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Fiche technique 1
L’aménagement
des unités de paysage
dans le nord
de la Côte d’Ivoire

Dans le nord de la Côte d’Ivoire,


comme à Tcholélévogo, les unités Les aménagements
de paysage, sur sols granitiques ou
schisteux, s’organisent de la façon
antiérosifs
suivante :
Les cordons antiérosifs sont confec-
– un plateau relativement plat géné- tionnés suivant les courbes de
ralement cuirassé ; niveau sur la totalité du glacis, pour
– un glacis de 2 à 6 % de déclivité une absorption totale de l’eau. Le
réservé aux cultures ; tracé topographique peut être effec-
– en bas de pente, une frange sableu- tué très facilement par les agricul-
se peu fertile toujours exondée, où teurs avec des techniques simples,
les plantes pérennes peuvent profiter comme celle du niveau à eau vulga-
de la présence de la nappe phréa- risé avec succès par la Cidt.
tique en saison sèche.
A la rupture de pente entre le plateau
L’aménagement d’ensemble de ces et le glacis, l’installation d’un cordon
unités implique, dans l’objectif de garde assez conséquent, planté
d’une agriculture durable, leur pro- de Ziziphus mucronata en deux
tection intégrée contre l’érosion, les lignes en quinconce espacées de
feux de brousse et la divagation des 1 m sur de gros billons, a deux avan-
animaux sédentaires ou transhu- tages :
mants. L’objectif est la création d’un – maintenir l’eau qui ruisselle du
véritable bocage, dont les rôles de plateau cuirassé ;
régulation climatique et de préserva- – bloquer le passage des animaux
tion de la biodiversité sont primor- sur le glacis réservé aux cultures.
diaux. Les résidus de récolte ne sont
plus exportés et contribuent au On retrouve un cordon identique à
maintien du bilan organique et l’aval de la toposéquence, qui peut
minéral des sols ; le bois pour la aussi empêcher le débordement de
cuisson des aliments est disponible à l’eau du bas-fond sur la partie exon-
proximité des villages ; la gestion dée en cas d’inondation exception-
d’aires de pâturage pour le troupeau nelle.
villageois peut être envisagée. C’est Les cordons antiérosifs peuvent être
ce qui a été mis en place sur le ter- confectionnés manuellement, par
roir de Tcholélévogo, en appliquant des allers-retours de charrue en
les propositions décrites ci-après. culture attelée, ou, plus rapidement,
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Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999 41
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avec des moyens lourds. Deux pas- nibles en grande quantité dès la pre-
sages de billonneuse tirée par un mière année. Cette légumineuse doit
tracteur, matériel facilement dispo- être réinstallée tous les trois ans à
nible dans cette région, permet un cause des dégâts causés par les ter-
excellent aménagement à un coût mites. Elle fournit un appoint intéres-
assez modeste (environ 7 000 sant pour l’alimentation du bétail en
FCFA/km de cordon avant dévalua- saison sèche, en particulier pour les
tion). variétés à fructification tardive (2 t de
matière verte par km de cordon).

Une graminée fourragère,


bana grass
Bana grass est un croisement entre
deux Pennisetum : P. purpureum
Schumach. et P. glaucum (L.) R.Br.
Au nord de la Côte d’Ivoire, elle ne
fructifie pas, ce qui évite les pollu-
tions des parcelles cultivées par les
graines. Son installation se fait par
boutures espacées de 1 m. Cette gra-
minée, très appétée par les animaux,
peut être pâturée sur place ou utili-
sée comme fourrage en saison
sèche.

Gmelina arborea est un arbre qui peut Le dénivelé entre deux cordons est Trois espèces arborées
être planté en plusieurs lignes comme fonction de la pente, du sol et de la rustiques à croissance rapide :
pare-feux, ou en haies vives, qui peuvent dimension des ados. Un mètre de
Acacia auriculiformis, Acacia
servir de support de barbelés. dénivelé pour les glacis de 3 à 4 %
Tcholélévogo. de déclivité, cas le plus fréquent, mangium, Cassia siamea
donne des parcelles d’environ 30 m Après deux mois en pépinière, les
de large, bien dimensionnées pour la plants sont installés tous les mètres
culture attelée. sur les cordons. La dormance des
semences doit être levée avant le
semis en pépinière par un passage à
Les plantations l’acide sulfurique concentré (Cassia
siamea, 10 minutes, Acacia auriculi-
d’espèces formis, 7 et Acacia mangium, 5). Les
distances entre cordons ne doivent
pérennes sur pas être trop faibles, supérieures à
30 m. Dès la quatrième année, ces
la toposéquence arbres sont rabattus pour éviter leur
compétition vis-à-vis des cultures. Ils
offrent alors un combustible pour la
Consolidation des cordons cuisson des aliments (qui devient
Pour consolider durablement les rare près des villages dans les zones
cordons antiérosifs et les maintenir à forte densité de population).
propres, la solution la plus efficace
consiste à installer des espèces
pérennes en plantations serrées. Plateau et secteurs
cuirassés du glacis
Une légumineuse arbustive,
Les arbres en place doivent être
Cajanus cajan (pois d’Angole) conservés et complétés par d’autres
Le semis du C. cajan est facile, en espèces, comme les manguiers, les
poquets de trois graines espacées de goyaviers, les anacardiers, qui four-
50 cm. Les semences sont dispo- nissent une source de revenu supplé-
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mentaire. Les premières années, premières pluies d’avril et après les


pour limiter le ruissellement et le semis.
salissement de ces secteurs, une
Quand la longueur des glacis est
plante de couverture comme
importante, on peut aussi prévoir
Stylosanthes hamata, bien adaptée à
quelques bandes à intervalles régu-
ces conditions difficiles, peut être
liers le long de la pente où les arbres
installée (semis à la volée à 6 kg/ha).
existants sont laissés en place et
complantés avec des fruitiers (man-
guiers, goyaviers, anacardiers...) et
Bas de pente Stylosanthes guianensis.
La présence de la nappe phréatique
permet des plantations d’agrumes,
de bananiers, de papayers. Une cou-
verture du sol par Stylosanthes guia-
Calendrier
nensis (variétés CIAT 136 et CIAT
184 résistantes à l’anthracnose) évite
conseillé pour
le salissement sous les plantations. l’aménagement
Le semis de cette légumineuse est
effectué à la volée (6 kg/ha), après le d’une
trempage des semences à l’acide sul-
furique concentré durant 5 minutes. toposéquence
couverte par une
La conception des savane arbustive
aménagements Durant la saison sèche
dépend de la précédant l’aménagement
situation de départ Brûlis de la savane.
Matérialisation des courbes de
La situation la plus délicate est celle
niveau par des piquets, en utilisant le
d’une toposéquence déjà entière-
niveau à eau.
ment cultivée. L’aménagement
recoupe en effet l’ancien parcellaire, Elimination des ligneux indésirables
ce qui peut poser des problèmes sur les parcelles destinées aux
entre agriculteurs. De plus, il est dif- cultures la première année.
Les haies vives de l’épineux ficile de confectionner les cordons
Mise en place des pépinières
Ziziphus mucronata (à droite) ferment les en début de saison des pluies sans
d’arbres et d’épineux près d’un point
pâturages à Stylosanthes hamata ou
gêner le calendrier d’installation des
d’eau.
protègent les blocs de culture.
cultures. Il est donc toujours préfé-
Tcholélévogo.
rable, quand cela est possible, de
concevoir l’aménagement des unités
avant leur mise en valeur. Le calen-
Dès les premières pluies
drier des travaux peut alors être pro- d’avril
grammé dans le but de réduire au
maximum les contraintes liées à cet Confection d’un maximum de cor-
aménagement. dons antiérosifs en commençant par
l’amont de la toposéquence et le
Une solution consiste à ne cultiver la cordon de garde.
première année qu’une bande sur
deux, pour limiter les risques d’éro-
sion avant que les ados ne soient A l’installation de la
parfaitement stabilisés. Les travaux
d’aménagement sont alors exécutés
saison des pluies en mai
sans problème en saison des pluies, Renforcement si nécessaire des cor-
en dehors des périodes de mise en dons existants par un aller-retour de
place des cultures, c’est-à-dire aux charrue en culture attelée et semis
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de Cajanus cajan ou bouturage de


bana grass. Les pare-feux
Installation des cultures avec les iti- La protection durable contre les feux
néraires les moins érosifs : billonna- de brousse peut être assurée par des
ge, semis sur labour, zéro labour... plantations d’arbres rustiques à la
périphérie des unités :
– 2 rangées d’anacardiers (6 m x 6 m)
Après le semis résistants au feu, dont le rôle est de
briser la vitesse du feu ;
des cultures – 4 à 6 rangées de Gmelina arborea
installées en stumps (boutures) de
Confection des derniers cordons et
3 m x 3 m, qui maintiennent le sol
des billons périphériques.
propre dès la quatrième année après
plantation et empêchent la propaga-
Plantation des arbres et épineux ;
tion du feu.
pour les fruitiers, faire un trou plus
important et mélanger de la poudret-
te de parc à la terre.
Les haies vives
Les lignes de Gmelina arborea peuvent Après l’installation des La clôture la plus efficace est consti-
être rabattues pour former des barrières. tuée de Ziziphus mucronata. Cet
Mais cette technique a l’inconvénient
cultures, à une époque épineux, très buissonnant, ferme
de propager très facilement le feu. peu chargée en travail totalement les unités dès la troisième
Tcholélévogo. année après plantation. Après deux
(15 juillet au 15 août) mois en pépinière, les plants sont
installés tous les mètres sur un
Labour à l’intérieur des plantations
billon. La dormance des semences
d’arbres et semis à la volée de
de Z. mucronata doit être levée
Stylosanthes hamata et S. guianensis,
avant le semis en pépinière par un
recouvert par un passage rapide de
passage de 15 minutes à l’acide sul-
herse. Pour éviter un développement
furique concentré.
trop important de la végétation avant
le labour (andropogonées), pulvéri-
ser 360 g/ha de glyphosate (+ surfac-
tant) avant de planter les arbres. Les espèces
Traitements herbicides sur les cor-
dons jusqu’à la saison sèche :
d’arbres et
– en plein avec un graminicide (flua- d’arbustes qui ont
zifop-P-butyl par exemple) ;
le mieux réussi
– en jet dirigé aux pieds des arbres et
arbustes avec un désherbant total dans
(paraquat).
Pour chacun de ces produits, un litre
l’aménagement
suffit pour entretenir à chaque passa- Les arbres et arbustes cités précé-
ge 10 km de cordon. demment sont ceux qui se sont le
mieux adaptées aux conditions de
plantation et de suivi du dispositif de
La deuxième année, Tcholélévogo. Vingt-deux espèces
ligneuses ont été mises en place
l’ensemble du glacis avec des avantages ou des inconvé-
peut être mis en culture nients non négligeables ; certaines
ont résisté à toutes les agressions —
L’aménagement existant ne suppose espèces dites rustiques — et d’autres
pratiquement plus d’autres interven- ont très vite été éliminées du paysa-
tions. ge (tableau 1).
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Tableau 1. Arbres, arbustes et épineux installés à Tcholélévogo : capacité d’adaptation, avantages, inconvénients. Les espèces
dénommées rustiques poussent sur les mauvais sols, supportent la sécheresse et le passage des animaux.

