plantes, devient
la terre ; on l'évaporé à siccité dans une pour elles im de leurs principaux alimens.
capsule pour peser le résidu et l'examiner à Les recherches entreprises par M. Théo
pari. dore de Saussure ont démontré que le ter
La matière divisée du sol, séparée par la reau végétal contenait une très-petite quan
filtration, est la plus importante à connaître; tité de matière extractive soluble dans l'eau
elle renferme ordinairement des débris de et l'alcool , mais qu'il était presqu'entière-
matière organique, de la silice, de l'alumine, ment formé d'une matière brune noirâtre,
du peroxide de fer, du carbonate de chaux soluble dans les solutions alcalines, et ayant
et parfois du carbonate de magnésie. On en les caractères de ïulmine; et que, à poids
calcine au rouge blanc une portion dans un égaux, il contenait plus de carbone et d'azote,
creuset, pour connaître le poids de la ma et moins d'hydrogène et d'oxigène que les
tière organique par la perte de poids éprou ^végétaux qui l'avaient fourni.
vée; mais comme une partie de cette perte est Bien que la composition des terreaux se
due aussi à l'acide carbonique qui provient rapproche en général de celle que nous avons
du carbonate calcaire, on estime la quantité présentée, elle varie suivant la nature de la
de celui-ci par la perte qu'éprouve un autre substance organique qui les produit.
poids de terre en la dissolvant dans une Principaux ustensiles employés dans l'ana
quantité connue d'acide hydrochlorique fai lyse chimique des sols. — Tous les réactifs que
ble ; soustrayant alors ce dernier poids de nous avons employés pour l'analyse des ter
celui qui exprime la pâte par la calcination , res se trouvent à très-hon marché chez tous
ou a celui de la matière organique. les pharmaciens. — Les ustensiles ou vases
Le résidu de la calcination est traité par nécessaires pour l'exécution des différentes
l'acide hydrochlorique bouillant dans un opérations que nous avons rapportées plus
petit ballon de verre ; tous les oxides sont haut, ne sont également ni nombreux, ni
dissous, à l'exception de la silice, qu'on re dispendieux. Fig. 40.
cueille sur un filtre, et qui, après avoir été Ce sont : {figure 40 )
bien lavée à l'eau distillée chaude, doit être capsule en porcelaine A
calcinée avant d'en prendre le poids réel. sur son fourneau pour
La dissolution hydrochlorique est préci dessécher un poids dé
pitée par une solution de bi-carbonate de terminé de terre , et
potasse. Le peroxide de fer, l'alumine et la connaître la propor
chaux sont séparés, tandis que la magnésie tion d'eau qu'elle ren
reste dans la dissolution filtrée et peut en ferme.
être retirée en la faisant bouillir. (Figure 41) Grand vase _^
Le précipité formé par le bi-carbonate de cylindrique en verre pour séparer par ilecan-
potasse est recueilli par décantation ou fil l.ition dans l'eau le sable de la partie fine
tration ; on le met encore humide avec une de la terre.
solution de potasse caustique, et on l'ait ( Figure 42 ) Petit matras en verre, ou
bouillir pour enlever l'alumine, qu'on sépare ballon sur son fourneau pour traiter la terre
ensuite de celte solution alcaline par une par l'acide hydrochlorique, afin de dissoudre
solution d'hydrochlorate d'ammoniaque. tous les priucipes solubles dans cet acide.
CHAP. 3e. ÉTUDES PRÉLIMINAIRES. 59
( Figure 43 ). Creu Fig. 42.
set et son couvercle Fig. 44.
en porcelaine, ou en
terre fine, pour cal Fig.41 Fig. 43.
ciner les différens pro
duits extraits par l'a
nalyse.
( Figure 44 ) Coupe
d'unjourneau ordinai-
/■p,dans lequel le creu
set est disposé au mi
lieu des charbons pour
une calcination au
rouge obscur.
J. Lassaigne.
N
CHAP. 3e. AMENDEMENS STIMULANS : CENDRES. 75
d.int elles doivent être mises sèches sur des bois bitumineux plus ou moins décomposés*
sols bien e'gouttés. On les emploie en engrais L'étude de ces diverses substances les fait
superficiels ou enterrés; la dose doit être dou regarder par les géologues comme une va
ble quand on les enterre; jointes au fumier, riété de ligniles d'une formation postérieure
elle forment un corn post'd' excellente qualité. à la craie, contemporaine de l'argile plasti
12 tombereaux de tourbe fournissent en quent antérieure a la formation au calcaire
moyenne un tombereau de cendres; pour grossier des environs de Paris.
produire 40 hectolitres, engrais nécessaire à
un hectare, il faudrait donc 100 tombereaux
de tourbe.
Pour brûler la tourbe, en Allemagne, on a
une grille de fer {fig. 50), sous laquelle on
Fig. 60.
placedubois; sur la grille on met des tour Lorsqiïon entasse ces cendres, au bout
bes sèches, et sur les dernières des tourbes d'une quinzaine de jours elles s'échauffent,
humides; on entretient la combustion de s'enflamment même, subissent une combus
manière à la faire durer le plus long-temps tion lente; la surface se couvre d'efilores-
possible, parce que l'expérience a démontré cences en forme de petits cratères. La com
que les cendres , de tourbes brûlées lente bustion dure de 15 jours à un mois; le mon
ment sont meilleures. ceau exhale une forte odeur sulfureuse ;
Cependant, disons qu'il est toujours bien pendant le jour on voit à la surface une va
regrettable qu'un combustible propre à tant peur légère, mais la nuit on aperçoit une pe
d'usage» perde sa chaleur sans aucune uti tite flamme. Après cette combustion les
lité, quand de toutes parts les arts du tuilier, cendres se vendent sous le nom de cendres
du chaufournier, du potier et l'économie do rouges, et leur effet est presque doublé : on les
mestique paient chèrement les combustibles. emploie à dose moitié moindre.
• Heureux le pays qui brûle sa mère ! » Ce Depuis trente ans que je n'ai vu les extrac
proverbe, né dans les pays que l'exploitation tions des environs de La Fère, l'usage de ces
de la tourbe a enrichis, devrait être une cendres s'est beaucoup multiplié. A cette
;rande leçon pour les pays de France où elle époque, les cultivateurs du départ, du Nord ve
se trouve' en grande quantité, et ces pays naient en grand nombre, quelquefois de 20
sont nombreux. Partout donc où se trouve lieues, charger leurs immenses voitures de
de la tourbe facilement exploitable, sans cendres pyriteuses dans leurs divers états; ils
qu'on l'emploie ni dans l'agriculture ni dans avaient cependant déjà trouvé sur leur sol les
les arts, on laisse enfoui un trésor d'où pour cendres noires de Sarspoterie. Ces cendres
rait naître la prospérité et la richesse du pays. sontà une assez grande profondeursous terre ;
elles sont employées particulièrement par
5 III. — Des cendres pyriteuses ou cendres noires, l'arrondissement d'Avesnes dans lequel elles
cendres rouges. se trouvent; l'arrondissement de Cambrai
continue à s'approvisionner en grande par
Ces cendres , qui servent à la fabrication tie de cendres de Picardie, dont il n'est
de la couperose ou sulfate de fer, et de l'alun pas beaucoup plus éloigné, et auxquelles on
ou sulfate d'alumine, se trouvent dans un trouve plus d'énergie. Les Flamands ont,
pond nombre de lieux du nord de la France, en grande partie, remplacé les cendres de
a plus ou moins de profondeur dans le sol ; Hollande, cendres de mer, par les cendres
dans le départ, de l'Aisne, elles sont souvent pyriteuses ; cependant quelques cultivateurs
prés de la surface; celles de La Fère n'en sont préfèrent encore l'emploi des premières ,
pas à plus de six pieds. Le lignite y est en quoique plus chères. Les cendres pyriteuses
général recouvert {fig. 51) : 1° d'une couche leur revieunent en moyenne à 3 fr. l'hecto
d'argile : 2° d'un banc de coquillages fossiles; litre, et ils en emploient de quatre à six par
y d'une formation de grès arénacé, tantôt en hectare sur les prairies et pâtures : sur les
roches, tantôt friable. On extrait cette subs prairies artificielles la dose est un peu plus
tance sous la forme d'une poudre noire,dans la forte. On ne les emploie sur les prairies et
quelle on rencontre souvent des coquillages, pâtures que dans les arrondissemens de Cam
des débris végétaux de différente nature, des brai et d'Avesnes, mais dans touson en amende
76 AGRICULTURE AMENDEMENS. LW.r*.
les prairies artificielles ; c'est l'amendement Les Flamands qui emploient ces cendres
pour lequel les Flamands font les plus fortes sur les prairies artificielles sont loin de s'en
dépenses. Ils les emploient aussi pour les ré f)laindre; pour leurs terres labourables, ils
coltes de printemps, et particulièrement pour es mettent en compost avec la chaux et ne
les graines légumineuses ; mais alors la dose les emploient que tous les quatre ans sur
employée n'est guère que de moitié. Elles se leurs prairies et pâtures. La culture flamande
mettent sur les récoltes de printemps au mo peut donc encore, [sur ce point, servir de
ment de la semaille, et sur les trèfles, prairies modèle à celle de leurs voisins.
et pâtures, dès le mois de février; plus tard
dans la saison, on craindrait que leurs prin § IV.— Engrais de mer, sable, vase ou limon de mer;
cipes solubles ne vinssent à agir trop active tangue, cendres de Varech.
ment sur le sol, si avant les chaleurs elles
n'avaient pas subi les pluies de printemps. Tous ces divers amendemens que la nier
L'usage de ces cendres donne le moyen d'a offre à ses riverains sont à la fois calcaires
voir des prairies productives sans fumier et et salins; leur effet est grand, mais ne se pro
sans arrosemens; il suffit de les y répandre duit pas sur toutes les nuances de terrain.
tous les quatre ans. Ces amendemens stimulans n'agissent pas,
Le départ, de l'Aisne (1) et les départ, envi- selon nous, sur les laisses de mer, ni sur les
ronnans en font aussi un grand usage ; on les sols qui lui doivent leur formation depuis
y a cherchées avec soin, et l'on en a trouvé les temps modernes, mais principalement
dans un grand nombre de lieux. Sur presque sur les sols argilo-siliceux.
tous les points d'un plateau de 50 lieues car Lorsque Vengrais de mer est sablonneux, il
rées au moins, coupé par des bassins de pe est aussi actif, mais n'est point aussi profita
tites rivières, les cendres de ces diverses ex ble que lorsqu'il est vaseux, et qu'il contient
tractions présentent entre elles beaucoup des substances animales et végétales en dé
d'analogie, en sorte qu'elles peuvent être composition; dans ce dernier état, c'est une
considérées comme un seul et même dépôt espèce de compost de sable calcaire, de co
fait à la même époque. Celles de La Fere quillages, d'herbes marines et de sel; c'est
sont dans les bois dont le sol, comme celui alors l'un des engrais les plus fécondans que
du reste du plateau , appartient à la forma l'agriculture connaisse.
tion argilo-siliceuse humide; cette formation L'engrais de mer est en usage en Angle
se rencontrant dans presque tous les dépar- terre comme en France; dans beaucoup de
temens de France, il est à espérer que la pays, on comprend sous ce nom les Varechs
France dunord ne sera pas seule à posséder ce ou Goémon (fucus) et autres plantes marines.
finissant amendement, et on pourra toujours Ce n'est pas ici le lieu de traiter de cet engrais
e reconnaître à sa couleur, a ses caractères végétal , mais la vase de mer s'emploie pres
extérieurs et à son inflammation spontanée que aussi souvent que les plantes marines;
ou déterminée par une petite quantité de son emploi cependant ne peut pas s'étendre
combustible, après quelque temps d'exposi aussi loin dans les terres, parce qu'elle né
tion à l'air. cessite beaucoup plus de transport. Up meil-
Dans les lieux où on avait les cendres py- leur état des chemins vicinaux faciliterait et
riteuses à sa disposition, on en a souvent étendrait beaucoup l'emploi de ce puissant
abusé; il est des parties de sol sur lesquelles moyen d'amélioration, d'autant mieux que,
de nouvelles doses ne produisent plus aucun dans l'intérieur des terres ? l'étendue du sol
effet; on dit le sol épuisé; nous pensons plu auquel il convient est relativement beaucoup
tôt qu'il n'a pas cousommé tous les princi plus grande.
pes salins et calcaires qui lui ont été donnés, En Angleterre , on l'emploie volontiers en
et que pour cette raison de nouvelles doses lop-dressing ou engrais sur la surface, pour
ne produisent aucun effet. Les cendres py- les grains d'hiver et les herbages au prin
riteuses sont comme les amendemens cal temps; on remarque que le froment, l'avoine
caires; la chaux ne produit aucun effet sur et l'orge, auxquels on a donné cet amende
les sols qui la contiennent, et les cendres ment, sont moins sujets à la carie. Dans le
λyriteuses cessent d'en produire, lorsque Cheshire, la vase marine qu'on tire des ma
e sol contient déjà les principes qu'elles rais salaos est regardée comme le meilleur
renferment. Toutefois la fécondité qu'elles de tous les engrais; on lui trouve l'acti
avaient apportée a disparu; nous pensons vité de la marne et la graisse du fumier; on
que c'est parce qu'on n a point donné au sol en fait ordinairement des composts au prin
une quantité de fumier proportionnée au temps avec du fumier qu'on mélange, à plu
produit; on a trop exigé de lui. Le cas enfin sieurs reprises dans la saison, pour les em
est le même qu'à la suite de l'abus des amen ployer au moment de la semaille du froment.
demens calcaires; le remède serait donc le Cet amendement est très-recherché du
même : alterner l'emploi des cendres avec côté iïAvranches, dans la Manche; on l'y
des engrais ahondans, ou plutôt faire des préfère à la chaux et à la marne. Avec des
composts avec le fumier, le terreau #t les composts faits avec douze à quinze voitures
cendres; donner, au besoin, au sol un labour de tangue ou vase de mer par hectare, qu'on
profond qui, par le mélange d'une terre mêle avec un quart de plus de fumier ou une
neuve avec la couche labourable, diminuera quantité proportionnée de terreau, on forme
la proportion des cendres dans le sol. un excellent engrais qui se fait sentir au
(1) Dans ce département, 70 cendrières en pleine ciploitation ont produit, pendant le 4'jtrimestre
de 1833, 800,000 hectolitres de cendres noires, qui ont été livrés aux usines ou à l'agriculture, pour
une somme de 400,000 francs.
cïap. 3e. AMENDEMENS STLMULANS SUBSTANCES SALINES. 77
moins pendant toute la rotation de l'assole- L'amélioration par l'engrais de mer ne dé
meut Dans tout ce pays , l'usage de la chaux viait pas se borner aux lieux voisins de ses
est très-répandu, mais aussitôt qu'on appro bords : les chemins vicinaux sont trop mau
che assez des bords de la mer, et que les vais pour qu'on le transporte facilement à
chemins permettent de se procurer la vase distance, mais la navigation des rivières, des
de mer, on n'emploie plus la chaux. ruisseaux même à leur embouchure , au
En Bretagne, 1 usage du sable de mer, du moyen de la marée, permet sans doute qu'on
côté de Saint-Brieuc et de Matignon, s'est le conduise à peu de frais à une assez grande
aussi, depuis 30 ans, beaucoup répandu; il distance dans l'intérieur des terres. La quan
n'était connu qu'à Hilion, où il s'était établi tité nécessaire par hectare, 2 à 300 pieds cu
depuis moins de 50 ans ; mais depuis quelque bes (6, ■ 85 à 10,"' 28) au plus, est relativement
temps, à l'exemple de M. Desmoland, tout le peu considérable; la durée de son effet sup
canton de Matignon l'emploie avec le plus le sol se prolonge donc beaucoup au-delà de
grand profit, et son usage se serait encore celle du fumier auquel on l'allie; le flux et le
beaucoup plus étendu sil étatdes chemins vi reflux de la mer faciliteraient beaucoup la
cinaux n'enchaînait cette importante amélio main-d'œuvre; le chargement se ferait à
ration. Le sable de mer convient à la culture marée basse sur la vase découverte, et la
du trèfle, de la luzerne , au lin, au chanvre , marée haute emmènerait le navire et son
aux pommes-de-terre; sur les prairies, il chargement (Jîg. 52).
détruit le jonc, augmente la quantité et la
qualité des fourrages, convient enfin beau Fig. 52.
coup aux terres argileuses qu'il ameublit et
rend beaucoup plus pénétrables aux eaux.
On prend plus volontiers la vase à l'em
bouchure des ruisseaux ou des rivières, parce
qu'alors elle contient plus de débris tant
marins que fluviatiles, qui y sont amenés de
la mer et des terres par le flux et le reflux;
ailleurs le sable ne contient presque que des
principes terreux, des débris de coquilles et
du sol marin.
Dans les pays- oie le varech ou goémon ne
convient pas au sol ou se recueille beaucoup
au-delà du besoin j on le brûle pour avoir
ses cendres; elles peuvent se vendre alors
comme contenant un peu de soude de mau
vaise qualité , mais elles sont encore plus
profitables comme engrais. Des essais en ont
été faits en Ecosse et ont très-bien réussi
pourtoutes sortes de cultures : cinq quintaux
(2J0 kilog.) de kelp (nom des cendres de va
rech) paracre d'Ecosse, ont donné une grande Art. Hi. — Des substances salines.
augmentation de produit. Elles sont em § 1er. — Du sel marin ou hydroctalorate de soude.
ployées depuis long-temps en Bretagne, et
leur usage, depuis quelques années, s'est La grande question est ici le sel marin, les
beaucoup étendu. autres sels ne sont qu'accessoires. Le sel ma
Vile de Noirmoutier et quelques points du rin est l'une des substances qui pourra être
littoral brûlent le varech qu'ils n'emploient fournie par le commerce au moindre prix,
point, le mélangent avec de la terre, du sa lorsque l'impôt qui pèse sur cet objet de pre
ble, des dessous de monceaux de sel, du mière nécessité aura été aboli. Sur les bords
goémon frais , du fumier d'étable, des coquil de la mer et dans les mines de sel gemme,
lages, et toute espèce de débris végétaux el le1 quintal ne coûterait que 50 c. Les mines
animaux; on mouille, pendant l'année, le qui peuvent le fournir, dont les filons pa
tas, de temps en temps, d'eau salée ; on le re raissent d'une épaisseur indéfinie, semblent
manie à cinq ou six reprises différentes; alors presque inépuisables; si donc le sel peut être
le mélange ressemble à des cendres. Il y a d'une grande utilité en agriculture, avec la
quelques années, cinq à six petits bàtimens facilite des communications qui s'organisent
suffisaient pour conduire cet engrais dans les en France , il y aurait plus de la moitié de la
lieux où on l'emploie; en 1832, on a débarqué surface de notre pays où le prix du sel serait
àPoruicl23S charges presque toutes de cen ii peine à un franc le quintal; et, comme ses
dres, chaque charge contenant dix charre effets sur le sol se produisent à petites doses
tées de dix hectolitres chacune. et que néanmoins ils paraissent très-grands ,
On emploie dix charretées ou cent hectoli les résultats seraient d'une bien grande im
tres de ces cendres par hectare; elles s'ap portance.
pliquent à toute espèce de culture, mais par Voyons les faits qui appuient sa grande
ticulièrement au blé noir ou aux légumes influence sur la fécondité du sol. L'usage
d'été ainsi qu'aux prés de hauteur; on les ré- du sel en agriculture est bien ancien : les Hin-
pandau moment de l'ensemencement: en les dous et les Chinois en'fécondent, depuis la plus
mélangeant avec une petite quantité de fu haute antiquité, leurs champs et leurs jar
mier, on diminuerait d'un tiers la quantité dins; les Assyriens , nous dit Pline, le met
nécessaire et on aurait un engrais au moins taient à quelque distance autour de la tjge
■usii profitable. de leurs palmiers: toutefois on savait qu'en
78 AGRICULTURE : AMENDEMENS. lit. iw.
quantité notable il stérilisait le sol; ainsi, réputation pour la quantité, la qualité de
nous dit la Bible, Abimelech s'étant rendu leurs fourrages et l'engrais de leurs mou
maître de Sicem, détruisit cette ville de fond tons. J'ai habité quelque temps en Picardie
en comble et sema du sel sur l'emplacement près des pâtures souvent envahies par les
qu'elle occupait. grandes marées : lorsque les pluies viennent
Dans les temps modernes , les Anglais ont laver la surface et entraîner la trop grande
beaucoup plus étudié cette question que nous; portion de sel, leur produit fournit Un pâtu
le chancelier Bacon a constaté, par ses ex rage abondant et d'excellente qualité.
périences, l'emploi avantageux de l'eau salée Expériences sur l'action des sels sur lavégé-
en agriculture : plus tard Brownrigg , Wat- tation. —Aucun écrit ne démontre mieux cette
son et Cartwright ont confirmé par leurs action, ne précise mieux la quantité des doses
expériences l'efficacité du sel sur la végéta nécessaires et la plupart des circonstances
tion ; les Sociétés d'agriculture ont ouvert de leur emploi que les expériences de M. Le-
des concours, et Davy, Sinclair, Johnson et coq de Clermont ; il a fait faire un grand pas
Daore en ont vérifié, approuvé et conseillé à la question générale et particulière de l'em
l'emploi. — Dans le comté de Cornwall, les ploi des diverses substances salines que la
composts du sel impur des sécheries avec le nature et l'industrie offrent à l'agriculture.
sable de mer, la terre , le terreau ou des dé Nous allons donc faire connaître les résul
bris de poissons, sou l fréquemment employés, tats de ces expériences, en nous bornant
et les fermiers du Cheshire , nous dit Davy, toutefois aux faits spéciaux et précis qui in
leur attribuent l'abondance de leurs récoltes. téressent le plus la pratique agricole.
Dans l'ile de Mann, l'emploi du sel sur le Sur un champ d'orge , en bonne terre fran
sol détruit la mousse des prairies. La com che , fumée l'année précédente , il a divisé
position ordinaire des composts pour les un espace de 8 ares en huit lots égaux ; sur
prairies est de 20 voitures de terre et 14 hec les six premiers il a répandu, à la fin d'avril,
tolitres de sel par hectare. des doses progressives de sel marin , et il n'a
Dans plusieurs cantons de pays à cidre, rien mis sur les n°' 7 et 8.
on rend plus robustes et plus fertiles les
pommiers en enfouissant autour et à quel Tableau des opérations et des résultats.
que distance de la lige une petite dose de Numéros. Doseadc tel. Proi oit en graini*
sel marin; les greffes et boutures qu'on ex 1 . . 30
pédie au loin, trempées dans l'eau salée, . . 1 i .
2 . . . 3 - 29 a
reprennent plus facilement à leur arrivée. 3 . . . 5 . • • 33
Le gouvernement anglais, à la demande 4 . . . 6 • 41
de l'agriculture, fait mêler avec de la suie 5 . . . 9 • • • 35
et vend à plus bas prix les sels qu'on lui de 6 . . . 12 ... 4S
mande pour employer sur le sol. En Allema 7 . . . 00 . ... 28
gne , où il y a moins de littoral , et où le sel 8 . . 00 ■ • yi
est plus rare et plus cher, cette question a
moins occupé; cependant en Bavière, le roi Le n° 1er, qui n'avait reçu qu'une livre et
a ordonné qu'on vendit à bas prix tout le sel demie, a différé peu de ceux qui n'ont rien
employé en agriculture,soit pour les bestiaux, reçu; le n° 2 avait la paille plus longue, l'orge
soit comme amendement. filus touffue ; le n° 3 devenait encore meil-
En France, une foule de faits appuient eur; n" 4, végétation très-vigoureuse, paille
aussi l'efficacité , sur certains sols , du sel surpassant de 10 pouces les n°s non salés, et
comme amendement. La grande fécondité de 4 pouces ceux plus ou moins salés que
produite par les engrais de mer est sans lui: les épis étaient en outre plus gros, plu!
doute souvent due aux sels qu'ils contien longs et plus fournis que lui; n° 6, infé
nent, et cela est encore plus évident pour rieur au n° 4, se rapprochant du n° 2, mais
les cendres de Pornic, dans la composition plus élevé que lui;n° 6, la plus forte dose,
desquelles on fait entrer les dessus des mon semble malade malgré son produit en grains
ceaux de sel, et qu'on arrose soigneusement assez fort; sa paille n'est pas plus grande
pendant tout l'été avec de l'eau salée. L'usage que celle des nos non salés.
du Morbihan d'arroser le fumier avec l'eau Il résulte de ces expériences que la dose la
de mer ne s'est sans doute établi que sur la plus productive pour l'orge serait de 6 liv.
preuve donnée par l'expérience de l'effica (3 kil.) par are , ou de 6 quintaux (300 kil.) par
cité du sel allie au fumier. Enfin le grand hectare ; l'are qui a reçu 6 liv. a produit de
effet du varech, du goémon et de leurs cen plus que les n°' 7 et 8, qui n'avaient rien reçu,
dres qui contiennent peut-être moitié de 11 liv. de grains ou 11 quintaux par hectare ,
leur poids de muriate de soude ou de soude, ou plus de trois fois et demie la semence, qui
vient encore à l'appui. Dans quelques can est en moyenne de trois quintaux par hec
tons du littoral, on sème à la fois la soude tare.
(SaLiola soda) el le froment dans des terrains Cette expérience , avec les mêmes données,
salés envahis quelquefois par les eaux de la a été faite en même temps sur un champ de
mer. Lorsque des pluies viennent diminuer froment en sol un peu maigre, léger et élevé;
la quantité de sel, le froment devient très- les résultats se sont montrés presque les mê
beau et la soude reste faible ; lorsque les mes, malgré les différences de sol, de posi
pluies sont peu abondantes, la soude gran tion et de plantes; cependant il y avait peu
dit alors aux dépens du froment. de différence entre lesn°'3 et 4, dont le pre
Lorsque le sel n'est pas très-abondant , il mier avait reçu 4 livres et demie, et le second
favorise la végétation et donne des produits 6 liv. de sel par are.
d'excellente qualité; les prés salés sont en La dose la plus convenable pour le froment
chap. 3*. AMENDEMENS STIMULANS SUBSTANCES SALINES. 79
serait donc au-dessous de 6 liv. par are, ou de croire en outre que les produits qui convien
5 quintaux par hectare. nent mieux à l'instinct et à l'appétit des ani
Sur un champ de luzerne divisé, de même , maux donnent aussi à leur chair plus de qua
avec les mêmes doses et la même étendue, on lité et de saveur, ce que semblerait d'ailleurs
a eu les résultats suîvans. prouver le haut prix que les gourmets atta
Numéro*, Do«es de *cl. Liuenie sèche chent au mouton de pré salé. L'effet général
1 . . . 1 t . . 87 du sel sur les récoltes a été d'augmenter tous
2 . . . 3 • . . 131 les produits, mais en plus grande proportion
3 . . . 5 . . . 102 les produits foliacés. Aussi la dose pour les
4 . . . 6 , . . 75 fourrages n'est-elle que moitié de celle des
5 . . . 9 # . . 62 grains.
6 . . . 12 # . . 48 Les engrais salins réussissent à peu près
7 . . . 00 . , . . 85 aussi bien en poudre qu'en dissolution; comme
8 . . . 00 . . . 85 le premier moyen est beaucoup plus com
On voit que l'effet, peu sensible sur le mode, il est par conséquent bien préférable,
n° 1" qui n'avait reçu qu'une livre et demie d'autant plus qu'en employant le sel en dis
de sel, s'est élevé à son apogée sur le n° 2, solution, pour que son effet ne soit pas nui
qui en a reçu 3 liv., pour aller en diminuant sible et pour qu'il puisse couvrir toute l'éten
jusqu'au n0' 6, qui en a reçu 12 liv. dont la due, il faut l'employer dissous dans beaucoup
récolte s'est réduite à 48 liv. ou un peu plus d'eau.
du tiers du n° 2. Sur la deuxième coupe l'ef
fet a été à peu près le même ; cependant les §11. ■ De l'hydrochlorate ou muriate de chaux
pluies ont lavé les n°s où le sel était en excès , (Chlorure de calcium).
qui ont alors un peu augmenté en produit. Les effets du muriate de chaux sur la végi'-^
La dose la plus convenable pour les fourra talion avaient été jusqu'ici très-contestés ; il
ges légumineux serait donc de 3 liv. (1 kil. 50) serait toutefois assez important que son ac
par are, 3 quintaux par hectare, ou moitié de tion favorable sur le sol fût constatée, parce
celle qui convient aux terres ensemencées en qu'il s'offre souvent en grands résidus dans
graminées céréales. les fabriques de produits chimiques. Dans
La proportion la plus productive pour les les expériences de M. Lecoq, ses effets ont
pommes - de - terre serait, comme pour les été presque égaux à ceux du muriate desoude;
grains, de 6 liv. ( 3 kil. ) par are : c'est la dose toutefois il a semblé moins énergique sur les
du moins qui a donné plus de vigueur aux luzernes, et la dose la plus fécondante, au lieu
tiges. d'être de 3 liv. par are, comme pour le sel
Pour le lin, 5 liv. (2 kil. 50) par are parais marin, serait entre 3 et 6.
sent la dose la plus convenable. Cependant le -Son emploi est plus embarrassant que celui
produit en grains n'est pas plus considérable du sel marina cause de sa déliquescence; il
que celui du lin non salé; une dose de 8 liv. est parla même raison d'un transport plus
adonné un produit sensiblement moindre difficile et ne pourrait pas être répandu en
que 5 liv. poudre.
U en est de l'emploi du sel comme de l'em On s'est borné ici à des expériences en pe
ploi de la chaux; a moins de très-fortes do tit; mais celles de M. l)i nie, de Rouen, lui
ses, il produit peu d'effet sur les sols humides ; sont très-favorables. Il pense que les cendres
(iliv.de sel par are répandues sur un pré froid lessivées, le charbon, la sciure de bois, les
et un pré sec, ont doublé le produit du der plâtras, doivent lui servir d'excipient pour le
nier, et n'ont fait que changer la couleur répandre, et que 30 kilog. suffiraient pour
du pré humide. Sur une avoine en terrain l'amendement d'un hectare.
frais, l'effet a été très -peu sensible, tandis Son effet a été grand sur le maïs, les pom-
que la vigueur s'estbeaucoup accrue sur une mes-de-terre , sur des arbres et arbustes de
avoine en sol sec. Enfin, des lots pris sur un différentes espèces. Il pense qu'il convien
sol humide et tourbeux ont reçu par are 6 , drait beaucoup au chanvre, au lin, aux grai
12, 24 liv.de sel; les deux premiers nos avaient nes oléagineuses ; il a doublé le volume des
de l'avantage sur les parties non salées, et ognons et des pavots auxquels il l'a appli
les deux derniers ont beaucoup plus produit qué.
que les autres.
3 quintaux sur les fourrages légumi § III. — Du sulfate de soude.
neux ont produit le même effet par hec
tare que 5 milliers de plâtre, d'où il ré Le sulfate de soude a été employé sur un
sulte que le sel marin pourrait remplacer le pré et une terre semée en froment, à la dose
plaire dans les pays où ce dernier est rare de 3, 6 et 12 liv.
Numéro*. Doiei <!•• k1. Froduit cq grain*. Luxerne lèche.
«t cher. Mais ce qu'il y a eu surtout de re
marquable , comme pour les engrais calcai 1 . . 3 . . 25 ... 137
res, c'est Yamélioration de qualité dans le 2 . . 6 . . 34 ... 156
fourrage des prés humides; les bestiaux l'ont 3 . . 12 . . 32 i . . . 187
consommé avec autant de plaisir qu'ils sem 4 . . 00 . . 26 ... 99
blaient en avoir peu avant l'expérience. Il en résulte que dans les terres la dose la
L'effet général du sel sur les récoltes de plus convenable serait de 6 liv. (3 kil.) par
toute espèce, est sans doute d'augmenter are, plutôt néanmoins au-dessus qu'au-des
leur saveur, de les rendre plus agréables et sous, et que dans les prés l'effet avantageux
Probablement plus nourrissantes pour les croîtrait jusqu'à 12 liv. et peut-être au-delà;
bestiaux : nous pensons qu'il en est de même On peut se procurer ce sel à très-bas prix
des produits destinés aux hommes. Il est à j dans les fabriques de soude
1 AGRICULTURE : AMENDEMENS. LIV. 1".
coq avec deux variétés de sel : le sel ordinaire
§ IV. —pu nitrate de potasse ou salpêtre. du commerce et le sel de morue; cette der
nière variété moins chère nous semblait de
Son succès sur le sol, contesté par quel voir être plus énergique à cause des parties
ques-uns, a été fort grand dans de nombreu animales qu'elle contient. Ce sel, répanda sur
ses expériences faites en Angleterre. Les es quatre portions de prés de position et de
sais comparai ils avec le sel marin paraissent sol varies, n'a produit aucun effet sensible :
lui avoir donné l'avantage. En Angleterre le employé sur des portions de champs de fro
prix du salpêtre qu'on extrait de l'Inde est ment, en sol de gravier, en sol argilo-sili-
assez peu considérable pour qu'il puisse en ceux et en sol calcaire, il en a été de même;
core être employé avec avantage par l'agri enterré à la première façon des pommes-de-
culture. terre et au buttage du mais, il n'a donné au
La dose laplus utile du salpêtre est à peu cun résultat; il a seulement semblé exciter
près la même que celle du sel marin ; elle un peu plus la vigueur des vesces d'hiver.
varie de 3 à 5 quintaux par hectare. Ou l'a A. Puvis.
employé avec succès sur les diverses céréales;
cependant son effet a été plus remarquable Section iv. — Des amendemens par le mé
sur les prairies naturelles et sur les trèfles. lange des terres.
Curling l'a mêlé avantageusement avec
les cendres, ce qui lui a permis d'en dimi Si les amendemens stimulons, dont il a été
nuer la dose. M. John Lee, qui l'a employé question dans la section précédente, s'appli
pendant quinze ans , pense qn'il fait produire quent à des sols très-divers, ce qui doit être
en proportion plus de paille que de grains,
et que son effet se prolonge sur la 2e récolle ; puisqu'ils agissent plutôt en excitant les for
ces végétatives qu'en modifiant les propriétés
mais d'autres agriculteurs ne partagent pas physiques du terrain, nous avons vu au con
cette opinion. — On est peu d'accord sur la na traire que les amendemens calcaires, dont il
ture des terrains auxquels convient le mieux a été traité dans la 2" section, ne conviennent
l'application du salpêtre; son effet a été avan qu'aux terres de nature sableuse ou argi
tageux sur un grand nombre de variétés de leuse. Il nous reste à indiquer les amende
sols, mais il semble avoir été plus satisfaisant mens qu'il convient d'employer sur les sols
sur les terrains calcaires. naturellement calcaires, et a citer quelques
faits isolés fournis par la pratique de diverses
§ V. — Remarques générales. localités, et qui n'ont pas encore trouvé place.
M. Lecoq a encore constaté plusieurs cir Les terres où domine la chaux sont les plus
constances de l'emploi des substances sali ingrates et les plus difficiles à amender con
nes. Ainsi, il les a répandues en poussière au venablement. L'argile paraitPamendcment le
printemps sur les plantes en végétation. Une plus favorable; l'humus, surtout lorsqu'il est
partie de sol semée en froment sur laquelle , d'une couleur noire ou très-foncée, donne
au mois d'octobre, il répandit une dose de aussi de bons résultats. Mais ou ne peut dis
sel, a été moins productive qu'un autre lot simuler que le transport et le mélange de
contigu salé au mois de mars. l'argile ne soient souvent difficiles et dispen
Le moment le plusfavorable pour donner le dieux. Cependant, lorsqu'elle se trouve cons
sel aux pommes-de-terre serait celui qui pré tituer le sous -sol des terrains calcaires ou
cède le buttage;il en serait sans doute de même sableux, on peut la ramener à la surface avec
du maïs ; dans ce cas, c'est sur ce sol, et non de grands avantages. Si la charrue à deux
sur les plantes en végétation que le sel est socs , ou deux charrues à versoir marchant
répandu. l'une derrière l'autre, ne peuvent l'atteindre,
L'effet produit par les substances salines on remplacera la seconde charrue par celle a
est instantané, mais il est peu sensible pour deux socs, ou l'on aura recours au moyen pra
les sols humides et de peu de durée. Elles tiqué par M. Vilmorin pour approfondir I»
agissent à petites doses , toutes circonstances couche arable (voir page 50, article Sous-sol).
qui lui donnent la plus grande analogie avec Lorsqu'on ne se trouve pas dans cette si
le plâtre : c'est donc comme stimulant que tuation favorable, il faut le plus ordinaire
ces substances agissent, et l'on n'a point à ment se bornera l'emploi des engrais, qiion
craindre quelles épuisent le sol, à la condi doit choisir, pour les terrains calcaires, d'une
tion qu'on y joindra une quantité de fumier nature grasse et d'une couleur noirâtre.
proportionnée au produit, comme on le fait M. Puvis recommande aussi le brûlement
pour les sols amuudés par les engrais de de la terre argileuse, qu'il considère à peu
mer. près comme le seul amendement pour cette
Après tous les développemens que nous nature de sol, comme le seul moyen d'y pro
venons de donner, nous sommes bien en droit duire un effet analogue aux amendemens
de conclure que les substances salines aident calcaires sur les autres terres. Il regarde
puissamment la végétation ; mais leur effet donc en quelque sorte l'argile brûlée, dont
maUieurcusement n'est pas uniforme, n'est il sera parlé à l'article Ecobuage, comme le
pas général, et ce n'est que sur certains sols complément du système général des amen
qu'il se produit. Depuis le mémoire de M. Le demens et de leur application à tous les ter
coq, M. de Dombasle a essayé le sel sur son rains.
sol; mais, comme la chaux, il ne lui a pas Notre savant collaborateur cite encore les
réussi. Nous avons fait nous-mêmes, a ce su faits suivans,dontl'application, dans des cir
jet, des essais assez nombreux: au printemps constances analogues, pourra être tentée p»r
dernier, nous avons employé les doses les les cultivateurs iutelligens.
plus productives des expériences de M. Le L'argile est très-employée dans l'agriculture
AMENDEMENS PAR LE MÉLANGE DES TERRES. H
anglaise : àaos quelques cantons même du entaille faite, il se bêche assez facilement. On
Norfolk, on la préfère à la marne; il est ce» h; transporte daus les vignes, au. moyen de
pendant à eroire que cette préférence 9 lieu chevaux, au prix de 2 à 3 sous la charge, selon
pour des sols anciennement marnés et où une la distance , ou , lorsque cette dernière est
nouvalle addition de marne est i nutile, comme peu considérable, dans des hottes portées par
il s'en rencontre beaucoup dans le Norfolk, des en fans qu'on paie de 18 à 15 et 20 sous,
oùlamarnageest ancien. D'ailleurs, fréquent? selon leur âge, leur force et la capacité de
meut on prand l'une pour l'autre ; dans les leur hotte. Le roc a le double avantage de
pays surtout où l'on emploie la marne pier diviser les terres trop tenaces, et, comme
reuse, la marne terreus« grise est employée, on pont l'employer en fortes proportions,
comme dan* le Holstein , sous le nom de d'augmenter la profondeur de la couche
glaise, ce qui peut donner lieu à d'assez gra végétale. Notre savant collaborateur s'est
ves «rreurs. Cependant l'argile elle-même parfaitement trouvé de faire couvrir un
est fécondante lorsqu'on la met sur des ter sol peu profond , planté en arbres, de 8 à
rains légers. 10 po. de cette même roche argileuse. A la
Thaeb dit qu'on ne peut attendre uno ac? vérité, ce qui est possible dans la petite cul
ùoh véritablement améliorante de l'argile au ture ne le serait pas dans la grande.
de lu glaise qu'autant qu'elles ont été expo Dans les sols siliceux, les terres qui font la
sée» pendant plusieurs années aux influences base des divers composts, celles qu'on mêle
de l'atmosphère ; telles sont les argiles qui à la chaux, etc., doivent être argileuses. —
ont servi à construire des tranebées, des murs Les boues argileuses qu'on retire des fossés,
ou des digues, surtout dans le voisinage des des mares, etc., sont à la fois de bons engrais
habitations ou des cours rustiques; la glaise et dYxcellens amendemens pour ces mêmes
le divise alors plus facilement , et se mêle terres.
mieux avec le sol. — Le même savant dit que L'utilité du sable, des graviers, des cailloux,
lorsqu'on transporte du sable sur un terrain dans certains sols, est si réelle, queA.Tiioi i.v
argileux, ou de la terre argileuse sur un sol cite ce singulier jugement qui condamna, à
léger ou calcaire, il faut, pour en opérer le Rouen, un ingénieur du gouvernement à re
Mélange, labourer fréquemment, d'abord porter sur un champ une grande quantité de
aussi superficiellement que cela est possible, cailloux de diverses grosseurs qu'il en avait
et ensuite peu-à-peu plus profondément; puis extraits pour les employer à ferrer une route
herser, passer le rouleau, et quelquefois orU voisine. — En effet, dans les terres jorles , la
ser les mottes avec des maillets. Toutes ces présence en suffisante quantité de petits
opérations, qui ne peuvent bien réussir qu'au fragmens quartzeux est un indice certain de
moment où l'argile a atteint le degré de sic- fécondité.
cité pendant lequel les mottes peuvent être Pour améliorer le sol rude et tenace de
divisées et brisées par les instrumens, ne se certains jardins, on fait venir, à raison de
font pas sans de grands frais. 3 à 4 sous la charge de cheval, des sables d'al-
M. le baron de Morogues recommande luvion qui servent à la fois d'engrais et d'a
pour l'amendement des terres sableuses, outre mendement. Cette pratique est fort ordinaire
le fumier gras et la marne argileuse, le limon sur divers points du littoral de la Loire, pour
des fossés et les décombres des bâtirnens la petite culture.
construits en torchis : ces amendemens con Les métayers de l'ouest faisaient il y a une
viendraient aussi sans doute très-bien aux l")* d'années et font encore un emploi consi
terres calcaires. dérable des terres légères pour amender leurs
Pour les terres argileuses, outre l'usage des champs. On a payé ces terres jusqu'à 6 et
amendemens calcaires, on a obtenu dans 7 fr. la charretée, et on venait les chercher à
beaucoup de cas les meilleurs résultats de de fort grandes distances par des chemins
l'emploi des fumiers chauds et pailleux. Le difficiles. Maintenant l'usage en est. moins
savant que nous venons de citer recommande général, on va les chercher moins loin; mais
particulièrement les fumiers composés de le mélange des terres est toujours en faveur,
joncs, de bruyères, de fougères ou de genêts, etc'estsur la propriété même qu'on les prend
lorsque, ayant servi de litières, ils ne sont pour eq faire des composts dans lesquels
qu'à demi consommés. Il en sera question entre la chaux.
dans le chap. des Engrais. « Dans certains endroits du Vicentin, dit
M. Oscar Leclerç-Thouin nous a fait part Piiippore, lorsque les terres sont trop fortes,
de plusieurs faits inléressans relatifs au mé on y mêle du sable pour les rendre plus légè
lange des terres. res; dans les environs de Reggio, ceux qui
Le roc {schiste argileux) des environs de soignent le mieux leurs plantations, et qui
Chalonnes-sur- Loire est employé habituelle veulent en assurer le résultat, mettent du sa
ment et en quantité considérable pour l'a ble au pied des jeunes arbres plantés dans
mendement des vignes. (Voir ci-dessus, page des terrains, forts, principalement au pied
27.) Ce schiste n'est pas toujours de même des vignes. Ces terrains, devenus ainsi plus
nature ; tantôt, par sa dureté, il se rapproche légers, se crevassent mojnsen été, et les plan
un peu de la nature de l'ardoise, et prend tes se trouvent garanties 4e la sécheresse de
dans le pays, le nom de roc ardoisé; alors sa la saison. »
décomposition est moins rapide. Dans l'An L'utilité de cette sorte d'amendement a été
jou, les personnes jalouses de faire de bon constatée dans l'Agogua, par une expérience
vin préfèrent de beaucoup l'usage du schiste curieuse que le docteur Biroi.i, professeur
argileuxà celui du fumier. —Le schiste don L il d'agricultureàNovare, rapporte: «Dans cette
s'agit se trouve presque partout en sous-sol à partie de la vallée du Ticin, on trouve des
une faible profondeur; une fois, la première rizières à fond marécageux et excessivement
AGRICULTURE,
!(• livraison.
L — 11
AGRICULTURE : ENGRAIS. I,IV. Ier.
S2
argileux. Les rives du Ticin sont formées de peu et pénètre dans le terreau, dont il raffer
couches d'un gros gravier silico-calcaire tout- mit le tissu spongieux : il faut donc, autant
à-fait stérile. Un propriétaire fit jeter une que possible, le mainteuir à la superficie. 11
certaine quantité de ce gravier passé à la n'est jamais plus efficace que quand, au lieu
claie, pour exhausser un petit enfoncement de l'euterrer,on le répand sur le sol pendant
qui se trouvait sur une rizière voisine. Le riz qu'il est en herbages; ce sable donne de la vi
végéta à cette place d'une manière si vigou gueur à la végétation des plantes, et en amé
reuse qu'il contracta la rouille (brusone), liore la nature comme le ferait un fumier
comme cela arrive dans les rizières trop fer très-actif.
tiles. Cette maladie continua pendant trois Les faits suivans, rapportés par M. Ptrvis,
années consécutives, et rendit pour ainsi dire indiquent encore plusieurs cas dans lesquels
témoignage de la fécondité excessive du ter le sable améliore beaucoup le sol.
rain. Au bout de ce temps, et pendant le cours « M. Saunier d'Anchald, dans le Puy-de-
d'une vingtaine d'années, la récolte du petit Dôme, a fécondé ses champs avec du sable
espace qui avait été recouvert de gravier, sur mis en litière sous ses bestiaux, beaucoup
passa de beaucoup celle du restant de la ri plus qu'ils ne l'eussent pu être avec la même
zière. Ce propriétaire en fit dès-lors porter quantité d'engrais animaux que celle mélan
sur toutes ses terres , mais à une dose beau gée au sable. — Dans les domaines de Cha-
coup moindre que la première fois ; le succès vannes, situés sur le grand plateau du bassin
fut tel que ses voisins se déterminèrent tous de la Saône, dont le sol est argileux, des
à en faire usage. Ceux qui possédaient des ter veines de sable, placées dans des chemins
res extrêmement tenaces s'en soDt constam creux, sont exploitées toutes les fois que les
ment bien trouvés. Ils répandent ce sable en loisirs des fermiers le permettent; le sable
automne, et en règlent la quantité sur la na est charrié directement, ou sur le sol pour y
ture du terrain. » être épanché, ou dans les cours pour séjour
Pour améliorer les terrains riches, mais qui ner dans l'eau de fumier. Dans l'été, quand
manquent de consistance et sont exposés à la paille manque, on met le sable en litière
l'humidité, Thaer dit qu'on emploie le sable sous les bestiaux. Dans ces trois circonstan
avec le plus grand avantage. Lorsqu'on le ces différentes, l'effet du sable sur le sol a
charrie sur ces terrains, il s y enfonce peu-à- été très-grand. » C. B. de M.
Définition ? — TOn désigne sous le nom des végétaux et des animaux dans leur dé
d'engrais les divers débris des animaux et des composition, élèvent la température, déter-
végétaux dont la décomposition peut fournir miuent des courans électriques, laissent
des produits liquides ou gazeux propres à la dégager ou dissoudre plusieurs composés
nutrition des plantes. nouveaux de leurs élémens, et surtout l'acide
Ainsi, on doit se garder de confondre ces carbonique, dont les plantes assimilent le
substances organiques ou résidus de l'orga carbone et le carbonate d'ammoniaque qui
nisation, susceptibles de se décomposer spon parait assurer aux engrais azotés des débris
tanément à l'air, jusqu'à se réduire en terreau animaux une incontestable supériorité sur
de plus en plus consommé et moins actif, les engrais végétaux, surtout dans la repro
soit avec les amendemens terreux ou inorga duction des graines et des autres parties
niques qui ne se décomposent pas d'eux- azotées des plantes.
mêmes*par une simple fermentation, dont la Si l'action intime de tous les produits so
fonction principale est d'améliorer le fonds lubles ou gazeux que fournissent les engrais
ou les qualités physiques du sol, en le ren n'a pas été encore suffisamment étudiée, il
dant ou plus léger ou plus compact ; soit avec est toutefois certain que la plupart de leurs
lesstimulans queforment différens sels, com effets, récemment bien précisés, se reprodui
posés également non organisés, non décom- sent partout où les conditions favorables sont
posables spontanément, et dont les fonctions remplies.
utiles paraissent être, en général, d'exciter INous commencerons donc par l'exposé de
les forces végétatives. ces conditions et des moyens de les réunir.
Ajoutons que certains sels insolubles ou
solubles, compris dans les amendemens ou Section irc. —■ Des circonstances favorables h
dans les stimulons, et qui remplissent les l'action des engrais.
fonctions que nous venons de rappeler, peu
vent être décomposés sous l'influence de cer §1". — De l'humidité.
tains agens, comme les acides ou sels acides
qui seuls nuiraient, et alors laisser dégager Au premier rang parmi les agens exté
un gaz, de l'acide carbonique par exemple, rieurs qui favorisent l'action des engrais,_ se
comme cela arrive pour le carbonate de place Vhumidité : en effet, sans une certaine
chaux; ils peuvent ainsi indirectement servir proportion d'eau, la décomposition des en
d'aliment ou d'engrais; mais cette fonction, grais n'a pas lieu ou se trouve trop retar
indirectement remplie, ne doit changer ni la dée, et d'un autre côté la végétation des plan
distinction ci-dessus établie, ni la définition tes, trop ralentie parsuite de la même cause,
que nous donnons des engrais. ne peut même profiter des émanations ga
Les divers détritus organiques, ou débris zeuses, dont le défaut d'humidité rend en
ciiap. 4e. CIRCONSTANCES FAVORABLES A L'ACTION DES ENGRAIS. 83
core le contact moindre et l'absorption plus
difficile. § II. — De la chaleur et de la porosité.
Ainsi, durant les sécheresses, on a souvent
remarqué, et notamment l'an dernier(1833), Une certaine température n'est pas moins
que les engrais n'avaient produit aucun ef indispensable à la décomposition des engrais
fet sensible; mais que ceux dans lesquels un qu'aux progrès de la végétation.
agentdedésinfectionavaitsuspendu la décom La porosité du sol, que nous avons donné
position spontanée produisaient enfui des ré- les moyens de reconnaître et d'obtenir, offre
sullatsîtrès-avantageux sous l'influence d'une aux gaz émanés des engrais un puissant et
première pluie. Cette dernière circonstance utile réservoir. Aussi trouve-t-on du profit à
s'est encore réalisée en 1833 : dans beaucoup recouvrir de terre ou mélanger avec elle les
de localités elle a produit une récolle inatten engrais, mais surtout ceux qui sont trop ra
due, etamplement dédominagéd'une fumure pidement altérables.
que l'on croyait désormais inerte. Nous ver On rend facilement évidente cette pro
rons que l'on peut artificiellement obtenir priété du sol : que l'on enferme dans un ter
cette humidité si favorable, à l'aide d'arrosa rain meuble le cadavre d'un animal, qu'on le
ges, d'engrais verts, de marcs de fruits ou de recouvre seulement de 8 à 10 pouces de terre,
substances hygrométriques qui peuvent être et à peine pourra-t-on sentir au dehors des
considérées comme de puissans auxiliaires traces de l'odeur de sa putréfaction, tandis
des engrais. que, laissé découvert ou même enfermé dans
Unexcès d'humidité dansle sol, empêchant une caisse assemblée sans précaution, il eût
l'accès de l'air et des gaz, asphyxiant en quel répandu l'infection aux alentours. La terre
que sorte les racines, ou rendant leur tissu au-dessusde lui sera d'ailleurs fertilisée pour
trop lâche, trop lymphatique, est très-nui plusieurs années sans que les racines vien
sible à l'action des engrais comme au déve nent toucher l'animal en putréfaction.
loppement ou à la force des plantes ; toutes La cohésion plus ou moins forte des engrais
les fois donc que l'eau est persistante à la insolubles, la solubilité également variable de
superficie du sol ou à quelques centimètres plusieurs autres, ont une grande influence
de profondeur, on doit chercher à s'en dé sur la durée de leur décomposition, et de cette
barrasser. L'un des moyens les plus écono durée dépend surtout l'effet utile des engrais:
miques consiste à creuser des rigoles d'écou voici à cet égard la donnée générale que nous
lement, les unes parallèles entre elles, les avons déduite d'une foule d'essais, et qui
autres perpendiculaires aux premières, et s'accorde avec toutes les observations prati
d'autant plus rapprochées que la terre, moins ques : Les engrais agissent d'autant plus uti
poreuse, est moins facile à égoutter. On choi lement que leur décomposition est le mieux
sit les lignes des plus grandes pentes natu proportionnée aux développemens des plantes.
relles, afin d'avoir moins à creuser, et, lors Nous verrons, en traitant de chacun des
que la pente est assez rapide pour charrier engrais en particulier, qu'il est toujours pos
les terres, on creuse transversalement quel sible de les modifier de manière à se rappro
ques fossés plus profonds dans lesquels on cher de cette condition, soit en ralentissant
reprend chaque année l'espèce de terre d'al- la décomposition des engrais trop actifs, soit
knon entraînée, puis on la répand à la su en l'accélérant pour les autres; qu'il est gé
perficie du sol. néralement avantageux de le faire, et qu'en
Si l'excès d'eau n'est pas susceptible d'être fin une foule d'anomalies apparentes dépen
écoulé ainsi, parce que le terrain est généra dent des variations de la durée de leur alté
lement horizontal et près d'une nappe d'eau, ration spontanée , dont on n'avait pas assez
on laboure en sillons très-profonds à des dis tenu compte dans les précédentes recherches
tances de 1 à 2 mètres, en sorte que le champ sur lesengrais.Nous pouvons encore indiquer
est divisé en ados, dont le sommet est suf comme une des conditions les plus essentielles
fisamment sec quand même le fond ;des sil du succès de presque toutes les fumures, la
lons serait rempli d'eau, fig. 53 où ce champ présence dans le sot d'une base qui puisse sa
turer les acides; c'est là un des effets constans
Fig. 53. et les plus utiles de la chaux, de la marne
calcaire, des cendres de végétaux, etc.
Voyons comment cela se peut prouver : dé
jà nous avons démontré qu un excès d'acide
est généralement nuisible aux plantes cul
tivées; or, l'un des produits de la germina
tion est un acide excrété par les racines de
plusieurs espèces de plantes, notamment des
céréales, et rejeté dans le sol; presque
est vu en coupe, et fig 54 où on l'a montré tous les débris végétaux, en se décompo
en perspective. sant, donnent des solutions acides; enfin
plusieurs résidus de débris animaux ont
Fig. 54. une réaction acide, bien que les gaz qui
s'en sont exhalés aient eu un caractère alca
lin : on voit donc que l'acidité nuisible tend
sans cesse à dominer. Il n'est pas moins
évident que le carbonate de chaux des mar
nes et des cendres, les carbonates de soude
et de potasse des cendres non épuisées, peu
vent saturer des acides même faibles ; qu'en
84 AGRICULTURE : ENGRAIS. iiv. f.
fin la chaux éteinte ou hydratée sature avec ploie avec succès au pied des oliviers, dés
plus d'énergie des acides plus faibles encore, mûriers , des orangers et de la vigne. Les
et peut quelque temps maintenir une légère doses usitées aux environs de Philadelphie,
réaction alcaline favorable à la végétation. où l'on s'en sert depuis 1772 sans interrup
En saturant les acides, soit excrétés pen tion, sont annuellement de 75 à 500 kil. par
dant la végétation, soit produits par l'altéra hectare. Dans un grand nombre de localités,
tion de divers engrais, les substances préci la quantité la plus faïble de plâtre employé
tées (carbonate de chaux, de soude et de po en poudre fine est à peu pfès égale à celle
tasse) déterminent encore un résultat fort de la graine ensemencée*
avantageux. Elles laissent dégager lentement L'époque qui paraît le plus convenable
de l'acide carbonique, et celui-ci, comme on pour déterminer le maximum d'effet, est
le démontrera en parlant de la respiration celle ob les feuilles de la plâflte sont asse*
des niantes, est le principal agent de leur nu développées pouf qu'une grande partie du
trition; il laisse assimiler son carbone et ex plâtre soit retenu par elles. On Conçoit que,
haler dans l'air l'oxigène. dans cette circonstance, ce Sel ftéti'ildluDlC,
Ces dernières réactions, qui contribuent à offrant une plus grande surface a l'action
fournir du carbone aux plantes et de l'oxi de la rosée, des brouillards et dé l'humidité
gène à l'air atmosphérique, sont reproduites extraite du sol par la planté, doit être dis*
même par la chaux lorsque celle-ci s'est peu- Sous en plus grande proportion. *
à-peu unie avec l'acide carbonique ambiant; Il est d'ailleurs très-probable que le plâtre
alors elle offre un carbonate calcaire d'au h'agit qu'autant qu'il est dissous; que par
tant plus favorable qu'il est en général beau conséquent le sulfate de chaux ànhjrnrê {plâ
coup plus divisé, plus pur, plus facilement tre natif), qui, ne contenant paS d'èati décris*
attaquable que le calcaire des marnes et de tallisation, ne peut être cuit ni gâché), de
diverses roches. mêmeque le plâtre trop calciné, AMbrûlé, ne
Nous verrons. en parlant des engrais végé seraient doues que d'une très-fâible énergie.
taux , que la chaux est encore fort utile Or, pour que le plâtre Soit trop Calcifié, il
comme un excellent moyen de désagréger suffit qu'il ait été chatiffé jusqu'au rouge
et d'utiliser comme engrais les débris ligneux brun ; alors il ne peut plus se gonfler et s*
trop consistabs qui pourraient être nuisibles Erendre eri absorbant l'eau; mélange1 en
dans le sol par leur volume et leur dureté. ouillie avec ce liquida, il resté Sans gonfle
ment, sans agrégation, comme le Serait dé là
§ III. — Desstimulanset de leurs effets généraux. poudre grossière d'argile calcinée, qu'il pour
rait même remplacer s'il n'était trop cher.
Enfin , l'efficacité des engrais dépend en Le plâtre cru mis eh poudre he se gonflé pas
core de la présence et des proportions de bon plus dans l'eau; il reste Sableux. Onvdit
divers sels stimulons : la plupart des sels donc que, dans les trois états précéder», le
neutres ou alcalins, en petite proportion, plâtré offre à l'éâtt rtioins de prise, moins
paraissent utiles à toutes les plantes, et cela de surface que lorsqu'il a été citit au pôm1
peut tenir à la conductibilité et aux cburahs convenable ou plutôt desséché à une tempe*
électro-chimiques qu'ils favorisent. rattire inférieure au rougê naissant, Cest-s-
Il importe d'autant plus de ne pas confon dire entré 150 et S00 degrés Centésimaux (1)-
dre l'action de ces substances avec celte des Cuit entre ces limites, le bob plâtre, Celui
engrais, que, loin de servir eux-miêihes d'all- dé Montmartre ou de Bellevillé par êxemplfi
mens aux plantes , ils les rendent plus gâché avec son volume d'eau, commencera »
actives dans leur végétation et capables d'as prendre de la solidité au bout de 7 a 10 mi-
similer une plus forte dose des produits des biitcs; si alors on lé délaie avec une 2' fo'5
engrais; que par conséquent on doit aug la même dose d'eau, et, dès que lé mélange
menter la proportion de ceux-ci lorsque l'on recommencé à faire prise, un ajoute encore
ajoute les stimulnus convenables. C'est sous une 8' doSe égale d'eau, et on continue ainsi
cette condition, et toutes autres circonstances jusqu'à si* fois, le mélange; peut encore
étant favorables d'ailleurs, que l'on obtient acquérir une faible consistance. Si on le
de ces deux sortes d'agens un plus grand laisse sécher divisé en mottes à l'air, on
effet utile. peut le réduire très-aisément en poudre fine-
Quant à la nature et aux proportions des En cet état le plâtre agit d'autant mieux qu "
stimulant qu'il convient d'employer pour fa offre, une très-grande Surface a l'actiori ae
voriser l'action des engrais, elles varient sui l'eau. ...
vant les diverses plantes et la nature du sol. On Conçoit en effet qu'à chaque addition
Pldtre. — Nous avons vu dans le chap. pré d'tfau le plâtre se gonflant, augmente gt-a-
cédent , que le sulfate de chaux ou plâtre que dueliement de volume, que par conseque"1
l'on emploie en poudre fine, produit ses ef les parties se divisent de plus en plus ]'.'*'
fets les plus remarquables sur les terres ar- ques à dccuper 6 fols plus de volume par I in
gilo-siliceuses qui en exigent plus que les terposition de l'eau. .
terrains calcaires; les luzernes, le trèfle, Lorsqu'au contraire on emploie le PJ"
les fèves, haricots , pois, Vesccs, et toutes les trop aut, il n'absorbe pas même un volum
légumineuses en profitent le plus. On l'em- d'eau égal au sien, ne se gonfle pas et ne
(t) J'ai démontré que même un peu an-dessonsdé 100 degrés le platf• enitiffé «fée le Contact de J-
Seut perdre son eau de cristallisation, et se gâcher ensuite de rftirBirrc k fhlfe une pfi.<ie solide, ou se »
er par l'eau au point de présenter une division convenable: tHai* on né doit pas conseiller, "
la pratique, de cuire le. pliltre à une aussi basse température, parce qu'il faudrait trop de teflip» 8U ""
couche trop mince pour que cela fût économique. r.
c»r. 4'. CIRCONSTANCES FAVORABLES A L'ACTION DES ENGRAIS.
prouve aucune division ultérieure; par cette vent dans aucun ouvrage relatif à l'agricul
cause, retenant donc à peine la sixième par ture publié jusqu'aujourd'hui.
tie de J'eau interposée que peut renfermer On a reproché au plâtrage des luzernes
le plaire bien cuit, il offre d'autant moins de d'avoir donné lieu, en quelques endroits, à Id
prise à l'action dissolvante. météorisatlon des bestiaux. Cet effet, rare-*
Ces phénomènes, que chacun peut à vo ment observé, nous parait tenir à une Végé
lonté réproduire , expliquent les anomalies tation rapide sous les influences favorables
apparentes observées dans les effets du plâ réunies d'humidité, de température, d'en
tre cuit; anomalies qui ont pot-té quelques grais et de stimulans: dans ce cas en effet la
agronomes à penser que le plâtre cru agit laxilé du tissu des végétaux admettant une
aussi efficacement que le plâtre cuit. Cela surabondance d'eau , doit produire les effets
est vrai si ce dernier a été mal diviséj soit bien constatés des nourritures trop aqueuses.
par suite d'une trop forte calcinatlon, soit par Un moyen de parer à cet inconvénient con
toute autre cause. En effet, le plâtre cru siste à mélanger un peu de sel commun àuît
mis eu poudre cède au moins autant à l'ac alimens.
tion dissolvante de l'eau, que le plâtre trop Plusieurs agronomes 6ht observé le peu
calciné. d'effet du plâtre dans les Sois qui déjà con
Ainsi, la Seule utilité de la cuisson du plâtre tiennent du Sulfate de chaux eh proportion
pour l'agritiilture étant dans la grande et fa notable; il est évident que ce sel étant assez
cile division qui peut en résulter, on doit abondant pour que l'eau puisse s'en saturer»
comprendre combien il importe d'éviter l'ex un nouvel excès qu'on ajouterait serait in*
cès de température qui produirait l'effet utile,
contraire. Nous traiterons dans un même article delà
Si la meilleure pierre à plâtre pour les con- Division des Arts agricoles, des fourS à éttire
itnttions est celle qui , calcinée h point , né- le plâtre* à Calciner la pierre à chaut et l'ar
msite le Moins d'eau pour se gâcher, et gile.
peut M absorber le plus par des prises succes Cendres noires, terres hoires de Picardie^
sives (\), il n'en est pas de même pour l'agri- cendres pyriteuses.—On peutencore regarder
dulture; et cela se conçoit, puisque la divisi comme un puissant auxiliaire des engrais ce
bilité est la principale condition de son stimulant, dont l'usage se répand de plus en
meilleur effet. plus.
Il résulte évidemment de cette considéra Son efficacité nous parait tenir à trois cau
tion qae les gypses lainelieux t fibreux ou à ses principales : 1° la couleur noire terne
pains très-fins qui, calcinés h là tempéra dont noiis avons démontré l'heureuse in
ture convenable, exigent beaucoup d'eau pour fluence comme moyen d'échauffer lesol [Voj.
se gâcher et peuvent à peine faire une S" prise chap. ii, p. 46) ; 2° le sulfure de fer, dont là
«veo un volume d'eau égal au premier, sont combustion lente augmente réchauffement
susceptibles de peu de solidité dabs les con de la terre et l'excitation électrique; s" les
structions; mais que, se gonflant beaucoup sulfates acides de fer et d'alumine. L'action
immédiatement, et très-faciles à diviser, Ils de ces deux sels solubles sur le carbonate de
offrent les propriétés convenables pour l'a chaux qtte renferme le sol donne lieu à 14
griculture. formation du sulfate dé chaut, qui agit Sur
En réunissant les conditions précitées dans les plantes comme nous venons dé le dire, et
l'emploi des pierres gypseuses don! on pour au dégagement d'acide carbohiqiie, nul offre
rait disposer, on obtiendra le Maximum d'ef un aliment alit parties vertes des végétant.
fet du plâtre i et une dose de 250 kil. par Ainsi donc la présence du carbonate de chaut
hectare répandue chaque année, pourra quel* dans le sol est Ici fort utile, et on doit en rem
Înefois produire plus d'effet qu'une quantité placer la déperdition par des marnages ou
"unie ou triple de plâtre mal divise. des chantages bien entendus.
Les plâtras de démolitions peuvent Souvent Sans doute l'addition d'un engrais ùtoté éSt
èlre d'un emploi très-avantageux; non seu indispensable, après cette réaction, pour as
lement leur forme spohgieuse les rend faci surer la récolte des graines, tandis qu'il est
les a diviser, mais encore les matières or- moins nécessaire pour obtenir le produit des
geniqueS et les nitrates qui s'y sont peu-a- prairies, surtout dans les terres en bon élât
peu introduits ajoutent aux engrais et aux de culture.
«timolans du sol. Quant aux mêmes mtttièrts qu'an a lësit>-
On peut encore obtenir économiquement vëes pour en ettraire les sulfates Solubles
des effets analogues de certains résidus com dans la fabrication des Magmas [sulfates d'à'
posés de sulfate de chaux, et notamment du lumine et de fer), et préparer l'alun, elles
produit de la saturation de l'acide sulfurique agissent de même, mais plus faiblement; car
per le carbonate de chaut , en excès dans la elles retiennent toujours des mêmes Sels,
fabrication du sirop de fécule. mais en moindres proportions.
Nous avons cru devoir entrer dans beau Enfin les mêmes terres calcinées en tas , à
coup de détails sur cet important sujet, parce l'aide d'une petite quantité de combustible,
que nous pouvions donner des notions pré peuvent être tellement brftlées par Suite du
cises qui, récemment démontrées, ne se trou charbon ou du sulfate de fer qu'elles renfcr
(1) De cette propriété, et de plusieurs autres que j'ai observées, j'ai déduit cette théorie de la soli
dification du plâtre : les premières parties unies avec l'eau dans le gâchace se solidifiant les pré-
■wtes, forment une sorte de scellement qui retient celles hydratées plus tard, s'opposent a leur ecarte-
*nt, donnent une masse plus serrée, plus solide; les meilleurs plâtres sont donc ceux dont les par
faite* s'hydratent le plus lentement. P.
86 AGRICULTURE : ENGRAIS. liv. i".
ment, qu'alors elles prennent une couleur La culture d'une année en betteraves offri
rougeàtre due au peroxide de fer, et qu'elles rait donc un des bons moyens de dessaler
ne contiennent presque plus rien de soluble. un sol trop salpêtre.
Les sulfates de fer et d'alumine décomposés
n'ayant laissé que de l'oxide de fer et de l'a Section IL — Action des divers engrais.
lumine, en cet état elles n'offrent plus qu'un
amendement sableux, analogue à l'argile cal Les différens débris de végétaux et d'ani
cinée propre à l'amélioration des sols trop maux qui ont été doués de la vie sont desti
compacts. nés à servir d'alimens aux plantes; c'est ea
L'argile calcinée, mise en poudre , est en se désorganisant de plus en plus qu'ils four
effet un excellent amendement des sols ar nissent les produits solubles ou volatils assi
gileux, froids, ou terres trop fortes ; elle les milables. Ainsi, lorsque des plantes arrachées
rend plus perméables à l'eau et aux solutions sont mises en tas, unefermentation s'établit,
nutriLives ou stimulantes. Son mélange aug échauffe la masse, dégage de la vapeur d'eau
mentant la porosité du sol, le rend capable et des gaz que décèle leur odeur plus ou
d'absorber et de retenir beaucoup mieux les moins forte ; des sucs altérés, n'étant plus
gaz utiles à la nutrition des plantes. contenus par les tissus organisés qui se dé
C'est encore par la même influence que la chirent peu-à-peu, s'écoulent on se dissol
cendre de houille est très-utilement employée vent dans les eaux pluviales : ce sont ces gaz
pour diviser les terres fortes humides, en dégagés avec la vapeur d'eau, et ces substan
Belgique, tandis que, essayée sur les terrains ces dissoutes, qui peuvent servir d'engrais.
légers et secs, elle n'a produit que de mau Les débris des animaux morts présentent
vais résultats. des phénomènes analogues : les produits de
Nous avons vu que les cendres de bois ont, leur décomposition, solubles ou gazeux, dé
en outre, l'avantage d'introduire des bases veloppent une odeur plus forte; ils diffèrent
alcalines, des sels stimulans, et une grande notamment par la présence d'une beaucoup
proportion de carbonate de chaux, si utile plus abondante production d'ammoniaque et
dans les sols privés ou peu pourvus de cal par une action plus vive et plus grande, qui
caire. doit en faire réduire la quantité relativement
Les cendres de mer, ou résidus de la com à d'égales superficies de terres en culture.
bustion des piaules marines, contiennent, Enfin, les déjections animales donnent di
en outre, une plus forte proportion de chlo rectement des produits liquides et gazeux
rure de sodium (sel marin), et de sulfate de assimilables par les plantes, et qui consti
soude et de potasse, que toutes les autres; tuent la partie la plus active de tous les fu
aussi leur action stimulante est - elle bien miers.
plus énergique. Ces décompositions spontanées, que favori
L'action stimulante des sels, si spéciale à sent l'oxigène de l'air et sa température plus
certaines plantes, et si bien constatée pour élevée, exhalent notamment l'acide carboni
le sulfate de chaux (plâtre) sur toutes les que libre ou combiné dont les plantes peu
légumineuses, peut être nuisible sur d'autres vent extraire le carbone qui accroît leurs
plantes, du moins à égales proportions. C'est parties solides.
ainsi qu'un terrain trop salé, par suite de Plusieurs savans avaient dit, sans toutefois
l'évaporation de l'eau Je mer, pour donner être d'accord avec tous leurs confrères, que
d'abondantes récoltes en céréales, produit dans la fermentation des engrais, le dégage
un développement très-remarquable sur les ment d'une grande partie des produits vo
Salsola, au point que, passé en grande partie latils constituait une importante déperdi
dans ces plantes, le sol peut être par suite as tion des principes utiles à la végétation. Ce
sez dessalé pour que les blés y viennent bien. pendant presque tous les agriculteursavaient
Les coquilles d'huître, les bancs coquillers observé une influence défavorable plus ou
dits faluns, exploités notamment en Tou- moins fortement marquée de la part des fu
raine, et les varechs, ramassés sur les côtes miers non consommés, et surtout de diverses
de la Bretagne, contiennent, outre les sels matières animales, telles que la chair, le
stimulans et le carbonate de chaux , des sub sang, les viscères, etc. Ainsi donc la science
stances animales qui constituent les engrais indiquait tous les principes utiles, et la pra
azotés. Nous y reviendrons plus loin en trai tique semblait avoir appris combien il en fal
tant de ces derniers. lait perdre pour assurer au résidu une incon
Les nitrates de chaux , de potasse et de testable efficacité.
soude, qui forment une partie active des ma La question en était à ce point lorsque,
tériaux salpêtres, des plâtras tirés des murs dans un concours ouvert par la Société cen
de caves, des écuries, etc., sont aussi très-fa trale d'agriculture, le mémoire qui obtint le
vorables au développement de diverses plan 1er prix démontra que l'on pouvait appliqi'er
tes; quelques-unes en peuvent absorber d'é sans aucune déperdition toutes les matières
normes quantités : c'est ainsi que des bette organiques, même les plus putrescibles, a
raves cultivées dans un sol fumé avec des fertiliser les terres, et doubler, tripler, quel
boues de Paris mêlées de plâtras salpêtres , quefois même décupler ainsi leur effet utile.
m'ont donné, en les analysant, une quantité Depuis je reconnus encore que dans les sols
de nitrates presque égale à la quantité de fertiles une faible réaction alcaline, due, soit
sucre qu'elles contenaient pour un même h la chaux, soit au carbonate de soude ou de
poids. Ces racines, ayant d'ailleurs rencontré potasse qui se trouvent dans les cendres, etc.,
dans le sol une proportion convenable d'hu soit au carbonate d'ammoniaque dégage par
midité et d'engrais, avaient acquis un très- les matières a ni nia les. peut activer beaucoup
grand développement la végétation i t .
CHAT. 4'. DES DIFFÉRENS ENGRAIS. 87
Que la plupart des acides ou des sels acides ner ainsi les émananations assimilables au
sont, en général, nuisibles à la germination et pouvoir absorbant des plantes (carlecharbon
au développement des plantes, mais qu'ils seul ne cède sensiblement rien de sa propre
peuvent, au contraire, indirectement les fa substance à l'action des extrémités spongieu
voriser lorsque, sans être en contact avec les ses des racines) ; 2° et encore comme agent in
extrémités des racines, ils réagissent sur le termédiaire capable de condenser les gaz et de
carbonate de chaux, le décomposent lentement, les céder aux plantes, sous les influences de
et dégagent l'acide carbonique, véritable ali température, de pression et d'humidité qui
ment de la végétation. font varier ce pouvoir de condensation ;
Voici d'autres déductions non moins im 3° enfin en absorbant la chaleur des rayons
portantes de la pratique mise d'accord avec solaires et la transmettant au sol, etdurant la
la théorie par une discussion grave de tous nuit aux parties des plantes hors de terre,
les faits naguère souvent contradictoires, et compensant ainsi les causes d'un trop subit
que nous nous sommes empressés de sou et trop grand refroidissement momentané.
mettre aux savans comme aux praticiens A. Païen.
éclairés.
Déjà nous avons dit que les engrais de ma
tières organiques agissent d'autant plus uti Section m. — Des différens engrais.
lement que leur décomposition spontanée
est lente et mieux proportionnée au dévelop Après avoir résumé les principes généraux
pement des végétaux ; les résultats suivans ne relatifs aux engrais organiques sous différens
sont pas moins constans. états, nous allons les appliquer aux traite-
Les engrais les plus actifs, de même que mens et à l'emploi des substances spéciale
ceux qu'une forte résistance à la décomposi ment destinées à servir d'engrais en agri
tion rend trop lents à réagir et presque iner culture.
tes, peuvent être mis dans les conditions favo
rables précitées. Abt. i". —Engrais tirés du règne végétal.
En rapprochant de l'état le plus convena § 1". — Des plantes terrestres.
ble les engrais dont la dissolution et la dé
composition spontanée sont le plus rapides, I. Engrais produits par les parties vertes.
m parvient à quadrupler et même à sextupler
'ty/<* réalisable (1). Dans tous les temps sans doute on a su uti
La chair musculaire, le sang, divers détri liser les végétaux comme engrais. Les Grecs,
tus des animaux, ainsi que les fumiers, qu'on au dire de Tbéophraste ; les Romains, d'a
laissait autrefois s'altérer au point de perdre près Pline, Columelle et presque tous les
des 0,5 aux 0,9 de leurs produits, pourront auteurs qui nous restent de l'antiquité, recou
être utilisés aujourd'hui sans éprouver aucune raient fréquemment à ce moyen pour leur
déperdition préalablement. grande culture. « Quelquefois, dit Varron,
L'action énergique desséchante et désin on sème diverses plantes non pour elles-
fectante des substances charbonneuses ou des mêmes, mais pour améliorer la récolte sui
charbons ternes très-poreux, peut être appli vante en procurant par leurs fanes aux ter
quée à la conservation des engrais très-altera- res maigres une fertilité plus grande. C'est
jles et à la solution de problèmes du plus ainsi qu'on est dans l'habitude d'enfouir, au
laut intérêt pour la salubrité publique. lieu d'engrais, des lupins avant que leur
Diverses matières organiques, dissoutes ou gousse commence à se former, et d'autres
tu suspension, en très - faibles proportions , fois, des fèves dont la maturité n'est point
dans 1 eau, employées en irrigations abon assez avancée pour qu'on puisse les ré
dantes, peuvent assurer les plus remarquables colter. » — Columelle recommande d'une
tffets d'une belle végétation. manière plus explicite encore d'employer le
Les engrais dont les émanations putrides même moyen. Il veut que dans les terrains
oe sont pas convenablement modérées peu sablonneux on enterre ces végétaux lorsqu'ils
vent passer en partie sans assimilation dans sont tendres encore, afin qu'ils pourrissent
'fs plantes, au point d'y maintenir l'odeur promptement, et dans les sols plus te
forte qui les caractérise. Par la désinfection naces, qu'on les laisse devenir durs et roides
préalable , on peut prévenir cet inconvénient pour qui ils puissent soutenir plus long-temps
grave. Une expérience directe démontre, en les mottes dans un état de division.
outre, que certains principes odorans peu La pratique des engrais verts est encore
vent être sécrétés de même dans la chair des générale en Italie; Philippo Re et son excel
"ùnaux, et notamment des poissons. lent traducteur M. Dupont nous en offrent
Les anomalies les plus frappantes dans des preuves nombreuses. — Dans toute la
1 action des os employés comme engrais sont Toscane on sème du maïs au mois d'août
wionnellement expliquées, rentrent dans la pour l'enterrer à la charrue vers le commen
jbéorie générale, et peuventêtre évitées dans cement d'octobre. — Les Bressans emploient
la pratique ou reproduites à volonté. une méthode analogue sur les terrains légers
Les charbons ternes, en poudre très-po qu'ils se proposent de cultiver en froment.
reuse, imprégnés de substances organiques Ils sèment les lupins sur un second labour,
très-divisees ou solubles, agissent utilement: à l'époque précitée, dans la proportion d'un
1' par la Jaculté spéciale de ralentir la dé hectolitre environ par hectare. — Dans le
composition spontanée, de mieux proportion- Bolonais et le territoire de Cesène, dès que
(I) Ainsi le charbon animal, contenant 0,15 de sang sec soluble, agit mieux à poids égal que le
*®% soluble; c'est-à-dire que la putréfaction ralentie sextuple l'effet utilisé.
agriçultcw: t engrais. il», 1*
la moisson est faite , on profite de la pre prés. Cette plante peut, avec le temps, fer
mière pluie pour semer desjeves sur les ados tiliser les terrains les plus médiocres. On la
de chaque sillon dans la proportion de près fauche pendanl, lecotirsde la floraison ou peu
de 2 hectolitres par hectare; à l'automne, dé temps après, puis on l'enterre à la char
lorsqu'elles sont en fleur, on les enterre à la nu' au fond des sillons.
bêche pour préparer le sol k recevoir, en Les beaux chanvres du Bolonais sont dus
mars suivant, une récolte de chanvre. — à l'enfouissement du seigle eu fleur, et les
Dans le Yicentin, on coupe les fèves en jan habitans de Turin utilisent la même oéréale
vier et aq les enfouit peu de temps avant de comme engrais, entre la culture du mais et
çemer I9 plante qu'elles'sont destinées à ali celle du froment.
menter- — Les Toscans les coupent à la fin Je ne chercherai pas à citer un plusgraitd
d'août ou au commencement de septembre, et nombre d'exemples, parce ([lie nous aurons
les fontservir^ l'amélioration 4es fonds légers nécessairement à nous occuper encore de
dans lesquels ils les enterrent au moment des la pratique des récoltes enfouies, en traitant
semailles. — La roquette ( Sisymbrium ) , avec détail des assolement.
quoique les cultivateurs éclairés ne la regar A mesure qu'on remonte du midi veps le
dent pas comme une des plantes qui présen nord, les avantages des engrais verts sont
tent le plus d'avantages pour ce genre d'amé moins grands; aussi , malgré quelques expé
lioration du sol, est cependant employée riences heureuses faites en Angleterre et en
assez en grapd dans la campagne Bolonaise Irlande, les cultivateurs de ce pays ont-ils
et dans quelques parties de l'ancienne Ro- pour la plupart renoncé à ce mode de fu*
înague. Semée à la tin d'août à raison de 4 à mure, regardant comme beaucoup plus
6 kilogrammes par hectare, elle est en état avantageux de convertir les récoltes vertes
d'être enfouie de la mi-novembre à la fin de en fumier, en les faisant consommer par les
ce mois. — Aux alentours de Corne ce sont bestiaux, que de les enterrer.
les haricots qu'on préfère. — Sur quelques On ne trouve pas toujours et partout assei
points du Milanais, depuis un temps immé de temps, ou un temps assez favorable entre
morial on enfouit le navet en vert, malgré la moisson et les semailles, pour obtenir une
les utiles produits qu'on pourrait en tirer récolte propre à être enfouie aux approches
pour la nourriture des bestiaux,— Enfin, de cette seconde époque. En pareil cas, '*»
dans le val d'Arno, le pays de Reggio, la cultures-engrais ne peuvent être utilisées que
Calabre, etc., etc., on sème encore, selon surjachère. Elles tiennentlieu d'une semence
les localités, pour le même usage, le galega de printemps, mais elles préparent infini
ou rue-chèvre, Vers, la vesce, le sainfoin ment mie«x le sol appauvri pour celle d'au
commun et celui d'Espagne , le milice et le tomne qu'une jachère d'été, lorsque celle-ci
maïs. eût été nécessaire, puisqu'elles équivalent»
La pratique des récoltes enfouies est aussi une fumure, et cela sans surcroît bien sensi
assez générale dans quelques-uns de nos dé ble de travail et de dépense, attendu que les
partement méridionaux. Le lupin et le sarra labours ne sont guère plus et souvent pas
sin y sont cultivés communément dans l'u plus nombreux, et qu'avec un peu de soin, il
nique but de suppléer à l'insuffisance des est toujours facile de se procurer, sur la pro
engrais. Ces deux plantes, d'une croissance priété même, les graines nécessaires.
rapide, peu difficiles sur le choix du terrain, // est des circonstances dans lesquelles l'e*
riches en parties foliacées et d'une végétation fouissement des plantes vertes précède la
à l'épreuve des sécheresses, peuvent être se semis de mars. Cela arrive, assez rarement,
mées à l'aide d'un seul labour, sur un chaume lorsque dans des terrains de mauvaise qua
retourné immédiatement après la moisson, lité on enterre successivement plusieurs ré
et enfouies au moment de l'épanouissement coltes différentes dont la dernière ne peut
de leurs fleurs, de manière à ne retarder au se commencer qu'aux approches des froid»,
cunement les semailles d'automne. — Le et lorsqu'on a intérêt à ne retourper qu'au
sarrasin, dont on peut partout se procurer printemps un vieux trèfle ou tonte autre prai
les graines à bas prix et -dont un hectolitre rie artificielle. — D'autres fois, après une
environ suffit pour ensemencer un hectare ou plusieurs coupes pendant le cours de, la
dans le cas dont il s'agit, offre particulière belle saison, on en réserve une dernièw
ment de grandes ressources pour les pays pour être enterrée en automne. — Pluseom-
pauvres : mieux que le lupin, il réussit dans munément, on n'enterre qua les racines,;
nos contrées septentrionales, ainsi que le mais une pareille pratique sort du sujet qui
trèfle, la spergule et les raves qu'on y cultive nous occupe en ce moment.
dans le même but sur les terrains secs et lé Les végétaux herbacés ne sont pas les seul»
gers. — Les fèves, les pois et les vestes sont qu'on utilise comme engrais verts. On <""•
préférés pour les terres argileuses. ploie au même usage des arbustes et mewe
C'est une coutume déjà fort ancienne sur des arbrisseaux. Lors du déloncenient des
divers points des bords du Rhône, et notam friches couvertes de genêts, d'ajoncs ou. w
ment aux environs de fiescenay, de semer bruyères, au lieu de briller, ou tout en bru*
des vesecs ou du sarrasin aussitôt après la lant une partie de ces végétaux sur le sol, on
récolte du froment et de les enterrer à la fin enfouit quelquefois les rameaux au fond de
de septembre pour semer du seigle. — Après la jauge de labour pour en obtenir uneugl''J*
la récolte du seigle, la même culture re durable et un excellent amendement de*
commence pour préparer la terre à recevoir terres fortes.
du froment en octobre. Il arrive aussi qu'on les réunit par bottes
Suivant M. Sutières, la/eW est le meil et qu'on les transporte dans les vignes épui
leur des engrais verts pour le froment et le» sées par une lqpgue prniJuctWD.. pour Ktf
ciaf. 4. DES DIFFÉRENS ENGRAIS 89
rendre la fécondité sans nuire à la qualité depuis le moment où les graines se forment
de leurs produits. En pareil cas, entre cha jusqu'à celui de la maturation.
que rang de ceps , on creuse une rigole de 8 Les engrais verts sont loin d'être suffisam
àl0po.(0m. 217 àO in.270) de large, sans trop ment appréciés partout où il s pourraient être
craindre de couper quelques chevelus, et, employés avec avantage.
après l'avoir remplie de branchages, ou re
couvre au moyen de la terre enlevée de la II. Engrais produits par les parties mortes
rigole suivante. L'effet de cette opération, ou desséchées.
applicable surtout aux terres un peu for
tes, se fait sentir pendant un grand nombre Les plantes, en séchant, ont perdu de leur
d'années. qualité nutritive. Aussi ne les emploie-t-on
Les engrais tirés du règne végétal ayant guère en cet état à l'amélioration des terres,
moins que ceux qui proviennent du règne S|u'après les avoir transformées en litière.Elles
animal l'inconvénient de changer la saveur ont alors le plus souvent partie des engrais
des fruits, les rameaux d'il', les tontures de mixtes dont il sera parlé ci-après. Les tiges
buis, etc., etc., sont recherchés presque par de maïs , de seigle, les chaumes des céréales,
tout pour ajouter à la vigueur des arbres les pailles, lesJoins avariés sont particulière
fruitiers. — Divers cistes, des gnaphalium ment dans ce cas.
et autres plantes qui abondent dans les Lesfeuilles qui puisent une grande partie
lieux les plus arides des contrées méridio de leur nourriture dans l'atmosphère, ferti
nales de l'Europe, sont soigneusement réu lisent à la longue deleursdépouilles les fonds
nis en Toscane sous le nom de tignami- les plus ingrats. S'il est impossible d'imiter
che, et placés au pied des oliviers après avec avantage dans la pratique de la grande
avoir séjourné en tas assez long-temps pour culture, en couvrant de feuilles des champs
éprouver un commencement de fermenta entiers , les procédés que la nature emploie
tion. J'ai vu cette méthode reproduite sur dans les bois, il est au moins fort ordinaire
quelques poinlsdesgM/77g-He.$ du département d'utiliser, dans les jardins, ces précieux pro
de l'Hérault. — Du reste, toutes les tiges duits des arbres. — On les transforme de
herbacées ou sous-ligneuses et toutes les diverses manières en terreaux légers favora
parties vertes des végétaux, lorsqu'on ne bles à la végétation de plantes délicates. —
leur trouve pas un meilleur emploi, peuvent On les mêle aussi aux autres fumiers pour
être transformées immédiatement en en en augmenter et eu améliorer la masse, et je
grais.—Elles fermentent d'autant plus promp- connais telles localités voisines de vastes
teraent qu'elles contiennent davantage de plantations de conifères, où cet usage n'est
substance parenchymateuse et moins de par pas un des moindres avantages de pareilles
ties ligneuses, et que la décomposition de cultures.
leur fibre est rendue plus facile par l'abon Les fougères dans les terrains où elles
dance des matières saccharines et mucilagi- abondent; — les fanes de toutes les mauvai
neuses. ses herbes détruites dans les champs ou sur
J'ai dit que les plantes enfouies comme les bords des chemins avant la maturité de
engrais conviennent mieux aux climats leurs graines qui saliraient le sol en se dé
chauds qu'aux autres. Par la même raison veloppant; — les mousses; — les feuilles
elles conviennent mieux aussi aux terres sè qu'on peut se procurer en abondance et à si
ches qu'aux terres humides. — L'eau qu'elles peu de frais en employant des enfans à les
abandonnent progressivement en se décom ramasser dans les taillis ou les futaies, pro
posant produit une humidité épie et con curent dans quelques lieux et' pourraient
stante on ne peut plus favorable au dé fournir dans beaucoup d'autres, par les mê
veloppement de toute végétation, lorsqu'elle mes moyens, d'importantes ressources.
est accompagnée de chaleur et qu'elle se Malgré la fécondité du terreauvégétalqu'on.
trouve, comme dans le cas dont il s'agit, trouve dans les vieux troncs pourris , je ne
en contact avec des matières solubles.—Plus ferai que l'indiquer ici parce que son emploi
une plante sera riche en parties herbacées ne se rattache pas à l'agriculture. — Il en est
et charnues, mieux elle remplira donc son de même de la sciure Je bois que sa lente dé
but comme engrais vert, non seulement par composition rend très-propre à entrer dans
la raison que je viens de donner, mais parce la formation des terres de bruyères artifi
qu'on peut induire du nombre et de l'épais cielles.
seur de ses feuilles qu'elle aura puisé dans Quant aux écorces extraites des fosses des
l'atmosphère une plus grande quantité de tanneurs où elles ontperdu, en grande partie
principes nutritifs. du moins , leurs principes astnngens , il est
Pour les localités argileuses et humides, il reconnu qu'elles sont néanmoins, par elles-
faudrait au contraire choisir des tiges ra mêmes dans cet état, peu favorables à la végé
meuses, coriaces et d'une lente décompo tation. Parfois on les mêleàla poudrette,mais
sition, afin d'obtenir aussi un amendement. c'est une fraude doublement condamnable;
Celte vérité n'est pas neuve ; on a vu qu'elle car en augmentant la masse elles diminuent
était parfaitement connue des Romains. la qualité. —Comme la tannée est presque
Le meilleur moment d'enfouir les récoltes entièrement composée de fibre ligneuse,
vertes est celui de la floraison. Alors, surtout, pour la faire entrer plus facilement en fer
elles sont gonflées de sucs sans avoir pres mentation, Davy a recommandé l'usage de la
que rien enlevé à la terre, car il a été dé chaux.
montré qu'elles ne commencent générale Les balles qui se détachent des épis pen
ment à épuiser, ou , pour me servir de l'ex dant le battage, les chenevottes, résidus de
pression consacrée , à effriter celle-ci , que la préparation des chanvres ou du lin, peu»
IGaiCULTURE, 12" livraison. L— M
00 AGRICULTURE : ENGRAIS. I.IV. 1"
vent aussi, quoiqu'elles contiennent peu de tent, année commune, de 14 à 1500 francs.
substances nutritives, être converties en en En Angleterre, où l'usage "de s tourteaux de
grais. Dans presque toutes nos campagnes navette s'est étendu de plus en plus et où
on les jette sans précaution sur les fumiers. leur prix s'est élevé, au lieu d'en employer
Il parait qu'on n'est pas partout aussi insou comme autrefois jusqu'à un demi ton par
ciant. — Dans le Frioulon les fait ramollir acre (1,400 kilog. par hectare), on n'en met
quelque temps dans l'eau avant de les réu plus maintenant qu'un millier de kilogram
nir en tas. Elles fermentent ainsi beaucoup mes et même moins sur une semblable sur
{(lus promptement. — Dans le Bressan on face, et il parait que les résultats sont encore
es répand sur les prairies naturelles dans très -avantageux. — D'après Tavlor, cette
la proportion de 15 à 30 charretées par hec dernière quantité est suffisante pour fécon
tare. — Ailleurs on s'en sert pour fumer les der un champ de 3 acres (121 ares) semé en
vignes et les arbres fruitiers. turneps, à la volée, et de 5 acres (un peu
plus de 2 hectares) lorsque le semis a été
III. Engrais produits spécialement par les fait en rayons.
graines et lesfruits. Dans le midi de la France on emploie
les tourteaux de colza en proportions fort
Philippo Ré rapporte qu'il a vu mettre variables selon la fertilité des terres. Sur de
dans des fours des graines de lupin pour leur très-bons fonds on a réussi avec une quan
faire perdre leur propriété germinalive et tité qui ne dépassait pas de beaucoup la plus
les employer ensuite comme engrais au faible que je viens d'indiquer. Ailleurs on
pied des orangers et des oliviers. L effet de l'a portée de 6 à 700 kilogrammes; ailleurs
cette substance devient très- promptement encore, pour des sols de moindre qualité,
sensible, et l'on doit d'autant moins s'en jusqu'à 8 et 900 et même au-delà de 1000 ki
étonner, qu'après les matières animales, les logrammes. Enfin, dans le Bolonais, pour la
graines sont probablement de toutes les par culture exigeante du chanvre, on a été jus
ties végétales celles qui jouissent, sous un qu'à 16 et 1700 en employant de préférence,
moindre volume, de la plus grande faculté après le marc de colza, ceux de lin et de
engraissante. — Dépouillées même de plu noix.
sieurs de leurs principes, elles conservent On n'utilise pas toujours les marcs oléagi
cette faculté a un haut degré. neux de la même manière. Dans le Bolonais
Tous les marcs de Jruits, lorsqu'on ne leur dont je viens de parler, presque dans toute
trouve pas un emploi plus avantageux , peu l'Angleterre et une partie de nos départe-
vent donc devenir des engrais. — Celui de inens, apr,ès les avoir plus ou moins finement
raisin, après avoir fermenté quelque temps pulvérisés, on les répand à la main quelques
en masse et à couvert, sert à féconder les jours avant les semences et on les recouvre
vignes, les vergers, les prairies et même les en même tempsqu'elIes.Sur les autres points
cultures de céréales dans le midi de l'Eu de l'Italie, aux environs de Lille, de Valen-
rope. On l'utilise presque partout en jardi ciennes, etc., etc., on en saupoudre au prin
nage. temps les jeunes plantes déjà développées,
Le marc de pommes et de poires, quoique comme ou le fait dans d'autrescirconstances
moins actif, peut être employé en partie aux au moyen des fumiers et des stimulans les
mêmes usages. Mis à pourrir, mêlé ensuite pluspuissans.
par moitié à de la terre et porté sur les Quelques expériences concluantes ont dé
champs secs et arides, il y produit un bon montré que la macération des tourteaux dans
effet. En Normandie on lui reconnaît sur l'eau produit un engrais liquide d'une grande
tout la propriété d'améliorer les prairies et énergie. Dans la Flandre on les mêle aussi
les jeunes plantations de pommiers. aux urines des étables ou à d'autres substan
Le marc dedrèche, que son emploi à l'en ces animales.
graissement des bestiaux et son peu d'abon Le marc desolives qui offre la peau , le pa
dance en Frauce ne permet guère déclasser renchyme et les noyaux, quelque bien pressé
parmi les substances végétales fécondantes qu'il soit, même dans les moulins de recense,
du sol dans nos contrées, aux environs ,de contient encore de l'huile qu'on en retire en
Londres où sa production est immense, est le faisant pourrir dans des citernes; la boue
recherché presqu'à l'égal des meilleurs fu qu'il laisse au fond de ces citernes est un
miers, puisque la quantité qu'on en répand excellent engrais, dont Bosc assure cepen
par arpent n'est que de 26 à 39 décalitres. dant qu'on ne lire guère parti dans les can
On peut expliquer cet effet par la propor tons de la France où l'on cultive l'olivier. Je
tion de matière azotée qu'il retient. l'ai vu çà et là employé dans les pépinières,
Enfin les marcs de graines ou defruits oléa et; au pied de chaque arbre dans les olive
gineux font surtout d'excellens engrais. Ceux- raies.
là méritent ici une attention particulière. Il y a un petit nombre d'années, on a
Dans le département du Nord, les tourteaux cherché à substituer l'usage de l'huile
sont devenus pour ainsi dire une des con même à celui des gâteaux oléagineux. Je
ditions de la bonne culture du pays. On les ne crois pas qu'une telle pratique puisse
emploie sur les terres légères et franches, être recommandée; car, si les tourteaux pro
Ïirincipalement pour les cultures de céréa- duisent de si bons effets sur les terres, cela
es et pour celles des colzas et du lin. Là il tient sans doute bien plus à ce qu'ils con
n'est pas rare de voir les fermiers répandre tiennent beaucoup de substance azotée
sur moins de 20 hectares, indépendamment albumineuse , qu'à ce qu'ils conservent
de tout autre fumier, au-delà de 8,000 tour une certaine quantité d'huile. D'ailleurs on
teaux de colza et de cameline qui leur coû ne peut pas douter que la question d'écono
chap. 4. DES DIFFERENS ENGRAIS. 91
mie ne fasse proscrire entièrement l'em lieu de se remettre; là où le hersage avait
ploi de l'huile comme engrais. laissé une traînée ou quelques parcelles de
D'après tout ce que j'ai lu et ce que j'ai colza à découvert, on trouvait celles-ci cou
vu, particulièrement dans le Nord, je re vertes de moisissure. Une dernière tentative
garde les tourteaux oléagineux comme un que j'ai faite en 1833, à moitié dose, c'est-à-
excellent engrais. Toutefois, la note sui dire à raison de 500 kil. seulement, avec du
vante de notre collègue Vilmorin, dont la tourteau de graine de radis, sur un hectare
riche expérience a été déjà tant de fois utile d'avoine en herbe, a également produit de
à l'agriculture française, engagera le lecteur mauvais effets assez marqués. — Quoique je
à ne pas les employer, dans tous les cas, sans ne puisse me rendre compte de résultats si
quelques essais préalables. opposés à ceux que l'on dit avoir lieu partout
Oscar Leclerc-Thouin. ailleurs , i 1 m'a paru cependant essentiel de les
Quoique l'efficacité , comme engrais, des faire connaître, pour appeler l'attention des
tourteaux de graines oléagineuses, soit telle observateurs et des praticiens sur les effets de
ment prouvée par une longue expérience, en la poudre de tourteaux employée à sec et sans
Flandre, en Belgique et en Angleterre, qu'on mélange. Cela peut être d'autant plus utile,
ne puisse la révoquer en doute, il est cepen qu'aucun des ouvrages modernes que j'ai con
dant certain que leur emploi, en poudre et à sultés ne fait mention de rien de semblable.
sec, présente quelquefois des exceptions fort C'est dans Duhamel seulement, qu'à force
étranges, jusqu'au point de produire des ef de chercher, j'ai trouvé une indication con-
fets destructifs de la végétation. Voici ce firmative de mes observations et un moyen
que j'ai éprouvé à cet égard : de prévenir des accidens tels que ceux que
En septembre 1824, voulant faire, sur une j'ai éprouvés (du moins pour l'emploi au mo
terre très-calcaire et maigre, l'essai compa ment de la semaille). Dans les Elémens d'a
ratif de divers engrais et amendemens pul griculture de cet auteur, t. 1, p. 193, il est dit
vérulents, je fis diviser en cinq bandes égales que « le marc des graines oléagineuses doit
une pièce d'un demi-hectare qui allait être être répandu 10 à 12 jours avant de semer le
semée en trèfle incarnat, et chacune d'elles grain : » sans cela, ajoute M. Van Eslande,
reçut, immédiatement après la semence, l'en de qui Duhamel tenait ces notes , « les graines
grais qui lui était destiné : 1° poudretle; qui s'envelopperaient de cette poudre, avant
2" marc de colza; 3° urale; 4° chrysolin(en- qu'elle eût éprouvé l'action du soleil, ne ger
graisque fabriquait alors mon ami le docteur meraient point.» Depuis, j'ai su de M. M. A.
Raxque, d'Orléans); 5° cendres de tourbe. Puvis, de Bourg, savant aussi distingué que
La semence et les amendemens furent en bon agronome, que dans le département de
terrés par le même hersage. Les bandes 1,3,4 l'Ain, où les cultivateurs emploient habituel
et -3 levèrent parfaitement; mais la deuxième, lement les marcs de graines grasses pour l'a
qui avait reçu la poudre de colza, resta abso mendement des chenevières, ils ont soin de
lument nue'i rien n'y parut, qu'une faible répandre et herser cet engrais environ 15
plante ça et là ; enfin c'était comme une allée jours avant de semer le chanvre.
entre deux pelouses bien vertes. Le tourteau Vilmorin.
avait été employé sur le pied de 1,000 kilo
grammes à l'hectare, quantité indiquée par § II. — Des plantes aquatiques.
tous les ouvrages que j'avais consultes et que
des cultivateurs flamands m'avaient égale 1. Engraisproduits par les herbesd'eau
ment donnée comme convenable. douce.
Une autre pièce de 75 ares, semée en
wsces d'hiver et en pois gris d'hiver, et trai Parmi les herbes qui croissent dans les
tée de la même manière, présenta absolu eaux douces, il faut distinguer, eu égard à
ment les mêmes résultats ; ces deux graines leur emploi comme engrais, celles qui, en se
levèrent très-bien sur toute la pièce, excepté décomposant sous l'eau, ont donné naissance
sur les deux bandes amendées avec la pou à de la tourbe, et celles qu'on arrache encore
dre de tourteau. Les pois et les vesces, exa vertes pour les utiliser dans cet état à la fer
minés peu de temps après, avaient, eu gé tilisation du sol.
néral, leur germe sorti; mais il était noirci, La tourbe, dont il a déjà été parlé en trai
retrait, et les graines semblaient brûlées tant des terrains tourbeux, semblable en cela
comme si elles eussent passé par le feu. à toutes les substances organiques et inor
La quantité avait été la même que dans l'essai ganiques qui ont été long-temps soustraites
précédent, et je ne pense pas qu'il ait pu au contact immédiatdesgazatmosphériques,
.v avoir d'erreur : j'avais fait peser et ensa est d'abord complètement impropre à la vé
cher devant moi les doses destinées pour cha gétation. A mesure qu'elle éprouve une se
que bande, chaque sac était étiqueté et la conde dérom position sous l'influence de l'oxi-
semaille avait été faite par mi homme intel gène de l'air, elle devient un bon engrais;
ligent, sachant lire, et accoutumé à des expé mais cet effet est d'une lenteur excessive;
riences minutieuses. aussi préfère-ton généralement la faire brû
Dans les années subséquentes, j'ai plu ler pour en répandre les cendres ( V. Chap.
sieurs fois essayé le marc de colza, au prin Amendemens, p. 74) que de l'utiliser directe
temps, sur des céréales fatiguées et dans des ment. Dans maintes circonstances, cepen
terrains siliço-argileux tout-à-fait différens dant, il peut être désirable de s'en servir pour
du précédent; je l'ai vu, dans toutes ces augmenter la masse des fumiers. — On y par
épreuves, produire des effets plus ou moins vient de différentes manières.
nuisibles : sur les portions 'le champ ainsi En Irlande, après l'avoir simplement des
traitées, les plantes ont, en général, dépéri au séchée et pulvérisée, on l'emploie plus tard
92 AGRICULTURE ENGRAIS. ut. r".
avec l'addition d'un peu de chaux, pour toutes côtes de la mer, soit qu'on aille couper ces
les cultures économiques et plus spéciale herbes sur les rochers, soit que la mer les
ment pour celle des pommes-de-terre. jette sur le ri vage.Cependan t les effets qu'ell es
Comme cette substance, par suite de sa for produisent sont loin d'être aussi durables
mation chimique, est infiniment peu soluble, que ceux du fumier, car ils ne se font sen
afin de provoquer sa fermentai ion, lordMEA- tir que sur une ou deux récoltes.
vowbank a judicieusement recommandé de Les herbes marines, appliquées aux terres
la mêler à d'autres substances moins fixes, arables, ne peuvent pas être répandues et en
telles que des engrais facilement putresci terrées trop tôt après qu'elles ont été re
bles et.déjà dans un état de décomposition, cueillies. Si on ne peut pas le faire immédia
et cet avis a été généralement suivi de succès. tement, à cause de la saison ou pour tonte
— L'emploi de la chaux magnésienne, de la autre cause, on doit en faire des composts
chaux ordinaire, des marnes calcaires et des avec de la terre et du fumier long ou de la
cendres alcalines a produit des effets analo chaux.
gues toutes les fois qu'on a cherché par leur En répandant ces herbes sur d'anciens pâ
moyen, soit à rendre des tourbières cultiva turages, non seulement on augmente la quan
bles, soit à transformer des masses de tourbe tité, mais on améliore la qualité de l'herbe.
en engrais. — On peut donc arriver de deux Le bétail à cornes ainsi que les bêtes à laine
manières aux mêmes résultats. — L'agronome la mangent avec plus d avidité, prospèrent
anglais que je viens de citer établit en fait mieux et s'engraissent plus promplement. —
qu'une seule partie de fumier chaud suffit Cette substance ne convient pas autant que
pour amener 3 ou 4 parties de tourbe à un le fumier pour l'avoine ou pour une récolte
état suffisant de fermentation. — D'un autre de turneps; mais elle réussit parfaitement
côté, l'Allemand Kasteler s'est convaincu, b\eo pour l'orge. Lorsqu'on l'applique sur les
à la suite d'expériences directes, que la chaux jeunes pousses du trèfle, après la moisson,
nouvellement éteinte et à l'état d'hydrate, elle les détruit. On peut la mêler avantageu
c'est-à-dire réduite en poussière au moyen de sement avec le fumier de cour de ferme. On
l'eau, au sortir du fourneau, agitsur la tourbe emploie par acre on tiers en plus, en poids,
de manière à transformerpeu-à-peu les parties d'herbes marines que de fumier.
fibreuses et résineuses qu'elle contient en Cet engrais présente divers avantages par
acide humique, lequel forme aussitôt un hu- ticuliers : — il ne contient pas de semences
mate de chaux, engrais très-durable, qu'on de mauvaises herbes; — il se décompose ra
pourrait ainsi préparer pour les besoins de pidement; — il est immédiatement utile aux
la culture avec une grande facilité. — La pra plantes, sans exiger un long procédé de pré
tique la plus fréquente, qui consiste à strati- paration. Avec son secours, le cultivateur
fier lejumier d'etable et la tourbe desséchée peut semer plus fréquemment des céréales
et pulvérisée, et à mêler un peu plus tard le ou des récoltes vertes, et augmenter ainsi la
tout, résume donc tous les avantages de l'une quantité de ses fumiers. On ne peut révoquer
et de l'autre théories. en doute ses bons effets, et on ne peut rien
La plupart des cultivateurs anglais em objectera son emploi, si ce n'est qu'on pré
ploient souvent le terreau de tourbe comme tend que les grains qu'il produit sont de qua
top - dressing , c'est-à-dire en la semant au lité inférieure. ( Agriculture pratique et rai-
printemps sur les plantes déjà développées, sonnée, par sir John Sinclair. )
ils trouvent qu'en suivant cette méthode il y Dans la Normandie et la Bretagne, on fait
a autant à gagner pour l'effet produit, l'éco usage des plantes marines depuis un temps
nomie de main-d'œuvre et celle de l'engrais. immémorial; on préfère \esvarecs de rochers,
Il est bien peu de contrées où l'on ne re c'est-à-dire ceux qu'on va arrachera marée
cueille pas les plantes aquatiques des marais basse, aux varecs d'échouage, qui cependant
et des étangs pour suppléer aux fumiers ou contiennent évidemment beaucoup plus de
en accroître la masse. — Tantôt on laisse ces matières animales. — Les premiers, enterrés
plantes étendues sur le sol pendant quelques sur place ausortir même de la mer, se décom-
jours, après les avoir arrachées , puis on les fiosent plus rapidement que les autres. On
enterre simplement à la charrue ; — tantôt es emploie seuls, tandis que les fucus ra
on les réunit par tas pour qu'elles se décom massés sur la plage ne sont ordinairement
posent, et on les transforme en composts, en utilisés que comme litières.
les mélangeant en diverses proportions avec Assez souvent on mêle les débris de plantes
de la terre. marines aux autres fumiers ; parfois on les
laisse pourrir isolément ou on les stratifié avec
IL Engrais produits par les plantes marines. de la terre, pour les transformer en compost.
— Ces méthodes paraissent être préférées ,
Ces plantes, telles que le fucus, les algues en Italie, à l'enfouissement immédiat qui est
les conferves, etc., sont encore plus recher au contraire préféré, je crois avec raison ,
chées que les autres, partout où l'on peut se dans d'autres lieux. Aux environs d'Ancône,
les procurer sans trop de frais. — Elles con on ne connaît presque pas d'autres engrais
tiennent en abondance une substance muci- que les algues et la zostera réduites en ter
lagineuse facilement séparable, et une quan reau par une fermentation naturelle dans
tité de sel marin qui augmente sans nul doute un lieu couvert. — Sur d'autres points de la
leurs propriétés fécondantes. rive adriatique, on les étend sur les chemins,
Dans beaucoup de cantons, c'est vnesource et, lorsqu'elles y ont été en partie triturées,
très-importante de fertilité ; et lorsqu'on les mêlées aux urines, aux excrémens des ani
emploie judicieusement, elles ne manquent maux et à la poussière du sol, on les réunit
jamais d enrichir les districts situés sur les à la masse commune des autres fumiers.
chip. 4. DES DIFFÉRENS ENGRAIS. 93
L'emploi des varecs ou fucus, sur les côtes la décomposition pour suivre les progrès de
de France, a été considéré comme assez im la végétation et réaliser leur maximum d'ef
portant pour qu'une ordonnance aitfixé l'é fet ; nous verrons plus loin qu'il en est géné
poque de leur récolte entre la pleine lune ralement de même pour une autre substance
de mars et celle d'avril, parce qu'à cette résistante, les os, tandis que la chair, le sang
époque ils ontrépandu leurs granules repro et la matière fécale, qui sont peut-être trop
ducteurs et ne sont point encore couverts du vite décomposables, peuvent être mises dans
frai des poissons. Oscar Leclerc-Thocin. les conditions le plus favorables et réaliser
la plus grande proportion de leur effet utile.
AKT. II.—Des engrais animaux. La viande des animaux morts, cuite et di
Ce sont les animaux qui fournissent les en visée comme il est dit dans le livre des Arts
grais les plus puissans :1a chair musculaire, le agricoles, et que l'on ne se déciderait pas à
sang, la corne, les débris des peaux, des ten donner aux bestiaux , formerait l'un des
dons, la laine, la soie, la matièrefécale, lesoj' meilleurs engrais ( et même le meilleur de
et quelques préparations de ces substances, tous préparée comme nous le dirons plus
objets de grandes exploitations industrielles, bas). Pour en faire usage, on la mélange le
telles que le noir animalisé, tiennent à cet plus intimement possible avec environ six
égard le 1" rang; ils peuvent être expédiés à ibis son poids de terre du champ, afin de
des distances considérables et offrir un la répandre en petite quantité et bien éga
complément indispensable aux engrais végé lement sur les terres emblavées. Cet en
taux et aux fumiers des écuries. Ainsi, l'on grais, mis à la main près du pied de la plu
peut dire que les débris des animaux et] les part des plantes potagères et de grande cul
déjections animales offrent les plus riches ture, des vignes, pommes-de-terre, bettera
agens de la fertilisation des sols. — Nous ves, etc., sans être en contact immédiat avec
croirons donc devoir exposer avec quelque la tige, active la végétation d'une manière
élendue cette large base sur laquelle repose remarquable. On peut encore la semer
l'agriculture, la prospérité des peuples, et comme du grain, à la volée, pour l'engrais
même, nous le verrons bientôt, la salubrité des terres qu'elle fertilise extraordinaire-
des grandes villes. ment. Mélangée avec deux fois son volume
de terre pulvérulente , son dosage devient
§ I".— De quelques substances peu employées. extrêmement facile, et 1500 kil. de ce mé
lange suffisent à la fumure d'un hectare de
Aucune [expérience certaine n'autorise à terre. Nous nous sommes assurés, par des es
considérer les matières grasses comme sus sais comparatifs , que celte substance est
ceptibles de servir d'engrais directement. sensiblement préférable comme engrais au
Les tendons sont en général trop difficiles sang sec en poudre.
i diviser pour former des engrais pulvéru
lent; il faudrait se borner à les trancher en § II. — Du sang desséché.
menus morceaux.
Sabots, ergots, onglons, cornes.— Ces débris Sang. — Ce liquide, cependant ( surtout
d'animaux constituent un des plus riches en lorsquil a été soumis à la coction qui ,
grais azotés; mais leur forte cohésion et la dif le coagulant , retarde sa décomposition dans
ficulté de les diviser, autant souvent que leurs la terre), est reconnu si utile à la végétation
prix élevés, précisément en raison de leur vo des cannes à sucre, que depuis peu, on l'ex
lume et de leur moindre coloration , en font pédie de Paris , avec une valeur de 20 fr. les
réserver la plus grande partie pour les usages 100 kilogrammes, aux colonies, où il arrive
de la tabletterie. Ceux qui sont défectueux ou coûtant 40 fr. Le sang, en quelque étal qu'il
d'un petit volume, se vendent aux fabricans se trouve et de quelque animal qu'il provien
de bleu de Prusse ; enfin les râpures de corne, ne, offre donc aux habitans des campagnes
déchets des tabletiers, se présentent comme une précieuse ressource comme engrais, et
engraisdans lesconditions les plus favorables. déjà, sous ce rapport, il a formé la base
11 convient de les couvrir de terre près des d'une spéculation importante à Paris.
plantes, afin d'éviter que le vent ne les déplace. Voici un des procédés les plus simples pour
Cetengrais, d'un prix élevé, a été employé l'utiliser : On fait dessécher au four, immé
»ec succès, de même que ceux indiqués ci- diatement après la cuisson du pain, de la
après, pour les oliviers, les mûriers et les terre exempte de mottes , que l'on a soin de
vignes. remuer de temps à autre au moyen du râ
Plumes, crins, poih, bourres de laine et de ble; il en faut environ quatre à cinq fois
'oie. — Les plumes défectueuses et toutes plus que l'on n'a de sang liquide; on tire
celles qui ne peuvent servir ni pour les lits, sur le devant du four cette terre chaude, et
nipourécrire, ni pour les tubes des pinceaux, on l'arrose , en la retournant à la pelle, avec
ainsi que les crins, poils, bourres de laine le sang à conserver; on renfourne de nou
et de soie, qui ne peuvent être employés plus veau le mélange , et on l'agite avec le rable ,
avantageusement dans divers ouvrages de jusqu'à ce que la dessiccation soit complète.
sellerie, bourrelerie, tissus, etc., seront aisé On peut alors remettre le tout dans de
ment utilisés aussi comme un excellent en vieux barils ou caisses, à l'abri de la pluie
grais, en les mettant dans des sillons creusés pour s'en servir au besoin. La terre, dans
près des plantes et les recouvrant de terre. cette préparation , est utile surtout pour
Toutes ces substances, de même que celles présenter le sang dans un étal de division
comprises dans leparagrapheprécédent,quel- convenable , et rendre sa décomposilion
que divisées mécaniquement qu'elles soient, dans les champs plus régulière et plus lente.
offrent encore une trop grande résistance à On saura d'ailleurs quelle surface ces mé
94 AGRICULTURE : ENGRAIS. uv.i".
langes pourront couvrir comme engrais, chérie est d'environ 0,1, bien que les parties
en se rappelant que 3,000 kil. de sang liquide très-spongieuses, qui en renferment le plus,
donnent 760 kil. de sang coaguléet séchéqui en contiennent jusqu'à 0,5.
suffit à la fumure d'un hectare. 100 kilogr. La proportion de la matière grasse extraite
de sang en cet état équivalent, comme en par ce procédé diminue graduellement au
grais, à 300kilog. d'os concassés,ou six voies fur et à mesure que les os se dessèchent.
de bon fumier de cheval, pesant ensemble Elle devient presque nulle lorsque la dessic
7,200 kil. C'est un engrais de beaucoup supé cation a lieu sous une température élevée,
rieur à tous ceux connus et désignés sous soit au soleil, soit à l'étuve. On conçoit, en
les noms de poudrette, tourteaux, etc.; il ne effet, qu'au fur et à mesure de l'évaporatiou
le cède qu'à la viande séchée mise en poudre. de l'eau qui remplissait les interstices de la
substance des os, la graisse liquéfiée par la
§ III.— Issues, vidanges et déchets des boyaux. chaleur a pu graduellement prendre sa place.
Toutes les parties internes des animaux, tel Un des effets de cette pénétration a été d'im
les que le foie, les poumons, la cervelle, le prégner le réseau organique qui renferme
le phosphate et le carbonate de chaux. Ce
cœur, ainsi que les déchets de boyaux, doivent réseau, déjà difficilement attaquable par
être hachées le plus menu possible, puis mé suite de sa cohésion et de son insolubilité,
langées, ainsi que la vidange des intest ins,avec défendu, d'ailleurs, par les substances inor
de la terre fortement séchée; celle-ci dans la ganiques interposées, est devenu bien moins
proportion de six fois le volume des matières altérable encore lorsque la matière grasse,
animales. Lorsque celle composition est bien non seulement l'imprègne et le défend de la
malaxée à la pelle, on la répand sur les sols pénétration de l'eau, mais encore lorsque,
à fumer, dans la proportion d'unkilogramme peu-à-peu acidifiée, elle forme avec la chaux
Ear mètre de superficie ou 10,000 kilog. par un savon calcaire, dont M. d'Arcet a démon
ectare. tré l'inaltérabilité sous les influences atmos
Cet engrais donne de très-bons résultats: phériques.
il est notamment très-favorable à la végéta
tion du blé. Si l'on ne pouvait pas le répan Les os, dans cet état si difficilement alté
dre immédiatement après la préparation, il rables, ne doivent donc exercer qu'une ac
faudrait le conserver dans une fosse ou tout tion insensible comme engrais, à moins
autre endroit frais, et, dans tous les cas, à qu'ils ne soient excessivement divisés. Ce
l'abri ou recouvert de terre. qui confirme et explique encore l'observa
tion pratique qui semblait anomale, c'est
§ IV. —Os : explication des divers résultats de leur que, mis pendant quatre années dans la
emploi dans l'agriculture. terre, ces os ont à peine perdu 0,08 de leur
poids, tandisque tout récemment extraits des
Aucune des substances dures, débris de animaux et privés par l'eau bouillante de U
l'organisation animale, n'offre de plus re presque totalité de la graisse, ils laissent fa
marquables exemples d'effets variés dans son cilement altérer leur réseau organique et
action comme engrais que les os sous diffé- perdent dans le même temps de 25 à 30 cen
rens états. On trouve dans les nombreux mé tièmes de leur poids.
moires agricoles y relatifs les plus singulières Voici trois autres résultats curieux et sin
questions que la pratique puisse laisser à guliers en apparence, de l'emploi des os trai
résoudre. tés à la vapeur.
Les os, qui se trouvent en masses assez Les os concassés dont on a obtenu de la gé
importantes à la disposition des agronomes latine par l'action de l'eau et de la tempéra
et des spéculateurs, se présentent sous les ture dans divers appareils, forment un résidu
différentes formes suivantes : Frais, telsqu'ils dont l'application comme engrais a été main
ont été extraits des animaux récemment tes fois essayée. Dans quelques expériences,
abattus, plus ou moins divisés,el entiers: sous plusieurs agriculteurs ont obtenu de ces ré
chacun de ces trois états, leur décomposition sidus, la première année, plus d'effet ulile
est presque toujours trop lente, activée d'ail que des os eux-mêmes. Dans d'autres, une
leurs par les influences bien connues de l'air, action à peu près égale à celle des os, mais
de la température et de l'humidité; mais, peu durable, fut observée. Enfin, plus géné
toutes choses égales d'ailleurs, on avait ob ralement on obtint très-peu ou point d'iu-
servé des différences énormes et qui sem fluence favorable sur la végétation. Des ana
blaient inexplicables dans la durée de la dé lyses multipliées et leur discussiou attentive
composition, et par conséquent dans l'effet m'ont permis d'apercevoir l'état différent
utile produit en un temps donné. sous lequel ce résidu, en apparence le même,
Des expériences spéciales m'ont conduit à produisait trois sortes de phénomènes si
démontrer la cause de ces anomalies appa tranchés.
rences. Les os contiennent, dans leurs parties Les os, traités par le procédé en question,
celluleuses et dans diverses cavités, une sub laissent un résidu variable; je l'ai rencontré
stance grasse, sécrétée à part, plus ou moins tantôt contenant de 80 à 95 centièmes de la
consistante. Cette substance est libre dans matière organique azotée altérable des os,
le tissu adipeux de tontes les anfractuosités tantôt en renfermant seulement 25 à 33, plus
qui la recèlent, car il suffit de lui ouvrir un ordinairement 1 à 2 p. °/„; enfin, quelquefois
passage, en les tranchant, et de plonger les à peine quelques millièmes. Voici les causes
os ainsi coupés dans l'eau bouillante, pour la et les effets ae ces proportions variées : La
faire sortir et la voir aussitôt nager à la su température est presque toujours élevée dans
perficie du liquide. La proportion moyenne ces opérations, au point de rendre la plus
que l'on peut obtenir des divers os de bou- grande partie du réseau soluble, et, par cou
CflAP. 4. DES DIFFÉRENS ENGRAIS. 96
séquent, les os sont désagrégés et faciles à diminué le poids total, et, par conséquent,
rompre. Mais, bien que solubïe, la substance la proportion de matière organique soluble,
organique altérable peut être encore engagée tout le reste étant presqueentièrement inerte
dans les interstices ,.soit que les lavages pro comme engrais et ne pouvant agir que comme
pres à l'entraîner aient été opérés en propor amendement calcaire.
tions insuffisantes ou dirigés par des Jausses Application des os à l'agriculture. —Dans
mies, ou encore que la vapeur ait à peine leur état naturel , les os réduits en poudre
saturé l'espace ou se soit presque exclusive forment un excellent engrais que l'on ré
ment condensée sur les parois des digesteurs. pand dans la proportion moyenne de 1500
Celte matière, soluble dans la proportion de kilogrammes par hectare, et dont l'influence
0,8àÔ,9de celles que renferment les os, agira remarquable se fait sentir en décroissant
plus rapidement comme engrais, puisque sa pendant trois à cinq années successives,
dissolution et son altération seront plus ra suivant le sol et les saisons; tous les os
pides sous les mêmes influences; mais, au sont, au' reste, propres à cette application ,
lieu de se prolonger 4 à 5 années, son action lorsque l'éloignement ou le manque de com
sera presque épuisée en une saison; la pra munications ne permet pas d'en tirer un
tique a toujours confirmé cette déduction meilleur parti pour les industries que nous
rationnelle. Un lavage mieux opéré, mais in ferons connaître dans la Div. des Arts agrico
complet, rend facilement compte de la pré les (2), et lorsque d'ailleurs on peut se pro
sence et de la solubilité de 0,25 à 0,33 de curer la machine assez dispendieuse de pre
matière gélatineuse dans le résidu : on en mier établissement, et coûteuse de force mo
déduit de même la démonstration de l'action trice, pour les broyer.
prompte, mais moindre et moins durable Au reste, à défaut de cette machine, on
encore que dans l'exemple précédent. Quant emploiera souvent avec avantage, surtout
à la réduction à 0,01 ou à 0,02 au plus dans dans les intervalles que laissent les travaux
la proportion de la substance azotée altéra des champs, les procédés d'écrasement à la
ble (1), elle amène évidemment l'inefficacité main, en coupant d'abord les os avec une
comme engrais organique d'un tel résidu. hachette, et les écrasant ensuite à l'aide d'un
Mais cet étal résulte, je l'ai constaté, de l'une gros marteau.
des deux circonstances principales suivantes J'ai remarqué quV/ est beaucoup plus fa
on de leurs concours : cile de concasser les osfortement desséchés et
Lorsque l'on traite en grand les os dont chauffés qu'à l'état frais; il conviendrait donc
on a tranché les parties celluleuses seule de les enfermer dans un four aussitôt après
ment et extrait la matière grasse, la division la cuisson du pain, et de les écraser ensuite
n'étant pas poussée assez loin, les lavages tout chauds.
sont insuflisans et on n'obtient que 13 à En France, dans le département du Puy-de-
lj centièmes de gélatine sèche ; il devrait Dôme, ou emploie les os concassés comme
donc rester environ 15 centièmes de tissu engrais; en Allemagne, cette pratique est
fibreux, ou des produits de son altération; plus répandue : 10 hectolitres y remplacent
mais à peine ces marcs sont-ils mis en tas, 80 voitures de fumier pour un hectare. Mais
qu'une vive fermentation s'y développe et ce sont les Anglais qui ont le plus en grand
dégage d'abondantes va peurs ammoniacales; appliqué ce mode de fumure; ils tirent de
la plus grande partie de la matière organique Russie et des Indes des chargemens considé
disparaît ainsi graduellement. rables d'os, outre une grande partie de ceux
La deuxième circonstance qui produit éga qui résultent de leur forte consommation en
lement un résidu fort pauvre résulte d'un viandes. L'hectolitre de poudre grossière d'os
traitement bien dirigé s appliquant à des os coûte aux agriculteurs environ 15 francs; ils
suffisamment divisés, et enfin épuisés par en emploient de 15 à 40 hectolitres pour un
des lavages méthodiques, comme cela se pra- hectare; cette fumure produit des effets du
[ique habituellement dans les appareils des rant 10 à 25 ans et accroît énormément toutes
hôpitaux. les récoltes, notamment celles des prairies
On doit donc généralement s'attendre à et des turneps. On a remarqué qu'un mé
ne trouver dans les fabriques de colle d'os lange de cendres de bois à volume égal ou
que des résidus très-appauvris et sans valeur de 2 à 3 p.% de salpêtre, rendait plus efficace
comme engrais. encore cet engrais.
Aussi l'usage en a-t-il été abandonné par Les os en poudre peuvent être déposés
•«agriculteurs même qui d'abord en avaient dans les fossettes avec les pommes-de-terre,
obtenu des résultats avantageux; ces diffé ou semés sur les graines avant de passer la
rences sont donc maintenant très-facilement herse ou le rouleau qui les recouvrent de
expliquées, et une simple analyse consistant terre.
°ans l'épuisement à 1 eau bouillante d'une On préfère quelquefois les mélanger avec
partie de ces résidus séchés et mis en poudre, la terre préalablement labourée et hersée
suffirait pour les indiquer, à priori , puis- en repassant la herse et le rouleau à deux
quen desséchant et pesant de nouveau la reprises.
substance pulvérulente épuisée, on constate Si les os étaient en poudre fine , on pour
nt la quantité dont l'eau bouillante aurait rait avec avantage les déposer sur les plants
(1) H reste en ontre toujours une proportion variable entre 0,03 et 0,08 d'un savon calcaire , mais qui
"| sans influence sur la végétation.
(2) les os employés à la fabrication du noir animal ne sont pas perdus pour l'agriculture , car nous
'errons qu'après avoir à l'état du charbon en poudre, servi a raffiner le sucre, ils recèlent du sang
coagulé dont ils concourent à rendre l'effet comme engrais très-remarquable.
96 AGRICULTURE : ENGRAIS. uv. f
repiqués et les recouvrir en refermant le lubies sur leur poids après une végétation d
trou du plantoir. plusieurs mois.
Les riches cultures des Flamands et de
§ V. — Des engrais liquides. Belges démontrent le parti avantageux qu
l'on peut tirer des engrais azotés fluides plu
Le sang et l'urine des divers animaux, la ou moins étendus d'eau (1). Voici connnen
gélatine en solution visqueuse, les oléates, on les obtient et on les emploie dans cetl
stéarates et autres sels gras dissous et ac contrée : |M
compagnés de matières organiques en solu Des réservoirs en maçonnerie citernes {Jii
tion ou suspension émulsive, les matières 55), sont construits le plus à portée possibl
plus ou moins fluides extraites des intestins, pour re Fig. 55.
et en général tous les liquides chargés de cueillir les
substances organiques, mis dans les circon urines des
stances atmosphériques où leur décomposi élables, les
tion s'opère rapidement et en contact avec vidanges
les jeunes plantes, fatiguent d'abord ou al des latri-
tèrent leurs faibles organes, puis bientôt, nes,et,d'un
presque complètement dissipés, ne sauraient autre côté,
plus contribuer au développement ultérieur près des
des végétaux échappés à l'énergie trop forte chemins
de leur première action. qui condui
Cependant, tous ces liquides, sans excep sent aux champs en culture. Ces matière
tion, ceux mêmes qui sont le plus chargés mélangées ainsi et conservées dans ces sorte
des substances le plus rapidement altérables, de vases clos, enterrés sous le sol, sont i
peuvent, dans des circonstances données, l'abri des plus fortes causes de leur fermen
constituer d'excellens engrais-, nous allons talion, c'est-à-dire de l'accès de l'air et d*
en citer quelques exemples frappans. l'élévation de la température.
Etendus d'eau au point de contenir seule • Lorsque l'on veut s en servir en arrosages
ment 4 à 5 millièmes du poids total de sub on en tire une portion que l'on étend de 5 i
stances organiques sèches, puis employés en 6 fois son volume d'eau, puis on emplit du
abondantes irrigations, toifs peuvent déter tonneaux avec ce mélange que l'on répand
miner des effets extraordinaires sur la ra sur (les terres en le laissant couler, soit pal
pidité des progrès de la végétation; mais, à un tube percé de trous, si le liquide est dé<
défaut d'irrigations économiquement prati posé, soit sur une planche lorsqu'il est très-
quâmes, ils exigeraient souvent des arrosages trouble {fig. 56 et 57).
trop dispendieux. Fi g. 56.
C'est ainsi que les eaux savonneuses et mé
nagères, mêlées aux liquides écoulés de plu
sieurs boucheries, des etables très-nombreu
ses et des lessives d'une foule de buanderies
dans deux villages populeux près de Paris,
entraînées d'abord par une faible source
dans les rigoles d'un vaste jardin maraî
cher, y produisent des récolles plus que
doubles de celles obtenues ordinairement
dans cette petite culture; dirigées ensuite
dans une prairie naturelle, dont elles recou
vrent à volonté successivement toutes les
parties, elles donnent lieu à 5 coupes des
plus abondantes, dans un sol qui n'en per
mettait qu'une autrefois.
J'ajouterai qne la plupart des eaux natu
relles contenant des proportions notables de
matière organique, comme celles que j'ai
rencontrées en analysant l'eau d'un puits Fig. 57.
foré rue de la Roquette, et comme le dé
montre encore la composition reconnue par
M. Chevrecl de l'eau des puits forés à
Tours; ces eaux, dis-je, employées en irriga
tions, offriraient elles-mêmes un aliment à
l'accroissement des plantes.
Si l'on se rappelle, en effet, que diverses
filantes peuvent exhaler chaque jour dans
'atmosphère plusieurs fois leur poids de va
peur d'eau, retenant dans leurs tissus, soit On arrose ainsi les champs ensemences et
assimilées, soit interposées, presque toutes les prairies récemment fauchées. La fore*
les matières non volatiles qui y étaient dis végétative imprimée par cet engrais aqueux
soutes, on concevra l'influence notable de bien que de peu de durée, peut avoir iwe
-quelques 10 millièmes de ces substances so- grande influence; car la terre, une fois re
(1) On trouve dans l'excellent ouvrage : /' agriculture de la Flandre, par M. CORDIER, tous les dé
tails de ces pratiques agricoles perfectionnées.
CDJLP. 4. DES DIFFEREES ENGRAIS. 97
couverte déjeunes plantes vertes, est défen radicules et les plumules, ou même empê
due d'une dessiccation accidentelle; et, d'ail cherait la germination.
leurs, les plantes elles-mêmes acquièrent Pour les plants espacés, on isole encore
rapidement ainsi la force nécessaire pour l'engrais flamand des tiges, feuilles et racines,
résister à diverses influences, et pour puiser en versant celui-ci dans des trous de plan
dans l'atmosphère et le sol leur alimentation toirs pratiqués entre les pieds de colza, œil
ultérieure. lettes, tabacs, et sur la même ligne. Cette
Le deuxième mode pour répandre l'engrais méthode permet de herser ou biner entre les
flamand consiste à le prendre dans la citerne langées sans déranger la fumure ; on choisit,
sans l'étendre d'eau, puis à le porter dans d'ailleurs, les soirées et les temps humides,
des tonneaux {fig. 58 ), et à le verser dans afin d'éviter que la décomposition trop ra
Fig. 58. des baquets. On pide par la chaleur du jour, ne brûle les
peut encore em feuilles.
ployer à cet usa Aux environs de Lille, 1 tonneau d'engrais
ge la petite char flamand coûte environ 30 c. d'achat, plus
rette {Jig. 59), en 30 c. de transport et 60 c. d'emploi ; il con
usage dans l'Alle tient 125 kil. de matière et couvre ( répandu
magne. — Comme à l'écope ou au tonneau d'arrosement ) un
cet engrais est cercle de 7 mètres de rayon. Une cave ordi
alors trop actif naire de ce pays coûte à emplir 154 fr. et
ou trop rapide contient 32 mètres cubes ou 256 tonneaux.
ment altérable Lorsque l'engrais flamand vient d'être ré
pour être mis en pandu à l'aide de l'un des moyens pré
contact avec les cédées, une forte odeur putride s'en exhale
plantes on leurs aux alentours. Ce phénomène indique un
racines, on eu dé dégagement rapide, hors de proportion avec
pose , sans tou la faculté d'absorption des plantes; il donne
cher les tiges , lieu à un goût désagréable dans les produits
une cuillerée au comestibles de la culture, et nuit quelquelbis
momentanément au développement de la vé
Fig. 59. gétation.
En Suisse, on prépare avec beaucoup de
soin un engrais liquide connu sous le nom
de lizier. Voici la description relative à cet
engrais, donnée par M. De Candolle, dans
sa notice sur les engrais en usage dans ce
pays : on établit dans les écuries, derrière la
place occupée par les bestiaux, une rigole
profonde qui reçoit leurs urines; on y mé
lange leurs excremens, et cette rigole peut
aussi recevoir l'eau d'un réservoir; plusieurs
fois par jour, après avoir opéré ce mélange
avec soin, on vide la rigole dans le creux à
lizier, fosse avec laquelle elle communique,
et qui doit avoir assez de capacité pour con
tenir l'engrais produit en une semaine. Cet
engrais doit alors rester tranquille dans la
fosse pendant un mois, ce qui oblige par
pied de chaque touffe, ou encore on le fait conséquent à avoir 5 de ces trous à lizier, que
couler dans les sillons entre les rangées de l'on emplit ainsi successivement chaqne se
plantes alignées. maine, jusqu'à ce que le premier aitété vidé,
L'arrosage , soit avec des urines ou eaux puis le second, et ainsi de suite. M. Tïui.i.a.
surnageant les vidanges, soit avec les ma a fait établir, à la ferme modèle de Grignon,
tières pâteuses mélangées avec ces liquides, des fosses à engrais d'une disposition analo
soit enfin en ajoutant encore des tourteaux gue.
( marcs de graines oléagineuses ) divisés, Maisj les engrais liquides ou très-étendus
exige les précautions suivantes : d'eau ne peuvent pas être dans toutes les
Si l'on répand ces engrais sur la terre déjà localités employés économiquement en ar
labourée et hersée avant la semence, on doit rosages assez fréquens ou en irrigation; ils
choisir un temps humide ou légèrement plu ont, d'ailleurs, quelques inconvéniens réels
vieux, et herser avant l'ensemencement, afin que des améliorations récentes permettent
de mélanger l'engrais avec le plus de terre n'éviter, comme nous le verrons plus loin.
Possible, et éviter son contact immédiat avec Au lieu de les étendre d'eau, on peut quel
les graines. quefois avec profit réduire par l'évaporation
Dans le même but , lorsque l'on veut arro les engrais à un poids moins considérable.
ser après avoir hersé et répandu la semence, Ainsi, pour le sangdes animaux,plus\enrs pro
il faut encore préalablement recouvrir la cédés de dessiccation peuvent être employés
graine et entasser légèrement, à deux re et offrir sous des poids égaux des différences
prises, la terre au rouleau : le plus grand remarquables dans les propriétés des pro
nombre des graines sont ainsi défendues, par duits obtenus.
l!ue couche de terre comprimée, du contact La cohésion', l'insolubilité acquises anx
de l'engrais trop actif qui ferait périr les produits, ont alors évidemment pour effet
AGRICULTURE, 13e livraison. TOME I. — 13
AGRICULTURE : ENGRAIS. LIV. I"
de retarder la décomposition du sang sec Enfin, à l'issue du quatrième ou di» cinquième
ainsi obtenu, et de l'assimiler presque, sous bassin, le liquide surnageant s'écoule au fur
ce rapport, à la chair musculaire traitée de et à mesure que les nouvelles matières ar
même à 100°, puis desséchée et mise en pou rivent, et va se perdre, soit dans un cours
dre. d'eau, soit dans des puisards, ou, comme on
Le sang et la chair musculaire ainsi obte ■ l'a pratiqué dernièrement, dans des puits ar
nus à l'état sec suivent donc mieux et plus tésiens.
graduellement, dans leur altération sponta Lorsque le dépôt est assez abondant daDS
née, les progrès de la végétation, et sont bien le bassin supérieur, on le laisse égoutterle
préférables, comme engrais, au saug qui, plus possible en abaissant la vanne, et pen
desséché à une température plus basse, a dant ce temps les vidanges journalières sont
conservé sa dissolubilité dans l'eau. Ce der versées dans une série de bassins disposés
nier mode de dessiccation doit donc être re comme nous venons de le dire et latérale
jeté, quoique plus économique quelquefois, ment aux premiers. La matière égouttée garde
a moins que l'on ne destine le sang sec à la fort long-temps une consistance pâteuse; on
clarification des sirops de betteraves, de l'extrait en cet état, à l'aide de dragues, de
cannes, de fécule, etc. louchets ou d'écopes en fer, et on l'étend sur
L'expérience, en effet, a démontré que un terrain battu, disposé en pente comme
pour fumer un hectare de terre en culture, une chaussée bombée, de manière à ce que
si l'on emploie 850 kilog. de sang sec so- les eaux pluviales ne puissent s'y accumuler.
luble, c'est-à-dire desséché à l'air ou à basse De temps à autre, on retourne cette matière,
température, 750 de sang coagulé insolu à l'aide de pelles, afin de changer la surface
ble, ou seulement G50 kilog. de chair muscu en contact avec l'air et de hâter la dessicca
laire suffiront encore ; ces deux derniers agens tion. On continue cette manœuvre jusqu'au
fourniront plus aux derniers développemens moment où la matière fécale a perdu assez
des plantes qu'il importe le plus de favoriser, d'eau par cette évaporation spontanée pour
c'est-à-dire aux époques de la floraison et de être devenue pulvérulente : c'est eu cet état
la fructification, et permettront d'obtenir la qu'on l'expédie sous le nom de poudrette.
lus forte proportion des produits qui ont On la conserve autant que possible sous des
I e plus de valeur. hangars à l'abri de la pluie, ou du moins
Une autre circonstance propre à retarder on la relève en tas d'une forme pyramidale
la décomposition des substances animales, et bien battue, en sorte que les eaux pluviales
molles ou liquides, et à augmenter considéra pénètrent peu et s'écoulent rapidement.
blement ainsi leur effet réalisable comme L'opération que nous venons de décrire est
engrais, résulte de leur mélange avec des fort simple, mais elle entraîne de graves in-
charbons poreux en poudre. Nous donne convéniens : la dessiccation, irrégulièrement
rons dans le § VIII quelques détails sur cet opérée, dure de 4 à 6 années, suivant que les
important phénomène. circonstances atmosphériques sont plus ou
moins favorables; pendant un temps aussi
§ VI. — Fabrication et emploi de la poudrette. long, le contact de l'air et l'humidité entre
tiennent une fermentation constante qui dé
Parmi les substances liquides ou molles veloppe les émanations les plus infectes jus
que l'on peut réduire par l'évaporation à un qu'à près d'une lieue de distance. Outre le
Yolume et un poids moindres, on doit eomp- dégoût profond que de telles émanations ré
ler la matière fécale , base de l'engrais fla pandent aux alentours, elles ont encore le
mand dont nous avons parlé. Voici comment mauvais effet d'entraîner, en pure perte pour
on opère sa dessiccation depuis un temps fort l'agriculture, la plus grande partie des gaz
reculé près des grandes villes : on construit qui auraient du concourir à la nutrition des
dans un local voisin de la ville, et assez dis plantes.
tant toutefois des habitations pour éviter L'emploi de la poudrette en agriculture ne
d'y porter une trop forte odeur, des bassins présente d'ailleurs aucune difficulté; elle est
d'une grande étendue et de peu de profon répandue sur les terres au moment des la
deur, soit en maçonnerie, soit en terre glai- bours , dans la proportion de 20 à 30 hectoli
sée. Leur capacité totale doit pouvoir conte tres par hectare : cette fumure active puis
nir la vidange de 6 mois au moins; ils doivent samment les premiers progrès de la végéta
être au nombre de 4 ou 5 et disposés par étage, tion et développe beaucoup les parties vertes
de manière à pouvoir être vidés les uns dans des plantes; mais, trop rapidement épuisée,
les autres sans frais de main-d'œuvre. Le on lui reproche de manquer au moment de
bassin le plus élevé reçoit chaque nuit toutes la floraison et de la fructification des cé
les vidanges opérées, et lorsqu'il est rempli réales.
jusque près des bords, on lève une vanne Répandue sur les prairies, dans la pro
qui fait écouler dans le deuxième bassin la portion de 18 à 24 hectolitres par hectare,
partie la plus liquide surnageante. Plusieurs elle ranime souvent d'une manière remar
décantations ont lieu de même successive quable leur végétation, mais occasione un
ment, et le liquide écoulé laisse déposer goût désavantageux à la vente des produits
dans ce deuxième bassin une partie de la de la récolle, ainsi que plusieurs autres en
matière solide très-divisée quil tenait en grais infects dont nous allons parler.
suspension. Lorsque ce bassin est rempli, on Urale.—Oo a donné ce nom à des mélanges
décante de même le liquide surnageant à d'urine avec du plâtre en poudre ou quelque
l'aide d'une vanne, dans le troisième bassin, fois de la craie, de la marne séchées. L'en
où un nouveau dépôt et une nouvelle décau- grais pulvérulent qui en résultait pouvait
tation s'opèrent encore de la même manière. offrir une certaine activité, mais tellement
CHAP.4' DES DIFFERENS ENGRAIS.
passagère, que l'effet produit ne pouvait in même les matières le plus fortement putrides.
demniser des moindres frais de transport. Il
lie pouvait en être autrement, car l'uritie § VIII. — Du noir animal et du noir animalisé.
employée ne contenait guère plus de 3 à J'avais observé depuis 1820ct fait connaître
4 centièmes de matière sèche réellement ac en 1822, dans un Mémoire sur les charbons,
tive, les 96 à 97 centièmes restant n'étant oui fut couronné par la Société de pharmacie
que de l'eau; or, cette urine mêlée à la sub de Paris, les effets remarquables d'un mé
stance en poudre ne constituait que 40 à lange [résidu des raffineries) dans lequel le
00 centièmes au plus du mélange dit urate ; sang coagulé formait au plus 0,10 à 0,15 du
ainsi donc, le produit ne contenait que 1, 5 à poids total. Cependant la putréfaction n'a
2 p. "/. de matière utile, et quelquefois même vait préalablement rien enlevé à ce produit
moins lorsque l'action de l'air et de l'eau dont j'avais essayé l'emploi comme engrais :
pluviale l'avaient encore appauvri. On ex la présence même de 0,85 à 0,90 de produits
plique clairement ainsi le discrédit dans le inorganiques carbonisés retardait encore avec
quel est bientôt tombé l'urate chez les agri énergie la décomposition de la substance
culteurs; toulefois, la démonstration précé azotée.
dente aurait pu prévenir même l'essai en Par suite de la publication de ce fait nou
grand d'un engrais aussi peu chargé de prin veau, tous les résidus des raffineries, qui
cipes organiques. étaient alors jetés aux décharges publiques,
furent peu-à-peu entièrement utilisés; bien
§ VU. — InconvénicDs des engrais infects. tôt après, tirés de toutes nos usines, importés
( Sang putréfié, urine, poudrette , marcs de même de diverses contrées européennes, ils
colle, larves de ver-à-soie, boues des villes.) ont ajouté annuellement la masse énorme de
20 millions de kilogrammes du nouvel en
Dans les engrais liquides usités, la matière grais aux moyens de fertilisation de nos ter
utile agit en sens inverse des progrès de la res. Il constitue aujourd'hui avec le noir ani
végétation, puisque, rapidement décompo malisé la plus grande masse des engrais
sée, ses émanations diminuent au fur et à transportables.
mesure que les surfaces absorbantes des vé Ce sont surtout les départemens de l'Ouest,
gétaux s'étendent de plus en plus. La forme, approvisionnés de Nantes par mer et en sui
le poids et l'inaltérabilité de ces engrais li vant le cours de la Loire, qui, manquant
quides rendant leur transport pénible, ils d'ailleurs le plus d'engrais, ont consommé la
restent généralement en excès inutile au plus forte quantité de charbon ou noir ani
point même de leur production. mal. Des sols naguère eu jachère une année
Enfin, l'abondance de leurs produits ga sur deux et même deux années sur trois, par
zeux ou solubles en contact à la fois avec suite de son emploi, sont emblavés tous les
toutes les surfaces absorbantes des végétaux, ans, et ont doublé et triplé la valeur de leurs
peut être telle que ces produits y restent en produits nets.
partie interposés, sans décomposition, avec La mesure de l'énergie acquise à ce mé
leurs propriétés et notamment leur odeur lange offre ce résultat étonnant au 1er abord,
spéciale repoussante. Parmi les faits nom mais constaté expérimentalement dans de
breux qui depuis long-temps ont démontré grandes cultures : les 15 parties de sang sec
ces phénomènes, nous choisirons troisexem- qu'il renferme agissent comme engrais d'une
ples : manière plus utile que 400 parties liquides,
Si l'on dépose trois ou quatre fois pendant représentant environ 100 parties de sang à
la végétation, près de diverses plantes sar l'état sec.
clées, de la matière fécale délayée dans de Ainsi, la matière organique réunie au char
l'eau ou de l'urine (engrais flamand) , le suc bon agit six fois plus qu'employée seule; ce
de ces plantes sera fortement imprégné de fait explique la consommation énorme des
l'odeur infecte particulière à cet engrais. résidus de raffineries, et leur prix bien plus
La saveur dégoûtante due à la fumure en élevé que celui de leur équivalent en sang
question, est encore transmise par les boues desséché. On le répand d'ailleurs avec la plus
des villes, le sangputréfié, et elle est d'autant grande facilité et une économie de main-
plus sensible que les parties vertes des diver d'œuvre très-remarquable; car il suffit de le
ses plantes comestibles sont plus développées. semer après la graine, et de le recouvrir avec
Si l'on essaie de soutenir lavégétation d'une elle par la herse.
prairie à l'aide de la poudrette, le fourrage Son action fertilisante est constante sous
obtenu pourra contracter une odeur désa les conditions favorables ordinaires.
gréable, et par suite être déprécié, compara Cependant j'ai reconnu directement que
tivement avec le produit des prairies voisines. le charbon ne perd rien de son poids, soumis
On observerait sans doute des effets ana pendant 3 mois aux mêmes influences at
logues dans l'emploi des marcs de colle-forte mosphériques, à l'action de l'eau distillée et
et des larves de vers-à-soie, dont la putréfac des racines des plantes, lors même que le dé
tion rapide développe l'odeur la plus repous veloppement de ces dernières était a dessein
sante. Toutefois, chacun de ces engrais don favorisé par des émanations gazeuses de sub
ne lieu à une végétation active, en les divi stances azotées en putréfaction.
sant, par leur mélange avec leur volume de Une autre anomalie apparente curieuse
terre du champ, et les répandant avant les s'est 'bientôt offerte à nos méditations; on
premiers labours. verra qu'elle présente une preuve nouvelle à
Nous verrons dans le paragraphe suivant l'appui de la théorie généraleque nous avons
combien il est facile aujourd'hui d'éviter les exposée. Des résidus de raffineries contenant
graves inconvéniens précités, en employant des proportions variables entre 5 et 15 ceutiù-
nr. iu>
jj&jU-'
100 AGRICULTURE : ENGRAIS. m. i".
mes de sang sec ont eu plusieurs fois une in du sang, mais encore qu'il peut servir d'a
fluence défavorable sur la végétation, et ce gent intermédiaire en absorbant les gaz et la
pendant ils augmentèrentsans addition d'en chaleur, et les transmettant ensuite aux plan
grais les produits d'une récolte suivante. Ces tes. En effet, si l'on fait germer et végéter
observations ont déterminé quelques agricul plusieurs plantes, comparativement, dans
teurs à laisser une V fermentation s'établir deux vases contenant du charbon en poudre
dans ces résidus avant de les répandre sur épuré, arrosé chaque jour avec de l'eau pure,
leurs terres. En cherchant quels pouvaient que l'on ajoute à l'un tous les jours l/100de
être les effets de cette lre réaction spontanée ce charbon, et à l'autre autant du même
pour ceux de ces résidus que l'on disait être charbon imprégné des gaz qui se dégagent
trop chauds, j'y reconnus la présence de 5 à 10 par la fermentation spontanée des matières
centièmes de sucre altéré, qui donnait lieu à animales; dans ce dernier vase la végétation
une abondante production d'alcool et d'acide sera très-belle, tandis que dans l'autre elle
carbonique, puis d'acide acétique et hydro- restera faible et languissante.
su lfurique; à ces 1e" produits succédèrent,
bien plus lentement dégagés, du carbonate, § IX.— Fabrication des engrais désinfectés.
de l'acétated'ammoniaque,ettousles résultais
de la décomposition des substances azotées : Une des découvertes les plus importantes
à dater de cette époque, l'influence de l'en dans les annales industrielles offrit alors à
grais dans diverses expériences a constam l'agriculture, à la salubrité publique, de nou
ment été évidemment Itrès-favorable sur la veaux faits à enregistrer, vint affermir le sys
végétation. Dès-lors il me parut probableque tème des engrais non altérés, et ajouter une
les altérations du sucre pouvaient seules démons) ration directe de l'utilité de la dés
exercer l'influence défavorable observée. En infection, au lieu de la putréfaction préa
effet, dans une série de faits spéciaux, tous lable.
les mélanges, en diverses proportions, d'al Le résidu charbonneux, sorti des raffine
cool et d'acide acétique avec le charbon, ont ries, ne suffisait déjà plus aux besoins de
toujours été nuisibles aux progrès de la vé l'agriculture, lorsque M. Salmon imagina de
gétation, et d'autant plus que la proportion fabriquer de toutes pièces un engrais analo
d'acide fut plus forte. Voulant savoir si ces gue plus efficace encore, et surtout plus con
phénomènes étaient indépendans de l'in stant dans ses effets. II y parvint en mélan
fluence du charbon, et s'ils auraient lieu en geant diversdétritusorganiques azotés, dans
présence des produits liquides azotés comme un grand état de division, avec une terre
des débris solides des animaux, j'abandonnai rendue éminemment poreuse, charbonneuse
en vase clos et en vases ouverts des mélanges et absorbante, par une calcination en vase
de sucre : 1° jusqu'à saturation dans de l'al clos.
bumine battue; 2° dans l'albumine étendue Pour faire bien apprécier l'immense avan
de parties égales d'eau; 3° dans des œufs di tage de conserver ainsi, par ce moyen bre
visés, sans en rien séparer, tels qu'on les em veté , aux détritus organiques employés
ploie dans les clarifications; 4° dans du suc comme engrais, toutes leurs parties altéra
exprimé de la chair musculaire, et enfin dans bles, loin d'en laisser préalablement dissiper
le même liquide contenant des lambeaux de la plus grande partie dans l'atmosphère, il
chair. -Tous ces mélanges, pendant 2 ans, suflira de faire remarquer que le nouvel en
éprouvèrent plus ou moins lentement des grais, connu sous le nom de noir animalité,
réactions qui produisirent de l'alcool, de représente un effet utile au moins décuple
l'acide carbonique, puis de l'acide acétique de celui que l'on obtiendrait d'une masse
et des traces d'hydrogène sulfuré. Les mor égale de matière fécale, par exemple, lente
ceaux de chair bien lavés n'avaient sensible ment desséchée selon les procédés usuels.
ment rien perdu de leurs principes consti Les résultats discutés d'une fabrication
tuais ni de leurs propriétés. Il était donc journalière d'environ 300 hectolitres près de
évident que la présence du sucre dans les Paris, et les données recueillies par nos
résidus employés avait occasioné les réac agronomes les plus distingués sur de vastes
tions défavorables; que celles-ci devaient étendues de terres en culture, ne peuvent
avoir lieu en quelque état que fût la substance
azotée, et qu'il était utile dNé)iminer le sucre, laisser aucun doute à cet égard ; déjà des
Irai lés conclus dans des villes populeuses as
soit par des lavages, soit par une légère fer surent l'extension de cette production d'eii-
mentation, en ne laissant ainsi au sang coa grais non consommés.
gulé interposé dans la matière charbonneuse IN ou s avons vu que la dessiccation de la
que son action utile; qu'enfin un essai préli matière fécale donne lieu depuis des temps
minaire très-facile, consistant dans un sim reculés à de grandes exploitations près des
ple lavage du noir sur un petit filtre, per villes; que cette dessiccation s'effectue par
mettrait de reconnaître la présence du sucre, intervalles irréguliers entre les saisons plu
et en conséquence l'utilité des précautions vieuses ou humides. La poudrette obtenue
précitées, ou enfin l'inopportunité de celles- en définitive est donc le résidu d'une altéra
ci lorsque les lavages ont été convenablement tion de plusieurs années, durant lesquelles
opérés dans les raffineries (I). la plus grande partie des principes assimila
D'autres essais démontrent que le charbon bles exhalés dans l'atmosphère, ont laissé en
peut être utile non seulement pour faire du excès toutes les matières terreuses inertes et
rer plus long-temps et augmenter ainsi l'effet celles qui sont le moins altérables.
(1) M. Duthochet a observé que le 'sucre même dissous dans l'eau, mis en contact avec les spon
gioles des racines, fait périr les plantes très-proinptement.
CHAP. 4*. DES DIFFÉRENS ENGRAIS. 101
A ce procédé généralement usité encore Les prairies naturelles ou artificielles dont
aujonrd hui,et qui répand au loin l'infection, on a ranimé la végétation en y semant (au
succède déjà pen-à-peu le mode bien plus tant que possible, par un temps humide ou
rationnel que nous avons indiqué ci-dessus. lors d'une lre pluie du printemps) 12 à 15
Celte application importante promet d'as hectolitres de cet engrais bien émotté, don
sainir par degrés tous les centres de fortes nent des produits plus abondans et d'un goût
populations ; applicable d'ailleurs à convertir plus agréable. Ces faits sont constans aujour
immédiatement en engrais tous les fluides d'hui pour les nombreux agriculteurs qui
suffisamment chargés de matière organique continuent l'usage de cet engrais.
azotée et tous les débris des animaux conve Quoique 1,5 hect. suffisent à la fumure d'un,
nablement divisés, il constitue le procédé le hectare de terre', on en a quelquefois em
plus général de la fertilisation des terres, et ployé des proportions décuples dans les jar
doit graduellement suppléer partout à l'in dins, et toujours avec succès , notamment
suffisance desfumiers. pour aider à la reprise des jeunes arbres à
Ce procédé consiste à mélanger le plus in fruits, ranimer les orangers transplantés,
timement possible les parties molles, divisées remplacer le terreau sur tous les massifs,
ou fluides des animaux, fraîches ou même activer la végétation des pelouses ensemen
déjà putréfiées, avec environ la moitié de cées vers l'arrière-saison.
leur poids d'une substance poreuse, char- On doit émotter à la pelle le noir anima
bonnée, réduite en poudre fine absorbante, lisé au moment de l'employer; quelquefois
et présentant à peu près sous ce rapport les même, afin de le mieux diviser et de le ré
propriétés du charbon d'os fin. partir plus également, on le mêle avec son
A l'instant où le mélange est opéré, la dé- volume de terre du champ.
rnmpo.iition spontanée est dès-lors pour ton ■ On le sème sur la terre après la graine et
jours ralentie, presque au même degré que avant le hersage pour les blés, orges, avoines,
dans les substances dures, les os, la corne, betteraves, rabettes, navets, colzas, mais, le
mises en poudre. L'acide hydro-sulfiirique chanvre, le lin, etc.
qui se dégageait, uni avec l'ammoniaque On le dépose par petites poignées dans les
avant l'opération, est si rapidement absorbé, fossettes ou les sillons avec les pommes-de-
qu'une lame d'argent plongée dans le pro terre, les haricots, les pois, les fèves.
duit, même encore très-humide, conserve sa Pour les divers plants repiqués, un enfant,
couleur et son éclat métallique, tandis que, suivant le planteur, le dépose dans le trou du
dans la matière organique employée, elle se plantoir sur la racine, que l'on recouvre im
rait en quelques secondes irisée ou noircie médiatement de terre. On opère de même
sur toute sa surface. pour les boutures, les marcottes et les plants
Effets et modes d'emploi du noir animalisé. provignés.
— I.a fabrication de l'engrais nouveau, le Un ou deux hectolitres sur les plates-ban
noir animalisé, est alors finie; il réunit tou des d'un jardin remplacent un tombereau de
tes les conditions utiles de la division et terreau ordinaire. Mélangé avec dix fois son
d'une décomposition lente. On peut immé volume d'un terreau épuisé, il ranime son
diatement en faire usage, le mettre en con action d'une manière très remarquable. Ce
tact avec les graines ensemencées, les radi mélançe est très-utile pour alléger et fumer
cules, les plumules, les tiges et les feuilles les à la fois les terres des jardins.
plus délicates ; il ne cède que très-lentement, Le noir mélangé avec la terre des trous,
aux influences atmosphériques et à l'ac dans la proportion d'un à deux litres pour
tion des extrémités spongieuses des racines, chaque arbre transplanté, assure la reprise
les produits gazeux ou solubles assimilables et soutient la végétation de la manière la
qu'il renferme. Il fournit graduellement plus graduée; 1/2 à 1/4 de litre employés de
ainsi, sans être même complètement épui même pour les ceps de vigne, les touffes de
sé, à tous les développemens des plantes dahlias, les rosiers, les mûriers, et diverses
annuelles. autres plantes, activent constamment la vé
L'un des effets les plus utiles et les plus gétation sans altérer le goût des fruits, ni des
remarquables de celte décomposition lente feuilles, ni la coloration des. fleurs.
et progressive, que l'accroissement de la On en répand une couche de 4 à 6 lignes
lempératureet de l'humidité accélère comme d'épaisseur a la surface des fosses d'asperges :
la végétation, est signalé dans un développe il hâte la pousse en échauffant le sol , et aug
ment plus soutenu des céréales à l'époque mente le volume en alimentant la plante.
de la floraison , et dans une production de Dans toutes ces applications, on n'a jamais
grain plus abondante que sous l'influence éprouvé ces accidens que déterminent tous
d'engrais contenant une proportion double les engrais trop actifs, ceux-là mèmequi ren
de matière organique, niais qui , trop rapide ferment a peiue 0,1 des principes utiles con
ment décomposée, exhale en pure perte des tenus dans le noir animalisé.
gaz dont l'excès, nuisible d'ailleurs, est dé Il est d'ailleurs évident : I" qu'on ne pour
celé par une odeur plus ou moins forte et rait craindre dans l'emploi de cet agent les
repoussante. inconvéniens de ces myriades d'insectes pa
L'engrais nouveau, employé même en rasites importés avec les fumiers, les engrais
grand excès, ne change en rien la saveur végétaux et le terreau ordinaire ; et 2° que la
agréable la plus légère des racines, des feuil présence et le mélange intime du charbon
les ni des fruits comestibles, et contribue, offrent, en outre, un obstacle aux attaques
au contraire, par une assimilation complète, des petits animaux qui, parfois, ont dévasté
au développement de tous les principes aro; les champs fumés avec le sang et la chair
matiques. musculaire.
102 AGRICULTURE ENCRAIS. lw. i".
Entre autres exemples curieux de ce der goût désagréable qu'elle, leur communique-
nier genre de danger, dans l'usage des débris Un autre motif d'infériorité résulte encore
animaux purs, nous citerons ce qui est arrivé des variations inévitables dans la nature des
lors d'un 1er essai du sang sec aux colonies : diverses cendres qu'on peut se procurer:
un champ de cannes à sucre venait de rece ainsi, les cendres des divers bois diffèrent en
voir, au pied de chacune des touffes, une pe tre elles suivant que ceux-ci ont été brûlés
tite poignée de l'engrais pulvérulent déposé neufs ou flottés, et suivant encore que l'inci
à la surface du sol ; des milliers de rats arri nération a été poussée plus ou moins loin.
vèrent de toutes paris, et fouillant entre les Les mêmes causes produisent des effets plus
racines, afin d'y rechercher le sang sec, ils marqués encore dans les résidus de la com
détruisirent toute espérance de récolte pour bustion des tourbes plus ou moins terreuses,
cette fois. et des houilles dont la composition est ex
L'un des moyens de multiplier les bons ef trêmement variable. Ces dernières présen
fets de. la poudre charbonneuse, base du noir tent toujours d'ailleurs une multitude de
anima lise, consisterait à l'expédier pour être petits grains en scories, en partie vitrifiés,
employée partout où se rencontrent abon très-rudes et peu propres à être mis en con
damment des détritus riches en matières tact avec les racines des plantes.
animales, et dont on perd la plus grande par Il arrivera donc rarement que ces diverses
tie de l'action trop vive, en même temps que cendres, plus ou moinschargees des matières
l'on altère le goût des produits de la culture animales, pourront améliorer le fond du sol,
et que l'on infecte l'air des alentours. C'est etsurtout offrir assez d'avantage aux agri
ainsi qu'un simple mélange, en proportion culteurs pour être transportées à de grandes
suffisante pour désinfecter ces matières (et distances. Cependant, dans certaines terres
qui varierait entre un dixième et un quart fortes que la plupart des cendres peuvent
de leur volume), pourrait tripler au moins amender, on trouvera presque toujours du
et souvent sextupler leur effet utile, en fai profit à les mélanger avec des déjections ani
sant disparaître tous les inconvéniens insé males qu'elles rendront plus faciles à répan
parables de la putridité. Enfin, ne fût-ce que dre.
fKMir éviter que les engrais de chair muscu- La dose de cendres le plus animalisée',
aire cl de sang desséchés ne fussent enlevés employée comme engrais, pourra être de 25
par les rats et divers petits animaux, il con à 30 hectolitres par hectare : il conviendra
viendrait môme, pour ces derniers engrais d'éviter de les mettre en contact immédiat
riches, d'avoir recours au mélange avec 10 à avec les graines ou les racines des plantes
15 p. 0/0 de poudre charbonneuse. repiquées. On devra en conséquence les ré
pandre à la surface du champ, après avoir
§ X. — Imitations diverses et falsification* du noir recouvert la semence par le rouleau ou la
animalisé ; moyens de les reconnaître. herse, ou encore enterrer préalablement cet
engrais à l'aide d'un hersage avant de semer,
( Cendres animalisécs , tourbe animalisée , ou enfin les répandre entre les rangées des
cendres noires , poussiers de charbon et de jeunes plantes sarclées, ou près des touffes,
houille, fraziers de forge, résidus de bleus sans être en contact avec les tiges.
de Prusse, noir en grains. ) Tourbe animalisée. — La tourbe non inci
nérée, mêlée avec un tiers ou un quart de
Depuis que l'usage du noir animalisé s'est son poids de matière fécale , a été essayée
tellement répandu en France que l'on s'oc comme engrais. Il est probable que dans les
cupe d'en établir des centres dejfabrication localités où on l'obtiendrait à très-bas prix
dans les principales villes du royaume, on a et presque sans frais de transport, elle serait
cherché les moyens d'imiter ce produit par utilement employée, répandue sur les terres,
des mélanges moins coûteux, qui eussent une comme les fumiers d'étable{Voy. plus loin;;
action analogue ; nous dirons un mot des ré elle pourrait cependant trop alléger cer
sultats auxquels on est ainsi parvenu en ani- tains sols : pour éviter cet inconvénient, on
malisanl les cendres et la tourbe. devrait la mélanger avec un engrais plus ri
Cendres animalisées. — En substituant des che qui permit de diminuer le volume total
cendres, résidus de la combustion des bois, employé : nous ne pouvons d'ailleurs avoir de
houille, tourbe, à la substance charbonneuse certitude à. cet égard avant que l'expérience
calcinée exprès en vases clos, on conçoit en grand soit venue vérifier ces conjec
qu'il a été facile de réaliser une économie tures.
notable, mais qu'aussi l'on a perdu les avan Cendres noires, poussiers de charbon , fra
tages qui permettent de faire supporter au ziers de Jorge. — Plusieurs autres imitations
noir animalisé, comme aux autres engrais des résidus de raffineries on du noir anima
riches, des frais de transport à une assez lisé peuvent être considérées comme de véri
grande dislance. tables falsifications. C'est ainsi que des spé
En effet, la propriété désinfectante des cen culateurs se sont proposé d'augmenter la
dres étant considérablement moindre que celle quantité de ces engrais, par des mélanges de
de la su bs tance charbonneuse dont nous avous matières semblablesen apparence, mais d'une
parlé, on n'y peut mélanger qu'une propor bien moindre valeur, et ne contenant ni le
tion bien moindre de matière animale pu sang ni les autres matières animales qui fout
trescible; etencore, celle-ci, trop rapidement la base de la principale action de ces deux
décomposée, agit-elle moins long-temps et engrais à l'état de pureté.
moins utilement, puisqu'elle devance, dans Il importe beaucoup aux agriculteurs de
sa décomposition, le développement des reconnaître ces mélanges frauduleux, et rien
plantes. Elle peut même puire par le n'est plus facile, surtout relativement à la
CBAP. 4'. DES DIFFÉRENS ENGRAIS. 103
terre noire de Picardie (1), qui est le plus Si l'on fait brûler, sur une pelle rouge, ce
généralement employée dans ces falsifica mélange, la cendre obtenue, délavée dans
tions, et que l'on transporte à cet effet par l'eau et jetée sur unfiltre ( For. ci-devant, p. 42,
forts chargemens dans la Bretagne. fig. 32), donne un liquidesale.assez fortement
Pour constater cette jraude, il suffit d'é alcalin. Enfin, en calcinant dans une cornue
tendre une piocée de l'engrais à essayer sur (page 5,9, fig. 44) le même mélange, et rece
uue pelle, et de le chauffer au rouge pendant vant, dans l'acide sulfurique étendu, les gaz
quelques minutes , puis de le laisser re- dégagés, on obtient moins d'ammoniaque
jroitlir. dans la proportion de 30 à 50 et même 80
Alors, si l'engrais était pur, la cendre res pourccnt.Ce dernier moyen, que nous avons
tée sur la pelle formerait une poudre fine indiqué ci-devant plus en détail, serait ap
offrant une couleur grisâtre uniforme. S'il plicable à déceler tous les genres de fraude
contenait de la terre noire, la cendre serait qui précèdent ; niais les procédés plus
graveleuse et présenterait des parties rou- simples décrits ci -dessus suffisent pour
geâlres ou couleur de rouille d'autant plus ceux-ci.
nombreuses que la quantité de terre noire Noir en grains. — Depuis quelques années
mélangée aurait été plus grande. Nous ne seulement on emploie dans les raffineries
saurions trop engager les agriculteurs à faire une sorte de charbon animal grenu comme
cet essai si facile, ou à le confier à un phar de la poudre de guerre, et sur lequel le si
macien de la localité. rop clarifié filtre aisément sans addition de
On falsifie encore les mêmes engrais, en sang; on le nomme noir en grains : il ne re
J mélangeant du frazier de Jorge et des tient pas de sang ni d'autres matières orga
poussiers terreux qu'on trouve au fond des niques azotées, mais seulement des traces de
magasins de charbon de bois et de houille: sucre. Ce n'est donc point un engrais , et son
engénéral, ces divers mélanges se décèlent à mélange avec les résidus de raffineries or
la simple inspection; ils présentent des par dinaires est une véritable sophistication; heu
ties inégalement nuancées de couleur brune, reusement il est très- facile de le reconnaître
jaunâtre ou blanchâtre, surtout dans la plu à la grosseur de ses grains : il suffit de le faire
part des grains les plus volumineux que glisser entre les doigls.
Ion écrase. Enfin, serrés entre les doigts, ils Nous dirons eu terminant que le plus sûr
•ont plus ou moins graveleux ou rudes au moyen de se mettre à l'abri de toute fraude,
jucher, et grenus, tandis que les résidus consiste à recevoir directement des fabri
oeraffinerieset le noir annualisé exempts de ques ou entrepôts garantis le noir anima-
c« mélanges, sont d'une nuance brune, fon- lisé comme les résidus de raffineries.
Jw, très-régulière et d'une grande finesse ;
"fessés entre les doigts, ils ne présentent au-
tUDepartiegrossièrement pulvérisée, à moins ART. m. — Des engrais mixtes, plus particulière
Ifi'il ne s'en soit joint quelques-unes ac- ment désignéssous la dénomination de fumiers.
Mentellement; mais alors elles doivent être
fn très-petit nombre. Nous avons vu combien est préjudiciable
Résidus de bleu de Prusse. — On nomme la méthode ancienne des engrais consommés,
'wsile résidu épuisé, grisâtre, pulvérulent, relativement aux débris des animaux et à la
»e la fabrication du bleu de Prusse; il ne matière fécale, si l'on compare cette méthode
contient aucune trace de matière organique, avec l'emploi des mêmes débris sans déper
«ne pourrait être utilement employé que dition. Nous allons voir que les mêmes don
tomme amendement capable d'alléger la nées s'appliquent aux divers fumiers, et nous
*iTe et de stimuler les forces végétatives montrerons que l'on confond à tort, pour
r>r suite de la faible proportion de carbonate ceux-ci, une fermentation préalable toujours
!l de sels de potasse qu'il retient. Sous ce nuisible par le dégagement de gaz qui eussent
■apport, l'emploi des résidus précités serait été assimilables, avec une macération quel-
quel
1,1Je, si leur transport était peu dispendieux quefois utile.
l leur prix d'achat presque nul. C'est généralement à une désagrégation
"n'en a pas été souvent ainsi : cette sub- des parties solides que se borne l'utilité des
'ance, évidemment inerte comme engrais, réactions préalables dans les fumiers et com
ele mélangée frauduleusement avec les posts mis en tas et abandonnés à dessein
liarbons de raffineries et le noir annualisé. pendant un temps plus ou moins long.
( oici tes moyens de reconnaître cette frau- Ici, la macération spontanée produit un
''■'d'abord une ténuité en général moindre, des effets précités de la chaux, en favori
lune moindre proportion de substances or sant la dissolution des matières organiques;,
gues rendent le mélange plus rude au mais presque toujours la déperdition des
nicher; quelquefois même on y aperçoit des substances les plus altérables, dans ces mé
'"■neaux charbonneux, durs, qui ne se langes, est loin d'être compensée par l'effet
'«contrent pas dans les deux engrais non obtenu ainsi des parties résistantes.
litres. Nous allons démontrer encore cette asser
vi Cette matière, désignée aussi sous les noms de cendres noiresoude cendres py-riteuses, se rencontre
^•abondamment en plusieurs localités, notamment dans le département de l'Aisne; elle se com-
e (l'argile, de sulfure de fer, de sulfate de fer et d'alumine , de substances organiques cliarbon.-
«tt bitumineuses : délayée dans l'eau, elle donne une solution acide rougissant fortement le nauier
tournesol. r-«-
•'ous avons indiqué plus haut l'application qu'on en peut faire en agriculture, non comme engrais
«s bien comme stimulant propre à utiliser le carbonate do chaux et les restes des fumures an ■
«M». ( V. ci-devant, page 75.)
104 AGRICULTURE : ENGRAIS. uv. 1"
tion par des faits dans l'application la plus duits rapidement peuvent alors être dissé
générale. Si l'on opère un mélange aussi ré minés et en grande partie retenus dans les
gulier que possible des fumiers frais d'écu interstices du sol, puis fournis plus lente
ries et d'étahles, réunis en une masse de 10 ment ensuite à la végétation,
voitures, ou environ 12,000 kil.; que l'on ré Un exemple remarquable de cette méthode
pande et qu'on recouvre immédiatement par a été donné dans les environs d'une grande
un léger labour et le rouleau, la \ du tas ou boyauderie àGrenelle, ily aprèsde 20ans.0n
6,000 kil. sur 10 ares (1,000 met.) de terre ouvrit une tranchée de 18 pouces de profon
meuble, le plus possible épuisée d'engrais et deur, dans toute la largeur d'une pièce déter
de débris organiques; que, d'un autre côté, re, puisonydéposasur toute lasurface du sol
on laisse en tas à l'air les6, 000 kil. restans pen une couche de 3 pouces d'épaisseur d'intestins
dant 4 mois, puis qu'on les répande sur une eu putréfaction; ceux-ci furent immédiate
surface moitié moindre (500 met. ou 5 ares) ment recouverts de ti à 8 pouces de terre;
d'un même sol; qu'enfin, on cultive compa le lendemain ou acheva de creuser en avant
rativement par bandes des céréales et diver une 2° tranchée égale et parallèle, dont on
ses plantes sarclées et repiquées sur les deux rejeta la terre sur la lre, puis on déposa,
terrains ainsi fumés, en rendant le plus pos comme la veille, des intestins surtout le fond
sible toutes les circonstances égales d'ail de la tranchée ouverte. En continuant cha
leurs; d'après les faits nombreux recueillis que jour de la même manière, on obtint eu
en opérant de celte manière, les récoltes définitive une fumure sous-jaceute au fond
mesurées, puis estimées par leur équivalent de toutes les tranchées et sous toute la sur
en poids de la substance sèche contenue, face du champ {fig. 60), où les parties oui-
seront à peu près égales. L'effet utile du fu
mier frais aura donc évidemment été double. Fig. 60.
Elle pourra être plus que triple de celle du
fumier mis en tas, si les alternatives d'une
haute température et d'une humidité suffi
sante ont, pour ce dernier, favorisé l'action
de l'air, la fermentation el le dégagement. brées indiquent la place de l'engrais putride.
des produits gazeux. et les lignes ponctuées la terre relevée cha
Sur certaines cultures dont l'allégement que jour par (iessus).Ues blés, semés sur cette
de la terre favorise le développement des terre, y prirent un développement énorme,
produits, comme cela se remarque surtout et donnèrent une quantité de grain quadru
dans la production des tubercules de la ple de celle récollée, à surface égale, su«
pomme-de-lerre, l'effet réelpourra être qua la même terre contenant les proportion^
druplé. usuelles de fumiers d'étable. La même lu
Il paraîtra peut-être également bien dé mure prolongea, à l'aide de labours super
montré qu'en faisant le plus promptement ficiels, son action durant 8 années pour
possible usage des fumiers, on aura souvent des cultures en blé, seigle, choux, etc.; M
l'occasion de mieux distribuer le travail des deux dernières, en racines pivotantes et fui
champs; de réserver aux fumiers desétables Dérouleuses (betteraves et pommes-de-terre
toute leur utilité, non seulement comme en offrirent des résultats non moins remarqua
grais, mais encore comme agens physiques blés, el profilèrent encore de la couche m1
3e division; de ménager ainsi aux engrais férieure de l'engrais consommé.
pulvérulens leur maximum d'effets complé Les labours en ados ou billons (2), qui se pr^
mentaires ; enfin de permettre leurs trans tiquent avec tant d'avantage aux Etats-l ml
ports à de plus grandes distances, par suite et en Angleterre, pour les navets, rutabagas
des produits mieux assurés et plus économi choux, maïs, betteraves et toutes les planl«
ques de leur application (1). sarclées, permettent de donner aux racine
le double de profondeur en terre meuble, «
§ I". — Mode général d'emploi de tous les fumiers de maintenir sous celte couche épaisse II
frais et de tous les engrais infects ou rapide totalité de la fumure. On ne saurait douta
ment décomposables. qu'à l'aide de cette méthode il nefùttréj
avantageux d'employer directement les en
Les engrais les plus actifs, qui par un con grais les plus actifs, et cela sans leur Iju"
tact immédiat nuiraient aux graines et aux éprouver aucune déperdition préalable.
racines des plantes, peuvent tous, sans ex
ception, être directement appliqués à l'agri § II. — Des fumiers d'étable ou litières.
culture, pourvu qu'une masse suffisante de
terre les sépare des graines et des extrémités On peut diviser en deux classes tous les fi
spongieuses des racines, pendant les pre miers : 1° les fumiers chauds; 2° les fumte
miers temps de la végétation ; les gaz pro- frais. Ces derniers résultent surtout de
(t) Diverses communications accueillies et vérifiées par les Sociétés d'agriculture de Paris et
départemens, ainsi que les récentes publications dues à plusieurs de nos notabilités agricoles, et a
tamment à MM. Bellv, de Grignon, Dailly, le général Bugeaud, le comte de Rahmeville; «
fin, les faits nombreux constatés par MM. de Silvestre, Biot, Becquerel, Dumas, Dutroche
membres île l'Institut, et par MM. Briaune, le colonel Burgraff, le vicomte Emmanuel i>Hi
coi ht, Momtgolfier, Delaville-I.erolx , Camille Béai vais, le comte d'Angeyili.e, le comte i
Mom'i.omi.ii, Hizard fils, Delamarre, delà Ciiai vin iére, Dctfoy, Deby, etc., ne laissent |tl
aucun doute à cet égard.
(2) On trouve dans le dernier numéro ( avril is:ii) du Cultivateur, un excellent article de M. DE Vv
COURT sur les moyens les plus économiques île pratiquer ces labours.
CHAP. 4. DES DIFFÉRENS ENGRAIS. iM
nourriture aqueuse, consommée abondam s'en échapper, le fumier étant dans un fond
ment par les vaches. En effet, même après la de terre alumineuse ou garni d'une couche
saison des herbages, on donne à ces animaux de glaise qui empêche les infiltrations et là
des betteraves ou leur pulpe provenant des fa perte des substances organiques solubles.
briques de sucre indigène, des pommes-de- Le fumier est ainsi tenu à l'ombre la plus
terre ou les marcs de ces tubercules dans les grande partie de la journée,toujours humide,
féculeries. Les excrémens contiennent par sans être lavédans les temps de pluie; mais,
suite une grande proportion d'eau qui les dis- du reste, il est jeté sans soin : les bestiaux qui
tendetles rend plus spongieux, plus capables le piétinent, les poules et les pigeons qui le
de retenir l'humidité ambiante et d'entrete grattent, occasionent une plus forte déper
nir ainsi la fraîcheur près des racines. dition en multipliant les surfaces en contact
La plupart des autres fumiers résultant avec l'air et suspendant la macération.
d'une alimentation en fourrages ou grains Sous le point de vue de la salubrité, cette
secs, et notamment ceux des chevaux, poules, pratiqueparaît essentiellement vicieuse.Ueavi
dindons,etc, sont considérés comme fumiers du fumier arrive souvent jusqu'aux portes
chauds : ils se dessèchent plus rapidement et de l'habitation et des écuries; elle attire, en
absorbent moins d'eau sous les mêmes in été, un grand nombre d'insectes qui tour-*
fluences atmosphériques que les fumiers mentent les bestiaux; l'atmosphère est hu
frais. mide et remplie de gaz mal faisans ou du
Il est facile de comprendre que les fumiers moins fort incommodes, qui s'en dégagent,
chauds conviennent mieux aux terres humides quelque lente que soit la putréfaction.
et froides, et que les fumiers frais sont pré Afin d'éviter les inconvéniens précités, il
férables pour les sols secs, sableux et chauds. faudrait creuser derrière les écuries de chaque
Comme engrais, ils peuvent d'ailleurs, les ferme de larges fosses, à l'ombre et au nord,
uns et les autres, être utilisés dans tous les où ils seraient rangés avec soin et tenus en
sols, sauf l'addition préalable des amende contact avec les liquides écoulés des étables
ment spéciaux. Ils se trouvent souvent mé- et même les urines des habitans.
langésen proportions variables, et les moyens Alors on pourrait même séparer en des
de les conserver et d'en faire usage sont les cases particulières les fumiers frais et les fu
mêmes. miers chauds, ou même ceux de porc, de va
On peut encore diviser les fumiers en deux che ou de bœuf, de cheval, de moutons, etc.,
espèces très-distinctes et dont les usages ne et ne plus les confondre, comme la plupart
sont pas les mêmes : les fumiers longs, qui des cultivateurs en ont à tort l'habitude.
n'ont éprouvé qu'un léger commencement Cette séparation des fumiers est au reste
de fermentation, qui occupent beaucoup d'es moins nécessaire dans certaines localités où,
pace, font beaucoup de volume et durent comme en Flandre, les chevaux et les vaches
long-temps; les fumiers courts ou gras, dont ont la même nourriture la plus grande par
la décomposition est très-avancée, qui sont tie de l'année, c'est-à-dire du trèfle et de
très-lourds^e coupent souvent à la bêche, l'orge en vert en été, et en hiver de la paille
et dont l'action est instantanée, mais de peu hachée, de la drêche ou résidu lavé de l'orge
de durée. Les premiers conviennent particu et autres céréales germées des brasseries. Il
lièrement aux terres grasses, tenaces, argi résulte de ce système de nourriture des bes
leuses et froides; les seconds, aux solsmaigres, tiaux, que le fumier de vache est moins./rais,
légers, sablonneux, chauds; pour obtenir et celui des chevaux moins chaud que dans
<*ux-ci, il a fallu que les pailles éprouvassent les pays où la nourriture des vaches et des
dans la fosse une décomposition presque chevaux est très-différente.
complète, et en arrivant à cet état, 1 engrais Cependant, en général les déjections ani
a perdu une grande partie de ses gaz nourri males, mêlées aux litières et aux débris de
ciers; afin d'en tirer des résultats prompts et la nourriture des bestiaux, ou les fumiers de
plus grands, on renonce à des effets durables, basse-cour, ont des propriétés différentes :
el on sacrifie une grande partie des sucs que lefumier de porc est le moins chaud et le moins
h lente décomposition des fumiers longs dans concentré; vient ensuite ce\ui\ des vaches el
le sol lui-même, y dépose successivement au des bœufs : il convient donc de les employer
profit de plusieurs récolles. En résumé, et spécialement dans les sols maigres, légers et
test l'avis des plus savans auteurs de chimie secs. Le degré de force des fumiers place en
apicole, l'emploi des fumiers longs est en suite celui composé des déjections des che
général préférable; mais, pour qu'il soit vaux, puis celui des moutons, et enfin des vo
adopté dans tous les cas où le fumier est lailles et colombiers, dont nous parlerons
acheté, il faudrait que la fourniture en fût lout-à-l'heure.
faite au poids et non à la mesure. Le mode le plus général d'emploi desfumiers
Récolte et conservation des fumiers des consiste à les porter sur les champs à l'aide de
(tables. — En général, les fumiers d'étable voitures. Celles-ci sont vidées en 4 ou 6 tas,
sont réunis au milieu de la cour de la ferme, que des hommes étalent ensuite à la fourche
enceinte par les butinions d'habitation^ les en une couche continue et régulière; un la
{ranges et les écuries, et quelquefois omDra- bour sert ensuite à recouvrir le fumier de
fée par des ormes élevés ou des mûriers qui terre, puis le rouleau et la herse à diviser
maintiennent une température uniforme, et celle-ci convenablement.
jÇlardent la dessiccation et l'évaporation du En Flandre, les fumiers ne sont conduits
«"nier. sur les champs que le jour même où la terre
Cette cour est creuse, l'eau des toils s'y est labourée ; ainsi, en un jour, on transporte
j*unit, et le fumier est constamment mouillé, le fumier, on le répand sur la terre et on le
"est bien que l'eau qui le baigne ne puisse recouvre par le labourage. Quand la pièce
AGHICULTURE. 14" livraison. TOME I. l4
106 AGRICULTURE : ENGRAIS. tiv.i".
est grande, on la divise en plusieurs parties, L'engrais du parcage est sensible pendant
et on exécute en un jour sur chacune un tra 2 années; et le froment qu'on met d'abord,
vail complet. Les cultivateurs de ce pays puis la récolte qui lui succède, viennent
pensent, avec raisou, que le fumier perd la mieux que s'ils avaient été engraissés par
plus grande partie de sa valeur lorsqu'il est tout autre fumier. Dans les pays de grandes
exposé quelque temps à la pluie et surtout exploitations, comme on ne peut parquer
au soleil, et lorsqu'il est employé long-temps qu une petite portion des terres chaque an
avant les semailles. Aussi ensemencent-ils la née, afin que toutes puissent en profiter suc-
terre le jour même qu'elle est fumée. cessivement, les cultivateurs se gardent bien
On pourrait, au reste, différer l'ensemen de mettre le parc 2 fois de suite sur le même
cement de quelques jours, pourvu toute champ. — Des observations répétées établis
fois que l'engrais fut, immédiatement après sent, en moyenne, que 200 moutons ne peu
u'il est répandu, recouvert de terre, qu'on vent fumer, par le parcage d'un été, plus de
a.oit même tasser plus ou moins à l'aide du 10 nrpens de terre de moyenne qualité.
rouleau: en opérant ainsi, on retiendrait dans Dans certaines contrées de l'Angleterre,
le sol la plus grande partie des gaz et des li d'après Home, les cultivateurs font des parcs
quides utiles, dont la végétation profiterait permanens ou bergeries temporaires pour
ultérieurement; enfin on retarderait la dé l'été, en élevant des murs de 3 pieds de haut:
composition par l'interposition des substan ces murs sont détruits à la fin de l'automne,
ces terreuses. • A. Payen. et on les répand, ainsi que la terre du sol de
ces parcs, sur les champs voisins. On pour
§ III. — De l'engrais produit par le parcage. rait adopter ce mode pour l'hiver, où le par
cage à l'air libre aurait des inconvéniens
Le fumier des bestiaux estemployé de deux pour la plupart des races de moutons.
manières : d'abord mêlé avec la litière de l'é- Dans le même pays, on tient, en automne,
table, puis par le moyen Au parcage des ani sur les chaumes, les bœufs à l'engrais dans
maux sur le sol, dans les pays et les saisons des parcs où on leur donne chaque jour l'ex
où cette pratique a lieu. Elle est princi cédant de leur nourriture, comme turneps,
palement usitée pour les moutons, et quoi betteraves, pommes-de-terre, etc., qu'on ré;
que combattue par de fort habiles agro pand sur le sol. Lorsqu'ils ont consommé
nomes, notamment par M. le vicomte de l'herbe du parc, on les conduit dans un autre,
Morel Vindé, les fermiers d'un grand nom et on les remplace dans le premier, d'abord
bre de contrées y attachent une haute im par des vaches, ensuite par des brebis, et
portance. Ce mode d'engrais, évitant des enfin par des cochons; de sorte que rien de
transports, convient d'abord aux champs mangeable n'est perdu et que le terrain est
éloignés ou d'un abord difficile. Ensuite, s il engraissé autant que possible. L'avantage de
est moins abondantque le fumier qu'on pour cette pratique économique est très-grand sur
rait obtenir à fetable d'un nombre égal de les sols légers, et devrait déterminer à l'em
bêtes, il ménage les fourrages et litières, ployer plus généralement en France.
et fait profiter le terrain, non seulement de Dans une partie de l'Auvergne, on fait par
toutes les déjections solides et liquides, mais quer pêle-mêle les chevaux, les ânes, Ici
encore du suint de la toison dont les molé bœufs, les cochons, les moutons, et on M
cules terreuses s'imprègnent. trouve fort bien de cet usage qu'on pourrsri
Dans la division des Animaux domestiques imiter dans beaucoup d'autres localités, pria
on fera connaître les modes, les saisons et cipalement celles où les champs sont clos.
les diverses particularités du parcage des C. B. de M.
moutons : ici nous devons seulement noter
ses effets comme engrais sur les terres et § IV.—Excrémens des oiseaux.
les récolles.
