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:
MAISON RUSTIQUE
DU XIX* SIÈCLE.
ANTOINE (de Roville), professeur à l'institut agri LECLERC-THOUIN (Oscar), des Soc. d'agricul
cole de Roville (Meurthe). ture et d'horticulture.
AUDOUIN, professeur au Muséum d'histoire natu LOISELEUR DES LONGCHAMPS, des Soc. d'a
relle,,membre de la Société centrale d'agriculture. griculture et d'horticulture.
BERLÉzE (l'abbé), des Soc. d'agriculture et d'hor MACAREL, conseiller d'état, professeur de droit
ticulture. administratif, des Soc. d'horticulture et d'encoura
BIERNAKI, propriét.-cultivat., ancien ministre de ennent.
l'intérieur en Pologne. MººvRE
a TIS.
(L.), avocat à la Cour royale de
BlXIO (Alexandre), docteur en médecine.
BONAFOUS, directeur du Jardin botanique de MASSON FOUR, ex-professeur à l'école forestière
Turin, correspondant de l'Institut, de la Société de Nancy, directeur du Journal d'agriculture pra
d'agriculture. tique.
CHAPELAIN (Octave de), propriét-cultiv. dans la MICHAUT, correspondant de l'Institut, de la Soc.
Lozère. -
d'agriculture.
DAILLY, propriét.-cultiv. à Trappes (Seine - et MIRBEL, de l'Académie des Sciences, de la Soc.
Oise , des Sociétés d'agriculture et d'horticulture d'agriculture professeur au Muséum d'histoire na
de Paris et de Versailles. turelle.
DEBONNAIRE DE GIF, cons. d'état, de la Soc. MOLARD, de l'Acad. des Sciences et de la Soc.
d'agriculture. d'agriculture.
º† †v. dans le Loir-et-Cher, de la MOLL, professeur à l'institut agricole de Roville.
Soc. d'agriculture. MORIN DE SAINTE-COLOMBE, des Soc. d'a
DESJOBERTS, député, cultiv. à Rieux (Seine-In griculture et d'horticulture.
férieure). NOIROT (de Dijon), auteur de plusieurs ouvrages
DUPIN (Charles), député, président de l'Académie d'agriculture forestière.
des Sciences professeur au Conservatoire des arts NOIROT-BONNET, géomètre forestier à Langres
et métiers, etc. - Haute-Marne).
FEBURIER, des Soc. d'agriculture et d'horticulture ODART (le comte), président de la section d'agri
de Paris et de Versailles. culture de la Soc. d'agriculture de Tours, proprié
GASPARIN (de), sous-secrétaire d'état de l'inté taire-agronome dans Indre-et-Loire.
rieur, de la Soc. d'agriculture, etc. ODOLANT DESNOS, auteur de plusieurs ouvra
GIRARL, de l'Acad. des Sciences, de la Soc. d'a ges sur les arts industriels et agricoles.
griculture. PAYEN, manufacturier-chimiste, des Soc. d'agricul
GIRARDIN (Emile de), député, fondateur de l'ins ture d'horticulture et d'encouragement.
titut gratuit de Coëtbo. POITEAU, des Soc. d'agriculture et d'horticulture,
GOURLIER, architecte des Travaux-Publics de Pa auteur du Bon Jardinier, etc.
ris, de la Soc. d'encouragement, etc. POLONCEAU, inspecteur divisionnaire des ponts et
GUYOT (Jules), docteur en médecine à Gyé-sur chaussées, des Soc. d'agriculture, d'horticulture et
Seine Aube). d'encouragement.
HERICART DE THURY (vicomte). de l'Acadmie POMMIER, directeur de l'Echo des halles et mar
des sciences, président des Soc. d'agriculture et chés.
d'horticulture. PUVIS, président de la Soc. d'agriculture de l'Ain.
HERPIN, propriét.-cultiv. dans l'Indre, de la Soc. RAMBUTEAU (de), député, conseiller d'état, préfet
d'agriculture. de la Seine, président de la Soc. d'agriculture.
HOMBRES-FIRMAS (le baron d'), correspondant RIVIÈRE (baron de), propriét.-cultiv. dans la Ca
de l'Institut et de la Soc. royale et centrale d'a margue, correspondant de la Soc. d'agriculture.
griculture, propriétaire agronome dans le Gard, etc. SOULANGE-BODIN, des Soc. d'agriculture, d'hor
HUERNE DE POMMEUSE, des Soc. d'agriculture, ticulture et d'encouragement, fondateur de l'ins
d'horticulture et d'encouragement. titut horticole de Fromont (Seine-et-Oise).
HUZARlD père de l'Académie des Sciences, archiv. SYLVESTRE (baron de), de l'Académie des Scien
de la Soc. d'agriculture, inspecteur des écoles vé ces, secrétaire perpétuel de la Soc. d'agricul
térinaires de France. tu re.
HUZARD fils, des Soc. d'agriculture, d'horticulture TESSIER, de l'Acad. des Sciences et de la Soc.
et d'encouragement. d'agriculture.
JAUME-SAINT-HILAIRE, de la Soc. d'agricul TURPIN de l'Acad. des Sciences et de la Soc.
ture, auteur de la Flore et de la Pomonc Fran d'horticulture.
çaises. VILMORIN, des Soc. d'agriculture et d'horticul
LÂBBÉ, des Soc. d'agriculture et d'horticulture. ture, propriét.-cultiv. aux Barres (Loiret), etc.
LADOUCETTE, député, des Soc. d'agriculture, VIR EY, député, de la Soc. d'agriculture, etc.
d'horticulture et d'encouragement. | YVART, directeur de l'Ecole vétérinaire d'Alfort,
L#AIGNE,
Ort.
professeur à l'école vétérinaire d'Al | de l , Soc. d'agriculture.
YUNG, rédacteur du Bulletin des scicnces agricoles
LEBLANC, professeur au Conservatoire des arts et et de l'Agronome.
métiers.
Tous les articles de la Maison Rustique sont signés de l'un de ces noms.
DU XIX* SIÈCLE.
D'ECONOMIE RURALE,
AVEC PLUS DE 2000 FIGURES REPRÉsENTANT ToUs LES INSTRUMENs, MACHINEs , APPAREILs,
RACES D'ANIMAUx, ARBRES, ARBUSTES ET PLANTEs, BATIMENS RURAUX, ETC. ,
Rédigé et professé
Par une rèunion d'Agronomes et de Praticiens appartenant aux Sociétés agricoles de France,
SOUS LA DIRECTION
TOME QUATRIÈME.
AGRICULTURE FoRESTIÈRE, LÉGISLATIoN ET
ADMINISTRATION RURALE. ' . r
M DCCC XXXVI.
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
3. Des futaies . - • •
-
-
-
-
- - -
3 Dommages résultant de l'abus et del'ignorance. ib.
Sºcr. 1 1. Animaur nuisibles aur forêts. . . . I4 1
4. Forêts d'arbres d'une seule espèce S 1er. Mammifères. . . . . . . .. 1 4?
5. Forêts mixtes. - - -
8o 2. Oiseaux. . . 14 ;
SEcT. 1 1. De l'accroissement des arbres.
3. Insectes. · · · · · · · · · · ·º
SEcr. 1 1 1. De l'aménagemen: des forêts. Srcr. 1 1 I. Plantes nuisibles aur forêts. . . . 1 ,3
1er. Aménagement des taillis - - -
Szcr. x 1 x. Des mares et de leurs construction. . . 2o5 SrcT. i i1. De la culture des tabacs. . . . .. . . . . 246
— 1v. Du dessèchement des marais. . . . . . . . 247
– x x. Des réservoirs pour les jardins. . . . 2o6
S 1er. Fixation de l'étendue, de l'espèce et de la
valeur des marais avant le dessèchement. ib.
ÉCONOMIE PUBLIQUE DE L'AGRICUL 2. Pendant les travaux. . . . . . . . . . • . . 248
TURE ET LÉGISLATION RURALE. 3. Après le dessèchement. . . . . . . . . . . .. ib.
PREMIÈRE PARTIE. — ÉcoNoMIE PU 4. Indemnités en cas de dépossession. . . . . . ib
TABLE DES MATIÈRES.
S 5.Conservation des travaux . ,. , . . 248
CHAP. II. DEs coNTRAvENTIoNs, DÉLITs
6. Organisation et autributions des commissions ET CRIMEs sPÉCIAUx. . .. • . 286
spéciales. . .
. - ..et carrières. SEcT. 1re. De l'échenillage. . . . . , . .. ib.
Szcr. v. Des mines, minières . . . " 249
ib.
-
– 11. Des hannetons, sauterelles, etc. ° . . .. ib.
— v1. Occupation de terrains particuliers et ex — 111. De l'échardonnage. . . . . . . .. ib.
traction de matériaux nécessaires aux — v. Des négligences contre le feu. . . . . 287
routes et constructions publiques. . . . 25o — v. Des incendies. . . . . . . . . .. ib.
—. v 1 I. Des servitudes rurales. . . . . . 251 - vi. Des inondations d'héritage. . . . . .. ib.
1er. Servitudes d'intérêt public. . ib. — v11. Dommages aux clôtures. . . , . . 288
2. Servitudes d'utilité particulière. " " . . 254 - v111. Dommages aux plants et réeoltes. . . . 289
CHAP. VI. DE LA JoUIssANCE DEs PRO S 1er. Délit de passage et pâturage. . . . .. ib.
PRIÉTÉs RURALEs. . . - • 258 2. Coupe, destruction de récoltes. . . . . 291
3. Destruction d'instrumens agricoles. . . .. ib.
Szcz. 1r°. Du bail à ferme. . , . . , . .. ib. 4 Glanage, ratelage et grapillage. . . . .. ib.
S 1°r. Du bail verbal. . . . . . . . • ib.
2. Du bail écrit . . . : . . . . - ib. 5. Soustractions , maraudages, vols. . . . . 292
8zcT. Ix. Dommages aux arbres. . . . . . . 293
3. Des pertes pendant la jouissance. . . - 261 - x. Dommages aux animaux. . , . , . .. ib.
4. Comment finit le bail à ferme. . . ib.
CHAPITR E I°". — D E s P É p I N I É R E s.
----
Une pépinière est un lieu destiné aux se SECTIoN I". — Choir et préparation des
mis, et par extension aux divers modes de ferr(7I/7.T.
peu favorable à la végétation de la plupart du sol doit servir de guide dans cette opéra
des arbres ; il rendrait les travaux de culture tion.— S'il est de bonne nature, on se rap
matériellement difficiles, exigerait des la † que les labours les plus profonds sont
bours et des binages trop fréquens, et, chose es meilleurs, et qu'une faible augmentation
également fâcheuse, en retenant outre me de dépense produira plus tard une notable
sure l'humidité et en se pénétrant difficile augmentation dans les produits. —Si le sous
ment de la chaleur, il retarderait les progrès sol est de mauvaise qualité, il faudra, au con
de la végétation. — Trop léger, il aurait l'in traire, éviter de l'entamer, ou, tout au moins,
convénient non moins grave de nécessiter, de le ramener en trop grande épaisseur à la
dans plusieurs circonstances, des arrose surface, à moins de nécessité absolue.—En
mens trop abondans et trop multipliés. fin, comme les meilleures terres, pour de
FERTILITÉ DU soL.-Aux yeux du pépinié venir productives, ont besoin d'être plus ou
riste, la richesse du sol n'est jamais trop moins long-temps exposées au contact im
grande. Plus les arbres végètent avec vigueur, médiat de l'air, et à l'action directe des di
mieux et plus tôt il en trouve le débit; or, c'est vers météores atmosphériques, le défonce
en renouvelant le plus possible les produc ment devra être fait généralement le plus
tions de chaque parcelle de ses cultures qu'il long-temps possible avant l'époque des se
cherche à en augmenter le revenu.— Les pro mis ou des plantations.
priétaires ont le plus souvent des intérêts dif Quoi qu'il en soit, le terrain ayant été ainsi
férens.A moins qu'ils ne puissent planter en remué, ameubli, débarrassé des pierres et
des fonds excellens, ils trouvent, comme des racines qui pourraient nuire à sa ferti
la théorie l'indique et comme la pratique le lité, ou gêner plus tard les travaux de la
démontre tous les jours, du désavantage à bours, de plantations ou d'arrachages, il ne
acheter des arbres sortis d'un terrain trop reste plus qu'à le diviser de manière à fa
fécond ; en effet, ces mêmes arbres, qui ont ciliter chaque sorte de culture et à éviter
pris, pendant leurs premières années, un dé pour les ouvriers toute perte de temps.
veloppement proportionné à la nourriture Le professeur THoUIN, dont le beau nom
§ qui leur était fournie, lorsqu'ils doit trouver si souvent place dans un ou
changent de position , surtout après une § de pratique, proposait pour cela d'é
transplantation qui diminue nécessairement tablir dans les pépinières six carrés princi
le nombre et l'action vitale de leurs racines, paux destinés : le premier aux semis, — le
ne trouvent plus les alimens suffisans pour second aux repiquages, — le troisième aux
fournir, je ne dirai pas seulement à leur transplantations, — le quatrième aux sau
luxueux accroissement, mais au seul main vageons et autres porte-greffes, — le cin
tien de l'existence dans toutes leurs parties. quième aux marcottes, - et le sixième aux
— Il est donc désirable que le sol d'une pé boutures.
piniére soit d'une fertilité moyenne.— Mieux Lorsque la qualité variée du sol ne con
vaudrait certainement qu'il fût trop fertile duit pas à adopter une division moins régu
que trop pauvre. - lière, mais plus en harmonie avec les habi
PRoFoNDEUR DU soL.-Il est indispensable, tudes des différens végétaux, chacun de ces
pour la culture des grands végétaux ligneux, carrés peut encore être subdivisé en deux ,
que la couche de terre végétale ait une cer trois ou quatre parties d'étendue calculée
taine profondeur. En général, plus cette pro d'après les besoins de l'agriculture et de
fondeur est considérable, mieux ils réussis l'horticulture du pays, consacrées alterna
sent. Cependant, 5 à 7 décimètres (de 18 po. tivement à la propagation particulière des
à moins de 2 pi.) peuvent rigoureusement arbres forestiers à feuilles caduques, des ar
suffire. bres verts, des arbres fruitiers, et des arbres
ExPosITIoN ET sIrUATIoN. - Quoique l'ex et arbrisseaux d'ornement.
position et la situation dussent à vrai dire va Nous n'aurons pas à nous occuper ici de
rier en raison de l'espèce et de l'état parti ces derniers, et je ne devrai parler des au
culier de chaque culture, on doit préférer, tres qu'autant qu'ils font ou devraient faire
en général, celles qui sont naturellement partie de la culture des champs.
abritées contre les vents violens qui pour
raient briser ou déraciner les arbres, les SECTIoN II. — Des semis.
vents froids qui arrêteraient la marche de
la végétation, et les vents desséchans qui $ I". — Avantages et inconvéniens.
pourraient l'entraver d'une manière fâcheuse
au moment de son développement; — celles Les semis ont sur les marcottes et les bou
tures l'avantage à peu près incontesté de
qui ont le moins à redouter, dans le midi, la
sécheresse produite par une excessive éva produire des individus d'une plus belle crois
sance et d'une plus grande longévité ; — ils
poration, et, dans le nord, l'humidité froide
qu'on ne peut éviter dans les localités tropservent à propager la plupart des espèces de
couvertes; — celles enfin qui procurent les nos arbres forestiers. — Les graines récol
eaux les plus abondantes et de meilleure qua tées sur des variétés donnent naissance à
lité dans le premier cas, et qui se prêtent le de nouvelles variétés parfois préférables à
mieux à § et à l'écoulement des celles dont elles proviennent. Une fois qu'el
eaux surabondantes dans le second. les se sont écartées des types, elles tendent
Quelles que soient les terres qu'on veut à varier continuellement de nouveau.— C'est
transformer en pépinières, la première chose ainsi que nous avons obtenu et que nous ob
a faire est de les défoncer convenablement tenons encore divers fruits améliorés incon
au moyen de la pioche ou du pic et de la nus de nos ancêtres.
bêche. Ce que j'ai déjà dit de la profondeur Les espèces présentent à la vérité moins sou
•e "" -
rare au printemps. - _ - -
recépage.—Il se bor
» •
plantent à peu près horizontalement. On doivent reproduire n'éprouvent pas une diſ
relève seulement la partie supérieure sur ficulté particulière à § des gem
l'un des bords de la rigole, et on laisse, mes adventices , elles réussissent presque
comme précédemment , quelques yeux de toujours.
bois bien aoûté au-dessus de la surface du
sol.
SECTIoN v.— Des greffes.
Quant aux plançons, la méthode la plus
usitée, quoique la moins bonne, est de faire, $ l".-Avantages et inconvéniens.
au moyen d'une barre métallique ou d'un
avant - pieu, des trous de un demi à deux
tiers de mètre (18 po. à 2 pieds)de profondeur, Les greffes partagent avec les marcottes et
dans lesquels on les place. Si, en des terrains les boutures la propriété de propager les va
très-légers, une pareille pratique ne présente riétés non transmissibles de semis. — Elles
as de graves inconvéniens, dans les terres réussissent même dans beaucoup de cas où
il serait difficile de recourir à l'un ou à l'au
ortes elle en a de deux sortes : d'abord elle
comprime celles-ci de manière à les rendre tre de ces deux modes de reproduction.
En théorie, les greffes peuvent être assi
peu perméables aux racines, et, ce qui est milées à de §ér§ boutures qui, au lieu
pis, † soins qu'on prenne pour rem
plir de terre des ouvertures aussi étroites, de puiser leur nourriture dans le sol, la re
elle laisse autour du tronc des vides nom çoivent par l'intermédiaire de la tige des
breux ; — mieux vaut donc faire à l'avance sujets. Cette nourriture est modifiée au point
des trous comme pour une plantation ordi d'insertion, selon la disposition des organes
I131I"6º. de chaque végétal, comme elle l'est en pas
La culture première des boutures se borne sant de la terre dans les racines ; de sorte
à affermir le sol par un plombage, autour u'un nombre indéterminé d'espèces bien
de leurs parties enterrées, de manière à les istinctes peut vivre sur le même tronc sans
mettre sur tous les points en communica éprouver d'autres modifications que celles qui
tion immédiate avec l'humidité de la terre ; pourraient résulter de la différence du sol,
— à arroser lorsque les circonstances atmos de la quantité plus ou moins grande de sucs
phériques l'exigent, et à pailler, si faire se nourriciers qu'il contient. — Ce que j'ai dit
de l'influence C. .. boutures est donc à peu
peut, pour diminuer les effets du hâle. Du
reste cette culture ne diffère pas de celle des près applicable aux greffes quant à la lon
autres plants des pépinières. gévité, à l'élévation et à la mise à fruit des
individus qui en proviennent, et il en résulte
$ III.— Boutures de racines. nécessairement qu'elles sont utilisées bien
moins fréquemment pour les arbres fores
Les boutures de racines, quoique moins tiers que pour les arbres fruitiers.—La greffe
employées que celles dont je viens de parler, améliore en effet sensiblement les fruits en
offrent cependant un moyen facile de mul volume, souvent en saveur; elle contribue
tiplier rapidement une partie de nos grands encore à hâter leur production, quoique cet
végétaux ligneux. effet soit rarement aussi marqué qu'on s'est
Les plus naturelles sont celles qu'on ob plu à le dire; mais d'un autre côté, elle nuit
tient parfois à l'endroit même où un arbre au développement des organes conservateurs
d'un certain âge vient d'être arraché, sans et elle abrége ordinairement le temps mar
autre soin que de laisser la fosse ouverte. — qué par la nature pour l'existence des ar
De toutes les extrémités des racines qui sont bres.-On sait cependant que le choix d'un
restées dans le sol on voit, le printemps sui bon sujet influe parfois d'une manière favo
vant, naître des bourgeons, et lorsque ceux rable sur le port, et, chose plus impor
ci ont été enlevés, il n'y a pas de raison pour tante, on a cru remarquer qu'il influait aussi
qu'il ne s'en forme pas d'autres sur les mè sur la rusticité des végétaux au point qu'il
mnes racines de nouveau raccourcies. ne serait pas impossible de profiter de cette
Mais ce moyen est plus curieux qu'appli disposition pour faciliter la naturalisation
cable aux besoins de la grande † il de certains arbres étrangers. — Afin d'at
en est un autre dont il me semble qu'on mé teindre un but aussi désirable ;- pour hâter
connaît généralement les avantages : je veux la fructification de quelques individus rebel
parler des boutures par tronçons. les ;-pour multiplier diverses variétés amé
Lorsque comme dans le cas précédent, on liorées, ce qu'on ne fait pas, je trouve, assez .
arrache un arbre, ou lorsqu'en labourant généralement, relativement aux essences fo
dans son voisinage, on supprime celles de restières; — pour transformer même des
ses racines qui nuisent aux cultures voisines ; espèces de peu de valeur en arbres d'un
lorsqu'enfin on peut lui en ôter un certain meilleur produit, on devrait recourir aux
nombre sans nuire sensiblement à son dé greffes.— Le chêne robur, greffé sur le cer
veloppement, on divise ces racines par tron ris, auquel la mauvaise qualité de son bois
çons de 1 à 2 et 3 décimètres (4 à 8 et 10 po.), a fait donner, dans beaucoup de pays, le
et on les plante en élevant leur gros bout de nom de doucicr, pousse, dit-on, plus rapide
quelques millimètres seulement au-dessus ment sans perdre sensiblement de sa dureté :
† sol. —les chênes ballota et autres à glands doux
Généralement ces boutures donnent nais pourraient se multiplier, se perfectionner
sance, dès la première année,à des bourgeons peut-être, sur l'yeuse ; — des ormeaux, des
vigoureux ; - parfois cependant elles restent frênes, se couvrir de feuilles plus abondantes .
dans l'inaction plus long-temps; mais dans ou plus larges, et mieux du goût des bes
tous les cas, pour peu que les espèces qu'elles tiaux, etc. , etc.
8 AGRICULTURE FORESTIERE : PEPINIERES. L1V, V,
sujet au centre on fait en sorte de ne pas lanières d'écorce qu'on a laissées sur le su
attaquer le canal médullaire. Jet et qu'on relève après l'opération, de ma
Lagreffe en fente au milieu du bois ( fig. 20) nière toutefois à ne pas couvrir les yeux de
Fig20. est recommandée spécialement la greffe, offre quelques chances de succès
pour les vignes. de plus.
Les greffes en ramilles se dis S III. — Choix des sujets.
tinguent des autres greffes en
fente en ce qu'elles se font avec Le choix des sujets est d'une grande im
de petites branches garnies de portance. Non seulement il doit exister en
leurs rameaux, souvent de leurs tre eux et les greffes une analogie naturelle
boutons à fleurs, et quelquefois aussi complète que possible, et cette ana
même de leurs fruits naissans. — logie, si l'on veut opérer sur des arbres fo
Elles sont employées assez fré restiers surtout , doit s'étendre à l'élévation,
quemment pour les orangers. - à la grosseur, aux époques de la végétation,
« En semant un pépin à une épo au mode de développement , à la durée
que déterminée, on est parvenu même de l'existence ; mais il faut encore
à recueillir avant la fin de l'année du fruit avoir égard à la propriété particulière à cha
mûr sur l'individu auquel il donna nais que espèce de croître dans tel ou tel terrain,
sance ( fig. 21 ). » V. A. THoUIN, Cours de à telle ou telle latitude, telle ou telle posi
Fig. 21. Fig. 22. culture et de tion, etc., etc. Il faut rejeter rigoureusement
naturalisa - tous les individus mal constitués, et ne faire
tion.
Les gref
usage que † est forcé de ceux qui
ne proviennent pas de semis.
fes en cou Les greffes herbacées réussissent particu
ronne ( fîg. lièrement sur les conifères, qui offrent entre
22), qui font eux, par le nombre de leurs feuilles, le plus
en quelque de ressemblance : — Le laricio, le weymouth
sorte le pas reprennent à merveille sur le pin sylvestre
sage enlre d'Ecosse ;— le pin à pignon, sur le pin mari
les greffestime;- le cimbro, sur le pin du lord; — les
en écusson sapinettes, sur l'épicéa, — les giléads, sur le
et les gref sapin argenté, etc., elc. -
ce simple enduit peut suffire sans aucune liga La suppression de la tête peut occasioner
ltlre. . chez eux des maladies qui abrégent leur
cHAP. i*. DE LA TAILI.E DES JEUNES ARBRES. 11
existence et dont les effets se ſont sentir, toutes les branches qui menacent d'attirer
même après la mort, sur la qualité du bois. par leur végétation vigoureuse une trop
grande partie de la sève qu'on veut diriger
— Elle est d'ailleurs le plus souvent inutile, vers la flèche.
car, pour peu que la diminution des branches
soit proportionnée à celle des racines, il est Quant aux autres, si, outrant les consé
du reste assez indifférent qu'elle porte sur quences de ce principe, on voulait les rabat
telle ou telle partie du tronc, et le cultiva tre également, on parviendrait en effet à
teur a conséquemment toute latitude pour augmenter encore le développement en hau
bien faire. - teur de l'arbre, mais on empêcherait sa crois
Les espèces dont les racines ont plus de sance en diamètre; de sorte que bientôt il
tendance à se prolonger qu'à se multiplier, serait hors d'état de se maintenir sans tu
qui n'en produisent que difficilement de nou teur. Il faut donc, à plus forte raison que
velles et qui ont peu de chevelu, exigent à lors de l'habillage, leur laisser quelques yeux
l'habillage plus de soins que celles qui pous pour appeler et maintenir la végétation à la
sent de nombreuses radicules, et qui repren circonférence .
nent avec facilité de marcottes ou de bou Là se borne à peu près la taille première des
ture-On fera bien pourles premières de re arbres forestiers.
courir à la serpette ou au sécateur, et d'opé Du † petit nombre d'arbres fruitiers
rer isolément sur chaque individu.— Quant u'on cultive dans les champs, pour leurs
aux autres, pour abréger, on a coutume dans ruits ou les produits qu'on peut en tirer, la
les pépinières de les réunir par petits paquets ; plupart sont à haute tige; - quelques-uns
on les place sur un billot, et, au moyen d'une en quenouilles ou pyramides; - quelques au
serpe bien tranchante , on uaille d'un pre tres en espaliers. Selon ces destinations di
mier coup les racines, d'un second la som verses, la taille doit varier dans les pépinières.
mité des tiges. Cette méthode, tout impar Pour les hautes tiges, comme le noyer, le
faite qu'elle est, n'a pas pour les très-jeunes châtaignier, l'amandier, les pruniers, les abri
plants des inconvéniens aussi graves qu'on cotiers, quelques pêchers, des pommiers et
pourrait le croire. des poiriers, la taille de première formation
Les arbres verts, comme les pins, les sa ne diffère en rien de § dont je viens de
Pins, les mélèzes, etc., etc., ne veulent être parler. - Mais lorsque les arbres ont atteint
privés ni de leur pivot ni de leur tige princi de 1 # à 2 mètres, au lieu de continuer à pro
pale, parce que, sauf dans de rares circons téger la croissance de la tige mère au détri
tances, leurs racines ne se régénèrent pas plus ment des branches secondaires, on l'arrête
ue leurs branches aux endroits où elles ont au contraire si elle est disposée à s'élever en
# détruites oublessées.Au ssi la culture pre flèche pour la forcer à se ramifier, ce qui ne
mière de ces sortes de végétaux a-t-elle pour manque pas d'arriver dès le printemps.
rincipal but de multiplier le plus possible Le but de cette opération étant moins en
eurs grêles et délicats chevelus, tout en core de donner une forme agréable à la tête
empêchant l'extension démesurée de leur des arbres que de hâter la production et
pivot. d'ajouter à la beauté des fruits, en entravant
Quant aux arbres fruitiers, la préparation la marche de la sève, on doit la répéter l'an
de leur plant pour le repiquage ne diffère de née suivante sur celles des branches supé
celle du plant des arbres forestiers à feuilles rieures qu'on a jugé convenable de conser
caduques, qu'en ce que, pour tous ceux qui ver. On choisit donc les 3 ou 4 plus belles
Pivotent, la suppression partielle du pivot (fig. 26 ), et on les taille de manière que
est plus p§ que nuisible, puisque, si, les bourgeons qu'elles produisent s'écartent
d'une part, elle diminue leur vigueur, de de plus en plus de l'axe du tronc ; et comme
l'autre on a cru remarquer que, par cette au retour du 3º printemps ces bourgeons ont
même raison, elle les dispose à fructifier plus en effet poussé, on répète pour la dernière
tôt.Le noyer seul, à cause de l'abondance fois, sur eux, la même opération, après avoir
remarquable de sa moëlle, redoute particu préalablement supprimé entièrement ceux
lièrement la moindre atteinte de la serpette qui croissent dans des directions défavora
sur sa tige principale, et doit être pincé plu bles. ( Voy. fig. 27.)
tôt que taillé sur les branches latérales. Fig. 26. Fig. 27.
S II. - Taille en crochet ou de première formation
des tiges. -
nomme aussi plein-vents, sont sortis de la Les espèces cultivées en espalier sont, par
pépinière avant cette 3° taille. mi les fruitiers à noyaux, le pêcher, l'abrico
Dans les jardins de ferme on ne taille guère tier, quelquefois le cerisier et le prunier;—
en pyramide que le poirier, bien rarement le parmi les fruitiers à pépins, le poirier et le
pommier.Plus compliquée que la précédente, pommler. -
cette taille est basée sur des principes dif Si les pyramides donnent des fruits plus
férens. — Loin d'être dénudé de branches à beaux que les plein-vents, les espaliers en
sa partie inférieure, le tronc doit en être gar donnent de plus beaux encore que les pyra
ni du bas en haut, sur toute sa circonférence, mides.
à des distances à peu près régulières, et cal L'année qui suit celle du développement
culées de manière que l'air et la lumière de la greffe, on rabat la tige de l'arbre sur
puissent circuler facilement dans toutes les le 3° ou 4° œil, afin d'obtenir à peu de dis
directions. tance l'une de l'aulre deux branches latérales
Dès l'année du développement de la greffe, qui formeront les ailes (fig. 31). — Si les 4
lorsque la végétation est très-vigoureuse, les bourgeons prennent vie, on pince les 2 moins
épiniéristes en arrêtent une ou même deux bien placés pour donner plus de force aux 2
ois les sommités en les coupant avec les on autreS.
les, afin de transformer en bourgeons, dans L'automne suivant, les arbres sont en état
e cours de la même saison, les yeux qui n'é d'être plantés à demeure.— Si cependant on
taient destinés à en produire que le prin veut les conserver encore en pépinière, ce
temps suivant. — Ils gagnent ainsi un an. — que je suis loin de conseiller, on devra
Dans des circonstances moins favorables, tailler assez court les 2 bourgeons réservés
s'ils ne peuvent pas pincer, ils , taillent sur 2 yeux, l'un supérieur, l'autre inférieur,
pendant l'hiver au-dessus d'un œil bien dé pour obtenir seulement cette seconde an
veloppé qui devra servir de prolongement à née la prolongation de chaque branche mère
la tige mère, et à une hauteur qu'on peut fixer et la naissance d'une première branche se
approximativement de 2 à 4 et 5 décimè condaire inférieure (fig. 32); — une troi
tres (6 à 18 po.), selon que le scion opéré est sième taille donnera la première branche
de la grosseur d'un ſort tuyau de plume ou secondaire supérieure (fig. 33).— C'est ainsi
de celle du petit doigt ( fig. 28). que se formera d'année en année la char
L'année suivante on taille les branches la pente de l'espalier. — Plus de détails sorti
térales plus ou moins longues, selon qu'elles raient de mon sujet (1).
sont placées plus ou moins près du sol(fig.29), Fig. 31. Fig. 32.
et on arrête de nouveau la flèche, sans ja
mais perdre de vue les deux règles suivantes :
1° qu'il faut tailler long un individu vigou
reux, pour éviter le développement d'un trop
† nombre de branches et la croissance
de gourmands presque , toujours nuisibles
dans les arbres soumis à la taille;-2° qu'on
doit au contraire tailler court un individu
>é FIG. 33
\
Fig. 29.
-
Fig. 30.
sèº
On trouvera aux lettres A et B les détails
de la 2° et 3° taille pour une des ailes seule
Iment.
S III.— Du Recepage.
Si par une cause quelconque un jeune tronc
entier était tortueux, grêle ou mal venant, il
faudrait le receper, c'est - à - dire le couper
très-près du sol, afin d'obtenir l'année sui
vante un bourgeon unique qui pût le rem
placer. — Le recepage, dont d'habiles théo
riciens ont voulu trop généraliser les incon
véniens, est à la vérité nuisible à certains ar
bres à bois très-dur, comme le chêne ; à ceux
dont les tiges uniques se régénèrent diffici
lement, comme les pins, et à un moindre de -
gré les érables, les frênes, etc.; mais il est
sans inconvénient pour beaucoup d'autres, et
on a pu remarquer qu'il est le plus souvent
utile pour les végétaux dont les premières
pousses sont maigres et irrégulières, comme
(1) Les personnes qui voudraient se pcrfectionner dans l'art difficile et compliqué de la taille des arbres
fruitiers en général devront consulter l'excellent ouvrage de M. Dalbret, jardinier-chef des écoles de
culture au Jardin des plantes.—Prix : 6 fr. A Paris, chez Rousselon, libraire.
CmIAP. 1^". DES TRANSPLANTATIONS. 13
celles de l'orme, du châtaignier, du tilleul, grand établissement ; mais elle est excel
de l'aubépine, etc. lente.
J'ai vu rabattre au moment même de la Au reste, s'il est parfois nécessaire de
transplantation; mais cette pratique, excepté supprimer entièrement quelques branches,
eut - être dans quelques terrains particu un élagage d'hiver fait avec réserve et dis
ièrement mauvais, ou pour des végétaux cernement n'offre pas à beaucoup près, sur
dont les racines ont été trop mutilées, me les jeunes arbres des pépinières, le danger
parait avoir un double inconvénient.-D'une qu'il † tard sur ceux d'un âge plus
part, les chevelus ne peuvent puiser une †º
et d'un développement plus considé
l"a D16.
1r° annee dans le sol et envoyer au tronc
mutilé qu'une très-faible quantité de sève.
Le but qu'on se propose, d'obtenir une tige SECTIoN vII. — Des transplantations.
droite, vigoureuse, et dans laquelle les vais
seaux séveux puissent prendre une extension Quelques végétaux ligneux d'une moyenne
suffisante pour favoriser ultérieurement les élévation qui doivent être plantés jeunes,
progrès d'une riche végétation, est complète comme ceux qu'on emploie d'ordinaire à la
ment manqué ; — de I'autre, loin de forti formation des haies , des brise-vents , des
fier les racines au moins cette 1"° année, le charmilles, etc., etc., ou qui ont été semés en
recepage arrête au contraire, momentané rayons , à certaines distances les uns des
ment, leur développement en suspendant les autres, peuvent attendre dans le carré des
effets de la sève descendante, de sorte qu'il semis le moment de la transplantation à de
peut nuire à la reprise. meure. Dans la plupart des cas, il est avan
" Le recepage a fréquemment lieu dans les tageux de les repiquer avant cette époque.
épinières forestières. Il serait assez dif
cile de fixer d'une manière précise l'âge au S I°".— Du repiquage.
quel les arbres en profitent le mieux.Je dirai
seulement qu'elle doit être faite lorsque les Comme la transplantation, il comprend
racines ont pris assez de volume pour don trois opérations principales d'un grand inté
ner naissance à une pousse d'un beau déve rêt pour l'avenir des arbres, — l'arrachage,
loppement, mais avant que les tiges aient ac — la préparation ou l'habillage du plant, —
quis un diamètre trop considérable, afin de la nlantation.
· ne pas retarder les effets qu'on veut pro #e doit se faire à jauge ouverte,
duire, et d'éviter que la sève ne se perde en c'est-à-dire en creusant sur l'un des côtés
une multitude de scions qu'il serait indispen du semis une tranchée dont la profondeur
sable de supprimer, à la réserve d'un seul. dépasse quelque peu l'extrémité inférieure
— Selon les circonstances, on pourra donc des racinés, et en minant ensuite le terrain
receper, s'il y a lieu, quelques années après de proche en proche, de manière à soulever
le repiquage ou après la transplantation. — les jeunes plants sans effort et par consé
Dans tous les cas, on choisira le moment où quent sans détruire ou désorganiser les che
la sève est en apparence le plus complète velus.
ment inactive, c'est-à-dire, pour notre climat, J'ai dû parler de la préparation du plant
le mois de janvier. dans la section précédente.
$ IV.— De l'Élagage. Quant à la plantation, elle se fait en rigole
ou au plantoir. — D'après le premier mode
L'élagage, que nous ne devons considérer on creuse au cordeau, au moyen de la bêche
1ci que dans ses rapports avec la culture ſoou du hoyau, une petite fosse d'une profon
deur et d'une largeur proportionnées à la
restière, est, en pareil cas, d'une application
longueur et au volume des racines. On y met
assez restreinte, car il ne s'opère, sur les ar
bres d'alignement, que lorsque ceux-ci ont un à un les jeunes plants en les appuyant
sur la terre † des côtés, et en ayant soin
atteint dans le carré des transplantations un
âge qui permet généralement de les en faire de les espacer également à une distance cal
sortir. — Cette opération n'est qu'une modi culée d'après le temps qu'on veut leur laisser
passer en ce lieu et l'accroissement qu'ils
fication de la taille en crochet à laquelle elle
doivent y prendre. On ouvre ensuite paral
fait suite; son but et sa théorie sont les mê
mes, c'est-à-dire de donner au tronc une di lèlement à la première une seconde rigole,
rection plus droite, et d'augmenter le plus dont la terre est rejetée sur les racines mises
possible son élévation sans nuire à son dé précédemment en place, et on continue ainsi
veloppement en diamètre. dans toute la longueur de la planche ou du
Quand les arbres sont plantés à des dis carré. Il ne reste plus après cette opération
tances convenables, ils filent suffisamment qu'à piétiner le sol pour l'affermir convena
sans qu'on ait besoin de recourir à l'éla blement autour des jeunes arbres.— D'après
gage , et cette circonstance est d'autant la seconde méthode on trace sur le terrain,
plus favorable que divers inconvéniens ac toujours au moyen du cordeau , des lignes
compagnent souveut la suppression des gros équidistantes et parallèles coupées à angle
ses branches. droit par d'autres lignes semblables. A tous
Dans une position différente, on peut en les points de section on fait, au plantoir, un
core rendre l'élagage inutile en pinçant une trou à la fois plus large et plus profond que
ou plusieurs fois, pendant le cours de la belle ne sont volumineuses et longues les racines
saison, les branches qui menacent de s'em qu'il doit recevoir, et après y avoir introduit
porter au détriment de la tige principale. ces racines, on les recouvre et on les com
Une telle pratique a contre elle d'exiger une prime légèrement à l'aide du plantoir ou de
surveillance assez active , difficile dans un la main , de manière à éviter, comme dans
1.1 AGRICULTURE FORESTIERE : PEPINIERES. LIV. V.
le cas précédent, qu'il ne se trouve quelque vera ailleurs développée avec détail, s'étend
vide entre elles et la terre. — Un arrosement aux arbres comme aux autres végétaux. Dans
copieux achève de conduire à ce but et ga les pépinières, ainsi que dans les champs,
rantit le succès de l'opération. elle est la base d'une bonne culture.
C'est après la chute des feuilles, par un Il est des arbres qui possèdent particuliè
temps plus humide que sec, mais lorsque le rement la fâcheuse propriété de rendre le sol
sol n'est pas imbibé d'eau outre mesure et impropre, pendant quelque temps, à la vé
qu'il peut se diviser facilement, qu'on pro gétation, non seulement de leurs congénè
cède au repiquage. Dans les terres humides res, mais de tous autres végétaux ligneux.
et froides on doit parfois le différer jusqu'au — Les cultivateurs, frappés depuis long
f† Dans tous les autres cas, il est temps de la manifestation journalière de
on de le faire de bonne heure en automne, cette vérité, se sont efforcés de l'expliquer
parce que les racines ont le temps de former par les sécrétions des racines ou la décom
de nouveaux chevelus avant l'époque des position, hors de la présence d'une suffisante
gelées. - Ce principe, dont l'importance n'est quantité d'air, de fragmens de ces mêmes ra
as toujours assez sentie, s'applique à toutes cines abandonnées dans la terre après la
es plantations. mort naturelle ou l'arrachage des vieuxtroncs.
$ lI.— De la transplantation. Soit qu'ils aient cru, avec plusieurs chimistes
modernes, aux effets fâcheux d'une fermen
Dans le sens que nous lui donnons ici, c'est tation acide, analogue en quelque sorte à
la plantation des jeunes arbres tirés du carré celle des tourbières, ou, dans d'autres cas,
des repiquages, au moment où, par suite de à ceux d'une réaction particulière de prin
l'accroissement qu'ils ont pris, ils s'y trou cipes astringens ; soit qu'ils aient supposé
vent trop gênés. — A cette époque les arbres † diverses racines dépouillaient plus que
forestiers destinés à former des bois ou des 'autres le sol de l'air et des sucs nourriciers
massifs ont ordinairement atteint l'âge et la nécessaires à la belle végétation des arbres,
grandeur convenables pour être mis définiti toujours ont-ils reconnu que ceux-ci cessent
vement en place, car il est toujours avanta à la longue de prospérer dans les lieux où on
geux de les planter jeunes ; mais ceux qu'on les cultive depuis trop long-temps, et sur
réserve pour la plantation des routes et des tout que les mêmes espèces languissent d'une
avenues doivent séjourner encore dans la manière plus ou moins apparente lorsqu'elles
pépinière. se succèdent plusieurs fois de suite sur le
On les arrache, comme la première fois, à même terrain. La nature nous offre de loin
jauge ouverte. à loin des preuves de la seconde partie de
On prépare leurs racines et on taille leurs cette vérité; la pratique, qui devance, dans
tiges d'après les mêmes principes que lors bien d'autres cas, la théorie, démontre fré
du repiquage. Toutefois, cette seconde opé quemment la seconde.
ration exige, au moins accidentellement " Lors de la destruction d'antiques forêts,
alors, quelques soins particuliers que je crois on a vu le hêtre, le bouleau, le tremble,
avoir indiqués avec des détails suffisans en etc., etc., succéder spontanément aux chê
parlant de la taille de formation et du rece nes. — De vastes étendues de pins et de sa
page. pins, atteints pour la première fois par la
| Enfin, on plante en quinconce à des distan cognée, se couvrent de semis naturels d'ar
ces proportionnées à chaque espèce de végé bres feuillus, tandis que ceux-ci, au con
tal, ni trop près, nitrop loin, afin que l'air et la traire, se trausſorment en semis de pins et
lumière puissent pénétrer dans la plantation, de sapins. -, Plusieurs écrivains français,
mais que, d'un autre côté, les arbres d'aligne anglais et allemands attestent qu'il serait
ment soient forcés de s'élever au lieu de s'é facile de multiplier les exemples analogues.
tendre latéralement plus qu'il ne convient. D'un autre côté, on sait qu'il est parfois
— Dans un sol profondément et complète impossible de faire reprendre un arbre à la
ment ameubli, comme celui des pépinières, place d'un autre arbre mort de maladie, au
il y aurait peu d'avantages à ouvrir des tran moins sans de grandes précautions, quoique
chées continues ; aussi fait - on de simples je puisse dire en passant, à ce sujet, que je
trous au moyen de la bêche, en ayant soin me suis bien trouvé en pareil cas, dans les
de les rendre assez larges pour recevoir les sols argilo-schisteux de l'Anjou, de l'emploi
racines sans contrainte. — On place ensuite d'une certaine quantité de chaux mêlée à la
l'arbre de manière qu'il ne soit pas en terre du trou le plus long-temps possible
terré plus profondément qu'il ne l'était pré avant le moment de la plantation. - On sait
cédemment, et tandis qu'un ouvrier rejette la encore qu'on évite avec grand soin dans
terre en l'émiettant le plus possible, un se maintes localités de faire succéder immédia
cond donne de temps en temps au tronc un tement la vigne au défrichement de taillis
mouvement de va et vient pour la faire encore de chêne ; — dans d'autres, de planter des
mieux pénétrer entre les racines ; puis, lors vergers dans d'anciens vignobles avant d'avoir
que le trou est en partie comblé, il piétine le préalablement refait la terre par, quelques
sol en appuyant d'autant plus ou d'autant années de cultures herbacées; et j'ai vu con
moins fortement que ce même sol est plus stamment, dans le pays dont je viens déjà de
ou moins léger. parler, que, quand on veut transformer des
vignes en pépinières, ce qui arrive frequem
SECTIoN vIII. — Des assolemens dans les ment depuis quelques années aux environs
pépinières. d'Angers, on prend plus rigoureusement en
core les mêmes précautions ; on sème gé
La grande loi des assolemens, qu'on trou néralement des céréales, après avoir conve
CIIAP. 2". ARBREs ET ARBUSTES FoRESTIERS INDIGÊNES. 15
nablement défoncé et labouré le sol. - Si sissent pas aussi bien les uns après les autres.
l'on n'était pas trop pressé par le temps, il — Il en est, comme le chêne, qui paraissent
serait sans nul doute avantageux d'adopter nuire assez généralement aux cultures qui
un assolement de trois ou quatre ans analo leur succèdent;—d'autres, comme l'ormeau,
gue à ceux dont on fait usage sur les défri qui semblent détériorer beaucoup moins le
chemens et dans lesquels l'avoine et les blés sol. - Quelques-uns réussissent assez bien,
alternent avec des racines alimentaires qui même dans les terres usées; — quelques au
exigent de fréquens binages et des buttages. tres ne prospèrent au contraire que dans des
Dans quelques parties de l'Angleterre, d'a terres neuves ou renouvelées, et je connais
près SANG, lorsqu'on veut améliorer le ter tel pépiniériste, habile observateur, qui at
rain appauvri d'une pépinière, au lieu de le tribue surtout à l'application suivie d'une
fumer pour lui confier directement des grai telle remarque le succès complet de ses bou
nes forestières, on profite de l'engrais ré tures de cognassier.
pandu pour obtenir une première récolte de La théorie et l'observation tendent égale
plantes † ou fourrageuses. On a re ment à faire croire que, pour l'assolement
marqué que les féves, les pois,. les Ognons, des pépinières, il est avantageux,comme pour
les † les raves et particulièrement les celui des champs, d'avoir égard aux rapports
laitues, sont en pareils cas les meilleures naturels des végétaux ; — d'éloigner le plus
cultures intercalaires. - La conséquence possible sur le même terrain le retour des
nécessaire de cette excellente coutume est mêmes espèces, des mêmes genres, des mê
d'interrompre de loin à loin la succession mes familles; - de faire succéder les petits
des végétaux ligneux. - - A aux grands arbres ; — les essences à racines
Le même auteur a, je crois, entièrement traçantes à d'autres essences à racines pivo
raison, lorsqu'après avoir recommandé de tantes ; — de changer successivement la des
choisir pour l'emplacement d'une pépinière tination de chaque carré, de manière que
de petite étendue un terrain qui puisse être les transplantations fassent place aux re
partiellement et alternativement occupé par piquages, et ces derniers aux seunis, etc., etc.
des cultures de jeunes arbres et de légumes, Du reste, cette partie de la science du
il ajoute que c'est un moyen à la fois sûr et pépiniériste est encore peu avancée.Je crain
profitable de faire prospérer les unes et les drais de rencontrer trop d'exceptions si je
aulres. cherchais à déduire de faits épars et particu
Dans l'état actuel de nos connaissances, il liers des principes ou trop généraux ou trop
serait difficile de dire précisément quels ar précis. Un ouvrage de pratique doit finir là
bres doivent se succéder de préférence, quoi où commence le doute.
qu'il soit bien démontré que tous ne réus Oscar LECLERC-THoUIN.
La plupart des arbres qui entrent dans la ayant beaucoup de rapport avec les sorbiers
composition des forêts de la France sont à et les poiriers.
peu près connus de tout le monde; aussi · L'ALIzIER commun ou Allouchier (C. aria,
croyons - nous inutile de reproduire la fi Lin.;. en_anglais, Whitebeam-tree; en alle
gure de toutes les espèces. Ce qu'il importe mand, Mehlbeerbaum; en italien, Bagolaro)
surtout à l'agriculteur praticien, c'est d'ap (fig. 34)s'élève dºn# parcs et nos jardins à
prendre quel est le terrain et l'exposition qui *ig. 34.
conviennent à chacune des essences, la ma
nière de les multiplier, l'emploi qu'on peut
faire de leur bois, de leurs feuilles, de leur
écorce, etc.; ce qui sera traité tant dans ce
chapitre que dans les suivans, et dans le livre
consacré aux Arts agricoles.
Les arbres résineux, qui sont appelés peut
être à repeupler les forêts de la France et
à couvrir de leur ombrage une foule de ter
rains vagues, en pente ou aujourd'hui sans
Valeur, seront l'objet de notre attention par
ticulière.
Enfin, un certain nombre des plus beauxar
bres forestiers de l'Amérique septentrionale
et de quelques autres pays, qui pourraient
étre introduits si avantageusement dans notre
économie forestière, seront décrits et F.
figurés
aVeC SO1D. M.
réussit dans les sols les plus arides, ainsi que On peut retirer de son écorce une teinture
dans les lieux humides et marécageux. Son jaune, et de ses fruits du vert de vessie. Cette
bois est nuancé de rouge et d'un grain assez écorce et ces fruits sont purgatifs comme
fin : il prend bien le poli et ne se brise pas ceux du nerprun commun, mais ils ce sont
facilement. Le pied cube sec pese 48 livres. guère employés sous ce rapport, si ne n'est
Il est recherché des menuisiers , des tour par les gens des campagnes.
neurs, des ébénistes et des sabotiers. On as LoIsELEUR-DEsLoNGCHAMPs.
CHAP. 2º, ' ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES, 17
4. BUIS (lat. Buxus; angl. Box-tree; allem.
Buchsbaum; ital. Bosso). - Le BUIs commur Fig. 37.
(B. sempervirens, Lin.)(fig. 36) est un arbris
Fig. 36. seau , toujours
vert. Sa tige, or
dinairement peu
élevée, acquiert
uelquefois un
ort diamètre.Ses
feuilles, ovales et
entières , sont
plus ou moins
grandes suivant
les variétés; on
en connait cinq
ou six : 1° le buis
de Minorque; 2°
le buis arbores
cent, qui croît
naturellement
dans nos forêts ;
3° le buis arbris
seau ; 4° le buis Le bois du charme est blanc, dur, pesant,
hétérophylle; 5° tenace et d'un grain serré; mais son poli est
le buis nain. mat. On ne doit l'employer que lorsqu'il est
Le bois du buis est d'un jaune pâle, d'un très-sec, parce qu'il fait beaucoup de re
tissu serré et compacte. Le piedcube sec pèse trait à la dessiccation. Il est excellent pour
68 livres. Lorsqu'on le met dans l'eau, il va les pièces de charronnage rustiques qui exi
au fond. On fait une grande consommation de gent de la force, † moins élastique
ce bois à St.-Claude, département du Jura ; que le frêne; le pied cube sec pèse 51 liv. i/2.
on en fabrique des grains de chapelets, des Mais il est au 1" rang comme bois de chauf
sifflets, des boutons, des cannelles, des four fage; il s'allume facilement et donne un feu
chettes, des cuillers, des peignes, des taba très-vif.Son charbon est excellent pour les
tières , etc., tellement que cet arbre est de forges, la cuisine et la fabrication de la pou
venu très-rare aux environs de cette ville. dre à canon.
Le bois de buis est excellent pour le chauf Les feuilles de charme, vertes ou sèches,
fage, et ses cendres très-estimées pour les sont un bon fourrage pour les chèvres, les
lessives. Pour le service des fours à chaux, brebis et les vaches ; 3 ou 4 onces de son
il faut près de moitié moins de fagots de buis écorce verte, hachée et cuite pendant une
que de tout autre bois. On en fait aussi main heure et demie dans une pinte d'eau, m'ont
tenant un grand usage † la gravure sur donné, dit Dambourney, une couleur olive
bois. Ses feuilles servent à la litière des trou foncé. Les insectes n'attaquent pas les feuil
peaux et du bétail, et elles deviennent un les du charme , mais les souris rongent et
très-bon engrais. Le buis de nos départe détruisent quelquefois des plantations en
mens méridionaux est plus estimé que celui tières.
du nord de la France, à cause de l'intensité On multiplie le charme de graines, ainsi
de sa couleur et de sa capacité. Il parvient que par la greffe, les drageons et les cou
en même temps à une plus grande élº évation. chages. La graine est 1 an ou 18 mois à le
J'en ai vu dans la forêt de l'Esterel, près dever, de sorte qu'on le propage le plus sou
Fréjus, qui avaient plus de 20 pieds d'élé vent par les jeunes plants enlevés dans les
vation. Quoique cet arbre croisse lentement bois. Pour former une charmille, on met le
et qu'il ne donne des produits que fort plant de 3 à 4 ans à une distance de 6 à 8
tard, sa culture en forêt ne doit pas être né pouces, et même à 1 pied de distance, si la
charmille doit être tenue haute. On tond les
s#.
n le multiplie de graines, de marcottes charmilles 2 fois par an. On a conseillé de
et de boutures. Il aime les terres légères et ne les tondre qu'une fois, au milieu de l'été,
un peu sèches. entre les 2 sèves.
5.CHARME (lat. Carpinus; angl. Hornbeam; Le charme vient assez bien dans tous les
all. Weissbuche; ital. Carpino).— Le CHARME terrains, pourvu qu'ils aient de la profon
commun (C. betulus, Lin.) (fig. 37) a une tige deur. Il préfère les sables un peu frais et les
haute de 40 à 50 pieds; dans les bons terrains terres calcaires qui ont de la fraîcheur. Il
elle parvient quelquefois à 70 pi., sur une cir s'accommode de toutes les expositions et ré
conférence de 5 à 6. Dans les forêts, cet arbre siste aux plus grands vents.
est d'un médiocre intérêt, car il croît lente 6. CHATAIGNIER(lat. Fagus;angl.Spanish
ment, produit moins de bois que le chêne, chesnut; all. Castanienbaum ; ital. Castagno).
et on assure que sa présence est funeste aux (fig. 38).—Le CHATAIGNIER commun (F.casta
bois blancs et même aux bois durs qui l'en nea, Lin.) est un des arbres les plus précieux
tourent ; mais dans les jardins, il contribue de nos forêts par sa hauteur et son port, les
à leur ornement, parce qu'il se prête à tou ualités de son bois, l'abondance et la bonté
tes les formes qu'on veut lui donner; il souf e ses fruits, et la propriété qu'il a de croître
fre la taille à toutes les époques de l'année, dans des sables où beaucoup d'autres arbres
et conserve long-temps ses feuilles vertes. ne donnent qu'une faible végétation, de sorte
AGRICULTURE, IV. —3
18 AGRICULTURE FORESTIÊRE : ARBRES ET ARBUSTES FoRESTIERS. trv. v.
Fig. 38, bois,, parce qu'elles leur fournissent une
excellente nourriture.
On multiplie le châtaignier par ses fruits,
ainsi que par la greffe et par drageons. Les
semis se font en automne ou au printemps.
Lorsqu'on attend cette dernière saison, il
faut savoir conserver les châtaignes et les ga
rantir de la moisissure et des gelées de #
ver; pour cet effet, il faut les placer dans de
grandes caisses dont le fond a été couvert
de paille, et on met successivement un lit de
châtaignes et un lit de paille, jusqu'à ce que
la caisse soit pleine, ou bien on les strati
fie dans du sable. Ce fruit germe pendant
l'hiver, pousse la radicule, et dès que la sai
son le permet, on le retire avec précaution,
afin de ne point endommager cette radicule,
et avec la même précaution on le place dans
des paniers ou sur des claies, afin de le trans
† ne saurait trop le multiplier, surtout porter sur le sol disposé pour le recevoir.
ans les pays vignobles Son bois a beaucoup Il est à propos de placer deux châtaignes
d'analogie avec celui du chêne ; sa couleur dans chaque trou, et dans un moment où la
estun peu moins obscure, et le contact de l'air
terre n'est pas humectée, car les châtaignes
ne la rembrunit pas autant.Il† aVeCmoisissent promptement. Les châtaignes se
le plus grand succès à la charpente, dans la mées en automne doivent être recouvertes
menuiserie, les ouvrages de fente, et il dure d'un à 3 pouces de terre; elles lèvent dès
plusieurs siècles sans s'altérer. Le pied cube le commencement de mai. Lorsqu'on veut
sec pèse 41 à 42 liv. En Italie, on plante le avoir des arbres de haute tige, il faut laisser
châtaignier en taillis qu'on coupe de bonne croître les châtaigniers en massifs et ne pas
heure, et on en fait des soutiens pour les les greffer. On ne doit † que ceux qu'on
vignes; ces échalas durent le double de ceux destine à produire de bonnes châtaignes.
qu'on fait avec tout autre bois. On en fabri 7. CHÊNE (lat. Quercus; angl. Oak ; all.
que aussi des futailles et des tuyaux pour la Eiche ; ital. Quercia). — Les chénes ont été
conduite des eaux souterraines. DUHAMEL dans la plus haute antiquité des objets de
dit qu'il est préférable à tous les autres vénération pour les peuples qui vivaient sous
bois pour faire des cerceaux, surtout pour leur ombrage et se nourrissaient de leurs
les tonneaux placés dans des caves très-hu fruits; plus tard ils ont mérité la préférence
mides. Le châtaignier est peu estimé pour sur les autres arbres, à cause de la force et
le chauffage, il ne donne † de flamme, de l'excellence de leur bois et de la beaute
noircit, et jette des éclats; il se consume vite, de leur feuillage. Tellement qu'il y a environ
de sorte qu'il est peu utile pour les usages cent ans, on ne plantait souvent que des
domestiques. On assure néanmoins qu'il est chênes pour former ou renouveler les fo
fort estimé dans certaines forges, comme en rêts.
Biscaye. On trouve en France plusieurs espèces de
Les châtaignes forment un très-bon pro chênes, et comme elles varient beaucoup
duit, surtout dans les provinces du midi et par leurs feuilles et la grosseur de leurs
du centre de la France. On en cultive un fruits, suivant la nature du terrain, on a
grand nombre de variétés; les plus cstimées, confondu les espèces avec les variétés , ce
celles qu'on nomme marrons, à cause de leur qui n'est pas dangereux en agriculture,
grosseur et d'un ombilic moins grand que pourvu qu'on sache distinguer celles qui
dans les châtaignes, viennent du Luc, petite sont les plus rustiques et dont le bois est de
ville du département du Var. On fait grand meilleure qualité. On divise les chênes en
cas aussi de ceux du Limousin; mais en gé 2 classes : 1° ceux à feuilles caduques ou
néral les châtaignes les plus délicates au qui perdent leurs feuilles en hiver; 2° ceux
goût ne sont pas toujours les † grosses. à feuilles persistantes.
On récolte les châtaignes de différentes ma
nières : la meilleure est celle qui permet de I. Chénes à feuilles caduques.
les conserver en bon état pendant plusieurs
mois de l'année. Il parait qu'on y parvient Le CHENE à glands sessiles,ou rouvre (Q. ro
en les stratifiant avec de la paille ou avec du bur, Lin.)(fig 39), arbre élevé, à écorce lisse
sable, aussitôt qu'elles ont été séparées de dans sa jeunesse, grisâtre et raboteuse lors
leur hérisson ou enveloppe extérieure. Dans qu'il est vieux. Ses feuilles sont oblongues,
le midi et en Corse, on sépare ce fruit de sinuées et à lobes obtus ; ses glands sont ses
toutes ses enveloppes et on le fait sécher; on siles ou sans pétiole. Le chéne noir, de Fon
l'appelle alors châtaignes blanches. On les tainebleau, le chéne à crochets qui a les fruits
mange ensuite cuites dans l'eau. En Corse, on ramassés en bouquet, le chéne des collines,
les réduitaussi en farine pour en faire des ga ne sont que des variétés du chêne rouvre.
lettes nommées la polénta. Les châtaignes Le CHÉNE à glands pédonculés (Q. peduncu
sont en général très-nourrissantes, et dans lata, Hoff. ) acquiert une plus g ande éléva
quelques départemens, les habitans vivent tion et en moins de temps que le chêne rou
· Presqu'uniquement de ce fruit ; les porcs et vre, mais demande un terrain plus profond
\!ous les animaux les recherchent dans les et plus frais que lui. Il en diffère par ses
CHAP, 2". ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 19
Satige, revêtued'une écorcegrise etunie, pré faut avoir soin de les étendre dansune grange,
sente quelquefois un fût de 60 pieds sans au arce qu'elles s'échauffent promptement, et
cune branche ni nœud. J'en ai vu dans quel es remuer au moins une fois par jour. Quand
† parties de la Normandie et dans les lieux elles sont bien ressuyées, on en forme des
rais et montagneux de la Provence, qui tas de 2 ou 3 pieds de haut dans un grenier
avaient de 80 à 100 pieds d'élévation. Il se † puis on les recouvre de paille de
couronne d'une cime large et arrondie. En 'épaisseur d'un pied, pour les préserver de
automne, ses feuilles prennent une teinte la gelée et d'une trop grande dessiccation.
rouge et jaunâtre qui donne à cet arbre une 14. HOUX ( lat. Ilex; angl. Holly; all. Ste
† particulière et très pittoresque. chpalme; ital. Agrifolio)-Le HoUx commun
l forme quelquefois à lui seul, ou mêlé avec (I. aquifolium, Lin.)(fig.48) forme souvent des
le chêne, des forêts d'une grande étendue. Fig. 48.
Son pivot étant moins , long que celui du
chêne et ses branches latérales étant très
nombreuses, il trouve sa nourriture dans
les couches supérieures du terrain, que l'au
tre va chercher à une grande profondeur,
de sorte que leur association est très-avan
tageuse.
e bois de cet arbre est sujet à beaucoup
de retrait par la dessiccation, et, comme il
n'est pas d'une grande force et qu'il a peu
d'élasticité, on ne l'emploie pas à la con
struction de la charpente. Nonobstant cela,
c'est un des arbres les-plus employés aux usa
ges de la vie. On peut en faire des quilles de
vaisseaux et tous les ouvrages sous l'eau. Il
est propre à la monture des fusils de guerre ;
il sert à faire des bateaux d'une seule pièce
pour les petites rivières et les étangs. Il est
préférable à tous les autres pour les rames
des bâtimens de mer. Il fournit de bons bran
cards pour les chaises de poste, des jantes
de roues, des affûts de canon. On en con
struit les planches qui forment l'encaisse
ment des pilotis.Les § les menuisiers
l'emploient journellement. Il est excellent buissons dans nos haies ; mais lorsqu'on le
pour le chauffage, quoiqu'il brûle un peu laisse croître en liberté dans les terrains qui
vite; il est même, sous ce rapport, meilleur lui conviennent et dans les clairières des fo
que le chêne.Son fruit, nommé faine, est bon rêts, il s'élève à 25 ou 30 pieds. On en cultive
pour engraisser les porcs et les dindons ; il plusieurs variétés, les unes distinctes par, la
est très-recherché par les bêtesfauves : mais couleur de leurs fruits, les autres par celles
c'est surtout par l'huile qu'il donne que la de leurs feuilles. Son bois est dur, solide et
culture du hêtre mérite d'être répandue.Cette pesant; il prend la couleur noire mieux
huile est bonne à manger, à faire des fritures, qu'aucun autre, parce que le grain en est fin
et on la brûle dans les lampes.Elle a la pro et serré. Les ébénistes en font de très-beaux
priété de se conserver pendant plusieurs meubles; on en fabrique des manches d'ou
tils, des alluchons, des engrenages de roues,
années et même de s'améliorer, si, après l'a
voir clarifiée, on la renferme dans des crudes verges de fléau à battre le blé, et plusieurs
ches bien lutées, que l'on enterre dans le ouvrages de tour. Le pied cube sec pése 47 à
sable à la cave. On prétend qu'elle occasione 48 livres. -
des pesanteurs de tête et d'estomac lors Les jeunes branches sont très-souples; on
qu'elle est fraîche. Pour avoir de la bonne en fait des houssines et des manches de fouet.
huile de faîne, il faut ramasser ce fruit à me C'est avec l'écorce de cet arbre qu'on fait la
sure qu'il tombe, le mettre dans une cham meilleure glu pour prendre les oiseaux.
bre bien aérée, et ne pas l'entasser, de crainte Les fruits du houx sont purgatifs, on les
qu'il ne s'échauffe. Lorsqu'il est bien sec, regarde même comme vénéneux pris en
on le dépouille de sa peau et on le broie pour rande quatité,les oiseaux néanmoins,surtout
en exprimer l'huile. Les tourteaux donnés es grives, en font leur principale nourriture
aux vaches, aux cochons, à la volaille, les pendant l'hiver; c'est pourquoi il est à pro
engraissent promptement. pos de planter des houx dans les remises.
e hêtre se plaît dans presque tous les ter M. RoUssEAU a découvert que ses feuilles
rains, pourvu qu'ils aient un pied et demi jouissent de propriétés fabrifuges très-mar
à 2 pieds de fond. Il est beaucoup plus beau quées qu'elles doivent à un principe amer
dans une argile fraîche, mêlée de terre végé nommé ilicine. On le multiplie facilement
tale. Les fonds très-humides et marécageux par ses graines ou par les jeunes pieds qu'on
ne lui conviennent pas. Il aime les plaines et arrache dans les " bois. Il est peu délicat
le penchant des montagnes exposées au nord ; sur la nature du terrain, mais il préfère
il y parvient à une grande élévation. On mul les coteaux et les fentes des rochers ex
tiplie le hêtre par le semis des faînes en au osés au nord et à l'ombre des grands ar
tomne, lorsqu'elles tombent d'elles-mêmes. †
Quand on veut en former des haies,
Si on ne veut les semer qu'au printemps, il il est plus avantageux de le semer en
AGRICULTURE, IV.— 4
26 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIV, V.
lace; ces haies, conduites avec soin, sont est doux, facile à travailler, et prend un beau
es plus durables qu'on puisse faire, car poli. Il est recherché par les tourneurs, les
on en cite qui ont plus de 2 siècles et qui sont ébénistes et les menuisiers. En le mettant
encore en bon état. dans l'eau de chaux pendant 30 à 40 heures,
15. MARRONNIER(lat. Esculus; angl. Hor on lui donne une belle couleur rouge brun,
sechesnut;all. Rossk astanie; ital.Ippocastano) qu'il conserve long-temps; on le polit en
fig.49.—Le MARRoNNIER d'Inde ou l'Hippoca suite, et il peut rivaliser avec plusieurs bois
Fig. 49. exotiques. Le merisier élevé dans les forêts,
et ayant acquis ses plus fortes dimensions,
est employé comme bois de charpente; il sert
à faire des planches, des douves de tonneaux,
qui passent pour donner un goût agréable au
vin qu'on y renferme ; il sert aussi comme
bois de chauffage, et produit un charbon es
timé. Dans les chantiers de bois, il ne se con
serve pas long-temps. # du merisier est
fort estimé ; il est céphalique, apéritif et
agréable au goût. L'eau distillée des merises
noires sert à faire différentes liqueurs.
Cet arbre se multiplie de graines, ainsi que
par la greffe. On préfère le propager de
plants, qu'on trouve en abondance dans les
forêts. L'utilité de son bois et de ses fruits
mérite qu'on le cultive dans nos forêts; il est
alors convenable d'en semer les fruits ; on
aura des arbres toujours † élevés et plus
vigoureux. Il parait que la variété à fruits
rouges est préférable à celle dont les fruits
sont noirs, parce que les arbres qui en pro
stane (E. hippocastanum, Lin.) est un des plus viennent sont plus élevés et deviennent plus
beaux arbres de la nature, lorsqu'il est cou gros. Dans tous les cas, on sème les fruits
vert de ses innombrables panaches de fleurs ; après la récolte, et si l'on est forcé de diffé
mais on ne lui a encore reconnu aucune pro rer le semis, on les conserve pendant l'hiver,
en les stratifiant avec du sable. On choisit
riété capable de le faire rechercher pour
es usages de la vie. Son bois est mou et de our faire les semis une terre légère et bien
peu de valeur : on assure néanmoins qu'é abourée, et on les recouvre d'un pouce de
tant employé à faire des conduits d'eau sou terre au plus. Les jeunes merisiers lèvent au
terrains, il dure plus long-temps que ceux printemps; il faut avoir soin de les débarras
de beaucoup d'autres bois plus durs. On en ser des mauvaises herbes. Au bout d'un an,
fait des voliges, des planches pour les caisses ils sont en état d'être transplantés en pépi
d'emballage. Ses fruits pelés, desséchés et ré nière. En janvier et février, on met les plants
duits en farine, servent à faire une assez à 2 pieds de distance, en ayant soin de con
bonne colle ; on assure qu'ils donnent une server les pivots, surtout pour ceux qu'on
assez grande quantité de potasse.Le meilleur destine aux forêts. La plantation à demeure
se fait au bout de 2 ou 3 ans et à 3 ou 4 pieds
emploi qu'on puisse en faire, c'est de les de distance en tous sens, ou entremêlés avec
donner aux chèvres et aux moutons, qui les
mangent sans aucune répugnance. On peut des chênes, des hêtres, etc.; ils n'en viendront
les ramasser en quantité et les conserver alors que mieux. Cet arbre croît bien dans
pour le chauffage, ils donnent beaucoup de les forêts et à l'ombre des plus grands ar
chaleur. On multiplie cet arbre en semant, bres, mais il est encore †
beau en plein
au printemps, des marrons qu'on a eu la air. Suivant DUHAMEL, il pourrait servir à
précaution de conserver dans du sable pen faire de belles avenues dans les champs
dant l'hiver; il vient bien dans presque tous comme sur les grandes routes. Cet arbre se
les terrains et toutes les situations, mais il plaît dans les pays de montagnes, sur les
préfère une terre un peu humide, mais non coteaux élevés, dans les terrains calcaires,
marécageuse, car il y périrait. légers et même sablonneux ; il ne craint que
16. MERISIER ( lat. Prunus; angl. White les terres trop humides ou argileuses.
cherry; all. Vogelkirschbaum : ital. Wiscio 17. MICOCOULlER (lat.Celtis).—Le MIco
la, ou Ciriegio selvaggio). —Le MERISIER (P. coULIER de Provence(C. australis,Lin.)( fig. 50)
avium, Lin. ) est un arbre élevé de 30 à est un arbre indigène à la France méridionale
40 pieds. Sa tige est couverte d'une écorce et à l'Italie.Sa tige,unie et grisâtre dans la jeu
lisse, blanchâtre, avec une teinte rougeâtre ; nesse de l'arbre, noirâtre et raboteuse lors
elle est formée de plusieurs couches que # est vieux, s'élève de 40 à 60 pieds. Son
l'on peut enlever , séparément. Quelques · bois est compacte, liant, et tellement souple,
personnes le considèrent comme le type de qu'une branche de 5 à 6 pieds de long, sur
un pouce de diamètre, peut former le cercle
toutes les variétés de cerises cultivées. Au
trefois on en réservait beaucoup dans les avant de se rompre; le pied cube pèse sec 70
coupes des forêts, suivant l'ordonnance de livres. Il présente de grands avantages pour
1669, trop même ; dans ces derniers temps, la menuiserie, pour la marqueterie et la fa
on est tombé dans un excès contraire. Le brication des meubles. Coupé obliquement à
bois du merisier est ferme, roussâtre, dur et ses fibres, il imite assez bien le bois satiné.
serré. Le pied cube sec pèse 54 à 55 livres. Il A Sauve, département du Gard, sept arpens
CHAP. 2°. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGENES. 27
Fig. 52. ,
d'homme; mais le bois en est généralement ble par la profondeur des dentelures de ses
plus estimé que celui des peupliers et des feuilles, qui font paraître ces dernières
saules. A 10 et 20 lieues de Paris, un aune comme si elles étaient pinnatifides.
de la grosseur que nous venons de dire, peut On trouve encoré en France et dans le midi
valoir 15 à 20 francs. de l'Europe 3 autres espèces d'aunes connues
La plus grande longévité de l'aune passe des botanistes sous les noms d'A. cordata, A.
our.être de 60 ans; mais souvent, dit-on, il incana, et A. viridis; mais ces espèces n'étant
ui arrive à cet âge d'être gâté dans son inté pas généralement répandues, il nous suffira
rieur; il y a donc de l'avantage à le couper de les avoir indiquées.
lus tôt; cependantil ne faut pas non plus l'a 26. FRÈNE (lat. Fraxinus; angl. Ash, all.
attre trop jeune, car alors il n'a pas assez Esche; ital. Frassino).-Les frénes appartien
de valeur. Ainsi, lorsqu'un aune de 4 pieds nent à la famille des Jasminées, et sont pour
de circonférence vaut 20 francs , un autre la plupart de grands arbres à feuilles ailées
arbre de la même espèce qui n'aura que avec impaire, à fleurs hermaphrodites ou po
3 pieds vaudra à peine 10 francs. † sur le même individu ou sur des in
Les souches de l'aune repoussent, après ividus différens,- L'ovaire, dans les fleurs
que leur tronc a été abattu, un grand nom femelles , devient une capsule plane, ovale
bre de rejetons qui, dès la fin de la 1" année, oplongue, surmontée d'une aile mince, à une
s'élèvent à 5 ou 6 pieds. A la 2° ou à la 3°, il lºge qui ne s'ouvre point et ne renferme
est bon de dégarnir ces souches de tous les qû'une seule graine. Les botanistes comptent
menus brins qui n'ont pas assez de vigueur, environ 40 espèces de frênes, dont plus des
et de ne laisser sur chacune que 6 à 8 des 3/4 croissent dans le Nouveau-Monde. Parmi
nouvelles tiges les mieux venant. Ces jeunes les espèces de l'ancien continent nous citerons
aunes seront bons, à 7 ou 8 ans, pour faire seulement l'espèce suivante.
des gaules qui se vendent aux tourneurs Le FRENE élevé (F. excelsior, Lin.)(fig.58)
quand elles ont 7 à 8 pouces de tour à hau Fig. 58.
teur d'homme, et 18 à 20 pieds d'élévation
totale. Alors on ne laisse sur chaque souche
que la tige la plus belle, ou tout au plus 2
lorsque l'espace le permet. Par la suite, ces
arbres s'émondent tous les 4 ans et donnent
de bonnes bourrées.
En taillis, les aunes peuvent être coupés ré
gulièrement tous les 7 à 8 ans, et les perches
ou gaules très-droites qu'ils fournissent ser
vent aux tourneurs pour faire des échelles,
des chaises et des bois de lits grossiers, des
manches à balais, des échalas, des râteaux
pour les foins. Ces perches servent encore à
étendre le linge ; un peu plus grosses et plus
fortes, les maçons les emploient pour sou
tenir leurs échafaudages.
Le bois du corps des arbres sert à faire de la
charpente légère dans l'intérieur des bâti
mens, des corps de pompes, des conduits
† les eaux, des pilotis qui durent aussi
ong-temps que ceux de chêne, pourvu qu'ils
soient toujours dans l'eau ou dans la glaise
très-humide. Enfin, on en fait aussi des sa- .
bots, des semelles et des talons pour les chaus
sures. Quoique le grain de ce bois soit ho
mogène et que ses pores soient peu apparens,
conime il est mou, on s'en sert peu en menui est un arbre de haute futaie qui s'élève à 8 »
serie. Il est naturellement d'un rougeâtre pieds et plus; ses rameaux sont lisses, d'un
clair, et il prend bien le noir, ce qui le fait vert cendré, chargés de feuilles grandes, op
employer pour des ouvrages d'ébénisterie posées, composées de 11 à 13 folioles ovales
COII1IIlU1I16º. - -
ieuse; le F. à bois jaspé, à écorce rayée de Le bois de frêne est blanc, veiné longitu
jaune; le F. doré, dans lequel elle,est d'un dinalement, assez dur, liant et très-élastique.
jaune assez foncé; le F. horizontal, remar On l'emploie pour un grand nombre d'ou
quable parce que ses branches s'étendent vrages; on en fait toutes les grandes pièces
horizontalement; le F. parasol ou pleureur, de charronnage qui ont besoin d'avoir beau
dans lequel elles sont pendantes vers la terre; coup de ressort, comme les brancards et li
le F. à feuilles déchirées, le F. à feuilles pa mons de voitures de toutes sortes. Les tour
nachées de blanc; et enfin, le F. à feuilles IneUlrS eIl fabriquent des échelles, des chaises,
simples. Toutes ces variétés se greffent sur des manches d'outils, des queues de billard.
le frêne élevé ou commun, et elles se plan On en fait des cercles pour les cuves et les
tent comme arbres d'ornement dans les parcs tonneaux. Les ébénistes recherchent les ar
et les jardins paysagers. bres chargés de nœuds, dont le bois offre des
La voie des semis est le moyen qu'on em veines d'un effet agréable, et ils s'en servent
ploie le plus souvent pour multiplier le frêne. pour fabriquer différentes sortes de meubles
Ses graines se sèment en automne ou à la qui peuvent rivaliser avec les plus beaux
fin de l'hiver, dans un terrain convenable bois étrangers. Le défaut du frêne est d'être
ment préparé et un peu ombragé. Le jeunë sujet à la vermoulure; c'est ce qui empêche
plant est bon à être relevé à la fin de la 1° de le faire entrer dans les pièces de char
année et mieux de la 2°, pour être mis en pente. Employé pour le foyer, il chauffe bien
p† à 2 ou 3 pieds de distance l'un de et fournit de bon charbon; fraîchement cou
'autre, et où il reste jusqu'à ce que chaque # il brûle mieux que
ois dans le même cas.
beaucoup. d'autres
arbre soit assez fort pour être mis en place, -
ce qui arrive vers la 6° année du semis. En 27. PEUPLIER (lat. Populus; ang. Poplar;
plantant les frênes à demeure, on ne doit ja all. Pappel; ital. # ).- Les Peupliers ap
mais les étêter ainsi qu'on fait pour plusieurs partiennent à la famille des Amentacées : ce
arbres, parce qu'ils réparent difficilement la sont de grands arbres à feuilles alternes, plus
perte de leur bourgeon terminal. Le frêne ou moins en cœur, ou presque triangulaires,
ne reprend point de boutures, et les mar ou ovales-oblongues, plus ou moins dentées
cottes qu'on en fait ne s'enracinent que dif sur leurs bords, portées par des pétioles assez
ficilement. longs, le plus souvent comprimés sur les cô
Le frêne croît assez lentement, un peu tés, principalement dans leur † supé
moins cependant que le chêne, et il est sus rieure, ce qui fait que leur feuillage est agité
ceptible de prendre de grandes dimensions ; par le moindre vent. Leurs fleurs, qui se
DE PERTHUIs cite un de ces arbres, de l'âge développent toujours avant les feuilles, sont
d'environ 150 ans, qui avait 9 pieds de tour, disposées en chatons alongés et ont les sexes
60 de tige et 95 de hauteur totale. Nous en séparés sur des individus différens. Le fruit
avons vu un, l'an dernier, dans le parc de est une capsule à 2 loges, renfermant cha
Saint Cloud, qui avait au moins les mêmes cune plusieurs graines surmontées d'une
dimensions; un tel arbre, au prix où est le houpe cotonneuse.
bois maintenant, doit valoir 250 à 300 francs. On connaît une vingtaine d'espèces de ce
On plante le frêne dans les haies et en ave † parmi lesquelles six sont indigènes de
nues, mais rarement dans les lieux d'agré Europe; presque toutes les autres appar
ment, à cause de l'inconvénient qu'il a d'être tiennent à l'Amérique septentrionale, et la
souvent entièrement dépouillé de ses feuilles lupart sont cultivées depuis plus ou moins
par les cantharides. Ces mêmes feuilles sont ong-temps. Nous allons énumérer les plus
† pour l'homme, ce qui n'empêche COIlIlU162S.
pas les bestiaux et les chevaux de les brou PEUPLIER blanc, vulgairement Blanc de
ier avec avidité ; aussi dans quelques can Hollande, Ypréau (P. alba, Lin.). Ses feuilles
tons on les fait sécher pour les employer à SOnt † longues que larges, découpées en 3
la nourriture de ces animaux pendant l'hi ou 5 lobes peu profonds, inégalement den
ver. Au printemps, ces mêmes feuilles, dans tées, glabres et d'un vert assez foncé en des
leur jeunesse, sont un aliment dangereux sus, revêtues en dessous, ainsi que les jeunes
pour ces mêmes animaux; elles leur cau rameaux, d'un duvet cotonneux et blanc.Ses
sent une maladie désignée dans les cam fleurs, qui paraissent avant les feuilles, for
pagnes sous le nom de mal de brout, mal de ment des chatons oblongs, qui sortent de
jet de bois, mal de bois chaud, etc.; c'est une bourgeons bruns, écailleux; les mâles sont
violente inflammation de l'appareil digestif à 8 étamines.
et qui est souvent mortelle. Les jeunes bour PEUPLIER grisâtre,vulgairement Grisaille
geons du chêne, et peut-être de plusieurs (P. canescens,Smith)(fig 59). Cette espèce dif
autres arbres, peuvent causer les mêmes fère de la précédente par ses feuilles plus pe
accidens. En Angleterre, les gens du peu tites,non distinctement lobées,seulement iné
ple font confire les jeunes fruits du frêne alement dentées, dont le duvet inférieur est
dans le vinaigre, et s'en servent comme as plutôt grisâtre que blanc, et par ses chatons
saisonnement. Son écorce, avant la décou qui sont plus lâches, composés d'écailles très
Yerte du quinquina, était employée comme velues. Ces 2 arbres croissent naturellement
fébrifuge. C'est des incisions pratiquées à en France, et se trouvent surtout dans les
l'écorce de deux frênes naturels # la Calabre. terrains frais et un peu humides. Le premier
Le F. oRNUs ou Fréne à fleurs, et le F. rotun s'élève à une grande hauteur, à 80 ou 100 Pi ;
dyolia ou à feuilles rondes, que découle la le deuxième reste toujours plus bas. 2
-
- cHAP. 2. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 35
PEUPLIER tremble, ou simplement Trem même hauteur que la précédente, et ses feuil
ble (P. tremula, Lin.). Ses féuilles, sur les les ont à peu près la même forme; mais elles
jeunes pousses, sont en cœur, finement den sont en général moins grandes, et les chatons
tées, pubescentes ainsi que les rameaux qui femelles sont plus longs que dans aucune des
les portent; sur les branches plus âgées, au espèces précédentes. Depuis bien des années,
contraire, les feuilles sont arrondies, gla on le cultive en Europe. C'est à tort que dans
bres et bordés de grosses dents. Cet arbre quelques cantons on l'appelle Peuplier de Ca
croît dans les lieux un peu humides des bois ; roline ou Carolin.
il s'élève à 50 ou 60 pieds. PEUPLIER baumier(P.balsamifera,Lin.)(fig.
PEUPLIER d'Athènes (P. graeca, Wild.). Ses 61).Cette espèce est remarquable par ses bour
feuilles sont en cœur, légèrement et finement
dentées, glabres ainsi que les rameaux, d'un Fig. 61.
vert un peu glauque. Cette espèce croît na
turellement en Grèce et dans les îles de l'Ar
chipel ; on la cultive plutôt comme arbre
d'ornement que de rapport; elle ne s'élève
guère à plus de 50 pi.; on la multiplie en la
greffant sur une des espèces précédentes.
PEUPLIER noir, vulgairement Peuplier franc
(P. nigra, Lin.). Cet arbre s'élève à 80 pieds
d'élévation et plus; ses feuilles sont presque
triangulaires, crénelées en leurs bords, gla
bres et d'un vert gai, portées sur des ra
meaux cylindriques, † étalés ; les cha
tons mâles sont grêles. Cette espèce croît
dans les terrains humides et sur les bords
des eaux.
PEUPLIER pyramidal, d'Italie ou de Lom
bardie ( P. fastigiata, Poir.). Cette espèce
ressemble à la précédente par son feuillage
et sa floraison; mais elle s'en distingue faci
lement † son tronc toujours très-droit, et
par ses branches et ses rameaux effilés, ser
rés contre les tiges, de manière à former une
longue pyramide.Cet arbre s'élève à 100 pi.
et plus; il nous est venu d'Italie, et paraît
originaire du Levant.
PEUPLIER du Canada(P. Canadensis, Mich.). geons enduits d'une sorte de résine jaunâtre,
Ses feuilles sont grandes, en cœur, glabres, abondante et d'une odeur balsamique agréa
crénelées en leurs bords, portées sur des ra ble.Ses feuilles, portées sur des pétioles ar
meaux cannelés. Son tronc s'élève à 70 ou 80
rondis dans toute leur longueur, sont ovales
pieds. Cet arbre est originaire du Canada et lancéolées, dentées, d'un vert un peu foncé
des parties septentrionales des Etats-Unis ; en dessus, réticulées et blanchâtres en des
depuis long-temps il est commun en Europe. sous, mais non cotonneuses. Ce peuplier est
PEUPLIER de Virginie ou Suisse (P. monilife originaire du Canada, où il s'élève à 80 pieds
36 AGRICULTURE FORESTIÊRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIv. v.
de hauteur; on le cultive en France depuis nada; aussi, à mesure que ces dernières es.
assez long-temps, mais plutôt comme arbre pèces se répandent, le peuplier noir devient.
, d'ornement que de grande culture. il plus rare. Cependant il vaut mieux qu'eux
Quant aux usages et # des peu dirigé en tétards.
liers et à leur culture, le Peuplter blanc a Son bois aussi est de meilleure qualité; on
f§ de croître rapidement et de venir en fait communément des sabots, de la volige;
presque également bien dans les terrains hu les charpentiers des campagnes l'emploient
mides, comme dans ceux qui sont plus secs. uelquefois pour les pièces de l'intérieur
Cependant c'est sur les bords des eaux et es maisons, en place de celui de chêne. Les
dans les fonds naturellement frais qu'il ac menuisiers s'en servent, par la même rai
quiert les plus belles proportions. Il n'est son, pour faire des ouvrages de toutes sortes,
pas rare, dans ces circonstances favorables, comme portes, volets, boiseries, planchers,
de voir des arbres de cette espèce avoir, à 60 châssis, tablettes, etc.
ou 70 ans, 10 pi. de tour à hauteur d'homme, On pourrait multiplier cet arbre de graines,
sur 80 à 100 pi. d'élévation; et quand un de mais l'extrême facilité avec laquelle il re
ces arbres a acquis de telles dimensions, sa rend de boutures fait qu'on néglige tous
valeur est de 100 à 150 fr. lorsque son tronc es aulres moyens, et communément les bou
est parfaitement sain ; mais rarement lui tures ne se font qu'avec des branches de 5
laisse-t-on acquérir une telle valeur; le plus à 6 ans, ayant 9 à 10 pieds de hauteur, et 6
souvent on l'abat quand il a seulement 5 à 7 pouces de tour par le bas. On aiguise ces
à 6 pieds de circonférence, et il ne vaut guère grosses boutures, appelées plançons, par le
alors que le quart du prix auquel nous l'a ros bout, à peu près en bec de flûte, et on
vons évalué. Le peuplier blanc se # es plante à demeure sur les bords des prés
de graines, de rejetons et de marcottes; il re humides et le long des rivières ou fossés
prend très-difficilement de boutures; mais d'irrigation, dans des trous de 15 à 20 pouces
comme il produit d'ailleurs d'abondans re de † et préparés seulement avec
jetons, c'est presque toujours par ce dernier un fort pieu de fer. Ces plançons doivent être
moyen qu'on le propage. De toutes les espè solidement fixés en foulant la terre à leur
ces de ce genre, c'est celle dont le bois est le pied, et encore en les butant, afin qu'ils ne
plus estimé. Ce bois est blanc, léger, homo soient ébranlés ni par les vents ni par les
gène;il setravaille bien et prendun beau poli ; bestiaux : on peut les planter depuis † mois
mais il est un peu mou et d'une médiocre so de novembre jusqu'en mars; il y en a or
lidité. Les charpentiers, dans les campagnes, dinairement fort peu qui manquent de re
emploient les plus grosses pièces pour pou prendre.
tres et solives; les sabotiers en fabriquent Le Peuplier pyramidal ou d'Italie vient
des sabots; les menuisiers le font refendre mieux dans les terrains gras et humides que
en planches pour en faire des armoires, des partout ailleurs; cependant il croît encoreas
boiseries, des portes, des tables ; à Paris les sez bien dans les terres légères et sablonneu
ebénistes en emploient beaucoup pour la ses,pourvu qu'elles ne soient pas trop sèches.
carcasse des meubles qu'ils plaquent en aca On en plante beaucoup comme arbre d'orne
jou. Il y a quelques années, on faisait, à ment; la forme pyramidale et régulière que
aris, des chapeaux de femmes avec de fines prennent ses tiges le rend très-propre à
lanières de ce bois artistement tissées, et qui former des rideaux de verdure, et à faire de
avaient presque l'aspect des chapeaux de belles avenues devant les châteaux et les
paille. maisons de campagne.On ne le multiplie que
Les bestiaux, surtout les chèvres et les de boutures, parce que jusqu'à présent on
moutons, broutent volontiers les feuilles du n'en connaît que l'individu mâle.On en plante
peuplier blanc. On a essayé de faire du pa aujourd'hui beaucoup comme arbre de rap
pier et même des toiles avec l'espèce de co † parce qu'il croît avec rapidité. Il est
ton dont ses † sont chargées; mais ces on à abattre depuis 20 jusqu'à 30 ans. Son
essais ont été assez promptement abandon bois est moins solide et plus léger que celui
I16S.
du peuplier noir; on l'emploie à peu près
Ce que nous venons de dire sur le peuplier aux mèmes usages; il est surtout propre, à
blanc peut en grande partie s'appliquer au cause de sa légèreté, pour faire des caisses
peuplier grisâtre et au tremble; seulement d'emballage ; aussi les layetiers de Paris en
ces 2 derniers arbres sont sous tous les rap font-ils une grande consommation.
orts inférieurs en qualité et de moindre va La manière de multiplier le Peuplier de
eur. Les menues branches de tous ces arbres Canada, celui de Virginie et le baumier, est
servent dans les campagnes au chauffage des la même que pour l'espèce précédente. Ce
fours et des foyers que nous pourrions dire aussi sur la crois
Le Peuplier noir acquiert une grande élé sance de ces trois arbres, surtout des deux
vation, lorsqu'il croît dans les lieux humides premiers, ou sur les qualités de leur bois,
et sur les bords des rivières ou fossés aqua aurait également beaucoup de rapport avec
tiques, et surtout lorsqu'on a soin de l'émon ce qui a été dit du Peuplier d'Italie.
der tous les 3 à 4 ans, en en retranchant tou
Au reste, de tous les peupliers, celui qui
tes les branches latérales, dont on fait, dans croît le plus rapidement est le véritable Peu
les campagnes, des bourrées qui servent à plier de Caroline, Populus angulata, Wild.
brûler. Il vient mal au contraire dans les dont nous n'avons point parlé, parce que cet
terrains secs, et sa végétation y est presque arbre est très-sujet à geler dans le climat de
toujours languissante. Dans les meilleures Paris, et parce que son bois est si tendre qu'il
situations, il croît plus lentement que le peu ne saurait être employé utilement. UI1 de
plier d'Italie, le P. deVirginie et celui du Ca ces arbres, chez M. Audibert, de Tonelle,
CHAP. 2. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 37
près Tarascon, avait 6 pieds de tour à l'âge les, larges de 10 à 12 pouces, sont seulement
de 12 ans. inégalement dentées, mais non découpées en
28. PLATANE (lat, Platanus).-Les plata lobes distincts.
nes sont de † arbres, de la famille des Toutes ces espèces ou variétés sont sus
Amentacées, à feuilles alternes, découpées en ceptibles de s'élever à une grande hauteur,
lobes plus ou moins profonds ; leurs fleurs, à 80 et 100 pieds, et leur tronc peut acquérir
de peu d'apparence, sont unisexuelles, dispo avec les années une grosseur colossale.
sées sur le même individu en chatons arrondis, . Le platane d'Orient est aujourd'hui assez
pendans; aux femelles succèdent des graines rare en France, surtout dans le nord; la
oblongues, réunies un grand nombre ensem cause qui a fait disparaître dans cette par
ble, en paquets globuleux, à peu près de la tie de # Prance tous les platanes d'Orient,
grosseur d'un marron ordinaire. Les fleurs est une gelée tardive qui arriva il y à quel
paraissent à la fin d'avril ou au commence ques années, et qui fit périr tous ces arbres.
ment de mai. Depuis ce temps, on ne trouve plus à Paris
On trouve, dans les livres de botanique, et dans ses environs que le platane d'Occi
quatre espèces indiquées dans ce genre; mais dent et ses variétés P. acerifolia et P. cu
nous croyons qu'il n'en renferme réellement neata. Dans le midi de la France même, le
que deux , savoir : le PLATANE d'Orient platane d'Orient est assez rare; celui d'Occi
(P. Orientalis, Lin. ), espèce très-ancienne dent, au contraire, ne paraît pas craindre le
ment connue, que les Romains transplantè froid, et nous engageons les propriétaires à
rent en Italie, et le PLATANE d'Occident (P. lanter ce bel arbre beaucoup plus qu'on ne
Occidentalis, Lin. ) ( fig. 62), apporté de l'A 'a fait jusqu'à présent : sa croissance rapide
mérique septentrionale en Angleterre, vers et l'utilité de son bois ne peuvent que leur
1640 en rendre la plantation avantageuse.
Fig. 62. Il faut aux platanes un terrain gras, un peu
humide et qui ait beaucoup de fond; ils se
plaisent surtout dans le voisinage des eaux
et des rivières ; c'est là qu'ils acquièrent les
plus belles dimensions.
Les platanes se multiplient de graines, de
marcottes et de boutures. C'est à la fin de
l'hiver ou au plus tard au commencement du
printemps qu'il faut en semer les graines,
dans une bonne terre bien meuble et amen
dée avec du terreau très - consommé. Le
# semis craint le froid, surtout pendant
e 1" hiver, et l'on doit le préserver des for
tes gelées en le couvrant avec de la paille ou
des feuilles sèches. Le platane venu de graine
n'a que 6 pouces à un pied de hauteur à l'au
tomne de sa 1*° année, et ce n'est, lors
qu'il a reçu les soins convenables en pépi
mière, qu'au bout de 6 à 7 ans qu'il est bon à
être mis en place. La lenteur des semis fait
qu'on préfère dans les pépinières multiplier
les platanes par marcottes, lesquelles en
moitié moins de temps font des arbres bons
à être transplantés partout où l'on veut les
placer. Les boutures faites de petits ra
meaux reprennent facilement si on a soin
de leur donner des arrosemens; mais elles
La 1"° espèce se distingue de la 2°, par ses croissent plus lentement que les marcottes.
feuilles toujours découpées en lobes assez Cependant la facilité avec laquelle repren
profonds, bordés de dents grandes et irrégu nent les boutures ordinaires a fait essayer
lières.Elle ne paraît encore avoir produit au de planter des plançons ou plantards de pla
cune variété, parce que, jusqu'à présent, elle tane de la grosseur dont on fait ordinaire
n'a jamais été propagée que par boutures. ment ceux de saule et de peuplier, et ces
La 2°, au contraire, qui a été fréquemment plançons ont bien réussi toutes les fois qu'ils
multipliée par ses semences, a produit plu ont été placés sur le bord d'une rivière ou
sieurs variétés qu'on distingue de la première d'un fossé d'irrigation, et elles ont formé de
espèce, en ce que les lobes de leurs feuilles beaux arbres en peu de temps.
sont moins profonds et moins dentés, et que L'usage le plus fréquent qu'on fasse des
leur limbe se prolonge souvent sur le pé latanes, c'est de les planter en avenue, où
tiole. Dans la v§ Platanus cuneata, ils doivent être espacés de 18 ou 20 pieds les
les feuilles n'ont que 3 lobes, et elles sont cu uns des autres. Ces arbres produisent, par
néiformes à leur base. Le P. acerifolia, autre leur large et beau feuillage, un très-bon ef
variété, a toutes ses feuilles à 5 lobes qui pé fet dans les promenades publiques, où ils
nètrent jusqu'à la moitié du limbe. En géné donnent une ombre agréable. On peut les
ral, les feuilles du platane d'Occident pa tailler au croissant, ainsi que l'on fait de
raissent être très-sujettes à varier dans leurs l'orme et du tilleul. En bordures dans les
découpures; la plus belle variété est celle qui prairies situées sur les bords des rivières,
a été nommée P. macrophylla, dont les feuil ils supportent d'être émondés tous les 4 à 5
38 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIv. v.
ans, et ils donnent alors de bons fagots pour et dans les lieux humides des bois et des mon
le chauffage. tagnes; le plus grand nombre appartient aux
On a proposé de planter les platanes pour climats tempérés ou septentrionaux de l'Eu
faire des taillis, et quelques essais ont prouvé rope.
l'avantage qu'on en pourrait tirer. Ces taillis
poussent avec † de rapidité, lors 'I. Espèces dont les feuilles sont en général
qu'ils ont été coupés; ils donnent, à l'au lancéolées, et les fleurs femelles à ovaires
tomne de la 1"° année, des jets de 6 à 9 pieds glabres.
de hauteur, et on peut en faire la coupe blan
che tous les 5 à 6 ans. SAULE blanc (S. alba, Lin.). Cet arbre s'é
La grosseur colossale que le tronc des pla Fig. 63.
tanes acquiert avec le temps l'a fait employer
dans le Levant et dans l'Amérique septen
trionale à faire des bateaux d'une seule pièce.
Le bois de platane est d'un tissu serré et il
ressemble assez à celui du hêtre; il est comme
lui d'une couleur rougeâtre claire, moucheté
de petites taches plus foncées. Il passe pour
être † à se fendre, et on lui reproche
d'être facilement attaqué par les vers; mais
il perd ces mauvaises qualités etacquiert une
grande dureté lorsqu'avant de l'employer on
a pris la précaution de le débiter en madriers
et de le tenir submergé dans l'eau pendant
quelque temps. Il est propre aux ouvrages de
charronnage et de menuiserie. Les parties
inférieures et renflées du tronc sont surtout
bonnes à faire des meubles; débitées en
p† elles présentent souvent des mar
rures et des ronces d'un effet fort agréable.
Comme bois de chauffage, les platanes brû
lent en faisant une flamme vive et en don
nant beaucoup de chaleur.Leurs cendres sont
riches en potasse.
Au reste, les espèces de ce genre n'étant
pas encore §, leur bois n'est
pas non plus très-commun dans le commerce;
mais nous croyons que sous beaucoup de lève à 30 et 40 pieds ou plus, et il acquiert 6
rapports il serait avantageux de multiplier à8 pieds de circonférence.Sesjeunes rameaux
davantage les plantations de ces arbres, en sont rougeâtres,garnis de feuilles lancéolées,
préférant le § d'Orient dans le midi, soyeuses et blanchâtres des deux côtés, prin
et celui d'Occident dans le nord. Le 1" n'a † dans leur jeunesse. Les fleurs se
d † en même temps que les feuilles,
pas besoin d'un terrain aussi humide que le
second. le long des rameaux d'un an; les écailles des
29. SAULE (lat. Salix; angl. Willow; all. chatons sont pubescentes, et l'axe qui les
Weide; ital. Salice).—Les botanistes comp porte est velu. Cette espèce se trouve le long
tent plus de cent espèces de saules; mais des rivières et dans les prés humides.
dans ce grand nombre nous ne devons nous SAULE osier ou Osier jaune (S. vitellina,
occuper ici que de celles qui nous offrent de Lin.). Cette espèce diffère de la précédente
l'intérêt sous le rapport de leurs usages et ar ses rameaux d'un † plus ou moins
de leurs propriétés. Il nous suffira de dire oncé, et par ses feuilles plus étroites, gla
que ce genre comprend les extrêmes de la bres. On la trouve dans les mêmes lieux, mais
végétation, de grands arbres qui s'élèvent à elle forme un arbre moins élevé, et le plus
50 ou60 pieds, et d'humbles arbustes dont les souvent elle n'est cultivée que comme osier.
tiges basses et rampantes n'ont que quelques SAULE fragile (S. fragilis, Lin.). Quant au
pouces de longueur; tels sont : le Saule her port et à la hauteur, cet arbre a beaucoup
bacé (S. herbacea, Lin.); le S. à feuilles de de rapports avec le saule blanc; ce qui lui
serpolet(S. serpyllifolia, Willd.); le S. émoussé est particulier, c'est que ses rameaux cassent
(S. retusa, Lin.), qui croissent sur les som en offrant très-peu de résistance à l'endroit
mets des Alpes. de leur insertion sur les branches ; ses feuil
Les saules font partie de la grande famille les sont d'ailleurs lancéolées, glabres et den
des Amentacées; ce sont des arbres ou des tées. Il est en général plus commun que les
arbustes, à feuilles alternes, entières, dont deux 1" espèces.
les fleurs, disposées sur des chatons axillai SAULE à feuilles d'amandier(S. amygdalina,
res, sont toutes mâles ou toutes femelles sur Lin.). Lorsqu'on laisse croître cet arbre en
des individus différens. Ces chatons, plus ou liberté, il s'élève au moins autant que le saule
moins alongés, sont composés de fleurs nom blanc; ses rameaux sont rougeâtres, garnis
breuses. Leur fruit est une capsule ovale de feuilles oblongues-lancéolées, glabres et
oblongue, à une seule #º renfermant plu d'un beau vert en dessus, glauques en des
sieurs graines entourées à leur base par une sous, bordées de nombreuses dents. Cette es
aigrette de poils. Les espèces de ce genre : pèce est moins répandue que les trois qui
croissent en général sur les bords des eaux précèdent,
CHAP. 2.' ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 89
trie,etjamais on ne l'a trouvé croissant spon reux rameaux étendus par étages distincts.
tanément sur aucun autre point du globe.Il y Ses feuilles sont courtes, subulées et dispo
était autrefois si abondant que l'on s'en ser sées en faisceaux.A ses fleurs, peu éclatan
vaitdans la construction des flottes et des édi tes, succèdent des fruits (cônes) ( fig. 66),
fices; mais, déjà depuis long-temps, le nom ovales ou elliptiques, hauts d'environ 3 pou
bre en est tellement diminué, qu'en 1574 il ces, et dont les graines ne mûrissent que dans
n'en existait plus que 26 individus ; que cent la troisième année. Le bois du cèdre semble,
ans après, RAvvoLF n'en trouva plus que 16, pour les qualités, tenir le milieu entre celui
et qu'enfin LABILLARDIERE n'en a compté que du pin sylvestre et celui du sapin.
7 en † le cèdre produise des grai Le cèdre du Liban n'étant encore chez
nes en quantité, il n'en résulte aucun jeuhe nous qu'un arbre d'agrément, propre aux
arbre sur le mont Liban, parce que la terre scènes des grands jardins paysagers, son
y est couverte de gazon, et que ce lieu est éducation et sa multiplication sont entre les
un rendez-vous où le peuple s'assemble. Il mains des pépiniéristes, qui l'élèvent de
est donc probable que § il n'y aura plus aines recueillies sur quelques anciens in
aucun cèdre sur le mont Liban , et que la ividus, qui commencent à fructifier assez
destinée de ce colosse du † végétal sera abondamment en France, en Angleterre et
entièrement entre les mains des cultivateurs. en Allemagne, pour qu'on ne craigne plus
Heureusement que le degré de civilisation d'en perdre l'espèce. Quoiqu'il soit assez dif
où les peuples de l'Europe sont parvenus, ficile de tirer les graines de leur cône, je
ne laisse aucune crainte de voir l'extinction n'en dirai rien, puisque tous les pépiniéris
de sa race, et qu'il est permis d'espérer qu'on tes connaissent les différens moyens de les
en verra plutôt planter des forêts, que sa en faire sortir.
multiplication négligée. Semis. —Les graines du Cèdre doivent étre
§ § d un cèdre mesuré sur le Liban semées au printemps , à une , exposition
même, avait 36 pi. et demi de circonférence, chaude et ombragée, afin que le jeune plant
et ses branches couvraient une étendue de puisse acquérir, dans le courant de l'été,
111 pieds de diamètre. Des observations fai assez de force pour résister aux dangers de
tes sur celui planté en 1754, au Jardin-du l'hiver suivant.C'est donc un bon usage de les
Roi à Paris, établissent que cet arbre crott semer en terrine dans de la terre de bruyère,
d'environ 5 lignes en diamètre chaque an de placer la terrine sur une couche tiède, de
née, pendant les premiers siècles de son la couvrir d'un panneau de châssis, de l'om
existence. Quant au nombre de siècles qu'il brer, et de tenir la terre de bruyère suffi
peut vivre, on ne sait rien de certain à cet samment chaude et humide pour que la ger
égard.Au reste, le cèdre du Liban intéres mination s'effectue en 15 ou 25 jours. Quand
sera toujours par son port majestueux , sa les cotylédons sont sortis , il faut diminuer
taille colossale, son aspect étranger, sa ver de beaucoup l'humidité de la terre en ména
dure sévère et la disposition de ses vigou geant les arrosemens, éviter que le soleil ne
cº». 2°. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. 43
vienne frapper le jeune plant, donner un préparée, on choisit un jeune cèdre bienfait,
peu d'air, mais bien prendre garde que le dont la croissance n'a pas souffert, qui sur
vent ne s'introduise sous le panneau, car la tout n'a pas perdu sa flèche, car quoique
grande humidité, le soleil et le vent, sont les jeunes cèdres s'en reforment une autre
trois ennemis dangereux pour beaucoup de assez facilement, il ne faut pas trop y comp
graines en germination.Si le jeune plant n'est ter; d'ailleurs ce n'est jamais qu'aux dépens
pas trop dru, on peut le laisser dans la terrine de quelques années de croissance qu'une flè
toute l'année pour le rentrer en orangerie aux che se reforme. Si la tige du jeune cèdre
approches de l'hiver, ou bien, s'il est pressé, convient, on le dépotera pour examiner l'é
repiquer séparément chaque individu , en tat de ses racines,, et pour peu qu'il s'en
motte quand les cotylédons sont bien déve trouve d'avariées, il faut le refuser. Quand
loppés, dans autant de petits pots en terre au contraire elles sont en bon état , on
de † mélangée avec un quart de terre † la circonférence de la motte pour en
franche on † arroser modérément, aire tomber un peu de terre et mettre leurs
tenirà mi-ombre jusqu'à ce que la † extrémités à nu, sans les blesser ni les ra
se manifeste par l'alongement de la jeune courcir; on plante de suite afin qu'elles ne
tige; en novembre, on rassemble les pots se dessèchent pas, et on arrose légèrement
dans un châssis, on les couvre de panneaux et doucement pour les attacher à la terre.
vitrés, et on prend bien garde que l'humi Le cèdre voulant croître en liberté, les seuls
dité ne s'introduise dans le coffre pendant soins qu'il réclame pendant sa jeunesse,
l'hiver, autrement le jeune plant fondrait. sont quelques arrosemens dans les saisons
Pendant les deux et trois premières an sèches, des sarclages au pied pour que les
nées, la prudence demande que l'on abrite mauvaises herbes ne mangent pas la terre,
les jeunes cèdres des intempéries de l'hiver; de l'air et de la place pour qu'il puisse éle
après ce temps révolu, ils sont moins sensi ver sa tête au-dessus des plus hauts arbres
bles et ne réclament plus d'abris, mais il d'alentour, tandis que ses branches infé
faut chaque année leur donner un plus grand rieures couvriront au loin le sol où il est
pot et de la terre de bruyère mélangée avec planté.
un tiers de terre normale. On pourrait les Depuis long-temps on fait des vœux, si
planter en place età demeure à l'âge de 4 ans; non pour voir des forêts, du moins pour voir
cependant le plus souvent on les conserve planter des masses imposantes de cèdres
en pot beaucoup plus long-temps , parce que sur le sol de la France. Un seul mot du
l'occasion de les planter ne se présente pas gouvernement suffirait pour que quelques
encore fréquemment dans l'état actuel de grands propriétaires les réalisassent.
nos cultures; pendant ce temps, leurs raci 2. CYPRES commun ( Cupressus sempervi
nes se contournent dans le pot, forment la rens, Lin.).-Petit arbre pyramidal, origi
boule, prennent une mauvaise direction , et naire de la Grèce, ne s'élevant guère qu'à la
lorsqu'on met l'arbre en place, elles ont de hauteur de 25 ou 30 pieds, et dont le tronc
la peine à s'attacher au sol, et à s'étendre au ne prend que 8 ou 10 pouces de diamètre sur
loin pour aller chercher leur nourriture. notre sol.Son bois est assez fin, plus beau
C'est un inconvénient que partagent tous les que celui du pin : mais, lorsqu'on le travaille,
arbres qui sont restés long-temps en pot, et soit vert, soit séché depuis long-temps, il ré
qu'il n'est guère possible d'éviter dans le pand une forte odeur désagréable. L'usage
commerce des plantes. Si on les élevait en de cet arbre se bornera probablement tou
pleine terre, ils croîtraient plus vite et leurs jours à accompagner les tombeaux et à pro
racines seraient en meilleur état; mais les duire des scènes mélancoliques dans les .
difficultés de les lever, de les faire voyager randsjardins paysagers. Il aune variété dont
en motte, et le danger qu'ils courraient à la es branches étendues horizontalement for
reprise, ont déterminé les pépiniéristes à ment moins la pyramide.
les élever toujours en pot. 3.GENEVRIER commun (Juniperus commu
Les voyageurs ne nous ayant pas fait con nis, Lin.)(fig. 68).-Cette espèce croit sponta
naître la nature de la terre du Liban, nous Fig. 68
sommes obligés d'examiner la croissance
des cèdres plantés sur différens sols en
France, pour reconnaître celui qui est le
j† favorable à la végétation de ce bel ar
re; et l'examen apprend qu'il croît mieux en
bonne terre siliceuse, plus sèche qu'humide,
que dans toute autre terre. C'est donc dans
les sols de cette nature qu'il faut planter le
cèdre si l'on veut le voir bien végéter et qu'il
développe toute sa majesté au profit des ra
ces futures.
Pour planter un cèdre avec la plus grande
chance de succès, il faut faire un trou carré de
6 pieds de diamètre et de 2 pieds } à 3 pieds de
profondeur, l'emplir d'un mélange composé
de 1/2 terre de bruyère , 1/4 † siliceux
et 1/4 terre franche ou normale, et l'affaisser
modérément si l'on doit planter de suite.
† la moins dangereuse est la fin d'a
vril pour notre pays. La terre étant ainsi
44 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIv. v°.
nément en France, et se trouve plus fréquem Depuis 3 ans seulement on a commence à le
ment vers le nord de Paris que vers le midi.On multiplier avec assez de succès par la greffe
la rencontre plus souvent dans les mauvaises en fente et herbacée sur le genevrier de Vir
terres que dans les bonnes ; c'est sur la pente ginie ; mais ce dernier genevrier n'étant
des collines calcaires, nues, exposées au nord, qu'un petit arbre, il ne pourra jamais four
qu'elle paraît se plaire, et où elle se multi nir au genevrier d'Orient assez de nourriture
lie le plus, sous forme de petits buissons pour en faire un grand arbre. Peut-être que
l§ seulement de 3 à 4 pieds, tandis que les si on le greffait sur racine, il s'affranchirait
individus qui croissent en bonne terre dans et prendrait le développement qui lui est na
les bois s'élèvent à la hauteur de 12 à 15 pieds. turel. Dans tous les cas, il vaudrait toujours
Le genevrier commun a les rameaux étalés, mieux en faire venir des graines de son pays
pendans ou inclinés, diffus ; les feuilles op natal, et le multiplier abondamment de se
posées 3 par 3, linéaires, piquantes, longues mis sur notre sol.
de 6 lignes, d'un vert sombre et foncé. GENEvRIER de Virginie (Juniperus Virginia
Ses fleurs, petites et de peu d'apparence, s'é na, Lin.). On appelle assez communément ce
panouissent en mai, et il leur succède de lui-ci cèdre, cèdre rouge, cèdre de Virginie.Les
petits fruits ronds, noirâtres,un peu charnus, crayons de plombagine sont enveloppés de
globuleux, de deux lignes de diamètre, mû son bois, qui est rougeâtre et odorant. C'est
rissant en automne, d'une saveur très-aro un arbre qui, dans son pays, s'élève à la hau
matique, âcre, un peu amère, et dont on fait teur de 30 à 40 pieds sous une forme pyrami
usage en médecine et surtout en économie dale; mais ici on n'en connaît guère qui aient
domestique. Dans plusieurs départemens, les plus de 20 pieds de hauteur; ils sont très
pauvres se fabriquent une boisson en mettant rameux, laissent pendre leurs branches flexi
une certaine quantité de fruits de genevrier bles, effilées, couvertes de très-petites feuil
dans un tonneau avec de l'eau, et en remuant lées ternées, imbriquées, et beaucoup moins
le tout de temps en temps; il en résulte une longues et piquantes que dans le genevrier
liqueur piquante, aromatisée, qui d'abord ne commun. Les fleurs des individus mâles ré
paraît pas agréable, mais à laquelle on s'ac pandent un pollen si abondant qu'il en ré
COutume. sulte un petit nuage jaunâtre lorsqu'on les
Le genevrier commun ne devenant jamais secoue. Les pieds femelles se chargent d'une
grand, son bois est ordinairement abandonné énorme récolte de fruits bleuâtres, moins
aux pauvres gens, qui en font des bourrées gros † des pois, et moins aromatisés que
pour brûler. Dans les endroits où il s'élève ceux du genevrier commun. On ne s'en esrt
en petit arbre, on l'exploite en merrains pour que pour multiplier l'espèce.
en faire des seaux et d'autres vases, qui du J'ai vu exploiter en planches des troncs de
rent † parce que ce bois est genevriers de Virginie crûs en France ; ils
incorruptible et d'un grain très-fin. Il est avaient 8 ou 9 pouces de diamètre : leur au
d'ailleurs d'un assez beau rouge qui s'avive bier était blanc, et formait à peu près le tiers
encore avec le temps.Je n'ai rien à dire sur de leur diamètre; le cœur était d'un aussi
la multiplication de ce genevrier, puisqu'on beau rouge, était aussi fin, aussi odorant, et
ne le cultive pas, et qu'on laisse à la nature se polissait aussi bien que celui qui nous vient
et aux oiseaux le soin de sa conservation. d'Amérique.Je pense donc que le cèdre ou
GENEvRIER , d'Orient (Juniperus excelsa, genevrier de Virginie, qui jusqu'ici n'a été
Wild.).-Celui-ci est un grand arbre pyrami cultivé que comme arbre d'ornement dans
dal, originaire des bords de la mer Caspienne, les jardins paysagers, pourrait se cultiver en
où il croit, selon WILLDENovv, dans les sols grand pour l'usage de son bois. Son éduca
arides et pierreux. On ne le connait guère en tion n'offre aucune difficulté. On en sème les
France que par quelques individus qui exis graines en terre légère ou de bruyère à mi
tent çà et là dans quelques jardins, et qui ombre; on repique le jeune plant à un pied
proviennent de graines envoyées de Madrid de distance pour le faire fortifier, et on le
par le docteur ORTEGA il y a environ 50 ans. met en place quand il a atteint la hauteur de
Malheureusement ce peu d'individus se trou 2 à 3 pieds. - -
vent tous mâles ou stériles. Ce n'est même Parmi les autres genevriers qui peuvent se
que depuis très-peu d'années que l'on a porté cultiver en France, mais dont le bois n'est
quelque attention au seul pied de cette espèce de nulle valeur, je citerai seulement le CADE,
planté dans le temps au Jardin-du-Roi à Pa Juniperus orycedrus, qui fournit l'huile de
ris ; et comme si une fatalité le poursuivait, cadé dans nos départemens méridionaux, et
il se trouve placé si près de l'endroit où la SABINE, Juniperus sabina, qui se reconnaît
l'on élève aujourd'hui (1834) un nouveau ca à son odeur ſorte et désagréable, et dont on
binet de minéralogie, qu'il n'est pas proba fait usage particulièrement dans la médecine
ble qu'il puisse être conservé. Le tronc de vétérinaire.
cet arbre a 15 pouces de diamètre sur une 4. MÉLÈZE ( Larix Europara, Lin.; angl.
assez grande longueur; sa hauteur n'est guère Larch. ) (fig. 69).— Cet arbre magnifique ne
† de 45 pieds , parce que, gêné, étouffe par croît naturellement que dans les Alpes, au
es arbres voisins pendant sa jeunesse, il n'a dessus des chênes et des sapins, et dans le
pu jouir de l'air qui lui était nécessaire pour nord de l'Europe. Cependant on le mul
s'élancer selon sa nature; mais on voit assez tiplie facilement dans les plaines aux en
que sans ces inconvéniens il aurait formé un virons de Paris. Il est le seul avec le Cy
beau fût; et comme tous les genevriers ont près chauve, parmi les arbres conifères, qui
le bois précieux par leur couleur, leur den perde ses feuilles pendant l'hiver. Dans les
sité et leur force, on regrette que celui-ci ne Alpes, on en trouve dont le tronc a 6 pieds
soit pas par millions sur le sol de la France. de diamètre, sur une grande longueur, et qui
cHAP. 2°. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES. | 4s
terre,appartenant à sir John SAINCLAIR, sur
Fig. 69. laquelle on a planté une immense quantité
de mélèzes il y a une soixantaine d'années,
et que l'on estime aujourd'huià 10 millions de
francs. D'après cet exemple, M. le comte DE
RAMBUTEAU, préfet de la Seine, vient d'en
faire planter plus de 300,000 sur ses proprié
tés, dans des terres auparavant incultes et
sans valeur.
Les feuilles du mélèzetombenttoutes à l'au
tomne,et se renouvellentau printemps; elles
sont linéaires, longues d'un pouce, d'un vert
| tendre, naissent par faisceaux sur les bran
ches d'un an et alternes sur les pousses ac
tuelles. On peut impunément tondre ou cou
per au rez du tronc toutes les branches
des gros mélèzes, comme on fait aux peu
liers d'Italie, en ne conservant quelaflèche,
ils repoussent une quantité d'autres bran
ches qui semblent ranimer la végétation.Les
s'élèvent à140 ou150 pieds de hauteur, droits fleurs sont monoïques, et les cônes qui leur
comme des flèches, sous une forme pyrami succèdent sont de la grosseur du pouce,
longs de 15 lignes, et se tiennent verticale
dale élancée, parce que leurs branches, éten ment. Quant au semis et à l'éducation du mé
dues horizontalement ou inclinées, sont fort
courtes. Mais ces beaux individus naissent et lèze, ce sont les mêmes que ceux expliqués
à l'article du Pin sylvestre.(Voy. ci-devant.)
périssent sur place, l'homme n'ayant aucun 5. IF (Taxus baccata, Lin.) ( fig. 70).— L'if
moyen de les en extraire. Quant à ceux éle
vés dans nos cultures, on n'en trouve encore
Fig. 70.
guère dont le tronc ait plus de 2 pieds de dia
mètre et s'élève à plus de 100 pieds de hau
teur.Cependant nous les trouvons fort beaux,
et fondons de grandes espérances sur eux,
comme devant devenir propres à la haute
mâture. Le bois du mélèze passe pour incor
ruptible et avoir les qualités de celui des
meilleurs pins ; il est tantôt blanc, tantôt
jaunâtre ou coloré en rouge; on l'estime
eaucoup pour la charpente, pour toutes
sortes de constructions, et MALEsHERBEs cite
des maisons, dans les Alpes, bâties en mé
lèze, qui avaient plus de 200 ans, et dont les
bois étaient si durs qu'il ne put y faire entrer
la pointe d'un couteau.
Outre de la résine, qui est toujours liquide,
et que l'on extrait en faisant des trous dans
le bas de l'arbre, le mélèze contient encore,
mais seulement au centre, dit PALLAs, une
gomme semblable à la gomme arabique. La
manne de Briançon est une substance qui
suinte pendant la nuit des jeunes branches
du † qui se concrète en petits grains
estun arbre originaire des montagnes dumidi
blancs pendant le jour. Sa sortie est favorisée
par les piqûres d'un puceron; et quand les de l'Europe , il ne craint nullement les ri
abeilles en recueillent une partie, elle nuit à gueurs de nos hivers, mais sa croissance est
la qualité de leur miel. très-lente, et quoique avec le temps son tronc
Les plus beaux mélèzes du centre de la devienne fort gros, sa hauteur ne s'élève pas
France sont, je crois, ceux plantés sur la au-dessus de 30 à 40 pieds. Lorsqu'il croit en
montagne Saint-Martin-le-Pauvre, à Thury liberté, il affecte assez la forme pyramidale ;
ses rameaux s'étendent horizontalement et
(Oise), vers 1790, avec nos pins indigènes et
ceux d'Amérique. Ils ne le † laissent un peu pendre leurs extrémités; ses
en grosseur
qu'aux pins du lord Weimouth ; mais ils sont feuilles sont très-nombreuses, alternes, dis
beaucoup plus hauts, et promettent une bien tiques, linéaires-lancéolées, aiguës, longues
plus longue existence.D'autres mélèzes plan de 6 à 8 lignes, d'un vert foncé très-som
tés à Trianon dix ans auparavant sont moins bre ; on leur reproche de répandre une
gros et moins hauts. Il n'existe aucun jardin odeur nauséabonde capable d'incommoder
paysager qui ne renferme un certain nombre les personnes qui resteraient long - temps
de cet arbre, mais nulle part on n'en voit de sous leur ombre. Aux petites fleurs jaunâ
plantation considérable, quoique l'on con tres, dioïques et peu apparentes de l'if,
vienne que son bois est de beaucoup supé succèdent des fruits ovales, gros comme des
rieur à celui du pin sylvestre pour une infi pois, qui deviennent d'un très-beau rouge,
nité d'usages et pour sa plus longue durée. charnus, visqueux, et que les enfans man
gent impunément sous le nom de morviaux,
Cependanton cite une propriété en Angle
46 AGRICULTURE FORESTIÉRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. Lrv. v°.
Le bois de l'if a l'aubier blanc, peu épais, rée et propre aux constructions, est d'autant
et le cœur d'un beau rouge-orange, nuancé, plus estimé † provient d'une espèce à
très-dur, très-lourd, d'un grain fin, incorrup †grandes dimensions, qu'il a le grain plus
tible, prenant un beau poli, très-propre aux n et offre plus de résistance aux agens des
ouvrages de marqueterie, de tour, et pour tructeurs.Jusqu'à présent, c'est dans le pin
# des meubles ; le croisement de ses sylvestre que les peuples de l'Europe ont
bres le rend aussi très-propre aux ouvrages trouvé le plus de qualités utiles, et c'est par
de charronnage et à tous ceux où il faut du lui qu'il convient de commencer l'énuméra
liant et de la dureté. Cependant on ne plante tion des espèces susceptibles d'être mention
aucun if pour ces usages , et il n'en existe nées dans cet ouvrage. Pour les présenter
aucune forêt nulle part. Autrefois on le pro avec un certain ordre, on les divisera d'a
diguait dans les jardins d'agrément, où on le près le nombre de feuilles contenues dans
taillait sous toutes sortes de formes; mais, chaque gaîne. -
à l'âge d'un an ou de 2 ans, c'est toujours en es 2, 4, et même 6 années que les jeunes
avril ou mai, quand les pins entrent en sève, pins peuvent rester dans cette position sans
qu'il faut les repiquer. A cet effet on pré souffrir, on a le temps d'aviser aux moyens
· pare par un bon labour, à la bêche ou à la de préparer tle grand terrain où l'on veut
† l'étendue de terrain nécessaire ; on définitivemen les voir figurer, soit en ave
soulève les plants en passant obliquement nue, soit en quinconce, en massif ou en fo
une bêche au-dessous de ses racines; on les rêt. Si l'on plante les pins de l'une des deux
met dans un panier sans en secouer la terre, premières manières, c'est évidemment dans
et on va sans perdre de temps les repiquer a vue de n'en retirer que de l'agrément
en lignes, à la distance de 12 ou 15 pouces † longues années; alors on espacera
l'un de l'autre, dans la terre préparée. Un es arbres à 20 pieds l'un de l'autre. Dans le
temps couvert est le plus propre pour cette troisième cas, on peut avoir le même point
opération, et on donne un verre d'eau à de vue que dans ſes deux précédens, alors
§ plant pour l'attacher à la terre où on plantera à la distance de 15 à 20 pieds; ou
bien on peut vouloir en tirer profit en peu
il restera pendant 2 ans, et recevra un la
bour chaque année et les sarclages néces d'années, alors on plantera à la distance de
saires.Le repiquage a l'avantage de multiplier 6 pieds. Quant à la plantation d'un grand
les racines du jeune plant, et d'augmenter bois ou d'une forêt de pins, c'est le profit
les chances de succès lorsqu'il faudra le plan qu'on a droit d'en attendre qui doit être le
ter définitivement à demeure. Ce n'est pas premier mobile; et pour que les frais puis
ue du plant non † ne puisse Jamais sent rentrer le plus tôt possible en attendant
réussir; mais, quand les années ne sont pas le profit, il convient de planter les arbres à
favorables, il en meurt une † partie. 6 pieds l'un de l'autre et en lignes. — Lors
J'ai moi-même planté avec le plus grand suc que les jeunes pins de la pépinière ont 4 ou
cès des pins sylvestres, hauts de 8 à 10 pieds, 5 pieds de hauteur, il faut penser à les
ris dans la forêt de Fontainebleau, qui n'a planter à demeure. Pour cela on leur prépa
vaient jamais été repiqués; mais il m'a fallu rera des trous profonds de 18 pouces sur 3
employer des soins minutieux et des pro pieds de face s'ils sont carrés, ou 3 pieds de
cédés dispendieux impraticables dans une diamètre s'ils sont ronds, et on rejettera de
la meilleure terre dans le fond des trous
grande plantation.
Deuxième repiquage.-Cette seconde opé pour les réduire à la profondeur de 12 ou
-
ration ne peut pas être un repiquage propre 14 pouces. Cette opération peut, ou plutôt
ment dit, c'est une transplantation, mais je doit se faire six mois, un an avant l'époque
conserve le mot consacré par l'usage. Le se de la plantation, afin que la terre s'ameu
cond repiquage n'est pas même toujours blisse et se bonifie. Quoiqu'on cite des exem
exécuté dans l'éducation des pins ; cepen ples de plantations faités à l'automne qui
dant, comme il contribue à augmenter le ont bien réussi, il est toujours prudent de
nombre et les fibrilles des racines, c'est tou ne planter les arbres résineux qu'au mo
jours une bonne pratique de l'exécuter. C'est ment où ils entrent en sève. Quand on les
même sous ce point de vue que j'ai conseillé sort de terre plus tôt, leurs racines très
de faire le premier repiquage à 12 ou 15 menues s'altèrent, pourrissent, et meurent
pouces de d§ car autrement il fau en partie avant que la végétation vienne
drait l'espacer davantage. Quand le premier pour les ranimer dans leur nouvelle posi
repiquage a 2 ans ou même 3, s'il n'a pas crû tion. Si l'on a beaucoup à planter, il faut
avec vigueur, on prépare, par un labour multiplier les bras pour que le tout soit ter
convenable, un terrain double en étendue miné en 8 ou 15 jours, en temps opportun.
de celui qui le contient, et on y ouvre, à 4 Les trous étant préparés, on lèvera les pins
pieds de distance, des trous de 8 à 9 pouces de la pépinière, en prenant bien garde d'en
de profondeur sur 1 pied de largeur, disposés dommager ni de raccourcir leurs racines,
en † à 2 pieds l'un de l'autre, et de ma entre lesquelles il devra rester beaucoup de
nière à former l'échiquier; ensuite,et toujours terre, et on les transportera aux trous qui
en avril ou mai, quand la † SeIIl - leur sont destinés pour les y planter avec les
ble commencer, on passe une bêche sous les soins requis par l'expérience.
racines des jeunes pins, on les soulève par une Manière de soigner et d'utiliser un semis ou
pesée, on les enlève en motte, ou du moins une plantation de pins pendant les premières
CHAP, 2°. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGÈNES, 49
années. - Les jeunes pins, une fois à de- lui-ci forme de grandes forêts en Ecosse : on
meure, n'ont plus besoin de culture propre l'indique aussi comme croissant naturelle
ment dite, parce que leur ombre fait mou ment dans les Alpes et dans les Pyrénées; les
rir les herbes qui se trouvent à leur pied ; uns le considèrent comme une espèce distinc -
mais si des arbrisseaux s'élevaient au-dessus te, et les autres comme une variété
du pin
d'eux, il faudrait les en débarrasser. Dans sylvestre.Le fait est qu'on ne peut l'en distin
un semis à demeure, les individus sont tou guer par aucun caractère de quelque valeur,
jours beaucoup plus nombreux que la place et que ses légères modifications ne sont dues
etl'air ne le comportent, et les gros font mou qu'au climat. Les Anglais en font les mêmes
rir les petits, après en avoir souffert eux usages que nous du pin sylvestre.
mêmes pendant quelque temps. Il vaut donc PIN horizontal ( Pinus horizontalis). Au
mieux couper les petits rez-terre avant qu'ils tre variété remarquée depuis très-peu d'an
soient étouffés, et en faire des bourrées, nées parmi la précédente dans les forêts de
afin que les grands croissent plus à leuraise; l'Écosse. On la dit supérieure par les qua
et, en répétant cette opération tous les 2 ou lités de son bois, et divers auteurs l'ont
3 ans dans le commencement, et à de plus préconisée. Elle est encore inconnue en
#
, longs intervalles dans la suite, on prélude France.M. SoULANGE-BoDIN l'a introduite de
à rentrer dans ses frais. Cette espèce d'é puis peu dans ses vastes pépinières.
claircie, qui fait partie de l'aménagement des PIN mugho (Pinus uncinata, De C.). Cette
forestiers, s'appelle jardiner, éclairci en jar espèce croît dans lesAlpes et les Pyrénées,où
dinant, et convient parfaitement aux pins. elle ne s'élève qu'à la hauteur de 12 ou 15 pi.
Elle se répète aussi souvent que les arbres et par conséquent ne mérite pas la culture.
paraissent se gêner réciproquement en crois PIN nain (Pinus pumilla, Waldst.). Croît
sant trop près les uns des autres; toujours dans le Jura, et mérite encore moins la cul
on coupe près de terre les mal venant, les ture que le précédent.
lus faibles, pour faire de la place aux plus PIN d'Alep (Pinus halepensis, Desf.). Arbre
eaux, aux plus élevés, jusqu'à ce que ceux peu garni, assez élégant, haut de 25 à 30
ci soient à 20,25,30 pieds les uns des autres, pieds, feuilles longues et fines, d'un vert
qu'ils jouissent de tout l'air convenable, et glauque, réunies par deux ou par trois dans
que rien ne les empêche d'atteindre le maxi la même gaine. Il croit sur les deux rivages
mum de leur croissance. Pendant ces lon
la Méditerranée, en Provence, en Syrie et
gues années on retire d'un semis ou d'une de en Barbarie. De Candolle dit que c'est de lui
plantation de pins en forêt, des bourrées, qu'on tire exclusivement le goudron en Pro
des fagots, du bois à brûler, du bois de char vence. Il est plus du ressort des jardins
pente, du goudron, en attendant que les gros
arbres soient eux-mêmes en âge d'être abat paysagers que de la grande culture
PIN pignon (Pinus pinea, Lin.). Cette es
tus avec le plus grand profit. † croit dans les † méridionales de
Cette manière de semer et planter le pin 'Europe, et on la cultive peu en France. Son
sylvestre, d'en éclaircir le bois ou la forêt, tronc devient gros, mais sa hauteur ne paraît
est † aux autres pins indigènes à
pas devoir dépasser une cinquantaine de
grande dimension, aux exotiques, lorsqu'ils ieds, car il se forme naturellemen t une tête
ne craignent à aucun âge les rigueurs de nos § large, qui ne lui permet
hivers, au mélèze, au sapin et à l'épicéa. Si pas d'alonger fort
sa flèche.
quelques-unes de ces espèces réclament de certain âge, présente des striesSon écorce, à un
petits soins particuliers ou moins de précau indiqueraient en hélice qui
que le bois de son tronc est
tions, j'en avertirai à leur article, comme je tors, ce qui lui donnerait une grande force.
renverrai à celui-ci pour les généralités de Aussi Olivier dit-il qu'il sert exclusivement
leur culture.
de mâture à la marine turque.Ses feuilles sont
PIN d'Écosse (Pinus rubra,Will.) (fig.72).Ce plus longues et d'un plus beau vert que celles
Fig. 72. du pin sylvestre, et ses cônes (fig. 73), gros
gement de sol et de climat aura nécessaire Les arbres feuillus dont nous nous oc
ment une grande influence sur les produits cuperons ici avec un détail proportionné à
et devra les améliorer. Tous les bois varient leur importance, sont les érables, les aunes,
par cette influence, et si les espèces ont cha les bouleaux, les charmes, les châtaigniers,
cune des qualités qui leur sont propres, elles les micocouliers, les cerisiers, le plaquemi
ont aussi une certaine disposition à se plier nier, les hêtres, les frênes, le bonduc, les
plus ou moins aux exigences des causes ex noyers, le tulipier, les peupliers, les chênes,
térieures. On ne peut guère douter que les les tilleuls et les ormes.
arbres de l'Amérique du nord, quand nous Les arbres résineux sont les sapins, les
les aurons naturalisés chez nous, ne subis cyprès, les genévriers et les pins.
sent cette loi, comme tant d'autres arbres Tous les arbres compris dans cette no
exotiques. Déjà nous possédons un certain menclature appartiennent à quelque partie
nombre de faits qui déposent en faveur de de l'Amérique septentrionale. Il en est cer
cette opinion. A la vérité, les arbres de l'A tains autres qui sont indigènes à d'autres ré
mérique du nord perdent certainement cette gions du globe, et qui sont déjà ou méritent
activité de végétation et de croissance, qui est d'être naturalisés dans quelqu'un des dépar
le résultat prolongé de l'action du climat et du temens de la France.Tels sont l'aylanthe du
sol originaires ; mais enfin ils la perdent, et Japon, le zelkoua de la Sibérie, etc. Nous en
ils éprouvent des modifications importantes, traiterons à la suite des premiers.
dont la principale est l'accroissement de leur
densité; ils gagnent en solidité, tandis qu'ils ART. 1". — Arbres à feuilles caduques.
perdent en volume, et il est fort probable 1. ERABLE (Acer). — Sept espèces sont
que si on venait à des applications, la balance principalement dignes de mention.
serait avantageuse au producteur et au con ERABLE blanc, A. eriocarpum ( en angl,
SOmmateur. Withe maple). On trouve cet arbre sur #
Autre considération importante qui milite bords de toutes les rivières qui coulent des
pour la naturalisation des arbres exotiques : montagnes à l'Océan , principalement sur
notre sol, exploité depuis tant de siècles, les bords de l'Ohio et des rivières qui s'y dé
est presque épuisé; toute la science du culti chargent, moins communément dans les par
vateur ne lui rend pas ce qu'il a perdu et ce ties méridionales des Carolines et de la Géor -
qu'il perd annuellement. Cela est vrai sur gie. Quoiqu'il se plaise ainsi dans le voisi
tout pour les terres boisées. L'impérieux nage des eaux, il refuse de croître dans les
effet d'une consommation sans bornes dimi marais ou terrains bourbeux. Il ne s'élève
nue considérablement la masse des bois, en guère au-dessus de 25 pieds. Son bois est ſi
54 AGRICULTURE FORESTIERE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIV. V•
doux, plus léger que celui des autres espèces, Fig. 79.
propre aux ouvrages d'ébénisterie, aux in
crustations, et à produire un charbon que les
chapeliers préfèrent à tout autre pour le
chauffage de leurs chaudières, à cause de
l'uniformité de sa chaleur.
ERABLE de montagne, A. montanum (en
angl. Mountain maple). Il abonde dans le
Canada, la Nouvelle-Ecosse, et le long de la
chaine des Alleghanys. Sa taille , encore
moins élevée que celle du précédent, ne
permet pas de le cultiver dans des vues de
profit. Cependant, greffé sur le sycomore, il
prend un développement double de sa taille
naturelle.
ERABLE à feuilles de fréne, A. negundo (en
angl. Ash-leaved maple). Il est déjà commun
en France; son bois est susceptible d'un beau
poli; sa croissance rapide permettrait d'en
tirer un bon parti pour le chauffage.
ERABLE noir, A. nigrum (en angl. Black
sugar maple). Il tire son nom de la couleur
sombre de ses feuilles, comparativement à
celles de l'érable à sucre, avec lequel il croît dans les états de l'Ouest. Il prospère dans
mêlé. C'est un fort bel arbre de 40 à 50 pi. les contrées montagneuses, où le sol, quoi
de haut, dont on tire aussi du sucre; il que fertile, est froid et humide ; il s'élève
couvre, dans le Tennessée, quatre vallées ini quelquefois jusqu'à 80 pieds, mais sa hauteur
menses qui arrosent les grandes rivières de commune est de 50 à 60. Ce bel arbre se dis
l'ouest, est regardé comme le meilleur bois tingue au loin par la blancheur de son écorce.
de chauffage après les hickoris, et n'est pas Son bois, d'un tissu fin et serré, acquiert un
beaucoup §, parce qu'on trouve, dans
les lieux où il abonde, d'autres arbres en
poli, un lustre soyeux, et prend à l'air une
certaine teinte rose. On l'emploie à une foule
core meilleurs que lui. d'usages, et son charbon, d'une excellente
ERABLE rouge, A. rubrum (en angl. Red qualité, est recherché pour les forges et dans
Jlowering maple). Il commence à se montrer l'économie domestique. Ce charbon est d'un
vers le nord au 48° degré de latitude, devient cinquième plus pesant dans les états de Ver.
plus commun en avançant vers le sud, et se mont, New-Hampshire et Maine, que dans les
trouve en abondance aux confins de la Flo états plus au sud; preuve que le climat du
ride et de la Basse - Louisiane. Il s'élève nord lui convient mieux que celui du midi.
jusqu'à 70 pieds de haut sur 3 à 4 pieds de Le sucre que l'on retire par l'ébullition et
diamètre dans les parties marécageuses de l'évaporation de sa sève est d'une grande
New-Jersey et de la Pensylvanie. Dans les si ressource pour les habitans du nord, sur
tuations élevées, il croît aussi fort bien dans tout ceux des nouveaux établissemens. Mais,
un loam sablonneux. Ses belles fleurs d'un comme ces établissemens nouveaux entraî
pourpre foncé, épanouies 15 jours avent les nent des défrichemens par suite desquels les
feuilles, annoncent, les premières, le retour forêts d'érable à sucre disparaissent, cette
du printemps. Le bois de l'érable rouge sert ressource diminue journellement, et le pays
à une foule d'usages intéressaus. Son grain ne pourra bientôt plus être approvisionné
est fin et serré, ct il prend, par le poli, une que par les importations étrangères, ou par
surface brillante et soyeuse. On en fait des la culture de la canne à sucre dans les loca
jougs. et divers ustensiles agricoles. Les fi lités appropriées. Le parti que l'ébénisterie
res, dans les vieux arbres, présentent quel pourrait retirer de l'emploi de cet arbre,
quefois une disposition ondulée, qui produit, qui, par la disposition de ses fibres, égale
sous la main de l'ouvrier, des jeux singuliers souvent l'acajou, devrait seul engager à le cul
de lumière et d'ombre, dont l'ébénisterie tire tiver en grand.
un grand parti. On extrait, par ébullition, ERABLE jaspé, A. striatum (en angl. Striped
de son tégument cellulaire, une couleur pour maple). Son bois est employé en ébénisterie ;
prée, qu'une addition de sulfate de fer mais la petitesse de sa taille le rend impro
change en bleu foncé et purpurin, et qui, pre aux constructions.
† une solution d'alun, sert à teindre les 2.AUNE (Alnus). — AUNE noir, A. glauca
étoffes en noir. (en angl.Black alder); et AUNE commun,A. ser
ERABLE à sucre, A. saccharinum (en angl. rulata ( Common alder). Le premier atteint
Sugar maple)(fig.79). C'est le plus intéressant 18 à 20 pieds, le second reste à 8 ou 10. On
des érables américains. Il compose en grande emploie leur écorce pour teindre en noir les
partie les forêts qui couvrent les régions si chapeaux et la laine.
tuées entre les 46° et 43° degrés de latitude, , 3. BOULEAU ( Betula ). Nous en citerons
depuis le Canada jusqu'à l'état de Maine. Plus C1Il(| :
au sud, il est encore répandu dans le Tennes # zav noir, BoULEAU-MERIsIER, B. lenta
sée, l'état de New-York, et les parties élevées (en angl. Black birch). Il abonde dans les états
de la Pensylvanie. Mais il devient rare ou est du centre, particulièrement à New-York, en
inconnu dans les parties basses de la Virgi Pensylvanie et en Maryland. Il prospère dans
nie, des Carolines, de la Géorgie, ainsi que un sol profond, perum éable et frais; il s'élève
CHAP. 2°. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS EXOTIQUES. 55
jusqu'à 70 pieds. Ses feuilles sont assez sem Carolines et de la Géorgie. Dans cette situa
lables à celles du merisier, d'où le nom sous tion, il se développe avec vigueur et s'élève
lequel il est le plus connu. Il reçoit un beau † 70 pieds. La couleur rougeâtre de son
poli, et possède une force assez considérable. épiderme sur les jeunes arbres, est proba
Il est presque aussi estimé que le cerisier sau blement l'Qrigine de son nom. On l'emploie
vage, et est recherché par les menuisiers, les pour faire des écuelles, des baquets, des cer
ébénistes, les carrossiers, etc. C'est, en un cles, des barriques, etc.
mot, une des meilleures espèces. 4. CHARME (Carpinus). — CHARME d'Amé
BoULEAU jaune, B. lutéa ( en angl. Yel rique, C. Americana(en angl. American horn
loa birch). On le confond souvent avec le beam). Un froid trop rigoureux lui est con
précédent, auquel il ressemble beaucoup, et traire, et il se plaît mieux dans les états du
Sa hauteur est la même; mais il passe pour sud, où il s'accommode de loute espèce de
lui être inférieur en qualité.Quoi qu'il en soit, sol et d'exposition, excepté les terrains long
on en fait de fort beaux meubles, des jougs temps inondés ou absolument stériles. Son
pour les bœufs, des traîneaux, des cercles de bois est extraordinairement dur et serré ;
† ues, etc. Son écorce est fort bonne mais l'arbre ne s'élève qu'à 12 à 15 pieds, ce
pour le tannage, et son bois est un excellent qui empêche d'en tirer parti, excepté quel
combustible. -
quefois pour des cercles.