Espèce T* Avantages Inconvénients Conditions particulières

Arbres et arbustes
Acacia auriculiformis, 7 Trois espèces à 1 plant/m sur cordon
A. mangium, 5 croissance rapide, (plantation serrée) ;
Cassia siamea 10 résistantes au feu, fixent les cordons et empêchent le
rustiques salissement (concurrence, ombrage) ;
rabattre en 4e année
(bois de chauffe)
Gmelina arborea 0 Rustique Résistance moyenne Piquets vivants pour barbelés ;
au feu pare-feu derrière anacardiers ;
rabattu pour former une barrière :
ne résiste pas au feu
Azardirachta indica - Pousse mal sur sol
peu épais (cuirasse) ;
sensible au feu
Acacia holosericea, - Maladies (pas de
A. crassicarpa - survivants au bout
de 2 ans)
Calliandra callothyrsus - Sensible au feu
Gliciridia sepium - Sensible au feu Alimentation des animaux en
saison sèche
Anacardium 0 Rustique, Croissance lente Fixation du plateau cuirassé
occidentalis résistant au feu Pare-feu
Cajanus cajan 0 Rustique Sensible au feu ; Sur cordon, 1 poquet/0,5 m ;
longévité ≤ 3 ans alimentation des animaux
(cause : termites) en saison sèche ;
pas de salissement des cordons
Sesbania formosa, - Sensibles au feu ;
Albizzia lebbeck - moins rustiques
que C. cajan
Les épineux
Parkinsonia - Très sensible au feu
aculeata (pas de reprise ensuite) ;
peu buissonnant
Ziziphus mucronata 15 Meilleure espèce
rencontrée :
buissonnant,
résistant au feu,
rustique
Ziziphus mauritiana - Moins rustique et
moins buissonnant
que Z. mucronata
Résistance moyenne au feu
Bauhinia rufescens 5 Rustique ; moins buissonnant Plantation plus serrée (0,5 m)
résistant au feu que Z. mucronata que Z. mucronata
Acacia nilotica, - Très sensibles au feu
Erythrina - (pas de reprise ensuite)
senegalensis

T* (minutes) : temps de trempage de la semence dans l’acide sulfurique concentré.


- : non renseigné.

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Nord et centre de la Côte d’Ivoire :


jachère améliorée, semis direct
et plantes de couverture
En zone centre, l’agriculture itinérante
L
a zone des savanes de Côte
d’Ivoire comprend deux
a des contraintes lourdes, comme la pénibilité domaines climatiques liés à des
du défrichement et l’éloignement des parcelles modes de production spécifiques
(figures I.1 et III.1). La sécurité clima-
(plusieurs kilomètres), avec, pour conséquence, tique du nord durant les six mois de
saison des pluies a permis le déve-
la destruction de la savane arbustive et des massifs
loppement d’une agriculture relati-
forestiers. Pour être acceptées par les paysans, vement fixée, avec des systèmes de
culture fondés sur le cotonnier, en
les propositions techniques ne doivent pas être plus traction animale et avec l’emploi
exigeantes que le système traditionnel en temps d’intrants ; le double obstacle est
l’impossibilité de garder des jachères
de travail, elles doivent utiliser le minimum assez longues pour restaurer la ferti-
lité des sols et la difficulté de propo-
d’intrants et limiter les déplacements. L’alternance ser des solutions agronomiques éco-
de jachères améliorées et de cultures en semis nomes, comme on l’a vu dans
l’article précédent. Au contraire,
direct sur mulch répond à ces critères. En zone dans le centre, l’agriculture manuel-
nord, où le cotonnier domine, les jachères longues le itinérante est généralisée ; la sai-
son des pluies de neuf mois, pour
(plus de 10 ans) ne peuvent plus être pratiquées. une pluviométrie équivalente à celle
de la zone nord, n’offre aucune sta-
Les systèmes de culture améliorés, présentés bilité économique à la sédentarisa-
dans le dossier précédent, ne suffisent pas tion des exploitations et à la pratique
d’une agriculture classique avec
à préserver la fertilité à long terme sans apport intrants (THURIET, 1992). Les cul-
tures habituelles sont peu sensibles
élevé d’intrants ou de matière organique. aux stress hydriques, comme l’igna-
Les techniques de semis direct sur plantes me et le manioc, installées en ouver-
ture de jachère et suivies, la deuxiè-
de couverture sont une solution pour le maintien me année, par du maïs ou de
de la fertilité et pour la lutte contre l’érosion. l’arachide ; la durée d’occupation du
sol excède rarement trois ans, à cau-
Elles facilitent aussi la gestion du calendrier se de l’envahissement par les mau-
vaises herbes (DOUMBIA, 1988).
cultural et sont économes en intrants. Plus encore que pour la zone nord,
Certains résultats observés sur les sites la disparition des massifs forestiers
est inéluctable si aucune solution,
expérimentaux de Tcholélévogo au nord capable de se substituer au système
traditionnel, n’est proposée à court
et de Brobo dans le centre sont aujourd’hui
terme aux agriculteurs de cette
vulgarisables. région.
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semis direct

Les objectifs
d’amélioration
pour les deux
zones
Les problématiques de la zone nord
et de la zone centre sont différentes
bien qu’elles concourent au même
but : faire vivre les populations
rurales dans un espace limité, en
alternant une partie du terroir en cul-
tures et une autre en jachère amélio-
rée de durée la plus courte possible.
Dans tous les cas, il faut des sys-
tèmes rentables, durables et peu
coûteux en intrants.
Tcholélévogo.

Zone nord
nécessaires compte tenu des sur- autour de Korhogo, les agriculteurs
Les solutions applicables découlent faces actuellement cultivées. peuvent encore faire des jachères,
des trois constats suivants : mais leur durée est de plus en plus
– les propositions d’amélioration De plus, dans tous les cas, les terroirs
courte (moins de 3-4 ans) : elles ne
décrites dans le dossier précédent ne sont traditionnellement délimités :
suffisent donc plus à la restauration
permettent de fixer l’agriculture les villageois sont finalement dans
de la fertilité (il faut au moins dix ans
qu’avec, à long terme, une augmen- l’obligation de gérer un espace fini
pour ces types de sol). La situation
tation des intrants. Effectivement, la (hormis les jeunes qui partent vers le
actuelle permettant un système de
culture continue à fort niveau sud de la Côte d’Ivoire pour cultiver
parcelles tournantes avec ces
d’intrants n’est ni accessible à tous l’igname).
jachères courtes, il est tout à fait pos-
les agriculteurs ni forcément ren- Dans ce cadre, comment restaurer et sible de gérer un assolement avec
table à long terme ; maintenir la fertilité au moindre une jachère très courte et une rota-
– la jachère de longue durée, qui coût ? Le but est d’obtenir un systè- tion culturale toujours fondée sur le
représentait le système stable tradi- me stable, c’est-à-dire dont la pro- cotonnier (50 % de l’assolement) ; il
tionnel, ne peut plus être pratiquée ; duction est régulière dans le temps existe des plantes bien adaptées,
– la production de fumier et d’autres malgré les aléas économiques et cli- produisant beaucoup de masse
matières organiques élaborées reste matiques. Dans une majorité de ter- végétale, qui sont capables, en une
très inférieure aux quantités roirs, excepté dans la zone dense ou deux années, de restaurer la ferti-
lité des terres. Si cela change finale-
ment peu de choses au niveau de
Pluviométrie (mm)
Bouaké
l’exploitation, cela modifie en
100
Korhogo revanche beaucoup les données de
90
qualité de sol. Dans ce contexte de
80
réduction de l’espace disponible, la
70
mise en valeur durable des sols argi-
60 lo-sableux demande aussi des solu-
50 tions qui supprimeraient certaines
40 difficultées liées à leurs caractéris-
30 tiques physico-chimiques.
20
10
0 Zone centre
1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Si l’agriculture itinérante de
défriche-brûlis impose un travail peu
Figure III.1. Pluviométrie décadaire à Bouaké (zone centre) et à Korhogo (zone nord). rentable, c’est l’unique solution de
Moyenne de 1950 à 1996. survie, pour laquelle le seul intrant
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continue, mais d’agriculture fixée à


l’intérieur d’un terroir dont une par-
tie est cultivée et l’autre couverte par
des plantes productrices de matière
verte.

Les dispositifs
de recherche
Dès la mise en place du dispositif
semi-contrôlé de Tcholélévogo au
nord, des collections de plantes de
couverture, locales ou importées,
ont été testées par la recherche dans
le but, à moyen terme, d’adapter le
semis direct - déjà au point au Brésil
et en cours d’adaptation dans
d’autres régions tropicales (MICHEL-
LON et PERRET, 1996 ; ROLLIN,
Dans la région centre, à Brobo, la différence de végétation entre un sorgho en semis 1998 ; SEGUY et al., 1996, 1998).
direct sur mulch de Pueraria (à gauche) et un sorgho en itinéraire classique (à droite) Entre 1989 et 1993, les tests menés
est spectaculaire. en petites parcelles ont permis de
trier les plantes (tableau III.1), de
définir les itinéraires techniques de
est la main-d’œuvre. Les contraintes seraient préservés. Les sols sableux culture dans un mulch, de mettre au
ne sont pas des moindres : dégra- gris très pauvres, en bas de pente, point l’utilisation des herbicides
dation des massifs forestiers, dis- pourraient être cultivés de façon (maîtrise de la plante de couverture)
tances importantes depuis l’habita- durable grâce à ces techniques. et d’observer les éventuels effets
tion, travail de défrichement très gênants sur les cultures. Certaines
L’objectif technico-économique est
pénible. Elle ne dégage quasiment grandes parcelles ont été ensuite
la recherche de la stabilité du systè-
pas de trésorerie. orientées vers ces systèmes : l’année
me dans le temps. Il faut donc multi-
plier les possibilités d’adaptation par 1994 a été consacrée à l’installation
Comment limiter ces obstacles sans des plantes de couverture, puis, à
rapport aux aléas climatiques : trou-
instaurer la culture continue, très ris- partir de 1995, les cultures ont été
ver des systèmes économes en eau,
quée sur les plans technique et éco- mises en place dans les mulchs. On
avec des cultures diversifiées et,
nomique dans cette écologie (figure comptait, en 1995, 25 hectares de
pour chacune d’elles, utiliser des
III.1) ? Il devient nécessaire d’évoluer plantes de couverture sur les diffé-
variétés de cycle différent.
d’une itinérance tous les 2-3 ans rents types de sol à l’intérieur des
avec un fort besoin en main-d’œuvre unités aménagées. Le dispositif a été
à la défriche vers une sédentarisation
sur un espace fini. Du point de vue
Conclusion conçu pour comparer ces nouveaux
systèmes aux techniques qui ont
de l’agriculteur, le système fixé idéal Pour répondre à l’ensemble de ces donné les meilleurs résultats en trac-
pourrait se résumer ainsi : défriche- objectifs, des systèmes novateurs tion animale ou motorisée, en fonc-
ment et travail du sol réduits au sont possibles, comme ceux qui tion du niveau de fertilisation des
minimum, suppression des pro- alternent l’installation de plantes cinq années antérieures.
blèmes de salissement des parcelles dites de couverture, seules pendant
par les mauvaises herbes. L’installa- six mois à un an ou plus (jachère En zone centre, le dispositif a été
tion d’une jachère améliorée de améliorée et courte), et les cultures construit en 1994 à Brobo, à 60 kilo-
plantes de couverture pendant un an semées dans le mulch issu de ces mètres à l’est de Bouaké à l’intérieur
ou plus, suivie d’une année de cultu- plantes. Le sol est donc couvert en d’une forêt classée, avec un groupe-
re sur mulch, semble le seul système permanence par ce mulch durant la ment d’agriculteurs encadré par la
compétitif par rapport au système période de culture et par sa végéta- Sodefor, inquiète de la dégradation
traditionnel (peu de main-d’œuvre, tion vive le reste du temps. Le semis rapide des massifs forestiers dont elle
pas de trésorerie, moins de transport des cultures est effectué en poquets, avait la gestion (DOUMBIA et
des récoltes, minimum d’intrants). manuellement ou avec un semoir CHARPENTIER, 1997). L’objectif
De plus, les massifs forestiers adapté. Il ne s’agit pas de culture était de trouver des solutions, sans
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semis direct