Avant de commencer à parquer une pièce Fiente des Pigeons. — Cette sorte de h,
déterre, on doit la labourer deux fois, afin mier, exempt presque entièrement de paille
de la mettre en état de recevoir les urines offre la déjectiou presque pure ou mêlée ai
et la fiente des animaux. — On proportionne débris de plumes, très-riches eux-mêmes ei
l'étendue du parc, d'abord au nombre des substance azotée, dans l'état de cli>îsi<»> J
bêtes, niais aussi en raison de leur taille, de plus convenable. Conservé et desséché d ail
leur nourriture plus ou moins aqueuse, de leurs à l'abri, cet engrais est sans contredi
l'état plus ou moins amendé du sol. — Après le plus riche parmi ceux qu'on nomme./'
le parcage, on donne un labour qui ne doit miers ; mais il a beaucoup moins d'action qn
pas renverser la terre entièrement, mais la les engrais pulvérulens obtenus des débn
remuer seulement {\oy. Labours). — Le par d'animaux.
cage a été employé avec a\&tilnge sur lesj>rai- Les agriculteurs intelligens connaissent bj
ries naturelles et artificielles; mais il faut exeellens effets de la fiente des pigeons;'
qu'elles soient sèches, afin de ne pas expo vont au loin en chercher. Dans les grand*
ser les bêtes à laine à la pourriture (cachexie fermes du Pas-de-Calais, les pigeonniers sot
aqueuse). — Bosc dit que c'est une assez nombreux et très-peuplés: ils se louent pou
bonne méthode que du taire parquer sur des un an, ou par bail de plusieurs années
champs de froment ensemencés et levés, raison de 100 lrancs pour la fiente à récolte
mais dans les terres légères, auxquelles on annuellement de 600 à C;">0 pigeons. Un c<
ne saurait donner trop de compacité; les lombier de cette importance donne une fort
moutons mangent les feuilles du froment, et voiture de fiente, qui coûte ainsi 100 franc!
tassent le terrain en l'imprégnant de leur Une voiture de ce fumier peut serv:
fiente et de leur urine. pour féconder 80 ares ; par conséquent
CHAP. 4. DES DIFFËRENS ENGRAIS. 107
fumure d'un hectare revient à 125 fr., non même qui reste après le dévidage des co
compris les frais de transport qui la portent cons, forment encore un excellent engrais.
à environ 200 fr. pour les localités où cet en
grais parvient. § V.—Vases des mares , étangs, fossés, pièces d'eau,
On emploie principalement cet engrais ports de mer, et boues des villes.
dans les cultures industrielles, notamment Phases des mares, étangs etJossés.— Au fond
celles du lin, du tabac et des colzas.
Fiente des oiseaux aquatiques. — On a dé de toutes les eaux stagnantes, ou très-lente
couvert, clans les lies de l'océan Pacifique, ment renouvelées, se dépose une foule de
des bancs énormes de fiente accumulée de substances, notamment des débris organi
puis des siècles par les oiseaux aquatiques ques de végétaux et d'animaux, des feuilles
qui se tiennent dans ces parafes. Ces rési de diverses plantes, des insectes, des graines,
dus, riches eu matières organiques azotées des plumes, la poussière des routes ou terres
pulrcfiables,contiennent aussi beaucoup d'a voisines, et toutes les particules légères em
cide urique. Il se fait un commerce impor portées par les vents. Des solutions d'eaux
tait de cet engrais, entre l'Amérique méri ménagères ou savonneuses se joignent assez
dionale et le Pérou, vers lequel on le dirige. ordinairement à ces matières; enfin les oi
Il est probable que cet engrais, exploité seaux aquatiques et quelquefois les poissons
sous le nom de guano, a beaucoup d'analo y déposent encore des déjections qui entrent
gie, quant à ses effets etson usage, avec celui dans la composition des vases précitées.
des colombiers dont nous venons de parler. Au premier abord, il parait difficile d'assi
Voici ce qu'en ont rapporté MM. de Humiioldt gner des propriétés communes à cette réunion
et lio.tPLAND : si variable de corps divers mêlés en tontes
« Le guano se trouve très-abondamment proportions. Toutefois, on observe générale
dans la mer du Sud, aux iles de Chinche, ment que, du fond de ces vases boueuses,
près de Pisco; mais il existe aussi sur les cô s'opère un dégagement A'hydrogène sulfuré
tes et les ifots plus méridionaux, à Ilo, Iza et (acide hydro-sulfurique), et il est évident
Arica. Les habitans de Chançay, qui font le d'ailleurs qu'une grande partie de ces dépôts,
commerce du guano, vont et viennent des et notamment tous les débris animaux et
iles de Chinche en 20 jours; chaque bateau végétaux, peuventservird'engrais à l'agricul
en charge 1,500 à 2,000 pieds cubes. Une va- ture.
nega vautà Cliançay 14livres, à Arica 15 livres On peut conclure de ces deux observations
tournois. 11 forme des couches de 50 à GO pi. que / addition d'une certaine quantité de
d'épaisseur, que l'on travaille comme des mi chaux, capable de saturer l'acide hydro-sul
nes de fer ocracé. Ces mêmes ilôts sont ha furique et tout autre acide dont l'excès pour
bités par une multitude d'oiseaux, surtout rait nuire, offrirait le moyen d'éviter les in-
d'ardéa, de phénicoptères, qui y couchent la convéuiens des vases récentes, et de rompre
nuit; mais leurs excréineus n'ont pu former, la cohésion de certains détritus trop résis-
depuis trois siècles, que des couches de 4 tans. Quant à la proportion de chaux la plus
à ■> lignes d'épaisseur. La fertilité des côtes convenable, il serait impossible de la déter
stériles du Pérou est fondée sur le guano, miner à priori ; mais l'excès de cet agent, dans
qui est un grand objet de commerce. Une cin de certaines limites, ne peut être nuisible,
quantaine de petits bâtimens, qu'on nomme puisque, employé seul ainsi, il communique
guaneros, vont sans cesse chercher cet en une légère réaction alcaline favorable à la
grais et le porter sur les côtes : on le sent à végétation, et que dans les sols très-peu cal
un quart de lieue de distance. Les matelots, caires, il est même une des premières condi
accoutumésà celte odeur d'ammoniaque, n'en tions de fertilité.
souffrent pas : nous élernuions sans cesse en On pourra donc ajouter aux vases récem-
nous en approchant. C'est le mais surtout meut extraites 0,005 (environ un vingtième de
pour lequel le guano est un excellent engrais. leur volume) de chaux vive; cette addition
Les Indiens ont enseigné celte méthode aux servira en outre à hâter la dessiccation, et dès
espagnols. Si l'on jette trop de guano sur le que le mélange sera assez sec pour être
maïs, la racine en est brûlée et détruite. » émotlé à la pelle, passé au crible, et ainsi ren
M. de llumboldt remit une certaine quantité du pulvérulent, on les répandra sur la terre
deguanoàMM.r'ouRCROY et Valquelin, pour avant le 1er labour et dans la proportion de
en taire l'analyse et y chercher l'acide urique. 50 à 100 hectolitres par hectare.
On peut conclure de leur examen que cet Poses mêlées aux débris de poissons.— Les
migrais n'est, pour ainsi dire, autre chose négocians de Dunkerque arment, pour la
que des excrémens d'oiseaux. pèche, un grand nombre de navires qui re
On rencontre dans plusieurs grottes des viennent chargés de morues ou de harengs.
dépôts semblables de/iente, formés par des Les habilans en consomment et en salent
'hauves-souris. JNous citerons pour exem une grande quantité ; les débris et les pois
ple les grottes d'Arcis-sur-la-Cure , près sons mal conservés sont jetés dans les boues
«lAuxerre. qui, remplies de parties annualisées, fermen
Tous ces dépôts forment sans aucun doute tent rapidement.
des engrais plus ou moins chauds et qui peu Les Jermiers îles environs de Bergues, très-
vent être assimilés, quanta la valeur approxi industrieux, paient le droit d'enlever les
mative, aux quantités à employer et aux ef boues et de balayer la ville de Dunkerque. Ils
fets^ la fiente de pigeons dont nous venons recueillent ces vases dans des bateaux, les
de parler. transportent à nue ou deux lieues, en font de
Daus les pays oii l'on élève en grand les gros las qu'ils mélangent par des lits succes-
vtrs-iimsoic, leurs excrémens et ai larve elle- . sifsavecUe la marne, de la craie eldc la terre,
108 AGRICULTURE ENGRAIS. uv.i".
et n'emploient ces composts qu'après une de chaux, la poudre charbonneuse absorbante
année ou deux de repos. qui retiendrait la plus grande partie des gaz
Il ne manque à cette pratique utile que utiles, retarderaitla décomposition et triple
d'ajouter de la chaux, dans la proportion de rait l'effet réalisé. Des expériences que nous
8 à 10 pour 100 des boues annualisées, cl d'o- avons faites avec M. Salmon, ont eu ce résul
ftérer plus rapidement, par cet agent actif, tat, relativement aux boues de Paris, qui se
es effets qu'on n'obtient que plus incomplè ront sans doute un jour traitées ainsi.
tement et plus lentement avec de la marne.
La chaux coûte peu à Bergues, et les culti § VI. — Suie des cheminées.
vateurs de ces cantons ont l'habitude de
l'employer en la semant sur leurs terres La suie des cheminées et des poêles où l'on
en octobre et en novembre. Le mélange de brûle du bois est composée d'un grand nom
la chaux, en hâtant la désagrégation des bre de corps. M. Braconnot, en l'analysant,
substances organiques, permettrait d'em y a trouvé 20 pour 100 d'une matière azotée,
ployer cet engrais au bout d'un mois de ma de l'alumine,du carbonate, phosphate,sulfate
cération, suivant qu'il contiendrait de 6 à 18 et acétate de chaux, divers autres sels à base
pour 100 (approximalivement évalués) de de chaux, potasse, magnésie et ammoniaque,
matières organiques et de débris de poissons. une matière charbonneuse; il faut y ajouter
On en pourrait employer de 36 à 100 hecto une huile essentielle empyreumatique, et
litres par hectare. On observerait d'ailleurs Quelquefois un léger excès d'acide acétique,
la méthode indiquée ci-dessus. d'autres fois une petite proportion de carbo
Poissons morts, animaux marins. — Ces nate de potasse.
substances, déposées sur les côtes par les On augmenterait l'action stimulante de la
marées ou jetées par les tempêtes, sont de suie, en la mélangeant avec son volume de
très-puissans engrais pour les localités qui se cendres de bois.
trouvent à portée de les recueillir. — Les co On se sert, près de Lille, de la suie de che
quillages, et notamment /ej écailles d'huîtres, minée comme engrais, et surtout dans le but
contenant une forte proportion de substance de garantir
calcaire, ne conviennent pas dans les sols insecles qui les jeunes pousses de colza des
les dévorent. On en répands
où ce principe domine déjà, mais sont fort hectolitres pour 10 ares quelquefois on jette
avantageux dans les terres argileuses, humi
des et froides qu'ils divisent et amendent. aussi de la suie sur les feuilles de colza re
piqué dans le mois de mars et d'avril.
Boues des villes. — Dans les villes popu Si l'on délaie la suie dans 2 ou 3 fois son
leuses, et surtout aux alentours des marchés volume d'eau, puisque l'on filtre sur une toile
aux volailles, poissons, légumes, et dans les ou sur un tampon de paille, on obtient une
rues étroites, on enlève chaque jour des ma solution capable de conserver la chair des
tières boueuses contenant une foule de dé animaux , en lui donnant un goût analogue
tritus organiques. à celui des viandes fumées.
Cette sorte d'engrais mixte, amoncelé en Le mélange de la suie, à volume égal, avec
tas souvent énormes, est abandonné ordi les matières animales pures, telles que le
nairement un ou même deux ans. Alors il sang coagulé et la chair musculaire divisée,
s'est réduit d'un tiers ou de moitié du volu est très-convenable pour ralentir la putréfac
me primitif, et, durant tout cet espace de tion, diminuer l'odeur infecte, garantir l'en
temps, il a répandu une odeur infecte, cause grais et les plantes des petits animaux et des
de perte et de grave incommodité pour le insectes. A. Payes.
voisinage.
On étend alors dans les champs, avant les *
premiers labours, puis on enterre, en labou § VU.—Des composts, ou du mélange des terres et
rant, ces boues consommées, comme les fu des fumiers.
miers ordinaires. On emploie jusqu'à 36 voies
de 2 mètres ou 86,400 kilog. de boues pour un La masse principale des engrais est fournie
hectare. Cette fumure a d'ailleurs les incon- par les litières mêlées aux excrémens des
véniens des engrais infects, dont nous avons bestiaux; lorsque leur rareté oblige de les
parlé d'une manière générale plus haut. ménager ou de s'en servir pour la nourriture
Il serait bien préférable de mélanger les des animaux, on peut y suppléer en couvrant
boues récentes avec de la chaux, en les amon le sol des écuries et bergeries de terre bien
celant. A cet effet, on immerge la chaux dans meuble et à moitié sèche, laquelle servira
l'eau à l'aide d'un panier pendant 5 minu d'excipient pour les déjections animales, se
tes, puis on la tire de l'eau et on la laisse en chargera en outre des substances exhalées
tas sur le sol battu ou dans des baquets; là Car leur transpiration , et formera un fort
elle se réduit peu-à-peu en poudre, en se com on engrais. Cette méthode offre encore la-
binant à l'eau ; on 1 arrose avec ménagement vantage d'amender le sol en même temps
pendant l'extinction, afin qu'elle reste pulvé qu'on le fumera : à cet effet, il suffit de dé
rulente et conserve l'apparence sèche. Cette poser dans les étables une terre qui ait des
poudre fine est facile a répandre et diviser qualités opposées à celle où l'on doit transpor
sur les couches de boues que l'on superpose ter l'engrais.
successivement après avoir ajouté environ On compose dans le même but les com
un vingtième de cette chaux sur chacune posts, mélanges d'engrais formés de subslan-
d'elles.L'addition de la chaux, qui hâtelama- ces de diverses natures, placées par coiicbes
cération et sature les acides, permet d'em les unes sur les autres. Destine-t-on le com
ployer l'engrais au bout d'un mois. post à l'engrais etàl'amendement d'une terre
Il serait mieux encore d'employer, au lieu argileuse et compacte , on peut emprunter a
CHAP. 4. PRIX ET EFFETS COMPARÉS DES DIVERS ENGRAIS. 109
M. Cbuptal la préparation suivante : on fait ble, l'évaporation des principes gazeux; et,
une première couche de plâtras , de gra\ois arrivéjau champ, le laboureur l'enfouira sans
ou de débris de démolition ; on la recouvre de délai. C. B. de M.
fumier de litière de mouton ou de cheval ; on Joncs employés comme engrais. — Les joncs
en compose une $' de balayures des cours, que l'on récolte dans les marais du départe-
des chemins, des granges, de marne maigre, men t du Gard sont considérés à la fois comme
sèche et calcaire, de matières fécales, de dé une importante production agricole et un
bris de foin et de paille, et on la recouvre des principaux agens de la fertilisation des
du même fumier que la 1". La fermentation terres de cette localité. En effet, lorsque la
s'établit d'abord dans les couches de fumier saison est favorable , la coupe d'un hectare
dont le jus se mêle bientôt avec les autres de joncs suffit à lafumure de trois hectares
substances: quand on reconnaît que la dé de vignes; aussi le dessèchement de ces ma
composition est suffisamment avancée, on d é- rais, long-temps réclamé avec de vives et pur
moale le tas, on mêle les couches et on les bliques instances, et même commencé, est-il
transporte dans les champs. — Pour les sols maintenant abandonné. Ce qui contribue le
légers, poreux et calcaires, le compost doit plus au développement de ces joncs est, sans
être composé de substances argileuses, telles contredit, l'immersion des marais par les
que les glaises à demi cuites et broyées, les eaux du Rhône. Sans cette addition d'eau
marnes grasses, de matières compactes, de douce, l'excès de sel arrêterait la végétation;
fumiers froids, de limon des mares et des les joncs acquerraient seulement quelques
étangs, et la fermentation doit être poussée pouces de hauteur, tandis qu'ils s'élèvent de
jusqu'à ce que la masse forme une pâte liante 6 à 8 pieds lorsqu'ils ont été baignés.
et glutineuse. On coupe les joncs dans le mois de juillet,
On a récemment annoncé pouvoir prépa et on les met en bottes ; achetés dans cet état,
rer un excellent engrais en 24 heures, en éta ils sont transportés et étendus sur ta terre;
blissant un lit, épais d'un pied, d'herbes pa quelquefois on les fait préalablement trem
rasites vertes, sur lequel on étendra une per dans l'eau douce. Les pieds de vigne,
couche mince de chaux vive pulvérisée ; l'on espacés de 5 pieds 3 po. entre eux, permettent
continuera de superposer alternativement l'accès des hommes chargés d'une aussi vo
ces différentes couches : il est essentiel d'em lumineuse fumure.
pêcher l'inflammation spontanée qui pour Cet engrais agit utilement, surtout en sup
rait résulter de réchauffement de la masse, posant à la dessiccation des terres et four
en la recouvrant de terre et de gazons. nissant même peu-à-peu son humidité au
Le procédé suivant de préparation et de sol, ce qui fait comprendre l'avantage de son
conservation des engrais, a été indiqué d'a immersion préalable dans l'eau; plusieurs
près la méthode de M. Da-Olmi (1). On agronomes ont donc blâmé à tort cette pra
construit, dans l'endroit le plus convenable tique. C'est encore ainsi que, dans les ter
et à proximité de la ferme, une citerne for rains sableux„et surtout pour la culture des
mant un carré assez spacieux pour conte- racines tuberculeuses ou abondantes en sucs,
nirles quantités de fumier qu'on veut conser les pommes-de-terre, les betteraves, j'ai ob
ver. Sur l'une des faces on ménage un abord tenu des produits considérables par l'addi
facile et une ouverture suffisante pour lais tion de marcs de pommes-de-terre , n'agis
ser passer une charrette; on tient habituelle sant presque qu'en raison de leur forme
ment cette ouverture fermée au moyen d'une spongieuse, et retenant fortement l'humi
écluse ou porte en bois. Dans le voisinage dité. M. de Rainneville est parvenu même
de la citerne, on construit un puits profond à quadrupler une récolte de pommes-de-
de 8 pieds et large de 3 ; c'est dans ce puits terre en enterrant un engrais vert semé à
Qu'on prépare une lessive d'engrais, en jetant dessein entre les lignes. D'ailleurs, les joncs
dans ce réservoir rempli d'eau, de la chaux trépignes par les nommes et les moutons,
éteinte à l'air, des cendres neuves, et ayant après les récoltes, se rompent et se désagrè
soin d'agiter chaque jour ce mélange avec gent de plus en plus, et fournissent par leur
une perche. Dès que le liquide est assez char décomposition un léger encrais.
gé des principes salins, ce que l'on connaît La fumure au moyen des joncs est très-dis
a sa couleur d'un blanc de lait grisâtre, et à pendieuse, surtout en raison des frais de
la diminution de sa fluidité , on porte le fu transport et de main-d'œuvre pour être ré
mier dans la citerne , on en fait un amas de pandue; elle revient, suivant les distances, de
l'épaisseur de 5 à 6 pieds, qu'on arrose sur 200 et 400 fr. l'arpent de 30 ares, qui contient
toute la surface, à l'aide d'un arrosoir or 1200 touc/ies, ce qui porterait à plus de 600 ou
dinaire, avec le liquide puisé dans le réser de 1200 fr. la fumure d'un hectare.
voir; cela fait, on recouvre le tout avec
une couche de terre assez épaisse. Les amas
successifs de fumier qu'on ajoutera, seront Section iv. — Prix et effets comparés des
placés, assaisonnés et couverts de terre de divers engrais.
la même manière jusqu'au dernier, sur le
quel on mettra la terre la plus compacte
qu'on pourra trouver, en lui donnant une § I™.— Fixation du prix de revient des divers
épaisseur de 5 à 6 pouces au moins. Quand engrais.
on tirera le fumier de la citerne, on mettra
des planches sur la charge de chaque char Établir une comparaison rigoureusement
rette, afin d'empêcher, autant que possi- exacte entre les divers engrais, sous les rap
La France renferme encore, malheureuse varts, qui ne sont dévoués à la stérilité que
ment, un bien grand nombre de terres "Vagues faute d être fécondés par des bras laborieux-
et incultes, de Landes, de Bruyères, de Sa- Non seulement dans certaines parties du ter
Ci) On obtient ainsi environ 9 de sulfate d'ammoniaque pour cent des os calcinés, et 18 à 20 du sang
sec, des chiffons de laine, de la chair musculaire, des cornes, etc.
(2) Ce prix est composé presque en entier des frais de ramassage e t de transport à une distance d une
à deux lieues.
CBAP. 5e. DES DÉFRICHEMENS.! 118
ritoire, de vastes étendues de terrain sont A l'exception des rochers, des crêtes de
ainsi improductives, mais, même dans les montagnes dépourvues de terre végétale, et
départemens les plus riches, les plus peu des pentes trop escarpées, il n'est, à vrai dire,
ples, les mieux cultivés, on rencontre en aucun sol dont on ne puisse tirer parti ; toute
core ça et là quelques portions de sol que fois, les dépenses diverses qu'entraînerait
des travaux bien entendus rendraient facile dans bien des cas sa mise en culture, sont
ment à la culture. Tantôt ces terrains sont telles qu'il serait plus qu'imprudent de les
occupés par des pierres, des broussailles, des faire avant d'avoir bien calculé préalable
arbustes; la marche des instrumens aratoires ment toute la portée de l'opération et les ré-*?,
j- est gênée par des roches; le guéret n'y a sultats profitables qu'on est raisonablement
pas encore été entamé par la charrue. Tantôt en droit d'en attendre, eu égard non seule
l'abondance ou la stagnation des eaux les ment à la nature de chaque terrain, mais à
constitue, perpétuellement ou temporaire la. position topographique de chaque localité,
ment, en marais ou en terres marécageuses, et aux moyens d'exécution dont on peut dis
ou bien l'invasion extraordinaire ou pério poser.
dique de ces eaux y interdit les cultures ré Lors même que les défrichemens doivent
glées, et même menace le sol de l'envahisse- s'opérer dans le voisinage et pour ainsi dire
nwntou de la destruction. L'objet de ce cha à la suite d'une ancienne exploitation, à
pitre est de mettre les propriétaires et les l'aide d'attelages, d'ouvriers, de tout un ma
cultivateurs à môme de convertir en terres tériel enfin déjà existant, ce sont encore sou
arables les terrains plus ou moins étendus, vent des entreprises coûteuses, peu à la pors
qui, par une cause quelconque, sont encore tée des petits cultivateurs si elles sont faite
en friches et pourraient cesser d'y être. sur une certaine échelle, et qui ne peuvent
C. B. de M. devenir profitables qu'autant qu'elles sont
Section Ir*. — Des déjrichemens. convenablement dirigées. Ce serait un fort
mauvais calcul de croire qu'on pourra cul
tiver des étendues plus grandes, sans autres
Les défrichemens qu'on a quelquefois con déboursés qu'un surcroît de main-d'œuvre.
sidérés comme l'ensemble de toutes les opé A. la vérité, sur des défriches de genêts, d'a
rations propres à transformer les terrains joncs ou de bruyères, à l'aide de simples
incultes en terres labourables, ou des cul brûlis, presque sans engrais et souvent même
tures permanentes en cultures d'une autre saus engrais, on peut bien de loin en loin
sorte, et qui embrassent dans ce sens tout ce obtenir une ou deux chétives récoltes de
qui se rattache aux desséchemens, aux ni- seigle ou de sarrasin et de pommes-de-terre,
teliemens, au défonçage, à l'écobuage, aux qui paient tant bien que mal les frais de la
amendemens, aux semis divers, et même à la bours. A la vérité encore, sur l'emplace
pratique des assolemens , dans un ouvrage ment de bois nouvellement déracinés, d'an
delà nature de celui-ci, où chacun de ces ciens marais desséchés , de vieilles prairies
importans sujets devra être traité séparé retournées, on peut quelque temps se fier à
ment avec tous les détails qu'il comporte, la fécondité surnaturelle du sol; mais, dans
ne peuvent avoir une aussi grande impor le premier cas, le terrain épuisé par une si
tance. Pour nous, défricher un terrain, ce faible production, se refuserait à en donner
sera donc simplement le débarrasser de tous aucune autre sans une nouvelle jachère de
les végétaux ou autres obstacles qui se rencon 8 à 10 ans; dans le second, il ne faut voir
trenta la surface, pour le mettre en état de re 3u'une exception momentanée à la règle;
cevoir selon sa nature, soit des céréales, soit ans l'un et l'autre, on arriverait à coup sûr
des plantes fourragères, légumineuses ou in à la stérilité, sans le concours des engrais.
dustrielles, soit des végétaux ligneux; et Dans les terres de médiocre qualité, les
notre tâche sera remplie, quand nous aurons défrichemens qui auraient pour but d'ajou
fait voir les difficultés et donné les moyens ter à la quantité des terres assolées dune
d'arriver à ce 1" but. ferme ou à plus forte raison d'en créer une
'- I".—Conditions avantageuses ou désavantageuses nouvelle, seraient généralement de fort mau
aux défrichemens. vaises opérations, si elles n'étaient exécutées
partiellement ou par des personnes en état
Depuis un certain nombre d'années, à me de faire grandement les avances nécessaires.
sure que notre population s'est augmentée, En pareil cas, bien souvent, [es semis d'essen
que le prix des terres et avec lui le taux des ces ligneuses, particulièrement ceux de Pins
fermages se sout progressivement élevés, les qui se montrent généralement si peu diffi
défrichemens sont devenus assez Jréquens en ciles sur le choix des terrains, oflrent le
France. Cependant, d'après des doeumens meilleur et le plus sûr moyen d'améliora
officiels, résultant d'opérations effectuées sur tion.
les lieux mêmes par les agens des contribu Pour les sols de meilleure qualité, les chan
ions directes, contradicloirement avec les ces de succès augmentent en raison inverse
délégués des communes, on voit dans l'ex de la difficulté de maintenir leur fécondité;
cellent travail de U.Uuerne de Pommeuse (1), mais, là encore, loin de sacrifier l'avenir au
quesurune superlicie de 52,874,614 hectares présent, il faut au contraire savoir ne de
que présentent ensemble les quatre-vingt- mander à la terre que ce qu'elle peut pro
six départemens, il en existe encore d'in duire sans épuisemeut, et songer, avant tout,
cultes au moins 7,185,475 hectares, c'est-à-dire à augmenter la masse des fourrages pour ob
environ la septième partie du territoire. tenir plus d'engrais. Tel est en résumé le
(I) Des colonies agricoles et de leurs avantages. Un vol. in-8°, 1832. Chei Mm0 Huzard.
agriculture, 1S"10 livraison* t toMk I.— iS
114 AGRICULTURE : OPÉRATIONS AGRICOLES, liv. r
grand secret de la réussite; car il est bien de juillet, on donne un second labour dans
reconnu qn'avecmoins de frais, la sommedes le même sens, mais un peu plus profondé
fumiers restant la même, on peut tirer da ment, afin de recouvrir les. tranches, précé
vantage de produits sur un champ de moyen demment soulevées, d'une certaine quantité
ne que de grande étendue, et qu'il est infi de terre de la couche inférieure.
niment préférable de bien cultiver l'un que D'autres cultivateurs remplacent ce labour
de cultiver l'autre en entier. par un simple hersage au moyen de la herse
roulante {fig. 62 ) qu'ils promènent sur le
§ II. — Des divers procédés de défrichement.
Trois obstacles matériels peuvent rendre
les défrichemens d'une exécution parfois fort
difficile et toujours assez dispendieuse. Ce
sont : les racines qui occupent le sol , les
pierres qui en pénètrent la masse de manière
a entraver les labours, ou enfin les eaux sta
gnantes qui en recouvrent la surface.
Lorsqu'ils ont lieu sur d'anciennes pâtures
ou des landes couvertes de sous-arbrisseaux
d'une faible consistance, on connaît plu
sieurs moyens de les effectuer. Un des plus
en usage , et dans beaucoup de cas des meil
leurs, est à'écroûter d'abord le sol et de brû
ler ensuite les produits végéto-terreux ainsi
enlevés, comme on le dira ci-après en trai
tant de Yécobuage.
Un second moyen, recommandé avec rai
son par Thakii, consiste également à eule-
■ver, jusqu'à une faible profondeur, la sur
face du terrain , comme pour l'écobuage ; à
diviser les gazons en morceaux irréguliers, défrichement dans la direction de la char
et à les mettre en tas avec des fumiers d'é- rue et non en travers, car les mottes n'offri
table ou de la chaux , puis à les laisser en cet raient dans ce sens que peu de résistance
état jusqu'à ce que leur décomposition soit aux dents de la herse sous lesquelles elles
accomplie. Pendant ce temps, ou donne plu rouleraient sans se briser, tandis que, sui
sieurs labours au champ écroulé, on y ré vant la direction des traits de la charrue, les
pand ensuite le compost, et on l'enterre en dents éprouvent une résistance qui favorise
semant sous raie ou par un fort hersage. leur effet. Un troisième labour, exécuté en
Cette méthode, d'après le même auteur qui travers et suivi d'un hersage vers le mois de
l'a éprouvée plusieurs fois, procure des ré mars suivant, contribue encore à ameublir
coltes très-abondantes, etmel le sol dans un le sol et à détruire de plus en plus les mau
état de prospérité admirable, parce qu'il en vaises herbes. Il est le plus souvent suivi
résulte la décomposition absolue du gazon, immédiatement des semailles de printemps;
sa transformation en humus, et une aération cependant, comme à cette époque la terre
plus complète que cela n'aurait lieu de toule n'est pas toujours assez nettoyée, il peut,
autre manière. Mais il est évident qu'un tel dans certains cas, paraître préférable de
moyen est très-coûteux et ne peut être mis donner encore quelques labours pendant
en pratique que sur des espaces peu étendus. une nouvelle jachère d'été. Dans notre opi
nion, il est généralement tout aussi conve
§ III. — Défrichemens à la charrue. nable pour achever de nettoyer le sol, et
beaucoup plus productif, de recourir dès-
D'autres fois on seborneà donner, pendant lors à des cultures qui exigent des sarclages,
un an et même deux ans, plusieurs labours des binages ou des butages.
successifs, combinés de manière à détruire Toutes les défriches ne peuvent être des
aussi complètement que possible la végéta tinées à produire des céréales ou à être con
tion des plantes adventices. Le premier de verties en prairies. Il est des sols qu'il serait
ces labours doit être assez prolond seule dilficile d'utiliser autrement qu'en les plan
ment pour ramener à la surface la majeure tant en bois. C'est pour ceux-là surtout ( et
Farlie des racines, et mettre les autres dans dans cette catégorie on doit comprendre
impossibilité de repousser. Ou le donne une grande partie des landes immenses de
dans le courant des mois de décembre, jan la Bretagne, de Bordeaux, etc., etc.), c'est
vier, février et mars, lorsqu'il ne gèle pas pour ceux-là, dis-je, qu'il convient surtout
trop fort, et que la terre est suffisamment d'employer la charrue. Cet instrument pré
pénétrée et amollie:par les eaux pluviales, sente une économie telle, que deux hommes
ce qui contribue à diminuer la résistance et un bon attelage de 4 ou 6 chevaux, sui
qu'offre le labour. vant la nature du terrain, défrichent autant
Le défrichement sefait par larges planches de landes en un jour que 50 hommes en pour
et dans la direction la plus convenable à l'é raient (aire au pic ou à la pioche en travail
coulement des eaux vers des fossés dont, lant avec assiduité.
presque toujours, il convient d'entourer le Parmi les charrues qu'on a surtout préco
terrain avant de commencer le travail. nisées pour les défrichemens, il en est cer
Dès que les gazons renversés sont suffi tainement fort peu qui donnent des résultats
samment desséchés ou pourris, vers le mois plus salisfaisans que celle de M. Mathieu
CBAV. S. DES DEFRICHEMENS. 115
be Domb&.s'le sur les terres enherbées, telles Son soc est plat, ayant la forme d'une demi-
que les trèfles, les luzernes et les vieilles pâ langue de carpe bien acérée et aiguisée de son
tures, même lorsqu'elles exigent un fort côté oblique. Un large coutre, d'une forme
tirage. Toutefois , lorsque les terrains sont demi-circulaire, lient au soc, étant forgé de
surchargés de racines ligueuses, la charrue la même pièce de fer; il se termine par une
simple ne convient pi us autant, parce qu'alors pointe qui dépasse de 10 ou 15 centimètres,
elle devient très-difficile à conduire, et que ou 4 pouces , l'extrémité du soc à laquelle
le système de coutre et de soc de cette char il fait suite. Trois autres coutres, de lon
rue n'est pas approprié à un travail qui exige gueurs inégalement progressives, suivent le
une force aussi extraordinaire. En pareil premier. Chacun de ces derniers est denté à
cas , nous pensons qu'on devra tâcher de se sa partie basse, ce qui donne à l'instrument
procurer la charrue de M. Tkochc {fig. 63 ). la forme et l'effet d'une scie. Le 1er coutre ,
Fig. 63.
du côté de l'attelage, s'enfonce en terre d'en ment. La raie qu'il trace est droite , et les
viron 2 pouces ; il entame par deux secousses bandes de friche qu'il soulève sont retour
successives la pierre ou la racine qu'il ren nées entièrement et avec uniformité.
contre. Le 2e coutre, un peu plus long, Dans un défrichement exécuté à la char
prend aussitôt la place du premier, et en rue , l'action de cet instrument a moins pour
tame comme lui la pierre ou la racine par objet d'effectuer des raies droites et de re
deux secousses, mais à une plus grande pro tourner complètement le sol, que de le déga
fondeur; le 3° fait le même effet, si ce n'est ger aussi profondément que possible des
qu'étant encore plus long que le précédent, racines et des pierres qu'il renferme , en les
il augmente encore de près d'un pouce l'in amenant à sa surface. Aussi , la charrue de
cision faite à la pierre ou à la racine par les M. Trochu parait -elle avoir sur celle de
2 autres coutres, qui sont venus avant lui; M. Lemasne un avantage qui doit en faire
et il est difficile que l'obstacle résiste à ce recommander de préférence l'usage, bien
3' choc. Si cependant il n'était pas totale qu'elle exige un plus grand nombre de bêtes
ment détruit, le 4e coutre attenant au soc de trait, et que le prix de sa construction
le reprend en dessous , du côté opposé à soit plus élevé.
l'entaille que lui ont faite les coutres précé
dées, et il ne peut plus offrir, par ce moyen, § IV. — Défrichemens à la main.
qu'une dernière et bien faible résistance.
Avec cet instrument très-facile à mouvoir Pour opérer sur de petites portions de
et parfaitement approprié à sa destination, terrains des défrichemens à la main, on em
M. Trochu a pu, en attelant au besoin jus ploie, selon les localités, le pic à pointe et à
qu'à 10 forts chevaux, défricher de certaines taillant (fig. 64 ), propre à remplacer en
landes à grand ajonc. quelque sorte la pioche et la coignée; la tour
Terme moyen, le prix de défrichement née ordinaire {fig. 65 ), ordinairement pré-
d'un hectare ne lui coûtait pas cependant Fig. 65. Fig. 64.
au-delà de 100 fr.
M. Lemasne, ayant fait une entreprise de
défrichement de landes en Bretagne, a cher
ché à avoir un instrument à la fois solide ,
simple et économique, et surtout peu dis
pendieux. Persuade que , pour assurer l'as
siette de la charrue de manière à ce qu'elle
pût résister aux plus grands assauts de tirage
ayec le moins de frottement possible, il par
viendrait à ce résultat en renforçant la char-
r"e nantaise déjà forte de sa nature , il y a
'ait quelques modifications. Il a change le férée pour ouvrir des tranchées, arracher les
soc qu'il a rendu plat et tranchant , a ajouté arbres, et extraire les pierres d'une moyenne
un second coutre au premier, et il a con dimension.
solidé la flèche et le sep par un boulon de On se sert encore de fortes houes, telles que
";r transversal qui empêche l'écartement. Vëcobue {fig. 66 ), fort en usage pour les dé
Cet instrument n'exige l'emploi que de friches de gazons, de bruyères ou de genêts,
«eux paires de bœufs médiocres. Employé et Yétrapa de Bretagne { fig. 67 ) , également
"ans des landes prises d'ajoncs et de bruyè- recherchée pour le même usage dans une
i-", mêlées de pierres, il les a levés facile partie de l'ouest de la France, etc.
AGRICULTURE : OPÉRATIONS AGRICOLES. m. i"
Fig. 66. quées courraient grand risque de se rom
pre. » ( Thaer , Principes raisonnes d'agri
culture. )
Enfin, lorsque ce sont des arbres qui oc
cupent le terrain, on est bien obligé ou (l'en
tourer chacun d'eux de tranchées profondes
et de couper leurs principales racines, à me
sure qu'on les découvre, pour ensuite en
traîner l'arbre entier au moyen d'une corde
Dans le déparlement du Gers', on supplée attachée le plus près possible de la sommité,
à ces instrumens par un autre outil (Jig. 68) ou de les abattre rez terre, abandonnant
comme salaire toute la partie qui reste dans
Fig. 68. le sol, et même les menus branchages, auï
ouvriers chargés de l'extraction des racines.
La présence de grosses pierres rend sou
vent la mise en culture des friches beaucoup
plus difficile. Dans quelques cas, on trouve
économique de les enfouir dans le champ
même, à une profondeur assez grande pour
composé de deux fortes dents de fer de 2 cen ne gêner en rien la marche de la charrue.
timètres ou 6 lignes d'épaisseur, et de 5 cen En d'autres circonstances, si ce moyen n'est
timètres ou 1 pouce de largeur, et d'une lon pas praticable, si l'on trouve à utiliser les
gueur de 20 centimètres ou 10 pouces; un pierres dans le voisinage pour l'entretien des
manche en bois de 90 centimètres ou 3 pieds chemins ou pour des constructions rurales,
y est adapté ; il permet à l'ouvrier de travail on peut recourir, selon la nature du rocher,
ler presque droit. Il peut enfoncer cet instru soit au pic et au coin du mineur, soit à la
ment dans le sol à une profondeur d'environ poudre à canon, dont l'emploi, qui exige d'ail
20 centim. ou 10 po., el le travail se fait plus leurs des frais assez considérables, n'est pas
rapidement qu'avec le pic; aussi, dans les ter malheureusement sans danger en des mains
rains qui ont besoin d'un défonçage moins inexpérimentées. Enfin, sans encourir le
profond, peut-il être employé de préférence. même inconvénient, on réussit encore par
Parfois, pour déraciner des arbrisseaux, on fois assez bien en faisant chauffer fortement
se sert d'un levier armé à l'une de ses extré la pierre sur un seul point, au moyen d'un
mités d'un très-fort trident de fer dont les feu aussi ardent que possible; et, lorsque
pointe sont ordinairement 20 po.de longueur cette vive chaleur a produit une dilatation
(/fr.72). Fig. 69. inusitée, en arrosant subitement le bloc avec
de l'eau froide, et en le frappant en même
temps de lourds marteaux ou de maillets
métalliques à manches de bois durs et élas
tiques comme le houx.
Quant aux obstacles que peut présenter
l'eau, en traiter ici serait faire double em
ploi avec l'article Dessèchement auquel.nous
devons renvoyer le lecteur.
Vicomte Débonnaire de Gif-
« Comme elles doivent pouvoir supporter un
grand effort, il faut que la partie de la four Section h. — De Técobuagc.
che par laquelle elles tiennent à la douille ,
et cette douille elle-même , soient aussi très- D'après l'étymologie que M. DesvaTJX donne
solides. C'est dans cette douille qu'on intro du mot écobuage, ce mot dérive du latin KO-
duit la perche servant de levier, qui doit être pula, petit balai, ou du celtique scod, bâton,
épais, de bois dur, si cela est possible de morceau de bois, dont on a fait plus tar(!
frêne, et avoir 15 à 20 pieds de long. A l'ex écot, écobues. Ecobuer ne s'appliquerait ainsi
trémité postérieure de ce manche on attache proprement qu'à l'extraction des fragmens
une corde longue de 8 à 10 pieds, à laquelle de végétaux qui se trouvent à la surface e
est suspendue une traverse, au moyen de dans 1 épaisseur des friches qu'on veut met
laquelle plusieurs hommes peuvent em tre en culture. Cependant, on réunit sous
ployer à la fois leur force sur le levier. Après la même dénomination non seulement I in
que les plus fortes racines latérales ont été cinération de ces fragmens, tiges et racine,
coupées, on chasse le trident sous la souche encore adhérens à une partie de la terre qi
dans une position inclinée, puis on place les portait, mais aussi le brûlis de la ler
au-dessous du manche ou levier, un bloc dépouillée de toute végétation. ,
que l'on rapproche de la souche jusqu'à ce Cette pratique , dans le sens %éac^f*Le
que l'extrémité postérieure de ce manche nous devons lui donner ici, comprend o
soit élevée de 10 ou 12 pieds; alors, par le trois opérations distinctes dont nous n ^
moyen de la traverse attachée à la corde, les occuperons séparément , et dont \&figure '
ouvriers abaissent la partie postérieure du représente l'ensemble.
manche jusqu'à ce que la souche cède à leurs Le but de l'écobuage, but dont nous Tep.
efforts. A l'aide de cet instrument, tout sim rons plus loin qu'il approche évidemmen^
ple qu'il soit, on peut souvent opérer des dans beaucoup de cas, sans cependant ^
choses surprenantes, et lorsque ce moyeu teindre complètement ou toujours, es
est insuffisant, des machines plus compli débarrasser la couche labourable des p»u
l UAI'. 5. DE L'ÉCOBUAGE. "■21 nr
iFig.^0.
qui en sont en possession; de détruire, au les brûler en place, ainsi que je le dirai plus
tant que possible, iusqu'à leurs germes par loin.
l'action du feu ; de diminuer directement, en Si l'on doit 'opérer sur des /riches en pâ
détruisant leurs larves, ou indireetement, ture ou sur de vieilles prairies,lla première
en les éloignant par une odeur particulière, chose à faire est de détacher le gazon en pla
lanvilliplication on les ravages des insen'es ques aussi régulières que possible. — Dans
nuisibles ; 'de modifier favorablement la dis beaucoup delocalités on emploie exclusive
position moléculaire et les propriétés phy ment pour cela une simple bêche acérée et
siques du sol ; d'ajouter enfin à la puissance terminée en pointe triangulaire (fig. 71).
fécondante des entrais, de les suppléer même En Angle Fig. 72. Fig. 71.
parfois presque entièrement en pratique. terre, on fait
L'utage de récobuage est fort ancien. On fréquem
peut juger, d'après les écrits de Virgtt.e, ment usage
que les bons effets qu'il produit étaient d'un instru
connus et justement appréciés des Romains ment à peu
du temps d'\uguste. Il s'est conservé en Ita près sembla
lie, particulièrement sur les Apennins, d'où ble, auquel
il se répandit de proche en proche, d'abord on donne le
en France, vers le commencement du 17" siè nom debreast
cle, et. une 50' d'années plus tard, en Angle- tpade , et ,
l'Te. De nos jours il n'est pas une contrée assez im- ^
d'Europe où il ne soit plus ou moins connu. pronrement,
On embue principalement les friches cou celui de
vertes d'arbrisseaux et d'arbustes ligneux ou hreastvlongh
sons-ligneux, tels que les genêts, les ajoncs. ( /fc. 72). dont
j« bruyères ; les terres'depnis plus ou m"ins le manche est
'ons-temps cultivées en fourrages artificiels légèrement
v|"aces, comme la luzerne, le sainfoin; les convexe , et
Veilles prairies, les pâtures, les tourbières dont un des côtés du fer est parfois relevé en
et les marais nouvellement desséchés. lame tranchante pour couper le gazon la
Eu égard a ces diverses circonstances, les téralement. Après avoir fait pénétrer cette
moyens d'opérer'ne 'sont pas tout-à-fait les bêche à la profondeur de 1 a 2 po. (0m. 0,27 a
mêmes. 0 m 0 54), l'ouvrier la dirige avec force de
vant lui. et soulève ainsi des espèces de la
Abt. l*r. — Du découpage"du sol. nières plus ou moins longues, qu il retourne
ensuite sens-dessus-dessous.
Si ce sont fies végétaux de consistance li- D'antres fois, comme un pareil travail est
pieuse qui occupent le sol, quels que soient excessif pour un seul homme, on divise d a-
les moyen» dont on aura fait choix pour les bord régulièrement le terrain an moyen du
déraciner fvoy. la sect. Défrirhemens). si l'on tranche-gazon (fig.73).?t on détache les pla
ne juge pas plus profitable de les utiliser ques avec le lève-gazon (fig. 74), soit qu un
wmme chauffage, on leslaisse sécher en par- ouvrier seul le fasse mouvoir, soit que, au
'lf,eton les réunit ensuite en petits tas équi- moyen d'un anneau fixé près de la base du
distans sur toute la surface du champ, pour manche et d'une corde qu'on y attache , un
118 AGRICULTURE : OPÉRATIONS AGRICOLES. LIV. i".
second ouvrier puisse le tirer, ainsi que nous couper le gazon sur le côté opposé au ver-
l'avons représenté {fig. 70 et 75), tandis que soir; D, pièce servant à diriger la charrue;
le premier le dirige à peu près à la manière E, réunion par une charnière en fer des deui
d'une charrue. parties de la charrue; elle donne non seule
Fig. 75. ment la facilité de mieux diriger la charrue,
mais en même temps celle de replier le train
de derrière sur le train de devant porlé par
les roues; ce qui rend le transport très-facile;
/'est le versoir de la charrue ; il a 1 pi. 8 po.
de long. »
Une autre machine au moyen de laquelle
on peut obtenir des résultats d'une régula
rité remarquable, est celle de Rey bePi.v-
nazu. Elle se compose {fig. 78), : 1» d'une
partie A armée de 3 à 6 coutres équidistaus,
Fig. 78.
(1) Cette méthode décrite ici pour la combustion des terres dépouillées de végétation dont nous nous
duperons plus spécialement dans la section suivante, est cependant applicable et souvent appliquée
>m brûlis des plaques engazonnées. C'est sous ce point de vue que je la reproduis ici.
150 AGRICULTURE : OPERATIONS AGRICOLES. ttv. i".
ordinaire. Les monceaux ainsi disposés, on des effets supérieurs à ceux de la chaux et
y met ie feu et l'on a soin, durant la com du fumier. — Ellis, dans son Praclical far-
bustion, de jeter de la terre dans les endroits mer, fit connaître tout au long, la même an
où la fumée sort en trop grande abondance; née, la manière de conduire cette sorte de
on bouche pareillement le trou par lequel brûlis. En 1786, James Arbuthnot, de Peter-
on a mis le feu. Lorsque le monceau s'af head, tenta sur le même sujet plusieurs ex
faisse par l'effet de la combustion, on y jette périences heureuses qui furent répétéesdans
un peu de terre afin d'en exposer la plus divers comtés. — En 1814 , Craig chercha
grande quantité possible à l'effet de la cha à faire revivre la môme pratique, qui parais
leur et de la fumée. » sait avoir été abandonnée à cause des frais
Dès que les résidus de l'écobuage sont suf qu'elle entraînait, et peu de temps après lui,
fisamment refroidis, on répand les cendres le le général Beatson, Curwen , Burroyvs,
plus également possible à la surface du Cartwrigut et plusieurs autres, attirèrent
champ, par un temps humide et calme, afin de plus-eu-plus sur elle l'attention des culti
d'éviter les effets du vent, et sans attendreque vateurs.
des pluies fortes ou continues aient pu entraî La méthode la plus ordinaire de brûler l'ar
ner, au profit d'une partie du sol seulement, gile en Angleterre, est, d'après Lotdos,
les substances solubles qu'elles contiennent. de former un carré long de 15 pieds sur 10,
—Ilestavantageuxdenedifférer cette opéra au moyen de plaques de gazon qu'on élève
tion que le moins possible, et, par la même en petites murailles de 3 { à 4 pieds. — A
raison, de la faire suivre promplement d'un l'intérieur de cette construction, on dirige
premier labour, auquel il importe toutefois diagonalement des conduits d'air oui abou
de ne donner que peu de profondeur. tissent à des ouvertures ménagées a chaque
Le moment le plus convenable pour les brû angle, et qui sout formés de plaques gazou-
lis est donc celui qui précède immédiatement nées, posées sur champ, à des dislances telles
l'époque des semailles. les uues des autres, que d'autres plaques pla
Presque toujours ou établit les fourneaux cées horizontalement puissent les recouvrir
ou les monceaux qui les remplacent à des dis facilement. — Dans le quadruple intervalle
tances égales de manière à employer, sur la qui se trouve entre ces conduits et les murs
surface du terrain, tous les produits qu'on extérieurs, on allume d'abord un feu tif de
lui a enlevés ; or, comme la nature et la quan bois et de gazons bien secs, puis on remplit
tité de ces produits sont essentiellement va en entier toute la cavité supérieure de ces
riables, il serait aussi difficile, en théorie derniers qui prennent feu très - promple
Î[u'en pratique, d'indiquer des proportions ment, et sur lesquels, dès qu'ils sont suffi
ixcs. samment incandescens, on jette l'argile en
Quant aux frais de main-d'œuvre, ils va petite quantité chaque fois, mais aussi sou
rient aussi d'une manière impossible à pré vent que le permet l'intensité de la combus
ciser, selon la ténacité du sol, l'espèce des tion. — Les conduits d'air ne sont vraiment
herbes qui le recouvrent, les instrumens utiles que pour commencer l'opération, car
qu'on emploie, et le prix des journées dans les plaques qui les forment sont bientôt ré
chaque localité. Le dégazonnement étant l'o duites en cendres. — L'ouverture qui se
pération la plus longue et la plus pénible, trouve sous le vent est seule laissée ouverte;
entraîne une assez forte dépense que l'usage il serait nécessaire de la clore et d'en de-
des charrues peut réduire considérablement. boucher une autre si celui-ci venait à chan
ger de direction. — A mesure que l'iuléneur
Art. III.—Du brûlis de la terre dépouillée de de la construction se remplit d'argile, on
toute végétation. élève les murs extérieurs de manière quils
dépassent constamment au moins de lOpoii'
Jusqu'à présent nous ne nous sommes oc ces les plus hautes mottes, dans lebutdem*
cupés que du brûlis des végétaux eux-mêmes, pécher l'action du vent sur le feu. Lorsque
ou de la terre qui contenait en plus ou moins la flamme se fait jour sur quelque pomi
grande quantité diverses parties végétales. d'un de ces murs, comme cela arrive assel
Avant de parler des effets de l'écobuage, il souvent, surtout lorsque la sommité du brtj
me reste à traiter du brûlis de la terre seule, lis est surchargée d'argile, la brèche doi
c'est-à-dire dépouillée de toute végétation. être immédiatement réparée, ce qui ne peu
Cette pratique, qui semble de nos jours parfois se faire qu'enélevantun nouveau nuit
acquérir une nouvelle importance , est déjà apposé parallèlement à celui qui menac<
ancienne. Dans son Country Gentlemann's ruine et qui, dans cette nouvelle position, *
companion, impriméà Londres en 1732, Ste- consume rapidement.
phen Switzer cite le comte de Halifax La première condition de succès pendan
comme l'iuveuteur de cet utile procédé, qui l'opération, c'est que chaque mur soit assel
était dès-lors fort répandu dans le Sussex. Il hermétiquement clos, et la partie supérieur!
donne deux dessins de fourneaux employés, du monceau recouverte constamment d uni
l'un en Angleterre, l'autre en Ecosse, pour quantité d'argile suffisante pour que U|!
brûler l'argile. Il affirme que des terres ap extérieur ne puisse, en pénétrant tout-à-cou|
pauvries par la culture peuvent produire une dans la masse, arrêter l'incandescence. — »*
excellente récolte de tunieps, si, après avoir tels fourneaux exigent presque les même
été labourées plusieurs fois, elles sont amen soins que ceux doot on fait usage pour la 'a
dées avec des cendres argileuses. Il rapporte brication du charbon.
enfin diverses lettres écrites en 1730 et 1731, Une seconde condition, c'est que cette mènii
Sui établissent que sur plusieurs points des argile soit brûlée humide; sèche, elle se dut
es britanniques, l'argile brûlée a produit cirait au feu en forme de brique, et tu pr°
ciikt. S. DE L'ÉCOBUAGE. J3t
duirait plus tous les effets qu'on en attend. terre par un léger labour avant ou en même
— Humide, au contraire, elle donne après la temps que la semence. D'autres fois on la
combustion des mottes poreuses que le moin transporte et on l'étend sur les vieux trèfles
dre choc réduit facilement en poussière. avant de les enfouir.
En suivant la méthode de Cartwright, au On peut brûler de la même manière toutes
lieu d'établir de simples conduits d'air et de les terres fortes et les diverses marnes ar-
recouvrira plat le combustible par l'argile, gilo-calcaires. — Les résultats ne paraissent
après avoir creusé une tranchée de 3 pieds de pas être sensiblement dilférens, quoique,
profondeur et de largeur, sur une longueur dans ce dernier cas, il puisse cependant se
de 20 pieds, on la recouvre d'une voûte en produire une quantité plus notable de
briques, grossièrement maçonnée, et percée chaux.
de trous nombreux pour laisser passer la
flamme. On élève ensuite à 2 pieds de chacun Art. IV. — Des effets de l'écobuage.
des côtés de ladite voûte, sous laquelle sont § Ier. — Effets chimiques et physiques.
entassés les combustibles, des murs de pla-
3ues de gazon semblables à ceux dont il a L'écobuage exerce sur la végétation et sur
éjà été parlé, et l'on conduit du reste l'o le sol une double action. — Il agit chimique
pération a peu près de la même manière que ment et physiquement.
dans le cas précédent, c'est-à-dire qu'on re Chimiquement , surtout lorsqu'on l'opère
couvre les moites d'argile de nouvelles mot sur des végétaux dépouillés de terre ou sur
tes, à mesure que les premières commencent des terres qui contiennent une quantité no
à prendre la couleur rouge obscure, indice table de racines ou d'autres parties végétales,
de leur vive chaleur. — D'après ce procédé, en produisant divers sels dont la propriété
Cabtwrigiit a calculé que son argile brûlée stimulante a dû nous occuper ailleurs;
lui revenait à 1 fr. le tombereau de 20 pieds peut-être, dans certains cas, conformément
cubes, c'est-à-dire un peu moins qu'au géné aux théories allemandes, en modifiant les
ral Beâtson, puis (mo ce dernier estime au particules terreuses de manière à les rendre
même prix les 16 pieds cubes. plus solubles dans l'acide humique ;— en fa
Mais il est des moyens plus économiques. vorisant diverses combinaisons nouvelles fa
— M. de Schindler, en A nt riche, sans autre vorables à la nutrition des plantes; — enfin
construction préalable, fait disposer les mot en pénétrant les terres soumises à son action
tes de terre en monceaux volumineux, et en de principes volatils, dont la présence se
quelque sorte à claire-voie; à leur base on manifeste , pendant un temps fort long, au
ménage des conduits destinés à recevoir une simple odorat, et dont j'ai lieu de croire
quantité suflisante de bois refendu de trois que la puissance fécondante n'a pas été ap
pieds. — Il obtient ainsi, pour le prix de préciée à sa valeur.
8 fr., jusqu'à 24 chariots. Physiquement , surtout lorsqu'on l'opère
Enfin, dans d'autres lieux, on imite \e pro sur des terres dépouillées de végétaux ou
cédé espagnol, à cette seule différence près qui n'eu contiennent que des quantités inap
qu'on creuse une étroite tranchée, sur la préciables, en diminuant la consistance du
quelle on dépose les fagots de manière à en sol. Ainsi que l'a déjà dit notre collaborateur
lormer une espèce de voûte propre à rece- Paven, la plupart des propriétés physiques
voir les amasoblongs qui remplacent les for changent par suite de la combustion. L'ar
mions; ou bien encoie, en élevant les mon gile pure, qui formait la terre la plus com
ceaux de molles, on les stratifié, pour ainsi pacte, devient friable, perd sa ténacité au
dire, avec des branchages, des bûches; ou point qu'il n'est plus possible de la lui rendre
mieux, dans les localités où l'on peui s'en en l'humectant, et qu'elle ne revient qu'in
procurer, avec des plaques de tourbe, dont sensiblement, peut-être jamais, à son état pri
les cendres ajoutent puissamment à l'énergie mitif; - en détruisant, par suite de ce pre
de l'amendement. mier effet, la tendance des terres fortes à se
Le général Beatson emploie l'argile brûlée sur-saturer d'eau, et en les rendant cousé-
une fois par rotation, c est-à-dire tous les qu inment plus accessibles à la chaleur so
quatre ou cinq ans, à raison de 20 charretées laire; — en augmentant leur porosité, ce qui
de 16 boisseaux par acre ou 800 pi. cubes par les dispose à une absorption plus grande des
hectare. — Lorsqu'il sème du froment sur du gaz atmosphériques, tout en favorisant l'ex
froment, ce qu'il croit pouvoir faire sans in tension des chevelus. Si, en général, les ter
convénient d'après sa nouvelle méthode, res recuites perdent, en partie, surtout lors
parce que le terrain se maintient propre, il qu'elles ont été chauffées jusqu'à la calcina-
augmente d'un tiers la dose ordinaire. — tion, la propriété chimique de se combiner
Cartwright s'est bien trouvé d'en repaudre à de nouvelles quantités d'oxigène, il est cer
environ uu cinquième de plus. — Ou conçoit tain qu'elles acquièrent, par l'effet d'un feu
que ces proportions puissent varier encore inoins vif, une disposition plus grande à se
en plus avec avantage, lorsque le surcroît de pénétrer, par simple addition, de ce gaz et
dépense n'est pas un obslacle. île tous ceux avec lesquels elles se trouvent
L'application de cet amendement est, du en contact. — Telle est particulièrement 1%
reste,* peu près la même que celle de la disposition des argiles.
chaux. — Lorsque, par suite de l'humidité
atmosphérique ou d'une division mécanique, § II. — Terres qu'il convient d'écobuer.
toujours facile quand l'opération a été bien
fai.e, l'argile est réduite en cendre ou plutôt D'après de tellesconsidéralions, je n'aurai
en poussière, on la répand, aussi également que peu de choses à ajouter pour indiquer
que. possible, à la surtaxe Uu sol, et on l'eu- quelles sont les terres qu'il est avantageux.
ÂGaiccLTcnx, 17'u• livraison. tome I,— \6
AGRICULTURE : OPÉRATIONS AGRÍCOLES. Liv . jer .
d 'écobuer, et il me sera plus facile de faire temps ; mais une telle routine ne peut être
voir que le raisonnement vient parfaitement citée comme exemple.
à l'appui des faits.
Il est clair que les brûlis détruisent en peu I S III.-- Plantes auxquelles convientl'écobuage.
d 'instans toutes les matières organiques qui
se trouvent exposées à leur action , et qui, Demêmeque l'écobuageneréussit pas sur
sans eux , auraient subi dans le sol une dé toutes les terres , il ne parait pas convenir
également à tous les végétaux . - Les crucifè
composition plus ou moins lente. Quoiqu 'il
ne faille pas en induire, comme on le voit , res , comme les turneps et autres raves, les
navets,
que dans cette opération tout soit perte le colza , la navette , etc., s 'en trouvent
pour particulièrement bien . L 'odeur âcre et du
la végétation , il n 'en est pas moins vrai que
l'écobuage souvent répété, sans le concours rable du brûlis parait éloigner les altises,
d 'aucun engrais, épuiserait inévitablement le Lorsque le sol n 'est que d 'une fertilité
solmême le plus riche, et il n 'est pas douteux moyenne , les Anglais préfèrent les turneps à
que cette circonstance n 'ait contribué, dans toute autre plante, parce que , soit qu 'ils les
bien des cas, à le faire regarder commeplus fassent pâturer sur place par les moutons, au
funeste que profitable. - On a confondu l'a moyen
l' étable
du parcage , soit qu 'ils les portent à
ou à la bergerie pour les convertir
bus avec l'usage.
Dans les tourbières, où la matière organi en fumiers , qui devront être reportés sur
que surabonde, l'écobuage ne peut avoir que lemême terrain , ils obtiennent ainsi, l'année
des avantages. Il produit une poussière al suivante , une orge ou une avoine toujours
fort belle, sur laquelle
caline et terreuse qui s'interpose favorable le trèfle se développe
ment entre les débris des végétaux ; qui fa avec une vigueur inusitée. Celui- ci , après un
vorise, à la manière de la chaux , leur décom ou deux ans, est retourné avant la dernière
coupe, et on brûle de nouveau pour faire
position naturelle ; et qui sature , dans les
circonstances assez nombreuses où ils se dé place, sans addition d 'engrais, à du froment.
gagent, divers acides essentiellement nuisi La plupart des plantes légumineuses réus
sissent aussi fort bien après l'écobuage . -
bles à la végétation . Aussi, en pareil cas, Les
cette opération est -elle un des plus puissans pommes-de-terre et les blés sont dans
et des plus prompts moyens de mise en cul le même cas. Toutefois , il est généralement
ture , de bonne pratique de n'amener, sur une dé.
Dans les marais desséchés, les terrains te friche,
ou
les céréales panaires qu'en seconde
troisième récolte. – Saps entrer ici dans
naces , couverts de plantes à racines nom
breuses ou charnues, comme la plupart de des détails qui seront plus utilement placés
celles qui végètent de préférence dans les lo à l'article Assolemens, j'ajouterai seulement,
calités humides , l'utilité de l' écobuage est par anticipation , que les bons résultats et la
incontestable . durée des effets de l'opération qui nous oc.
Sur les vieilles prairies, partout où les élé eupe en ce moment, sont étroitement liés au
choix d 'une bonne rotation de culture .
mens du terreau sont nombreux et ont be .
soin d'être, pour ainsi dire , excités à la fer SIV . - Causes des effets de l'écobuage, et opinions
mentation , il en est de même. diverses sur cette opération .
Cette utilité est aussi positive sur les terres
glaiseuses, argilo -marneuses, et en général Les chaumes, que dans beaucoup de lieux
sur toutes celles qui pèchent par une trop on est dans l'usage de brûler sur place , bien
grande tenacité . qu'on puisse croire qu'il serait plus profia
Quant aux sols légers, sablonneur , naturel table de les utiliser comme litière , produi
lement chauds et peu riches en matières vé - sent cependant , par suite du brûlis, un effet
gétales , on doit juger , d 'après ce qui précède, incontestable qu 'il serait difficile d 'attribuer
que l' écobuage leur est peu profitable . - exclusivement à l'incinération ; car, selon
Comme amendement, il tend à diminuer en l'observation très judicieuse de M . Puvis ,
core leur consistance ; - physiquement, il dans un produit moyeu de 12 hectolitres par
n 'exerce aucune action sensible sur les sa - hectare , un chaume de 5 pouces de longueur
bles , et chimiquement, il agit à peu près ne pèse pas plus de 12 quintaux, qui, brûlés ,
comme pourrait le faire un excitant prodigué ne donnent que 50 livres de cendres ou à
à des convives affamés devant une table pau - peine 1 pied cube , et ces cendres contien
vrement servie. — Sur de tels terrains, l'éco nent au moinsmoitié de substance terreuse ;
buage ne doit donc être approuvé, en de ra - | or , on a vu qu 'une telle quantité serait tout
res circonstances, qu 'avec le concours d 'a | au plus le centième de celle qui convien
bondans engrais . drait pour amender convenablement un es
Du reste, les brûlis , dans les cas les plus pace de semblable étendue. - L 'efiet produit
ordinaires , n 'excluent nullement l'usage des est donc dû en partie à l'action du feu sur
fumiers. Ils augmentent puissamment leur le sol.
énergie , sans pour cela les remplacer. Les brûlis de racines et de branchages ,
A la vérité, dans trop de localités , sur des ceux des argiles surtout , sont une nouvelle
landes pauvres , sur le penchant de collines preuve de cette vérité. Dans le premier cas,
arides, après un écobuage, et sans le secours les places où se trouvaient établis chaque
d ' engrais ou presque d 'aucun engrais , ontas , lors même qu 'on a enlevé rigoureuse .
sème une ou deux fois de suite du seigle, dement toutes les cendres , conservent encore
l'avoine ou du sarrazin , puis on laisse le ter - | une fertilité telle que les récoltes y versent
rain se couvrir de nouveau de bruyères, de fréquemment ; dans le second , il est bien
genêts ou d 'ajoncs , qui devront l'occuper évident que la proportion de matière végé
pendant 6 , 7 ans, et quelquefois plus long . I tale est le plus souvent fort minime,
CHAP. 5. DES ENDIGUAGES ET DES EMBANQUEMENS. 123
Si personne, en présence d'une pratique qui vient frapper une surface , est réfléchie
journalière , n 'a pu nier les effets du brůlis ou renvoyée sous un angle égal à celui d 'in
des terres engazonnées, il n 'en a pas toujours cidence , et que la vitesse de l'eau , toutes
été de même de celui des argiles dépouillées choses égales d 'ailleurs, est en proportion de
de végétation . -- Tandis que le général BEAT la pente de la surface sur laquelle elle coule .
sovle recommande commemoyen infaillible Les endiguages doivent d 'abord être con
de remplacer avantageusement le fumier, sidérés en ce qui regarde leur situation , leur
les amendemens calcaires el les stimulans direction , leur construction , les matériaux
de toutes sorles , qu 'il cite à l'appui de ses qu 'on doit y employer .
assertions une pratique de 6 années , M . MA La situation d 'une digue doit être telle que
THIEU DE DOMBASLE , après des essais trop sa base ne soit pas , sans nécessité , exposée
courts peut- être, a cru pouvoir se prononcer à l'action immédiate du courant ou des va
contre toute efficacité , au moins sur les terres guies ; et quand la quantité d 'eau est limitée ,
de Roville , de l'emploi du même moyen . -- plus on laisse de largeur au lit ,moins la di
Entre deux opinions aussi contradictoires , I gue a besoin de hauteur et de force .
l'une et l'autre sans doute beaucoup trop La direction de l'endiguage doit n 'offrir
absolues pour être généralisées, il parait res- que le moins possible de résistance, soit au
sortir clairement des faits observés , princi- courant, soit à l'inondation ou à la marée.
palement chez nos voisins les Anglais et les Quant à la construction ou à la formede la
Allemands, que si le brûlis des terres n 'a pas digue, sa hauteur et sa force doivent toujours
répondu toujours ou complètement à l'at- étre en rapportavec la profondeur et la pres
tente de l'expérimentateur , d 'après les espé- sion de l'eau qu 'elle peut avoir à soutenir ;
rances exagérées qu 'on lui faisait concevoir , afin d 'augmenter la puissance, il est bon que
il a du moins produit en certains lieux , et sa face postérieure ait la forme d'un arc-bou
dans des circonstances que le commence- tapt ou contre-fort, quand on a une grande
ment de cette section contribuera peut- être pression à redouter. C 'est de la face anté
à faire reconnaitre , des effets assez satisfaj. rieure que dépend surtout la force et la du
sans pour fixer sérieusement l'attention de rée de la digue : elle doit être en talus très
nos agriculteurs. aplati , afin de mieux résister au poids et à
Sur des parcelles de même qualité et d ' é . l'action destructrice de l'eau . Une chaussée
gale étendue , en employant comparative - de 3 pieds de hauteur doit avoir 9 à 12 pieds à
ment l'argile brûlée en proportion moindre la base ; une moindre épaisseur suffit lorsque
d 'un cinquième que la suie , et des deux la terre est compacte ou graveleuse .
tiers que les cendres végétales, CARTWRIGHT Les matériaux, tant pour le corps de la di
a obtenu des résultats constamment plus gue et sa surface postérieure, que pour l'an
avantageux sur des turneps, des pommes térieure , lorsque les eaux sont à peu près sta
de- terre et des choux- raves. — Sans revenir gnanles et que le fond est solide, sont en
sur les étranges résultats des essais prolon général la terre même du lieu ; mais, quand
gés du général BEATSON , à côté de bien d 'au le courant de l'eau ou les vagues doivent ve
tres faits récens trop nombreux et trop pré nir frapper la digue, il est indispensable que
cis pour qu 'il soit permis de les laisser passer ce point soit revêtu très - solidement. Quant à
inaperçus ou de les rejeter sans examen , je la base , elle doit être bien fortifiée, parce qu 'il
pourrais citer encore la pratiquede l' Irlande | est difficile de la réparer : c 'est pourquoi on
où , depuis près d 'un siecle , l'argile brûlée agit sagement en gazonnant les digues qui
est, dit-on , la base de la principale culture sont en terre ordinaire , ce qui est suffisant
du pays , celle des pommes- de -terre ; les pour résister aux eaux stagnantes ou aux
vieilles et durables coutumes du Sussex , de inondations accidentelles ; tout le talus de la
la Catalogne, etc. , etc . - Essayons donc d 'a digue sera ainsi garni d 'herbes, lorsque e.
bord en petit , en cherchant un guide dans sera possible . Mais, quand la fréquences
la théorie , sans pourtant nous en rapporter nature du courant ne le permettra pas
à elle , car « expérience passe science. » revêtementest indispensable ; on peut le
Oscar LECLERC- TAOUIN . en pierres, en galets, en graviers, en pa
fagots ou fascines qu 'on retient au moye
SECTION 11 . - Des endiguages ou embanque | piquels ou d 'agraffes en bois .
mens, ou desmoyens de prévenir les envahis .
semens des eaux pluviales et de la mer. $ 11. -- Procédés généraux d'endiguage.
Après quelques observations générales , l Les moyens de préserver du ravage des
nous indiquerons successivement les princi- | eaux les bords des rivières et des torrens,
paux moyens employés avec succès pour pré sont d 'un grand intérêt pour les propriétaires
server des envahissemens des eaux et soule de terres situées dans les contrées monta
nir les bords des ruisseaux, particulièrement gneuses et dans les piaines au-dessous , où les
de ceux qu 'on appelle rus , des torrens, des inondations causent souvent de grands dom
rivières et fleuves, et les rives de la mer : ces mages sur les rives, quelquefois mêmechan
terrains sontpresque toujours d 'une grande gent le lit naturel du courant. Non seule
valeur: ment ces ravages sont souvent très -considé
rables , mais encore ils donnent lieu à de
ART. ter. - Observations générales sur les fréquentes contestations entre les propriétai
endiguages. res voisins ; en sorte qu 'un cours d 'eau , qui
s fer. - Principes généraux. doit élre la limite la plus avantageuse d'une
propriété, devient au contraire dans ce cas
On sait que l'eau , comme tout autre corps la plus mauvaise. Les propriétaires ont done
124 AGRICULTURE : OPÉRATIONS AGRICOLES. ir?, i"
un double intérêt, toutes les fois que les cir lidement, selon les meilleurs procédés de
constances le permettent, à faire les travaux construction.
nécessaires pour fixer d'une manière invaria Fig. 80.
ble le lit et les limites des cours d'eaux.
Les opérations pour ce genre d'améliora
tion ont pour objet d'empêcher les cours
d'eau d'attaquer leurs rives, d'accéjérer la
■vitesse de l'écoulement des eaux, de diminuer
l'espace de terrain qu'elles occupent, enfin
de changer ou de modifier leur lit. On ob
tient ces résultats par différens travaux
d'art, tels que la construction de jetées, de
môles, de défenses, d'épis, ou bien en chan
geant, redressant, ou creusant le lit du cours
d'eau.
La destruction des bords des rivières est le
plus ordinairement la suite des inondations,
et provient souvent de ce qu'un arbre ou
une grosse branche {a fig. 79), entraînés par
Fig. 79.
•w par des épis les vagues, et d'en amortir, M. Lvu\M>f. couvrit la partie menacée
o en détruire la force dans un intervalle laissé d'un bec ou talus ayant l'inclinaison de 1/7",
acet effelentre le bec de mer et les ouvrages telle que l'ont beaucoup de parties de la rive,
<j art. Les détails qu"on va lire, sur la raanieie afin que les eaux y causent moins de ra
«ml on opéra, sont extraits des notes du vages ( fig. 90 et 91 ). La portion la plus ex
premier livre do La Vendée militaire, par un posée y est en tunage biocaillé, de 9 mètres
Vicier supérieur. » environ de développement; de gros blocs de
Fig. 90 et 01.
JS.60
Baisse (kjbjssolLaç
iGRICCLTCRE.
• 18w« livraison.
TOME I, — IJ
ISO AGRICULTURE : OPÉRATIONS AGRICOLES, LIT. i"
pierre le terminent et se prolongent de Fig. 95.
60 centimètres au-dessous de l'estran, afin de
prévenir les affouillemens. On a construit en o.to I B
pierres de taille de 30 centimètres d'épais
seur, posant sur 25 centimètres de pierre, la
Eartie supérieure du bec, et 2 mètres de tète
orizontale.Un cours de madriers et une zone
de 2 mètres de revêtement régnent en amont
de la tète horizontale et sur le même plan
( fig. 91 ). Comme ce bec est de 60 et 100 mè
tres en avant de l'ancienne digue, les 2 mè
tres de hauteur excédante d'eau vive n'arri
vent à celle-ci qu'après avoir perdu presque
toute leur force, et sont arrêtés par ce rem
part désormais indestructible. Onze épis, en
fénéral perpendiculaires à la direction du
ec de mer, et distans entre eux de 125 mè
tres environ, représentant le plan et la coupe
de laqueue d'un épi (^oirlesfig.), avancent de Fig. 96.
50 à 100 mètres vers l'Océan, pour diviser l'ef
fet des vagues, et préserver du courant les
parties opposées du talus : ils ont 8 mètres
de largeur à la racine, 6 mètres à la queue,
et sont fondés à 0m, 60 au-dessus de l'estran
{fig. 92 et 93 ); le mouvement de la marée
Fig. 92 et 93.
!l)0n peut consulter, pour de plus amples détails sur les desséchemens qu'on vient de citer, ce qui est
dit dans notre ouvrage sur les canaux navigables, publié en 1822, in-4° de 600 pages, accompagné d un
'lias, chez Mrac Huzard. »
134 AGRICULTURE : OPERATIONS AGRICOLES. iiv. r
Êetits canaux d'écoulement qu'il a fait dé- il est important que le canal principal soit
oucher plus ou moins loin, suivant les cas, plus profond sur son axe qu'au pied des berges.
dans un second grand canal nommé Vidange, Cette disposition a encore l'avantage de ren
ayant 38,000 mètres de longueur, une penle dre le curage plus facile. Il faut égalementse
beaucoup plus faible que celle du Vigueirat, ménager la faculté, autant que faire se peut,
se développant sur la ligne du Thalweg, dé de détourner les eaux d'un canal dansun au
bouchant aussi dans l'étang du Galéjon , et tre , afin de faire des chasses dans ce dernier,
débitant dans les plus grandes eaux jusqu'à et de pouvoir curer le premier plus commo
35 mètres cubes par seconde à sa partie in dément. On doit enfin choisir, par motif de
férieure. Il s'est aussi ménagé la faculté de salubrité, l'hiver ou les temps pluvieux pour
jeter en plusieurs points à sa volonté, tout déboucher les eaux des plages inondées et
ou partie des eaux du Vigueirat dansleRhône marécageuses.
on dans la Vidange, et celles de la Vidange On doit encore éviter défaire passer les
dans le Rhône; enfin, pour mieux abaisser canaux sur les parties tremblantes ayant une
les eaux de plusieurs petits lacs el autres grande profondeur de vase: lorsqu'on ne peut
parties basses, il a ouvert différens petits faire mieux, il faut s'attendre à de grandes
canauxqu'iln'apointévacués immédiatement difficultés d'exécution , parce que les rives
sur la Vidange , mais bien à quatre ou cinq des tranchées se rapprochent, que la croûte
mille mètres en aval, en se reservant de les flottante s'affaisse et se crevasse à une grande
y verser à volonté en chemin au moyen de distance , et que l'on ne parvient à dessiner
marteillères, ou petites écluses à vannes. Si l'ouvrage qu'en l'ouvrant à plusieurs reprises
tous ces travaux ne produisent plus aujour au milieu des éboulis, et à travers les remblais
d'hui leur effet , il ne faut point en accuser en bonne terre que l'on est obligé d'y faire.
le génie de Van-Ens , mais la négligence Le parti de rapporter ainsi des terres dans les
qu'on a mise à entretenir son oeuvre admi ouvertures des canaux éboulés, réussit aussi
rable. très-bien sur les marais qui sont formés d'une
Dans la recherche du volume des eaux h dé couche de gazon reposant sur un fond indé
biter par les différens canaux, et surtout par fini de sable. Si le terrain, sans être sablon
le canal principal, lorsque les localités le de neux, n'a cependant point assez de consis
mandent^ fnutavoiraltention que lesgrandes tance pour résister au courant des eaux, on
eaux des alfluens qui viennent de très-loin, consolide les berges avec des fascines et
n'arrivent dans les canaux de dessèchement clayons, en laissant libres et oscillantes du
que lorsque les crues des cours d'eau plus côté de l'eau les extrémités des branches, les
rapprochés se sont écoulées, et que, par con quelles divisent alors le courant, lui font
séquent, le canal principal ne doit pas débi abandonner les matières en suspension, et
ter toutes les eaux en masse , mais les éva occasionent des dépôts là où il y aurait eu
cuer successivement. Un fait qui vient à l'ap des affouillemens; si, enfin, le cours d'eau
pui de notre observation , c'est qu'avant le est trop rapide, on diminue sa pente au
dessèchement des marais de Bourgoin, les moyen de chutes convenablement disposées.
crues de la rivière de Bourbre, qui traverse Au marais de Bourgoin, la rivière de Bourbre
ces marais, s'élevaient, en aval de leur débou entrait dans les marais avec une pente de
ché , considérablement plus haut qu'après cinq mètres par 1,000 mètres. On a réduit
l'exécution des travaux; ce que l'on explique cette pente à moitié au moyen de plusieurs
en faisant remarquer qu'avant le dessèche chutes.
ment tous les petits alfluens s'accumulaient Les canaux de ceinture que l'on recom
dans les marais, et n'arrivaient à l'issue gé mande ordinairement dans les projets, sont
nérale qu'après avoir donné aux grands cours rarement exécutables , parce que le périmè
d'eau le temps de les y joindre, tandis que tre qu'ils devraient parcourir est presque
maintenant les eaux locales s'écoulent suc toujours trop irrégulier, et composé de con
cessivement et sont déjà évacuées lorsque les tre-pentes plus ou moins rapides. Il faut donc
eaux éloignées arrivent. La Bourbre débite à renoncera ces canaux et se contenter de cein
son entrée dans les marais, lors des crues, dre les marais par de simples fossés.
50 mètres cubes par seconde , et environ 60 Des francs-bords doivent accompagner tous
mètres cubes à sa sortie. La pente du grand ca les canaux; aux marais de Bourgoin, déjà ci
nal , réunissant toutes les eaux, est de 0 m 45 tés, ils ont été fixés sur chaque rive, ainsi qu il
par 1,000 mètres. suit : une benne de deux mètres pour les
Tous les principes expnsés ci-dessus ne sont grandscanaux, une berme d'un mètre et demi
pas également susceptibles d'application sur pour tous les autres; et généralement pouf
les différens marais; il suffitd'en avoir signalé tous une levée ayaut à sa base la largeur du
l'esprit pour que l'on puisse en tirer le meil canal à sa superficie.
leur parti possible dans l'occasion.
Les canaux principaux doivent être ouverts § III. — Observations sur les travaux d'art néces
les premiers, en tout ou en partie, suivant les saires dans les desséchemens.
cas. La marche des travaux n'est pas non plus L'exécution d'un grand dessèchement evije
indifférente : elle doit être étudiée et pres
crite avec soin. Il ne faut s'occuper des canaux souvent des ouvrages d'art assez difficiles,
secondaires et autres que lorsque les eaux tels que digues, aqueducs, chutes, barra?e>
ponts, canaux d'irrigation, etc., etc., qui né
courantes sont dans les grands canaux, pour cessitent presque toujours les connaissance»
qu'elles puissent entraîner alors les vases nui de l'ingénieur, et sur iesquels par coi>séi}ueiu
s accumuleraient sans celte attention au dé nous ne croyons pas devoir nous étendre dan»
bouché des canaux latéraux.
Pour activer aussi l'évacuation de ces vases, cet ouv rage'Cependant, à cette occasion, non»
CHAF. I". DESSECHEMENT DES MARAIS, 135
allons «onsigner ici quelques faits qui peuvent des terrains submergés; il faut jauger le vo
attirer l'attention des ingénieurs aussi bien lume d'eau aussi bien que possible, et ne pas
que des agriculteurs. craindre ensuite de réduire le nouveau lit,
Si l'on est dans le cas de battre des pieux s'il doit être encaissé, à la faible largeur né
dans des lits de rivière à fond de gravier, cessaire pour le débit des plus grandes eaux.
comme sont, par exemple, ceux de l'Isère , La détermination de cette largeur demande
du Drac et de la Durance, il est bon d'être de longs détails que les bornes de cet article
prévenu qu'on ne peut les y faire entrer que ne nous permettent pas de développer ici; il
d'environ 4 mètres, et que lorsqu'ils doivent nous suffira de dire, comme résultats d'une
prendre une fiche plus grande, il faut draguer grande expérience, qu'une trop grande lar
l'emplacement de manière à ce que les pieux geur a les plus graves inconvéniens, et que
n'aient plus à entrer dans le gravier que de l'endiguemeut des torrens est soumis à de
4 mètres en contre-bas du fond de la fouille. nombreuses considérations importantes et
Pour n'avoir pas connu ce fait d'expérience, délicates qui méritent toute l'attention des
l'autenr du pont de Bon-Pas, sur la Durance, ingénieurs.
n'a pu donner aux pieux des palées une fiche Comme exemples frappons du peu de lar
suffisante en contre-bas de la superficie du geur que l'on peut donner aux lits encaissés
gravier, en sorte que plusieurs de ces palées des grands cours d'eau, nous citerons : 1° le
ont été emportées , et que l'on n'a sauvé les Drac, torrent considérable qui a son embou
autres, déjà plus ou moins affaissées , qu'en chure dans l'Isère, un peu en aval de Grenoble,
défendant leur pied par de solides enroche- et débite jusqu'à 4,000 mètres cubes d'eau
mens en fortes dalles perdues d'environ par seconde. En aval du pont de Claix, d'une
2 mètres de longueur, de 0m 66 de largeur et seule arche de 47 mètres d'ouverture, il a 3
de0™33 d'épaisseur, qui sont capables de ré mètres de pente par 1000 mètres, et un lit
sistera une vitesse de 15 mètres par seconde de 130 mètres de largeur entre les digues in
(voyez Gauthey, page 272, tome II). Ainsi dans submersibles; tandis qu'en amont duditpont
les enrochemeas exposés à l'action d'un cou où sa pente est de 4 à 5 mètres par 1000
rant destructeur, il ne faut point employer mètres, il occupe une largeur de 2,000 a 3,000
des masses rondes et informes , mais des blocs mètres.
minces et longs (1). 2° L'Isère, qui, avant d'entreren France, sil
Quelquefois, sous le gravier, les pieux at lonne et inonde une grande surface , débite
teignent un banc de roche : si l'on continue dans Grenoble 2,000 mètres cubes au moyen
alors à battre , le bout des pieux s'émousse , d'un lit de 90 mètres de largeur et d'une
sort du sabot, se barbelle comme un champi pente d'un mètre par 1,000 mètres, et avec la
gnon; l'on compte sur une fiche que l'on n'a même pente, après avoir reçu le Drac, écoule
pas, et l'ouvrage est emporté à la première ses eaux, ayant alors un débit de près de 6,000
grande crue qui remue le gravier jusqu'au mètres, au moyen d'un canal de 240 mètres
fond solide. C'est ce qui est arrivé, le 26 mai de largeur , formé par des digues insub
1818, au pont deFuran,à peine terminé, dans mersibles.
le département de l'Isère. 3" Le Rhône, dont le lit vague et très-large
Si les marais étaient longés par un cours en amont de Lyon, débitant environ 4,000
d'eau contre lequel il fallût les défendre , mètres cubes, passe sous le pont Morand, de
comme les marais d'Arles qui sont voisins et 200 mètres d'ouverture, conserve cette même
en contre-bas du Rhône, ou s'ils étaient tra largeur au pont de Sainte-Colombe, à Vienne,
versés par un torrent considérable ou une ri quoiqu'ayant reçu la Saône fournissant 2,000
vière torrentielle, il faudrait diguer ou en mètres, et a encore la même largeur au pont
caisser ces cours d'eau. Le meilleur mode, se de Valence, après avoir reçu l'Isère;
lon nous, serait d'imiter en partie celui qui est 4°Enfin, la Durance, à laquelle nous avonsre-
en usage dans le Midi, sur la Durance et le connu qu'en avant du pont de Bon-Pas, ayant
Rhône, lequel consiste, suivant que les loca 546 mètres d'ouverture, un lit encaissé de
lités s'y présentent, à former un lit mineur 300 mètres de largeur serait suffisant, avec
propre à écouler les eaux ordinaires et les une pente de 2 " 50 par 1,000 mètres pour
petites crues, au moyen de berges solides écouler les plus grandes eaux évaluées au
submersibles en enrochemens ou en fasci- maximum à 6,000 mètres cubes; tandis que
Mges; à border ce lit par deux ségonneaux le lit actuel entre Mirabeau et le Rhône a
ou bandes de terrain également submersi une largeur variable de 1,000 à 2,000 mètres.
bles, et à terminer le tout par deux fortes le Les digues doivent être assez larges à leur
vées en terre surmontant les plus hautes eaux couronnement pour recevoir des approvisian-
et formant le lit majeur. Les ségonneaux ne nemens de prévoyance destinés à leur entre
sont point pour cela enlevés à l'agriculture , tien et à la réparation des avaries ; pour
ils sont seulement exposés aux iuondations. permettre en outre le passage d'une ou deux
bans les ségonneaux de laDurance, il y a des voitures, et pour recevoir sur le talus exté
terrains plantés en vignes et cultivés en cé rieur une ou deux lignes de plantations d'ar
réales, et dans ceux du Rhôneon trouve même bres qui sont d'un grand secours en cas de
des bàtimens d'exploitation. rupture des levées. _,
L'aspect effrayant du lit des torrens ne doit
point faire préjuger un volume d'eau trop
considérable en rapport avec la vaste étendue
(I) Voir, pour plus de développement, l'ouvrage de M. de Prony, sur les marais Pontins; l'extrait
lui en a été fait par M. Navier dans les Annales de physique et de chimie, tome XI, an 1819; et le
chapitre V1H des canaux de dessèchement, tome I des Principes hydrauliques, par Dubuat.
1JC AGRICULTURE : OPERATIONS AGRICOLES. ljv. i".
§ IV. — Résultats généraux et vues sur l'exécution Art. ii. -Travaux particuliers pour le dessèche
des desséchemens. ment des terrains inondés.
Nous avons taché de donner une idée des Il ne s'agit point dans cet article du dessè
principaux moyens qui sont employés avec le chement des grands marais, mais seulement
plus de succès pour le dessèchement des ma des terres cultivées ou cultivables sujettes à
rais; mais ce que nous devons rappeler ici , être annuellement inondées par la stagnation
comme un des objets les plus (lignes des vœux des eaux pluviales ou des fontes de neige.
de l'humanité, des méditations de nos publi- L'humidité de la terre est utile, elle est
cistes, des efforts de l'émulation particulière, nécessaire à la végétation; mais sa surabon
des soins et des encouragcmeiis du gouver dance est nuisible et pernicieuse à la plupart
nement, c'e?t l'importance qu'on doit mettre des plantes, et particulièrement à toute
à effectuer progressivement le dessèchement bonne culture. Lorsque l'eau séjourne en hi
et l'assainissement des 600,000 hectares de ver dans un champ, la terre y devient stérile
marais qui existent encore en France, et qu'on le reste de l'année ; souvent on ne peut la la
peut considérer généralement comme des bourer en temps convenable ou lorsqu'il le
foyers d'insalubrité et des causes déplorables faudrait, et, dans les années pluvieuses, une
de dégéuération physique et morale pour terre ainsi retardée ne peut plus rien rappor
les populations limitrophes , tandis qu'elles ter. Dans les prairies, la stagnation des eaux
trouveraient dans leur assainissement de nou Tait périr les meilleures plantes; les mau
velles ressources pour le travail , de nouveaux vaises ou les moins précieuses y résistent;
moyens de bien-être, et feraientcoopéreraiusi elles s'y multiplient; elles altèrent, elles dé
à la dignité, à la richesse du pays, les lieux tériorent peu-à-peu toute l'étendue de la
même où la nature ne présente que des pré prairie. Le dessèchement des champs et des
judices et des dommages affligeans. prairies est donc également nécessaire. Lors
Que si dans une si vaste étendue de marais qu'un dessèchement a lieu sur de grands es
il s'en trouve, qui, soit par le degré de leur paces de pays, l'air en devient plus sain eu
insalubrité , soit par la nature et la difficulté été et moins froid en hiver; l'époque des ré
des travaux jugés nécessaires pour les assai coltes est plus hâtive et leur succès plus
nir, feraient regretter à l'humanité d'em- grand et plus assuré. Ces principes posés, je
E loyer à ces travaux l'ouvrier honnête et la- passe à leur application.
orieux , dont elle doit chérir cl protéger Les terrains sont inondés : 1° par la stagna
l'existence; pourquoi cette même humanité, tion des eaux pluviales et de celles des foutes
contrainte ainsi à des réflexions douloureuses, de neige; 2° par des eaux provenant de ré
ne les étendrait-elle pas à ce que lui présente servoirs souterrains, dans lesquels elles s'ac
de déplorable pour elle le sort actuel des cri cumulent et d'où elles s'élèvent à la surface
minels; pourquoi, dans le désir de le rendre par l'effet de leur propre pression ; et 3" parce
moins affligean I, ne considérerait-elle pas alors que les terrains inondés sont plus bas que
ce que réclame d'une part la justice pour tout le pays environnant. J'examinerai suc
leur intimidation et leur punition, et d'au cessivement les moyens employés pour par
tre part, l'ordre social et la religion pour leur venir au dessèchement de ces trois espèces
amélioration et l'expiation de leurs crimes? de terrains inondés, et, dans un dernier §,
car le concours de ces réflexions devient je parlerai des puits perdus ou puisards na
Îdus que jamais important dans un pays où turels, de leurs effets en agriculture, cl, pr
es progrès de la civilisation tendent à y sup suite, du dessèchement au moyen de puisards
primer de fait la peine capitale, quand bien artificiels, de coulisses ou rigoles souterrai
même on ]a laisserait encore subsister dans nes et de sondages.
le Code pénal , puisqu'il est reconnu main
tenant que la majorité d'un jury préfère pres §1". — Dessèchement des terrains inondés par la
que toujours proclamer la non-culpabilité , stagnation des eaux pluviales ou celle des fon
c'est-à-dire l'impunité, qui remet le coupa tes de neige.
ble dans la société, quand une déclaration Le dessèchement des terres cultivables su
contraire livreraitlecoupable à la mort; pour jettes à être inondées par la stagnation des
quoi, en présence de considérations si puis eaux pluviales ou par celles des fontes de
santes, ne regarderait-on pas comme punition neige,!,s'opère de deux manières : ou par des
expiatoire pour la conscience même et la ré rigoles, espèces de fossés ouverts, ou par des
habilitation du criminel, ainsi que pour l'or fossés fermés ou couverts, communément
dre social , les travaux qu'exigeraient les mu appelés coulisses ou rigoles souterraines. Il
rais dont il serait trop pénible d'effectuer le ne sera pas ici traité des rigoles dont l'expli
dessèchement en n'y employant que des ou cation se confond avec ce que l'on aura à
vriers dont l'honnêteté et la bonne conduite dire des raies d'écoulement et du billonnagc
doivent faire diriger les travaux vers des buts dont il sera question à l'article Labours.
encouraçeans pour eux, pour leur famille, eL Le dessèchement des terres cultivables par
propres à conserver à l'État une utile et esti fossés ouverts ayant le grand inconvénient
mable existence (1) ? d'interrompre la libre circulation des toi
HlTERNF. DE POMMEISE. tures ou de la charrue, et d'exiger la con-
(I) Voir, pour le moyeu <1 exécution des mesures convenables et nécessaires, ce nui en est dit à ce
suje
ijet dans l'ouvrage sur les Colonies agricoles et leurs avantages, ete , par M Hieumî de POMMEI- r
,, • . ouvrage que la Société
SE ï, , centrale d'agriculture
, ■- a.....,,,
fait publier a..,,,.:
ses frais, ,c
et que
que l'Académie fra
l'Académie française i
pages ch^MT' UutarT) ^ M<mth)'on Pour l'ouvrage le plus utile aux mœurs. (In-S° de 900
csap. 5'. DESSÈCHEMENT DES MARAIS. 137
siruction d'un grand nombre de ponts, on a Fig. 100.
cherché a y remédier par le dessèchement
au moyen des rigoles souterraines ou fossés
couverts.
Les rigoles souterraines, communément
designées sous le nom de coulisses, sont des
fosses garnis de pierres ou d'autres matières
qui ont assez de solidité ou de durée pour
maintenir les vides par lesquels l'eau doit
s'écouler. On recouvre le tout de mousse, de
gazon et de terre, de manière que la charrue
ou la voiture passent par-dessus les coulisses
sans jamais être arrêtées, comme elles le
sont par les fossés ouverts. Les coulisses en pierre {fig. 101) durent plu-
L'usage de ces petits aqueducs pour le des Fig. 101.
sèchement des terres remonte à 1 antiquité la
plus reculée. Les Perses recueillent encore
aujourd'hui les fruits et les avantages d'un
grand nombre de ces canaux, construits, à
une époque inconnue , dans des terrains hu
mides et inondés, dont les eaux servent à ar
roser et enrichir d'autres terrains qui étaient
trop secs. Caton, Paixadius, Columelle,
Pline, etc., parlent de ces aqueducs souter
rains employés de leur temps pour le dessè
chement des terres cultivables inondées et
dont la culture était gênée par la stagnation
des eaux. Après avoir ouvert les fossés, on les
remplissait en pierres sèches, ou en branches
tressées grossièrement, puis on les couvrait
en pierres plates ou en gazon. Les coulisses
des anciens avaient de 0m 90 à lm et lm 20 de
profondeur. On ne leur donne plus que 0m *??!??
(I) On trouvera des sondes de fontainior-sondeur chez M. Degousce, ingénieur civil, rnc'de Chabrol,
n° 13, et M. Mullot, serrurier-mécanicien à Épinay, près Saint-Denis.
142 AGRICULTURE OPÉRATIONS AGRICOLES. uv. i".
quelques vieux arbres, tels que deschènes, des tant de succès en Allemagne et en Angleterre.
ormes, des auues, des saules ou autres, avec Quant à l'acquisition de la sonde, on ne doit
des fascines ou des bourrées. pas hésiter, puisque cet instrument peut ser
Au centre du cône, on fait un sondage de vir à tout autre usage, et que, d'ailleurs.
5 à 6 mètres de profondeur, jusqu'à ce qu'on on peut louer une sonde pour la durée des
atteigne quelque terrain perméable, et l'on opérations du sondage, ou les faire faire par
place dans le trou du sondage un tube ou un sondeur. — Une autre objection mieux fon
coffre de bois d'aune, ou d'orme, ou de cbène, dée est la crainte que le sondage, au lieu de
dont l'ouverture! dépasse le cercle de pierres produire le dessèchement ]>ar la perte des
ou les troncs d'arbres de quelques décimètres. eaux dans le terrain perméable, ne rameuàt
Pour prévenir l'engorgement du tube, on met au contraire des eaux ascendantes à la sur
dessus quelques épines, et sur celles-ci une face de la terre. 11 est bien vrai que des son
pierre plate dont les extrémités portent sur dages profonds pourraient produire ce résul
trois ou quatre pierres placées autour du tube. tat ; mais ce ne sont pas tles coups de sonde
On remplit ensuite tout le cône du boitout aussi peu profonds que ceux dont il est ques
soit avec des pierres entassées irrégulièrement tion qui doivent ramener des sources jaillis
les unes sur les autres, soit avec des fascines, santes : d'ailleurs, le remède serait encore
jusqu'à un mètre environ de la surface de la dans la cause même du mal. La sonde offre
terre. en effel le moyen de se débarrasser des eaux
Si, lorsqu'on est arrive à quelques mètres jaillissantes lorsqu'on ne veut pas les em
de profondeur dans le creusement des glaises, ployer, puisqu'elle fait connaître a toute pro
l'abondance des eaux ne permettait pas d'ap fondeur des terrains perméables dans lesquels
profondir le cône, on devrait se hâter de pla on peut replonger et faire perdre les eaux as
cer au centre le tube de sondage, puis, comme cendantes. Ainsi, dans le grand sondage que
on l'a mi précédemment, on remplirait immé M. Muixot d'Epinay a fait sur la place aux
diatement, soit en pierres brutes et irréguliè Gueldres,à Saint-Denis, aprèsavoir, pardeuv
res, jetées pêle-mêle les unes sur les autres, tubes placés l'un dans l'autre, ramené de
soit en fascines, le cône du puisard, et l'on deux profondeurs différentes (de 53 mètres
procéderait au sondage au moyen du tube. et de 66 mètres) deux sources jaillissantes
Dans la circonférence;, on ouvre 4, G, %fos l'une à 1 mèlre et l'autre à 2 mètres au-dessus
sés, ou un plus grand nombre, suivant le ter du pavé de cette place, cet habile mécanicien
rain à dessécher. Ces fossés ont d'un à deux a établi un troisième tube, d'un plus grand
mètres de profondeur; on les garnit, à leur diamètre et contenant les deux premiers, au
embouchure dans le puisard, de pierres bru moyen duquel il fait perdre à volonté l'une
tes, ou de branchages et fascines, que l'on re de ces deux sources, ou même toutes les deux
couvre de tuiles ou de pierres plates. ensemble par leurs infiltrations dans un ter
Enfin, et avant de fermer les tranchées, rain perméable, lorsqu'on ne veut pas l«
lorsqu'on n'a pas de pierres à sa disposition, laisser couler à la surface de la terre.
on met des jascines, des branches, ou des Enfin, lorsqu'on veut éviter la dépense des
gazons, et l'on recouvre le tout en nivelant boitouts que ne comportent point de Pel1''*
les terres, pour que la charrue et les voitures surfaces qu'il est cependant important de
puissent passer partout et dans tous les sens. dessécher, on peut se borner à ouvrir des
Ces puisards ou boitouts peuvent rester ou coulisses ou rigoles souterraines, dans les
verts, mais les accidens qui en résultent sou quelles on donne de distance en distance
vent pour les hommes et pour les bestiaux quelques coups de sonde. De tels sondages
qui s'y précipitent, doivent en décider la fer ont été faits en France avec le plus grand suc
meture. A cet effet, sur les pierres qu'on y a cès dans plusieurs endroits, pour faire perdre
entassées, on met des fascines ou bourrées, les eaux pluviales sur des terrains dont la
de la paille, des feuilles, de la mousse, du ga dépression causait annuellement l'inondation.
zon et de la terre. Ainsi recouverts ou fer L'ingénieur Degousée a fait plusieurs son
més, ils produisent leurs effets aussi bien que dages de ce genre, et je citerai entre autre
les boitouts ouverts, et ils n'en présentent celui qu'il a exécuté aux Thermes, près Fan
point les inconvéniens. parce qu'il prouve la facilité avec laque'^
Ce mode de dessèchement une fois bien dans tout établissement, usine ou manul^'.
lure, on peut, à peu de frais, perdre les ea ■
établi, l'est pour toujours. Il est infaillible, mères et infectes que, trop souvent dans ■
il est peu dispendieux, il n'est sujet à aucun
entrelien. Enfin, il n'est point subordonné, villes ou faubourgs, on laisse couler sur
comme celui de I'aterson, à l'assentiment de voie publique, à son détriment et au f^i
tous les propriétaires ou cultivateurs d'une dice de tous les voisins. ., ■ „
commune ou d'un canton, assentiment si dif Le Code civil vîassujettit lesfondsy/er'e"
ficile et malheureusement presque toujours à recevoir les eaux des fonds supérieurs- q^
impossible à obtenir, indépendamment de lorsqu'ellesen découlent naturellement1'1,^' ^
l'inconvénient qu'il présente encore de couper que la main de l'homme y ait contrit»"- nous venon,s
1i^
tout un pays de fossés dans toutes les direc moyen de dessèchement que
tions, outre celui de l'entretien annuel. d'indiqué* évitera donc encore les diffic»»^
On pourra objecter que cette méthode »iii sur l'interprétation de cette disposi no'
i ni n-i i.u ri.u um uu leuv. "' r
. f(.el
le ni:
exige des frais et des dépenses plus élevés permettra de ne plus jeter sur les ■' lliait
que la valeur du terrain à dessécher; aussi ne rieurs les eaux que la main de l'homme
la conseillera-t-on que lorsque l'étendue du rassemblées dans les fossés du champ •
terrain et la certitude d'en recueillir des re rieur pour le dessécher. , ,i,.j(,é-
colles abondantes pourront dédommager de En rédigeant celte instruction sur u ' ^
ces premières, avances, connue on l'a fait avec clicnient des terres cultivables sujet"* ■
CHAP. y. DESSÈCHEMENT DES MARDIS. 143
inondées, je liai point oublié que la pratique chées ouvertes sont dont alors préférables, et,
éclaire bieu plus que la théorie. Je me suis lorsqu'on y a recours, on leur donne la direc
donc attaché à décrire des méthodes connues tion où la penteestla plus sensible, c'est-à-dire
et pratiquées avec succès. J'ai voulu parler celle qui conduit plus promptement l'eau dans
aux agronomes et aux cultivateurs de toutes le lieu où elle doit arriver.
les classes. J'ai voulu les faire participer aux Dans tes pentes des montagnes on rencon
avantages que les nouvelles métliodesonl pro tre quelque fois des portions de terrains
curés à ceux qui les ont adoptées en Flandre, marécageuses, superposées les unes aux
«i Hollande, en Allemagne, en Angleterre, autres, parce que les indexions ou conca
en Amérique, etc. Heureux si, par le dessè vités des roches ou des couches d'argile re-
chement de nos terres inondées et de nos ma ticnnentleseauxà différentes hauteurs. Dans
rais infects et pestilentiels, nous pouvons en ces situations, lorsque quelques coupures
fin parvenir à en faire des campagnes fertiles dans le sol (fig. 10(5) sembleraient devoir dé-
comme on l'a fait dans ces différens pays!
Voilà le vrai point de grandeur et de prospé Fig. lo6.
rité; voilà les hautes destinées auxquelles la
France est appelée et qu'il faut sans cesse
avoir devant les yeux, disait, il y a trente ans,
l'un de nos collègues, le bon et estimable
Chassirov, en nous exposant son grand sys
tème de dessèchement!
Paris, 4 juillet 1834. - L. Héiucart de Thury.
srall
$v, -De la confection des fossés ouverts et barrasser facilement des eaux, il peut arriver
couverts. qu'on ne fasse que les reporter un peu plus
bas; il est donc préférable de faire courir
Le succès des opérations de dessèchement les eaux à la surface ou de les faire plonger
des terrains marécageux dépend en grande par un trou de sonde au-dessous du banc
partie des soins qu'on apporte dans l'établis d'argile le plus inférieur.
sement des fossés ouverts ou couverts ; il est Les tranchées souterraines , pour produire
donc utile d'entrer à cet égard dans quelques leur effet, ne doivent jamais être disposées dans
détails particuliers de pratique. le sens de la pente du terrain, parce qu'elles
Dans la confection des fossés ouverts il est ne rassembleraient pas toutes les eaux qui dé
très-essentiel d'en jeter la terre assez loin, non couleraient du sol; elles doivent au contraire
seulement pour qu'elle n'exerce pas sur les couper cette pente transversalement. Cepen
bords de ce fossé une pression nuisible, mais dant elles doivent, dans celte direction, avoir
encore pour que, dans le cas assez fréquent une légère inclinaison vers le point où l'eau a
ou l'on serait obligé de rélargir ce fossé , la son écoulement; mais cette inclinaison ne doit
terre enlevée la première fois n'y apporte pas pas aller au-delà d'un pouce sur 10 mètres, au
d'empêchement. Pour ces sortes de fossés, il trement elles pourraient facilement se com
nesuffitpas de les tracer et les creuser, il faut bler.— La meilleure issue à donner à ces tran
encore avoir soin de les curer et entretenir. chées souterraines, c'esl dans un fossé ou ca
Par conséquent il faut prévoir et calculer non nal d'écoulement qu'on garnit de pieux afin
seulement les fraisd'établissement,mais encore qu'il ne s'éboule pas. Quelquefois on réunit .
wix d'entretien , lesquels varient suivant les plusieurs coulisses dans une seule; mais cette
localités et les circonstances. pratique est à éviter autant que possible, parce
Dans les terres composées de chaux ou de qu'il n'est pas rare que les rigoles se bouchent
glaise tenace , les labours n'ont ordinairement et qu'alors ou ne découvre pas facilement où
lieu que très-superficiellement à cause de la est le mal.
dilficiille du travail dans les sols de ce genre; On donne aux tranchées souterraines des
"m résulte que la couche inférieure se dur profondeurs variées : si , sous une couche de
ât fortement, de sorte qu'elle ne laisse point terrain poreux, il s'en trouve une imperméa
écouler l'eau de la couche supérieure, et que ble, il faut pénétrer jusqu'à celle-ci et y creu
lorsque lespluies viennent en ajouter unenou- ser le canal dans lequel l'eau doit couler; si au
™le quantité , la terre se trouve transformée contraire la couche de terre argileuse a peu
«i une espèce de bouillie , état très-nuisible d'épaisseur, il suffit que la tranchée soit re
Jiu plantes, qui occasione la putréfaction de couverte d'un pied de terre ou même seule
leurs racines, et par conséquent leur mort — ment de 10 pouces, lorsque la terre qui esta
Dans ces cas on ne doit pas pratiquer de fossés la surface du sol est passablement tenace; bien
couverts, car ces tranchées étant recouvertes entendu, cependant, que lelabour ne doive pas
de 9 à 10 pouces de terre au moins, cette cou excéder (> pouces de profondeur. Dans les
che de terre est trop épaisse pour que l'eau terres légères et meubles, il faut quelquefois
puisse passer au travers et pénétrer dans la que la tranchée soit recouverte de 18 et même
wulisse. C'est pour ne pas avoir tenu compte de 24 pouces de terre. — Quant à la partie de
de ces circonstances qu'on a quelquefois ac la tranchée qui est destinée au passage de l'eau,
cusé les tranchées souterraines de ne pas pro il suffit qu'elle ait de 9 à 10 pouces de hau
duire d'effets ou de n'avoir qu'une très-courte teur et une largeur souvent fort peu considé
durée, parce que la terre dont on les avait re rable. Cela dépend au reste de la nature des
couvertes, quoique meuble alors, n'avait pas matériaux: si la tranchée doit être garnie avec
wdé à se durcir et à former au-dessus de la des pierres brutes, on peut lui donner jusqu'à
tranchée une masse imperméable. Les tran- 16 pouces à sa sommité et 10 au bas ; si on doit
144 AGRICULTURE OPÉRATIONS AGRICOLES. L1V. I"
la remplir avec des branchages , il ne faut pas Fig. 108.
dépasser 12 pouces et même 9 dans la partie
supérieure, et 2 ou 3 dans l'inférieure. Quant
à l'ouverture à la superficie du sol, on lui
donne assez de largeur pour qu'on puisse tra
vailler commodément dans le fossé et creuser
à la profondeur nécessaire. (Thaeb.)
Une précaution qu'il ne faut pas omettre
dans les champs assainis par des coulisses, ri
goles ou tranchées souterraines, c'est de ne pas
laisser passer des voitures fortement chargées
précisément dansle sensde leur direction lon
gitudinale.
Dans tous les cas où cela est possible, et ils
sont fort nombreux, on àoitJaire usage de la
charrue pour commencer l'ouverture des fos
sés et même pour en remuer la terre à une
certaine profondeur, de manière à ce que les
ouvriers n'auront plus qu'à la ramasser et la
jeter à la pelle. Le travail s'exécutera de cette après quelques tentatives, devoir remplir
manière beaucoup plus promptement et plus son objet; nous n'avons encore pu la faire
économiquement ; au premier trait de charrue construire d'après ce dernier modèle ni la
on l'introduit à environ un pied de profondeur livrer à l'essai clans des terrains difficiles. On
et on éloigne le plus possible la terre du bord; conçoit que les tiges de support qui rempla
au second trait on s'efforce de fouiller le sol cent le contre et s'attachent au coulissoir
à 6 ou 8 pouces plus bas. On accomplit alors M, L qui tient lieu de soc, doivent être min
le creusement avec des instrumens à main , ces et tranchantes, afin d'occasioner moins
soil la louche ou bêche ordinaire (voir à l'art. de résistance et de couper le terrain sans y
Labours), soil plutôt avec deux ou trois instru laisser de traces ; le coulissoir doit être long
mens analogues dont le premier est très-large et très-pointu afin d'agir à la manière d'un
et les suivans vont toujours se rétrécissant, coin et'de laisser derrière lui une rigole par
comme le représente la fig. 107. En disposant faitement cylindrique. Il serait facile d'ajou
ter à cet appareil un système de leviers ana
Fig. 107. logues à ceux de plusieurs nouvelles char
rues, et aumoyen duquel on pourrait toujours
donner aux rigoles un tracé horizontal,
malgré les légères inflexions de la surface
du sol. Du reste, ces appareils ne peuvent
avoir plein succès que dans les terrains un
peu ou très-lenaces, et surtout danslesprai- ;
ries. C. B. de M.
§ VI. — Des machines à épuiser l'eau.
Lorsque les terrains sont | inondés parce
qu'ils forment des bas-fonds moins élevés que
le lit des cours d'eau ; que par conséquent ils
ne peuvent se débarrasser des eaux surabon
dantes qui arrivent des hauteurs environnan
tes, ou qui suintent et transsudentdans les ter
res en y formant des marais, des eaux croupis
santes ou des mares; si l'on ne peut avoir re
les ouvriers à la suite les uns des autres pour cours aux boitouts ou percemens à la sonde
enlever la terre remuée par la charrue, donner pour leur donner écoulcmenl , et qu'il soit éga
le premier, le second et enfin le troisième coup lement impossible de couper les eaux qui des
de bêche, la besogne marche très-vite et la cendent des collines au moyen d'un canal, dans
tranchée est immédiatement achevée. une position assez haute, quelque éloignée
Charrues-taupes. — On a proposé divers qu'elle soit, pour les conduire dans le courant
appareils sous le nom de charrues-taupes, qui doit lesemmener : il ne reste plus qu'à avoir
pour établir des rigoles souterraines, sans recours à des machines pour puiser les eaux
être obligé d'ouvrir des tranchées, ni d'em dans les bas-fonds et les élever dans un canal
ployer des matériaux étrangers au sol. Ces de transport dont le niveau soit supérieur à
appareils sont très-compliqués, et par con celui de la rivière. Ce sont les Hollandais qui
séquent difficiles à manœuvrer et dispen ont devancé tous les habitons des contrées
dieux , notamment celui de William Robi.v- basses, par leurs inventions et leurs modèles
soi* , décrit par M. Byerley et figuré dans en ce genre. Généralement leurs machines à
les 'Mémoires de la Société royale d'agricul épuiser sont mises en mouvement par le veut;
ture (tome 1, de 1827), ce qui nous porte à ne les qualités qu'on doit le plus rechercher dans
pas le représenter ; on peut en dire au ces machines , sont de n'avoir pas besoin de
tant de ceux indiqués dans l'ouvrage de beaucoup de vent pour être mises en mouve
M. Loudon. La charrue-taupe dont nous ment, et d'être d'une construction qui les
donnons le dessin [fig. 108) nous semble, mette à l'abri de fractures ou de dérangemeus
CITAP. S', DESSECHEMENT DES MARAIS. 145
fréquens: sans cola elles se trouveraient sou de ces machines pour pouvoir élever l'eau à
vent Lors de service an moment où elles se la hauteur convenable, notamment avec les
raient le plus nécessaires.—On est quelquefois moulins hollandais; il en existe un grand nom
obligé de mettre en œuvre à^la fois plusieurs bre de variétés : celui à [palettes {fig- 109),
Fig. 109.
(1) «Ijn ttang brouil/eiix de C hectares et demi peut nourrir parfaitement 40 têtes de 8'°'.^'^.
» depuis le commencement du printemps jusqu'au milieu du mois de mai, et depuis la lin d août J.
«quaux premiers froids. Au milieu de l'été les feuilles continuent à tapisser la surface deseauX;!"
» le bétail a cessé d'en être avide, v ( Statistique de l'Ain, p. â36.)
CBAP. S'. DESSECHEMENT DES MARAIS. 155
Pour conserver à ces pâturages toute l'ac héritages des plantes potagères~qni réussis
tivité de leur végétation, ils ont soin de tenir sent très-bien et deviennent superbes (1).
lesfossés pleins d'eau pendant l'été, afin que Je n'y ai pas vu de sarrasin, quoiqu'on le
la surface intermédiaire reçoive une humi- cultive dans tous les environs. C'est cependant
cliié convenable par l'infiltration et l'ascen la principale culture des terres de bruyères
sion capillaire de cette eau. En hiver ils les et des tourbes sèches delà Frise et de l'Over-
couvrent d'une forte couche d'eau fertili Issel ; et, non seulement on y emploie son.
sante, s'ils en ont à leur portée, d'abord à grain aux usages ordinaires, mais on utilise
cause de l'engrais que ces eaux charrient, en la fleur pour l'alimentation des abeilles. Cha
second lieu pour que leur poids tasse le gazon que année, au printemps, les ruches, au sor
et la terre naturellement trop spongieuse de tir des champs de colza où elles sont portées
ces pâturages. Ils ont soin de renouveler ces pendant la floraison de cette crucifère, sont
eaux ou du moins de les rafraîchir le plus placées au milieu des sarrasins d'où elles vont
souvent qu'ils peuvent. Ils obtiennent par compléter leurs approvisionnemens d'hiver
tous ces soins des pâturages magnifiques et dans les bruyères en fleur, où on les trans
d'un très-bon produit. porte avant de les rentrer dans leurs quar
Quand on n'a pas le moyen d'entretenir du tiers d'hiver.
rant l'été l'humidité nécessaire à la végéta La préparation qu'on fait subir aux tourbes
tion de ces pâturages, et qu'on en est réduit dans la Hollande pour les mettre en culture,
à chercher à tirer parti de ces sols tourbeux consiste surtout dans l'écobuage; après quoi
complètement desséchés, il faut tâcher d'a- l'on sème la spergule ou du sarrasin, si l'on
bonl d'amender une couche plus ou moins manque d'engrais, des pommes-de-terre si
épaisse delà surface, afin de la rendre pro l'on en a, et quelquefois de l'avoine, du trè
pre à la production. L'écobuage poussé jus fle, etc.; mais, lorsque le sol est trop tour
qu'à la conversion en cendres d'une couche beux, on l'abandonne de nouveau à la végé
assez considérable du sol, est un des moyens tation des plantes sauvages. On va écobuer
les plus efficaces, surtout si l'on peut en un autre morceau, et l'on ne revient au pre
suite recouvrir la surface brûlée d'une quan- mier qu'après un laps de temps assez consi
tilé de terre forte capable de donner une dérable.
certaine consistance à ces cendres. Mais c'est On connaît la fertilité du comtat Venaissin,
souvent fort difficile et toujours très-dispen- ses belles cultures, ses magnifiques garan-
dieui, à moins que la couche de tourbe soit cières, etc. Eh bien ! la majeure partie était
peu épaisse et qu'on puisse, avec une bonne autrefois marécages, et des sols aujourd'hui
charrue, aller jjuiser cette bonne terre à la d'un produit immense, dont l'hectare s'est
couche inférieure pour la mettre au-dessus. vendu pour planter la garance jusqu'à 6,000
Je ne parle pas du cas où l'on serait placé francs, ne sont que des terrains tourbeux
convenablement pour introduire des eaux autrefois, fertilisés peu-à-peu. C'est le cas
troubles, naturel les ou artificielles {warping); des environs d'Avignon et d'une bonne par
w serait sans contredit le procédé le meil tie du territoire de la commune appelée le
leur et le plus économique. Tor et de plusieurs autres.
L'avoine est la première céréale qu'on
puisse cultiver dans les tourbes amendées ; III. Lais et relais de la mer.
e1 général, celle de mars ou d'avril convient
m|wix cjue celles d'automne, lors même Les lais et relais de la mer sont de diverses
quon n aurait rien à craindre des inonda natures : les dunes et terrains sablonneux
tions; celte nature de terre étant très-spon- qui en dérivent; les sols d'alluvion des em
peuse, les gelées la soulèvent et arrachent bouchures des fleuves ; les salans, autrement
,a plante. Un agriculteur praticien (M. Ca- dits salobres ou sansouires; enfin les tangues
•à11), qui a fait construire une belle ferme ou alluvions boueuses de la mer.
w les marais tourbeux de Bourgoin, dans
lesenvirons de la Volpilière,m'a montré de A. Dunes et sols sablonneux qui en dérivent.
telles avoines qu'il récoltait pour la 15e fois
sans 'nterruption sur le même terrain, m'as- Les dunes une fois fixées par les travaux
s»rant qu'il y mettait fort peu d'engrais, et dont il est question à l'article dessèchement
1lle chaque année la terre s'amendait parle et à- celui des sols sablonneux , il reste à eu
5eu' effet de la culture prolongée, et donnait tirer le meilleur parti possible. Nous n'en
fle cette même céréale un produit de plus voyons d'autre que les plantations en chêne-
«plus considérable (jusqu'à 30 pour un). Il liége dans les climats qui lui conviennent,
cultive aussi avec quelque succès dans ces en pins etautres arbres résineux clans la plu
oiirbes, du ray-grass d'Italie, des pommes- part des localités. Cependant, quand on est
c-terre, du chanvre, des betteraves, des ha- assuré des débouchés, on peut y introduire
r"'ots! des betteraves et diverses plantes diverses cultures, même des cultures de jar
P°Jagères. Dans les terrains environnans de din; celle des asperges, par exemple, qui
roeme nature, mais un peu plus améliorés, viennent très-bien et sont très-hâtives dans
on semé de la fenasse, du trèfle, de la lupu- les sables de mer sortis depuis peu du sein
me, etc. Les simples cultivateurs du village de l'eau.
ae la Volpilière cultivent dans leurs petits Un objet surtout me parait mériter de
(!) J'ai cité de préférence les marais de Bourgoin parce que la compagnie qui les a desséchés, faute d'a
voir suffisamment connu les moyens de tirer parti des tourbes, a fait d'énormes pertes, tandis qu'elle
'irait pu faire des bénéfices convenables. Du reste, elle a fait la fortune de toutes les communes envi
ronnantes en les assainissant.
156 AGRICULTURE : OPÉRATIONS AGRICOLES. LIT. y".
fixer toute l'attention du spéculateur agri ment des eaux intérieures, ou bien par des
cole, c'est la masse d'eau douce que les du submersions du fleuve. Ces terrains conve
nes recèlent bien souvent. Elle est telle nablement traités peuvent former d'excel
qu'en certains endroits elle peut donner lentes roselières, ou bien nourrir diverses
lieu à des cours d'eau très-importans pour plantes marécageuses, parmi lesquelles nous
l'agriculture (comme aux environs de indiquerons particulièrement les Typha.k
Katwik près de Leyde), et presque toujours cause de leur fibre éminemment propre à la
même alimenter dus canaux de navigation fabrication du papier, qu'on exploite sous ce
sur les côtes de l'Océan. rapport aux environs de Fox (Bouches-du-
Derrière les dunes on trouve des terres Rhône ).
sablonneuses qui prennent le nom de landes Dans le6 endroits submergés durant toute
lorsqu'elles ne sont pas cultivées ni en ap l'année, on aura une pêcherie abondante. On
parence cultivables. INous nedevons pas nous pourrait peut-être aussi y nourrir avec profit
étendre ici sur cette matière qui à elle seule des tortues d'eau douce, si rares aujourd'hui,
exigerait un traité spécial, non plus que sur et cependant si recherchées par les médecins.
la culture des sols plus ou moins sablonneux Ces sortes de marécages leur conviennent par
qui leur sont contigus (voir ci-devant, p. 32). faitement. Les marais d'Arles en nourrissaient
beaucoup avant que la médecine leur eut fait
B. Terrains d'alluvions, schores et polders. une chasse si acharnée- 11 n'y en a plus main
tenant.
La plupart des lais de mer sont dus aux
fleuves qui, exhaussant peu-à-peu le fond de C. Salans, salobres ou sansouires.
la mer par leurs dépôts successifs, ont fini
par ajouter au continent de nouvelles sur Nous ne pouvons ici qu'effleurer les ques
faces, d'abord presque toujours submergées, tions au risque d'omettre souvent deschoses
puis au-dessus du niveau de l'étiage, enliu essentielles; nous nous bornerons en consé
au-dessus des marées ordinaires. Parvenues quence à dire que lorsqu'on dispose, au moins
à ce dernier point, si elles reçoivent beaucoup par intervalles, d'un cours d'eau supérieur aui
plus souvent les inondations, du fleuve que terrains salans, ce qu'il y a de mieux pour
celles de la mer, et si les eaux salées n'y sé leur amélioration, c'est de les submerger et
journent pas après leur invasion, il s'y éta arroser le plus souvent qu'on peut, jusqu'à
blit une abondante, une riche végétation ce que la végétation, triomphant de la salure,
dont on peut tirer un grand parti pour toute ait converti ces sansouires enschores artificiels
espèce de cultures; c'est ce qu'on appelle qu'on Iraileensuite comme les schores ordi
schores dans la Flandre. Dans le cas con naires, sauf l'attention de ne donner qu'avec
traire, il faut, avant de les cultiver, un traite précauliondes cultures profondes, decrainte
ment particulier, dont nous parlerons loul- d'amener au-dessus la terre infertile.
à-1'heure. D'autres personnes conseillent de cultiver
Dans les Pays Bas et particulièrement ces sols, puis de iessubnierger,aussitôt après
vers les bouches de l'Escaut, on considère d'évacuer les eaux chargées de sels qu'elles
un schore comme parvenu à son point de auront dissous , puis de les cultiver de nou
maturité pour être converti en polder, veau, de les submerger encore, et ainsi de
lorsque la végétation des roseaux et autres suite jusqu'à ce que l'on puisse les semer
plantes amphibies (qu'on nie passe l'expres avec conliance. Cette méthode, peut-être
sion), est assez riche et établie depuis assez plus expéditive, n'est pas aussi sûre que la
long-temps pour qu'il se soit forme une cou première, car l'humus se dissout et s'en va
che d'humus abondante au-dessus des atté- avec l'eau, tandis que par le premier procédé
rissemens; alors seulement on l'endigue et il s'accroitsans cesse.
il prend le nom de polder. Bien souvent après l'endiguement des sa
Les premières récoltes dans les schores en lans on n'a pus d'eau fluviale et torrentielle
digués sur les bords de l'Escaut, réussissent à porter pour faire cette opération. Alors on
si bien, que des Hollandais accourent dès qu'il a encore le choix entre deux des méthodes
Îr a un endiguementachevé,font à leurs frais analogues. La première consiste à diviser la
e défrichement, et donnent jusqu'à trois et surface en petits carrés par de petits fossés ou
quatre cents francs de loyer par hectare de forts si lions à la charrue, dont les terres
fiour les premières années. Ils y sèment du retiennent l'eau pluviale et l'obligent à sé
in et réalisent, à ce qu'il parait, d'énormes journer à l'endroit même où elle est tombée-
bénéfices lorsqu'il réussit. Quelques pro Elle y fait croître peu-à-peu des végétaux
priétaires préfèrent exploiter pour leur qui à la longue forment une couche d'hu
compte cette première fertilité. Ordinaire mus superposée au salant et susceptible de
ment ils sèment du colza deux années de donner d'abondantes récoltes. Par la seconde
suite, ils prétendent avoir encore plus de on cultive la terre à grosses glèbes, qu'on
firofit qu'en cédant aux Hollandais. Après laisse ainsi sans les briser pour faciliter le
es premières récoltes, les schores entrent lavage de la couche superficielle où doit s'é
dans la catégorie des meilleures terres à tablir la culture; on ne permet jamais à lt
froment et à fourrage, selon la nature du sol. terre de se tasser, tant qu'elle n'est pas cou
Nous n'en parlerons pas davantage ici. verte par une végétation suffisante; car le
Il existe quelquefois dans les ,schores des soleil, en pompant l'humidité supérieure,
terrains situés demanière ii cequ'on ne puisse ferait remonter avec l'eau, par l'effet de l'at
empêcher complètement les eaux pluviales traction capillaire, les sels qu'on s'était ef
des portions plus élevées de s'y rendre; forcé de faire descendre par l'infiltration de
d'autres qui sont inondées par le siphonne- l'eau fluviale à travers la terre ameublie.
«Ai». 5*. CALCULS QUI DOIVENT PRÉCÉDER LES OPÉRATIONS AGRICOLES. 15T
Les plantes cultivées ou non, qui croissent savent les diriger convenablement, puisqu'il
dans les salans, donnent des produits n'est point de terrain submergé, si mauvais
moins abondans, mais de bien meilleure qu'il soit, desséchable ou non, dont l'indus
qualité que ceux des autres natures de ter trie éclairée d'un habile entrepreneur ne
rains. Les animaux qui s'y nourrissent (tels puisse tirer des produits importans; encore
que les moutons de prés salés) y sont de bien n'ai-je fouillé qu'avec réserve dans mes notes,
meilleur goût, la race ovine n'y est pas su et surtout dans celles que j'ai recueillies pour
jette à la pourriture, elle est plus robuste, le Voyage en Hollande que je me propose de
sa laine est plus nerveuse^ publier. Baron de Rivière.
Je devrais peut-être parler ici de la culture
de quelques plantes particulières aux ter Section v. — Des calculs qui doivent pré
rains salans, les Salicomia, les Satsola, etc.; céder les opérations agricoles.
mais la valeur de ces produits est descendue
si bas depuis qn^n fabrique de la soude Quelle que soit l'étendue des opérations aux
avec le sel marin, qu'on ne peut conseiller quelles on se livre pour améliorer l'élaj des
de les ensemencer, quoique ce soit le genre terres et les rendre cultivables, qu'on les li
de plante qui s'accommode le mieux de la mite à des portions restreintes de ses pro
salure du sol. priétés, ou qu'on en fasse l'objet de vastes
Nous avons déjà parlé du tamarix; on ne entreprises, il est très-essentiel, avant de s'y
saurait trop multiplier les arbres de cette engager, d'en calculer approximativement les
espèce; ils amendent peu-à-peu le sol, don résultats, afin de constater d'abord si l'opé
nent un combustible d'autant plus précieux ration sera définitivement profitable, et en
que ce sont les seuls arbres qui y croissent, suite de s'assurer de la somme nécessaire
et leurs cendres contiennent une telle quan pour la mener à bonne fin.
tité de sulfate de soude et antres sels, qu'on D'accord en cela avec la marche tracée par
les exploiterait avec avantage si l'on en brû la loi du 16 septempre 1807, qui régit cette
lait une assez grande quantité. D'ailleurs, il matière pour les entreprises faites sur les
suffit pour avoir un arbre d'enfoncer en terrains qui sont la propriété d'autrui, nous
terre, en temps opportun, une cheville de dirons que la première chose à faire est de
ce bois. fixer exactement la valeur du sol avant l'opé
Les parties indesséchables peuvent être de ration : la cote des contributions, l'estima
bonnes pêcheries si on leur a ménagé une tion cadastrale, l'enquête faite auprès des
communication facile avec un fleuve ou avec habitans du lieu, l'examen du sol et de ses
la mer. Dans le premier cas, elles devien produits, permettront d'assigner sa véritable
nent en même temps d'excellentes roselières, valeur à enaque parcelle dont l'état doit être
dans le second on pourrait essayer avec pro modifié par suite de l'opération projetée.
fit d'y nourrir des huîtres et autres testa- Lorsqu'on n'est pas propriétaire et maître
cés. Mais il serait plus profitable d'y l'aire du terrain, cette estimation primitive, base
des salines, si la nature du sol le comportait des opérations, doit être rendue publique
<t si l'on avait un débouché assuré pour le avec le plan parcellaire et les projets d'exé
Kl. cution, afin d'être contrôlée et contestée, s'il
11 a été question dans le chap. des amen- y a lieu, par les intéressés, et enfin arrêtée
demens des langues ou alluvions des bords de après cet examen par des experts. Dans le
k mer {Tome V", page 76). On a vu que sur cas contraire elle n'est pas moins indispen
les côtes de l'ouest, où il y a beaucoup de lais sable, puisque c'est elle qui doit décider
de mer de cette nature, ils sont d'une prodi l'exécution ou l'abandon de l'entreprise.
gieuse fertilité, et qu'on transporte avec suc Le 2' point à considérer est le montant des
cès cette substance pour l'amendement des dépenses de l'opération, ce qui suppose
terres voisines des bords de la mer. l'exacte connaissance des travaux à exécu
ter, et par conséquent un plan préliminaire
. Conclusion. bien arrêté et un devis détaillé de ces tra
vaux. Il a déjà été dit que, relativement aux
J'ai dû abréger ce chapitre, parce que le travaux d'art, il est le plus souvent néces
temps et l'espace me manquaient. Il n'est pas saire, pour ces plans et devis, comme pour la
de paragraphe qui n'eût comporté de plus surveillance de l'exécution, d'avoir recours
longs développemens, et cependant j'ai omis aux ingénieurs et architectes. Presque tous
plusieurs objets importnns qui eussent pu les autres travaux se résolvent en main-
faire la matière d'autres paragraphes: tels que d'œuvre, qu'il est assez facile de calculer à
les précautions sanitaires à prendre pendant l'avance. Ainsi, lorsqu'on a déterminé si un
et après l'opération du dessèchement ; la ma défrichement s'opérera à bras d'hommes ou
nière d'attirer la population nécessaire à la à la charrue, et qu'on s'est bien rendu compte
culture des terrains desséchésj la division en des obstacles; lorsque dans un écobuage on a
fermes, la colonisation, l'amodiation, et enfin fixé l'épaisseur des couches de gazon à enlever,
les ventes pour réaliser des bénéfices. La plu la forme des foursà incinérer ,etc; quand, pour
part de ces sujets seront traités dans le livre un endiguement ou un dessèchement, on sait
consacré à YAdministration rurale. quels canaux, quels fossés ouverts ou cou
Je crois cependant m'être assez étendu verts, quels sondages il faut ouvrir, ou bien
pour engager les bons esprits à éludier à fond à quelle élévation, à quelle distance il faut
cette matière, et pour montrer aux personnes conduire les eaux affluentes ou surabon
préveuues contre les travaux de dessèche dantes, etc., on doit, avant de mettre la
ment , qu'il est peu d'entreprises présen main à l'œuvre, réduire toutes ces opérations
tant autant de chances de succès à ceux qui en journées de travail, et, d'après le prix de
158 AGRICULTURE : OPÉR ATIONS AGRICOLES. liv. i".
cette journée dans le pays, calculer la somme sont presque toujoursen désaccord. etquecha-
totale qu'il faudra débourser pour terminer cun, dans l'espoir de faire prévaloir ses pré
l'opération. Au moyen de quelques mesures tentions, engage souvent des procès qui cau
ou même d'opératious partielles laites çà et sent la ruine des meilleures entreprises. C'est
là à titre d'essais, il sera facile de trouver le pour celte raison que les entrepreneurs de
cube des terres à déblayer ou remblayer, et ces grands et utiles travaux reculent quel
de mesurer également chacune des autres quefois devant ceux qui doivent être les plus
opérations ; on pourra dès-lors les adjugera fructueux, lorsqu'ils ne peuvent pas, par des
de sous-entrepreneurs ou à des maîtres ou transactions préliminaires, statuer d'avance
vriers, moyennant un prix à forfait ou par et invariablement sur les droits et les pré
tàchesà tant du mètre cube, ou du mètre cou tentions de tous les intéressés, de manière à
rant, moiles qui sont ordinairement très- éviter les embarras, les ennuis et les pertes
préférables à l'emploi d'ouvriers à la jour que des contestations sans nombre viennent
née. En raison des difficultés du travail, on souvent leur apporter en récompense de
sait bien ce que peut faire par jour un ou leurs soins et de leurs risques.
vrier ordinaire : on calcule d'après cela com Quoi qu'il en soit, faisons remarquer, par
bien il faudra de journées pour l'exécution de ticulièrement pour les propriétaires qui exé
tous les travaux, et l'on a aiusi le montant to cutent les opérations d amélioration qui
tal des dépenses. nous occupent, sur leur propre terrain, que,
La facilité ou la difficulté de ces opéra pour bien apprécier la plus-value d'un ter
tions, le nombre d'ouvriers dont on peut rain amélioré, il ne faut pas seulement con
disposer, et diverses autres considérations, sidérer sa valeur vénale nouvelle après l'opé
règlent la durée du temps dans lequel on pré ration, valeur qui souvent, par suite des pré
sume pouvoir achever l'entreprise. Ce temps, jugés ou de l'ignorance des habilans, par
qu'il est en soi-même intéressant de connaî suite de l'étendue des terrains améliorés et
tre, importe aussi pour le calcul des dépen du défaut d'acheteurs, serait fort peu consi
ses; car on ne peut négliger, dans ces opéra dérable; mais qu'il faut prendre en princi
tions qui ont souvent une longue durée, de pale considération la capacité acquise au sol
tenir compte des intérêts des capitaux em pour des cultures productives. — D'où l'on
ployés à l'exécution des travaux des pre voit que dans les grandes entreprises de ce
mières années, et même quelquefois des ira- genre, la mise en culture est une conséquence
vaux préliminaires. — On pourra souventd'un presque toujours nécessaire de l'opération
autre coté en défalquer, ou porter en ligne qui a pour but de rendre les terrains culti
décompte, les recettes présumées à provenir vables, et que sans elle le succès définitif
des produits qu'on pourra obtenir des ter pourrait souvent être gravement compro
rains soumis les premiers à l'amélioration mis.
projetée. Ici se présente donc une nouvelle série de
Lorsqu'on a les connaissances agricoles calculs purement agricoles, dont les résultats
nécessaires, on jugera fort bien d'avance devront aussi puissamment influer sur la dé
quels seront sur le terrain les effets de l'o termination à prendre pour entreprendre
pération, et à quelles cultures productives il une opération de ce genre. Quels produits
sera devenu propre après leur achèvement. le sol pourra-t-il donner, et quels travaux
On fixera d'après cela quelle -valeur nouvelle seront nécessaires pour les obtenir? par
sera donnée au sol, et on verra si cette nou quelles mains l'exploitation pourra-t-elle
velle valeur est supérieure à la valeur primi en être faite? quels débouchés trouveront
tive du sol, augmentée du coût de tous les ces produits souvent nouveaux dans la con
travaux, des intérêts des capitaux, en un mot trée où l'on va les faire naître? quelle sera
des frais de tout genre de l'opération, et en leur valeur en raison de ces circonstances
fin d'un légitime bénéfice, sans l'espérance et des moyens de transport? Toutes ces ques
duquel il serait imprudent de tenter une en tions et beaucoup d'autres, lorsqu'on leur
treprise quelconque. — L'estimation des ter aura d'avance préparé des solutions, feront
rains avant et après l'opération, détermine juger si l'amélioration projetée, profitable
donc la plus-value définitive qui est le résul dans tel lieu et telles circonstances, ne peut
tat des travaux «*ntrepris. C'est cette plus- pas être nulle ou onéreuse dans la position
value dont le partage entre les propriétaires où l'on se trouve placé, el par conséquent
du sol et les entrepreneurs est fixé dans elles la feront embrasser avec ardeur ou re
l'acte de concession pour les opérations dans jeter pour des temps où les circonstances
lesquelles intervient l'autorité publique; seront devenues plus favorables.
c'est pour la débattrequelesuuset les autres C. B. de M.
(t) Tous ceux ilgurés dans cette section peuvent être mesures sur une échelle de. 17 lignes pur 3 pl?("
(0 m 043 pour 1 métré. )
CHAF. «*. • DES LABOURS. . 161
Les figures suivantes donnent une idée des et d'une décomposition facile, tels que diverses
variations de formes qu'on a l'ait subir dans marnes, des tufs, des schistes argileux, etc.
différens pays à ces sortes d'outils : la fig. 139 Du reste, l'opération se conduit de la même
manière qu'avec la pioche.
Fig. 143. 142. 139. 140. 141 Les pics, destinés à vaincre des obstacles
puissans, doivent avoir plus de force encore
que les tournées; aussi leur épaisseur est-elle
plus considérable, comparativement à leurs
autres dimensions.— Le 1er des plus longs ne
dépasse guère 1 pied (0 m 325). Cependant le
dernier, fig. 147, atteint parfois de 16 à 18 po.
(0 m 406 à 0 "' 487).— Pour faire les manches,
on emploie le pommier sauvage, l'érable, le
houx et de préférence le Irène.
Rarement un défoncement d'une certaine
profondeur peut s'opérer à bras sans l'aide de
quelques-uns des outils dont je viens de par
ler. Toutefois, dans des sols remarquablement
faciles, de consistance légère, de nature sa
bleuse ousablo-argileuse.sans presqueaucune
pierre, il arrive que l'emploi de la bêche est
possible. — Dans ces sortes de terrains, bien
qu'on ne les travaille ordinairement que su
perficiellement, les pluies entraînent facile
ment les sucs exlraclifs des engrais à une pro
fondeur telle que les racines ne peuvent plus
représente une pelle entièremen t en bois d'aune en profiter. Il est avantageux, de loin en loin,
onde hêtre, employée, à défaut d'autres, sur d'al teindre les couches inférieures. Cette sorte
des sols peu pierreux et peu consistais; la de défoncement, pratiqué, dans divei s lieux, à
fig. 140, une pelle ferrée, ceintrée et à béquille, la profondeur d'un fer de bêche seulement,
plus propre au même usage ; la fig. 141 , une en renouvelant la terre, produit d'excellens
pelle anglaise en fer; la fig. 142, une autre effets, notamment sur les cultures du lin, du
pelle anglaise également en fer, ainsi que la chanvre cl des céréales, qui se succèdent à de
suivante, fig. 143, dont on fait un fréquent courts intervalles sur les mêmes champs.
usage dans le Daupbiné. La dimension du fer des bêches don être
Lorsque le sol offre une grande résistance proportionnée, non seulementà la profondeur
on contient beaucoup de pierres, à la pioche ordinaire des labours, mais aussi à la force
précédemment décrite on substitue la tour de l'ouvrier et à la nature du terrain. — Dans
née déjà figurée page 115, la tournée dau plusieurs localités on lui donne d'un pied
phinoise, fig. 144, dont on garnit la pointe '.0 ■ 325) à 18 po. (0 m 487 ) de long, sur 8 à
10po.(0m217 à 0m271) de large. Dans d'autres,
Fig. 146. 147. 145. 144. seulement 9 à 10 po. (0 m 244 à 0 m 271) sur 8
(O™ 217). — La longueur des manches varie
de 2 pi. à 2 pi. 6 po. (0™ 650 à 0 m 812). — Le
plus souvent il est simple; quelquefois il se
termine par une poignée en forme de bé»
quille. — Nous avons réuni dans les figures
ci-jointes les principales bêches particulière
ment propres aux défoncemens, telles qu'elles
sont employées dans divers pays : fig. 148,
bêche de Paris; fig. Fig.148. 149. 150.
149, bêche anglaise;
il fie. 150, bêche Lou-
chet de Picardie ; fig.
151, bêche italienne à
oreilles, carrée; /?#•. 152, il TP
153, 2 bêches du Puy-
de-l)ôme;fig. 1 54,bêche
de Normandie;^. 155,
bêche de Poncins ; fig.
d'acier trempé, ou les pics. Le premier et le 156, bêche romaine;/?,?
second de ces outils, fig. 145 et 146, sont en 157, bêche belge; fig.
usage sur les bords du Rhône et du Rhin pour 158, bêche à oreilles de à
les défoncemens qui précèdent la plantation Lucques; fig. 159, bê
de la vigne, dans les terrains complètement che a hoche - pied de
rocailleux; le second surtout, qui se ter Toulouse \fig- 160, bê
mine du côté opposé à la pointe par une sorte ches à chevilles du midi
de marteau, convient également pour bêcher de la France.
et pour casser la pierre. — I.e troisième, fig.XAl. Les bêches fig. 148,
à deux taillans opposés, est employé en Bel 149, 150 et 151, et no
gique pour faire des tranchées dans les sous- tamment les trois pre
sou d'une consistance pierreuse, homogène mières, qui iffèreat
22n»< livraison. TOME
AGRICULTURE.
162 AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. liv.i".
Fig. 151. 152. 153. 154. année, ou de labour en lafcour, un peu plus
d'entrure au soc de la charrue ordinaire, sans
rien changer d'ailleurs à sa marche habituelle,
que d'augmenter plus ou moins le nombre
d'animaux de tirage.
» Pour atteindre plus profondément, on fait
usage assez fréquemment, dit-on, chez nos
voisins d'outre-mer, de charrues à plusieurs
socs, auxquelles on attribue de grands avanta
ges. Il en existe aussi en France, mais je n'ai
point été à même d'apprécier leurs effets. Il y a
lieu de croire qu'elles pourraient faciliter et
simplifier beaucoup le défoncement, et il est
probable que si, depuis qu'on lesconnait,elles
ne se sont pas multipliéesplus qu'elles ne l'ont
fait , cela tient surtout , d'une part , à leur
imperfection et à leur prix élevé, de l'autre
à leurs usages nécessairement restreints, et
enfin à la possibilité de les remplacer tant
bien que mal, comme nous le verrons lout-
à-1'heure, sans rien ajouter au matériel le
plus ordinaire de chaque exploitation. —
Parmi les charrues de défoncement à dou
ble soc, celle de Mouton (fig.W2) me pa-
Fig. 162.
peu entre elles, sont employées fort commu
nément dans les terres légères et sans mélange
de pierrailles.— Celles qui sontdésignéespar les
n"' 152 et 153, destinées plus particulièrement
à creuser des rigoles d'arrosement dans les
prairies naturelles, produisent, en cas de be
soin, un défoncement plus profond; il en estde
même de la bêchefig. 155, qui se recommande,
ainsiquecellel54,parsa légèreté.—Les bêches
fig. 159 et 160 rendent le travail plus facile
au moyen du hoche-pied mobile ou des che ralt une des plus simples et des mieux con
villes, sur lesquelles l'ouvrier peut mettre leçues. — Elle se compose de deux parties A et
pied, sans user aussi promptement ses chaus JB dont la seconde pénètre de 4 ou 6 pouces
sures. — Enfin les bêches fig. 156, 157, 158 plus profondément que la première. Celle-ci
et 160 sont préférables, à cause de leur forme,A, soulève le sol à la profondeur de 5 pouces
dans les terrains un peu rocailleux ou traver et le retourne dans le sillon plus ou moins
sés par de minces racines. — Toutefois, dans profond ouvert par la partie B, laquelle la
ces sortes de sols, pour peu qu'ils offrent as boure ordinairement à 10 ou 12 pouces et
sez de consistance, on remplace la bêche par peut être disposée de manière à atteindre jus
la fourche. qu'à 15; — le long de son versoir s'élève un
Le déjoncement à la fourche, fig. 161, en plan incliné indiqué sur la figure par une dou
Fig 161. traine en pareil casble ligne ponctuée, qui s'étend de la partie
postérieure de la lame du soc C jusqu'à la
moins de fatigue, pro
partie postérieure du versoir I), où elle se
duit plus de travail et
JL termine à environ 6 pouces au-dessus du ni
peut donner du reste à
veau du sep E. Par suite de cette disposition,
peu près les mêmes ré
la terre, soulevée du fond du sillon, glisse obli
sultats.— La fourche,
comme la bêche, doitquement de bas en haut, et se trouve renver
néanmoins être consisée sur le sommet de la bande formée par IV
dérée plutôt comme vant-corps A.
un outil de simple la A défaut de semblables machines, il n'est
bour que de défoncement. pas rare de voir approfondir la couche labou
Les défoncemens exécutés à bras d'hommes rable en faisant passer, à la suite l'une de
offrent généralement plus de perfection, mais l'autre, deux charrues à versoir dans le même
ils sont beaucoup plus dispendieux que les sillon, et quoique le travail présente ainsi
autres. Aussi les emploie-t-on rarement dans moins de perfection et devienne plus coûteux,
ce moyen, facilement praticable, et incompa
la grande culture. Cependant il est des cas où,
faute de machines convenables, ou, comme on rablement plus économique que tout défon
peut le conclure de ce qui précède, d'après lacement à bras d'hommes, est suivi d'cxcel-
nature ou la disposition du terrain, il est imlens résultats. Je dois ajouter qu'à mesure
possible de recourir à la charrue. que l'imporlance des labours profonds s'est
fait mieux sentir, on a construit des charrues
II. Défoncemens à la charrue. à un seul soc qui suffisent aux défoncemens
ordinaires; au nombre de ces dernières je
Les défoncemens progressifs peuvent s'ef pourrais citer particulièrement celle d'Ecosse,
fectuer, dans beaucoup de cas, jusqu'à une dont tout le corps est en fer coulé, Varaire
profondeur suffisante, en donnant, d'année en grand modèle de Grignon, Ja charrue Val'
CDAP. 6'. DES LABOURS. 163
court, celle de Fellemberg, etc. (Voy. la sec cas, doivent même devenir moins profonds. —
tion suivante.) Ils le doivent lorsqu'on vient de répandre à la
Pour atteindre et diviser le sous-sol sans le surface les amendemensdivers,les cendres pro
ramener à la surface, M. le marquis de La duites par l'écobuageou les engrais quela char
Eoessiére a inventé récemment un instru rue pourrait entraîner au-dessous de la portée
ment dont il a déjà été parlé (voy. page 30).— des racines;— lorsqu'aux approches des semis
Le cultivateur ou binot. dépouillé de ses ver- de printemps ou ne veut pas compromettre
soirs et conduit derrière une charrue ordi les excellens effets de l'ameublissement pro
naire, de manière à approfondir successive duit par les gelées, et ouvrir, plus qu'il n'est
ment chaque raie, sans exiger une grande force nécessaire, le sol à l'excessive évaporation
de tirage, produit plus simplement à peu près produite par les vents secs et les vifs rayons
le même effet. Si je reviens ici sur son emploi de soleil de cette saison. — En pareil cas, un
pour les défoncemens de ce genre ( voyez ou deux traits d'extirpateur, parfois quel
page 30), c'est moins dans le but de compléter ques hersages, peuvent être une préparation
le présent article que dans celui de recom suffisante.
mander plus particulièrement à l'attention Bans les contrées où les fromens se sèment
des cultivateurs une amélioration à la fois im sous raies, le labour doit varier non seule
portante et facile. ment en raison de la composition générale
des terres, mais aussi de leur disposition ac
III. Des défrichemens à la charrue et à bras cidentelle au moment des semailles. Ainsi, il
d'hommes. doit être plus profond sur des sols légers que
sur des terres fortes; — sur des terres sèches
Ce dernier mode, en quelque sorte mixte, que sur des terres humides ;—sur des craies
puisqu'il participe des deux autres, consiste à exposées aux effets du déchaussement que
ouvrir d'abord un sillon large et profond au sur dessables également légers, mais qui ne
moyen d'une forte charrue, et à creuser au sont pas sujets aux mêmes inconvéniens;— sur
fond de ce sillon une jauge à bras d'hommes, des champs salis de mauvaises herbes que
en échelonnant dans toute sa longueur un sur ceux qui en sont nettoyés, etc., etc.
nombre considérable d'ouvriers. On rejette Enfin , il est évident que , comme les défri
ainsi la terre d u sous-sol sur la crête de l'ados chemens, les labours doivent varier en raison
formé par la charrue. Cette'pratique foit com de la longueur des racines des plantes culti
mune, sous le nom de Ravagliatura, dans le vées. — Ils doivent varier encore eu égard à
Bolonais, pour la culture des chanvres, est la végétation particulière des espèces. Quel
aussi assez générale dans une grande partie ques-unes, telles que les pommes- de-terre,
du littoral du département des Cotes-du- les turneps, les fèves, etc., réussissent sensible
Kordet ailleurs. Dans les deux pays précités, ment mieux lorsque le soc a ramené à la sur
on n'emploie pas moins de 24 journaliers pour face une certaine quantité de terre neuve.
l'effectuer. — Combien ne serait-il pas désira John Sinclair, à la suite de recherches at
ble qu'une bonne charrue fût employée en tentives, affirme que, sans les labours pro
pareil cas ! fonds, ces récoltes diminuent ordinairement,
après un certain temps, en quantité, en qua
Abt. u. —Des Labours ordinaires en général. lité et en valeur. D'autres plantes sarclées,
également propres à la culture des défriches,
% \". —De la profondeur des labours. sont dans le même cas; tandis qu'il en est
qui s'accommodent assez bien d'un fonds
La profondeur des labours proprement dits, moins nouvellement travaillé et par consé
ou, en d'autres termes, de ceux qui n'atta quent plus solide.
quent pas le sous-sol, est nécessairement dé La plupart des agronomes ont recommandé,
terminée, assez souvent, par la mince épais d'après Rozier, sinon de faire alterner régu
seur de la couche arable. Quand on ne peut lièrement les labours profonds et les labours
pas augmenter cette dernière aux dépens du superficiels, au moins de recourir de temps
terrain inférieur, on n'a d'autre ressource, en temps aux premiers, ce qui est sans con
comme il sera expliqué bientôt, que de l'éle tredit fort profitable. — Sinclair a établi,
ver sur certains points en la diminuant encore par une table, les règles suivantes :
sur d'autres, par un travail en ados ou bil- Premier labour de jachère 6à 8
lons.— Dans les cas moins défavorables, la ou mieux 10 à 12 po.
profondeur doit varier selon certaines règles Second 6 7 po.
qu'il n'est pas impossible de généraliser dans Troisième 5 1/2 po.
nu traité de culture. Quatrième 4 po.
11 est toujours avantageux de commencer Labour de semaille 4 po.
par le labour le plus profond, afin que la terre Avoine sur turneps 4 5 po.
ait mieux le temps de se mûrir. Malheureuse — sur trèfle rompu 5 6 7 po.
ment, tout en reconnaissant la justesse de ce Fèves sur un seul labour.. . . 6 7 8 9po,
principe, très-souvent on est obligé de s'en — sur un second labour. . . 5 po
écarter en pratique; car, sur certains sols, Premier labour pour l'orge. . 6 7 po
dans l'impossibilité ou l'extrême difficulté de Second. 5 po.
donner, de prime-abord, au soc l'entrure né Troisième. ' 4 po.
cessaire, on n'a d'autre parti à prendre que de Premier labour pour les pom
l'augmenter progressivement. mes-de-terre 4 6 po.
Une fois que le terrain a été retourné et Second 5 po.
ameubli à une profondeur convenable, les la Tiiaek a cru pouvoir poser en principe , en
bours suWans peuvent, et, dans la plupart des restant même au-dessous des bornes du vrai,
164 AGRICULTURE FAÇONS GENERALES A DONNER AU SOL. uv.i".
Sue la valeur de la couche arable s'augmente que la meilleure charrue ordinaire Enfin*
e 8 p. 100 avec chaque pouce de profondeur le major Beatsoîm , dans le but de multiplier'
qu'on peut lui donner en sus de 6 jusqu'à aux moindres frais possibles, les labours sur
10 pouces, et qu'elle diminue proportion né- les terres qui exigent impérieusement de fré
ment de 6 à 3 pouces. —On sait qu'à la f'ei> quentes façons, a introduit sur ses proprié
jne-modèle de Grignon la culture repose tés un extirpateur à 7 dents de 10 po. fixées
sur de semblables principes , et que tous les à 9 po. de distance les unes des autres, sur
ans on a successivement laboure ou plutôt deux lignes parallèles écartées entre elles de
défoncé de 9 à 11 po. (0 m. 240 c.) toutes les 11 po. Cet instrument, attelé d'un seul che
terres destinées à former la sole des plantes val et qui ne pénètre d'abord qu'à une faible
sarclées. profondeur, à force de revenir sur le même
sol. finit par atteindre la portée des labour;
$ II. — Du nombre des labours. ordinaires.
Les terrains légers , sablonneux et chauds
Plusieurs causes fort différentes contri exigent moins de labours que les sols argi
buent particulièrement à modifier le nombre leux. Cela dérive si naturellement de lotis les
des labours. Ce sont: leur destination ,la natu principes posés dans le cours de cet article,
re et la disposition des terres qui les reçoivent, qu'il serait superflu d'eulrer dans de nou
et les circonstances atmosphériques qui les veaux détails.
précèdent, les accompagnent ou les suivent. Remarquons encore que des façons nom
Nous verrons, en traitant de chaque cul breuses, sur des. collines en pente tant suit
ture en particulier , quelles sont celles qui peu rapides, tendent à dénuder leur sommité
exigent, avant les semailles, plus ou moins de terre, et par suite à les rendre impro
de labours préparatoires. De pareilles spé ductives^ moinsde frais considérables;— que
cialités, si elles n'étaient déplaceesau point où dans les localités exposées aux inondations,
nousen sommes, entraîneraient toulau moins les terres sont d'autant plus sujettes à être
à des l'édites que nous devons épargner h entraînées par le courant, qu'elles sont la
nos lecteurs. bourées plus fréquemment, et que, bien sou
Les labours de jachère doivent être assez vent, sous peine de désastres inappréciables,
multipliés (non seulement pour ouvrir le sol on est contraint de ne les pas labourer du
aux influences bienfaisantes de l'ai inosphère); tout.
mais aussi pour détruire complètement les Quant aux circonstances atmosphériques ,
racines et les gprmes des plantes adventices elles exercent une très-grande influence sur
qui l'occuperaient au détriment des cultures tout relativement aux terres d'un Iravait na
plus productives. — Il n'est pas sans exemple turellement difficile. — Le champ le plus
qu'on en donne jusqu'à 5 et 6 dans le cou compacle, labouré pendant le cours de l'au
rant de l'année, et, quoique de telles pratiques tomne dans un état convenable, c'est-à-dire
soient devenues assez rares à mesure que les ni trop sec ni trop humide , après qu'il a été
bons assolemens se sont répandus, et qu'on soumis à l'actiou puissante des geléesd'un hi
soit parvenu à entretenir le soi dans un état ver plusfroid que pluvieux , n'a pourainsidire
-de produit constant sans pour cela le lais besoin, s'il est exempt de mauvaises herbes,
ser envahir par les mauvaises herbes), il faut que d'être gratté à sa surface avant l'époque
encore reconnaître qu'une jachère d'été est des semailles. 11 se réduit presque de lui-
parfois le meilleur moyen de nettoyer un même enterre meuble, tandis que denoin-
terrain, et que, dans ce cas, les labours ne peu breuxet profonds labours pourraient luide-
vent être trop nombreux. venir mécaniquement plus nuisibles qii'uli-
Les terres argileuses exigent des labours les si la saison se comportait mal. Un M.Crowe,
d'autant plus fréquent qu'elles offrent une dit Arthur Yocng, donna à une pièce déterre
plus grande ténacité, et par une fâcheuse argileuse une jachère complète de deux ans.
coïncidence, ces labours sont d'autant plus A la St.-Michel de la seconde année, il sema
dispendieux qu'ils sont plus nécessaires. — cette pièce en froment après douze labours-
Pour les rendre plus faciles, un Anglais, M. Quel fut le résultat de cet essai? une magni
Finlayson, a imaginé de remplacer le ver- fique récolle sans doute? Point du tout. Le
soir de la charrue ordinaire par 8 ou 4 ba- blé leva fort bien, mais le printemps fut
guettes-en fer qui en forment, pour ainsi dire, pluvieux: plus la surface était belle et bien
le squelette (voyez plus loin la charrue sque atténuée, plus elle fut apte à se prendre
lette, sAeleton phugfi). Après plusieurs essais, comme un mortier. La récolle ne produisit
il a pu prononcer que les sols les plus tena que 14 bushels par acre , encore le grain fut-
ces, pris encore un peu humides, peuvent il de mauvaise qualilé. On voit parcel exemple
être facilement labourés au moyen de cette que le nombre des labours n'éqimaut pas
charrue à laquelle ils n'adhèrent que faible toujours à leur opportunité.
ment.— Un autre cultivateur du même pays, Assez généralement dans les terres à jro-
afin de diminuer le frottement du sep, a ima ment, et pour les semis de celle céréale, on
giné de le relever obliquement à partir du donne de 3 à 4 labours. — Artht'r Yoi'itç éta
soc (voyez la charrue fVdkie), et de le rem blit que ce dernier nombre est à peu près in
placer, en quelque sorte, par une roue in dispensable. — Kozier veut au n.oins trois
clinée sur son axe à environ 30 degrés de la labours de préparation, indépendamment de
perpendiculaire et qui tourne dans l'angle du ceux qui doivent précéder coup sur coup 'l*
rayon formé par le contre et lesoc. La charrue semailles.— John Sinclair indique 4 labmirs
Wilkie avant été essayée publiquement en de jachère avant celui des semailles. Eolin,
1829, il a été reconnu, dit M. Loi'don, qu'elle ainsi que je l'ai déjà dit, il est dcst;ontrées on
exige une ferce de tirage de 30 p. 100 moindre la pratique va même au-delà sans apprécier
MAP. 6'. DES LABOURS. 169
toujours à leur valeur les frais considérables d'hiver, en tant qu'ils précèdent la gelée, rem
auxquels enlraine inévitablement la multi plissent à peu près leinême but. Cependant, en
plicité de semblables travaux —Répétons que pratique, assez ordinairement on attend la fin
le moyeu le plus certain d'éviter le retour trop de celte saison, de sorte qu'il faut ensuite la
fréquent des labours, c'est de savoir les faire bourer coup sur coup au printemps, ce qui
: propos. n'est jamais à beaucoup près aussi profitable.
— Au reste, les labours de l'arrière-saison of
$ 111.— Époques favorables aux divers labours. frent bien aussi parfois quelques inconvé-
niens. Voici ce qu'en dit AitriuR Youkg, d'a-
Les terrains facilement perméables à l'eau Erès les expériences faites par lui sous le ciel
peuvent, à vrai dire, être labourés à peu umide de l'Angleterre : « On voit qu'il est
près en tout temps ; mais il est loin d'en être incontestablement utile de labourer en au
le même des autres. — Lorsqu'ils surabon tomne les chaumes que l'on destine à la culture
dent d'humidité, tantôt ils adhèrent au soc des fèves. 11 parait aussi qu'il y a de l'avantage
et au versoir de la charrue, tantôt ils se com à labourer en automne une jachère que l'on
priment en bandes boueuses, sans aucune destine aux turneps ; mais on ne voit pas que
porosité, et que la sécheresse transforme en cet usage soit également utile pour la culture
véritables pierres; les animaux , en les piéti des blés de mars, attendu qu'à moins que
nant, rendent plus sensible encore un tel in la terre ne fût parfaitement nette, ce serait
convénient—Lorsqu'ils sont trop secs, outre provoquer la végétation des mauvaises herbes,
qu'il est presque impossible de les travailler, sans se ménager les moyens de les détruire.
ils se divisent en mottes d'une extrême du Il offre au surplus tant d'autres avantages,
reté que la herse ne peut briser. Il est donc qu'on doit être étonné de voir si peu de fer
indispensable de choisir le moment où les miers s'y conformer, sous prétexte qu'il leur
pluies les ont humectés assez profondément faut une pâture, toujours misérable, pfcur
sans les saturer, et ce moment ne se pré leurs bétesà laine. Cependant je dois avertir le
sente pas toujours d'une^ manière oppor lecteur que ce que je dis icin'est pas applicable
tune. à tous les sols. .Supposons que la nature d'une
Dans tout le midi de la France, par exem terre soit telle qu'aux premiers jours secs du
ple, la principale difficulté que rencontre le printemps elle se réduise en terreau aussi aisé-
laboureur, est la brièveté du temps qu'il peut mentquecellequiauraétélabourée en autom-
employer à la préparation des terres. Si, pour ne.Supposonsquecesoit pourelleun désavan
uieiiâ|;er quelques dépaissances à ses mou tage de rester exposée et ouverte aux pluies
tons, il ne profite pas des journées favorables d'hiver, parce qu'elle demande à rester comme
de l'automne et de k'uiver, les pluies priotaniè- elle a été laissée par la dernière récolle, en
res sont si peu fréquentes, que dès la dernière masses compactes et arrondies, en sorte que
quinzaine de mai il lui devient presque im l'eau puisse rouler dessus sans la pénétrer;
possible de faire un travail passable;aussi une alors je conçois, et même il me parait clair,
jachère complète lui parait-elle le seul moyen qu'une semblable terre, s'il en existe, de
de donner à ses champs une culture suffi mande plutôt à être labourée au printemps
sante.— Sur les prairies artificielles destinées qu'en automne. »
à être retournées, à moins qu'on ne diffère Les labours d'été ne sont en usage que dans
te premiers labours jusqu'à la veille des deux cas : 1° pour la préparation des terres
semailles, ce qui présente le grave inconvé qui viennent de porter des récoltes et qu'on
nient de ne pas donner au sol le temps de veut semer immédiatement; cas peu ordi
s'aérer, ils sont d'autant plus difficiles que la naire, mais qui peut présent«'r,',en des circon
saison est déjà fort sèche après les coupes. stances favorables, de précieux avantages
Les seconds labours ne le sont pas moins; avec un bon système d'assolement ; — 2° pour
Car eu été, ainsi que le savent ceux qui ont détruire les mauvaises herbes pendant une ja
habité la Provence, la pluie même devient chère complète. Dans ce cas, ils doivent être
W> obstacle quand elle ne pénètre que par- combinés de manière que celles-ci n'aient
bellement la couche labourable. Dans ce cas, pas le temps de fructifier, ce qui s'accomplit
dit M. de Gaspa mis, un labour imprudent en cette saisou avec une extrême rapidité.
produit un effet que l'on désigne dans ce
pajs par l'expression de gâter la terre. II Art. ni. —Des divers modes de labours.
consiste dans la sortie d'une multitude de Comme les défoncemens, les labours s'ef
mauvaises herbes, principalement de coque-
bculsetde crucifères, plantes à graines oléa- fectuent à bras d'hommes ou à l'aide de ma
Sineusesquiépuisenlbeaucouple sol etlecou- chines mues par des animaux.
Les outils dont on se sert dans le premier
v^'nt,poui'plusieursannécs,de leurs semences
'boudantes. — On conçoit, d'après ces divers acas étant en partie lesmêmesque ceux dont il
déjà été parlé, je n'aurai que peu de choses
Jiolifs, combien la sécheresse et la chaleur
«ces contrées opposent de difficultés au la- à ajouter ici.
tour, En remontant vers le nord nous § Ier. — Des labours à bras d'hommes.
ferrions que l'humidité constante de certai
ns années en présente assez souvent de non Dans plusieurs localités, pourparerlai terre,
moins graves. c'est-à-dire pour lui donner un premier la
i.a théorie, il est avantageux de labourer bour de préparation, on emploie la bicorne
les terres fortes peu de temps après qu'elles (Jîg.l36,page ICO), diverses autres pioches, ou
°.nt e'e dcpouillees de leurs produits, les la- des hoyaux avec lesquels on divise la surface
mn d'automne contribuant, plus que tous en mottes plus ou moins grosses. Ce travail,
autres, à leur aineublissement. Après eux ceux quoiqu'imparfait, puisqu'il ne retourne près
166 ACRICCLTl RE-rïFAÇOHS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. uv.r.
que pasle sol et qu'il ne détruit que fort im par Les labours à la houe sont en usage dans
faitement les planies adventices, est assez presque toute l'Europe. A l'avantage de re
rapide, et produit sur de petites étendues de tourner la terre comme les suivons, ils joi-
défriches ou de jachères un bon effet. gnentcelui d'une exécution rapide; mais, d'un
La pioche ovale,y%-.163,et la variétéJîg.l 64,autre côté, ils sont peu profonds et néan
Fig. 167. 106. 165. 164. 163. moins très-fatigans; car, pour employer ces
sortes d'oulils, dont le manche forme avec le
fer un angle excessivement aigu, l'ouvrier est
obligé de se courber en deux, soit qu'après
avoir soulevé la terre presque entre ses jam
bes il la rejette derrière lui, soit que, mar
chant au contraire en arrière, il la rejette sur
le côté pour en combler la jauge précédem
ment ouverte.
Les houes, selon la nature du terrain dans
lequel on les emploie, sont tantôt pleine:,
tantôt à dénis ou a pointes. — Les unes con
viennent aux labours des sols meubles, dé
pourvus de pierres et dépouillés de racines;
sont communément utilisées sur les bords les autres pénètrent plus facilement dans la
de la Meuse pour les terres faciles.— Dans les terres rocailleuses, graveleuses ou liées pal
localités caillouteuses, on leur préfère la pio des racines traçantes. — Nous avons réuni sut
che à marteau, fig. 165, ou à pic,y*g\ 166. Aux les figures suivantes quelques-unes des es
environs de Paris on se sert du hoyau,fig. 167. pèces les plus usitées : — fig. 160, houe ordi-
Fig. 168. 169. 170. 171. 172. 173. 175
naire du nord de la France;—fig. 169, houe de aux fers des outils ou qui sont remplies à
Bretagne; — fig. 170, houe d'Amérique, dont racines. Dans ce dernier cas surtout, en faci
la courbure du manche permet à l'ouvrier de litant l'extraction de ces dernières, elles son
travailler sans se courber beaucoup;—fig. 171, d'un usage fort avantageux.
houe essade du midi ; — fig. 172, houe Quant aux labours à la bêche, malheitreu
plate de Château-Thierry ; — fig. 173, houe sèment dans les sols même qui se prêtent 1
triangulaire; —fig. 174, houe du département mieux à 'eur emploi, à côté des avantages in
de l'Hérault; —fig. 175, houe à oreilles des contestables qu'ils présentent, ils ont pa
Pyrénées-Orientales; —fig. 176, houe ronde compensation l'inconvénient de donner M
de Brest ; — fig. 177, houe escaoussadou du résultats si lents, qu'on ne peut en feireusM
midi; — fig. 178. houe des vignes du départe hors des jardins que dans les contrées 1res
ment des Bouches-du-Rhône ; —fig. 179, autre populeuses et cultivées avec un soin particii
houe destinée au même usage ;—fig. 180, houe lier. C'est ainsi que dans quelques partiesd
fourchue des environs de Paris; — fig. 181, nord on laboure les champs à la bêche lou
houe bident à manche courbe de la Sarthe; les six ou huit ans. — A Paris on nomme la
— fig. 182, houe à longues dents de Maine-et- bour à un fer de bêche celui qui pénètre d
Loire; — fig. J83, houe bi-triangulaire de la 9 po. à un pi. (0 m 244 à 0m 325), et à un demi
Crau; —fig. 184, houe trident de plusieurs fer de bêche, celui qui ne retourne le sol qu
parties du centre de la France. la profondeur de 4 à 6 po. (0» 108 àO" 162,
La fourche a deux ou h trois dents (voyez — Ce dernier est parfois préférable po",
fig- 161, page 162) convient aux labours des ne pas porter les engrais au-delà de la poil1'
terres compactes et. humides, qui s'attachent des plantes à courtes racines.
CHA». 6*. DES LABOURS. 167
droit, comme le meilleur. «Beaucoup de bons
§ II. — Des labours à la charrue. cultivateurs ont regardé, au premier coup-
d'œil, ce labour comme imparfait, et ne l'ont
Dans tout labour à la charrue, trois points pas trouvé aussi propre que celui où les tran
logent particulièrement fixer l'attention du ches de terre sont retournées à plat; cepen
laboureur ; ce sont : 1" l'épaisseur de la bande dant ils ont bientôt senti les motifs qui ren
i soulever, 2° sa largeur, et 3° la position dans dent ces labours préférables : en eflet, dans
aquelie doit la placer le versoir. les terres fortes, la herse exerce une action
L'épaisseur et la largeur comparatives de bien plus énergique, soit pour ameublir la
ii bande de terre a donné lieu parmi les agro- terre, soit pour enterrer la semence, sur un
îomes à une assez grave divergence d'opi- labour qui présente à la surface un angle de
îions. Les uns pensent que, pour être bon, un chaque tranche de terre, que lorsque ses dents
abour doit toujours être plus profond que ne font que gratter le côté plat de la tranche.
arge. Ils veulent que la profondeur soit à la D'un autre côté, ce labour expose bien mieux
argeur dans la proportion de 2 tiers au tiers, toute la terre labourée à l'influence de l'air,
:'est-à-dire que si la bande a 9 pouces dans des pluies et des gelées, qu'un labour plat. Il
e premier sens, elle ne doit en avoir que six est vrai que lorsqu'on rompt une éteule, un
Ians le second, la terre étant ainsi mieux trèfle, etc., on aperçoit ordinairement, après
imeublie, plus émiettée et remarquablement le labour, quelquesherbes entre les tranches,
)lus productive, surtout en temps de séche clans le fond des sillons ou cannelures que
resse ; aussi, quels que soient les frais plus laisse le labour à la surface de la terre ; mais
»nsidérables qu'entraîne une pareille prati- un trait de herse les 'recouvre entièrement,
]ue en augmentant le nombre de traits, ils lorsque cela est nécessaire, en abattant les
iouticnnent que tout labour qui soulève une arêtes des tranches. Dans tous les cantons
tranche de terre plus large qu'elle n'est pro où l'on a apporté quelque attention à ce sujet,
fonde, est tout-à-fait contraire aux bonnes on a reconnu, par expérience, que ce mode
ois du labourage. — Les autres, retournant la de labour est celui qui est le plus parfait
proposition, demandent au contraire que la dans toutes les terres et dans presque toutes
argeur soit à la profondeur dans la propor les circonstances.» (Mathieu de Dombasle.)
tion de deux à un. Selon eux, un labour bcau-
»up plus profond que large est une opéra § III.— Delà direction des labours.
tion que sa lenteur et sa complète inutilité,
ians la plupart des cas, doit faire, à très-peu Habituellement on dirige les labours dans
ïexceptions près, rejeter de la pratique. Ils le sens de la pente générale du terrain
rat pour eux l'exemple général, et je partage {fig. 185), pour donner aux eaux un écoule-
feur avis.
Du reste, quelle que soit l'opinion qu'on se Fig. 185.
fesse à cet égard, il est des cas où l'on doit
transgresser l'une ou l'autre règle. En effet,
plus le sol est tenace, plus la bande doit être
étroite, pour faciliter l'action'de la herse ; et
pins le labour est profond, moins il doit être
large, parce que la charrue aurait à vaincre
une trop forte résistance. — Sur des terrains
meubles ou pour des labours superficiels, les
choses peuvent se passer différemment.
Lorsqu'on cherche à diviser un sol tenace,
ta 7 po. (0m 162 à 0m 189) peuvent paraître ment plus facile. Cependant, sur les champs
une largeur suffisante avec un attelage ordi d'une inclinaison considérable, surtout lors
naire. Plus communément on donne à la qu'on a plusà redouter la sécheresse que l'hu
bande une largeur moyenne de 9 po. (0m 244). midité, il vaut mieux tracer les sillons per
-M. Mathieu de Dombasle, dans ses terres pendiculairement à cettemême pente (/îg-,186),
les plus forles, au moyen de sa charrue at
telée de trois bêtes au plus, pour les pre Fig. 186.
miers labours, et en donnant au soc de 6 à
8po. (0m 162 à 0™ 217) d'entrure, ouvre une
fie qui atteint constamment de 9 à 10 po.
(0°244àO">271).
Imposition de la bande de terre retournée
F»rle versoir dépend à la fois de l'épaisseur
proportionnelle de cette même bande, et de
la disposition particulière des charrues. — Si
la tranche est environ d'un tiers moins pro
fonde que larîre, elleaura une propension na
turelle à s'incliner sur la ti'anche précédente non seulement pour diminuer le travail de
°e manière à laisser une de ses arêtes au- l'attelage, mais afin que la terre et les engrais
dessus ; — si elle a, au contraire, une largeur soient moins facilement entraînés par les
c«niparativement beaucoup plus grande, elle pluies, etque celles-ci aient mieux le temps de
Plombera presqu'à plat, il est à remarquer pénétrer la couche labourable. — Les labours
lue la plupart des charrues perfectionnées de ces sortes de terrains offrent toujours d'as
"ans ces derniers temps donnent le premier sez grandes dilficullés. D'une part, ils sont
*« <*s résultat», que l'on considère, à boa fort imparfaits dans les parties où la bande de
168 AGRICULTURE FAÇONS GENERALES A DONNER A.U SOL. uv. i«
terre est rejelée en haut, parce qu'elle est ra autre à côté, comme l'indique la fig. 189,-Lt
rement retournée et qu'elle retombe dans ia Fig. 189.
raie ; et de l'autre, parce que, si l'on rejette la
tranche constamment en bas, on finit par dé
nuder de terre le haut de la pièce. Cepen
dant ce dernier moyen est celui que préfè
rent les bons cultivateurs ; et, comme la
charrue à tourne-oreille, par suite de la forme
de son soc et de son versoir, produit un tra
vail vicieux, on a cherché à lui en substituer
d'autres, qui seront décrites dans l'article sui
vant, sous le nom de charrues jumelles, char pièce se trouve à la fin former une suri
rues dos-à-dos, elc, et qui peinent labourer unie, sans autres subdivisions que celles qo
mieux, tout en rejetant de même la terre de résultent de la disposition plus ou moins r4
droite à gauche, ou de gauche à droite, selon gulière des rigoles d'écoulement des eaui
le besoin. Cependant on verra lout-à-1'heure qu'on peu
Dans beaucoup de cas, au lieu de sillonner obtenir les mêmes résultats avec des dur
de bas en haut ou en travers, on trouve un rues à versoir fixe.
grand avantage à labourer obliquement, en Dans un labour à plat, lorsque la superfici
ayant soin de diriger la charrue à droite et du champ est régulièrement divisée en pa
non à gauche, en partant de la partie élevée rallélogrammes alongés, d'égale largeur en
du champ; car, d après ce second mode, tre eux, sensiblement planes et séparés p«
comme ou en peut juger d'après \&fig. 188, des rigoles , on dit que ce labour est en plu*
ches.
Fig. 187. Poutformer des billons avec une charrue:
versoir fixe, on ouvre successivement de
rayons parallèles dans la longueur et des deui
cotés de chaque billon, les uns dans une dl
rection, les autres dans une direction oppo
sée; c'est-à-dire que si on commence, pi
exemple, par lever une première bande V
{fig. 190), du sud au nord, on vient en prendr
■y
CHAI". 6. DES LABOURS. 169
Fig. 191. niveau.—Il y a des cie qui forme la surface du sol , elle ne fait
billons simples que glisser à sa superficie, de sorte que quel
composés de deux quefois les rigoles sont insuffisantes pour
/KPF>i traits de charrue contenir l'eau qui s'y estjetée, tandis que l'ados
seulement, c'est-à se trouve presque aussi sec qu'auparavant;—
v.««h*\i||cl ire d'environ 2 pi. que, lorsque les billons sont dirigés de l'est
lli«(6Gc. m.) de large; à l'ouest, les récoltes sont ordinairement
-il y eu a de quatre, de huit, de dix traits; moins belles et toujours beaucoup plus re
- il y en a aussi de vingt et même de trente, tardées dans leur végétation du côté du
jui acquièrent par conséquent de 6 à 10 mè nord que de celui du midi; — que, dans les
res de largeur. terres sujettes au déchaussement, le billon
Les biUons doubles {fig. 192) sont subdi- nage augmente encore cette fâcheuse disposi
tion;—enfin, que, non seulement avec de hauts
Fig. 192. billons les labours et surtout les hersages
sont plus difficiles, mais que les labours
croisés, qui sont parfois si utiles pour re
médier à l'imperfection des autres dans les
terres fortes, sont impraticables. — Si les
billons sont étroits, tout en conservant une
"ses en Irois ou quatre billons plus petits, grande élévation, l'endossement demande
«parés par des rigoles moins profoudes que beaucoup de temps et exige une grande force
es deux principales, et creusées à des ni- de tirage; il n'est pas plus aisé de refendre;
'eaux. diflerens sur la double pente du grand l'ensemencement est irrégulier, et les travaux
(illon.— Cette disposition est peu ordinaire. de la récolte se fout avec encore moins de
De même qu'il y a des billons de toutes les facilité. — La multiplicité des raies occasione
argeurs, entre deux tiers de mètre jusqu'à une perte notable de terrain. — Quant aux
S mètres et plus, il y en a aussi de toutes billons très-étroits composés d'un petit nom
es hauteurs, entre ceux qui se confondent bre de traits de charrue, et dont l'usage se lie
iresqu'avec les planches, et ceux qui s'élè- nécessairement à celui des ternis sous raie,
Eni au-delà de 3 à 4 pi. ( 1 m. à 1 m. 325). ils sont accompagnés, dit M. Mathieu de
Avantages et inconvéniens du bdlonnage. Dombasle , d'un si grave inconvénient qu'ils
- On a beaucoup dit pour et contre la pra- devraient être proscrits comme méthode gé
ique du billonnage. Les uns trouvent qu'au nérale de culture. Cet inconvénient, senti de
Doyen de billons bien laits on fournit aux tous les praticiens, consiste à forcer le cul
liantes une couche labourable plus épaisse, tivateur à labourer, à l'époque même des se
lui contribue efficacement à leur belle végé- mailles, toute la sole qu'il veut ensemencer,
a'.iou, qui les fait jouir, même sur les fonds ce qui exige un espace de temps considérable
es moins riches en terre végétale, des avan- pendant lequel la saison n'est pas toujours
ages des labours profonds, et qui permet favorable; tandis qu'en donnant à l'avance
résultat incalculable dans l'état actuel de no- le labour de semaille, on a la faculté de choi
re agriculture) d'introduire sur ces terrains sir le temps le plus convenable pour répan
jeu priwlégiés les récolles de racines sar- dre la semence et pour l'enterrer à la herse
Sées; — que sur les ados, l'humidité n'esl ja- ou à l'extirpateur.
nais trop grande, quoique la sécheresse soil Si donc les billons ont parfois des avan»
ïremeniredoutable, parce que la terre meu- tages incontestables, le labour à plat ou en
>le du dessous conserve et communique pen- planches doit être préféré dans la plupart des
lant long-temps sa fraîcheur jusqu'aux rad cas. — Je trouve qu'il y a peu d'objections
ies;— que celte disposition du sol, procu- raisonnables à faire au passage suivant que
ant aux cultures tout-à-la-fois plus d'air et j'exlrais littéralement de Thaer : « L'écou
e lumière, favorise la formation du grain lement des eaux que dans bien des lieux on
Uns les épis et la maturation; — que, daus cherche à procurer surtout par le moyen des
es temps de pluie, l'eau dont les plantes sont rigoles qui séparent les billons, s'obtient
lUrchargées est plus promptement essuyée; toujours d'une manière plus parfaite au
-que ces plantes courent moins le risque moyen des raies que, sur le champ labouré à
!e verser; — enfin, que le sarclage est plus plat, ou trace d'abord après avoir accompli la
acile. semaille, et auxquelles on donne la tendance
L'un autre côté, on répond : que si les bil- la plus directe et la pi us propre à l'écoulement
ti sont larges et fort relevés, la meilleure de ces eaux, ce qui n'a pas toujours lieu pour
re se trouve inutilement amassée dans le les rigoles des billons. Ces raies d'écoulement
ni lieu, et peu-à-peu mise hors d'action par la peuvent être multipliées dans les lieux où
rofoudeur à laquelle elle est enfouie; — elles sont nécessaires, et l'on en fait abstrac
[d'à la vérilé, dans les climats humides, la tion dans ceux où elles ne seraient pas utiles.
ommilé des ados se trouve à l'abri des in- Les sols labourés à plat conservent une égale
iltrations, mais que les bas-côtés y sont répartition de leur terre végétale sur toute
•uitant plus exposés que l'eau, par une leur superficie, tandis que ceux labourés en
*u»e ou une autre, s'accumule presque billons en sont privés dans des places pour
oujours, au moins par places, dans les ri- l'avoiren surabondance dansd'aulres. Ces pre
;oles, et qu'il est le plus souvent impossible miers conservent sur toute leur étendue une
te faire des saignées dans le sens des diverses même épaisseur de terre remuée; ils favori
•eoies du terrain ; — que, dans les temps de sent une répartition plus égale du fumier qui,
«cheresse, lorsqu'il survient une pluie d'o- sur les terrains labourés en billons étroits,
age, au lieu de pénétrer dans la croule dur a de la disposition à s'amasser dans les ri-
AGR1CCLTUHB. 23m° livraison. TOME I. — 22.
170 AGRICULTURE FACONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. uv. i«
goles : leur matière extractive n'est pas en tantes clans les 'diverses parties du ir,ond«
traînée sur la pente des billons et dans les nous verrions que l'aspect et les dimension
rigoles. Mais surtout la semence y est mieux des socs varient à l'infini. Toutefois, à a
repartie; on l'y répand à la volée. La herse considérer que ceux dont l'usage est le pli
agit sur toute la surface et d'une manière général, on peut les ranger en deux division
plus uniforme; le hersage, en rond , qui est si — Les uns ayant la forme d'nnjer de lime
efficace, devient à peu près impraticable sur ou d'un triangle isocelle plus ou moii
un terrain labouré.en billons;le hersage en tra alongé, également tranchaus des deux coh
vers même est rendu beaucoup plus difficile (figA'JZ); les autres à une seule aile terminé
par cette dernière manière de disposer le sol. du côté qui en est pri-
Aussi le terrain labouré à plat peut-il beau vé,îparune ligne droite
coup mieux être nettoyé de chiendent et des alignée avec le corps de
mauvaises herbes qui se multiplient par leurs la charrue, et |ne for
racines. Le charroi, et surtout celui des ré mant ainsi que la moi
coltes, yesl beaucoup plus facile. Enfin le fau tié desautres {fig. 194).
cheur et le faneur y accomplissent leur tra Les premiers sont in
vail avec bien moins de peine. Les céréales y dispensables pour les
reposent à plat après qu'elles ont été sépa- charrues à double ver
rées"|de leur chaume; elles n'y tombent pas soir ouà tourne-oreille;
dans les rigoles pour y être gâtées par les les seconds s'appli
eaux, comme cela n'arrive que trop souvent quent aux charrues à
dans les champs labourés en billons étroits. versoir fixe.