BoULEAU à canot, B. papyracea (en angl. CHARME bois de fer, C. ostrya (en angl. Iron
Canoe birch). Ce bel arbre est très-multiplié wöod) Sa croissance est très-lente; son bois
dans les contrées situées au nord du 43° de est † compacte, d'un grain très-fin.Ses
gré de latitude, et entre le 75° degré de lon qualités supérieures sont bien attestées par
gitude occidentale et l'océan Atlantique : ce son nom; mais quoiqu'un peu plus grand que
qui comprend le Bas-Canada, le New-Brun le précédent, ses dimensions sont trop pe
swick, l'état de Maine, le New-Hampshire et tites pour qu'on en tire un grand parti. # est
Vermont; il disparaît sous le 43° degré de la excellent pour faire des dents de roues de
titude, et ne se trouve point dans la partie moulin, des maillets, etc.
sud du Connecticut et sous Albany dans l'é 5. CHATAIGNIER ( Castanea). — CHINCA
tat de New-York. Il se plaît dans un sol fer PIN, C. pumila. Le chincapin est borné au
tile, qui est couvert de grandes pierres cou † la rivière de Delaware, et s'étend
vertes de mousse. Sa hauteur est de 70 pieds, au sud jusqu'à celle des Arkansas. Il aime un
ses branches déliées et flexibles, ses feuil sol frais et fertile, mais il s'accommode de
les grandes et d'un vert foncé, et son aspect tous, excepté de ceux qui sont couverts d'eau.
d'une grande élégance. Son bois parfait pré Dans le sud il fructifie dans les terrains les plus
sente un grain brillant et une force considé arides. Son fruit a la grosseur d'une noisette,
rable. On en fait des tables auxquelles on sait et son bois, dur, iuisant et compacte, recher
donner l apparence de l'acajou, des incrus ché pour les poteaux dont on fait un si grand
tations d'ébénisterie et des ornemens de me emploi en Amérique pour les clôtures rura
nuiserie. ll donne un excellent chauffage. les, se conserve en terre plus de quarante ans.
Cet arbre, agréable et utile, mérite d'être in CHATAIGNIER d'Amérique, C. vesca ( en
troduit en grand dans la composition de nos angl. American chesnut). Il ne s'étend pas
bois et de nos jardins. Son écorce est em au-delà du 44° degré de latitude, car il craint
ployée à divers usages : on en fait du bardeau, l'excès du froid. Des étés frais et des hivers
des paniers, des boites, des portefeuilles.Divi doux sont ce qui lui convient le mieux. Il
sée en feuilles très-minces, elle peut suppléer s'élève de 70 à 80 pieds, sur une circonfé
au papier; mais son plus important emploi rence de 15 à 16. Quoiqu'il ressemble, en gé
est dans la construction de ces canots néral, au châtaignier § les botanis
singuliers faits avec de grands morceaux tes en ont fait une espèce distincte. Ses fruits
cousus avec les racines fibreuses du White
sont plus petits et plus doux que ceux du
Spruce; assez solides pour servir à de longs châtaignier sauvage d'Europe. Le bois est fort,
voyages dans l'intérieur de la contrée, et as élastique, et résiste aux alternatives de l'hu
sez légers pour être facilement transportés midité et de la sécheresse. Sa durée le rend
sur les épaules, d'un lac ou d'une rivière à extrêmement †à faire des pieux et des
l'autre; assez forts pour porter jusqu'à 15 barrières que l'on dit durer plus de 50 ans.
passagers, et si bien travaillés qu'un canot Il est préférable pour les bardeaux à toute
capable de porter 4 personnes et leur bagage espèce de chênes. Exploité en merrain, il
ne pèse pas plus de 40 à 50 livres. n'est bon que pour contenir des marchandises
BoULEAU à feuilles de peuplier, B. populi sèches, à cause de l'ouverture de ses pores. Il
folia ( en angl. White birch). L'avantage de fait un mauvais chauffage et un bon charbon.
ce bouleau est de se trouver très-fréquem 6. MICOCOULIER (Celtis). — MICocoU
ment dans les lieux qui manquent d'autres LIER à feuilles épaisses, C. crassifolia (en angl.
espèces de bois, où le sol est sec et maigre, Hack Berry). Grand arbre qui s'élève de 70 à
et généralement épuisé par la culture. Il s'é 80 pieds,sur un diamètre disproportionné de
lève de 20 à 25 pieds; dans les localités hu 18 à 20 pouces, qui abonde sur les rives de la
mides, il en atteint de 30 à 35. On en tire de Susquehannah et du Potomac, et dans les
bon charbon et un bon chauffage quand on contrées de l'ouest, dans toutes les vallées qui
le brûle en vert. † le long des rivières, partout où le
BoULEAU rouge , B. rubra ( en ang. Red sol est fertile, depuis les bords de la Dela
birch ). Il ne croit point comme les autres es ware, au-dessus de Philadelphie, au nord
èces dans les forêts, mais on le trouve sur est, jusque dans loul le Kentucky et le Teu
e bord des fleuves, en Pensylvanie, Mary nes ée. Les feuilies, les plus grandes du genre ,
land, Virginie, et la partie supérieure des ont 6 pouces de long sur 3 à 4 de large. Sou
56 AGRICULTURE FORESTIÉRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIv. v.
bois, fin et compacte, mais pas assez dur, n'est amère, est employée avec succès contre les
as fort employé, à cause de son peu de so fièvres intermittentes.
† mais il donne un excellent charbon. 9. HÊTRE(Fagus).—HETRE rouge, F.fer
MIcocoULIER d'Occident, C. Occidentalis ruginea (en Angl. Red beech). Cette espèce
( en angl. American nettle tree). Son bois, de hêtre forme souvent des forêts très-éten
arrivé à maturité, est dur, compacte, souple dues dans les états de Maine, New-Hampshire
et tenace, fait d'excellens cercles, des man et Vermont, où elle s'est emparée de terrains
ches de fouet, des flèches de voitures, etc., fertiles et propres à la culture du blé. Il égale
ainsi que des ouvrages de sculpture.Il se dé en diamètre, mais non en hauteur, le Fagus
veloppe, comme le précédent, dans les sols sylvestris,qui, sur les bords de l'Ohio, s'élève
profonds, fertiles, ombragés et frais des états jusqu'à 100 pieds. Ses fleurs sont aussi plus
du milieu, de l'ouest et du sud. petites; mais c'est surtout dans le bois que la
7. CERISIER ( Cerasus ). — CERISIER de différence est plus importante; car un hêtre
la Caroline, C. Caroliniana (en angl. Wild rouge de 15 à 18 pouces de diamètre a seule
orange tree). On le trouve dans les îles de ment 3 ou 4 po. d'aubier et 13 ou 14 po. de
Bahama, et dans les îles le long des côtes des cœur, et c'est l'inverse de cette proportion
Carolines, de la Géorgie et des Florides. Il ue présente le hêtre blanc. Son bois, plus
disparaît quand on s'éloigne de quelques ort, plus dur et plus compacte, est §pl§
milles des bords de la mer. Sa verdure per à une foule d'usages, et l'on tire de son fruit
sistante en fait le plus bel ornement de ces une excellente huile.
contrées, où il procure promptement aux ha 10. FRÊNES(Fraxinus).—On en trouve six
bitans, qui le plantent autour de leurs mai dans les catalogues de culture :
sons, un ombrage impénétrable; mais la pe FRÊNE d'Amérique, F. Americana (en angl.
' titesse de sa taille ne le rend propre à aucun White ash). Le frêne d'Amérique ou frêne
usage économique. Fig. 80.
CERIsIER boréal, C. borealis (en angl. Red
cherry tree). C'est un arbre du 3° ordre,
commun dans les états du nord, le Canada
et la Nouvelle-Ecosse, et tout-à-fait inconnu
dans ceux du sud. Son fruit est extrêmement
acide. Son peu de développement empêche
d'en tirer parti dans les arts mécaniques.
CERIsIER de Virginie, C. Virginiana ( en
angl. Wild cherry tree). Cet arbre est un
des plus grands produits des forêts améri
caines; mais la rigueur du froid, l'excès de
la chaleur, la grande sécheresse ou la grande
humidité du sol, lui sont également contrai
res, et, suivant leur influence, défavorable ou
ropice, il s'arrête à 30 ou 40 pieds, ou s'é
ève jusqu'à 100, sur 12 à 16 de circonfé
rence. Nulle part il n'est plus multiplié
ni plus développé qu'au-delà des montagnes
des états de l'Ohio, du Kentucky et du Ten
nessée, en Pensylvanie et dans la Virginie
d'où il tire son nom. Son fruit, noirâtre
uand il est mûr, est extrêmementamer. Son
† compacte, d'un grain fin et brillant, blanc est une des espèces les plus intéres
d'une couleur rouge, qui devient plus foncée santes entre tous les arbres américains, par
avec le temps, n'est point sujet à se déjeter les qualités de son bois ; et c'est le plus re
quand il est bien mûr. La menuiserie et l'é marquable par la rapidité de sa croissance et
bénisterie en font un emploi considérable; la beauté de son feuillage. On le trouve en
et, choisi près de la ramification du tronc, il abondance dans le New-Brunswick et le Ca
offre des accidens qui le font rivaliser avec nada, au nord de la rivière d'Hudson, et il
l'acajou. On le préfére au noyer noir, qui de est plus commun dans le Tennessée que dans
vient trop sombre à la longue. On l'emploie la partie sud de New-York, le New-Jersey
aussi dans le charronnage et dans la con et la Pensylvanie. Un climat froid paraît avoir
struction maritime. plus de rapport avec sa nature que tout au
8. PLAQUEMINIER (Diospyros). — PLA tre. Le bord des rivières, le pourtour des
QUEMINIER de Virginie, D. virginiana (en marais et les declivités des coteaux environ
angl. Persicus). Un froid vif est contraire à nans sont pour lui les situations les plus favo
cet arbre, qui s'arrête aux rives du Connec rables. Il atteint quelquefois la hauteur de
ticut, sous le 42° degré de latitude, et se pro 80 pieds, et son tronc, parfaitement droit, a
page à l'infini dans les forêts de l'ouest. Sa souvent 40 pieds sous l'embranchement. Son
taille varie singulièrement, suivant la diffé bois est ordinairement estimé pour sa force,
rence des sites; il fructifie abondamment sa souplesse et son élasticité, et on l'applique
dans les états du sud ; mais son fruit, extré avec un très-grand avantage à une foule d'u
mement âcre, n'est mangeable qu'après sages.M.MICHAUx n'hésite pas à donner la pré
§té §osé à l'action du froid Le bois férence au frêne blanc d'Amérique sur notre
est employé dans différens arts économi frêne ordinaire (Fraxinus excelsior); il le con
ques. On le fait entrer dans la fabrication de sidère comme une des plus précieuses ac
la bière. L'écorce intérieure, extrêmement quisitions pour les forêts du nord de l'Eu
CHAP. 2°. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS EXOTIQUES. 57
rope, et il fait remarquer que les Anglais, rique, en général, comme en Europe, il n'est
reconnaissant sa supériorité, en importent point d'arbre, après le chêne, qui soit aussi
chez eux des quantités considérables, sous la utile que le frêne, et il est beaucoup d'usages
forme de madriers, pour les besoins de leur importans pour lesquels on essaierait vaine
marine. ment de le remplacer par d'autres, à raison
FRENE de la Caroline, F.platycarpa(en angl. de la force et de l'élasticité qu'il possède à un
Carolinian ash). Voici une espèce qui est li si haut degré.
mitée aux états du Sud, où elle se plaît, plus 11. BONDUC ( Gymnocladus ). — BoNDUc
que toutes les autres, dans une humidité chicot, G. Canadensis (en angl. Coffee tree).
constante et profonde ; sa végétation est Cet arbre, dont le sommet est touffu, régu
très-belle, mais sataille, qui excède rarement lier et peu étalé, s'élevant sur un tronc droit
30 pieds, fait qu'il est peu recherché, quoiqu'il et nu de 50 à 6o pieds, fait un effet très-pit
puisse être très-utilement employé dans les toresque dans les jardins paysagers, offre un
arts mécaniques. bois très-compacte, d'une teinte rose, que sa
FRENE bleu, F. quadrangulata (en angl. finesse rend propre aux ouvrages d'ébénis
Blue Ash). Excellent arbre qu'on ne trouve terie, et sa force, à ceux de construction. Il
ue dans le Ténessée, le Kentucky et la par n'a presque point d'aubier, de sorte que son
tie sud de l'Ohio, où il acquiert, dans les sols tronc peut être employé presque entier.Son
riches qu'il demande, la hauteur de 60 à 70 pi. écorce, en vert, est excessivement amère et
Il possède les propriétés caractéristiques du mordante.
genre, et c'est le plus estimé de toutes les 12. NOYER (Juglans). — On en compte
espèces qui appartiennent aux états de dix, qui sont :
l'Ouest. On peut extraire de son écorce une NoYER à fruit amer, J. amara ( en angl.
couleur bleue, d'où peut-être il a tiré son nom. Bitternut hickory). Près de New-York et dans
M. MICHAUx engage les Européens à l'intro les plaines basses le long de l'Ohio, cet arbre
duire dans leurs forêts, en attendant, dit-il, s'élève de 70 à 80 pieds sur une circonférence
que l'expérience ait appris si son bois égale de 10 à 12; mais il n'acquiert cette dimen
ou même ne surpasse pas en bonté celui du sion que dans les très-bons sols, constam
Fraxinus americana et du Fraxinus excelsior. ment frais et souvent inondés. Sa végétation
FRÉNE noir, F. sambucifolia ( en angl. est très-tardive, et ses feuilles ne se dévelop
Black ash). Il appartient aussi aux états # † que 15 jours après celles des autres
Nord, où il croit mêlé avec le frêne blanc ; ickorys. Quand l'arbre a perdu ses feuilles,
mais il demande un sol plus humide, et qui on le distingue toujours par ses bourgeons
soit plus long-temps exposé aux inondations. jaunes et nus. L'amande est âcre et amère,
Il s'en distingue, au premier coup-d'œil, par au point que les animaux ne la mangent pas.
son écorce, qui est d'une teinte plus terne, On en extrait une huile employée pour les
moins profondément sillonnée, et par les lampes et pour d'autres usages communs.
feuillets de l'épiderme, disposés par lar Son bois possède, quoiqu'à un degré infé
ges plaques. Il est plus §n§ aux alterna rieur, la force, la ténacité et l'élasticité qui
tives de la sécheresse et de l'humidité ; mais distinguent si éminemment celui des autres
son bois, employé néanmoins à une foule hickoris.
d'usages , donne des cendres très-riches en NoYER aquatique, J. aquatica (en angl.
alcali, et on en tire de grandes quantités de Water bitternut hickory). Il croît toujours
† Ces diverses propriétés militent pour dans les marais et dans les fossés qui entou
'introduction en grand dans les plantations rent les rizières. Son bois, à raison de cette
forestières de ce frêne, qui s'élève de 60 à circonstance, est inférieur à celui des autres
70 pieds. hickorys.
FRÉNE rouge ou tomenteux, F. tomentosa (en NoYER à beurre, NoYER cathartique, J. ca
angl. Red ash). Cette espèce est la plus mul thartica ( en angl. Butternut). Ce noyer s'é
· tipliée de toutes en Pensylvanie, Maryland lève, dans les sols qui lui sont favorables, à
et Virginie. Elle se plaît dans les marais et la hauteur de 50 à 60 pieds sur une circonfé
les lieux fréquemment submergés. C'est un rence de 10 à 12, mesurée à 5 pieds au-dessus
bel arbre, de la hauteur de 60 pieds, qui croit du sol.Ses racines s'étendent presque à lasur
moins vite que le frêne blanc, mais dont le face de la terre, dans une direction sinueuse,
bois, d'un rouge brillant, possède à peu près jusqu'à la distance de 40 pieds; et le tronc
toutes les qualités qui font rechercher celui se ramifie à une petite hauteur, plus horizon
ci, excepté qu'il est un peu plus dur, et par talement que les autres, et forme ainsi une
conséquent moins élastique. Les jeunes pous large tête touffue qui donne à l'arbre un as
ses de l'année sont couvertes d'un duvet épais, pect très-remarquable. Les noix sont dures,
qui, sur les arbres isolés, devient rouge vers oblongues, arrondies à la base et terminées
l'automne. C'est probablement à cette double au sommet en une pointe aiguë. L'amande
disposition qu'il doit les deux noms qu'il est épaisse, huileuse, et rancit promptement.
porte. Il ressemble beaucoup dans sa jeunesse au
FRENE vert, F. viridis (en angl. Green ash). noyer noir; mais, dans l'âge mûr, on observe
Arbre de 25 à 30 pieds, doué des mêmes qua dans leur bois des différences remarquables.
lités que les autres, mais qu'on emploie peu, Celui du noyer noir est pesant, fort et d'un
à cause de ses petites dimensions. brun foncé, landis que celui du noyer ca
Il existe encore dans l'Amérique septen thartique est léger, de force moyenne et
trionale un grand nombre d'espèces de frê d'une teinte rougeâtre; mais ils possèdent en
nes, et l'on pourrait en trouver, à l'est du commun le grand avantage d'une longue du
Mississipi, jusqu'à 30 qui mériteraient d'être rée et d'être à l'abri des vers. Les proprié
introduits et cultivés en France. Dans l'Amé tés médicinales de l'écorce du /uglans ca
AGRICULTURE, ToME IV. — 8
58 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIV. V.
est, en un mot, un des arbres les plus utiles, NoYER écailleux , J. squamosa (en angl.
et on ne saurait trop le multiplier. La greffe Shellbark hickory). De tous les hickorys, cette
de notre noyer commun sur le noyer noir espèce parvient à la plus grande hauteur,
offrirait divers avantages qui sont indi proportionnellement à son petit diamètre,
ués dans les Annales de l'institut horticole car on en trouve qui atteignent jusqu'à 80 et
e Fromont. 90 pieds, et n'ont qu'une grosseur moindre
PACANIER, J. oliva formis (en angl. Paca de 2 pieds. Son nom est tiré de la disposi
nenut) ( fig. 81). Le pacanier est un fort bel tion de son écorce, disposée en lames écail
arbre dont le tronc,droit et d'une belle forme, leuses. Dans le nord, sa taille reste basse et
atteint dans les forêts de la haute Louisiane, son fruit petit; mais on le trouve en abon
des bords du Missouri et de l'Ohio,où il pousse dance sur les bords du lac Erié, le long de la
avec une extrême vigueur dans les terrains Mohawk, et sur les bords de la Susquehannh
frais et humides, une hauteur de 60 à70 pieds, l et de la Schuyekill, dans la Caroline du sud,
CHAP. 2°. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS EXOTIQUES 59
ainsi que dans les états de l'Ouest. La singu observer à Fromont, ainsi que le chêne
lière exfoliation de son écorce sert à le faire velani. -
distinguer facilement en hiver, quand il a CHÉNE blanc, † alba (en angl. White
erdu ses feuilles. Doué comme les autres oak). Aucun des chênes américains ( fig. 82) ne
ickorys, de force, d'élasticité et de ténacité,
comme il s'élève à une grande hauteur sur Fig. 82.
un diamètre presque uniforme, on l'emploie
quelquefois à la mâture des vaisseaux. Sa
très-grande élasticité permet de le refendre
avec beaucoup de facilité, et de l'employer à
de nombreux ouvrages de vannerie. Ces qua
lités sont encore relevées par celle de pou
voir être planté dans les lieux les plus hu
mides, qu'il affectionne particulièrement.
NoYER dur, J. tomentosa (en angl. Mocker
nut hickory). Le bois de cet arbre, de même
texture et couleur que celui des autres hicko
rys.offre les qualités qui rendent ces arbres si
remarquables, et on en fait un très-grand
cas pour le chauffage, usage auquel tous les
hickorys sont particulièrement propres et su
périeurs à la plupart des autres arbres.
13. TULIPlER. —TULIPIER, Lyriodendrum
tulipifera. Dans les états Atlantiques, et sur
tout très-loin de la mer, cet arbre magnifique
s'élève de 70 à 80 et 100 pi. sur 2 , 3 pi. de dia
mètre; mais les états de l'Ouest sont ceux qui
sont le plus favorables à sa végétation. C'est de
tous les arbres à feuilles caduques,celui qui at ressemble plus que celui-ci au chêne d'Eu
teint les plus grandes dimensions,après le pla rope, et notamment à la variété connue sous
taned'occident; mais ill'emporte de beaucoup le nom de chêne pédonculé. On commence
sttr lui, par la beauté de ses feuilles et de ses à le trouver, en remontant au nord, dans
ſleurs. Dans la jeunesse de l'arbre, son écorce le district de Maine, par 46° 20' de lati
est unie et lisse ; ensuite elle commence à se tude, et en suivant le cours de l'Océan, on
fendre et a s'épaissir. Le cœur du bois mûr le remarque encore sous celle de 28°, au
esl jaune citron. Quoiqu'on l'ait classé dans delà du cap Cannavérali ; il s'étend vers
les bois légers, il est plus pesant que les peu l'ouest, depuis les bords de la mer jusque
liers; également fin et plus compacte, son dans le pays des Illinois , espace qui com
ois se travaille bien et peut recevoir un prend à peu près 400 lieues carrées. Son
beau poli. Le cœur du bois, bien mûr et sé nom vient de ce que son tronc se trouve re
J)aré de l'aubier, résiste long-temps aux in vêtu d'une écorce très-blanche, parsemée de
fluences de l'air, et n'est que rarement atta taches noires. Son bois est rougeâtre, et très
tié par les vers. Il est employé à une foule semblable à celui du chêne de l'ancien con
d usages dans différentes parties de la cons tinent. Contrarié dans son développement
truction, dans l'économie rurale, dans l'ébé par une température trop rigoureuse, un sol
nisterie, etc. † il est très-sec, il reçoit et trop aride ou trop aquatique, ou même une
conserve très-bien la peinture. fertilité trop grande, il s'élève, dans les si
14. PEUPLIERS(Populus).— On en compte tuations qui lui conviennent, à la hauteur
huit, qui sont déjà plus ou moins répandus de 23 à 26 mètres. Il n'est guère d'usages
en France , savoir : le P. angulata, P. ar auxquels on ne l'emploie, mais c'est surtout
gcntea, P. Canadensis, P. candicans, P. gran dans les constructions navales que cet arbre
didentata, P. Hudsonica, P. moniliferà, P. est nécessaire, et il est constant qu'aux
tremuloides. Etats-Unis, il ne pourrait être avantageuse
Le premier, qui est le peuplier de la Ca ment remplacé par un autre. Doué de beau
l'oline se distingue entre tous par sa tail coup de force et d'élasticité, il résiste très
le, qui est de 80 pieds, son port, sa tête long-temps à la pourriture; et quoique moins
élalée, et son magnifique feuillage. L'ar pesant et moins compacte que le chêne d'Eu
gcntea et le Canadensis ont de 70 à 80 pieds; rope, de savans agroiomes ne doutent point
le monilifera, qui est le peuplier de Virginie, que, supérieur à celui-ci par son élasticité, il
parvient encore à la hauteur de 60 à 70 pieds; ne l'égalât en bonté sous tous les autres rap
mais le candican, qui est le baumier, s'ar ports, si on ne le mettait en œuvre que parfai
réle à celle de 40 a 50 , et les trois autres tement sec, et si on l'élevait, soit en ligne au
sont encore moins grands. Les bois de tous tour des champs ou le long des routes, soit
ces peupliers sont inférieurs à celui du peu dans des endroits parfaitement aérés. Il est
lier de Lombardie, et offrent les qualités ana très - difficile de s'en procurer des glands
ogues qui les font rechercher dans les arts sains : c'est ce qui fait que cet arbre pré
ou pour le chauffage. cieux est encore si rare chez nous, où il mé
15.Les CHENES(Quercus).M.And.MICHAUx rite éminemment d'être introduit.
a observé et décrit 26 espèces de chêne crois CHÉNE gris, CHÉNE ambigu, Q. ambigua,
sant dans les diverses contrées de l'Amérique ( en angl. Grey oak). Ce nom d'ambigu lui
du nord. Nous ne décrirons que les 16 espè a été donné par les botanistes à cause de sa
ces que nous avons pu jusqu'ici réunir et ressemblance avec le chêne rouge par son
60 AGRICULTURE FORESTIERE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIV. V•
feuillage, et avec le chêne écarlate par son du chêne blanc, est plus compacte qu'on ne
fruit. Hauteur 50 à 60 pieds. le supposerait d'après la nature du sol où il
croit.
CHENE aquatique, Q. aquatica (en angl.
Water oak ). Il croît dans la Virginie, la CHENE à gros glands, Q. macrocarpa
partie basse des Carolines, de la Géorgie et (en angl. Overcup white oak ). Cette inté
dans la Floride orientale. Il occupe les ma ressante espèce est très-multipliée au-delà
rais étroits qui entrecoupent les sables ari des Alléghanis, dans les fertiles districts de
des de ces déserts, et s'élève rarement au-des Kentucky et de West - Tennessée, et dans
sus de 40 à 45 pieds. Son bois est fort dur, la haute Louisiane , auprès du Missouri.
quoique moins souple et moins élastique que Ses feuilles sont plus grandes, et ses glands,
celui du chêne blanc. de forme ovale, contenus aux deux tiers
CHÉNE aquatique, Quercus Catesbaei ( en dans une cupule épaisse, garnie de filamens
angl. Barens scrub oak ). , Confiné princi déliés et flexibles, sont beaucoup plus gros
†t dans les parties basses des Caro que ceux des autres espèces de chênes des
ines et des Géorgies, il y croît dans des Etats-Unis. Il est digne d'attirer l'attention
terrains trop maigres pour soutenir toute des amateurs d'arbres étrangers, par la gran
autre végétation. Il ne s'élève, dans ces dé deur de ses feuilles et la grosseur de ses
serts improductifs, qu'à 25 pieds; mais glands, et mérite d'être introduit en nombre
comme il est reconnu pour produire le meil dans les jardins paysagers.
leur bois de chauffage, non seulement le CHENE châtaignier des rochers, Q. mon
chêne de Catesby serait une très - précieuse tana, Prinus monticola (en angl. Rock chesnut
introduction pour nos landes, où jusqu'à pré oak ). Il est rarement mêlé avec les autres
sent on n'a songé à multiplier que les arbres espèces dans les forêts, et croit seulement
verts, mais il conviendrait également à beau dans des lieux très-élevés, dont le sol est ro
coup d'autres terrains, dont les arbres verts cheux ou pierreux. Il abonde sur les bords
eux-mêmes ne s'accommoderaient pas. Il est escarpés et rocailleux de la rivière d'Hudson,
très-difficile de s'en procurer des glands. et sur les rives du lac Champlain, encore
CHÊNE écarlate, Quercus coccinea (en angl. plus sur les hautes collines qui flanquent les
Scarlet oak). On commence à voir ce bel monts Alléghanis, dont la surface est pres
arbre dans les environs de Boston, mais il que totalement couverte de pierres. Il porte
abonde surtout en Pensylvanie, en Virginie, à la hauteur de 20 mètres une belle tête éta
et dans la partie haute des Carolines et de la lée; il réussit très-bien dans les environs de
Géorgie; il s'élève à plus de 80 pieds de haut, Paris, et mérite de fixer l'attention des plan
se fait remarquer par la couleur écarlate teurs, soit parce qu'il affecte de croître dans
brillante que son feuillage prend à l'au des terrains pierreux et non cultivés, soit
tomne, et qui le rend éminemment propre pour les bonnes qualités de son bois, qui est,
chez nous aux jardins d'ornement. Son après celui du chêne blanc, le plus estimé
écorce sert à faire du tan, et son bois princi pour la construction des vaisseaux, et après
palement à faire des douves. celui de l'hyckory, le plus estimé pour le
CHÉNE blanc des marais, Q. prinus dis chauffage.
color (en angl. Sºvamp ºvhite oak). Le nom CHENE à poteaux, Q. obtusiloba (en angl.
latin est tiré de la couleur de ses feuilles, Post oak). Ce très-excellent arbre porte le
qui sont d'un beau blanc argenté en dessous, nom de Post oak (chêne à poteaux), tiré de
et d'un vert brillant en dessus ; le nom an son emploi le plus étendu , et celui d'Iron
glais, du sol qu'il préfère, et de son analogie oak (chêne de fer), expressif de la dureté
avec le chêne blanc, qu'il égale en force et de son bois. Quoique sa hauteur excède ra
surpasse en élasticité et en pesanteur.Sa ra rement 15 mètres, et que son tronc se divise
reté seule ne permet pas de l'employer ha très-promptement en branches très-étalées,
bituellement dans les arts. Il végète avec vi ui lui donnent un aspect caractéristique,
gueur et s'élève à 70 pieds. l'avantage qu'il a de croître très-bien dans
CHENE à feuilles en faux, Q. falcata (en des terrains secs et maigres, tels que ceux où
angl. Spanisk oak ). Ses feuilles se rappro on le trouve dans le New-Jersey, le Mary
chent beaucoup de celles du vélani , qui land, la Virginie, jusqu'aux rives escarpées
croît en Espagne. Il s'élève à plus de 80 pieds. de l'Hudson, près New-York, doit engager à
Le tan de son écorce employé pour les gros le multiplier; et il réussira très-bien dans
cuirs, les rend plus blancs et plus souples, nos départemens de l'ouest et du midi, où
et l'on croit que le cuir s'améliore encore ces sortes de terrains abondent.
par l'addition d'une petite quantité d'écorce CHÉNE blanc châtaignier, Q. prinus palus
de l'hemlock spruce, Abies Canadensis. tris ( en angl. Chesnut avhite oak ). Dans les
CHÈNE à feuilles en lyre, Q. lyrata ( en terrains frais, profonds et fertiles, il s'élève
angl. Owercup oak). Le nom anglais de cette jusqu'à 90 pieds sur un diamètre propor
intéressante espèce est tiré de la forme tionné, et son tronc, parfaitement droit et
de sa cupule par laquelle le gland est pres dégarni de branches, conserve le même dia
qu'entièrement recouvert. Il croît dans la mètre jusqu'à 50, et se termine par un som
partie basse des Carolines et de la Géorgie, met très-vaste et très-touffu. Aussi mérite
sur les bords du Mississipi, dans la basse t-il d'être placé au premier rang des arbres
Louisiane et dans la Floride orientale, dans les plus beaux de l'Amérique septentrionale,
des situations plus humides que toutes les et produira - t - il certainement un jour un
autres espèces de chênes américains. Il at magnifique effet dans les jardins paysagers.
teint ainsi sur les bords de la Savannah, une Son bois est fort recherché pour le charron
hauteur de 80 pieds, sur une circonférence nage et autres usages économiques qui re .
de 8 à 12. Son bois, quoiqu'inférieur à celui quièrent de la force et de la durée , et il
CHAP. 2°. ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS EXOTIQUES. (i1
-
| .
--* • _ - - -* "
66 AGRICULTURE FORESTIÊRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS. LIv. v.
un poli brillant. On le préfère donc à tous et à briques, et fournit le noir de lampe au
les autres, tant pour l'architecture navale COIIlIInerCe.
que pour les différens arts. La valeur de cet P. rubra (en angl. Red ou Norway pine).
arbre ne réside pas seulement dans son bois, Très-bonne espèce, qui croît dans les sols sa
c'est lui qui fournit presque toute la matière blonneux et secs, dans le Canada, laNouvelle
résineuse qui est employée dans les chan Ecosse, et la partie nord de la Pensylvanie,
tiers des Etats-Unis; et on en exporte en du 48° au 41° degré 30' de latitude, et qui
outre une quantité considérable aux Indes porte à une hauteur de 20 à 30 pieds un tronc
occidentales et en Europe.Sa résine est d'au d'épaisseur uniforme sur les deux tiers de
tant plus abondante, que le fonds sur lequel sa longueur.Son bois, très-résineux, est com
il croit est plus sablonneux. Son introduc pacte, pesant, très-estimé pour sa force et sa
tion en grand, dans les contrées appropriées durée, ſort employé dans l'architecture na
de la France, fertiliserait rapidement nos vale, principalement pour les ponts des vais
landes stériles, et ajouterait une masse im SeauX , † il fournit des planches de
portante à nos produits forestiers. Cet arbre, 20 pieds de long sans nœud. Dépouillé de son
qui jusqu'ici avait été en Europe de la plus aubier, on en fait des corps de pompe qui
grande rareté, et que l'on ne pouvait se pro sont de la plus grande durée.
curer qu'à un prix exorbitant, a été depuis P. rupestris (en angl. Grar pine). Cette
eu de temps introduit dans † de espèce s'avance plus au nord que toutes les
#§ où il se trouve aujourd'hui très autres. Elle croît dans les rochers; elle est
abondamment multiplié; et les premiers es petite, rabougrie, et sans intérêt.
sais faits pour sa naturalisation sur divers P. seratina (en angl. Pond pine). Se
points du midi et de l'ouest, justifient l'es trouve dans les parties maritimes des Etats
poir de l'y voir s'y établir en grand. du sud; et comme plus de la moitié de son
P. inops (en angl. New-Jersey pine). Arbre tronc consiste en aubier, on n'en fait dans
de 30 à 40 pieds, qui est sans grande valeur. les arts aucun usage,
PIN jaune, P. mitis (en angl. Yellow pine). P. strobus(en angl. White pine), pin dulord
Il croît dans les sols les plus arides, géné Weymouth Ufig.91).Ce très-intéressantet très
ralement formés par des couches d'argile mê Fiv 91.
lées avec du gravier. Sa taille est de 50 à 60
pieds de haut; son tronc, de 15 à 18 pouces
de diamètre, ne présente que 2 pouces à 2
pouces4 d'aubier dont la prºportion diminue
encore à mesure que l'arbre devient plus
gros. Son bois est compacte sans être trop
pesant. Une longue experience a prouvé son
excellence et sa durée, qui approchent de
celles du pun austral.On en fait une consom
mation considérable pour la mâture et diver
ses autres parties des vaisseaux, ainsi que
dans les constructions civiles, la menuise
rie, etc. Son bois tiré de New-Jersey et de
Maryland, a le grain plus fin, est plus com
acte et plus fort que celui de la rivière de
§ où le sol est plus riche.
P. pungens (en angl. Table moutain pine).
La montagne de la Table, dans la Caroline
du sud, à la distance de 800 milles de la mer,
est un des points les plus élevés des Allé
ghanis; elle est couverte par cette espèce de
pin que l'on, ne retrouve † ailleurs, qui
paraît posséder des qualités qui la recom bel arbre, sensible à un froid rigoureux, et
manderaient pour nous, et que distingue la plus encore à une chaleur intense, appartient
forte et longue épine recourbée vers le som plus particulièrement aux régions tempérées;
met du cône, dont chaque écaille est armée. on le trouve avec plus d'abondance entre le
C'est de là qu'il tire son nom spécifique. 43° et le 47° degré de latitude; il s'accom
P. rigida (en angl. Pitch pine). On le trouve mode de toute espèce de sols, excepté de ceux
rincipalement, et en abondance, sur la côte qui sont purement sablonneux, ou qui sont
tlantique, où le sol très varié est générale resque entièrement submergés. Les plus
ment maigre. Il se plaît dans les terrains lé † se voient au fond des vallées fertiles,
gers, maniables et sablonneux.Sa grandeur, sur les bords sablonneux, frais et profonds
suivant les sols et les sites, varie de 20 à 25, des rivières, et dans des marais couverts d'un
35 à 40, et 70 à 80 pieds; il est chargé de lit épais et constamment humide de sphag
branches sur les 2/3 de son tronc, ce qui num. M. MICHAUx en a mesuré dans de telles
rend son bois fort noueux. Sur les montagnes situations, qui avaient 142 et 180 pieds de
et les terrains graveleux,il est compacte, pe hauteur. Il s'élève moins haut dans les terres
sant, et fqurnit une grande quantité de ré fortes, propres à la culture du blé, mais il
sine, d'où il a reçu son nom : dans les parties n'est pas moins le plus grand et le plus vi
marécageuses ses qualités diminuent au point goureux de ceux qui l'entourent. Son bois
u'on ne lui donne plus que le nom de bois est propre à une foule d'usages, et il sert ex
aubier. Il est employé à divers usages, re clusivement à la mâture dans les Etats du
cherché pour le chauffage des fours à pain nord et du milieu. Ces mâts l'emportent en lé
CETAP. 3°.
FORÊTS NATURELLES. 67
gèreté sur ceux de Riga; mais on dit qu'ils nale est à Fredericksburg, a230milles au sud
s'altèrent plus vite entre les ponts et aux de Philadelphie ;il atteint quelquefois 80 pi.,
points d'intersection avec les vergues, et et se termine par un vaste sommet étalé.
cette circonstance, dans l'esprit des cons †!
contienne une grande proportion
tructeurs américains, donne la supériorité d'aubier, il est
au pin austral sur tous les autres.
#
à divers usages, et
il est très-recherché pour le chauffage des
P. tœda ( en angl. Loblolly pine). Cet fours. Il donne beaucoup de térébenthine,
arbre est particulier aux parties basses des qui est plus épaisse que celle du pin austral.
Etats du sud, et sa limite la plus septentrio SoULANGE-BoDiN.
La formation des bois et ſoréts a lieu de pratiquer dans les intervalles laissés par les
2 manières : parl'ensemencement des grainesi enseIIiencemens naturels.
§. la plantation de jeunes plants déjà for . Lorsque ces arbres ont rempli leurs fonc
I06S. tions, on les abat successivement, avec un
L'ensemencement est naturel, ou artifi profit plus considérable, et sans crainte qu'en
ciel. La plantation est toujours un fait de tombant ils ne détruisent la recrue.
culture et ne peut être qu'artificielle. Quant à l'ensemencement naturel des bois
L'ensemencement naturel a produit origi d'arbres résineux, il faut se régler d'après
nairement toutes les forêts , et il peut suffire le †º de la différence essentielle des
à réparer leurs pertes naturelles pendant un ropriétés des forêts de pins, de celle des
temps indéfini. Elles conservent, dans cette orêts de sapins et d'épicéas situées sur les
condition et pendant cette période, le noun montagnes.
de foréts naturelles. On a lieu de craindre, sur les montagnes
Les semences qui tombent des arbres lors et dans les forêts d'épicéas que l'on éclaircit,
de leur † assurent donc, sans le † les vents ne renversent les réserves dans
secours de l'art, l'entretien naturel et la per es cantons entiers ; mais on ne doit pas
pétuelle durée des forêts. Ces arbres s'ap avoir cette crainte à l'égard des réserves de
pellent porte-graines. Il faut, dans l'exploita pins sauvages. Tous les ans, celles-ci répan
tion économique des bois, savoir ménager dent en plus ou moins grande quantité dans
cette ressource précieuse. Les arbres poi'te les champs, leurs semeiices ailées auxquelles
† garantissent en outre contre l'ardeur elles domnent, dès qu'elles sont levées, les
u soleil,lessécheresses, les vents,les gelées et 81 † et l'ombre que la nature légère du
la crue des herbes nuisibles, les plants régéné sol des forêts de pins leur rend si néces
rateurs provenant des graines qu'ils ont pro Sall"6S.
duites et répandues sur la terre. Pour favoriser le repeuplement naturel
des foréts de pins sauvages, il convient de
SECTIoN I". — Forºts naturelles. n'abattre annuellement, qu'un tiers de la
coupe, sauf, pour avoir la même quantité de
L'ensemencement naturel se fait différem bois, à entamer trois coupes à la fois. L'an
ment dans les forêts de bois feuillus, et dans née suivante, on exploite dans la même pro
les bois d'arbres résineux, et veut ainsi être portion, tant sur ces trois coupes que sur une
particulièrement étudié el conduit dans l'un nouvelle coupe annuelle. Quand, par suite
et dans l'autre cas. de ce procédé, la première coupe se trouve
' Les bois feuillus ou à feuilles caduques ensemencée, on y enlève peu à peu les ar
ortent, ou des semences pesantes qui tom bres à semence, avant que leur exploitation
† directementautour de leurs pieds,ou des puisse nuire au jeune bois. En suivant d'an
semences légères que les vents emportent à née en année l'ordre établi pour la première
une certaine distance, on enfin des semences coupe, l'on parviendra à les repeupler sans
ailées qui se disséminent facilement au loin. frais considérables pour les ensemencemens,
Les semences pesantes ont besoin d'être surtout si on a eu égard aux années fertiles
plus enterrées que les semences légères. en graines pour mettre les coupes en dé
La connaissance de ces propriétés des fens.
graines apprend quelle est, pour chaque es Les ensemencemens naturels ne sont qu'un
èce,l'étendue des repeuplemens naturels en secours léger et incertain pour le repeuple
ment naturel des foréts d'épicéas, qui sont
jeunes plants qu'il est permis d'attendre des Souvent
arbres porte - graines, et par conséquent † années sans produire de
quel est le nombre de ces arbres à conser graines fertiles. On les favorisera, antant
ver, lors des exploitations, pour faire tour que possible, en évitant que les coupes ne
ner au profit des repeuplemens naturels tous livrent passage aux vents de l'ouest, et en
les avantages offerts par la nature. leur donnant une forme demi-circulaire,
Pouraider les porte-graines à bien effectuer puisque les terrains explnités doivent être
les ensemencemens, il y a seulement quel ensemencés par la partie de la forêt qui est
ques soins à prendre, tels que la préparation encore en massif, et non à l'aide de baliveaux.
du terrain à recevoir la semence, une légère Mais il faudra surtout avoir recours aux en
culture, la mise en défense du canton et d'un semencemens artificiels .
semis artificiel qu'il peut être nécessaire de Quand les foréts de sapins se trouveront à
68 AGRICULTURE FoRESTIERE : PLANTATION DES FORETS. LIV. V.
† près également mêléesd'épicéas,il faudra mide et une température fraîche qu'on lui
eur appliquer le mode d'aménagement indi procure en l'élevant d'autant plus au-dessus
ué pour ces derniers. Mais, vu les propriétés du niveau de la mer. Comme il retrouve l'une
† de chacune de ces espèces d'arbres, et l'autre dans les lieux bas et très-humides,
et les différentesqualités de leursgraines,iné marécageux même, l'expérience a prouvé
gales en pesanteur et en durée, il faut les u'il s'accommodait très-bien de cette sorte
traiter suivant la méthode † pour les 'exposition. Il ne faut pas un aussi bon
pins, d'après laquelle on ne doit pas faire fonds aux arbres à racines traçantes et super
de coupes à blanc-étoc, et prendre succes ficielles, qu'à ceux dont les racines pivotan
sivement le bois dont on a besoir1 dans un
tes et perpendiculaires vont chercher la
canton déterminé, mais en en favorisant le nourriture à une grande profondeur. Il faut
repeuplement. placer à l'abri des vents violens qui règnent
Le repeuplement des forêts de mélèzes sera au bord de la mer et désolent certaines con
au contraire soumis aux principes indiqués trées, les arbres dont la cime branchue et le
pour celui des forêts d'épicéas. feuillage épais donnent trop de prise à leur ac
SECTIoN 11.— Foréts artificielles. tion. Les bois propres au chauffageauront tou
jours l'emploi de † produits assuré dans les
Les foréts artificielles proviennent de se † de minerai et de hauts fourneaux, et à
mis ou de plantations faits par la main des a portée de diverses usines dont les produits
hommes. se traitent par le feu, comme les verreries. Les
Les endroits qui sont privés de la ressource bois blancs, donnant de la volige, SerOnt eIm
des ensemencemens naturels, ainsi que tous ployés aux emballages de ces établissemens,
les terrains vides destinés à la culture des bois, et, portés près des rivières et des canaux, ils
rentrent dans le domaine de l'art, auquel il pourront arriver sans trop de frais vers les
oints où la consommation en sera assurée.
appartient de les peupler. Cet art forme le
es bois qui donnent des cercles et des échalas
premier et prineipal objet de la science fo seront
restière.Ses moyens sont : 1° les semis ;2° les d'un revenu certain dans les pays de vi
plantations. -
gnobles. Les pins donnant de la mâture, des
pièces propres aux constructions navales, et
ART. 1". —Des semis. des produits résineux, à la portée des ports
de mer, offriront une source de richesse à
Les semis artificiels ont pour objet de rem des contrées frappées d'une stérilité immé
placer les arbres à semences. Ces semis au moriale.
ront un succès aussi heureux et plus uni
forme que les ensemencemens naturels, s'ils $ II. — Bonté des semences.
sont bien dirigés. Les méthodes les plus sim Le succès de tout semis dépend essentielle
les et les moins coûteuses sont, dans tous
ment
es cas, les plus sûres, si elles imitent la mar ditionsdeprincipales
la bonté des semences; il y a 3 con
pour qu'une graine soit
che de la nature et sont employées avec la
prudence convenable. Ainsi, pour les semis bonne ei propre à germer.
La 1r° est d'avoir pris complètement sa
artificiels, on doit s'occuper principalement:
1° de choisir les essences convenables; 2° de forme sur la mère plante, et d'avoir reçu,
s'assurer de la bonté des semences ;3° de s'en par une fructification convenable, un germe
procurer une quantité suffisante; 4° de choi fertile. Chaque graine, bien mûre et bien
sir et préparer convenablement le terrain ; uneformée, doit avoir 3 pièces essentielles, savoir :
5° de saisir le temps propre aux ensemence enveloppe extérieure et une intérieure,
mens; 6° d'enterrer la semence de manière une amande, et un germe qui est le rudiment
la plante future.
à ce qu'elle ne soit ni trop ni trop peu recou deLa -
de bouleau se plaisent mieux dans les en fermes, frais, pierreux, couverts de terre vé
droits découverts que dans ceux trop om gétale, exposés au nord et dans une situa
bragés, tion fralche et ombragée. La semence de ces
B. Bois résineux.
arbres est contenue dans des cônes dirigés
vers le ciel; elle mûrit et on doit la récolter
Cinq especes de bois résineux concou en septembre. Les écailles des cônes s'ou
rent.surtout aujourd'hui à la formation des vrent très-facilement, et laissent tomber leurs
forêts. Ce sont le pin sauvage, le sapin blanc graines; on doit en débarrasser la graine en
argenté, l'épicéa, le mélèze, et, dans les dépar la passant au crible, et faire promptement
temens plus méridionaux, le pin maritime. cette opération, parce que cette semence, con
, Semis du pin sauvage. Il s'opère de deux tenant beaucoup de parties huileuses , et
manières , soit avec des cônes entiers, soit aqueuses, ne conserve guère sa faculté ger
avec la semence épluchée et débarrassée de minative au-delà du printemps suivant.
ses membranes. Le pin sauvage se contente Comme elle est beaucoup plus grosse que
des plus mauvais sables, pourvu qu'ils soient celle du pin sauvage, il en faut au moins une
fixes ; mais il croît d'autant mieux que le ter fois autant que de celle-là, c'est-à-dire 31 ki
rain n'est pas exposé à la sécheresse, qu'il log. par hectare. On se contente de gratter la
est mêlé d'un peu de glaise, et que sa sur surface du terrain, et de répandre la semence
sans l'enterrer
face est recouverte de terre végétale. On pré
pare dès l'automne, par un labour, le ter Semis d'épicéa. L'épicéa n'exige pas un ter
rain destiné à recevoir les semences. Quant rain aussi bon que le sapin argenté. Cepen
dant il vient mal dans un terrain sec et sa
aux sables fixes, on se contente d'y passer la
herse, si toutefois on ne craint pas, par là, etblonneux; il lui faut une exposition froide
élevée. Sa semence mûrit vers la fin d'oc
de leur rendre trop de mobilité. Il faut éviter
soigneusement de diriger les sillons de haut tobre, et il faut récolter les cônes depuis le
en bas, parce que les eaux inonderaient et mois de novembre jusqu'au mois de mars.
entraîneraient les semences ou les jeunes Les semis doivent toujours se faire avec de
plants. La semence du pin mûrit ordinaire la semence épluchée, elle a l'avantage de se
ment vers le commencement d'octobre, et conserver plusieurs années. Il faut 15 kilog.
s'envole au printemps lorsque le temps est de graine pure par hectare. Elle ne doit pas
être couverte.
chaud. La récolte peut donc se fixer de la fin
d'octobre jusqu'au mois d'avril. -
Semis de mélèze. Cet arbre, le premier des
Semis de cônes entiers. Ils conviennent sur bois résineux, prospère dans les lieux élevés,
tout pour les endroits nus et sans abris froids, tempérés, ainsi que dans les plaines où
contre le soleil, ainsi que pour les plaines il y a de la fraîcheur. Les cônes se récoltent
sablonneuses et les amas de sable restés à dé après le mnois de novembre jusqu'en mars; on
couvert. Il faut, par hectare de terrain absolu ne doit pas cueillir ceux qui sont vieux et
ment nu, 24 hectolitres de cônes. On peut ceux vides. Il est très-difficile de les éplucher, et
répandre les cônes à la main dans des sil qui en font métier détruisent souvent
lons tracés à la charrue ou à la houe. Ils les germes en plaçant les cônes dans un four
s'ouvrent d'eux-mêmes et laissent † trop chaud. On répand la semence dans des
leurs graines, mais seulement par la surface sillons pratiqués à la charrue, ou dans des
qui touche à la terre et immédiatement au rayons pratiqués à la houe. Dans le dernier
1our du cône, et non par la partie supérieure. cas, on n'emploie que 5 à 6 kilog de graine
Pour rendre l'ensemencement égal, il faut, pure par hectare. Mais les semis de cette
quand les cônes sont parfaitement mûrs, sorte éprouvent tant de chances contraires,
faire passer dessus une herse de branchages. † est très-préférable de planter plutôt que
e semer les terrains sur lesquels on veut
I.es cônes, en roulant, répandent la semence établir des bois de mélèze.
qu'ils contiennent encore, et on abandonne
ensuite le succès du semis aux hasards de la
température. ART. II. — Des plantations.
Sémis de graines de pins épluchées. Ils sont
très-avantageux dans certains cas : 1° pour $ I".-Des différenteshabillage.
sortes de plants, enlèvement,
remplacer, après un léger labour, les coupes
dans lesquelles il ne reste pas assez de porte
raines pour fournir un ensemencement suf Avant de déterminer une plantation, il faut
isant;2° pour réensemencer, après les avoir examiner avec soin la nature et la profon
hersés, les vides qui se trouvent dans les se deur du sol à planter, afin de pouvoir choisir
mis déjà avancés en âge;3° pour semer les en avec discernement, parmi les essences de
droits ensablés qui sont recouverts de brous bois qui lui conviennent, celle dont le pro
duit deviendra le plus avantageux.
sailles, et où il est impossible de remuer les
cônes qu'on y répandrait. Dans ces différens Il y a des essences qui croissent beaucoup
cas, on sème à la main, en se servant de trois
mieux mélangées ensemble que quand ellés
doigts, et on emploie environ 15 kilogram sont de la même espèce. Le chêne aime à
mes par hectare. Mais si on sème par rayon être entremêlé avec le frêne, et se plaît
même mieux avec les bois blancs. Telles es
tracé à la charrue ou à la houe, il ne faut
Tue 5 à 6 kilog de graines. Les semis de pins pèces enfoncent perpendiculairement leurs
ne veulent nullement être recouverts, il faut racines, d'autres les étendent à la surface.
q:1e la semence reste à nu sur le sol. Celles-ci s'accommodent des lieux secs et éle .
Semis de sapins. Les semis de sapins, soit vés ; celles-là préfèrent les situations basses
en plaine, soit sur les montagnes, réussissent et humides.
très-bien dans les terrains de bonne qualité, Les plantations se font en jeunes plants
, CHAP. 3°. · · · FORETS.ARTIFICIELLES; PLANTATIONS. - , , 73
terrain envahi et épuisé. Leur tige est mai 3° Qn cultive avec la charrue toute lasuper
gre et étiolée, leur bois est dur et rabougri, ficie du terrain à planter, et avant de plan
ter on , lui donne assez de façons pour le
et l'habitude qu'ils ont de vivre à l'ombre, rendre bien meuble.
dans la mousse et sous de grands arbres, les
rend extrêmement sensibles à l'action du so 4° On ne cultive à la charrue, et sur une
leil, du hâle et des vents, dans les positions largeur de 2/3 de mètre, que les parties du
OllVertes. terrain sur lesquelles on † planter, et on
laisse inculte le surplus, comme dans la 2°
Quelque espèce de plant qu'on se détermine Iman1ere.
employer, suivant les facilités qu'on peut
avoir et les convenances dont on veut pro Il faut observer que les labours à la char
fiter, l'enlèvement du plant et sa mise en place rue sont plus propres aux semis et admet
définitivesont assujettis à des précautions qui tent difficilement l'emploi des plants enra
ont pour but d'en assurer la reprise et l'en cinés, à raison de toutes les précautions
tier succès. † faut prendre pour assurer leur reprise ;
On peut planter depuis la chute des feuil de'abord on ne peut guère planter ainsi que
les jusqu'à leur renouvellement. Le choix de jeunes plants provenus de semis de 2 ans,
l'époque précise dépend de la nature des ter ensuite on ne peut appliquer cette manière
rains, de l'espèce des arbres, du caractère qu'à des terres très-légères et suffisamment
habituel que la différence de climat et d'ex préparées par plusieurs labours. Enfin il faut
† peut imprimer aux saisons, qui accé trois personnes pour effectuer cette planta.
èrent dans un lieu le phénomène de la vé tion, l'une qui ouvre le sillon, l'autre qui
gétation, et les retardent dans un autre. pose les plants dans la raie, et la 3° qui re
Les arbres qui poussent de bonne heure dresse en terre et y assujettit les plants que
la charrue a renversés, ou n'a qu'imparfaite
au printemps, ou qu'on destine à des sols Iment recouverts.
légers, secs et chauds, doivent être plantés
en automne; ceux qui craignent les gelées, Une manière très-expéditive, quand le ter
ou qu'attendent des terrains argileux et hu rain y est propre, c'est de défoncer le sol à
mides, réussissent mieux au printemps. la houe, de placer le plant dans la tranchée
Il faut éviter d'arracher et de planter par à mesure qu'on avance, de le recouvrir avec
la terre de la tranchée qu'on ouvre ensuite
un temps de gelée, ou quand l'air est sec et en avant, comme pour combler la jauge, et
froid. Les racines ne doivent rester exposées ainsi de suite en assujettissant suffisamment
à l'air que le moins possible. On retranche
celles qui ont été mutilées ou froissées. le plant avec la houe ou avec le pied.
L'habillage des plants doit se borner là ; il $ III.-Modes divers de plantations, espacement
y a des ouvriers qui, par un retranchement des lignes.
exagéré du chevelu,remettent les plants pres
u'à l'état de boutures. C'est une grande On appelle plantation en pots, potets ou po
aute, et il vaudrait infiniment mieux tomber quets(fig.93),l action de planter dans des trous
dans l'excès contraire. On aura donc grand Fig, 93.
soin de ménager la partie ligneuse des raci
nes. Il y a des espèces d'arbres aux racines
desquels on ne touche généralement point,
tels que les arbres verts., Lorsqu'on doit
transporter le plant à quelque distance de
la pépinière, il faut veiller à ce que les raci
nes ne se dessèchent pas en route : et si un
emballage est nécessaire, on prendra des
précautions pour qu'elles ne s'échauffent
pas, ce qui arrive ordinairement par la trop
grande § de l'intérieur des ballots.
Les plants s'échauffent † alors,
jusqu'à être complètement brûlés et perdus.
Le danger est encore plus grand, dans le cas
du transport des arbres verts, dont les feuil
lages persistans contractent et conservent
une plus grande humidité.
AGRICULTURE,
94 AGRICULTURE FORESTIÈRE : PLANTATION DES FORÊTS. Lrv. v•
ouverts sur un terrain qui n'a reçu aucune toutes les parties de la plantation. Si le ter
† préliminaire; on espace les trous rain est frais, quoique profond, on peut le
† moitié en chênes, moitié en frênes ;
1 mètre 1/3 les uns des autres, et on les
dispose en quinconce, autant que possible.On es frênes sur un rang et les chênes sur l'au
leur donné environ un demi-mètre de dia tre, alternativement.Mais, dans ces cas parti
mètre sur 1/3 de mètre de profondeur, on les culiers, les rangées se trouvent à 3 2/3 de mè
remplit ensuite à moitié avec la meilleure tres les unes des autres, et les arbres y sont
lel're végétale, ou mieux encore avec de la espacés à la même distance, et également en
terrevégétale prise sur la superficie du terrain quinconce. On plante et on cultive ces arbres
environnant. On place les plants enracinés et l'on en dresse les tiges, comme pour les
sur ce lit de bonne terre, et l'on recouvre arbres isolés. On a soin de remplacer succes
les trous avec le reste ou le meilleur de la sivement les arbres qui viendraient à périr
terre qui en a été extraite. Dans les fonds pendant les 5 1" années. Quant aux futaies
bas, humides, et dans les sols argileux et et aux jeunes plants enracinés, † la pré
compactes, il faut remplir entièrement le aration du terrain, on tracera les rangées
trou, et placer le plant un peu au-dessus du à 3 mètres 1]3 de distance les unes des au
niveau du sol, dans une sorte de butte qui tres, l'on y espacera les plants à 2 mètres, et
tient pendant le premier hiver les racines ils seront aussi disposés en quinconce.
hors d'atteinte d'une humidité stagnante et L'espacement demande moins d'attention
pourrissante, et qui s'affaisse ensuite peu-à dans la plantation des bois destinés à être
† avec la terre même qui a été placée dans aménagés en taillis, parce qu'on est toujours
e trOUl. le maitre d'éclaircir un taillis trop dru. Une
On appelle rayonnerl'action d'ouvrir sur le plantation en taillis doit être faite par ran
terrain avec la bêche ou avec la houe des fos gées, orientées, autant que possible, du le
ses longitudinales et parallèles (fig. 94), à une vant au couchant, afin que le plus grand
Fig. 94. nombre des plants soit préservé de l'ardeur
du soleil du midi qui, pendant l'été, dessèche
le pied des arbres. On éloigne les rangées
les unes des autres dans les limites d'un mè
tre 1/3 à 1 mètre 2/3.. Lorsque les pousses
annuelles de la plantation présenteront une
longueur d'environ un décimètre, son succès
sera assuré et elle n'aura plus besoin que
d'une bonne conservation.
Espacement des arbres isolés et d'aligne
ment. Si le terrain à planter n'a pas une
très-grande épaisseur, et que cependant on
veuille y mettre des chênes ou des hêtres,
on les espace de 7 à 8 mètres. Si le même
terrain était d'ailleurs propre à la culture du
frêne, ou à celle des meilleures essences de
bois blanc, on pourrait y placer les chênes
à 8 ou 10 mètres de distance les uns des au
tres, et mettre entre chacun un frêne ou un
#e ? 27
arbre de bois blanc. Si on voulait planter
distance calculée sur le but de la plantation. des ormes sur ce terrain, on les y espacerait
de 5 à 6 mrètres. On observe la même dis
Après avoir rejeté la terre de la tranchée
sur les intervalles non défoncés, ou place les tance pour les platanes; et seulement celle de
plants dans une situation alternative le long 4à 5mèt. pour les ypréaux, les peupliers et les
des parois de la fosse, et on rejette suffi trembles. Sur les sols propres à la végéta
samment de terre sur les racines qu'on assu tion des châtaigniers, des noyers, l'espace
jettit avec le pied. Dans les façons suivantes, entre ces arbres sera de 8 à 10 mètres, afin
on ramène dans les fosses la terre qui était que rien ne puisse s'opposer au développe
restée sur les intervalles, et qui sert à re ment de leurs têtes.
chausser les plants, jusqu'à ce que toute la Lorsqu'on veut planter des arbres en plein
surface ait étë remise de nivean. Pendant un champ, sur des terres en culture ou sur des
an ou deux, on peut sans inconvénient cul pâturages, on les espace de 16 à 20 mètres
tiver sur la terre des ados, des légumes ou sur les premières, et de 10 à 13 mètres sur
des racines. les secondes, afin de ne pas jeter trop d'om
Distance des sujets entre eux. Elle † brage sur les récoltes.
Lorsqu'on plante des avenues droites ou on
de la qualité du sol , des espèces de plants
et de l'aménagement qu'on se propose d'a doyantes sur quatre rangs d' arbres, il faut
dopter. les y disposer en forme de quinconce. Les ar
Les plantations destinées à former des fu bres se trouvent alors plus éloignés les uns
taies ne peuvent être faites avec avantage des autres que lorsqu'ils sont placés trans
que sur un sol de 1" qualité. Lorsqu'on y versalement sur la même ligne, et ils végètent
emploie des plants de haute tige, on plante avec plus de vigueur.
le terrain par rangees, éloignées de 4 mètres
les unes des autres, on y espace les arbres $ IV. — Epoque des plantations.
également à 4 mèti »v, mais disposés en quin
conce, afin que l'amv la lumière et la chaleur Ainsi qu'il a été dit, le choix en est su
puissent circuler et t énetrer librement dans bordonné en genéral à la nature du sol, à
cHAP. 3°. . FoRÊTS ARTIFIChELLES; PLANTATIONS.
l'influence du climat, à la diversité des es
sences. On pourra toujours commencer en
automne les grandes plantations de plants
enracinés, et sur toute nature de terrain ,
lorsqu'il sera suffisamment humecté par les
pluies de cette saison ; celles qui survien
nent après la plantation rapprochent les
terres des racines, et si la température est
douce, elles peuvent pousser du chevelu qui
contribue beaucoup à la bonne végétation du
Pº†
Les plantations faites au printemps sont
exposées à souffrir et à périr en partie, si
cette saison est sèche. Il y a cependant des
essences qu'il vaut mieux ne planter qu'au
printemps, comme les arbres résineux, le
robinier, et généralement toutes les espèces
ui craignent la gelée ou l'excès de l'humi
ité.
la plantation, de tracer à travers les massifs 4 branches des plus fortes, et l'on rabat en
de bois, les routes et les chemins nécessaires tièrement toutes les autres. On détermine
à leur exploitation. Ils doivent aboutir aussi ensuite la branche qui doit former la conti
76 AGRICULTURE FORESTIERE : PLANTATION DES FORETS. 1L1V, V.
nuation de la tige de l'arbre, et qui doit être rage, d'empêcher la récolte des herbes, et
non pas la plus forte, mais la plus verticale de conserver toutes les sortes de buissons
et la mieux placée. On la laisse intacte et on ou broussailles, les fougères ou autres plan
écourte un peu les autres. L'ébourgeonne tes vivaces dont les racines maintiennent les
ment de la tige se continue, et si la branche terres. On doit faire la plus sérieuse atten
tige avait poussé des branches latérales trop tion à la nature du terrain et à son exposi
vigoureuses, on les écourterait aussi. On tion. Les sapins, les pins, le mélèze et le bou
supprime en deux ou trois fois les branches leau † au nord; le levant convient
écourtées les années précédentes. Ces soins au robinier, au hêtre, au charme et au bou
se continuent jusqu'à 6 ans. Depuis 6 ans jus leau; le chêne, l'érable, le châtaignier brave
u'à 15, on laisse aux arbres isolés, en les ront les feux du midi; l'ouest sera propice
émondant, autant de hauteur de tête que de au sapin, au chêne, au hêtre et au charme.
hauteur de tronc. C'est le moyen de procu Les semis et les plantations en potets seront
rer de belles proportions à leur tige.Au-delà pratiqués avec économie et succès dans les
de cet âge, on peut les émonder jusqu'aux pentes encore couvertes de gazon ( fig.98), en
deux tiers de leur hauteur totale, mais ja
mais plus haut, parce qu'alors l'abondance Fig. 98.
de la sève tourniente la tige. Quand cette
tige a été bien formée dans le principe, et
qu'on émonde les arbres au plus tard tous
les 4 ou 5 ans, on peut continuer l'émondage
périodiquement jusqu'à l'âge de 40 ans.
$ VI.— Plantation des terrains élevés stériles,
en pente, et des dunes.
Dans nos climats, c'est sur les terrains éle
vés et dans les terrains stériles que les pro
priétaires doivent surtout essayer la culture
des arbres résineux. Quand les fonds sont
bons, on y plante des arbres à feuilles cadu
ques, en choisissant de préférence les espèces
pivotantes les plus capables de se soutenir
contre l'effort des vents. Le boisement des
montagnes et de leurs pentes les plus rapi
des est le principal moyen de rétablir les cli
mats et de mettre un frein aux ravages des observant de disposer les trous en échiquier,
eaux. Pour assurer le succès de l'opération, et d'amasser sur les bords de chacun, du côté
on doit combiner les semis et les planta de la pente de la montagne, les gazons et
tions. De toutes les méthodes qui ont été les pierres sortis de l'excavation. L'aylanthe
proposées, la plus sûre est de semer ou de ou vernis de la Chine poussant vite, s'élevant
planter sur des tranchées parallèles et hori très-haut, drageonnant beaucoup et très
zontales; (fig. 97) comme il s'agit surtout loin, est très-propre pour consolider les ter
rains des pentes rapides.
Fig. 97. La grande mobilité des dunes est un très
grand obstacle à leur plantation; mais elles
résentent, à une certaine profondeur, une
umidité constante qui, bien observée par
M. BRÉMoNTIER, a servi de base aux travaux
† a entrepris dans les landes de Bor
eaux. Le choix des arbustes et des arbres
qu'il faut planter d'abord dans les dunes est
loin d'être indifférent. Les arbres qu'il con
vient d'employer sont principalement des pins
maritimes, qui y donnent de la résine dès
l'âge de quatorze ans, et les chênes liége,
rouvre et tauzin. Les arbustes sont l'ajonc,
le tamarix, l'arbousier, l'alaterne, l'épine
blanche, le prunellier, le chèvrefeuille, le
arou, la bruyère. Les plantes vivaces sont
'élyme, le roseau des sables, le millepertuis,
l'onagre, etc., auxquels on pourrait joindre
le topinambour, et beaucoup d'autres plan
tes indigènes et exotiques. Les dunes ne
commencent à s'élever qu'à quelque dis
tance de la mer. Le point important est d'a
briter de ce côté-là les jeunes plants prove
d'obvier à l'ébranlement des terres et au dé nant des semis, contre l'action des vents.
chaussement des racines des arbres, non Pour l'amortir, on a proposé de planter les
seulement il faut bien se garder de culti six premiers rangs ( fig. 99), ou la première
ver en pommes - de - terre ou en céréales haie, avec des plants de 3 ans tirés de pépiniè
les pentes des montagnes, mais il est im res et mis en place avant l'hiver avec toutes
portant d'interdire toute espèce de pâtu leurs racines. Les autres lignes pourraient
CHAP, 3°. FORETS ARTIFICIELLES; PLANTATIONS.
Fig. 101,
sont destinés à rester en place, jusqu'à ce entre eux d'un mètre. Ils sont espacés sur les
qu'ils aient acquis leur développement na rayons à 1" 30, et on évalue qu'il en entre
turel.
7,500 par hectare. Une plantation, ainsi éta
blie sur un sol défoncé de 40 à 50 centim. de
ART. III. — Frais de semis et plantations. profondeur, suivant la nature du terrain, re
#
4 années d'entretien, pendant lesquel
On sent combien ils doivent varier suivant es on lui donne 11 binages 3, chacune
:
les lieux et les terrains. Hl n'est pas sur les des 3 1" années, et 2 la 4°. A 3 ans, il faut
plantations de mode fixe, mais seulement faire émonder les couronnes inférieures du
quelques principes généraux. L'exécution rang de bouleau, dont on tire parti pour de
doit toujours être modifiée, d'après la nature la brinde à balais; et à 5 ou 6 ans, il con
et l'état du sol † veut mettre en emploi. vient de le receper, parce qu'il ombragerait
La profondeur des défoncemens, surtout, ne trop les essences dures. Ce recepage, dont
peut être une chose fixe; en général, on dé l'on tire produit, est indispensable, soit
fonce trop, et on ne laboure pas assez; beau qu'on destine la plantation à faire un taillis,
coup de plantations manquent totalement soit qu'on se propose de la laisser croître à
† avoir été trop défoncées. Voici, toute l'état de futaie; mais, dans ce dernier cas, le
ois, le devis de ce que doit coûter la planta recepage doit être réitéré à 12 ou 14 ans.
tion et l'entretien pendant quatre ans, d'un Voici comment se sous-divise la dépense de
hect. de terrain de médiocre qualité, planté CeS † faites en massifs et essences
en essences forestières : feuillues qui se voient aujourd'hui à Fontai
1° Défoncement d'un hectare à40 centimètres nebleau :
de profondeur. 200 fr. 1° Défoncement à la main et à jauge ouverte
2° Fourniture de 10,000 plants de ri sur une profondeur de 40 à 50 centimètres,
goles : chênes, hêtres, charmes et suivant la possibilité. 150 fr.
pins, à 10 fr. le mille, âgés de 5, 4, 3 2° 5,000 plants de chênes et autres es
et 2 ans. 100 sences dures, ayant au moins 3 ans
3° Transport du plant et exécution de semis en pépinière, ou ayant
de la plantation. 100 passé au moins 2 ans en rigoles, si
4° Trois regarnis estimés à 1500 de ces plants avaient été dans l'origine
plants, les trois. 45 arrachés sous bois en forêt, à 8 fr.
5° Huit façons, données en 4 ans, à le mille. 40
raison de 25 fr. 200 3°2,500 plants de bouleau, ayant aussi
2 ans en pépinière, à 6 fr. le mille. 15
Total. 645 fr. 4° Tracé des rayons et mise en terre
Devis d'un semis de chéne. 1° Dans un terrain des plants. 45
très-riche qui ne sera pas envahi par des 5° 11 binages à 15 fr. chaque. 165
4 regarnis ou repiquemens à 15 fr.
graminées à longues racines, telles que le 6° l'un.
festuca caerulea, le calamagrostis et autres 60
de ce genre, il suffit de labourer le terrain 7° Pour frais de surveillance et autres
en bandes alternées de 66 centimètres de menus frais. 15
largeur, fouillées de 20 à 22 centimètres de A quoi il convient d'ajouter 10 p. 100
profondeur, éloignées l'une de l'autre par · pour le bénéfice de l'entrepreneur. 49
trois pieds de friche. Cette opération doit
coûter de 50 à 60 fr. l'hect., ci. 60 fr. Total. 539 fr.
2° 12 hectolitres de glands semés très Les semis de résineux se font en grand
drus, au printemps, dans un rayon dans deux systèmes, soit sur un défoncement
tracé au milieu de chaque bande total, soit par bandes; voici ce qu'ils coû
défoncée, à raison de 4 fr. l'une , tent :
conservation, transport et semage Semis en lein. — 1° Défoncement à 30 ou 35
compris. 48 centimètres de profondeur. 90 fr.
3° Deux façons à raison de 20 fr.l'hect. 40 2° Cassage des mottes, semage de la
Total.
graine ét ratissage pour l'enterrer. 30
148 fr.
3° 10 kilogrammes de pins sylvestres.
Un semis ainsi pratiqué, quand on peut le à 3 fr. . 30
-
garantir des mulots, des corneilles, des ra 4° 10 kilogr. de graine de pin mari
miers et autres ennemis, a sans.doute un time, à 50 cent.
succès beaucoup plus lent qu'une plantation,
mais il n'est pas moins sûr. - Total. 155 fr.
Les élémens qui précèdent ont été recueillis Dans les semis par bandes parallèles, de
dans la forêt de Compiègne. En voici d'autres 50 centimètres de largeur, entre lesquelles
qui établissent la dépense moyenne d'un restent des bandes incultes d'un mètre, la
bectare de bois dans § forêt de Fontaine dépense est la même, sauf une diminution
bleau, en y employant deux tiers d'essences sur le défoncement de 60 fr. par hectare, ce
dures et un tiers de bouleau. Ces plants sont qui réduit les frais à 95 fr.
placés dans des rayons parallèles et distans SoULANGE BoDIN.
CMAP. 4°. DES DIFFERENTES ESPECES DE Boisv,r FORETS. 79
SECTIoN 1°. — Des différentes espèces de Ces futaies, forment des massifs qui, en
bois et foréts. France, s'exploitent presque tous suivant la
méthode "† Jardinage ou furetage, qui
$ I".— Des forêts en général. consiste à choisir les arbres mûrs ou dépé
rissans et à les extraire du massif pour les
Nos forêts sont en général une production erimployer aux usages auxquels on les juge
de la nature à la création de laquelle l'art † C'est ainsi qu'on les exploite dans
n'a point contribué; il n'existe de foréts a majeure partie de l'Europe.
plantées que dans les contrées de l'Europe On nomme futaies sur taillis les baliveaNx
où la sylviculture a fait des progrès. Sous de.tous les âges que l'on choisit dans les
ce rapport, l'Allemagne est au premier rang, taillis. L'usage d'en réserver a commencé en
l'An §. est au second. On a fait aussi de France dans le moyen-âge et ne doit pas du
fort belles plantations en France depuis quel rer. long-temps. Nous ferons connaître les
ques années. La plupart des forêts plantées yariations qu'il a subies avec leurs causes et
n'étant pas cultivées ne tardent pas à res leurs effets.
sembler aux forêts naturelles ; des espèces On donne quelquefois le nom de vieilles
inférieures s'y introduisent; elles dégénèrent écorces aux arbres dont l'âge est plus que
bientôt, mais la culture forestière, dont les centenaire ( fig. 102, 103, 104, 105, i06).
produits sont bien supérieurs à ceux des fo
rêts abandonnées à la nature, devant s'éten Fig. 102. Fig. 103. Fig. 104.
dre graduellement, on pourra désormais di
viser toutes les forêts en deux grandes classes;
celles # #eurent incultes et celles qui
sont cultivée
S II. —Destaillis.
Les taillis sont des bois que l'on coupe or
dinairement assez jeunes, soit pour les em
loyer au chauffage, soit pour convertir les
§ en charbon, soit pour faire des écha
las, des cercles, des pieux, etc. Le caractère
distinctif des taillis est qu'ils repoussent de Baliveau •ur taillis
leurs souches, tandis que les futaies se re de • Ag••.
peuplent presque entièrement par les semis.
Il n'y a point de taillis d'arbres résineux,
car ces bois ne repoussent pas de leurs sou
ches.
On divise ordinairement les bois taillis en
trois classes :
Les jeunes taillis sont ceux qui s'exploitent
à l'âge de 7, 8 ou 9 ans; ils sont composés
généralement de marsaults, de coudres, de
châtaigniers et de bouleaux, qui sont em
ployés à des usages divers, et surtout au
chauffage des habitans de la campagne.
Les taillis moyens sont ceux que l'on ex
ploite à l'âge de 18 à 20 ans pour en tirer du S$ @
charbon ou du petit bois de chauffage. Ancien de 4 âges. Vieille éeoree de 5 âges at au-dessus.
Les hauts-taillis s'exploitent à l'age de 25 A l'avenir, on mettra plus de précision
à 40 ans et fournissent du bois de chauffage
pour les villes, de petites pièces de charpente dans le langage forestier. A des dénomina
et de charronnage, et surtout du bois de fente tions vagues, on substituera l'expression, soit
pour la latte, les échalas, etc. des dimensions exactes, soit de l'âge de l'ar
bre ou de la classe d'arbres dont on voudra
Il n'existe plus guère de taillis de 40 ans ;
en général, depuis un demi-siècle, les coupes parler.
sont beaucoup plus fréquentes qu'autrefois. S IV. — Forêts d'arbres d'une seule espèce.
Nous en expliquerons la cause.
S IlI.— Des futaies. Il existe peu de foréts d'arbres d'une seule
essence, mais le nombre des espèces est
Les bois de futaie se divisent ordinaire d'autant moins grand que le bois a vieilli
ment en plusieurs classes, entre lesquelles il lus long-temps; les grandes espèces, comme
n'y a point de différence bien caractérisée. es hêtres, les sapins et les chênes, survivent
La jeune futaie est celle qui a de 40 à 50 à toutes les autres.
ans. On l'appelle demi-futaie lorsqu'elle est Le nombre des essences diverses est ordi
âgée de 50 à 60 années. Elle prend la déno nairement considérable dans les jeunes tail
mination de haute futaie lorsqu'elle a atteint lis ; car les arbres qui ont le moins de lon
l'âge de 100 ans. gévité sont très-vivaces dans leur jeunesse et
so AGRICULT. FoRES fÈRE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DEs FoRºTs. 1rv.v.
croissent rapidement pendant les premières née à la nature, il ne s'agirait que d'observer
années de leur existence. un grand nombre de forêts et d'étudier la loi
que suit l'accroissement annnel, soit en ma
$ V. — Forêts mixtes. tière ligneuse, soit en valeur vénale. Mais
la culture, les nettoiemens, les , éclaircis .
La plupart des forêts sont composées d'es ont singulièrement accéléré cet accroisse
peces me'langees ; il en est un grand nombre menl. Un arbre de 40 ans, qui croît sous l'in
qui disparaissent mème avant † de fluence de circonstances favorables, présente
la période de l'aménagement; mais, pendant un volume aussi fort que celui d'un arbre de
leur existence, elles oppriment les espèces 80 ans qui est relégué au fond d'un massifin
du 1" ordre en dérobant à ces dernières l'es culte.Ainsi, nous présenterons des échelles
ace qui'leur est † pour se déve d'accroissement qui diffèrent entre elles mais
opper. Ce dernier effet, qui se fait remar qui reposent sur des faits également obser
quer dans tous les taillis aménagés depuis vés dans des lieux divers.
long-temps suivant l'ancienne méthode, obli
gera d'abandonner le système actuel, 1* Tableau de la croissance des bois.
SECTIoN II. — De l'accroissement des arbres. Les massifs de taillis croissent d'après une
progression qui s'approche de celle des carrés
Avant d'indiquer le mode d'aménagement des nombres naturéls.La marche est plus ra
pide dans un bon sol bien garni de souches;
qui convient le mieux pour chaque classe des elle l'est moins dans un sol médiocre. Il y a
forêts, il est indispensable de reconnaître la
loi de l'accroissement progressif des arbres aussi des variations suivant que les espèces
et de leur décadence. Les idées à ce sujet #bres
SO|.
sont plus ou moins appropriées au
sont encore très-vagues, nous entrepren
drons de les fixer. Nous présenterons la progression suivante
comme un terme moyen. ©
La règle générale posée par les anciens fo
restiers était celle-ci : coupez un taillis aus Age. Valeur à | Age. Valeur a
sitôt qu'il donne des signes de dépérisse Années. chaque âge. | Années. chaque âge.
ment , exploitez une futaie aussitôt qu'elle 1 • • • • 1 23 . . . . 529
est parvenue à sa maturité. 2 . . . . 4 24 - - . . 576
Rien de plus vague et de plus inapplicable 3 . . . . 9 25 . . . . 625
qu'un tel précepte; car un taillis présente à 4 . . . .. 16 26 . . . . 676
tout âge des brins dépérissans et des brins 5 . . . . 25 27 . . . . 729
qui croissent avec force; ces derniers étouf. 6 . . . . 36 28 . . . . 784
fent les autres. Si l'on , voulait abattre un 7 . . - . 49 29 . . . . 841
taillis aussitôt qu'une partie des brins dépé 8 . . . . 64 30 . . . . 900
rissent, il faudrait les couper avant l'âge de 9 . . . .. 81 31 . . . . 961
10 ans; si l'on veut, au contraire, les conser 10 . . . .. 100 32 . . . .. 1024
ver tant que les brins principaux prospére 11 . . . , 121 33 . . . « 1089
ront, il n'est point de taillis qu'on ne puisse 12 . .. . .. 144 34 . . . .. 1156
élever en haute-futaie; car, dans les plus 13 . . . , 169 35 . . . .. 1225.
mauvais terrains, les arbres arrivent à de 14 . . . .. 196 36 . . . .. 1296
fortes dimensions lorsque le sol n'est jamais 15 . . . . 225 37 . . . .. 1369
découvert et que l'humidité ne s'évapore pas. 16 . . . . 256 38 . . . .. 1444
Nous aurons souvent occasion d'appliquer 17 . . . . 289 39 . . . .. 1521
cette observation, qui est fondamentale et 18 . . . . 324 40 . . . .. 1600
ui explique 1° comment il existe de belles 19 . . . . 361 50 . . . . 2500
orêts dans des espaces où la terre végétale 20 . . . . 400 60 . . . . 3600
n'a que 3 ou 4 po. d'épaisseur; 2º comment 21 . . . . 44 ! 70 . . . 4900
ces forêts une fois détruites, il est impossible 22 . . - . 484 80 . . . . 6400
de les remplacer par d'autres qu'on n'ait
préalablement trouvé le moyen de garnir le Ainsi, un taillis de 40 ans a 16 fois plus de
sol de quelques plantes qui en couvrent la valeur qu'un taillis de 10 ans; il en a 4 fois da
surface. • " vantage qu'un taillis de 20 ans, et 2 fois da
-
| r ét
| ºi. métr
* i. cubes
#º lacé dans des circonstances assez favora
12 8 10 0 06 les. . - -
95 94 35 83 10
100 98 36 95
110 101 36 5 101 37
120 104 37 108 15
130 106 37 4 114
140 108 37 7 121
150 109 38 122
41C66. pi. po. lig. pouces. pi. po.lig. pi. Po. lig.
12 1 1/2 0 2# 13 1 5/8 0 2 10 0 0 7 26.8
16 2 0 5 17 2 518 0 6 4 0- 1 0 19.9
20 2 1/2 0 # # # 2 # 1 0 # # : # #º
24 3 1 3 5/8 1 8 3
28 3 1/2 2 4 7 29 3 58 2 7 9 0 3 2 11
32 4 3 6 8 33 4 518 3 10 9 0 4 1 9.67
36 4 1/2 5 0 # 37 4# 5 5 11 0 5 2 8.5
40 5 6 11 41 5 5'8 7 5 8 . 0 6 4 7.6
44 5 1/2 9 2 11 # 5 518 9 10 7 0 7 8 6.96
48 6 12 0 0 9 6 5l8 12 9 2 0 9 2 6.38
52 6 1/2 15 3 0 53 6 5/8 16 1 10 0 10 10 b.9
56 7 19 0 8 57 7 5t8 20 1 1 1 0 5 5.4
60 7 1/2 23 5 2 61 7 5/8 24 º7 6 1 2 4 5.1
64 8 28 5 4 65 8 5/8 29 9 7 1 4 3 4.76
68 8 1/2 34 1 4 69 8 # 35 7 8 1 6 4 4.49
72 9 40 6 0 73 9 5/8 42 2 6 1 8 6 4.2
76 9 1/2 | 47 7 6 77 9 58 49 6 5 1 10 11 3.98
80 10 55 6 8 81 10 5/8 57 7 11 2 1 3 3.6
84 10 1|2 64 3 8 85 1() 58 66 7 7 2 3 11 3.5
88 11 73 10 4 89 11 518 76 5 11 2 7 7 3.3
92 11 112 # 5 9 # 11 5/8 87 3 4 # 9 # #
96 12 6 0 0 12 5/8 99 O 4 0 3.
100 12 1]2 108 6 0 101 12 518 111 9 6 3 3 0 3
l
:
par cent.
pi. po.lig. | ans. pieds. pouces. | pi. po. lig. | pi. po. lig.
1 1 6 | 13 , 19 112 3 114 1 5 1 | 0 3 7 26.5
2 8 0 | 17 25 1l2 4 # 3 2 4 | 0 6 4 19.8
5 2 6 | 21 31 1l2 5 1,4 6 0 3 | 0 9 9 15.6
9 0 0 | 25 37 112 6 14 | 10 2 0 | 1 2 0 13
14 3 6 | 29 43 1l2 7 114 | 15 10 6 | 1 7 0 1|
21 4 0 | 33 49 # 8 # 23 4 8 | 2 O 8 9.6
30 4 6 | 37 55 1'2 9 1'4 | 32 11 7 | 2 7 1 8.5
41 8 0 | 41 61 1/2 10 1l4 | 44 10 3 | 3 2 3 7.6
55 5 6 | 45 67 1/2 11 # 59 3 10 | 3 10 4 6.9
72 0 0 | 49 73 1/2 12 174 | 76 7 1 | 4 7 1 6.3
91 6 6 | 53 79 112 13 174 | 96 10 11 | 4 4 5 5.8
114 4 0 | 57 85 1/2 14 1 4 1120 6 8 | 6 2 8 5.4
140 7 6 | 61 91 112 15 1l4 | 147 9 2 | 7 1 8 5
170 8 0 | 65 97 1/2 15 1'4 | 178 9 4 | 8 1 4 4.7
Cette table ne s'applique qu'aux arbres ré 3° lorsque l'âge d'un arbre aura doublé, sa
sineux qui croissent beaucoup en hauteur. croissance annuelle sera quadruplée; 4°con
Pour faciliter l'intelligence de ces tables, séquemment, lorsque l'âge , d'un arbre est
on donnera quelques explications relatives doublé, la proportion dans laquelle son ac
à la dernière, d'après l'auteur. croissement annuel entre dans le volume to
" La hauteur des arbres âgés de 12 ans est tal de l'arbre est diminuée de moitié; par
supposée de 18 pieds jusqu'au sommet de la exemple, on voit dans la dernière colonne
tige principale; la circonférence, prise au de la table que, dans la 13° année, l'accrois
pied, est de 24 pouces; par eonséquent, la sement d'un arbre est de 26, 5 pour cent,
circonférence est de 12 pouces à la moitié de que dans la 24° année il n'est plus que de 13
la hauteur de la tige ; le quart de ce dernier pour cent, et que dans la 48° il n'est plus
nombre est de 3, ce qui exprime le côté du que de 6. 38 pour cent
carré. Ce nombre étant † ar lui En comparant les deux tables précédentes,
même et le produit étant multiplié par la on voit que le taux à tant pour cent est le
hauteur, on obtient 1 pied 1 pouce 1/2 pour même dans toutes les deux, quoique le vo
le volume de l'arbre. Lorsque cet arbre aura lume de bois, exprimé dans la seconde, soit
13 ans, sa hauteur sera de 19 pieds 1/2; le 6 fois plus considérable que dans la pre
côté du carré sera de 13 pouces et la solidité mière, §
d'âge; en conséquence, lors
de 1 pied 5 pouces 1/12. Déduisant de cette que l'âge d'un arbre est connu, le taux de
dernière quantité le volume que l'arbre avait son accroissement est également connu à la
à l'âge de 12 ans, il reste 3 pouces 7/12 pour seule inspection des tables, soit que l'arbre
l'accroissement de la 13° année. Divisez le
ait crû rapidement ou lentement, pourvu
volume de la 12° année par le nombre qui ue la croissance ait été régulière dans sa
exprime l'accroissement de la 13° année, le § En sorte qu'ayant l'âge, l'écarrissage
quotient sera 376/100° ; divisez 100 par ce et la hauteur d'un arbre, nous pouvons
nombre, le quotient sera de 26, 5, ce qui est romptement calculer quel sera son vo
le taux à tant pour cent de l'accroissement † à un âge donné pour l'avenir, tant
qui s'est opéré dans la 13° année; consé u'il continuera de croître comme préce
quemment, la valeur de l'arbre de 12 ans est emment.
augmentée dans la 13° année de 26 1/2 pour La table suivante indique le nombre d'ar
cent, ou en d'autres termes ce nombre ex bres qui doivent étre coupés en élaguant les
prime l'intérêt que l'arbre aura rapporté bois, et le nombre de ceux qui seront laissés
dans le cours de la 13° année. ' sur pied à chaque période de 4 années depuis
Les tables précédentes donnent lieu à l'âge de 20 ans jusqu'à 60 ans, en calculant
quelques remarques utiles : que la distance respective des arbres soit de
1° Lorsque l'âge d'un arbre en pleine crois 1/5° de leur hauteur, et en supposant que
sance est augmenté d'un quart, le volume l'accroissement annuel soit d'un pied en
de son bois est † doublé ; 2° lors hauteur et d'un pouce en circonférence, et
que l'âge d'un arbre aura doubié, son vo ue ces arbres aient éte plantés à 4 pieds de
lume sera devenu 8 fois plus considérable; § l'un de l'autre.
Années Nombre Cubage Nombre
et pieds Ecarrissage. Cubage. Distance. d'arbres de d'arbres Cubage.
de hauteur. par acre. | la totalité. | à couper.
pouces. i. Po. lig. ieds. pieds. |
20 2 112 # #" 5 # 2722 2362 839 727
24 3. 1 6 0 4.8 1883 2824 494 741
28 3 112 2 4 7 5.6 1389 3308 326 776
32 4 3 6 8 6.4 1063 3779 223 792
36 4 1/2 5 0 9 7.2 840 4252 160 810
40 5 6 11 4 8 680 4722 118 819
44 5 112 9 2 11 8.8 562 5194 90 831
48 6 12 0 0 9.6 472 5664 70 840
52 6 1/2 15 3 0 10.4 402 6130 55 838
56 7 19 0 8 1 1.2 347 661 l 45 857
60 7 112 23 5 2 12 302 7076 37 866
64 8 28 5 4 12.8 265 7537 - -
cHAP. 4°. DE L'ACCROISSEMENT DES ARBRES.
La table suivante présente les mêmes dé- | hauteur et d'un demi-pouce en circonférence
tails que la récédente pour les bois où la | annuellement.
croissance des arbres est de 15 pouces en
La table qui suit donne encore les mêmes Elle s'applique aux peupliers et aux arbres
détails pour les arbres dont la croissance | à tiges élevées.
annuelle est de 18 pouces en hauteur et de 2
pouces en circonférence.
—
- Nombre
Age. | Hauteur. | Ecarrissage. Cubage. Distance. l d'arbres
par acre.| la totalité.
==
ques † On peut
semblables pour chaque forêt,enen dresser de
observant 25 r#- Pieds cubes mé.
# fr. cent.
» - - 4a • 8 1 » | 3 48
l'accroissement des bois dont elle est formée; 50 27 18 75 1 16 | 21 65
elles donneront le moyen de reconnaître le 64 28 30 33 1 34 | 40 64
mode d'aménagement qui leur convient. 78 30 50 » 1 34 | 67 »
L'accroissement d'un pouce par an est la 92 30 67 50 1 67 | 1 12 72
moyenne observée sur des chênes futaies 106 3o | 91 se 2 » | 183 72
surtaillis, qui croissent dans un très-bon sol 110 30 | 100 83 2 30 |231 91
où le taillis, étant souvent exploité, gêne peu
l'accroissement de l'arbre. Le tableau suivant fa1t connaître la marche
Voici une table dressée d'après cette de l'accroissement d'un chêne futaie surtail
base : lis dans un bon sol.Je n'y ai pas compris le
volume des , branches. On verra que le plus
grand accroissement annuel est celui des der
nières années, mais que, dans cette période,
l'intérêt calculé sur Ja valeur de l'arbre, de
84 AGRICULT. FORESTIÉRE : CULT. ET AMENAGEMENT DES FORETS. LIv. 9
vient très-faible, perte qui cesserait s'il nais l'intérêt que cet accroissement ajoute à la va
sait des besoins qui, en créant une demande leur de l'arbre de 119 ans, n'est que de 19/10
d'arbres de fortes dimentions, élèverait le p. 0/0. -
rix du pied cube. Ainsi, l'accroissement de Ce cubage est fait en grume, y compris l'é
a 119° à la 120° année vaut 4 fr. 92 c.; mais corce de l'arbre.
mèt. centim. milli.l mètr. eentim.l déeistères. fr. eent. fr. cent. milléa | fr. cent. millés.
# - º # E. - 6 L> - • - a- - © -
# º- - 5 1 3o 9 º 0 • • • L> º - E> º
3 - - 4 1 , 8o 23 9 e º • • º L> - •- E
ſ3 ,- l> 6 , 8o 143 - © • • • - - - ,- º
6 - 2 0 5 3o - 0 • • • º t> º ©. º
7 - M # 3 8o - e • • • - - º º L
8 - 2 5 4 º0 - 15 • • • - - º - -
9 º 1 8 4 6o • 17 • • • - - © ©. e
2e E- # 2 b 09 º 19 • • • º - º º -
#! •- 2 6 5 5o º 1 1 º L> - L> º º - -
*a - 3 1 5 6o • 23 • • o à E- - E> L>
13 º 3 7 5 9o • s4 » • • L> º 9 l- E
14 - 4 4 6 20 » 27 » » 5 - L> 0 º> -
1# º 5 # 6 bo © » 29 » » 4 - - ! 35 e
16 - 6 ! 6 8o 0 » 31 » » 6 º - a 5o o
17 • 7 0 7 10 0 • 33 • .» 2 - • 3 #o º
18 º 8 9 7 4o 0 » 35 » 1 3 º - 4 44 0
29 - 9 1 7 7o 0 » 38 » " # 9 - E> 6 46 0
29 E- 19 2 8 oo 0 • 41 » • 7 » . » s 4a °
21 •- l! 6 8 20 0 • 44 • 3 9 © 1 2 44 0
12 • 13 1 8 4o 0 » 47 » 5 4 • 1 5 33 5
23 L- 14 7 6 6o © » 5o • 7 4 E> 2 9 37 0
24 » 16 4 6 bo 0 » 53 • 1o e • 2 6 34 a
25 - 28 2 9 00 0 • 56 » 13 , 3 - 3 3 53 9
26 º 10 21 9 20 0 • 58 » 17 s º 4 0 39 1
27 • 22 4 9 4° 0 » 6o » as 3 • 5 o 29 #
28 º 24 5 9 (o 0 « 6s • 2s 4 E> 6 1 27 4
a9 - 26 7 9 8o 9 » 64 • 55 5 - 7 1 a5 9
3o º 29 1 1o 00 0 » 66 » 44 , #- 9 © a5 4
31 s 31 5 lo 15 9 » C3 » 54 5 » Me o aa 5
32 ,- 33 9 1o 3o 0 • 7o » 65 9 º 11 4 21 #
35 - 36 3 2o 45 # » 7a » 78 9 • 13 0 19 7
34 » 38 7 Jo 0o | » 74 • 95 5 » 14 6 13 5
35 - 41 2 19 75 1 » 76 A le 4 » 16 9 18 1
36 - 43 7 1o 86 1 » 78 1 28 6 s 18 , 16 6
37 E> 46 3 19 93 I » 8o * 49 4 • 29 8 16 3
33 - 48 9 11 u5 2 » 8s 1 7a 4 • 23 9 15 6
39 E> #1 5 1A 13 ſ- • 84 a 97 4 • 25 6 14 5
4o º 34 # 11 -1 # » 86 a s5 4 e 28 © 14 3
4A » 56 9 11 29 # » 83 2 55 9 • 3e 5 15 6
4s » 49 7 11 56 5 » 9o * 9o º » 44 7 15 6
43 © 6s $ 11 43 3 » 9a 3 •6 9 s 36 J 12 6
44 ,- 65 4 1a 5o 3 • 94 3 68 e s 41 ! 12 6
45 • 68 3 11 56 4 » 97 4 16 º » 48 3 15 A
46 - 71 2 1a 61 4 I O9 4 68 5 » 5a 2 à2 5
47 L> 74 2 1! 66 5 a » o3 5 26 3 • 57 6 12 5
48 º 77 s 1à 71 5 1 * 96 5 g3 7 » 6a 4 1l 8
49 º 8o » 11 76 6 1 .. o9 6 56 3 » 67 6 1! 5
ºo , 83 3 11 81 6 1 M2 # 3o ! • 74 a 11 5
54 • 66 4 11 36 7 1 15 - 1o 4 » 79 9 1o 9
5a D 89 6 11 91 7 1 .. 18 8 9s º » 87 6 1o 8
55 - 9a 8 11 95 8 1 9 35 $ » . 85 8 9 5
34 º 96 1 l - 01 8 A - 1o 77 a » 93 3 9 5
55 L> 99 4 1a e6 9 1 11 76 • » 98 9 9 1
56 # o3 - 1s 10 l9 A 1• s7 5 1 11 5 9 4
57 1 o6 » 12 14 19 1 13 89 ° I 1I 5 7 9
48 1 19 - 1a 18 11 | 15 s5 e 1 36 9 9 8
59 1 13 » 12 22 1 .2 1 16 33 9 1 13 9 7 4
6o 1 16 » 1s 26 13 1 17 57 • a 18 9 7 5
6! 1 20 - 12 3o 14 1 19 17 8 1 6o I> 9 |
6s 1 24 º 12 34 2 5 l ao 85 e 1 66 E> 6 7
65 1 27 » l - 38 1b 1 • • •7 ° 1 44 » 6 9
64 1 31 " » 12 42 16 1 24 o9 * 2 8s - 8 #!
65 A 3h , 19 46 18 1 a6 eº » s 93 º 8 0
66 1 39 » 1- 5o 19 1 28 o7 » 2 o5 » 7 9
67 1 45 » 12 54 20 1 Bo a 1 » a 14 » 7 6
68 1 46 s 12 58 2l | 3• 2a » a ©1 º 6 7
69 2 $o » 1a 6s º1 1 34 81 » a *9 » 6 1
7o M 34 » 1s 66 23 1 37 51 » s 7o » 7 8
71 A 58 s 1s 7o s5 1 4o 38 • a 37 » 7 y
7» - 62 - 1# 74 s6 1 43 36 » 3 98 - 7 4
75 1 67 » 1s 78 a8 1 47 1o » 3 74 » 8 6
74 1 71 - 12 82 29 I #o 41 » 3 3a - 7 1
75 1 75 © 12 86 31 « ! *3 9o » 5 48 - 7 Q>
76 u 79 » 11 9o 32 1 57 57 » 5 67 » 6 8
77 1 83 » I2 94 34 1 61 41 » 3 84 » 6 6
78 1 87 - 1º 93 36 1 64 os » 3 61 • 6 9
79 | 91 • 15 o2 37 1 68 81 » 3 79 » 5, 8
8o 1 95 1- 13 o6 39 1 72 72 » 4 91 - 5 7
$r 1 99 - 13 o9 41 1 76 74 » 4 os - 5 $
84 a o3 » 13 11 45 1 ºo 9o » 4 16 » 5 4
83 2 o7 - 13 15 44 1 85 a2 » 4 32 L> 5 3
84 2 1! » 15 18 46 1 39 66 » 4 44 º 5 2
45 # 15 I- 13 2 t 48 ·1 94 s3 » 4 62 E- 5 2
06 2 19 º 14 14 5o 4 99 e4 » 4 77 - 6 l
CHAP. 4°. DE L'AMENAGEMENT DES FORFTS. 85
=-i
ANNiEs CIneoNriaExcE Lo•cu•UR - - VALEUR VA1run Acc•oiss•vrxr TADx
ou âge de de S LIorTi. du de de par cent de
moyenne.
-
l'arbre. la tige.
-
mèt, c•ntim. milli. | mèt. c•ntim. | déci•tères. fr. cent fr. cent, millé-. | fr. cent. millés.
87 - - - 13 27 5* o45o 1 98 1o5 o5 - 4 -0- - 4 -
83 - a6 - 15 5o 54 oo4o - Oº 1o8 15 • 5 -3 - 4 9
89 - 29 - - . - L4 659o - - 112 39 • 4 26 - 4 -
2o - •. - -5 -6 57 728o 2 n4 1 17 77 » 5 - - 4 8
91 - 56 - 15 3s 49 557o 2 o6 -- 28 - 4 51 - 3 8
92 - 3s - 15 4- 61 oo7o 2 o8 1 26 89 » 4 61 - . -
94 - 45 - 15 44 05 2 15o - 1(- 13 - 74 - 5 *. - 4 -
94 - 46 - 15 48 64 955o - - 137 65 » 4 -o - . 7
95 - 49 - 15 - 66 671o • 14 142 68 - 5 o5 - 3 7
96 - 52 - 13 #4 68 451o - 16 147 51 - 5 13 - •. 6
97 - M4 » -X 57 69 695o - 18 151 94 • 4 13 - - -
94 - 57 - 13 6• 71 425o - -- 157 29 » 5 35 - . -
29 - 6o - - 6. 75 343o - - 161 81 » - 53 - 3 -
-Oo - 6- - -3 66 74 624o 2 24 167 16 • 4 54 - - 7
-- - 65 - - 69 76 : 15o - -6 172 92 • - 76 - - 4
•»
181 49
177
- - 67 - - 72 77 847o - 25 4 47 - - 6
-o5 - 69 - 13 74 79 1 2 so - 3o 99 4 5o » - 6
- o4 - 71 - -5 76 8o 4 27o 2 M2 186 : 9 » 4 6o - - -
| -o-5 - 73 - -5 7s 81 743o - 34 191 28 • 4 6s - - 5
- o6 - 75 - 13 *o 8J o6.2o 2 36 196 o2 » 4 74 - - -
1o7 - 77 - 15 - 84 598o - 38 2oo 87 » 4 A- - - 5
- o3 - 79 - 15 -4 85 782o - 4o 1o5 8o - 4 95 - - -
, 1 o9 - *1 - 15 º6 87 11oo - 42 21o 81 - 5 0- - - -
- 10 - *- - 1 . - 87 8462 • 44 214 34 • 5 5. - - 7
11 - - 84 - - •o 89 224° • 46 • 19 5o » 5 16 - - 4
-1- - *- - 13 9* so f19° - 48 224 75 • - -3 - - 4
- 13 - 87 - -X 94 91 32 4 ° - 5o -5 X1 - 4 48 - - 6
1 14 - 89 - 15 94 91 675o - 55 234 45 • - -5 - - 7
- 15 - 9o - 13 95 95 331o - 56 239 e6 • 4 6e - - -
C'est sur ces différentes données que nous En exploitant mon taillis à l'âge de 10 ans,
ferons les calculs relatifs à l'aménagement. j'aurai au bout de 20 ans :
1° Le produit de la 1" coupe qui s'est élevé
SECTIoN III. — De l'aménagement des foréts. à 100 fr., somme qui, avec les intérêts cu
mulés à 4 p. 0/0 pendant 10 ans, s'élève
Aménager une forêt, c'est régler l'ordre à . . . . . . . . . . .. 148 fr. 02 c.
dans lequel on l'exploitera pendant une pé 2°J'aurai la 2° coupe du tail
riode dont la durée est indéterminée, mais lis de 10 ans qui vaut. . . . 100 M»
sans qu'il y ait des semences forestières et Le motif qui a fait convertir les massifs de
qu'on est alors obligé de recourir aux semis haute-futaie en taillis est que lorsque l'in
artificiels qui ne réussissent pas toujours dustrie s'est introduite en France, on a
dans les terrains découverts; 2° que la moin abattu les massifs pour en consommer les
dre négligence dans l'exécution peut perdre produits, soit dans les villes, soit dans des
sans retour quelques parties de la forêt ; usines, et que l'on a trouvé plus commode et
3° que trois exploitations dans le même lieu plus avantageux de couper les taillis lors
entraînent des frais considérables, tandis qu'on trouvait à les vendre, que de les con
qu'en exploitant la coupe par bandes étroites server en massifs de futaie. Le développement
on abat tous les arbres à la fois, sauf quel de la richesse publique ayant successivement
ques porte-graines. Il est juste d'observer, augmenté la valeur des bois, OIl a I'eCOIlIlll
1° que les coupes par bandes favorisent aussi qu'il y avait plus de profit à abattre les gros
l'entrée des vents dans les massifs; 2° que arbres qu'à les conserver, et on en a peu à
cette succession de coupes sombre, secon eu diminué le nombre par le motif ou sous
daire et définitive n'est indispensable que e prétexte que ces baliveaux nuisent à l'ac -
dans les terrains secs; car, dans les bons sols, croissement du taillis. C'est sur cette idée
deux coupes suffisent pour opérer le repeu qu'est fondée la pratique actuelle qui se pro
AGRICULTURE . ToME IV.-12
90 AGRICULT. FORESTIERE : CULT. ET AMENAGEMENT DES FORETS. LIv. v.
page rapidement. Elle présente des inconvé Il serait impossible de comprendre com
niens qui entraîneront l'abandon des futaies plètement la théorie générale de l'aménage
sur taillis. 1° Dans les terrains secs le sol ment si l'on n'appréciait pas toutes les con
est trop découvert par l'enlèvement de la séquences diverses de chacun des modes que
futaie, l'humidité s'évapore, et la végétation nous venons d'exposer. Nous ferons d'abord
s'affaiblit à un degré considérable ; les ra connaître la différence entre les produits
cines des arbres et du taillis restans, étant matériels dans deux circonstances opposées.
† de l'humidité qui les alimentait, ne Prenons une forêt de 100 hectares aména
ournissent presque plus rien à la nourri gée à l'âge de 10 ans, dans un sol de qualité
ture des plantes; 2° les cimes des arbres su moyennei on exploite par an dix hectares de
bitement exposées aux courans d'air se des taillis qui produisent chacun 50 stères de
sèchent ;3° les jeunes baliveaux, n'étant plus bois, lesquels, à 5 fr. le stère, vaudraient
dans un état serré, se forment de grosses 250 fr., ce qui donnera pour le revenu de la
têtes et cessent de croître en hauteur après forêt 2,500 fr.
l'abattage du taillis. Prenons une autre forêt semblable pour
Ainsi on ne doit plus avoir désormais que le sol, mais aménagée à 100 ans, et dansla
des arbres difformes ou de petite stature quelle on enlève périodiquement le bois mort
dans les taillis. et les chablis ; cette forêt rendra :
Le mode qui est sur son déclin produisait 1° En bois mort et chablis, par
cependant uhe immense quantité de beaux aD • • • • • • • • • • 200 fr.
arbres pour tous les besoins de l'Etat et des 2° La coupe† dont la con
particuliers. Ces arbres étant tenus dans un tenance sera d'un hectare, com
état serré, leurs tiges s'élevaient à peu près prendra 500 arbres valant chacun
comme dans un massif; le taillis ne formait 20 fr., ce qui fait en tout. . . .. 10,000 fr.
qu'un sous-bois qui garnissait l'intervalle
entre les arbres ; mais actuellement le taillis Revenu annuel . . .. 10,200 fr.
étant devenu le produit principal, la futaie (On trouve en France, et notamment dans
dégénère rapidement. Les coupes des taillis le haut plateau des Vosges, des massifs de
dont l'époque est déterminée par des calculs haute-futaie qui contiennent pour 10,000 fr.
fondés sur un intérêt élevé étant plus fré d'arbres résineux dont l'âge moyen est de
quentes qu'elles ne l'étaient autrefois, il sera 100 ans.) Ainsi le pays perd les 3/4 des pro
impossible désormais d'élever de beaux ar duits en nature par un aménagement en
bres dans les coupes, car, pour avoir une taillis ; mais la génération présente gagne
futaie d'une belle dimension, les taillis ne sur l'intérêt de l'argent.
doivent pas être coupés trop jeunes; les ba Il est évident qu'une contrée qui possède
liveaux ne s'élevant plus guère après l'ex un million d'hectares de bois § de 100 à
- # lorsqu'ils ne sont pas nom 150 ans est beaucoup plus riche en matière
reux, ils ne forment jamais que des arbres forestière qu'une autre contrée qui possède
rabougris, et l'on ne manque pas de pronon un million d'hectares de bois taillis dont
cer que le sol de la futaie ainsi traitée ne l'âge moyen est de 20 ans. Dans la première
convient pas pour élever de la futaie. contrée on fait abstraction de l'intérêt de
l'argent ; dans la seconde on en fait une ap
$ VI. — De l'âge auquel il convieut de couper plication peu éclairée.
la futaie.
, Dans l'impossibilité de réduire le taux de
l'intérét de l'argent, il ne reste d'autre moyen
Nous parlerons d'abord de l'usage général. pour rétablir l'équilibre de la production que
Ce n'est que depuis un demi-siècle environ celui d'accélérer la croissance des plants
ue l'on fait en France de grands abattis de forestiers; on y parvient par les cultures,
utaie. On conservait autrefois les vieux ar par le nettoiement, par l'élagage et par l'ap
bres sans s'occuper du point de savoir si leur propriation des bonnes espèces de bois au
accroissement rapportait 1, 2 ou 3 p. 00; l'u sol. Tel est aujourd'hui l'état de la science
sage, une espèce d'idée vague du sacrifice fait forestière en Angleterre, où l'art s'efforce de
au bien public, une pensée dominante d'ordre recréer une partie de ce qui a été perdu sous
et de conservation guidaient le forestier l'influence de l'ancienne législation des forêts
même à son insu, et il réservait une immensité et des chasses.
d'arbres qui, tout en continuant de végéter, En Allemagne, on conduit d'une manière
ne gagnaient pas un pour cent par an. Les savante les arbres jusqu'au terme où ils ont
vues qui dirigentaujourd'hui le forestier fran acquis les plus belles dimensions propres à
çais sont encore puisées en partie dans ces leur espèce. On exploite la plupart des forêts
idées de conservation et reposent aussi en résineuses et celles de hêtres à l'âge de 150
partie sur des théories particulières ou sur ans; ainsi chaque année on abat la 140° par
des calculs plus ou moins justes; en sorte tie de leur étendue totale. Les massifs de
qu'il n'y a aucune fixité à cet égard. L'amé chêne subsistent pendant plusieurs siècles.
nagement en Allemagne se règle d'après les Comparons cet aménagement avec l'aména
† en nature. On veut conserver pour
es siècles futurs une masse de bois §
gement ordinaire de nos forêts de sapins.
Ces dernières, exploitées par la méthode
moins à celle que l'on a trouvée. Il en est du jardinage, produisent annuellement en
tout autrement en Angleterre, où l'on coupe viron 60 pieds cubes par hectare pour toute
un arbre lorsqu'il ne rapporte plus tant pour l'étendue de la forêt ; ainsi une forêt de 140
cent. On cherche uniquement un produit en hectares produit par an 8,400 pieds cubes de
argent, à moins qu'il ne s'agisse d'arbres con bois qui valent dans la forêt, à raison de 60
servés pour agrément. centimes le pied cube, la somme de 5,040 fr.,
CHAP. 4°. DE L'AMENAGEMENT DES FORETS. 91
laquelle exprime le revenu de 140 hectares, 188 fr. 80c.
en sorte que le revenu par hectare est de abattus; ces derniers cubent cha
36 francs.
cun 30 pieds métriques et valent,
En Allemagne, une forêt âgée de 140 ans à raison d'un franc 20 centimes
contient 20,000 pieds cubes de bois, terme le pied cube, 36 francs chacun,
moyen, parhectare, en sorte qu'en exploitant ce qui fait pour tout. .. .. .. .. 180 M)
un hectare par an, le produit total est de 4° Il reste 3 arbres de cent ans
20,000 pieds cubes de bois de chêne, hêtre et au-dessus ; on peut en couper
ou sapin, qui, à 60 centimes le pied cube pris deux, qui valentensemble,y com
en forêt, valent. 12,000 fr. pris les branchages. .. . . .. . 112 M)
choisi des réserves dont le nombre est gra Et qu'upe forêt exploitée en
dué dans la proportion indiquée au $ précé taillis et ftftaie sur taillis produit 57 63
dent. Ce revenu est calculé pour la coupe Cette comparaison donne lieu aux ré
d'un hectare dans un bois § 25 hectares flexions suivantes : - - - -
Exposé de la méthode.— 1° On choisit une 8° On dirige autant que possible les ran
forêt propre à l'objet que l'on se propose; on gées d'arbres du nord au sud.
la divise en un certain nombre de coupes 9° Les espèces d'arbres que l'on plante de
déterminées d'après la nature du sol, la tem préférence, sont le bouleau, le pin, le mélèze
érature du climat, et l'espèce d'arbres que et le cerisier. (Il est indispensable d'avoir
# veut élever. une pépinière dans chaque forêt.)
-
2° Chaque année on abat le bois de l'une 10° En cessant de cultiver le blé, on sème
de ces coûpes dans l'ordre suivant(fig. 110): avec celui de la dernière année des graines de trèfle et de sainfoin.
Fig. 110. 11° Les arbres sont soumis à l'élagage, s'ils
en ont besoin.
Les avantages de ce mode d'aménagement
#º#***;3 :º2 sont ceux-ci : — le bois croît bien plus rapi
# dement dans un espace cultivé que dans un
# # ,
# #
massif de forêt; — la croissance d'un arbre
$# #
$ # # -# isolé est bien plus vigoureuse que celle d'un
# -# · W arbre de même espèce, qui croît au milieu
42 _,. -,- -# 2 d'un bois;— lorsqu'une terre a été pendant
* # # # T> -9
30 ou 40ans plantée de bois, et surtout d'es
## -42 , s> # -# sences résineuses, les céréales y croissent
avec plus de force qu'auparavant, et sans en
•sſ2-# B #c # D #E# F *-> -, grais pendant long-temps ; - les arbres
•roissent ensuite à leur tour avec force dans
2.2 . -> # -# T, -º un sol qui a été cultivé; — on ne nuit point
·1.2
c2 ©
Q7 |© #g2 #•2 #
-9) -s#
_ 2 aux arbres, dans leur jeunesse, en cultivant
du blé ou † annuelles. dans
p # @ # @ # -# leur voisinage, et réciproquement, ceil ci
# ## # # #
# #sssss* n'en reçoiventaucun dommage ;—on obtient
d© - gº #sess#ee ainsi la plus grande quantité possible de blé,
de fourrage et de bois dans un espace donné.
-52
Chaque partie du sol est occupée de la ma
# # # nière la plus avantageuse; le plus petitespace
est planté du bois qui lui convient, et chaque
espèce d'arbres est à sa place.
- - Années de Exemples. En Poméranie, on essarte dans
#† r§ les forêts de pins des espaces dans lesquels
A . . . . . . . . . - • • 1835 on sème du blé pendant plusieurs années,
B - - - - - - . . . .. 1836 après lesquelles le terrain est abandonné
C . . . . . . . . .. 1837 pour être ensemencé par les bois voisins. En
D . . - . . . . . . - . - 1838 Souabe, en Franconie, les terres sont mélan
E - - - . .. 1839 ées d'arbres. Dans la vallée de l'Emmen, en
F - - - - 1840 uisse, les collines sont boisées de bouleaux
que l'on exploite à l'âge de 20 à 30 ans; on
le 3°soiOnpour
défriche la coupe
la culture et on en On
des céréales dispose
cul arrache les souches, on brûle le résidu de
l'exploitation pour en les cendres †
tive ce terrain défriché comme un champ sur le terrain dans lequel on sème, pendant
ordinaire. -
3 années de suite, du blé, des pommes-de
-
§ on choisit ensuite une espèce d'arbres terre et des légumes. Le sol épuisé est de
propre au but que l'on veut atteindre et rechef planté en bouleau.
§x besoins locaux. On plante ces arbres en Application. — La culture du bois peut
raies dans ledesens
ies rangées des sillons,
manière qu'ellesensoient
disposant
éloi
s'alterner avec la culture des céréales, à des
intervalles plus ou moins longs; la durée
nées ſ'une de l'autre de 20 à 30 mètres,se
on que l'on a plus ou moins besoin de blé, des périodes varie suivant les espèces d'ar bres. Le marsault s'exploite en taillis qui se
de fourrage ou de bois. Les tiges des arbres coupent tous les 8 ou 9 ans; les souches con
qui forment ces rangées sont éloignées en servent leur force pendant 30 ans : ensuite
tre elles de 10 à 12 décimètres. -
on les arrache, et on cultive le sol jusqu'à
5° Entre ces lignes d'arbres on cultive du l'époque où la culture en devient onéreuse
Dlé ou d'autres céréales, tous les ans, jusqu a ou peu profitable. .
l'époque où les arbres ont pris assez de crois -
sance pour †
cette culture. On la cesse
Lorsqu'on exploite le pin sylvestre, les sou
ches sont arrachées, et on met utilement
ensuite entièrement. -
le terrain en culture. Les terres qui ont été
6° on éclaircit ces arbres lorsqu'ils sºnt fécondées par l'engrais des feuilles de pins,
devenus assez forts pour se nuire mutuelle deviennent fertiles pour un assez grand nom
ment; on ne laisse subsister que cºu# ! bres d'années.
peuvent croître avec vigueur, jusqu'à l'épo La culture forestière des grands bois à
que de la coupe définitive.
CHAP. 4°. CULTURE DES FORÈTs, -
95
feuilles caduques ne peut s'alterner avec la très-épais. Si le plant de l'espèce que l'on
culture des céréales qu'à de longs'intervalles, veut propager est trop cher, on remplit les
car les semis de chêne, d'orme et de frêne ne intervalles de bois blanc dont la croissance
produisent que de faibles brins, dans les 20 rapide procure promptement le couvert dont
premières années de leur existence; mais, la plantation a besoin. Cette observation
après la première exploitation, le recru ! s'applique à tous les terrains qui ne sont pas
pousse avec force; les souches produisent en humides.
core davantage après la seconde exploita
tion ; leur vigueur dure plus d'un siècle, à S II. —Travaux d'assainissement et d'irrigation.
peu près dans la proportion suivante :
Dans un taillis de 20 ans, la solidité d'une . L'humidité du sol, occasionée par le sé
tige est d'environ 1 pied cube. Sa souche jour d'eaux croupissantes, est une cause fré
poussera des rejets, dont le volume total, à la quente du dépérissement des forêts, tandis
fin de la 2° période de 20 ans, sera de 3 pieds qu'en faisant écouler ces eaux dans des ca
cubes. La souche de 40 ans portera des jets naux creusés pour ces objets, on peut, dans
qui, 20 ans plus tard, cuberont ensemble 10 certaines localités, s'en servir pour d'utiles
pieds. La souche de 60 ans produira une cé irrigations Le desséchement s'opère presque
pée d'environ 20 pieds cubes. toujours facilement en ouvrant, suivant la
Il est des souches d'aulnes qui produisent, direction de la pente du terrain, des fossés
dans une période de 2U ans, 60 pieds cubes qui versent les eaux au dehors de la forêt.
de bois. On peut vérifier cette observation Les eaux stagnantes se rendent dans ces fos
dans tous les taillis. sés par de petites rigoles qui sillonnent le
Ainsi, on ferait une perte considérable, si terrain dans toutes les directions indiquées
l'on arrachait un plant de bois dur tous les20, par la conſiguration du sol (fig. 111).
30 ou 40 ans; mais il y a du profit à arracher Fig. 111.
les arbres résineux, dont les feuilles ou ai
guilles engraissent le sol, au point qu'il de
vient § long-temps fertile sans engrais ni W,E
$ III.—Clôture et abri des semis et plantations. L'élagage des arbres dans les forêts a été
essayé et pratiqué souvent avec peu de
Sur les bords de la mer, où il est si difficile succès, parce qu'il exige plus de précautions
de faire réussir les plants forestiers sans avoir que l'on n'en prend ordinairement. Telle est
formé des abris préalables, il est nécessaire la cause # a empêché que cette méthode
de conserver des massifs d'une dizaine de ne s'étendît généralement. On a cependant
mètres de largeur, pour protéger les plants ou réussi dans les forêts où l'on a employé la
le recru des taillis, surtout contre les vents méthode suivante : 1° On ne coupe que les
du nord-ouest, dans la plupart de nos con - branches inférieures des arbres ; 2° on ne
trées. Dans les Alpes, on laisse subsister sur coupe pas les grosses branches immédiate
les bords des forêts d'épaisses lisières d'ar ment près de la † principale, mais on laisse
bres; ce sont ordinairement des sapins; quel un tronçon ou chicot d'environ un pied de
quefois on choisit d'autres espèces : M. KAs longueur, lequel est abattu et rasé près de
THoFER cite une plantation de sorbiers faite la tige un an ou deux après la premiere opé
autour d'une forêt communale en lignes si ration. Cette précaution a pour objet d'éviter
serrées, qu'ils en ferment l'entrée aux brebis le dessechement que produit toujours la
et aux chèvres. chute d'une grosse branche lorsqu'on la
En France, dans plusieurs localités, on coupe en une seule fois sur la tige; 3° on a
laisse subsister des lisières de 2 à 3 mètres soin que la surface de la section soit parfai
de largeur sur le bord des coupes, pour rom tement nette.
pre l'effort des vents et former une espèce L'élagage sera d'autant plus avantagcux
de clôture. La figure suivante donne une idée que l'on se conformera davantage, dans
de la disposition de ces lisières, qui sont très l'exécution, aux préceptes suivans : 1° on
utiles dans les forêts dont le sol est un peu doit éviter de procéder trop tôt à l'élagage
sec et élevé (fig. 112). Les clôtures murées et des taillis dans un terrain sec; il faut que ie
Fig. 112. sol soit suffisamment ombragé pour que l'on
puisse retrancher des branches sans le dé
garnir; 2° on choisit les plus belles bran
ches verticales et on supprime les branches
inférieures ; on raccourcit seulement celles
† paraît utile de conserver pour ne pas
iminuer subitement la masse du feuillage ;
3° il est inutile d'élaguer dans les taillis les
brins qui ne sont pas destinés à devenir un
jour des baliveaux; 4° on commence les éla
gages au mois de septembre; ils doivent être
terminés au plus tard le 15 mars.
MoNTEATH recommande aux forestiers
d'être soigneux dans le choix des branches
qu'ils doivent conserver, et de couper celles
qui tendent à s'élever dans une direction verti
cale et à rivaliser avec la tige principale.
Quant aux branches horizontales qui nuisent
peu à la végétation de l'arbre, on retranche
seulement les plus basses. Lorsqu'un arbre
† deux tiges élevées qui se disputent
a supériorité, il faut, si toutefois on peut le
faire sans porter préjudice à la tige princi
pale, enlever la moins belle et soigner celle
qui reste.
La valeur d'un arbre dépend principale
CIIAP. 4°. CULTURE DES FORETS. 97
teur des tiges. On doit donc les diriger de cédé que nous allons indiquer d'après MoN
manière à en former des arbres d'un certain TEATH.
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# [|
7
Les forestiers anglais ont reconnu que si pas, il est inutile d'élaguer ces arbres avant
l on coupe des branches de plus d'un pouce qu'ils aient atteint une hauteur 15 à 20
de diamètre, on occasione des taches qui pied , mais il faut retrancher les rejets qui
paraissent toujours lorsque l'arbre est abat sont inclinés sur cette branche horizontale.
tu. Cependant il est indispensable d'enlever Vous ferez courber le sommet de l'arbre en
les grosses branches cassées ou brisées et coupant , une partie des branches sur le
dont la carie pourrait se communiquer à la côté supérieur et en laissant subsister toutes
celles qui existent du côté où l'arbre tend à
tige ; mais il faut appliquer sur la section un Se
peu d'onguent. L'élagage ainsi pratiqué dans § Vous dirigerez ainsi la sève dans
les futaies surtaillis produit une assez grande la voie la plus convenable pour obtenir la
uantité de bois pour rembourser les frais formation d'une courbe. On a soin de lais
# l'opération et donner en outre un pro ser assez de menues branches vers l'extré
duit ; mais l'avantage principal, et cet avan mité des rameaux principaux et sur la par
tage est très-important, consiste à favoriser tie qui s'incline vers la terre; ce sont autant
le développement des taillis en diminuant de canaux destinés à attirer le plus de sève
l'ombrage qui les couvre. . -
possible vers cette partie de l'arbre pour en
Exemple d'anciens élagages dans les forêts : favoriser la croissance suivant une direction
Les bois de Pleuvant, près d'Auxonne. — qui se rapproche de la ligne horizontale.
AExemple d'élagage récent : La forêt basse Comme on emploie beaucoup plus de
d'Arcelot (Côte-d'Or). chênes courbes que de chênes droits, on
Elagage des bois courbes.— Les chênes, les sent combien il est avantageux d'en posse
ormes et les châtaigniers ont beaucoup moins der de la première espèce. Lorsqu'un arbre
de valeur lorsque leurs tiges sont droites est tellement courbé que la branche semble
que lorsqu'elles sont courbes, car ces der être le prolongement de la tige et ne for
nières sont très-recherchées pour la con mer avec cette tige qu'une seule courbe
struction des vaisseaux, des roues d'usines très - prononcée ( fig. 1 i5), cette espèce de
et d'un grand nombre de machines. On ob bois de service est la plus estimée de toutes.
tiendra une grande quantité de bonnes La valeur du pied cube d'une belle courbe
AGRlCULTURE. 34° livraison. ToME IV. — 13
AGRICULT. FORESTIÈRE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FoRÉTs. Lrv. v.
est presque triple tures d'épicéas; la taille semble ne rien ôter
de la valeur du mê à la vigueur de cet arbre.
me volume de bois
droit. $ V.—Des nettoiemens et des éclaircies dans
les taillis.
L'élagage doit être
exécuté de bonne
heure et régulière L'opération dunettoiement consiste à faire
ment, car si cette couper dans les taillis âgés de 5 à 10 ans :
opération est tardi 1° les épines, les ronces, les viornes, les
ve, elle occasione genêts, la bruyère, le lierre; 2° les brins
des taches ou des traînans, difformes, viciés qui croissent sur
défauts dans l'inté les mêmes souches que les brins bien venans ;
rieur de la tige. 3° les plants de nerprun, bourdaine et au
L'émondage con tres § semblables qui n'ont qu'une
siste à couper an courte durée ; 4° les plants de charme et au
nuellement toutes tres espèces inférieures lorsque le sol est
les menues bran suffisamment garni d'espèces du premier
ches inutiles qui ordre.
croissent sur latige, Le nombre des brins qu'on laisse sur cha
comme on le fait que souche est proportionné à la force de
pour les arbres frui cette souche; on conserve de préférence ceux
- tiers. Cet ébour qui tiennent à la terre par leurs racines.
geonnement, qui se pratique au mois d'août Une règle dont il ne faut jamais s'écarter,
ouen automne est renouvelépendant les3ou est que la terre ne doit rester découverte
4années qui suivent le premier élagage; ainsi dans aucune partie de la coupe, pas même
on tient les tiges nettes et on allége conve dans les endroits uniquement garnis d'épi
nablement la tête des arbres.Cette pratique nes, car en les enlevant toutes, le sol, s'il est
est usitée en Angleterre pour les arbres des un peu sec, serait frappé de stérilité, et les
tinés aux constructions. plants voisins dépériraient. Il y aurait aussi
Elagage des arbres résineux. - Quelques un grave inconvénient à découvrir une terre
forestiers élaguent les plants de bois rési naturellement fertile, car les troncs des
neux; d'autres pensent que cette opération brins retranchés pousseraient une infinité
est nuisible; tous veulent que l'on ne re de rejets qui épuiseraient presque autant la
tranche que les branches inférieures et celles tige principale que le faisaient les brins en
qui commencent à dépérir ou à pourrir. Il levés dans le nettoiement. Cette opération
est certain qu'un élagage fait mal à propos exige beaucoup de soins, d'adresse et de dis
ou maladroitement produit toujours un cernement. Voici quelques règles d'exécu
nœud qui parait lorsque l'arbre est abattu tion dont l'expérience a fait reconnaitre
et scié en planches; afors ce nœud, dont on l'utilité et l'efficacité.
ne soupçonnait pas l'existence, se détache et 1° On charge de la direction du travail un
laisse un trou dans la planche ou le plateau, maitre-ouvrier intelligent qui surveille con -
et ce bois se trouve inutile et sans valeur tinuellement les élagueurs. 2° Ils seront mu
après avoir été l'objet d'un travail considé nis de serpes bien tranchantes pour couper
rable; mais si la branche a été enlevée pro proprement tous les brins trainans, d'une
† près de la tige avant d'être pourrie, pioche à revers tranchant pour arracher les
plants nuisibles, enfin d'une serpe emman
e bois n'en est pas endommagé.
L'usage suivi le plus généralement, con chée pour abattre les épines ( fig. 118). Cet
siste à couper les branches infériéures Fig. 118.
à 7 ou 8 pouces de la tige ( fig. 116).
Bientôt le chicot se dessèche et on le sup
prime au printemps suivant.Il ne reste alors
ni nœud ni plaie dans la tige (fig. 117 ).
Fig. 116. Fig. 117. —Se) A.
jets à la place de ceux qui sont coupés, quel 2° année après la coupe. On prend le soin
ques rejetons paraissaient au pied des sou de répartir les jets de taillis qui doivent
ches, ou ferait passer dans la coupe un trou rester, à des distances à peu près égales
eau de bétail dans le courant de l'année pour entre elles, sur tout le pourtour de la souche.
|§ ces brins afin d'en accélérer la des Il ne faut conserver en définitive sur aucune
truction. souche, à moins qu'elle ne soit très-grosse ou
Dans certaines localités on abandonne aux †º ne se trouve dans les parties dégarnies
ouvriers les 23 du produit en nature de l'é e la forêt, plus de 8 à 10 rejetons, mais,
claircie : dans d'autres, on les paie à raison dans le premier nettoiement on laisse un
de 2 fr. 50 cent. par cent de fagots ; le mieux nombre de brins plus considérable. Il faut
est de les payer à l'hectare ou à l'arpent, car éviter avec adresse d'otfenser le pied des
dans ce dernier cas seulement ils ne sont pas brins restans. Quelques forestiers pensent
intéressés à couper trop de bois, ou, ce qui ue le nettoiement ne doit pas comprendre
est encore plus grave, à couper les plus beaux l'élagage des branches de taillis, mais c'est une
brins. erreur : car sa valeur dépend de la hauteur
Le menu bois produit par les éclaircies sert et de la belle conservation des brins.
au chauffage, à cuire de la chaux, etc. On y Ayant eclairci des la 2° année et élagué
trouve de petits échalas et de la fascine pour pendant la 4° et la 5°, aucune autre opèra
les clôtures. Le produit net moyen dans les tion n'est nécessaire avant la 10° année, épo
taillis de 10 ans est de 50 francs par hectare. que de l'enlèvement des brins qui étaient
Exemples. — Bois de Charrette (Saône laissés comme pour sucer la tige principale.
et-Loire), bois de la Garenne, commune de La difficulté consiste à savoir combien la
Saint-Maurice-sur-Vingeanne ( Cote - d Or . souche peut porter de jets; il faut remar
Le taillis avait été éclairci à l'âge de 10 ans ; quer que plus ils devien ent forts, plus ils
exploité en 1828, à l'àge de 20 ar,s, il a pro exigent de nourriture, et que d' un autre côté
duit 225 stères de bois de charbon par hec il est facile d'en restreindre le nombre au
tare et a été vendu 1160 francs aussi par hec besoin.
tare ; les taillis semblables non eclaircis se Il est absolument nécessaire que les taillis
vendaient à la même époque un peu moins croissent serres pour empêcher l'évapora
de 900 francs l'hectare. tion de l'humidité, aliment des plantes, pour
On éclaircit une seule fois les taillis qui faire croitre les tiges plus droites et plus éle
sont destinés à être exploités à l'âge de 20 vées, et pour étouffer les bourgeons qui sor
ou 25 ans. Cette méthode, l'un des fonde tent du collet de la souche des brins coupés
mens de l'économie forestière moderne. n'est au pied.
pas encore introduite dans les forêts éloi Ce procédé est susceptible d'être employé
gnées des lieux de consommation, dans les très-avantageusement dans un bois taillis qui
quelles les menus bois n'ont presque aucune a été négligé jusqu'à l'âge de 13 à 15 ans : car,
valeur; mais il suffirait que les produits de en le traitant ensuite suivant cette méthode,
l'éclaircie remboursassent les frais pour qu'il les rejets ſont plus de progrès en un an qu'ils
y ait une grande amélioration dans les | ro n'en faisaient auparavant dans l'espace de
duits futurs ; il y aurait même là création 3 ans. Le produit du second nettoiement
d'un produit actuel, puisqu'on emploiera:t à donne un petit revenu, et la dépense de celui
salarier les ouvriers des bois destinés à pour qui s'exécute à l'âge de 2 ou 3 ans est très
rir sur place. peu considérable, car un ouvrier élague en
*
viron 1000 souches par semaine.
S VI.— Du nettoiement des taillis suivant la Pour év ter que le pied des brins que l'on
méthode anglaise. a retranchés ne pousse d'autres jets, un fo
restier anglais a imaginé d'enlever avec ces
On nettoie ordinairement lestaiflis dans l'es brins le lambeau d'écorce avec lequel ils sont
pace de temps qui s'écoule entre la 5° et la 10° adhérens. C'est un moyen sûr de limiter le
année de leur âge ; mais les plus habiles fo nombre des tiges et par conséquent de leur
restiers pratiquent cette opération dès la donner plus de force.
Fig. 119.
*º ACRICULT. FORESTIÈRE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DEs FoRÈTs. LIv v.
Fig. 121.
ragº \es : Nº
Taillis de 25 ans.
Fig. 122.
Taillis d e 30 ans.
Ces figures indiquent le nombre et la sta- | temps. Il s'en ſaut de beaucoup qu'il en soit
ture des brins réservés après les nettoie- | ainsi. Je ne citerai ici qu'une observation
mens.' que j'ai faite dans un parc sur un massif de
r • - - . | sapins dont les plants sont de II ême âge,
S Vll-De l'élagage des massifs de futaies de bois | observation
feuillus. dans d'autresque tout Les
parcs. le monde
arbrespeut vérifier
du pourtour
La première operation qui se fait dans les † * † et demi
mass fs de futaie de chêne ou de hêtre com- § †ur ºntdequtour
† : ceux(!tqu# †ººt •
sur un roc incliné impénétrable aux racines. Voici le calcul fait d'après la progression
Les parties non éclaircies sont couvertes de ordi11aire de la valeur des taillis. Un arpent
massifs épais d'arbres d'environ 40 mètres de taillis (demi-hectare ) àgé de 20 ans vaut
de hauteur et de 2, 3 et 4 mètres de circon 400 fr. La même étendue d'un taillis âgé de
férence ; mais les portions qui ont été trop 30 ans vaut 900 fr. Le revenu produit par
éclaircies par des coupes prématurées ou l'ancien aménagement est de 600 fr., pus
mal disposées sont dégarnies et ne paraissent que l'on coupe 1 arpent et demi par an. La
pas devoir se repeupler, coupe étant réduite à 1 arpent, elle vaudra
La plupart des plantations de pins du dé seulement 400 fr. Mlais dès la seconde année
partement de la Marne étant trop espacées, on coupera du taillis de 21 ans, et successi
ces arbres s'élèvent peu ; d'ailleurs le sol vement on exploitera des taillis plus âgés.
étant decouvert, la plus grande partie des Cette simple conversion de l'ancien ordre
sucs nutritifs s'évapore. Il conviendrait de de choses doit augmenter en définitive le
garnir entièrement le sol de bois blanc pour revenu de moitié ; mais un autre avantage
former un abri compacte. qu'elle procure, c'est celui de permettre de
faire une coupe de nettoiement assez lucra
SECTIoN v. — Exécution de l'aménagement. tive ; car, dans un taillis qui ne doit s'ex
loiter que tous les 30 ans, on peut exécuter
$ 1*. — Abornement. e nettoiement dans la 12° année, et le produit
à cet âge est considérable. Dans un bois de
Autrefois,lorsque le sol avait peu de valeur, 30 arpens la coupe annuelle en nettoiement
on en marquait les limites par des arbres sera donc de 2 arpens et demi : le produit
auxquels on donnait le nom de pieds cor net, terme moyen, sera de 100 fr., en sorte
niers. ( La langue forestière s'étant formée que le revenu sera porté immédiatement à
dans le moyen-âge présentait une foule de 700 fr. et s'élèvera jusqu'à 1000 fr.
locutions barbares dont la plupart sont inu
tiles et hors d'usage.) Ces arbres parvenaient S IlI. — De la forme et de l'etendue des coupes,
souvent à des dimensions colossales et ils
étaient destinés à pourrir sur pied; mais, de La configuration des coupes doit être de
puis que le terrain et les arbres sont devenus terminée de manière que l'exploitation soit
précieux, les propriétaires respectifs Qnt mis d'une surveillance facile, et que chaque vente
plus de soin dans la détermination des li aboutisse sur une route destinée à l'extrac
mites, et ils font abattre les vieux arbres. Le tion des bois ; ces ventes sont ordinairement
érimètre des forêts est marqué par des bordées de chemins tracés en ligne droite;
l§ en pierres ou par des fossés : la meil mais, dans les coteaux trop rapides pour per
102 AGRICULT. FORESTIÈRE : CULT. ET AMÉNAGEMENT DES FORÈTS. LIv. v,
mettre le passage des voitures, on n'ouvre 8h. 33ar.
que des sentiers, à l'extrémité desquels on B), qu'il convient de couper à
place des bornes ou des poteaux qui indi l'âge de 20ans, pour fabriquer du
quent le n° de la coupe. Deux soins assez im #rºon ; la coupe annuelle sera
e. - • • • • • . . . . 6 00
portans ne doivent jamais être perdus de vue
dans cette opération : le 1°r est d'observer 3° 200 hectares de taillis où
autant que possible l'ordre de contiguité en le chêne domine ( partie C ),
tre les coupes qui doivent s'exploiter succes # convient d'exploiter à l'âge
sivement, et de ne pas laisser subsister, par e 28 ans, avec une éclaircie
exemple, de grands massifs de taillis sur le faite à l'âge de 12 ans; l'éten
pourtour entier d'un taillis de 2 ou 3 ans ; le †e
de la coupe annuelle sera
º. • • • • • • • . . .
second est d'éviter que la traite des coupes se
fasse à travers les jeunes taillis. 4° Il reste 80 hectares de tail
Les coupes d'une forêt doivent-elles être lis situés dans un vallon; le chê
égales en étendue superficielle ? doivent-elles ne y domine, les autres essences
être égales en produits ? L'un des objets prin sont l'orme, le frêne, le plane ;
cipaux que se propose un propriétaire en ré on divisera le massif en deux
† l'aménagement de ses bois, c'est de se portions de 40 hectares chacune.
ire un revenu à peu pres égal tous les ans. La première (partie D), choi
On doit donc s'attacher plutôt à l'égalité des sie dans la portion du sol la
Produits qu'à celle des surfaces exploitées; moins fertile, sera aménagée à
maison éprouvera rarement cette difficulté si 40 ans ; on la divisera par consé
chaque portion de la forêt est aménagée d'une † en 40 coupes, qui contien
' manière analogue à la nature du sol, aux es ront chacune 1 hectare. . .. 1 M>
Total. 22 h. 98 ar.
La coupe annuelle sera de 22 hectares 98
ares, ce qui équivaut à l'étendue totale d'une
exploitation réglée sur l'âge uniforme de 21
à 22 ans.
L'adoption d'un aménagement ainsi com
biné donnera le maximum du produit dont
la forêt est susceptible, et n'occasionera point
de diminution momentanée dans les revenus
des propriétaires, car ils exploitent commu
nément leurs taillis à l'âge de 20 à 22 ans.
S IV. —Des chemins et routes dans l'intérieur
des forêts.
Fig. 125.
euplé de bruyères ou d'arbustes sembla qui est placée au bout de l'age doit être éle
les, il faut l'assainir en labourant avec cette vée ou abaissée suivant la profondeur que
charrue (fig. 128). l'on veut donner au sillon. La chaîne est
destinée à régulariser le mouvement lorsque
Fig. 128. " les chevaux ne tirent pas également. Le pre
mier coutre est placé au centre de l'age, sui
vant la manière ordinaire, environ à 6 pouces
au-devant des autres coutres; il est destiné
à couper la partie intermédiaire des deux
raies. Les deux autres coutres sont placés
vis-à-vis-l'un de l'autre, de chaque côté de
l'age. -
A
CHAPITRE V. – DE L'EXPLOITATIoN DEs BoIs.
L'exploitation des bois doit toujours être ou l'espèce des arbres; l'un est formé de fi
dirigée dans la vue d'obtenir des coupes le bres dures et presque incorruptibles; la durée
lus haut prix possible. Nous croyons devoir de l'autre n'est pas de la durée du premier.
aire précéder ce que nous avons à dire sur Ainsi, la valeur du pied cube de hêtre étant
les détails de l'exploitation, de † exprimée par 1, celle du pied cube de chêne
considérations relatives au prix des bois abat devrait être exprimée par 2.
tus ou exploités. 6° Le rapport de la demande à la quantité
de la matière. Si, dans le voisinage de la forêt
SECTIoN 1°. — Du prix des bois. en question, il existe peu de hêtres, et que la
demande de ce dernier bois soit plus consi
Ce prix n'est jamais en raison directe et dérable que celle du chêne, dans le rapport
simple du poids, ou du volume, ou de l'es de 3 à 2, le rapport des prix respectifs est
pèce des arbres; mais il est en raison com alors de 3 à 4, c'est-à-dire que le pied cube
posée de divers élémens assez nombreux. de chêne se vend 4 fr. lorsque le pied cube de
1° La qualité du bois. Ainsi, le chêne, pro ' hêtre se vend 3 fr.
pre à une infinité d'usages, est plus cher en 7° L'emploi dont chaque bois est suscepti
proportion que d'autres arbres qui ne sont ble. Si le chêne ne vaut rien pour la fente, et
pas susceptibles d'emplois aussi variés. † ne puisse se débiter qu'en planches, tan
2° L'abondance ou la rareté de chaque es is que le hêtre se débite en plateaux, pilots,
pèce de bois dans chaque localité. ustensiles de toute espèce, etc., cette circon
3° Le genre de débit usité dans la contrée. stance influe sur les prix, et si leur rapport
L'orme et le frêne se vendent un tiers de est de 4 à 3, la valeur du pied cube de hêtre
plus que le chêne, dans les bois situés à por est remontée au niveau de celle du pied cube
tée des villes; ils se vendent un tiers de moins de chêne, quoique la valeur intrinsèque des
que le chêne dans les forêts éloignées des deux bois puisse être dans le rapport d'un
voies de communication où ce dernier arbre à 2. Un §à cube de chêne, débité en boissel
se débite en merrain, boissellerie ou autres lerie, merrain, planches, etc., vaut moitié
marchandises d'un transport facile. Le con pius que le † cube de sapin, débité de
traire arrive dans les montagnes où les habi même; mais le pied cube d'un sapin de 72 pi.
tans industrieux savent diviser le frêne en de longueur, propre à faire une belle pièce de
petits ouvrages de sculpture. Le buis a beau charpente, se vend aussi cher qu'un pied cu
coup plus de valeur dans les environs de St. be de chêne, ce qui provient de ce que la tige
Claude que dans d'autres contrées où il de ce dernier arbre n'atteint pas la longueur
n'existe point de fabriques pour l'employer. dont on a besoin pour l'usage dont il s'agit.
4° La proximité ou l'éloignement des lieux 8° La construction d'usines, routes et canaux
de consommation. Un mélèze situé dans des modifie le prix des bois. Ces prix sont aug
montagnes peu accessibles se vend beaucoup mentés aux lieux d'où se fait l'exportation,
moins cher qu'un peuplier d'un égal volume et diminués ailleurs. Ils sont diversement
qui croît dans le lieu même de la consom modifiés suivant les espèces d'arbres mises
mation. en circulation, L'établissement d'une scierie
6° La valeur intrinsèque des bots, Cette va donne de la valeur aux chênes et aux sa
leur intrinsèque su détermine par la nature pins. La construction d'un 1moulin à tan a
CHAP. 5°. DU PRIX DES BOlS. 407
pour résultat de rendre la futaie de chêne
plus rare, car le propriétaire, ayant le débit SECTIoN II. — De l'emploi des bois.
de ses taillis assuré par la vente de l'écorce,
élève moins de bois en futaie. On a indiqué dans d'autres parties de cet
9° Le prix des bois varie suivant la qualité ouvrage les usages auxquels on emploie ordi
de chaque arbre et de chaque partie du méme nairement chaque espèce de bois. Nous au
arbre. Les chênes dont Ie tissu est gras et rons donc peu de choses à ajouter sous ce rap
spongieux sont d'une qualité bien inférieure port; mais, comme le mérite d'une bonne
à celle des chênes dont la fibre est élastique. exploitation consiste principalement à em
Dans certaines forêts, ces arbres ont peu loyer chaque piece de bois à l'usage le plus
d'aubier; dans d'autres, l'aubier forme une ucratif, nous traiterons ce sujet sous ce
parlie considérable de leur volume. point de vue.