avoir recours au traditionnel feu de tivées depuis 1990, et du semis labour à la daba, tout en multipliant
brousse, pour sédentariser les direct sur couverture végétale (mesu- les moyens de s’affranchir des aléas
familles rurales chassées des forêts re physique des sols par rapport à la climatiques — plusieurs dates de
classées replantées en tek en 1993. compaction), associée à l’introduc- semis pour différentes cultures et
Le dispositif expérimental, situé sur tion d’une technique supplémentai- variétés. La jachère naturelle de 1 à
deux toposéquences couvertes par re, la pellétisation ; 4 ans, suivie d’une année de culture
une savane arbustive, occupait 75 – observer l’effet des plantes de cou- sur labour, est comparée avec 1 à 4
hectares et recoupait les deux types verture dans le cas des cultures sur années de plante de couverture, sui-
de sols les plus représentatifs de la sols gravillonnaires et, également, en vie d’une culture sur mulch. En 1994
région : des sols sablo-argileux gra- présence de Striga hermonthica. et 1995, 30 hectares de plantes de
villonnaires relativement riches et couverture ont été semés à cet effet
des sols sableux gris de bas de glacis Du fait des contraintes matérielles, sur les deux types de sols.
très pauvres. Environ 30 hectares les recherches ont surtout concerné
d’espèces de couverture ont été ins- Pueraria phaseoloides, plante la plus Pour les mêmes raisons financières,
tallés sur les deux unités, aménagées intéressante — vivace, saine, masse il a été effectué des démonstrations
avec des ados en courbe de niveau végétale importante, adaptée au en petites parcelles (parcelle élé-
plantés de manguiers et de goyaviers nord comme au centre, pas d’effet mentaire : 200 m 2 ) comparant le
et clôturées par une haie vive de gênant sur les cultures (tableau III.1). semis direct et la culture sur labour,
Ziziphus mucronata. Sur la station Pour les mêmes raisons, les superfi- avec plusieurs dates de semis et plu-
de Bouaké, des collections de cies mises en culture en semis direct sieurs variétés et avec ou sans fertili-
plantes avaient été auparavant tes- sont restées modestes et n’ont pas sation (tableaux III.2, III.3).
tées (tableau III.1). permis l’évaluation des temps de tra-
vaux, de la valorisation de l’heure de S’est greffé sur ces tests la pellétisa-
Dans les deux sites, Les résultats sont travail et des marges nettes. tion des semences, dans le but d’étu-
disponibles pour les années 1995, dier d’une part, la lutte contre les
1996 et 1997. insectes et les maladies fongiques en
Zone centre début de cycle en semis direct et,
Le but était de comparer, en grandes d’autre part, la possibilité de dimi-
Les protocoles parcelles, le semis direct sur plu-
sieurs espèces végétales de couver-
nuer, grâce à cette technique,
l’emploi des intrants en cours de
ture et le système traditionnel avec culture.
Zone nord
Au départ, l’objectif était de compa-
rer, en grandes parcelles, la culture
continue avec travail du sol et les sys-
tèmes alternant 1, 2, 3 ou 4 années
de plantes de couverture avec intro-
duction de l’élevage, suivies d’une
année de culture sur mulch. Ces
expérimentations devaient être
menées sur deux types de sol :
– sol argilo-sableux, en particulier
pour le problème de la compaction ;
– sol gravillonnaire, à deux états de
fertilité (sol après longue restauration
par une jachère de plus de 40 ans et
sol cultivé après une jachère courte
de 6 ans).
Pour des raisons financières, cet
ensemble n’a pu être réalisé en tota-
lité. Après l’installation de 30 hec-
tares de plantes de couverture en
1994, les premières actions ont été
les suivantes (tableau III.2) :
– privilégier les sols argilo-sableux.
Comparaison de la culture continue,
en gardant les grandes parcelles cul- Tapis vivant d’Arachis pintoi avant mise en culture. Brobo.
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Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999 49
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Tableau III.1. Les 45 légumineuses testées en plantes de couverture. Seules quelques espèces ont pu assurer une couverture
suffisante du sol durant toute l’année : les espèces suivies d’une * sont celles qui ont donné les meilleurs résultats de
comportement au nord et au centre (Pueraria phaseoloides, Cassia rotundifolia, Stylosanthes guianensis) ; celles suivies de ** se
sont bien comportées uniquement au centre (Calopogonium mucunoides, Arachis pintoi). Certains éléments du tableau ne sont
pas renseignés (-). T représente le temps de trempage des graines dans l’acide sulfurique concentré (minutes).

Espèce Longévité en Couverture du sol Avantages Inconvénients T


saison sèche en fin de saison spécifiques spécifiques (minutes)
en zone nord sèche après 1 an
de végétation en
zone nord

Pueraria pérenne très épaisse adaptation pousse mal sur 20


phaseoloides* excellente nord sols très pauvres
et centre, (sableux gris du
bon comportement centre)
des cultures sur
cette couverture,
très saine
Cassia pérenne épaisse bon comportement très envahissant, 20
rotundifolia* en sol pauvre effet allélopathique
bonne adaptation négatif possible sur
nord et centre cotonnier
Stylosanthes pérenne épaisse légumineuse 5
guianensis* (tiges surtout) fourragère
bonne adaptation
nord et centre
Stylosanthes semi-pérenne moyenne légumineuse 0
hamata fourragère (se
resème très bien)
Aeschynorene pérenne moyennes (tiges légumineuse -
histrix surtout) fourragère
Calopogonium pérenne épaisse fructification 10
caeruleum difficile en saison
sèche
Calopogonium annuelle épaisse bonne adaptation difficilement 0
mucunoides** au centre utilisable en zone
nord si elle n’est pas
installée seule,
effet allélopathique
négatif possible sur
légumineuses.
Se resème moins bien
dans son mulch.
Germination échelonnée
et continue dans la culture
dès que les conditions
sont favorables.
Photosensible.
Desmodium annuelle faible 10
ovalifolium
Centrosema pérennes moyenne ont tendance à 10
- pubescens grimper sur la
- brasilianum culture
- macrocarpum
Macroptilium pérenne épaisse sensible au 10
atropurpureum Rhizoctonia

Macroptilium pérenne faible -


lathyroides

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semis direct

Espèce Longévité en Couverture du sol Avantages Inconvénients T


saison sèche en fin de saison spécifiques spécifiques (minutes)
en zone nord sèche après 1 an
de végétation en
zone nord

Styzolobium annuelle faible intéressant au grosses graines 0


aterrimum centre quantité de semences
(Mucuna) pour lutte contre importante
Cyperus
rotundus et
Imperata
cylindrica
(obtention d’une
masse végétale
importante qui
domine la flore en
2 mois en semis dense)
Canavalia pérenne faible 0
ensiformis (tiges surtout)
Arachis pintoi** annuelle très faible pérenne en zone 0
centre ; bonne
couverture vive
Dolichos lablab annuelle faible se comporte bien 0
en sol pauvre
Psophocarpus annuelle faible sensible au -
palustris Rhizoctonia
Psophocarpus annuelle faible 10
tetragonolobus
Sesbania pérennes faible enracinement 10
- speciosa très puissant
- macrocarpa
- pachycarpa
- platicarpa
Crotalaria annuelle faible enracinement 0
- juncea puissant
- goreensis
- retusa
Desmodium annuelles faible -
- aspedum
- scorpiurus
- tortuosum
- triflorum
Eriosema annuelles faible -
- glomeratum
- psoraloides
Indigofera annuelles faible 20
- colutea
- hirsuta
Lotononis annuelle faible 5
bainesii
Lotus uliginosus annuelle faible 0
Melliniella annuelle faible 10
micrantha
Tephrosia annuelles faible
- bracteolata -
- elegans -
- erhenbergiana -
- pedicellata 10
Trefle du Kenya annuelle faible 10
Vigna pubigera, annuelles faible -
Zornia glochydiata

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Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999 51
52
Tableau III.2. Récapitulatif des protocoles mis en place à Tcholélévogo et à Brobo en 1995, 1996 et 1997.
CENTRE
Année Type de sol Précédent cultural Précédent cultural Gestion du sol Culture Niveau d’intensification
année - 2 année - 1 (par hectare)
1995 gravillonnaire jachère jachère labour manuel maïs, sorgho, toutes parcelles 1995 :
(+ buttes igname) coton, soja, F0 : pas de fertilisation
Dossier Côte d’Ivoire

arachide, niébé, F1 : 30 P semis légumineuses,


igname 30 P semis + 45 N végétation
gravillonnaire jachère Pueraria zéro labour idem céréales et cotonnier
gravillonnaire jachère Calopogonium zéro labour idem
1996 gravillonnaire jachère Pueraria zéro labour maïs, sorgho F0
coton, arachide, F0P : semences pellétisées
niébé F1 = F0P + 30 P (+ 45 N sur coton
et céréales)
F2 : F0P + 20 N - 60 P - 60 K
+ 60 N sur céréales et coton
+ 1 000 kg phosphate tricalcique

Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999


+ protection totale contre insectes
1997 gravillonnaire cultures jachère labour manuel riz, soja, nul sur igname
(parcelles 1995) (+ buttes igname) coton, igname F0P : semences pellétisées
F1 = F0P + 30 P (+ 45 N riz, coton)
gravillonnaire cultures Pueraria zéro labour idem idem
(parcelles 1995)
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NORD
1995 gravillonnaire maïs + Striga Pueraria, Calopogonium, zéro labour maïs F0 : 20 N - 30 P - 30 K
Cassia, Macroptilium, F1 : F0 + 45 N en végétation
Centrosema, Tephrosia,
jachère
1996 argilo-sableux riz, coton riz, coton T1 : semis sur labour riz, coton toutes parcelles 1996 :
traction animale depuis F0 : 30 K semis + 25 N végétation
1990 F0P : F0 + pellétisation
argilo-sableux riz, coton riz, coton T2 : semis sur labour riz, coton F1 : 15 N - 45 P - 45 K semis +
culture motorisée + 45 N végétation
depuis 1990 + semences pellétisées
argilo-sableux riz, coton Pueraria zéro labour (T1 depuis riz, coton F2 : 30 N - 60 P - 60 K semis +
1990) + 60 N végétation
+ 1 000 kg phosphate tricalcique
+ semences pellétisées
+ protection totale insectes
1997 argilo-sableux riz, coton riz, coton T1 coton, maïs idem 1996
argilo-sableux riz, coton riz, coton T2 coton, maïs idem 1996

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argilo-sableux Pueraria Pueraria zéro labour coton, maïs idem 1996
(T1 1990-1995)
gravillonnaire jachère jachère T1 riz, maïs, coton idem 1996
gravillonnaire jachère Pueraria zéro labour riz, maïs, coton idem 1996
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semis direct

Tableau III.3. Composantes du dispositif mis en place en 1995 en zone centre : l’association de trois dates de semis et de trois
variétés, permettant 9 combinaisons. Si certaines pourraient très bien être vulgarisées, d’autres n’ont pas d’application (exemple :
semer tard une variété à cycle long) et ne sont là qu’à titre démonstratif.