Le râteau y agit avec beaucoup plus de promp Le soc se compose de deux parties fortdil
titude, et c'est seulement là qu'on peut se tinctes : l'aile ou les ailes (A A.,fig. 193 et 194
servir du grand râteau, qui rend de si bons dont la destination est de trancher la terre,»
services lors de la moisson. » la souche B, fig. 194, qui n'a d'autre but qti
On sait qu'une des premières améliora d'unir cette partie essentielle à la charrue,*
tions qu'ait apportées aux terres basses de de commencer, pour ainsi dire, la courbure di
son exploitation le célèbre directeur de la versoir.— La bande qui forme et qui avoisin
ferme de Roville, a été d'aplanir leur surface la pointe et le tranchant s'use à peu près seul
Sar des labours successifs , en détruisant les durant le travail; elle comprend ce qq
il Ions qu'on y avait élevés avant lui avec tant M. Mathieu de Dombasle appelle la matiei
de peines et de soins. O. Leclehc-Thouii*. à user. « La proportion entre ces deux partie)
dit, dans un travail récent, cet agronome, lu
de ceux qui ont incontestablement le pla
Section il. — Des charrues considérées contribué de nos jours au perfectionnenien
comme instrumens île labour et de prépara- de la charrue, peut varier considérablenienl
L lion des terres. et l'on conçoit facilement que le soc est d'al
tant meilleur sous le rapport de la dépense»
Les charrues les plus simples se composent renouvellement, que la souche est en poj<
de diverses parties que nous devons étudier dans une moindre proportion avec la matiéi
d'abord séparément, afin de connaître leur à user. Les socs énormes dont on lait usag
usage et, autant que possible, les conditions dans le nord et l'est de la France, ainsi que
les plus nécessaires à leur bonne construc Belgique, pèsent communément de 18 à 2* Il
tion. Ce sont : te soc, le couire, le sep, le ver- vres, ils coûtent de 18 à 24 fr., et ils ne cou
soir, l'âge ou la haye, le régulateur et le man tiennent que 2 à 3 livres au plus de matière
che. user. C'est là, certainement, une proportio
Cette première partie de notre travail ac très-défavorable. Dans les charrues que 1 c
complie, après une courte.mais indispensable construit à Roville depuis dix ans, les sot
excursion dans le domaine de la dynamique, étaient un peu moins pesans, mais la propû
afin de mettre le lecteur à même de j uger de la tion de la matière à user n'était pas encoi
résistance que présentent les diverses sortes améliorée : je l'évalue à deux livres enviro
de charrues a l'effort des animaux qui les traî sur des socs qui pèsent 14 à 15 livres, et q'
nent, et d'apprécier les moyens de diminuer coûtent 12 francs. En 1832, on a adopté «ai
la force de traction, nous traiterons succes les fabriques de Roville une charrue du
sivement des araires proprement dites; — nouveau modèle, dont le soc est beau»11
des araires à support sous l'âge ; — enfin des plus léger et ne dépasse guère 9 à 10 litre
charrues à avant-train qui nous présenteront C'est uniquement sur la souche que porte 1 1
plusieurs subdivisions, eu égard à la fixité ou conomie de poids, et la matière à user reste
a la mobilité de leur versoir, au nombre de même que dans les anciens, en sorte quef
leurs socs, etc., etc. proportion est maintenant beaucoup p'lisf
vorable. »
ABT. I". — Des diverses parties essentielles des Beaucoup de socs se fixent au sep ou a
charrues. gorge de la charrue par une douille ou eut
§1". — Le soc. chure. — Tantôt ce sont les deux côtés p"
longés des triangles qui se recourbent en-d«
Le soc est la partie de la charrue qui dé sous pour emboîter l'extrémité antérieure!
tache la bande de terre, concurremment avec sep; — tantôt la douille est placée entre
le coutre, et la soulève en avant du versoir. deux ailes, à peu près comme dans un fer <
Sans remonter jusqu'à l'antiquité, si nous lance; — tantôt, enfin, elle se trouve à la Pa
devions seulement tracer ici un tableau his tie gauche de l'aile unique des charrues
torique de toutes les charrues encore exis- versoir fixe.Cependant, depuis quelque teffif
DW. 6". DES CHA.RRUES. 171
a méthode américaine commence à se répan- chans se relève perpendiculairement au sol
Ire; elle consiste à appliquer et à fixer le soc pour tenir lien de coutre, l'autre s'abaisse
la partie antérieure et inférieure du corps horizontalement pour détacher la tranche
le la charrue par deux boulons à écrou, que du fond du sillon.
i laboureur peut ôter lui-môme et remettre La plupart des socs, construits en fer, sont
haque fois que le besoin de changer le soc se chaussés d'une lame d'acier soudée sous le
ait sentir. tranchant; on les rebat à chaud sur l'en
La nouvelle araire écossaise dont nous clume à mesure qu'ils s'usent, et plus tard
onnerons plus loin la figure entière, telle on les rechausse d'une nouvelle lame, opéra-
u'elle existe depuis peu de temps dans lion assez difficile à bien faire, et dont la dé
is ateliers de l'un de nous (M. Molakd), est pense varie de 5 à 8 et même 9 fr., selon les
mnie de 3 socs de rechange en fonte, portés dimensions du soc et la quantité du métal.
ar un bras, ou plutôt par une sorte de moi- — Depuis quelques années, on fait à Roville
non accompagnant le sep, à l'aide duquel le les socs, petit modèle, dont il a été [parlé ci-
iboureur peut les fixer et même les faire pé- dessus, entièrement en acier. On ne peut, à
clrer plus ou moins profondément dans le la vérité, les rechausser avantageusement,
ol, avec promptitude et facilité, à l'aide d'une mais par compensation il est facile de les re
impie clavette, ainsi que l'indiquent les dé battre pendant beaucoup plus long-temps que
lits des/g. 195, 196 et 197. A,fig. 195, soc les autres, et, sous ce point de vue, ils présen
vu isolément en-des tent un incontestable avantage, parce que
Fig. 195. sus, avec les 2 barres toute la matière à user se compose d'acier,
b b qui servent à l'a tandis que dans les socs en fer, même en
dapter à l'extrémité supposant que la soudure ait été parfaitement
du sep. — B, fig. 196, exécutée, le marteau attire du fer vers le
soc vu isolément en- tranchant, en même temps que de l'acier, à
dessous; c c représen chaque rebatta^e.
tent les ensochures Un des principaux avantages des socs amé
qui le retiennent sur ricains, d'après M. Mathieu de Dombasle,
le moignon 6, fig. 197, consiste en ce que le poids de la souche est
à l'aide de la clavet diminué, en sorte que la proportion entre
te e. — La fig. 197 cette dernière et la matière à user est beau
donne une idée de la coup plus favorable que dans tous les autres.
partie antérieure de la Les socs américains que l'on construit à Ro
charrue, vue en-des ville pèsent 6 à 7 livres, et un tiers, au moins,
sous, au point de jonc de ce poids consiste en matière à user. Ces
tion du sep,du soc et du socs, entièrement en acier, peuvent s'exécuter
versoir. Celte disposi Cour le prix de 6 francs, et font un service
tion, remarquable par eaucoup plus long, sans rechaussage, qu'un
sa grande simplicité, soc de 20 fr. en fer chaussé d'acier. — Lors
nous paraît une nota- que le premier est usé, il n'en coûte pas plus
»le amélioration. — Chaque soc de rechange pour le remplacer par un neuf, qu'il n'en eût
st on peut être de dimensions différentes et coûté pour faire rechausser l'autre; — on a,
«mbinées avec "la largeur qu'on veut donner du reste, la vieille souche d'acier, et l'on ne
I la raie. court pas les risques d'un rechaussage mal
M.HuGOKETdu Jura a approprié à une char exécuté. On peut, d'ailleurs, avoir des socs
me légère, à tourne-oreille {fig. 249 ci-après), neufs d'avance, pour les employer au moment
m soc qui réunit le double avantage de rem du besoin, au lieu d'attendre le loisir du ma
placer le coutre et de changer de position au réchal pour rechausser un vieux soc.
nmmencement de chaque sillon. La fig. 198 La forme du soc américain permet aussi de
Fig. 198. le construire en fonte, et cette construction
est fort économique, puisqu'un soc de cette
espèce ne coûte que 30 ou 40 sous. On fait en
Angleterre un tres-fréquent usage des socs de
charrue en fonte. D'après les expériences
tentées a Roville depuis quelques mois, on à
reconnu qu'on peut tirer de cette construc
tion, dans beaucoup de circonstances, un
bien plus grand parti qu'on ne le croit géné
ralement.
Nous devons ajouter que la fionte-acierj
fra comprendre cette ingénieuse innovation. dans laquelle on fait entrer, au minimum, un
*•/?. 198,soc disposé de manière à labourer seizième d'étain, et qui acquiert ainsi une
ta coté droit ; — b manche en fer dudit soc dureté plus grande que l'acier trempé lui-
lui tourne dans l'étançon antérieur de la même, devra être généralement préférée à la
Aarrue, et auquel on a adapté une lige c, fonte ordinaire, dont elle ne dépasse pas beau
terminée par une poignée d. Cette tige, mo coup le prix.— Les épreuves reitéréesetnom-
bile entre les deux mancherons, peut se fixer, breusesqui ont été faites depui»{>lusieurs an
& l'aide d'un crochet, à celui de gauche ou de nées des qualités de cette composrtion dans la
droite, suivant que le versoir est de l'un ou construction des petites meules du moulin Mo-
de l'autre de ces côtés; elle fait tourner le lard, permettent de prononcer, avec assu
^ sur lui-même, dans son mouvement, rance, qu'elle présenterait de fort grands
'I'' manière que lorsqu'un de ses côtés tran- avantages pour la fabrication de toutes
172 AGRICULTURE FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. liv. i".
les parties qui s'usent dans les charrues. diculairement, il se trouverait trop a droite.
Enfin, on peut aussi construire des socs En conséquence, on le dirige obliquement
américains, entièrement en Jer; il est vrai vers la gauche, et la résistance qu'il éprouve
qu'ils s'usent vite, mais ils se rebattent faci dans le sol, par suite de cette inclinaison,
lement; et comme ces socs ne coûtent qu'en peut se trouver sensiblement augmentée dans
viron 3 fr. pièce, on trouvera dans beaucoup les labours de quelque profondeur. Elle nuit,
de cas que leur usage est fort économique. d'ailleurs, à la bonne et facile exécution
M. Demobebts, notre collaborateur, grand du travail. C'est pour ce motif qu'on a in
propriétaire-cultivateur, emploie un procédé venté des coutres a manches coudés, ou fixés
très-simple pour aciérer ses socs de charrue. par un mécanisme particulier sur la gauche
Le soc est en entier en fer forgé et fini comme de l'âge, de manière que la lame n'offre
à l'ordinaire ; quand il est terminé, on pose plus une telle obliquité. Cette disposition
sur l'extrémité un morceau de fonte de fer présente des avantages trop peu appréciés.de
gros comme le pouce, et l'on chauffe au blanc, la plupart des cultivateurs. - Dans les char
un peu moins toutefois qu'on ne le fait pour rues dont le corps est entièrement en fer
le soudage. Aussitôt que le morceau de fonte coulé, et dans quelques autres, le coutre est
commence à fondre, on le promène avec une maintenu dans une entaille latérale, au moyen
tige de fer sur toutes les parties du soc que d'un boulon ou d'un coin.
l'on veut aciérer. La fonte s'incorpore avec le Fig. 199, coutre fixé au milieu de l'âge.
fer, et le soc ainsi préparé se trempe au rouge Fig. 200, coutre à manche coudé.
cerise, sans recuit. Cette opération est plus Fig. 201, coutre de la charrue de Roville.
facile que la soudure de l'acier avec le fer; Fig. 199. Fig. 200.
elle est bien moins dispendieuse, puisqu'elle
n'exige qu'une chaude. Avec une vieille mar
mite de fonte, on peut, pendant 2 ou 3 ans,
aciérer tous les socs d'une ferme.
Le côté tranchant de l'aile des socs des
charrues à versoir fixe forme avec le côté
opposé, à partir de la pointe, un angle plus
ou moins aigu. Lorsque l'ouverture de cet an
gle est considérable , la bande de terre soule
vée offre plus de largeur ;— lorsqu'elle est fai
ble, le soc pénètre avec plus de facilité. —
Ordinairement, toutefois, l'obliquité est d'en
viron 45 degrés.
§ II. — Do coutrc.
"" 271) de largeur de raie, et qui peut péné dans les charrues de moyenne grandeur. Il
trer jusqu'à 11 po. (0m 30) de profondeur est fixé au versoir par un lien de fer solide
(1) Ce dessin et tous les suivans sont accompagnés d'une échelle relative d'un mètre', qui facilitera
3uiveux du lecteur l'appréciation assez rigoureuse des proportions des charrues <dans leur ensemble
et ii.ms les détails de chacune de leurs parties.
180 AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. m. i".
et à la semelle par un boulon; il peut être concouru (1), c'est celle qui nous a paru mé
construit en fonte, en fer forgé ou en acier ; riter la préférence. Le tirage s'exécute par
— B, contre presque vertical, placé en ar le moyen d'une chaîne attachée sous l'âge,
rière de la pointe du soc, à une certaine dis tout près du coutre, et dirigée par un régu
tance de la gorge de la charrue, et fixé par lateur en fer, fixé au bout de l'âge. Ce régu
une vis de pression sur le côté gauche de lateur détermine avec la plus grande préci
l'âge, dans une coutelière où il peut se mou sion l'entrure de la charrue et la largeur de
voir ;— C, sep en fonte avec son talon C ;— D, la bande déterre qu'il convient au laboureur
versoir en fonte coulée, et dans quelques cas de prendre. Cette charrue nous parait réunir
particuliers en bois,coûrtel très-contourné;— toutes les conditions que nous avons recon
EE, étançons qui assemblent invariablement nues nécessaires pour former une bonne
l'âge et le sep. Le versoir prend appui sur eux charrue; elle trace un sillon profond, divise
au moyen de deux verges boulonnées ;— F, âge facilement la terre, l'ameublit et enterre
horizontal, plus court que celui de la plu très-bien les chaumes; elle convient à toutes
part de nos autres charrues ; — G , régula les natures de sol : ses avantages se font par
teur ( voyez page 176, fig. 218) garni de sa ticulièrement sentir dans les terres fortes et
chaîne, laquelle est attachée au point I à un argileuses; elle exige une force de tirage
crochet fixé sous l'âge à l'extrémité d'une moitié moindre que les charrues ordinaires;
bande de fer ; — K, mancherons fort courts, elle accélère le travail, car elle fouille en
simplement fixés à |la partie postérieure de trois sillons un mètre de largeur du ter
l'âge, où se trouve un trou destiné à recevoir rain; elle rend le travail plus régulier et
le manche du fouet du laboureur. — Le man donne peu de peine à conduire, car l'en
cheron de gauche, seulement, s'éloigne de la trure étant fixée par le régulateur à une
ligne de l'âge. profondeur donnée, le laboureur n'est plus
L'âge et les mancherons sont en bois ; le obligé de faire des efforts continuels sur la
bâtis entier, ainsi qu'il a déjà été expliqué, mancherons pour maintenir la charrue à
est en fonte. — On voit que cette construc cette profondeur. Son entretien est presque
tion donne à la machine une très-grande so nul, tout le corps de la charrue étant en
lidité; aussi a-t-elle été combinée de manière fonte et d'une solidité qui le rend presque
à pénétrer à une profondeur moyenne de 8 indestructible (2).»
pouces, et à résister indistinctement dans Araire écossaise. — L'araire que l'on con
tous les terrains. sidère de nos jours, grâce aux perfectionne-
Les araires de Rovillc, modèles de 1833, sont mens qu'elle a reçus, comme l'une des meil
des prix suivans : grande charrue, bâtis et leures charrues de" l'Angleterre, était, malgré
versoir en foute, soc entièrement en acier et le nom qu'elle porte, fort peu connue en
un talon de rechange 67 fr. Ecosse, avant que Small appelât sur elle l'at
La même avec un versoir en bois. . 65 fr. tention des cultivateurs par la manière de la
Charrue moyenne, même construc construire. Cet ingénieux mécanicien, le pre
tion que la lr* 66 fr. mier, lui adapta un versoir courbe dont il
La même avec versoir en bois. . . 64 fr. détermina mathématiquement la ^forme et
— Versoir en fonte polie avec le T et les dimensions, et qu'il fit exécuter en fonte.
les boulons s'adapta ut à volonté aux Depuis 1810, tout le corps de la charrue fut
grandes et aux petites charrues. . 10 fr. généralement exécuté en fer. Les principales
—Versoir en bois garni pour les modifications de l'araire d'Ecosse sont les
mêmes 8 fr. suivantes :
-— Soc de rechange entièrement \ en L'araire écossaise de Small se distingue
acier pour les charrues ci-dessus. . 8 fr. particulièrement par la grande concavilede
A Grignon, où l'on a adopté l'araire de Ro- son versoir. — Nous la représentons ici telle
ville et où il en a, dès l'origine, été créé une fa qu'elle a été employée par Thaer. — Aj
brique, on vient récemment de lui faire subir (fig. 228),lecoutre;— a, poignée anmoyende
Quelques légères modifications : la longueur laquelle il est fixé dans l'âge par deux coins;
e l'âge, qui mettait trop de distance entre — G.ligede 1er mobile, taraudécàsa parties*
les chevaux et le laboureur, et causait, par périeure; elletraverse un piton enferfiséstir
suite, des variations qui nuisaient à la régu l'âge et est surmontée d'un écrou au moun
larité du labour, a été diminuée; — on a éga duquel on peut changer la direction du cou
lement diminué le sep et par là le frotte- tre et le maintenir solidement sans avoir be
ment ; — on a reculé les mancherons du soin de serrer fortement les coins. Cette tige
point de résistance, afin de donner plus de a. de plus, l'avantage d'empêcher l'engorge
puissance et une facilité de conduite plus ment du chaume et du fumier dans l'angle
grande au laboureur; — enfin, on a aug formé par l'âge et le coutre; — F, jambe ou
menté l'énergie du versoir et diminué son montant assemblé dans l'âge au moyen dun
frottement en l'élevant vers son extrémité boulon ;— B, soc fixé à frottement stulenu-nt
inférieure. sur le pied de la jambe, et qui vient s'unir
Araire Lacroix, à âge court.— « Cette char exactement aux 3 pièces de fer C, D, E;*3
rue, résultat des méditations d'un homme in pointe h se trouve à5 lignes plus bas que la se
dustrieux, a été exécutée d'après les princi melle; — c, pièce de fer qui ne forme qu'un
pes de Thaer, Small, Machet et Dov basle, avec la semelle proprement dite; — D. se
c'est-à-dire sur le modèle des trois meilleures conde pièce de la muraille;— E, plaque su
charrues connues. De toutes celles qui ont périeure qui, à sa partie antérieure en <%
vient embrasser le versoir; — K, crochet où Cette disposition a pour but de placer le con
s'accroche la chaîne du régulateur; — M, ducteur plus directement en face de la pointe
âge régulateur avec la chaîne qui vient se de la flèche, afin qu'il juge mieux de ses va
fixer par son autre extrémité en K; — O, riations. — Ce mancheron reçoit l'extrémité
manche gauche dans lequel l'âge est assem antérieure de l'âge et se prolonge au-dessous
blé. jusqu'à lajKmelle ; — le second mancheron
Acôté de cette figure, \afg.229 représente, s'écarte obliqucmentà droite; c'est lui qui re
sur une échelle moindre de moitié, la char çoit le versoir ; il se trouve uni au mancheron
rue dessinée du côté droit; — en e, on voit la de gauche au moyen d'une forte cheville fixée
pièce E de la figure précédente qui vient em à environ 3pouces(0m081)du sommetde l'an
brasser le bord antérieur du versoir, et par gle formé par leur union, et d'une verge bou
le moyen de laquelle le corps de la charrue lonnée qui lui donne environ 15 po. (0"'406)
forme en cet endroit un tranchant aigu; — d'écarlement à 2 pieds environ ( 0m 650 ) de
en B, le soc dont la douille se réunit exacte cette même cheville.
ment au versoir; — en S, le versoir entier ;— Dans cette charrue, le fer de semelle c, la
en t, la tête d'un boulon, au moyen duquel le jambe F, les deux pièces de la muraille D, E,
versoir est fixé sur le manche. et le versoir sont en fonte.
Le mancheron de gauche,qui,dans sa partie L/'araire écossaise perfectionnée en France
inférieure, est en ligne droite avec l'âge, s'in {fig. 230) diffère principalement de la précé
cline un peu à gauche à sa partie supérieure. dente : 1° par la disposition ducoutre A qui
Fig. 230.
est fixé au moyen d'une fausse mortaise de'l'autre'sur l'extrémPé de l'âge. — Le man
sur le côté gauche de l'âge; — 2° par l'ab cheron de gauche est boulonné con Ire l'âge et
sence des pièces de la muraille; — par la non- le billot. Tous deux sont léunis par une tra
courbure de l'âge B, — et par le méca verse G. — Le soc H forme avec la gorge et
nisme différent du régulateur C , qui est le versoir une courbe régulière. — La se
ici à équerre : sa branche verticale sert à ré melle L les monlans JJ et le versoir K sont
gler l'entrure et sa liranche horizontale la en Conte. Ce dernier, dont la courbure est
ligne de tirage; celte dernière branche très-prononcée, esl attaché en avant à l'étan-
est dentée de manière à recevoir et à fixer çon ou montant antérieur dans toute sa
plus ou moins k droite l'anneau portant à hauteur; en arrière il est fixé par un arc-
son extrémité le crochet où l'on attache boiitanl eu fer, boulonné sur le montant
le palonnier. — Le mancheron D s'é postérieur.
loigne beaucoup plus que l'autre de la Une autre araire anglaise (fig- 231 ), dont
ligne droite; il est fixé solidement, au nous ignorons l'inventeur, a été figurée par
moyen d'un boulon, contre l'âge, d'un tenon M. Boitar» dans sa Collection d'inslrurr.ens
contre le billot E . et d'une tringle de fer F aratoires. Elle est particulièrement pn pre
boulonnée d'une part à sa face inférieure, et aux labours des terres légères. L'âge A est
AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. uv.i"
Fig. 231.
F
courbure de l'âge, qui a été calculée de ma lière formée par l'âge au-dessus de la gorg^i
nière à éviter tout engorgement dans les ter mais le versoir, au lieu d'être Rr111}-.^
rains couverts de chaumes, de bruyères ou formé de trois ou quatre verges de fer, »■ ^
d'autres végétaux. — Celle à laquelle il a à leur partie antérieure sous la gorge
donné le nom de charrue squelette {fig. 234), soc, et à leur partie postérieure, sur une
non seulement présente le même avantage, verse, sans doute retenue à distance du c y^
son coutre étant porté sur un prolongement de la charrue par deux boulons, et don ^
particulier au milieu de la bifurcation singu doit supposer que la courbure est ceii
l'.DAP. 6". DES CHARRUES. 183
versoir ordinaire. Par ce moyen, l'instru été éprouvé, dit-on, avec succès dans le comté
ment ne présentant tout au plus qu'un tiers de Kent.
de la surface des autres araires, peutlabourer L! araire américaine {fig- 235 ) réunit à une
avec facilité les argiles les plus tenaces. Il a grande simplicité d'exécution toute la légère-
Fig 235.
té et la solidité désirables. — A,socderechange cas, cet appareil est si léger qu'il n'ajoute pas
ajustéet fixé sur le versoir au moyen de deux sensiblement au poids du reste de la charrue.
boulons; — B, versoir à la Jefferson ;— C, sep Le reproche le plus grave qu'on ait du
étroit et mince, élargi en dedans à sa partie lui faire, c'est qu'il peut en certaines cir
inférieure par un rebord. Ces trois parlies constances, comme les avant-trains, aug
sont en fonte ; — D, mancheron gauche fixé menter la résistance en occasionant une
sur le sep par un boulon ; — E, mancheron décomposition de force; mais, outre que cet
droit réuni à celui de gauche par deux tra inconvénient bien réel n'est pas irrémédia
verses inférieures FF et une traverse supé ble, en pratique il est, lorsqu'il existe, infi
rieure G. Or» lui donne une courbure telle, niment moins sensible que dans les avant-
<|ue le versoir s'applique exactement et se fixe trains à deux roues; — ceux-ci , en effet, re
à sa partie inférieure à l'aide de deux écrous; —posent toujours plus ou moins pesamment
H,agefixéau sep au moyen d'un étançon anté- sur le sol, de sorte que, quand ils forment
rieuren ferI;dTuneentretoise J, et du manche un angle dans la ligne du tirage, cet angle
ron gauche D , dans lequel il est assemblé à est invariable; — avec le seul support dont
mortaise ; — 2C, coulre coudé à gauche et nous parlons, au contraire, le sabot rase le
placé au milieu de l'âge, où il est maintenu plus souvent le sol , plutôt pour indiquer au
par un coin et une bride annulaire L; —M, ré laboureur la profondeur à laquelle il doit se
gulateur fixé i'ii IN par un boulon qui lui sert tenir, que pour lui procurer un point d'ap
d'axe, et main tenu dans la direction de l'âge pui; et s'il lui en sert parfois pour repren
par la clé O, d estinée d'autre part à serrer lesdre la raie , lorsque la charrue a éprouvé
écrous. Quand on veutobtenir plus ou moins un dérangement quelconque, alors on ne
de largeur de raie, on dirige à droite ou à peut se dissimuler que cet inconvénient ac
gauche ce même régulateur, qui est empêché cidentel est compensé par la facilité et la ré
de reprendre sa direction première par la gularité du travail. — En somme, l'addition
même clé qui traverse l'âge. Le régulateur du support, en des mains peu exercées, rend
porte des crans dans lesquels se loge l'anneau la direction des araires beaucoup plus ai
d'attelage. Celte araire est du prix de 100 fr. sée; aussi l'usage s'en est-il perpétué dans
ceux de nos departemens du nord que l'on
A»T. iv.—Des araires à support et à roue. peut regarder comme les mieux cultivés, et
ne sommes-nous pas surpris de les avoir re
Entre les araires proprement dites, qui trouvés, depuis quelques années, dans le
n'ont aucun point d'appui sur le devant, et centre de la France, chez divers propriétai
lescharrues a avant-train distinct, monté sur res dont les garçons de charrue, habitués
deux roues, viennent naturellement se pla aux avant-trains, n'arrivaient pas aune assez
cer les araires à supportfixé sous l'âge, c'est- grande régularité avec l'araire de Roville.
à-dire à roue ou à sabot.
Ce support,de construction variable,comme § Ier. — Araires à sabot.
on pourra en juger à l'inspection des figures
de cet article, est formé le plus souvent La charrue la plus généralemen t employée
d'une tige qui traverse la haye dans une dans le nord de la France et la Belgique, sous
mortaise pratiquée à cet effet, dans le sens le nom de firabant, et, sans nul doute,
de sa longueur et non loin de son extrémité l'une des meilleures connues en Europe , ap
antérieure. Cette tige, susceptible de se partient à la division des araires à une roue
mouvoir de bas en haut ou de haut en bas, ou à un support. Son soc A (fig- 236) se con
pour augmenter ou diminuer l'entrure du fond par sa courbure avec le versoir C. —
wc, et qu'il est facile d'arrêter au point voulu Le sep 15 est en bois, garni de deux plaques
au moyen d'un simple coin, se termine in de fer à sa partie inférieure et latérale gau
térieurement par une sorte de sabot , ou che pour faciliter le glissement. — Le ver
«ùeux par une roue. — Dans l'un ou l'autre soir C, eu fer forgé, est rivé par-devant sur
184 AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. liv. i".
Fig. 236.
un lien soudé au soc et maintenu postérieu à 12 pouces (0m 298 à 0ra 325) de largeur,
rement par deux étançons qui prennent leur sur 8 à 9 (0m 217 â 0m 244) de profondeur.
fioint d'appui, l'un sur le sep et l'autre sur La charrue Brabant h maillet ( fig. 237 ), qui
a haye. — Celle-ci, D, est unie au sep par le a fixé particulièrement l'attention du jury
plateau E au moyen Fig. 237.
de3chevillesF;elleest
consolidée, de plus,
par les brides GGG. —
Le coutre H est main
tenu par un coin.— Le
support J sert à dé
terminer l'entrure au
moyen ducoin A qui le
maintient solidement
à la hauteur désirée,
et du sabot L qui glisse
sur la terre à la partie
postérieure, et qui se
relève à la partie anté
rieure afin de ne pas
entraîner les fumiers
longs.— Le têtard M, vu ici de profil, a été re lors d'un concours récent qui a eu lieu dans
produit horizontalement, p. 176, fig. 219. Les le département de l'Aisne, où elle était es
trous servent à suspendre le palonnier ; il est sayée pour la première fois, attelée dun
évident que plus on le fixe à droite, plus la seul cheval d'une valeur de 250 à 300 fr. , a
tranche s'élargit. Le manche unique N re donné, à 3 J po. (0m 095), un labour excel
çoit près de son sommet un mancheron O lent. A 6 po. ( 0m 162), quoique son travail fût
surlequel peut se porter accidentellement la moins parfait, il n'en a pas moins été juge
main droite du laboureur. fort bon.
Dans divers lieux, on remplace le sabot Le petit Brabant n'est pas monté pOBJ" Fj
par une roue P ou R (détails de la fig. 236), nétrer généralement a plus de 4 po. (0™ W°J
qui joint à l'avautage de ne jamais entraîner dans la terre. Cependant on peut hu do";
le fumier, celui de produire un moindre frot ner jusqu'à 6 po. d'entrure (0m 162)et8po. £
tement. 217) de raie. —La simplicité, la modicité «
D'après les essais qui ont été faits par or son prix ( 34 à 40 fr. avec les accessoires), «
dre de la Chambre d'agriculture de Savoie, légèreté, l'excellent labour qu'il donne, soi»
la charrue Brabant, construite par Machet, autant de précieux avantages qui le recon-
d'après des principes qui ne diffèrent pas es mandent dans la petite culture.
sentiellement de ceux que nous venons de Le Brabant à maillet est d'un grand usa,,
faire connaître, paraîtrait conserver une su dans la Flandre, où la culture est tres-aW"
périorité incontestable sur la plupart des sée. Lorsque le conducteur est PaneD1L.
autres, dans les terres très-fortes et pour les maintenir le cheval toujours à la mê.m', t.|
labours profonds. — Au dire du rapporteur, tance de la raie, la conduite en est faci w
elle remonte la terre même sur les pentes de peu fatigante. — Avec une raie de 5 à 8 poi
14 à 16 pouces (0m 379 à 0m433 ) par toise (0 ■ 135 à 0m 217) de largeur, il laboure
(lm949); les récoltes sont aussi belles sur 40 à 60 verges (17 à 20 ares') par attelée
je sol qu'elle relève que sur le terrain 6 heures de travail. ..,i
inférieur; et il est d'autant plus utile de Le petit Brabant diffère particulière")^
l'employer dans les pays montueux, qu'elle de celui que nous avons décrit avant 'ul,.(ju
ne dégarnit point le haut des collines, re la plus grande légèreté de sa con*triî5c (|è
plaçant toujours au second labour la terre la forme moins élevée et plus alouS
qu'elle aélé déplacée au premier. son versoir, et celle de son suppôt■> ^B.
Celte charrue soulève, à l'aide de deux nous croyons moins propre à renip n ^
bœufs et d'un cheval , dans les circonstances venablement sa destination, c'est-'a'sur le
les plus difficiles , une bande de terre de 11 régler l'entrure en glissant au besoin »
eau». 6', DES CHARRUES. 185
sol avec le moins de frottement possible. son régulateur, qui permet de fixer .avec une
extrême facilité la largeur, la profondeur de la
§ II.— Araires à une roue. raie, etlepoint d'attache des animaux de trait,
de manière à obtenir la moindre résistance
L'araire à roue de F. E. Molabd est re- possible. Un cadre enfer AAA {fig. 238), mo
narquable par le mécanisme ingénieux de bile au point B sur un boulon à écrous qui
Fig. 238.
loi sert d'axe, porte tout le mécanisme. — A crochet. Les autres parties de la charrue
l'extrémité de l'âge est une plaque en fer CC n'offrent de remarquable que l'anneau J qui
percée de trous (voy. les détails), de manière donne plus de solidité au coutre, et la barre
î recevoir plus à droite ou plus à gauche la de fer K qui ajoute à la force du mancheron
cheville mobile D qui sert à arrêter le régu gauche L. Ce dernier s'appuie à mortaise sur
lateur horizontal au point voulu. — Au bout le sep ; il est fixé sur le devant par un écrou
du cadre sont placés le régulateur vertical E et sur le derrière par le boulon servant d'é-
Il la bride F, qui tournent dans la même tançon ou de montant postérieur M. — Le
direction que lui, et qui servent : le premier mancheron de droite s'appuie contre le ver-
à régler l'entrure au moyen delà cheville G soir et aboutit également au sep. Le soc N,
(détails)cjui le traverse ainsi que la pièce de fer 4e corps de la charrue O, et le versoir P , sont
H, ce qui permet à la roue de se mouvoir de en fonte.
haut en bas et de se porter latéralement sur La grande araire écossaise à défoncer (fig.
lj ligne de tirage; la seconde à déterminer 239) est, sous divers points de vue, un des
convenablement la ligue de tirage à l'aide du meilleurs modèles jusqu'à présent connus.
Fig._239.
-Elle se compose d'un corps en fonte A, au- ecrou I. — Au point G se trouve un régula
<|oel se fixent: 1° les mancherons B, au moyen teur horizontal propre à recevoir le crochet
oe simples boulons; 2° le coutre C, dans une de tirage.
coutelière, et 3° l'un des socs de rechange D, Cette araire, ainsi que nous avons déjà
fc la manière précédemment indiquée ( voy. trouvé l'occasion de le dire ailleurs (voy.
P»ge 171, fig. i<)7). Ce même corps A porte à sa page MAxfig. 210), se fait remarquer par la ma
partie supérieure des crans E destinés à re nière dont le versoir est fixé. — Toutes les
cevoir et à maintenir la chaîne de tirage F, parties frottantes dont elle se compose sont
font on varie la position, selon la profondeur de rechange, et nous pouvons afliriner, d'a
Qulabour, en la plaçant à différens crans.— près les expériences faites dans une ancienne
L extrémité de l'âge "s'adapte, ainsi que l'indi- allée de tilleuls du jardin de l'hôtel Vaucan-
Peatmieux les détails de la figure, à une roue son, qu'elle est à l'épreuve de la force de 8
"..dont l'a\e est coudé de manière qu'elle forts chevaux. — Avec les 3 socs de rechange
poisse marcher toujours sur le borddu sillon ; elle est du prix de 200 fr.
°o élevé plus ou moins cette roue pour régler Araire à une roue et à treuil rfAuBEHT,
« profondeur de la raie, à. l'aide d'une vis à — Pour; mouvoir les énormes charrues aux*
AGatcui,ïiittsv 2&»« Uvraisan, ioub I, — a4
188 'AGRICULTURE FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. trv. î»,
quelles les Anglais ont donné le nom de char bout de cette mécanique pour faciliter son
rues-taupes, pirceque, comme ces animaux, transport d'un lieu à I autre. Dès qu'elle est
elles creusent des espèces de galeries souter fixée sur un point, on conçoit que l'araire
raines, on a dû demander aide non plus à un puisse être entraînée, sans de grands efforts,
simple attelage , mais à des cables et à des d'un bout du sillon à l'autre; et que, repor
manèges. Un cultivateur français, Aubert, de tée chaque lois sur un léger chariot à l'ori
Château Arnoux, qui, peut-être, n'avait pas gine d'un nouveau sillon, à l'aide d'un che
connaissance de ce fait , a cherché récemment val ou d'un âne qui peut servir ensuite à faire
à appliquer le même moyen aux labours or mouvoir le treud, elle recommence succes
dinaires. sivement le même travail. — A chaque deux
La mécanique dont il se sert pour labou sillons on change de trou l'axe avec sa
rer les quelques arpens qui composent son poulie.
modeste patrimoine, se compose de deux D'après le rapport qui a été fait au conseil
plateaux de chêne d'une égale dimension, at général des Basses-Alpes, cette araire em
tachés l'un sur l'autre à leur extrémité , par ployait 12 minutes pour creuser un sillon de
quatre pieds solides. — La longueur des |>la- 37 à 40 c. de profondeur et 33 c. de largeur,
teaux est de5m50, leur largeur de 0m10,el la sur une longueur de 50 met. ; —e:le perdait 8
hauteur ou vide de l'un à l'autre de 0m 50. minutes pour recommencer le travail.
— Au centre de ces plateaux se trouve placé Jusqu'ici une telle innovation ne parait
un treuil, de 0m35 d'épaisseur, mu par un donc pas présenter d'avantages dans la pra
axe de fer portant une douille qui s'élève au- tique générale des labours; toutefois, elle
dessus des plateaux, et dans laquelle un in est, comme tous les procédés nouveaux,
troduit un levier de 3 m 33 de longueur, avec susceptible de perfeclionnemens qui pour
un palonnier à sou extrémité. — Autour du ront la rendre fructueuse, et, sous ce rap
treuil se roule une corde d'un diamètre assez port, nous avons cru devoir l'indiquer ici
fort pour entraîner lacharrue à ladistance de sommairement.
50 à 100 m. — Sur les plateaux sont percés
des trous dans lesquels on introduit successi § III.—Araires à deux roues.
vement un cylindre ae fer qui sert d'axe à une
poulie libre montant et descendant sur cet La charrue Rosi': , montée en araire lf(-
axe pour rouler la corde autour du treuil. — 240), est une de celles qui ont obtenu le plus
Quatre roues très-basses sout adaptées au de sucées dans les divers concours qui ont
Fig. 240.
eu lieu depuis un certain nombre d'années parallélisme de l'instrument dans les terrains
anx environs de Paris et ailleurs. Il suffit de en pente ou les labours en billons. Cbarun6
dire qu'elle a remporté 16 l'ois le prix en con de ces tiges est maintenue à la hauteur dé
currence avec les meilleures charrues, pour sirée par un simple verrou fixé dans le en *
faire son éloge aux yeux des praticiens. sis qui unit le support à l'âge, ainsi que
A la seule inspection de la fi ure, on peut représente le détail D.
juger qu'elle est construite de manière à agir Ajoutons que le courre, incliné dans nw
comme araire simple ou comme araire à sup mortaise percée au milieu de l'âge ,
port. — En effet, si l'on supprime par la maintenu dans sa position par une vis
pensée ce support, on voit une araire avec pression adaptée à la gauche de l'âge; —1
son double régulateur horizontal A et verti le soc, fixé par deux ecrous seulement, Pl
cal B, disposés de manière qu'on peut régler s'enlever et se remettre avec unelrès-si"''1'
l'enlrure et la largeur de la raie avec une facilité, ainsi que le versoir et même le sep-
grande facilité, en faisant mouvoir la ti^e B Dans celle charrue tout le corps est
de haut en bas ou de gauche à droite, et en fonte. ins
l'arrêtant au point voulu par la vis de pres- M. Rosé, pour satisfaire à ,om,MÎÏ£de
s.',on S- ~ Chaque roue EE. portée, au lieu a adopté dons ses fabi iques 4 m deK* .
d'essieu, sur une tige percée de trous FF, grandeurs diflV rentes: le rr, du prix de - ;
peut s'abaisser ou s'élever en même temps sans avi.nt-lrain et de 75 f. avec »J«»'""; jj
que sa voisine, de manière à faire piquer plus - le r, de 65 ou de 95; - le 3% de •«
ou moins la charrue, ou se mouvoir indé 100 ; — le 4% enfin , de 80 ou de 1 10. L'
pendamment de l'autre , afin de maintenir le soirs, les soçset les seps de ces diuerea
ciup. 6'. DES CHARRUES. 187
dèlesse vendent séparément, savoir, les !•" entre elles et indiquer des mesures relatives
au prix de 12 à 22 t., les seconds de 1 f. 25 c. et exactes de prolondeur. Il est de plus né-
à 1 f. 50 c, et les seps de 3 f. 75 c. cessaiie que le constructeur fasse connaître,
L'araire à roues ou charrue simple pro d'à près les dimensions des diverse* pièces de
posée par M. Châtelain {fig. 241) diffère l'instrument, lu longueur des traits des che
vaux ; et, cette longueur devenant faulive
241. avec des chevaux de taille plus ou moins
haute, il donnera avec la charrue un barème
qui indiquera la longueur du trait pour cha
que cen 11 mètre de différence en hauteur des
chevaux; ces traits devei a l plus o urls à
mesure que les chevaux sont moins élevés.
— A l'aide du régulateur et de la vis, non
seulement il est facile de conserver à la char
rue son a | loin b de l'avant à l'arrière, de ma
nière que, sauf les obstacles accidentels, on
peut la faire marcher sans la tenir; mais on
peut encore, et c'est un point fort important,
faire toujours passer la puissance sur le ré
^ gulateur en ligne par'aitemenl droite avec
le centre de la résistance, de manière à uti
beaucoup dans son ensemble de toutes les liser pour la traction toute la force de l'at
charrues jusqu'ici employées. — Au «'nuire telage. — La sellette s'iuclinant à droite «m
ordinaire, qui présente un levier do'H le b ns à gauche, on obtient une raie plus ou moins
de résistance est démesurément long relati laiye à l'aide d'une vis H et du régulateur
vement à celui de la puissance, pu snue ce h"i iz- niai.
dernier est compris en entier dans l'épais Quoique la charrue Châtelain, d'inven-
seur de l'âge, M. Chatehiv a substitué une liou toute recrute, n'ait ei core, pensons-
aile dn soc A. qui se relève comme dans le nous, élé exéculée qu'en modèle, nous
soc Hngoriet.— Le soc, entièrement plat, est croyons que ce qui précède est de nature à
placé sons la semelle, de manièrequïl n'esl intéresser, à certains égards, les agricul
ni relevé par el'e à son extrémité postérieuro, teurs, qui s'occupent de nos jours, plus qu'on
ni recouvert sur aucun point par le versoir ne l'a fait depuis bien long-temps, des per-
B. — Le côté inférieur du versoir est une leclionnemens dont est encore susceptible le
liïne droite également distante du centre de premier de nos inslrnmens aratoires.
la machine sur toute sa longueur, tandis que
le coté supérieur forme un angle de 36 degrés Art. v. — Des charrues à avant-/r.iin.
à peu près aussi dans sa longueur; de ma Autant an moins que les araires, les char
nière que le côté droit de la bande de terre rues à avant-train ont été perfectionnées dans
nechanîe pas de place, tandisque lecôlé gau les temps modernes. On pouvait croire qu'à
che se soulève, se dresse, etenfinse renverse mesure que les premières se répandraient
toujours progressivement, sous un même an sur divers points de la France, les autres,
gle, depuis le commencement jusqu'à la lin. délaissées de proche en proche, allireraient
En adoptant cette nouvelle disposition, de moins en moins l'attention des cultivateurs
M. Châtelain a encore eu en vue qut le et îles fabricans. Cependant, si l'un en juge
versoir ne saMt la terre que quand elle est par les faits, notamment d'après les concours
entièrement coupée horizontalement et ver qui ont eu lieu récemment dans les départe-
ticalement par le soc-contre. — La haye C n.ens voisins de celui de la Seine, il n'en est
est attachée à l'endroit de l'assemblage des pas ainsi. — I a nécessité presque absolue de
niancher-ns par un boulon , tandis qu'une recourir aux charrues à avant-train en des cir
barre de ferD, qui glisse dans une coulisse constances assez nombreuses:— la facilité plus
fixée sur la lace droite de cette même haye grande qu'elles présenienl pour le travail à la
par deux écrous, empêche la charme de généra li lé des laboureurs, el l'espérance de pa
s'écarter à droite ou à gauche. — Enfin, ce rer, par une meilleure construction, à lu plu
qui caractérise plus particulièrement encore part des inconvéniens qui les avaient fait con
celle charrue, c'est le moyen de régler sa damner en théorie, ont tourné de ce coté les
marche et de la maintenir en équilibre à vues des agronomes et des mécaniciens. Mieux
l'uide d'un triple régulateur; une vis E, qui éclairés qu'autrefois sur la direction qu'ils
vient s'appuyer sur un mentounel adapté à la devaient suivre, ils ont cherché, tout en con
coulisse dont nous venons de parler, sert à servant à ces charrues leurs avantages, à les
prendre plus ou moins de profondeur. En rapprocher le plus possible des araires sous
descendant la vis, on oblige le sep à descen le point de vue d'un moindre tirage, et nous
dre, et on occasione une pression sur les verrons, dans ce qui va suivre, que leurs ef
roues; en l'élevant on fait remonter létal n forts n'ont pas été sans succès.
et on oulève les roues. La charrue est d'a Dans sa composition la plus simple, Vavanl-
plomb quand la semelle ne lend pas à quit train d'une charrue comprend ordinairement
ter le sol et qu'elle n'exerce aucune pression deux roues de diamètre égal ou inégal et l'es
an fond de la raie en même temps que les sieu qui les unit ;— un support quelconque at
rciesne font qu'effleurer la terre.—Pour que tache à ce même essieu, et qui est destinée re
cette condition puisse subsister d >ns tous les cevoir et à maintenir plus ou moins fixement
«s, les divisions de la vis E et celles du ré- l'âge ou la haye;— enfin un timon presque tou
SuUteur vertical F doivent être en rapport jours prolongé postérieurement a l'essieu. Il
188 AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. m. i".
reçoit d'un côté la chaîne qui unit l'arrière résumer ce que nous regardons comme le
à l'avant-train , et sert antérieurement d'in mieux.
termédiaire entre la charrue et le point d'at C'est rainsi que, remontant' d'abord aui
tache des animaux de trait. Mais la plupart charrues déjà anciennes qui ont ajuste titre
de ces parties varient tellement de forme et conservé leur réputation au milieu d'innova
de nom , que nous nous réservons de parler tions récentes , nous citerons la charrue Guil
de leurs principales modifications en traitant laume, celle de Brie perfectionnée, la char
de chacune des meilleures charrues à avant- rue champenoise, etc.; que,passantensuiteaui
train en particulier. charrues plus modernes, nous ferons con
Donner une description de toutes les char naître celles de MM. Mathieu de Dombasle,
rues des divers départemens de la France ; — Pluchet , Grange, etc. , réservant pour la fin
de celles seulement que nous avons |été à de ce paragraphe les charrues à deux versoirs,
même d'apprécier dans la pratique de diffé les charrues tourne-oreilles, étales charrues,
rentes localités , ou dont nous avons distin trop peu répandues peut-être, à plusieuB
gué les modèles dans nos collections, ce serait
entreprendre un travail plus curieux qu'utile,
et beaucoup trop vaste pour un ouvrage de la § Ier.—Des charrues à avant-train à versoir fiie.
nature de celui-ci. Ce n'est pas que, chemin
faisant , nous ne dussions trouver çà et là de La charrue Guillaume, représentée ci-des
bonnes choses; mais, dans l'impossibilité de sous (Jig.242 ), se fait distinguer desanciennes
dire tout ce qui est bien, nous chercherons à charrues à avant-train, principalement par la
242.
direction donnée à la ligne de tirage. Elle a rée, a 6 po. (0m162) de plus que l'autre , pour
obtenu, en 1807, de la Société centrale dePa- que les mouvemensde la pointe du soc soient
ris, un prix de 3,000 fr. , comme la plus par moins sensibles et le train moins versant
faite qui existât alors en France; car, di (•uo/.pour les détails, p. 175, fig. 214);—K, sel-
saient les commissaires , ce qui constitue leltedeslinéeàsupporterlebout de la haye, et
une excellente charrue, c'est que sa con dans laquelle on a pratiqué 2 mortaises pour
struction soit simple, solide; qu'elle soit fa y passer les 2 régulateurs sur lesquels des
cile à mener; qu'elle tienne bien dans le trous sont disposés de manière qu'on puisse
sol ; que le soc coupe toute la terre retour modifier à volonté l'entrure du soc(wj-^
née par le versoir ; qu'on puisse labourer à nouveau la fig. précitée, p. 175 ); — L, arc-
volonté à grosses ou a petites raies, profon boutant ; — M , point d'attache des traits ; -
dément ou légèrement, et qu'elle exige le N, emplacement d'un palonnier.
moins de force possible pour la tirer. Or, la La charrue de Brie perfectionnée diffère;
charrue Guillaume a paru remplir toutes ces rait fort peu de celle de Small si on ne In'
conditions. avait donné un avant-train, et si on n'avait
A \fig. 242), chignon de fer d'une forme cherché à la rendre plus légère en simplifiant
convenable pour être fixé le plus près pos sa construction. — Elle convient particulière
sible du point de résistance, et à l'extrémité ment au labour des terres fortes.
antérieure duquel est attachée la chaîne de Le corps de la charrue A (Jrg. 243) est pro
tirage. Il est maintenu sur l'âge, à sa partie longé en col de cygne de manière à recevoir
postérieure, par un boulon à écrou*; — un coutre en fer F, forgé et aciéré. JJM
B, soc emboîtant le sep et la gorge sur la par une vis de pression dans une coutelière
quelle il est boulonné; — C, versoir tenu à en fer. — Le soc G, en fer forgé , est adapte,
ecartement fixe par une traverse indiquée en au moyen d'un boulon, sur le prolongement
D; — EEE, origine des élançons et de la de la semelle et dusep; une cavité H (*'"/• '*
barre qui joignent le sep à la haye; celui de détail) sert à recevoir l'écrou dudil boulon;
derrière reçoit et consolide les manches à — le versoir, de là forme de celui de Small-
l'aide du boulon à écrou F, et de 2 chevilles dont on ne voit en I que l'extrémité posté
GG; — H, âge ou haye; — I, timon sur le rieure, est fixé sur le corps de la charrue
quel on peut disposer l'attelage des animaux par deux boulons à écrou j j et maintenu
à volouté; — J, corps d'essieu au-dessous dans son ecartement par un boulon en fer;
duquel est fixé un essieu en fer, dont le bout, rivé sur le versoir, d'une part, et boulonne
qui se trouve du côté de la terre non labou en K; — l'âge ou la flèche L est réunie a"
CHif. 6e. DES CHARRUES-1 189
Fig. 243.
corps de la charrue par 3 boulons MMM; à tourner dans le fond du sillon , doit avoir
— le mancheron de droite est assujetti sur un diamètre plus graud que celle de gauche,
le versoir par 2 boulons; celui de gauche est Earce que, sur les terrains labourés en hauts
maintenu, comme on le voit, à l'aide des illons, s'il en était autrement, chargée de
boulons N N et de mentonnels O. presque tout le poids de la charrue, elle ris
L'avant-train se compose de 2 roues, dont querait à chaque instant de culbuter. — Une
les moyeux sont en fonte, le cercle et les disposition analogue se retrouve dans la
raies en fer forgé; — d'un essieu en bois re charrue anglaise de Norfolk et dans diverses
vêtu en dessous de deux lames de fer qui, à charrues modernes. — Enfin, dans la fort
leurs extrémités, lui servent de frète; — bonne charrue de M. Rosé, que nous avons
d'une sellette en plan incliné P sur laquelle dû placer dans le § précédent, les deux roues,
on a pratiqué des trous destinés à recevoir la de même diamètre, mais indépendantes l'une
bride Q qui maintient la direction de la flè de l'autre, peuvent s'élever ou s'abaisser
che;— dune chaîne de tirage R qui déter tour-à-tour.
mine l'entrure; — d'une chaînette S qui La charrue de Roville à avant-train n'étant
maintient le timon dans une position hori autre que l'araire Dombasle dont nous avons
zontale; — enfin d'une volée d attelage indi parlé ailleurs , nous nous bornerons à la des
quée de profil en T, et terminée par un cro cription de l'avant-lrain , qui permet de ré
chet U qui peut servir au besoin a atteler un gler l'entrure du soc et la largeur de la raie
troisième cheval. avec une très-grande précision , quoique par
La charrue dite Champenoise diffère sur un moyen différent de ceux qui ont été mis
tout de celle de Brie par l'inégalité des roues en usage jusqu'à ce jour.
de son avant-train. Celle de droite, destinée Avec cet avant-train {fig. 244), on augmente
parmi les charrues qui ont concouru depuis augmenter ou à diminuer lob'iqnité de l'âge
quelques années aux environs de la capitale, av c le sol. et, par conséquent, à soulever
et notamment à la ferme-modèle de Grignon, le soc ou a le faire piquer davantage.
une de celles qui ont le plus fixé l'attention Les enlalles au moyen desquelles la sel
des cullivateuisel mérité le plus de prix par lette glisse et est retenue sur les 2 bramhes
la bonté et là facilité du labour.
Le sep ( fig. 246) est en fonte. Il affleure ducadie, devenant trop larges à mesure
qu'elle se rapproche des roues, pour la main
Fig. 216. tenir fixement M. Pluchet a ajouté un coio
qui s'interpose entre elle et la branche droite.
— Ce coin , ainsi que la partie correspondante
de la sellette, sont percés de trous propres à
recevoir une clavette qui les unit invariable
ment.
La bride de fer L {K les détails) qui embrasse
1 âge , se termine par une tige de même n' étal,
mobile latéralement dans une mortaise pra
tiquée sur la branche gauche du cadre 0.
Cette tige, percée de trous, sert à entrainer
j'age et à le fixer, à l'aide de la cheville M, plus
à sa partie gauche un bâtis en bois B qui est, a droite ou plus à gauche, ou, en d'autres
ainsi que lui, fixé aux 2 élançons CC.-A la termes, à déterminer le plus ou moins de lar
partie antérieure de ce bâtis" se trouve le soc geur de la raie. La tigeN, vue de trois quarts
1), retenu à frottement sur le versoir et le sep, dans le détail N, sert à maintenir les traits à
et à l'aide d'un crochet E à la partie supé une certaine hauteur, pour la plus grande
rieure de la gorge.— Le contre F est main commodité du laboureur.
tenu dans une coutelière; — les mancherons Celte charrue, que nous avons vue fonction
sont boulonnés l'un et l'autre à l'exlrémilé ner avec succès dans des terres difficiles el
antérieure de l'âge et sur l'étançon de der compactes, construite avec plus de légèreté,
rière. — L'âge G n'ofire aucune particularité. quoique d'après les mêmes principes, est
Le versoir H {fig. 245) est en fonte et se particulièrement pr. pre aux labours des sols
distingue par sa longueur proportionnelle. de moyenne consistance. Parmi les six char
L'avant-train, d'une forme toute nouvelle, rues dont M. Pluchet fait un usage journalier
se compose d'un cadre O servant de support chez lui, à Trappes, il en est une qui, depuis
à la sellette I; — d'une verge j boni, nnée trois semaines, à l'aide d'un seul cheval, et
dans la sellette d'une part, et retenue par sans que celui-ci paraisse nullement fatigué,
une sorte de collier ou d ecrou K sur la tra retourne chaque jour un demi -hectare, en
verse antérieure du cadre susdit. Cette verge prenant une bande de terre de faible profon
étant à vis sur une partie de son étendue, deur. La charrue Pluchet, depuis un au, se
lorsqu'on la l'ail agir en K, attire ou repousse répand de plus en plus dans le departemeûl
Ja sellette sur l'avant-train, de manière à de Seine-et-Oise— Sonpri.x est de 130 fr. avef
cbaf.6'. DES CHARRUES. 101
des balances pour la conduire aux champs, d'une manière tranchée de toutes les autres
et de 12a fr. avec un seul palonuier. I churrues à avant-train :
La charrue Grange {fig. 247 ) se dislingue | 1° Par le levier A, attaché d'une part à l'a-
Fig. 247.
fère pas essenliellement de ceux qui ont élé tantôt à gauche, sur le manche du coutre.dont
piécedem . ent décrits, et d'un arrière- il dirige par conséquent la pointe dans le sens
traio B. — Le soc, de forme triangulaire, esl opposé. —L'âge, un peu courbé à son origine
en fer aciéré; il est boulonné sur le sep. — postérieure, s'implante dans le plot 1) por
Lasemelleesl fixée à la gorge et à l'élançonC, tant les manches, et fixé à sa parlie supérieure
ainsi qu'à I arrière-montant ou plot D, et par une traverse. On voit eu R le porte-fouet.
maintenue de plus par la verge E.— Le ver- — Le tirage se fait au moyen de la bride S
soir se compose d'une partie supérieure F mobile sur son axe. et de la chaîne qui va
IJii porte en avant une plaque de tôle, et s'attacher à l'avant-lrain. — Le régulateur T
d'une partie inférieure mobile et qui peut ressemble beaucoup à celui delà chai rue
saliacher tantôt à droite, tantôt à gauche, à Guillaume.
laide (l'une petite verge de fer courbée H {V. On a cherché divers moyens de remédier
les détails) qui s'accroche dans un anneau au aux inconvéniens, bien connus, de celle char
point 1 de la semelle, et d'une cheville J qui me. — M. Hugo.vet, le premier, pensons-
s'implaiite dans un trou creusé pour la rece nous, a donné l'exemple d'un soc servant en
voir, <ie manière à régler l'écarlement voulu. même temps de coutre, et tournant sur lui-
La 2' cheville Ls ri à sai ir 1 oreille quand même de manière à opérer, selon le besoin,
ou veut la mettre ou l'ôler. Celte oreille est à droite ou a gauche \\oy.page\l\.fg. 198).
en bois, ainsi que la partie fixe du versoir.— La charrue Hugonet (Jig 250). dont nous
Le coin re M devant être changé de direction avons décrit le soc-cou tre et expliqué le mé
chaque fois qu on transporte l'oreille d'un canisme qui lui fait prendre à volonté deux
côte sur l'autre, < na fixé sur lage le pluyouN positions différentes, page 171, fig. 198,
dont un des bouts passe dans l'arcade O, et diifere tort peu du reste des charrues légère*
«ont l'au re b< utestmaimenu par le tenon P, à tourne-oreille, en usage dans les pays de
taudisqu'a boumilieu.il presse, tantôlà droite, montagnes: A, soc-coutre; — B, montant ou
iGaicoLTcaSf, 2S°" livraison, tomk I.— a5
194 AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. Liv ,xr,
Fig . 250.
épée dans lequeltourne le porte - soc, placé au - une raie bien nette et bien égale .« Cependant,
dessus d 'une semelle C en fer fondu qui tient dit-il, cette charrue , quime fit le plus grand
lieu de sep ; - L 'oreille plane mobile qui plaisir par la bonté de son labour, en raison
se fixe dans une cavité du soc -coutre et con - du faible attelage, me fit éprouver quelque
tre les mancherons E de la manière ordi- peine par la seule maneuvre de ses deux ver
naire ; - F , age ; - G , avant-train avec son soirs mobiles, attendu que, pendant que je
timon d 'attelage, ses deux roues de diamètre travais le sillon de droite , il fallait que le ver
égal et sa sellette . soir de gauche fût placé et arrêté par un cro
chet à l'age de la charrue, et quand je reve.
$ III.-- Charrues à versoirs mobiles . nais sur le sillon de droite pour tracer celui
de gauche, il fallait mettre sur la charrue le
M . DE BEAUPRÉ , propriétaire à Fontaines, versoir de droite, et ainsi de suite, ce qui ne
près Lyon ,a adapté à l'unede ses charrues deux laisse pas, après trois ou quatre heures de tra
versoirsmobiles en fer, l'un appelé de droite et vail , de fatiguer le laboureur et de lui faire
l' autre de gauche quise fixentalternativement perdre du temps.» Le soc, qui est tranchant, se
par une tringle en fer,tournantsur un pivoten retourne aussi à chaque sillon . Malgré ces lé
tre le sep et la flèche ; cette tringle est armée gers inconvéniens, qui sont bien loin d 'en
dedeux bras recourbés; ils servent à fixer par trainer une perte de temps équivalente à celle
leur extrémité l'ouverture du versoir , qui en que nécessite, pour certains labours , l' emploi
suite reçoit un crochet qui achève de lui don des charrues à oreilles fixes, la charrue Beau
ner toute solidité. M .GARIOT,l'un desmembres pré parait être une fortheureuse innovation .
les plus éclairés de la Société d 'agriculture de L 'un de nous ( M . MOLARD ), qui avait été
Lyon , qui s'en est servi assez récemment sur souvent à même d 'apprécier les avantages de
un sol argilo - caillouteux , a fait connaitre les la petite charrue Hugonet dans les terrains
résultats suivans : l'entrure avait 12 po ., le montueux et rocailleux du Jura , malgré l'im
timon avait 7 pieds de long du joug à la chaîne perfection bien sentie de son versoir , a cher
du régulateur ; l'attelage se composaitde deux ché à lui en substituer un autre , ou plutôt
vaches de moyenne taille et d 'une force ordi- deux autres, d 'une formemeilleure , et telle
naire ; elles ont marché avec facilité en tra - ment disposés qu 'on put éviter le déplace
çant des sillons de 7 à 8 'po . de profondeur, et ment à la main de l’oreille , déplacement in
tournant complètement une tranche de terre dispensable dans les exemples précédens.
de 5 à 6 po. de large, qui a toujours laissé ! La charrue Hugonet modifiée (fig . 251) dif
Fig . 251.
caso
fère donc de la précédente , en ce qu 'elle porte élevé au moyen d 'une chaine passant sur une
deux versoirs concavo - convexes , fixés par roue dentée , dont l'axe porte un coude de
un boulon leur servant d 'axe près du soc , de manivelle ; - chaque bout de la chaîne est
manière qu'aussitôt que l'un des versoirs est fixé au bord inférieur et postérieur du ver
abaissé pour fonctionner, l'autre se trouve soir .
CHAP. . DES CHARRUES. 195
Ce moyen serait égalementapplicable , avec | versoir sur le boulon de fer formant son axé
quelquesmodifications, à la charrueGrange, vertical, consiste à pouvoir, au moyen d 'un
pour la rendre propre à labourer en allant et taquetde bois, faire saillir tantôt l'oreillon ou
en revenaut dans la même raie . versoir de droite, tantôt l'oreillon ou versoir
M . DESSAUX de Courset a adapté à une de gauche, ou de pouvoir , au moyen de deux
charrue modifiée par lui, un double versoir taquets moins larges, placés de chaque côté
qui parait fort ingénieux. Voici, à défaut de du support du soc, maintenir les deux oreil
renseignemens qui nous soient personnels, lons ou versoirs dans une demi- saillie . Il ré
ceux que nous procure l' Annotateur de Bou sulte de ces dispositions du double versoir
logne-sur-Mer : « Figurez-vous deux plaques que , lorsque les deux ailes sont maintenues
de fer ou oreillons légèrement recourbés, égales et peu saillantes de chaque côté, la
placés 'sur le soc de manière à former par charrue fait fonction de binot. Siau contraire
leur rencontre un angle dont le sommet est un des oreillons est disposé pour saillir ex
vers la pointe du soc , et qui est traversé par clusivement, il fait l'effet du versoir de la
un boulon de fer partant de la haye au sep , charrue ordinaire . »
et sur lequel tournent ces deux plaques, réu - | Enfin , M . Rosé a trouvé tout récemment
nies par cette extrémité et écartées par l'au - ! le moyen d 'entraîner de droite à gauche et de
tre au moyen d 'une verge de fer recourbée gauche à droite , selon la direction du labour .
en crochet.L 'effet de la mobilité de ce double une piècemobile A ( fig . 252), qui sert à la fois
Fig . 252,
IM
MT
D
A THIEBAUUTI
de soc, de coutre et de versoir . La nouvelle Leur soc, en fer de lance, est fixé sur le sep
araire Rosé à tourne-soc-oreille avec petit avant- au moyen d 'une douille qui l'embrasse à frot
train sous l'age, peut donc être considérée tement; il a ordinairement, de l'extrémité
comme le complément des diverses améliora postérieure d 'une aile à l'autre, un peu plus
tions dont nous venons de parler . - A , tour de largeur que le talon du sep , de manière à
ne - soc oreille en fer battu , aciéré sur la rendre plus facile la marche de ce dernier ;
pointe et les deux tranchans, qui servent al - les deux planchettes qui forment les
ternativement de soc et de coutre. épaules sont légèrement envoilées du haut
Ajoutons encore, par anticipation , ce 'que pour mieux renverser la terre. — Quand on
nous aurons bientôt à dire en traitant des bi- ajoute un coutre, ce qui a rarement lieu , pour
socs, que M . DE DOMBASLE a inventé une le retenir, on lui adapte une bande plate de
charrue jumelle , propre à labourer alternati- fer ou coutriau , terminée inférieurement par
vement à droite et à gauche, et que M . DE VAL un crochet qui entre dans un trou pratiqué
COURT, notre collaborateur, en a inventé une vers le milieu du soc, et qui est percée de trous
autre , dite dos- à -dos, dont nous donnerons à son autre extrémité, de manière à pouvoir
une description détaillée, et que nous regar être fixée au -dessus de l'age, qu 'elle traverse,
dons comme la meilleure jusqu 'à présent par une cheville ou un simple clou . - Le reste
connue, pour remplacer la charrue tourne | de ces sortes de charrues n 'offre aucune par
oreille , principalement sur les coteaux, pour ticularité remarquable.
les labours profonds etdans les terrains qui of. Ce quiles caractérise dans la pratique, c'est
frent de la résistance. Elle a été adoptée à | que, selon qu 'on les dirige horizontalement,
Grignon et à Roville , ou qu 'on les incline à droite ou à gauche, on
rejelte la terre, dans le premier cas, égale
SIV . - Des charrues à deux versoirs. ment des deux côtés, et dans le second , en
entier du côté de l'inclinaison , de sorte qu 'on
Les charrues à deux versoirs ou plutôt à peut obtenir alternativement avec un de ces
deux épaules ou oreillons (car nous ne de- instrumens,le travail du buttoir et de la char
vons pas nous occuper ici de celles qui, sous | rue tourne-oreille,
le nom de cultivateurs, bineurs, etc. , sont em Partout où l'on emploie en France les char
ployées exclusivementaux labours d 'entretien rues à épaules, ce n 'est, avons-nous dit, que
des cultures)sont utiliséesdans l'Ouest etdans pour les derniers labours et pour les semis
diverses autres parties de la France et de l'Eu - sous raies. Là se borne en effet leur véritable
rope , à peu près exclusivement, pour donner mérile ; car , quoique, lorsqu 'elles sont con
la derniere facon aux terres disposées en bil venablement construites, elles divisent assez
lons, et pour recouvrir les semis sous raies. | bien le sol et arrachent complètement les
196 AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. ut.i«:
mauvaises herbes, elles ne renversent qu'im mens compliqués. — Nous ne parlerons que
parfaitement la bande, ei, si elles ramènent de ceux dont la pratique a sanctionné le mé
cependant à la surface une partie de la terre rite.
du fond, il n'est pas rare qu'elles laissent Les charrues à sors multiples n'ont pas
cutre chaque raie une côte non labourée. d'ailleurs toujours pour but d'ouvrir deux
sillons côte à côte. Parfois , comme on a pu
Art. VI. — Des araires et charrues à plusieurs le voir à l'article Déjoncement, elles s"nl dis
socs. posées de manière à creuserait lieu d'élargir
la raie ;— d'autres fois, leur principale desti
Les araires ou charrues à plusieurs socs nation est de remplacer la charrue tourne-
sont connues en France depuis un grand oreille. — L'irrégularité du travail de celle-ci
nombre d'années. .Iacqies Kesson, mathé (voy. ci-devant et l'inconvénient d'employer
maticien du 16e siècle, avait fait décrire, en les charrues à versoir fixe sur les terr ins en
J578, par Beboai.de, dans son Théâtre des Cente, parce qu'il est fort difficile de rejeter la
machines, un artifice non vulgaire d'un mer ■mde en haut avec quelque perfection, ont
veilleux abrègement pour labourer la terre donné lieu à diverses inventions dont il a été
avec, tiois sors. — L)e; uis cette époque, mnl- parlé pi écédemnient, mais parmi lesquelles
£ré les perfeclionnemensde tousgenn-squ'on il en est que nous n'avons dit indiquerailleurs
a apportés à ces sortes de charrues, leur que par anticipation. M. de Dombasle a
usage ne semble pas être devenu beaucoup 'ait construire une charrue portant dem
plus fréquent, d où l'on pourrait induire corps, c'est-à-dire deux seps, deux socs
Qu'elles n'acquerront probablement jamais et deux versons; l'un de ces corps verse à
ans la grande eu II lire qu'une importance droite et l'autre à franche. Lorsque l'un de
accidentelle. En effet, leur prix élevé, — la ces deux corps de charrue est placé de ma
difficulté plus grande de leur construction, nière à travailler, l'autre se trouve en-dessus
— leur usage en général restreint aux labours de l'âge, et l'on n'a bes"in que de retourner
d'une faible ou d'une moyenne profondeur, la charrue à chaque extrémité de sillon. -
— leur marche doublement entravée sur les Cet instrument forme absolument dem
terrains pierreux ou enracinés, — dans les charrues jumelles n ayant qu'un seul âge et
localités difficiles, le défaut d'habitude des une paire de mancherons. Ces derniers son!
garçons de charrue, sont autant, au moinsque mobiles de manière à pouvoir se placer alter
l'augmentation indispensable de force de ti nativement dans la direction convenable
rage, de motifs qui assurent aux charrues or- pour celui des d> ux corps de charrue qui
dimi es une préférence méritée dans le plu est en action. {Ami. de Roville , 1825.)
grand nombre de cas. Cependant, dans quel La charme, on plutôt l'araire jumelle,
ques autres, il est incontestable que la rapi ainsi construite, travaillait {• rt bien; mais
dité du travail des charrues à plusieurs socs elle avait cependant, outre quelque'' autres
peut coïncider avec sa qualité; il serait donc inc' nvéniens. celui d'être trè--dilficile a
aussi nuisible de condamner que d'approu retourner au bout de chauue silion, surtout
ver d'une manière absolue leur emploi, cl les dans les t' rres tenaces et humides.
faits prouvent qu'il n'est pas permis, dans un L'araire dos-à-dos de M. dk Vai.covit
ouvrage de pratique, de ue pas faire con {fig. 253) est une de ces innovations heu
naître au moins quelques-uns de ces instru- reuses qui a eu tout d'abord la sanction de la
Fig. 253.
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pratique. Nous laissons parler M. Bella , I instrument:a été très-utile pour labourer dans
dont le nom se rattache si honorablement à • les pentes oùni n
il nn'est
est pas poss
possible de taire des
la création d'un des plus utiles éliiblisseniens billons, pour niveler la terri" et la pousser
d'instruction agricole de la France. « La dans les fonds ; il a l'avantage de pouvoir sui
charrue double que M. L. de Valcourt a vre les sinuosités, et opère avec pn mptilude
fait exécutera Grignon a parfaiiement rem et facilité. Il faut moins de temps pour dé
pli l'objet que l'auteur avait en vue; elle crocher la volée, faire tourner les chevaine'
remplace très-bien la charrue tourne- oreille re; lacer la volée, que pour tourner la cbariue
et opère plus efficacement; elle a aussi l'a et les chevaux ensemble, etc. »
vantage et la force de défoucer le terrain le La seule vue du dessin (Jîg. 253), ajoute
plus dur à une profondeur de 10 pouces. ; M. de Valcourt, montre qu'on ne retourne
Deux forts chevaux la traînent bien dans jamais la charrue , elle marche comme la na
les labours ordinaires, quatre bœufs suffisent vette d'un tisserand. Arrivé au bout du sil
pour les défoncemens les plus difficiles. Cet I lon, on arrête les chevaux, on tire la c'a"
oup. 6*. DES CHARRUES. 19?
velle , alors la volée I abandonne le régn- La charrue Plaidenx, adoptée dès 1809 par
laleur H ; on l'ait retourner les chevaux el on divers cultivateurs de l'Oise, <t perfectionne
fixe la volée Iau second régulateur H'. depuis par son ii venteur, s'est lépai due
Sionôte les quatre mancherons E on verra assez ra idement d;>ns les dépait'mens voi
nue celte charrue est exactement l'avant sins. — En 1821, d'après l'attestation d'un
de deux charrues I)< mhasle ( mais dont grand nombre de cultivateurs qui en faisaient
l'une jette la terre à droite et l'autre à gau- un usage particulier, et sur le rappoi t de
rhe), qui sont mises dos-à-dos sur une ligne M.Hfricart de Thiji! y, la.Vociétécent raie d'a
XV.— Leversoir, en fonte, n'est pas aussi long griculture accorda une médaille à M. Plai-
que dans la charrue Domba le; il ressemble deux. Nous laissons parler noire confrère.
davantage au versoir américain ou à celui de « Les expériences réitérées que nous avons
l'araire an Brahant ( \oy.page 183, fie. 235, et fait faire devant nous, entièrement d'accord
page \M,fg. 236). On lui avait primitivement avec la correspondance de M. le sous-préfet
donné la po. de hauteur (0 m 400); n ais M. de Senlis et des cultivateurs.de son arrondis
Relia a labouré si profondément, quelquefois sement qui se servent» de la charrue à deux
à plus d'un pied, que la terre passait par socs, nous ont prouvé: 1° qu'avec la même
ti mus les versoirs et retombait entre les deux puissanceon doit généralementcoinpter,dans
ws. Il a fait alors clouer sur les deux versoir» les longues raies, le double d'ouvrage qu'avec
une plaque triangulaire en tôle qui a obvié à la charrue de Brie pour les petits labours,
cet inconvénient. — On aurait pu également tels que les binages, les découennages, les
ajouter une rehausse.— La ha je A a 2 po. (0™ eufouissages de parc et de grains, dans 'es
05-1) de moins que celle de la charrue de terres légères, et le tien dans les terres foi tes
Rnville; on lui a donné 8 pi. 6 po. (2m el compactes pour lesquelles il convient d'a
560) de l'<ngii-nr, et 4 sur 3 po. (0 m 108 jouter un troisième cheval au têtard s> on
sur 0° 081) d'équarrissage. — Le sep B a veut des labours pro'bnds, tels que les defon-
i po. 3/4 de largeur sur 3 1/2 de haut (0 m çages et les grosrelaillages; — 2° que les deux
158 sur 0 m 095 . — Les socs CC ont 10 po. raies qu'el le ou vre, lorsqu'elle est bien conduite,
(0 ■ 271 ) de leur < rigine à leur pointe. D'une sont parallèles, bien suivies et parfaitement
pointe d'un soc à l'autre on trouve 4 pi. 10 po. égales en largeur comme en profi ndeur; —
(I* 570». — Du côté de terre on a mis 3° qu'on peut donner aux raies teMe dimen
une planche J qui remplit tout l'intervalle sion qu'on veut, attendu que la charrue se
entre la haye A, le sep lt et les deux gendar braque et se di braque a volonté; — 4° qu'elle
mes FF. — Les élançons DD , de 4 sur 3 po. se maintient très-bien en raie;— 5° que la ma
(0" 108 sur 0 m 081 )', sont fixés à 10 po. (0 m nœuvre est sinip'e et facile une lois qu'on
271) d'intervalle. — Les 4 mancherons EEonl est parvenu au degré d'entrure que l'on veut
2 pi. (0m 650) d'ouverlure; à 2 pi. 8 po. (0m donner; — enfin, que tout charron de vil
866) de terre , ils dépassent la haye de 15 po. lage peut la mouler, démonter et réparer
(0m 40ti).— Les régulateurs HH sont à la facilement. »
Dombasle. D'un autre côlé, il faut reconnaître que
Charrue Plaweux à double soc horizontal. dans les labours profonds elle est sujette à
Ce ne sont, à proprement parler, que deux s'engorger; — elle présente quehfue embar
cliairues de Brie réunies sur un seul âge ras pour l'enfouissement des fumiers longs,
cuidé et porté sur un avaut-train. — A la el elle demande beaucoup d'application de la
place du double manche on a substitué deux part du conducteur, attendu qu'elle pour
mentonnets ou bias latéraux, l'un sur la rait ouvrir une raie plus haute que l'autre,
queue el l'autre dans la tête de l'élançon. Ces si on n'avait l'attention de bien fixer à sa
deux mentonnets portent chacun un élrier place la hâve du second soc, de manière à lui
ou collet de fer à vis et écrous ; c'est dans ces faire prendre autini de terre qu'à celui de
étriersqne passe l'âge du soc; enfin, ces deux devant; — elle éprouve plus de difficultés
étiïers ont chacun une vis de pression pour qu'une autre dans les terrains qui contien
serrer l'âge et le fixer solidement sur les deux nent des blocs de pierre.
mentonnets. On voit combien est simple un La charrue à double soc et à pied {fig. 254),
pareil assemblage. ainsi nommée à cause du pied M qui sert à
Fig. 254 Fig. 255.
JLTUltMOh» »
régler l'entrure du soc, a été introduite en | M. le baron Dewal de Baroi ville. — Elle
Flandre , il y a tine domaine d'années , par | se distingue particulièrement de la charrue
198 AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. uv. i».
belge ou brabançonne ordinaire par un se pattes sur le versoir et traverse la queue B
cond coutre L et iin second soc I. —A, man pour la fixer ; la partie qui traverse ladite
cheron ; — BB, queue de la charrue emmor- queue étant à vis et garnie de deux écrous,
taisée dans le sep et dans la haye; — C, haye sert à .régler l'écartement du versoir;— R,
ou flèche; — D, montant emmortaisé par le boulon de fer qui contribue à unir plus soli
haut dans la haye et par le bas dans le sep; dement le sep a la haye ; —des brides de fer
— E, sep à semelle de fer; — F, grand cou sont destinées à retenir la queue B et le mon-
tre; — G, grand versoir; —H, soc en fer, lantD sur la haye.—La lige du soc lest garnie
forgé comme le versoir, dans lequel entre le de crans qui entrent dans la plaque supé
sep, où il est retenu par une cheville implan rieure de la haye, et qui, étant serrés par
tée de bas en haut devant une traverse qui le coin qui se voit derrière, font que cette
réunit ces deux parties au-dessous dudit sep; pièce ne peut ni monter ni descendre quand
— I, second soc ayant en petit la même elle est fixée à la hauteur convenable; mê
courbure que le grand et dont la partie pos me remarque pour la pièce M.
térieure est courbée en forme de versoir et Cette charrue, établie d'après les princi
est portée par une branche de fer qui tra pes qui ont dirigé la construction de l'araire
verse la haye; — L, petit coutre ; — M, pied Dorabasle, de la charrue de Small et de la
en fer, courbé à sa partie inférieure pour charrue américaine , présente, comme on le
glisser sur la terre, et élargi dans le sens du voit, l'avantage de pouvoir, au gré du labou
travers' de la haye d'environ 9 centimètres, reur, servir soit comme une forte araire
pour porter sur plus de terrain et ne pas simple à pied, soit comme araire à pied à t
enfoncer; — N, crémaillère; — O, anneau de socs. — Dans ce dernier cas elle doit être
fer sur lequel tirent les chevaux et qui sert à particulièrement propre aux labours ouau$
régler la profondeur; — P, boulon fait, à|sa défoncemens profonds.
partie supérieure, en forme de marteau pour M. Dewal de Barouville a reçu en 1823,
pouvoir s'en servir au besoin : en le changeant pour cette machine, la grande I médaille
de trou {voy. fig. 255 ), on fait prendre à la d'or de la Société centrale d'agriculture de
charrue des raies plus ou moins larges ; — Q, Paris.
lien de fer qui ne peut se voir que dans la La charrue Guillaume à double soc ou <i
fig. 255 : il est rivé solidement par deux deux raies, ou bisoc {fie. 256), dont chacun des
Fig. 256.
corps ne diffère pas essentiellement, dans les prit une moindre, il est clair que le sillon
parties constituantes, de la charrueGuillaume unique, résultat du double trait, donnerait
dont nous avons donné la description et la fi par son irrégularité un mauvais labour. Si
gure {page 188 ), est unie et consolidée en une donc le charretier s'aperçoit qu'une des deux
seule pièce par les boulons à écrouD,D,D; la charrues prend une raie plus ou moins large.
haye de l'arrière-corps A est coudée oblique- plus ou moins profonde que l'autre, il devra
mentàdroite, antérieurementau coutre C, et parer à cet inconvénient par le moyen
jusqu'aux abords de l'étançon de l'avant- de deux écrous des boulons d'assemblage
corps;— les coutresCC, au lieu d'être placésau E, F; en desserrant le premier et enserrant
milieu de j'age, sont retenus sur le coté dans le second, il relèvera la pointe du soc; en
des coutelières ; on peut modifier à volonté faisant le contraire, il lui donnera plus d'en-
la direction de leur pointe au moyen de deux Irnre.
vis de pression. Le bisoc Guillaume, après plusieurs an
A l'instant où le charretier se disposera , nées d'expériences et divers essais compa
dit M. Guillaume , à labourer avec cette ratifs, a mérité à son auteur la médaille d'or
charrue, comme elle est montée sur un train de la Société centrale d'agriculture.
de devant semblable à celui de la charrue Le bisoc fie lord Sommerville, fort célèbre
ordinaire {noy. fig. 242), il réglera l'entrure en Angleterre, et dont nous reproduisons la
des socs par la sellette comme il a été dit...; figure d'après M. Loudon {fig. 257},se fait re
en se plaçant entre les deux mancherons, il marquer par ses versoirs brisés, dont la par
observera la charrue de devant pour la main tie postérieure, mobile au point de section,
tenir dans la même largeur de raie que celle peut prendre plus ou moins d'écartement à
de derrière. Toutes deux étant accouplées l'aide d'une vis à écrou qui l'unit au corps
pour retourner une bande de 10 po. (o™ 271) de la charrue. — Celte disposition, vante>
de large, s'il arrivait que celle de devant en par sa seigneurie, est en effet avantageuse
CHAP. 6'. DES CHARRUES- 199
Fig. 257.
A. THIEBAULT. S-
lorsqu'on' peut, eu raison de la nature du courbure [du versoir entier, nous semble un
terrain, augmenter la largeur de la raie; inconvénient qu'il serait facile d'éviter en
mais l'angle qui se forme a l'endroit où la adoptant la disposition du versoir de la
partie mobile du versoir pivote, et qui détruit grande charrue écossaise.
nécessairement l'harmonie première de la Le trisoc de Bedfort {fig. 258) se compose
D existe aussi des charrues à quatre socs ; | deviennent plus graves encore, à mesure
H' Guillaume en a construit une qui paraît que le nombre des socs augmente. —
théoriquement assez bien conçue. — Amos en Il nous paraît douteux que, même pour de
a inventé une autre dans les principes du simples déchaumages, oij se trouve bien de
fr'soc que nous avons figuré; mais si les bi- l'emploi de ces lourdes et dispendieuses ma
st>cs peuvent être parfois utilisés, on conçoit chines. Molaki>, de l'Institut,
lie les reproches qu'on leur fait en pratique ■" -' et O. Leclerc-Thouin.
200 AGRICULTURE FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. iiv. i».
en rapport direct avec le carré de la prajon-
Section m. — Des labours à l'aide de ma deurà laquelle pmètre le soc, il po»e en fait
chines aratoires autres que les charrues. que si quatre chevaux, pour labourer en une
seule fois à 8 po. (0m217), éprouvent une té-
Aht. Ier. —Des labours à l'extirpateur. sistance représentée par 8 X 8 ou 64, dent
de ces chevaux, en ue labourant qu'à 4 po.
(0™ 108) chaque fois, éprouveront une résis
Ces labours diffèrent essentiellement des tance moitié moindre, puisqu'elle pourra se
labours à la charrue : 1° parce qu'au moyen traduire, pourun seul labour, par 4X4=16,
des socs de l'instrument, ils soulèvent, mê c'est-à-dire en tout 32 au lieu de 64. En pous
lent et divisent la terre sans la retourner;— sant plus loin celte comparaison, on trou
2° parce qu'en général ils ne la pénètrent vera, supposant que chacun des chevaui
qu'à de faibles profondeurs; — 3° et parce attelé séparément à un léger exlirpateur,
qu'ils ne sont pas propres, comme les au laboure seulement 2 po. ( 0m 054) et qu'il
tres, à donnera sa surface, par lesillonuage, revienne sur le même champ 4 fois de suite,
telle ou telle disposition particulière. que la somme de résistance éprouvée par
Leurs principaux avantages sont : de pul lui diminue encore de moitié, piiisi|ii>- le
vériser éiiergiquement le sol et de le mélan carré de 2 est 4 qui, multipliés par les 4 la
ger complètement à 3 ou 4 po. ( om 081 à 0m
bours, donnent 16 ou le quart seulement de
108) de profondeur; — de diminuer le nom la force nécessaire pour atteindre d'un seul
bre des herbes annuelles en ramenant une coup à 8 po. (0m 217). De sorte que, si, pour
partie de leurs graines près de la surface Iraluer une charrue labourant a celle di-r-
pour les faire germer, et en les déracinant nière profondeur, chaque cheval doiléptoni
bientôt après par les façons suivantes ; — de ver une résistance égale à 80 kilog., celle
faire périr les plantes adventices vivaces, en 3 n'éprouveront les quatre chevaux eqiiivau-
les arrachant ou en mutilant fréquemment ra nécessairement à 320 kilogr., landts
leurs racines; — d'offrir un des moyens les que, si le labour quatre fois répété péu> tre
plus simples de red resser ou /-nra/er progres progressivement : la 1" fois à 2 po. (0™OJ<,
sivement le sol, loi sque les inégalités qui le la T à 4 (0m 108), la 3' à 6 (0m 162), la 4" àS
couvrent ne sont pas considérables; — enfin (0ra 217), la somme totale de la résistance ne
de présenter sur le travail à la charrue une sera plus que 80, et celle qu'aura à vaincre
économie très-grande. chaque cheval de 20. C'est d'après une sem
L''emploi de l'extirpateur en France ne re blable théorie que M. Bealson a conçu son
monte pas à une date fort an ienne, et sou exlirpateur et calculé les avantages qu'il <*
usage est loin d'être aussi répandu qu'il de I érait en retirer dans la pratique. Celle ma-
vrait l'être. — Lorsque le sol a été suffisam ch ne, sous le nom impropre de sianfin-
ment et assez profondément ameubli par un leur Beatson, a été trop vantée pour ne pas
ou deux labour à la charrue, il est presque trouver ici sa place.
toujours avantageux de se servir de cet ins Lafg. 260 le représente en A, vu de profil;
trument pour donner les façons préparatoi
res aux semis d automne, non seulement à Fig. 260.
cause de l'économie du travail, de fatigues
et de temps, mais parce que la terre se
trouve plus également divisée, plus propre à
sa surlace, mieux disposée pour recevoir les
semences, et parce qu'on a remarqué que le
blé est moins sujet à être déchaussé par les
gelées de 1 hiver, lorsqu'il se trouve daus un
sol qui n'a pas été tout nouvellement remué
à une grande profondeur. — Dans certains
cas, on préfère aussi l'exiirpateur à la herse
pour recouvrir la graine après les semis;
mais ce n'est pas ici le lieu de nous occuper
des avantage» ou des inconvénieus que pré-
seule une telle pratique.
Pour les semis du printemps, le travail de
l'exlirpaleur est plus souvent substitué à ce
lui de la charrue.
Enfin, en des circonstances assez fréquen
tes, pour les semailles tardives d'été, un
simple tr.iil d'exlirpaleur, donné sur un ter
rain dont on vient d'enlever les produits, est
une préparation suffisante.
En Angleterre, le général Beatson, dont — en B, vu en-dessus ;— et en C'.*uA^ds»
le nom a acquis depuis quelques années une rière. Ou voit qu'il se compose de ' F |a
certaiue célébrité, (dus encore peut-être socs étroits, dont les liges ont la ,0.' |e„r a
chez nous que parmi ses concitoyens, a pro courbure des contres ordinaires- U f (B
posé de remplacer entièrement les charrues donné plus de longueur qu'on ne ^
par les extii pâleurs. Dans sou Nouveau sys donne généralement,lsparce que, o I sUu-
doivent pouvoT* r
tème de culture {New syslem oj cultivation), méthode du général, ils doivent I'1""" .. pa-
partant de ce principe que, dans tout le la pléer le soc de la charrue et P6'1?'".. U
bour, la résistance qu'éprouve la charrue est conséquent à une grande prolou
CHAF. 6'. DES LABOURS A L'AIDE DES EXTTRPATEURS. 201
l'xtirpateur est à une seule roue, ainsi que aussi qu'ils soient plus rapprochés, puisque
l'indiquent les fig. A et B. On le dirige à la première condition est que la terre soit re
l'aide de deux mancherons emmortaisés à muée sur tous les points, et, dès-lors, l'instru
droite et à gauche dans un châssis disposé ment est plus disposé à s'engorger. —Il ne faut
de manière à recevoir la double chaîne du donc pas outrer Je principe.
tirage. — Attelé d'un seul cheval, soit qu'on Quelquefois on donne aux socs de devant,
l'emploie à arracher le chaume, à pulvériser c'est-à-dire à ceux qui doivent pénétrer les
la terre, ou à houer entre les rayons du blé, premiers dans le sol et commencer à l'ouvrir,
il parcourt, terme moyen, trois acres anglais une forme plus aiguë et une longueur de tige
par jour (l'acre est à l'arpent de 48,400 pi. un peu plus grande qu'aux autres, afin de fa»
de France comme 1000 à 1262 ). ciliterleur action et d'empêcher que, durant
A l'aide de ce léger instrument, M. Beatson le labour, le soulèvement plus ou moins fré
arrive, dit-il, depuis plusieurs années, à de quent de l'âge ne les empêche de pénétrer à la
fort bons résultats sur ses propriétés. Toute même profondeur que ceux de derrière.
fois, sans vouloir attaquer en rien sa théorie, On a cherché dans quelques circonstances
bien qu'elle semble pécher à son point de dé à joindre aux socs des extirpateurs de pe
part, au moins par exagération; sans révoquer tits versoirs pour approcher le plus possible
en doute le succès obtenu dans une localité des effets produits par la charrue; mais on a
particulière, il resterait à savoir si, partout, ainsi rendu le travail beaucoup plus difficile,
les mêmes expériences seraient suivies des sans atteindre convenablement le but désiré.
mêmes résultats, et c'est ce dont il est permis — On a en conséquence renoncé partout à
de douter quand on songe, d'une part, que le cette disposition.
labour de 1 extirpateur ne peut ouvrir la terre L'addition de coutres dirigés obliquement,
aux influences atmosphériques, ni aussi com du point de jonction de la tige de support
plètement, ni, en général, aussi profondément jusqu'à l'extrémité antérieure de chaque soc,
que celui de la charrue, et, de 1 autre, comme de manière à fendre la couche arable avec
loot déjà prévu la plupart de ceux qui ont plus de facilité, est au contraire une innova
fait un usage suivi d'un tel instrument, que tion fort heureuse,, pu isquel le diminue Incon*
ton emploi est assez souvent ou très-difficile testablement la résistance. A ussi. quoiqu'elle
ou à peu près impossible sans labour préa ait l'inconvénient de compliquer la construc
lable; — difficile, par exemple, lorsqu'un tion et par conséquent d'augmenter la valeur
sol qui offre lane certaine ténacité est seule pécuniaire de la machine, a-t-elle été adoptée
ment un peu sec ou un peu humide, parce en divers lieux.
que, dans le pjremier cas, les socs, même les Ainsi que les charrues et les araires, les ex
plus étroits, n« peuvent bien pénétrer dans la tirpateurs marchent avec ou sans avant-train.
masse, et, dan s le second, parce que l'instru — Tantôt ils portent sur trois roues fixées
ment s'engorg* à chaque instant ; — impossi à chacun de leurs angles; — tantôt sur une
ble lorsque le terrain contient en quantités seule roue adaptée sous l'âge. Celte dernière
appréciables des pierres ou des cailloux de méthode est aujourd'hui la plus fréquente.
quelque gross«ur. h'extirpateur à socs mobiles de Roville
11 serait don c déraisonnable de prétendre {fig. 2G1 , 1, 2 et 3) est fort simple. Son châs-
remplacer la charrue par l'extirpateur, ou _ Fig. 261.
même de vouloir établir une lutte d'impor
tance entre elle et lui ; mais il n'en est pas
moins vrai que la part d'importance de ce
dernier, ainsi que j'ai cherche à le faire voir
peut vitre en trop peu de mots, est encore assez
belle pour attirer l'attention des laboureurs,
comme elle a attiré, depuis une vingtaine
d'années surtout, celle des agronomes les
plusdistingués de l'Angleterre, de l'Allemagne
et de la France.
Les extirpateurs diffèrent des scarificateurs
tt des herses, parce qu'ils portent des espèces
de socs horizontaux comme ceux des char
rues, à la place des coutres verticaux ou des
dents qui caractérisent ces deux dernières
sortes d'instrumens.
► le nombre et Informe des socs varient en rai
son de la nature du sol. — Dans un terrain fa
cile et uni, il est évident qu'on peut, afin
[l'obtenir un travail plus rapide, donner à sis est armé de cinq socs OU pieds, 3 sur lat
l'extirpateur des dimensions plus grandes et traverse de derrière et deux sur celle de de
multiplier davantage le nombre de ses pieds ; vant.—Les tiges c c n° 1 qui les supportent, se
oais si le terrain est inégal, le contraire ar ramifient, comme on le voit, de manière a s'as
rive, et il faut alors, sous peine de voir l'ins sembler sur le soc par deux rivures. — Ces
trument ne pénétrer que partiellement dans mêmes tiges sont fixées sur les traverses au
a couche labourable, le réduire à de moindres moyen de hrides en fer n" 3 serrées par des vis
dimensions. et des écrous, de sorte qu'on peut faire varier
Plus le sol est tenace, plus les socs doivent à volonté la distance des pieds entre eux. Sur
-'tre pointus et étroits. Cependant on ne doit la traverse postérieure, sont boulonnes deux
?m perdre de vue que cette disposition exige mancherons qui , eu se prolongeant jusqu'à
AGIUCTJI.TTJR.E, 20* livraison. tous I.—a6
203 AGRICULTURE FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL.^ uv. p.
celle de devant , ajoutent encore à la force isolément et leurs ailes;—PR, coutre-scarifl-
de l'instrument. L'âge E est également main cateur; — Q, scarificateur.
tenu sur les deux traverses. Il est percé Deux des extirpateurs anglais les plus es
en F n° 2 pour recevoir le support à roulelte G timés, sont ceux de Wilkie et de Hatvyakd.
n°l,et terminésurle devantpar un régulateur Le 1" {fig. 263 ), dont le bâtis est entière-
vertical H n° 1 et horizontal n° 2.
Dans ces derniers temps, M. se Dom- Fig. 263.
basle ayant reconnu qu en pratique les
extirpateurs à pieds mobiles présentaient l'in
convénient d'être assez difficiles à ajuster de
manière à fonctionner avec une régularité par
faite, bien qu'ils eussent d'ailleurs de vérita
bles avantages, il crut devoir en construire de
nouveaux à pieds fixes, assemblés dans les tra
verses au moyen d'écrous, comme cela se pra
tique généralement en Angleterre. — Cette
construction présente moins d'inconvéniens
depuis que l'on construit les socs entière ment en fer. est à troisroues et à un seul man
ment en acier, parce qu'ils s'usent beaucoup che. 11 porte en tout neuf socs solidement
moins promptement, de sorte que, par le fait, boulonnés, de manière qu'il soit néanmoins
on n'éprouve presque jamais le besoin de les facile de les enlever lorsqu'ils ont besoin de
rapprocher. réparation, et de les remettre en place. Il pa
Lexlirpateur à cinq pieds mobiles et à socs ra i t qu'à ces socs on su bsti tu e pa r fois des rouei
en fer, à établir sur un avant-train ordinaire coupantes pour préparer les labours des ter
de charrue, coûtait 105 fr. — Le même, avec rains engazonnés, ou des coutres auxquels
roue sous l'âge pour remplacer l'avant-train, l'inventeur a donné l'une des formes indi
120 fr. — A pieds fixes et à socs entièrement quées dans les détails de la figure, afin d'a
en acier, il ne coûte dans le premier cas que jouter la. Jorce de tension à celle de la simple
87 fr. ; — dans le second que 105 fr. — Cha résistance. En effet, on doit considérer un
que pied de rechange est du prix de 11 fr. pied d'extirpateur ou de scarificateurcomme
L'extirpateur de M. de Valcourt ( fig. 262 ), un levier dont le point d'appui est en A, la
puissance en B et la résistance en C. Dès-lors
Fig. 262. g on comprend combien sa position plus ou
moins inclinée à l'horizon, peut et doit mo
difier son action dans le sol.
„ Uextirpateur de Hayvvard (.fig.264) se coni-
Fig. 264.
J
CBAP. 6* DES LABOURS A L'AIDE DES HERSES ET ROULEAUX. 207
trouve la description construction serait, du reste, à peu près la
Fig. 274. et la figure dans le même, si, à cause de sa plus grande étendue
Dictionnaire d'Agri en largeur, il n'était nécessaire de la consoli
culture de Deterville, der par deux traverses.
est entièrementen fer. La herse double courbe {fig. 277) est
Elle est formée, dit le
rédacteur, d'un palo- Fig. 277.
nier garni en arrière
de quatre boulons de
fer, percés d'un trou
à leurextrémité, et de dix morceaux de barre
de fer de 8 à 9 pu. (0m 217 à 0™ 244) de lon
gueur, percés également de trous à leurs ex
trémités et armés d'une forte dent recour
bée dans leur milieu. Ces morceaux de barre encore destinée au hersage des billons. — On
de fer sont assemblés en quatre rangées; sa voit que ses deux parties sont réunies par
voir : de trois, de deux, de trois et de deux, deux anneaux en fer, l'un un peu plus grand
au moyen de verges de fer qui passent par que l'autre. Le nombre des dents varie sur
les trous indiqués. Il est évident, ajoute-t-on, chaque traverse de deux à quatre. — Les
que toutes les parties de cette herse étant traits de tirage s'accrochent à deux anneaux,
mobiles en tous sens, elle embrassera mieux et, à la partie postérieure de l'instrument,
le terrain chargé de pierres, de taupinières, sont deux cordes venant aboutir à un bâton
de mottes, etc., etc., et, par conséquent, ar servant de manche pour diriger les herses et
rachera mieux la mousse des prairies, les les soulever, s'il y a lieu, afin de les débarras
mauvaises herbes des champs, et brisera ser des herbes qu'elles entraînent.
mieux les mottes sur lesquelles ses dents
passeront successivement. Art. v. — De l'émottage au rouleau.
Sons quelques-uns de ces points de vue, il
n'est pas douteux que la mobilité des diverses Dans les pays de bonne culture, le rouleau
parties de la herse ne soit un avantage; mais, vient souvent à l'aide de la herse pour briser
quant à la propriété qu'on lui suppose, et les mottes qui ont résisté à l'action de cette
qui serait en définitive une des plus impor dernière, ou du moins pour les enfoncer dans
tantes, de mieux briser les mottes, on aura le sol et les soumettre ainsi à l'effet d'un se»
sans doute quelque peine à y croire, si on coud hersage; aussi voit-on souvent ces deux
fait attention que, dans une herse assemblée inslrumens se succéder sur le même champ.
fixement, chaque dent reçoit quelque chose Dans les localités argileuses, d'une culture
du poids de la machine entière, tandis que difficile, les rouleaux peuvent donc être con
dans celle-ci il doit arriver, par suite de la sidérés comme inslrumens de labour, puis
mobilité des verges d'assemblage, que ce qu'ils servent à diviser la terre. Dans les
poids est disséminé de manière à produire contrées sablonneuses, au contraire, leur
un moindre effet. principal but est d'affermir le sol, de le
La herse courbe {fig. 275) est employée plomber et d'unir sa surface, afin de dimi
nuer les effets de l'évaporation et de faire
Fig. 275. Fig. 276. en sorte que les semences puissent être ré
parties plus également. — De même que l'on
herse avant et après les semailles, on doit
donc rouler aussi, en des circonstances bien
plus fréquentes qu'on ne le croit générale
ment, non seulement pour préparer la
terre à recevoir les graines, mais encore pour
la disposer favorablement après qu'elle les a
découvertes.
Les rouleaux destinés à effectuer les plom
bages ont une surface unie. — On les con
struit tantôt en bois, tantôt en pierre, et tan
tôt en fonte. Leur poids doit augmenter
proportionnellement à la légèreté ou à la
porosité du sol.
Les rouleaux destinés à briser les mottes
sont, au contraire, tantôt profondémentcan-
nelés, armés de pointes nombreuses ou de
disques coupans; et tantôt formés de liteaux
dans le département d'Indre-et-Loire sur les métalliques angulaires, placés à quelque dis
labours en billons. Elle se compose de deux tance les uns des autres, parallèlement ou
pièces de bois parallèles de 5 po. (0™ 135) de perpendiculairement à l'axe cylindrique dont
courbure et dune longueur proportionnée à ils forment la circonférence.
la largeur du billonage. — Son manche est A poids égal, il est évident que plus un
percé pour recevoir l'attache d'un palo- rouleau est court, plus son action est éner
nier. gique, puisqu'il porte sur un moins grand
La herse à double courbure {fig. 276) est nombre de points de la surface du sol. On
utilisée dans les mêmes lieux que la précé commettrait donc une faute si, pour abréger
dente pour herser deux billons à la fois. Sa la durée dit travail, on augmentait la Ion-
208 AGRICULTURE : FAÇONS GÉNÉRALES A DONNER AU SOL. Liv .'yer,
gueur d'un tel instrument aux dépens de son tement est maintenu par la barre E . - Ce
diamètre. rouleau est du prix de 100 fr .
La plupart des rouleaux sont mis en mou
vement à l'aide d 'un châssis de bois ou de Fig . 282.
métal dans lequel les deux extrémités de
leur axe sont emboitées. - La formede ce
châssis , dont les figures suivantes donneront
une idée , varie au gré du constructeur , sans
que les modifications qu 'on lui fait éprouver
puissent exercer une influence notable sur
l'action du cylindre . - Il est aussi des rou
leaux qui ne portent aux deux bouts saillans
de leur axe que deux anneaux tournansmunis
de crochets , auxquels on fixe les traits de ti
rage.
Les fig. 278 et 279 représentent deux de
Fig. 279 . Fig . 278.
Le rouleau à disques coupans ( fig. 283) est
Fig. 283.
Juha TIBE
n TET
ces rouleaux ; le premier est en bois dur et formé d 'un cylindre en bois, sur lequel se
pesant, le second est en fonte . trouvent enfilés et fixés de diversesmanières
Le rouleau à demi-chdssis ( fig . 280 ), tel des anneaux lamellaires , tranchans à leur
qu'on l'emploie dans circonférence. - On l'emploie dans quelques
Fig . 280 . plusieurs de nos dé- localités de préférence au scarificateur pour
partemens da nord , faciliter un premier labour dans les friches
n est le plus souvent en ou les terres epherbées . — Ce rouleau a sur
A bois, quelquefois en les scarificateurs l'avantage de moins fati
pierre ou en fonte , guer l'attelage et d 'agir par sa propre pesan
ainsi que le suivant lieur. Aussi, non seulementdoit -on l'exécuter
( fig . 281) qui est com - en bois très- lourd , mais a -t-on jugé néces .
pris dans un chassis saire de le surmonter d 'une boite , suscepti
complet.-- Lorsque ces ble de recevoir divers objets d'un poids con
Fig . 281. sidérable , ainsi que l'indique la fig . 284.
Le rouleau à pointes
en fer ( fig . 285 ) peut Fig . 284 .
être employé non seu
lement pour briser é .
nergiquement lesmot
tes après un labour
Fig . 285.
SECTION 15 . - Des ensemencemens. | ment, vous aurez une semence nette , propre ,
bien disposée à produire des plantes vigou
Le succès des récoltes dépend beaucoup reuses. Pour batire le grain destiné à la re.
sans doute de la préparation que l'on a donnée production , on se sert du procédé qu 'on
au terrain , mais l'homme qui a bien labouré nomme chaubage et qu 'on trouvera décrit à
n 'a encore accompli que la première partie l'article Battage.
de så tâche . L 'agriculture est une œuvre de Dans la petite culture et dans les pays où
patience ; si la constance, l'activité et la vigi l'on connait le prix d'une semence bien con
lance ne sont pas les compagnes habituelles ditio nnée, on se contente de faire couper par
de celuiqui cultive le sol, il lui faudra , pour des enfan s les plus beaux épis dans les plus
réussir , un concours de circonstances que le belles pièces; on est assuré par ce moyen d 'a
hasard amène rarement. C 'est surtout relati voir un grain de premier choix : cependant,
vem at à la semaille que ce que je viens de | lorsqu 'on opère sur une grande échelle, ce
dire trouve son application . C 'est devant cette procédé est long et trop dispendieux. Celui
pro
opération que viennent souvent échouer l'i que j'ai proposé suffit dans la majorité des
gnorance et l'impéritie ; c'est ici, ou ja circonstances.
mais, que l'homme observateur montre sa A la question que je viens d ' examiner se
supérioritésurceluidevant lequel ont passées rattachesubsidiairement celle du changement
inaperçues les leçons de l'expérience . - Les de semence . Les avantages et les inconvé:
connaissances qu 'exige cette opération peu . niens d 'un renouvellement périodique ont
vent se résumer au choix des semences, épo été soutenus par des hommes de talent ; la
solution du problème s'est fait long-temps at
que et profondeur, procédés de sémination ,
tendre ; mais on a fini par comprendre qu'il
moyens employés pour recouvrir la semence . est impossible de le résoudre d 'une manière
Art. ift. - Choix des semences. absolue . Les diverses variétés de plantes que
nous cultivons peuvent- elles dégénérer ? La
Celui quiprocèderait sans règle et sans mé différence dans le climat, le changement de
thode au choix de sa semence débuterait par culture , un sol d 'une composition différente
une faute . Ce n 'est pas à l'époque de la se I peuvent- ils avoir sur les produits une in
maille que l'on doit chercher à se procurer fluenceassez puissante pour leur faire perdre
celles dont on a besoin , c 'est à l'époque même quelques -unes de leurs propriétés ? On ne
de la récolte précédente, parce que c'est alors | peut en douter, si l'on examine ce qui se
qu 'on peut déterminer quelles sont les va passe dans une foule de localités sur un grand
riétés les plus productives, les plus rustiques, | nombre de plantes cultivées.
les plusappropriées à la nature du sol. i.cartez Dans les campagnes on attribue à un chan
la semence provenant d 'un individu chétif, ra gementde solou de climature ce qui est le ré
bougri , elle donnerait naissance à des plantes sultat du mélange de la poussière fécondante ,
faibles et débiles. Pour les céréales surtout, |mélange qui s'opère quelquefois à des dis
gardez- vous d 'employer les graius produits tances assez grandes. On cultive dans les en
par une récolte roulée , venue sur un terrain | virons de Grenoble un blé barbu très -estimé
ombragé ou dans un sol fumé avec excès. I par l'abondance de ses produits. Ce froment
Arrêtez -vous à une pièce dont tous les épis n ' a pas tardé à perdre sa physionomie
soient parfaitement développés,où les herbes dans une autre contrée, parce qu 'il avait été
parasites soient rares : laissez ce grain arri- semé à côté d 'un blé barbu ordinaire. Sous
ver à une complète maturité , et vous serez ce rapport il ne peut être douteux qu 'un re
certain qu 'après l'avoir serré et battu séparé nouvellement de semence ne soit utile dans
AGRICULTURE, 27me livraison . TOME I. - 27
210 AGRICULTURE : ENSEMENCEMENS ET PLANTATIONS. . LIV. 1".
quelquescirconstances.Ua avantage du chan malheur au cultivateur qui, ne sachant pas se
gement de semence, quand il est fait avec plier aux circonstances, s'obstine à exécuter
connaissance de cause, c'est la disparition de cette opération dans un temps peu oppor
quelques herbes parasites.il n'est pas de cul tun. —Le moment des semailles d'automneesl
tivateur qui n'ait remarqué que la plupart de indiqué par des signes naturels qui sont
ces végétaux se cantonnent chacun sur un les mêmes pour tous les climats. Je rapporte
sol d'une nature particulière. Il est évident les paroles d'ÛLiviER de Sehres sur cet ob
que les semences de ces plantes qui se trou jet: « Les premières feuilles des arbres tom-
veraient dans le grain destiné à la reproduc » bant d'elles-mêmes nous donnent avis de
tion, viendront mal ou ne viendront pas du » l'arrivée de la saison des semences. Les
tout si on les répand sur un terrain d'une na » araignées de terre aussi par leurs ouvrages
ture différente de celle où ils croissent spon » nous sollicitent à jeter nos blés en terre;
tanément. » car jamais elles ne filent en automne que
Si l'on excepte les circonstances que je » le ciel ne soit bien disposé à faire germer
•viens d'énumérer, croire qu'un changement » nos blés de nouveau semés, ce qu'on con-
de semence est indispensable, c'est s'abuser; » naît aisément à la lueur du soleil qui fait
c'est dépenser un temps et un argent inuti > voir les filets et toiles de ces bestioles tra-
les, et s'exposer même à remplacer une va n verser les terres en rampant sur les gué-
riété excellente par une autre qui n'ofi're en » rets. Instructions générales qui peuvent
compensation aucun genre de mérite. Est-ce » servir et être communiquées à toutes na-
à dire qu'il faille s'en tenir à la variété qu'on » lions, propres à chaque climat, et indi-
cultive et qu'on a toujours cultivée? uon cer » quées par la nature qui, par ces choses ab-
tainement. Le cultivateur prudent et ami du » jectes, sollicite les paresseux à mettre la
perfectionnement saura ne pas rester en ar » dernière main à leur ouvrage, sans user
rière du progrès, concilier les enseignemens » d'aucune remise ni longueur. » Ces pré
de l'expérience elles révélations de lascience. ceptes sont excellens pour déterminer l'é
Il essaiera les variétés nouvelles et préconi poque la plus favorable à la semaille des
sées, mais sur une petite étendue, et ne se piaules hivernales. — Celles qui sont semées
prononcera qu'en face de faits positifs et de en une autre saison courent beaucoup plus
résultats concluait*. dechances,et le cultivateur habile saisiraaui
On a discuté la question de savoir si les se cheveux l'occasion qui se présentera favora
mences nouvelles sont préférables à celles qui ble. Il n'y a souvent au printemps qu'une se
ont été récoltées depuis plusieurs années. Il maine, qu'un jour propice, et il faut être
est des graines qui conservent leurs facultés préparé d'avance à en profiter. Il est même
germinatives pendant plusieurs années, il en des circonstances où il vaut mieux semer en
est d'autres qui la perdent après quelques temps convenable, au risque de ne pas don
mois. Cependant la plupart des plantes agri ner à la terre les préparations d'usage. Je ne
coles possèdent cette propriété pendant connais pas de céréales qui exige un sol plus
2 années au moins. L'inconvénient que l'on meuble que l'orge; cependant il arrive sou
trouve à se servir de semences vieilles et su vent que pour procurera la terre celte pulvé
rannées, c'est que le germe raccorni par le risation si utile, l'époque de la séminatiou
temps et une longue dessiccation est plus se trouve ajournée indéfiniment; les chaleurs
long-temps à lever, et que la graine courl par de l'été surprennent la jeune plante dan*
conséquent plus de chances d'être détruite son enfance, et sa végétation se trouve arrê
lar les animaux avant que la plante soit à tée instantanément. Ainsi, toutes les fois que
F;
'abri de leurs atteintes- On a remarqué en pour donner au sol une meilleure façon on
core que les semences nouvelles fournissent sera obligé d'outre-passer de beaucoup Ie-
de plus belles tiges, et que les vieilles produi poque reconnue la plus convenable, o«
sent un grain mieuxdéveloppé. pourra être assuré d'une diminution notable
dans les produits.
Si nous examinons la question dans ses
Art. n. — Époque et profondeur des semailles. rapports avec l'économie rurale et la cbimi
agricole, nous verrons : 1" que, pour les*:
§ Ier. — Époque des semailles. mailles d'automne, les terres argileuses «»■
vent être ensemencées avant celles dont la"
Nous ne parlerons pas ici des préparations ce ture est calcaire ou siliceuse. Les terra"]*||er
dernier genre se laissent encore travai
auxquelleson a proposé de soumettre les plan à l'aiTière-saison,même
tes avant de les confier à la terre; nous au lorsque les P'uie., s
laissent entre elles que de courts interva i
rons soin de les indiquer lorsque nous trace
parce qu'ilsdont
rons de la culture spéciale. L'époque où l'on l'humidité laissent
ils seabondamment
sont emparés.^P3^ J- an, ■
doit semer est subordonnée au climat, à la
rusticité de la plante, au temps où l'on se pro plus lente, devient plastique, boueuse _e £
au contraire, où l'évaporatiou est beau*
pose d'en récolter les produits. On tombe
rait dans une grave erreur si l'on croyait ficile à cultiver. Les hommes, les ani fonc-
qu'il y a pour chaque contrée une époque fixe sont excédés de fatigue, les ma"
_ue, les instruiiiens
!î""iâ«t que
pour la semaille. Les Anglais, qui ont sur ce tionnent mal ou se" briseut, et il n* ^
sujet, des idées très-saines, possèdent un trop commun de voir une sema c'cès;
adage qui devrait être répété par tous les cul exécutée, anéantir toute espèce de su ^
tivateurs : a Soyez plutôt hors du temps que 2° Qu'on doit encore semer les P.r.^fflCni
de la température. » A l'époque ordinaire les terres les plus éloignées des y ur
des semailles, l'inclémence de la saison ne d'exploitation, afin de pouvoir sa's' coUrU
laisse souvent aucun espoir de succès : alors, celles qui sont plus rapprochées, K
cbap. T. ÉPOQUE', PROFONDEUR DES ENSEMENCEMENS. 21 1
intervalles de beau temps que l'arrière-au- cines, fortement implantées dans le sol, ne
lomne permet d'utiliser; puissent être soulevées parle gonflement du
3° Que le contraire arrive précisément pour terrain. - |
les semailles exécutées au printemps. Les Nous allons indiquer ici les diverses pro
terres argileuses, humides des pluies de fondeurs auxquelles il convient d'enterrer la
l'hiver, ne peuvent encore laisser marcher semence des principales plantes agricoles.il
la charrue ou la herse, que déjà les terres est reconnu, en général, qu'aucune graine ne
siliceuses et calcaires sont ressuyées. C'est germe enfouie à plus de 5 à 6 pouces. Ce
donc par celles-ci qu'il convient de commen que nous allons dire suppose un sol de
cer. Les jours se dépenseraient inutilement consistance moyenne.
en voyages si les animaux allaient, au com La féverole est de tous les végétaux culti
mencement du printemps, travailler les par vés celui qui supporte la plus forte couver
ties les plus reculées du domaine-, c'est donc ture de terre; même dans un sol tenace, elle
à celles qui sont plus rapprochées que l'on lève très-bien à 3 ou 4 pouces.
devra donner les premiers soins. Pour l'orge et l'avoine, 2 pouces à 2 pou
C'est en faisant une étude sérieuse de la na ces 1/2.
ture de son terrain et de l'exigence du climat Les vesces, les lentilles, les betteraves, les
que le cultivateur parviendra à distribuer pois, le seigle et le froment, de 1 à 2 pouces.
ses travaux d'une manière régulière, et à Les hancots,\e mais et le colza, 1 pouce et
exécuter la semaille de chaque pièce dans le demi.
temps le plus opportun. Les autres graines' oléagineuses,* le lin, [le
rutabaga, 1/2 pouce.
§ II. — Profondeur des semences. Les navets et les carottes, 1/2 pouce au' plus.
Enfin les semences des prairies artificielles,
Quand on songe au grand nombre de se \&gaude, le pavot et la chicorée demandent à.
mences que produisent les plantes des peine à être recouvertes.
champs, les arbres des forêts, on est étonné
de la petite quantité de végétaux qui crois § III. — Quantité de semences à employer.
sent spontanément sur le soi; mais l'étonné-
ment cesse lorsqu'on voit que la plupart de Si toutes les graines que l'on confie à la terre
ces semences, abandonnées au hasard, n'ont g-e/vttâ/eniet donnaient naissance à une plante
pas été placées dans les conditions indispen bien développée, il n'y a aucun doute que la
sables à la germination. La principale de ces proportion ordinairement employée ne soit
conditions, c'est A'être recouvertes d'une cou trop forte. Mais, quelque soin que l'on ait
che de terre suffisante. Les expériences des pris pour choisir la semence, il y en a tou
physiologistes nous apprennent que les phé jours une petite partie qui a perdu la faculté
nomènes qui accompagnent la germination germinative; avec quelque précaution que
dans ses phases diverses ne s'accomplissent Ton ait préparé le terrain, il y a toujours un
qu'imparfaitement sous l'iniluence de la lu certain nombre de graines qui ne sont pas en
mière. Il faut donc que la semence soit en terrées à la profondeur convenable. Les
terrée à une certaine profondeur, afin qu'elle oiseaux, les insectes en détruisent souvent
soit dans la plus complète obscurité. D après une grande partie. Ceux qui n'ont pas cal
d'autres expériences, la présence de l'oxigène culé toutes ces causes de diminution peuvent
est indispensable pour que l'embryon se dé bien soutenir qu'on répand trop de semence
veloppe. Il faut donc, en second lieu, que la d'après les exemples étonnansde la fécondité
couche de terre qui recouvre la semence soit de la plupart des végétaux cultivés; ainsi,
assez peu épaisse pour ne pas intercepter la Miller, jardinier anglais, en semant un seul
communication de l'oxigène de l'air avec la grain de froment , en obtint plusieurs mil
graine. liers. Mais combien de cultivateurs se sont
Le cultivateur qui a étudié les vœux des repentis d'avoir mis en application les conseils
plantes sous ce double rapport ne sera ja des hommes qui ne raisonnaient que d'après
mais embarrassé pour déterminer la profon les essais tentés dans un sol de premier choix !
deur à laquelle il doit enterrer la graine. Nous indiquerons en traitant de chaque
Celle profondeur n'est point absolue, elle plante la quantité de semence que l'on doit
Wie avec la nature du sol, l'époque de la employer dans un sol de_ferlilité et de con
semaille et la grosseur de la semence. Plus sistance ordinaires.
k graine est grosse, plus elle veut être enter Ici nousferons seulement observer que cette
rée profondément. Cet axiome est général, quantité doit être diminuée dans un sol riche,
mais pas universel. Plus le sol est argileux, parce que, dans cette circonstance, les
plus il faut enterrer superficiellement, et la plantes culmifères ont beaucoup de disposi
raison en est tirée de ce que nous avons dit tion à produire des talles ou pousses latéra
tout-à-l'heure-, l'argile est une terre tenace, les; parce que les autres végétaux y acquiè
peu perméable aux influences extérieures; rent de grandes dimensions. Leur dévelop
et il est impossible à l'oxigène de pénétrer pement serait contrarié par la multiplicité
une couche qui ne lui laisse aucun passage. des plantes qui se trouveraient agglomérées
Ce sol, par sa ténacité, offre également, à la sur un même point. Au lieu de donner des
sortie de la jeune plante, des obstacles qu'elle produ ts plus abi ml. 'iis, une semaille épaisse
ue peut souvent surmonter. n'aurait dans ce cas d'autre résultat que d'em
Il est certaines te/res qui sont sujettes an pêcher la circulation libre de l'air, d'inter
déchaussement; pour celles-là, on enterre cepter la lumière et en définitive d'étioler la
égalemeut la semence à une plus grande majeure partie des végétaux. 11 convient en
profondeur qu'à l'ordinaire, alin que les ra- core de diminuer la quantité de semence
313 AGRICULTURE : ENSEMENCEMENS ET PLANTATIONS,
Hv. I".
quand la semaille s'exécute de bonne heure, On peut résumer ainsi les avantages dts
parce qu'alors le terrain est ordinairement semoirs : ils distribuent le grain aussi égale-
mieux préparé, que la terre, encore échauffée ment que possible sans le déposer avec la
par les rayons du soleil, hâte la germination main et aussi dru qu'on le désire; -ils in
des grains et les soustrait à tous les accidens troduisent le grain en terre à une profon
qui les détruiraient. deur réglée et qui dépend également du vou
Au contraire,la quantité de semence doit être loir de celui qui dirige l'instrument; -ils
augmentée dans les sols pauvres, dans les permettent, dans la plupart des cas, d'éco
semailles tardives. Généralement parlant, les nomiser une partie de la semence. — Quant
variétés de printemps veulent être semées a la disposition des plantes par rangée» pa
plus drues que les variétés d'automne. Le rallèles, nous verrons plus tard que ce n'est
blé d'hiver, par exemple, a le temps de taller pas toujours un avantage.
avant et après l'hiver; tandis que celui du
printemps est à peine germé, que les pluies IlsLeurs inconvéniens se bornent à ceux-ci :-
exigent plus de temps pour l'accomplis
douces de la saison et le soleil concourent sement des semailles, et forcent quelquefois
à donner à la végétation une grande activité : à semer par un temps peu opportun. Ils de
les tiges montent rapidement, mais elles ne mandent une certaine sagacité de la part de
peuvent produire de pousses latérales. celui qui dirige l'instrument, qualité qu'on
ABT. m. — Des procédés de sémination. ne rencontre pas toujours aujourd'hui dans
les agens inférieurs de la culture. — D'ail
Jusqu'à présent on ne connaît que trois leurs ces instrumens sont coûteux et quel
moyens pourdistribuer la semence sur le sol : quefois d'un entretien dispendieux. Il faut
à la volée, au semoir, au plantoir. Le dernier non seulement un mécanicien habile pour
procédé est abandonne presque partout les construire, maisencore un ouvrier exercé
pour les céréales, et restreint pour les autres pour les réparer, hommes difficiles à trouver
plantes à un très-petit nombre de circon dans les campagnes.
stances qui ne se rencontrent que dans la Cependant, les Chinois ont de temps im
petite culture et dans les exploitations ma mémorial employé les semoirs pour la se
raîchères. Le second, peu usité pour la se maille des granilères, et il est certain que
maille des plantes culmifères, commence à quelques personnes en ont exagéré les incon
être utilisé pour les végétaux qu'on sème en véniens. Celui de Patullo a été imité par
lignes. Enfin, le premier procédé est le seul Coke en Angleterre et singulièrement per
connu dans les contrées où l'art agricole est fectionné dans ces derniers temps par M. m
demeuré stationnaire : il est aussi celui qui Valcourt, à Paru et dans l'établissement de
jusqu'à présent offre le plus d'avantages pour Grignon. Nous regrettons beaucoup de ne
la sémination des céréales.—Nous renvoyons pouvoir donner la figure de cet instrument
à la section suivante, qui est celle des plan qu'en l'absence de M. de Valcourt nous avons
tations, ce que nous avons à dire des plantes inutilement demandé à l'Institut agricole de
qui se multiplient par le moyen de tubercu Grignon. Il esl composé de cuillères en cui
les, de drageons, comme la pomme-de-terre, vre, qui sontplacéesà l'extrémité d'unesérie
la garance, le houblon, elc. Nous ne nous de petits embranchemens qui sont comme
étendrons pas sur la dernière méthode, pour les rayons d'un cylindre. Ce cylindre porte
donner plus de développement à la descrip à l'une de ses extrémités une poulie fixfi
tion des deux autres. qui reçoit son mouvement de rotation au
moyen d'une chaîne. Cette chaîne entoure
§ Ier. — Des semoirs. (Vrills des Anglais.) également une poulie fixée sur l'essieu de la
roue , lequel forme l'axe de cette seconde
Patullo en Espagne, Tull en Angleterre, partie.
Duhamel en France, de Fellembebg en Le semoir de Tull {fig. 287) a été,prôné
Suisse, ont cherché à introduire l'usage des
temoirs pour les céréales. Tous ces noms font
autorite en agriculture, et puisque des
hommes détalent n'ont pas douté de la pos
sibilité, nous devons encourager ceux qui
s'occupent à perfectionner ces instrumens,
à en imaginer de nouveaux. Les inventeurs
des semoirs à céréales, découragés eux-
mêmes par l'insuccès de leurs tentatives,
ruinés par des dépenses énormes, n'avaient
plus d'imitateurs ou du moins leurs rares
partisans se contentaient de suivre leur sys
tème dans le silence, quand M. Hugues, avo-
catà Bordeaux, après avoir brillé au barreau,
voulut encore couvrir son nom d'un autre par tous les partisans de ses idées. Il se com
genre de célébrité. Les suffrages qu'il a ob pose d'une caisse divisée en plusieurs
tenus de tous côtés ont été unanimes et sans compartiraens. Dans chacun de ceux-ci se
restriction. trouve un cylindre en bois percé de deux
Si nous met tons de côté la question de nom rangées de trous, comme on le voit dans la
pour n'envisager que la chose en elle-même, Jtg. 287. Une chaîne sans fin communique
nous voyons que les avantages qu'offrent les à ce cylindre le mouvement qu'elle-même re
semoirs sont compensés par de nombreux çoit de l'avant-lrain. Pendant le mouvement
inconvéniens. de rotation, les semences se logent dans le»
ciAP. 7*. DES SEMOIRS, ai*
ment sème très-épais, ou des semences qui ont
un certain volume. Si l'on veut semer moins
dru ou des semences ténues, on rapproche la
charnière comme on le voit dans la partie à
droite, où la capacité de l'ouverture est amoin
drie et ne laisse plus échapper que des graines
très-fines. M. de Fellemberg, je crois, est
un des premiers qui aient appliqué cette
disposition aux semoirs de son invention.
M. de Dombasle l'emploie également pour
ses semoirs à graines fines ; enfin, le beau se
cavités pratiquées à la périphérie, et, quand moir de M. Crespei. Delisse est composé
le cylindre a fait sa révolution, elles descen d'une série de lanternes posées les unes à
dent par un tube (fîg-2&8) dans le rayon qui a côté des autres.
été tracé par sa partie inférieure, et sont Le mécanisme de ces semoirs est très-simple.
immédiatement recouvertes par les dents Leur direction exige cependant quelques don
d'un râteau. L'inspection des figures suffit nées pratiques. Ils se remplissent de graines
pour démontrer le mécanisme de cet instru au moyen du tube supérieur portant àson ex
ment. Partout où on l'a essayé il a été trouve trémité un couvercle qu'on enlève et qu'on rer
d une manœuvre trop compliquée et d'une place à volonté. La capsule ne doit pas être
construction trop fragile et trop délicate. remplie à plus de2/3de sa capacité, soit parce
Bailleurs, par la disposition adoptée, on ne que la graine sort mal si l'on n'a celte pré
peut remplir de semence qu'une partie de la caution, soit parce qu'elle est alors trop pe
caisse; aujourd'hui on a remédié à ce dés sante pour tourner avec facilité. Le dernier
avantage au moyen des brosses. inconvénient est sensible surtout lorsque le
In autre genre de semoir employé avec suc semoir n'a pas plusieurs capsules. La graine)
cès parM. ARBUTBNOT,estcelui qui, au lieu de devra être préalablement purgée de toutes les
trémie fixe.supporle un baril mobile [fig. 289) substances étrangères qui fermeraient l'ou
Fig. 28!). soutenu par deux rou verture, et dégagée de toutes les aspérités
lettes. Les semences qui l'empêcheraient de passer.
qui y sont contenues Le semoir que les Auglais emploient le
trouvent une issue par plus généralement (fig. 292 et 293 ), se com-
les, trous qu'on a Fig.292.
pratiqués sur la cir
conférence. Les deux
dents qui se trouvent
enchâssées dans la traverse postérieure, font
l'office de berse ou de râteau pour recouvrir
et enterrer. C'est surtout pour les turnepsou
graines fines qu'il est usité.
Au baril en bois on a substitué dans ces
derniers temps une capsule ou lanterne en
fer-blanc, formée de 2 cônes tronqués, assem
blés par leur base et présentant la forme de
la figure 290. Le milieu est une bande percée
d'une série de
Fig. 290. trous, dont les
diamètres sont
proportionnés au
calibre des se
mences qu'on ré-
f>and. Lorsqu'el-
essonttrès-tines,
on ne laisse ou
vert sque les trous
v v et on ferme
tous les autres a-
vec des lièges. —
Fig. 291. Mais ce moyen est
sujet à plusieurs
inconvéniens ;
c'est ce qui a
Ï5F Tfifc».>,
fait imaginer un
autre expédient
(fig. 291). La par
tie supérieure ou le sommet de la lanterne
est muni de 2 rebords à charnières, dans les
quelles ghssenl autant d'oreillettes qu'il y a
de trous, et éehancrées dans la partie quiest
destinée à s'aboucher avec l'ouverture. La
partie à gauche représente l'oreillette éloi
gnée du trou. Avec celle disposition, 1 înstru- pose d'une trémie fixée sur le montant c au
214 AGRICULTURE : ENSEMENCEMENS ET PLANTATIONS. tnr. i".
moyen de brides et contenant un cylindre d
qui reçoit, à l'extérieur de la trémie, un mou Fig. 296.
vement de rotation par le moyen de la ma
nivelle /. Le corps du semoir proprement
dit est précédé d'un brancard avec un en
cadrement supportant l'essieu i des 2 cylin
dres concaves kk. L'addition de ces 2 rouleaux
annonce que le terrain est préparé enbillons.
Le cheval de tir marche entre la crête des 2 bil-
lons L M(Jîg. 294), dont les arêtes abattues et
Fig. 294.
Ces opérations portent en général le nom dant laquelle chaque partie de l'eau est sans
de menues cultures. On comprend sous cette cesse remplacée par une autre, et la stagna
dénomination les travaux qui ont pour but tion d'une eau qui croupit, fermente avec les
d'assurer, depuis la seinaille ou la planta racines des plantes et finit par les décompo
tion jusqu'au moment de la récolte, le suc ser? S'il y en avait une, elle serait à l'avan
cès des diverses cultures. Cette partie de tage de l'eau qui ne fait que passer plutôt
l'art agricole intéresse le cultivateur à un qu'à celle qui séjourne, il est donc d'une
trop haut degré pour que nous négligions grande importance de procurer à l'humidité
aucun des détails qui y ont rapport. un écoulement toujours facile. Le moyen
est simple et peu dispendieux. On prend une
Section i". — Façons pour l'égouttement du charrue ordinaire et on ouvre un sillon qui
sol. serpente du point le plus élevé de la piecea
la partie inférieure, en passant par les en
Le premier objet qui mérite une sévère at droits où l'eau parait devoir rester station-
tention, c'est le tracé et l'entretien des raies naire. On trace un nombre de raies suffisant
iTécoulement. Elles ont pour but de soustraire pour procurer un assainissement complu-
les récoltes à l'influence d'une humidité pro Toutes ces rigoles particulières (A. B C D ti
longée et aux désastres qu'occasione aux fig. 322) viennent se rendre dans une autre
emblavures d'hiver, l'eau qui ravine les co
teaux lorsqu'on n'a pas eu la précaution de Fig. 322.
lui ménager une issue. On est communément
trop disposé à se déguiser à soi-même le tort
que fait aux plantes le séjour de l'eau dans
le sein de la terre. Des observations que
l'expérience semble justifier portent à croire
que le seigle succombe à une inondation qui
durerait 8 jours, l'orge d'hiver et l'avoine à
une inondation de 12 jours, et que le froment
résiste 38 jours. Or, quelle diftérence y a-t-il
pour ces plantes entre une inondation pen | plus large et. plus profonde (F G) [placée au
CHAP. 8e. FAÇONS POUR L'AMEUBLISSEMENT DU SOL. 223
bas de la pièce et destinée à l'évacuation dé- Ce n'est autre chose qu'un encadrement
liuitive de l'eau. Lorsque le sol présente une formé par deux morceaux de bois réunis par
grande inclinaison, il serait peu prudent de des traverses : il faut que les deux ailes ne
diriger le sillon d'écoulement dans le sens soient pas parallèles. A chaque versoir est
de la plus forte pente. L'eau provenant des attachée une chaîne fixée pareillement à
pluies ou des fontes subites de neige se pré chacun des deux bras, de telle sorte que
cipiterait par torrens , entraînant avec elle la lorsque l'instrument fonctionne, le rabot en
terre, les engrais et les plantes. Une direc suit la direction en repoussant et nivelant la
tion oblique qui force l'eau à s'écouler lente terre qui a été amoncelée.
ment et sans dégâts, est beaucoup plus avan Il est souvent nécessaire encore de curer
tageuse. Le fossé qui reçoit les sillons se les rigoles à la pelle afin que rien n'obstrue le
condaires sera barré par intervalles , afin passage de l'eau. Immédiatement après les
que la terre et les engrais que l'eau tient en pluies un peu abondantes et après les fortes
suspension, puissent s'y déposer. Ce limon, averses, on visitera les rigoles avec soin; il
provenant des parties supérieures, est enlevé peut se former des amas de terre qui forcent
dans un moment de loisir et va féconder les l'eau à prendre une autre direction : une
portions qui en ont été frustrées. Cette opé pierre, une branche la détournent quelque
ration, bien connue dans les pays de vigno fois de la marche qui lui a été tracée. La
bles, se nomme ferrage. La direction des moindre négligence sur ce point peut occa-
raies d'écoulement doit prendre insensible sioner de grands dégâts. Dans les grandes
ment celle de la grande rigole inférieure. exploitations bien dirigées, où chaque em
Sans cela l'eau, arrivant impétueusement des ployé est chargé d'une attribution spéciale
hauteurs et rencontrant directement l'eau qu'il affectionne, un seul ouvrier fait le ser
du canal de dérivation, comme mn, forcerait vice des raies d'écoulement. Comme c'est
celle-ci à sortir, et occasionerait souvent de son œuvre à lui, il y prend un intérêt plus
grands dégâts. particulier, et si quelque chose pèche sous
Les barrages dont nous avons parlé {fig. 323) ce rapport, il ne peut en éluder la responsa
Fig. 323. bilité, ce qui arrive trop souvent quand il n'y
a pas de spécialité dans les attributions. C'est
ordinairement à l'irrigateur qu'est confié le
tracé et l'entretien des sillons d'écoulement.
Un avantage important qui résulte des ri
goles d'évacuation lorsqu'elles sont établies
avec intelligence et entretenues avec soin,
c'est que les plantes déchaussent rarement.
Personne n'ignore que ce dernier phéno
mène se manifeste principalement pendant
seront formés de pieux enfoncés vertica l'hiver dans les sols humides et qui se gon
lement et assemblés par une traverse ho flent par la congélation de l'eau. Si celle-ci
rizontale. Ils seront assez éloignés les uns ne s'y trouve que dans une faible proportion,
des autres pour laisser passer l'eau, et assez le gonflement n'aura lieu qu'imparfaitement,
rapprochés aussi pour lui opposer un faible et ses résultats n'auront pas de suites fâ
obstacle. Il est même quelquefois utile, pour cheuses.
atteindre ce dernier but, de clayonner le Si, malgré les précautions que nous ve
barrage. nons d'indiquer, le déchaussement a lieu et
Pour tracer les raies d'écoulement, au lieu met à nu les racines des plantes, on remédie
d'une charrue à un seul versoir qui trace au mal jusqu'à un certain point en semant
une raie peu régulière et accumule la terre sur la récolte un compost formé de terre et
sur nne seule épaule du sillon , on se sert du de fumier et en roulant énergiquement.
butoir à double versoir, dont le travail est L'engrais pulvérulent forme comme une cou
plus satisfaisant. Mais, dans l'un comme che légère sur les racines dénudées, le rou
dans l'autre cas, il y a toujours de chaque leau les a enfoncées dans le sol et les a re
côté un amoncellement formé par la terre couvertes avec la terre des aspérités prove
wrlie de la raie, et qui empêche l'eau d'ar nant des mottes de la surface.
river dans la rigole. 11 faut, pour obtenir des
raies d'écoulement tout l'effet désiré, ra Section II. — Façons pour l'ameublissement
battre cet exhaussement à la pelle, ou mieux du sol.
adapter au butoir le rabot de raies ( fig. 324 ).
Art. 1er. — Du hersage des récoltes.
Fig. 324.
§ Ier.— Hersage des céréales.
Les cultivateurs sont assez généralement
convaincus de l'efficacité du hersage comme
moyen de préparation des terres et d'en
fouissement pour les semences, mais ils ne
reconnaissent pas tous les résultats avanta
geux qu'a cette opération pour l'entretien
des céréales. Les plantes une fois confiées à
la terre , le laboureur français ne s'en oc
cupe plus que pour les récolter ou leur
donner un sarclage insuffisant.
Il ne faut pas se dissimuler que le succès
.224 AGRICULTURE : DES FAÇONS D'ENTRETIEN DES TERRES. . m.
de cette façon dépend moins de l'habileté
dans l'exécution que de la sagacité dans le § III. — Du hersage des prairies.
choix du moment. Si la terre est humide, pâ
teuse, la herse bouleversera tout, et per Cette opération, si profitable aux prairies
sonne n'ignore que le terrain remué lorsqu'il en général , et aux prairies artificielles eu
est trop humide, n'en est que plus disposé particulier, est encore inconnue de la plu
par la suite à former croûte en se dessé part des cultivateurs français. Pourtant la
chant. Si l'on herse, au contraire, lorsque la proportion dans laquelle elle augmente le
sécheresse a déjà durci la surface, l'instru produit dans certains cas est à peine croya
ment ne pénétrera que difficilement et par ble. Elle a pour but, dans les prés naturels,
saccades; la terre s enlèvera par masse et de rechausser le gazon, de l'ouvrir aux iu-
déracinera les plantes. Le cultivateur placé fluences de l'air , et par conséquent de le re
dans cette circonstance ne devra pas renon nouveler. En Allemagne, on ne se contente
cer au bénéfice du hersage. En faisant aupa pas du hersage, on scarifie (voy. pour les&i-
ravant passer le rouleau ordinaire, ou mieux rificateurs, ci-devantp. 203).Ce travail est uti
le rouleau squelette de M. de Dombasle, la le surtout pour enlever la mousse et donner
terre est brisée en petits fragmens, la herse passage aux engrais qui pénètrent alors plus
pénètre sans peine et ameublit le sol qui facilement dans la terre, et ne courent point
n'est plus susceptible de s'enlever par pla- le risque d'être entraînés par les eaux plu
Î[ues. Mais, pour obtenir un plein succès, il viales loin des lieux qu'ils devaient féconder.
à ut choisir le moment où la terre se réduit Le hersage produit sur les prairies artifi
en poussière sous une faible pression et par cielles un résultat absolument semblable,
le moindre choc, bien plutôt que par le dé mais plus énergique; de plus, il détache du sol
chirement de sa surface. Il faut pour cela un les pierres qui s'y trouvaient enchâssées, et
œil vigilant, un tact particulier. L'instant qui se fussent opposées à l'action de la faux.
opportun est facile à saisir dans les terres ar On les amasse ainsi avec la plus grande faci
gileuses, mais, dans les terres sablonneuses lité el une économie notable. En Angleterre.
dites terres blanches, il n'en est pas de même; on se sert pour cela d'un instrument spécial
la couche supérieure est déjà souvent trop inventé par M. Baldwik {fig. 325); quoique
desséchée lorsque la partie inférieure est Fig. 325.
encore trop humide. Pour les sols de cette
nature, il n'y a souvent qu'un seul jour fa
vorable au hersage, et ceux qui en cultivent
de tels devront être aux aguets pour en pro
fiter.
Un des grands avantages du hersage des
céréales, c'est la production des lai les. Le
tallemcnt est une sorte de marcotage qui
n'a lieu qu'autant que les plantes sont bu
tées avec une terre nouvelle. Tous les moyens
qui peuvent rechausser les végétaux procu
rent ce résultat, mais aucun n'est plus éco
nomique ni plus expéditif que le hersage. destiné à la culture de la luzerne semée en
lignes, il pourrait fonctionuer avec avantage
§ II.—Hersage des plantes sarclées. dans tontes les prairies artificielles. On pour
rait croire que le déchirement des pieds de
Si quelques cultivateurs ont appréhendé sainfoin , de luzerne , etc., amènera la mort
que le hersage des céréales ne détruisit un des individus lésés; il n'en est rien, la na
trop grand nombre de plantes, à plus forte ture cherche constamment à réparer ses per
raison tremblera-t-on à la seule idée de voir tes, la sève afflue avec abondance vers U
une herse dans une pièce de betteraves, de partie offensée, et la végétation se ranime.
colza, de navets, etc. Comme cet instrument
marche un peu au hasard, on pourrait crain
dre qu'en somme le résultat ne fût perni Art. ii. —Du binage.
cieux. Certainement, lorsque les plantes ont
acquis une grande dimension, il serait diffi Ce que nous avons dit de l'efficacité fie la
cile que la herse ne fonctionnât pas sans oc- pulvérisation du sol par le hersage s'appli
casioner de très-grands dégàls. Il n'eu est que avec bien plus de raison encore aux résul
pas de même lorsqu'elles sont à leur pre tais obtenus par le binage. Généralement o"
mière enfance. Il est prudent de se servir est disposé à tomber dans 2 graves er
d'une herse dont les dents soient presque reurs relativement à cette façon. La première
perpendiculaires au sol. Quand l'instrument c'est de croire qu'il n'est indispensable que
a passé, le champ semble quelquefois ravagé : lorsque la terre est couverte de mauvaises
aussi les Belges disent proverbialement que herbes; la seconde, d'être persuadé que les
« celui qui herse des navels ne doit pas résultats sont nuisibles aux récoltes, <]"on
regarder derrière lui. » Cette culture ne s'ap met le Jeu dans ta terre, si on en ouvre K
plique pas exclusivement aux plantes semées sein par un temps sec. L'opinion de Tru-i
a la volée, elle agit d'une manière aussi effi de Cobbett et de quelques autres agronomes
cace el aussi avantageuse sur celles qu'on a qui croient pouvoir attribuer toute la fertilité
semées en lignes. à l'aérai ion du sol, milite contre la dernière
de ces opinions, et la plus simple observa
tion des phénomènes qui se passent sous nos
tflAP. 81 FAÇONS POUR L'AMEUBLISSEMENT DU SOI,. S2S
veux tous les jours , nous convaincra de sa négligence de la nature de celle dont je viens
fausseté. de parler, fera perdre dans bien des cas 1/3 des
On a 'apprécie pas assez non plus l'effet de la produits qu'on eût obtenus en suivant une
rosée; c'est elle seule qui empêche de se des marche opposée.
sécher les plantes cultivées sous les tropiques,
on l'évaporation est si abondante, et où cepen §le Du binnge des céréales.
dant la végétation se montre plus riche et
plus luxuriante qu'ailleurs. La rosée est peu Les binages sont rarement appliqués aux
utile, il est vrai,. sur une terre battue, mais céréales, soit parce quecetteopération, entre-
il n'en est pas de même si elle a été bien Crise sur une grande superficie, exige des
ameublie par des binages fréquens. Dans ras nombreux que l'on ne peut souvent se(
celle-ci, la moindre pluie, l'humidité des ro procurer, soit parce que la dépense est au-'
sées elle-même , qui se dépose à la surface, dessus des ressources dont peuvent disposer
descendent ensuite jusqu'aux racines , et se à cette époque la plupart des cultivateurs.
logent dans les interstices du terrain soulevé, C'est là une difficulté avec laquelle il faut
comme dans les cellules d'une éponge. Dans souvent transiger. La dépense se monte d'or
celui qui n'a pas été aussi convenablement dinaire de 15 a 20 fr. par hectare : 20 per
préparé, l'eau des pluies s'écoule sur la su sonnes, femmes eUenfans, binent cette su
perficie comme sur un parquet, et n'est que perficie dans un jour, lorsque la semai Ile a
d'une utilité secondaire pour la végétation. été faite à la volée. C'est pour diminuer les
Au reste, celui qui ue serait pas persuadé frais de ce binage, et pour d'autres avantages
par les raisons que nous venons de donner, encore, qu'on a cherché dans ces derniers
servirait mal ses intérêts, s'il ne tentait l'ex temps à exécuter en ligne la semaille de tou
périence au moins sur une petite superficie. tes les espèces de culmifères. Le semoir
La seconde erreur que nous avons signalée, Hugues est celui qui jusqu'alors remplitle
c'est de confondre le binage avec le sarclage, plus grand nombre des conditions désirées
et de croire qu'il n'est réellement efficace que dans ces sortes d'instrumens. Son inventeur
dans les cas oîi les mauvaises herbes tapissent a de plus imaginé un sarcloir monté sur deux
le sol. De cette erreur en découle nécessaire petites roues {fig. 326) , et qui abrège beau-
ment une autre, c'est qu'afin d'éviter les frais Fig. 326.
d'un binage, on ne commence à biner que
lorsque les plantes ont envahi la surface de
la terre, étouffé les plantes qui les avoisi-
nent, et vécu aux dépens de la substance
destinée à la véritable récolte. Il s'en faut de
beaucoup que cette économie, même dans le
sens étroit que l'on donne ici à cette expres
sion , se réalise toujours d'une manière cer
taine. En effet, si, en reculant l'époque des
binages, on parvient à n'exécuter cette opéra
tion que 2 fois au lieu de 3, par exemple, je
pose en fait que ces 2 binages coûteront plus
que les 3 ou 4 qu'on eût donnés lorsque les
mauvaises herbes commencent seulement à coup le travail. Lorsqu'on n'a pas semé par
poindre, et que la superficie de la terre n'est rangées, on se sert avec avantage de la ser
pas encore endurcie. Dans cette dernière fouette [fig. 327).La la- Fig. 327.
hypothèse, les instrumens, soit à main, soit me tranchante extirpe
à cheval, ne rencontreront que de faibles et coupe les mauvai
obstacles, la terre s'ameublira sans diffi ses herbes; le bident
culté, les herbes parasites n'opposeront au passe entre les tiges,re-
cune résistance et seront complètement mue la terre et donne
détruites : tandis que, dans le premier cas, la une culture utile aux
'erre, dure comme une pierre, se laisse à chaumes de la céréale.
peine entamer, même après plusieurs coups L'homme qui a fré
répétés, la houe glisse sur les racines, et sou quenté les halles et les
vent j'ai vu des binages ainsi retardés de marchés à grain, sait qu'un binage a, sur la
mander préalablement l'extraction à la main netteté des produits, une influence qui
«les plantes inutiles, pour être exécutés d'une augmente souvent la valeur du blé de 2 fr.
manière tant soit peu profitable. On perd par hectolitre. En supposant un produit
dans cette circonstance l'avantage de pou moyen de 18 heclol. à l'hectare, un binage
voir utiliser les bras des femmes et des jeu de 15 fr. donnerait ainsi une augmentation
nes gens, qui d'ordinaire ont assez de force de 36 fr. sur le produit brut, et de 21 fr. sur
pour soutenir un binage fréquemment renou le produit net. J'ai supposé dans ce calcul
velé, mais qui ne peuvent résister à la fati que l'amélioration ne porte que sur la qua
gue du binage dans un terrain qui a été né lité, mais je suis persuadé qu'elle agit aussi
gligé. Ajoutez que la plupart des plantes favorablement sur la quantité.
Parasites, lorsqu'on les croit seulement en Encore une réflexion en faveur du bi
fleurs, ont déjà développé leurs graines que nage : celui qui n'envisage que la récolte
les secousses de l'opération détachent et ré présente ne voit qu'un côté de la question.
pandent de nouveau sur la terre. Je ne dirai Le sol est purgé des mauvaises herbes qui
rien de la diminution dans la récolte, je suis eussent infeste le sol pendant les années
convaincu par des faits multipliés qu'une suivantes de la rotation. Le trèfle que l'on
AGRICULTURE. 33* livraison. TOME I. 29
238 AGRICULTURE : DES FA.CONS D'ENTRETIEN DES TERRES. uv.i1
sème dans la céréale est recouvert par le vrier à attaquer les plantes de front : quand
binage avec beaucoup plus de perfection celles-ci sont déjà vigoureuses, qu'elles ont
qu'il
qu ne le serait avec la herse, et l'on sait poussé des racines ligneuses, elles cèdent et
qu'un beau trèfle est la meilleure garantie de plient, de sorte que, souvent, au lieu de les
réussite pour le froment oui lui succède. couper, on est forcé de les arracher en fai
Si la céréale ne contenait pas de mauvaises sant piquer l'instrument au-dessous de leurs
herbes, ou qu'on ne pût disposer que d'un racines, ce qui présente de grandes difficul
petit nombre de bras, on emploierait avec tés dans certaines natures de terres. Un
avantage et une économie notable de main- autre désavantage qui résulte de ce mode de
d'œuvre , le râteau à dents de fer. construction, c'est que la lame étant d'une
Toutes les fois que l'on se disposera à faire longueur invariable, l'instrument ne peut
biner les céréales, on aura soin de ne com fonctionner qu'autant que les rangées des
mencer cette opération qu'à Vépoque où les niantes sont a une distance au moins égale
tiges sont prêtes à monter, aûn qu'aussitôt a la longueur de la lame. Les binettes ordi
la besogne terminée le feuillage des plantes naires présentent en outre un inconvénient
couvre le sol, et ne permette plus aux grai inhérent à leur construction, c'est de forcer
nes des mauvaises herbes de germer, en leur l'ouvrier à marcher sur le sol qu'il vient de
ôtant toute communication avec l'air. pulvériser, et d'annuler en partie le succès
de l'opération. Il faut donc, pour rendre ces
§ II. — Binage à la main des récoltes sarclées. inslrumens plus parfaits, que la lame atta
que les plantes d'une manière analogue à
"Le binage des plantes sarclées s'exécute 1 action qu'exerce la faux sur les foins ou la
avec des ûistrumens conduits par des che faucille sur les euhnifères; c'est-à dire, que
vaux ou à bras d'hommes. Cette dernière le tranchant prenne une direction oblique
méthode est la seule praticable lorsque la ou de biais ; il faut de plus que la lame puisse
semaille a été faite à la volée, ou lorsque les s'alonger à volonté, et que l'opérateur mar
rangées sont tellement rapprochées qu'il se che à reculons sur la terre qui n'est pas en
rait trop dispendieux d'employer les forces core remuée.
d'un cheval pour biner une très-petite sur La binette de M. Lecoutbux (Jig. 328 ) pré
face. Nous allons parler d'abord de cette sente ces avantages Fig. 328.
manière. réunis. Elle se
Le binage à la houe à main a été long compose d'un pris
temps le seul en usage, et aujourd'hui en me de fer ; une
core on n'en connaît pas d'autres dans les quenouille, tran
9/10, au moins, des exploitations françaises . chante sur ses 2
Pour l'observateur attentif, il est certain que faces , fait corps
c'est là une des causes principales qui ont avec la partie supérieureduprisme.Unecavile
retardé chez nous les progrès de la culture pratiquée dans ce prisme permet d'y insérer
raisonnée. Il est vrai que dans bien des cir a la fois les branches coudées des deu\
constances le binage a la main ne peut être lames, qui, par cette disposition, peuvent
remplacé par aucune autre opération. C'est à volonté s'éloigner ou se rapprocher. L'a'-
le cas qui se présente, lorsque les plantes sembtage est maintenu solide par un coin
commencent à sortir de terre ; leurs racines en fer. On peut adapter des lames latérales
sont si délicates à cette époque, leurs tiges plus ou moins larges selon la distance qui
sont si grêles, qu'il serait à craindre que, se existe entre les rangées. On a remarque que
couées trop vigoureusement par la noue à quelques plantes s'échappent parfois enlre
cheval, ou même couvertes par la terre la lame médiane et les tranchans latéraux
qu'elle déplace, elles ne subissent dans ce M. Bazin, qui, le premier, a employé cet in
cas un dommage réel. C'est ce qui a lieu sur strument, a fait construire la partie inté
tout par rapport aux plantes qui se sèment rieure des lames en forme de croissant,
de bonne heure au printemps, et dont l'en modification qui ne permet plus aux plant»
fance est longue et laborieuse, parce que la de glisser; l'opération s'exécute avec un M*1
végétation n est pas encore activée par la ces marqué, et approche aussi près de la per
chaleur du soleil. Cependant il n'y a pas à fection qu'on peut le désirer. La rallss(J'|
balancer, les herbes nuisibles, plus agrestes, ou la binette de M. Lecouteux sera fort,"1''
se développent et prendront bientôt le dessus aux cultivateurs de plantes sarclées qui re "
si on n'y porte un prompt remède. Le culti tent long-temps dans l'enfance, coiamem
vateur qui sait saisir l'à-propos', et qui se carotte, le pavot semé en lignes. Dans ce
trouvera sous l'impression des considérations circonstance, les plantes parasites ont «fl
3ue nous avons t'ait valoir en faveur de la pris beaucoup de développement avan t q
estruction des végétaux parasites dans leur les végétaux utiles puissent souffrir 1u
enfance, et de l'ameublissement du sol, ne terre qu'ils occupent soit profondément ^
reculera jamais devant la dépense d'un bi muée. L'instrument dont nous parlons
nage à la main en face d'une récolte sarclée truit énergiquement les mauvaises "e. n.
qui se présenterait d'ailleurs sous des auspi sans donner de secousses violentes ausp
ces favorables. tes délicates qui doivent rester. e
Ce premier binage n'est à proprement par Au second binage, la terre qui se, tr ajS
ler qu'un ratissage. Mais un inconvénient autour des plantes peut être remuée, ^.
grave, qu'on n'avait pas encore cherché à avec précaution si celles-ci sont encore ^
écarter dans la construction des ratissoires, blés. Dans ce cas, on ne se sert pas .^
c'est qu'elles présentent une lame droite, houe à lame élargie, mais de celle dite ^
d'une longueur invariable et qui oblige l'ou gulaire ( voy. ci-dev.,p. 166, fiS' ' ''
CHM>. 8'. FAÇONS POUR L'AMEUBLISSEMENT DU SOL. 227
quelques comtés de l'Angleterre, on se sert Fig. 330. Fig. 331.
d'une houe {fig. 329) véritablement triangu-
Fig. 329. laire; le fer forme avec
le manche un angle
droit, et les Mineurs
français ne sont pas fa
miliarisés avec le ma
niement des instru-
mens qui présentent
cette disposition. La
houe triangulaire ,
n'exerçant son action (fig. 332) est avantageuse pour travailler dans
que sur une très-petite
superficie à la fois, ex Fig. 332.
pédie moins de besogne qu'une houe à lame
plus élargie; mais celle-cioffre moins de facili
té pour le binage des plantes délicates, parce
3ue l'instrument peut agir autour d'elles
ans toutes les directions, ce qui serait im
possible s'il avait de plus grandes dimen
sions. Elle est indispensable dans les sols
pierreux et caillouteux où l'on essaierait en les terrains tenaces, parce qu'on peut les dé
Tain de faire pénétrer une lame large. chirer au besoin avec les trois dents. — Duc-
Pour le premier binage j'ai vu le rouleau ket vante l'instrument (%.333) à 3 lames, pour
précéder la houe, et presque toujours avec le éclaircir les plants; ce- Fig 335. "' 333."
Fig.
plus grand succès. En effet, le grand but du lui {fig. 334) pour net JL*
binage est la pulvérisation du sol : avec la toyer les semis faits en
houe on n'obtient cet ameublissement qu'en touffes; celui {fig. 335)
déplaçant la terre. Or, il arrive souvent que pour biner les deux
ce déplacement met à nu la racine de la côtés d'un semis en li
plante, et que la cavité ne peut être fermée gne à la fois ; enfi n , un
par un nouveau transport de terre sans l'of 4e {fig. 336 ) pour ou- Fig. 334. Fig. 336.
fenser. 11 faudrait donc que la motte fût vrir des tranchées destinées à recevoir de
écrasée au lieu même qu'elle occupe, et c'est l'engrais ou la plantation des pommes-de-
ce qu'on fait sans peine avec le rouleau, en terre.
proportionnant la pesanteur de celui-ci à la Il est bien difficile d'indiquer la manière
grosseur des plantes. Je veux dire que plus de diriger une binette. Les conseils les plus
les racines ont de diamètre, moins elles sont clairs, les données les plus précises, viendront
élastiques, et moindre sera le poids Qu'elles toujours échouer contre Te peu d'habitude.
auront à supporter.— Ce n'est pas là le seul Cependant, s'il est impossible d'enseigner
avantage : à l'époque de ce premier binage avec des mots l'exécution matérielle, il n'en
les feuilles sont encore peu apparentes, les est pas moins vrai que tout cultivateur appelé
lignes ne tranchent pas par leur verdure par sa position à surveiller des travaux de ce
avec le terrain environnant; après le passage genre doit savoir distinguer un bon bineur,
du rouleau, les rangées se dessinent beau et à quels signes on reconnaît un binage bien
coup mieux qu'auparavant. Le bineur alors exécuté. L'ouvrier accoutumé à faire cette
marche avec plus de sûreté; la besogne se opération avec méthode et célérité tient tou
fait mieux et plus vite. Ce que je viens de jours l'instrument devant lui sans le faire
dire de l'action du rouleau mérite d'être pris passer à droite ou à gauche, ce qui gênerait
sérieusement en considération par tous ceux les voisins : ses jambes sont écartées, et une
qui cultivent les plantes sarclées. Je ne l'ai rangée de plantes se trouve toujours entre
encore vu pratiqué que dans la ferme du Mé- les deux. Il se garde bien de faire un pas à
nil-Saint-Firmin. Il est bon de faire observer chaque coup de binette, habitude nuisible
que le résultat de cette opération serait nui que les ouvriers contractent avec facilité,
sible dans les terrains pierreux et caillou dont ils se dépouillent rarement, qui cepen
teux, où l'action de ces corps durs détruirait dant les fatigue inutilement, rend leur beso
infailliblement les racines qui se trouveraient gne incomplète et leur travail presque
interposées entre eux. nul. Le bon bineur ne touche pas a petits
Dana les seconds binages, le travail exige, coups répétés,mais il alonge son instrument
pour être parfait, que la terre soit remuée à et le retire ,vers lui en remuant une grande
une grande profondeur; les plantes sont alors surface.
dans l'adolescence et supportent déjà de plus En même temps que le second binage, a
fortes secousses. Les houes qui conviennent lieu Véclaircissage des plantes sarclées, et ce
pour les binages postérieurs au premier au n'est | pas la partie la moins dispendieuse
ront une lame plus large et seront acérées. Si de leur culture. Avec de l'exercice et certai
le sol est tassé, les deux extrémités de la lame nes précautions on peut le faire à coups de
seront -anguleuses {fig. 330 ), afin de cou binette, mais il vaut mieux exiger qu'on eclair-
per la croûte avec facilité. Si la terreest assez cisse à la main, surtout lorsque les bras qu'on
meuble, on prend la binette h lame droite emploie sont encore jnovices. Un surveillant
{fig. 381). En Angleterre, on emploie diverses est indispensable, parce que si l'ouvrier ne
houes à main ou ralissoires, dont nous re sent pas devant lui l'œil du maître, il pré
présentons les plus recommandables : celle fère souvent couper 4 à S plantes avec sa houe
228 AGRICULTURE : FAÇONS D'ENTRETIEN DES TERRES. uv, i".
que de se baisser pour arracher délicatement peut, sans nuire à celle-ci, faire fonctionner
les surnuméraires. un semoir à bras ou à cheval, et la semaiile
Il en est de même de la destruction des à la volée est de rigueur. Le binage de ces
mauvaises herbes. Celles qui sont très-rap- sortes de plantes est plus difficile et plus dis
prochées des végétaux destinés à occuper le pendieux que si on eût semé en lignes.Avant
sol, sont arrachées à la main. Si le surveillant de le commencer, il faut absolument enlever
est absent ou distrait, l'ouvrier se hâte d'en les chaumes qui restent dans la terre, lorsque
lever d'un coup de binette la plante parasite la première récolte en a laissé. Cette extrac
et souvent celle qu'il devrait respecter. tion ne peul se faire convenablement qu'à la
L'éclaircissaged'un hectare de plantes sar main; mais, si coûteuse qu'elle semble au pre
clées, pour être fait avec soin, et lorsque les mier aperçu, on en est amplement dédom
plantes sont un peu serrées, exige une dé magé par les produits qui servent à faire de
pense de 10 fr. par hectare. On gagnera or la litière, des composts ou du moins descen
dinairement beaucoup, si, adoptant le mode dres. D'ailleurs, le fait même de cette ei-
de division du travail, on peut faire exécu traction procure au sol un remuement qu'on
ter cette opération à part. La distance qu'il considère avec raison comme un faible bi
faut laisser entre chaque plante est subor nage.— Ce n'est pas que, même pour les ré
donnée à la nature et à la fécondité du sol. coltes de cette espèce, on ne puisse disposer
Les cultivateurs en France ont généralement les plantes par rangées. Si après la première
beaucoup de disposition à conserver un trop récolle on s'aperçoit que les végétaux qui
grand nombre Je pieds sur une superficie restent sont assez épais, on prend un rajou-
donnée. On aura une indication sommaire neur dont on écarte les pieds, et on le pro
mais suffisante dans bien des cas, si on éloi mène sur la superficie. Les pieds arrachent
gne assez les plantes pour que les feuilles, les plantes qu'ils rencontrent, et laissent les
parvenues au maximum de leur développe autres parfaitement intactes et disposées ré
ment, ne touchent pas celles des plantes qui gulièrement par rangées parallèles. Alors les
les avoisinent. menues cultures s'exécutent à la main comme
Je ne m'arrêterai pas longuement aux frais à l'ordinaire, ou mieux à l'aide de la houe à
occasionés par le binage à la main, parce cheval.
que les élémens du calcul varient avec les lo
calités, la nature du sol, le prix de main- § III. — Binage à la houe à cheval.
d'œuvre, et que cet objet sera traité spécia
lement à l'article de chaque plante. En Il y a long-temps que l'agriculture anglaise
Angleterre, le binage des turneps est payé se sert avec succès, pour opérer les binages,
à raison de 15 fr. par hectare pour un seul d'instrumens conduits par des chevaux. M. de
binage. J'ai vu des betteraves bien [binées Fellemberg a donné sur le continent le
pour la première fois pour le prix de 0,25 c. premier exemple de menues cultures un peu
par hommée, ce qui donne 12 fr. 50 c. par hec complètes d'après le système anglais. Eu
tare. D'un autre côté, M. Bourgeois à Ram France, les cultivateurs ont généralement
bouillet estime que la première façon donnée ajouté peu de foi aux éloges qu'on a donnés
aux carottes lui revient à 60 fr. par hectare. à la houe à cheval. Si nous cherchons à nous
Laissons donc à la sagacité de chacun à dé rendre raison de cet éloignement, si nous
terminer une chose si variable. Contentons- examinons sérieusement les objections que
nous de dire que les premiers binages, qui l'on a faites contre l'emploi de cet instru
demandent des soins particuliers, se paient ment, nous trouvons qu'elles se déduisent
plus cher que les autres. Si la première cul de deux ordres d'idées bien différentes, jedi-
ture, par exemple, revient à 25 fr. par hec rais même opposées. Les uns veulent absolu
tare, la seconde ne sera payée qu'à raison de ment que rien ne puisse remplacer la cul
20 fr. pour la même superficie; la 3° à 16 fr. ture à bras ; les autres ont prétendu que II
Il est des contrées où, pour la culture des houe à cheval peut remplacer complètement
plantes sarclées, on ne se contente pas d'un la main-d'œuvre. La vérité se trouve rare
binage à la houe; on donne un laboura bras ment dans les opinions extrêmes. Si l'on
entre les rangées avec la fourche à trois poin s'obstine à n'utiliser que les bras de l'homme,
tes. Celte façon est très-dispendieuse et ne la culture des plantes sarclées sera très-dis
doit s'employer que pour des récolles d'un pendieuse; et, si jamais on ne réunit la cul
haut prix, telles que la chicorée à café, les pé ture à bras à celle qui s'exécute avec le secours
pinières d'arbres fruitiers et forestiers, etc. des chevaux, l'on n'obtiendra jamais qu'un
Je n'ai pas parlé jusqu'ici des binages né travail défectueux dont on rejettera le vice
cessités par les plantes sarclées semées à la sur l'imperfection de la charrue à biner. Si,
volée, parce que heureusement cette mé au contraire, on réunit ces deux moyens
thode est abandonnée dans presque toutes d'exécution, pour les parfaire, pour les com
les localités. Il est cependant des cas où il pléter l'un par l'autre, on arrivera certaine
n'est pas possible au cultivateur de semer par ment à un résultat qui satisfera tout homme
rangées: c'est lorsqu'on sème ensemble dans sensé et rationnel.
le même terrain des plantes qui ne donnent Ainsi que nous l'avons 'dit en parlant des
Î>as leurs produits à la même époque, et dont binages à la main, il est un certain nombre
a première sert d'abri à la seconde. Je cite de plantes que nous ferons connaître pins
rai pour exemple, les carottes dans le lin et tard, pour la première façon desquelles on
le colza, les navets dans le seigle et lesarra- ne peut utiliser la houe à cheval: l'action de
zin. Comme les semences de la récolle secon cet instrument est tellement rapide, fit
daire se répandent en même temps ou peu l'homme qui la dirige n'aurait pas le temps
après celles de la récolte principale, on ne de le guider justement entre chaque rangée
CHAP. 8* FAÇONS POUR L'AMEUBLISSEMENT DU SOL. 229
de plantes, si celles-ci par la verdure de leurs Lorsque les lignes des plantes sont peu es
feuilles ne tranchent pas avec la couleur du pacées, on rapproche les barres latérales de
sol; et c'est ordinairement le cas des premiers la houe à cheval, de sorte que les lames de
binages. ( voy. /fg.337)et leurs correspondantes se Toi
Mais passé celte époque la houe à cheval sent. Alors les herbes coupées se logent entre
peut toujours fonctionner. Celle qui est le les deux tranchans et mettent bientôt l'instru
plus généralement usitée aujourd'hui pour ment hors de service. Pour éviter cet incon
les plantes semées en lignes espacées d'au vénient, M. de Dombasle a remplacé la lame d
moins 18 pouces, est assez simple dans sa et sa correspondante a, par deux fortes dents
construction {fig. 337). Le soc a est placé à en fer; et pour empêcher la laine e de s'entre
Fig. 337. croiser avec celle qui lui est opposée, il a fait
percer un trou x pour y placer cette lame;
hormis le cas dont nous venons de parler, ce
trou est absolument inutile.
Si, au moyeu de cette modification, l'ins
trument ne pouvait encore fonctionner, en
raison du peu d'espace qui existerait entre
les rangées, on emploierait avec un avantage
marque le binot du lord Bockingham (fie.
339), qui ne se compose que d'un seul pied.
l'extrémité antérieure delà branche médiane. Fig. 339.
a celle-ci sont attachées deux ailes ou bran
ches latérales bx, qui reçoivent les couteaux
ou lames recourbées de'q. Les deux ailes s'é
loignent ou se rapprochent à volonté, selon
que l'exige l'espace qui existe entre les li
gnes. Elles ont un mouvement de va-et-vient
sur leur pivot à la partie antérieure, et se fi- <&£.
xent immobiles à la partie postérieure par le
moyen de la traverse horizontale en ter//,
qui est percée de trous correspondant à ceux
pratiqués dans les branches latérales, et des
tinés les uns et les autres à recevoir une che On s'en servait avec succès à la ferme de la
ville pour maintenir l'assemblage. Cet instru Meilleraye. Il faut avouer néanmoins que
ment est, chez M. Rosé, du prix de 55 fr. l'emploi d'un homme et d'un cheval pour bi
Le soc affecte différentes formes, selon la ner une si petite superficie ne doit être guère
nature du sol et le but que l'on se propose. moins dispendieux que le binage à la main.
• Les socs ronds, dit Bohgnis, ou a angles La houe à cheval écossaise {fig. 340 ) est un
oblus, coupent mieux les mauvaises herbes. Fig. 340.
Les socs pointus offrent moins de résistance,
et on les emploie lorsque le but est seule
ment de remuer la terre. Les socs triangu
laires sont propres à travailler un champ
sans herbes. On les emploie aussi quand on
veut diminuer la résistance que Ja machine
doit vaincre. »
Lorsque, par la négl igeuce du cultivateur, ou
par l'effet de circonstances qu'il n'a pas été le
maître d'éloigner, la terre s'est tellement dur
cie que le soc antérieur ne peut plus entamer
la superficie, quelques habiles cultivateurs de
l'Allemagne et du midi de la France font
précéder la boue à cheval d'une herse àman-
cherons {fig. 338 ) dont les dents très-pointues
Fig. 338.
laquelle l'ean peut s'élever jusque la hauteur tres. Les derniers sans doute profitent moins
B. Arrivée à ce point, elle s'introduit dans le parce que le limon fertilisant s'est dépov
conduit E d'où elle coule dans la cuillère ou avant d'y arriver; par cette raison il faut de
cuvette, C. Celle-ci repose sur une goupille qui temps à autre y faire couler l'ean directe
joue dans t'échancrnre du poteau G; le man ment.
che étant plus lourd que le reste, à cause Il est facile de s'assurer «le la commune
de la pierre dont il est chargé, l'orme le con d'une eau pour l'irrigation , à l'examen doses
trepoids et pose sur la pièce F. i est une plan bords; s'ils sont garnis d'une herbe vigou
che étroite, mobile dans une charnière, et reuse et de bonne qualité, on pent être cer
destinée à fermer, au moyen d'un tampon de tain de ses bons effets sur les prés.
ctiir Ou de chiffons qui y est appliqué, l'ori En général, il n'y a d'absolument maut-aiiei
fice dn conduit L, par où se \ ide le réservoir. que ks eaux qui contiennent des substances
La pression qu'effectue la cuvette sur la plan minérales vénéneuses, de même que celles
che, fart presser le tamp >n contre la bouche qui sortent de marais tourbeux et des gran
du conduit. Mais, lorsque le réservoir étant des forêts et qui sont chargées de principes
plein, Fe cuvette se remplit, celle-ci s'abaisse, acides et astringens. Les eaux trop froides
et le réservoir s'écoule dans le canal de con et celles qui charrient une trop grande quan
duite N. Les traits ponctués montrent les tité de sédiment argileux qu'elles déposent
choses dans cet état. sur l'herbe, nuisent aussi. On obvie à ces
Jusqu'ici on a très-peu de notions sur la deux inconvéniens par les réservoirs men
quantité d'eau nécessaire pour arroser con tionnés; l'eau y acquiert une température
venablement une étendue donnée de prairie, plus élevée et y dépose la surabondance de
parce qu'il est très-dilficile d'apprécier non sédiment.
seulement le volume, mais encore la vitesse Cette surabondance de sédiment nés!
d'un cours d'eau; que, d'ailleurs, cette quan du reste mauvaise que lorsqtie l'herbe esl
tité dépend de la nature plus ou moins sèche prête à être fauchée; dans tons les autre1'
du climat, plus ou moins perméabte du sol. cas, et surtout lorsque le sol de la prairie est
M. Rotix, agriculteur à Arles, estime qu'il gréveuxet sablonneux, le limon, pourvu q«>
faut 822 mètres cubes (24 mille pieds cubes) provienne de terres fertiles, est extrêmement
d'eau pour arroser convenablement un hec avantageux, et on a même prétendu, ff01"
tare, ce qui fait 3 \ pouces sur la hauteur. lh\ que à tort, qu'il était la seule cause des ad
agriculteur des Landes, M. Bohda, indique mirables effets de l'irrigation. Toujours est-d
approchant la même quantité. Dans le centre qu'il y contribue beaucoup et que les meil
et le nord de la France, une quantité moitié leures eanx sont celles qui charrient le pi*
moindre serait souvent suffisante. En Lom- de terre et de sucs de fumier.
b'ardie l'ean se paie, selon M. Bciiger, au Les réservoirs mentionnés sont encore
volume et an temps, au jour, à l'heure, el à dans cette circonstance fort avantageux; lls
Fonce (oncia). Cette dernière mesure est la permettent de procurer ces qualités auxeain
quantité d'eau qui passe par une ouverture qui en manquent, en même temps qu'iisdrs-
d'environ 42 pouces carrés, avec une pression pensent de conduire les engrais liquides dan5
correspondant au poids d'une once placé au- la prairie, à laquelle ils épargnent ainsi l«
dessus. D'après des expériences très-exactes, dommages que causent les roues de la voi
nne once donne dans une minute 2,185 mè ture et les pieds des chevaux. On conduit v
tres cubes d'eau, et peut, en 24 heures, arro purin et le lizier dans le réservoir; on peu.
ser 43 pertiche ( près de 3 hectares ) de prés, aussi déposer sur ses bords du fumier poui-1-1
et 36 pertiche ( 2,30 hect. ) de terres ara qu'on arrose fréquemment.'
bles. Lorsqu'on n'a pas de réservoir,on fait*"08'
Lorsqu'on a peu d'eau h sa disposition, on 1er les engrais liquides dans le canal pi""1"
tâche de l'employer successivement à arroser cipal. . .. ,
plusieurs terrains à la suite les uns des au Après ces eaux fertilisantes viennent celle*
cbap. 9". DES DIVERSES ESPECES D'IRRIGATIONS. 243
quidécoulent -de terrains calcaires ou gypse ux, fluent sur les frais, qui, dans certains cas,
et qui contiennent de la chaux et du plâtre peuvent se monter jusqu'à 800 fr. par hect.,
ea dissolution. ou même plus haut, lorsqu'on est obligé de.
Les eaux pures et limpides qui sortent des faire usage de machines hydrauliques.
roches quartzeuses, granitiques et autres Enfin, l'intelligence de l'entrepreneur et
aussi peu solubles, clo même que les eaux de l'habilelé des ouvriers influent peut-être tout
pluies et celles qui ont déjà coulé long-temps autant que la situation sur cet objet.
dans des canaux ou sur des prés, quoique Des considérations tout aussi multipliées
elant moins fertilisantes que les précédentes, viennent faire varier le chiffre jusqu'auquel
ont toujours de très-bons effets sur les prai peuvent s'élever les Irais, pour qu'il y ait
ries, mais moins en automne et au printemps encore avantage à établir une irrigation. Là
que pendant la saison chaude; comme elles où les fourrages ont un prix élevé, on peut
n'agissent principalement qu'en entretenant consacrer une somme considérable à Véia-
la fraicheur et en désaltérant les plantes, bassement d'une irrigation; il en est de
elles ne doivent pas être employées eu aussi même là où l'excellente qualité des eaux fait
grande abondance que celles qui procurent espérer une augmentation notable dans le
en même temps au sol des principes ferti produit de la prairie. On est aussi plus dis
lisant. posé à faire des dépenses dans ce but, lors
Les eaux ferrugineuses ont long-temps que le terrain, par sa nature ou par sa posi
passé pour nuisibles ; j'en connais pourtant tion, serait très-peu productif sans l'irriga
dont on se sert avec succès pour l'irrigation. tion, et lorsque la localité est en général dé
Il y eu a toutefois qui déposent sur l'herbe pourvue de prairies et peu propre à la produc
une poussière rouge qui reste et gâte le tion des fourrages artificiels. En résumé, la
fourrage. somme que l'on consacre à l'irrigation peut
Quant à Veau de mer mêlée à l'eau douce, èlre d'autant plus forte, que le terrain ac
comme cela a lieu à l'embouchure des fleu quiert par là une valeur plus considérable.
ves, elle convient très-bien à l'arrosement, et L. Moix, prof, à Roville.
l'on sait que le fourrage qui en provient est
particulièrement salutaire et recherché du
bétail. Section ni. — Ses diverses espèces d'irri
gations.
§ IV. ■Conditions dépendant des travaux
et de ta dépense. On en distingue de deux sortes: 1° l'irriga
tion par inondation ou submersion; 2° l'ir
Ces conditions sont les plus importantes; rigation par infiltration. Tu m ;b en compte
la dépense est le seul obstacle absolu à l'irri une troisième, celle qu'on obtient au moyen
gation d'un terrain. Avec les moyens que des eaux que l'on fait refluer à la surface du
l'on possède aujourd'hui, il n'y a point de sol.
lieu, quelque élevé et éloigné de l'eau qu'il § I". — Irrigation par inondation.
soit, qui ne pourrait être arrosé, si les tra
vaux et la dépense que cela nécessiterait n'é L'irrigation doit varier en raison du but
taient hors de proportion avec le profit qu'on se propose, et de la saison. Si l'on veut
qu'on pourrait en retirer. ajouter à la fertilité du sol, il faut procéder
Il faut donc calculer d'avance, aussi exac par inondation, en employant les eaux va
tement que possible, les frais qu'entraînera seuses qui charrient de bonnes terres, et avec
l'irrigation, et les comparer avec l'augmen elles toutes les substances fertilisantes qu'el
tation probable de produit qui en résultera. les entraînent en ravinant les terres supé
Malheureusement la dépense, de même que rieures. L'irrigation par inondation exige
les effets de l'irrigation, dépendent de tant que, naturellement ou par art, le sol soit
de circonstances, qu'il est impossible dejpré- entouré, au moins de trois côtés, d'une pe
senter aucun chiffre susceptible d'être con tite digii'i qui retienne l'eau sur la place
sidéré comme terme moyeu, même le plus inondée. Elle doit avoir lieu plus générale
vague. ment à la lin de l'automue et en hiver. Dès
Il y a telle prairie disposée naturellement que diiiis cette saison on a retiré les bes
pour l'irrigation, qui peut èlre mise en par tiaux des prairies, il faut examiner soigneu
iait état d'arrosement avec une dépense de sement les digues, les canaux, les écluses,
10 à 20 fr. par hectare. Ce sont des prairies faire réparer les dépressions indiquées par
en pentes ayant une surface unie et pou l'eau; les canaux et les raies d'écoulement
vant être arrosée par reprise d'eau ; ou des demandent une attention toute particulière,
vallons si favorablement situés qu'avec un parce que le succès de l'opération dépend de
laible barrage et une petite digue on peut les la promptitude avec laquelle on peut ôter
submerger. D'autres terrains situés de même, l'eau et faire égoutter le sol, dès que l'on en
mais présentant des inégalités à leur surface, reconnaît l'urgence.
exigent souvent une dépense décuple. Les Aussitôt que ces travauxpréparatoires sont
terrains qui manquent de pente, et qu'il faut terminés, il faut introduire l'eau dans la
par conséquent disposer en dossesou /niions, Crairie, en aussi grande quantité que possi-
demandent des frais très-considérables. La le; on la laisse s'élever le plus que l'on peut;
grandeur et la force du barrage, les maté on remarque avec attention les parties dé
riaux que l'on emploie pour le construire, fectueuses des différentes rigoles, afin de
l'éloigné menl de la prise d'eau, les difficul pouvoir les corriger, ou pendant l'irrigation,
tés du chemin que parcourt le canal de con si cela est possible, ou après que l'eau sera
duite, sont autant de circonstances qui in écoulée. Cette eau doit séjourner le temps
244 AGRICULTURE : DES ARROSEMENS ET IRRIGATIONS. L1V. ]"
nécessaire pour que le sol soit bien im leurs de l'été, parce qu'elle en consomme
prégné, et pour qu'elle ait déposé le limon beaucoup, tant par l'imbibilion que par rê
précieux entraîné par elle. va poration. D'après de Pebthx'is, dans son
L'eau opère quelquefois le légalement du M émoi re sur l'améliora lion des prairies et sur
sol par le battement des vagues dans les les irrigations, il faut maintenir les eaux,
grauds vents, ce qui nivtlle les élévations qui dans les canaux qui entourent la prairie, à
sont à la surface. Elle consolide, raffermit le 17 centimètres au-dessous du niveau du
terrain, et le rend plus compacte. terrain que l'on veut arroser de cette ma
Lorsque l'eau commence à s'éclaircir ou à nière.
se putréfier (ce qui est indiqué par une écitme Fig. 353.
blanche qui se manifeste a sa superficie), il
faut técouler le plus promptement possible et
faire bien égoutter la prairie. Ce n'est que
lorsqu'elle est complètement ressuyée que
l'on doit renouveler l'inondation. Il faut
procurer aux prairies cet engrais d'alluvion
autant de fois que l'occasion s'en présente
pendant l'hiver, observant toutefois les pré
cautions indiquées ci-dessus.
Les irrigations] par inondation sont em
ployées avec beaucoup d'avantages pour
fertiliser les terres en culture dans les pays
méridionaux.
Au printemps, surtout lorsqu'il est sec et
chaud, il faut donner une forte inondation
d'eau limpide. Suivant Thaeb, on peut laisser
séjourner l'eau huit, douze, et même jusqu'à
quatorze jours, ayant soin toujours de préve
nir la putréfaction; quand la prairie est
bien ressuyée, donner une nouvelle inonda §111.—Irrigation qu'on obtient en faisant refluer
tion qui doit durer deux à trois jours, puis les eaux à la surface du sol.
une troisième d'un jour à deux, et enfin une
dernière d'un jour. Dès que l'herbe com Cette troisième espèce d'irrigation n'est
mence à s'élever, il faut cesser d'inonder la pratiquéeque dans peu de localités; elle con
prairie. siste à faire refluer l'eau dans les tranchées,
Après la première coupe, si le temps est ordinairement sans qu'elle se répande à la
sec, on peut donner une inondation qui ne surface du sol. Elle a lieu principalement
doit pas se prolonger au-delà de deux jours. sur les terrains spongieux et marécageux,
Le nombre de jours d'inondation indiqué après qu'ils ont été desséchés. Cette nature
par Thaer ne doit point èlre considéré de terre perd à sa superficie l'humidité à tel
comme un précepte absolu : la nature du sol point' que les plantes s'y fanent. Dans cet
et la température doivent régler le cultiva état, ces terrains tirent un grand avantage
teur; plus le terrain est perméable, plus de l'eau que l'on fait refluer dans les canaus
long temps et plus fréquemment on peut l'i ou raies d'irrigation, en fermant le principal
nonder; plus il est argileux, moins on doit y canal d'écoulement. Alors on laisse séjour
laisser séjourner l'eau. ner l'eau dans ces canaux ou raies, jusqu'à ce
que les terres spongieuses en soient suffisam
§ 11. — Irrigation par infiltration. ment imprégnées, et les plantes rafraîchies;
après quoi on ferme le principal canal d'arro-
L'irrigation par infiltration est très favora sement, et on ouvre les canaux d'écoulement
ble, pendant les sécheresses de l'été, surtout pour que l'eau se retire le plus prompte-
dans les terrains légers et brûlans, et dans inant possible. Cette opération ne produit
les pays méridionaux. L'eau, directement d'effet sensible que dans les terrains spon
et par sa décomposition, secondée par la gieux et qui absorbent l'eau latéralement.
chaleur, contribue à la nutrition des plantes ; M. Sismondi, dans fAgriculture tosrane,
la végétation des régions intertropicales nous nous apprend que l'on répand avec la pelle,
manifeste la puissance de ces élémens. Celle sur les champs de blé, l'eau qu'on a fait re
espèce d'irrigation convient particulière fluer dans les fossés. L'ouvrier se place au
ment aux marais nouvellement desséchés, milieu du fossé et jette avec sa pelle, à droite
dont le sol spongieux et inflammable ré et à gauche, l'eau à mesure qu'elle avance
clame beaucoup d'eau pour suffire à la nu sur lui ; par ce moyen les billons voisins sont
trition des plantes et a leur développement. arrosés promptement et d'une manière
Elle est aussi particulièrement adoptée pour égale.
les prairies situées sur les bords de rivières
qui peuvent servir à leur irrigation. Section iv. — Des travaux nécessaires
La fig. 353 donne un exemple de la ma pour l'irrigation.
nière dont on s'y prend pour distribuer les
eaux de la rivière sur toute la surface de Après avoir fait connaître les avantages
cette prairie. des irrigations, les conditions dans lesquel
Pour obtenirde cette espèce d'irriga lion tout les on doit les entreprendre, et les dif'e-
le succès désirable, il faut avoir à sa dispo rens modes d'irriguer, nous allons nous
sition un grand volume d'eau , pendant les cha- occuper des travaux préliminaires, et des
CHAP. 9*. DES TRAVAUX NECESSAIRES POUR L'IRRIGATION. 245
moyens d'obtenir l'eau an plus bas prix étendues et multipliées? pour y parvenir, les
possible en mettant à profit les heureux ac- moyens sont ordinairement fort simples et
cidens des diverses localités. Heureuses les presque toujours la dépense très-faible.
contrées où des sources suffisantes d'eau S'il s'agit de dériver les eaux d'une petite
douce, coulant sur des terrains unis, ne lais rivière et qu'elle présente aussi une posi
sent au laboureur d'autre soin que de les tion et une pente favorables relativement au
fixer dans de simples rigoles pour porter terrain, un simple barrage ne serait plus suf
dans ses prairies, au moyen d'une distribu fisant pour remplir le but; il faut alors em
tion bien entendue, le tribut journalier de ployer des barrages ou réservoirs en maçon
leur fraîcheur et de leur fécondité ! — Hors nerie. Enfin, si c est xvnjleuve, les travaux de
ce cas bien rare, des travaux d'art quelcon dérivation deviennent plus compliqués, plus
ques sont nécessaires pour parvenir aux arro- dispendieux, et exigent plusde connaissances
semens. Le sage cultivateur ne doit cepen théoriques et pratiques.
dant jamais oublier de balancer les dépenses Quelquefois, dans les prises d'eau sur les
et les produits, les moyens d'amélioration rivières, on profite de quelques cataractes
avec les résultats. Si j'appelle la plus grande naturelles; ordinairement c'est au moyen de
circonspection de la part des agriculteurs, retenues artificielles qui élèvent les eaux.
avant l'entreprise des travaux d'art quelque Dans certaines circonstances on peut traiter
fois très-dispendieux, mais toujours lucra avec les propriétaires de partie des eaux re
tif quand ils s'appliquent à des irrigations tenues pour les besoins d usines et de mou
bien entendues, je suis loin de vouloir les lins ; dans d'autres on opère ces retenues au
effrayer; il ne faut pas croire que dans toutes moyen de digues, barrages ou écluses aux
les circonstances ces travaux soient difficiles quelles on donne diverses formes et pour les
a concevoir et d'une exécution très -coû quelles on emploie divers matériaux , selon
teuse. 11 ne s'agit point ici de ces entreprises les localités, la largeur, la profondeur et la
colossales exécutées en Italie, qui ne peu force du courant de la rivière. La fiq. 354
vent être dirigées que par les nommes de
Parties plus expérimentés, et entreprises par Fig. 354.
les gouvernemens ou de riches associations;
mais des travaux isolés d'irrigation dont l'é
tendue, beaucoup plus circonscrite, peut
être aisément saisie par l'homme simplement
intelligent, que souvent le bon sens indique,
et dont la dépense de construction est quel
quefois à la portée même des plus petits
propriétaires. L'ensemble des travaux des donnera une idée de l'un de ces barrages.
tinés à procurer l'irrigation s'appelle système On peut encore établir un barrage simple
complet d'irrigation. Ce système peut être ou et économique, de la manière suivante : On
très-simple, ou très-compliqué, suivant la place sur une rive de la rivière une ou plu
proximité on l'éloignement de l'eau, la faci sieurs pierres appuyées sur le tuf, et aussi
lité ou la difficulté des circonstances locales, élevées que le bord; cela forme un petit pi
les plus difficiles exigent un système com lastre qu'on glaise suffisamment pour em
plet d'irrigation qui se compose : 1° des tra pêcher le fuiement de l'eau ; même chose se
vaux relatifs à la prise d'eau; 2° d'un canal fait sur l'autre rive ; on unit les deux pi
de dérivation ou canal principal d'irrigation ; lastres par une ou plusieurs pierres placées
3" d'un certain nombre de barrages ou en forme de seuil rez-terre; au fond, dans la
'aunes, ou écluses avec empellemens; 4° de largeur de la rivière, une feuillure de deux
tnaitresses rigoles ou principales rigoles d'ir pouces règne uniformément sur les deux
rigation; 5° de rigoles secondaires, garnies pilastres, et, sur le devant du seuil, elle sert
de leurs saignées ; 6° de rigoles de dessèche d'appui à des planches épaisses de 2 à 3 pou.,
ment; 7° de vannes de décharge; 8" de digues larges de!) à 12 pou., qu on place sur champ
latérales. l'une sur l'autre, et en quantité nécessaire
pour élever l'eau à la hauteur qu'on désire;
$ 1. — Des travaux relatifs à la prise d'eau. si la rivière est large, on enfonce une ou plu
sieurs fiches dans le milieu, à l'alignement
Ces travaux doivent varier dans la forme des pilastres, pour soutenir les planches ; de
'l daus les dimensions relativement a la si l'autre côté elles sont suffisamment ap
tuation et au volume des eaux, et relative puyées par l'eau ; c'est un vannage com
ment encore au terrain que l'on a l'inten mode, économique et peu dispendieux.
tion d'irriguer. Lorsqu'on projette un établissement de
Ainsi, si le cours d'eau n'est qu'un faible ce genre, il faut s'assurer avant tout de la
ruisseau favorablement placé relativement possession illimitée de t'eau et du sol qu'elle
>u terrain, sa prise d'eau pourra être effec occupe ; car il faut être assuré que les voisins
tuée par un simple barrage en fascines, un au-dessus et au-dessous de vous n'apporte
natardeau temporaire, que l'on détruit et ront aucun empêchement à vos travaux pro
lue l'on rétablit selon le besoin. On ne de jetés. Ces empéchemens sont souvent sus
vait nulle part, mais surtout dans les mon cités par les meuniers, parce que ceux qui
tagnes, laisser un ruisseau inutile; au lieu sont au-dessus de votre prise d'eau crai
• le laisser se précipiter suivant sa pente gnent qu'elle ne reflue vers leurs rouages;
naturelle, pourquoi ne pas le modérer par ceux au-dessous, qu'on ne leur ôte l'eau, et
oesdigueset desdérivations, et d'un ruisseau d'être forcés de chômer. Ces plaintes ne sont
«a faire cent pour servir à des irrigations pas toujours justes, niais elles donuent sou
24C AGRICULTURE DES ARROSEMENS ET IRRIGATIONS. lit. i".
vent lieu à des procès dans lesquels les pro canal de bois, d'argile, une arcade en ma
priétaires succombent, parce que les appa çonnerie avec un aqueduc, lorsque l'eau
rences ne donnent que trop souvent gain de doit passer sur un terrain profond, un en
cause aux meuniers. Faisons des vœux pour foncement, ou même par dessus un antre
qu'une législation prompte et précise, déga cours d'eau. 11 faut toutefois comparer l'a
gée de ces vaines formalités de procédure, vantage à obtenir avec le prix de revient de
juste effroi des propriétaires, détermine l'eau.
d'une manière positive la jouissance des Après s'être assuré des niveaux, la pre
eaux, et concilie l'intérêt de la propriété et mière chose qui doit attirer l'attention, c'est
celui des usines; car souvent les chicanes d'apprécier la quantité d'eau que l'on peut se
que suggèrent l'égoïsme, l'envie et la cupidité, procurer, afin de donner au canal principal
sont plus difficiles à vaincre que les difficul les dimensions convenables. Quoique 11
tés du terrain. L'ancien parlement de Douai quantité d'eau dont on peut disposer soit
avait successivement établi des réglemens petite, on peut cependant en tirer un grand
de police très-remarquables sur l'usage des parti; pour cela il ne faut que lui donner
eaux. l'emploi le plus économique, et la reprendre
On doit en second lieu s'appliquer à bien ou s'en rendre maître dès qu'elle a produit
connaître la quantité a"eau dont on peut dis son effet, et la verser sur une place infé-
poser dans les diverses saisons de l'année, rieure, et niiisi de suite; mais cette pratique
et prendre pour mesure celle que l'on con demande beaucoup d'attention pour donner
serve ou que l'on a à sa disposition dans la à chaque porlion de terrain une pente sufôi
saison la plus sèche; calculer si elle est en saule pour que l'eau s'étende sur toutes les
rapport avec l'étendue de terrain que l'on places oii cela est praticable et perde le
se propose d'irriguer. moins possible de sa hauteur. Il est difficile
Enfin, lorsqu'on est assuré de la jouis de dire quelle étendue de prairie peut étrt
sance paisible des eaux, il faut savoir si l'on arrosée par une quantité déterminée d'eau,
pourra les faire écouler aussi promptement puisque les terres eu retiennent plus oïl
qu'où les a introduites; car, si l'on ne pouvait moins, et que les pentes varient à l'infini.
les égoutter complèlement, on pourrait Cependant on estime en moyenne que 70à
craindre de transformer sa prairie en ma 90 mètres cubes d'eau, employés journelle
rais. ment, peuvent arroser un demi-hectare.