10° Enfin, il faut se rappeler que tous les Pour donner une idée de la perte qui ré
bois demandés dans la forét se vendent plus sulte du mauvais emploi des arbres, nous
cher que ceux que l'on est obligé d'offrir sur dirons seulement que le bois de chauffage
les marchés, après les avoir fait débiter en vaut 5 fr. le stère pris en forêt et que le bois
marchandises. de service vaut au moins, dans la même posi
On ne peut donner sur les rix compara tion, 40 fr. le stère; cette énorme différence
tifs des bois en général que des évaluations fait sentir l'étendue de la perte qu'éprouve
approximatives, mais on pourrait dresser le marchand ou le propriétaire de la coupe
pour chaque localité un tableau semblable à lorsqu'il met en bois de chauffage un arbre
celui ci dessous; ce travail procurerait, entre qui aurait pu être propre à tout autre usage.
autres avantages, celui de faire connaitre Tel arbre scié en planches produit 40 fr.
l'espèce d'arbres dont la culture présente le dont on aurait tiré une courbe qui seule
plus grand bénéfice. . aurait valu 60 fr.
Les arbres qui vont être désignés sont tous Nous passerons successivement en revue
âgés de 60 ans. les principales espèces d'arbres :
V olume Vale
Chéne. On commence par le choix de tou
- de Valeur aItºur tes les pièces propres à faire des courbes
Noms des arbres. chaque tig e du pied de chaque pour les navires, des ceintres de ponts, des
d'arbre. cube. tige. roues d'usines. On détache, sans endomma
l'ieds cubes. fr. cent fr. cent.
ger les tiges, les branches propre à faire des
courbes de bateaux. On vend ensuite les
Chêne. . . . . . . 14 1 60 | 22 40
tiges propres aux constructions navales et à
lorme. .. ... .. | 15 1 65 | 24 75 la charpente des usines. Comme il faut pour
Fréne. . . . - . . . 22 2 » | 44 »
Ilétre. .. • . . . . . 18 1 10 | 19 80 ces usages des pièces de dimensions déter
Aunc.. . . .. • . • . 22 1 25 | 27 50 minées, le marchand qui les possède les vend
Tremble. . . . . . 22 1 » | 22 » souvent à un prix de monopole. Les pièces
Sapin. . - . . . . 18 1 °» | 18 » de charpente pour les bâtimens en construc
Melèze. . - . . . - . 18 1 50 | 27 » tion ou en réparations dans la contrée, se
P1n.. . . . . . . • . 20 » 9() 18 » vendent aussi à un prix assez élevé. Vient
Bouleau. . - . . . . 22 1 20 | 26 40
ensuite l'emploi de la fente pour tous les
Châtaignier.. . . . 22 1 35 | 29 70
arbres non demandés par des acheteurs.
Erable. . . . . . . . 7 3 » | 21 »
Sycomore. . . . . . 15 1 65 | 24 75
Leur prix est nécessairement inférieur au
Pomm er, alizier, précédent, car le merrain provenant d'une
sorbiºr. . . . . , 5 3 » | 15 » § tige de 30 pieds de longueur ne se
Cormier.. . . . . . 4 4 » | 16 » vend pas plus cher sur le marché que le
Merisier, poirier . 18 1 30 | 23 40 merrain provenant d'un arbre dont la tige
( l1arille. . . . . . . 1() 1 25 | 12 50
i'l'1lleul.. . . . . . . 22
n'a que 10 pieds de longueur ou d une bille
1 10 | 24 20 de bon bois prise dans un arbre dont tout
Marronnier d'Inde. 30 » 80 | 24 »
Acacia ( faux). . . . 22 1 30 | 28 60
le reste est défectueux. Les chénes qui ne
sont pas propres à la fente se débitent en
Le tableau suivant fera connaitre le prix planches.
Orme. Le plus profitable emploi de l' rme
des bois en Angleterre, sur les marchés de est le charronnage pour l'artillerie, car on
Londre et de Leith; on doit déduire à peu n'admet que de beaux arbres pour ce ser
près moitié de ces prix pour les frais de trans vice, et l'on ne peut choisir sans payer plus
port, et pour le profit du marchand qui a cher. Les limons de charrette se vendent
exploité les coupes. bien lorsqu'ils sont droits et sains. La con
Prix P1 ix struction des voitures à jantes larges exige
Noms des arbres. du pied cube du des ormes de 7 à 8 pieds de tour pour faire
anglais. stère. les moyeux. Dans les contrées où le chêne
fr. ce tºt. fr. est rare, on emploie l'orme pour bois de
Chêne. . . . • . . . • . .. | 4 20 148 charpente ; mais comme le cœur de cet ar
Fréne. . . . . . . . . . .. | 3 75 133 bre se gâte promptement, il ne faut l'em
Orme.. . . . . . . . . . . | 3 75 133
Plane, platane . . . . . . | 3
ployer que scié en quatre pièces.
60 127 Hétre. Le hêtre est propre à une infinité
Hétre.. . . . . . . . . . . | 2 50 88
Châtaignier. . . . . . . 3 75 133
d'emplois ; mais comme chacun de ces em
Noyer. . . . . . . . . . .| 4 20 148 plois est très-borné et que les frais de débit
Merisier. . . . , . . . . .| 2 5() 88 sont considérables , l'exploitation d'une
Saule.. . . .. . . . . . .| 2 50 88 rande coupe de hêtres-futaies est assez dif
Boulcau. . . . , . . . . .| ! 65 ſ,8
† Plus les ouvrages que l'on fait avvº
108 AGRICULTURE FORESTIERE : DE L'EXPLOITATION DES BOIS. LIV. V•
ce bois sont communs, moins les frais de moins vite, l'infériorité de son volume lui
main-d'œuvre sont élevés et † le pied cube donne. à égalité d'âge, moins de valeur qu'à
ce dernier.
de bois rapporte. Par exemple, dans les con .
trées où le hêtre vaut 75 centimes le pied Bouleau. Les sabots, le charronnage, le
cube, on le débite en sabots : mais on n'en merrain pour les marchandises sèches, sont
fait des ouvrages délicats que dans les foréts les emplois les plus profitables.
où les sabots ne se vendraient pas bien ; il Tremble, peuplier. On fait avec ces bois
faut alors établir des ateliers qui débitent des charpentes durables si elles ne sont pas
les hêtres en une foule de petits ouvrages trop chargées et si elles sont bien aérées. Les
comme étuis de gaînerie, feuilles à mettre sablières et autres pièces qui portent sur les
derrière les glaces, etc. Comme les frais murs durent très long-temps si on les pose
de fabrication sont considérables, il faut que sur de petits chevalets qui les séparent du
le bois ne coûte pas plus de 50 centimes le contact des mortiers. L'usage de ces bois
pied cube. Le débit le plus avantageux est le s'étendra progressivement.
charronnage. Ce bois exposé aux intempé
ries est sujet à être piqué des vers et se gâte SECTIoN III. — De la qualité des bois relati
en très-peu de temps, mais il se conserve vement au terrain, au climat et à l'expost
bien dans la terre ; il est très cher dans quel tion .
De 36 à 48 . . . 4
à la hauteur de 3 pi. et 12 au-dessus du sol, I)e 48 à 72
))
))
M)
M> . . . 5
-
M)
quand on se sert d'une chainette; il faut de De 72 ct au-dessus. . . . . . . . . 6 ))
niême évaluer la grosseur supérieure à 3 pi.
et 1/2 au-dessous du son met de la tige. Ainsi un chêne de 6 pi. de tour est réduit
On a quelquefois mesuré la grosseur des à 67 po. non compris son écorce. Le quart
arbres à l'aide d'une espèce de compas, mais de 67 po. est 17 po. 7/10 ou 48 centimèt. ;
ce mode est défectueux, car il s'en faut de si l'on multiplie ce dernier nombre par lui
beaucoup que les tiges des arbres soient même, la section du carré sera de 0,2304, et
exactement rondes. - si l'arbre a 10 mètres de hauteur, la solidité
On parvient d'une manière facile à me sera de 2 stères 304, ou 62 pi. cubes métri
surer la hauteur des arbres au moyen d'un ques. - |
instrument dont j'ai donné l'idée à M. le mar En France on prend dans certaines loca- '
quis d'Agrain et qu'il a fait exécuter et per lités le quart de la circonférence de l'arbre,
ſectionner (fig. 129) Voici la manière de se y compris l'écorce, pour le coté du carré ;
Fig. 129. mais plus généralement on fait une déduc-*
tion sur la circonférence, et on prend le
quart du reste.
L'usage le plus commun et celui de l'ad
ministration de la marine cst de déduire le
cinquième. Supposons un arbre de 5 pi. de
tour, y compris l'écorce, et de 30 pi. de lon-.
gueur; déduisant un cinquième de la cir
conférence, il restera 4 pi.; le quart de ce
dernier nombre ou le côté du carré est 1 ;
ainsi le volume de cet arbre est de 30 pi.
cubes : c'est à peu près ce que donne l'écar
rissage fait suivant l'usage.
Dans les environs de Paris, on deduit le 6"
de la circonférence et on prend le quart du
reste.Un arbre de 5 pieds de tour, y compris
l'écorce, et de 30 pi. de longueur, cubera, sui
vant cette méthode, 32 pi. 55100. Dans plu
sieurs contrées du midi on cube les arbres en
servir de cet instrument. On le place, au déctuisant seulement le 12° de la circonfé
moyen d'un pied planté en terre, à 10 mè rence; un arbre de 5 pieds de tour, y compris
tres de l'arbre ; on dispose horizontalement l'écorce, et de 30 pieds de longueur, cubera,
l'alidade fixe au moyen du petit niveau , suivant cette méthode, 39 pieds cubes 38,100.
en la dirigeant vers la tige de l'arbre. On Enfin, on prend ailleurs le 1/4 de la circon/é
fait monter l'alidade mobile jusqu'au poin rence. Un arbre de 5 pieds de tour, y compris
où elle permet de voir dans sa direction le l'écorce, cubera 46 pieds cubes 8 10. Ainsi,
sommet de la tige ; on la fixe au moyen d'une un arbre qui, suivant cette dernière mélhode,
vis de pression, et il ne s'agit plus que de cubera (fig. 130), carré A, 46 pieds cubes 8 10;
lire sur le limbe de l'inslrument le nombre
au 12° deduit cubera, carré B, 39 pi. cub. 4,10;
de mètres et de décimètres qui exprime la au 6" déduit cubera, carré C, 32 pi. cub. 55100;
110 AGRICULTURE FORESTIÈRE : ExPLOITATION DES Bois LIV, V.
•-2
A -S nière paxtie de l'opération figure le cubage
des bois carrés.
Comme on abrége beaucoup les calculs en
C:-/
prenant le pied métrique pour unité de me
sure, nous placerons ici une petite table pour
la réduction des pouces linéaires en fractions
décimales du pied :
Pouces. Pieds | Pouces, Pieda 1Pouces, Pieda
1 . . 0,083 5 . . 0,4 17 9 . .. 0,750
2 . . 0, 167 6 . . 0,500 10 . .. 0,833
3 . . 0,250 7 0,583 11 . . 0,917
4 . . 0,333 8 0,667 12 . .. 1,000
chers a déjà fait quelques progrès. Le chêne Dans les pays d'usines, on estime les taillis
était exclusivement employé aux charpentes à la corde ou au stère.
intérieures et extérieures, et aux ouvrages de Le tableau suivant peut servir à évaluer
fente. Ou commence à se servir du tremble, approximativement le produit des taillis.
du bouleau et du peuplier, pour les charpen
tes légères; le pin et le sapin y sont employés
dans les lieux où ils croissent naturellement, Age Produit de l'hectare de taillis dans
et dans tous ceux où ils peuvent s'exploi du -
$ l". - Division du bois du taillis. neuf Le bois gravier est composé de bûches
de bois dur, flottées et non lavées. Enfin on
1° Bois de chauffage. comprend sous le nom de bois flotté celui
qui est composé de bûches de toute espèce
Moules, cordes. On dresse le bois en cordes †ºnt
OIS.
l'écorce n'est plus adherente au
ou en moules, dont les dimensions varient Les falourdes ont 80 centimètres de cir
suivant les localités et l'espèce des bois (fig. conférence sur 57 centimètres de longueur.
131 ). Le bûcheron choisit un terrain sur le
Le double stère ou la voie de Parts a
Fig. 131. 2 mètres de couche et 88 centimètres de
hauteur; la longueur de la bûche est d'un
mètre 14 centimètres. La solidité est de
'| 2,0064 stères.
Le prix du bois de chauffage est fondé
principalement sur deux élémens : 1° l'es
pèce des bois; 2° la grosseur des bûches.
Supposons que le stère de bois de chêne
Vaut . . . . . . . . 10 ſr. » c.
#
Le stère de charme, orme, hê
- # -
# tre, frêne, vaut . - - - - 50
Le stère de pin et de sapin
Vaut . . . . . . . . - 6
quel il n'y a point de souches. Il plante 2 Le stère de châtaignier vaut . 50 6
forts piquets verticaux soutenus en dehors Le stère de cerisier vaut . 6
par des arcs-boutans, entre lesquels il em Le stère d'aune vaut. . . . 6 50
† les bûches jusqu'à la hauteur convena Le stère de tremble vaut . . 5 50
ble ; mais si la hauteur doit être par exemple Sous le rapport de la grosseur des bûches,
de 4 pieds, au moment où la corde sera en on trouve les différences suivantes fondées
levée, il faut lui donner 2 ou3 pouces de plus, sur ce qu'un stère composé de grosses bûches
attendu que l'affaissement du bois réduira la pèse beaucoup plus et renferme par consé
hauteur d'une assez forte quantité dans l'es quent beaucoup plus de matière ligneuse
pace de six semaines ou deux mois. qu'un stère composé de petites bûches. Un
Les ouvriers sont plus ou moins habiles stère de bûches de 30 à 36 pouces de tour
dans l'exécution de ce travail. Une corde de Vaut - . . . . . . . . . . .. 12 fr.
80 pi. cubes (1) passablement empilée ne con Un stère de bûches de 20 à 30 pou
tiendrait pas plus de 60 à 70 pi. cubes si elle ces de tour vaut . . 10
était dressée par des ouvriers très-habiles Un stère de bûches de 15 à 20 pou
dans ce genre de travail. Il y en a dans les ces de tour vaut . . . . . . . . 9
grandes fôrêts qui sont chargés exclusive Un stère de bûches de 10 à 15 pou
ment de cette partie de l'exploitation. Ils ces de tour vaut . . . . . . . . 7
ont soin de placer les bûches tordues sur la Un stère de bûches de 6 à 10 pou
superficie et de mettre toutes les bi,ches ces de tour vaut . . . . . . . . 6
courbes en dehors sur les côtés de la corde. Un stère de bûches de 2 à 6 pouces
Les bûches destinées au chauffage sont or de tour vaut . . . . . . .. . . 5
dinairement sciées; il y a aussi de l'avantage On suppose que tous les stères sont formés
à faire scier les gros brins et ceux de gros de la même espèce de bois.
seur moyenne qui doivent être réduits en La façon de l'abattage et du dressage d'une
charbon, car les entailles en bec de flûte sont corde est de 36 centimes par stère. Le trans
perdues dans la carbonisation. port du bois de chauffage dans les chemins
Autrefois on fendait des chênes de 2 à 3 de traverse se † ainsi qu'il suit : Pour un
pi. de tour pour les mettre en bois de chauf stère de gros bois conduit à 2 lieues de la
fage. ..Actuellement, dans une exploitation Coupe, 1 fr.; pour un stère de bois blanc con
bien dirigée, on range dans les bois de ser duit à la même distance, 1 fr. 50 c.
vice tous les arbres qui sont propres à quel Fagots. On distingue presque autant d'es
que autre usage qu'au § Les plus pèces de fagots qu'il y a de forêts différentes.
belles bûches de chêne servent à faire de la On peut les réduire à deux divisions princi
latle, des rais, des échalas, des ages ou des pales : 1° les fagots de gros bois ; 2° les fa
manches de charrues. gots de ramilles, appelés bourrées.
Il y a différentes espèces de bois de chauf Le cotret est un fagot de 18 pouces de
Jage qui sont § d'après la grosseur tour composé de brins d'égale longueur,
des bûches et leur qualité de bois tendre ou rangés avec soin et liés de deux harts ou licns
de bois dur. On nomme bois neuf, à Paris, qui sont des menus brins de coudrier,charme,
celui qui n'a pas été flotté; il est composé saule, osier, viorne, etc. La façon du cent
de bûches de chêne, charme, hêtre et orme. de cotrets est de 1 fr. 50 c.
Le bois lavé est celui qui n'a été flotté que Pour serrer fortement les fagots de gros
dans un court trajet de rivière, et dont les bois ( dont les brins ont de 3 à 6 pouces de
bûches ont été lavées au moment du tirage tour), on se sert d'une corde et d'un petit
des trains. Il a presque autant de valeur, levier, ensuite on adapte les harts à chaque
1outes choses égales d'ailleurs, que le bois bout du fagot.
[!) En parlant du pied, nous entendrons toujours le pied métrique égal à 333 millimètres linéaires,
112 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DE L'EXPLOITATION DES BOIS. L1V. V.
Les fagots qui ne sont pas depouilles de parquet (fig. 134). Ce parquet est composé
feuilles se vendent moins cher que les autres, Fig. 134.
excepté dans les contrées où la feuille des
arbres forme une partie importante de la
nourriture des bestiaux. Les fagots de menus
brins sont moins chers, et même, dans les
† très-boisés, les petites branches et tous
es brins qui n'ont pas un pouce de tour ne
servent qu'à fabriquer de la potasse. Le prix
des fagots de gros brins de 6 pieds de lon
, gueur sur 26 pouces de tour ( 8 centièmes
de stère) dans les départemens où le bois est
cher, est de 50 centimes chacun. Ce prix
porte le stère à 6 fr. 25 c. Sur les ports de la
Saône, entre Châlons et Lyon, un fagot de d'une plate-forme en bois autour de laquelle
gros brins, pesant 17 kilogrammes dix mois sont solidement fixés des piquets formant une
après l'exploitation, se vend 25 centimes. enceinte circulaire dans laquelle l'ouvrier
Dans les forêts où l'on fabrique du charbon, ajuste et range ses cercles. Il fait disparaître
il ne reste que les plus petits brins qui pro les nœuds et les courbures à l'aide du mail
duisent, par hectare, 800 bourrées qui valent let et de la plane. La façon des cercles de
3 fr. le cent ; déduisant 1 fr. 50 c. pour la tonneau de 3 mètres de longueur se paie au
façon, le produit net est de 4 fr. 50 c. par cerclier à raison de 35 centimes la couronne ;
2ent ou de 36 fr. par hectare. | la façon des cercles de 22 à 25 décimètres
se paie 25 centimes la couronne. La façon
2° Cercles de futailles. de chaque cercle de cuve coûte 50 centinies.
Ces cercles se vendent 20 francs la douzaine.
Les meilleurs bois pour fabriquer les cer Le travail du cerclier produit un paquet
les ou cerceaux des ſutailles dans lesquelles de petits copeaux par couronne; chaque pa
on met le vin et les liqueurs spiritueuses, quet vaut 10 à 12 centimes pris à l'alelier.
sont le châtaignier,le coudrier et le marsault. Le transport des cercles de futailles de
Les cercles de cette dernière essence con 220 litres dans les chemins de traverse coûte
viennent très-bien pour les caves humides. 15 centimes par couronne et par lieue.
Les plus mauvais bois pour cet usage sont le 3° Echalas.
chêne, le charme et le hêtre. - -
il faut exiger que le brin soit abatte mmé Un stère de bois taillis âgé de 16 à 18 ans
diatement après l'écorcement, car si on tar rend 7 pieds cubes de charbon. Un stère de
dait et que la souche eût le temps de pousser taillis âgéºde 24 à 30 ans rend 9 pieds cubes
des rejetons,on les détruirait infailliblement de charbon.
en coupant plus tard le brin écorcé. Le poids d'un pied cube de charbon varie
L'écorce de jeunes taillis mélangée d'écor de 15 à 18 livres (7 à 9 kilogr.) suivant l'es
ce de futaie se vend, dans beaucoup de loca pèce du bois et sa pesanteur spécifique.
lités, à raison de 40 cent. le paquet pris en Un stère de bois sec pèse 675 livres, ce qui
forêt. Ce paquet est un cylindre de 2 pieds fait 25 livres par †
cube, y compris les
de longueur sur 3 pieds de tour cubant5 cen interstices des bûches qui sont évalués aux
tièmes de stère. La façon est de 8 cent. par 9/20° du volume total; ce stère, que nous sup
lbotte,y compris l'abattage du bois.Les frais de posons de bon bois, rend 9 pieds cubes de
transport sont de 2 f. 50 c. par lieue pour 104 charbon pesant 162 livres. Le bois rend donc
bottes de cette dimension dans un chemin le quart de son poids en charbon, terme
de traverse ordinaire. - -
--
moyen
AGRICULTUREs ToME IV,-15
114 AGRICULTURE FORESTIERE : EXPLOITATION DES BOIS. LIV. V.
Les frais de transport du charbon dans les
chemins ordinaires sont d'un franc par stère Fig. 185.
pesant 486 livres (238 kiiogr.) pour une
ieue ; ces frais ne sont que de 64 centimes
# lieue lorsque la distance excède 3 lieues.
transport à dos de bêtes de somme coûte
un quart de plus.
7° De la feuille des arbres.
La feuille du charme, du chêne, du frêne,
du tremble et de l'alisier sert à nourrir les
ImOutOns. † de ce produit on abat
les taillis à la fin d'août. Les ramilles ou
menues branches sont mises en fagots de
18 à 24 pouces de tour, qu'on laisse sécher à
l'air pendant quelques jours ; ensuite on les
place sous un hangar, où ils peuvent se con
server pendant une année entière. Un hec
tare de taillis, âgé de 20 à 25 ans, rend 2,500
fagots de feuillage qui valent 40 fr. le mille
dans la coupe; la façon est de 8 fr. par mille ;
le produit net est par conséquent de 32 fr.
le mille, ce qui fuit 80 fr. par hectare.
l'exploitation des futaies. extérieurs des ta
-
| SECTION vI. — De
ches sur l'écorce
qui se couvre quel
Le mode à suivre dans l'exploitation des quefois de lichens
futaies , est subordonné à l'usage que l'on et de champi
peut faire des arbres, et les emplois en sont nons, des bourre
nombreux et variés. Avant d'entrer dans
ets, des gerçures
des détails à ce †il convient d'examiner
et des gouttières
les signes qui indiquent la bonne qualité ou par lesquelles l'eau
la défectuosité des arbres. s'insinue sous l'é
COI"C0.
chine. Cet appareil imprime à une scie de Produit des planches dans une forét de sa
2 pieds de diamètre une vitesse suffisante ; pins. 1° Un sapin de 30 pouces de tour rend
mais on peut construire la scie avec sa roue 30 petites planches de 7 pieds de longueur,
pour 750 fr, tant la machine est simple. Une sur 6 pouces de largeur, valant 4 fr. la dou
scie circulaire de 2 pi. peut faire 700 tours zaine, ce qui fait en tout 10 fr. 2° Un sapin de
par minute ; on établit de ces sortes de ma 36 † de tour rend 49 planches de 8 pieds
chines dans les forêts où il y a une force de longueur sur 7pouces de largeur, lesquel
d'eau capable de les faire mouvoir. Une roue les valent, à raison de 5 francs la douzaine, la
de 8 pi. de diamètre et de 8 pou. de largeur somme de 20 fr. 40 c. 3° Un sapin de 42 pou
a la circonférence, suffit pour imprimer le ces de tour rend 56 planches de 8 pieds de
mouvement à la scie. En débitant ainsi le longueur sur 8 pouces de largeur, lesquelles
bois sur place, on épargne une bonne partie valent6 fr. la douzaine, ce qui fait en tout 28 fr.
des frais de transport. Ces scies à roues cir 4° Un sapin de 48 pouces de tour rend 63
culaires sont très-utiles pour le débit des planches de 9 pieds de longueur sur 10 pou
feuilles de parquet. ces de largeur, lesquelles valent, à raison de
Une petite scie d'environ 12 pouces de 7 fr. la douzaine, 36 fr. 75 c. 5° Un sapin de
diamètre pourrait être mise dans un châssis 54 pouces de tour rend 70 planches de 10
et mue par un homme ; cette machine serait † s de longueursur 10 pouces 1/2de largeur,
très-utile pour scier les bois de chauffage ; esquelles valent, à raison de 9 fr. la douzaine,
car deux hommes couperaient autant de bois 52 fr. 50 c. 6° Un sapin de 60 pouces de tour
en un jour avec cette scie, qu'ils en coupe rend 88 planches de 11 pieds de longueur
raient en une semaine avec des cognées. Une sur 12 pouces de largeur, lesquelles valent, à
scie circulaire de 2 pieds de diamètre débite raison de 11 fr. la douzaine, 80 fr. 66 c. 7° Un
par jour 1200 douves de barils propres à met sapin de 66 pouces de tour rend 96 planches
tre des harengs. Ces douves sont faites de de 13 pouces de largeur sur 12 pieds de lon
saules ou d'autres bois blancs.Une scie ordi ueur, qui valent 13 fr. la douzaine, ce qui
naire, mue par un petit courant d'eau, fabri ait en tout 104 fr. L'épaisseur de tontes ces
que 12 planches de 12 pieds à l'heure ; elle planches est d'un pouce.
418, AGRICULTURE FORESTIÈRE : EXPLOITATION DES BOIS. LIV. V.
Frais à déduire. Supposons un sapin de 4 tites douves cerclées en bois, des barattes,
pieds 1l2 de tour qui rend 70 planches. 'autres ustensiles pour les laiteries et pour
Les frais de transport de l'arbre à la scie les caves, etc. Cet emploi, lorsque les arbres
rie sont de 3 fr. ci. .. . . . . 3 fr. » c. y sont propres, est toujours meilleur que le
La façon du sciage est comptée sciage.
à raison d'un franc la douzaine Un stère de bois grossièrement écarri rend
de planches, ce qui fait pour 70 300 pieds courans de planches de 1 à 12 pou.
planches. . .. • • • - . - 5 83 de largeur. Un stère de bois en grume rend
La main-d'œuvre pour le char 180 pi. courans de planches.
fººt s'élève avec les faux frais On paie aux scieurs de long pour la façon
• • • • • • • • • • • • 1 50 de 1000 pi. courans de bois de sciage assorti
Intéréts de l'établissement de de planches, voliges et chevrons, 36 fr. si les
la scierie à 15 0,0 et répartitions. » 15 bois sciés sont des sapins, des peupliers, des
trembles ou d'autres bois tendres, et 45 fr
ToTAL. . . . . . pour le sciage de chêne La façon du sciage
.. 10 fr. 48 c.
pour le bois de cuves qui a 2 pou. d'épaisseur
Nous avons vu que ce sapin avait rendu sur 7 po. de largeur moyenne, est de 42fr. par
our 52 fr. 50 c. de planches; déduisant les mille pi. courans. Le prix du † des bois
rais, il reste 42 fr. 02 c. pour le produit net de bateaux est de 60 fr. par mille pi. cou
de l'arbre : il faut distraire de cette dernière l'81I1S.
somme le bénéfice du marchand qui fait l'ex Le prix du transport des bois de sciage sur
ploitation. Nous n'avons pas parlé des bran un chemin de traverse est par milliers de pi.
ches de l'arbre, ni de l'écorce; mais ces pro courans de planches assorties :
duits se compensent avec les frais d'abattage Pour 1 lieue . . . . . . . . 3 fr.
et ceux de surveillance. Pour 2 lieues . . . . .. . . . 6
Nous allons actuellement présenter le cal Pour 2 lieues et demie.. . . . . 7
cul du produit de ces arbres d'après leur vo Pour 3 lieues . . . . . . . . 8
lume au 5"° déduit. Pour 4 lieues . . . . . . . .. 10
Le sapin n° 1 contient 9 pieds cubes; par
conséquent son produit total est d'un franc B. Produit d'ypréaux mis en planches.
11 centimes par pied cube, ou de 10 fr. pour
la tige entière.— Le volume du sapin n° 2 est Douze blancs de Hollande dont la grosseur
de 16 pieds cubes 6,10, et comme sa valeur to donne un écarrissage de 12 à 15 pou. pro
tale est de20fr.40c., le pied cube vaut 1 f. 23 c. duisent 5,400 pi. courans de planches valant
— Le volume du sapin n° 3 est de 25 pieds 9 cent. le pi. en bois vert et 13 cent. le pl.
cubes; sa valeur totale étant de 28 fr., le pied en bois sec. La façon du sciage des planches
est de 2 cent. par pi. courant. Ainsi la valeur
cube vaut 1 fr. 12 c. — Le volume du sapin
n° 4 est de 43 pieds cubes 8/10, sa valeur totale nette du pi. de planche est de 7 cent.
étant de 36 fr. 75 c., il vaut par pied cube 84 c. 5,400 pieds de planches à 7 centimes va
lent . . . . . . . . . . . - 378 fr.
—Le volume du sapin n° 5 est de 56 pieds Les cimes et les débris de l'écar
cubes ; sa valeur totale étant de 52 fr. 50 c.,
il vaut par pied cube 93 centimes. - Le vo rissage valent, à raison de 3 fr. par
arbre . . . . . . - . - . 36
lume du sapin n° 6 est de 96 pieds cubes; sa -
valeur totale étant de 80 fr. 66 c., il vaut par Produit net . . . 414 fr.
pied cube 84 cent. — Le volume du sapin
n° 7 est de 122 pieds cubes, sa valeur totale Cette somme, divisée par le nombre d'ar
étant de 104 fr , il vaut par pied cube 85 cent. bres, donne 34 fr. 50 cent pour le produit de
Un calcul semblable est indispensable dans chacun.
toutes les exploitations, si le marchand veut 7° Bois de chauffage.
connaître le meilleur emploi possible de son
bois. Dans l'exemple ci-dessus, le débit en Dans les pays de grandes forêts, on met en
planches est le plus profitable pour les petits bois de chauffage une partie des futaies de
arbres; mais il faut calculer combien les ar hêtre, qui sont fendues en grosses bûches
bres d'une grosseur moyenne produiraient pour cet usage, auquel on emploie aussi le
si on les débitait en chevrons de 4 pouces chêne et le charme ; mais lorsqu'on débite
d'écarrissage ou en plateaux. Il faut enfin aussi d'autres arbres que ceux qui sont de
discerner l'emploi qui établit le plus haut fectueux, on sort des règles d'une bonne ex
prix pour le produit net du pied cube. ploitation et on manque d'industrie.
Cet exemple fait voir qu'il est désavanta
geux de débiter en planches les gros sapins ; 8° Branchages des futaies.
on ne les emploie en effet à cet usage que
lorsqu'on ne peut les exporter facilement. Dans un massif de futaies, les arbres n'ont
Pour scier les sapins on ne fait qu'enlever pas de larges têtes et leurs branches sont
l'écorce sans les écarrir; les planches ont eu volumineuses. Dans les futaies sur taillis
toute la largeur de l'arbre; celles des côtés, il faut distinguer : si ce sont de grands tail
que l'on nomme dosses, sont arrondies sur lis, les arbres sont médiocrement branchus ;
une face et ont peu de valeur. L'écorce sert mais il faut encore avoir égard à d'autres
au chauffage. circonstances. Lorsque les arbres sont très
Le sapin-épicéa est employé dans les mon épais, leurs têtes, quoique plus fortes que
tagnes du Jura et des Vosges à faire des ou celles des arbres de même grosseur, dans un
vrages de boissellerie, tels que les vases à massif ne s'étendent pas sur de larges di
mettre le lait, qui sont formés d'un fond et de mensions. Si au contraire les arbres sont peu
CMAP. 5°. ÉVALUATION DES PRODUITS D'UNE COUPE. 119
nombreux, le volume total des branches est seaux, ci. . . . . . . . . . 7 cent
considérable. Le rapport change dans les 13 cent. par botte pour aiguiser
bois qui s'exploitent à l'âge de 12 à 18 ans : les paisseaux et ranger les paquets 13
la tige des arbres est peu élevée, et son vo .15 cent pour transport au mar
lume est beaucoup moindre relativement à cné voisin situé à 4 lieues de la fo
† 18.
des branchages que dans les autres rêt, par botte. . . . . . . .. 15
Les branches de chêne servent à faire des Total . . . 35 cent.
courbes de bateaux ; les grosses branches de Le prix étant de 65 cent. par paquet sur
hêtre et de tilleul, à faire des sabots. le marché, le produit net est de 30 cent., et
Dans un bois taillis garni de chênes nom comme il y a 120 bottes par hectare, le pro
breux et de moyenne grandeur, on estime duit total est de 36 fr. . . 36 fr. » c.
que les arbres dont les tiges cubent 10 stères Cercles. Les cercles servent à
produisent 20 stères de branchages. relier des tonneaux de 220 li
Dans une haute-futaie de sapins, les bran tres et des demi-tonneaux. La
chages sont évalués à raison de 2 stères par coupe rend par hectare 100 cou
tige d'arbre, mais dans le nombre des ar ronnes qui contiennent cha
bres on ne compte pas ceux qui ont moins cune 25 cercles de coudrier,
de 4 pi. de tour. marseau , etc. Chacune de ces
couronne6 vaut 1 fr. 75 c. sur le
9° Copeaux. marché; il faut déduire les
frais :
Dans une coupe bien fournie d'arbres, il
a beaucoup de copeaux, car un arbre écarri, Coupe des perches . 7 C.
Perches. On emploie de pe
tites perches pour soutenir les
10° Emploi des ramilles pour la fabrication toits en paille ; on ajuste et on
de la chaux. vend des † qui servent aux
Dans la chaîne de montagnes calcaires des ouvriers des villes ; ces petites
départemens de l'Est, les chaufourniers font perches se vendent 26 fr. le
l'extraction de la pierre à peu de profondeur. mille. Déduisant 4 fr. pour la
Ils choisissent le voisinage de la coupe ou façon, le produit net | est de
22 fr. On recueille un millier de
l'enceinte même de cette coupe, lorsqu'il y ces bâtons et perches par hec
a des places vagues et de bonné pierre. Ils
montent le fourneau, cuisent et livrent la tare, ce qui fait en tout . . . 22 19
Total . . . 75 c.
200 fagots de branches de fu
taie qui se vendent 5 fr. dans la
Déduisant ces frais de la coupe, déduisant 1 fr. 25 c. pour
somme qui exprime le prix du la façon, la valeur nette est de
tonneau, de charbon il reste 3 fr. 75 c., ce qui fait pour le
pour sa valeur nette 2 fr. 10 c., tout . • . . . . . .· . . 7 50
ce qui fait pour 85 tonneaux 178 50 Futaie. La coupe contient 11
Il a fallu pour produire ces hectares; nous | consignerons
85 lonneaux de charbon 59stères d'abord
entière :
le produit de la coupe
de bois ; par conséquent la va
leur nette du stère revient à 1° Bois courbes, charpente de
3 fr. 02 c. 1" classe, bois d'ébénisterie,
On n'emploie à cet usage que 9 stères ou 243 pi. cubes à 2 fr.
le bois impropre à tout autre 50 c. le pi. cube, en tout 607 fr.
usage, et le charbon est moins 50 c., ce qui fait par hectare . 55 20
cuit que celui qui est fabriqué 2° Bois de charronnage de
pour les usines. frêne et orme, 18 stères ou 486
Bois de chauffage. On en dis pi. cubes à 2 fr. le pi. cube, en
tingue de plusieurs espèces et tout 972 fr., ce qui fait par hec
de plusieurs qualités dans la tare • • • • • . . - . . 88 36
coupe. 3° 62 stères ou 1674 pi. cubes
1° Bois de chéne, orme, etc. de bois employé à la petite char
Les bûches d'environ 1 pied de pente, débité en sciage et en
tour sont mises en cordes qui sabots à 1 fr. le pi. cube, 1674 fr.,
forment un cube de 4 pi. de face ce qui fait par hectare 152 18
dont le volume est de 64 pi. Produits divers. La braise des
cubes. On a par hectare 6 cordes places à fourneau s'est vendue
† valent 12 fr. chacune, prises par hectare . . . . . . . . 6 M)
diatement après l'abattage, ils se dessèchent Dans plusieurs forêts, on réduit le bois en
promptement, mais on ne tarde pas à voir charbon pour le seul avantage de diminuer
dans les pièces beaucoup de fentes et de ger des 3/4 les frais de transport.
ures ; on a remarqué qu'elles se remplissent Ce charbon se transporte dans de grands
ğāt si on plonge le bois dans l'eau, et sacs qu'on place sur le dos des chevaux, ou
dans † grandes voitures garnies de claies, ou
même si on les expose simplement à l'humi
dité; mais la valeur du bois n'en est pas enfin dans des bateaux.
moins diminuée. Pour éviter ces inconvé
niens, on laisse quelque temps l'arbre dans SECTIoN x. — Du défrichement.
son écorce avant de † Il ne faut pas
que le terme de cet état soit trop éloigné ; Le défrichement des forêts est une opéra
par exemple l'arbre abattu avant le prin tion qui entre dans l'exploitation des bois.
temps doit être écorcé dans le cours de l'au On trouve du bénéfice à arracher un bois dé
tomne suivant. généré, et il est tel dans les circonstances
Le meilleur moyen d'empécher les bois suivantes : 1° s'il a cessé d'être peuplé de
écarris, sciés ou fendus, de se tourmenter, con bonnes espèces d'arbres; 2° s'il est envahi par
siste à les empiler les uns sur les autres, en les espèces inférieures et par les épines ; 3° si
observant de séparer toutes les pièces par les souches sont usées. Dans ce dernier cas,
de petits tasseaux en bois, de manière que le bois se régénérerait à la vérité par le re
l'air puisse circuler de tous côtés. cépage des souches et par des semis artifi
Il y a beaucoup de profit à débiter les bois ciels; mais cette voie serait très-lente et d'un
dans la forét. On épargne ainsi une bonne succès difficile : car les souches, avec quelque
partie des frais de transport. faiblesse qu'elles végètent, déroberaient au
Le bois sec scié en membrures pour les jeune plant sa nourriture; il n'est personne
châssis de croisées et autres ouvrages de me qui n'ait remarqué qu'un jeune arbre planté
nuiserie, en feuilles de parquet, etc., est au milieu d'un massif met un temps infini à
beaucoup plus cher que le bois vert. S'il a s'élever au niveau de ceux qui le dominent.
4 ans de coupe, il vaut moitié de plus par Cette observation s'accorde avec le princi
pied cube que le bois vert, pour les ouvrages général que pour obtenir le maximum de
qui exigent une dessiccation à peu près com croissance dans un temps donné, il faut que
plète. les plants qui viennent simultanément soient
à peu près du même âge et de la même force,
et que par conséquent il n'y en ait pas de
CMAP• 5°. DU DÉFRICHEMENT. 123 r
Aussitôt que l'exploitation est commencée, ses marchés, ses recettes, ses dépenses et ses
le commis qui y est préposé ouvre un livre livraisons.
journal, dans lequel il inscrit jour par jour Il a un livre spécial à talon pour les ven
tes, dans cette forme.
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et l'etat approximatif et détaillé de celles qui dises. Ces renseignemens, pris en détail près
restent à faire, et l'on ne perd jamais de vue des vendeurs, des acheteurs, des ouvriers et
que l'emploi de chaque espèce de bois doit des voituriers dans , les coupes et sur les
étre projeté et calculé pour chacun des em marchés, se contrôlent réciproquement.
plois divers dont ils sont susceptibles, afin Mais on n'est assuré d'avoir obtenu une
que l'on puisse choisir le plus utile, ou, ce exactitude suffisante que lorsque les grada
qui est la même chose, dans cette circon tions de qualités et de prix sont bien obser
stance, le plus lucratif. vées, et qu'aucune contradiction ne se mani
Pour appliquer dans un cas particulier les feste dans les faits ou dans les calculs. Les
instructions# précèdent, il faut s'informer cadres que nous avons donnés serviront à
dans les localités voisines de la coupe en ex n'oublier aucun élément, et fourniront des
ploitation, des prix séparés de chaque espèce termes de comparaison pour exploiter quel
de bois, soit brut, soit débité en marchan que coupe que ce soit. NoIRoT,
Peuplier d'Italie de 2o ans. - quand elle est composée de hêtre de 120 ans,
483 N>
# 72 pi. cubes 585 quand c'est du chêne
- de 1o ans. . 436 -
Saule blanc de 5o ans. 571 584 e 230 ans, 94 pi. cubes 893 quand c'est de
- de 1e ans. 642 - l'orme de 100 ans, 80 pi. cubes 674 quand
Saule marseau de 6o ans. 764 733 c'est du bouleau de 7o ans, etc. ; le reste est
- de 2o ans. 652 M formé par les vides et interstices. Cette même
Tremble de 6e ans. . .. .. 634 618 corde qui, si elle se composait d'une seule
- de 2o ans. . . . 747 635 masse solide de bois, aurait dans les mêmes
Robinier de 34 ans. . . 800 M>
Poids en livres et onces Pesanteur en livres de la corde | Solidité en pieds cubes et pouces cubes
par pied cube en * de 1 28 pieds cubes. décimaux.
- de ucne "- -
Bºi• # «"†. la • .. Bols vert. ,'# #. Bois vert. | Après 3 mois. | Après 6 m«is.
Q† observateurs ont aussi remar sains, denses, d'un âge moyen, ayant végété
# que le volume du bois variait suivant dans un terrain "† à leur nature, qui
a longueur des bûches.Ainsi, suivant M. LE ont été abattus hors sève, bien desséchés,
mRUN, un stère de bois diminue de 1/4 de conservés et transportes par terre jusqu'à
son volume lorsqu'il est scié en deux , de destination.
1ſ3 lorsqu'on le scie en trois, et d'un peu On n'apprécie pas de la même manière les !
us du tiers lorsqu'on le scie en quatre. qualités du bois de chauffage dans tous les
BERTHIER a vu qu'une denmi - corde ou arts ou dans l'économie domestique. Quand
64 pieds cubes de bois des environs de Mou on veut développer tout-à-coup une grande
lins, qui se composait de 80 bûches et pesait flamme, communiquer une température
1650 liv., ce qui porte le stère à 36 bûches élevée à des objets du foyer, ou une #
sant 752 liv., ne formait plus, lorsque ces température uniforme à des corps solides en
† avaient été sciées en quatre, qu'un †
masses, on donne la préférence aux
volume de 48 1/3 pi. cubes, et que le poids du is légers et refendus en bûchettes pour
stère était alors de 1016 liv. rendre la combustion encore plus vive. C'est
En résnmé, les meilleurs bois de chauſ sous cette forme qu'on s'en sert dans les
Jſage sont les bois du tronc qui sont bien verreries, les faïenceries, les fabriques de
128 AGRICULT. FORESTIÈRE : PRODUITs DIvERs DEs BoIs ET FoRÊTs. Lrv. v.
porcelaine, etc. Au contraire les bois denses bouleau, etc.Dans quelques arts on recherche
sont préférables pour le chauffage des chau le charbon de plusieurs espèces particulières
dières et des autres appareils de ce genre, de bois : ainsi, dans la fabrication de la
ainsi, que pour celui des cheminées ordinai †. on donne la préférence aux char
res, des poêles, des calorifères, où ces bois, ns d'aune, de bouleau, de saule et surtout
par la lenteur de leur combustion, permet de bourgène ; on se sert de charbon de saule
tent d'entretenir une température uniforme ou de bouleau pour la fabrication des crayons,
sans être obligé de charger très-souvent l'ap et les dessinateurs donnent la préférence au
pareil. charbon du fusain pour dessiner, etc.
Le meilleur charbon se prépare avec de
SECTION II. - Du charbon. jeunes rondins de 6 à 12 po. (16 à 32 cent.)
de circonférence, provenant de taillis de •
Tout le monde sait qu'on nomme charbon l'âge de 16 à 20 ans. Quand on veut convertir
une substance qui reste après qu'on a dé du bois plus gros en charbon, il faut le re
pouillé le bois par la chaleur et au moyen de fendre en quartiers. Dans les taillis exploités
précautions ou dispositions particulières de en bois de feu ou en bois de charpente, on
toutes les matières volatiles qu'il contient. destine ordinairement au charbon tous les
Le charbon sert principalement à la cuisson bois de † et les brins qui ne peu
des alimens, à la fabrication et au travail du vent fournir du bois de corde et qui ont au
fer et des autres métaux; il a aussi une moins 1 # de diamètre. On devrait rejeter
foule d'autres usages économiques et indus tous les bois tortueux, qui ont l'inconvénient
triels dont il est inutile ici de parler. Nous de laisser des vides dans l'intérieur des four.
nous contenterons de rappeler que, quand il neaux de. charbonnage, et d'empêcher les
est convenablement préparé, c'est un com charbonniers de bien conduire leur feu.
bustible qui brûle sans flamme ni fumée, et Les bois coupés hors séve donnent un meil
est susceptible en même temps de donner leur charbon que ceux coupés en temps de
un degré de chaleur plus , élevé que celui sève. Les bois trop verts donnent, à poids
qu'on obtient du bois à poids égal. égal, une quantité moindre de charbon
Le bois séché à l'air se compose, d'après et de plus , mauvaise qualité que les bois
l'analyse des chimistes, de 38,48 parties de secs ; mais les bois trop secs se consument
carbone, 35,52 d'eau combinée, 25 d'eau libre trop facilement et se réduisent aisément en
et de 1 de cendre. braise, sorte de charbon auquel le contact de
On peut convertir en charbon toute es l'air a enlevé en grande partie ses propriétés
pèce de bois d'après les procédés que nous combustibles , et qui ne donne plus qu'une
faisons connaître dans les arts agricoles ;faible chaleur.
mais on donne ordinairement la préférence La saison la plus favorable pourtransformer
aux bois qui ne peuvent être employés comme les bois en charbon, est, pour ceux abattus en
bois de chauffage et qui sont à meilleur mar hiver, les mois d'août, septembre et octobre
ché, à moins que, comme dans les pays riches suivans.
en forêts, où les débouchés du bois sous Nous nous sommes déjà expliqué # 114)
forme de bûches ou de bois d'œuvre sont sur la longueur qu'il faut donner aux bûches
eu étendus, les transports difficiles, et où destinées au charbonnage.
e bois a peu de valeur, on ne trouve plus Des expériences faites à Aschaffenbourg
avantageux de convertir en charbon tous les par M. WERNEK, et publiées en 1811, lui ont
produits des forêts. permis d'établir le tableau comparatif de la
Tous les bois ne donnent pas la méme quan quantité de chaleur que donnent les diffe
tité de charbon ni des charbons de la même rentes essences forestières, quand elles ont
ualité. Suivant M. WERNEK, les qualités été converties en charbon; les nombres ex
# charbons dépendent à peu près de celles Primés ici ne sont pas des quantités absolues
des bois qui les produisent. Pour apprécier de chaleur données par chaque charbon,
en outre ſa qualité des charbons qu'on ob mais expriment seulement les rapports des
tiendra, il faut avoir égard à l'âge du bois, à différens charbons entre eux.
son état de conservation, ses dimensions, la -APPO-T
saison dans laquelle il a été abattu, son état NoMs la t .
de dessiccation et d'humidité, etc. . DE3 E3PECEs DE BOls, de chaleur
Les diverses espèces de bois n'exigent † développée.
non plus le méme espace de temps ni la méme
température pour être convertis en charbon 1. Hétre, bois d'un tronc de 12o ans. . .| 1600
de § qualité. Le mode de carbonisation - bois d'un arbre de 4o ans. . . .| 1639
exerce aussi une grande influence sur la - bois flotté du tronc. .
•. Chéne pédoncule, bois du tronc de º° ans. |
1172
1459
bonté du charbon ; ainsi la carbonisation en
bois d'un arbre de 4o ans. . . . | 1484
forêts donne non-seulement un charbon -
Ainsi, abstraction faite des autres qualités Robinier. . . . .| 54,3 | 31,2 |21,0| 0,208
du charbon, on trouve que, sous le rapport Châtaignier. , . .| 51,4 | 37,8 | 18,4| o,271
de la quantité de chaleur dégagée, les char Érable champêtre. .| 52,7 | 31,9 | » | o,249
bons de bois doivent étre rangés dans l'ordre Noisetier. . . . .| 52,7 | 34,1 | 16,8| 0,162
suivant : frêne, érable champêtre, pin sau Fusain... . . .. -| 50,2 | 33,7 |25,9| 0,226
vage, érable sycomore, charme, hêtre, orme, Cornouiller sanguin.| 50,2 » | 0,268 ))
Nous avons vu (page 113) qu'en France on SECTIoN III. — Bois d'œuvre.
compte que le stère (29 pi. cub. 25) de bois
taillis, âgé de 16 à 18 ans, rend 7 pi. cubes de On nomme bois d'œuvre tous ceux, autres
charbon (2,45 hectol.), et que le stère de bois que le bois de chauffage, qui sont destinés
de 24 à 30 ans en rend 9 pi. cubes (3 hect. 15). aux constructions ou bien employés et mis
Dans les pays de l'Allemagne, où la fabri en œuvre dans les arts. Ces bois peuvent
cation du charbon est la mieux entendue, on être classés dive sement, suivant qu'ils sont
compte qu'avec du bois sec et de bonne propres aux arsenaux de la marine, aux
qualité on 1 etire en charbon de bon bois de constructions civiles, au charronnage, à la
CIIAP. 6°. BOIS D'OEUVRE. 131
vente, à différens arts ou à des usages Va -
7 ans, pourris qu'à la profondeur de 6 lignes ;
riés, etc. le mélèze, le genévrier commun, celui de
Virginie et le thuya étaient intacts. Les ex
S l". — Propriétés des bois d'œuvre. périences sur les planches ont donné les
mêmes résultats. La duree des bois en plein
Les bois ne sont recherchés dans les con air est beaucoup plus longue et dépend des
structions et dans les arts, que parce qu'ils usages auxquels on les emploie.
jouissent de certaines proprietés qui les ren 2° Facilité à se fendre. Tous les bois peu
dent propres à tel ou tel usage. Nous allons vent être fendus par le secours du coin et
† en revue les propriétés principales des de la masse, mais quelques-uns d'entre eux
OlS. jouissent de l'avantage de se fendre avec fa
1° La durée. Cette propriéte dépend beau cilité, et d'une manière nette et régulière,
coup des milieux dans lesquels les bois sont dans la direction de leurs fibres. Cette pro
plongés. Ces milie.x peuvent être une at priété est importante, car il y a un certain
mosphère constamment sèche, l'eau, ou un air nombre de bois dont l'emploi exige, sous le
alternativement sec et humide. Un bois bien rapport de la solidité, qu'on les fende, et non
sec et placé dans un lieu constamment sec as qu'on les débite à† scie. Généralement
peut durer très-long-temps quand il n'est e bois de la tige, entre la naissance des ra
pas attaqué par les insectes. Les jeunes bois cines et celle des branches, est celui qui se
et l'aubier sont plus sujets à cette attaque fend le mieux; quelques espèces, telles que
que le vieux bois, et sous ce rapport ce sont les pins, se fendent même régulièrement
les vieux bois résineux qui ont le moins à ainsi jusqu'à 20 à 30 pi. de hauteur. Le bois
craindre. Les bois les plus exposés aux atta des † de cette propriété à un
ques des vers sont le charme, l'aune, le bou moindre degré que celui du tronc, et le bois
leau, les jeunes conifères, l'aubier de chêne ; des racines et de la souche ne se fend que
puis, à un moindre degré, le hêtre et l'érable. très-imparfaitement. Les bois qui se fendent
Ceux qui y sont moins sujets sont le cœur de le plus facilement sont le chêne, le hêtre.
chêne, les vieux conifères, le tremble et l'aune et les conifères. Ceux qui présentent
l'orme. cette propriété à un degré moindre, sont l'é
Les bois plongés continuellement dans l'eau rable, le frêne, le tilleul, le tremble et le
se pourrissent difficilement. Le saule et le bouleau. On ne fend que difficilement
tilleul finissent toutefois par y perdre leur l'orme, le charme et le peuplier noir.
cohésion. Au contraire, le chêne et l'aune, 3° L'élasticité. Cette qualité n'a de prix
puis le pin, le mélèze, et même l'orme et le qu'autant qu'elle est unie à la force de résis
l§ constamment immergés, y sont, sur tance et que le bois ne se rompt pas facile
tout les 2 premiers, à peu près indestruc ment sous la force ou le poids qui le presse.
tibles. De tous les bois c'est l'if qui est le p'us élasti
La durée des bois est très-limitée quand ils que. Les charmes, les érables et les chênes
sont soumis continuellement à des alterna dans le jeune âge le sont également beau
tives de sécheresse et d'humidité. Les arbres coup. Au contraire, les vieux chênes ne le
dont les vaisseaux sont gorgés de matières ré sont presque pas. Parmi les vieux bois on
sineuses, dont les couches sont denses, sont estime, sous ce rapport, l'orme, le sapin, le
beaucoup plus durables dans cette exposition
6º.
†le mélèze, l'épicéa, le frêne et le trem
que les autres bois. Les bois durs résistent
mieux aussi que ceux dont le tissu cellulaire 4° La flexibilité, ou propriété de s'infléchir
est lâche et poreux. Quelques bois paraissent et de se courber sous l'action d'une force
contenir en eux un principe conservateur sans perdre sa cohésion et sans se briser, est
qui les garantit de la pourriture , tels sont, très-recherchée dans certains bois. Cette
outre les conifères, le chéne et l'orme. propriété peut être accrue par l'humidité
Pour augmenter la durée des bois, il faut jointe à la chaleur, et, sous leur influence si
les abattre hors sève, les faire sécher avec multanée, on peut donner à presque tous les
soin et ne les mettre en œuvre que quand ils bois des courbures et des formes permanen
sont parfaitement secs. La méthode d'écorcer tes sans les rompre. A l'état très-sec le bois
les arbres sur pied, proposée par BUFFoN, a perd beaucoup de cette faculté. Dans les bois
éprouvé trop de contradictions pour qu'il soit mous, employés pour la vannerie, elle est
permis de la pratiquer sans réserve. Tous les très-précieuse; elle ne l'est pas moins pour
autres procédés pour accroître la durée des ceux employés dans la boissellerie, le char
bois sont étrangers à l'art forestier. ronnage, la tonnellerie, etc. Les branches dtt
· On doit à M. HARTIG une série d'expérien saule, du bouleau, du noisetier, du châtai
ces poursuivies avec une admirable patience gnier et du sapin sont très-flexibles et soli
sur la durée des bois. Voici les résultats qu'il des. Parmi les bois de tige on distingue sur
a obtenus. Des pieux de 2 1/2 po. (67 mill. ) tout l'orme, puis le jeune chêne, le frêne, le
d'écarrissage, enterrés à quelques po. de charme, le saule, le sapin, le bouleau et
profondeur, se sont pourris dans l'ordre sui le trºmble Dans un age avancé les b§er.
vant : le tilleul, le bouleau noir d'Amérique, dent en grande partie leur flexibilité. Le bois
l'aune, le tremble et l'érable argenté, en 3 d'aune et celui des branches de pin sylvestre
ans; le saule, le marronnier d'Inde, le pla sont fragiles et sans résistance.
tane, en 4 ans ; l'érable, le hêtre, le bouleau 5° La force de résistance. C'est celle qui se
commun, en 5 ans ; l'orme, le frêne. le char mesure par l'effort plus ou moitis considé
me, le peuplier, en 7 ans; l'acacia, le chêne, rable qu'il faut faire pour rompre les i ois,
le pin sylvestre, le pin commun, celui de soit en travers, soit dans le sens longitu l ºna !
Weymouth et le sapin n'étaient, au bout de des fibres. La ſorce en travers des fibres est
132 AGRICULT. FORESTIÉRE : PRODUITS DIVERS DES BOIS ET FORÊTS. LIv. v.
à peu près la seule qu'on estime dans les plus vite que les intérieures, les premières
arts. Les bois qui la possèdent au plus haut prennent souvent assez de retrait pour ne
degré sont ceux où les couches ligneuses plus pouvoir contenir les secondes ; elles doi
st nt denses et serrées. Le hêtre, le fréne, le vent par conséquent eclater et se fendre.
cl,êne, l'orme et le charme sont au 1" rang, Comme cet effet est dû à peu †
à la même
les autres bois et les bois résineux sont beau cause que celle qui fait gauchir les bois, on
ccup moins forts. peut y appliquer le même remède, c'est-à
6° La densité. On peut en distinguer 2 es dire une dessiccation lente et graduée.
èces : 1° La densité absolue, qui est celle où Il y a encore quelques autres propriétés qui
es fibres ligneuses sont denses et multipliées. font rechercher les bois dans † arts : telles
On la reconnalt dans les arbres à feuilles sont la couleur, les veines, les ronces, la
caduqués, mais non dans les bois résineux, faculté de vibrer, etc.
pº# la grande pesanteur spécifique du bois
l'état sec. Cette densité sert, à peu de $ lI. — Bois propres aux arsenaux de la marine.
chose près , coinme nous l'avons déjà vu,
à 1 oesurer le degré de combustibilité des Les bois dont on fait principalement usage
bois, puisque plus il y a, sous un même vo dans les chantiers de construction de la ma
ºuI.me, de matériaux combustibles, plus il peut rine, sont le chêne, le hêtre, le frêne, l'orme
avoir de calorique développé par la com et les arbres résineux.
u° tion. 2° La densité relative, celle dans la Le chéne est à peu près le seul bois dont
quelle les fibres du bois sont réparties d'une on se sert pour construire la coque des vais
manière si uniforme et régulière qu'on n'a seaux : les espèces qui fournisseut presque
perçoit ni vide ni cellule. Cette densité influe exclusivement les bois à la marine , sont le
beeucoup sur l'aspect du bois et lui donne chéne à glands sessiles ou rouvre (quercus
un grain fin et susceptible de prendre un robur, LIN.), qui est au premier rang, et le
De,u poli. Il y a des bois qui possèdent l'une chêne à glands pédonculés ( quercus pe
et J'autre densité; tels sont le buis, l'if, le pom donculata, HoFF.). Ces arbres s'exploitent
mier et le poirier sauvages, l'érable et le pour cet objet à l'âge de cent vingt a cent
ch trme ; au contraire, le chêne et le hêtre cinquante ans, avec des dimensions en solives
n'« ºnt †° densité absolue, et le n,arron de 25 à 40 pieds (8 à 14 mètres) de longueur
nier d'Inde, le tilleul, le tremble, le saule, sur 12 à 20 pouces d'écarrissage. Dans cet état
une densité relative. ils fournissent les bois droits, les bois cour
7° La durete se mesure par la résistance bans et les plançons de bordages.
† le bois oppose aux instrumens tran
chans. Elle dépend en partie de la densité
Le hétre, comme bois de service, et quand
il est bien droit, sert à faire la quille des
ºbsolue, et est précieuse dans tous les bois vaisseaux. On choisit pour cet objet les ar
destinés à fabriquer des objets soumis à un bres de quatre-vingt-dix à cent ans, pouvant
frottement continuel, tels que cames et fournir des solives de 36 à 40 pieds (12 à 14
'denºs des roues de moulins , mentonnets, mètres) de longueur sur 16 à 18 pouces (42
fuseaux de lanternes, etc. à 48 cent.) d'écarrissage.A défaut de chêne on
8° La permanence des formes et dimen en fait aussi des bordages de fond. Son bois
sions. Il y a trois causes qui peuvent altérer ferme, pliant et élastique à l'état humide,
cette permanence. 1° Plus les couches li rend aussi le hêtre très - propre à faire des
† sont lâches, plus le bois a de re
#rait en séchant, et réciproquement. Un bois
rames. On choisit pour cet objet des hêtres
qui ont depuis 30 jusqu'à 48 pieds de lon
vieux et dense diminue beaucoup moins de gueur, suivant la destination des rames avec
volum2 † bois jeune et d'une croissance une grosseur proportionnée ; ces bois sont
rapide. Il faut avoir égard dans les arts, et refendus en estelles, qu'on façonne ensuite
même en forêts, au retrait du bois, pour don CIl l'a Ill tºS.
ner à celui qu'on travaille vert des dimen Le fréne n'est employé qu'à faire des ra
sions p us grandes que celles qu'il doit con mes pour les petits bâtimens et des rouets
server à l'état sec. Les bois durs sont ceux qui de poulies.
éprouve nt le Inoins de retrait,et les bois mous L'orme fournit à la marine des plateaux
ceux qu i en ont le plus. Parmi ces derniers, pour les rouets de poulies et des pompes. Il
les aunes et les tilleuls se distinguent par sert aussi à construire les membres des cha
ia diminution considérable de volume qu'ils loupes et canots, et peut aussi avec avantage
subissen1 2° Un bois se gauchut ou déverse fournir d'excellens bois courbes, surtout
par suite d'un retrait irrégulier de ses fibres pour les pièces de petites dimensions. .
pendant « u'il se dessèche. En effet, s'il sèche Les ar bres résineu v ont plusieurs destina
plus fortenent d'un côté que de l'autre, et si, tions. Le sapin sert à faire des mèches de
par suite de l'inégale densité des couches, cabestan, le plancner des ponts; le pin mari
celles qui sont les plus denses se sèchent time est employé à Toulon pour le doublage
plus lente ment que celles qui sont plus lâ de toutes les embarcations, et principale
ches, il d it nécessairement se tourinenter. ment pour les pilotis et pour les étais qui
Le chêne ,e gauchit rarement par suite de la soutiennent les vaisseaux en construction.
densité d, 1 cœur qui est supérieure à celle C'est surtout pour la mâture qu'on en fait
de l'aubie , et le tili, ul plus rarement encore, l'emploi le plus étendu. L'usage constant
à cause de la densité uniforme de ses cou en Europe est de faire des mâts et des ver
ches lign( uses. Un desséchement uniforme, gues avec des b is de pin et de sapin.On
à l'abri , le la lumière et des forts cou ans donne la préférence, pour cet objet, au pin
d'air, empêche le bois de se deverser.3° Quand sylvestre ou pin à mature (pinus ») /vestris,
les coucles extérieures du bois se sèchent LIN.), qui lue pai ait acquérir toutes ses qua
GIIAP 6°. BOIS D'OEUVRÉ. 133
tites que dans les régions placées entre le de longueur et 24 à 20 pouces (65 à 71 cent.)
50° et le 60 degré de latitude nord, d'où les de diamètre. Les matreaux ont depuis 40
nations maritines de l' Europe le tirent toutes jusqu'à 70 pieds (14 à 23 mètr.) de longueur,
pour leur marine, mais qu'on trouve aussi et seulement depuis 15 jusqu'à 22 et 24 pou
ces (40, 60, 65 cent.) de diamètre. Toutes les
dans les Alpes, les Pyrénées, les Vosges et l'Au
autres pièces moins considérables sont des
vergne, et dans la forêt de Fontainebleau etc.
Les Anglais emploient au même usage le pin espars. La longueur et le diamètre des ver
d'Ecosse(pinus rubra,W1LL.),qui croit encore gues qui servent à étendre les voiles varient
natu1 ellement dans les Pyrénées et dans les suivant la grandeûr de ces dernières.
Alpes. Les constructions maritines exigent des
§ sapins dont on fait aussi des mâts sont bois de dimensions et de formes variées,
le sapin commun (abies tarifolia, DEsF.), † est important de connaître. Nous allons
et le sapin épicéa ( abies picea, DEsF) On donner celles des principales pièces qui en
en trouve de forts gros dans les Pyrénées, trent dans i, construction d'un vaisseau,
l'Auvergne, la Bourgogne, la Normandie et en prenant pour guide l'ouvrage de M. HER
ailleurs. -
BIN DE HALLE, intitulé : Des bois propres aux
Pour la mdture on doit faire choix des ar arsenaux, et en les classant sous quatre for
bres qui ont végété dans un bon fonds sec, mes principales.
d'un âge moyen, bien sains, abondans en ré Dans ce tableau la 1"° colonne contient la
sine, d'un bois liant et flexible, très droits et longueur en mètres et centimètres de la pièce,
eu chargés de branches. On distingue dans la 2" la largeur, et la 3° la hauteur ou épais
es arsenaux les pièces de mâture en mdts, seur également en centimètres. Le chiffre
matreaux, espars doubles et simples. Les mâts placé après le nom désigne les espèces :
ont depuis 60 jusqu'à 80 pieds (20 à 26 mèt.)
1° Bois droits. Ces bois servent à former les pièces suivantes.
long. | larg. | épais | - long. ] larg. |épais.
QuiIe 1" (fig. 142 A) .. . 1 1,69 | 43 | 43 Plançon 1" (fig. 159 A). . . . . | 9,74 | 32 | 32
Etambot 1" (fig. 1 46 A ). . . . 9,90 | 54 | 43 — 2° (fig. 162, A) - . - . .. | 9,12 | 30 | 30
Chouquet 3° (fig. 155 A). . . . 1,62 | 49 | 35 Préceinte 1" (fig. 161 A). . . . . | 9,74 | 35 | 22
Mèche de gouvernail 1" (fig. 157 A) 8,44 | 43 | 43 Bois droit 4° (fig. 148 B). . . . . | 2,60 | 22 | 22
Bitte (fig. 158 A) . . . . . 3,90 | 38 | 38
Fig. 142.
4° Bois courbes, ou bois de fortes dimensions à 2 branches, courbés en arc, qu'on peuv
diviser en 3 espèces.
a. Bois formant un angle obtus.
Courbe de tillac 1"(fig. 149, C) . . | 3,24 | 38 | 38 Brion ou ringeot 1" (fig. 143 A). . . | 5,85 | 43 4!
— de jotereau 1º ( fig. 159 B). . | 3,90 | 43 | 22 Bossoir 1" (fig. 152 B) . . . . . | 4,55 | 38 38
— d'arcasse 1" (fig. 145 B) . 4,53 | 43 | 37
b. Bois formant un angle droit ou a peu près.
Courhe de gaillarde 3°(fig. 142 B, 164B.)| 2,92 | 43 | 43 | Courbe d'étambot 1" (fig. 157 B 165). |# | 38 | 38
— de chambre 3° (fig. 154 B. 164 C,| 2,27 l 22 16 — de pont ," (fig. 159 B) . . -
2,92 | 35 l 27
Les bois droits sont l'ouvrage de la nature; sayé un grand nombre de procédés. MoN
les soins de l'homme doivent se borner à TEATH, BUFFON, DUHAMEL, HAssENFRATz, DU
écarter autant que possible les obstacles qui BoIs DE CHEMANT, BECKER et beaucoup
peuvent s'opposer à la croissance verticale des d'autres ont proposé des moyens plus ou
arbres. Parmi ces obstacles on range l'action moins ingénieux pour donner artificielle
des vents, les dommages causés par les ment aux arbres la courbure qui les rend si
hommes, les animaux sauvages ou domes précieux dans les chantiers de construction.
tiques, les insectes, le voisinage des autres Toutes les méthodes qu'ils ont proposées, si
arbres, etc. on était curieux de les connaître, sont expo
Les bois courbes sont le produit de la na sées avec détail à l'article Marine du tome II
ture ou de l'art. Les bois des arbres propres du Dictionnaire des eaux et foréts de BAU
à fournir naturellement des courbes se trou DRILLART, auquel nous renvoyons. Aujour
vent particulièrement sur les lisières des fo d'hui, elles ont moins d'intérêt depuis qu'on
rêts, dans les bois mal peuplés, dans les bor a établi dans plusieurs de nos chantiers de
dures, les haies, et partout où les arbres construction des appareils propres à courber
sont isolés, parce que, dans ces positions, ils les bois et à leur donner les formes requises
poussent beaucoup de branches, s'inclinent par des moyens mécaniques, aidés de l'ac
du côté des terrains découverts pour y jouir tion de la vapeur d'eau bouillante.
de l'air et de la lumière, se courbent par la Les bois de chêne, pour le service des arse
charge des neiges et sous l'action des vents. naux de la marine, se vendent au stère et à
Parmi les arbres dont les bois sont courbés ! des prix débattus entre les propriétaires ou
naturellement, on n'en rencontre qu'un petit adjudicataires et l'administration.
nombre qui soient sans défauts et propres Dans les constructions pour la navigation
aux constructions navales. Cette disette a fait fluviale, on emploie généralement le chêne
rechercher les moyens d'y suppléer par des pour les grands bateaux, tels que les foncets,
moyens artificiels, et, dans ce but, on a es écayers, flettes, barquettes, cabotières de la
* •
CHAP. 6°. BOIS D'OEUVRE, 135
Normandie; les marnais, languettes, flûtes de les moulins à poudre, à papier, à fouler, à
l'Oise et de la Marne. Quant aux toues ou sa extraire les huiles, etc., exigent également
pines de la Haute-Loire, elles sont toutes bâties des arbres qui aient de 40 a 48 pouces (108 à
en planches de sapin, et sont assez ordinaire 125 centim.) d'écarrissage, etc. Quant aux
ment déchirées au lieu de leur destination. autres pièces diverses qui entrent dans
Les bois courbes pour ces constructions étant la composition des grandes machines ou
d'une dimension beaucoup moindre, sont dans celle des machines plus petites, on
bien plus communs et plus faciles à se pro fait usage de divers bois d'écarrissage plus
CUlI"62I". petit. Par exemple, on emploie , pour les
roues dentées des moulins, les écrous des
$ III. — Bois propres aux constructions civiles. ressoirs, les vis de presses, les,plateaux des
anternes, les fuseaux, les alluchons, etc., de
Dans les constructions civiles, on fait usage l'orme ou du noyer, ou bien encore du cor
de presque toutes les espèces de bois qui mier, de l'alisier, du cornouiller, du meri
croissent dans nos forêts ; les uns sont em sier, du charme, etc.
ployés comme bois de charpente, d'autres On divise communément le bois de char
comme bois † à la construction des pente en deux espèces. L'une se nomme bois
randes machines ou appareils usités dans de brin et l'autre bois de sciage. Le bois de
es arts ; d'autres, enfin, comme exclusive brin est celui qui reste de grosseur naturelle
ment propres à la menuiserie. et qui a seulement été écarri sur ses 4 faces,
en enlevant 4 dosses à la scie ou à la coignée.
Le bois de sciage est celui qui est refendu à
1° Bois de charpente. la scie en plusieurs morceaux.
Les bois de charpente arrivent à Paris en
Dans les grandes constructions civiles, telles pièces de différentes sortes : 1° en poutres et
# celles des ponts, des écluses, des ports, poutrelles; 2° en solives, chevrons, poteaux et
es grands édifices publics, les arbres de fu membrures.
taies dont on peut obtenir des bois de dimen Les poutres et poutrelles sont des pièces
sions plus ou moins grandes, sont le chêne, de bois de brin, ayant depuis 12 jusqu'à 24
le châtaignier et le sapin. Ces constructions ouces (32 à 65 centim.) d'écarrissage S llI" llIle
exigent parfois des arbres qui aient 30, 40, ongueur variable. Quant aux solives, che
50 et 60 pieds (10 à 20 mètres) de hauteur de vrons, poteaux et membrures, nous avons
tige, et 5 à 6 pieds (1 mètre 60 à 2 mètres ) de donné dans le précédent chapitre (pag. 117)
circonférence moyenne. leur écarrissage et leur longt eur.
On fait principalement usage, dans les con La longueur des bois de charpente diffère
structions civiles ordinaires pour la charpente de 3 en 3 pi., et leur grosseur en proportion,
des villes, des différentes espèces de chênes, depuis6, 9, 12, 15,18, 21, 24, 27, jusqu'à 30 pi.
du châtaignier et du sapin ; pour celles des (2 à 10 mèt.) et plus. Ces bois s'estiment à la
campagnes, du bouleau, des érables, des sau pièce, qui est une mesure de 6 pieds (2 mèt.)
les, des peupliers , des arbres résineux, de de long sur 6 pouces (16 centim.) d'écarrissage
l'orme, du cornier, de l'alisier, du frêne, du ou 3 pieds cubes de bois. C'est à cette nmesure
charme, du merisier, etc. qu'on réduit tous les bois de différentes lon
Dans les constructions en terrains humides gueurs et largeurs qui entrent dans la con
ou submergés,pour les pilotis, les grillages,les struction des bâtimens. Ils se vendent au
fondations, le muraillement des puits et des cent de bois, c'est-à-dire par cent pièces de
mines inondées, les pieux, etc.,on se sert, avec bois, ou au stère.
avantage, outre le chêne, de l'orme, des bois
résineux et surtout de l'aune. C'est avec ce 2° Bois de menuiserie.
dernier bois que sont exécutés les pilotis sur
lesquels sont fondées Venise et la plupart des Menuisier en bâtimens. Les bois employés
villes de la Hollande. Les clôtures rurales le plus ordinairement par les menuisiers en
sèches, les pieux et les planches établis pour bâtimens sont le chéne, le châtaignier, le sa
soutenir les fossés, les terrains, le bord des pin et le tilleul. Ils font encore usage de
mares, canaux, et les endiguages sont plus noyer, orme, hêtre, frêne, platane, sycomore,
durables quand on les établit en chêne, en érable, merisier, cornouiller, tremble, robi
châtaignier, en hêtre, en acacia. Les conduits nier, etc. Ces bois sont généralement débités,
d'eau et les pompes se font particulièrement sous différentes dimensions, dans les forêts
en orme, en aune, en sapin, en mélèze, etc. par des scieurs de long ou dans les moulins
La construction des grandes machines, ou à scier le bois.
celle d'appareils dans les usines, exige aussi Le chapitre précédent contient (page 117),
souvent des bois de nature diverse et d'assez à l'égard de ces sortes de bois appelés bois
fortes dimensions ; pour les arbres et pivots de sciage, toutes les instructions nécessaires
de moulin, les arbres des roues hydrauliques, pour faire connaitre leurs dimensions et le
ar exemple, on emploie les chênes, ou, à prix de leur main-d'œuvre. -
eur défait, le pin sylvestre, le sapin, l'é Menuisier en meubles, ébéniste et marque
picéa qui ont depuis 20 jusqu'à 36 pieds (7 à teur. Les bois indigènes de nos forêts dont
12 métres) de longueur sur 20 ou 24 pouces se servent les menuisiers en meubles sont des
(54 à 65 cent m.) d'écarrissage; pour ceux des bois durs, tels que chêne, orme, frêne, érable,
martinets de forge, des chênes, des hêtres, prunier, poirier et pommier sauvages, alisier,
des arbres résineux de 36 à 40 pieds (12 à 13 cytise, sureau, if, etc., et les bois blancs ou
Inèlres) de longueur sur un † de 40 tendres de saule, tremble, bouleau, peuplier,
à 42 pouces (108 à 112 centim.). Les piles pour tilleul, ainsi que le sapin, et de plus le brous
136 AGRICULT. FORESTIÈRE : PRODUITS DIVERS DES BOIS ET FORÊTS. Lrv. v.
sin loupes ou excroissance, de buis, d'érable
usage de perches, rames et ramilles, pour faire
de frêne, d'aune, d'orme et de sycomore. Ces
des saucissons, des , gabions, des fascines,
bois leur sont livrés sous la forme de soli
des clayonnages; d'arbres refendus, de pieux,
veaux, de battans, de membrures, planches
d'échalas pour former des palissades ; dé
ou voliges. planches, de chevrons de c§ pour les
On les voit encore faire usage, en arbres
de nos forêts, et comme bois d'ébénisterie,
†
lindes, etc.
de batteries ; de solives pour
de placage ou de marqueterie, d'acacia,
buis, châtaignier, cornouiller, fusain, gené $ V. — Bois d'ouvrage.
vrier, houx , marronnier, mélèze, micocou
lier, coudrier, pin, platane, sycomore, etc. On donne ce nom au bois qu'on travaille
Menuisier en voitures. Il fait principale dans les forêts ou dans leur voisinage, et
ment usage du frêne, de l'orme, du noyer, dont on fait de menus ouvrages ou différens
du tilleul et du peuplier refendus à la scie ustensiles. Ces bois sont ou simplement fen
en tables de diverses épaisseurs, bien des dus et dressés, ou bien reçoivent plus de
séchés, et du bois ce sapin. Le bois d'orme façon. Dans le 1" cas on les nomme bois de
sert aux bâtis : à défaut d'orme, on emploie fente et ils servent à faire des échalas, des
le noyer ou le frêne , comme en Angle lattes, du merrain, du douvain, des barres
terre. Les panneaux dºs équipages sont tou pour soutenir le fond des tonneaux, des co
Jours en noyer. Le sapin sert pour les pan peaux, pour les gainiers ou miroitiers, des
neaux de custode, le l lleul pour les caves, cercles ou cerceaux, des cercles pour cri
les panneaux de doublure, et à couvrir les bles, caisses de tambours, bordures de ta
pavillons. mis , mesures de capacité, des éclisses ou
Menuisier treillageur. Cet artiste emploie clayettes pour dresser les fromages, etc.
les bois de châtaigne r, de chêne, de frêne, et Dans le 2° on les appelle bois de raclerie, et
les bois à grains fin , tels que le bouleau, on en fait des attelles de colliers, des fûts
l'aune, le pin, le sa in, le cyprès, etc., qu'il de bâts et arçons de selle, des jougs de
refend avec le coui re et travaille ensuite bœufs, des pelles à four, à grains et à boues,
avec des outils qui lui sont propres. Il se des battoirs de lessive, etc. Tous ces ob
sert, la plupart du temps, des bois de fente jets se font presque exclusivement en hêtre,
travaillés en forêts, et dont nous parlerons mais on en fait aussi quelques-uns en aune,
plus bas. -
bouleau, charme, noyer et saule. C'est aussi
Menuisier layetier. Il ne fait guère usage en hêtre que se font la plupart des sabots; on
ue des voliges de bois blancs qu1 servent à en fabrique aussi en noyer et en orme, et
aire les caisses destinées au transport des avec du bouleau,du tilleul. du marronnier, de
marchandises. l'aune du tremble, du saule et du peuplier.
Nous renvoyons, pour plus de détails sur ces
$ IV.— Bois de charronnage. bois d'ouvrage, à ce que nous avons dit au
chapitre précédent, à l'article de l'exploita
On comprend sous ce nom tous les bois tion d'une coupe ( pag. 110 à 120).
qui sont mis en œuvre par le charron pour
la construction des roues et pour celle des S VI.— Bois employés dans différens arts.
chariots, charrettes, trains des carrosses et de
plusieurs instrumens d'agriculture. Les bois Les bois que produisent nos forêts reçoi
employés de préférence par le charron sont vent un grand nombre d'autres applications
l'orm e, le frêne, le chêne , l'érable, le hêtre, utiles , ou servent dans diverses industries,
le charme et le bouleau. Nous avons indiqué parmi lesquelles nous citerons les suivantes.
lus haut (page 1 16) l'usage et le choix qu'on On fait des échalas de rondin, de menues
ait de ces bois pour les diverses pièces de perches, des tuteurs, des piquets avec pres
charronnage. Nous ajouterons seulement que que tous les bois, mais surtout avec le chêne,
les bois sont livrés au charron en grume, en cornouiller, châtaignier, charme, pin, gené
billes ou tronçons coupés de longueur ou re vrier, robinier, coudrier, etc.On en fait aussi
fendus à la scie, et qu'ils se vendent généra en saule, tilleul, sureau, peuplier et aune.
leInent au stère. Les harts, liens, rouettes de trains de flot
Bois propres à l'artillerie. L'artillerie, dans tage se font avec les jeunes rameaux traînans
ses constructions, fait à peu près usage des ou rampans de la plupart des arbres. On em
mêmes bois que le charron. Ces bois sont ploie, pour les manches de fouet et houssi
tous fournis et transportés en grume, ou nes, des jeunes tiges d'érable, micocoulier,
simplement dégrossis Pour les flasques, on houx, etc. , pour les fascines qui servent dans
emploie le bois d'orme bien sec; pour les les constructions en bois, ou à maintenir les
entretoises, le chêne très-sec et de dimension terrains en pente ou degradés par les eaux,
variable, suivant que les pièces sont montées des rameaux de toutes sortes de bois. On
pour l artillerie de terre ou celle de la ma débite des allumeties dans de petites billes
rine. Les roues sont en orme, les moyeux en de tremble sec ou de bourgène refendues en
bois vert, les jantes en bois sec, les raies en menus brins ; on fait des manches d'outils,
chêne pur et sans nœuds. Les essieux se font des fléaux, des maillets, des masses, des pou
en orme, les limonières d'avant-train , les lies, des coins, des fourches et râteaux en
selle tes, les sassoires, etc., se font avec le charme, chêne yeuse, frêne, aubépine, cor
méme bois. Les bois blancs, tels que l'aune, nouiller, so, bier, micocoulier, tilleul, etc. ;
le peu plier, server t ordinairement pour le des balais avec des brindilles et en particu
corps des caissons et les coffrets. lier celles du bouleau ; des fuseaux, lardoires,
L'artillerie et le génie militaire font encore aiguilles à tricoter, en fusain ou en buis; des
CHAP. 6°. MENUS PRODUITS DES FORÊTS. 137
manches de couteaux communs, des étuis, importance pour l'économie agricole et dans
en hêtre durci au feu; et on fabrique en buis, les arts. Voici les principaux :
surtout aux environs de St.-Claude, quantité Les écorces. Celles des jeunes chênes se
de menus ouvrages, tels que grains de cha vendent avantageusement pour tanner les
elets, sifflets, boutons, c§ à vin, cuil cuirs, et nous renvoyons à ce sujet au cha
ers, fourchettes, tabatières, peignes, coque pitre qui précède. On sait que l'écorce du
tiers, poivrières, moules à beurre, etc. Les chêne-liége fournit des bouchons, des se
chaises communes, les échelles se font avec melles, des chapelets pour les filets des pê
le tilleul, l'aune, le bouleau, et les lignes de cheurs, etc. Les cordes à puits se fabriquent
êche en saule, peuplier, sapin, micocou avec l'écorce de tilleul. La teinture tait usage
ier, etc. de l'écorce de l'aune et du noyer. On retire
Les pompiers font usage de l'orme et de de l'épiderme du bouleau une huile empy
l'aune pour les conduits d'eau et les corps reumatique qui sert à la préparation des
de pompe ; les tourneurs, de noyer, buis, fu cuirs dits de Russie. L'écorce du houx et
sain, genévrier, merisier, frêne, alisier, cor celle de l'if sont employées à la préparation
nouiller, sorbier, robinier, tremble, aune, de la glu. On fait des nattes et des objets
bouleau, ainsi que de hêtre, charme et syco de vannerie, des cabas avec la deuxième
more. Les graveurs préfèrent le buis à tous écorce de l'orme, du tilleul et de quelques
les autres bois pour la gravure en relief, qui autres arbres. Enfin, on retire de l'écorce
est destinée à s'allier à la typographie, et le du saule un corps alcaloïde, connu sous le
poirier, cormier, alisier pour la gravure des nom de salicine, et dont la vertu febrifuge
planches employées à l'impression des in est presque égale à celle du quinquina, etc.
diennes ou des papiers peints. Les sculpteurs Les feuilles. On peut les employer à l'état
travaillent le chêne, noyer, sycomore, aune, frais, ou convenablement conservées, pour la
tilleul, marronnier, peuplier, saule, etc. Les nourriture des bestiaux. Les feuilles qu'on
dessinateurs, peintres, graveurs se servent estime le plus sous ce rapport sont celles de
de bois de saule ou de fusain calciné pour frêne, érable, tilleul, orme, platane, tremble,
dessiner; du même bois de saule en tablettes cormier ; puis viennent celles de chêne,
pour tracer des croquis, et du bois de marron charme, saule, peuplier, coudrier, etc. Dans
nier dressé et poli, et connu alors sous le le Nord on emploie même à cet usage les
nom de bois de Spa, pour décalquer des litho feuilles des arbres résineux. On peut encore
graphes qui doivent orner des boîtes ou pe se servir des feuilles, soit comme litière pour
tits meubles de goût. Les orfèvres font usage les animaux, soit pour former des engrais,
du bois de saule pour polir l'or et l'argent. des composts, ou bien des couches dans les
Le tabletier emploie presque tous les bois, jardins, etc.
soit pour faire le corps de son ouvrage, soit Fruits sauvages et semences. Ceux dont la
comme placage ou marqueterie. Le coffre vente ou l'emploi peuvent procurer des
tier-malletier construit ses boites en hêtre, avantages ou des profits sont les glands, qui
chêne ou sapin. Le brossier, pour le dos de servent à l'engraissement des porcs; la fatne,
ses brosses, prend des planchettes minces de qu'on destine au même usage ou à la nour
hetre, noyer ou bois blanc. Le paumier-ra riture des dindons, et dont on retire une
uetier fait usage de beau bois de frêne en grande quantité d'huile bonne à brûler et à
# refendues en échalas pour le corps manger; la semence du mtcocoulier, qui, sou
des raquettes, et de tilleul ou de bois blanc mise à la trituration et à la presse, donne
our l'etançon. Le formier fait des formes également une huile douce et agréable ; les
u des embauchoirs en hêtre, charme ou noix, les noisettes, les châtaignes, les mar
noyer. Le luthier emploie presque tous les rons, dont tout le monde connaît les usages
bois, et surtout le hêtre pour la table infé économiques; le marron d'Inde dont on peut
rieure des instrumens à corde, et le sapin retirer plusieurs produits ; les fruits du ge
pour la supérieure. Le /acteur de pianos se nevrier, du prunier épineux, du cornouiller,
sert de tous les bois d'ébénisterie et en outre de l'epine-vinette, du sureau, de la ronce, dont
du sapin pour les tables d'harmonie, etc. on fait plusieurs préparations utiles dans les
Dans les ouvrages de vannerie, tels que ménages rustiques ; ceux du cormter, qu'on
hottes, paniers, corbeilles, vans, on ſait le mange comme les nêfles et dont on fabrique
plus communément usage de l'osier jaune et une espèce de cidre; la semence de tous les
de l'osier rouge. Les objets les plus soignés arbres, et entre autres des conifères, qui
en ce genre sont en osier blanc ou saule vi peut être récoltée, séchée et vendue avan
minal. On fait aussi des corbeilles et des tageusement, etc.
paniers avec les , rameaux de la viorne La séve. Avec celle du bouleau on prépare
mancienne, de la bourgène, du cornouiller une liqueur fermentée assez agréable; celles
sanguin, du noisetier, du bouleau et autres, du sycomore et de l'érable champêtre con
refendus en menus brins. Enfin, les vanniers tiennent aussi une quantité notable de sucre
emploient encore des lattes minces de saule et peuvent être converties en boissons fer
marceau et du bois de peuplier réduit en mentées. Le pin maritime, le pin sylvestre,
lanieres minces dont on fabrique aussi des auxquels on a pratiqué des incisions, lais
chapeaux. sent écouler ce corps demi-fluide connu sous
le nom de térébenthine de Bordeau-r; les sa
SECTIoN Iv. — Menus produits des foréts. pins commun et épicéa donnent par des pro
cedés analogues la térébenthine de Strasbourg,
Nous rangerons sous ce titre quantité et le mélèze la terébenthine de Venise, tous
de produits qu'on peut recueillir dans les produits qu'on peut lransformer en un grand
forêts, et dont quelques-uns ne sont pas sans noumbre de corps, connus dans les arts sous
AGRICULTURE , ToME IV.-18
138 AGRIC. FORESTIÈRE : CONSERVATION ET DÉFENSE DES FORÊTS. LIV. V.
le nom de résine, poix, goudron, noir de fu potasse ; les mousses, qu'on peut employer
mée, etc Les merisiers laissent aussi suinter comme litière ou pour faire des composts,
une matière épaisse qui se concrète à l'air, des matelas, ou emballer des marchandises ;
et qui est employée dans divers arts sous le les herbages et foins, etc., †
peut récol
nom de gomme de pays. On recueille encore ter en temps opportun ou faire pâturrer par
sur le tronc des jeunes mélèzes une substance les animaux domestiques; la viorne obier
grasse, connue sous le nom de manne de (viburnum opulus), dont on fait des baguettes
Briançon, et qui est employée en médecine. de fusil, des tuyaux de pipe, de petits ou
On peut encore ranger au nombre des me vrages au tour; la viorne cotonneuse ( v. lan
nus produits des forêts les fruits du meri tana ), qu'on emploie à faire de petits cer
sier, du fraisier, de l'airelle myrtille, du cles, des liens, des paniers, des corbeilles ;
framboisier qu'on mange en nature, dont le daphne mezereum, dont on fabrique des
on prépare aussi des boissons ou qui servent chapeaux d'un blanc éclatant et du papier
à diverses préparations économiques; la ronce imitant celui de Chine ; la clématite des haies
dont on § des liens ; les églantiers ou ro (clematis vitalba L.), qui sert à faire des
siers sauvages, sur lesquels on greffe d'autres liens, des paniers, des corbeilles, des ruches ;
rosiers dans les jardins; les truffes, les cham le brou de noix, qu'on emploie en teinture ;
pignons comestibles, les morilles qu'on ré les œufs de fourmis, dont on nourrit les jeunes
serve pour la table; l'agaric chirurgical, le faisans; les cantharides, employées en phar
bolet amadouvier; le genét commun, dont on macie; les œufs des ouseaux sauvages; enfin
fait des balais, des liens, de la litière, des une foule de plantes, de semences et de fruits
bourrees ; le genét des teinturiers, employé employés dans les arts industriels, l'art de
encore en teinture; les fougères, qui peuvent guérir et l'économie domestique, etc.
servir à la nourriture des bestiaux, à couvrir Il faut encore mettre au rang des produits
les plantes de jardin pendant l'hiver, et four des forêts le miel, qu'on peut enlever aux
nissent par leur incinération , une grande abeilles sauvages, et les animaux sauvages,
quantité de potasse; les bruyères, que les soit quadrupèdes, soit oiseaux, dont la pour
moutons, les chévres et les vaches mangent suite ou la destruction fait l'objet de la
volontiers, dont on fait de la litière, des ba chasse, et dont la dépouille et la vente peu
lais, des corbeilles, des cabanes de vers-à vent procurer des bénéfices assez impor
soie, et dont on retire du charbon et de la lanS. F. M.
La science forestière ne consiste pas seu Les dommages causés par l'homme peu
lement à connaître les essences qui profite vent avoir lieu par suite d'une attaque im
ront le mieux sur le sol dont on peut dispo médiate contre la propriété, ou être le ré
ser, les meilleures méthodes de seinis, plan sultat d'actes † ! réiudiciables aux fo
tation, culture, aménagement et exploitation rêts, ou enfin celui C 'ignorance ou de
des bois et forêts, elle apprend encore à dé - l abus.
fendre ces sortes de propriétés contre toute
sorte d'agens destructeurs, et à les garantir $ l". — Attaques immédiates contre la propriété
des attaques d'ennemis auxquelles elles sont forest 1ère.
plus exposées que toutes les autres.
Les moyens de conservation ou de défense Ces attaques portent atteinte soit au sol fo
doivent varier suivant la nature des agens de
restier, soit à ses produits.
destruction ou l'espèce d'ennemis qui atta 1° On porte atteinte au sol forestier quand on
quent nos forêts. Ces agens ou ces ennemis déplace, bouleverse ou supprime les marques,
sont l'homme, les animaux, les végétaux et bornes, poteaux, fossés, pieds corniers, etc.,
quelques phénomènes physiques. qui établissent la limite des héritages. Les
Des forestiers distingués de la France et de ſontaines, ruisseaux, rivières, chemins, mon
l'Allemagne or.t étudié avec soin cette partie tagnes sont souvent employés pour fixer les
intéressante de la science : nous citerons en
limites forestières, mais on leur préfère au
tre autres MM DRALET, BECHSTEIN, BURGs j urd'hui les pierres , qui ont en effet plu
DoRFF, CoTTA, HARTIG, MEYER, PFEIL, SCHIL sieurs avantages. Pour assurer ces limites, il
LING et LAURoP. Ce sont les travaux de ces
ſaut y établir, dans un lieu apparent, des
savans, surtout ceux des derniers, qui vont bornes en pierre d'un assez fort cubage pour
nous servir de guides dans ce chapitre. qu'on ne puisse les renverser facilement. On
enfouit sous ces bornes d'autres pierres plus
SECTIoN I"°. — Dommages
» b causés par petites ou des matières incorruptibles, telles
l'homme. que du charbon , qu'on appelle temoins, et
qu'on retrouve quand les bornes ont été dé
L'homme peut porter préjudice aux forêts placées. Un plan cadastral bien fait, une des
de bien des manières † prévues la cription précise de la propriété, des recole
lupart par les réglemens forestiers ou les mens de bornage faits de temps à autre avec le
ois de l'Etat, et classées par celles-ci, suivant plan à la main et en présence des propriétaires
leur gravité, en contraventions, délits ou riverains, et dont il est dressé procès-verbal,
CI'lIl.CS. - enfin, une surveillance active de la part des
CHAP. 7°. DOMMAGES CAUSÉS PAR L'HOMME. 139
agens chargés de la garde des bois et forêts, fâcheuses ; tels sont le renversement des
sont les moyens les plus propres à conserver marques de coupes, la destruction des haies,
et à garantir leurs limites. fossés, treillages, palis, murs ou clôtures
Avant d'aller plus loin, nous dirons un mot quelconques, ce qui facilite les vols ; le ren
des qualités nécessaires à de bons agens versement des tuteurs des jeunes arbres, le
forestiers, en prenant pour guide le portrait bouleversement ou la destruction des routes
qu'en a tracé M. HARTIG. Un bon garde doit forestières ou des chemins, des ponts, du lit
être d'une constitution robuste, d'une bonne des rivières flottables, des ports de débarde
santé, bon marcheur, doué d'une bonne vue, ment ; la destruction des greffes , l'enlève
de l'ouïe fine et de beaucoup d'activité et de ment d'anneaux d'écorce aux arbres, ou les
persévérance. Il est indispensable que sa blessures graves qu'on peut leur faire, le
moralité soit irréprochable. Il doit avoir un renversement des cordes ou piles de bois et
certain degré d'intelligence et de capacité, et plusieurs autres délits, presque tous prévus
être brave pour réprimer l'audace des délin et punis par les réglemens forestiers. Les
quans et des brigands dont les bois sont sou agens préposés doivent tenir rigoureusement
vent le repaire. Il doit savoir lire et écrire et la main à l'observation de ces réglemens, et
être en état de faire un rapport clair et mé s'opposer à ce qu'on s'introduise dans les
thodique, connaître l'arithmétique, savoir un forêts avec des scies, haches, serpes, coignées
† de géométrie, avoir une idée générale de et autres instrumens de cette nature ; à ce
'administration, de la science et de l'écono † pratique dans une saison ce qui est
mie forestières, enfin, connaître tout ce qui éfendu à cette époque ; à ce qu'on ne donne
concerne les délits forestiers, la chasse et la pas lieu, par négligence ou autrement, à des
conservation du gibier. incendies, etc.
2° Les produits /orestiers sont très-difficiles L'homme peut allumer un incendie dans
à défendre contre les attaques de l'homme. les forêts, soit avec pt éméditation, soit par
Le bois est un de ceux qui donnent le plus négligence ou par imprudence. C'est un fléau
fréquemment lieu aux délits. Une surveil qu'il faut prévenir avec soin, parce qu'il cause
lance active et les peines portées par nos lois souvent les plus prompts et les plus affreux
ne le mettent pas toujours à l'abri des dé ravages. Un incendie peut se déclarer dans
† On y parvient quelquefois en dé une forêt quand des bûcherons ou des char
ivrant à très-bas prix ou mène gratuitement bonniers allument sans précaution du feu
les broussailles, ramilles , copeaux et autres dans des lieux où il peut courir, ou quand
combustibles d'une faible valeur aux pauvres les fourneaux de ces derniers sont établis et
des conmunes voisines, en maintenant à un conduits avec négligence. Dans les séche
prix très-modéré dans les environs tous les resses, une étincelle échappée de la pipe d'un
menus bois qui servent dans l'agriculture, ſunmeur, la bourre enflammée d'un fusil, une
tels que pe ches, échalas, gaulettes, liens, légère flammèche que le vent apporte d'un feu
rames pour les légumineuses ou le hou vois in, sont la pluſ art du temps la cause des
blon, etc. ; en redoublant de vigilance au embrasemens. Nos réglemens forestiers con
moment des coupes ; en rassemblant autant tiennent un grand nombre de dispositions
que possible les bois coupés en grandes mas qui ont pour objet de prévenir cet événe
ses, toujours plus faciles à surveillcr; en vi ment, et des peines graves contre ceux qui
dant les coupes le plus proupteument pos tendraient à les enfreindre. C'est aux per
sible, etc. -
sonnes préposées à la garde des forêts à les
Il n'y a aussi qu'une surveillance active qui connaitre et à les faire observer rigoureu
puisse , prévenir certains délits qui ont pour Se Ille Il l.
objet de mutiler ou d'es tropier, avec des In Quand l'incendie est déclaré, il faut em
strumens tranchans, les arbres sur pied ou ployer les moyens les plus prompts pour arrêter
les jeunes plants. Ces attaques, quelquefois les progrès du feu : 1° faire annoncer le feu
très-desastreuses pour les forêts, ont lieu la dans tout le voisinage par le son des cloches
plupart du temps dans le but de se procurer ou tout autre noyen, et inviter les habitans
des harts pour les fagots et les gerbes en à se rendre sur le lieu de l'incendie, armés
coupant de jeunes brins dans les taillis, d'en de haches, hoyaux, pelles ou bêches ; 2" à pla
lever des marcottes et des boutures, de faire cer les travailleurs a mesure qu'ils arrivent,
des balais avec les pousses du bouleau, de les uns pour faire des abattis sous le vent,
recueillir de la sève en perçant les arbres les autres pour peler la superſicie de la terre
résineux, des écorces pour la vannerie et la dans une largeur de 6 à 7 mètres, en reje
sparierie, de la nourriture ou de la litière tant les herbages secs et les gazons du côté
pour les animaux, en enlevant les fruits fo opposé au feu ; 3° à pratiquer, quand la cir
restiers, ou en coupant des branches de co constance l'exige, dés tranchées à une cer
nifères, en moissonnant a la main ou en fai taine distance du feu ; 4° à se servir d'eau et
sant brouter aux bestiaux les herbes, gazons de pompes quand on peut s'en procurer; 5° à
et autres plantes dans les semis ou planta ſaire ſouiller la terre quand le feu a pris dans
tions, en dépouillant les arbres de leurs les bruyères ou des matières sèches, et à la
feuilles ou bien en enlevant les feuilles sè jeter sur ces matières enflammées, ou même
ches, mousses, genêts, bruyères dans les lieux sans attendre qu'elles le soient. La terre
où ces objets sont utiles à la culture et au étouffe le feu et la tranchée arrête la com
repeuplernent de la forét. munication.
Nous regardons encore comme préju Quand on est parvenu, n'importe par quel
diciables aux forêts une foule d'actes qui, moyen, à éteindre un incendie, on fait veiller
si on ne s'y opposait pas par une bonne sur les lieux pendant plusieurs jours et plu
garde, finiraient par avoir des conséquences sieurs nuits, surtout si on aperçoit encore çà
140 AGRIC. FORESTIÈRE : CONSERVATION ET DÉFENSE DES FORETS. LIv. v.
et là des matières enflammées, et on fait par Relativement aux droits d'affouage et de
courir aux hommes préposés à cette garde, marronnage, l'usager ne pouvant exercer son
non seulement les endroits incendiés, mais en droit sans une délivrance préalable du pro
core ceux des environs qui se trouveraient priétaire ou de l'administration forestière,
sous le vent, afin d'étouffer, avec de la terre et les arbres en délivrance étant préalable
ou autrement, le feuqui se rallumerait, ou les ment marqués, on parvient avec de la sur
flanrmèches qui auraient été emportées dans veillance à prévenir les abus. D'ailleurs, on
les cantons voisins † fixer le jour auquel on enlèvera ces
ois ; ne pas permettre que les usagers ven
$ II. - Attaques médiates contre les forêts. dent ou permutent leurs lots; surveiller leur
transport, et s'assurer que ces bois ne reçoi
L'homme nuit médiatement aux forêts vent pas une autre destination que celle pour
uand il cherche à en tirer, dans un temps laquelle ils sont délivrés. On peut aussi dis
onné, plus de † qu'elles ne penvent Cuter et Soumettre à la révision l s titres des
en fournir; quand il en néglige la culture et en usagers , faire procéder à une évaluation de
dirige mal l'aménagement. Il diminue aussi leurs droits, et racheter ces droits par une
leur produit lorsqu'il tolère les abus qui se indemnité ou par l'affectation d'un canton
glissent la plupart du temps dans la jouis nement ; enfin, on peut atténuer l'effet des
sance des servitudes ou des droits d'usage. abus qu'entraine leur jouissance par l'obser
Un propriétaire nuit à ses foréts quand il vation r goureuse des lois forestières, que
† plus de bois que ne le comporte une nous ferons connaître dans notre partie lé
onne période d'aménagement. Il diminue gislative.
leur produit quand il déracine, sur partie ou Le pdturage et le panage sont bien plus
totalité du sol, des arbres dont les souches préjudiciables aux forêts que l'affouage,
auraient donné de bons recrus, ou défriche tant sous le rapport du dommage que les
imprudemment et emploie le sol à d'autres animaux font dans les bois, que par les nom
usages économiques ; † pratique des breux délits et les abus auxquels donne lieu
† de ce droit. En effet, les vaches
coupes extraordinaires, règle d'une manière la
préjudiciable à sa propriéte l'âge de ses cou et les bœufs recherchent les feuilles et les
pes, de manière que la quantité de bois dimi bourgeons, leurs pieds battent le terrain et
nue annuellement : lorsque ses arbres, aban étouffent les germes et les jeunes plantes ;
donnés trop long-temps sans être exploités, les chevaux et les ânes mangent des branches
dépérissent et se pourrissent; lorsqu'il adopte de l'épaisseur du doigt, rongent l'écorce des
un mode vicieux de culture forestière, opère arbres, et en se roulant font un dégât énor
ses coupes à contre - saison, néglige de faire me; les chèvres et les moutons, dont l'intro
le nettoiement des taillis et les éclaircies né duction est sévèrement prohibée dans les
cessaires, ou bien enlève trop de bois en les bois de l'Etat et des communes, causent
pratiquant, et agit, dans ce cas, avec peu de dans les forêts de bien plus grands dom
† et sans discernement; enfin, quand mages encore en broutant les bourgeons des
l néglige le repeuplement en bonnes essen jeunes coupes, et en privant ainsi les cépées
ces appropriées au sol, ou d'après les règles de leurs feuilles et de leurs moyens § de
d'un bon assolement forestier. Il n'y a d'au végéter; les porcs mangent les glands et les
tre moyen, pour éviter les dévastations qu'on faînes, fouiilent la terre, déracinent les cé
peut causer ainsi aux forêts et leur dépéris |# culbutent les semis et causent un dou
sement, qu'à les diriger suivant les prin le dommage en détruisant le bois et en
cipes que nous avons posés dans ce livre, ou s'opposant au repeuplement.
d'en confier l'administration à des forestiers Les meilleurs réglemens sur le pâturage
instruits et honnêtes. et le panage dans les forêts ne suffiront ja
Les droits d'usage qui pèsent encore sur mais pour en faire cesser les abus, et tous les
les forêts donnent lieu, quelle que soit l'acti forestiers instruits,tant français qu'étrangers,
vité des gardes et malgré les lois qui en rè s'accordent à en réclamer la suppression.
glent et déterminent la jouissance, à des On peut employer contre les abus auxquels
abus si graves et si nombreux, que c'est une ce droit donne lieu, ainsi que contre les pe
des causes les plus actives du dépérissement tits usages, quelques uns des moyens indiqués
de la propriété forestière. Ces droits d'usage † se préserver des inconvéniens de l'af
se divisent en grands et petits usages. Les ouage, tels que la surveillance active, le ra
grands usages sont : 1° l'affouage, ou droit chat moyennant indemnité et l'observation ri
de prendre dans une forêt le bois de chauf oureuse des dispositions réglementaires et
fage nécessaire aux usagers; 2° le marronnage, égislatives qui fixent l'exercice de ce droit,
ou le droit de se faire délivrer des arbres tant dans les forêts de l'Etat que dans celles
our la construction et 1es réparations des des particuliers.
âtimens; 3° le pdturage ou pacage, ou droit
de faire paître le bétail ; 4° le panage, la
glandée ou la paisson, qui consiste dans la S III.— Dommages résultant
I'8lIlC6.
de l'abus ou de l'igno
faculté de mener les porcs dans une forêt .
pour s'y nourrir de glands et faînes.—Les
# usages consistent principalement à en
ever les branches sèches, les bºis morts
L'explottation des bois, c'est-à-dire l'abat
et tage, le transport et le travail en forêts peu
les morts-bois, c'est-à-dire certaines espèces vent donner lieu à plusieurs pratiques vicieu
de peu de valeur, telles que saules. marsaults, ses et à des abus très-funestes, qui exigent
épines, sureaux, aunes, genêts, genévriers et qu'on les prévienne, les arrête ou les ré
I'OIlC6S. prime avec sévérite. Ces pratiques, relative
cHAP. 7°. ANIMAUX NUISYBLES AUX FORÊTS. 141
ment à l'abattage, concernent soit le temps sur les arbres entaillés au printemps est faite
où on le fait, soit la manière de le faire. plus tôt que le mois d'août suivant, avant
L'expérience paraît avoir prouvé qu'il est que les plaies de l'arbre puissent se recou
nuisible à la qualité des bois et à la repro vrir et empêcher les eaux pluviales de péné
duction des souches de procéder à l'abattage trer dans la substance ligneuse. On ne doit
des arbres en sève, et que l'exploitation d'hi également faire sur chaque arbre, du côté
ver est la plus favorable. L'abattage d'été opposé à celui où viennent les pluies, qu'une
détériore les bois, affaiblit les souches par entaille s'il est petit, et s'il est gros, qu'une
une déperdition considérable de sève, fait seconde après la première; ces entailles
perdre une feuille endommage davantage les ayant au plus 4 pi. de hauteur sur 1 et 1/2
jeunes plants, est plus dispendieux et enfin po. de largeur. La récolte des feuilles, celle
lus difficile par suite de la quantité de feuil des fruits sauvages à la main ou au pâturage
es dont les bois sont couverts. et à la glandée ne doivent avoir lieu aussi,
Relativement aux méthodes qu'il faut sui pour éviter les abus, qu'à une époque fixée,
vre pour l'abattage, nous nous sommes déjà dans des cantons désignés et avec des for
expliqué à cet égard ( page 120), mais il faut malités qu'il importe à la sûreté des forêts
de plus veiller à ce que pendant le travail les et à leur repeuplement de rendre aussi dif
•|
arbres de réserve ne soient pas encroués, | ficiles que possible à remplir et de faire ob
c'est-à-dire endommagés par la chute de server avec vigueur.
ceux qu'on abat, et s'opposer avec soin à ce La culture des clairières, des places vides,
que les arbres à abattre tombent sur † maines ou vagues renfermées dans l'enceinte
nes plants, ne tes brisent ou ne les mutilenl des forêts,souvent utile et avantageuse,donne
dans leur chute. On évite les dégâts de cette quelquefois lieu à des délits et à des excès qui
nature en élaguant les principales branches peuvent avoir des conséquences graves pour
des arbres à exploiter et en dirigeant avant les bois. Aussi doit-on, quand on la permet,
l'abattage leur chute dans la direction où ils fixer au fermier le mode de culture, les plan
causeront le moins de dommage, ce qui est tes qu'il doit cultiver, l'époque de la récolte
toujours possible. -
et la manière de la faire, et en même temps
Quant aux abus auxquels peut donner lieu surveiller tous les serviteurs et ouvriers
l'exploitation des bois, on doit d'autant plus † emploie, et les rendre responsables des
égâts.
se mettre en garde contre eux et les prévenir,
qu'ils donnent lieu à des dommages le plus Le sol des forêts offre souvent des espèces
souvent irréparables; qu'ils entrainent à des minerales utiles, telles que la chaux, la pierre
dépenses considérables ou bien à des procès à bâtir, l'argile, la marne, le sable, la tourbe,
ruineux. C'est dans cette catégorie qu'il faut à l'enlèvement et à l extraction desquelles ii
ranger l'abattage des pieds corniers, témoins, faut généralement s'opposer. Si on juge à
rois, arbres de lisière el de réserve, le bou propos de faire ou de concéder l'exploitation
eversement des routes et chemins, la des de ces matières, il faut y procéder avec des
truction des ponts, ponceaux, barrières, le précautions extrêmes, parce que celle-ci en
comblement des fossés, sangsues, rigoles, la iraîne à sa suite un grand nombre d'incon
ruine des cépées, semis et plantations, la mu véniens et d'abus très préjuciables aux forêts
tilation des gros arbres, l'enlèvement frau et qui balancent les avantages qu'on peut
duleux des bois de chauffage, les vols de toute recueillir de l'exploitation. C'est ainsi qu'en
espèce, etc. Une active surveillance au mo ouvrant des cari ieres et en transportant les
ment de l'exploitation et l'observation desmachines, les matériaux ou produits, on
réglemens de police forestière peuvent pré diminue, on mine l'étendue du sol forestier,
venir et mettre un terme à ces abus , mais il on détruit, renverse ou mutile les arbres
faut en outre rendre responsables des délits qui peuplent la forêt, et enfin qu'on ouvre une
les adjudicataires des coupes, les marchands large porte aux vols ou aux délits de toute es
ventiers, leurs facteurs ou garde-ventes et pèce auxquels se livrent journellement les ou
tous autres préposés à cette exploitation ou vriers exploitans. Pour mettre fiu à ces abus
à la direction des ateliers. ou délits, il faut renoncer à ces sortes d'ex
La récolte ou l'exploitation de ce que nous ploitations quand on peut se procurer les
avons nommé menus produits au chap. VI peu matières minérales autre part et au même
vent devenir extrêmement dangereuses pour prix; circonscrire, clore et entourer le canton
les forêts quand on ne surveille pas avec ac exploité et les routes qui y conduisent, réta
tivité ceux qui sont chargés de les faire. blir le sol partout où on cesse d'exploiter,
C'est ainsi que la récolte des écorces pour les déterminer avec soin le mode d'exploitation
tanneurs fait périr les souches quand on ne et de transport, rendre les entrepreneurs
pratique pas auparavant au pied du brin de responsables des délits commis par leurs ou
taillis, et le plus près possible de terre, une vriers ou gens de service, ainsi que de tous
incision annulaire d'une largeur suffisante ceux qui ont lieu dans les cantons environ
pour que le déchirement de l'écorce ne se nans de leur exploitation.
communique pas aux racines; que l'extrac
tion des produits résineur ou de la sève, qui SECTIoN II. — Animaux nuisibles aux foréts.
déjà nuit à la croissance des arbres, à la qua
lité de leur bois et à la duree de leur exi Dans la poii se forestière il faut distinguer
stence, devient encore plus prejudiciable les animaux domestiques de ceux qui vivent
quand elle commence plus de 10 à 12 ans à l'état sauvage. U ne surveillance active et
avant l'exploitation d'un canton, qu'on la pra les peines portées par nos lois et reglemens
tique plus de 5 ou 6 fois sur chaque arbre, contre les propriétaires des premiers servent,
que l'enlèvement et le grattage de la résine comme nous l'avons vu, à garantir la pro
142 AGRIC. FORESTIÉRE : CONSERVATION ET DÉFENSE DES FORÊTS. LIV. v,
priété contre leurs ravages. Quant aux se hêtres, érables et frênes, et il arrive souvent
conds, il n'est pas aussi facile de prévenir ne les taillis de 2 à 6 ans sont entièrement
leurs attaques ou de s'en préserver. écorcés par ce rongeur. On le voit aussi se
Parmi les animaux sauvages qui portent nourrir, en cas de besoin, de racines tendres
réjudice à nos forêts, les uns appartiennent et des b urgeons de presque tous les jeunes
à la classe des mammifères, les autres à celle plants, qu'il déchausse en outre en soule
des oiseaux, et le plus grand nombre à celle vant la terre pour creuser ses galeries. La
des insectes. souris cause moins de dégâts que le mulot,
parce qu'elle est plus faible et moins vorace,
$ l". — Les mammifères. mais elle est nuisible par sa grande fécondité.
8° La taupe (talpa Europea, L.) bouleverse
1° Le daim (cervus dama, L.). En hiver il dé les semis et coupe les racines des jeunes ar
vore les bourgeons et l'écorce de tous les bres. Les forestiers connaissent aujourd'hui
arbres, au printemps les jeunes pousses, et les moyens qu'on emploie ordinairement pour
en été les feuilles et les branches des pins, se délivrer de cet animal.
sapins, mélèzes, et de plusieurs arbres à La plupart des forestiers sont d'avis qu'il
feuilles caduques. A toutes les époques de n'est pas possible de conserver de beaux bois
l'année cet animal dépouille les arbres de avec des bétes fauves, et qu'il vaudrait mieux
leur écorce et brise les jeunes brins. les bannir entièrement que de les multi
2° Le cerf (cervus elaphus, L.). En hiver il plier. Néanmoins. comme ces animaux, mal
mange les jeunes pousses, surtout celles des gré leurs ravages dans les forêts, ont encore
épiceas, mélèzes, trembles et de plusieurs un but d'utilité, soit comme produit, soit
saules ; au printemps il attaque celles des ' pour les plaisirs de la chasse, etc., il con
hêtres, érables. ormes et frênes ; en été il vient peut-être d'en conserver un certain
détruit les feuilles et les jeunes branches de | nombre. Sous ce point de vue. la science du
tous les arbres. Il est encore très-nuisible forestier consiste donc à fixer ce nombre
ar les plaies redoutables que sa dent fait à | d'une manière telle que les inconvéniens qui
# des sapins et des pins. Il cause résultent de leur présence soient compensés
quelque dommage aux arbres en y frottant par les avantages qu'on peut en tirer. Ainsi,
son jeune bois pour le débarrasser de la peau ' on doit accroitre ou diminuer ce nom bre
qui le couvre. jusqu · ce qu'on soit arrivé au point ou, avec
3° Le chevreuil ( cercus capreolur, L. ) est des bêtes fauves, le repeuplement de la forêt
très-préjudicia le aux forêt-, où sa présence n'éprouve pas de difficulté sensible, et où les
s'oppose à un bon mode de culture. Il ha arbres prennent librement tout le développe
bite de préférence les taillis, où il se nourrit ment qui correspond à leur âge.Arrivés à cette
des jeunes tiges, des pousses et des %our limile, il faut pourvoir a la nourriture de ces
geons des plantes ligneuses, surtout du animaux. si on veut encore diminuer leurs
chéne, frêne, charme. tremble, et des jets de ravages. On y parvient en favorisant, au prin
pins et même de sapins. A peine touche-t-il temps et en été, dans les clairières et les lieux
aux plantes herbacées et aux graminées. dégarnis, la croissance des végétaux et des
4° Le sanglier (sus scropha, L.) fait un tort plantes qu'ils préfèrent, et, en automne, en
considérable dans les semis de bois en fouil abattant quelques arbres dont les feuiiles et
lant la terre pour en tirer le gland, la châ les jeunes tiges leur servent †
taigne et la faine; il empêche encore le repeu d'alimens, tels que les trembles, peupliers,
plement, en broutant les jeunes arbres nou tilleuls, etc., et en les laissant avec leurs
vellement levés et en détruisant par sa masse feuilles et branchages sur le terrain tant que
et ses habitudes brutales les jeunes taillis les animaux y trouvent de quoi se nourrir.
qu'il mutile,foule aux pieds, brise ou déchire. Les clôtures sont aussi un moyen fort efficace
Le sangliera quelque utilité, il délivre les bois pour garantir les jeunes arbres, semis et
des mulots, des souris et de quelques insectes † de la dent des bêtes fauves. Une
auxquels il fait une chasse fort active. auteur de 5 pieds est suffisante pour cet ob
5° Le lièvre et le lapin ( lepus timidus et cu jet ; seulement, ces clôtures doivent être éta
niculus L. ) ne sont nuisibles que lorsqu'ils lies le plus économiquement possible. A ce
sont très-multipliés. Alors ils font quelque sujet, on doit encore observer, pour garantir
fois beaucoup de tort en dévorant les pousses les forêts contre les dégâts des bêtes fauves,
des jeunes hêtres et parfois même des sapins, que, suivant les localités et les essences, cer
et en écorçant aussi les trembles, les saules taines espèces sont plus nuisibles que d'autres.
et quelques autres arbres, mais seulement en On s'attachera donc à diminuer beaucoup le
hiver quand ils manquent de nourriture. nombre des premières, ou à les detruire en
6° L'écureuil (sciurus vulgaris, L.) ne de tièrement, et à favoriser la multiplication des
vient incommode que lorsqu'il se multiplie autres. Enfin, on doit s'appliquer constam
beaucoup ; alors il ronge les bourgeons des ment, au moyen d'une surveillance active, à
arbres à feuilles caduques, mange les pousses éloigner certaines espèces des endroits où
des pins et des sapins, et déterre les semences elles pourraient causer le plus de ravages.
des chênes, hétres, ainsi que celle des pins et La chasse de ces animaux cause aussi des
sapins. dévastations considérables dans les forêts ;
7° Le mulot et la souris (mus sylvaticus et c'est au forestier habile à donner les indica
musculus,L.).Le premier de ces animaux cause tions nécessaires pour la diriger de la manière
de grands ravagés dans les forêts par la grande la moins désastreuse aux végétaux qui peu
consommation qu'il fait de glands et de plent les bois confiés à ses soins. .
faines, et par la destruction des jeunes recrus. | | La quantité de bétes fauves qu'il faut con
Il aime surtout l'écorce des jeunes charmes, l serveé sur un espace donné dépend des loca
CHAP. 7*. ANIMAUX NUISIBLES AUX FORÊTS. 14s
lités, de l'essence des arbres qui y croissent , conifères et des bouleaux, et quelques-uns
du mode de culture et d'aménagement, de d'entre eux se nourrissent même de jeunes
l'espèce d'animaux qu'on veut y entretenir et tiges.
des moyens § dont on peut disposer Au nombre des oiseaux les plus nuisibles
pour les nourrir. En Allemagne on calcule, aux forêts, on compte le coq de bruyère, le
en ayant égard à toutes ces considérations , petit tétras ou coq de bouleau, qui est très
qu'on peut placer un cerf et une biche sur rare en France, la gélinotte ou poule des cou
4 hectares de superficie ; une paire de daims driers, le pigeon ramier, le faisan, l'oie et le
sur 2 hect. 112, et une paire de chevreuils sur canard sauvages; d' autres le sont beaucoup
environ 3 hectares. Quant au sanglier, on moins, tels sont : le pinçon ordinaire, les
doit autant que possible le bannir entière becs-croisés, le verdier, le loriot, etc.
Iment. -
Les mesures à prendre *ontre les oiseaux
Lorsque l'écureuil se propage en trop grand sont d'empêcher la multiplication de ceux
nombre, on lui fait une chasse active et on qui font le plus de dégâts dans les forêts, et
provoque le zèle des habitans du voisinage par la vigilance, d'écarter simplement les
en accordant une prime à ceux qui l'attaquent autres pendant quelque temps du lieu où
et le détruisent. l'on a fait des semis.
On emploie divers moyens pour se garan
tir des ravages des mulots et des souris, et $ III.—Les insectes.
pour amener leur destruction.
1° On favorise la multiplication des ani Voici les ennemis les plus dangereux des
maux qui dévorent ces petits quadrupèdes. forêts, ceux qui se multiplient à l'excès quand
Parmi les mammifères, les plus dangereux on n'arrête pas leur propagation , et qui exi
ennemis des rats et des souris sont les chats, gent la plus grande surveillance et l'activité
les renards, le blaireau, le putois, le héris la plus infatigable de la part des agens fores
son, les martes, les belettes, etc. Les chiens tiers pour prévenir leurs dégâts et arrêter
les chassent aussi avec fureur et en tuent leurs ravages.
beaucoup. Il serait facile de les dresser à L'ignorance où l'on est encore sur les
cette chasse. mœurs de la plupart des insectes à l'état de
Au nombre des oiseaux, on compte tous larve, fait qu'on ne connait pas encore tous
ceux qui sont nocturnes, le milan commun, ceux qui peuvent nuire aux foréts , et la na
le tiercelet, l'émouchet, l'orfraie, la buse, le ttll'e ſ§ dégàts qu'ils y font Nous ne pou
faucon, la bondrée, la corneille, le corbeau, vons donc mentionner ici que ceux dont les
la cigogne, etc. Ces animaux détruisent une attaques ont été bien constatées par les ob
quantité considérable de souris ; quelques servations des forestiers et des naturalistes,
uns, il est vrai, nuisent à la propagation du en les rangeant dans l'ordre adopté par ces
menu gibier, mais, au moins, on n'a pas à derniers.
craindre de les voir se multiplier au-dela des · Les ravages causés par les insectes sont de
bornes nécessaires, parce que la plupart émi différentes espéces; les uns percent le bois
grent quand ils ne trouvent plus une nourri des arbres abattus ou vivans, les autres se
ture suffisante dans les lieux qu'ils habitent, nourrissent de leurs fruits, et un grand nom
ou bien se font mutuellement la chasse. bre en dévorent ou en sucent les feuilles. Plu
2° On introduit des porcs dans les foréts in sieurs, tels que la plupart des coléoptères,
festées. Ceux-ci fouillent la terre, vont cher des hémiptères et des hyménoptères , vivent
cher les mulots et souris jusque dans leur re séparés et n'attaquent guère qu'individuelle
traite et les dévorent. ment les végétaux des forêts ; d'autres, au
3° On pratique des fossés sur la limite des contraire, comme , plusieurs lépidoptères,
champs et des forêts. Les mulots se répan sont réunis en société et dévastent en com
dent dans les champs pendant le printemps mun, à l'état de chenilles, nos bois et nos ver
jusqu'a l'automne, époque à laquelle ils re gers, où ils causent des pertes incalculables
tournent dans les forêts, où ils trouvent des si on ne s'empresse d'anéantir leurs voraces
glands, des faines, des noisettes et autres peuplades.
fruits dont ils font provision pour l'hiver.
Pendant l été on creuse au bord des forêts A. Coléoptères
des fossés de 3 pieds de profondeur, à parois
verticales et bien unies, et on place de dis Voici l'énumération des insectes de cet
tance en distance des pots à demi remplis ordre, que le forestier doit redouter :
d'eau, de telle façon que l'animal, qui ne peut 1° Le hanneton commun (scarabaeus melo
les éviter, tombe dedans et se noie. Les au lontha, L.), insecte connu de tout le monde,
tres moyens proposés pour détruire ces ani qui se montre aux mois d'avril et de mai, et
maux ne paraissent pas praticables en grand. dévore les fleurs et les feuilles des chênes et
des hêtres. Ses larves, connues sous les noms
$ II. - Les oiseaux. vulgaires de vers blancs, mans, turcs, etc.,
rongent les racines des arbres et les font
Les dégâts que causent les oiseaux dans languir ou périr. A l'état parfait on peut re
les forêts sont peu considérables, à moins cueillir les hannetons en secouant les arbres,
qu'ils ne multiplient au-delà des limites rai les insectes engourdis tombent : on les écrase
sonnables. Ils se bornent, en général, à re ou bien on les brûle en tas. A eelui de larve,
chercher et à dévorer les graines, soit sur on les trouve en remuant la terre et on les
les arbres, soit dans le sol, ce qui les rend fait dévorer par des oiseaux de basse-cour
nuisibles aux semis. Quelquefois ils becquet ou des porcs. Quelques quadrupèdes, les oi
tent les bourgeons, principalement ceux des seaux de proie diurnes et nocturnes, les pies
144 AGRIC. FORESTIERE : CONSERVATION ET DEFENSE DES FORETS. LIv. v.
rièches, les † les freux, les pies, sylvestres morts ou Fig. 168. Fig. 169.
es corbeaux, eur font une chasse active et vivans, gisans ou
en détruisent beaucoup. sur pied, surtout
- -
niaure(P. pintaria, L.) (fig. 190), qui se nour pèces de ce genre et dont les ailes supérieu
Fig. 190. res sont d'un vert tendre avec 2 lignes obli
ques blanches, est connue par les ravages
qu'elle cause à l'aune et surtout au chêne.
Plusieurs papillons de la famille des crépus
culaires sont aussi très-nuisibles aux arbres
de nos foréts, entre autres le sphinx du pin
(sphinx pinastri, L.) (fig. 196), dont la chenille
Fig. 196.
palustre, L.), l'andromède à feuilles de pou mat, d'autres à la nature et à l'état du sol
liot (andromeda poliifolia, L.), la bruyère qua ou à sa configuration topographique. Nous
ternée (erica tetralix, L.), la camarine à fruits allons examiner dans des § parti
noirs (empetrum nigrum, L.), l'airelle veinée culiers l'influence de ces § C8lU1S62S.
qu'avec des peines infinies ou des frais con des rigoles d'écoulement, livre V, page 95.
sidérables. Les sables mouvans sont ceux des dunes ou
Au nombre de ces phénomènes nous ran ceux des plaines de sable. Ces sables, empor
geons le débordemeni ou la stagnation des tés par les vents, peuvent fondre sur les fo
eaux, les sables mouvans, les avalanches et rêts du voisinage et les engloutir. Il faut donc
les éboulemens. se préserver de leurs ravages. Déjà nous
Les faux sont stagnantes ou courantes. avons fait connaître (livre I", page 82-83,
Les eetux stagnantes nuisent aux forêts, en livre V, p. 76 ) les moyens de conquérir de
convertissant le terrain, soit en marécages, semblabfes terrains à la culture, et par con
soit en terres inondées où les arbres, surtout séquent d'arrêter leur action désastreuse.
ceux qui ne sont pas propres à ces sortes de Nous croyons, à cet égard, être entré dans
terrains, perissent bientôt, sans qu'il soit pos des détails suflisans pour l'usage des fores
sible de repeupler par semis ou plantations. tiers, et n'avoir rien à ajouter à ce que nous
Les eaux stagnantes, en , outre, occasionent avons dit.
par leur évaporation des brouillards,. du gi: Les avalanches sont des masses de neiges
vre, des gelées blanches et des froids qui qui, ne pouvant plus s'arrêter ou rester sur
concourent à la destruction des pousses en la pente des montagnes. tombent en forme
core tendres et à celle des jeunes sujets. de poussière, ou glissent sur ces pentes en dé
Nous nous sommes étendus suffisamment truisant tout sur leur passage. Pour se pré
dans le premier livre de l'Encyclopédie, page server des avalanches glissantes, les habitans
131, sur le desséchement des terrains maré du Valais enfoncent des troncs de mélèze,
cageux ou inondés, et sur les moyens qu'il là où les avalanches se forment, pour les em
faut employer pour les rendre à la culture, pêcher de glisser. On peut faire aussi des
pour qu'il soit inutile de revenir sur ce sujet. fossés à angles coupés, ou établir des brise
Les eaux courantes qui baignent les forêts avalanches à angles aigus avec des pilots, ou
peuvent, par des crues extraordiuaires, dues en laissant de grands tronçons dans les
à des pluies considérables, des ondées, ou à coupes.
la fonte de neiges, entrainer une partie du Les éboulemens de terre qui ont lieu dans
sol forestier, ou seulement la couche végétale les montagues, surtout quand les couches su
qui le recouvre, ou les arbres qu'elle portº, perficielles reposent sur des lits d'argile, quoi
couvrir le terrain de sables. de pierres, de † très-difficiles à contenir, peuvent par
débris, faire périr les jeunes sujets par le sé is être prévenus en détournant les eaux des
jour qu'elles font à la surface, ou par leur vallées, en plantant des aunes, des sau
conversion en glace, ou les renverser en char les. ou liant le terrain par des planta
riant des glaçons. Les torrens, les violentes tions d'arbres à racines traçantes, en sou
pluies d'orage causent des dégâts analogues. tenant par des , digues ou des pilotis les '
l n'y a qu'un seul moyen de se garantir de terrains qui coulent, etc. On emploiera des
ces désastres, c'est par la conslruction des moyens à peu près analogues contre la for
endiguages ou embanquemens, qui ont fait mation des crevasses ou des fissures, qui se
déjà le sujet d'un article ( livre 1", page 123), manifestent quelquefois à la surface du sol.
auquel nous renvoyons, ou la formation
Dans les chapitres précédens, on a pré règles; personne ne doute que l'estimation
senté d'abord le dénombrement et la des des forêts ne soit un anneau essentiel dans
cription exacte de tous les arbres qui en la chaîne des travaux confiés à la science du
trent dans la composition de nos forêts; on forestier : c'est le corollaire, le complément
a donné ensuite des préceptes sur leur plan | de sa mission ;tous ses soins habituels tendent
tation, leur conservation et leur reproductiou; en effet à accélérer le développement des
plus loin on a exposé les principes qui produits qui doivent, par la suite, appeler
doivent présider à la culture, à l'aménage son attention comme estimateur. Ses appré
ment et à l'exploitation des bois; en dernier ciations, † lace parmi les plus
lieu on a fait connaitre la nature et l'emploi importantes opérations de l'économie fores
des produits variés dont ces fonds précieux tière, elles interviennent forcément dans les
sont la source, ainsi que les moyens de les relations du vendeur et de l'acheteur : leur
garantir des attaques et des dégâts ; actuelle but est de garantir à l'un qu'il retirera de sa
ment nous avons à traiter de l'estimation chose le prix le plus élevé possible, et à l'au
des forêts ; en d'autres termes, à ramener tre qu'il ne la paiera cependant point au-delà
l'appréciation de ces propriétés à l'unique d'une véritable et juste valeur.
point de vue de leur valeur pécuniaire. L'estimation des bois se rattache à des inté
L'estimation d'un bois consiste à détermi rêts majeurs dans une foule de circonstances,
ner la valeur en argent, soit du fonds, soit des mais plus particulièrement dans le cas d'attri
produits superficiels de ce fonds. De là, 2 di button de cantonnement a des usagers, ou
visions principales dans notre travail. La 1" lorsqu'ils'agit de l'aliénation d'une forêt, d'un
se rapportera à l'évaluation du sol, et la se - partage, d'un échange de bois, en un mot,
conde à l'évaluation de la superficie des bois. dans toutes les transactions qui impliquent
Il serait surabondant de faire ressortir l'u l'évaluation du fonds méme # la propriéte,
tilité de l'art dont nous allons retracer les avec l'évaluation de ses produits. Nous rem
152 AGRICULTURE FOlt ESTIERE : I)E L'ESTIMATION DES FORETS. 1LIV. 07.
placerons les procédés vagues et arbitraires rêts qui s'élèvera à 600fr., de sorte que cette
dont on se contente assez communément, par propriété me rapportera 1600 f. dans le cours
des règles positives, que nous déduirons du de 20 , années, tandis que dans le même
raisonnement ou de l'expérience. Nous les temps le produit de l'hectare ne sera que de
formulerons de manière à les mettre à la por 1000 fr. Ces deux fonds n'ont donc aucune
tée de toutes les intelligences, en leur donnant identité de valeur, bien que leurs revenus
cependant assez de précision pour qu'elles annuels semblent être exactement les mêmes;
conduisent toujours à des résultats certains l'hectare de bois dont il s'agit ne peut être
et rigoureux. estimé au même prix que l'hectare de terre ;
ce qui nous autorise à conclure que le mode
SEcTIoN I".— Evaluation du sol des bois. d'évaluation des fonds de bois ne sauraitavoir
S l".— Principes de l'évaluation du sol des bois. rien de commun avec le mode d'évaluation
des fonds de terre.
L'estimation des terres, des prés, des vignes, Il est d'usage, cependant, d'estimer les
ainsi que des usines de tout genre, c'est-à-dire ·fonds de bois par comparaison aux terres voi
l'estimation des propriétés tant rurales qu'in sines, en prenant pour base le produit annuel
dustrielles,présente, en général, la plusgrande des classes de terre analogues aux classes di
facilité. Elle n'exige qu'une seule recherche verses du sol boisé. Nous démontrerons,
préalable, celle du revenu de la propriété. Or, avant d'aller plus loin, que cette pratique est
ce revenu est toujours aisé # déterminer, extrêmement vicieuse, et qu'elle ne peut con
souvent même il se trouve tout exprimé. Lors duire qu'à des résultats erronés.
qu'on en connait le chiffre, on le multiplie Supposons qu'il s'agisse d'estimer des bois
par celui qui indique le taux de l'intérêt cou situés sur des coteaux ardus n'offrant qu'une
rant.Ainsi, par exemple, qu'un champ soit couche légère de terre végétale ; nous re
aftermé à raison de 50 fr. par an, on sait im marquerons que le bois prospère plutôt dans
médiatement, à l'aide d'un calcul tout-à-fait ces terrains inclinés que dans les plaines,
usuel, que ce fonds vaut 1000 fr. si l'intérêt dont le fonds serait de même nature, et plu
de l'argent est compté à 5 p. 100; 1250 fr. si tôt encore au revers septentrional des mon
l'intérêt n'est porte qu'à 4 p.100, et, enfin, tagnes que dans les pentes exposées au midi.
1666 fr. et une fraction de franc, si l'intérêt Des terres labourables, au contraire, situées
ne s'élève pas au-dessus de 3 p. 100. Ces ap sur de fortes déclivités, seraient tout-à-fait
préciations ne comportent aucune méthode impropres à la culture ou ne donneraient
spéciale; il est aussi aisé d'en saisir les élémens qu'un faible revenu, notamment si elles se
que de les soumettre aux combinaisons du trouvaient à l'aspect du nord. La consé
calcul. quence évidente de ce rapprochement, c'est
Mais où trouver l'expression du revenu an † dans les situations les plus semblables,
muel des bois pour en faire la base d'une éva es terrains de méme nature peuvent avoir
luation § à celle qui précède ? Un beaucoup de valeur comme bois, ou n'en avoir
hectare de bois rend 1000 fr. à chacune de ses aucune comme terre.
exploitations, dont le retoura lieu périodique Ne trouve-t-on pas quelquefois dans les
ment tous les 20 ans. Si je me place par la pays de plaine, et fréquemment dans les con
pensée à l'origine d'une de ces périodes, j'ai trées montueuses, des forêts du plus précieux
devant moi la perspective d'un produit de revenu, entourées de terres d'un faible pro
1000 fr. à recueillir après une révolution de duit, et même de friches que le soc n'a jamais
20 années. Et si, pour ramener ce produit à sillonnées?Si le fonds de ces forêts devait être
la forme d'un revenu annuel, je le divise par estimé proportionnellement aux terres voi
le nombre d'années que je dois mettre à l at sines, l'évaluation ne donnerait qu'un résul
tendre,je trouve pour chacune de ces 20 an tat fort exigu ou tout-à-fait nul. Or, comment
nées un revenu apparent de 50 f.; nous disons un fonds qui est supposé donner de grands
apparent, parce que, comme nous alions le produits §l'
n'offrir aucune valeur
voir, le revenu vrai est bien inférieur à ce capitale?
chiffre. l est de toute évidence, au surplus, qu'on
Comparons les produits respectifs d'un ne peut établir de rapprochement vrai et ri
hectare de terre et d'un hectare de bois dans goureux qu'entre des valeurs ou des choses
le cours d'une période de 20 ans, en suppo semblables. Les fonds plantés de bois et les
sant que ces deux fonds rapportent, savoir : terres cultivées diffèrent essentiellement par
le champ 50 fr. par an, et le bois 1000 fr. au leur nature comme par le mode de succession
bout de 20 ans. de leurs produits; ces propriétés n'ont entre
Je perçois annuellement le revenu du elles aucune mesure commune. La valeur des
champ, c'est-à-dire que, chaque année, je re unes ne saurait donc être prise pour base de
çois une somme de 50 fr. Cette série de pe l'estimation des autres.
lits capitaux se bonifie de la réunion des in Un principe qui paraît incontestable dans
térêts progressifs. La 1" rentrée de 50 fr. me le sujet qui nous occupe, c'est que les fonds
procure 19 ans d'intérêts, la 2°rentrée 18 ans, de bois doivent étre estimés, et d'après le de
la 3° 17 ans, et ainsi de suite, en décroissant gré de bonté du sol, et d'après la valeur vé
† la 20° et dernière annuité. L'accumu nale des produits. Mais comme les produits
ation de ces intérêts, que je ne supposerai varient et doivent nécessairement varier en
que de 4 p. 100, finit par ajouter au capital quantité ou volume, selon la bonne, ou mé
un accessoire très-important. Dans l'hypo diocre, ou mauvaise qualité du sol, il est clair
thèse que j'ai choisie, le champ me donnera, que les données relatives au sol d'un bois se
non seulement vingt fois 50 fr. ou un capital trouvent toujours implicitement comprises
de 1000 fr., mais en outre une somme d'inté dans l'expression de son produit pécuniaire.
· CHAP. 8°. ÉVALUATION DU SOL DES BOIS. 158
D'ou il suit que ce produit doit être le véri somme exprime reellement la juste valeur
table régulateur de l'estimation du fonds. du fonds de l'hectare de bois, mettons en
Et en effet, on pourrait énumérer beau parallèle 2 placemens simultanés, l'un de
coup de circonstancessusceptibles d'accroître 360 f. 18 c. à 4 p. 100 d'intérêts sur obliga
le revenu, et par conséquent la valeur d'une tion, l'autre de pareille somme, formant le
forêt, sans opérer aucune amélioration dans prix d'acquisition d'un hectare de bois dé
la qualité de son sol. La création d'usines qui pouillé de taillis et d'arbres de réserve, ou
assurent un débouché plus régulier et plus du moins, dont les réserves sont évaluées et
avantageux à ses produits; l'établissement de payées à part. L'accroissement du taillis, re
routes qui la mettent en rapport avec de nou produit par le fonds acheté, représente la
veaux lieux de consommation et appellent progression des intérêts dont se grossit an
une plus grande concurrence; enfin, un sys nuellement le capital primitif, dans le place
tème d'aménagement mieux combiné,et d'au ment par contrat de rente. Au bout de la
tres moyens industriels, dont l'influence, période de 25 ans, ces 2 placemens offriront
sans modifier en aucune manière le fonds de des résultats entièrement semblables et ma
la propriété, en élève cependant le prix ca tériellement égaux ; l'un et l'autre auront
pital.Ainsi, nous sommes tout-à-fait fondés à produit, dans le laps de temps donné, la
établir, comme règle générale, que l'on doit même masse d'intérêts, c'est-à-dire chacun
apprécier la valeur d'une forêt, non d'après 600 fr. Ils sont donc identiques; le fonds de
la nature plus ou moins riche de son sol, mais bois étant payé 360 fr. 18 c. se trouve acheté
uniquement d'après la mesure de ses produits à sa véritable valeur ; car, à égalité du taux
Ou de SOR r6'9e/ºlſ. de l'intérêt, les avantages que procure cette
Ce revenu se déterniine ainsi qu'il suit : on acquisition sont les mêmes que ceux qui
récapitule tous les produits donnés par les doivent résulter d'un prêt à intérêt. De part
coupes annuelles pendant un certain nombre et d'autre, chaque placement, après 25 ans,
d'années (la forêt étant aménagée réellement aura constitué un capital de 960 fr. 18 c.,
ou fictivement), et l'on en prend le terme composé de la mise originaire qui est de
moyen. Mais ici se présente une question : 360 fr. 18 c., et des § agglomérés qui
Quelle série d'années doit-on embrasser pour s'élèvent à 600 fr.
en déduire le revenu moyen ? On peut bor † ces 2 modes de placement condui
ner cette série à 14 ans, comme ou le pra sent à des résultats tout-à-fait semblables, et
tique pour déterminer le revenu imposable qu'ils offrent une égale utilité,on peut indiffé
des terres, et pour évaluer le produit des remment se décider pour l'un ou pour l'au
fonds atteints par les droits de mutation. tre; dès-lors, la somme de 360 f. 18 c. est,
L'année commune est formée sur 14 années sans contredit, l'expression exacte de la va
antérieures, moins les deux plus fortes et les leur vénale d'un hectare de bois qui rap
deux plus faibles. porte 600 f. tous les 25 ans, en admettant,
Le produit des 14 dernières coupes repré comme nous le ferons dans toute la suite de
sentera-t-il exactement le revenu d'un bois? notre travail, que le taux de 4 p. 100 est l'in
Oui, si les coupes qui ont précédé cette pé térêt moyen des placemens en immeubles, et
riode sont de la même consistance et de la particulièrement en fonds de bois.
même valeur que les autres. Dans le cas op Quel que soit au surplus le taux de l'inté
posé, on peut déterminer par analogie le pro rêt, les principes que nous venons d'émettre
duit qu'auraient donné ces coupes, si elles restent les mêmes; seulement les conséquen
eussent été exploitées dans le même inter ces sont différentes : le prix des fonds doit
valle de temps, en les supposant parvenues varier, ainsi que uous l'avons vu plus haut,
au terme de l'aménagement; ajoutant alors dans un rapport inverse du taux de l'intérêt,
la dernière somme à remiere, et divisant c'est-à-dire que plus ce taux est élevé, moin
le total par le nombre des coupes annuelles, dre est le prix du fonds.
on obtient l'expression numérique du revenu Nous avons démontré que la valeur du
brut moyen. fonds d'un hectare de bois est égale à la
On déduira ensuite de la somme trouvée : somme qui, étant placée pendant la période
1° les frais de conservation ou de garde ; de l'exploitabilité, donne en intérêts seule
2° les impôts; 3° les frais de vente, si le bois ment un produit équivalent au revenu net
est en régie; 4° les frais de repeuplement et de cet hectare. Il s'agit maintenant de trouver
d'entretieu; et ou aura pour reste le revenu cette valeur foncière, dans toutes les hypothe
net et moyen de la forêt. ses possibles. Si nous voulons résoudre ce
Cherchons actuellement à remonter du re problème par les moyens que fournit l'arith
venu d'un bois à l'évaluation de son sol. Afin métique, nous serons obligés de recourir à la
de mieux fixer les idées, posons la question règle appelée de fausse-position, que nous fe
suivante : Quelle est la valeur foncière d'un rons connaître par une application à l'hec
hectare de bois actuellement exploité, qui tare de bois, dont nous avons déjà déter
doit, après une période de 25 ans, rapporter miné la valeur. Nous chercherons § quel
est le prix du fonds d'un hectare de bois qui
600 fr., tous les frais déduits ? Il est évident
que cette valeur doit être égale au capital rapporte 600 fr. à chaque révolution de 25
qu'il faudrait placer aujourd'hui à 4 p. 100 ans. Nous supposerons tout d'abord que la
(cet intérêt étant supposé celui des placemens question est résolue, et que le capital cher
immobiliers) pour obtenir, en revenus seule ché est 1000 fr.; puis, nous établirons sur ce
ment, au bout de 25 ans, une somme de chiffre fictif tous nos calculs ultérieurs. Un
600 ſ. 1.e calcul nous apprend que le capital capital de 1000 fr., placé à 4 p. 100 pendant
qui satisfait à cette condition est de 360 ſ.18c. 25 ans, se grossit d'année en année, selon la
Afin de nous convaincre que cette dernière progression suivante, que nous ne pousserons
AGRICULTURE, ToME IV. — 2o
f164 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DE L'ESTIMATION DES FORÊTS. LIV. V.
pas au-delà du 4° terme, notre objet n'étant facilitera † de ces tables, sans en alté
ue d'indiquer la mari he du calcul : rer l'exactitude, comme nous allons sur-le
Au bout d'un an, on a 1000 fr., plus 40 fr. champ en offrir la preuve.
d'intérêts; au total. . . . .. 1040 fr. » c. A l'aide de laborieuses combinaisons de
Au bout de 2 ans, on a chiffres, nous avons reconnu, il y a un mo
1040 fr., plus 41 fr. 60 c. d'inté ment, que la valeur foncière de l'hectare de
rêts; au lolal. . . . . .. 1081 60 bois susceptible de rapporter 600 fr. à 25 ans
Au bout de 3 ans, on a est de 360 fr. 18 c. Voyons actuellement de
1081 fr. 60 c., plus 43 fr. 26 c. quelle manière nous arriverons à cette solu
d'intérêts; au total. . . . .. 1124 86 tion par l'emploi de nos tables.
