Office de l'Elevage et des Pâturages
Elle paraît supporter une
Opuntia Ficus-indica var.
inermis
Cactus inerme
Origine et description
Le cactus inerme (Fam. Cactaceae) est
originaire d'Amérique tropicale. C'est une des grandes
espèces de cactus (jusqu'à 5 m de haut ou même plus).
Il a été planté a des fins fourragères sur plusieurs
dizaines de milliers d'ha en Tunisie centrale.
Les raquettes ou cladodes sont en fait des tiges
applaties remplissant la fonction chlorophylienne. Elles
peuvent atteindre 40-50 cm de long sur 20-30 cm de
large. Leur croissance est discontinue; chaque pousse
donne un cladode bien défini ayant la forme
caractéristique de l'espèce. La phase de croissance ne
dure que quelques semaines, au printemps et en
automne dans nos régions, suivie d'une phase de
développement, d'épaississement et de consolidation.
Les fleurs hermaphrodites sont généralement grandes
et belles de couleur jaune ou orangé. Le fruit est une
baie comestible, murissant durant l'été. Les graines sont
dures.
Ecologie
En Afrique du Nord cette espèce qui croît sous
des pluviométries comprises entre 150 et 1500 mm/an,
semble devoir s'imposer comme plante fourragère entre
les isohyètes 200 et 600 mm/an. Entre 150 et 200
mm/an de précipitations, il est nécessaire de choisir des
sites favorables sur le plan topographique (possibilité
d'apport d'eau par ruissellement latéral). Le cactus qui
ne produit guère en dessous de l'isohyète 150 mm/an
supporte par contre des années encore plus sèches sans
périr.
Opuntia Ficus-indica supporte assez mal les
grands froids, il est impossible de les étendre aux
altitudes supérieures à 1000 m.
L'espèce requiert de préférence des sols
sableux ou du moins très perméables. Craint les sols
lourds, compacts et les situations asphyxiques
entraînant des pourritures.
salure moyenne.
Sous des pluviosités de 400 à 1500 mm la
plante peut se contenter de sols relativement
squelettiques mais les rendements sont alors
naturellement beaucoup plus faibles que sur les bonnes
terres agricoles.
Topographie, exposition
Les zones de prédilection du cactus sont de
façon générale les pieds-monts. Il faut alors établir les
plantations sur les pentes et coteaux dominant les
vallées, et de préférence, exposées au midi.
Dans la mesure du possible, il faut éviter le
centre des vallées où les masse d'air froid séjournent
plus longtemps et où les brouillards sont plus fréquents.
De surcroît, le drainage est généralement moins bon
sinon déficient dans cette situation.
Techniques de propagation et de culture
Pour obtenir une plantation très productive, il
importe de préparer soigneusement le sol et notamment
d'éliminer les plantes concurrentes, surtout les plantes
vivaces, par exemple le chiendent (Cynodon dactylon),
dont la concurrence gène considérablement les jeunes
plantations et retardent donc leur entrée en production.
La densité de plantation est, bien entendu,
fonction de l'aridité du climat et du mode de culture.
Quoique les expérimentations soient inexistantes à ce
sujet, on peut préconiser provisoirement:
Une densité maximale de 4000 à 5000
pieds/ha avec des écartements de 4 à 5 m entre les
lignes en culture non mécanisée et 6 à 7 m en culture
mécanisée (passage d'un tracteur et d'une remorque,
plus la place nécessaire aux tas de raquettes), sous les
pluviosités supérieures à 400 mm.
En zones arides et semi-arides, la densité peut
varier de 1000 à 3000 pieds/ha (150 à 400 mm), avec
des écartements de 5 à 10 m entre les lignes.
Les rangées doivent naturellement suivre les
lignes de niveau sur les terres en pente ou être
perpendiculaires au vents dominants dans les zones
éolisables.
Deux périodes sembles favorables pour la
mise en place:
- Automne: Septembre à novembre
dans les zones à hivers doux; Septembre et Octobre
dans les zones à hivers frais.
- Printemps: Février, Mars-Avril dans
les zones à hivers doux; Avril-Mai dans les zones à
hivers frais.
Parmi les techniques de plantation, on distingue:
 • Plantation par raquette unique: la technique
consiste à poser les raquettes à plat sur le sol ameubli et
à les couvrir partiellement d'une pelletée de terre ou
d'une pierre (pour éviter qu'elle ne soit déplacée par le
vent ou les petits animaux). Cette technique présente
deux avantages:
. Rapidité et simplicité
. Faible prix de revient
L'inconvénient de cette méthode est
une entrée en production retardée de 1 à 2 ans par
rapport à la méthode des doubles raquettes.
• Plantation par raquettes doubles: Cette
méthode consiste à planter des rameaux de deux
raquettes superposées dans un sillon de charrue tracé à
l'écartement convenable.
Les doubles raquettes sont inclinées de façon à ce
que la raquette inférieure puisse être recouverte par un
second trait de charrue qui vient de combler le sillon
planté.
.L'avantage de la méthode est une entrée en
production plus rapide que par raquette unique.
Protection
Pour éviter le pâturage intempéstif, on a
intérêt a entourer les plantations d'une clôture: soit une
double rangée de cactus épineux.
Fertilisation
Plusieurs auteurs ont rapporté que le cactus
réagit fortement à l'apport de fumure phosphatée et
azotée et en particulier à un apport de fumier.
Un essai sur une jeune plantation (Sidi
Thabet; précipitation: 420 mm/an) démontre par
rapport à un témoin non fertilisé, qu'un apport de 20
unités d'N et 20 unités de P2O5 accroît la production
de 246 %.
Un autre essai, à Jebibina, sur sol sablo-
marneux (précipitation: 350 mm), une fumure
organique de fond triplait le rendement par rapport au
témoin non fertilisé.
Avec 20 kg de P2O5 et 20 kg d'N /ha/an , la