Le cultivateur qui projette des améliora Les fontainiers mesurent la quantité
tions fondées sur les irrigations doit donc d'eau par pouces, c'est-à-dire, par ce ij»«
agir avec beaucoup de circonspection avant laisse écouler un trou cylindrique d un
de mettre la main à l'œuvre; il doit prendre pouce de diamètre, lorsque l'eau se main
tous les niveaux dans les diverses directions tient à un niveau constant d'une ligne au-
et à différentes reprises, s'orienter de la ma dessus du bord supérieur de ce trou; cette
nière la plus exacte sur toute la contrée, quantité est égale à 20 met. |584 cubes par
pour déterminer avec précision les quantités 24 heures. Pour profiter de ces données et
d'eau que cette contrée peut et doit réunir, les appliquer à la mesure de l'eau, il suffi'*
quelle en sera la direction la plus favorable, l'arrêter avec une planche percée d'une nie
etc. C'est à la fonte des neiges surtout qu'il est de trous d'un pouce de diamètre qu'on bou
important d'examiner les parties du terrain chera et débouchera à volonté.
sur lesquelles se dirigent les cours d'eau;
lorsqu'il est sablonneux, clesétablisseniensde § II. — Du canal principal on canal de dérirati«a- .
ce genre donnent la facilité de faire trans
porter par l'eau des terres dans les bas-
fonds et de former ainsi une surface unie Le canal de dérivation est destiné a rece
d'une inclinaison appropriée' à l'irrigalion. voir les eaux dérivées ou détournées d ui
Quelque sentiment de pratique que l'on cours d'eau, et à les conduire Mir les part*
ait acquis dans ce genre, par une longue ha les plus élevées de la prairie, pour les répan
bitude dans ces travaux, il ne faut jamais dre ensuite sur sa surface. Sou tracé est i*
s'en reposer sur elle; il faut au contraire, lurellement jalonné par les positions dd
avant d'en venir à l'exécution du plan, véri points les plus élevés du terrain à inonder-
fier chaque opération de nivellement par sa . . pente doit être Irès-ménagêe;
Sa
contre-épreuve, c'est-à-dire en le recom forte, les eaux y acquerraient trop de vitMsfj
mençant là où l'on a fini la première fois. elles ravineraient le canal; trop fiiiblf.it;
On se convaincra alors combien l'œil peut eaux ne joueraient pas avec assez de taciU
être induit en erreur, et l'on verra la possi et pourraient y rester en stagnation.La pçoj
bilité de conduire l'eau sur des bailleurs qu'on la plus avantageuse parait être dans les lio»
avait jugées plus élevées qu'elle, et vice tes de 2 à 4 millimètres par mètre.
versa. Les diverses dimensions du canal sera»
Il ne suffit pas de s'assurer de la hauteur proportionnées■ au ■ volume •des eaux qu l)(l .
établis eu la'"1
des lieux où l'on se propose de conduire l'eau, recevoir; ses bords seront e
il faut encore connaître celle des places où d'autant moins rapides que le terrain a
l'eau doit passer. 11 faut éviter les places moins de consistance; dans ceux dune
basses autant que possible, dût-on même sistance moyenne, ces talus devront avo'
faire des détours considérables. Quelque moins un mètre et demi d'évaseinent j^.
..»..., pour
fois, | j w m conserver
tllll.H.1 M-l Il'eau
VUll Uà hauteur,
IIUIIUUI] \Jl* II II un
on n'a 1 I 1 I mètre
I . . ■ > I V de
' • profondeur.
MIV1UUUVUII Le^
■"• canal
-- o*
I■ - ^
f IllS
d'autres moyens que de la faire passer sur I vallon étant construit, dans les cas i» H j
des conduits élevés, formés avec de la terre 1 ordinaires, on y fait -écouler les eaux *j „f
ou avec les matériaux le plus à portée, un I vièreou du ruisseau, au moyen d un o »
ciiap. 9'. DES TRAVAUX NÉCESSAIRES POUR L'IRRIGATION.
établi sur son cours immédiatement au-des passer de rigole principale d'irrigation, par
sous de la prise d'eau de ce canal. ce qu'on peut arroser le lerrain à grande
Lorsque plusieurs communes ou particu eau, sans craindre de le raviner, en prati
liers ont des «Iroits sur un cours d'eau, ou quant des ouvertures temporaires chaque
que le canal principal de dérivation est des fois, pour l'irrigation, a travers le relevé des
tiné à l'irrigation de plusieurs propriétés, il terres du canal de dérivation.
faut procéder au partage des eaux. On peut Ainsi, ce n'est que dans les pentes intermé
le faire au moyen d'écluses de partage, dans diaires que l'établissement des rigoles prin
le genre de celle représentée {Jlg. 355). Dans cipales d'irrigation devient indispensable
Fig. 355. pour se garantir de la surabondance des
eaux et régler le volume suivant la Saison.
Le tracé de ces rigoles est indiqué par la
pente générale et celle particulière du ter
rain à inonder, et subordonné à la vitesse
convenable qu'il faut procurer aux eaux d'ir
rigation; on peut suivre les limites données
pour le canal de dérivation.
Quelle que soit la forme que l'on donne à
ces rigoles, il est nécessaire d'en diminuer la
largeur à mesure qu'elles s'éloignent de la
prise d'eau, afin que les eaux, en diminuant
progressivement de volume, puissent y con
server la même vitesse.
§ V. — Des rigoles secondaires d'irrigation.
Ces rigoles servent à distribuer les eau*
des rigoles principales sur tous les points
qu'on veut arroser, au moyen d'ouvertures
les pays chauds où les eaux forment la ri que l'on pratique de distance en dislance, ou
chesse du cultivateur, on s'est appliqué ,à en (le petits barrages [qu'on forme le plus sou
faire un partage combiné de manière que vent avec des gazons.
chacun peut en recevoir avec précision et Dans le Valais, on se sert pour cet usage
sûreté la portion à laquelle il a droit. Les d'une petite vannelette en MAn{fig. 35G) fort
■après, habiles en ce genre, ont fait, parti Fig. 35G.
culièrement dans le royaume de Valence,
dfs travaux dont les Espagnols profitent
encore et dont on doit la connaissance à
MM. de Lasteyiue et Jaubert de Passa.
(I) Pour donner un exemple, je citerai, d'après M. de Gasparin, une des machines les pins Pfrj
fec données, celle de M. Ménestrel d'Arles , qui ne produit que 378 mètres cubes d'eau par chc"1
et par jour, le reste de Ja force étant perdu dans les frottemens ; il faut donc plus de deux journées «'
demie par hectare, et, h supposer le prix de la journée de 2 fr., l'arrosage d'un hectare coulerait i fr
et 50 fr. pour les dix arrosages reconnus nécessaires dans le midi, sans y comprendre encore les frW
d'établissement et d'entretien de la machine.
cuir. P. MOYENS ARTIFICIELS DE SE PROCURER DE L'EAU. 251
prés, lorsqu'il ne faut élever l'eau d'une ri- Fig. 365.
vière que ae 1 mètre à 1 mètre 33 au-dessus
du niveau de la naissance de la prairie, une
simple vis d''Archimède de dimensions con
venables (voy.fig. 112, page 116). Ces eaux, ar
rivées dans le réservoir placé à la partie
supérieure de la vis, s'écouleront dans des
chéneaux en bois supportés par des chevalets
aussi en bois, et seront ainsi conduites dans
le canal de dérivation.
Les machines qu'on peut employer à élever
teau, et par conséquent à faciliter les irriga
tions, sont multipliées à l'infini. Le moulin
hollandais (Jig. 109, page 145) servira à cet
usage lorsqu'on n'a pas une grande élévation
à surmonter; toutes les pompes, qui offrent
presque autant de variétés que de pays, et
dont plusieurs ont reçu dernièrement des
modifications importantes, peuvent encore
recevoir la destination de tirer l'eau d'un
puits pour la répandre sur le sol : nous rap
pellerons la pompe à chapelets {fig- 110,
p. 146) et le noria à godets (fig. 111, p. 146),
qu'on peut faire fonctionner dans un puits Parmi les machines usitées dans diffèrens
très-profond. Parmi les pompes les plus ré pays pour l'irrigation, et dont un grand nom
centes et les plus perfectionnées, nous cite bre a été dessiné par M. le comte de Lastey-
rons la pompe américaine de M. Farcot, rue rie, les plus simples qu'il nous semblerait
Sainte-Geneviève, n°22, à Paris; celles intati- surtout utile de reproduire, sont: 1" La no
res et portatives de MM. Dietz et Stoltz, rue ria catalane (fig. 366), nommée puisaro dans
Coquenard, n° 22 ; la pompe sphérique et conti
nue de M. Tu tu. lie ii, rue Monceau, n° 12, Fig. 366.
appareils qu'on a pu remarquer au milieu de
beaucoup d'autres à l'Exposition de l'indus
trie en 1834. Le Mémorial encyclopédique (juin
1834) a décrit une machine de M. Edward
Lucas, de Birmingham, propre à élever
l'eau, et qui a pour objet de tirer parti du
plus petit courant d'eau, pourvu qu'il soit
continu.
Nous croyons devoir encore citer la
pompe de M. Arnolet, ingénieur à Dijon,
<t la roue hydraulique oblique de M. Léo-
mer de Tonnerre ( Yonne ), qui sont dé
crites et figurées avec beaucoup de détails
dans le tome II des Mémoires de la Société
centrale d'agric. pour 1822, ces ingénieurs
ayant reçu une honorable distinction de la
Société royale et centrale d'agriculture pour
a^oir appliqué ces machines aux irriga
tions. le midi de la France, machine Irès-économi-
M. La Perelxe a présenlé, il y a peu de que et dont le produit est considérable pour
t^mps, à la Société d'encouragement pour la force qu'il nécessite; les pots ont environ
'industrie nationale, une machine à épuise- un pied de longueur, ils sont fixés entre deux
"if/ir (yîj^. 365), à manège pour un cheval tour cordes de sparte, au moyen d'une ficelle qui
nant toujours dans le même sens, et établie s'attache à leur étranglement; on les écarte
a -Mh en Belgique, où elle remplace trois d'autant plus que la profondeur du puits est
gi'andes vis d'Arcliimède. M. levu Héricart plus grande, afin d'offrir moins de poids à
oe Thiïry, chargé de faire le rapport, en a la force qui les met en action.
fait l'éloge, comme pouvant être appliquée 2° La noria à bras (fig. 367 ), machine plus
jjU irrigations ; l'effet ordinaire et régulier
Fig. 367.
* cette machine est de 2,800 mètres cubes
d eau élevés d'une hauteur de 3 mètres 14.
Le prix de la machine de M. La Perelleest de
1.000 fr., et il fallait pour remplir le même
objet à Alh trois vis d'Archimède du prix de
SOOIr. Le prix du mouvement de ces vis est
de 30 à 35 fr. par jour et même plus, suivant
sa force. Celui de la machine à cuveaux de
M. La Perelle ne revient qu'à 12 ou 15 fr.
»t permet l'emploi de chevaux d'une médio
cre valeur et qu'il est très-facile de dresser à
« service.
252 AGRICULTURE : DES ARROSEMENS ET IRRIGATIONS. tnr.r.
simple et encore moins coûteuse, mais qui
donne une moindre quantité d'eau; les godets Art. Ier. — De l'arrosement dans les Cévennti.
sont en fer-blanc, on L0mètre2de profondeur,
et sont attachés au moyen d'une petite anse. Les sources sont fort communes et fort
Un seul homme met en action cette machine, abondantes dans les montagnes des Céven-
qui est susceptible de trouver une multitude nés. Chaque hameau, chaque maison isolée
d'applications utiles dans l'agriculture, le a ses fontaines pour l'usage de ses habitans,
jarainage et les arts. et nulle part on n'en sent mieux le prh,
3° La roue à bascule {fig. 368), que le courant comme je me propose de le faire voir.
Arthur Young a vanté les efforts prodi
Fig. 368. gieux que l'on a faits dans les montagnes du
Languedoc pour l'arrosement; il dit que les
travaux exécutés à Ganges et à St.-Laurenl
sont ce qu'il a vu de mieux en ce genre dans
ses voyages, et il les propose comme modèles
à ses compatriotes (I). S'il était venu dans nos
hautes Cévennes, il aurait certainement ad
miré l'industrie de ses habitans; il aurait su
qu'ils arrosent tout ce qui est arrosable, et
que s'ils laissent perdre un filet d'eau, c'est
faute de terres pour l'utiliser.
Je pourrais citer des écluses faites i tra
vers des rivières, des canaux creusés à grands
lui-même fait mouvoir lorsqu'on a bien com frais dans les environs des villes, pour faire
biné le poids de la roue avec sa force. Les pi aller des moulins ou d'antres usines, dont
gnons de la roue sont portés à l'extrémité de l'eau, lorsqu'ils sont pleins, s'écoule par des
2 solives placées en équilibre et contenues par saignées ou des rigoles, et pénètre les terres
une cheville de bois fixée dans une muraille; qui les bordent. Ainsi, à 1 lieue d'Alais, une
un poteau planté dans la rivière entre les 2 digue traverse le Gardon, arrête et dirige ses
solives, sert à tenir la roue dans une position eaux dans un canal de 3 à 4 mètres de lar
f>lus ou moins élevée, selon que les eaux de geur et d'un à 2 de profondeur, sur lequel
a rivière augmentent on diminuent, ou que sont établis 3 moulins à blé, des moulins!
l'on veut faire agir la machine ou la tenir en huile, des fabriques de soie et autres usines:
repos : lorsqu'on veut élever la roue on le trop-plein arrose des prairies qui bordent
charge l'extrémité des solives avec de grosses ce canal jusqu'à la ville. Auprès de Ners, est
pierres, qu'on retire quand on veut la faire une autre digue et un autre canal qui font
descendre dans le courant de l'eau. également marcher plusieurs moulins et ar
Quelque utiles et ingénieuses que soient les rosent toute la plaine de Boucoiran, etc.
machines propres aux irrigations, leur cons Quelques personnes assez fortunées font
truction, leur entretien sont plus coûteux construire des conduites pour l'usage de
que l'arrosement qu'on opère par le moyen leurs maisons, et pour arroser leurs jardins;
des canaux, lorsque les localités permettent mais ces travaux ressemblent à ceux qu on
une prise d'eau par leur entremise. rencontre dans d'autres pays et dont lesvova-
Nous ne parlerons pas ici en détail des ar- geurs ont parlé.
rosemens par le moyen îles arrosoirs, tics Les moyens d'arrosement que je vais dé
pompes portatives, des tonneaux. Ces procé crire sont moins connus, et tout autre qu'un
dés sont en général trop dispendieux pour agriculteur ne trouverait pas peut-être qu'il'
être employés ailleurs que dans le jardinage. méritassent de l'être; mais ceux à qui je nu-
Il nous sulfira de rappeler que nous avons dresse en sentiront l'importance.
déjà conseillé l'arrosement avec des engrais La plus grande simplicité, la plus strict*
liquides, qu'on transporte et répand sur les économie, voilà ce qui convient aux pauvre
champs à l'aide de tonneaux qui ont été dé Cévennois ! Je veux prouver qu\r»ec peu
crits et figurés dans le chapitre des Engrais d'art, et sans constructions coûteuses, M
( y, ci-devant p. 9d,,fig. 56 et suiv.;. tirent tout le parti possible de leur por
Morin de Sainte-Colombe. tion, qu'ils entendent parfaitement, et prati
quent avec succès l'arrosement de leurs
Section vi. — De quelques pratiq ues terres, qu'ils conduisent partout où elle peut
spéciales d'irrigation. être utile l'eau de leurs fontaines, et qu'il5
savent lutter contre les torrens dévastateurs.
Dans l'art difficile des irrigations, les prin et retenir, du moins en partie, les lerresque
cipes généraux ne suffisent pas toujours pour les pluies entraînent.
guider, et, d'une autre part, ils laissent sou Les voyageurs qui traverseraient les C«"
vent les personnes étrangères à de sembla vennes dans les mois les plus chauds dépan
bles travaux, dans la croyance qu'elles ren née, seraient bien agréablement surpris de
contreraient sur leur terrain des difficultés trouver, au milieu des châtaigniers, cidre o"
insurmontables. Il nous a semblé utile, sous rochers arides, des vallons bien cultives,
ces deux rapports, de citer quelques-unes plantés de mûriers, de cerisiers, de pommiers
des pratiques d'irri<;alion les meilleures et chargés de fruits; des jardins remplis de lé
qui avaient le plus d'obstacles à vaincre, en gumes; des prairies verdoyantes sur des
choisissant nos exemples en Fiance. C. B. pentes si inclinées qu'elles semblent suspen
'') Le pont du Gard, qui est une merveille, n'est qu'une faible partie d'un aqued oc d'environ 7 lieues,
"ont on suit les traces entre Mines et Usez , tantôt souterrain, tantôt taillé dans le roc , soutenu par
n« arches plus ou moins élevées et traversant le Gardon.
254 AGRICULTURE : DES ARROSÊMENS ET IRRIGATIONS. LIT. i".
Les réservoirs de pierres sèches et de terre à chaque couche. A mesure que le talus s'é
sont formés d'un mur d'enceinte de gros lève, on bêche les bords du réservoir, afin
quarliers de roches, autant que possible, que lesdernières assises de terre battue aient
d'un mètre ou d'un mètre et quart de largeur une certaine largeur. On finit par appliquer
et de hauteur {fig. 371). En dedans on forme quelques bons coups de masse dans l'inté
Fig. 371. rieur sur les parois et sur le fond, et l'on re
couvre les bords en mottes gazonnées, en for
mant une rigole pour laisser couler le trop-
plein.
>^L Pour arroser, ou Jaire vider les différens
bassins dont j'ai parlé, on place au fond un r
bre AB {voy. fig. 370 ci-dessus) percé d'abord
de part en part, fermédu côtéintérieurparim
tampon, avec un trou évasé au dessusC, qu'on
bouche au moyen d'un bâton CD. On sent
nécessité de cette disposition, l'épaisseur des
parois ne permettant pasd'ouvriret de fermer
ces sortes de bondes par dehors. Si IeCéven-
nois' n'a pas de tarière pour percer un tronc
un talus de terre battue qui doit avoir en d'arbre de longueur suffisante, il y supplée
viron 3 décimètres de plus de base que de en le fendant^et en creusant dans les deui
hauteur. Quelquefois, en dehors on fait aus moitiés des gouttières qui se correspondent:
si un autre talus sans le battre. Le tout il les lie avec des osiers et les dispose de Ij
forme alors un glacis gazon né ou la con façon que j'ai indiquée.
tinuation de la pente de la prairie. C'est Nous avons dans les Cévennes deux maniè
presque un rempart pour la plupart de ceux res d'arroser les jardins potagers, dout l'a
qui liront ma description, mais sa masse griculture peut aussi profiter: Virrigation a
n'a rien de choquant dans nos montagnes; raies, la meilleure sans contredit et la plus
elle y est en harmonie avec le paysage, comme pratiquée ; elle est trop généralement connue
Jes pièces d'eau régulières et revêtues de mar pour la décrire ici.
bre le sont au milieu d'un parterre élégant. Lorsqu'on ne sait pas, ou qu'on ne veut pas
Lorsque la localité permet que le réservoir disposer les planches du potager pour la
soit enfoncé dans la terre au niveau du sol, le arroser en raies'; lorsque les légumes sent
mur devient inutile. Après avoir creusé le plantés sans ordre, et il en est qu'on ne peut
bassin de manière que ses parois soient per pas mettre autrement, tels que les courges,
pendiculaires cl qu'il ail plus de diamètre et les concombres, ceux qu'on ne transplante
de profondeur qu'on ne veut lui en donner, pas, comme les carottes, les épinards, etc. ,
on forme dans l'intérieur un talus de terre alors on creuse, de 10 en 10 pas et à chaque
battue, dont la base est à peu près égale à la étage du jardin, s'il est en terrasse, de ptUt
hauteur, comme dans la précédente construc résen'oirs dans la terre, d'un mètre de dia
tion. mètre et d'un demi-mètre de profondeur: on
Pour faire cette sorte de pisé, on se sert les fait tous communiquer par une rigole
d'un instrument représenté [fig. 372), qu'on avec le réservoir principal, et avec une es
appelle une niasse. C'est un pèce de cuillère de bois ou écope , on jette
Fig. 372. morceau de planche carré, en l'air l'eau qui les emplit, comme les ba
de 4 décimètres de long sur teliers vident celle qui entre dans leursbar-
2, S ou 3 de large et 7 centi ques; l'eau tombe en grosse pluie sur les
mètres d'épaisseur, au mi plantes d'alentour. Nous représentons de face
lieu duquel est un manche et de profil {fig. 373) l'instrument qu'on ap
flexible de 8 décimètres de pelle azaïgadouirc (du mot azaiga, arroser-
long, un peu courbé. Il faut La fig. 374 est une azuïgudouire en fer-bh"',
deux ouvriers pour ce travail, plus chère, mais plus durable ; et Ut AM
un homme vigoureux habitué en représente une très en usage, qui necouw
à masser, et un jeune hom rien au paysan, faite avec une gourde, espt'tf
me pour le servir. Le pre de coloquinte.
mier entre dans le creux, et commence à
battre fortement le fond ; il marche eu tour Fig. 373. 374. 375. 376. 377.
nant à reculons, soulève la masse à deux
mains et frappe devant lui, en la dirigeant
un coup de la main droite et un coup de la
gauche. Pendant ce temps, l'aide remue le
tas de terre tirée du creux pour l'ameublir,
l'humecte, si elle est trop sèche, et en ôte les
Îlierres. Lorsque la première battue est faite,
e jeune homme avec une pelle jette un lit
de terre dans le bassin, l'autre l'égalise sur
toute la surface, de quatre doigts d'épaisseur,
et il la bat pour la réduire de moitié et même
plus. On fait une troisième battue de la
même manière; ensuite on mesure la base
du talus, et l'on ne jette de la terre que Les fig. 376 et 377 représentent différentes
sur ce cercle qui va toujours en diminuant
cuf.r. DE QUELQUES PRATIQUES SPÉCIALES D'IRRIGATION 255
hopes de bateliers qui serviraient très-bien à poulie, puisque c'est un contre poids qui
l'usage qui' nous indiquons; on peut avec monte le seau plein.
un peu d adresse, au moyen de ces ustensiles, Fig. 379.
répandre l'eau de 7 à 10 mètres de distance.
Pour arroser un pré, le Cévennois fait un
besaou (tranchée ou rigole principale) daus
la partie la plus élevée; il lui donne peu de
pente pour que l'eau n'arrive pas trop vite,
:(, sans connaître le niveau, il la conduit
sur tous les points , la fait serpenter de cent
naoières dans des rigoles toujours pleines,
t l'eau ne séjourne nulle part quand il ne
feut plus qu'elle coule.
D'autres fois, et selon les localités, le be-
laou règne dans toute la longueur de la prai-
•ie, et des besalieiros (petites rigoles), qu'il
>uvre et ferme lour-à-lour, avec une motte
je terre, laissent entrer l'eau dans le pré
:t l'inondent tout -à- fait. C'est de celte
oanière qu'on arrose ce qui se trouve près
in bief d'un moulin.
Lorsque la position de la prairie est tout-à-
'uit plane, ce qui est rare, des rigoles nom-
ireuses font circuler l'eau dans tous les sens ;
file filtre ainsi dans le terrain si elle ne peut
e couvrir. Le baron d'Hombres Firmas.
Pour faire toutes ces rigoles, on se sert, dans
rs hautes Cévennes, d'une sorte de houe
h%. 378) appelée pigasso, fossoir dans les Art. ii. — De l'arrosement dans les Vosges.
Vosges, qui porte une
Fig. 378. hache du côte opposé ; La Société d'émulation du département des
le fer est plus mince Vosges et M. M.-N. Evo\ ont, tout récem
et plus étroit, et son ment, publié des détails intéressans sur les
mancheest perpendicu irrigations dans ce pays; nous en citerons
laire, afin qu'on puisse quelques pratiques intéressantes.
facilement travailler Relativement à la prise d'eau, lorsqu'on ne
des deux côtés. Avec l'obtient que par un faible filet qui n'arrive
la hache , on taille dans rait pas au bas de la prairie, on creuse un
le pré deux ligues pa bassin destiné à conserver l'eau de la source ;
rallèles, à 10 ou 12 cen on le cimente d'argile et on lui donne une
timètres de distance, capacité telle, qu'en ouvrant l'écluse qui le
il avec la houe on enlève en mottes la terre ferme, le liquide puisse mouiller instantané
|ui les sépare, et on la dépose à côté de la ment toute la prairie. Ce procédéest usité vers
'igole que l'on forme. Ces mottes servent à le sommet des montagnes des Vosges. On con
mUer l'eau pour changer sa direction ou la duit dans ce même réservoir, |au moyen de
aire verser. rigoles, le purin provenant du fumier et des
J ai supposé jusqu'à présent une quantité étables, ce qui ajoute à l'action de l'arrose
I eau suffisante recueil lie dans des réservoirs; ment.
hacun arrose selon ses moyens, etlescoutu- Dans la construction de digues, on ap
nesdu canton qu'il habile. Ceux qui n'ont pas porte une attention particulière à la fonda
îf source détournent une portion d'un ruis- tion de la queue, qu'on établit de la manière
mu, en coupant un ravin, en amènent l'eau, suivante : on dispose et on fixe au fond du
lia distribuent sur leurs terres an moyen de lit de la rivière une couche de longues bran
anaux et de rigoles fermées par des vannes; ches de sapin, dont l'exlrémité la plus forte,
mis il faut pour cela le consentement ou dirigée en amont, est très-inclinée vers le fond
association des voisins et de ceux qui, au- du lit, de manière à faire relever l'extrémité
essous, peuvent profiter de ce ruisseau. opposée; on place ensuite en sens contraire
Plusieurs habitans du même hameau s'as- une T couche de branches, et ainsi de suite,
scient pour l'entretien des prises d'eau; dans jusqu'à ce qu'on jus»" la queue de la digue
uelques communes, il y a des réglemens en- assez épaisse pour prévenir les fouilles que,
ele^, propriétaires des divers quartiers, qui sans cela, la cnute de l'eau ferait dans le sol,
lent les jours où chacun d'eux jouira des ce qui entraînerait la destruction de la digue.
lus pour l'irrigation de ses champs. On construit ensuite celte digue, soit en gros
Lorsque le terrain est au bord d'un canal ou moellons maintenuspar des poutres en chêne ,
une rivière, et trop élevé pour être arrosé soit en fascinage débranches entrelacées,qu'on
irles eaux courantes, on établit un engin ou enlasseenlredes files de pieux plus ou moins
achine si simple que la fig. 379, où je la re nombreuses, et nui retiennent parfaitement
ssente, me dispensera delà décrire. J'ob- les eaux, lorsque le sable et les graviers, chas
rverai seulement que les paysans le font. sés par le courant, sont venus remplir les
u-mémes et tout en bois. On se sert du interstices.
éme moyen pour puiser l'eau d'un puits On réserve souvent dans ces digues un per-
iu profond ; il exige moins de force que la tuis pour le flottage, auquel ou donne une)
856 AGRICULTURE : DIS ASSOLEMENS tw. i".
largeur et une profondenrvariables, ordinai border sur l'espace de terrain qui les sépare
rement 10 pieds (3 mètres 24) d'ouverture, de la 2° ligne transversale : une partie de
sur 18 pouces ( 0 mètre 48 ) de profondeur. l'excédant de l'eau se divise dans les rigoles
Deux poutres sont nécessaires pour former de celle ligne, une autre tombe dans la T
le canal de descente des flottes; ces perluis section du canal des rigoles longitudinales,
ont l'avantage de rendre flottables des riviè s'accumule près du gazon qui forme le point
res qui ne le sont pas, et de permettre, en de section et se rend dans la 2* ligne de ri
outre, l'écoulement des galets et du sable qui goles transversales qui a déjà reçu la 1" par
s'amassent en amont des digues, et exposent tie. L'opération se continue ainsi de rigole eu
les rives à des débordemeus, par suite de rigole transversale et de section en section,
l'exhaussement progressif du lit de la rivière. jusqu'à l'extrémité des planche». Une condi
Deux systèmes de formation des prairies tion pour la distribution de cette ean, c'est
existent dans les vallées des Vosges. Suivant un niveau parfait, ce qui ne s'obtient pas tou
l'un, le terrain est disposé en billons assez jours facilement, et au défaut duquel on re
convexes, et en planches, suivant l'autre. médie jusqu'à un certain point, au moye»
La cféte de chaque billon est sillonnée lon- de tampons de gazon. On remplace annuel
gitudinalement par une rigole, et les billons lement les rigoles transversales par de nou
sont, comme ceux des terres arables, isolés velles qu'on place un peu au-dessus, ni
par des raies dont la destination est la même sorte qu'après un certain nombre d'annrt,
et qu'on nomme égoultoirs. L'eau qui entre toute la surface du terrain a éprouvé cette
dans le» rigoles est déversée en nappe sur les amélioration, car on distingue parfaitement
flânes, voûtés du billon, au moyen de tranches à i herbe haute et touffue la position des
de gazon placées de distance en distance dans ciennes rigoles. C'est de cette manière que
la rigole, etqui ne ferment pas son canal com sont disposées les prairies qu'on fait surin
plètement. Les égoutloirs,a l'inverse desrigo laisses de la Moselle.
les, doivent augmenter de capacité progres Dans beaucoup d'endroits il existe dei
sivement delà tète à la queue, puisqu'ils ser contrats d'association pour la elàtribulm
vent à recueillir le liquide à mesure qu'il a des eaux. Si la prise d'eau est assez abon
servi à l'irrigation; souvent l'eàu est reprise dante pour abreuver simultanément l'ensem
à ces égoultoirs pour l'irrigation d'un terrain ble des prés désignés dans le contrat, chaque
inférieur qui s'en|déchargea son tour pour en sociétaire ouvre son écluse ou les écluses
faire profiter un autre, et ainsi de suite, si aboutissant au « canal de dérivation, et
le volume d'eau originel le permet. veille à ce que l'eau se répande uniformé
Dans le système d'irrigation par planches, ment sur sa propriété. Mais souvent le vo
le terrain est divisé en compartimens, au lume d'eau est insuffisant; dès-lors les asso
moyen de rigoles longitudinales et transver ciés ne jouissent du cours d'eau que tour-à-
sales, celles-ci 4 fois plus rapprochées que tour et pendant la période de temps limitée
les autres. Dans les rigoleslongiludinales, et à chacun d'eux d'après la contenance respec
au niveau du bord intérieur de chacune des tive de leur terrain ; c'est tantôt un ou plu
rigoles transversale», on arrange un morceau sieurs jours par semaine, ou seulement taol
de gazon, de manière qu'il remplisse bien la d'heures par jour; celles de la nuit sonl
capacité du canal dans lequel il est placé. aussi dispensées et employées avec uue égal*
Lorsqu'on donne cours à l'eau, elle com sollicitude. Celui qui na pas asse* d'eil
mence par envahir la tête des rigoles longi pour arrosera la fois toute sa prairie, est
tudinales, elle rencontre bientôt la ligne de forcé d'en arroser alternativement les diflé-
petites digues de gazon qui la forcent à pé rentes parties.
nétrer dans la première ligne des rigoles C. B. us M.
transversales ; celles-ci ne tardent pas a dé-
Section i™. — Théorie des assolemens. Les premières plantes qui fixèrent l'aM*
tion de l'homme durent être celles qui P°u
Le mot Assolement est moderne dans notre vaient servir à sa nourriture. Long tenip*
langue agricole. Il dérive de solum, sol, dont sans doute, elles furent l'objet presque"
on a fait sole, mot qui indique chacune des clusif des travaux du cultivateur, et den*
jours elles occupent encore la principe
divisions de culture établies sur une exploi place sur nos guérets. Toutefois, on ne tar
tation, assoler, c'est donc partager le ter
rain en diverses soles destinées à porter pas à s'apercevoir que la terre qui *e *°
successivement des cultures différentes. — vre spontanément d'une foule de veSf :,
Dessoler, c'est changer une succession de divers dont la continuelle succession ne '
qu'ajoutera sa fécondité, refusait de donn
culture précédemment établie.
AivDnÉ Tiiouin définit les assolemens : annuellement les mêmes produits,.011 .
L'art de faire alterner les cultures sur le moins ne les donnait qu'avec une parcinw
même terrain, pour en tirer constamment le croissante, indice certain de ce qu'on»5
plus grand produit, aux moindres frais pos vent appelé sa lassitude. M
sibles. Alors que les troupeaux trouvaient,"»11
IAF. 10«. THÉORIE DES ASSOLEMENS. 257
i hasard, à la surface du globe, des pâtura herbages y change, pour ainsi dire, sans
is naturels qui dispensaient de pourvoir cesse : ici le trèfle rampant ( Trifolium re-
Uniment à leur nourriture; que leur pro- pew), la lupuline {Medicago lupulina) et
riéldire, rassuré à cet égard, ne cultivait quelques autres légumineuses succèdent
jur lui qu'une faible partie de ses vastes spontanément aux graminées; — là ce sont
jmaines, toute sa science consistait à choi- diverses renoncules ( Ranunculus acris, bul~
r des terres neuves, fécondes, qu'il aban- bosus, arvensis), ailleurs la jacée des prés
innait à un long repos après en avoir tiré ..{Centaurea jacea), la mille-feuille {Ackillea
ielquesrécoltes,,et l'art de la culture n'était millefolium), l'oseille {Rumex acetosa), etc.
>ur lui que celui du labourage. — Il serait facile de multiplier beaucoup de
Plus tard, lorsque la propriété commença semblables citations, et, si l'on étudiait les
être divisée, pour subvenir aux besoins générations successives de ces plantes usur
•oissans de la population, force fut bien patrices, la courte existence d'un homme
étendre proportionnellement les cultures suffirait parfois pour les voir abandonner
imentaires, et par conséquent de les rame- à leur tour au profit de quelques autres les
:r plus souvent à la même place. — Aux terrains dont elles s'étaient emparées.
boursil fallut joindre les engrais; et, comme Dans certaines contrées il ne serait pas
1 reconnut encore leur insuffisance, on ne impossible de constater que les végétaux des
cuva rien de mieux que d'obtenir autant tructeurs des moissons alternent sur le même
s récoltes successives que le permettait la sol, et quoique plusieurs causes autres que
rlilité du sol, et de le laisser ensuite plus celles qui nous occupent ici puissent con
i moins longtemps inculte. C'est ainsi que courir à ce résultat, il y a tout lieu de
établirent sur une grande partie de l'Eu- croire qu'il est dû, en grande partie, au be
>pe l'assole. neut triennal et quelques au- soin de productions variées.
■es clans lesquels des céréales succèdent in- Les arbres eux-mêmes obéissent à la loi
ariablemenl à des céréales et sont suivies des assolemens. A côté des importans écrits
'une jachère plus ou moins prolongée. des Bosc, des Tuons, des Soulange Bodin,
Jusque là à peine se doutait-on de la théo- des Dureau de la Malle et de plusieurs au
ie desassoleme/is. Les prairies naturelles et tres, les observations publiées par M. TniÉ-
s pâturages sur jachère continuaient à for- bault de Berneaud ne doivent laisser aucun
îer toute la nourriture des bestiaux. On ne doute à cet égard.
ultivait que par exception un très-petit En 1746, rapporte-t-il, un immense in
ombrede plantes fourragères,comme s'il eftt cendie dévora en partie la forêt de Château-
té déraisonnable ou sans profit de deman- Neuf (département de la Haute-Vienne);
ler au sol des récoltes qui ne fussent pas celte forêt était en essence de hêtre. Plus
mmédialement utiles à 1 homme; comme si de cinq hectares que le feu avait entière
otite autre plan te que celle dont on obtenait ment consumés se couvrirent spontanément,
lireclement le prix en argent ne méritait les années suivantes, d'herbes et de brous
>as les soius du laboureur. sailles, à travers lesquelles s'élevèrent un
I. introduction des prairies artificielles fut peu plus tard une infinité de petits chênes.
fresque partout le premier pas vers un meil- — En 1799, les bois de Lumigny et de Crecy
eor système. — Les cultures sarclées, binées (Seine-et-Marne) ayant été exploités, le
m butées vinrent ensuite. — On s'aperçut hêtre, qui en faisait également la base, se
|oe toutes les récoltes n'étaient pas égale trouva remplacé, sans le secours de l'homme,
ment épuisantes; que toutes ne se succè par des framboisiers, des groseillers, des
dent pas avec un même succès; que telles fraisiers, des ronces, puis des chênes, au
cuvaient revenir plus fréquemment que jourd'hui en pleine végétation. — Une sem-
elles autres sur le même terrain, etc. Une hlable remarque a été faite à des époques
Çience nouvelle se déroula aux yeux du cul- différentes dans les forêts qui couronnent
ivaleur, et, tandis que la pratique lui en dé les bords escarpés du Dessombre, petite ri
filait en partie les principes, l'observation vière dont les eaux vont se perdre dans le
'lus atteutive des phénomènes naturels Doubs à St.-Hippolyte. Ces forêts sont com
rcheva de les lui révéler. posées d'arbres de hautes-futaies, principa
lement de hêtres. Lorsqu'une coupe a été
§ I".— Théorie chimique des assolemens. faite, on voit bientôt l'emplacement décou
vert s'orner d'une infinité de framboisiers
Quoique les végétaux qui vivent en fa- qui fournissent pendant 3 ou 4 ans une abon
""<", c est-à-dire groupés en masse homo- dante récolte de leurs fruits succulcns. A
ene, ne soient pas très-communs à la sur- ces arbrisseaux succèdent des fraisiers, et à
ice du globe, on voit cependant diverses ceux-ci la ronce bleue, enfin les pousses de
spéces envahir à elles seules des terrains nouveau bois mettent un terme à celte suc
"tiers et s'y maintenir plus ou moins long- cession de rosacées. — Après toutes les cou
ttnps sans mélange d'autres espèces. Mais, pes de forêts de hêtres qui ont lieu sur le
M ou tard leur végétation devenant moins Jura, particulièrement au revers du Mont-
■goitreuse, des plantes différentes commen d'Or, les groseillers paraissent les premiers,
tât à se montrer parmi elles, bientôt elles les framboisiers occupent ensuite le sol pen
e trouvent dominées et souvent enlière- dant 3 ou 4 ans, puis les fraisiers deux an
D*nt détruites. — On a cité plusieurs nées, cl la ronce bleue de 8 à 10 ans; enfin
temples semblables, pour des plantes her revient le hêtre ou apparaît le chêne. —
sées, dans la nature inculte. — Nous en Trois espèces de coupes se succèdent dans
jouvous fréquemment dans nos pâturages le même, triage de la forêt de Belesme, près
* nos prairies naturelles. La qualité des Mortague (Orne). La première a lieu sur un
AGMCOLTliai;, 37° livraison. TOME 1,-33
258 AGRICULTURE DES ASSOLEMENS. uv. i"
taillis de 20 ans, essence de chêne et de taient bien que ce dernier effet, en quelqu
hêtre; 30 ans après, on pratique sur les sorte accidentel, différait essentiellement d
mêmes souches une seconde coupe, dite l'épuisement du sol qui réagit iudislincie
taillis sous lui. lie, et qui ne donne encore ment dans toutes les ci i constances et su
que des hêtres et des chênes; la 3" succède toutes les cultures. — Voici comuiei.t uu d
sur l'ancienne souche après un siècle de vé- nos physiologistes les plus distingués a
fétalion, c'est ce qu'on appelle la coupe de pliqué leur pensée.
aute-fulaie. Les souches existantes depuis, « L'épuisement du sol a lieu lorsqu'un grani
un siècle et demi périssent alors, et on les nombre de végétaux ont tiré d un terraii
voit remplacer sans semis ni plantations, et donné toute la matière extraclive, et Xtjjn
même sans voisinage immédiat, par de jeu tement, lorsqu'un certain végétal déleruiim
nes bouleaux qui, après avoir donné à leur la stérilité du sol, soit pour les individus di
tour trois coupes successives d'environ 20 ans même espèce que lui, soit pour ceux
chacune, périssent et cèdent la place à des même genre et de même famille, mais II
chênes nouveaux. — Près de Hautefeuille laisse fertile pour d'autres végétaux.
(Seine-et-Marne), c'est le tremble qui rem » L'épuisement a lieu pour tous les végé
place les vieux chênes; on l'y trouve mêlé, taux quelconques : il agit en appauvrissait
selon les localités, aux ajoncs, au saule mar- le sol, en lui enlevant la matière nutritif
sauit , et surtout à l'alisier et au prunier L'effritement a quelque chose de plus speci
épineux. — Eu divers lieux, aux chênes on tique; il agit en corrompant le sol et eu;
n a pu faire succéder avec avantage que les mêlant, par suite de l'excrétion des racines
pins. — Dvvigbt, dans son Voyage à la Non une matière dangereuse. Ainsi, un péchei
velle-Anglelerre, cite des exemples nom gâte le sol pour lui-même, à ce point que, si
breux d'une succession analogue. Tantôt il sans changer de terre, on replante un pécha
a vu des arbres toujours verts remplaçant dans un terrain où il en a déjà vécu un anln
des essences feuillues, tantôt le contraire. — auparavant, le second languit et menu.
Toujours à une espèce <jn décadence, lors dis que tout autre arbre peut y vivre. M l<
même que le terrain serait jonché de ses même arbre ne produit pas pour lui-menu
graines, succède une espèce ou plusieurs es ce résultat, c'est que ses propres racines, al
pèces différentes. lant toujours eu s'alongeanl, reuconln
En présence de tels faits il était difficile de sans cesse des veines de terre où elles uonl
ne pas reconnaître une loi générale; — on pas encore déposé leur excrétion. On couçii
s'est efforcé d'en chercher l'explication dans que ses propres excrétions doivent lui duih
les phénomènes de la chimie et de la phy à peu près comme si l'on forçait un auim»
sique. à se nourrir de ses propres excrémens. Cd
EL d'abord, on a avancé que des végétaux de effet, dans l'un et l'autre exemple, n'est fu!
familles différentes pourraient bien ne. pas borné aux individus d'une même espèce;
puiser dans le sol les mêmes sucs nourriciers, mais les espèces analogues par leur organi
sans faire attention que les plantes les plus ilis- sation doivent soullrir, lorsqu elles aspirent,
semblables absorbent indistinctement, avec par leurs racines, une matière rejeiée pu
l'eau, toutes les substances solubles qu'elle des êtres analogues à elles, tout comme W
contient, lors même qu- ces substances peu animal mammifère répugne à toucher auxri
vent nuire à leur existence, et que si, dans crémens d'un autre mammifère. Ou concevrjil
l'acte de la végétation, il se fait un choix des ainsi assez facilement pourquoi chaque plan1'
matières minérales tenues en dissolution ou tend à effriter le tel raiu pour ses congénères;
eu suspension dans le liquide séveux , ce pourquoi certaines piaules à suc acre, coi»
ne peut être, ainsi que le démontrent des me les pavois ou les euphorbes, le détério
expériences positives, qu'à l'intérieur de la rent pour la plupart des végétaux.
plante. — On a supposé aussi que la direction » Si celte théorie est admise, on compre»'
pivotante ou traçante îles racines devait exer dra aussi sans peine comment cenain*
cer une certaine influence en modifiant la plantes a suc doux pourront excréter pï
profondeur à laquelle elles vont chercher la leurs racines des matières propres à amélio
nourriture; mais il est facile de compren rer le sol pour certains végétaux qui vivraient
dre que cette explication pourrait tout au avec eux ou après eux sur le même terrai»
plus s'appliquer à des plantes qui croîtraient et l'on comprendrait ainsi cornu» ni toute
simultanément à la même place, ou aux lieux les plantes de la famille des légumineuses
où les labours ne mêlent pas sans cesse la par exemple, prépareui favorablement le sa
masse du sol. — Lorsqu'on eut acquis la cer pour la végétation des graminées.» '"7
titude que certains végétauxfatiguent ta terre siologie végétale de M. De Candoile, 183—
moins que d'autres, Tes agronomes crurent On trouverait sans doute encore des a
avoir trouvé une explication saiislaisante du où une telle explication donnée priinil''*
phénomène chimique de l'alternance; toute nient, je crois, par Brlgmam, repruduiic at
fois il fallut reconnaître qu'elle étah encore puis, appuyée de faits nombreux et recueilli
incomplète; car, si elle rendait suffisamment sur la culture des arbres par divers écrivains
compte de l'appauvrissement plus ou moins ne serait pas entièrement satisfaisante; n.ais
grand du sol, elle laissait inexpliquée une quelles q lie soient les exceptions qu'on p1"*
partie des faits précités, et elle n'aidait en rencontrer, il n'en faut pas moins reconna'
rien à reconnaître les causes de la dilficulté Ire que si les sécrétions, parfois les prodi»'-
marquée qu'éprouvent les végétaux même les de la décomposiiion des racines, n ont F
moins épuisans à croître sur le terrain qui toujours une importance aussi grande qu'
a fourni pendant longtemps à la végétation l'admet M. De Cakdolle, et que lecrwai
de leurs congénères. — Les cultivateurs sen- Anjdué Xaoui,\, elles exercent au moins dan:
cbap. 10'. THÉORIE DES ASSOLEMENS.' 259
certains cas une action assez marquée pour du Midi on voit les bonnes terres produire
que, conf >rmément aux vœux du premier d'abondantes récoltes de blé froment et de
de ces agronomes, les chimistes cherchent à maïs, sans aucune intercalalion; que M. de
reconnaître dans le terrain la nature des ex Gaspakin cite une terre semée en blé depuis
crétions des divers végétaux, et leur action 40 ans sans interruption, et qui, après
sur la vie des autres plantes. — Déjà M. Fi avoir porté 25 fois la semence, la reproduit en
cher, de Montpellier, a trouvé une quantité core 15 fois habituellement, sans qu'on lui ait
de sel marin beaucoup plus grande dans donné aucun engrais pendant tout ce temps;
un champ voisin de la mer qui avait porté —que feu M. Yvart, auteur du traité le plus
de la soude, que dans un autre champ égale complet sur les assolemens, a obtenu des ré
ment situé, qui était resté en jachère nue ; et sultats satisfaisans en cultivant l'orge hiver
mon collaborateur Payen a en partie expli nale sur le même terrain pendant 6 années
que l'influence désastreuse des vieilles raci consécu lives, comme objet d'expériences com
nes de chêne, en démontrant qu'une solution paratives; — que dans le pays des Basques
infiniment faible de tannin peut arrêter pres les terrains bas et humides sont ensemencés
que complètement la croissance des végétaux en maïs pendant 3 années après lesquelles
qui se trouvent en contact avec elle. on laisse ces terres pendant 3 autres an
nées en prés, et ainsi successivement ; — que
§ II. — Théorie physique des assolemens. le chanvre, et, au moment où j'écris, j'en ai
un exemple sous les yeux, peut prospérer
La théorie physique des assolemens est plus un grand nombre d'années de suite dans le
claire que leur théorie chimique. Elle consiste même champ; — que le lin, considéré comme
en effet tout entière à tâcher d'entretenir la une des plantes les plus effritantes, puisque
terre, par la combinaison de cultures variées, presque partout où on le cultive on a tou
dans un étal convenable d'ameublissement et jours conseillé de ne le ramener sur les
de propreté. mêmes soles que tous les 6 ou 8 ans, se
De tout ce qui précède on a déduit les prin sème cependant, dans quelques lies de la
cipes suivans : Loire, de deux années l'une, après le fro
ment, et cela depuis plusieurs siècles, etc.
S III-— Principes généraux déduits des deux théo Jl est donc quelques végétaux qui semblent
ries précédentes. se soustraire au besoin de l'alternance pen
dant fort long-temps, au moins dans certaiues
1* Il Jautfaire précéder et suivre les cultu localités; — il en est d'autres qui peuvent
res épuisantes par d'autres cultures propres se succéder à de courts intervalles; de ce
a reposer le sol et à lui rendre sa fécondité. nombre sont heureusement les céréales. —
-Les cultures considérées cornu e les plus Enfin il en est qui refusent de croître avec
epiii-anles sont, en général, celles des cé succès à la même place, à moins d'une lon
réales et d'autres plantes, telles que le colza, gue interruption, surtout .«i on a mésusé des
le In, le chanvre, etc., dont on laisse mûrir avantages que présente leur culture en la
les graines, parce que, vers l'époque de la faisant durer au-delà d'un certain temps ou
maturité, leurs feuilles, déji en partie dessé en la ramenant trop fréquemment, comme
chées, cessent d'absorber les principes nu cela est arrivé déjà sur plusieurs points
tritifs dans l'atmosphère, el laissent aux seu pour les trèfles, et d'une manière bien plus
les racines le soin de fournir aux besoins de sensible encore pour les luzernes, au grand
la végétation. — Les cultures considérées dommage du cultivateur d'une partie de la
comme reposantes ou fertilisantes sont celles Beauce. — Je reviendrai ultérieurement sur
Qui doivent être f.mchées avant l'époque de ce fait important. — On a remarqué sur plu
leur fructification, telles que les tièfles, le sieurs terres du Gâtinais que le safran ne
sainfoin, la luzerne, les graminées perennes peut se renouveler avec avantage qu'après
dont les racines et une partie des fanes subs un laps de 15 à 20 années; — que le colza et
tantielles sont enfouies par les labours; — à divers autres végétaux à graines oléagineu
plus forte raison, les arbres el les arbrisseaux ses exigent un intervalle de 4 ou 5 ans et
dont les feuilles couvrent annuellement le plus. Au point où nous en sommes, il serait,
s"l de leurs dépouilles; — les récolles en je crois, superflu de multiplier davantage
ferrées en vert lors de leur floraison, comme des exemples semblables, qui trouveront na
lf5 lupins, les sarrasins, etc. ; — celles que turellement place dans la seconde section de
l'nn est, en certains lieux, dans l'usage de cet article.
foire pâturer sur place, comme les rutaba Il est bien reconnu, disait Yvart, que cer
gas, les navels, etc.; — celles enfin qui exi taines plantes nuisibles, comme la cuscute,
gent le concours d'engrais dont elles ne con l'orobanche et diverses cryptogames, se mul
sument qu'une partie, comme les choux, tiplient d'autant plus sur les champs cultivés
les betteraves, etc. en légumineuses, en tabac, en cardère et en
2° A une plante d'une certaine espèce, d'un safran, que le retour de ces dernières plantes
certain genre, oit même d'une certaine famille, y est plus fréquent, et que l'on ne peut faire
" faut faire succéder autant que possible disparaître ces fléaux redoutables qu'en in
""e plante d'une autre espèce, (Tun autre terrompant, pendant plusieurs années, les
g'tre et d'une autre famille. — Par ce moyen cultures qui y donnent lieu; — que certains
on a moins à redouter les effets de l'efl'rite- insectes nuisibles s'attachent particulière
rot'nt. Il existe à la vérité quelques excep ment à certaines espèces de plantes, et que
tons à celte règle, mais elles ne sont ni assez la prolongation de la cullure de ces der
nombreuses ni assez expliquées pour faire nières multiplie quelquefois prodigieuse
'°i. C'est ainsi que dans certaines contrées ment ces animaux.
260 AGRICULTURE : DES ASSOLEMENS. m. r,
Enfin, considérant la chose sous un der sarclée, binée ou butée, pour peu qu'elle ne
nier point de vue, il est aussi hors de doute soit pas trop épuisante par elle-même,—oui
que telle ou telle plante réussit mieux ou une culture à la fois reposante et étouffante,
plus mal après telle ou lelle culture. C'est ce qui vaut encore mieux. Les raisons qu'on
ainsi que le trèfle, dans les terrains où sa vé peut donner de cette coutume sont de plu
gétation est vigoureuse, les fèves, dans les sieurs sortes : d'abord une surabondance de
sols argileux, sont une des meilleures prépa matières nutritives peut faire verser les
rations pour le froment ; — airsi encore l'orge blés ; dans tous les cas elle favorise le déve
ou l'avoine vient plus sûrement que le fro loppement du chaume au détriment de la
ment après une récolte de pommes-de-terre; grosseur et de la qualité du grain. Ceci se
— l'avoine et le seigle donnent relativement remarque surtout pour le froment. En se
de meilleurs produits que le froment et que cond lieu, les fumiers déterminent et favo
l'orge sur un pré nouvellement rompu, sur risent la croissance de beaucoup de mau
une vieille luzerne, une défriche ou après un vaises herbes que la culture usuelle des
écobuage, etc. blés ne permet de détruire qu'incomplète-
3° Aux cultures qui facilitent la croissance ment, et qui nuisent souvent a leur réussite
des mauvaises herbes, et notamment à celles au point de compenser par leur multiplicité,
des blés, ilfaut faire succéder d'autres cultu de faire même tourner à mal par leur rapa
res qui les détruisent ou les empêchent de se cité et la rapidité de leur végétation, les bous
développer.— Ces, cultures sont de deux sor effets de la fumure.
tes : certaines plantes, telles que le trèfle Les récoltes racines qui exigent à la fois de
par exemple, par la multiplicité de leurs profonds labours de préparation et de nom
tiges et l'abondance de leurs feuilles, em breuses façons d'entretien, comme les bette
pêchent à la surface du sol toute autre végé raves, les carottes, les navels, les pommes-
tation. En interceptant presque entièrement de-terre, etc., les autres cultures fourragères
l'air et les rayons lumineux, elles étouffent qu'on est dans l'usage de biner, comme les
les plantes plus jeunes ou plus faibles t-liou\, ont ;m contraire le quadruple avantage
qu'elles. Toutefois, pour que leurs etfets de ne jamais redouter la surabondance d en
soient tels qu'on les désire, il est indispen grais; de ne consommer qu'en partie celui
sable que leur végétation soit rapide et vi qui se trouve dans le sol à 1 état convenable;
goureuse. Si l'on semait un trèfle dans un d'ameublir, de nettoyer la couche labou
champ mal préparé et mal fumé; si, par un rable; et, tandis que les céréales épuisent
calcul mal entendu, on voulait le faire durer la terre en raison de leurs riches produits,
trop longtemps, de manière à laisser re celles-ci, consommées en pai tie, souvent en
prendre le dessus aux mauvaises herbes, on totalité sur la ferme, doivent procurer, con
courrait le risque d'arriver à un résultat op curremment avec les prairies naturelles et
posé, et il serait très-possible qu'il laissât artificielles, à l'intérieur, la nourriture né
encore plus sales les terres qui étaient déjà cessaire aux animaux de travail et les fu
sales avant lui. — Les récoltes que l'on doit miers indispensables à la fécondité du sol, à
biner ou sarcler sont aussi très-propres à l'extérieur, le laitage, le beurre, les laines et
précéder et à suivre celles qui ne comportent la viande qui seront transformés en numé
pas de telles façons. On peut en etfet les raire.
considérer comme une sorte de jachère, puis D'habiles praticiens pensent que sur li
que pendant leur durée on laboure le sol plupart des terres un intervalle de quatre m
pour le pulvériser, l'exposer aux influences est le plus long qu'on puisse mettre enlrt
atmosphériques et détruire les plantes ad- deux récoltes sarclées.
ventives; mais c'est une jachère productive Dans beaucoup de nos meilleurs assole-
qui vaut quelquefois autant qu'aurait valu mens, conformément à ces principes, les cul
la récolte de grains, et qui prépare au moins tures fourragères on industrielles fumées,
aussi bien une culture céréale que l'eût fait sarclées et binées, se présentent les pf-
une jachère stérile. mières. Elles sont suivies d'une céréale, à la
Dans la pratique habituelle, les céréales quelle succède une prairie artificielle, et l'in
commencent encore souvent la rotation. On née suivante une autre céréale.
les sème immédiatement après une fumure, Toutes les autres conditions chimiques et
et, pour être juste, il faut reconnaître que, physiquesd'un bon assolement me semblent
selon les lieux et les circonstances, cette mé rentrer dans les trois principales que J<
thode discréditée en théorie, d'une manière viens d'indiquer, et qui pourraient tHps'
trop générale, présente parfois des avan mêmes se résumer en ce seul théorème :£""
tages. Avant de la condamner d'une manière tretenir le sol dans un état de fertilité con
absolue, il faudrait avoir étudié non seule stante en employant te moins d'engrais pos
ment la nature plus ou moins riche et l'état sible; — lui confier à chaque époque 'fi
de propreté plus ou moins grande du sol plantes à la végétation desquelles Use trow*
dans chaque localité, mais aussi la qualité le mieux en état de fournir; — enfin empê
des engrais, le point précis de leur décom cher que ces plantes ne soient gênées il"1"
position, et, par suite, la durée au moins ap leur croissance par l'envahissement des iW'
proximative de leur action dans le sol. — Ce vaises herbes, ,
pendant, dans les terres d'une fécondité Mais à ces considérations premières s en
ordinaire, et sur les champs où l'on est dans joignent d'autres d'une non moindre iu)|"""
la bonne habitude d'employer les fumiers de tance que nous devons examiner succes
litière peu consommés, on regarde avec rai sivement. ,
son comme profitable de faire succéder les Partout où ton peut varier beaucoup les
blés sans engrais à une culture fumée, productions de la culture, il n'est pascuW
0UP. 10*. THÉORIE DES ASSOLEMENS. »1
de trouver de bons a9solemens ; malheureu s'éloigne des deux extrêmes compris dans
sement cela n'est pas toujours aussi aisé les deux premières divisions; à toutes celles
qu'on pourrait le croire au premier aper qui, jouissant des proportions convenables
çu. La qualité du sol, — le climat, — les de consistance, d'ameublissement. de pro
besoins de la consommation locale, — la fondeur et de fraîcheur, sont presque éga
difficulté et par conséquent le prix élevé du lement propres à toutes les productions
transport, — celui de la main-d'œuvre, — que le climat comporte, et peuvent admettre
la rareté des bras ou des autres moyens de avec avantage dans leur sein la plupart des
travail,— et le défaut de capitaux sont au plantes précédemment indiquées, mais ré
tant de causes qui peuvent gêner les meil clament plus particulièrement l'escourgeon,
leures combinaisons en théorie et s'opposer le millet, le panis, l'alpiste, le sorgho, le
même d'une manière absolue à leur appli mais et le riz dans la première famille ; — la
cation. luzerne, l'aracbide, la réglisse et l'indigotier
dans la seconde;— le pastel, la moutarde, etc.
§ IV. — Influence de la nature du sol. dans la troisième; — le chanvre, le lin, la ga
rance, le tabac, le cotonnier, la courge, le sa
Yvart, dans son important article intitulé fran, le pavot, la betterave, la carotte, le
Succession de culture du Cours d'agriculture panais, le houblon, etc., dans d'autres fa
deDéterville, a établi trois grandes classes ou milles.
divisions principales de terres sous les On conçoit qu'une classification aussi sim
quelles il me semble, comme à lui, que ple ne peut présenter une exactitude bien
chaque cultivateur peut placer toutes les rigoureuse, eu égard à la variété presque in
nuances intermédiaires qui les séparent, en finie des divers terrains. D'ailleurs, les plan
rapportant à chacune de ces divisions toutes tes qui préfèrent l'un ne refusent pas abso
celles qui s'en rapprochent le plus, tant par lument de croître sur tout autre ; mais alors
la nature générale de leur composition que on devra calculer si l'ab.mdance de la ré
par celle des productions auxquelles elles colte pourra indemniser des frais d'une cul-
sont le plus propres, et par toutes les au iure plus dispendieuse ou des casualilés plus
tres circonstances qui peuvent influer sur grandes d'une position moins favorable.
leurs qualités. Non seulement il importe de faire choix des
La première division comprend toutes les végétaux qui réussissent le mieux sur cha
terres siliceuses, calcaires ou crétacées, plu que sol; mais, selon sa nature trop légère ou
tôt sèches qu'humides, meubles que com trop forte, pour remédier, dans le premier
pactes, élevées que basses, essentiellement cas , à son défaut de cohésion et à son aridité,
propres» la production du seigle, de l'épeau- dans le second , à sa ténacité et à son hu
tre et de l'orge parmi les graminées an midité excessive, on doit préférer les cul
nuelles;—du sainfoin, de la lupuline, du mé- tures les plus propres à lier les molécules et
lilot, du fenu-grec, de la lentille, de l'ers, à ombrager la surface, ou celles qui absor
du lupin, du pois chiche et du haricot parmi bent beaucoup d'eau et qui nécessitent des
les légumineuses;— de la rave ou du navet, de opérations aratoires destinées à diviser la
la navette, de la cameline parmi les cruci masse et à taciliter en même temps l'évapo-
fères,—et du sarrasin, delà gaude,de la sper- ration de ce liquide et l'introduction de la
gule, de la pomme-de-lerre, de la patate, chaleur solaire.
du topinambour et du soleil parmi les autres La position particulière d'un champ peut
familles naturelles, indépendamment de plu influer autant parfois que sa qualité sur le
sieurs autres plantes vivaces, propres à l'éta choix d'un assolement. Dans les plaines
blissement des prairies permanentes, telles unies, d'une culture facile et productive, il
que la flouve odoraule, la houque laineuse, serait déraisonnable de ne pas préférer les
je dactyle pelotonné, les avoines pubescente, plantes du plus grand rapport, telles que les
jaunâtre et des prés, la fétuque ovine et plu céréales, les fourrages légumineux, les ré
sieurs autres, divers palurins, des candies, coltes sarclées, les végétaux propres aux
des méliques, etc. arts, enfin tous ceux qui peuvent répondre
La seconde division renferme toutes les par la richesse de leurs produits aux soins
terres argileuses naturellement tenaces, plu ■ laborieux qu'ils exigent — Sur des landes
lot humides que sèches, basses qu'élevées, infécondes, sur des terres peu traitables, des
compactes que meubles, particulièrement pentes peu accessibles à la charrue, où les
convenables à la culture du froment, de l'a engrais sont en partie dissipés par les fortes
voine et de la plupart des graminées vivaces, pluies ; — dans les terrains sujets aux inon
propres aux prairies dans la première fa dations et qui courraient le risque d'être
mille; — des trèfles, des fèves, des pois, des minés par les eaux s'ils étaient fréquemment
vesces, des gesses, et aussi de quelques au divisés par les labours; — en des sols d'une
tres plantes légumineuses vivaces, propres grande médiocrité, le contraire arrive. Là,
aux prairies permanentes, telles que les lo- non-seulement le choix des objets de cul
tiers, les orobes, etc., dans la seconde ; — des ture est beaucoup plus restreint, mais les
rhoux proprement dits, des choux -raves, frais de main-d'œuvre étant plus considéra
choux- navets , rutabagas, colzas ou autres bles comparativement aux béuéfices de la
variétés, dans la troisième;— enfin, de la chi récolte, on doit chercher à simplifier les pre
corée sauvage dans la famille des chicora- miers le plus possible. Il faut que la propor
cées. tion des prairies ou des pâturages permanens,
La troisième division est consacrée à toutes avec les terres labourables, soit toujours
les terres qui, douées de cet heureux étal telle, que d'une part les opérations aratoires
mitoyen, si convenable en toutes choses, deviennent moins multipliées et plus faciles,
3M AGRICULTURE DES ASSOLEMENS. lit. F.
et que, de l'autre, le besoin d'engrais soit lières, la saison des pluies est toujours celle
moins général et le moyen de s'en procurer où le soleil parcourt la portion du zodiaque
aussi assuré que possible.— En général, l'é qui est du même côté qu'eux de la ligne. -
tendue dus pâturages doit èlre, dans toute Dans les zones tempérées, on ne Iroiue plus
exploitation, en raison inverse de la fécon cette régularité propre aux contrées iiiler-
dité du sol et de la facilité de subvenir par tropicales; mais la moyenne de plusieurs
la culture desprairies artificielles à l'entretien années présente quelque chose d'analogue.
des bestiaux. — Dans les pays situés en plaines et loin du
Toutes choses égales d'ailleurs, l'état de voisinage des hautes sommités, la saison des
fertilité dans lequel le fermier trouve le sol à pluies et celle des sécheresses se partagent
son entrée en jouissance, doit avoir une gran l'année par deux séries continues plus ou
de influence sur le choix d'un assolement. moins égales, comme sous la zone lorridc,
Je pourrais citer tels exemples où, comme mais limitées avec moins de précision par
dans la plaine de Nîmes, on se croit dans les influences solaires; le voisinage de gran
l'obligation d'épuiser le sol à chaque fin de des chaînes et d'autres causes locales vien
bail , de manière qu'il faut ne lui confier nent troubler cet ordre et introduire parais
que des cultures réparatrices pendant plu quatre séries au lieu de deux ; de sorte qu'il
sieurs années, en commençant une nouvelle est vrai de dire alors avec M. de Gaspard,
rotation. Le fermier sortant ayant toujours à qui je dois en partie ce qui suit, que
intérêt à mésuser, sous ce rapport, de sa po sous le rapport des pluies on a quatre saisons.
sition, on ne peut prévoir avec trop d'atten Ces anomalies peuvent s'observer même en
tion et prévenir trop efficacement un pareil Fiance.
abus. — Un terrain non épuisé peut être Si nous divisions notre continent en deiiz
envahi par les mauvaises herbes : cet incon portions par une ligne qui passât par les Pv-
vénient n'est Ruère moins grave que le pré rénées, dontelle se détacherait vers le milieu
cédent. Les récolles des céréales y seraient de la chaîne pour passer à l'ouest de Tou
peu productives et ne feraient qu'empirer le louse, qui suivrait ensuite la chaîne desCe-
mal. Là, il faut encore un assolement parti vennes, irait se rattacher aux Alpes, en Dau-
culier dans lequel reviennent fréquemment phiné, en se prolongeant ensuite avec celle
les plantes étouffantes el les cultures sar chaîne vers l'orient, nous aillions deux cli
clées. — Il en faut un aussi sur une terre mats, l'un septentrional et l'autre méridioual.
nouvellement défrichée ; — sur celle qui con Dans le premier, les étés sont pluvieux; ils
tient eu surabondance des sucs nourri sont secs dans lesecond,eL c'est l'aulomnequi
ciers, etc. est la saison des grandes pluies; el. comme
si cette ligne faisait en Europe le mêmeelW
§ V. — Influence du climat. que la chaîne de montagnes qui sépare la
côte de Malabar de celle de Coromandel, les
Le climat doit surtout être pris en grande saisons de pluie et de sécheresse se succè
considération. « Le tort de ceux qui ont éta dent au nord et au midi de celle ligne. Voila
bli la théorie des assolemens en France, dit le fait capital qui établit la principale di le-
M. de Gaspabin, est d'avoir généralisé des rence entre les deux climats que nous avons
pratiques locales et d'avoir cru fa science com le plus intérêt à connaître et à étudier ici
plète, en observant l'agriculture seule des dans leur rapport particulier avec la théorie
pays où finit la région de la vigne. En éten des assolemens.— M. deGaspam!* fait connaî
dant nos vues plus loin, nous verrons que tre les exemples suivaus : 1° Paris, climat a
les principes proclamés jusqu'à ce jour sont pluies estivales, à deux saisons régulières ;-
bien loin d'être absolus, et que la considéra 2° Genève, climat à pluies estivales, à deux
tion des climats est celle qui domine toute saisons irrégulières, le voisinage de plusieurs
recherche sur cette matière. » grandes chaînes y introduisant de nombreu
En France, en effet, il y a deux climats ses causes d'anomalie ; — 3° Montpellier, cli
bien distincts qui se fondent, pour ainsi dire, mat à pluies automnales, à deux saisons ré
en un troisième. — Celui du nord est le mieux gulières ; — 4° Toulouse, climat à pl«l!,i
connu sous le point de vue qui nous occupe. automnales, à quatre saisons ; — 5° Joyeuse,
C'était, en effet, en Belgique, en Alsace, en climat à pluies automnales, à quatre saisons.
Angleterre, dans ces contrées de la plus riche — 6°Padoue, climat à pluies automnales, a
agriculture, que la science des assolemens a quatre saisons, le voisinage des montagnes
dû prendre naissance. C'est de là qu'elle a dans ces trois derniers exemples agissant
pénétré en Europe. — Celui du midi a été pour introduire les saisons intermédiaires ,
moins étudié; on l'a tellement négligé dans — 7° Marseille, climat à pluies automnales,
les livres, que les habilans de la région des à deux saisons ii régulières, la saison de u
oliviers ont pu se croire entièrement ou sécheresse l'emportant autant sur I »t>.rc
bliés de la plupart de nos agronomes. — Le par sa durée que celle des pluies dans le cli
climat du centre, comme il est facile de le mat de Genève.
prévoir, participe aux avantages et aux in- Dans les climats h pluies d'automne il J
convéniens des deux autres. Toutefois, il .se un très-petit nombre de jouis pluvieux"1
rapproche davantage du premier que du été, et par conséquent la sécheresse esta a£
second. tant plus1 grande que les pluies de cette sa-
La chaleur el l'humidité étant les deux sou tombent par orages en laissant ''el0"j
. climat de.
grands agens de la -vrgétaiion, c'est leur ré intervalles entre elles. — Daus le
partition entre les saisons qui constitue un Paris, les pluies sont encore fréquentes J'us-
climat agricole. — Dans les pays voisins de qu'en juillet inclusivement; on conçoit
l'équateur, où les saisons sont très-régu- quel avantage peut être pour plusieurs c
chap. 10'. THÉORIE DES ASSOLEMENS. ' ' ' 263
tures économiques, et notamment pour la tages.... La sécheresse de nos étés favorise la
culture si importante des diverses plantes maturité et ne nuit pas à la quantité ; les pluies
fourragères, une semblable disposition. — ne surviennent guère qu'après les vendanges,
A la vérité, on sait que les rosées sont plus et elles ne sont jamais assez continues pour
abondantes dans les pays chauds que dans qu'on ne trouve toujours le temps de les
le nord, mais il est démontré par des Faits faire; les produits, surtout ceux des vignes
positifs que dans aucun cas elles ne peuvent à eau-de-vie, s'écoulent facilement et sont
suppléer aux pluies, du moins dans nos ré payés comptant au moment de la livraison,
gions; d'ailleurs, il est de fait qu'elles devien ce qui permet de réaliser sur-le-champ la
nent moins fortes en juillet et août, mois rente de l'année; enfin, il n'y a plus de ja
pendant lesquels on en aurait le plus be chère, beaucoup moins de cultures, et le pro
soin dans le midi de la France. duit net des vignes, dont l'exploitation est
J'ai déjà eu occasion de dire ailleurs (voy. aidée par tous les progrès des sciences phy
l'art. Labours) combien ces circonslances siques appliquées à l'art de la distillation,
réunies apportent de difficultés dans les tra est plus considérable que celui des terres à
vaux de préparation des terres. — Dans les blé, soumises encore à l'ancienne routine.
climats à pluies d'automne, le printemps est Dans les régions à pluies d'été, une culture
une saison sèche ou à pluies fort irrégulières; aussi simple serait impraticable (1).... » — Le
les semis de mars y étant d'un succès on ne mûrier s'est aussi emparé, depuis une quin
peut plus incertain, les blés Irémoisy sont zaine d'années surtout, de l'intérieur des
a peu près inconnus. —• Les blés d'aulomne y champs dont naguère il ne formait que la
croissent au contraire fort bien. Si leur végé bordure (2); ses produits sont, selon la réus
tation est quelquefois contrariée par le dé site habituelle des vers -à- soie dans les
faut de pluie au printemps, elle est rarement différons cantons, ou supérieurs ou égaux à
entravée par des brouillards lors de la flo ceux de la vigne, et sa multiplication paraît
raison; par l'effet des vents et du soleil, la cependanlàpeine proportionnée aux besoins
piille acquiert une force qui la rend peu croissans de la consommai ion.
sujette à verser; aussi voit-on assez fréquem Parmi les plantes heibacëes la garance est
ment des exemples de fécondité bien rares une de celles dont la culture se lie le mieux
dans les pays à pluies d'été, parce que la tige à toutes les convenances agricoles du midi.
ne pourrait y soutenir des épis aussi chargés Elle s'associe très-bien au blé, remplit l'in
sans se coucher entièrement. Cependant, tervalle de repos qui est nécessaire à la terre
dans l'étal actuel de cette culture qui devien pour devenir susceptible d'en porter avanta
drait bien plus avantageuse si, à l'aide de geusement de nouvelles récoltes, el donne
récolles jachères, on pouvait augmenter la ainsi les moyens d'établir un assolement ré
masse des engrais et entretenir le sol dans gulier. Malheureusement, si elle réussit par
uuélal d'ameublissement plus parfait, on ne faitement dans les terrains légers et profonds
peul se dissimuler que le midi serait pauvre du bassin central de Vaucluse, grâce aux
si elle y existait seule. Aussi dans beaucoup infiltrations naturelles de laSorgues; sur les
de lieux n'oecupe-t-elle qu'un rang en quel- bords de la Durance, et dans quelques au
qup sorte secondaire à côté de l'olivier, de tres lieux dont la position particulière com
la vigne et même du mûrier. — Le premier bat et détruit les effets du climat, il ne peut
de ces végétaux offre une des manières les en être partout ainsi. — Le safran n'occupe
pliisavanlageuses d'utiliser les terrains d'une qu'une laibleétendue de terrain. C'est plulôt
naiure médiocre; — le second, qui ne couvrait un produit de petite que de grande culture.
d'abord que les coteaux les plus lavorables — On peut en dire autant du chardon à
à la production du vin, s'est peu-à-peu éten bonnetier, quoique cette plante, très-lucra
du à la plaine, surtout depuis que l'art de tive el qui résiste bien à la sécheresse, ait
la distillation a fait de nouveaux progrès. Les gagné du terrain depuis quelques années. —
vins de table sont récoltés en grande partie Le chanvre est d'une certaine importance
sur les terrains pierreux et caillouteux; pour plusieurs parties des départemens de
ceux à eau-de-vie, dans les fonds gras et fer la Haute-Garonne, du 'larn, du Gers, etc.
tiles on l'abondance supplée à la qualité. Mais autant au moins que la garance, il exige
« C'est ainsi, dit M. de Gasparin, que la vigne des terrains de choix. — Enfin, il est encore
s'est étendue sur une grande surlace, desti un petit nombre de végétaux propres aux
née auparavant à la culture des grains qu'elle arts, dont on peut obtenir des récoltes avan
'remplacés avec avantage. La quantité d'en tageuses dans quelques localités privilégiées,
grais s'est trouvée réduite, les vignes pou sans qu'aucun présente une ressource gé
vant même s'en passer tout à fait; la séche nérale pour les assolemens du midi. Les
resse n'a plus été regardée comme un fléau uns ne peuvent résister aux chaleurs prinla-
avec ce robuste végétal, qui va puiser si pro nières et estivales; les autres exigent plus
fondément les sucs et l'humidité de la terre; d'engrais qu'on ne peut leur en donner dans
les cultures d'hiver de la vigne se sont bien des contrées où les herbages naturels olfrent
associées avec celles des terrains à blé envi la principale, presque la seule ressource
ronnais, et ont offert un utile emploi de pour la nourriture clés bestiaux.
temps aux ouvrieis des pays qui ne culti Le grand problème serait donc de trouver
vaient que le blé, et qui étaient oisifs dans des plantes fourragères qui pussent s'ac
wlte saison. La récolte qui tombe également commoder au climat. Partout ou l'on a pu le
avant les semailles, a donné les mêmes avan- résoudre à l'aide des irrigations ou de toute
leurs aux cultures industrielles qui exigent nées à la nourriture des animaux et, selon
presque loulf s «les terres richement fumées. les localités, à l'engraissement d'un plus ou
— On Inniv e un débit pins facile des four moins grand nombre (rentre eux, afin de don
rages surabi indans et des plantes potagères ner les moyens de fumer copieusement les
donlles récoltes, très-productives en pareille terres et d'augmenter leur fertilité, tout en
position, ne pourraient l'être ailleurs sur ajoutant aux récoltes de végétaux les pro
une aussi grande échelle. — Dans le Nord, duits souvent plus lucratifs d'un autre règne;
la fabrication de la bière et de l'eau-de-vie il l'est aussi qu'on ne peut arriver là sans dé
de grains ajoute beaucoup à la valeur vé penses premières, et que le capital d'une
nale de l'orge et du seigle. — Près d'un four ferme doit être plus élevé lorsqu'on veut le
à chaux ou ù plaire, d'un dépôt de marnes, cultiver sans jachère, que lorsqu'on persiste
d'une tourbière dont les cendres s'obtien dans l'ancienne routine, ou, en d'autres
nent à vil prix, il devient facile d'améliorer termes, que les avances doivent être propor
la qualité du s >1 et de varier les assolemcns; tionnées aux profils, comme dans toutes les
tandis qu'en des lieux reculés et privés de autres branches d'industrie.
ces ressources, toutes choses égales d'ail Du reste, ces avances ne sont pas toutes de
leurs, il ne reste souvent à spéculer que sur nature à être faites par le fermier. Le pro
l'élève , l'entretien et l'engraissement des priétaire ne s'aperçoit pas toujours assez
animaux de Irait, de lainages et de bouche qu'il doit y contribuer pour sa part. Les an
rie. — On conçoit que chaque localité doit ciennes constructions rurales, par leur exi-
avoir- sous ce point de vue, tics besoins par gnité, sont presque partout fort en arrière
ticuliers et des ressources différentes. des besoins de l'époque actuelle; non seule
ment des locataires plus nombreux y se
§ Vil.—Influence du manque de bras et de capitaux. raient fort mal à l'aise, mais ils n'y rencon
treraient ni les greniers vastes et aérés in
On a pu remarquer qu'en général l'accrois dispensables à la conservation de leurs
sement de la population dans les campagnes récoltes, de sorte qu'ils se verraient, plus
a amené tout naturellement des améliora encore qu'aujourd'hui, dans l'obligation de
tions clans la pratique des assolemeus. C'est livrer parfois a vil prixlesdenrées dont ils trou
que partout où il a fallu répartir plus de veraient cependant avantage à différer la ven
travail sur un même espace, ce travail a été te; — ni les grangesqui leur permettraient de
d'abord mieux fait, plus prodVclif, el qu'on reporter une partie des travaux de la récolte
a successivement senli le besoin et reconnu au moment où ils pourraient les effectuer
la possibilité de l'étendre sur toutes les par- sans nuire à leurs autres occupations; — ni
lies de la ferme. A mesure que les propriétés les étables et les bergeries susceptibles de re
se subdivisent en petites exploitations, il cevoir commodément et sainement les bêles
ne rese plus de place pour les jachères bovines et ovines que la ferme peut nourrir.
périodiques; les cultures fourragères rem Cette dernière circonstance mérite d'être si
placent de toute nécessité les maigres pâtu- gnalée d'autant plus sérieusement que l'ex
rnges que les bestiaux cherchaient sur ces cellente coutume de nourrir les bestiaux à
dernières, et la production augmente, eu pro l'étable, et de faire parquer le moins possible
portion de l'industrie du cultivateur, avec les troupeaux, commence à se répandre par
(impérieux besoin de produire davantage. mi nous. — Je dois renvoyer à ce sujet le
Tel est, il faut le reconnaître avec joie, l'étal lecteur au livre II, et à l'article Bàtimens ru
nouveau de plusieurs de nos départemens; raux du \'I° livre de cet ouvrage.
cependant il est impossible de ne pas voir La durée des baux, qui devra aussi nous
qu'en trop de lieux, tandis que les popula occuper ailleurs, est un autre point fort im
tions ouvrières surabondent dans les grandes portant dans la question que je traite. Les
ailles, les bras manquent encore d.ms les améliorations qu'un bon svslènie d'assole
champs; leur rareté, et l'absence du maté ment peut apporter au sol ne se font sentir
riel propre à les remplacer, est peut-être l'un que lentement. H est juste que le fermier ait
des plus grands obstacles à l'introduction ou le temps d en profiler; d'ailleurs, en bornant
• la propagation, sur une échelle raisonnable, outre mesure la durée de son bail, on le
des cultures binées et sarclées, élément on prive souvent d'une partie des ressources que
peut dire indispensable des récoltes ja lui offriraient autrement les cultures indus
chères. trielles et les plantes fourragères; on le con
A côté du manque de bras, il faut placer traint à ramener trop souvent les mêmes
celui des capitaux, qui en est souvent la pre espèces sur les mêmes soles, au détriment
mière cause, et qui s'oppose d'une manière de la propriété.
encore plus absolue à un changement subit Tout considéré, on s'est donc souvent élevé
d"' système. Ce n'est pas seulement pour avec plus de véhémence que de raison contre
paver les frais de main-d'œuvre, assez consi ce qu'on a cru devoir appeler la routine cl
dérables, qu'exigent les binages, les bu- l'entêtement des gens de la campagne, et
|aoeS les sarclages, etc.; pour acquérir les l'on peut juger, d'après ce qui précède, que
'ns, rumens perfectionnés dont on ne peut se les améliorations ne sont pas toujours aussi
passer dans une exploitation où l'on a adopté faciles qu'on peut le croire en examinant
°e genre de culture, que le besoin d'argent superficiellement les questions agricoles. Les
sefait sentir; c'est aussi, et surtout, pour l'ac paysans tiennent certainement beaucoup,
quisition et l'entretien il'un plus grand nom souvent beaucoup trop, à leurs anciennes
bre de bestiaux; car, s'il est vrai que le prin habitudes; cependant, s'ils prêtent peu l'o
cipal avantage d'un bon assolement soit de reille aux raisounemens abstraits, ils savent
produire en abondance des récoltes desti- très-bien ouvrir les yeux devant l'exemple
AGmcui/rmiE. 37m* livraison. TOME L— 34
266 AGRICULTURE : DES ASSOLEMENS. uv. i"
du succès, et si les nouvelles pratiques ne se plantes vivaces qui occupent le sol plusieurs
répandent pas partout aussi promptement, années de suite, plus les produitsannuelssonl
cela tient surtout à ce qu'elles ne sont pas variés.
partout aussi profitablement applicables. Il est pourtant des cas où chaque sole est
elle -méni» subdivisée en plusieurs autres soles
§ VIII. — De l'étendue relative de chaque culture portant des récoltes de même nature, mais
dans une ferme. non identiques. — Ainsi, il peut arriver que
l'une des soles de céréales, dans l'assolement
Ce n'est pas encore tout de trouver un as quadriennal, se compose d'orge et d'avoine;
solement qui convienne à la terre, au climat — que la sole des plantes sarclées soit cul
et même à la localité; il faut le coordonner tivée partie en pommes-de-terre et partie en
de manière à pouvoir en suivre toute l'année navels ou en betteraves ; que celle des prai
les travaux avec régularité, et ne pas être ries artificielles ne soit pas enfin exclusive
surchargé dans certains momens et inoccupé ment occupée par le trèfle.
dans d'autres. — 11 faut aussi que l'étendue Il peut également arriver que tandis qu'on
relative de chaque sole soit calculée de ma laisse à certaines soles toute leur étendue re
nière à établir une balance favorable entre lative, comme par exemple le tiers des terres
les produits de la terre et ceux des animaux assolées régulièrement dans une rotation de
qu'elle nourrit et qui doivent la fertiliser. trois ans, le quart dans une rotation de quatre
Cette seconde question, plus que la première, ans, et ainsi de suite, on trouve néanmoins
a besoin de développemens. convenable d'en partager certaines autre*.
On considère ordinairement chaque ferme conformément au principe déjà posé de mo
comme divisée en deux parties inégales: l'une difier les produits selon les besoins de la
réservée aux prairies ou autres pâturages na consommation et du commerce local, et
turels, la seconde soumise à un assolement surtout selon ia quantité de fourrages arti
plus ou moins régulier. Celle dernière se ficiels dont on a besoin. C'est ainsi que les
subdivise assez souvent en autant de soles céréales peuvent faire place en partie a quel
seulement que l'assolement compte d'années; ques autres plantes utilisées dans les arts.
ainsi, dans la rotation triennale avec jachère telles que le lin, le chanvre, etc.; que les ra
{fig. 380), le terrain se trouve partagé annuel- cines foifrragères, comme les pommes-de-
terre el les betteraves, peuvent être détour
nées de leur destination ordinaire, la nourri
Avoine. ture des bestiaux, dans le voisiuage des
féculeries ou des fabriques de sucre; qu'elles
peuvent disparaître presqu'enlièremenl de
Année. vant des récoltes également binées et sar
clées, mais plus épuisantes et plus produc
tives , comme celles du colza, de 1 œilleite,elc,
dans les localités où les engrais abondent;
enfin que les prairies artificielles, en des
circonstances analogues, peuvent être ré
duites à très-peu de chose. Un exemple ren
dra ceci plus clair ; je le prendrai chez moi:
— La petite ferme de Saint-Hervé, située sur
Année les rives de la Loire, se compose de: six hec
tares et demi de terres labourables ; — deus
hectares de pâture plantée en têtards de
lementpar tiers.—Dans la rotation quadrien frêne et de saule ; — deux hectares et deo)
nale [fig.ZSi), on obtient chaque année quatre de prairies naturelles;—el un hectare de ai-
Fig. 381. sette ou plantation de bordure du fleuve, jar
Cuit, sarcl. Avoine. Trèfle. Blé. din, verger, bâlimens et cour.
Sur ces douze hectares, 5 1/2 sont donc
hors d'assolement; — 2 1/2 produisent une
herbe fauchable, de bonne qualité; — *i
disposés de manière à ne pouvoir être detn-
chés sans inconvénient, à cause des inon
dations fréquentes du fleuve, servent de
pâturages aux vaches laitières ou nourrw*5
et aux élèves destinés à la boucherie ou an
marché ; — enfin 6 1/2 sont cultivés par par
ties inégales en lin, chanvre, céréales, et une
très-petite quantité de pommes-de-lerrepiiur
les besoins du ménage et l'engraissement de»
Polcs" • , i.
Sans aucuns frais de culture, à l'aide de
Blé. Coït, sarcl. Avoine. Trèfle prairie, de la pâture donl je viens de par°
el du brout, ou, en d'autres termes, des feu» e»
.- - > .. , . . — — %W 7/ d'orme et de frêne dont il fait dépouiller h»
Année, arbres, à la fin de l'été et au commenceaieui
de l'automne, pour ajouter à la uourrK«'
récoltes, de sorte que plus l'assolement est à du bétail, le fermier actuel conserve selon
les années plus ou moins favorables, de sua
long terme, à moins qu'il ne comprenne des
nue. 10'. THEORIE DES ASSOLEMENS. 267
huit vaches; il élève deux génisses et deux équivalent en bêtes à laines ; — 2* pour
taureaux, et le plus souvent, outre la jument chacune de ces bêles bovines ou son rempla
destinée à faire ses charrois, il nourrit en cement, les pailles d'un hectare, dont moitié
core un jeune poulain. en paille de blé, l'autre en paille d'avoine et
On conçoit qu'en des circonstances sem de plus le jourrage tant vert que. sec d'un
blables les prairies artificielles ou les racines demi-hectare en prairie artificielle. »
fourragères occuperaient une place utile » D'après ce principe, de quelque ma
ment réservée aux plantes panaires et sur nière qu'il soit retourné, il faut toujours un
tout aux plantes filamenteuses ci-dessus indi quart en froment, — un quart en avoine,— un
quées. — Il en sera de même partout où les quart en prairies artificielles; — et un autre
herbages croissent spontanément avec suc quart en culture nettoyant le sol.
ras, car peu de produits fourragera peuvent » Appliquant à cette division de l'exploita
élre comparés à ceux d'une bonne prairie, tion la proportion constante d'une bêle bo
parce qu'aucun ne s'obtient à moindres frais. vine pour deux hectares de terre, dont 1/2
Dans la plupart îles cas il en est toutefois hectare en blé, un autre en avoine et un troi
autrement. Les prairies naturelles ne pou sième en prairies artificielles, je trouve ce
vant suffire, la première condition de succès qui suit: — la bête bovine ou cavalière, ou
doit être de proportionner l'étendue des leur remplacement par douze bêles à laine,
fourrages a celle des cultures fumées. — La exige en paille de blé 360 bottes, et c'est juste
règle générale à cet égard est qu'une moitié ce que le demi-hectare de blé produit; — elle
environ des terres consacrées aux végétaux demande en paille d'avoine 150 bottes, et
herbacés soit conservée ou cultivée en plan c'est juste ce que donne le demi-hectare en
te-, fourragères. Ainsi, sur une exploitation avoine;—elle veut en fourrages secs d'hiver
de 20 hectares en suivant un assolement 360 bottes, plus, en fourrages verts d'été, à
quadriennal, voici quels seraient à peu près l'élable, l'équivalent de 240 bottes, et c'est
les résultats : — Betteraves, pommes-de-terre, encore juste ce qu'on récolte sur un demi
navets, choux ou autres cultures binées et hectare de prairies artificielles; — enfin, elle
sarclées, Shect. formant la 1" sole de la fan- donne au fermier 12 tombereaux par an, et
née (voyez la Jig. 381) ;— avoine, 5 hectares c'est précisément ce qu'exige la fumure de
formant la 2'so'le de la I" année; — trèfle, deux hectares.
«hectares formant la 3e sole de la l'" année; <> Il est donc évident que, dans les propor
-blé froment, 5 hectares formant la 4" sole tions que je viens d'établir, tout et de toutes
de la 1" année. — En tout, 10 hectares cé parts se trouve en rapports certains et rigou
réales et 10 hectares racines ou plantes reux » {Mémoires de la Société royale et
fourragères, dont quelques-unes sont égale centrale d'agriculture. )
ment propres à la nourriture de l'homme ou Si toutes les terres étaient également fer
a divers usages économiques ou industriels. tiles et toutes les saisons également favora
La seconde année, les cultures sarclées bles, un tel calcul démontrerait suffisamment
succéderont au blé, de sorte que la dernière la possibilité de détourner, à peu près en en
sole de la \" année deviendra la première de tier, le dernier quart de la ferme, de l'usage
la 2*; — le blé prendra la place du trèfle, — auquel la plupart des agronomes recomman
le trèfle celle de l'avoine, et ainsi de suite, de dent de l'employer, la culture des plantes
manière à donner tous les ans les mêmes sarclées fourragères. Malheureusement il
résultats. faut sans cesse répéter que rien n'est absolu
Les calculs précis que M. DE Morel-Vindé en agriculture. Les calculs les plus précis
a établis d'après un grand nombrede recher dans un lieu peuvent manquer de justesse
ches faites avec soin dans beaucoup de lieux dans un autre, et chacun doit être en élat de
dilféreos et pendant bien des années, ne s'é les refaire pour son compte. — Dans bien des
loignent pasbeaucoupdecetteapproximation. lieux on jugera que les prairies sont moins
«.Sous la main du moissonneur ordinaire, productives que celles qu'a eu en vue M. de
dit-il, la gerbe de blé donne la botte de Vindé; le fussent-elles autant, on trouvera
paille, poids marchand de 10 à 11 livres. — encore non seulement que la masse d'engrais,
Les deux gerbes d'avoine font la botte de en dépit de. l'abondance des litières, est in
Paille, poids marchand de 18 à 20 livres. — suffisante, mais que le nombre des bestiaux
L'hectare de blé froment produit environ 720 peut être augmenté avec facilité et profit.
Serbes et par suile 720 bottes de paille. — Aussi n'est -il nullement rare de le voir
L hectare d'avoine produit 600 gerbes et par de plus du double, même dans les fermes
suite 300 bottes de pailles. — L'hectare de dites à grains, et peut-on, je crois, poser en
bonne prairie artificielle produit, tous re l'ait, comme on doit l'induire de ce que j'ai
gains compris, 1200 bottes de fourrage, poids précédemment avancé, que, dans la plupart
marchand de 10 à 11 livres. — Toute bêle bo- des cas, le quatrième quart de l'exploitation, à
•ine ou cavalière, ou sa représentation par moins que l'étendue des prairies ou des pâtu
12 bêles à laine, bien nourrie et empaillée, rages naturels ne permette d'admettre une
tonne un tombereau de fumier par mois, autre marche, devra être cultivé, au moins
*il 12 par an. — Tour fumer convenable partiellement, en racines ou autres plantes
ment une bonne exploitation, il faut compter fourragères. Le cultivateur exploitant saura
par chaque hectare, l'un dans l'autre, six seul s'il est assez riche en engrais pour con
tombereaux de fumier par an. sacrer le reste à des récoltes sarclées plus
"En taisant l'application deeequi précède, productives et plus épuisantes, telles que
je crois pouvoir avancer qu'eu toute bonne celles de la plupart des végétaux propres aux
"ïploitation il faut, pour chaque double hec arts; — s'il doit porter au marché une partie de
tare: 1° une béte bovine ou cavalière., ou leur ses pommes-de-lerre, de ses foins, etc., ou
268 AGRICULTURE : DES ASSOLEMENS. LIV. 1"
les faire consomme!* en entier sur la ferme. être détruites à leur tour par les labours
subséquens. On en donne parfois deux et
trois dans le cours de l'été. — Nul moyen ne
§ IX. — Des jachères. serait préférable s'il ne s'agissait que de nel-
toyer complètement le sol de tous les végé-
Dans le paragraphe précédent, j'ai mis en laux adventices.
regard deux assolemens , l'un avec jachère, Disons toutefois qu'âne simple jachère
l'autre sans jachère. Dans celui-ci je cher d'hiver qui n'exclut pas les semis de prin
cherai à développer les avantages respectifs temps, ou une jachère d'été qui n'empêche
de l'un et de Vautre. Il ne me restera plus en nullement les semis d'automne, et qui ne
suite, avant de faire connaître les exemples reviennent, l'une et l'autre, de loin en loin.
des meilleures successions de culture, qu'à que lorsque l'impérieux besoin d'amender
dire quelques mois des récoltes mélangées ou d'ameublir exlraordinairement le sol, nu
et multiples sur le même sol. de le purger des plantes nuisibles se fai!
Afin d'apprécier convenablement ce qui a sentir, suffit le plus souvent pour obtenir le
été dit pour et contre les jachères, il n'est pas résultat désiré.
indifférent de rappeler d'abord que, selon les Quant au troisième but, celui d'obtenir
lieux et les circonstances, elles n'ont ni le momentanément un peu de pâturage, il est
même but, ni la même durée. évident qu'on ne peut l'atteindre en suivant
Dans Vassolemeut biennal, usité encore de la méthode que je viens d'indiquer; aussi
nos jours dans une partie du midi, et dans n'esl-il pas rare de restreindre le nombre
l'assolement triennal qui le remplace sur des labours à trois, même à deux, et de les
plusieurs points du centre de la France, les différer jusqu'aux approches des semailles.
jachères reviennent périodiquement de deux Dans ce cas les frais de main-d'œuvre sud;
en deux ou de trois eu trois ans. — Leur but moins considérables; — la jachère cloue
principal est de reposer la terre en l'empê quelque produit, mais l'objet qu'on deuil
chant de porter continuellement des céréales; principalement se proposer est en partie
— de donner le temps et les moyens de la fa manqué; car deux labours sont loin de suffire
çonner convenablement, de manière à pré pour taire périr les chiendents, une grande
venir l'envahissement des mauvaises herbes : partie des mauvaises graines restent intactes,
— enfin, accidentellement, de ménager au détriment de la céréale suivanle,el
quelque dépaissance aux troupeaux. la terre n'est pas divisée < omme elle de
Sous le premier p< int de vue, si ces sortes vrait l'être; à mon gré, quelques brins (l'une
de jachères ont un but d'utilité incontestable, herbe médiocre ne sont pas une compensa
il n'en est pas moins vrai qu'elles ne rem tion suffisanie à un tel inconvénient.
plissent qu'imparfaitement leur but, d'abord Je pose donc en fait que de semblables
parce qu'elles n'éloignent pas assez le retour jachères ne peuvent être considérées comme
des hles; ensuite, parce que les plantes qui productives. Il serait déraisonnable de ne pis
croissent spontanément sur le sol ne sont reconnaître leurs bons effets sur les cultures
presque jamais celles qu'il importerait de dont elles sont suivies; mais voyons si ces
lui faire porter comme culture reposante, el'lets ne sont pas trop chèrement payés.
— parce qu'elles ne couvrent qu'une par Bien qu'il soit approximativement possible
tie de sa surface; — qu'enfin les débris dont d'estimer le prix des labours dans chaque lo
elles enrichissent la courbe labourable sont calité particulière, il devient à peu près im
le plus souvent d'un effet peu appréciable. possible de le faire pour toute la France a
.Sous le second point de vue, I avantage est moins de prendre un terme moyeu dont le
plus marqué. Ce qui a été dit, à l'article la résultat serait plus satisfaisant pour 1rs es
bour, des heureux résultais de l'ameublisse- prits purement spéculatifs qu utile aux pra
ment du sol, me dispense d'entrer ici dans ticiens. Ce prix varie en effet en raison de la
de longs détails à ce sujet. — Sur une grande nature du sol, — du degré de perfection des
partie du solde la France, le cultiva leur, a près charrues, — de la rapidité plus ou moins
la récolte d'orge ou d'avoine qui précède le grande du travail, — du prix de main-dVirre
froment, commence immédiatement à pré dans chaque localité, et du nombre d'hommes
parer sa terre pour le semis qui aura lieu et d'animaux de trait employés aux ope-
vers la fin de l'année suivante. Le labour qui rations agricoles. — Il varie aussi nécessai
succède à la moisson et le hersage dont il est rement de ferme h ferme, et. souvent d'aoflW
ordinairement suivi, contribuent à détruire à année, par suite de la facilité plus ou moins
les plantes vivaces à racines traçantes, en ex grande avec laquelle on peut pourvoir à la
posant ces dernières à l'action énergique du nourriture du bétail. — Enfin il varie encore
soleil d'août; ils enterrent les grains des accidentellement, eu égard au moment où k
herbes annuelles qui sont tombées par suite travail doit éire effectué; c;ir il est évident
de l'action de la faucille. — Le second labour que s'il élail possible de trouver un instant
donné aussi avant l'hiver ramène ces graines où les animaux fussent complètement inoc
près de la surface, et les met pour la plupart cupés , comme il faut néanmoins pour
dans les conditions les plus favorables à la voir à leur entretien en pareil cas, le labour
ermination; — il ouvre la terre aux in devrait él re estimé moins cher. Il devrait I être
ri uences des gelées.— Le troisième n'a lieu au contraire d'autant plus qu'il entraverai'
qu'après les semailles de printemps; il dé d'autres travaux d'une plus grauue imp"1'-
truit les plantes qui ont levé ou qui recom lance.
mencent à végéter de leurs racines; — il Dans tous les cas, les labours sont toujosn
fait germer une partie de celles qui se trou des opérations dispendieuses, d'abord p rct>
vent encore dans la terre, et qui devront qu'ils prennent beaucoup de temps ; — qulls
HAP. 10'. THEORIE DES ASSOLEMEXS. 200
itiguent les hommes et les animaux'de trait son industrie, mais le travail de ses bras'
-qu'ils ajoutent aux frais d'entretien de ces celui de ses domestiques et de ses animaux
erniers; el,d'un autre côté, parce qu ils for de charrue.
ent à en élever le i ombre et à diminuer Du reste , il est fort rare (lue l'on donne
'mitant celui des vaches laitières ou nour- jusqu'à six labours de jachère, ou du moins
ices, des élèves ou des bœufs à l'engrais, nue l'on emploie ce procède autrement que
e Ions les animaux enfin qui donnent à la de loin en loin sur des terres que l'on veut à
■rme d'autres produits que leur travail, et tout prix débarrasser des mauvaises herbes
ont la quantité esl nécessairement propor- qui lesont envahies. Le plusordinairemenlon
onnée à celle des fourrages. se contente de trois labours el de quelques
Ce que j'ai dit prématurément ci-dessus, hersages. Les frais se trouvent :: i usi considé
n prix effectif d'une journée de charrue sur rablement diminués; mais tels qu'ils sont, on
uelques poinls de la France, prouve l'im- peut encore les considérer comme exorbi-
ortance que les paysans allachent au Ira- tans.
ail de leurs bœufs. A. 12 fr. par jour, un 1" L'évaluation des frais dans les circonstan
ibour de jachère coulerait, selon la nature ces les plus favorables de l'assolement trien
il sol, de 40 à 50 IV. par hectare; — qu'on nal doit donc reposer sur les bases suivan
uge d'après cela des frais d'une jachère coin- tes: — Prix de location d'un hectare pendant
ile'e; — à la vérité les dernières façons sont 3 ans ; — 3 labours au moins de*jachère; —
noins pénibles et plus rapides que les pie- un labour au moins pour la seconde céréale;
nièresel les labours, ne sont pas partout exé- — une fumure.
utés aussi chèrement que dans l'ouest; niais, Celle des bénéfices ne peut porter que sur
le cet exemple on peut conclure que M.Pic- deux récoltes ordinairement assez chétives
tet de Genève ne s'écarte pas des bornes du de céréales.
rai, au moins pour beaucoup de nos dépar- Dans l'assolement quadriennal on aura :
emens , lorsqu'après avoir calculé sur un — prix de location pendant 4 ans ; — 4 la-
wrabre moyen «le 3 animaux de Irait à 2 fr. bouis, 2 pour la culture sarclée, 1 pour la cé
:haque, et de 2 hommes à 1 f. 50 c, en tout réale qui lui succède, el 1 pour le blé qui
• fr. pour la journée, il ajoute : « J'eslime remplace la prairie artificielle ; — façons
lue l'étendue moyenne de terrain l.ibouré d'entretien et d'arrachage des racines lour-
lans une journée de charrue, répond à l'es ragères ; — fauchage de la récolte verte; —
pace nécessaire pour semer 5 myriagrammes une fumure; — et pour les bénéfices quatre
[I quintal de froment): or, connue ce terrain récoltes.
[environ 26 ares) est l.ibouré six fois dans le De quelque manière qu'on envisage les ré
cours de la jachère, il faut multiplier 9 fr. sultats comparatifs, il résulte incontestable
par G, oe qui donne 54 fr. pour le prix du ment de ce qui précède que, tandis qu'avec
travail de la charrue. Je suppose qualre her le premier assolement on donne deux fumu
sages seulement, y compris celui de semaille, res en 6 ans, on n'en donne pas plus en 8 ans
dans tout le cours de la jachère; un cheval avec le second ; et que, toutes choses égales
et un homme suffisenl il heiser ce que qua d'ailleurs, grâce à la propriété reposante et
tre charrues peuvent labourer; la journée de fécondante d'un trèfle rompu et en partie
'iiomme et du cheval peut s'estimer 3 fr. 50 c. enfoui, au renouvellement de la rotation, on
Le nombre des journées de hersage se trou peut être certain que la terre sera cepen
ve égal au nombre de quintaux de blé que dant moins épuisée qu'après les deux céréa
l'on a à semer, c'est 3 fr. 5o cent, à ajouter à les de l'assolement avec jachère; — que le
5-1 fr., soit 57 fr. 50 cent. — .si l'on suppose nombre des labours doit être considéré
qm-, (lans le cours de la jachère, on ail fait comme à peu près le même dans les deux
"masser les racines de chiendent , si l'on a exemples, puisque, en suivant l'assolement
fait casser les mottes après la semaille, si l'on triennal ou en compte au moins quatre pour
'imite les frais du semeur el.ceux des rigoles 3 ans : ce nombre est même souvent insuf
d'écoulement , on verra que les Irais de la fisant, tandis qu'avec l'assolement quadrien
jachère complète montent au moins à 60 fr. nal on peut également n'en donner que qua
P»ur un espace de terrain qui reçoit 5 myria tre: de sorte que les façons indispensables
grammes de blé. Je ne fais entrer dnus ce calcul aux racines ou autres plantes sarclées et bi
"> le prix du fumier, ni son charroi sur les nées de la première année comptent pour
'erres, parce que ces deux objets de dépense la différence de la quatrième; — qu'en
wnt les mêmes lorsqu'on ne suit pas le sys suivant la 1'" méthode on paie 3 ans de fer
tème des jachères. » mage pourrie récolter que deux (ois au lieu
In continuant ce calcul, on trouverait que qu'en suivant la seconde, chaque année amè
le* frais de culture seulement d'un hectare ne sa récolle; — que, dans le premier cas,
* ares s'élèveraient à 240 fr. il faut être particulièrement favorisé par la
Que l'on ajoute à celle somme le prix de localité pour posséder, en dehors de l'asso
deux années de ferme, puisque celle de ja lement , les herbages naturels nécessaires à
chère coûte beaucoup sans rien produire; — l'entretien, à l'éducation et à l'engraissement
celui des engrais, toujours moins abondans des animaux, et à une suffisante production
d'après ce système que d'après celui des cul des fumiers, tandis que, dans le second, les
tures alternes ; — celui de la simence; — en cultures destinées à procurer des fourrages
fin, celui des travaux de récolte, d'emmaga- alternant avec celles qui ont pour but de
Mneineni et de transport , et que l'on juge, pourvoir à la nourriture de l'homme, on ne
^ comparant les produits, de combien le doit, sauf les obstacles que peuvent présen
cultivateur sera en déficit s'il veut estimer à ter les saisons, éprouver à cet égard aucun
lew plus basse valeur, je ne dirai pas même embarras. Si l'on objectait qu'en 12 ans, avec
270 AGRICULTURE : DES ASSOLEMENS. lit. r
l'assolement quadriennal on n'obtiendrait la condamner trop' absolument ; d'abord,
que 6 récolles céréales, tandis qu'avec l'au parce qu'il est toujours vrai qu'il vaut
tre on en obtient 8, je répondrais , avec la mieux repartir la faible quantité d'engrais
conviction de l'expérience, qu'eu portant un que produit une ferme sur une petite qui;
tiers seulement de grains en sus par chaque sur une grande éttndue de terrain, afin d'é
rotation de 4 ans, ou doit se trouver presque viter au moins des frais de main-d'œuvre
partout au-dessous de la vérité, et qu'ainsi, inutiles; ensuite, parce qu'on rencontre cer
sous ce seul rapport, la balance serait au taines localités où, sans dépenses excessives,
moins égale au bout de 12 ans, tandis qu'on on peut regarder comme impossible de
devrait compter, en faveur de l'assolement régler un assolement. Or, pour prêter beau
sans jachère, tous les autres produits. coup à la terre, il faut être sûr de le fairea
C'est avec intention que j'ai choisi les deux un intérêt raisonnable.
exemples précédens(voy .fin. 380el 381). Il fal Au moins si une jachère de plus d'une an
lait, en regard de l'ancienne pratique, prouver née ne donne pas de bien riches produits
qu'on pouvait s'en écarter facilement sans pendant sa durée, elle en donne toujours
rien changer pour ainsi dire à la production quelques-uns, souvent même d'assez impor-
principale, celle à laquelle le fermier lient le tans, soit qu'elle se couvre d'herbages foux-
plus, parce qu'elle lui représente un capital ragers, soit qu'elle fournisse spontanément à
monétaire, et qu'il ne calcule pas si bien la la végétation des genêts ou des ajoncs dont
valeur des denrées qui se consomment dans il est facile de tirer parti.— Reste à com
son exploitation, et qui doivent cependant parer ces produits, obtenus sans travail, ai1
lui rapporter, sinon aussi directement , au prix de location du terrain. Je le répète, un
moins aussi sûrement, des produits d'une pareil système n'est pas recommandante, nuis
vente également assurée, tels que le beurre, on doit parfois le considérer comme une
la laine, le lard, la viande de boucherie, etc. nécessité.
— La rotation quadriennale offre d'ailleurs Au reste, cette difficulté d'établir une rota
un de ces assolemens a court terme qui joint tion à court terme sur quelques parties de la
au mérite de pouvoir être adopté dans un propriété, n'est pas un motif pour ne pas as
très-grand nombre de cas, celui de donner soler convenablement le reste. Il est même
des bénéfices satislaisans, dès qu'il est bien assez rare que l'on ne cultive pas diverses
établi, et de tenir les terres constamment en parcelles hors d'assolement, tantôt en bois
bon état sans augmenter bien sensiblement ou en pâturages, tantôt eu prairies naturelles
les frais de culture. Du reste, cet assolement ou artificielles d'une longue durée. — Il e»l
pourra être modifié selon les lieux, soit en plus rare encore que l'on puisse adopter le
substituant le seigle, l'orge, le froment même même assolement sur toute une propriété
à l'avoine, soit en remplaçant les pommes- d'une certaine étendue, parce que presque
de-lerre par des betteraves, des rutabagas, toujours la qualité du sol et son exposition
des navets, des choux, etc., soit enfin en met varient;— enfin, il n'est que tropordinaireque
tant à la placedutrèfle,de8 en 8 ans, un autre les combinaisons les mieux calculées soient
fourrage légumineux annuel, si l'on s'aper entravées par suite des vicissitudes des sai
çoit que la végétation s'affaiblisse après un sons. C'est au cultivateur qui connaît bien
certain temps. la ferme qu'il exploite, à se rappeler l«
A côté des jachères biennales ou triennales, principes et, dans ces cas exceptionnels,»
dont l'étendue diminue progressivement sur modifier la pratique au gré des circonstan
presque toute la France, il existe d'autres ja ces. Ce qui suit pourra le guider parfois uti
chères également périodiques ou semi-pério lement.
diques qui doivent nous occuper aussi quel-
3 nés instans. Celles-là surtout sont le résultat § X. — Des récoltes mélangées et multiple».
e l'insuffisauceoudela difficulté des moyens
de culture. — En des contrées peu peuplées,
privées de débouchés ; — sur des fermes trop S'il est vrai que les plantes d'une même es
vastes pour le fermier qui les dirige, dans pèce ou de plusieurs espèces analogues se
l'impossibilité de cultiver annuellement tou nuisent dans leur rapprochement, parce que
tes les terres, on assole seulement les meil leurs résidus excrémenliiiels ne peuvent se
leures, et on laisse les autres en jachère pen transformer en alimens qui leur soient pro
dant un nombre d'années d'autant plus pres, on devrait naturellement en conclure
considérable qu'elles sont d'une culture que les récoltes mélangées seraient préféra
moins productive. Parfois, après quatre ou bles, en principe, aux cultures homogènes
cinq ans de repos, on rompt le pâturage dont et, de fait, il est tels faits qui sein blrlll
elles se sont couvertes, et on les soumet à appuyer cette théorie. — Sans parler des
une rotation de quelques années seulement, semis mélangés de seigle et de frornen .
puis on les abandonne de nouveau à elles- d'orge et de froment, d'orge et d^0',^.'
mêmes dès que les bons effets de la végéta sanctionnés dans plusieurs de nos "ePar,
tion herbagère et du pâturage des troupeaux ■DAne mens i^nn
par nnp
une r^na
pratique de nlllSiellTS
tinii*» Af* plusieurs Slt*- '
cessent de se faire senlir. — D'autres fois, on peut citer avec plus d'assurance les me-
après un écobu;ige, on leur demande deux ou langes fourragers connus en divers 'ieu '
trois récolles successives de pommes dé depuis tout aussi longtemps sans ao>
terre, et de céréales ou de sarrasin, qui paient sous les noms d'hivernages, coupages>
tant bien que mal les frais de culture. Certes gèes, etc., etc. , ._,„;
une telle pratique ne peut être recomman Les semis hétérogènes faits simitl,aK n
dée d'une manière générale, mais il est telles sur un même sol, peuvent P,rl;seDteigD de
circonstances où l'on ne doit pas non plus avantages et divers inconvéniens. A
pur. 10". THÉORIE DES ASSOLEMENS. 271
mieux apprécier les uns et les autres, il faut tes fourragères peuvent aussi être semées
ranger ces sortes de semis en deux classes : avec les lins, le sarrazin, etc.
- ceux dont les produits, suivant à peu près Dans la campine on répand au printemps
les mêmes phases dans leur végétation, peu- sur le seigle un mélange de trèfle, de navets
tent être récollés en même temps; — et et de carottes, destiné à servir de nourri
;cux dont quelques-uns des produits doivent ture d'hiver aux bestiaux. — Près de Lure,
jrendre leur plus grand accroissement après dans la Haute-Saône, lorsque le seigle ou
a récolte des autres. l'orge commence à couvrir le terrain, on jette
Pour les mélanges de la première sorte, la à sa surface des graines de carottes et de na
rès-grande difficulté sera toujours , lors- vets. Dès que la récolte est achevée, des fem
jn'ou visera à la récolte des graines, de trou- mes arrachent le chaume resté sur place, et
fer des plantes différenles qui puissent raù- comme ce travail donne au sol une sorte de
■ir exactement a la même époque; sous ce labour, les racines se développent de manière
roint de vue, ceux dont je viens de parler à donner avant les gelées une seconde récolte
•elativement à nos principales céréales, ne pour les besoins du ménage, la vente ou la
ion! pas sans inconvénient. A la vérité, il nourriture du bétail.
j'est pas impossible de citer quelques végé- » Nous trouvons, dit Yvart, une pratique
Laux auxquels le même reproche ne puisse qui a le précieux avantage d'économiser les
«appliquer, et je dois rappeler à cet égard, labours, établie dans les plaines de Léry et à
lomme preuve suffisante, le succès plus Oissel, près de Rouen, pour la culture de la
ju'ordinaire de la caméline semée avec la gaude et des haricots : — au mois de juillet,
moutarde blanche; mais nue pareille coïn lorsque ces derniers sont en fleur, on leur
cidence est bien rare. Lorsqu'on cultive en donne le second binage, et après les avoir
semble divers fourrages verts, la même diffi rechaussés, on profile d'un temps humide
culté n'existe plus, et alors je suis tout disposé pour semer la gaude dans les intervalles qui
i admettre que de semblables mélanges les séparent; on traine ensuite entre les
■oient fort bons : tels sont les cnseinence- rangées de haricots un petit faisceau d'épi
mens simultanés de lèves, de pois , de len- nes qui supplée à la herse. Pendant que la
lillous ou de vesces; — de seigle ou d'avoine; gaude lève, les haricots mûrissent, et, lorsque
-d'orge et de mélilot; — de trèfle blanc et les tiges eu sont arrachées, la terre reçoit un
Je graminées, etc. houage facile très-profitable à la plante qui
Quant aux recolles successives produit d'un les remplace si avantageusement.
même semis, il est également hors de doute » Nous avons vu également semer avec
3u elles peuvent être suivies, en bien des cas, succès, ajoute le même agronone, des navets
es plus heureux résultats. Dans la Flandre, dans les chenevières, lors de l'enlèvement
il est assez ordinaire de semer des carottes du chanvre mâle, et ces plantes éprouvant
dans le lin; — ailleurs, c'est avec l'œillette; une opération utile à leur développement
- aux environs de Coutances ou sème sou lors de l'arrachage des tiges femelles, four
vent le colza et la caméline dans un blé; — nissent, la même année, sans frais de culture,
près de Clermont (Oise), on voit également une seconde récolle passable, qui aurait pu
semer avec l'avoine, la navette qui, sans nuire deveuir une troisième, si le chanvre, qui se
sensiblement à la récolte de celte céréale, sème ordinairement assez tard, avait été pré
n'en donne pas moins elle-même de très- cédé d'une production fourrageuse au prin
[»ns produits. — J'aurai occasion plus loin temps, comme cela a lieu aussi quelquefois
Je faire connaître un assolement de la vallée sur des terrains fertiles et bien engraissés.
ie Niévalle, en Toscane, dans lequel entre, — Le mais et quelques autres plantes per
ttmme fourrage, un mélange de lupin, de mettent également quelquefois cette double
in, de raves et de trèfle incarnat, et dont récolte dans leurs intervalles; — enfin, la
'haque espèce de plan te se trouve consommée plupart des plantes, même les gramiuées
uccessivement, depuis l'automne jusqu'au cultivées en rayons, peuvent admettre de la
lois de mai, époque de l'ensemencement du même manière un ensemencement destiné à
nais. — Aux environs de Neufchàteau, d'a- une double récolte, à l'époque où on leur
irèsYvART, un cultivateur sema simultané donne le dernier houage. » ( Dictionnaire
ment à la fin d'avril du lin, des carottes, des d'agriculture théorique et pratique. )
iwets, du colza et de la chicorée. Le lin, Les cultures de celte sorte sont le plus sou
«utenu par le colza, fut récolté le premier, vent très-avantageuses, parce que, sans une
la fin de juillet; — le colza fut coupé grande augmentation de frais de main d'oeu
uinze jours plus tard; — les navets furent vres, elles ajoutent à la somme des produits.
rrachés en septembre ; — les carottes en Néanmoins il ne faut pas se dissimuler
ctobre ; — et la chicorée fournit un bon qu'elles ue sont pas toutes sans inconvénieus.
àturage le printemps suivant. 11 en est qui épuisent excessivement le sol;
On peut arriver à des résultats analogues d'autres qui nuisent d'autant plusà la récolle
i répandant au printemps une seconde se- principale que leur développement est plus
lence sur une culture déjà avancée. C'est vigoureux. J'ai vu des lins dont la croissance
însi que presque partout on sème le trèfle, était sensiblement entravée, arrêtée même
vivent la luzerne, et quelquefois le sainfoin sur plusieurs points par la végétation du
(ec les céréales, et peu de temps après la trèfle. — La principale condition de succès
loisson. Pour peu que la saison soit favo- est donc que la plante choisie connue ré
able,on peut, sinon obtenir une première colte secondaire soit d'une végétation moins
uupe, au moins faire pâturer sur place la rapide que l'autre; mais il importe aussi que
une prairie qui sera eu plein rapport lan cette dernière ne couvre pas tellement le sol
ce ou les années suivantes. Ces mêmes plan- qu'elle eu éloigne l'air ambiant et la lumière.
272 AGRICULTURE : DES ASSOLEMENS.
—Sous ce double point de vue, l'un des meil- k tains autres. Il est de toute évidence, en effet
leurs exemples qu'on puisse offrir est sans que deux espèces, l'une à racines traçâmes
doute la culture simultanée du blé et du l'autre à racines pivotantes, vivront mieiu
trèfle. sur le même sol, parce qu'elles trouveront
La manière dont les Végétaux s'ombragent leur nourriture à des profondeurs dilférenJ
réciproquement peut, comme on voit, influer tes, que deux autres espèces dont les racine
puissamment sur la possibilité ou la non- suivraient une même direction. Celte consn
possibilité de les réunir. Dans les contrées dération est surtout importante dans 1rs
méridionales l'ombrage des arbres est sou pays du centre, où l'on combine la culture
vent nécessaire à la belle végétation des des grands et des petits végétaux ligneux, car
plantes berbaeées. Sur le territoire de Ta- les arbres nuisent moins encore par leurom-
cape (non loin de Tripoli en Afrique), on brage que par les nombreux suçoirs qu'ils
aperçoit d'abord, dit Pline, le palmier, le envoient selon les espèces à une faible pro
plus élevé des arbres de cette contrée ; l'oli fondeur dans la couche labourable, et qui
vier vient ensuite; le figuier se trouve plus s'emparent à la fois des engrais, de l'eau el
bas, et après lui le grenadier que suit la vigne. de l'air qui devraient profiter aux cultures
Au pied de cette vigne, on cultive successi voisines. — Il n'est probablement aucun
vement, dans la même année, le froment, les agriculteur qui n'ait vu quelques parties <!e
légumes et les plantes potagères, et toutes ses champs ainsi stérilisées par le voisinage
ces productions se prélent réciproquement d'un seul arbre à racines traçantes.
un ombrage salutaire. — En Toscane on voit Enfin, pour terminer par une dernière re
souvent des oliviers ombrager des citron marque ce que j'avais a dire, dans ce trop
niers sous lesquels mûrissent les céréales, court paragraphe, des récolles mélangées, il
et croissent les \ rairies légumineuses. En faut, autant que possible, que quelqnes-uu
France une pareille culture serait impos des végétaux qui les composent prêtent aux
sible; mais nous avons cependant des asso- autres un appui par suite de la direction et àt
lemens dans lesquels figurent à la fois plu la consistance de leurs liges. Dans celles de
sieurs espèces de végétaux ligneux différens, nos colonies où l'on a tenlé la culture de
ou de végétaux ligneux et de plantes herba la vanille, on a toujours attaché une grand*
cées. Tantôt ce suiil des pêchers, des aman importance au choix des arbres qu'on lui
diers, des cerisieis qui unissent leurs pro destinait pour support. Il en a de tuut temps
duits à ceux de la vigne; d'autres fois des été de même au sud de l'Europe, relalhe-
mûriers et des oliviers. — Tantôt ce sont des ment à la vigne. — Dans nos champs on se
pommiers, des noyers, des châtaigniers qui trouve bien de réunir à la vesce, aux len-
marquent les limites des champs et souvent lillons, aux pois, les chaumes élancés de
les traversent;— des frênes, des ormeaux, des l'avoine, de l'orge, ou les tiges plus coria
saules taillés en têtards qui croissent en li ces du mélilot; — de semer les haricots dans
gnes régulières dans les prairies, etc., etc.; le voisinage des plantations de maïs, et, sur
mais de semblables mélanges offrent aussi nos prés, de mélauger le trèlle rampant aui
parfois leurs dangers. A mesure que la vigne graminées.
se rapproche du nord, elle a besoin de rece Quant aux secondes récoltes obtenues dans
voir tous les rayons du soleil ; — les céréales le cours d'une même année à l'aide de senm
s'éliolenl lorsqu'elles en sont privées, et il faits après une première récolle, elles sont
n'est pas jusqu'au foin qui ne peide de sa moins fréquentes. Tantôt elles ont pour but
consistance ec de sa qualité nutritive en d'augmenter directement la somme totale
croissant à l'ombre. des produits de l'assolement ; — tantôt da-
Dans beaucoup de lieux les vignes sont es jouter à la fécondité du sol dans lequel on
pacées de manière à permettre entre leurs les enfouit vers l'époque de la floraison. Ce
rangs des cultures intercalaires. Aux environs sont alors de demi-fumures dont on n'ap
de Bordeaux ou les laboure à la charrue, précie pas toujours assez l'imporiauce.
et on cultive jusqu'à une faible dislance des Parmi les founages, les navels, les chons,
ceps presque toutes les plantes de grande le maïs, le sarrasin, etc., etc., peuvent, clan'
culture; — aux environs de Paris ce sont semés ou plantés immédiatement sur les
particulièrement des légumes dont les abords chaumes, donner de bons produits d'an-
de celle grande ville assurent le débit. — Près tonine ou d'hiver. — Diverses plantes projjrri
de Marseille, les interlignes connus sous le aux arts semées également sur le chaume. »
nom de ouillères, qui se trouvent entre cha l'aide d'un seul labour à la charrue, ou, dans
que rang, sont soumis à un véritable assole quelques cas, à l'extirpaleur, fournissent a'
ment. Lois de la pi inialion des crossetles, on printemps de l'année suivante une premier
commence par des semis de melons, de bette récolte assez hàlhe pour être avantageuse
raves, de tomates, de haricots el de pomii.es- ment suivie d'une seconde; tels sont "
de-lerre, qui réussissent particulièrement colza, la navette, la caméiiue. — Ou coin-
bien sur la défriche ; la seconde et le plus prend que le succès des doubles récoltes d«
souvent la troisième année on a encore re cette dernière sorte est malueureuseiuent
cours à des plantes sarclées. La quatrième on subordonné aux variations atmosphérique-
sème du blé en raies qui revient ensuite aussi et que dans un climat à longs hivers, couiwe
souvent que le permet l'état du sol. 11 nie se dans celui où les pluies d été ne sont pas ;l*'
rait facile de trouver ailleurs bon nombre sez fréquentes, il est Irop souvent impos'ib-*
d'exemples analogues. de les leuter.
La longueur et la direction des racines per
mettent certains rapprocheinens dans les as-
solemens simultanés et en proscrivent cer-
eriAP. 10'. DE LA PRATIQUE DÉS ASSOLEMENS. 273
de cas où il y aurait de la duperie à ne pas
Section n. — De la pratique des assole profiter de la fertilité extraordinaire de quel
mens. ques terres pour cultiver sans interruption
les végétaux les plus productifs, puisque le
Si, dans la section précédente, je ne suis sol ne montre aucune répugnance à les porter,
pas resté trop en arrière de l'importance les assolemens biennaux sont d'autant plus
de mon sujet, et si, dans les limites né mauvais qu'ils se prêtent fort mal à la pro
cessairement restreintes d'un ouvrage gé duction des plantes fourragères, et qu'ils
néral, j'ai été assez heureux pour résu exigent des fumures fréquentes. — En rappe
mer ce qu'il importe le plus de connaître lant les exemples suivans, je suis donc loin
avant de passer de la théorie à la pratique de les recommander comme pratique gé
des assolemens, je pourrais à la rigueur re nérale.
garder ma tâche comme accomplie, et laisser
chacun déduire, selon les lieux et les circon A. Dans le centre et le nord de la, • '
stances, les conséquences de chaque règle FRANCE.
fondamentale. Cependant il est ulile de don
ner des exemples d'application; de les mul 1° En terres plus légères que fortes. *
tiplier, de les varier eu égard à la différence
des climats et des terrains, et de discuter V année : Pommes-de-terres fumées et
inéme leur mérite relatif, non seulement binées. — 2e année : Seigle.
pour ajouter à l'intelligence de ce qui pré I" année : Froment d'automne ou de
cède, mais encore pour étayer les préceptes printemps fumé. — 2e année : Lin sans en
par des faits. — Je parlerai d'abord des asso grais (1).
lemens à plus court terme, de ceux de deux 1™ année : Froment, comme dans l'exem
ans. ple précédent. — 2e année : Chanvre sans
engrais.
§ Ier. — Des assolemens biennaux.
2° En terres plus fortes que légères.'
Les assolemens à très-court terme ont le
grave inconvénient de ramener trop souvent lrc année : Fèves fumées et binées. —
lux mêmes places les mêmes végétaux. Le 2e année : Froment non fumé.
retour périodique et sans jachère de deux ' y année : Choux-cavaliers fumés et bi
céréales n*a pas seulement le défaut d'épui nés. — 2° année : Froment sans engrais.
ser le sol, il le salit bientôt au point qu'il Vannée: Rutabagas fumés et binés. —
faudrait interrompre l'assolement, lors même 2e année : Froment sans engrais.
que l'abondance des fumiers permettrait au
trement de le continuer. Il est vrai que les | B. Dans le midi de la Francs. ••<
blés n'effritent pas le sol autant qu'ils le salis
sent. Aussi n'est-il pas sans exemple, en An 1° En terres de diverses natures.
gleterre, d'après la méthode de Ducket ou du lr0 année : Jachère complète avec fumure.
iuajor Beatson, soit en les semant en lignes — 2e année : Froment ou seigle.
et en leur donnant des binages à la houe, soit
en ameublissant la terre et eu la nettoyant
par de nombreuses façons à l'extirpateur, de 2° En terres légères et de consistance
les voir occuper le terrain pendant plusieurs moyenne.
années de suite avec succès. lre année : Maïs quarantin fumé et biné. —
Mais, sans ces précautions dont nous ne 2e année : Seigle ou froment d'automne.
devons pas discuter ici l'opportunité, et même
lia longue, dans la plupart des cas, avec ces 3" En terres plusfortes que légères.
précautions, le dépérissement des récoltes
s'ensuit inévitablement. 1" année : Fèves fumées et binées. — 2* an
Pour qu'un assolement biennal, dans le née : Maïs ou froment.
quel figurent les céréales seulement de deux lre année : Froment, puis lupins enfouis.
en deux ans, puisse se maintenir, il faut que — 2e année : Mais et haricots légèrement fu
la culture intercalaire contribue à nettoyer més.
le sol. —Telle est celle du lin, qui exige des . 1" année : Betteraves fumées et binées. —
iarclages attentifs, des labours soignés, et 2° année : Froment.
lont la récolte se fait assez tôt pour qu'on
auisse donner les façons nécessaires au blé; § II. — Des assolemens de trois ans. .
-celle du chanvre, qui étouffe complètement
es mauvaises herbes. — Telles sont encore, Les assolemens triennaux participent en
lans la vallée de la Garonne, celle du mais, grande partie aux inconvéniens des précé-
[ue l'on butte au moins deux fois pendant sa dens. Cependant on en trouve divers exem
régétalion, et ailleurs, pour les sols argileux, ples, notamment en Angleterre. Je citerai les
elle des lève», qui reçoivent plusieurs bina suivans :
is. — L'assolement "biennal avec jachère,
>lé, orge ou avoine, et repos, qui s'est étendu
lans une grande partie du Languedoc et des A. Pour les régions du nord et du centre.
irovinces voisines, a été calculé d'après les 1° En terres plus légères que fortes.
nèmes principes.
Avec tout cela, sauf un bien petit nombre I" année : Turneps fumés et pâturés sur
(1) Voyez l'article Lin, dans le 11e livre de cet ouvrage.
AGRICULTURE, 3&m° livraison, tomk T. — 35
274 AGRICULTURE : DES ASSOLEMENS. LIV. I"
plane par les troupeaux. — 2e année .- Orge retour trop fréquent du trèfle. Ici se pré
saL-s engrais. — 3e année : Blé. sente naturellement une double réflexion:
Vannée : Turneps, comme dans l'exemple — l'ien ne prépare mieux une récolte de (ro-
précédent. — 2e année : Orge. — 3" année : ment que celle du trèfle ; mais il faut pont
Trèfle. cela qu'il soit beau, car, lorsqu'il pousse mai
lrc année : Pommes-de-terre fumées. — grement, il est envahi par les mauvaises her
2e année ■■ Orge. — 3e année : Trèfle. bes, et son effet devient presque nul. Lapra-
lre année : Pommes-de-terre fumées. — tique le démontre chaque jour. — D'un autrt
2° année : Seigle. — 3e année : Lupuline. côté, même dans les contrées où l'introduc
Dans presque toute l'Angleterre les turneps tion de cette précieuse légumineuse est en
ou navets forment une base essentielle des core en quelque sorte récente, on s'est
rotations sans jachère. Ils ont aussi une aperçu qu'au lieu de la reposer, elle effrite
grande importance dans plusieurs de nos dé- sensiblement la terre sur laquelle elle reviea
partemens occidentaux. Cependant, en géné trop souvent, et que de la sorte sa cultmt
ral, leur emploi est moins fréquent chez cesse d'être profitable en elle-même el ain
nous, et, en effet, les résultats sont fort dif- récoltes suivantes dès qu'elle s'affaiblit. Or
férens dans les deux pays. — Dans le pre c'est ce qui ne peut manquer d'arriver totoi
mier, l'humidité plus constante du prin tard avec une rotation triennale, et c'est a
temps et de l'été, les froids moins brusques qu'il importe avant tout d'éviter, si l'on tien)
et moins forts de l'hiver, font que les tur à se ménager une des plus précieuses res
neps réussissent généralement mieux et plus sources de l'agriculture moderne.
sûrement que dans le second. — Une autre Quant à la lupuline [Medicago lupulina]
considération d'une haute importance, c'est qui convient parfaitement aux sols léger
que le parcage, à en juger par les résultats dans lesquels le trèfle aurait de la peine
comparatifs, entraîne plus d'inconvéniens prospérer, et qui produit sur les terres
en France que dans les lies Britanniques. Là, seigle d'aussi bons effets que le trèfle sur la
au lieu d'arracher, de transporter, de con terres à froment, quoique je ne sache pi
server parfois difficilement les racines four que l'expérience se soit encore prononcéi
ragères, et de les distribuer aux bestiaux avec aussi clairement, il est bien probable, siToi
des soins toujours coûteux; au lieu de faire considère le genre auquel elle appartient
charrier à grands frais une partie, quelque que les inconvéniens d'une culture trop M
fois la totalité des engrais nécessaires, le quente seraient les mêmes.
berger se charge de tout, et la terre s'enri
chit tandis que les animaux se nourrissent. 2° En terres plus fortes que légères.
On évite ainsi bien des frais de main-d'œuvre.
Malheureusement, dans nos régions où l'on Ve année : Fèves fumées et binées. - 1
regarde comme nécessaire d'abriter les trou année : Blé froment. — 3e année : Trèfle.
peaux au moins pendant une partie de l'hi lr* année : Fèves fumées et binées. - ï
ver, et où le parcage de nuit des moutons année : Blé. — 3e année : "Vesces pour four
n'est que trop souvent nuisible à leur santé, rages.
les mêmes moyens n'existent pas. — Les lre année : Pommes-de-terre fumées et »
turneps, d'ailleurs, sont fréquemment dé nées. — 2e année : Avoine. — 3e année : Tréui
truits dans nos champs par les altises, et l'on rompu pendant l'hiver.
ne doit pas les considérer comme aussi nu V* année : Choux fumés. — 2e ann»
tritifs que diverses autres raciues que, par Avoine ou blé de printemps. — 3e année:1rem
cette raison, on trouvera souvent de l'avan 1" année : Colza fumé. — 2e année: Ble.-
tage à leur préférer : telles sont la pomme- 3° année : Trèfle.
de-terre et la betterave qui atteignent en 1" année : Rutabagas fumés et binés. -
partie le même but dans les assolemens, qui 2' année : Blé. — 3e année : Vesces d'hiver*
réussissent assez ordinairement dans les de printemps.
mêmes terres, et sont d'une conservation La fève, quoiqu'elle vienne de préfèrent1
plus facile. dans les sols meubles et substantiels, mie*
L 'orge a aussi beaucoup plus de valeur en An que beaucoup d'autres plantes, s'accommodi
gleterre qu'en France, a cause des nombreu cependant des terres argileuses, compact
ses brasseries qui en étendent la consomma humides, d'une exploitation à la fois «*
tion. On a calculé qu'une très-belle récolte teuse, difficile et peu profitable. Yvart
d'orge vaut à peu près autant qu'une belle nomme, à bon droit, la plante par exceller"*
récolte de froment. Cette circonstance est pour diviser, ameublir, fertiliser ces son1
donc encore à l'avantage de nos voisins; elle de terrains, et les préparer à la culture *
est une preuve de plus des modifications que céréales, particulièrement à celle du W
peuvent apporter a la théorie des assolemens ment. ,.
les circonstances locales. Dans ce but, au lieu de la semer a la v" <-
Dans le premier assolement cité, la terre comme on le doit toujours quand on veut
étant convenablement ameublie par les bi faucher à l'époque de sa floraison, ou
nages, et richement fumée, peut donner sans sème en rayons pour en recueillir les graj«_
doute deux belles récolles de céréales ;mais dont on fait un usage assez important a«
on doit prévoir que la succession prolongée plusieurs de nos départemens du sud e
et sans intermédiaire, de l'orge et du fro sud-ouest, non seulement pour la nourrui
ment ou du seigle, deviendra à la longue de des animaux de travail et d'engrais, n»
moins en moins productive. comme aliment des hommes. u
Dans le second et le troisième, on remarque Dans les deux premiers exemples, on p
un mcouvénient presque aussi grave ; c'est le cultiver les fèves comme fourrage oucow
EIUP. 10". DE LA PRATIQUE DES ASSOLEMENS. 275
lemences alimentaires. En général la seconde parfois remplacer le navet dans les terres
méthode est préférable : parce que les bina- consistantes, qui conviendraient peu à ce
jes qu'elle nécessite améliorent beaucoup dernier. Ses produits, avec une culture et
nieux le sol pour la céréale suivante; — dans un sol convenables, sont d'autant plus
Mire que les produits peuvent être utilisés, abondans qu'une fois que la végétation est
«Ion les circonstances, à la nourriture des avancée, la suppression des feuilles ne nuit
lorames ou à celle des animaux ; — et parce pas sensiblement au dernier développement
m'enfin ils ont une valeur commerciale sou- des racines. — Ce sont donc deux récoltes
fent plus importante. fourragères pour une. — On a dit que ce
Les pommes -de -terre conviennent moins chou était moins délicat que la plupart des
iux terres fortes qu'aux sols sablo-argileux. autres espèces ou variétés sur le choix des
- Dans les terrains argilo-sableux et même terres ; j'avoue que les essais que j'ai fait
irgileux, lorsqu'ils ont été suffisamment di- tenter chez moi ne viennent point à l'appui
isés, ou peut néanmois espérer des récoltes d'une telle assertion.
font l'abondance compense en quelque sorte Quant au colza semé comme fourrage, j'i
i qualité; mais si Ion en croit l'opinion gnore s'il donne quelque part de meilleurs
a plus répandue dans les campagnes, il y a produits que les choux ; — cultivé pour la
leu d'avantages à les placer immédiatement graine, c'est une plante fort épuisante dont
ivant une récolte de froment, lorsqu'on peut je ne crois pas que la culture puisse profita-
aire précéder cette céréale d'un beau trèfle blement revenir tous les trois ans. Sa place
tu d'une culture de fèves. La place des pom- me paraissant mieux marquée dans une ro
ies-de-terre est en conséquence mieux mar- tation à plus long terme, je devrai nécessai
Eée dans un assolement de quatre ans que rement en dire quelque chose un peu plus
us une rotation triennale, à moins que, loin.
Somme dans l'exemple ci-dessus, on n'ait En résumé, dans un sol très-pauvre, il peut
prantage à substituer l'avoine au blé. arriver qu'un assolement triennal soit préfé
Quant aux choux, je ne nie pas que la cul- rable à un assolement quadriennal, parce
lirc en soit très-dispendieuse, car elle exige que, dans le second, les effets d'un seul en
«aucoup d'engrais et de main-d'œuvre; mais grais ne se font pas sentir jusqu'au renouvel
«s deux circonstances sont précisément cel lement. Sous ce point de vue une rotation
és qui contribuent le plus à la rendre profit analogue à celle que je viens d'indiquer, sur
able à l'assolement ; car, d'une part, les choux tout avec le parcage, lorsqu'il est possible,
ont loin de consommer tout le fumier qu'on n'est point à rejeter. On donne ainsi à la
eur donne, et, de l'autre, nulle terre ncst à terre deux fumures, une pour la culture
C fois plus nette et mieux divisée que celle sarclée, l'autre pour la céréale.
jni vient d'en porter. Afin d'éviter le retour trop fréquent du
Il était naturel que la culture des choux, trèfie, il est facile de lui substituer, une an
»ur l'usage des bestiaux, se soit établie d'a- née sur six, le sarrasin coupé comme four
»rd dans le nord de l'Europe, où la nature rage, ou la lupuline dans les sols légers;
lu climat la rendait plus nécessaire comme les vesces, les gesses, etc. dans les terres plus
jourriture d'hiver, et plus praticable à cause fortes; mais alors l'assolement devient véri
Je l'humidité de l'arrière -saison. Elle s'est tablement de six ans, et il n'en reste pas
■tendue depuis, non seulement en Allema- moins vrai qu'en le limitant strictement à
P> en Angleterre et dans le nord de la trois, on se prive de nombreuses ressources.
rrance, mais jusqu'à l'ouest et au sud-ouest
*ce dernier pays où, concurremment avecle B. Dans le midi deu fbance. ,_a~j
rtfle, elle a rendu les plus grands services à
.agriculture, en améliorant le sol au point 1" Dans les terres plus légères que fortes, ~\
le transformer en terres à froment celles qui V année : Pommes-de-terres fumées. —'
K portaient précédemment que de l'orge 2" année : Trèfle d'automne plâtré au prin
Jjdu seigle,—ce qui est assez dire, par paren temps. — 3e année : Seigle.
te, que les choux ne croissent pas exclusi- lrt' année : Maïs avec fumier. — 2° année i
*wentdansles terres argileuses; — en faisant, Récolte enfouie en vert ou pâturée. — 3° art\
""s que toute autre culture, comprendre née : Céréale.
importance de la chaux et des divers amen-
lemens calcaires; — en donnant les moyens 2° Dans les terres plus fortes que légères*
"augmenter le nombre des beslia ux ; etc., etc.
-Malheureusement, dans les automnes d'une lro année : Betteraves fumées. — 2° année :
lande sécheresse, les choux ne réussissent Froment. — 3e année : Maïs comme four
as à beaucoup près aussi bien; mais alors rage.
ncune racine, si ce n'est peut-être la belte- lr0 année : Fèves fumées. — 2e année : Ble
>ve, ne réussirait mieux. — Le choux-cava- froment. — 3° année : Maïs.
*•", que l'on cultive exclusivement dans pres- Vannée : Mais fourrage. — 2° année :
["••' toute la Bretagne et la Vendée, a même Fèves enfouies après une 1" coupe. — 3' an'
*' avantage précieux, que, pour peu qu'on née : Froment.
"lisse le faire reprendre au moment de la 1" année : Froment suivi immédiatement
fansplantation, c est-à-dire vers septembre, de lupins enfouis. — 2° année i Froment
1 lis pluies viennent ensuite à manquer, il suivi le plus ordinairement d'un fourrage
apsiiit sans périr, et il peut de nouveau se mélangé. — 3° année : Mais, millet ou sor
'«elopper avec vigueur au retour de l'hu- gho.
niditéV Ce dernier assolement appartient à la par-
** rutabaga (Brassica napo brasska ) peut tic du littoral Toscan qui avait été réunie à
276 AGRICULTURE : DES ASSOLEMENS liv. r'
]a France, el où se trouve, entre Pistoia et place. — 2' année : Blé en ligne. — 3e année*.
Lucques, la vallée de Niévolle, la mieux cul Trèfle, fumé à l'aide d'herbages maritime^
tivée de toute la Toscane, qu'on sait être le — 4e année : Blé en lignes.
jardin de l'Italie. « Dans celte vallée, arrosée Malgré tous les avantages d'une telle rota
par le fleuve A.rno, et qui comprend la plaine tion, dit sir J. Sinclair, on a trouvé que il
de Pescia, au lieu d'abandonner la terre à blé ne pouvait pas revenir avec succès iou|
l'improductive jachère, on en exige ordinai les deux ans, pendant un temps un peu long
rement cinq produits différens en trois ans, sur les terres légères. Après avoir suivi ceth
souvent sept en quatre ans, en ne la laissant pratique dans le Lothian, pendant 14 ans, k
jamais nue, en la couvrant d'une nouvelle résultat a été que, quoique, à force d'engraii
semence immédiatement après chaque ré on continuât toujours à obtenir une grandi
colte, en la fertilisant de temps en temps abondance de paille, cependant lei Me blé e|
avec ses produits, el en alternant le froment devenu léger et peu productif. Ein consi
avec le lupin, le haricot, la rave, le irèfle quence ou a préféré remplacer la secon conde ri
incarnai, le millel, le sorgho et le maïs qui coite par de l'avoine.
y sert quelquefois de rame aux haricots. On a adopté près d'Edimbourg une rot*
Le produit du lupin y est généralement en tion quadriennale très-productive, et qui $|
foui comme engrais entre deux récoltes de rapproche davantage de nos assolemens fraa
froment, et l'on y sème aussi quelquefois çais; savoir :
Ïiour fourrage, après ces récoltes, un mé- lre année : Pommes-dc-terre. — 2' année
ange de lupin, de lin, de raves et de Irèfle in Blé. — 3' année : Trèfle. — 4' année : Avoim
carnat, dont chaque espèce de plantes, à Les cultivateurs écossais mettent le bl
commencer par le lupin, se trouve consom après les pommes-de-terre, afin de le faire pn
mée successivement depuis l'automne jus filer directement de l'engrais de cette plant/
qu'au mois de mai, époque de l'ensemence Chez nous, ainsi que je l'ai déjà dil, la pr|
ment du maïs. » — ( Nouveau Cours complet tique s'est prononcée dans la plupart (Il
d'agriculture théorique et pratique. ) lieux contre une telle méthode. jN'ous sèmj
rions l'avoine après les pommes-de-terre, I
§ III. — Des assolemens de quatre ans. le froment succéderait, sans addition d'ci
frais, à un trèfle plâtré et rompu de bona
A. Dans le nord et le centre. eure.
M. Mathieu de Dombasle recomman<:i
1° En terres plus légères que fortes. les deux cours suivans, l'un pour les suis dl
bonne qualité, l'autre pour ceux d'une fd
Dans le comté justement vanté de Norfolk, tilité moyenne, el tous deux pour les terri
le pivot de la culture quadriennale est le de la nature de celles qui nous occupe
turneps; c'est à l'aide de la fumure qu'on ici :
lui donne, du parcage auquel on le destine, 1™ année : Betteraves fumées, arrache^
et de la bonne préparation du sol, que l'orge en septembre. — T année : Colza d'hiv
acquiert sa grande fécondité, et que le trèfle repiqué avec trèfle. — 3e année : Trèfle. -I
qui lui succède réussit encore parfaitement. 4" année : Blé.
— C'est par suite de la riche végétation du i" année : Pommes-de-terre, betterave
trèfle que le froment ne manque, pour ainsi rutabagas ou chouxiavec fumier. — 2' annt't^
dire, jamais. — Il est des endroits où cette Orge ou avoine. — 3e année : Trèfle. — 4' f
rotation, qui couvre une moitié du terrain née : Blé ou colza d'hiver.
en céréales, existe depuis plus d'un siècle Dans le département de la Loire on ecn|-
sans que la terre paraisse s'en fatiguer. nait l'assolement suivant :
1'° année : Turneps fumés et pâturés sur 1" année : Chauvre, puis raves pâturées.-!
place. — 2" année : Orge ou avoine et trèfle. 2e année : Avoine, puis trèfle. — 3" aruntT
— 3" année : Trèfle. — 4e année : Froment. Trèfle quelquefois fumé au printemps. -|
Dans les bonnes terres, au dire de sir J. 4e année : Blé.
Sinclair, on ne donne parfois d'autres engrais Sur divers autres points de la France
que ceux produits par le parcage, mais dans les assolemens quadriennaux comuiencen
ce cas, comme on doit le prévoir, il est diffi se répandre, on a trouvé préférable de seinJ
cile que l'assolement soit suffisamment amé le trèfle sur le blé, qui se trouve ainsi sill
liorant; car souvent alors, malgré de bons la céder immédiatement à la culture ou à |
bours, les turneps et le trèfle manquent, et il jachère fumée; l'avoine ne vient ainsi qu la
devient nécessaire de rafraîchir la terre en dernière année.
la mettant en herbage pour deux ou trois Pour les terres sableuses maigres de la So
ans au moins. C'est afin de remédier à celte logne, M. de MonootES a proposé les deus
difficulté qu'on a proposé le pâturage sur assolemens suivans :
place de la vesce et des turneps. t" année : Sarrazin et navets, pommes-de-
L'assolement se compose alors des quatre terre. — 2€ année : Avoine, orge de mars. —
soles suivantes : 3e année : Vesces d'hiver, jarosses d'hiver,
l" /innée : Vesces d'hiver suivies de tur fauchées en vert. — 4e année: .Seigle.
neps, les uns et les autres pâturés sur place 1™ année: Turneps ou navets, pi.nnnes-de-
par les moutons. — 2" année : Blé ou orge, terre. — 2 année : Orge et avoine, sarrasin rt
puis trèfle 3° année : Trèfle. — 4e année : navels. — 3" année : Fourrages légumineux.
Orge ou blé. moitié de mars, et moitié d'automne, tels que
Voici quelques autres exemples d'assole- pois-moissard, vesces, jarosses. jardean. Ces
mens anglais de 4 ans: fourrages seraient coupés en vert, surtout >•'
1" année : Turneps fumés et pâturés sur dernier, afin de ne pas donner à la graine k
chap. 10e. DE LA PRATIQUE DES ASSOLEMENS. 277
temps de mûrir, et afin de permettre de faire tyle, le ray-grass, le poa à feuilles étroites ; en
les labours pour semer les blcs. On conserve troisième Xavena flavescens et le poa des prés;
rait seulement quelques arpens pour graines, en quatrième la cretelle et le brome des
et on les remplacerait par des choux auxquels prés.
on ferait succéder une partie des pommes-de-
terre de la première année de l'assolement, f2° En terres plus fortes que légères.
parce qu'ainsi on détruirait, parles façons né
cessaires à ces racines, les plantes de fourrage V* année : Fèves fumées et binées. — 2e an
qui pourraient renaître spontanément et née : Blé, puis trèfle de printemps. — 3e an
nuire à la terre lors des récoltes de céréales. née : Trèfle. — 4° année : Blé, colza d'hiver
— 4e année : Seigle ou méteil.
ou avoine.
Dans ce système de culture, le sol serait la V année : Gesses fumées et coupées en
bouré tous les ans, et fournirait alternative vert. — 2° année : Avoine et trèfle. — 3e an
ment une récolle de céréale et une récolte née : Trèfle. — 4e année : Blé.
fourragère, qui permettrait de donner les lr* année : Choux fumés et binés. — 2* an
fumures convenables. — Remarquons ici que, née : Avoine. — 3e année : Trèfle. — 4e an
dans les assolcmens quadriennaux, une seule née : Blé.
Immire est le plus souvent suffisante; cepen 1" année : Fèves fumées et binées. — 2e an
dant, si le sol était maigre, on pourrait,
comme dans l'assolement triennal, donner née : Blé d'automne ou de printemps, selon
l'état du sol. — 3e année : Rutabagas pâturés
une fumure et une demi-fumure à l'aide du sur place. — 4" année : Blé d'hiver.
parcage ou d'une récolte enfouie en vert. V année : Carottes, tabac ou choux fumés.
Daus sa propriété des Barres, qui se com
pose de terres de nature fort différentes, — 2' année : Froment. — 3° année : Fèves bi
nées ou colza fumé. — 4e année : Froment ou
les unes sablonneuses ou sablo-argileuses, les avoine.
autres contenant plus de moitié de calcaire
légèrement magnésien, au sable et une faible B. Dans le midi.
quantité d'argile, M. Vilmorin a adopté un
assolement de 4 ans, uniforme pour le temps, Si l'on se rappelle ce qui a été dit précédem
mais qui change pour les produits : ment en parlant du climat, on sait combien il
1" année : Jachère avec ou sans récolte sar est difficile d'établir dans certaines parties
clée, selon la quantité de fumier dont on peut du midi un assolement régulier, avec racines
disposer. — 2e année : Froment, méteil ou sei sarclées et prairies artificielles. M. A. de Gas-
gle. — 3e année : Trèfle ou jarosse, pois gris, parin a cherché à lever cette difficulté. C'est
vesces d'hiver. — 4' année : Graines de mars. encore à l'assolement quadriennal qu'il a eu
Le froment et le méteil viennent sur le sol recours.
calcaire; le seigle se sème dans les parties sa Ve année : Betteraves fumées et semées en
blonneuses. — Le trèfle est loin de réussir place, puis binées. — 2e année: Froment ou
partout.'1 Dans la plaine crayeuse il est rem seigle. — 3e année : Trèfle. — 4e année : Fro
placé avec avantage par des légumineuses ment ou seigle.
d hiver : la jarosse, le pois gris, les vesces. — La transplantation de la betterave, telle
Là où les pommes-de-terre ne réussissent que qu'on la pratique dans le nord, était ici im
médiocrement, le topinambour, qui parait possible sans irrigation; — le semis en place,
être la plante de prédilection des terrains cal- a la volée, était fort casuel, à cause des pluies
wo-magnésiens, donne d'excellens produits battantes et des vents violens qui corroient
pour les bestiaux. — M.Vilmorin cultive, au souvent les terres un peu fortes, au point que
tant qu'il peut les faire réussir, la luzerne et les germes périssent sans se faire jour. M. de
le sainfoin ; mais c'est sur des terres qu'il sort Gasparin évite ce double écueil en semant
de son assolement, parce que leur succès au plantoir, et en recouvrant de sable fin ;
n est pas assuré sur d'assez grandes étendues, par ce moyen les plantes, espacées d'un pied
pour qu'il ait pu les faire entrer périodique- seulement, en tous sens, couvrent bientôt le
nient daus un cours général de longue sol de manière que leur succès est assuré. —
durée. Quant an blé qui succède aux betteraves, sa
Autrefois les trois quarts du sol étaient en culture offre cette particularité, que, « tou
Parcours, et comme notre confrère, loin de di jours sous l'influence au climat, il doit être
minuer ses troupeaux, en a augmenté le nom- semé eu ligne, afin de pouvoir lui donner les
'""e, il a fallu suppléer aux pâturages natu façons propres à établir les trèfles d'une ma
rels par des pâtures vives, semées en grami nière certaine, quelle que soit la tempéra
nées, qui conviennent à chaque portion de la ture. La graine simplement répandue sortirait
ferme, et dont le produit est parfois décuple mal, il faut qu'elle soit enterrée, et mise à l'a
de celui des terres abandonnées à la suite de bri du vent et du soleil... Un grand rouleau
1 assolement. — Il résulte d'expériences ré- cannelé moule le terrain en sillons réguliers, et
pelées, que sur le sol calcaire les espèces qui non déchirés, comme pourrait le faire la char
réussissent le mieux pour la (aulx, sont, dans rue : alors la semence, distribuée à la main
1 ordre de leurs succès, la brome des prés, les par un semeur ordinaire, se précipite au fond
fetuques ovine et traçante, le dactyle glo- des sillons; un coup de claie les unit, et le blé
lueré, etc. etc., et, pour pâtures vives, lefétu- est disposé régulièrement. Ce procédé offre
que rouge, le poa à feuilles étroites et le ray- de nombreux avantages : la machine est soli
grass. — Sur les sables le choix est moins li- de et peu coûteuse, les plantes sont aussi bien
ntiié:aupi'emier rang se pincent le fromental, disposées que par le semoir; les trèfles sont
la Motive odorante, et les deux espèces de fé- immanquables, les blés nettoyés, et une cul
'"ques ovine et traçante; au second le dac- ture qui passe partout pour salissante, est dej
278 AGRICULTURE : DES ASSOLEMENS. uv. I'.
venue une culture sarclée et améliorante du trois soles aux plantes fourragères, que celle
sol.... » Annales de [Agriculture Jrançaise, proportion est trop forte. Cependant il est
octobre 1833. telles circonstances où il serait difficile de
Dans les contrées du mêmepays où la proxi trouver une rotation mieux, appropriée au\
mité des cours d'eau et la disposition des besoins du moment. J'en citerai quelques-
terres permettent de recourir aux irriga uns :
tions, toute difficulté disparait, et la culture Sur un solfatigué et sali par le retour trop
devient alors plus productive que partout ail fréquent ou trop prolongé des blés, et que l'on
leurs. Sous l'influence convenablement com veut ramener, sans jachères, à sa fécondité
binée de la chaleur et del'humidilé, il est plus première, un ou deux assolemens quinquen
facile là que partout ailleurs de multiplier naux remplissent parfaitement le but; soit
le nombre des récoltes en un court espace de qu'on puisse couvrir deux soles de plantes
temps. La partie de la Toscane, déjà citée fumées, binées ou butées, et une troisième de
dans le § précédent, en offre un exemple sur fourrages à faucher en vert; — soit qu'à une
prenant : sole de plantes sarclées on joigne deux soles
1" année : Froment fumé, suivi de hari de prairies artificielles; — soit enfin qu'après
cots entremêlés de maïs pour rames. — 2° an avoir fauché une première année la prairif
née : Froment suivi de lupins enfouis comme artificielle, on la laisse une seconde anu.ee
engrais. — 3" année : Froment suivi de four en pâture.
rages consommés sur place jusqu'en mai. — Dans les localités où les fumiers sont abon
4e année : Maïs, millet ou sorgho. dons, où les cultures industrielles sont d'un
On obtient ainsi sept récoltes en quatre débit ou d'un emploi facile, et où leur grand
ans, et le binage des haricots et l'enfouisse- rapport dépasse ou balance celui des céréa
menldu lupin permettent de ramener 3 ans de les, les rotations de 5 ans peuvent être aussi
suite le froment. — Peut-être dans quel fort profitables. Elles se composent alors, tan
ques parties du département de Tarn-et-Ga- tôt ae deux soles de fourrages racines et fau-
ronne, de la plaine de Nîmes, etc., ne serait-il chables, ou simplement fauchables en vert ;
pas impossible d'approcher d'une si prodi d'une sole de plante oléifère, filamenteuse ou
gieuse fécondité. toute autre exigeant des engrais, des binages
Les assolemens quadriennaux, bien préféra et des sarclages, et de deux soles de céréa
bles, en général, à tous ceux dont nous nous les; — tantôt d'une seule sole de blé, et de
sommes jusqu'ici occupés, présentent cepen quatre soles; deux de végétaux propres aui
dant encore des inconvéniens même assez arts et deux de prairies artificielles.
graves dans les localités où le trèfle ne réus Enfin, sur défriche de vieilles prairies ou de
sit que médiocrement, ou dans les terrains tout autre terrain fertile, de semblables rota
que l'on a fatigués de sa culture. En effet, tions peuvent encore servir de transition ii
lorsque ce fourrage est admis, il reparaît né un nouvel herbage ou à un assolement diffé
cessairement tous les quatre ans, et l'on a re rent. En pareil cas on peut, avec un seul il
marqué en beaucoup de lieux qu'un inter parfois sans engrais, demander au sol des re
valle de trois ans entre deux cultures de trèfle colles plus ou moins épuisantes. —Voici quel
n'est pas toujours suffisant.— On doit en dire ques exemples :
autant de diverses plantes propres aux arts,
dont on trouve habituellement utile d'éloi 1° En terres de diverses natures et de con
gner le plus possible les récoltes. sistance moyenne.
Dans la plupart des cas cependant, ces as
solemens ont, sous d'autres points de vue, 1" année : Céréale de printemps. — î'""-
non pas seulement en théorie, comme on née : Vesces, gesses ou autres plantes à fau
s'est plu à le dire, mais en bonne pratique, cher en vert. — 3e année : Culture racine
des avantages si nombreux et si réels; — ils fumée, betteraves, carottes, etc. — 4' année :
forment une transition si facile des rotations Céréale d'automne. — 5e année : Choux fu
triennales avec jachère aux diverses autres ro més et binés.
tations sans jachère; — ils procurent une telle lrc année : Céréale d'automne. — Tannée:
économie d'engrais et en utilisent si bien Fourrage suivi d'une seconde récolte enfouie-
l'emploi: — que, pour mon compte, je ne suis — 3e année : Racines sans engrais et pâturées
nullement surpris de les avoir vu préconiser sur place. — 4e année : Céréale de printemps.
avec chaleur par presque tous les agronomes — 5e année : Culture fumée, sarclée, binée ou
de notre époque, et adopter, même sous le so butée, arrachée de bonne heure en sep
leil de Languedoc, par les cultivateurs les tembre. ,
plus éclaires. Ve année : Culture fumée, sarclée, binet
ou butée. — 2° année : Céréale avec graines
§ IV. — Assolemens de 5 ans. de prairie artificielle. — 3e année : Prairie
artificielle fumée à la surface ou enfouie
Les assolemens quinquennaux sont d'une avant la dernière coupe. — 4° année : t "
réale. — 5° année : Autre prairie arlincjeiit
application moins générale que les précé
dées. En les adoptant, il est imposable, sans sans engrais.
s'écarter des bons principes, de faire revenir Je citerai de plus : „
les céréales plus de deux. fois. — Sauf quel V année : Gesses, pour fourrage. — r^ '
ée : Pommes-de-terre fumées. — 3e anne ■
ques cas exceptionnels, un seul engrais ne née : Pommes-de-terre fumées.
peut suffire, à moins qu'on ne recoire au Avoine. — 4e année : Trèfle. — 5e annee :
Gif-
Ce n'est pas tout de vaincre, il faut savoir perdent'moins de temps à prendre les habi
rofiterdela victoire; de même, en agricul- tudes de l'exploitation; le calvnnicr y gagne
ure, ce n'est pas tout de savoir bien cultiver, également, parce qu'il n'a pas à s'inquiéter
faut savoir bien récolter. La moindre né- ou il trouvera du travail.
ligence dans cette circonstance peut amener Toutes les dispositions étant prises sous ce
es résultats désastreux pour la qualité et la rapport, on portera son attention sur le ma
uanlité des produits. ÎNous ne ferons con- tériel. On aura soin que les granges, les ger-
aitie ici que des données générales, réser- bières,lesfenils ou foinliers soient propres et
mt pour la culture des plantes ce qui est déblayés de tout ce qui peut les embarrasser.
articulier à chacune d'elles. Nous diviserons Les toitures auront été scrupuleusement vi
: chapitre en plusieurs sections qui sont : sitées et réparées, les murs bien crépis. Une
' Précautions générales ; 2° liécoltes desjour- précaution indispensable serait de boucher
'ges ; 3° Hécollesdes granifères, ou moissons; tous les trous, toutes les fissures où les sou
' Récottes des racines. ris et les rats peuvent se réfugier et en faire
le centre de leurs dégâts.
Section ire. — Précautions générales. Il ne faudra pas attendre non plus le mo
ment de la récolte pour mettre les chariots
Ne remettre jamais au lendemain ce que et les autres véhicules en étal de faire un ser
on peut faire le jour même, c'est un prin- vice régulier, et de supporter des charges
ipi' d'économie qui est vrai dans tous les assez pesantes. Ou éprouve toujours de gran
!in|)s, mais surtout à l'époque des récoltes. des perles en inslrumeiis, en grains, et de
On commencera donc par s'assurer du nom- plus grandes pertes encore d'un temps pré
r« de bras nécessaire pour que tous les tra- cieux, lorsqu'au milieu du chemin un char
a"x s'exécutent en temps opportun. L'expé- se brise ou verse.
i'-nce est le guide qu'il faut surtout consulter, Pour éviter ces inconvéniens, on se trou
"" il y a également à perdre si l'on emploie vera bien de faire quelques réparations aux
op ou trop peu de monde. Dans le premier chemins les plus fréquentés. C'est une dé
ïs> les opérations s'embarrassent par leur pense qui se retrouve toujours au centuple,
ji'ltiplicité ; la surveillance est incomplète et non seulement parce qu'elle empêche les
ilficile ei),raisou des points diflérens où elle instrumens de se détériorer, mais encore
herce; il en résulte ordinairement tu- parce qu'elle conserve la force et la santé des
'ulte, désordre, gaspillage. Dans le second animaux. Dans les pièces entourées de fossés
ïs. les travaux languissent, les produits ac- ou sillonnées de tranchées ouvertes, soit pour
uiérent un degré de maturité qui en dimi- le défrichement, soit pour l'irrigation, on
le la quantité et en déprécie la valeur. transportera des ponts mobiles pour donner
Il faut aussi q lie le nombre des chevaux, des passage aux voitures. Ces ponts volans et
0r»ci tiques, soit en rapport avec celui des temporaires sont faits en forts madriers. Ils
l'irnaliers. Lorsque l'économie et l'admi- sont bien préférables aux broussailles dont
istration d'une ferme exigent qu'à cette on se sert dans le même cas pour combler
»que on tienne un valet de plus qu'à l'ordi- les fossés. Des ponecaux en pierres seraient
'•re, il ne faut pas reculer devant cette plus durables, mais ils ont l'inconvénient
épense. Dans certains pays on les nomme d'exiger plus de dépenses, et de faire perdre
uvaniers. Ordinairemen t on ne les paie point à la clôture une partie de ses avantages.
1 argent, mais en denrées dont on détermine Dans les pays où la moisson se fait par
)paravant la quantité. Au choix du calva- des étrangers, on leur préparera une couche
'«' doit présider la même circonspection commode. Il est vraiment affligeant de voir
tt'a celui des autres domestiques. Beaucoup des moissonneurs épuisés de fatigues, entas
b cultivateurs prudeus ont à cœur d'avoir sés le soir dans des granges, dans des gre
'"jours les mêmes calvaniers. Les deux par- niers où ils peuvent à peine prendre quel-
» y gagnent : l'exploitant, parce qu'il n'a quei heures de sommeil. Les ouvriers sont
lus à faire l'étude de caractères nouveaux, plus sensibles qu'on ne le pense aux bons
[ que ces valets, déjà au fait de la besogne, procédés, el ils récompensent toujours ceux
286 l AGRICULTURE : DÉS RÉCOLTES. " vn. r\
qui les traitent avec une certaine libéralité, L'habitude et l'exercice seuls peuvent don
par un travail plus assidu et par une probité ner l'agilité pour faire ces liens prompte-
qui se dément rarement. ment et solidement.
C'est aussi le moment de préparer des bois Les liens de joncs sont peu usités et peu
sons économiques, pour ces temps de soif dé solides. Le meilleur usage qu'on puisse faire
vorante. On a donné bien des recettes de de ces végétaux, c'est d'en tresser des nattes,
boissons rafraîchissantes; je crois que cette et d'en faire des ligatures pour palissage.
qualité ne suffit pas et qu il faut les rendre Pour la récolte des foins comme pour cellf
aussi un peu spiritueuses. Donner de sages des grains, il faut toujours avoir deux en
conseils aux moissonneurs pour la conserva droits de déchargement : l'un pour y déposer
tion de leur santé, c'est une tâche que tout les produits bien récoltés, l'autre destiné a
homme éclairé s'empressera de remplir; recevoir ceux que la pluie ou d'autres circon
mais il ne faut pas qu'il s'abuse, qu'il s'api stances auraient tenus humides; afin que si
toie à contre-temps; on exigerait bientôt ces derniers venaient à s'échauffer et à 1er-
avec audace ce qu'on n'oserait même deman menter, on pût les battre ou les faire con
der à un homme moins facile ; il y aurait re sommer sans bouleverser la gerbière.
lâchement. Trop de fierté ou d'indulgence Chacun consultera encore les circonstan
peut compromettre singulièrement, dans ces ces qui échappent à la prévision de l'homme:
circonstances, le caractère du chef de l'ex il interrogera les localités et prendra conseil
ploitation. de sa position. Lorsque le cultivateur pru
Peu de temps avant la moisson de chaque dent aura pris toutes les mesures que nous
espèce de céréales, on préparera les liens venons d'indiquer, il peut attendre avec
suffisans pour l'engerbage. Diverses matières confiance le moment de la récolte; le hasard.
sont employées à cet usage. Les principales les événemens imprévus, les changemen>
sont : le genêt et le coudrier, l'écorce de til brusques de température, le trouveront ra
leul, la paille et les joncs. Toutes les sub rement en défaut.
stances ligneuses en général sont peu propres
à lier solidement un faisceau d'épis. Si dans Section ii. — Récoltes des fourrages.
quelques contrées, notamment en Bretagne,
on se sert de genêts, c'est que là on bat la ré Dans quelques contrées montagneuses o»
colte sans la mettre en grange, et que la dans des marécages, les animaux vont eu?
gerbe ne demeure liée que deux ou trois mêmes chercher leur nourriture ; la récolte n?
jours. Le bois eu se desséchant devient plus se fait pas autrement que par la dent des ani
cassant et occupe moins d'espace que lors maux : ceci appartient plutôt à l'aménage
qu'il était encore vert, et on conçoit que les ment des pâturages et à l'économie des prai
chaumes ne tardent pas à se desserrer et à ries d'embouche qu'à la question qui nous
se perdre. Il en est de même du coudrier. occupe.
Dans les pays environnés de taillis où le Nous dirons seulement un mot sur les/o2f
tilleul est commun, on écorce les jeunes rages donnés en vert à l'étable.
branches de cet arbre au moment de la sève ;
la force et la flexibilité de ces écorces, que Art. 1er. — Des fourrages récoltés en vert.
l'on nomme tilles, les rendent très-propres
au liage des céréales, et plus propres encore Il semble aux domestiques chargés de 1 af-
à celui des foins lorsqu'on bottèle sur le fourragement qu'il n'y a qu'à faucher et à don
champ même. Ces sortes de liens se vendent ner. L'époque du vert, qui devrait être pour
50 à 60 centimes la botte, lorsque celle-ci en les animaux une époque de vigueur et de
contient un cent. Les tilles servent plusieurs santé, est souvent le moment où les cultiva
fois si l'on a la précaution de les faire trem teurs, par leur négligence, font des pert«
per quelque temps avant de s'en servir. considérables.
La paille, celle de seigle, est la substance Nous indiquerons les précautions à pre*
que l'on emploie le plus communément. La dre pour éloigner de semblables désastres.
manière de faire les liens avec la paille est lorsque nous parlerons de l'alimentation d«
assez connue : on la bat, soit au fléau, soit par animaux. Nous ne pouvons mieux faire,''11
le chaubaj;e; on mouille l'extrémité où se traitant le sujet qui nous occupe, que de »
trouvent les épis : c'est la partie la plus flexi ter les paroles de M. de Dombasle : « Pour»
ble, et par conséquent celle où l'on fait le régularité du service, il est nécessaire, dani
nœud. C'est ce qu un nomme le nœud droit, une exploitation rurale, qu'un individu de
le nœud de mèche. Celui qui a vu deux pay terminé soit chargé de faucher et d'amecê
sans bretons prendre chacun une poignée de journellement le fourrage vert pour tous ie
paille et la tordre pendant quelques minutes bestiaux ; sans cela, il en résulte beaucoup"1
pour en faire un lien, s'étonne qu'une opéra désordre dans le service : c'est toujours iu
tion aussi simple et aussi expéditive que le sujet de disputes entre les valets, poursajw
nœud ne soit pas universellement répandue. qui n'ira pas. Les bêles manquent souvent a
C'est ce qui m'engage à en donner ici la fi fourrage, et c'est pour tous un sujet toujour
gure 0%-. 382). prêt pour perdre beaucoup de temps. Lu"
Fig. 382. qu'on n'a pas beaucoup de bètes à nourni
on peut distribuer celte besogne à tour
rôle entre les valets, en sorte que chacun «
soit chargé pendant une semaine ou pendat
uu mois. Celui qui est de service va au wj
aussitôt que les attelages quittent le travai
de cette manière on peut, au moyen o ut
HAP. 11e RECOLTES DES FOURRAGES-! 287
urveillance facile, être assuré que les ordres tends pas par maturité le moment où les plan
lonnés seront bien exécutés, parce que la tes ont acquis un tel développement que
esponsabilité pèse toujours sur un homme leurs semences puissent servir a la reproduc
n particulier. C'est un principe dont ne doit tion, mais bien celui où ces sortes de prairies '
miais s'écarter, pour toutes les branches du donnent le fourrage le plus abondant et le
ervice, l'homme qui dirige une exploitation. meilleur.
Mi imaginerait à peine combien cette atten- En général, Vépoque où les fleurs commen
ion donne de facilité pour établir l'ordre cent à tomber est celle qu'il faut préférer, à
ans tous les détails. Si l'on nourrit au vert moins que le foin ne doive servir à la nourri
me quarantaine de têtes de gros bétail, le ture des chevaux qui, en général, aiment un
luehage et la conduite du vert emploient, foin sec et fibreux. Le contraire arrive lors
haque jour, à peu près la demi-journée d'un qu'on veut nourrir du bétail à cornes. Quel
lomme, pourvu que la coupe soit tant soit ques vétérinaires, en faisant l'autopsie des
eu abondante ; on doit alors en charger un chevaux abattus, ont remarqué dans leurs in
uvrier autre qu'un valet d'attelage, et lui testins de grosses pelottes de feuilles, dont
ssigner une autre besogne fixe pour le reste la présence n'est pas sans doute étrangère à
li' la journée. Lorsqu'on a 8 ou 10 vaches, on certaines affections qui attaquent le cheval ;
lent très-bien leur faire conduire le fourrage souvent, dans les râteliers, on a pu remarquer
ert pour tous les bestiaux de l'exploitation. des amas de feuilles qui nous paraissent très-
!d attelant deux vaches à un petit chariot, succulentes, et qui sont cependant dédai
t les changeant fréquemment, cela fait pour gnées par ces animaux. Les bœufs au con
outes un exercice salutaire qui ne diminue traire en sont très-friands, et on a remarqué
ra rien la quantité du lait qu'elles donnent. » partout que le fourrage coupé de bonne
L'époque la plus favorable à la coupe nèfire est préférable à l'autre pour l'engrais
lesfourrages verts est celle où la plupart des sement. Sans donner à ces considérations
liantes sont en pleine floraison ; mais, si l'on plus d'importance qu'elles n'en méritent, je
iltendait jusque là pour commencer le fau- crois que le cultivateur, possesseur de gros
hage d'une pièce, il arriverait infaillible bétail, fera bien de prendre les prairies arti
ment, lorsqu'on toucherait à la fin, que les ficielles un peu sur le vert, et de laisser au
iges seraient trop dures et trop ligneuses, contraire prendre plus de consistance au sys
^rsque le champ aura quelque étendue on tème ligneux, chaque fois qu'il aura des che
mra donc soin de commencer quelque temps vaux à nourrir. Cela est vrai surtout pour
ivant la fleur, afin d'avoir toujours des tiges certaines espèces de fourrages dont les grai
l'ertes et succulentes. C'est un grand talent nes sont un peu volumineuses et du goût des
pour un agriculteur de savoir combiner son chevaux, telles que les pois gris, les vesces,
issolement de telle sorte que la nourriture le sainfoin.
in vert ne soit pas interrompue ni excessive Dans tous les cas, la fauchaison des four
ment abondante ; au reste, il vaut mieux que rages annuels sera devancée de quelques
:etle dernière circonstance se présente, car jours ou davantage, lorsqu'ils se trouveront
x qui serait surabondant peut toujours être mélangés d'unejorte proportion de mauvaises
converti en foin. herbes, afin que celles-ci n'aient pas le temps
On tiendra sévèrement la main à ce que les d'arriver à maturité, de s'égrener, et d'infec
'*}els fauchent toujours d'une manière régu- ter le champ de leurs semences pour plu
'w, en suivant la direction des billons, sur sieurs années.
tout pour les fourrages annuels, tels que les Pour le fauchage des prairies artificielles,
resces, le trèfle incarnat, le seigle, etc. On ne on se sert de la faute simple (Jig. 383 ). Les
'oit jamais manquer, sitôt que la coupe d'un
"lion est terminée, d'y mettre ia charrue Fig. 383.
wir enfouir les chaumes; on comprend que
'i la pièce est fauchée sans ordre, on ne peut
Réenter ce labour que lorsque la totalité est
■levée. xgfr
Art. h. — Des fourrages secs ou de la fenaison.
W4-bfc±fci
et a" ~ i t f^r
TîTm-rtt
sans cesse. Je crois l'adage vrai sous ce rap
port; mais il ne faut pas confondre ici cé
lérité avec économie. Pour se convaincre de
la perle qu'on éprouve par un fanage trop
fréquemment répélé.ou n'a qu'à prendra
20 livres de foin à moitié sec , et le faire se
couer à plusieurs reprises consécutives, on
ne trouvera plus que 16 à 17 livres.
La préparation du foin au râteau est lon moyeu d'une de ces roues est armée d'une
gue et assez dispendieuse, puisque, s'il a surface circulaire dentée et donnant le mou
fallu un faucheur pour couper une super vement à une lanterne qui , elle-même
ficie donnée, 00 calcule qu'il f.iudra quatre corps avec l'essieu du râteau circiilair
femmes pour faner. On a imaginé plusieurs « Celui-ci, dit un auteur, se compose d'i
machines pour faire exécuter celte opéra grand tambour ou hérisson pouvant s'éle'
tion par des animaux. L'instrument le plus ou s'abaissera volonté, et formé de 8
parfait de ce genre est le râteau tournant teaux particuliers à dents de fer recourl
employé à la ferme de llolkam. Il y en a de Le hérisson est assujetti à deux mouvemei
l'un de progression dans le sens horizontal
deux espèces.
La première espèce , et la plus simple et l'autre de rotation autour de son axe. Cef
'fig. 395 ), se compose d'un châssis, des machine, traînée par un cheval mardi;
d'un pas ordinaire, c'est-à-dire parcourant
pieds par minute, fait faire aux roues '
21 tours, et au hérisson ou râteau coati
60 à 63 tours dans le même temps; ce
fait, à peu de chose près,pourcelui-ci,un
par seconde. Alors la vitesse des extra
des dents est de 17 à 18 pieds par seconi
vitesse prodigieuse, qui projette le foin
une grande hauteur. Ainsi cette machisl
peut éparpiller et retourner le foin sur uni
étendue de 10 perches en moins de 4 ml
mîtes, ou d'un arpent en 40 minutes» ( 1 hecB
tare dans 1 heure 40 minutes }. Les deulll
en s'approchant du sol , s'abaissent et ■
clent, pour ainsi dire, la terre; ceqiiirenl
plit parfaitement l'office du râteau. Jusqal
présent l'usage de ces machines esttrès-reÉ
tiné à porter l'essieu des roues. Ici l'es treiot. Nous en avons donné les figures, no| nu
sieu n'est pas fixe comme dans les véhicules pas pour en conseiller l'emploi, mais po'
ordinaires. Il tourne sur ses coussins, et engager les cultivateurs à les iniiteret à
entraîne dans son mouvement de rotation simplifier le mécanisme.
les roues et le râteau circulaire. Ce râteau Quel que soit l'instrument qu'on adopte
est formé d'un prisme de six à huit pans, pour retourner le foin, il est essentiel que
lequel fait corps avec l'essieu. Chacun de cette opération soit faite avec activité et
ces pans est percé de trous où s'engagent les avec beaucoup de soin. Lorsque le foin est
chevilles qui servent de dents. en couches un peu épaisses, les faneurs ne
La seconde espèce (fig. 396 ) est beaucoup font pas plonger le râteau jusqu'à terre. «
plus compliquée, mais le travail en est plus sorte que la couche inférieure n'est jamais
fiarfait. Ce n'est pas moins une machine de ramenée à la superficie pour profiler de 1»
uxe. Elle fut, dit-on, inventée par Sai.mon, chaleur des insolations.
deWoburn. Comme la précédente, elle se Dès que le chef de main-d'œuvre s'aper
compose d'une paire de roues qui ne sont çoit que le soleil descend sur l'horizon, rt
point fixées à l'essieu. La face intérieure du qu'il ne reste plus que le temps snlfisan'
chat. 11e. RÉCOLTES DES FOURRAGES. 293
pour mettre en monceaux ou ckevrottes tout cheval , doit être très-prompte , mais aussi
ceqni est cotipé et éparpillé, on doit cesser très-imparfaite. Au total, pour que ces in-
toute autre besogne pour se mettre à celle-ci st rumens ne fonctionnent pas avec une telle
avec ardeur. On doit avoir pour principe de défectuosité qu'on doive renoncer à les uti
Délaisser exposé à la rosée que ce qu'on ne liser, il est indispensable que la prairie soit
peut soustraire à son influence. parfaitement nivelée.
Aussitôt qu'on s'aperçoit que le foin a On a quelquefois proposé, pour hâter la
acquis un degré suffisant de siccité, on dessiccaLion des foins, de les étendre sur une
s'occupe de le rassembler et de le mettre en sorte de claie ou treillage. Cette méthode
monceaux. Si on l'enlève immédiatement, on serait assez dispendieuse pour l'achat des
peut se contenter de le disposer en bondins latlis, mais elle retrancherait toute main-
(fit;. 397), qui ne sont autre chose que des d'œuvre ultérieure. Un vice radical s'oppo
sera toujours à l'adoption de ce mode, cest
Fig. 397. que le fourrage est exposé à la pluie et à la
rosée, et nous ne saurions trop répéter que
l'humidité, de quelque part qu'elle vienne,
est un agent puissant d'altération pour tous
les fourrages.
La dessiccation n'est pas le seul moyen que
nous ayons pour conserver les substances
végétales. On a tenté, mais sur une trop pe-
lile échelle pour accorder pleine confiance à
des essais incomplets, on a tenté, disons-nous,
de faire, avec des herbages coupés verts, une
prismes de foin disposés sur toute la Ion- sorte de chou-croûte, en empilant et tassant
tueur de la prairie. Si le fourrage est destiné le produit des prairies avec des couches alter
» passer la nuit ou un espace de temps plus natives de sel. On sait que l'addition, en cer
long , il est nécessaire de l'amonceler d'une, taine proportion, de celte dernière sub
manière plus régulière, et qui le mette à stance, empêche toute fermentation et la
l'abri des accidens qui peuvent survenir. putréfaction qui en est la suite. Il est hors
IMoins le loin est sec, plus petits seront les de doute que le foin ne puisse ainsi se con
monceaux , et vice versa. On les dispose sou server indéfiniment. Mais quels silos, quelles
vent en mamelons, qui présentent la forme constructions ne faudrait-il pas pour conser
d'une demi-sphère. Il serait bien plus avan ver une grande masse de fourrage? L'excès
tageux de leur donner celle d'un cône alongé du sel ne nuirait-il pas à la santé des ani
[fig. 398). La pluie a moins de prise, glisse maux? C'est un moyen, d'ailleurs, auquel il
sur les parois extérieu ne faut pas songer dans l'état actuel des cho
res, pourvu que l'on ses. Le prix du sel permettrait tout au plus
ail pris la précaution de faire quelques essais. — Ce n'esl pas que
de les rendre lisses au le sel ne soit d'un grand secours pour para
moyeu du râteau. lyser les effets d'une dessiccation incomplète.
Ce dernier instru Si l'on rentre du foin naturel ou artificiel
ment est celui que l'on qui ne soit pas assez sec, on fera bien, en
emploie généralement l'entassant dans le grenier ou dans la meule,
pour rassembler le de saupoudrer chaque couche de sel gris ou
foin et le mettre en de rebut de salines, lorsqu'on peut s'en pro
tas. Les Anglais con curer à bas prix. Ce procédé est préférable
naissent, sous le nom de râjleur {fig. 399), à celui qui consiste à saupoudrer le four
rage avarié immédiatement avant de le don
Fig. 399- ner aux animaux. Le sel, dans ce cas, ne peut
en détruire la mauvaise qualité , mais seule
ment la masquer, tandis qu'employé comme
nous le conseillons, il prévient toute altéra
tion.