Culture Date de semis Variétés Densité Fertilisation

Maïs 25-03 CSP (85 j) 0,8 x 0,4 m, 2 grains toutes parcelles 1995 :
F0 : pas de fertilisation
F1 : 30 P semis légumineuses,
21-6 EV 8731SR (95 j) idem 30 P semis + 45 N végétation
20-07 F 9143 (120 j) idem céréales et cotonnier
Riz pluvial 24-03 IDSA 10 (105 j) 0,3 x 0,3 m idem
20-06 Iguape (125 j) idem idem
18-7 Dissou (140 j) idem idem
Sorgho 13-04 CE 180-33 (85 j) 0,6 x 0,6 m, 3 grains idem
19-07 ICSV 1063 (100 j) idem idem
28-08 GD 129 (+ 135 j) idem idem
Coton 16-06 ISA 205 K 0,8 x 0,4 m idem
18-07
Arachide 14-04 KH 149A (100 j) 0,3 x 0,3 m, 2 grains idem
19-07 M 705-74 (125 j) idem idem
23-08 RMP 91 (135 j) idem idem
Soja 20-04 IAC 8 (95 j) idem idem
19-07 Emgopa 308 (105 j) idem idem
22-08 BR 83 (120 j) idem idem
Niébé 6-06 cycle court érigé 0,5 x 0,5 m, 3 grains idem
(variétés 28-08 cycle moyen érigé idem idem
locales) 18-09 cycle long rampant idem idem
Igname 6-06 Florido 1,3 x 1,3 m sur buttes 0
1 x 1 m en zéro labour 0

Les itinéraires ment est important, comme le maïs,


et qui est semée le plus tôt possible,
simultanément. Cela suppose que la
flore adventice soit pratiquement
techniques : mars en zone centre, début mai en
zone nord. La fiche technique n° 2
inexistante, sur défriche par
exemple, ou maîtrisée par un herbi-
principes généraux intitulée « Semis direct sur couvertu-
re morte ou vive de Pueraria phaseo-
cide de pré-levée sélectif des deux
plantes. Le développement de la
appliqués sur loides » donne tous les détails néces- plante de couverture est ensuite
saires pour mettre en place un contrôlé les premières semaines, si
les dispositifs système de culture incluant cette nécessaire, avec un herbicide de
légumineuse. post-levée à faible dose sélectif de la
culture. Une fois la culture dévelop-
Pour les petits agriculteurs de Côte
pée, la plante de couverture ne fait
d’Ivoire, il est peu envisageable de
bloquer une surface productrice
Le semis de la plante de que végéter par manque de lumière
jusqu’à la récolte.
pour installer une plante de couver- couverture dans la culture
ture. Seuls des systèmes alternant six
Deux itinéraires peuvent être suivis
mois d’une plante à fort développe- Quel que soit le type de plante de
en fonction de la croissance végéta-
ment (par exemple Mucuna semé couverture, le semis peut aussi être
tive de la plante de couverture :
seul en premier cycle) et six mois de fait en dérobée dans la culture, soit
semis simultané avec celui de la
culture (semée sur le mulch) sont juste avant le sarclage manuel, ce
culture ou semis en dérobée au
envisageables pour la zone centre, qui permet d’enfouir les graines, soit
moment du premier sarclage.
en particulier pour maîtriser les après la rémanence de l’herbicide de
adventices Imperata cylindrica et Pour les plantes de couverture à pré-levée, avec nécessité de recou-
Cyperus rotundus. Dans les autres petites graines et démarrant lente- vrir les graines manuellement ou
cas, la plante de couverture est ins- ment, plante cultivée et plante de mécaniquement si le semis est effec-
tallée avec une culture dont l’écarte- couverture peuvent être semées tué à la volée.
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Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999 53
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il est conseillé, dans cette région où de sol mais aussi en fonction de la


l’accès à la terre est assez facile, de fertilité de départ. Les sols de la zone
les laisser en place une année pour nord ont été décrits dans le dossier
produire un maximum de matière précédent ; les sols de type gravillon-
verte. naire sont majoritaires aussi bien en
zone nord qu’au centre. En
Le contrôle de la plante de couvertu-
revanche, les sols argilo-sableux ne
re avant le semis des cultures est
sont rencontrés qu’au nord alors que
fonction de sa longévité. Au moment
les sols sableux sont spécifiques de
du semis, les plantes annuelles de
la région centre et couvrent des bas
couverture forment un mulch mort.
de glacis de plusieurs kilomètres de
En revanche, elles se multiplient par
long.
graines, en général non dormantes,
qui germent dès les premières pluies.
La destruction des plantules avec un
herbicide est nécessaire avant l’ins-
Sur les sables gris
tallation des cultures dans le mulch, du centre
pour éviter une concurrence trop
forte. Pour les plantes de couverture Traditionnellement, les sols sableux
vivaces, leur développement se fait, gris ne sont cultivés en igname
dès les premières pluies, à partir des qu’une année en ouverture de jachè-
organes de réserve. On peut alors les re ; la récolte est de toute façon
utiliser de deux façons : faible (3 à 5 t/ha de tubercules).
Ensuite, Imperata cylindrica s’instal-
– en couverture morte (mulch). La
le. Ces sols ont une réserve utile en
plante est totalement détruite avec
eau et une fertilité organique et chi-
Installation de la plante de couverture
un herbicide. Elle doit alors être res-
mique très faible ; on les considère
(Pueraria) en plante dérobée dans le
semée soit en dérobée dans la cultu-
impropres à la culture à cause de
re (le semis à la volée est possible
sorgho en première année de mise en leur pauvreté et de leur hydromor-
dans le mulch), soit après la récolte
route du système fondé sur le semis phie. Pueraria s’y développe mal ; il
(en zone centre seulement), pour
direct. Brobo. reste chétif et jaunâtre. D’autres
que le système se reproduise d’une
plantes, comme Stylosanthes sp. et
année à l’autre ;
Cassia rotundifolia se comportent
– en couverture vive. La plante n’est
Le semis des cultures pas tuée ; son développement est
mieux (tableau III.1). Deux solutions
sont possibles :
dans le mulch simplement maîtrisé avec un herbi-
– soit on installe des plantes, locales
cide à faible dose jusqu’à ce que la
Dans la zone nord, lorsque la plante culture forme un ombrage suffisant. ou importées qui, grâce à leurs capa-
de couverture est installée en déro- Le système se pérennise alors sans cités intrinsèques, permettent de
bée dans la culture, la saison des autre intervention. Pour les plantes créer un véritable sol agricole ;
pluies est trop courte pour que son rampantes peu volubiles, comme – soit on apporte un amendement
développement soit suffisant avant Arachis pintoi, on peut ne contrôler préalable et quasiment n’importe
l’arrivée de la saison sèche. Il est que la ligne de semis dans le cas quelle plante de couverture est pos-
nécessaire de laisser la plante de d’une culture à faible peuplement. sible. C’est ce qui a été testé avec
couverture en place l’année suivan- Pueraria.
te. Les plantes annuelles, si elles ne
Avec 1 500 kilos par hectare de phos-
sont pas installées seules, sont donc
à éliminer pour cette écologie, dans Des résultats phate tricalcique en première année
(apport conjoint de phosphore, cal-
la mesure où leur fructification est
souvent trop faible pour assurer leur agronomiques qui cium, magnésium, oligoéléments),
Pueraria montre une excellente crois-
pérennité l’année suivante.
dépendent du sol sance végétative (observation de
En zone centre, il reste quatre mois juillet 1997). Notons qu’un apport
de saison des pluies après la récolte Avec Pueraria, les résultats sont inté- équivalent en engrais phosphaté
des cultures semées en mars. Les ressants dans les deux zones et pour supertriple ne donne pas ces résultats.
plantes volubiles peuvent alors pro- les trois années expérimentales, tant L’amendement est alors apporté
duire une masse végétale suffisante sur le plan de la production que pour avant la confection des buttes d’igna-
pour être reprises l’année d’après l’amélioration des propriétés phy- me (fiche technique n° 2 « Semis
avec une culture. Cette option est siques des sols. Les systèmes de cul- direct sur couverture morte ou vive de
intéressante pour les plantes ture testés ont un comportement dif- Pueraria phaseoloides) dont le mode
annuelles. Pour les plantes vivaces, férent, non seulement selon le type de culture permet la distribution de
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semis direct

Taux d'exploration racinaire du sol (%)


Taux d'exploration racinaire du sol (%)
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100

-2,5 -2,5

-7,5
-7,5

-17,5

-17,5

-27,5

-27,5
-37,5

-47,5
-37,5

-57,5

-47,5

-67,5

-57,5
-77,5

Profondeur de sol (cm) Profondeur de sol (cm)


Semis sur labour en culture attelée
Travail aux disques en culture motorisée
Semis sur labour en culture motorisée
Travail superficiel en culture attelée
Semis direct sur mulch de Pueraria, T2 les années antérieures
Travail profond en culture motorisée
Semis direct sur mulch de Pueraria, T1 les années antérieures

Figure III.2. Taux d’exploration racinaire de Pueraria dans les Figure III.3. Taux d’exploration racinaire du riz pluvial dans les
sols argilo-sableux de la zone nord, en fonction de la conduite sols argilo-sableux de la zone nord, en fonction de la conduite
culturale de la parcelle les années précédentes (mesure faite en culturale de l’année et des années antérieures (d’après
avril 1996, d’après CHOPART J.-L.). CHOPART J.-L., mesure faite en octobre 1996).

l’amendement sur les 40 premiers technicité, moins de casse, moins exi- un travail du sol superficiel, mais plus
centimètres de sol. En deuxième geant quant à l’humidité du sol — : dispersées dans les horizons sous-
année, les buttes sont cassées et maïs c’est un investissement rentable jacents ; en revanche, elles sont
et Pueraria sont implantés. Si l’inves- (30 000 à 40 000 FCFA/ha), amorti beaucoup moins denses qu’après un
tissement de départ est important dès la première année avec la pro- travail du sol profond à la charrue à
(150 000 FCFA/ha), il peut être amor- duction du maïs. Si le labour est soc en culture motorisée. En 1997,
ti dès les premières années de culture. effectué en traction animale (10 cm), l’évolution est en revanche très sen-
Cet effort conditionne l’exploitation il est nécessaire d’installer, avant la sible (tableaux III.4 et III.5). Dans le
durable de terres réputées inexploi- culture, une jachère de Pueraria cas de la jachère à Pueraria (alors
tables : cette possibilité nouvelle n’est pour que son système racinaire et la âgée de 22 mois), il n’y a plus de dif-
pas négligeable alors que les pro- macrofaune induite (insectes, vers férence de profil racinaire sur les 30
blèmes fonciers se font jour. de terre) restructurent les horizons premiers centimètres de sol quel que
compactés. soit le type de travail antérieur
En 1996 et 1997, l’observation des (tableau III.4) ; de plus, après un tra-
Les sols argilo-sableux profils racinaires est éclairante sur le vail superficiel, l’enracinement de
Pueraria de 22 mois est très supérieur
du nord processus de restructuration des sols.
à celui de 10 mois dans l’horizon
En 1996, la figure III.2 montre qu’en
Les sols argilo-sableux de la zone première année d’installation, l’enra- 15-25 cm. Les mesures d’infiltro-
nord sont très compacts : ils rendent cinement de Pueraria est encore for- métrie vont dans le même sens que
difficiles non seulement l’enracine- tement conditionné par l’état de l’observation des profils racinaires
ment des cultures mais aussi toutes compaction initial lié au travail du (tableau III.5) : pas de différence pour
les interventions culturales. sol antérieur. La même année, Pueraria de 22 mois, quel que soit
Traditionnellement, ils sont peu cul- l’observation de l’enracinement du l’état de compaction du sol, mais une
tivés. Avant la mise en place du sys- riz pluvial (figure III.3) en semis direct différence très forte entre Pueraria de
tème de culture, la décompaction du sur le mulch de Pueraria installé seu- 22 mois et de 10 mois après un tra-
sol est nécessaire et réalisable de lement dix mois avant sur un sol vail superficiel. En conclusion, dans
plusieurs manières. La plus rapide compacté, tend vers les mêmes les conditions de l’expérience, il faut
est un travail du sol profond (35 cm) conclusions : sur les 20 premiers cen- au Pueraria deux années pour
en culture motorisée à la charrue à timètres, les racines du riz sont plus restructurer les sols compactés ; les
soc, ou mieux au chisel — moins de denses que dans le cas d’un semis sur rendements de cultures en semis
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Tableau III.4. Mesure de l’enracinement de Pueraria sur sol argilo-sableux : profondeur maximale de sol (cm) pour laquelle plus
de 80 % des mailles de 25 cm2 ont au moins une racine (Tcholélévoguo, avril 1997, d’après J.-L. CHOPART).