réponse était de 240 à 270 %, et 150 à 298 % en deux
sites de la région de Gafsa avec 67 kg d'N/ha et 45 kg
P2O5/ha. Pour le dernier cas, la teneur en protéines
brutes des cladodes a été trois fois plus élevée que chez
les témoins (de 3 - 4% à 9-10 % matières azotées sur la
MS).
Production
Outre qu'il est difficile de comparer des
estimations et des mesures, il est également délicat
d'interpréter des résultats quand les procédures
expérimentales sont insuffisamment précisées (âge des
plantations, type de sol, densité, techniques de
culture,…).
Par exemple, Gachet et Schweisguth (1972)
ont rapporté les résultats d'une expérimentation réalisée
à Ousseltia (350 mm de précipitations) et visant à
démontrer que la production du cactus (Opuntia ficus –
indica var. inermis) varie en fonction de la fréquence
des coupes. Les résultats sont les suivants:
Tous les ans: 3721 kg MS/ha
Tous les 2 ans 6367 kg MS/ha
Tous les 3 ans 8342 kg MS/ha
Tous les 4 ans: 9028 kg MS/ha
Les mesures rapportées par Monjauze et le
Houérou (1965) sur les plantations réussies et bien
gérées en Tunisie Centrale sous les isohyètes de 200 à
400 mm était de 2000 à 9000 kg MS/ha/an.
Une plantation à la station El Grine (30 km
Ouest de Kairouan; 260 mm – 2000 plants/ha – sol
sableux profond) la production moyenne annuelle est
de 6500 kg MS/ha (Le Houérou, 2002).
Une autre plantation agée de 25 ans à El Fahs
(60 km SE de Tunis, 350 mm) la productivité est de 80
tonnes de M. fraîche/ha/an ≈ 9,5 tonnes MS/ha/an (Le
Houérou, 2002).
Exploitation
La consommation directe par les troupeaux est
déconseillée car elle est difficile à réaliser dans de
bonnes conditions; elle aboutie généralement à un
important gaspillage et parfois jusqu'à la destruction
des plantations lorsque le pacage est intense et
anarchique.
La meilleure méthode consiste à récolter
directement les raquettes et à les distribuer aux
animaux (de préférence coupées en petites "cossettes")
dans les mangeoires.
 Généralement, la première distribution peut
être entreprise à la 3 ème année de plantation. On laisse
alors un tronc de 80 -120 cm de hauteur dont la
production est coupée tous les 2-3 ans. Il y aurait peut
être avantage à récolter tous les ans, en se limitant à
cueillir les raquettes de l'année.
Les auteurs ne sont pas tous d'accord sur la
périodicité des récoltes: certains préconisent une
récolte tous les deux ans, d'autres tous les trois ans. Un
fait est certain, les récoltes annuelles exhaustives
réduisent considérablement la production. D'autre part,
les raquettes de plus de trois ans ne sont plus
consommables.
Partie de
La plante MS % M.min CB MAT
Raquettes 9,9±3,6 19,4± 3,5 9,5±1,7 4,8±1,1
de L'année
Raquettes 12,1±4,5 24,1±2,3 10,0±2,4 2,9±0,7
de 2 ans
TC: tannins condensés
Le cactus est donc pauvre en azote, en cellulose
avec un rapport Ca/P trop élevé, mais apporte une
quantité appréciable d'énergie (0,7 UF/kg MS) sous
forme de glucides facilement fermentescibles.
L'étude de la variation saisonnière de
la composition chimique montre que les teneurs en
matières azotées totales et en cellulose brute des
raquettes de cactus inerme sont pratiquement
constantes au cours de l'année.
Des essais ont montré que le cactus
constitu un excellent complément pour les pailles
traitées à l'urée car il permet de bien valoriser l'azote
non protéique apporté par le traitement.
Un étude (Nefzaoui et al., 1993) conduite dans
le cadre des conventions OEP/INRAT relative à
l'étude de la valeur alimentaire de régimes à base de
cactus inerme et de paille non traitée, traitée à l'urée
(complémentation du cactus en azote et en fibres)
avait conclue que l'emploi de 600 g de paille non
traitée et de son équivalent en MS de cactus
garantissent la couverture des besoins d'entretien des
antenais (P. vif moyen: 30 kg) alors que l'emploi de
pailles traitées a permit d'avoir des régimes assurant
des productions modérées.
Valeur alimentaire - Usage fourrager
Le cactus est une espèce hautement palatable.
Il est consommé par les bovins, les ovins, les caprins et
les camelins. Un mouton adulte peut consommer
jusqu'à 5 kg MV/j sans incidents. Les bovins laitiers
peuvent avaler jusqu'à 35 kg MV/j de cactus.
La composition chimique (moyenne d'une
année: à raison d'un échantillon/mois) effectuée sur les
plantations de la région de Ousseltia (Kairouan),
étudiée dans le cadre de la convention OEP/INRAT est
la suivante:
% MS
P Ca K Na TC
0,16±0,1 5,3±1,15 2,6±0,63 0,57±0,39 0,8 ±0,06
0,17±0,12 4,47±1,14 1,75±0,54 0,46±0,22 0,8±0,04
Il a été également démontré que les
ovins peuvent être alimentés avec du cactus à
volonté à condition de distribuer un aliment
fibreux au préalable (200 g de paille). Une telle
technique évite les diarrhées.
Du fait que les raquettes de cactus
sont riches en énergie, cet arbuste permet de
réduire l’utilisation des aliments concentrés
(orge). Les nombreuses expériences conduites
dans le cadre des conventions Recherche-
Développement dont la majorité ont été
conduites au niveau des fermes pilotes de
l’OEP (fermes de Saouef et Jebibina) ont
permis d’avoir une idée sur le potentiel
fourrager de cette espèce qui est très utilisée
dans le cadre de la stratégie nationale de
l’amélioration des parcours.
Le tableau suivant rapporte quelques
régimes alimentaires à base ou complémentés
avec du cactus qui pourraient être transférés au
niveau des élevages ovins et caprins situés
dans les zones arides et semi-arides du pays.
Ration de base Complémentation Gain moyen (g/j) Références*
Acacia cyanophylla à volonté 4,5 kg cactus inerme
+ 1,4 kg Atriplex nummularia 28 g a