En Allemagne, on fait ce que l'on nomme
du Join brun. Lorsque l'herbe est à moitié
sèche, on la met en meule en la foulant et la
lassant dans tous les sens. L'air extérieur n'a
point de contact avec le fourrage. 11 y a bien
ensuite une sorte de fermentation, mais cette
fermentation est lente, insensible et tout-à-
l'ait analogue à celle qu'éprouvent les plantes
in instrument qui fait économiquement la agglomérées des sols tourbeux. Aussi le foin
majeure partie de la besogne. Il se compose biun a beaucoup de ressemblance avec la
de deux traverses horizontales, maintenues tourbe, et pour le donner aux bestiaux, on
mire elles, à la dislance de trois pieds ou est forcé de le couper en prismes avec un
environ, par des montans verticaux, de sorte instrument tranchant. Le foin n'est pas du
<j"e l'assemblage imile assez bien le dos tout du goût des chevaux, mais, au dire de
«'"ne chaise. Quatre chaînes attachées aux tous ceux qui eu ont fait usage, les bœufs
quatre coins se réunissent en un point où le préfèrent à tout autre, et s'engraissent
s'attache le palonnier. On conçoit que l'ac promptement avec cette nourriture. On con
tion d'une pareille machine, traînée par un naît peu en France cette manière de faire le
21M AGRICULTURE DES RÉCOLTES. uv. i"
foin, et si elle ne présente pas le danger de convexe que prend Fig. 400.
s'échauffer au point de brûler, il est à désirer l'herbe la soutient, et
qu'on l'adopte partout où l'on se livre à l'en sert a rejeter les eaux
graissement du gros bétail. pluviales. L'air circule
Dans ce que nous avons dit jusqu'ici, nous donc librement de tous
avons supposé que la température et les loca côtés, et le foin peut
lités favorisent la clcssicalion du foin; il n'est ainsi rester plusieurs
pas rare que la pluie, les orages viennent semaines sans le moin
déranger les calculs du cultivateur : celui-ci dre danger. Cette mé
sera toujours prêt à faire face aux change- thode comporte une
inens les plus brusques, les plus imprévus dépense qui, «ne fois
de l'atmosphère : si des pluies d'orages, si faite, ne se renouvelle
des eaux boueuses , des rivières débordées plus pendant bien des
parcourent ses prairies et couvrent les her années.
bages d'une vase impure, il est nécessaire de
retarder le fauchage jusqu'à ce qu'une pluie Section m. — De la récolte des granifira,
douce vienne laver les feuilles des végétaux ; ou des moissons.
si cela ne suffit point pour rendre le fourrage
propre et sain, on n'en fera pas moins la fe On a comparé le cultivateur qui moissonne
naison comme à l'ordinaire; mais, en prépa à un navigateur qui rentre dans le port après
rant le foin, on aura la précaution de le se une expédition longue et périlleuse. Le cul
couer souvent et énergiquemenl, afin de faire tivateur, en effet, est un nautonnier qni, an
tomber la poussière; avant de l'emmagasiner milieu des orages et des tempêtes, entouré
on le battra au fléau : cette besogne s'exécu d'ennemis puissans et nombreux, conduit»
tera avec plus de perfection et de succès si frêle embarcation vers le port; mais qu'il
on le fait passer par une machine à battre, n'oublie point que cette rade qu'il appelle
dont la ventilation emportera au loin la pous de ses vœux, est encore bordée d'écueils et
sière. Ce travail est malsain pour les ou de récifs, et que les périls de la navigatioo
vriers, et on aura soin de les relayer de sont d'autant plus imminens qu'elle appro
temps en temps. che de son terme. L'agronome savant, le
Lorsque la température se dérange tout-ii- praticien distingué peuvent faire produire»
coup, au moment où l'herbe est déjà cou la terre de belles récoltes; c'est à l'admini
pée, on se gardera bien de la répandre, mais strateur éclairé qu'il est donné de les re
on la laissera en andains ou eu chevrottes. cueillir avec le plus de succès.
Du reste, on se persuadera bien que, pour Les circonstances sur lesquelles il importe
que la dessiccation soit arrivée à un degré surtout de diriger son attention sont l'épo
convenable, il n'est pas du tout nécessaire que ou le degré de maturité le pins convena
que la totalité de l'eau de végétation soit ble pour obtenir des produits qui réunissent
évaporée. Tous les bons praticiens savent la quantité et la qualité/ les modes les pli»
que le foin emmagasiné, pour être de bonne expéditifs et les moins coûteux selon les loca
qualité, doit subir une fermentation légère lités, et l'organisation du travail.
et insensible, qui manifeste sa présence dans
le tas par une sueur qui en couvre la sur Art. Ier. — Époque et dfgrë de matiuile.
face. Ainsi, lorsqu'un foin n'est pas parfaite
ment sec, et que la pluie menace, ne craignez Si l'homme en cultivant les plantes se pro
pas de le rentrer, il n'en sera que meilleur. posait le même but que la nature, c'est-à-
Si vous avez des doutes sur sa conservation, dire la conservation et la propagation des
niélangez-le par couches alternatives avec du espèces, la question que nous examinons
foin vieux el bien sec, ou si ratifiez-le avec de n'offrirait aucune prise à la discussion. Le-
la paille d'orge ou d'avoine. Avec l'emploi poque de la récolte serait précisément celle
de ce moyen, vous pouvez être sans inquié où la plante, ayant accompli son œuvre, ta**
tude. tomber les fruits qu'elle a fécondés; cal
Dans les prés marécageux, dans les en aussi celle-là que l'on choisit lorsque le bot
droits ombragés, la dessiccation s'opère len du cultivateur se rencontre avec le vœu de»
tement, et le foin court beaucoup de chances nature, en la devançant de quelque temps
d'être avarié. Il est prudent, lorsqu'on le afin de ne pas perdre sur la quantité. Mais»
peut, de l'emporter de ces fonds numides arrive souvent que , pour les besoins qu'elles
aussitôt qu'il est coupé, et de le transporter sont appelées à satisfaire, les plantes n'esi'
dans un endroit où il se sèche plus prornpte- gent pas un degré complet de maturité- Cçk
ment et plus sûrement. Pour cela faire, on est vrai surtout pour les végétaux dont 1«
emploiera avec succès le râfleur dont nous semences sont destinées à la panification ch
avons parlé, ou un traîneau. à la fabrication de l'huile.
Dans le Tyrol, on fait de très-bon foin dans Il y a d'ailleurs une question prèalabk t
les prairies très-humides ou même inon examiner; c'est de savoir si la maturation es]
dées, au moyen de perches (fig. 400) de 5 à entièrement un acte de la végétation, ou s
6 pouces de circonférence, et de 4 à 5 pieds elle n'est qu'une combinaison nouvelledes
de longueur, qui portent vers leur extrémité élémens préexistans, qu'une réaction chimi
supérieure trois ou quatre petites traverses que des substances contenues dans le p«*
eu croix. Après la fauchaison, on fiche ces sperme. Tout nous autorise à admettre cet i
perches dans la prairie, on réunit le foin en dernière hypothèse. On sait que les fruHj
assez gros tas qu'on pose sur les perches d'hiver se récoltent vers la mi-automne, e
sans les laisser toucher à terre. La forme que ce u'est que quelques mois plus W
:kaf. 11°. RÉCOLTE DES GRANIFERES. 21).',
ju'ils ont acquis le parfum et la saveur qui froment, celle provenant d'un blé récolté pré
es distinguent ; pour eux la maturation s'âc- maturément donnera 4 onces de pain en plus.
lomplit indépendamment de la végétation ; Il est bien certain que le froment récolté bien
;t ce n'est pas se placer en dehors des pro- mûr a la pellicule bien plus épaisse et plus
tabilités, que de conclure que, dans la plu- adhérente que l'autre.
jart des plantes, l'accomplissement de la Voici en général les avantages que l'on
naturité suit une marche analogue. Dans les trouve à ta coupe prématurée :
liantes annuelles, les seules dont nous ayons 1° Tous les fromens mûrissent à peu près
i nous occuper ici, la maturité est le plus à la même époque; si l'on attend qu'ils soient
;rand symptôme de mort. Si l'on recherche mûrs, les derniers coupés laisseront échap
ivec les yeux du physiologiste les phénomènes per le grain. En commençant le sciage, lors
lui accompagnent cet anéantissement de la que les tiges sont encore verdâtres, on évite
rie végétale, on verra que l'on peut admettre cette perte ;
leux hypothèses:— la première, et c'est celle 2" La paille, moins épuisée, est meilleure
lui est la plus plausible, que la vie finit là où pour la nourriture des animaux ;
aie a, commencé, c'est-à-dire aux racines. 3" On court moins de chances de voir la ré
3r,une fois les racines mortes,elles ne peuvent colte détruite ou au moins considérablement
Fournir à la tige des alimens qu'elle puisse diminuée par les accidens de la tempéra
l'assimiler; et, quand même tout le reste de ture ;
la plante serait vert, l'intus-susception de 4° Le froment coupé prématurément con
nouvelles substances est désormais impossi tient moins de son; Coke prétend, ce semble
ble par l'intermédiaire du système radicu- avec raison, que quand on laisse le blé trop
laire.—La seconde hypothèse, qui ne réunit longtemps sur pied, la pellicule s'épaissit aux
plus qu'un petit nombre de partisans, c'est dépens de la substance nutritive contenue
que la mort commence immédiatement au- dans le grain ;
dessous de l'épi. Il est encore évident qu'ici 5" On n'est pas en danger de perdre les
toute communication entre les semences et plus beaux grains. Ceux-ci sont toujours ceux
les parties vivantes ou herbacées est inter qui ont mûri les premiers, et qui les premiers
rompue. Dans ces deux cas donc, si le grain aussi tombent de l'épi.
mbit des transformations, elles s'accomplis- Wous ne pouvons cependant dissimuler que
lent indépendamment des autres parties, soit cette méthode entraine plusieurs inconvéniens
que la plante communique avec le sol, soit dont les principaux sont les suivans :
qu'elle en ait élé séparée. Si on examine au 1° Si l'on a les plus beaux grains, il y en a
printemps, à l'aide de microscopes, la fécule aussi qui ne sont pas arrivés a un développe
des tubercules d'Iris de Florence, on verra ment suffisant;
que le calibre «le ces grains ne dépasse pas 2° S'il survient des pluies opiniâtres, la ré
1|100 de millimètre; si on abandonne ces tu colte se sèche moins facilement: les semences,
bercules au contact de l'air, après 15 jours n'étant pas complètement sèches, sont dans
les grains de fécule seront devenus trois fois des conditions plus favorables à la germina
plus gros. (Rasi'aii., Nouveau système de chi tion ;
mie organique.) Il est donc une époque où la 3° Le grain, dansla plupart des cas, ne peut
fécule se développe sans que la plante com servir de semence. On cite dans le départe
munique avec le sol. ment du Var la ville de Brignoles, qui récol
Toutes ces considérations déduites des plus tait autrefois assez de blé pour fournir à la
saines théories, seraient encore de peu de subsistance de ses habitans, et qui n'en
poids en faveur de la coupe prématurée des récolte plus assez pour les uourrir pendant
céréales, si la pratique et l'expérience n'en six mois depuis que l'on se sert pour semence
confirmaient les avantages. On a cru cette de fromens récoltés prématurément, quoi
méthode nouvelle, et plusieurs l'ont rejetée que la population ne soit pas augmentée.
a cause de cette prétendue nouveauté. Cepen Le point où il convient de moissonner est
dant il y a bien des siècles que Columelle celui où le grain n'est déjà plus assez tendre
disait aux agriculteurs de son temps : « Rien pour s'écraser sous les doigts. C'est là l'opi
■ plus pernicieux que le retard : d'abord nion des meilleurs agronomes.
parce que le grain devient la proie des oiseaux Quant aux plantes oléagineuses, il est fa
«Ides autres animaux; ensuite parce que les cile d'apercevoir le moment le plus favora
semences et les épis eux-mêmes se détachent ble à la coupe, an moyen de l'inspection de
facilement des chaumes : si des vents impé la semence. Toutes les graines tiennent à la
tueux ou des tourbillons leur impriment de plante par un point de leur périphérie nom
violentes secousses, les tiges tombent à terre. mé hile, et l'organe où se trouve le point
Cest pourquoi il ne faut pas attendre, mais d'attache se nomme placenta. Aussitôt qu'il
commencer la moisson aussitôt que les épis y a solution de continuité entre le placenta
preunentune teinte jaunâtre, et avant que les et le hile, ou peut couper, quel que soit l'état
grains deviennent durs, afin qu'ils grossissent de la plante.
Wandescant) dans la gerbière plutôt que Enfin le degré de maturité est subor
dans le champ : car il est certain que si on donné, dans quelques arts technologiques,
Joissonne à proposée grain prend ensuite du à la nature des produits qu'on veut obtenir.
•rcveloppement {incrementum). » (Columelle, Dans l'art de l'amidonnier , par exemple,
P- W, édition des Deux-Ponts. } « la mouture altérant considérablement les
Cadet de Vaux assure que le blé récolté grains de fécule, il s'ensuit une grande
<><>ant complète maturité pèse 5 kilog. par perle dans l'extraction. D'un autre côté, la
"ectolitre de plus que l'autre : et si l'on prend chaleur produite par la fermentation fait
irois hvres de farine de l'un et de l'autre éclater un assez grand nombre de grains,
29G AGRICULTURE DES RÉCOLTES. m.f,
et pourtant la fermentation est nécessaire produits de la moisson ni sur la facilité da
pour décomposer le gluten de la farine. Il travail. Il en est de même des dents dont se
y aurait un moyen d'éviter ces deux occa trouve armée le bord intérieur de la lame.
sions de déchet, en employant, pour l'ex Une expérience comparative, faite sur une
traction de l'amidon, les grains de céréa grande échelle à Coëibo, a même permis de
les avant leur complète maturité, et à conclure que lesfaucilles à dents sont plia
l'époque où le périsperme s'échappe tout tôt hors de service que les autres. Les dents
laiteux sons la pression des doigts; car, à doivent toujours être prises sur le côté su
cette époque, les grains d'amidon sont par périeur delà lame et tournées vers le nianclie
venus à leur maximum d'accroissement, L/fr-402).
et le gluten n'a pas encore acquis ses pro On se sert de la /au- Fig. 402,
priétés ordinaires, en sorte qu'il est à pré cille de deux manières.
sumer que les grains de fécule extraits à Dans l'une l'opérateur
cette époque tomberont tous au fond du s avance la tète tour
vase, sans entraîner avec eux aucune par née vis-à-vis le grain
celle de gluten assez appréciable pour né qu'il veut abattre. Il
cessiter une fermentation. Le déchet se saisit leschaumes de la
rait nul et la perle de temps moins grande. - main gauche en tour
( Raspail, Nouveau système de chimie.) nant la paume en de
dans. En même temps
Art. II.—Des différentes manières de moissonner. il engage le croissant
de la faucille dans la
§ I".—Des instrument pour moissonner. moisson, l'appuie con
tre le grain saisi par la
Lorsqu'on lit dans les anciens auteurs les main gauche, et tirant brusquement vers
procèdes usités de leur temps pour exécu lui le tranchant de l'instrument, la poignée
ter les travaux de la moisson, ou ne tarde se trouve coupée.
pas à s'apercevoir que cet art a été porté La méthode que je viens de décrire estli
chez eux a un degré aussi élevé de perfection plus usitée, mais je ne la crois point la meil
que chez nous. Dans rémunération des in- leure. En Angleterre, on exécute avec la Mo
strumens agricoles que nous a laissée Atso- rille une opération que j'ai retrouvée dans
nius Pompa, on voit que la faucille des Ro les environs de Rennes, où on la désigne sous
mains était, comme la nôtre, en forme de le nom de crépeler on créleler: l'ouvrier se
croissant (lunatœ), avec les modifications pose de manière que le grain à couper soit à
qui subsistent encore dans quelques dépar- sa gauche. La main qui est de ce coté saisit
temens, telles que celles à dents. Le même les chaumes à 18 pouces au-dessus du sol. Il
auteur parle même d'un instrument qui ne paume tournée en dehors, puis, faisant vibrer
parait pas s'éloigner beaucoup du piquet la faucille de sa main droite, il s'en sert
flamand. Quant aux chars moissonneurs, il comme d'une (aulx pour couper le grain qiri
est à présumer que le peigne dont parle Pal- est dans la gauche; il fait un pas en arriére
ladius ne faisait pas un ouvrage plus détes en poussant le grain coupé contre celui qui
table que ceux qu'ont inventés les Anglais, ne l'est pas et qui l'empêche de tomber.
puisqu'il n'y a pas long-temps que Egidio donne un second coup comme à lapreum«
Ne g ri l'a appliqué à la moisson des rizières. fois, et recommence la même manœuvre jus
L'instrument le plus généralement em qu'à ce qu'il en ait assez pour former uneja-
ployé aujourd'hui est encore la faucille velle. Quoique ce dernier procédé se soit peu
\fig. 401 ), mais la manoeuvre en est différen répandu , je n'hésite pas à le considérer
te dans quelques pays. comme ayant sur le premier des avantages
Fig. 401. Cetinslrumentsecom- notables : ainsi, un même ouvrier coupe au
_^rfflP|^. pose de deux parties: moins 1/4 de plus; le chaume est également
f^ ^^^^k 'e manche et le fer. coupé plus bas. Il serait à désirer que celle
>^ Le manche doit être manière de manœuvrer la faucille put se pro
\m bien tourné, et en bois pager rapidement; ce serait un achemine
Ir d'érable ou de frêne, ment vers l'emploi de la sape ou piquetfr
ou de tout autre bois mand.
susceptible de pren La sape (fig. 403), est, je crois, l'inslra-
dre au tour un beau
poli, afin de ne pas bles Fig. 404. Fig- 403.
ser ia main du mois
sonneur. On a proposé d'adapter à la fau
cille un manche dévoyé qui aurait pour
l'ouvrier l'avantage de ne pas le forcer à ap
procher la main trop près des éteules, ce
qui le blesse quelquefois ; mais cette modifi
yÉ="
cation exige qu'on emploie plus de force
pour obtenir une même somme de travail.
D'ailleurs, l'inconvénient des éteules est une
chimère pour l'homme qu'un peu d'exercice a
familiarisé avec la faucille.— Le fer, dans sa
forme et son ouverture, diffère d'une contrée
à une autre, mais ces légers changemens ment le plus avantageux pour moissonner les
n'ont pas une influence appréciable sur les céréales dans lus circonstances actuelles.
CBAf. ir. RÉCOLTES DES GRANIFÈRES
Elle est facilement maniée par les femmes,
coupe le blé versé avec une perfection et une
promptitude que l'on chercherait vainement
à rencontrer dans un autre instrument. La
maoière de s'en servir, quoique simple, exige
cependant une telle complication de mouve-
mens simultanés, que nous n'essaieronspas
de la décrire. Nous dirons cependant qu'elle
ne diffère ducrépilage qu'en ce que l'ouvrier,
an lieu de saisir avec la main le grain qui va
être coupé, se sert d'un crochet emmanché
à un petit bâton \<fig. 404 ). Le point qui pré
sente le plus de difficulté dans l'opération ,
c'est de rassembler les tiges coupées sur le
pied, en forme de javelle. En effet, avec
la sape, on coupe et on forme les javelles en
même temps, et c'est là un avantage que ne
possède pas toujours la faulx.
Ce dernier instrument s'emploie de deux
manières, selon l'espèce de grain qu'on veut
couper. On fauche en dedans ou en dehors.
La première méthode s'emploie pour les cé
réales dont les chaumes ont une certaine
hauteur, et généralement pour les diverses
espèces de froment et de seigle. L'ouvrier a Lorsque tous les épis ne sont pas dressés ou
le grain à sa gauche, et la pointe de sa faulx inclinés conformément, il arrive que quel
étant dirigée vers la pièce, il dirige la lame ques-uns s'engagent entre les dents du râteau,
de droite à gauche, en jetant le grain coupé ce qui en rend la besogne moins parfaite, et
contre celui qui ne l'est pas. Le travail de la le maniement assez embarrassant. On est par
faulx est d'autant plus parfait que le grain venu à détruire, ou du moins à atténuer cet
coupé s'appuie régulièrement sur l'autre effet, en tendant une toile grossière sur un
uns tomber. Une femme avec une faucille arc de fer a a {fig. 407) par le haut , et en
ou un bâton recourbé suit le faucheur, et me t Fig. 407.
en javelle ce qui vient d'être abattu. Pour
faucher en dedans, l'instrument est muni
d'un accessoire nommé playon {fig. 405),
Fig. 405.
Fig. 410.
penl les chaumes. Le peu de perfection avec ger le froment, c'est de ne moissonner que
laquelle ces sortes de machines fonction Tes ('-pis; mais je me bàle d'ajouter que c'est
nent, ne permet guère d'en conseiller ac aussi le moyen le plus efficace que l'on puisse
tuellement l'emploi exclusif. 11 est à désirer imaginer pour perpétuer dans le sol ces gé
qu'ils se perfectionnent assez pour pouvoir nérations de parasites qui font tant de tort
'es introduire économiquement dans les fer au cultivateur.
mes un peu étendues. Aux environs de Ploè'rmel ( Morbihan ) et
On a cherché à obtenir le même résultat dans quelques autres localités, on moissonne
par une sorte de main ou de chariot à pei le seigle en laissant des chaumes qui ont vn
gne. Cello méthode est suivie dans quelques pied ou plus de hauteur, tandis que l'avoine
Parties du Norfolk et du Suffolk, et aussi se coupe ras. C'est là une de ces pratiques
dans le département de l'Indre et cantons li dont les cultivateurs eux-mêmes de ces can
mitrophes. Elle était en usage dansl'ancienne tons n'ont pu donner la raison, et je crois
Gaule, au rapport de Pline. Elle consiste à qu'il est impossible d'en trouver une plausi
ie couper des tiges que les épis. Cette mé- ble.
thode abrège certainement le faucillage, mais Je ne terminerai pas cet article sans dire un
comme il faut ensuite faucher les chaumes mot des dizeaux , non pas pour indiquer la
après la moisson, l'économie n'est réalisée manière de les construire , elle est partout la
qu en partie. Nul doute qu'elle ne présente même avec quelquesvariantes insignifiantes,
"u grand avantage pour le battage. Ce pro mais parce qu'ils fournissent au cultivateur
cédé est demeuré très-circonscrit, et parait un moyen prompt et facile de se rendre
«avoir été introduit dans les contrées que compte de ce que chaque pièce, chaque es
nous venons de mentionner, que pour remé- pèce de récolte a produit. En faisant la base
rt|er aux vices de la culture; en effet, lors du dizeau de quatre gerbes, le monceau eu
que les céréales sont infestées par les mau contiendra dix, cl en comptant les mon
vaises herbes, le meilleur moyen d'en pur ceaux on a instantanément le nombre total.
302 AGRICULTURE DES RÉCOLTES. m.f.
Il est rarement avantageux au cultivateur les auteurs agronomiques de ce pays que la
de faire glaner ses champs moissonnés au description des parcs et des méthodes en
trement qu'en les faisant parcourir par un usage pour faire consommer avantageuse
troupeau de moulons. Autant que la législa ment sur place les produits du sol. Ils font
tion le permet, il doit proscrire le glanage observer avec raison que par ce moyen d'a
sur ses terres. C'est rendre uu véritable ser limentation on évite les liais de transport
vice à la population, parce qu'on la force des racines auxbàtimens d'exploitation, et
ainsi à renoncer à une coutume dont le ré des fumiers dans les champs. Lorsque la
sultat le plus déplorable est une sorte de va récolte est abondante, on n'en arracheque la
gabondage, de gaspillage, qui dispose le moitié que l'on transporte ailleurs; lors
glaneur a regarder définitivement comme qu'elle ne dépasse pas les limites ordinaires,
sien le bien d'autrui. Quant à la question lé on la laisse en totalité.
gale, il en sera parlé à l'article Législation D'autres fois , lorsque la pièce qui a rap
agricole. porté les plantes à racines n'a pas besoin
détre fumée, on transporte la récolte sur
{Section iv.— De la récolte des racines. un champ voisin dont 1 humus est épuisé.
§ Ier.— Époque de l'arrachage. Ce mode de récolte est particulier à l'An
gleterre, et nous n'en aurions point parlé si
Depuis que ces plantes sont regardées nous n'étions intimement convaincus qu'il
comme élément essentiel dans la combinai peut être utilisé daus quelques-unes de no»
son d'un assolement judicieux, soit qu'on provinces méridionales et littorales, et no>
les fasse consommer en totalité , soit que tamment sur le territoire algérien, si la
l'agriculteur associe l'industrie à son exploi France veut coloniser sa conquête.
tation pour transformer ses produits sur les
lieux, afin de les écouler plus facilement § III.— Récolte ou arrachage à la main.
et d'en utiliser les résidus, la culture et la
récolte des plantes à racines a acquis une Dans l'ordre naturel des choses, cette mé
haute importance. thode a dû précéder toutes les autres, et l'art
Pour ceux de ces végétaux qui sont bisan agricole est demeuré tellement stationnaire
nuels, et la plupart sont dans ce cas,famd. sous ce rapport, que c'est encore celle que
turitê ou le maximum du développement ne l'on doit préférer dans bien des cas. Les
se manifeste par aucun indice; dans ceux plantes tuberculeuses, la potnme-de-terre, le
qui ne vivent qu'une seule année, tel» que tobinambour, la pistache de terre, s'arra
la Pomme-de-terre et le Topinambour, la chent avec la bêche (vor. la ftg. 150, p. 161,
maturité se décèle souvent par la leinte jau ci-devant), la fourche (fg. 161, p. 162) et le
nâtre que prennent les feuilles et les tiges. bident(ftg.i*l,p.\m).
Dans tous les cas, Vépoq'te de l'arrachage Le premier de ces instrumens s'emploie
estX subordonnée à la saison, ainsi qu'à la avec avantage toutes les fois que la terre est
plante qui doit succéder. Lorsque le terrain franche, sans pierres ni galets, et sans être
est destiné à rapporter des plantes hiverna Irop durcie. Le second est utile toutes les
les, on ne saurait trop se hâter d'opérer fois que le terrain est encombré de pierres,
l'arrachage ; quand Pemblavure ne doit avoir ou argileux. Enfin, le troisième sera exclusi
lieu qu'au printemps suivant, on peut ne vement préféré dans les terrains battus ou
consulter que les circonstances atmosphéri resserrés par la sécheresse.
ques. Il y a dans la culture des terres argi Préconiser l'emploi d'un de ces instru
leuses une grande difficulté pour l'introduc mens à l'exclusion de tous les autres, sans
tion des racines, c'est que celles-ci y mûris avoir égard aux différences de sols et de tem
sent plus lard qu'ailleurs, et qu'il fauMiéan- pérature, ce serait tomber dans une grave
moins récoller plus tôt, sans quoi on s'expo erreur. Prendre conseil des circonstances
serait à voir le terrain pétri et pour ainsi sera la devise de tout homme sensé. La ré
dire corroyé par les travailleurs et les atte colte des plantes à racines pivotantes s'exé
lages. cute au moyen des deux premiers instru
mens que nous venons de mentionner, en
§ II.— Récolte à la manière des Anglais. consultant les différences de sol et la confi
guration des racines.
On ne saurait se dissimuler que la récolte
L'Angleterre , entourée de mers profon à la main ne soit dispendieuse et ne traîne
des, enveloppée sans cesse d'une atmosphère l'opération en longueur; il ne faut pas moins
brumeuse, ne voit pas comme chez nous de 40 femmes, très-exercées, pour arracher
une température excessivement basse succé un hectare de pommes-de-terre en un jour,
der brusquement à une forte chaleur. Le et 30 enfans pour les ramasser. On a donc
climat y est plus égal, et, quoique située plus cherché à remplacer la main-d'œuvre par un
au nord que la France, rarement la gelée y agent mécanique. Les succès déjà obtenus
a autant d'intensité. Cette différence dans la font concevoir l'espérance d'importantes amé
climature en a amené une autre dans l'éco liorations.
nomie rurale; je veux parler de la stabula-
lion dans des parcs ouverts, ou à l'air libre. § IV. —Arrachage à la charrue.
L'art ou peut-être la nature a créé des races
de moutons qui s'accommodent forl bien de Les hommes qui ont secoué le joug d«
ce régime, tandis que les végétaux n'éprou préjugés, ceux même qui se sont ramilufi"
vent que peu de dommages de la part des ses de longue main avec la pratique de l'a
gelées. Aussi, rien de plus commun dans griculture, ont nié pendant long-temps 1»
CHAI", if. RÉCOLTE^DES RACINES. 303
possibilité de l'extraction des racines par leurs parties, quelque léger qu'ait été le sou
l'emploi de la charrue. Le prestige de leur lèvement. A.ussi, au premier aperçu, on croi
parole était tel que les plus hardis novateurs rait que l'action de l'instrument 'a été nulle.
n'osaient tenter la combinaison d'un instru Il est à présumer que cette manière de pro
ment qui pût procurer économiquement le céder remplace 15 hommes pour les bette
résultat désire. Cependant, aujourd'hui, on raves et 25 à 30 pour les carottes, selon que
est parvenu à exécuter l'arrachage des raci celles ci sont de la variété blanche ou oran
nes et des tubercules d'une manière satisfai gée.
sante au moyen d'instrumens conduits par
des animaux. § V. — Des opérations postérieures à l'arrachage.
Lorsqu'on veut arracher des plantes tuber
culeuses semées en lignes parallèles, il est Immédiatement après leur extraction les
essentiel de couper les tiges auparavant. plantes qui conservent encore leur feuillage
C'est ce qu'on fait dans le département de doivent en être dépouillées. Le décoletage est
l'Oise pour les Pommes-de-terre. M. Bazin se quelquefois aussi dispendieux que l'arrachage
contente de faire manger les sommités par lui-même. Autrefois, pour les betteraves, on
un troupeau de moutons, et cela suffit. On arrangeait régulièrement les plantes en dis
fait ensuite passer une charrue à deux oreilles posant les racines et les feuilles d'un même
ou butoir sur le milieu des rangées, en ayant côté, puis avec des louchets bien tranchans
soin d'en laisser alternativement une sans y on coupait toute la partie herbacée. Aujour
loucher, en sorte que cette première opéra d'hui, ou a reconnu clans ce travail une grande
tion n'arrache que la moilie des plantes; on imperfection, et on y a substitué le décole
met immédiatement des ouvriers à amasser tage au couteau ou à la serpette. Ce dernier
les tubercules découverts et amenés à la sur- procédé est le seul praticable pour les ca
facejpar l'instrument ; la charrue revient der rottes et les navets.
rière les ouvriers et arrache les rangées qui A mesure que les plantes sont décoletées,
étaient demeurées intactes. Avec ces pré on les jette eu petits monceaux si elles sont
cautions on n'a pas à craindre que la terre bien sèches. Ou bien, avant de les entasser,
remuée recouvre les tubercules arrachés dans on les laisse ressuyer sur la terre si elles sont
la ligne qui précède, inconvénient grave si humides : la terre adhérente s'en détache
l'ou opérait à la fois sur la totalité, et qui est alors par la moindre secousse. La besogne
l'épouvantait de ceux qui ne veulent point marche plus vite, et la conservation court
croire à la perfection avec laquelle on ar moins de chances.
rache ainsi les pommes-de-terre sur de gran Antoine, de Roville.
des superficies. J'ai calculé que deux chevaux, ,
un homme pour conduire le butoir et un
enfant pour débourrer, expédient autant de Section v. — Des assurances contre la
besogne que 35 arracheurs exercés. grêle.
Ce que celte méthode offre d'avantageux,
c'est qu'elle ne nécessite pas l'acquisition La plupart des physiciens s'accordent à
d'un nouvel instrument qui, outre son prix, penser que la grêle se forme sous l'influence
aurait l'inconvénient d'exiger de la part des de l'électricité. On a proposé, en consé
valets une sorte d'apprentissage, comme cela quence, divers appareils pour s'emparer de
est indispensable dans le maniement de la cette puissance à mesure qu'elle se mani
charrue a arracher les racines Jusijormes. Ce feste : il en a été question précédemment dans
dernier instrument s'emploie surtout pour le chapitre qui traite du climat et des agens
les Betteraves, les Carottes, etc. C'est une physiques. On a vu que jusqu'à présent les
charrue ordinaire (Jig. 418) dont on a re- résultats obtenus n'inspirent pas assez de
confiance pour conseiller la dépense des
Fig. 418. appareils proposés. Il n'en est pas de même
des sociétés qui se sont formées pour assu
rer contre les chances de la grêle, à l'instar
V^Jjl de celles qui ont pour but d'assurer contre
les incendies et contre les naufrages.
On sait, avec une exactitude qui laisse peu
à désirer, dans quelle proportion un désastre
de telle nature affecte telle ou telle récolte.
Dans le Midi, on calcule que sur chaque sep
tième année il y en aura une dont le produit
sera nul.
Dans presque toutes les localités, on a pu
déterminer quelle quotité du produit annuel
serait indispensable pour rembourser le si-
tranché le versoir; celui-ci est remplacé par nistre prévu Partant de cette idée des sa
une pièce de bois en forme de coin, placée ciéles se sont formées, qui ont offert aux ex-
fcnSre à ne faire qu'un plan continu ploilans de leur payer les pertes oeewooée.
avec la face supérieure du soc. On lait piquer par la grêle ou le feu du ciel, moyennant une
l'instrument un peu à gauche de la ligne des prime annuelle établie sur chaque nulle
Plante^on veut arracher. L'unique effet francs de la valeur des produits déclares par
de l'opération consiste daus le soulèvement le cultivateur. Les ,n-.mes de ces assurances
des pfantes : le résultat est tel, que les raci- sont proportionnées aux risques assurés, aux
nés n'adhèrent plus au sol par aucune de intérêts du capital de cautionnement et aux
304 AGRICULTURE : CONSERVATION DES RECOLTES. uv. r
Irais exigés par les remboursemens partiels, Dans les assurances de la première espèce,
ainsi que pour les expertises contradictoires la compagnie assurante n'a aucun compte à
qui ont lieu pour déterminer l'étendue du si rendre de sa gestion; les assurés n'ont rien
nistre. à faire dans I administration. Dans les as
Les assurances dites mutuelles sont fondées surances mutuelles, chaque assuré doit
sur un autre principe. Elles ont pour but de pouvoir coustater lui-même la probité
répartir les pertes éprouvées par quelques de l'administration. Lorsque l'assurance a
associés sur la masse des assurés. XJans ce étendu son réseau fort loin , le contrôle s'é
cas il est facile de voir que la quotité n'est tablit difficilement, les employés subalternes
point fixe, mais qu'elle varie en raison des gaspillent. Il faut donc que ces assurances
pertes éprouvées chaque année. Celte prime s'étendent à nu département au plus. Dans
est d'autant plus variable, que le nombre des tous les cas, lorsqu'elles sont bien adminis
assurés est plus petit, et d'autant plus fixe, trées, lorsque les dépositaires des fonds pré
que les membres sont plus nombreux. En sentent des garanties contre la banqueroute,
effet, soit les deux individus A et B qui for elles remplissent un haut degré d'utilité. Une
ment entre eux société, de manière que si un des premières qu'on ait vu s'établir, c'est celle
sinistre frappe les récoltes de l'un, l'autre eu dont le siège était à Nancy, et dont les admi
paiera la moitié. Si pendant cinq années au nistrateurs intègres ont bien mérité des
cun désastre ne survient, les deux associés contrées environnantes ; il en existe aussi
n'auront aucun déboursé à faire. Si à la plusieurs dans les départemens voisins de
sixième l'un perd pour 3,000 francs, l'autre la capitale.
sera obligé d'en payer 1500 : d'où l'on voit Quand on s'adresse à une compagnie assu
que la prime monte de 0 à 1500; ce qui rant à son compte, il faut bien moins regar
est presque la même chose que si le second der à la quotité de la prime qu'à la probité
eût éprouvé lui-même un désastre. reconnue des administrateurs. Il est des so
Si l'on suppose au contraire quinze asso ciétés qui demandent une haute prime, et
ciés, et qu'il arrive tous les ans un sinistre qui remboursent avec générosité tous les
de 1500 francs sur l'un d'eux, ils auront tous sinistres. Il en est d'autres qui exigent une
«ne prime à payer qui sera moins forte, mais prime plus faible, mais qui sont tracassières,
qui sera remboursable tous les ans; la propor lentes à réparer les désastres. Avec ces der
tion sera plus fixe, mais annuelle. On^paiera nières , on n'est remboursé qu'incomplète
bien, en définitive, la même somme dans l'un ment et après avoir essuyé bien des diffi
et l'autre cas; maison ne sera pas tenu à des cultés et des désagrémens.
remboursemens brusquement augmentés. Antoine, de Roville.
Dans la revue que nous traçons des prin événemens et à les conserver pour le mo
cipaux travaux du cultivateur, nous appro ment opportun à la vente ou £ la consom
chons enfin du terme qui va lui en faire mation.
recueillir les fruits. Nous avons vu qu'il Ce chapitre traitera donc du transport des
a dû consulter et connaître le climat et récoltes dans les divers abris destinés, à les
le pays où il doit s'établir; étudier le sol conserver, et des véhicules propres à opérer
auquel il doit confier ses cultures ; chercher ce transport; puis du battage et du nettova-
s'il est possible de l'améliorer par des amen- ge des grains; enfin de la construction et de
démens sans de trop fortes dépenses ; entre la disposition des abris pour les fourrages,
tenir sa fécondité par une juste proportion les grains, les racines, les fruits, etc.
d'engrais convenablement choisis et appro
priés; le rendre, par divers travaux de pré C. B. de M.
paration, plus apte à la production des végé
taux utiles; lui donner, par les labours et
autres façons, le degré de perméabilité et Section i. — Du transport des récoltes.
de propreté qui doit assurer la réussite de
ces végétaux. Après ces travaux préparatoi Quoique nous n'ayons pas à nous occuper
res, il s'est occupé des meilleurs modes d'en ici de 1 art du charron et du constructeur
semencement et de plantation; ces cultures, de voitures pour ce qui regarde les détail»
confiées à la terre, ont dû être entretenues de l'exécution matérielle, nous ne pouvons
et soignées pendant leur végélation ; lorsque cependant nous dissimuler que les cultiva
la disposition du terrain l'a permis, le culti teurs français sont généralement trop étran
vateur a dû profiler des cours d'eau pour gers aux principes qui doivent présidera la
augmenter la fertilité et les produits de son confection des véhicules agricoles, et noti>
sol ; il n'a pas dû choisir ses cultures au ha allons présenter ici quelques considérations
sard, mais au contraire des principes théo qui pourront les guider dans leurs détermi
riques et pratiques très-importans onl ré nations. Nous diviserons ce sujet en deu\
glé ses assolemeus; enfin, dans le chapitre articles. Le premier traitera des instrument
f>récédent, il a vu tous ces travaux recevoir employés au transport à bras; le second ren
eur récompense par de belles récoltes; il fermera tout ce qui est relatif aux véhicules
lui reste encore à les mettre à l'abri des proprement dits.
CI4P. 12*. DU TRANSPORT DES RÉCOLTES.1 Î05
La brouette à brancards obliques {fig. 419),
ART. l".— Instrument à brus.
Fig. 410.
Rarement ,1a grande culture fait un usage
fréquent decesiustrumens; ils sont, au con
traire, souvent employés dans la petite cul
ture et l'agriculture maraîchère. Il n'en est
p»s de l'homme, réduit à n'employer que ses
membres, comme d'un moteur mécanique
dont la vitesse augmente en sens inverse de
la résistance , et dont la puissance utilisée
est toujours la même, soit qu'on diminue,
soit qu'on augmente la résistance à vaincre.
Il est donc important, lorsqu'on doit dépla est celle qui mérite la préférence par la sim
cer des matériaux qui occupent un grand plicité de sa construction et la combinaison
volume sous un faible poids, d'avoir re de ses diverses parties. Il faut observer, pour
cours à des inst rumens qui suppléent à l'am cette brouette comme pour celles que nous
plitude des bras de l'homme. On doit encore allons décrire, que la longueur des bras in
se servir de ces inst ni meus toutes les fois flue très-avantageusement sur la facilité avec
que l'on a à opérer le transport de substan laquelle on peut la mouvoir.
ces qui se composent de fragmens isolés, La brouette ordinaire à civière {fig. 420) est
tels que tubercules de pommes-de-terre, ra Fig. 420.
cines de betteraves, etc.
§ I". — Des brouettes.
Ce sont des instrumens fort conuus et qui
certainement méritent d'être répandus;
malheureusement ils sout presque toujours
mal construits. Le mouvement de progression
des brouettes est assuré par la rotation d'une
roue ordinaire; considéré sous un autre
point de vue, c'est un levier du troisième plus défectueuse que la précédente. C'est
genre, c'est-à-dire que la puissance et le néanmoins celle que l'on préfère générale
point d'appui étant a chacune des extrémi ment. Une grande amélioration à introduire
tés, la résistance ou la charge se trouve en dans la confection de cet instrument serait de
tre les deux. D'après les lois qui régissent rendre la claie beaucoup plus inclinée sur
celte sorte de leviers, il serait à désirer que la roue.
la roue ne se trouvât point tout-à-fait à l'ex La brouette à tombereau {fig. 421) sera con-
trémité, mais au-dessous du centre de gra
vité : alors, la totalité de la charge étant sup Fig. 421.
portée par la roue, les épaules de l'homme
seraient soulagées. On a bien essayé de pla
cer la roue sous la charge, mais on tombait
par là dans d'autres inconvéniens : on était
forcé de faire la roue très-petite, ce qui né
cessite l'emploi d'une plus grande force ; il
était ensuite impossible à l'ouvrier d'aperce
voir cette roue cachée par les matériaux à
transporter, et par conséquent on ne pou
vait diriger l'instrument d'une manière struite d'après les mômes principes que les
ferme et assurée. précédentes ; mais, chaque fois qu'on la char
Les qualités qui distinguent une bonne gera, on aura soin que la plus grande partie
brouette sont : 1" que la construction en soit du poids soit reportée sur Parnère-train.
'•llement simple que les diverses parties qui Enfin, M. de Morel-Vindb a fait connaître
a composent soient traversées par le moins une brouette à deux roues {fig. 422) qui peut,
de mortaises possible ; car, plus il y a de
trous et de mortaises, moins les brancards Fig. 422.
tontsolides; 2° qu'elle puisse basculer facile
ment daus tous les seus; 3° qu'une grande
partie de la charge porte sur la roue ; 4" que
celle-ci soit de grande dimension. Enfin, je
voudrais que toutes les fois qu'il n'est pas
possible au conducteur de la brouette d'en
apercevoir la roue, la partie supérieure de
l'instrument fut surmontée d'un point de
aire qui en facilitât la direction, et permit
d éviter les pierres et les autres obstacles
qui embarrassent la marche.
, U y a certainement impossibilité matérielle
' obtenir à la fois toutes ces conditions ; mais
°o peut en réunir un plus ou moins grand
nombre. °
MjRicTji/rTinB, 42"" livraison. tome I.— 3g
30« AGRICULTURE : CONSERVATION DES RÉCOLTES. LIV.l
dans bien des circonstances, offrir une grande la grange ou de la batterie mécanique au gre-
supériorité sur les autres. Il faut observer, nier.Ces hottes devront en général avoir une
néanmoins, que le mouvement de bascule contenance intrinsèque de 55 litres, maison
ne peut pas lui être imprimé; qu'elle ne peut ne les remplit communément que jusqu'à
pas passer dans les sentiers étroits, etc. la concurrence de 50 litres, afin que l'es
On peut faire porter une partie de la charge pace laissé vide permette aux matières trans
des brouettes par les épaules, en se servant portées un léger mouvement qui les ferait
de la bricole ifig. 423), accessoire très-simple, déborder si on remplissait l'instrument jus
423. et qui diminue la fati qu'en haut. On comprend aisément que lors
gue pour le moins d'un que ces instrumens sont tous de même con
tiers. tenance, on n'éprouve aucune difficulté pour
La brouette , aidée s'assurer de la quantité de produits qu'on s
dans sa marche par le récoltés.
mouvement de la roue, Les hottes en osier {fig. 427) ont, sur les
ne peut guère être em précédentes, l'avanta
ployée dans les pays de montagnes, parce ge de la légèreté, mais Fig. 427.
que, dans les pentes rapides, elle entraînerait elles ne peuvent con
d'elle-même, et la charge qu'elle supporte, et tenir des liquides, à
l'ouvrier qui la dirigerait. Dans ces circon moins qu'auparavant
stances, les montagnards se servent du traî on n'ait eu soin de les
neau, dont les formes sont très-variables, goudronner , ce qui
mais approchent beaucoup de celle que re n'est pas sans inconvé
présente la figure 424. On a soin de munir la nient dans bien des cir
Fig. 424. constances.
Les mannes sont pres
que toujours en osier.
Il y en a à une seule an
se ( fig. 428). On les pré
fère lorsqu'elles doi
partie inférieure d'une semelle en fer. vent être portées par
Les camions ( fig. 425 ) sont de petits lom- une personne et à une
Fig. 125. certaine distance, parce
qu'alors elles font l'of Fig. 428. 429.
fice de paniers. Celles
qui ont deux anses {fig.
429 ) offrent beaucoup
plus de commodité tou
tes les fois qu'elles doi
vent étre^transportées par plusieurs person
nes.
Il en est d'une manne comme d'un drap;
ce ne sont pas celles qui sont les plus épaisses
et tressées avec de gros brins qui sont les plus
solides. Celles qui sont composées d'un osier
bereaux traînés par deux hommes. Us sont délié, long, élastique, sont plus solides et
Ïiréférables aux brouettes pour les déblais et plus légères ; et, comme en même temps leur
es transports à des distances de plus de 117 élasticité leur permet de s'adapter quelque
mètres (60 toises). Au-delà de 195 mètres peu aux différentes configurations des ma
(100 toises), il est plus avantageux de se ser- tériaux qu'elles doivent contenir, leur supé
•vir des tombereaux conduits par des chevaux. riorité, dans tous les cas, est incontestable.
L'osier peut être enveloppé de son écorce
§ II. — Des hottes. ou en être dénudé. Lorsque le premier cas
Les hottes sont de deux sortes : les unes arrive, les couches corticales ne tardent pas
sont un assemblage de bois léger, débité en à (se décomposer, à rendre les voies plus
£1 anches minces ; les autres sont en osier, claires , et à laisser dans tout le tissu nVs
es unes et les autres ont des avantages res germes de décomposition , lesquels ne tar
pectifs, suivant les circonstances. dent pas à l'altérer. Il vaut donc mieux faire
Celles de la première espèce, que l'on le sacrifice de quelques centimes, et se pro
p- .„„ nomme tandelins dans curer de l'osier blanc qui se sèche facile
" ''"""" quelques vignobles ment, se décompose avec lenteur et rend
{fig. 426), sontordinai- l'instrument bien moins pesant.
rement faites en sapin. Les cultivateurs devront avoir grand soin
Elles sont très-commo que les mannes, les hottes et tous les inslrti-
des, dans une exploita mens de ce genre soient tous les jours pro
tion rurale , pour le prement nettoyés de la terre qui y adhère.
transport des racines mis dans un lieu sec, et jamais abandonnes
de la cour dans les cel négligemment sur un sol humide.
liers, et je suis assuré Les civières ne sont autre chose quun
qu'elles offriraient éga brancard qui, au lieu de se placer sur le»
épaules, est porté par les mains des ouvriers-
lement beaucoup de Il y en a à brancards simples {fig. 430), t\ a
facilité pour transpor brancards
ter les grains battus de composés ou relevés {fig. 431;. tn"
chap. 12'.^ DU TRANSPORT DES RÉCOLTES. 307
fin, on connaît encore la civière en échafaud souvent le résultat d'un assemblage défec
(/f^. 432). On adopte les unes ou les autres tucux. Tout le monde sait que les rais ne
suivant la nature et la forme des matériaux font pas un angle droit avec l'axe du moyeu,
à transporter. mais qu'ils prennent une direction oblique
Fig. 430, 431 et 432. vers l'extérieur. Quelle doit être la mesure
de l'angle qui détermine celte obliquité ?
C'est ce qu'ignorent la plupart des construc
teurs de véhicules agricoles. Cette obliquité
est-elle nécessaire? C'est encore ce qu'ils ne
savent pas davantage.
2ZM Si les rais étaient assemblés perpendicu
lairement à l'axe de l'essieu ou du moyeu, il
en résulterait des [ruptures fréquentes dans
les chemins labourés d'ornières profondes.
Supposons que le rayon ab {Jig. 433) soit
Fig. 433.
R. R'
bien battu et légèrement exhaussé au-des couche supérieure du tas perd facilement
sus du sol extérieur. Le comble pourra être, sa saveur, prend du moisi et de l'humidité.
ou entièrement libre de façon à recevoir » Les toits cintrés en planches et recouverts
aussi, au moyen de planchers temporaires et de paille ou de roseaux sont sans contredit
mobiles, du genre de ceux dont nous avons les meilleurs pour mettre à couvert la pm-
précédemment parlé, des dépôts de fourra visiou de fourrages destiuéeau bétail qui est
ges; ou garni, suivant sa hauteur, d'un ou logé dessous. »
plusieurs planchers à demeure, destinés, soit Lorsqu'on distribue les fourrages flans les
à recevoir de semblables approvisionnemens, granges et fenils, il faut avoir grand soin
soit a servir de greniers à bit-, suivant ce que d'attribuer à chaque sorte de bétail l'espèce
nous dirons plus tard à ce sujet. qui lui convient le mieux, et de placer dans
M. de MonEL-ViNDÉ indique, comme lar chaque fenil les foins de diverses natures,
gement suffisant pour uneferme>.de 2 à 3 char dans l'ordre où ils doivent être consommés,
rues, un hangar de ce genre de 50 pieds de afin qu'on puisse les eu extraire pour le ser
long sur SO pieds de profondeur ( environ vice sans difficulté.
16 mètres sur près de 10 mètres;, ce qui
donne, en superficie, à peu près 42 toises ou IV. Des granges ordinaires.
ICO mètres. Quant à Vemmagasinement des gerlns di
Il indique la dépense, compris deux plan- blés, les conditions que nous avons précédem
chersdans la hauteurdu comble etcedernier ment indiquées ne sont, presque toujours,
couvert en tuiles, savoir : qu'assez imparfaitement remplies dans les
Aux prix des environs de Paris, à 5,885 f. » c. granges ordinaires, qui, pour la plupart, ne
Et au prix moven du reste de sont autres que de grands bàtimens fermés,
la France 3521 » dans tout leur pourtour, par des murs de
Ce qui donne environ : maçonnerie percés de quelques baies rara
Pour une toise, dans le 1er cas. MO » et l'etites. Nous n'essaierons pas, toutefois,
El dans le 2e 84 » de donner ici l'indication de disposition!
El pour un mètre, dans le pre plus satisfaisantes, parce qu'elles dohera
mier cas 37 » nécessairement varier en raison de la ni-
El dans le 2e 22 » ture diverse des matériaux dont on peut
Ces résultats peuvent servir de renseigne- disposer. Nous renverrons, en conséquence,
mens sur la dépense que pourrait occasioner cet essai à l'examen général que nous aurons
la construction d'un hangar de ce genre en à faire dans la suite de cet ouvrage des prin
raison de ses dimensions. cipes qui doivent présider à la disposition et
à l'exécution des constructions rurales.
III. Emmagasinement des fourrages. Quant à présent, nous nous bornerons à
dire succinctement ce que sont les granges
Nous avons vu que dans Fusagc ordinaire, ordinaires, en empruntant les parolesdeei
on conserve le foin, soit en meules, soit au- Perthuis, et à décrire le gerbier surpoteata
dessus desétablesoù est logé le bétailqui doit de M. de Morel-Viudé.
le consommer. Dans tous les cas, TnAER re Les granges sont composées : 1° d'une mit
commande « qu'il soit étendu d'une manière pour le battage des grains: on lui donne or
uniformeet qu'il soit serré, afin qu'il n'y reste dinairement la largeur d'u ne travée ou fer
aucun espace vide, parce que, dans detels vi me; 2° d'autres travées en nombre suffisan*
des, il naît de la moisissure, et qu'il s'y rassem pour contenir les grains en gerbes des récol
ble de l'humid té lorsque le foin commence tes moyennesde l'exploitation; 3° d'un bailn't
à suer. Quand cela arrive, il s'échauffe quel dans lequel on conserve tes balles ou meiati
quefois au point de donner une forte va pailles, ou pontis, qui restent sur l'aire après
peur. Dans ce cas, on ne saurait faire plus le battage et le vannage des grains, et «Jout
mal que de soulever le foin et de lui donner les bestiaux sont très-friands.
de l'air; il faut, au contraire, empëclier,autant Il faut placer ces bàtimens et les «okj
que cela est possible, le concours de l'air, et, dans ta cour d'une ferme, à l'endroit le pin*
pour cet effet, fermer les volets du fenil. Il commode, soit pour rentrer les gerbes veniot
se peut qu'alors le foin fermente fortement du dehors, soit pour engranger celles quel*
et brunisse, mais il ne se gâtera pas, et l'on retire des meules, soit, enfin, pour la sur
courra moins de risques qu'il ne prenne feu. veillance du fermier pendant le battage des
C'est seulement lorsque le foin a beaucoup grains.
d'air que le gaz inflammable qui se déve Les granges doivent être préservées d«
loppe en pareille circonstance, peut prendre toute espèce d'humidité, et aérées le plu'
feu; il ne faut donc pas toucher au foin qui qu'il est possible. A cet effet, on élève leur s»
est dans ce tas, à moins qu'on ne veuille le intérieur de. 33 à 50 cenliuu. au-dessus du ni
descendre promplemeut du feuil pour le re veau du terrain environnant, et ou pratiqu*
froidir et sécher. dans leurs murs un nombre suffisant d ou
« Si le fenil est recouvert d'un bon toit de vertures que l"ou préserve de la pluie avec
paille, il faut mettre du foin aussi près de des auvens, et dont ou interdit le passage
ce toit que cela est possible, et le serrer de aux animaux destructeurs par des grillages»
manière que, du moins au premier moment, mailles serrées. On parvient aussi à aérer et
il ne reste pas d'espace entre deux; lorsque même à éclairer les combles de ces grande*
le foin n'est nullement en contact avec l'air, en pratiquant dans leurs couvertures un
il se comporte à merveille pendant qu'il sue, nombre suffisant de petites ouvertures, ou
et il conserve sa qualité dans toutes ses par nids-de-pie, grillées de la même manière) «*
ties. Sous un toit de tuiles, au contraire, la recouvertes par des tuiles faîtières.
:BAP. 12'. DES FENILS ET GRA.NGES. 3 Kl
L:'intérieur des granges construites en chaleurs de l'été qu'il faut les construire et
naconncrie doit être soigneusement recrépi les réparer.
;t lissé le plus qu'il est possible, afin d'empê- VI. Grange en bois.
:her les rats et h's souris^de grimper le long
ies murs, et de gagner ainsi la charpente du La grange en bois, ou gerbier sur poteaux,
:omblc lorsque les granges sont vides. Alors construite par M. ov. Morel-Vindë, en 1812,
m les lue aisément avec le fléau, sur le sol dans son exploitation à la Celle-Saint-Cloud
né me. (Seiue-et-Oise), nous parait pouvoir, en quel
La construction des granges, dans les que sorte, servir de programme pour ces sor«
ènues de la grande culture, est très-coû- tes de constructions.
euse, et leur dépense entre pour une grande Ce célèbre agronome fait connaître qu'au
lorlion dans la totalité des frais de ces éta- commencement de 1812, se Irouvaut ino
ilisscmens. pinément dans la nécessité d'ajouter à ses
bâtimens un emplacement suffisant pour
V. Des aires à battre. serrer la surabondance de ses récoltes; ré
Daus l'état actuel des choses en France, pugnant à bâtir une grange en maçonnerie,
ù le battage a lieu presque partout sans ma- tant à cause de la trop grande dépense qu'en
iliines, l'aire, c'est-à-dire le lieu où l'on bat traîne un bâtiment de cette nature, et des
e blé et autres grains, est une partie essen- dégâts effroyables qu'y occasionent les rats
ielle dans la construction des granges. Il et les souris, que parce que cette bâtisse n'eût
loil être en étal de résister, soit au trépigne- pas été finie et sèche pour la récolle alors
Dent des animaux lorsque le battage a lieu prochaine; et ne pouvant d'ailleurs employer,
ar le dépiquage, comme daus les parties nié- dans celte circonstance, ni son gerbier à toit
idiouales de l'Europe, et, dans ce cas, les mobile, ni les meules à la hollandaise, parée
ires sont presque toujours en dehors des qu'il lui fallait, en outre, une aire à battre,
labitalions; — soit à la percussion du fléau; il imagina la grange sur poteaux dont il s'a
lors l'aire est constamment placée dans la git ici, et donl nous donnons les plans, coupe
range et en occupe généralement la travée et élévation (.(ig. 453, 454 et 455), en observant
)otraie. Fig. 453 et 454.
Les aires ordinaires, dans la construction
lesquelles on fait entrer deux parties de
erre franche contre, une de bouse de vache,
ont déjà d'une bonne consistance. Lorsqu'à
es matériaux on joint du foin onde la paille
aehée très-menue, el encore mieux de la
ourre, elles sont encore meilleures. Dans les
«js où l'on fabrique de l'huile d'olive, on
lit entrer son marc daus la composition de
aire, el on gagne considérablement de fer-
letéetde durée. Dans d'autres, on l'enduit,
différentes reprises, de sang de bœuf. Eii-
», quelques riches propriétaires les font
ouvrir de planches d'un pouce au moins
'épaisseur, et bieu ajustées; mais, dans la
lupart des fermes, les aires ne sont formées
ue d'une couche plus ou moins épaisse d'ar-
ile ou de charree (cendres lessivées), ou
léme de terre végétale battue, couche qui
f détruit facilement et donl les débris se
léïeul parmi les graines pour en altérer la
orelé. — Dans cette opération, ainsi que
■os toutes les opérations agricoles, il ne
M pas perdre de vue l'économie; il faut se
'nteulerdes matériaux que produit le pays;
iais on peut toujours en tirer un parti plus
'anlageux que ne le fonl la plupart des ha-
'lans des campagnes.
Les soins à prendre dans la construction Fig. 455.
nue aire consistent à en lier les matériaux
' mauière qu'ils soient au même degré
; consistance dans leur totalité; à les élen-
'e sur le sol le plus également possible; à
ire en sorte qu'ils ne soient ni trop ni pas
Kl mouillés ; à la battre à diverses reprises
Hir la durcir en la tassant de plus eu plus;
boucher les crevasses ou les Irons qui s'y
raient presque toujours aux approches de
dessiccation. LIne aire bien construite peut
|rer un grand nombre d'années, si on y
it des réparations de temps en temps. Mais,
je lois qu'elle a commencé à se dégrader,
le se détruit rapidement. C'est pendant les
320 AGRICULTURE : CONSERVATION DES RÉCOLTES. LIV. I'
qu'il y a 5 travées 'au lieu de 3 seulement jours ouvertes, pour empêcher l'engouffre
que nous indiquons. ment du vent.
Alt pieds ou environ 3 mètres et demi de Toute cette construction, contenant, poi
distance, d'axe en axe (dimension considérée les 5 travées dont «lie se compose effective
avec raison par M. de Vindé, d'après sa propre ment, une superficie d'environ 36 toises m
expérience, comme étant à peu près le maxi 137 mètres, a coûté, aux prix des environs dl
mum de la portée des bois posés en travers, Paris 4375 f. .1
pour qu'ils ne risquent pas de fléchir), sont: Et ne coûterait, aux prix
d'abord de bonnes fondations en maçonnerie, moyens du surplus de la
au-dessusdes dés en pierre de 15 po.(40cent.) France, que 2625 >
en carré, saillans de 1 pied (33 centim.) hors Ce qui porte la toise, dans
de terre, et, enfin, des potelets de 2 pieds le 1er cas, a 121 5*»
(65 centim.) de hauteur sur 1 pied (33 cent.) Et dans le 2', à 73
sur carré, recouverts, savoir :|dans leur partie Et le mètre, dans le 1er cas, à 32
inférieure, ainsi que les des en pierre, en Et dans le 2«, à 19
ardoise ; ;et, dans leur partie supérieure, en 15,000 gerbes y ont été serrées et jbattoi
morceaux de verre à vitre d'un pied carré, avec la plus grande commodité, sans que
retenus avec mastic entre de petites baguet blé, constamment aéré, ait contracté auci
tes clouées du haut et du bas seulement, et mauvais goût, et sans en perdre un sa
sans montans aux angles. Ces potelets sont grain ; les pailles s'y sont conservées tr
eu chêne; tout Iesurplus de la charpente dont jours fraîches et entières pendant une
nous allons parler est en peuplier d'Italie. même deux années ; enfin, depuis sa ci
Sur ces potelets est posé et chevillé un gril struction en 1812, le bâtiment lui-même
composé de sommiers en long et en travers, éprouvé aucun altération.
entaillés à tiers-bois. M. de Morei.-Vi.vde estime qu'une »ra
Sur ce gril s'élèvent des poteaux montans, en maçonnerie coûterait, proportions
de 22 pieds (plus de 7 mètres) de haut, coif ment, trois fois autant qu'un gerbier
fés par des sablières sur les 2 longues faces, et genre de celui-ci.
réunis transversalement par les entraits des Cette opinion nous paraît, d'après quel
fenêtres du comble, dont les coupes indi ques calculs à ce sujet, peu éloignée de li
quent suffisamment la composition. Dans les vérité ; mais nous sommes en même temps
espacemens extérieurs sont en outre des croix portés à penser, d'une part, qu'il ne pour
de Saint-André, réunissant également les po rait qu'être avantageux d adopter, pourlexe-
teaux, et qui servent en outre à contenir les cution d'un gerbier du genre de celai dont
extrémités des gerbes. Les sommiers com nous venons de parler, un mode de construc-
posant le gril, les poteaux montans et les en- lion qui offrît plus de chances, sinon de plus
traits ont 9 pouces (25 centim.) en carré; les de solidité, au moins de plus de durée, noUm*
sablières, pannes et laitage, 6 à 7 pouces (16 à menten faisant usage, au lieudepeuplier.soit
19 centim.), et les autres bois de 5 à 6 po. du chêne, soit d'un bois résineux, tel que les
(13 à 16 centim.), à l'exception des chevrons pins, les sapins, les mélèzes, etc.; et, d'autre
qui n'ont que 3 pouces (8 centim.). part, qu'il serait possible d'adopter, pourte
Tous ces bois ont été assemblés aussi sim granges en général, des dispositions enniéuie
plement que possible, pour la plupart à temps moins dispendieuses et plus convena
moitié ou tiers-bois, le surplus à tenons et bles que celles qui^sont ordinairement suim»
mortaises; entièrement chevillés en bois, sans Peut-être essaierons-nous dans la suite detfl
aucune armature en fer, et préalablement ouvrage de préciser nos idées à cet égard. et
écarris à la scie, ce qui a procuré des dosses en même temps de les généraliser en les ten
épaisses et parfaitement droites, en nombre dant, autant que possible, aux divers mate
suffisant pour lormeruu plancher sur le gril. riaux, dont on peut avoir à disposer pour li
Les plus belles de ces dosses ont été réser construction des divers bàlimens ruram.
vées pour les travées du milieu, servant GOCBLIEK.
d'aire à battre, écarries avec un'soin particu Art. il. — De la conservation des grainsbaUu-
lier, assemblées jointives sans rainures ni
languettes, chevillées et avec joints calfeu § Ier.—Des greniers à blé.
trés en mousse et goudron, ce qui a procuré
une aire parfaitement sèche et extrêmement Dans la plupart des exploitations rurale!
commode, le fléau s'élevant sans aucun ef on emploie comme greniers à blé o\ià(u<"*
fort par la seule élasticité du plancher. les étages supérieurs des bâtimens d'habi
Afin d'accéder à ce plancher sans donner talion ou autres, en faisant en sorte qu'il55,
de moyens de communication aux rats et aux tisfassent le mieux possible aux condition
souris, au bord de l'aire est adapté un mar que nous allons poser ci-après, pour le Ci
chepied en fer, qu'on élève facilement au où l'on ferait construire un bâtiment sp^
moyen dedeux:chalnes,de deux contre-poids lement destiné à servir de grenier.
en pierre, et qui, d'ailleurs, ne prend son em- Dans Vemmagasinement des grains en g*
marchement qu'à 15 pouces (40 centim.) au- nier, on doit se proposer principalemen1
dessus du sol. 1° d'eu hâter la dessiccation, afin de prév?"
Pour garantir les bois de Vejfet du soleilou réchauffement qui pourrait résulter de I ni
de la pluie, toutes les faces extérieures oppo midité qui s'y concentrerait; 2° et de K
sées au sud et à l'ouest oui été revêtues en des soustraire, autant que possible, aux attaq"'
ardoise. C'est aussi en ardoise qu'a été éta animaux granivores, et principalemei
blie la couverture dans laquelle ou a eu le des rats, des souris, des oiseaux, etdeict»<
soin de disposer deux petites lucarnes tou rançons et autres insectes.
;hap. 12'. CRENIER A BLE 321
Le contact de l'air sec offrant un moyen si mit es en charpente; mais on obtiendra
le dessiccation tout naturel, on le favorise plus de stabilité, et en même temps on se ga
l'abord en n'amoncelant le blé qu'à une hau- rantira mieux, soit de la chaleur, soit de l'hu
eur peu considérable, ex qui doit être d'au- midité extérieures, au moyen de murs en
ant moindre que le blé est moins â'^é, c'est- maçonnerie. (Ils devront être percés, à (cha
i-dire d'à peu près 40 à 50 centimètres ( 15 que étage et au droit de chaque travée, d'une
. 19 pouces) à un an; 60 cent. (22 pou. ) à fenêtre ouvrant jusque sur le plancher bas,
lans; 70 cent. (26 pou.) à 3 ans; et au-delà, afin que l'air circule dans la partie inférieure
utant que possible, de 80 cent. ( 2 pi. et 1/2 ) et frappe le pied de la couche de blé, et gar
m plus. nie de volets, pour préserver du soleil ou de
Cette dernière dimension est, par exemple, la pluie, ainsi que d'un grillage pour empo
;elle qui est ordinairement observée dans les cher l'entrée des oiseaux.
;reniers de Corbeil , près Paris|; cependant, h'orientement est une chose de première
lans quelques années où les approvisionne- importance; et l'on devra, autant que possi
nens abondaient, et notamment en 1812, on ble, placer une des faces au midi et l'autre au
i été jusqu'à 1 mètre 13 centimètres (3 pi. et nord, afin que la différence de température
lemi). établisse naturellement un courant d'air en
Plusieurs autres raisons exigent d'ailleurs tre les ouvertures opposées; cependant on
]iie la hauteur d'amoncellement ne soit pas devra éviter l'exposition au midi, dans cer
rop grande : d'abord, le poids assez considé- taines localités où régnent des vents trop
■able du blé. Ce poids varie beaucoup, soit humides.
iuivant la qualité du blé, soit suivant son La hauteur du comble pourra facilement
ige; il est, moyennement, de 750 kil. le être employée à former un ou plusieurs éla
aiélre cube. Ensuite, la nécessité, dans l'in ges, en ayant soin d'en lambrisser le rampant,
térêt de la dessiccation et de la conserva mais préférablement en planches, plutôt
tion, de remuer périodiquement ces grains par qu'au moyen d'un plafonnage en plâtre.
le vannage, le pellage. Enfin , indépendamment des trappes et des
La facilité de ces manutentions exige qu'on trémies qu'on devra pratiquer entre les diffé-
réserve, de distance en distance, des espaces rens étages, afin de faciliter le jet d'un plan
»a/w;il est bon, en outre, d'en réserver éga cher à un autre, ainsi qu'on le pratique sou
lement le long des murs de face. vent pour opérer le nettoyage du blé, etc.,
Si l'on tient en outre compte des empla- il sera bon de disposer, suivant l'étendue du
cemeos nécessaires pour les escaliers , les bâtiment, un ou plusieurs systèmes de trappes
trappes, etc., il est facile de reconnaître et de treuils pour le montage des sacs, ce
combien est considérable l'étendue que ré mode de montage étant beaucoup plus com
clame un approvisionnement un peu impor- mode, et, somme toute, beaucoup plus éco
taut.EUe ne peut être moiudre que d'environ nomique que le montage à dos ou à bras
2 ou 3 mètres carrés de plancher pour un d'homme.
mètre cube ou 10 hectolitres de blé. Parce qui précède, on peut voir que lors
Eu conséquence, dans des bdtimens con que les étages supérieurs de l'habitation ou
struits ad hoc, il sera nécessaire de multi des bàtimens d'exploitation ne présentent
plier, autant que possible, le nombre des pas des chambres à blé d'un nombre et d'une
élages, et, à cet effet, de réduire la hauteur étendue suffisans, le bâtiment spécial
de chacun d'eux au strict nécessaire, dont la qu'il faudrait construire pour cette destina
limite est ce qu'exige la facilité du pellage, tion particulière serait la cause d'une dé
c'est-à-dire environ 2 mètres (6 pi.) (1). pense assez considérable.
La charge considérable de chaque plan On comprendra sans peine qu'une con
cher, celle surtout qui résulte, pour les points struction de l'importance de celle que nous
d'appui inférieurs, de la superposition d'un venons de décrire est extrêmement coû
nombre plus ou moins considérable d'étages, teuse, et elle le sera nécessairement d'autant
oblige d'abord à ne pas écarter ces points plus proportionnellement, qu'elle sera moins
[d'appui au-delà d'une certaine limite, et considérable. Ce serait donc comme mini
ensuite à donner à chacun d'eux une force mum qu'il faudrait considérer le résultat des
proportionnée. grandes constructions de ce genre faites à
Quant à leur écartemenf, il est assez géné Saint-Denis, à Etainpes, etc., qui porterait
ralement reconnu convenable qu'il n'excède l'intérêt du capital employé à un taux égal au
pas à peu près 4 mètres ou 12 pieds d'axe en produit de 4 fr.à5 fr. par le nombre de mètres
ase. H suffira, du reste, qu'ils soient eu bois cubes de grains qui peuvent y être contenus,
de grosseur convenable. ou 40 à 50 centimes par hectolitre.
Les planchers devront être généralement Il parait également qu'il faudrait évaluer
composés: 1° de poutres traversant d'une \es frais annuels de construction et d'admi
face à l'autre et reposant sur les poteaux; nistration à 1 fr. 10 cent, ou 1 fr. 20 cent, par
2° de solives portant sur les poutres, sans as hectolitre, ce qui donne en tout, moyenne
semblage; 3" et enfin, d'un plancbéiage géné ment, 1 fr. 60 cent.
ra', le bois convenant mieux dans notre cli Si l'on considère, de plus, les déchets assez
mat, pour recevoir le blé, que la terre cuite, considérables qu'on éprouve quelquefois, soit
le plâtre, etc., et étaut aussi d'un entrelien de la part des animaux destructeurs, soit par
moins dispendieux et plus lacile. suite de la fermentation ou d'autres genres
Les faces pourraient également être con- d'altération, on ne doit pas s'étonner qu'on
(1) Les 7 étages dont se composent les greniers de Corbeil diminuent, en montant, de plus de 3 mè
tres à,2 mètres 1/3 (9 a 7 pieds environ).
agriculture. 4Ze livraison. TOME I. 4*
322 • AGRICULTURE : CONSERVATION DES RÉCOLTES. Liv .' ner .
ait cherché d 'autres moyens de conservation Maintenant, si, cette trappe étant fermée,
des blés. on emplit le grenier de blé par sa partie su
On trouvera ci-après les indications rela- périeure, il restera sous chacune des rigoles
tives à la conservation en silos. renversées un vide par lequel l'air extérieur
Nous terminerons cet article en cherchant | circulera et rafraichira constamment la
à donner une idée d 'un grenier dit perpendi- masse du blé. Remarquons, à ce sujet, que les
culaire , de l' invention de sir John SINCLAIR , ouvertures qui y correspondent dans les
qui parait avoir été employé avec succès en murs sont: 1° en pente, de l'intérieur à l'exté
Angleterre , et qui est maintenant en essai rieur, de façon à ne pas donner accès à la
dans le domaine de M . le comte d 'Auber - pluie , à la neige, etc .; 2° et fermées de treillis
ville , à Fontenay en Brie (Seine- et -Marne ) . en toile métallique, pour empêcher l'intro
Ce grenier, comme on le voit par les élé- duction des oiseaux et même des insec
vation , coupe et plan ( fig . 456 et 457), est tes .
De plus, si , pour retirer une quantité plus
Fig . 456 . ou moins considérable de grains , on ouvre la
trappe de la trémie inférieure , toute la masse
du blé sera mise en mouvement, et d 'autres
parties que celles qui précédemment étaient
en contact avec l'air , au moyen des rigoles,
arriveront à leur tour à ce contact, ce qui
permet de nettoyer en très-peu de temps
la masse entière du blé, et de le remuer dans
toutes ses parties sansbeaucoup de difficultés.
On ne peutméconnaître ce que cet appareil
a d 'ingénieux et en même temps de simple ,
au moins en apparence. Il ne parait pas non
plus que l'exécution et la manutention doi
vent avoir rien de difficile nide fort coûteux .
C ' est à l'expérience à prononcer sur les avan
tages ou les inconvéniens qui peuvent en ré
sulter ; et c 'est pour mettre les agriculteurs,
curieux de ces sortes d 'expériences, à même
de s'en rendre compte , que nous avons con
signé ici les indications qui précédent.
Tout ce que nous avons dit précédemment
relativement aux greniers à blé s'applique
également aux Greniers à avoine, si ce n 'est
que cette dernière espèce de grain étant pro
portionnellement moins pesante , il est pos
sible de donner un peu plus de hauteur aux
couches. GOURLIER.
Fig . 457.
S II. - Des fosses de réserves ou silos.
- - -
longues années, s 'est beaucoup occupé de d 'air ; bientôt, desséchés par une chaleur
ce sujet en 1819 . M . DECAZES a favorisé, pen - douce et uniforme, on pouvait sans crainte
dant son ministère, des essais qui eurent les enfermer dans les silos.
lieu , en divers endroits , à la mênie époque ; ! Les Chinois emploient à cet usage leurs
-
M . TERNAUX , de son côté, a fait d 'autres ten - | étuves ou kangs : ces appareils se compo
- -
tatives très-nombreuses et fort en grand, sent d 'un fourneau placé dans une cave ,
dans son parc de Saint-Ouen , depuis 1820, d 'un conduit de chaleur qui se rend dans
et tout Paris a pu assister à ses expériences l'étuve, et de conduits pour la fumée ; la cha
et aux procès- verbaux qui en ont été annuel. | leur produite dans le fourneau , poussée par
lement dressés par la Société royale et cen l'air extérieur et attirée par la raréfaction de
trale d'agriculture . celui de l’étuve , s'engouffre avec rapidité
Depuis cette époque, l' enthousiasme qui dans ce conduit de chaleur , se répand dans
s'était emparé des esprits a semblé se re l'étuve, échauffe toute la chambre et le blé
froidir ; les ravages causés par l'alucite , et qui y est renfermé ; celui-ci y sèche parfaite
constatés à l'ouverture de l'un des derniers ment ; les insectes qu 'il renferme sont dé
silos de Saint-Ouen ,ont pu y contribuer .Cela | truits, et il devient incapable de germer , de
doit donner à penser que, pour obtenir des fermenter ou d 'être altéré dans les silos.
silos , comme les Anciens, un mode de con En Hollande, à Haarlem , par exemple, on
servation des grains sûr et pour un temps emploie à cet usage une tourelle construite
indéfini, il convient de commencer préala | en briques , au milieu d 'un pavillon attenant
blement par l' épuration du grain et la des au magasin général des vivres ; sa hauteur
truction de sa propriété germinative . C'est est de 5 m ., son diamètre de 2 m . 20. Au bas
dans ce sens, et en nous aidant des travaux de la tour est un fourneau , d 'où partent des
de M . DE LASTEYRIE , de TERNAUX et d 'une conduits pour la fumée et pour la chaleur ;
Notice très-complète publiée par M . PERROT ce dernier est un tuyau carré de cuivre
dans l'Architecte de 1832, que nous allons rouge, qui s'élève en spirale jusqu 'au sommet
indiquer les procédés d' épuration qu 'on de la construction , en suivant le contour du
peut employer , et tracer un aperçu des silos revêtement intérieur ; ce tuyau , destiné à
les plus recommandables . l' épuration du grain , a une ouverture supé
rieure pour le recevoir, et une inférieure
I. Epuration et dessiccation du grain . pour le déverser. Tout l'intérieur de la tou
relle, au reste, est une véritable étuve. On a
Dans la plupart des modes de conserva ménagé les moyens de retarder ou accélérer
tion des grains que nous décrirons tout-à la marche du blé dans le tuyau , de l'ébran
l'heure , on commence par revêtir de paille ler pour prévenir les engorgemens, enfin ,
les parois intérieures des silos;mais il est im d 'en connaitre la température au moyen du
portant de faire subir préalablement à cette thermomètre , afin de la maintenir entre 45
paille une préparation qui a pour objet de et 50°.
l'épurer et de la sécher parfaitement, ce Ces dispositions ne peuvent convenir
qui s'exécute en effet dans plusieurs con qu 'aux grands établissemens ou aux greniers
Irées. Pour cela , on fait d 'abord passer la de réserve fondés par le gouvernement ou
pa ! des villes ; mais il sera facile aux pro
paille dans une chaudière d 'eau bouillante , | par
puis on la place sur un sol bien uni et un priétaires et fermiers qui voudraient enfour
pen en pente, ou mieux sur une forte table. I leurs grains, dans les années de baisse , afin de
et l'on fait rouler dessus, à plusieurs repri | les conserver pour celles de disette, de leur
ses, un cylindre de pierre. Cette opération faire subir une préparation analogue dans
écrase la paille, en exprime l'eau , etune des | les fours, ou dans les petites étuves que toute
siccation à l'air ou au soleil achève de la exploitation bien ordonnée doit posséder .
rendre très -propre à l'usage auquel on la
destine . II. Principales formes des silos.
L 'expérience a prouvé que, dans la plupart En Egypte , on a trouvé un lieu de réserve
des silos, les grains peuvent être bien conser composé d 'un vaste vestibule ayant, à droite
vés pendant un certain temps ; mais , les ré et à gauche, sept chambres contiguës. Les
sallats n 'ayant pas toujours été avantageux , murs, très - épais, sont en granit et parfaite
ni la conservation continuée pendant un ment joints et cimentés. On y trouve aussi
grand nombre d 'années , il paraît certain des silos de petite dimension , de forme carrée ;
que pour atteindre ce but sans tâtonnemens une seule dalle de granit forme le fond ; qua
et sans risques, il est indispensable , avant tre, les côtés ; et l' ouverture supérieure est
de déposer le grain dans les fosses à réserve , fermée par un bloc demême matière et mis
de procéder à son épuration en détruisant ses parfaitement à l'abri par un dallage en pente
propriétés germinatives et les larves d'in qui rejette les eaux .
sectes qui s'y trouvent, et en le desséchant Les Romains avaient aussi des fosses de
parfaitement. réserve pour la conservation des grains
Tout porte à croire que le froment trouvé ( fig . 458 ) ; elles étaient en meulière enduite
dans les silos des Auciens avait subi cette pré- d 'un excellent ciment ; ils en creusaient aussi
paration . On y procédait , chez les Romains, dans le roc comme à Amboise ,mais dans des
sur une plate-forme en communication in - | positions à mi-côte et à des expositions favo
férieurement avec les conduits destinés à rables, afin d 'éviterl'humidité. Cette pratique
chauffer leurs vastes établissemens de bains : se retrouve dans l'Inde, l'Arabie et la Bar .
les grains etendus sur cette plate-forme, et | barie .
324 AGRICULTURE : CONSERVATION DES RÉCOLTES irv. r,
Fis. -158. Sur les terrains trop humides pour élit
creusés, on construisait des tours [imita]
rondes, avec des briques séchées au sclei],
ou du pisé. Le mur, sans ouverture latéral?,
avait une grande épaisseur. Extérieurement,
ces tours etaientrevètues d'un glacis de terre,
et soutenues par des contre-forts qui sup
portaient le toit et les préservaient des cam
pluviales. L'épaisseur des terres des glacis
était suffisante pour garantir le grain de l'hu
midité froide de l'hiver et des grandes cha
leurs de l'été. Ces constructions, souvent ag
glomérées et enfermées dansune même niasse
de terre, présentaient l'aspect d'une colline
couverte de gazon et d'arbustes.
Quel que soit le procédé employé, les Chi
nois ont le plus grand soin que les grains en
fermés dans leurs silos on dans leursgreniers
de réserve soient parfaitement secs.
Sous le terre-plein d'un bastion de lavilli
d'ordres, il existe neuf magasins souterrains,
destinés à renfermer le grain de la garnison
en cas de siège; ou les connaît sous le nom
Dans beaucoup de contrées, et notamment de poires d'Antres. Ce sont des fosses en
en Chine, les cavernes naturelle* lurent les forme de poires, établies en maçonnerie, et
premiers greniers de réserve ; on les remplis qui reposent sur une galerie souterraine; en
sait dans lesannées d'abondance, et ou en fer bas, elles communiquent avec celte galerie
mait l'ouverture avec de gros rochers, de la par un tuyau fermé avec un clapet à char
terre et du gazon. Ces cavernes étaient choi nières et un cadenas , ce qui permet d'eu re
sies dans un sol bien sec et bien compacte, tirer du grain sans déboucher l'ou\erture su
ou plutôt dans le roc sans crevasses ni humi périeure ou d'entrée.
dité, ayant ouverture au nord. — L'intérieur M. de Lasteyme a décrit avec soin les tiht
avait été préalablement tapissé de paille, et de l'Espagne, remarquables par leur solidité
le grain parfaitement séché au soleil le plus et leur bonne disposition. L'une de ces fosses
ardent. Il paraît que du blé a été très-bien avait 10 mètres de profondeur et 1 (je
conservé de celte manière pendant plusieurs diamètre. En Catalogne, on les construit
siècles. dans des terrains à ce destinés, comme les
Souvent on creusait à mi-côte des puits places publiques ou les rues des villes. Dans
nommés Kiar, dans les endroits les plus secs, lerovaume de Valence, on les agglomère dans
et où le terrain avait le plus de consistance. des lieux un peu élevés, on les entoure de
Quand un puits avait la largeur et la profon murs à hauteur d'appui, et on les pave en
deur nécessaires pour contenir les grains larges dalles; les silos sont en pierresde taille
qu'on y voulait mettre, on le remplissait de et recouverts d'une plate-forme inclinée, qui
branchages secs qu'on allumait pour dessé sert à exposer le grain au soleil avant de l'en
cher et durcir les parois. Comme l'humidité fermer. Tous ces silos ont le fond garni, d'a
du fond pouvait encore être à craindre, on bord de fagots, puis de nattes ou de paille,
laissait les cendres de ce qui avait été bridé, ainsi que les parois et la partie supérieure.
et, pour plus grande sûreté, on y ajoutait On a soin de fouler le grain avec les pieds de
quelques pouces de balle de riz bien sèche, temps en temps, et ou augmente la couche
ou on le couvrait de nattes de paille; souvent de paille en raison de l'état plus ou moins
toutes les parois étaient garnies de ces nat humide du sol. Des fosses analogues se ren
tes, ou bien simplement de paille. •— L'ou contrent en Italie, en Sicile, à Malte et dans
verture du puits était d'abord fermée avec le midi de la France.
une natte, sur laquelle on étendait une cou Dans beaucoup de lieux du territoire fra*;
che de 10 à 15centim. de balle de riz ou de çais, on a rencoulré des constructions desti
paille hachée; on couvrait le tout de terre nées à la conservation du blé, et qui dataient
grasse humide, qu'on battait à plusieurs re de diverses époques. Nous ne les citerons
prises pour la rendre plus compacte et em pas, parce qu'elles n'offrent qu'un intérêt de
pêcher l'eau d'y pénétrer. Au niveau du ter curiosité, et nous nous occuperons des expé
rain on ajoutait encore de la terre ordinaire riences les plus récentes. La figure 459 re
pour former un mamelon. présente les silos proposés pari/l. deLastiï-
D'autres fosses avaient lajormed'un cône; rue; il donne à la bâtisse 0 m 40 d'épaisseur,
leurs ouvertures étaient au sommet, ce qui non compris le revêtement intérieur et ex
était un obstacle pour l'introduction de l'air térieur, et il l'entoure de toutes parts d'unf
extérieur, et offrait alors plus de sécurité couche de sable de -10 à 50 cenlim., qui feci-
pour la conservation des grains. Ces fosses lite l'écoulement des eaux pluviales. L<*
étaient aussi plus faciles à fermer; on recou verture estime pierre circulaire dont le bp™
vrait ces ouvertures avec du gazon, que l'on s'ajuste dans une rainure tracée circulai"'"
mettait au niveau de celui qui était à l'en- ment à la partie inférieure d'un couvercle de
tour, en sorte que les dépôts se trouvaient pierre avec deux gouttières à ses extrémités-
cachés et eu sùrelédans les temps de guerres Au-dessous esl une planche qui sert de pre-
ou de troubles. miercouvercle, et le vide est rempli de paill<*i
;hap. 12e. DES FOSSES DE RÉSERVES OU SILOS, 325
Fig. 459. vide était de 55 mètres cubes, pouvant ainsi
renfermer 552 hectol. de froment.
Vers la même époque, l'administration fit
construire d'autres silos à l'hôpital Saint-
Louis et à Vabattoir du Roule. M. de Lacroix
en fit aussi creuser dans le roc, à Ivry. Au lieu
de revêtir les parois de paille, il les fit en
duire d'un mélange d'huile, de cire etdeli-
tharge, d'après le procédé de MM. Thénard
et d AncET. Le grain y est également de
meuré intact pendant quelques années.
Enfin, M. le comte Dejean, pensant que
les substances métalliques étaient les seules
Fig. 4G0. capables de former une enveloppe parfaite
ment imperméable, fit construire à la manu
tention des vivres de Paris, trois cuves en
plomb de 8 mètres cubes de capacité. Placées
au soleil, à l'air libre sous un hangar, et
dans une cave, elles ont également bien con
servé le grain pendant quatre années; leur
inventeur propose donc de mettre le blé dans
des chambres ou caveaux revêtus de feuilles
de plomb. Un moyen analogue avait déjà été
lomme a dû l'être la partie inférieure du mis en usage par les Hollandais, pourle trans
jonlot. Le sol peut être recouvert en dalles. port et la conservation du blé destiné à leurs
La figure 460 représente le plan d'un nombre colonies. Us l'enfermaient dans de grandes
ndétermine de fosses qui seraient réunies caissesde sapin fort épais, doublées de plomb
les unes à côté des autres, ce qui serait éco coulé; le grain y était fortement tassé, le
nomique et offrirait une grande solidité. couvercle parfaitement soudé, et on ne les
Les^silos que M. Terivaux {fig. 461) avait ouvrait qu'au fur et à mesure des besoins. Le
grain s'y conservait très-bien, mais il avait été
| Fig. 461. préalablement épuré et séché.
Les silos qui nous semblent mériterla pré
férence, sous le rapport de l'économie, des
bons résultats qu'on en obtient, et de la fa
cilité de les adapter à tous les terrains et à
tous les climats, ce sont les silos hongrois. Leur
dimension ordinaire est de 2 mètres 30 cent.,
et leur profondeur de 2 mètresGO centim. On
préfère la forme circulaire, qui présente plus
de solidité, à cause de la poussée des terres
{fig. 462). La construction des parois est en
Fig. 462.
^.«Kl
(1) Les machines ù vapeur eniplojces comme force motrice peuvent être du genre des machines
à condensateurs, ou sans condensateurs. Les dernières sont beaucoup moins compliquées et leur con
struction moins dispendieuse ; celles du premier genre sont eu revanche beaucoup plus parfaites.
AGRICUXTUB.E. 44* livraison. TOME I.— 43
338 AGRICULTURE CONSERVATION DES RÉCOLTES. liv. i".
roue dentée, pour mettre en mouvement tou trouve une plate-forme sur laquelle on met
tes les parties de la machine. L'arbre verti le blé parpoignées. Près du tambour est placé
cal engrène la roue dentée qui agit sur le le râteau circulaire, mu par une corde ou la
pignon ; celui-ci communique le mouve nière qui passe d'un côté dans une poulie
ment à l'arbre, qui le transmet à la roue fixée sur l'axe du râteau, et de l'autre sur la
dentée, placéeordinairement dans la grange, poulie fixée sur l'arbre couché qui se trouve
et qui met en mouvement toutes les parties en communication avec l'arbre de la roue
delà machine. La ligure représente une ma mue par l'eau.
chine de Meikle, de la force de deux che La même figure représente aussi le méca
vaux, la plus petite dimension de ce genre, nisme perfectionné du manège. Pour se servir
avec le manège perfectionné. Les chaînes ou à volonté de la force motrice, physique ou
cordes qu'on accroche en bas des linguiè- animale, il suffit de changer la position des
res a b, pour faire marcher la machine, sont pignons. Ces deux forces peuvent même coo
prolongées, dans cet appareil, jusqu'au fût pérer simultanément.
placé sur une barre qui peut tourner dans Dans certaines contrées de l'Angleterre,
un sens horizontal au moyen d'une cheville. des machines à battre transportables sont
Un bout de chaque chaîne est fixé au fut, et, d'un usage assez répandu dans les petites
au bout des deux autres, se trouvent de pe fermes. C'est dans les granges ou en plein air,
tites poulies sur lesquelles passent de dou sans préparations préalables, qu'on les fait
bles chaînes ou cordes. fonctionner. Leur mécanisme diffère un peu
Un des chevaux est attelé h une des extré plus, un peu moins, de celui que nous venons
mités du levier et l'autre au bout opposé ; et, de détailler, suivant les diflérens besoins des
comme les chaînes des deux chevaux sont localités ; ordinairement elles sont mues par
réunies par les poulies mobiles , aussitôt deux chevaux, mais il en existe pour un seul.
qu'un cheval se relâche, l'action de l'autre — Les tarares ne sont pas des parties consti
presse le collier contre ses épaules, et, s'il tutives des machines de ce genre ; mais, au
n'avance pas, il est repoussé en arrière. De moyen de cordes sans fin , tournant sur
cette manière, un cheval est animé par l'au des poulies, on peut facilement se servir des
tre, et, à l'aide de ce mécanisme, le collier tarares simultanément avec les machines a
presse absolument du même poids contre les battre, pour le vannage et le nettoyage du
deux épaules du cheval, malgré le mouve grain.
ment circulafre qu'il parcourt, ce qui est en L'égrenage, exécuté au moyen des machines
core un grand avantage. Mais le résultat le transportables, eut, comparativement, beau
plus avantageux dans Pintérêt de la conser coup plus coûteux que celui exécuté par les
vation de la machine et des animaux, c'est machines fixes; et la différence est quelque
l'égalité du mouvement, qui ne peut être ob fois si grande que, dans certaines localités,
tenue par aucun autre moyen ; et rien ne les machines mues au moyen des bras de
ruine tant les chevaux et la machine que des l'homme sont préférables aux machina
secousses, principale cause des dégradations transportâmes, d'après I opinion du savant
qui interrompent le travail et augmentent auteur de VEncyclopédie d'agriculture. Ce
les frais d'entretien. pendant, d'après le témoignage du même
La figure 478 représente une machine du auteur, le comté de Sulfolk abonde en ma
chiues de ce genre. Il n'est pas rare de voir
Fig. 478. un laboureur industrieux placer ses épargnes
de 30 à 40 1. s. (de 750 à 1000 f.) dans l'achat
d'une pareille machine, qu'il transporte sur
une charrette à deux roues d'une ferme a
l'autre, pour l'y mettre en mouvement par
3 ou 4 chevaux. C'est le fermier qui se charge,
dans ce cas, de l'entretien des ouvriers et
des chevaux, et le propriétaire de la machine
répand le blé devant le tambour et dirige le
service de la machine.
Les machines transportables de Wais, <k
Londres, construites d'après les principes de
Meikle, sont les meilleures dans ce genre.
même système, qui peut être mise en mou Il y en a qui ont des cylindres alimentaires
vement par la force de l'eau, ou par quatre cauuelés, mais il en est d'autres où ces rou
chevaux alternativement ou conjointement. leaux sont remplacés par une traînée sur la
L'eau, comme moteur d'une machine à bat quelle est dispersé le blé pour être égrené par
tre, offre de trop grands avantages sur tout le tambour. Ce dernier mécanisme brise
autre genre de force motrice pour qu'il ne moins la paille.
soit pas rationnel de s'en servir, même, dans La fig.411) est la partie principale d'une ma
les localités où cette force n'est pas conti chine mue à bras d'hommes. Son service de
nuellement suffisante. C'est dans des cas mande 2 hommes el 1 femrae.On s' e* sert pour
pareils qu'on emploie ces machiues, que nous l'égrenage de toutes sortes de céréales dans
décrirons en peu de mots. une petite ferme ; elle est aussi %n usage pour
Sur la circonférence de la roue à eau B, qui l'égrenage du trèfle, du colza et autres meuiis
tourne sur l'arbre se trouvent des engre grains. L'égrenage exécuté par ces petites ma
nages en fer fondu, qui communiquent le chines est aussi parfailque celui desgrandes,
mouvement au pignon fixé sur l'axe du tam mais il n'en résulte aucune économie dans Je
bour. Devant les cylindres alimentaires se travail.
CHAP. 12e.
EGRENAGE AU MOYEN DES MACHINES. 339
Fig. 479. principaux détails de l'économie rurale;
10° l'économie du travail résultant de l'usage
des machines peut être évaluée, terme'moyen,
à 1 shelling par quarter de blé (42 cent, par
hectol.)— A ces avantages nous ajouterons
encore les suivans: 1" de pouvoir employer
utilement les domestiques de la ferme et les
chevaux dans les journées où ils manquent
d'occupation ; 2° de pouvoir profiter des
conjonctures commerciales, souvent aussi
profitables que passagères.
Le prix d égrenage exécuté au moyen de la
machine écossaise dépend des circonstances
Les agriculteurs du comté d&Northumber- locales, trop variées pour qu'on puisse éta
anc! se sont montrés les plus progressifs sous blir un terme précis à cej, égard.
e rapport de l'emploi des machines à battre. Le savant auteur de XEncyclopédie de l'a
)nya construit une machine à battre mue griculture assure qu'une machine écossaise,
)ar une machine à vapeur locomotrice, qui de la force de 8 chevaux , accomplit en une
transporte par la force de la vapeur, d'un journée de 9 heures, y compris le vannage et
indroit à l'autre, la machine à battiy avec lenettoyage,l'égrenagede200à 300 boisseaux
ion conducteur. Cet appareil ingénieux est d'Angleterre (72 à 108 hectol.) de froment et
lesiiné à desservir les petites fermes; il ne d'autres grains en proportion. Un ouvrier in
■e borne pas à I'égrenage du blé et exécute telligent, aidé de deux garçons ou femmes,
lifférens travaux; il pompe de l'eau, il brise est nécessaire pour alimenter une machine
es pierres, etc. de cette dimension ; trois ouvriers pour ôter,
11 n'y a, parmi les agriculteurs de la Grande- botteler et ranger la paille dans la grange,
Bretagne, qu'une opinion sur la gramle utilité et un conductehrde chevaux assisté d'un en
it-s machines à battre et sur la supériorité fant. Le produit de la journée d'une ma
lu système de Meikle sur tous les autres. chine inférieure est évaluée en Angleterre,
>s machines sont- en usage général dans terme moyen, à 54 hectol. de froment.
ouïes les parties du royaume uni, et on les Le revient de I'égrenage, y compris le van
Toit tellement indispensables à toute exploi- nage et le nettoyage, est évalué, en suppo
ation rurale bien organisée, iquc, dans les sant l'usage d'une machine de la force de 8
:oiiilés de Pertb et de Norlhumberlanâ, les chevaux, mue par un courant d'eau, à 12 c.
;rands fermiers n'hésitent pas, d'après le lé- par hectolitre. Ce revient monte dans la pro
nnignagede M. Loi don, à subir les frais d'é- portion de 2 à 3, si la dimension de la ma
ablissement des machines mues par !e vent chine ne .donne pour résultat que 150 bois
lit par la force de six chevaux, qui sont les seaux par journée. L'usage des forces ani
)lus dispendieuses, si le propriétaire leur ga- males pour moteur élève le revient de 11 1/2
anlit la jouissance pour 21 ans. sous par hectolitre, l'entretien de 8 chevaux,
Les avantages qui résultent de l'usage de la avec un conducteur et son aide, coûtant,
■nachine de Meikle sont indiqués par l'auteur terme moyen, danscepays, 35 fr. par journée;
lu Code of Agriculture : 1° le rendement en les ouvriers sont comptés dans ce calcul
jrains est supérieur d'un vingtième; 2° l'o- pour S) schellings (10 francs 18 sous) par
walion est extrêmement expéditive; 3° par journée.
:ette raison elle prévient beaucoup de pré Les prix, de premier établissement sont su
varications ; 4° le blé endommagé par 1 hu jets aux mêmes variations; il est difficile d'é
midité peut être sauvé par ce prompt égre- tablir des principes à ce sujet. La machine
fiage, et en le soumettant après à la dessicca de 1q force de six chevaux est évaluée par
tion dans un four; 5" les machines dounent M. Low à 200 liv. st. (2,500 fr.), et, à son avis,
a facilité de se servir, pour la semence, des chaque ferme de 500 acres (222 1/2 hectares)
crains fraîchement récoltés ; 6° l'usage de ces doit être pourvue d'une machine de cette
ïnachines facilite le prompt approvisionne force.
ment des marchés en cas de disette; 7° les La grande perfection de la machine écos
machines préparent tout aussi bien la paille saise, une fois reconnue dans la Grande-Bre
Dour la nourriture des bestiaux; 8° les ma- tagne, ue pouvait rester confinée dans ce
■lunes facilitent le nettoiement des grains, pays. La Suède, familiarisée avec l'usage des
îotainnjent parce que les petites mottes de machines à battre, est le pays qui, le premier,
erre ne sont pas écrasées par le tambour, ce a profité de l'invention de Meikle. Depuis
|ui arrive quand on se sert des fléaux, et que J802, la machine à battre a été introduite en
e tarare ; en séparant la balle du blé, sé- Pologne; mais elle s'est répandue depuis 1816,
>are en même temps les petites graines des époque du premier établissement d'une fa
nauvaises herbes ; i)° l'usage de ces machines brique de machines de ce genre, dans une
iffranchit les domestiques de ferme et les progression si rapide , qu'avant 1830 il
Hivriersd'un travail dur et pénible, et il rend y en avait, dans le royaume n'ayant qu'une
e fermier indépendant du bon-vouloir de population de 4,000,000 d'habitans, plusieurs
ies ouvriers et domestiques pour l'un des ceutaines (1).
(I) C'est à l'établissement à Varsovie de la fabrique des machines et instrumens d'agriculture surune
:res*grande échelle, fondée et dirigéepar M. Evans et C", et où l'on trouvait une grande quantité de nia-
Aines à battre écossaises et autres, exécutées d'après les meilleurs modèles et de différentes dimensions,
lue j'attribue cet heureux résultat. L'entreprise grandiose et bien combinée de M. Evans a rendu un
mmense service à ce pays, en venant lui donner un actif aiguillon qui u'a pu être égalé nulle part, ni par
340 AGRICULTURE : CONSERVATION DES RÉCOLTES. Lrv. C
C'est par la Suède que cette utile machine le pignon de la roue des batteurs et la rone
est entrée en France. M. le comte de Lastey- dentée qui était montée sur l'axe du cylindre
rie a ajouté aux nombreux services qu'il a inférieur. Il faut 4 manœuvres pour servir li
rendus à l'agriculture française celui d'avoir machine, qui fait le travail de 5 batteurs an
publié la première description circonstanciée fléau, en opérant le battage de 26 à 27 gerbes
de la machine écossaise, d'après uue qu'il par heure. Les essais ont constaté que les
avait vu exécuter en Suède. D'autres savans produits en paille et en blé sont plus beaux
français ont suivi son exemple, en faisant des que par le battage ordinaire.
efforts, non seulement pour faire adopter Nous mentionnerons encore la machine
l'usage de la machine écossaise, mais encore agricole de MM. Mothes frères, de Bordeaui,
pour la perfectionner. MM. Molard, Hof- qu'on a vue fonctionner à l'Exposition des
mann de Nancy, Leblanc , de Dombasle , produits de l'iiidustrieen 1834. Cette machine
Léonard de la Moselle, et Quentin Durand a battre et à vanner les blés, seigles, orges,
ont acquis, par ces essais, de nouveaux titres à avoines et presque tous les grains, simple et
la reconnaissance nationale. Lesmachines éta transportable, au moyen d'une légère modi
blies par ces hommes habiles ne nous sem fication devient propre à couper la paille on
blent que des modifications de la machine l'ajonc épineux, et peut en expédier 250 à
écossaise, ce qui nous engage à ne pas nous 300 livres à l'heure; au moyen d'une autre
y arrêter. modification, elle peut teiller les chanvres et
Nous citerons cependant la petite machine les lins. Cette machine est à cylindres canne
inventée par M. Léonard, parce qu'elle est lés, et renferme un ventilateur qui opère le
une des moins coûteuses et que l'Académie vannage du grain. Elle est mue par une ma
de Metz en a porté un témoignage très-avan nivelle à bras ou par un manège portatif,
tageux; c'estun perfectionnement decelle de également très-simple et perfectionné par
M. Quentin Durand. Elle consiste(^?gr.480) en les inventeurs. Le prix de la grande ma
chine complète est de 1800 fr.; la machine à
Fig. 480. bras seule coûte 700 fr., et le manège à detu
chevaux, propre à toutes machines, 500 fr.
On se sert généralement, dans la Grande-
Bretagne, pour les machines transportables,
du manège mobile, qui se recommande par
sa simplicité et par son bas prix; M. Mol*"»
en a fait la description, etVa encoresimplifie-
On ne saurait contester ses avantages,sous le
rapport du prix et en ce qu'il peut être trans
porté avec facilité et posé presque sans frais,
partout où une force mécanique peut être
employée avec utilité. L'avantage de cet ap
pareil sera relativement plus grand quand
il sera établi dans les provinces méridionales
3 parties principales : la roue des batteurs, un de la France.
système de deux cylindres alimentaires qui Dans la figure que nous donnons de cet
s'engrènent l'un au-dessus de: l'autre, et la appareil {fig. 481), abc sont des pièces de
table nourricière ; celle-ci est un plan incliné
au 10*' environ, de 0 m 50 cent, de largeur, Fig- 481.
sur lequel on place les javelles déliées, pour
être entraînées, entre les deux cylindres ali
mentaires, vers l'action de la roue des bat
teurs ; ceux-ci sont des pièces de bois hori
zontales, parallèles à l'axe autour duquel ils
tournent, et ayant une longueur égale à celle
des cylindres alimentaires ; ils sont au nom
bre de 8 sur une4circonférence de 0 m 33 de
rayon moyen, et posés sur deux cercles en
fer parallèles, armés chacun de quatre bras.
Les deux cylindres ont 20 cannelures. La sé
paration du grain et de la paille s'opère au
moyen d'un tambour fixe à claire-voie établi
sous la roue des batteurs. Telle est la ma bois de chêne, assemblées à mortaises et
chine de M. Durand. M. Léonard y a intro composant les bâtis du manège; rfjaiubes de
duit une amélioration qui consiste en une force, en chêne, maintenues sur la pièce de
grande roue isolée, mue par des manivelles bois a par des pattes boulonnées ; e collier
et transmettant, à l'ai Je de courroies, le mou de l'arbre /: il porte des joues en fer, dans
vement, tant aux cylindres qu'à la roue des lesquelles les jambes de force sont fixées avec
batteurs. De cette manière, on n'a besoin des boulons; g croix en fonte portant des
pour le travail que de la vitesse ordinaire des joues dans lesquelles on fixe à boulons les
manivelles, tandis qu'il en fallait une triple. flèches d'attelage h h : celle crois porte un
M. Léonard a aussi remplacé par des poulies trou carré, dans lequel entre fa tête de Tar
ies sociétés savantes, ni par les exhortations les plus éloquentes des écrivains agronomiques. On se dé
cide facilement à se mettre en possession d'une machine faite et qu'on voit fonctionner; mais on hésite
à commander sa construction, surtout lorsqu'on n'est pas familiarisé avec son usage.
MAP. 12\ ÊGRENAGE AU MOYEN DES MACHINES. 341
>ref, qui est ainsi entraîné dans le mouve- moyen, que 8 heures au lieu de 10 heures, d'a
nent imprimé au bras d'atlelage; i roue près la supposition de M. de Dombasle. Nous
l'angle monlée sur l'arbre f, et menant le pi- appuyons notre opinion de deux observa
niony, moulé lui-même sur l'arbre découche tions : 1° que le travail du manège est trop
:; /crapaudine dans laquelle tourne l'arbre fatigant pour que les chevaux puissent le
ertical/V m coussinet faisant corps avec la prolonger 5 heures durant, sans relâche;
Tapaudine /, et recevant le bout de l'arbre 2° le battage au moyen des machines se fait,
le couche k; nn sont les deux autres coussi- la plus grande partie, en hiver et pendant le
îels qui soutiennent le même arbre; o pont mauvais temps, où lemanque de lumière rac
n bois sur lequel passent les chevaux. La courcit les heures de travail. Celle réduction
■oue i porte 56 dents, le pignon y en a t8; le est au moins applicable à la partie septen
■apport de vitesse de la roue au pignon est trionale et au centre de la France.
lonc à peu près comme 1 est à 3. La flèche Les suppositions suivantes sentent de base
l'attelage étant de 10 pieds, et le pas du che au calcul approximatif de M. de Dombasle:
nal de 3 pieds par seconde, il parcourra la 1° Le prix primitif de la machine est sup
:irconférence en moins de 21 secondes, et fera posé être de 2,000 fr.
'aire dans le même temps une révolution à la 2° Il n'est question dans ce calcul que du
•oue i, et trois révolutions au pignon /'. L'ar- froment, et M. de Dombasle part du prin
>re /aura donc une vitesse deneuf tours par cipe que le produit du battage, pour la quan
u in u te environ. tité des grains, est dans une proportion in
Pour décider l'agriculteurfrançais à préfé verse avec leur prix vénal ; le produit de
rer la machine écossaise, en abandonnant l'avoine est à peu près double du produit en
es anciens modes de battage, il faut le con- froment. <
vaincre avant tout que ce moyen mécanique 3" Cinq pour cent comme intérêt du capi
est plus économique que les autres. Tous tal de premier établissement est mis annuel
les agriculteurs éclairés ont senti l'im lement à la charge du battage."
portance de cette question, et plusieurs 4° Idem deux et demi pour cent pour cou
ont taché de la résoudre d'une manière satis vrir les frais d'entretien et du renouvellement
faisante. M. de Dombasle s'en estoccupé par partiel.
ticulièrement, et avec autant de conscience 5° Il est supposé que la ferme fournit par
;t d'impartialité que de discernement; mais, campagne 20,000 gerbes au battage, et que
;n même temps, il a senti et avoué la diffi la machine égrène 100 gerbes par heure, en
culté d'établir une comparaison concluante occupant 4 chevaux et 5 ouvriers. Le prix du
snlre les différens modes de battage, sous le travail du premier ouvrier est évalue à 25 c.
rapport économique. Le résultat de l'égrc- par heure, et à 12 c. 1/2 par heure le travail
nage, au moyeu de la machine écossaise, dé de chacun des 4 autres ouvriers. Le prix du
pend de tant de circonstances presque insai travail des chevaux est éval né à 25 cent, l'heure
sissables, telles que du degré de perfection par cheval.
de la machine employée, de sa dimension, de 6° Les 150 francs pour l'intérêt du capital
l'adresse des ouvriers qui la servent, de la de l'établissement de la machine et de son
disposition de la grange, plus ou moins con entretien, répartis en 200 heures de travail,
venable à l'action de la machine ; du nombre donnent pour résultat 75 cent, par heure.
des journées durant lesquelles on se sert de Ces suppositions admises, le montant des
la machine dans le cours d'une année; de dépenses d'une journée de 8 heures est de
l'occasion d'utiliser d'une autre manière le ma 14 f. 75c, et comme 8 heures sont supposées
nège attaché à la machine, pendant que celle- devoir suffire à l'égrenage de 800 gerbes, dont
ci chôme, etc., qu'il n'y a peut-être pas de lo le produit en grain, à raison de 5 hectolitres,
calités où le battage au moyen des machines est supposéde 40 hectolitres, l'égrenage coûte
puisse présenter les mêmes résultats sous le 36 fr. 35/40 par hectolitre.
rapport économique. Le prix proportionnel du battage devient
Cependant M. de Dombasle, pour sortir plus considérable si 100 gerbes ne rendent pas
du vague, ou plutôt pour servir de guide aux 6 hectolitres de grains. De même les frais
agriculteurs dans l'appréciation des frais de grossissent proportionnellement si la ferme
battage au moyen des machines, a formulé un fournit au battage moins de gerbes que la
calculapproximalif que nous n'hésitons pas quanlité supposée.
à présenter à nos lecteurs, puisque nous le Les deux tableaux suivans sont le résultat
trouvons analogue à notre expérience ; avec des calculs approximatifs basés sur les sup
la seule modification qu'à notre avis ou ne positions ci-dessus indiquées, en comptant
peut compter, pour une journée, terme 10 heures de travail par journée.
fr. 0- fr. r.
' On appelle généralement chemins vicinaux nécessaires pour faire de bonnes réparations,
tous les chemins qui ne sont pas compris avec toute l'économie qu'exigent les chemins
dans les classemens des routes royales et dé vicinaux, à raison de la modicité des res
partementales. L'utilité et l'importance de sources que les communes rurales peuvent}
ces chemins étant très-variables, il convient appliquer. D'où il suit que les travaux étant
d'établir des dénominations différentes pour souvent mal faits et ne durant pas, les inté
ceux qui ne servent qu'à établir des commu ressés, persuadés que pour faire mieux il
nications entre de simples communes ru faut des moyens pécuniaires bien supérieurs
rales, que l'on peut nommer chemins com à ceux dont ils peuvent disposer, se découra
munaux, et pour les chemins qui traversent gent et renoncent à toute amélioration.
la majeure partie d'un canton , ou qui, étant Si cette opinion était fondée, ce serait en
utiles à la fois à plusieurs communes, condui vain qu'on s'occuperait de lois et de régle-
sent à une ville, à un chef-lieu de canton, ou mens; car, quelle que soit leur perfection, ils
à une route classée, et méritent par là le nom seraient im|juissans pour l'amélioration des
de chemins cantonnaux ; les chemins qui ne chemins vicinaux, s'il était véritablement
servent que pour l'exploitation des champs, impossible de l'obtenir avec les ressources
se nomment chemins ruraux. existantes. La condition essentielle pour at
teindre ce but est donc de prouver que cette
ART. Ier. — Des chemins cantonnaux et commu amélioration n'est ni aussi difficile ni aussi
naux. dispendieuse qu'on le croit généralement;et
qu'en suivant de bons procédés, en les ap
Le premier soin à prendre pour parvenir à pliquant avec intelligence et persévérance,
remédier au mauvais état de la plupart des on peut, avec les moyens dont disposent la
chemins vicinaux est d'en rechercher les plupart des communes, parvenir en peu d'an
causes; il y en a deux principales. nées à assurer une bonne viabilité sur tous
La première consiste dans l'insu/fisance et les chemins vicinaux.
les défauts de la législation actuelle. Les Le défaut de succès de la plupart des ten
Chambres s'en occupent maintenant; on doit tatives faites jusqu'à ce jour est dû, surtout, a
espérer qu'elle sera améliorée de manière à ce que très-peu de personnes se sont occu
rendre plus facile l'application des moyens pées sérieusement de cet objet, et à ce qu'il
d'exécution , et on se bornera à dire ici que n'existe aucun traite ni ouvrage dans les
l'équité veut que les charges extraordinaires quels on trouve de bonnes instructions pra
3m ont pour but les travaux d'amélioration tiques, faciles à comprendre et à appliquer
es chemins vicinaux,et les charges annuelles par des personnes étrangères à l'art de l'in
relatives à leur entretien, portent principa génieur.
lement sur les personnes auxquelles ils ser Les méthodes d'exécution et d'entretien
vent le plus, et dans la proportion de l'usage des routes royales et départementales ne
qu'elles en font, soit pour des services habi sont point applicables aux chemins vicinaux.
tuels, soit pour des transports extraordi 11 faut pour ces chemins des procédés sim
naires et temporaires de bois, de matériaux ples et économiques, qui permettent d'amé
de constructions, de minerais, ou de produits liorer peu-à-peu et progressivement, suivant
de fabriques, d'usines, etc. les moyens disponibles, sans cependant in
La seconde cause est l'absence presque gé terrompre jamais la viabilité. Il serait fort
nérale, dans les campagnes, des connaissances difficile, et peut-être impossible, de satisfaire
spéciales et de l'expérience pratique, qui sont à ces conditions, en suivant le système ordi
:hap. 13e DES CHEMINS CA.NTONNAUX ET COMMUNAUX. 345
îaire des travaux de routes; mais, heureuse- pente, le meilleur moyen, quand H n'y a pas
lient, l'arl de les exécuter et de les entrete- d'empierrement, est de soulever et de divise
îirafaitdes progrès, et plusieurs des nou les terres à déblayer avec des charrues, en
velles méthodes peuvent être appliquées avec employant les plus fortes du pays ; puis on fait
>eaucoup d'avantage aux chemins vicinaux. enlever les terres ainsi mobilisées avec des
Vous allons les faire connaître, et donner tombereaux ou des brouettes, suivant les dis
es instructions nécessaires pour faciliter tances des transports. Quand il y a d'anciens
eur application. empierremens, il faut commencer par arra
cher les pierres à la pioche, et les mettre en
§ Ier. — Tracé et règlement des pentes. réserve pour servir plus tard à la formation
de la chaussée.
Quand des déblais sont considérables, il y
Avant de s'occuper de l'amélioration du a un grand avantage à employer pour leur
iervice d'un chemin vicinal , il faut régler sort transport le tombereau mécanique, inventé ré
racé et ses pentes , sans quoi les travaux d'a- cemment par M. Palissard (fig. 485). Ce tom-
nélioralion seraient à recommencer sur les
larties qui éprouveraient des changemens Fig. 485.
lu' la suite, quand on voudrait faire dispa-
■aitre des vices de tracé ou des pentes trop
bries. On ne peut donner ici des règles poul
ies sortes de rectifications, parce qu'elles
lécessiteraient des explications très-éten-
lues et une sorte de cours. D'ailleurs, ces
>pérations exigent, pour être bien faites,
'intervention d'un homme de l'art, qui doit
ivoir l'instruction et l'expérience nécessaires
jour lesbien exécuter; nous nous bornerons,
:n conséquence, à indiquer les principes
généraux.
Le premier doit être d'arrêter les direc-
;ions et le tracé des chemins, en adoucissant
'es angles et les courbes trop brusques, en
itilisant le plus possible les largeurs exis
tantes, mais sans jamais admettre une lar
geur moindre de six mètres, qui est le mini-
ii uni fixé par la loi du 9 ventôse an 13 (1).
Le trace étant arrêté, on doit le fixer par bereau, formé d'une caisse mobile à bord
•les fossés ou rigoles, et, quand on ne peut en tranchant, montée surdeux roues, estdisposé
établir, par des bornes. Ou inviterait ensuite de manière que la caisse se charge d'un tiers
es propriétaires àjborder ces chemins par de mètre cube, par l'action du tirage des che
ies plantations; on ne peut les y obliger, vaux; celte caisse, suspendue à l'essieu, étant
mais seulement les y engager. relevée par l'action d'un levier que fait mou
Pour prévenir les erreurs et les anticipa- voir le conducteur, est transportée immédia
ions, les propriétaires riverains doivent pré tement par les mêmes chevaux, et se décharge
venir le maire de leur commune de l'inten au remblai sans aucun arrêt, par l'échappe
tion où ils sont de planter, pour qu'il leur ment du fond qui s'ouvre et s'abat lors
fasse connaître la limite du caeinin, et les ali- que le conducteur tourne le crochet qui le
jnemens à suivre. retient. Il résulte de plusieurs expériences
Après la fixation du tracé, l'objet le plus comparatives faites à Paris et dans plusieurs
important est le règlement des pentes : on doit départemens, que, pour des distances de 50
i'occuper de les adoucir, et surtout de faire à 100 mètres, les chargemens et transports
disparaître les contre-pentes, c'est-à-dire les faits avec le tombereau mécanique, donnent
montées suivies immédiatement d'une des- une économie de plus d'un tiers sur le même
:ente, parce qu'il y a double inconvénient, et travail fait avec la brouette, et que pour les
jue ces contre-pentes se trouvant ordinaire transports plus éloignés, le travail du tom
ment dans des terrains un peu montueux, il bereau mécanique présente une économie
irrive presque toujours qu'elles sont suivies des deux tiers pour les distances de 100 à 200
je bas-fonds, et qu'il est alors facile et dou- mètres, de moitié pour les distances de 200
ilement avantageux de couper, ou au moins à 400 met., et d'un tiers pour celles de 400 à
i'abaisser leur sommet, en faisant servir les 600 met. Au-delà de cette dernière distance,
iéblais qu'ils donnent, à remplir ces bas- il n'y a plus d'avantage à employer cet ins
l'onds; alors on améliore la route pour tou trument, parce que le bénéfice que procure
jours, à peu de frai». son moyen spécial et rapide de chargement
Pourfaire les terrassemens qu'exigent lesre- et de déchargement est plus que compensé
Jressemens de tracé, ou les rectifications de par l'infériorité de la charge, qui n'est que
(1) Le meilleur document à consulter par les sous-préfets et par les maires, relativement à la propriété
ies chemins vicinaux, aux anticipations , aux usurpations, à la fixation de leurs limites, aux fossés
:t plantations, aux mesures à prendre p:>ur leur amélioration, leur entretien, leur conservation et
eur police, est l'Instruction ministérielle du 7 prairial an 13 sur l'application des lois des 9 ventùsu
tn 12 et 9 ventôse an f 3, et t'expose des dispositions résultantes des lois et instructions sur cette ma
tière, qui se trouve dans le Code de voirie de Fleurigeon, pag. 378 et suivantes.
AGRICULTURE. w* livraison* TOME J, —44
346 AGRICULTURE : COMMUNICATIONS VICINALES ET RURALES. UT. f
d'un tiers de mètre cube, tandis que le tom dès qu'elle la perd, soit par la trituration qi
bereau ordinaire à un cheval porte 4 la réduit en poussière, dans les temps sec
dixièmes de mètre cube(l). soit par la pénétration des pluies qui l'amo
En général, il faut, autant que possible, lit, elie se rouage et devient incommode poi
jfexécuter les terrassemens de chemins qu'au les voitures ; d'où il suit que pour avoir di
printemps ou dans le cœur de l'été, et jamais chemins d'une résistance durable et d'u
en automne, pour leur donner le temps de roulage facile, il importe surtout de les pn
se tasser et de s'affermir avant la mauvaise server de ces deux causes de destructioi
saison; autrement on risque de rendre le Pour y parvenir, il faut empêcher les eaux c
chemin impraticable pendaut l'hiver. Il im- les pénétrer, et couvrir le terrain de sul
Îiorte aussi de faire ces terrassemens dans stances capables de résister à l'action d<
es circonstances les plus favorables aux la roues.
bours, c'est-à-dire lorsque les terrains, assez Les eaux ne pénétrant la terre que quan
profondément trempés par les pluies, com elles peuvent y séjourner quelque temps, :
mencent à sécher à la surface. premier soin à prendre pour éviter cette pi ■
Il est encore un soin important à prendre nétration si nuisible, est de faire en sorte qi :
quand on fait des terrassemens de routes, jamais l'eau ne reste sur le chemin. Pot ■
c'est Remployer la terre la plus grasse au cela il faut lui donner un bombement qui pei t
fond des remblais, ou sur leurs talus, et de varier du vingtième au cinquantième de 1 1
ne mettre au milieu, et surtout en couche su- largeur, selon la nature du sol et sa peut.
Îiérieure, que les terres sèches, les sables et Mais, comme il est toujours un peuiocon-
es graviers. niode, il ne faut lui donner que l'élévatioi
Pour satisfaire à ces conditions, il faut, indispensable pour l'écoulement des eaux ;
avant de faire le déblai, en reconnaître la na ainsi, quand le terrain est ferme et difficili-
ture par des fouilles, des tranchées latérales, ment perméable, on peut se borner au m -
ou quelques trous de sonde. On commence nimum du cinquantième- De même, quand la
le déblai par les parties les plus glaiseuses, pente longitudinale du chemin est un peu
ou les plus grasses, pour les porter en pre forte, c'est-à-dire quand elle excède 4 centmi.
mière couche au fond des remblais ; ensuite, par mètre (ou un pouce et demi par toise), on
on met en seconde couche les terres mélan peut aussi se borner à ce minimum, parce
gées, de qualité médiocre, puis par-dessus, qu'alors la pente en long concourt en même
en dernier lieu, les terres sableuses ou gra temps que la pente en travers, à empêcher la
veleuses, les graviers et les pierrailles. Si on stagnation des eaux. Mais, quelle que soit 11
trouve des marnes dans les déblais, il faut pente, il faut toujours du bombement, sans
examiner si elles sont grasses ou sèches; les quoi les eaux, en suivant la route sur une
marnes grasses seront mises au fond, les grande longueur, la ravineraient bientôt, tan-
marnes sèches et la craie devront, au con disque par l'effet du bombement elles se dé-
traire, être conservées en dernière couche, jetlent obliquement, de chaque coté, dans
Îiarce qu'elles forment le meilleur fond pour les fossés ou les rigoles qui bordent le chemin,
'établissement d'une chaussée d'empierre ou sur les terrains voisins lorsqu'il est en
ment ou en cailloutis : les terres végétales remblai.
doivent être réservées pour le recouvrement IL Du tassement. — Le bombement étant
des talus des remblais, afin de favoriser la formé, soit qu'on veuille ou non le recou
végétation qui les consolide. vrir d'une chaussée, il faut le bien tasser,
Il faut avoir soin de tasser les remblais ; pour lui donner la force de résister à l'ac
pour cela il faut les étendre toujours par tion des roues, et pour le rendre plus diffi
couches horizontales de 2 pieds au plus de cile à pénétrer par les eaux. Le moyen le
hauteur, et faire passer les voitures égale meilleur et le plus économique d'opérer ce
ment partout. Quand ils sont faits, on doit les tassement est de faire rouler le chemin avec
laisser tasser avant d'y commencer les chaus des cylindres de grande dimension et d*un
sées : pour que le tassement soit complet, il grand poids. La grandeur du diamètre rend
faut attendre au moins trois mois, et surtout le tirage plus facile, et, pour que le tasse
qu'ils aient éprouvé une saison de pluie ; si ment soit sulfisant pour résister au roulage,
on était obligé de livrer passage sur des il faut que le poids du cylindre soit plus con
remblais avant d'y faire une chaussée, et à sidérable que la charge d'une voiture, parce
plus forte raison si on ne devait pas en exé qu'il porte sur une plus grande surface à la
cuter, il faudrait leur donner un bombement fois.
assez prononcé, et l'entretenir avec soin. On fait ces cylindres facilement et à peu de
frais en fixant, au moyen de fortes chevilles
§11. — Travaux d'amélioration sur les chemins et de deux cercles en fer, de forts madriers
convenablement réglés. sur les jantes d'une vieille paire de roues
montées sur un long essieu (Ji'g. 486). On rem
I. Bu bombement. — Pour se former une plit la cavité de ce cylindre entièrement avec
juste idée des conditions à remplir pour obte de la terre bien tassée, et, quand on veut le
nir de bons chemins, il suffit de remarquer rendre très-lourd, avec des pierres qu'il faut
qu'un terrain suffisamment tassé et bien sec, garnir de terre mouillée, en guise dr mor
supporte sans enfoncement les plus lourdes tier, pour les empêcher de se mouvoir. Les
voitures, et qu'elles y roulent facilement tant brancards se placent en dehors du cjlindre
que la surface conserve sa fermeté; mais que, et sont attachés à l'essieu par des colliers ea
^1) Pour voir le tombereau mécanique, ou pour en acheter, on peut s'adresser à M. Cassasol, rueCo-
quillière, à Paris, et à M. Bouton, à Latitc, par Rieux (Haute- Garonne;-
CHAP. 13e. DES CHEMINS CANTONNAUX ET COMMUNAUX 347
Fig. 486. pénétrer ces matières dans un sol humide,
augmente beaucoup sa fermeté et son im
perméabilité.
Quand on n'a pas de sable ni de gravier,
on peut encore employer utilement en recou
vrement une espèce de terre que l'on peut
désigner sous le nom de terre dure. C'est
celle qui est composée de sable ou de gra
vier , mêlé naturellement et intimement
avec une petite quantité d'argile; cette es
pèce de terre compacte acquiert, surtout
quand elle est tassée, une grande dureté, et
forme des chemins qui, sauf pendant les
temps de longues pluies et de dégels, sont
presque aussi résistans que ceux qui ont des
chaussées, et sont bien plus économiques.
En effet, les terres dures coûtent bien moins
que la pierre; elles ne s'usent presque pas,
et il suffit, pour les raffermir, de les régaler et
de les rouler après les pluies. Les terres pro
pres à cet usage se reconnaissent ordinaire
ment par leur résistance à l'action de la
pioche quand elles sont sèches, et par la fa
'er fixés solidement sur les faces de ces bran- cilité avec laquelle elles se maintiennent ver
:arels ; une forle traverse les réunit en avant ticalement sans talus et sans éboulemens.
lu cylindre. On prolonge ces brancards en Un chemin vicinal exécuté simplement en
irrière de l'essieu pour leur faire porter des terre, avec les soins et les précautions qu'on
:ontrepoids, mais on ne leur fait pas dépas vient d'indiquer, c'est-à-dire recouvert, lors
ser le cylindre, et on ne met pas de traverse qu'il est humide, d'une couche de sable, de
)ar-derrière, afin de pouvoir faire tourner gravier ou de terre dure, et fortement com
ebrancardà volonté sur l'essieu, de l'avant primé, est bien résistant et presque aussi bon
i l'arrière. qu'une chaussée en cailloutis, tant qu'on ne
Cette manœuvre est nécessaire pour les le laisse pas pénétrer par les eaux, et qu'on
■etours, parce que pour bien tasser, il faut n'y laisse pas former d'ornières profondes,
'épéter lesroulemens plusieurs fois de suite; ce qui est facile. Pour l'entretenir et le répa
't, comme le frottement du cylindre sur le rer, il faut éviter d'entamer sa surface à la
ol est considérable, il est difficile de le faire pioche, car alors on l'ameublit et on la rend
ourner surplace; il vaut mieux, au bout de plus perméable; il vaut beaucoup mieux em
:haque course, dételer les chevaux et faire ployer, pour réparer et pour entretenir ces
ourner le brancard sur l'essieu pour atte- chemins, le même moyen que l'on a employé
erde nouveau du côté opposé. Si, cependant, pour l'établir, c'est-à-dire le cylindre de com
m aimait mieux (jaire tourner le cylindre, on pression.
e peut facilement; mais, pour éviter de gâter Lorsque les ornières ne font que commen
e chemin par le frottement, de forcer les cer à se former, en roulant quatre ou cinq
irancards et de fatiguer les chevaux, il faut fois le chemin après des pluies, on efface ces
e servir d'un petit madrier de deux pieds de traces et on raffermit complètement le sol.
ong sur un de largeur, un peu bombé dans Cette opération étant facile et très-peu dis
on milieu. On le place en avant du cylindre pendieuse, on peut la répéter assez fréquem
[ue I'od fait) monter dessus, et alors on le ment, et par là maintenir un chemin en
ait tourner facilement comme sur un pi- terre constamment en bon état.
ot (1). III. De l'écoulement des eaux. — En
Pour que le cylindre de compression pro- donnant un léger bombement aux che
luise tout son effet, il faut l'employer lors- mins, on empêche les eaux d'y séjourner, et
|ue le terrain est pénétré d'humidité et que on les rejette à droite et à gauche; mais cela
a surface commence à sécher, c'est-à-dire ne suffit pas, car si elles s'arrêtaient sur les
ti'ii faut rouler quelques jours après la ces- cotés, elles pénétreraient latéralement et
ation d'une pluie de quelque durée. Alors amolliraient bientôt le sol; il importe donede
n obtient, en roulant nuit à dix fois chaque s'en débarrasser complètement. Telle est la
orlion de route, un terrain très-uni et Irès- destinaiion ordinaire des fossés, qui servent
ésistant, sur lequel l'eau glisse, et qu'elle à assainir les routes et à recueillir ou à écou
e peut pénétrer que difficilement et après ler les eaux pluviales. Mais les fossés, tels
e longiH-s pluies. que ceux qui bordent ordinairement les
Quand on ne peut pas établir immédiate- grandes roules, conviennent peu aux che
îent une chaussée, il faut, avant de rouler, mins vicinaux; ceux qui forment réservoir
ouvrir le sol d'une couche d'un pouce envi pour les eaux ne valent rien, surtout pour
ai] tle sable, de gravier ou autres substances les chemins étroits; car, comme nous ve.
nalogues ; la pression du cylindre faisant nons de le dire, les eaux qui séjournent sur
(I) On trouve des dessins de cylindres de compression en bois et en fonte, et des explications plus
écaillées sur leur construction et leur service, dans un Mémoire de M. Polonceau sur l'amélioraiion
es chaussées eu cailloutis et des accottemens des routes, publié récemment chez Carillian-Gceury,
uai des Augustins, 41.
»48 AGRICULTURE COMMUNICATIONS VICINALES ET RURALES, uv. i«.
les côtés des chemins pénètrent bientôt le rages trop fréquen», on peut employer dem
sol et l'amollissent. D'ailleurs, l'emplacement moyens ; le premier est de former, à proxi
de ces fossés, qu'il faut faire larges pour les mité des puisards, des bassins de dépôt de 2
rendre propres à cet usage, est un terrain ou 3 pieds de profondeur; on fait commuai
perdu, et ils 6ont en outre un obstacle pour quèr les rigoles avec ces réservoirs; leseam
les communicalionsavecles terres riveraines; perdant leur vitesse, y déposent la plus
il vaut donc mieux écouler les eaux que de grande partie de leur limon, et sortent beau
les arrêter dans des fossés formant réser coup moins chargées, par une ouverture peu
voirs. On ne doit faire des fossés proprement profonde, qui forme déversoir de superficie,
dits, le long des chemins vicinaux, que et qui communique avec le puisard. Le se
comme moyen d'assainissement, dans les ter cond moyen d'éviter les curages fréquenset
rains bas et pénétrés d'eau ou marécageux. surtout l'engorgement des puisards, est de
Dans toutes les autres parties, quand le che garnir leurs fonds de pierres. On met les pins
min est au niveau des terrains voisins ou plus grosses au fond, on les couvre de pierres
bas qu'eux, ilsuffit d'établir de petites rigoles moyennes, puis de petites, et enfin d'un lit
évasées et peu profondes, dirigées suivant de gravier ou de sable. De celte manière, les
les pentes du chemin. Quand cette pente est eaux n'arrivent au fond que filtrées, et ne
modérée, il n'y a pas de difficulté; mais il fieuvent jamais engorger. Il suffit alors d'en-
peut y en avoir quand le terrain sur lequel ever de temps en temps le limon, et de re
est assis le chemin a trop ou trop peu de nouveler deux ou trois fois par an le lit de
pente ; s'il en a trop, les eaux ravinent; s'il sable ou de gravier. Le mieux est de réunir
en a trop peu, les eaux séjournent. Nous al les deux moyens, c'est-à-dire d'établir les
lons indiquer les mesures à prendre dans bassins de dépôt et les filtres en pierres gra
ces deux cas. duées dans les puisards.
Lorsqu'un chemin est situé dansune plaine Léserais de curage des bassins et puisards
ou sur un plateau, on ne peut le dégager des ne doivent rien coûter, car les limons qu'os
eaux qu'en donnant aux rigoles une pente ar en retire sont ordinairement de bons engrais
tificielle. Pour cela on partage la partie de que les propriétaires riverains doiveDt re
niveau en deux ; on établit l'origine des ri cueillir volontiers pour les utiliser.
goles au point de partage, en ne creusant que Quand la pente des rigoles est assez forte
très-peu au-dessous du bord du chemin : on pour que les eaux creusent et ravinent, il
augmente successivement la profondeur de faut les paver en forme de ruisseaux, avec les
ces rigoles, à mesure qu'elles s'éloignent du pierres du pays {fig. 488 ) ; ou bien, quand la
milieu, jusqu'au point où on peut les déver
ser sur les terrains voisins. Comme on peut
donner jusqu'à 3 pieds de profondeur h leurs
extrémités, on parvient aisément, par ce
moyen, à assainir des parties horizontales
de 5 à 600 mètres de longueur [fig. 487 ).
Fig. 487.
%
CHAP. 13' DES CHEMINS VICINAUX. S55
instrumens, ils peuvent toujours s'achever leurs chemins vicinaux, surtout en considé
dans les circonstances les plus favorables rant qu'elle leur procurera sur les frais or
pour leur bonne exécution et pour leur durée, dinaires de main-d'œuvre une économie an
c'est-à-dire quand la terre n'est ni trop hu nuelle, supérieure au montant du premier
mide ni trop sèche ; et il résulte encore de la déboursé.
célérité du travail ainsi fait, qu'il suffit de Les communes qui n'auront pas de revenus
quelques jours de surveillance, et que les dé suffisans pour faire cette dépense, pourront
gradations n'ont pas le temps de s'accroître s'entendre facilement avec des communes voi
d'un côté pendant qu'on répare de l'autre, sines, pouravoir en commun des instrumens
comme il arrive fréquemment dans les tra qui serviront successivement à chacune d'el
vaux à la main, qui, a raison de leur lenteur, les, pendant un nombre de jours déterminé
se fout souvent en temps contraire, et exi dans chaque mois; en outre, quelque pauvre
gent une surveillance continuelle. Il faut en que soit une commune, il s'y trouve presque
core remarquer que d.ins les travaux exécu toujours des propriétaires riches, ou du moins
tés avec des instrumens conduits par des aisés, qui, possédant ou cultivant de grandes
chevaux, on a bien moins à redouter les per étendues de terre, sont plus intéressés que
tes de temps et la paresse, parce que géné les autres habi (ans au bon état des chemins
ralement l'homme craint beaucoup moins la vicinaux ; et il y en aura sans doute d'assez
fatigue pour ses chevaux que pour lui-môme, éclairés pour reconnaître qu'il leur sera vé
et aime mieux donner un coup de fouet, qu'un ritablement avantageux de faire exécuter à
coup d'épaule, ou un coup de pioche. leurs frais des cylindres et des chevrons,
Il y a donc à la fois avantage pour la qu'ils emploieront à leur propre usage, pour
bonne exécution et bénéfice à employer des leurs chemins particuliers d'agrément ou de
instrumens. Nous ajouterons que nous ne culture et pour le roulage de leurs terras, et
concevons pas la possibilité d'entretenir à alors ils pourront les prêter ou les louer, pour
peu de frais des chemins en terre constam les travaux de la commune. On vient dédire
ment en bon état, autrement qu'en y em que ces cylindres peuvent être employés au
ployant des moyens mécaniques; eu effet, roulage des terres; en effet, avec leur poids
l'inconvénient principal de ces chemins est simple, sans charge additionnelle, ils valent
de s'amollir par les temps humides et de se beaucoup mieux que les rouleaux, toujours
rouager alors facilement; et comme les or trop légers , qu'on emploie ordinairement
nières qui sont d'abord des effets de cet amol pour rompre les mottes et pour tasser les,
lissement, servant de réservoirs aux eaux, terres légères ou les prairies. Pour rendre
deviennent bientôt elles-mêmes des causes les cylindres propres à ce service, il faut^
très-actives de l'accroissement du mal, le comme on vient de le dire, enlever la charge
seul moyen de l'arrêter est de combler supplémentaire intérieure, qui n'est néces
les ornières dès qu'elles se forment: le tra saire que pour les chemins ; alors ils peuvent,
vail à la main est trop leut et trop cher, et à raison de leur grand, diamètre, être tramés
d'ailleurs il n'opère le comblement des or partout facilement avec deux chevaux, et foqt
nières qu'avec de la terre divisée et ameublie, un excellent travail. (Quelques cultivateurs de
3 ne l'eau péuètre et que les roues repoussent la Brie ont déjà adopté ces cylindres for-,
e nouveau, en y enfonçant avec la plus mes a^yee de vieilles roues.)
grande facilité, tandis que le cylindre de Quand on veut appliquer les cylindres al
compression tasse immédiatement la terre ternativement à ces deux services différens,
refoulée et efface les frayés (ce qui est utile au lieu de faire le chargement supplémentaire
pour empêcher les chevaux de suivre toujours en remplissant l'intérieur de terre ou de
la même voie), et qu'il aplanit et raffermit pierres, pour rendre le chargement et le dé
m même temps tout le soi du chemin. chargement plus faciles, on supprime les
La conduite de ces instrumens n'exige au- deux fonds du cylindre et on forme le poids
:un apprentissage, carie chevron s'attèle et additionnel avec des troncs de bois dur ou
>e traîne comme la herse, et le cylindre s'at- des pierres longues, ou bien encore avec des
èle et se conduit comme une voiture lourde saumons ou de vieux tuyaux en fonte, qu'on
lui tournerait difficilement, c'est-à-dire qu'il passe dans les rais des deux roues, et qu'on
raut seulement éviter de tourner court; ce- fixe en enveloppant les extrémités saillantes
sendant, quand on y est obligé, on le peut hors des rais avec des cordes serrées au
încore facilement en faisant monter le cy- moulinet {fig. 492). .
indre sur une planche, ou sur une pierre Fig. 492.
jlate, ou sur un petit monceau de sable, sur
esquels il pivote facilement (1).
Quant à la dépense première, elle n'est
>as très-considérable; un cylindre de com
pression, de 2 mètres de diamètre, peut coû-
er de 5 à 600 francs, un chevron 50 francs, et
eur entretien est peu de chose. Il y a assuré-
nent peu de communes qui ne puissent faire
retle dépense, pour un objet d'une aussi
;rande importance que l'amélioration de
(1) Sur huit ou dix voituriers pris au hasard pour conduire les deux premiers cylindres de compreg-
ion que nous avons employés, d'un mètre et demi de diamètre, pesant 4,000 kilog.,ct l'autre de Ijmèt.
le diamètre, pesant 6,000 kilog., et qui ont été employés à Versailles, à Orsay, a Gometz, et récem-
aent à Paris, sur la chaussée, du pont du Carrousel et aux Champs-Elysées, aucun n a éprouvé de diff
iculté à manœuvrer ces cylindres.
356 AGRICULTURE : COMMUNICATIONS VICINALES ET RURALES LIV. I"
Les communes qui ont des revenus suffi-
sanset les propriétaires riches,feront encore Art. iv. — Des inspecteurs-Foyers.
mieux d'acheter des cylindres en fonte, qui
coûteront de 12 à 1500 francs, et qui, étant Nousavonsobservéque pour arriver prorap-
farnis sur les côtés de fonds pleins, fermant tement et sûrement à l'amélioration générale
ermétiquement, se chargent en les remplis des chemins vicinaux et pour assurer l'emploi
sant d'eau, et se déchargent par son simple utile des sommes et des efforts qui y sont
écoulement (Jig. 493 ). consacrés, le meilleur moyen élait de confier
Fig. 493. la direction et la surveillance des travaux et de
l'entretien à des inspecteurs ou conducteurs-
voyers capables de diriger les travaux de ces
chemins avec les soins et l'économie qu'ils
exigent, et d'exercer une surveillance active
et constante ; parce que ce n'est qu'en répa
rant les petites dégradations à mesure qu el
les deviennent sensibles, qu'on évite les or
nières profondes et les grandes dépenses.
Pour assurer cette surveillance, il faut que
celui qui s'en charge s'en occupe exclusive
ment; ainsi, il vaut mieux donner à un in
specteur toute l'étendue des chemins qu'il
peut diriger à la fois, sur deux ou trois com
munes, que d'en charger une personne dans
chaque commune, parce que les émolument
qu'une commune rurale peut accorder à un
voyer ne pouvant suffire pour assurer son
existence, il serait obligé de se livrer à d'au
tres occupations qui pourraient le retenir
aux époques où sa présence sur les chemins
serait le plus nécessaire, tandis que la réu
Quand une expérience suffisante aura nion des traitemens alloués par 3 ou 4 com
prouvé la facilité d'amener un chemin en munes, doit être suffisante pour faire de ces
terre ou en cailloutis à un bon état d'entre fonctions un état assez avantageux pour qu'on
tien, et de l'y maintenir à peu de frais, en em craigne de le perdre, et pour permettre d'exi
ployant les moyens indiqués et surtout en le ger l'exclusion de toute autre occupation, en
roulant fréquemment, on trouvera dans cha sorte que l'inspecteur-voyer n'aura à penser
que commune à traiter, à Vannée et àforfait, qu'à ses chemins, et acquerra beaucoup plus
pour l'entretien habituel de chaque chemin, d'expérience et d'habileté que celui qui ne
et on n'aura plus alors d'autre embarras que s'en occuperait que temporairement.
celui de veiller à l'exécution des marchés. Un inspecteur-voyer aura dans chaque
Ces marchés peuvent être très-simples, car il commune un ou deux ouvriers intelligens et
suffit de fixer les quantités de matériaux de de confiance qu'il formera avec soin ; il leur
diverse nature, qui seront fournis chaque fera faire les petites réparations habituelles
année par les habitans et par la commune, suivant les besoins; et quand il jugera à pro-
ainsi que les lieux et les époques de ces posdeformerdesateliersambulans, ce seront
fournitures; et de stipuler que l'entretien ces ouvriers de confiance qui les dirigeront
devra être tel que jamais il n'y ait sur le che et qui veilleront au bon emploi de leurtemps:
min ni Haches ni ornières d'une profon l'inspecteur,ayant la responsabilité dutravail,
deur supérieure à une quantité déterminée, doit toujours être libre de choisir et de ren
en expliquant que cette profondeur sera me voyer ces chefs-ouvriers.
surée par la hauteur de l'eau que la flache La surveillance sur ces inspecteurs s'exer
ou l'ornière pourra contenir. cera par les maires et par les conseillers mu
Pour assurer le bon état des chemins vici nicipaux, lesquels pourront déléguer un com
naux, il faut empêcher qu'ils ne soient écra missaire spécial annuel,etpar les propriétaires
sés par des surcharges extraordinaires, qui intéressés au bon état de chaque chemin,
sont d'autant plus à craindre que ces che qui, dès qu'il y aura un service organisé, J
mins seront en meilleur état; comme on ne veilleront avec l'activité de l'intérêt pariien-
peut songer à y établir des ponts à bascule lier, parce que, pour chaque habitant, le bon
qui, d'ailleurs, ne remplissent que très-im- état des chemins dont il se sert habituelle
Îiarfaitement leur but sur les routes roya- ment, est un véritable intérêt personnel.
es, il faut chercher un moyen plus effi Quoique ces moyens de surveillance soient
cace et moins dispendieux. Un des meil assez directs et assez multipliés pour préve
leurs, à notre avis, est celui qui a été proposé nir ou pour réprimer promptement les fautes
par la Société d'agriculture deSeine-et-Oise: et les négligences, nous pensonsqu'il faut en
il consiste à fixer les dimensions des fusées core y ajouter un moyen d'action plus puis
des essieux des roues à leur origine en de sant, celui des peines et des récompenses.
dans des moyeux, parce qu'alors on ne pour Pour cela, il faudrait que le traitement de
rait surcharger sans s'exposer à faire rompre chaque inspecteur-voyerfût composé de deux
ou plier les essieux, et que la vérification de parties : l'une, fixe, serait seulement suffisante
.celte prescription pourrait se faire facilement pour assurer convenablement son existence,
et sans frais, en tout lieu et par ,tout Je et l'autre, variable, dépendrait des autorités
monde. locales; cette partie variable serait, comme la
:hap. 14'. DES CLOTURES RURALES
>artie fixe, divisée en autant de paris qu'il y 3 chemins vicinaux à améliorer, une Ecote
lirait de communes comprises dans l'inspec- normale pratique destinée à former des sujets
ion : ces parts seraient toujours portées au capables de diriger ensuite des écoles sem
md»et communal, pour garantir la possi- blables dans les départemens. On y admet
ûlité du paiement immédiat, mais elles ne trait des jeunes gens d'une bonne moralité,
eraient allouées à l'inspecteur, qu'autant ayant en arithmétique, en géométrie et en
m'on serait satisfait de sa conduite et de l'état dessin linéaire, une instruction première, que
le ses chemins dans chaque commune. l'on compléterait en la dirigeant vers le but
Pour bien remplir les fonctions, d'inspec- de leur spécialité; on leur ferait ensuite exé
eur des chemins vicinaux, il faut une instruc- cuter les divers travaux d'amélioration et
ion théorique élémentaire, et surtout Yexpé- d'entretien des chemins voisins de l'école :
ience des-bons procédés d'exécution. Or, il y quand ils auraient acquis l'instruction et
i très-peu d'hommes capables de remplir ces 1 expériencenécessairespour enseigner àleur
onctions, plus difficiles qu'on ne pense, et il tour, on leur donnerait des diplômes pour
àut d'ailleurs que ceux qui voudront les être admis comme directeurs d'écoles prati
:xercer apprennent à bien appliquer les pro ques locales dans les départemens, ou comme
tides les plus convenables, et sachent les nio- inspecteurs-voyers de cantons.
lifier au besoin suivant les localités : pour L'amélioration des chemins vicinaux étant
emplir ce but, il faudrait former une École véritablement un objet d'intérêt général, il
pédale d'application et de pratique, dans serait juste que les frais du matériel et de
haque département. Mais on manque géné- l'enseignement de VEcole normale fussent au
'alement d'hommes capables de diriger ces compte de l'Etat, et ceux des Écoles locales
■coles, car ceux mêmes qui y sont propres aux frais des départemens. Quant aux dé
>ar leur instruction, ignorent les nouveaux penses à faire en travaux d'expérience et d'a
>rocédés et pourraient les mal appliquer, mélioration, qui s'exécuteraient sur des che
outes les fois qu'il s'agit d'innovations en mins vicinaux voisins de chaque école, pour
ravaux manuels, il faut que ceux qui veu- l'instruction des élèves, ils devraient être par
ent en faire usage~commencent par prati- tagés, savoir : pour Yécole normale, par tiers
|uer sous les yeux de ceux qui ont une ex- entre le gouvernement, le département et les
lérience acquise, et comme il n'y a encore communes traversées par les chemins sur
|u'un très-petit nombre d'hommes expéri- lesquels s'exécuteraient les améliorations, et
nentés dans cette pratique, il faut nécessai- pour les écoles départementales, entre le dé
'ement commencer par former aux environs partement et les communes intéressées.
le Paris, dans le département de la Seine ou Polonckau.
lans celui de Seine-et-Oise, au centre de 2 ou i
Olivier de Serres a dit : « Toutes les pro contre les pillards ; elles ôtentau cultivateur
priétés conviennent que l'on lesferme, et, soit l'inquiétude des dévastations accidentelles qui
erres à grains, prairies, pâturages et bois, peuvent endommager sa récolte et troubler
■apportent plus de revenu clos qu'ouverts. » ses travaux ; elles lui permettent de toujours
Les champs, dans les belles vallées de la labourer, semer et récolter en temps oppor
Normandie, les riches cultures de la Belgique, tun. L'expérience de bien des contrées dé
outes les parties bien cultivées de l'Angle- montre la plus grande fertilité des champs
erre et de l'Ecosse, sont entourées de haies enclos; l'influence favorable des clôtures sur
|ui sont généralement répandues et apprê la santé du bétail qu'on nourrit au pâturage
tées comme étant de la plus grande utilité. est encore plus considérable. En Angleterre,
Cependant les clôtures ont leurs partisans on paie une rente incomparablement plus
t leurs détracteurs; ceux-ci leur reprochent forte d'un pâturage entouré de haies, et, d'au
le prendre beaucoup de place ; de tenir le tant plus, que les clos sont plus circonscrits.
ol humide ; d'occasioner de grands et iné- L'espace que les haiesenlèvent à la culture est
;aux amas de neige; d'être des pépinières largement payé par le bois qu'on en retire.
K>ur les mauvaises herbes, et d'offrir des re Tous ces avantages, et beaucoup d'autres,
tiges aux oiseaux et aux insectes nuisibles ; augmentent d'une manière notable le pro
'entraver la culture, notamment le labour; duit annuel et la valeur réelle d'une pro
le couper la communication des champs et priété. Quant aux inconvéniens qu'on repro
le forcer à des détours. che aux haies, ils sont insignifians et peuvent
Mais, d'un autre côté, les clôtures présen- facilement être levés avec un peu de soin.
ent, en effet, des avantages incontestables, Du reste, Thaer conclut des opinions
ont la plupartdes cultivateurs reconnaissent contradictoires sur le sujet qui nous occupe :
importance. Elles garantissent les champs 1° que les haies trop multipliées peuvent être
le l'incursion des animaux, et les mettent à nuisibles sur un terrain naturellement hu
'abri des abus de la vaine pâture et du par- mide et bas, mais qu'elles sont infiniment
ours ; elles forment des abris aux plantes, utiles dans les contrées sèches et élevées, sur
ugmentent la chaleur du sol et diminuent les sols légers et sablonneux, et qu'on ne doit
action nuisible des hàles ou des vents frais pas craindre de les y rapprocher beaucoup;
u desséçhans ; elles protègent les vergers 2° l'utilité des haies est surtout considérable
tfiB, AGRICULTURE : DES CLOTURES RURALES. MV. I".
lorsque le sol est consacré, toujours ou alter sus du larmier que de 32 à 40 centim., plus
nativement, au pâturage du bétail ou trans ou moins, en proportion de l'épaisseur du
formé en prairies artificielles consommées mii- mur. Ces chaperons doivent toujours être
place, parce qu'elles procurent aux troupeaux faits avec soin, car c'est de leur bonne con
un abri favorable et en rendent la garde plus struction que dépend la conservation et la
facile. D'après ces considérations, il convient durée du mur.
donc de donner aux clos plus d'étendue si le Murailles en briques.-—On procède pour la
sol est humide et consacré principalement à la construction des murailles en brique, en tout
cnlture des grains ; si, au contraire, le terrain point comme il a été dit ci-dessus pour les
est sec et est principalement destiné au pâ murailles en pierres de meulière; mais dans
turage du bétail, il est avantageux qu'il soit ces constructions en moellon brut, pierre
ri'j i.irl i en divisions moins considérables. En de meulière et brique, on substitue souvent,
thèse générale, des clôtures solides et une ré par économie, un mortier en terre au mortier
partition convenable des terres, opérée par le a chaux et à sable; alors on élève de distance
moi i.'u de haies vives, fortes et suffisam en distance une chaîne en maçonnerie faite
ment garnies, contribuent essentiellement à avec du bon mortier, d'une largeur de 1 m.
la bonne administration d'un fonds ; faci à 1 met. 32 cent, pour remplacer les chaînes
litant les moyens d'en tirer des produits di en, pierre de taille, et on crépit le tout en
vers et de le faire pâturer par du bétail de mortier à chaux et à sable.
divers genres; enfin, les vols et les dommages Murailles en pierres sèches. — Ce n'est
sont beaucoup plus rares dans les lieux où guère qu'autour des cours et jardins qu'on
des haies sont établies que dans les champs trouve les véritables murailles dont nous
ouverts. venons de parler; mais il arrive souvent
Il y a plusieurs sortes de clôtures, les mu qu'on entoure les possessions rurales de murs
railles, k% fossés et les haies. en pierres sèches ou en terre. Les premiè
res (fg.494 )se construisent en superposant,
Section ix*. — Des murailles. sans mortier, des pier
res de toute nature, Fig. 494.
On emploie ordinairement pour la con telles que le local les
struction des murailles, les matériaux fournis fournit, et quelquefois
par les localités qui sont le plus à proximité ramassées par le culti
du lieu où elles doivent être élevées. Ces ma vateur dans le champ
tériaux sont : le moellon, la pierre de meu même qu'il veut enclo
lière, la brique, et même la terre lorsqu'elle re. Ces murs, couverts
est de nature à pouvoir être employée à cet d'un bon chaperon et
usage. crépis de chaque côté,
Murailles de moellons. — Les murailles sont peu coûteux et se maintiennent long-
construites en moellons piqués, liés entre eux temps.Quelquefois même, sans les crépir, on
par un bon mortier à chaux et à sable, avec n'emploie dautre couverture qu'un chape
des chaînes en pierres de taille, et couverts ron sans mortier, mais dont les pierres sont
de dalles de pierre dure, sont les plus du placées avec soin sur 2 ou 3 rangs seulement,
rables; mais elles ne s'emploient ordinaire pour que les vents aient moins de prise et
ment que pour enclore des espaces peu éten qu'ils puissentleurrésister, enfin, onse borne
dus et attenant à une riche habitation, à le plus souvent à unir les pierres avec de la
cause du haut prix auquel reviennent ces mousse ou des plaques de gazon. Si l'on n'a
constructions. On emploie de la même ma que peu de pierres plates et larges, il ne tant
nière le moellon brut; mais alors on le cré pas donner au mur beaucoup d'élévation:
pit avec le même mortier qui a servi à la on le couvre avec du gazon et on y plante
construction, ou on l'enduit d'une légère des groseillers ou des ronces, qui y réussis
couche de pjâtre. sent fort bien; cesarbustes donnent auxmurs
Murailles de pierre de meulière. — Ces mu plus de solidité, et rendent la clôture plus
railles se construisent comme les précéden défensive.
tes ; mais cette sorte de pierres étant rude Murs en plâtras. — Les murs en plâtras,
et mal unie, il est nécessaire de les crépir en tels qu'on en voit chez les maraîchers de
mortier pour en faire disparaître les inéga Montreuil près Paris, se bâtissent avec les
lités ; on substitue souvent aux dalles qui débris de vieilles constructions en plâtre
servent à les couvrir un chaperon fait avec liées ensemble avec du mortier en terre et
la même pierre, et quelquefois de tuiles ou crépis des deux côtés, ou seulement du côté
de briques. Pour celle partie de la construc delà culture, parune légère couche dejplàlre.
tion, on place sur l'extrémité supérieure de Ces murs sont propres, durent assez long
la muraille, et des deux cotés si le mur est temps et forment d'excellens supports pour
mitoyen, un rang de pierres plates les plus les arbres palissés à la loque.
droites et autant que possible de la même Murailles en terre. — A défaut de pierres.
épaisseur, qui débordent de 4 à 5 centimètres. et lorsque la terre offre assez de consistance,
Cette partie se nomme larmier ou égout. Ou on en fait des murs en la comprimant lit par
place au-dessus, et au niveau de la façade de lit entre deux planches; ces murs sont pres
la muraille, un premier rang de pierres ou de que toujours recouverts par un petit toit en
briques, et successivement, en rapprochant chaume, ou par un chaperon en plaques de
chaque assise du centre de la construction, gazon : ces constructions durent assez de
de manière que cette construction setermine temps et sont très-économiques, puisqu'elles
par un angle obtus que l'on nomme la crête ne coûtent que la main-d'œuvre. D'ailleurs,
du chaperon, et qui ne doit être élevé au-des- la terre qui les compose, exposée aux influen
*AP. 14% DES FOSSES. 340
es de l'atmosphère, devient très-propre à plus ou inoins de consistance. En effet, si là
amendement du sol. terre est forte et tenace, l'inclinaison de 64
Murs en torchis. — On appelle torchis un millim. par 32 cenlim. (un pouce par pied)
nortier fait de terre argileuse, dans lequel sera suffisante ; tandis que si la terre est lé
m met une quantité relative de paille longue gère, sablonneuse, on doit donner à cette in>-
le gros foin, et quelquefois de latche et de clinaison de 45 à 50 degrés.
onc. Le torchis est achevé lorsque ces pailles Le fond présente ordinairement une sur--
ont bien enduites, bien pénétrées du mor- face plane, ou fond- de cuve, ou arrondie en
ier dans lequel on les a plongées. Pour en manière d'auge; quelquefois il forme un an
aire usage, il faut d'abord planter des pieux gle plus ou moins aigu, lorsque le fossé est
harbonnés de la hauteur du mur, et placés assez profond pour que les glacis, plus ou
ssez près les uns| des autres. On les croise moins inclinés, viennent à se rencontrer.
>ar des perches de toutes longueurs fixées La berge qui est formée de la terre extraite
lorizoutalement aux pieux par des liens de de l'excavation, est placée en talus de l'un ou
taille, des osiers ou des harts. On prend en- l'autre côté , et même, lorsque le fossé est mi
uite par poignées les pailles ou autres ma- toyen, elle est partagée entre l'un et l'autre.
ières imprégnées de mortier que l'on main- Quelquefois encore la terre est répandue aux
ieut dans toute leur longueur, et on entre- environs du fossé, ou enlevée pour une desti
ace le torchis en le passant successivement nation plus éloignée, de manière que ces fos
lans les vides formés par les pieux et les sés sont sans berge. Ils ont alors pour but de
>erches, jusqu'à ce que ces vides soient en- marquer la circonférence du terrain, plutôt
ièrement remplis. On ragrée ensuite des que de le défendre.
leux côtés avec le même mortier dans lequel La crête est la partie la plus élevée de la
in a mêlé de la menue paille ou du foin ha- berge. On l'arrondit d'autant plus que la
■bé. Ces murs sont terminés par des chape- terre est légère, afin que les fortes pluies en
ons en gazon ou de petits toits en chaume. entraînent le moins possible dans le fossé.
1s ne sont pas ordinairement d'une grande Toutes ces parties du fossé soulordinairement
■tendue -, mais, dans quelques contrées de la gazonnées; quelquefois c'est seulement la
"rance, on voit assez souvent des chaumières berge, et plus souvent la berge et les glacis,
entièrement construites de cette manière, pour souteuir les terres lorsqu'elles n'ont
[iii, lorsqu'elles sont bien entretenues, du- que peu de consistance. On peut semer le
■eul fort long-temps. gazon au lieu de l'appliquer, ce qui est plus
Murailles en plaques de gazon ou de bruyère. tôt fait et exige moins de main-d'œuvre.
— On emploie quelquefois des plaques de he&fossés simples ont ordinairement de 1
;azou ou de bruyère, et môme des mol à 2 met. (3 à C pieds) de largeur, et de 1 m.
es d'une terre argileuse fort compacte que 32 à 1 m. 50 (4 pi. à 4 pi. t/2) de profondeur.
'on écarrit, pour élever des murs d'une Mais ces dimensions doivent varier suivant
■tendue peu considérable. Ces clôtures agres- les circonstances et selon le but que se pro
es se couvrent de chaume en forme de toit, pose le propriétaire en établissant ces clô
le gazon et quelquefois seulement en terre, à tures.
aquellc on donne la forme d'un chaperon, Les fossés doubles sont deux fossés placés
>our écarter les eaux du centre de la con- à 1 met. 32 centim. (4 pi.) de distance et pro
truction. longés ainsi parallèlement. La terre prove
nant de cette double tranchée forme une
Section h. — Desfossés. double berge sur le terrain qui sépare les 2
fossés, et dont la crête tient le milieu entre
Lefossé est une excavation longitndinale l'un et l'autre. Cette sorte de clôture n'est
dus ou moins large, pins ou moins profonde, guère pratiquée (excepté quand la berge doit
I6nt on environne uu champ pour le défen- être plantée) que dans les terrains humides,
Ire contre les hommes et les animaux ; pour et ceux qui les font construire ont autant
>rotéger les baies et barrières intérieures pour but de dessécher l'enclos que de le dé
:ontre la dent ou les attaques du bétail; fendre.
)our dessécher les terres et le sol des che- Les fossés revêtus en maçonnerie sont ceux
nins en recevant les eaux surabondantes et dont les terres sont soutenues des deux côtés
es tenant à la portée des racines des arbres par un mur en maçonnerie. Ils ne sont à la
|iii sont dans le voisinage. portée que des riches propriétaires et pour
Il y a plusieurs sortes de fossés : simples, l'enclos des jardins et des parcs. Ces murs
loubles, revêtus en maçonnerie et plantés. sont ordinairement construits en moellons
On distingue dans le fossé : l'ouverture, les piqués, liés ensemble par un mortier à chaux
lacis, le fond, la berge et la crête. L'orner- et à sable, soutenus, à des distances très-rap-
un- est la partie de la tranchée qui sépare les prochées, par des chaînes en pierre de taille,
[eux glacis à l'extrémité supérieure. Les et entre ces chaînes par des éperons ou murs
Iticis sont la partie qui commence au niveau de refend, placés du côté des terres, qui ont
u sol et descend de chaque côté jusqu'au à leur base de 1 met. à 1 met. 50 centim. (de
and du fossé. Le fond est la partie opposéeà 8 à 4 pieds 1/2) de saillie, suivant la hauteur
ouverture où viennent aboutir les glacis. La du mur a soutenir, et viennent mourir à rien
<ergc est l'élévation en talus formée le loug à quelques centimètres au-dessous du cou
lu fossé avec la terre provenant de l'cxcava- ronnement ; ces éperons ont en outre pour
ion. La crête est la partie la plus élevée de effet, en divisant les ferres, d'en affaiblir
elte berge. considérablement la poussée, et d'empêcher
L'inclinaison des glacis doit être plus ou ainsi l'influence qu'elle aurait sur la durée du
noins considérable, suivant que la terre a mur. Ces fossés ont ordinairement de 2 à
360 AGRICULTURE : DES CLOTURES RURALES. liv.i"
3 met. (de 6 à 9 pi«ds) d'ouverture, et 2 met. ment fixés à 2 ou 3 mètres de distance
<6 pieds) de profondeur; ils ont le précieux les uns des autres ( fig. 497 et fig. 498). Ces tra-
avantage de n'apporter aucun obstacle à la
vue extérieure de la campagne, et de laisser Fig. 497. Fig. 498.
entiers les agrémens que cette vue procure.
Quelquefois ces fossés ne sont revêtus en ma
çonnerie que du côté de la propriété dont ils
forment la clôture {fig. 495); ces, murs sont
Fig. 495. alors désignés sous
la dénomination de
murs de terrasse; ils
présentent une gran verses ou perches, placées horizontalement,
de partie des avan sont liées ensemble, au milieu de l'espace
tages qu'on obtient qui se trouve entre les pieux, parunharlqoi
des premiers, et sont les resserre de manière que la haie se trou-
beaucoup moins coû ve fortement comprimée entre ces perches:
teux. Quand ces con ce qui la consolide entièrement
structions n'occupent qu'un très -petit es Ces haies sèches sont le plus souvent des
pace dans la clôture et n'ont été établies que tinées à pro léger la croissance des haies vives
pour ménager un point de vue intéressant, nouvellement semées ou plantées; et leur
on les nomme alors saut-de-loup ou ha-ha. durée suffit ordinairement, jusqu'à ce que ces
dernières soient en état de se défendre elles-
.Section ni. — Des haies et desfossés plantés. mêmes; elles servent aussi à délimiter la
divisions intérieures, principalementdans les
Ce mode de clôture est généralement pâturages ; mais il vaut mieux pour cette des
adopté dans les campagnes, pour contenir les tination avoir des barrières transportables
troupeaux dans les pâturages qui leur sont ou mobiles.
réservés, pour préserver les jardins et les Les haies sèches en palis sont souvent
champs des dommages que pourraient y cau construites avec des échalas ou pieux de di
ser les hommes et les animaux, et pour proté verses dimensions; on les enfonce en terre
ger les vergers contre les vents et le pillage par un bout, et on les assujettit avec des harb
des maraudeurs. (fig.499), ou un fil de fer attaché par le haut
Il y a plusieurs sortes de haies : les haies sur une traverse fixée
sèches ou mortes, et les haies vives. On peut à des pieux placés à
encore distinguer les haies fourragères et 2 met. (6 pieds) de dis
fruitières; il en sera traité dans d'autres cha lance les uns des au
pitres de cet ouvrage. tres. Ils forment quel
quefois un palis très-
§ Ier. — Des haies sèches ou mortes. serré (Jig.àW) et quel
quefois a claire -voie
{fig. 501), suivant le but qu'on s'est proposé
lies haies sèches peuvent être construites
avec toutes sortes de branchages ; mais lors Fig. 500. Fig. 501-
qu'on peut choisir, on donne la préférence
aux bois épineux, dont les rameaux touffus
«t garnis d'épines présentent par cela même
une plus grande défense; cependant, à dé
faut de bois épineux, on emploie souvent les
branches provenant de l'élagage des arbres
que lournit la propriété, tels que chênes,
ormes, etc. La seule chose qu'on ne doit pas
perdre de vue, c'est que, si 1 on lient à la du en les construisant.
rée de la haie, on doit éviter avec soin d'em Les échalas sont quelquefois remplaces
ployer des bois tendres, tels que tilleuls, par de mauvaises voliges (Jig. 502 ), ou bien
saujes, peupliers, dont la décomposition, par des planches (fig. 503); les pieux sont
toujours prompte, serait encore hâtée par Fig. 502. Fig. 503.
l'humidité de la terre et par les influences
de l'atmosphère.
On enfonce en terre les branches destinées
à cette construction, par le gros bout, à une
profondeur de 21 centim. (8 pouces) environ,
ayaut soin de les rapprocher de manière
qu'on n'aperçoive aucuns vides à la nais
sance de la haie {fig. 496); le plus ordinaire
ment on les con-
Fig. 496. solide au moyeu
d'une traverse pla alors en menuiserie et doivent avoir 8 cen
cée de chaque cô times (S pouces) d'écarrissage: des traverses
té, aux deux tiers allant d'un pieu à l'autre y sont fixées avec
de sa hauteur, et des clous; c'est sur ces traverses placées au
qu'on assujettit ù haut cl au bas des pieux que soûl douée»
des pieux solide- les planches formant le palis. Ces pâli* sou
IIAP. 14». DES HAIES SÈCHES OU MORTES. 361
ouventemployés,dans les exploitations, pour circonstances et la nature de là terre où là
;araotir les jeunts taillis de la dent destruc- plantation doit avoir lieu; en effet, s'il s'agit
ive du lapiu. Dans les départemens du nord simplement de marquer la circonférence
t dans la Belgique, ces palis en planches d'une prairie, de fixer la ligne de partage en
erven ta enclore des potagers, et soutiennent tre deux héritages, on pourra employer di
uiclquefois de très-beaux espaliers. vers arbres ou arbustes qui ne seraient plus
Les haies sèches en treillage (J?g.à04) se font convenables si l'on avait envie de préserver
au moyeu de lattes croi un champ du dommage que pourraient lui
sées et arrêtées eu haut causer des malfaiteurs ou des animaux vaga
et eu bas sur des lattes bonds; et il n'est personne qui ne conçoive
transversales avec un qu'une plantation dans un terrain très-sec,'
fil de fer; ou bien en ou dans un terrain très-humide, doit être
gaulettes de divers faite avec des arbres ou des arbustes diffé-
taillis avec leur e'cor- rens.
ce(fîg.!>05); elles ont un Ceci posé, nous diviserons cet article de la
aspect agréable, et sont manière suivante : 1" clôtures défensives en
ordinairement desti haies vives ; 2° clôtures défensives, composées
nées, dans les parcs et en haies vives, fossés ou murailles.
jardins, à enclore un
espace réservé, ou des
cultures précieuses I. Clôtures défensives en haies vives.
que l'on veut proté
ger. VAubépine {Mespilus ou Cratœgus oxiacah-
Haies sèches enpail- tha; en angl., Hawlhorn ou Thorn) est sans
lassons. — Ces pail- contredit l'arbuste le plus propre à former
assons sont faits, suivant les lieux, avec de une bonne haie de défense ; une haie d'aubé
a paille, des tiges de Carex, de Typha, des pine bien faite est impénétrable aux hommes
loseaux, des Sorgho et diverses plantes et aux animaux, et souvent plus difficile à
iquatiques, etc. ( fig. 500 et fig. 507 ). Le pail- franchir que les murs.
Fig. 506. Fig. 507. Voici de quelle manière on procède ordi
nairement pour construire une pareille haie.
On ouvre, au commencement de l'été, une
tranchée plus ou moins large, suivant que la
haie doit être construite sur uu, deux ou trois
rangs; on donne à cette tranchée de 45 à 50
centimètres (15 à 18 pouces) de profondeur;
on place de chaque côté la terre provenant
asson est attaché par le haut et le bas sur de l'excavation, qui reste ainsi exposée à la
lue latte ou baguette; les extrémités de ces chaleur et aux influences atmosphériques.
Lorsqu'on veut procéder à la plantation,
leux traverses sont fixées à des branches ou
>ieux, de manière à maintenir la haie dans la on remplit le rayon plus ou moins, suivant
>osition verticale qu'elle doit avoir. Les la force du plant ; on place les brins à 1G cen
ardiniers se servent de ces haies pour pro- timètres (6 pouces) les uns des autres; on
éger des semences, ombrager des jeunes ramène les terres sur les racines, et on ap
)lantes, les abriter contre le vent, et empè- puie cette terre avec le pied ; on recèpe après
:her les promeneurs de fouler le terrain qui le^plantage à 4 centimètres ( 1 pouce 1/2) au-
es contient. dessus du sol; on laisse la surface de la tran
chée un peu en contre-bas, pour y retenir
§ II. — Des haies vives. l'eau des pluies ; on couvre cette surface d'une
boune couche de fumier d'étable ; enfin, on a
Les haies vives ont pour objet, comme les jjrand soin, par des binages et des labours
nurailles, les fossés et les haies mortes, de Iréquens, d'empêcher les mauvaises herbes
:irconscrire les propriétés rurales, de les d'envahir la plantation ; l'on remplace avec
jréserver de l'invasion des animaux, du pil- soin les individus qui n'auraient pas repris;
age des malfaiteurs, et encore d'abriter nos on tient la haie serrée par des tontes qui ont
rergers contre la fureur des vents. lieu de chaque côté, et on l'arrête lorsqu'elle
On peut employer toute espèce d'arbres et est arrivée a la hauteur qu'elle doit atteindre
('arbustes pour la composition des haies vi par une tonte horizontale, ou en contournant
es ; mais on doit donner la préférence à ceux les bourgeons de la partie supérieure en ma:
jui peuvent le mieux croître en lignes ser nière de corde, un peu avant la cessation de
ties et présenter constamment une tige bien leur sève.
;arnie de rameaux, dont les racines pivotantes On doit avoir soin, lorsque la haie est formée
>u peu traçantes n'exercent aucune fâcheuse de plusieurs lignes, de placer les brins enéchi-
nfluence sur les terrains environnans, qui quier. Ou mêle quelquefois avec l'aubépine
)euvenl supporter des tontes fréquentes, et plusieurs sortes d'arbustes épineux, tels que
|ui, quoique contrariés constamment dans le Prunellier {Prunus spinosa ; en a ngla is, Crabr
eur direction naturelle, peuvent se mainte- plum Stock), X'Epine àfeuilles de poirier {Mes
lir dans un bon état de végétation pendant pilus pyrifolia), 1''Epine écarlate {Mespilus
in grand nombre d'années. coccineà) ; mais il arrive assez souvent qu'une
Cependant, on doit concevoir qu'il n'est végétation plus rapide daus l'un de ces ar
>as toujours indifférent d'employer tels ou bustes influe défavorablement sur les autres,
els arbres ou arbustes, quelles que soient les et empêche le bon effet qu'on aurait obtenu
AGB1CULTUIIE, 4GC livraison.
TOMB I, — 4^
AGRICULTURE : DES CLOTURES RURALES. MV. I".
de la plantation si l'on n'avait employé qu'une des deux côtés Fig. 510, 511 et 509.
seule de ces variétés, toutes très-propres à {fig. 510), ou seu
former seules une haie de défense. lement d'un seul
Un propriétaire qui s'est beaucoup occupé
de clôtures en haies vives a fait, avec l'aubé C'est à l'aide
pine, l'expérience suivante : des ciseaux à ton-
Trois haies ayant été plantées en même dre(/î,ç'.512),etdes
temps, l'une fut soumise à la tonte par le haut croissans {fig.àlZ)
et des deux côtés ; la deuxième, des deux cô Fig. 512. Fig. 513.
tés seulement ; et il laissa croître la troisième
en toute liberté. A l'âge de 12 ans, ces haies
présentaient entre elles une différence re
marquable ; les tiges de la première étaient
restées très -faibles comparativement aux
deux autres ; la deuxième était impénétrable
«et parfaitement garnie depuis le sol dans
toute sa hauteur ; la troisième était aussi très-
forte, mais le bas des tiges était complète
ment dégarni. Cette expérience, faite par un
cultivateur très-capable, prouve que, toutes
les fois que les circonstances le permettent,
il est convenable de laisser croître les haies
d'aubépine en pleine liberté, en se contentant qu'on opère la taille des haies; cette opération
de les tondre régulièrement des deux côtés, s exécute très-promptement, et l'on peut pres
2 fois par an, au mois de mai et à la fin d'août que toujours en utiliser les produits pour la
On forme quelquefois des haies d'aubépine nourriture des bestiaux, ou au moins pour
en suivant une toute autre méthode. On place former de la litière.
le plant sur un ou plusieurs rangs {fig. 508), S'il est incontestable que les meilleures
en donnant alternati- Fig. 508. haies de défense se font avec des bois épi
vement aux individus neux et surtout avec l'aubépine, il est égale
une inclinaison oppo ment certain qu'on peut construire de très-
sée entre eux ; on les bonnes haies avec d'autres arbres ou arbustes;
réunit ensuite, partout on emploie à cet effet le Charme, le Chêne,
où les tiges se croisent, le Hêtre, Y Orme, YErable {Acer sylvestrïs), le
au moyen de la gref Merisier {Prunus padus), le Bois de Sainte-
fe Sylvain; la soudure Lucie {Prunus mahaleh ), le Buis {Buxwt sem-
s'opère promptement, et l'on traite chaque pervirens), Vif {Taxus baccata), le Houx
année de la même manière le prolongement {Itex aquifolium); et dans les terres très-hu
des tiges, jusqu'à ce que la haie soit parve mides, le Sureau {Sambucus nigra), plusieurs
nue à la hauteur qu'elle doit atteindre. Saules et Osiers. Ces haies se contiennent et
La méthode Wesphalienne , fort recom se dirigent plus ou moins facilement au
mandée par les Allemands, ne diffère de la moyen de la tonte, et c'est une chose digue de
précédente qu'en ce qu'on n'emploie point la remarque, qu'un chêne âgé de 20 ans n'oc
greffe; les tiges plantées et croisées, ainsi cupe qu'un mètre carré dans une haie, tandis
qu'il a été dit, sont fixées à une perche trans qu'à cet âge, lorsqu'il croit en pleine liberté,
versale qu'on élève successivement tous les sa taille majestueuse atteint souvent une hau
ans, jusqu'à ce que la haie ait atteint toute teur de 8 à 9 mètres ; » c'est ainsi que l'escla
sa hauteur. vage rapetisse et dénature tous les êtres. »
On donne encore aux haies d'aubépine une Mais, lorsqu'il s'agira d'enclore une prairie,
très-grande force, en coupant à demi les plus un pâturage, on ne doit pas perdre de vue
grandes branches qu'on ploie successivement qu'on doit éviter l'emploi des arbres dont les
les unes sur lesautres,en les entrelaçantavec troupeaux aiment à brouter le feuillage,
celles qui restent; ces branches, ployées tou parce qu'à force d'écourler les pousses, ils
tes dans le même sens, forment des traverses finiraient par détruire entièrement la haie.
horizontales d'où partent desjets nombreux Quelquefois, au contraire, on construit des
qui se mêlent aux jets directs, et forment avec haies, on fait des plantations, avec l'inten
eux une défense vraiment formidable. tion d'en employer les feuillages et les jeûna
La tonte des haies est une partie essentielle branches à la nourriture des animaux de la
de leur direction et de leur entretien; elle ferme ; les arbres et arbustes les plus favora
contribue beaucoup à leur bonne conserva bles, lorsqu'on a cette destination en vue,
tion; nous avons déjà dit qu'elle devait avoir sont : VAcacia {Robinia pseudo- acacia), si
lieu deux fois par an, en mai et en août. l'emplacement ne donne pas lieu de craindre
Lorsque la haie envahit trop d'espace, il faut l'influence de ses racines traçantes;' le
enoutre, après quelques années et durant Mûrier .blanc {Morus alba), ou le M. multi-
l'hiver, en diminuer le gros bois et rappro caule {M. multicaulis), dont le feuillage
cher les branches, quelquefois même recé- pourra aussi servir à la nourriture des vers
per entièrement la haie lorsqu'elle commence a-soie; V Ajonc (Ulex europœus), le Genêt a"Es
a se dégarnir du pied. On donne en général pagne ÇSparlium junceum), le Baguenaudier
aux haies une élévation qui varie de 1 à 2 {Colutea arborescens), la Luzerne en arbre
mètres (3 à 6 pieds), et une forme pareille à {Médicago arborea), le Frêne, Y Orme, le
celle représentée {fig. 509).'Cependant, quel Bouleau, le Saule, et tous les arbres et arbus
quefois on lui donne plus de largeur à la base tes enfin dont le feuillage plaît aux animaux
CEAP. 14e, DES HAIES ET DES FOSSES PLANTÉS. 363
domestiques et peut contribuer à l'augmen Report. . . 43
tation de leur fourrage. Dressage au cordeau, plantation,
Il est d'autres haies qu'on nomme haies ele 5
fruitières, à cause de la nature des arbres qui Houage et sarclage pendant les
les composent, et qui sont susceptibles de deux premières années. . . . . 3
donner un produit par leurs fleurs ou leurs Taille de la 3e année. . » 50 \
fruits; ce sont principalement, plusieurs es Une charge d'engrais. . 3 » (
pèces de Pommiers, de Poiriers, A'Alisiers ou Nettoyage et herbage. . 1 50 / 6 75
Cormiers {Cratœgus) , le Sorbier {Sorbus Relevage du fossé. . . 1 75 )
avium), 1 'Epine -vinette {Berberis vulgaris), Taille de la 4e année. . » 60 )
le Noisetier'{Corylus avellana), le Néflier (Mes- Nettoyage 1 50 j 2 10
pilus sermanica ) , le Cognassier {Pyrus cydo- Taille de la 5e année. . . » 60 »
nia). le Framboisier{Rubus idœus), plusieurs Relevage du fossé et cul- \ 2 35
espèces de Rosiers (JRosa), les Groseilliers à lure de la haie 1 75 )
çrappes et à maquereau {Ribes rubrum et uva Dépense totale d'une double haie
crispa), le Prunier de mirabelle, le Pommier de 300 mètres de longueur, laquelle
i'apis, les Mûriers, la Vigne, et, dans le Midi, sera suffisamment défensive au bout
le Figuier, Y Olivier, etc.On reviendra sur les de 5 années 62 20>
baies fruitières et fourragères dans les arti- Les palissades, clôtures ou haies d'agré
:les qui traitent des fourrages et des -vergers ment sont celles qui n'ont pas pour objet la
agrestes, et nous y renvoyons. défense du terrain qu'elles enclosent, mais
Il arrive assez souvent que pour rendre les dont le feuillage, les fruits et les fleurs of
laies plus productives, on y place, de dis- frent un aspect plus ou moins agréable, et
.ance en distance , des baliveaux ou arbres qui sont particulièrement placées dans les
ruitiers et forestiers (Jig. 514). Sans proscrire jardins pour y former des abris, ou y.établir
Fig. 514. diverses divisions utiles ou agréables; nous ne
devons pas nous en occuper ici.
II. Clôtures en haies vives, avec fossé planté
ou muraille.
Fossés plantés. — L'une des meilleures clô
tures de défense, ce sont les Jossés plantés;
quelquefois ces plantations consistent en
une haie de bois épineux, placée sur le bord
du fossé du côté de l'enclos {fig. 515); quel
et usage, qui peut quelquefois accroître quefois on donne au glacis et à la berge, du
ans dommage les produits à obtenir en côté des terres à défendre, une inclinaison
•uits ou en bois, d'autant plus qu'on a cru de 40 à 45 degrés, tandis que le côté opposé
bserver que ces arbres étaient presque tou- reste à peu près vertical {fig. 516) ; on plante,
>urs très-productifs, nous ferons remarquer
u'ils font souvent périr les individus de la haie Fig. 515. Fig. 516.
lacés très-près d'eux, ou en éprouvent eux-
îémes un dommage qui leur nuit beaucoup.
On conçoit qu'il est fort difficile de fixer
i dépensé de la formation des haies, laquelle
irie à l'infini, non seulement en raison des
icalités, du prix de la main-d'œuvre, de celui
u plant, mais«encore d'après les soins qu'on
Dporle à l'établissement de la clôture et le
;nre qu'on adopte. Nous citons comme
temple la récapitulation suivante de la de
nse de formation d'une haie en Ecosse,
rsqu'on ne néglige rien pour sa perfection,
d'après plusieurs Mémoires couronnés, en à partir du fond du fossé, plusieurs lignes de
134, par la Société de la haute- Ecosse : ce bois épineux, sur une largeur de 1 mètre
levé offrira en même temps le tableau de 32 centim. (4 pieds) :on donne même à cette
us les travaux à exécuter ; plantation jusqu'à 2 mètres (6 pieds) de lar
Tranchée de 300 pieds de longueur sur geur {fig. 517) : alors le cultivateur exploite
pieds de large et 1 pied 1/2 de fr. c. cette naie par moi- Fig. 517.
-ofondeur 3 50 tié tous les six ans ,
Fossé de 3 pieds 1/2 d'ouverture, de manière qu'il res
ïied 1/2 de profondeur et 1 pied 1/2 te toujours une por
largeur au fond 10 . » tion de haie suffisan
I charge 1/2 d'engrais, à 3 fr. la te pour défendre
arge 4 50 l'enclos. Souvent on
1 OOO plants, si l'on fait la haie dou- place au milieu d'un •</
2, en les plaçant à 7 pouces de dis- glacis du fossé, et y//
ace ; 800 placés de 4 à 5 pouces, si quelquefois des deux
haie est simple, environ. ... 25 » {fig. 518), une haie
tondue des côtés et par le haut ; on place
A reporter. 43 » encore une haie au milieu du fossé (fig. 519).
364 AGRICULTURE : DES CLOTURES RURALES. m. r"
Fig. 518. Fig. 519. poteaux en bois (fig. 520) ou à une sorte de
pilastre élevé à cet effet eu maçonnerie d'un
seul côté (fig. 521 ), ou de chaque côté dn
chemin (fig. 522 et 523 ).
Le mot céréale, dérivé de Cérès, déesse des lume, plus de parties nutritives qu'aucune
noissons, s'applique dans notre langue aux autre substance végétale, et sont considérées
liantes panaires ou autres, à semences fari- à bon droit comme le plus riche produit de
îeuses, appartenant spécialement à la grande notre sol.
àmille des graminées. Il comprend donc le
vroment, le Seigle, Y Orge, YAvoine, le Riz, le § Ie' Espèces et variétés.
Millet, le Maïs, le Sorgho, YAlpiste. Quelques
mtres graminées non cultivées dont les grains Soumis à la culture de temps immémorial,
se récoltent parfois pour servir d'alimens, et répandu sur une grande partie du globe,
;elles que la Fétuque flottante et la Zizanie, le Froment a éprouvé, plus qu'aucune autre
le sont pas regardées comme céréales, tandis plante, l'influence des causes qui tendent à
me , au contraire, on comprend assez ordi- faire varier les végétaux ; aussi s'est-il modi
îairement parmi elles le Sarrasin, bien qu'il fié à tel point qu'il en existe aujourd'hui des
ippartienne a une autre famille, celle des centaines de variétés, et que, tous les jours
lolygonées. encore, nous voyons celles-ci changer et se
Les céréales, ou du moins les principales subdiviser sous nos yeux. Leur grand nom
l'entre elles, font la base de la nourriture des bre, leur peu de fixité, et par-dessus tout la
lommes sur une grande partie du globe. En confusion de leur nomenclature, font qu'il
îrance surtout, malgré l'extension progres est très-difficile de les déterminer avec quel
sive de la culture des pommes-de-terre, le que précision; et, ce qui ne l'est pas moins,
jain de froment, de seigle, d'orge ou de maïs, c'est de les rapporter à leur souche primitive.