Au bout de 4 ans, on a Je prends dans la table n° II (calculée sur
1124 fr. 86 c , plus 44 fr. 99 c. l'intérêt de 4 p. 100) le nombre qui corres
d'intérêts; au total. . . .. .. 1169 85 pond à 25 ans. Ce nombre est. . 600
On poursuit ces évaluations successives, Je le multiplie par le produit
jusqu'à ce qu'on ait épuisé la série des 25 an de l'hectare qui est supposé de. 600 fr.
nées. On parvient alors à un résultat final de
2,665 fr. 84 c., dont il faut retrancher 1000 fr. Produit. . . 360,000
ur le capital primitif; ce qui donne 1665 f. Je retranche 3 chiffres sur la droite du
# pour la somme des intérêts accumu produit, et j'ai dans le reste, à gauche, 360 fr.
lés. La longueur d'un pareil calcul le rend pour la valeur demandée. Ce chiffre est, à 18
d'autant moins praticable, qu'il ne réalise centimes prés, le même que celui qui est ré
pas encore la solution cherchée : il ne fait sulté d'un calcul rigoureux. Une pareille a
# la préparer, en fournissant les élémens proximation est bien suffisante dans la prati
e la proportion suivante : † même la plus sévère. On voit que l'usage
Si, pour recueillir 1665 fr. 84 c. d'intérêts e nos tables abrége singulièrement le tra
en 25 années, il faut placer un capital de vail, en le réduisant à une multiplication de
1000 fr., quel autre capital faut-il placer pour 2 nombres l'un par l'autre. Le premier de ces
obtenir 600 fr. d'intérêts composés pendant nombres se puise dans la table, et le second
la même période ? En effecluant le calcul, on exprime le produit net d'un hectare de bois
trouve que le capital cherché est de 360 fr. d'un âge donné, depuis 10 jusqu'à 40 ans.
18 c., ainsi que nous le savions déjà. Le pro Il faut observer ici que la détermination
blème est donc résolu par les procédés ordi du produit net d'un hectare de bois n'est
naires de l'arithmétique. Des calculs d'un point une opération aussi simple qu'elle le
autre ordre épargneraient ce long circuit de paraît au premier abord ; le revenu net est ce
chiffres, en procurant sans effort et sans perte qui reste du produit brut, lorsqu'on a fait la
de temps la solution du problème ; mais ces reprise des déboursés relatifs à la garde du
calculs exigent l'emploi des tables de logarith bois, aux impôts et autres charges annuelles.
mes, que peu de personnes connaissent ou Or, ces déboursés consistent non seulement
§! nous ne pouvons donc proposer dans la somme des mises successives, mais
ce moyen, qui, quoique extrêmement simple, encore dans les intérêts progressifs de cha
ne serait pas à la portée de tous nos lecteurs. que mise, à partir du moment où elle a lieu,
Cette considéralion nous a suggéré la pen jusqu'à celui où l'exploitation du bois réalise
sée de chercher un mode de calcul qui se ré le revenu que le propriétaire attend depuis
duisit à une simple multiplication, opération . une cerlaine suite d'années.
familière à tout le monde. Nous sommes par Comme ces intérêts ont une importance
venus à ce but, en déterminant la valeur d'un # ne permet point de les négliger, et que
hectare dont le produit en taillis de chaque 'ailleurs on ne peut les évaluer que par des
âge, exprimé numériquement, serait coustam calculs longs et compliqués, nous avons ob
ment l'unité suivie de zéros, comme 1000, de vié à cette difficulté par trois tables qui font
manière que pour les diverses périodes d'a suite à celles des valeurs du sol.
ménagement, comprises entre les termes Une remarque ne doit pas nous échapper,
extrêmes 10 et 40 ans, nous avons établi une c'est que le calcul des intérêts composés, ap
série de valeurs fictives, formant le type de pliqué aux déboursés annuels, n'est nécessaire
toutes les valeurs réelles que l'on peut avoir que pour l'évaluation des bois non aména
besoin de connaît e, et que l'on trouvera gés. Quant aux forêts divisées en coupes or
avec toute la facilité possible par la multi dinaires, le revenu net se trouve exprimé par
plication de deux nombres, et le retranche la différence entre les déboursés simples et
ment de trois chiffres sur la droite du pro le produit brut de chaque coupe; c'est-a-dire
duit. Ces valeurs fictives composent les trois que, dans cette hypothèse, il suffit d'une sous
tables par lesquelles commence le paragra traction ordinaire pour déterminer le revenu
phe qui va suivre. Ces tables se rapportent net du bois. Observons encore que par cette
aux degrés 5, 4 et 3 p. 100 de l'échelle des in expression, revenu du bois, nous entendons
térêts. le produit des taillis pur ou des taillis sous
Nous n'entrerons dans aucune explication futate. La futaie elle-même n'est pas un re
sur la formation de ces tables : des détails venu proprement dit, c'est un capital dont
de pure théorie seraient déplacés dans un l'évaluation fera, dans notre travail, l'objet
ouvrage de la nature de celui-ci. On pourra d'une division particulière.
d'ailleurs les trouver dans le Manuel théori Ces développemens nous paraissent d'au
que et pratique de l'estimateur des foréts, d'où tant plus suffisans pour préparer à l'intelli
nous avons extrait toutes les tables que ren gence des tables qui vont suivre, que nous
ferme cet article, en les simplifiant par la consacrerons le 3 paragraphe à montrer en
suppression de 2 chiffres décimaux, ce qui détail la manière de s'en servir.
eMAP. 3°. EvALUATIoN DU soL DEs Bois 155
TABLE, N° IV, de progression des déboursés annuels avec les intéréts à 5 p. 100 à déduire du
produit brut d'un hectare, au bout de chaque période d'exploitabilité.
PÉRIODE Déboursés pour impôts, frais de garde, régie, etc.
de _→ --
l'exploitab lité. 5 fr. par an. | 5 fr. bar an. | 4 fr. par an. | 3 fr. par an. | 2 fr. par an. | 1 fr. par an.
Années
10 85 71 57 43 28 14
11 96 80 64 48 32 16
12 106 88 70 53 35 18
13 118 98 78 59 39 20
14 130 108 86 65 43 22
15 142 1 18 94 71 47 24
16 155 129 103 77 52 26
17 169 141 113 85 56 28
18 183 152 122 91 61 30
19 198 165 132 99 66 33
20 214 178 142 107 71 36
21 231 192 154 1 15 77 38
22 249 207 166 124 83 41
23 267 222 178 133 89 44
24 286 238 190 142 95 48
25 307 256 205 154 102 51
26 329 274 219 164 110 55
27 350 292 234 176 1 17 58
28 374 312 250 187 125 62
29 399 332 266 199 133 66
30 425 354 283 212 142 71
31 452 377 302 227 151 75
32 480 400 320 240 160 80
33 510 425 340 255 170 85
34 542 452 362 272 181 90
35 575 479 383 287 192 96
3b 610 508 406 305 203 102
37 646 538 431 323 215 108
38 685 571 457 342 228 114
39 725 604 483 363 242 121
40 767 639 51 1 384 256 128
156 AGRICULTURE FORESTIÉRE : DE L'ESTIMATION DES FORÊTS. LIV. V
TABLE, N° V, de progression des déboursés annuels avec les intéréts à 4 p. 100 à déduire dr
produit brut d'un hectare, au bout de chaque période d'exploitabilité.
• e
• Déboursés pour impôts, frais de garde, régie, etc.
- -
l'exploitabilité. - - - -6 fr. par an.T| 5 fr. par an. -par an.-|N-ºT"
| # fr. 3 fr. par an. | 2 fr. par an. | 1 fr. par an.
Aunées.
10 80 67 54 40 27 13
11 90 75 60 45 30 15
12 100 83 67 50 33 16
13 110 92 73 55 37 19
14 120 100 80 t 60 40 20
15 130 109 87 65 44 22
16 142 118 95 71 47 23
17 154 128 103 77 51 25
18 166 138 I11 83 55 27
19 178 148 119 89 59 29
20 192 160 128 96 64 32
21 206 171 137 103 68 34
22 220 183 147 110 73 36
23 236 195 157 118 78 39
24 250 208 167 125 83 •1
25 264 221 177 133 89 44
26 282 235 188 141 94 47
27 300 250 200 150 100 50
28 318 265 212 159 106 53
29 338 281 225 169 112 56
, 30 356 297 238 178 119 59
31 376 313 251 188 125 62
32 398 231 265 199 132 66
33 420 350 280 210 140 70
34 442 368 295 221 147 73
35 468 389 311 234 155 78
36 490 408 327 245 163 81
37 516 430 344 258 172 86
38 542 452 362 271 181 90
39 570 475 380 285 190 95
40 600 500 400 300 200 100
TABLE, N°VI, de progression des deboursés annuels avec les intéréts à 3 p. 100 à déduire
produit brut d'un hectare, au bout de chaque période d'exploitabilité.
PÉRIODE Déboursés pour impôts, frais de garde, régie, etc.
de
- - - - -"m-_ _--_-mm-m"^
l'exploitabilité. 6 fr. par an. | 5 fr. par an. | 4 fr. par an. | 3 fr. par an. | 2 fr. par an. | 1 fr. par an.
Années.
10 77 64 51 38 26 13
11 85 71 57 43 29 14
12 - 94 78 62 46 31 16
13 103 87 70 52 35 17
14 112 93 75 56 38 19
15 121 101 81 61 41 20
16 131 109 87 65 44 22
17 141 117 94 70 47 23
18 151 126 101 76 51 25
19 161 134 107 80 53 27
20 172 143 113 85 56 28
21 183 152 122 91 61 30
22 195 162 130 97 65 32
23 207 172 138 103 69 34
24 219 182 146 109 7 36
25 231 192 154 115 77 38
26 244 203 162 122 81 41
27 257 214 171 128 86 43
28 271 226 181 136 90 45
29 285 237 190 142 95 47
30 300 250 200 150 100 50
31 315 262 210 157 105 52
32 331 276 221 166 110 55
33 346 288 230 173 1 15 58
34 363> 302 242 181 121 60
35 380 317 254 191 127 63
36 397 331 265 199 132 66
37 4 15 346 277 208 139 69
38 433 361 289 217 145 72
39 452 377 302 226 151 75
40 472 393 315 236 157 7
CHAP. 8°. ÉVALUATION DU SOL DES BOIS. 157
Je prends dans la table n° I, vis-à-vis 30
S III. — Usage des tables précédentes. ans, le nombre . . . . . - 301
Je le multiplie par le revenu
Les tables n°* I, II et III présentent, dans brut qui est de . .. . . . . 820 fr.
une colonne, la série des périodes d'aména 6020
† à partir de 10 ans jusqu'à 40 ans, et,
ns une autre colonne, une série de facteurs 2408
1" exemple. Une coupe d'un hectare, dans taux de 4 p. 100), ce qui donne une
un aménagement à 20 ans, donne un produit déduction de. . . . . . . .. 150 »
brut de 700 fr. à chaque 20° année; ſes frais La valeur nette cherchée est
annuels sont de 4 fr., tant pour la garde du donc de . . . . . . . . . 364f. 58 c.
bois que pour l'impôt. On demande quelle
est la valeur de ce fonds, au taux de 5 p. 100. 4° exemple. Une coupe d'un hectare, dans
Je prends dans la table n° I, aménagement réglé à 22 ans, donne à
l1Il
vis-à-vis 20 ans, le nombre. . 605 chaque 22° année un produit de 540f.; les frais
Je le multiplie par le revenu annuels sont de 4 fr. 50 c. On demande quelle
brut qui est de . " . . . . . 700 fr. est la valeur du sol de cet hectare, au taux
de 3 p. 100. -
nous ne pourrons plus capitaliser les débour Nous avons assez multiplié les exemples
sés, puisqu'ils sont progressifs et non uni pour faire comprendre parfaitement la ma
formes, comme dans les problèmes que nous nière d'employer nos tables. La seule atten
venous de résoudre. Nous aurons alors re tion qu'elles réclament consiste à bien déter
cours aux tables n" IV, V et VI qui pré miner, avant toute recherche, le taux d'inté
cèdent. rét sur lequel on veut faire l'évaluation.
1" exemple. On veut connaître la valeur
foncière, au taux de # 100, d'un hectare de SEcTIoN II.-Evaluation de la superficie des
bois qui rapporte 972 f. à chaque révolution 47•
vaut aujourd'hui une propriété qui, dans 13Je prends dans la table de l'aménage
ans, vaudra 968 fr. 80 c., ou, pour nous ment à 22 ans, vis-à-vis la 9° année, le nom
servir d'une formule équivalente, nous deman bre. . - . . - . - 309
derons quelle somme il faut placer aujour Je le multiplie par le prix de
d'hui, à un intérêt de 4 p. 100, afin de consti l'hectare en maturité, ci. . . 560 f.
tuer dans 18 ans, avec les intérêts progressifs,
un capital de 968 fr. 80c. Une règle de fausse 18540
position nous apprendra, par une longue 1545
suite de calculs, que la somme cherchée est
de 581 fr. 84 c. L'hectare de bois de 9 ans, Produit. 173,040
tant fonds que superficie, vaut donc en ce Je retranche 3 chiffres à droite de ce pro
moment 581 fr. 84 c. En effet, l'acquéreur de duit, #
la somme de 173 fr. 04 c. pour le
ce fonds, en déboursant actuellement 581 fr. prix de l'hectare de 9 ans.
84 c., se trouvera avoir accumulé une valeur 2° Quelle est la valeur présente d'un hec
de 968 fr. 80 c. dans 13 ans; sa condition à tare de recru de 4 ans dans le même bois ?
160 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DE L'ESTIMATION DES FORÊTS. LIV, V,
Je prends dans la même table, vis-à-vis la f Les tables suivantes commencent par celle
4° année, le nombre., . .. . , ... . 124 de l'aménagement à 10 ans, et finissent par
Je le multiplie par le prix de l'hec celle de l'aménagement à 40 ans. Les âges
tare en maturité, ci. . . .. . . . 560 f. intermédiaires n'y figurent que de 2 ans en 2
ans; c'est-à-dire que nous en avons exclu les
7440 âges de 11 ans, 13 ans, 15 ans, etc. Notre motif
620 a été que peu d'aménagemens ou de systèmes
d'exploitations sont réglés en périodes im
Produit. . 69,440 † et que, dans cette hypothèse même,
'application de nos tables n'en
Je retranche 3 chiffres sur la droite du serait ni
moins utile, ni moins commode; le seul soin
roduit, et j'ai la somme de 69 fr.44 c. pour particulier
a valeur de l'hectare de 4 ans. à prendre dans cette circonstance,
Ces 2 résultats obtenus avec tant de faci consisterait à isoler la dernière coupe, pour
lité sont identiques avec ceux auxquels nous l'évaluer distinctement, et à considérer la
étions parvenus péniblement par la voie du pénultième coupe comme exploitable, afin d'en
calcul arithmétique. Ils nous paraissent suf faire le point de départ de l'estimation de
toutes les autres fractions de l'aménagement.
fire, quant à présent, pour indiquer la ma Dans
nière de se servir de nos tables. une º# composée de 25 coupes
Nous n'avons dressé, pour l'évaluation des annuelles, le recru de 24 ans peut étre
taillis, qu'une seule suite de tables calculées regardé comme mûr, tout aussi bien que
sur le taux de 4 p. 100 : d'autres tables à 5 et celui de la coupe suivante, et peut être éva
3 p. 100 eussent été tout-à-ſait inutiles; le lué tout aussi exactement d'après ses produits
taux de l'intérêt, ainsi que nous l'avons éta actuels : l'estimation par induction n'est in
bli dans le Manuel déjà cité, n'a presqu'au dispensable que pour les recrus encore éloi
cune influence sur l'évaluation des superfi gnés de l'époque de maturité.
cies, tandis que son action est au contraire En jetant les yeux sur ces tables, on voit
extrêmement marquée dans l'estimation des que la coupe en exploitation est la première
sols. Une autre considération non moins con• de chaque série; son âge et sa valeur actuelle
cluante, c'est que la progression de l'intérêt sont exprimés par zéro. Nous avons supposé
à 4 p. 100 est celle qui coïncide le plus exac partout le produit de cette coupe égal au
tement avec la progression matérielle des nombre 1000, counme nous l'avons fait dans
taillis. D'où nous tirons cette conséquence, les tables des valeurs du sol; et c'est ce qui
que le recru d'un bois doit étre estimé sur explique le retranchement de 3 chiffres dans
l'échelle de 4 p. 100, quel que soit d'ailleurs tous nos résultats.
le taux de l'évaluation du fonds.
|
- | -
l | 5,036
Total. º | 838
14 ºis | 14# | 713
# #
14 | #
614
16 85 1 733
Total.| 5,866 17 924 17 796
18 861
Total. | 6,672 19 929
Total. | 7,453
- tal. | 8,209
tHAP. 8°. EVALUATION DE LA SUPERFICIE DES BOIS. 161
–- 26 887 26 790
Total. | 10,331 27 942 27 840
Toul | toºT| # | #
Total. | 11,628
|
Age
du
C0I15 ! aIlS
pour
# ll
COI1S1º115
pour
# U1
COI1S la N15
pour
#
§
e
COnstans
pour
#U1
COInsl3 Il s
pour
| recru. 1 hectare. " | 1 hectare. *º | 1 lectare.| *ºº | 1 hectare.| Fºº | 1 fcctare.
A ns. A ns. Ans. A us. Ans
-
r• | ººº Total. | 12,832
35 949 | 35
36 | 857
903 | 35
36 | 775
817
-
37 950 | 37 860
- 4 38 905
Total. | 13,402 - 39 951
Total. | 13,950
Total.| 14,476
à 9 ans.
Les tables qui précèdent se rapportent Je le multiplie par 650
chacune à un aménagement donné, ou à un 17750
âge d'exploitation déterminé. Une colonne 2130
indique la succession des années du recru;
une colonne parallèle contient une suite de Produit . 230 750
facteurs constans, qui s'emploient de la même Je retranche 3 chiffres sur la droite de ce
manière que les , facteurs des tables pour produit, et j'ai 230 fr. 75 c. pour la valeur du
l'évaluation du sol. Chaque table représente recru de 9 ans.
ainsi l' universalité des aménagemens de la 2° exemple. Un hectare âgé de 1 an produit
période désignée entête de cette table, quelle
tous les 30 ans une coupe de la valeur de
ue puisse être la valeur particulière des
§ du sol. L'estimation des taillis, dansproun 840Jefr.prends
Combien vaut présentement le recru?
aménagement soumis à la révolution de 24 nombre . . dans le tableau de 30 ans le
. . . .. 18 correspondant
ans, par exemple, se déduira du tableau in à 1 an.
† aménagement ou exploitabilité à 24 Je le multiplie par 840
ans. Il en sera de même pour tous les amé
nagemens réglés au moins à 10 ans, et au 720
plus à 40 ans, à l'exception de ceux à pério 144
des impaires que nous avons laissés en dehors
de nos tables, mais qui peuvent y être rame Produit .. 15 120
nés facilement par le moyen indiqué pag.160. Séparant 3 chiffres à droite, je trouve 15 fr.
Avant de passer aux applications, nous 12 c. pour la valeur cherchée.
devons faire observer que l'évaluation des 3° exemple. Quatre hectares sont âgés, le
superficies doit se faire sur les produits ou re 1** de 10 ans, le 2° de 15 ans, le 3° de 16 ans,
venus bruts; sans aucune déduction pour les et le dernier de 25 ans; on sait que l'exploita
déboursés annuels, parce que ces déboursés tion de ces 4 fragmens, réglée à 30 ans, donne
n'affectent que l'appréciation du sol, comme par hectare, au bout de cette période, un
étant une charge inhérente au fonds même produit de 950 fr. Quelle est la valeur actuelle
de la propriété. de ces 4 hectares ?
La table de l'aménagement de 30 ans me
1° Evaluation des taillis en croissance. fournit les nombres suivans :
POur 10 ans. . . . , 214
1" exemple. Un hectare de taillis, âgé ac Pour 15 ans . . . 357
tuellement de 9 ans, vaudra 650 fr. à 20 ans, Pour 16 ans . . . 389
époque ordinaire de son exploitation.Com Pour 25 ans . . : 743
- -
bien vaut-il aujourd'hui ?
Je prends dans le tableau de 20 ans le 1703
CHAP. 8°. ÉVALUATION DE LA SUPERFICIE DES BOIS. 163
Je multiplie le total 1703 Je prends dans la table de 24 ans le nom
1'ar 950 revenu donné. re. . . - . . . . . . , . 385 col'
respondant à 12 ans.
85150 Lt le noaibre. . . . . . . . 345 cor
15327 respondant à 11 ans.
Produit. .. 1617 850
La différence de ces nombres est 40
La superficie de ces 4 hectares réunis vaut Que je multiplie par . . . . . 800
donc 1617 fr. 85 c.
Nous avons abrégé l'évaluation précédente Produit. . . 32 000
en multipliant le total des 4 facteurs constans
par le revenu donné, au lieu de faire 4 multi Séparant 3 chiffres sur la droite de ce pro
†
plications successives. L'uniformité du mul eUll | 16 . trouve 32 fr. pour le prix de la 12°
tiplicateur nous permettait d'opérer de cette
manière, mais il faudrait faire autant d'opé 2° exemple. Dans un aménagement réglé à
rations qu'il y a de coupes, si chacune avait 40 ans, l'hectare en maturité donne un pro
une valeur particulière à l'âge de maturité. duit de 1200 fr. : on demande quelle est la
Ce dernier cas se rencontre dans l'exemple valeur de la 1"° feuille ?
suivant : Je multiplie le nombre 11 qui exprime la
4° exemple. On possède 4 hectares de bois 1"° feuille de la table de
situés sur des sols de qualités différentes, 40 ans, par . . . . - 1200
mais exploitables au même terme de 24 ans.
2200
Le 1", âgé de 4 ans, rendra 800 f. à 24 ans. 11
Le 2°, âgé de 10ans, rendra 620 à id.
Le 3°, âgé de 17 ans, rendra 700 à id. Prôduit. 13 200
Le 4°, âgé de 22 ans, rendra 540 à id.
Je trouve que le prix de cette 1re feuille
On veut savoir combien vaut la superficie dans l'aménagement donné est de 13 fr. 20 c.
de ces quatre coupes.
La table de l'aménagement à 24 ans nous 3° exemple. On demande quelle est la va
offre les nombres suivans : leur de la 40e ou dernière feuille dans le
Vis-à-vis 4 ans 109 x 800 prod. 87 f. 20 c. même aménagement?
10 ans 307 » 620 » 190 34 Nous nous rappellerons que dans toutes
17 anS 606 » 700 » 424 20 nos tables, la valéur de la côupe en maturité
22 ans 876 » 540 » 473 04 est exprimée par le nombre 1000
_º
· Je prends dans la table de
Total 1174 78 40 ans le nombre . . . . 951 cOl'res
La valeur cherchée est 1174 fr.78 c. pondant à 39 ans.
- •--
5° exemple. Le propriétaire d'un bois de 20 La différence de ces nom
hectares, aménagé à 20 ans, voulant exploiter bres est . .. .. . . . . 49
la totalité de ses coupes, a besoin de con Que je multiplie par . . 1200
naître à l'avance le produit qu'il pourra en
tirer. Trouver ce produit d'après cette seule 9800
donnée, que chacune des 20 coupes se ven 49
drait 700 fr. l'hectare si elle était parvenue à
l'âge de maturité ? Produit. 58 800
Je prends au bas de la table de 20 ans le Je trouve que cette 40° feuille vaut 58 fr.
total des 20 coupes, ci . . . . 8209 80 C.
Je multiplie ce total par . . . . 700 En règle générale : pour calculer le prix
Produit d'une feuille, il faut prèndre dans la table de
5746 300
l'aménagement la différence entre la valeur
, Séparant 3 chiffres à droite, je trouve aus du taillis à l'âge indiqué, et la valeur qu'il
sitôt que la valeur totale de la superficie dont avait un an auparavant; on multiplie cette
il s'agit est de 5,746 fr. 30 c. différence par le prix de l'hectare de taillis en
maturité; et en séparant 3 chiffres à la droite
2°Evaluation de la feuille ou de l'accroissement du produit, on trouve à gauche le prix de la
annuel des taillis. feuille exprimée en francs, et à la suite le
complément de ce prix en fractions de francs.
Cette opération a ordinairement pour ob Appliquons cette règle à l'évaluation de l'in
jet de régler l'indemnité due au propriétaire demnité due par un adjudicataire en retard
d'un bois par l'adjudicataire d'une superficie dans son exploitation.
qui a prolongé son exploitation d'une ou 1°r exemple. L'adjudicataire d'une cou
plusieurs années au-delà du terme convenu; exploitable à 30 ans a retardé d'un an l'a
ce qui revient à déterminer le prix de la feuille battage du taillis. Il est évident qu'à la révo
ou de l'accroissement annuel, empêché par lution suivante le recru n'aura que 29 feuilles
la non-exploitation du taillis. Mais, avant de au lieu de 30 qu'il devrait avoir par le régle
poursuivre, voyons comment le prix graduel ment de la forêt. Il est donc dû au proprié
de toutes les feuilles d'un bois se déduit des taire une indemnité égale à la perte qu'il
tables précédentes. éprouvera, c'est-à-dire égale à la valeur de la
1" exemple. Un bois exploitable à 24 ans 30° feuille.
rapporte 800 fr. par hectare à l'époque de sa Si le retard est de 2 ans, la coupe n'aura
maturité. Quel est le prix de la 12e ſeuille ? que 28 feuilles au lieu de 30. L'indemnité doit
164 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DE L'ESTIMATION DES FORÉTS. LIV, Vf.
donc être égale à la somme des 29° et 30° Cependant l'art d'estimer les bois, envisagé
feuilles. sous le point de vue le plus général, embrasse
Supposons que le produit de l'hectare à les évaluations de détail, comme celles d'en
30 ans soit de 720 fr. Si l'adjudicataire est en semble. Il importe donc à tout appréciateur
retard d'une feuille, je prendrai la différence forestier de savoir quels sont les emplois qu'on
enlre. . . . . 1000 valeur fictive peut faire des différentes espèces de bois, et
de la coupe en ma- - quelle est la manière la plus avantageuse de
turité, et le nombre . 944 correspondant à les débiter. Plusieurs parties de cet ouvrage
29 ans dans la table. offrent sur ce sujet les indications les plus
précises. Dans le chapitre II consacré à la
Sette différence est . 56 description des arbres forestiers, on a signalé
Ie la multiplie par . 720 prix de l'hectare les usages économiques auxquels ces arbres
2n maturité. -
# Plaine fécon de, ter- Pleine fertile, Plaine médiocre, Bon terrain Terrain médioere |Terrain de montagne
C- rain propre à faire |terrain propre à faire terrain † la cûl. ºIl et sec, en coteau, pierreux
E | des prés de premiere de très bonnes ture ordinaire, coteau 6 - 0tl
, qualité. terres labourables. | fonds un peu froid. exposé au nord. diverses expositions. sablonneux:
# r•n nºter e•nº miºner Essences domi Essenees d Essences dominantes:|E dominantes:
Orme, Frêne et Chêne, Hètre et Charme, Tremble Hêtre, Charme Chêne, Cbarme, Chêne, Charme
Chêne. Tremble. et Aune. et Chêne. Alizier et Erable. | Alizier et Cornouillier
Ans. | Cordes. | Stères | Cordes. Stères. | Cordes. | Stères. | Cordes. | Stères. Cordes. | Stères. | Cordes. | Stères.
1o | 3ô 82 | 23 63 20 55 15 41 7 19 7 19
15 47 128 35 Q6 32 88 25 68 12 33 12 33
20 67 183 50 137 45 123 38 104 20 55 18 4Q
25 87 238 65 178 60 164 51 140 28 76 23 63
30 107 293 80 219 75 205 64 175 35 96 28 76
35 127 348 95 260 90 246 76 208 41 1 12 33 90
40 147 402 1 10 301 105 288 87 238 47 128 38 104
Nota. — Le produit de la vente des ramilles suffit pour couvrir les frais d'exploitation dans les
pays de plaine, et pour en payer un tiers environ, dans les localités montagneuses, où le bois est
ordinairement plus abondant qu'ailleurs ; un hectare peut donner de 1100 à 1400 fagots, après la
fabrication de la charbonnette.
morceaux dont se compose une corde, ou un La géométrie nous apprend que la solidité
stère de taillis de même âge et grosseur que d'un cylindre est égale au produit de sa base
celui qu'il est question d'estimer. Il n'y a pas par sa hauteur.Avant de présenter une appli
de bois dont la consistance soit uniforme sur cation de ce principe, nous ferons observer
tous les points; il faut donc, pour approcher que l'on a adopté assez généralement pour
le plus près possible de l'exactitude, faire le unité de mesurè, dans le cubage des arbres,
comptage d'un certain nombre a'ares ; le un solide équivalant à 3 pieds cubes, appelé
mieux serait d'en compter autant que la solive. Nous emploierons indifféremment la
coupe contient d'hectares. solive ou le pied cube, mais nous aurous soin
Non seulement il est nécessaire de multi de n'exprimer les fractions de l'une ou de
plier les ares d'essai, mais il importe encore l'autre de ces anciennes unités que par des
d'en bien choisir l'assiette. Après avoir exa chiffres décimaux, afin de faciliter les opéra
miné l'état du bois avec attention, on le di tions à faire sur ces nombres.
vise en parties d'une composition uniforme, Exemple. Un arbre en grume a 4 pieds de
on opère dans chacune de ces divisions en y" grosseur moyenne et 20 pieds de longueur.
renant un nombre d'ares d'essai égal au On demande quelle est sa solidité totale ?
ant que possible à celui des hectares ; le On sait que la circonférence est au diamè
terme moyen des résultats devient la base de tre, dans le rapport des nombres 1 à 3,1416.
l'estimation. Si la coupe renferme des vides, Ainsi, pour trouver le diamètre du cercle qui
il faut en évaluer l'étendue, et la soustraire a 4 pieds de pourtour, il faut poser cette
de la contenance totale, pour avoir l'étendue proportion :
réelle du bois à estinuer.
3,1416 est à 1, comme 4 pieds est au diamètre
Lorsqu'on n'a plus qu'à convertir en argent cherché.
les produits matériels d'un bois, si ces pl'o
En
duits sont en maturité ou se rapprochent de pour le exécutant l'opération indiquée, on a
cet état, on les estime d'après le prix courant diamètre, le nombre fractionnaire
actuel, et d'après une moyenne déduite des 1 pied 2732, et par conséquent pour le rayon,
années antécédentes, si l'exploitation est en 0 pied 6366.
core éloignée.Dans ce dernier cas, on ob deLa surface d'un cercle est égale au produit
la circonférence, par la moitié du rayon ;
serve la règle que nous avons donnée pour ce qui nous donne la multiplication suivante :
l'évaluation du sol, p. 152.
4 pieds .
2° Evaluation du produit des futaies. Par 0,3183 moitié du rayon.
De deux choses l'une, ou la futaie doit Produit 1,2732
fournir des pièces de charpente ou de sciage, Séparant4 décimales à droite de ce produit,
· ou elle doit être débitée en bois pour les on a pour la surface du cercle, ou la base du
† Dans le premier cas, on mesure la so
lidité, non de l'arbre dans son volume total,
cylindre, 1 pied carré 2732/10,000".
Maintenant nous
mais de la pièce seulen ent qui en sortira par multiplierons 1,2732
suite de l'écarrissage ; dans le second, on doit | par 20 pieds (hauteur de l'arbre).
naturellement mesurer la solidité complète
de l'arbre qui sera tout entier fabriqué en Produit : 25,4640 (cube de l'arbre).
cordes ou stères'; cependant cette dernière Ainsi l'arbre contient 25 pieds cubes, plus
méthode, qui paraît si rationnelle, est peu la fraction 464 1000 ou 8 solives 4881000.
pratiquée. Nous verrons par la suite qu'elle Cette manière d'opérer, sans exiger de
est d'un usage très-facile, et qu'il est réelle grandes connaissances, n'est rien moins
ment indispensable d'y recourir toutes les qu'usuelle. Elle entraînerait en effet une
fois qu'il s'agit de cuber des bois destinés à grande perte de temps, si on voulait l'appli
subir l'opération du moulage. quer à l'esiimation des forêts ; aussi on la
Le cubage des arbres a donc deux objets remplace généralement par des comptes-faits
distincts : afin de mettre de l'ordre dans les ou tarifs imprimés, qui dispensent de tout au
détails que comporte ce sujet, nous commen tre calcul qu'une addition. -
cerons par le mesurage des arbres ronds ou B. Cubage des arbres d'écarrissage. —
en grume, puis nous passerons au cubage Cette opération consiste à évaluer la solidité
des mêmes arbres cousidérés comme bois de la pièce écarrie que peut fournir un arbre
d'écarrissage. d'une grosseur donnée.
A. Cubage des arbres en grume. — On ap Une pièce écarrie se présente presque
pelle bois en grume l'arbre encore sur pied, toujours sous l'aspect d'un parallélipipède
ou l'arbre abattu, privé de sa souche, dé rectangle; cependant elle peut prendre pour
Pouillé de ses branches, et resté d'ailleurs un emploi spécial, une tout autre configura
dans la forme que lui a donnée la nature. Un tion, comme celle d'un solide à 6 ou 8 pans ;
arbre observé sous ce point de vue apparait nous ne nous occuperons pas de ces excep
comme un cône tronqué plus ou moins régu tions : nos calculs ne se rapporteront qu'à
lier; mais dans la pratique, on l'assimile à des arbres destinés à la charpente ou au
CHAP. 8°. ÉVALUATION DE LA SUPERFICIE DES BOIS. 167
sciage, c'est-à-dire à des arbres qui doivent prend pour centre vrai le milieu de l'inter.
recevoir la forme de prismes droits, à base valle de ces deux points.
rectangulaire. La figure étant convertie en un cercle par
Si la dénomination seule d'arbre écarri fait ( fig. 198), on tire par le centre 2 lignes F
annonce que la base de ce solide est ordinai G et D E qui se coupent à angles droits, et.
rement un rectangle, le calcul démontre par les extrémités de ces deux diamètres, on
d'ailleurs que les deux côtés de cette base mène les lignes D F, D G, E E, et E F, qui
doivent être égaux, pour que le parallélipi forment le carré cherché.Une semblable opé.
pède extrait de l'arbre soit le plus grand pos ration étant exécutée à l'autre bout de l'ar
sible. Il faut donc que le charpentier con bre, on complète le tracé de l'écarrissage
duise le travail de l'écarrissage, de manière par quatre traits de cordeau dans la longueur
à obtenir deux faces egales. Et l'erreur qu'il de la tige.
peut si aisément commettre, quand il n'a Il résulte de ce que nous avons dit, que
pour guide que la routine,a des effets assez im † apprécier au juste le volume et la va
portans pour fixer un instant notre attention. eur vénale d'un arbre en grume, destiné à la
Soit un arbre de 4 pieds de diamètre, sur charpente ou au sciage, on doit supposer qu'il
30 pieds de hauteur. - - sera écarri sur deux faces aussi égales que
Pour que la cubature de la pièce soit un | possible. Il nous reste actuellement à faire
maximum, l'ouvrier devra donner 34 pouces voir comment le calcul donne l'expression
au premier côté, le second aura nécessaire des côtés, et la solidité de la pièce produite
ment aussi 34 pouces, et la solidité de la pièce par l'écarrissage.
sera de 240 pieds cubes. - Si la surface de l'arbre présentait toujours
Mais qu'un ouvrier inhabile donne 39 pou une rondeur uniforme, et si cet arbre n'é
ces à l'une des faces de la poutre, l'autre tait pas revêtu d'une écorce qu'il faut néces
n'aura que 28 pouces, et la solidité de la pièce sairement déduire de sa grosseur, on n'aurait
se trouvera réduite à 227 pieds cubes. qu'à chercher le côté du carré inscrit dans un
Si au contraire l'ouvrier n'enlève pas assez cercle égal à la circonférence totale de l'ar
de bois, d'un côté, et qu'il en résulte une face bre : problème dont nous avons donné la so
de 23 pouces seulement, l'autre face aura 42 lution. Mais l'arbre se montre rarement sous
uces, et la solidité de la pièce sera réduite une forme régulière ; sa surface offre, pour
à 203 pieds cubes; ce qui fera une perte de l'ordinaire, des enfoncemens ou défournis,
37 pieds cubes sur la totalité qu'aurait donnée des irrégularités, en un mot, qui nécessitent
un écarrissage exécuté d'après les règles de une réduction sur la mesure de la circonfé
l'art. I'enCe.
Il ne sera donc pas inutile de placer ici la Le mode le plus commun et le plus exact
description d'un procédé propre à diriger le pour opérer cette réduction, consiste à re
charpentier dans l'opération de l'écarrissa trancher le 5° de la circonférence, et à pren
ge. L'arbre peut être exactement rond, ou il dre le quart du reste. Ce quart exprime le
peut être mi-plat, c'est-à-dire plus épais dans côté du carré inscrit, c'est-à-dire l'une des
un sens que dans l'autre; mais la différence faces de la pièce.
des deux diamètres n'est jamais assez grande Le cubage au 5° de réduction est le plus
pour qu'il soit nécessaire de faire une dis usité, mais il en est d'autres qui sont assez
tinction entre ces deux classes d'arbres. Le suivis. Dans certaines localités, on prend pour
roblème, dans tous les cas, n'a d'autre ob le côté du carré le quart de la circonférence
jet que d'inscrire un carré dans un cercle de l'arbre sans déduction; dans d'autres pays,
plus ou moins parfait. on déduit un 6° de la circonférence, et on
Exemple.— La base d'un arbre en grume prend le quart du reste ; ailleurs, enfin, on
affecte une forme irrégulière, représentée déduit seulement un 12° pour prendre le
par la fig. 197. Il faut, avant tout, réduire quart du reste.
Fig. 198. Fig. 197. Nous comparerons entre elles ces différentes
évaluations, en les appliquant à un arbre ou
un cylindre dont la circonférence serait de
10 pieds, et la hauteur de 30 pieds. Nous
n'aurons besoin d'abord que de calculer la
surface de la base dans chaque système de
cubage, pour trouver la proportion des soli
dités qui, à hauteurs égales, sont entre elles
comme les bases. Pieds
La surface d'un cercle de 10 pieds carrés.
de tour est exprimée par le nombre 7,9577
La base de la pièce, au quart, sans
déduction, est exprimée par. .. . , : 6,2500
cette figure à un cercle. La base de la pièce, au 12° de dé
On prend sur le pourtour de l'arbre trois duction, est exprimée par . . . . 5,2517
oints quelconques, A, B, C, en ayant soin de La base de la pièce, au 6° de déduc
aisser en dehors les irrégularités les plus tion, est exprimée par. .. . .. . . 4,3403
saillantes : on élève, sur le milieu de ces li Enfin , la base au 5° de déduction
gnes, deux perpendiculaires dont la rencon est exprimée par. . . . . . . 4,0000
tre en O détermine le centre du cercle. On Maintenant, si nous voulons connaître la
peut répéter cette opération en prenant trois solidité de l'arbre, d'après chacun de ces ta
autres points sur la circonférence; et si les rifs, nous multiplierons les chiffres précé
deux centres ne coïncident pas tout-à-fait, on | dens par 30 pieds, hauteur de l'arbre, et nous
168 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DE L'ESTIMATION DES FORÊTS. LIv. v.
Le pied cube au 5° est au pied cube au 6° ou au moins douteuses. Frappé de cet incon
comme 130,21 est à 120,00. vénient, nous avons cherché à déduire la gros
En effectuant les diverses proportions, on seur moyenne d'une mesure réelle, prise à une
trouve la suite croissante ci-après : hauteur facilement accessible, comme 4 pieds
Valeur du pied cube de l'arbre fr. c. à partir du sol.
en grume. . . . . . . . . 5 02 Des observations multipliées nous ayant
— Du pied cube, au quart sans appris qu'il existe un rapport constant, ou à
déduction. . . . . . . . . . 6 40 très-peu près constant, entre la circonférence
— Du pied cube, au 12° de dé d'un arbre, mesurée au milieu de sa hauteur,
duction. . . 7 62 et sa circonférence mesurée à 4 pieds du sol,
—Du pied cube, au 6° de déduction 9 21 nous avons calculé, sur ce rapport, une table
—Du pied cube, au 5°de déduction 10 00 de cubage au 5° de déduction : cette table, in
De même que nous avons vu décroître les sérée dans notre Manuel de l'estimateur des
solidités, nous voyons ici les valeurs du pied foréts (1), a l'avantage de substituer à une es
cube augmenter dans une progression abso timation visuelle, et par conséquent peu sûre,
lument contraire ; si le pied cube de bois en un mesurage effectif et certain.Le rapport
rume vaut 5 fr. 02 c., le même volume en sur lequel repose l'économie de ce tarif, est
ois écarri à vive-arête vaudra 10 fr., c'est-à à peu près 9/10°. Ce chiffre offre un moyen
dire le double du premier prix. bien simple pour déterminer la circonférence
Les divers modes de cubage sont donc indif moyenne et le côté d'écarrissage d'un arbre
ferens malgré la grande inégalité de leurs ré sur pied, dont on a mesuré la grosseur à 4
sultats, puisque la valeur vénale de l'unité de pieds du sol ; on sait, par exemple, que le
mesure varie comme ces résultats. Toutefois pourtour d'un arbre, à 4 pieds de terre, est de
le cubage au 5° parait devoir être préféré par 90 pouces; on trouve aussitôt que la grosseur,
deux considérations : la première, c'est qu'il au milieu de la tige, est de 90 moins 9, ou 81
exprime un état réel de l'arbre, l'écarris ouces. Et, prenant le 5° de ce dernier nom
sage complet sur 4 faces, et la seconde, c'est re, on a 16 pouces pour le côté de la pièce
que la solidité qui en dérive forme, à une très de charpente. Toutefois, nous n'insérerons
p† fraction près, la moitié de celle de l'ar ici, ni la table de cubage qui nous est pro
re en grume, en sorte que, l'une étant con pre, ni aucune autre, parce que nous devons
nue, l'autre l'est également. admettre également les différentes méthodes
Ainsi une table calculée au 5° de déduc en usage pour parvenir à la détermination
tion donnerait d'abord le cubage de la pièce des solidités ; d'un autre côté il existe partout
écarrie, et par suite le cubage de l'arbre en des tables de ce genre. Loin d'en exclure au
grume, au moyen de la duplication du chº/fre cune, nous donnerons un moyen pour appré
puisé dans la table. cier les rapports qui les lient les unes aux
La pratique de la cubature des arbres sur autreS.
Tableau d'une corde de 128 pieds cubes, en bois de chauffage, composée de bûches droites et de bûches
courbes.
composant la corde. en en 0n en .
pieds cubes. solives. pieds cubes. sOlives.
$II.—Table servant à réduire en rente annuelle le produit des bois non aménagés (le taux de l'in
térêt étant de 4 p. 0/0 ).
< #
#a 5 ta
3
- t:
#
" . fº
#
" !
3 # FACTEURS 3 # FACTEURS # # FACTEURS 3 S FACTEURS
16
17
4582
4220
24
25
2559
2401
32
33
1595
1510
40 l 1052
ter dans un ordre inverse. Le revenu des bois En procédant à l'estimation des taillis, il fau
est comparativement beaucoup plus considérable dra (ainsi que dans l'évaluation du fonds)avoir
que celui des terres, dans les pays des montagnes, égardaux parties qui se trouvent plus ou moins
où de belles forêts s'élèvent au milieu des plus garnies; et d'après l'examen qu'on aura fait,
maigres productions de la culture. on appréciera le produit que peut donner cha
Ainsi que nous l'avons dit au début de cette que fragment d'une nature particulière; ce
section, c'est spécialement sous le rapport de point déterminé, on réglera la valeur en argent
la fixation de l'impôt foncier qu'il importe de des taillis sur le prix courant de la corde, ou
savoir bien discerner le revenu vrai des bois du stère du bois de chauffage, du bois à char
non-aménagés de leur revenu apparent,-qui pré bon et du bois d'œuvre; le tout supposé pris
sente toujours une exagération considérable. en forêt.
Dans le 1°r des exemples qui précèdent, le Nous résumerons ces instructions, en di
revenu vrai, et par conséquent imposable, n'est sant que, pour parvenir à trouver la valeur es
que de 26 fr. 86 c., tandis que le revenu appa timative d'une forêt, il faut recueillir les no
rent est de 40 fr. Dans le 2e exemple, le reve tions suivantes.
nu imposable n'est que de 671 fr. 60 c. au lieu Pour les taillis, 1° la durée qui s'écoule d'une
de 1,000 fr. Enfin, dans le 3e exemple, le re exploitation à l'autre, ou la révolution de l'a
aenu imposable n'est que de 21 fr. 60 c. au lieu ménagement; 2° l'âge présent de ces taillis;
de 36 fr. 3° la contenance de chaque coupe; 4° le pro
duit en nature et en argent d'un hectare de
SECTIoN IV. —Applications générales. chaque coupe, ou fraction de coupe arrivée en
maturité.
$ I°r.— Evaluation pratique des forêts, en fonds et Pour le fonds, le taux commun des place
taillis.
mens en immeubles, ou le rapport général du
Nous avons montré dans notre 1" section revenu net des propriétés foncières à leur prix
comment on doit estimer le sol du bois; dans capital. - -
la seconde nous avons donné des règles pour Pour les futaies, la grosseur et la hauteur
l'évaluation des superficies; après avoir traité des arbres autres que les baliveaux; ces der
séparément ces deux parties de notre sujet, niers n'étant pas susceptibles de cubage, etde
nous les réunirons dans un cadre commun, vant être estimés, ainsi que nous le verrons,
sous la forme d'exemples qui embrasseront d'après des principes différens de ceux sur les
les cas d'estimation les plus simples, comme quels se fonde l'estimation des futaies.
les plus composés. -
Lorsqu'on aura rassemblé toutes les don
Le cas le plus simple est celui d'un aména nées relatives à l'évaluation des taillis et du
gement annuel, où toutes les coupes offrent une sol, on en fera l'usage suivant.
parfaite conformité de contenance, de valeur, 1er Exemple. Un bois d'une étendue de 140
une gradation d'âge régulière, et une com hectares est divisé en 40 coupes annuelles,
plète similitude dans les produits. . contenant chacune 3 hectares 50 ares. Le pro
Le cas le plus compliqué est celui d'un amé duit du taillis en maturité est uniformément
nagement, ou d'un ensemble de coupes qui diffè de 700 fr. l'hectare. On demande combien
rent entre elles sous les rapports d'âge, d'éten vaut cette propriété, en superficie d'une part,
due, de qualité du sol, et de valeur superfi et en fonds d'autre part.
cielle. Je prends, dans la table de l'aménagement à
Enfin une 3e catégorie se compose des bois 40 ans (p. 161), la somme des 40 facteurs-con
où l'on n'aperçoit aucune trace d'aménagement, stans, somme qui s'élève à............ 14476
c'est-à-dire des bois soumis à une exploitation Je multiplie ce total par le prix
intégrale. de l'hectare en maturité, ci........ 700
Et comme tous les modes possibles d'exploi
tation se rangent nécessairement dans ces 3 Produit...... 10,133,200,
classes, ense rapprochant plus ou moins de l'un Retranchant 3 chiffres à droite de ce pro
ou de l'autre des types que nous venons d'induit, j'ai la somme de 10,133 fr. 20 c. pour la
diquer, nous pourrons nous borner à un seul valeur superficielle des 40 coupes à estimer,
exemple d'estimation pour chacune des trois mais supposées d'un hectare chacune.
rincipales dispositions que peuvent affecter Il me reste donc à multiplier cette somme
es coupes. 10,133 fr. 20 c.
Nous indiquerons d'abord la marche qu'il par l'étendue de la coupe an
· convient de suivre dans ces sortes d'opéra nuelle 8 h. 50 ar.
tions, pour en ordonner les détails d'une ma
nière lucide, et propre à assurer l'exactitude Produit..... 35,466 fr. 20 c.
des bases de l'évaluation.
Muni du plan de la forêt, l'estimateur la vi Je procède ensuite à l'estimation du fonds
site avec soin, et prend toutes les notes néces d'après la marche suivante.
Je prends dans la table des valeurs du sol
saires pour former la statistique de la propriété;
il se procure des renseignemens sur la valeur àfacteur
4 p. cent (page 155), en regard de 40 ans, le
constant 263
vénale des bois de forge, de chauffage et d'œu
VTe, Je le multiplie par.................. 700 fr.
CHAP. 8°. APPLICATIONS GÉNÉRALES. 175
Je trouve que le prix d'un hec détail; cette différence, presque insensible en
tare du sol est de...................... 184,100 fr. raison de l'élévation des , chiffres comparés,
Multipliant ce prix par....... 140 h. •-- a - •
est due à la suppression de 2 décimales dans
La valeur totale du sol est de 25,774f. 00c. nos facteurs-constans; suppression dont le but
Supposons maintenant que les a été de simplifier les calculs, ainsi que nous
chargés soient de 200 fr. pour l'avons dit (page 154.)
frais de garde, et de 400 fr. pour Nous ferons remarquerque nous avons pris
impôts; au total 600 fr., repré pour multiplicande ou facteur-constant, la
sentant (à 4 p. cent)un capital de somme du tableau de 40 ans, afin de réduireà
15,000 fr., à déduire de la valeur une seule opération les 40multiplications que
brute du fonds, ci...... 15,000 00
- e - --- • • - - - nous aurions eues à exécuter, en calculant la
valeur des taillis, coupe par coupe, travail que
Valeur nette du sol........ 10,774f. 00c. l'uniformité des produits rendait entièrement
Récapitulation. inutile. Mais si les produits des coupes n'é
taient point égaux entre eux, ou si ces cou
La valeur des taillis s'élève à 35,466 f.20 c. pes différaient en contenance, ou enfin s'il s'a
Et celle du fonds à.............. 10,774f. 00c. gissait d'un aménagement biennal, ou trien
nal, ou d'une exploitation irrégulière en une
Total général...... 46,240f. 20c. ou plusieurs coupes, la seule règle à observer
Ainsi la valeur totale et nette de ce bois, en en général, c'est de prendre dans le tableau
fonds et en taillis, est de 46,240 fr. 20 c. de la période d'exploitation donnée, le facteur
Ce résultat final peut se contrôleraisément; correspondant à l'âge de chaque coupe, et de
nous savons que le produit annuel de la coupe multiplier ce facteur par leproduit particulier
est de 1850 fr., déduction faite de 600 fr. de de la même coupe. Nous allons mettre cette
charges. Or, ce revenu représente, à 4 # règle en pratique dans l'exemple suivant, que
cent, un capital de 46,250 fr., plus élevé de pour plus de clarté nous mettrons sous la
9 fr. 80 c. que celui qui résulte des calculs de forme de tableau.
2°Exemple.— Tableau présentant l'évaluation (au taux de 4 p.0l0) d'un bois contenant 51 hec
tares 67 ares et divisé en 15 coupes irrégulières, toutes exploitables à l'âge de 20 ans.
taillis chaque coupe | tableau de Ou valeur d'un des superficie chaque coupe
de chaque supposé l'aménagement |hectare du recru de supposée
cOupe. 61l à de chaque coupes, parvenue à sa
maturité. 20 ans. cOupe. chaque coupe. maturité.
de l'exploitation du -*
De ce tableau, (1) dont les données relatives les réserves en futaies. Un propriétaire, en
à l'accroissement de valeur des arbres sont, laissant vieillir des arbres dans ses bois, croit
sinon rigoureusement exactes, au moins très faire un sacrifice en faveur de la société; il ne
approximatives, il résulte que, dans un bon fait que bien † ses intérêts, si pour
terrain, il y a bénéfice à élever de la futaie jus tant il ne multiplie pas ses réserves au point
qu'à 100 ans, parce qu'un arbre vaudra 30 fr.3 de nuire à la croissance du taillis. -
(1) On voit, par ce tableau, qu'un arbre qui aurait Représentons-nous les résultats probables
été conservé pendant 25o ans, et qui n'aurait valu d'un partage opéré sur le cumul ou la confu
originairement que 50 centimes, coûterait au proprié sion des deux valeurs ; certains lots se trouve
taire la somme énorme de 99,150 fr. en comptant ront assis sur des parties de forêts riches en
l'intérêt à 5 p. o/o. superficie, et d'autres sur des parties dépouil
CHAP. 8°. APPLICATIONS GÉNÉRALES. 179
lées de leurs produits. Les premiers, rece La chose se passerait à peu près de cette
vant un excédant de superficie, prendront manière : on attribuerait à la commune usagère
nécessairement une part moindre dans le la portion de forêt garnie des taillis les plus
fonds. Cette compensation, entre une valeur forts, et peuplée de la plus belle et de la plus
foncière et une valeur de même nature que nombreuse futaie; on lui donnerait ainsi une
l'argent,constituera une vente sous l'apparence grande valeur mobilière ou pécuniaire, et par
d'un partage; vente qui, pour être valable, suite une faible part dans le sol. Cependant,
exigera l'assentiment formel des intéressés, la commune , ou n'apercevant pas les consé
et par conséquent une pleine capacité de dis uences de cette déviation des règles, ou sé
poser. D'où nous concluons que partager dis uite par l'appât d'une jouissance prochaine,
tinctement le sol et la superficie des bois, c'est donnera sa sanction à une opération désas
se conformer à une règle impérative, de la treuse pour son avenir.
quelle il n'est permis de dévier que dans des
circonstances toutes particulières. 3° De l'échange.
2° Du cantonnement.
Un échange de propriétés boisées peut
L'exécution d'un cantonnement se divise en avoir lieu entre l'état d'une part, et de l'au
deux parties; la première consiste à détermi tre une commune; entre l'état et un particu
ner la somme fixe en argent, représentative lier, entre deux communes, entre une com
des droits d'usage, tant en bois de chauffage mune et un particulier, ou enfin entre deux
u'en bois de construction ; et la seconde à particuliers.
ésigner la situation et l'étendue de la por Dans toutes ces combinaisons, moins la
tion de bois à abandonner pour le cantonne dernière, l'échange doit être précédé d'une
Iment. estimation qui est soumise à des formes légales
Lorsque l'évaluation des droits d'usage est et qui réclame la distinction entre le sol et la
réduite en argent, l'assiette du cantonnement superficie, parce que le contrat implique des
réclame, de la part des experts chargés de ce intérêts dont on n'a pas l'entière disposition ;
travail, une attention consciencieuse et des la séparation des deux natures de biens est
connaissances qui soientau niveau de ces sortes commandée par la nécessité d'éviter l'échange
d'opérations. La loi n'accordeaux propriétaires d'une partie du sol contre une valeur mobi
la faculté d'affranchir leurs fonds de l'usage en lière, laquelle valeur serait le prix de vente d'un
bois, que sous la condition de remplacer l'u fonds que dans l'hypothèse donnée, on n'au
sage par la propriété pleine et entière d'une rait pas le droit d'aliéner.
fraction du sol. Des experts qui ne compren Il est clair que dans le cas d'échange entre
draient pas leur mission pourraient éluder, articuliers jouissant de tous leurs droits,
en partie du moins, l'intention du législateur, § des forêts n'a point de forme
en substituant, d'uno manière indirecte, le obligée.
rachat au cantonnement. NoIROT BONNET.
SECTIoN Ir°.— De l'étendue, de la situation et de bien faire élever l'étendue actuelle des étangs
l'importance des étangs en France. à 23,000 hectares.
On conçoit la cause des erreurs de la com
Les étangs occupent une assez grande éten mission, qui prit pour base de la superficie
due de sol en France; la Commission d'Agri indiquée les déclarations des pays d'étangs.
culture et des Arts, dans son rapport général Les propriétaires qu'on consultait, et qui se
sur les étangs, publié en l'an IV, en comptait voyaient menacés † forcés à leur dessé
lus de 14,000 sur une étendue de 100,000 chement, crurent de leur intérêt, pour les
ectares. Cette commission avait établi ces conserver, d'en diminuer l'étendue, afin que
résultats, soit sur des renseignemens pris sur dans ce temps, où l'on voulait tout semer, tout
les lieux par des commissaires spéciaux en mettre en grains ou pommes de terre, on
voyés dans les † pays d'étangs, soit jugeât moins important de rendre à la cul
sur les cartes de Cassini, où la plupart des ture une moindre surface. La dissimulation
étangs se trouvent figurés. Ce mode de pro ne fut pas sans doute partout la même, mais
céder l'ayant mise à même de donner un en résultat général elle semble bien avoir été
chiffre assez précis sur le nombre des étangs, au moins de moitié comme dans le †
nous admettrons ce nombre, en supposant ment de l'Ain ; aussi les résultats du cadastre
que les étangs nouveaux ou omis compensent ont donné au comte Chaptal, en 1817, 639,000
à peu près les étangs desséchés. Mais elle arpents, ou 213,000 hectares, pour la surface
p† avoir commis de grandes erreurs sur totale des étangs et des lacs en France. On
'étendue. Ainsi , dans le département de pourrait croire que le résultat définitif sera
l'Ain, elle porte à moins de 9,000 hectares plus considérable, parce que les parties non
l'étendue des étangs, tandis que les résultats cadastrées renferment encore des dissimu
recueillis par la statistique en 1806 font lations de contenu qui ne sont pas relevées ;
monter cette surface à 20,000. Depuis ce toutefois, coII.n e dans ces 213.000 hectares.
se trouvent compris probableILe Lt les lacs et
temps, les résultats du cadastre et l'accrois
sement des étangs en nombre et en étendue les étangs salés qui Le con, Inuniquent pas
dans une grande partie de la Dombes peuvent directement avec la mer et que ces étangs
180 ° AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ETANGS. LIV. V,
sont assez étendus, surtout sur les côtes de mencer et continuer la culture, eussent exigé
la Méditerranée, nous prendrons 200,000 hec au moins 20,000 francs par domaineou 100 mil
tares, ou 600,000 arpens, comme la superficie lions pour le tout. Bien plus, il aurait fallu im
probable des étangs placés dans l'intérieur proviser une population de 50 mille ames,
des terres et susceptibles d'être pêchés et qu'il eût été nécessaire de décider à entre
par conséquent vidés. prendre l'exploitation des terres humides,
Parmi les pays d'étangs on remarque particu froides, d'une culture difficile, dépourvues
lièrement en premier ordre la Sologne, grand de prairies, dans des pays malsains où la po
plateau entre la Loire et le Cher, qui fait partie † manque , où la main-d'œuvre est
de deux départements, la Loire et Loir-et ors de prix, où les domaines qui existent
Cher, et se prolonge même encore dans le restent quelquefois sans cultivateurs. Et ces
Cher. La Sologne est le pays d'étangs dont on 100 millions, qui les eût fournis ? l'Etat ou les
a le plus parlé parce qu'il est le plus près de propriétaires ? L'État ne l'eût pas voulu; les
Paris; sur 200 lieues carrées, il renferme 1370 propriétaires, qu'on privait du plus clair de
étangs dont le rapport des commissions ne eurs revenus, ne l'eussent pas pu. Et la po
orte le contenu qu'à 18,000 arpents. Après pulation, où l'eût-on prise ? Elle ne pouvait
a Sologne vient la Dombes et une partie de la se trouver dans le pays même où elle manque
Bresse, département de l'Ain; le pays inondé pour la culture; il eût fallu la recruter dans
ou qui renferme les étangs y couvre de 70 à es pays voisins, dont on n'eût pu entraîner
80 lieues carrées; 1e nombre des étangs est que la lie en la payant outre mesure. La mise
porté dans le rapport à 1667. Après la Bresse en culture était donc impossible; mais le
on cite la Brenne, département de l'Indre, où, desséchement sans culture eût été au pays
sur une étendue de 20 communes seulement, presque tout son produit net, avec les moyens
95 étangs couvrent 7,000 hectares. Les étangs les plus puissans de faire valoir le sol cul
du Forez, département de la Loire , sont tivé, sans même rendre par-là au pays sa sa
† sur un plateau assez élevé dans le lubrité. Aussi la loi qui supprimait les étangs
assin de la Loire; ils couvrent plus de la ne fut point exécutée et n'était point exécu
moitié de l'étendue de ceux de la Brenne. table, et ce sera toujours le sort des mesures
Dans le Jura, dont le plateau argilo-siliceux exagérées. Cette question depuis est restée
n'est que la continuation du plateau de Dom dans le domaine des spéculations particu
bes et Bresse, qui en se prolongeant va tou lières qui ont fait ou défait les étangs sui
jours en baissant de niveau, ils ne sont ni vant leur caprice ou leur intérêt bien ou mal
très nombreux ni très étendus, mais leur entendu.
assolement y paraît assez bien entendu. Ces
différens étangs, qui sont les plus connus, sont SECTIoN II. — But et utilité des étangs.
cependant à peine un tiers en nombre de
ceux qui existent en France. Parmi les dépar La culture en étangs offre un moyen de
temens qui en contiennent le plus après ceux tirer parti du sol sans le travail ou avec peu
que nous venons de nommer, on remarque de travail et sans engrais; les étangs ont donc
Saône-et-Loire, la Loire-Inférieure, Maine-et dû naturellement s'établir dans les pays de
Loire et la Marne. population rare et où la main-d'œuvre était
Si nous voulons maintenant arriver à déter chère.
miner l'étendue des pays d'étangs en France, Outre le produit en poissons, qui est très
question qui n'est pas sans importance, nous avantageux près des villes, les étangs, là
remarquerons que les 24,000 hectares d'étangs même où l'on en tire le moins bon parti,
de l'Ain, sur 80 lieues carrées et 52 com fournissent beaucoup de nourriture pour les
munes, y occupent un 6° de l'espace total. bestiaux, donnent un fourrage abondant quoi
Si nous admettons qu'en Sologne les indi † de mauvaise qualité, et un parcours
cations de la commission aient été, comme tendu et productif qui, une partie de l'année
dans notre pays, de plus de moitié trop faibles, et surtout pendant la sécheresse, peut en
l'étendue inondée sera dans ce pays de 15,000 tretenir un assez grand nombre d'animaux
hectares ou du moins d'un vingtième de la de rente et de travail. Dans les pays où
surface totale. Adoptant cette moyenne du leur culture est le mieux entendue, on les
20 comme la proportion générale de la sur alterne en eau et en labourage ; pendant
face des étangs au reste du sol dans les pays qu'ils sont en eau ils donnent d'abondans pâ
d'étangs, les 200,000 hectares d'étangs appar turages, et quand ils sont en assec, avec peu de
tiendront à une étendue de 4,000,000 d'hecta travail et sans engrais, ils produisent des grains
res de pays d'étangs ou à un 12° de la France. et des pailles en abondance. Ces pailles de
Les étangs y sont donc une grande question viennent des moyens de nourriture et d'en
agricole, † fut dans le temps légèrement grais pour la culture du pays; les étangs y sont
tranchée lorsqu'on ordonna leur † donc devenus des besoins de l'agriculture.
ment sans exception et sans intermédiaire. Il est des pays où les étangs sont d'une
Le défrichement de ces 200,000 hectares utilité publique; ainsi le Canal du Midi et plu
aurait demandé la construction de 5000 do sieurs autres canaux impQrtans en France
maines de 40 hectares chacun; cette cons sont alimentés par des étangs qui reçoivent
truction, le cheptel d'animaux de travail et les eaux des pluies ; ils sont donc là une né
de rente nécessaires pour le travail et le pro cessité première pour la navigation. Dans
duit, les instrumens et tout le mobilier † autres pays ils servent au flottage
agricole, les semences à fournir à ce sol, le es bois pour l'approvisionnement de Paris,
capital nécessaire soit pour faire les pre dans l'Yonne par exemple. Leur nombre, de
mières avances de desséchement, d'assainis puis30 ans, s'est beaucoup accru, depuis qu'on
sement et de défrichement, soit pour com a imaginé de les employer à verser leurs
CHAP. 9°. DE L'ÉTABLISSEMENT DES ÉTANGS. 181
eaux dans les bassins des petites rivières qui frais de culture et de main-d'œuvre dans un
deviennent ainsi flottables par lcur secours, pays où la population est rare et ne s'entre
et qui portent dans les bassins des plus tient qu'avec les émigrations des pays voisins.
randes rivières des bois auparavant sans dé
§. Par ce moyen des pays étendus et onPeut-être dans l'intérêt général ne devrait
pas accorder sans quelques restrictions la
couverts de bois se sont enrichis depuis 40 faculté d'établir de nouveaux étangs; on de
ans. La Puisaye, plateau assez élevé qui sé vrait assujétir les nouveaux étangs qu'on
pare l'Yonne de l'Allier, a vu égalemeht, au voudrait construire aux mêmes formalités
moyen de ses étangs de flottaison, quadrupler que les établissemens insalubres ; mais les
le produit de ses bois, pcndant que la Marne anciens étangs seraient regardés comme droits
accroissait la valeur de ses terres dans la acquis. Toutefois on donnerait la faculté aux
même proportion. communes auxquelles ils nuiraient évidem
Dans d'autres pays les étangs servent à ment, ou aux particuliers de l'habitation des
l'irrigation des prairies; ils recueillent les † ils seraient trop voisins, de forcer à les
eaux des pluies et de quelques sources, et essécher , sauf indemnité pour la valeur
lorsqu'elles sont accumulées en assez grande perdue.
abondance ces eaux fécondent de grandes sur
faces qui, sans cela, offriraient peu de res SECTIoN III. — Des conditions nécessaires pour
sources. On n'évacue pas toutefois la totalité l'établissement des étangs dans un pays.
- des eaux lorsque les étangs renferment du
poisson. Cette sorte d'étangs, quoique assez S Ier. — De la pente du sol.
nombreuse en France, est cependant beau
coup mieux entendue dans l'agriculture pié Une des premières conditions nécessaires
montaise, et nous reviendrons plus tard sur à l'établissement d'un étang, c'est que le sol
ce sujet. ait une pente très sensible La quantité d'eau
Les étangs sont donc d'une grande impor † peut recevoir un † s'évalue par la
tance agricole. Sans doute dans les pays sains, ifférence du niveau entre le point où l'eau
- féconds et populeux, la suppression des s'introduit et celui où on la contient par
étangs peut avoir de l'avantage; ils occupent une chaussée; or, pour qu'un étang soit pro
presque toujours le fond des bassins qui ductif en poissons, pour qu'il soit à l'abri
peuvent donner des fourrages de bonne qua des sécheresses et des défauts de pluies de
ilé et assez abondans; aussi ont-ils été géné l'été, des neiges et des gelées de l'hiver, il
ralement supprimés dans ces pays. Dans les faut qu'il soit profond sur une partie au moins
parties de l'Ain, de Saône-et-Loire et du Jura de son étendue et qu'il puisse avoir de 6 à
où le sol en étangs était de bonne qualité, 10 pieds d'eau vers la chaussée. Il faut donc
les étangs ont été presque tous desséchés ; que le sol dont il est formé, depuis l'extrémi
mais en même temps dans les mauvais ter té supérieure de l'étang jusqu'à la chaussée,
rains, dans les cantons malsains et peu fer ait une pente de 6 à 10 pieds.
tiles , leur nombre et leur étendue se sont Dans les étangs dépendans, c'est-à-dire ceux
beaucoup accrus; les étangs supprimés étaient où les eaux des étangs inférieurs baignent la
petits et les étangs nouveaux sont grands , chaussée de l'étang supérieur, une moindre
en sorte que l'étendue générale s'est augmen penteestnécessaire, mais toujours encore faut-il
tée.Sur le plateauargilo-siliceux de Dombes, le qu'il y ait au moins 2 pieds de pente d'une
sol en corps de domaine sans étangs vaut à chaussée à l'autre. Ces étangs dépendans sont
peine 8 à 10 fr. l'hectare de revenu par an, assez rares, et néanmoins la pente du terrain
† qu'il s'élève au-dessus de 15 fr. qui les forme est encore très grande, si on la
orsqu'une partie du sol se trouve en étangs compare à celle des grandes plaines qui
de qualité passable. n'ont de pente que celle des rivières qui les
ont formécs et dont néanmoins les eaux
Les étangs de bonne qualité se louent sou
vent seuls de 30 à 40 fr. l'hectare pendant que s'écoulent facilement.
le sol dont ils sont formés eût à peine valu le Nous remarquerons en outre que, pour pou
tiers de ce prix avant leur établissement ;leur voir pêcher facilement et surtout pour culti
valeur semble s'accroître encore lorsqu'on les ver le sol aussitôt que l'eau en est sortie, il
joint à des domaines, parce qu'ils fournissent, faut que les eaux puissent toujours s'écouler
comme nous l'avons dit, de la paille et du promptement et facilement; toutefois nous obser
pâturage en abondance ; ce sont là les motifs verons que , bien qu'une pente très sensible
qui, sur quelques points, ont si fort augmen soit nécessaire à un étang, d'un autre côté
té leur étendue. une pente trop forte exigerait, pour couvrir
Cet accroissement de produit n'a pas lieu quelque étendue de sol, une chaussée d'une
sans doute sans quelques fächeuses compensa hauteur démesurée, très dispendieuse à éta
tions; d'une part ces étangs ne peuvent s'éta blir et entretenir, et dont par † la
blir que dans de petits vallons où les eaux construction pourrait entraîner plus de perte
affluent et qui peuvent presque toujours que de profit.
être mis en prés. L'établissement de l'étang
ote donc une partie des fourrages naturels, $ II.— De la configuration du sol.
énéralement très rares dans les pays où
es étangs deviennent une grande ressource Une seconde condition nécessaire à l'éta
pour l'exploitation du sol. En outre les étangs blissement des étangs, c'est que la surface
ajoutant à l'insalubrité du pays, ils augmen du sol soit ondulée et que le pays soit coupé
tent la quantité des brouillards qui, sur la fin de petits bassins plus étroits que longs.
du † sont quelquefois si fatals aux Si le pays avait une pente uniforme, sans on
céréales, mais ils diminuent de beaucoup les dulations , sans bassins, on serait obligé pour
182 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. LIV. V.
chaque étang de pratiquer une triple chaus culièrement pour le département de l'Ain. Il
sée, la 1re perpendiculaire et les 2 autres était essentiel d'en prouver ici le peu de fon
parallèles à la pénte générale; la chaussée per dement, parce que ce rapport est devenu
pendiculaire aurait la même hauteur sur historique dans la question des étangs, qu'il
toute sa longueur, et les chaussées parallèles consacre des idées fausses sur l'état naturel
s'étendraient en diminuant de hauteur sur du sol d'une partie de la France, et que tôt
toute la longueur de l'étang, ce qui occasion ou tard il sera consulté comme pièce authen
nerait des transports de terre énormes et tique lorsque, dans l'établissement d'un
quelquefois décuples de ceux nécessaires dans code rural, on voudra traiter la question
un pays ondulé, et par conséquent jetterait générale des etangs.
dans des frais sans rapport avec le produit.
Les eaux d'ailleurs ne s'écouleraient que dans S III.— Du groupement des étangs et de leur situation.
un sens, et parce que le sol ne formerait
int bassin, elles ne se réuniraient point Une troisième condition nécessaire à l'éta
ans le milieu de l'étang, ce qui rendrait la blissement des étangs dans un pays, c'est
pêche et la culture fort difficiles. qu'ils puissent y être nombreux , rapprochés
Bien différemment de cela, dans les petits les uns des autres et à portée des villes.
bassins naturels, la chaussée se place sur la Le poisson est une denrée de luxe qui ne
largeur du bassin. Dans ce cas la chaussée a trouve de débouché abondant que dans la ville,
dans son milieu sa plus grande hauteur pour et pour qu'elle devienne un † de com
diminuer ensuite et se terminer à rien à ses merce productif, il faut qu'elle puisse être
deux extrémités. Par suite de cette confor fournie régulièrement, et par conséquent que
mation du sol, outre la pente générale depuis les moyens de la produire ou les étangs soient
l'extrémité supérieure ou la queue de l'étang assez nombreux pour en fournir constam
jusqu'à la chaussée, le terrain a encore une ment et à mesure du besoin.
ente ordinairement plus forte depuis les Dans tous les pays d'étangs, les moyens
† jusqu'au bassin. Dans cette ligne de d'avoir du poisson sont nécessairement les
milieu se pratique un fossé qui conduit à la mêmes; partout on a besoin de 3 espèces d'é
vidange, recueille le poisson pour la pêche tangs : ceux pour faire naitre la pose ou feuille,
et fait écouler les eaux de pluies pendant la ceux pour faire grandir la feuille et la faire
culture. arriver à donner l'empoissonnage ou nourrain,
Ou établit bien quelques étangs dont les et enfin ceux où l'empoissonnage grandit
pentes latérales qui ne sont point assez fortes pour la consommation. Si les étangs dans un
exigent de petites chaussées auxquelles on pays sont † nombreux, isolés ou seulement
donne le nom de chaussons, mais ces étangs éloignés, leur exploitation exige des trans
sont chers à établir et à entretenir, plus ports à distance et par conséquent dangereux
difficiles encore à cultiver et à pêcher, et ils our la feuille, l'empoissonnage ou le poisson;
sont beaucoup moins estimés que ceux qui ils donnent donc alors beaucoup d'embarras
sont dans des bassins naturels. qui ne s'évitent que lorsqu'ils peuvent être
Il résulte donc de tout ce qui précède groupés en nombre dans une même localité.
qu'outre une grande pente nécessaire pour Cette condition sera encore plus nécessaire
pouvoir arrêter et faire écouler les eaux, un si, comme cn Dombes, ils sont cultivés en
pays d'étangs doit encore être ondulé et coupé assec tous les 2 ou 3 ans.
de petits bassins qui deviennent l'assiette des Lorsque les étangs sont un peu nombreux,
étangs. l'eau de ceux qu'on évacue peut servir à remplir
Nous avons cru devoir appuyer sur ces les étangs inférieurs du méme bassin, ou ceux
deux conditions de terrain incliné et ondulé, des autres bassins voisins avec lesquels on éta
nécessaire aux pays d'étangs, pour pouvoir en blit des communications. Ce voisinage et cette
déduire d'une manière incontestable que les communication des étangs entre eux sont
étangs ne peuvent s'établir dans un pays maré une circonstance très importante pour rendre
cageux. Les pays ne sont ordinairement ma leur économie profitable.
récageux que parce que les eaux ne s'écou
lent pas ou qu'elles s'écoulent mal, et que le $ IV. — Des pays propres à l'établissement des étangs.
sol par conséquent y a peu de pente ; les
marais ne peuvent donc exister ou se dessè Les pays d'étangs se trouvent nécessaire
chent facilement dans un pays dont la pente ment placés sur des plateaux assez élevés, au
générale serait considérable et qui serait en dessus du fond du bassin des rivières aux
outre coupé de petits bassins dans le milieu quelles ils appartiennent. Lorsque les étangs
desquels les eaux s'écoulent d'elles-mêmes ; se succèdent en suivant la pente générale du
un pays d'étangs ne peut donc être et ne peut plateau, sans verser dans les rivières, il faut
avoir été un pays marécageux. Sans doute, ue le pays ait au moins de pente la somme
les queues et les bords des étangs offrent es lauteurs de toutes les chaussées des étangs
tous les inconvéniens des eaux basses et sta successifs, ce qui, pour une vingtaine seule
nantes, mais c'est un mal produit par les ment d'étangs indépendans qui se suivront,
tangs eux-mêmes et qui n'existait pas avant donnera déjà 150 à 200 pieds de pente ; mais
eux ; ce n'est donc point à cause des marais ni il est assez peu d'étangs placés de cette ma
our en tirer parti que les étangs ont été éta nière, et leur nombre alors se trouverait tou
lis. Cependant cette opinion est presque ex jours très circonscrit, si le plateau n'était coupé
clusivement reçue et partout répétée. La com par de petites rivières, sans doute trop rares
mission d'agriculture et des arts, présidée par dans cette nature de sol, mais dans lesquelles
BERTHoLLET, dans son rapport général sur se vident les étangs. Les bassins de ces petites
les étangs l'a admise comme positive et parti rivières servent de débouchés à des bassius
CHAP. 9°. DE L'ÉTABLISSEMENT DES ÉTANGS. 183
secondaires où sont placés les étangs ; alors ces alluvions sont les derniers phénomènes
une moindre pente générale est nécessaire du grand cataclysme qui a produit l'alluvion
pour un même nombre d'étangs ; mais tou générale , et dans la § qui a balayé le
jours encore, en résultat général, le plateau fond des bassins, et en a entraîné le dépôt
doit avoir une assez forte pente, et être par con argilo-siliceux, quelques parties en sont res
séquent très élevéau-dessus du grand bassin au tées , et ont été recouvertes des débris des
quel il appartient. Les pays d'étangs en France lieux environnans ; cette grande formation
sont les plus élevés après les pays monta recouvre la plupart des plateaux élevés des
gneux ; cette différence de niveau, avec les plaines de France. Lorsque les bassins des ri
laines qui les environnent, suffit pour que vières ne sont pas séparés par des montagnes,
e climat y soit naturellement un peu plus ils le sont l†° toujours par des plateaux
froid. de terrain blanc ; on le voit s'étendre sur la
naissance des croupes des montagnes primi
S V. — De l'imperméabilité du sol et du terrain propre tives comme des montagncs calcaires; les por
à l'établissement des étangs. tions qu'on en rencontre sur les premiers
échelons doivent faire penser qu'il s'était éta
Il est une condition, la plus importante peut bli sur leur surface , mais que les eaux, en
être pour l'établissement de tous les étangs raison de leur pente rapide, l'ont presque tout
dans un pays, c'est que la couche inférieure du entrainé.
sol ou le sous-sol soit imperméable. Si le sous Il forme, disons-nous, la plupart des plus
sol laisse traverser les eaux, il est évident que grandes plaines de France; il recouvre presque
pendant l'été, lorsque les pluies tombent à partout une formation calcaire marneuse.
quelques intervalles, l'infiltration qui se fait, Lorsque la marne est tcrreuse, ou que la
aidée de l'évaporation produite † des longues couche du dépôt est épaisse, on a alors les
journées de chaleur, mettent l'étang à sec, terres humides froides, et on peut y pratiquer
Cctte condition de sous-sol imperméable des étangs. Lorsque la couche inférieure est
appartient presque exclusivement à une na une mrarne pierreuse, le sol est alors moins
ture de terrain très abondamment répandu sur la humide, d'une culture plus facile, et les
surface du globe, désigné dans beaucoup de étangs s'y établiraient avec peu d'avantage.
pays sous le nom de terre à bois, parce que En Normandie on trouve ces deux sortes
ce produit y réussit assez ordinairement.Dans de terrains ; les plateaux du département de
l'Ain, Saône-et-Loire, le Jura et dans beau l'Eure s'égouttent facilement, sont productifs,
coup d'autres lieux, il porte le nom d terrain recouvrent presque toujours la marne pier
blanc ou terre blanche, blanches terres; c'est la reuse : ceux de l'arrondissement de Bernay
boulbenne ou la bolbine du midi. Il est com sont plus humides et recouvrent la marne
posé de sable fin siliceux et d'argile mêlés en terreuse. Le grand plateau du bassin du Rhône,
semble d'une manière intime. Suivant que le qui se prolonge à plus de 30 lieues du midi au
sable est plus ou moins fin, ou que l'argile nord dans les départements de l'Ain , Saône
est en plus ou moins grande proportion, il et-Loire et Jura, recouvre partout la marne
offre plus ou moins de ténacité ; mais dans terreuse ; aussi est-ce le plateau le plus hu
tous ses degrés d'adhérence, et lorsque la sur mide et le plus froid de la France. La Puisaye,
face arrive à un état sablonneux , le plus sou dans l'Yonne, est assise presque tout entière
vent encore le sous-sol contient assez d'argile sur la marne pierreuse ; aussi , les étangs y
pour ne point se laisser pénétrer par les eaux. sont-ils plutôt un moyen de navigation qu'un
Il ne contient point de partie calcaire, et par moyen de produit agricole.
conséquent l'eau ne peut point le déliter, L'alluvion du terrain blanc se voit le long
c'est-à-dire en séparer les parties, ni par suite de l'Océan, en suivant la côte du nord-est, dans
traverser ses couches inférieures. Ce sol , les départemcns du Nord , du Pas-de-Calais,
quand il est sec, prend une proportion d'eau de la Manche, du Calvados; elle forme les landes
assez considérable, et lorsqu'il en est saturé de Bretagne ; elle se couvre de bois en des
tout ce qui tombe de plus reste à sa surface, cendant sur Nantes, et forme les plaines de
ou s'en écoule, ce qui forme tout son avan Maine-et-Loire, de la Loire-Inférieure, se lie
tage pour les étangs. Il est très long à sécher ensuite avec les landes de Bordeaux qui lui
parce qu'il ne peut perdre son humiditéque par appartiennent. Dans cet immense développe
'évaporation ou la transpiration des plantes qui ment , l'alluvion présente toutes les nuances
le couvrent. On dit ordinairement qu'il tient de ténacité dans le sol depuis le plus léger
l'eau comme un verre. La couche supérieure jusqu'au plus argileux.
repose presque toujours sur un sable argileux, Le plus grand plateau que présente ce sol,
coupé de veines rougeâtres moins pénétrables dans l'intérieur des terres, accompagne le bas
encore par l'eau que le sol de la surface. sin de la Loire : tous les pays que traverse ce
En examinant le sol argilo-siliceux, en étu fleuve jusqu'à la mer sont en grande partie
diant sa composition,, scs , caractères exté formés de plateaux argilo-siliceux ; quelques
rieurs, son gisement dans les différents pays parties montagneuses et les bassins des ri
très éloignés les uns des autres où il se ren vières affluentes les interrompent seulement
contre, on le retrouve partout avcc les mémes pour les voir se reformer au-delà. Après la
caractères extérieurs , les mêmes propriétés, Haute-Loire et ses terres argileuses on trouve
ce qui doit le faire attribuer à unc même for le plateau du Forez et ses étangs ; en conti
mation , et cette formation a été la dernière nuant, le bassin de l'Allier est séparé de celui
des grands formations, puisque nulle part il de la Loire par le terrain blanc qui se montre là
n'est recouvert par elles, et qu'il recouvre où s'arrête le granit et le sol formé de ses dé
toutes les autres. On le retrouve quelquefois bris ; on y trouve des étangs assez nombreux,
sous les alluvions du fond des bassins, mais comme encore sur les terres froides, terres
184 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. LIV. V.
: blanches des plateaux de la Nièvre, puis on qu'une récolte d'avoine, de seigle ou de fro
arrive à la Puisaye, qui sépare l'Yonne de la ment, suivant leur nature , le sol calcaire en
Loire, et n'est séparée de la Sologne que par produit quatre successives ; ce qui prouve
le cours du fleuve et les alluvions de ses d'une manière bien précise le fait important
bords. que nous avons établi ailleurs, que la même
La Sologne étend son plateau argilo-sili quantité et nature d'engrais donne beaucoup
ceux stérile et ses étangs sur le Loiret, le lus de produit sur les sols calcaires que sur
Loir-et-Cher et une partie du Cher; les es sols siliceux. Dans l'un de ces étangs, après
étangs de la Brenne occupent une partie de deux ans d'empoissonnage, dont le produit
l'Indre ; de l'autre côté, dans la Sarthe, les n'a cependant pas été plus avantageux que ce
étangs n'occupent qu'un petite partie de ses lui des étangs de bonne qualité du plateau ,
terres blanches, placées souvent sur le schiste la première année, sur un seul labour, huit
de la roche calcaire , à peu de profondeur ; jours après la pêche de la fin de septembre,
enfin on retrouve l'alluvion occupant de gran on a semé du froment qui a produit 24 hec
des surfaces et sortant des étangs nombreux, tolitres par hectare; l'année d'après, le cultiva
dans les deux derniers départemens qu'ar teur a désiré encore semer du froment qui a
rose la Loire, Maine-et-Loire et la Loire-Infé
rieure.
†!
18 hectolitres. En 1835, une portion de
-
'étang qui se trouve en terre blanche porte
Ce grand plateau du bassin de la Loire et de la navette très belle ; et le reste, en sol cal
d'une partie de ses affluens, dans lequel nous caire, recevra un fort labour de la charrue
venons de désigner une douzaine de départe Dombasle pour être semé, sans engrais, en
mens, contient plus de moitié des étangs de maïs qui produira sûrement autant que les
France, et les 2/5° de leur contenance totale. bons fonds bien fumés ; enfin la quatrième an
Placé à d'assez grandes hauteurs au-dessus du née, dernière de l'assolement, au moyen du
cours du fleuve, il est sans doute la plaine la fort labour qui a été donné et de la fécondité
plus élevée de l'intérieur de la France , †
reste, on recueillera sans engrais, comme
arce que la Loire est celui des fleuves dont ans les rotations précédentes, six à huit fois
e cours est le plus long , et que ce cours est la semence en froment, puis viendra l'em
très rapide dans sa première moitié. Nous ne poissonnement pour rendre à ce sol de nou
pousserons pas plus loin nos remarques sur velles forces productives.
cette nature de sol; nous leur avons donné ail
leurs toute l'étendue que méritait leur impor $ VI. — De l'abondance des eaux de pluie.
tance (1).
On n'a de bons étangs que sur cette nature de Nous donnerons comme sixième condition
sol, et les autres terrains n'offrant pas la même importante au succès des étangs dans un pays,
imperméabilité, ne conservent pas leurvolume que les pluies y soient abondantes. Les plateaux
d'eau pendant les chaleurs, défaut essentiel argilo-siliceux, comme nous l'avons montré
qui diminue beaucoup les produits. dans l'ouvrage cité, contiennent peu de sources
Les étangs des pays calcaires ont presque et de cours d'eau ; les 19/20° des étangs ne s'é
tous élé # , parce que le sol en était
tablissent donc qu'avec les eaux des pluies; on
de bonne qualité, que les chaussées sont d'un conçoit que là où elles sont peu abondantes,
plus grand entretien, que le sol de la surface, les étangs doivent être beaucoup plus rares.
au moyen du principe calcaire qu'il contient, Cette circonstance explique, à ce qu'il nous
se délite, se laisse imbiber et pénétrer d'eau semble, le nombre plus grand qu'ailleurs des
qu'il transmet aux couches inférieures , et étangs sur les plateaux de Dombes et de Bresse.
par conséquent consomme toujours ainsi une Dans ce pays, d'après les observations que nous
partie de celle qu'on lui confie. Dans le Berry, avons continuées pendant plusieurs années, il
pays calcaire, on a défriché aussi une partie tombe par an, en moyenne, 45 pouces d'eau ;
des étangs avec de très grands profits, parce à Paris et dans les environs la moyenne est de
#º toujours couverts d'eau sans être cultivés, 19: il n'en tombe peut-être pas plus en Solo
ils avaient accumulé une immense quantité ne; les pluies de l'Ain fournissent donc un vo
de vase très fertile dont les produits ont été ume d'eau 2 1/3 fois plus considérable que sur
et continuent d'être très grands. une partie des plateaux de même nature : il
Cependant, lorsque le sol calcaire se trouve s'ensuit qu'on a pu y établir avec succès un
avoir pour sous-sol une couche épaisse d'une nombre d'étangs beaucoup plus considérable.
marne terreuse , homogène et à grains fins, le Mais cet avantage, si c'en est un, est chèrc
sous-sol est alors imperméable, et on peut y ment acheté. La culture, dans cette nature de
établir des étangs. Il en reste quelques-uns sol qui craint l'humidité, et avec cette masse
sur cette nature de sol en Bresse, qui, au de pluies, offre beaucoup plus de difficultés
moyen de la culture alterne en eau et en pois qué sur les autres plateaux de même forma
sons, sont des fonds précieux et qui se louent tion, et peut-être l'insalubrité naturelle à cette
à un prix encore plus élevé que les fonds en sorte de terrain s'en trouve-t-elle augmentée.
corps de domaine; deux années d'empoisson
nage mettent ce sol engraissé par le séjour des SECTION IV. — De l'établissement et de la cons
eaux et les déjections des poissons en état de truction des étangs.
Produire sans engrais quatre récoltes succes
sives et alternes de maïs et de froment. Pen
S I" — Des travaux préliminaires.
dant que les étangs argilo-siliceux, lors même
qu'ils sont en bon soI, ne peuvent produire La première condition à remplir pour l'éta
blissement d'un étang est l'évaluation de la
(1) Agriculture du Gatinais, de la Sologne et du quantité d'eau dont on pourrait disposer pour
Berry. Paris, madame Huzard. le remplir. Il faut s'assurer de l'étendue de
cuAP. 9e. DE L'ÉTABLISSEMENT ET DE LA CONSTRUCTION DES ÉTANGS. 185
sol qui verse ses eaux superflues dans le bas dans le travail, pour qu'une trop grande élé
sin où l'on veut placer son étang; voir s'il ne vation de la chaussée ne fasse pas refluer jus
serait pas possible d'y amener quelques eaux ue sur les fonds des voisins. Un nivellement
de source ou de pluie des ondulations voisines ait avec beaucoup de soin et de grands dé
du terrain. Il faut alors que le sol qui doit tails est donc d'une indispensable nécessité
fournir l'eau à l'étang ait au moins six ou huit avant de procéder à l'établissement de l'é
fois plus d'étendue qu'on ne veut en donner tang; et malgré ces travaux et ces soins, il ar
à celui-ci ; et cette proportion doit être en rivera encore que la nécessité d'avoir des eaux,
rapport constant avec la quantité de pluie les moyens que l'on prendra pour les faire ar
qui tombe dans le pays. river et pour les conserver, les passages qu'on
Lorsque le sol qui verse à l'étang est en terre interceptera, le reflux des eaux sur les pro
la§ dans les années ordinaires et le priétés voisines ajouteront beaucoup de diffi
climat pluvieux, 1/8° à peu près de l'eau plu cultés à l'établissement de nouveaux étangs;
viale peut arriver à l'étang. Le sol en bois en de là en Dombes la phrase proverbiale que les
fournit moins parce que les grands végétaux étangs sont des nids à procès.
en absorbent davantage, et que la culture ne
l'a pas travaillé pour évacuer les eaux surabon S II.—Du bief, de la pêcherie et du canal.
dantes. Dans les pays où il tombe plus de #
d'eau, l'étangrecevra donc une couche d'eau de Après tous ces préliminaires, nous arrivons
5 p. d'épaisseur sur six à huit fois son étendue : à la construction de l'étang. Le premier tra
ce serait donc dans l'étang une hauteur vail consiste à à faire dans la partie la plus basse
moyenne d'eau de plus de trois pi., quantité de l'étang ( fig.199 ) que le niveau a indiqué
suffisante pour remplir l'étang et lui donner
ses 8 pi. de hauteur d'eau à la chaussée. Les
40 pou. qui tombent sur la surface de l'étang
pourront suffire, nous le pensons, à l'évapo
ration, aux infiltrations dans le sous-sol et à
travers la chaussée pendant l'année. Mais les
circonstances sont bien différentes lorsque la
pluie n'est que moitié de celle que nous venons
d'indiquer; le sol alors, qui a les mêmes be
soins que dans les † pluvieux , ne laisse
peut-être pas aller à l'étang 1/20° de l'eau qu'il
reçoit. Il faut donc au moins une surface af
fluente deux ou trois fois plus considérable
pour remplir l'étang. Ces considérations sont
de la plus haute importance. Sur le plateau de
Dombes, il est des étangs qui ont besoin de
9 ans pour se remplir, et qui, dans les 3 der
nières années, ont toujours manqué d'eau; et
à plus forte raison cela arriverait-il dans les
pays moins pluvieux. |
Lorsqu'on a des étangs dans le voisinage, il # -
que cette dimension soit telle que lorsque l'entame plutôt dans ses parties étroites que
l'étang est en assec,il puisse facilement débiter dans celles qui sont plus épaisses.Parce moyen
les eaux des grandes pluies sans qu'elles se le mal est moindre, soit sur la chaussée, soit
répandent sur l'étang. Ces eaux, en s'extrava sur les terres environnantes, soit en perte de
sant, surtout si elles séjournent long-temps, poissons.
nuisent beaucoup aux récoltes dans les an Derrière la chaussée on creuseun autre réservoir
nées d'assec. Ces inconvéniens peuvent se circulaire K(fig. 199)qui reçoit le poisson qui
prévenir, comme nous le verrons plus tard, se laisse entraîner lors de la pêche. Ce réser
par l'établissement d'une rivière de ceinture. voir, plus petit que la pêcherie, porte le nom
En cas de doute sur la quantité des eaux af de burillon ou barillon, et de là les eaux s'éva
fluentes, il vaut mieux accroître les dimen cuent dans un fossé qui les emmène sous le
sions, qui d'ailleurs doivent dépendre de la nom de vidange.
pente que trouvent les eaux au sortir du ca Cette chaussée construite a besoin d'être
nal de décharge. défendue contre le battement des eaux dans son
niveau supérieur, surtout si le terrain n'en est
pas trop argileux ou si la chaussée est expo
S III. —De la construction de la chaussée. sée aux vents du midi et du nord. Ces vents
plus fréquens et plus forts donnent plus d'ac
Après l'établissement du bief et du canal, tion aux vagues qui entament la chaussée. Pour
on arrive à la construction de la chaussée. Le s'en défendre, il ne suffit pas de gazonner la
niveau a donné sa hauteur, parce qu'elle partie de la chaussée qui s'y trouve exposée ;
doit s'établir à 18 pou.au-dessus du niveau de on la garnit d'un double fascinage dont le rang
l'étang plein. Sa base doit être au moins tri supérieur s'élève jusqu'à la limite des grandes
le de sa hauteur, et la surface supérieure est eaux, et le rang inférieur se fixe au-dessous
e tiers de cette dimension. La pente A du des eaux basses. Les fascines se placent à plat
côté de l'étang (fig,200) doit être moins rapide sur la pente du côté du haut de la chaussée,
Fig. 200. qu'en dehors B, sur se touchent et se fixent par des piquets mu
tout si la chaussée est nis, autant que possible, de crochets. Cette
exposée aux vents défense est bonne, mais doit être renouvelée.
du nord ou du mi Lorsque la pierre et les cailloux ne sont pas
di.Au dehors de l'étrès éloignés, on fait une défense plus durable
tang elle peut être
en garnissant les parties de la chaussée qui
un peu moindre de risquent le plus d'être dégradées d'une cou
45 degrés, mais alors che de pierres ou de cailloux qui se touchent.
•" - il faut la revêtir en Ces pierres restent en place si on a eu soin,
"gazons. Ces dimensions une fois arrêtées, pour comme nous l'avons recommandé, de donner
procéder à la construction, on creuse dans le à la pente du côté de l'étang moins de 45 de
milieu de l'espace que doit occuper la chaussée grés. On emploie aussi très utilement pour le
un fossé de 4 pi. de largeur, jusqu'à ce qu'on même objet un double rang de gazons garni
rencontre le terrain ferme. Ce terrain n'est de touffes de †
joncs.à l'action
Ces joncs reprennent et
autre que le sous-sol du plateau.Si l'on rencon résistent très des eaux. En Po
tre du sable ou du gravier, on creuse jusqu'à ce logne on couronne la chaussée du côté de l'é
qu'on retrouve le sous-sol argileux. Ce fossé tang avec des cépées de roseaux dont on débar
se remplit avec une terre argileuse sans ga rasse l'étang. Dans les parties des forêts qui
zons ni racines qu'on pétritet corroie avec soin ne sont pas très éloignées de la pierre, on fait
en la divisant à la bêche, l'arrosant avec de du côté de l'étang un mur à sec qui défend
l'eau,et broyant avec les sabots ou desdames, encore mieux.
de manière à ce qu'elle ne forme qu'une seule Il est prudent de ne point mettre ni souffrir
masse ramollie et qu'elle fasse corps avec le d'arbres sur les chaussées; leurs racines percent
fonds et les bords du fossé. Quand le fossé est la clave, traversent la chaussée en tout sens,
plein on élève la chaussée et on continue de en désagrègent la terre, et lorsqu'elles vien
travailler sur toute la largeur du fossé primi nent à périr par vétusté ou accident, ou lors
tif, en plaçant à droite et à gauche les terres qu'on coupe les arbres, elles pourrissent dans
qui doivent former le surplus de la chaussée. le sol et finissent par y, laisser des passages
Cette largeur de 4 pi. de terrain travaillé C C qui deviennent la perte de la chaussée.
porte le nom de clave, de corroie ou de clef Nous arrivons maintenant au moyen qu'on
† ue c'est le soin † lui donne qui emploie pour retenir ou évacuer les eaux de l'é
erme hermétiquement l'étang et empêche tang : le moyen le plus ordinaire consiste à
toute infiltration. Le reste des terres de la couvrir l'origine du canal dans l'étang avec
chausséese monte à mesure que la clave s'élè un plateau de bois ou une dalle † (fig.
ve; elles serangent et se tassent avec soin, mais 201, 202, 203); ce plateau ou cette dalle, percé
sans être mouillées ni battues comme celle de la
clave. Les terres du biefet de la pêcherie peu
vent servir à faire la chaussée, et on prend les
autres sur les deux côtés de l'étang, mais de
manière "à ne point laisser de creux qui re
tiendrait le poisson et empêcherait l'évacua
tion des eaux.
Il est à propos que la chaussée ait 6 pou. à
1pied deplus de hauteur dans les parties qui avoi
sinent le bief, afin que si les eaux venaient
à s'extravaser par-dessus la chaussée, l'eau
CHAP. 9°. DE L'ÉTABLISSEMENT ET DE LA CONSTRUCTION DES ÉTANGS. 187
Fi6. 203. Fig. 202. Fig. 201.
d'un trou conique, se bouche par un bouchon Le puits (fig. 204) se monte au-dessus de
en bois qui prend le nom de bonde et qui est
taillé de manière à remplir le trou ou œil du Fig. 204.
canal; cette bonde se manœuvre par une tige
en bois ou en fer qu'on soulève, depuis le ter
re-plein supérieur de la chaussée.
On donne, dans le département de l'Ain, à
tout le mécanisme employé à évacuer ou re
tirer les eaux le nom de thou; on l'établit le
lus souvent en bois. Pour manœuvrer plus
acilement, on place l'œil du canal et par con
sequent la tige de la bonde à la naissance su
, périeure de la pente, et les terres de chaque
côté, comme celle de la chaussée elle-même,
se retiennent par une charpente en bois
doublée de plateaux dans les 2 parties laté
rales, et de travons de 5 à 6 pouces d'équar
rissage du côté de la chaussée; les 2 colonnes
qui tiennent la pièce où manœuvre la tige de
la bonde sont de fort échantillon, de 10 à 12
pouces d'équarrissage.
L'ensemble de cette construction est, vu
la rareté et la cherté des bois de forte di
mension, très dispendieuse, sa durée est à
eine de 25 ans et demande de l'entretien; il
evenait donc important d'y faire des modi
fications : un architecte de Bourg, M. DEBELAY
père, a proposé de remplacer la construction
en bois qui enveloppe la tige de la bonde par
un puits en pierre ou en brique. Cette cons
truction, qui se rapproche de la méthode pié
montaise que notre architecte cependant ne
connaissait pas, a été exécutée avec avantage
sur un grand nombre de points. Déjà aupara
vant on avait employé la pierre ou la brique
pour remplacer † ois, mais la forme de
construction était restée la même, en sorte
qu'on avait gagné un peu de durée, mais fait
beaucoup plus de dépense. Les premiers
essais de ces thoux en pierre ont été faits par
mon beau-père et moi; l'expérience nous a
conduits à des modifications, mais nous avons
obtenu des résultats avantageux dont les # ·
détails ont été consignés dans un mémoire
assez étendu publié dans le journal de l'Ain :
nous nous bornerons à en extraire quelques
détails techniques nécessaires pour diriger
|# -
ceux qui voudraient répéter ce mode de cons
tTuCtiOIl. l'œil du canal n laissant 3 ou 4 pouces d'es
188 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. fLIV. V.
Il n'y aurait pas d'inconvénient qu'une por le canal, il serait impossible de le boucher
tion de la chaussée bien gazonnée, d'une vingtaine par ce moyen; il ne resterait que le premier
de pieds de large, fût tenue six pouces plus bas que nous avons indiqué.
ue tout le reste, en la garnissant du côté de
'étang d'une † claie à claire voie qui per SECTIoN V. — Dépense de construction
mettrait le débit de l'eau, et défendrait le pas d'un étang.
sage du poisson. Les grandes eaux sont la cir
constance la plus à craindre pour les étangs ; La dépense de construction d'un étang
quand la chaussée est surmontée, le poisson est très variable; nous allons prendre pour
s'entraîne, la chaussée se détruit en plusieurs exemple un cas simple qui pourra servir à
points, et si l'étang renferme un grand volume remonter à d'autres plus complexes.
d'eau, tous les fonds inférieurs sont submer Supposons un bassin favorable et tel qu'en
gés et entraînés ; on ne peut donc prendre le barrant par une seule chaussée transversale
trop de précautions contre de pareils accidens, on puisse couvrir d'eau une surface de dix
et encore ne sera-t-on iamais à l'abri des sacs hectares; en admettant que l'étang ait une
d'eau qui arrivent § fois plus de longeur que de largeur, la chaussée
Le peu de solidité et de durée des grilles en bois aura 3 ou 400 mètres, soit 350 mètres de
est cause que beaucoup d'étangs s'en trouvent longueur; si le terrain a, depuis l'entrée de
privés à l'entrée et à la sortie des eaux; on les l'eau ou la queue jusqu'au point le plus bas
supplée par des fascinages, auxquels on donne vers le milieu de la chaussée, 9 pieds de pente,
le nom de fagottées, qui ne permettent qu'un l'étang aura 9 pieds de profondeur, et la
débit très lent aux eaux, et causent par-là de chaussée 10 pieds de hauteur; sa base infé
frequens accidens que préviendraient les rieure vers le thou sera de 30 pieds, soit plus
grilles en fer que nous avons proposées. Il est convenablement de 35; la base supérieure
encore un moyen très utile de parer aux ac ou le terre-plein aura 10 pieds : or le cube
cidens et d'assurer le produit de l'étang en de cette chaussée , en supposant la pente
eau et en assec : ce moyen consiste à faire pas uniforme, est de 96,000 pieds cubes ou même
ser les eaux de l'étang, quand il est plein, dans de 100,000 parce que le fond du bassin a
, un fossé qui en contourne les bords. Ce moyen toujours une partie qui a peu de pente. Ce
offfe le grand avantage de débiter une grande massif donne 237 toises cubes de 7 pieds et
partie des eaux dans les cas d'inondation : en demi de côté, de 422 pieds cubes ou enfin
outre, quand l'étang est plein, il est de remar 3300 mètres cubes.
† que le poisson se nourrit mieux et profite La construction à forfait des chaussées se
avantage lorsque de nouvelles eaux ne vien conclut de deux manières différentes : la pre
nent pas dans l'étang; ce fait admis par tous mière consiste à payer au déblai 12 à 15 cent.
les praticiens, quoiqu'ils ne l'expliquent guè par toise carrée de 7 pieds et demi de côté
re, est néanmoins tout-à-fait certain. sur une pointe de pèle de 4 pouces de pro
Lorsque l'étang plein vient à couler par le ca fondeur. Ce prix porte la toise cube de 2 fr.
nal ou autour du canal,on fait avec des fascines 70 cent. à 3 fr. 37 cent., ou le mètre cube
et de la terre, derrière le canal, une digue circu de 20 à 24 centimes, prix sans doute peu
laire qui se rattache à la chaussée en envelop élevé pour le mètre cube de terres qu'on doit
pant l'embouchure du canal ; on monte cette charrier de quelque distance à la brouette,
digue en battant la terre aussi rapidement qu'on doit bien travailler dans la clave et
qu'on le peut jusqu'au niveau de la chaussée. conduire et régaler sur tout le reste de la
Si la masse d'eau qui coule était assez forte pour chaussée. Mais dans cette manière d'apprécier
empêcher cette construction, on peut mettre le travail , on trouve souvent des ouvriers
dans la digue un tuyau en bois qui donne passage peu consciencieux qui prennent leurs témoins
à l'eau pendant la construction, et lorsque la de déblai dans les endroits les plus hauts et
diguè est construite on bouche le tuyau par qui savent au besoin les surhausser. Pour
un tampon. n'être pas trompé ou n'avoir point de difficul
, Si on n'a pas de tuyau, ou que la fuite soit té, il est préférable de payer au remblai de 4
trop considérable, on fait derrière la claie au à 5 fr. la toise cube, de 29 à 35 cent. le mètre
dessus du canal un fossé perpendiculaire; lors cube. La chaussée reviendra à ce prix à 11 à
† arrive au canal, on enlève un ou deux 1200 fr. Le pionnier aura fait en même temps
es plateaux de recouvrement; silaperte d'eau la pêcherie et une petite partie du bief dont il .
a lieu par le canal , on place l'un des plateaux a conduit les terres sur la chaussée. Ce bief
en travers, et on le garnit autant que possible et la rivière de ceinture auront 600 mètres .
avec de la terre et de la mousse; puis, avec au moins de longueur chacun. La rivière de
autant de promptitude qu'on peut, on jette ceinture de 4 pieds 1/2 de largeur sur 2 à 3
dans le canal des terres argileuses qu'on de profondeur, dont les déblais se placent sur
corroie, et on continue jusqu'à ce que le le bord du côté de l'étang, peut valoir au
fossé pratiqué soit plein : par ce moyen l'eau moins 30 cent. la toise ou 12 cent. le mètre
se trouve ou tout-à-fait ou en très grande courant. Le bief qui aura 9 à 10 pieds de lar
artie tarie. Si le canal, au lieu d'être en geur sur 18 pouces de profondeur, et dont il
ois, était en pierre, on enfoncerait la voûte faut que les terres se transportent ou se
ou on lèverait une des dalles qui le recouvrent † en des points où elles † pas
pour faire la même opération. 'écoulement des eaux, coûtera à peu près
Si le passage de l'eau était à côté de la bonde, 50 cent. la toise ou 20 cent. le mètre courant.
lorsqu'on y arriverait on y jetterait prompte En tout la rivière et le bief coûteront 192 fr.,
ment de la terre préparée, battue et mouillée, soit 200 fr. en comptant quelque chose pour
et on se hâterait de remplir de terre bien le creusement de la vidange au bas de la
battue le fossé. Enfin, si le passage était sous chaussée et à la grille du trop-plein; ajoutant
,
CIIAP. 9°. DE L'EMPOISSONNEMENT. 191
à cela 400 fr. pour le thou et le canal de dé lasse et n'est pas d'un bon goût; il est géné
charge que nous supposons simple, et pour ralement meilleur lorsque l'étang renferme
la grille d'introduction des eaux et pour celle du brochet qui l'empêche de se livrer tran
de trop-plein,nous aurons en moyenne2000 fr., quillement à la pose.
pour § dépense de construction d'un étang La carpe n'a quelquefois point de sexe, elle
de 10 hectares en position favorable, soit porte alors le nom de carpeau. Les carpeaux
200 fr. par hectare. Mais la moitié peut-être sont beaucoup plus estimés par les gourmets
des étangs, n'est pas en aussi bonne position; que les carpes des 2 sexes. Ils semblent qu'ils
un assez grand nombre, ceux surtout où l'on appartiennent au sexe mâle, et que quel
est obligé de faire un ou plusieurs chaussons que circonstance aura détruit leurs organes
ou chaussées latérales ou plusieurs thoux, sexuels.
peuvent coûter au moins le double; il y en a Les Anglais ont essayé de faire des carpeaux,
en outre un grand nombre de petits dont la et ils y ont réussi. On a aussi soumis à la
dépense par hectare devient beaucoup plus même opération les tanches, les brochets et
forte, en sorte qu'on n'exagérerait rien en les perches. Dans cet état le poisson croît da
disant que, pour construire les 23,000 hectares vantage, s'engraisse beaucoup plus vite et
d'étangs qui sont dans le département de beaucoup mieux; il est de meilleur goût.Nous
l'Ain, il faudrait dépenser au moins moitié ignorons si cette industrie est arrivée jusqu'en
en sus de notre évaluation ou 300 fr. par France. RozIER se récrie beaucoup contre
hectare, ce qui porterait la dépense totale à cette cruauté, mais la plupart des animaux
7 millions. destinés à la consommation de l'homme sont
traités de même par lui; et s'il fallait mesurer
la pitié que l'homme doit aux §imaux qui
SEcTIoN VI.— De l'empoissonnement.
deviennent victimes de ses spéculations gas
On emploie dans les étangs trois espèces tronomiques en raison de l'utilité et de l'in
telligence, certes la carpe en mériterait moins
principales de poissons : la carpe, le brochet qu'aucun
et la tanche. autre.
Sans recourir à cette opération, il paraît
S I°r. —La carpe. que la séparation des sexes suffirait seule pour
avoir en moins de temps des produits plus
La carpe est regardée comme le produit forts et de meilleure qualité.
principal ( fîg. 206); ce n'est qu'à l'âge de 3 $ II. — Le brochet.
Fig. 206.
Le brochet (fig. 207) tient le deuxième rang
Fig. 207.
ans au plus tôt qu on l'emploie à la consomma parmi les poissons que l'industrie del'homme
tion; elle pèse alors un peu plus ou un peu prépare pour saconsommation. Pendant que la
moins d'une livre; un an plus tard elle pèse carpe semble ne vivre que de † insectes ou
d'une à 2 livres; elle a alors plus de chair et de de produits à peine apercevables du sol dans le
graisse, et elle est de meilleur goût. Elle peut quel elle fouille pour prendre sa nourriture,
arriver à une grosseur beaucoup plus consi le brochet ne vit que de poissons; il s'attaque
dérable, mais elle grossit d'autant moins à toutes les espèces, à la carpe, surtout à la
vite qu'elle est plus âgée, et il paraît qu'à tanche et à son espèce même lorsque les
une certaine grosseur elle fatigue † autres lui manquent. Le brochet d'une livre
les fonds dans lesquels on la nourrit : quel qu'on mettrait avant l'hiver dans un étang où
† praticiens estiment qu'une carpe au se trouveraient beaucoup de petits poissons ,
essus de 6 livres charge autant un fond et surtout de la tanche, peut croître dans l'été
qu'un cent d'empoissonnage, en sorte qu'une d'une livre par mois.
carpe de 12 livres qui mettra 10 ans à arriver Il en est de même des brochets que de
à ce poids aura fait perdre 5 à 6 fois sa valeur la carpe. Lorsque le brochct a acquis une cer
à ceux qui l'ont nourrie, alors même qu'on taine grosseur, qu'il est arrivé à 6 livres, par
l'évaluerait à 6 fr. le kilogramme. exemple ; il lui faut plus de temps et surtout
Les moyens de multiplication de cette espèce beaucoup plus de nourriture pour arriver jus
sont immenses : une carpe femelle pond qu'à 10 livres qu'il n'en a mis pour arriver jus
chaque année depuis 24,000 jusqu'à 600,000 †
6 livres. On n'a donc pas d'intérêt à c
oeufs. Si on la laisse seule ou sans brochets, cher à faire de grosses pièces qui d'ailleurs ne se
dans un étang, elles'épuise à poser, ne grossit vendent pas plus cher le kilogramme que les
pas et l'étang est inondé de feuilles et d'em autres pièces moyennes.
† qui se nuisent réciproquement. Le brochet fraye en février et juin. Il perd
La carpe-femelle dépose ses œufs sur le bord dans ce moment beaucoup de sa qualité; il de
des étangs, et la carpe-mâle les féconde en les vient maigre ; il faut alors prendre beaucou
serrant sous son ventre, d'où la pression fait de soin pour l'empêcher de s'échapper de l'é
sortir la liqueur seminale que contiennent les tang, parce qu'il remonte tous les fossés où
laitances. il rencontre de l'eau.
Le frai des carpes a lieu 2 fois par an, en La séparation des sexes dans le brochet pa
mai et août; à cette époque, le poisson est mol raîtrait devoir offrir beaucoup d'avantage.
192 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. LIV. V.
M. VAULPRÉ , médecin instruit et agronome Il paraît que dans quelques pays d'étangs,
habile, a fait sur ce sujet des expériences qui on cherche aussi à élever l'anguille (fig. 209) ;
paraissent très concluantes; Il a placé dans un Fig. 209.
étang d'empoissonnage des brochetons mâles,
et dans un autre des brochetons de sexes mé
langés; et les brochetons mâles, un an après,
ont produit un poids 50 fois plus considérable,
pendant que ceux de sexes mélangés n'ont pris mais elle perce les chaussées, s'écarte dans
que l'accroissement ordinaire de 10 pouces. les prairies qui bordent les étangs, et lors de
Le brochet peut donc être un produit très la pêche on n'en retrouve presque plus. On
avantageux, d'autant mieux que son prix est semble donc y avoir généralement renoncé.
souvent triple de celui de la carpe; mais pour
u'il soit avantageux de produire du bro SECTIoN VII.— De l'assolement des étangs.
chet, il est nécessaire qu'il ne consomme que
du poisson de peu de valeur, et dont l'exis S I". — Principes d'assolement dans divers pays
tence serait plutôt nuisible qu'utile au produit de la France.
général de l'étang, autrement la perte serait
grande pour le producteur, parce que le poids Les principes de l'assolement des étangs sont
du brochet consommateur ne produit pas le les mêmes que ceux de l'assolement des ter
dixième du poids du poisson consommé. res en labours. La nature demande à varier
S III. —La tanche. ses produits, et le sol, soit qu'il produise par
l'effet de la végétation spontanée ou de la vé
La tanche (fig. 208) est un poisson du genre gétation artificielle dirigée par l'homme, se
Fig 208. repose en produisant des végétaux de familles
diverses. Ce principe s'étend à tous les pro
duits naturels, aussi bien aux produits ani
maux qu'aux produits végétaux
Dans la culture des étangs, la terre couverte
$s d'eau nourrit avec avantage et fait croître du
des cyprins, dont la reproduction a beaucoup poisson pendant 2 ou 3 ans.Déjà même, dans la
exercé les naturalistes. Cependant on a fini par 2° année on estime dans le Forez que la pêche
s'assurer qu'à l'époque du frai, aux mois de vaut 1/10° ou 1/8° de moins. Mais si la culture
juin et de septembre, les tanches avaient com en eau se prolonge, elle diminue de produit,
me les carpes des œufs et des laitances qui pendant que le sol, fécondé à ce qu'il semble
disparaissent ensuite; la tanche alors s'agite et par les déjections des poissons qui y ont vécu,
mis à sec et labouré, donne d'abondantes ré
maigrit beaucoup. Le brochet en est particu coltes, après lesquelles le produit en poisson
lièrement friand, il la poursuit à outrance et
elle lui échappe, dit-on, en pénétrant dans la redevient de nouveau avantageux. Ce principe
VaSe. † elle est grasse elle est très recher a été rigoureusement appliqué aux étangs de
Bresse et Dombes. Ils sont dans ce pays d'un
chée des consommateurs ; son poids moyen
est d'une livre, et il faut des circonstances fa intérêt beaucoup plus grand que dans les au
vorables pour qu'elle prenne un poids plus tres; ils y couvrent 1/6° du sol, pendant qu'ail
leurs ils en couvrent à peine 1/25°. On y a donc
élevé; ce poids néanmoins, dans quelques cas attaché
particuliers, peut aller jusqu'à 10 livres. plus d'importance. En outre, en Dom
bes,ils appartiennent souvent à des associations
$ IV.—Autres poissons d'étang. de particuliers, et souvent encore l'eau n'ap
artient pas au propriétaire auquel appartient
Après les trois espèces de poissons dont nous e sol. Il a donc été nécessaire que dans ce
venons de parler, † propriétaires d'é pays des conditions régulières fussent établies,
tangs admettent la perche. Ce poisson très vo et † les droits respectifs des propriétaires
race détruit le frai des autres espèces, et con de l'assèc entre eux et le propriétaire de l'eau
somme dans l'étang une grande partie de ce fussent réglés d'une manière précise. Nous
qui sert à la nourriture des autres. Quand il allons parcourir rapidement ce que nous avons
est un peu nombreux, on dit qu'il brûle l'é pu recueillir sur les systèmes d'aménagement
tang ; aussi, par cette raison, les éleveurs de adoptés dans les principaux pays d'étangs.
poissons le rejettent quand ils en sont les mai Nous développerons ensuite avec plus d'éten
#res. En Dombes surtout on ne le trouve guè due celui suivi dans l'Ain, pour le comparer
re que dans les étangs formés par cours d'eau aux autres, et prendre dans chacun d'eux ce
ou dans ceux où la malveillance les jette qui nous semblera meilleur:
uelquefois. Le brochet ne peut presque pas D'abord nous nous occuperons des étangs des .
i ai teindre : ses nageoires sont armées de poin plateaux étendus qui bordent la Loire; l'aména
4es qu'il hérisse quand il se sent attaqué et gement des étangs y parait à peu près le même.
qui blessent §† la gueule armée de Dans toutes ces contrées, les détails que
son ennemi, qui est obligé de lâcher prise. donnent MM. DE MARIvAUx, DE MoRoGUEs,
La perche est très délicate; on la regarde RozIER, Bosc , FRoBERvILLE et D'AUTERoCHE
comme supérieure aux trois espèces qui pré n'annoncent pas de système général admis ab
cèdent. Avant la révolution, les fermiers des solument; mais les étangs, dans presque tous
terres de Dombes cherchèrent à élever des les pays dont ils ont voulu parler, sont à peu
perches jusqu'au poids de 2 livres qu'ils joi près toujours en eau; rarement on les cultive,
naient aux carpeaux de 12 à 15, pour présens et § par le labour est un souhait
leurs propriétaires. - -
qu'ils forment assez généralement, mais qui
CHAP. 9°. DE L'ASSOLEMENT DES ÉTANGS. 193
ne serait presque nulle part accompli. Les ductifs pour la pêche. Aussi leur culture et
étangs des plateaux de la Loire sont donc pour leur assolement sont plutôt dirigés pour l'une
la plupart toujours en eau; on les fait chômer ou l'autre de ces § que pour le plus
à terme fixe pour les reposer, curer la pêcherie grand produit en poisson; toutefois ce produit
et les biefs, réparer au besoin la chaussée et y est d'excellente qualité, et il vaut au moinsle
la bonde. poisson de rivière.
Dans la Brenne, pays inondé, à la gauche Dans le Jura, l'assolement le plus ordinaire
de la Loire, dans le département de l'In est en avoine ou blé noir pour les terres légè
dre, ce repos revient à peu près tous les res. Dans les terres argileuses de bonne qua
onze ans; mais on ne laboure pas cette année lité, on laisse † 3 ans en eau pour avoir
l'assec. Cette opération ne serait pas profitable ensuite 2 récoltes successives et sans engrais,
parce que le sol en étang non cultivé se trouve la 1° de maïs, la 2° de froment. On a généra
presque toujours infesté de plantes aquatiques, lement remarqué # le poisson profite mieux
de roseaux, de carex qui s'élèvent souvent par après une année de céréale qu'après une ré
cépées au-dessus du sol et qui coûteraient colte sarclée; serait-ce parce qu'une céréale
trop à détruire pour la culture en labours laisse toujours des grains et de la paille sur le
d'une seule année.On fait pâturer lebord des sol de l'étang, pendant que la récolte sarclée
étangs, ou on y fauche jusque dans l'eau un enlève tout ?
fourrage de mauvaise qualité qui sert cepen
dant à nourrir plus ou moins mal les bestiaux s II.-A•olement des étang de l'Ain.
pendant l'hiver.
L'éducation des poissons se fait dans trois Nous arrivons maintenant aux détails à don
sortes d'étangs. Dans les plus petits on élève la ner sur l'assolement et la culture des étangs
feuille, dans ceux un peu plus grands on la dans l'Ain. En principe général , les étangs
fait grossir pour en faire du nourrain ou em doivent étre 2 années en eau et une année en assec.
# et dans les plus grands on place La plupart des étangs sont labourés chaque
e nourrain pour y faire du poisson de vente 3° année; cependant, dans les positions où on a
qu'on ne pêche qu'au bout de la deuxième eine à se défendre des eaux, les étangs se
année. auchentl'année d'assec; le poisson y est moins
L'empoissonnage d'un étang se compose des productif, et lorsque l'assec ne dure qu'une
trois premières espèces dont nous avons par année le fourrage y est de mauvaise qualité;
lé; on trouve que les anguilles se perdent et mais à la 2° année d'assec, le produit s'amé
que la perche nuit beaucoup au-delà de ce liore.Aussi ces étangs, lorsqu'ils appartien
que vaut son produit. nent à un seul ou qu'il peut y avoir accord
Cet assolement, qui semble appartenir à la entre les divers propriétaires, restent-ils sou
plus grande partie des étangs de France, change vent 2 années en assec; mais ie cas des étangs
† ceux de l'Est; leur assolement rentre dans qui restent en prairies est généralement assez
principes de la culture alterne. Dans le Fo rare; l'assolement général est donc en eau
rez où la plaine de Montbrison renferme une et labourage.
quantité proportionnelle d'étangs beaucoup Depuis quelques années on a trouvé plus
plus grande † les parties inondées de la
Sologne, les étangs sont alternativement en
profitable de # tous les ans. Il n'est
eut-être pas difficile d'en † la raison :
eau et en labourage. La culture en poissons a 1r° année, il faut 40 à 50 feuilles pour peser
dure 2 à 3 ans, et celle à la charrue en dure une livre, la 2° trois ou quatre pèsent autant;
une, 2 ou 3 années, suivant la nature du ter la 3° la carpe pèse en moyenne une livre, et
rain. C'est dans les terrains compactes que la la 4° une livre et demie. Ces poids sont ceux
culture est plus longue; souvent la 1° année des carpes d'étangs médiocres; dans les étangs
d'assec s'emploie tout entière à habourer le de meilleure qualité le produit est plus fort,
sol ; on fait la 2° année la 1" récolte, qui est mais conserve toujours à peu près le même
suivie d'une seconde la3° année. Dans les ter rapport. La carpe décuple donc la 2° année
rains légers on ne laisse guère que 2 années quintuple la 3°, et grossit seulement de moitié
CIl aSSeC. en sus la 4°. Aussi, malgré qu'on doive faire
On a divers étangs pour produire la feuille, tous les ans de nouveaux frais d'empoisson
l'empoissonnage et le poisson de vente, mais nage, malgré les frais de pêche, le produit net
assez souvent dans le même fonds on fait à la de 2 pêches d'un an paraît plus fort que celui
fois la feuille et l'empoissonnage. des pêches de 2 ans. Le poisson, la 1º année
L'expérience s† amené à pécher prend de la taille et du volume, la 2° année ii
tous les ans au lieu de ne pêcher que la 2° an se met en chair. La qualité est donc meilleure
née.Un produit plus fréquent et annuel con dans le poisson de 2 ans, mais le producteur
vient mieux au cultivateur, et surtout au fer s'occupe plus du résultat de la vente que de la
mier, qu'un produit † se fait attendre. qualité meilleure qui ne se paie pas pſus cher.
La proportion des brochets qu'on met dans La pêche d'un an donne assez peu de brochets,
l'étang n'est jamais que moitié de celle de la pendant que la pêche de 2 ans peut en four
dose ordinaire de l'Ain; peut-être cet usage a nir beaucoup ; mais le succès du brochet est
t-il pris sa source dans leur habitude de pê toujours assez chanceux, par la raison peut
cher à un an.
être qu'on ne sait pas toujours proportionner
Dans Saône-et-Loire on assole à peu près de leur nombre et leur force à la nourriture qu'ils
la même manière que dans le département de doivent prendre dans l'étang. Nous ne regau
l'Ain les étangs des plaines; ceux des monta dons pas cette question de la préférence à
nes du Charollais sont plutôt des étangs pour donner à la pêche d'un an sur la pêche de 2
es irrigations, des étangs qui servent de ré COIIlIIle § décidée; on est peu d'ac
servoir aux moulins, que des étangs pro cord sur ce point, quoique ce soit une ques
· AGRICULTURE. 60° livraison. TOME IV. - 25,
194 AGRICULTURE FORESTIERE : DES ÉTANGS. LIV, V,
tion de chiffres sur laquelle on peut acquérir che réglée; on ne met de tanches que le quart
tous les ans de § es données. du nombre des carpes, et les tanches doivent
Il est très utile de faire communiquer ensem être grosses et en bon état. Ni l'une ni l'autre
#
ble les divers qu'on possède; par ce moyen espèce d'empoissonnage n'a besoin d'être en
on peut donner de l'eau à ceux qui en man forts individus. On a remarqué que la pose
quent et remplir ceux qu'on veut empoisson était plus abondante lorsque le nombre des
ner à l'époque que l'on choisit. Lorsque les mâles était double de celui des femelles. Les
étangs sont nombreux le but est plus aisément laites et les œufs désignent très bien le sexe
rempli, parce que leur distance est moindre dans les carpes, mais dans les tanches ces 2
et que les fossés de communication ont par indices n'existentque dans le temps du frai :
conséquent moins d'étendue. L'opération est cependant les mâles se distinguent en tout
fort simple lorsque les étangs sont situés dans temps, parce que leurs nageoires sont plus
un même vallon, mais quand ils sont dans des fortes que celles des femelles.
vallons différens le niveau apprend ce qui Au bout de l'année on pêche une grande quan
eut se faire. M. GREPPo le père, dont la Dom tité de feuilles dont la grosseur est inégale, par
es conserve l'honorable souvenir, a, par ce ce qu'il y a la pose du printemps et celle de la
moyen, fait communiquer le plus grand nom fin de l'été. Les carpes et les tanches qu'on a
bre des36 étangs de sa propriété de Montellier; mises au commencement del'année,s'épuisant
il a ainsi § leur aménagement et amé par la pose, sont restées maigres et ont peu
lioré leurs produits.Son fils en recueille l'a profité.
vantage, et marche dignement sur ses traces On sépare la feuille des tanches de celles des
en se dévouant tout entier aux améliorations carpes; ces feuilles se vendent au cent. Pour
de toute espèce. les compter sans les fatiguer, parce qu'elles
On a depuis quelque temps imité avec pro craignent beaucoup la main de l'homme, on
fit la pratique du Forez qui, pendant la 1º an en remplit un petit vase dont on compte les
née d'assec, donne au sol les labours profonds individus, et le reste de la feuille s'apprécie
et répétés d'une jachère d'été; l'année d'après en la mettant dans le vase sans la compter.
on a une belle récolte en seigle ou en froment, Dans le Forez, on emploie pour la pose des
et les poissons et l'avoine qui succèdent réus carpes qui ont cessé de profiter depuis quelque
sissent très bien.Au bout de quelques années temps , et qui viennent des étangs trop char
la terre se tasse sous l'eau et le labour léger gés , de ceux où l'eau a manqué ou de ceux
de l'avoine, en sorte que le besoin d'un nou que le défaut de brochets a laissé s'épuiser
veau travail à soleil se fait sentir. à la pose ; on regarde ce poisson comme plus
On a encore trouvé de l'avantage à partager productif de feuilles.
les grands étangs par des chaussées; leur pro Le cent de feuilles et de l'empoissonnage
duit est meilleur, leur pêche plus facile ; l'é dans l'Ain est de 80 pairesou de 16ô têtes; dans
tang supérieur prend une plus grande quan la Brenne, il est de 70 paires ou de 140 têtes ;
tité d'eau. M. PERIER aainsi divisé l'Etang-Tur dans la Bresse Chalonnaise de Saône-et-Loire,
let en 2 autres étangs qui ont très sensible il est de 64 paires ou 128 têtes. Il est probable
ment augmenté son produit net. que dans cette manière de compter on agross1
le cent de toute la perte probable du poisson
SECTIoN VIII.— Éducation du poisson. pendant l'année : on en conclurait que la perte
est plus grande dans le département de l'Ain.
Les poissons d'étangs ne se consomment guère S II. - Etangs pour l'empoissonnage.
qu'à l'âge de 3 ou 4 ans. Il serait très difficile et
peu profitable d'élever ces différens âges en
La feuille se place dans un autre étang de
semble et dans les mêmes eaux, par cette rai moyenne
son. Partout où les étangs un peu nombreux grandeur; on y en met de 500 à un
ont été assujétis à un aménagement régulier, millier par cent du poisson qu'on met dans l'é
tang en pêche réglée ; on y met aussi 15 à 20
on a trois ou au moins deux espèces d'étangs : livres
les étangs pour † la pose ou la feuille, feuillesdedefeuilles
carDes.
de tanches par millier de
les étangs dans lesquels la feuille grossit pour Ces étangs s'empoissonnent avant l'hiver. La
devenir empoissonnage, et enfin les étangs feuille qu'on sort d'un étang où elle est en
pour produire les poissons de vente, où l'em tassée
oissonnage grossit pour la consommation. son profite déjà pendant le cours de la sai
osc, dans le Nouveau Dictionnaire d'Agricul froide. L'empoissonnageserad'autant plus
ture, a donc commis une erreur grave en di beau à la pêche, qu'on y aura moins mis de
feuilles d'août, et plus de feuilles de mai. Pour
sant que ces aménagemens lui paraissaient empêcher cet † de s'épuiser à la
n'exister que dans les étangs qu'il avait vus en # , et pour † la pose faite ne charge pas
Allemagne. 'étang en feuilles qui seraient inutiles, on
met au mois de mai 8 à 10 brochetons de la
S I"-- Étangs pour la pose. grosseur du doigt par cent de feuilles ; par ce
moyen, au bout de l'année, on a des brochets
. On emploie les plus petits étangs à la produc de 2 à 3 livres, très gras et très délicats, et
tion de la feuille; il est bon qu'ils soient peu l'empoissonnage est en beaucoup meilleur état
profonds, à l'abri des vents, et qu'ils ne soient et a grossi davantage. On le trouve de trois
† vaseux ; il est surtout nécessaire que les sortes : la feuille produite par la pose du mois
rochets ne puissent en aucune manière s'yin de mai de l'année précédente donne du pois
troduire.Ony met en carpes dont un 1/3 de fe son de 4 1/2à 6 pouces entre tête et queue, qui
melles, et 2/3 de mâles du 6° au 1/4 du nom fournit de l'empoissonnage à un an ; la pose
bre nécessaire à empoissonner l'étang en pê •du mois d'août donne de l'empoissonnage à 2
CHAP. 9e DE LA PRATIQUE DES PÊCHES. 195
ans, de 3 à 4 1/2 pouces entre tête et queue ; Dombes, parce que la manière d'empoisson
ceux au-dessous prennent le nom de carnous ner y donne un produit plus considérable en
siers , et sont employés à faire la feuille ou
poisson. On aurait donc, à ce qu'il semble,
nourrir les brochets.
tout avantage à imiter en Dombes la pratique
Dans le Forez on charge un peu moins les du Forez. -
étangs d'empoissonnage; les pêches à un an Dans la Brenne les étangs d'em oissonnage
ont prévalu, et c'est la raison pour laquelle on reçoivent un millier de tétes de † par hec
cherche à se faire de plus forts nourrains. tare; là on le transporte à dos de cheval dans
Pour avoir du poisson d'une livre et demie au des paniers appelés mannequins, et on ne pese
bout de l'année, on prend le nourrain du poids as le nourrain. Ce nourrain est marchand
de 1/2 livre, et pour les carpes de une livre et orsque le poissonnier, ayant la main fermée,
quart, on le prend de 3 à 4 à la livre : toutefois la tête et la queue dépassent le poignet; cette
on a remarqué que lorsque le nourrain est taille correspond à 3 ou 4 pouces, et c'est ce
d'une 1/2livre, la pêche est plus égale qu'avec le
nourrain de 3/4 ; avec ce dernier on a à l'em
† donne leur empoissonnage pour leur pê
che à 2 ans.
poissonnage de plus grosses † en petit
nombre, mais aussi un plus grand nombre de S III. - Etangs pour le poisson de vente.
petites.
Nous avons dit que dans ce pays un méme Nous avons vu précédemment que l'asso
étang leur servait souvent à ſ# leur feuille et lement régulier dans le département de l'Ain
leur empoissonnage. Pour cela, avec un millier était 2 ans en eau et un au en assec ; cepen
en moyenne de têtes de feuilles par hectare, dant, sur beaucoup de points, comme le pro
ils mettent 6 à 8 têtes de carpes d'une livre, duit en avoine est plus considérable que celui
tant mâles que femelles, prises parmi les moinsen poisson, on assole les étangs une année en
belles et les plus vieilles. Au bout de l'annéeeau et une année en culture. Il est certain qu'il
l'étang donne de l'empoissonnage de 6 à 8 on est des étangs dans lesquels cet assolement
ces par tête, une grande quantité de feuilles; est profitable, mais peut-être ne l'applique-t
et les carpes se sont refaites d'une manière
remarquable. Ce procédé ne donne, il est vrai, on pas toujours à propos; il est un peu plus
commode pour des fermiers qui, sans avoir
point de brochets, mais il est très commode un grand nombre d'étangs, peuvent par ce
† ceux qui ont peu d'étangs et qui ne veu moyen vendre tous les ans du poisson et de
ent acheter ni feuilles ni empoissonnage sou l'avoine. Parmi les étangs qu'on laisse 2 ans
vent très cher.
en eau, il arrive aussi qu'un assez grand nom
Nous avons ici une observation fort impor bre se pêche tous les ans. Ce poisson d'un an
tante à faire : la Dombes, dont les principes a plus d'apparence que de qualité réelle; il pa
d'assolement et plusieurs pratiques d'aména raît souvent presque aussi # que celui de
† des étangs peuvent bien être regar 2 ans ; une paire de carpes d'un an, dans les
és comme un modèle, anéanmoins, à ce qu'il étangs d'assez bonne qualité, pèse 3 livres,
nous semble, une excellente leçon à prendre comme à 2 ans elle en pèserait 4, sans avoir
dans le Forez pour la manière d'empoissonner des dimensions sensiblement plus fortes; mais
en carpes dans la pêche d'un an. Le sol de la croissance a été plus que double dans la
Dombes est, à ce qu'il semble en moyenne, 1° année, et les marchands détaillans vendent
au moins égal en qualité à celui du Forez. Les presque aussi cher ce poisson plus jeune ;
produits en labour des étangs # sont même
c'est ce qui fait l'un des plus grands avantages
supérieurs ; comment se fait-il donc que le des pêches à un an. On a peu † brochets dans
roduit en poisson soit très inférieur en Dom
ces pêches, alors même qu'on ne les met qu'au
† , où il devrait être meilleur parce que les mois de mai; ils mangent le frai avant que
luies annuelles y sont plus considérables ? l'œuf soit développé et pendant qu'il est en
† le Forez, les pêches d'un an donnent de core au chapelet. Lorsque la nourriture en
la carpe de 3 livres la paire, sur la rive gauche † poissons leur manque, ils se jettent sur
de la Loire, mais avec un empoissonnage d'une 'empoissonnage, et particulièrement sur les
demi-livre, et sur la rive droite, le poids est de tanches, et s'épuisent à poser eux-mêmes, en
2 1/2 livres avec de l'empoissonnage de 3 à 4 sorte que lors de la pêche il arrive souvent
à la livre. En Dombes, avec de l'empoisson qu'on a peu de brochets. Mais, sans nous oc
nage de 4 à 5 à la livre, on a en moyenne cuper plus long-temps de cette question que
des carpes de 2 livres la paire, pendant qu'on nous avons précédemment agitée, nous allons
peut regarder comme à peu près certain qu'a entrer dans la pratique des pêches à 2 ans et
vec de l'empoissonnage d'une demi-livre on des pêches à un an.
atteindrait le poids moyen du Forez, 3 livres
la paire. En Dombes, un quintal d'empoisson SECTIoN IX. - De la pratique des péches.
nage en reproduit 4 en poissons de vente ;
dans le Forez, et sur la même étendue, 2 quin S I°r. —Pêche à deux ans.
taux en reproduisent 6, et d'un poisson qui
vaut sur les marchés un cinquième au moins Nous commencerons par nous occuper de
de plus. En ôtant de part et d'autre la valeur cette pêche qui est la pêche de règle et
de † ajoutant un quart de la nous servira de point de départ pour les
†
valeur ordinaire de la pêche, à cause des bro autres.
chets et des tanches, les produits nets com On doit retenir les eaux dans l'étang aussitôt
arés sont entre eux comme 20 est à 30. Lava que la récolte est enlevée, et empoissonner leplus
eur nette de la pêche avec le fort empoisson tôt que faire se pourra, pour que le pcisson
nage est donc de moitié en sus; aussi y répète-t puisse se reconnaitre, se reposer des fatigues
on plus souvent les années de pêche qu'en du transport pendant l'hiver et soit disposé à
196 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. LIV. V.
commencer à travailler dès le premier prin sonnage; il propose donc, pour se diriger dans
temps.Le poisson, dans le premier mois qu'il ce point important, de peser les carpes de la
se dans un étang, s'occupe à le parcourir, pêche d'un étang, et pour avoir le nombre de
le reconnaitre sur tous les points et profite têtes d'empoissonnage à y mettre, il divise le
peu; il vaut beaucoup mieux qu'il emploie à poids total par le poids particulier qu'il veut
cela un mois d'hiver qu'un mois de printemps avoir pour les carpes de † Il ajoute 1/5°,
qui serait perdu pour sa croissance. »
pour couvrir les chances de la mortalité et les
Nous avons dit précédemment que l'em pertes probables ; il proportionne ensuite à
poissonnage de carpes à 2 ans, devait avoir de ce nombre celui des tanches et des brochets
3 1/2 à 4 1/2 pouces. Il est convenable. ur qu'il doit y ajouter. Ce système serait facile et
toute espèce de pêche et de poisson, qu'il soit commode à adopter si le principe sur lequel
égal autant que possible; lorsqu'il est inégal , il se fonde était bien avéré: mais il est douteux
carpes, tanches ou brochets, les plus gros qu'un étang produise toujours le même poids
vivent aux dépens des plus petits, et à, la de poissons, et l'expérience et la raison prou
pêche on a † belles pièces, mais le plus vent que le poids est moindre lorsque la quan
grand nombre est resté faible, et le produit #empoisºnnage est trop forte ou trop
: totalest moindre que si on n'eût employé que al D16.
SECTIoN. X.-Accidents et destruction des coup des orages; lorsque la foudre a éclaté dans
poissons. le voisinage d'un étang ou peut-être sur l'é
tang lui-même, il arrive souvent qu'on trouve
Le poisson craint beaucoup la neige et même un grand nombre de poissons, et surtout de
l'eau de neige. Après quelques instans qu'on brochets, morts. Cette annee j'ai perdu de
l'a placé sur cette substance, le sang sort au cette manière en grande partie les brochets
tour de ses écailles et il meurt promptement. d'un étang de 10 hectares. On croit aussi que
Les hivers neigeux et accompagnés de beau la grêle est souvent fatale aux poissons; peut
coup de glace ſui sont dangereux ; l'hiver de être cela tient-il à une même cause, à l'état
89 fit périr une grande partie des poissons des électrique de l'atmosphère.