Atriplex nummularia à volonté 200g paille d’orge 24 g b

+ 4,5 cactus inerme

Paille d’orge à volonté 3,5 kg cactus inerme 119 g c

+ 180 g tourteau de soja

Paille d’orge à volonté 3,5 kg cactus inerme 81 g c

+ 1,7 Atriplex nummularia

Cactus inerme à volonté 170g foin + 280 g orge 63 g

+ 65 g tourteaux de soja

Cactus inerme à volonté 170 g foin + 280 g orge 73 g

+ 226 g atriplex d

Cactus inerme à volonté 200 g foin + 300g orge 73 d

+ 770 g Atriplex nummularia

Cactus inerme à volonté 200 g foin + 300 g orge 57 d

+ 740 g Atriplex halimus
Parcours naturel 1 kg cactus + 0,3 kg Atriplex 60 e

* a : Ben Salem et al. (2003) ; b : Ben Salem et al. (2002) ; c : Ben Salem et al. (2004); d: Ben Salem et al. (2000) ; e : Ben Salem et al. (1998)

Les raquettes de cactus peuvent jouer

un rôle important dans l’alimentation du
cheptel en particulier pendant les périodes
sèches. Elles sont relativement riches en
énergie et engorgées d’eau. Elles peuvent par
conséquent réduire l’utilisation de l’orge par
exemple et résoudre le problème
d’abreuvement.