;st encore la principale ressource de la popu- A't-il existé originairement une seule ou
ation. Aussi le sort du pays est-il étroitement plusieurs espèces de froment ? Ces types se
lié à l'abondance ou à la faiblesse des récol- sont-ils conservés jusqu'à nous, et peut-on
es de blé.—Nous traiterons successivement les retrouver parmi les nombreuses varié-
le chaque espèce en particulier. lés que nous possédons? Ces questions,
probablement, ne seront jamais résolues, ou
Section Ir°. — Dufroment. plutôt elles le seront de diverses maniè
res , comme elles l'ont été jusqu'à pré
Le Froment {Triticum, Linn.), en anglais, sent. Mais, ce qu'il y a ici d'évident, c'est :
'f'heat; en allemand, Weizen; en italien, Gra- 1" qu'il est nécessaire pour les cultivateurs
m, et en espagnol, Trigo, a des usages beau- de pouvoir reconnaître les variétés, ou du
:oup plus importansquenombreux et qui sont inoins les principales d'entre elles , at
rop généralement connus pour que nous tendu que leurs différences ne se bornent pas
voyions devoir les détailler ici. Ses tiges ser à la couleur, à la forme de l'épi ou à quel
vent de fourrage et de litière; on ies em ques autres caractères extérieurs, mais, pres
ploie parfois à divers usages économiques, que toujours, s'étendent aux qualités écono
ses grains , dont on réserve le son pour miques et agricoles ; T qu'il n'est possible
la nourriture des animaux de basse-cour, et d'arriver à celte connaissance quen créant,
lont on emploie diversement la farine, soit à défaut d'espèces naturelles bien constatées,
pour e n obtenir le meilleur pain connu, soit des groupes ou des espèces artificielles.
aour la transformer en quelques-unes de ces Linné, dont les travaux de classification
làtes vendues sous le nom tle vermicelle, se ont embrassé l'universalité des plantes con
moule, etc., contiennent sous un petit vo nues de son temps, avait admis 7 espèces dif
366 AGRICULTURE : DES [CÉRÉALES ET DE LEUR CULTURE SPÉCULE, ux.f.
férentes de froment cultivé ; 5 parmi les fro- genre, et la nécessité qu'il soit refait ou re
mens à grain nu, et 2 parmi ceux à balle touché de loin en loin, ne diminuent en rien
adhérente ou épautres. Vers le même temps, son utilité. Dès-lors qu'entre des plantes
Haller s'efforça de faire sentir la nécessité de analogues, et des plantes surtout d'une uti
débrouiller les variétés et de fixer, si l'on lité telle que le froment, il y a différence de
pouvait, leur nomenclature ; il en donna qualités un peu prononcée, il devient néces
l'exemple en décrivant une partie de celles saire aussi qu'il y ait distinction. Nous allons
cultivées alors en Suisse. Mais c'est en France donc présenter la série, non pas de toutes,
qu'a été exécuté le premier travail important mais des principales variétés, en indiquant,
sur les variétés. Vers 1780, un des agronomes autant que nous le pourrons, les différences
qui aient rendu les services les plus réels à et les qualités distinctives de chacune.Comme
notre économie rurale, M.Tessier, entreprit, nous serons obligés d'employer quelques a-
sur tous les fromens français et étrangers pressioos botaniques, nous les expliquerons
qu'il put se procurer, une suite d'études dont ici, en donnant une idée de la structure de
il publia les résultats quelques années après. l'épi et des parties qui le composent
Ce travail, regardé à juste titre comme clas Un axe central {fig. 533) A, vu de face,
sique, a, pendant longtemps, servi de base et B de profil , de la Fig. 533,
à tous ceux du même genre, ou plutôt il a été nature de la paille, B A
reproduit textuellement ou par extrait dans mais d'une consistan
la plupart de nos ouvrages agronomiques. ce plus ferme, comme
A une époque plus récente, M. Seringe, au articulé , marqué de
jourd'hui directeur, du Jardin botanique de dents ou d'entailles
Lyon, fit paraître sur le même sujet des écrits saillantes et alternes
très-estiniés, et particulièrement sa Mono desdeux côlésopposés,
graphie des céréales de la Suisse. Enfin, très- sert de support com
récemment, un de nos botanistes les plus mun ou de point d'at
distingués, M. Desvaux, s'est livré à de nou tache aux parties de
velles recherches approfondies sur les espè l'épi.
ces et les variétés de froment, et en a consi Celui-ci est composé
gné les résultats dans un Mémoire imprimé de la réunion des épil-
parmi ceux de la Société d'agriculture, scien lets, insérés chacun sur
ces et arts d'Angers (1). Ce travail, à la fois une entaille de l'axe
botanique et économique, nous parait, quoi- et qui se trouvent ain
3ue nous n'en adoptions pas toutes les idées, si alternes et opposés.
evoir être désormais une des sources d'in Quand on regarde l'épi
struction les plus utiles sur cette matière. de manière ti ne voir
Beaucoup d'autres écrits sur les céréales ont que les épillets situés
été publiés par des botanistes et des agrono d'un même côté de
mes étrangers. Il ne peut entrer dans notre l'axe, on le voit ce que
plan d'en faire ici 1 examen. Nous devons nous appellerons de
cependant mentionner d'une manière par face. Si au contraire on le regarde de manière
ticulière celui de M. Metzger , intitulé à apercevoir également les deux séries de-
Europœische cerealien, qui, par son plan pi lifts, nous dirons qu'on le voit de profil.
et son exécution, nous paraît être le plus Vépillet {fig. 534) est un petit groupe de
utile et le plus éminemment classique de 3 à 5 fleurs, dont ,une Fig. 534.
ceux jusqu'ici publiés sur celte matière (2). ou deux sont ordinai
Taut de travaux entrepris dans l'Europe rement stériles,et dont
entière montrent assez quel intérêt on atta chacune des autres
che partout à la connaissance des variétés de devient un grain. C'est
céréales; mais on ne peut, d'un autre côté, ce que les cultiva
se dissimuler que les difficultés sont telles teurs, dans une partie a
qu'elles vont quelquefois jusqu'à prendre le de la France, appellent
caractère d'objections. Il est certain, par maille; on dit un blé
exemple, que la disposition de beaucoup de qui porte 3 ou 4 grains
variétés à changer et se modifier, rend leur à la maille, c'esl-a-dire
désignation incertaine et, jusqu'à un certain qui a 3 ou 4 grains
point, illusoire. Il est également vrai que les par épillet. Sa base , à
divisions ou les groupes sous lesquels on les droite et à gauche, est
classe, ne sontpas suffisamment tranchés; les partiellement embrassée par une emcloppe
nuances sont si nombreuses et les dégrada à 2 valves a a, faisant l'office du calice des au
tions tellement liées entre elles, que l'on ne tres fleurs, et que, dans les graminées, on
peut être absolument étonné de l'opinion appelle la glume.
émise par M. Desvaux, que, depuis l'engrain Celle-ci porte sur son dos une nervure, m
jusqu'au blé de Flandre ou au plus grand des plutôt un pli longitudinal plus ou moins pro
poulards, tout ne formait originairement noncé, qui, dans certaines espèces, rep'^nie
qu'une seule et même espèce, qui s'est, de assez bien la quille d'une carène, d dom
puis, modifiée en cent manières. l'extrémité, ordinairement échancrée, se ter
Ces difficultés, toutefois, eu montrant les mine en une pointe ou une dent plus o
imperfections inévitables d'un travail de ce moins alongée.
(l} Les figures de tous les épis de fromens ont été réduites, mais les epillets [qui les accompagnent
ont représentés de grandeur naturelle. ,
368 AGRICULTURE : DES CÉRÉALES ET DE LEUR CULTURE SPÉCIALE, ut. i"
Fig. 537. temps que le blé de Ta- — Epi carré, épais, très-régulier; gl urnes et
lavera, a été, depuis balles couvertes d'un duvet velouté; grain
quelques années, cul presque court, d'un blanc jaunâtre, de bdle
tivée avec beaucoup de «naine
qualité. c,c iminrut, qque j'ai reçu d'Angle
Ce froment,
succès et propagée terre et répandu depuis environ 20 ans sous
dans les environs de le nom de blé de haie, n'est pas le même que
Blois, par M. Rattieh, celui reçuet décrit autrefois par M. Tessier.
sous le nom de blé an Il parait que le nom de blé de haie, dom
glais. Son grain est l'origine est très-vague, a été donné succes
quelquefois, supérieur sivement par les Anglais à plusieurs va
en poids à celui du riétés.
blanc-zée, sa paille est 12. Froment rouge ordinaire sans barbes.—
moins longue;]c'est, au Cette variété est estimée dans plusieurs par
total, un des meilleurs ties de la France, comme productive, rusti-
blés blancs. que_ et convenable aux terres fortes; son
* 6. Blé Fellemberg grain, plus coloré que celui des blés à balle
(de mars). Epi très- blanche ou jaune, et généralement d'une va
blanc, paille et épi presque aussi longs que leur commerciale un peu moindre, est néau-
dans les blés d'automne, mais grain petit, moins de fort bonne qualité.
presque glacé. Ce froment vigoureux, et très- 13. Blé Lammas; blé rouge anglais. — Epi
beau sur pied, a contre lui la petitesse et la d'un rouge clair, souvent doré; un peu moins
dureté de son grain, et, de plus, l'inconvé grand que celui du n° précédent; grain de
nient d'être assez sujet à s'égrener. très-bonne qualité, le plus fin des blés ron
t 7. Blé Picict(de mars). Sous-variété sortie ges. Le Lammas a été introduit d'Angleterre
du Fellemberg, ayant les épis au moins aussi avec de grands éloges, dont une partie son!
beaux, el le grain plus long, plus tendre, te mérités; mais sa culture, après avoir pris d'a
nant mieux dans la balle; c'est un des bons bord beaucoup d'extension, a rétrogradé,
blés de printemps, quoique son grain n'égale parce que les hivers rigoureux lui ont été
pas tout-à-fait en couleur et en qualité celui Elus funestes qu'à nos blés ordinaires. Il est
du n° 2. âtif, assez sujet à s'égrener, et doit être,
H.Touzelle blanche. Epi très-blanc à épillets par cette raison, coupé un peu avant sa com
écartés ; grain long, d un blanc jaunâtre en plète maturité. Il est assez généralement re
Provence, devenant roux et glacé dans le gardé comme s'accommodant mieux d'un
Nord, où il supporte d'ailleurs difficilement terrain médiocre »|iie la plupart des autr«
l'hiver. Sa paille est extrêmement cassante et fromens.
il s'égrène au moindre choc. Ces défauts f 14. Blé de mars rouge sans barbes, — Cette
nous font penser que, même dans le Midi, variété, qui nous est venue du nord de l'Al
on pourrait remplacer la louzelle avec avan lemagne, a l'épi d'un rouge pâle, le grain
tage par quelque espèce analogue, et notam presque dur, la paille longue. Quoique son
ment par la suivante. grain ait durci depuis quelques années, nous
9. Richelle blanche de Naples. Ce froment pensons qu'il mérite d'être essayé compara
est renommé dans le commerce du Midi par tivement avec ceux de sa saison.
sa haute qualité. Son épi est blanc, ses balles +-f 15. Blé du Caucase, rouge sans barbes —
sont terminées par une arête courte comme Epi d'un rouge brûlé, long, étroit, à épillets
une petite barbe, quelquefois crochue. Le écartés; grain alongé, d'un rouge clair, dar
grain est oblong, nourri, d'un blanc jaunâtre et d'assez belle qualité. Ce froment, semé à
mat. Il a été introduit depuis peu d'années, l'automne, est remarquable par sa précocité,
par M. Darblay, dans les environs de Paris, qui permettrait probablement d'en faire un
où, d'après les premiers essais, son succès, blé de mars; il a l'inconvénient que sa paille,
qui serait très-désirable, laisse encore du quoique dure, est mince du pied et sujette a
doute. Il lui faut une terre très- saine, de verser.
même qu'à tous les blés méridionaux. f 1 C.Blé de mars carré de Sicile.—Epi dresy.
+f 10. Blé d'Odessa sans barbes (de M. Bon- d'un rouge brun, court, carré, à épillets très-
fils).— Parmi les divers blés d'Odessa essayés serrés; grain rouge presque dur, d'assez bonne
en France à diverses époques, nous ne con qualité. Variété native parmi les blés de mars.
naissons encore que celui-ci dont la culture se La paille est assez haute et remarquablement
«oit maintenue. Introduit en Auvergne par grosse dans sa partie supérieure.
M. Bonfils, il y a eu beaucoup de succès et ff 17.Blé rouge velu deCrète. — Epi d'un rou\
«'est rapidement propagé.Il est,cependant, un foncé, velu, compacte, à épillets très-élalés,
peu plus sensible au froid que les espèces or portant 4 et jusqu'à 5 grains, lesquels sont
dinaires du pays, et pourra, par cette rai courts, un peu anguleux, d'un jaune rougeà-
son, convenir moins qu'elles aux départemens tre opaque, presque durs, et paraissent de
du nord de la France ; son épi, un peu irré bonne qualité. Ce froment, que nous avons
gulier de forme et à épillets inégaux, est d'un eu de la collection de M. Desvaux, offre de
jaune faiblement teint de rouge pâle; la balle l'intérêt par la beauté de ses épis, le nombre
se termine en une pointe longue, comme une de ses tiges et sa précocité. Il nous parait mé-
demi-barbe; le grain, jaunâtre, est de fort ri ter des essais suivis.
belle qualité. On assure que ce froment est
également de mars et d'automne, ce qui a h. Varieles barbues ( fig. 538 et i3<j).
besoin d'être confirmé par une plus longue
expérience. Caractères généraux des variétés sans bar
11. Blé de haie, on froment blanc velouté. bes de la même espèce, avec cette différence
<x*r-tS'. DES FROMENS
3G9
que l'épi est barbu, et la glume ordinairement au lieu de présenter celte finesse extraordi
terminée par une pointe alongée. naire que lui donne, en Italie, une culture
De même qu'ils se rapportent botanique- artificielle, est au contraire grosse et forte;
nent aux précédens, les fromens ordinaires mais affaibli par le semis très -épais en terre
>arbus s'en rapprochent aussi par leurs médiocre, on en a obtenu, en France, du tres
malités : leurs bonnes variétés sont au nom- sage beau et fin, quoique n'égalant pas en
ire des blés fins, quoiqu'en général le grain core celui d'Italie.
:n soit un peu moins tendre et un peu plus tt21. Blé du Cap.Epi blanc, long; à épillets
x>loré. Nous ne connaissons même pas de très-écartés, à barbes longues, fortes et ru
frais blés blancs parmi les barbus, si ce n'est des; grain alongé, d'un blanc jaunâtre mat.
:elui du Cap, qui encore est jaunâtre, et, de Cette bellevariété, qui est plutôt de mars que
plus, est étranger à la grande culture en d'automne, offre beaucoup d'intérêt par la
France. Leur paille, quoique creuse, est or qualité de son grain; malheureusement elle
dinairement plus ferme que celle des fro dégénère facilement et aurait besoin d'être
mens sans barbes; c'est un avantage sur souvent renouvelée. Nous la croyons plus con
pied, nuis après le battage elle est moins es venable au midi qu'au nord de la France.
timée pour le bétail, il s'y trouve toujours 22. Blé Hérisson (Jig. 539 ). Variété remar-
quelques barbes, et le mélange de celles-ci
ïâte surtout la balle ou menue paille qui, dans Fig. 539.
les espèces sans barbes, est une provende es
timée pour les bœufs et pour les vaches. La
section des jromens ordinaires barbus ren
ferme des blés d'hiver, mais ceux de prin
temps (dont nous ne décrirons ici qu'une pe
tite partie) y sont en plus grand nombre;
iussi Linné en avait fait son espèce Triticum
Tstivum.
18. Froment barbu d'hiver à épi jaunâtre
,fig. 538). Epi comprimé, dressé, a barbes
divergentes; grain rou-
geâtre ou jaunâtre. Ce
froment, autrefois très-
répandu en France, est
rustique et productif;
mais, à mesure que la
culture fait des progrès,
il cède la place aux blés
sans barbes, qui ont , quableparson épi compacte, d'une forme ir
en général, un peu plus régulière, un peu contournée, hérissé de
de valeur sur les mar barbes très-nombreuses, divergentes et con
chés. Il est encore ce fuses. La couleur de l'épi varie du blanc jau
pendant très -cultivé; nâtre au cendré bleuâtre et même au brun,
c'est le blé le plus or avec une teinte glauque très-prononcée avant
dinaire dans le dépar la maturité, et souvent encore après. Le grain
tement de l'Ardêche ; est court, rougeàtre, presque dur et très-pe
c'est aussi , d'après ce sant. Ce froment, dans des essais encore ré
que nous :a mandé M. cens, nous a paru taller beaucoup et mériter
( lr. i: i z l.-l )i:i.i.ssi: il , l'es d'être étudié avec suite; il est d'automne.
pèce dominante dans le Metzger fait mention d'une variété de prin
département de la Vien temps, à grain blanc, qui ne nous est pas
ne, où elle est fort esti connue.
mée par les minotiers et
les boulangers. B.— Froment renflé ou Foulard (Tr. turgidum).
f 19. Blé de mars barbu ordinaire. Epi moins
:i'.iml et plus pyramide que celui du précé Epi barbu, carré, compacte, ordinaire
dent, à grain plus court et d'une nuance plus ment à 4 faces égales, quelquefois, aussi,
:laire. C'était autrefois le blé de mars le plus ayant deux cotés plus larges, qui, dansce cas,
■épandu en France; il l'est encore beaucoup, sont toujours ceux du profil des épillets; les
:tse trouve fréquemment mêlé avec la variété angles et les barbes disposés sur quatre
tans barbes n° 2, qu'il devance un peu en lignes parallèles à l'axe de l'épi; épillets
irécocité, à laquelle il est inférieur par la épais, presque toujours plus larges que hauts;
lualité de la paille, mais nullement par celle glume ;iu renflée, tronquée brusquement au
lu grain. sommet, et dont la nervure dorsale, très-pro
f 20. Blé de Toscane à chapeaux. Ce Trô noncée, se termine en une pointe arquée ;
nent, renommé par le grand emploi que l'on balles très-gonflées, courtes, plutôt refermées
tait de sa paille en Toscane, pour la fabrication qu'écartées à leur sommet ; grain oblong ou
les chapeaux dits depaille d'Italie,» une telle raccourci, bossu ou voûté sur le dos, souvent
"essemblance avec le précédent, que l'on peut déprimé et presque anguleux sur les autres
i peine l'en distinguer. Dans nos essais com- faces; paille dure et pleine, surtout au som
laratifs, il s'est montré un peu plus élevé et met.
l'une nuance d'épi un peu plus jaune. Quand Les qualités générales des blés poulards
m lu sème dans la seule vue du grain, la paille, sont d'être rustiques, vigoureux et produc-
AGRICULTURE. 47* livraison. tome I. —4"
370 AGRICULTURE : DES CÉRÉALES ET DE LEUR CULTURE SPÉCIALE. m.i«.
tifs, d'avoir une paille haute, forte et résis riété nous a été communiquée par M. de Sa».
tante, qui les rend moins susceptibles de pigny, qui nous l'a signalée comme étant
verser que les blés à paille creuse; ils sont spécialement employée, dans la Lozère, en
par là, et par leur force de végétation et potages, à l'instar du riz. Cest un poulard
d'absorption, plus propres que ceux-ci à être blanc lisse, à épi plus court que le précé
semés sur des défrichemens nouveaux, dans dent, moins serré, moins régulier, à barbes
des terrains bas, humides, ou qui, par des tantôt blanches, tantôt noires. Le grain, d'un
circonstances quelconques, sont trop riches blanc jaune, tendre et de moyenne grosseur,
en humus pour que les blés fins y viennent annonce une belle qualité.
à bien. Leur grain est inférieur en qualité à 26. Pétanielle blanche d'Orient. Nous avons
celui des fromens ordinaires : dans la plupart reçu sous ce nom, de M. Risso, de Nice, un
des variétés sa couleur est terne; il rend à la froment très-analogue au précédent, et qui
mouture beaucoup de son, une farine médio pourrait en être le type; il a seulement l'épi
cre, et a, dès-lors, une moindre valeur sur les plus fort, et le peu que nous avons vu de m
marchés. Il est tendre dans quelques variétés, grain annonce aussi une qualité remarqua
demi-dur, et même presque dur dans d'au ble pour un poulard; malheureusement ces
tres. deux belles variétés, qui peut-être n'en font
Tous les poulards sont barbus, quoique qu'une, nous ont paru un peu délicates; elles
dans plusieurs d'entre eux les barbes tom seront probablement mieux appropriées an
bent facilement après la maturité. (M. Des midi qu'au nord de la France.
vaux en a décrit un comme étant sans barbes,
mais, dans l'essai que nous en avons fait, il h. Variclcs i e'pl velu ( fig. 5<l, 5(1 et S<)).
s'est trouvé barbu.) Nous ne connaissons éga
lement parmi ces blés aucune variété de 27. Poulard blanc velu. Epi carré, très-ré
printemps; tous sont d'automne, mais plu gulier, très-velouté, dont les barbes se déta
sieurs peuvent être semés avec succès tardi chent presque complètement à la recolle.
vement, jusqu'en décembre ou même janvier. Cette variété, cultivée en Touraine et dam
La paille est peu estimée, à raison de sa plusieurs contrées voisines, a beaucoup d'a
dureté, qui est souvent telle que les bestiaux nalogie par ses qualités avec le poulard blanc
la refusent tout-à-fait. Avec ces défauts et lisse.
ces qualités, les poulards, très-peu usités dans 28. Pétanielle rousse, grossaiUe,grossagm,
les riches plaines du Nord, sont fort cultivés gros blé roux, poulard rouge velu (fig. 541). Ce
dans le midi de la France et dans plusieurs froment, qui présen- Fig. 541
départemens du centre et de l'ouest. te plusieurs variantes
quant à la longueur,
a. Varietéi à **pi glabre ou lisse ( fig. 5 40). à la grosseur et à la
nuance de ses épis tou
23. Poulard rouge^ lisse; gros blé_ rouge, jours très-velus, est
épaule rouge du Gâtinais (fig. 540). Épi d'un répandu dans les dé
rouge brun, souvent recouvert d'une teinte partemens méridio
Fig. 540. glauque, carré dans naux de laFrancc,dans
une des sous-variétés, une partie de ceux
fortement aplati dans de l'ouest , en Auver
une autre; glume et gne, etc. Son grain est
balles très -lisses et plus long et plus gros
luisantes; paille très- que celui du poulard
dure. rouge lisse, ordinaire
Ce froment, assez ré ment plus dur et d'une
pandu dans le centre nuance plus grisâtre;
de la France, y est il s'en rapproche, du
regardé comme d'une reste, par ses défauts
utile ressource pour les et ses qualités.
terrains humides et 29. Blé gros turquet.
pour les ensemence- Sous-varieté du précé
mens tardifs. Son grain dent, à épis épais, peu
est rougeàtre, ordi alongés , régulière
nairement tendre ou ment carrés, d'un cendré rougeàtre; à grains
demi-tendre, et d'une très-gros. Il nous a paru être un des plusvî-
qualité médiocre. goureux et des plus productifs parmi les pou
24.Poulard blanc lis lards velus.
se ; épaule blanche du 30. Blé de Sainte-Hélène (fig. 542). Ce fro
Gâtinais. Epi blanc ou jaunâtre, à balle lui ment, propagé par M. Noisette, sous le nom
sante ; grain d'une nuance plus claire et de blé géant de Sainte-Hélène, est également
d'une qualité plus estimée que le précédent; une sous-variété du u° 28, et a beaucoup d'a-
paille un peu moins dure, quoique pleine nalogie avec le gros turquet; son épi est en
aussi. core plus gros, moins régulièrement carre
Un cultivateur très-recommandable.M. Le- lés épillets inférieurs étant souvent plus élar
bi-a^c nu Plessis, deVitry-sur-Marne, a mul gis que ceux de la partie supérieure; la qua
tiplié et annoncé il y a peu d'années, sous le lité au grain est très-analogue à celle des deux
nom de blé de TaganrocA, un froment qui précédens, mais il parait les surpasser encore
nous a paru identique au poulard blanc. en produit.
25. Blé Garagnon de la Lozère. Cette va Nous avons reçu de plusieurs collections
:nvr. 15e.
DES FROMENS. 371
Fig. 542. son grain, quoiqne plus rond, plus jaune et
plus beau que celui des autres poulards, pa
rait ne leur être pas supérieur en qualité. Ce
sera toujours une variété curieuse, mais il est
peu probable qu'il s'établisse solidement dans
la grande culture de. nos contrées septentrio
nales. Il lui faut une terre à la fois riche et
très-saine ; dans une terre médiocre, il dégé
nère promptement et reprend un épi simple.
32. Foulard bleu, blé bleu conique des An
glais. Cultivée en Angleterre et sur quelques
points de la France, cette variété y est esti
mée pour son produit et sa rusticité; elle ne
diffère, du reste, des antres poulards velus,
que par la nuance bleuâtre de ses épis, et par
son grain un peu moins gros, qui est d'assez
bonne qualité.
33. Petanielle noire. Parmi les nombreuses
variétés du Triticum turgidum, celle-ci est une
des plus remarquables parla hauteur de ses
tiges, par le volume et le poids de ses épis,
enfin par l'abondance et la grosseur de son
grain ; sou épi, noir ou noirâtre, perd assez
Facilement ses barbes après la maturité. Ce
froment a très-bien réussi, depuis deux ans,
aux environs de Paris ; mais cette épreuve
n'est pas assez longue pour juger s'il convien
dra au climat du nord de la France, comme
ileonvient à celui du midi. Son grain annonce,
du reste, les mêmes défauts que ceux de la
plupart des blés de sa race.
C. — Froment dur ou corné {Triticum durum).
parcelles de l'épi, et les corps étrangers qui la 2e en mai, la 8" en août, et la dernière 'en
s*y trouvent mêlés. octobre.—Au sud del'Europe, iln'est pas im
Le moyen le plus naturel de conserver le possible nonplus, comme on peut le prévoir
maïs est de le laisser en épis, mais il peut d'après ce qui précède, d'obtenir 2 récoltes,
difficilement convenir aux pays de grande soit en faisant sur le même champ 2 cultures
culture. — Lors donc qu'on a dégagé les consécutives de maïs précoce, soit en semant,
grains delà rafle, les uns les serrent dans des en juillet, dans les intervalles des lignes de
greniers où ils les remuent de temps en temps; maïs ensemencées en avril; mais, d'unepart, il
—d'autres les mettent dans des sacs, des cof faut beaucoup d'engrais pour réparer l'épuise
fres, des tonneaux. —En Toscane, en Sicile, ment occasioné par cette production forcée,
à Malte et sur les côtes d'Afrique, on les en et, de l'autre, on chercherait vainement à
fouit, comme les grains de toute autre nature, l'obtenir hors de certains climats et de cer
dans des fosses souterraines, revêtues à l'in taines positions favorisées par la proximité
térieur de pailles ou de nattes de jonc, d'é- des eaux. — La multiplicité des récoltes de
corce, etc. — Chacun sait qu'un moyen très- maïs n'est pas le seul avantage des pays aussi
propre à prolonger la durée du mais consiste heureusement situés : leur abondance en
a le soumettre à un degré de chaleur dont est un non moins grand. — Dans quelques
l'intensité, assez forte, à la vérité, pour dé fiarties de l'Amérique du sud, il est des
truire la vitalité du grain, paralyse en même ieux, dit M. de Humboldt, où Fon regarde
temps les élémens de fermentation, et durcit comme médiocre une culture de cette gra-
assez la partie du eraiu enchâssée dans l'axe minée, qui ne rend que cent trente à cent
de l'épi, pour qu'il résiste à l'attaque des in cinquante fois la semence.
sectes. Malheureusement, la farine qui pro D'après nos calculs, le produit ordinaire
vient du maïs étuvé n'est pas d'une conserva étant de deux épis dans les bons terrains, et
tion plus longue que l'autre. On ne doit donc d'un seul dans les médiocres, chaque épi
moudre ce grain que pour la consommation contenant approximativement 10 à 12 ran
de quelques semaines. Plus la farine acquiert gées, et chaque rangée 30 à 40 grains, on ob
de finesse sous la meule, plus elle est suscep tient quelquefois en Piémont jusqu'à 180
tible de s'altérer. pour un. — Toutefois, la récolte moyenne du
maïs, dans ce même pays, n'est que de 60 p. 1.
§ X. — Des produits du mais. En réduisant encore ce total, on trouvera
toujours que, partout où le maïs prospère, il
Si nous faisions, avec les voyageurs, des est de toutes les céréales celle oui donne les
recherches sur les produits de la culture du plus abondans produits. Matin. Bonafous.
maïs dans les contrées méridionales, nous
verrions qu'à l'aide des irrigations, on en ob Section vu. — Du Millet et du Sorgho.
tient sur le même sol au moins deux récoltes
par an. C'est ce qui a lieu dans quelques par Le Millet ou Panis {Panicum, Lin.); en an
ties de l'Egypte, et d'une manière bien plus glais, Millet; en allemand, Panich; eu italien,
marquée dans l'Ile de Cuba, où, au dire de Panico et Sageno, et en espagnol, Alcaudia,
M. Rajmon de la. Sagra, on voit se succéder n'est cultivé un peu en grand que dans quel
jusqu'à 4 cueillettes de maïs: la l"en février, ques-unes de nos provinces méridionales.
404 AGRICULTURE : DES CEREALES ET DE LEUR CULTURE SPECULE. Lrt.f'.
On fait entrer ses graines dans la confec Fig. 570. Fig. 569.
tion du pain ; on les mange à la façon du riz,
cuites dans du bouillon ou du lait ; on les
emploie à la nourriture de tous les animaux
domestiques. — Ses feuilles sont avidement
recherchées par les bestiaux; — enfin, ses
tiges sèches servent à chauffer le four.
II existe trois espèces principales de Pa-
nis : le commun {Panicum miliaceum,hin.) ;
— le Millet d'Italie (P. Italicum), et le
Moka (P.germanicum), que l'on cultive à peu
§rès de la même manière, et dont les pro-
uits sont peu différens. Cependant le der
nier, généralement préférable aux deux
autres comme fourrage, est moins produc
tif en grain (voy. le chap. Plantes fourra
gères).
Le Millet commun (fig. 568) se distingue
Fig.'568.
Tous les millets ai
ment une terre légère,
mais substantielle, pro
fondément ameublie
par plusieurs labours,
et richement fumée.
Dans les sols pauvres
ou arides, ils ne don
nent que peu de tiges
et des épis peu char
gés de graines ; —dans les sols humides, sans
chaleur, ils pourrissent promptement par les
racines.
Les millets, supportant mieux la chaleur et
la sécheresse que la plupart de nos autres
céréales, sont propres à succéder en se
conde récolte à celles qui cessent d'occu
per le sol à la fin du printemps ou au com
mencement de l'été, et à remplacer les cul
tures printanières détruites par quelques
accidens. — Nous verrons qu'on peut aussi
en tirer un parti avantageux comme four
rage.
Vers le centre de la France, dans l'appré
hension des gelées, dont ces plantes ne peu
vent supporter la moindre atteinte, on ne
les sème que dans le courant de mai. — Plus
au sud, il faut devancer cette époque, afin de
profiter de l'humidité accumulée dans le sol
pendant l'hiver. Lorsqu'on n'opère pas par
un temps de pluie, la graine des divers mil
lets étant fort dure, il est avantageux de la
faire tremper pendant 24 heures dans de
l'eau à une douce température.
Les semailles se font à la volée ou par *
facilement du Millet d'Italie (yfc.569).— Le gnes plus ou moins distantes, selon le déve
premier porte des panicules volumineuses, loppement que doit prendre chaque touffe,
à longues ramifications, lâches et pendantes eu égard à la qualité du terrain. — En géné
au sommet; la gaine de! ses feuilles est hé ral; l'espace réservé d'un pied à l'autre est de
rissée et couronnée de poils à son orifice ; 10 à 15 po. (0" 271 à 0" 298) environ.
ses graines sont blanches, jaunes ou noirâ Quelle que soit la manière dont on aort
tres dans diverses variétés. — La seconde es semé, on devra plus tard éclaircir, sarcler,
pèce a ses fleurs disposées en un épi serré, biner et buter d'après les mêmes principes
cylindrique, et à ramifications si courtes que ceux qui ont été exposés en parlant du
qu'elles sont sensibles à la base seulement; maïs. Par cette raison, pour faciliter le tra
les feuilles sont moins larges, moins longues, vail de la houe à main, les semis en ligne
et ordinairement moins velues. — L'un et doivent être préférés. S'ils exigent, lors
l'autre s'élèvent à 3 ou 4 pieds (l™ ou 1 m 299). qu'on ne possède pas un bon semoir, un
Quant au Moha (fie. 570), il se rapproche peu plus de temps que les autres, cette lé
beaucoupdumilletdltalie. Son épi est cepen gère différence est largement compensée
dant généralement plus court, ses tiges plus plus tard par la plus grande facilité, la rapi
grêles et plus nombreuses, dité des sarejages et des bntages, la periec
chap.16». .. i.' DU RIZ. .... ; W5
tion du travail, et, en définitive, par l'abon nicules formant une sorte de petit balai.
dance des récoltes. Comme le panis, le sorgho veut une terre
On reconnaît que la plante approche de sa fertile et chaude.— La manière de le semer,
maturité à son changement de couleur. Les de le sarcler et de le buter, est en tout la
épis deviennent alors jaunâtres comme les même ; seulement, il est bon de Yespacer da
graines; si l'on attendait pour les recueillir vantage. Cette plante, fort cultivée en Arabie
que ces dernières fussent toutes parfaitement et sur diversTautres points de l'Asie, s'est ré
mûres, on en perdrait une grande quantité; pandue aussi enltaiie, en Espagne, enSuisse,
aussi la récolte ne doit pas être différée jus dans quelques parties de l'Allemagne et de
que là. la France méridionale et occidentale. Mais
On coupe les épis a un pied de leur base, et elle s'y est fort peu étendue, parce que, quoi
on les suspend dans un endroit aéré et sec, qu'elle épuise le sol à peu près autant que
jusqu'à ce que la maturation soit complète; le mais, elle donne des produits en général
puis on les égrène à la main ou on les bat avec moins fructueux.
un fléau, et on les nettoie comme le blé. Oscar Leclerc-Thouin.
Le produit en grain des panis est considé
rable. Malheureusement, leur qualité, comme
substance propreàla nourrilurederhomme, Section vih. — Du Riz.
n'est pas, à beaucoup près, en rapport avec
leur quantité. Le Riz cultivé (Oryza sativa), en anglais,
LeSORGHO {Holcus Sorghum, Lin.); en an Rice ; en allemand , Reis; en italien, Riso;
glais, Millet ; en allemand, Hirse ou Sorgsa- {fig. 572), est une plante annuelle qu'on
men; en italien, Sorgo, et en espagnol, Al- croit originaire des Fig. 572.
caudia (fig. 571), est, comme ou le voit par cette
Indes et de la Chine,
Fig. 571. et qui appartient à la
famille des graminées.
Ses racines sont fibreu
ses et superficielles, et
ressemblent à celles du
froment; 'elle fournit
des tiges hautes de 3
h 4 pieds , grêles , et
aussi fermes que celles
dublé.Les feuilles sont
longues , étroites , ter
minées en pointes.
Les fleurs portent des
étamines de couleur
purpurine, et forment
des panicules comme
chez le millet. Les
grains sont contenus
un à un dans une balle
sans arête , à pointe
aiguë, à deux valves à
peu près égales ; ils
sont oblongs , sillon
nés, durs, demi-trans-
parens et ordinairement blancs.
Le riz, comme toutes les plantes cultivées
depuis un temps immémorial, a produit un
grand nombre de variétés. Celles des Indes,
notamment le benafouli et le gouondoli,
donnent un grain meilleur que le riz de
l'Europe. A la Chine, il en existe aussi un
grand nombre d'excellentes variétés; celle
dite riz impérial parait être d'un tiers plus
précoce que les autres, et peut ainsi mieux
réussir au nord de l'Empire. Il y en a une au
Japon dont le grain est fort petit, très-blanc
et le meilleur qu'on connaisse ; il est aussi
nourrissant que délicat; les Japonais n'en
synonymie, souvent confondu avec le millet, laissent presque pas sortir. Mais, pour nous,
dont il diffère, du reste, assez peu par ses les variétés les plus intéressantes sont celles
usages économiques, sa culture et ses pro cultivées en Piémont et clans les Carolines.
duits. —Sa lige forte, roide, analogue à cellu M. Poivre a rapporté de la Cochinchineà
du maïs, dont elle se distingue cependant l'Ile-de-France une variété de riz qu'on ap
par ses moindres dimensions, s'élève à la hau pelle vivace ou perenne, parce qu'elle repro
teur de 5 ou 6 pieds (1 à 2 met.). Ses feuilles duit chaque année des tiges nouvelles; son
sont plus larges et plus longues que cellesdes grain est brun et de bon goût ; cette espèce
millets. Ses fleurs et ses graines sont dispo est peu répandue.
sées, à l'extrémité des tiges, en larges pa- Il y a une dizaine d'années, on avait, en
40fi AGRICULTURE : DES CEREALES ET DE LEUR CULTURE SPÉCIALE, Ltv. r".
France, fondé de grandes espérances sur une voir légèrement mouillée, mais c'est une mé
variété de riz sec, provenant de la Cochin- diocre nourriture. — Quant à la longue pail
chine, envoyée à la même époque par Poivre le, on n'en peut faire que de la litière pour
en Europe, et mise en vogue par A. Thouin; on les bœufs; aussi en laisse- t-on souvent une
prétendait qu'elle pouvait être cultivée sans bonne partie pour l'enterrer dans le sol. —
inondations dans les terrains frais. Malheu Nous ne parlerons pas de l'emploi du riz pour
reusement, les essais tentés de divers côtés, la préparation des chapeaux et tissus appelés
et ceux que nous avons faits en Piémont ont dans le commerce paille de riz, car on sait
démontré que cette variété est une plante qu'ils sont confectionnés avec le bois de di
aussi aquatique que l'espèce à laquelle elle verses espèces d'osiers et de saules, ou d'au
appartient, et qu'elle ne peut fructifier sans tres arbres à bois blanc. — Quant au papier de
l'intervention de Peau. On sait en effet que les riz, il est fait avec les tiges de l'OEschynomène
variétés de riz sec de montagne de l'Asie, par des marais (QEschynomene paludosa, Roxb. ),
ticulièrement de la Cochinchine, ainsi que de plante de la famille des légumineuses, qui
Madagascar, ne prospèrent, sans être inon croit abondamment dans les plaines maréca
dées, que dans les pays et aux époques où les geuses du Bengale.
moussons procurent des pluies continuelles
et constantes. Le grain obtenu , en cultivant
ce riz comme le riz humide, nous a paru plus § II. — Exploitation et insalubrité des rizières.
dur et par conséquent d'une cuisson plus
longue. Il est bien constaté que la culture du riz
ne prospère que sur les terrains qu'on peut
§ I". — Usages du riz. inonderh volonté, ou dans les contrées sou
mises à des pluies régulières et abondan
Les usages du riz sont nombreux et variés. tes. C'est ainsi qu'elle est pratiquée, quoique
L'analyse chimique va fait reconnaître une avec des modifications particulières, enChine,
quantité considérable de fécule, environ 96 au Japon, dans les Indes et les lies de l'Asie;
pour cent ; aussi ce grain est-il l'une des sub en Egypte et autres parties de l'Afrique; aux
stances les plus nutritives, et, pour une Etats-Unis d'Amérique, notamment dans les
grande partie des peuples de l'Asie , de l'A Carolines,qui produisent du riz en abondance,
frique et de l'Amérique, il est d'une impor et en fournissent une grande quantité au
tance égale à celle du froment pour les habi- commerce européen ; enfin, en Europe, dans
tans de l'Europe. L'analyse nous a prouvé que le Piémont et la Romagne, et en Espagne,
le riz cultivé en Europe offrait plus de princi- partout où les cours d'eau sont nombreux et
Êes nutritifs que le riz exotique ; il est moius abondans, et où il est par conséquent facile
lanc, mais plus savoureux. d'inonder les champs de riz. Dans un grand
Le riz seul ne parait pas susceptible de pa nombre de localités, et surtout aux Indes, en
nification, et la manière la plus ordinaire de Chine et au Japon, on cultive le riz sur des
le consommer consiste simplement à le faire terrains où l'eau ne viendrait pas naturelle
ramollir et gonfler dans de l'eau bouillante ment, et on l'y amène par des canaux d'ir
ou à la vapeur; on le mange en cet état, soit rigation, en l'élevant au moyen de machines.
seul et assaisonné avec quelques sels ou épi- La culture du riz a été essayée avec succès
ces, ce que les Orientaux nomment pilait, soit dans plusieurs parties de la France, en Pro
mélangé avec les autres substances qui com vence, dans le Forez, le Dauphiné, la Bresse,
posent le repas ordinaire. en Languedoc et dans le Roussillon, et, de
M. Arnai, a récemment fait valoir les avan nos jours, aux environs de la Rochelle par
tages qu'il y aurait à mélanger un septième madame du Cayla. Mais elle a été aban
de riz réduit en farine, avec la farine de blé donnée, à cause des maladies meurtrières
destinée à la préparation du pain, et il a trouvé qui l'accompagnaient, et qui portèrent le
qu'en composant la pâte de 12 livres de fro gouvernement à l'interdire formellement
ment, 2 de riz et 13 d'eau, on obtient 24 li Ces ordonnances, quoique sans application
vres d'un pain excellent, très-nutritif et d'une depuis un très long temps, n'ont point été
blancheur parfaite, tandis que 14 livres de abolies: en sorte qu'on peut se demander si la
farine ne donnent habituellement aux bou culture du riz pourrait être rétablie en France
langers qu'environ 18 livres de pain. de nos jours, sans l'intervention de l'autorité
En Europe, on mange aussi le riz bouilli, législative. En Espagne, elle avait été aussi
mais on en prépare surtout une foule de po proscrite sous peine de mort; mais cette dé
tages, de gâteaux et de mets sucrés excellons. fense est tombée en désuétude; cependant
— On sait que la décoction des grains du riz est il est encore défendu d'établir des rizières,
très-employée en médecine dans les dyssen- si ce n'est à la distance d'une lieue des villes.
teries et comme boisson très - salutaire. — En Amérique, comme en Italie et en Pié
Dans quelques pays, on en nourrit la volaille. mont, laculturedu riz est soumise à diverses
— En Chine, ce grain, soumis à la fermenta mesures restrictives, qui ont pour but de di
tion et à la distillation, fournit une liqueur minuer les fâcheux effets de son insalubrité,
spiritueuse appelée arack, et au Japon, une dont il est facile de se convaincre en obser
sorte de boisson vineuse nommée facki. — vant les visages livides, pâles et bouffi s des ha
Enfin, les Chinois en composent une pâte qui bitons, et en remarquant que des fièvres in-
acquiert une grande dureté, qui se moule termittentesy régnent presque toute l'année.
comme le plaire, et avec laquelle ils font di Dans ces derniers pays même, où l'influence
vers pelitsouvrages de sculpture et demodelé. délétère des rizières est en partie dissimulée
La balle du nz, que les Piémontais nom par leur mode d'exploitation, si l'on écoutait
ment bulla, se donne aux chevaux après l'a les vœux des amis de l'agriculture et de l'hu
BAP. 16«. DU RIZ. . 407
nanité, an lien d'encourager cette culture, qu'on peut prolonger la culture du riz
m tendrait à la réduire. sur le même sol, pendant plusieurs années
Les grands travaux nécessaires pour nive- consécutives, avec plus d'avantages et moins
sr le sol des rizières et y amener les eaux d'inconvéniens que pour la plupart des au
l'une manière régulière, ne permettent pas tres graminées.
c penre decultureaux paysans, ni aux petits Quoique le riz préfère un terrain riche, il
fopriétaires. En Piémont, ils restent tout- peut cependant donner de bons produits sur
-fail étrangers à la culture des rizières, qui un sol peu fertile, pourvu que sa couche in
ont ordinairement des propriétés d'une férieure lui fasse retenir à sa superficie l'eau
aste étendue, situées dans des contrées où et les matières fertilisantes. On dit que
a population est rare et chétive, et qui celte plante est très-productive sur les ter
ppartiennent à de riches citadins. Ceux-ci rains salés, ce qui peut rendre sa culture
n confient la direction et la surveillance à avantageuse sur certaines laisses de mer.
les régisseurs qui font exécuter tous les tra- Les eaux préférables pour les rizières sont
aux de culture comme de récolte, par des celles de rivières, puis celles des étangs, lacs,
orangers ; ceux-ci arrivent à cet effet de di- mares ou marais; celles de sources ou de
erses contrées, aux époques convenables. puits sont pour le sol européen les moins con
Pour l'agriculture française, le riz n'offre venables, comme les plus fraîches et les moins
in grand intérêt que par l'étendue que sa propresà la végétation; lorsqu'on est obligé d'y
ulture pourrait prendre sur le territoire avoir recours, on doit les améliorer par un
l'Alger, où il existe de vastes plaines d'un séjour dans des réservoirs bien découverts
'Train fertile et facilement irrigable, et où la et peu profonds, et même en y mêlant des
lopulation, peu considérable dans certaines engrais animaux.
ocal il es, aurait peu à souffrir de l'insalubrité Le sol des rizières doit être labouré pour
les rizières. Peut-être aussi pourrait-on l'in- ameublir la terre, et permettre aux racines
roduire, sans de grands dommages pour d'y pénétrer. Mais les labours ne doivent pas
a santé publique, dans quelques contrées être profonds, surtout dans les terrains mé
lu midi de la France, qui trouveraient ainsi diocres.
in emploi plus productif que par la végétation Ainsi, la culture du riz ne peut être éta
les mauvais herbages et des roseaux qu'elles blie que dans un bon sol;—disposé en plaine
munissent. ou en pente douce, afin de rendre facile l'en
§ III.— Culture du riz. trée et l'écoulement de l'eau ; — voisin d'une
rivière ou de tout autre dépôt d'eau favora
Le climat exigé par le riz ne permet pas à ble; — écarté le plus possible de toute plan
ette culture de 'dépasser avantageusement tation qui nuirait au riz en l'ombrageant et
ers le nord le 45* ou le 46° degré de latitude; l'exposant davantage aux dégâts des oiseaux
Ifaut, en effet, au riz, pour bien fructifier et autres animaux ; — enfin, convenablement
m Europe, une température élevée pendant préparé par des labours et des engrais.
I à 5 mois au moins. Il demande aussi, au- Avant de procéder aux semis, une prépara
ant que possible, une exposition méridionale tion particulière aux rizières consiste à diviser
tune situation qui ne soit pas ombragée. le sol en compartiment k peu près égaux, car
Le terrain préféré par le riz est gras, hu- rés et contiens, dont l'étendue doit être pro
nide et naturellement fertile. Le sol des ri- portionnée a la pente plus ou moins forte du
ières est souvent assez riche par lui-même terrain, et est généralement, dans la Catalo
(par la décomposition des matières anima- gne et le royaume de Valence, de 15 à 20 pi.
es et végétales, sans cesse activée par l'ac- de côté. Ces planches sont séparées les unes
ion de l'eau, pour permettre la culture du des autres par de petites levées ou chaussées
iz sans engrais pendant plusieurs années de en terre, en forme de banquettes, dont on
uite. Il est même des sols si riches qu'on ris- proportionne la hauteur et l'épaisseur au
[uerait d'y voir verser le riz, ce qui anéan- volume d'eau qu'elles doivent renfermer,
îrait la récolte. On lui fait alors succéder mais qui ont généralement 2 pieds d'éléva
l'autres céréales, et surtout le maïs ou le tion sur 1 de large. Ces banquettes per
orgho. Il est des rizières où le riz est cultivé mettent de parcourir les rizières en tout
ans interruption; dans d'autres, tous les 4, 5 temps à pied sec, et de retenir les eaux
in 6 ans, on le soumet à une année dejachère, à volonté ; elles sont percées d'ouvertures op
icndant laquelle on fume ou bien on adopte posées, pour l'introduction et l'écoulement
in assolement qui intercale de loin en loin le des eaux. Le sol des planches doit être aplani
nais et le chanvre. Du reste, les engrais sont et bien nivelé, afin que l'eau se maintienne
arement inutiles de temps en temps, si ce partout à une égale hauteur.
l'est sur les terrains trop féconds, et ils de- L' époque] favorable pour les semailles est
iennent très-avantageux sur ceux de médio- ordinairement en avril pour les nouvelles ri
:re qualité. zières, et seulement au milieu de mai pour
Environné de toutes parts d'eau qu'il faut les anciennes, dont le sol, refroidi par une
enouveler constamment, le riz y pompe inondation longtemps prolongée, a besoin
iresque toute sa nourriture , en sorte d'être réchauffe par l'action des rayons so
[u'il épuise très-peu le sol. Son propre feuil- laires auxquels il faut le laisser exposé. Au
age et la présence de l'eau préviennent aussi moment de semer, on fait pénétrer l'eau, et
rès - efficacement l'évapora t ion des prin lorsqu'elle est uniformément répandue à peu
cipes fertilisans et la propagation des herbes. de hauteur, on y entre pieds nus, et on semé
I en résulte que toutes les récoltes qui suc a la volée comme pour le froment. En Asie,
cèdent immédiatement à celles du riz, sont on sème souvent en rayons; et dans l'Inde
îettes, abondantes et très-avantageuses, et comme eu Chine, et ailleurs, généralement
408 AGRICULTURE : DES CÉRÉALES ET DE LEUR CULTURE SPÉCIALE, uï. i".
on transplante le riz, semé d'abord en pépi rain perde son humidité, tant pour qu'il
nière, lorsqu'il est parvenu à 5 ou 6 pouces uisse recevoir le labour en temps convert
de hauteur. Il est aussi des lieux où l'on n'in ie que pour rendre la récolte plus facile.
troduit l'eau qu'après avoir semé et hersé. I est cependant des lieux où elle sefait dans
Il est utile d'avoir préalablement disposé la l'eau, ce qui augmente beaucoup l'insalu
graine à germer en la faisant tremper dans brité ordinaire des rizières.
de l'eau pendant un ou deux jours, ou même Depuis quelques années, les rizières de la
assez longtemps pour qu'il y ait un commen haute et basse Italie sont sujettes à une ma
cement de germination. La semence, tout ladie désignée en Italie sous le nom de bru
le inonde le sait, doit avoir été conservée avec sone. Le riz se trouve instantanément frappé
sa balte ou euveloppe. de stérilité par cette maladie, attribuée par
Pour enterrer la semence, voici le procédé les uns à un insecte inconnu, et par d'autres a
en usage dans le Piémont et la Romagne : On une végétation agame, dont le développement
attèle un cheval à une planche d'environ 3 rapide seraitsans exemple. Mais ces deux opi
mètres (9 pieds) de longueur, sur 33 centiui. nions nous paraissent peu vraisemblables;
(1 pied) de largeur, et sur laquelle un con nous croyons que le brusone est plutôt dû à
ducteur se tient debout en se soutenant au un phénomène électrique. En effet, nous
moyen des guides. Il lait parcourir à la plan avons toujours remarqué que le riz qui végé
che toutes les parties des compartimens, tait sur les bandes de terre imprégnées d'une
dont il rabat ainsi les sillons, en ayant soin humidité plus profonde, y était plus exposé.
de descendre lorsqu'il passe d'un comparti Nous avions soupçonné aussi que le riz cul
ment dans uu autre, par-dessus les berges. tivé eu Piémont avait pu dégénérer, faute d'en
Les façons d'entretien du riz consistent à avoir renouvelé la semence depuis l'époque
suivre la distribution des eaux, qui doivent déjà ancienne de son introduction. Nous fî
être plusieurs fois renouvelées, et toujours un mes venir en 1829 du riz de l'Amérique sep
peu courantes pendant la végétation de la tentrionale, pour le distribuer aux cultha-
plante, et qu'on fait écouler une ou deux fois teurs piémoutais, et il résulte de leurs essais
pour permettre des sarclages. — Au bout de que ce grain américain n'a pas été atteint
12 ou là jours, les premières feuilles du riz du brusone, quoique cultivé dans les mêmes
commencent à paraître hors de l'eau ; il faut circonstances ; nous énonçons ce fait sans
alors augmenter successivement la quantité oser conclure que notre soupçon soit fondé.
de l'arrosement, de sorte que l'extrémité des
feuilles soiteonstamment flottante à la surface § IV. — De la récolte et des produits. «
de l'eau, et cela jusqu'à ce que les tiges soient
assez développées pour se soutenir, ce qu'on La récolte a lieu quand la couleur jaune
reconnaît à l'existence du premier nœud et foncée de la paille et de l'épi annonce une
à une teinte verte plus foncée. — A celte pé complète maturité ; ce qui arrive ordinaire
riode de la végétation du riz inondé, on Jait ment 5 mois après les semailles, et vers la lin
écouler Ce.au pour donner plus de consistance de septembre. Elle se fait à la faucille en
aux plantes et permettre l'enlèvement des sciant à moitié paille. — On bottèle sur-le-
mauvaises herbes; mais on ne tarde pas à champ en petites gerbes qu'on lie avec des
restituer l'eau plus abondamment, dès que liens de paille de blé ou d'osier.
le riz jaunit et parait souffrir. — Celte nou Le battage s'opère généralement en Pie-
velle inondation active promptement sa crois mont par les procédés de dépiquage qui ont
sance, et on l'entretient aussi complète et élé décrits page 330. On pourrait aussi battre
aussi haute que possible, surtout par les gran le riz au fléau. A l'Ile Maurice, on le bat eo
des chaleurs et a l'époque de la floraison. — frappant de fortes poignées sur 2 morceaui
Assez souvent, vers la fin de juin, on relire de bois de 4 à 5 pouces de diamètre, placés à
encore une Jois les eaux, afin de sarcler les côté l'un de l'autre. Dans plusieurs pays, os
mauvaises herbes, principalement les prêles, se contente de frapper les épis contre une
les souchels, carex, etc. qui ruineraient bien muraille ou contre des planches. — Après la
tôt les rizières en se propageant ; dans tous séparation du grain d'avec la paille,;on amasse
les cas, on débarrasse toujours rigoureuse le riz en tas et on le vanne. Ensuite, on le met
ment les banquettes. sécher sous des hangars ou au soleil, et de
Avant que le riz soit en fleur, c'est-à-dire ouvriers le remuent avec des râteaux jusqu'à
généralement vers le milieu de juillet, on le ce qu'il soit parfaitement sec, ce que l'on re
<:ime, opération qui se fait à la faulx comme connaît en mettant quelques grain» sous 11
l'effanage des blés trop vigoureux, et qui dent; ils doivent être alors aussi durs que
consiste à retrancher les sommités des tiges. ceux qu'on livre à la consommation. On passe
Le riz, plus ferme, épie, fleurit et mûrit alors ensuite le grain dans trois différons cribles,
plus également ; mais cette pratique n'est pour l'épurer parfaitement. — Dans cet état,
point générale. le riz est enveloppé de sa balle jaunâtre, qui
Le riz fleurit une 15* de jours après le ci- est très-adhérente; il porte le nom de riz en
mage, et le grain se forme au bout de 15 au paille, et de rizon en Piémont, celui de riz
tres jours; durant cette période, plus grande étant réservé pour le riz préparé et blan
est 1 abondance de l'eau , et plus fortes sont chi. — Quant à cette dernière opération, elle
les chaleurs, plus on fait de riz.— Dès qu'on s'exécute en Italie au moyen de mortiers et
s'aperçoit que la maturité approche, ce qu'in dépitons en bois dur ou en pierres, mis en ac
dique la couleur jaunâtre que prennent les tion par l'eau ou par un cheval, et en Espa
épis et la paille, on fait entièrement écouler gne par des moulins dans le genre de ceux à
l'eau, et on dégage, à cet effet, les ouvertures farine, qui pourraient facilement être appli
jusqu'au bas des banquettes, afin que le ter- qués à cette destination, notamment en gar
hap. 15'. DE QUELQUES PLANTES DE LA FAMILLE DES GRAMINÉES. 409
lissant de liège la meule d'en bas, par de- cile conservation, qui le rend, par suite, très-
lans, c'est-à-dire entre les deux meules, afin précieux pour les voyages de long cours, pour
[u'elles n'écrasent point les grains. On trouve les approvisionnemens des villes de guerre
ni moulin fort simple, décrit et figuré dans et pour les cas de disette.
a Collection d'inslrumens et de machines de Les produits du riz sont considérables,
i. de Lasteyrie.— Celui que nous représen- comparés au froment. Quand le grain du riz
ons (fig. 673), d'après l'ouvrage de Bokgais, est beau, bien nourri, bien plein, 100 livres
Fig. 573. en gerbes donnent jusqu'à 75 livres de riz
blanc ou pilé; le plus communément, on en
obtient de 40 à 50 livres. Le prix du riz de
Piémont blanchi est d'environ 25 centimes le
kilog. (2 sous 1/2 la livre). — Dans les Caro-
lines, on compte que le produit d'un acre est
de 50 à 80 boisseaux de riz, selon la qualité du
sol; 20 boisseaux de grains, revêtus de l'é-
corce, pèsent environ 500 livres ; ces 20 bois
seaux se réduisent à 8 quand le riz est dé
pouillé de sou enveloppe, mais il y a peu de
perte sur le poids.
Matthieu Boxnafous.
De toutes les semences farineuses, après les 1. Le Haricot blanc commun. — Il a des
blés et souvent à côté des blés, les haricots cosses longues de 5 à 6 pouces, légère
sont sans nul doute une des plus généralement ment recourbées, à parchemin coriace,et con
utiles et dont les usages économiques ont le tenant 7 ou 8 grains qu'il est très-facile de
moins besoin d'être rappelés. Aussi sont-ils confondre à la vue avec ceux de Soissons.
devenus, partout où le climat favorise leur mais dont la qualité est cependant inférieure.
Ïiroduction, soit dans les champs, soit dans 2. Le Haricot de Soissons {fig. 579) ne pa
es jardins, l'objet de cultures fort importan rait ôtrequ'unesous-va- Fig. 579.
tes. riété locale delà précé-
§ 1"— Espèces et variétés. dente.Ses cosses acquiè
rent communément
Dans le genre Haricot {Phaseolus); en angl., un peu plus de largeur;
Kidneybean ; en allemand, Schminkbohne, et — ses grains sont le
en italien, Fagiuolo {fig. 578), on remarque plus souvent d'un blanc
plus brillant. Cultivé
Fig. 678. hors des terrains dans lesquels il a acquis»
réputation, il dégénère plusoumoinspromp-
tement. De tous les haricots c'est le plus es
timé, en sec, sur les marchés de Pans.
3. Le Haricot de Liancourt est aussi uni
sous-variélé du n" 1. — Ses grains sont un
peu plus gros, moins plats et à peau un peu
plus dure.
4. Le Haricot sabre ; — sabre d'Attrmap?
{fig, 580), est de moyenne grosseur. Cetterace.
remarquable par l'a- Fig. 580.
bondanec de ses pro-
d ni ls,l'est aussi par leur
qualité. Ses cosses lar
ges et longues sont fort
bonnes en vert; elles le
sont encore alors qu'elles contiennent d«
grains déjà fort gros. Enfin ces derniers,
nouveaux ou secs, valent ceux de Soissons.
5. Le Haricot blanc commun hâtif; mignm
blanc , n'est point aussi précoce que pour
rait l'indiquer son nom. Il est petit, d'un
très-grand produit, rame moins haut que les
précédens. — Ses jeunes cosses sont bonofs
en vert ; — ses grains secs, d'un excellent
goût.
6. Le Haricot Prédome {fig. 581) est sam
IAP. 16V DES HARICOTS. 415
Fig. 581. parchemin. C'est une épaisse, esttrès-productlf et d'excellente qua
des variétés les meil- lité à toutes les époques de sa croissance*
--«^ leures du groupe des Malheureusement, ses longues cosses traînent
(giëgjiïm haricots dits mange- en partie à terre, et, y pourrissent souvent
^SipF tout. Son grain arrondi dans les années humides. Il est du reste très-
est également estimé hàtif.
•ais ou sec. On le cultive fréquemment dans 12.Le Haricot hdtij de Hollande {fig. 586). a,
i Normandie. comme le flageolet, les Fig. 586.
cosses assez longues . '~'»w. ^
B. A grains colorés. et étroites; c'est un des / ^
plus précoces et des "tl^j^^gjff
7. Le Haricot rouge de Prague ; pois rouge meilleurs pour consom- ^^^^^
fig. 582), s'élève beaucoup, est tardif et. d'un mer en vert
Fig. 582. grand rapport. Ses cos 13. Le Haricot hdtif de Laon ou flageolet
ses recourbées en arc {fig. 587) est très-nain, fort hàtif, excellent
et sans parchemin , en vert et bon en sec. Fig. 587.
comme celles du numé C'est une des variétés
ro précédent , sont fort les plus recherchées,
bonnes en vert,etsi ten- et par conséquent les
Ires, que, lorsqu'on les fait bouillir presque plus cultivées aux envi
èches, elles cuisent encore beaucoup plus rons de Paris.
rite quelles grains qu'elles contiennent. — • 14. Le Haricot Suisse blanc { fig. 588), comme
"es grains, d'un rouge violet et presque ronds, tous ceux qu'on a réu- Fig. 588.
>nt la peau un peu épaisse en sec, mais sont nis sous le nom de
rès-farineux et d'une excellente saveur. Suisses, a les gousses C^>mm^mk\
Au nombredes haricots à rame, on pourrait et les grains alongés ; W.-^ ^
•iter bon nombre de variétésà grains rouges, quoique son principal -^^^p^-
- blancs et rouges, — jaunes, — grivelés, emploi soit d être mangé en vert, il est ce
"airves, etc., etc. Mais comme elles sont peu pendant bon en sec.
ultivées ou qu'elles ne le sont pas hors des
lardins, j'ai cru devoir ne les mentionner B. A grains colorés.
ici qu'en passant. 15. Le Haricot jaune précoce, à parchemin,
est une des variétés les plushâtives et peut-
II. Les Haricots nains. ; être des plus productives. Sa gousse est petite;
ses grains, à peu près régulièrement ovales,
A. A grains blancs. ont l'ombilic bordé d'un peu de brun rou-
geâtre.
8. Le Harico trond blanc commun {fig.bSS) , est 16. Le Haricot de Chine (fig.5S9) est aussifort
Fig. 583. l'un des' plus rustiques productif. Ses grains, Fig. 589.
et des plus productifs. plus gros que ceux de
,ig~^
ifesse^
fqjP^
On le cultive abondam- la variété 15, sont ar
ment dans tout l'ouest rondis, couleur de sou
dt- la France, où il prend fre pâle , et excellens ,
en certains lieux le soit fraîchement écos
nom deféveite. Quoiqu'on l'estime assez peu sés, soit en sec.
à Paris, ce haricot, dont les cosses sont lon
o
17. Le Haricot rouge d'Orléans {fig. 590)
gues et garnies de grains nombreux, arrondis est à grains petits et lé- Fig. 590.
sur leur diamètre, et dont les parchemins gèrement aplatis. 11 est
sont épais et coriaces, est fort bon mangé en renommé pour être
sec, et l'un des plus répandus dans la culture mangé sec, à l'étuvée
des campagnes. ou en purée.
9. Le Haricot Soitsons nain ou gros pied 18. Le Haricot Suisse, rouge { fig. 591 ), dif-
{fig. 584) ressemble par ses grains et ses fère fort peu, pour la Fig. 591.
Fig. 584. cosses à celui de Sois- qualité et les usages, de
sons; il est hàtif, assez la variété n" 14.
productif et fort bon 19. Le Haricot Suis
en grains écossés avant se , gris, est l'un des
la complète maturité, plus cultivés , ainsi
ou en sec. que le suivant , pour
10. Le haricot sabre approvisionner, à l'époque des haricots verls,
Fig. 585. nain { fig. 585 ), fort les marchés de la capitale.
cultivé en Hollande , 20. Le Haricot gris de Bagnolet {fig. 592),
mériterait de l'être da a sur le précédent l'a- Fig. 592.
vantage en Frauce-iSes vantage d'être plus pré
cosses sont longues coce et de tendre moins
et larges, les grains a- à s'élever, défaut las
platis de moyenne gros sez ordinaire aux hari
seur. On peut le manger longtemps vert, et cots Suisses. Fig. 593.
il est excellent en sec. 21. Le Haricot Suisse,
M. Le Haricot nain blanc, sans parchemins, ventre de biche { fig.
offre avec le précédent une très - grande 693 ) , est fort bon ,
analogie. Comme lui, il forme une touffe surtout en sec. Cepen-
416 AGRICULTURE DES LÉGUMINEUSES A SEMENCES FARINEUSES, trv. î"
danl, comme les autres Fig. 594. et pour amener leurs graines à bien; de
Suisses, on le mange fraîcheur dans le sol , pour entretenir leur
aussi en vert. luxueuse et rapide végétation. Ce sont des
22. Le Haricot noir plantes plutôt du midi et du centre que du
ou nègre { fig. 594 ) est nord de la France, où cependant on les cul
au moins aussi bon que tive encore, mais beaucoup moins en plein
les Suisses pour être champ que dans les jardins ou à des exposi- ,
mangé en vert. Dans beaucoup de lieux, on le lions choisies.
préfère même, et il est de fait que ses gous Un sol léger, et pourtant substan tiel etfrais,
ses longues et cylindriques, dans leur jeu leur convient particulièrement. — Dans les
nesse, sont d'un goût parfait. Il est précoce et terres argileuses, leur culture est plus diffi
donne beaucoup. Malheureusement il est su cile et presque toujours moins productive.
jet à filer. Ils y grènent peu , parce qu'ils fleurissent
23. Le Haricot de Lima {fig. 595) appartient moins abondamment, et parce que leurs
Fig. 695. à l'espèce que les bota fleurs sont plus sujettes a la coulure. —
nistes ont désignée sous Dans les terres sablo-calcaires, les haricots
le nom de Phaseolus donnent des produits très-abondans, si l'on
lunatus. «Son grain est peut féconder la chaleur naturelle à ces sor
très-gros , épais, d'un tes de sols par des arrosemens ou des irriga
blanc sale ; sa cosse lar tions. — On sait queles terrains gypseux ont
ge, courte, un peu rude l'inconvénient de produire des graines d'une
et chagrinée comme cuisson d'autant plus difticile qu'ils abon
celle du haricot d'Espagne. C'est une variété dent en sulfate de chaux.
remarquable par son énorme produit et la
aualité iarineusc de son grain; mais il est § III. — De la préparation du terrain.
élicat et tardif pour le climat de Paris, où
l'on n'obtient la maturité d'une partie des Quelle que soit l'aridité naturelle du sol.
gousses qu'en l'avançant sur couche dans do on parvient toujours à le rendre propre à la
petits pots, pour le piauler ensuite en mai, culture des haricots, en lui donnant des en
un à la touffe. On le mange écossé ou en vert. grais et surtout de l'humidité; car l'ean et la
Il rame très-haut et pourrait devenir pré chaleur sont les deux agens les plus puissant
cieux pour le midi de la France. — M. Vilmo de leur belle végétation.— Dans les lieux où des
rin a reçu d'Amérique, sous le nom de siéra, infiltrationsnaturelleshumectent le sous-sol,
une variété du précédent, un peu plus pe pendant les chaleurs estivales, jusqu'à portée
tite et beaucoup plus hâtive. » {Bon jardi des racines, comme on le remarqueassez fré
nier. 1835.) quemment dans le sud-est de la France, 1»
24. Le Haricot d'Espagne ou // bouquets Toscane et bien d'autres lieux, des graviers
{Phaseolus coccineus) est encore une espèce 2ni, partout ailleurs, resteraient inféconds,
distincte, remarquable par la grosseur de ses eviennent alors d'une fertilité prodigieuse,
grains. Outre les deux variétés à fleurs et à notamment pour la précieuse légumineose
grains blancs {fig. 596), et à fleurs rouges et à qui nous occupe en ce moment.
grains gris jaspés de noir {fig. 597), il pa- Sur les terres légères, deux labours de pré
paration suffisent. Le premier, donné en au
Fig. 596. Fig. 597. tomne ou pendant l'hiver, peutêtre profond,
car il ne faut pas perdre de vue que plus
couche labourée sera épaisse, et mieux la
fraîcheur s'y conservera pendant l'époque
des sécheresses; — le second labour sert à en
fouir les engrais et à disposer le champs re
cevoir le semis. Celui-là doit pénétrer d'au
tant moins avant que le sol est plus perméa
ble, et que les eaux pluviales pourraient
entraîner par conséquent plus promptemenl
les sucs nourriciers au-delà de l'atteinte du
chevelu des racines.
ralt qu'il en existe quelques autres voisines Sur les terres plus compactes, trois laboan
de la première, et qu'on a, dans|ces der sont souvent de rigueur. Nous ne revien
niers temps, préconisées peut-être outre drons pas ici sur la nécessité de les commen
mesure. Le haricot d'Espagne peut deve cer avant les fortes gelées, pour la bonne pré
nir en quelque sorte vivace par ses racines. paration de ces sortes de terrains, et l'éco
Cette année même, M. Rendu en a donné une nomie des façons suivantes. On sait qu'un
nouvelle preuve à la Société d'horticulture seul labour d'automne, donné à propos, en
de Paris. —Cette espèce est, à mon gré, plus vaut souvent plusieurs autres.
remarquable par l'abondance de ses gousses Tous les engrais conviennent aux haricots.
qui se fprolongent jusqu'aux gelées, et le Quand la terre est légère à l'excès, les fumiers
volume de ses grains, que parleur qualité. de vache lui donnent quelque consistance, et
sont par conséquent préférables sous ce rap
port. Les terres qui s'échauffent facilement
§11. — Du climat et du terrain. n'ont pas, d'ailleurs, besoin d'engrais très-ac
tifs. 11 en est tout autrement des argiles com
Les haricots, en général, ont besoin à la pactes, naturellement froides. Là, le fumier
fois de chaleur pour fructifier abondamment de cheval, de mouton, et les engrais pulvé
:Ha.i». 16e. DES HARICOTS. 417
■iiicns d'une décomposition rapide, tels que sont moins volumineux, la plante, végétant
enoir animalisé,la poudrette, elc.;lesamen- moins vivement à sa naissance, reste en ar
iemens ou les stimulans d'une grande éner rière des autres, et se montre rarement aussi
ve, tels que la chaux, produisent de mett vigoureuse et aussi féconde que celle qui a
eurs effets et peuvent jusqu'à un certain été mieux favorisée au moment de la germi
joint remédier aux dispositions physiques nation. Cela est vrai, et quoique, dans la
le la masse terreuse. Par leur moyen, la pro- grande culture, l'exclusion de quelques grai
>ortion des fleurs et des gousses augmente nes sur des milliers ne soit pas indispensa
;ensiblement, ainsi que nous pouvons l'at- ble, une telle précaution peut être utile
ester par expérience. dans quelques cas. . ,
Les haricots enlèvent à la terre beaucoup Les haricots conservent longtemps leur pro
le parties nutritives. Lorsqu'on veut les faire priété germinative. Aussi il importe peu de
mtrer dans un assolement comme culture semer des graines de la dernière ou des 2 ou
préparatoire, il faut donc les fumer copieu- 3 dernières récoltes. Quelques personnes ont
enient. — Il est des lieux où, à cette condi- même cru remarquer que des semences de 2
ion, les fermiers cèdent gratuitement leur et de 3 ans étaient plus productives en gous
errain, l'année de jachère, a des cultivateurs ses, et moins sujettes a la dégénérescence
péciaux, qui en tirent un fort bon produit : que celles d'un an. Je voudrais d'autant
:ar, lorsque l'année est favorable, leur récolte moins le nier que ce fait physiologique n'est
'end ci uelquefois plus que celle d'un beau blé; pas isolé dans la pratique de la culture, et
it après elle, le champ n'en est pas moins en que je connais moi-même plusieurs exem
neuleur état qu'après une jachère morte. — ples analogues; mais j'ai acquis, d'un au
>a us ce cas, les haricots succèdent à une tre ; côté, la certitude qu'il serait dange
ivoine ou .à une orge, et précèdent un fro- reux d'en outrer les conséquences ; car, non
nent ou un seigle. En Toscane, comme seulement les haricots vieillis lèvent moins
unis l'apprend M. de Sismondi, leur place vite et moins nombreux, mais on peut re
:st la même. « Le blé, dit-il, alterne avec connaître dans la plupart des cas, à la cou
es haricots, le maïs ou les fèves, dans les leur jaune de leur naissante plumule et de
nétairies qui ne sont pas assez fertiles leurs feuilles séminales, la progression dé
>our être propres au chanvre; on les en- croissante de leur force végétative.
remêle de quelques grains de blé de Tur On cultive les haricots de deux manières :
quie, pour leur tenir lieu de rames. Ils réus- tantôt en augets, contenant chacun de 6 à
.îssent assez bien, même pour alterner avec 8 grains, et disposés en échiquier de la
e blé, dans le terrain des montagnes où l'on même manière que pour les pois, les len
jeul les arroser, comme on le fait fréquem- tilles, etc.; tantôt en lignes, dont l'espacement
nent dans les Apennins, où les sources sont est déterminé par le choix des variétés et le
:ommunes. » développement plus ou moins grand qu'elles
Yvabt a vu cultiver très-en grand, avec doivent prendre, eu égard à la fécondité
jeaucoup de succès, le haricot blanc dit ro- du sol.
;dod de coq, sur le territoire de la commune Les semis en augets sont les plus fréquens
le Bazoche, près de Montfort-l'Amaury, entre aux environs de Paris. Leur principal avan
leux cultures de grains.- Elle y rapporte sou tage est de faciliter l'emploi des fumiers
vent au-delà de 150 fr. net par hectare, an- boueux dont on les recouvre, et, dans quel
)ée commune. Aussi, les cultivateurs qui ne ques lieux, des pailles qu'on emploie avec un
;onnaissent pas de meilleur moyen de dé- succès trop peu apprécié, pour conserver la
ruire le chiendent et toutes les autres plan fraîcheur au pied des jeunes plantes ; mais
es nuisibles aux récoltes, au lieu de céder cet avantage, qu'on peut d'ailleurs retrouver
;oinme ci-dessus leurs terres, les louent jus dans les semis en lignes, ne compense pas, à
qu'à 80 fr. l'hectare, pour cette culture, à des mon avis, des inconvéniens plus graves, tels
jarticuliers qui en retirent un grand béné- que la lenteur de l'opération, l'impossibilité
ice et les rendent très-nettes et très-amé- d'utiliser plus tard, pour les binages, la
iorées pour les semailles subséquentes. — houe à cheval, et l'accumulation, sur quel
Dn y reconnaît que cette culture est la meil- ques points seulement du terrain, des pieds
eurepréparationquela terre puisse recevoir qui devraient être, autant que possible, en
mur la culture de la luzerne, qui suit avec une veloppés de toutes parts d'air et de lumière.
;ra minée; et, au second binage que les haricots Les semis en rayons, dont l'usage, déjà
•eçoivent, on sème quelquefois, entre les beaucoup plus répandu depuis quelques an
•ayons, des navets dont la récolte dédoua nées, se répandra davantage encore à mesure
nage en grande partie des frais de culture. qu'on verra prévaloir celui des semoirs,
Les céréales paraissent donc être pour les réunissent mieux les conditions désirables.
laricots, et ceux-ci pour les céréales, de bou M. Hugues a ajouté par ses expériences une
nouvelle démonstration à cette proposition.
les cultures préparatoires. Partout où on possédera son ingénieuse ma
chine, la culture des haricots en plein champ
§ IV.—Du choix de la graine et du semis. sera singulièrement simplifiée et améliorée.
— Làoù les semoirs sont encore inconnus, le
On a souvent recommandé de choisir un à semis en lignes se fait tantôt sous raies, à la
in les haricots, pour rejeter ceux qui sont charrue, tan tôt en laissant tomber les graines
>u plus petits ou moins bien conformés, une à une dans les sillons, et en recouvrant à
tarce qu'on s'est aperçu qu'ils donnaient de la herse. La première de ces pratiques est
noins beaux produits. Cette prescription est propre aux terrains très -légers, faciles à
ondée sur ce que, lorsque les cotylédons échauffer; la seconde, aux terrains plus
agriculture. 50* livraison. TOME I, 53
418 AGRICULTURE : DES LÉGUMINEUSES A SEMENCES FARINEUSES. m». r*.
consistai»*. Dans cette dernière situation, les riable. Il a été calculé, dit Bosc, qu'un ar
haricots doivent être fort peu enterrés, at pent (sans doute 1/2 hectare ) peut contenir
tendu qu'ils pourrissent facilement. — Un 12,000 touffes de haricots de Soissous, qui
pouce suffit généralement. absorbent environ 175 livres (87 kilo;;. 1/2) de
M. Mathieu de Dombasle croit que la semence.
meilleure manière de semer les haricots,
dans la culture champêtre, est en rayons es § V. — Soins d'entretien et récoltes.
pacés de 18 pouces (0 m 50), «ni mettant 5 ou
6 graines par pied de longueur dans le rayon. A peine lesharicotsont-ils atteint 2 à 3 po,
On obtient certainement ainsi une grande de haut (0™ 054 à 0 m 081), qu'on doit songer à
économie de main-d'œuvre, maison ne peut leur donner un premier binage. —On leur en
se dissimuler que la terre ne donne pas, à donne ordinairement un second , ou plutôt
beaucoup près, tous les produits qu'on serait un butage, vers le moment de la floraison.
en droit d'en attendre à l'aide d'un semis et un troisième un mois plus lard.
plus rapproché, car diverses variétés naines Dans les jardins où l'on préfère fréquem
peuvent se développer convenablement en ment les variétés grimpantes comme plus
rayons de moins de 12 po. (.0 m 33). — En se productives, on les rame dès que les Blet»
tenant au premier espacement, on obtient commencent à s'alonger. Dans les champs,
une diminution très-sensible sur le temps une pareille opération serait plus coûteuse
employé aux binages et les frais occasioiiés que profitable. Pour; la rendre inutile, on
par eux ; — on épuise moins le sol pour la choisit des variétés naines.
culture suivante, mais aussi on récolte Pendant leur croissance, les haricots redon-
moins. Chacun, selon les moyens d'exécu tent autant une excessive sécheresse qu'une con
tion dont il peut disposer et la position lo stante humidité. Dans le nord, les semis tar
cale dans laquelle il se trouve, appréciera ce difs sont le plus souvent impossibles, parer
qu'il doit faire. — Dans les jardins, on sait que les pluies de la fin de l'été font pourrir
qu'on cultive les haricots en planches de 1 à les gousses et même les plantes qui les por
1 1/2 mètre, séparées par des petits sentiers tent. — Dans le midi, le manque d'eau au
qui permettent de sarcler et de biner au be priutemps arrête le développement des liges.
soin. Là, les rayons sont raremenldistans de et empêche le grossissement des gousses.
plus de 6 à 8 pouces (15 à 20 cent.). Aussi, les irrigations sont-elles, en pareil cas.
Lorsque la terre est humide et la tempé une précieuse ressource. Lorsqu'elles ne sont
rature douce, les haricots lèvent assezpromp- pas possibles, on trouverait bien encore moyen
tement. Dans des circonstances inoins favo dereienirla fraîcheur dans le sol en le cou
rables, il n'est pas rare de ne les voir sortir vrant, à la manière des jardiniers, d'un poil-
de terre qu'après une quinzaine de jours. Si, lis, après le second binage, qui précède or
sur les terres un peu compactes, il survenait dinairement les fortes chaleurs.; mais ce
une pluie qui durcit la surface avant l'appa moyen , auquel j'ai pu recourir avec suc
rition des cotylédons, on se trouverait fort cès sur des cultures peu étendues (I), se
bien de donner un léger hersage. Cette opé rait rarement praticable en grand, à moins
ration, qui n'est, comme on voit, qu'acciden que le voisinage de champs de genêts, de
tellement nécessaire, peut être considérée, bruyères, ou la proximité des côtes et la fa
lorsqu'on la juge telle, comme le complé cilité de se procurer des herbes marines n'en
ment du semis. diminuassent singulièrement les frais.
Les semis ne doivent être effectués, pour Les haricots rainés mûrissent fort inégale
chaque climat, que lorsque les gelées prin- ment, parce que leurs tiges florales conti
tanières ne sont, plus à craindre. Vers le cen nuent de s'élever long-temps après l'appari
tre de la France, on commence rarement tion des premiers boulons et la lormation des
avant la fin d'avril, et on a soiu de ne pas dé premières gousses. C'est une raison de plus
passer celle de mai. Cependant la culture pour les exclure de la culture des champs.
des haricots pem quelquefois succéder, la — Les haricots nains ne présenlent pas au
même année, soit à une récolle fourragère, même degré cet inconvénieni. Généralemi'tr.
soit même, si le sol est très-fécond, à une ou commence à les recollerait moment on la
moisson précoce. — Dans le» jardins, on dessiccation avancée des dernières gousses,
sème de 8 en 8 jours, depuis la tin de mars qui devance de quelque temps celle des ti
jusqu'à la fin de juillet; mais là, on peut ges, permet d'arracher ces dernières sans in
mieux se procurer les abris nécessaires au convénient pour la bonté des produits, li
printemps, et l'on peut remédier aux séche n'est pas sans importance de remarquer que
resses de l'été par des arrosemens. les haricots récoltés les plus mrtrs sont de
On doit juger, d'après ce qui précède, que meilleure qualité et d'une bien plus longue
la quantité de graines employées est fort va conservation que les autres. La meilleur
(1) Je possède un terrain tellement si tué que, malgré sa nature argilo-sableuse, il se dessèche rapidement,
et devient brûlant en été. A chaque pluie d'averse, à chaque arrosement un peu copieux, il se prend en
masse à sa surface, de sorte que, faute d'eau et de binages multipliés à l'excès, je ne pourrais lui dr-
inander aucune récolte à demi productive. Depuis quelques années, j'ai assez bien paré au double in
convénient précité en répandant, après un premier ou un V binage, entre les rayons des cultures en
lignes, des tonturcs de charme et d'aubépine trop grêles pour être utilisées à la boulangerie ou i l>
buanderie. Les résultats marqués de cette pratique ont été économie d'eau, de travail; récoltes pJu?
productives, et amélioration progressive du sol, par suite de l'enfouissement des branchages après la
récolte. Cette dernière considération mérite à mon gré quelque attention. Du reste, je crois , comme il
a été dit plus haut, qu'un pareil moyen ne peut être que rarement praticable tout-à-fait en grand, o. tt
hap. i6«. DES POIS, 419
aanière de garder ceux qu'on destine à la se- remis, il y a 3 ans, un certain nombre de pieds
nence est de les laisser dans leurs gousses. garnis de leurs semences, à la Société cen
- On bat les autres au fléau, ou, ce qui vaut trale d'agriculture, j'en ai semé, deux années
nieux, parce qu'on n'e'crase aucun grain, à successives, une centaine de grains, qui ont
'aide de perchettes assez minces pour con- réussi à merveille en Maine-et-Loire. Ce dolic
erver leur élasticité. a la propriété précieuse de résister à des sé
cheresses continues ; il est productif, mais
§ VI. — Quantité des produits. d'une cuisson presque impossible et d'un
goût qui m'a semblé peu agréable.
La culture des haricots est généralement Les dolics aiment une terre légère et chau
>roductive,maiscependant très-variable dans de;— ils redoutent des pluies trop continues.
es produits en raison du climat, du sol et du Aussi, je ne crois pas que leur culture s'é
nodedeculture,et des fluctuations extrêmes tende beaucoup au-delà de ses limites ac
lu cours du commerce. Sur un seul hectare, tuelles. Du reste, elle est en tout la même
>n a quelquefois trouvé dans le voisinage des que celle des haricots.
grandes villes, où les fumiers sont à bas prix
1 la vente très-avantageuse, un bénéfice nel
Section iv. — Des Pois.
le plus de 1000 fr.
Section m. — Des Dolics. On cultive les pois en grand pour la nour
riture des hommes ou pour celle des ani
Les Dolics, tous originaires des régions in- maux domestiques. -» Les premiers les man
ertropicales, où on les cultive pourlanour- gent, soit en vert, soit en sec, de diverses
iture des hommes, parfois celle des animaux, manières ; — on les fait consommer aux se
,ont à peine connus dans quelques parties conds, tantôt comme fourrage, tantôt en
euleiiientclu midi de la France, notamment grains, en farine, etc.
:n Provence, où on en cultive uue espèce, Le pois gris, bisaille ou pois brebis, pré
ous le nom de mongette. sente des avantages assez importans pour
Les dolics diffèrent fort peu des haricots. l'élève et l'engrais des bêtes à laine, surtout
- Leur calice court est à quatre dents, dont des jeunes agneaux, dont il rend la chair aussi
a supérieure seulement est cchancrée; — blanche que délicate. — Les cochons man
eur étendard, réfléchi, comprime à sa base les gent avec avidité les fanes et les cosses de
leum ailes;— leur caréné n'est pas contour- pois. En divers lieux on emploie habituelle
lée eu spirale ; — leur gousse, de formes di ment la farine qu'on peut en extraire, mêlée
verses, est parfois velue; leurs grains offrent à celle de l'orge et quelquefois du maïs, pour
a plus grande analogie avec ceux du genre engraisser rapidementees animaux. — Enfin,
les chevaux, les bœufs, les vaches laitières,
>recédemmeut cité. les chèvres, et jusques aux volailles, se trou
1. Le Dotic à onglet; mongette ou banette
Dolichos ungukulalus) {fig. 598 ), est le plus vent fort bien de la nourriture que leur pro
Fig. 598. répandu en Europe. — curent cette même plante, l'un des fourrages
" Ses gousses sont fort verts les plus riches en parties nutritives
alongées, ses grains à lorsqu'on les fauche à l'époque où les cosses
ombilic noir. Il est as sont déjà formées, et l'un des végétaux qu'on
sez productif et fort doit considérer dans beaucoup de lieux
bon en purées. Il don comme les plus avantageux à cultiver, à côté
ne successivement ses des céréales, pour leurs produits en sub
gousses pendant une stance farineuse.
grande partie de l'été. § 1er. — Espèces et variétés.
2. Le Dolic à longues gousses {D. sesqui-
ledalis) est surtout remarquable par la
ongueur de ses gousses étroites et char Comme presque toutes les plantes depuis
mes, assez bonnes en vert ; — il n est cultive long-temps cultivées, les pois se divisent
me dans quelques jardins. maintenant en une foule de variétés ou de ra
3. Le Dolic lablab {D. tablab) {fig. 599), ces plus ou moins distinctes, dont l'étude
estimé en Egypte, est iutéresse davantage le jardinier que l'agri
trop délicat sous notre culteur, car on n'en cultive en plein champ
climat, pour y devenir qu'un bien petit nombre. Cependant, comme
l'objet d'une culture pour les haricots, il sera nécessaire de citer
utile.—Ses siliques vio ici, à côté du pois des champs, les autres
lettes renferment des espèces les plus généralement cultivées hors
grains noirs bordés des jardins, pour l'approvisionnement des
de blanc, quelquefois marchés des grandes villes.
toul-à-fait blancs. Le Pois (Pisum); en anglais, Pea; en alle
4. Le Dolic soja ( D. soja ) {fig. 600) ne s'é- mand, Erbse} en italien, PiseUo; et en espa-
Fia 600 ,eve 1U'à Une faiole gno\,Pesolcs ( fig. 601), présente pour carac
9 hauteur; ses légumes, tères génériques un calice à 5 dents, dont les
pendans et hérissés , deux supérieures sont plus courtes ; — un
contiennent un petit étendard plus grand que les ailes ; — un style
nombre de grains d'un courbé en caréné, triangulaire et surmonté
brun foncé et presque d'un stigmate velu ; — un légume de forme
aat. H parait qu'on le cultive dans quelques variable, contenant des grains plus ou moins
parties de l'Ariége. M. Dounocs, en ayant régulièrement arrondis.
420 AGRICULTURE : DES LÉGUMINEUSES A SEMENCES FARINEUSES, tnr.
Glalzo-calcaire. plus de 50 de 9,5 à 5,0 de 1,5 à 5,0 Le reste. Seulement pour les pa> ?
méridionaux.
Argilo -calcaire. de 3,0 a 5,0 de 0,5 à 6,0 de 1,5 A 5,0 Le reste. Principalement pour le*
climats méridionaux.
Loameux-argileux ( ordinaire, de 1, à 3,0 Ad 1.5 a 5,0 Le reste. Pour tous les climats.
t sableux. . . . • calcaire. . de 1,0 à 3,0 de 0,5 à 5,0 de 1,5 à 5,0 Le reste.
,..,.„ Jordinai ire. de 0 à 1,0 » » de 1,5 à 5,0 Le reste. Pour tous les climats.
i"liceux i calcaire
ire. . de 0 à 1,0 de 0,5 à 5,0 de 1,5 à 5,0 Le reste. Convient peu aux pays!
méridionaux.
Marneux. dé 1 ,0 à 5,0 de 5 à 20 de 1,5 à 5.0 Le reste. Pour tous les pays.
Calcaire. de 1,0 à 5,0 plus do 20 de 1,5 à 5,0 Le reste. Pour les pays septen
trionaux.
Quant au climat, le plus favorable pour la opinion ; Parmentier et Victor Yvamt sont
pomme-de-terre est celui qui est plutôt hu d un sentiment opposé, et s'efforcent de re
mide que sec, tempéré ou frais que chaud. layer par le raisonnement et les faits. Entre
Voilà pourquoi celui de l'Angleterre et sur des opinions si diverses, nous ne pouvons
tout de l'Irlande lui conviennent si bien. mieux faire que de répéter avec un auteur
Il y a dans les pays méridionaux, même en qui était placé de manière à distinguer les
France, un grave obslacle à la culture des causes de ces contradictions apparentes:
pommes-de-terre sur les terrains trop sili « La meilleure récolte de pommes-de-terre
ceux. Lorsque les grandes chaleurs dessè n'épuise pas plus la matière organique assi
chent le sol, la végétation demeure long milable aux plantes que la plus riche pro
temps stationna ire ; les tubercules n'aug duction de froment, de seigle, d'orge ou d'a
mentent pas en grosseur. Quand, enfin, les voine. Si on donne un libre accès à l'humi
pluies viennent arroser le sol et ranimer la dité, la récolte la plus abondante de pom-
végétation, ces petits tubercules, au lieu de mes-de-terre épuise moins le vieil humusque
se développer, poussent de nouveaudes tiges, les céréales, et sur une fumure fraîche les
donnent de nouvelles fleurs, et ni les pre élémens de fertilité et l'ancienne force ne
miers produits ni les seconds ne peuvent sont pas assimilés en aussi grande propor
remplir le but auquel on les destinait. Dans tion qu'après une récolte de céréales. La de-
les années sèches, cette circonstance se ren perdition de matière organique pour le même
contre déjà dans les environs d'Orléans. poids de pomuies-de-lerre est d'autant plus
Les terrains pierreux, et surtout ceux qui grande que les tubercules contiennent pins
contiennent beaucoup de Iraginens schisteux, de substance féculente, et d'autant moindre
sont peu propres aux pommes -de-terre. Ceux que les parties constituantes de la récolle
3ni contiennent des cailloux roulés en pro- sont plus aqueuses. »
iiisenl qui sont fort estimées pour leur sa Plus on donne de soin à la culture des
veur. pommes-de-terre, moins le sol est argileux et
§ IV. — Place dans la rotation. compacte, moi us la production des tubercules
nuit au sol. Une culture négligée qui favo
Lorsqu'on examine uue plante relativement rise la multiplication des plantes parasites
à son influence sur une succession de cul et resserre le sol, n'empêche pas seulement
tures, il faut examiner deux choses : son ac le développement des organes foliacés, des
tion chimique et sou action mécanique. Sous poiumes-de-terre, et par suite paralyse l'ac
le premier point de vue, plusieurs agricul tion de l'humidité atmosphérique, ce qui
teurs ont attribué aux poiumes-de-terre une force les plantes à tirer leur nourriture dans
très-grande propriété épuisante. Sciiwert2 le sol même, mais elle agit encore mécani
les met dans la catégorie des plantes qui quement d'une manière plus ou moins <iéft-
appauvrissent le sol; Ïhaer est de la mémo vorable à l'état d'ameublissement et de oui w-
HAP. 17* DES POMMES-DE-TERRE.
isation du sol.Plus la récolte est considérable, L'écobuage rend soluble une telle propor
>lus cet état se trouve dans les conditions tion d'élémens de fécondité, que les céréales
on venables ; plus le produit est mince, moins y poussent en paille, mais donnent peu de
e sol est bien préparé mécaniquement. grains. C'est donc la poinme-de-terre qu'il
l'action mécanique que les pommes-de- tant préférer dans cette dernière circonstance.
erre exercent sur le sol a également les ré- On ne doit pas surtout perdre de vue cette
■ultats les plus avantageux au succès des ré- considération lorsqu'on livre à la culture
•ol tes ultérieures. Les tubercules, eu grossis des terrains tourbeux qu'on a écobués ou
sant, soulèvent la terre intérieurement, en chaulés. C'est par les poinmes-de-terre que
•carient les molécules; leur extraction ne doivent toujours commencer les nouvelles
• eut avoir lieu sans remuer le sol à une rotations.
grande profondeur; les façons qu'on leur La pomme-de-lerre n'est point, comme
irodigue ameublissent la surface et détrui l'ontavancé quelques botanistes cultivateurs,
sent les mauvaises herbes; le feuillage abon- antipathique avec elle-même. Dans la plaine
Jant qu'elles produisent couvre le sol et que baigne la Moselle depuis Epinal jusqu'à
•in pèche l'évaporation. Tout, ici, concourt à Metz, on suit de temps immémorial 1 assole
faire de celte plante une excellente prépara- ment biennal : 1° pommes-de-terre, 2° seigle.
Lion pour la plupart des autres végétaux, sur On trouve même, dans quelques parties, des
tout si les circonstances ont permis de faire terres qui reçoivent tons les ans un ense
la récolte de bonne heure. 11 ne faut pas ou mencement en pommes-de-terre, sans qu'on
blier cependant que si celte dernière opéra- aperçoive aucune diminuiion dans le produit.
Lion avait été exécutée à uue époque très- Schvvbrtz rapporte des faits très-concluans.
avancée, les ensemencemens d'automne que « Il résulte, dit-il, des observations qui m'ont
l'on confierait ensuite à la terre se ressenti été communiquées en Alsace, que la pomme-
raient d'un vice de culture qu'on ne doit de-terre ne se repousse pas, lorsqu elle ept
point rejeter sur la plante elle-même, mais cultivée sur un terrain convenable. On m'a
mr l'imprévoyance des cultivateurs. La ré montré un champ qui en avait toujours porté
volte étant une opération assez longue, il ar de deux ans l'un. Ailleurs on en met 4 ou 6
rive que lorsqu'on cultive beaucoup de pom ans consécutifs sur le même sol, sans que
mes-de-terre , on fait sagement de ne point l'on aperçoive aucune diminution dans le
eur faire succéder ides fromeus d'hiver ou produit. On cite des champs qui ont pro
i u seigle, mais des plantes qui se sèment au duit 6 récoltes successives de pommes-de-
printemps, comme du froment de mars, de terre avec une, seule fumure, et cette série
i'orge, de l'avoine. C'est la pratique des meil- de récoltes fut suivie par un ensemencement
eurs cultivateurs en France, eu Allemagne et en orge dont le produit fut très-considéra
>n Angleterre. ble. Dans un autre endroit, je vis un champ
Dans le second de ces pays, les cultivateurs qui, dans l'espace de vingt ans, avait donné
jui n'ont pu renoncer entièrement à Vasso- une fois de l'orge et 19 fois des pommes-de-
lement triennal, l'ont modifié de manière a terre. On elle, dans le Wurtemberg, un pro
suivre le cours suivant, dont on Reconnaît priétaire qui, 32 années de suite, avait cultivé
lous les jours les avantages : 1" année : pora- les pommes-de-terre sur le même champ,
nies-de-terre fumées, en place de la jachère; en fumant tous les ans. Mais à la fin les tu
2* : orge avec trèfle, dans la sole de grains bercules n'élaient pas plus gros qu'une
J'hiver; 3e: trèfle, dans la sole de grains d'été; noix. »
!• : trèfle en place de la jachère (1 coupe); Cette propriété de la pomme-de-terre de
5e : fromeut d'hiver; 6" : avoine. revenir plusieurs Ibis sur le même terrain sans
L'ensemencement en céréales qui suit une diminution dans le produit, simplifie beau
récolte de pommes-de-terre n'exige pas ordi- coup sa culture, parce que la terre est darts
aairement de labour. On sème sur la terre un ameublissement continuel, et que les
après un coup d'extirpateur, et on enfouit à frais d'entretien sont considérablement di
la herse ; quelquefois métiie on ne donne minués. Les mauvaises herbes disparaissent
aucune préparation, mais alors la semence totalement après deux ou trois années. Au
de céréales s'enfouit au moyen de l'extirpa- jourd'hui que la féculation des produits de
teur. Quelle supériorité n'a point un tel pro cette plante est une branche importante de
cédé sur une jachère, qui exige beaucoup de l'industrie agricole , il était nécessaire de
labours et ne produit rien! faire connaître les avantages et la latitude
Les pommes-de-lerre réussissent très- bien que les cultivateurs peuvent avoir sous ce
ijjrês une récolte de printemps consommée rapport.
je bonne heure. Ainsi, après des vesces, du § V. — De la fumure.
trèfle incarnat, du colza pour fourrage, cette
plante a souvent donné de plus beaux pro On pourrait sans doute cultiver la pomme-
duits que si l'on n'eût rien demandé préala de-terre sans fumier dans un sol amélioré de
blement à la terre. longue main, mais ce ne peut être que dans
Il est même des pays oh l'hiver arrive as quelques cas exceptionnels ; et l'épargne
sez tard pour permettre un ensemencement qu'on aurait cru faire amènerait inévitable
le pommes-de-lerre après une récolteparvenue ment l'épuisement total du sol, et la non-
ï maturité. Cela a lieu surtout après le colza, réussite des autres récolles. La vieille force
e lin, la navette. Il ne faut pas croire que cette est un trésor dont on ne doit user que mo
"acilité soit un privilège exclusif des climats dérément. On se plaint généralement que les
uéridionaux. Ce procédé esl usité, non seu- morelles contractent uue odeur désagréable
inent dansquelques parties du territoire Iran- si on leur applique un engrais de fumier
jais, mais encore en Hollande et en Belgique. frais ou de gadoue, quoique cette dernière
432 AGRICULTURE : DES PLANTES CULTIVÉES EJfl GRAND. LIV. t*.
substance soit fréquemment employée en chaudes et légères ; le fumier long sera ré-
Flandre. Dans les terres un peu compactes, serve pour les sols argileux et froids.
on se trouve bien de l'usage du fumier pail- Pour donner une idée de l'influence que k.
leux. Je pourrais même ici invoquer des ex nature et la quotité de la fumure exercent
périences qui prouvent que, dans les sols de sur le produit de la pomme-de-terre, je crois
cette nature, de la paille seule et des chau utile de citer les essais qui ont été entrepris
mes enfouis au dernier labour ont donné des sur cette matière et publiés par les meilleurs
récoltes extraordinaires. Mais, en général, agronomes du continent et de l'Angleterre.
on doit être circonspect dans l'emploi de ces La disposition par tableaux me dispensera
fumures exceptionnelles qui conviennent de toute observation de détail, en mène
peu à d'autres récolles. Somme toute, le temps qu'elle fera ressortir les résultats avec
Jumier décomposé sera appliqué aux terres plus d'évidence.
Tableau des quantités en prix comparés de divers engrais employés pour la fumure des
pommes-de-terre pour un égal produit, environ 300 hectol. de tubercules.
Quantité' Volume
Numéro. Mature de lYagrais. Poids eu kilos. Prii
par hectare. par hectolitre.
:n ait dit dans ces derniers temps, elle ne les bras de l'homme pour l'extraction des
nérite pas d'être prise sérieusement en con- pommes-de-terre. Lorsque les tiges ont
idération par le cultivateur. éprouvé un commencement de dessiccation,
Soustraction desjeuilles. <— Si c'est par les ou, qu'étant vertes encore, on les a coupées
•acines que les plantes s'assimilent les élé- ou fait pâturer, afin qu'elles n'enlravent
neos de fertilité que contient le sol, c'est par point l'instrument dans sa marche, on con
es feuilles qu'elles exploitent les couches duit le butoir dans le champ de pommes-
itmosphériques à leur profit. Si on enlève à de-terre, on place les deux chevaux de front,
me plante le feuillage qui lui procurerait de sorte que l'ados où se trouvent les tiges
:ncore beaucoup d'alimens, il est hors de soit précisément entre les deux animaux. On
loule que le produit ne doive être diminué fait piquer l'instrument à une moyenne pro
lans une proportion plus ou moins grande, fondeur, et on lui imprime une direction
:l en rapport avec l'époque où s'opère la telle que, dans son mouvement de progres
oustraclion. C'est ce qui résulte evidem- sion, il fende toujours en deux parties éga
nent de quelques expériences directes sur les la butte qui est devant lui, et que le dou
;et objet, que l'on doit à Mollebat. ble versoir éparpille de chaque côté la terre
Le fanage coupé immédiatement avant la et les tubercules. On procède du reste com
loraison,on a eu en tubercules, par hectare, me il a été dit en traitant de la récolte des ra
1,300 kilog.; le fanage coupé immédiatement cines (page 303], à laquelle nous renvoyons.
iprès la floraison, le produit en tubercules Lorsque tous les tubercules sont ramassés et
i été de 1G,S30 kit.; le fanage coupé un mois mis en tas sur le sol ou déposés immédiate
alus tard, le produit en tubercules a été de ment dans des chariots de transport, on
10,700 LU.; le fanage coupé un mois plus tard donne un coup de herse pour découvrir les tu
;ncore, le produit eu tubercules a été de bercules qui auraient été couverts de terre.
11,700 kilog. Un grand avantage de la récolte exécutée
au moyen des animaux de travail, c'est que
§ XI. — De la récolte. la terre se trouve labourée et préparée sans
\?époque delà récolte dépend delà variété frais pour un_; ensemencement de céréales
;ultivée et d'une foule de circonstances d'automne.
îu'il serait trop long d'énumérer. Des faits § XII.— Conservation des pommes-de- terre ; emploi
jien observés ont détruit l'opinion émise par des tubercules gelés.
plusieurs cultivateurs, que les tubercules ré-
;ollés avant maturité outune influence mal Outre les moyens généraux de conserva
faisante sur la santé des consommateurs. tion que nous avons indiqués pour les racines
Hais des inconvéniens très-graves sont at alimentaires, il en est quelques-uns de parti
taches aux récoltes prématurées. Si les pro- culiers pour les pommes-dc-terre, parce que
îuits ne nuisent point à la santé, ils flattent le haut prix qu'on peut en obtenir à certai
jeu le goût ; la conservation est très-difficile nes époques est plus que suffisant pour payer
;L la production diminuée. les frais de construction ou de manipulation
La maturité se reconnaît à la teinte jaune nécessités par les procédés que nous allons
jes tiges et des feuilles; quand même cet in- décrire.
iice n'avertirait pas que l'époque de la ré- Dans une excavation creusée dans un sol
AGRICULTURE : DES PLANTES CULTIVÉES EN GRAND. IJV. 1".
sec el revêtu d'un mur de soutènement en sièrement concassés, et en retire une farine
briques, on place d'abord un lit de sable fin excellente. Plusieurs mères de famille se sont
et parfaitement desséché, puis une couche servies de cette sorte de fécule pour faire à
de tubercules, une couche de sable et un lit leurs jeunes nourrissons une bouillie plus
de tubercules, en alternant ainsi jusqu'à ce facile a digérer que celle faite avec la farine
qu'on soit arrivé au niveau du sol. On recou de froment.
vre la dernière couche de paille et de terre. On prétend que les pommes-de-terre ge
On a vu des pommes-de-lerre ainsi traitées lées n'ontpas perdu leur faculté germinative:
se conserver deux ans sans perdre leur pro il serait à désirer que de nouvelles expérien
priété germinative ni leur saveur première. ces vinssent confirmer ce fait important.
Dans quelques contrées de l'Allemagne, Plusieurs personnes ont avancé qu'en
les cultivateurs conservent leurs provisions transportant les pommes-de-terre, au prin
de pommes-de-lerre en plaçant les tubercu temps, dans un heu sec et aéré, et en les re
les clans des tonneaux mis au milieu du tas muant fréquemment à la pelle pour en déta
de foin ou de paille. On défonce le tonneau cher les germes, on peut les conserver jus
à un bout, on le place droit; et, après avoir qu'aux nouvelles.
mis une couche de foin dans la partie infé
§ XIII. — Des produits de la poninie-de-teire.
rieure, on le remplit de pommes-de-terre et
on entasse le foin à la manière ordinaire. Les En général , les variétés précoces fournis
pommes-de-terre se conservent longtemps sent moins que les autres ; les terres sablon
par ce procédé, mais on se plaint qu'elles neuses produisent moins en volume et en
contractent une odeur de foin qui les fait poids que les terres plus compactes et plus
rebuter par les hommes et par les animaux ; humides; mais, eu revanche, elles procu
avant de les livrer à la consommation, on rent une plus grande proportion de substan
pourrait les exposer quelque temps à l'air. ces alibiles. Schwertz, qui a recueilli beau
Si, nonobstant les précautions que l'on aura coup de docuinens sur lesproduits de lapom-
prises contre la gelée, les pommes-dc-terre me-de-terre, «lit que le plus haut produit qui
en sont atteintes, tout n'est pas encore perdu. soit venu à sa connaissance s'élevait à 477
Avant qu'elles soient dégelées, on peut hectol. par hectare; et que le plus (petit ne
les faire tremper dans l'eau froide et les râ descendait pas au-dessous de 96. Le produit
per quelques heures après; on en obtient au le plus considérable que Tiiaer ait obtenu
tant de fécule que des tubercules ordinai était de 264 hectol., le produit moyen de 174.
res. Si on n'a point de râpe à sa disposition, On cite des récoltes de 550 et même de plus
on les fait dégeler dans une étuve ou dans de 600 hectol. par hectare.
tout autre endroit chaud : on les soumet en Quant au poids, on suppose communément
suite à l'action dune presse; et lorsque les que I hectol. pèse 80 kilog. : les tubercules
gâteaux, épuisés d'eau de végétation, ont été récoltés sur une terre humide pèsent moins,
sèches, on les distribue au bétail : on peut les espèces riches en fécule et produites par
même, sans inconvénient, les faire moudre, un terrain sec pèsent quelque chose de plus.
et en mélanger la farine avec celle de froment En admettant comme probable un produit
dans la proportion d'un quart à un cinquième. moyen de 220 bect., on récolterait en poids
M. Bertier, auquel on doit de curieuses 17,600 kilog.
observations sur les pommes-de- terre gelées, J'emprunte à Tbaer un tableau représen
étend les tubercules attaqués sur un gazon tant la somme de travail nécessaire à la cul
ou sur des claies, dans un endroit exposé à ture d'un hectare de pommes-de-terre, et je
un grand courant d'air; lorsque l'eau de vé donne à ce travail une valeur moyenne dé
gétation est complètement évaporée, il fait duite de données prises sur divers points de
moudre les tubercules, après les avoir gros- la France.
" ,IOl ÉlM.fcS
Dépens*
En Automne. D'un cheval D'an boeuf D'un homme D'une femme en
à » fr à i fr. 5o c, l fr. io c à -5 cenl. argent.
Labour profond , à 35 ares par journée de
charrue, conduite par des bœufs de re fr. c. fr. c. fr. c. fr. c
change 1) M 5 50 2 60 10 66
Au Printemps.
Herser légèrement 1 » 25 2 28
Charrier le fumier (1/3 pour les pommes-de
terre ) 4 20 1 0J 9 55
Charger et épandre le fumier ( 2/3 pour les
pommes-de-terre) » » 1)5 1 05 1 94
Enterrer le fumier à la charrue » » 3 12 50 6 40
Herser 1 56 ■ » 39 3 55
Labour pour planter et travail des planteuses 3 90 95 3 25 10 4?
Un porteur et surveillant G5 » 71
Herser légèrement 25 1 M
Passer l'extirpateur ou un double hersage. 10 05 2 91
En Été.
1™ culture ( petite houe à cheval) 78 50 3 27
V culture ( grande houe à cheval ).-... 50 50 4 83
Arracher les mauvaises herbes 1 S5 1 46
Arracher les tn hercules. . . . , 4 » Î8 40
["Transporter les tubercules 5 20 1 30 lt 83
Un aide pour serrer 1 30 1 43
Totaux des .lournrVs et de la Dépense. 10 40 12 22 20 12 38 25 101 92
chai». 17e. DES RAVES, NAVETS, TURNEPS ET RUTABAGAS. •J39
Ainsi, en supposant un produit probable plus longue durée, que cette culture est d'un
de 200 hect. à 2 fr., on réalisera une valeur avantage marqué. Après une culture de na
de 400 f. vets, la récolte des céréales, du blé, soit
Si à la dépense en travail évaluée ci- d'hiver, soit de printemps surtout, est plus
dessus à 102 f." abondante dans la plupart des terrains, parce
on ajoute, pour le fumier. . . 80 que le terrain est mieux fumé, plus net et
— pour le loyer 60 plus ameubli.
— pour les frais généraux. 50 292 Il en est de la consommation des navets
par les bestiaux, comme de la consommation
on aura un déboursé total de 292 des betteraves par une fabrique de sucre de
cette plante. Le mode d'emploi par les bes
ce qui établira un bénéfice net de. . 108 f. tiaux est une véritable manufacture qui con
sans y comprendre les fanes. vertit un produit dans un autre beaucoup
Il n est peut-être pas inutile de transcrire Elus lucratif, ce qui augmente d'autant les
ici les cotes des différentes espèces de pom énéfices du cultivateur. Il y a cependant
mes-de-terre sur la halle de Paris, prix pour les cultivateurs cette différence, que la
moyens, parce que ces détails pourront gui fabrication du sucre de betteraves exige des
der les cultivateurs dans le choix des variétés capitaux assez considérables et des connais
qu'ils peuvent produire avec plus d'avan sances particulières; tandis que l'action de
tage. faire consommer les navets par les bestiaux
i3.M-
HollH<fe
DoiireUe. Vilelotle. Jianci. Grliri.
n'exige que la connaissance des besoins et
rbect. l'bect. l'hcct. l'hecl. des débouchés locaux.
fr. e. fr. r. fr e, fr. e. On sait que les navets sont aussi une bonne
Février . . . 5 » 5» 3 50 4» ressource pour la nourriture de l'homme, non
Mars ....5» 5» 3» 4» seulement par les racines, mais encore par
Juin » » 8 12 4 06 8 10 les pousses; en effet, au printemps, lors
Juillet. ...»» 8» 4» 6» qu'elles montent en graines, ces pousses ver
Septembre. . 4 » 4 » 2 50 3 50 tes sont un très-bon manger; bouillies et
Desept.àjanv. 3 50 4 27 2 75 3 64 servies avec la viande, ou assaisonnées au
Il résulte de ce tableau, qui résume assez beurre, blanchies à la cave ou dans une serre
bien les variations dans les prix, qu'il y a un à légumes, elles sont encore plus tendres et
grand avantage à cultiver des variétés qui plus douces, offrent ainsi en hiver un mets
conservent leurs qualités pendant un grand facile à se procurer et à] la portée de tous,
espace de temps, et qu'il est possible, dans puisqu'il ne coûte que la peine de le cueillir.
bien des cas, d'obtenir un prix double en
adoptant un procédé de conservation qui per § I". — Espèces et variétés.
mette de reculer l'époque de la vente.
Antoine, de Roville. Les Navets {Brassica napus) et les Raves
(Brassica râpa); en anglais, Turnip; en alle
Section h. — Des Raves, Navets, Turneps et mand, Riibc; en italien, Râpa; en espagnol,
Rutabagas. Nabo, sont considérés par certains botanis
tes comme deux espèces, par d'autres comme
Tout le monde sait qu'il est avantageux de deux variétés du genre Chou (Brassica) de la
cultiver successivement sur le même sol un famille des Crucifères, dont le type originaire
grand nombre de plantes, parce que moins croit spontanément sur les terrains sablon
elles sont cultivées à des époques rappro neux des bords de la mer, et que l'on con
chées, moins elles épuisent la terre et plus fond souvent ensemble, ainsi que sous les
elles donnent de produits : sous ce rapport, dénominations deRapcs,Rabioules, Rabioles,
l'introduction de la culture des navets est Rabettcs, Navettes , Turneps, Rutabagas OU
avantageuse ; elle l'est encore sous d'autres Navets de Suède , etc. On en cullive en
qui sont particuliers à la plante : cultivée plein champ et dans les jardins, principale
pour préparer le sol à la culture des céréales, ment en Angleterre, en Allemagne et en
elle 1 épuise moins que les autres plantes France, une foule de variétés et de races. Les
cultivées dans le même but, telles que les Raijorts ou Radis (Raphanus) forment un
pommes-de-lerre, les pois, les betteraves genre très-voisin, mais distinct et qui appar
même-, elle est en même temps, pour le tient exclusivement à l'horticulture.
bétail de toute espèce , particulièrement Les principales variétés qu'il convient de
pour celui destiné à l'engrais, une nour recommander à la grande culture en France
riture d'hiver excellente, qui remplace pres sont :
que les fourrages verts d'été, empêche les ~LeNavet des Vertus (fig.626), ditaussi Rond
animaux de souffrir du passage du régime de pyriforme, Irès-blanc, hàtif et de bonne qua
cette saison au régime d'hiver, et, comme la lité ( voy. page suivante);
betterave, elle fournil une quantité immense Le N. des Sablons, demi-rond, blanc, très-
de nourriture ; elle ne le cède donc sous au bon;
cun point avantageux aux autres plantes sar Le N.de Claire-Fontaine,trcs-long, sortant
clées, et il faut bien qu'il en soit ainsi pour presqu'à moitié de terre;
Qu'elle soit devenue en Angleterre la plante Le N. de Mcaux, très-alongé et en forme
e prédilection, celle qui occupe un sixième de carotte effilée-
environ des terres labourées. Ces variétés sont principalement cultivées
C'est surtout pour occuper la terre pendant pour la nourriture de l'homme : les jardi
tannée de jachère triennale, ou pour passer niers en énumèrenl un bien plus grand n«m-
de l'assolement triennal à un assolement de bre.
440 AGRICULTURE DES PLANTES CULTIVÉES EN GRAND. in. i*r.
Fig. G26. lement ; on peut le Fig. 62S.
semer quinze jours
ou trois semaines
avant les autres va-,
riétés de gros na
vets. Enfin il résiste
mieux aux gelées
et peut passer plus
facilement l'hiver en j
terre. On lui repro
che d'exiger plus dei
fumier, ou de meil
leures terres; de n'ê
tre pas mùr assez tôt
en automne pour
que la récolte puisse
être suivie immédia
tement d'un ense
mencement en blés
d'automne ; de don
ner un mauvais goût
au lait des vaches :
d'être moins gros,
Le Turncps {fig. 627 ), Rave du Limousin, ou de donner une
Fig. 627. masse moins consi
dérable d'alimens ;
enfin de produire
un plus grand nom
bre de radicelles qui
retiennent la terre,
ce qui rend plus dif
ficile sa préparation
pour le bétail.
La Rave ( ISrassica râpa, Lin.), en anglais,
Red topped tumep ; en allemand, Gemcine
>'"be. On en cultive un grand nombre de
variétés. L'une de celles qu'on préfère dans
lagrande culture est la R. à tête rose ou grande
rave (Jig. 629); ses fleurs jaunes s'epanouis-
Fig. 629.
(1) Dans cette Qgurc, comme dans les suivantes , la charrue est censée arriver au-devant da specta
teur.
Map. if. DES RAVES, NAVETS, TURNEPS ET RUTABAGAS. 443
les Ensemencemens (page 213). Nous avons aux ensemencemens de blé d'hiver, et qui
ru employé très-généralement en Angle- consistent aussi dans l'ameublissement du
erre, et notamment dans la belle ferme de sol, dans le fumage et dans l'enterrement du
A. Rennye, où nous avons suivi tous les dé fumier.
ails de la culture des navets, le semoir que On sème les navets depuis mai jusqu'à
ious représentons {fig. 635), et qui nous pa- la fin de juin; mais le commencement de
Fig. 635. juin est l'époque en général la plus favora-
"ble. Le navet de Suède ou rutabaga peut être
semé quinze jours plus tôt que les autres es
pèces, et c'est un avantage dans les grandes
exploitations où on a une vaste quantité de
terrain à ensemencer en celte plante; on
commence par le rutabaga, et on finit par
les autres variétés.
On ne fait pas beaucoup attention à la
quantité de graine que l'on met en terre, et
le semoir en verse ordinairement dix fois
plus qu'il n'est nécessaire. Cette espèce de
prodigalité est utile pour parer aux effets des
années défavorables à la végétation, à la
mauvaise qualité de la graine, qui ne lève
qu'en partie ; enfin des insectes qui atta
quent les jeunes plants et qui les détruisent.
•ail l'un des plus simples et des plus solides. Au moyen d'un semis abondant, on trouve
dans les places trop garnies de quoi pouvoir,
L'action de cette machine donne d'abord au moyen du repiquage, planter celles qui
ui.v billons laformc suivante (fig.GW), puis les sont dépourvues : la graine de navets est gé
Fig. 636, néralement si peu chère que le surcroît qu'on
en sème dans ces différons buts est une dé
pense presque insignifiante.
kA' «a? Travaux qui suivent l'ensemencement.
socs creux qui suivent immédiatement les Quand les navets ont été semés de la ma
•ouleaux ouvrent les billons (fig. 637) directe- nière que nous avons indiquée, les travaux
qui suivent deviennent faciles. Les plantes
Fig. 637. étant hors de terre et ayant deux feuilles un
peu larges, on donne une premièreJaçon avec
une houe a cheval.Le bu t de cette opération est
de débarrasser la terre des plantes étrangè
res qui sont levées en même temps que les
navets, et aussi d'ouvrir la terre, sans la re
lient au-dessus de l'endroit où est placé le tourner, pour la rendre perméable aux in
'umier, et déposent la graine daus le fond fluences atmosphériques, surtout à l'humi
îles petits sillons qu'ils font. Enfin, derrière dité de la nuit. Ce sarclage est extrêmement
;es socs, d'autres rouleaux \ recouvrent de facile dans les rangées de navels; un homme
;erre les graines, les enterrent et redonnent et un cheval tranquille font beaucoup de
lux billons la forme de la figure 636 (1). besogne dans une journée.
Le placement de la graine se trouve ainsi Cette opération ne peut détruire les plan
'ait immédiatement au-dessus du fumier, tes étrangères qui sont entre les navets d'une
ifin que les premières racines de la plante même rangée ; on détruit celles-ci de la ma
trouvent constamment non pas tant de quoi nière suivante : Des femmes, armées d'une
,e nourrir que de l'humidité. On a remar houe à main, dont le fer est large de cinq à
qué qu'autrement les premières racines six pouces, marchent chacune dans un sillon,
Haient facilement desséchées par les cha- et d'un coup à travers la rangée de navets
eurs, ce qui faisait périr la plante : ce qui enlèvent tout ce qui s'y trouve. Entre chaque
itait très-rare au contraire quand la graine espace ainsi nettoyé, reste une petite touffe
itait déposée immédiatement au-dessus du de navets, qu'elles éclaircissent ensuite avec
'umier. Sous ce rapport seul, la culture en un des angles du fer de la houe ou avec la
rayons est d'un immense avantage. main, de manière à ne laisser que le pied
Cette préparation de la terre pourra pa- le plus vigoureux. — Cette seconde opé
•aitre compliquée, difficile et dispendieu- ration enlève le reste des plantes étrangères
ie : en l'étudiant attentivement, on verra et espace les navets d'environ un pied. On
;ependant qu'elle n'est compliquée et diffi- espace davantage, et souvent jusqu'à 18 pou
;ile que parce que tous les travaux se font en ces, les variétés dont les tubereules sont
même temps ; et qu'elle ne demande que les trèS"rri*os»
nômes opérations qu'on serait obligé de don- Quelque temps après ce premier sarclage,
ler à 'lajjachère complète, pour la préparer on donne une troisième façon mec une petite
1 1 Les agriculteurs préfèrent généralement changer cette graine en la renouvelant par des graines
nies d'un sol situe sous un climat peu éloigné, plutôt nue de la reproduire constamment chez eux
)ar la conservation de porte-graines.
444 ACRICULTURE : DES PLANTES CULTIVÉES EN GRAND.
araire à un cheval et à versoir, et qui en deux moyen, de 8 pouces les uns des autres, et
traits donne à la terre la forme suivante {fig. donnent environ 45,000 livres (22,500 kilos.)
638). Plus tard une A'jae.on, avec le même in- de racines par hectare, dans la plaine des
Fig. 638. Vertus, au fils de l'agronome distingué sur
les traces duquel il marche, M. Demabs (!fr
Colas), qui a la fourniture des légumes des
hôpitaux de Paris et des Invalides. Ce culti
vateur pense, au surplus, qu'on n'atteindrait
■IbMHHIIHHHIHHHHINIHHHmHHIS pas généralement celle quantité, le sol de la
simulent, coupe de nouveau les billons inter chementd'Aubervilliers
plaine
fumé.
étant très-bon et ri
médiaires et les rejette sur les rangées de En Allemagne, dans les parties où la tem
navets(/%'.639). Les intervalles dans les lignes, pérature de l'automne le permet, on culuV
Fig. 639. aussi plus volontiers les navets sur les chau
mes; cetle culture est même générale dans
les contrées occidentales de ce pays. — Aus
sitôt après l'enlèvement du seigle od dé-
chaume superficiellement, on donne un fort
hersage , on amasse au râteau le chaume
qu'où brûle, on donne un ou deux labours,
entre les navets, sont à chacune de ces épo et après le semis on herse. Lorsque les plan
ques sarclés par des femmes ou des en- tes ont développé leurs feuilles, on donne un
fans, avec la houe à main. fort hersage que l'on considère comme la
Ces opérations ne sont pas toutes indispen condition d'une bonne réussite. On fait quel
sables : assez souvent on ne pratique pas les quefois suivre la récolle des navets d'un sei
dernières; mais elles servent beaucoup à la gle d'automne; mais, plus généralement, on
réussite de la récolte, augmentent la quan destine le sol qui a donné cette récolte à des
tité des produits, et par l'ameublissement grains de printemps. — Lorsqu'on se livre à
continuel qu'elles donnent à la terre, la tien cette culture sur la jachère, on sème à la fin
nent prête aux récoltes de céréales qu'on de juin ou au commencement de juillet,
veutobteniraprès les navets. Il n'est presque après avoir donné trois labours et avoir
pas utile de dire que l'époque des opérations fumé. Mais on n'y donne pas aux navets les
qui suivent l'ensemencement varie suivant le soins minutieux qui en font obtenir en An
temps qu'il fait, le développement des mau
vaises piaules et les autres travaux plus ou gleterre de si beaux produits.
moins urgens de l'exploitation. § IV. — Récolte;, conservation et consommation.
Il est des agriculteurs qui utilisent les es
paces entre les navets par la plantation d'au Nous avons vu que l'on pouvait semer les
tres végétaux, notamment des choux; mais navets à environ deux mois de dislance. Plus
alors les sarclages ne peuvent plus se faire lot ils sont semés, plus tôt, en général, Ut sont
qu'à la main; les petilcs cultures seules ad bons à récolter. Cette époque est donc va
mettent celte possibilité. riable selon celle de l'ensemencement, et se
lon que le temps est plus ou moins favorable
IL Culture dérobée, sur les chaumes. à la végétation. En général, on ne doit com
mencer à faire la récolte qu'après la maturité
La culture des navets, comme récolle prin complète. "
cipale et de jachère, est très-peu répandue Dans le cas où l'on ne veut pas laisser les
en France. C'est plus généralement après navets eu place pour y être consommés, ou
une première récolle qu'on sème cette plante, enlevés successivement, on les arrache par
et elle donne alors assez souveut des pro- un temps sec; on coupe les feuilles, que l'os
duitsd'autant meilleurs qu'ils ne sontachetés donned'abord auxbestiaux, et onmetensuile
que par très-peu de soins et de dépenses. les racines à l'abri pour les conserver. Si on
Cette culture, telle qu'elle est pratiquée, par a beaucoup de navels à arracher, on commen
exemple dans la plaine des Verdis, près Pa cera par couper les feuilles dans le champ
ris, se borne communément à un labour qui avant l'arrachage, ou on les fera manger sur
enterre le chaume de la récolte précédente, place par les bestiaux, et on ne fera l'arra
et qu'on fait suivre d'un deuxième si la terre chage qu'après cette opération préalable-
est trop sèche. On sème aussitôt, le plus or Quand on fait manger sur le sol la feuille ans
dinairement à la volée, et,'autant que possi bestiaux, il faut avoir soin que les animaux
ble, par un temps pluvieux ou couvert, et on en trouvent assez, pour qu'ils n'aillent pi>
recouvre la semeuce par un hersage. Le se déterrer les navets et en attaquer le corps,
mis peut avoir lieu depuis la fin de juillet qui se gâterait alors avec plus de facilité.
jusqu'à la fin d'août, principalement pour le Quant aux racines que ton veut constat'
Navet rond pyriforme; pour le Rutabaga, on pour l'hiver, on les place dans un endroit
ne peut le différer au-delà delà fin du premier très-sec, soit le côté d'une cour, d'un jardin.
de ces mois ; encore arrive-t-il quelquefois d'un champ près de la maison; on pose un
qu'il ne parvient pas à toute sa grosseur. — couche de paille sur le sol; on y entasse les
Lorsque les piaules ont acquis leurs pre navets jusqu'à la hauteur de 3 pieds: on
mières feuilles , on donne un sarclage à les recouvre d'une couche de paille et d'une
la main qui suffit presque toujours, et ter couche de terre par-dessus. Par-dessus la
mine les façons d'entretien. —Suivant cette couche de terre, que l'on fait assez épaisse,
méthode, les navels sont espacés, terme on met une secoude couche de paille, qw
HAP. 17'. DE LA CAROTTE ET DE SA CULTURE. 415
lit toit etempêche la pluie de pénétrer dans sans pour la plupart, on inapplicables dans
'intérieur. On les laisse dans cet état jus- la culture en grand. Un seul me parait pou
|u'au moment de s'en servir. Us se conser- voir être de quelque utilité. Il est dû à
eot ainsi assez bien jusqu'au printemps sui- M. Poppt, et consiste à semer lesturneps en
ant. Les Anglais appellent ces tas des prîtes. rangées épaisses et en rangées clairsemées,
Is les font larges et hauts de 4 pieds envi- et cela dans le but de détourner les attaques
on, et aussi longs que la quantité de navets des insectes des rangées claïr-semées desti
'exige. On entame le pâté par un bout, et on nées à être récoltées. — Un journal belge a
:ontinue ainsi jusqu'à la (in. C'està peu près rapporté en 1824 des expériences faites en
a même méthode que celle employée dans Belgique, desquelles il résulterait que Uni ti.se
es marshlands du Lincolnshire pour conser- est propagée dans le sol par des œufs accolés
er les pommes-de-terre. aux graines, qu'on peut détruire en trempant
Quand on veut faire manger les navets sur ces graines pendant quelques heures dans
>lace, on est obligé d'avoir des claies, afin une forte saumure (voy. tome II, page S).
l'empêcher les animaux de vaguer à travers Quant aux autres ennemis des navets, on
e champ; et de gâter plus de nourriture n'a pas trouvé de moyen efficace de les dé
[tf ils n'en consommeraient. Ces claies main- truire.
eoant sont dans beaucoup d'endroits en fer La rouille et la nielle attaquent les navets à
aminé et d'une grande économie. On com- différentes périodes de leur croissance, et
iience par faire manger les feuilles ; ensuite cette croissance en souffre beaucoup; il n'est
»n retourne, avec la charrue, autant de ran d'autre moyen connu de les prévenir que
ges de navets qu'on en croit nécessaires celui d'une bonne culture dans des terrains
jour la nourriture journalière du nombre bien assainis et bien meubles. Les racines
l'animaux; on environne de claies la place, sont sujettes à croître d'une manière extra
:l on y enferme les bestiaux. Comme ils n'ont ordinaire, à se couvrir de tubérosités comme
jue la quantité suffisante pour leur consom- les pommes-de-terre. Dans lestemps chauds,
n a lion, tout est mangé et il n'y a point de on peut s'apercevoir de cette maladie à l'état
jerle ; on recommence cette opération tous des feuilles, qui deviennent flasques. Si on en
es jours, jusqu'à ce que toute la récolte du tame la substance de ces racines, elle est sem
:bamp soit consommée. blable à celle d'un navet sain; mais le goût en
Le plus ordinairement, on fait manger la est acre, et les moutons les laissent de côté. On
noitié de sa récolte sur place et on arrache neconnalt pas la cause de cette maladie, qu'on
'autre moitié; dans ce cas, la plupart des croit due à la piqûre d'un insecte. — Les ra
ermiers enlèvent trois ou quatre rangées de cines du navet, et le tubercule lui-même,
javels et laissent successivement le même sont encore affectés d'une espèce de chan
îombre de rangées en terre, de manière que cre qui les détruit en partie; on ignore la
e champ tout entier, quoique dépourvu de cause de cette maladie, qui parait moins fré
lavets dans la moitié de sa surface, puisse être quente dans les champs amendés avec la
successivement parqué par les animaux, et chaux. Huzabd fils.
profiter également partout des excrémens et
le l'urine que ceux-ci répandent. Section iii. — De la carotte et de sa culture.
Quand, avant l'époque présumée de leur
;onsominalioi), on a à craindre, pour les na Aucune racine n'a plus d'utilité que celles
vets qu'on laisse ainsi en terre, la gelée, qui de la carotte pour l'alimentation du bétail de
es détériorerait et les ferait même pourrir, touteespèce : les chevaux\es préfèrent à toute
>n les recouvre, avec la charrue, d'une cou autre. L'huile essentielle qu'elles contiennent
ine de terre qu'on prend, pour la rangée du les rend un peu excitantes et leur donne
nilieu entre les rangées latérales, et pour beaucoup d'analogie avec l'avoine.
:elles-ci dans les intervalles dégarnis déjà D'après beaucoup d'expériences comparati
Je navets. On peut même conserver les na- ves, A.Young a constaté leur supériorité sur
rels ainsi pendant tout l'hiver, pour ne les le grain et sur les pommes-de-terre pour
aire consommer qu'au printemps. l'engraissement des cochons. Mais il faut pour
cela qu'elles aient été cuites. M. Biot pense
$ V.— Des ennemis et des maladies des navets. que la cuisson a pour résultat de rompre les
tégumens qui emprisonnent la substance
A peine les feuilles sortent-elles de terre, nutritive, et de la faire profiter en totalité à
|u'elles sont attaquées et dévorées par di- l'alimentation, résultat que ne peuvent ef
:ers petits animaux, par des allises, princi- fectuer que partiellement les organes des
>aleraent la bleue, que nous avons repré- animaux.
enté {tome JI,fig. 2, page 5 ) {thejly des An- Les vaches à lait se trouvent très-bien de
;lais), par les pucerons, par les limaces, et la nourriture dont les carottes forment la
>lus tard par les larves d'un petit papillon base; cette plante a la propriété de donner
le papillon blanc du chou), par celle d'une au beurre, même en hiver, cette belle teinte
enlhrède, et par une mouche (la mouche jaune que les acheteurs regardent, à tort ou
les racines), qui dépose dans la bulbe un a raison, comme un indice d'une excellente
euf d'où sort une larve qui perfore le navet. qualité.
Test le premier de ces insectes qui est le D'après Hkrmbstaedt, 100 parties de raci
dus dangereux, et c'est particulièrement de nes de carottes contiennent :
a destruction que l'on s'estoccupé en Angle- 80,00 eau ;
erre. Un grand nombre de moyens ont été 6,00 mucilage saccarin;
uccessivement vantés on mis en usage dans 1,75 mucilage gommeux ;
e but. Malheureusement, ils ont été insuïïi- 1,10 albumine; , j
446 AGRICULTURE : DES PLANTES CULTIVÉES EN GRAND. Lr». r".
0,35 huile essentielle; de M. Vilmorin. C'est une espèce très-pro
1,50 substance analogue à la manne; ductive, et dont la racine sort un peu de
9,00 fibrevégétale à laquelle se trouve inti terre, avantage incalculable pour les sols qui
mement uni un peu d'amidon et d'al ont peu de profondeur, et qui permettra la
bumine. culture de la carotte dans les terres à navets.
Les chimistes modernes en ont extrait une Il arrive souvent que, même à la première
substance cristalline d'un rouge pourpre année, les carottes , au lieu de développer
qu'ils ont appelée carottine, mais qui n'inté leurs racines, déterminent la croissance des
resse pas actuellement les arts agricoles. tiges et des organes floraux et la production
des semences. Comme presque toujours cette
§ 1er.;— Espèces et variétés. propriété est héréditaire, on ne devra pas
employer ces graines à la reproduction, ni
La Carotte {Daucus Carotta); en anglais, les livrer au commerce de la graineterie. Au
Carrot ; en allemand, Gelbe Rube ; en italien, moment de la récolte on doit choisir les ra
Carota; en espagnol, Chiravia (Jig.Mù), cines qu'on destine à porter semence : on
Fig. 640. prendra celles qui réunissent le plus grand
nombre de qualités qui constituent l'espèce
dans sa pureté. Elles seront droites, alon-
gées, lisses, bien saines et surtout sans bifur
cation. On coupera l'extrémité des feuilles en
en laissant attachées à la racine seulement h
longueur d'un pouce : si on les laissait entiè
res, celte partie de la plante, pourrissant la
première, pourrait altérer le corps même de
la racine. On les transportera dans un lieu où
elles soient à l'abri de la gelée, de l'humidité
et de la lumière.
A la fin de mars on les plante à 3 pieds de
distance dans un sol bien préparé, on les bine
comme les autres récoltes sarclées; et, lors
que la plus grande partie des ombelles sont
mûres, ce qui arrive dans le courant d'août,
on les coupe et on les suspend dans un en
droit sec et abrité.
§ II. — Du sol.
Comme presque toutes les plantes dont h
est une plante bisannuelle de la famille des racine forme le principal produit, les carottes
ombelliferes , dont les espèces sont peu demandent un sol meuble, ou du moins une
multipliées : il serait à désirer que l'agricul terre dont la compacité n'offre pas trop de
ture fit sous ce rapport de nouvelles conquê résistance à l'extension des racines. Si elles
tes : celui qui trouverait une variété qui par préfèrent un loam sablonneux qui ne soit pas
courût toute la période de sa végétation en exposé à une grande sécheresse ni à une
peu de temps, rendrait un véritable service humidité stagnante, elles donnent aussi des
aux cultivateurs, à ceux surtout qui cultivent produits très-abondans, lorsqu'onles cultive
celte plante comme racine secondaire. dans unit»/ argileux, surtout si celui-ci con
Voici les principales variétés cultivées : tient un peu de chaux, et approche, par sa
1° La Carotte jaune commune ( Daucus Ca composition chimique, des terrains que l'on
rotta radice lutea). Racine étranglée, courte, nomme marneux. Mais, dans Yargile purr,
élargie. les carottes courent une double chance de
2° La C. blanche {D.C. radice alba). Varié non-réussite : eu effet, si un pareil sol est hu
té de la précédente, mais inférieure sous tous mide, les racines y pourrisseul ; s'il est sec
les rapports. et resserré, elles ne peuvent s'y développer.
3" La C. jaune dorée ( D. C. radice aurantii On éloignera la carotte des terrains pier
coloris). Sa racine ne colore point le bouil reux et graveleux , parce qu'ils s'opposent
lon. C'est la meilleure espèce, mais une des au développement des racines, et qu ils aug
plus petites. mentent dans une forte proportion lesdépen-
4° La C. rouge ( D. C. radice atro-rubente ). ses de binage et d'arrachage. Cette plante
Longue et grosse ; vient bien daus les sols ar supporte sans en souffrir un plus grand de
gileux. gré d'humidité que la plupart des autres plan
5°_ La C. Hollandaise ou printanière. Va tes tuberculeuses oufusiformes; mais il faut
riété de jardin. pour cela que le climat soit chaud. On a re
6» La C. d'Achicourt et de Breteuil. Variété marqué que dans les pays où la période cul-
maraîchère, qui, d'après mes observations, lurale est généralement humide, comme en
ne diffère pas sensiblement du n° 4, et qui Angleterre et notamment dans le Su/Tolk.
ne doit les qualités qu'on lui connaît qu'aux les carottes donnent un plus haut produit
soins particulier* que lui prodiguent les que dans les contrées exposées à une grande
habitons d'Achicourt et de Mont-Didier sécheresse à la même époque. Il ne faut pas
(Somme). néanmoins perdre de vue la destination à la
7° La C. blanche à collet vert. Espèce bien quelle on réserve ce produit; cultivées dans
caractérisée et propagée surtout par les soins un climat sec, les carottes ont plus de sapeur
:hap. 17». DE LA CAROTTE ET DE SA CULTURE. 447
:t par conséquent plus de valeur quand on qu'il a faites sur cette plante, l'a cultivée trois
es destine à la vente. fois de suite sur le même terrain, sans que
La racine de la carotte étant fusiforroe, et pour cela le produit en lut diminué. La ca
jénétrantgénéralement à unegrande profon- rotte a néanmoins une assez grande puissance
leur, le sol auquel on la confie doit avoir d'épuisement. Son feuillage assez rare ne lui
ine couche arable assez profonde pour ne permet pas de tirer de la couche atmosphé
>oint l'arrêter dans son développement lon rique une grande partie de sa nourriture,
gitudinal. On connaît depuis peu d'années ce qui fait qu'à poids égal, elle est plus appau
quelques variétés dont les racines se rappro vrissante que la pomme-de-terre. Sous un
chent beaucoup dans leur configuration de autre rapport elle est encore inférieure à cette
celles de certaines espèces de navets et de ra- dernière plante. La pomme-de-terre, à une
es, et qui par cela même n'exigent pas un sol certaine époque de sa croissance, ombrage
mssi profond. On peut encore cultiver dans parfaitement le sol et empêche les rayons du
:es mêmes terrains la variété dite blanche à soleil de le resserrer et de le dessécher; la
•ollet vert, dont les racines croissent en par carotte ne couvre le sol qu'imparfaitement;
ie hors de terre. son ombrage est impuissant à empêcher la
multiplication des mauvaises herbes; et s'il
§ III.— Place dans la rotation. fallait encore ajouter une raison à celle que
je viens d'énumérer, je dirais que les tuber
Sous le rapport des assolemens, les carottes cules de pomme-de-terre, dans leur accrois
aissent au cultivateur bien moins de latitude sement, soulèvent et divisent le sol, tandis
lue la plupart des autres plantes sarclées. que les racines de la carotte ne font que le
in effet, elles aiment à être semées de bonne resserrer.
leure ; dans bien des cas, lorsqu'on en veut Le point de vue sous lequel on a trop sou
Itendre la culture sur une grande surface, vent négligé de considérer les carottes, c'est
a terre doit être déjà préparée avant l'hiver, celui des avantages qu'elles présentent dans
:t il n'est pas rare que l'automne empêche le la combinaison des assolemens simultanés,
aboureur de faire les dispositions prélimi- et des ressources qu'elles procurent comme
laires qui assurent la réussite de la semaille récolte dérobée. A la première époque de su
le laquelle néanmoins dépend tout le succès. croissance, cette plante est long-temps faible
D'un autre côté, peu de plantes agricoles, et chétive. On a imaginé de la cultiver, comme
LUtant que les carottes, souffrent de la pré- le trèfle, en société avec une autre qui puisse
ence des herbes parasites. Il est donc indis- lui procurer un ombrage salutaire sans l'é
lensable de les placer à la suite d'une récolle touffer, et qui mûrisse d'assez bonne heure
[ui elle-même ait nécessité cette destruction, pourluipermettreensuite d'atteindre tout le
m du moins qui ait été enlevée d'assez développement dont elle est susceptible. Le
>onne heure pour qu'on puisse provoquer la lin, la navette, le seigle sont les végétaux qui
jermination des semences que recèle le sol, s'associent le mieux avec la carotte. Après la
;t pour les détruire ensuite. C'est pourquoi récolte des premières plantes on arrache les
a place qui leur convient le mieux , est à la chaumes, on sarcle et on bine. De cette façon
mite d'une récolte de pommes-de-terre, de la seconde récolle donne quelquefois plus
>elteraves, etc. Il est vrai que, par l'adoption de bénéfice que la première.
le cette combinaison, on ne peut guère re
garder les carottes comme une récolte_ ja § IV— Culture des carottes-
chère, mais je n'en suis pas moins convaincu
juc c'est dans une telle succession de culture C'est un fait bien reconnu, que la terre
lue cette plante donne le plus haut produit, qui doit rapporter des carottes ne donnera
•l demande le moins de déboursés. qu'un produit insignifiant si elle n'est pas
Lorsqu'une pièce de terre, soumise à l'as- bien amendée ; c'est un fait également incon
.olement alterne depuis longues années, se testable, qu'une terre fraîchement fumée
rouveamenée à un état suffisant de propreté, avec du fumier d'élable donne aux racines
>n peut y cultiver des carottes après une ré- une odeur désagréable; que les niantes se
■olte céréale. Mais il serait imprudent, dans bifurquent et ont à combattre l'influence des
'état actuel des choses, de conseiller aux cul- herbes parasites dont le fumier a apporté les
ivateurs triennaux de semer des carottes germes dans le sol ; et plus d'une fois les ca
;ui" une jachère précédée elle-même de deux rottes, épuisées dans la lutte, ont été forcées
•écoltes céréales; les frais de culture se pur de céder la place : c'est cequi arrive fréquem
ent, en pareil cas, à une somme si élevée, que ment quand la main de l'homme ne vient
•<• tte circonstance seule suffirait pour étein- pas à son secours. Placé dans cette alterna
Ire chez des hommes' naturellement et jus- tive, le cultivateur devra (umer abondam
ci lient circonspects, tout désir d'amélioration ment la récolte qui précédera les carottes,
gricole. afin que celles-ci, tout en profitant de l'en
Si la carotte est exigeante sous le rapport grais qui reste dans la terre, ne se trouvent
les plantes qui la précèdent dans une rota- point cependant en contact avec un fumier
ion, elle est en revanche très-accommodante non décomposé. Si l'on n'a pu se ménager
tour les végétaux qui la suivent. Elle est pour cet avantage, on aura du moins la précaution
ous une excellente préparation. Si l'on en de n'appliquer à la carotte que des engrais •
ixceple le colza et l'orge d'hiver, tous les vé- pulvérulens, tels que la colombine, les tour
;étaux aiment à venir à sa suite. On avait cru teaux d"huile, la poudrette, le noir animal et
ongtemps que la carotte est antipathique animalisé. Afin que ces engrais agissent di
vec elle-même, c'est une erreur. M. Beutier rectement et avec plus d'efficacité, on ne les
(ère, bien connu pour les excellentes études dispersera pas sur toute la surface, mais on
448 AGRICULTURE : DES PLANTES CULTIVÉES EN GRAND. liv. i".
les répandra dans les rayons mêmes où l'on emporter. Les carottes, lorsqu'elles n'ont en
dépose la semence. n core que leurs premières feuilles, ont tant
On convient généralement que la terre de de ressemblance avec les herbes parasites qoi
vra être labourée pour les carottes, aussi pro croissent au milieu d'elles, que les ouvriers
fondément que possible, parce que de toutes peu habitués au port de cette plante les con
les plantes sarclées c'est celle dont les raci fondent souvent.
nes traversent la plus grande épaisseur de Il est très-nécessaire de faire le premier sar
terre. Avant de donner ce labour profond, on clage à lamain. Les praticiens sont partagés
aura soin de herser et d'ameublir la surface, d'opinion sur l'époque où il doit être exécuté.
afin de ne pas placer au fond de la raie une Les uns conseillent de l'opérer le plus tôt
terre durcie et resserrée. possible , afin que les mauvaises herbes ne
On peut déjà semer les carottes vers la fin puissent ni étouffer ni affamer les carot
de février, mais l'époque la plus favorable, tes. Les autres soutiennent que le sarclage
c'est la première quinzaine de mars. Cette ne doit être exécuté qu'au moment où les
époque serait encore reculée de plusieurs se mauvaises herbes commencent à fleurir : ils
maines si la température s'opposait à un en disent, pour étayer leur opinion, que la végé
semencement convenable. tation des parasites, loin de nuire aux carot
Si on cultive la carotte comme récolte iso tes, favorise leur accroissement en couvrant
lée, et sans l'associer à un autre végétal, il ne la terre de leur ombrage, et en empêchant
faut point songer à la semaille à la volée. La le sol de se resserrer, et d'empêcher Talon-
disposition par rangées a ici des avantages en gement et le développemen t des racines. Cette
core plus marqués que pour la plupart des opinion parait fondée; un fait certain, c'est
autres plantes. que les carottes ne craignent nullement le
Si on n'a pas encore de semoir, on en choi contact d'autres plantes: il est inutile d'invo-
sira un des plus simples parmi ceux figurés q«er à l'appui de celte assertion l'exemple des
précédemment. Avant de répandre la se carottes que l'on sème dans le colza, dans le
mence, on aura la précaution de laisser ger lin, etc.Mais dans ce cas il faut'se tenir sur ses
mer et lever les graines de plantes nuisibles gardes', et avoir à sa disposition une armée
qui se trouvent à la superficie et de les dé de sarcleuses, afin que jamais aucune plante
truire par un léger hersage, répété plusieurs parasite n'arrive, je ne dis pas en graine, mais
fois. On s'épargnera ainsi les frais d'un pre en fleur. Ce premier sarclage se fera à recu
mier sarclage, ou du moins on en reculera lons, afin de piétiner la terre le moins possi
beaucoup l'époque.— Les rangées seront éloi ble et de ne pas fouler des plantes tendres et
gnées de deux pieds. Une plus grande dis délicates.
tance serait nuisible, parce que l'intervalle Lorsque, quelques semaines après ce pre
ne pourrait être en totalité ombragé par les mier sarclage, les carottes ont poussé plu
feuilles : un éloignemenl moindre ne permet sieurs feuilles, et qu'elles annoncent un état
trait plus à la houe à cheval de fonctionner. de santé et de vigueur, on donne un hersage
—Avant d'employer la graine on l'exposera an énergique, si elles ont levé dru; au contraire,
soleil ou dans un local chauffé, et on la frot si elles sont peu épaisses, ou en donnera
tera entre les mains, afin de briser les aspé plusieurs, mais très-légers.
rités qui la recouvrent et au moyen desquel Ordinairement, après celte façon, les plan
les les semences s'accrochent et se peloton- tes prennent un accroissement rapide ; les
Dent. —4 à 5 livres de graines sont une quanti rangées se dessinent, et onpeutdès-lors_/*u>r
té suffisante; il est rarement avantageux de la jbnetionner la houe à cheval autant de fois
dépasser, parce que si les plantes lèvent bien, que le demande l'état delà terre sous le dou
il faut ensuite une grande dépense de main- ble rapport de l'ameublissement et de la pro
d'œuvre pour arracher les plants surnumé preté. C'est également le moment d'éclaireir
raires. les places trop épaisses. On laissera les piail
Quand on sème la carotte dans une autre les à 9 pouces les unes des autres dans la li
récolte qui doit lui servir d'abri, elle n'exige gne. Quelques auteurs conseillent de regar
pas d'aulre préparation que cette récolte nir les places vides en y plantant des carot
principale. Comme il est probable que beau tes prises soit dans le champ même, soit dans
coup de semences ne se trouveront pas dans une pépinière : cette méthode est peu prati
des conditions favorables à la germination, quée.
on en augmentera un peu la quantité qu'on Les carottes semées au milieu d'une auw
portera à 8 on 9 livres. Ici il n'est guère pos récolte se traitent à peu près comme celles
sible d'opérer la semaille en lignes : mais ce semées en récolte principale, à l'exception
qu'on perd sous ce rapport, on le récupère que les binages se fonj. à la main. Immédia
largement par la diminution des frais de sar tement après l'enlèvement de la première
clage, qui ne sont plus aussi nécessaires que récolte, on donne plusieurs hersages répétés
si la plante eût été semée seule. dans tous les sens, afin d'enlever le pins de
Nous avons déjà laissé entrevoir que celui chaumes possible. On procède ensuite à té-
qui cultive les carottes doit s'attendre et se claircissage du plant dans les places trop gar
préparer à des travaux dispendieux d'entre nies : on enlève tous les débris rassemblés par
tien. Cette plante, en effet, a une enfance lon le hersage ; on bine autant de fois qu'on le
gue et laborieuse : pendant que ;sa végéta juge à propos. Comme il est rare que les ca
tion se traîne lente et pénible jusqu'aux pre rottes deviennent dans ce cas aussi grosses
mières chaleurs du printemps, les mauvai quelesautres,on les laisseun peu plus épais
ses herbes se multiplient avec rapidité et ne ses.
tardent pas à envahir toute la superficie, et Le feuillage des carottes a une odeur qui
il faut de toute nécessité les arracher et les repousse presque tous les insectes. Cepen
CHAP. 17'. DE LA CAROTTE ET DE SA CULTURE. 449
dant il est des contrées où les limaces les qu'on cultive les carottes dans cette dernière
rongent si impitoyablement à leur naissance espèce de terre, on aura soin, quelque temps
qu'elles ne laissent parfois aucune trace des avant la récolte, de couper, une partie des fa
semis. Dans les jardins de l'Anjou le meil nes, afin que la surface se sèche un peu , et
leur moy e n connu de remédier a ce grave in 3ue la terre ne souffre pas du piétinement
convénient est de saupoudrer la terre, à l'é es ouvriers qui les arrachent.
poque de la germination, de chaux en poudre Les carottes semées en lignes peuvent s'ar
qui éloigne ces animaux, tant qu'elle n'est racher avec la charrue, indiquée précédem
pas éteinte par les pluies, sans faire le moin ment. Celles qui ne sont pas disposées par
dre tort aux plantes. Il y a lieu de croire que rangées ue peuvent être récoltées qu'au
dans la grande culture le même moyen, ou moyen du louchet, ou de tout autre instru
remploi de cendres répandues àla volée de la ment analogue.
même manière, tout en préservant les jeunes Dans les sols légers et par un temps sec,
carottes, profiterait plus tard à leur dévelop après les avoir laissées exposéesau soleil une
pement. heure ou deux, on procède au décoletage et
§ V.— Récolte, conservation et produit. on emmagasine immédiatement. Dans les sols
argileux et par un temps humide, on les laisse
Les carottes en récolte principale ont at sur la terre sans les entasser, et elles demeu
teint tout leur développement vers la fin de rent là plusieurs jours, afin qu'elles soient ou
septembre ; celles qui n ont été cultivées que lavées par les pluies, ou desséchées par le so
comme récolte accessoire et supplémentaire leil. Plusieurs économes ont remarqué qu'el
n'arrivent à maturité que vers le milieu d'oc les se conservent mieux lorsqu'un peu de
tobre. Ces plantes craignent peu la gelée, et, terre adhère à leur surface.
quand, à î'arrière-automne, elles n'ont pas Le décoletage ne doit pas se borner au re
atteint toute leur croissance, on peut en re tranchement des feuilles, il faut amputer un
tarder un peu la récolte sans inconvénient, à peu au-dessous du collet et couper dans le
moins qu'on n'ait besoin de préparer la terre vif, afin que la racine ne puisse plus germer:
pour procéder à un ensemencement de plan c'est un préliminaire indispensable pour les
tes hivernales. « Dans la contrée que j'ha- carottes qu'on veut conserver.
" bile, dit Schwertz, nous n'avons pas eu de Si les/euilles sont abondantes, on pourra
» pluie pendant tout l'été. Vers la fin de sep- les rassembler en petits monceaux, afin de les
» teiubre on aurait du procéder à la récolte faire consommer par les animaux, soit sut-
» des carottes, mais la terre était tellement. place, soit à l'étable.
» durcie qu'elle pouvait à peine être entamée La conservation repose sur les mêmes prin-
» par un forlbrabant; les feuilles des carot- ci pes et s'exécute par les mêmes procédés q ne
» tes et des betteraves tombaient flétries. pour la pomme-de-terre, avec cette diffé
» Pendant qu'on opérait l'arrachage dequel- rence que les carottes craignent moins la ge
.. ques-unes, il survint pendant plusieurs lée, et que le décoletage prévient toute ger
» jours une pluie violente qui dura jusqu'au mination. On ne devra pas néanmoins les
» 12 octobre. Les carottes auxquelles on n'a- amonceler autant que les parmentières.
» vait pas encore touché commencèrent à vé- Les carottes destinées à la nourriture de
» géter de nouveau, produisirent un chevelu l'homme seront placées dans un jardin d'hi
» blanc et abondant; les racines augmentè- ver ou un cellier, par lits alternatifs avec du
» renl d'épaisseur, et celles qui furent arra- sable bien sec, qu'on aura voiture pendant
» chées les dernières étaient 1/3 plus grosses l'été.
» que celles qui l'avaient été auparavant. » Le produit de la carotte varie en raison
( ifn leitung zum praltischen ackerban.) des soins de culture, des qualités du sol et
On a cru remarquer que les carottes pro d'une foule d'autres circonstances; c'est, du
venant d'une semence produite elle-même reste, de toutes les racines cultivées, celle
par des racines cultivées depuis long-temps dont le produit est le moins variable sous
dans les jardins, supportent moins bien les l'influence des ageus atmosphériques : ses
iutempénes des saisons et les variations racines, qui pénètrent à une grande profon
brusques de la température que celles qui deur, lui permettent de résister à de grandes
ont été cultivées long-temps eu plein champ : sécheresses, lors même que, dans, d'autres
elles sont surtout beaucoup plus exposées à plantes, la végétation parait comme suspen
la pourriture dans leschampshumides. Lors- due.
(t) On sait que d^ns beaucoup de lieux les fanes de porames-de-terre avant leur entière dessiew1*
sinit utilisées pour lu nourriture des vaches et des bœufs, qui ne les mangent à la vérité que &"" ■
mieux, mais enlin qui les mangent sans en être incommodés. 0. V !■
HAP. 18e. DES PATURAGES. 463
rairies ne doivent occuper la place qu'on long-temps leur fraîcheur en hiver; le dac
:ur destine que pendant un nombre limité tyle pelotonné, qui se maintien; mieux que
'années, préfère-t-ou assez souvent des se- beaucoup d'autres graminées des prés sur
lis homogènes* les terrains secs et médiocres, y repousse
aussi avec une facilité et une rapidité re
IV.— Du choix des plantes fourragères eu égard marquable; le ray-grass talle et se fortifie
à l'abondance de leur produit. d'autant plus qu'il est plus brouté et piétiné,
le vulpin des prés peut épier jusqu'à deux
L'abondance des produits qu'on doit a Heu fois dans la même année, etc. Au point où
re d'une herbe quelconque considérée jso- nous en Minimes, il serait, je crois, inutile de
'înt'iil, dépend soit de Célévation et du vo- multiplier de semblables exemples; il nous
tme ou de la multiplicité de ses liges et de suffira de remarquer que la propriété qui
es feuilles ; — soit de la rusticité plus grau- nous occupe en cet instant est une des plus
e qui lui permet de croître dans des ter- importantes par rapport aux herbes fourra
ains de moindre qualité et de résister aux gères, qui composent les prairies à regain, et
itempéries des saisons; — soit, enfin, de surtout les pâturages ouverts pendant la
i faculté qu'elle possède de continuer de plus grande partie de.l'année aux animaux.
égéter plus long-temps et de mieux repous-
•r sous la fauix ou la deut des animaux.
§ V. — Du choix des plantes fourragères eu égard
En général les plantes qui s'élèvent et à la durée de leur existence.
rassissent beaucoup, telles que les panis,
i sorgho, l'alpistc, etc., etc., ne sont pro- C'est une loi fort ordinaire de la nalure,
resqu'à être mangées en vert parce qu'elles que plus la durée d'un végétal est langue,
urcissent en se desséchant de manière à moins son premier développement est ra
ebuler les animaux; — d'autres, comme le pide. — Une plante annuelle, semée au prin
romental, lafétuque élevée, les bromes, etc., temps, parcourt dans la même! année toutes
loiveul au moins être fauchées de fort bou- les périodes de sa courte existence, taudis
e heure. Mais il en est aussi, et de ce nom- qu'une plante bisannuelle ou vivace s'em
ire on pourrait citer la fléolc des prés, ou pare pourainsi dire seulement du terrain, et
himothy des Anglais et Vivraie il'Italie, dont ne pousse ses liges florales que la seconde
'élévation des fanes ne diminue en rien la année. Il est même beaucoup de plantes vi-
[ualité du foin. vaces qui n'arrivent qu'après S, 4 et à apsà
Assez souvent des herbes dont les tiges leur plus fort développement. Ainsi on doit
'élèvent beaucoup tallcnt et gazonnent Jort attendre le maximum des produits d'un
ieu; celles-là peuvent faire quelquefois par trèfle dès la seconde année ; mais on ne peut
ie des prairies, mélangées à d'autres espè compter sur celui d'un sainfoin que la 3e à
ces, mais elles sont peu propres à entret la 4 , et malgré la position en quelque sorle
ins la formation des pâturages, tandis que exceptionnelle où se trouve à cet égard la
l'autres herbes moins élevées et plus gazon- luzerne, dont chacun connaît la rapidité cte
teuses conviennent beaucoup mieux a celte croissance, toujours est-il qu'elle augmente
lernière destination. — Daus les herbages annuellement en produits, jusqu'à ce que
auchables, elles deviendraient inutiles, par- ses puissantes racines se soient suffisamment
« qu'elles échappent en grande partie à la emparées du sol II en est de même des gra
aulx, et nuisibles, parce qu'elles occupent la minées vivaces ; quoique la plupart végètent
)lace de meilleurs produits, tandis que sur vigoureusement dès la seconde année, beau
es pacages celles môme qui ne sont qu'ef- coup ne parviennent à toute leur forci; que
leurées par la dent des chevaux ou des bé plus tard.
es bovines sont atteintes rez-terre par les Les fourrages annuels, à quelques familles
limitons, auxquels elles procurent une bonne qu'ils appartiennent, peuvent avoir une
lourriture. très-grande utilité dans la culture alterne.
La rusticité ne consiste pas seulement, Nous les avons déjà vus, en traitant des asso-
«Kir chaque espèce, à résister aux vicissitu- lemcns, et nous les verrons bientôt en par
les dessaisons, a supporter accidentellement lant de chaque plante des prairies et no
ll1' humidité surabondante dans le sol et tamment des légumineuses en particulier,
'ie sécheresse prolongée dans l'almos- jouer un rôle important pour remplacer la
'hère; à pousser avec assez de vigueur pour jachère morte et préparer le sol à d'autres
'e rien craindre du voisinage d'autres plan- cultures. — Il n'est pas rare non plus qu'on
es plus voraces et moins utiles, mais en- les utilise momentanément dans la forma
ore, pour les plantes étrangères, à résister tion des prairies artificielles de longue durtje
»ns dommage aux froids de nos climats et et des pâturages permanens, pour obvier à
mûrir leurs graines avant l'atteinte des la lente croissance des plantes qui les conj-
filées. — Parmi nos graminées les plus rus- posent, et obtenir, dès la première année,
jques il faut citer l'agrostis fiori/i, If, brome une récolte de fourrage. C'est ainsi que l'on
es prés, le dactyle pelotonné, la Jé'.uque peut dans certains cas semer la luzerne de
v">c, etc., etc. bonne heure en automne avec de Vescour-
Quant à la faculté de pousser de nouvelles geon ou du seigle ; — mêler dans les terrains
faites et même de nouvelles tiges florales calcaires le biome doux el celui des seigles
P''és l'époque^ de la fauchaison ou le pas- au sainfoin; — ailleurs l'orge des prés à des
age des animaux, elle est loin d'appartenir herbes dont le produit doit se faire attendre
êaleraenl à toutes les espèces: le florin la deux ans, etc., etc.— En pareil cas, les plan
ossùde à un haut degré; sa végétal ion est tes annuelles, pour peu qu'elles ne soient
Tesque continuelle, et ses liges conservent pas semées trop épais, protègent au prin-
464 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGERES. irv.r.
temps la première croissance des végétaux
d'une plus longue durée, et lorsqu'elles com- § VI. ■ Du choix des plantes fourragères eu égan)
menceraient à les gêner dans leur dévelop à leurs qualités nutritives.
pement, elles tombent sous la faulx sans
avoir eu le temps de répandre leurs graines. Quoiqu'il y ait parmi les chimistes quel
Ajoutons que, tandis qu'elles procurent par que divergence d'opinion sur les propriétés
leurs fanes une utile récolte, elles lais plus ou moins nutritives de telles et telles
sent encore dans le sol quelques débris qui substances qui entrent dans la composition
devront, en se décomposant, tourner au des végétaux, telles, parexemple,que le prin
profit de la végétation des années suivantes. cipe amer que Sprengel considère, à cause
Quand on veut établir un herbage tem de l'azote qu'il contient, comme l'un des plus
poraire, avant de choisir les végétaux qu'on nourrissans, après l'albumine, et que Davi
pourra faire entrer dans sa composition, il croit, au contraire, devoir être rejeté, dam
faut être d'abord à peu près fixé sur la durée les excrémens, avec la fibre ligneuse ; — sur
qu'il devra avoir. Il seraité gaiement fâcheux, l'importance plus ou moins grande, dans
en effet, de cultiver des plantes qui ne don l'acte de la nutrition, de divers sels, ootaiu-
neraient pas encore le maximum de leurs ment de l'hydrochlorale de soude ou sel ma
produits lorsqu'il faudrait les détruire, ou rin, et du phosphate de chaux, qui abonde
qui dépériraient avant l'époque fixée pour dans les os des animaux;— enfin, surcelledes
le retour des cultures économiques ; — de acides, tels que les acides hydrochloriques,
remplacer, par exemple, dans l'assolement phosphoriques, etc., et des nombreux corps
quadriennal le trèfle par le sainfoin ou la/a- simples quon retrouve en petites quantités
zerne, et, dans un assolement qui comporte dans les cendres végétales, comme la soude,
un herbage de 5 à 6 ans de durée, le sainfoin la potasse, la chaux, la magnésie, la silice.
par le trèfle ; Vagrostis d' Amérique ou la fé- le fer et la manganèse. — Il est un point sur
tuquc élevée par l'ivraie d'Italie, etc., etc. — lequel on est généralement d'accord, c'est
tuqu
Il y a donc place dans la bonne culture pour que, plus les plantes possèdent de substance
les herbes fourragères de quelques années solubles, plus elles sont nutritives.
cCexhtence seulement, comme nous venons « Si l'on veut connaître avec exactitude,
de voir qu'il y en avait parfois pour les her dit Sprengel, la valeur d'une plante comme
bes annuelles; en pratique, leur importance fourrage, il faut, dans les analyses, considé
est même très-grande. — Le trèfle, quoique rer, avant toute chose, la quantité en poids de
vivace, est traite presque partout, avec gran l'eau et de la fibre végétale en raison de cci<
de raison, comme s'il n'était que bisannuel des autres substances qui s'y trouvent, purs
ou tout au plus trisannuel, parce que, dès la la quantité des parties incombustibles nu
3" année il est rare qu'il ne se dégarnisse tritives, commele sel marin, le phosphate
pas. Mais aussi, dès l'année qui suit le chaux, etc., et enfin, celle des parties idcoit-
semis, ,on sait combien il est fourrageux. — bustibles qui ne servent pas, ou presque pas
Ce seul exemple suffit. » à lanutrition,commela silice, l'alumincele
Lorsqu'il s'agit plus spécialement des — Il est important de connaître la qui*
pâturages permanens, la longue durée tité d'eau et de fibre végétale, parce quiu<
des plantes qui les composent est une trop grande proportion de l'uno peut oco-
condition première de succès. Cette durée sioner la pourriture aux moutons, et qi*
peut s'obtenir, soit en faisant choix d'espèces l'autre résiste en grande partie à la dig<"
naturellement très-vivaces, comme la fétuque lion. — Il faut que les plantes destinées s
élevée, Vagrostis d'Amériquc,\ethymothy, etc. pâturage des moutons soient riches en v
ou d'espèces qui se régénèrent facilement par commun, en principe amer, en arôme, <-
suite de la disposition de leurs racines à tracer phosphate de chaux et en substances conk-
ou de leurs tiges à pousser de nouvelles ra nant de l'azote ; — les premières de ces s»fr
cines de chacun de leurs nœuds inférieurs, stances conservent l'énergie des organes di
telles que les fétuques traçante et flottante, gestifs, les autres contribuent beaucoup i
le florin, etc., etc. , soit en mélangeant plu la production de la laine, de la viande, ex
sieurs espèces différentes, ce qui présente, «Les plantes qu'on destine au gros bêla
lorsque le choix est fait avec discernement, et surtout aux vaches laitières, peuvent c*
d'assez nombreux avantages, car non seule tenir une plus grande quantité deauc*
ment la disposition différente des tiges et des pour les moutons, puisque l'eau cou. r.w-
racines, l'élévation et la profondeur plus ou a la formation du lait. .Outre cela, il «■
moins grandes auxquelles parviennent les qu'elles contiennent les matières que u»
premières ou pénètrent les secondes, font que trouvons dans le lait, c'est-à-dire la sou*,
fe terrain peut nourrir un plus grand nombre le chlore, le soufre, le phosphore, la po»8*
de plantes et se trouve mieux garni à sa sur le carbone et l'azote. On voit prdiuairenw
face, de sorte queles produits sont plus con les vaches donner une plus graude afi»
sidérables, mais encore que la somme totale dance de lait après avoir mangé des pl»»^
de ces produits est moins dépendante de la contenant un suc laiteux et amer, mais w
variation des saisons, et qu'enfin l'herbage est acre, comme plusieurs espèces do piaules '
infiniment plus durable,altendu qu'ils'établit la famille des composées, par exempt
entre tous les végétaux une sorte de rotation pissenlit, Yhypockœris, le laitron. Plus ces
telle que ce sont toujours ceux qui se trou laiteux est riche en substance saccliana
vent dans les circonstances, pour eux les plus enalbumine, en gluten, en gomme, en œ
favorables, qui dominent alternativement les cilage, en phosphate de chaux, en sel œ>'
autres. et en hydrochlorate de notasse, plus < °™
vient à la production du lait. Les fmK
iiap. 18' DES PATURAGES. 4G5
lont le suc laiteux est tere, comme \"eu- nées de la pratique , et cette coïncidence
i/iorbe, sont dangereuses. » est d'une haute importance pour la forma
Il ne faut pas croire que la substance so- tion des prairies, comme on le verra ail
■//.■/c soit identique dans toutes les plantes, leurs. Dans les pâturages, toutes les plantes
t que la proportion de ses parties consti- étant consommées en vert, il n'y a plus lieu
uantes ne varie pas, dans le même végétal, de s'occuper de cette circonstance, mais il
u égard à diverses circonstances, parmi les- reste toujours à étudier comparativement les
[iielles on doit placer en première ligne l'é- qualités nutritives des diverses espèces.
ioque plus ou moins avancée de la végéta- Cette étude, ainsi que je l'ai déjà dit, a
ioû. Ainsi, l'albumine abonde dans certaines été faite avec soin pour les graminées, en
lerbes, parmi lesquelles je citerai le pied Angleterre, dans le jardin du duc de Bed
l'oiseau (ornithopus perpusillus) et le pissen- fort; — elle l'a été aussi pour un grand nom
it ( leontodon taraxacum ) ; — dans d'autres, bre de plantes de familles différentes, en Al
omme les graminées, c'est le mucilage; — lemagne, par Sprengel. — Je crois utile de
lans plusieurs, telles que le boucage saxi- reproduire ici, en les présentant sous une
rage ( pimpinella saxt/raga ), la lupuline forme un peu différente, une partie, non pas
medicago lupulina), ce sont la gomme et le des analyses, mais seulement des résultats
uucilage; — dans quelques-unes, par exem des analyses qui ont été faites dans ces deux
ple l'élyme des sables (elymus arenarius), pays, sans leur donner toutefois plus d'im
;i matière sucrée domine, etc., etc. Ainsi portance qu'elles n'en doivent raisonnable
ncore, d'après les nombreuses expériences ment avoir dans l'état actuel de nos connais
|iii ont été faites sur les graminées, sous les sances chimiques (1). i
mspices du duc de Bedfort, par les soins de Parmi les diverses graminées herbagères
». Sinclair et de Davy, on voit que la matière qu'on rencontre le plus habituellement dans
accharine est plus considérante au com- les prés et les pâturages naturels et artifi
nencement de la floraison, et le mucilage ciels, celles qui paraissent, à l'étal de dessic
tendant la maturation des graines, tandis cation ou de foin, contenir à poids égal le
|ue les principes amers et les ijigréilieus plus de parties nutritives, sont divers pdtu-
■ilms abondent dans les récoltes de regain. rins, entre autres celui des bois ou à feuilles
)e sorte qu'en théorie, avant de faire choix étroites, et le poa comprimé, dont on fait peut-
l'une plante fourragère, il faudrait non seu- être trop peu de cas en France; le pdturin
ement connaître sa composition chimique, commun coutient moins de parties solu-
nais savoir encore si, par suite de sa dispo- bles, et il en est de même de celui des
iition physique, elle se prêtera à être con- prés, surtout lorsqu'on le laisse sur pied
iDinméc au moment ou elle contient le plus jusqu'à la floraison. — A côté des pàturins
le parties favorables à la nutrition, ce qui et sur la même ligne, se trouve lajléole des
»e peut avoir lieu que pour un certain prés, lorsqu'on la fauche déjà en graines ; —
nombre de végétaux, attendu qu'il en est l'élyme des sables, trop ignoré comme four
beaucoup dont le foin cesse alors d'être man rage vert ; — la fétuque élevée, de toutes la
iable, soit parce que la fibre ligneuse dé plus riche eu parties nutritives ; puis celle
fient trop roide, soit parce que les enve des prés, la houque odorante, la houque mol
loppes florales et les arêtes qui les accom le et la houque laineuse ; la cretelle et quel
pagnent prennent assez de consistance pour ques bromes, tels que le stérile, le brame sans
;euer plus ou moins les bestiaux pendant la arêtes et la flouve odorante, fauchés, les deux
mastication. premiers, lors de l'épanouissement de leurs
Il est certain que les plantes vertes, déduc premières fleurs, la 3e à l'époque de la fructi
tion faite de la quantité d'eau de végétation fication; viennent ensuite : le pdturin élevé, le
qu'elles renferment, quantité telle qu'elle dactyle pelotonné, les fétuques durette et glau
peut quelquefois occasioner de graves désor que, la brize, l'avoinejaunâtre, l'orge des prés,
dres dans la santé des animaux, contiennent, l'agrostis stolonifère, etc. — En 6e ligne se
» poids égal, moins de parties nutritives que trouvent l'ivraie vivace, le pdturin commun,
les plantes arrivées au moment de la florai l'avoine des prés; quelques aira, le chiendent,
son, et celles-ci généralement moins que les le brome élevé, l'agrostis des chiens, etc. —
plantes déjà plus avancées dans la matu Enfin, d'après les mêmes auteurs, \efromen-
ration. Ici les découvertes de la science tal et tavoine pubescente, la canche fiexueuse,
«ont parfaitement d'accord avec les don- | la fétuque flottante et la mélique bleue, se
(1) Voici comment ont opéré les deux chimistes anglais et allemand : — Davy, après avoir soumis
à l'action de l'eau bouillante seulement les herbes, soit vertes, soit sèches, jusqu'à ce que toutes les
parties solubles fussent enlevées. Ut ensuite filtrer la liqueur pour en séparer la fibre ligneuse et l'é
vaporer ensuite à siccité ; le résidu solide de cette évaporation lui paraissant renfermer d'une manière
suffisamment exacte la masse de la matière nutritive qu'il désirait connaître. — Sprengel, afin d'ar
river à plus de précision, a cherché combien de substance on pouvait extraire des plantes préala
blement desséchées et pulvérisées, en les traitant au moyen de l'eau, de l'alcool et d'une lessive al
caline caustique.—D'après le premier procédé, il est probable que toutes les parties rendues ordinaire
ment solubles par suite de la mastication et de la digestion ne furent point enlevées par l'eau; —
d'après le second, on doit penser que le contraire eut lieu, c'est-à-dire qu'il y eut plus de matières
dissoutes à l'aide des procédés artificiels employés par l'expérimentateur qu'il n'y en a naturellement
dans l'estomac des animaux; mais, comme les analyses furent faites de la même manière pour cha
que série de végétaux, on peut croire, sinon à leur précision rigoureuse, au moins à leurs résultats
comparatifs, les seuls que j'aie eu I intention de présenter ici. j'ajouterai toutefois que, pour arriver
à cet égard à des données suffisamment exactes, il faudrait connaître mieux qu'on ne le fait la nature
des réactions chimiques qui ont lieu dans les divers organes de chaque espèces d'herbivores et no
tamment des ruminans. O. L. T.
53e livraison.
4.GRICTJLÏURE, TOME I. &9
466 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. Lrv. i".
raient, à toutes ies époques de leur végétation, Quand on voit ce qui se passe journelle
les moins riches en substance soluble. ment dans la nature, on ne peut nier qw
Sphesgel, de son côte, en analysant com la variété de nourriture ne soit, pour le*
parativement les diverses pailles qu'on em animaux, un élément de santé. Les plante»
ploie le plus fréquemment en agriculture, qu'ils appeleot le moins, celles qu'ils «jet
pour affourrager les animaux à l'étable, est tent toutes les fois qu'ils peuvent faire «b
arrivé à les classer de la manière suivante, meilleur choix, et dont l'usage exclusif et
dans l'ordre décroissant de leurs propriétés continu leur deviendrait inévitablement
nutritives: 1° celle de millet; 2° celle de maïs; nuisible, sont au contraire mangées ssbs
3° celle de lentilles; 4° celle de vesces;6° celle danger, recherchées même, lorsqu^lles sont
de pois; 6° celle de fèves ; 7° celle de colza; mêlées à d'autres plantes. Il y a mieux :dans
S" celle d'orge; 9" celle de seigle ; 10° celle un champ où domine une seule espèce,
de froment; 11» celle d'avoine; 12° celle de quelle que soit sa qualité, on a vu les ani
sarrasin. Je ferai remarquer que le célèbre maux la délaisser accidentellement ponr
chimiste ne parait pas avoir tenu compte des brouter avidement quelques touffes des her
diverses variétés de chacune de ces espèces, bes qui les tentent ordinairement le rnoim
ce qui, pour plusieurs, oui été cependant — Voici, entre bien d'autres, un fait qui le
d'autant plus utile qu'il est probable qu'il prouve d'une manière frappante : Dma
aurait trouvé des différences peut-être aussi pièces de terre semées, l'une en trèfle blanc
grandes et même plus grandes entrejeertaines (white elotvr), l'autre en trèfle mêlé à dis
variétés ou races de la même espèce qu'entre ses graminées, furent destinées par G. S«-
des espèces du même genre. Ceci s'applique r.i.Aui à servir de pâturage aux moutons. Ln
surtout à nos céréales les plus cultivées. long des haies de clôture qui entouraient h
Quant aux végétaux suivans, la plupart première, poussait une assez grande quantité
d'entre eux n'ont point encore été soumis à de dactyle pelotonné *cock's foot grass) a
la culture en grand, quoique plusieurs sem tiges coriaces et très-peu fourrage uses, par
blent pouvoir entrer avec avantage dans la suite delà qualité du -sol Cependant, aprfe
formation des herbages artificiels. Je revien quelques jours, le troupeau rechercha ceU-
drai ailleurs sur le compte de quelques-uns, plante et n'en laissa pas vestiges. Pnis il re
me bornant ici, pour ne pas sortir de la spé vint au trèfle et s'en nourrit exchisivetnen:
cialité de ce paragraphes en présenter la jusqu'à ce que l'état de maladie dans lequel
liste. — Le premier de tous est le genêt il se trouvait, et qui causa la perte de pla-
des teinturiers , qui contient à l'état vert sieursindividus, forçat d'arrêter l'expérience.
jusqu'à 35 £ pour cent de parties nutritives; — Dans la pièce voisine, au contraire, snr
— le 2e, chose remarquable, est un jonc, ce laquelle se trouvait un mélange de dactyle
lui de Bothnie, dans lequel on en retrouve pelotonné, de pàturin commun (rongh std-
28. Viennent ensuite le petit boucage, le ked meadow grass), d'ivraie \i\&ce{ryc graïf,,
grand boucage, qui contiennent : le 1er, 26, de vulpin (fox tait'grass) et de trèfle blanc,
le 2« 24 p. 1G0 de parties nutritives ; la pim- les moutons n'éprouvèrent aucun malaise, r
prehelle, 24; le genêt vehi, id.; la gesse des ne touchèrent pas aux tiges du dactyle, quoi
prés, 28 3/4; le lotier corniculé, 19 1/2; le qu'elles fussent cependant plus tendres et
plantain lancéolé, 18; \apetitc marguerite, 17 plus succulentes <iuc celles que leurs voisin?