étangs. On a beaucoup disserté sur la cause, Les loutres sont aussi de dangereux ennemis des
qu'on ne paraît pas avoir rencontrée.Depuis ce poissons; cet animal amphibie va les attaquer
temps, toutes les fois que la glace couvre les jusque dans leur élément et en fait un grand
étangs, on la casse vis-à-vis les places les plus carnage; on les prend avec des filets, on les
profondes qui servent de retraite au poisson tue à coups de fusils, des chiens les poursui
et on met † le trou une botte de paille ou vent dans les terriers qu'elles se sont mé
de chènevottes pour empêcher la glace de nagées, mais leur dent est acérée, et souvent
reprendre et permettre à l'air de s'introduire. elles les déchirent. Le renard, dit-on, détrui
Ce moyen parait utile, mais n'est point encore rait aussi des poissons, mais on ne sait par
un spécifique; il renouvelle évidemment l'air uelle industrie; le héron, les mouettes et une
nécessaire aux poissons et qui se trouve entre oule d'oiseaux d'eau vivent de petits poissons
la glace et l'eau, mais il est incertain que la et c'est à eux qu'on doit en grande partie la
cause de mortalité soit tout entière dans disparition à la pêche d'un quart ou d'un
l'air vicié. -
2 * ººº. . - - - * ^ : ! - - 7- - | UU >
Le mode de péche des étangs nous paraît à cherie derrière la chaussée où s'arrêtent les pois
peu près uniforme dans les divers pays dont sons petits ou gros qui passent par le canal ;
nons parcourons les usages. Partout, dans la mais lorsqu'on a des thoux établis dans le sys
partie la plus basse se trouve un fossé ou bief Fig. 211. tème que nous avons pro
où le poisson se retire lorsqu'on fait couler posé, on se dispense de
-
réservoirs. Une tonnette percée de trous est ui, les inondant, refroidissent le sol, donnent
un moyen commode de conservation pour la † la force aux herbes aquatiques et affaiblis
consommation d'une maison particulière. sent en même temps les jeunes céréales; l'a
Le poisson se garde mieux dans le cuivre que voine, surtout, craint beaucoup cette inonda
dans l# bois et dans le chéne mieux que dans le tion. Le sol recèle dans son sein des myriades
sapin, dont il craint l'odeur et la saveur rési de graines qui ne pourrissent pas sous les
neuse; une poignée de farine de seigle, de la eaux et qui, lorsque l'étang est en assec,
fiente de § ou de cheval, du jus de fumier poussent et couvrent la surface; si l'humidité
aident à le conserver. Toutefois s'il est nom et le séjour des eaux viennent favoriser la vé
breux dans un vase où l'eau ne se renouvelle † de ces plantes aquatiques, la céréale,
as, il faut le changer assez souvent. Par le sé 'avoine surtout qui n'a pas encore eu le temps
jour dans la même eau, leur corps se recouvre de prendre de la force, est étouffée par leur
d'un enduit visqueux qui paraît beaucoup leur roduit. On sent dans ce cas l'utilité d'un
nuire, surtout si le temps est chaud. arge canal d'évacuation; on y supplée par un
second canal auquel on donne le nom de ba
SECTIoN XIV. — De la culture de l'étang dans chasse borgne; l'orifice intérieur de ce canal se
les années d'assec. bouche de terre dans l'étang en eau et s'ouvre
dans l'étang en assec pour hâter le débit des
Nous avons dit précédemment que le pro eaux d'inondation. Mais on conçoit qu'une
duit des étangs alternés en eau et en laboura rivière de ceinture est un moyen plus sûr,
ges était plus considérable. L'usage est d'avoir plus complet, et utile dans l'étang en eau
2 ans d'eau et une année de culture; cepen comme dans l'étang en assec.
dant lorsque le sol est d'une nature argileuse, En Dombes, le propriétaire qui habite sur
2 années d'eau tassent quelquefois le terrain les lieux, ou son fermier général, fait cul
de manière à ce qu'un seul labour ne parvient tiver les domaines à moitié, ou les amodie en
pas à l'ameublir; dans ce cas il est plus profi argent et s'en réserve les étangs; il les em
table de ne donner qu'une année d'eau. On oissonne à son compte et l'année de la culture
trouve dars cette nature de sol grand avan il les fait ensemencer à moitié par les fermiers,
tage à faire gener ce terrain, et pour cela on qui fournissent toute la semence et ont pour
† au commencement de l'hiver. Les étangs eux toute la paille avec la moitié du grain,
rouilleux, c'est-à-dire où abonde la brouille toutefois avec le prélèvement des affanures
fétuque flottante (festuca fluitans) sont dans le de moissons et de battaisons qui sont le cin
même cas. On y trouve de plus l'avantage de quième du produit total en grains.
faire pourrir cette plante aquatique pendant Depuis quelques années on a imaginé un
l'hiver. Les étangs sablonneux doivent rester cours de culture que l'expérience a prouvé très
couverts d'eau jusqu'au moment des semail profitable. La première année d'assec se con
les, et on les laboure pendant que le sol est sacre à une jachère d'été dans laquelle on la
encore humide, pour lui donner un peu plus boure profondément; cette jachère est suivie
de consistance. Dans le sol argileux, le labour, de seigle ou froment qui donne une récolte
autant que possible, doit se faire quand le ter abondante; le produit en poisson qui lui suc
rain est presque sec. cède et l'avoine qui le suit sont par-là beau
Un seul labour en planches de 3 à 4 pieds, coup améliorés; il serait à désirer que cette
bombées dans le milieu et sur lesquelles on jachère pût revenir de temps en temps, parce
donne un coup de herse , suffit pour la se que la terre se tasse de nouveau sous l'eau
maille. On couvre la semence avec un ou plu et le labour léger de l'avoine. Cet assolement
sieurs hersages; une dernière façon à la herse, ne peut se suivre que dans les étangs dans les
donnée lorsque la plante est sortie, est sou uels on est maître, soit de l'assec, soit de
vent très † elle sarcle en quelque façon la l'évolage.
céréale et détruit la mauvaise herbe qu'on Les §our, profonds sont donc, à ce qu'il
urrait craindre. Les soins que nous venons me semble, éminemment utiles aux produits
'indiquer sont ceux qu'on donne à lasemaille de toute espèce des étangs; on conçoit bien
d'avoine, qui est le produit le plus fréquent alors que, dans les systèmes de culture
dans les étangs. On sème un quart plus d'a où on ne les laboure pas, les produits doivent
voine qu'on ne sèmerait de blé. être inférieurs. Dans la Brenne on ne les
Lorsqu'on veut semer du froment dans un laisse. en assec que chaque 11° année;
étang, # faut le pêcher avant la fin d'août ou cetfe année même ne produit qu'un mauvais
vers le milieu de septembre. Dans le premier pâturage, parce qu'il est impossible de faucher
cas on le laboure à plusieurs reprises, et on le dans ces étangs infestés de mottes de roseaux
sème en octobre dans la terre ainsi bien pré et de carex.
parée.
Lorsqu'on pêche en septembre on laisse SECTIoN XV. — Du pâturage des étangs.
ressuyer les fondspendant une dizaine dejours,
au bout desquels on donne un labour.On sème Lorsque les étangs sont en eau, leur pâtu
ensuite le fromentaprès un premier hersage et rage offre une assez grande ressource. Ce sont
on recouvre la semence par un deuxième coup ceux surtout où abonde la brouille qui offrent
de herse. Cette dernière méthode s'appelle se le plus d'avantage.Au premier printemps, cette
mer sur la boue;elle est souvent aussi profitable † tapisse la surface des eaux ; les bêtes
que l'autre; en 1835 un étang ainsi semé m'a cornes et les chevaux en mangent avidement
produit plus de onze fois la semaille. les pousses nouvelles et se remettent assez
Les rivières de ceinture sont éminemment promptement de la disette des fourrages
utiles pour la mise en culture des étangs. Elles
§ contre l'arrivée des eaux
qu'ils ont presque † éprouvée pendant
l'hiver. Au milieu de l'été, lorsqu'elle monte
CHAP. 9°. DU PRODUIT COMPARÉ DES ÉTANGS. 201
engraine, ses biges durcissent et cessent d'être beaucoup baisser et n'être que le 1/3 de celui
recherchées des bestiaux; mais la graine, à ce que nous venons de donner comme terme
qu'il paraît, devient très utile au poisson. En moyen. Dans le temps où l'on voulait tout
Pologne, où elle est très abondante, on la re mettre en étangs, on agit comme dans toute
† sous le nom de manne de Pologne et on circonstance où l'engouement tient lieu de
en fait des potages très savoureux; la sève raison. On fit de très grandes dépenses pour
d'automne, après la fructification, fait pous mettre en étangs des fonds qui produisent très
ser à la brouille de nouvelles tiges, qui de peu en poisson, et qui auraient pu produire
viennent de nouveau du goût des bestiaux de bons bois ou être labourés et cultivés avec
comme au printemps. -
quelque avantage. Les chaussées qui environ
Cette graminée repousse avec une grande vi nent ces fonds, souvent de trois côtés, coûte
gueur et presque à mesure que sestiges sont con raient maintenant beaucoup plus à faire que
sommées.Le rédacteur de l'article Etang, dans le fonds n'aurait de valeur vénale.
la statisque de l'Ain, cite un étang brouilleux Dans les fonds de qualité moyenne dont nous
qui nourrit 40 têtes de bétail depuis le com avons parlé, le produit de l'assec est regardé
mencement du printemps jusqu'à la mi-mai comme double de celui du poisson; le produit
et depuis le mois d'août jusqu'à l'hiver. Quoi de l'avoine est de 20 à 25 hectolitres par hec
ue les étangs ne soient pas toujours si produc tare.
tifs, ils offrent réellement un grand avantage Dans le Forez le † donné par M. DU
comme pâturage; mais ce n'est encore que les RAND est plus considérable; les frais d'empois
étangs labourés qui peuvent fournir ces gran sonnage sont aussi plus forts; leur empois
des ressources, parce que les autres sont in sonnage d'un an pèse 7 à 8 onces, pendant qu'il
festés de plantes perennes qui sont une mau ne pèse que moitié dans l'Ain. Le produit brut
vaise nourriture pour le bétail. en poissons y serait de 100 fr. par hectare et
Le fenouil d'eau (phellandrium aquaticum), par an, dont ils ôtent moitié pour frais d'em
p† pour l'homme, est très recherché du poissonnage, de garde et de pêche; il resterait
étail. Il croît au milieu des étangs les plus en produit net 50 fr. Le produit de la pêche
profonds et les bestiaux vont le chercher à la de deuxième année s'évalue à 1/8° de moins
nage; il paraît aussi utile au poisson, du moins que celle de première année. Le produit en
les étangs qui le produisent donnent de plus assec, au contraire de ce qui se passe dans le
gros poissons. département de l'Ain, est regardé comme in
Dans quelques étangs se trouvent en abon férieur à celui du poisson, en sorte que le
dance une variété de scirpus maritimus; les co
produit met moyen annuel de l'hectare du
chons sont très avides de sa racine; ils vien terrain en étang serait de 40 fr. Cependant les
nent la chercher de fort loin et dévastent, si étangs se sont relativement moins accrus que
on n'y prend garde, les étangs en avoine. dans le département de I'Ain; mais l'usage
La chasse des étangs offre aussi de l'impor des pêches d'un an et du labour des étangs est
tance; il est tel grand fonds où, le jour de ladevenu tout-à-fait général.
chasse, on tue plusieurs centaines de têtes de M. DE MoRoGUEs évalue le produit annuel à
gibier, qui se composent de morelles, de ca UlIl † de poisson par an et par hectare. Si
nards et de sarcelles. La chasse se fait au fu on évalue le quintal de 25 à 30 fr., et qu'on ôte
sil et dans des bateaux; le canard fuit au pre moitié pour l'empoissonnage, le chômage, ce
mier coup de fusil, mais la morelle ne fait qui est sans doute beaucoup, on aurait 12 à
que changer de place et se laisse détruire sur 15 fr. par an pour le produit net moyen de
l'étang pendant tout le jour de la chasse; la l'hectare d'étang. Ailleurs il ne † ce pro
nuit, celles qui ont échappé au carnage se ras duit net qu'à 5 fr. Ces deux chiffres, donnés
semblent pour partir et ne plus revenir. par un propriétaire qui habite le pays, seraient
assez difficiles à concilier et ne s'expliqueraient
SECTIoN XVI. — Du produit comparé des que par la grande différence de valeur du
étangs. oisson dans les différens cantons de la So
ogne. Mais ces résultats, en prenant même
Dans le département de l'Ain, on estime en le plus fort, prouvent surabondamment que
moyenne, dans la péche à 2 ans, à 50 fr. par an le produit des étangs, non alternés en labou
le produit par cent d'empoissonnage assorti rage, est peu considérable.
de ses tanches et de ses brochets. Il faut en nfin M. DE MARIvAUx estime le produit en
déduire les frais d'empoissonnage qui sont en oisson annuel, d'un hectare de première qua
moyenne de 10 fr. par cent d'empoissonnage ité, dans la Beauce, à 32 fr. 50c., déduction faite
à 2 ans et de 15 à 20 fr. pour frais d'empois de l'empoissonnage et des frais ; si on retran
† à 1 an, en y comprenant les tanches che les frais de pêche et le chômage de la
et les brochets. La pêche à 1 an vaudrait peut ouzième année, ce produit se réduit à 28 fr. ;
être un peu plus de 60 fr. par cent d'empois il est de très bons fonds, dans le département
sonnage, surtout si les brochets ont réussi. de l'Ain, qui donnent un produit triple.
Dans un étang de bonne qualité la carpe, en Le résultat de ces comparaisons de produits
2 ans, augmente dans la proportion de 1 à 16, serait donc évidemment que l'assolement al
c'est-à-dire qu'une carpe de 2 onces arrive à ternatif en labour et en poissons est sans compa
2 liv.; le brochet d'un quarteron arrive à 2 et raison le plus favorable au produit; d'ailleurs
†
3 liv. et la tanche ou quintuple son il fournit tous les 2 ou 3 ans, sans engrais, une
poids. Mais il y a dans tous ces produits bien récolte abondante de paille qui est une res
du hasard, et c'est pour cela que nous avons source très précieuse pour le domaine; il est
réduit le produit moyen au-dessous de ce ré encore moins malsain, parce que la terre de
sultat. Lorsque le sol se tasse facilement ou l'étang, labourée en planches bombées, à me
qu'il est de nrauvaise qualité, ce produit peut sure que par l'évaporation de l'été le sol se
AGRICULTURE. TOME IV. — 26
5202 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. LIV. V,
découvre, s'égoûte beaucoup mieux que le nérale du pays fut donc attaquée jusque dans
sol couvert de joncs, de carex et de plantes ses sources les plus fécondes par une opéra
aquatiques. tion qui favorisait quelques intérêts indivi
duels; en même temps,par une réaction toute
SECTIoN XVII. — Du desséchement des étangs. naturelle et qui se reproduit toujours, la di
minution de prospérité agricole, de salubrité
Cette question qui intéresse la salubrité de et de population se fit sentir au pays tout en
vient, en quelque façon, par-là une question tier. Ceux mêmes qui avaient trouvé quelques
d intérêt public.Nous avons vu précédemment bénéfices présens et matériels à construire
que cette grande mesure ne pouvait pas être des étangs, ou au plus tard la génération qui
ordonnée comme elle l'a été en masse une les suivit, perdirent beaucoup plus qu'ils n'a
1re fois par la législation; il serait toutefois à vaient d'abord gagné. Ceux de leurs fonds qui
désirer que sur les réclamaiions des commu ne furent pas inondés, c'est-à-dire les 5/6 de
nes ou des particuliers, le desséchement d'un la surface, virent s'évanouir la moitié de
étang pût être ordonné, sauf indemnité au leurs revenus nets ; mais il est bien difficile de
»ro riétaire, et que, comme nous l'avons dit revenir à meilleur ordre et à l'état ancien des
»récédemment, on ne pût pas construire un choses. Les propriéiaires actuels ont encore,
nouvel étang ou en agrandir un ancien sans en général, le même intérêt à conserver leurs
une enquête de commodo vel incommodo. étangs que leurs devanciers ont eu à les éta
Nous avons vu plus haut qu'une dépense blir; il est donc impossible de leur demander
actuelle de sept millions au moins serait né un desséchement spontané pour lequel il leur
cessaire pour mettre en étang les 23,000 hec manquerait les moyens nécessaires aussi bien
tares inondés du département de l'Ain; il se que la volonté. Le gouvernement peut res
rait impossible, dans le moment présent, de treindre l'établissement de nouveaux étangs,
faire l'avance de cette somme énorme avec les et il serait à désirer qu'une exemption d'im
ressources qu'offre le pays, en supposant pôts pendant vingt ans pût être accordée à
même que les constructions ne se fissent que ceux qui dessécheraient les leurs, en frappant
dans un grand espace de temps; il est donc d'un impôt double, pendant le même-temps,
tout-a-fait probable qu'à l'époque de la cons ceux qui les rétabliraient après les avoir des
truction de ces étangs, où † prix du travail séchés et avoir profité de l'immunité.
comparé à la valeur des fonds était relative Le tort de ceux qui dans le temps étaient
ment beaucoup plus élevé, le pays était plus chargés des intérêts généraux fut de ne pas
riche, plus prospère qu'il ne l'est maintenant. deviner l'avenir qui menaçait la contrée par
Des anciennes villes ruinées, où se trouvent l'établissement des étangs, et de favoriser par
encore beaucoup de maisons sans habitans ; une foule de dispositions spéciales leur
d'anciens châteaux dont on a démoli une construction. Maintenant les choses en sont
grande partie, et dont la plupart de ceux qui à un point que l'autorité légale ne peut tout à
restent sont à peine habités: enfin les traces coup les changer : mais elle peut bien, dans le
d'une culture ancienne qu'on rencontre sur des Code rural, prononcer la cessation de toute excep
lerrains en bois ou en pâturage. prouvent en tion favorable pour les etangs qu'on voudrait
core d'une manière plus précise le fait d'une établir, en même temps que, comme nous
plus grande population, d'une culture plus ac l'avons dit, elle les classerait dans l'une des
iive, plus riche que celle d'aujourd'hui et qui catégories des établissemens insalubres en in
remontent évidemment au-delà de l'établisse terdisant leur construction à moins de 500
ment des étangs. Les étangs, dont on ne peut mètres des bâtimens.
aujourd'huise passer.qui représentent presque Le desséchement de certains étangs est sou
tout le produit net du pays, qui sont une né vent une operation d'un très grand produit;
cessité agricole dans l'état actuel des choses , mais c'est surtout le desséchement de ceux
ont donc été, pour l'avenir de la contrée, pluiôt qui sont toujours en eau. Un étang de 11 hec
un moyen d'appauvrissement que de richesse. tares, sur lequel était un moulin, et dont le re
Dans le temps les propriétaires trouvaient venu n'était pas de 300 fr., est maintenant
sans doute avantage à inonder leurs fonds, une petite prairie qui produit annuellement
puisqu'ils l'ont fait en un aussi grand nombre 2000 fr.; au-dessus et au-dessous de cet étang
de lieux ; le prix élevé du poisson, son facile s en trotſvent deux autres d'une plus grande
débit, le peu de main-d'œuvre nécessaire à la étendue. dont le desséchement a encore été
culture engagèrent à construire des étangs, plus utile.
mais les intérêts généraux et bientôt les inté M. DoULsET, propriétaire à Paracuy, dans
térêts particuliers en souffrirent eux-mêmes : le Berry, a changé un étang de 1000 fr. de lo
l'insalubrité du pays s'accrut, la masse géné cation en une prairie qui en rend 5 à 6000.
rale de la main d'œuvre nécessaire à la culture En Dombes, l'étang du grand marais qui ne
du sol diminua; avec un moindre besoin de s'asséchait jamais a été desséché et assaini par
bras, une paruie de la population cessa d'avoir M. de BELvEY qui en retire maintenant un
de l'emploi et alla en chercher ailleurs; la produit beaucoup plus considérable; un autre
construction des étangs absorba une grande étang, dans la commune de Villiers, dont l'é
partie du capital agricole; les étangs devenus voiage appartient à M. DE LAToUR-MAUBoURG
une fois le produit principal, la culture des et l'assec à MM. GREPPo et autres proprié
autres fonds fut † la piupart des fonds taires, desséché maintenant, donne d'immen
des vallons, couverts de prairies furent chan ses produits qu'on a beaucoup accrus par des
† en étangs dont le produit était plus élevé; chatilages bien entendus. Enfin la Bresse était
'agriculture, dans toutes ses branches, fut couverte d'étangs dans les siècles derniers : des
donc énervée et tomba dans la langueur où prés de bonne qualité les remplacent presque
nous la voyons aujourd'hui. La prospérité gé partout et produisent, sans doute 2 ou 3
CHAP. 9°. DES VIVIERS. 203
fois autant que lorsqu'ils étaient en eau. Leur Les étangs † pendant longues années, ont
desséchement est assez ancien, son époque est reçu les eaux de toutes les parties supérieures,
oubliée, et si les chaussées, les titres et les se sont enrichis de leurs débris ; la chaux em
lieux dits ne les rappelaient, on ne soupçon ployée sur ce sol y produit le plus grand effet.
nerait pas l'ancien étal des choses. Nul doute M. GREPPo a retiré 16 pour 1 en froment de
que dans la Dombes et dans la plupart des ses portions d'assec de l'étang dont nous avons
pays d'étang, une grande partie de ces fonds parlé, et qu'il a amendées avec de la chaux.
desséchés ne parvinssent enfin à donner du Les terres étant rendues productives par les
fourrage d'assez bonne qualité. Partout les amendemens calcaires on en voudra augmen
étangs n'ont pu être établis que dans le fonds ter l'étendue, et pour celaon mettra en culture
de petites vallées, et c'est là partout la po les étangs qui s'égoûtent avec plus de faci
sition des prés. Mais comment arriver à l'état lité. La ferme dans laquelle le travail à la
de prospérité et de richesse agricole néces charrue s'est accru, aura besoin aussi d'ac
saire dans les pays d'étangs pour cet impor croître le nombre de ses bestiaux et par consé
tant changement ? quent ses fourrages; on mettra donc en prés
Dans les parties assez nombreuses où un sol les etangs les plus bas et qui reçoivent le plus
glaiseux, tenace et qui se tasse sous les eaux d'eau. La population et les bras qui manquent
ou par l'effet seul de la pluie, ne donne que seront appelés dans le pays parce qu'ils y trou
des étangs tout-à-fait médiQcres, leur destruc VerOnt † l'emploi, de l'aisance, et un prix de
tion ne doit pas être longue à attendre. Cette salaire élevé. On laisserait sans doute encore
nature de sol le plus souvent peut produire CIl 6º8lll † étangs, parce qu'il est des
de bon bois, et le prix de cette denree s'est sols et des positions où aucun autre produit
presque partout élevé de manière à produire ne leur est supérieur, mais ils resteront en
un revenu supérieur à celui de ces mauvais petit nombre, et placés dans une contrée ri
etangs; des plantations de bois sont donc che, féconde et assainie, ils seraient désormais
tout-à-fait convenables et n'exigent pas des sans inconvéniens.
avances considérables. Ainsi, dans une pro Il faut, il est vrai, bien du temps pour
priété qui contenait 9 étangs, nous en avons réaliser tout cet ensemble de prospérité; mais
fait planter 7. Déja, au printemps, le sol jadis toutes les circonstances s'enchaînent, se né
en eau commence à verdir sous le feuillage ; cessitent l'une et l'autre; elles dépendent sou
dans la place qu'occupaient ces réservoirs vent d'une première impulsion; cette impul
d'eau insalubres, tristes à voir et d'un mince sion est donnée dans l'Ain.Une foule de grands
produit, la verdure vive et variée des diffé propriétaires s'empressent d'employer la
rentes variétés d'arbres résineux commence chaux; des moissons abondantes et des four
à se nuancer pendant ioutes les saisons. Si les rages vigoureux récompensent leurs avances ;
derniers † ne sont pas plantés, c'est toute la contrée est temoin de ces succès , et
qu'il aurait fallu discuter judiciairement des le temps n'est peut-être pas loin ou chacun
prétentions au pâturage. Le desséchement dans ce pays ſera ses efforts, suivant sa posi
des contrées analogues offrirait donc peu de tion, pour se procurer de la chaux, moyen
difficultés lorsque l'assec et l'évolage appar uissant et durable de fécondité et, nous osons
tiendraient au même propriétaire; dans le e dire, de salubrité.
cas contraire, les difficultés nous paraissent
assez grandes. M. VARENNEs DE FENILLE, en SECTIoN XVIII— Des viviers.
discutant cette question prouve, que, dans le
cas de desséchement. il devrait être attribué $ I°r. —De l'usage des viviers.
au propriétaire de l'évolage 5/9 de l'étendue
et 4(9 au propriétaire du sol. D'ailleurs l'as Lesviviers ou réservoirs sont des pièces d'eau
sainissement de ce sol d'étang est facile : un pour conserver ou engraisser le poisson. C'est
petit nombre de fossés, pratiqués dans les un éiablissement très utile à la campagne.Outre
arties basses et qui aboutissent à l'ancien l'agrément d'une pièce d'eau qui anime, vivifie
† assainissent toute la surface. et varie le coup d'œil des jardins, il procure
Quant aux pays où les étangs offrent plus le grand avantage de tenir le poisson prêt pour
d'avantage, dans le chapitre de cet ouvrage où ie moment du besoin. A la ville les poisson
nous avons traité des amendemens calcaires niers se chargent de ce soin, mais à la campa
( tom. I", pag. 60), nous avons vu que tous gne cette ressource manque. Nous n'entrerons
les pays de sol argilo-siliceux pouvaient de pas dans les détails des constructions et des
voir à leur emploi de grandes richesses agri usages des viviers des anciens; c'était un objet
coles; nous avons vu que, suivant toutes les sur lequel ils avaient porté tout leur luxe et
probabilités, cesamendemens, en apportant la toute leur industrie; mais c'était surtout des
richesse dans un pays, y apporteraient aussi viviers d'eau de mer qu'ils avaient établis ;
la salubrité. Nous remarquerons maintenant ils y conservaient à leur disposition des pois
que dans tous les pays où les amendemens sons de toutes les mers connues et de toutes
calcaires sont généralement employés, les les tailles.
plateaux argilo-siliceux n'offrent point d'é Les réservoirs des modernes sont plus mo
tangs et ne sont point insalubres ; nous en destes et mieux assortis à nos mœurs et à nos
conclurons que leur emploi dans les pays habitudes; ils sont destinés particulièrement
d'étangs, en doublant le produit du sol cul aux trois espèces de poissons dont nous avons
tivé, en enrichissant le propriétaire et le cul parlé: aux carpes, aux tanches et aux brochets.
tivateur, leur donnerait les avances néces Il est a propos d'avoir 2 réservoirs pour cha
saires pour se passer du moyen insalubre des que espèce, ou au moins 2 séparations dans un
étangs et appeler sur leur sol desséché toutes seul réservoir.Le brochet doit être seul, parce
les cultures productives que autrement il dévore ou fait au moins pé
204 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. LIV. V,
rirles2autres espèces; la faim lui fait attaquer sources peu abondantes viennent les rafraîchir.
les carpes d'un poids presque égal au sien : il L'année dernière, dans le fort de la sécheresse,
ne peut les avaler, mais il les blesse cruelle des carpes et des brochets ont péri en assez
ment, et le plus souvent elles succombent aux grand nombre dans des réservoirs alimentés
suites de ces blessures. On le nourrit avec des par des sources, mais auxquels manquait de la
tits poissons. On le conserve aussi sans lui profondeur.
§! de nourriture, qu'il n'est pas toujours Si les réservoirs sont assez grands pour que le
facile d'avoir sous la main et qui, à la longue, poisson puisse y faire de la feuille, il est bon
serait très dispendieuse. Lorsque l'eau du ré ue l'un des bords au moins soit en pente
servoir est vive, que † sources l'ali ouce, pour faciliter le frai. On se défend
mentent et que le fond n'est pas vaseux, il y des maraudeurs en plaçant des piquets dans
maigrit sans nourriture, mais néanmoins se le fond des viviers pour empêcher l'action des
conserve ferme et d'excellent goût pour le filets; mais il est néanmoins à propos de secon
moment de la consommation. -
server au moins une place profonde où l'on
Dans des pays d'eau vive on a aussi des ré uisse soi-même, avec un épervier, prendre
servoirs de truites, mais il faut que leur eau soit e poisson au moment du besoin, autrement
près de la source et qu'elle se renouvelle fré on est obligé de faire couler son réservoir, ce
quemment. La truite est aussi un poisson vo qui n'est pas sans un grand inconvénient si on
race; il faut donc l'alimenter avec de petits n'a pas une source abondante pour le remplir.
poissons de rivières ou d'étangs. † quelque amorce dans cette espèce de
Les carpes et les tanches se nourrissent avec pêcherie, et on y envoie au besoin le poisson
plus de facilité; on envoie, si l'on peut, avec en battant l'eau dans les autres parties du ré
rand avantage, dans leurs viviers, les eaux servoir.
es écuries, des éviers : les débris de la table,
les balayures de la maison leur conviennent $ II. — De la construction des viviers.
à merveille; le fumier, frais ou vieux, les
grains de toute espèce, cuits ou crus, liés entre Il faut choisir aux réservoirs une position
eux avec de l'argile; les boulettes de pommes favorable; un pli ou une inflexion de terrain
de terre cuites, pétries avec des farines d'orge, leur est presque nécessaire, comme à l'éta
de froment, de maïs ou de sarrasin, les sa blissement d'un étang; s'il ne s'en trouve pas,
lades crues, les racines hachées, toutes ces il faut alors creuser sur un terrain en pente ;
nourritures entretiennent et engraissent la car la pente est absolument nécessaire aux
carpe et la tanche dont la chair est d'autant réservoirs, autrement on ne pourrait pas les
plus délicate qu'on les a mieux nourries. vider, soit pour prendre le poisson, soit pour
Il paraît qu'à Strasbourg on engraisse les #rrasser
lit.
le fond de la bourbe qui s'y éta
carpeaux du Rhin, et on les fait grossir dans
des réservoirs d'où on les tire pour les de Si on n'a point d'eau de source pour son
mandes du pays, et souvent de Paris. En Hol réservoir, il faut l'établir dans un point qui
lande on engraisse les carpes sans eau, sus reçoive une quantité d'eau de pluie capable de le
pendues dans des filets où elles reposent sur remplir en peu de temps; les eaux grasses,
de la mousse humide, avec de la laitue et les eaux des cours, des terres labourées, con
de la mie de pain imbibée de lait : la courge viennent beaucoup mieux que celles des
ou l'orge bouillie conviennent aussi très bien bois ou des terrains maigres.
pour cet objet. Si on a été obligé de creuser son réservoir,
On fait dans les réservoirs la provision d'hi on recommande # le laisser sans eau, exposé
ver des carpes avec de grosses masses d'ar pendant un an aux influences atmosphériques
ile pétrie avec de l'orge ou d'autres grains ; avant d'y retenir l'eau.
e poisson attaque cette argile et consomme, à Mais ici, comme dans les étangs, l'une des
mesure du besoin, le grain qui s'y trouve; la premières conditions est d'avoir un sol imper
carpe sans nourriture maigrit beaucoup, mais méable, à moins que le vivier ne soit alimenté
se conserve ferme et de bon goût, si les eaux par des eaux abondantes et qui coulent sans
des réservoirs sont vives et reçoivent des cesse. Si le sol est imperméable et qu'on ait
sources ou un peu d'eau courante. Il est es une inflexion de terrain , une chaussée en
sentiel de débarrasser fréquemment le fond des terre se fait avec les mêmes soins et sous les
viviers de la vase qui s'y forme, sans cela la mêmes conditions que nous avons vues pour
carpe y prend un goût de bourbe ſort désa les étangs; lorsqu'on a creusé le sol on fait la
gréable. Cette saveur peut se perdre par le chaussée avec les terres du déblai.
sejour un peu prolongé dans une eau vive. Si le sol n'est pas imperméable, il faut y
La boue des réservoirs est un excellent en suppléer par l'industrie; on peut alors glaiser
# pour la plupart des terrains, quand on le fond, c'est-à-dire le garnir d'un corroi
ui a laissé passer quelques mois à l'air; on est
d'argile pure d'un pied d'épaisseur. Les An
donc amplement dédommagé du soin et des glais se sont bien trouvés de mettre un lit de
frais de curage. chaux sous le lit d'argile; cette chaux repousse
Le réservoir doit être placé en lieu aéré et qui les insectes, défend par conséquent le corroi.
reçoive le soleil. Des arbres nombreux, qui y La marne ne vaudrait rien pour cet objet,
jettent leurs feuilles et leurs débris font de la parce qu'elle se pénètre par l'eau et se délite
vase et sont plus nuisibles qu'utiles au poisson. facilement. Pour s'assurer que l'argile n'est
Il leur faut aussi une certaine profondeur,
pour que l'eau pendant l'été ne prenne pas
† calcaire, quelques gouttes
d'acide avec
esquelles on touche l'argile décident la ques
une température trop élevée; sans cela les tion; lorsqu'il n'y a point d'effervescence, on
issons périssent dans les jours chauds et a de l'argile pure ; l'argile effervescente est
ongs de la canicule, alors même que quelques marneuse. Le corroi ou la clave s'établit avec
CHAP. 9°. DES MARES ET DE LEUR CONSTRUCTION. 205
les mêmes soins que nous avons recom SECTIoN XIX. — Des mares et de leur construc
mandés pour les chaussées d'étangs. tion.
On fait la chaussée du réservoir en y met
tant une clave de 2 pieds au moins, d'épaisseur Les mares sont des réservoirs d'eau desti
d'argile. nés à abreuver le bétail; elles sont presque de
1" nécessité dans une exploitation, et comme
On parvient par ces divers moyens à avoir
il faut qu'elles conservent l'eau pendant l'été,
un réservoir qui ne perde pas l'eau. Cependant
elles doivent être en sol imperméable ou
le temps, les poissons, les insectes et les soins
de curage, détruisent bientôt le corroi du fond
rendu tel par l'art.
dans lequel les moindres fissures suffisentSi on a des sources, il suffit d'agrandir le lieu
où elles sourdent, et le terrain dans ce point
pour perdre l'eau. Pour faire donc un ouvrage
solide et durable, il faut garnir le fond et les
est d'ordinaire assez imperméable pour que
bords d'une couche de 6 pouces de bon béton
le réservoir reste plein.
de chaux hydraulique. Ce moyen est plus Si on n'a point de source, la mare doit être
cher sans doute mais il est de toute durée et placée de manière à pouvoir y attirer une
à l'abri de presque tous les accidens. On assez grande quantité d'eau de pluie pour
trouve maintenant à peu près partout , la la maintenir pleine pendant toute l'année.
pierre pour faire la chaux hydraulique; la dé Il faut chercher à y envoyer l'eau des
pense n'est donc pas plus considérable qu'a toits qui fournit toujours une assez grande
vec la cimaux ordinaire. Avec de la chaux hy masse, parce qu'elle ne s'imbibe pas à mesure
draulique à 2 fr. l'hectolitre ou 20 fr. le mètre de sa § comme celle qui tombe sur le
· cube, prix sans doute très élevé, et du sable sol. L'eau des fumiers s'emploie beaucoup
ou gravier à 2 fr. le mètre cube, on peut fa plus utilement sur des prés à peu de distance
briquer du béton à moins de 10 fr. le mètre de la maison; elle les féconde d'une manière
cube ou 35 c. le pied cube; le mètre carré du très remarquable; mais si on n'en a † l'em
fond du réservoir reviendra donc à moins de ploi et qu'elle soit perdue pour l'exploitation,
4 fr. on peut la recevoir dans la mare; elle en al
Le béton se fait plus économiquement et tère la couleur, la saveur peut-être; mais elle
meilleur, même avec le gravier qu'avec le sable est assez du goût des bestiaux, qui n'en veu
fin. Dans un béton bien fait, la chaux doit en lent point d'autre quand ils y sont habitués.
velopper chaque molécule, et il est bien évi Cet usage est répandu dans un grand nombre
dent qu'un † gravier demande, pour être de pays; on l'a beaucoup critiqué, mais on l'y
enveloppé, beaucoup moins de chaux qu'un conserve, et l'expérience ne le condamne pas
volume égal de sable fin dont toutes les molé comme le raisonnement, ce qui est le plus es
cules doivent être également entourées. sentiel. D'ailleurs l'instinct † animaux qui
On emploie aussi le béton d'une manière très recherchent avec empressement ces eaux
économique, toutes les fois qu'on peut se pro serait, à ce qu'il me semble, tout-à-fait rassu
curer de la blocaille ou des cailloux ; on fait rant contre l'insalubrité; et puis enfin les ma
une 1re couche de béton de 2 à 3 pouces d'épais res qui reçoivent les eaux donnent, chaque
seur sur le sol; on jette de la blocaille sur le fois qu'on les vide, des engrais d'excellente
béton, on l'y distribue de manière à ce qu'elle qualité.
soit placée partout à bain de béton, et on l'en Si le sol où est la mare n'est pas imperméable,
fonce jusqu'à ce qu'elle touche le sol; les il faut absolument le rendre tel. Les moyens
ieds armés de sabots sont le moyen le plus sont les mêmes que pour les réservoirs : mais
acile pour l'enfoncer et la disposer convena pour les mares, † encore que pour les vi
blement. On met une nouvelle couche de bé viers, le corroi de glaise est insuffisant; les
ton de même épaisseur, dans laquelle on jette bestiaux, en descendant sur les bords de
de la nouvelle blocaille, et on continue ainsi la mare, et en parcourant le fond, détruisent
sa construction, et la blocaille aura épargné le corroi dont l'imperméabilité ne peut durer;
un quari de volume du béton ; deux couches il est donc alors absolument nécessaire de re
ainsi disposées suffisent pour faire le fond du courir à un béton de chaux hydraulique.Si la
I'eSeI'VOIr. -
chaux n'était pas d'une grande hydraulicité,
Si on n'a pas de bonne argile, un mur de 2 que sa prise dans les premiers moments ne fût
pieds d'épaisseur, construit avec des matériaux pas très ferme, il serait nécessaire que la der
† de volume, placés à bain de mortier nière couche de béton fût couverte de pier
hydraulique, feront une construction que les res plates, placées à bain de béton, et qui of
eaux ne pourront traverser. Lorsqu'on n'est friraient aux pieds des animaux un ensemble
as à portée de la pierre, ou qu'on a des terres de résistance qu'ils ne rencontreraient pas dans
sa disposition, on fait une chaussée en terre le béton lui-même.
dans laquelle on a une clave de béton d'un RoBERT GARDENER a imaginé une construc
† d'épaisseur qui suffit pour arrêter l'in tion d'abreuvoir pour les bestiaux qui a très bien
ltration des eaux. réussi et qui s'est répandue dans tout le comté
Les moyens d'évacuer l'eau des viviers sont d'York. Sur le fond bien dressé et bien battu
les mêmes que ceux des étangs; on peut les du réservoir A(fig, 213), on place une couche
faire plus simples en plaçant au-devant de la
chaussée, dans le réservoir, l'œil de la bonde, Fig. 213.
sans aucune construction, ni en bois ni en
# Cet œil est bouché avec un tampon de
ois qui porte un anneau de fer; un bâton
garni d'un crochet de fer, qu'on rentre à la
maison, suffit pour ouvrir † bonde et faire
évacuerl'eauquandon veut vider le reservoir.
206 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. LIV. V,
d'argile B de 6 p., qu'on batoumarche jusqu'à 8 lig. de hauteur d'eau, à moitié à peu près
ce qu'elle forme une masse bien homogène. de cette surface, ce qui semble devoir suffire
Sur cette argile on place une couche de chaux pendant une sécheresse de plus de 2 mois ;
ou de mortier C, de 2 à 3 po., qu'on unit et mais il est assez rare d'avoir un fond imper
dresse de même épaisseur sur toute lasurface. méable dans un sol de jardin; c'est donc là et
Sur cette couche, quand elle est un peu sè plus qu'ailleurs qu'il faut avoir recours à l'art.
che et qu'on l'a bien préservée des fentes, on Il n'y a d'ordinaire point de chaussée dans
met une 2° couche D, de 6 po., bien égale, ces réservoirs; il faudrait, pour établir une
d'argile ou terre argileuse qu'on bat et unit chaussée, avoir une pente dans son terrain,
avec soin. Le pied des moutons est le meil ce qui est rare dans les jardins, et qui exige
leur moyen de la tasser également. Sur ce lit rait même des murs de terrasse pour empê
d'argile on met un lit de gravier ou de blo cher l'éboulement des terres.
caille E, d'un pied d'épaisseur. Lorsque ces Ces réservoirs se font donc dans le sol avec
matériaux sont rares on peut faire un pre un plancher de béton d'un pied d'épaisseur
mier lit de gazons retournés sur lequel on et des murs circulaires de 18 pouces, faits en
met une couche de gravier. Le réservoir, dont † matériaux et de bonne chaux hydrau
le fond est garanti de l'effet des pieds des ique. Nous recommandons les petits maté
bestiaux par le lit de gravier, est alors très du riaux parce que notre expérience nous a ap
rable et conserve bien l'eau. Toutefois, le pris que les pierres qui ont de grandes di
béton de chaux hydraulique, qui reçoit un mensions occasionnent souvent des ſentes,
pavé, nous semble plus solide, plus durable par la raison que le béton adhère moins à la
et moins cher. pierre qu'avec lui-même; l'eau se fait souvent
un passage sur toute leur longueur, pendant
que les petits matériaux sont séparés entre
· SECTIoN XX. — Des réservoirs pour les jardins. eux par des couches de béton qui interdisent
tout passage.
Les jardins de l'homme des champs ont On peut faire son réservoir à moins de frais ;
un besoin d'arrosement tout-à-fait indispen pour cela on creuse dans le sol un fossé cir
sable. L'eau est donc pour eux un objet de culaire sur tout le développement de l'en
p† nécessité. On a, pour remplir ce ceinte qu'on veut lui donner et auquel on
ut, les sources, des puits, des pompes ou des donne un pied de profondeur de plus qu'au
réservoirs. Le 1°r moyen, l'eau de source, est réservoir. Pour en faire la fondation on rem
rare; le 2°, les puits, peuvent partout s'éta plit ce fossé de béton garni de blocaille. Lors
blir; le 3e, les pompes, ne sont que le com que la prise est faite on vide tout l'intérieur à
plément du second; et néanmoins ces trois un pied de profondeur de plus qu'on ne veut
moyens, qui fournissent de l'eau, dispensent donner au réservoir; on jette sur le fond bien
à peine du réservoir. nettoyé un béton d'un pied d'épaisseur et pour
Les eaux de source ou de puits ont besoin, que la liaison du fond avec les parois du réser
pour bien réussir dans les jardins, d'être ex voir se fasse plus exactement, on gratte et on
posées pendant quelque temps à l'air et au détruit une partie du béton qui correspond
soleil. Le réservoir n'a pas besoin d'être à l'épaisseur du béton du fond, et afin de ren
grand † on a une source ou un puits dre toute fuite par ce joint impossible, on
pour l'alimenter; mais lorsqu'on n'a pour le peut y faire une petite moraine de ciment de
remplir que les eaux de pluie, il faut que la Pouilly.
masse d'eau qu'il offre soit proportionnée à Nous avons vu dans le Vivarais des réser
la durée probable des sécheresses et à l'éten voirs de jardins faits également à peu de frais.
due du sol à arroser. Le fond se garnit de 3 po. de béton, et le tour
Sa profondeur peut être de 5 à 6 pieds; la d'un mur à sec fait en petits matériaux.Un
dimension en profondeur est celle qui coûte crépissage de leur mortier sur ce mur à sec
le moins, parce qu'elle demande moins d'es suffit pour leur donner des réservoirs qui ne
pace et qu'elle exige un moindre développe perdent pas une goutte d'eau, mais on trouve
ment de travail quand on est obligé de faire rarement de la chaux de cette qualité; le
des constructions. -
temps, sans doute, n'est pas loin où, la science
Lorsque l'étendue du sol qui verse au ré marchant avec la pratique, nous aurons par
servoir est un peu grande, il se remplit facile tout des cimens et des chaux hydrauliques de
- ment sans avoir besoin de grandes pluies. Dans toute qualité auxquelles nos constructions
ce cas un réservoir rond, de 24 pieds (8 mè devront à la fois la durée, la solidité, l'imper
très) de diamètre, sur 6 pieds (2 mètres ) de méabilité et par conséquent la salubrité; mais
profondeur, suffit à peu près à un jardin en attendant il faut marcher avec les maté
d'un quart d'hectare. Cette contenance de riaux qu'on a, et se contenter de la chaux hy
100 mètres ou 1000 hectolitres peut fournir draulique qu'on peut se procurer.
pendant la sécheresse un décimètre ou 3 po. A. PUVIS.
Nous allons faire connaître à nos lecteurs 1" tuyau A (fig. 214), fermé à l'une de ses
une méthode nouvelle pour vider les étangs extrémités par une calotte hémisphérique et
et pour remplacer les § ordinaires que dont la partie supérieure est percée de fentes
vient de proposer M. QUENARD, propriétaire à oblongues qui forment grille, de façon que
Courtenay (Loiret), et qu'il nous assure avoir cette portion grillée offre autant et plus de
mis à exécution avec beaucoup de succès. vide que.la section intérieure du tuyau. , La
L'appareil qu'il a inventé pour cet objet, et artie inférieure reste pleine afin d'empêcher
qu'il nomme tuyau-bonde, se compose d'un e passage de la bourbe. Ce corps de tuyau
CHAP. 9°. DES RÉSERVOIRS POUR LES JARDINS. 207
d.
C 13 A
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62 Ak k c-l -
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reste en entier sous l'eau, en-deçà de la bite du froid, alors on peut par un léger écou
chaussée. B, C, sont des tuyaux simples lement d'eau, se garantir de la perte trop
qui s'ajustent au 1" et qui augmentent en fréquente du poisson, qui, surpris entre les
nombre suivant l'épaisseur de la chaussée; deux couches de glace, est infailliblement
d est le dernier tuyau fermé à son extré elé. Par ce moyen le poisson se retire avec
mité par un tampon et percé verticalement 'eau qui vient à baisser et rentre sous la pre
dans toute son épaisseur d'un trou coni mière glace; et l'on peut dire, à l'avantage du
que comme le boisseau d'un robinet. A la nouveau procédé sur l'ancien, que cela se fait
, partie supérieure de cette ouverture il existe sans aucuns frais et avec une ſaible dépense
un bourrelet dans lequel est creusée une gout de temps; tandis qu'avec la bonde ordinaire,
tière circulaire. Ce bourrelet est interrompu après en avoir baissé le pilon, il faut, pour
sur sa circonférence par 2 échancrures qui l'étancher, approcher une et souvent plu
descendent jusqu'à la gouttière circulaire. Ce sieurs voitures de terre, ou mieux de poussier
dernier tuyau est coulé d'une seule pièce ; de charbon, et en charger ce pilon.
e est un autre cylindre creux destiné à ſermer « Il en est ainsi toutes les fois qu'on veut
exactement l'ouverture conique du tuyau pré lever la bonde et la baisser.
cédent comme la noix d'un robinet. Ce cy « Dans l'èté, à la suite des orages, lorsque
lindre est surmonté d'une calotte sur laquelle les étangs se déchargent par la grille, on aura
est implantée une tige octogone pleine, à la un moyen précieux d'abreuver sans frais les
quelle s'adapte une clé à § levier, qui sert prés qui se trouvent à la file des étangs; j'ose
à le faire tourner quand on veut présenter au même espérer par ce moyen utiliser une eau
fluide une partie percée à jour dans cette noix ui s'en va ordinairement en pure perte et
our le faire écouler ou la partie pleine pour aire faire un pas à notre système d'irriga
e retenir. Le tuyau e est en fer ou en fonte tion, si utile dans ses applications à l'agricul
étamée recouverte d'une feuille de cuivre : il ture, et voir s'établir désormais, à la suite de
doit être graissé pour en faciliter le service. tous les grands réservoirs d'eau, de grandes et
A la hauteur f, ce cylindre porte 2 dents qui fécondes prairies.
entrent dans les échancrures du bourrelet et « Avec la bonde ordinaire, avant de mettre
glissent quand on le tourne dans la gouttière un étang en pèche, il faut toujours avoir la
circulaire. De cette manière on est assuré que précaution d'établir dans le fossé d'écoule
l'eau ne soulèvera pas ce cylindre, et les dents ment, à quatre ou cinq pieds de la fosse ou trou
sont autant de points de repère qui indiquent où tombe l'eau en sortant du canal, une pe
la fermeture ou l'ouverture de † Ce tite digue appelée rouettis, faite avec quelques
cylindre peut, au moyen de la clé, s'enlever à légers pieux entrelacés de rouettes ou bran
volonté quand on veut vider l'étang et faire ches flexibles, afin de barrer le passage aux
écouler l'eau † toute la capacité du tuyau ; il poissons qui auraient pu couler dans le canal;
n'y a pour cela qu'à faire arriver les dents vis après la pêche de l'étang l'on baquette et l'on
à-vis les échancrures et à soulever le cylindre êche cette fosse. Ces deux opérations ont
qui sort alors de l'ouverture conique. h h h, 'une etl'autre degrands inconvéniens. D'abord
sont des brides en fer qui relient ſes tuyaux si le rouettis est trop serré ou obstrué, il re
les uns aux autres; J J des tiges qui servent à tarde l'eau; s'il est trop lâche, la force de l'eau
fixer ces tuyaux, soit dans une pièce de bois le troue, soit sur les côtés, soit en dessous, et
placée en travers dans le sol, soit dans un dé il ouvre passage aux poissons; dans tous les
en pierre percé à cet effet. Les parties du cas il exige une surveillance active. Enfin pour
tuyau qui sont recouvertes par les eaux ont baqueter ou pêcher la fosse ou trou de bonde,
peu de chose à craindre de l'oxidation, mais il arrive souvent † faut employer le tiers
celles qui sont en contact avec la terre de la du temps qu'on a déjà passé à pêcher l'étang.
chaussée sont enduites d'une forte couche Le tuyau-bonde n'exige ni ces préparatifs ni
de goudron, pour les préserver de la destruc CeS traVauX.
tiOn. « Avec le tuyau-bonde, disparaissent ces
Cet appareil offre une fermeture exacte et dispendieuses pièces de bois nécessaires à la
sans qu'on ait à craindre de perte d'eau. Il confection d'une bonde, et qui nécessitent des
fonctionne avec célérité quand on a besoin de renouvellemens fréquens et une foule de tra
faire écouler l'eau, et donne un écoulement vaux longs et toujours coûteux qui diminuent
qu'on peut graduer à volonté. beaucoup le produit net des étangs.
« Dans l'hiver, ditl'auteur, au moment où de « Le travail pour la pose du tuyau-bonde
fortes glaces pèsent sur les étangs, ou surtout consiste dans celui d'une tranchée ordinaire
lorsque après un faux dégel une seconde glace qu'on pratique dans la chaussée, à la suite de
est surVenue par l'intensité nouvelle et su la partie la plus basse du bief ou fossé- Des
208 AGRICULTURE FORESTIÈRE : DES ÉTANGS. 1LIV. V,
pièces de bois placées en travers, ou des dés dans ce cas, la tige du cylindre e reçoit une
en pierres, l'un à la tête, un autre à la queue autre tige sur son carré, puis celle-ci une au
du tuyau et un troisième au milieu, si on le tre, jusqu'à la surface de l'eau, où la clé or
juge à propos, reçoivent sur leur niveau, un dinaire remplit son service. »
peu incliné, tout l'appareil. Plusieurs couches M. QUENARD s'est occupé de la fabrication
de terre glaise pilonnée, enveloppent ensuite de son appareil, et d'après les devis et le prix
les tuyaux placés dans la tranchée. Le devant des matériaux, il a calculé qu'une bonde ordi
de cette tranchée dans toute sa hauteur jus naire à chapeau, de 11 pieds de hauteur et dont
†
evra
milieu, en largeur de la chaussée,
être pilonné avec cette même terre
le canal a 42 pieds de longueur ou la largeur
de la chaussée, coûtait dans le Loiret au moins
glaise, afin de fermer l'entrée aux vagues; le 350 fr.; tandis qu'il peut livrer un tuyau-bonde
surplus de la tranchée peut être rempli de de la même longueur, de 7 pouces de diamètre
terre ordinaire. et 3 à 4 lignes dépaisseur pour 160 fr. savoir :
« S'il advenait qu'un étang ou tout autre 135 fr. pour les 42 pieds de tuyaux à 32 fr. les
pièce d'eau fût pſacée au-dessus d'un autre 100 kilog. de fonte, et 25 fr. pour la confec
étang, et qu'on voulût faire écouler l'eau du tion du cylindre, 8 écrous, l'ajustement des
premier dans le second, ou faire fonctionner tuyaux et la clé. Les travaux de terrassement
cette machine pour augmenter l'eau de la sont à peu près les mêmes dans les deux cas.
deuxième pièce d'eau, ou enfin qu'on voulût
mettre en communication deux pièces d'eau,
-*
ECONOMIE PUBLIQUE DE L'AGRICULTURE,
ET LÉGISLATION RURALE.
A
m-º
L'on appelle produit une chose à l'usage de cice du droit de propriété ; d'autres, enfin,
l'homme, où l'on ne considère que l'utilité se bornent à en modifier la jouissance.
ui lui a été communiquée par les agens de S I".— De l'expropriation pour cause d'utilité
production et la valeur qui en est résultée. publique.
On nomme agens de la production ce qui
agit pour produire ; tels sont les industriels L'expropriation pour cause d'utilité pu
et leurs instrumens. blique est une nécessité sociale ; si ce droit
Enfin, l'ensemble de toutes les valeurs n'existait pas, la plupart des améliorations
créées, et de tout ce qui sert à satisfaire nos † le développement de la civilisation
besoins, forme le capital national ou la masse eviendraient impossibles. Mais, pour légiti
de la richesse du pays. mer cet acte de spoliation faite au nom de
Parmi les industriels, il faut mettre au pre tous, il faut que l'utilité publique, ou la né
mier rang la classe des agriculteurs, qui pro cessité de l'expropriation, soit bien consta
voque la production des matières brutes, ou tée. La forine de cette décision peut varier;
les recueille des mains de la nature ; et parmi mais, soit qu'on la confie au pouvoir exécutif,
les instrumens les † puissans de la pro comme en France, soit qu'on la confie à
duction agricole, il faut placer les propriétés l'une des branches du pouvoir législatif,
foncières, telles que terres cultivables, mines, comme en Angleterre, soit qu'on réserve
cours d'eau, etc., dont nous allons nous oc l'examen de cette question à des juges spé
cuper dans la section suivante. ciaux, il faut toujours que l'utilité publique
soit constatée d'une manière solennelle, que
SEcTIoN 1.— De la propriété foncière considé l'expropriation ne puisse être prononcée que
rée comme instrument de travail. moyennant une indemnité qui représente au
moins l'exacte valeur de la propriété, et qu'en
fin elle ne puisse recevoir son exécution qu'a
Les économistes appellent instrumens ap près le paiement préalable de l'indemnité
propriés les instrumens naturels de tpavail, accordée.
comme les terres arables, les prairies, les En général l'expropriation pour cause d'u
mines, etc., et qui sont devenus des pro tilité publique est un sacrifice commandé à
priétés. l'intérêt privé par l'intérét général; l'équité
La propriété est le résultat et la récom fait un devoir de le rendre aussi peu onéreux
pense du travail. L'espoir de l'obtenir forme que possible.Toutefois il est des circonstances
un des motifs d'action les plus puissans par où l'expropriation, loin d'êlre préjudiciable
mi les hommes. Le désir du bien-être et le aux intérêts di1 possesseur, lui promet au con
besoin non moins vif de transmettre à ses traire un avenir prospère; c'est lorsque l'ex
enfans le fruit de son labeur ont fait de la propriation n'est que partielle, et que la por
propriété la base de presque toutes les so tion qu'on lui ravit doit servir à continuer
ciétés humaines.Aussi ce droit est-il regardé quelques grands travaux d'utilité publique,
comme sacré parini tous les peuples civilisés ; tels que routes, rues, canaux , etc. Dans ce
il est garanti par les lois de l'association, et cas, il est souvent du devoir et de l'intérêt du
ce n'est qu'en faisant au sein même de la so propriétaire d'offrir gratuitement la portion
ciété des blessures profondes qu'on peut y du sol nécessaire à ces travaux, soit au gou
porter atteinte. Cependant l'intérêt général vernement, s'il les dirige lui-même, soit aux
a exigé l'introduction de quelques exceptions compagnies qui en ont obtenu la concession;
à la rigueur de ce principe fondamental. et si les propriétaires, aveuglés par l'igno
Nous les † SuCCeSSIVe Inetlt en I'evue rance ou la cupidité, refusent l'abandon gra
sous les différens paragraphes de la section tuit de ces portions de terrains, on doit faire
suivante ; nous terminerons celle-ci en fai entrer en compensation de l'indemnité qu'ils
sant remarquer qu'il n'est pas indispensable réclament la plus-value que ces travaux don
ue les instrumens appropriés, tels que fonds nent aux autres portious de leur héritage.
† terre, moulins, cours d'eau, soient mis en L'expropriation est donc permise à l'autorité
action par ceux qui en sont propriétaires; ils toutes les fois que l'utilité publique est bien
euvent les louer à des industriels qui, par constatée et qu'il s'agit de travaux qui doivent
eurs connaissances, savent mieux qu'eux profiter à tous ; mais il existe des cas où la né
mêmes les mettre en valeur. Ces industriels, cessité de l'ex propria tion est moins évidente,
ui louent ainsi le service productif des fonds et où, cependant , cette expropriation doit
le terre ott moulins, s'appellen l fermiers, êtl e autorisée par la législation. Nous allons
colons, meuuiers, etc. Le prix qu'ils offrent les énumérer sous les numéros suivans :
pour en obtenir l'usage se nomnie lo) ers, 1° Des marais et de leurs desséchemens.
/ermages, etc.
Les marais sont des terres abreuvées de
CIIAP. 1. RESTRICTIONS A L'EXERCICE DU DROIT DE PROPRIÉTÉ. 21 1
beaucoup d'eau qui n'a pas d'écoulement. Le celle du dessus et du dessous, d'où il résulte
desséchement des terrains marécageux offre que toutes les substances minérales ou fos
toujours un double avantage : il rend à la cul siles renfermées dans le sein de la terre et
ture des terres précieuses, et délivre le pays le droit de les exploiterappartiennent au pro
des émanations empoisonnées qui s'exhalent, priétaire de la superficie; mais comme il est
en général, des terres inondées. Lorsque les de l'intérêt de la société de multiplier autant
desséchemens peuvent être faits par les pro que possible les métaux utiles, il est néces
prietaires, il est du devoir du gouvernement saire d'accorder au gouvernement le droit
de les laisser faire et de les encourager. Mais d'obliger ceux qui les possèdent à les exploi
souvent ces travaux exigent des connaissan ler de la manière la plus avantageuse aux
ces fort étendues dans la science de l'hydrau intérêts genéraux, et même, s'il lé juge in
lique et un grand développement de capitaux ; dispensable, de prononcer l'expropriation en
alors l'autorité a le droit de s'emparer de ces en réglant les conditions, et d'exploiter lui
propriétés ou de les concéder à des compa même ou d'accorder la concession de l'exploi
gnies d'entrepreneurs, en faisant déterminer tation à des compagnies qui offrent les garan
par des estimations consciencieuses les in ties désirables. -
avoir la plus grande influence sur la fertilité de l'impôt assis sur les terrains qui seraient
générale du sol et sur la végétation.Les fo déclarés devoir être aménagés en haute fu
rêts abritent la contrée contre l'influence taie, sauf la soumission du propriétaire de
pernicieuse de certains vents qui pourraient lui abandonner, lors de la coupe, le 6°, 7°
nuire à la fertilité; elles attirent les nuages, ou 8° de sa valeur, comme représentation de
et conservent au sol l'humidité nécessaire, l'impôt accumulé que le sol aurait dû ac
en l'abritant contre les rayons desséchans quitter.
d'un sol brûlant; enfin, les arbres des forêts 4° De la chasse, :º !
attirent et neutralisent, par les sommets de
leurs nombreuses branches, l'électricité de
La chasse est aussi un droit dérivatif de
l'atmosphère, et préservent peut-être ainsi
les récoltes des orages et des grêles dévasta la propriété; mais, dans l'intérêt de l'agri
trices.
culture, l'exercice de ce droit doit être sou
Les plantations méritent aussi d'être en mis à des règles qui en assurent l'exercice et
couragées, surtout dans les terrains de mé en préviennent les abus. (Voir dans la par
diocre qualité et les pentes des montagnes. tie législative les dispositions qui y sont re
latives.)
Malheureusement, la plus grande partie de -
ces terrains appartient aux communes, et est 5° Des cours d'eau. . >
livrée au plus funeste système. Chacun peut
en jouir, nul n'a le droit de l'améliorer. Un L'eau courante, considérée comme élé
semblable mode de jouissance suffirait pour ment, ne peut être la propriété exclusive
réduire à un état déplorable les meilleurs de personne; elle reste dans le domaine pu
fonds, les pâturages les plus fertiles : on peut blic et n'est, en conséquence, soumise qu'aux
juger de son résultat dans des terrains que lois de police qui règlent la manière d'en
l'art agricole aurait quelque peine à mettre jouir.Ce sujet offre de grandes difficultés,
en valeur. Le partage, la vente ou la location car ici l'intérêt général Se trOuVe en contact
par baux emphytéotiques de ces communaux, erpétuel avec l'intérêt privé. La navigation,
serait un bienfait pour la France, qui compte e flottage, l'irrigation des propriétés rurales,
plus de deux millions d'hectares de biens ainsi cette source si féconde de la fertilité, les
possédés. Le bail à long terme devrait être droits et priviléges des possesseurs d'usines,
préféré pour ceux qui peuvent être plantés nécessitent dans tous les pays des disposi
en bois, à la charge d'en régler la jouissance
et le retour à la commune à son expiration, tions législatives compliquées.
Les fleuves et rivières navigables appar
et d'en garantir la conservation et l'aména tiennent partout à l'Etat; ils servent, avec
gement. les lacs et les canaux, de routes liquides au
Pour les forêts, la conservation de la vieille commerce. Les autres cours d'eau doivent
écorce sera toujours le point important à appartenir aux propriétaires riverains en rai
obtenir. Le chauffage ne manquera point :
l'usage d'enclore les héritages, la suppres son de la largeur du front de leur propriété,
sion de la vaine pâture, le goût des planta sauf les servitudes de flottage et de halage,
et saufaussi le droit de propriété tréfoncière
tions, en répandant les arbres isolés, tend ue l'Etat doit conserver sur tous les cours
également à assurer des ressources qui, com 'eau. A l'égard des sources qui prennent
binées avec l'exploitation du sol houiller, doit naissance dans un fonds, elles appartiennent
rassurer la France. Il n'en est pas de même exclusivement au propriétaire du sol d'où
des arbres nécessaires à la marine, à ses con
structions, et à l'exploitation de ses vigno elles jaillissent. -
objets. Ils sont encore régis par la même toujours la commune à laquelle ils appar
loi et par des dispositions identiques, soit tiennent qui doit en supporter les frais.
qu'ils servent aux usages des habitans d'une Au surplus, et dans l'intérêt de la circula
même commune, soit qu'ils intéressent à la tion et de la régularité des rues, les proprié
fois plusieurs communes. Mais une distinc taires des terrains riverains doivent être sou
tion tranchée paraît vouloir s'introduire au mis à la servitude d'alignement, et à toutes
jourd'hui entre ces deux expressions. Les les charges de ville et de police nécessaires à
chemins communaux destinés à l'usage des la viabilité et à la salubrité. D'autre part, les
habitans d'une seule commune doivent con
server cette dénomination et rester sous la
rues et places des villes, bourgs et villages
doivent être affectées aux servitudes néces
surveillance des autorités locales ; mais les saires à la desserte, et aux commodités et
chemins vicinaux, qui désormais désigneront aisances des maisons et héritages adjacents,
les chemins de grande vicinalité qui inté et spécialement au droit de prendre sur la
ressent plusieurs communes, doivent sortir rue leurs jours, entrée et sortie nécessaires ;
du régime municipal, pour entrer dans le comme aussi au droit d'y faire les dépôts
régime départemental. Ce sont ces chemins momentanés des matériaux destinés aux
qu'il s'agit, dans l'intérêt général, de classer constructions , et réparations, aux approvi
en bloc comme départementaux. C'est la cen sionnemens du ménage, et toutes autres
tralisation départementale qu'il faut appli commodités autorisées par les usages et non
quer à cet objet, parce que ce genre d'at contraires aux règlemens de police.
tribution forme un des élémens les mieux Cela résulte de l'équité et du contrat sy
caractérisés des attributions † nallagmatique qui se forme, quoique taci
tales. Le moyen le plus simple d'arriver à tement, entre l'autorité qui, stipulant dans
ce but, et en même temps d'éviter les em l'intérêt du fonds public, accorde la faculté
piétemens que les conseils généraux pour de bâtir, et le constructeur qui l'obtient, et
raient être tentés de faire sur les attribu qui, en acceptant cet alignement, n'entend
tions plus étendues de l'administration des certainement pas faire une construction qui
ponts et chaussées, c'est de donner aux con puisse un jour n'être pour lui qu'un obscur
seils généraux le droit de déclarer vicinal cachot sans portes et sans fenêtres. Il y a
tout chemin communal, lorsqu'ils penseront donc de part et d'autre un vrai contrat con
qu'il doit être élevé à ce rang, eu égard à stitutif de servitudes. -
son importance, sur l'avis des conseils mu Il serait désirable qu'en France les habi
nicipaux et des conseils d'arrondissement, et tudes de propreté extérieure entrassent da
sur la proposition des préfets. Il faut accor
vantage dans les mœurs du pays : quelle que
der aussi au même conseil départemental soit l'activité et la vigilance des autorités
le droit de déterminer la direction que le
municipales, elles ne peuvent pas faire tout
chemin vicinal doit suivre, de désigner les
le bien qu'elles désirent, lorsqu'elles ne sont
communes qui doivent contribuer à son en § secondées par les habitans et par des ha
tretien, sauf aux préfets à fixer la largeur du itudes conformes aux améliorations qu'elles
chemin et la proportion dans laquelle cha voudraient introduire.
ue commune doit contribuer, avec les fonds
épartementaux, à l'entretien de la ligne F. Des sentiers.
vicinale dont elle dépend. — La prestation
en nature, qu'on semble vouloir conserver, On appelle sentiers ces petites voies de
est une ressource difficile à manier, mais traverses pratiquées dans nos campagnes
qu'il paraît impossible de remplacer ou de pour communiquer aux habitations ou aux
convertir en argent dans quelques-uns de nos grands chemins publics.
départemens, au moins quant à présent. Ces sentiers appartiennent quelquefois
Une innovation utile et appelée par tous aux communes, et servent à l'usage de tous
les bons esprits, c'est la création d'agens les habitans ; alors les frais de réparation
voyers nommés et révoqués par l'autorité et entretien sont des charges municipales,
départementale, chargés d'assurer le bon et le préfet peut ordonner toutes les mesures
emploi des ressources et la bonne exécution nécessaires pour en procurer la viabilité.
des travaux. Enfin. pour obtenir de l'en Mais le plus souvent les sentiers destinés au
semble dans les opérations de la vicinalité, service de quelques habitations ne sont que
et employer avec utilité les divers agens de des chemins de servitude. L'entretien ct la
ce service, il est désirable qu'il soit créé des réparation doivent alors être faits par ceux
chefs de spécialité, ayant sous leurs ordres qui en font usage.A l'égard de cette der
tous les autres agens, et ne relevant que du nière espèce de sentiers, on agite aujourd'hui
préfet seul. la question de savoir s'il n'y aurait pas avan
E. Des rues des villes, bourgs ct villages. tage pour l'agriculture à les déclarer im
rescriptibles, et à soumettre les intéressés
Les rues des villes, bourgs et villages, ap à concourir à leur entretien, soit dans la
partiennent au domaine public en général, proportion de l'utilité qu'ils retirent de ces
et en particulier au domaine public municipal, chemins, soit dans la proportion des contri
comme spécialement utiles aux habitans des butions qui grèvent les propriétés que ces
lieux, et sont à la charge des communes de chemins desservent.
leur situation. Les rues des villes, bourgs et
villages remplissent complétement les fonc 2° Des voies fluviales ou liquides.
tions des chemins vicinaux ; et, soit qu'il
s'agisse d'en créer qui n'existaient pas en Les voies liquides de l'intérieur se classent
core, soit qu'il s'agisse de rectifier, élargir sous deux divisions principales, la navigation
ou améliorer ceux qui existaient déjà, c'est naturelle et la navigation artificielle.
AGRICUL I URE, ToME IV. — 28
218 ÉCONOMIE PUBLIQUE DE L'AGRICULT. : DÉBoUCHÉS DE L'INDUSTRIE. LIv. v1.
A. De la navigation naturelle. suite ces marchandises sur la Loire qui offre
une navigation commode. Ce fleuve sort des
Lorsqu'on considère sous un point de vue Cévennes et va se jeter dans l'Océan. De Nar
général la posilion géographique de la France, bonne, on remonte à une petite distance
en suivant de l'œil les chaînes de montagnes l'Atax, l'Aude. Mais le chemin qu'on a ensuite
qui se projettent à sa surface, les bassins qui à faire par lerre, pour gagner la Garonne, est
les séparent et les fleuves qui, après avoir sil plus long. On l'évalue à 7 ou 800 stades. Ce
lonné le fond de ces bassins, arrivent aux dernier fleuve se décharge également dans
deux mers qui enceignent au midi et à l'ouest l'Océan. »
son vaste territoire, on doit reconnaître, en Ces passages si remarquables et qui donnent
l'admirant, tout ce que la nature a prodigué à une si juste idée de la position respective des
ce beau pays, pour faire jouir ses habitans de cinq grands fleuves qui arrosent la France,
tous les avantages d'un commerce étendu. ainsi que des besoins de son agriculture et de
Les avantages qui résultent de l'heureuse son commerce, faite par le plus ancien des
sition de la France n'avaient pas échappé géographes qui aient fait connaître ces con
l'observation des anciens, et les idées qu'ils trées, n'indiquent pas d'une manière aussi
s'étaient formées de ceux qui doivent résulter formelle la jonction du Rhône et du Rhin,
pour le commerce intérieur de cette riche dont s'occupa un siècle après Lucius Verus,
contrée, de la direclion des fleuves et des ri et qu'on peut considérer, pour ainsi dire,
vières, semblent avoir été les mêmes qui de comme une communication européenne. Le
depuis ont guidé le gouvernement dans l'éta même autcur ne semble pas avoir signalé la
blissement des lignes artificielles dont se triple jonction du Rhône avec la Seine, la
compose le système actuel de la navigation. Loire et la Garonne, et avoir ainsi tracé, plus
« Toute la Gaule, dit STRABoN, est arrosée de quinze siècles avant le commencement de
par des fleuves qui descendent des Alpes, des son exécution, le système de navigation que
Pyrénées et des Cévennes, et qui vont se jeter la nature a assigné à la France, et dont le
les uns dans l'Océan, les autres dans la Mé ouvernement et les particuliers n'ont fait
diterranée. Les lieux qu'ils traversent sont usqu'à ce jour que suivre dans leurs efforts
pour la plupart des plaines et des collines qui l§ et salutaire indication.
donnent naissance à des ruisseaux assez forts Au surplus, les voies naturelles de commu
pour porter bateaux. Les lits de tous ces nication intérieure se subdivisent en fleuves
fleuves sont, les uns à l'égard des autres, si et rivières navigables et en rivières simple
heureusement disposés par la nature, qu'on ment flottables.
peut aisément transporter les marchandises a. Rivières navigables. Les rivières navi
de l'Océan à la Méditerranée, et réciproque gables sont celles qui portent bateaux de
ment; car la plus grande partie des transports leurs fonds, pour le service public ; elles ap
se fait par eau en descendant ou en remon partiennent sous tous les rapports au do
tant les fleuves, et le peu de chemin qui reste maine public, mais seulement jusqu'au point
à faire par terre est d'autant plus commode où peuvent remonter les bateaux destinés
qu'on n'a que des plaines à traverser. Le Rhône à faciliter la circulation du commerce et à
surtout a un avantage marqué sur les autres servir au transport des hommes et des den
fleuves pour le transport des marchandises, rees d'un lieu dans un autre : elles remplis
non-seulement parce que ses caux communi sent les fonctions de routes par eau, comme
quent avec celles de plusieurs autres fleuves, les chemins établis sur le sol remplissent
mais encore parce qu'il se jette dans la Mé celles de routes par terre, et I'on applique en
diterranée, qui l'emporte sur l'Océan par les général à l'usage des rivières, comme à celui
avantages qu'elle offre au commerce, et parce des grandes routes, les divers règlemens sur
u'il traverse les plus riches contrées de la la police de la grande voirie.
aule. Une si heureuse † de lieux, par b. Des rivières flottables. Les rivières qui
cela même qu'elle semble être l'ouvrage d'un ne sont que flottables sont celles qui, sans
être intelligent plutôt que l'effet du hasard, porter bateaux de leurs fonds, servent néan
suffirait pour prouver la Providence ; car on moins à transporter le bois, soit en trains ou
peut remonter le Rhône bien haut avec de radeaux, soit à bûches perdues, et l'on range
grosses cargaisons qu'on transporte en divers en conséquence dans cette classe les simples
endroits du pays, par le moyen d'autres fleuves ruisseaux lorsqu'ils sont asservis à cet usage
navigables qu'il reçoit et qui peuvent égale public.
ment porter des bateaux pesamment chargés. Toutefois les rivières flottables doivent
Ces bateaux passent du Rhône sur la Saöne, être sous-divisées en deux calégories distinc
et ensuite sur le Doubs qui se décharge dans tes : la première comprend celles des rivières
ce dernier fleuve. De là les marchandises sont où le flottage s'exerce par trains ou radeaux,
transportées par terre jusqu'à la Seine qui les c'est-à-dire par grosses masses de bois réu
porte à l'Océan à travers le pays des Lexovii nies et enlacées en trains ou radeaux ; cette
et des Caletes (les habitans des rivages méri espèce de rivière appartient sous tous les
dionaux et septentrionaux de l'embouchure rapports au domaine public, comme les ri
de la Seine), éloignés de l'ile de Bretagne de vières navigables. -
donc la jonction du seul fleuve du versant On nomme péage un droit qui se paie soit
de la Méditerranée avec ceux du versant de à l'Etat, soit à quelques particuliers ou com
l'Océan, du Rhône avec la Garonne, la Loire, † en vertu de l'autorisation du pouvoir
la Seine et le Rhin; mais il fallait encore pé égislatif, pour le passage des hommes, des
nétrer plus loin, il fallait remonter jusque bestianx ou des marchandises sur un pont,
dans les provinces septentrionales, et l'Oise une route, un bac, un chemin en fer, une
· s'unit bientôt au nord avec l'Escaut, et à rivière, un canal, elc.
l'ouest et à l'est avec la Somme et la Meuse. Adam SMITH pense qu'il est impossible
C'est de ces jonctions partielles de ces di d'inventer un moyen plus équitable de payer
vers fleuves que nous avons vu se former, les dépenses occasionnées par de pareilles
dans l'intérêt du commerce intérieur et ex constructions, que l'établissement de droits
térieur, les six grandes lignes de jonction des de péages. « Lorsqu'ils sont bien assis, ajou
deux mers qui forment les grandes artères te-t-il, ils réunissent toutes les conditions
de notre système de navigation : exigées par l'équité, car, quoique avancés par
La première, par le midi etl'ouest, en pas le producteur, ces droits sont en définitive
sant par le centre, au moyen du canal de soldés par le consommateur qui profite de ces
Briare, le plus ancien de tous et exécuté par voies de communication, et, comme la dé
anticipation, et au moyen du canal du Centre pense du produit, malgré ces droits de †
ouvert plus d'un siècle après ; est en définitive moins considérable qu'elle
La seconde, par le midi et le sud-ouest, au n'aurait été si ces moyens économiques de
moyen du canal du Languedoc ; transport n'avaient pas existé, il en résulte
La troisième comme la première, par le que le consommateur lui-même est celui qui
midi et l'ouest, en passant par le centre et proſite le plus de ces constructions, puis
exécutée par le canal de Givors ; qu'elles ont nécessairement pour effet de di
La quatrième, du midi à l'ouest, en passant minuer le prix de l'objet de consommation.
par le centre et au moyen du canal du centre; » Lorsque les routes, ports et canaux, sont
La cinquième, par le midi et l'est, au moyen construits et entretenus par le commerce
du canal de Monsieur. ou ceux qui en font usage, ils ne peuvent être
faits que là où le commerce les réclame.
Enfin, la sixième, par le midi et le nord,
au moyen du canal de Bourgogne, se pro Leur grandeur, leur magnificence est néces
longeant au sud par le canal de Saint-Quen sairement en proportion de l'importance du
tin jusqu'au port de Dunkerque. commerce qui doit payer la dépense ; si le
Quelques-unes de ces lignes † commerce est étendu, ces constructions
qui ne présentent que les premiers linéa pourront être faites à grands frais ; mais si
mens du système de navigation de ce grand elles sont destinées aux communications de
royaume, se sont épanouies et s'épanouiront districts pauvres, elles seront nécessairement
encore en une multitude de raineaux qui pé faites avec économie, et c'est encore un nou
nétreront dans toutes les parties du royaume. vel avantage de ce mode de construction, »
220 ÉCONOMIE PUBLIQUE DE L'AGRICULT. : DÉBOUCHÉS DE L'INDUSTRIE. LIv.vI.
Au surplus, la facilité des communications car le produit transporté acquiert une nou
élant une mesure d'ordre public, il faut que velle valeur aussitôt qu'il se trouve sur le
les voies de communication restent soumises marché étranger. Ce mécanisme et ces résul
à la surveillance de l'autorité, lors même tats si simples du commerce n'ont été mal
qu'elles ont été concédées à des entrepre heureusement compris que dans ces derniers
neurs. Pour être équitables, les taxes ne doi temps, Des jalousies nationales, des guerres,
vent jamais étre calculées de manière à excé et de longues souffrances eussent été sans
der les frais de construction et d'entretien ; doute évitées si l'ignorance n'avait pas fait
si elles sont plus pesantes, c'est un impôt méconnaître ces principes. Il est reconnu
injuste et dangereux mis sur le commerce. aujourd'hui que plus une nation s'enrichit par
En Angleterre, où ces droits de péage ou le commerce qu'elle fait avec une autre na
tolls existent sur presque toutes les routes, tion, plus le commerce est également avan
leur état parfait constate aux yeux du voya tageux pour cette dernière nation, puisqu'un
geur la bonté de ce système. Cependant ce pays ne peut jamais payer ce qu'il tire de l'é
système, excellent dans les pays où il règne tranger qu'avec ses propres produits.
une grande activité commerciale, et même Il est vrai que le plus souvent les mar
dans ceux où cette activité est moindre, lors chandises envoyées de l'étranger se soldent
† n'existe pas d'autres moyens d'ouvrir par des lettres de change; mais en général
es voies de communication, serait intolé une lettre de change n'est autre chose que le
rable au commerce s'il était établi dans des transport d'une somme due par un négociant
pays et sur des routes ouvertes depuis long à un autre négociant, pour paiement de va
temps, où les frais d'entreticn ont toujours leur équivalente. Or, ces sommes dues ne
été payés par le trésor public. Un pareil im † toujours que le prix de mar
pôt porterait nécessairement la perturbation chandises fournies aux négocians étrangers,
dans les relations commerciales. Partout où nous avions donc raison de dire que les pro
la liberté de la circulation existe, il faut la duits importés par une nation se soldent tou
maintenir, à moins qu'il n'y ait pas d'autres jours par les produits qu'elle a créés et ex
moyens qu'un péage, pour conserver la via portés.
bilité de la voie de communication ; mais là Le commerce extérieur a encore pour ré
où la nécessité de favoriser la circulation se sultat de donner une activité nouvelle à la
fait sentir; là où il faut faire des construc production nationale qui est le moyen le plus
tions nouvelles qui, en définitive, tourneront puissant d'enrichir le pays.
au profit du commerce et du consommateur, Le commerce extérieur dépend beaucoup
il ne faut pas hésiter à établir une construc de la position géographique du pays; sous ce
tion avec péage, lorsque tout autre mode d'en rapport nous avons vu que la France n'avait
couvrir les frais serait impossible ou pourrait rien à envier aux autres nations. II dépend
paraître injuste. aussi de l'activité, de l'esprit de suite et
d'entreprise de ses habitans, et il faut re
SECTIoN II. — Du marché étranger. connaitre que, sous ce point de vue, nous
sommes placés, par nos mœurs nationales,
De même que le marché intérieur d'un pays dans une position d'infériorité, comparative
est l'ensemble de tous les lieux où s'opère ment à quelques autres pays, l'Angleterre et
une transaction quelconque de commerce l'Amérique du nord, par exemple, mieux
intérieur, de même une nation commerçante doués que nous sous ce rapport.
a pour marché étranger tous les points du Enfin, le commerce extérieur dépend en
globe avec lesquels elle entre en relation core de la protection que lui accorde le gou
commerciale. vernement, non pas des primes d'encou
Le commerce extérieur est une indus ragement données à l'exportation d'un pro
trie qui consiste à acheter des marchan duit indigène, car, ainsi que le fait observer
dises produites dans l'intérieur, pour les SMITH, c'est payer les étrangers pour qu'ils
envoyer et les faire vendre à l'étranger, ou nous accordent la faveur de nous acheter les
bien à acheter des marchandises dans l'étran obyets de leur consommation, qu'ils auraient "
ger, pour les revendre dans l'intérieur. Or achetés ailleurs sans l'encouragement de la
dinairement on fait de suite ces deux opé prime, opération détestable pour une nation,
rations, c'est-à-dire qu'on fait revenir en comme pour un particulier, mais par une
marchandises du dehors la valeur des mar protection efficace donnée au commerce ex
chandises indigènes qu'on a envoyées ; on térieur dans tous les pays avec lesquels il
appelle cela faire des cnvois et recevoir des entre en relations. Le gouvernement peut
| retours. Les négocians qui font le commerce donc aider le commerce extérieur, non
extérieur ajoutent toujours à la valeur du seulement par des stations navales, mais en
produit en le mettant à la portée du consom core par des expéditions maritimes, en ex
mateur. On comprend fort bien, en effet, que plorant des plages inconnues, des passages
le blé accumulé dans les greniers du culti et des fleuves non encore étudiés. Les sacri
vateur a une moindre valeur que le blé ap fices faits en ce moment par le gouvernc
porté sur le marché : et l'agriculteur ou le ment anglais, pour explorer l'Euphrate et
négociant, lorsque le blé a été acheté par lui, les pays qu'il parcourt, et ouvrir à travers la
ne manque jamais d'ajouter à la valeur du Syrie, la Turquie d'Asie, le golfe Persique et
produit, les frais de transport sur le marché la mer d'Oman, un passage plus court au
et le bénéfice raisonnable que cette opération commerce de l'Inde, méritent les plus grands
doit lui rapporter. C'est ainsi que deux na éloges. C'est un exemple à imiter de la pro
t ions qui font ensemble le commerce, s'enri tection et du concours qu'un bon gouverne
c hissent réciproquement par ces échanges, ment doit au commerce extérieur du pays.
JULEs BRAME«
CHAP. 3. DES IMPOTS. 221
' SAY définit l'impôt de la manière sui ue sous une pareille égide, ne mérite pas
vante : « C'est une valeur délivrée au gouver 'être protégée; il vaut mieux pour le pays
mement par les particuliers, pour subvenir qu'elle soit abandonnée ; droits protecteurs
aux dépenses publiques. Il se mesure sur le exactement suffisants pour assurer le marché
sacrifice exigé du contribuable, et non sur la national à la production intérieure, de ma
somme que reçoit le gouvernement ; telle nière toutefois à ne point accorder une
ment que les frais de recouvrement, le temps prime à l'ignorance ou à l'indolence du fabri
perdu par le contribuable, les services per cant ; abaissement progressif du droit pro
sonnels qu'on exige de lui, etc., font partie tecteur, au fur et à mesure que les condi
des impôts. » tions de la production indigène deviennent
Le sacrifice résultant de l'impôt ne tombe plus favorables : telles sont en abrégé les
pas constamment et complétement sur celui conditions générales de l'assiette de l'impôt.
par qui la contribution est payée. Lorsqu'il J'ajouterai à ces conditions quelques considé-.
est producteur et qu'il peut, en vertu de rations générales que j'aiindiquées dans le dis
l'impôt, élever le prix de ses produits, cette cours que j'ai prononcé lors de la discussion
augmentation de prix est une portion de du budget des recettes de 1833 (1), et que je
l'impôt qui tombe sur le consommateur des vais tâcher de résumer en peu de mots.
produits qui ont renchéri. « Il est toujours difficile d'innover en finances, parce
L'augmentation de prix ou de valeur que qu'on court le danger des illusions qui se passionnent
les produits subissent en vertu de l'impôt, pour un systéme nouveau sans avoir pu en étudier et
n'augmente en rien le revenu du producteur surtout sans pouvoir en garantir les résultats. L'a
de ces produits, et elle équivaut à une dimi venir d'un grand peuple, l'exactitude des services,
nution dans le revenu de leurs consomma l'intérêt de sa défense, la conservation de son crédit,
feltrs. tout commande la prudence.
L'impôt est donc une charge qui pèse sur » L'impôt progressif n'a encore été indiqué que
l'industrie et sur la propriété, et dont on comme un progrès, comme une espéranee de sou
lagement des classes souffrantes ; mais dépouillé des
trouve ia compensation par la sûreté et par grands mots qui le voilent, c'est une loi agraire.
les jouissances que l'état de société procure En effet, la propriété foncière serait la seule qu'il
aux hommes. -
blique, la prospérité commerciale fussent le résultat forte proportion. Il existe en France 1 1,ooo, ooo de
d'un pareil système. Celui relatif aux patentes, aux cotes foncières, possédées par 5,ooo,ooo de proprié
taxes de luxe, aurait les mêmes inconvénients. Qui taires chefs de famille : c'est en moyenne 2 cotes
ne sait que dans la même classe de patentés, il se 1|5 par propriétaire. Comme toutes les parcelles
fait dix fois plus d'affaires et plus de bénéfices dans existant dans la même commune, appartenant au
une maison que dans une autre ? La pensée d'impo même contribuable, sont portées à un seul article
ser les bénéfices des artistes, médecins, avocats, au du rôle, c'est en moyenne 1 1 à 12 parcelles par cotes
teurs et autres classes libérales par la patente, n'est et 26 ou 27 par propriétaires. Les cotes de 2o francs
as plus heureuse; elle trouverait peu de faveur dans et au-dessous s'élèvent à 8,o24,987, tandis que celles
f§ de 1oo1 fr. et au-dessus ne s'élévent qu'à 15,447.
» Quant aux prêts hypothécaires ou commerciaux, » Il faut remarquer encore que l'impôt qui porte
les premiers s'élèvent à 1o milliards ; mais qui ne sur le revenu n'est pas la seule charge qui pèse sur
comprend que tout impôt de cette nature sera une la propriété foncière ; l'enregistrement lors des mu
nouvelle charge pour l'emprunteur auquel le prê tations, l'intérêt toujours élevé des prêts hypothé
teur fera toujours la loi, et qu'il diminuerait néces caires, la législation sur les hypothèques # est si
sairement la valeur du sol par la concurrence des contraire aux intérêts de cette nature de biens,
ventes multipliées qui auraient nécessairement lieu ? doivent aussi être pris en considération. Tel est en
Pour le commerce, comment contracter ces prêts ? résumé l'ensemble des charges qui grèvent en France
Les soumettre à une déclaration, c'est mettre en la propriété foncière, accrues encore des dépenses
fuite le capital circulant qui porte partout la vie, et charges locales.
l'activité ct lc travail. » Il rèsulte des faits ci-dessus, 1° que le sol de la
» La propriété foncière offrc à l'impôt une assicttc France est possédé par plus de 5,ooo,ooo de proprié
convenable, ponrvu toutefois qu'il soit modéré. Les taires chefs de famille, et qu'environ 25 ou 26,ooo,ooo
deux tiers de la contribution foncière sont payés en de sa population sont intéressés à la propriété foncière.
France par des contribuables au-dessous de 2oo f.Cette » 2° Que la division de la propriété tend chaque
dernière quotité suppose un revenu de 1 1 ou 12oo fr., jour à s'acroître, par l'égalité des partages et par le
elle descend par des degrés fort rapides pour les 4/5 désir de chaque cultivateur de devenir propriétaire.
de nos propriétaires ruraux. Ce fait est important à » 5°§ les 2/5 de l'impôt sont supportés par
constater, car trop souvent en imposant de nouvelles des chefs de famille ayant moins de 1 ooo fr. de re
charges aux contributions directes, on a l'esprit venus, et que toute augmentation sur l'impôt fon
préoccupé de la pensée que le sol est possédé par cier porte pour la plupart des propriétaires sur
des propriétaires aisés, pour qui un accroissement leur nécessaire ; que ces impôts, lorsqu'ils sont trop
d'impôt est une réduction sur leur superflu. Mais si, onéreux, paralysent dans une progression effrayante
au contraire, la plus forte partie du sacrifice imposé dans nos campagnes la culture des terres et le tra
est prélevéc sur le nécessaire, si elle a pour résultat vail qui la féconde. »
L'agricullure d'un pays ne peut obtenir bons rapports qui doivent exister entre l'é
de grands développemens que par les efforts tendue superficielle des terres arables et
simultanés de tous les habitans et le con celle des prairies, étangs, forêts, etc. Une
cours d'un gouvernement éclairé. bonne division des héritages est aussi un
Les industries agricole , manufacturière et élément général de prospérité sur lequel
commerciale réagissent l'une sur l'aatre en nous allons revenir.
se prêtant un mutuel appui dans le phéno Les élémens de succès pour les cultivateurs
mène de la production. Toutes, elles profitent sont, d'une manière générale, l'instruction,
des enseignemens des sciences; aussi n'est l activité, la prudence, la sobriété, le respect
ce que dans les pays arrivés au plus haut des lois, la persévérance à provoquer, éta
degré de civilisation que l'agriculture peut blir et conserver des institutions utiles, telles
atteindre le plus haut point de perfection que écoles d'enseignement primaire et d'élé
Il cIment. mens d'agriculture, sociétés et comices agri
L'agriculture ne prospère jamais dans un coles, banques agricoles de circulation ou de
ays, que lorsqu'il y a harmonie partout, que crédit, caisses d'épargne, compagnies d'assu
à où chacun agit d'après les mêmes principes rance et autres améliorations dont la néces
pour arriver à un but commun, à savoir la sité se fait sentir dans le pays. Ils doivent
prospérilé générale fondée sur la richesse aussi prêter secours et assistance à l'autorité
particulière. Parmi les élémens de cette éco dans les efforts qu'elle fait pour améliorer
nomie intérieure, il ne faut pas oublier les l'état physique, industriel et moral du pays
CHAP. 4. MESURES GÉNÉRALEs D'AMÉLIORATIoN. 223
Quant au gouvernement, ses devoirs sont à s'accroitre dans une proportion rapide, et
lus étendus ; il doit provoquer toutes les que, d'après les relevés du cadastre, il est
ois et toutes les mesures administratives prouvé que 550,000 parcelles sont tous les
qu'il juge utiles; prêter son concours aux ans divisées en detix parties, l'agriculteur
ºabitans dans les efforts † font pour dé doué de prévoyance ne manquera pas de
raciner des abus ou introduire des améliora tourner ses yeux vers l'autorité pour provo
tions ; éclairer les populations en organisant quer des mesures ' # seront nécessaire
un système d'éducation générale en rapport ment approuvées par le pays, pour remédier
avec les besoins du pays, et spécialement en aux maux que cet état de division indéfini
créant partout où la nécessité s'en fait sentir ne manquerait pas d'apporter à notre agri
des chaires d'agriculture à l'imitation de culture.
celles qui existent en Allemagne. Il peut On peut soutenir avec raison qu'il importe
aussi instruire et éclairer les intérêts en pu
à la sûreté et au bien-être du pays que le
bliant des instructions, des tableaux statis
territoire soit partagé entre un grand nom
tiques de la production et de la consomma bre de familles, car la possession d'une pro
tion, soit des localités particulières, soit du priété foncière, quoique exiguë, attache le
pays en général. ll doit protéger partout par citoyen à sa patrie ; elle l'anime, elle le mo
des lois et par une police bien organisée, les ralise; dès lors il emploie avec plus d'énergie
ropriétes et les citoyens, procurer enfin à son intelligence et sa force physique à la cul -
a masse de la nation toute la sécurité et ture du sol, que son bras vigoureux sait dé
tout le bien-être compatibles avec la nature fendre avec courage contre les attaques du
humaine et les circonstances où la populalion dehors : mais il est contraire aux intérêts des
se trouve placée. cultivateurs et à la prospérité de la chose
Il est loin de notre pensée d'avoir eu la ublique que les terres soient morcelées entre
prétention d'énumérer les devoirs récipro es mains du même propriétaire, qu'elles
ques des cultivateurs et du gouvernement, soient dispersées çà et là sur la glèbe d'une
un pareil travail ne trouverait pas ici sa commune ou sur le territoire d'un arrondis
place et serait au-dessus de nos forces; nous sement. La terre est un instrument de travail,
avons voulu seulement indiquer les princi plus ou moins bien approprié aux besoins de
paux points de contact qui existent entre les la culture : or, comme tous les autres instru
administrateurs et les administrés. Nous mens de l'industrie, il faut que cette ma
terminerons ce chapitre en indiquant avec chine productive soit le plus possible à la
les détails qu'elle mérite une grande mesure portée de ceux qui la font fonctionner. Que
d'intérêt agricole dont on s'est encore trop dirail-on d'un fabricant qui, au lieu de réu .
peu occupé en France, et qui mérite cepen nir toutes les parties de son usine dans un
dant, à tous égards, de fixer l'atlention dutout compacte, de manière à pouvoir les sur
ouvernement et des cultivaleurs ; nons vou veiller avec facilité, et éviter ainsi les trans
ons parler de la réunion des propriétés ports et pertes de temps, les disséminerait
morcelées. dans plusieurs communes ? on blâmerait
son imprudence ; son ignorance et sa sot
De la réunion des propriétés morcelées. tise le conduiraient bienlôt à sa ruine. Eh
bien ! le propriétaire dont les cultures sont
Nous avons vu qu'un des plus puissans Inorcelées et éloignées les unes des autres
élémens de la prospérité agricole d'un pays n'est pas moins maladroit que ce fabricant,
était les bons rapports qui existent entre la car il faut aussi qu'il transporte à de grandes
superficie des terres arables et celle des prai distances, avec des pertes de temps considé
ries, étangs et forêts ; mais cette prospérité rables, ses ouvriers, ses attelages, ses fu
ne dépend pas moins de la bonne division miers, etc. il faut que sa surveillance se di
des héritages. s'ils sont trop étendus, la cul vise et par conséquent qu'elle s'affaiblisse.
ture en est souvent négligée; s'ils sont trop Déjà la question importante des réunions a
circonscrits , ou si la terre est morcelée in fixé l'attention des agronomes les plus dis -
définiment, il en résulte d'autres inconvé tingués de la France. M. DE DoMBAsLE, le vé
niens que nous allons signaler. Nous avons nérable M. BERTIER de Roville et quelques
établi dans le chapitre précédent qu'il exis autres l'ont traitée avec talent; ils ont si
tait en France environ 5,000,000 de chefs de gnalé avec force les dangers qui résultent de
famille propriétaires fonciers, et 125,000,009 cet état de choses, ainsi que des enclaves ou
de parcelles, ce qui forme en moyenne 26 à enchevétremens des propriétés, qui non
27 parcelles par propriétaire , et à peine 23 seuleuient nuisent à la culture, mais don
d'arpent en moyenne par propriété. Si l'ou nent naissance à une foule de procès qui
réfléchit qu'il existe encore en France un très portent la division et le trouble au sein de
grand nombre de propriétés étendues, on nos campagnes ,
ne pourra s'empêcher d'être effrayé du Il y a déjà plus d'un siècle que la com.
morcellement auquel la terre doit être par mune de Rouvres en Bourgogne a procédé,
venue dans quelques-uns de nos départemens par une opération générale, à la réunion des
pour amener un pareil résultat. Aussi lors propriétés morcelées ; on eite aussi la com
qu'on jette les yeux d'un point élevé sur mune d'Essarois, près Dijon, et celle de
quelques parties de notre territoire, on est Nonsart (Meuse), qui se sont soumises vo
frappé de l'extrême division de la pro lontairement à une réunion générale. Enfin,
priété foncière. Le sol ressemble à un véri l'exemple le plus récent est celui qui a eu
table échiquier ou à une carte d'échantillon lieu en 1771 à Neuviller, à Roville et à Laneu
aux mille nuances diverses. Mais si l'on réflé veville-devant-Bayon, commune limitrophe
chit que ce morcellement tend chaque jour aux deux premières. Ces opérations oni eu
224 ÉCONOMIE PUBLIQUE DE L'AGRICULT.: MESURES D'AMÉLIORATION. LIv.v1.
lieu par le seul consentement mutuel des donnent lieu à une indemnité en argent, en faveur
propriétaires sans le concours du gouver de ceux qui possédaient ces terrains.
nement, et les avantages qui en sont résultés 1oº Chaque propriétaire doit obtenir une quan
our les propriétaires sont considérables. tité de terre susceptible d'offrir un produit net, égal
# Prusse, en Saxe et dans quelques parties à celui que présentaient les diverses parcelles de
de l'Allemagne, ces réunions s'opèrent cha terre qu'il possédait antérieurement. Les objets don
nées en échange doivent être autant que possible
que jour sur une échelle beaucoup plus vaste, de la même nature, c'est-à-dire qu'on doit donner
avec le consentement de la majorité des pro des terres arables en échange de terres arables, des
riétaires et le concours de l'autorité qui prés pour des prés, etc.
eur prête son appui. Nous allons faire con 1 1° Dans les plans de réunion des propriétés fon
naître les conditions générales de ces réu cières, on ne doit jamais omettre de réserver le ter
nions en rappelant les dispositions princi rain néccssaire pour faciliter les communications, de
pales des lois qui les autorisent. donner à chaque héritage une issue sur la voie publi
que et d'éviter les enclaves et enchevêtremens de
1° Chaque propriétaire de parcelles de terre, dis propriétés. On règle aussi l'écoulement des eaux
persées sur la glèbe d'une commune, a le droit de et leur usage ; chaque propriétaire contribue, dans
provoquer la réunion ou échange des parcelles dissé des proportions équitables, à l'établissement des
voies de communication.
minées, de manière que sa propriété foncière forme
un tout arrondi. 12° Ceux à qui il échoit, par l'événement de la
2° Le consentement de la moitié au moins des réunion et du partage proportionnel qui en est la
propriétaires de la commune est nécessaire pour suite, des champs éloignés des bâtiments de leurs
provoquer la réunion. fermes, ont le droit d'exiger qu'il soit construit sur
5° Le projet de réunion une fois rejeté ne peut ce terrain, aux frais de la communauté, de nouveaux
plus être représenté. bâtiments d'exploitation.
4° Cette réunion de propriétés foncières ne peut 15° Dans le cas où, par suite du partage, l'un des
être exécutée, même avec le consentement de la propriétaires n'obtient pas un produit net tout à
moitié au moins des propriétaires de la commune, fait égal à celui que présentaient ses anciennes pro
qu'autant qu'elle s'applique à des terres arables, priétés, il lui est payé une indemnité en argent
prés et pâturages, ou à des bouquets de bois situés égale à 25 fois la partie du revenu dont il est privé.
parmi ces champs, prés et pâturages. 14° Le consentement du fermier n'est pas néces
5° Celui qui provoque la réunion en propose le saire pour réunir; il est obligé de continuer le bail
plan, qu'il soumet aux délibérations des propriétai nonobstant la réunion, mais il a droit à une indem
res formant la communauté. Ce projet est accepté nité pécuniaire pour tous les dommages et pertes
ou rejeté par eux à la majorité des suffrages. Ils qu'il éprouve.
peuvent aussi décider qu'il sera modifié et soumis à 15° Si le propriétaire a obtenu une indemnité à
cause de la † de valeur de sa propriété fon
une nouvelle délibération.
6° L'opposition de la minorité est suffisante pour cière, résultant de la réunion, le fermier doit y par
empêcher la réunion, lorsqu'elle est fondée sur quel ticiper preportionnellement.
16° Si la réunion doit avoir lieu la dernière année
, ques-uns des motifs suivans, savoir : 1° que l'opé de la durée de son bail, le fermier a le droit de de
ration proposée † aucun avantage à la com
mune ; 2° que les frais qu'elle exigera sont hors de mander l'ajournement de la réunion ou de la réalisa
proportion avec les avantages que les propriétaires † du plan jusqu'au moment de l'expiration de son
d1l•
pourront en tirer; et autres cas semblables. C'est
alors l'autorité qui statue sur l'opposition ; et dans 17° Les frais de réunion sont à la charge de tous
tous les cas où le projet de réunion est adopté, c'est · les participants, à proportion du produit net des
cette même autorité qui est chargée de l'exécution. terrains qui font l'objet de cette opération.
7° Chaque propriétaire dont les terrains entrent
dans le plan de réunion doit obtenir, pour chaque Telles sont en général les conditions sous
partie dont on s'empare, un champ susceptible lesquelles les réunions s'opèrent dans les pays
d'offrir le même produit. ll doit avoir la quantité que nous avons cités.Chaque année des mesu
proportionnelle dc terrain qui lui revient d'après le res semblables s'effectuent avec le consente
plan de réunion , à la proximité des bâtimens de ment de la plus grande partie des proprié
sa ferme, d'un seul tenant, et dans la situation la taires sans secousses et sans dangers, et lors
plus favorable à l'exploitation ; enfin il doit obtenir
une indemnité pour tous les sacrifices ou les incon que la volonté et les intérêts de la majorité
véniens que le plan de réunion lui impose. imposent la réunion forcée à des propriétai
8° La réunion doit être précédée d'une évaluation res ignorans, ils ne tardent pas à reconnaître
du produit net, basée sur la qualité du terrain, sa force eux-mêmes les bienfaits de cette mesure qui,
productive, sa situation et son exposition. C'est le en réunissant autour d'eux leurs cullures,
produit moyen et durable qu'on établit d'après ces facilite leur exploitation et augmente bientôt
bases. leur revenu.
9 L'augmentation de fertilité du sol, # tire sa Il serait facile de naiuraliser en France
source des moyens puisés à l'extérieur de l'exploita des dispositions analogues. Que les proprié
tion rurale, ou la diminution de la fertilité qui résul taires comprennent toute l'importance de
terait de la négligence apportée dans la culture, cette question pour notre pays surtout, où
n'entre pas dans cette évaluation. Il en est de même l'effrayant morcellement des terres rend
1° de l'accumulation de fertilité, qui résulte des en
grais confiés à la terre dans les années qui ont pré
Cetle † plus nécessaire que nulle
cédé et dont les effets n'ont pas été épuisés par les part ailleurs; qu'ils fassent entendre leurs
récoltes précédentes ; 2° des labours et façons don réclamations, et le gouvernement qui ne de
nés précédemment ; 3° de la valeur du bois qui se mande probablement que leur concours,
trouve sur le terrain ; 4° des objets et travaux d'art s'associera bientôt à cette mesure, ou pren
qui peuvent être déplacés, comme barrières, clôtu dra l'initiative de la proposition des lois né
res en bois sec, etc. Tous ces objets ne doivent pas cessaires pour la rendre facile et générale.
entrer conmme élément de la valeur du sol, ils ne
sont considérés que comme des accessoires, qui Comte DE RAMBUTEAU.
-
DRDXuihUIR PARTuR.-LÉGISLATIoN RURALE.
INTRODUCTION.
Les biens situés à la campagne sont acquis, de trois systèmes principaux, qui sont : 1° la
possédés et transmis conformément aux lois loi du 28 septembre 179i, qu'on a long-temps
civiles générales; mais ils sont en outre pro considérée, malgré ses imperfections, comme
tégés par des lois particulières dont l'ensem le Code rural français; mais la plupart de ses
ble forme ce qu'on appelle le Code rural. dispositions ont été tellement modifiées par
La codification de ces lois n'a pas encore été une foule de lois postérieures et éparses qu'il
faite en France par le pouvoir législatif ; elles en reste à peine aujourd'hui quelques articles
sont encore disséminées dans le" volumineux en vigueur; 2° la loi du 21 mai 1827, qui s'oc
Bulletin des Lois. NAPoLÉoN, dont l'esprit vaste cupe exclusivement des forêts et des bois ap
s'étendait à tout ce qui pouvait contribuer au partenant tant à l'Etat qu'aux particuliers, et
développement de la force ou de la grandeur celle du 15 avril 1829, qui traite tout ce qui est
de la France, avait voulu aussi doter l'agricul relatifà la pêche § a reproché à juste
ture d'un code complet, et par son décret im titre à ces deux dernières lois d'avoir con
périal du 19 mai 1808 il avait créé une com fondu les dispositions légales qui intéressent
mission d'hommes instruits pour préparer un les biens des particuliers avec celles qui inté
rojet de loi sur cette partie si importante de ressent les biens de l'Etat, et d'avoir mêlé en
†§ publique; mais ce travail conscien semble des intérêts administratifs à des inté
cieux est resté imparfait comme un monument rêts purement privés. Dans le travail que nous
inachevé qui atteste les difficultés de cette en présentons, nous ferons disparaître cet incon
treprise. - - vénient et nous n'emprunterons à ces lois que
-
Depuis la publication de ce projet, les lois les dispositions qui régissent les intérêts pri
qui régissent plus spécialement les intérêts vés Mais notre travail serait encore fort im
agricoles ont été considérablement améliorées, parfait si nous nous contentions de puiser à
et un examen attentif de ces lois m'ayant con ces sources. Nous étendrons en conséquence
vaincu que, malgré quelques lacunes et imper la sphère de nos conquêtes; nous emprunte
fections, elles étaient encore les moins impar rons avec hardiesse aux lois civiles de procé
faites de toutes celles qui régissent les contrées dure et de pénalité tout ce qui intéresse la
les plus civilisées de l'Europe, j'ai essayé en propriété rurale, sans nous inquiéter du sys
1834 de les recueillir systématiquement, et tème de codification auquel † peuvent ap
j'ai publié cet essai sous le titre de Code rural partenir. En un mot, nous nous efforcerons
français. - de présenter un résumé complet de notre lé
Ce recueil, malgré son titre, ne renferme gislation agricole.
pas uniquement les lois qui † spé Ce travail sera divisé en troisttitres : dans
cialement au Code rural; il embrasse aussi le premier nous classerons tout ce qui con
toutes les lois civiles de procédure et de pé cerne la propriété considérée comme droit ab
nalité qu'il est surtout nécessaire de mettre solu et toutes les modifications que l'intérêt
journeflement sous les yeux des propriétaires général a forcé d'apporter à ce droit ; nous
ruraux.Je me propose de suivre le même plan parlerons de la jouissance des biens des par
dans l'exposition méthodique que je vais pré ticuliers, et § des règles qui gouvernent
senter de la législation rurale ; je tâcherai, au les biens des communes soumis à des disposi
tant que possible, d'enseigner aux cultivateurs tions spéciales dans l'intérêt des particuliers ;
et propriétaires ruraux tout ce qu'ils doivent dans le second titre nous traiterons de la
savoir pour se garantir des piéges que la mau compétence des diverses autorités qui proté
vaise foi pourrait leur tendre;j'essaieraide leur ent les biens ruraux et des formes de procé
faire connaître leurs droits et leurs devoirs, et ure à suivre pour conserver ou réclamer ses
de leur indiquer les moyens de repousser ou droits; enfin, dans le troisième, nous rap
de venger les atteintes qu'on porterait à leurs pellerons toutes les peines dont la loi me
propriétés. nace ceux qui contreviendraient à ses ordres
Les lois rurales de la France se composent SOUlV6TalIlS.
TITRE PREMIER.
meubles, quoiqu'ils restassent sur le fonds, # la disposition de la loi du 11 août 1789, qui
parce qu'ils n'en seraient plus l'accessoire. onne à chacun le droit de tuer les pigeons
Il est également évident que si les animaux trouvés sur son terrain en temps p#
étaient donnés à cheptel par un autre que le est devenue insuffisante à raison de Ja
propriétaire, ou que le propriétaire les don variété des assolemens. Pour la compléter, le
nât à cheptel à d'autres qu'à son propre fer ministre du commerce, par sa circulaire datée
mier, ils conserveraient leur nature de meu du 4 septembre 1835, † d'accorder aux
bles (C. c., 522 ). propriétaires la faculté de tuer les pigeons en
De plus la loi considère comme immeubles tout temps sur leurs terrains, du moment où
par destination les objets que le propriétaire ils peuvent leur causer du dommage, sans pou
y a placés pour le service et l'exploitation de voir dans aucun cas s'approprier Ies animaux
ce fonds ; tels sont : 1° les tuyaux servant à la tués. Cette mesure est réclamée par les inté
conduite des eaux ;2°les semences données au rêts agricoles, et nous ne doutons pas que tôt
fermier ou colon partiaire; 3° les lapins de ga ou tard elle ne soit adoptée.
renne; 4° les poissons des étangs; 5° les pres
soirs, chaudières, alambics, cuves et tonnes ; $ III. - Des ruches, essaims et vers à soie.
6° les ustensiles nécessaires à l'exploitation des
forges, papeteries et autres usines;7°les pailles Les ruches à miel sont également considé
et engrais (C. c., 524). rées par la loi comme des immeubles lors
Sont aussi considérés encore comme immeu qu'elles ont été placées par le propriétaire du
bles par destination tous les objets que le pro sol (C. c., 524), et les abeilles qu'elles renfer
priétaire a attachés au fonds à † de ment participent à leur nature, car elles sont
meure; tels sont ceux qui sont scellés à plâtre rangées par la loi au nombre des animaux sau
ou à ciment et qui ne peuvent être détachés vages jouissant de leur liberté naturelle; elles
sans fracturer ou détériorer soit les objets eux ne sont susceptibles de devenir propriété pri
mêmes, soit la partie du fonds à laquelle ils vée que lorsqu'elles sont renfermées dans une
sont attachés (C. c., 525). ruche, qu'elles y ont établi leur gîte et qu'elles
†é uence,
$ II. — Des pigeons. es abeilles trouvées sur un arbre, dans un
buisson, dans un rocher, la cire et le miel
Les pigeons des colombiers sont aussi con qu'elles y déposent, appartiennent au premier
sidérés comme immeubles par destination (C. occupant.
c., 524), parce que, jouissant de toute leur li Le propriétaire d'un essaim a le droit de le
berté, nous ne pouvons pas dire, à proprement réclamer et de s'en ressaisir tant qu'il n'a pas
parler, que nous les possédons ; nous ne pos cessé de le poursuivre; autrement l'essaim
sédons réellement qu'un colombier peuplé de appartiendrait au propriétaire du terrain sur
pigeons; ils ne forment pas quelque chose de lequel il se serait fixé (loi du 28 septembre
distinct du colombier. Mais il en est autre 1791, titre 1°r, sect. III, art. 5). On a coutume
ment lorsqu'ils sont renfermés dans des vo en pareils cas de poursuivre par des cris ou
lières; nous les possédons réellement alors, sons retentissans les essaims qui s'échappent ;
nous les tenons sous notre main ; ils conser cette pratique n'a pas pour but, comme on le
vent donc en ce cas leur qualité de meubles. croit généralement, de retenir et de fixer les
Lorsque les pigeons de colombier passent abeilles, car il est constant qu'elle ne saurait
dans un autre colombier, ils deviennent aus avoir cet effet, mais bien de constater que le
sitôt la propriété du maître du nouveau gîte propriétaire continue à poursuivre son es
qu'ils se sont choisis; mais il faut que la dé SalIIl.
sertion n'ait pas été provoquée par quelque Au surplus, le propriétaire d'un essaim peut
† frauduleuse; car, dans ce cas, le suivre et le ressaisir partout où il le trouve;
e propriétaire du colombier dépeuplé au il n'a pas besoin de la permission du juge de
rait le droit de réclamer des dommages-inté paix du lieu où l'essaim s'est arrêté (Réper
rêts du propriétaire qui aurait employé des toire de MERLIN, au mot Abeilles); mais s'il
moyens illicites et frauduleux (C. c., 564). commet quelque dégât pour exercer ce droit,
Au surplus, le décret du 11 août 1789, en pro de suite il est tenu de le réparer (C. c., 1382
nonçant l'abolition du droit exclusif de fuies et et 1383).
en ordonnant que les pigeons doivent être ren Pour protéger et encourager l'éducation
fermés pendant le temps fixé par les commu des abeilles la loi défend de les troubler dans
nautés, ne prononce d'autres peines contre le leurs travaux; en conséquence, même en cas
défaut de clôture des colombiers que la per de saisie légitime, une ruche ne peut être dé
mission accordée aux propriétaires de tuer les placée que dans les mois de décembre, jan
pigeons sur leurs terrains; il n'est donc pas vier et février, époques où elles peuvent
permis aux conseils municipaux d'étendrecette l'être sans de graves inconvéniens. Ces abeilles
peine et d'en prononcer une autre quelconque ne peuvent être saisies ni vendues pour au
(décision du comité féodal de l'Assemblée cons cune cause de dette, si ce n'est au profit de
tituante, 23 juillet 1790). Conformément à cette la personne qui les a fournies ou pour raison
décision, la Cour de cassation a jugé, par divers des droits du propriétaire envers son fermier;
arrêts rapportés auRépertoire de Merlin,au mot dans ce cas ce sont les derniers objets qui
Colombier, que le propriétaire qui laissait sor peuvent être saisis ( loi du 28 septembre
tir ses pigeons en temps prohibé ne pouvait 1791, titre I°r, sect. III, art. 3).
être poursuivi par voie de simple police; mais Tous les objets que la loi déclare-immeu
le propriétaire des pigeons peut être poursuivi bles par destination ne peuvent être saisis
par voie civile pour réparer le dommage qu'ils mobilièrement ; mais ils seraient nécessaire
ont causé. On s'accorde aujourd'hui à penser ment compris dans la saisie Ge !'immeuble,
228 LÉGISLATION RURALE. LIV. VI
dont ils ne forment que l'accessoire en cas de guesseau, défendait de saisir les feuilles de
saisie immobilière (C. de proc., 592). mûrier; cette disposition a été conservée et
Les vers à soie et les feuilles de mûriers étendue àl'insecte lui-même, par l'art. 4 de la
cueillis pour leur nourriture conservent leur sect. III, titre I°r de la loi du 28 septembre
nature de meubles ; mais pour encourager 1791, ainsi conçu : « Les vers à soie sont de
l'éducation de ces précieux insectes dans les même insaisissables , pendant leur travail ,
provinces méridionales de la France, une dé ainsi que la feuille de mûrier qui leur est
olaration de Louis XV, du 6août 1732, rendue nécessaire pendant leur éducation. »
sur la proposition du célèbre chancelier d'A
-
Nous diviserons le régime des eaux, en reste dans le domaine public, qui, étant as
eaux vives ou courantes et en eaux stagnantes servi à l'usage de tous et étant hors du com
telles que lacs et étangs. merce , n'est pas susceptible des règles de la
propriété. - - - -
SECTIoN Ir°. — Des eaux courantes. Ainsi toute anticipation pratiquée sur les
bords d'une rivière navigable ou flottable,
eau courante considérée comme élément tout ouvrage établi dans le lit de la rivière,
est hors du commerce des hommes, comme tout canal de dérivation d'eau, tous ponts ou
l'air et la lumière, elle n'est donc pas suscep écluses, moulins ou bâtimens qui y seraient
tible d'une possession exclusive et incommu construits par des particuliers, même avec
table; elle n'est en conséquence soumise l'autorisation des autorités compétentes, ne
u'aux lois de police qui règlent la manière pourraient toujours exister que précairement
# jouir.Cependant la loi civile a dû néces et de fait, sans que, vis-à-vis du Gouverne
sairement établir une distinction entre les ri ment, le droit † être acquis par prescrip
vières et 1leuves navigables ou flottables, et
les rivières ou ruisseaux †
ne le sont pas.
tion, même après la † la plus longue.
Nous verrons ci-après à quelle autorité il faut
Les premiers restent exclusivement dans le avoir recours pour obtenir même précaire
domaine public; à l'égard des seconds la loi a ment l'usage des eaux des rivières navigables
accordé aux propriétaires riverains des droits ou flottables (voy. ci-après Police des eaux).
fort étendus sur l'usage de leurs eaux.
$ II. — Des rivières et ruisseaux non navigables ou
$ Ier —Des fleuves et rivières navigables ou flottables. flottables.
cipe qu'ils doivent suivre, en leur prescrivant Cependant comme l'intérêt de l'agricul
de concilier autant que possible l'intérêt de ture, qui peut bien être sacrifié au respect dû
l'agriculture avec le respect dû à la propriété à la propriété, ne doit pas l'être au caprice
(C. c., 645). ou à tout autre motif de malveillance de la
C'est d'ailleurs l'autorité administrative qui part du propriétaire de la source native, on
a le droit de fixer la hauteur des eaux et de s'accorde à refuser au propriétaire du fonds
veiller à ce qu'elles ne nuisent à personne où la source prend naissance le droit de re
(loi du 28 sept. 1791, tit. II, art. 16), comme tenir ou interrompre le cours d'eau par ma
aussi de déterminer la hauteur des ouvrages lice ou vengeance, et sans intérêt pour lui
que l'on peut faire , pour en jouir (Cass., (loi 38, S de Rei vendit., lib. 6, tit. I). Ainsi il
7 avril 1807, Répertoire de Merlin, au mot ne pourrait l'anéantir en la perdant dans un
Cours d'eau). Enfin, dans le cas de la décou uits ou entonnoir perforé dans son domaine ;
verte d'un nouveau cours d'eau, c'est encore il pourrait moins encore se permettre d'en
à l'autorité administrative qu'il appartient de corrompre les eaux, car c'est là une action
le diriger autant que possible vers un but qui a toujours été considérée comme coupa
d'utilité générale, d'après les principes de ble et qui pourrait donner lieu à des pour
l'irrigation ( instruction de l'assemblée na suites correctionnelles contre le propriétaire
tionale du 12 août 1790). Remarquez que si le voisinage en était incommodé. Mais
ce droit si étendu que la loi accorde au comme le droit de propriété est toujours su
propriétaire dont l'héritage est traversé par bordonné à l'intérêt général et qu'il est borne
un cours d'eau, ne doit appartenir qu'à celui au droit de jouir et disposer de la chose en se
dont il parcourt naturellement la propriété. conformant aux lois et réglemens, le pro
Le propriétaire qui l'aurait fait pénétrer dans priétaire de la source ne peut en changer le
son domsine artifieiellement par des tran cours, et il perd même le droit d'en disposer,
chées, fossés ou coupures, ne pourrait pas lorsqu'elle fournit l'eau nécessaire à un service
réclamer un droit aussi étendu. Il n'y a d'ail public, qu'elle alimente, par exemple, une
leurs que celui dont la propriété est traversée fontaine qui fournit l'eau nécessaire aux habi
par une eau courante qui ait le droit d'en user tans d'une commune, village ou hameau, sauf
à sa volonté pour l'irrigation de ses propriétés ; l'indemnité qui peut être due au propriétaire
celui dont la propriété est plus reculée ne et qui est réglée par experts, si les abitans
pourrait pas forcer le voisin immédiat de la n'en ont pas acquis ou prescrit l'usage (C. c.,
rivière à lui livrer passage par une rigole ou 643 ). Cette servitude s'étendrait même au
canal d'irrigation amenant les eaux sur son droit de pénétrer et de conduire leurs bes
fonds. Et si un pareil canal de dérivation était tiaux sur l'héritage du propriétaire du fonds
fait sans le consentement des propriétaires de la source, si les habitans ne pouvaient pro
inférieurs qui jouissent aussi des eaux du fiter autrement de l'usage des eaux. En ce cas,
ruisseau, ils auraient droit de réclamer con l'entrée devrait leur être livrée par l'endroit
tre cette dérivation extraordinaire qui porte le moins dommageable. C'est là une servitude
rait atteinte à leurs droits. Mais il est à dé de nécessité qui ne peut s'appliquer qu'à l'u
sirer,. dans l'intérêt de l'agriculture, qu'il sage personnel et immédiat des habitans et
intervienne, entre les divers propriétaires voi à leurs besoins journaliers. Au surplus, la
sins ou à la proximité des rivières, des accords servitude doit se borner à lasatisfaction des be
pour étendre autant que possible les bienfaits soins de la commune, en sorte que si la source
des irrigations. Au surplus, le gouvernement était assez abondante pour satisfaire à Plu
conserve toujours le droit d'empêcher les dé sieurs usages, le propriétaire resterait maitre
rivations d'eau, même à l'égard des simples d'en détourner une partie, car il ne doit aux
ruisseaux, lorsqu'il s'agit de les faire servir à habitans de la commune que l'eau qui leur est
la navigation intérieure.A l'égard des petites nécessaire.
rivières, le propriétaire du fonds traversé ne Le propriétaire du fonds où la source rend
pourrait pas, de sa prcpre autorité, en déplanaissance perd encore le droit d'en dispo
cer le cours, aucun changement, modification,ser lorsque les propriétaires des fonds infé
inflexion ou même rectification ne pouvant rieuen ont acquis ou prescrit l'usage (C. c.,
y être fait que par les ordres de l'autorité 641 ); mais les servitudes ne pouvant s'ac
publique (loi du 28 septembre 1791, tit. II, quérir par prescription qu'autant qu'elles
art. 16). sont continues et apparentes, la servitude
$ III. — Des sources. de cours d'eau ne peut être acquise par pres
cription que par une jouissance non inter .
On entend par source une eau vive qui se rompue de 3o années, à compter du momºn !
fa't jour à la surface du sol et qui coule natu où le propriétaire du fonds inférieur a fait
230 LÉGISLATION RURALE. LIV« VIe
et terminé les ouvrages apparens destinés à tendu qu'il n'y a qu'un torrent là où les eaux
faciliter la chute et le cours de l'eau dans sa ne s'écoulent que dans les temps d'hiver ou de
propriété (C. c., 642); il faut que ces tra grande pluie.
vaux apparens aient été faits sur le fonds su La différence qui existe entre les petites ri
périeur, parce qu'alors la loi suppose †! vières et les ruisseaux, c'est qu'à l'égard des
a eu convention, mais que le titre a été égaré. premières les droits des propriétaires se bor
Les ouvrages faits sur le fonds inférieur ne nent à un simple usage des eaux et du domaine
peuvent pas servir à fonder la prescription, superficiaire du lit du fleuve; mais l'auto
car le propriétaire du fonds supérieur a pu les rité conserve le droit tréfoncier sur le corps
ignorer, et en tout cas il ne pouvait pas les et le lit de la rivière, ce qui entraîne le droit
empêcher. Il faut de † que ces travaux pour le public de prise d'eau pour boire et
soientapparens, il ne suffirait pas qu'il existât, abreuver les bestiaux et pour lavages, de flot
même sur le fonds supérieur, des conduits tabilité à bûches perdues et concession du
ou tuyaux souterrains pratiqués même de droit d'établir des usines sur les bords de ces
temps immémorial, à moins qu'il n'y ait des rivières. Les ruisseaux, au contraire, sont ainsi
regards qui manifestassent ces travaux (Cass. † leur lit et leur tréfonds dans le domaine
25 août 1812. HENRIoN-DE-PANsEY, ch. 26, $ es particuliers dont ils bordent ou traversent
4, n° 1" et PRoUDHoN, du Domaine public, n° les domaines. On peut voir à cet égard la sa
1376. vante dissertation de M. PRoUDHoN, Traité du
La seule existence de ruisseaux tracés par Domaine public, n° 930 et suiv., vol. III. De là
la nature, et possédés par le propriétaire in résultent plusieurs différences. D'abord, lors
férieur , ne suffirait † pour lui assurer la que le cours d'eau d'une petite rivière borne
propriété incontestable du cours d'eau. Quel un héritage, il lui sert de confins, et l'héri
que longue qu'ait été sa jouissance durant tage profite de tous les accroissemens et sup
cet état de choses, il pourrait toujours être porte toutes les pertes de terrain qui résultent
privé de l'avantage des eaux par le fait du des alluvions, attérissement, relais ou chan
propriétaire de la source qui voudrait lui don gemens de lits, et la propriété se trouvant
ner un nouveau cours ou un nouvel emploi. ainsi bornée naturellement, le propriétaire ne
Quoique les sources d'eau salée appartien peut former contre le riverain opposé aucune
nent, comme celles d'eau douce, au proprié demande en délimitation. Mais il n'en est pas
taire du fonds où elles prennent naissance, ainsi à l'égard des ruisseaux dont le lit est dans
cependant l'intérêt du fisc a fait admettre le domaine de propriété privée; le droit d'al
quelques règles particulières. Ainsi aux ter luvion n'existe pas; il n'y a rien d'incertain et
mes de la loi du 24 avril 1806, il ne peut être de flottant dans les limites de la propriété,
établi aucune fabrique et chaudière de sel et nonobstant les changemens qui peuvent ar
sans une déclaration préalable du fabricant, à river dans ce genre de cours d'eau, le droit de
eine de confiscation des ustensiles propres à propriété foncière reste toujours le même.Cha
† fabrication et de cent francs d'amende (voy. que propriétaire peut donc demander la déli
Traité du Domaine public, par M. PRoUDHoN, mitation de son héritage. Et si le ruisseau chan
n° 1392 et suiv. ). Enfin † sources d'eau geant de lit s'est porté entièrement sur l'héri
thermale et minérale sont restées sous la sur tage d'un des riverains, il devient sa propriété
veillance de l'administration publique, non exclusive. Les petites rivières restent, quant
plus par rapport aux intérêts du fisc, mais à la police, sous la direction réglementaire de
dans l'intérêt de l'hygiène publique ( id., l'autorité gouvernementale; elle doit surveil
n° 1409 et suiv.). ler et réprimer toutes les anticipations que .
l'un des riverains pourrait faire sur le sol de
sacrioN II. - De la propriété du lit des cours la rivière, sauf le droit quiappartient aussi aux
d'eau. riverains de poursuivre devant les tribunaux
la répression des anticipations commises par
On distingue trois espèces de cours d'eau : d'autres et qui feraient refluer d'une manière
1° les grandes rivières sur lesquelles s'exerce dommageable les eaux sur leurs propriétés.
la navigation ou le flottage avec trains ou ra Mais le lit des ruisseaux étant dans le domaine
deaux; elles appartiennent au domaine public, privé, les contestations qui pourraient s'éle
non-seulement quant aux usages, mais aussi versur de prétendues anticipations appartien
quant au lit du fleuve; 2° les petites rivières, draient exclusivement à la juridiction des tri
c'est-à-dire celles qui ne sont ni navigables ni bunaux ordinaires.
flottables; on doit aussi comprendre sous cette Les propriétaires riverains ni autres ne peu
dénomination la partie supérieure des fleuves, vent établir aucun pont ni construire aucune
en remontant vers leur source, à partir du usine dans le lit des rivières sans l'autorisation
oint où ils commencent à être navigables ou du gouvernement; mais cette autorisation n'est
ottables ; elles sont, quant à la jouissance pas nécessaire pour former de pareils établisse
des avantages qu'on peut en tirer, dans le do mens sur les ruisseaux des propriétés privées.
maine privé; mais leur tréfonds reste dans Enfin, le propriétaire dont un ruisseau tra
le domaine public; 3° enfin les simples ruis verse l'héritage peut de sa seule autorité opé
SeaUlX q" sont dans le domaine privé, même rer un déplacement dans le cours d'eau, le
quant à leur lit et tréfonds. Pour distinguer faire serpenter et circuler sur son domaine
une petite rivière d'un simple ruisseau, il faut suivant son caprice, tandis qu'en fait de ri
considérer sa grandeur et la qualification vières, de quelque classe qu'elles soient, aucun
† a reçue des habitans. De plus, le carac changement, modification, inflexion ou recti
tère essentiel d'une rivière, c'est qu'elle ait fication ne peut y être fait que par les ordres
un cours pérenne, ou , en d'autres termes, de l'administration publique.
que le cours de ses eaux soit continuel, at Cependant , et dans tous les cas, les droits
CIIAP• 3°. DES ILES ET ILOTS. 1231
des propriétaires sur l'élément liquide ne con gable ou non enlève par une force subite une
sistcnt jamais que dans une jouissance usa partie considérable et reconnaissable d'un
gère, et ils doivent sans distinction rendre les champ riverain, et le porte vers un champ in
eaux, à la sortie de leur fonds, à leur cours férieur ou vers la rive opposée, le proprié
naturel. taire de la partie enlevée peut réclamer sa pro
SECTIoN III. — De ral# priété. Mais il est tenu de former sa demande
et des changemens dans
de lit.
l'année. Après ce délai il n'y serait plus
recevable, à moins que le propriétaire du
On appelle alluvion les attérissemens ou ac champ auquel la partie enlevée a été unie
croissemens qui se forment successivement et n'ait pas encore pris possession de celle-ci
imperceptiblement aux fonds riverains d'un (C. c., 559). -
fleuve ou d'une rivière, soit que l'alluvion se M. PRoUDHoN (n. 1282) pense que ce droit de
forme par le dépôt des terres charriées par un revendication subsiste, soit que la portion dé
fleuve ou rivière, et alors il s'appelle plus spé tachée du terrain se soit unie à l'héritage infé
cialement attérissement, soit qu'il ait lieu par rieur par superposition ou par simple adjonc
les relais que forme l'eau courante en se reti tion; mais il ajoute que le droit de revendica
rant insensiblement de l'une des rives pour se tion que la loi attribue au propriétaire de la
porter sur l'autre. L'alluvion appartient tou partie enlevée n'est pas celui de revendiquer
jours au propriétaire de la rive découverte, ou de se faire adjuger une partie du sol comme
sans que le riverain du côté opposé puisse venir formant un † fonds qui soit à lui, mais
réclamer le terrain qu'il a perdu. Toutefois ce bien seulement de reprendre et enlever les
droit n'a pas lieu à l'égard des relais de la mer, terres et débris reconnaissables provenant de
et ne peut être exercé sur les fleuves et ri son fonds. Cette revendication doit être faite
vières navigables et flottables qu'à la charge de dans l'année, et si le propriétaire inférieur
laisser le marche-piedouchemin de halage con voulait en disposer sans attendre la fin de
formément aux réglemens (C. c., 556 et 557 l'année, il aurait le droit de requérir l'autre
L'alluvion doit être l'œuvre progressive de d'§ir à s'expliquer sur la question de savoir
la nature; un des propriétaires riverains ne s'il veut ou non enlever le dépôt et lui faire
pourrait donc jeter † la rivière aucun prescrire un délai pour cela
corps, ni y faire aucune plantation dans la vue Si une rivière ou un fleuve coupe ou em
de donner naissance à l'alluvion et d'en favo brasse une propriété, elle continue à appar
riser l'agrandisscment.Lorsque l'alluvion a pris tenir au propriétaire; car il n'y a aucun mo
une consistance ferme et solide et que l'eau a tif de l'en priver (C. c., 562). Si un fleuve ou
cessé de le dominer, il peut, il est vrai, † faire une rivière navigable, flottable ou non, se
des plantations pour s'en mieux assurer la pos forme un nouveau cours en abandonnant son
session, parce qu'alors il ne s'agit plus que de ancien lit, les propriétaires des fonds nou
conserver ce qu'il a acquis : mais ces planta vellement occupés prennent à titre d'indem
tions ne doivent pas être faites de manière à nité l'ancien lit abandonné, chacun dans la
favcriser l'accroissement de l'alluvion ;on doit proportion du terrain qui iui a été enleve
laisser à la nature seule le soin de compléter (C. c., 563). -
verains (C.c.,561), et d'après les principes que #preneurs qui doivent le creuser à leurs
Ta1S.
nous avons adoptés ce n'estpas comme formant -
une part de leur fonds, puisque le lit ou tré Lorsque la confection ou réparation des ca
fonds de toutes les rivières appartiennent au 11allX Cal1S62 quelque dommage aux propriétai
domaine public, mais à titre de don fait par res voisins, l'Etat ou les entrepreneurs doivent
la loi. L'île appartient au propriétaire riverain les indemniser; toutes les contestations
du côté où elle s'est formée. Si elle ne se
†
peuvent s'élever à cet égard entre eux et les
trouve placée que vis-à-vis d'un seul héritage, entrepreneurs sont de la compétence du con
elle appartient tout entière au propriétaire de seil de préfecture (loi du 28 pluviôse an VIII,
ce fonds ; mais si l'île s'est formee vis-à-vis le art. 4).
front de plusieurs héritages, elle appartien Il en est de même des dommages qui peu
dra à † propriétaire en proportion du vent résulter de leur établissement pour les
front de chaque domaine. Lorsque l'île s'est propriétés voisines, par les infiltrations qu'ils
formée des deux côtés, elle appartient aux y portent, soit que les terrains soient simple
propriétaires des deux rives à partir de la li ment humectés ou inondés. Les propriétaires
gne qu'on suppose tracée au milieu de la rivière ainsi lésés ont contre le gouvernement ou les
(C. c., 561). concessionnaires un recours enindemnité pour
les pertes qu'ils éprouvent. Ces principes, qui
SECTIoN V. - Des canaux de navigation ne sont que l'application rigoureuse des lois
intérieure. de l'équité, ont été adoptés par décision du
conseil d'état du 12 mars 1824 à l'égard du ca
Les canaux de navigation intérieure qui ont nal de Loing.(Voy.loi du 21 vendémiaire anV,
été établis par le gouvernement, quoique creu préambule; décret du 22 février 1813, art.4 ;
sés de main § , font partie du do arrêt du 27 avril 1826, cité par M. MACAREL,
maine public, puisqu'ils ont expressément t. VIII, p. 227; arrêt du 29 février 1832, et
reçu cette destination, et qu'ils n'ont été exé M. PRoUDHoN, Traité du Domaine public, n°*797,
cutés, pour le service public, que par l'ex 1563 et 1655.)
propriation des fonds qu'ils occupent; or, cette
expropriation avait justement pour but de les SECTIoN VI. — Des lacs.
faire sortir du domaine privé.
Le plus souvent les canaux de navigation in Les lacs sont de grands et profonds réser
térieure s'établissent par des concessions faites voirs créés par la nature et alimentés par des
à des compagnies ou entrepreneurs qui, aux sources ou des courans qui conservent perpé
termes de leurs traités , doivent en avoir la tuellement la masse de ces grands réceptacles
possession à perpétuité ou pour un temps li d'eaux.
mité. Dans ce cas, les concessions faites à ces En thèse générale, les lacs font partie du
entrepreneurs consistent seulement dans la domaine § mais un lac peut également
possession ou jouissance de l'octroi de la na être dans le domaine privé d'un particulier ou
vigation et non pas dans l'aliénation du canal d'une commune; c'est ce qui se voit fréquem
qui, étant placé dans le domaine public, est ment à l'égard des petits lacs qu'on trouve
essentiellement inaliénable et imprescriptible dans les pays de montagnes.
tant que la destination du fonds n'a pas été tota La différence qui existe entre les lacs qui
lement changée. De là il résulte que toutes les dépendent du domaine public et ceux qui ap
aliénations faites par le gouvernement, à la partiennent au domaine privé sont les sui
charge par les acquéreurs ou ſes concession VaInteS :
naires de les éntretenir dans leur état de via Dans les lacs publics, le revenu de la pêche,
bilité publique, ne sont pas de véritables ac comme celui des rivières navigables, appar
tes de vente opérant une aliénation parfaite ;tient à l'Etat; dans les lacs qui sont propriété
que ce ne sont que des engagemens révoca privée, la pêche appartient exclusivement au
bles suivant les circonstances , en indemni propriétaire.
sant les concessionnaires. Ces canaux, même Sur les lacs publics, l'usage de la navigation
concédés à perpétuité, conservent donc tou ou des passages qui peuvent avoir lieu en tous
jours leur nature de voie publique, et comme sens par le moyen de barques et bateaux doit
tels ils restent soumis aux servitudes de vue être permis à chacun comme l'usage des gran
et autres, compatibles avec leur nature envers des routes; mais le passage au moyen de bar
les fonds voisins ; et toutes les contestations ques à travers un lac privé, pour arriver de
† peuvent avoir pour objet ces servitudes l'un des bords sur le fonds situé de l'autre
oivent être portées devant les tribunaux côté, ne peut être exigé, pour servir à l'ex
ordinaires. Les canaux de navigation étant des ploitation de ces fonds enclavés, lorsqu'il n'
voies de communication tracées dans l'intérêt a pas de servitude consentie par le propri
public, le gouvernement peut toujours, moyen taire , que moyennânt indemnité.
nant indemnité, s'emparer des sources et ruis Dans les lacs publics où la masse d'eau est
seaux qui se trouvent dans les terrains supé en général assez abondante pour satisfaire à
rieurs et qui peuvent être nécessaires pour tous les besoins du voisinage, sans nuire à la
alimenter le canal. navigation, toutes les prises d'eau doivent être
En tous cas, le concours du pouvoir legisla permises ; au contraire il ne peut être permis
tif est indispensable pour autoriser un canal de pratiquer des rigoles de dérivation dans un
qui doit être creusé par le gouvernement et canal propriété privée sans le consentement
pour voter les fonds nécessaires à sa confec de ce propriétaire.
tion.Le concours de l'autorité législative est Enfin, si le propriétaire du lac privé a quel
également nécessaire pour autoriser la con † moyen d'en faire écouler les eaux, il peut,
Cession d'un canal à une compagnie ou à des e sa propre autorité, obtenir ainsi une plus
CIIAP. 3°. DES ETANGS. 233
† de terrain et même le ré
uire a sec, sans avoir recours aux mesures
l'eau vienne à diminuer; et réciproquement,
le propriétaire de l'étang n'acquiert aucun
exigées par la loi du 16 septembre 1807, comme droit sur les terres riveraines que son eau
on peut le voir dans la décision du conseil vient à couvrir dans les crues extraordinaires
d'état du 11 août 1824, rapportée par M. MA (C. c., art. 558).
CAREL, t. VI, p. 523, sauf † lois de police sa Il résulte de cet article que les fonds rive
nitaire. rains d'un étang sont soumis à la servitude
d'inondation plus ou moins étendue sur leurs
SECTIoN. VII. — Des étangs. bords, dans le temps des grandes crues, et
qu'il suffit que l'étang ait été établi depuis
On nomme étang un amas d'eau retenu par plus de 30 ans, pour que cette servitude reste
des ouvrages de main d'homme. définitivement acquise à l'un sur l'héritage
Chacun peut établir des étangs sur sa pro de l'autre. Mais avant l'écoulement de cet es
priété, mais il doit préalablement obtenir la pace de temps, les propriétaires voisins au
permission de l'autorité administrative, qui raient une action pour faire réduire la chaussée
ne l'accorde qu'après une enquête de commodo de l'étang à une hauteur telle qu'elle ne pût
vel incommodo, faite dans l'intêrêt de la salu lus leur nuire ; et ils auraient même droit
brité publique. C'est elle aussi qui doit fixer 'en exiger la démolition totale si la disposi
la hauteur du déversoir des eaux de manière tion du local ne permettait pas d'y for er un
à ce qu'elles ne nuisent à personne (loi du 28 étang.
septembre 1791 , tit. II, art. 16). Les voisins Il résulte aussi de cette disposition de notre
sont également autorisés à former opposition Code que ce qu'on peut appeler les lais et
dans leur intérêt particulier à la formation relais § étang ne sont pour le propriétaire,
d'un étang, sauf à faire statuer par l'autorité comme pour ses voisins, que soumis à une
compétente sur le mérite de leur opposition. possession passagère et précaire, les actes de
Le propriétaire d'un étang nouvellement possession de la part des riverains, tels que
construit n'a pas le droit de forcer le proprié d'y couper de l'herbe, d' y faire paître des
taire inférieur à recevoir ses eaux, à moins troupeaux, ne pourraient pas servir de fon
qu'elles n'eussent auparavant un écoulement dement à la prescription, et de part ni d'au
naturel, même en lui offrant une indemnité tre on ne pourrait agir au possessoire sur cet
proportionnée au tort qu'il en éprouverait, espace intermédiaire.
attendu que dans ce cas il ne s'agit plus d'un - L. MALEPEYRE.
intérêt public, mais d'un intérêt privé ( C. c.,
545 et 640). On voit par ce qui précède combien ſes dis
Le propriétaire d'un étang doit tenir sa positions de † sur les étangs sont in
bonde et sa chaussée dans un état tel qu'il complètes ; aussi, comme nous l'avons déjà
n'en résulte aucun préjudice pour les pro dit § notre article sur ce sujet, p. 179,
priétaires voisins. S'il ne les réparait pas et les étangs, dans le département de l'Ain, sont
qu'il résultât de sa négligence des chutes ou ils des nids à procès. La nécessité d'avoir
infiltrations d'eau, il serait tenu de réparer le des règles fixes, pour prévenir ou décider les
dommage qui en résulterait. contestations, y a fait établir quelques règles
Durant tout le temps qui s'écoule depuis d'usage ou de coutume qui tiennent lieu de
l'alvinage ou l'empeuplement, jusqu'à la pê loi; mais ces règles elles-mêmes sont souvent
che de § les poissons qui s'y nourris contestées. Dans la plupart des autres pays
sent sont considérés comme accessoires du on n'a pas des réglemens aussi précis : on se
fonds, et en cette qualité immeubles par des plaint généralement de ce que les lois ne sont
fination ( C. c. , 524) ; mais lorsque tirés des as intervenues pour donner un caractère fixe
étangs ils sont renfermés dans des viviers ou à ces dispositions souvent vagues et peu pré
†voirs, ils reprennent leur nature de meu
6ºS.
cises, et qui, par cette raison, sont souvent
ruineuses pour ceux qui les invoquent. Nous
· Lorsque deux ou plusieurs étangs commu allons résumer la plupart de ces dispositions,
niquent entre eux, les poissons appartiennent en parcourant ce que M. DURAND a dit sur les
toujours au propriétaire de l'étang où ils se usages du Forez et M. de MARIvAUx sur ceux
trouvent, pourvu qu'ils n'y aient pas été atti de la Sologne; nous avons trouvé peu à ajoute1
rés par fraude ou artifice (C. c., art. 564 ); aux usages de Bresse : ils sont consignés dans
mais un propriétaire peut suivre son poisson les ouvrages des jurisconsultes REvAL et
ui a remonté par une crue ou débordement CoLLET, etc., résumés dans la statistique de
eau, jusque dans la fosse ou auge de l'étang CoLLIN, d'où nous les avons extraits, en les
voisin; il peut faire vider cette fosse dans la resserrant, comme pouvant fournir des ren -
huitaine, le propriétaire présent ou dûment seignemens utiles à tous les pays d'étangs.
appelé. Une partie de ces dispositions est sans doute
C'etait l'ancien usage attesté par tous les devenue contestable dans l'ordre mouveau et
auteurs qui ont écrit sur le droit rural, et le sa législation actuelle; c'est un motif de plus
Code n'y a pas dérogé, puisqu'il n'attribue au pour solliciter à ce sujet des dispositions lé
#étaire que le poisson qui passe dans son gislatives.Toutefois nous n'admettrons pas l'o
etang. -
inion de ceux qui voudraient regarder l'évo
Enfin l'alluvion n'a pas lieu à l'égard des age comme un droit purement féodal : il y a
étangs, les propriétaires riverains ne peuvent sans doute un grand nombre d'étangs faits
acquérir aucun droit sur l'étang dont le pro par conventions et le consentement mutuel
† conserve toujours le terrain que des parties qui y ont trouvé avantage.
eau couvre lorsqu'elle est à la hauteur de la 1° Le propriétaire d'étangs doit la vidange à
décharge de l'étang, encore que le volume de l'étang supérieur,tant pour la pêche que pour
AGRICULTURE. ToME_IV.—30
234 LÉGISLATION RURALE. LIV. VIe
l'assec; cette vidange doit se donner avant le lement à la charge de l'état. Sont toutefois
15 mars. 2o Le propriétaire d'un fond supé exceptés les canaux et fossés existans ou qui
rieur à un étang ne peut, même pour son seraient creusés dans les propriétés particu
usage, détourner les eaux de l'étang. 3° Le lières et entretenus aux frais des propriétai
propriétaire de l'évolage a droit de suite sur res ( loi citée, art. 1°r ). -
son poisson dans les prés et même dans les La pêche, dans les rivières de l'état, ne
étangs supérieurs; ce droit ne dure qu'un an. peut donc être exercée que par les porteurs
4º Le propriétaire des étangs a le jet de Berce, de licence ou par les fermiers qui s'en seront
c'est-à-dire le droit de prendre de la terre à rendus adjudicataires ( idem, art. 5).