10 mois de Pueraria 22 mois de Pueraria 22 mois de Pueraria


après travail superficiel après travail superficiel après travail profond

Profondeur (cm) 13 26 25

Tableau III.5. Mesure d’infiltrométrie réalisée en octobre 1997 à l’infiltromètre à disques (2 disques) : temps de submersion
(minutes) en fonction de l’intensité de l’averse (Tcholélévoguo, d’après J.-L. CHOPART).

Intensité de l’averse 10 mois de Pueraria 22 mois de Pueraria 22 mois de Pueraria


(mm/h) après travail superficiel après travail superficiel après travail profond

30 4 12 12
45 1,7 5 5
60 0,9 2,5 2,6

Calopogonium mucunoides en saison


des pluies, semé en dérobée
dans les cultures de la saison précédente.
Brobo.

direct sont alors élevés et supérieurs à après 10 mois de Pueraria (semis en Les sols gravillonnaires
tous ceux obtenus avec les autres juillet 1995) sur des parcelles tra-
modes de gestion des sols. vaillées superficiellement aupara- du nord et du centre
Dans ce domaine, une des voies de vant, les rendements obtenus sur les
recherche serait de trouver des parcelles labourées sont équivalents Zone centre
plantes qui restructurent le sol plus ou supérieurs à ceux des parcelles Après une année de culture, les
rapidement que Pueraria en jachère en semis direct, sauf pour les faibles mesures physiques traduisent une
courte comportant une espèce à niveaux d’intrants (figures III.4a, nette amélioration de la structure du
enracinement puissant. Du point de III.4b). En 1997, l’effet de 22 mois de sol en semis direct sur mulch de
vue de la recherche, tout reste à faire : couverture de Pueraria est en Pueraria par rapport au témoin tradi-
tests de collections de plantes, mise revanche très net (figures III.4b, tionnel (tableau III.6) : pour une
au point des systèmes de culture. III.4c) : quel que soit le niveau pluie forte, le ruissellement apparaît
d’intrants, les rendements du coton- après une heure sur les parcelles tra-
Les résultats de production du riz et
nier et du maïs en semis direct sont vaillées, alors que, sous mulch, l’eau
du cotonnier vont bien dans le sens
supérieurs à ceux obtenus en systè- peut s’infiltrer dans le sol pendant un
des mesures physiques. A Tcholé-
me classique motorisé. Le mulch est temps théoriquement infini.
lévogo, les rendements du cotonnier
et du riz pluvial en semis direct sur également plus épais en 1997 (14 Les résultats sur l’igname méritent
mulch de Pueraria dépendent de t/ha de matière sèche, au lieu de une analyse particulière car cette
l’état initial de compaction. En 1996, 6 t/ha en 1996). culture est le pivot du système de
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semis direct

III.4a. Le cotonnier (1996, 1997).


Rendement coton graine (t/ha)
1996 Rendement coton graine (t/ha)
1997
3,0 3,0

2,5 2,5

2,0 2,0

1,5 1,5

1,0 1,0

0,5 0,5

0 0,0
Fo Fop F1 F2 Fop F1 F2

III.4b. Le riz pluvial (1996). III.4c. Le maïs (1997).


Rendement riz pluvial (t/ha) Rendement maïs (t/ha)
3,5 5

3,0
4

2,5

3
2,0

1,5
2

1,0

1
0,5

0,0 0
Fo Fop F1 F2 Fo Fop F1 F2

Figure III.4. Rendements des cultures en fonction du mode de gestion T1 (semis sur labour en culture attelée)
des sols, pour les fertilisation F0, F0P, F1 et F2, sur sol argilo-sableux T2 (semis sur labour en culture motorisée)
de la zone nord. Semis direct sur mulch de Pueraria
F0, 30 K au semis + 25 N en végétation ; de 10 mois en 1996 et de 22 mois en 1997
F0P, F0 + semences pellétisées ; (T1 les années antérieures)
F1 : 15 N - 45 P - 45 K semis + 45 N végétation ; Semis direct sur mulch de Pueraria
F2 : 30 N - 60 P - 60 K semis + 60 N végétation. (T2 les années antérieures)

production (tableau III.7) (DOUM- L’analogie avec l’écosystème fores- – plantation la plus dense possible
BIA et CHARPENTIER, 1997). Pour tier, où les paysans cultivent parfois (1 x 1 m au lieu de 1,3 x 1,3 m) d’où
la variété Florido, le rendement est l’igname sans travailler le sol, com- un besoin en semenceaux un peu
multiplié par deux en semis direct me au Cameroun, trouve ici une plus élevé ;
sur mulch par rapport aux tech- application concrète. La plantation – temps de récolte plus long.
niques classiques de plantation sur de l’igname sur couverture végétale Les rendements des céréales, du
butte. En 1997, année de grande change totalement le système : cotonnier et des légumineuses
sécheresse en zone centre (figures – réduction drastique du travail de (figures III.6, III.7) sont toujours supé-
III.5a, III.5b), seul l’igname planté préparation (pas de buttes) et d’entre- rieurs à ceux obtenus avec des tech-
sur mulch a donné une récolte. tien ; niques classiques, sauf dans le cas
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Tableau III.6. Caractéristiques hydrodynamiques à la surface du sol selon l’histoire parcellaire en fin de saison sèche.
Sol gravillonnaire de la zone centre. Mesures in situ à l’infiltromètre multidisques pour une pression à la surface du sol
à -20 mm d’eau, effectuée en février 1996 en zone centre (d’après CHOPART J.-L., février 1996).

Semis de maïs Semis de maïs sur mulch Semis de maïs sur mulch
sur labour manuel de Pueraria installé en 1995 de Pueraria installé en 1994

Conductivité hydraulique Ko (mm/h) 33 62 92


Temps de submersion (minutes)
– pluie de 45 mm/h 65 ∞ ∞
– pluie de 90 mm/h 9 6,5 ∞

Tableau III.7. Rendements de l’igname sans fertilisation (t/ha), selon le précédent et le mode de gestion du sol. Sol gravillonnaire
de la zone centre, années 1995 (pluviométrie favorable) et 1997 (pluviométrie défavorable).

Précédent Confection des buttes manuellement Zéro labour

1995
– Jachère 8,86 -
– Un an de Calopogonium 6,45 7,73
– Un an de Pueraria 7,18 17,49
1997* 0 3,5

* : dispositif de 1995 pérennisé : 1994, Pueraria ; 1995, culture ; 1996, Pueraria ; 1997, igname.

Tableau III.8. Rendements 1997 sur sol gravillonnaire de la zone centre, en tonne par hectare. Le semis a été effectué début
juillet après une pluie de 63 mm ; par la suite, il n’est tombé que 145,5 mm jusqu’au 10 octobre. Nous ne donnons que les
résultats de F0P et F1 car les différences de rendement ont été gommées entre les niveaux d’intensification F0 et F0P d’une part,
et entre F1 et F2 d’autre part, du fait de la sécheresse. En revanche, de fortes différences de végétation ont été observées en
faveur des parcelles en semis direct sur Pueraria.

Mode de gestion Riz Soja Coton


du sol F0P F1 F0P F1 F0P F1

Labour manuel 0,7 1,0 1,2 1,2 1,3 1,6


Semis direct sur Pueraria 1,9 2,6 1,7 1,9 1,45 1,75

F0P : F0 + pellétisation. F1 : 15 N - 45 P - 45 K semis + 45 N végétation. F2 : 30 N - 60 P - 60 K semis + 60 N végétation.

des légumineuses cultivées sur semis direct donnent une idée du En zone nord,
Calopogonium, sans doute à cause potentiel du système impossible à
atteindre avec les techniques
un moyen de lutte
d’effets allélopathiques négatifs. Les
productions de 1997 (tableau III.8) classiques. contre le striga
montrent bien l’intérêt de la plante
de couverture par rapport au déficit
hydrique et à la valorisation des Rendements en zone nord : En zone nord, sur des parcelles culti-
intrants : le riz est le plus sensible à même tendance qu’au centre vées pendant plus de 15 ans, enva-
cet effet tampon. Sans intrant, le hies par Striga hermonthica et aban-
semis direct offre des rendements Les tendances sont les mêmes sur les données par les agriculteurs, le
multipliés par deux par rapport au sols gravillonnaires en zone nord semis direct sur mulch de Pueraria,
système manuel classique ; avec une comme au centre, en particulier pour Calopogonium ou Cassia cumule un
fertilisation moyenne à forte, le sur- les bas niveaux d’intrants (tableau effet positif sur la restauration du sol
plus de production est de l’ordre de III.9) : par rapport aux systèmes clas- et sur la levée du striga (tableau
30-50 % ; avec une fertilisation forte siques, rendements multipliés par III.10) : ce résultat montre que des
et de bonnes conditions pluviomé- deux sans fertilisation et 30-50 % de voies biologiques existent pour limi-
triques (figure III.7), les résultats de plus avec une fertilisation forte. ter cette plante parasite.
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semis direct

Pluviométrie mensuelle (mm) Pluviométrie mensuelle (mm)


400 400

350 350

300 300

250 250

200 200

150 150

100 100

50 50

0 0
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct.
Mai Juin Juillet Août Sept. Oct.

III.5a. La zone centre (Bouaké) : un déficit hydrique III.5b. La zone nord : une pluviométrie très favorable.
spectaculaire, avec la quasi-absence de la seconde
saison des pluies. Fig.3-5b.ai

Figure III.5. La pluviométrie en 1997.

Rendement (t/ha)
Rendement (t/ha) 6
5

4
4

3
3

2 2

1
1

0
0 Maïs Coton Arachide
Maïs Coton Soja Arachide
F0 = pas d'intrant
Semis sur labour à la daba (sans fertilisation) F0p = semences pellétisées
Semis sur labour à la daba (avec fertilisation) F1 = semences pellétisées
Semis direct sur mulch de Pueraria (sans fertilisation)
Semis direct sur mulch de Pueraria (avec fertilisation) + 30 P (+45 N sur céréales et coton)
Semis direct sur mulch de Calopogonium (sans fertilisation) F2 = semences pellétisées
Semis direct sur mulch de Calopogonium (avec fertilisation) + 20 N, 80 P, 80 K (+60 N sur céréales et coton)
Fertilisation : 30 P au semis + 45 N en végétation sur coton et maïs + 1 000 kg de phosphate tricalcique
+ protection totale contre les insectes

Figure III.6. Rendements des cultures en fonction du mode Figure III.7. Rendements des cultures en fonction du niveau
de gestion des sols et de la fertilisation, sur sol d’intensification en semis direct sur mulch de Pueraria, sur
gravillonnaire de la zone centre. La tendance est la même sol gravillonnaire en zone centre. La tendance est la même
quelle que soit la culture. Nous présentons ici les exemples quelle que soit la culture. Nous présentons ici les exemples
du maïs, du cotonnier, du soja et de l’arachide (1995). du maïs, de l’arachide et du cotonnier (1996).