1/4; la lapuline, 16; Yornithopus pied-d'oi avaient recherchées avec tant d'empresse
seau, 15 2/3; Vépereirrc, 14 1/3; le lotier uli- ment.
gineux, 13 1/2 ; le pissenlit, 12 1/3; Vhéraclée Justement convaincu qu'on devrait tou
bUtnc-nrsine, 10; enfin, Yachillée mille-feuil jours contrôler les résultats des analyses
les, ». — A l'état sec, ou de foin, ces plantes, chimiques par des expériences faites sur les
à poids égal, contiennent, comme on le peut animaux eux-mêmes, et que ce n'est réelkv
bien penser, infiniment plus de substances ment qu'en faisant marcher de front «s
solubies. Je me bornerai à citer deux des deux moyens de recherche qu'on parvien
■exemples les plus frappans : le pissenlit, qui dra à apprécier les propriétés alimentaires
n'en renferme en vert nue 12 1/3, en contient de chacun des principes immédiats des vé
à l'état de foin 82, et la petite marguerite gétaux, et que l'on pourra arriver au poin:
jusqu'à 86 1/3, c'est-à-dire plus du quart en où la seuleanalyse d'une plante nous fournira
sus de la paille la plus nutritive, celle du des connpissances suffisantes sur ses proprie
miHet, qui n'en abandonne que 61 1/2. Du tés nutritives, M. Mathieu db DoMBAsuah!
reste, tous ces végétaux en foin, excepté, en 1831 unesérie d'essais qu'il n'a pu malheu
peut-être, la hipnfme, qui se trouve sur la reusement étendre jusqu'aux espèces végela-
même ligné que le millet, sont beaucoup lesquinousoccupentleplusspécialemeoiici
plus nourrissons qu'aucune des pailles dont mais q«i présentent trop d'intérêt, et qui s«
il a été parlé. rattachent de trop près au litre de ce para
Ces travaux, et tous ceux auxquels les graphe, pour que je ne fasse pas conmitr ■
chimistes pourront se livrer par la suite, au lecteur au moins leurs résultat», !•-
.dans le même but, présenteront d'autant renvoyant pour les détails à la 7' livraison
phis d'intérêt qu'en regard des qualités nu des annales de Roville.
tritives des végétaux herbagers, ils auront L'expérience, dit M. de Dombasle, a êlê
examiné comparativement les diverses con faite sur 49 «aoutons divisés en 7 lots, de '
ditions qui ont fait le sujet des paragraphes animaux chacun. L«e «table fui deUittée eï-
préeédens ; car les plantes les j>lus riches en clusivement à cet usage, et l'on y pratiqua T
parties solubles peuvent n'être ni les plus loges munies de crèches et de râteliers, et on
fonrragouscs, ni les plus précoces, ni les plus les animaux ont éié tenus constamment
durables, etc., etc. pendant tout le temps de fexpérience. Cn
*Af. 18e. DES PATURAGES. 467
ocal particulier était disposé dans l'élablc suffisamment établie par le contenu du pa
aérne pour y préparer les rations, et une ragraphe précédent. La seconde, que j'ai
talauce y servait à peser les animaux et les aussi abordée déjà, en parlant de la préco
outrages. — Ces moulons ayant été pesés cité plus ou moins grande des espèces, est
ixliiiuuelleincnl à.jeun, le 17 décembre, le démontréejourndlemenl par l'expérience. Il
mitls total se portail à 3, <)•">:$ livres ou dcmi- est en effet facile de se convaincre que, sur
Lilogrammes, cequi donnait un poids moyen tous les pâturages, non seulement les gra
le 02 livres 30 par individu. Comme il élait minées diverses se succèdent dans le déve
brt important d'égaliser les lots sous le rap- loppement de Leur végétation, mais que,
«)rl du poids des animaux, on a assorti dans les localités moins favorisées que d au
:eu\-ci de manière que chaque lot pesât tres par l'humidité, toutes les plantes à ra
36 livres, excepté un qui se trouva excéder cines fibreuses et peu profondes cessent pour
e poids d'une livre. Le même jour, on plaça ainsi dire entièrement de se développer du
es animaux dans leurs cases respectives, et, rant les fortes chaleurs, tandisqueles plantes
e lendemain 18, on commença l'expérience, à racines fortes et pivotantes, comme celles
|iii fut continuée pendant à semaines. de plusieurs trèfles, de la luzerne, du sain
De premiers essais, faits exclusivement foin, du lolier, de la mille-feuille, de la pim-
vee de la lazerne, ayant amené d'abord prene)le,de la jacée des prés, etc., etc., trou
« résultat, que 15 livres de cette plan- vent encore assez de fraîcheur dans le sol
e sèche, par jour, pour chaque lot, ou pour continuer de fourpir au pâturage des
liv. 1/7 par tète, pouvaient être considérées animaux, jusqu'à ce que des pluies d'orage
ouinie s approchant Irès-près du point d'é- assez abondantes, ou celles d'automne, aient
[iiilibre, qu'on peut appeler la ration d'en- ravivé la masse gazonneuse.
retien, on trouva successivement ensuite Quant à la troisième proposition, il est
|uc, pour former la demi-ralion, on repré- vrai qu'un très-petit nombre d'espèces her-
enler la valeur nutritive de 7 livres £ de bagères, parmi lesquelles ou doit citer en
uzerue sèche, il fallait, ou 3 livres -J- d'orge première ligne la luzerne et parfois le sain
ppartenaut à la variété d'hiver, dite succion, foin, par la vigueur soutenue de leur végéta
t pesaut 132 livres par bec toi.; — ou 14 t, tion, peuvent assez longtemps éloigner toute
le pomiues-de-terre crues, lesquelles sont concurrence dans les terrains qui leur con
usceptiblcs d'acquérir par la cuisson une viennent ; mais à la longue, cependant, cljes
ugmen talion de propriété nutritive d'euvi- sont envahies par d'antres herbes qui com
on deux treizièmes ; — ou environ lClivres i mencent à se montrer dès qu'elles faiblis
le belteraves de la variété blanche de Si- sent sur quelques points; ce qui leur arrive
ésie, de moyenne grosseur, cultivées en après un nombre d'années plus ou moins
exrains médiocrement fertiles : ces ©l><- long, arrive à la plupart beaucoup plus tut;
mations sont nécessaires, car on pourrait il est donc évident que toujours la nature
encontrer des betteraves de l'espèce dite tend à établir dans les herbages ce qu'où
acinesde disette, cultivées eu 6ol très-riche, a nommé un assolement simultané. Or, on
jui présenteraient' des propriétés nutritives comprendra qu'en pareil cas il vaut bien
leaucoup inférieures à celles-ci; — ou enfin mieux choisir tout d'abord, d'après leur mé
"■> livres de carottes. rite, les espèces qui composeront cet assole
Il est tort regrettable que des expériences ment, que de s'en rapporter au hasard pour
nalognes n'aient pas été faites par les Alle- l'avenir ; je parle toujours des herbages per-
i nuls et les Anglais, comme complément mauens.
les analyses intéressantes de Davï, d'Etw- Si les pâturages ne doivent durer qu'un
iof et de Si'iiENGEi.. 9.K petit nombre d'années, l'inconvénient du se
mis d'une seule espèce est moins grand
VU. — Du choix des plantes en égard* l'emploi sous ce dernier rapport. Mais, lors même que
qu'on en peut faire isolément ou siaiultanciuent cette espèce réunirait d'ailleurs toutes tes
dans la formation des herbages. conditions voulues pour procurer une bonne
nourriture aux animaux, resterait encore la
Lorsque l'on veut.créer des pâturages per- crainle fondée, à bien peu d'exceptions près,
mhi'iis, il est hors de doute qu'il laul les den'obtenirdes produits fourragers que pen
omposer de plusieurs espèces, car, s'ils dant une partie de la saison. Aussi, est-ce uue
talent homogènes à leur origine, ils cesse- coutume fort générale, même dans ce cas, de
aient bientôt de l'être par suite de l'affai- mêler diverses piaules, et d'adjoindre aux
ilissemcnt progressif de l'espèce primitive, graminées quelques légumineuses, principa
t l'envahissement d'herbes nouvelles. D'ail- lement le trèfle rouge ou blanc et la Insu
eurs, le mélange en pareil cas ne peut avoir line. La plupart des herbages qui ne doivent
|ue des avantages, quand il a été bien com- durer que 3 ou 4 ans sont composés, soit
iiné. Les plus importons sont, à côlé de d'ivraie vivaee et de trèfle, soit dé ces deux
«lui d'offrir aux animaux de toutes sor plantes, auxquelles on ajoute le dactyle pe
ts uue nourriture plus saine, plus agréable lotonné ou la hou I que laineuse, soit de trèfle
t mieux appropriée à la nature des produits et de lupulioe mêles à 2 ou 3 graminées, soit
ju'ou en attend., — Vabondance à peu près enfin de tout autre mélange analogue.
gale do celle même nourriture pendant Relativement aux prairies fancfcables, la
ouïes les parties de l'année, — ella durée de question doit être considérée sous d'autres
herbage dans un élat tel que Les mauvaises points de vue. DepuisRozier, plusieurs agro
i'tIics ne Irouveul aucune place pour se nomes ont pensé avec lui que — « Deux es-
nonlrer. fièces de -ranimées n'ayant strictement ni
Je regarde La première proposition comme a même époque de floraison et de maturité,
4G8 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGERES. Lnr. r*.
ni une force de végétation égale, il arrive pèces qu'on désire propager en suffisante
nécessairement, dans le premier et le second quantité pour faire immédiatement des se
cas, qu'une partie de l'herbe est mûre, tan mis tant soit peu en grand, est une des cau
dis que l'autre ne l'est pas, et, par consé ses qui s'opposent le plus fréquemment à la
quent, qu'il faudra retarder la fauchaison. Il création d'herbages permanens artificiels.
résulte de ce mélange que ce qu'une es — Il y a cependant trois moyens de se procu
pèce gagne en maturité, 1 autre le perd par rer ces graines : — 1" de les récolter à la
trop de maturité; dès-lors on n'aura que la main, sur pied; — 2° de les récolter dans les
moitié de la récolte prise à point. Quant à greniers ou dans les râteliers; — 3° de les
l'inégalité de force dans la végétation, c'est acheter dans le commerce, ce qui est désor
là que réside un abus aussi démontré que mais possible, au moins pour les principales
les deux premiers. Il est dans l'ordre naturel espèces.
que le plus fort détruise le plus faible. Une Le premier moyen permet de faire nn choh
plante a, par exemple, une force de végéta rigoureux des meilleures plantes qui croissent
tion comme 18, tandis que celle de la plante dans chaque localité, mais il est accompagné
voisine est comme 4; il s'ensuit que les grai de plusieurs graves inconvéniens. D'abord la
nes de ces plantes, semées ensemble, végé récolte est assez coûteuse en elle-même, à
teront à peu près également pendant la pre cause de la lenteur avec laquelle elle s'effec
mière année, parce qu'elles trouveront tou tue, et par suite des dégâts qu'elle occasion?
tes à étendre leurs racines; mais peu-à-peu dans les prairies, quelques précautions qu'on
la plus active devancera la plus faible, toutes mette à les traverser à cette époque où ton
deux en souffriront jusqu à ce qu'enfin la tes les tiges couchées par accident ne se re
plus vigoureuse triomphe. Il ne restera plus lèveront plus; d'un autre côté, toutes les
a cette époque que des plantes vigoureuses, graines sont loin d'être mûres au momentde
égales en végétation, et dès-lors susceptibles la fenaison, de sorte qu'une première année,
de se tenir toutes en équilibre de vigueur. » il ne faudrait, pour ainsi dire, songer qu'à
Le fait est généralement vrai. En con- former une pépinière de porte-graines, dont
clura-t-on que tout mélange soit impossible les produits, récoltés en temps plus conve
ou peu fructueux dans les prairies? Non, nable les années suivantes, permettraient d'a
certes ; mais seulement que ce mélange doit jouter progressivement à l'étendue des non-
être fait avec encore plus de soin, et dirigé veaux herbages. Si l'on calcule la dépense et
d'après d'autres principes que pour les pâ la perte de temps, on trouvera dans bien des
turages. Et d'abord, quant à l'époque de la cas que ce moyen est plus cher que le troi
maturité, il est rarement difficile de rencon sième.
trer des espèces qui se rapprochent assez Cependant il ne faut pas se 'dissimuler
sous ce rapport, pour n'avoir point à crain que rétablissement d'un herbage ne soit
dre dédommages notables dans la qualité du rendu parfois beaucoup plus coûteux par la
foin. Le moment de la floraison différàt-il nécessité où l'on se trouve d'acheter toutes
un peu, on trouverait encore des herbes qui les graines. Aussi, pour se soustraire à cette
se conserveraient vertes et succulentes as obligation, a-t-on souventrecoursau 2' moyen
sez long-temps pour attendre les autres, et que j'ai indiqué. Avec lui on peut être certain
l'on sait même que, tandis que les unes con d'obtenir des semences bien mûres , parce
tiennent plus de parties nutritives lors de que les autres ne se détachent pas du foie :
l'entier épanouissement des fleurs, d'autres malheureusement, à côté des bonnes se trou
sont plus riches en substance soluble à une vent les mauvaises qu'il n'est pas possible
époque déjà avancée de la maturation des d'en séparer, et cette circonstance paraîtra
graines. —Sous le second point de vue, puis toujours des plus fâcheuses à tous ceux qui
que les prairies naturelles ne sont point ho ont médité sur la composition des pâturages
mogènes, on doit aussi conclure qu'il est naturels. A la vérité, il en est de si heureu
possible d'associer des plantes qui vivent et sement formés que l'objection perd, quand
se maintiennent parfaitement ensemble.— Le on lésa en vue, une grande partie de sa force.
tout est de les choisir à peu près également Je serai le premier à conseiller de profiter sans
rustiques. hésitation de leur voisinage, toutes les fois qu'il
Cependant, lorsqu'une herbe de bonne y aura lieu. Mais j'ai assez fait voir, dans et
qualité réussit mieux que d'autres sur un qui précède, que ce cas est trop rare; aussi k
terrain qu'elle ne doit-occuper que tempo mentionnais-je ici plutôt comme une excep
rairement, il ne faut nullement proscrire tion que comme une règle d'une application
tel ou tel semis homogène, même de grami habituelle. Quoi qu'il en soit, quand on croit
nées, et à plus forte raison de légumineuses pouvoir recourir a ce moyen, voici comment
fauchables, telles, par exemple, que les lu on s'y prend, d'après Pictet, dans quelques
zernes, le sainfoin, les trèfles. La durée de cantons de la Suisse, pour se procurer la
ces espèces, leur mode de végétation, l'é graine en plus grande abondance qu'on ne
poque de leur floraison et les terrains qui pourrait le faire par le simple balayage des
leur conviennent n'étant pas les mêmes, il greniers ou autres lieux où on dépose les foins
serait rarement profitable de les associer en avant de les donner aux animaux : « On éta
semble. A cet égard, la pratique a prononcé blit un grillage en bois en remplacement de
tout aussi bien que la théorie. la paroi de planches qui, par son inclinaison,
IV° sujet.— De la jormation des herbages et rapproche le fourrage de la base des râteliers
placés verticalement, comme ils le sont dans
particulièrement des pâturages. la plupart des écuries et des étables de ce
§ Ie'. — Manière de se procurer de la graine.
pays ; la base de ces râteliers étant à 15 ou
La difficulté d'obtenir les graines des es- 18 po, du mur, ou de la paroi de la grange,
haf. 18*. DES PATURAGES- IG9
aisse des intervalles par lesquels les graines
le prés s'échappent et tombent dans des bol- § II. — Préparation du sol.
es, îles tiroirs ou coffres placés sous la crè-
:he, d'où on peut les tirer, lorsqu'on pré-
ume qu'ils sont à peu près remplis de grai- Quelques plantes fourragères peuvent à la
îes. » vérité réussir dans les terrains marécageux ;
L'agronome genevois, en recommandant mais, d'une part, les bestiaux et surtout les
■otto pratique pour remédier à la cherté de la moutons s'accommodent fort mal de sembla
enasse ou graine de foin dans le canton qu'il bles localités, et, de l'autre, toutes les her
iabite,a du reste bien soin de prescrire, afin bes qui font la base des meilleures prairies-
le l'obtenir sans mélange, de faire rigoureuse- pâturages redoutent par-dessus tout une hu
non t et préalablement arracher, à la pousse midité stagnante. Partout où cette humidité
le l'herbe, les plantes qui, comme l'arrête- existe, le premier soin du cultivateur doit
losuf, le plantain à larges feuilles, etc., etc., donc être de lui procurer un écoulement suf
e saliraient inévitablement de leurs semen- fisant. (Voy. l'article Dessèchement.) — Lors
<•-. inutiles ou nuisibles. qu'au contraire les terrains se trouventdans
Quant au 3° moyen, en le comparant au le. voisinage d'eaux courantes, on sait trop
iremier, chacun, selon la position dans la- de quelle importance il est de pouvoir les
[uelle il se trouve, sera à même d'opter pour arroser pour qu'il soit besoin de recomman
un ou l'autre. Il suffira d'indiquer ici que der de les disposer de manière à favoriser
es espèces fourragères, considérées comme le plus possible les irrigations. (Voy. le chap.
ss plus avantageuses en France, c'est-à-dire Arrosemens.)
a plus grande partie de celles dont il sera Il importe ensuite de les nettoyer le plus
juestion dans la suite de ce chapitre, sont exactement possible des graines et des raci
ultivées pour graines dans les belles proprié- nes vivaces des mauvaises herbes, ce qu'on
és de M. Vilmorin, et qu'on peut se les pro- obtient à l'aide de labours plus ou moins
urer avec entière sécurité dans la maison de nombreux, donnés pendant u ne j achère com
ommerec qui porte son nom, à Paris. plète, ou mieux une culture sarclée qui a le
En général, les semences les moins vieilles, double avantage, tout en atteignant aussi
u r tout parmi les graminées et quelques lé- efficacement le même but, de payer par ses
umineuses, sont celles qui lèvent le plus produits, d'abord la préparation du sol, et de
i < Muptement, le plus complètement, et qui plus une grande partie de l'engrais qu'on lui
.• mi iicni lieu à la végétation la plus vigou- donne, et qui devra cependant profiter beau
euse. Il faut donc tâcher de se les procurer coup encore au succès du pâturage. J'ai eu
e la dernière récolte. Si on lesachète, il faut plusieurs fois l'occasion de remarquer
eiller à ce qu'elles soient /Jette*, bienpleines, qu'une terre, qui n'était pas par trop épuisée
ans autre odeur que celle du bon foin, et par les cultures antérieures, se trouvait ainsi
urtout pesantes, ce qui est le meilleur in- firéparée de la manière la plus complète et
ice de leur complète maturité et de leur a plus profitable à recevoir des semences
on ne qualité. — Dans quelques espèces, la herbagères. — Dans le cas où l'on ne pour
ouleur est aussi un indice assez certain. rait disposer que d'une faible quantité d'en
linsi les graines de trèfle et de luzerne sont grais déjà préparés, et où l'on jugerait plus
l'abord duu jaune doré ; en vieillissant elles utils de lui donner une autre destination, un
rennent une teinte rougeàtre. Il en est de parcage serait fort avantageux. — Enfin, à dé
îôiiio de celles delà lupuline.Les semences ■ faut de ces deux moyens, une récolte enfouie
e sainfoin passent du gris au noir, etc., etc. produirait encore un très-bon effet. 'Je ne
-Du reste, il est toujours sage d'essayer en dois pas omettre d'ajouter ici que sur les ter
etit les graines que l'on n'a pas récoltées res froides, tourbeuses ou uligineuses, l'cco-
oi -même. Après en avoir laissé tremper une buage est la meilleure préparation possible
nanti té ou un nombre déterminé dans l'eau pour la création d'un herbage. — Nous ver
une douce température, afin d'obtenir plus rons tout-à-1'heure qu'on sème aussi les pâ
romptementle résultat de l'expérience, on turages comme les prairies artificielles sur
s ra donc bien de les semer de manière à con les céréales, sans autre préparation qu'un
ta ter leur qualité. hersage de printemps. Quand les terres sont
Quoiqu'on ait proposé beaucoup de recet- propres et en bon état, ce moyen, par sa
bs, toutes merveilleuses, pour préserver les grande simplicité, est un des meilleurs.
raines, dans la terre, du ravage des insectes, La profondeur des labours ne peut jamais
ss disposera une plus prompte et plus facile être trop grande dans un bon fonds. Ce qui a
en ni nation, et même pour ajouter, pendant été dit ailleurs à ce sujet me dispensera d'en
9ute la durée de la végétation, à la vigueur trer dans de nouveaux détails. J'ajouterai ce
les plantes qui en proviendront, je ne sache pendant que, pour les fourrages à racines
as qu'aucun de ces moyens, dont plusieurs fortes et pivotantes , tels que la luzerne, le
ont plus nuisibles qu'utiles, puisse être re- oainfoin, etc., il faut de toute nécessité une
ormnandé, si ce n'est peut-être le chaulage couche labourable plus épaisse que pour des
on r celles des graminées dont on a reconnu graminées à racines minces et traçantes, et
i disposition à être atteintes de la carie et je rappellerai, comme fait d'une importance
m charbon. La meilleure préparation de toute spéciale dans le sujet qui nous occupe,
outes les semences fourrageuses et autres, que, tandis que les labours profonds conser
'est l'humidité modérée et chaude qu'elles vent la fraîcheur pendant l'été, et facilitent
rouvent dans un sol perméable aux gaz at- l'absorption des eaux surabondantes pendant
aospbériques; et le meilleur préservatif con- l'hiver, les labours superficiels exposent les
re rinsuccès, c'est l'opportunité des semis. plantes 5 périr par suite des sécheresses de
470 AGRICULTURE : DES PI A.NTES FOURRAGÈRES. uv. i".
la première de ces saisons et de l'humidité pour coupage;— plfls prompts, quand il s'agit
froide de la seconde. de plantes vivaces, attendu que les plus pré
On a recommandé avec raison d'éviter de coces d'entre elles ne montent qu'incomplè
semer sur un labour trop récent, surtout s'il tement a graines la première année, si leurs
a ramené à là surface quelques fragmens du racines n'ont déjà pris possession du sol
sous-sol, etlorsqile la terre est encore creuse avant l'hiver, et si leur touffe ne s'est en
et soulevée, duquel cas on courrait le risque grande partie développée avant l'époque des
de perdre une partie dnsgraines, principale chaleurs. — Pour toutes les herbes qui ne
ment lorsqu'elles sout fines.— Lorsque le gué^ redoutent pas, dans un climat quelconque,
rct n'est pas assez rassis, potirobvler à cet in les froids de la mauvaise saison ; — sur toos
convénient on a recours tantôt au plombage les sols qui ne retiennent pas assez l'eau de»
A Vaide de roulertux d'un poids proportionné' pluies automnales pour faire pourrir les jjmi-
a la légèreté du sol; — tantôt à la herse ren nes, et dans tous les cas oii les dispositions
versée et chargée plus ou inoins de pierres, d'rtssolemenl s'y prêtent, je pose donc en fait
OU conduite de manière que les dents, au que les 9emis"de septembre doivent être
lieu d'être ihcllhées en avant, le soient en préférés à ceux de mars. Il est à peine be
arrière; — tantôt, enfin, du piétinement des soin d'ajouter que cette convenance se fait
animaux, Ceqili donne, en pareil cas, au par remarquer, plus impérieuse que partoutail-
cage un double but d'utilité. leurs, dans les pays chauds et sur les terre»
En général, lorsqu'on est dans l'obligation légères, élevées et arides, où l'on a surtout à
de donner plusieurs labours, le premier seul redouter les effets de la sécheresse prin ta
doit être profond, les autres n'ayant d'autre nière. Mais dans les circonstances contraires,
but que d'ameublir et de niveler convena c'est-à-dire, là où l'on a moins à crain
blement la couche supérieure du sol, et d'en dre le manque de pluies que leur surabon
terrer les engrais, si 1 on a cru nécessaire de dance et la rigueur des gelées, principale
fumer directement pour le pâturage.—En An ment dans les sols argileux et les localités
gleterre, on regarde comme d'un très-grand basses, il est avantageux de différer l'ense-
avantage, indépendamment de la Jumure en mencement jusqu'au printemps, car en re
terrée, de répandre sur le guérel tout prêt lardant la jouissance on la rend plus assurée.
à recevoir la semence un encrais ou un com L'époque des Semis est aussi subordonnée
post pulvérulent destiné à être recouvert en à la précocité de la culture qui les précède:
même temps que la semence par un seul ainsi, après une récolte hâtive ou une prai
hersage. Celte pratique est excellente, sur rie artificielle fauchée aux approches de
tout dans le cas où l'herbage succède à d'au juillet, on trouvera le temps tic préparer
tres cultures qui ont absorbé une grande convenablement la terre à un ensemence
p;i!'ilc de l'engrais. Dans l'ouest de laFrance, ment d'automne, tandis qu'après d'autres
j'ai vu Semer ainsi des prairies sur un mé cultures plus tardives, il en sera le plus sou
lange de terre végétale, de chaux ou de cen vent autrement. — Pour semer sur une cé
dres lessivées et de fumier d'étable, le tout réale, il faut de toute nécessité choisir le
répandu à la volée à la surface du sol, en printemps, dans la crainte que les graminées
des proportions que je regrette de n'avoir fourragères ne dominent les blés ou ne les
pas notées, mais qui me parurent peu consi affament, ce qui ne peut avoir lieu avec cette
dérables. Les résultats furenladmirables. Je précaution, parce qu'elles ne prennent leur
ne doute pas que le noir de raffineries ou le plus fort développement qu'après la moison.
noir animalise ne produisit, de la même Dans les climats favorisés par des pluies
manière, des effets tout aussi marqués. estivales, il peut y avoir parfois de l'avan
« N'établissez en prairies, disait Pictet, tage à devancer le mois de septembre. On
que la quantité de terrain que vous pouvez cite en Angleterre des semis du milieu et de
amplement fumer et convenablement sar la fin de juin qui ont parfaitement réussi,
cler pendant le temps que vos plantages (les et Ch. Pictet, qui habitait Genève, recom
cultures préparatoires) l'occuperont; vos mande de ne pas dépasser les premiers
prairies seront ainsi bien établies et à bon jours d'août; dans la plupart de dos dépar-
marché. » temens, le succès qu'on pourrait se promet
tre de l'observation rigoureuse de tels pré
§ III. ^-Dc l'époque des semis et «le la manière de ceptes serait extrêmement casuel.
les effectuer. On sème toutes les plantes hcrbagèrvs des
pdturages à la volée, en une seule fois, lors
Est-il plus profitable de semer les herbages que les graines sont à peu près de même
en automne ou au printemps? Il n'y aurait ja grosseur; — en deux fois, lorsqu'il en est au
mais eu d'aussi vives controverses sur cette trement. Sitôt que la surface du terrain a
question, si l'on s'était donné la peine de été convenablement préparée, on répand,
chercher à la résoudre selon les lieux et les après les avoir préalablement mêlées en
circonstances, au lieu de le faire d'une ma semble, les semences les plus volumineu
nière absolue. — Toutes les fois que les se ses; puis |on les recouvre immédiatement
mis d'automne peuvent réussir, ils sont pré par un hersage d'autant plus énergique
férables à ceux de printemps, par la raison qu'on croit utile de les enfoncer plus profon
qu'ils donnent généralement des produits dément. — On mêle également ensuite, et
on plus abondans ou plus prompts; — plus on sème sur ce hersage les semences les
abonda ns, lorsqu'on cultive une plante, môme plus fines, que l'on enterre par un hersage
annuelle, qu'on a intérêt à voir se dévelop plus léger, en même par un simple rouhp",
per et (aller beaucoup, comme celles de nos selon que l'état de la terre et l'espèce delà
céréales qui soûl utilisées accidentellement graine l'exigent
. 18'. DES PATURAGES. 171
Quand on sème au printemps sur un frô abondant compost, dont une bonne terre
lent d'automne, il est des cultivateurs qui végétale fait la plus grande partie. — Quant
; bornent à répandre la semence sans an à la transplantation sur le second champ,
ime préparation du sol et sans la recou elle n'exige d'autres précautions que la
rir, clans la crainte presque toujours mal promptitude et le soin de bien affermir les
indée de nuire à la récolte du grain. — plaques dans le sol, pour défendre les racines
•'autres, mieux instruits par l'expérience, contre les vicissitudes des saisons. — Au
ersent d'abord le blé sans s'inquiéter de cun animal ne doit être ensuite introduit sur
riser une partie de ses feuilles (voy. l'art. le nouveau pâturage, qu'après la maturité et
"roment), sèment ensuite, et recouvrent en la dispersion des graines. — On estime que
assaut une seconde fois une herse plus lé- les seuls frais de découpage et de transplan
ère. Cette méthode, sur les terres tenaces tation du gazon pour un acre (40 arcs) s'é
t encroûtées, est sans nul doute la meil- lèvent à 2 hv. 9 s. 6 den.(59 fr. 40 c.)—Si l'on
;ure. — Sur les terrains légers, les hersages ajoute à cela la récolte perdue sur le terrain
ourraient avoir des inconvéniens si l'on ne totalement ou partiellement dépouillé; — le
îodérail beaucoup leur énergie. En pareil tort qu'on lui fait pour les années suivantes;
as, à la deuxième de ces opérations, on — les frais de fumure; — l'impossibilité d'u
.institue avantageusement un roulage. tiliser avant la seconde année les produits
Quant à la quantité de graines à employer du terrain planté, et si l'on compare toutes
ur des espaces donnés, elle est exlrêuie- ces dépenses et non-recettes aux frais et ré
îeut variable d'espèces à espèces. Je l'indi- sultats d'un semis fait avec discernement,
uerai approximativement en parlant de je doute fort que l'avantage ne reste pas
Imciiue en particulier, en faisant observer tout entier à ce dernier mode, et je suis par
jutelois, avec M. Vilmokin, qu'un point conséquent convaincu qu'une semblable
■uiblable ne peut être déterminé exacte- méthode, si elle est parfois utile, ne peut
îeut, attendu que non seulement une livre l'être que dans des cas fort exceptionnels.
e la même semence peut contenir un noni- Mais il existe un autre moyen de transplan
re très-différent de germes, suivant le ter- tation, parfois même de marcottage ou de bou
ain où elle aura été récoltée et la tempéra- turage, qui, pour n'être pas d'un emploi très-
ire de l'année; mais, de plus, qu'il est néces- étendu, n'en est pas moins assez souvent
i in-, selon les circonstances diverses, de se- d'une utilité réelle. Les Anglais l'emploient à
îer plus ou moins épais ; — un mauvais ter- peu près exclusivement, je crois, pour la
.jiii demande plus de semence qu'un bon; propagation du florin (Jgrostis stohnifera),
- sur une terre médiocrement préparée; l'une des plantes fourragères dont ils font
- par un temps sec et défavorable; — dans le plus de cas, et les personnes qui l'ont, de
ne situation exposée à des gelées tardives; puis quelques années, essayé en France, à
- sous toutes les conditions, enfin, défavor ma connaissance, soit pour les plantes qui,
ables à un semis, il faut le faire plus épais comme l'agrostis d'Amérique, croissent len
uc si le sol et la saisou le favorisent. tement de graines et tallent beaucoup, soit
pour celles qui, comme l'herbe de Guinée
$ IV. — Des autres modes de formatioo des her {Panicum altissimum), ne donnent pas encore
bages. une grande quantité de bonnes semences
dans nos régions, ont eu lieu d'en être sa
Parmi les pratiques autres que les semis, tisfaites. — Ce moyen consiste, tantôt à ou
ont quelques cultivateurs anglais se sont vrir à des distances proportionnées au déve
«'■comment avisés, il en est une, à mon gré, loppement futur des touffes, de petites ri
eau'coup plus singulière]que profitable, dont goles peu profondes au fond desquelles on
s dois cependant dire quelques mots : c'est étend les tiges déjà en partie enracinées, ou
ï transplantation par plaques. Ces plaques, même sans racines, des plantes traçantes,
ulevées sur des terres bien gazonnees, sont de manière que leurs extrémités se touchent;
transportées sur d'autres terres destinées à fmis à couvrir à l'aide du râteau, et à rouler
tre converties en pâturages permanens, et a surface du sol; — tantôt à faire un se
.lacés à 6 pouces les unes des autres, de sorte mis eu petit à bonne exposition, lorsque les
[u'on estime que la dépouille d'un acre peut dernières gelées ne sont plus à craindre, et
ervir à en planter 9. — Si le champ dont on à mettre le plant en place, au cordeau et au
nlève la surface doit rentrer dans la rota- plantoir, dès qu'il est assez fort pour suppor
ion des plantes économiques, on le dénude ter cette opération ; — tantôt enfin, dans la
ii entier, excellente méthode pour détruire crainte que la lenteur du premier accrois
n un instant tous les bons effets de l'herbage sement de la plante ne compromette le suc
ur les cultures suivantes; s'il doit rester en cès du semis, à moins de sarclages et de bi
âlurage, la charrue à écobtier, en décou nages trop répétés, à la cultiver d'abord plus
lant parallèlement des bandes longitudi- ou moins clair dansun jardin, et à la diviser
lales de 6 po. de large, laisse intactes d'au- ensuite par éclats, lorsque l'état tles touffes
res bandes enherbées de 3 po.; puis, lorsque le permet, pour repiquer en définitive comme
es premières ont été enlevées, elle recoin- précédemment. Je répète que ces diverses
nence un travail analogue, perpendiculaire- méthodes sont rarement employées. Je crois
oent au premier, de manière qu'il reste sur donc suffisantes les indications que je viens
oute la pièce de petits monticules d'herbe de donner.
le S po. carrés, séparés les uns des autres
>ar des sentiers ou espaces vides de 6 pp.;
près quoi on donne au champ ainsi maltraité
ine copieuse fumure, ou on le recouvre d'un
472 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. i.rv. i"
leur disposition à taller d'autant plus qu'el
V" sujet. — Des soins d'entretien des les sont plus fréquemment coupées, s'empa
herbages en général, et des pâturages en rent du terrain, et, si les circonstances défa
particulier. vorables qui les en avaient précédemmeDl
■ De la destruction des herbes et des ani exclues ne se représentent pas, elles s'y main
§1* tiennent par la suite sans souffrir de concur
maux nuisibles. rence.— J'ajouterai que les engrais d'origine
Les plantes inutiles ou nuisibles aux trou animale paraissent plus nuisibles qu'u
peaux abondent dans une foule d'herbages. tiles aux piaules marécageuses. Est-ce par
Il est d'une telle importance pour le cultiva suite d'une action délétère sur celles-ci, ou
teur de connaître au moins les principales seulement parce qu'elles augmentent davan
d'entre elles, que j'entrerais immédiatement tage la force végétative des graraens et des
dans d'assez longs détails à ce sujet, si, d'a légumineuses, et les mettent ainsi à même
près l'ordre adopté dans cet ouvrage, je ne de dominer dans le pâturage? Toujours est-
devais renvoyer le lecteur au dernier cha il, quelle qu'en soit la cause, que, dans le
pitre de ce livre; me bornant ici à quel cas dont il s'agit, les déjections que les ani
ques généralités qui perdront malheureuse maux laissent sur le terrain semblent con
ment de leur intérêt par suite de j leur courir pour quelque chose au but qu'on
isolement. veut atteindre.
Parmi les plantes considérées comme nui Il est des plantes dont on doit se débar
sibles, il en est qui sont réellement telles rasser en les arrachant à la pioche ou à
par suite de leurs propriétés délétères ; — l'échardonnoir. Cependant, si cette méthode
d'autres, parce qu'elles communiquent à est la plussûre, elle est aussi la pluslongueet
certains produits des animaux, au laitage la plus coûteuse, et elle n'est même pas appli
et au beurre, par exemple, une saveur dés cable à toutes les espèces, puisqu'on en ren
agréable, ou encorejparce qu'elles rendent contre, telles que la fougère, dont les racines
plus difficile la transformation de ces mêmes étendent leurs réseaux jusqu'au sous-sol. j
Îiroduits ; — d'autres seulement, parce que quelque profondeur qu'il se trouve. D'ail
es bestiaux ne les mangent pas ou les man leurs, lorsque ces plantes sont très-nom
gent avec répugnance, et qu'elles donnent breuses, et que leurs touffes offrent peu de
par conséquent des foins rejetés ou de très- volume, telles que les orties, par exemple,
peu de valeur, quoiqu'elles occupent la place l'arrachage est impossible (1). Il faut alors,
de bonnes plantes. — Il est aussi des herbes non seulement se bien donner de garde de
fort bonnes dans les pâturages, et qui de les laisser grainer, mais encore les faucher,
viennent nuisibles dans les prairies à cause s'il est possible, jusqu'à 4 et 5 fois dans le
de leur peu d'élévation, qui les soustrait en cours de l'année, surtout à l'époque des
grande partie à la faulx. chaleurs. Rarement elles résistent long
Nous verrons que c'est surtout dans les temps à une pareille mutilation.
lieux bas et humides que se multiplient le Pour ajouter aux effets d'un fauchage per
plus abondamment les mauvaises herbes. Là, sévérant et répété, ou plutôt pour rendre inu-
le meilleur moyen de les détruire, au moins tile sa prolongation, on a proposé dans de
en grande partie, c'est de changer la nature vieux livres une recette que quelques faits
même du terrain, en facilitant l'écoulement postérieurs semblent justifier. C'est, après
des eaux stagnantes qui le couvrent ou le avoir coupé rez-lerre la tigeide la plante qu'on
pénètrent pendant une partie de l'année. Par veut détruire, de la fendre un peu et d'intro
ce moyen, on fera promptement disparaî duire à la place de la moelle une certaine
tre toutes les espèces des marais. quantité de sel marin. Dans une lettre toute
Si, lorsque le sol est convenablement récente, écrite par M. Trochit, qui a rendu
égoulté, il conservait encore quelques restes d'immenses services à l'agriculture de Belle-
de ea disposition tourbeuse; s'il était encore Isle-en-Mer, à M. le duc Decazes, on voit
aigre, comme le disent si justement les ha- que ce moyen, jtout empirique qu'il paraisse,
bitans des campagnes, les amendemens cal lui a fort bien réussi pour la destruction des
caires et alcalins, tels que la chaux, les ronces, et, je crois, des fougères.
cendres de bois, de tourbe, les cendres py- La destruction des mousses s'opère au
riteuses, etc., achèveraient indubitablement moyen de hersages ou de ratissages plus ou
de le bonifier. moins multipliés, et dont l'énergie doit être
En des positions analogues, il a aussi été proportionnée à la ténacité du sol. Ces opé
reconnu qu'un des meilleurs et des plus rations produisent d'ailleurs d'exccllens
simples moyens de détruire une grande effets sur les pâturages, en les ouvrant aus
partie des mauvaises herbes,- c'était de les influences atmosphériques et en préparant
faire pâturer au printemps aussitôt que l'é l'émission de nouvelles racines. C'est à leur
tat du sol le permet. La plupart des herbi aide que l'emploi des composts et des sim
vores broutent sans inconvénient ces plantes ples amendemens acquiert véritablement
lorsqu'elles sont jeunes encore, et beau tou le son efficacité. Il n'est pas sans exemple
coup ne repoussent plus que faiblement, tan que sur un herbage ainsi gratté, une simple
dis que les bonnes graminées, par suite de couche de sable (voy. le § 4) ail empêché
(1) Je sais qu'on a recommandé de cultiver l'ortie pour affourrager les vaches, et en effet elles 1»
mangent, quoiqu'avec répugnance, à l'état de foin; mais, chez moi, elles la rejettent constamment311
pâturage. Telle plante qui offrirait une ressource dans un très-mauvais terrain devient nuisible dans
celui auquel on peut demander mieux. Mou fermier fait donc tous ses efforts pour détruire.les orties- H
y est arrivé en grande partie par le moyen que je propose.
HAÏ'. 18*. DES PATURAGES. 473
x>ur long-temps le retour des mousses et couvert de dalles de couleur blanche. Il se
.«■lisiblement favorisé la végétation des bon- rait facile d'ajouter à cet exemple plus d'un
les plantes. fait analogue pour prouver, si c'était ici le
Cependant il peut arriver encore que tous lieu, combien un corps aussi peu conducteur
:es moyens soient insuffisans. On doit alors de la chaleur que la plupart des pierres, in
îii conclure que l'herbage est en entier à re- terposé entre l'atmosphère et la terre, peut
louveler, et, pour cela, toutes les fois que la conserver de fraîcheur à cette dernière ; mais
>osition le permet, il faut pendant quelques nous n'en arriverions pas moins à celte con
innées le remplacer par des cultures écono- clusion, que l'épierrement des herbages est
ii iq ues. Je ne reviendrai pas ici sur ce sujet généralement utile.
m portant, que j'ai tâché de développer Quant à l'étaupinage, c'est une opération
>age 458 et suivantes. aussi importante que facile et bien connue.
Au nombre des animaux les plus nuisibles Les baux en imposent l'obligation aux fer
ux prairies, il faut compter la taupe, par miers ; ce serait de la part de ceux-ci une
ois le mulot, le hanneton, la courtilière, la négligence impardonnable de ne pas s'en oc
ourmi et le criquet ou plus vulgairement cuper chaque année, au printemps, lorsque
a sauterelle. Il en sera également parlé les herbes ne commencent pas encore à mon
ans un chapitre particulier de cet ouvrage, ter, avec un soin d'autant pi us minutieux qu'il
la (heureusement , les zoologistes n'ont s'agit d'herbages fauchablcs ; car, dans ce cas
oint encore assez cherché à appliquer leurs surtout, il y va de leur intérêt autant que
tudes aux progrès de l'art agricole . On con- de celui du propriétaire. La méthode la plus
all fort imparfaitement la manière de vivre ordinaire est de répandre la terre des mon
e beaucoup d'animaux destructeurs de la ticules, à l'aide de la pelle ou de la bêche,
égétation, et, plus malheureusement en- Ftar un mouvement des bras analogue à ce-
ore , en apprenant à la' connaître, on est ui que l'on fait en répandant les engrais, de
auvent bien loin de trouver les moyens de manière à ne pas amonceler la terre plus en
ïs détruire. Qui ne déplore maintenant l'ef- un endroit que dans l'autre. Ce travail, loin
-ayante multiplication des hannetons dans d'être dommageable, estau contraire utile aux
i plupart de nos contrées, et qui pourrait herbes environnantes, qui se trouvent rece
ire que, pendant les trois années que sa voir ainsi une sorte d'amendement en cou
irve destructrice passe dans la terre, il a verture, ou, en adoptant l'expression difficile
•ouvé un moyen praticable d'arrêter ses à traduire de nos voisins, un véritable top-
ivages ? Qui pourrait se flatter d'avoir mis dressing. — Quand le nombre des taupiniè
la disposition de tous les cultivateurs un res est considérable, pour les détruire, on
loyen efficace et complet de détruire la ter- substitue la herse aux instrumens à main.
ible alucite des grains, le charançon même , Cetteméthode procure une grande économie
t d'éloigner sans retour de nos guérets de travail et de temps. Elle ne donne pas des
es bandes nomades de mulots ou ces nuées résultats aussi réguliers, mais elle n'en a pas
c sauterelles qui ne redoutent, en masse, moins aussi ses avantages. Ainsi, sur les vieux
'autres ennemis que les intempéries des herbages, elle contribue à détruire les mous
lisons? ses, et elle produit un binage toujours fort
utile en pareil cas. J'ai vu des pâturages très-
, II. — De l'épierrement, de l'étaupinage et de détériores qu'un simple hersage énergique
l'affermissement du sol. donné en long et en travers a pu améliorer
sensiblement pour plusieurs années.
Les pierres , qui ont, dans les prairies, le D'un autre côté, il pourrait arriver que les
■ès-grave inconvénient d'entraver la fau- plantes nouvellement enracinées fussent for
îaison, et d'ajouter beaucoup, non seule- tement endommagées par une semblable pra
lent aux frais d'acquisition et d'entretien tique, etque le sol, déjà trop soulevé par l'ac
»s faulx, mais encore au temps qu'on est tion des gelées, loin de demander à être
aligé de passer à les aiguiser, ne sont pas remué de nouveau, se trouvât au contraire
issi nuisibles sur les pâturages. Là, à la vê fort bien d'être affermi autour des racines.
lé, lorsqu'elles ont un certain volume, elles Ce cas se présente fréquemment sur les ter
;cupent une place précieuse, et il est par res légères, calcaires ou tourbeuses sujettes
>nséquent presque toujours avantageux de au déchaussement. Là, l'étaupinage, s'il y a
s enlever; cependant, en certains cas, elles lieu, se fera à la bêche, à la herse renversée
;ndenlle service d'opposer un obstacle per- ou à la rabatloire {voy. pag. 386), et le plus
'anent à l'évaporalion produite par l'action souvent il devra encore être suivi d'un
;s rayons solaires. Ceux qui ont parcouru roulage. — C'est au printemps et en au
' vaste plaine de la Crau ont pu acquérir tomne, lorsque la terre n'est ni assez sèche
chaque pas une preuve remarquable de pour rendre le travail difficile ou inefficace,
:tte vérité; car c'est autour des galets qui ni assez humide pour être gâcheuse, qu'il
couvrent engrande par\ie, et que les mou- convient d'entreprendre ces utiles opéra
,ns roulent devant eux en les repoussant tions. Elles sont surtout nécessaires au prin
i nez, que croissent les herbes les plus fi- temps pour remédier aux effets de l'hiver.
;s, les plus fraîches et les plus recherchées Afin de réunir, à l'aide d'un seul instrument,
; ces aDimaux. Il ne serait donc pas irapos- les avantages du nivellement du sol et de son
l»le qu'en des localités particulièrement ari- affermissement, on a inventé et on utilise de
;s on dût éviter d'épierrer trop rigoureu- puis longtemps en Normandie une machine
Vnent. Quelques-uns de nos lecteurs ont lu connue sous le nom de coupe-taupe, dont je
as doute l'histoire des choux monstrueux donne ici le dessin (^fg-.643) de profil en A, de
,e Duhamel obtint sur un terrain presque face en B, et sur son plan en C. — Elle se
AGRICULTURE. tome I.— 6o
474 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. irv.i".
Fig. 043. qu'elles soient, celles dont on peut disposer
selon chaque localité, que de chercher péni
blement à reconnaître leur supériorité ou
leur infériorité sur d'autres eaux qu'on n'a
pas à sa proximité. Mai s deux effets générai»,
a peu près indépendant» des qualités rela
tives des eaux qui les produisent, et qui ont
dû depuis longtemps fixer sérieusement l'at
tention des herbagers, c'est, d'une part, le
succès frappant des arrosemens de toutes
sortes, à l'aide d'eaux courantes ou rendus
telles au moment où on les emploie, de façon
qu'elles ne séjournent pas ou ne séjournent
compose : 1° de deux soles a et b, fig. C, de 14 que peu de temps à la surface du sol, et, de
à 17 centimètres d'équarrissage sur 2 mètres I autre, les résultats tout contraires que
de longueur; 2° de trois traverses c, d,e, de donnent les eaux stagnantes. Là où elles se
même grosseur que les soles et assemblées conservent, les plantes médiocres ou mau
avec elles à tenons et mortaises: cet assem vaises remplacent bientôt les bonnes, et noo
blage est établi de manière que la herse pré seulement le fourrage qu'elles procurent ne
sente la forme d'un trapèze de 2 mètres en plait nullement aux bestiaux, mais, qui pis
viron de lougueur sur un mètre 83 cent, de est, dans beaucoup de cas, il est évidemment
largeur à sa partie postérieure; 3° de deux nuisible à leur santé. De là le besoin d'assai
entreloises g, f, de 0 à 12 centim. de gros nir les terrains marécageux plus impérieui
seur, chevillées sur les 3 traverses, à deux encore que celui d'arroser les autres.
chevilles chacune; 4° d'une lame de fer ou Les fâcheux effetajde la permanence des
couteau h. i, X, /, de 12 millimètres d'épais eaux se font surtout sentir, dans le voisinage
seur au talon, amincie à son tranchant, et des rivières dont le cours est peu rapide,
d'un mètre 83 centim. Les deux extrémités les terrains longtemps submergés et sans écou
h, i et i, l de ce couteau sont saillantes de lement possible pendant la belle saison. En
22 cent, de chaque côté, et recourbées en pareil cas, les améliorations sont difficiles;
dessus d'environ 12 millim.de hauteur. Il est car, si l'on a recours à un endiguage général,
solidement fixé sur le devant de l'instrument il faut se décidera sacrifier une partie du
etdans sa partie inférieure : savoir, aux deux terrain pour exhausser l'autre, c'esi-à-dirr
soles a et b par deux écrous, et à la lre tra qu'il faut creuser des fossés d'autant plus
verse e par une lame de fer recourbée a cet rapprochés et plus profonds que l'on a be
effet et contenue par des écrous; 5° de deux soin d'élever davantage les chaussées inter
crochets n et r, pour attacher les chevaux. médiaires. Or, cette opération peut être
« Cet instrument, dit de Pertiis, dont l'in souvent tellement dispendieuse par rapport
venteur n'est pas connu, devrait être adopté aux résultats qu'on est en droit d'en atten
par tous les propriétaires de grands herba dre, qu'elle effraie ajuste titre celui qui ne
ges. Nous l'avons fait exécuter nous-mêmes, voit dans l'agriculture qu'un placement
et nous eu avons reconnu l'avantage et les utile de ses fonds, et qui ne spécule pas seu
excellens effets. » lement pour les générations futures. Avant
donc de l'entreprendre, il faut se rendre un
§ III. — Du dessèchement et des irrigations. compte exact de la hauteur à laquelle on de
vra élever le niveau du sol pour le soustraire
Il v a beaucoup encore à apprendre sur la aux eaux stagnantes ; — de ta profondeur qne
manière dont l'eau agit dans l'acte de la végé l'on pourra donner aux fossés selon la na
tation, soit par elle-même, à son étal de pu ture du terrain, puisque, plus cette profon
reté, soit comme dissolvant de substances deur peut être grande, plus on obtiendra de
nutritives ou délétères contenues dans le sol, matériaux de remblais, et moins on sacri
et combinées à une quantité plus ou moins fiera d'espace; — et enfin de la distance à la
considérable de ces substances; soit enfin quelle ces fossés devront être les uns des
par suite de la présence et du dépôt à la sur autres, tout calcul fait de leur profondeur et
face du sol, des matières favorables ou défa de leur largeur.
vorables qu'elle tient en suspension. De là Pour le dessèchement des terres laboura
résultent assez souvent, aux yeux des théori bles, on évite autant que possible les fosse»
ciens, desdoutesqui ne manquent pasde gra ou les tranchées ouvertes, parce que, d'un?
vité, sur le choix des eaux les plus favorables part, ces sortes d'excavations prennent beau
aux irrigations. Il est vrai que toutes n'agis coup de place, et que, de l'autre, elles entra
sent pas exactement de la même manière et vent les travaux de la charrue. Sur les her
ne produisent pas au même degré les mêmes bages, et particulièrement les pâturages, le
effets; mais, en définitive, à I exception de second inconvénient n'existe plus, et le pre
celles qui sont surchargées de certains sels mier est presque toujours compensé par f*
minéraux nuisibles, heureusement peu abon- vantage que présentent les clôtures tyoj. k
dans dans lu nature, ou de sels terreux §0).
qui obstruent lesspongioles des racines (au Lorsque le terrain à dessécher a imepdlf
quel cas la pratique est bien vite éclairée par suffisante, et lorsque, dans des circonstances
1 observation la plus superficielle des faits), différentes, il est au moins pins élevé qne
toutes activent puissamment la croissance le niveau des eaux environnantes, le dessé-
des herbes, de sorte qu'en définitive, il est chementest ordinairement plus facile. Jen*
bien plus utile de savoir utiliser, quelles lais que rappeler ici qu'on doit reconrir,d>n5
:n*p. 18e. DES PATTJHAGES. 475
e premier cas, à des rigoles d'écoulement réservoir sur les zones de la partie à ar
habilement dirigées; dans le second, à des roser. Cette opération n'exige d'antre ma
misards ou puits perdus (voy. p. 136 et suiv.). nœuvre que celle de fermer avec une pierre
Quant aux irrigations, elles peuvent avoir les rigoles maîtresses (celles d'écoulement
ion, comme on l'a vu, par submersion, par l'étant à leur origine), immédiatement au-
nfiltration, et quelquefois par suite du re- dessous de la rigole d'arrosage que l'on veut
aillissement des eaux. Le premier et le troi remplir pour humecter la petite bande de
sième moyens ne sont applicables que dans terrain inférieure et juxtaposée. » — Les ri
in certain nombre de localités privilégiées; goles maîtresses ont 1 pied d'ouverture, plus
e second l'est, du plus au moins, à peu près ou moins, suivant l'abondance des sources;
>artout; car, à défaut de cours d'eau natii- leur nombre et leur tracé sont, comme on
-cls, on peut en créer, au moins momenlané- le conçoit, fixés par la configuration du sol.
nent, d'arliflciels. J'ai souvent été surpris Dans beaucoup de lieux, et cette pratique
le voir combien peu on ménageait les eaux devrait être encore plus générale, les cultiva
les pluies sur une fotile de terrains en pente, teurs industrieux' ont bien soin d'attirer vers
I m- les orages sillonnent en tous sens, sans leurs pâturages ou leurs prairies les eaux
]tie l'humidité ait le temps de pénétrer à surabondantes des pluies. Ils les reçoivent en
ine profondeur assez grande pour s'y con masses souvent assez considérables, dans des
serverai! protit de la végétation; ou, enadwp- mares ou bassins creusés partout où se di
anl l'expression énergique des habitans de rige la pente du|terrain. Lorsque cela se peut,
îos campagnes, pour enfondre la couche vé ils les retiennent à la partie supérieure des
gétale jusqu'au sous-sol. — Dans les Vosges, prés, par des barrages peu dispendieux, et
>n ne perd pas une goutte du précieux li cette excellente méthode, qui leur permet
quide. Voici comment M. le baron Roguet parfois d'activer, après la fauchaison, la vé
•end succinctement compte de la manière gétation des regains, les met encore à même,
lont on s'y prend sur les montagnes d'une lors du curage qui suit l'écoulement, d'amas
>ente rapide : « On construit succeisive- ser, pour la réunir l'année suivante aux com
nent, à partir du plus haut du terrain, des posts, une bonne quantité de terre riche en
•igoles parallèles, d'autant plus rapprochées parties nutritives, et toujours très-propre à
es nnes des autres, et d'autant moins iucli- cette destination.
îées que le sol est plus escarpé. Quelque- De tous les pâturages, les plus mauvais
bis même, un bourrelet de terre, en contre- sont ceux qui reposent à peu de profondeur
jas de chaque rigole, offre un meilleur sur un sous-sol imperméable, qui restent
>bstacle aux eaux qui, retenues de gradins sous les eaux pendant une partie de l'année,
•n gradins, s'écoulent lentement sans écré- et qui se dessèchent rapidement pendant l'au
crie sol, de manière qu'on puisse arroser tre partie, au point deperdre toute fraîcheur.
m tant de fois et aussi longtemps qu'il est Dans une semblable situation, on ne trouve
lécessaire. — Les rigoles dont il est question d'autre moyen d'amélioration que d'ajouter
,ont à Ja fois rigoles d'arrosaçe et de dessé- à la profondeur de la couche végétale ; — il
îhement. On leur donne habituellement un est assez curieux que les irrigations en of
er de bêche de large et de prolondeur. » frent parfois un moyen facile, soit que l'on
Sur les terrains plats et humides, on di lie cherche à obtenir chaque année qu'une
rige les rigoles non plus perpendiculaire- mince couché limonetisequi recouvre llierbe
nent, mais parallèlement ou obliquement à sans la détruire, soit qu'on ait recours dans
a pente ; enfin, les terrains de pente moyenne son entier à la méthode, beaucoup plus con
ïxigent concurremment l'emploi des procé- nue' en Italie qu'en France,- sous le nom de
lés de dessèchement et d'arrosage utilisés colmates (voy. pages 122 et suivantes de ce
rur les pentes escarpées et sur les terrains volume).
)Iats. Lorsque ces terrains sont situés de' Lorsque les eaux d'irrigation sont vaseuses,
Manière qu on puisse les faire profiter des à moins qu'on ne les emploie par submer
;aux produites accidentellement sur une sion avant que l'herbe ait commencé à s'éle
partie du plateau supérieur,- et qui s'écou- ver, on ne peut plus s'en servir que par in
ent presque toujours en pure perte par les filtration. Ce dernier mode a donc sur l'autre
îhemins qu'elles creusent et dégradent, les l'avantage de pouvoir être appliqué pendant
•ésultats sont tels qu'on doit faire des vœux tout le temps de la végétation, sauf celui oh
jour qu'ils soient appréciés partout comme la maturation des foins s'effectue; encore
ls le sont dans le pays que je viens de ci- cette considération n'est-elle relative qu'aux
er. « Là, ajoute M. Roquet, un canal supé- prairies, et nullement aux pâturage*- — Du
■ieur, n'ayant qu'une très-légère inclinaison, reste, il n'est pas indifférent de régler dételle
•client les eaux des parties les plus élevées; manière ou de telle autre l'époque et la du
les rigoles de dessèchement, tracées en guise rée des arrosemens sur les herbages. — Kn
le ruisseaux secondaires le long des parties général, ceux d'automne et du commeu'-e-
;reuses du sol jusqu'au ruisseau au fond de înent de l'hiver sont fort utiles, parce qu'ils
a -vallée, déchargent dans celui-ci, pendant apportent sur le sol une couche limoneuse
es temps humides, l'excédant du canal-ré- fécondante; ceux de printemps et surtout
■ervoir; des maîtresses rigoles creusées Je d'été activent puissamment la végétation,
oug des arêtes du terrain, et communiquant mais il faut dans bien des circonstances sa
ivec les rigoles de dessèchement par des ri voir en user modérément- Voici comment un
goles d'arrosage, très-légèrement inclinées, praticien anglais, dont M. de Dombasle a
Permettent, pendant les sécheresses, de faire cm devoir reproduire en grande partie le
successivement séjourner aussi longtemps travail dans la e' livraison de ses Annales, dé
iii'il est nécessaire, les eaux tirées du canal- veloppe la méthode d'irrigation qu'ilaadop
476 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. uv. r».
tée et pratiquée avec un succès suivi sur di — Dans le mois de mars, l'irrigatenr peut
vers points du pays qu'il habite. suivre les mêmes instructions que pour fé
« Au commencement d'octobre, dit M. Ste- vrier, à moins que l'on ne se trouve dans un
i'iu;\s, on doit nettoyer et mettre en état climat où l'herbe est déjà suffisamment éle
toutes les raies d'arrosage et de dessèche vée pour présenter une pâture assez abon
ment ; on doit réparer les bords des canaux dante à toute espèce de bétail; dans ce der
lorsqu'ils ont été endommagés par le piétine nier cas, il faut dessécher complètement
ment des bestiaux. Après cela, l'eau étant l'herbage avant d'y faire entrer les animaux,
généralement abondante à cette époque de — De la fin de mars au commencement d'a
l'année, l'irrigation doit commencer; le vril, il faut employer l'eau avec plus de ré
premier travail de l'irrigateur consiste à dé serve encore ; on ne la laisse couler que par
tourner l'eau dans le canal de conduite, la périodes de 5 à 6 jours, et comme dès-lors 1»
rigole principale , ou, si l'herbage est divisé température devient de plus en plus chaude,
en plusieurs parties distinctes, il faut dis on ne doit, jusqu'à la fin de mai, prolonger
tribuer convenablement l'eau dans chaque chaque arrosage que pendant 2 à 3 jour». —
canal de conduite; alors on commence à pla Vers le commencement de juin, toute irri
cer les barrages temporaires dans la pre gation doit être suspendue ; car alors l'herbe
mière raie d'irrigation, et on y laisse entrer est assez haute et assez touffue pour couvrir
l'eau de la maltresse rigole, en augmentant le sol de manière à laisser au soleil peu d'ac
l'ouverture jusqu'à ce que l'eau reflue sur tion desséchante sur les racines, et parce que
chaque bord, d'une manière uniforme et en les eaux déposeraient sur les feuilles un sé
quantité suffisante, d'une extrémité à l'autre diment terreux qui rendrait le fauchage
de la raie, et ainsi de suite, jusqu'à ce que difficile et qui détériorerait beaucoup les
l'eau soit lâchée dans toutes. L'irrigateur fourrages... — Enfin, après la fenaison de la
doit faire sa ronde pour examiner si l'eau première coupe, on conduit quelquefois de
coule bien également sur toute la surface de nouveau les eaux à la surface du sol pendant
la prairie; il détruira les obstacles qui pour un jour ou deux »
raient en gêner le cours, et fera en sorte On voit que tout ceci s'applique plus aux
que partout le gazon soit recouvert d'un prairies qu aux pâturages, et surtout qu'aux
pouce d'eau. Lorsque tout est dans l'ordre pâturages ouverts aux troupeaux pendant
voulu, on doit laisser couler les eaux pen presque toute l'année. Pour ceux-là, les
dant les mois d'octobre, novembre, décem irrigations par submersion ne, sont qu'ac
bre et janvier par périodes de 15 à 20 jours cidentellement profitables ; les irrigations
consécutifs. Entre chaque période on doit par infiltration ont au contraire l'avan
laisser le sol se ressuyer complètement en tage de pouvoir être appliquées sans hu
retirant les eaux pendant 5 et 6 jours, afin mecter assez le sol pour le rendre inabor
de donner de l'air au gazon ; car il est peu dable au gros bétail. Quant aux moutons,
d'herbes parmi celles des diverses espèces, à moins qu'on ne les destine à la bou
que l'on trouve dans les prairies arrosées cherie et qu'on ne veuille les engraisser
qui puissent résister à une immersion totale promptement, il ne faut pas perdre de vue
plus longtemps prolongée. En outre, si la que l'arrosage d'été produit une végétation
gelée devient forte et si l'eau commence à si rapide et si aqueuse qu'elle pourrait dans
se congeler, il est urgent de la retirer, de bien des.casleurcommuniquerla pourriture.
suspendre l'irrigation, sans quoi toute la sur En résumé, les arrosemeus sous toutesles
face du sol ne formerait qu'une nappe de formes, pour peu qu'ils soient convenable
glace; or, partout où la glace s'empare du sol, ment dirigés, sont le principal élément de fé
elle finit par le soulever, au grand préjudice condité des herbages naturels ou artificiels,
des plantes qui se trouvent alors déchaus temporairesou permanens. —Sous l'influence
sées. — Tous ces préparatifs d'automne ont des climats méridionaux, ils peuvent sextu
pour but de faire profiter l'herbage des on pler leurs récoltes. Aussi un cultivateur des
dées qui ont lieu a cette époque de l'année plus distingués du midi (M. A. de Gaspariu ,
et qui entralnentavec elles une grande quan dans son style énergique et rapide, en parlant
tité de débris animaux et végétaux très-pro des prodiges du plan ,incliné, représentait-il
pres à enrichir et fertiliser le sol.... — En fé la fécondité du sol, par ces quatre mots :
vrier, il faut que l'irrigateur surveille l'ar chaleur multipliée par humidité.
rosage, encore de plus près, parce qu'à cette
époque, l'herbe commence à végéter de nou § IV. — Des engrais et des amende mens.
veau ; eu conséquence, si, lorsque la tempé
rature s'est radoucie, on laisse trop long C'est l'opi nion de quelques agronomes, que
temps l'eau couler sans interruption sur la les engrais sont plus profilablemeot employés
prairie, il s'y forme une écume blanchâtre sur les terres labourables que sur les her
extrêmement nuisible à la jeune herbe. Ona bages permanens, et que ceux qui ne peuvent
également à craindre la gelée à cette époque, s'enpasser doivent être rompus. Celte opinion
car si les eaux ont été détournées de dessus peut être parfois fondée, mais à coup sûr elle
le pré, trop lard dans la soirée, pour que la ne l'est pas toujours, et, loin de chercherai*
surface ait pu se bien ressuyer avant le mo généraliser, je crois qu'il faut au contraire
ment du gel, les plantes alors très-tendres éviter de lui donner trop de portée, attendu
en souffriront beaucoup. Pour prévenir le que l'opinion contraire, partout où elle a
premier de ces inconvéniens, on ne doit ar prévalu, est devenue la source d'importantes
roser que par périodes de 6 ou 8 jours; et, améliorations. En fumantles prairies, on peut
pour éviter le second, il faut toujours retirer bien mieux se procurer, par suite de l'aug
les .eaux de bonne heure dans la matinée..». mentation de fourrages, les engrais néces
:n\v. 18e. DES PATURAGES. 477
taires aux champs labourables, et, en défini plé, quadruplé et plus encore ; mais il faut
tive, loulela question se réduit à savoir si la en faire l'emploi, et à beaucoup de gens cela
valeur vénale du surplus des foins est en parait impossible à exécuter sans que leurs
rapport avec les frais de fumure ; or, à bien champs en soient appauvris. » (Thaed, Prin
Deu d'exceptions près, la réponse ne peut être cipes raisonnes iTagriculture.)
douteuse. On confond généralement sous le nom d'en
En traitant la question qui nous occupe grais, les fumiers proprement dits et les di-
u-tiiellement, il nous importe d'abord de dis vers amendemens ou stimulans de la végé-
tinguer les pâturages des prairies, et parmi ta tion, qu'on emploie simultanément avec eux
:es dernières, de faire encore la différence de ou isolément pour l'amélioration des prai
:elles qui sont accidentellement ou ne sont ries. Cependant, jamais l'action différente des
a mais pâturées. — Les pâturages reçoivent, uns et des autres ne fut plus nettement mar
în échange delà nourriture qu'ils procurent quée. — Les premiers agissent évidemment,
lux bestiaux, une partie, sinon la totalité des en ajoutant à la puissance végétative de tou
îngrais qui en proviennent ; — les prairies, tes les plantes en contact desquelles ils se
lu contraire, abandonnent une ou plusieurs trouvent; — les derniers ne semblent profi
ibis chaque année leurs produits sous la faulx, ter qu'à un certain nombre de végétaux, et
sans rien recevoir en compensation. Toutes contribuent bien plus à la destruction qu'au
circonstanceségales, elles doivent donc avoir développement de la vigueur des autres. J'ai
ït elles ont, en effet, plus besoin d'être fu souvent été à même de faire cette remarque
mées que les pâturages. If en étudiant comparativement les effets, sur
Il existe, à la vérité, des prairies tellement les herbages, des composts simplement for
améliorées par suite des débordemens pério més de terre et de fumier d'étable, et de ceux
diques des cours d'eau ou des irrigations dont la chaux ou quelque autre oxide alcalin
limoneuses, qu'elles peuvent se passer indé- faisait partie. Je parlerai donc séparément
Bnimentde toutes fumures. Ce sont alors au des uns et des autres.
tant de sources de prospérité pour le pays qui En Allemagne, il n'est pas sans exemple
es possède et des moyens que la nature qu'on utilise sur les prairies des fumiers
accorde à leurs heureux habita ns pour éle longs d'étable. On les répand le plus ordinai
ver, sans effort, les produits de leur culture rement avant l'hiver, afin que les pluies en
m-delà de tout ce que le travail le plus opi- traînent dans le sol les parties solubles qu'ils
liâtre et l'industrie la mieux entendue contiennent, et le printemps suivant, par un
loueraient accorder dans d'autres contrées. temps sec, on enlève au râteau les pailles non
— Il existe aussi des herbages sur lesquels décomposées, pour les réunir aux autres en
'abondance et la qualité des eaux suppléent grais de la ferme, ou même les employer une
lux engrais; — enfin, on en rencontre que la seconde fois comme litière. — Plus commu
■ •rti lité seule du sol défend pendant un fort nément on a recours à des fumiers consom
ong temps contre les effets de l'épuisement; més, parce qu'il est moins difficile de les ré
nais en général, la fécondité des prairies dé pandre également. Lorsqu'on est à même de
troit tôt ou tard, surtout si l'on y fait habi- faire choix des espèces, il est avantageux de
luellement deux coupes dans le cours de préférer les fumiers les moins actifs, ou, en
•liaque saison. — Il faut donc les fumer; termes vulgaires, les moins chauds, comme
c mais, la mesure d'engrais dont elles ont ceux de vache et de cochon, pour les ter
lesoin peut être faible en comparaison de rains les plus exposés aux effets de la séche
;e qu'elles rendent de produits conversibles resse; — les plus chauds, tels que ceux de
in fumiers; et tandis que, sous les assolemens chevalet de mouton, au contraire pour les
de la culture des grains, les champs repro prés bas plus humides que secs. — Les ex
duisent en élémens d'engrais moins qu'ils périences répétées aux environs de Paris par
l'exigent et ne consomment, les prairies qui mon collaborateur Payen , prouvent que le
intété amendées, au contraire, rendent, par noir animalisé produit dans tous les cas, quoi
l'excédant de produit qu'elles donnent, après qu'il petite dose, des effets fort bons et qui pa
l'équivalent de ce qu'elles ont consomme, au raissent plus durables que ceux du noir de
moins le double d'engrais de ce qui leur avait raffinerie, dont l'activité n'est révoquée en
été appliqué. Il n'y a donc aucun doute que doute par personne, mais que son prix élevé
a manière la plus certaine d'augmenter les et son action passagère rentlen t moins propre
îngrais, c'est de les appliquer aux prairies; celte destination qu'à beaucoup d'autres. —
[>ar cette méthode on s'est procuré des prés, Dans quelques départemens du nord on em
■L on s'est donné la possibilité de fumer ploie fréquemment la poudrette.
complètement les champs dans des lieux où Tantôt on fait usage de ces engrais divers
auparavant cela était impossible. Lorsque sans les mélanger à d'autres substances et à
cette vérité est si généralement reconnue l'état sec; tantôt, comme dans quelques par
par les gens de l'art, comment se fait-il que, ties de la Suisse, de l'Italie, de l'Allema
dans la plupart des contrées, on fume si ra gne, etc., on arrose les pâturages avec le jus
rement les prairies? La première avance est de fumier fort étendu d'eau. Dans ce dernier
le plus souvent trop difficile ; car, lors même pays, dit THAER,on destine principalement à
que le fumier qu'on donne aux prairies re la fumure des prairies les liziers, urines ou
vient au tas sûrement et multiplié, cela ne engrais liquides qui s'écoulent immédiate
j'effectue cependant pas dès la première an- ment des écuries, des étables, ou en temps de
aée, mais seulement après le laps de six ou pluie, des tas de fumiers et surtout des
sept ans, puisque l'effet du fumier se prolonge égouts des toits à porcs, que l'on recueille
durant ce temps et plus encore. C'est un ca ordinairement en des réservoirs particuliers.
pital qui, durant cet espace de temps, est tri Ce genre d'engrais est très-efficace. Quelque
478 AGRICULTURE ; DES PLANTES FOURRAGERES uv. I".
fois un ruisseau voisin ou un canal établi à étant retenus, se combiner avec la ma»» ■ de
cet effet, qui recueille les eaux du pluie el terre. — Au bout de 6 semaines ou 2 n '.;,
les conduit sur une prairie rapprochée, on mélange le tout, on rejette les os. n
fournil l'occasion d'y diriger ces engrais li on amoncelle de nouveau cette masse da«* la
quides, et de les étendre sur le pré. même forme, puis on la couvre duuezjrv
Dans mon opinion, le meilleur moyeu d'u velle couche de terre. Elle reste dans :
tiliser toutes les matières fertilisantes pour état, et, l'année suivante, on la répand w
la fécondation des herbages, c'est de les les terres qu'on veut graisser, et auxqu< «
transformer en composts. Parce moyen, non elle communique, à petite dose, une fert
seulement la répartition parfaitement égale prodigieuse pendant plusieurs années.
en devient plus facile, mais les diverses sub A peu près dans la même contrée, on' '■
stances liquidaset même gazeuses sont absor contre fréquemment dans les grandes 1er >
bées de manière qu'il ne s'en fait aucune dé une fosse destinéeà recevoir lesengraisrt
perdition el que toutes se trouvent d'ailleurs vés spécialement pour les prairies. Cei i
généralement combinées dans la masse de qu'on accumule à coté des mauvaises hed i
façon à produire des effets infiniment plus produites par le sarclage, des débris di ■
durables. cher, des balayures de la maison , du .il
La manière U plus ordinaire de former ces et de la coer, les résidus du battage do
composts, est de réunir sur la lisière du grains, et toutes les autres substances ani
terrain à améliorer, les fumiers d'élable et males ou végétales susceptibles deferutcDU-
les terres destinées à les compnserjcellesqui lion. — On y joint fréquemment la pous
provenaient de cultures jardinières étaient sière et les matières exci'émentitiellesramas-
naguère et sont encore, dans quelques par sées sur les chemins, et on facilite la décom
ties de l'ouest, prisées, pour cette destina position et le mélange du tout en arrosant
tion, presque à l'égal du fumier. A leur dé de temps -en temps avec du jus de fumier.
faut on recherche les curures d'étangs, de Lorsque la masse entière est en état d'être
fossés, de marres; — les boues des villes et utilisée, on en forme des composts avec <!■
celles des chemins fréquentés; — les déblais nouvelle terre et une faible quantité de fu
desséchés et convenablement mûris des loca miers plus riches. Le principal but de cette
lités marécageuses; — les terres gazonneuses pratique est d'abord de ne rien laisser perdre
qu'on a pu se procurer saus incouvéuiens de ce qui peut ajouter aux engrais, et ensuite
dans le voisinage ; — enfin, faute de tout cela, de ne pas mêler à ceux qu'on réserve pour
la terre prise autant que possible à la partie les cultures économiques des germes de
inférieure des champs limitrophes, parce que plantes nuisibles.
c'est presque toujours, par suite de l'effet des A côléjlde ces mélanges de fumier et de
pluies, la plus riche et la plus profonde. — terre il faut placer les terres mêmes sans ad
Ou mélange et on remue plusieurs fois en dition immédiate d'engrais, telles qu'on peu1.
semble ces diverses substances pendant le les enlever dans des localités nalureilenieii!
cours de la belle saison, et on les répand fécondées par suite d'une bonne cullurr.
parfois à une assez forte épaisseur, d'après 11 est de fait qu'elles forment à elles seule».
«les considérations qui trouveront bientôt lorsqu'on les emploie en quantité suffisante
leur place, soit dans le cours de l'automne, et qu'elles sont d'une nature un peu diffé
soit au commencement du printemps. rente de celle de l'herbage, un fort bon com
A. Thouin , dans son Cours de culture, post et un amendement dont les effets sont
rapporte qu'il a vu en Belgique, aux environs marqués et durables. Ceci me conduit à par
de Malines. employer les cadavres des ani ler des divers amendemens qui cou\ ieutie.
maux de voirie, et particulièrement ceux des aux prairies.
chevaux, à la fertilisation des terres. Voici, La seule action physique de{nouvelles mo
selon lui, les procédés usités pour com lécules terreuses peut produire sur les prai
poser cet engrais trop peu connu, bien qu'il ries, comme sur toute autre culture, des el
ait perdu une partie de ses avantages fe ts très-favorables. C'est ainsi qu'où peut
depuis les travaux sur la meilleure manière améliorer sensiblement les herbages qui
d'utiliser les animaux morts, de M. Payeo. couvrent des sols argileux ou tourbeux, hu
— On fait une fosse de 2 pieds de pro mides et froids, en les recouvrant à leur sur
fondeur sur 20 pieds en carré dans un lieu face de sable maigre qui absorbe facilement
sec ; un lit de molles de gazon de bruyère, la chaleur, ou qui diminue peu-à-peu leur
de G pouces d'épaisseur, est placé au fond porosité; c'est ainsi encore que, dans t
de celle fosse. On rassemble un nombre même cas, les déchets pulvérulens des boni ■
quelconque de cadavres de chevaux qu'on lères, et les terres bitumineuses qui rem
coupe, chacun en plusieurs parties, après en plissent les faux liions, employés avec ré
avoir enlevé la peau. Sur le lit de bruyère serve, produisent les meilleurs effets. - A
du fond on étend une lr° couche de chair plus forte raison, lorsqu'aux propriétés phy
ainsi découpée, de manière que les morceaux siques s'en joignent de 'chimiques, ou, ffl
de cheval soient placés à pende distance les d'autres termes, lorsque les mêmes subsUB'
uns des autres ; on les recouvre d'un lit de ces agissent à la fois, à la façon des engrais-
gazon de bruyère semblable au 1", puis des amendemens ou des stimulans, les résul
de nouvelle chair, et ainsi de suite, de ma tats sont très-marqués. — On a parlé ail
nière à former une espèce de couche montée leurs des composts dans lesquels la chaux -
carrément, et que l'on recouvre ensuite d'as rencontre en proportion plus ou inoiss
sez de terre du voisinage, pour que l'odeur grande : leur action sur les herbages e?t
cadavérique ue se fasse pas sentir au dehors, puissante. — H est certain qu'ils cootiv
et que tous les gaz qui s'échappent puissent, bueot non seulement à la destruction de*
:hap. 18'. DES PATURAGES 47!)
nousses, mais de la plupart des mauvaises lui trouver des inconvéniens, parce que le
icrbes qui surabondent surtout dans les prés long fumier fournil une retraite aux souris,
ias, et qu'ils favorisent au contraire ie déve- aux mulots et aux insectes et par conséquent
opp-ment et la croissance de végétaux plus les attlre;et aussi parce que cette couverture
ilil ., parmi lesquels on a dès longtemps chaude rend les plantes trop délicates au
«marqué quedominent les légumineuses. On firintemps, hâletrop leur végétation, et, par
>eut donc supposer que, malgré les diftfé- à, leur rend d'autant plus nuisibles les ge
■ences importantes qui les caractérisent, il y lées tardives qui surviennent après qu'on a
i quelque analogie, sous ce rapport du moins, enlevé les pailles. — Quant aux engrais con
•ntre les effets de la chaux et ceux du plâtre. sommés et aux composts qui conviennent
— Ceci doit donner lieu à de nouvelles ex- égalementaux prairies ou aux pâturages plus
Msrience» qui ne manqueront pas d'impor- secs qu'humides, la fin de l'automne semble
ance dans les contrées où l'on ne possède préférable, en ce sens que les effets de la
10e la première de ces substances.— Mais la fumure se font sentir plus nromptement et.
tliaux n'agit pas seulement de cette façon, par conséquent plus complètement l'année
■In- active la décomposition des nombreux suivante.
iétrilui végétaux qui se trouvent sur les Les araendemens calcaires et alcalins,
bnd* humides. — Klle forme avec leurs élé- avons-nous vu, conviennent surtout aux bas
B*ms de nouvelles combinaisons appropriées herbages, et pourtant 11 est important de re
mi besoins de lavie des plantes ', elle corrige marquer qu'ils n'opèrent que fort imparfai
'acidité des terrains uligineux ou tourbeux, tement sur les terrains mal égoutlés. L'eau
:t, dans tous ces cas, elle favorise encore la en surabondance noie, pour ainsi dire, leurs
croissance des bonnes plantes; aussi, pour effets. Le moment de les répandre est donc
noi, qui ai mille fois été à mémo d'apprécier subordonné à l'état du sol. Bien souvent
es actifs résultats, est-elle un des meilleurs, on trouvera avantageux de saisir celui qui
les plus prompts et des plus surs moyens suit immédiatement la fauchaison, pour tes
l'amélioration dos prairies basses, lorsque prairies, et de devancer le plus possible l'é
es végétaux nuisibles commencent à les en poque à laquelle la terre devra être sur-salu-
vahir. rée d'eau, pour les pâturages. Dans des cas
Les cendres lessivées, — celles de tourbes asseznombreux, du reste, SI est difficile d'en
igissent, sinon de la même manière, du trer dans les herbages au moment où on vou
noi ns d'une manière analogue quant à ses drait les fumer ouïes amender, parce qu'ils
•ésultals pratiques; — les cendres pyriteu- sont alors trop mouillés. On s'en rapprochera
«s sont aussi excellentes ; — enfin je me bor- toujours le plus possible.
lerai à rappeler ici la puissance stimulent*
lu plâtre sur les luzernes, les trèfles, etc. §V.- - De l'entretien des herbages par des serais
— Sur les terres légères et sèches, les argiles partiels.
ii.-irneiiscs produisent les plus heureux effets.
Dans tout ce qui |>récède, afin d'éviter des Il peut arriver qu'après l'extraction des
■édites, je n'ai point parlé des quantités à mauvaises herbes, ou par suite de la longue
•mpJoyer. On trouvera à ce sujet toutes les durée du pâturage, il se Corme des vides qui
tonnées possibles aux chapitres 3 et 4 de ce se rempliraient lentement, si on abandonnait
•ohim«. Toutefois il est bon de faire obser ce soin à la seule nature. A la vérité, c'est
ver que les proportions doivent varier sans un indice d'épuisement qui doit engager à
•esse, eu égard à diverses circonstances que changer pour quelque temps la destination
rfeaeundoit savoir apprécier par soi-même. de semblables herbages; mais, sans parler de
— Bien f>ou\eotsiuss\ le choix des amendement l'impossibilité où l'on se trouve parfois d'in
tu des engrais est réglé, non en raison de leu rs troduire à leur place des cultures économi
(utilités relatives, niais d'aprèsla facilité plus ques, il est telles circonstances où l'on a in
►n moins grande avec laquelle on peut se les térêt à prolonger le plus possible leur durée.
woeurer. Les semis partiels en offrent le moyen; tou
Les époques les plus fawrables au trans- tefois, pour devenir efficaces, il faut qu'ils
KM't et à la répartition sur le sol des snb- aient été préparés par les travaux d'assainis
*«nces diverses dont il vient d'être parlé, sement et de conservation dont il a été parlé
©ut dépendantes surtout de la position de* dans les paragraphes précédens, et dont ils
lerbages. — Il serait peu prudent de fumer forment pour ainsi dire le complément.
ivant l'hiver des prairies sujettes aux inon- Ces semis s'opèrent, selon les lieux, en au
1 triions, ear,si les eaux débordaient, elles en tomne ou au printemps. Le premier élément
rageraient en totalité ou en grande partie de leur succès, c'est que le hersage qui les
es sucs exlractifs des engrais. La même précède ail été énergique et aussi complet
•liose aurait inévitablement lieu sur les ter- que possible. En pareil cas, le scarificateur
aiiM soumis aux longues irrigations d'hiver remplace la herse avec avantage, parce
t de printemps; mais là , le concours des ?iue la forme de ses contres et la lad
ingrais n'est pas nécessaire. — Sur les prai- ite qu'on trouve à le diriger, permetlcnt
ies sèches qui en ont le plus besoin, j'ai déjà de le faire mieux pénétrer. 11 ne faut pas
lit qu'on répandait parfois les fumiers longs s'effrayerde voir bon nombre de plantes mu
n automne. Cette coutume parait avoir en tilées, coupées même, par suite de l'action
Llleniagne de nombreux partisans, parce de et- tte machine, car on a remarqué que la
|iie les particules de fumier entrent mieux division des touffes est déjà par elle-même
•n terre, et qu'une semblable couverture un bon résultat. On ne doit pas s'attendre
>rol«ge les plantes herbagères contre les ef- non plus à une grande régularité dans le tra
ëla «lu froid; mais souvent aussi on a cru vail des coutres, mais celle régularité n'est
480 AGRICULTURE : DES PLA.NTES FOURRAGERES. LTM".
nullement indispensable, comme on le con propres à donner de l'ombrage, et à procu
çoit très-bien, puisqu'une simple herse, pour rer de temps en temps quelque bois de
peu que ses dents soient assez fortes, assez chauffage. — Ailleurs enfin, comme on peut
aiguës, et qu'elle soit suffisamment chargée, le remarquer dans presque tous nos départi--
produit ordinairement des résultats satis- mens de l'ouest, on remplace entièrement it
faisans. fossés, lorsqu'ils sont inutiles à l'assainisse
Le terrain ainsi préparé, il est encore utile ment du sol,|par des haies dans lesquelles les
de le rouler en temps convenable pour unir têtards de chêne, de frêne, d'orme, etc., se
le mieux possible sa surface, si l'on a fait trouvent assez rapprochés pour se toucher
choix d'espèces dont les graines soient très- de leur feuillage sur chaque ligne.
fines et très-coulantes, comme celles du trèfle Cependant, on ne doit pas se dissimuler
blanc, par exemple, l'une des meilleures que les haies, et surtout les haies à baliveaui
plantes qu'on puisse employer en lui ad ont, par rapport aux pâturages, deux ineori-
joignant, dans le cas où les vides seraient véniens parfois assez graves: celui d'occuper
un peu considérables, une ou deux des par elles-mêmes beaucoup de place, et de
graminées qui paraissent présenter le plus nuire par leurs racines à la production de
d'avantages et de chances de réussite dans la l'herbe dans leur voisinage; — celui d'inter
localité. — Si les graines sont plus grosses, le cepter la lumière au point que, sous leurin-
roulage est inutile avant leur dispersion. fluence, les plantes s étiolent et perdent une
Après le semis, qui ne sera fait, bien en partie de leur qualité nutritive: Mais ces in-
tendu, qu'aux endroits où le besoin s'en fera convéniens, qui naissent de l'abus, ne con
sentir, on devra se hâter de répandre le damnent pas l'usage. Il est possible de choi
plus également possible le compost qui aura sir des arbres à racines plus pivotantes que
été préalablement préparé pour celte desti traçantes, et, tout en cherchant à produire
nation; puis on roulera de nouveau, afin de un 'ombrage salutaire, on peut facilement
recouvrir les graines et de les affermir dans éviter d'outre-passer le but en les plantant;
le sol. des distances trop rapprochées. La plupart.
Ce moyen, sanctionné maintes fois par la je dirai presque toutes les pâtures des deui
pratique, a le plus souvent donné des résul rives de la Loire sont entourées de haies a
tats très-satisfaisans. — Les dépenses qu'il baliveaux; — on plante souvent sur leur sur
occasione sont subordonnées à la facilité plus face deslignes de peupliers, de frênes, de sau
ou moins grande de se procurer les engrais les, ou même, en dépit de leur disposition a
et les terres nécessaires à la formation du tracer, d'ormeaux taillés en têtards; et lors
compost. que ces plantations sont laites avec discer
nement, elles ue paraissent pas sensiblement
§ VI. — Des clôtures. nuisibles aux herbages. Le fussent-elles un
peu, il est certain qu'elles ne seraient jamais
Partoutjoù les pâturages entrent pour une aussi dommageables que profitables; car, ooa
partie importante dans le système d'assole seulement l'abattis des branches, qui a lies
ment et d'éducation des animaux, il est tous les 3 ans, est fort lucratif, mais U leuil-
utile de les diviser en petits enclos : 1° parce lée , qu'on enlève en automne aux frênes et
qu'il est plus facile alors de répartir conve aux ormeaux, produit un supplément A
nablement les animaux selon leur espèce, fourrage d'autant moins à dédaigner qu
leurâge, etc. ; 2" parce que ces mêmes ani convient parfaitement aux vaches, et quU
maux, distribués sur chaque enclos en nom leur donne un lait excellent. — Le beurre
bre proportionné à son étendue, parcourent qu'on en obtient, à cette époque de la sais»
moins ôVespace et gâtent une moins grande est particulièrement estimé.
quantité d'herbes pour chercher celles qu'ils Je sais que beaucoup d'agriculteurs n'af-
appètent le plus; 3° parce qu'on a remar Crouvent pas, en général, la plantation d'ar-
qué qu'ils se trouvent beaucoup mieux à l'a res, et notamment du frêne, dans les hais-
bri que donnent les haies contre les fortes Il est curieux, à côté de ce que l'expérience
chaleurs de l'été et contre les vents de prin detoutun pays m'amisàmême de rapporter
temps et d'automne, que sur de plus grands ci-devant, de lire le passage suivant dans m
espaces où ils jouissent de moins de tranquil ouvrage justement estimé, celui de sir Job
lité; 4° parce qu'en les faisant passer au be Sinclair; il prouve combien il est difficile
soin d'un enclos dans l'autre, on permet à de généraliser les théories en agriculture, et
l'herbe de recroître dans celui qu'on leur combien leseffels peuvent changer avec te
fait quitter; 5" parce qu'enfin les clôtures positions. « Les racines des arbres, en s'etee-
en elles-mêmes présentent parleurs produits, dant dans le champ dans toutes les direc
des avantages de plusieurs sortes. tions, nuisent au reste de la haie, endom
- Dans les riches pâturages d'une partie de la magent ou font rompre la charrue, et inter
Normandie, de la Charente-Inférieure, etc., rompent les travaux de culture. Les grain*
les fossés qui séparent les enclos servent en qui croissent à l'ombre sont toujours de pw
même temps à égoutter les terres pendant de produit, inégalement mûrs, et ne peuvent
la mauvaise saison. Leur largeur et leur pro pas se rentrer en même temps que ceui d«
fondeur sont combinées en conséquence, et, reste du champ. Dans les saisons humide*1
assez souvent, ils ne sont bordés d'aucune tardives, il est même rare qu'on y recueil
haie, dans la crainte de diminuer les effets de le grain en bon état, et quelquefois il est eu-
l'évaporation, l'étendue et la qualité de l'her fièrement perdu. — Le frêne, en particule-
bage. — En des localités où l'on n'a pas à re est un formidable ennemi pour les céréales-
douter comme là l'excès d'humidité, il est L'influence de ses racinespourabsorberl""-
rare qu'on ne plante pas les berges de haies midi té et les principes nourriciers ù» ^
:hap. 18'. DES PATURAGES 481
'aperçoit facilement par le cercle qui se ordinaire de la fauchaison; mais, hors ces
rouve formé autour de chaque arbre dans deux cas, qu'il est facile de prévoir et
es terres arables. Aussi l'a-t-on appelé le très-important d'éviter, le pâturage présen
arron complice du propriétaire, parce qu'il te généralement plus d'avantages que d'in-
lérobe chaque année, au profit du fermier, convéniens. — Les moutons et notamment
lix fois la valeur qu'il acquiert lui-même. — les brebis nourrices s'en trouvent à mer
ious ces arbres, les herbages sont aussi fort veille. En broutant particulièrement les es
nlérieurs, comparés à ceux du reste du pèces les plus précoces qui devanceraient les
hamp. » (Code d'agriculture.) autres dans leur maturité, et diminueraient
De tout ceci, on ne doit pas plus conclure plus tard la qualité du foin, cesanimaux éga
}u'il ne faille jamais planter de baliveaux lisent en quelque sorte la croissance des her
ans les haies, que, de ce que j'ai dit, ou ne bes; — ils contribuent beaucoup, comme je
>eut induire qu'il faille en planter partout, l'ai dit, à la destruction des plantes inutiles,
l'ai souvent remarqué que leur iufluence au profit des graminées ; — la pression qu'ils
acheuse se faisait sentir davantage du côté exercent à la surface des terrains poreux, fa
iunord que du midi du tronc, et surtout ciles à soulever, est d'un très-bon effet ; —
ju'elle s'étendait beaucoup plus dans les enfin leurs excrémens, en dépit de tout pa
errains peu profonds que dans les autres. radoxe, contribuent sensiblement à main
!1 y a pour cela deux raisons : d'abord les tenir la fertilité du sol et à améliorer les
>remiers de ces terrains contiennent une fenaisons suivantes. Quant à la durée d'un
noindre quantité d'humidité, et ensuite la tel pâturage, il est d'une haule importance
>roximité de leur sous-sol force les racines de ne pas la prolonger outre mesure. Le mo
i s'étendre au lieu de pivoter. Eu voilà plus ment où il convient de fermer la prairie, est
I n"il ne faut pour expliquer de grandes dif- déterminé par l'état d'avancement ou de re
érences dans les résultats qu'on a pu obser- tard de la végétation, selon les années. « Si le
er en des localités différentes. printemps est chaud, dit Tuai:», le pâturage
doit cesser dès le 20 avril dans la partie sep
fl* sujet. — Des meilleurs moyens d'utiliser tentrionale de l'Allemagne, ou du moins au
les produits des herbages par le pâturage. commencement de mai; si la température est
froide et que l'herbe ne pousse que faible
Il y a trois manières de récolter les pro- ment, on peut le prolonger jusqu'au lOinai.»
luîts des herbages: — 1" le pâturage pro — Dans la partie moyenne de la France, ce
prement dit, qui doit nous occuper plus spé serait plus d'un mois trop tard. Beaucoup de
cialement ici; — 2° le fauchage et la comom- personnes pensent qu'il ne faut pas conti
nation en vert au parc ou à retable ; — 3° le nuer de faire pâturer les prairies au-delà du
àuchage à l'époque de la maturité des lier- terme des dernières gelées un peu fortes, et
«es, et la transformation enjoin. les anciens usages de parcours ont en effet
fixé le 25 mars.
§ 1er. — Des pâturages dans les prairies. Dans les paysoù l'on n'élève pas de moutons,
le pâturage de printemps a moins souvent
Est-ce une bonne ou une mauvaise mé- lieu, parce que la pesanteur des bêtes bovines
hode de faire pâturer les prairies à certai- rend le premier inconvénient dont j'ai parlé
les époques de l'année? Ace sujet les auteurs plus fréquent el plus grave. Leurs excrémens
e sont prononcés de manières fort dilïéren- sont aussi moins profitables que ceux des
es. Tâchons de trouver dans l'observation moutons, non seulement parce qu'ils commu
les faits la solution du problème. — Dans niquent à l'herbe qu'ils recouvrent une saveur
in assez grand nombre de lieux, on met les qui en éloigne les bestiaux même après qu'ils
roupeaux sur les herbages fauchables pen- ont été enlevés, mais parce qu'avant qu'on ait
lant une partie de l'hiver et du printemps. pu les répartir, ce qu'il est impossible défaire
e dis les troupeaux, parce qu'en effet les fort également, ils sont en grande partie dé
âturages de celte saison sont d'ordinaire truits par une foule d'insectes qu'ils attirent
éservés aux bêtes à laine. — Presque par- et auxquels ils servent de refuge. Beaucoup
uiit où les regains ne sont pas assez abon- de personnes croient aussi que les bêtes bo
ans pour procurer une coupe de quelque vines ont moins besoin que les brebis de
mportance, on les fait également consom- cette première nourriture verte; j'avoue que
aer sur pied en automne, et à cette époque je ne suis pas de leur avis, el que je la re
'est aux bêtes à cornes qu'on les aban- garde comme fort utile à leur santé. Quoi
onne. — Le pâturage des prairies n'est pos- qu'il en soit, le pâturage au moyen des bœufs,
ible que dans ces deux cas. même au printemps, peut être, en des cir
j4u printemps, la présence des bestiaux constances favorables, une bonne pratique.
eut avoir deux inconvéniens principaux: — Il est beaucoup de localités où en automne
elui de piétiner un sol encore mal égoutté: le pâturage des prairies basses pourrait de
- et celui de retarder la croissance des hèr venir fort nuisible à la santé des bêtes ovi
es et de nuire par cela même à la produc- nes : on a remarqué maintes fois qu'il leur
on du foin. Sans nul doute cela arrivera, occasionait la pourriture; aussi, après la
i, d'une part, le terrain n'est pas suffisam récolte des foins, livre-t-on les regains plu
ment ressuyé, si sa nature très-argileuse tôt aux bœufs et aux vaches qu'aux moutons.
; prédispose à un tassement trop considé- Cette nouvelle pousse d'herbe, dit fort bien
able , et si, de l'autre, on laisse les ani- Tbaer, qui, dans plusieurs localités, n'est
îaux séjourner assez longtemps pour que jamais plus forte que dans cette partie de
•s gramens n'aient plus la possibilité de l'année, est très-avantageuse au gros bétail ;
lonter convenablement avant l'époque elle donne aux vaches une augmentation de
agriculture, 54« livraison tome x. — 6i
AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGERES . LIV . rer .
482
lait très-sensible . A cette époque on a beau- , plusieurs espèces de graminées destinées à
coup moins à redouter les empreintes que produire du foin , et plus spécialement cel
les pieds du bétail laissent sur la terre , parce les qui atteignent une grande hauteur , sup
qu 'au printemps, même sur les sols spon - portent difficilement d 'êtresouvent broutées .
gieux et mous, ces empreintes s 'effacent par – En général, sur les terrains constamment
suite de l'effet des gelées. Les engrais que le pâturés, l'herbe s 'épaissit , mais ne s'élève
pâturage laisse dans les prairies leur sont plus autant.
aussi d'un grand avantage , surtout lors
qu 'on a soin de diviser et épandre les excré S II. — De la dépaissance des pâturages.
mens des anim aux , travail très-léger qui doit í
être impos é r
au berge . Le bétai l à cornes e
Nous aurons encor sous ce titre deux cho .
trouve souvent jusqu 'à la fin de novembre ses à examiner : - 1° Quels sont les pâturages
une bonne nourriture sur ces pâturages . qui conviennent le mieux aux divers herbi
Les Anglais tiennent si fort à faire påturer vores ? - 2º Comment, à quelle époque, et
les prairies qui leur appartiennenten propre, dans quelles proportions il convient de ré
qu 'ordinairement ils n 'en tirent qu 'une seulé partir ces derniers sur les herbages .
récolte de foin chaque année , qu 'ils prolon Les bétes bovines sont, de toutes , celles qui
gent le pâturage de printemps pour les bêtes endommagent le moins les herbages, en ce
à laine , et que, bientôt après la fauchaison , sens qu ' elles broutent les herbes à une cer
ils mettent les bêtes bovines sur ces mêmes taine hauteur, et que jamais elles ne les ar
prairies, à moins que le voisinage des grandes rachent. Aussi, on doit leur réserver les pâ
villes, la facilité de se procurer des engrais turages les plus féconds, et de la meilleure
et le prix du foin ne les engagent à adopter qualité . - On a cru remarquer « que les her.
un autre système. Ils pensent généralement bages les plus nouveaux sont généralement
que dans les localités plus éloignées , partout les plus appropriés à l'état des jeunes ani
où les cultivateurs ne peuventcompter , pour maux , parce qu'ils les développent et les
la production des fumiers , que sur les pro nourrissent plus qu 'ils ne lesengraissent. Les
pres ressources de leurs fermes, un double | herbages anciens, au contraire , dont l'herbe
fauchage quelque temps répété est une cause a plus de corps, plus de soutier , dont les
de ruine pour les herbages . - Assez fréquem sucs, moins aqueux , sont plus élaborés et
mentmême ils consacrent des prés une an | plus disposés à l'assimilation , conviennent
née entière au pâturage , dans le but de les essentiellement aux animaux adultes , parce
améliorer . Cette dernière méthode toutefois qu 'ils leur procurent promptement l'embon
est, je suppose , peu fréquente et ne parait pas point et la graisse dont ils ont besoin , lors
fondée en raison ; car si le pâturage, en tant qu 'ils sont consacrés à la boucherie ; on doit
qu 'il ne fait que retarder un peu la croissance les dispenser avec beaucoup de sobriété aux
desherbes, donne évidemment plus qu 'il n 'en animaux qu 'on désire conserver , pour le tra
lève en fertilité , il pourrait fort bien arriver / vail ou pour tout autre objet, dans un état
le contraire lorsque la soustraction conti- moyen entre la maigreur et l'obésité , quisont
nuelle des feuilles priverait en grande partie également à redouter . - Il est d 'observation
les plantes de leur nourriture aérienneet que que les herbagęs les plus bas et les plus humi
les racines seraient par conséquent à peu près des sont moins propres à engraisser les bouſs
seules chargées de l'entretien de la vie. YVART | qu'à augmenter la quantité du lait des vaches,
a fait autrefois quelques expériences qui vien - et on doit les destiner préférablement à ce
nent à l'appui de cette théorie . « Nous avons dernier objet, lorsque les circonstances le per
divisé , dit- il , en deux parties des prairies | meltent . - Les herbages élevés, ouverts et
qui avaient été jusqu 'alors soumises au mê. | très -exposés à l'action des vents, convien
me traitement sous tous les rapports ; dans | nent moins aussi, pour la production du lait ,
lesquelles la nalure du sol, l'exposition et comme pour l'engraissement, que ceux qui
toutes les autres circonstances essentielle - sontbas, clos, et abrités . – On observe en
ment influentes sur la végétation étaient aus - core en plusieurs endroits que les herbages
siégales qu'il est possible , et que nous avions nouveaux , aqueux , marécageux, garnis d 'her
l'intention de défricher l'année suivante . bes grossières , sont plus convenables ordi
Nous avons fait pâturer l'une, à diverses re- nairemenl à la fabrication du fromage qu'à
prises , depuis le commencement du prin - celle du beurre qui, à son tour, est généra
temps jusqu 'à l'époque du fauchage, et nous lement plus abondant et de meilleure qua
avons fait faucher l'autre, à laquelle les beslité sur les herbages anciens, sains et ferti
tiaux n 'avaient pas touché, à l'époque où la les. - Enfin , on a observé également que le
majeure partie des plantes entrait en fleurs. benrre se conserve plus longtemps, et qu 'il
La totalité ayant ensuite été rigoureuse . ) est plus ferme et plus consistant lorsqu 'il pro
ment soumise au même traitement, défri- vient du pâturage dans les herbages anciens
chée et ensemencée en diverses natures de naturellement fertiles et non engraissés , que
céréales et autres productions, nous avons lorsqu 'il résulte d 'herbages alternés avec les
constamment reconnu que la partie fauchée cultures céréales qui ontexigé des engrais ou
donnait des produits supérieurs à la partie des amendemens, et surtout lorsque ces
pâturée . La différence était d 'autant plus derniers sont d 'une nature calcaire , ce qui
sensible , que la prairie était naturellement doit être pris en considération dans les as.
plus sèche et la terre de qualité moins solemens . » (Cours complet d 'agriculture
théorique et pratique .)
Uneautre
bonn résultant d 'observations
. ... . ! motif , Le cheval tond l'herbe up peu plus
tout aussi positives, de ne pas laisser påturer court que le boyf. Ses déjections, fortement
longtemps de suite une prairie , c 'est que alcalines, lorsqu 'on n 'a pas le soin de les dis
CHAP. 18 . DES PATURAGES. 483
séminer peu après qu 'elles ont été produi. | nous ont donné sur ce point d 'excellens exem
tes , nuisent aux plantes avec lesquelles elles ples : - chez eux, les bæufs et les vaches pas
se trouvent en contact immédiat. Cet incon sent les premiers ; - quelques chevaux leur
vénient, joint à celui du piétinement, dont succèdent lorsque l'état et la nature du sol le
les effets sont très-marqués par suite de la permettent'; - viennent ensuite lesmoutons;
forme de son pied , explique pourquoi, dans puis parfois des cochons qui déterrent et
les anciens baux , on stipulait communément détruisent les racines charnues ou tubercu .
qu 'on n 'en mettrait pas plus d 'un certain leuses des mauvaises herbes . Après ces ani
nombre sur telle ou telle étendue de pâturage. | maux, il est nécessaire de râteler cà et là la
- Les herbages qui lui conviennent ne sont | surface du sol qu 'ils ont fouillé, puis, bien
donc ni ceux dont l'aridité exclut les engrais entendu , de donner aux graminées le temps
chauds, ni ceux que leur humidité rendrait de repousser.
trop faciles à défoncer . Lorsqu 'on fait passer les bestiaux de leur
Les bétes à laine pincent l'herbebeaucoup régime d 'hiver au pâturage, il importe que
plus pres encore que le cheval. Elles l'arra : ce soit le plus tôt possible , et que la transition
chentmême par un mouvement de tête bien ne soit pas trop brusque. Par ce double mo
condu , lorsqu 'elle est encore trop jeune pour tif, bien plus encore que pour ne pas donner
avoir formé une touffe de quelque épaisseur aux herbes les plus précoces le temps de
et poussé des racines en suffisante quantité . s' élever assez pour être délaissés , on fera bien
Aussi se garde- t-on bien de mettre des mou d'ouvrir les herbages au printemps , aussitôt
tons sur des pâturages ou des prairies tout que l' état du sol le permettra. On ne craint
nouvellement formés. Ces animaux, redou point ainsi les inconvéniens qui pourraient
tant par-dessus tout l'humidité du sol, se résulter d 'une nourriture verte trop succu
plaisent sur les herbages élevés , arides même. | lente et prise, tout d 'un coup , en trop grande
Cependant ils se trouvent fort bien des paca - quantité.
ges plus riches, pour peu qu 'ils soient sains. Depuis cemomentjusqu ' à ce que les pluies
Dans quelques parties des Pyrénées- Orienta - contipuelles ou les frimas de l'hiver met.
les, notamment aux environs de Pratz-de- tent un obstacle plus ou moins long à l'en ,
Mollo , à l' époque où les troupeaux , sortant de | trée des bestiaux sur les terres, le pâturage
leurs quartiers d 'hiver, se répandentdans les se continue dans beaucoup de lieux sans dis
campagnes, les propriétaires les plus heureu - continuer. Dans d 'autres cependant on l'in
sementsitués affermentmomentanémentaux terrompt pendantune partie de la saison des
bergers lespièces enherbées qu 'ils sont dans fortes chaleurs et de la sécheresse, d 'une
l'intention de rendre pour quelques années à part, parce qu 'il ne présente alors presque
la culture, ou les herbages féconds dont on aucune ressource au bétail, et de l'autre,
extrait le soir les animaux pour les parquer parce qu 'on craint, en mettant la terre trop
sur les terres arables ; – ceux dont les habi. å nu , d 'ajouter à son aridité, et de faire périr
tations sont plus élevées, par conséquent une partie des herbes qui la couvrent.
moins accessibles et presque toujours d 'un | Il serait fort difficile d 'indiquer, même ap
moindre rapport,s'estiment heureux de four - proximativement, le nombre d 'animaux de
nir le pâturage en compensation du fumier chaque espèce qu 'il convient de mettre sur
qu 'il produit ; - enfin , ceux qui résident à une étendue donnée de pâturage ; car cela
des élévations plus grandes encore, paient de dépend de sa fertilité , de la saison , et du plus
quelques indemnités le séjour des troupeaux ou moins de nourriture que les troupeaux
que la pauvreté de leurs guides prive de reçoivent à l' élable en diverses saisons. Tout
meilleurs pâturages. . ce qu 'on peut dire, c 'est que, lorsque l'her'
s,
De tous les herbivore la chèvre est un debage est trop chargé, les bestiaux pâtissent, et,
ceux que l'on doit considérer comme le ne trouvant pas la nourriture suffisanle, ils
moins délicat sur le choix de sa nourriture, rongent les plantes jusqu 'au collet et souvent
mais aussi comme l'un des plus vagabonds les arrachent. - Lorsqu 'au contraire ils sont
et des plus destructeurs . Elle se contente, en trop petit nombre, ils foulent aux pieds et
au besoin , des herbages les plus escarpés el détériorent presque autant d 'herbes qu 'ils en
les plus couverts de broussailles. Lorsqu 'on mangent; ils délaissenttoutes les plantes qui
lui en livre d 'autres, il faut apporter la les appètent le moins, et c'est une raison
plus rigoureuse attention à défendre contre pour qu 'elles se multiplient davautage ; car,
ses atleintes les haies et les plantations voisi s'ils ne les ont pas broutées lorsqu 'elles
nes. étaient tendres, ils y toucheront bien moins
Quoique, trop souvent, on réunisse pele. encore à mesure qu 'elles durciront, de sorte
méle sur les mêmes pâturages les animaux qu'à moins d 'une surveillance , trop rare chez
les plus différens, cette pratique ne doit pas la plupart des cultivateurs, elles mûriront et
être approuvée. A la vérité, chaque espèce répandront annuellement leurs graines au
ayant une manière diſlérente de brouter grand détriment du reste de l'herbage pour
l'herbe, et ceux - ci pouvant utiliser ce qui ne les années suivantes.
convient pas à ceux -là , il n 'est pas douteux Un excellentmoyen d 'éviter les inconvéniens
qu'on ne puisse ouvrir les pâturages à plu . | divers qui résultent de la dispersion des ani.
sieurs ; mais si on les y laisse ensemble, ils maux en trop petit ou en trop grand nombre
se génent et se priventmutuellement de la sur les pâturages ou les prairies, c'est de faire
nourriture qui leur cop vient le mieux . Il est la part à chacun , et de limiter l'étendue qu 'il
donc infiniment préférable de les répartir peul parcourir . Pour cela , dansbeaucoup de
successivement, lorsque cela se peut, sur cha- contrées, notamment dans presque tout
cun des enclos dont j'ai fait ressortir l'avan - l'ouest de la France , on attache les animaux
tage en parlant des clôtures. Les Hollandais à une corde, dont la longueur est en rapport
484 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. mM".
inverse avec l'abondance des herbages, et à ce sujet que cette ressource n'est pas en
qui est fixée à un piquet qu'on déplace cha core appréciée partout autant qu'elle devrait
que jour, pour le rapprocher de la partie l'être {Voy. l'article Engrais vegétaux . A la
non broutée. On évite ainsi de multiplier vérité, sur les bords des étangs et des marais,
•outre mesure les clôtures ; — les bestiaux se quelques graminées, dont il sera parlé, dis
nourrissent abondamment sans rien gaspil putent le terrain aux plantes aquatiques.
ler; — l'herbe est tondue également; — les Presque toutes, en mûrissant, acquièrent une
■engrais peuvent être chaque soir répandus dureté telle que la faulx pourraità peine les
ou réunis à la masse des fumiers; — Enfin, abattre, et que les animaux les rejetteraient;
lorsque le pâturage a lieu sur des plantes lé mais il en est qui, coupées en vert, procu
gumineuses, les limites dans lesquelles on le rent un assez bon fourrage après qu'on les a
restreint font disparaître tout danger. laissées se dépouiller de leur surabondance
d'eau en les exposant pendant une douzaine
Section ii. — Des prairies. d'heures aux effets du soleil.
Lorsque les eaux ne sont stagnantes qu'une
Les détails précédens abrégeront néces partie de l'année, les végétaux marécageux
sairement beaucoup ce qui me reste à dire qui ne pourraient supporter quelques mois
des prairies, ou du moins des prairies perma de sécheresse, disparaissent pour faircïplace
nentes, plus vulgairement connues sous le à d'autres plantes, sortes d'amphibies du rè
nom de naturelles. Elles ne diffèrent en effet gne végétal, qui peuvent vivre sous l'eau et
parfois des pâturages proprement dits que dans l'air, et parmi lesquelles se rencon
par la manière dont on récolte leurs pro trent en plus ou moins grand nombre des
duits. — Pâturages et prairies de graminées herbes fourragères. La quantité de celles-ci
ont la même origine. — Ce que j'ai dit de la augmente à mesure que la durée de l'inon
formation des uns; — du meilleur choix pos dation est plus limitée, de sorte que toutes
sible des plantes qui les composent ; — cfe la les fois qu'on peut entrer dans ces sortes de
manière de les semer lorsqu'on juge con prairies pendant la 2e partie de la belle sai
venable de le faire ; — de les entretenir et de son, faucher à sec et faire sécher le foin, on
les améliorer, se rapporte à très-peu près peut être certain que ce foin, bien que fort
aux autres. Lorsqu'il existait des différences médiocre, pourra en définitive être .utilisé.
importantes, j'ai dû déjà les faire ressortir Cependant ii ne faut pas prendre en consi
dans chaque paragraphe, et, pour ne pas di dération la seule durée de l'inondation. 1~
viser les matériaux qui se rangeaient natu nature des eaux est pour beaucoup dans les
rellement sous chaque titre/autant qua pour effets qu'elles produisent; au moins ai-je son-
éviter plus loin des répétitions sans cela iné vent remarqué que celles des rivières peu
vitables, j'ai cru devoir encore réunir, dans rapides qui favorisent surtout la propagation
plusieurs parties de la lr° section de ce tra
des joncs, des stipes, etc., nuisent infiniment
vail, ce qui aurait pu se rapporter, peut-être plus promplement à la qualité des herbages
d'une manière -plus spéciale, aux herbages que les eaux d'un cours plus vif.
dont il me reste à parler. C'est ainsi que je Le foin des prairies longtemps couvertes
n'aurai plus à revenir sur l'étaupinage, les d'eaux stagnantes est toujours dur et souvent
irrigations, etc. fort malsain. Un de mes fermiers en récolte
chaqueannée de semblables dans la commune
I" sujet. — Des prairies à base de graminées. de Brisarthe, non loin de la rivière. Lorsque
la nécessité le force à l'employer autrement
Si, d'un côté, les grandes hauteurs et les qu'en très-petite quantité, à la nourriture de
lieux très-secs produisent rarement des her ses bœufs, ces animaux, bien que dans des
bes assez élevées pour être fauchées, souvent étables fort saines, perdent en peu de jours
les lieux bas et marécageux ne peuvent ad leur énergie; leur poil cesse d'être lisse; ils
mettre le pâturage. Hors de ces deux cas, la se couvrent d'une multitude de poux qui dis
position des herbages de l'une et l'autre sorte paraissent presque aussitôt qu'on leur donne
est à peu près la même ; c'est-à-dire qu'on une autre nourriture, et ils maigrissent à
cherche à les placer dans des sols ou à des si vue d'oeil. —On conçoit qu'en pareil cas il
tuations plushumides que les terres arables.— faut être bien à court d'autres fourrages pour
Lorsque l'humiditéest excessive et stagnante, recourir à celui-là. Heureusement, dans les
■elle constitue les prairies marécageuses ; — années où les prairies artificielles manquent
lorsqu'elle est due aux inondations ou aux par suite de l'aridité de la belle saison, le ma
infiltrai ions périodiques des cours d'eau, elle rais se découvre plus tôt que de coutume, et
donne naissance aux prairies basses ;—enfin, le foin qu'il produit est de meilleure qualité.
lorsqu'elle n'est le produit que des eaux de Dans les années, au contraire, où les fourra
pluie plus ou moins habilement dirigées des ges herbagers réussissent, ce foin uedoit ser-
terrains voisins sur les prairies, ces dernières viren grande partie que de litière. — Cette
prennent communément le nom de prés destination dans une ferme où une portion do
secs. terrain reçoit du chanvre, où, parconséquent,
les pailles sont moins abondantes que dans
§ 1er. — Des prairies marécageuses. d'autres, ne laisse pas d'être importante.
En général, les foins des prairies maréca
Dans les localités où les eaux séjournent geuses exigent plus de soin que d'autres à l'é
•constamment, la nature des herbages est poque de la récolte. Il est bon, pour éviter
telle qu'on ne doit compter sur leurs pro leur complet endurcissement* de les faucher
duits, lorsqu'on peut les récoller, que pour de bonne heure et de les faner avec une at
ajoutera la masse des fumiers. Jedirai même tention foute particulière, car, sans cette
IIAP. 18°. DES PRAIRIES. 485-
lemière précaution, ils noircissent et per dans le cours de la belle saison. Quelque
lent le peu d'odeur qu'on doit chercher à prolongée que soit la submersion en hiver,
eur conserver. J'ai été fort surpris de lire elle n'offre aucun inconvénient pour la qua-
ians Tuaer que, dans quelques cantons litédes herbes.— Lorsque cesprairiess'égout-
l'Allemagne, on préfère les foins bruns aux tent facilement, leur sol, recouvert par des
"oins verts, là, au lieu d'éparpiller l'herbe alluvions continuelles, est d'une richesse plus
'auchée, on la laisse en andains jusqu'à ce qu'ordinaire, et donne par conséquent nais
ju'on la mette d'abord en petites meules, sance à des herbages d'une abondance re
puis en grosses meules qu'on piétine forte marquable; mais, lorsque le fond en est plu»
ment, de manière que le tout s'échauffe et bas que le lit de la rivière, il se forme alors
se transforme pour ainsi dire en une masse une couche végétale semi-tourbeuse, dont
tourbeuse, dont on détache ensuite les frag- les produits sont de qualité fort inférieure.
mens à l'aide d'une hache ou d'une bêche. — A côté de ces prairies, il faut classer celles
Les foins marécageux sont tout disposés à se qui longent les cours d'eau moins considé
décomposer de la même manière. Mais en rables, et sur lesquelles diverses construc
France, on évite le plus possible que pareille tions, propres à élever le niveau du liquide»
chose arrive.— Lorsqu'ils sont vaseux, proba- le font, refluer à volonté. Tantôt ces con
Moment ou pourrait les améliorer à l'aide de structions ont pour, but principal de facili
lamachineà battre.» Quoique je n'aie pas en ter les irrigations; — tantôt, elles sont au .
core eu l'occasion d'exécuter ce travail, dit contraire destinées à faire marcher des mou
M. Mathieu de Domrasi.e, je suis convaincu lins ou d'autres usines. Alors, quoique la
qu'en faisant passer du foin de cette espèce 3uestion d'arrosage devienne très-secon-
dans la machine pourvue du râteau et du aire, il n'est pas impossible, en combinant
ventilateur, on trouverait le moyen le plus convenablement l'époque des barrages, de
efficace qu'il soit possible d'imaginer pour tirer parti d'une telle position, pour obtenir
le débarrasser de la poussière, par l'effet du plusieurs coupes d'un fort bon toin.
battage énergique suivi d'une forte ventila On trouve aussi dans les vallées, au pied
tion. » des montagnes et des collines, des terrains,
On sait que, dans divers pays, on mêle le à la superficie desquels l'eau coule sans y
regain avec de la paille au moment où on séjourner. Ils donnent assez souvent, pen
l'entasse après la fauchaison. On a remarqué dant toute la belle saison, une grande
que cette pratique facilite la dessiccation quantité d'herbes de bonne qualité, qu'on
complète de la masse du regain ; il est pro a soin de faucher dès que l'elat du fonds
bable que si l'on avait quelques restes d'une le permet, et dont on emporte le foin im
semblable mêlée ou de vieille paille, on en médiatement, soit pour le faire consommer
tirerait bon parti en les faisant entrer dans en vert a l'élable, soit pour le sécher. Si, au
un second mélange avec le foin des prairies lieu de s'étendre à la surface, l'eau pénétrait
très-humides. — Pour le rendre plus appétis jusqu'au sous-sol et y séjournait, ces mêmes
sant, il serait souvent assez facile d'y joindre terrains rentreraient encore dans la classe
une petite quantité de mélilot. — Enfin, il est des prairies marécageuses ; mais, comme ils
encore un moyen que la cherté du sel rend offrent ordinairement de la pente, les tra
malheureusement impraticable dans nos vaux d'amélioration sont faciles.
campagnes, malgré son efficacité reconnue: Dans toutes ces localités, le peu de fermeté
il consistée saupoudrer légèrement de cette du sol rend le pâturage à peu près impos
substance chaque couche des foins dont on sible. La fauchaison est alors bien plus pro
craint que la dessiccation ne soit pas assez fitable .sous ce rapport et sous plusieurs
complète au moment où on les élève en autres.
meule. Le sel prévient leur fermentation fu
ture, ajoute à leur qualité, et les reud plus § III. — Des prairies hautes et moyennes.
agréables aux bestiaux.
Il est aussi d'autres méthodes purement Selon la position qu'elles occupent, elles
mécaniques de hâter et de compléter la des peuvent être excellentes ou très-médiocres.
siccation des foins, dont il a été parlé dans le Leur qualité dépend de la nature et de la fer
xie chapitre de ce livre, auquel je renvoie le tilité du terrain qu'elles recouvrent, ainsi
lecteur.— Je n'ai rien à ajouter non plus aux que de celles des collines environnantes que
moyens précédemment indiques de changer les cours d'eau pluviale dépouillent à leur
la nature des terrains marécageux et d'amé profit, et surtout de l'abondance de ces mê
liorer leurs produits. mes cours d'eau dont l'excédant doit pouvoir
s'échapper à travers le sous-sol dans les sai
§ II. — Des prairies basses. sons pluvieuses à l'excès, sans cependant s'é
couler à d'autres époques avec une trop
Le passage des prairies marécageuses aux grande rapidité- — Eu pareil cas, il serait pos
prairies basses n'est pas toujours sensible. sible de citer plusieurs exemples d'une fer
Cependant les dernières, telles que je les ai tilité prodigieuse; mais des circonstances si
définies, se distinguent essentiellement par heureusement combinées sont rares. Beau
la qualité de leurs herbages. Elles occupent coup de prairies hautes sont trop sèches
souvent de larges vallées sur les bords des pour donner du regain; — beaucoup même
fleuves ou des rivières qui les couvrent de ne donnent pas toujours une herbe faucha-
temps en temps, sans nuire autrement à ble. Il en est dont le sous-sol retient les eaux
leurs foins que lorsque les débordemens va au point Qu'elles sont marécageuses une
seux, source de fécondité en automne, après partie de l'année, quoiqu'elles deviennent
les coupes, surviennent accidentellement brûlantes dans l'autre. Aussi, à mesure que
486 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. tav. r**.
l'on apprécie mieux les avantages des prai de pourvoir à la nourriture des herbivores,
ries artificielles, ces sortes d'herbages per les prairies légumineuses en offrent un troi
dent-ils considérablement de leur impor sième sur les terres arables où elles se ma
tance aux yeux des cultivateurs instruits, et rient avec le plus grand avantage aux cultu
Îont-ils successivement défrichés partout où res qui ont pour but direct l'alimentation de
es bons assolemens gagnent du terrain. — l'homme, ou la production des plantes indus
Si l'on n'a eu qu'elles eu vue, je conçois fort trielles.
bien l'opinion récemment émise dans un Dans l'état actuel de l'agriculture française,
journal, que les prés naturels sont une su- malgré le développement que prennent cha
perfétation et une dépense inutile, en ce sens que année l'éducation et l'engrais des ani
qu'ils occupent une place qui pourrait pres maux, leur nombre, aux yeux des économis
que toujours rapporter davantage tout calcul tes, n'est guère plus de la moitié de ce qu'il
fait du prix de terme, de la somme des pro devrait être. Il est .pénible, en effet, de voir
duits, et en définitive du bénéfice net. une partie essentielle de la population con
On a quelquefois cherché à évaluer com naître à peine la viande de boucherie dont
parativement le produit des prairies per elle approvisionne les villes. — D'un autre
manentes et des terres arables. Un auteur côté, au milieu de ses inévitables variations
justement célèbre les a divisées en 6 clas si dommageables, tantôt au cultivateur par
ses, dans l'ordre décroissant de leur fécon suite de l'abaissement du prix et du défaot
dité ; puis, menant en regard les unes des de vente, tantôt au consommateur par une
autres chaque classe correspondante, il cause- contraire, on ne peut pas dire qu'en
est arrivé à ce résultat moyen que la valeur définitive la production des grains dépasse en
d'un champ, dans l'assolement triennal, rien les besoins d'une population incessam
n'est à celle d'un pré que comme deux ment croissante. Il fallait donc trouver les
à trois, lorsque des circonslances de lo moyens, pour qu'aucun intérêt ne fût froissé^
calité n'apportent pas quelque change d'augmenter le nombre des bestiaux et
ment à celte proportion. — En prenant par conséquent celui des fourrages, sans
pour point de départ l'assolement qua étendre les prairies aux dépens des terres la
driennal, d'autres écrivains ont trouvé au bourables. — La première pensée fut d'utili
contraire que le champ rapportait plus que ser les années de repos de la terre ; — la se
la prairie. Pour ma part, j'avoue que j'ai ap conde, d'obtenir davantage sur de moindres
pris à me méfier beaucoup de ces calculs espaces, à l'aide de meilleures combinaisons
dont la précision séduit plus qu'elle n'é de cultures. — Les prairies artificielles en
claire, et que je n'attache pas grande impor offrirent les moyens. Le passé leur doit déjà
tance à des moyennes qui ne peuvent guider beaucoup, et l'avenir peut leur devoir immen-
utilement la pratique locale, ainsi que le sémentencore.
prouve suffisamment le peu de concordance
qu'elles présentent entre elles dans les li § 1".—Des principaux avantages des prairies légu
vres. — La valeur d'une prairie à base de mineuses, dans le système de culture alterne.
graminées, même médiocre, peut être con
sidérable dans les lieux où les terres arables Les principaux avantages des prairies arti
ne sont pas propres à produire avec sûreté ficielles en elles-mêmes, sont: l°dedemander
les meilleures plantes à fourrage; — une Cour la nourriture d'un même nombre de
bonne prairie peut au contraire être moins estiaux une étendue beaucoup moins con
estimée dans les fermes où non seulement on sidérable de terrain, que les pâturages et la
récolte beaucoup de paille, mais où la nature plupart des bonnes prairies de graminées ; —
des terres favorise la culture de la luzerne, 2° de disposer, en général, très- bien la terre
du trèfle,' des choux et d'autres plantes pro à recevoir les plantes économiques les plus
pres à faciliter l'hivernage du gros bétail ou habituellement cultivées et du plus haut
des troupeaux.—A cette considération prin produit ; — 3" de faciliter, conjointement
cipale se joint celle de la proximité ou de avec les racines fourragères, l'adoption du
l'éloignement de l'herbage du corpsdes bàti- système de culture qui a pour base la nour
inens ; — les casualités d'inondations intem riture du gros bétail et même des troupeaux
pestives; — les travaux plus ou moins consi à l'étable pendant la plus grande partie de
dérables d'entretien, etc., etc. l'année, parfois même pendant toute l'année.
Les deux premières propositions méritent
IIe sujet. — Des prairies à base de légumi ici quelque examen. Je parlerai avec plus de
neuses. détails de la troisième au § m.
D'après les évaluations de Gilbert pour
L'introduction et la propagation rapide des l'ancienne général! té de Paris, éval uations qui
prairies artificielles a été presque partont le reposent sur des données aussi nombreuses
principal, parfois le seul élément des amélio que précises, la production moyenne d'une
rations quon remarque depuis un demi-siè étendue déterminée de terrain en prairie
cle dans notre économie rurale. Heureuse eraminée, n'est à très-peu près que la moitié
ment cette vérité est désormais assez sentie de celle d'une luzerne ; un peu plus de la moitié
pour se propager, en quelque sorte, d'elle- de celle d'un champ de trèfle, et elle s'élève
même. — Parmi les terrains les moins pro encore sensiblement moins que le produit d'un
pres aux cultures économiques, il err est que sainfoin et même d'une culture de vesces.
leur nature condamne à rester en pâturages; TnAEB, eu généralisant les expériences qui
— d'autres que leur position basse ou maré lui étaient personnelles ou bien connues, ar
cageuse doit faire réserver en prairies per rive à des résultats plus frappans encore,
manentes. — En dehors de ce double moyen puisque, sans faire la distinction des diverses
HAP. 18'. DES PRAIRIES, 487
irairies artificielles entre elles, il estime
[n'en terme nioven, avec leur concours, on § II. — Des procédés généraux de culture spéciale
btient d'une étendue de moitié plus petite, ment applicables aux prairies légumineuses-
ne nourriture tout aussi abondante. — Enfin
'ai rappelé précédemment que le résultat L'époque à laquelle on doitsemerles plantes
l'une enquête faite par le bureau d'agricul- fourragères de cette utile et nombreuse fa
ure île Londres a élevé jusqu'aux deux tiers mille n'est pas encore et ne peut être déter
a différence en faveur des prairies artificiel- minée rigoureusement. Cependant, les prati
es et des cultures-racines sur les herbages ciens, tandis que les auteurs recommandaient
l'une autre nature. l'automne, ont généralement opté pour le prin
On se rend facilement compte de sembla- temps, parce qu'ils ont cru remarquer que les
>les faits, en considérant, d'une part, que la légumineusesdont les jeunes tiges et les jeunes
plupart des légumineuses sont â la fois plus feuilles sont toujours pleines de sucs aqueux,
ourrageuses et plus nourrissantes, à poids même celles qui redoutent le moins le froid
gai, que les graminées, et de l'autre, qu'on quand elles ont accompli leur croissance, ont
lonne aux champs destinés à recevoir les beaucoup plus à souffrir que les graminées
>remièresunepréparationetdessoinsdecul- des alternatives de gelées et de dégels d'un
ure tout différens de ceux qu'on accorde, premier hiver. — Contre un fait d observa
)arfois seulement, et presque toujours avec tion il n'y a rien à objecter ; — mais d'autres
ropde parcimonie, aux dernières. cultivateurs ont éprouvé aussi que, selon les
Quant à la seconde proposition, qui se rat- espèces et les localités, les semis d'automne,
ache directement à un bon ou mauvais svs- surtout dans les climats qui manquent de
ùme d'assolement, j'aurai peu de choses à pluies printanières, offraient de grands avan-
ijouter à ce qui a été dit au chap. X. — Il ges. Laissons donc chacun prendre conseil de
•st reconnu généralement que toutes les cul- sa position particulière. En pareil cas, quel-
ures herbagères, alors surtout que, comme aues essais ne peuvent être sérieusement
es principales de nos légumineuses, elles ommageables, pécuniairement parlant.
rouvrent complètement le terrain de leur Laquantité de semence qu'on doit employer
ipais feuillage, lorsqu'on ne les réserve pas est un second point d'une importance parti
>our graines, et qu'où les enfouit en partie culière, relativement à la prospérité future
{uelque temps après leur dernière coupe, des prairies légumineuses. — « Les nuages
onnentau sol plus de fertilité qu'elles ne qu'a répandus sur tant de parties de l'agricul
ui en enlèvent, fussent-elles fauchées jus- ture, la manie de tout généraliser, dit Gil
iu'à2cl 3 fois chaque année, ainsi que la lu- bert, semblent s'être épaissis sur cette ques
:erue. Quecela soit dû, conformément à l'opi- tion, » En effet, les variations qui se trouvent
iiondeM.DEC.\NDOLLE,àlauatui'emêmedes à cet égard dans les anciens auteurs sont à
décrétions de leurs racines ; selcn d'autres, à peine croyables. — « Je conviens d'abord,
'absorption continuelle de sucs nutritifs ajoute l'agronome précité dont l'excellent
ju'elles font dans l'atmosphère au profit de ouvrage, couronné par la Société centrale
a terre; à la décomposition graduelle des d'agriculture, en est arrivé de nos jours à sa
létritus qu'elles laissent dans la couche la- sixième édition, je conviens que les plantes
>ourable; à ces diverses causes réunies, dont sont formées ces prairies deviendront
m à toute autre moins appréciable dans l'é- plus grandes, plus grosses, plus vigoureuses;
at actuel de nos connaissances chimiques, il qu'elles donneront enfin plus de fourrage
îe reste guère de doute sur lavéracité du fait lorsque la semence aura été économisée, que
•a. lui-même. — Or, on conçoit de quelle im- lorsqu'elle aura été prodiguée. Les exemples
>ortance peut être en agriculture une récolle que cite M. Tull; les expérieuces faites après
|ui, loin d'enlever quelque chose, ajoute au lui par MM. de Châteauvieux, les membres
contraire à l'ancienne fécondité du sol pour de la Société de Bretagne, et Duhamel, ne
es récoltes suivantes; — qui permet d'equi- laissent aucun doute à cet égard ; mais, la
ibrer conformément aux exigences des asso- quantité de fourrage est-elle donc le seul
cmens et aux besoins de la consommation, avantage qu'on doive rechercher dans les
a production des denrées indispensables, prairies artificielles; n'est-ce pasà la qualité
l'une part à l'existence de l'homme, de Tau 3u'il faut surtout s'attacher? Or, il est hors
re à l'entretien de la vie des animaux, et e doute que la luzerne, le trèfle et spéciale
lui, le plus souvent, sans ajouter aux frais ment le sainfoin, semés dru, sont d'une
le culture, augmente considérablement les qualité bien supérieure à celle de ces plan
>rofits de toutes sortes. Aussi, le premier tes semées plus clair. Le défaut des plantes
:oup a-t-il été porté dans bien des lieux à la de prairies artificielles est en général d'avoir
•outille triennale, par l'introduction des trè- des tiges trop grosses, trop dures, qui oppo
les sur la sole de jachères, et cette plante, sent une trop grande résistance à l'action de-
a seule dont il faudrait parler pour les ro- la mastication, et surtout à celle des sucs dis-
ations à court terme, si elle réussissait par- solvans de l'estomac. Cet inconvénient di
out et toujours, est-elle un des élémeus en minue, il disparait même presque entière
juclque sorte indispensable de l'assolement ment lorsque ta semence n'a pas été épargnée.
juadriennal. Les tigeshont déliées, tendres, ncs'élèveut pas
Nous verrons bientôt, en nous occupant des à une aussi grande hauteur; mais, comme
liverses espèces de légumineuses fourragères elles sont plus nombreuses, elles gagnent en
;n particulier, à quelles conditions on peut quelque sorte d'un côté ce qu'elles perdent
jspérer de les faire concourir, chacune selon de l'autre. — Un autre avantage important,
>a nature et les circonstances, à ces impor- c'est que les plantes très -serrées étouffent,
tans résultats. dès la première année, les plantes étrangères
488 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. un. i**.
qui leur disputent le terrain; elles rendent artificielles en lignes. Toutefois cette pra
inutiles les sarclages si dispendieux et quel tique est si peu fréquente et parait offrir gé
quefois môme si nuisibles aux herbages nou- néralement si peu d'avantages, que je ne
■vellementsortisdeterre.L'un des plus grands m'arrêterai pas à en parler. — Un sujet plus
fléaux pour les prairies artificielles, dans nos importantes! de savoir s'il vaut mieux les se
climats du moins, surtout pour le trèfle et mer seules ou en même temps que les céréa
la luzerne, c'est la sécheresse : les tiges se les. Pour le trèfle, la lupuline et quelques
défendent contre elle; elles dérobent le sol autres légumineuses, la pratique a sanctionné
d'elles recouvrent à l'action de la chaleur la seconde méthode qui est devenue générale.
3 u soleil, et s'opposent à l'évaporation de Mais il n'en est pas tout-à-fait de même de
l'humidité qu'il contient.... — Une autre con la luzerne, du sainfoin, etc. Plusieursagricul-
sidération qui ne paraît pas moins impor teurs ont cru reconnaître qu'un pareil mé
tante et que je tire de la constitution même lange était nuisible aux plantes à longue du
de ces plantes, c'est qu'étant très -serrées, rée, tandis que d'autres, s'ils lui ont reconnu
leurs tiges sont bien moins difficiles à sécher, de légers inconvéniens, ont trouvé que ces
et, quoique je n'aie pas été à même de faire inconvéniens étaient plus que compensés par
cette comparaison, je suis persuadé qu'une les avantages. Toutes les observations qui me
récolte de luzerne qui aura été semée dru, sont personnelles m'ont amené à partager
sera sèche deux ou trois jours plus tôt que entièrement cette dernière manière de
celle dont les tiges auront été plus espacées, voir.
et tous ceux qui savent quel est le prix de Les semis d'automne, faits immédiatement
l'économie d'un jour seulement pour des sur ceux de céréales de la même saison, dont
fourrages coupés, et surtout des fourrages l'usage est peu répandu, n'exigent qu'un lé
artificiels, ne regarderont pas cet avantage ger hersage, ou, selon les circonstances, un
comme peu important. — On m'a souvent ob roulage de plus. Souvent même on confie à
jecté que les prairies semées trop dru ont la première pluie le soin de recouvrir les
une durée bien moins longue que les autres; graines de prairies. — Les semis de prin
c'est une vérité que j'ai observée plusieurs temps sur céréales de mars sont dans le même
fois, mais c'est précisément cette circonsta nce cas. On juge quelquefois prudent de ne ré
qui détermine beaucoup d'agriculteurs à ne pandre les semences herbagères que lorsque
pas épargner la semence. Pressés par l'expi la céréale est levée et déjà uu peu forte, dans
ration trop prochaine de leurs baux, ils se la crainte que la croissance trop rapide de
hâtent de retirer de la terre le fruit de leurs la légumineuse ne nuise à ses produits,
avances; si elle donne moins longtemps, elle comme il n'est pas sans exemple que cela
donne des jouissances plus promptes.... Ce soit arrivé dans les terres très-favorables à
pendant, si l'extrême n'est pas aussi nuisible la végétation du trèfle; mais la manière de
que l'extrême contraire, il n'est pas sans in couvrir n'est pas pour cela changée. — En
convénient. N'en eùt-il d'autre que d'occa- fin, le semis de printemps sur un blé d'au
sioner une dépense inutile, ce serait déjà tomne n'exige pas non plus habituellement
beaucoup. On peut admettre comme principe autre chose qu'un hersage, du reste assez
général, que les plantes vivaces doivent être profitable à la récolte du grain, pour que les
moins serrées que les plantes annuelles, et irais qu'il entraîne soient amplement cou
qu'elles doivent l'être d'autant moins qu'elles verts par l'augmentation de produit.
sont plus vivaces... — On doit savoir encore Dans toutes ces circonstances, on voit que
que la nature du sol, la quantité d'engrais les frais de culture de la céréale ne sont vrai
qu'il a reçue, le temps de l'ensemencement, ment augmentés que du prix d'acquisition
la température atmosphérique et bien d'au des graiues de la prairie; tandis que si cette
tres circonstances encore, doivent apporter dernière devait être semée seule, elle exige
des variations dans cette fixation, etc., etc. — rait la plupart du temps les mêmes travaux
A ce long extrait, je n'ai rien à ajouter. J'in de préparai ion que le blé lui-même. Certes,
diquerai, en parlant de chaque espèce en par une telle considération est importante. Reste
ticulier, quelles sont, dans quelques circon donc à savoir si le serais simultané devra
stances principales, les proportions de se nuire plus tard à l'une des deux récoltes, et
mences qui me semblent convenables. si, dans le cas où il en serait ainsi, il pourra
La préparation du terrain n'offre aucune nuire au point de balancer en perte le béné
particularité, sinon que l'épaisseur de terre fice notable que procurent la diminution des
végétale qui suffit à la rigueur aux céréales, frais de main-d'œuvre et le produit de la
est insuffisante pour les fourrages vivaces moisson. Or, il peut arriver que la première
dont les longues racines, comme celles de la question soit parfois résolue affirma livement.
luzerne et du sainfoin, pivotent profondé mais je doute qu'il en puisse jamais être
ment. Ce n'est pas que le soc puisse attein ainsi de la seconde. — Peut-être, la légumi
dre, ainsi qu'elles le font à la longue, jusqu'au neuse répandue sur un blé ne lèvera pas
sous-sol ; mais il n'eu est pas moins d'obser aussi complètement et ne se développera pas
vation qu'un champ défoncé à une profon aussi vite que si elle eût été semée seule;
deur de 12 à 15 po. (0m 325 à 0m 406) donne mais les bous cultivateurs savent qu'en pre
naissance à des herbages d'une végétation nant les précautions convenables ou peut ob
plus belle, plus productive dès les premières tenir nue prairie suffisamment touffue après
années, et, chose moins facile à expliquer, une récolle très-lucrative de grain, et, si la
plus durable cependant qu'un champ de première coupe est retardée, ils s'en conso
même nature labouré à 6 ou 7 po. (0'" 1G2 à lent facilement par la vente de leur blé et
0m 189) seulement. l'emploi de sa paille.
On sème encore parfois quelques prairies M. de Do.uiiivsLE, qui fait quelquefois biner
:hap. 18". DES PRAIRIES. 489
iu printemps les céréales semées en au- fassent un tort réel aux herbages artificiels
omuc, a trouvé que ce moyen est un des de quelque durée. Aussi, je suis loin de dis
tlus efficaces pour assurer la réussite du suader de les détruire dans leur jeunesse,
rèfle et des autres prairies artificielles. Après au tant que faire se pourra, soit à la main, soit
ivoir parlé de l'insuffisance de la herse dans à la binette. —A celte époque, il faut déjà
es terres fortes, surtout lorsqu'elles sont dis- commencer à regarnir les! vides trop consi
)oséesen billons, il ajoute : « Avec la binette, dérables en répandant des graines de la même
'opération se fait partout avec uniformité, ou de toute autre espèce susceptible d'ajou
t on modifie l'action de l'instrument en ter à la masse des fourrages saus nuire à
employant alternativement, selon que l'exi leur qualité.
gent la dureté du sol, les cornes ou la lame Plus tard, les binages pourront encore être
ranchante. Une semaille de trèfle couverte utiles pour raviver une prairie sur le retour.
linsi se trouve certainement placée dans les Si mieux on n'aime la défricher quand on la
:irconstances les plus favorables pour la ger- voit par trop faiblir, un hersage énergique,
ui nation de la graine et la prompte crois- un ou deux traits de scarificateur, et l'appli
lance des jeunes plantes. J'ai ensemencé cation d'un riche compost devront encore
;ette année (1825) par ce procédé, VJ hectares lui rendre quelques années de fécondité;
le trèfle ou de ray-grass sur des fromens, mais ce sera le dernier effort de la nature et
lans des terres argileuses, où la réussite du la dernière ressource de l'art.
rèfle est en général très-casuelle, à cause de
a difficulté d'y couvrir convenablement la § III. — De l'emploi du produit des prairies légu
iemence, et on n'y rencontrerait pas un mè mineuses considéré comme base du système d'é
re carré où les plantes n'aient parfaitement ducation des animaux à l'étable.
-rhissi. »
Un autre moyen d'assurer la réussite des On étend trop souvent le pâturage jus
irairies légumineuses, tant dans les céréales qu'aux prairies artificielles. Les graves in-
ie printemps que dans celles d'hiver, est le convéniens qui résultent, on peut dire jour
ilâtrageau moment de la semaille. « Je dois, nellement, de cette coutume sur la santé
lit encore le savant rédacteur des Annales des animaux, devraient la faire abandonner,
ie Jioville, la connaissance des avantages de sauf le seul cas où ces prairies, arrivées au
:ette pratique à l'un des hommes de France terme de leur existence, ou manquéesau se
I ni possèdent à la fois le plus d'instruction mis, ne sont point assez garnies pour être
>ratique sur l'art agricole, et les plus vastes profitablement fauchées. En cet état, les lé
■oiinaissances en agrouomie et en économie gumineuses se trouvent mêlées à une foule
>olitique,à M. le vicomte Emmanuel d'Hah- d'herbes adventices qui diminuent leur fâ
:ourt. Mes expériences ont parfaitement cheuse influence. Encore, si elles dominent
confirmé les résultats qu'il avait obtenus, et beaucoup, faut-il prendre la précaution de
e considère cette pratique comme un des mettre le gros bétail au piquet pour fixer sa
noyens les plus certains d'assurer la réussite ration du jour, et, dans tout état de cause,
l'une récolte de trèfle, de luzerne ou de n'introduire les troupeaux que lorsque le so
.ainfoin. Je répands un hectolitre de plâtre leil a pompé une partie des sucs gazeux ac
>ar hectare, en même temps qu'on sème la cumulés durant la nuit dans les jeunes tiges
>rairie artificielle, c'est-à-dire la moitié seu- et les feuilles de ces plantes dont l'abus
ement de ce qu'on met ordinairement sur cause si facilement la météorisation.
in trèfle àsa seconde année, et, au printemps La véritable manière de faire consommer
uivant, j'en répands encore une même en vert ou en sec les fourrages légumineux,
1 nautile si la récolte me parait en avoir bé c'est à l'étable, ou, faute d'établesassez saines
nin. — Le plâtre, employé avant la germina- et assez grandes pour y laisser constamment
ion des graines, produit des effets tellement les animaux, dans une cour disposée convena
inergiques, qu'il est bon de prendre quel- blement pour cette destination ; ou encore
Iues précautions pour empêcher que le trè- dans des parcs mobiles transportés chaque
e nuise trop considérablement, par la vi année près des soles qui doivent fournir la
gueur de sa végétation, àla céréale à laquelle plus grande partie des fourrages.
m l'associe. » On a fait contre ce système, ou plutôt con
J_,'amendement ou plutôt le stimulant par tre le système général des prairies artificiel
■xcellence pour les légumineuses est donc, le les substituées en toutou en partie au pâtu
ildtre{Voy. pag. 71 et suiv.). Du reste, tous les rage, plusieurs objections qui toutes se ré
•ngrais dont j ai parlé dans la section précé- duisent à 3, savoir : le besoin*d'air et d'exer
leute peuvent être employés avec un égal cice pour les animaux, et la moindre qualité
uccès sur les herbages de diverses sortes. de certains de leurs produits; — la casualité
Lorsque les prairies légumineuses sont se- des récoltes de trèfle ou d'autres légumineu
aées assez épais, il est rare qu'elles aient ses;— l'augmentation de frais de diverses sor
tesoin de sarclages. Il faut qu'elles ne végè- tes. — Il convient d'examiner séparément
ent que faiblement ou qu'on les ait semées ces différens points.
lans des terrains bien infestés de mauvaises Quant au besoin d'air et d'exercice, et à la
Lerbes, pour que celles qui se montrent d'a- qualité des produits, il faut s'entendre. Il est
,ord ne soient pas bientôt détruites. An- certain que dans beaucoup de lieux la mau
nielles, elles sont peu à redouter, puisqu'on vaise disposition et les étroites dimensions
»s fauche avant qu'elles aient pu gi-ainer; des étables rendent indispensable de n'y ren
ïvaces, elles sont rarement nombreuses sur fermer que le moins possible les bestiaux;
>s terrains bien assolés. Il peut arriver ce- mais cette difficulté n'est pas insurmontable,
endant que quelques-unes de ces dernières puisque partout on peut trouver en plein air
AGRICULTURE. tome I. — 62
490 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. liv . jer .
un emplacement où il sera facile d 'étendre à l'étable exige pour le fauchage journalier,
la litière et d 'affourager comme à l'étable , à le transport du fourrage, la distribution des
toutes les époques où l'on est dans l'usage de litières et le travail des fumiers, plus de ma.
laisser vaguer les animaux . - En second lieu , tériel et de main - d 'œuvre. Cette augmenta
pour ceux de travail, le repos est bien plus tion dans le cheptel mort, et le nombre de
souvent nécessaire que l'exercice, de sorte journaliers, est surtout sensible dans les
que l'objection tombe encore d 'elle -même en grandes exploitations. Le capital en circula
ce qui les concerne. Restent donc les jeunes tion doit y elre nécessairement plus copsi
animaux, les vaches laitières et lesmoutons. dérable, mais aussi c 'est là que l'augmenta
A leur égard, les avis sont partagés, et, pour tion de produits est plus importante , car elle
ma part, j'avoue que je ne crois pas qu 'on est toujours en rapport avec les avances
doive les tenir constamment renfermés en de qu 'on peut faire au sol. Refuser ces avances
trop étroites Jimites. Il m 'est démontré que là où elles sont profitablement possibles, ce
les jeunes élèves se développentmieux lors- serait à peu près laisser un champ fertile en
qu 'on les abandonne entièrement à eux-mê- jachère pour éviter les frais de labour , on
mes au pâturage pendant une partie de la perdre la moisson dans la crainte de payer
journée. Je dirai aussi, tout en reconnaissant les moissonneurs.
combien il est avantageux de donner du four Les avantages les plus marqués que pré
rage vert aux vaches, au moins au milieu dusente la consommation , à l'étable, du produit
jour, pendant les fortes chaleurs et à l'épo - des prairies légumineuses etdes racines four
que où la plupart des herbages ontperdu leur ragères, sont les suivans : 1° la diminution
fraicheur, que l'exercice qu'on leur permet de détenilue de terrain réservé pour la nourri
prendre le soir et le matin est éminemment ture du bétail. Cette proposition a été suffi
favorable à leur santé comme à la sécrétion samment démontrée précédemment.
et à la bonne qualité de leur lait. - Enfin , con - | 2° L 'économie de nourriture . En effet, les
formément aux opinions assez généralement animaux ne détruisent pas seulement les
répandues parmi les bergers, je crois encoreherbes pour s'en nourrir ; ils leur núisent
que le système de nourriture à l'étable,pourplus ou moins, soit en les foulant aux pieds,
les moutons, doit s 'allier à celui du påturage ,
en se couchant dessus, ou en les rendant
autant dans l'intérêt des animaux que par moins appétissantes par leur haleine ; - soit
suite de l'impossibilité de faire autrement en répandantleursexcrémens en trop grande
dans beaucoup d 'exploitations agricoles. quantité sur un seul point ;-- soit enfin en les
La casualité des récoltes que donnent les broutant de trop près pendant les fortes sé.
prairies artificielles n 'est guère plus grande cheresses , ou même en les arrachant dans
que celle de tout autre herbage. A la vérité, quelques cas. Contre ces divers inconvéniens,
dans les domaines dont le sol est varié, si la nourriture à l'élable est un remède cer
l'on s'obstinait à cultiver partout du trèfle tain ; là , tout se consomme et rien n 'est
ou de la luzerne, il pourrait bien arriver que perdu .
ces plantes ne donnassent pas les produits | 3° L'abondance de cette même nourriture
qu 'on croyait devoir en attendre, ou qu 'elles pendant toute l'année lorsque l'assolement
manquassent même tout- à -fait, de sorte que, est bien entendu ; - la convenance de four
faute de prairies permanentes ou de pâtura - rages verts à l'époque des sécheresses, et de
ges, on se trouverait fort embarrassé de racines aqueuses alliées au foin pendant l'hi.
pourvoir à la nourriture des herbivores ; ver ; - enfin , la possibilité de réserver pour
mais un cas semblable ne peut être prévu une année moins féconde l'excédant de
dans une exploitation bien dirigée et bien as - nourriture d 'été que le bétail n ' a pas con
solée. Si les légumineuses y manquent, ce ne sommé. .
sera ni parce qu 'on les aura placées sur une 4° La moindre déperdition d 'engrais : parce
sole quine leur convient pas, ni parce qu'on que , saps nier que ceux qui sont disséminés
n 'aura pas pris les soios nécessaires à leur sur les pâturages, lorsqu'on prend le soin de
culture ; la saison seule aura été un obstacle les répandre , soient véritablement profi
à leur succès, et la saison aurait tout aussi tables, il est bien certain qu 'ils le sont infini
bien arrêté le développement d 'autres her- mentmoins dans ce cas que si on les utilisait
bes . Le meilleur moyen d'échapper à la di- à la culture des champs ou à la formation de
sette accidentelle des fourrages, c 'est de va - composts propres à être répandus sur les
rier les produits fourragers ; et, à ce sujet, il | herbages.
faudrait parler longuement des racines, si l 5° L 'amélioration du bétail, en ce sens
cette tâche n 'était déjà remplie . Je rappelle qu'avec les soins convenables, qui consistent
rai senlement qu 'elles offrent cela d 'avanta - / à le mener à l'abreuvoir , à le faire baigner et
geux, dans leurs rapports avec l'alimentation à lui faire prendre de temps en temps l'exer
à , l' étable ou au parc, que, lorsqu 'elles sur- cice qui convient à son espèce, à son âge et à
abondent, elles permeitent d 'augmenter le sa destination ultérieure, on peut, non seu
nombre de beufs à l'engrais ; - qu 'elles sont lement le conserver en parfaite santé dans
d 'ailleurs susceptibles d 'être utilisées pour les cas ordinaires, mais le préserver de la
la nourriture de l'homme, et qu 'elles se prês plupart des maladies les plus dangereuses
tent en outre , dans l' état industriel de la qui l'atteignent au pâturage, telles que l'in
France, à divers usages qui leur assurent, flammation de la rate, la météorisation, la
dans beaucoup de localités du moins, un dé pourriture, etc .
bit assuré. 6° Enfin , la plus grande facilité de faire
L 'augmentation des frais est une objection succéder les récoltes fourragères et celles de
plus fondée , quoique souvent on s'en exagère grain dans un court espace de temps , et
l'importance . Il est certain que la nourriture | l'accroissementde valeur des produits du sol,
CHAP 18%. DES PRAIRIES: 491
ainsi que j'ai taché de le démontrer en trai- - enfin , entre les herbages fauchablesou de
tant des assolemens. pâturage, dont on abandonne insoucieuse
ment la formation au hasard , et ceux dans
SECTION . II . De l'étendue relative des her . | lesquels on associe avec discernement les es
bages et du nombre de bestiaux nécessaires pèces les plus propres à bien garnir le ter
dans chaque exploitation . rain , à croitre, à mûrir ensemble, et à pro
curer aux bestiaux la meilleure nourriture
S 'il est vrai que les fourrages, de quelque possible .
pature qu 'ils soient, sont une base indispensa Dans les calculs que GILBERT a faits avec
ble de toule exploitation agricole, après avoir un soin particulier sur toute l'ancienne géné
étudié les moyens de se les procurer , il de - ralité de Paris, tandis qu 'il neportait le pro
vient d 'une haute importance de savoir pro - duit moyen des 138 ,000 arpens de prairies
portionner leur étendue à celle des autres artificielles qui y existaient de son temps ,
cultures économiques ou industrielles. La qu 'à 2 ,500 livres de fourrage sec pour chacun
question qui se présente à ce sujet est fort d 'eux, il estimait que l'arpent de luzerne en
complexe ;aussi ne doit-on pas s 'attendre à la donnait 4 ,604 , — celuide trèfle, 3 ,561, - celui
voir résolue dans un livre avec une rigueur de sainfoin , 2 ,946 ,-- et celui de vesces, 2 ,733.
mathématique ; car, pour qu 'il en fût ainsi, ! Or, si l'on cherchait à calculer de la même
non seulement il faudrait savoir positivement manière la différence des produits des pâtu .
quelle étendue de pâturage ou de prairies rages naturels et artificiels , il est hors de
peut suffire à la nourriture d 'une tête de bé- doute que cette différence serait proportion
tail, ce qui varie , pour les mêmes espèces, en nellement, en faveur des seconds, beaucoup
raison de la différence du climat, de la na. plus tranchée encore.
ture , de la position du sol et de la qualité Ce n 'est pas tout : assez ordinairement on
des plantes fourragères ,mais il faudrait aussi range les animaux herbivores , eu égard à la
indiquer le nombre des bestiaux de chaque quantité de nourriture qu'il convient de don
sorte que l'on doit élever, engraisser ou en - | ner à chaque espèce, de la manière suivante :
tretenir , ce qu 'il n 'est possible de faire, pour - uncheval, - un bæuf, - une vache, forment
chaque localité, qu 'après avoir étudié tout chacun une tête à laquelle correspondent 3
le système de culture qu'on a cru devoir y têtes de veaux d 'un an ,ou une tête 1/ 2 de veau
adopter . de 2 ans, ou , selon les races, de 6 à 12 têtes de
Je connais peu de sujets en agriculture qui bêtes ovines ; mais on sent qu 'une telle éva
aient davantage appelé la discussion que la luation est encore d 'un vague tout aussigrand ,
première partie de ce problèmemultiple, et car non seulement la plupart des chevaux
malheureusement chacun , en voulant le ré - mangentdavantage que lesbêtes à cornes, inais
soudre, n 'a pas toujours assez senti qu 'il fallait le beuf mange plus que la vache , et, certes,
étendre les observations au -delà des étroites il n 'y a pas d 'exagération à dire qu 'une belle
limites de telle ou telle contrée, ou éviter vache normande consomme trois fois autant
de donner aux résultats de ces mêmes ob - de fourrage qu 'une vache solognote ; tandis
servations, quelque précises qu 'elles fussent, que 14 à 15 brebis de la seconde de ces con
un caractère de généralité. – Si l'on suppose trées équivalent à peine à la moitié de ces
up sol parfaitement demême pature , exposé animaux, bien nourris et de belle race , quoi
iciau soleil et aux étés sans pluies de la Pro - que de même espèce, tels qu 'on peut les ren
vence, là au cielnuageux, aux vents humides contrer dans le Berry .
et aux marées pluvieuses de la France occi- A côté de toutes ces difficultés, auxquelles
dentale , on aura , dans le premier cas, une ajoute encore la différence de nourriture des
garigue inféconde , où les cistes et la lavande bestiaux dans les localités où les racines
peuvent seuls épanouir leurs fleurs à côté du peuvent être profitablement cultivées et dans
myrte, et dont l'unique habitante parait celles où le fermier n 'a encore d'autres res
être la cigale ; - dans le second , un pâtu - sources que le foin et les pâturages, on sent
rage vert encore au milieu de la saison des combien il est difficile d 'arriver à calculer
sécheresses et couvert de gras troupeaux . d 'une manière seulement approximative l' é
Puis, transportez ce même terrain dans la tendue des divers herbages, d 'après les quan
plaine de Nimes, ou dans la riche Toscane, à tités nécessaires de chacun d 'eux , pour entre
côté de quelques-uns de ces cours d 'eau qui tenir une ou plusieurs têtes de bétail, puisque ,
répandent sur tout ce qu 'ils approchent une hors de localités assez restreintes et souvent
fécondité inconnue aux régions du nord , au dans des exploitations tout- à -fait voisines, les
lieu d 'un pâturage, vous verrez une riche animaux , selon la race à laquelle ils appar
prairie tomber et renaitre 5 ou 6 fois sous la tiennent ou le régime auquel on les soumet,
faolx dans le cours d 'une seule saison . mangentou beaucoup plus ou beaucoup moins,
Lorsque l'influence du climat se compli. tandis que les prairies peuvent donner des
que de la variété des terrains et des herba - | produits complètement différens.
ges, la question devient encore plus insolu - En termemoyen , THAER admet qu 'un cheval
ble ; car il y a tout autant de différence de labour, pourri à l'écurie , demande annuel
entre un coteau à couche labourable , peulement, outre l'avoine ou autres grains qu 'il
épaisse, une lande sablonneuse ou crayeuse et suppose lui être donnés en suffisance, 7 ,500
un vallon profond ou une terre à luzerne, livres de Berlin de gros fourrage, dont un tiers
qu 'entre les saisons du nord et du sud de la en foin , soit 2 ,500 livres, et les deux tiers en
France ; -- entre le produit du petit nombre paille ; - - qu 'une bonne vache laitière de taille
de plantes qui végètent parfois à grande moyenne , ou un bæuf de traitnourri à l'étable ,
sur les mauvais fonds, et celles bien consomme, dans le même espace de temps,
plus nombreuses quiprospèrent sur les bons; I en nourriture eten litières, 4 ,500 liv. de paillé
492 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGERES. LIT. I".
et pareille quantité de foin (les diverses de toutes sortes on doit entretenir sur l'ex
nourritures' vertes étant réduites à cette ploitation, pour obtenir la quantité d'engrais
espèce). Il a calculé que, lorsque ces animaux suffisante a la production des grains et des
sont mis pendant le jour au pâturage, ils ont autres produits de la culture.
assez de 4,000 livres de paille et de la quantité Dire au juste et d'une manière absolue ce
de racines qui, réduite en foin, ferait l'équi qu'il faut de fumier pour fertiliser une éten
valent de 2,800 livres : en tout 6,500. A Ro- due donnée de terre pendant un temps voulu,
ville, les chevaux reçoivent par tète, pendant et, en étendant cette proposition, combien de
6 ou 7 mois de l'année, une ration de 10 kilog. têtes de bétaililfautpour produire les engrais
de foin ou de luzerne sèche, avec une addi raisonnablement nécessaires pour cela, est
tion de grains et de carottes qui représente tout aussi difficile que d'indiquer de la même
encore une quantité à peu près égale de four manière la quantité de tel ou tel herbage qui
rage sec. Pendant le reste de l'année, ils sont doit suffire partout à la nourriture d'nn che
nourris de fourrages verts avec un peu de val, d'un bœuf, etc. — La qualité chimique,
grain, et l'on peut supposer que leur ration, la disposition physique du sol; — le retour
pendant cette partie de l'année, forme l'é plus ou moins fréquent des récoltes céréales
quivalent de la ration donuéeen fourrage sec. ou industrielles; — la durée des prairies arti
On ne peut donc s'éloigner beaucoup de la ficielles et bien d'autres circonstances font
vérité, en évaluant à 20kilog.de foin par jour, varier la quantité d'engrais en raison de la
ou à 7,300 kilog. par an, la consommation de fertilité du sol. Ainsi, dans un champ crayeux
chaque cheval pour tous les genres de nourri où l'on ne peut rien obtenir qu'à force de
ture. —La ration des boeufs à l'engrais, tanten fumiers;— dans un sable qui laisse s'écouler
foin qu'en racines et en tourteaux, doit être avec l'eau des pluies tous les sucs extractifs
considérée comme approximativement égale qu'il contient; — en des localités où. deux
à celle des chevaux. — Celle des vaches peut plantes, comme le froment et le lin ou le chaa-
s'évaluer à moitié de celle des chevaux et des vre,se succèdent sans interruption, on ne in
bœufs à l'engrais. — Quant à la ration de géra certainement pas qu'il ne faille pas plus
la bergerie, elle est environ, pour chaque tête d'engraisque dans une terre franche, profon
de bête adulte, d'un kilog. de foin ou l'équi de et substantielle; — sur un fonds argile-sa
valent en racines ou en nourriture prise aux bleux assez compacte pour retenir au profit
pâturages, etc. La consommation de chaque des racines l'eau et les engrais qu'elle dissool;
bêle à laine représente donc à peu près 365 — sur un champ rendu tous les 5 ou 6 ans i
kilog. de foin par an. la production des herbages naturels ou arti
Yvart portait, en terme moyen, d'après la ficiels, ou fécondé de 4 en 4 ans par une ré
pratique d'Alfort, la provende de chaque tête colte partiellement enfouie, etc.
de gros bétail à 5 et 6,000 kilog., quoiqu'il Cependant, à défaut de règles bien préci
eût reconnu qu'elle est parfois beaucoup plus ses et bien générales, il n'est pas impossible
considérable; tandis que Gilbert, faisant à la d'arriver à des données utiles. — ) Pour les
vérité abstraction des pailles, de l'avoine, du Jermes dites à grain, nous avons vu un agro
son, et, très-probablement, quoiqu'il ne le nome praticien, bien connu par ses belles ex
dise pas, des herbages de pâture consommés périences sur les assolemens, trouver que.
annuellement parles mèmesanimaux, n'esti chez lui {Voy. pag. 267), chaque bête bovine
mait qu'à 4,000 livres (2,000 kilog.) le four ou chevaline consommait tout j uste, en paille
rage sec qu'on leur donnait de son temps de froment et d'avoine et en fourrages verts
dans la généralité de Paris. et secs, ce que peut fournir un demi-hectare
De ces données, telles diverses qu'elles de chaume de ces céréales, et un demi-hectare
soient, il ressort cependant une vérité utile : de bonne prairie artificielle, tandis qu'elle
c'est que, si l'on ne peut présenter des calculs donnait en fumier 12 tombereaux de 3.6001
tout faits aux cultivateurs d'un pays entier, 4,000 livres chacun (1 ,800 à 2,000 kilog.) paran,
chacun, selon les circonstances et les lieux c'est-à-dire autant qu'il en faut dans l'asso
dans lesquels il se trouve, — d'après la con lement adopté à la Celle-Saint-Cloud, et
naissance qui lui est acquise des herbages, et, sorte qu'il arrivait à cette conclusion qu'a*
si je puis m'exprimer ainsi, de la capacité des seule tête de bétail suffit pour deux hectares,
animaux qu'il possède, pourra facilement ar et qu'un quart de l'exploitation seulement
river, pour son propre compte, à savoir com doit être cultivé en prairies artificielles.
bien, avec l'aide des pâturages et des racines Aux yeux de beaucoup de ceux qui se soet
fourragères, il lui faut d'étendue de prairies de soigneusement occupés de leur comptable
diverses sortes, po.ur entretenir tel ou tel nom agricole, la culture des grains est une àe
bre de bestiaux; et ceci est fort important , plus productives, sinon la plus productive.
non seulement en théorie, mais en pratique, pour la grande généralité de la France
car il vaut mieux vendre du foin dans les an lorsqu'elle est bien combinée; car, soit dit ei
nées ordinaires, .que des bestiaux dans les passant, si on la charge, comme dans l'asso
mauvaises, et les engrais qu'on obtient tou lement triennal avec jachère, de 3 années «
jours en quantité plus considérable d'animaux loyers et d'impôts du terrain pour deux rècoi-
copieusement nourris, l'augmentation de pro tes ; — du prix exorbitant des labours ie
duit en chair, en laitage et même en force la première année et de celui des engrais.il
musculaire, sont des compensations plus que est iort douteux qu'elle donne habituelle
suffisantes à un léger surcroît de consomma ment, et je pourrais attester qu'il est mtof
tion. assez rare qu'elle donne un bénéfice net <b
Après avoir cherché ce qu'une étendue quelque importance. — Le propre d'un mau
donnée de prairie peut nourrir de têtes de vais assolement est à la fois de diminuer U
bétail, il reste à savoir combien de bestiaux production des fumiers et d'augmenter k
BAP. 18e. DES PRAIRIES. 493
>esoin qu'on éprouve de s'en procurer. — Le duisent ici que 164 kil. de fumier (1). — Enfin
)ut d'un bon assolement est, au contraire, les cochons, dont, le nombre est très-variable
ion seulement d'ajouter à la masse des en sur la ferme, donnent encore une certaine
trais, mais encore de les employer, à quan- quantité de fumier quf n'a pu être évaluée
ité égale, bien plus profitablement et par comparativement à la nourriture de chaque
conséquent plus économiquement; d'où il animal.
loit résulter non seulement que sur des élen- D'après ce calcul, chaque cheval produi
lues égales on obtient plus de blés, mais en sant 25 voitures de fumier, si l'on estime à 50
core qu'il est possible d'étendre davantage de ces voitures la quantité nécessaire pour
eur culture sur la ferme. — On sent com- fumer un hectare, il faudra 2 chevaux par
>ien il serait avantageux qu'un quart de la hectare; — un peu moins de 2 bœufs de
)ropriétépûtsuffire pour fumer tout le reste, travail;—environ 1 1/2 bœuf à l'engrais; —3
roulefois, il devient indispensable de faire ob- vaches; —et, en admettant qu'on ne fît jamais
erver, à propos de l'exemple que je viens de parquer les moutons, environ 50 de ces ani
:iter,que d'une part M. de Vindé récolte par maux dont je suppose ici que les excrémens
îeclare, tout regain compris, jusqu'à 1200 auront été réunis à la masse générale des en
>ottes de fourrage, poids marchand de 10 à grais pour compenser le défaut d'énergie de
1 livres, c'est-à-dire plus de 12,000 livres, ce ceux des bêtes à cornes.
jui serait, pour beaucoup de lieux, uneesti- A la vérité, au lieu de 50 voitures de fumier,
nation évidemment forcée; et que de l'autre, c'est-à-dire de 32,500 kil. par hectare, il est des
en nourrissant ses troupeaux de toutes sor- lieux où l'on en met et où l'on peut en mettre
es à l'étable et en leur donnant une litière raisonnablement moins; mais il en est aussi où
rès-abondante, il obtient une quantité d'en- cette quantité ne paraîtra que suffisante. A la
;rais qui dépasse, par tête de bétail, ce qu'on vérité encore, ce n'est pas à beaucoup près tous
>eut espérer dans les circonstances ordinai- les ans qu'il faut revenir à une pareille fu-
•es ( de 21,600 à 24,000 kilog. ). mure.-II est des terres qui ne comportent pas
A Roville, la nourriture de chaque cheval une grande quantité d'engrais à la fois, mais
ituiit, comme il a été dit plus haut, de 7,300 qui ont besoin d'être fumées souvent ; —
(ilog.,la quantité de fumier produite par tête d'autres au contraire qui gardent mieux l'en
:st de 25 voitures du poids moyen de 650 grais, de sorte que ce ne peut être qu'après
ùl. chacune, en tout 16,200 kil. ou 222 kil. avoir fait une étude approfondie des divers
le fumier par 100 kil. de fourrage; et cepen- terrains de chaque exploitation, de l'assole
lant la litière est toujours en quantité siil'fi- ment qui lui convient le mieux et de l'éten
iante pour absorber toutes les urines, car l'é due de soles qu'on devra fumer chaque année,
curie est construite de manière qu'aucune 3u'il deviendra possible de savoir de combien
>artie de ces dernières ne peut en sortir, en 'engrais on aura besoin.
iorte qu'on est forcé de les faire absorber En quelques circonstauces on fume tous les
lans la rigole qui règne derrière les animaux. deux ans;— le plus souvent, c'est tous les trois
- Quant aux bœufs à l'engrais, M. de Dom- ou quatre ans; — parfois seulement tous les
iasle a trouvé bien souvent qu'une écurie six ans.—Dans l'assolement quadriennal, que
contenant 12 de ces animaux, du poids de 3 je prendrai pour terme moyen, pour peu que
i 400 kil. chacun, donnait 9 voitures de fu les terres soient de bonne qualité, on ne ré
mer par semaine, ce qui fait, par tête de pand annuellement de fumier que sur un
>œuf, pour l'année entière, 39 voitures, soit quart de celles qui sont régulièrement asso
!5, 350 Kil., c'est-à-dire beaucoup plus que les lées. {Voy. l'art. Assolement.)
chevaux, quoique la masse des alimens soit Ainsi, partout et toujours en agriculture,
i peu près la même. Cette différence vient les circonstances locales veulent être d'abord
l'abord de ce que ces derniers passent une attentivement étudiées. Le savoir qu'où ren
>artie du temps hors de l'écurie, tandis contre dans les livres doit pouvoirfaciliter
[ue les bœufs n en sortent pas pendant toute cette étude,et, lorsqu'ils sont bien faits, guider
a durée de l'engraissement ; et, probable- encore l'esprit intelligent vers les améliora-
nent aussi, de ce que les excrémens du bœuf, lions possibles. Heureux l'auteur conscien
i.i ut plus liquides que ceux du cheval, exi cieux qui'pourra approcher de ce double but,
gent plus de paille pour les absorber. — Les et qui saura faire comprendre l'utilité des
saches, dont la ration est environ moitié nioiu- théories en les dépouillant du faux brillant
Ire que celle des bœufs, produisent du fu- dont on les a trop souvent entourées!
nier à peu près dans la même proportion
I ii e ces derniers relativement à la quantité Section iv. — Des diverses plantes fourra
le nourriture, c'est-à-dire approchant d'une gères propres à être cultivées sous le climat
ingtaine de voitures. — Les moutons pro de la France.
luisent environ 600 kil.de fumier chacun, en
léduisant celui que l'on peut raisonnable- § I". — Des graminées.
neut imputer aux agneaux, et celui qui est
I i sséminéau parcage. Comme ils consomment La famille des graminées, dont les senien- , -
>ar tête de bêle adulte 1 kil. de foin ou l'é- ces farineuses fournissent aux habitans d'une
[uivalent, onvoitque 100 kil. de foin ne pro grande partie du monde leur principale,
(I) Ala vérité, le fumier de mouton est plus puissant et plus actif, à poids égal , que celui de bœuf,
c vache et même de cheval ; mais il ne demeure pas moins démontré , par de semblables faits , que
évaluation par tête de bétail , lorsqu'il s'agit de la production du fumier , est Tort différente de celle
u'on peut faire, quand on n'a en vue que la quantité de nourriture nécessaire a chaque animal.
O. L. T.
494 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. LIV . jer
(1) Mon confrère VILMORIN , l'un des hommes qui se sont le plus occupés de l'étude compara
tive des graminées fourragères dans la culture en grand , a mis à ma disposition son excellent her
bier. - De nombreuses citations apprendront au lecteur que ce n 'est pas à ce seul titre qu 'il aura
contribué à la rédaction des pages suivantes , 0 . L . T.
CHAP. 18 . DES DIVERSES PLANTES FOURRAGÈRES. 495
Fig. 645. moios abondant, il possède en compensation
la propriété de mieux réussir sur les ter
rains élevés, de qualité mêmemédiocre. On
le voit solivent croitre spontanément dans les
champs cultivés. Après la moisson des cé
réales, il procure aux troupeaux un pâturage
excellent. — YVART s 'est bien trouvé de le
méler parfois à des trèfles et à d 'autres prai
ries artificielles .
: Le Vulpin genouillé ( Alopecurus geniculatus,
Lin .) (fig. 647), vivace, a les panicules plus
courtes que les deux Fig . 647.
espècesprécédentes ;sa
couleur est d 'un vert
plus franc; — ses fleurs,
quelquefois tout-à -faite
glabres à la base de
l'épi, sont iégèrement
velnes à la sommité ,
- ses tiges sont forle
ment genouillées .
Ce vulpin , qui croit
naturellement au bord
des élangs et dans
beaucoup de lieux hu
mides , est particuliè
rement propre aux ter
rains marécageux . Son
fourrage est de meil.
La rapidité avec laquelle il accomplit les leure qualité que celui
diverses phases de sa végétation , rapidité si de beaucoup d 'autres
grande qu 'il n 'est pas rare de le voir épiller plantes de semblables
deux fois la même apnée, lorsqu 'il a été localités. Les vaches ,
fauché de bonne heure une première fois , les boufs et les chevaux s'en accommodent
rend assez difficile de l'allier avec d 'autres et s'en trouvent fort bien .
gramens ; cependant il en est, tel que le ray : FLÉOLE (Phleum ).Glume à deux valves tron .
grass, la houque et diverses bonnes espèces, quées et surmontées de deux pointes , à une
qui arrivent à leur point de fauchaisop lors - seule fleur ; – balle plus petite que la glume.
queles tiges du vulpin des prés sont encore (Voy. les détails de la fig :648.)
succulentes . Fléole després (Phleum pratense , Lin .), Thi
Cet excellent fourrage aime la fraicheur | mothy des Anglais, fléau , etc. ( fig. 648 ), vi
autant qu 'il redoule une humidité stagnante. Fig . 648.
Il convient particulièrement aux prés bas,
aux étangs desséchés, mais il s'accommode
rait fort mal des fonds marécageux, — Il ne
redoute nullement les froids de nos climats ,
aussi peut-on le semer de bonneheure en au
tomne ou au printemps. - M . VILMORIN re
commande de répandre environ 20 kilog. de
graines par hectare.
Le Vulpin des champs ( Alopecurus agrestis , .
Lin .) ( fig. 646 ) est vivace. Il se distingue fa
Fig. 646 . cilement du précé
dent, non seulement à
ses glumesabsolument
glabres , mais à la sim
ple inspection de sa
panicule cylindrique ,
beaucoup plus grêle et
plus alongée,guiprend
souventune teinte d 'un
vert purpurin . — a
glume; - b balle ex
traite de la glumeetvue
au moment de la flo
raison .
Il s'élève communé.
ment moins, mais il
talle peut- être plus en
core que le vulpin des
prés, et s'il donne en vace ; sa tige, articulée, droite, feuillue, s'é ,
définitive un fourrage I lève au-delà de 3 pieds (1 mètre); – l'épi, cy.
496 AGRICULTURE : DES PI. ANTES FOURRAGERES. uv.i»
lyndrique, grêle et serré, est long d'environ Moulins, ten- Fig. C49.
4 po.;—les balles sont petites, blanches à l'ex dent fortement
térieur, vertes sur les cotés. à faire «croire
Ce gramen, justement vanté par les An que la même
glais à cause de l'abondance de ses (ânes et plante peut uti
de la bonne qualité de son fourrage pour les liser desserres
bestiaux de toutes sortes, a depuis long calcaires assez
temps été semé isolément pour en faire des maigres , des
prairies artificielles. — Il se plaît de préfé terrains grani
rence et donne ses meilleurs produits dans tiques très -
les terrains humides, quelle que soit d'ail secs, et qu'elle
leurs leur composition, argileuse, sableuse résiste môme
ou même tourbeuse. — « Dans les terres sa mieux que
blonneuses de Bonny (Loiret), j'en ai vu, dit beaucoup d'au
M. Vilmorin, des pièces excellentes chez feu tres à des étés
M. le comte de ChazA., qui en obtenait de peu pluvieux.
puis 1000 jusqu'à 1400 bottes de 5 à 6 kilog. Le Phalaris,
par hectare. Le foin de cette plante, quoique OU Alpiste des
gros, est très-bon. Le thimothy étant une des Canaries (Pha
graminées les plus tardives, si on l'emploie laris canarien-
pour former le fonds d'une prairie perma sis, Lin.), dont
nente, on doit éviter de lui adjoindre les es il a été parlé
pèces très-hàtives. Les agrostis, les fétuques ailleurs sous
des prés et élevée, sont celles qui, sous ce d'autres rap -
rapport, iraient le mieux avec lui. — On peut ports (fqy.pag.
encore employertrès-avantageusement le thi 410 et//». 650),
mothy en pâture, mèmasur des terrains mé peut aussi ser
diocres, pourvu qu'ils aient de la fraîcheur; vir de fourrage.
M. de Chazal en faisait également un grand Les chevaux Fig. 650-
emploi de cette manière. — La graine se s'accommodent
sème en septembre et octobre, ou en mars assez bien de sa
et avril, à raison de 14 à 16 livres par hectare.» paille fauchée
La Fléole noueuse {Phleum nodosum, Lin.) après la matu-
est facile à distinguer par ses racines bul ritédes graines,
beuses, par ses tiges remarquablement cou quoiqu'elle soit
dées aux articulations, par sa panicule plus en cet état du
courte et ses gl urnes parfois purpurines en re, et qu'elle
core plus distinctement ciliées. doive commu
* Cette espèce, qui se plaît clans les mômes nément être
terrains que la précédente, n'est ni plus pré préalablement
coce ni aussi productive. brisée. En An
l'u \r. mus (Phalaris).Glumc uniflorc, à deux gleterre, où on
valves égales creusées en nacelle, et non cultive çà et là
tronquées comme dans le genre précédent ; cette plante
■— balte à deux valves inégales, pointues et pour sa graine,
de moindre longueur que la glume; — fleurs et où on la re
en panicule ou sorte d épi cylindrique, (foy. garde sous ce
les détails de la/%. 649.) point de vue
Phalaris roseau (Phalaris arundinacea, comme une ré
Ha.), Ruban d'eau; — Rubanier; — Alpiste colte fort incer
roseau, etc. (fig. 649), vivace; tiges droites taine, eu égard au climat, on se console mi
de 4 à 5 pieds, poussant facilement des ra partie de la voir manquer, parce quel!'-
cines de chacun de leurs nœuds; — feuilles donne toujours au moins un fourrage vert
lisses, larges et longues; — panicules blan plus estimé, d'après Loudon, que celui de
châtres nuancées de violet. Il existe une va tous les autres végétaux culmifères.
riété bien connue par ses" feuilles rubanées Le Phalaris Fléole (Phalaris phleoiM
de vert et de blanc. Lin.) est beaucoup moins élevé que le robi
Quoique celle belle graminéc ait en quel- nier ; — sj;s feuilles sont larges et courtes;
3ne sorte l'apparence d'un roseau, elle en — ses fleurs, réunies en une sorte dép
iffère cependant essentiellement par le grêle assez semblable à celui de la fléole df
fait. Ses tiges, dans leur jeunesse, produisent prés, mais dont les épillels sont portés s»'
sous la faulx un fourrage" tendre et nourris des pédoncules rameux. — On le renconln
sant. — Elle abonde à la vérité dans les prai ordinairement sur les terrains élevés et ptf
ries humides ou arrosées de la Lombardie, fertiles; aussi est-ce en pareille situais
de la Suède, et on la retrouve fréquem qu'on peut recommander de l'utiliser.
ment en France dans des lieux analogues ou Il fournit un herbage recherché de ton
sur les bords des fleuves-, mais, bien qu'elle les bestiaux, et surtout des bêtes à liiw» q«
ne croisse spontanément que dans les ter le broutent avidement sur les pâturages »
rains presque aquatiques, des expériences ils le rencontrent encore jeune.
récentes dues à MM. Vilmorin, dans le Gà- Panis {Panicum).CAumc uniflore, bivalve-
tinais, Jacquemet-Bonnefonds , près d'An- la base de laquelle se trouve une troisteai
nonaj, et Descolombiers, aux environs de valve placée en dehors du côté plaue * '
chap. 18'. DES PRAIRIES 497
Heur. — fleurs en panicules. (Voy. la fig. sui Cependant, semés épais en terrains légers et à
vante. ) exposition chaude, ils produisent un fort bon
Le Partis élève (Panicum altissimum , Vilm.), fourrage vert réservé, dansquelques contrées,
Herbe de Guinée (fig. 651), vivace, a les tiges pour les vaches laitières dont il augmente et
droites, lis améliore les produits. •
ses , mar Le Moka, Millet de Hongrie (Panicum altis
quées d'une simum, Willd.),dontil a été parlé aussi {voy.
nervure lon pag. 404, fig. 570 ), est cultivé depuis quel
gitudinale ques années sur divers points de la France,
blanche, s' é- notamment à la ferme-modèle de Grîgnon.
levant par Vantée d'abord outre mesure, celte espèce,
fois à plus étudiée depuis comparativement avec celle
de 4 pieds; d'Italie, s'est cependant montrée constam
il forme des ment supérieure comme fourrage, parce que
touffes fort ses tiges sont à la fois plus nombreuses et
larges d'un plus minces. Le moha esttrès-fourrageux sur
vert gai ; — les fonds légers et substantiels de nature sa
sa panicule bleuse ousabl o-argileusc. M. Vilmorin a
est lâche, a- éprouvé que dans les terres calcaires, même
longée ; — d'assez bonne qualité, il ne donne pas à-beau-
ses fleurs coup près d'aussi riches produits.
verdàtres. La culture de ce millet ne diffère en rien
L'herbe de de celle des autres. Il aime des champs ri
Guinée est chement fumés. On l'y répand à la volée de
fort estimée la fin d'avril au milieu^de mai.
en Améri Paspalb (Paspalum). — Ce genre diffère du
que comme précédent, dont il se rapproche sous divers
fourrage. Il autres rapports, par l'absence delà troisième
y a long- valve qui caractérise les panis. ( Voyez les
tempsqu'on détails de la figure suivante.)
a cherché à Le Paspale stoloni/ère (Paspalum stoloni-
l'introduire ferum, Bosc ; — Milium latifolium, Lin.) ( fig.
en France, 652), vivace, est une plante du Pérou que
où elle a été plusieurs fois confondue avec Bosc a fait
d'autres panis; mais ce n'est que depuis une connaître en
quinzaine d'années que les essais sont deve France et re
nus fructueux, puisque jusque là on n'a commandée à
vait pu parvenir à la faire grainer. Mainte l'attentiondes
nant, la plupart de ses graines arrivent à cultiva teni
maturité; et le petit nombre de celles qui du midi la
sont fertiles se ressèment et lèvent fort bien royaume com
d'elles-mêmes, nou seulement dans nos dé - me un excel
partemens méridionaux, mais sous le cli lent fourrage;
mat de Paris. — Ce n'est que la seconde an elle existe de
née que chaque touffe acquiert toute sa force. puis long
Elle estalors tellement féconde en tiges eteu temps dans les
feuilles, qu'elle présente une masse on peut carrés du Jar
dire extraordinaire d'un fourrage particuliè din des plan
rement propre à être donné en vert aux che tes de Paris, oà
vaux, aux vaches et aux bœufs. C'est une ex elle ne donne
cellente acquisition pour nos pays. malheureuse
En Amérique, c'est par la division et la ment que peu
plantation des touffes qu'on multiplie fré de graines ,
quemment celte graminée , afin d'avancer parce qu'on
d'une année le moment de ses plus riches ne doit la se
produits. Le même mode pourrait êlreadop- mer que tard,
té en France. — Quand on veut semer, ce ne et que les
Îieut être, dans nos régions du centre, avant froids arrê
a fin d'avril ou le courant de mai; encore tent sa végé
choisit-on une exposition chaude et abritée. tation avant
— Si l'on semait en place, ce devrait être fort l'entière matu
clair; mais, jusquà présent, dans la crainte ration. — «Cet
de compromettre l'avenir de cultures encore te espèce, di
si précieuses, autant que pour régulariser sait l'agronome que je viens de citer, est vi
mieux leurs résultats, on repique en juin vace, s'élève de 2 à 3 pieds, et chacun de ses
chaque plant, en rayons espacés les uns des nœuds inférieurs prend successivement ra
lutresde 12 à 15 po. (0 m. 325à 0 m. 406). cine, de sorte que, dans le courant d'une an
Xe Panis ou Millet <t Italie (Panicum itali- née, une seule graine peut fournir de quoi
-um, Lin.), voy. p. 404, fig. 569, —et le Millet à couvrir plusieurs toises carrées en fourrages;
grappes ou commun {Panicum miliaceum,L\n.), ses feuilles larges sontsi tendreset si sucrées,
>oy- même pag., fig. 568,—sont plutôt cultivés ainsi que les tiges, que j'ai trouvé du plaisir à
>our leurs graines que pour leur fourrage. les mâcher. On peut sans doute les couper troi a
AGRICULTURE. 55°" livraison, TOME I. 63
496 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. m. l'
on quatre fols l'année dans les parties méri- j de la floraison se resserrent ensuite, l'autre
dionales de la France. » dont les panicules restent toujours ouvertes.
Agrostis (Jgrostis), genre très-nombreux Toutes dent ont des dimensions plus fortes
que M. de Caniiolle a divisé en deux sec que notre Jgrostis stolonijera.— Dans les
tions ; — l'une dont toutes les espèces se rap champs, cette plante esta bon droit redoutée
procheraient beaucoup des pàlurins, si leurs des cultivateurs.— Comme fourrage, attendu
épillets n'étaient uniflores ; tels sont les qu'elle a la propriété de croître sur presque
Jgrostis vulgaires, stolonifères, etc.; — l'autre tous les mauvais terrains de nature fort di
à balles, portant une arête sur le dos et verse, et notamment dans les localités tour
offrant par conséquent plus de rapport avec beuses, froides, humides, et qu'elle procure
les avoines, dont elles diffèrentégalement par un loin de bonne qualité, on peut en tirer un
leur fleur unique, comme les Jgrostis para- parti avantageux.
doxa, rubra, etc. Sa graine est si fine qu'il ne faut presque
L''Jgrostis vulgaire (Jgrostis vulgaris) (Jig. pas la recouvrir et qu'on ne doit pas en ré
653). vivace, a les tiges longues de 1 a 2 pandre au-delà de 4 1/2 à 5 kilog. par hectare,
Fig. 653. pieds, assez droi — Ou peut la semer en septembre ou cnmars.
tes; les feuilles En Angleterre, on propage généralement
peu longues ; — le florin en éclatant ses touffes ou mène
la panicule fine à l'aide de ses liges non enracinées. Pour
ment ramifiée , cela, après un labour préalable, on creuse a
ovoïde, de cou 9 ou 10 pouces de distance les unes des
leur violàtre ou autres de petites rigoles de moins de 2 pou
roussàtre, et à ces de profondeur, au fond desquelles on
pédicules sensi étend longiludinalement les tiges de manière
blement plus a- que leurs extrémités se touchent. — On re
longés que dans couvre au râteau et on roule la surface du
l'espèce suivan sol. —Six mois après elle se trouve verdoyant",
te.— Elle est éga et si cette sorte de bouturage a été faillie
lement commu bonne heure au printemps, on peut compter
ne dans les prés, sur une abondante récolle en automne.
les bois et les Quoique j'aie dit que celte plante s'accote-
champs. Son mode de presque tous les terrains, elle croit
fourrage est fin beaucoup moins dans les localités sèches et
et délicat. élevées ; là on ne peut guère espérer la tou
L'Jgrostis sto- cher, mais elle produit encore, ainsi que h
lonifère ou tra suivante, un bon pâturage.
çante ( Jgrostis L' Jgrostis djmérique (Jgrostis dispar.
stolonijera, Lin.) tH\c\\.)(fig. G55) , vivace, a, comme l'espèce
(Jîgf 654), viva précédente, la
ce , a des tiges tige élevée et
nombreuses, un peu dure; —
couchées , ra sa panicule lâ
meuses à leurs che, forme une
bases, et pous pyramide régu
sant des racines lièrement verli-
delonslesnreuds cillée.— C'est le
qui ;se trouvent Herd • Grass,
en contact avec herbe aux trou
le sol. Cette plan peaux , ou le
te, vulgairement Red-top-grass
connue sous les des Etats-Unis ,
noms de Traî où elle produit
nasse, Terre nue, sur les terrains
etc., n'est autre humides el
/| chose que le/*Vo- tourbeux un
" rà, ou du moins fourrage abon
qu'une variété dant et de bon
peu distincte du ne qualité. Dans
jluorin tant van lesessaisquinnl
té des Anglais. étéfaitsen Fran
D'après (; for ce, notamment
ces Sinclair , par M. Vilmo
c'est Y Jgrostis rin, pour y pro
stolonijera lati- pager cet agros
folia. Chez M. tis, il ■ très-bien
Vilmorin , on réussi sur des
cultive sous le terres sablo-ar-
nom de Florin gileusesetmèmc
deux variétés , calcaires fraîches, sans humidité. Comme 8
l'une dont les Amérique, il y donne des niasses de foiirft,-1
panicules éta considérables.
lées au moment A cause de la très-grande finesse de la if»'»'
CIIAP. 18*. DES PRAIRIES. 499
et de la lenteur du premier développement de fleurs seulement. ( Voy. les détails de la fig.
la plante, on a proposé de la repiquer comme suivante. )
nous avous vu qu'on le fait pour quelques La Houque laineuse (Holcus lanatus, Lin. )
autres espèces, et c'est d'autant plus facile (fig. 656), vivace, se distingue au premier
pour celie-ci que ses touffes lallent considé abord par le du- Fig. 656.
rablement, et qu'on peut en diviser une seule vet cotonneux
en une foule d'éclats. — Si l'on aime mieux qui abonde sur
semer, il ne faut répandre que 7 à 8 livres la gaine des
de semences par hectare et les recouvrir fort feuilles ; — la
peu. couleur blanche
L'Agrostis des chiens (Agrostis canina,lÀa.) ou violâtre de
s'élève à peu près à la même hauteur que le la panicule, et ,
précédent ; ses feuilles sont plus longues, mais la disposition ;
moins nombreuses sur chaque tige. Il appar particulière
tient à la section des agroslides fausses-avoi ment velue de
nes. Je l'ai vu parfois réussir passablement ses glumes ; —
sur des sols assez secs, t,uniqu il préfère les ses feuilles sont
prairies basses et humides. — Selon qu'il oc larges et ten
cupe la première ou la seconde position, il dres; — ses liges
donne un foin remarquable, comme celui du s'élèvent peu
florin, par la propriété qu'il possède de con dans les lieux
server longtemps sa fraîcheur après avoir arides, mais el
été fauché, ou procure un fort bon pâturage les atteignent
pour les moutons. près d'un mètre
lïAgrostis paradoxale (Agrostis paradoxa, dans les prés bas
Lin.) s'élève davantage que les deux précé- qui paraissent
dens. Dans les localités abritées des provin lui convenir
ces du midi, où il croit spontanément, telles de préférence. Elle fait le fonds des
que la Provence, l'Hérault, etc., il est très- meilleures prairies d'une partie du centre
fourrageux; aussi snis-je disposé, en consul de la France, où je l'ai vue fort belle, même
tant mes souvenirs, à croire avec M. Boitard, dans des terrains très-secs, tels que beau
qu'il serait plus productif que la plupart de coup de ceux des environs de Paris.
ses congénères. — Son foin, quoiqu'un peu Les personnes qui ont entrepris de la culti
dur, plait anx chevaux et aux ruminans. — ver seule, et qui n'ont pas craint de bien pré
Cette plante, particulièrement propre à nos parer le terrain, ont toujours obtenu des ré
contrées méridionales, se trouve cependant sultats fort satisfaisant. — On peut aussi
aussi dans celles du centre, et il serait facile mélanger la houque à la plupart des autres
et utile de l'essayer au moins en petit. grameus, sanscraindre qu'elle ne les devance
Jusqu'ici, sans exception, toutes les grami ou ne reste beaucoup en arrière à l'époque de
nées dont j'ai parlé sont à épillets umilorcs. la maturité, parce qu'elle tient le milieu en
On pourra facilement en distinguer les gen tre les espèces tardives et hâtives, et qu'elle
res suivaus, dout les épillets, également dis a d'ailleurs l'avantage de se conserver encore
posés en panicules, sont à plusieurs fleurs. verte et succulente quelque temps après la
Sorgho (Sorghum vu/gare, Wild. — Holcus fructification. — Toutes ces circonstances
sorghum, Lin. ) (Voy. pag.4Q5,fig. Wl.) Fleurs réunies en font une de nos plantes les plus
géminées, l'une mâle ou stérile, et l'autre précieuses pour la formation des prés et des
hermaphrodite, dont laglume est à deux val pâturages ; — ajoutonsqu'elle convient à tous
ves, et la balle à trois valves, la seconde les bestiaux.
aristée, la troisième portant un nectaire La Houque molle (Holcus mollis, lia. —
velu. 4<cna mollis, D. C.) (fig. 657), vivace, quand
Lorsqu'on se propose de cultiver le sorgho on la voit en panicule, Fig. 057.
comme fourrage, on le sème presque toujours a un aspect fort diffé
à la volée, et très-épais, dès que les gelées rent delà précédente.
printanièrcs ne sont plus à craindre. — D'au Par la disposition de
tres fois, après l'avoir semé en lignes ou à la ses épillets, elle res
volée, on éclaircit progressivement les pieds semble aux avoines
de manière à ne laisser en définitive sur le parmi lesquelles M.De
terrain que ceux que l'on destine à donner Ca.ndoi.lb l'a placée.—
leurs graines. — Il n'est pas difficile d'obtenir La gaine des feuilles
aiusi, sur de petites étendues de terrain, deux est sensiblement gla
récoltes différentes, l'une et l'autre assez pro- bre, et les articulations
ductives dans les climats méridionaux. des liges sont garnies
Le sorgho coupé ou arraché en vert avant de houpes soyeuses.
que ses liges deviennent dures, est un ex Ces mêmes tiges sont
cellent fourrage pour tous les ruminans, mais éparses et traçantes
surtout pour les jumeus nourrices, les vaches ainsi que les racines.
laitières et tous les jeunes animaux. Cette espèce, qu'on
Houque {Holcus). Glume bivalve, tantôt ne devrait employer
k deux, tantôt à trois fleurs, dont une ne qu'à défaut delà précé
contient le plus souvent que des étamines ; dente, attendu qu'elle
— balle à deux valves dout l'e.\térieure porte est moins productive
sur le dos une courte arête, sur l'une des et peut - être, aussi
600 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. un. i"
moins avidement recherchée des bestiaux, nous parait, disait-il, être une plante pré
parait être cependant moins difficile encore cieuse, par la vigueur et la précocité de sa
sur le choix du terrain et des expositions. végétation; elle élève quelquefois ses tiges,
Mélioue {Melica). Glume à deux valves nombreuses et droites, jusqu'à la hauteur de
scarieuses, renfermant le pi us ordinairement 1 mètre, et elle s'accommode deterrains peu
deux fleurs hermaphrodites, et le rudiment fertiles. — En somme, je la crois préférable
imparfait d'une troisième, porté sur unpé- aux espèces indigènes. »
dicelle; — valves de la balle ventrues. ( Voy. Avoine (Avenu). Glume bivalve, renfermant
les détails de la fig. 659. ) deux ou un plus grand nombre de fleurs
, La Méliquc ciliée ( Melica ciliata , Lin. ) hermaphrodites ou polygames ; — balle à deux
(fig. 658 ), vivace, ne s'élève pas habituel- valves, dont l'extérieure porte une arête
Fig. 658. lement au-dessus de plus ou moins genouillée,qui manque cepen
1 pied à 18 pouc. (0m dant quelquefois sur une des fleurs; — fleurs
325 à 0 m '187 ). Ses ti en panicule.
ges sont grêles, garnies Ce genre, dont on a indiqué ailleurs les es
de feuilles étroites , pèces et les variétés semées en grand pour
glabres ; ses fleurs sont leurs grains, en renferme plusieurs autres
réunies en une pani- propres à l'être plus spécialement comme
cule, le plusordinaire- fourrages. La plus importante de toutes, sous
ment simple; chaque ce point de vue, est sans contredit la sui
épillet en comprend vante :
deux fertiles dont l'u L'Avoine élevée (Avena elalior, Lin.), Fro-
ne a les balles soyeu mental (fig. 660), vivace, improprement
ses, et une stérile. connue, sur
Les inéliques crois luelques points Fig. 660.
sent naturellement sur
les coteaux pierreux , sous le nom de
arides, et c'est là leur ray-grass, s'élè
principal avantage ; ve à plus d'un
car, sur les bons ter mètre; sa tige
rains, il est facile de est garnie de
les remplacer par de feuilles larges;
meilleurs fourrages. sa panicule est
Celle qui nous occupe longue, mais é-
ici convient à tous les troite; sesépil-
. bestiaux, mais elle est lets sont à deux
peu fourrageuse et peu nutritive. fleurs, dont une
La Mélique élevée (Melica altissima) seule (a) se
fig. 659), vivace, se distingue aisément de trouve commu
nément fertile
Fig.'.059. et à barbe nulle
ou très-courte;
et l'autre (6),
stérile ou im-
Earfaite, à liai
e fort longue.
— Elle redoute
davantage l'ex
cessive humidi
té que la séche
resse; aussi,c'est
une des meil
leures plantes
pour les prés hauts et moyens. — Dans ces
derniers, lorsqu'ils sont établis sur une terre
argilo-sableuse, fertile, elle donne des pro
duits d'une abondance remarquable, et son
foin, quoiqu'un peu dur, comme celui de la
plupart des graminées très-élevées, et quoi
que sujet à sécher sur pied, est de bonne
qualité; mais celte double disposition doit
engager à le faucher de bonne heure. — On »
proposé avec raison delà semer dru, et de 11
mêler à des niantes de la famille des légu
mineuses, telles que le trèfle, la lnpuline, le
sainfoin, etc. On peut répandre sans inconvé
nient jusqu'à 100 kil. de graines par hectare.
L'Avoine jaunâtre (Avena fiavescens , Lin.;
la précédente à sa panicule très-rameuse et (fig. 661), Avoine blonde, petit JromentaL
à ses fleurs sans barbes. Elle est originaire de vivace; — elle a des liges grêles qui s'élèveot
Sibérie. d'un tiers moins environ que celles de la
Yvaut en faisait un cas particulier. « Elle précédente, et dont la panicule ordinaire
CHAP. 18e. DES PRAIRIES. 501
ment moins lâ rangs opposés l'un à Fig. 663.
che, d'une cou- l'autre. •
leurqui adonné Celte espèce habite
son nom à l'es les prés et les champs ;
pèce , est com elle redoute l'humidité
posée d'épillets excessive , et résiste
au moins moitié assez bien à la séche
plus petits que resse. — Son fourrage
ceux du vérita est excellent et très-
ble fromental, recherché de tous les
et qui renfer herbivores. On peut la
ment deux ou semer de même, et à
plusieurs fleurs peu près dans les mê
hermaphrodi mes proportions que
tes, dont toutes les espèces précéden
les valves exter tes. G. Sinclair, qui
nes des balles ne lui croit pas des qua
sont aristées et lités nutritives égales à
nettement divi celles des avoines pu-
sées , au som bescenle et jaunâtre,
met , en deux lui a reconnu la pro
pointes acérées. priété de s'accommo
(Voy. les détails der particulièrement
de fa fig. 861.) des sols calcaires.