7 pieds et demi au dehors de sa chaussée, et le Le gouvernement doit déterminer, d'après
voisin de l'étang ne peut faire des fossés sans des enquêtes de commodo vel incommodo,
se tenir au moins à cette distance. 5° Le pro quelles sont les parties des fleuves et rivières
riétaire de l'étang ouvre et ferme à volonté où le droit de pêche sera exercé au profit du
es grilles ou daraises, les fonds inférieurs ne domaine de l'état. Il a également le droit de
peuvent rien exiger pour cet objet, sans titre. déclarer navigable ou flottable une rivière qui
6° Le propriétaire de l'évolage doit donner ne l'était pas, et dans ce cas il n'est dû aux
assec chaque 3e année; s'il est le plus grand propriétaires riverains que l'indemnité de leur
portionnaire du sol, il peut s'en dispenser, droit de pêche supprimé (idem, art. 3).
sauf indemnité, sinon il ne peut le refuser. Les fermiers et porteurs de licence ne
Il entretient seul la chaussée, les grilles et peuvent user, sur les fleuves et canaux navi
les thoux; pour les reparations de la chaussée, gables, que du chemin de halage, et sur les
on prend la terre d'abord dans la pêcherie et rivières flottables, que du marche-pied, sauf
ensuite partout où on le peut sans nuire. 7° Ce à traiter de gré à gré avec les propriétaires
lui qui a pie dans l'étang doit l'ensemencer riverains § des terrains dont ils peu
de grains qui s'enlèvent en même temps que vent avoir besoin pour retirer et asséner leurs
ceux semés par les autres propriétaires; le filets ( idem, art. 35 ).
propriétaire de l'eau a droit de le sommer à cet Dans toutes les rivières et canaux, autres
effet, et après le délai, de cultiver la pie lui que ceux ci-dessus désignés, les propriétaires
même. 8° Un propriétaire de pie peut la clore riverains ont, chacun de son côté, le droit de
d'une naie sèche l'année de l'assec, et en pêche jusqu'au milieu du cours de l'eau, sans
jouir alors comme il l'entend, pourvu que sa préjudice des droits contraires établis par
récolte soit enlevée au moment de recueillir possession ou titre.
les eaux, qui est fixé à la Toussaint. 9° Un Le droit de pêche, dans les cours d'eau non
ropriétaire de pie peut forcer tous les autres navigables ou flottables, est un des attributs et
† parer la chaussée. 10º Tout propriétaire comme une partie de l'usufruit perpétuel que
de partie d'assec ou d'évolage a droit de nai la loi attache aux propriétés riveraines; il ne
sage et pâturage; ce droit cesse si les eaux peut donc en être détaché et cédé à perpé
sont baissées d'un tiers. 11° Le propriétaire tuité à des étrangers ; mais l'un des proprié
d'une pie, lorsque l'étang est en assec, n'a taires riverains pourrait acquérir, par titre ou
droit de pâturage que sur sa pie; ce droit par possession, le droit de pêche sur tout le
cesse même après la récolte. cours d'eau qui est vis-à-vis le front de son
M. de MARIvAUx dans son écrit sur les héritage; ce serait alors un des deux usufrui
étangs de la Brenne, propose un projet de loi tiers qui prescrirait contre l'autre. Chacun
où il a fondu une partie de ces dispositions; des propriétaires pourrait aussi louer et af
cet écrit, très bon à consulter, se trouve fermer son droit de pêche sur sa portion de
dans le numéro des Annales d'Agriculture du la rivière, comme tout usufruitier peut affer
31 août 1826. mer le droit de jouissance qu'il a sur un héri
A. PUvIs. tage.
Les droits qui dérivent de la propriété sont la loi a voulu que le bornage se fît à frais
assez multipliés, nous ne nous occuperons ici communs » (C. c. , 646 ).
que de deux espèces de ces droits dérivatifs Le bornage remonte aux premiers âges du
a savoir : du bornage et du droit de clôture. monde. Moïse et Numa Pompilius, ces deux
grands législateurs des Hébreux et des Ro
SECTIoN I". — Des bornage et délimitations. mains , avaient non-seulement fait un devoir
à leurs peuples de fixer les limites de leurs
$ I°r. — Du bornage des propriétés rurales. héritages, mais ils avaient mis au rang des
† † crimes le déplacement fraudu
Le droit de bornage dérive du droit de pro eux de ces signes sacrés de la propriété,
riété, le maître de la chose ayant toujours parce qu'ils avaient senti que le respect de ce
intérêt à ce qu'elle ne soit pas confondue droit pouvait seul assurer l'existence et le re
avec celle de ses voisins ; de là cette disposi
pos des sociétés.
On entend en général par borne toute mar
tion de la loi qui porte que « tout propriétaire
peut obliger son voisin au bornage de leurs † qui sert à désigner la ligne séparative de
† contiguës ; et comme cette délimi
tion d'héritages est dans l'intérêt comºſ.un.
eux héritages. Mais le plus communément
«> ce sont des pierres plantées debout et enfou
CHAP. 4°. DES BORNAGES ET DÉLIMITATIONS. 239
cées en terre aux confins des propriétés con Si les titres des deux voisins offraient une
tiguës. Pour témoigner que ces bornes ont étendue plus ou moins grande que celle de
été placées pour limiter les héritages, on place tout le terrain, il faudrait faire une règle de
dans certains endroits du charbon pilé sous proportion et attribuer à chacun une quan
la pierre qui sert de borne; dans d'autres lo tité proportionnelle à ses droits.
calités, ce sont des morceaux de verre, de Si les bornes avaient été placées en vertu
cuivre ou autre métal ou quelques autres frag d'un titre commun et non contesté et que,
mens de matière qui paraissent avoir été par erreur, elles se trouvassent avoir été mal
placés de mains d'hommes. Le plus souvent placées, l'erreur devrait être rectifiée.
on se contente de placer des tuileaux prove Après la vérification des titres et le mesu
nant d'une seule brique que l'on casse en plu rage des terres, on place les bornes.on dresse
sieurs morceaux, et qu'on place en divers en procès-verbal de l'opération, et si le bornage
droits du pied de la borne, sans trop les mor est fait en justice, les experts déposent leur
celer, de manière qu'on puisse reconnaitre, Tapport au greffe du tribunal, qui statue con
en les rapprochant, qu'ils proviennent d'une formément aux dispositions du Code de.pro
même tuile ou brique. cédure civile.
Ces marques s'appellent garans, témoins Souvent il arrive que la demande de bor
ou fileuses( BRoDEAU, sur la Coutume du Maine, nage entre deux propriétaires nécessite la
art. 297. CoQUILLE, sur celle du Nivernais, même opération entre un plus grand nombre.
tit. VIII ). Mais ces usages ne limitant pas Si, par exemple, le propriétaire dont le champ
les signes qui peuvent servir à déterminer les fait partie d'une vaste plaine demande le bor
bornès des propriétés, tout autre mode de nage à son voisin et que ni l'un ni l'autre ne
délimitation, tel qu'un fossé, un talus, un trouve la quantité de terrain portée en leurs
mur, une haie, etc. pourraient servir à borner titres, ils sont alors forcés de demander le
des propriétés contiguës. bornage aux autres voisins, de sorte que le
Le bornage ou la reconnaissance des an bornage peut s'étendre ainsi de proche en
ciennes limites se fait à l'amiable, si les deux proche à tous les propriétaires d'une vas .
voisins sont majeurs et d'accord. Ils dressent plaine.
alors un acte sous seing privé, en double, ou C'est un grave inconvénient, car les frais
ils font rédiger, par le notaire du lieu, un énormes qu'entraînent ces arpentages géné
rocès-verbal authentique qui constate le raux mettent les petits propriétaires # l'im
ornage. † de profiter des dispositions de la
S'ils ne peuvent s'accorder, les bornes doi oi, puisqu'ils ne pourraient obtenir le borna
vent être placées, envertu d'un jugement, par ge sans s'exposer à se ruiner. Le meilleur
des experts convenus entre les parties ou moyen d'éviter que l'action que la loi leur ac
nommés d'office par le juge. Ces experts prê corde ne soit vaine, ce serait de fixer sur ſe
tent serment et procèdent dans les formes territoire de chaque commune et, sous la sur
#rminées par le Code de procédure ci veillance des conseils municipaux, des points
V11e. fixes de repère qui auraient été établis avec
Chaque partie remet ses titres aux experts toutes les précautions nécessaires, de ma
pour qu'ils puissent déterminer les endroits nière à limiter les arpentages que le bornage
où les bornes doivent être placées. Ces titres pourrait exiger.
doivent servir de règles, à moins que l'un des Nous avons vu avec plaisir que ce moyen
voisins n'ait acquis une plus grande quantité de faciliter ou plutôt de rendre possible les
de terrain que celle portée dans son titre par bornages que nous avons proposés lors de la
la prescription, c'est-à-dire par une posses p† de notre code rural (1834), a fixé
sion paisible et continue pendant 30 ans, s'il 'attention du gouvernement. Voici en effet
n'a pas de titre qui lui confère un droit sur dans quels termes s'exprime M. le ministre
cette partie de la propriété, et pendant dix du commerce, dans la circulaire par lui adres
ans seulement, si la personne contre laquelle sée aux conseils généraux, le 4 septembre
il prescrit réside sur les lieux, et 20 ans si 1835. « Les anticipations de propriété sont
elle n'y est pas, lorsqu'il possède en vertu fréquentes et grandement dommageables. —
d'un titre translatif de propriété dont il ignore Lorsque l'on considère tout l'avantage qu'il y
les vices. Mais, pour prescrire, même par la aurait à mettre obstacle à ces empiètemens
possession de 30 ans, il ne faut pas que cette et à tarir ainsi la source principale des con
possession puisse être considérée comme clan testations relatives à la propriété rurale ;
destine, et l'on réputerait telle une légère an quand on s'aperçoit que les mutations de
ticipation de terrain faite en labourant une propriété, souvent indiquées avec inexacti
pièce de terre où il n'y aurait pas de bornes tude, diminuent insensiblement chaque an
ou dont les bornes me seraient plus appa née les bienfaits de l'opération du cadastre,
I'enteS. on est amené à regretter que dès le principe
S'il y a différence entre les titres des deux de cette grande opération les communes, à
voisins, celui qui possède doit être préféré. mesure que leur territoire a été cadastré,
S'il n'y a pas de titre, la seule possession n'aient pas fait limiter les principales divi
doit faire la règle. Si l'un a des titres et que sions cadastrales qui n'avaient pas de limites
l'autre n'en ait pas, les titres doivent servir certaines par des bornes rattachées à des
de règle. points fixes et toujours facilement rempla
Si les deux voisins ont des titres, mais qu'ils cées en cas de disparition. Dans l'intérieur
ne fixent pas l'étendue de la portion de eha de ces divisions, les géomètres auraient pu
cun, il faut partager également et par moitié, indiquer sur les plans la largeur et la hau
toujours en supposant qu'il n'y ait pas de pos teur de chaque parcelle, et de cette façon les
SCSSlOIl COIntraire, usurpations auraient été rendues impossibles
240 LÉGISLATION RURALE. LIV. VI.
« Ce bornage, qui n'aurait pas causé beau l'état et les propriétés riveraines peut tou
coup de frais pour chaque commune et dont jours être requise, soit par l'administration
la depense aurait été supportée, soit sur les forestière, soit par les propriétaires riverains
fonds communaux, soit au moyen d'un rôle (loi citée, art. 8).
extraordinaire additionnel à la contribution Toutefois, en reconnaissant le droit égal
foncière, pourrait être appliqué à tous les soit des particuliers soit de l'administration
territoires qui ne sont pas encore cadastrés. à provoquer la séparation des immeubles li
« Quant aux territoires cadastrés, l'opération mitrophes, il a paru conforme à la justice
pourrait se rattacher aux plans de conserva d'autoriser l'administration à suspendre le
tion du cadastre, dont s'occupe M. le minis cours des actions partielles en bornage, pour
tre des finances et qui sera l'objet d'une pro vu qu'elle offrit d'y faire droit dans le dérai de
position législative. » six mois en procédant à une délimitation géné
Ces vues sont sages, sans doute, et introdui rale de la forêt ( idem, art. 9 ).
raient de grandes améliorations dans la pro Dans ce cas l'administration doit annoncer
priété rurale, mais elles se rattacheraient cette opération deux mois à l'avance, par
mieux encore à un plan général de réunion un arrêté du préfet, qui sera publié et af
qui, nous aimons à nous flatter de cet espoir, fiché dans les communes limitrophes; et,
remédiera un † au morcellement pres pour qu'aucun citoyen ne puisse être dé
que indéfini de la propriété qui menace l'ave † d'une portion de sa propriété par
nir de notre agriculture et à l'enclave et en 'emploi de moyens administratifs, dont il
chevètrement des terres, source de procès et pourrait très facilement, surtout dans les
de dommages pour la culture de notre sol. campagnes, n'être pas instruit en temps uti
Dans l'état actuel de notre législation, la le, la loi a voulu que l'arrêté du préfet
délimitation ne peut être confondue avec le fût signifié au domicile des propriétaires
bornage, la cour de cassation l'a décidé ainsi riverains ou à celui de leurs fermiers, gar
par arrêt du 30 décembre 1818. Elle a pensé des ou agens ( idem, art. 10 ); et comme
ue la délimitation indiquait seulement la l'article 173 de cette même loi donne aux
ligne séparative des propriétés, mais que le gardes de l'administration le droit de faire
bornage seul constatait légalement cette li toutes citations et significations d'exploits en
gne; qu'ainsi l'action de bornage devait être matière forestière, les frais qui auraient pu
accueillie lors même que les propriétés au résulter de cette disposition se trouvent ré
raient des limites suffisamment indiquées, duits et les inconvéniens qu'elle semble pré
telles que haies vives, épines et arbres. † au premier abord sont entièrement
En général les bornes placées aux extrémi paIIIes.
tés des héritages indiquent qu'il faut, pour Après ce délai, les agens de l'administra
former les limites, tirer une ligne droite d'u tion forestière procèdent à la délimitation en
ne borne à l'autre. présence ou en l'absence des propriétaires ri
Pour avoir droit d'intenter l'action en bor verains (idem, art. 10 ).
nage, il faut posséder à titre de propriétaire. Le procès-verbal de délimitation est immé
Ainsi le fermier ou colon ne pourrait pas in diatement déposé au secrétariat de la préfec
tenter directement cette action, mais ils le ture et par extrait au secrétariat de la sous
ourraient indirectement en actionnant leur préfecture, en ce qui concerne chaque arron
ailleur pour le contraindre à leur livrer la dissement. Il en est donné avis par un arrêté
contenance de terrain qui leur a été donnée du préfet, publié et affiché dans les commu
à bail ou à faire cesser le trouble qu'ils éprou nes limitrophes. Les intéressés peuvent en
veraient dans leur jouissance, de la part du prendre connaissaissance et former leur op
VOlSlIl.
position dans le délai d'une année, à dater du
Enfin on s'accorde à donner à l'usufruitier jour où l'arrêté a été publié. Dans le mê
et au preneur, à titre d'emphytéose, le droit me délai le gouvernement déclare s'il ap
d'intenter l'action de bornage.Mais M. PRoUD prouve ou s'il refuse d'homologuer ce pro
HoN pense que le bornage fait avec l'usufrui cès-verbal, en tout ou en partie. Sa déclara
tier n'est que provisoire, et que le proprié tion est rendue publique de la même ma
taire peut en demander un nouveau à la fin nière que le procès - verbal de délimitation
de l'usufruit ( Traité de l'usufruit, n° 1243. (idem, art. 11 ).
Voy. aussi ToULLIER, n° 169 et suiv.). Si, à l'expiration de ce délai, il n'a été élevé
On considère aujourd'hui l'action de bor aucune réclamation par les propriétaires ri
nage comme imprescriptible, parce qu'elle est verains contre le procès-verbal de délimita
inhérente à la propriété, qu'elle en suit le tion et si le gouvernement n'a pas déclaré son
sort et ne peut en être détachée. refus d'homologuer, l'opération sera définiti
ve. Les agens de l'administration procéderont,
$ II. — De la délimitation et bornage des bois et dans le mois suivant, au bornage en présence
forêts contiguës à ceux de l'Etat. des parties intéressées, ou elles dûment ap
pelées par un arrêté du préfet, ainsi qu'il est
La délimitation et bornage des bois et fo prescrit ci-dessus ( idem, art. 12 ).
rêts appartenant à des particuliers se fait con Si la † s'opère par un simple bor
formément aux règles qui précèdent, mais nage, les dispositions de l'article 640 du Code
lorsqu'ils sont contigus à des forêts de l'état, civil sont applicables et les frais de bornage
le bornage se fait d'après des règles particu sont supportés en commun ( idem, art. 14 ).
lières qui sont consignées dans la loi du 21 La séparation peut aussi être effectuée par
mai 1827 et dans l'ordonnance d'exécution du des fossés de clôture, soit de la part de l'admi
1°r août de la même année. nistration, soit de la part des particuliers. En
La séparation entre les bois et forêts de ce cas, ces fossés doivent être faits aux frais de
CHAP. 4". DROIT DE CLOTURE. 2!
la partie requerante et pris en entier sur son refusent de le faire, si même ils ne se présen
terrain(idem, art. 14). Mais il ne résulte pas de tent ni en personne ni par un fondé de pou
cette disposition que l'état ou les particuliers voir, il en sera fait mention. En cas de
difficulués sur la fixation des limites, les ré
uissent nuire au voisin, sans que celui-ci ait
e droit de réclamer une indemnité. Un fossé quisitions directes ou observations contradic
de clôture peut nuire considérablement aux li toires seront consignées au procès-verbal.
sières des bois qui, en général, sont formées Toutes les fois que par un motif quelcon
des plus beaux arbres ; en dénudant leurs ra que les lignes de pourtour d'une forêt, telles
cines, on les expose à souffrir et même à pé qu'elles existent actuellement, devront être
rir. La loi a voulu seulement considérer l'é rectifiées, de manière à déterminer l'abandon
tat comme un particulier et † chacun res d'une portion du sol forestier, le procès-verbal
tât dans le droit commun. Celui donc qui devra annoncer les motifs de cette rectifica
se croira lésé pourra poursuivre l'autre de tion, quand même il n'y aurait à cet égard
vant les tribunaux. On sent, en effet, que les aucune contestation entre les experts ( idem,
dispositions de l'article 672 du Code civil, qui art. 61 ).
permet au propriétaire de couper les racines Dans le délai d'une année le ministre des
des arbres qui s'avancent sur son terrain et de finances doit rendre compte au roi des mo
contraindre le voisin à élaguer les branches tifs qui pourront déterminer l'approbation
qui se projettent sur sa propriété, ne sont pas ou le refus d'homologation du procès-verbal
applicables aux bois et forêts, aux termes des de délimitation; il est statué par le roi sur ce
dispositions de l'article 150 de la loi du 21 mai rapport.
1827 qui prononce des peines graves contre A cet effet, aussitôt que le rapport aura éte
ceux qui élagueraient les arbres des bois et déposé au secrétariat de la préfecture, le pré
forêts sans l'autorisation des propriétaires. fet doit en faire une copie entière qu'il adresse
Au surplus, l'indemnité ne pourrait être pro sans délai au ministre des finances ( idem,
noncée que par les tribunaux civils, en con art. 62 ).
formité # l'article 1332 du Code civil. Les intéressés peuvent requérir des ex
En tous cas ce sont les tribunaux ordinai traits dûment certifiés du procès-verbal de
res qui sont appelés à statuer sur toutes les délimitation, en ce qui concerne leur proprié
contestations qui peuvent s'élever relative té; les frais d'expédition de ces extraits sont
ment à la délimitation entre l'état et les par à la charge des requérans et réglés à raison
ticuliers, et c'est encore eux qui doivent sta de 75 centimes par rôle d'écriture, confor
tuer si les agens forestiers refusent de pro mément à l'article 37 de la loi du 25 juin 1794
céder au bornage ( idem, art. 13 ). ( idem, art 63 ).
Les réclamations que les propriétaires pour
$ III. — Mode de procéder à la délimitation et au ront former, soit pendant les opérations, soit
bornage des bois et forêts. dans le délai d'un an, devront être adressées
au préfet du département, qui les communi
L'ordonnance du 1er août 1827 règle le mode quera au conservateur des forêts et au direc
de procéder à la délimitation et au bornage teur des domaines pour avoir leurs observa
des bois et forêts entre l'état et les particu tions (idem, art. 64 ).
liers. La demande doit en être adressée au Les maires justifieront, dans la forme pres
préfet du département (art. 57). crite par l'article 60 ci-dessus, de la publica
Si les demandes ont pour objet des délimi tion de l'arrêté pris par le préfet pour faire
tations partielles, il sera procédé dans les for connaître la résolution prise par le gouverne
mes ordinaires. Dans le cas où les parties se ment relativement au procès-verbal de déli
raient d'accord pour opérer la délimitation et mitation. Il en sera de même de l'arrêté par
le bornage, il y aurait lieu à nommer des ex lequel le préfet appellera les riverains au bor
perts; le préfet, après avoir pris l'avis du nage, conformément à l'article 12 du Code
conservateur des forêts et du directeur des forestier ( idem, art. 65 ).
domaines, nommera un agent forestier pour Les frais de délimitation et bornage seront
opérer comme expert dans l'intérêt de l'état établis par articles séparés, pour chaque pro
(idem, art. 58 ). priétaire riverain, et supportés en commun
Mais s'il s'agit d'effectuer la délimitation par l'administration et lui. L'état en sera
générale d'une forêt, le préfet nomme les dressé par le conservateur des forêts et visé
agens forestiers et les arpenteurs qui devront par le préfet. ll sera remis au receveur des
rocéder dans l'intérêt de l'état, et indique domaines, qui poursuivra par voie ae con
e jour pour le commencement des opéra trainte le paiement des sommes à la charge
tions et le point de départ (idem, art. 59). des riverains, sauf l'opposition sur laquelle il
Les maires des communes où devra être af sera statué par les tribunaux, conformément
fiché l'arrêté destiné à annoncer les opéra aux lois ( idem, art. 66 ).
tions relatives à la délimitation générale sont
tenus d'adresser au préfet des certificats SECTIoN II. — Du droit de clôture.
constatant que cet arrêté a été publié et affi
ché dans ces communes ( idem, art. 60 ). Le droit de clore ses héritages dérive éga
Le procès-verbal de délimitation est rédigé lement du droit de propriété, et l'assem
par les experts, suivant l'ordre dans lequel l'o blée constituante a aboli toutes les lois et
pération aura été faite; il sera divisé en autant coutumes qui contrariaient ce droit par l'ar
d'articles qu'il y aura de propriétés riveraines, ticle 4 de la section IV de la loi du 28 sep
et chacun de ces articles sera clos séparément tembre 1791. Le Code civil a sanctionné cette
et signé par les parties intéressées. Si les pro disposition.
priétaires riverains ne peuvent pas signer ou Deux exceptions ont toutefois été intro
A6 RICULTURE, 82° livraison. ToME IV.—31
242 LEGISLATION RURALE. i : v. .. #.
duites, la première en faveur de celui dont le qu'il en a le droit, perd son droit au parcours
fonds est enclavé. Il peut réclamer un droit et à la vaine pâture, en proportion du ter
de passage, comme nous le dirons par la rain qu'il y soustrait (C. c., 648 ). Si donc
suite; il en est de même, à plus forte raison, il clôt le tiers de ses héritages, il perdra le
lorsque le droit de passage est fondé sur un droit d'envoyer à la pâture le tiers des bes
titre. tiaux qu'il aurait eu le droit d'y faire paître,
Dans les pays où le parcours et la vaine pâ avant de faire clore ses propriétés.
ture ont lieu, pour connaître si l'on peut Un héritage est réputé clos lorsqu'il est en
clore son héritage il faut établir les distinc touré d'un mur de quatre pieds de hauteur,
tions suivantes : Si le droit de parcours et avec barrière ou porte, ou lorsqu'il est exac
vaine pâture est fondé sur un titre exprès, tement fermé ou entouré de palissades ou de
au profit d'un ou plusieurs particuliers, on treillages, ou d'une haie vive, ou d'une haie
ne peut clore l'héritage qui y est soumis; mais sèche faite avec des pieux ou cordelée avec
s'il n'existe que de paroisse à paroisse ou qu'il des branches, ou de toute autre manière de
ne soit fondé, même entre particuliers, que faire des haies, en usage dans chaque localité,
sur des usages locaux, chaque propriétaire ou enfin d'un fossé de quatre pieds de large
peut s'y soustraire en mettant ses héritages au moins à l'ouverture et de deux de profon
en état de clôt :re. Ces distinctions, qui ré deur (loi du 28 septembre 1791, titre I°r, sec
sultent des dispositions de la loi du 28 sep tion IV, art. 6 ).
tembre 1791, ont été consacrées par un arrêt La clôture n'est jamais forcée dans les cam
de la cour de cassation, du 14 fructidor an IX, pagnes ; on ne peut donc pas contraindre le
et confirmées depuis la promulgation du Code voisin même à la réparation de la clôture com
civil par un nouvel arrêt de la même cour, mune, la loi ne la rendant obligatoire que dans
du 13 décembre 1808. les villes et dans les faubourgs (C. c., 663).
Tout propriétaire qui se clôt, lors même
fecture, où les parties pourront en réclamer sera trouvé des ustensiles, machines ou mé
expédition (ordonn. du 1" août 1827, art. 151). caniques propres à la fabrication et à la pulvé
L'administration a le droit de statuer sur risation des tabacs, comme aussi à saisir les
l'état et 1a possibilité des forêts; mais comme, tabacs. en feuilles ou en préparation, quelle
aux termes de l'article 121 de la loi du 21 mai qu'en soit la quantité, ou plus de 2 kilog fa
1827, toutes contestations entre le proprié briqués, non revêtus des marques de la régie.
taire et les usagers sont de la compétence des Les tabacs et ustensiles, machines et méca
tribunaux civils, il faut reconnaître que, dans niques sont confisqués et les contrevenans
le cas où une discussion s'élèverait entre les condamnés à une amende de 1,000 à 3,000 fr.;
usagers et le propriétaire pour savoir quel est, en cas de récidive, l'amende est doublée.
eu égard à l'état ou à la possibilité des forêts, En outre, ceux qui sont trouvés vendant en
le nombre des bestiaux qu'on peut envoyer France des tabacs à leur domicile, ou ceux qui
en colportent, qu'ils soient surpris ou non à
au pacage, ce serait devant les tribunaux que
# question devrait nécessairement être por
ee.
les vendre, doivent être arrêtés, constitués
prisonniers et condamnés à une amende de
La question de savoir si, lorsqu'une com 300 fr. à 1,000, indépendamment de la confis
m'une est usagère, le droit s'étend à tous cation des tabacs saisis, de celle des usten
les habitans, quel que soit leur accroissement, siles servant à la vente, et, en cas de colpor
ou s'il doit être restreint à un nombre égal tage, de celle des moyens de transport.
a celui des habitans primitifs, est très contro Enfin, pour prévenir tout commerce frau
versée. Nous renvoyons aux indications don duleux des tabacs, nul ne peut avoir en sa
t ées par M. DUvERGIER, ( Collection complète possession de tabacs en feuilles, s'il n'est dû
des lois, note 2 de la age 328, vol. XXVII), et ment autorisé, et nul ne peut avoir en sa pos
nous, pensons avec lui qu'il faut, autant que session des tabacs fabriqués autres que ceux
possible, restreindre ces servitudes, si nuisi des manufactures royales, et cette possession
les aux propriétaires de bois. ne peut excéder 10 kilog., à moins que ces
Les usagers sont aussi soumis à des règles provisions ne soient revêtues des marques et
particulières, qui sont rappelées sect. III, vignettes de la régie.
chap. II du titre trois, deuxième partie du pré Les cultivateurs ont le droit de destiner
sent livre. leurs récoltes à l'approvisionnement de la
régie ou à l'exportation ; dans l'un et l'autre
SECTIoN III. — De la culture des tabacs. cas les règles à suivre sont tracées avec soin
par la loi du 28 avril 1816. La circulation des
L'assemblée constituante, par son décret du tabacs est aussi soumise à des règles qui ont
20 mars 1791 , avait rendu libre le droit de
cultiver et de débiter le tabac dans toute l'é
† pour but d'assurer le monopole de la
I'egl6,
tendue du royaume, et restitué ainsi à la † détails dans lesquels entre cette loi ne
propriété un droit qui lui appartient ; mais sont utiles qu'au petit nombre de départe
† tard on a senti le besoin de ressaisir cette mens où la culture du tabac est autorisée. Il
ranche importante du revenu public, et le n'est donc pas nécessaire de rappeler toutes
monopole de la régie a été établi par le décret les dispositions légales qui y sont relatives ;
du 29 décembre 1810, dont le système a passé il ne nous reste plus qu'à faire des vœux
dans la loi du 29 décembre 1814 et s'est main pour voir arriver le moment où l'état pros
tenu dans celle du 28 avril 1816, qui régit père de nos finances nous permettra de ren
actuellement cette culture. dre la liberté à cette espèce de culture et
La culture des tabacs n'est autorisée que à ne plus transformer en crime un acte de fa
dans quelques départemens; il faut qu'elle brication et de commerce, en appliquant des
s'élève au moins à 100 kilogrammes. eines énormes aux contraventions de cette
Quiconque veut se livrer à la culture des oi de monopole.
tabacs, dans les départemens où elle est auto
risée, doit en faire la déclaration au maire de SECTIoN IV. — Des desséchemens des marais.
la commune avant le 1er mars de chaque an
née; elle n'est admissible qu'autant que les On appelle marais des terres abreuvées de
déclarans sont propriétaires ou fermiers des beaucoup d'eau et qui n'ont pas d'écoule
terres qu'ils destinent à la culture des tabacs ment. -
(décret du 29 décembre 1810 ). E)e tout temps l'utilité qui résulte des des
Pour assurer l'exécution prohibitive de séchemens des marais pour les rendre pro
planter le tabac sans autorisation, la loi or pres à l'agriculture, et préserver les popula
donne aux préfets de faire arracher, aux frais tions des funestes influences de l'air vicié par
des cultivateurs, les tabacs plantés en contra les miasmes délétères qui s'en échappent, a
vention, et prononce des amendes proportion déterminé le gouvernement à favoriser les en
nées à la quantité de pieds ainsi plantés. treprises de cette nature. L'édit de janvier
, De plus, pour assurer le monopole de la ré 1607 autorisait non-seulement les desséche
† quant à la fabrication et à la vente, la loi mens, mais accordait aussi aux entrepreneurs
du 28 avril 1816, art. 220 et suiv., autorise divers priviléges. Plusieurs édits,ordonnances
l'administration à saisir et confisquer tous les et lois sont venus successivement apporter des
ustensiles de fabrication, tels que moulins,modifications à cette législation, jusqu'à ce
râpes, haches-tabacs, mécaniques à scaferla que la loi du 16 septembre 1807 soit venue pré
ti, presses à carottes et autres, de quelque senter sur cette matière un ensemble de dis
nature qu'ils puissent être, et à considérer positions complètes, quoiqu'elles ne soient
comme fabricans frauduleux et à faire punir déjà plus en harmonie avec les besoins de la
comme tels les particuliers chez lesquels il civilisation actuelle.
CHAfº. 5°. DES DESSÉCHEMENS. 247
La difficulté de toutes les lois de cette na neurs, les propriétaires ne sont plus évincés
ture est toujours de concilier l'intérêt général d'une partie de leurs terres ; mais sont seule
avec l'intérêt privé; mais comme dans toutes ment tenus d'assurer une juste indemnité aux
les circonstances l'intérêt particulier doit cé entrepreneurs des travaux. Pour atteindre ce
der à l'intérêt de tous, la loi a posé en prin but il doit être, dans ces deux cas, formé en
cipe que le gouvernement a toujours le droit tre les propriétaires un syndicat, à l'effet de
d'ordonner les desséchemens qu'il croira nommer les experts qui doivent procéder aux
utiles ou nécessaires (loi du 16 septembre, estimations.
art. 1er). Les desséchemens sont exécutés Les syndics sont nommés par le préfet, ils
par l'état ou par des concessionnaires (idem, doivent être pris parmi les propriétaires les
art. 2). plus imposés, à raison des marais a dessécher.
Lorsqu'il n'y a qu'un seul propriétaire, ou Les syndics doivent être au moins au nombre
que tous les propriétaires intéressés se réu de 3, et au plus au nombre de 9, ce qui est
nissent pour faire le desséchement, il est na déterminé par l'acte de concession (idem,
turel, il est juste de les préférer. Dans ce cas art. 7 ).
la concession du desséchement leur est tou Les syndics réunis nomment et présentent
jours accordée, pourvu qu'ils se soumettent un expert au préfet du département. Les con
l'exécuter dans les délais fixés, et conformé cessionnaires en présentent un autre, et le
ment aux plans adoptés par le gouverne préfet nomme un tiers-expert. Si le dessé
ment (idem, art. 3), car des précautions de chement est fait par l'état, le préfet nomme
vant toujours être prises pour diminuer le le second expert; le tiers-expert est nommé
danger des travaux, c'est au gouvernement par le ministre de l'intérieur ( idem, art. 8).
qu'il appartient de déterminer les précautions Les terrains des marais sont alors divisés
qu'il juge convenables. Si la diversité d'opi en plusieurs classes dont le nombre ne doit pas
nions ou d'intérêt divise les propriétaires d'un excéder dix, ni être au-dessous de cinq. Ces
marais, ou s'ils ne veulent pas se soumettre à classes sont formées d'après les divers degrés
dessécher dans les délais et suivant les plans d'inondation. Lorsque la valeur des diffé
adoptés, le gouvernement peut alors faire rentes parties des marais éprouve d'autres
exécuter le desséchement aux frais de l'état, variations que celles provenant des divers
ou bien faire la concession du desséchement degrés de submersion, et dans ce cas seule
en faveur des concessionnaires dont la sou ment, les classes doivent être formées sans
mission est jugée la plus avantageuse par le égard à ces divers degrés et toujours de ma
gouvernement. Et en cas de concession, si nière à ce que toutes les terres de même va
quelques-uns des propriétaires, ou des com leur présumée soient dans la même classe
munes propriétaires, offrent des conditions (idem, art. 9 ).
aussi avantageuses que des non-propriétaires, Le périmètre des diverses classes doit être
ceux-là doivent être préférés (idem, art. 4). alors tracé sur le plan cadastral qui a servi de
En tous cas les concessions sont faites par base à l'expertise; ce tracé est fait par les in
ordcnnances rendues en conseil d'état, sur génieurs et les experts réunis (idem, art. 10).
des plans levés ou vérifiés et approuvés par Le plan ainsi préparé est soumis à l'appro
les ingénieurs des ponts et chaussées (idem, bation du préfet, il reste déposé au secréta
art. 5). Avant de commencer leurs travaux riat de la préfecture pendant un mois; les
les compagnies concessionnaires sont donc parties intéressées sont invitées, par affiches, à
tenues de faire connaître par l'ingénieur des prendre connaissance du plan, à'fournir leurs
ponts et chaussées, et approuver par le conseil observations sur son exactitude, sur l'étendue
général des ponts et † leurs plans, donnée aux limites jusqu'auxquelles se feront
travaux et devis, et d'y joindre tous nivelle sentir les effets du desséchement, et enfin sur
mens, sondages et autres opérations jugées le classement des terres ( idem, art. 11 ).
nécessaires. Les plans sont levés et approuvés Le préfêt, après avoir reçu ces observations,
aux frais des entrepreneurs du desséchement. celles en réponse des entrepreneurs de des
Si ceux qui auraient fait la première soumis séchement, celles des ingenieurs et des ex
sion et fait lever ou vérifier les plans ne de rts, pourra ordonner les vérifications qu'il
meurent pas concessionnaires , ils doivent jugera convenables. Dans le cas où, après véri
être remboursés par ceux auxquels la con fication, les parties intéressées persisteraient
cession est définitivement accordée. Le plan dans leurs plaintes, les questions seront por
général doit comprendre tous les terrains qui tées devant la commission constituée suivant
sont présumés devoir profiter du desséche ce qui sera dit ci-après $ VI (idem, art. 12).
ment. Chaque propriété doit être distincte Lorsque les plans auront été définitivement
et son étendue exactement circonscrite; au arrêtés, les deux experts nommés par les pro
plan général doivent être joints tous les pro priétaires et les entrepreneurs des desséche
fils et nivellemens nécessaires, et ils doivent mens se rendront sur les lieux ; et, après
être le plus possible exprimés sur le plan des avoir recueilli tous les renseignemens néces
cotes particulières (idem, art. 6). saires, ils procéderont à l'appréciation de cha
cune des classes composant le marais, eu égard
$ Ier. — Fixation de l'étendue, de l'espèce et de la à sa valeur réelle au moment de l'estimation
valeur estimative des marais avant le desséchement. considérée dans son état de marais, et sans
pouvoir s'occuper d'une estimation détaillée
On s'est efforcé de donner à la loi dont par propriété.
nous nous occupons, l'empreinte de la faveur Les experts procéderont en présence du
dont on a voulu environner la propriété ; tiers-expert, qui les départagera s'ils ne peu
ainsi dans les cas même d'entreprise aux frais vent s'accorder (idem, art. 13).
de l'état ou de concession à des entrepre Le procès-verbal d'estimation par elasse
248 LÉGISLATION RURALE. LIV. VI.
sera déposé pendant un mois à la préfecture, 6° Enfin la différence entre les deux esti
les intéressés en seront prévenus paraffiches, mations.
et s'il survient des 1 éclamations, elles seront S'il reste dans les marais des portions qui
jugées par la commission, Dans tous les cas, n'auront pu être desséchées, elles ne pourront
'estimation sera soumise à la même commis donner lieu à aucune prétention de la part
sion pour être jugée et homologuée par elle ; des entrepreneurs du desséchement (idem,
elle pourra décider contre et outre l'avis des art. 19).
experts (idem, art. 14). A - _ -- * Le montant de la plus-value obtenue par le
ibès que l'estimation aura été définitive desséchement sera divisé entre le propriétaire
ment arrêtée, les travaux de desséchement et le concessionnaire, dans les proportions
seront commencés ; ils seront poursuivis et qui auront été déterminées par l'acte de con
terminés dans les délais fixés par l'acte de CeSSlOIl.
concession, sous les peines portées audit acte Lorsqu'un desséchement sera fait par l'état,
(idem, art. 15), sa portion dans la plus-value sera fixée de
manière à le rembourser de toutes ses dé
$ II. — Des marais pendant le cours des travaux de penses. Le rôle des indemnités sur la plus
desséchement. value sera arrêté par la commission et rendu
exécutoire par le préfet (idem, art. 20).
Lorsque, d'après l'étendue des marais ou la Les propriétaires auront la faculté de se
difficulté des travaux, le desséchement ne libérer de l'indemnité par eux due en délais
sant une portion relative du fonds calculée
pourra être opéré dans trois ans, l'acte de
concession pourra attribuer aux entrepre sur le pied de la dernière estimation; dans ce
neurs du desséchement une portion, en de cas il n'y aura lieu qu'au droit fixe de 1 franc,
niers, du produit des fonds qui auront les pour l'enregistrement de l'acte de mutation
premiers profité des travaux du desséche de propriété (idem, art. 21).
ment. Si les propriétaires ne veulent pas délaisser
-
Les contestations relatives a l'exécution de des fonds en nature, ils constitueront une
cette clause de l'acte de concession seront rente sur le pied de quatre pour cent sans re
portées devant la commission (idem, art. 16). tenue.Cette rente sera toujours remboursable
même parportions, qui cependant ne pourront
$ III. — Des marais après le desséchement et de être moindres d'un dixième, et moyennant
l'estimation de leur valeur. v# capitaux (idem, art. 22).
Les indemnités dues aux concessionnaires
ou au gouvernement, à raison de la plus-va
Lorsque les travaux prescrits par l'état ou lue résultant des desséchemens, auront pri
par l'acie de concession seront terminés, il vilége sur toute ladite plus-value, à la charge
sera procédé à leur vérification et réception. seulement de faire transcrire l'acte de con
En cas de réclamations, elles seront portées ordonnera le dessé
devant la commission qui les jugera (idem, cession, ou le decret qui
chement au compte de l'état, dans le bureau
art. 17). dans les bureaux des hypothèques de l'ar
Dès que la reconnaissance des travaux aura ou
-
nature, les terres pyriteuses regardées comme tations à ce sujet, elles doivent être portées
engrais (idem, art. 4). devant les tribunaux, et l'on suit les disposi
e point important était de prendre un tions du code de procédure sur les expertises
arti sur la propriété des mines. En attribuant (art. 303 à 323 ). Le procureur du roi est
a propriété de la mine au propriétaire du toujours entendu sur le rapport des experts,
fonds, il était à craindre qu'on n'agisse con qui doivent être pris parmi les ingénieurs des
trairement à l'intérêt de la société, qui est mines ou parmi les hommes notables et expé
de multiplier autant que possible les métaux rimentés dans le fait des mines et de leurs
utiles; on a donc admis en principe que le travaux.
gouvernement pouvait seul concéder la pro L'exploitation des minières est aussi assu
priété des mines aux conditions déterminées jétie à des règles spéciales.
par la loi et moyennant les indemnités dont Elle ne peut avoir lieu sans permission, et
elle fixe les bases. le propriétaire du fonds où se trouve le mine
Les mines ne peuvent être exploitées qu'en rai peut exploiter lui-même pour le vendre
vertu d'un acte de concession, délibéré en aux maîtres de forges voisins.
conseil d'état, qui règle les droits des pro S'il ne veut pas exploiter ou s'il néglige de
priétaires de la surface sur le produit des mi le faire, les maîtres de forges peuvent exploi
nes concédées (idem, art. 5 et 6). ter, après en avoir prévenu les propriétaires
Le droit d'enfoncer des sondes ou tarières et avoir obtenu la permission du préfet(idem,
dans un terrain pour y rechercher des mines, art. 60).
est également une conséquence du droit de Dans tous les cas, le prix du minerai et l'in
propriété, et en principe nul ne peut faire de demnité due aux propriétaires sont fixés de
semblables recherches sur un terrain qui ne gré à gré, ou par des experts, conformément
lui appartient pas, sans le consentement du § règles prescrites par le Code de procé
propriétaire de la surface. Toutefois, l'intérêt Ulre.
ublica encore fait admettre une modification L'exploitation des terres pyriteuses et aiu
à ce droit, en permettant au gouvernement mineuses suit les mêmes règles que l'exploi
d'autoriser ces recherches après avoir consul tation des minières ( idem, art. 71 et 72 ).
té l'administration des mines, à la charge L'exploitation des carrières à ciel décou
d'une indemnité préalable envers le proprié vert se fait par les propriétaires, sans permis
taire et après qu'il aura été entendu (idem, sion, sous la surveillance de la police, et avec
art. 10). Mais ces permissions de rechercher l'observation des lois et réglemens généraux
des mines ne peuvent être concédées par ou locaux.
l'autorité; elle ne peut accorder le droit de Quand l'exploitation a lieu par galeries sou
faire des sondages, ni d'établir des machines terraines, elle est soumise à la surveillance de
ou magasins dans les enclos murés, cours et la police ( idem, art. 81 et 82).
jardins, ni dans les terrains attenant aux ha Les tourbières ne peuvent être exploitées
itations ou clôtures murées, dans la distance que par le propriétaire du terrain ou de son
de 10 mètres desdites clôtures ou habitations consentement ; mais il doit préalablement en
( idem, art. 11 ). faire la déclaration à la sous-préfecture et ob
Quant au propriétaire, il peut faire partout tenir la permission de commencer ou de con
les recherches qu'il juge utile; mais il est tinuer l'exploitation, à peine de 100 fr. d'a
obligé d'obtenir une concession avant d'éta mende (idem, art. 83 et 84).
blir une exploitation ( idem, art. 12).
Les bases des indemnités qui doivent être SECTIoN VI. — Occupation de terrains particu
payées par les concessionnaires aux proprié liers et extraction de matériaux nécessaires
taires, sont réglées par la loi de la manière aux routes et constructions publiques.
suivante :
Si les travaux entrepris par les explorateurs L'intérêt public a également fait accorder
ou par les concessionnaires de mines ne sont aux adjudicataires et entrepreneurs de tra
que passagers, et si le sol où ils ont été faits vaux publics le droit d'occuper les terrains
peut être mis en culture au bout d'un an, des particuliers pour prendre les matériaux
comme il l'était auparavant, l'indemnité est nécessaires aux routes et constructions pu
réglée au double de ce qu'aurait produit le bliques ( loi du 16 septembre 1807, art. 55).
terrain endommagé ( idem, art. 43 ). Ils ont le droit de faire casser les roches qui
Si le propriétaire du sol se trouve privé de se trouveront dans les héritages les plus pro
la jouissance de son revenu au-delà d'une an ches des lieux où ils auront à travailler, même
née, ou lorsqu'après les travaux les terrains d'en faire tirer telle quantité de pierre ou sa
ne sont plus propres à la culture, le proprié bte dont ils pourront avoir besoin, sauf l'in
taire du sol peut exiger des concessionnaires demnité due aux propriétaires (arrêté du con
l'acquisition des terrains à l'usage de l'exploi seil d'état, du mois d'octobre 1663, et 3 dé
tation. Si le propriétaire le requiert, les pièces cembre 1672 ). Mais de fréquentes discus
de terre trop endommagées. ou dégradées sur sions se sont élevées entre l'administration
une trop grande partie, doivent être achetées et les propriétaires des terres fouillées, rela
en totalité par le propriétaire de la mine(idem, tivement au paiement des indemnités; les
art. 44). - - lois des 12 et 28 juillet 1791 et du 28 pluviôse
Quant aux indemnités dues à raison de l'ex an VII, offrant des dispositions contradictoi
ploitation, elles doivent être réglées de gré à res, celle du 16 septembre 1807 est intervenue
gré ou par des experts; mais les terrains à pour régler cette matière. Voici les bases
acquérir doivent toujours être estimés au qu'elle a adoptées : Si les terrains ne contien
double de la valeur qu'ils avaient avant l'ex nent pas de carrières en exploitation, ils peu
ploitation de la mine. S'il s'élève des contes vent être payés aux propriétaires comme s'ils
CIIAP 5°. DES SERVITUDES RURALES. 251
juillet 1833, relatives à l'expropriation pour Il doit y avoir, autant que possible, deux
cause d'utilité publique, et l'indemnité est chemins de halage, le long des rivières navi
prononcée par les tribunaux. Mais s'il s'agit gables : l'un principal établi sur le bord où
seulement de fixer l'indemnité due aux pro se tirent les bateaux ; il doit avoir en général
priétaires pour fouille ou occupation tempo 8 mètres ou 24 pieds, sans pouvoir planter
raire de terrain, c'est le conseil de préfecture arbres , ni tenir clôtures plus près que
qui est seul compétent, conformément à la 30 pieds du côté où les bateaux se tirent ;
loi du 28 pluviôse an VIII (PRoUDHoN, Traité l'autre moins considérable sur la rive op
du domaine public, n° 309 et suiv.), posée; sa largeur commune devait être de
Il en serait autrement si les travaux n'a 10 pieds (édit du mois d'août 1607, ordonn.
vaient été entrepris que dans l'intérêt d'une de i669, et décret du 22 janvier 1809).
commune, tels, par exemple, que la cons Telle est l'étendue de cette servitude : les
truction d'une église ou d'une salle de spec ropriétaires doivent en thèse générale, pour
tacle. Alors, quoique l'adjudication en eût été e passage des chevaux de trait et pour les
faite en présence de l'administration, et avec facilités de la navigation, souffrir un chemin
les solennités qu'on emploie dans les mar de 24 pieds de largeur du côté où s'exerce le
chés des travaux qui s'exécutent pour le tirage des bateaux, et reculer encore toute
compte de l'état , les constructeurs n'au clôture et plantation à 6 pieds plus loin. Mais
raient plus le droit d'envahir les propriétés l'administration peut toujours restreindre la
particulières , et les difficultés resteraient largeur des chemins de halage, lorsque le
soumises aux règles du droit commun; elles service n'en souffre pas, surtout quand il #
devraient être portées devant les tribunaux, a des clôtures, murailles et travaux d'art
† qu'il ne s'agirait plus d'un intérêt pu détruire.
lC»
Lorsque l'administration juge utile de
transporter le halage d'une rive sur l'autre,
et qu'on est force ainsi d'aggraver la servi
252 LÉGISLATION RURALE. LIV. VI.
tude imposée au propriétaire de cette rive, il égard aux embarras qu'il pourrait occasion
lui est du indemnité. ner a la navigation.
Quels que soient les envahissemens du fleuve Le flottage est considéré comme de droit
sur les propriétés riveraines, elles doivent public partout où il est possible de l'exercer ;
toujours un chemin de halage de la largeur ce service peut être exigé, même sur les eaux
fix † la loi ; mais si pour rétablir le ha ui sont du domaine privé, telles que les
lage, il fallait détruire des bâtimens et usines, étangs et fossés qui appartiennent à des par
on s'accorde en général à penser qu'il serait ticuliers; il doit être exercé gratuitement lors
dû indemnité au propriétaire dépossédé. Le qu'il ne cause aucun dommage aux propriétés
chemin de halage est également dû sur le VOISlIlCS.
bord des îles qui sont dans l'intérieur des De quelque manière que le flottage s'exerce
fleuves; cela résulte des termes généraux de sur un cours d'eau, il faut sur ses bords un
l'ordonnance de 1669, de l'arrêt de 1777, et chemin ou marche-pied pour l'usage de ceux
d'une lettre écrite par le directeur des ponts qui surveillent le transit de la flotte; il en faut
et chaussées , en tout conforme aux prin un surtout pour le passage de ceux qui doi
cipes de la matière, à M. le préfet de Seine vent diriger l'arrivage des bois lancés en ri
et-Oise. Cependant nous devons remarquer vière, parce qu'il est nécessaire de rejeter
que la jurisprudence des tribunaux semble sans cesse à flot les bûches qui s'arrêtent. Le
contraire, et qu'ils ont admis les actions en droit de flottage comporte donc aussi celui de
dommages-intérêts des propriétaires des îles la servitude de ce chemin, puisque l'un ne
contre les bateliers pour amarages sur ces pourrait être mis à exécution sans l'autre.
1les, lorsqu'il n'existait aucun usage ou acte Ce chemin doit avoir 1 mètre 3 décimètres
de l'autorité relativement au marche - pied ou 4 pieds; les flotteurs ne peuvent occuper
ou chemin de halage. Il est donc plus pru ni fouler un espace plus considérable sans se
dent de faire décider par l'autorité compé rendre passibles envers le propriétaire d'une
tente que le marche-pied est dû, car alors le indemnité.
propriétaire doit bien certainement en sup Lorsque, pour favoriser le passage d'une
porter la charge sans indemnité, puisque flotte, il est nécessaire d'arrêter le mouve
c'est une servitude établie par la loi; il sera ment d'un moulin, légalement établi sur la ri
obligé alors d'enlever tous les arbres, plan vière, ou de toute autre usine, il est dû au
tes, buissons qui pourront se trouver dans la meunier ou propriétaire de l'usine une indem
distance déterminée † les réglemens, puis nité de chômage qui est fixée à 4 fr. par
que c'est un chemin libre qu'il doit laisser. jour, quel que soit le nombre des tournans
Les chemins de halage, n'étant que l'exer ( ordonn. de 1669, titre XXVII, art. 45; or
cice d'une servitude publique, continuent à donn. du mois de décembre 1672, art. 13 et
appartenir aux propriétaires riverains ; le 14 du chap. XVII ; et loi du 28 juillet 1824).
† n'est pas tenu d'en laisser le sol Suivant les règles de la police du flottage,
l'abandon , et ne doit supporter qu'un pour mettre en rivière une flotte à bûches
usage de servitudes pendant les saisons pro perdues, il faut avoir obtenu de l'administra
pres à la navigation; il peut donc y conduire tion l'usage des eaux pendant un temps don
ses bestiaux , y faucher l'herbe et en tirer né. Cette obligation et plusieurs autres né
tous les profits qui ne nuiraient pas à la na cessités du flottage exigent, de la part des
vigation et à la viabilité du chemin. flotteurs, des dépôts de bois sur les fonds ri
Il résulte de là que si la navigation venait verains en attendant l'opportunité du flotta
à cesser, les héritages adjacents seraient libé e. Ces dépôts sont toujours plus ou moins
rés de la servitude. § pour les propriétaires de ce
Le chemin de halage n'étant qu'une servi fonds.Aussi la loi du 28 juillet 1824 a-t-elle
tude, le propriétaire de l'héritage dont il dé fixé l'indemnité qui leur est due à 10 centi
pend n'est tenu que de la souffrir; s'il était mes par corde de bois empilé sur une terre
nécessaire de faire quelques travaux pour le en labour, et à 15 centimes sur un fonds en
rendre † ils ne seraient pas à la nature de pré, et lorsque les bois ne sont pas
charge du propriétaire, mais aux dépens du empilés à la hauteur prescrite par l'ordon
gouvernement. nance de 1672, l'indemnité doit être payée pour
Mais il doit en souffrir l'exercice dans les couches incomplètes à raison de la quantité
toute son étendue. de cordes qu'elles contiendraient si elles
Les rivières qui ne sont que flottables sont étaient portées à ladite hauteur.
celles qui , sans porter bateaux de leurs Ces indemnités n'ont été ainsi réglées par
fonds, servent néanmoins à transporter le la loi du 28 juillet 1824 qu'en Seine et pour
bois, soit en trains ou radeaux, soit à bûches les approvisionnemens de Paris ; partout ail
perdues. leurs elles devront être fixées par experts ;
Les rivières flottables doivent être rangées mais l'équité de ces dispositions devrait néces
en deux classes distinctes : la première com sairement les engager à les prendre pour base
prend celle des rivières où le flottage de leur estimation. Si, par l'effet du voiturage
s'exerce par trains ou radeaux, et la seconde des bois de flotte, ou de toute autre manière,
celle où il ne se pratique qu'à bûches per il était causé par les flottenrs du dommage
dues. Il consiste à lancer en rivière, bûche aux propriétés riveraines, il en serait dû ré
à bûche, des bois de cordes ou de moule des paration. Toutes les contestations à cet égard
tinés au chauffage, pour les faire descendre. sont de la compétence des tribunaux ordi
jusqu'au port Quoique les rivières qui sont naires.
navigables soient à plus forte raison flotta Quant aux chemins de halage qui longent
bles, cependant ie flottage à bûches perdues les canaux de navigation creusés de main
peut y être interdit par l'administration, eu d'homme, soit qu'ils appartiennent au gou
CHAP. 5°. DES SERVITUDES RURALES. 253
vernement, soit qu'ils aient été établis par Ce droit ne peut jºtrais s'exercer sur les
des entrepreneurs concessionnaires, ils ne prairies artificielles : il ne peut avoir lieu sur
sauraient être une servitude naturelle, comme un terrain ensemencé ou couvert de quelque
celle qui existe sur le bord des fleuves et ri production, qu'après la récolte. Dans les prai
vières navigables. L'on ne peut donc exercer ries naturelles sujettes au parcours ou à la vai
ce droit que sur les bords qui dépendent du ne pâture, il est soumis aux usages locaux : il
canal, et qui ont dû être achetés, soit par le ne peut avoir lieu que dans les temps autori
ouvernement, soit par les concessionaires, sés, et jamais tant que la première herbe n'a
orsque le canal a été creusé, de même que le pas été récoltée (idem, art. 10).
lit du canal; de sorte que les propriétaires Dans les pays où le parcours et la vaine pâ
riverains n'ont aucun droit de propriété sur ture sont admis, ce droit ne pouvait être
ses bords latéraux. Mais aussi si les besoins exercé, avant la loi du 28 sept. 1791, que col
de la navigation exigeaient que le chemin de lectivement, au nom de la commune, et non
halage fût élargi, les propriétaires du canal individuellement et à troupeau séparé; mais
ne pourraient exiger cet élargissement à titre aujourd'hui tout propriétaire ou fermier peut
de servitude, de la part des propriétaires ri renoncer à cette communauté et faire garder
verains; ils devraient acheter, soit de gré à par troupeau séparé un nombre de bétail pro
gré, soit par voie d'expropriation, après avoir portionné à l'étendue des terres qu'il exploite
rempli les formalités légales, les terrains dont dans la commune; il peut avoir un pâtre par
ils auraient besoin. ticulier, et par suite se dispenser de concou
rir au paiement du pâtre communal (idem, art.
2°. Parcours et vaine pâture. 12, et cour de cass., 4 juillet 1821 ). Les trou
Les usages connus sous le nom de parcours eaux ne doivent pas être conduits au-delà des
et vaine pâture, quoique ayant des rapports § prescrites par la coutume du lieu. La
d'analogie, diffèrent cependant; l'un et l'autre plupart des coutumes indiquaient pour limi
se rapportent à la libre pâture des troupeaux ; tes du parcours le clocher de chaque commu
mais le parcours ou compascuité donne à des ne soumise au droit de réciprocité, ou, à dé
troupeaux de plusieurs communes le droit de faut de clocher, le milieu de la commune.
paître sur les terres les unes des autres, avec La quantité de bétail que chaque particulier
ou sans réciprocité; tandis que la vaine pâ a le droit d'envoyer à la vaine pâture est pro
ture est restreinte au droit de faire paître, portionnée à l'étendue du terrain qu'il exploi
dans sa commune seulement, des bestiaux, te. C'est, au surplus, à l'autorité municipale
sur les grands chemins, dans les prés naturels, à fixer le nombre des bestiaux que chaque par
† la coupe du premier foin, sur les ja ticulier a le droit d'y envoyer (idem, art. 13).
chères, les friches, sous les bois de haute fu La compascuité, c'est-à-dire le parcours de
taie et dans les taillis, lorsqu'ils ont atteint commune à commune, est aussi susceptible
une certaine hauteur et qu'ils ont été décla d'être réglée par la même autorité. Toute
rés défensables. fois, les arrêtés pris par le conseil municipal
Le parcours, entraînant la vaine pâture, a d'une commune n'obligeraient que les habi
donc plus d'extension qu'elle. Ces deux usa tans de cette commune, et non ceux des com
ges sont peu connus dans les pays de petite munes voisines sujettes au droit de récipro
culture, et le premier est plus rare que le se cité (Cass., 20 nov. 1823 ).
cond. On sentait depuis long-temps les incon Néanmoins, comme il peut se trouver des
véniens graves que ces usages présentent pour chefs de famille domiciliés qui n'aient pas de
le développement de l'agriculture, puisqu'ils terre, soit en propriété, soit à titre de fer
formaient des obstacles insurmontables à la miers, dans la commune sujette au parcours
destruction des jachères et qu'ils s'opposaient ou à la vaine pâture, ou bien des chefs de fa
à l'irrigation des prairies, à la formation des mille, propriétaires ou fermiers, à qui la mo
prairies artificielles, qu'ils empêchaient d'ob dicité de leur exploitation n'assurerait pas as
tenir des regains dans les prairies naturelles, sez d'avantages à cet égard, la loi leur a permis
enfin qu'ils contribuaient à propager les épi de mettre sur ces terrains, soit par troupeau
zooties, en transportant les miasmes délétè séparé, soit en troupeau commun, jusqu'au
res d'une commune à une autre. nombre de six bêtes à laine et d'une vache
Depuis la loi du 28 sept. 1791, la servitude avec son veau, sans préjudicier aux droits des
réciproque de paroisse à paroisse, connue dites personnes sur les terres communales,
sous le nom de parcours, et qui entraîne avec s'il y en a dans la paroisse, et sans entendre
elle le droit de vaine pâture, avait été res rien innover aux lois, coutumes et usages lo
treinte dans d'étroites limites, et n'a été caux, et de temps immémorial, qui leur ac
maintenue que là où elle était devenue un corderaient un plus grand avantage ( idem,
droit.Ainsi cette servitude n'existe plus que art. 14).
lorsqu'elle est fondée sur un titre, ou autori A plus forte raison, les propriétaires ou fer
sée par un usage local et immémorial. Si ces miers, exploitant des terres sur la commune,
conditions n'existent pas, l'exercice de cette ont droit au parcours et à la vaine pâture, en
servitude a dû cesser et la commune rentrer proportion du terrain † possèdent, lors
sous l'empire de la loi générale, qui restreint même qu'ils ne seraient pas domiciliés dans la
# pâturage de chaque commune à son terri commune ; c'est un droit de réciprocité qu'il
Oll'e.
était juste de leur accorder ; mais dans aucun
En tous cas, les communes ne peuvent user cas les propriétaires ou fermiers ne peuvent
de ce droit, lorsqu'il n'existe pour elles qu'en céder leur droit à d'autres (idem, art. 15).
se conformant aux usages locaux, lorsqu'ils Tout propriétaire peut s'affranchir de ces
ne sont pas en opposition avec la loi ( loi ci deux servitudes, en faisant clore son héritage.
tée, art. 2, 3 et 4). Dans ce cas il perd, comme nous l'avons vu
254 LÉGISLATION RURALE. M.IV. VI.
(voy. clôture), ses droits au† et à la du commerce du 4 septembre 1835 , que
vaine pâture, en proportion du terrain qu'il y nous avons déjà citée, a invité les conseils
soustrait (C. c., 648). Il faut aussi remarquer généraux à rechercher quels seraient les
que la clôture n'affranchit de ces deux servi moyens les plus avantageux d'utiliser ces
tudes, entre particuliers, que lorsqu'elles ne propriétés Espérons que ces investigations
sont pas fondées sur un titre; dans le cas con conduiront à des résultats qui seront d'autant
traire elles subsisteraient malgrélaclôture(loi plus avantageux qu'on y aura apporté plus de
du 28 sept. 1791, art. 7 ). Mais lorsqu'il s'agit maturité.
d'un droit réciproque entre § communes,
la clôture affranchit du parcours, lors même 3°. De l'essartement.
† serait fondé sur un titre, et la commune,
ont les droits seraient restreints par ces clô On appelle essartement l'obligation impo
tures, ne pourrait prétendre à aucune indem sée aux propriétaires de bois, épines et brous
nité, sauf à elle à renoncer à la faculté de ré sailles , qui se trouvent dans l'espace de
ciprocité qui résultait de celui de parcours 60 pieds des grands chemins, servant au pas
entre elle et la paroisse voisine, et par cela sage des coches et carrosses publics, qui tra
même à s'en affranchir. Cela aurait également versent les forêts, de les essarter et couper à
lieu si le parcours au profit de la commune leurs frais, en sorte que le chemin soit libre
s'exerçait sur le terrain d'un particulier(idem, et plus sûr. Cette obligation est imposée par
art. 17 ). Ainsi la loi établit une distinction l'ordonn. de 1669, tit. XXVIII, art. 3. Dans les
notable entre les communes et les particu lieux où cet essartement serait exigé par l'au
liers, puisqu'elle annule les titres des com torité , on devrait accorder au propriétaire
munes et respecte ceux des particuliers, à 6 mois à partir de l'avertissement.
l'exception, toutefois, de la pâture sur les Les 60 pieds exigés par l'ordonnance doi
prairies naturelles, lorsqu'elle existe en vertu vent être pris à partir des bords extérieurs
d'un titre conventionnel ; car ce titre, dans la du chemin. Au reste, il faut remarquer que,
main des communes comme dans celle des par dans bien des localités, cette mesure de sû
ticuliers, fait obstacle à la clôture des prairies reté publique ne s'observe plus à la rigueur.
(idem, art. 10 et 11 ; et HENRIoN DE PENsEY, S'il y a contestation à ce sujet, c'est au con
Police rurale et forestière, p.410). seil de préfecture qu'il faut avoir recours.
Enfin tout droit de vaine pâture, même
fondé sur un titre entre particuliers, est ra 4°. De l'alignement.
chetable à dire d'experts, suivant l'avantage
† pouvait en retirer celui qui avait ce Il est défendu aux propriétaires des héri
roit, s'il n'était pas réciproque ou eu égard tages adjacens aux routes ou chemins pu à
au désavantage qu'un des propriétaires aurait blics, de construire aucun édifice ni clôture
à perdre la réciprocité si elle existait; le tout en maçonnerie sur les bords, sans avoir ob
sans préjudice au droit de cantonnement, tenu l'alignement du préfet. C'est au conseil
tant pour les particuliers que pour les com de préfecture, sauf recours au conseil d'état,
munautés (idem, art. 8). que les contraventions à cette défense doi
L'Assemblée constituante aurait probable vent être portées, conformément à la loi du
ment entièrement supprimé ces droits , en 29 floréal an X. Faute par le propriétaire ri
réglant les conditions du rachat lorsqu'ils se verain d'avoir demandé et o† l'aligne
raient fondés en titre, si elle n'avait pas ment, il se rend passible d'une amende de
craint les effets dangereux d' une abolition 300 fr., et si, en construisant sans alignement
subite. En 1808, la suppression totale de cet ou sans observer celui qui a été indiqué, il
usage fut proposée à la presque unanimité, commet quelque anticipation sur la voie pu
par les commissions locales fondées à cette blique, il doit être en outre condamné à dé
époque pour préparer les bases d'un nouveau molir et à souffrir la confiscation de ces ma
code rural. Pendant les 20 dernières années tériaux.
qui viennent de s'écouler, la suppression des
jachères, la culture des prairies artificielles S II.—Servitude d'utilité particulière.
et des racines, ont été adoptées avec plus ou
moins d'extension dans tous les départemens. Les engagemens qui se forment sans con
Ces améliorations se généralisant de jour ventions peuvent résulter ou de la loi ou
en jour, la vaine pâture devient ainsi de plus d'un fait personnel à l'une des parties; sous
en plus onéreuse pour les propriétés qui y ce paragraphe, nous ne nous occuperons que
restent soumises , et en même temps elle des obligations résultant des lois, qui ont
offre moins d'avantages à ceux qui en usent, reçu le nom de servitudes légales. Elles sont
lorsqu'ils se bornent à jouir sans fraude du § aux devoirs réciproques des pro
droit qui leur est laissé; il est donc probable priétaires voisins, et spécialement à l'écoule
que ces servitudes si onéreuses pour l'agri ment des eaux pluviales ou natives, à la mi
culture seront bientôt supprimées. toyenneté et au droit de passage.
Dans l'hypothèse de la suppression de ces
servitudes , la loi qui interviendra devra né 1°. Servitudes résultant de la situation des
cessairement déterminer les movens d'uti lieux.
liser la quantité considérable de biens com
munaux que l'adoption de cette mesure Les fonds inférieurs sont assujétis, envers
laissera libre. Ces biens, qui ne produisentceux qui sont plus élevés, à recevoir les
pour ainsi dire rien aujourd'hui, sont sus eaux qui en découlent naturellement, sans
ceptibles d'acquérir une immense valeur par que la main de l'homme y ait contribué. Le
le défrichement. La circulaire du ministre propriétaire inférieur ne peut point élever de
-
Celui qui est propriétaire exclusif d'un mur sé, en sorte que s'il croît sur ce talus quelques
séparant deux héritages, peut même y prati bois ou épines, le propriétaire du fossé a le
quer des jours et fenêtres donnant sur la pro droit de les couper, pourvu qu'il reste de
† voisine, en se conformant toutefois à bout dans son fossé, en faisant cette coupe, et
'article 676 du Code civil, sauf le droit réservé qu'il ne se serve que d'une serpette bûche
au voisin d'en acquérir la mitoyenneté et de resse; c'est ce qu'on appelle bûcher à la volée
faire supprimer en ce cas les ouvertures. de la serpe (Traité du voisinage, au mot fossé).
Chaque propriétaire doit contribuer pro Le fossé mitoyen doit être entretenu à frais
portionnellement à ses droits aux réparations communs; ainsi la réparation et le curage des
et à la reconstruction du mur mitoyen (C. c., fossés sont des charges communes ; chacun
355).Toutefois, tout propriétaire d'un mur mi peut contraindre son voisin à contribuer à ces
toyen peut se dispenser de contribuer aux répa frais d'entretien. Mais chaque voisin a le droit
rations et reconstructions, enabandonnant son de se dispenser de contribuer aux réparations
droit de mitoyenneté, y compris la portion de et au rétablissement du fossé mitoyen, en
terrain sur laquelle son mur est construit, abandonnant la mitoyenneté. Toutefois, nous
pourvu, toutefois, qu'il ne soutienne pas un pensons, avec DELvINCoURT(Cours de droit ci
édifice qui lui appartienne (C. c.,656), les clô vil), que le voisin ne pourrait pas se dégager
tures n'étant pas forcées dans les campagnes, des charges de la mitoyenneté, si le fossé
l'article 663 du Code civil ne les rendant obli était du nombre de ceux que l'on pratique
gatoires que dans les villes et faubourgs. pour l'écoulement des eaux respectives des
deux héritages, ce cas ayant beaucoup d'ana
B. Du fossé. logie avec celui d'un propriétaire qui a un bâ
timent appuyé sur le mur mitoyen et qui ne
Les fossés dont il s'agit sous ce paragraphe, peut abandonner la mitoyenneté pour se dis
sont ceux qui font l'office de clôture, en ser penser de contribuer aux charges (C. c.,
vant à garantir l'héritage des invasions du de 656).
hors. La présomption légale de mitoyenneté C. De la haie.
existe à l'égard des fossés qui séparent deux
héritages, s'il n'y a titre ou marque du con
traire (C. c., 666). De même que le mur et le fossé, toute haie
Le rejet ou la levée de la terre d'un seul qui sépare des héritages est réputée mitoyen
côté fait présumer qu'il n'y a pas mitoyenne ne, s'il n'y a titre ou marque du contraire, et
té ; le fossé est censé appartenir à celui du la loi met au nombre des signes qui établis
côté duquel se trouve le rejet (C. c., 667). sent la non-mitoyenneté le cas où il n'y a qu'un
S'il y a rejet des deux côtés, ou s'il n'y a pas seul des héritages en état de clôture. La haie
de levée et que le terrain soit uni des deux cô appartient alors à celui des propriétaires qui
tés, le fossé est encore censé mitoyen. est clos de toute part, sauf toujours le cas où
Dans les campagnes, un voisin ne peut ja il y aurait titre ou possession suffisante au
mais contraindre l'autre à faire un fossé de sé contraire (C. c., 670).
paration, la clôture n'étant jamais obligatoire, On distingue deux espèces de haies de clô
comme nous l'avons dit, excepté dans les villes ture, la haie sèche et la haie vive. La premiè
et faubourgs. re se forme de bois secs liés ensemble, et qu'on
Celui qui veut se clore par un fossé, doit renouvelle toutes les fois que le besoin l'exige;
prendre toute la largeur du fossé sur son hé on la nomme aussi haie morte, et, dans quel
ritage; il doit même laisser entre son fossé et ques endroits, hallier. Elle peut se planter
l'héritage du voisin un espace suffisant, pour sur la ligne séparative des deux héritages,
que ce dernier n'ait pas à souffrir de l'ébou sans observer aucune distance; ne poussant
lement des terres. La largeur du talus de la aucune racine ni branche, il n'est pas à crain
berge, du côté du voisin, doit être propor dre qu'elle s'étende sur le terrain du voisin.
tionnée à la profondeur du fossé, suivant la La haie vive, au contraire, se forme d'ar
nature du terrain, de manière que le talus bustes de diverses natures, qui s'accroissent
soit suffisant pour empêcher que la berge ne ar la végétation et forment un fourré qui of
s'éboule. Suivant les usages locaux, maintenus re quelquefois les mêmes avantages qu'un
par le Code civil, la distance qui doit séparer mur. Mais la haie vive pouvant, par l'ombre
un fossé de la limite d'une propriété voisine qu'elle projette et les racines qu'elle pousse
est en moyenne de 53 centimètres; mais tan sur l'héritage voisin, nuire au propriétaire de
tôt cette distance est plus ou moins considé ce fonds, elle ne peut être plantée qu'à la dis
rable, et quelquefois elle n'existe pas. Cepen tance fixée par les réglemens locaux, ou par la
dant il y a injustice à ouvrir un fossé immé loi à défaut de réglemens. Cette distance est
diatement contre le terrain du voisin, qui alors d'un demi-mètre de la ligne séparative
souffre nécessairement des éboulemens qu'en des deux héritages (C. c., 671).
traine cette ouverture. Par la circulaire, déjà A l'égard de la haie vive, celui qui en émon
citée, du ministre du commerce, en date du de habituellement les arbres, † en recueille
4 septembre 1835, il propose de fixer un maxi les fruits, sans opposition de la part du voi
mum de 35 centimètres pour la distance du sin, est censé propriétaire; et si l'émondage
bord extérieur du fossé à la limite de la pro et la cueillette des fruits avaient duré 30 ans,
riété voisine. Cette mesure nous semble cette possession, si elle avait été paisible et
nne et utile et nous espérons qu'elle sera non interrompue, lui assurerait la propriété
adoptée. exclusive de la haie, lors même qu'il serait
Au surplus, le talus ou espace qui reste constaté par titre qu'elle était originairement
ainsi entre le fossé et l'héritage du voisin mitoyenne; celui qui aurait titre et bonne foi
continuc à appartenir au propriétaire du fos pourrait même prescrire par 10 ans, si celui
cHAP. 5° DES SERVITUDES RURALES. 257
contre lequel il prescrirait était présent, et 20 le réclame. Ainsi il peut être circonscrit dans
ans s'il était absent. certaines saisons, ou à certaines époques de
Quelques coutumes accordaient au voisin l'année, ou même à certaines heurés.
ropriétaire de la haie, le droit d'aller sur Le passage ne peut donc être fixé arbitrai
f† voisin pour cueillir et ramasser les rement par celui qui le doit; il doit être pris
fruits des arbres qui s'y étendaient; mais cet régulièrement du côté où le trajet est le plus
usage n'est pas consacré, et ce droit lui est court, du fonds enclavé à la voie publique.
aujourd'hui refusé (cour de cass., 31 décem. Tout propriétaire auquel on réclame un
1810). droit de passage peut donc s'en défendre, en
L'article 672 du Code civil accorde au voisin prouvant que l'héritage d'un autre voisin pré
le droit de couper les racines des arbres qui sente un trajet moins , long, quoique moins
avancent sur sa propriété; mais elle lui donne commode; toutefois, si ce passage, pour être
seulement le droit de le contraindre par les praticable, obligeait celui qui le réclame à des
voies judiciaires à élaguer les branches qui dépenses considérables, il pourrait s'adresser
avancent sur son héritage; il ne pourrait pas à un autre voisin. Il en serait de même si le
opérer lui-même cet élagage sans autorisation passage, quoique physiquement † était
du juge (C. c., 672). dangereux ou coûteux pour celui qui le ré
Lorsqu'il y a un fossé ou tranchée, ou jet clamerait.Ainsi le passage par terre pourrait
de terre formant talus, au-delà de la haie, elle être réclamé, lors même qu'il serait possible
cesse d'être mitoyenne ; elle est censée appar d'aborder la propriété par eau, si la traversée
tenir à celui du côté duquel se trouve la tran de la rivière était dangereuse.
chée ou le rejet (cour royale de Paris, 10 juin Le passage doit aussi être accordé dans l'en
1809). droit le moins dommageable à celui qui est
Les arbres qui se trouvent dans la haie mi forcé de l'accorder; ainsi il peut, en raisou
toyenne sont mitoyens comme la haie, et cha des convenances locales et de la commodité
cun des propriétaires a le droit de requérir du propriétaire † le doit, être pris d'un côté
u'ils soient abattus ( C. c., 673 ). Toute où le trajet du fonds enclavé à la voie publi
ois, si le tronc de l'arbre ne se trouve pas que n'est pas le plus court(cour de cass.,ier mai
dans la haie, quoique ces arbres s'étendent
1801). Quelquefois la servitude de passage,
quoique peu onéreuse dans son origine, de
dans la haie et même sur l'héritage voisin, il
est censé appartenir exclusivement au pro vient gênante par la suite. En effet, cette ser
riétaire du terrain d'où sort le tronc de vitude étant divisible, est due à tout le fonds
'arbre. enclavé et à chaque partie de ce même fonds ;
Les propriétaires des haies vives, dont les en sorte que si ce propriétaire vient à vendre
héritages bordent la voie publique, sont tenus son héritage par portions ou qu'il se divise
de faire élaguer les branches qui obstruent la naturellement entre ses héritiers, il est dû un
viabilité. ( Voy. ci-dessus Essartement.) passage au propriétaire de chaque portion.
Les haies mitoyennes doivent aussi être en Si les parties ne conviennent pas entre elles
tretenues à frais communs. Chaque proprié à j§ soit du montant de l'indemnité,
taire peut forcer son voisin, à contribuer au soit de l'endroit et du mode de la servitude,
rétablissement de la haie, à moins qu'il ne le tout doit être réglé par experts, propor
préfère abandonner son droit à la mitoyen tionnellement au dommage # le passage
neté. peut occasionner à celui qui le doit, et sans
avoir égard à l'avantage que doit en tirer celui
D. Du droit de passage. "† il est dû.
ette servitude peut aussi s'acquérir gra
L'enclave ou enchevêtrement des proprié tuitement† la prescription de l'action en in
tés, offre des inconvéniens insurmontables demnité (C. c., 685).
aux progrès de notre agriculture, et nous fai Quand on établit une servitude, on est cen
sons des vœux sincères pour que des mesures sé accorder tout ce qui est nécessaire pour
législatives, rendues faciles par l'assentiment l'exercer; ainsi celui qui aurait acquis, par
des propriétaires ruraux et leur concours à titre, le droit d'aller puiser de l'eau à une
l'exécution, viennent bientôt faire cesser cet fontaine, aurait nécessairement le droit de
état vraiment déplorable(1).Sous le régime ac passage (C. c., 696).
tuel, celui dont le fonds est enclavé et qui n'a Lorsque le passage est réglé par les con
aucune issue sur lavoie publique pour l'exploi ventions des parties ou par experts, le titre
tation de son héritage, peut demander un qui l'établit ou qui le règle fait la loi des par
assage sur l'héritage voisin, à la charge d'une ties. Toutefois si la fixation primitive était
indemnité proportionnée au préjudice qui devenue trop préjudiciable au propriétaire du
doit en résulter pour celui qui livre le pas fonds assujéti à § servitude, ou si elle l'em
sage (C. c., 682). pêchait de faire des réparations avantageuses,
Pour que le passage puisse être réclamé, il il pourrait offrir au propriétaire de l'autre
faut qu'il y ait enclave complète. L'incommo fonds un endroit aussi commode pour l'exer
dité du passage ordinaire, fût-elle extrême, cice de ce droit et celui-ci ne pourrait pas le
ne suffirait pas pour obliger le voisin à grever refuser (C. c., 701).
sa propriété de cette servitude. Le passage Celui qui fournit le chemin n'est pas tenu
forcé sur l'héritage voisin n'est pas de sa na de l'entretenir à ses frais, mais il doit souſ
ture illimité; au contraire, il doit nécessaire frir les réparations qui seraient faites par ce
ment être restreint aux besoins de celui qui lui qui a droit de jouir du chemin. Dailleurs
(1) Voyez notre article sur la réunion des propriétés morcelées inséré en 1856 dans la plupart des journau
d'agriculture publiés à Paris, et la lettre de M. BERTiER Dr RoviLLE, dans l Agronome, fin de 1855.
AC R JCUI.TU IRE. 83° livraison. ToME IV. — 33
258 LEGISLATION RURALE. LIV. VI,
tout, dans cette matière, doit être réglé par nécessité constatée, et de ne l'accorder, quelles
l'équité et les lois de bon voisinage. Par sa que soient les circonstances, qu'à la condi
circulaire, en date du 4 septembre 1835, que tion d'indemniser le dommage. On voit par-là
nous avons eu plusieurs fois l'occasion de citer, que le ministre † ose de rétablir l'échelage
M. le ministre du commeree propose d'étendre ou tour d'échelle, droit qui existait autrefois
le droit de passage sur la propriété d'autrui dans les campagnes et qui, comme nous l'a
au cas où il ne serait pas possible de réparer vons dit ci-dessus, semble avoir été aboli
un mur ou d'élaguer autrement une haie éta comme conséquence de l'art. 681 du Code
blie sur la limite de deux propriétés, sans civil. C'est là une servitude de nécessité et
passer sur la propriété voisine, en admettant nous croyons, avec le ministre, qu'il serait dé
toutefois que si l'héritage est clos, ensemencé sirable qu'elle fût établie dans les limites qu'il
ou chargé d'une récolte, il semble convenable propose. -
Avant la loi du 28 septembre 1791, la jouis estion de leurs biens, ces derniers seuls ont
sance des propriétés rurales était soumise à e droit de faire des baux des biens de leurs
une foule d'entraves. Indépendamment des administrés.
restrictions imposées par les usages féodaux, † fermier prend une ferme à bail,
les lois de police soumettaient les proprié il doit donc faire examiner les titres de pro
taires aux bans de moisson, fenaison, de priété du bailleur, car s'il n'était pas proprié
vendange , glanage , chaumage, ratelage, taire, s'il n'avait qu'un droit résoluble ou con
grapillage et autres usages qui mettaient la testé, le fermier ne devrait pas accepter le
propriété dans une espèce de tutelle des au bail, car son droit s'évanouirait avec celui du
torités locales. L'assolement forcé a quelque prétendu propriétaire.
fois été prescrit par les autorités locales, mais Le bail serait également nul s'il avait éte
en cette matière comme dans tous les cas de fait par le propriétaire privé de l'administra
† il est toujours plus conforme à tion de ses biens, sans l'assistance de ceux que
'intérêt général d'accorder aux producteurs la loi charge de les diriger.
la plus grande liberté. Leur intérêt les gui Enfin lors même que ces baux seraient faits
dera toujours mieux que les actes souvent par les véritables administrateurs, ils ne
arbitraires de l'autorité. † obliger les femmes mariées ou
La liberté restituée aux propriétaires ru eurs héritiers, les mineurs devenus majeurs,
raux, par la loi du 28 septembre 1791, em les interdits en cas de résipiscence, les com
orte avec elle la faculté de se servir de tous les munes, hospices ou autres établissemens pu
uInStrtl menS † leur convenir, de faire blics pour les baux consentis par les maires,
la récolte quand bon leur semble, de disposer économes et autres administrateurs, que pour
à leur gré des productions de leur propriété, le temps qui resterait à courir soit de la pre
d'avoir telle espèce de troupeaux qu'ils ju mière période de 9 années, si les parties s'y
gent convenable, en un mot de disposer avec trouvaient encore, soit de la seconde et ainsi
1oute latitude de leurs produits, en se con de suite, de manière que le fermier n'aurait
formant toutefois aux lois et réglemens de que le droit d'achever la période de neuf
police. années dans laquelle il se trouverait (C. c.
Ce chapitre comprendra 1° le bail à ferme, 171, 481, 450, 509, 1429, 1430, 1718; loi du
2º le bail à cheptel, 3° les mesures de police que 5 février 1791; loi du 16 messidor an VII, art.
l'intérêt des particuliers a exigées pour 15 arrêté des consuls du 7 germinal an IX).
certaines récoltes. º Les baux de neuf ans et au-dessous que ces
administrateurs auraient passé ou renouvelés
SECTIoN I°.— Du bail à ferme. plus de trois ans avant l'expiration du bail
courant, seraient sans effet, à moins que leur
Règles générales. exécution ne fût commencée avant la fin de leur
gestion.
On appelle bail à ſerme celui des héritages L'usufruitier est soumis aux mêmes obli
ruraux, pour le distinguer du bail des pro gations (C. c., 595). A l'égard du simple usa
riétés urbaines qui a reçu le nom de bail à ger, il ne peut céder son droit et doit jouir
oyer.
par lui-même (C. c., 630, 631).
En général le droit de jouir d'un héritage L'intérêt de notre agriculture fait un de
n'appartient qu'à celui qui est propriétaire, voir de modifier ces différentes dispositions.
ou à celui auquel un titre régulier confère la Il faut permettre aux administrateurs de faire
jouissance de ce bien, tels sont les usufrui des baux beaucoup plus longs, en prenant les
tiers, les usagers, et les preneurs à titre de bail. précautions nécessaires pour que les droits
$† en règle générale le propriétaire de la des incapables ne soient pas compromis.
chose ait seul le droit d'en conférer et céder la Le † peut être fait verbalement ou par
jouissance, cependant comme dans la société écrit.
chacun n'a pas l'administration de ses propres
biens et qu'il a été nécessaire dans l'intérêt $ I" — Du bail verbal.
des mineurs, des interdits et des femmes
mariées de confier à des administrateurs la Le contrat de bail n'exige aucune formalité
cHAP. 6°. DU BAIL"A FERME 259
et peut être fait même verbalement, et alors
les conditions en sont réglées par l'usage des 1". Droits et obligations du bailleur.
lieux et les dispositions des lois. -
Cependant lorsque le bail n'est que verbalLe bailleur est tenu de délivrer au pre
et qu'il n'a reçu aucun commencementd'exé neur la chose louée au temps convenu, de
cution, c'est-à-dire lorsque le fermier n'a en l'entretenir en bon état de grosses répara
core fait aucun acte de prise de possession, tions qui surviennent pendant la jouissance ;
la preuve † en être faite par témoins, le fermier n'étant tenu ordinairement et
uelque modique # soit le prix du bail et sauf stipulations contraires, que des répara
rs même qu'on alléguerait qu'il y a eu des tions locatives, etn'étant obligé de fairelesré
arrhes données. Mais s'il existe un commen parations plus importantes que lorsqu'elles
cement de preuve écrite, c'est-à-dire un écrit ont été occasionnées par le défaut de répara
émané de celui qui nierait le bail, lequel écrit tions locatives. Nous indiquerons par la suite
rendrait probable le fait allégué, la preuve dans la partie administrative quelles sont les
testimoniale pourrait alors étre 15 réparations locatives. Enfin il est tenu de faire
· En tous cas, le serment peut être déféré à jouir paisiblement le preneur pendant la du
celui qui nie le bail(C. c., 1715). -
rée du bail( C. c., 1719 et 1720).
-
S'il y a eu prise de possession, et qu'il y ait Le bailleur, dès qu'il a livré la jouissance
seulement contestation sur le prix du bail, de sa chose pendant un temps déterminé,
les # font foi s'il en existe. S'il n'en ne peut plus en changer la forme; ainsiil n'a
existe pas le propriétaire est cru sur son affir pas le droit pendant ſa jouissance de conver
mation, sauf le droit réservé au fermier de tir un pré en bois, une prairie en terres la
# une expertise, auquel cas les frais bourables, ni de faire pendant la durée du
del'expertise restent à sa charge si l'estima bail aucuns travaux qui puissent gêner la
tion excède le prix qu'il a déclaré (C. c., jouissance du fermier, à moins que ce ne soit
1716 ). des travaux urgens qui ne puissent être dif
Le bail à ferme fait sans écrit a cela de par férés, car dans ce cas le fermier serait tenu
: ticulier qu'il est censé fait pourtout le temps de les souffrir sans indemnité, pourvu qu'ils
nécessaire pour que le preneur recueille tous I1º #º pas plus de quarantejours. (C. c.,
les fruits de l'héritage affermé. Mais la durée 1724).
est-elle alors proportionnée à celle de l'asso Le bailleur n'est tenu de garantir le pre
lement au moment où le fermier entre en
; neur du trouble que des tiers apportent
jouissance, ou bien à celuiqu'iladopte ? Nous voie de fait à sa jouissance, que lorsqu'ils
pensons que l'intérêt de l'agricuſture doit prétendent quelque droit à la propriété, par
faire décider laquestion en faveur du fermier, exemple, lorsque la ferme ou une partie des
et que s'il adoptait l'assolement quinquennal terres qui en dépendent sont revendiquées
qu septennal sur ses terres lors même # par un prétendu propriétaire ou fermier. En
ne serait pas en usage dans le pays, le bail ce cas, le fermier a droit à une indemnité
verbal devrait durer 5 ou 7 ans, car il n'aurait proportionnée au préjudice qu'il éprouve,
épuisé qu'après cet espace de temps la rota pourvu toutefois qu'il ait dénoncé le trouble
n d'assolement qu'il aurait adoptée, et au propriétaire en temps opportun (C. c.,
l'art. 1774 du Code civil lui donne droit de
1726); mais si le trouble est occasionné par
profiter de tous les fruits,
de toutes les soles. des personnes qui ne prétendentaucun droit
Cette décision paraîtra peut-être rigoureuse
de propriété ou de jouissance sur la chose
aux jurisconsultes, mais elle est conforme louée, le bailleur n'est plus tenu de garan
aux intérêts de l'agriculture. tir le fermier du trouble, sauf à ce dernier
à les poursuivre en son nom personnel(C. c.,
$ II. - Du bail écrit. 1725).
Si le bail est écrit, les conditions en sont 2°. Droits et obligations du preneur.
réglées par l'acte qui a été dressé.Si cet acte
est sous seings privés, il doit être fait en au Le preneur a droit de céder son bail en
tant d'originaux qu'il y a de parties contrac tout ou en partie, si cette faculté ne luia
tantes.Ainsi, s'il n'y a d'autres parties que le pas été interdite (C. c., 1717). Il lui est dû
propriétaire et le fermier, ilsuffit qu'ilsoit fait garantie pour tous les vices ou défauts ca
en double;s'il y a une caution qui intervienne, chés qui empêcheraient l'usage de la chose,
il doit être fait triple, et lorsque plusieurs lors même que le bailleurne les aurait pas con
personnes ont un même intérêt, il suffit d'une nus lors du bail. Par exemple, si les terres
seule copie pour toutes celles dont l'intérêt étaient sujettes à des inondations périodi
est le même; un mari et une femme, plusieurs ques, qui rendraient la culture impossible.
co-héritiers ou co-propriétaires n'auront be S'il résultait même de ces vices ou défauts
soin que d'une seule copie. Le bail est un †º perte pour le preneur, le bailleur
acte fort important; lorsqu'il s'agit d'un grand evrait l'indemniser; ainsi dans l'exemple
corps de fermè, il doit être fait avec le plus ci-dessus, si les inondations avaient détruit
:
#
grand soin. Il vaut mieux le faire dresser par les semences du fermier, le bailleur devrait
un notaire, parce qu'il acquiert alors ce qu'on lui en rembourser les frais (C. c., 1721).
# # parée; c'est-à-dire le droit Le fermier doit user de la chose louée en
en poursuivre l'effet de plano, sans avoir bon père de famille, c'est-à-dire employer
recours autribunal, et sans être obligé de su chaquechoseaux usagesauxquelselleestdesti
bir les délais de la justice. Lorsque le bail est née; ne pas convertir, par exemple, les ap
#
II16 Inc.
sa durée est toujours fixée par l'acte partemens en greniers, les magasins en écu
ries; et apporter au contraire à la conserva
260 LEGISLATION RURALE. - LIV. VI,
tion des choses les soins d'un bon père (C. c., Il répond de l'incendie, à moins qu'il ne
1728). Il doit réparer les dégradations qui ré prouve que l'incendie est arrivé par cas for
suitent de l'usage de la chose, excepté toute tuit ou force majeure, ou par vice de cons
fois les objets détruits par vétusté ou forcema truction, ou que le feu a été communiqué
jeure. S'il a été fait un etat de lieux, il doit les par quelque maison ou ferme voisine,(C. c.,
rendre tels qu'il les a reçus d'après l'état; et 1733 ).
s'il n'en existe pas, il est censé les avoir reçus Les pailles et fumiers sont considérés
en bon état, sauf la preuve contraire. comme faisant partie d'un domaine rural
Le fermier doit cultiver en homme de bien, (C. c., 524). Le fermier n'a pas le droit de
nir sa ferme d'ustensiles aratoires, de bes les détourner ni de les vendre, mais il est
iaux et autres objets nécessaires à son ex tenu de les consommer sur le terrain même
loitation;. engranger dans les lieux à ce qu'il tient à bail; cependant si ces fumiers
destinés; diriger son domaine comme un cul n'étaient pas tous nécessaires à ses terres,
tivateur intelligent qui, tire de ses terres soit parce que le genre de ses cultures ne
tous les produits qu'elles peuvent fournir l'exigerait pas, soit parce qu'il aurait d'autres
sans s'épuiser; fumer et ensemencer en temps moyens de les fumer, le parquage de nom
et saisons convenables, et exécuter avec pro breux troupeaux, par exemple, il n'y aurait
bité toutes les clauses de son bail. pas lieu à exiger rigoureusement la conver
Une autre obligation non moins impérieuse sion des pailles en fumier. Le fermier sortant
du fermier, c'est de payer exactement les fer doit laisser les pailles et engrais de l'année,
mages à leurs échéances; ce paiement doit c'est-à-dire ceux faits journellement après
être fait au lieu désigné par le bail. Si le bail qu'il a semé sa dernière sole de blé, s'il ſes a
est verbal ou qu'il n'y ait pas eu de désigna reçus lors de son entrée en jouissance; s'il ne
tion, le paiement devra être fait au domicile les a pas reçus, le propriétaire peut toujours
du fermier, surtout si ce paiement devait les retenir sur estimation (C. c., 1777).
avoir lieu en nature de grains et autres pro Le fermier sortant doit offrir à celui qui
duits du sol, qui exigeraient des frais de voi lui succède toutes les facilités pour les tra
ture; s'il a été convenu que le paiement se vaux de l'année, et † uement le fer
rait àit au domicile du bailleur, ce dernier mier entrant doit laisser à celui qui sort les
ne peut pas rendre cette condition plus oné logemens et facilités pour la consommation
reuse en allant demeurer plus loin Dans ce des fourrages et les récoltes restant à faire ;
cas il devrait désigner un lieu à la même dis en tous cas les fermiers entrant et sortant
tance où le p† serait fait, à moins doivent se conformer à l'usage des lieux
toutefois qu'il n'eût été stipulé par le bail (C. c., 1778).
que le paiement serait fait au domicile du Souvent on stipule la contrainte par corps
bailleur quel qu'il fût, et alors même qu'il contre les fermiers pour le paiement des
viendrait à en changer par la suite; car dans fermages des biens ruraux; elle ne peut être
ce cas cette clause devrait recevoir son exé ordonnée que lorsqu'elle a été formellement
cution (C. c., 1728). stipulée. Toutefois le juge peut la prononcer
Pour éviter des contestations sur des diffé contre les fermiers et colons partiaires sans
rences minimes relatives à la contenance de stipulation, faute par eux de représenter à la
la ferme, la loi a décidé qu'il n'y aurait ja fin du bail le cheptel de bétail, les semences
mais lieu à augmentation ou diminution du et instrumens aratoires qui leur ont été con
prix du bail, pour différence de mesure en fiés, à moins qu'ils ne justifient que le déficit
tre la contenance réelle des terres louées et de ces objets ne provient pas de leur fait
celle déclarée au contrat, qu'autant que la (C. c., 2062). Dans ce cas le temps de la dé
différence serait d'un vingtième en plus ou tention est fixé par le jugement qui la pro
en moins, sauf le droit réservé au fermier de nonce; elle ne peut être moindre d'un an, ni
se désister du contrat toutes les fois qu'il y excéder cinq ans (loi du 17 avril 1832, art. 7).
aurait lieu à augmentation de prix (C. c.,
1619 , 1620 et 1765 ). 3°. Du colon partiaire.
La loi met encore au nombre des devoirs
du preneur l'obligation d'avertir le proprié Celui qui cultive sous la condition d'un
taire des usurpations qui pourraient être partage de fruits, est tenu des mêmes obli
commises sur le fonds, et punit cette négli gations que le fermier; cependant, comme la
gence par des dommages-intérêts (C. c., convention qui est faite avec lui est basée
1768). Le preneur doit aussi souffrir les ré principalement sur la considération de sa
parations, pourvu qu'elles ne durent pas personne comme cultivateur, il ne peut ni
au-delà de 40 jours, autrement il a droit à sous-louer ni céder son exploitation, à moins
une indemnité; mais si ces réparations étaientque cette faculté ne lui ait été réservée. En
de telle nature qu'elles rendissent inhabita cas de contravention, le propriétaire a le droit
ble ce qui est nécessaire au logement du de rentrer en jouissance, et le colon peut
fermier et de sa famille, il pourrait deman être condamné aux dommages-intérêts (C. c.,
der la résiliation du bail (C. c., 1724). 1763 et 1764).
Le fermier est encore tenu des dégrada Le colon, toutes les fois qu'il éprouve une
tions survenues pendant sa jouissance , à perte de fruits, lors même qu'ils sont déta
moins † ne prouve qu'elles ont eu lieu chés de la terre, a le droit de faire supporter
sans sa faute (C. c., 1732). Il est également au propriétaire sa part dans la perte, pourvu
tenu de celles commises par ses enfans, par toutefois qu'il ne fût pas en demeure de lui
ses valets et pâtres, ainsi que par les per délivrer sa part de récolte, car alors le retard
sonnes de sa maison ou de ses sous-locatai constituerait une faute qui ferait supporter
n'es (C. c., 1735). la perte au colon seul (C. c., 1771).
CIIAP. 6°. , DU BAIL A FERME. 261
trouve fréquemment celle qui impose au fer
4°. — Des pertes qui surviennent pendant la mier de suivre les assolemens locaux, sans
jouissance. pouvoir dessoler ni dessaisonner. Cette clause
absurde, si elle était rigoureusement exécutée,
La loi n'admet le fermier à réclamer une arrêterait tous perfectionnemens agricoles.
remise sur le prix du bail, que si la perte est MERLIN, Répertoire, au mot Assolement ensei
de la totalité ou de la moitié au moins d'une gne qu'il a été plusieurs fois jugé, que le des
solement † être justifié par l'usage,
récolte. Si le bail est d'une année, l'indem
nité est proportionnée à la perte; si le bail quoiqu'il fût expressément défendu par les
baux; nous ajouterons qu'il devrait être éga
est fait pour plusieurs années, le fermier lement
peut encore demander une remise, à moins théorie justifié, s'il était conforme à une saine
et aux règles de l'agriculture. L'article
qu'il ne soit indemnisé par les récoltes pré 1766 n'autorise le bailleur à demander la réso
cédentes; s'il n'est pas indemnisé par les
récoltes précédentes,, l'estimation ne peut lution du contrat, que lorsque le premier
avoir lieu qu'à la fin du bail, sauf la faculté n'exécute pas les clauses du bail et qu'il en
réservée au juge de dispenser provisoirement résulte pour le bailleur un dommage. Si donc
le fermier de payer une partie du prix de son les terres, loin de souffrir du nouvel as
bail, en raison de la perte soufferte (C. c., solement, en profitaient, il est certain que
1769). # bailleur ne serait pas recevable à se plain
re.
Ainsi, soit un bail de 9 ans : la première
année la totalité des fruits est perdue ; la Parmi les principales obligations du fer
deuxième année le fermier a encore éprouvé mier, il faut placer, comme nous l'avons dit,
une seconde perte de la moitié de sa récolte ; celle de payer ses fermages aux termes conve
mais les sept autres années ont été abondan nus. Faute de paiement, la,résolution du bail
tes, et ont indemnisé amplement le fermier peut être demandée par le propriétaire, à
des pertes qu'il a éprouvées; il n'y aura pas moins qu'il ne préfère poursuivre simplement
lieu à indemnité. Mais si les sept dernières le fermier en paiement de ses fermages, sans
années ont été médiocres, il devra obtenir demander cette résolution. Ce n'est, en effet,
une indemnité proportionnée à ses pertes, † moyen d'exécution que la loi met à sa
c'est-à-dire d'une récolte et de la moitié d'une isposition, et dont il peut, en conséquence,
récolte. user ou ne pas user.
Le fermier ne peut demander d'indemnité, A l'égard du nombre de termes nécessaires
lorsque la perte est moindre de moitié; il n'a our demander la résolution, il faut suivre
pas non plus droit à une remise, lorsque la es usages locaux. Le bail peut aussi être ré
perte arrive après que les fruits ont été déta solu par le défaut respectif du bailleur ou du
chés de la terre, à moins que le bail ne donne preneur de remplir leurs engagemens. Il est
au propriétaire une portion de la récolte en
résolu de plein roit par la perte de la chose
nature. Si la cause du mal existait et qu'il ait louée ou l'impossibilité de l'employer désor
u le prévenir au moment où il a pris le bail, mais à l'usage auquel elle est destinée (C. c.,
1741).
e fermier n'a pas droit à une indemnité(C. c., Dans le contrat de louage, comme dans la
1770 et 1771). Le preneur peut aussi être
chargé des cas fortuits par une stipulation plupart des autres contrats, nous sommes
expresse (C. c., 1772). Cette stipulation ne censés stipuler pour nous et nos héritiers ;
s'entend alors que des cas fortuits ordinai en conséquence, le bail n'est pas résolu par la
res, tels que grêle, feu du ciel, gelée ou cou mort du preneur ni par celle du bailleur(C. c.,
1742).
lure. Enfin, le preneur peut être chargé de
tous les cas fortuits ordinaires et extraordi Si le bailleur vend la chose louée, l'acqué
reur ne peut expulser le fermier dont le
naires, prévus et imprévus, et en ce cas il les bail a une date certaine, à moins qu'il ne se
supporte tous, même ceux qui proviendraient soit réservé ce droit par le contrat (C. c.,
des ravages de la guerre ou d'une inondation
auquel le pays ne serait pas sujet (C. c., 1743) (1). La manière la plus ordinaire de
donner une date certaine au contrat, c'est de
1773).
le faire enregistrer. Si l'acquéreur a cette fa
culté et qu'il n'ait été fait aucune stipulation
$ III. — Comment finit le bail à ferme. sur les dommages-intérêts, l'indemnité que le
bailleur doit payer au fermier est du tiers du
L'obligation de jouir en bon père de famille bail pour tout le temps qui en reste à courir
est tellement de rigueur dans ce contrat, que (C. c., 1744 et 1746). L'acquéreur qui veut ex
la loi permet au bailleur de demander la ré pulser le fermier, doit en outre l'avertir au
siliation du bail, si le fermier n'use pas de la moins une année d'avance (C. c., 1748). Le
ferme louée en bon cultivateur. Il doit donc fermier ne peut d'ailleurs être expulsé que
garnir la ferme des bestiaux et ustensiles né lorsqu'il a été payé des dommages-intérêts
cessaires, ne pas abandonner la culture et ne ci-dessus expliqués (C. c., 1749). Lorsque
pas employer la chose louée à un autre usage le bail n'a pas de date certaine, l'acquéreur
ue celui auquel elle a été destinée. Cette ré peut expulser le fermier, en lui signifiant un
siliation peut encore être demandée, s'il n'exé congé au temps d'avance fixé par l'usage des
cute pas les clauses du bail et qu'il en ré lieux ; il n'est alors tenu d'aucuns dommages
sulte un préjudice pour le bailleur ( C. c., intérêts, sauf le recours du fermier contre
1766). Parmi les clauses les plus usitées, on son baiiieur (C. c., 1750).
(1) Vqyez les inconvénients des clauses de cette nature ci-après. Administration, liv. VII, au titre des baux
à ferme.
D62 LÉGISLATION RURALE. Liv. v1.
Le bail des héritages ruraux a cela de parti 1736 placé sous le titre des règles communes
culier que, lors même qu'il est verbal, il est aux baux des maisons et des biens ruraux
censé fait pour tout le temps qui est néces rte que, lorsque le bail a été fait sans écrit,
saire au fermier pour recueillir tous les fruits 'une des parties ne peut donner congé à l'au
de l'héritage affermé ; ainsi le bail à ferme tre qu'en observant les délais fixés par l'usage
d'un pré, d'une vigne et de tout autre fonds, des † ce quisemble impliquer une contr'a
dont les fruits se recueillent en entier dans le diction. Pour concilier cette antinomie appa
cours de l'année, est censé fait pour un an. rente qui existe entre l'article 1736 et les ar
Le bail des terres labourables, lorsqu'elles se ticles 1774 et1775, il faut faire une distinction:
divisent par soles ou saisons, est censé fait le propriétaire qui a loué verbalement peut
pour autant d'années qu'il y a de soles (C. c., reprendre les lieux après l'expiration du temps
1774). De plus ce bail, quoique fait sans écrit, fixé par l'article 1774, sans être forcé de si
' cesse de plein droit "† du temps nifier un congé: mais si le propriétaire a laissé
† lequel il est censé fait, sans qu'il soit e fermier en jouissance pendant deux ou plu
esoin de signifier un congé (C. c., 1775). sieurs périodes de ce même temps, alors il
A plus forte raison il cesse de plein droit à ne peut mettre fin à la jouissance qu'en moti
l'expiration du temps fixé par l'acte qui le fiant régulièrement un congé. Le congé est
constate. Cependant, si le preneur continuait également nécessaire si, à l'expiration du bail
à jouir, au vu et su du bailleur, sans opposi écrit, le fermier est laissé en possession; en
tion de sa part après l'expiration du temps un mot, il s'applique au cas où il y a tacite re
fixé, il en résulterait un nouveau bail, qui se conduction, parce que, dans ce cas, le délai
rait censé fait aux mêmes conditions mais fixé pour la fin du bail pouvant se prolonger
qui, pour la durée, se trouverait soumis aux indéfiniment, à la volonté des parties, il faut
# que nous avons posées pour le bail ver
bal (C. c., 1776).
bien qu'elles s'avertissent assez long-temps
d'avance pour qu'elles puissent prendre réci
Ce nouveau bail se nomme tacite reconduc proquement les mesures nécessaires. . .
tion; il est alors fondé sur le consentement Le Code ne donne aucune règle positive pour
présumé du propriétaire. Il en résulte que les délais des congés ; il s'en est rapporté à l'u
cette présomption cesse, s'il a manifesté une sage des lieux, et ces usages sont très différens,
volonté contraire ; par exemple, s'il a fait si suivant les divers pays. Il serait donc à dési
gnifier un congé, ou s'il a fait à son fermier rer que ces usages fussent constatés par des
une sommation de déguerpir. enquêtes, ou, mieux encore, que la loi pres
Si la chose louée vient à périr en totalité, le
crivît quelque mesure uniforme à cet égard.
bail est résolu; il en est de même si le bail Dans les environs de Paris, on s'accorde, en
leur est évincé de sa propriété, c'est-à-dire énéral, à reconnaître que le délai doit être
s'il est reconnu qu'il n'était pas propriétaire e trois mois au moins avant la fin de l'an
réel, sauf les dommages-intérêts du fermier née agricole, c'est-à-dire avant la Saint-Mar
contre le bailleur. Si la chose louée n'était dé tin, à l'égard des héritages dont les fruits se
truite qu'en partie, le preneur pourrait, sui recueillent en entier dans le cours de l'année,
vant les circonstances, demander une dimi comme prés, vergers, vignes et terres ense
nution du prix ou la résiliation même du bail. mencées tous les ans; mais, à l'égard des ter
Dans l'un et l'autre cas, comme dans celui de res labourables, divisées par soles ou saisons, il
destruction totale par cas fortuit, il n'est dû au faut donner le congé six mois au moins avant
reneur aucun dédommagement, à moins que l'époque où finit la récolte de la dernière sole,
a destruction n'ait été occasionnée par quelque afin que le fermier soit averti à temps de ne
faute antérieure du bailleur, ou que le vice pas commencer les labours de là sole dont le
de la chose n'existât au moment du bail, et qu'il tour va revenir. Ainsi, dans les pays où les
en soit résulté une perte pour le preneur, au terres se cultivent par trois soles, le congé
quel cas le bailleur devrait l'indemniser(C. c., doit être signifié six mois avant l'expiration
1722). - -
de la troisième année agricole. Enfin, d'après
Le bail finit aussi par le consentement mu les nouveaux éditeurs de DENIzART, si les hé
tuel des parties, et sauf les droits des tiers; par ritages produisent annuellement, s'ils sont,par
exemple, si la résiliation consentie par le † exemple, cultivés en foin ou luzerne, le con
mier avait pour but de frustrer ses créanciers, gé doit être donné avant la Saint-Jean, pour
ces derniers pourraient s'y opposer. Les ef quitter l'héritage avant la Saint-Martin. Les
fets de la résolution, par consentement mu mêmes auteurs font observer que, relative
tuel sont déterminés par les conventions des ment aux marais de Paris, le propriétaire est
parties. - - - - -
tenu de payer ce qui reste sur le terrain, d'a
Du congé. Le congé doit être également classé près la prisée qui s'en fait par experts-jardi
† les moyens de mettre finau bail à ferme. niers ; ce qui peut s'élever à des sommes con
'après ce que nous avons dit, il semblerait sidérables. C'est † il est prudent, lors
qu'il n'est jamais utile de signifier un congé u'on passe un § e marais potagers, de
† les baux à ferme, puisqu'aux termes de ixer la somme à laquelle la prisée pourra être
portée, sans † l'excéder; ou plutôt de
'article 1737, le bail écrit cesse de plein droit au
terme fixé, sans qu'il soit nécessaire de donner stipuler que le propriétaire ne devra aucune
congé et que, suivant les art. 1774 et 1775, le indemnité à cet égard. .. ... , ... .
bail verbal est censé fait pour le temps qui Nous donnerons un modèle ou formule
est nécessaire au fermier pour recueillir tous complète de bail à ferme dans le livresuivant,
les fruits de l'héritage affermé, et qu'il cesse dans le chapitre qui traitera de l'acquisition
de plein droit à l'expiration du temps pour ou de la location d'un domaine.
lequel il est censé fait, sans qu'il soit besoin
de signifier un congé. Cependant, l'article
CHAP. 6°. DU BAIL A CHEPTEr. 263
En cas de contestation, le preneur est tenu
sacrioN II.-Du bait à cheptel. de prouver le cas fortuit, et le bailleur la
faute qu'il impute au preneur (C. c., 1808).
Le bail à † est un contrat par le• l is en cas de perte même par cas fortuit,
l'une des parties donne à l'autre un fonds de si le cheptel périt en entier sans la fauje du
bétail, c'est-à-dire toute espèce d'animaux preneur, la perte est pour le bailleur; s'il ne
susceptibles de croit pour l'agriculture et le périt qu'en partie, la perte est supportée en
commerce, tels que bêtes à laine, bêtés à commun, d'après le prix de l'estimation ori
cornes, chèvres, chevaux, et même des porcs †
et celui de l'estimation à l'expiration
pour les garder, nourrir, soigner sous les u cheptel (C. c., 1810).
conditions convenues entre elles (C. c., 1800 Lorsque le preneur est déchargé parce
et 1802). L'acte qui règle les conditions n'est qu'il prouve que la perte est le résultat d'un
d'ailleurs assujéti à aucune forme spéciale, cas fortuit, il doit néanmoins rendre compte
et peut être fait par acte sous † privé, et des peaux des bêtes (C. c., 1809).
alors il doit être fait en autant de doubles - Le fonds de bétail appartenant au bailleur
qu'il y a de parties, ou par acte devant no pour la propriété, et au preneur pour une
taire. Lorsqu'il est fait sous † prl - † de la jouissance, il n'est pas permis à
vées, il est toujours prudent de le faire enre 'un de disposer d'aucune bête du troupeau
gistrer, autrement il ne pourrait pas être sans le consentement de l'autre (C. c., 1812).
opposé aux tiers qui auraient intérêt à con Cette défense s'applique aux vieilles bêtes
tester la propriété du troupeau. - ainsi qu'aux jeunes. Quelques coutumes pro
On distingue trois espèces, de cheptel : † même des peines corporelles con
1° # #
le cheptel à moi
tié;3° et le cheptel donné par le propriétaire
tre les preneurs qui disposaient des bêtes
sans le consentement des bailleurs. Sous la
à son fermier ou colon, que l'on appelle chep législation actuelle, il pourrait y avoir lieu
tel de fer. Enfin il y a une § espèce d'appliquer les peines prononcées par la loi
de contrat improprement appelé cheptel, contre l'abus de confiance et les dispositions
que nous ferons aussi connaître (C. c., de l'art.2062 du Code civil. -
1801 ). . . ! -
gager, comme les autres objets mobiliers ap les veaux qui appartiennent au bailleur, le
partenant à son fermier, faute par celui-ci de quel conserve aussi la propriété des vaches
remplir ses obligations (C. c., 1813). A l'ex (C. c., 1831). - -
piration des baux à cheptel écrits, si les par Celui qui loge et nourrit les vaches doit
ties ne procèdent pas au partage, il s'opère, faire allaiter les veaux jusqu'à ce qu'ils puis
comme dans les baux à ferme, une tacite sent être sevrés et en état d'être vendus ; à
reconduction qui, d'après les usages, ne s'é cette époque le bailleur est tenu de les reti
tend pas au-delà de la Saint-Jean suivante, rer, à peihe des dommages-intérêts du pre
D6UlI'.
$ II. —Du cheptel à moitié. L'âge réputé convenable pour retirer les
veaux est celui de six semaines au plus tard.
Ce cheptel est une véritable société dans Si la durée de cette espèce de louage a été
laquelle chacune des parties fournit la moi fixée, le bailleur doit laisser la vache pendant.
# des bestiaux qui demeurent communs le temps convenu, à moins qu'il n'ait de jus
entre eux (C. c., 1818). Le bailleur n'a droit tes motifs pour faire prononcer la résiliation
du contrat.
qu'à la moitié des laines et du croît. Les lai
tages, fumiers et travaux des bêtes appartien A défaut de convention, le bailleur peut le
nent au preneur, et toute convention con retenir quand bon lui semble. Toutefois, il y
traire est nulle, à moins que le bailleur ne a des usages et des convenances qui doivent
soit propriétaire de la métairie dont le pre être observés ; ainsi, le bailleur ne pourrait
neur est fermier ou colon (C. c., 1819). pas retirer la vache immédiatement après
Toutes les autres règles du cheptel simple avoir retiré le veau, car le preneur a été privé
s'appliquent au cheptel à moitié (C. c., 1820). des laitages pendant tout le temps de l'allaite
ment ; il est donc juste qu'il jouisse des laita
$ III.—Du cheptel donné par le propriétaire à son es pendant un temps assez long pour l'in
fermier. emniser.
De même, le bailleur qui aurait donné une
Ce cheptela lieu lorsquelepropriétaire d'un vache à l'entrée de l'hiver, époque où les four
héritage, le donne à son fermier tout garni rages sont chers, ne pourrait pas la retirer au
de bestiaux , à la charge qu'à l'expiration du
bail , il laissera des bestiaux d'une valeur P†
Par réciprocité, le preneur ne pourrait pas
- -
égale au prix de l'estimation de ceux qu'il a rendre la vache au bailleur dans un moment
reçus (C. c., 1821). Tous les risques sont inopportun; par exemple, au moment ou elle
alors à la charge du fermier, mais aussi tous est prêle à véler.
les profits lui appartiennent, sous l'obliga Ces difficultés, qui sont de 1a compétence
tion d'employer exclusivement les fumiers à des tribunaux, doivent en général se régler
l'amélioration de la métairie, et de rendre un
d'après les principes de l'équité. -
exercer leurs fonctions qu'après avoir prêté rétablir l'ordre et l'harmonie dans les campa
serment devant le tribunal de 1" instance (loi 628,
du 21 mai 1827, art. 117). -
sº# le maître refuse de donner un certificat
, Les gardes forestiers ne sont admis à prêter à son , domestique sans motifs légitimes,
serment qu'après que leurs commissions ont celui-ci peut se retirer devant le juge de paix
été visees par le sous-préfet de l'arrondisse ou le maire, qui, après information, lui délivre
ment. Si le sous-préfet croit devoir refuser une attestation de ce qu'il a pu connaître de
son visa, il en rend compte au préfet, en lui sa conduite (ordonn. citée, art. 2).
indiquant les motifs de son refus. Le maître qui frapperait son domestique,
Ces commissions doivent être inscrites dans ou le domestique qui frapperait le maître,
les sous-préfectures sur un registre où sont peuvent être traduits en police correction
relatés les noms et demeures des propriétaires, nelle et punis des peines prononcées par la
ainsi que la désignation et situation des bois loi du 28 avril 1832 , art. 72 et 73.
(ordonn. du 1" août 1827, art. 150). Tout domestique qui ne remplirait pas ses
· Les gardes-chasses ne peuvent jamais dé engagemens envers son maître ne pourrait
sarmer les chasseurs; mais si les ৠpas être personnellement contraint à les exé
sont déguisés ou masqués, et s'ils n'ont au cuter; mais le juge de paix ou le maire pour
cun domicile connu dans le royaume, ils doi rait prononcer contre lui des dommages
vent être arrêtés sur-le-champ, à la réquisi intérêts (decret du 16 août 1790, et C. c., 1142).
tion du maire (loi du 3o avril 1790, art. 5et7). Prescription des actions des serviteurs.Toute
action des gens de travail pour le paie
SECTIoN II.— Des domestiques et aides ruraux. ment de leurs journées, fournitures et sa
laires, se prescrit par six mois; mais s'ils
Dans la plupart des campagnes, les domes SOnt lo# l'année et qu'ils soient attachés
tiques se louent à l'année ou pour le † au service du ménage, leur action ne se pres
de la moisson. S'ils veulent sortir avant le crit que par un an (C. c., 2271 et 2272). Leur
temps convenu, le maître ne peut les retenir. action est prescrite lors même qu'ils auraient
Le maître a aussi le droit de renvoyer son do continué à servir le même maitre, à moins
mestique quand bon lui semble, en lui payant u'ils ne puissent représenter la preuve
ses salaires en proportion du temps qu'il a crite qu'ils n'ont pas été payés; tel serait un
été à son service, sauf les dommages-intérêts arrêté de compte ou une reconnaissance
du maître ou du domestique, s'il y a lieu, à écrite de la dette (C. c., 2274). Mais comme
cause de l'inexécution des conventions. Tout cette prescription est fondée sur la probabi
domestique qui se présente chez un maître lité du paiement, les gens de travail peuvent
est tenu de lui exhiber de bons certificats ou déférer le serment à leurs débiteurs sur la
le congé de son dernier maître (décret du 30 question de savoir si la chose a été réelle
octobre 1810 et ordonn. de police,6 nov. 1778). ment payée; si le maître refuse de faire le
Mais malheureusement les maîtres n'exigent serment ou qu'il ne consente pas à le référer
pas dans les campagnes la représentation de au serviteur, il doit être condamné au paie
ces certificats, et ils occupent des domesti ment. Le même serment peut être déféré aux
ques avec une légèreté et une insouciance qui, veuves, héritiers et tuteurs de ces derniers,
trop souvent, tournent à leur préjudice. Si s'ils sont mineurs, pour qu'ils aient à déclarer
cette mesure était rigoureusement exécutée, s'ils ne savent pas que la chose soit due
et qu'aucun maître n'acceptât un domestique (C. c., 2275).
qui ne serait pas en règle, elle suffirait pour
les choses † a sous sa garde; ainsi nous Si l'animal qui a cause du dommage a été
répondons du dommage causé par un animal, provoqué, excité ou effarouché par une tierce
soit qu'il soit sous notre garde, soit qu'il soit personne, c'est cette dernière qui doit répon
égaré ou échappé. Celui qui a souffert un dre du dommage, et non le propriétaire de
dommage a donc d'abord action contre le l'animal. Si c'est un autre animal qui a effa
réposé, s'il veut le poursuivre; car il a été rouché celui qui a causé le dommage, par
jugé par la Cour de cassation, le 14 frimaire exemple un chien qui a effrayé un bœuf ou
an XIV , que lorsque les bestiaux sont con un taureau, c'est contre le propriétaire de l'a
fiés à la† d'un pâtre et qu'ils commet nimal provocateur que l'action en réparation
tent des dégâts, le pâtre est tenu des indem doit être dirigée.
nités préférablement au maitre; ou bien Le Code civil étend cette responsabilité du
celui qui a souffert peut poursuivre immédia propriétaire même au cas où le dommage a
tement le maître, sauf les cas fortuits ou la été causé par les choses inanimées qui lui ap
preuve que le maitre n'était pas en faute. . partiennent. Ainsi, la ruine d'un édifice, lors
Remarquez qu'il n'est pas nécessaire que même qu'elle a été occasionnée par un vice
le maitre n'ait pu empêcher le dommage au de construction qu'il a pu ignorer, et à plus
moment où il a été causé, s'il y a eu défaut forte raison par défaut d'entretien, donne'iieu
préalable de précautions; par exemple,. s'il à cette responsabilité civile. C'est une me
avait fait conduire au champ, sans précautions sure rigoureuse, mais les dispositions de la
suffisantes, un taureau d'un naturel féroce, loi sont claires, conformes aux principes, et
ou qu'il se fût servi d'un cheval ombrageux. doivent en conséquence être exécutées(C. c.,
· Les pigeons sont mis au nombre des ani 1386).
maux dévastateurs; les maîtres sont respon Enfin , il y a une responsabilite spéciale,
sables des dégâts qu'ils commettent, surtout applicable au droit rural ; c'est celle qui ré
lorsqu'ils sortent dans les temps prohibés sulte de la disposition de l'article 7, sect. VII
(voy. ci-dessus chap. II, $ II). - de la loi du 28 septembre 1791, qui assujétit
Les lapins sont encore des animaux plus les gardes champêtres à répondre envers
destructeurs; ils ont de plus l'inconvénient les propriétaires et les fermiers des délits
d'alle§rcher leur nourriture pendant la qu'on n'aurait pas † † parce qu'ils
nuit; ils sont donc plus dangereux, puisqu'il auraient négligé d'affirmer leurs procès-ver
est plus difficile de s'en défendre. baux dans les § fixés par la loi.
268 LÉGISLATIOM RURALE. LIV. VI,
cales, soit qu'elle forme une municipalité par 'assemblée constituante alla plus loin ;
ticulière, soit qu'elle fasse partie d'une autre elle proclama, par une loi du 10 juin 1793,
municipalité. que toutes les terres vagues et vaines, hermes
Les biens des communes sont mobiliers ou et vacantes, appartenaient aux communes, de
immobiliers; des instructions ministérielles leur nature, et que, par conséquent, nul autre
ouvernent l'administration des biens mobi n'avait pu les posséder légitimement. Ces
ers destinés principalement aux besoins mu deux lois offrent des dispositions contradic
nicipaux. Cette administration est confiée autoires, qui ont été conciliées par la jurispru
maire, sous la surveillance du conseil muni dence de la cour de cassation (voy. HENRIoN
cipal. Il est donc inutile de parler plus au DE PANsEY, Des biens communaux, p. 5et suiv.),
long de cet objet ; nous nous bornons donc à La loi du 10 juin 1793 porta une profonde
nous occuper avec quelques détails des biens atteinte au principe de l'indivisibilité des pro
immobiliers. Ces biens se divisent en deux priétés communales, qui avait été jusque là
classes : dans la première on comprend les considéré en France comme une maxime de
temples, les cimetières, les maisons d'école, notre droit public. En effet, l'art. 3 de la sec
les fontaines, et en général tous les édifices pu tion 1º porte que tous les biens appartenant
blics; l'administration en appartenant aux of aux communes, soit communaux, soit patri
ficiers municipaux, sous la surveillance de moniaux, de quelque nature qu'ils puissent
l'aministration centrale, cette classe de biens être, pourront être partagés, s'ils sont sus
ne doit pas non plus nous occuper. La deuxiè ceptibles de partage. Elle excepta les bois
me classe comprend les terres arables, les pa communaux et toutes les portions du terri
cages, les bois, les marais, les terres vaines et toire qui, n'étant pas susceptibles d'une pro
vagues, les moulins ou autres usines; ou bien priété privée, continuèrent à être considérées
encore les droits d'usage dans les forêts de comme des dépendances du domaine public
l'état ou dans les bois des particuliers. Ces (idem, art. 4 et 5). La section III de cette
biens sont loués ou affermés au profit de la même loi, déterminait la forme du partage.
commune, ou bien ils sont possédés en com En vertu de cette loi un grand nombre de
mun par les habitans. Nous examinerons tous propriétés communales furent partagées; ces
ces différens cas; puis nous signalerons quel partages firent naître une foule de contesta
les sont les servitudes auxquelles ces biens tions entre les autorités locales et les habitans
sont naturellement soumis envers les habi des communes, entre les diverses commu
tans. Enfin, entrant dans un autre ordre d'i nautés, et même parmi les habitans. Ces dif
dées, nous nous occuperons des chemins vi ficultés furent résolues par une foule de dé
cinaux, qui servent de voie de communica crets qu'il serait superflu de rapporter. Enfin,
tion à tous les citoyens et sont soumis à une intervint la loi du 9 ventôse an XII qui or
législation particulière. Puis nous rappelle donna l'exécution des partages effectués en
rons les dispositions de nos lois relatives aux vertu de la loi du 10 juin 1793, et maintint
gardes champêtres des communes, et nous définitivement lesco-partageans et leurs ayant
terminerons ce chapitre en faisant connaître cause dans la propriété et jouissance de la
les formes prescrites par la loi aux commu portion de biens qui leur était échue, en leur
nes pour aliéner leur domaine ou faire des em accordant le droit de les vendre et aliéner et
prunts d'argent. d'en disposer comme ils le jugeraient conve
nable, pourvu qu'il y eût eu un acte de par
SECTIoN Ir°. – Des biens communaux. tage dressé conformément à la loi. Elle statua
également que dans les communes où ces
partages auraient eu lieu sans qu'il en ait été
$ I". — Dispositions générales. dressé d'acte, les détenteurs des biens com
munaux qui ne pourraient justifier d'aucun
Avant la révolution, le seigneur était pro titre écrit, mais †
auraient défriché ou
priétaire de tout le territoire compris § planté le terrain dont ils auraient joui, ou
son domaine, et tout ce que lui ou ses prédé qui l'auraient clos de murs, ou enfin qui y
cesseurs n'avaient pas aliéné par des conces auraient fait quelques constructions, seraient
sions particulières lui appartenait de droit et maintenus dans la possession provisoire et
continuait à former le domaine réel de son pourraient devenir propriétaires incommu
CfIAP. 9°. DES BIENS COMMUNAUX. 269
tables, à la charge par eux de remplir dans les biens communaux proprement dits, tels
les trois mois les conditions prescrites par ue pâtis, pâturages, tourbières et autres
cette loi, et entre autres de payer à la com ont les habitans jouissent en commun, ainsi
mune une redevance annuelle rachetable qtue les halles, marchés, promenades et em
en tous temps. D'ailleurs la concession de placemens utiles pour la salubrité ou l'agré
ces terrains ne pouvait être définitive qu'au ment, les églises, casernes, hôtels-de-ville,
tant que l'aliénation était sanctionnée par la salles de spectacle et autres édifices que pos
loi. sédaient les communes et qui étaient affectés
Ainsi tout détenteur d'un bien ayant appar à un service public. Les communes recevaient
tenu à une commune doit justifier d'un acte en † une rente proportionnée au re
de partage régulier, fait en vertu de la loi du venu net des biens cédés d'après la fixation à
10 juin 1793, ou d'une concession à lui faite faire par un décret du conseil. Ces biens cédés
aux termes de celle du 9 ventôse an XII, à à la caisse devaient être vendus, et la loi du
moins qu'il ne puisse opposer la prescription 23 septembre 1814 affectait au paiement de
à la commune † revendiquerait ce bien. l'arriéré le produit des ventes des biens com
Tous les autres biens des communes, possé munaux cédés à la caisse d'amortissement.L'or
dés à l'époque de la publication de cette loi donnance du 16 juillet 1815 prescrivit la conti
sans acte de partage ou sans avoir rempli les nuation de cesventes ainsi que quelques mesu
formalités prescrites, ont dû rentrer dans les res d'ordre. Mais l'art. 15 de la loidu28avril 1816
mains des communautés d'habitans et n'ontarrêta ces aliénations en décidant que les lois
pu être aliénés que conformément aux for des 20 mars 1813 et 23 septembre 1814 étaient
malités que nous indiquerons ci-après. Pour rapportés et qu'en conséquence les biens des
connaître les cas où la prescription peut être communes non encore vendus seraient re
opposée aux communes par les tiers déten mis à leur disposition comme ils l'étaient
teurs, voy. HENRIoN DE PANsEY, Des biens avant lesdites loi. Les biens des communes
communaux, p.202. - - ui n'ont été ni partagés ni vendus restent
Quant au mode de partage, la jurisprudence onc, quant au mode de jouissance, sous l'em
a varié avec les idées politiques; ainsi, lorsque pire du décret du 9 brumaire an XIII.
le génie du gouvernement se portait vers l'é
galité, le partage par tête a été sanctionné par $ III. – Bois des communes.
les décrets du pouvoir législatif, par interpré
' tation de l'art. 1°", sect. II, de la loi du 10 juin Les bois, taillis et futaies †aU1X
1793, qui n'avait nul besoin d'être interprété. communes, sont soumis au régime forestier;
Mais lorsque le gouvernement est retourné toutefois, les rédacteurs de la loi du 21 mai
aux idées monarchiques, on a modifié le prin 1827 n'ont pas voulu appliquer d'une manière
cipe, et le partage par feu ou par chef de fa trop rigoureuse aux biens des communes le
mille qui, sans faciliter la concentration des système établi pour la conservation des fo
grandes propriétés, empêche toutefois leur rêts., Elle ne les a donc soumis à ce régime
#rcellement
Ol .
indéfini, a été consacré par la † lorsqu'ils ont été reconnus susceptibles
'aménagement etd'une exploitation régulière
par l'autorité administrative forestière et d'a
$ II. — Mode de jouissance des biens communaux. près les avis des conseils municipaux (loi du
21 mai 1827, art. 1 et 90). Il existe en effet
Les communautés d'habitans qui, n'ayant dans plusieurs localités des arbres épars qui
pas profité du bénéfice de la loi du 10 juin ne sont, à proprement parler, que des pâtu
1793, qui permettait le partage des biens rages parsemés d'arbres; ces terrains sont
communaux entre les habitans, ont conservé connus sous le nom de prés bois. Ils sont pour
le mode de jouissance de leurs biens commu certaines communes, l'occasion d'une indus
naux, ont été autorisées par le décret du 9 bru trie particulière et de moyens d'existence
maire an XIII, à continuer à en jouir de la dont elles auraient été privées par l'applica
même manière. Le même décret porte que tion des prohibitions forestières et surtout de
ce mode de jouissance pourra être changé, celles qui sont relatives aux droits d'usage.
mais seulement par un acte du gouvernement On a pris aussi en considération le vœu émis
rendu sur la demande des conseils munici † les communes sont maintenues dans le
paux, après que les préfets et sous-préfets roit de jouir en pâturage des terrains qui,
auront donné leurs avis. La délibération du depuis long-temps, y ont été affectés; mais
conseil municipal est, avec l'avis du sous-pré en même temps, pour prévenir l'abus facile
fet, transmise au préfet, quil'approuve, rejette que l'on pourrait faire de la dénomination de
ou modifie en conseil de préfecture, sauf, de prés-bois, les rédacteurs de la loi ont voulu
la part du conseil municipal, ou même d'un que lorsqu'il s'agirait de la conversion en bois
ou plusieurs habitans ou ayant droit à la jouis et de l'aménagement de terrains en pâturage,
sance, le recours au conseil d'état (décret du la proposition de l'administration forestière
9 brumaire an XIII). fût communiquée au maire, que le conseil
La loi du 20 mars 1813 avait cédé à la caisse municipal fût appelé à délibérer, et qu'en cas
d'amortissement les biens ruraux possédés de contestation il fût statué en conseil de pré
ar les communes; mais aux termes d'une fecture, sauf le pourvoi au conseil d'état (loi
ettre du ministre des finances du 29 août du 21 mai 1827, art. 90).
1814, l'Etat ne devait prendre que les pro Les communes ne peuvent d'ailleurs faire
priétés communales qui n'étaient ni jouies en aucun défrichement de leurs bois sans une
commun, ni affectées à un service public ; autorisation spéciale du ministre des finances
aussi l'art. 2 de ladite loi exceptait-il les bois et (idem, art. 91). La loi a voulu aussi que les
270 LÉGISLATION RURALE LIV. VI.
bois communaux ne pussent jamais donner ui sont indiquées aux articles 145 et suivants
lieu à partage entre les habitans; mais si deux # l'ordonnance d'exécut. du 1° août 1827
communes sont propriétaires par indivis, elles (voy. cantonnement, titre I", chap. V, sect. II,
rentrent dans le droit commun et peuvent $ V, et usagers, ci-après, titre III).
provoquer le † entre elles, seulement
pour faire cesser l'indivision ( idem, art. SEcTIoN II. - Chemins communaux.
92). -
Un quart des bois des communes doit tou Indépendamment des grandes voies de com
jours être mis en réserve, lorsque ces com munication, qui sont soumises à un régime
munes ont au moins 10 hectares de bois réu particulier et entretenues aux frais de l'état,
nis ou divisés (idem, art. 93). Le quart, ainsi on distingue, dans le droit rural, trois espèces
mis en réserve, a pour objet de faire face à de chemins : 1° Les petits chemins publics,
des dépenses tout-à-fait imprévues, comme
si un village vient à être détruit, si on veut
†e paroisse
ont pour objet de permettre la circulation
à paroisse ou de † à village,
élever une église, acheter ou construire une ou d'une section à une autre de la même
maison commune, un presbytère, ou entre commune, d'un village à un hameau, ou même
rendre des travaux extraordinaires et d'uti d'embranchement entre deux routes; 2° Les
ité publique. On ne doit pas y toucher dans chemins communaux, proprement dits, qui
les coupes faites annuellement pour le chauf partent du sein de la commune, servent à
fage des habitans ou l'entretien de leurs mai conduire les habitans sur des fonds dont la
sons ; dans ces cas extraordinaires, on sollicite
jouissance leur est commune. Tel est le che
du gouvernement l'autorisation de couper, min qui conduit à un lavoir, à une fontaine,
dans le quart mis en réserve, le nombre de à un pâturage, à la forêt communale. C'est
pieds d'arbres proportionné, soit à l'état de dans cette classe qu'il faut aussi placer les pe
ce quart en réserve, soit à l'étendue des be tits chemins ruraux qui dépendent aussi du
soins de la commune. Cette obligation n'est domaine municipal; 3° Enfin, les chemins de
imposée qu'aux communes qui possèdent au servitude, qui ne sont établis que pour servir
moins 10 hectares de bois réunis ou divisés ; à la jouissance de certains fonds, etquine sont,
elle ne s'applique pas aux bois peuplés d'ar à proprement parler, que des chemins pri
bres résineux, qui s'exploitent d'une manière V6S.
des routes sont du domaine public et entre vices d'organisation ou desinfirmités durables,
tenues par l'état. ou par son âge avancé, elle est hors d'état de
Les articles 2, 3, 4, 5 et 6 de la loi du 28 faire le travail que la loi a en vue. -
juillet, donnent les moyens de subvenir aux La prestation est due pour tout domestique
dépenses des chemins communaux, lorsqu'il mâle, et par cette expression on a toujours
a insuffisance des revenus des communes, entendu tous ceux qui font partie d'une mai
insuffisance qui ne doit pas être supposée, son et y ont des fonctions subordonnées à la
mais constatée, soit qu'elle s'étende à la tota volonté du maître qui leur paie des gages.
lité ou seulement à une partie des dépenses à Elle comprend donc les services domestiques
faire. - -
d'un ordre élevé, comme ceux des précepteurs,
Le premier de ces moyens consiste dans des intendans, etc., et les services d'un ordre
des prestations en argent ou en nature, au subalterne, tels sont, chez les artisans, ceux
choix des contribuables (loi citée, art. 2). des compagnons et apprentis, ensuite les do
C'est là une charge de l'habitation, qui s'é mestiques qui sont attachés ou au service de
tend en † ortion de l'usage que chaque ha la personne du maître, ou au service de sa
bitant fait des chemins, du nombre des indi maison, ou au service d'une ferme et d'une
vidus qui composent sa maison, du nombre exploitation quelconque (Instruc. citée).
des bêtes de trait, de somme ou de luxe qu'il Les ouvriers, laboureurs ou artisans, connus
emploie. Ainsi, tout habitant porté à l'un des sous la dénomination de gens de travail, soit
rôles des contributions directes, chef de fa qu'ils travaillent à la journée ou à la tâche,
mille ou d'établissement, à titre de proprié pour l'agriculture ou pour l'industrie, ne doi
taire, de régisseur, de fermier ou de colon vent pas être rangés parmi les serviteurs do
† peut être tenu, pour chaque année, mestiques, et par conséquent ne sont pas at
une prestation qui ne peut excéder deux teints par la disposition égislative dont nous
journées de travail ou leur valeur en argent : nous occupons, à moins qu'ils ne soient chefs
1° Pour lui ; de maison ou d'établissement (Instruct. ci
2° Pour chacun de ses fils, vivant avec lui, tée).
et pour chacun de ses domestiques mâles, Tout habitant porté à l'un des rôles des con
pourvu que les uns et les autres soient valides tributions directes doit être considéré comme
et qu'ils aient atteint leur vingtième année. chef de maison, lors même qu'il serait seul,
2° Pour chaque bête de trait et de somme ; s'il ne vit pas chez son père ou au service
chaque cheval de selle ou d'attelage de luxe, d'un maître.
chaque charrette en sa possession pour son Le troisième paragraphe de l'article 3 de la
service, ou le service dont il est chargé. loi du 28 juillet 1824 exige aussi une grande
Par habitant on doit entendre celui qui ré attention; il oblige tout habitant contribuable
side habituellement dans la commune, alors à fournir deux journées au plus de chaque béte
même qu'il n'y est pas domicilié et † n'y de trait ou de somme, de chaque cheval de selle
paie pas de contributions personnelles. Cela ré ou d'attelage de luxe, et de charrette, en sa pos
sulte de la discussion. session pour son service, ou pour le service dont
Le premier paragraphe de l'article 3 de la il est chargé.
loi du 28 juillet 1824, qui appelle à contribuer Par conséquent, les bêtes de trait ou de
à la réparation des chemins vicinaux tout ha somme, etc., pour être soumises à la presta
bitant, chef de famille, etc., ne fait pas de tion, doivent servir au possesseur, proprié,
distinction d'âge, de sexe ni de validité, dis taire, fermier ou colon partiaire, ou pour un
tinction qui n'est que dans le deuxième para usage personnel, ou pour celui de sa maison,
graphe et ne s'applique qu'à celui-ci. ou pour une exploitation agricole ou indus
Ainsi tout habitant, chef de maison, homme trielle, ou pour toute autre entreprise ana
ou femme, jeune ou vieux, valide ou invalide, logue ; elles n'y sont pas soumises, s'il ne les
doit les prestations exigées par les paragra tient que pour en faire un commerce, ou pour
phes 2 et 3, pour ses fils vivant avec lui, pour la consommation ou la reproduction; si, par
ses domestiques mâles, etc., pour ses bétes de leur âge, elles ne sont pas encore livrées au
trait ou de somme, etc. ; mais il ne les doit pas service, ou si, par cette cause ou toute autre,
pour lui-même, s'il n'est pas valide, s'il n'a elles ont cessé d'y être livrées. Ainsi les élè
point atteint sa vingtième année, ou, si c'est ves, les étalons et les poulinières ne sont pas
une femme ; attendu que l'obligation person compris dans la loi; si la destination pour le
§
nelle n'est imposée, deuxième paragraphe commerce, la consommation ou la reproduc
qu'avec les exceptions dont nous venons de tion n'était pas absolue, si le possesseur en re
parler, et que l'article 2 veut que la prestation tirait en même temps un service de la nature
soit toujours payable en argent ou en nature, à de ceux que la loi a en vue, la prestation se
la volonté du contribuable. Or, la faculté rait due ; seulement il y aurait à s'accorder
d'acquitter personnellement en nature n'exis avec le possesseur, ou, à défaut d'accord, à
terait pas pour celui qui ne serait point valide statuer par évaluation, pour déterminer par
ou n'aurait pas l'âge prescrit; elle n'existe mi les chevaux, bœufs ou mulets, etc., ainsi
rait pas non plus pour une femme, puisque la possédés, susceptibles de servir et pour le
loi les exclut des prestations personnelles temps de la possession, un nombre des uns et
† impose (Instruction du ministre des des autres, proportionné au service qu'il en
nances, du 31 octobre 1824). retirerait, nombre pour lequel il devrait les
Une indisposition, une maladie temporaire journées imposées par la loi.
ne constitue pas l'invalidité propre à entraî L'instruction citée recommande à l'admi
ner l'exemption; elle peut seulement donner nistration locale, dans tous les cas semblables
lieu à l'ajournement de se libérer. Une per ou analogues, d'éviter toute injustice ou ex
sonne n'est alors invalide que lorsque, par des eès de rigueur, et de faire tous les efforts pos
272 LÉGISLATION RURALE. LIv. vi.
sibles pour engager les contribuables à un l'indigence. Elle veut aussi que les préfets
abonnement payable en journées de travail ou aient soin de fixer, selon les pays, l'époque
en argent, ou même en matériaux, s'il y a des travaux qu'elles ont pour objet, de ma
utilité ou convenance pour les travaux à faire. nière que les bras consacrés à l'agriculture
Elle prescrit la formation d'un état-matrice, et à l'industrie n'en soient pas détournés dans
dont elle détermine la forme, qui devra res les temps # les réclament le plus.
ter pendant un mois à la maison commune, Lorsque le produit des prestations ne suf
où tous les contribuables pourront en pren fit pas, il peut être perçu sur tout contribua
dre connaissance et faire leurs observations à ble, sans distinction entre l'habitant et le non
la commission qui l'aura dressé et qui y fera habitant, jusqu'à cinq centimes additionnels
droit, et qui sera soumis à la sanction du pré au principal des contributions directes (idem,
fet. C'est sur cet état-matrice que s'opéreront art. 4).
annuellement les mutations survenues , et Les prestations sont votées par les conseils
c'est lui qui servira de base pour dresser les municipaux ainsi que les cinq centimes addi
rôles annuels de prestation. tionnels. Ces conseils fixent aussi le taux de
Ce n'est qu'à l'égard de ces rôles, et lors la prestation. Lorsque les conseils municipaux
qu'ils auront été rendus exécutoires par le votent des centimes additionnels, ils doivent
préfet, que les demandes en dégrèvement être assistés, comme pour toute contribution
pourront être admises au conseil de préfec extraordinaire, d'un nombre des plus impo
ture (loi du 28 pluviôse an VIII, titre II, sés égal à celui de leurs membres.
art. 4, n° 1"); et il a été reconnu qu'il était Les préfets sont investis du droit d'approu
inutile d'employer pour les demandes en dé ver l'imposition des prestations et des cinq
grèvement les formalités ordinaires, incom centimes; le recouvrement des uns et des au
patibles avec la nature particulière de l'impôt, tres est poursuivi, et les dégrèvemens doi
et qu'en tout cas on ne serait pas obligé°d'em vent être prononces comme pour les contri
ployer le papier timbré. - -
butions directes ; ces derniers sans frais.