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Tableau III.9. Rendements 1997 sur sol gravillonnaire en zone nord : l’effet marqué de la pellétisation associée au semis direct
sur Pueraria. Le niveau d’intensification F2, avec les conditions pluviométriques favorables de 1997, donne une idée du potentiel
des systèmes de culture.

F0 F0P F1 F2

Maïs
– T1 1,50 1,75 2,00 2,80
– semis direct 2,80 3,15 3,35 4,20
Soja
– T1 1,00 1,55 1,35 1,45
– semis direct 2,10 2,30 2,35 2,65
Riz
– T1 - 2,35 3,30 3,85
– semis direct 1,70 3,05 3,55 3,80

T1 (semis sur labour sans reprise) après une jachère de 3 ans.


Semis direct sur Pueraria de 1 an après jachère de 2 ans.
F0 : 30 K semis + 25 N végétation.
F0P : F0 + pellétisation. F1 : 15 N - 45 P - 45 K semis + 45 N végétation. F2 : 30 N - 60 P - 60 K semis + 60 N végétation.

Tableau III.10. Levée de Striga hermonthica et rendement du maïs en fonction de la couverture du sol et de la fertilisation. Sol
gravillonnaire de la zone nord, 1995.

Couverture Pourcentage de pieds de maïs Rendement du maïs


parasités par le striga (%) (t/ha)
F0 FV F0 FV

Pueraria phaseoloides 2,8 1,4 2,54 3,42


Calopogonium mucunoides 3,6 1,9 2,26 3,05
Cassia rotundifolia 18,4 7,3 2,31 3,00
Macroptilium atropurpureum 98,0 93,0 1,25 1,42
Centrosema pubescens 100,0 98,0 1,12 1,41
Tephrosia pedicellata 100,0 100,0 0,91 0,84
Témoin (zéro labour après un an de jachère) 100,0 100,0 0,73 0,84

F0 : 20 N - 36 P - 36 K au semis ; FV : F0 + 46 N en végétation.

Une gestion souple naturel du mulch. Ensuite, il suffit


d’attendre les meilleures conditions
variétés de cycle différent, offrent
ainsi neuf combinaisons. Ces sys-
du calendrier d’humidité pour semer. Le mulch
évite le développement de la flore
tèmes, menés à très faible niveau
d’intrants, sont beaucoup plus
cultural adventice avant le semis et conserve,
après le semis, une humidité favo-
stables économiquement que les
systèmes traditionnels et ils permet-
La souplesse de la gestion des tra- rable à la germination. tent d’étaler les ventes sur les mar-
vaux culturaux est liée, d’une part, chés locaux avec, à certaines
au fait que le semis direct évite le périodes, des prix très attractifs. On
labour et, d’autre part, à l’absence En zone centre ne recherche pas le rendement
de contrainte de salissement de la maximal, mais la stabilité écono-
En zone centre, la difficulté réside
parcelle avant le semis. Cela permet mique et la stabilité des rendements
dans l’imprévisibilité du climat —
d’attendre, une fois la parcelle pré- dans le temps. Cela peut être
dates d’installation des deux saisons
parée, car les mauvaises herbes ne d’autant plus intéressant que les
des pluies, quantités et répartition. Il
s’installent pas. variétés utilisées ont une grande
est possible d’échelonner les semis
La préparation dure trois semaines et durant la longue saison des pluies, qualité de grain offrant une forte
se déroule en trois étapes : rabattage en multipliant le nombre de combi- plus-value sur le marché. Il est pos-
de la plante de couverture (rouleau naisons pour chaque culture (figure sible de raisonner les apports
ou machette), pulvérisation d’herbi- III.8) (DOUMBIA et CHARPENTIER, d’intrants en fonction de l’état de la
cide pour la maîtriser ou la tuer (voir 1997). Trois dates de semis aux végétation pour une date de semis
fiche technique n° 2), tassement périodes les plus propices, avec trois donnée.
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semis direct

Zone nord – le défrichement et le nettoyage des tion, sans retournement du sol qui
sites en agriculture itinérante. Une favoriserait la germination d’autres
Même si, en zone nord, le climat ne fois installée, la couverture vive est graines.
revêt pas un caractère aussi imprévi- exclusive des adventices ;
sible qu’au centre, ces techniques – le travail du sol, qui pose chaque
permettent de tenir un calendrier de année des problèmes de main-
mise en place beaucoup plus perfor- d’œuvre en zone centre, surtout pour Conclusion :
mant que celui pratiqué classique-
ment (voir dossier précédent). Le
la confection des buttes d’igname ;
– les sarclages manuels et l’emploi
des recherches
semis direct sur mulch permet de
suivre le calendrier optimal en
des herbicides de pré-levée. à poursuivre
s’affranchissant des contraintes de
sarclage et de préparation des terres :
En zone centre, dès la deuxième
année de culture, les paysans effec- et des résultats
il optimise les intérêts du zéro labour tuent habituellement un sarclage
manuel sur le maïs et l’arachide et
vulgarisables
auxquels s’ajoutent les avantages du
mulch — meilleure levée grâce à deux sarclages sur le cotonnier et le Les systèmes de jachère améliorée et
l’humidité conservée et sol moins riz pluvial. En zone nord, un sarcla- de semis direct dans un mulch
compact qu’en semis dans les rési- ge est nécessaire après la période de ouvrent, d’après ces premiers résul-
dus de récolte, grâce à une structure rémanence de l’herbicide de pré- tats, des voies intéressantes pour une
de surface davantage poreuse. levée (30 jours maximum). Avec le agriculture durable, préservatrice de
mulch de Pueraria, la flore adventice l’environnement et peu coûteuse en
est pratiquement contrôlée, à main-d’œuvre et en intrants.
l’exception de quelques espèces
Une productivité comme Rottbellia exaltata et Sur les sols argilo-sableux en zone
Euphorbia heterophylla (voir fiche nord, on a vu que deux années d’une
du travail accrue technique n° 2). L’utilisation d’herbi- plante de couverture comme
cides de pré-levée n’est plus néces- Pueraria permettait de restructurer
Les techniques de semis direct sur saire. Aucun sarclage n’a été effec- des sols compactés par les passages
couverture végétale permettent de tué sur le maïs dans les deux zones répétés d’outils de travail superficiel
supprimer plusieurs opérations cul- et sur le sorgho en zone centre. Sur pendant quatre ans. Sur les sols très
turales pénibles et coûteuses en les autres cultures, un sarclage rapi- pauvres, ces techniques sont certai-
main-d’œuvre, en particulier en cul- de des adventices présentes est suffi- nement le moyen le plus efficace
ture manuelle : sant les 30 premiers jours de végéta- pour amortir à long terme l’investis-

Pluviométrie décadaire (mm)

Semis 1e cycle (3 v.) Plantation igname Semis 2e cycle (3 v.) Semis 3e cycle Semis niébé
75
maïs maïs maïs cycle court (3e date)
riz pluvial riz pluvial riz pluvial cycle court
sorgho sorgho arachide cycle court
arachide arachide soja cycle court
soja soja sorgho
niébé (1re date) niébé (2e date)
coton (1v., 3 dates)

50

Floraison Floraison
Floraison 1er cycle
2e cycle 3e cycle

25

Récolte 1er cycle Récolte 2e cycle + niébé (2e date)

+ niébé (1re date) Récolte 3e cycle


Récolte
Maïs - riz pluvial
Coton - igname - sorgho
niébé - soja
0
1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
Décades mensuelles

Figure III.8. Etalement des semis et choix de variétés (v.) à cycles différents pour pallier les écarts climatiques, en zone centre.
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Dossier Côte d’Ivoire

sement nécessaire à la restauration une gestion intégrée des terroirs villa- Brachiaria, Cynodon...) ont été
de la fertilité initiale. geois, où la place de l’arbre (fruitiers, semées en 1997 sur les dispositifs du
bois de chauffe, épineux...) et des nord et du centre pour élargir la gam-
Si la présence d’une couverture
aires de pâture pour les animaux soit me des solutions proposées dans ce
végétale permanente du sol offre de domaine.
judicieusement raisonnée : des pro-
multiples avantages, elle peut aussi
positions techniques ont été faites Les premières démonstrations sur
favoriser, du fait des conditions parti-
dans le dossier précédent (voir fiche l’utilisation de Pueraria ont commen-
culières qu’elle crée au niveau du
technique n° 1). cé sur dix hectares en 1996, chez
sol, le développement d’insectes ou
quarante agriculteurs encadrés par
de champignons nuisibles : cela Des espèces comme Pueraria pha-
les services de vulgarisation dans les
nécessite des traitements appropriés seoloides et Stylosanthes guianensis
deux zones. Il est encourageant de
des semences dont la pellétisation est sont très appêtées par les animaux ;
voir le soin apporté par ces paysans à
un exemple. L’utilisation de plantes installées pendant plusieurs années, l’installation de la plante de couver-
de couverture doit également elles peuvent être pâturées modéré- ture et à sa protection, même en sai-
s’accompagner de leur protection ment chaque année, à l’exception de son sèche. Quatre cents autres agri-
contre les feux de brousse et la diva- l’année précédant la mise en culture. culteurs se sont depuis portés
gation des animaux. Cela suppose Des graminées fourragères (genres volontaires.

Gros plan sur un poquet de maïs semé


dans un épais mulch de Pueraria,
qui assure une protection totale
contre l’enherbement. Brobo.

Epaisseur du mulch de Pueraria


en fin de saison sèche.

Niébé sur mulch de Pueraria. Brobo.