Cette avoine, qui croit naturellement sur Canche {Aira). Comme dans les avoines,
les coteaux et dans les prés secs, se sème ra la glume est bivalve; elle contient deux fleurs
rement seule. Mêlée à d'autres herbes, dans hermaphrodites; la balle est aussi à deux
les terrainsélevés, sans aridilé,elle augmente valves dont l'extérieure porte également une
à la fois la quantité et la qualité des foins, arête plus ou moins genouillée, mais qui
avantage qui lui est du reste commun avec part de la base et non plus du dos de la
les deux espèces suivantes.— On la sème au balle.
printemps. La Canche Jlexueuse {Aira fiexuosa, Lin.)
L'Avoine pubescente{Avenapubescens,\An.), {fig. 664), vivace , a été appelée aussi Canche
Avoine velue, Avrone {fig. 602), vivace , s'élève
de 2 à 3 pieds (0m050 Fig. 664.
à 1 mètre); ses feuil-
lesinférieures sont lar
ges, courtes, molles et
très-velues; — ses épil-
lets, sensiblement plus
gros que ceux de l'a
voine jaunâtre, luisans,
quelquefois rougeà-
tres ou violets à leur
base, et comme argen-
tésà leur souiniel, sont
d'ailleurs composés de
fleurs hermaphrodi
tes, beaucoup plus vo
lumineuses et souvent
réunies au nombre de
trois dans chaque glu-
me, comme le repré
sente le détail de la fi
gure.
Mieux que les précé
dentes, elle s'accom
mode des terrains secs et élevés ; on l'y voit
croître spontanément avec vigueur, et lors
qu'on la sème, elle produit, seule ou mélan
gée, un fourrage durable, particulièrement
propre aux chevaux. —On peut semer, selon
la qualité du sol, de 50 à 60 kilog. par hec
tare. . de montagne, parce qu'elle' affecte les lieux
VAvoine des près { Avena pratensis, Lin. ) secs et élevés. C'est plutôt une plante de pâ
Cfig.mZ), vivace, s'élève moins que l'avrone; turage que de prairie. Ses tiges nombreuses,
ses feuilles glabres sont plus étroites et plus mais grêles, sont peu fourrageuses. — Elle
longues, sa touffe talle davantage. — Sa pa- forme à sa base une touffe assez fournie de
nicule. est plus resserrée, presqu'en forme feuilles courtes, glabres et jonciformes; ses
d'épis; — ses épillets sont encore plus alon- fleurs, réunies en panicule lâche et diver
gés, panachés de blanc et de violet pale, et gente, ont des balles luisantes et argentées.
composés d'environ 5 fleurs, fixées sur deux Celte espèce, qui forme assez fréquemment
50J AGRICULTURE DES PLANTES FOURRAGERES. LIV. I".
la base des herbages très-élevés, est recher pour concourir
chée de tous les rumiuans. Elle produit un a la formation
des meilleurs pâturages pour les moutons. des prairies per
La Candie aquatique ( Aira aquatica, Lin.). manentes.— El
— Voy. Ptîturin canche (Poa airoïdes, D. C). le croît naturel
La Canche élevée {Aira cœspitosa, Lin.)* lement sur les
vivace, qui est un peu plus feuillue que la pâturages mon
précédente, forme un gazon assez épais sur tagneux, et réus
les terrains ombragés; mais il lui faut de la sit cependant
fraîcheur. —Dans les clairières où elle réus fort bien dans
sit, elle est fort recherchée des vaches, et on les plaines fraî
lui a reconnu la propriété de repousser plus ches et abritées,
épaisse et de s'améliorer par l'effet du pâ et dans des ter
turage. rains de diver
FÉTVQVE(Festuca). Ce genre, quise rappro ses natures.
che des poa on pàturins, et des bromes, dif La Fétuque
fère des premiers par ses balles très-acérées, ovine { Festuca
le plus souvent munies d'arêtes; et des se ovina , Lin. ) ,
conds, parce que l'arête de la valve externe de grande Jétuque
la bal le, lorsqu'elle existe, est aiguë el part du ovine, fétuque
sommet.— Ce dernier caractère le distingue rouge {fig- 667),
aussi du genre Aira. vivace, a été
La Fétuque des prés { Festuca pratensis, souvent confon
Lin.) ( fig. 065), vivace, a des tiges qui s'é- due avec l'es
Fig. 065. lèvent parlois à plus pèce suivante,
d'un mètre.—La pani- dont elle diffère
cule est généralement cependant plus
peu considérable, et encore 'par ses
composée d'épillets qualitésqiic par 667.
f>lus volumineux que ses caractères
essuivans;ces épillets botaniques. —
contiennent de sept à Ellea les feuilles
uuplus grand nombre plus longues et
de fleurs. — Les valves plus larges; —
des balles sont dépour les panicules
vues d'arête. {Voy. les plus volumineu
détails de la figure. ses; — les balles
Cette plante, une portent des arê
des meilleures quel'on tes visibles à
puisse employer pour l'œil. ( Foy. les
l'ensemencement des détails de la fi
Eres bas, à cause del'a- gure.)
ondance et de la bon « Cette espè
ne qualité du fourrage ce, signalée par
qu'elle produit, na Linné comme
d'autre défaut que d'ê une plante par,
tre un peu tardive ; excellence pour,
aussi a-t-on recom la nourriture^
mandé, avec raison, des moutons, a>
de ne l'associer qu'à failli plus lard*
des espèces de la se perdre entière- ,
conde saison. — Se ment cette ré
mée seule, elle doit l'être à raison d'une cin putation, parce
quantaine de kilog. par hectare. fS que les botanis
La Fétuque élevée {Festuca elatior, Lin.) tes lui avaient
(fis. 666 ), vivace s'élève davantage que la réuni, à titre
précédente; — ses feuilles sont plus larges de variété, une
et plus nombreuses encore; ses panicules plante fort voisine d'elle, mais qui est nt\-
plus amples, à épillets de grandeur moyen lenient une espèce distincte et que les mou
ne; ces derniers contiennent un moindre tons ne mangent pas. C'est sur cette dernier
nombre de fleurs. Les valves, membraneuses qu'avaient porté très-généralement lesev -
sur les bords, portent de courtes arêtes qui de culture, et de là étaient nées les préven
se brisent facilemeut, el disparaissent en tions défavorables. Une observation faite eu
grande partie dans les herbiers. 1826, ayant reproduit les doutes avec plus de
Cette espèce se rapproche beaucoup de force qu'auparavant, j'ai fait de nouvelle
celle qui précède, par ses qualités et ses recherches pour les éclaircir, et, avec l'aide
incouvénieus. — Elle est cependant encore principalement de M. J. Lindley, botaniste
plus tardive et donne un foin un peu plus très-exact, qui a bien voulu faire pour moi.
dur; mais, d'un autre côté, on a remarqué dans l'herbier de Linné, les confrontations
qu'elle est plus durable et sensiblement plus nécessaires, je suis parvenu à connaître
productive. En somme, il faut la regarder j que, nou seulement notre fétuque ne se np-
coiniuc une dus graminées les plus utile»! portait pas à l'écbaiilillou de celle de ijant-
CHAP. 18'. DES PRAIRIES. 503
mais qu'elle d'existé même pas dans son her dans les bons terrains un assez grand déve
bier. — Elle a élé décrite par Sibthorp, sous loppement; — ses feuilles sont étroites, rou
le nom de Festuca tenuijolia, qui désormais lées, pubescentes en dedans, assez longues ;
devra servir à la distinguer. » — ses épillels, réunis en panicules volumi
« A l'égard de la vraie fétuque ovine, la neuses, se composent de 4 ou 5 fleurs plus
même vérification m'a fait reconnaître que souvent vertes que rougeâtres, et ses balles
c'était la plante que j'avais recommandée et sont très-longues; — ses touffes radicales ne
cultivée depuis longues années, sous les noms tallent pas autant que celles des deux espèces
incertains de fétuque rouge et ovina major. précédentes.
On a pu voir, dans les éditions précédentes Celte Fétuque est propre à former des pâ
du Bon Jardinier, que, sans la reconnaître turages sur les terrains les plus ingrats et
alors sous son vrai nom, je la regardais aux exposition^ les plus arides où elle croit
comme une espèce précieuse pour établir des naturellement. Dans les prés plus frais, où on
pâtures sur les mauvais terrains. — Elle n'a la rencontre aussi quelquefois, elle devient
peut-être pas cependant en France, pour la presque méconnaissable. Là elle donne un
nourriture des moulons, le degré particulier foin fauchable de bonne qualité ; toutefois
de mérite que Linné et Gmélin ont cru lui c'est une des Féluquesles moins productives
reconnaître en Suède et en Sibérie. J'ai re hors des mauvais sols; — 35 kil. environ de
marqué chez moi que les moulons ne la pâ graines par hectare. .
turent bien qu'en hiver, et qu'en élé ils ne Paturin (Poa). Tandisque dansla plupart
mangeaient guère que les pieds isolés, ce qui des félnques les balles sont garnies d'arêtes,
parait être une indication pour la semer plu elles en manquent constamment dans les
tôt mélangée que seule. Je l'emploie souvent poa ; ce dernier genre se distingue encore
de celte manière, mais j'en fais aussi des piè du précédent par la forme moins aiguë de
ces séparées, à raison des ressources qu'elle ces mêmes balles ; — le nombre des Heurs
offre pour l'hiver, et de l'avantage qu'elle varie de 2 à 20.
possède éminemment des'établir avec vigueur Le Paturin flottant ou Fétuque flottante
sur des terres arides, soit calcaires, soit sili ( Poa, ou Festuca fluitans , Lin.) ( yoy. fig.
ceuses, et de les couvrir d'un gazon épais et 669 et page 409 ) , s'élève à 2 ou 3 pieds ;
durable... Si l'on sème la fétuque ovine seule, ses tiges sont Fig. 669.
il faut environ 30 kilog. de graines à l'hec épaisses , mol
tare. » Vilmorin. les , les unes
La Fétuque à feuilles fines ( Festuca te- droites, les au
nuifolia , Sibt.) (fig. 668 ), vivace , croit en tres flottantes ;
Fig. 068. touffes épaisses et ser ses feuilles sont
rées. — Ses feuilles larges ; — ses é-
très-fines sont roulées pillets contien
en tubes d'un vert nent de 8 à 12
blanchâtre ; — ses ti fleurs et plus,
ges ne s'élèvent guère et forment com
au-delà de8 à 10 pouces me autant de
(0mà 217 Ora271 ); elles petits épis à
sont grêles, nombreu deux rangs sur
ses, et supportent des chaque pédi-
panicules assez ser celle; ses balles
rées. Les balles ne por sont sans arêtes.
tent point d'arêtes. (Voy. les détails
(Voy. a,/,?. 668.) de la figure.)
Cette espèce comme Nous avons v
la véritable Fétuque fait connaître
ovine de Linnée, a l'a ailleurs les usa
vantage de croitre sur ges économi
les sables et les sols ques de cette >
crayeux les plus arides; plante et indi
mais, comme on vient qué déjà qu'elle peut être employée aussi
de le voir, elle plaît comme fourrage. En effet, tousles ruminans
moins qu'elle aux moutons qui la mangent et les chevaux Ta mangent en vert avec avidi
cependant durant l'hiver. té, et on la voit croitre, prospérer môme dans
Quelques personnes ont cru remarquer les prés les plus marécageux, sur les bords des
que les vaches la refusaient; noire confrère étangs, et autres lieux où il serait difficile de
Vilmorin s'est assuré que chez lui elles la demandera tout autre végétal aquatique de
paissent au contraire fort bien, d'où il résulte meilleurs et de plus abondans produits.
que lors même qu'elles auraient contracté Le jtdturin commun ( Poa trwialis, Lin. ),
1 habitude de meilleurs herbages, il ne se vivace, est en effet une des plantes les plus
rait pas difficile de les accoutumer à celui-là. communes des herbages naturels. Il est fa
La Fétuque traçante {Festuca rubra, Lin.), cile de le confondre, au premier aspect, avec
vivace (voy. b, fig.068), Fétuque duriuscule de le paturin des prés, dont il diffère cependant
quelques auteurs, mais la véritable Fétuque par la languette alonge'e et comme déchi
rouge de l'herbier de Liuiié et du Jardin quetée, qui se trouve à la base externe des
des Plantes de Paris.— Elle produit annuel feuilles, par la forme plus aiguë de celles-
lement des traces nombreuses; — ses liges, ci, la rudesse de leur gaine et par sa racine
peu feuillées, sont susceptibles de prendre fibreuse.
504 AGRICULTURE DES PLANTES FOURRAGERES. Lrv. p
Il croît dans les plaines les plus arides, où gne la même disposition à pousser verti
il n'acquiert à la vérité qu'une faible hau calement ses tiges ; aussi n'esl-elle pas ce
teur, et dans les prés naturel lemeut frais où qu'on appelle gazonneuse, mais, en com
il s'élève souvent au-delà de 2 pieds; partout pensation de cet inconvénient qui n'en est
son fourrage est un de ceux que préfèrent les un que lorsqu'elle est semée seule, elle pré
bestiaux. Quoique plus tardif d'une quin sente des avantages précieux. — Sa précoci
zaine de jours que l'espèce suivante, il doit té est telle que, dès le mois de mars, elleoffre
être fauché de bonne heure, attendu qu'il sè déjà une masse assez importante de verdure
che proniptement sur pied après sa florai lorsque les a utres espèces commencent à peine
son. — Pour le semer seul, il faut répandre à végéter. — Son foin est abondant et très-
18 kil. environ de graines par hectare. nourrissant, même dans les terrains dénature
Le Pdturin des prés ( Poa pratensis. Lin. ) sèche et de qualité médiocre. Ce poa robuste
{fig. 670), vivace, porte à l'ouverture de est fort durable; associé à d'autres grami
la gaine de cha- nées également fines, nul n'est plus propre à
Fig. 670. que feuille une procurer partout, excepté peut-être dans les
lA membrane localités humides à l'excès, le meilleur foin
courte et très- connu.
ol)i use- ; sa raci Le Pdturin à crête ( Poa eristata, Lin. ), qui
ne est traçante. a aussi des feuilles très-étroites et sensible
— Il croit com ment plus courtes que celui des bois, forme
me le premier, une touffe gazonneuse, mais peu élevée. — Sa
tantôt grêle et paniculeenépisest beaucoup plus serrée que
chétif sur le dans les espèces précédentes. Il se rappro
bord des roules, che un peu, sous ce rapport, du Pdturin com
les berges des primé (Poa compressa), qui n'aétérecomœan-
séchées des fos dé par les auteurs que parce qu'ils ont cru
sés, etc., tantôt à tort reconnaître en lui le Bird-grass des
succulent et Américains, qui parait être plutôt 1 Agrostis
fourrageux dans dispar, et dont il ne possède nullement les
les prés bas. — qualités. Je dois dire cepeudant que cette
Il est précoce espèce est regardée par G. Sinclair et Davt
et d'une dessic comme une des plus nutritives.
cation très - Le paturinà crête a pour principal mérite
prompte; aussi, décroître sur les terrains sablonneux de peu
dans les mélan- de valeur. Il est fort inférieur aux autres
| ges naturels a- comme fourrage, non qu'il soit moins re
f\ ^^v !lYk P^nlvec t'es nerDa" cherché des bestiaux, mais parce qu'il est
' ges plus tardifs, moins productif.
a-t-il presque Le Pdturin aquatique (Poa aquatica, Lin.)
toujours per (fig. 672), vivace, s'élève de 1 à 2 mètres. Sa
du une partie tige épaisse, suc
de ses qualités culente, à feuil Fis
quand il tombe les larges et ten
sous la faux: c'est d'autant plus fâcheux, que, dres, marquées
Fig. 671. cultivé seul ou associé d'une tache bru
à des plantes égale ne à la gaine, est
ment précoces, il peut surmontée
donner un foin de d'une panicule
première qualité. — diffuse.
La quantité de graines Cette espèce
est à peu près la mê habitante des
me que pour le pàtu- terrains maré
liii commun. cageux , des
Le Pdturin des bois borasdes étangs |
( Poa nemoralis, Lin. ) et «les fleuves,
ou Pdturin à feuilles est très-propre à I
étroites ( Poa angusti- utiliser les loca
folio, (fig. 671 ), a les lités loiigtempsl
tiges grêles, faibles et submergées.
penchées lorsqu'elles Ainsi ont! la fé-
croissent dans les lieux tuque flottante. I
ombragés, moins éle elle fournit m
vées et mieux soute uantité consi
nues dans les localités :i" rablet le four
découvertes ; — ses
feuilles n'ont point de lent et fort dt.
membranes à leur ori- goût des ani
gine.Cetle plante, con maux. Comme 1
damnée à chercher on doit com
l'air et la lumière à mencer à la fau
l'ombre des taillis,con cher de bonne heure, il est rare qu'on n'en
serve en rase campa- 1 obtienne pas au-delà de deux coupes par an.
CUAP. 18' DES PRAIRIES. 505
Le Pdturin canche ( Poa airoïdes de D. C. ché des moutons. J'ai vu des terrains sablo -
Aira aquatica de Lia.) ( fig. 673 ), vivace , est argileux très-arides dans lesquels elle crois
Fig. 673. facile à distinguer des sait abondamment. Sa présence ajoute beau
précédens, à la seule coup, aux yeux des cultivateurs, à la bonne
inspection desesliges: qualité des herbages.
les unes couchées , Brome (Bronius). Glumeà deux valves ren
donnant naissance, à fermant de 5 à 18 fleurs. — La valve extérieure
tous leur nœuds, à une de la balle est grande, concave, et porte une
touffe de racines; les barbe ou arête qui part un peu au-dessous
autres s'élevant, per du sommet ou du milieu d'une petite échan-
pendiculairement aux crure ;— l'intérieure, concave en dehors et
premières , au-dessus ciliée sur les deux bords {voyez les détails de
de chacune de ces la fig. 675.)
touffes; à la forme de Le Brome des prés {Bromuspratensis, Koel.)
ses feuilles planes, lar (Jig. 675), vivace, qui présente quelque ana-
ges, arrondies au som Fig. 675.
met, elc. C'est une des
plantes de marais qui
plaisent le mieux aux
bestiaux. On les voit
souvent aller la cher
cher jusque dans l'eau;
aussi, lorsqu'elle est
fauchée verte, la mau-
gent-ilsavec grand laisir à l'étable et au ra
lelier; — sèches, dies ne sont plus guère
propres qu'à servir de litière.
Le Pdturin des marais { Poa palustris , Lin.)
est sinon la môme espèce venue dans l'eau que
le patuiin commun, aumoins une espèce infi
niment voisine qui en diffère seulement, d'a
près M. de Candolle, par ses feuilles propor
tionnellement plus droites, et dont la gaine
n'est pas rude au toucher; ses épillets par
faitement glabres el ses balles dont la valve
externe porte 5 nervures dorsales. — Comme
le précédent, il est propre à utiliser des ter
rains excessivement humides, ou couverts,
une partie de l'année, d'eaux stagnantes.
BmzE (Briza).Ce genre diffère des pàlurins
parce que les valves des balles sont très-ven
trues et à peu près cordiformes; — panicule
divergente ; — épillets pendans d'une ex
trême mobilité.
La Brizc trem logie avec le suivant, s'élève rarement au-
blante ( Briza dessus de 2 pieds ; les gaines des feuilles,
média, Lin.), A- surtout de celles qui se trouvent à la partie
mourette ( fig. inférieure de la plante, sont velues ; — les
(i74), a des tiges feuilles lesont aussi, quoique beaucoup moins
hautes de 1 à hérissées que dans la figure; — la panicule
2 pieds (0ra 325 est étalée; — les 5 à 8 fleurs que contient
à 0 m 650 ); elle chaque épillet sont très-pointues et surmon
a été surnom tées d'arêtes égales à leur propre longueur.
mée tremblan Au nombre des défauts que l'on reproche
te, parce que les aux Bromes comme fourrage, il en est deux
pédoncules, qui qui méritent surtout de fixer l'attention des
supportent les cultivateurs. Les liges de plusieurs d'en-
;pillets de for treeux, une fois desséchées, sont dures, etles
me ovale arron barbes longues et aiguës qui accompagnent
die, sont telle les balles, non seulement repoussent les bes
ment déliés tiaux dès le moment de la floraison, mais
qu'ils s'agitent peuvent les incommoder beaucoup plus
au moindre tard, lorsque, mêlées avec le foin,elless'arrê-
souffle du vent. tent à leur palais, sous leur langue, ou se
Celte plante fixent dans leurs gencives. Aussi doit-on
peu fourrageuse considérer ces plantes bien plutôt comme
n'est remarqua fourrages verts que comme propres à donner
ble que par la du foin. « Mais il est des terrains et des cir
linesse et la constances où une plante, médiocre d'ail
bonté de son leurs, peut devenir très-ulile ; c'est ainsi que
foin particuliè sur un sol calcaire, trop pauvre même pour
rement recher- le sainfoin et où il s'agissait d'obtenir des
AGUICDLTUBE. tome I,— 64
506 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. LIV . 1er.
fourrages quelconques, le Brome des prés | ses usages comme fourrage. - La glumeest à
n 'a donné des résultats plus satisfaisans deux valves inégales, courbées en carène; elle !
qu 'aucune autre espèce. Il s 'y est établi vigou - renferme de 3 à 8 fleurs ; les valves de la balle
reusement, de manière à fournir une bonne sont aussi courbées en carêne ; l'une d 'elles
pâture et même à devenir fauchable, mieux porte à son sommet une arête très courte.
que le Fromental et le Dactyle . Il en a été de Le Dactyle pelotonné (Dactylis glomerata ,
même sur des sables fort médiocres. On Lin .) ( fig . 677 ), vivace, s'élève de 2 piedsà
peut donc ranger cette plante au nombre de Fig . 677 .
celles qui, par leur vigueur et leur rusticité,
sont en état de réussir sur les plus mauvais
terrains, et d 'y offrir des ressources et des
moyens d 'amélioration que l'on n 'obtiendrait
pas d 'espèces plus précieuses. Sa durée parait
être longue ; elle a été chez moi de 5 à 6 ans
en très -mauvaises terres... .. Un hectare em
ploie 90 à 100 livres de graines. » VILMORIN .
Le Brome des seigles ( Bromus secalinus,
Lin .) ( fig .676 ), a la tige simple, haute parfois
Fig. 676 . d 'un mètre et plus, gla
bre ; - ses feuilles ont
aussi la gaine glabre
et le limbe à peine velu ,
- sa panicule est peu
garnie ; - les 5 ou 8
fleurs de chaque épil
let sont presque cylin
ques et à arête moins
rude que dans le Bro
me des prés. .
Cette espèce, moins
rustique peut-être que
la précédente , donne
un fourrage vert aussi
abondant ; mais en mû
rissant elle devienten
core plus dure. -- Il est important de faire
observer qu 'elle est annuelle , et que, quoi 1 mètre ; ses feuilles, larges d 'un centimètre
qu 'elle se ressème d 'elle-même comme pres envirou , sont rudes au toucher ; sa panicule
que toutes ses congénères avec une facilité est composée d 'épillels petits, nombreux,
trop souvent désespérante pour le cultiva . ramassés par pelotons et tournés presque tous
teur , cette circonstance n 'est pas ici à son dumême côté de chaque pédicule.
avantage, à moins qu 'on ne veuille la faire Cette plante est, comme les Bromes, fort
entrer dans un assolement où elle ne doit peu propre à la formation des prairies à
occuper le sol qu'une année . Autrement, il faucher, parce que ses tiges durcissent outre
faudrait ou la ressemer annuellement, ou ne mesure après la floraison ; mais, comme les
la faucher que beaucoup trop tard. Bromes aussi, soit qu 'on la coupe en vert ou
Le Brome doux ( Bromus mollis, Lin .), qui qu 'on la réserve en pâturage, elle présente
ressemble beaucoup à celui du Seigle , en l'avantage réel de réussir sur les terrains les
diffère cependant essentiellement par ses plus médiocres et les plus secs. - Le Dactyle
dimensions , en toutpresquemoitié moindres, I gloméré est robuste , précoce ; de toutes les
par le duvet cotonneux et épais quicouvre les graminées, c 'est une de celles quirepoussenter
feuilles, les épillets et jusques aux nouds de se maintiennent le mieux sur demauvais sols.
la tige. — C'est encore une espèce annuelle | CYNOSURE (Cynosurus). Genre qui differe
que l'on peut trouver parfois avantageux de particulièrement de ceux qui le précédent et
mêler à quelque légumineuse de semblable | le suivent, par la présence d 'une bràctee
durée , pour ajouter à la masse de fourrage | foliacée et découpée qui accompagne chaque
vert ou coupage qu'on cherche à récolter sur épillet à sa base ; - glume bivalve contenant
des sols légers et peu féconds. — On peut en | de 2 à 5 fleurs ; -- les valves de la balle en.
dire autant du Bromedes champs (Bromus ar tières.
vensis, Lin .), qui a peut-être même l'avantage Cynosure ou Cretelle des prés (Cynosurus
d 'être un peu moins dur que la plupart des cristatus, Lin .) ( fig . 678 ), vivace ; tiges de 15 a
autres . 18 po . (0 " 406 à 0m 487) , assez feuillées ; - Epilº
Le Brome stérile ( Bromus sterilis, Lin .), peu | lets sessiles, en forme de crête ou plutôt de
connu en France comme fourrage , est consi- peigne conique et à deux rangs de dents.
déré en Angleterre comme une des grami | Celte plante a lemérite de croitre dans les
nées les plus riches en matières nutritives. terrains secs, quoiqu 'elle s 'accommoder
G . SINCLAIR et Davy le mettent sur la même des autres. - En général, elle ne convient pas
ligne, sous ce rapport, lorsqu ' il est fauchéen à la formation des prairies fauchables, parce
fleur et non en grains, que les meilleurs pâ - qu 'en se desséchant, ses épis à bractées rudes
turins, la Fétuque élevée, etc. la rendent peu agréableaux bestiaux ;maiselle
DACTYLE (Dactylis). Genre qui diffère fort est assez productive et ſort du goût desmou
peu des Bromes par ses caracteres et surtout tons comme pâlure.
•
CIIAP. 18 ' DES PRAIRIES. SOT
Fig. 678. et meilleur que bien d'autres plantes aquati
ques ou semi-aquatiques. Sur les bords des
fleuves, de toutes les eaux à cours rapides,
ses longues et flexueuses racines retiennent
les terres d'une manière efficace; ses tiges
nombreuses arrêtent le limon qui ajoute
annuellement à l'élévation du sol, et n'en
donnent pas moins de fort utiles produits au
moins en vert.
Si:iGi,K(Secale). (Foy. pag. 383 et suivantes.)
Le Seigle dhtver, ainsi que le froment et
surtout l'orge, peut être cultivé spécialement
comme fourrage. Semé eu automne, il pro
cure l'une des premières, et, dans quelques
lieux, la principale nourriture verte dont ou
puisse alfoiirrager les bestiaux après la con
sommation des racines hivernales. — Il
donne même un assez bon coupage pendant
les hivers doux, et l'on sait que, dans ce der
nier cas. une pareille récolle n'exclut pas
celle des grains.
Le Seigle de ta Saint-Jean, semé vers l'épo
que dont il a pris le nom, est particulière
ment propre à cette destination. Dans les
contrées où l'on en fait usage, notamment en
Saxe, on commence à le faucher en automne;
on le fait eusuite pâturer jusqu'à la (in de
l'hiver, puis on le laisse monter au printemps.
Froment {Triticum). { Voy. pag. 365.) La précocité du seigle, et la facilité avec
Nous avons dit que les fromens pou laquelle il pousse dans les terres légères qui
vaient accidentellement, et sans diminution ne conviennent ni au froment ni même à
lolable de la récolte suivante, être fauchés l'orge, devrait le faire rechercher plus géné
m pâtures au printemps, et nous avons in- ralement pour créer des fourragères sem
liqiié dans quelles circonstances une telle blables à celles que l'on remarque encore
iratique devenait avantageuse; je dois seu- fréquemment en Italie et aux environs de
emenl la rappeler ici, bien plus comme quelques-unes de nos grandes villes, pour la
me exception à la règle générale que comme nourriture des vaches que les nourrisseurs
ine coutume qu'on puisse étendre et géné- tiennent à Pétable.
aliser sans inconvénient ; mais, à défaut des Ivraie (Lolium). Epillets aplatis, solitaires
romens annuels, on a recommandé de cul- sur chaque dent de l'axe, et à peu près pa
iver comme fourrage des fromens vivaces, rallèles à cet axe; gliuiic bivalve contenant
t, malgré l'analhème porté contre lui par un grand nombre de (leurs.
mis les cultivateurs, on a fait voir que le L' Ivraie vivac.e {Lolium perenne, Lin.) [Jig-
'Aiendent n'était pas sous ce point de vue 679), — ray-grass dAngleterre, a les tiges
ans quelques avantages. Il n'est pas inutile droites , hautes
'indiquer le parti qu'on peut tirer d'une de 1 à 2 pi. ( O-
325 à 0 m650),à
lante aussi commune.
Le Chiendent ( Triticum repens, Lin. ), feuilles glabres,
ont les racines longues et rampantes pous- longues , assez
Mit avec une si grande facilité des liges de étroites; les é-
lacune de leurs articulations, s'élève parfois pillets sans bar
isqu'à un mètre et plus; ses feuilles sont bes. — C'est le
:rtes, molles, velues, fort du goût des bes- gazon anglais
aux. Il fait eu partie la base des prairies utilisé si fré
stemenl célèbres connues sous le nom de quemment dans
'évalaie, et on le retrouve communément nos jardins pour
lus un grand nombre de pâturages estimés former ces tapis
incipalementpour la nourriture habituelle de verdure
■s vaches laitières ou nourrices. — Il parait qu'aucune au
le les chevaux s'accoutument fort bien à tre graminée ne
anger les racines de chiendent, ramassées pourrait égaler
a surface des champs nouvellement lalxm- en (inesse et en
s, et qu'ils se trouvent à merveille d'une fraîcheur. Il est
mblahle nourriture, ainsi que le démontre moins employé
pratique; de diverses parties de l'Espagne dans la grande
de l'Italie. que dans la pe
Ce végétal, dont la rusticité fait si sou- tite culture, et
nt le désespoir du laboureur, s'accommode parait mieux
rtout des terrains substantiels , plutôt convenir aux cli-
mides que secs. Il résiste facilement à mats du Nord
issez longues submersions, et donne, en qu'à ceux du
reille position, un fourrage aussi abondant sud de l'Europe.
508 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES. m. r.
—On peut, je crois, poser en fait que cette son nom, par sa propriété de croître dao;
Ivraie ne convient en France, comme prairie les localités arides, devait être au sud ce que
à faucher, que dans les fonds bas et frais où la précédente estau nord de l'Europe; et il est
elle dépasse ses dimensions ordinaires, et où de fait que je l'ai vue sur des sables où je
elle donne un très-bon fourrage si elle est as doute que l'autre eût réussi pareillement
sociée à d'autres gramens d'une végétatiou Toutefois, je ne pense pas qu'année commute
aussi rapide que la sienne; car on doit la cou on trouve grand avantage à la cultiver, sans le
per de bonne heure, sous peine de la voir sé concours des irrigations, sur les terrains secs
cher et durcir au point d'être rebutée même et médiocres pour lesquels on l'a si fort pré-
par les chevaux. —En des circonstances moins conisée. — Dans les sols frais et substan
favorables, elle s'élève rarement assez pour tiels, VIvraie d'Italie végète avec une \iguecr
donner un foin passable; mais sur les terres des plus remarquables; sa croissance est s
argilo-sableuses qui ne se dessèchent pas rapide qu'on peut obtenir, même au cetlt
trop rapidement, elle peut encore procurer de la France, la première année d'un seau
des pâturages précieux, par suite de leur différé jusqu'en mai, troisfortes coupes d'un
précocité, de leur aptitude à s'épaissir et à excellent fourrage. On citerait peu d'eitœ-
se fortifier d'autant plus qu'ils sont broutés pies d'une pareille abondance sur d'aulrn
de plus près, et foulés davantage par le piéti graminées. — L'ensemencement d'un hectare
nement des troupeaux. — Cette plante esta exige de 40 à 50 kilogrammes de graines.
juste titre considérée comme l'une de celles F i.i m k ( Elymus ). Chaque gïume ren
qui contiennent, sous un petit volume, le ferme de deux à quatre fleurs; est à dem
plus de substance nutritive; aussi, lorsque, valves unilatérales; — les épillets sont gémi
dans la vaste plaine de la Crau, les moutons nés ou ternes sur chaque dent de l'aie.
soulèvent les cailloux pour y chercher les UElyme des Sables [Elymus arenariusM
tiges grêles et déliées qui croissaient à {fig. 681), est dans toutes ses parties d'tue
leur ombrage, une très-petite quantité leur couleur blan- Fig. 681.
suffit, et les bergers ont coutume de dire que châtre; ses feuil
bouchéefait ventrée (bouccado vao ventrado). les sont nom
— Néanmoins, le ray-grass, dans les situa breuses , lon
tions ou les terrains arides, est d'une faible gues; — ses ti
ressource et peut presque toujours être rem ges, qui ne sont
placé avantageusement par quelque autre pas beaucoup
graminée. — Pour semer un pré, ou emploie plus hautes, se
environ 50 kilog. par hectare. terminent par
En Angleterre, il n'est pas rare d'associer un long épi pu-
cette graminée à diverses légumineuses, et bescent. Elle
notamment au trèfle rouge ou blanc, pour croit naturelle
former des prairies qui peuvent se conserver ment sur les
au-delà de 4 ans, et qui sont considérées dunes dont elle
comme d'un excellent produit. contribue puis- !
L'Ivraie d' Italie (Lotium Italicum) (fîg.680), samment à fixer
vivace, que divers au les sables. —
teurs considèrent com L'aptitude avec
me une simple variété laquelle celte
de la précédente, en plante et quel
diffère cependant, ques-unes de ses
non seulement parce congénères sup
qu'elle ne talle ou ne portent les sé
gazonne pas autant, cheresses les
mais parce--- que ses plus continues,
liges sont plus éle et peuvent pro
vées, ses feuilles plus spérer dans les
larges, d'un vert plus sols les moins
blond, et ses fleurs substantiels,
constamment bar ont fait dési rer
bues.— Comme le lo- de la voiressayer comme fourrage.Ala «n*
lium perenne , celui-ci les bestiaux refusent de la mangersècbe,n*
est vivace; cependant, ses fanes vertes leur procurent une noum
d'après des observa lure saine, et qui, d'après les expériences^
tions précises, dues à chimistes, abonde en parties assimila^**-1"
M. DE DOMBASLE , M. réflexions me semblent de nature à élreu*
Vilmorin et plusieurs ditées par les habitans des bords de la ■■
autres, il ne parait pas et les propriétaires des terrains nstNà
qu'en puisse en obte Malheureusement, pour qui voudrait fair"*
nir des produits salis- essais sur la culture de cette élyme ou
faisans pendant plus toute autre, il faudrait trouver d'abord
de 2 ans , du moins moyen de s'en procurer des graines. W
comme prairie faucha- que* petite qu'en fut la quantité, en p«
,., „ ble. temps on pourrait, grâce aux racines traf
On a prétendu que cette plante cultivée tes de la plante, et à ses féconds épis. ««
depuis un .certain temps, avec un succès dre l'expérience à une plus grande «W
fort remarquable dans le pays qui lui a donné de terrain.
chap. 18*. DES «PRAIRIES. .009
Orge (Hordeum).(Voy. page 386). premièreannée, Fig. 682.
Orge escourgeon ( Voy. page 387 ) , l'une mélangée en pe
des espèces d'hiver les plus hâtives et les tite quantité à
plus productives en tiges et en feuilles, d'autres fourra
est aussi celle que l'on cultive le plus or ges plus dura
dinairement comme fourrage, pour le don bles qu'elle,aug-
ner en vert aux chevaux , aux jeunes pou menter leurs
lains , surtout aux vaches laitières et à produits sans
tous les animaux fatigués ou malades. Voici nuire à leur suc
ce qu'en dit Olivier de Serres : « Avec le cès futur, puis
seul orge chevalin ou d'hiver, fait-on aussi qu'elle laisse le
de bon farrage. On sème cestorge quand et en terrain entière
semblable terre que l'autre fanage; et de ment libredès la
mésme, le bestail le paist en campagne du seconde année.
rant l'hiver. Si de ce l'on se veut abstenir, Pour cela il est
gardé jusques au printems, cest orge est fau clair qu'il faut
ché ou moissonné en herbe ; mais pelit-à-pelit qu'elle soit cou
pour de jour à autre le faire manger aux pée avant la for
chevaux, dont profitablement ils se purgent, mation de ses
de là prenans le commencement de leur graines.
graisse. Tout autre bestail gros et menu s'en Mais ( Zea-
porte aussi très bien, si on le paist modéré maïs), Voy. pag.
ment de ceste herbe : car, de leur en donner 396 et suivantes.
à discrétion seraient en danger de s'en trou — Plante mo
ver mal, par trop de repleciion, tant abon noïque à fleurs
dante est elle en substance. Couppé à la fois, mâles rameuses
cest orge en herbe, séché et serré au grenier et terminales,
comme autre foin, est aussi bonne viande dont chaque
pour tout bestail en hiver, et, avenant que la glume est bi-
coupe en soit tost faicte, comme sur la fin flore. — Les fleurs femelles sont serrées en
d'avril ou commencement de may, le reject épis axillaires cachés sous des spalhesetdont
de ses racines couservé, produira gaillarde les styles sortent en houppes soyeuses; —leur
ment nouvelle herbe et grain avecque, le glume est uniflore. — La tige est haute de 1 à
tems n'estant exlraordinairement chaud. » 2 mètres, selon les variétés; — les feuilles
la grosse Orge nue {Voy. page 388) est aussi longues, succulentes et larges.
cultivée fréquemment comme fourrage. Elle Non seulement dans beaucoup de lieux
se sème au printemps; ses produits sont le maïs en grains fait une partie essentielle
regardés par la plupart des nourrisseurs de de la nourriture des hommes et des animaux
Paris comme préférables à tous autres pour de travail et d'engrais, mais ses fanes ver
rafraîchir les vaches ou les ànesses laitières, tes et ses feuilles même desséchées produi
renouveler leur lait et augmenter à la fois sa sent un fourrage dont on ne connaît pas as
qualité et sa quantité. . sez généralement l'importance. — Quand on
L'Orge noire {Voy. page 387), par suite de commence à le couper avant la sortie des
la propriété singulière qu'on lui a reconnue fleurs mâles, aucune plante des prairies n'est
de ne pas monter, sion attend, pour la semer, autant du goût des bestiaux et ne les nour
le mois de mai ou seulement la fin d'avril, rit mieux à dose égale. Aussi évite-t-on de
paraîtrait très-propre à remplir la double leur en donner à discrétion dans la crainte
destination de plante fourragère et à grain. d'accidens assez gravesqtii se renouvelleraient
Il est probable qu'on pourrait la faucher plu d'autant plus fréquemment qu'on ne pren
sieurs fois la première année, sans nul incon drait pasla précaution de le laisser se faner,
vénient pour l'année suivante.— Elle occupe après l'avoir coupé, pendant assez de temps
rait ainsi deux ans de l'assolement et pour lui enlever parl'évaporation une partie
donnerait double produit sans exiger double de ses sucs aqueux.
L'usage modéré du maïs vert est également
culture.
JJOrge des près ( Hordeum secalmum, profitable à tous les herbivores ; il les rafraî
Schreb.), Orge faux seigle,elc.,esl une des es chit, les maintient frais et luisans au milieu
pèces sauvages que l'on rencontre le plus sou des chaleurs de l'été. Les bœufs et les vaches
vent dans les prairies basses; — ses tiges en sont particulièrement avides; il augmente
ont grêles, ses feuilles assez rares; — ses la quantité du lait de ces dernières et lui
''pis diffèrent de ceux de l'Orge queue de donne un goût exquis.
'•ouris ou de murailles, parce qu'ils sont plus Dans le midi, quelques cultivateurs font
-ourts et garnis de barbes moins longues et macérer les feuilles sèches de maïs en ver
beaucoup plus fines. ( Voy.fig. 682.) sant dessus de l'eau bouillante tantôt pure,
Kauchéede bonne heure, cette espèce pro tantôt légèrement salée, ce qui ajoute beau
luit un foin fin et de fort bonne qualité. Si coup à la qualité du fourrage. — Après la
,n la laissait approcher de la maturité, ses récolte des grains, les tiges écrasées, hachées
jarbes acquerraient une rudesse désagréable el humectées sont encore du goût des bes
mx bestiaux, et ses feuilles radicales jauni - tiaux; et, si l'on ajoute foi auxanalyses curieu
•aient promptement. En résumé, comme ses de Sprengel, elles contiennent en cet état
o ut-rage annuel fauché ou pâturé, elle est 74pourcentde parties nutritives, c'est-à-dire
"■.„ de valoir celles de ses congénères que je presque autant que les tiges sèches du millet
iens de citer. Tout au plus peut-elle une et beaucoup plus que la paille de froment.
«0 AGRICULTURE DES PLANTES FOURRAGÈRES. m.f.
On sème le maïs-fourrage épais, k la volée, que les autres folioles, et à stipules adhéren
depuis la fin d'avril jusqu'à celle de juin et tes au pétiole.
même le milieu de juillet, cependant, quoique « VAnthyllide vulnéraire {Anlhyllisvulnf.
cette méthode soit la plus ordinaire, d'ha raria, Lin.), vivace [fig. 683), est une plante
biles cultivateurs préfèrent les semis en indigène que Fiç. 683.
lignes. Ils fument le terrain au prin nous avons sou
temps et le sèment par petites parties de 15 vent rencontrée
en 15 jours, se ménageant ainsi pendant 3 dans les prés et
ou 4 mois une ample récolle de l'un des meil les pâturages
leurs fourrages verts connus, touten disposant secs; que les bê
leur sol, par les binages, à recevoir l'automne tes à laine, les
suivante une belle culture de froment. chevaux, les
chèvres et les
§11. — Des plantes légumineuses (I). bœufs mangent,
et qui nous pa
Lupin ( Lupinus). Calice à deux divisions ; rait propre à
— carène bipétale; — élamines soudées à la utiliser tes sols
base et à anthères, les unes rondes, les autres les plus ingrats.
oblongues ; — gousses coriaces, oblongues, à Ses racines, vi-
plusieurs grains; — (leurs en épis; — feuilles vacesetpivotan-
digitées et à stipules adhérentes au pétiole. tes, fournissent
Le. Lupin blanc {Lupinus albus, Lin.), an des tiges herba
nuel, se dislingue suffisamment du lupin cées, un peu ve
bigarré, dont il se rapproche le plus, par lues, couchées
la couleur blanchâtre de ses fleurs alter dans l'état de
nes, disposées en grappes droites et dépour nature, et for
vues de bractées; par la lèvre supérieure de mant une touffe
son calice qui est entière, etc.; il s'élève étalée d'environ
à plus de 2 pieds (0ra650). — Cette plante, 34 centimètres.
qui a l'avantage incontestable décroître fort Ses feuilles ai
bien sur les sols de très-médiocre qualité, lées ont peu de
dans les graviers et les sables ferrugineux, folioles, et ses
comme sur les argiles les plus maigres, et de lleurs jaunes sont ramassées en têtes pa
résister partout a la chaleur, vient au con nées. » Yvart ( Cours complet d'agricultitt
traire assez mal à l'humidité et dans les ter théorique et pratique).
rains calcaires à l'excès; elle craint les Iroids Trèfle {Trifolutm ).Calice tiibuIem.Jcim
du nord et du centre de la France; aussi ue divisions; — carène d'une seule pièce, pi»
peut-on l'y semer que vers la mi-avril, à rai courte que les ailes et pig 684.
son de 10 à 12 décalitres par hectare. l'elendard; — gousse
Lelupiu en vert est un assez bon pâturage petite, renlermée dans
pour les moutons; lorsqu'on le cultive sur le calice, et de deux
une terre de la nature de celles dont je viens à quatre graines; —
de parler, c'est ordinairement ou pour le feuilles ternées ; —
faire pâturer sur place par ces animaux, ou lleurs réunies en tête
pour l'enfouir au moment de la floraison. ou eu épis serrés.
Dans l'un et l'autre cas, il présente un moyen Le Trèfle commun
puissant et peu coûteux d'amélioration. — ( Trijolium pratense ,
Ou a quelquefois donné les tiges sèches de Lin. ), grand Trèfle
lupin aux bœufs, qui mangent les sommités rouge, 1 ré/le de Hol
en cas de pénurie d'autres fourrages, mais lande, etc.", en anglais,
qui rejetteut toujours la partie inférieure, à Clover ( fig. (J84 ) ,
moins qu'elle n'ait été préalablement pilée vivace , a des lige*
ou hachée. — Les grains macérés dans l'eau plus ou moins rameu
sont un excellent aliment pour lcsrummans. ses, longues de 1 pied
Dans quelques parties du midi, notamment a 1 p. 1/2 ( 0 m 325 a 0">
aux environs de Bordeaux, ou cultive aussi le 487 ;, redressées, peu
Lupin àjeuilles étroites {Lupinus angustifo- ou point velues dans
Uus, Lin.). l'état de culture ; ses 3
Antuyllide {Antliyllis). Calice à cinq divi folioles sont ellipti
sions, renflé à partir de sa base, et rétréci ques, glabres ou très-
vers son orifice, velu, persistant; — éten peu velues ,à peine den
dard plus long que les ailes et la carène; — tées; ses fleurs sont
gousse petite, renfermée dans le calice, et à d'un rouge pourpre ,
une ou deux graines seulement; — feuilles disposées en tète ser
ternées ou ailées, avec impaire plus grande rée, portant à sa base
tris, C. V.), Voy. pag. 8 du livre 2, est préfé les chaumes, ou après l'arrachage des lins,
ré par quelques cultivateurs à la moutarde de fort bons produits. Je conseille donc de
blanche, comme fourrage. On le sème à la l'essayer dans des circonstances analogues,
môme époque et de la même manière que le partout où les pluies estivales promettent
colza, en ayant la précaution d'employer en quelques chances de succès.
viron le double de graines. La Pimprenelle {Polerium sanguisoria,
La Moutarde blanche {Synapis alba,~Lm.), Lin.), famille des rosacées {fg. 702). Le grand
même famille, est généralement préférée à mérite de cette plante,
la moutarde noire (Poy. pag. 10 du livre 2, dit M. Vilmorin, par Fig. 702.
fig. 5 et 6), comme récolte fourragère; ainsi faitement d'accord en
que les deux espèces précédentes, c'est sur cela avec tous les essais
le chaume qu'on est dans l'habitude de la se que j'ai faits et vu fai
mer, à raison d'un 10e de kilog. par hectare. re, est de fournir d'ex
Pour peu que le temps ne soit pas trop sec, cellentes pâtures sur
la moutarde, dont chacun connaît la rapide les terres les plus pau
croissance, donne promptement aux vaches, vres et les plus sèches,
dont elle améliore le lait, une excellente soit sablonneuses, soit
nourriture jusqu'aux gelées. calcaires. Elle résiste
LaBuMADE {Bunias orientait.1;, Lin.), même aux extrêmes de la
famille, est remarquable par la précocité de chaleur et du froid, et
son fourrage. On peut le faire pâturer ou offre surtout une res
même le faucher dès la fin de mars ou le cou source très-précieusec
rant d'avril. C'est une qualité si importante, en hiver pour lanour-'
qu'on a beaucoup vanté cette plante. Dans riture des troupeaux.
les essais que j'en ai faits sur une terre argi- Quelques parties de la
lo-sableuse aride et très-peu féconde, j'ai ob Champagne pouilleuse
tenu, en petit, de très-bons résultats du semis ont clù a la pimpre
de printemps en place; d'autres se sont nelle une amélioration
mieux trouvés, dit-on, de semer en pépi sensible dans leur si
nière et de repiquer. En général, la Buniade tuation agricole , amé
est très-fourrageuse et parait peu difficile lioration dont bien des
sur le choix du terrain et les soins de cul milliers d'hectares en France seraient sus
ture; mais une chose dont les auteurs ne ceptibles. Il parait que son foin ne conviffll
parlent pas et que j'ai éprouvée, c'est que ni aux vaches ni aux chevaux, quoiqu'il soi'
les bœufs et les vaches la repoussent en pré excellent pour les moutons; mais son fonr-
sence de tout autre fourrage : il en est de r«ge vert plaît à tous les herbivores, et elle
même des chevaux. Peut-être cependant repousse pendant la belle saison plus «le
pourrait-on les y habituer, et alors ce végétal peut-être qu'aucune autre plante. On li
présenterait des avantages analogues à ceux sème en mars ou septembre, à raison de
qu'on retrouve dans la chicorée. 30 kilog. environ par hectare.
Le Pastel ( Isatis tinctoria, Lin. ), même La Sanguisorbe ( Sanguisorba cjjidnalu,
famille, se recommande aussi par sa grande Lin.) (fîg.103), même famille, plus vulgaire-
précocité. Dès la fin de février, il est déjà en ment connue sous le Fig. 703.
végétation. On lui a reproché d'être peu du nom de grande pim
goût des bestiaux ; cela est vrai pour les prenelle , s'élève
bêles bovines; cependant des expériences beaucoup plus que
positives démontrent qu'on peut les y habi l'espèce précédente,
tuer, et qu'elles s'en trouvent assez bien. et n'est guère plus
Quant aux moutons, ils le mangent sans difficile quelle sur
Fig. 701. difficulté. On sème au le choix des terrains.
printemps 20 kilog. J'en ai vu de belles
'par hectare. sur des terres luffa-
La Si'ihi.i ri; ( Sper- cées, et j'en ai pos
,guia arvensis, Lin. ) sédé de magnifiques
\. fig. 701), famille des sur des sols argilo-
LCaryopltillécs, partage sableux maigres et
Javec la moutarde l'a- arides. Je la crois
'vantage d'utiliser le sol préférable à la pim-
peu de temps après la prenel le comme pi us
moisson, et deprocurer fourrageuse.
jusqu'aux gelées un Les Courges ou
pacage ou un fourrage Citrouilles {Cucur-
vert fort recherchés des bita), familledes Cu-
vaches. Dans les terres curbilacées , dans
médiocres ou tenaces, plusieurs parties de
elle s'élève si peu qu'on la France méridiona
ne peut guère en con le et occidentale,
seiller la culture que sont cultivées sur de
sur des sols sablo-argi- petites étendues
leux, substantiels et pour concourir à la
frais. Là , je l'ai vue nourriture des rumi-
donnerenBelgrque sur nans, et surtout des cochons, pendant un'
:n*p. 18'. DES PRAIRIES. 525
ortie de la mauvaise saison. Cette nourri - gué que je citais tout-à-1'heure en a tiré un
ure, un peu aqueuse, a besoin d'être miligée fort grand parti dans ses propriétés du Loi
>ar d'autres alimens. L'espèce que j'ai vue ret : « Les genêts, dit-il, spnt peu coûteux à
e plus habituellement recherchée est verte , multiplier; on en fait ramasser la graine par
iblongue, de la grosseur de la tête ou davan- des pâtres; le litre revient à 50 ou 60 c, et il
age, et rayée de blanc ; quelquefois simple- en faut 2 à 3 litres par arpent de 20 pieds
nent tachetée de cetle dernière couleur et pour perche. Afin d'éviter les labours, on les
iresque ronde. sème dans les terres usées et arides avec le
On la sème sans grande précaution lorsque seigle et le sarrasin ; au bout de 3 ans la ge-
es dernières gelées ne sont plus à craindre, netièrepeut être pacagée avec avantage. Heu
antôt en des augets, au fond desquels ou reusement on commence, depuis plus de 20
. déposé quelques engrais, tantôt sans celte ans, à se servir de ce moyen pour améliorer
irécaution, sur des fonds naturellement fer- les pâturages de la Sologne, et cela seul a
ilcs, au plantoir ou à la main, à des dis- déjà produit un bien réel que la généralisa
ances à peu près égales entre chaque pied. tion de cette pratique ne fera qu'accroître. »
)'après le premier procédé, qui est preféra- Le Genêt velu (Genista pitosa, Lin.), d'après
ile, on répand 4 à 5 graines dans chaque Sprengel, est celui qui tient le 1er rang parmi
uget, quoique plus tard on ne doive lais- toutes les espèces de genêts les plus propres
er subsister que deux pieds. A mesure que à garnir les pâturages des moutons. Voici les
es courges mûrissent, ce qu'on reconnaît raisons qu'il en donne : 1° Il vient fort bien
leur changement de couleur, et surtout à dans les terrains sablonneux et même dans
i dureté complète de leur écorce,on les ceux qui, à cause de leur grande aridité, ne
ueille; on les laisse se ressuyer quelque produisent que la canche blanchâtre, l'éper-
emps en plein air, et on les rentre toutes vière piloselfeet quelques autres plantes, par
vaut les gelées dans un lieu sec et abrité. tage des terres les plus stériles; 2° ses tiges
La culture des courges est assez étendue et ses feuilles ne gèlent jamais, de manière
[ans les départemens de l'Ain, de Saône-et- que, même pendant l'hiver, il procure aux
x)ire, de la Sarlhe, de Maine-et-Loire, etc. moutons une nourriture abondante; 3° les
,à, les cultivateurs en font grand cas pour rameaux sont mangés en entier; 4° de toutes
es localités dont le fond est léger, quoique les espèces de genêts, c'est celle que les mou
ertile. Au-delà du 49= degré vers le nord, tons préfèrent, ce dont il est facile de se con
Ile ne présenterait plus les mêmes avan- vaincre dans un pâturage où il se trouve
ages. plusieurs autres espèces de ce genre; 5° ses ra
cines s'étendent à des profondeurs telles que
§ IV. — Des arbres et arbrisseaux fourragère. la plante est insensible aux excès de la sé
cheresse et du froid, et qu'elle tire du sous-
sol une grande partie de ses principes nour
Les végétaux sous-ligneux et même ligneux riciers; 6° elle ne souffre nullement d'un
firent dans quelques localités, et pourraient pâturage continuel; 7° sa présence non seu
ffiïrdans beaucoup d'autres, des ressources lement ne nuit aucunement au trèfle, aux
ssez importantes pour la nourriture des bes- graminées, mais elle procure à ces plantes
laux. Comme les plantes herbacées, il y a une végétation plus vigoureuse, parce que le
eux manières principales de les faire con- genêt velu améliore la couche supérieure du
ammer : en vert, soit au pacage, soit à l'éta sol ; aussi ne devrait-il manquer dans aucun
lé; — à l'état sec, à l'aide de divers modes pâturage à moutons, en sol sablonneux et sec.
e conservation. La Genestrolle {Genista tinclaria, Lin.) par
Les Bruyêres(ZÎ>7cœ') elles-mêmes, dans les tage une partie de ces avantages. L'analyse
irraiusqui ne conviennent qu'à leur végéta- nous la montre comme plus nourrissante en
on, sont quelquefois broutées par les mou- core; elle dure longtemps, est d'une culture
iijs. M. de Morogues en cite des exemples facile, parce que la semence, qui est fort
3ur la Sologne. D'après les essais qu'il rap- grosse, lève aisément, et souffre peu du
Drte,cesont \esErica cinerea elvulgaris dont voisinage des autres plantes. Sprengel re
s mérinos s'accommodent le mieux. Quand commande de semer ce geuêt avec d'autres
sbruyères croissent mêlées à des genévriers, plantes fourragères en automne ou au prin
: dernier arbrisseau rend leur pacage meil- temps, par-dessus une céréale d'hiver.
ur, parce que les moutons le broutent avec L'Ajonc(c7/w eitropeus,l,w.),n\ènae famille,
aisir et profit pour leur santé. On pourrait croit aussi naturellement dans diverses loca
>nc semer le genévrier comme le genêt, s'il lités sur les terres abandonnées pendant un
: croissait pas avec une si grande lenteur. certain nombre d'années sans culture, après
Les Genêts {Genista et Spartium, Lin.), fa quelques récoltes économiques. — Ailleurs
ille des légumineuses, croissent spontané- on juge convenable de le semer, dans la per
ent dans beaucoup de localités sur les ter- suasion qu'il améliore le sol pour les céréa
i ii s qu'on abandonne sans culture pendant les. On répand alors à la volée une quinzaine
i certain nombre d'années. Dans d'autres de kilog. de semence par hectare. L'ajonc
i les sème, comme l'un des meilleurs moyens aime les terrains consistans. Il vient de pré
îmélioralion des coteaux à pente rapide et férence dans les schistes argilo-sableux, sur
s sables arides. C'est le Genêt à balai {Spar- la crête des fossés où il forme d'assez épais
xin scoparium. Lin.) qui est le plus répandu ses clôtures, pendant ses premières années,
Franc». Je ne nie suis jamais aperçu chez et sur les friches, où, comme en Bretagne
>i que le gros bétail y touchât clans* les pa et une partie de la Vendée, on peut en reti
rages, mais il procure une bonne nourri rer un combustible abondant et de bonne,
ra verte aux moutons. L'agronome distin- qualité.
526 AGRICULTURE : DES PL A.NTES FOURRAGERES. uv.i".
Lorsqu'on cultive l'ajonc pour fourrage, Beaucoup ftarbres estivaux sont très-pro
on le tond ordinairement deux fois, une an pres ii donner des feuillards qui convien
commencement et la seconde vers la (in de nent également à tous les herbivores. A.
l'hiver, en ayant soin de prévenir l'entier l'uni i.\ a consacré une partie de l'école pra
épanouissement des fleurs, parce que dès- tique du Muséum d'histoire naturelle, et un
lors ses nombreuses épines seraient plus dif paragraphe de sonCours de culture,à la forma
ficiles à briser, et parce que surtout les tiges tion et à la description de haies àjourraçes.
acquerraient une rigidité telle que la l'aulx Malheureusement les espèces qui convien
ne pourrait plus les renverser. Lorsque les nent le mieux au bétail ne sont pas généra
champs d'ajoncs arrivent à un certain âge, on lement celles qui procurent les clôtures la
doit recourir à la serpe. Dans tous les cas, on plus défensives, attendu qu'elles doivent
frappe les branchages au maillet sur un bil être privées d'épines. Cet inconvénient est
lot, ou on les fait passer sous les meules à ci assez grave; néanmoins il est telles posi
dre pour émousser les piquans qui repous tions ou l'on pourrait atteindre suffisam
seraient les animaux. En cet état, tous les ment le second but, sans manquer le pre
mangent avec grand plaisir, et ce peut être, mier ; or, selon moi, cette question est plus
à défaut d'autres fourrages, une ressource importante qu'on ne parait le croire. Ce
souvent importante. n'est pas seulement au Jardin des Plantes
Les Pi.ns {Pini) sont aussi, dans les assole- de Paris qu'on peut voir de superbes haies
mens où l'on juge utile de les introduire qu'une tonture rigide ne fait que rendre
pour quelques années, employés à la nourri plus touffues dans leur mince épaisseur. Tous
ture des troupeaux. Je ne reviendrai point ceux qui ont parcouru la Belgique en ont
ici sur le mode de culture applicable à de tels pu remarquer de semblables eu plein champ,
assolemens (f'oy. le chap. X); mais il est et certes l'abondance des rainées obte
utile d'appeler l'attention des cultivateurs nues une ou deux fois dans le cours de la
sur le parti qu'on peut tirer des espèces les belle saison, lorsqu'elles soûl de natureàaf-
plus abondamment cultivées, et notamment fourrager les animaux, sont d'aulanl moins
du Pin mat Mme {Pinus maritima, Lin.), dont à dédaigner, qu'on peut choisir, pourlesabat-
l'usage sous ce rapport est trop peu connu. Je tre, le moment où les prairies offrent témoins
qe puis mieux faire que de laisser parler de ressources.
M. de Morogues : « N'omettons pas ici le Une première condition à rechercher dam
parti qu'on peultirerdes branchages -de cette les végétaux qu'on destine à former des haies
dernière espèce. Malheureusement les mé fourragères, c'est : t "qu'ils plaisent aux bes
rinos en font peu de cas; mais les bètes à tiaux ;2°que leur végétation soit le plus active
faine indigènes qui ne les appètent point en possible,etquede fréquentes tontures ne leur
été, les mangent en hiver. Depuis deux ans, soient pas nuisibles. L'orme, les érables, le
M. le comte de Tristan aaffourragé de cette charme et divers autres végétaux ligneux
manière pendant tout l'hiver deux troupeaux remplissent fort bien ce double but
de brebis, race de Sologne, et il s'en est ap Quant aux arbres ou arbrisseaui qui ne
plaudi. — M. de (IvLvn.i.iKiis, président de pourraient former de bonnes clôtures, parte
ta Société d'agriculture du département de que leurs tiges sont ou trop faibles ou trop
Loir-et-Cher, a aussi employé avec succès, disposées à se dégarnir du pied, ou enfin
dans sa terre près de Mois, ces branches parce qu'ils auraient à souffrir des elfelsde
pour nourrir les moutons; et moi-même j'ai la tonture, on peut encore les utiliserai*
tait, de mou colé, plusieurs expériences à nourriture des bestiaux, en les plantant,
ce sujet qui toutes m'out paru concluantes. comme on l'a conseillé, en taillis, en quelque
— Il ne faut couper les branches de pins sorte fauchables chaque année ; —en lesarré-
qu'au fur et à mesure du besoin, parce que tant sur souches très-basses; —ou en le» éle
quand elles sont sèches, les moutons parais vant en têtards, destinés à être coupés tous
sent ne s'en pas soucier, taudis qu'ils se jet les 3 ou 4 ans, et dépouillés seulement de
tent dessus avec avidité quand elles sont leurs feuilles chaque annéeanx approches de
fraîches el qu'ils y ont été accoutumés. Si l'automne. Sous les deux premières formes,
par hasard ils y répugnaient, on pourrait quelques-unes des espèces qui paraîtrait»'
vaincre ce dégoût en trempant d'abord dans présenter le plus d'avantage sont les sui
de l'eau salée les branches qu'on leur don vantes :
nerait. Cet expédient, dont on use avec suc La Luzerne en arbre (Medicago arbora,
cès pour faire manger (les premières fois, Lin ), famille des légumineuses, qui est consi
aurait du ajouter l'auteur) des marrons d'Inde dérée parla plupart des nalura I istes comme le
concassés aux brebis mérinos qui allaitent vrai cytise, tant vanté des anciens, dont quel
leurs agneaux, réussirait sans doute dans le ques essais avantageux ont été faits, je crois*
cas que nous venons de mentionner. » {Essai aux environs de Montpellier, et qui parait
sur les moyens d'améliorer l'agriculture en très-propre à fournir à la fois dans les régions
France. ) méridionales un excellent fourrage aux bes
Certes, on ne cultivera jamais des pins tiaux et une nourriture de prédilection pour
comme fourrage dans les lieux où l'on pourra les abeilles. On sait que l'excellent miel d»
entreprendre des cultures herbagéres; mais mont H)bla, célébré par Virgile, était re
on ne doit pas perdre de vue que M. de Mo cueilli sur les fleurs de ce végétal.
rogues, eu les recommandant, parlait aux Le Cytise des Alpes (fiytisiu laburnum,
habitaus de la Sologne, et que les circon Lin.), même famille, qui prospère sur les
stances lâcheuses qu il avait en vue peuvent terres sèches, rocailleuses, et dont il est pro
se présenter malheureusement en bien d'au bable qu'où obtiendrait des feuillards abofl-
tres lieux. (Tuy. l'art. Assolement.) daus el fort du goùl des bestiaux.
chap. 18e. DES PRAIRIES. 597
Le Baguenaudier onniXAiRE {Colutea ar- un aliment très-nourrissant dux bestiaux.
horescens, Lin.), même famille. Arbrisseau "VErable jaspé est de toutes les espèces de
à croissance rapide qui se plaît aussi dans ce genre celle dont la sève est la plus su
les terrains sablonneux ou calcaires de peu crée. Dans le nord des Etats-Unis, au Ca
de valeur, et que toutes les bêtes fauves ron nada et à la Nouvelle-Ei-osse, les cerfs et les
gent jusqu'au bois. J'en ai vu des baies élans se nourrissent presque exclusivement
ondues depuis long-temps ï et 3 fois cha de ses branches de deux années d'existence,
que année, sans en soulfrir. ainsi que de ses bourgeons qui se dévelop
Le Carauwa ou Arbre aux pois {Robinia pent de très-bonne heure au printemps, ce
caragana, Lin.) ; le Robinier jaux-acacia qui lui a fait donner le nom de moose-
Jiobinia pseudo-acacia, Wild.) ; le Robinier wood {bois d'élan ). L'érable jaspé se trouve
rans épines {Robinia inermis), même fimille. particulièrement aux endroits élevés, hu
— Tous les 3 très-propres à être conduits mides et ombragés. Introduit dans les mon
ïn têtards de 2 à 3 pieds de haut, et à donner tagnes de la Suisse, des Vosges, de l'Auver
i la fin de l'été des branchages aboudans et gne, etc., il s'y reproduirait naturellement
euillus dont les herbivores de toutes sortes et il ajouterait utilement à la nourriture
«ont avides. des chèvres qui seules peuvent gravir les
La variété du Robinier connue sous le nom pentes rapides et escarpées de ces monta
le spectabilis, dont les feuilles un peu glau gnes. — On peut encore donner aux bes
ques sont plus grandes que celles de l'espèce tiaux «les rainées du Peuplier suisse, du
commune, et dont les branches sont entiè Peuplierfranc et du Peuplier de Canada. Les
rement dépourvues d'épines, a , dans ces Indiens de la haute Louisiane nourrissent
Jerniers temps, attire d'autant plus l'atten leurs chevaux, une partie de l'hiver, avec les
tion des cultivateurs, qu'on est parvenu jeunes branches conservées de cette der
i l'obtenir franche de pied. M. Michaux, nière espèce. » Michaux. Note communiquée.
Tiotre confrère, qui s'est tout parliculière- Le Fr£.\e {Fraxinus excelsior, Lin.), fa
iient occupé de l'étude des arbres sous le mille des jasminées, est un des arbres les
joint de vue économique, tout en recom plus utiles sous le point de vue qui nous oc
mandant d'une manière spéciale la multipli cupe ici. Je n'ai pas vu couper ses jeunes
cation de cette intéressante variété, ne laisse branches pour affourrager les ruminans à
cependant pas ignorer que si on permettait l'étable; mais daus plusieurs départemens,
iux bestiaux de mander l'écorce d'acacia, le comme dans celuideMaine-et-Loire, on l'ef
principe irritant qu'elle contient en propor- feuille chaque année en automne avec un
;ïons telles que les Indiens de l'Amérique du soin minutieux pour en nouri ir les vaches
*ord en emploient les décoctions pour se laitières. Ce sont ordinairement des femmes
"aire vomir, pourrait produire des accidens et des enfans qui sont chargés de monter sur
acheux. les têtards, toujours peu élevés, pour faire
Quant an Robinier sans épines ou Acacia cette cueillette. Ils la font également sur les
'roule, dont j'ai déjà parlé ci-dessus, comme ormeaux, parfois sur les peupliers, et ces pro
1 ne fructifie pas, il est plus difficile de le duits, malgré leur grande utilité, au moins
îi ultiplier en grand. Cependant son feuillage en certaines années, ue coûtent cependant
iélicat et très-abondant est recherché avec qu'un peu de temps, et ne peuvent nuire
in empressement remarquable par les vaches, sensiblement aux arbres à l'époque où on
es moutons et les chèvres; — M. Michaux a les obtient. Il n'en est pas toujours de même
■prouvé qu'on pouvait le couper au moins de I'ébranchage.
Jeux fois dans le cours de l'été; qu'il peut Lorsque l'on vent conserver des ramées
:tre très-utilement conservé en sec pour l'hi- ou feuàlurds pour l'hiver, on en forme de
>er, et il conseille en conséquence de gref- petits fagots qu'on superpose, après quelque
èr cet arbre en fente sur la racine même ou temps de séjour à l'air libre, dans un endroit
ur le collet des racines de l'acacia ordi- abrité des grandes pluies, d'où on les retire
laire, afin de le cultiver en rangées paral- ensuite au fur et à mesure du besoin.— Là
èles ou d'en placer les pieds isoles aux feuillëe est susceptible aussi de conserva-
adroits qu'on ne pourrait utiliser d'une lion. Aux environs de Lyon, on entasse les
nauière plus profitable. feuilles de vigne dans des citernes ou des
L'Orme {Ulmus campestris,~L\n.) , famille tonneaux, et après les avoir foulées le plus
les amentacées, est depuis long-temps et possible, on les couvre d'eau. On les coupe
lans beaucoup de lieux utilisé pour la nour- ensuite à la bêche lorsqu'on veut en faire
iture des lw^îi^nx. Il se conserve parfaite usage pendant l'hiver. Il parait que les ani
rient en massifs plantés sur les terrains maux, une foi* accoutumés à ce genre de
i'iii-e pente rapide et tondus chaque année. nourriture, s'en trouvent à merveille. Dans
1 vient bien aussi en haies dans les lieux où quelques provinces d'Italie, on cueille les
on peut se défendre contre la disposition feuilles en septembre. On les laisse plusieurs
rnçanle de ses racines; enfin, il forme des heures étendues au soleil, puis on les entasse
C'tardsd'un grand produit eu branches et de la même manière dans des tonneaux ou
n feuilles. — L'Orme > e Hollande, dont les des espèces de silhos simplement recouverts
milles sont plus gran les et plus épaissesque de sable, parfois même de paille et de terre.
elles de l'espèce ordinaire, devrait être gé- D'après les analyses que Spkengel a faites
léralement préféré. des espèces de feuilles employées à la nour
« Le feuillage des divers Erables, fa- riture des bestiaux en Allemagne, on trouve
nille des acérinées, en exceptant toutefois rait que celles de chêne contiennent à l'état
elui du negundo {Acer neguntlo , Lin.), donne sec environ 80 pour cent de parties nutriti
rais, ou encore conservé sec pour l'hiver, ves;— celles de frêne, 81 2,3; —celles d'orme;
528 AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGERES. UT. 1".
81 ; — celles de charme, 76 1/2; — celles d'é supplément au pâturage, 24 livres de ra
rable, 77 ; — celles d'acacia, 78 1/2; — celles mée de peuplier de Virginie, elles con
de hêtre, 72 1/2; — celles de peuplier, 76 1/2 ; sommaient chacune en moyenne 11 livres
— celles d'aune, 71 1/2; — celles de saule, tant bois que feuilles; donnaient autant de
plus de *0; — celles de tilleul, 80 1/3; — lait, et étaient aussi bien entretenues que
enfin, celles de bouleau, 72 1/2. Toutes ces lorsqu'on les ai fourrageait de 15 k 18 livres de
feuilles étaient sèches lorsqu'elles ont été trèlle! — De tels résultats, quelle que
soumises à l'expérience: mais il est probable soit la manière de les envisager, doivent,
qu'elles avaient été détachées des arbres ce me semble, engager à étudier, plus qu'on
avant que la sève les eût abandonnées, c'est- ne l'a encore fait, l'utilité des feuilles d'ar
à-dire dans le cours de l'été ou le commen bres comme fourrages, et conduiront très-
cement de l'automne. J'ajouterai, avec M. Pu- probablemenl à étendre leur emploi au-delà
vis, que, dans une ferme où l'on a donné de ses limites actuelles.
pendant plusieurs mois à 3 vaches, comme O. Leclerc-Thouiv
CHAPITRE XIX. — des maladies et des attaques auxquelles les végétaux cil-
TIVÉS SONT SUJETS, ET DES MOYENS 111 REMÉDIER.
i
A 1 WÊl' V
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ingénieuse. On l'établit sous quelque appentis
qu'on sait être fréquenté par les rats, ou dans
650 AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES. un.
lequel on les a habitués à se réunir, et l'on en {Mus srlvaticus, L.). Un peu plus gros que li
rend les abords séduisansen l'entourant de fa souris et le campagnol.il vil dans Te voisinage
gots, de menu bois, de paille, etc. Le piège se des forêts et dans les pays de montagnes, d'oii
réduit essentiellement à une auge nm, à une il se répand dans les champs à l'époque iks
trappe hc qui y est pratiquée, à une sorte de semailles et des moissons pour y dévorerau-
vase en cône renversé b sur lequel s'ouvre la lant de grains qu'il le peut. Il fait de gran
trappe, à un petit conduit ce qui part du fond des provisions pour l'hiver. Il est Irès-com-
de ce vase, enfin à un tonneau où le conduit ce mini dans certains cantons, et sa multipli
aboutit i't qui eslenfoncé en terre. Ce tonneau cation, habituellement moindie que celle du
est en partie rempli d'eau; à sa paroi est campagnol, est parfois élonnaute; elle de
adaptée une bascule qui. en s'abaissant mo vient alors un fléau. Il est moins nuisible
mentanément, laisse glisser dans l'eau le rat aux plantes cultivées dans les champs qu'aui
qui a cru y trouver un refuge. La trappe est arbres dont il ronge l'écorce et endommage
dans une sorte de défilé LJ au-delà duquel est les racines. Il ne fouit pas volontiers et s»
placé l'appât; elle ne doit pas céder à :a pre réfugie dans les trous pratiqués pard'aulres
mière pression que fait la patte du rat; c'est animaux. Mêmes moyens de destruction que
pour cela que le bout opposé au contre-poids pour le campagnol.
h est garni d'une lame de fer et appuie sur un Vraisemblablement cette espèce est sou
petit rebord de forme courbe. Comme leurre, vent confondue avec le Bat champêtre [Mm
on emploie de la drèche peu colorée qu'on campestris, Fr. Cuv.) et le Bat des moisiom
oint d'huile de carvi, et de la paille de fro- { Uns messorius).
ment. Genre Campagnol {j4rvico/a).Le Campagnol
2° Souris {Mus musculus, L.)< Nous n'avons ou petit ratdes champsfTftf.723), vit principa
rien à dire de particulier de celte espèce {fig.
721), quj ne vit guère dans les champs et que
rig. 721.
l'on combat avec les armes employées contre lement de grains qu'il sait mettre à sa porter
les rats. en sapant les tiges ; il se tient donc surlool
3" Surmulot {Mus decumanus, Pall.). Plus dans les champs; mais il se jette aussi dam
grand que le rat noir qu'il détruit partout les prairies hautes où il ron^e des racines.
où il pénètre. Vorace, hardi et recherchant ainsi que dans les jardins et dans les boi>
moins les grains que la chair, il fait la guerre où il consomme des fruits. Il fait de grand*
à tous les petits animaux et se bat contre excursions pour se procurer sa nourriture
les chats. Il est des lieux où l'on ne peut sau mais il revient toujours à sa première de
ver de sa dent les couvées de tonte espèce meure. Au rebours des mulots, il creuses^
qu'avec des préeaulions sans nombre, car il cesse de nouveaux trous et ne fait pas de
perce les murs. Il habile volontiers dans le provisions. Les oiseaux de proie, les p*
voisinage des cimetières, des voiries, des ri turnes surtout, les petits mammifères car
vières et des grands élablissemens; on le fait nassiers, les chats, détruisent beaucoup de
sortir de son trou en y versant de l'eau ou campagnols; quelques chiens les chasse»!
l'enfumant pour l'assommer à coups de bâ avec fureur. Ils périssent aussi par miHi'"
ton dans des sacs placés à l'entrée; on lui dans les inondations et après les grande»
dresse des pièges de toute espèce, on le pour pluies ; néanmoins leur nombre est toujours
suit avec dt-s chiens dressés à celle chasse, et trop considérable pour le cultivateur. On 1*
on l'empoisonne. Il faut varier souvent les combat donc par différens procédés : dan*
appâts. les terrains forts, par l'ouverture de fus*
4* Mulot (Jîg.722) ou grand rat des champs Crofondes de 18 à 20 pouces, plus larges a
Fig. 722. as qu'en haut, et dont on aplanit bien h
parois; par le forage, c'est-à-dire, en praU-
quant des Irons dans le sol 3U iU"jeo l'-
tarières; par les fumigations sulfureuse» '*"
pétées sur les trous ouverts dans Tinter""'
d'une nuit, après qu'où a bouché t«ii--> >
qu'on avait trouvés ouverts la ieille;d3«
tous les terrains, en inondant leurs dentu
res, eu y introduisant des butons ferrés,
luisant fouiller le terrain par les cochon*.
ou suivre la charrue par des enfans ^
tuent tous les animaux que le soc amène»"
jour, en dressant des chiens pour les chas
ser, en recourant aux préparations eojpoi-
sonnées, «te.
CHAI'. 19*. DES OISEAUX NUISIBLES EN AGRICULTURE. 551
Lr'rot ( Myoxus Nitela, Gm.). Nos vergers, et tivateurs se plaignaient beaucoup, après leur
surtout nos espaliers de pêchers ou d'abri destruction, les dégâts bien plus redoutables
cotiers, sont quelquefois dévastés par le causés par les insectes devinrent tels, qu'on
Lérot, espèce qui appartient au même genre se hâta d'offrir une prime pour l'importation
que le Loir, mais qui n'est pas de la môme des oiseauxqu'ou avait considérés comme des
espèce, quoiqu'on lui donne souvent ce nom ennemis, tandis qu'ils n'étaient que des ser
On le chasse la nuit pendant qu'il mnnge, en viteurs un peu dispendieux.
portant devant soi une lumière artificielle, Les oiseaux ne sont guère nuisibles à l'a
et à coups de bâton. On lui tend des pièges griculture que par la consommation qu'ils
lorsqu'il sort de son sommeil d'hiver, parce font des graines et fruits pendans par raci-
qu'alors il est affamé; on l'attire avec des nesoti confiésà la terre pour semences. Quel
fruits huileux, ou de la viande. Son habita ques- uns cependant arrachent les jeunes
tion se fait reconnaître à la mauvaise odeur plants en cherchant leur nourriture dans les
oui et? sort, et aux exerémens qui sont à terres fraîchement remuées, et d'autres cou
rentrée. pent ou déchiquètent les jeunes bourgeons
Hamster (Cricetus). Le Hamster commun, naissans; mais ces dégâts sont peu graves et
qu'on appelle aussi cochon de seigle, mar ne méritent point à leurs auteurs une guerre
motte de Strasbourg, n'habite en France que à mort.
l'Alsace ; il creuse en terre des trous qui Quant aux oiseaux granivores, on range
ont jusqu'à â ou C pieds de profondeur, et parmi eux les Corbeaux, les Corneilles, les
il les remplit de grains dont il peut à chaque Freux, les Pies, les Geais, lesGrives, les Mer
voyage apporter jusqu'à 3 onces dans ses les, les Etourneaux, les Alouettes, et bien
abajoues. On n'indique pas de méthode par d'autres; mais c'est à tort, car tous sont om
ticulière pour sa destruction. nivores, c'est-à-dire qu'ils se nourrissent de
Nous croyons inutile tle parler ici du liè substances animales et végétales : en sorte
vre, du daim, du cerf, du chevreuil et du que, s'ils sont nuisibles au cultivateur eu été
sanglier, animaux qui sont l'objet de la elen automne, parce qu'ils déciment les grai
chasse prop cmenl dite, et qui ne peuvent nes qu'il était sur le point de récolter, ou lui
pas causer de grands dommages au culti ravissent une partie «le celles déposées dans
vateur. le sol pourla germination, ils lui rendent en
Cuiume uioj i-n de destruction pour tous compensation, pendant toutes les saisons, de
les animaux qui se cachent dans des trous ou signalés services en détruisant partout d'im
des terriers, M. TiiÉNAitDa indiqué l'emploi menses quantités d'insectes Faisons remar
del'hydi ogène sulfuré : on mêle exactement quer que plusieurs semblent préférer cette
dans un mortier ou un poêlon 4 ouces dernière nourriture, et qu'en tous cas, les in
(eu général 4 parties en poids) de limaille sectes, par la destruction desquels ces oiseaux
de fer et 3 de fleur de soufre ; on place en sont utiles au cultivateur, deviennent leur
suite le mélange dans un autre vase et on seule nourriture pendant la saison où les
l'humecte partout d'eau bouillante en le re provisions sont rares, tandis que nos grains
muant ; il se forme presque aussitôt du ne sont à leur portée qu'à des époques où
sulfure noir; quand l'action commence à les vivres de tout genre abondent. Depuis
s'affaiblir, on ajoute 4 nouvelles parties quelques années, les cultivateurs semblent
d'eau en 2 fois, à 7 minutes d'intervalle, et élever plus de plaintes sur les ravages que
quand la matière couverte d'une couche du leur causent les insectes, et beaucoup de
liquide n'est plus qu'à la température de la personnes pensent qu'on peut attribuer leur
main, on l'introduit dans des flacons au multiplication à la destruction irréfléchie des
moyen d'un entonnoir et d'une cuiller de oiseaux. M. Loi'don, la Société d'horticul
fer. Ces 11. irons doivent avoir 2 tubulures, ture de Berlin, celle d'histoire naturelle de
l'une pour l'introduction de l'acide siilf'u- Gorlilz qui soutient que la diminution des
nque, l'autre pour donner issue au gaz hy- fruits est en raison de celle des oiseaux;
di ogène sulfuré. On ajoute l'acide par por les Sociétés de Metz et de Màcon, ont pu
tions, après avoir engagé l'extrémité du tube blié des Mémoires sur l'utilité des oiseaux.
qui passe par la 2e tu bu la ire dans le trou qu'on « De l'autre coté de la Manche, dit un de ces
veut infecter, et en l'assujettissant par du écrits, nou ne détruisons pas ces oiseaux
plâtre ou delà terre glaise. Si quelque fente entOinovores,aucou traire nous lesprotégeons;
du sol ou du mur laisse échapper du gaz, on y le paysan même les respecte et ne permet
versera quelques gouttes d'acide sulfurique pointa ses enfans de s'en en parer. Nos cam
faible sur une Irès-petile quantité de chlo pagnes en sont plus vivantes; en hiver nos
rure de chaux. J. Y. bois et nos bosquets sont peuplés de ces ani
maux, et en été les insectes ne pullulent pas
Art. II. — Des oiseaux nuisibles. au point d'être nuisibles. On voit, pendant les
travaux des champs, des volées de corneil
C'esfsurtout à l'égard de cette classe d'a les s'abattre sur les sillons, fouiller la terre
nimaux qu'il confient d'agir avec précaution fraîchement remuée et se repaître des larves
dans les attaques qu'on doit lui porter, et d'insectes qu'elle renferme; lorsqu'on tue
même, en France où il existe une conspira ces oiseaux, l'ouverture du gosier prouve
tion permanente contre la gent volatile, nous qu'ils ne mangent pas de blé, mais seule
avons peut-être plus besoin de faire valoir ment les insectes. »
les services qu'elle rend, que d'indiquer les Au reste, ces oiseaux sont utiles ou nuisi
moyens de la combattre. On connaît ce fait bles au cultivateur à des degrés fort divers.
arrivé dans le Palatinal, où, une prime ayant Les Perdrix ( I'erdix cinerea et ru)a ), les
été offerte par tête de moineaux dont les cul Cailles {Perdix cothurnix), les Bruans (£m
55? AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES.
berisa, Lin.), les Alouettes (Alauda), -vivent vivent de boutons et font ainsi quelquefois
bien un peu aux dépens denos récoltes, mais beaucoup de tortaux arbres fruitiers; ils sont
elles consomment une bien plus grande quan au reste assez rares. Il n'en est pas ainsi des
tité de fourmis si funestes aux champs et Pinsons (Fringilla cœlebs, Lin.), des Chardon
aux jardins, etde grainesdes plantes agrestes nerets {F. carduelis, Lin.), des Linotes' F. can-
qui, sans les oiseaux, couvriraient bientôt le nabina), des Verdiers (F. ckloris, Gm. ). etc.
sol de leurs produits inutiles ou nuisibles. qui vivent bien principalement de graines,
Ces oiseaux nous rendent, donc des services, mais recherchent surtout celles peu volumi
et, dans notre pays où la chasse est libre, ce neuses des plantes sauvages.
moyen suffit grandement pour en limiter la Le Moineau {Fringilla dômes tica ), le plus
reproduction. commun de tous nos oiseaux, semble frappe
Il n'en est pas de même des Pigeons ( Co- de réprobation. On regarde comme certain
lumba), qui vivent eu très-grande partie qu'il mange annuellement plus d'un demi-
aux dépens du cultivateur. Mais les Pigeons boisseau de blé; mais, en compensation, Ri
ramiers ( Columba palumbus, Lin. ) sont chard Bradley a calculé qu'il détruit dans
peu nombreux, et les Pigeons de nos colom une semaine 3,360 bruches ou autres insec
biers ( Columba Livia , Lin. ) sont des oi tes. On peut donc considérer comme dou
seaux domestiques dont la multiplication peut teux s'il est plus nuisible qu'utile. Néan
convenir dans la basse-cour, devanttoutefois moins, comme sa hardiesse est extrême et
être limitée dans de justes proportions par qu'il vient piller nos produits avant la récolte,
le cultivateur et réglée par la loi dans l'inté dans les granges, les greniers, les cours et
rêt général. Pour éviter leurs déprédations jusque dans les habitations; comme sa mul
dans les champs récemment ensemencés, on tiplication est très-rapide, il semble conve
doit y poslerdesenfaus ou des chiens comme nable de laisser à son égard aux chats et aux
gardiens, et n'ensemencer que la portion de enfans toute latitude de destruction. Ce
terre qu'on peut presque immédiatement re moyen suffit le plussonvent,mais il en existe
couvrir. un grand nombre d'autres plus prompts et
Le Corbeau commun ( Corvus corax, Lin. ), plus efficaces encore. Ainsi, comme les moi
le Corbeau corbine ( C. corrone. Lin.), le neaux se couchent ordinairement dans les
Freux, la Corneille ( C. cornix, Lin. ), vivent haies, un homme se place, lorsque la n 'lit est
de tout, même des petits animaux vivans, des close, à une des extrémités de celte haie, te
charognes, insectes, graines, etc., etc.; mais nant étendu un Rafle ou filet contremaiUé,
ils paraissent préférer les vers de terre, les composé de trois rets les uns sur les autres,
larvesde hannetons (vers-blancs), les mulots, de b pieds de large, attaché à 2 bâtons; un au
les crapauds, tous les animaux nuisibles à l'a tre homme se place derrière avec une lu
griculture; ce sont eux qui suivent souvent mière, et un T va attaquer la haie à l'extré
le laboureur pour profiter de ce qu'il met mité opposée et revient doucement retrouver
à découvert. C'est dans les terres ensemen lesautresen frappant légèrement la haie avec
cées qu'ils causent des dégâts, soit en fouil un bâton; les moineaux effrayés se sauvent
lant le sol meuble, soit en déterrant les grai du côté de la lumière et s'embarrassent dans
nes de pois, de haricots, de vesces, et même le filet où on les prend ; cette chasse, surtout
le blé. Il en est de même des Pies {Pica) et à certaines époques, est extrêmement des-
des Geais ( Corvus glandarius , Lin.), qui man tructive. — On peut aussi disposer un grenier
gent cependant davantage les fruits des ver de manière qu'il n,ya\\.a\xedeuxfenetres,don\.
gers. l'une est garnie d'un filet contremaiUé fixé à
Les Grives ( Turdus musicus, Lin. ), les demeure, et l'autre de volets croisés qu'où
Elourneaux ( Sturnus vulgaris, Lin. ), ne sont puisse fermer à volonté de la cour ou de
guère nuisibles qu'au jardinier et au vigne l'intérieur, à l'aide d'une poulie de renvoi
ron, par la grande consommation de fruits et d'une corde; on attire les moineaux dans
rouges et de raisins qu'ils font ; car, en géné ce grenier par de mauvaises graines, et lors
ral, ils vivent d'insecleset rendent ainsi à l'a qu'ils y sont entrés en foule, on ferme la fe
griculture un grand service. Les elourneaux nêtre a volets; tous les moineaux se jettent
suivent même les troupeaux pour les délivrer aussitôt vers celle fermée du filet et s'y pren
des taons, des asiles, des stomoxes, des mou nent. — heapots, que dans beaucoup de lieux
ches et autres insectes qui les tourmentent. on présente aux moineaux pour faire leur
Les Pics et notamment le Pivert ou Pic- nids, permettent la destruction d'un grand
Vert ( Picus viridis ), creusent des trous pro nombre; on peut disposer ces pois sur les
fonds dans les troncs des arbres pour y faire branches d'un arbre sec,ou le longdes murail
leurs nids; ils causent ainsi un tort assez les. — Du resle, Ws fantômes et divers eponvan-
grand aux forestiers; mais, en compensation, tails sont d'une faible défense contre les moi
combien ils détruisent d'insectes qu'ils vont neaux, qui s'y accoutument et les bravent
chercher jusque sous les écorces les plus très- promptement. Plusieurs eufans ne suf
dures! Et les fourmis, combien ils en avalent fisent pas toujours pour les empêcher de ma
en leur tendant pour appât leur longue lan rauder dans lescheuevières clautres récoltes
gue rétractile et gluante qu'elles prennent dont ils sont très-avides. Les moineaux atta
pour un ver et à laquelle elles viennent s'at quent inoins les seigles et les froiuens bar
tacher! bus que les autres espèces.
Les Gros-Becs (Loxia coccothraust?s, Cm.), Qua n l a ux oiseaux entièrement insectii-ores,
et les Bouvreuils ( Pyrrhula vulgaris, Briss. ), tels que le Martinet ( Hirundo apus, Gm. ),
sont généralement nuisibles, et les cultiva VHirondelle ( Hirundo ruslica, Lin. ), les
teurs peuvent leur faire la chasse, parce que, Fauvettes, Fouillais, etc. {Sylvia hortensis et
pendant l'hiver et surtout au printemps, ils orphea, S. Protonotarius, Lin. ), les Roitelets
;hap. 19'. DES MOLLUSQUES NUISIBLES EN AGRICULTURE. 553
S. regulus, et S. troglodytes , Lath. ), le Ros-
ùgnol (Motacilla luscinia, Gril. ), le Rougr- Art. m. — Des Mollusques nuisibles.
Ûorge ( Motacilla rubecula ), la Mésange
Parus major, Lin. ), et une foule d'autres à Parmi les mollusques, deux genres seule
jecs effilés ou très-larges, non seulement on ment sont sensiblement nuisibles aux inté
le doit pas chercher à les détruire, mais au rêts de l'agriculture : ce sont les Hélices ou
contraire le cultivateur doit les protéger; Limaçons (Hélix), et les Limaces (Limax) ap
I serait même à désirer que le gouverne pelées loches dans diverses contrées.
ment proposât des mesures législatives qui Le genre Limaçon, trop connu des culti
nissent un terme à la destruction que les pe- vateurs pour que nous cherchions à le dé
ites chasses et les enfans font de ces sem crire, appartient aux coquillages de la classe
eurs tout-à-fait désinléressés,qui ne cessent desunivalvesjil comprend un grand nombre
le travailler pour nous sans rétribution. d'espèces qui toutes vivent aux dépens des
L'échenillage exécuté avec soin pourrait végétaux et dont quelques-unes sont telle
Jet mire un grand nombre de chenilles sans ment multipliées qu'elles causent de grands
lonte, mais pas assez pour faire disparaître désastres dans les champs et surtout les jar
eurs ravages; il ne détruit guère que les dins. Le grand escargot, connu vulgairement
rufs déposés avant l'hiver. Mais les chenil- sous le nom d'Escargot des vignes (Hélix po-
cs des pontes printanières qui naissent peu matia, Lin.), est de ce nombre; sa coquille,
iprës ces pontes, et dont le nombre est im ordinairement de plus d'un pouce de diamè
mense, lui échappent; à côté de ces chenil- tre, est d'un gris fauve avec des bandes plus
es marchent, les innombrables cohortes des pâles et des stries. L'animal est gris. L'Hélice
nsecles de toutes les classes et de leurs lar chagrinée ou la jardinière (Hélix adspera,
ges, qui dévorent le bois, l'écorce, les rad Mull.) est de ton tes peut être la plus commune;
ies, détruisent les fleurs, les embryons des sa coquille, moins volumineuse que celle de
ïnits et s'établissent à demeure dans le fruit l'espèce précédente, est jaunâtre, rugueuse,
Tièi-ne. Quelles mesures de police rurale, avec des bandes brunes; elle a l'ouverture
quelles lois pourraient être efficaces contre blanche; l'animal eslverdètlre.h'Hélice livrée
Je tels ennemis? Les lois de la nature qui, (Hélix nemoralis. Lin.) est encore plus petite ;
oujours bonne, toujours prévoyante, a placé sa coquille est jaune, unie, rayée de bandes
le remède à côté du mal ; ce remède, nous le brunes, ou brunâtres, plus ou moins nom
roiivons dans les oiseaux que nous venons breuses, avec le bord interne de son ouver
Je citer, qui vivent presque exclusivement ture (le couleur foncée. Enfin, dans le midi
i'inseetes, et ne peuvent se nourrir de grai on cite également, parmi les espèces les plus
nes. A côté d'eux il en est d'autres, tels que répandues et les plus dévastatrices, malgré
es Pics (Pici), les Torcols ( Yunx torquilla, leur petite taille, YHélix rodostome (Hclix pi-
Lin.), les Grimpereaux ( Certhia familiaris, sana, Mull.), dont la coquille est globuleuse,
Lin. ) etc., qui, doués d'un instinct part i- blanche, rayée et tachetée de bandes et de
ier, s'attachent de préférence aux larves ca points jaunes.
chées dans les écorces et dans l'intérieur Tous les limaçons restent cachés, soit
même des arbres: ils enfoncent leurs becs dans le sol même, soit aux pieds des murs de
sffilésdans ces galeries pour surprendre le clôl ure ou dans les anfractuosi tés des rochers,
mineur, ou frappent sur l'arbre à coups re- pendant la partie la plus chaude des journées
Jonblés pour le faire sortir. de la belle saison. C'est la nuit, ou lorsque le
Et c'est à ces petits êtres si industrieux, si temps est doux et sombre, qu'ils sortent de
noffensifs, si utiles, destinés par le Créateur leurs retraites et qu'ils se jettent avec avidité
i conserver, à animer nos forèlssilencieuses, sur les jeunes végétaux. C'est donc le soir,
îos bosquets, nos plantations, qui récréent à un peu tard, le matin de bonne heure, ou
a fois la vue parla vivacité de leurs couleurs après la pluie, qu'il faut leur faire lâchasse.
•t l'ouïe par l'agrément de leurs chants; c'est Pendant l'hiver ils se retirent également
i ces petits êtres, disons-nous, que nous per dans les trous les mieux garantis des gelées,
mettons à une jeunesse imprévoyante et in ils ferment l'ouverture de leur coquille par
considérée de déclarer une guerre cruelle, une substance d"un aspect cartilagineux, et
icharnée, constante, capable enfin d'anéan- passent ainsi jusqu'à 5 et 6 mois sans man
ir les espèces si l'on ne se hâte d'y mettre ger. Cette époque est celle où il est le plus
in terme! Déjà l'Ecosse tout entière n'en- facile de les détruire, parce qu'on les trouve
end plus le chant du rossignol! Mais un en grand nombre dans les mêmes cavités.
nal beaucoup plus grave qui nous menace, C'est aussi celle où les limaçons sont le plus
:Yst la multiplication excessive des insectes recherchés des personnes qui les aiment. 11
nalfaisans. Pouvons-nous ne pas le craindre parait que les Grecs et les Romains en fai
orsque nous voyons nos enfans fureter sans saient beaucoup d'usage comme aliment. On
ibslacles jusqu'au moindre buisson pour dé retrouve dans leurs auteurs qu'ils construi
couvrir les nids, déranger les couvées, pren- saient des espèces de garennes où ils les
Ire à pure perte les jeunes à peine éclos,at- engraissaient. Ils estimaient surtout ceux qui
endre ceux qui échappent, secondés alors venaient des îles de Sardaigne et de Chio, de
jar une foule de chasseurs, à l'abreuvoir, à la Sicile, des Alpes, de la Lignrie et de l'A
a pipée, à la tendue, leur dresser enfin des frique. En Silésie, aux environs de Bruns
sièges de toute sorte ? C. IL de M. wick, et dans d'autrescontrées, on est encore
dans l'usage de garder les limaçons qu'on a
ramassés pendant l'été, dans des losses faites
exprès, recouvertes en treillage, et dans les
quelles on les nourrit avec des herbes parli-
agriculture. TOHE I. 70
«4 AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES. Uï.l".
culières dont font partie le thym et le serpo champêtres et jardinières. Presque tontes la
let, pour les manger à l'époque des froids. On plantes cultivées conviennent dans leur jeu
sait que les Brabançons et les Liégeois en for nesse à sa voracité. Cachée pendant le jour
ment une espèce dé hachis dont ils sont très- près des racines ou sous les petites moites
friands; que les Suisses, les Bourguignons,etc., qui lui procurent de l'ombre, el ainsi à l'abri
les font cuire avec leurs coquill es dans de l'eau des recherches de ses ennemis, elle se répand
de fontaine à laquelle on ajoute parfois du le soir à la surface du sol, et, d'un semis qui
vin, et qu'on les assaisonne ensuite après les donnait la veille les plus riches espérances,
avoir extraits de leur coquille, avec du bouil il ne reste souvent le lendemain matinaucuor
lon, des épices, quelques tranches d'orange trace.
ou de citron et du beurre frais. «On eu fait On connaît et on met en usage plusieurs
aussi, dit Valmont de IIommik. de petits pâtés moyens pour détruire les limaces. Comme il
très-estimés des gourmands. Nous avons vu, serait dilficile de faire la chasse aux petits
ajoute-t-il, aux environs de La Rochelle, des espèces autrement qu'en leur tendant des
paysans occupés dans les campagnes à ramas pièges, dans les jardins on dispose çà et li
ser une très-grande quantité de petits lima des planches, des ardoises ou toutes autres
çons à coque bigarrée de jaune et de noir, pierres plates qui laissent entre elles elle
que l'on mettait dans des barriques remplies sol un léger intervalle; dans les champion
de branches croisées çà et là, afin que les li répand sur le terrain infesté un grand nom
maçons pussent s'y disperser sur des sur bre de feuilles de choux sous lesquelles m
faces multipliées. Celte récolte de limaçons animaux se retirent el s'attachent de préfé
était destinée pour l'Amérique, el il y a des rence. Le lendemain dans \i courant di
années on les négociaus du pays font com jour, on enlève ces feuilles pour les donner
merce de ces animaux vivans. Ces limaçons aux cochons qui les mangent avec d'autant
se collent contre les branches ou les parois plus d'avidité que le nombre des limaces est
de la futaille, et de cette manière ils peuvent plus considérable, ou aux volailles qui lei
faire le voyage sans périr de faim, parce recherchent et les détruisent eu fort peu de
qu'ils ne dissipent que peu de leur humeur temps jusqu'à la dernière. Dans certaiuscin-
visqueuse. Il y a des pays où on les fait cuire tons on regarde comme le meilleur niujep
dans leur coquilles, sur la braise, el on les à employer pour se débarrasser de ces mol
mange ainsi. » lusques, de laisser les dindes parcourir^
Nous avons cru devoir entrer dans ces le malin les champs de blé, de colza, de na
courts détails, pour faire voir que si la chasse vette, de carottes, etc., etc., qu'ils ion-
aux hélices est accompagnée de quelque en mencent à dévaster. « Je les ai vus, &
nui, et exige, par sa lenteur, un certain em Bosc, disparaître en peu de jours d'un;
ploi de temps, elle ne laisse pas, d'un autre ferme qui en était infestée, par l'acquisilm
côté, d'être assez fructueuse. Il y a donc une que fit le propriétaire d un troupeau deen
double raison pour ne pas la négliger. Ajou animaux Les poules, les canards, rendent le
tons que de tous les moyens proposés pour même service, mais il est plus difficile de 16
détruire ces animaux, c'est aussi le plus sûr. conduire. A.u reste, il est rare que leslimicri
Malheureusement, ce qui est praticable en (je veux dire les jeunes, car les vieilles w
jardinage et sur de petits enclos, cesse de sont jamais très-nombreuses) soient con
l'être en grand. Dans les champs el les bois, nûmes deux années de suite. Un été sec ef
les blaireaux et surtout les hérissons sup chaud, un hiver très-froid, leur sont égalf-
pléent à l'homme; la multiplication de ce ment funestes ; elles périssent alors par ail
dernier animal complètement inoffensif lions. Uu hiver très-doux ne leur est g»"
pourrait devenir un bienfait dans un grand plus avantageux, parce qu'alors elles sortent
nombre de localités, car les hérissons non de leurs retraites, et que les corbeau». <o
seulement détruisent les escargots, les lima plus dangereux de tous leurs ennemis, a
ces, les vers de terre, et en général tous les font une grande déconfiture. » II est vrai qn*
insectes, mais on les a vus se nourrir de tau ces animaux redoutent beaucoup les intem
pes, de mulots et même déjeunes rats. péries des saisons ; cependant nous conn»
Les Limaces (Limax) sont des mollusques sons des localités où tous les ans ils sos!
nus dont l'organisation, à la coquille près, plus ou moins à craindre.
puisqu'elles n'en ont pas, se rapproche beau Plusieurs substances minérales qu'il <*■
coup de celle des limaçons. Les espèces les ordinairement assez facile de se procurer
plus destructives sont la Limace rouge, les fout périr les limaces ou tout au moins lh
Limaces noire et cendrée, et la Limace agrès le, éloignent efficacement des terrains sur lo
qui est d'un blanc sale. quets on les répand. Tels sont la chai'i
Comme on l'a fort bien dit dans tous les li les cendres, le sable très-fin, elc. I.orsq»1*
vres: «Les limaces mangent la plupart des les met eu contact avec la première de h
lantes que l'homme cultive, presque tous substances, on les voit immédiatement *
l es fruits qu'il préfère, Cesl principalement contracter, rejeter en abondance une n*
dans les semis qu'elles font de grands rava tière visqueuse qui enlraineavecelle lesn*
ges, parce que les herbes tendres leur plai lécules alcalines, et si l'effet se prolonge, eU
sent davantage, et que chaque coup de dent changent de couleur, se raidissent et m»
est la perte d'un pied. Dans certains cantons rent. Les cendres non lessivées produisent'
et dans certaines années elles sont un véri un moindre degré des effets analogues; a11*1
table fléau. » parloutoù l'on peutsaupoudrerlasurfaceoela
C'est la Limace agreste qui, par sa déso terre de l'une oudes autres, n'a-t-unàpeupfo
lante multiplicité, cause, malgré sa petite rien à craindre des limaces tant qu'une plne
taille, le plus de dommages aux cultures ou un arrosemenl n'a pas éteint la chauico
chap. H*. DES INSECTES NUISIBI ,ES EN AGRICULTURE. 665
aggloméré les cendres, auquel cas il faudrait ment le repos et la chaleur. Par le mouve
recommencer l'opération. I.e sable fin, tant ment on force plusieurs de ces larves à fuir;
qu'il n'est pas mouillé, s'attache au corps Ofl les amasse alors avec des balais eu un
toujours glulineux de l'animal et parait opé las, et on les lue avec de l'eau bouillante, ou
rer sur lui, soit en gênant ses niouveuieus ou les écrase. — Le riz est également atta.-
de progression, soit de toute autre manière, qué par une Calandre ( Curculio oryzœ).
DB effet si désagréable, qu'il rebrousse immé le Curculio sanguineus est aussi ennemi du
diatement chemin dès qu'il rencontre un seigle, et l'orge est atteinte par une Altica
pareil obstacle. O. L.-T. cœrulea.
En Provence, il est uneautre larve qui en
dommage beaucoup les grains, et qu'on
Abt. IV.— Des insectes nuisibles.
nomme Cadelle Çfenebrio mauritaniens, L.,
rangéeparmi \esTrogossiftf Fabr). Cette larve
Pa rtie I. — Tahleau îles insectes nuisibles dans grosse et vorace, ronge également le pain,
l'agricutture et l'économie rurale. les noix, el n'épargne pas même les écorces
d'arbres; mais à l'étal parfait, l'insecte ne
louche plus au blé. En le tenant dans des
Quoiqu'on décrive spécialement aux ar sacs, on le met à l'abri de la cadelle ou Tro-
ticles de la vigne, de l'olivier et des princi
gossite mauritanique ( fig. 724).
pales cultures, les divers insectes qui rava
gent ces végétaux, l'agronome n'en doit pas Fig. 726. 724. 727.
moins étudier avec soin les races malfaisan
tes qui dévastent ses productions les plus
essentielles, comme les céréales et frurncnta-
cées, les plan tes légumineuses, les herbes pol a -
çères, les arbres fruitiers, enfin qui attaquent
p;
.es couiesliblesen général, ou les bestiaux et
aiitresauimaux domestiques. Non seulement
il s'agit de rerlie relier les procèdes les meil
leurs pour la destruction de ces petits et dan
gereux assaillans, mais encore comment on
doit s'opposer à leur multiplication. Enetfel,
si l'on ne connaît pas les habitudes ou mœurs
des insectes, on ne pourra point les anéantir
aussi avantageusement, puisque les métho
des doivent être appropriées aux genres
d'ennemis que l'on veut combattre avec-
succès.
Parmi les Lépidoptères funestes aux fru-
men lacées, W-llucite des grains ou teigne des
§ I". — Insectes destructeurs des céréales. blés [fig. 725) ( Alucila granella ), qui jadis
causa tant de ravages dans l'Angoumois, et
Les graminées, en général, sont infestées sur I iqnelle l)i h \\n:i rl'l'ii i !.t oui publié un
par trois principales classes d'insectes: traité en 1762, est la plus connue. On sait que
1° des Coléoptères ; 2° des Lépidoptères • 3° et cette fausse teigne parait offrir plusieurs
des Diptères. espèces, car celle qui exerça tant de destruc
Parmi les premiers, le Taupin strié (Ela- tion sur les seigles et même l'orge en 1770, a
ter strialus, Fabr. ), dans l'état de larve, été rangée dans le genre Ar.cophora,\A\x.\ et
cause de grands dégâts en rongeant les une autre, aussi commune sur les fromens,est
racines du froment; m;iis personne n'i rapportée par le même entomologiste, parmi
gnore que la famille des Charanconsou Bec- les Ypouomeuta. Ces larves ou chenilles gri
mares, et surtout la Calandre [Calandra gra- ses-blanches s'insinuent une seule en cha
naria), ne détruise immensément de grains, que grain, y dévorent toute la farine, puis
en dévorant, à l'état de larve surtout, l'inté lient plusieurs de ces grains ensemble, et
rieur farintuxdu blé. Sa forme est assez con Ion i des tuyaux d'une soie blanche, dans
nue pour nous épargner sa description. La lesquels elles passent à l'état de nymphe
lèle de l'insecte parfait porte un bec ou pour se transformer en teignes. L'œuf de
trompe longue, cylindrique, un peu courbée, ce lépidoptère esl insinué dans le grain par
avec des mandibules dentelées, des mâchoi un trou imperceptible, à sa partie la plus ten
res velues. Le corps est de forme elliptique, dre -, la larve se lient renfermée dans l'enve
déprimé, dur; les pattes sont robustes et loppe du grain, c'est la mesure cie sa nourri
avec des crochets pour se cramponner. La ture et de sa taille, puis elle soulève une ca
couleur de l'animal e>l brune, très-ponctuée. lotte tégumentaire du son pour sorlir. — On
Ou a remarqué que même moulue el mêlée n'a encore trouvéaucun moyen bien eflieace
au pain, la calandre n'apas les qualités vési- de faire périr ce dangereux ennemi dont la
cantes attribuées aux autres coléoptères; propagation est si énorme, sinon par la cha
elle contient plutôt du tannin. Tous les leur de 36 à 40 degrésRéaum.,qui peut le faire
moyens préconisés pour la destruction de périr sans altérer le germe du blé. Les sai
^ei insecte dans les greniers sont iusulusans; sons chaudes favorisent la multiplication des.
seulement le froid arrête leur multiplica alucites; elles fuient le grand jour et le mou
tion et leurs ravages; aussi une ventilation vement; c'est pourquoi il convient de remuer
fréquente et l'agitation par le crible et la souvent les tas de blé et de ramasser toutes
pella sont avantageux, car cas insectes ai- les larves qui s'en échappent pour las dé
556 AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES
truire. \APhalœnasecalina faitavorter aussi extraient leur substance. On ne doit donc
les épis de seigle. pas être surpris que la plupart des insectes
Parmi lesDiptères, on avait fait peu d'atten phytophages les dévastent de préférence.
tion à ces petites espèces de mouches qui Nous en verrons encore des exemples en
causent des ravages secrets dans les moissons, traitant des espèces qui saccagent dos autres
avant Olivier. Ce savant entomologiste a comestibles, également farineux ouféculens:
commencé cette importante recherche, quoi genre de trésor dont chaque être prétend ti
que déjà Linné avait dit (Acta Stockholm, rer sa part aux dépens de l'avare dépositaire.
1750, p. 182 ) que la seule espèce décrite par
lui sous le nom deMusca frit détruisait, cha
que année, la cinquième partie de toute la II.- Insectes attaquant les cultures potagères
récolte d'orge du royaume de Suède, ou plus et autres.
de cent milles tonnes, d'une valeur de plu
sieurs millions. Olivier s'est assuré que di Nous sommes loin de vouloir exposer ici
verses mouches du genre Oscina ( les Ose. l'histoire complète de la multitude deces
pumi/ionis, lineata, etc. de Fabricius) pi ennemis;cependant il importe d'appeler l'at
quent, soit les collets des tiges, soit le tention journalière sur desespècesd'insectes
chaume tendre du blé, y déposent leurs qu'il serait dangereux d'ignorer, puisqu'on
œufs, elles jeunes larves dévorant la substan leur livrerait en quelque sorte le champ de
ce interne, interceptent ainsi la sève nourri bataille sans défense.
cière, en sorte que l'épi demeure sec et sté Ce qu'on nomme plantes oléracées consiste
rile. On ne saurait dire combien les moissons en herbes dont les racines, les liges effeuil
perdent ainsi de grains. Il parait que la Te- les, non moins que les fruits ou fleurs, ser
phritis stngula, Fabr., cause les mêmes vent à notre nourriture. Elles sont égale
dommages. Quant aux espèces de Sapro- ment ravagées sous terre, dans leurs racines,
myza (de Fallen et Meigrn), mouches très- par les Courtilières ou Taupes-grillons [Gnl-
petites, noires ou cendrées, lisses, avec de lus gryllo-talpa(fig.721), et par les vers-ktana
fortes pattes et de gros yeux, leurs larves des Hannetons (Melolontha vulgaris). comme
s'insinuent aussi dans le chaume des céréa par une foule d'autres scarabéides. Tous les
les et d'autres graminées, à l'époque de la agriculteurs connaissent ces races si détes
sève sucrée, ou avant la fructification qui tables pour les jardins. On ne peut y porter
est ainsi empêchée. Cette étude n'a pas été remède qu'en s'efforçantd'en écraser lepte
encore bien approfondie, car on doute possible. Les Scarabéides lamellicornes (m-
même si l'ergot du seigle n'est point une tenues en feuillets ) sont particulièrement
maladie engendrée par l'effet de la piqûre dangereux aux plantes potagères; les Sa
d'une mouche, comme L.Martin, agronome trapes fouillent les fumiers et terreau*: le
anglais, l'a pensé. Lœthrus cephalotes, Fabr., avec ses mandi
Nous pourrions joindre à ces faits ceux bules tranchantes, coupe les jeunes pousses.
concernant d'autres graminées, soit des pays les germes des plantes;les.Scarabœussternra-
chauds ( comme la Canne-à-Sucre, attaquée riusetvernalis, XeTrox horridus,Yabr.;\'Orrc-
par des Coléoptères, etc. ), soit de contrées tes nasicorne ( Orycles nasicornis, fig.7^S), sons
tempérées et même froides qu'infestent les Fig. 729. Fig. 728.
Phalœna calamitosa, mesometa, panthera,
secalina, etc.
On sait aussi que les sorghos, millets, les
semences despauics et autres frumentacées,
sont la proie des Anobium paniceumel minu-
tum, Fabr., que les Ténébrions, les Blaps dé
truisent les farines ( Blaps mortisaga,
{fig. 726); la larve du Tenebrio mo/itoresl fré
quente dans les moulins, y dévore la farine
et le son; elle est recherchée pour nourrir
les rossignols. L'Hispa atra concourt à dis
séquer aussi diverses tiges de graminées.
Enfin nous n'énumérons point ici les funes Fig. 731. Fig. 730.
tes passages des sauterelles qui, loin d'épar les couches de tan, ne blessent, ne déchirent
gner les moissons, semblent les dévorer avec n'arrachent, ne rongent pas moins déjeune-
plus de prédilection que les autres végétaux. plantes que les autres Phyllophages el \" ~
Nous devons renvoyer ce genre de calamité philes ; les Scarabœus J"alto, Melolontha m
aux causes générales qui multiplient im losa,jarinosa, dcsTrit hius, des Cetonia, cou
mensément, en certaines années, les insec pent les feuilles et Heurs; les Passalus char
tes, surtout dans les climats secs et chauds, pentenl de grosses patates, les Iscaw;**
comme après des hivers trop doux, qui en Sinodendrum ( Sinodendron cylindnqM
ont épargné les larves, ou chenilles et oeufs : {fig. 72'.)), taillent, avec leurs fortes macho-
il en est parlé plus loin. res, les tiges prinlanièrcs des arbres. Ce son1
D'ailleurs, les graminées produisent deux les fumiers et autres engrais ou matière
principes essentiellement nutritifs, la fécule, excrémentitielles qui amassent surtout m<
dans leurs graines ou périsperme, et la ma multitude d'espèces de Bousiers, Copris; \ir
tière sucrée dans leurs tiges les plus succu phrodius fimelarius, les Coprophages et (
lente. Si elles président surtout à l'alimenta probies, Onthophages (Onthophage taureas
tion de l'homme, elles attirent pareillement (fig. 730), de la même famille, ne se boroei'
un grand nombre d'autres animaux qui en pas à placer leurs œufs et leurs larves dao-
CHAP. 19 . INSECTES NUISIBLES EN AGRICULTURE . 557 .
ces débris de végétaux ou dematières en dé- | la Noctua gamma, funeste aux polagers, etc.),
composition , ils nuisent au développement à l' état de larves, rongeot nuit et jour leurs
des plantes qu 'on y sème ; tels sont encore feuilles ; d 'autres espèces, les Phal. brumata ,
les Escarbots (Hister unicolor) ( fig. 731) et les urticata , cæruleo - cephala , etc., partagent leur
Bostriches ( Bostriche capucin ) (fig . 732). choix sur d 'autres herbes de nos jardinages
Fig . 732. Dès l'état colylédo - ou sont moins exclusives. Le houblon est
naire, la plupart des rongé par une Pyrale et par l'Hepiala humu
légumes de nos jar- | laria (Hépiale du houblon )( fig .736 );le cerfeuil,
dius sont dévorés par
les Altises, qu 'on ap Fig. 736 . Fig. 737 . Fig. 739.
pelle Puces , parce
qu 'à l'aide de leurs
734 .
733. grosses et longues
cuisses, elles sautent.
(Telles sont les Chry .
somelæ saltatoriæ de
Lin .) Le dommage est
d 'autant plus grand
que les cotylédons ,
735
en périssant si ten
dres sous la morsure
de ces petits insectes,
laissent mourir la
plante qu 'ils étaient
destinés pour ainsi
dire à allaiter dans son enfance.
Les plants d 'asperges sont non seulement
désolés par le Criocerus asparagi, d 'un rouge
ponceau , et rendant un petit cri lorsqu 'on le Fig . 738. Fig . 740.
saisit , mais encore par le C . duodecim punc- parlaPhalana umbellaria ,la capucine par des
tatus. Brassicaires, l'oillet par une Chenille arpen .
Parmi les Altica , si funestes aux plantes teuse, les pois par la Phalæna exsoleta , les
potagères, la plus puisible de ces puces de laitues par la Phal. togata , le trèfle par la
iardin est la Chrysomela oleracea , d 'OLIVIER . | Phal. antennulata , etc. On connait peu de
Les plantes semi- flosculeuses sont également moyens de se garantir contre ces ennemis, si
désolées par la Chrysomela sericea (rangée ce n 'est un échenillage assidu et le secours
sous le genre Cryptocephalus) , et les arti de quelques oiseaux insectivores ; car toutes
chauts éprouvent les plus grands dommages les lolions et liqueurs fétides préconisées
de la Cassida viridis , L . (Casside vcrte)( fig .733). contre ces insectes nuisent également aux
Les plantes liliacéeselles oignons reçoivent de plantes potagères.
graves atteintes de la Chrysomela merdigera Il est, parmiles hémiptères, plusieurs ra
et d 'autres Crioceris de GEOFF. ( Lemade FAB.) | ces de Punaises terrestres ou Géocorises pen
Des Donacies, ou Lepturus, ontdes larves qui tatomes, qui fréquentent les végétaux cruci
s 'enfoncent jusque sous les eaux pour ron fères ; lelles sont les Cimex oleraceus et or
ger les racines de la berle (Sium latifolium ). natus des choux . Une autre grosse espèce, le
La même plante nourrit une espèce de Cha Lygæus ou Cimex apterus (Lygée aptère)
ranconite , le Licus paraplecticus, FABR . ( Cur I ( fig . 737 ), inſecte également les jardins.
culio , L . ), auquel on altribuela cause dela pa - Les diplères offrent des espèces très-mal
raplégie des chevaux qui l'avalent. Ce même faisantes pour nos potagers ; ce sont les
insecte habite aussi sur le Phellandrium grandes Tipulaires terricoles, dont les larves
aquaticum , autre ombellifère, mais véné s 'enfonçant sous le terreau , le tan , les en
neuse par elle-même. grais , pénètrent jusqu 'aux racines des plan
D 'autres Chrysomélides, les Chr. helxines tes, et causent des dommages d 'autant plus
et nemorum ( Chrysomele sanguinolente) grands qu 'on ne les aperçoit pas d 'abord
( fig .734 ), n 'épargnent pas non plus les herbes pour y remédier. Ainsi la Tipula oleracea ,
des jardins, comme celles des prairies ; elles commune également dans les prairies, et la
s 'attaquent surtout aux jeunes feuilles les ruffa des asperges, ravagent les légumes de
plus tendres, au lieu que les Curculionides toule sorte . La Tipula hortulana abonde au
recherchent les tiges et les sommités. On printemps. On connail les Bibions précoces
trouve les lailues et autres syngenèses at ( Bibio , GEOFFR . ou Hirtea , FABR . ), dites mou.
laquées spécialemenlpar les Chrysomeles . ches de Saint-Marc et de Saint-Jean : le mâle
Les plantes de la famille des crucifères, est noir, la femelle présente un thorax rouge.
commechoux, raves, etc. , sont moins rava On regarde sa larve et celle de la Thcreva
gées par des coléoptères (excepté le Psylliodes ( Bibio plebeia , FABR. ), avec celle du Nemote
napi, les Thrips, les Cistèles (Cistèle sulfu . | lus hirtus, commepernicieuses aux bourgeons
reuse) ( fig . 735 ), le Curculio alliariæ , que par des plantes qui en périssent. D 'autres tipu
des lépidoptères particuliers à cesvégétaux , et les passent l'hiver dans nos maisons (les Tri.
dont les chenillesmontrent une prédilection chocera de MEIGEN ) oli se cachent sous de
dans leur goût pour cette classe de saveur vieux champignons (les Mycetobia , Boleto
spéciale . En effet , les papillous dits Brassi- | phila ) ; enfin , un autre genre de diptères ou
caires (Papil, raparia elnaparia , brassicaria ) ; inouches, l'Eristhalis narcissi, FABR . (Merodon
plusieurs Phalènes (Phal. oleracea , Ph.caja , 1 de Meigen ), à l'état de larve, se niche dans
568 AGRICULTURE': ANIMAUX NUISIBLES. LIT. I"
le coïuf des bulbes de narcisse pour le dévo exsudant ensuite de leur corps, attire les
rer. Fourmis nuisibles à leur tour par leur aci
dité et leur instinct déprédateur.
§ III. — Insectes dévastateur* des arbres fruitiers. On a tenté diverses lotions amères ou fé
tides contre les pucerons et les fourmis qui
Le nombre en est si considérable que nous les suivent. Ces moyens sont préférables aux
insisterons peu sur ceux qui n'attaquent que fumigations étouffantes du soufre brillant
les troncs ou parties ligneuses; on eu traite qui tuent les jeunes pousses, et on* corps
d'ailleurs à l'article «les arbres forestiers; gras ou résineux <jui fatiguent également les
nous ferons observer toutefois qu'on a passé végétaux. C'est ainsi qu'on a conseillé des
sous silence des Buprestides et Etaler creu lotions avec de l'eau imprégnée d'eSsence de
sant fortement les bois, comme le dermes- térébenthine délavée avec de ta terre, selon
toides, la Lampyris cœrulea,YOmulttu.i sutu- de Tiiosse ; depuis peu l'on a découvert uu
rai/s, les Lymrxylon navale (l.ymexylon naval) moyen plus efficace dans des aspersions fai
(fig.TiS), si pernicieux aux chantiers; denH/s- tes avec de l'eau chargée d'essence de houille
ter, des Eroty/us, des Mordella, des Dendro- fétide; c'est ainsi qu'on parvient a écarter
phaçux, les Cërambyx, Leptura {Lepture epe- le Puceron lanigère, si funeste aux pommiers
ronnec) [fig. 739), eie. On ne peut négliger la de la Normandie, qui s'est tant répandu dt-
larve de iaperda ou Cërambyx canharias, qui puis l'an 1812, et que l'on croit originaire
détruit si souvent les plus belles plantations de l'Amérique. Toutefois, il ne faut pas
dos peupliers; ni celle du C. linraris, qui ra moins laisser multiplier les larves dés Cocci-
vage les jeunes coudriers; ni les Ifecy-dalis, nella, dites lions 'les pucerons, parce qu'i :
rongeant les saules lyéryda/e jauve) {frg.140), en fout un énorme carnage sans lotlrheraux
ni la Chrysomela populi, ni la Galeruca cal- végétaux. \.tïsÉi-otylcs leur ressemblant dans
mariensis {Galëruque de la lanaisie) (/ig-741), d'autres contrées [Érolyle bigarré) {fig. 743).
Fig. 743. destructive des char Il en est de même des larves de Syrphas el
milles, etc. autres îliiscides (Musca, L.). qui sucent avec
Aux premiersjours une étonnante rapidité ces pucerons, espère
du printemps, unear- île bétail nourricier pour ces races carnassiè
mée immense de Che res, et pour des Némotèlcs, des Hémerobri.
nilles assiègent nos Outre les pucerons, il y a des Psytla, d«
arbresà fruit, s'ypro- Kermès, qui fatiguent d'autres végéiaui.
mènent pour les ra comme le Kermès du figuier, celui du châ
vager, et menacent taignier, etc.
tentes nos espéran Les Cochenilles ou Coccus se multiplier
ces ; telles sont les aussi de préférence dans les serres d'oran
Prix essionnaires gerie, sous les feuilles des hespéridées, sur
' 7 fâJyBombyx neustria), tout par la chaleur humide; il faut les <a
les Phal. castraiis,hie- délivrer le plus qu'on le pourra.
malis, geometra, etc., Enfin, dès avant la maturité de nos fruits,
sur les abricotiers , ils sont déjà rongés au cœur par une foule
pruniers, cerisiers, et de larves appelées des vers, et qui appar
les Pyratis pomnna tiennent à plusieurs races d'insecles.
744. ^741 . i Pyrale des pommes) D'abord, les fruits farineux ou féculens
( fig. 742), vilis, Phal. sont recherchés par les Bruchus, Geoff.. le»
anliqua , brumata, Ptinus fur. et P. latro, P. scotias, P. sulca-
etc., sur les arbres tus, les Anobium ou frillettes ( f'rillette mar
a pépins, pommiers, poiriers, etc.; la Phal. quetée) (fig. 744j, les Byrrhus pilula et an
grossutariata, sur les gioseillers ; la Tinea tres à l'état de larve, les Jnthrenus qui n'é
(Xponomeuta) padellu, en société nombreuse pargnent rien ; ainsi le Bruchus pisi se niche
sur les arbres à noyaux; les Cossus Ugniper- dans les pois et Vesces ; plusieurs Jnthribas
</«, les Pithyocampa, les espèces poilues, sur ou Rhinomacer, et des Rhyckœnus attaquent
une foule d'autres végétaux. beaucoup d'autres semences légumineuses
Sansdoulenosfruitscoui'ent lesplusgrauds ( Rhinomacer curculionoide) ( fig. 745 ). Les
risques en présence de tant de rongeurs; Fig 74G. Fig. 749. Fig.'745.
mais ceux ci ont aussi pour ennemis, outre
les oiseaux, des races vengeresses, les larves
alchneumonides et de Chalcides, qui détrui
sent bon nombre de ces chenilles en les per
çant île leurs dards, et eu les chargeant de
leurs oeufs. Ainsi le Calosoma sycophanta
fait une grande consommation des proces
sionnaires; une armée île légeis coureurs,
d'autres coléoptères carabiques, avec les Ci-
cindèles, les Staphylin*, se régalent chaque
jour de celte abondante pâture ; mais cela
□'empêche pas les soins indispensables de
l'éclicnillage.
Ensuite arrivent les immenses générations Fig. 747. Fig. 748.
des Puce/nus et autres Aphidieni. Peu de Forficules auricularia et minor causent de
jeunes végétaux eu sont exempts, et ces hé- grands dégâts parmi les fruits de nos jar
minières eu extraient une sève sucrée qui, dins (Forficule biponctuée, mâle) {fig. 746).
citAP. 19e. DES INSECTES NUISIBLES EN AGRICULTURE.
45S
La plupart des prétendus vers qu Fig. 750.
trouvent dans les fruits pulpeux, les cerises,
les framboises et fraises, viennent de teignes;
cependanl il en est aussi beaucoup qui sont
dus à îles œufs de mouches des genres Car-
pomyza, Tephritis (Fabr. et Latr.) et Ortatis
de Fallet. Ainsi, à l'Ile-de-France, presque
tous les jeunes citrons sont percés par la larve
du Tephritis cilri ; nos bigarreaux contien
nent fréquemment celle de V Ortatis <Musca)
cerasi; les noyaux, les pépins des autres
fruits, dès leur naissance, renferment des
œufs déposés par ces genres de diptères
encore peu étudiés dans leurs espèces, les
mouches à ailes vibrantes, qui planent sur
les fleurs, appartiennent à cette famille.
Les fruits oléagineux, noix, noisettes, au
contraire, voient leur coque percée par des
Curculio nucuni {Charançon des noisettes)
{fig. 747) ou des Attelabits {Altelabe du cou
drier, fig. 748); il n'est pas jusqu'à des Aca-
rus ou Mites qui ne s'y recèlent. D'ailleurs,
chacun connaît assez les insultes des Guê
pes, des Fourmis, des Bourdons, contre les
fruits les plus sucrés, et les piqûres de quel Fig. 753. Fig. 754.
ques Cynips sur les figues; des TJiplolèpes sont en même temps dégoùlans pour les
élevant des galles sur plusieurs rosacées bestiaux, qui ne peuvent pas s'empêcher
[Diplolèpe de ta galle {fig. 749), et celles de d'en avaler. Plusieurs de ces petits papillons
diverses Punaises, Tmgts pyri , etc., qui ert qui en naissent, et qui, d'ailleurs, sont
sucent les sucs eu même temps qu'elles y fort jolis, ont été décrits et figurés par Hub-
répandent leurs odeurs fétides ou dégoû ner, par Gerinar, etc. Il faut y ajouter aussi
tantes. d'autres AIncites que celle du froment, ou
Les Mouches à scie (Tenthredo), sans atta des Adela, des Mcophora, dont le nombre et
quer les fruits eux-mêmes, sont fort nuisi les espèces font même le désespoir des plus
bles à beaucoup d'arbustes, notamment aux habiles entomologistes.
rosiers, en perçant, rongeant, trouant, à Les Cicadaires ou Cigales et Randlres, le
'aide de leur instrument dentelé, les jeunes Cercope écumeux {Cicada spumaria, Cerco-
tiges et les feuilles de plusieurs arbres de pis sanguinolente {fig. 752), si remarquables
a même classe, les pruniers, les poiriers, etc. au printemps dans les prairies, par l'é
V.insi ces hyménoptères ont des larves à pieds cume qu'elles y déposent, épuisent de
îombreux, simulant des chenilles, qui dévo- sève ou font faner plusieurs glumacées dans
■ent le feuillage de nos arbres à pépins et à leur fructification naissante. Tous ces épis
loyaux, et qui s'opposent aussi à la mulli- blanchissaus et stériles de seigle et d'au
dication de leurs fruits. tres céréales ont été atteints, soit par \aPha-
lœna secalina, soit par les Cicadaires, tandis
§ IV. — Insectes pernicieux aux prairies. que les larves des Tipules travaillent dans
les racines, que des Tanypus, autres lipu-
La grande calamité pour celles-ci vient de laires culiciformes, se creusent des demeu
a famille des Sauterelles et Criquets. Per- res dans des galles, que diverses mouches
onne n'ignore les déplorables déprédations déjà notées, en traitant des céréales, n'épar
itl passage des Sauterelles (Giyllus migrato- gnent pas les auti es graminées. Il faut citer
tus, Gr. apricatorius, Gr. lineola et autres encore leSepsù cynipsea, espèce de mouche
spèces), qui, après avoir tout ravagé, finis- attaquant les fleurons des syngenèses, etc.,
en t par se dévorer elles-mêmes. On a vu et diverses Cétoines rongeuses, comme la C.
es milliards de ces insectes entassés par les dorée {fig. 751), et la C à deux cornes {fig. 754).
enls sur certaines contrées, à tel point
m"o:i les ramassait par boisseaux et dans § V. — Insectes attaquant tes provisions animales
e grands ^ios. I es Giyllus campeslris et et végétales, ou comestibles.
otre Grillon domestique, faisant entendre
>n cri nocturne près des foyers, dans les 1° Les substances végétales. — Deux fléaux
laumières, viennent fureter dans nos pen en ce genre nous ont été communiqués avec
sions ; tous ces insectes rongent les herbes, les substances commerciales des deux mon
i : i une les autres Criquets (Acnd/um), et les des; ce sont les Blattes et les Termites. La
'rujcales {Grylli's ar.rida), notamment le T. Blallaorientalis et la B. americana, L. ou l\a-
grand nez {fig.750), les grandes Sauterelles, kerlack, Blatte américaine {fig. 757), est com
ocusta viiiduisima des campagnes, la Sau- mune aussi dans les régions septentrionales.
■relie grise {fig. 751 ). On ne peut conserver aucun genre de comes
C'est encore à l'état de chenilles que les tible qu'elle ne dégrade et n'infecte ; elle
htilcena calamiiosa,\d. Noctua graminis, les butine île nuit dans les habitations, ronge
m eiJes du genre des Crambus, désolent particulièrement les farines, le pain dans les
irtout les meilleurs pâturages et se mul- boulangeries, les moulins, les cuisines, etc. ;
jlieut au milieu des foins. Ces insectes de plus, elle répand une odeur détestable;
560 AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES. HT. l".
rarement elle se sert de ses ailes, mais elle remuer; les Pti- Fig. "C3.
court très-vite et fuit l'éclat du jour, dans nus, les Bruchus dé
des fentes et des trous, ce qui empêche qu'on jà signalés; la Ne-
ne détruise ce malfaisant orthoplère. crobia violacéa e t
les Nitidules (Nili-
Fig. 755. dule biponctuée )
(/%.76l),qui détrui
sent les chairs sa
lées non moins que
les charognes. On,„
ne peut passersous '
silence aussi le
grand rongeur des
pelleteries, Der
mestes pellio , les
Slaphylins, les Sil-
pha et Nécrophores
que toute chair at
tire d'abord.
Fig. 758. La famille des Teignes est surtout la phi
coupable de ces goûts carnivores, à l'état k
Les Termites sont des névroptères plus larves. Telles sont surtout les Bolys, qui pé
parlicul iers.aux climats chauds, également en nètrent dans les matières les plus grasses.
nemis du jour comme tous les voleurs. Ainsi le et l' Aglossa pinguinalis (s/glosse de lagraissc
Termes lucijuge {fig.làli et757)qui représente (fzg.Hi'2), rougeant les cuirs ou peaux à l'éla!
la larve, Termes lucifugum), malheureuse frais. On ne peut pas garantir les lapis et «li
ment multiplié dans les chantiers de Roche- tres tissus en laine ou en poils, contre la
fort, y a déjà causé les plus grands dom ravages perpétuels des Tineatapczanajam-
mages parmi les magasins de la marine. tella,pellionella,flavifrontella, etc. {Noctotlii
Les Termites, a p pelés aussi fourmis blanches, trapézine (fig.763), et de tous ces vers rondeurs
ont plusieurs rapports avec les fourmis, et qui se pratiquent des fourreaux de km
vivent en sociétés composées de trois ou excrémens, avec une si redoutable industn;
quatre sortes d'individus à l'état de larve, de On sait aussi combien plusieurs Diptères,
nymphe et d'insecte parlait; également la en été, hâtent la corruption et le detttfa
borieux , voraces, et d'autant plus dévasta viandes, par leurs œufs bientôt transfunes
teurs qu'ils sont omnivores, ils se creusent en vers ou larves des Mouches créophila
des roules souterraines dans les objets qu'ils Ainsi les Musca vomitoria , grosse espre
rongent. Le Termes atroce, le mordant, le bleue; la Musca carnaria, dite vivipare.es
belliqueux, le destructeur ou le fatal, le
pou de bois, le voyageur, sont autant d'espè cœsar,ses œufs éclosent immédiatement ; laifo»
ces ravageuses ; celui à cou jaune { Termes Musca putris, si commune sur les charognes: b
flavicollis) attaque, en Provence, les olives. qui recherche les corps pourra
les ulcères
Parmi les Lépidotères, nous avons signalé cites du vieuxjromage(la piophyla de Fallen), les .Mb-
déjà ceux qui ravagent le blé dans les gre d'être remarquées. Elles {Musca rajre/), mérita
niers; mais la farine nourrit spécialement œufs déposés dans ces matières prouvent, par te
animales
une espèce de larve de Tinéide {Phalœna, L.; que les vers ne s'y engendrent point sponta
Aglossa farinalii, Latr.), Phalène de la ja- nément, comme le suppose le vulgaire.Leur»
rine (/?#.758),ainsi désignée parce que l'insecte larves semblent avoir la propriété de hâter
parfait n'a point de trompe, et ne mange plus encore la putréfaction des matières qu'élis
en ce dernier état, tandis qu'il est fort vo- dévorent. On peut ajouter à ces espèces te
race et gras à l'état de ver. Parmi les Coléop ùcatophaga { Musca stercoraria , L,.; et I*
tères à lon^s becs, plusieurs Rynehènes et vers des latrines ou autres lieux analogue
autres Curculionides se multiplient dans les des Eristhalis tenax (vers à queue de rai) doo!
fécules, comme le Curculio palmarum qui vit
de sagou. Divers Mclasomes nocturnes, outre la vie est si dure, E. sepulchratis, enf&
les Blaps déjà signalés, viennent saccager les rum , etc.
substances alimentaires; tels sont les Pi- à faire Joignons à ces espèces celle qui contrite
mélies, les Erodics, les Njrclélies, tous privés aigrir le vin ou la bière et le cidre. b
d'ailes. Il faut y joindre des Opatrum, les Te- Musca ce/laria (Notophila de Falleu); elle fl-
nebrio culinaris et cadaverinus de Fabf., Téné- pose ses œufs dans les vaisseaux à vin dao
brion de la farine ou des trogossiles{fig. 759). ves et celliers; on Enfin,
en accuse également flf
D'antres fourragent dans les meilleurs cham cellerier(fig.l<à§). les Acarus{Mitet-
mestique {jpg. 767 grossie à la loupe), se en
pignons comestibles, comme les Boletopha- veloppent par myriades sans nombre dan-
gus taxicornes. les vieux fromages, les viandes sèches M
2° Rongeurs des substances animales. — Le fumées, comme sur toutes les matières ani
nombre de ceux-ci est considérable. Parmi males en putréfaction; la nature faisant sins
les Coléoptères les plus destructeurs, il faut servir les débris de la mort à la multiplicatif
placer en première ligne les Dermestes la-
niarius, lardarius, trijasciatus, etc., le Der- de la vie.
meste du lard [fig. 760); la Vrillctte(Anobium
pertina.r), qui, étant touchée, contrefait la
morte et se laisserait plutôt brûler que de se
■ap. 19V
DES INSECTES NUISIBLES EN AGRICULTURE. 6«1
Fig. 786. Les plus dangereux des Diptères Athéri-
cères sont les Œstres, sans contredit. Leur
famille semble instituée pour vivre dans la
peau et le corps même de nos bestiaux, le
bœuf, le cheval, l'âne, le chameau, le mou
ton, le renne (OEstre du renne (/g-.769), le cerf,
les antilopes, le lièvre, ou la plupart des her
bivores; l'homme lui-même n en est point
exempt en Amérique. Le genre entier des OEs-
trus présente l'aspect d'une grosse mouche
! M. — Des insectes nuisibles auxbestiaux «t au velue, dont les poils colorés par zones imitent
tres animaux domestiques. ceux des bourdons; ils ont les ailes grandes;
les femelles portent à l'extrémité de leur
La grandeur et la puissance des animaux, abdomen un stylet perçant, composé de plu
e l'homme lui-même, ne les mettent point sieurs lames pour ouvrir la peau dure d'un
l'abri des insultes des moindres races, et animal , el pour y faire pénétrer des œufs qui
: chétif Cousin surfit pour tourmenter ce doivent s'y changer en larve rongeante \ ces
oi du monde. Aucune race n'est plus impor- larves, en effet, creusent leur nid dans les
une sous tous les climats; car il n'est point tissus cellulaires, pompent lessucs et forment
e relation de voyages qui n'entretienne une sorte de cautère naturel sur le dos des
les insupportables cuissons causées par les bestiaux, qui ne peuvent s'en garantir, el à tel
mées inévitables des Moustiques et marin- point que des oiseaux du genre Buphaga vien
vuins [Cuiex pipiens et pulicaritts), non seu- nent en quelques pays extraire avec leur bec
•ment sous les climats brùlans, mais jus- ces dangereuses larves. M. Clark, savant vé
u c sous les cieux glacés des Lapons et des térinaire anglais, quia fait un ouvrage sur ces
Minimaux, et non pas uniquement pour la œstres, en é minière trois familles d'après le
eau nue de l'homme, mais pour les bes- lieu d'habitation qu'elles choisissent sur les
iaux qui ne peuvent se soustraire à leurs bestiaux : les œstres qui vivent sous la peau
lards acérés et brùlans. Il y a plus : d'autres y forment des tumeurs ou bosses remplies de
iiousliques encore plus petits el noirs se pus dont ils s'engraissent ; tels sont les cuti-
miltiplient sous les numides ombrages des cotes purivores ; ceux qui s'insinuent dans le
arêts; décrits sous les noms de Rhagio par nez, les sinus frontaux et l'arrière- bouche ou
fabr., et de5//7Ju/('u/nparMeigen, leur piqûre pharynx, comme chez le mouton, sont les
tnperceplible est tellement fatigante lors- cavicoles lymphivores ; enfin ceux qui, dépo
[u ils pénètrent même dans les parties géni sés ver* l'anus du cheval, ou pénétrant par
ales si sensibles des bestiaux, qu'ils exciteut les voies digestives jusque dans l'estomac et
me sorte de rage et jettent ces animaux dans autour du pylore , sont les gastricoles chyli-
es états coiimiI si fs de fureur qui les font périr. vores : il est à remarquer que la nature a
On sait quelle frayeur causent les Taons, donné à Ces larves , non des pattes , mais des
Vabanus bovinus,elc.[Taon des boeufs, %.766), poils épineux qui leur permettent de s'ac
i des troupeaux de bœufs; ils les mettent en crocher aux intestins des bestiaux ; elles ne
uite. Une espèce appelée tsaltsatya en Nubie, se laissent expulser, avec les excrémeus, qu'à
>t redoutable même au lion, et poursuit les l'époque de leur dernière métamorphose ,
tommes avec férocité. Une autre espèce, le pour se reproduire dans une vie libre et exté
l/irysopscœcutiens&allaqueattx yeux des che- rieure ; en ce dernier état, ces œstres ne man
anx et les aveugle au milieu des campagnes gent point. On les trouve iréquenlant les
ans qu'ils puissent retrouver leur chemin. bois et les pâturages; ils font quelquefois
Joignons à ces insultans Diptères tant d'au- entrer leurs œufs par centaines dans un ani
reS espèces piquantes, le Stomoxe {Stomoxe mal qui n'en péril pas; cependant Valisneri
>iquant){fig.T$7), le ConopsCalcitrans,Conops
■ufipède (.ftg.768), qui, suçant le sang (les et d'autres auteurs ont attribué aux œstres
des accidens graves et même des causes d'épi-
Fia 769 jambesàl hom- zoolie. Les œstres du lièvre et d'autres ron
* me, dans le? geurs appartiennent au genre Cuteberai
tempsorageux, Après ces iusecles, il en est sans doute de
et surtout aux munis dangereux, les Tanystomes, ou Asilus
bestiaux, ne ( A. crabrïformis et A. forcipatus ), les An
leur laisse au
cun repos jour thrax, dont la piqûre inflammatoire cause
et nuit; et ces une sorte de furoncle ou charbon; les VoLu-
Syrphus qui celta, les Aluùo, les Empis, les Bombylius,
ressemblent à des Nemotelus, etc. Toutefois, il n'en résulte
des bourdons que des tourmens passagers, comme on pour
_fis velus, dont la rait le dire des Bourdons el Guêpes; mais il
771 ' seule appro est une autre classe plus dommageable.
che, annoncée Lesancieusont appelé Bupreste l'insecte au
par lasibllalion quel ils attribuaient la mort ou le gonflement
de leurs ailes des bœufs quand ils l'avalaient. Ce c'est point
vibrantes, fait notre genre Bupreste qui produit cet acci
frissonner tou- dent attribué plutôt de nos jours à une sorte
te la peau du d'empansement ou d'enûure, d'indigestion
'corps qu'ils me d'herbes el contre laquelle on a préconisé
nacent. l'emploi du vinaigre oit du sel ; mais il parait
vraisemblable que des insectes vésicaus, tels
«• livraison. TOMS I. — Jl
AGR1CULTURB.
562 AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES. LIV . 1 " .
que le Meloë de mai, ou Proscarabée ( Meloe , ricots et autres plantes des vergers ; elle s 'at
proscarabæus et majalis ), des Cantharides, tache , en automne suriout, aux jambes des
le Mylabris cichorii ( cantharide des anpassans el à divers animaux ; elle leur cause
ciens et des Chinois ), des Lytia , Cerocoma, des rougeurs et démangeaisons vives dont
Zonitis, et divers coléoptères à elytres mol- on ne se débarrasse bien que par des lotions
lasses, ne sont pas avalés sans péril par les vinaigrées.(OLIVIER ; Obs. dans les Mém . d ' a .
herbivores . Ils causent de violentes inflamma- griculi., 1787 .)
tions viscérales et de l'irritation jusque dans Les Poux sont des espèces presque aussi
les voiesurinaires.Ona rapporté à un Charan - nombreuses que les divers animaux qui les
conite, le Curculio (Lixus) paraplecticus ( Lixe portent ; chaque oiseau semble avoir le sien
paraplectique fig. 770) , cette maladie des che- en particulier, et l'on sait combien ils sont
vaux, quiparalyse leursmembres postérieurs ; fâcheux pour les poules , les pigeons ; car ils
cependant ce fait ne parait pas suffisamment infestent leurs habitations. La plupart se
prouvé, et il parait dû à toute autre cause, ſ rapportent à la famille des Acariens ( Aca
et plutôt à des végétaux vénéneux aquati: rus, L . ) . Parmi ceux - ci se multiplieut aussi
ques, oinbellifères , comme le phellandrium les Sarcoptes ou insectes de la gale , non seu
el les ænanthe , æthusa, etc . |lement de l'homme, mais de la plupart des
Les chevaux sont encore infestés par une races d 'animaux domestiques. On sait qu 'ils
mouche presque sans ailes, courant comme | ont la fâcheuse propriélé de communiquer
unearaignée sur leur corps ; c 'est l' Hippobos- ces maladies, en se transinettant d 'un indi
ca equina (Hippobosque des chevaur , fig . 771); vidu galeux , teigneux, dartreux , ladre , où ils
une autre espèce est familière aussi sur les pullulent, à un individu sain . Ces parasites ou
moutons et d 'autres bestiaux ; c'est le Melo - epizoïques ont, à l'état complet, huit cram
phagus vulgaris),Mélophage cominun ( fig.772). pons ou pattes , et un bec acéré pour sucer.
Fig . 774. Il parait qu 'en distillant dans la plaie une li
Fig . 775 . queur irritante, ils y font affluer le sang ou
les humeurs. Quelques-uns se nichent sous
l'épiderme comme les Cirons, et y pratiquent
des chemins couverts.
Parmi les insectes aptères , les plus hideux
et redoutables par leur venin , sont surtoutles
Aranéides.Le Scorpion roux – Europe (Scorpio
occitanus d 'Amoreux), ou Scorpion roussătre
( fig .776 ), blesse vivement de son dard caudal
recourbé ; une légère cautérisation par l'am
moniaque en est le remède le plus convenable .
Il y a de grandes Araneides, telles que les Ta
rentules ou Lycoses, et les Théridions dont les
Fig. 772. Fig. 773 . morsures ne sont point exemptes de danger,
Les oiseaux de basse -cour sont également surtout dans les temps et les pays chauds ; le
attaqués par des Ornithomyes , ou mouches même moyen de guérison parait le plus ef
de genre analogue . La plupart de ces in - ficace. On redoute aussi la morsure de la Sco .
sectes parasites portent leurs eufs dans leurs | lopendre roussátre í Scolopendra morsitans,
oviductes assez longtemps pour qu 'ils pas - ( fig. 775 ), pour les animaux , surtout au nez,
sept à l'état de larves avant d 'être pondus. aux lèvres, etc. Elle cause uneenflure plus ou
Cela était nécessaire afin que celles-ci, des moins douloureuse .
leur naissance , pussent s'attacher à l'animal Enfin , des insectes deviennent fort nuisi
qui les nourrit . bles pour des insectes utiles. Les larves de
Ces demi-aptères nous conduisent naturels divers , coléoptères des genres Clerus ou Tri
lement à la nombreuse série des Aplères pa chodes s 'insinuent dans les ruches, et ſont
rasites des animaux .Nous ne nous arrêterons | de grands dégâts des larves ou nymphes d 'a
point au genre assez coppu des Puces (Pulex beilles; tels sont
irritans ) et du Nigua ( P . penetrans), qui s'en les T . apiarius
fonce, sous leuom de chique, dans les chairs de Fabr., où Atte Fig. 777.
l'hommeet de divers animaux dans les climals | labus apiarius
chauds ; mais on ne peut passer sous silence (clairon des ru
les Tiques et les Ricins des chiens, des bouls ches( fig .776 ) . La
et chevaux , etc. Tels sont les Ixodes, Ixode Chrysomela ce
reduve( fig .773),les Cynoræsthes d 'Hermann, les | realis, qui vit sur Fig . 778.
Smaris, les Reduvius, les Gumasus, qui s 'accro - le genêt, parait
chent daus la peau et la chair, au moyen de muisible aussi
pinces didactyles, d 'un bec avec des palpes aux édifices de
filiformes, poursucer le sang et se remplir le cire des apiai
corps presque à la manière des sangsues. res ; les Frelons
Ces Ricins, d 'abord imperceptibles sur les ar s'emparent de
bustes des bois où ils vivent cachés, gagnent leurs trésors.
les bestiaux, les chiens qui y passeit, el dès. Des espèces de
Fig . 776.
lors trouvent sur ceux - ci une nourriture | Tiveides , sur
abondante ; ils ne lâchent prise que par la tout du genre
force . Il eu est à peu près de même du Rou les Galleria ,
gel (Leplus autumnalis ), espèce de mite rousse pénètrent dans
qui fréquente ou même rendmalades les ha- | les ruches ; la
IAP. 19e DESCRIPTION DES INSECTES LES PI-US NUISIBLES. 563
!. cereana (Galerie de la cire (fig. 777) ronge prend la forme de nymphe pour devenir in
t dissout dans son estomac la cire par une secte parfait.
ction singulière; il en est de même de la La calandre à l'état de larve se présente
!. atvearia qui attaque jusqu'au couvain et comme un ver mou, alongé, très-blanc; son
l'espérance de nouveaux essaims. Le Phi- corps a neuf anneaux saillans, arrondis; sa
mte apivore (fig. 778) tue les abeilles sur les longueur ne dépasse guère une ligne; sa
eurs. tête écailleuse, jaune et arrondie, est armée
de mâchoires rongeantes. La nymphe qui
} VII. — Des insectes et crustacés attaquant les lui succède est également blanche, mais
poissons. transparente, et l'on distingue déjà sous son
Il ne reste plus à dénoncer que les races enveloppe la trompe , les antennes et les
quatiques les plus nuisibles daus les viviers membres de l'animal. En cet état, il ne
t autres lieux où l'on multiplie le poisson. mange pas. Après huit à dix jours de celte
,es ennemis redoutables du jeune alvin on somnolence immobile, l'insecte rompt la
retin avec lequel on peuple les étangs, sont: coquedans laquelle il se tenait emmaillotté,
;s écrevisses, Astacus ftuviatilis; leurs dures soulève une calotte du grain, et la Calandre
t tranchantes mâchoires ou mandibules parait au jour.
échirenl facilement ces petits poissons en- Sous cette forme dernière, le Charançon
ore si tendres. Il y a, de plus, d'autres crus- du blé cherche à s'accoupler, puis la femelle
acés, tels que les Paecilopodes, qui s'atla- pond bientôt ses œufs et les dépose sur les
henl sur de plus grands poissons; ainsi tas de froment; mais il parait qu'alors l'in
'Argule foliacé se fixe sur de grosses truites secte est moins destructeur qu'à l'état de
l des carpes; il parvient même à les tuer. larve.
xsCaliges [Monoculus piscinus), quoique pe La chaleur atmosphérique hâte beaucoup
ts, attaquent, comme le précédent, même lesdéveloppemenset les dégàtsdes calandres,
;s brochets et les perches, et leur nuisent tandis que pendant un froid vif elles s'en
eaucoup. On peut ajouter que d'autres Mo- gourdissent et restent incapables de nuire.
oculax, des Cypris et diverses espèces parasi- Dès le mois d'avril, sous nos climats tempé
es pénètrent dans les branchies des poissons, rés, les calandres pondent et se propagent
:s tourmentent et contribuent, par la des- jusqu'à la mi-septembre; mais sous les cli
ruction de ces organes respiratoires, à faire mats chauds, elles s'accoupleut même plutôt
érir les meilleurs poissons. et plus tard encore. On les trouveaccouplées
Nous terminerons celte revue générale si longuement, et avec tant de ténacité, qu'on
n signalant ce petit cruslacé décrit par peut les balayer et les transporter en cet
I. Leach (Encyclop. Edinburgh ; tom. vu, élat sans qu'elles se séparent. Les reproduc
. 433) comme très-dangereux, parce qu'il tions des calandres ont lieu plusieurs fois
erce avec une promptitude prodigieuse, dans l'année (quoiquechaque individu meure
uoiqu'à peine long de deux lignes, les bois après sa génération); il s'écoule de 40 à 45
lans la mer, et que ni les digues les plus jours entre l'accouplement ou le dépôt d'un
paisses, ni les navires les mieux calfatés œuf et sa transformation en insecte parfait.
l'ont été jusqu'à présent à l'abri de ses pe- D'après une table formée par la multiplica
ites dents destructives. C'est la Limnoria te- tion des calandres, une seule paire de ces
ebrans. insectes, pondant à la fin d'avril des œufs
Ce n'est pas tout, sans doute; mais ce ta- dont les individus se multiplieront jusqu'au
ileau doit suffire pour montrer combien la milieu de septembre, ou pendant cinq mois,
lasse entière des insectes abonde en races par une température moyenne de 15», il doit
illisibles à toutes les branches de l'économie en naitre six mille quarante-cinq calandres.
urale et domestique. Qu'on juge de l'immensité de ces insectes,
sous des températures plus chaudes, et
'artie il. — Description des espèces les plus combien de monceaux énormes de blé dis
nuisibles et des moyens qu 'on peut opposer paraissent sous les mâchoires de ces armées
à leurs ravages. de rongeurs!
§ 1".—De la Calandre du blé, ou charançon. La calandre femel'e ne dépose qu'un œuf
sur chaque grain de blé, entre la pellicule et
)n distingue ce coléoptère en ce qu'il a, la farine; la larve qui en naît reste parfaite
online les autres charançons, un bec alongé, ment à l'abri; ses excrémens servent à bou
[es tarses à quatre articles, des antennes cher le trou par lequel l'œuf a été introduit.
ondées, insérées à la base du bec, formées Les monceaux de blés attaqués ne le sont pas
le huilarlicles dont le dernier prend la forme à la superficie, mais bien à quelques pouces
le massue. Les élytres sont durs, l'abdomen de profondeur, afin que l'insecte soit plus à
init en pointe, les pieds sont terminés par l'abri; on n'aperçoit rien qui le décèle exté
es crochets avec lesquels l'insecte se cram- rieurement; le grain parait entier: seulement
ioniie fortement. son poids est moindre, et il surnage l'eau,
C'est de tous le plus redoutable par ses parce qu'il a été vidé par l'insecte.
avages dans notre principale nourriture, le La calandre n'aime pas à être remuée par
routent, car il se multiplie parfois eu si le crible ou la pille; alors elle déloge et
;rande abondance dans les masses de blé quitte le grain. Elle le quitte aussi dans les
les greniers, qu'il ron^e tout et ne laisse temps froids, pour chercher un abri plus
exactement que le son ou l'enveloppe du chaud dans le. fentes du plancher ou des
Tant. Chaque larve, en effet, toujours isolée murs des greniers. Ce ne sont guère que les
'n chaque grain, s'y loge et grossit à mesure œufs, ou les larves qui restent engourdie,
ju'cJk eu dévore toute la farine ; alors elle qui passent l'hiver.
5«4 AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES. ut. i".
On a cru qu'en mettant le blé dans des sur les blés de l'Angoumois, en 1763, puii
caves planchéiées, pendant l'hiver, on le ga de mémoires de beaucoup d'autres auteurs,
rantirait des calandres ; mais outre l'incon et en dernier lieu d'un rapport fait en 1811
vénient de l'humidité capablede faire pourrir à la Société royaleet centrale d'agriculture de
ou germer le blé, le repos et l'obscurité, a Paris, par M. Huzabd fils, après lesnombreu-
l'abri du grand froid, seraient au contraire ses recherches de MM. de La Tkemilau, l«
favorables à la conservation des calandres. Le marquis de Tbavanet, le docteur Gcisjs,
criblage est plus efficace; il peut séparer les de Marivault, etc.
larves;cependant les œufs sont trop bien collés Bien que l'alucite, à l'état parfait de papil
aux grains pour qu'ils se détachent par cette lon nocturne, ressemble a celui de la teigne
opération. Les fumigations de tabac brûlé, des blés, dite fausse teigne^ et soit de méiiî
les odeurs fortes, comme celles d'essence de grandeur, voici leurs dilférences les plus*
térébenthine, les décoctions d'herbes puan sentielles: L'alucite a des ailes d'une coule»
tes, dont on a conseillé d'arroser le fro café au lait plus pâle que celle de la (au**
ment, etc., n'ont rien produit d'efficace; en teigne [ïponomeuta frei/ci, Lat., TineaieL
foncées dans les tas de blé, les larves n'ont et qui n'ont point de taches brunes transier-
pas lâché prise, et même la vapeur acide et sales aussi marquées que ehez la fausse teipe.
pénétrante du soufre brûlant n'a pu as L'alucite porte les ailes plus aplaties, en font
phyxier ces insectes qui ont besoin de très- de chappe, ou moins bombées, tandis que II
peu d'air pour respirer. fausse teigne les rapproche autour de su
L'expérience a constaté qu'une chaleursu- corps en toit incline. Entre les antennesde
bite de 89° Réaum. peut faire périr lescalan- l'alucite s'élèvent deux petits palpes ou pcli-
dres, mais on ne peut communiquer assez tes cornes, tandis que la fausse teigne u'a que
subitement celte température à de grandes de longues antennes filiformes. Les papil
masses de blé pour en suffoquer les calan lons de l'alucite ne restent point dius la
dres. Il a fallu jusqu'à 70° d'échauffement à greniers, mais se répandent dans les campa
l'éluve pour les faire périr ; mais à ce degré, gnes, surtout pendant les temps chauds, u*
qui lue larves, insectes, œufs, le germe du blé, dis que ceux des fausses teignes demeure»!
trop desséché, peut perdre sa faculté germi- sous les toits et dans les maisons. L'alucite,
native. à l'état de larve, se lient complètement rw-
Le froid étant cause de l'engourdissement fermée dans le grain, même lorsqu'on a.-i'
des calandres, on a proposé un ventilateur et manipule les tas de blé ; elle se transir
capable d'entretenir dans les greniers un air en nymphe ou chrysalide dans ce jrM
assez frais pour arrêter la multiplication des môme et y laisse sa dépouille, poursortirsa-
calandres; ce moyen a été efficace en plu quement à l'état de papillon. Elle ne lie p*
sieurs circonstances. ensemble les divers grains de blé à l'aide k
D'autres économistes ont proposé, au re soies, pour former des espèces de coques:»
tour du printemps, d'établir de petits tas de ne découvre donc point, avant l'appariliw
blé à portée des grandes masses. On remue des papillons, que les grains de blé sont al-
fortement et souvent à la pelle ces masses; taqués par l'alucite, à moins d'essayer I»
lescalandresaimant beaucoup la tranquillité, légèreté spécifique, et une chaleur aa»ei»i«
fuient cette agitation, elles courent se réfu qui se manifeste dans les monceaux débit
gier dans les petits tas laissés en repos ; ou quelques jours avant le départ de ces papil
si elles fuient vers les murailles et les Assu Ions. Les excrémens de la chenille aluciters-
res des planches, on les ramasse à l'aide de tent même contenus sous l'enveloppe rt
balais, par ces moyens on en peut détruire grain, et en ferment l'ouverture parlaqueiK
une forte quantité. Quand on a réuni le plus cette teigne s'était introduite dès sondèf»
possible de ces calandres dans les petits tas geinent de l'œuf. Enfin les papillons slocil»
de blé, on échaudera ce blé à l'eau bouillante. se répandant, à la fin du printemps, dans le
Ainsi, l'on étouffera les calandres, et on cri campagnes ou moissons de céréales, surlotf
blera ce blé échaudé pour en séparer les in pendu nt la soirée et la nuit, viennent àèp
sectes morts. Cette opération faite dès le ser leurs œufs sur les épis de froment. Oc
Srinteuips, a l'avantage de détruire les calan- peut consulter les détails relatifs aux habi
ics avant qu'elles pondent; caries œufs, tudes de cet insecte dans l'ouvrage de IX-
une fois multipliés, ont mille chances pour hambl et Tillet, et le tom. 2* desMen*
de nouvelles reproductions. res de Réaumur, p. 486.
Ces procédés peu dispendieux et peu dif La fausse-teigne est plus universellem»
ficiles méritent la préférence sur beaucoup répartie en France que l'alucite, qui de**
d'autres que nous passons sous silence et particulièrement certaines contrées, en oc
dont l'utilité n'est pas aussi bien constatée. currence avec elle. Cette Ypoaomcula trif-
à l'étal de jeune larve, appelée ainsi ver as
§ II. — De l'Alueite des grains. blés, d'abord jaunâtre, devient plus grise *t
noirâtre en grandissant; elle arrive à Si
Deux larves de teignes sont principalement gnes, comme l'a fort bien décrite PaRaum111
devenues des fléaux pour les blés recueillis dans son Mémoire sur les blés du Poitou.»
dans les greniers, et elles ont causé parfois de 1783. Sa tête et la première articulation sort
tels ravages qu'elles ont excité le zèle du noirâtres, luisantes; elle porte sur le dosSc-
gouvernement pour chercher les moyens de gnes blanches parallèles; il y a Marin*
les détruire. L'une est VÀlucite appelée aussi Talions, dont les 3 premières portent 6 p£
Pou volant ou Papillon des grains ( OEcoi tes; il y a 8 fausses pattes aux 6, 7, 8 et r
phora granella, Latreille ). Elle fut l'objet articulations, puis ï crochets à Fexlrém*
d'un ouvrage spécial de Duhamel et Tillet, anale. Ces fausses teignes attaquent noa**"
CHAP. 1>*. DESCRIPTION DES INSECTES LES PLUS NUISIBLES. 565
lement le froment, mais aussi le seigle et l'a gent aussi de la main-d'œuvre pour intro
voine. Petites, elles creusent le grain et s'y duire et retirer les blés de ces machines et
cachent; grandes, elles le rongent entière entretenir le feu. Les blés en gerbes ne peu
ment. Dès l'épi, dans les champs, elles ont vent être soumis à ces manipulations , il faut
déjà parfois ravagé le grain, et le seul secoue- les battre auparavant.
menl des gerbes en fait tomber plusieurs, Quant à l'emploi d'un froid vif pour tuer
qui se dérobent aux intempéries et au froid ces insectes, M. Denabp, et Peneau phar
sous les fumiers ou les mousses. Elles pas macien ont constaté qu'une gelée de 6 de
sent l'hiver engourdies, se transforment en grés sous 0 pendant deux nuits a fait périr
nymphes au printemps, et restent environ 3 les alucites et les fausses-teignes, soit leurs
mois en cet élal avant de devenir papillons- œufs, soit leurs larves et leurs insectes par»
teignes parfaites. Dans les greniers, la fausse- faits. Mais celte méthode ne peut pas facile
teigne réunit plusieurs grains de froment au ment s'obtenir à volonté, même dans des gla
moyen d'un petit cocon de soie blanche; elle cières. Cependant un froid moindre suffirait
se blottit dans ce fourreau imparfait, en pour engourdir et paraljser ces insectes, et
rongeant les grains de blé et rejetant ses le moyen n'est point à dédaigner. Il prouve
excrémens sous forme de points ronds, blan que les grandes ventilations ne sont pas
châtres. non plus sans ulililé.
Pour se former en chrysalides, ces vers du Nous ne uousétendronspoint sur d'autres
blé abandonnent leur coque ou fourreau, moyens illusoires, comme celui de placer des
rampent le long des poutres ou des planches toisons ou des peaux de moutons sur les las
des greniers, s y suspendent parla région de blé, dans l'espoir que les fausses teignes
postérieure du corps, et sans manger, dans y accourront de préférence pour les ronger et
cet état presque immobile, elles parviennent qu'on pourra les y tuer sans difficulté. En ef»
à se développer en papillons. (et, il faut être peu instruit en histoire natu
Il est plus facile, en agitant souvent les tas relle pour ne pas savoir que les mœurs des
de blé, de diviser les coques de ces fausses- teignes du blé, aimant la substance fari
teignes et de froisser ou faire périr leurs lar neuse, sonttoutaulres que celles des teignes
ves, que pour celles de l'alucite. On peut des pelleteries qui préfèrent les substances
aussi, lorsque ces vers montent hors des animales, et qui appartiennent à des espèces
tas, les écraser ou balayer; ces soins répétés fort différentes.
peuvent en détruire beaucoup; mais déjà à
celte époque, leurs ravages sont terminés; § lit—De la Cadelle ou Trogossite mauritanique-
à l'état de nymphe et de papillon, en effet,
ni les alucites ni les fausses-teignes ne pren Cet insecte, causant, parmi nos départe-
nent aucune nourriture. Seulement, il im mens méridionaux, de grands dégâts, sur
porte beaucoup de détruire toujours ces in tout à IN la, es, à Montpellier, et à tout le com
sectes, puisqu'ils multiplient si abondam merce des grains de l'ancien Languedoc, il
ment; ils se tiennent de préférence dans mérite une attenliou spéciale. Sa larve blan
l'obscurité, et peuvent, d'après ce que Du- châtre, longue d'environ 8 lignes, a une tête
hamel-du-Mokcf.au et Tii.i.et ont observé, écailleuse brune et une tache sur chacun des
avoir plusieurs générations chaque année. trois premiers anneaux. L'abdomen est ter
Les uns comme les autres déposent leurs miné par deux crochets bruns. Celte larve,
œufs, tant sur les épis dans les champs, que analogue à celle des boulangers, qui lui est
sur les grains de blé entassés dans les gre congénère, ou du Ténèbrion de la farine
niers, eu sorte qu'il n'y a guère d'interrup (Ten. molitor) dont on nourrit les rossignols,
tion que pendant l'hiver. Cependant la fausse- est plus petite. La Cadelle ou Cenegra pa
teigne se plaît davantage dans les greniers, rait avoir été apportée d'Alger, avec les blés
à l'état de papillon, et s'en écarte moins que de Barbarie, car Linné dit avoir reçu de ces
ne le fait l'alucite. pays l'insecte parfait, par son discipleE.BRAit-
Plusieurs Sociétés d'agriculture ont pro der ; c'est pourquoi il lui donna le nom de
posé des prix en faveur des meilleurs moyens Tenebrio mauritanicus. Ce ténèbrion , qu'on
pour détruire ces malfaisans insectes, soit nomme panetière dans le Midi, entre quel
qu'ils attaquent le blé en gerbes, soit qu'ils quefois dans le pain et en dévore la mie jus
pénètrent dans les tas de blé des greniers. qu'à la croûte, sans qu'on aperçoive par où
La chaleur d'une étuve ou d'un four avait il y a pénétré. Pour s'assurer que les larves
paru, à Duhamel et Tillet, le plus sur pro dites cadelles viennent bien du même in
cédé pour faire périr ces insectes, et assuré secte, Dorthës en renferma dans une bou
ment il est efficace, mais dispendieux et ca teille avec du blé; elles vécurent jusqu'à
pable d'altérer le germe du blé, si la chaleur l'hiver, mais ne purent s'y transformer en
dépasse 50° R.; quand il ne s'agit que du blé chrysalide et en insecte. Il s'aperçut que ces
destiné à la consommation il n'en résulte au larves avaient besoin, pour leur métamor
cun inconvénient. Cependant le prix du phose, de s'enfermer dans la terre. Alors
combustible nécessaire pour obtenir cette elles y ont donné le Ténèbrion ailé, noir en
chaleur dans de grandes quantités de blé, dessus, brun en dessous du corps, lequel
doit étremis en comparaison avec les ravages est lisse et plat. Sa tête, armée de fortes mâ
causés par ces teignes. MM. Marcellin Cadet choires, est finement pointillée, ainsi que
DEV.AUxelTERKASSEDESBiLLOiNSOBt imaginé son corselet: celui-ci est échancré en crois
récemment deux sortes de brûloirs, plus sant pour s'adapter à la tête, avec des pointes
grands que ceux pour rôtir le café, et pro aiguës de chaque côté. Les élytres ou étuis
pres à chauffer les blés attaqués. Ces sortes de ses ailes, brunes, sont striés_ et arrondis.
de moulins insecticides ( ainsi nommés ) exi L'insecte porte environ quatre lignes de Ion
560 AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES. uv. i".
gueur sur une et demie de largeur. Il se pose éclôt des vers d'un blanc sale ; ces larves
sur les grains de blé pour y pondre, mais il molles, ridées, à six pattes, à tète grosse et
ne les rongeaucunement en son étatcomplet; écailleuse, à treize segmens, sont délestées
il dévorerait plutôt alors ses semblables que des jardiniers sous le nom de vers-blancs ou
d'y toucher, et même il attaque en cet état maris; ils vivent ainsi enterrés pendant trois
les teignes du blé devenues papillons ; ce à quatre années, se changeant alors en
pendant ce ténébrion est vorace de mie de nymphe pour devenir hannetons.
pain. Dans leur élat de larve, pour passer à ce
Si l'on empêchait la Cadelle en larve de lui de nymphe, elles se construisent sous le
s'attacher aux murs et aux planchers des sol une case unie, tapissée de tils de soie
greuiers, elle ne pourrait trouver les loca et de leurs excrémens ; ramassées en masse
lités propres à sa transformation et péri globuleuse, et se gonflant, elles perdent leur
rait, selon la remarque du même natura peau pour prendre l'enveloppe de nymphe,
liste. Les poules sont si friandes de ces bes sous laquelle se dessinent déjà toutes les
tioles, disait Olivier de Sehhes, qu'elles parties de l'insecte parfait. Des le mois de
mangent ces animaux-là jusqu'au dernier, février, le hanneton déchire cette coque m
ne touchant au blé tant qu'ils durent. enveloppe et en sort encore mou, humide;
Parmextier, qui avait observé la cadelle, il passe en cet étal quelque temps pour se
mais non l'insecte parfait, a vu qu'elle se sert fortifier, puis, à l'approche des beaux jours,
de ses deux crochets abdominaux pour s'ac invité par la chaleur, il s'élance de ces lim
crocher et se suspendre, ou pour se défen bes souterraines ; le contact de l'air le raf
dre contre d'autres caclelles; c'est donc une fermit et colore sa robe à l'état parfail.
espèce insociable; on croit même qu'elle at Tels sont les dégâts causés par ces insec
taque les fausses-teignes et les larves des tes qu'ils suffisent en peu de jours pour dé
alucites ou celles des charançons du blé; en pouiller les forêts de leur verdure. C'est au
ce sens, elle serait moins à redouter (I). point qu'ils deviennent un véritable fléau;
On s'est aperçu que cette larve et l'insecte jardins, vergers, pépinières, prairies, mois
cherchant la chaleur, viennent jusque dans sons, pommes-de-terre, betteraves, toutes!
le lit des personnes qui couchent près des dévasté par leur voracité. Il s'est élevé <k
greniers à blé, et qu'ils mordent même vi tous côtés un cri d'alarme ; les jardiniers. les
vement le corps de l'homme ; toutefois il maraîchers sont ruinés ; voyez surtout les
u'en résulte aucun accident. arbres et les plantes d'ornement, dans les
terres de bruyère qu'attaque le ver-blanc t\
§ IV—Hannetons, Vers-Blancs ou Mans. les terrains les mieux peuplés et ameubli.;
ces précieuses cultures deviennent le théâ
L'abondance, malheureusement trop com tre de prédilection pour les ravages des
mune, de ces scarabéides, nous dispense de hannetons; ils y viennent pondre de toutes
les décrire. De tous les 'insectes herbivores, parts. Les jardins d'agrément, les végéiaui
ce sont peut-être les plus funestes par leur les plus délicats sont le plus horriblement
voracité. A l'état de larves, ce sont ces (jros maltraités; les arbres à fruit saccagés dans
vers-blancs souterrains qui rongent pendant leurs racines restent deux années sans pro
deux, ou même jusqu'à quatre années con duire. Dans notre climat, les hannetons sor
sécutives, les plus tendres racines des plan tent hors de terre en légions infernales à lami-
tes et les plus dures des arbres. Pendant avril; ils s'accouplent une ou deux semaines
l'hiver, ces larves, ramassées et s'enfonçant après; leurs œufs éclosent au bout devinjt
profondément ensemble, vivent à demi "en à trente jours. La première année, le ur
gourdies et sans manger, mais, remontant blanc cause des dégâts moins sensibles, mais
au printemps, elles dévorent tout sous terre la seconde année, il s'enfonce au mois de
dans les temps chauds; puis, se transfor juin pour changer de peau : il remonie en
mant en nuées immenses, ces coléoptères, suite affamé et dévorant jusqu'aux piquets
après leur noviciat inférieur, viennent ra de bois, à défaut de toute racine. Le froid
vager le feuillage de tous les végétaux. qui le lorce à s'enfoncer de nouveau, en oc
Les espèces diverses de hannetons, outre tobre, le laisse ensuite reparaître la troi
le vulgaire, sont aussi nombreuses que dé sième année, pour commettre des ravage*
vastatrices. Engourdis , pendant le jour, incalculables ; car il est devenu plus fort el
dans la chaleur et la sécheresse, à peine le plus vorace jusqu'à sa transformation.
soir arrive qu'ils s'élancent étourdiment Malgré de nombreux ennemis qui s'en
(leur nom vient, dit-on, de a/a et tonus, graissent aussi de ces vers-blancs, comme les
aie-ton, à cause du bruit de leurs ailes) et taupes, les hérissons, les rats, et plusieurs
s'entre-heurtanl, se culbutant, mâles et fe oiseaux, tels que les corbeaux qui les déter
melles, vont rongeant et s'accouplant lourde rent avec plaisir, il en reste toujours trop.
ment, inconsidérément; leur accouplement car ils se multiplient d'autant plus que les
dure vingt-quatre heures environ ; le mâle cultures sont plus riches. C'est pour cela
est plus petit que la femelle, et il succombe qu'ils font le désespoir des plus opulenlrf
bientôt sans manger et traînant après cet récoltes du jardinage.
effort. La femelle dépose ses œufs, d'un jaune Les meilleurs moyens de destruction du ver-
clair et un peu alongés, dans la terre qu'elle blanc consistent : 1° à r< cueillir avec soin.au
creuse en la fouillant de ses pattes de de moment du labour et des binages, toutes les
vant, jusqu'à un demi-pied de profondeur; larves mises à découvert ; 2" à garnir Ri
elle périt ensuite. Six semaines après, il dant toute la belle saison, de plants de sa
(1) Parme.xher, Traite théorique et pratique sur la culture des grains, tom- 2, p. 355 et suif.
chap. 19'. DESCRIPTION DES INSECTES LES PLUS NUISIBLES.
lade et de fraisiers, ou de bordures en gazon, sol, au printemps, que cette pratique con
en pimprenelle ou statice, en les renouve viendrait le mieux.
lant plusieurs fois, les terrains occupés par Les prédictions des retours d'années à
des cultures précieuses, afin d'attirer les vers- hannetons plus nombreux, tous les trois
blancs et les tuer auprès de ces planlcs sa ans, suivant quelques observateurs, n'ont
crifiées; 3° à parsemer de chaux, de suie, de rien de certain. En effet, les hivers longs et
cendres de tourbe, à forte dose, le terrain rigoureux, ou doux et chauds, n'ont pas tou
pour en écarter ces vers.— On a vanté aussi jours manifesté leur influence sur le déve
les affusions ou arrosages avec de l'eau ren loppement et la multiplicité de ces seara-
due puante par la hue et autres herbes dé béides. Les années pluvieuses paraissent, au
goûtantes; mais ces moyens sont instiffisans. contraire, diminuer, pour les suivantes, le
Ce n'est pas le ver-blanc qu'il sulfit d'at nombre des œufs déposés par les femelles
taquer, ce sont les hannetons femelles à qui de hannetons. Celles-ci pondent de 40 à 100
surtout on doit déclarer une guerre à mort. œufs. Ensuite les vers de plusieurs années
Un battage des arbres, ou hannetonage pen précédentes forment des essaims pour celles
dant le jour, lorsque ces insectes restent cois, qui succèdent, en sorte qu'on ne peut guère
depuis les 7 heures du matin jusqu'à 3 ou 4 prévoir le degré de leur multiplication.
heures du soir, les faisant tomber, on peut
alors en amasser ou écraser par milliers. On § V — Des Sauterelles et Criquets-
a payé 15 et 20 centimes le décalitre de ces
hannetons, et l'utilité de celte guerre est Les Sauterelles qu'on voit si communé
moins illusoire que la guerre souterraine tou ment sauter dans les prairies, sont, pour les
jours désespéranleet sans garantie de succès. 'naturalistes, de véritables Criquets, ainsi que
Il serait à désirer que desréglemensde police les sauterelles de passage, si ravageuses et
devinssent obligatoires pour celte destruc qui furent une des sept plaies de l'Egypte se
tion, comme pour l'échenillage ; car l'exter lon la Bible. C'est à l'aide de leurs longues
mination de ces légions, si elle n'est pas sui cuisses postérieures, fortes ou musculeuses,
vie avec persévérance, ne serait que momen que ces orthoptères s'élancent très-loin. Ils
tanée; elle laisserait le péril subsister et déploient aussi leurs ailes et volent parfois
bientôt s'accroître au-delà de toute prévi très-haut et à de grandes distances. Ils ont
sion dans les meilleures terres, tandis que un chant ou plutôt rendent un bruit nommé
les sols argileux, tenaces et denses, sont chant des sauterelles, lequel est produit au
moins assaillis par les vers-blancs. Déjà le moyen du frottement des élytres l'une con
département de Seine-et-Oisea volé 3,000 fr. tre Vautre sur celle partie interne, de chaque
pour la destruction des hannetons. Ces in- côté du corps, qui ressemble à un petit mi
seclesàvol pesant, aimant d'ailleurs à se can roir de parchemin, incolore et scarieux chez
tonner dans les terroirs les plus favorables à les mâles seulement.
leur multiplication, peuvent être bornés à Les femelles pondent une grande quan
des espaces étroits, où une guerre acharnée tité d'œufs réunis dans un parchemin très-
finirait par les rendre plus rares; mais il mince; il en sort bientôt des larves qiv
faut le concours des administrations supé n'ont encore ni élytres ni ailes, mais, du reste
rieures; tel est le vœu d'un rapport fait à la qui ressemblent aux insectes parfaits; \ei
Société d'agriculture de Seine-cl-Oise en nymphes présentent déjà des rudimens ov
1834. bourgeons de ces ailerons et étuis sur leur
On a conseillé encore plusieurs autres dos ; mais les sauterelles-criquets, dans tou
méthodes : c'est: 1 ■ d'enfumer les hannetons tes leurs espèces nombreuses, ne se reprodui
sur les arbres, pendant le jour, au moyen de sent qu'à l'époque où les organes du vol sont
flambeaux préparés avec une mèche soufrée, développés, et où elles ont quille leur peau
entourée de résine et de cire. On promène qui se fend sur le dos. Ceci a lieu vers la fin
ces flambeaux allumés, de manière à suffo de l'été.
quer ces insectes, aux mois de mai et juin, A quelque période de leur vie que ce soit,
aux heures du jour où ils se tiennent en re les sauterelles mangent énormément ; leurs
pos sous les feuilles. Les arbres secoués ou larges intestins formant plusieurs cavilésont
battus avec des gaules, laissent tomber ces été comparés à ceux des ruminans ; on a mê
hannetons par milliers: il est facile de les me prétendu que ces insectes ruminaient. On
ramasser et de les brûler à un feu de paille. a vu les criquets-sauterelles, après avoir tout
2° La méthode de ramasser les vers-blancs. dévoré dans les campagnes où elles fondent
après la charrue et dans les binages est trop en épaisses nuées, se manger entre elles par
peu efficace; il en reste des millions dans nécessité, en sorte qu'elles deviennent car
les terrains voisins non labourés; et en hi nassières dans l'occasion. Cependant, nos
ver, d'ailleurs, ces vers sont si profondé véritables sauterelles vertes {Locusià), outre
ment enfoncés que la charrue ne les déterre qu'elles ne se multiplient jamais aussi im
pas. 3° Le sacrifice des laitues ou des frai mensément que les criquets de passage
siers, pour attirer les vers-blancs, afin qu'ils (Grfllus), produisent moins de ravages dans
épargnent les espaliers des jardins, n'est les campagnes: au contraire, ces sauterelles-
3u'nu faible palliatif. 4° L'addition de suie, criquels sont si voraces, qu'on a vu des
e cendres de tourbe ou de houille, et de mâles montés pour l'accouplement et te
chaux, pour faire périr les vers-blancs, ne nant leurs femelles embrassées fortement
peut être ni assez considérable, ni assez pro de leurs deux premières paires de pattes,
fonde pour écarter d'un vaste terrain ces volant ensemble en cet élat, finir par ron
larves; toutefois, ce serait au moment où ger la tôle de ces femelles qui n'en ache
les vers-blancs remontent vers la surface du vaient pas moins de pondre.
608 AGRICULTURE : DES ANIMAUX NUISIBLES. UT. 1"
Les sauterelles-criquets (Acrydium migra- fait ou brûlait en les retenant par des toi
torium, Oliv.) , ont près de deux pouces de les tendues.
longueur, une tête verte ou brune, tronquée Dans plusieurs contrées d'Orient , après
en devant; il y a sur le front une ligne et que ces insectes ont tout ravagé, les peuples
de chaque côté une autre, également noirâ désolés se jettent sur ces ennemis et les dé
tres ; les mandibules sont d'un noir bleu; le vorent à leur tour. Les Bédouins les font
corselet, brun ou verdàtre, est comprimé sur griller à petit feu; d'autres nations les font
les flancs, avec deux lignes sur le dos et une sécher, les réduisent en farine et en font une
tache de côté. Le venire brun-gris tacheté sorte de pain. On en vend au marché à Bag
porte une bande brunâtre sur ses côtés. Les dad. Des Arabes acrydophages en tirent leur
elytres brun-clair sont marbrées de noir, nourriture et les conservent dans du beurre,
et les ailes transparentes ont une teinte ver- qui sert à les frire ensuite. D'autres les
dàtre; les jambes rougeàlres, les pattes bru apprêtent avec de la saumure. Un homme
nâtres et les grosses cuisses tachetées de en peut manger deux cents par repas; leur
noir complètent l'aspect de cette sauterelle chair a , dît-on, le goût du pigeon. Des en-
de passage.' On la rencontre en quelques fans de nos contrées méridionales mangent
f>arties de la France; elle se laisse diflici- parfois les cuisses de ces sauterelles.
ement saisir. D'autres espèces offrent plu Enfin, quand ces insectes, en masse, vien
sieurs rapports avec elle; comme les Acry- nent à périr dans une contrée, leurs corps
dium lineola, tataricum, ittilicitm, biguttu- entassés se putréfient; l'odeur infecte qui
lum, si commun avec le slridulum, dont le s'en exhale peut engendrer des épidémies;
cri ennuyeux semble sortir de partout dans les eaux qui en sont corrompues ont déter
les terrains secs et pierreux, et qui est notre miné des maladies pestilentielles, soit pour
criquet vulgaire. les bestiaux, soit pour l'homme.
Ces insectes marchent mal etjlenlemenl, Les étés chauds et humides sont favora
mais sautent et volent très-bien. On ne peut bles à la multiplication des sauterelles ; les
trop redouter les lésions innombrables qui temps secs et sereins concourent à leurs
émigoent en troupes si extraordinaires dans voyages. Telle est leur facilité pour ronger
certains pays de l'Orient, de l'Afrique et de les liges de blé ou d'orge qu'elles semblent
la Tartane, dévastant, plus que ne ferait la les avaler dans leur longueur; on les a vue
flamme, toute la végétation des contrées attaquer les gros arbres à défaut d'autre nour
3u'ils parcourent, sans que les millions d'in- riture.
ividus qu'on s'efforce d'écraser puissent Il parait toutefois qqe d'immenses fumi
porter remède à un tel fléau. • gations avec le soufre,Tes résines brûlantes,
Souvent ces insectes sont poussés par les l'acide murialique (hydrochlorique en «■
vents; et au coucher du soleil, ils s'abattent peur) éloignent ces insectes comme plu
comme une averse d'orage, en telles masses sieurs autres.
que les arbres se courbent sous leurs poids.
Une lois les campagnes ravagées, les saute § VI. — Des courtilières-
relles ne trouvant plus rien, périssent de Ce sont d'autres orthoptères remarqi»-
faim par millions, et cependant leurs fe bles par leurs sorlesde mains fouisseuses, par
melles déposent leurs œufs, en quantité in leur habitation souterraine et leur vie noc
calculable. Leur fécondité en effet est si turne, mais très-dommageables parcequ'elle
énorme, que parmi les lieux où elles s'abat rongent les racines des plantes potagères
tent, l'on peut remplir des sacs, des muids et uondent jusqu'à trois ou quatre cents
entiers de leurs œufs dans une médiocre œufs luisans, jaunes, dans un terrier bien
étendue de terrain. En 1613, un passage de préparé. Ces œufs écloseut au bout d'un
sauterelles aux environs d'Arles, dévasta mois, et les jeunes courtilières gris-blancbi-
jusqu'à la racine plus de quinze mille arpens très lourragenl déjà les plates-bandes et les
de blé en peu de jours; malgré des nuées carrés les mieux cultivés. Cependant elle'
d'élourneaux ou d'autres oiseaux accourus, détruisent aussi des insectes malfaisans et
comme guidés par la Providence, pour les des plantes inutiles, comme elles deviennent
attaquer, on recueillit au-delà de trois mille une proie très-friande pour les taupes. Eb
boisseaux des seuls œufs; chacune de ces me plaçant des vases plats remplis d'eau près de;
sures aurait douné près de deux millions nids de courtilières, celles-ci venant pour se
de sauterelles, ce qui en fait environ six désaltérer, s'y noient souvent. Ces nids a
milliards. Ces sauterelles entraient jusque reconnaissent à un renflement du terrain et
dans les granges et les greniers pour tout à la langueur des plantes qui croissent des
ravager. Eu 1780, à Boutzida, en Transyl sus. On peut creuser rapidement à la bêche
vanie, il fallut commander des régimens pour enlever la couvée presque entière
pourramasserdessacsde sauterelles ; quinze L'eau de savon noir, l'huile rance, les dis
cents personnes furent chargées de les écra solutions de foie de soulre surtout, éloignent
ser, de les brûler, de les enterrer; il n'y pa ces insectes; on en a purgé ainsi une garan-
raissait pas de diminution jusqu'à ce qu'un cière qui en contenait peut-être cent œill'
froid aigu les frappa ; mais le printemps individus.
suivant, il se leva de nouvelles légions; il Nous avous vu dans la première partie d'
fallut taire lever le peuple en jnasse pour cet article, qu'il existe beaucoup d'autres in
détruire cette peste, et malgré tant d'efforts, sectes plus ou moins nuisibles à l'agricul
une multitude de pays furent rongés à nu. ture, mais nous avons dû nous borner a l'ius-
On poussait avec de grands balais dans des loire des plus dangereux par leurs ravages.
fosses les niasses de ces insectes qu'on étouf J. J. VlBBT.
FIN DU TOME PREMIER.
A