Le recouvrement des prestations doit être Le même article veut encore que les con
poursuivi comme celui des contributions di seils municipaux fixent le taux de la conver
rectes. sion des prestations en nature. Ces conseils
Le rôle devra exprimer, à l'article de cha ne doivent pas être alors assistés des plus im
que contribuable, la quantité de journées re † délibérations, pour être dé
quises, dans la limite fixée par la loi, plus, la f nitives, doivent être approuvées par les pré
valeur en argent. L'avis aux contribuables etS.
portera les deux indications et l'invitation de Le recouvrement des prestations et des
déclarer dans le mois, délai qui aura été fixé centimes additionnels est poursuivi comme
d'avance par l'arrêté du préfet, s'il entend se pour toutes les contributions directes, les dé
libérer en argent ou en nature; la déclaration grèvemens prononcés sans frais, les comptes
sera faite devant le maire ou son adjoint dé rendus comme pour les autres dépenses com
signé à cet effet. Faute de déclaration dans le munales (idem, art. 5). Cette disposition s'ap
délai déterminé, la cote sera maintenue en plique également aux contributions extraor
dinaires qui pourraient être votées pour les
argent et devra être acquittée avec toutes les
autres, payable de la même manière aux épo mêmes dépenses, conformément à l'article 6
† qui seront d'avance fixées par arrêté du de la même loi ainsi conçu : « Si des travaux
Tout contribuable qui ne se rendrait pas indispensables exigent qu'il soit ajouté, par
réfet.
p
des contributions extraordinaires, au produit
ou qui n'enverrait † ses fils, ses domesti des prestations, il y sera pourvu, conformé
ques mâles ou les bêtes de trait ou de som ment aux lois, par des ordonnances royales ;
me, etc., aux jour et heure qui lui auront été mais, dans tous les cas, les prestations, les
assignés, ou qui ne fournirait qu'une portion centimes additionnels et les contributions ex
des journées par lui dues, soit en manquant traordinaires, autorisées par l'article 6 de la
aux heures, soit autrement, devra être pour loi, ne peuvent être votés et employés que
suivi par les voies de droit, à moins qu'il ne pour les chemins communaux. »
lui ait été accordé un ajournement par le Il faut remarquer que la faculté que donne
maire. Ces ajournemens, motivés sur les in l'article 6 d'ajouter, par des contributions ex
dispositions ou sur tous autres empêchemens traordinaires, aux produits des prestations et
légitimes, ne pourront se prolonger au-delà des cinq centimes, en cas d'insuffisance de ces
du sixième mois qui suivra l'année pour la † doit être réservée pour les cas éga
quelle le rôle aura été fait. Immédiatement ement extraordinaires et très rares, tels que
après, toutes poursuites légales devront être la construction de travaux d'art, l'ouverture
complétées par les percepteurs ou receveurs, de nouvelles routes; qu'on n'en peut user
sans interruption, afin que l'entier recouvre pour des travaux d'entretien, auxquels les au
ment puisse s'effectuer avant l'expiration de tres ressources doivent toujours suffire.
la seconde année qui termine l'exercice, tel , La loi étant fondée sur ce principe de jus
†
1823.
est fixé par l'ordonnance du 23 avril tice que chaque habitant doit contribuer, au
tant que possible, à la réparation des chemins
En soumettant tous les habitans des com vicinaux, en proportion de l'usage qu'il en
munes rurales à la prestation personnelle, fait, l'article 7 porte que « toutes les fois qu'un
l'instruction du 31 octobre invite toutefois les chemin sera habituellemcnt ou temporairement
réfets à n'employer les voies rigoureuses que dégradé par des exploitations de mines, de
a loi autorise que le moins possible, surtout carrières, de forêts ou de toute autre entre
si elles devaient porter sur des pères de fa prise industrielle, il pourra y avoir lieu à obli
mille malaisés, sur des individus voisins de ger les entrepreneurs ou propriétaires à des
CIIAP. 9°. CHEMINS COMMUNAUX. 273
subventions particulières. Ces indemnités ne uisque les † de cette loi blessent
pourront être imposées que sur la demande es sentimens des habitans des campagnes, et
des communes et d'après des expertises con offre des difficultés insurmontables †
tradictoires entre elles et les entrepreneurs. tion, il est à désirer qu'elle soit prochaine
La commune nommera alors son expert et ment remplacée par une loi mieux en har
l'entrepreneur le sien; en cas de désaccord monie avec nos mœurs. Dans tous les cas,
le tiers-expert sera désigné par le préfet, et, c'est au préfet qu'appartient le droit de re
en tous cas, ces subventions particulières se connaître les chemins vicinaux (loi du 9 ven
ront réglées par le conseil de préfecture, d'a tôse an XIII), et dès qu'ils ont été reconnus
près les expertises contradictoires ( idem, ar un arrêté du préfet pour être nécessaires
art. 7). -
à la communication des habitans, ils doivent
Les propriétés de l'état et de la couron être entretenus aux frais de la commune (loi
ne contribuent aux dépenses des chemins du 28 sept. 1791, sect. VI, art. 2 et 3). Ces dis
communaux, dans des proportions qui doi positions s'appliquent à tous les chemins ru
vent être déterminées par les préfets en con raux, même aux simples sentiers, et le préfet
seil de préfecture (idem, art. 8). C'est surtout peut ordonner toutes les mesures nécessaires
en ces cas qu'il faut avoir recours à des pour en procurer la viabilité. Quant aux che
abonnemens qui devront être souscrits de mins de servitude, ils ne sont jamais à la
part et d'autre et approuvés par le préfet. charge des communes; ils doivent être entre
Lorsqu'un même chemin intéresse plu tenus par ceux qui ont droit d'en jouir. La
sieurs communes, c'est le préfet † pronon commission nommée par le roi pour préparer
ce, en conseil de préfecture, sur la délibéra les bases de la révision de nos lois rurales pa
tion des conseils municipaux assistés des plus raît encore incertaine sur la question de sa
imposés, en cas de désaccord entre elles sur voir s'il y aurait avantage pour l'agriculture
les proportions de l'intérêt et des charges à à déclarer imprescriptibles ces chemins pri
supporter. Si les deux communes étaient si vés, dans l'intérêt de ceux qui en jouissent,
tuées dans différens départemens, les préfets et à soumettre les intéressés à concourir à
doivent s'entendre, et s'ils n'y pouvaient par l'entretien, soit dans la proportion de l'utilité
venir, le ministre statuerait, sauf recours au qu'ils retirent de ces chemins, soit dans la
conseil d'état (idem, art. 9). Enfin les acqui proportion des contributions qui grèvent les
sitions, aliénations et échanges, ayant pour propriétés que ces chemins desservent. C'est
objet les chemins communaux, doivent être là une question complexe, que l'expérience
autorisés par arrêtés des préfets, en conseil seule peut décider.Le ministre du commerce
de préfecture, après délibération des conseils a provoqué l'avis des conseils généraux sur
municipaux intéressés, et enquête de commo cette matière par sa circulaire du 4 septembre
do vel incommodo, lorsque la valeur des ter 1835 : nous attendrons le résultat de ces utiles
rains à acquérir, à vendre ou à échanger n'ex investigations.
cède pas 3,000 francs. Les préfets autorisent
dans la même forme les travaux d'ouverture SECTION III. — De l'administration des biens
et d'élargissement desdits chemins et l'extrac C017277?l47l(lll0C.
tion des matériaux nécessaires à leur établis
sement, qui peuvent donner lieu à des expro Le maire est chargé, sous la surveillance du
priations pour cause d'utilité publique, lors préfet, de l'administration et de la conserva
que l'indemnité due aux propriétaires pour tion des propriétés communales. En consé
les terrains ou pour les matériaux n'excède quence, les biens des communautés d'habitans
pas 3,000 francs ( idem, art. 10). On voit par-là restés en jouissance commune depuis la lot
que la loi du 28 juillet 1824 donne au préfet du 10 juin 1793, et que les conseils municipaux
un pouvoir qui était précédemment réservé à ne jugent pas nécessaires à la dépaissance des
l'autorité royale; mais les préfets ne peuvent troupeaux, peuvent être affermés sans qu'il
l'exercer que dans les limites tracées par la loi. soit nécessaire de recourir à l'autorisation du
Ces limites ont paru nécessaires dans l'intérêt gouvernement , lorsque la durée des baux
des communes, afin d'éviter qu'elles ne se n'excède pas neuf années (ordonnance du roi
laissent aller trop facilement à des opérations du 7 octobre 1818, art. 1er). Mais la mise de
qui ne sont pas toujours sans inconvéniens. ces biens en ferme ne peut se faire qu'après
ID'ailleurs, dans le cas où les acquisitions, avoir été délibérée par le conseil municipal.
échanges, travaux d'ouverture et d'élargisse et sous les clauses, charges et conditions in
ment excèderaient cette somme, les commu sérées au cahier des charges, qui en est préa
nes conservent le droit d'y procéder après y lablement dressé par le maire et homologué
avoir été autorisées par une ordonnance par le préfet sur l'avis du sous-préfet ( idem,
royale. art. 2). Il est procédé par le maire à l'adjudi
Telle est l'économie de la loi du 28 juillet, cation des baux desdits biens, en présence
qui a excité de nombreuses réclamations en des adioints et d'un membre du conseil muni
France; on a prétendu qu'elle rappelait l'an cipal désigné par º† , à la chaleur des en
cienne corvée; mais il est évident qu'elle en chères et d'après les affiches et publications
diffère essentiellement, puisque la corvée faites dans la forme prescrite par l'art. 13 de
était une charge arbitraire imposée à une par la loi du 5 novembre 1790, les dispositions de
tie de la population, à la plus pauvre, pour la loi du 11 février 1791 et le décret du 12 août
des travaux non limités et qui n'étaient d'au 1807(idem, art. 3). Conformément à l'art. 1",
cune utilité pour ceux qui y étaient soumis ; du décret du 12 août 1807 , il est passé acte
au lieu que la prestation personnelle est une de l'adjudication pardevant le notaire désigné
charge commune à tous les habitans, sans dis par le préfet ( id. , art.4). L'adjudication n'est
tinction, et dans l'intérêt public. Toutefois, définitive qu'après l'approbation du préfet
AC RICULTURE. 87° livraison. ToME III. -- 35
274 LÉGISLATION RURALE. LIV. VI .
troduite par la loi du 28 juillet 1824, art. 1°Les procès-verbaux d'estimation des biens
10, et les aliénations, acquisitions et échan à donner en échange et contre-échange; ils
ges ayant pour objet les chemins communaux doivent être dressés contradictoirement par
peuvent être autorisés par arrêtés des préfets deux experts nommés l'un par le maire de la
en conseil de préfecture, après délibération commune et l'autre par l'échangiste.
des conseils municipaux intéressés et après Ces procès-verbaux doiventindiquer, indé
enquête de commodo vel incommodo lorsque la pendamment de la valeur principale, la situa
valeur du terrain à acquérir, à vendre ou à tion et l'étendue, en mesures nouvelles, des
échanger n'excèdera pas 3,000 francs. terrains à échanger; -
Mais en règle générale pour la validité de 2° Le plan des lieux s'il s'agit d'édifices im
l'aliénation d'un bien communal, il faut : 1° le portans ;
concours des habitans, parce que personne 3° L'enquête de commodo vel incommodo;
ne peut, sans son consentement, être privé de 4° Le consentement des échangistes ;
sa propriété; il résulte de l'enquête qu'on or 5° La délibération du conseil municipal ;
donne en pareille circonstance; 2° le consen 6° L'avis du sous-préfet ;
tement des officiers municipaux qui, seuls, 7° L'avis du préfei. (Voy. HENRIoN DE PAN
† engager la commune; il résulte de la sEY, Des biens communaux, p. 178 et suiv.)
élibération qu'ils prennent à cet égard ; 3° la
sanction de la puissance publique, parce qu'à SECTIoN V.—Des gardes champêtres et forestiers
elle seule † le droit de surveiller les des communes.
stipulations faites pour les mineurs et autres
incapables. Les gardes champêtres et forestiers des
Pour obtenir l'autorisation du gouverne communes sont des officiers de police judi
ment il faut produire : ciaire, préposés pour surveiller les récoltes,
1° Un procès-verbal descriptif et estimatif les fruits de la terre, les propriétés rurales de
des objets que l'on veut acquérir ; toute espèce, et dresser les procès-verbaux des
Le procès-verbal doit être fait contradictoi délits qui y portent quelque atteinte. Cette
rement par deux experts nommés l'un par le section sera naturellement divisée en deux
maire et l'autre par le propriétaire vendeur. paragraphes : dans la première nous parle
2° Le plan des lieux, s'il s'agit d'un édifice rons des gardes champêtres des communes
mportant, ou le devis des travaux à faire pour et dans la seconde des gardes forestiers.
la destination que l'on veut lui donner;
3° Le consentement du propriétaire;
| cnAP 9*. DES GARDES CHAMPÊTRES ET FORESTIERS DES COMMUNES. 275
dans les lieux où elles auront été transportées
$ Ier. — Des gardes champêtres des communes. et les mettre en séquestre. Mais le désir de
ne pas laisser la liberté domiciliaire exposée à
Ces officiers de police étaient appelés sous être violée par un † garde, qui, lorsqu'il
l'ancienne législation tantôt gardes messiers, n'est pas contenu par la présence d'un officier
tantôt bangards, et quelquefois gardes cham supérieur de police, pourrait abuser de mille
pêtres ; c'est cette dernière dénomination qui manières de cette faculté, leur a fait défen
a été définitivement adoptée. dre par la loi de s'introduire dans les mai
Il doit y avoir des gardes champêtres dans sons , ateliers, bâtimens , cours adjacentes
toutes les communes rurales pour assurer les : et enclos, si ce n'est en présence soit du juge
propriétés et conserver les récoltes ( loi du de paix, soit de son suppléant, soit du com
28 septembre 1791, sect. VII, art. 1", et loi missaire de † soit du maire du lieu,
du 20 messidor an III) le choix de ces gardes soit de son adjoint; et le procès-verbal qui de
doit être fait par les maires et approuvé par vra en être dressé sera signé par celui en pré
les conseils municipaux ; mais c'est le préfet sence duquel il aura été fait (C. d'instr. crim.,
du département qui leur délivre leur com 16). Cependant il résulte de la jurisprudence
mission (ordonn. du 29 novembre 1820,art. 1er). de la Cour de cassation † le procès-verbal
Le changement ou la destitution des gar qui aurait été dressé par le garde champêtre,
des champêtres ne peut être prononcé que après s'être introduit sans résistance dans des
par le sous-préfet, sur l'avis du maire et du maisons particulières, hors la présence de l'un
conseil municipal; le sous-préfet doit sou des officiers dont nous avons parlé,ne serait pas
mettre §rrêté à l'approbation du préfet nul. Mais les particuliers qui s'opposeraient,
(idem , art. 2). Une commune peut avoir plu même par la violence, à l'introduction d'un
sieurs gardes champêtres si cela est jugé né garde champêtre, nonassisté de l'un de ces offi
cessaire (loi du 20 messidor an III, art. 3 ). ciers , dans un lieu habité, ne seraient pas en
Plusieurs communes peuvent aussi se réunir état de rébellion contre la force publique.
pour choisir et payer un seul garde, et même, Les gardes champêtres doivent arrêter et
dans les municipalités où il y a des gardes conduire devant le juge de paix ou le maire
établis pour la conservation à forêts , ces tout individu surpris en flagrant délit ou qui
gardes pourront remplir les deux fonctions serait dénoncé par la clameur publique, lors
(loi du 28 septembre 1791 , sect. VII , art. 2).
que ce délit emporte la peine d' emprisonne
Les gardes champêtres sont payés par la ment ou une peine plus grave; ils se feront
commune ou les communes, suivant le prix donner, à cet effet, main-forte par le maire du
déterminé par le conseil général. Les gages lieu, qui ne pourra s'y refuser ( loi du 20
sont prélevés sur les amendes qui appartien messidor an III). En leur qualité d'officiers de
nent en entier à la commune, dans le cas où police judiciaire, les gardes champêtres ne
ces amendes seraient insuffisantes pour payer peuvent être poursuivis, à l'égard des délits
ces salaires, la somme qui manque doit être par eux commis dans l'exercice de leurs fonc
repartie au marc le franc de la contribution tions, que devant les cours royales, en con
foncière, mais elle doit être entièrement sup formité de l'art. 483 et suiv. du Code d'instr.
ortée par ceux qui exploitent les terres de crim. (voy. sur cette matière importante :
a commune (idem, art. 3). Les gardes cham Jurisprudence des cours crim., par BoUR
† des communes prêtent serment devant GUIGNoN, art. 16; HENRIoN DE PANsEY , Des
e tribunal de première instance de leur ar biens communaux, et de la police rurale et fo
rondissement , conformément à ce que nous restière, p. 332 et suiv).
avons dit ci-dessus pour les gardes champê Affirmation de leurs procès-verbaux. L'affir
tres des particuliers. Dans l'exercice de leurs mation des procès-verbaux des gardes cham
fonctions les gardes champêtres peuvent por pêtres doit être faite dans les 24 heures
ter toutes les armes qui leur sont jugées né qui courent à partir de la clôture du procès
cessaires par le préfet; mais la permission de
verbal qu'ils ont dressé.Cette affirmation doit
porter un fusil ne suffirait pas pour les auto être faite devant le juge de paix. Elle peut
riser à se servir d'un fusil de guerre ; il faut aussi avoir lieu devant § suppléans du juge
pour cette arme une autorisation spéciale de paix, mais seulement pour les délits com
( ordonn. du roi du 24 juillet 1816 ). Ils ont mis dans le territoire de la commune où ils
au bras une plaque de métal ou d'étoffe, où résident, lorsqu'elle ne sera pas celle de la
sont inscrits ces mots : LA LoI, le nom de la résidence du juge de paix.
municipalité et celui du garde (idem, art. 4). Le maire, et à son défaut l'adjoint de la com
Les gardes champêtres doivent être âgés mune, ont aussi le droit de recevoir cette
de 25 ans accomplis, être de bonnes vie et affirmation, mais seulement relativement
mœurs ; ils constatent par des procès-verbaux aux délits commis dans la commune de leur
les délits avec les circonstances qui y sont at résidence, et lorsque le juge de paix et le
tachées et sont personnellement responsables suppléant sont absens. Dans aucun cas le
des dommages qu'ils occasionneraient aux maire ni son adjoint ne peuvent recevoir
parties s'ils négligeaient de faire dans les 24 l'affirmation d'un procès-verbal relatif à un
meures le rapport des délits ( idem, art. 5 délit commis hors du territoire de leur com
et 7 ). mune , quoique dans le même canton.
Les gardes champêtres doivent dresser des Les procès-verbaux sont remis par les gar
procès-verbaux à l'effet de constater la na des champêtres dans les trois jours, y com
ture, les circonstances, le temps, le lieu des pris celui où ils ont été faits, au commissaire
délits et des contraventions , ainsi que les de police de la commune chef-lieu de la jus
† et les indices qu'ils auront pu recueil
ir. Ils doivent aussi saisir les choses enlevées
tice de paix, ou au maire, lorsqu'il n'y aura
pas de commissaire de police. Lorsqu'il s'agira
27G LEG1SLATION RURALE. I.IV. V I.
d'un délit de nature à mériter une peine cor appartenant à l'état, la nomination du garde
rectionnelle, la remise en sera faite au procu appartient alors à l'administration seule, et
reur du roi (C. d'intr. crim., 20). son salaire sera payé proportionnellement par
Mais la loi n'a pas attribué à ces procès-ver chacune des parties intéressées (idem, art. 97).
baux un caractère authentique ; ils ne font L'administration n'a pas le droit de desti
† foi, jusqu'à inscription de faux, comme tuer les gardes des communes ; mais la loi l'a
es actes qui ont ce caractère, même lorsqu'ils investie du droit de les suspendre de leurs
ne peuvent donner lieu qu'à des réclamations fonctions. S'il y a lieu à destitution c'est le
pécuniaires. La preuve contraire a été réservée réfet qui doit prononcer, après avoir pris
ar la loi, et l'inculpé peut l'établir comme il † du conseil municipal ainsi que de l'ad
e juge convenable, sans être forcé de recou ministration forestière. Le salaire de ces gar
rir à l'inscription de faux (loi du 28septembre des est réglé par le préfet, sur la proposition
1791 , titr. I, sect. VII, 6.) Mais si la preuve du conseil municipal (idem, art. 98). Les gardes
contraire n'est ni rapportée ni offerte, les faits forestiers des bois des communes sont d'ail
constatés par leurs procès-verbaux sont tenus leurs assimilés aux gardes des bois de l'état
pour avérés. et sont soumis aux mêmes autorités. Ils doi
vent être âgés de 25 ans accomplis, à moins
$ II. — Des gardes forestiers des communes. qu'ils ne soient élèves de l'école forestière et
n'aient obtenu une dispense d'âge (idem, art.3).
Les communes ont également le droit d'en Ils ne peuvent entrer en fonctions qu'après
tretenir, pour la conservation de leurs bois, avoir prêté serment devant le tribunal de pre
le nombre de gardes particuliers déterminé mière instance de leur résidence, et avoir fait
par le maire, sauf l'approbation du préfet, enregistrer leur commission et l'acte de pres
que la loi considère comme le tuteur des com tation de leur sermentau greffe des tribunaux
munes, et sur l'avis de l'administration fores dans le ressort desquels ils doivent exercer
tière ( loi du 21 mai 1827 , art. 94). leurs fonctions. Dans le cas d'un changement
Le choix des gardes est fait pour les com de résidence qui les placerait dans un autre
munes par le maire, sauf l'approbation du ressort dans la même qualité, il n'y aurait
conseil municipal.Ces choix doivent être agréés pas lieu à une autre prestation de serment ;
par l'administration forestière, qui délivreaux (idem, art. 5). Les gardes sont responsables des
gardes leurs commissions. S'il y a dissenti délits, dégâts, abus et abroutissemens qui
ment entre la commune et l'administration, ont lieu dans leurs triages, et passibles des
c'est le préfet qui prononce (idem, art. 95). La amendes et indemnités encourues par les dé
loi à laissé à l'administration le droit de sus linquans, lorsqu'ils n'auront pas dûment
pendre le choix mais elle a confié au préfet constaté les délits (idem, art. 6).
seul celui de prononcer. Les gardes des bois des communes sont as
Mais si la commune ne faisait pas un choix similés aux gardes des bois de l'état et sou
dans le mois de la vacance d'un emploi, le mis aux mêmes autorités ; leurs procès-ver
† devrait y pourvoir sur la demande de baux font foi en justice, pour constater les
délits et contraventions commis même dans
'administration forestière (idem, art. 96).
Si l'administration forestière et les commu
les bois soumis au régime forestier autres
nes jugent convenable de confierà un même que ceux dont la garde leur est confiée (idem,
individu la garde du canton de bois apparte art. 99).
nant à la commune et d'un canton de bois
TITRE DEUXIÈME.
ATTRIBUTIONS, COMPÉTENCE ET PRoCÉDURE EN MATIÈRE RURALE.
Les agriculteurs ont fréquemment des de ordinaires de la vie. Nous diviserons donc
mandes ou des réclamations à adresser aux cette partie de notre travail en 4 chapitres ;
diverses autorités qui administrent le pays. dans le premier nous comprendrons la com
Les attributions de chacune de ces autorités étence administrative et la procédure que
étant spéciales et définies , il est nécessaire, § doit suivre ; dans le deuxième, la compé
non pas de les faire connaître à fond, car tence civile; dans le troisième la compétence
un pareil travail excéderait de beaucoup les pénale et la procédure à suivre ; enfin le
bornes d'un ouvrage élémentaire de la nature quatrième et dernier chapitre comprendra
de celui-ci, mais de les indiquer au moins quelques formes et procédures spéciales qu'il
sommairement, afin de pouvoir diriger les nous a paru nécessaire d'indiquer.
cultivateurs dans les circonstances les plus
la puissance exécutive ; ils dirigent l'adminis la forme de réglemens, de donner enfin son
tration. Ils ont aussi une espèce de juridic avis sur toutes les questions administratives
tion; c'est lorsqu'ils rendent des décisions qui lui sont soumises par les ministres.
administratives et contentieuses : mais cette
juridiction exceptionnelle ne peut porter at SECTIoN VII. — Procédure administrative.
teinte à celle des préfets et des conseils de
réfecture, non plus qu'aux droits acquis et à
a chose jugée administrativement ou judi A l'exception de ce qui regarde le conseil
ciairement. Ainsi les ministres statuent sur d'état, aucune loi ne régle la manière de pro
le recours des particuliers contre les arrêtés céder devant les corps administratifs ni de
des préfets qui ont excédé leur compétence, vant les conseils de préfecture, les préfets et
sur les dettes des communes, sur les entre les ministres , ni les délais dans lesquels les
prises de travaux publics. Ils peuvent ordon actions doivent être formées ; l'usage est
ner aux préfets d'élever des conflits et de rap la seule règle en cette matière. On adresse
porter leurs arrêtés. Renfermées dans les une requête par voie de pétition au maire,
ornes légales, les décisions des ministres ont au préfet ou au ministre ; lorsque la demande
la force et les effets des jugemens; elles sont intéresse une autre partie , l'autorité admi
susceptibles d'opposition ; elles doivent être nistrative ordonne la communication à cette
notifiées, et c'est devant le conseil d'etat qu'on tierce personne, qui fournit alors par la même
peut les attaquer lorsqu'elles ont le caractère voie ses moyens de défense. Chaque partie
du contentieux administratif. produit les pièces à l'appui de ses prétentions
et l'autorité administrative statue sur les piè
SECTIoN VI. — Du conseil d'état. ces qui lui sont remises.
Dans presque toutes les contestations ad
Le conseil d'état est chargé, d'une manière ministratives les parties doivent suivre les di
énérale, de résoudre les difficultés qui s'é vers degrés de l'autorité administrative, et il
èvent en matière administrative (const. de est de principe que la pétition est interrup
l'an VIII , art. 52). - tive de la prescription. Toutefois pour éviter
Suivant notre charte constitutionnelle, le toute incertitude à cet égard , il vaut mieux ,
droit de rendre la justice émane du pouvoir lorsqu'il s'agit de prescription, faire signifier à
exécutif, et ce pouvoir réside dans la personne l'état un acte extrajudiciaire par huissier.
du roi. Mais le roi n'est pas forcé de déléguer Le recours au conseil d'état en matière con
la justice administrative supérieure à desjuges tentieuse est formé par requête d'un avocat
inamovibles qu'il nomme, comme la justice au conseil (décret du 22 juillet 1806, art. 1").
civile, commerciale et criminelle, et dans l'é Sauf quelques exceptions, le recours au con
tat actuel de notre droit il l'exerce encore seil d'état ne peut avoir lieu que lorsque tous
avec le concours du conseil d'état. les autres degrés de l'autorité administrative
C'est donc la signature du roi qui donne ont été parcourus.
aux délibérations du conseil la force de juge Devant le conseil d'état, cour suprême de
mens souverains en matière contentieuse ad justice administrative, on suit les formes de
ministrative. rocédure déterminées par le décret du 22juil
Cette distinction entre † déléguée et 1806. Le recours doit être formé par le
et la justice réservée est le fondement de la dépôt de la requête au conseil d'état , dans
plupart des attributions du conseil; il ne peut les trois mois à partir du jour où la décision
connaître d'aucune des questions de propriété, contre laquelle on se pourvoit a été notifiée ;
ni d'état, ni autres déléguées aux tribunaux.Le après ce délai il n'est plus recevable.
conseil d'état exerce de fait, mais sous la condi Les arrêtés des maires sont par eux noti
tion del'approbation royale et avec la prétendue fiés au domicile des parties ; ceux pris par les
garantie de la responsabilité ministérielle, si conseils de préfecture doivent être, comme les
difficile à comprendre en cette matière, la plé jugemens des tribunaux, signifiés par huis
nitude de la justice non déléguée. Cour d'ap siers, lorsqu'il s'agit de débats relatifs à des
pel, il prononce en dernier ressort sur le fond intérêts privés , ou aux communes et établis
des matières et les recours exercés contre les semens publics , et par notification adminis
décisions de toutes les autorités de premier trative lorsqu'il s'agit de décisions intéressant
ressort, telles que les conseils de préfecture, l' Etat ou l'une des branches de l'administra
les ministres , et les commissions spéciales de tion publique.
travaux publics, etc. Cour de haute justice ad Les décisions des conseils de préfecture
ministrative, il balance et fixe la compétence statuant sur des intérêts privés sont de véri
entre les préfets, les conseils de préfecture tables jugemens, susceptibles d'opposition
et les ministres. Cour de cassation, il casse lorsqu'ils ont été rendus par défaut et exécu
les arrêts de la cour des comptes pour vices toires comme les arrêts des cours royales; les
de forme ou violation de la loi, sur la dénon frais de la procédure sont à la charge de la
ciation des ministres. partie qui succombe, comme en matière ordi
Régulateur suprême des compétences il sta naire. A l'égard des décisions ministérielles .
tue sur les conflits d'attribution élevés par elles doivent être notifiées au domicile des
les préfets entre l'autorité administrative et parties par le maire, qui s'en fait délivrer un
l'autorité judiciaire. Mais la plus vaste des reçu ( circulaire ministérielle du mois de sep
attributions du conseil d'état est celle de pré tembre 1816 ).
parer les projets de loi qui lui sont renvoyés La signification des décisions du conseil
par les ministres, de rédiger les réglemens d'état est faite, aux parties ayant leur domi
d'administration publique, de délibérer sur cile à Paris , par l'un des huissiers du conseil
toutes les ordonnances royales à rendre dans d'état; si les parties ne sont pas domiciliées à
CIIAP. 1°r. DES ACTIONS POSSESSOIRES. 279
Toutes les causes purement civiles appar bon nous semble et de jouir d'un immeuble
tiennent au juge de paix, considéré comme ou droit immobilier.
juge civil, dans les limites de ses attributions, Il résulte de ces distinctions qu'on peut
ou aux tribunaux de première instance et par avoir la possession sans la prnpriété, et, réci
appel aux cours royales. Nous nous bornerons proquement, la propriété sans la possession.
à § connaître ici les attributions civiles du Le possessoire est donc la contestation sur
juge de paix. la possession. Il est de la compétence des juges
de paix , sauf l'appel devant les tribunaux de
SECTIoN I". —De la compétence du juge de paix. première instance et le recours en cassation.
L'action possessoire est la demande for
La compétence du juge de paix est réglée mée devant le juge de paix en réglement du
de la manière suivante : il connaît 1o en pre possessoire.
mier et en dernier ressort de toutes les affai Le pétitoire est la contestatition sur la pro
res jusqu'à la valeur de 50 fr.; 2° en premier priété; il est de la compétence des tribunaux
ressort seulement de celles indiquées au n° civils.
1" ci-après, jusqu'à la valeur de 100 fr.; et Le juge du possessoire n'est donc appelé à
de toutes les autres à quelque somme que la connaître que du fait et non du droit.
valeur puisse monter. Le possessoire et le pétitoire ne peuvent ja
1° Causes purement personnelles et mobi mais être cumulés (C. de procéd., 25 ) ; le
lières. † de paix, en statuant sur le pétitoire, et
2° Dommages faits aux champs, fruits et es juges civils sur le possessoire, jugeraient
récoltes par les hommes et par les animaux. hors de leur compétence ; d'ailleurs l'action
3° Actions possessoires, et entre autres, dé pétitoire est suspendue par l'action posses
placemens de bornes, usurpations sur les soire; elle ne peut être intentée qu'après que
terres, arbres , haies, fossés ou clôtures, l'instance sur le possessoire a été terminée et
entreprises sur les arrosages, commises dans qu'après l'exécution des condamnations in
l'année. tervenues sur ce chef ( idem, art. 26).
4° Réparations locatives des maisons et fer Lorsque l'action possessoires est intentée
ImeS. pour se faire maintenir dans la possession ou
5° Indemnités dues aux locataires pour non pour venger un trouble apporté à la posses
jouissance, lorsque le fonds du droit n'est pas sion, elle se nomme complainte.
contesté, et au propriétaire pour dégrada La complainte ne peut être formée que dans
tIOnS. l'année du trouble et par ceux qui sont en
6° Enfin paiement de salaires et gages d'ou possession paisible par eux ou les leurs, à ti
vriers et domestiques, et exécution des enga tre non précaire, depuis une année au moins.
gemens contractés avec leurs maîtres. Lorsque l'action possessoire est intentée
Les juges de paix ne connaissent jamais pour recouvrer la possession d'un fonds ou
qu'en premier ressort de toutes les causes d'un droit réel dont on a été privé par vio
personnelles et mobilières dont la valeur est lence ou voies de faits, elle prend le nom de
indéterminée. réintégrande. Dans ce cas la contrainte par
corps peut être prononcée contre l'usurpateur
SECTIoN II. — Des actions possessoires. pour fe contraindre à délaisser l'immeuble à
celui qui a le droit d'en jouir ( C. c., 2060).
Les actions possessoires étant celles qui se Les cas de complainte les plus fréquens
présentent le plus souvent dans nos campa sont : 1° les usurpations par culture, plan
gnes, nous avons cru devoir offrir quelques tation , arrachis , ebranchement , élagage ,
notions un peu plus détaillées sur cette ma cueillette des fruits d'arbres ou de haies ,
tière si importante. -
creusement ou curage de fossés, construc
L'action possessoire a pour objet, soit de tion ou déplacement de bornes, etc.
faire maintenir celui qui l'exerce dans la pos 2o Le trouble dans la possession : de l'u
session d'un fonds ou d'un droit réel immobi sage et de l'habitation, de l'usufruit ou de l'u
lier, soit de le recouvrer lorsqu'on en a été sage dans les bois et forêts.
privé. - 3° Le trouble dans la possession par nou
La possession est le fait de la détention ou vel œuvre du voisin, même sur son propre
de la jouissance d'un immeuble ou d'un droit fonds, c'est-à-dire par constructions nuisi
immobilier. bles , ouvertures de vues ou fenêtres, etc.
Elle s'acquiert par la détention paisible, Mais dans ce cas, l'action possessoire doit
publique et à titre non précaire, de l'objet pos être intentée avant l'achèvement de l'œuvre ;
sédé. Elle ne peut tirer son origine d'actes car l'œuvre une fois achevée, la contestation re
clandestins ou furtifs , ni d'une jouissance tombe dans le domaine du pétitoire, et c'est
précaire, par exemple, celle qui résulte du ti le droit qui doit faire l'objet de la contesta
tre de fermier, colon, locataire ou adminis tlOIl.
t l'at eulr. 4o Trouble dans l'exercice des servitudes
Elle se perd par négligence ou défaut d'exer † dérivent de la situation des lieux, tels sont :
cice. écoulement naturel des eaux du fonds supé
La propriété est le droit de disposer comme rieur sur le fonds inférieur, le droit acn,,ºs
280 LÉGISLATION RURALE. LIV. VI•
La police rurale a pour but la tranquillité venus aux tribunaux chargés de les punir.
et la sûreté des campagnes, elle rentre dans La police judiciaire est exercée, sous l'auto
les attributions générales de la police admi rité des cours royales :
nistrative, qui tend à prévenir les crimes , 1° Par les gardes champêtres, forestiers et
délits et contraventions, et de la police judi de pêche fluviale;
ciaire, qui recherche ceux qui ont été com 2: Par les commissaires de police, dans les
mis, en rassemble les preuves et livre les pré lieux où il y en a ;
CIIAP. 3°. DU TRIBUNAL CORRECTIONNEL. 281
3° Par les maires et leurs adjoints; pris enflagrant délit, les contraventions auront
4° Par les procureurs du roi et leurs sub été commises par des personnes non domici
stituts ; - liées ou non présentes dans la commune, ou
5° Par les juges de paix;. lorsque les témoins qui doivent déposer n'y
6° Par les officiers de gendarmerie; sont pas résidens ou présens ;
7° Par les juges d'instruction (C. d'instr. 3° Des contraventions à raison desquelles
crim., 9). En général , les commissaires de la partie qui réclame conclut, pour ses dom
police sont chargés de rechercher les contra mages-intérêts, à une somme indéterminée
ventions de police (idem, art. 11); mais dans ou excédant 15 francs ;
les communes rurales les fonctions de com 4º Des contraventions forestières, poursui
missaire de police sont attribuées aux maires vies% larequête des particuliers(idem, art. 139).
et adjoints, qui, en qualité d'officiers de police Lorsque les contraventions peuvent dé
judiciaire, ne sont soumis qu'à la surveillance terminer des peines excédant 15 francs d'a
et à la juridiction des cours royales. mende ou 5 jours d'emprisonnement, elles
Les commissaires de police, et à leur dé prennent le nom de délit, et la connaissance
faut les maires et adjoints, reçoivent les rap en est réservée aux tribunaux correctionnels ;
ports, dénonciations et plaintes , relatifs aux il en est de même lorsqu'il s'agit de délits
contraventions de police; ils doivent consi forestiers ou de pêche fluviale, poursuivis à
ner dans leurs Drocès-verbaux la nature et la requête de l'Etat.
es circonstances des contraventions, le temps
et les lieux où elles auront été commises, les SECTIoN III. — De la juridiction des maires
preuves et indices à la charge de ceux qui en comme juges de police.
seront présumés coupables (idem, art. 1 1). Les
délits ruraux sont poursuivis soit d'office, La compétence des maires, comme juges de
soit par la partie lésée, d'après la plainte qu'elle police, se trouve exactement tracée par les
rend devant l'officier de police (loi du 28 sep art. 139, 140, 141 et 166 du C. d'instr. crim. ;
tembre 1791 , sect. VII, titr. I, art. 8). il en résulte que, pour que le maire puisse
connaître d'une contravention de police , il
SECTIoN Ir°. —Compétence des tribunaux de faut :
simple police. - 1° Quelle ait été commise dans l'étendue de
sa commune ; 2° que cette commune ne soit
La compétence des tribunaux de simple po pas chef-lieu de canton; 3° que les contreve
lice s'étend à tous les faits qui peuvent donner nans aient été pris en flagrant délit, ou qu'ils
lieu, soit à 15 fr. d'amende et au-dessous, soit soient résidans ou présens dans la commune ;
à 5 jours d'emprisonnement et au-dessous. 4° que les témoins y soient aussi résidans ;
La quotité des dommages-intérêts et la valeur 5° que la partie qui réclame n'ait conclu
des restitutions n'influent en rien sur la com pour ses dommages-intérêts qu'à une somme
pétence, en sorte que le tribunal peut pro déterminée qui n'excède pas 15 francs; 6" qu'il
noncer la confiscation des objets saisis et ne soit question ni de contraventions fores
statuer sur les dommages-intérêts à quelque tières, ni de † fluviale, ni d'aucune autre
ui soit attribuée soit aux tribunaux correc
somme qu'ils puissent monter, sauf l'excep
tion résultant de l'art. 166 du C. d'instr. crim. tionnels, soit au juge de paix, considéré comme
et sauf les délits forestiers et de pêche flu juge civil.
viale qui sont de la compétence des tribunaux Si l'une de ces circonstances manque, le
correctionnels. maire est incompétent.
C'est le maximum de la peine prononcée Et lors même qu'elles se trouvent toutes
par la loi qui fixe la compétence. Toutes les réunies, la contravention peut encore être
contraventions aux réglemens de police mu portée au tribunal de police du juge de paix
nicipale, pour les objets confiés à la vigilance par la partie poursuivante; car il ne faut pas
des conseils municipaux, doivent être pour perdre de vue que la compétence du maire
suivies devant les tribunaux de police. Les ré n'est jamais exclusive; dans le petit nombre de
glemens faits par l'autorité municipale peu cas où il est compétent, sa juridiction n'est
vent être attaqués devant l'autorité suprême; encore que facultative, et le juge de paix se
mais ils doivent être exécutés provisoirement, trouve toujours en concurrence avec lui.
le défaut d'homologation par l'autorité supé
rieure n'étant pas un motif suffisant pour dis SECTIoN IV. — Du tribunal correctionnel.
penser les tribunaux d'en ordonner l'exécu
tiOn.
Les tribunaux correctionnels jugent tous
les délits dont la peine excède 5 jours d'em
SECTIoN II.— De la juridiction du juge de paix, prisonnement et 15 francs d'amende. Ils ju
comme juge de police. gent aussi en dernier ressort les appels des
† rendus en simple police, lorsque
Les juges de paix connaissent de toutes les es appels de ces jugemens sont recevables.
contraventions de police commises dans l'é Ils jugent aussi les délits forestiers et de pê
tendue de leur arrondissement (C. d'instruct. che fluviale poursuivis à la requête de l'ad
crim., 139 et 140). Ils connaissent, exclusive ministration, et même ceux poursuivis par
ment aux maires : les particuliers, lorsque la peine excède 5 jours
1° Des contraventions commises dans l'é d'emprisonnement ou 15 francs d'amende.
tendue de la commune, chef-lieu du canton ; Pour déterminer la compétence, il faut avoir
2" Des contraventions commises dans les égard au maximum de l'amende qui peut être
autres communes de leur arrondissement, infligée. Lorsque l'amende et l'emprisonne
lorsque, hors le cas où les coupables auront été ment sont indéterminés, c'est encore le tribu
AGRICULTURE. TOME IV. — 36
282 LEGISLATION RURALE. LIV. VI.
nal de police correctionnelle qui est compé Si, dans les délais fixés par la loi pour for
tent; c'est aussi lui qui juge les délits de mer opposition, la partie condamnée par dé
chasse et de ports-d'armes. faut ne se présente pas, le jugement devient
Tous les jugemens rendus par les tribunaux définitif, sauf l'appel ou le recours en cassa
correctionnels, sauf ceux rendus sur l'ap tion , dans le cas où ils sont recevables; mais
pel des sentences des justices de paix, peuvent ces voies de recours ne pourraient être for
être attaqués par la voie d'appel devant les mées pendant les délais de l'opposition (idem,
cours royales. art. 150).
Au surplus, et toujours dans la vue d'éco
SECTIoN V. — Des cours de justice criminelle. nomiser les frais, l'opposition peut être for
mée par déclaration au bas de l'acte de signi
Les cours de justice criminelle ou cours fication, ou par acte notifié dans les trois jours
d'assises jugent tous les délits que les lois de la signification, outre un jour par 3 my
punissent d'une peine afflictive ou infamante ; riamètres.
par exemple, l'incendie des bâtimens ruraux. L'opposition emporte de droit citation à la
Les peines afflictives sont : 1° la mort,2° les tra première audience après l'expiration des dé
vaux forcés à perpétuité, 3° la déportation, lais, et est réputée non avenue si l'opposant
4° les travaux forcés à temps, 5° la réclusion. ne comparaît par lui-même ou par un fondé
Les peines infamantes sont : 1° le carcan,2° le de pouvoir (idem, art. 151 et 152).
bannissement, 3° la dégradation civique.
$ III. — Des témoins.
SECTIoN VI. — De la procédure en police simple
devant le juge de paix. Les témoins cités à comparaître, avant de
déposer, font serment de dire la vérité ; s'ils
La procédure de simple police, devant le ne comparaissent pas, le tribunal peut pro
juge de paix, comprend les citations, la pro noncer contre eux une amende qui n'excède
cédure proprement dite, l'audition des té pas 100 francs, et en cas de second défaut la
moins et le jugement de condamnation. contrainte par corps (idem, art. 157 ).
$ I°r.— Des citations. $ IV. — Des jugemens de condamnation.
Les citations en simple police sont , don Les jugemens définitifs de condamnation
nées dans la forme ordinaire des exploits , doivent être motivés, et les termes de la loi ap
par l'huissier de la justice de paix ; l'exploit liquée doivent y être insérés, à peine de nul
est notifié au prévenu ou à la personne civi † Il
est fait mention s'ils sont en premier
lement responsable suivant que l'un ou l'au ou en dernier ressort (idem, art. 163).
tre est cité. Si l'action est dirigée contre l'un
et l'autre, il doit être laissé copie à chacun SECTIoN VII. — Des citations en police devant
d'eux (C. d'instr. crim., 145 ). La citation le maire.
ne peut être donnée à un délai moindre de
24 heures , outre un jour par 3 myriamètres, Devant le maire, le ministère des huissiers
à peine de nullité, tant de la citation que du n'est pas nécessaire ; les citations sont faites
jugement ; cependant la nullité serait cou par un avertissement du maire, qui annonce
verte s'il était rendu un jugement en pré au défenseur le fait dont il est inculpé , le
sence du prévenu qui aurait comparu sans jour et l'heure où il doit se présenter (idem,
opposer la nullité (idem, art, 146). Les délais art. 169 ). L'avertissement peut être donné à
de citation peuvent être abrégés en vertu la réquisition de la partie lésée ou du minis
d'une permission délivrée par le juge (idem). tère public; la loi s'en rapporte à la prudence
Les parties peuvent aussi comparaître vo du maire sur les moyens de faire parvenir
lontairement sans citation et sur simple aver l'avertissement. Si la partie citée ne compa
tissement (idem, art. 147); mais le juge de paix raît pas, elle est jugée par défaut ; le juge
ne peut prononcer le défaut que contre la par ment qui intervient est susceptible d'oppo
tie régulièrement citée; si elle ne paraît pas sition. Les témoins sont aussi cités par un sim
sur l'avertissement, il faut la faire citer régu ple avertissement. Le maire ne peut donner
lièrement. audience et rendre son jugement qu'en la mai
Lorsque la citation est donnée à la requête son commune et publiquement(idem, art. 16
de la partie, elle forme par le même exploit et suiv.).
sa demande en dommages-intérêts. Si l'assi
gnation est donnée à la requête du ministère SECTIoN VIII. — De l'appel des jugemens de po
public, la partie lésée peut former sa demande lice.
en dommages-intérêts soit par un exploit
particulier, soit à l'audience en se présentant. La voie de l'appel n'est ouverte contre les
jugemens de police simple que lorsqu'ils
$ II. — De l'audience. prononcent un emprisonnement, ou que les
amendes, restitutions et autres réparations
Avant le jour de l'audience, le juge de paix civiles excèdent la somme de 5 francs outre
peut faire ou ordonner tous les actes qu'il les dépens. Les jugemens de police qui pro
juge nécessaires (idem, art. 148). Si la personne noncent des peines plus douces, ou qui n'en
citée ne comparait pas, ou si après avoir com prononcent pas du tout, ne peuvent être atla
paru elle ne propose aucune défense et ne qués que par la voie de la cassation, lorsqu'ils
prend aucune conclusion, elle doit être con violent les règles de la compétence ou les
damnée par défaut (idem, art. 149). lois oénales. La partie condamnée a seule le
CHAP. 3°. DU TRIBUNAL CORRECTIONNEL. 283
droit d'appeler. L'appel est suspensif; il doit nel sur l'appel des jugemens de police, ainsi
être porié devant le tribunal correctionnel et † sur les jugemens rendus en premier et
interjeté dans les 10 jours de la signification ernier ressort par les tribunaux correction
de la sentence (idem. art. 172 et suiv.). nels , et contre les arrêts des cours royales ;
et enfin contre ceux prononcés par les cours
SECTIoN IX. — Du recours en cassation. d'assises, pour violation des formes ou des
lois. Ce recours doit être fait dans les trois
Enfin, le recours en cassation est ouvert jours du prononcé de la sentence, par décla
contre les jugemens rendus en dernier res ration au greffe. Il doit être sursis à l'exécu
sort par le tribunal de police, ou contre les tion jusqu'à la réception de l'arrêt de cassa
jugemens rendus par le tribunal correction tion (idem, art. 177, 216, 262 et 373).
ples extraits qui contiennent les noms des par mune de leur domicile ou par son adjoint,
ties et le dispositif du jugement. visé par le sous-préfet et approuvé par le
Cette signification fait courir le délai de †
de leur département, seront mis en
l'opposition et de l'appel des jugemens par iberté après avoir subi 15 jours de détention,
défaut (loi du 21 mai 1827 , art. 209). lorsque l'amende et les autres condamnations
Le recouvrement de toutes les amendes fo pécuniaires n'excèderont pas 15 francs.
restières est confié aux receveurs de l'enre La détention ne cessera qu'au bout d'un
gistrement et des domaines. Ces receveurs mois, lorsque ces condamnations s'élèveront
sont également chargés du recouvrement des ensemble de 15 à 50 francs.
restitutions, frais et dommages-intérêts ré Elle ne durera que deux mois, quelle que
sultant des jugemens rendus pour délits et soit la quotité desdites condamnations.
contraventions dans les bois soumis au ré En cas de récidive, la durée de la détention
gime forestier (idem, art. 210). sera double de ce qu'elle eût été dans cette
Les jugemens portant condamnation à des circonstance ( idem, art. 213). Dans tous les
amendes, restitutions, dommages - intérêts cas, la détention, employée comme moyen de
et frais sont exécutoires par la voie de la con contrainte, estindépendante de la peine d'em
trainte par corps, et l'exécution peut en être prisonnement prononcée contre les condam
poursuivie 5 jours après un simple comman nés, pour tous les cas où la loi l'inflige (idem,
dement fait aux condamnés. art. 214).
En conséquence, et sur la demande du re Les jugemens contenant des condamna
ceveur de l'enregistrement et des domaines , tions en faveur des particuliers, pour répa
le procureur du roi adressera les réquisitions rations des délits ou contraventions commis
nécessaires aux agens de la force publique dans leurs bois, seront, à leur diligence, si
chargés de l'exécution des mandemens de gnifiés et exécutés suivant les mêmes formes
justice (idem, art. 211). On a pensé qu'il était et voies de contrainte que les jugemens ren
indispensable, pour que la loi pût recevoir son dus à larequête de l'administration forestière.
exécution, que les jugemens qui prononcent Le recouvrement des amendes prononcées
des peines pécuniaires fussent exécutoires par les mêmes jugemens sera opéré par les
par voie de contrainte personnelle, puisque receveurs de l'enregistrement et des domai
autrement ils ne seraient pas susceptibles nes (idem, art. 215).
d'exécution, attendu que le plus souvent ils Toutefois, les propriétaires seront tenus
sont rendus contre des personnes qui n'offrent de pourvoir à la consignation d'alimens pres
aucune propriété susceptible d'être saisie. crite par le Code de proc. civ., lorsque la dé
Les individus contre lesquels la contrainte tention aura lieu à leur requête et dans leur
par corps aura été prononcée, pour raison intérêt (idem, art. 216).
des amendes et autres condamnations et ré La mise en liberté des condamnés ainsi
parations pécuniaires, doivent subir l'effet détenus à la requête et dans l'intérêt des par
de cette contrainte, † ce qu'ils aient ticuliers ne pourra être accordée, s'ils offrent
caution ou s'ils veulent établir leur insolva
payé le montant desdites condamnations ou
fourni une caution admise par le receveur des bilité, conformément à ce que nous avons dit
domaines , ou , en cas de contestation de sa ci-dessus, qu'autant que la validité des cau
part, déclarée bonne et valable par le tribunal tions ou l'insolvabilité des condamnés aura
de l'arrondissement (idem, art. 212). été, en cas de contestation de la part desdits
Néanmoins, les condamnés qui justifieront propriétaires , jugée contradictoirement avec
de leur insolvabilité, suivant † mode pres eux ( idem, art. 217).
crit par l'art 420 du Code d'instr. crim., Tout ce qui vient d'être dit pour les délits
c'est - à - dire, qui représenteront un extrait forestiers, sur l'exécution des jugemens, la
du rôle des contributions constatant qu'ils mise en liberté sous caution ou en cas d'in
pajent moins de 6 francs, ou un certificat du solvabilité justifiée, est applicable aux délits
pércepteur de leur commune portant qu'ils de pêche fluviale (loi du 15 avril 1829, art. 75
n'y sont pas imposés; 2° un certificat d'indi et suivans).
gence à eux délivré par le maire de la com
TITRE TROISIEME.
DES PEINES. ·
D IS POSITIO N S G É N É R A L ES.
On appelle peine le châtiment que la loi peines réunies, suivant la gravité des circon
prononce contre les crimes, les délits ou les stances, et quelquefois de confiscation, sans
cOntI'aventiOnS. préjudice de l'indemnité de la partie lésée.
L'infraction que les lois punissent de pei Mais en cas de concurrence de l'amende et de
nes de police est une contravention. la confiscation dans les cas où elle est autori
L'infraction punie de peines correction sée, avec les restitutions et dommages-inté
nelles est un délit; l'infraction punie d'une rêts dus à la partie lésée sur les biens insuffi
peine atflictive ou infamante est un crime sans du condamné, la partie civile doit obte
(Code pénal, 1 ). - nir la préférence ( loi du 28 septembre 1791,
En général les délits ruraux sont punis d'a tit. II, art. 3; C. p. 54, et lettre du grand juge,
mende ou d'emprisonnement, ou de ces deux 19 mars 1808 ).
CHAP. 1er. DISPOSITIONS GENERALES. 285
Toutefois le privilége accordé † la loi du lits punis par la loi du 28 sept. 1791, aucune
5 septembre 1807 au trésor public, pour le excuse ni circonstances atténuantes (cass., 31
recouvrement des frais, prime l'indemnité octobre 1832 ) Mais la loi du 28 avril 1832,
due à la partie civile, ces frais étant censés art. 102, a modifié la généralité de cette dispo
faits dans l'intérêt de cette partie(lettre citée). sition, et l'article 463 du Code pénal, qui per
D'ailleurs nulle contravention, nul délit, nul met au juge, lorsqu'il y a des circonstancesat
crime ne peut être puni de peines qui n'é . ténuantes, de réduire l'amende et l'emprison
taient pas prononcées par la loi avant qu'ils nement, est aujourd'hui applicable à tous les
fussent commis (C. p., 4). Si le fait n'était délits # ne sont plus § unis
pas défendu par la loi on ne peut pas le pour par la loi du 28 septembre 1791 (loi du 28
suivre, quelque mauvaise que soit l'action sous avril 1832, art. 102, et nouv. C. pén, 483).
le rapport moral. L'exécution des condamnations à l'amende,
Toute tentative de crime manifestée par des restitutions, dommages-intérêts et frais, peut
actes extérieurs et suivie d'un commence être poursuivie par la voie de la contrainte
ment d'exécution, si elle n'a été suspendue par corps (C. p., 52).
ou n'a manqué son effet que par des circon Toutefois, la contrainte par corps ne peut
stances fortuites ou indépendantes de la vo être exercée que lorsque le jugement de con
lonté de l'auteur, est considérée comme le damnation est définitif, et qu'ayant été signi
crime lui-même (C. p., 2). Mais les tentati fié à la partie condamnée, avec commandement
ves de délits ne sont considérées comme dé de payer, il s'est écoulé cinq jours depuis ce
lits que dans les cas déterminés par une dis commandement sans que le condamné se soit
position † de la loi (C. p., 3).
La solidarité est de droit contre tous ceux
libéré.De plus, la partie civile qui veut exercer
cette contrainte doit consigner les alimens
ui ont été condamnés pour un même délit ; nécessaires au condamné ( loi du 17 avril
chacun d'eux peut être poursuivi pour la to 1832, tit. V).
talité des amendes, restitutions, dommages Cependant l'exercice de la contrainte par
intérêts et frais (C. p., 55 ). corps n'est que facultatif; elle n'est pas con
Les peines, pour délits ruraux, qui n'en sidérée comme une mutation ni une prolon
traînent pas, aux termes de la koi du 28 sep gation de peines, mais comme un moyen d'exé
tembre 1791, condamnation à une amende cution autorisée par la loi pour parvenir au
excédant trois journées de travail, doivent être recouvrement des amendes et autres condam
doublées en cas de récidive ou si le délit a été nations pécuniaires. L'état ou la partie civile
commis avant le lever ou après le coucher du peuvent donc en exercer ou en suspendre les
soleil, et triplées si ces deux circonstances se effets (circulaire du ministre de la justice,
trouvent jointes (loi du 28 septembre 1791 , 1er août 1812).
tit. II, art. 4 ). Si le condamné prouve son insolvabilité con
Depuis la loi du 23 thermidor an IV, les formément à l'art 420 du C. d'instr. crim., il
amendes prononcées par la loi du 28 septem peut être mis en liberté après avoir subi la
bre 1791 ne peuvent être au dessous de trois contrainte pendant les délais et suivant les
journées de travail ou de trois jours d'em distinctions établies par l'art. 33 de la loi du 17
prisonnement ( C. de cass. , 19 messidor an avril 1832.
VII et 24 avril 1807 ); et aux termes de la loi La durée de la détention doit toujours être
du 23 juillet 1820, art. 28, le prix de la jour fixée par le jugement qui doit la prononcer
née de travail doit être fixé chaque année par ( loi citée, art. 39 et 40 ).
les conseils généraux des départemens, sur la Le directeur de l'enregistrement peut tou
proposition du préfet ; elle ne peut être au †abréger la durée de la peine lorsqu'iI
dessous de 50 c., ni excéder 1 fr. 50 c. e juge utile aux intérêts de l'état , sauf le
La cour de cassation a aussi décidé que la droit de reprendre la contrainte par corps
peine des délits graves, que la loi du 28 sep s'il survient au condamné quelques moyens
tembre 1791 déclarait être double de celle de solvabilité (C. p., 53).
des délits simples, avait également été portée C'est donc au directeur de l'enregistrement
au double de celle fixée par la loi du 23 ther et des domaines que doivent être adressées les
midor an IV, c'est-à-dire à six jours d'empri réclamations des condamnés, par voie de pé
sonnement et à six jours de travail (Dalloz, tition, avec les pièces à l'appui.
p.756, verso, Délit rural ). . -
Les peines de simple police sont : 1° l'em
La loi en général n'a pas puni et ne pouvait prisonnement, 2° l'amende, 3° la confiscation
punir avec la même rigueur les délits qui atta des objets lorsque la loi autorise (C. pén.,
uent les propriétés rurales que celles situées 464). L'emprisonnement pour contravention
† villes, mais elle a voulu qu'aucune con de police ne peut être moindre d'un jour ni
travention ou délit rural ne restât impuni. excéder 5 jours (idem, art. 465), et le con
Dans cette vue elle ainvesti le ministère public damné ne peut être détenu pour cet objet
du droit d'action, nonobstant le silence de la †
de 15 jours, s'il justifie de son insolva
partie lésée.De plus, elle n'admet pour les dé ilité (idem , art. 467).
Les amendes pour contravention sont pro 1re Classe. — Sont punis d'une amende de
noncées depuis 1 franc jusqu'à 15 francs in 1 à 5 francs, 1° ceux qui embarrassent la voie
clusivement , selon les classes ci-après spéci publique en y déposant ou laissant sans né
fiées, et doivent être appliquées au profit des cessité des matériaux ou des choses quelcon
communes où la contravention a été commise ques qui empêchent ou qui diminuent lasûreté
(idem, art. 466). ou la liberté du passage (loi du 28 avril 1832
286 LÉGISLATION RURALE. I.IV. V 1.
art.95, et nouv. L. p., 47 1). L'embarras des che modifié par le préfet (arrêt de la cour de cass.
mins qui ne servent qu'à l'exploitation des ter du 20 pluviôse an XII, 1°r février 1822 et 9
res, ou même l'exposition sur la voie publique mai 1828).
de fumiers, lorsqu'il n'existe pas de réglemens 4° Ceux qui auront jeté ou exposé au-de
qui le défendent, n'est pas une contravention vant de leurs édifices des choses de nature à
punissable (Cass., 19 nivôse an X et 18 mai nuire par leur chute ou par des exhalaisons
1810). Si la contravention a été commise sur insalubres (C. p., 471 ).
une granderoute, elle est de la compétence des S'il résultait de la chute de ces choses ex
conseils de préfecture, aux termes de la loi posées au-devant des édifices quelque dom
du 29 floréal an X, art. 1, 2, 3 et 4, qui con mage, l'amende serait de 16 à 100 fr. et l'em
fie à ces conseils tout le contentieux des prisonnement de 6 jours à 6 mois, aux termes
grandes routes. des articles 319 et 320 du C. pén. ( C. de
2° Ceux qui laissent dans les champs, rues cass., 20 juin 1812). Celui qui dépose dans sa
ou chemins publics, des coutres de charrues, cour, et près des fenêtres de son voisin , ses
pinces, barres, barreaux ou autres machines fumiers ne commet pas un délit (C. de cass..
dont pourraient abuser des malfaiteurs (idem). 18 germinal an X). Toutefois, l'action de la
3° Ceux qui ne se conforment pas aux ar police municipale ne s'exerce pas seulement
rêtés conformes aux lois, publiés par l'auto sur les rues, lieux et édifices publics; elle
rité municipale (loi du 28 avril 1832, art. 95). eut aussi s'étendre sur les matières insalu
La loi du 14-22 décembre 1789, art. 50, place res amassées dans l'intérieur des habitations
dans les attributions des autorités munici (Cass., 6 février 1823).
ales le soin de faire jouir les habitans d'une 2° Classe.—Sont punis d'une amende de 6 fr.
l§e police pour la sûreté et la salubrité des à 10 fr. : 1° ceux qui jettent des pierres, des
rues et édifices publics; la loi du 16-24 août corps durs ou des immondices dans les en
1790 contient l'énumération des objets con clos, les jardins, ou contre les clôtures ou sur
fiés à la vigilance et à l'autorité des conseils † ; 2° ceux qui exposent en vente
municipaux; enfin la loi du 19-21 juillet 1791 es boissons falsifiées, comestibles gâtés ou
les autorise à faire des arrêtés sur ces obiets. nuisibles (loi du 28 avril 1832, art. 96 et C.
On peut voir aussi l'arrêté des consuls du 12 p., 475).
messidor an VIII, qui peut être considéré 3° Classe.— Sous cette classe le Code pénal
comme le meilleur commentaire de la loi du et la loi du 28 avril 1832 comprennent toutes
16-24 août 1790. Les réclamations des citoyens les contraventions de police punies d'amende
contre les arrêtés des conseils municipaux de 11 à 15 fr.; mais toutes ces contraventions
doivent être portées devant le préfet; mais rentrant dans la catégorie de celles que nous
l'arrêté doit être exécuté provisoirement, et classons sous le chapitre suivant, nous ren
il subsiste tant qu'il n'a pas été annulé ou voyons à ce chapitre.
cipaux n'aient aussi le droit de publier des die ou d'autres accidens (loi du 28 septembre .
réglemens à cet égard et d'appliquer aux con 1791, titre II, art. 9). Il est également défendu
trevenans les peines de police. Mais cette opé d'allumer des feux dans les champs à moins de
ration, pour être utile, doit être simultanée ; 100 mètres ( 50 toises environ) des maisons,
il serait donc à désirer qu'une loi vînt promp édifices, bruyères, vergers, plantations, bois,
tement déterminer les mesures générales que meules , tas de grains, pailles, foin, fourra
l'on doit prendre pour la destruction de ces § ou de tous autres dépôts de matières com
plantes. ustibles, à peine d'une amende de 12 jour
Le ministre du commerce, éveillé par les nées de travail (idem, art. 10). Les disposi
plaintes qu'excitent à juste titre la multipli tions ci-dessus ont pour but de prévenir les
cation des animaux et des plantes nuisibles accidens; mais lorsque ces négligences ont
à l'agriculture, a proposé d'autoriser les mai occasionné l'incendie de quelques propriétés
res à faire, sous l'approbation des préfets, mobilières ou immobilières, l'amende est de
des réglemens pour prescrire la destruction 50 fr. au moins et de 500 fr. au plus, sans pré
de ces animaux, insectes et plantes. Les con
seils municipaux pourraient aussi, ajoute-t-il,
† de la réparation du dommage (C. pén.,
458 ).
accorder des primes spéciales à l'effet d'as
SECTIoN V. — Des incendies.
surer cette destruction. Ces primes spéciales
seraient prélevées sur les revenus de la com Le crime d'incendie que DUMoNT en créant
mune : on pourrait dans certains cas recourir un mot nouveau, appelle incendiat, a mérité
à un rôle extraordinaire sur les propriétaires
de chaque territoire. Les contraventions aux la juste sévérité du législateur, par les consé
arrêtés pris par les maires seraient punies quences affreuses qu'il produit; la loi du 28
avril 1832 a puni ce crime suivant les dis
des peines portées par l'art. 471 du Code pé tinctions suivantes : lorsqu'il a été occasionné
nal ; en cas de récidive, l'art. 474 serait appli volontairement ou avec préméditation.
cable (circulaire du 4 septembre 1835). Ces L'incendie des bâtimens, magasins ou chan
mesures seraient bonnes, sans doute , mais
nous pensons qu'elles seraient insuffisantes. tiers, s'ils servent à l'habitation, est puni de
Dans † actuel de nos lois, les maires ont mort. Si les bâtimens ne sont pas habités , si
le droit, au moins c'est notre opinion, de ce sont des bois ou des récoltes sur pied ap
faire les réglemens nécessaires à cet égard et partenant à autrui, la peine est celle des ga
de prononcer contre les contrevenans † pei lères à perpétuité; si les objets appartenaient
au coupable et qu'il ne les ait incendiés que
nes de simple police, et cependant ces me pour nuire à autrui, il est puni des travaux
sures de † sont presque partout né forcés à temps.
gligées. Il vaudrait mieux que la loi considé Ceux qui incendient les récoltes abattues,
rât ces négligences comme de véritables des bois en tas ou en cordes, qui ne leur
contraventions et les déclarât punissables,
sauf à confier aux préfets le soin de publier appartiennent pas, sont punis des travaux for
cés à temps; s'ils leur appartiennent et qu'ils
les réglemens locaux, pour que ces mesures aient volontairement causé en les brûlant un
qui ne peuvent être efficaces qu'autant qu'el préjudice à autrui, la peine est celle de la ré
les sont simultanées et faites en temps utile, clusion.
aient lieu aux époques qu'ils fixeraient. Il En tous cas, si l'incendie a causé la mort
faudrait aussi que les cantonniers fussent d'une ou plusieurs personnes se trouvant sur
chargés de la destruction des plantes et ani les lieux incendiés, au moment où l'incendie
maux nuisibles le long des routes et chemins. a éclaté, la peine est la mort ( loi du 28 avril,
En Angleterre, à la requisition du consta
ble on peut citer devant les assises ceux qui 1832, art. 92, et nouv. C. p., 434).
laissent croître dans leurs champs le chardon, SECTIoN VI.— Des inondations d'héritage.
le pas-d'âne, etc. ; la cour § que ces
plantes nuisibles seront arrachées, et en cas L'inondation est un délit d'une nature ana
de désobéissance le contrevenant est condam logue au crime d'incendie ; ses résultats sont
né à une amende qui ne peut excéder 10 livres souvent plus funestes encore. Dans les pays
sterlings; la moitié de cette amende appar coupés de canaux, où la surface des eaux est
tient à celui qui dénonce la contravention et souvent supérieure aux terres environnantes,
l'autre moitié aux pauvres. en un instant moissons, bestiaux , hommes,
tout est englouti par ce terrible élément; et si
SECTIoN IV. — Des négligences contre le feu. les peines qui répriment ce crime ne sont pas
aussi sévères que celles prononcées contre le
Ceux qui négligent de faire réparer leurs crime d'incendie, c'est que nous n'avons pas
fours, cheminées ou usines à feu, sont punis en France, en raison de la situation de notre
d'une amende de 1 à 5 fr. exclusivement (C. sol, autant à redouter le ravage des eaux.
pén., 471 ). Il est donc défendu d'inonder l'héritage
A cet effet les maires et adjoints sont te de son voisin et de lui transmettre volontai
nus de faire, au moins une fois l'an , la visite rement des eaux d'une manière nuisible, à
des fours et cheminées de toutes les maisons peine de payer ie dommage, et d'une amende
et de tous les bâtimens éloignés de moins de qui ne peut excéder la valeur du dommage
100 toises des autres habitations. Ces visites ( loi du 28 septembre 1791, titre II, art. 15).
solit annoncées au moins 8 jours à l'avance. De plus, les propriétaires, fermiers ou tou
· D'après ces visites, ils doivent ordonner la tes autres personnes jouissant de moulins,
réparation ou la destruction des fours et che usines et étangs qui, par l'élévation du déver
minées qui se trouveront dans un état de dé soir de leurs eaux au-dessus de la hauteur dé
lâbrement qui pourrait occasionner un incen terminée par l'autorité compétente, auraient
288 LEGISLATION RURALE. LIV. VI.
inondé les chemins ou propriétés d'autrui, que exclusivement des inondations commises
seront punis d'une amende qui ne pourra excé par imprudence et non de celles faites de des
der le quart des restitutions, dommages-in sein prémédité. Toutefois, sil'inondation pré
térêts, ni être au-dessous de 50 fr. S'il est ré méditée avait occasionné la mort d'un ou plu
sulté du fait quelques dégradations, la peine sieurs individus, la peine qui devrait être
est, outre l'amende, un emprisonnement de prononcée serait celle portée par la loi contre
six jours à un mois (C. pén., 457 ). l'homicide ou le meurtre.
L'interprétation de ces deux articles a donné
lieu à quelques difficultés. Mais aujourd'hui SECTIoN VII. — Dommages aux clôtures.
il est reconnu que l'article 15 de la loi du 28
septembre 1791 n'est pas abrogé par l'article Il est défendu de combler les fossés, de dé
457 du Code pénal, et qu'il reste applicable à truire les clôtures † qu'elles soient, de
tout fait d'inondation ou de transmission couper ou arrachers les haies vives ou sèches,
d'eau d'une manière nuisible, autre que ce de déplacer ou supprimer les bornes ou pieds
lui où, en conformité de l'article 457 du Code corniers, ou autres arbres servant de limites
† la hauteur du déversoir a été fixée par entre les héritages, à peine d'un emprisonne
ment † ne peut être au-dessous d'un mois
'autoritéadministrative (Cass.23 janvier 1819).
Si la hauteur du déversoir n'a pas été dé ni excéder une année, et d'une amende égale
terminée par l'autorité administrative, c'est à au quart des restitutions et dommages-inté
cette autorité que les voisins doivent s'adres rêts qui dans aucun cas ne peut être au-des
ser pour en obtenir la fixation; et si cette fi sous de 50 fr. (C. pén., 456). Mais pour qu'il y
xation leur cause des craintes, c'est à la mê ait délit, il faut que la destruction de la clô
me autorité qu'ils doivent en demander le ture ait lieu de la part d'un individu qui n'au
changement. Si c'est le propriétaire des eaux rait ou †
ne prétendrait aucun droit sur le
lui-même qui croit avoir à se plaindre de cette sol. La destruction de la clôture de la part de
fixation, il doit aussi s'adresser à cette auto celui # se prétend propriétaire ne pourrait
rité, en commençant toutefois par obéir caractériser ce délit, si la partie plaignante
provisoirement à l'arrêté administratif. n'avait pas elle-même la présomption légale
Pour qu'il y ait lieu à l'application de l'arti de la propriété par la possession annale du
cle 457 du Code pénal, il ne suffit pas que le même sol. Ainsi, le propriétaire qui détruit
† ait tenu ses eaux au-dessus de la un mur construit sur son sol par un voisin
auteur fixée par l'autorité compétente, il faut usurpateur, avant que ce voisin en ait joui
encore qu'il y ait eu inondation de la† riété un an, commet une voie de fait, mais non
et du champ d'autrui. Si la hauteur du déver pas un délit; le tribunal correctionnel doit en
soir au-dessus du niveau fixé donnait des crain ce cas ordonner le sursis jusqu'à ce qu'il ait
tes aux voisins, ils n'auraient qu'une action ci été statué sur la question d, § ( Cass.
vile pour faire réduire les eaux à la hauteur fixée 8 janvier 1813 ).
par l'autorité. C'est devant les tribunaux qu'ils Les mêmes peines sont applicables à celui
devraient porter leur action dans ce cas; c'est qui, à l'aide d'un instrument † fer, a forcé la
également à eux qu'ils doivent s'adresser pour porte du cellier d'un , gardien établi à une
obtenir la réparation du préjudice qu'ils ont saisie-exécution, ce fait opérant en partie la
éprouvé(voy. CARNoT, sur l'article 457, et Cass. destruction de l'une des clôtures du gardien
11 et 19 juillet 1826). (Cass. 29 octobre 1813 ). Elles sont également
Le dommage causé à l'héritage d'autrui par applicables au fait de celui qui a brisé une
la transmission d'eaux qui lui seraient nuisi porte servant de clôture, ne fût-ce que pour
bles cesse d'être un délit, s'il est le résultat du s'introduire dans la propriété d'autrui (idem).
légitime exercice d'un droit accordé par la loi, Elles sont aussi applicables à celui qui, pour
ou acquis légalement; par exemple, s'il avait commettre une anticipation sur un chemin
été commis en exécution d'un réglement ar public, déplace une borne (Cass. 18 juillet
rêté par le préfet sur le cours de ces eaux, ou 1822); mais l'art. 456 du C. pén. n'est pas ap
bien en vertu de titres établissant le mode de plicable à la destruction des pieds corniers
artage et de distribution de ces eaux entre faisant partie des bois et forêts; ce délit doit
e prévenu et le propriétaire du fonds endom être puni conformément aux dispositions du
magé. Il est également certain qu'un proprié Code forestier (Cass. 9 mai 1812).
taire qui, en faisant des ouvrages purement Mais si le dommage avait été fait par un
défensifs pour empêcher les eaux d'envahir voyageur et qu'il fût léger de manière à ne
sa propriété, les ferait refluer sur l'héritage pas pouvoir être considéré comme destruc
d'autrui, ne serait pas passible de dommages tion partielle, nous pensons qu'il faudrait alors
intérêts, sauf les droits acquis par titre ou par appliquer non pas les dispositions de l'art. 456
prescription, et sauf les servitudes naturelles du C. pén., mais bien l'art. 41, titre II, de la
reconnues par la loi. loi du 28 septembre 1791 , ainsi conçu : « Le
Si le délit avait été commis par un garde voyageur qui déclôt un champ pour passer
champêtre, de pêche ou forestier, la peine doit payer le dommage et une amende de la
d'emprisonnement serait d'un mois au moins, valeur de 3 journées de travail ; mais s'il était
et d'un tiers au plus en sus de la plus forte pei reconnu que le chemin était impraticable, les
ne prononcée contre tout autre coupable du dommages et les frais de reclôture seraient à
même délit( idem, art. 462 ). la charge de la commune.» Cette dernière dis
position, ayant pour but de prévenir des né
La loi, comme on le voit, ne prononce contre
le délit d'inondation que des dommages-inté gligences si nuisibles à la circulation et aux
rêts proportionnés au dégât, et un emprisonne intérêts des habitans des communes, doit être
ment de peu de durée; il faut donc reconnaître appliquée avec rigueur.
qu'il y a lacune, puisque la loi s'occupe pres
CIIAP. 2°. DES DOMMAGES AUX CHAMPS. 289
SECTIoN VIII. - Dommages aux champs, | tiaux sur le terrain d'autrui constitue un délit
rural, abstraction faite du dommage qui peut
plants et récoltes. avoir été causé par cette négligence.C'estladoc
trine consacrée par la cour de cassation par di
Parmi les faits punis par les lois il faut pla Vers arrêts (15 février 1811,23 décembre 1814
cer ceux qui portent atteinte aux champs, 27 août 1819 et 1" février 1822). De lus, les
aux fruits et aux récoltes; quelques-uns de dégâts que les bestiaux de toute espèce, iais
ces faits ne sont que de simples contraven sés à l'abandon, feront sur les propriétés
tions justiciables des tribunaux de simple po d'autrui, soit dans l'enceinte des habitations
lice, mais les autres sont de véritables délits soit dans un enclos rural, soit dans les champs
qui sont de la compétence des tribunaux cor ouyerts, seront payés par les personnes qui ont
rectionnels, ou des crimes dont la connais la jouissance des bestiaux; si elles sont i§
sance appartient aux cours d'assises. vables, ces dégâts doivent être payés par celles
ui en ont , la propriété. Le propriétaire qui
$ I°r. — Délit de passage et de pâturage des bestiaux Prouvera , le dommage aura le droit §
sur le terrain d'autrui. #aisir les, bestiaux, sous l'obligation de l§
faire conduire, dans les 24 heures, au lieu
Il est défendu à ceux qui ne sont ni pro de dépôt qui aura été désigné par le mai§
priétaires, ni usufruitiers, ni locataires, ni fer Si les bestiaux ne sont pas r lamés, ou si
miers, ne jouissant d'un terrain ou d'un droit le dommage n'a Pas été payé dans la huitaine
de passage. ou qui, n'étant ni agens ni préposés du jour du délit, il sera satisfait au dégât
de ces personnes, d'entrer ou de passer sur ce † la vente des bestiaux ; si ce sont de§ §
terrain ou sur une partie de ce terrain, s'il est ailles, de quelque espèce que ce soit, qui cau
préparé ou ensemencé, à peine d'une amende de sent le dommage, le détenteur ou le ferm§r
1 à 5 francs (loi du 28 avril 1832 art. 95, et n. qui l'éprouvera pourra les tuer, mais s§
C. p., 471, n° 13). Il a même été jugé que des ment sur les lieux, au moment du dégât ( loi
gendarmes, qui étaient entrés dans un champ du 28 septembre 1791, tit. II, art. 2 Tou
ensemencé pour poursuivre un déserteur, pou tefois , pour que la jurisprudence de la co§r
vaient être traduits devant les tribunaux de de cassation, qui considère comme un dé§
police et punis conformément à la loi (Cass. fait d'abandon et autorise le juge à appliquer
26 février 1825). Le même article punit de la les peines de simple police, malgré le silence
même peine ceux qui auront laissé passer leurs de l'article cité, puisse recevoir son applica
bestiaux ou leurs bêtes de trait, de charge ou tion, il faut qu'on puisse imputer ce fºit à a
de monture sur le terrain d'autrui, avant l'en faute ou à la négligence du maitre ou du gar
lèvement des récoltes (idem, n° 14). dien; autrement il perdrait son caractère e
Mais si le terrain était chargé de grains en contl'avention, et l'action civile seule res
tuyaux ou de raisins, ou autres fruits mûrs terait ouverte à celui qui aurait éprouvé quel
ou voisins de la maturité, le délit devient plus que dommage.
grave et la peine est alors de 6 fr. à 10 fr. ex Le fait d andon au uel n'a pas participé le
clusivement (loi du 28 avril 1832, article 96, maitre ou gardien † prend le nom
n° 9, et n. C. p., 475). d'échappée. Le † CAPPEAU, dans l'ou
La même peine est prononcée contre ceux Vrage qu'il a publié sur la législation rurale
qui auraient fait ou laissé passer des bestiaux,
animaux de trait, de charge ou de monture,
# plusieurs sortes d'échappées(T iii !
p.264) :
sur le terrain d'autrui, ensemencé ou chargé Celle des bestiaux qui, effarouchés et ani
d'une récolte, en quelque saison que ce soit, més par, la piqûre des insectes, dans §e
ou dans un bois taillis appartenant à autrui rande chaleur,
'autrui ; se sont jetés dans l'héri§ b
(idem, art, 96, n° 10 et n. C. p., 475).
Les prairies, étant dans un état de produc Celle des bêtes qui se détachent d'un trou
tion permanente, doivent être considérées peau dont elles font partie, quittent le §
comme chargées de fruits en tous temps (Cass.
23 mars 1821 ). -
min † #uit et s'introduisent dans les pro
priétés voisines ; -
· En outre, l'art. 97 ou n. C. p., 476 de lamême Enfin celle des bestiaux poursuivis ou ef
loi permet au juge, suivant les circonstances, frayés par quelque animal ou quelque acci
de prononcer, outre l'amende ci-dessus fixée, dent extraordinaire, tel qu'un violent coup de
l'emprisonnement, pendant trois jours au plus, tonnerre ou de fusil.
contre les rouliers, charretiers , voituriers et Dans ces divers cas, il n'est jamais dû d'a
conducteurs en contravention.
mende
Pour qu'il y ait lieu à l'application des pei les si le gardien fait tous ses effort p§r
ramener; mais nous PenSOnS avec le même
nes ci-dessus, il faut que le terrain soit pré auteur que, quelle que soit la cause de l'é§.
paré ou ensemencé, autrement le fait de nement, il est dû une réparation au propÈié
passage n'aurait plus le caractère d'une con taire du terrain, sauf son recours, s'il y a lieu
travention , sauf le droit appartenant toujours contre ceux qui ont occasionné le domm§
à celui dont il blesserait les intérêts de
et lors même que ce serait le résultat §
poursuivre, par la voie civile , la réparation accident météorologique, il semble plus juste
du dommage qu'il aurait éprouvé. que ce soit plutôt le propriétaire de l'a§
La loi ne punit pas seulement de peines de que celui du champ endommagé qui doive
police l'intention coupable; la simple négli supporter le dommage.
ence donne lieu à l'application de ces peines, Sous la dénomination de bestiaux, il est
ors même qu'il n'en serait résuité aucun dom
évident qu'on ne saurait comprendre les pi
mage pour les propriétés d'autrui geons, qui, par leur nature, sont voués à la
Abandon. Ainsi, le simple abandon de bes divagation ; il n'est pas non plus permis de
AG R ICII LTURE. 88° livraison. TOME IV. - 37
290 LEGISLATION RURALE. LIV. VI.
les comprendre sous la dénomination de vo est punissable conformément aux lois fores
lailles, qui ne s'applique qu'aux oiseaux qu'on tieres (voy. ci-après délits forestiers).
tient dans les basses-cours en état de domes Passage. Quelquefois le passage des bestiaux
ticité. Les lapins de garennes, comme les pi est l'exercice d'une servitude légale, par exem
geons, jouissent également de leur liberté na ple, dans les pays soumis au parcours et à lavai
turelle; les dégâts qu'ils commettraient ne ne pâture, ou bien dans le cas de l'article 632
peuvent rentrer dans l'application de cet ar du Code civil, à savoir lorsque le fonds est en
iicle(voy. les mots Pigeons, titre I", chap. II, clavé ou qu'il n'y a aucune issue sur la voie
Vi# publique. Dans ces deux cas le passage est de
$ II, et Réparations civiles, titre I", chap.
mais on comprend sous cette dénomination droit, mais il y aurait délit si celui qui a droit
tous les animaux de basse-cour. d'user de ces servitudes aggravait la position
Le propriétaire qui a tué des volailles trou de l'héritage soumis à ce droit en ralentissant
vées en délit sur son champ doit les laisser la marche de ses troupeaux pour les faire pâ
sur le terrain, pour faire preuve qu'il ne les a turer. C'est ce délit que l'art. 25, titre II de la
pas tuées par esprit de cupidité; et même, si loi du 28 septembre 1791, punit dans les ter
ces volailles sont en grand nombre, il n'en II16ºS SUlIVaIlS. -
doit tuer que quelques-unes (FoURNEL, lois « Les conducteurs de bestiaux revenant
rurales, t. II, p. 234). L'abus qu'il ferait de des foires, ou les menant d'un lieu à un autre,
son droit pourrait dégénérer en délit, surtout même dans les pays de parcours et de vaine
si, après avoir détruit ces animaux, il les avait âture, ne pourront les laisser pacager sur
enlevés. -
es terres des particuliers ni sur ſes commu
Dépaissance. Le fait de dépaissance ou de pâtu naux, sous peine d'une amende de la valeur
rage des bestiaux dans le terrain d'autrui cons de deux journées de travail, en outre du dé
titue un délit d'une nature particulière, qui est dommagement, si le dommage est fait sur un
puni par l'art. 100 de la loidu28 avril 1832, nº 10, terrain ensemencé ou qui n'a pas été dépouillé
ou n. C. p.,479, ainsi conçu : « Ceux qui mène de sa récolte, ou dans un enclos rural ».
ront surle terraind'autrui des bestiaux de quel A défaut de paiement les bestiaux pourront
que nature qu'ils soient, et notamment dans les être vendus, jusqu'à concurrence de ce qui
prairies artificielles, dans les vignes, oseraies, sera dù pour indemnité, l'amende et autres
dans les plants de câpriers, dans ceux d'oliviers, frais relatifs; il pourra même y avoir lieu en
de mûriers, de grenadiers, d'orangers et d'ar vers les conducteurs à la détention de police
bres du même genre, dans tous les plants municipale, suivant les circonstances.
ou pépinières d'arbres fruitiers ou autres Chèvres. Les chèvres, broutant les bourgeons
faits de main d'homme, seront punis d'une des arbres et arbrisseaux, ont dû être l'objet
amende de 11 francs à 15 francs inclusive d'une surveillance particulière; il est donc dé
ment.» fendu, dans les lieux qui ne sont sujets ni au
Mener des bestiaux sur le terrain d'autrui parcours ni à la vaine pâture, de mener aucune
ne peut avoir d'autre signification que de les chèvre ou bouc sur l'héritage d'autrui, lors
même # ne serait ni préparé ni ensemencé,
y faire pâturer ; c'est ainsi que la cour de cas
sation l'a compris dans son arrêt du 3 juin contre le gré du J† de l'héritage, à
1826. L'art. 100 de la loi du 28 avril 1832 doit peine d'amende d'une journée de travail par
donc s'appliquer à la dépaissanee et au pâtu chaque tête d'animal.
rage indûment exercé par des bestiaux sur le Dans les pays de parcours et de vaine pâture
terrain d'autrui. où les chèvres ne sont pas rassemblées et
Garde à vue. Mais nous ne pensons pas que la conduites en troupeau commun, celui qui au
garde à vue des bestiaux,dans les récoltes d'au ra des troupeaux de cette espèce ne pourra les
mener au champ qu'attachés, sous peine de la
trui, qui constitue un délit plus grave, soit com même amende.
pris dans les dispositions de cet article; il reste
soumis aux dispositions de l'art. 26, tit. II de En cas de dommage aux arbres fruitiers ou
la loi du 28 septembre 1791, ainsi conçu : autres, haies, vignes, jardins, l'amende sera
« Quiconque sera trouvé gardant à vue ses double, sans préjudice du dédommagement
bestiaux dans les récoltes d'autrui sera con dû au propriétaire. Il est entendu que le mot
damné, en outre le paiement du dommage, à chèvres s'applique aussi aux boucs (loi du 28
une amende égale à la somme du dédomma sept. 1791, titre II, art. 18, et cass., 1er août
gement, et pourra l'être, suivant les circons 1811).
La commission nommée par le roi, en 1835,
-
tances, à une détention qui ne pourra excéder pour préparer les bases d'un nouveau code
une année ».
Le délit prévu par cet article se distingue rural, a pensé qu'il était nécessaire de modi
des faits d'abandon, de passage et de pâturage, fier ces dispositions.Jusqu'à présent on avait
cru que les chèvres ne pouvaient prospé
parce qu'il suppose non-seulement le concours rer qu'en liberté; mais l'expérience a prouvé
réfléchi de la personne sous la garde de la le contraire, aux environs de Lyon, où les
quelle se trouvent les bestiaux, mais encore chèvres sontet,nourries
sa présence actuelle sur le lieu même du dé à l'étable, on n'a pas
†le.et remarqué que ce nouveau système d'hy
sa persistance dans une action coupa giène ait nui ni à la santé de ces animaux ni
à l'abondance du lait. Quoi qu'il en soit, la
D'ailleurs, pour donner lieu à l'application commission a pensé qu'il serait utile de défen
de ces peines, il importe peu que la récolte dre pour l'avenir
soit encore adhérente au sol,. ou qu'elle en toute formation d'un trou
peau commun de chèvres, si ce n'est en vertu
ait été détachée, pourvu qu'elle n'ait pas en d'un
core été enlevée. -
arrêté du préfet, rendu sur l'avis confor
détermi
Lorsque le terrain sur lequel les bestiaux me du conseil municipal. L'arrêté
ont été trouvés est en nature de bois, le délit nerait alors les propriétés communales où le
DU GLANAGE. t
oMAP. 2e. 291
troupeau pourrait être conduit; l'accès de ciale les objets que les cultivateurs laissent
toutes propriétés particulières demeurerait dans les champs pour continuer leurs travaux.
interdit sauf le consentement du propriétaire. Ainsi, toute rupture ou destruction d'usten
Dans les troupeaux communs les chèvres ne siles d'agriculture, de parcs de bestiaux, de
ourraient être mêlées avec d'autres animaux; cabanes † gardiens, est punie d'un emprison
hors du troupeau, elles ne devraient être con nement d'un mois au moins et d'un an au
duites au pâturage qu'à la corde, et partout lus, et d'une amende qui ne pourra excéder
ailleurs dans les propriétés closes, elles de e quart des restitutions, dommages-intérêts,
vraient être attachées à un piquet. Ces mesu ni être au-dessous de 16 francs (C. pén., 451
res utiles seront probablement adoptées par la et 455). C'est la destruction rendue plus fa
législature. cile par la nécessité d'abandonner ces objets
La loi ne prononçant aucune peine contre à la foi publique que la loi a voulu punir. Si
les bergers qui laisseraient brouter les haies donc ils avaient été mis en lieu de sûreté,
vives à leurs troupeaux, on ne peut étendre u'ils eussent été placés dans un cellier ou
aux bêtes à laine ſes dispositions pénales de § un bâtiment, ces peines ne seraient plus
l'article qui précède, sauf toujours l'action applicables, et nous pensons qu'il n'y aurait
du propriétaire, s'il y a eu dommage appré plus qu'une action en dommages-intérêts, à
ciable (cass., 9 juin 1809). moins que les circonstances ne donnassent à
cette action un autre caractère de crimina
$ II. — Coupe ou destruction de grains et de four lité.
rages appartenant à autrui , et dévastation de
récoltes. $ IV. — Du glanage, râtelage et grapillage.
Maintenant nous arrivons à une autre série Les dispositions de nos lois sur le glanage
de délits, qui suppose non-seulement l'inten ont pour objet de donner à la classe pauvre la
tion mais encore le fait actuel du coupable, et faculté de ramasser les épis épars que les mois
qui parconséquent est puni de peines plus sé sonneurs laissent échapper des gerbes, et ce
vères. pendant d'empêcher que ce ne soit une occa
Ainsi, quiconque aura coupé des grains et sion de dérober avec plus de facilité une
des fourrages qu'il sait appartenir à autrui est partie des récoltes.
puni d'un emprisonnement de six jours à deux L'obligation de laisser les champs et les vi
mois (C. p., 449 ). La peine devient même plus † ouverts au glanage, râtelage et grapil
ſorte et l'emprisonnement peut être de vingt age est fondée sur l'humanité et la religion ;
jours à quatre mois, s'il a été coupé du grain elle était imposée par la loi de Moïse (Lévit.,
en vert (C. p., 450.) cap. IX, v. 9); elle forme, depuis un temps
Mais pour † y ait lieu à l'application de immémorial, le droit commun de la France.
ces peines, il faut qu'il † ait eu intention ma Une ordonnance de saint LoUIs en faisait un
nifeste de s'approprier les grains ou les four devoir exprès, et l'assemblée constituante,
rages coupés. Celui qui aurait seulement dé dans un §te du 16 août 1790, appelle le gla
truit ou coupé quelques petites parties de blé nage le patrimoine du pauvre. Le glanage est
en vert ou autres productions de la terre, sans restreint à la classe des vieillards pauvres ou
intention manifeste de les voler, resterait sou infirmes, aux femmes et petits enfans. Les
mis aux dispositions de la loi du 28 septem maires peuvent à cet égard prendre les arrê
bre 1791, titre II, art. 28, qui porte que le con tés qu'ils jugent nécessaires pour faire tour
trevenant doit payer en dédommagement, au ner ſe bénéfice du glanage au profit des per
† une somme égale à la valeur de sonnes qui en ont le plus besoin. Les préfets
'objet dans sa maturité, et une amende égale ont le même droit (MERLIN, Répertoire, voy.
au dédommagement. Chaumage).
Celui qui dévaste des récoltes sur pied ou Le glanage et le râtelage ne s'exercent dans
des plants venus naturellement ou faits de les champs que lorsque la récolte a été entiè
main d'homme est puni d'un emprisonnement ment enlevée ; et ceux qui, sans autres cir
de deux ans au moins et de cinq ans au plus ; constances, auraient glané, râtelé ou grapillé
les coupables pourront de plus être mis, dans des champs non encore entièrement dé
ar l'arrêt ou le jugement, sous la surveil uillés et vides de leurs récoltes, ou avant le
ance de la haute police pendant cinq ans au ever ou après le coucher du soleil, sont punis
moins et dix au plus (C. pén., 444). Ce délit d'une amende de 1 fr. à 5 fr. inclusivement
grave entraine nécessairement l'idée de la des (loi du 28 avril 1832, art. 95, n° 10, ou n. C. p.,
truction de tout ou d'une partie notable d'une 471). Mais le glanage et le râtelage ne sont pas
récolte; il ne doit donc pas être confondu une servitude imposée au propriétaire, et il a
avec ceux que nous avo s signalés plus haut, toujours le droit de faire ramasser par ses gens
à moins qu'ils n'aient été si fréquemment ré les épis épars, lorsque la récolte n'est pas en
pétés qu'ils † être, en les réunissant, core enlevée (cass., 28 janvier 1820). -
champs, il en est qui, en raison de leur mi Les peines ci-dessus ne sont applicables
nime importance, ont conservé le caractère que lorsque les soustractions ou vols ont été
de simples contraventions, et d'autres qui ac commis dans les champs ouverts; s'ils avaient
quièrent le caractère de délits et même de été commis dans des enclos ou parcs, ou si
crimes. l'auteur du délit avait, pour soustraire ces ob
Ainsi ceux qui, sans autres circonstances jets, escaladé des murs ou brisé des clôtures,
prévues par les lois, auront cueilli ou mangé ou s'était servi de fausses clefs, la peine serait
sur le lieu même des fruits appartenant à celle des travaux forcés à temps (Code pé
autrui, ne sont punis que d'une amende de nal, 384).
1 à 5 francs exclusivement (loi du 28 avril Enfin, si, pour commettre un vol, le coupa
1832, art. 95, n° 9, ou n. C. p., 471). La loi a ble a enlevé ou déplacé des bornes servant de
traité aussi avec une indulgence trop grande, séparation aux propriétés, la peine est celle
peut-être, les soustractions de récoltes ou pro de la réclusion (idem, art. 389).
duits utiles de la terre, qui. avant d'être sous
CHAP. 2°. DOMMAGES AUX ANIMAUX. 298
mois à raison de chaque greffe, sans que la
$ VI. — Des enlèvemens d'engrais dans les champs. totalité puisse excéder2 ans (C. pén., 447).
Le minimum de la peine sera de 20 jours
Quoique les enlèvemens d'engrais ou amen s'il s'agit de destruction d'arbres, et de 10
demens, sans la permission des propriétaires, † s'il s'agit de destruction de greffes , si
soient de véritables vols, cependant la loi, es arbres étaient sur les places, routes, che
par les motifs de prudence que nous avons mins, rues ou voies publiques, ou vicinales, ou
† ne les a punis que de peines légères.
Celui qui, sans la permission des propriétaires
de traverse(idem, art.448). Et le maximum de la
peine doit toujours être prononcé si le fait
ou fermiers, enlèvera des fumiers, de la a été commis en haine d'un fonctionnaire pu
marne ou tous autres engrais portés sur les blic, en raison de ses fonctions, ou pendant
terres , sera condamné # une amende qui la nuit (idem, art. 450).
n'excédera pas 6 journées de travail, en outre Dans tous les cas, et sauf celui prévu par
du dédommagement, et pourra subir la déten l'art. 14 de la loi du 28 septembre 1791, il est
tion municipale. L'amende sera de 12 iournées prononcé une amende qui ne peut être moin
de travail et la détention pourra être de 3 mois dre de 16 fr. ni excéder le †
des restitu
si le délinquant a fait tourner à son profit tions, dommages-intérêts (idem, art. 455).
lesdits engrais (loi du 28 septembre 1791 , tit. Les dispositions de ces diverses lois ne s'ap
II, art. 33). pliquent d'ailleurs qu'aux arbres croissant
L'article ne semble s'appliquer qu'aux en dans les héritages ou le long des routes et nul
† portés sur la terre par la main de lement dans les bois et forêts, les délits fo
'homme; il ne paraît pas applicable aux en restiers étant punis par des lois spéciales que
rais naturels. Ainsi, celui qui se permettrait nous ferons connaître.
'enlever tout ou partie de l'humus d'un Ni la loi du 28 septembre 1791 ni le Code
champ pour le porter sur son terrain, ou qui pénal ne s'occupent du délit d'arrachis des
excaverait le terrain d'autrui pour en tirer souches ou racines des arbres ou arbustes;
des marnes, des terres pyriteuses ou autres ce délit est cependant #
grave que la dé
amendemens naturels, commettrait un délit vastation, la coupe ou l'écorcement des plan
lus grave, qui rentrerait sans doute dans tes ; ceux-ci ne font périr que l'arbre, celui
a généralité de l'art. 401 du C. pén., qui là peut priver le terrain, s'il est en pente, de
porte que les autres vols non spécifiés peu sa cohésion, et l'exposer ainsi à être enlevé
vent être punis d'un emprisonnement de 1 par les eaux, lorsqu'il aura été ameubli par le
an au moins et de 5 ans au plus et d'une amende fait de l'arrachis, ou bien détruire ainsi l'es
de 16 fr. au moins et de 500 fr. au plus, et pérance de l'avenir. La loi étant muette à cet
même de la mise en surveillance de la haute égard, il faut reconnaitre que l'arrachis des
police , sauf au tribunal, s'il apercevait des arbres fruitiers ou d'agrément, doit être
circonstances atténuantes et qu'il pensât que puni comme le maraudage, s'il est exercé sur
le fait n'a pas de caractère de criminalité as des racines ou souches mortes, ou comme les
sez grave pour appliquer ces peines sévères, délits que nous avons spécifiés ci-dessus, s'il
à les adoucir, conformément à l'article 463 du est exercé sur des souches vivantes ( voy. Lé
Code pénal. gislat. rurale, par le président CAPPEAU, t. III,
p. 294).
SECTIoN IX. — Dommages aux arbres.
SECTIoN X. — Dommages aux animaux.
Le propriétaire qui abat un arbre planté
sur son terrain et qui fait partie de ceux d'une Le statut de Georges III d'Angleterre, ch.
route royale est passible d'une amende tri 71, $ I, punit d'une amende qui ne peut être
ple de la valeur de l'arbre ( décret du 16 dé moindre de 10 shillings ( 12 fr. ), ni excéder
cembre 1811 , art. 101) ; mais si l'arbre était 5 livres sterlings (125 fr.), tout individu qui, soit
planté sur le terrain d'autrui, le fait change en badinant , soit par cruauté, fait † des
immédiatement de caractère et devient un mauvais traitemens à un cheval, à un bœuf,
véritable délit. à un mouton ou à tout autre bétail; le coupa -
Celui qui abat un ou plusieurs arbres, qu'il ble peut même être condamné à un empri
sait appartenir à autrui, est puni d'un empri sonnement qui ne peut excéder 3 mois; c'est
sonnement qui ne sera pas au-dessous de 6 le juge de paix qui prononce ces condamna
jours ni au-dessus de 6 mois à raison de tions. On est étonné de rencontrer dans les
chaque, sans que la totalité puisse excéder 5 lois anglaises, qui prononcent des condam
ans (C. pén., 445 ). nations si sévères contre les hommes et qui sont
Les peines seront les mêmes à raison de si souvent cruelles, une disposition qui pro
chaque arbre mutilé, coupé ou écorcé de ma tége les animaux ; nous pensons toutefois que
nière à le faire périr (idem, art. 446). cette loi est morale, parce que tout mauvais
Mais si l'arbre appartenant à autrui n'avait traitement exercé sur les animaux, lorsqu'il
été que faiblement endommagé par l'enlève n'est pas nécessaire, dénote des mauvais
ment de quelques écorces ou † la coupe de penchans et qu'il habitue les hommes à la
§ le coupable ne serait pas cruauté ; il serait peut - être désirable qu'une
sible que d'une amende double du dédomma disposition analogue fût introduite dans nos
gement dû au propriétaire, et d'une détention lois. Quoi qu'il en soit, la loi française ne pu
de police correctionnelle qui ne pourrait ex nit que § ou la mort des animaux
céder 6 mois (loi du 28 septembre 1791, tit. appartenant à autrui.
II, art. 14). - Lorsqu'un animal appartenant à autrui a
S'il y a destruction d'une † gref été blessé, il faut distinguer si ç'a été de des
fes, l'emprisonnement sera de 6 jours à 2 sein prémédité ou par maladresse ou impruden
294 LEGISLATION RURALE. LIV, VIe
ce : dans le premier cas, c'est l'art. 30 de la loi partient est propriétaire, locataire,'colon ou
du 28 septembre 1791 qui est applicable; il est fermier, sera puni d'un emprisonnement de
ainsi conçu. « Toute personne convaincue d'a 6 jours au moins et de 6 mois au plus.S'il y
voir de dessein prémédité, méchamment, sur a eu violation de clôture, le maximum de la
le territoire d'autrui, blessé des bestiaux ou peine sera prononcé (C. pén. , 454), et dans ce
chiens de garde, sera condamnée à une amende cas comme dans le précédent, il sera pronon
double de la somme du dédommagement ; le cé une amende qui ne pourra excéder le quart
délinquant pourra être détenu un mois si l'a des restitutions et dommages-intérêts, ni être
nimal n'a été que blessé, et 6 mois si l'ani au-dessous de 16 fr. (C. pén., 455). Dans le se
mal est mort de sa blessure ou est resté es cond cas, c'est-à-dire si l'animal domestique
tropié ; la détention pourra être du double n'était pas dans un lieu dont celui à qui il ap
si le délit a été commis la nuit, ou dans une partient est propriétaire, locataire, colon ou
étable, ou dans un enclos rural.» Mais si les fermier, le fait n'aurait plus le caractère d'un
blessures n'ont été que la suite de l'impru délit; il ne donnerait lieu qu'à des dommages
dence ou de la maladresse, c'est à l'article 479intérêts, saufl'exception prévue pour les chiens
du Code pénal qu'il faut alors se reporter; il de garde, par l'art. 30 de la loi du 28 septem
est ainsi conçu : bre 1791, ci-dessus rapporté. Nous avons mê
Ceux qui auront occasionné la mort ou la me vu ci-dessus , au paragraphe 1°r de la
blessure des animaux ou bestiaux appartenant section VIII , qu'il y avait des cas où le
à autrui, par l'effet de la divagation des fous propriétaire du sol était autorisé à tuer les
ou furieux confiés à leurs soins , ou d'ani volailles qui s'introduisaient sur son propre
maux malfaisans ou féroces, ou par la rapi terrain.
dité, la mauvaise direction ou le chargement
excessif des voitures, chevaux, bêtes de trait, SECTIoN XI. — Des épizooties.
de charge ou de monture, ou par l'usage des
armes, sans précaution ou avec maladresse, Police sanitaire des animaux domestiques.
ou par jet de † ou autres corps durs,
seront punis d'une amende de 11 à 15 francs On désigne sous le nom générique d'épi
exclusivement. zooties toutes les maladies contagieuses qui
Ceux qui auront occasionné les mêmes ac attaquent les animaux.
cidens par la vétusté, la dégradation, le dé Ces maladies, qui sont le fléau des campa
faut de réparation des maisons, l'encombre gnes, ont donné lieu à des observations de
ment ou l'excavation, ou telles autres œuvres médecins vétérinaires pour les constater, à des
dans les rues, chemins, places, voies publi lois sages pour en arrêter le progrès et à des
ques, sans les précautions ou signaux ordon instructions du gouvernement pour éclairer
nés ou d'usage seront punis des mêmes peines. les habitans des campagnes et leur appren
Quiconque aura empoisonné des chevaux dre à s'en préserver. Le tout se trouve résu
et autres bêtes de voiture, de monture ou de mé dans l'arrêté du directoire exécutif du 27
charge, des bestiaux à corne, des moutons, messidor an V.
des chèvres ou porcs, ou des poissons dans Le premier devoir de tout propriétaire et
des étangs , viviers ou réservoirs, est puni détenteur d'animaux ou de bestiaux soupçon
d'un emprisonnement de 1 an à 5 ans et d'une nés d'être malades est, en cas de signes même
amende de 16 à 300 francs. Les coupables équivoques d'épizootie, d'avertir sur-le-champ
pourront être mis par l'arrêt ou le jugement, le maire et de tenir l'animal renfermé, même
sous la surveillance de la haute police, pen avant que le maire ait répondu, sous peine d'un
dant 2 ans au moins et 5 ans au plus (C. pé emprisonnement de 6 jours à 2 mois et d'une
nal, 452). amende de 16 fr. à 200 fr. ( C. pén , 459 ).
Ceux qui, sans nécessité, auront tué l'un des Le maire fait alors visiter l'animal par l'ex
animaux mentionnés au précédent article se pert le plus proche, et si, d'après le rapport
ront punis ainsi qu'il suit : de l'expert, il est constaté qu'une ou plusieurs
Si le délit a été commis dans les bâtimens bêtes sont malades, le maire doit veiller à ce
enclos et dépendances ou sur les terres dont que ces animaux soient séparés des autres et
le maître de l'animal tué est propriétaire , ne communiquent avec aucun animal de la
locataire, colon ou fermier , la peine sera un commune; les propriétaires ne peuvent plus
emprisonnement de 2 mois à 6 mois. dès lors les conduire au pâturage ou aux abreu
S'il a été commis dans les lieux dont le voirs communs ; ils sont tenus de les tenir
coupable était propriétaire, locataire, colon renfermés.
ou fermier, l'emprisonnement sera de 6 jours Le maire en informe sans retard le sous
à 1 mois. préfet, auquel il fait connaître le nom du pro
S'il a été commis dans un autre lieu, l'em riétaire et le nombre des animaux atteints ;
prisonnement sera de 15 jours à 6 semaines. e sous préfet en informe le préfet.
Le maximum de la peine sera toujours pro Le maire doit aussitôt en instruire les pro
noncé en cas de violation de clôture (C. pén. , priétaires de la commune par une affiche ap
453 ). posée aux lieux où se placent les actes de l'au
Si ce sont des animaux domestiques, le dé torité publique.
lit change alors de caractère, et il faut distin En même temps le maire doit faire mar
guer si l'animal a été tué sur le sol de son quer toutes les bêtes à cornes de sa commune
maitre ou sur le terrain du meurtrier. Dans avec un fer chaud représentant la lettre M.
le premier cas, on doit appliquer les disposi Quant le préfet sera assuré que l'épizootie
tions de l'article 454, qui porte : Quiconque au n'a plus lieu, il ordonnera une contremarque.
ra, sans nécessité, § un animal domestique, Ceux qui, au mépris des défenses de l'admi
dans un lieu dont celui à qui cet animal ap nistration, auraient laissé leurs animaux ou
CIIAP. 2°. DES DÉLITS FORESTIERS. 295
bestiaux infectés communiquer avec d'au tres instrumens de même nature sera condam
tres, seront punis d'un emprisonnement de 2 né à une amende de 10 fr. et à la confiscation
mois à 6 mois et d'une amende de 100 fr. à 500 desdits instrumens (loi du 21 mai 1827, art.
fr. (C. pén. , 460). Si de cette communication 146).
il était résulté une contagion parmi les autres #ux
dont les voitures, bestiaux et ani
animaux, ceux qui auraient contrevenu aux maux de charge ou de monture sont trouvés
défenses de l'autorité administrative seront dans les forêts, hors des routes et chemins
punis d'un emprisonnement de 2 ans à 5 ans et ordinaires, sont condamnés, savoir : Pour cha
d'une amende de 100 à 1,000 fr. ( C. pén., que voiture à une amende de 10 fr. pour les
461 ). bois de 10 ans et au-dessus, et de 20 fr. pour
Il est enjoint à tout fonctionnaire public les bois au-dessous de cet âge ;
# trouvera dans les chemins ou dans les Par chaque tête ou espèce de bestiaux non
oires ou marchés des bêtes à cornes mar attelés, aux amendes ci-après fixées pour le
quées de la lettre M de les conduire devant délit de pâturage, le tout sans préjudice des
le juge de paix, lequel les fera tuer sur-le dommages-intérêts (idem, art. 147).
champ en sa présence. - Il ne peut être établi, sans l'autorisation du
Néanmoins, comme il peut se trouver dans gouvernement et sous quelque prétexte que
un pays infecté des bêtes saines, dont il serait ce soit, aucune maison sur perche, loge, ba
injuste d'enlever la disposition à leur proprié raque ou hangar dans l'enceinte et à moins
taire, soit pour les tuer chez eux, soit pour les de 1 kilomètre, 1000 mètres ou 500toises des
vendre aux bouchers, on peut leur laisser la forêts, sous peine de 50 fr. d'amende et de la
faculté d'en disposer auxconditions suivantes : démolition, dans le mois à dater du jour du
1o Il faudra que l'expert constate que ces jugement qui l'aura ordonné (idem, art. 152).
bêtes ne sont pas malades ; Aucune construction de maisons ou de fer
2° Le boucher n'entrera pas dans l'étable ; mes ne pourra être effectuée sans l'autorisa
3° Le boucher tuera les bêtes dans les 24 tion du gouvernement, à la distance de 500
heures ; mètres des bois et forêts soumis au régime
4° Le propriétaire ne pourra s'en dessaisir, forestier, sous peine de démolition. Il n'y au
et le boucher les tuer, qu'ils n'en aient obte ra pas lieu d'ordonner la démolition des mai
nu la permission du maire, qui en fera men sons ou fermes actuellement existantes. Ces
tion sur son état. maisons ou fermes pourront être réparées, re
Il est ordonné, dans tous les lieux infectés, construites et augmentées sans autorisation.
de tenir les chiens à l'attache et de tuer ceux Sont exceptés des dispositions ci-dessus les
qu'on trouverait divagans. bois et forêts appartenant aux communes qui
Tout fonctionnaire qui donnerait des certi sont d'une contenance au-dessous de 250 hec
ficats ou attestations contraires à la vérité ! tares (idem, art. 153).
† être poursuivi extraordinairement(arrêt
u conseil d'état du 24 mars 1745).
Nul individu, habitant les maisons ou fer
mes actuellement existantes dans le rayon ci
. En cas de maladie épidémique les bes dessus fixé ou dont la construction aura été
tiaux morts doivent être enfouis dans , la autorisée en vertu de l'article précédent, ne
journée, à 1 mètre 25 centimètres ( 4 pieds ) . pourra établir, dans lesdites maisons ou fer
de profondeur dans le terrain dt propriétaire mes, aucun atelier à façonner le bois, aucun
ou dans le lieu désigné par le maire, à peine chantier ou magasin pour faire le commerce
d'une amende de la valeur d'une journée de de bois, sans la permission spéciale du gou
travail et des frais de transports et d'enfouis vernement, sous peine de 50fr. d'amende et
sement ( loi du 28 septembre 1793, art. 13 ). de la confiscation des bois.
. Le maire ne doit pas permettre que les bes Lorsque les individus †
auront obtenu
tiaux morts soient enfouis à moins de 50 toi cette permission auront subi une condamna
ses des habitations. Chaque bête sera jetée tion pour délits forestiers, le gouvernement
dans une fosse de 8 pieds de profondeur, sa pourra leur retirer la permission (idem, art.
peau coupée et tailladée en plusieurs endroits ; 154 ).
elle sera recouverte de toute la terre du fossé. Aucune usine à scier le bois ne pourra être
Diverses mesures ont été prescrites par l'art établie dans l'enceinte et à moins de 2 kilo
vétérinaire pour arrêter les épizooties; mais mètres de distance des bois et forêts qu'avec
jusqu'ici les meilleures qui aient été mises en l'autorisation du gouvernement, sous peine
usage sont l'isolement, la propreté et les soins d'une amende de 100 à 500 fr. et de la démo
des bêtes saines, l'abattage immédiat des lition dans le mois à dater du jugement qui
bêtes malades. l'aura ordonnée (idem, art. 155).
Sont exceptées des dispositions des trois ar
SECTIoN XII. — Des délits forestiers. ticles précédens les maisons et usines qui font
partie des villes, villages ou hameaux formant
Nous passons actuellement à une autre na une population agglomérée, bien qu'elles se
ture de délits; ce sont ceux qui sont commis trouvent dans les distances ci-dessus fixées
dans les bois et forêts de l'état, des commu des bois et forêts (idem, art. 156).
§ ou établissemens
lCl'S.
publics et des particu
$ II. — Recherche et constatation des délits.
$ I". — Mesures préventives des délits. Les agens, les arpenteurs et gardes fores
tiers recherchent et constatent, par procès
Quiconque sera trouvé dans les forêts et verbaux, les délits dans l'étendue du territoire
bois, hors des routes et chemins ordinaires,pour lequel ils sont commissionnés. Les gar
avec serpes, cognées ou haches, scies ou au des sont autorisés à saisir les bestiaux trou
206 LEGISLATION RURALE. L1V. VI.
vés en délit, les instrumens, voitures et at lieu à des amendes qui seront déterminées
telages des délinquans, et à les mettre en sé dans les proportions suivantes, d'après l'es
† sans pouvoir néanmoins s'introduire sence et la circonférence de ces arbres.
ans les bâtimens ou enclos, si ce n'est en Les arbres sont donc divisés en deux clas
présence du juge de paix ou de son sup ses : la première comprend les chênes, hêtres,
pléant, du maire ou de son adjoint, ou du charmes, ormes, frênes, érables, platanes,
commissaire de police (idem, art. 160 et 161). pins, sapins, mélèzes, châtaigniers, noyers,
Les gardes doivent arrêter et conduire devant aliziers, sorbiers, cormiers, merisiers et au
le juge de paix ou devant le maire tout in tres arbres fruitiers.
connu qu'ils auraient surpris en flagrant dé La seconde classe se compose des aunes,
lit; les procès-verbaux que dressent'ies agens tilleuls, bouleaux, trembles, peupliers, saules
forestiers font foi jusqu'à inscription de faux et de toutes les espèces non comprises dans
(idem, art. 163 et 176). la première classe.
Si les arbres de la première classe ont 2 dé
S III. - Mesures pour prévenir l'incendie des bois et cimètres de tour, l'amende sera de 1 fr. pour
forêts. chacun de ces 2 décimètres, et s'accroîtra en
suite progressivement de 10 c. par chacun des
autres décimètres.
La nécessité de prévenir les incendies des Si les arbres de la seconde classe ont 2 dé
bois et forêts, qui peuvent avoir des consé
cimètres de tour, l'amende sera de 50 c. par
quences si désastreuses, a forcé d'établir quel chacun
ques prohibitions que nous allons faire con de ces 2 décimètres, et s'accroîtra en
naitl'e. suite progressivement de 5 c. par chacun des
autres décimètres. La circonférence est mesu
Il est défendu d'allumer ou de porter du
feu dans l'intérieur et à la distance de 200 mè rée à un mètre du sol (loi du 21 mai 1827, art.
192), parce qu'en les mesurant à 5 décimètres,
tres(100 toises environ) des bois et forêts, sous comme
peine d'une amende de 20 à 100 fr., sans pré tenir leur autrefois, on s'exposait à ne pas ob
judice, en cas d'incendie (voy. ce mot), des cette distance véritable dimension, attendu qu'à
du sol les arbres se trouvent
peines portées par le Code pénal et des dom augmentés de grosseur par des espèces de cô
"† s'il y a lieu (idem, art. 148). tes accidentelles qui disparaissent à une élé
Il est également défendu aux adjudicataires
de coupes, leurs facteurs et ouvriers, d'allu vation supérieure.
mer du feu ailleurs que dans leurs loges ou Si les arbres ont été enlevés et façonnés, le
ateliers, à peine d'une amende de 10 à 100 fr., tour en sera mesuré sur la souche, et si la
sans préjudice du dommage qui pourrait ré souche a été également enlevée, le tour sera
sulter de cette contravention (idem, art. 42). calculé dans la proportion d'un cinquième en
sus de la dimension totale des quatre faces de
$ IV. — Conservation des forêts. l'arbre équarri; lorsque l'arbre et la souche
auront été enlevés. l'amende sera calculée sui
Toute extraction ou enlèvement non auto
vant la grosseur de l'arbre abattu par le tri
bunal, suivant les documens du procès(idem,
risé de pierres, sable, minerai, terres, gazons, art. 193). ,
tourbe, bruyère, genêts, herbages, feuilles ver Indépendamment des amendes, il y a lieu à
tes ou mortes, engrais existans sur le sol des prononcer contre les délinquans des domma
forêts, glands, faines et autres fruits ou se ges-intérêts proportionnés au préjudice qu'a
mences des bois et forêts donnera lieu à des
amendes fixées comme il suit : Par charretée
éprouvé le propriétaire, lesquels ne peuvent
jamais être inférieurs à l'amende simple pro
ou tombereau, de 10 à 30 francs pour chaque noncée par le † (idem, art. 202). Les
bête attelée; par chaque charge de bête de restitutions, dommages-intérêts appartien
somme, de 5 à 15 fr. ; par chaque charge nent au propriétaire, l'amende et les confis
· d'homme, de 2 à 6 fr. (loi du 21 mai 1827, art. cations toujours à l'état (idem, art. 204).
144 ). L'amende, pour coupe ou enlèvement de
On a dû comprendre dans cet article l'en bois qui n'ont pas 2 décimètres de tour, est,
lèvement des feuilles mortes, qui deviennent pour chaque charretée, de 10 fr. par bête at
un aliment du sol et qui servent à l'incuba telée, de 5 fr. par chaque charge de bête de
tion des graines et semences, en protégeant, somme, et de 2 fr. par fagot, foueé ou charge
ainsi que les herbages, le développement des d'homme.
germes et des jeunes tiges, concourent au re S'il s'agit d'arbres semés ou plantés dans
peuplement des forêts. Les articles que nous les forêts depuis moins de 5 ans, la peine
allons rappeler punissent les délits forestiers. est de 5 fr. par chaque arbre, quelle qu'en soit
la grosseur, et en outre d'un emprisonnement
$ V. — Bois de délits. de 6 à 15 jours (idem, art. 194). La peine de
l'emprisonnement a été ajoutée pour arbres
Pour réprimer les délits de coupe et d'en semés ou plantés depuis moins de 5 ans, parce
lèvement d'arbres du sol des forêts, la loi a que le délit est plus grave, puisqu'il ne com
admis la différence des essences : il a paru im promet pas seulement les produits de la pous
portant au législateur, dans l'intérêt § la jus se, mais qu'il ne tend à rien moins qu'à dé
tice et de la répression des délits, de mainte truire les plantations elles-mêmes. -
nir, pour la fixation des amendes, les distinc Quiconque arrache des plants dans les bois
tions commandées par la différence de va et forêts est puni d'une amende qui ne peut
leur des essences ou espèces d'arbres. être moindre de 10 fr. ni excéder 300 fr. Si le
La coupe ou l'enlèvement d'arbres ayant délit a été commis dans un semis ou planta
2 décimètres de tour et au-dessus donnera tion exécutée de main d'homme, il est pro
CIIAP 2°. DES USAGERS. 297
taires, d'une amende double de celle pro Les entrepreneurs de l'exploitation des cou
noncée par l'art. 199, et contre les pâtres et pes délivrées aux usagers doivent se confor
bergers , de 15 fr. d'amende. En cas de ré - mer à tout ce qui est prescrit aux adjudica
cidive, le pâtre sera condamné, outre l'a taires pour l'usance et la vidange des ventes;
mende, à un emprisonnement de 5 à 15 jours ils sont soumis à la même responsabilité et
(id., art. 78). Cependant, comme il eût été in passibles des mêmes peines en cas de contra
juste de priver de ce droit, sans indemni ventions Les usagers et communes usagères
tés, le propriétaire qui en jouissait en vertu sont garans solidaires des condamnations pro
d'un titre, la loi a prévu ce cas en statuant noncées contre lesdits entrepreneurs (idem,
que ceux qui prétendraient avoir joui de art. 82).
cette espèce de pacage en vertu de titres va Les bois de chauffage qui se délivrent par
lables, ou d'une possession équivalente à ti stère sont mis en charge sur les coupes adju
tre, pourront, s'il y a lieu, réclamer une in gées, et fournis aux usagers par les adjudica
emnité qui sera réglée de gré à gré, ou, en taires aux époques fixées par le cahier des
cas de contestation, par les tribunaux (id., art. charges.
78). Enfin, comme dans quelques provinces, et Pour les communes usagères, la délivrance
particulièrement dans le midi de la France, il des bois de chauffage est faite au maire qui
n'y a guère d'autres bestiaux que des mou en fait effectuer le partage entre les habi
tons et d'autres pâturages que des forêts, on tans; lorsque les bois de chauffage se déli
a cru devoir accorder au gouvernement le vrent par coupes, l'entrepreneur de l'exploi
droit de modérer la rigueur de la prohibi tation doit être agréé par l'agent forestier lo
tion; en conséquence, le pacage des moutons cal (ordonn. d'exécut., art. 122).
peut être autorisé, dans certaines localités, Il est interdit aux usagers de vendre ou
par ordonnance du roi(id., art. 78). Les maires d'échanger les bois qui leur sont délivrés, et
des communes usagères, et les particuliers de les employer à aucune autre destination
jouissant des droits de pâturage ou de panage que celle pour laquelle le droit d'usage a été
dans les forêts de l'état, doivent remettre à accordé.
l'agent forestier local, avant le 31 décembre S'il s'agit de bois de chauffage, la contraven
pour le pâturage et avant le 30 juin pour le tion donne lieu à une amende de 10 à 100 fr.
panage, l'état des bestiaux que chaque usa S'il s'agit de bois à bâtir ou de tout autre
ger possède, avec la distinction de ceux qui bois non destiné au chauffage, il y a lieu à une
sont propres à son usage et de ceux dont il amende double de la valeur du bois, sans que
fait commerce ( ordonn. d'exécut., art. 118). cette amende puisse être au-dessous de 50 fr.
Il est défendu aux usagers de ramasser ou (loi du 21 mai 1827, art. 83). |
d'emporter des glands, faines ou autres fruits, Aucune délivrance de bois pour construc
semences ou productions des forêts, sous tions ou réparations ne sera faite aux usagers
peine d'une amende double de celle pronon ue sur la présentation du devis dressé par
cée par l'art. 144 du Code forestier, rapporté † gens de † et constatant les besoins. .
ci-dessus, $ V de la présente section ( loi du Ces devis seront remis avant le 1er janvier
21 mai 1827, art. 57 et 85). de chaque année à l'agent forestier local, qui
Bois de chauffage ou à bâtir. Les usagers en donnera reçu; et le conservateur, après
qui ont droit à des livraisons de bois, de avoir fait effectuer les vérifications qu'il juge
quelque nature que ce soit, ne pourront ra nécessaires, adressera l'état de toutes les
rendre ces bois qu'après que la délivrance demandes de cette nature au directeur géné
eur en aura été faite par les agens fores ral en même temps que l'état général des
tiers, sous les peines portées ci-dessus pour coupes ordinaires pour être revêtus de son
les bois coupés en délit ( loi du 27 mai 1827 , approbation.
art. 79 ). La délivrance de ces bois sera mise en
Les usagers qui n'ont d'autre droit que de charge sur les coupes en adjudication et sera
prendre des bois morts , secs et gisans ne faite à l'usager par l'adjudicataire à l'époque
peuvent , pour l'exercice de ce droit, se ser fixée par le cahier des charges.
vir de crochets ou ferremens d'aucune es Dans le cas d'urgence, constatée par le
pèce, sous peine de 3 fr. d'amende (idem, art. maire de la commune, la délivrance pourra
80). être faite en vertu d'un arrêté du préfet, l'eIl
Si les bois de chauffage se délivrent par du sur l'avis du conservateur. L'abattage et
coupe, l'exploitation en sera faite aux frais le façonnage des arbres auront lieu aux frais
des usagers par un entrepreneur spécial nom de l'usager, et les branchages et rémanens
mé par eux et agréé par l'administration fo seront vendus comme menus marchés (or
restière. donn. d'exécut., art. 123).
Aucun bois ne peut être partagé sur pied L'emploi des bois de construction devra
ni abattu par les usagers individuellement, et être fait dans un délai de deux ans, lequel,
les lots ne peuvent être faits qu'après l'en néanmoins, pourra être prorogé par l'admi
tière exploitation de la coupe, à peine de con nistration forestière ; ce déiai expiré, elle pour
fiscation de la portion de bois abattue afférente ra disposer des arbres non employés (loi du
à chacun des contrevenans. 27 mai 1827, art. 84).
Les fonctionnaires ou agens, qui auraient per Tous usagers qui, en cas d'incendie, refu
mis ou toléré la contravention, seront passibles seront de porter des secours dans les bois
d'une amende de 50 fr. et demeureront en soumis à leurs droits d'usage, peuvent être
ouire personnellement responsables, et sans traduits en police correctionnelle, privés de
aucun recours, de la mauvaise exploitation et ce droit pendant un an au moins et cinq ans
de tous les délits qui pourraient avoir été au plus, et punis d'une amende depuis 6 fr.
commis (idem, art. 81 ). jusqu'à 10 fr. (idem, art. 147).
CHAP. 2°. DES DÉLITS DE CHASSE. 299
-
tés sont autorisées à nommer des gardes engins qui ne puissent pas nuire aux fruits de
chasse; elles peuvent aussi charger les gardes la terre, comme aussi de repousser avec les
champêtres de ce soin. Les rapports des gar armes à feu les bêtes fauves qui s'introdui
des-chasse sont dressés par écrit ; ils peuvent raient dans lesdites récoltes (idem, art. 15).
aussi être faits de vive voix au greffe de la Diverses lois ou décisions administratives
mairie où il doit en être tenu registre ; dans ont accordé des primes ou récompenses à
tous les cas, ils doivent être affirmés dans ceux qui tuent les loups ; d'après les déci
les 24 heures entre les mains du maire ou sions ministérielles des 25 septembre 1807,
de son adjoint; ils ne font foi que jusqu'à et 9 juillet 1808, elles sont de 18 fr. pour
preuve contraire (idem, art. 10). Il peut aussi une louve pleine, 15 fr. pour une louve non
être suppléé auxdits rapports par la déposi pleine , 12 fr. par loup et 6 fr. par louveteau;
tion de deux témoins (idem, art. 11). mais elles peuvent être augmentées à cause des
La chasse a toujours été considérée comme circonstances qui ont accompagné la destruc
un droit inhérent à la propriété et qui ne tion de l'animal ; cette augmentation est ré
pouvait en être détaché sans le consentement glée par le ministre de l'intérieur, sur la pro
positif et formel du propriétaire.Aussi, plu p† du préfet (instruct. du ministre de
sieurs arrêts ont-ils décidé que le bail des 'int. du 9 juillet 1808). Pour obtenir cette
terres fait à un fermier n'entraînait pas re prime, la mort du loup doit être constatée
nonciation au droit de chasse et que le pro ar le maire de la commune où il a été tué ;
priétaire pouvait en continuer l'exercice, ce a tête en est coupée et envoyée, avec le pro
droit ne faisant pas partie de ceux conférés au cès-verbal du maire, au préfet, qui délivre un
fermier par le bail. Cependant, en Angleterre, mandat sur le receveur du département.
où les † riétaires sont si jaloux de leurs Les moyens les plus efficaces pour détruire
droits de chasse, l'intérêt de l'agriculture a les animaux malfaisans sont les chasses ap
fait modifier ces principes. Un acte du parle pelées battues; elles doivent être ordonnées
ment a rappelé, c'est-à-dire aboli, les statuts par les préfets toutes les fois qu'ils les ju
I et II de Guillaume IV, chap. 32. Il en ré gent nécessaires (arrêté du 19 pluviôse an V).
sulte que, dans tous les baux passés après la Plaisirs du roi. Il est défendu de chasser
promulgation de cet acte du pouvoir législa dans les forêts et parcs appartenant au roi; les
tif, le fermier a de droit la jouissance exclu délits de chasse dans les plaisirs du roi sont
sive de la chasse sur les terres qui lui sont soumis à l'ordonnance de 1669 (C. de cass. 30
affermées. L'intérêt de notre agriculture et mai 1822 et autres).
l'abus facile que le propriétaire peut faire des Bois de l'état. Enfin la chasse sans permis est
droits de chasse nous commanderont une me défendue dans les bois nationaux à tous indi
sure analogue à celle qui vient d'être adoptée vidus sans distinction ; il est également défendu
par les Anglais. de prendre dans les forêts, buissons et plaisirs,
Dans l'état actuel des choses, le proprié aucun aire d'oiseaux, de quelque espèce que ce
taire peut donc chasser et accorder droit de soit, en tout autre lieu, † œufs de caille, per
chasser à ses amis sur ses terres affermées ; drix ou faisans. comme aussi d'entrer et de
mais ces permissions sont personnelles et ne meurer la nuit dans les bois, de détruire le gi
peuvent être transmises à d'autres par ceux bier avec lacs, tirasses, tonnelles, traîneaux et
qui les ont obtenues. Toutefois, si le droit de autres engins, à peine de 100 liv. d'amende pour
chasse résultait d'une convention écrite, faite la première fois, et du double en cas de réci
entre le propriétaire et une autre personne, dive (ordonn. des eaux et forêts de 1669,
ce droit pourrait être transmis par celui au tit. XXX , art. 4 et 8 ).
quel il appartiendrait.
Quoique le fermier n'ait pas obtenu le droit SECTIoN XIV.—Du port d'armes.
de chasse par son bail, il a toujours le droit
de poursuivre ceux qui, sans permission, chas Il y a des armes défendues à toutes person
seraient dans ses récoltes (cour d'Aix, 13 jan nes; ce sont : les stylets, tromblons , pisto
vier 1825). lets à vent (décret du 2 nivôse an XIV), et
En tous cas, le fermier qui éprouve quel toutes autres armes offensives , cachées ou se
ue dommage, par suite de l'exercice des crètes (déclarat. du 23 mars 1728; décret du
roits de chasse, peut par action civile récla 12 mars 1806 ). Ceux qui en sont trouvés por
mer une indemnité. teurs sont passibles d'une amende de 500 livres
Il est permis aux propriétaires de chasser et de 6 mois de prison.
en tout temps dans leurs terrains clos, dans Le port d'armes non prohibées est un droit
leurs bois et forêts, et dans leurs lacs et étangs, qui appartient à tous les citoyens; c'est l'exer
mais sans pouvoir se servir de chiens cou cice d'un droit civique, qui ne peut être ar
rans pour chasser dans les bois et forêts, lacs raché que par l'arbitraire ( voy. dissert. de
et étangs non clos, parce que ces chiens font ToULLIER, t. IV, p. 13 et suiv. j; il n'est in
lever le gibier et le poursuivent dans les terdit qu'aux vagabonds et gens sans aveu.
champs ensemencés, les récoltes ou les vi Mais un régime particulier a été introduit
nes. Pour autoriser la chasse en tout temps, à l'égard des armes de chasse. Le décret du
il faut que le terrain soit entouré de murs ou 11 juillet 1810 a soumis le port d'armes de
de haies vives ( idem. art. 13 et 14 ). chasse à un permis, dont le prix, fixé à 30
Le droit de propriété entraine nécessaire fr. par ce décret , a été réduit à 15 fr. par la
ment le droit de la préserver de toute agres loi des finances du 28 avril 1816, et par tou
sion étrangère. Il est donc permis aux pro tes celles qui se sont succédé depuis.
priétaires ou possesseurs et même aux fer La loi n'ayant pas défini le fait de chasse
miers de détruire le gibier dans ses récoltes s'en est rapporté aux tribunaux pour le dé
non closes, en se servant de filets ou autres terminer; c'est un fait d'appréciation qu'ils
CnAP. 2°. · DES DÉLITS DE PÈCHE FLUVIALE. 301
doivent juger en leur ame et conscience, sui Tout chasseur qui s'éloigne du garde, ou
vant les circonstances. ne lui exhibe pas son permis à sa première
Le port d'armes sans permis est une con réquisition, est présumé en contravention; le
travention qui doit être punie par le tribunal garde peut alors dresser procès-verbal. Si
correctionnel d'une amende qui ne peut être f§ul é justifie devant le tribunal qu'il était
moindre de 30 fr. ni excéder 60 fr. (décrets en règle, il doit être renvoyé de la plainte,
des 11 juillet 1810 et 4 mai 1812), lors même mais condamné aux dépens, car il a commis
que le fait de chasse qui l'accompagne n'est une faute dont il doit répondre.
pas illicite. Ainsi, un propriétaire qui chasse Le permis de port d'armes est valable pen .
sur son propre terrain, même en temps non dant un an ; il peut servir partout où le chas
prohibé, sans port d'armes, est passible des seur a la permission ou le droit de chasser
peines prononcées par le décret ( Cass. , 27 (décret du 11 juillet 1810, art. 2). Le permis
février 1827 ). de port d'armes est personnel , il ne peut ser
On n'excepte de la nécessité du port d'ar vir qu'à celui qui l'a obtenu ; un autre ne
mes que la chasse dans les enclos attenans à † l'invoquer, fût-il parent de celui qui
une habitation ; mais cette exception ne peut 'a obtenu. Il ne peut non plus être cédé à un
être invoquée par celui qui chasse dans ses étranger, même à prix d'argent. .
bois non clos.
Le fait de chasse sans permis de port d'ar SECTIoN XV. — Des délits de pêche fluviale.
mes et dans un temps prohibé , constitue
deux délits, passibles de deux peines diffé La pêche est un droit qui constitue une
rentes ; le contrevenant doit donc être con propriété , dont la violation doit être répri
damné aux peines prononcées contre ces deux mée; aussi la loi du 15 avril 1829 punit-elle
délits par le décret du 30 avril 1790 et celui d'une amende de 20 fr. au moins et de 100 fr.
du 4 mai 1812 (Commentaire de JoUssE sur l'or au plus, indépendamment des dommages-in
donnance de 1669, titre XXX, art. 18, Cour térêts, tout individu qui se livre à la pêche,
de cass., 4 décembre 1812 et 1°r octobre 1813). sur les fleuves ou rivières navigables ou flot
Toutefois, cette jurisprudence nous paraît con tables, canaux, ruisseaux ou cours d'eau quel
traire aux dispositions de l'article 365 du Code conques, sans la permission de celuiauquel le
d'instruction criminelle qui porte : en cas de droit appartient. Il y a lieu en outre à la res
conviction de plusieurs délits, la peine la plus titution du poisson pêché en délit, et la con
forte sera prononcée. La cour de cassation a fiscation des filets et engins de pêche peut
elle-même jugé, le 4 mai 1821, que lorsque le être prononcée (loi citée, art. 5 ).
délit de port d'armes se trouve joint au délit Il est pourtant un mode de pêche que les
de chasse dans une forêt royale, l'amende de énalités ne doivent pas atteindre ; c'est celui
100 fr. que prononce l'ordonnance de 1669 † ligne flottante, tenue à la main.Toutefois
contre ce dernier délit devait seule être ap on ne peut jouir de cette faculté que dans les
pliquée. rivières ou canaux ou la pêche appartient à
Pour être à l'abri des peines portées par le l'Etat, le temps du frai excepté (idem); la pê
décret du 4 mai 1812 il ne suffirait pas que le che constituerait un délit si elle avait lieu,
chasseur fût en réclamation pour obtenir le même à la ligne flottante tenue à la main, si
permis, il doit l'avoir obtenu ( Cass. 11 février le cours d'eau appartenait à un particulier.
1820) ; c'est en vain qu'il justifierait de la quit On distingue deux espèces de ligne : les li
tance du receveur de l'enregistrement consta gnes dormantes , dont une extrémité est fixée
tant qu'il a acquitté les droits, s'il n'avait pas au fond de l'eau, tandis que l'autre est atta
encore obtenu le permis. Les prévenus du chée à un corps solide, et qui sont garnies d'ha
délit de chasse sans permis de port d'armes, meçons dans toute leur longueur ; et les li
ne pourraient pas être excusés, sous prétexte gnes ſlottantes, formées d'un long fil qui
qu'ils n'ont chassé que le renard (Cass. 1"juil flotte sur la surface de l'eau et à l'extrémité
let 1826 ). inférieure duquel on place un ou plusieurs
En cas de récidive , l'amende est de 60 fr. hameçons ; les lignes flottantes peuvent être
au moins et de 120 fr. au plus; le tribunal attachées à un corps solide ou tenues à la main
peut en outre prononcer un emprisonnement au moyen d'une perche ou canne. Ce ne sont
de 6 jours à un mois (décret du 4 mai 1812, que celles de la dermière espèce qui sont au
art. 2 ) ; dans tous les cas , il y a lieu à la torisées par la loi.
confiscation des armes, et si elles n'ont pas Le poisson parcourant successivement tout
été saisies le délinquant sera condamné à les le domaine des eaux courantes n'appartient
rapporter au greffe ou à en payer la valeur, qui pas plus à telle rivière ou à telle portion de
sera fixée par le jugement, sans que cette fixa rivière qu'à telle autre; au temps du frai,
tion puisse être au-desous de 50 fr. (id., art.3). il remonte souvent jusque dans les petits
• D'après le décret du 11 juillet 1810 , la dé ruisseaux ; il préfère alors les lits les plus res
livrance des permis de port d'armes , appar serrés, et notamment ceux dont les eaux sont
tient aux préfets. Indépendamment des piè limpides et ombragées d'arbustes. Il ne peut
ces à fournir pour justifier la demande d'un être permis aux propriétaires riverains des
permis de port d' armes de chasse , on doit rivières et ruisseaux qui ont le droit de
produire un bulletin du receveur de l'enre pêche, ni d'attaquer le poisson au temps de sa
gistrement du chef-lieu de l'arrondissement , reproduction, ni d'employer pour le pren
constatant qu'on a acquitté le droit. Si le dre, en quelque temps que ce soit, des moyens
permis est réfusé, le droit doit être restitué ; qui pourraient dépeupler les rivières, ni de
mais il n'y a pas lieu à restitution s'il est chercher à le fixer dans des parties du cours
retiré par mesure de police ( circ. du ministre d'eau qui traversent ou bordent leurs pro
des finances du 20 sept. 1820). priétés, par des barrages , grilles et au
302 LEGISLATION RURALE. LIV. VI.
tres ouvrages qui l'empêcheraient entière culiers , dès que les eaux cessent de commu
ment de monter ou de descendre dans les au niquer avec les rivières (id., art. 30).
tres parties des rivières ou ruisseaux. Les La même peine est prononcée contre les
mêmes prohibitions doivent être appliquées pêcheurs qui appâtent leurs hameçons , nas
aux fermiers de la pêche et aux porteurs de ses, filets et autres engins , avec des poissons
licence, dans les rivières navigables, pour des espèces prohibées par les ordonnances
qu'aucun d'eux n'entreprenne rien dans son (id., art. 31 ).
cantonnement de contraire à l'intérêt géné Les fermiers de la pêche et porteurs de li
ral. Il est donc interdit à toute personne de cences, leurs compagnons et gens à gages, ne
placer dans les rivières , canaux et ruisseaux, peuvent faire usage d'aucun filet ou engin
aucun barrage, appareil ou établissement quel quelconque qu'après qu'il a été plombé et
conque de pêcherie ayant pour objet d'empê marqué par les agens de l'administration de
cher entièrement le passage du poisson, sous la police de la pêche. Les délinquans sont pu
peine d'une amende de 50 à 500 fr., des dom nis d'une amende de 20 fr. pour chaque filet
images-intérêts, et de la saisie et destruction ou engin non plombé ou marqué (id., art. 32).
des appareils (id., art. 24). La destruction du Les contre-maitres, les employés de bali
poisson au moyen de drogues ou poisons est sage et les mariniers qui fréquentent les fleu
également punie de peines sévères, et quicon ves, rivières et canaux navigables et flotta
que jette dans les eaux des drogues ou appâts bles, ne peuvent avoir dans leurs bateaux ou
qui sont de nature à enivrer le poisson ou à équipages aucun filet ou engin de pêche,
le détruire, est puni d'une amende de 30 fr. même non prohibés, sous peine d'une amende
à 300 fr. et d'un emprisonnement de 1 à de 50 fr. et de la confiscation; ils sont tenus
3 mois (id., art. 25). de souffrir la visite des agens de pêche, sous
La loi ne s'occupe que du fait d'empoison la même peine (id., art. 33).
nement des poissons des eaux courantes ;
l'empoisonnement des poissons des étangs con SECTIoN XVI. — Des dégradations des pro
stitue un délit d'une nature particulière, qui priétés communales.
est puni de peines plus graves par l'art. 452 Les cultivateurs, ou tous autres qui auront
du Code pénal, ainsi conçu : Quiconque aura dégradé ou détérioré de quelque manière que
empoisonné des poissons dans des étangs, vi ce soit des chemins publics, ou usurpé sur
viers ou réservoirs, sera puni d'un emprison
nement de 1 an à 5 ans et d'une amende leur largeur, seront condamnés à la répara
tion et restitution, et à une amende qui ne
de 16 fr. à 300 francs. Les coupables peuvent peut être moindre de 3 liv. ni excéder 24 liv.
être mis par le jugement sous la surveillance ( loi du 28 septembre 1791 , tit. II, art. 40 ) ;
de la haute police pendant 2 ans au moins et ceux qui, sans y être autorisés, auront en
et 5 ans au plus.
L'ordonnance de 1669 défendait à toute levé des chemins publics des gazons, terres
ou pierres , ou qui, dans les lieux appartenant
personne de jeter dans les rivières aucune aux communes, auraient enlevé les terres ou
chaux, noix vomique, coque du levant, mo matériaux, à moins qu'il n'existe un usage
mie ou autres drogues ou appâts. La loi nou général qui l'autorise, seront condamnés à
velle s'est abstenue avec raison de toute énu une amende de 11 à 15 fr. (loi du 28 avril
mération. -
† (loi du 28 avril 1832, art. 102). Pour les S'il a été fait dans cet intervalle des actes
délits ruraux, punis par la loi du 28 septembre d'instruction ou des poursuites non suivies de
1791, il suffit que le délinquant ait, dans un jugement, il y a prescription après 10 ans ré
temps quelconque, subi une condamnation volus, à compter du dernier acte, à l'égard
pour défit semblable, pour être en état de ré même des personnes qui ne seraient pas im
cidive. pliquées dans cet acte d'instruction ou de
En cas de récidive, la peine doit être appli poursuites (C. d'instr. crim., 637 ).
quée au maximum, à l'exception des peines Dans les deux cas exprimés par l'art. 637 du
prononcées par la loi du 28 septembre 1791, C. d'instr. crim. ci-dessus rappelé et suivant
qui doivent être doublées; pour les délits de les distinctions d'époques qui y sont établies,
chasse, elles sont triplées pour la troisième la durée de la prescription sera de 3 années
fois, et la même progression est suivie pour révolues, s'il s'agit d'un délit de nature à être
les contraventions ullérieures (loi du 30 avril puni correctionnellement (C. d'instr. crim.,
1790, art. 3). En cas de récidive pour port d'ar 638). -
doctrine en décidant que le décret du 4 mai En matière forestière, les actions en répa
1812 se taisant sur le cas où la récidive est en ration de délits et contraventions se prescri
courue et renvoyant à l'exécution de la loi du vent par trois mois, à compter du jour où les
30 avril 1790, c'est cette dernière loi qu'il faut délits et contraventions ont été constatés, lors
consulter pour caractériser la récidive, en cas que les prévenus sont désignés par les procès
de délit de chasse, et que cette loi n'applique verbaux ;dans le cas contraire, le délai de pres
les peines de la récidive que lorsque la con cription est de six mois, à compter du même
damnation a été prononcée dans le cours de la jour ( loi du 21 mai 1827, art. 185).
même année ( voy. ci-dessus, port d'armes). Enfin, en matière de pêche, les actions en
réparation de délits se prescrivent par un mois,
SECTIoN XVIII.— De la prescription des actions à partir du jour où les délits ont été consta
pénales et des peines. tés, lorsque les prévenus ont été désignés dans
les procès-verbaux ; dans le cas contraire, le
Cette section sera divisée en deux paragra délai de la prescription est de trois mois, à
phes ; dans le premier nous examinerons les compter du même jour (loi du 15 avril 1829,
délais dans lesquels l'action pénale se prescrit, art. 62).
dans le second, les délais après lesquels les Ces délais de prescription ne s'appliquent
peines prononcées par les tribunaux sont pres cependant pas aux contraventions, délits et
CI'iteS. malversations, commis par les agens, préposés
ou gardes de l'administration dans l'exercice
S I". — De la prescription des actions pénales. de leurs fonctions. Les délais de la prescrip
tion, à l'égard de ces préposés et de leurs
La prescription des actions pénales s'ac complices, sont les mêmes que ceux qui sont
quiert par un laps de temps plus ou moins déterminés par le Code d'instruction crimi
long, suivant la nature des délits et des lois nellc (lois des 21 mai 1827, art. 186, et 15 avril
qui les punissent. -
1829, art. 63).