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Fiche technique 2
Semis direct
sur couverture morte
ou vive de Pueraria
phaseoloides

Pueararia phaseoloides est une légu- de matière sèche ; il inhibe la levée


mineuse vivace volubile, introduite de la plupart des adventices : effets
en Côte d’Ivoire dans les plantations d’ombrage et d’allélopathie, même
d’hévéa et de palmier à huile. Ses sur Striga hermonthica, mais il ne
organes de réserve lui permettent de nuit pas, contrairement à d’autres
supporter la saison sèche sur tout le légumineuses (tableau III.1), au
territoire ivoirien. développement des plantes cultivées
en Côte d’Ivoire.
Le développement de Pueraria, dont
les graines sont petites (13 g pour Cette légumineuse pousse mal sur
1 000 grains), est lent les premières les sols très pauvres, carencés en
semaines après le semis. Passée cet- phosphore, calcium, magnésium et
te période, la masse végétale aug- oligo-éléments. L’ombrage limite sa
mente rapidement et domine totale- croissance.
ment la flore adventice.
Sa fructification n’a lieu véritable-
ment qu’à partir de la deuxième
année (très peu de graines en pre- Les systèmes
mière année). La dormance des
graines récoltées est levée à 98 % de culture
par un trempage à l’acide sulfurique
concentré pendant 20 minutes (un
avec Pueraria
tiers de volume d’acide pour 2
volumes de semences). Une fois rin- Pour profiter des multiples effets
cées à l’eau, séchées et vannées, les d’une couverture permanente des
semences peuvent être conservées sols, les systèmes sont fondés sur
en l’état plusieurs semaines, voire l’alternance entre des phases de cul-
plusieurs mois au froid. Le trempage ture, qui ne dépassent pas un an, et
à l’eau froide pendant une nuit juste des phases de Pueraria dont la durée
avant le semis ne permet la levée n’est pas limitée. Le sol est alors tou-
que de 1 % des graines et celui à jours couvert par Pueraria en végéta-
l’eau chaude (70 °C) de 20 %. tion ou par son mulch durant la
période de culture.
En fin de saison sèche, après une
année de végétation, Pueraria laisse Au nord (Tcholélévogo) et au centre
sur le sol un tapis épais de feuilles (Brobo) de la zone des savanes de
mortes. Dans de bonnes conditions, Côte d’Ivoire, les systèmes suivants
ce mulch peut atteindre 15 à 20 t/ha peuvent être envisagés :
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Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999 63
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Dossier Côte d’Ivoire

– en zone nord, maïs + Pueraria en et amorti dès la première année avec


culture dérobée - Pueraria un an au la production du maïs. Si le labour
moins - culture un an - Pueraria un est effectué superficiellement en cul-
an au moins - culture un an... ; ture attelée, il faut laisser Pueraria en
– en zone centre, igname sur place au moins les deux années
défriche - maïs + Pueraria en déro- suivantes pour que son système raci-
bée - Pueraria un an ou plus - cultu- naire et la macrofaune induite
re un an - Pueraria un an au moins... restructurent les horizons compactés.
Maïs et Pueraria associés doient être
Dans les zones d’élevage, Pueraria,
semés le plus tôt possible en mars en
très appêté par les animaux, peut
zone centre et début mai en zone
être laissé plusieurs années et pâturé
nord. Dans ce dernier cas, Pueraria
modérément. La charge dépend de
la période : une charge trop forte en
fin de saison des pluies (à partir de
septembre en zone nord) peut
détruire le couvert. Un premier pas-
sage est possible en juin, puis un
plus rapide en août. En revanche, la
dernière année précédent la mise en
culture, la parcelle est mise en
défens pour produire la masse végé-
tale destinée au mulch.

L’installation
de Pueraria
Une première option, peu intéres-
sante financièrement, est de réserver
une parcelle pendant une campagne
à la seule installation de Pueraria,
pour une mise en culture dès la
Etat du mulch de Pueraria après roulage deuxième année. Le semis est effec-
commence sa croissance à la mi-juin
et traitement herbicide. La parcelle est tué à la volée (15 kg/ha) dès les pre-
jusqu’en novembre : ces six mois
prête pour le semis des cultures. mières pluies après le travail du sol ;
sont suffisants pour produire des
les semences doivent être légère-
organes souterrains suffisants pour
ment enfouies manuellement ou
survivre en saison sèche.
avec une herse. S’il y a des risques
Sur les sols pauvres, sables gris de la d’envahissement par la flore adventi-
zone centre, et sur les sols acides, ce, un traitement de pré-levée avec
sols argilo-sableux du nord, un de l’oxadiazon (750 g/ha) est utile.
apport de 1 500 kg/ha de phosphate
tricalcique est nécessaire en premiè- Pour ne pas immobiliser une surface
re année, avant la confection des productive, la solution est de l’instal-
buttes d’ignames en zone centre et ler en dérobée dans une culture à
avant le labour pour l’installation de faible peuplement, comme le maïs.
l’association maïs et Pueraria en Le plus simple est alors de semer
zone nord. Pueraria à la volée (15 kg/ha) juste
avant le sarclage manuel, ce qui per-
Sur les sols compactés de la zone met d’enfouir les semences. Sous
nord — ce qui n’est jamais le cas sur une culture, Pueraria se développe
défriche en zone centre — un travail peu tant que l’ombrage est impor-
du sol profond en culture motorisée tant ; il doit être laissé en place
(charrue à soc, chisel) est un investis- l’année suivante. Les cultures ne
sement rentable (de l’ordre de peuvent alors être installées qu’à
30 000 à 40 000 FCFA par hectare) partir de la troisième année.
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fiche technique 2

Une autre option, intéressante en – des combinaisons d’herbicides à


culture attelée, consiste à semer action foliaire et action racinaire,
Pueraria et maïs simultanément (her- diuron (800 g/ha) + 2,4-D sel d’ami-
sage après semis à la volée du ne (720 g/ha) pour l’igname, le
Pueraria et semis du maïs). Si besoin, manioc et le coton ; atrazine (2 000
le développement de Pueraria est g/ha) sur le maïs.
contrôlé avec du 2,4-D sel d’amine
(360 g/ha, 35 jours après semis). Cet Pour les cultures concernées, ces iti-
néraires sont intéressants ; ils sont
itinéraire est vulgarisable si la flore
bon marché et permettent de contrô-
adventice est inexistante, sur
ler les adventices que le mulch laisse
défriche par exemple.
passer (Euphorbia heterophylla,
Rottboellia exaltata). Dans les autres
cas, s’il y a envahissement, ces
La reprise adventices doivent être éliminées
avant le semis de la culture avec les
de Pueraria pour herbicides appropriés1.

la mise en culture
Couverture vive
Au moment des semis des cultures,
Pueraria forme une végétation épais- de Pueraria
se constituée d’un tapis de feuilles
En couverture vive, Pueraria n’est
mortes et d’organes vivants qui se
pas tué, mais son développement est
sont développés aux premières
maîtrisé par des herbicides avant et,
pluies. Un rabattage est nécessaire et
si nécessaire, pendant les premières
il permet de diviser par deux la dose
semaines après le semis des cultures,
d’herbicide à appliquer pour son
jusqu’à ce que la végétation forme
contrôle. Ce rabattage peut se faire
un ombrage suffisant (tableau 1).
grossièrement à la machette ou avec
un petit rouleau de type Landais
tracté par des animaux (bœufs,
ânes). La gestion
Le traitement herbicide a lieu envi-
ron une semaine après rabattage, dès
des cultures
que la végétation commence à se
relever. Pueraria peut être géré en
en semis direct
couverture morte (mulch) ou vive. sur couverture
de Pueraria
Mulch de Pueraria
En mulch, Pueraria est totalement
détruit par le traitement herbicide. La mise en place
Plusieurs itinéraires sont vulgari- des cultures
sables pour des coûts relativement
Parcelle de comportement de Pueraria faibles, entre 7 000 et 17 000 Elle a lieu 15 jours à trois semaines
(2e année) sur sol argilo-sableux très FCFA/ha : après le traitement herbicide, quand
compacté. Tcholélévogo. – des herbicides foliaires (pour toutes le mulch s’est suffisamment tassé —
les cultures avant installation), triclo- le tassement par la pluie est suffisant.
pyr (240 g/ha) + 2,4-D sel d’amine Les semis sont effectués en poquets ;
(720 g/ha) ou fluroxypyr (100 g/ha) + seul l’emplacement des poquets est
2,4-D sel d’amine (720 g/ha) ; travaillé.

1. En zone centre, une autre solution consiste à semer Mucuna à forte densité (150 à
200 kg/ha de semences) dès le mois de mars (première saison des pluies). Après trois
mois, Mucuna forme une épaisse végétation qui étouffe toutes les adventices. Le semis
des cultures de deuxième cycle est possible dans le mulch laissé par Mucuna après sa
destruction.
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Dossier Côte d’Ivoire

Tableau 1. En couverture vive, le développement de Pueraria est contrôlé, sans être détruit, par des herbicides. Le choix entre les
itinéraires proposés dépend du prix des produits à un moment donné. Les produits à action racinaire sont en général moins
chers.

Contrôle du Pueraria après rabattage

• triclopyr (120 g/ha) + 2,4-D sel d’amine (720 g/ha)


Ce sont deux herbicides foliaires qui n’ont donc aucune action sur la culture à venir : ils ne servent qu’à contrôler ou à détruire
Pueraria. Ils peuvent de ce fait être utilisés pour l’installation de n’importe quelle culture sur mulch de Pueraria.
• diuron (400 g/ha) + 2,4-D sel d’amine (720 g/ha) pour l’igname, le manioc, le coton et le maïs
• atrazine (1 250 g/ha) pour le maïs
Ces deux herbicides sont sélectifs de certaines cultures ; les deux ont une action racinaire, l’atrazine a également une action
foliaire.

Contrôle de Pueraria en végétation

• 2,4-D sel d’amine (360 g/ha) sur céréales


• 2,4-MCPB (400 g/ha) sur les légumineuses
• paraquat (200 g/ha) en jet dirigé sur coton, maïs, manioc, igname tuteuré
• atrazine (250 g/ha) sur maïs

Pour le semis des céréales et les La pellétisation consiste en un enro-


plantations de manioc, une simple bage de la graine avec de la gomme
ouverture du mulch à la petite daba arabique utilisée comme adhésif et
est suffisante. L’utilisation de la roue les éléments suivants :
semeuse brésilienne, munie de six – phosphate tricalcique (P, Ca, Mg...)
doigts qui s’ouvrent une fois dans le et oligo-éléments ;
sol, assure aussi une excellente levée – insecticide systémique imidaclo-
des céréales. pride ;
– combinaison de deux fongicides :
Pour les légumineuses, le mulch doit thiabendazole et thiram.
être davantage dégagé (trou de 5 cm
de diamètre) pour éviter des pro- Dosage et technique ont été mis au
blèmes de levée des plantules. point pour chaque culture à la sta-
tion de Bouaké, ainsi que le décrit le
Les semenceaux d’igname sont pla- mode d’emploi ci-après.
cés quelques centimètres sous la sur-
face du sol, ce qui suppose un trou Mode d’emploi
d’environ 15 cm de profondeur de la pellétisation
(mulch + sol). Le peuplement
conseillé est de 10 000 semenceaux La quantité de mélange eau + gom-
par hectare (1 m x 1 m). me par kilo de semence est donnée
au tableau 2. Il faut d’abord chauffer
un certain volume d’eau (à calculer
en fonction du type de semence) jus-
La pellétisation qu’à ébullition. Ajouter la gomme
des semences arabique finement broyée à raison
de 100 g/l d’eau. Remuer jusqu’à ce
La pellétisation des semences est que le mélange soit homogène et
une technique simple qui procure laisser refroidir. Le mélange est
une excellente protection des cul- ensuite versé lentement sur les
tures contre les insectes et surtout les semences en remuant continuelle-
maladies fongiques de début de ment. Ajouter enfin les différents
cycle (en particulier pour les légumi- produits à incorporer autour des
neuses), fréquentes en semis direct semences, en commençant par les
sur mulch, ainsi qu’un gain de pro- plus petites quantités : imidaclopri-
ductivité très intéressant sur le plan de, thiabendazone, thiram ; puis oli-
économique puisque les apports go-éléments et, en dernier, phospha-
minéraux en cours de culture peu- te tricalcique. Etaler, laisser sécher,
vent être diminués. Le coût est de mettre en sac. Les semences se
l’ordre de 10 000 FCFA/ha. conservent ainsi.
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66 Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999


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fiche technique 2

Champ de maïs
envahi par Striga
hermontica.

La fertilisation minérale Il doit être ressemé s’il a été détruit


par les herbicides avant l’installation
La fertilité du sol est soit bonne au des cultures. Le semis peut être
départ, soit restaurée avant de passer effectué à la volée ; les petites
aux techniques de semis direct sur graines de Pueraria se retrouvent
couverture de Pueraria. La fertilisa- sous le mulch et la germination est
tion minérale n’est alors justifiée que excellente ; il n’a pas d’effet allélo-
pour la recherche de rendements pathique négatif sur lui-même.
très élevés. Les éléments minéraux
nécessaires à chaque culture peu- Pueraria est semé 25 jours après les
vent être apportés à la carte en fonc- céréales et les légumineuses —
tion de l’état de végétation, sous des l’espacement minimal entre les
formes rapidement assimilables et à lignes de légumineuses doit être de
des doses toujours modestes (moins 50 cm —, 45 jours après le coton-
de 45 kg/ha), à la volée, sur la ligne nier. Son développement est lent au
ou au pied. départ et limité par la suite par
manque de lumière. Il suffit que les
organes de réserve soient suffisam-
La réinstallation ment formés avant l’arrivée de la sai-
son sèche pour assurer la pérennité
du Pueraria du système. Aux premières pluies de
l’année suivante, Pueraria se déve-
dans les cultures loppe rapidement et domine totale-
ment la flore adventice.
En couverture vive, Pueraria couvre
rapidement le sol après la récolte des En zone centre, où la saison des
cultures et le système se pérennise pluies s’étale sur une longue pério-
sans intervention. de, d’autres itinéraires sont possibles

Tableau 2. Quantités (g) d’éléments pour la pellétisation d’un kilo de semence.

Gomme Eau Phosphate Nutrasof imidaclopride thiabendazole thiram


arabique tricalcique (oligo-éléments)

Maïs 9 91 180 20 7 1 0,3


Riz 11 110 180 20 3 1 0,3
Soja 7 73 180 20 3 1 0,3
Arachide 7 73 180 20 3 1 0,3
Coton non 45 455 180 20 3,6 1 0,3
délinté*
Niébé 7 73 180 20 3 1 0,3
Sorgho 9 91 180 20 3 1 0,3
* Les quantités d’eau et de gomme arabique dépendent du taux de fibres autour de la graine.

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Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999 67
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Dossier Côte d’Ivoire

Les résultats de la pellétisation des semences


La pellétisation des semences permet de lever des contraintes L’apport minéral à la semence a aussi un effet très net sur la
spécifiques des techniques de semis direct sur mulch, en végétation de toute les cultures en début de cycle.
particulier les insectes et les maladies fongiques de début de L’imidaclopride protège efficacement les cultures durant les
cycle. L’effet combiné de l’enrobage avec du phosphate 60 premiers jours de végétation, même contre les termites, qui
tricalcique, des oligo-éléments et d’une protection contre les font des dégâts surtout dans le riz pluvial en zone nord. La
insectes et les maladies fongiques, procure les augmentations combinaison des matières actives fongicides thiabendazole et
de rendement suivantes par rapport au témoin sans intrant thiram assure une bonne protection, en particulier des
légumineuses, en limitant fortement les pourritures au niveau
(figure III.7 et tableaux III.6, III. 9 du dossier intitulé « Nord et
des graines et du collet.
centre de la Côte d’Ivoire : jachère améliorée, semis direct et
plantes de couverture») : La pellétisation, associée à des apports minéraux relativement
faibles en cours de végétation sur les céréales et le cotonnier,
– 40 % pour le coton et l’arachide, 10 à 20 % pour le maïs, le
permet d’atteindre, dans de bonnes conditions, des
soja et le niébé en zone centre ; rendements très élevés : 4,5 t/ha en maïs, 3,6 en sorgho, 2,5
– 116 % pour le riz et 20 % pour le coton sur les sols argilo- en coton, 1 en arachide et 1,25 en niébé, comme cela a été le
sableux en zone nord. cas en zone centre en 1996.

pour installer Pueraria dans les légu-


mineuses : La gestion des
– un mois avant la récolte du soja et
du niébé, à la chute des premières
unités de paysage
feuilles ;
– juste avant l’arrachage de l’arachi-
dans les systèmes
de, ce qui permet d’enfouir les avec Pueraria
semences.
Pour l’igname et le manioc, le semis Les soles de Pueraria et de cultures
de Pueraria doit être effectué à la fin peuvent être alternées le long du gla-
de la petite saison sèche, à la mi- cis et séparées par des espèces
août. Il est conseillé de tuteurer pérennes installées perpendiculai-
l’igname afin d’éviter la compétition rement à la pente. Cette gestion de
de ces deux espèces volubiles. Les l’espace et des sols permet un
tuteurs peuvent être constitués de contrôle total de l’érosion et ne
plantes comme le sorgho de type demande plus la présence de cor-
guinea — à cycle long et photosen- dons antiérosifs.
sible (fructification tardive).
Il est en revanche impératif de clôtu-
rer les unités par des haies vives
(Ziziphus mucronata) et de les proté-
ger contre les feux de brousse (plan-
tation d’anacardiers et de Gmelina
arborea).

Test de techniques pour contrôler


Pueraria avec et sans roulage
et différentes matières actives herbicides.
Tcholélévogo.
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68 Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999


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Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999 69
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Dossier Côte d’Ivoire

Résumé...Abstract...Resumen
H. CHARPENTIER, S. DOUMBIA, Z. COULIBALY, O. ZANA H. CHARPENTIER, S. DOUMBIA, Z. COULIBALY, O. ZANA H.CHARPENTIER, S.DOUMBIA, Z.COULIBALY, O.ZANA
— Fixation de l’agriculture au nord et au centre — Stabilizing agriculture in northern and central — Fijación de la agricultura en el norte y en el
de la Côte d’Ivoire : quels nouveaux systèmes Côte d’Ivoire: what are the new farming centro de Costa de Marfil: ¿cuales nuevos
de culture ? systems? sistemas de cultivo?
Introduction : le cotonnier, des aspects Introduction: Cotton, from economic aspects to Introducción: el algodonero, desde los aspectos
économiques aux techniques culturales. crop techniques. económicos hasta las técnicas de cultivo.
Gestion de terroir et techniques culturales : des Land management and crop techniques: simple, Gestión del terruño y técnicas de cultivo:
solutions simples et durables pour la filière sustainable solutions for the cotton subsector. soluciones sencillas y sustentables para el sector
cotonnière. algodonero.
Northern and central Côte d’Ivoire: improved
Nord et centre de la Côte d’Ivoire : jachère fallow, direct seeding and cover plants. Norte y centro de Costa de Marfil: barbecho
améliorée, semis direct et plantes de mejorado, siembra directa y plantas de
This document summarizes the results obtained from ten
couverture. cobertura.
years of research and development work on two
Ce document synthétise les acquis de dix ans de Este documento sintetiza los conocimientos de los diez
experimental structures covering several dozen hectares
recherche-développement dans deux dispositifs años de investigación-desarrollo sobre dos dispositivos
in northern and central Côte d’Ivoire. The cotton subsector
expérimentaux de plusieurs dizaines d’hectares, au nord experimentales de varias decenas de hectáreas, en el
is the North’s main economic asset, and is supported by a
et au centre de Côte d’Ivoire. La filière cotonnière est norte y en el centro de Costa de Marfil. El sector
powerful development network. However, intensive crop
l’atout économique du nord, soutenue par un réseau de algodonero es un triunfo económico del norte, sostenido
management has failed to ensure increased yields: 0.8 to
développement puissant. Mais l’emploi d’itinéraires por una potente red de desarrollo. Pero el empleo de
1.5 t/ha of seed cotton, which is well below forecasts.
techniques intensifs ne se traduit pas par des rendements itinerarios intensivos no se manifiesta por rendimientos
Research and development are becoming increasingly
croissants : 0,8 à 1,5 t/ha de coton graine, ce qui est loin crecientes: 0,8 a 1,5 t/ha de algodón semilla, lo que dista
aware of the constraints relating to mass extension: the
des prévisions. La recherche et le développement mucho de lo previsto. La investigación y el desarrollo se
structure set up in the North set out to rank the factors
prennent conscience des contraintes de la vulgarisation de dan cuenta de los limitantes de la divulgación de masa; el
limiting production and provide smallholders with
masse ; le dispositif construit au nord a pour objectif de dispositivo construido al norte tiene por objetivo
profitable, less costly and less intensive solutions. A
hiérarchiser les facteurs limitants de la production et jerarquizar los factores limitantes de la producción y traer
technical advice note on land development has been
d’apporter des solutions rentables pour les paysans, soluciones rentables para los campesinos, menos costosas
produced (live hedges, contour lines, etc.). The first
moins onéreuses et moins intensives. Une fiche technique y menos intensivas. Se pone a punto una ficha técnica
proposals, which concerned conventional agriculture
est mise au point pour l’aménagement des terroirs (haies para el asentamiento de los terruños (setos vivos, curvas
(continuous cropping with inputs) have certain limitations
vives, courbes de niveau...). Les premières propositions, de niveles....). Las primeras propuestas, relativas a una
in terms of maintaining long-term soil fertility. New
relatives à une agriculture classique (culture continue agricultura clásica (cultivo continuo con insumos),
systems based on direct seeding on a permanent plant
avec intrants), montrent certaines limites quant au muestran ciertos limites en cuanto al mantenimiento a
cover have been tested. A trial has been set up in the
maintien à long terme de la fertilité des sols. De largo plazo de la fertilidad de los suelos. Se sometieron a
North and centre of the country— a scrubby savannah
nouveaux systèmes, fondés sur le semis direct des prueba nuevos sistemas teniendo como base la siembra
region with shifting agriculture that is largely unsuitable
cultures dans une couverture végétale permanente, ont directa de los cultivos en una cobertura vegetal
for continuous cropping due to its variable climate-to
été testés. Une expérimentation les comparant avec des permanente. Se instaló un experimento comparándolos
compare them with conventional systems. A technical
itinéraires classiques a été installée au nord et au centre con itinerarios clásicos en el norte y en el centro —
advice note on direct seeding on a Pueraria phaseoloides
— région de savane arbustive et d’agriculture región de sabana arbustiva y de agricultura itinerante,
cover has been produced. The results obtained look
itinérante, peu propice à la culture continue à cause de poco propicia para el cultivo continuo debido a
promising in terms of both farm profitability and soil
conditions climatiques aléatoires. Une fiche technique sur condiciones climáticas aleatorias. Se elaboró una ficha
fertility maintenance or restoration.
le semis direct dans une couverture de Pueraria técnica sobre la siembra directa en una cobertura de
phaseoloides a été élaborée. Les résultats obtenus Keywords: rotation, no-tillage, cropping calendar, direct Pueraria phaseoloides. Los resultados logrados parecen
apparaissent positifs aussi bien pour la rentabilité des seeding, nett margin, labour cost-effectiveness, maize, positivos tanto para la rentabilidad de las explotaciones
exploitations que pour le maintien ou la restauration de cotton, sorghum, soybean, cowpea, yam, Pueraria como para el mantenimiento o la restauración de la
la fertilité. phaseoloides, live hedge, development, gravel soil, sandy fertilidad.
clay soil, grey sand, Côte d’Ivoire.
Mots-clés : rotation, zéro labour, calendrier cultural, Palabras-claves: rotación, cero labranza, calendario de
semis direct, marge nette, valorisation du travail, maïs, cultivo, siembra directa, margen neto, valorización del
cotonnier, sorgho, soja, niébé, igname, Pueraria trabajo, maíz, algodonero, sorgo, soja, niebe, ñame,
phaseoloides, haie vive, aménagement, sol Pueraria phaseoloides, seto vivo, asentamiento, suelo de
gravillonnaire, sol argilo-sableux, sable gris, Côte gravillas, suelo arcillo-arenoso, arena gris, Costa de
d’Ivoire. Marfil.

Document obtenu sur le site Cirad du réseau http://agroecologie.cirad.fr

70 Agriculture et développement ■ n° 21 – Mars 1999

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