Ainsi, en matière rurale, toutes les actioris Au surplus, les dispositions du Code d'ins
pour réparations de délit, punies par les lois truction criminelle sur la poursuite des délits,
du 30 avril 1790 et 28 septembre 1793, se pres contraventions s'appliquent en général aux
crivent par l'expiratiou du délai d'un mois ; délits forestiers et de pêche fluviale, sauf les
(lois du 28 sept. 1791, titre VII, art. 8; du exceptions que nous avons fait connaitre (lois
30 avril 1790, art. 12 ; et arrêts des 14 germinal citées, art. 64 et 187).
an XIII, 6 floréal an XI et 12 février 1821). Actes d'instruction et de poursuites qui inter
304 LEGISLATION RURALE. LIV. VI»
rompent la prescription. La plainte, même en cées par les tribunaux de première instance,
police correctionnelle, interrompt la prescrip à compter du jour où ils ne pourront plus
tion, si le plaignant a consigné sa plainte dans être attaqués par la voie de l'appel (idem,
une citation et a saisi le tribunal, conformé art. 636 ).
ment à l'art. 182 du C. d'instr. crim. ; mais il Lorsque le jugement de condamnation a été
n'en est pas de même de la dénonciation (BoUR rendu en première instance, le délai de cinq
GUIGNoN, Jurisprudence des Codes crim., t. II, ans pour prescrire court de l'expiration des
p . Un pro verba de constatation de délitin
535 ). dix jours accordés par l'art. 203, pour appe
ler, sans avoir égard au délai de deux mois
terrompt aussi la prescription, pourvu qu'il accordé au ministère public par l'art. 205; la
ait été rédigé par un officier judiciaire dont le prescription de cinq ans ne peut être inter
§ puisse faire foi jusqu'à inscrip rompue que par des poursuites faites en exé
tion de faux. Les procès-verbaux des simples cution du jugement de condamnation, à la
gendarmes et sous-officiers de gendarmerie requête du procureur du roi (Cass. 8 jan
ne produisent pas cet effet (le même auteur, vier 1822 ).
loco citato). - - - Du reste, la prescription de cinq ans ne
Il suffit, † que la prescription cesse de s'applique pas non plus aux condamnations
courir, que les actes qui ont été faits aient eu civiles, qui restent soumises aux prescrip
pour objet de constater le crime ou le délit; il tions établies par le Code civil (idem, art. 642).
n'est pas nécessaire qu'ils aient été dirigés Quoique la prescription des actions et des
contre des individus déterminés (Cass., 16 † soit plus
spécialement du domaine de
déc. 1813). a procédure ou de l'instruction criminelle,
Une citation nulle, et en général un acte nous avons pensé que les notions élémentai
nul de quelque nature qu'il soit, ne peut in res que nous venons de présenter sur ce sujet
terrompre la prescription (C. c., 2247 ) . trouvaient ici leur place naturelle et termi
Mais il n'en est pas de même de la citation naient convenablement l'œuvre que nous
donnée devant un juge incompétent, quoique avons entreprise. Nous avons, le premier, es
l'incompétence soit matérielle, l'art. 2246 du sayé de classer méthodiquement la législation
C. civ. renfermant sur ce point une règle gé rurale, et cet essai suffira pour faire voir toute
nérale, et la citation en justice donnée même la difficulté de cette classification et combien
devant un juge incompétent interrompant la elle était nécessaire. La loi rurale entoure de
prescription. •
toute part le cultivateur, elle le punit, le me
- - . -
INTRODUCTION.
Abandonnée pendant long-temps à l'empire éviter les mécomptes. C'est elle encore qui
des circonstances et soumise à une routine nous apprend à raisonner et à conduire à
empirique, l'agriculture, en France, a com bonne fin toutes nos opérations, à nous livrer
mencé seulement de nos jours à suivre une avec confiance à des améliorations dont les
marche plus rationnelle et plus en harmonie avantages ou les chances sont prévues à l'a
avec les progrès des sciences et de la ci vance. à nous assurer des bénéfices indus
vilisation. Mais en améliorant ainsi les mé t§is à peu près certains, et enfin à nous ren
thodes de culture et en portant la lumière dre compte numériquement de toutes les opé
dans diverses branches de l'industrie agri rations que nous entreprenons ou que nous
cole, on n'a pas tardé à s'apercevoir que nous proposons d'entreprendre dans l'exploi
le perfectionnement des méthodes, et les ap tation d'un domaine rural quelconque.
plications les plus heureuses des faits dé Afin de faire mieux sentir l'utilité d'une
couverts dans les sciences physiques ou natu bonne administration, ajoutons à ce que nous
relles, n'étaient pas les seuls élemens d'un pro venons de dire quelques considérations géné
grès certain et legaged'unavenirprospère;que, rales qui rentrent dans ce sujet.
de plus, il était nécessaire de recueillir tous les Pour exercer l'industrie agricole, il faut
faits généraux d'expérience qui se présentaient posséder des capitaux quelquefois considé
dans la pratique, de les coordonner, d'en dé rables. Ces capitaux, qui servent à faire des
terminer les rapports, les limites, les consé avances à la production, ne peuvent, par
quences et d'en former un corps de doctrines suite de la nature même des opérations agri
propres à éclairer la marche de l'agriculteur coles, être avancés et rentrer avec bénéfice
qui débute dans la carrière, à servir de flam plusieurs fois dans l'année, comme cela s'ob
beau à celuiquia vielli dans l'exercice de cette serve dans les industries manufacturières et
industrie, et enfin a donner aux opérations commerciales; il faut, la plupart du temps,
de l'un et de l'autre une certitude de succès attendre une année entière pour que le cercle
et une régularité dans la marche qu'elles n'a complet de la production agricole ait été par
vaient point présenté jusqu'alors. D'un autre couru ; ce qui oblige, pour obtenir des profits
côté, les progrès des sciences économiques égaux à ceux qu'on recueille dans les autres
ont aussi permis de faire d'heureuses applica industries, à des avances plus fortes de capitaux
tions de leurs théories à la production agri et pose une limite assez resserrée aux bénéfi
cole, et c'est des faits généraux empruntés à ces qu'on est en droit d'espérer ou d'attendre
l'expérience, des inductions qu'en a tirées le de l'industrie qui s'applique à la création des
raisonnement et des applications qu'a fournies produits de l'agriculture.
l'économie politique, qu'est resulté une nou Par suite du nombre considérable des pro
velle branche des sciences agricoles, qu'on a ducteurs, de l'approvisionnement constant et
désignée sous le nom d'administration rurale, soutenu des marchés, de l'immense concur
d'économie ou d'administration de l'agriculture. rence dans la production et le commerce des
Une administration rurale fondée sur les meil denrées agricoles, concurrence à laquelle les
leursprincipes est aujourd'hui la seule base solide étrangers sont eux-mêmes appelés à partici
de toute bonne agriculture. En vain vous adop per sous certaines conditions, ces denrées ont
teriez les systèmes de culture les plus vantés, en général un prix qui n'éprouve que de fai
en vain vous mettriez en pratique les procé bles variations, et qui, n'étant pas de beaucoup
dés les plus accrédités et ceux qui ont donné supérieur aux frais de production, ne laisse à
les résultats les plus heureux, vous ne pour l'agriculteur qu'un bénéfice peu considérable
rez espérer un succès constant si les princi et qu'une prime peu élevée pour l'intérêt des
pes d'une administration sévère, méthodique capitaux qu'il avance et pour couvrir des chan
et régulière ne servent à guider vos pas dans ces souvent très désastreuses.
la carrière si fertile en revers †e vous par Quoique les diverses branches de l'écono
courez. C'est en effet la science de l'adminis mie rurale fassent chaque année quelques pro
tration agricole qui nous enseigne à l'avance grès et qu'on doive s'empresser d'accueillir
à ne pas compromettre notre fortune dans et d'appliquer les perfectionnemens qui sont
des entreprises hasardeuses, à connaître les proposés et qu'on croit fondés sur des prin
avances de capitaux auxquelles il faudra nous cipes raisonnés et sur l'expérience, cependant
résoudre suivant les besoins , à calculer nos l'introduction de nouveaux prºcédés dans un
ressources, évaluer les frais d'une opération . établissement rural exigetant de prudence,tant
apprécier les bénéfices, vérifier les pertes et de temps consommé en essais et en tâtonne
| AGRICULTURE. 89 livraison. TOME IV. - 39
306 . ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
mens, et des avances de eapitaux parfois si travaux, à leurs spéculations et à leurs bénéfi
importantes qu'on a, la plupart dû temps, ces, que l'étendue du marché qu'ils savent
de la peine à se déterminer, même avec un s'ouvrir, la rapidité de la consommation et la
esprit éclairé et progressif, à les adopter; ou concurrence, l'agriculteur a non-seulement
bien que, faute de moyens, on est obligé de les mêmes limites comme marchand de den
persévérer dans des méthodes ordinaires qulrées agricoles , mais de plus il a devant lui
donnent moins de bénéfices et vous placent les obstacles i§ que présentent
dans un état d'infériorité vis-à-vis les autres les bornes du fonds qu'il peut exploiter avan
roducteurs qui ont cédé à l'impulsion. tageusement et la pénurie des capitaux.
L'état d'imperfection des voies de com Ainsi tout concourt, dans l'industrie agri
munication, les charges fiscales, la pénurie cole, d'un côté à réduire le taux des bénéfi
des capitaux, le taux élevé de ceux qu'on ces, et de l'autre à resserrer ceux-ci dans d'é
veut emprunter, sont encore pour les agri troites limites, et tout prescrit, tout fait une
culteurs les plus instruits et les plus actifs loi impérieuse à ceux qui se livrent à l'exer
eux-mêmes, autant d'obstacles qui entra cice de cette industrie, de rechercher, dans
vent leur industrie, accroissent leurs frais une appréciation rigoureuse de toutes les cir
de production et restreignent encore leurs constances qui influent sur la production,
bénéfices. - - dans la comparaison numérique des avantages
La plupart des produits bruts de l'agricul que présente tel ou tel procédé, tel ou telsys
ture sont volumineux, lourds, encombrans, tème, dans des tableaux et des comptes exacts
et ne peuvent, généralement parlant, par de tous les moyens mis en œuvre pour par
port à leur valeur vénale, supporter de venir à un résultat quelconque, en un mot,
gros frais de transport et être avec avantage dans une administration habile, régulière et
envoyés au loin; ce qui restreint le marché méthodique, les chances de succès et les bé
où on pourrait espérer de les placer, empêche néfices auxquels a droit tout homme actif,
de les vendre sur celui où on en retirerait un comme récompense de ses travaux et de son
industrie.
plus gros bénéfice, et diminue le nombre des Dans † sommaire que nous allons
consommateurs auxquels on pourrait les of
frir. - mettre sous les yeux du lecteur des principes
La division du travail, qui accroît la puis de l'administration rurale, nous avons pensé
sance du producteur, diminue les frais de que le premier devoir de celui qui voulait se
ction et à laquelle l'industrie manufac consacrer à la production agricole était de
turière et les arts § tant de merveilles, jeter un coup d'œil sur lui-même, et d'exa
ne trouve guère d'applications que dans les miner s'il réunit les conditions auxquelles doit
des fermes et les exploitations étendues. satisfaire tout entrepreneurde ce genred'indus
ï)ans toutes les autres, c'est-à-dire dans la ma trie. Dans le cas § , son deuxième de
jeure partie de la France, l'exiguité des héri voir est de se livrer à la recherche, puis de
tages ne permet pas que chaque travailleur procéder à l'acquisition ou location du do
soit constamment occupé d'un même genre maine qu'il doit exploiter. Une fois en pos
d'ouvrage et empêche de profiter des avan session de ce fonds, c'est à lui à l'organiser
tages de cette division. Ajoutez à cela que dans toutes ses parties d'après les principes
i'agriculture se compose d'une variété infiniequ'enseigne la science. Enfin, le fonds étant
de travaux annuels, qui presque tous doi organisé , il ne restera plus qu'à imprimer à
vent être exécutés dans une saison opportune, l'administration la direction que l'entrepre
qu'il neur jugera la plus convenable et la plus con
pour faut un trèsmême
exploiter petit un
nombre de travailleurs
domaine d'une cer forme à ses intérêts.
taine étendue, enfin que des avances plus con Ces quatre phases distinctes de l'admi
sidérables de capitaux sont indispensables nistration rurale feront le sujet d'autant
pour établir une division profitable du travail de titres séparés dans le présent livre ; mais,
dans une opération quelconque, et on conce avant d'entrer en matière, nous éprouvons
vra que, dans les circonstances actuelles, l'a le besoin de consigner ici une observation
griculture, en France, ne peut pas comp énérale, que nous prions de ne jamais per
ter sur ce moyen puissant pour diminuer re de vue dans tout le cours de ce livre,
ses frais de production et accroitre ses béné parce qu'elle s'applique en quelque sorte à
fices. tous les sujets que nous aurons à traiter, et
Dans les conditions les plus ordinaires , un u'elle nous évitera le soin d'entrer dans des
entrepreneur, quelque instruit, actif ou in étails minutieux ou des répétitions inutiles
dustrieux qu'il soit, ne peut guère diriger ou fastidieuses.
avec succès qu'une exploitation d'une gran La production agricole est un problème
deur médiocre; les difficultés croissantes que immense, susceptible d'une variété infinie de
présente l'entreprise à mesure qu'elle † combinaisons et de solutions, et dans lequel
mente d'étendue, la rareté des capitaux , la il entre un nombre considérable d'élémens
répugnance de ceux qui les possèdent à les non-seulement divers entre eux, mais varia
confier à l'industrie agricole, le taux ruineux bles eux-mêmes suivant une foule de circons
et beaucoup trop élevé de l'intérêt qu'on exige tances accidentelles, imprévues, et souvent
pour les prêter aux agriculteurs, tendent donc très difficiles à discerner et à apprécier. Ainsi,
aussi à restreindre l'industrie de ceux-ci et à ce qui est vrai pour un pays ne l'est pas par
les forcer de se contenter des bénéfices qu'on fois pour un autre; ce qui parait bon et avan
peut recueillir sur un domaine resserré : et tageux dans un canton pourrait être préju
tandis que lemanufacturier et le commerçant, diciable dans un canton voisin ; ce qu'on
soutenus par un crédit presque illimité, ne ourrait entreprendre avec profit dans une
çonnaissent souvent d'autres bornes à leurs erme serait désastreux dans un domaine
CHAP. 1er. QUALITÉs PERsoNNELLES DE L'ENTREPRENEUR. 307
quelquefois voisin; ce qui a réussi une année dans une † aussi compliquée, c'est d'é
peut échouer dans toutes les autres, et enfin tablir des données moyennes et générales qui
ce qui a eté avantageux dans un temps peut uissent servir de jalons au milieu des routes
cesser de l'être sous l'empire des circonstan innombrables qu'offre l'agriculture dans un
ces. Dans cet état de choses, on doit aisément état avancé, en laissant aux agriculteurs à
comprendre qu'il nous a été impossible de te démêler suivant les localités, les circonstan
nir compte des influences infiniment varia ces, les temps, la sagacité ou la capacité des
bles qui affectent à un degré plus ou moins individus, ce qui peut être le plus profitable
éminent le phénomène de la production agri pour eux, et en leur indiquant toutefois com
cole, tant sous le rapport des lois de la nature ment ils doivent s'y prendre pour apprécier
que sous celui des moyens mécaniques et éco les avantages, les inconvéniens et les obsta
nomiques qui sont soumis à la volonté de cles qui se présentent, ou comment ils peu -
l'homme, et qu'on se tromperait si on regar vent s'éclairer dans leur marche ou se ren
dait comme absolus les principes que nous al dre compte des succès et des revers dans
lons exposer. Ce que nous avons dû tenter toute la série de leurs opérations.
TITRE PREMIER.
DE L'ENTREPRENEUR D'INDUSTRIE AGRICOLE.
' qu'il apporte dans la discussion de toutes les de détails et de † de tous les instans
matières agricoles, s'exprime ainsi dans le hui qui constituent le métier. »
tième volume des Annales de Roville : L'agriculteur instruit est donc celui qui réu
· « Le point fondamental dans l'instruction nit à la connaissance pratique du métier toutes
qui peut assurer la réussite d'un agriculteur, les connaissances relatives à l'art; lui seul sera
ce sont les connaissances agricoles proprement en état d'obtenir, d'une manière constante et
dites, quel'on peut considérer sous trois points sans essais ruineux, d'un fonds de terre quel
de vue : les connaissances du métier, celles de conque, tous les fruits que l'industrie hu
l'art et celles de la science. maine est capable d'en tirer, et les plus forts
« Le métier se circonscrità des connaissances profits que notre état social et nos connais
en quelque sorte matérielles, et, en les bor sances agricoles permettent d'y recueillir.
nant à une seule localité et à un mode de cul . On ne doit dédaigner à aucun âge d'acqué
ture déterminé, il apprend à connaître la rir des connaissances agricoles par toutes les
terre, à apprécier les effets des cultures qu'on voies qui sont à la portée de nos moyens ou
lui donne dans telle ou telle circonstance, à par des études proportionnées à notre capa
juger de l'époque la plus convenable pour les cité et à notre intelligence; l'expérience a
semailles, la manière † procéder, les soins même prouvé § des hommes, entrés dans
qu'exige chaque espèce de bétail, etc. Le mé un âge avancé dans la vie agricole ou dans la
tier s'améliore par l'expérience, c'est-à-dire carrière des améliorations, et après avoir
par l'observation des faits, en se bornant aux long temps exercé des professions étrangères
conséquences les plus immédiates qu'on peut à cet art, ont obtenu des succès dus à la ma
en tirer pour un cas particulier. L'agriculture, turité de leur jugement, à une bonne métho
réduite au métier, embrasse encore une car de d'observation et en grande partie à une
rière très vaste et remplie d'une multitude de étude raisonnée des principales connaissances
détails, et qu'il n'est pas donné àtous les pra †i mais l'âge qui paraît le plus favora
ticiens de parcourir avec distinction, parce ble pour l'éducation agricole est la jeunesse, au
que l'observation des faits doit venir cons moment où toutes nos facultés physiques et
tamment ajouter à la masse des connaissances intellectuelles, en se développant simultané
de cette espèce et parce que tous les espritsment, font contracter des † perma
ne sont pas également attentifs et observa nentes et rendent les impressions plus faciles
#ar considère la culture de la terre sous et On
teurS. plus durables.
a proposé divers plans d'éducation agri
un point de vue beaucoup moins restreint que cole pour la jeunesse. Tantôt le jeune sujet
le métier; il étudie, compare et combine en
tre eux, mais toujours en prenant pour bous
† destine à recevoir une éducation très
éveloppée en ce genre est d'abord exercé
sole la pratique et relativement aux circons pendant quelques années à la pratique du mé
tances locales dans lesquelles il y aura à faire tier, qu'il abandonne ensuite pendant un cer
des applications, les procédés qui sont du mé tain temps pour l'étude des principes raison
tier dans divers pays et diverses circonstan nés de l'art et des sciences accessoires, pour
ces; il raisonne ses opérations beaucoup plus revenir plus tard aux applications. Tantôt, au
que le métier; il calcule les résultats économi contraire, le jeune homme débute par l'étude
ues de diverses combinaisons ou systèmes de ces principes et passe ensuite aux applica
# culture; il se rend compte des résultats de tions pratiques. Tantôt, enfin, on cherche à
ses opérations, persévère dans la route qu'il faire marcher de front la pratique et l'étude
avait adoptée ou la quitte pour en prendre une de l'art et des sciences agricoles.
autre, selon qu'il le juge conforme aux inté En commençant l'éducation du jeune agri
rêts de la spéculation. culteur par l'étude de l'art et des sciences acces
« La science agricole, que je considère ici soires avant † pratique ne lui ait don
comme entièrement distincte des sciences ac né une idée des travaux agricoles, on ne tarde
cessoires, étudie les rapports entre les causes pas à s'apercevoir qu'il est une foule de cho
et leurs effets; elle s'efforce de généraliser ses qu'en dépit de tous les efforts on ne peut
les conséquences des observations que lui of parvenir à lui faire comprendre ou dont il ne
fre la pratique et d'en tirer des préceptes qui peut saisir les motifs, les rapports ou les ap
deviendront de l'art lorsque la pratique les plications immédiates. En outre, les jeunes
aura confirmés; elle cherche dans les autres gens qui débutent de cette manière dans la
branches des connaissances humaines des se carrière contractent trop souvent, dans les
cours et des auxiliaires. La science, dans l'ac villes, des habitudes de nonchalance, le goût
ception que j'attache ici à ce mot, n'apportera des plaisirs et de la dissipation qu'ils portent
pas à une entreprise agricole de grandes chan ensuite dans la vie champêtre et qui devien
ces de succès et elle peut être quelquefois fu nent autant d'obstacles invincibles au succès
Ineste. de leurs spéculations agricoles; souvent aussi
« Parmi les conditions du succès matériel ils dédaignent les enseignemens de la prati
on ne peut admettre exclusivement la prati que, ou bien se déterminent avec peine à en
que du métier, et l'on doit, sans hésiter, re treprendre des travaux pénibles et soutenus ou
garder les connaissances de l'art comme for à descendre dans certains détails qui toutefois
mant essentiellement, sous le rapport de l'ins ont fréquemment une influence décisive sur
truction agricole, la condition indispensable la réussite des opérations. -
du succès ; mais il faut supposer que dans Le plan qui consiste à placer d'abord le jeu
l'art nous comprenons ici les connaissances du ne élève chez un agriculteur exercé, sous la di
métier; car si ce dernier ne suffit pas, l'art rection duquel il apprend tout le mécanisme
manquerait certainement son but s'il était des opérations agricoles, nous paraît préféra
privé de la connaissance de cette multitude ble au précédent. Ici, non-seulement le jeu
CHAP. 1er. QUALITÉS PERSONNELLES DE L'ENTREPRENEUR. 309
ne homme peut contracter des mœurs et des
tation, condition qui nous paraît nécessaire
habitudes agricoles, qui ne s'effacent plus avec pour connaître à fond la partie mécanique du
l'âge, mais, en outre, il comprend infiniment métier, pour l'enseigner aux autres et appren
mieux des opérations, auxquelles il a déjà pris dre à les diriger. Enfin, les diverses branches
part, et dont l'art ou la science viennent en de l'économie rurale n'y sont pas assez multi
suite lui démontrer la nécessité, justifier la pliées ou conduites sur une échelle suffisam
marche et offrir une explication raisonnée ment étendue pour faire acquérir aux élèves
propre à satisfaire l'esprit. Ce plan, qui n'exi l'expérience nécessaire dans ces matières(voy.
ge pour être mis à exécution qu'une éduca THAER, Principes raisonnés d'agriculture, 2°
tion primaire donnée avec soin, est très Dro édit., t. I", p. 24 et suiv.).
pre à former des agriculteurs habiles. Les sciences accessoires qui éclairent les opé
Le meilleur plan est celui dans lequelle jeu rations de l'agriculture sont la chimie, la phy
ne homme, après avoir appris par une bonne sique, la botanique, les sciences vétérinaires,
éducation primaire, les élémens des sciences les mathématiques et la mécanique usuelle, la
qu'illuiimported'abord de connaître, est placé, technologie, l'économie politique et commer
à l'âge de 16 à 17 ans, chez un cultivateur qui ciale et le droit. La connaissance de ces scien
n'est pas seulement un ouvrier habile, mais ces peut être puisée dans la lecture des ou
† possède les connaissances les plus éten VrageS †y sont consacrés ou dans les leçons
ues dans la pratique de l'art et dans les prin orales d'un professeur; mais, dans tous les
cipes de la science, auxquels il initie le jeune cas, leur étude ne doit pas avoir une trop
élève en faisant marcher de front le métier, grande extension et aller au-delà des applica
l'art et la science. C'est ce plan qu'on suit as tions rationnelles qu'on peut en faire aux opé
sez généralement en Allemagne et en Angle rations agricoles.
terre. Dans ce dernier pays on pousse même Quelques connaissances dans l'art du dessin,
l'attention jusqu'à envoyer l'élève dans uncan c'est-à-dire un peu d'habitude dans le dessin
ton particulier, où le système de culture qu'il des plantes, des animaux et des machines, se
doit embrasser un jour dans sa localité est ront très souvent avantageuses à un agricul
† à son plus haut point de perfection, ou teur.
ien on lui fait parcourir successivement, de Un cultivateur qui possède un bon fonds
deux ans en deux ans, les districts qui se font de connaissances agricoles, acquises par une
remarquer par l'excellence de leurs procédés des méthodes que nous venons de faire con
dans la culture des céréales ou des plantes naître, ne peut pas se borner à cette instruc
fourragères dans des sols et des climats de tion ; il doit encore chercher continuellement
natures diverses, dans l'éducation du bétail sui à étendre et à compléter le cercle de ces con
vant des systèmes variés, dans l'irrigation des naissances et à s'éclairer de plus en plus.Ainsi,
prairies, le desséchement des terres impré il retirera d'utiles fruits de la lecture attentive
gnées d'eau, ou parl'état parfait d'entretien des et raisonnée des bons ouvrages et des publica
chemins vicinaux et ruraux ou l'habileté avec tions périodiques qui traitent de la pratique et
laquelle les fermiers y administrent leur éta de la théorie de l'agriculture, de ses progrès
blissement, etc. ou de ses intérêts; des voyages, des excur
Ce système excellent d'éducation, qu'il est sions agronomiques dans son canton, ou dans
facile de mettre à exécution dans un pays qui, des contrées ou des localités les plus renom
comme l'Angleterre, possède des fermiers ha mées par leurs succès dans une ou plusieurs
biles et instruits sur toute la surface de son branches de l'économie rurale, porteront à sa
territoire, n'est pas encore praticable en connaissance des procédés qui ont pour eux la
France, où nous comptons encore un trop sanction du temps, et lui permettront de com
petit nombre de propriétaires éclairés, de fer parer les systèmes, les méthodes, les moyens
miers instruits et d'exploitations qui puissent d'exécution, et de faire l'essai de ceux qui lui
servir de modèle. , paraîtront promettre le succès leplus constant
On a cherché dans divers pays a reunir, et les bénéfices les plus forts et les plus cer
dans des établissemens spéciaux, l'enseigne tains.En agriculture, plus que dans toute autre
ment théorique à la démonstration pratique industrie, il faut beaucoupvoir, puis réfléchiret
des faits, et cette idée a donné naissance aux méditer sur ce qu'on a vu. Une correspondan
écoles ou institutions d'agriculture et aux fer ce ou des discussions raisonnées avec des sa
mes-modèles, dont THAER paraît avoir été le vans, des agronomes instruits ou d'habiles
fondateur en Allemagne, où ils se sont multi praticiens, ou même des entretiens avec de
pliés, et que M. de DoMBAsLE a si heureuse simples serviteurs ou journaliers doués de
ment importés en France. Ces établissemens, perspicacité, porteront souvent à sa connais
qui commencent à se répandre ont déjà, de sance des faits très importans ou jetteront
uis leur fondation, rendu des services signa tout-à-coup dans son esprit une vive lumière
és à notre agriculture et formé des proprié sur certains points intéressans de pratique. Il
taires ou des fermiers habiles qui ont porté la y aura toujours profit pour lui à correspondre
lumière sur divers points de notre territoire ; avec les sociétés d'agriculture, les membres
mais ces écoles, en France, au moins, exigent des comices agricoles, les directeurs de fer
encore, pour † uisse profiter de l'ensei mes-modèles, etc., à se tenir au courant de
gnement qu'elles offrent, des sacrifices pécu toutes les améliorations et à assister aux réu
niaires au-dessus de la portée de la majorité nions de cultivateurs, aux concours de char
des cultivateurs. Les élèves en trop grand rues, à ceux de bestiaux, de produits agricoles
nombre sur un domaine resserré et de petite de toute espèce, enfin à fréquenter les halles,
étendue ne peuvent y être exercés, pendant un marchés et tous les lieux où l'on fait le com
certain temps, aux travaux manuels et soute merce des denrées que crée l'agriculture.
nus, comme les aides agricoles d'une exploi
310 -- * ADMINISTRATION RURALE. L1V• V11.
connaissance se diriger dans le choix qu'il a L'expérience est le fruit d'une disposition
à faire des uns ou dans les moyens par les particulière de l'individu, qu'on appelle esprit
quels il peut les employer utilement dans d'observation, et qui le porte à observer des
ses transactions avec les autres, pour assurer faits et à distinguer les causes des résultats,
la conservation de ses intérêts. non pas en les rattachant à des théories plus
L'esprit des affaires, qui se lie intimement à ou moins hasardées , mais en les comparant
la connaissance des hommes, est une qualité à d'autres faits analogues qui mettent l'homme
spéciale qui a pour caractère essentiel une judicieux sur la voie pour discerner l'enchai
disposition à l'aide de laquelle un homme nement des causes et des effets.Un jugement
sait se prévaloir de tous les avantages que lui sain et droit , une disposition particulière de
offrent les circonstances dans toutes les ma l'intelligence , sont les conditions de cette
tières d'intérêts. L'esprit des affaires est un faculté, que des habitudes contractées perfec
don de la nature; il se développe par l'habi tionnent par l'usage.
tude et l'expérience, qui peuvent jusqu'à un Enfin la condition morale la plus essentielle
certain point y suppléer, mais jamais le rem peut-être au succès d'une entreprise agricole,
placer complètement. L'esprit des affaires dans c'est l'application ou la ferme détermination
une entreprise agricole est, plus que dans d'y consacrer ses soins et son temps et d'en
toute autre branche d'industrie, une condition ordonner et surveiller tous les détails. La di
indispensable du succès. rection d'un domaine rural, lorsqu'on veut y
On doit encore compter, parmi les condi trouver des bénéfices, n'est pas une opéra
tions d'une parfaite administration, la dispo tion frivole qu'on peut abandonner ou repren
sition morale qui rend un homme apte à em dre selon le temps ou son caprice ; elle exige
brasser § de son affaire, afin d'en bien au contraire une vocation décidée, un goût
coordonner toutes les parties et d'en suivre soutenu, des habitudes persévérantes et en
tous les détails, en sorte qu'aucun d'eux ne fin une résidence constante sur les lieux, que
soit négligé ou sacrifié à d'autres. tous les bons esprits s'accordent à regarder
L'économie est peut-être encore plus néces comme une condition de la plus grande impor
saire dans l'agriculture que dans toute autre tance pour le succès de toutes les entreprises
branche de spéculation. Elle consiste dans § agricoles et du plus haut in
une sage réserve à l'égard de toutes les dépen térêt pour l'avenir de l'agriculture en France.
ses relatives à des besoins ou à des jouissan A ces qualités morales de l'entrepreneur
ces personnelles, tandis que dans toutes cel nous en ajouterons deux autres qui exercent
CIIAP. 2°.FONDS D'INSTRUMENS D'INDUSTRIE DE L'ENTREPRENEUR. 311
une Influence bien marquée sur la réussite personnelles, une conduite dissipée ou im
d'une entreprise agricole et surtout sur le morale netarde pas à conduire à une ruine
bonheur et l'avenir de l'homme des champs. certaine; en outre, celui qui dirige une ex
La première est la probité, sans laquelle il ne loitation est souvent le père d'une nom
peut guère y avoir de succès durable et qui † famille, il commande à ungrandnom
facilite singulièrement toutes les transactions. bre d'agens et de domestiques, il exerce sur
La seconde est la pureté des mœurs : on conçoit eux une sorte de magistrature privée qui exige
en effet que, dans l'industrie agricole, où les impérieusement qu'il leur én impose par
bénéfices sont restreints et où une stricte l'austérité de ses mœurs et qu'il leur
économie doit présider à toutes les dépenses àtousl'exemple d'uneconduite irréprochable
#
Ou bien vous ne possédez pas en propre les actions, de chacun de ces établissemens est
capitaux qui seraient nécessaires ou suffisans en moyenne de 12 millions. Elles émettent des
pour acquérir la propriété ou pour faire les valeurs de circulation, reçoivent des dépôts
avances à la production, et dans ce cas vous d'argent comme nos caisses d'épargnes, et en
avez recours au crédit. paient l'intérêt à compter du jour du dépôt;
Le crédit consiste en général à louer le ser mais elles offrent surtout l'avantage d'ouvrir
vice productif que peuvent rendre les capitaux, avec facilité des crédits à tous les agriculteurs
et sous certaines conditions, à ceux qui les qui par leur activité et leur probité méritent
possèdent et qui ne veulent pas les employer cette marque de confiance. Ces établissemens
r eux - mêmes à la production agricole. sont donc tout à la fois des banques de circu
ans les industries manufacturière et com lation, de dépôt et de crédit, et c'est ce triple
merciale le crédit produit journellement des caractère qui fait tout leur mérite. Il résulte
effets merveilleux et élève souvent en peu de en effet de cette combinaison que les crédi
temps des établissemens Industriels au plus tés n'ont jamais besoin de conserver chez eux
haut point de prospérité ; mais dans l'agricul une portion importante de leur capital, qui
ture il n'a eu jusqu'ici en France, dans la plu produit ainsi continuellement intérêt; que
part des cas, que des résultats fâcheux et des d'autre part ils ne manquent jamais d'argent,
conséquences funestes. Les bénéfices qu'on puisqu'ils n'ont qu'à tirer sur la banque pour
est généralement en droit d'attendre de l'in s'en procurer. Les épargnes des classes pau
dustrie agricole sont trop bornés et exposés, vres sont accumulées et immédiatement utili
dans l'état actuel de l'art, à des chances tro sées dans ces établissemens. Il n'est jamais à
multipliées pour qu'on puisse, sans courir à craindre que ces banques mettent en circula
sa ruine, accepter les conditions onéreuses tion des valeurs au - delà des besoins du com
auxquelles les détenteurs de capitaux, dans merce, puisque ces valeurs ne tarderaient pas
nos départemens, consentent encore à les à retourner subitement vers les banques pour
prêter, ou † espérer, par un amortisse profiter de l'intérêt quelles paient; chacun
ment annuel, de s'acquitter, dans un temps étant intéressé à ne pas conserver ces valeurs,
donné, de la somme principale. En outre qui portent intérêt à partir du jour ou elles
les vices de notre régime hypothécaire, l'igno sont reportées à son compte | courant, ne
rance et l'apathie des propriétaires ou agri garde que la portion du capital dont il trouve
culteurs contribuent à rendre ces sortes de un emploi actuel. Nous regrettons de ne pou
transactions difficiles et hasardeuses. La plu voir donner † idée fort incomplète de
part du temps le cultivateur n'a besoin de ca ces utiles établissemens qui répandraient tant
itaux que pour quelques mois seulement et de prospérité sur nos campagnes, et nous en
jusqu'à ce qu'il soit remboursé de ses avances gageons pour les connaître en détail à consul
par la récolte de l'année, tandis que les capi ter la brochure qui a été publiée en 1835 par
talistes ne prêtent pas volontiers leurs fonds
M. Léopold MALEPEYRE (1).
pour un si court espace de temps De plus le Nous verrons plus loin, dans le chapitre du
remboursement des sommes ainsi avancées se titre III qui sera cons§ § capitaux, la ma
faisant presque toujours en une seule fois ou nière dont ces instrumens se distribuent dans
en un petit nombre de fortes sommes par les opérations productives de l'agriculture, et
tielles, l'agriculteur est contraint, avec ses bé dans le titre IV les considérations économi
néfices restreints, d'accumuler petit à petit en ques auxquelles leur conservation ou leur ac
écus les capitaux qu'il doit restituer, à laisser cumulation peut donner lieu - ce qu'il importe
ainsi ceux-ci improductifs pendant long pour nous dans le moment actuel, c'est de sa
temps, et à augmenter encore ainsi les pertes voir comment un homme qui possède un
que lui causent les gros intérêts et le crédit. fonds de capitaux matériels et immatériels,
Il est toutefois un autre mode de credit qu'il veut consacrer directement ou indirec
bien plus favorable au développement de la tement à la production agricole, parviendra à
prospérité de l'industrie agricole et sur lequel les mettre en valeur de la manière la plus
nous désirons attirer un instant l'attention fructueuse pour ses intérêts personnels.
de tous les amis de leur pays; nous voulons Cette question présentée ainsi d'une ma
parler des banques agricoles. Divers établisse nière générale ne peut être résolue qu'en pre
mens de cette nature existent en plusieurs nant en même temps en considération les
pays et sont basés sur des principes très diffé avantages ou les inconvéniens des divers mo
rens. Nous nous bornerons à rappeler en peu des de faire valoir un établissement agricole ;
de mots les bases d'organisation des banques ce dernier sujet devant nous occuper pro
écossaises, parce qu'elles ont obtenu lasanction chainement, nous croyons devoir nous bor
du temps, les éloges de tous les économistes, ner ici aux considérations suivantes.
et qu'elles ont répandu en Ecosse une prospé Un particulier qui a de gros capitaux dispo
rité digne d'envie. nibles, et qui réunit à un bon fonds de con
Dans ce pays il n'y a pas de banque mono naissances agricoles toutes ou au moins la
polisée; chacun peut établir une banque en plupart des dispositions personnelles que nous
se conformant aux dispositions de la loi; on avons exigées dans un entrepreneur pour se
en compte aujourd'hui plus de 32, avec un livrer avec succès à la production, ne peut
grand nombre de succursales; en général elles mieux faire que d'acquérir un vaste domaine
sont formées par la réunion de divers proprié dont il fera choix avec discernement, et de
taires de chaque district. Le capital, divisé en l'exploiter pour son propre compte. Dans cette
(1) De la nécessité de créer des banques locales pour donner un nouvel essor à l'industrie agricole, etc. Broch.
in-12, prix : 1 fr. A Paris, au bureau de la Maison Rustiaue, Quai-aux-Fleurs, n° 15, et chez Delaunay et
Mansut fils.
CHAP. 1ºº. CHOIX D'UN DOMAINE RURAL. 313
circonstance toutes les conditions paraissent ne reunit qu'en petit nombre les qualités qui
être réunies pour tirer de la terre tous les font l'habile agriculteur, il vaudra mieux pour
fruits qu'elle est capable de donner et pour lui acquérir la possession d'un domaine de
porter l'agriculture au plus haut point de moyenne ou de petite étendue, et l'exploiter
perfection dont elle est susceptible dans l'état aussi bien que lui permettront ses connais
actuel de nos connaissances. sances, son intelligence et son activite.
Si les valeurs capitales disponibles que pos Quant à celui qui est dépourvu de capi
sède l'entrepreneur étaient moins considéra taux, mais qui possède un excellent fonds
bles que dans l'exemple précédent, il se pré d'industrie, sa place est à la tête d'un établis
senterait deux cas suivant la capacité du sujet. sement agricole en qualité de régisseur ou de
Supposons d'abord , celui-ci doué d'une directeur, à moins qu'il ne trouve à des con
rande intelligence, de beaucoup d'activité et ditions très avantageuses les sommes dont il a
es autres qualités nécessaires, ainsi que besoin pour prendre à son oropre compte une
d'une instruction agricole étendue; dans cet entreprise agricole.
état de choses l'entrepreneur agira très sage Enfin un capitaliste étranger à toute ins
ment en affermant un grand domaine, en re truction agricole, et qui ne se sent aucune
tirant ainsi un plus fort intérêt de ses capi aptitude pour ce genre d'industrie, n'a pas
taux et des bénéfices plus considérables de d'autre moyen, † il a acquis un domaine
son industrie, et en vivant au sein d'une abon rural, que de le donner à bail à un fermier, ou
dance inconnue au petit propriétaire. de le confier aux mains plus habiles d'un ré
Si au contraire, avec des capitaux restreints, gisseur probe et instruit.
le sujet a une instruction agricole bornée et
TITRE DEUXIÈME.
D U D OMAIN E.
Le premier devoir d'un homme qui se con vues, puis en déterminer la valeur vénale ou
sacre à la production agricole et † possède
locative, et enfin procéder à son acquisition
les capitaux nécessaires ainsi que les qualités ou à sa location, en suivant les formalités
que nous avons exigées, c'est de se procurer nécessaires en pareil cas. Ce sont là autant de
la jouissanee d'un fonds productif; pour par sujets divers qui vont être développés dans
venir à ce but il doit d'abord se livrer à la les chapitres suivans.
recherche d'un domaine propre à remplir ses
tés, donnent une plus haute valeur vénale ou nous sommes donc dispensés de revenir sur
locative à un fonds et doivent en faire re ce sujet.
chercher la jouissance. La première chose qu'il faut faire pour se
Tout ce qui tend au contraire vers un but livrer à l'examen d'une localité, c'est de recon
opposé a pdur résultat d'abaisser cette valeur naître le caractère général de son climat. Ce
et de diminuer le prix de ce fonds aux yeux caractère est déterminé principalement par
d'un entrepreneur éclairé. sa latitude † son élévation au
L'influence des causes et des circonstances dessus du niveau des mers , sa position rela
variées dont il vient d'être question sur les tive, le voisinage de la mer, des lacs, des
frais de production doit, autant que cela est étangs, des marais, des cours d'eau ou des
praticable, être appréciée numériquement, tant forêts , la direction générale des vents, l'éten
pour fixer la valeur d'acquisition ou de jouis due des terres desséchées, boisées ou en cul
sance du fonds, que pour établir la probabi ture, par la nature du sol et du sous-sol,leur
lité et l'étendue † bénéfices qu'on peut es perméabilité, leur capacité pour absorber la
pérer de recueillir sur ce fonds. C'est sur la chaleur solaire, par la période de temps pen
combinaison des divers élémens fournis ainsi dant laquelle le soleil est au-dessus de l'horizon
par l'observation et le calcul; c'est sur la pos ou y brille sans nuages, etc. .
sibilité d'écarter sans trop de sacrifices ceux Ce caractère une fois apprécié et déterminé,on
qui forment des obstacles et d'accroître la cherche à connaître les températuresmoyennes et
puissance de ceux qui paraissent avantageux ; extrêmes de l'année, la régularité, la marche et la
c'est en balançant ceux qui sont défavorables durée de chaque saison, qui servent de base à
par ceux qui offrent des chances de succès ; l'organisation de la ferme ou au choix d'unsys
c'est enfin en prenant en considération sa si tème de culture et forment un élément essen
tuation personnelle, que l'entrepreneur peut tiel dans la distribution des travaux de l'année
asseoir son jugement, motiver son choix et se agricole; puis on s'informe du degré d'humi
déterminer à donner la préférence à tel do dité. qui est d'une importancesimajeure pour
maine sur tous les autres. la végétation, mais dont la surabondance est
Ce principe une fois posé, nous allons passer nuisible ; de la quantité moyenne de pluie et
à l'analyse de toutes les conditions auxquelles sa répartition dans diverses périodes de l'an
il faut avoir égard dans la recherche d'un do née; de l'abondance de la rosée, qui supplée
maine. Ces conditions peuvent être divisées souvent aux pluies et ranime les végétaux pen
en générales et en particulières qui vont faire dant les sécheresses; de la fréquence, de la di
l'objet de deux sections distinctes. rection, des effets ou de la violence des autres
Avant d'entrer dans l'examen détaillé d'un phénomènes atmosphériques naturels, tels que
fonds il est indispensable d'avoir un cahier de les orages, les ouragans, les bourrasques, la
papier ou registre divisé en autant de sections rêle, le givre, la gelée blanche ou les gelées
et de paragraphes qu'il y en a dans ce cha ors de saison, les brouillards, la foudre, etc.,
pitre ; c'est sur ce cahier qu'on inscrit tous les qui détruisent souvent en un instant toutes les
documens, chiffres, notes et observations que espérances du cultivateur; des vents dominans
l'on juge utile de recueillir et qui servent en qui peuvent être chauds, froids, desséchans,
suite à établir des calculs d'estimation du fonds, humides, violens, chargés de particules sa
des évaluations et des formules diverses. bleuses, terreuses, salées ou d'émanations
insalubres, etc., et qui sous ces divers caractè
SECTIoN Ir°. — Des conditions générales dans res affectent différemment les corps organi
la recherche d'un domaine. sés, etc., tous phénomènes qui ont une ac
tion directe ou indirecte sur la nature des
Nous donnons ici le nom de générales à tou végétaux qu'on peut cultiver, sur leurs dimen
tes les conditions auxquelles doit satisfaire le sions, leurs propriétés alimentaires, leur ri
pays au sein duquel le domaine est situé, et qui chesse en certains produits immédiats, leur
exercent sur le succès de son exploitation ou réussite, aussi bien que sur la taille, lavigueur et
les avantages qu'on peut en recueillir une in les produits des bêtes de trait et de rente.
fluence directe ou indirecte. Ces conditions Ces notions une fois acquises, l'administra
peuvent être étudiées sous cinq points de vue teur jettera un coup d'œil d'ensemble sur l'as
différens : sous celui de l'état physique et na pect physique du pays. Il examinera le relief
turel du pays, et sous ceux de son état politi général du terrain , les accidens, les ondula
ue, administratif, économique et industriel. tions, l'inclinaison des pentes, la direction des
† dans cet ordre que nous allons procéder vallées, l'étendue des plaines : un pays plat of
rapidement à leur étude dans les paragraphes fre plus de facilité à la culture et les charrois
SlllVaIlS. y sont moins pénibles et moins coûteux que
dans les localités où le terrain est fortement
$ I".— État ohysique et naturel du pays. ondulé ou dans les pays de montagnes; en
outre ces montagnes, suivant leur position ,
Dans le chapitre Ier du livre Ier de cet ou leur élévation, leur forme, leurs pentes, peu
vrage nous avons fait connaitre quelle est vent élevor ou abaisser la température du
l'influence du climat en agriculture, ainsi que pays, le mettre à l'abri des orages et des
celle que les phénomènes atmosphériques vents, ou rendre ces météores plus fréquens
exercent sur la végétation ; nous avons en et plus dangereux ; elles peuvent donner nais
même temps indiqué les moyens divers dont sance à des eaux torrentielles, à des éboule
on se sert pour constater l'état physique et mens , des avalanches de neige ou de sable,
climatérique d'un pays, soit par l'inspection etc., qui détruisent au loin les cultures.
seule des végétaux qui croissent spontanément Les caux méritent aussi une attention toute
sur Je sol, soit avec le secours des instrumens ; particulière, et on examinera la direction,
CHAP. 1°r. CHOIX D'UN DOMAINE RURAL, 315
la longueur, le volume et la pente de leurs à examiner le degré de liberté politique dont
différens cours; si ceux-ci sont navigables ou on jouit, la liberté de conscience, les charges
flottables, si leurs eaux débordent à certai publiques, leur répartition, l'état financier du
nes époques de l'année ou si elles sont taries trésor, l'indépendance des juges et des ma
ar les sécheresses. On reconnaîtra avec soin gistrats, la célérité des formes judiciaires, les
es eaux stagnantes, leurabondance, l'éten restrictions ou les entraves apportées à l'in
due de la surface qu'elles recouvrent et le rap dustrie, etc., et une foule d'autres causes qui
† des terres inondées ou imprégnées d'eau exercent une action marquée sur les profits
celles qui sont sèches; enfin on appréciera de l'agriculteur et réagissent sur son bien-être
l'influence qu'elles exercent sur le climat et ou le développement de son industrie et de
la végétation, sur les hommes et les animaux. ses facultés.
La constitution géologique du pays, qui donne Quoique, à proprement parler, l'agricul
souvent un caractère particulier aux végé ture ne doive rien attendre que de ses pro
taux et détermine le degré d'humidité, de pres efforts, il est toutefois très avantageux
chaleur, de rayonnement ou d'absorption du our elle que le gouvernement, les autorités
sol, fixera aussi l'attention de l'agriculteur ocales, les conseils généraux soient éclairés
instruit. L'examen de la nature des terrains à sur ses véritables besoins et prennent des dis
la surface du sol lui fournira des documens uti positions pour favoriser son développement,
les, tant sous le rapport des cultures qu'on pour la soutenir et l'encourager dans ses ten
pourra introduire avec le plus de succès que tatives d'améliorations, pour lui prêter au be
sous celui de la possibilité de se procurer à soin secours et assistance, pour fonder des
peu de frais, si cela était nécessaire, des eaux établissemens qui lui sont utiles et faire exé
jaillissantes. cuter des travaux économiques ou adminis
Les richesses minérales d'un pays ne sont †qui soient pour elle d'un intérêt ge
pas d'un moindre intérêt pour l'agriculteur Il6 I'a1.
et il est indispensable pour lui d'être infor Ainsi, avant de s'établir dans un pays, il
mé si on y trouve et exploite des gisemens importe de connaître si l'autorité a provoqué
d'argile, de sable, de marne, de craie, de ou favorisé l'établissement de banques agri
plâtre ou de pierre calcaire, ou bien des gra coles, de caisses d'épargnes, de sociétés d'as
nits , des schistes, des grès, des laves pour les surances, de sociétés d'agriculture, de co
constructions, des schistes bitumineux, des mices agricoles, de chaires d'agriculture,
cendres pyriteuses, de la tangue ou vase de comme on en voit en Allemagne, de fermes
mer, du sel gemme, de la houille ou de la modèles ou expérimentales, d'institutions ou
tourbe, etc. autres établissemens propres à propager les
Les richesses végétales du sol, soit naturel connaissances et les bonnes méthodes agrico
les, soit artificielles, comme l'abondance des les ; si, par des mesures législatives, elle cher
plantes aromatiques industrielles ou médi che à accroître les garanties de la propriété,
cinales, et les forêts fixeront aussi ses regards, assurer plus efficacement les stipulations des
Il examinera sous un point de vue général contrats pour louage d'industrie ou de fonds
· ces dernières qui, augmentant beaucoup l'hu de terre §r les baux à longs termes,
midité du terrain, surtout dans les fonds, em à faire disparaitre d'anciens abus, tels que la
pêchent souvent l'asséchement du pays, ser vaine pâture, le parcours, le glanage, le gra
vent de repaire aux malfaiteurs ou aux ani pillage, la chasse, etc.; si elle veille avec un soin
maux nuisibles, mais qui, d'un autre côté, paternel à l'administration des propriétés
s'opposent souvent aussi à la violence des communales et des établissemens de bienfai
vents, à l'évaporation trop rapide du sol cul sance, à l'entretien et à la réparation des rou
tivé, à son refroidissement, etc. tes, chemins vicinaux, canaux, ponts, digues,
Les animaux à l'état sauvage, qui attaquent barrages, ou à l'établissement de nouvelles
les bestiaux ou dévorent les récoltes, doivent, voies de communication, de halles, de mar
sous le rapport de leur nombre, de l'étendue chés, etc. ; enfin si elle protége et propage
de leurs ravages et de leur facile destruction, l'enseignement primaire et industriel.
entrer aussi dans cette enquête générale. L'autorité rend encore des services signalés
Enfin, il sera nécessaire d'acquérir des no à l'agriculture quand elle fait faire des dé
tions précises sur l'état sanitaire général du nombremens ou des tableaux du mouvement
pays, tant relativement aux hommes et aux de la population et des travaux statistiques,
animaux que sous le rapport des affections dresser des cartes géographiques, topographi
organiques qui attaquent le plus communé ques, géologiques ou agronomiques du pays.
ment les végétaux utiles. et établit des enquêtes sur des matières qui
intéressent l'agriculture et le commerce ;
$ II. — État politique et administratif du pays. quand elle cherche à donner aux moyens de
communication plus de rapidité, d'aisance et
En général l'agriculture, comme les autres de sécurité, à favoriser les associations rura
industries, prospère mieux à l'ombre de la les entre cultivateurs pour l'exploitation d'une
liberté politique et chez les nations où l'on des grandes branches de l'industrie agricole et
consulte les intérêts généraux. Sous ce rap provoque des réunions d'agriculteurs, des
port la France n'a rien à envier aux autres expositions de denrées et de bestiaux, l'intro
nations; mais si un agriculteur voulait fonder duction et la propagation d'instrumens per
un établissement dans un pays étranger, il fectionnés, de procédés nouveaux ou de belles
serait indispensable de prendre en considéra races de bestiaux, et décerne avec sagesse et
tion son état politique et administratif, qui mesure des récompenses et des encourage
n'offre#† les mêmes garanties.Ainsi,
mens.Ce sont là autant de points qu'il est utile
avant d'y former cet établissement, il aurait d'éclaircir.
316 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
Quoiquenos lois rurales, que nous avons fait blique; plus elles sont multipliées et sûres, plus
connaître dans le livre précédent, soient, avec la circulation y est facile, directe, prompte,
les réglemens administratifs, suffisantes pour et le prix des transports modérés, plus aussi
guider les autorités locales dans la police gé l'agriculture pourra envoyer au loin ses den
'nérale des campagnes, néanmoins il est né rées sans grossir trop sensiblement ses frais
cessaire de s'informer si ces autorités s'acquit de production, agrandir son marché et ven
tent avec vigilance et activité des devoirs qui dre à des prix avantageux. Les voies de com
leur sont imposés et si l'agriculteur peut se re munication entre les divers points d'un pays
poser sur elles du soin de le garantir de toute sont la mer, les fleuves et rivières, les canaux
attaque contre sa personne ou ses biens. #
les lacs, les routes, chemins et chemins de
Bien que notre pacte fondamental poli eI'.
tique ait ordonné une répartition égale des Le transport des denrees agricoles s'exé
charges publiques en France, il est néan cute presque toujours très économiquement
moins des départemens où l'impôt foncier est par la navigation maritime, et cette voie est
plus lourd que dans d'autres, des cantons mal une de celles qui agrandissent le plus le mar
cadastrés ou qui ne le sont pas du tout, où il ché pour ces produits. Les chances qu'on
est réparti d'une manière inégale et presque court par ce mode de transport ne sont guère
arbitraire; enfin, il est des communes où les plus hasardeuses aujourd'hui que celles des
charges communales sont plus pesantes que autres voies, quand on y met la prudence né
dans d'autres, par suite de circonstances loca cessaire.
les et accidentelles. C'est à l'administrateur à Les grands lacs, où les bateaux vont à la
s'enquérir de ces inconvéniens et à décider si voile, offrent aussi des moyens sûrs et peu
le† udice† peuvent lui causer n'est pas dispendieux de transport pour les denrées
balancé par d'autres avantages réels. Enfin il agricoles.
doit prendre en considération les impôts indi Les fleuves et rivières sont des routes liqui
rects, leurassiette et leur mode de perception, des très propres à transporter au loin les pro
et mettre en ligne de compte les vexations duits encombrans de l'agriculture, qui peu
fiscales auxquelles donne lieu cette perception vent y voyager à moins de frais que sur les
et qui peuvent entraver son industrie en routes ordinaires. Il importe d'abord de re
s'exercant avec plus ou moins de rigueur sui chercher quel est le nombre des rivières qui
vant les localités. traversent le pays, leur direction, les localités
Enfin, sous le rapport politique et adminis qu'elles arrosent, comment elles débouchent
tratif, il est d'un très grand intérêt, avant de les unes dans les autres; si elles sont naviga
se fixer dans une localité, d'y connaître la lé bles ou simplement flottables; si leurs eaux
gislation des douanes, ou au moins les dispo sont rapides, torrentielles, ou si le cours en
sitions particulières à la localité auxquelles est lent, modéré et permet la navigation à la
sont soumis les produits agricoles, et de savoir montée aussi bien qu'à la descente; si ce cours
ceux dont l'introduction est prohibée, ceux est libre ou présente des écueils; si elles sont
qui sont admis après I'acquittement de droits sujettes à des crues, à de basses eaux qui en
protecteurs de l'industrie nationale, enfin ceux travent la navigation; à quelle époque celle
qui reçoivent des primes à l'exportation. On ci a le plus d'activité; si elle est accélérée,
comprend assez, en effet, combien est déli lente, sûre ou dangereuse; quels sont les ba
cate, en agriculture surtout, pour un dépar teaux qui sont employés au transport, les
tement frontière, la question de savoir si on marchés, les lieux de consommation, les cen
doit créer des denrées agricoles dont la pro tres 'd'activité commerciale que ces bateaux
duction n'est avantageuse qu'à l'abri de prohi fréquentent et alimentent; enfin quel est le
bitions ou de droits que des combinaisons po prix du transport par tonneau ( 1000 kil.) de
litiques peuvent tout à coup lever ou abaisser. marchandises et par kilomètre (1000 mèt.) de
n département frontière est aussi plus distance parcourue.
sujet au logement des soldats ainsi qu'aux en Les canaux de navigation, véritables riviè
vahissemens et aux maux que la guerre entraî res artificielles, donnent lieu, sous le rapport
ne après elle. Cependant, plusieurs de ces agricole, à des considérations analogues aux
départemens, en France (Nord, Haut et Bas précédentes; seulement il faut donner plus
Rhin, etc.), sont plus industrieux, plus riches d'attention à leur état d'entretien, aux péages
et populeux que beaucoupd'autres àl'intérieur auxquels ils donnent lieu et au nombre d'é
qui n'ont jamais éprouvé les chances désas cluses qu'il faut franchir pour se rendre dans
treuses de ce genre, et souvent on trouvera un lieu déterminé.
plus d'avantages à former un établissement Les routes d'un pays doivent être d'abord
au sein de ces riches contrées plutôt que d'al envisagées sous le rapport de leur nombre,
ler végéter dans une localité pauvre et sans in de leurs embranchemens et des portions du
dustrie. territoire entre lesquelles elles établissent des
communications; on prend ensuite en con
S III. - État économique du pays. sidération leur tracé, leur direction et le re
lief du pays à travers lequel elles sont per
Sous le rapport économique, le pays dans cées. Une route directe et en pays plat rend
lequel on se propose de se fixer doit être étu le roulage bien plus prompt, sûr et facile
dié dans ses voies de communication, sa po † route sinueuse qui traverse un pays
pulation, ses institutions d'utilité publique et ortement accidenté. On examinera ensuite
ses capitaux. les matériaux qui les composent, leur résis
1° Les voies de communication sont les ca tance, leur solidité et la manière dont 1ls sont
naux par lesquels s'écoulent les produits que mis en œuvre; puis l'état de réparation ancien
l'agriculture destine à la consommation pu et moderne de ces routes, leur asséchement,
CIIAP. 1er. CIIOIX D'UN DOMAINE RURAL. 817
leur viabilité aux diverses époques de l'année, une grande valeur et est travaillé partout avec
leur entretien annuel, leur police; enfin les le plus grand soin; tout y est dans un mouve
dangers, les obstacles ou les inconvéniens ment continuel par suite des échanges nom
u'elles peuvent présenter dans leur cours. breux, des rapports commerciaux et indus
$ s'informe, enfin, des moyens de transport triels très fréquens qui s'établissent entre les
ui y sont en usage, et si ceux-ci se font à hommes. Un pays pauvre et misérable offre
os d'animaux, par le † ou le grand rou un tableau entièrement opposé. -
lage ou le roulage accéléré, et quel est le prix La répartition de la population sur la sur
de chaque moyen de transport par tonneau et face du pays est aussi utile à connaître. Des
par kilomètre. villes populeuses présentent à l'agricultur
On peut établir une enquête à peu près de grands avantages, en assurant l'écoule
semblable, quoique moins étendue, pour les ment d'une grande quantité de produits va
routes de traverse, les chemins vicinaux et riés. En revanche, de nombreuses et grandes
communaux, dont le bon état est d'un intérêt villes enlèvent à l'agriculture les hommes
immédiat pour l'agriculteur. les plus valides et les plus actifs; leur voisi
Un chemin de fer ou route à ornières en fer nage nuit souvent à la moralité du peuple des
ne diffère d'une route ordinaire, sous le ra campagnes, ce qui rend l'exercice de l'agri
port des transports, que par la célérité de culture plus difficile, élève le prix des fonds
ceux-ci, qui ordinairement y est plus grande, et celui du travail, mais il accroît souvent aussi
et par la diminution des frais de roulage; tou les profits dans un plus grand rapport.
tes les autres conditions † l'on doit étudier Quant à la condition de la population des
pour les routes communes doivent donc être campagnes, THAER s'exprime ainsi :
de nouveau passées en revue pour les che « La population des campagnes peut être
mins de fer et examinées séparément. composée de telle sorte que les agriculteurs
Les voies de communication exigent, la qui cultivent pour leur propre compte y do
plupart du temps, dans leur cours, la cons minent, ou que ce soient ceux qui travaillent
truction d'ouvrages d'art, tels que ponts,pas †ite.
autrui ou la classe ouvrière proprement
serelles, viaductes, souterrains, digues, épis,
écluses, etc., dont il importe de connaître l'état « Dans le premier cas, les immeubles sont
d'entretien; elles nécessitent aussi souvent très divisés et les propriétés petites; les fonds.
l'établissement de bacs, de bateaux, de lieux en général, ont atteint un haut prix et don
de passage, etc. qui doivent être en tout nent de forts produits. Rarement on pourra
temps en bon état et offrir toute sécurité. espérer de grands avantages d'un grand éta
Enfin, il ne faut pas oublier que les frais de blissement dans une telle localité, parce que
transport sont souvent accrus par des droits non-seulement le sol y est plus cher et pro
de navigation, de circulation, péage ou de duit une haute rente, mais aussi parce que la
passage qui ont été établis dans certaines par main-d'œuvre y est ordinairement très coû
ties de ces voies, ou par des droits d'octroi à teuSe et §t des produits difficile.
l'entrée des villes, et qu'en outre la circulation Chacun, en effet, s'y procure par la culture ce
y est souvent retardée par des formalités ad dont il a besoin et a un excédant qu'il conduit
ministratives. On cherchera donc à connaître au marché.De là résulte une concurrence qui
le montant de ces droits dans les diverses par abaisse les prix souvent au-dessous des frais
ties de chaque route, et on tiendra compte de culture.
des pertes de temps que les formalités cau « Au contraire, une nombreuse population
sent à la célérité des transports. dans la classe ouvrière est très † SUll°
2° Il importe beaucoup à celui qui veut fon tout pour le grand cultivateur; elle facilite
der un établissement agricole d'avoir des ren beaucoup l'exploitation d'un grand établisse
seignemens † sur la population du pays ment et permet une culture plus soignée, lors
qu'il veut habiter et de l'étudier sous le rap même que le prix du travail n'y est pas très
port du nombre des individus qui la compo bas.Si en tout temps et moyennant un salaire
sent, de son industrie, sa répartition, sa con convenable il est facile d'avoir un choix d'oii
dition, ses mœurs, son état physique et moral, vriers, on peut appliquer en agriculture la di
son éducation et ses usages. vision du travail, autant que celle-ci se prête à
En règle générale, plus une population est cette division. »
en même temps nombreuse, active, éclairée, in Lorsqu'on s'occupe de la recherche d'un
dustrieuse, dans l'aisance et douée de l'esprit domaine, il ne faut pas négliger l'examen des
d'association, plus aussi elle éprouve de be mœurs, de la manière de vivre, de la moralité,
soins et consomme de produits agricoles. du caractère des différentes classes d'habi
Une population apathique, misérable, igno tans et des usages locaux.
rante, sans industrie, n'éprouve au contraire Une population de mœurs pures, économe,
que des besoins circonscrits, et, à nombre égal, loyale, d'un caractère franc et animée de sen
ne consomme pas souvent la dixième partie timens d'honneur, de délicatesse et de bien
des produits que la première désire et par veillance réciproques, est celle au sein de la
vient à se procurer par son travail et ses ri quelle on doit aimer à se fixer. . , .
chesses. L'état moral et physique des individus de la
Rien au reste n'est plus aisé à distinguer, classe ouvrière, leur vie privée et leurs mœurs
sous ce rapport, que le caractère de la popu méritent surtout une attention sérieuse. Leur
lation d'un canton. Si elle est nombreuse, ac force corporelle, leur activité, leur adresse dé
tive et riche, touty respire l'aisance, la santé, endent de leur bien-être relatif, et il en est
l'abondance et le contentement ; les habita à peu près de même de leur moralité et de leur
tions sont saines, étendues, bien disposées et fidélité. Les hommes probes et moraux ont une
décorées avec une sorte d'élégance ; le sol y a valeur inappréciable pour l'agriculture.
318 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
Le développement intellectuel des gens de pes elle y est généralement dirigée, et s'assu
cette classe a toujours une grande impor rer si elle appartient à la petite, à la moyenne
tance pour le cultivateur. Ce développement ou à la § culture, ou si ces divers gen
ainsi que la moralité est dû en grande partie à res s'y rencontrent à la fois, dans quel rap
l'éducation et aux impulsions reçues dans port ils sont répartis sur la surface du ter
† des avantages particuliers à
la jeunesse, et, à cet égard, il est de l'intérêt ritoire, ainsi
de celui-ci d'examiner si la population n'est chacun d'eux dans la localité. Il passera en
pas plongée dans l'ignorance et imbue de suite aux systèmes de culture généralement en
† grossiers et difficiles à déraciner, usage, et étudiera ceux qui lui paraîtront le
si elle n'opposera pas un obstacle insurmon mieux adaptés au climat, au sol, à la localité,
table aux tentatives d'améliorations les mieux et qui donnent les bénéfices les plus forts et
conçues, si on pourra parvenir à lui faire com les plus certains; il discutera la possibilité
prendre la dignité de sa profession et la pra d'améliorer ces systèmes, de les modifier sans
tique des arts agricoles, à la rendre docile aux éprouver Irop d'obstacles ou faire de trop for
instructions de ceux qui veulent l'éclairer et tes avances, de diminuer les frais de produc
lui faire apprécier les avantages du travail, de tion qu'ils nécessitent et d'ouvriraux produits
l'ordre et de l'économie. † fournissent communément ou à des pro
Enfin les usages ou les coutumes d'un pays, uits nouveaux des débouchés plus étendus ou
qui ont souvent plus d'empire sur les popula un écoulement plus prompt et plus facile.
tions que les lois positives, doivent être exa L'aspect des cultures, l'examen attentif des
Ininés et étudiés avec soin, parce qu'ils peuventtravaux et des instrumens qui y sont em
réagir d'une manière tantôt funeste tantôt † le nombre, la race et l'entretien des
heureuse sur des tentatives d'améliorations en estiaux, la multiplicité des établissemens in
agriculture. dustriels quise rattachent à l'agriculture, etc.,
3° Nous avons vu dans le livre précédent lui donneront aisément la mesure du degré
uels étaient les devoirs de l'administration po de perfectionnement et de la prospérité de
litique relativement àl'établissement de certai celle-ci; et il complétera les notions qu'il ac
nes institutions publiques ou particulières qui querra ainsi par des informations précises sur
rendent d'éminens services à l'agriculture.Sous le produit moyen soit brut, soit net, des terres
ce point de vue, un entrepreneurs'informerade dans le pays, le rapport de la production ani
ce qui a été déjà fait et de ce qui existe dans le male à la production végétale, la répartition
ays. Il s'attachera ainsi à connaître le nom des cultures diverses, ainsi que la proportion
† des sociétés d'agriculture, des comices réciproque des denrées agricoles de toute na
agricoles, et † leur activité, leurs lu ture créées par les cultivateurs.
mières, leur zèle et leur influence; il prendra Cela fait, il recherchera avec diligence quels
des informations précises sur les sociétés d'as sont les modes de faire valoir ou d'exploita
surances contre l'incendie, la grêle ou sur la tion usités dans la localité, et ceux qui parais
vie des bestiaux, et recherchera quelle est la sent présenter le plus d'avantages réels. Il
solvabilité, la moralité de ces établissemens s'informera ensuite du prix des terres et de ce
et la prime qu'ils exigent pour garantir le cul lui des fermages. Relativement à ces derniers,
tivateur contre les fléaux. Il agira de la même il aura à examiner la longueur des baux,
manière relativement aux compagnies d'assu les améliorations qui y sont , stipulées, les
rances sur la vie des hommes et aux caisses charges , clauses, restrictions et conditions
d'épargnes, qui exercent déjà une influence si particulières qu'on y introduit communé
heureuse sur la moralité et le bien - être des ment, celles qui sont favorables au dévelop
populations de nos villes et de nos campa pement de l'industrie ou qui lui nuisent,
Il eS. celles qui accordent une part suffisante au
8 4° Le dernier point de vue économique sous propriétaire du fonds et des bénéfices rai
lequel on envisagera le pays sera celui des sonnables au fermier ; il n'oubliera pas non
capitaux; ainsi on s'assurera de leur abon plus d'acquérir des notions exactes sur la sé
dance ou de leur rareté, de la manière dont curité de ces sortes de contrats, sur la manière
ils se trouvent répartis chez la population, du dont on les passe, et sur les usages locaux et
taux courant de l'intérêt, des conditions aux les coutumes relatives aux entrées en jouis
quelles on peut les emprunter, des garanties sance, aux fins de baux, aux sous-locations,
exigées dans ce cas ainsi que des termes et mo aux remises pour fléaux, enfin sur la mora
des ordinaires de remboursement ; enfin on iité des propriétaires ou des fermiers, etc.
aura soin de s'informer s'il existe une ou plu Un des objets qui doit appeler une sérieuse
sieurs banques publiques, des conditions que attention, parce qu'il influe d'une manière
ces établissemens imposent aux emprunteurs notable sur les frais de production, c'est le
ou dépositaires, de la nature des effets qu'ils prix du travail dans le pays et la facilité de
mettent en circulation, des statuts qui les ré se procurer les bras dont on aura besoin. Le
gissent, des garanties qu'ils offrent, etc. prix du travail dépend d'une part du nombre
de travailleurs et de leur concurrence, et
$ IV. — Etat industriel du pays. de l'autre de l'habileté, de la force, de l'é
nergie, de la capacité, de la docilité et de la
Les trois industries agricole, manufactu moralité de ces travailleurs.Ce sont ces divers
rie et commerciale, doivent faire chacune élémens qui servent a établir la comparaison
l'objet d'une enquête séparée. entre le taux des salaires et la valeur du tra
1º L'industrie agricole est celle qui attirera vail exécuté. Dans tous les cas, il ne suffit
de préférence l'attention de l'administrateur. pas de savoir si les travailleurs sont actifs et
Il jettera d'abord un coup d'œil d'ensemble multipliés, il faut encore connaître, d'après les
sur le pays, pour voir d'après quels princi usages et les habitudes du pays, l'époque à la
•
CIIAP. 1er. CHOIX D'UN DOMAINE RURAL. 319
uelle leurs bras sont disponibles, et si cette aux échéances, aux échanges, aux modes de
§ s'accorde avec celle des travaux d'un paiement, à la sécurité de ces sortes de tran
bon système de culture alterne et d'économie sactions, etc.; enfin si on y publie régulière
agricole. ment des mercuriales qui permettent de
On recherchera ensuite quels sont les bêtes connaître les variations de prix qui survien
de trait et les bestiaux qu'on peut se procurer nent dans les denrées et servent de régula
dans le pays; on examinera ces animaux sous le teur et de base dans les spéculations.
rt de leur race, de leurs qualités, de leurs 2° L'industrie manufacturière et les arts in.
produits et de leurs prix d'acquisition. On cal dustriels consommant en général une quan
culera le prix de leur entretien, de leur nour tité considérable de denrées agricoles, il im
riture, leur valeur vénale à différens âges, les porte que l'agriculteur ait des indications
bénéfices qu'on peut retirer en tout temps de précises sur l'activité qui règne, à cet égard,
la vente de leurs produits et le facile écoule autour de lui. Dans tous les pays où l'indus
ment de ceux-ci. On s'attachera à reconnaître trie manufacturière a pris beaucoup de déve
si les races sont perfectionnées ou si elles sont loppement, tels que l'Angleterre, la Flandre.
communes et rustiques; les sacrifices qu'il la Lombardie, etc., l'agriculture a fait aussi
faudrait faire dans ce dernier cas pour ano elle-même de grands progrès. Il sera donc
blir ces races ou pour introduire dans le utile de savoir où sont placés les grands cen
pays des animaux doués de qualités supé tres d'activité industrielle, et l'importance et
rieures et d'un produit net plus élevé. la solvabilité des établissemens qui s'y trou
Cet examen terminé, on passera à celui des vent réunis, leur consommation annuelle, la
machines et instrumens dc travail en usage nature des produits qu'on y met en œuvre,
dans le pays, et on les étudiera sous le rap la qualité de ceux-ci, etc.
rt de leur forme, de leur structure et de 3" Dans ses vastes spéculations l'industrie
eur application aux besoins locaux. On s'in commerciale embrasse tous les objets qui peu--
formera si l'on peut s'y procurer des instru vent avoir une valeur échangeable quelconque :
mens perfectionnés ou des machines nouvel elle les reçoit des mains de celui qui les a créés
les, et s'il existe à proximité des ouvriers et les transporte au loin, soit au compte du
capables de construire ou au moins de répa producteur, soit à ses risques et périls, pour les
rer CeS InStI'uImenS. mettre à la portée du consommateur. Cette in
Des informations quelquefois assez minu dustrie ouvrantainsi un vaste champ à l'écoule
tieuses apprendront ensuite si l'on peut se ment des produits agricoles, il devient très in
rocurer en abondance et à des prix convena téressant pour l'a riculteur de connaître quelle
† une foule d'objets dont l'exercice de est la nature et l'importance de ses spécula
l'industrie agricole rend l'emploi nécessai tions, le genre de produits auxquels elle donne
re, tels que des engrais de diverses espèces ; la préférence, quels sont les marchés, villes,
des amendemens, comme marne, plâtre, ports, etc., où ces spéculations se font le plus
chaux, craie, glaise, sable, cendres pyriteuses communément, les conditions réciproques
ou autres, tangue ou vase de mer; des semen auxquelles les transactions ont lieu entre les
ces, des plants; des combustibles, comme commerçans et les producteurs, ainsi que la
houille, bois, tourbe ; des matériaux de con solvabilité, la moralité et l'industrie des pre
struction de bonne qualité ; enfin les divers miers.
objets qui servent à la consommation et dans Il est utile de s'assurer qu'il existe des
'économie du ménage, et dont le bas prix moyens de transport prompts, surs et faciles
procure une économie sensible sur les dépen vers les centres d'industrie commerciale où
ses domestiques, et permet d'améliorer la résident les négocians, marchands ou spécula
condition de tous les travailleurs. teurs, † peut presque en tout temps faire
Un dernier examen portera enfin sur la voyager des produits avec cette célérité que le
roduction et l'écoulement des denrées agricoles. commerce exige aujourd'hui , et qui en ren
our procéder ici avec régularité, il sera né dant les spéculations plus actives, grossit les
cessaire de connaître et de visiter les lieux où bénéfices par la répétition fréquente des mê
se vendent et se consomment les produits du mes opérations.
ays, de s'informer de ceux qu'on y demande Le commerce qui s'exerce avec l'étranger
# plus communément, de ceux qui s'y sou ne se contente pas de porter nos produits au
tiennent constamment au meilleur prix, ou dehors ; il importe souvent en outre des denrées
de ceux qu'on pourrait introduire avec avan agricoles des pays voisins. Sous ce dernier
tage. Cela fait, il sera nécessaire de connaître point de vue un agriculteur doit prendre con
les quantités des denrées vendues annuelle naissance des tableaux statistiques, publiés
ment et leur rapport avec la production du ar l'autorité, qui lui feront connaître le nom
pays, la consommation ou l'écoulement de ces re, le volume ou le poids des denrées que
denrées à chaque époque de l'année et même le commerce a importées dans la localité qu'il
la valeur totale des affaires qui se font à cha se propose d'habiter et sur les marchés où il
que marché pour chacun d'eux. On recher pourrait espérer un écoulement avantageux des
chera aussi l'époque à laquelle la vente a le siennes. Ces données acquises, il appréciera
plus d'activité, celle où elle languit et le mo les qualités des objets importés, le prix au
ment le plus opportun pour écouler les pro quel ils sont vendus, les causes qui les font
duits. On s'assurera de la distance relative de rechercher, pourquoi ils peuvent, malgré des
ces marchés, de la qualité des denrées qu'on frais de transport quelquefois considérables,
y porte , de leur prix moyen depuis une épo faire encore concurrence aux produits na
† qu'on étendra aussi loin qu'on le pourra,
tionaux : si on ne pourrait pas réussir à faire
es usages qui y sont en vigueur relative cesser cette concurrence et à rendre l'impor
ment aux ventes, aux achats. aux crédits, tation désavantageuse ou impossible, ou même
320 ADMINISTRATION RURALE. L1V. VIIs
à faire rechercher ses propres produits à l'é causes qui enlèvent une grande partie de la
tranger, etc., et enfin il entrera dans une foule valeur de celui-ci. Les flots de la mer, qui tan
d'autres considérations économiques qui le tôt entament le domaine ou augmentent sa
conduiront à des résultats remplis d'intérêt, surface, et tantôt rendent infertiles les ter
et très propres à l'instruire sur toutes les spé rains qu'ils recouvrent ou leur apportent un
culations qu'on peut faire sur les produits limon fertilisant exigent une étude spéciale.
agricoles. La proximité de terrains en pente ou minés, celle
Le commerce des denrées agricoles s'exerce des sables mouvans qui menacent, par des ébou
aussi parfois dans certaines localités peu in lemens, des chutes, des glissemens, des pluies
dustrieuses par des courtiers ou entremetteurs de sable, de recouvrir et de rendre stérile une
† recueillent la plupart des bénéfices que artie du domaine, déprécient également sava
evrait faire l'agriculteur, s'il était plus indus eur.Le voisinage des hautes montagnes couver
trieux et plus actif et connaissait mieux les tes de neige une partie de l'année, et qui abais
ressources locales et l'étendue du marché qu'il sent la température à une grande distance ou
a devant lui. Ces courtiers ont souvent assez attirent en grande quantité et précipitent l'eau
d'influence sur les prix et sur les marchés de l'atmosphère; celui des marais et des eaux
pour qu'il soit difficile de lutter avec eux, stagnantes, qui saturent continuellement l'air
et pour créer des embarras réels à ceux qui de vapeurd'eauoud'émanations quelquefois in
veulent se soustraire à leur patronage ou à salubres, et portent ainsi atteinte à la vigueur
leur avidité. etàl'énergie vitale des hommes et des animaux,
et souvent nuisent au succès des cultures et
SECTIoN II.—Des conditions particulières dans aux propriétés alimentaires des végétaux ; ce
la recherche d'un domaine. lui des grandes# qui entretiennent sou
vent une humidité considérable et causent un
Nous donnons le nom de particulières à abaissement de température, qui donnent nais
toutes les conditions que doit remplir un do sance à une foule d'insectes nuisibles et un
maine, soit relativement aux objets qui l'en réfuge à des animaux, véritables fléaux pour
tourent immédiatement, soit en lui-même. l'agriculture, sont également des circonstan
Ces conditions exigent un examen encore ces défavorables aux yeux du cultivateur ins
truit.
plus scrupuleux que les précédentes, parce
qu'elles touchent plus directement aux inté Au contraire, la proximité d'une forêt où
rêts de l'entrepreneur, et † influent l'on détruit les animaux nuisibles, qui est amé
d'une manière plus matérielle pour lui sur nagée et aérée avec soin et sert à abriter con
ses succès et ses revers. -
tre des vents froids et desséchans, est une con
Un domaine situé dans un pays où se trou dition favorable.Il en est de même de celle des
vent réunies des conditions favorables, telles eaux pures,salubres etabondantes,bien encais
que nous les avons étudiées ci-dessus, doit être sées, soit courantes, stagnantes ou jaillissan
maintenant envisagé sous le point de vue des tes. On se fait en effet difficilement une idée
objets qui l'environnent immédiatement, sous des souffrances et des besoins qu'on éprouve
celui du fonds à son état naturel, celui des pendant les sécheresses dans les pays privés
valeurs capitales qui ont été répandues des d'eau, et des dépenses considérables qu'il faut
sus pour le rendre exploitable, celui de son faire pour charrier ce liquide et le transpor
état où de son mode d'exploitation au mo ter quelquefois de points fort éloignés. Un
ment où on veut entrer en jouissance, et enfin ruisseau qui entoure ou traverse le domaine
sous le rapport de son prix d'acquisition ou est toujours très précieux.
de la rente qu'on en demande. Les richesses minérales, dont nous avons
parlé à la page 315, ont † un grand
S I°r. —Des objets qui environnent immédiatement
le fonds.
† quand on peut les exploiter et les recueil
ir sur le domaine ou à une légère distance de
ses limites, etc.
Le fonds est en contact immédiat par toute Sous le rapport economique et industriel,
sa surface avec l'atmosphère, et par consé on doit avoir égard aux considérations sui
VanteS :
quent tous les phénomènes physiques qui
peuvent se manifester dans celle-ci réagissent La proximité d'une ville populeuse, d'un
plus ou moins directement sur sa faculté pro marché bien achalandé, d'un lieu où se tient
ductive et sur sa fécondité; il importe donc une foire considérable, d'une population ag
de constater de quelle manière ce fonds, dans glomérée, d'une vaste usine, d'une grande
sa position relative, est affecté par ces phéno manufacture, d'un village industrieux, d'un
mènes, en examinant successivement pour port où règne une grande activité, d'une ri
chacun de ceux que nous avons signalés dans le vière navigable, d'un canal, d'un chemin de
S 1er de la section précédente, l'influence di fer, etc. est une sorte de prime en faveur du
recte qu'il exerce sur la végétation. propriétaire ou du fermier, qui leur permet
Voyons maintenant, parmi les objets natu de diminuer leurs frais de § SurtOut
rels et terrestres, ceux qui peuvent être nui quand le fonds n'est pas vendu ou loué plus
sibles ou avantageux au fonds. cher, à raison de cette situation. que ceux qui
Des eaux torrentielles, des rivières qui dé sont plus éloignés.
bordent, des cours d'eau qui creusent, mor En fait de voisinagenuisible, il faut éviter ce
cellent ou entament le terrain , ou le recou lui de certains établissemens industriels,tels que
vrent d'un ensablement ou d'un depôt d'allu les fabriques de soude, les usines où l'on fond
vion infertile, ou qui, par leur grande hau et prépare le cuivre ou le plomb, celles où l'on
teur, mettent des obstacles à l'asséchement grille les minerais contenant de l'arsenic, etc.,
complet des terres du domaine, sont autant de et plusieurs autres qui portent un préjudice
CHAP. 1°'. CHOIX D'UN DOMAINE RURAL. 321
notable à la végétation et à la santé des êtres re, fortement ondulée, à quelque élévation
organisés par les émanations insalubres qu'el qu'elle soit, est défavorable en agriculture ;
les répandent sur un certain rayon. Quelques les travaux y sont nécessairement plus péni
uns de ces établissemens, qui allument et en bles et plus multipliés. Sur les pentes, les par
tretiennent en feu des masses considérables ties les plus meubles et argileuses des terrains
de matières, peuvent aussi causer l'incendie sont délayées et entraînées par les eaux, tan
des récoltes et des habitations. dis que le sable et le gravier restent; le sol
Les terrains communaux, † sont
généra manque donc de la ténacité nécessaire pour
lement dans un mauvais état d'entretien et où servir de point d'appui aux récoltes. Les en
le pâturage donne lieu à une foule de délits grais qu'on applique dans ces terrains sont
sur les propriétés voisines, exigent qu'on évite consommés presque en pure perte, et, par
autant qu'on le peut leur voisinage. l'effet de différentes causes, ils ont une tem
Enfin il est important de jeter un coupd'œil pérature plus basse que ceux placés à une
sur les héritages qui avoisinent immédiate même hauteur, mais de niveau. En outre, dans
ment et de toutes parts le domaine, et d'exa les terrains inclinés l'épaisseur du sol meuble
miner la moralité, la condition, l'industrie et diminue, à chaque opération de labourage
le caractère de ceux qui les possèdent. Ces dans les parties les plus élevées, et ne peut
voisins peuvent être incommodes, soit par un être rétablie que par des travaux et des de
esprit de chicane, d'avarice ou d'avidité qui enses considérables. Dans un sol bien meu
les anime, soit par un instinct d'envahisse le et perméable, une surface plane ou à peu
ment qui les porte à empiéter sur votre pro près est celle qui paraît être la plus avan
priété, soit enfin par un penchant décidé à tageuse ; mais dans un pays humide, dans des
commettre des délits, des vols ou des larcins sols compactes et argileux reposant sur un
auxquels ils peuvent se livrer plus facilement sous-sol peu perméable, les terres légèrement
et souvent avec plus d'impunité que les autres. en pente sont celles qui méritent la préfé
Pauvres, ignorans et sans industrie, ils peuvent rence, parce qu'elles s'égouttent le mieux.
négliger la culture de leur héritage, le laisser Quelles que soient l'élévation ou les ondula
se couvrir de mauvaises herbes ou être infes tions du sol, il faut éviter les terrains maré
té par des insectes destructeurs, qui, malgré cageux † on n'a pas l'intention ou les
tous vos soins et votre activité, se répandent moyens de les assainir par des desséchemens,
sur votre propriété, envahissent, étouffent ou ou si les travaux qui seraient nécessaires pour
détruisent vos récoltes. Ils peuvent laisser les cela sont difficilement praticables. Les sols
eaux couvrir leurs champs, se déverser ou s'in trop bas et humides sont insalubres et expo
filtrer sur les vôtres, et rendre ainsi moins sés plus que les autres aux gelées de prin
fructueux vos travaux d'asséchement, etc. Les temps, qui attaquent d'une manière si funeste
meilleurs voisins sont ceux qui sont labo les végétaux; ils sont en outre plus sujets aux
rieux, aisés, industrieux, éclairés, bienveil inondations, au déversement des eaux ou à la
lans et doués des sentimens moraux qui hono chute de masses quelconques des fonds supé
rent l'humanité. rieurs; les chances de bonnes récoltes y sont
† incertaines et les produits moins esti
$ II. — De l'état physique et naturel du fonds. II16ºS.
conduite pendant le temps qu'il a exploité, Les bétes de trait et de rente seront à leur
son mode d'administration, et les événemens tour passées en revue , et on s'appliquera sur
naturels, les circonstances imprévues, les cas tout à déterminer si c'étaient les animaux les
fortuits ou les causes dépendantes de la vo mieux adaptés à la nature et aux besoins du
lonté des autres hommes ou de la sienne pro domaine ou de la localité ; quel était le régi
pre qui ont entravé ou arrêté, favorisé ou dé me, le mode de renouvellement ou de propa
veloppé son industrie. gation auxquels ils étaient soumis; le degré d'a
Ces notions préliminaires une fois acquises mélioration auquel ils sont parvenus; les frais
on soumettra à une critique raisonnée le sys qu'occasionnaientannuellement leur nourritu
tème d'économie rurale que l'entrepreneur re, leur entretien ou leur renouvellement ; les
avait adopté. Ce système était-il le plus con travaux ou les services qu'on exigeait d'eux ou
venable dont il pût faire choix dans les cir qu'on était en droit d'en attendre dans un bon
constances locales ou individuelles où il était mode d'aministration ; le prix de leur travail ;
placé ? Etait-il le plus fructueux et le plus pro leur valeur à différens âges et à divers degrés
pre à accroître successivement la valeur fon de condition ou d'embonpoint sur les mar
crI., P 1". CONDITIONS DANS LA RECHERCHE D'UN DOMAINE. 325
chés, leur fécondité ainsi que la qualité, la Un mode vicieux d'administration, la négli
quantité et la valeur des produits † don ence, la mauvaise foi, l'ignorance ou le dé
naient chaque année. aut de capitaux, peuvent aussi avoir porté des
Le mobilier qui garnit le domaine donnera préjudices notables au fonds en lui-même.
lieu ensuite à un examen sérieux. La nature Ainsi la terre peut avoir été rendue stérile
des instrumens qui le composent, leur insuf pour quelque temps par des labours trop pro
fisance ou leur surabondance, leur imperfec fonds ou par des amendemens qui ne con
tion, leur forme ou leur structure, plus ou viennent pas à sa nature ; on peut en avoir di
moins bien appropriée à la nature du domaine minué la couche meuble; les travaux de cul
et au système agricole † avait été adopté, ture, mal dirigés, l'ont peut - être infesté
seront autant de points de vue sous lesquels d'herbes parasites ou d'animaux nuisibles; les
chacune des diverses classes d'objets mobi eaux ont pu s'y accumuler et y rendre la cul
liers demanderont successivement à être envi ture difficile et peu fructueuse; on peut avoir
sagées. établi peu judicieusement des plantations, des
On aura soin aussi, dans le cas où on en constructions ou exécuté des travaux qui nui
trerait en jouissance à la fin du bail d'un fer sent à la végétation, à la commodité du ser
mier, de vérifier la quantité de paille que le vice ou accroissent les frais de production, etc.;
contrat † celui-ci à laisser sur la ferme, tous désordres qu'il est d'autant plus impor
ainsi que celle des fumiers ou autres engrais , tant de constater qu'ils nécessiteront souvent
qu'on cubera et dont on vérifiera en même pendant long-temps, pour être réparés, des
temps l'état et la qualité. avances à la terre avec la chance d'en recevoir
Si dans le système de culture du domaine très peu, et qu'ils enlèvent une grande partie
il entre des cultures diverses, telles que des de la valeur au domaine par les sacrifices
prairies permanentes, des pâturages, des bois, u'il faudra faire pour le remettre en bon
des vergers, des vignes, des mûriers, des oli état, sacrifices dont il est parfois très diffi
viers, des étangs, etc., on examinera pour cile d'apprécier avec quelque certitude l'éten
chacune d'elles leur mode d'exploitation plus due.
ou moins bien adapté au sol, au climat, à leur Dans le vaste examen auquel il faut se li
Imature, au pays, etc. vrer dans la recherche d'un domaine et dont
Ainsi, les prairies par exemple, seront exa nous venons de tracer l'esquisse, on doit, au
minées sous le rapport de la nature et de la tant que cela est praticable, tout voir, tout
qualité de leur sol, qui peut être argileux, constater et tout reconnaître par ses propres
sableux, tourbeux, ou bien un loam plus ou yeux ; mais dans cette reconnaissance il est
moins chargé d'humus ; de leur situation, qui nécessaire de s'aider de certains documens, les
peut être haute , basse, à mi-côte, en pente uns écrits et les autres résultant du témoi
raide, etc.; de l'état de leur surface, qui est gnage verbal de tierces personnes.
unie, onduleuse, propre ou infestée de mau Les documens écrits, qu'on doit consulter
vaises herbes ; de leur état de sécheresse, lorsqu'ils existent, sont le plan cadastral et la
d'aridité, de moiteur, d'humidité ou de ma carte topographique du domaine, qui définis
récage,etc. On prendra en outre en considéra sent régulièrement les limites, l'étendue et le
tion leur éloignement, la facilité de leur arro bornage du fonds et représentent les diffé
sement, la fumure qu'elles réclament, le nom rens objets immobiliers qui sont répandus à
bre de coupes qu'elles donnent, leur pro sa surface ; l'inventaire genéral, qui énumère
duit annuel et la qualité de leur foin, leur ces mêmes objets ainsi que ceux du mobilier ;
âge, leur état et enfin la manière dont elles l'état de lieux, qui les décrit et fait connaitre
ont été aménagées et dirigées. leur condition au moment où il a été rédigé;
Un examen à peu près semblable, mais dont les procès-verbaux d'experts, s'il a été fait des
les détails nous conduiraient trop loin, sera estimations ou des travaux à des époques rap
fait de même pour chacune des autres cultu prochées; le bail, qui fournit des notions im
res qui composent le domaine. portantes; et enfin la comptabilité, dans la
On recherchera ensuite quels ont été les quelle on puise, quand elle a été tenue avec
#ravaux de culture, le nombre des façons don régularité, tous les élémens des calculs qu'on
mées à la terre, les instrumens employés, le est obligé d'entreprendre pour l'estimation.
nombre et la force des chevaux ou bœufs qui Ces documens ne doivent pas être consultés
bnt été attelés, celui des aides qui les ont aveuglément ; il est nécessaire de discuter
conduits, le temps des attelées, la surface tra leur authenticité ainsi que la foi qu'ils méri
vaillée dans un temps donné, les travaux par tent et qu'on peut leur accorder.
ticuliers que réclament les récoltes sur pied, Les documens verbaux dont on doit s'aider
le transport,l'emmagasinage des produits, etc., sont : le témoignage et l'opinion d'experts, sur les
tous documens qui, avec le prix du travail des lumières et la probité desquels on est en droit
hommes et des animaux, qu'on connaît déjà, de compter, et les informations. Les informa
serviront à établir les frais de culture. tions se recueillent en interrogeant le proprié
On prendra note ensuite de tous les tra taire ou le fermier, les employés ou même les
vaux de la ferme, pour le soin du bétail, le simples journaliers. On vérifie les faits annon
battage, vannage, nettoyage des grains, le cés par eux; on contrôle les réponses les unes
transport de toutes les denrées sur les mar par les autres, et on pèse chacune d'elles d'a
chés, etc. rès les lumières, la bonne foi, la situation ou
Enfin on établira les récoltes brutes moyennes a connaissance des localités, des individus.
de toutes les espèces de denrées, qui servi On obtient fréquemment aussi des informa
ront , comme nous l'indiquerons dans le cha tions précieuses auprès du notaire, des anciºns
† suivant, à établir le produit net de entrepreneurs
locataires du fonds, des propriétaires ou des
voisins, qui souvent vous éclai
entreprise ou le taux du fermage.
826 ADMINISTRATION RURALE. LIV, VII.
rent sur des inconvéniens particuliers ou se Ecoutons à cet égard un conseil judicieux
crets inhérens au fonds, qui peuvent avoir donné aux jeunes agriculteurs par M. de DoM
échappé à votre sagacité ou ne devenir † BAsLE (Ann. de Rov., t. VIII, p. 60). « Dans
rens qu'avec le temps ou à de longs intervalles; quelques cantons du royaume, dit-il, on peut
leur conversation porte parfois à votre connais obtenir, à 400 ou 500 fr. par hectare de prix
sance une foule de faits importans qui forment d'achat, ou à 15 ou 20 fr. de loyer, des terres
pour ainsi dire la chronique du domaine. naturellement aussi bonnes que celles qu'il
faudrait payer ailleurs un prix cinq ou six fois
$ V. — Du prix d'acquisition ou de la rente du plus élevé. On conçoit que cette différence
domaine.
peut en apporter une très grande dans les ré
Il ne reste plus, pour compléter l'enquête à sultats financiers de l'entreprise; néanmoins,
faire dans le choix d'un domaine, qu'à s'infor cette considération a été fréquemment lasour
mer du prix auquel on consentira à vous en ce des mécomptes les plus graves, et elle a
ceder la jouissance en toute propriété ou pour déjà donné lieu à des désastres agricoles très
un temps limité et à débattre ce prix avec le nombreux. On a cru qu'il était presque im
propriétaire. Dans le premier cas, l'entrepre possible de ne pas parvenir à obtenir des pro
neur estime la valeur vénale ou locative du duits à très bas prix sur une terre dont la
domaine, d'après les principes que nous allons rente est aussi peu élevée, et l'on a souvent
indiquer dans le chapitre suivant et en ayant trouvé qu'en définitif les inconvéniens atta
égard à quelques circonstances qui sont pro chés à une localité peu favorable et les dé
pres à ce domaine, telles que les impôts, les penses auxquelles il fallait se livrer pour met
charges communales, les droits d'usage, de tre en valeur un domaine jusque là négligé
pêche, de chasse, de pâturage, les servitu compensaient, et bien au-delà, dans le cas
des, etc.; puis évalue les pailles, les fumiers, même où le sol était naturellement de bonne
les approvisionnemens qu'on propose de lui qualité, l'excédant de rente dont eût été char
abandonner, les travaux de culture qui sont gé un terrain situé dans un canton où la cul
déjà faits, et établit enfin son prix, qu'il com ture était déjà meilleure. »
pare à celui qu'on lui demande, qu'il aug Néanmoins, dans une même localité favora
mente ou abaisse, suivant les circonstances, ble, où les terres sont naturellement bonnes
jusqu'à ce que, tombé d'accord avec le ven et où la culture a fait des progrès, on trouve
deur, il conclue son marché, après avoir pris des fonds qui sont exploités avec plus ou moins
toutefois les précautions que nous indique de soin et sur lesquels les améliorations ont
rons plus loin.Dans le second cas, c'est-à-dire été plus ou moins judicieuses ou multipliées.
dans celui de la location, il est nécessaire, in Auquel de ces fonds un entrepreneur doit-il
dependamment des conditions pécuniaires et donner la préférence pour faire l'emploi le plus
des charges auxquelles le propriétaire consent fructueux de ses capitaux, de son instruction et
à vous céder la jouissance de son domaine, de son industrie ? Voici à cet égard une règle
d'avoir encore égard à la durée du bail, aux générale qui paraît souffrir peu d'exceptions.
clauses plus ou moins favorables à l'industrie Un fermier qui possède un bon fonds de con
du preneur qu'on veut y insérer, et enfin à la naissances agricoles et des capitaux suffisans
- moralité et à l'équité du propriétaire avec le doit toujours donner la préférence à un domaine
quel un fermier se trouvera nécessairement amélioré, et à celui où, dès son entrée en jouis
engagé dans des discussions d'intérêt privé sance, il pourra mettre en activité un bon
pendant toute la durée du contrat. système de culture et recueillir immédiate
Quels que soient les avantages apparens que ment les intérêts des capitaux qu'il avance et
présente un domaine, la prudence commande des bénéfices. Pour un semblable fonds, le
de ne pas l'acheter ou l'affermer à un prix beau fermier est bien plus à même d'estimer avec
coup supérieur au taux ordinaire de la localité. beaucoup de précision la valeur locative de la
En général un entrepreneur doit, autant terre, les capitaux qui seront nécessaires pour
que possible, choisir de bonnes terres. Il est la mettre en valeur, l'assolement qui lui con
bien préférable d'exploiter un petit domaine, vient et les produits moyens qu'il est en droit
où le sol est très fertile, qu'un héritage d'une d'en attendre pendant toute la durée du bail.
plus grande étendue où la terre est pauvre et Un domaine en mauvais état ne convient pas
ne rapporte presque rien. Dans un bon sol, à un fermier, surtout dans les pays où les
un cultivateur industrieux trouve toujours des baux sont de peu de durée ; il n'y a que ceux
ressources, tandis qu'un sol pauvre est sou où ce contrat, dérogeant aux § pres
vent rebelle aux améliorations les plus judi que générales en France, se prolongerait jus
cieuses, ou exige, pour être rendu productif, qu'à 18, 21, 24 ou 27 ans, où un fermier ins
des avances considérables et dont il est parfois truit, qui posséderait d'assez forts capitaux et
difficile d'estimer à l'avance le montant. Rare qui obtiendrait des conditions avantageuses,
ment le prix ou le fermage d'un domaine s'ac pourrait concevoir le projet de tenter pour
croit dans la même proportion que le pouvoir son compte, et avec l'espoir d'en recueillir les
productif du sol, et, la plupart du temps, un frnits, des améliorations foncières sur le do
prix qui parait fort élevé pour une bonne maine dont on lui concédera ainsi la jouis
terre n'est pas aussi fort que celui qu'on de sance prolongée.
mande pour une terre pauvre et en mauvais D'un autre côté, un entrepreneur qui se
état, quelque petit qu'il soit. propose d'acquérir la propriété d'un domaine
Il ne faut pas non pius se laisser séduire par et ne veut pas ou ne peut pas faire une avance
le bon marché apparent des bonnes terres dans de capitaux suffisante, immédiate ou un peu
les bonnes localités, et on doit donner une at considérable, et désire opérer des améliora
tention égale à tous les désavantages ainsi tions successives avec les bénéfices qu'il retire
qu'aux avantages que présente le domaine. | annuellement du fonds dans son état actuel,
CIIAP. 2°. ESTTMATION DES DOMAINES RURAUX. 327
sera certain de recueillir tôt ou tard les fruits | recueillir par la suite des avantages considé
accumulés de toutes ses avances et de ses sa rables, qu'il devra non-seulement à son in
crifices, en prenant un fonds susceptible de gran dustrie, mais aussi à l'accroissement progres
des améliorations, pourvu que son choix ait été sif de valeur que ne peuvent manquer d'ac
fait avec sagacité , ses opérations sagement uérir les propriétés rurales par le seul effet
calculées et conduites avec habileté. Cet entre e l'amélioration générale des procédés de cul
preneur peut faire l'acquisition d'un fonds en ture qui a lieu dans les localités qui sont en
friche ou très négligé, le mettre en valeur, le prOgreS.
porter au plus haut point de prospérité et en F. M.
, (t) Instruction sur les principes naturels de l'évaluation des produits et de l'estimation des biens ruraux, par
M. W. A. KREYssic. Prague, 1835.
CHAP. 2°. ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX. 331
qu'on y dépose par les engrais et qui contien
DIvIsIoN I°. — De l'évaluation du produit net nent la majeure partie des matériaux néces
des diverses branches de revenu d'un établisse saires à la nutrition des plantes.
ment rural. La mesttºre # des 2 forces qui consti
tuent la fécondité est un des problèmes les
Cette division se partage en 3 sections; dans plus intéressans de l'agriculture, et peut-être
l'une on traite de la production végétale et des servira-t-elle un jour, lorsque les méthodes
frais qui sont à sa charge; dans la 2° de la pro qu'on applique pour cela seront devenues
duction animale ; dans la 3° des fabriques usuelles, de base solide à l'estimation des ter
agricoles. -
res ; mais, dans l'état actuel de la scieace, ces
méthodes, qui supposent toujours la connais
SECTIoN I°. – De la production végétale. sance parfaite de faits antérieurs relatifs à la
production de la terre, souvent difficiles à se
Cette section comprend la classification et procurer, ont encore trop peu de rigueur et de
l'évaluation du produit : 1° des terres arables ; certitude pour qu'on puisse les appliquer dans
2° des prairies ou prés; 3° des pâturages; 4° la pratique à la détermination de la valeur des
terres.
des vergers ou jardins potagers Ces subdivi
sions n'embrassent pas sans doute tous les Dans les applications usuelles pour l'estima
genres de biens ruraux consacrés à la produc tion du † terres, il ne s'agit que d'éva
tion végétale, mais il est bon de se rappeler luer la somme de ces 2 forces ou la fécondité du
u'un de nos savans collaborateurs a traité, sol, et pour y parvenir sans se servir des faits
dans ce même tome ( p. 151 ), avec autant traditionnels, c'est-à-dire de la connaissance
d'étendue que d'habileté, de l'estimation des du produit dans les années antérieures et suc
forêts, et que dans la plupart des cultures cessives , on a recours à certains caractères
, industrielles (t. II), on est entré dans des dé physiques propre4 à tomber sous les sens et
tails sur les produits et les frais de chacune, faciles en général à reconnaître. L'expérience
qui nous paraissent suffisans pour les estima des temps ayant appris que, lorsque ces ca
tions de ces sortes de biens. ractères se présentent, les terres étaient plus
ou moins aptes à produire tels genres de plan
$ I°r.—De l'évaluation du produit des terres arables. tes et en telle ou telle quantité, on s'en sert
pour déterminer par analogie l'espèce, la
1° De l'appréciation pratique de la fëcondité des quantité et la qualité du produit qu'une terre
terres. quelconque est susceptible de donner.
Les caractères auxquels on a eu recours
La terre n'a de valeur pour l'agriculteur jusqu'ici pour évaluer par analogie la fécon
qu'autant qu'elle est apte à produire des plantes dité des terres sont de 2 sortes : les uns sont
utiles et auxquelles les autres hommes atta relatifs à la constitution intime du sol, et les
chent un certain prix, parce qu'elles sont pro autres sont empruntés à certaines propriétés
pres à satisfaire leurs besoins. acquises ou naturelles que les sens peuvent
Cette valeur qu'on attache à la terre est aisément discerner. Nous nommons les 1°rº ca
généralement d'autant plus élevée que celle ractères chimiques, et les autres caractères
ci, toutes les circonstances étrangères étant agronomiques.
écartées, est plus propre à nourrir des végé La connaissance exacte des parties consti
lattX† précieux et à les produire en plus tuantes élémentaires d'un sol, c'est-à-dire des
grande abondance. différens matériaux qui entrent dans sa com
Cette faculté de produire abondamment des position et le rapport de quantité de ces maté
végétaux utiles a été désignée sous le nom de riaux entre eux, ne s'acquiert pas à la vue sim
fécondité.Ainsi, plus une terre est féconde et ple; on distingue bien quelquefois à l'œil, au
plus elle doit avoir une valeur relative éle toucher, au goût ou à l'odorat la présence d'une
VCC . ou plusieurs de ces parties, nmais il est presque
On mesure en général la (# d'une terre impossible de déterminer leur rapport avec
par le volume ou le poids et la qualité des les autres, et presque toujours celles qui sont
fruits qu'elle est susceptible de donner sur en petite quantité ne peuvent être découver
une surface déterminée; c'est ce qu'on nom tes ou appréciées par ce moyen. L'analyse chi
me le produit d'une terre. Une terre est donc mique seule peut faire connaitre avec †
d'autant plus féconde et a par conséquent précision les matières qui entrent dans sa
une valeur d'autant plus élevée qu'elle donne composition Mais une analyse, même gros
des produits plus abondans, plus recherchés sière, est une opération scientifique qui offre
et d'un plus haut prix. des difficultés si on veut qu'elle soit faite avec
La fécondité des terres, ainsi que nous l'a la précision qui doit la rendre utile, et en ou
voºs déjà dit (t. I°r, p. 51 ), est la résultante tre elle exige des appareils coûteux et une ha
ou le produit de 2 forces distinctes ; l'une qui bitude des manipulations de ce genre; d'ail
a été désignée sous les noms de force, puis leurs tout le monde convient qu'elle ne four
sance ou activité du sol et qui paraît résulter nit aucune lumière sur la bonté du sol, parce
de sa composition intime, de l'heureuse con - † la fécondité propre d'une terre, indépen
binaison des matières qui le constituent et de amment d'un grand nombre de circonstan
toutes ses propriétés naturelles ou acquises ces que ia chimie ne saurait apprécier, est due
la plupart du temps à un rapport entre les
dans leurs rapports avec les circonstances du parties
climat, de la situation, etc., et l'autre qu'on a constituantes tout particulier au ter
appelée richesse et qui est due en grande par rain analysé. Ainsi, dans un terrain voisin,
tie aux matières organiques en état de décom cettel'une de ces parties en remplace une autre et
substitution est tantôt nuisible et tantot
position que le sol renferme naturellement ou
332 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
avantageuse à la fécondité sans qu'on puisse 8° L'épaisseur de la couche arable, qui, plus elle
se rendre compte de ce changement dans des est considérable, plus elle fournit d'alimens aux végé
conditions qui paraissent absolument identi taux et permet de cultures diverses ;
ues. Enfin, le rapport de ces parties entre 9° Les végétaux qui croissent spontanément à la sur
elles est si † fixe dans une même pièce de face du sol, caractère que nous avons appris à consulter
terre que les analyses chimiques les plus au tome I", page 55.
nombreuses pourraient à peine donner une Les caractères que nous venons d'énumé,
idée des variations infinies et souvent fortim
portantes que peut offrir ainsi un domaine qui rer, influent si puissamment sur la fécondité
embrasse une certaine superficie. du sol, qu'il est indispensable de les constater
avec beaucoup de soin dans les terres dont
Dans l'examen et l'étude des caractères agro on veut évaluer le produit; et comme un do
nomiques, on ne renonce pas entièrement à maine, même dans des dimensions restrein
la connaissance des parties constituantes du tes, offre presque toujours des variations con
sol, mais on se borne seulement à reconnaî sidérables dans la composition des terres qui
tre celles qui entrent en grande quantité dans constituent son fonds, il est important de re
sa composition, qui peuvent être appréciées connaître ces différences, au moyen d'une
par les sens ou par une analyse mécanique et opération régulière qu'on appelle l'examen
grossière, et lui impriment un caractère gé agronomique du domaine.
néral ; telles sont : la surabondance de l'argile, Pour procéder avec ordre à cet examen, et
celle du sable, du carbonate de chaux ou de établir avec régularité les qualités physiques
l'humus; nous ajouterons même que ce sont des terres qui doivent ensuite faciliter leur
les parties constituantes qui dominent ainsi classification, le choix de l'assolement qui
dans le sol qui, jointes à certaines propriétés leur convient, et le produit qu'elles sont sus
empruntées à l'ordre physique, qui servent à ceptibles de donner, on s'y prend de la ma
établir ce que nous désignons ici sous le nom nière suivante : on partage toute la surface
de caractères agronomiques. du domaine en un certain nombre de gran
Ces caractères pourraient être très multi des divisions, au moyen de jalons, qu'on
pliés si on voulait s'attacher à faire un exa plante particulièrement aux § où le sol
men approfondi de toutes les causes qui dans † changer de nature. On a sous la main
un terrain concourent à la production, l'ac e plan du domaine, et on y porte l'emplace
croissent ou la diminuent; mais dans la pra ment des jalons qu'on unit ensuite entre exux
tique on peut se restreindre aux suivans que par des lignes droites; ce qui fournit autant de
nous nous contenterons même d'indiquer compartimens qu'on présume qu'il y a de va
brièvement, en renvoyant pour les détails aux riétés de terrain. Ces compartimens sont mar
autres parties de cet ouvrage. qués sur le plan par une lettre majuscule.
1° La ténacité, cohésion ou consistance du sol, qu'on Cela fait, on recoupe les lignes principales
peut constater par les procédés indiqués dans le tome 1°r, par d'autres lignes secondaires, espacées de 10,
page 4o. Cette ténacité, due à la surabondance de l'ar 20, ou 30 mètres, selon le besoin, qu'on ja
gile, se manifeste au reste par des signes extérieurs lonne avec des baguettes plus petites; les es
que l'expérience apprend facilement à distinguer, tant paces renfermés entre ces lignes forment
dans les sols à l'état humide ou sec que dans ceux qui autant de sous-divisions ou stations, auxquel
se trouvent dans un état moyen d'humidité ou de séche les on assigne un numéro d'ordre.
resse ; - Si le terrain n'avait pas encore été arpenté
2° L'ameublissement, qui peut être le résultat d'une ou si on voulait en vérifier l'arpentage, on pro
quantité plus ou moins considérable de sable ajouté à fiterait de cette circonstance pour faire en
l'argile du sol, ou bien d'humus ou de carbonate de même temps l'examen agronomique et pour
chaux. Chacun connait les caractères qu'offre un sol déterminer les stations au moyen de la chaîne
plus ou moins meuble (t, I", p. 55); d'arpenteur.
3° La froideur du sol, qui dépend de sa faculté d'ab L'estimateur avec le plan sous les yeux, un
sorber et de retenir la chaleur (t. I°r, p. 46), de son cahier à notes dans les mains et suivi de deux
exposition, de sa composition, de sa densité, de la réac personnes, l'une munie d'une béehe pour creu
tion des parties qui le composent, de la quantité d'hu ser et retourner le sol , et l'autre d'un panier
midité qui le pénètre et y séjourne habituellement, et pour recueillir des échantillons, s'avance en
enfin du climat ; suite sur le terrain dans la direction des sta
4o La chaleur du sol, qui est due à des causes con tions el constate à chacune d'elles les caractè
traires à celles qui le rendent froid et en particulier à res, la qualité, la nature du terrain, en faisant
sa richesse en humus et en parties calcaires, à sa posi enlever quelques pellées avec la bêche et en
tion et à sa faculté absorbante pour la chaleur et pour mettant à découvert le sous-sol. S'il lui reste
retenir le calorique, au climat, etc. ; des doutes sur ces caractères ou s'il veut sou
5° L'état de sécheresse et d'humidité du sol, la pro mettre des échantillons à des essais de labora
priété dont il jouit d'absorber plus ou moins l'humidité toire, il fait mettre environ 1 livre de terre
atmosphérique (t. I°r, p.45), sa perméabilité lors des dans un sac de papier sur lequel il inscrit le
pluies, son état de fraîcheur à quelque profondeur au n" d'ordre de la station et la lettre qui dési
dessous de la surface pendant les temps secs, etc., ca gne la division à laquelle elle appartient. En
ractères faciles à étudier et à constater ; même temps il consigne sur son cahier le
6° La quantité dhumus contenue dans le sol qui même n° et la même lettre, et les fait suivre
constitue le principal aliment des végétaux et qu'on re des indications et des observations qu'il †
convenables. Il continue ainsi à s'avancer de
connait à la couleur du sol ainsi qu'à une odeur parti
culière ; station en station en s'arrêtant surtout aux
7o La nature du sous-sol, qui peut être perméable endroits où le sol paraît changer de nature et
ou imperméable, riche en humus ou formé d'une roche en constatant soigneusement ces changemens.
ou d'un sable stérile, etc. (t. lº, p. 47 ) ; En même temps qu'il fait ainsi une recon
CHAP. 2°. ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX. 333
naissance de la couche superficielle du sol sur la culture des céréales de printemps. Enfin,
toute la surface du domaine, il prend note les terres où prospèrent les céréales d'hiver ne
également des caractères que présente par pouvant toutes être ensemencées fructueu
tout le sous-sol, des changemens de niveau sement en froment , nous établissons parmi
du terrain, des amas, des infiltrations d'eau, elles une sous-division pour celles qui ne sont
de la quantité de pierres roulantes, de celle propres qu'à la culture du seigle.
des mauvaises herbes qui infestent le sol, des Ainsi, dans notre classification il existe 2
racines , des souches et autres obstacles qui andes divisions. La 1re consacrée aux céréa
s'opposent à la culture, etc.; toutes ces circon es d'hiver qui est partagée en 2 sous-divi
stances sont au besoin cotées sur le plan en sions , l'une pour le froment, l'autre pour le
leur lieu et place, au moyen de signes con seigle, et la 2° qui n'est propre qu'aux céréales
ventionnels. de printemps : chacune de ces divisions ou
Ces travaux terminés, l'estimateur rentre sous-divisions est ensuite partagée en 4 clas
chez lui et soumet les échantillons qu'il a rap ses, suivant les degrés décroissans de la fécon
portés aux essais qui doivent éclaircir ses dité des sols et de la certitude des bonnes ré
doutes, et quand il est fixé sur la nature et les coltes.
propriétés physiques des terres diverses que Le tableau ci-dessous donnera une idée de
renferme le domaine, il les classe suivant leur cette disposition symétrique.
qualité, puis trace sur le plan le contour de 1re DIVISION. Terres à céréales d'hiver.
la surface qu'elles occupent sur le fonds, lave
chacune de ces surfaces avec une couleur par 1re SoUs-DIvIsIoN. Terres à froment.
ticulière, et inscrit au milieu de chacune la 1re, 2°, 5e et 4° classes.
division et la classe auxquelles le terrain ap
partient. Ceci fait, l'examen est achevé, et il 2° SoUs-DIvIsIoN. Terres à seigle.
ne s'agit plus que de passer aux calculs de l'é 1r°, 2°, 3° et 4° classes.
valuation du produit de chacune des classes.
2° DIVISION. Terres à céréales de printemps.
2° De la classification des terres arables. 1re, 2°, 5° et 4° classes.
Lorsqu'on a reconnu, au moyen de l'exa Exposons maintenant les caractères des di
men dont il vient d'être question , les carac visions et sous-divisions des terres arables,
tères agronomiques des différentes terres ainsi que ceux des classes qui partagent celles
arables d'un domaine et la faculté dont elles ci, en prévenant toutefois le lecteur que nous
jouissent de pouvoir produire avec abon donnerons dans un tableau d'ensemble, placé
dance des végétaux utiles et précieux , il à la suite de cette exposition, le produit brut
reste à constater à quelle sorte de végétaux moyen que doivent fournir toutes les classes
elles sont le plus éminemment propres. de terre quand elles sont exploitées suivant un
Parmi ces végétaux précieux, il est évident système d'assolement qui leur convient, et
qu'on doit mettre au premier rang les céréales, qu'on trouvera aussi dans ce tableau des dé
parce que ce sont elles qui ont la plus haute tails sur les travaux de culture et la quantité
importance dans l'économie des nations, et des engrais qui leur sont nécessaires.
que c'est non-seulement de leur production
que dépendent † es profits 1o TERREs A FRoMENT. On désigne sous ce nom tous
qu'on peut recueillir de la culture, mais en les sols dans lesquels l'argile prédomine avec toutes ses
outre , parce que sous un point de vue pure propriétés, et qui par conséquent se crevassent par la
ment agricole, les terres où elles prospèrent sécheresse, se divisent par les labours en grosses mot
possèdent genéralement les qualités qui les tes (t. I°r, fig. 57) difficiles à rompre, et qui, par les
rendent propres à produire avantageusement hersages ne se pulvérisent pas comme les sables (t. l",
les autres végétaux utiles, et que leur pro fig. 5s), mais se divisent simplement en mottes de plus
duction peut en quelque sorte servir de me petites dimensions et de même aspect que les précé
sure assez exacte à la fécondité du sol. En dentes. A l'état humide ces terres adhèrent aux pieds
classant d'ailleurs les terres d'après leur ap et aux instrumens aratoires ; elles ont à la main une
titude à produire des récoltes de céréales, on consistance plastique, et, coupées avec un instrument
ne fait que se rapprocher de la pratique, qui tranchant ou pressées entre les doigts, elles offrent un
depuis un temps immémorial se sert de ce aspect plus cireux que terreux. Dans ces terres réussis
terme de comparaison pour déterminer la sent principalement le froment, les légumineuses, l'orge,
qualité et la vakeur des terrains. l'avoine, le trèfle, les vesces, les choux et choux-na
Vets.
Dans l'agriculture de la plupart des peuples
de l'Europe, les céréales d'hiver sont considé 1re Classe.Dans cette classe nous rangeons les terres
rées comme les plantes agricoles les plus im argileuses et les loams noirâtres des vallées basses, ma
portantes, celles dont la vente est la plus rines ou fluviales, aujourd'hui insubmersibles et non
assurée et pour qui le marché est le plus éten exposées à l'accumulation des eaux hivernales.Ces ter
du, celles enfin qui fournissent principale res ont tous les caractères généraux que nous avons as
ment la paille nécessaire aux bestiaux et à la signés à cette division ; à l'état humide elles ont une
production du fumier. C'est donc d'après leur couleur noire ou brun foncé, et grisàtre quand elles sont
plus ou moins d'aptitude à produire des cé sèches ; la couche meuble y est au moins de 10 po., et
réales d'hiver que nous classerons les terres fréquemment le sous sol y est noirci par les débris
arables; mais comme il y a des terres de cette organiques jusqu'à la profondeur de plusieurs pieds.
espèce qui, soit par leurs qualités physiques, Par suite de sa richesse en humus et d'une certaine
soit par leur exposition, ne sont pas aptes à quantité de carbonate de chaux, ce sol est ordinairement
produire avec profit les céréales d'hiver, nous chaud ; il est difficile à travailler, mais, à la suite des
en formons une division qui est consacrée à labours, il se pulvérise plus ou moins par l'effet de l'air
334 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
et des alternatives de sécheresse et d'humidité sur les lité, et qui, après les hersages, présentent à un degré
débris organiques et les parties calcaires ; son sous-sol assez variable l'apparence de sables plus ou moins adhé
est ordinairement perméable, et sa surface unie, mais rens. Ces terres, à l'état humide, ne s'attachent pas
offrant toutefois un écoulement facile aux eaux ; on ne aux instrumens ; elles n'ont aucune propriété plas
parvient à lui donner l'état de division nécessaire qu'en tique, et, péries entre les doigts, elles ont plutôt un
le travaillant énergiquement et à demi humide, état aspect terreux que cireux. Outre le seigle, eiles con
dans lequel il se trouve le plus communément. Quoi viennent particulièrement à la culture de la petite orge
que naturellement riche en humus, il réclame une forte et du sarrazin, en partie à celle de l'avoine, puis des
fumure, parce que les récoltes riches et abondantes pommes de terre et des navets.
qu'il fournit consomment beaucoup de matières orga 1 ° Classe. Les terres douces des vallées basses, quand
niques. On rencontre dans des cas rares et particuliers elles ne souffrent pas par le séjour des eaux stagnantes,
des sols de cette espèce, qui donnent de magnifiques ré appartiennent à cette classe. Ces terres ne présentent
coltes sans fumier. Les terres de cette classe donnent pas les caractères de l'argile, elles ne sont pas non plus
non-seulement les récoltes de froment les plus assurées, spongieuses par la trop grande abondance de l'humus,
mais aussi les plus abondantes. En outre, les féveroles, mais elles ont peu de consistance, une apparence terreuse,
le colza, la grosse orge, l'avoine, le chanvre, le tabac, et sont faciles à travailler et à pulvériser. Lacouche meu
les choux, le trefle blanc et rouge sont les cultures les ble y est noire ou grise et profonde ; le sous-sol per
moins casuelles et les plus productives qu'on puisse leur méable; le sol chaud, ni trop sec ni trop frais; les fa
demander. çons et les fumures n'ont pas besoin d'y être aussi éner
2° Classe. Les sols argileux et les loams noirs et gris giques que dans les terres à froment, et les 1* y sont
des situations élevées où les caractères de l'argile domi plus faciles ; le froment blanc y prospère, mais y éprou
nent encore, qui sont chauds, sans humidité surabon ve souvent de graves avaries par les froids de l'hiver; le
dante et entretenus dans un état de fécondité convena seigle d'automne y donne au contraire ses récoltes les
ble, appartiennent à cette classe. Ces conditions ne se plus productives, et, après lui, ce sont l'orge, l'avoine,
rencontrent guère que dans des terrains de niveau ou le colza, les choux, les choux-navets, les pommes de
peu inclinés et sur les pentes exposées au soleil.La terre, le tabac, le chanvre et les navets qui donnent les
couche arable est rarement imprégnée au-delà de 8 po. récoltes les moins casuelles et les plus abondantes; les
de profondeur de matières organiques; elle a une cou pois y poussent tout en paille et donnent par conséquent
leur noire, brun foncé ou grise. Le sous-sol est per peu de grains.
méable, souvent mélangé de parties calcaires ou mar 2° Classe. Les bonnes terres deconsistance moyenne
neuses. Ces terres veulent être fortement travaillées et
et chaudes des situations élevées, dans lesquelles les
exigent une abondante fumure. Les cultures indiquées caractères de l'argile ne sont plus apparens, mais qui
pour la 1" classe prospèrent également dans celle-ci, n'ont pas encore l'aspect des sables, et qui, sèches ou
seulement le produit moyen y est un peu moindre. humides, peuvent être aisément travaillées et se mou
5° Classe. Nous rangeons ici les sols ou loams des lent encore en mottes au labourage, font partie de cette
pays élevés, qui sont argileux, noirs ou gris, plus froids classe. Elles sont de couleur grise et présentent une
que chauds et qui souffrent plus ou moins par la sur couche meuble de s po. au moins de profondeur, d'une
abondance de l'humidité; la couche meuble, mélangée teinte égale ainsi qu'un sous-sol perméable; l'humi
d'humus, n'y a guère plus de 6 po.; le sous-sol y est dité ne les rend pas adhérentes aux outils et la séche
peu perméable, et ces terres présentent tous les caractè resse ne les crevasse pas ; le seigle y donne des récoltes
res de la froideur et de l'humidité; des façons éne.gi aussi assurées, mais un peu moins riches que dans la
ques et une forte fumure leur sont nécessaires. Le fro classe précédente. Les récoltes les moins précaires et
ment, les pois, les féveroles, l'orge, l'avoine, le colza, les plus abondantes après le seigle sont celles de l'orge,
le treſle, les vesces et les choux-navets y réussissent de l avoine, des pois, des vesces, des pommes de terre,
aussi bien, quand la saison est favorable, que dans les des navets de toute espèce, du lin, du trèfle blanc et
terres de la 2° classe; mais ces cultures y souffrent si même du trèfle rouge, mais seulement avec de fortes
souvent dans les années humides et rudes que le pro fumures; les travaux y sont peu pénibles, mais exigent
duit moyen y est moindre que dans celles de cette du soin pour la destruction des mauvaises herbes ;
classe. les engrais s'y consomment plus rapidement que dans
4° Classe. Les sols ou loams argileux, pauvres, froids les terres à froment, et le fumier des bêtes à cornes
et humides des pays élevés, qui ne donnent que de ché est celui qui leur convient le mieux.
tives récoltes de froment et ne sont pas propres à la 5° Classe. Nous rangeons dans cette classe les sols
culture du seigle, doivent encore être classés ici; leurs des pays élevés, plus légers et plus secs que les précé
propriétés les plus saillantes et les plus caractéristiques dens, encore chauds, de couleur grise, qui, secs ou hu
sont un défaut presque absolu d'humus qui se manifeste mides, ne se pulvérisent pas encore au labourage, mais
toujours par la couleur pâle de la couche arable et par où le sable commence visiblement à dominer. Placés
le peu de profondeur de celle-ci, qui n'atteint pas sou sur des pentes escarpées et exposées au sud, ces terrains
vent 5 po. et les signes qui indiquent une terre froi descendent dans la classe suivante ; mais une déclivité
de et humide, entre autres un sous-sol imperméable. douce et qui n'est pas trop fortement exposée au soleil
On ne parvient à en obtenir des produits que par des ou à l'écoulement torrentiel des eaux ne leur est pas
façons pénibles et multipliées et avec d'abondans en défavorable pour la culture du seigle. Une surface ho
grais. Dans les années favorables, le froment rouge, rizontale donne les récoltes les plus sûres. On les tra
l'avoine, les pois, les vesces et le trèfle rouge et blanc vaille avec facilité par tous les temps; les engrais y
donnent des récoltes médiocres qui échouent presque sont épuisés par 3 récoltes, et les fumiers de cheval ou
complètement dans les années humides, ce qui dimi de mouton par 2 ; les fumiers courts, non pailleux des
nue beaucoup le produit moyen de ces terres. bêtes à cornes et les composts terreux leur conviennent
2° TERREs A sEIGLE. Nous donnons ce nom à toutes le mieux. Outre le s igle, ils produisent, quand ils sont
les terres dans lesquelles les caractères de l'argile sont maintenus dans un bon état de fécondité, des récoltes
peu apparens ou manquent entièrement, et qui par con passables de petite orge ou d avoine; mais celles de sar
séquent ne se crevassent pas sensiblement par la séche razin, de pommes de terre, de spergule, de raves y sont
resse, ne se divisent pas en grosses mottes au labou les plus certaines; le trèfle blanc avec les graminées
rage ou dont les mottes au contraire se brisentavec faci fourragères y donnent en prairies un Produit assez sur,
CHAP. 2°. ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX. 835
4° Classe.A cette classe appartiennent : les sables secs les récoltes y souffrent fréquemment par la dessiccation
et d'une couleur claire, qui présentent encore à la cul du sol, dont la nature poreuse laisse aisément évaporer
ture assez de consistance pour ne pas être enlevés par l'humidité. Elles reposent souvent, dans les situations
les vents ; les sols de moyenne consistance, de couleur basses, sur un sous-sol de tourbe, et, dans celles qui
claire, en pentes rapides ou couverts d'une si grande sont élevées, sur un gravier aride dont les grains blancs,
quantité de pierres que la surface productive en est visibles dans la couche superficielle, y sont souvent
considérablement diminuée ; et entin les sables humi abondans; les travaux y sont faciles et les engrais ani
des et froids qui tous ne donnent que des récoltes in maux moins efficaces que les cendres, la chaux et les
certaines de seigle et ne sont pas propres à la cul mélanges argileux.
ture du froment. Quand ces derniers terrains froids et 4° Classe. On doit ranger dans cette classe toutes les
humides présentent, par leur situation profonde ou terres hautes, froides et humides qui ne contiennent pas
leur exposition au nord, des chances trop defavorables assez d'argile pour la culture du froment et sont dépour
à la culture du seigle, ils passent dans la division sui vues d'humus, et qui sont parconséquent de couleur claire
vante. Ceux qui sont secs consomment les engrais en et pâle ; quand une certaine quantité de terreau les rem
2 récolles et ne doivent recevoir que des fumiers brunit, elles passent dans la 2° classe ; quand elles ne
courts de bêtes à cornes, des composts terreux ou des consistent qu'en sable, elles font partie des terres à
engrais artiticiels liquides. Les sables froids et hu seigle de la 4° classe, parce que le seigle d'hiver y vé
nides sont au contraire améliorés par des fumiers de gète encore; une légère addition d'argile forme au con
cheval et de mouton. Le travail de ces terrains est très traire des sols sableux et maigres, impropres à la cul
facile, et, à part le seigle, on ne peut en espérer que ture de cette céréale. Ce sol, non cultivé, se recouvre de
des récoltes médiocres de pommes de terre, de sarrazin mousse et de genévriers ; à l'état de culture et avec des
et de raves; on peut les utiliser pendant plusieurs années quantités suffisantes d'engrais, et des semailles tardi
en pâturages apres les avoir ensemencés en plantes four ves, il donne des récoltes médiocres d'orge, de vesces,
rageres. de pommes de terre, de trefle blanc et de pauvres pà
5° TERREs A cÉRÉALEs DE PRINTEMPs. Cette division tures ; les façons n'y exigent que peu de travail, mais
comprend les terres qui sont trop humides, trop froides les temps humides s'opposent souvent à ce qu'on les
et trop spongieuses pour les céréales d'hiver. Leurs donne à propos.
produits peuvent consister en céréales de printemps,
pommes de terre, navets, vesces et autres plantes four 3° Du mode de culture des terres arables comme
ragères annuelles. base de l'évaluation de leur produit.
1" Classe.A cette classe appartiennent les terres où
séjournent les eaux hivernales et qui, l'été, ne conser Pour être à même d'evaluer le produit des
vent pas l'humidité nécessaire pour faire de bonnes prai terres arables, il ne suffit pas de connaître les
ries, telles que certaines terres des vallées basses et caractères agronomiques qu'elles présentent
hautes. Elles sont noires ou de couleur foncée, spon et la classe à laquelle on peut les rapporter, il
gieuses par suite de la grande quantité d'humus qu'el faut de plus avoir égard au mode de culture et
les contiennent; elles sèchent facilement l'été et l'hi d'aménagement au moyen duquel on en tire
ver; les céréales y souffrent par l'abondance des eaux des fruits. Ce mode exerce en effet une in
et y sont déchaussées par la gelée. Ces sols, au reste, fluence puissante sur le produit, et une terre
sont riches et chauds, et portent des récoltes certaines naturellement féconde peut, par la manière
et abondantes en plantes printanières, à l'exception des dont on l'exploite, donner en somme un pro
pois et des fèves ; les graminées fourragères y végètent duit moins considérable qu'une autre qui est
spontanément très bien et y forment des prairies saines, moins fertile. Toutes les terres sont ainsi sus
mais qui ne sont pas assez productives pour donner ceptibles de donner , des récoltes plus ou
avec certitude de bonnes récoltes de fourrage; les tra moins abondantes, suivant leur mode d'amé
vaux y sont faciles et les engrais d'une grande efficacité. nagement, et l'agriculteur doit nécessaire
Une disposition à passer à l'état marécageux, qui se ment s'appliquer à choisir celui qui donne le
manifeste par une couleur brunâtre, par la végétation produit net le plus considérable.
des carex et la petitesse et la maigreur des grains des Ce fait une fois admis, on voit qu'il était né
céréales, fait descendre ce terrain dans la 5° classe.
cessaire, avant d'offrir le tableau du produit
2° Classe. Tous les terrains des pays élevés, que leur de chaque classe de terre, de faire choix
exposition au ne rd, leur situation et leur humidité ne comme exemple, pour chacune d'elles, d'un
rendent pas favorables à la culture du seigle d'hiver et mode de culture et d'aménagement parfaite
qui ne renferment pas assez de parties argileuses pour ment adapté à leur nature, facile à réaliser
la culture du froment, mais du reste contiennent en dans la pratique, susceptible de faire obtenir,
core une quantité notable d'humus qui les colore en en moyenne de ces terres, le produit le plus
noir ou en brun, font partie de cette classe. Ils produi élevé et dont les résultats soient propres à
sent, lorsqu'ils sont cultivés et fumés convenablement, servir de terme de comparaison pour toutes
des récoltes aussi certaines, mais non aussi abondantes,
les évaluations du produit des sols de même
de plantes de printemps que le précédent; les labours qualité.
y sont peu pénibles et les ensemencemens ou plantations Pour déterminer le mode de cu1ture et
ne peuvent, à cause de la froideur du sol, s'y faire d'aménagement qui convient aux différentes
avant les journées chaudes des mois de mai ou juin. classes de terre et établir le produit qu'on
3° Classe.Cette classe renferme des terres basses de doit recueillir par l'adoption de ce mode ou de
Prairies ou de pâturages, semblables à celles de la tout autre fondé sur les principes raisonnés
*" classe et composées de même, mais qui sont acides de l'agriculture, on a dû s'appuyer sur des
ou marécageuses, caractère qui se reconnait facilement principes , et des bases empruntés à l'expé
à leur couleur brune, à la croissance des carex et à la rience et à la pratique. Ces principes et ces
maigreur du grain des céréales. Ces terres donnent des bases, d'après lesquels nous partirons pour
récoltes médiocres en plantes de printemps; les céréa dresser le tableau qui doit servir à l'évalua
les y poussent en paille, mais les grains en sont chétifs tion du produit des terres, sont le résumé des
ºt Pauvres en matière amylacée; dans lesannées sèches, essais et des travaux des agrono
336 ADMINISTRATIoN RURALE. 1LIV. VII.
mes et des praticiens les plus distingués de fourragères en quantité telle que, consom
l'Allemagne, et nous pensons qu'à part l'in mées par les bestiaux, et transformées en fu
fluence du climat et des circonstances lo mier, elles puissent, avec la paille employée
cales, les résultats qui en ont été déduits |† en aliment, partie en litière, réparer
méritent toute confiance, quoique dans un 'épuisement que les récoltes de grains font
ouvrage de la nature de celui-ci nous ne puis éprouver à la terre.
sions entrer dans le développement des preu Ainsi, sur une ferme en terres arables, l'é
ves qui leur servent de justification. tendue † peut consacrer à la culture
Cela posé, passons à l'exposition de ces des céréales et à celle des plantes ou racines
principes. fourragères se circonscrivent mutuellement.
La condition la plus importante à remplir La 1re doit occuper l'espace nécessaire pour
dans tout système ou plan de culture pour faire l'emploi le plus avantageux des engrais
aménager une terre de la manière la plus qu'on produit, et , la 2° la surface justement
avantageuse et avec des résultats aussi con requise pour fournir la masse de plantes four
stans que le permettent les circonstances in ragères qui doit, avec la paille, rendre à la
dépendantes de la volonté de l'homme, c'est 1º la richesse que lui a enlevée la produc
de restituer continuellement au sol autant de ri tion du grain.
chesse au moins que la production des plantes Pour obtenir une commune mesure qui
utiles lui en a enlevée dans des récoltes successi permette de fixer le rapport entre ces 2 sur
ves. C'est sur ce principe que repose la certi faces, il faut partir des données fournies par
tude d'obtenir constamment les produits bruts l'expérience; or, celle-ci démontre qu'une ré
les plus élevés, puisque l'appauvrissement colte de grains enlève autant de richesse à la
graduel du sol diminue non-seulement la terre que la paille qu'elle produit ajoutée à un
quantité de ces produits, mais les rend en poids égal de bon foin de prairie et consommé
outre plus précaires. Une abondante moisson par les bestiaux , peut lui en restituer. La
due à la fécondité naturelle du sol, qu'on sait aille rend au sol à peu près autant qu'elle
mettre à profit, ne coûte guère plus de tra ui a coûté, et le foin, transformé en fumier,
vail et d'avances qu'une récolte pauvre , et rétablit la portion de richesse consommée
chétive, et donne un produit net bien plus par la production du grain.
considérable et plus certain. Ainsi en supposant, comme une moyenne
Pour restituer à la terre la richesse qui a justifiée d'ailleurs par l'expérience, qu'une
été absorbée par la production des récoltes, étendue déterminée de terrain consacrée à la
on se sert le plus généralement des engrais culture des plantes fourragères, dans un sol
mixtes ou fumiers des animaux domestiques. de moyenne qualité et cultivé convenable
· Afin d'embrasser la question qui nous oc ment, donne une masse de fourrages d'une
cupe dans toute sa généralité, nous supposons qualité propre à remplacer un poids égal de
qu'on est éloigné des villes et hors d'état de se bon foin de prairie, et que cette masse soit sous
procurer des engrais au dehors de la ferme. le rapport du poids la même que celle qu'on
i)ans cet état de choses on voit que pour obte obtient en paille sur la même étendue dans
nir un produit élevé et certain, il est indis une bonne récolte de céréales, on est conduit
pensable de faire choix d'un système de culture à cette règle, que, dans un plan de culture
et d'aménagement des terres où tout soit combiné bien étendu et où Il faut s'entretenir avec ses
de façon qu'on puisse constamment, au moyen propres ressources, les terres cultivées en plan
des engrais qu'on parvient à produire sur place, tes , fourragères doivent occuper une surface
entretenir celles-ci au plus haut degré de fécondité égale à celles emblavées en grains, si on veut
qu'elles puissent atteindre, ou les y porter suc entretenir à un degré convenable, par la trans
cessivement si elles n'y sont pas encore par formation en fumier des pailles et des fourra
venues ; en un mot, qu'il faut mettre, par un ges produits, la fécondité de toutes les terres
système raisonné de culture alterne. la pro arables du domaine.
duction des engrais au niveau de la consom La question du rapport de l'étendue que
mation et créer des ressources propres à doivent réciproquement occuper les soles à
faire face à tous les besoins. grains et à fourrages n'est pas toujours aussi
Quand on peut se procurer des engrais au simple que nous venons de la présenter; ainsi
dehors, le produit de la terre reste le même ; dans les terres riches et fertiles, l'étendue
le plan § de culture doit alors éprouver des des soles fourragères n'a pas besoin d'être
modifications. aussi considérable que celles des soles à grains;
Parmi les végétaux utiles qui entrent dans et on tiendra compte de cette observation
un système de culture alterne, les céréales et dans le tableau des évaluations ; en outre,
les plantes fourragères jouent le principal rôle. l'existence des prairies naturelles dans une
Les céréales, en raison des motifs allégués au exploitation rurale, celle des pâturages, la
paragraphe de la classification des terres, rupture d'un trèfle après la 1r° année, l'en
étant les végétaux les plus précieux et les fouissement des récoltes en vert, etc., sont
plus importans de l'agriculture, doivent, sur autant de circonstances qui doivent nécessai
une ferme, couvrir la surface la plus étendue rement apporter des modifications à ce rap
ossible des terres arables ; mais, sans engrais, pOrt.
L'expérience journalière dans la culture des
† production avec profit est incertaine et
devient même parfois impossible, parce qu'el champs paraît avoir démontré que, dans la
les épuisent la terre et que la paille qu'elles culture alterne, trois récoltes de céréales, mois
fournissent ne suffit pas pour restituer au sol sonnées à l'état de maturité et produites arcc
la richesse qu'elles lui enlèvent. Pour ré l'abondance que comportent les circonstances or
tablir celle-ci, on est obligé de cultiver en dinaires et la classe à laquelle la terre appar
même temps que ces céréales des plantes tient, épuisent la richesse communiquée au sol
CHAP. 2º. ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX. 337
par une fumure, en bon fumier d'étable donné pliquer le fumier avant qu'il ait fermenté aux
en quantité convenable , et qu'après ces trois plantes qui peuvent en cet état y trouver un
récoltes, une nouvelle fumure devient néces aliment, telles que les plantes fourragères
saire si on veut rendre à ces terres assez de feuillées de nos champs , et sans lui enlever
richesse pour produire avec profit de nou ses qualités nutritives pour une récolte subsé
velles récoltes de grains. Ce rapport entre la quente de grains.
fumure et les récoltes de grains qu'elle peut Une récolte de plantes fourragères feuillées,
produire, paraît être la combinaison la plus ainsi obtenue et moissonnée en vert, est donc
avantageuse pour obtenir le produit net le le produit des portions de fumier que la fer
plus considérable. - mentation en tas ou la décomposition lente
Moins de trois récoltes de grains sur une dans une jachère complète fumée aurait éva
fumure ne nuit † il est vrai, au produit net, porées en pure perte, et ne prive la terre d'au
parce que la richesse qui reste encore dans le cun de ses principes nourriciers.
sol , après deux récoltes, augmente l'effet de Si les fourrages verts cégétant sur fumier frais
la nouvelle fumure et peut accroître la pro et non consommé n'enlèvent rien à la terre de
duction du grain jusqu'aux limites qu'elle sa faculté de produire du grain, soit parce
peut atteindre, et que l'économie de la se qu'ils n'occupent le sol que peu de temps
mence et des frais de culture est toujours et seulement pendant la 1º période de la dé
favorable à l'élévation de ce produit. composition du fumier, soit parce qu'ils lui
Au contraire, plus de trois récoltes de grains restituent en partie par leur d§ feuilles
sur une seule fumure ne font que répartir ou racines à peu près autant de richesse qu'ils
la force du fumier sur un plus grand nombre en ont absorbés, soit enfin parce qu'ils profi
de récoltes, sans élever au total le produit tent des parties volatiles du fumier, il n'en est
moyen, puisque c'est en définitive la richesse plus de même s'ils sont semés et végètent sur
seule du sol qui donne des récoltes de grains. fumier déjà anciennement enfoui dans le sol
En outre, en prolongeant ainsi la durée d'une ou consommé ; alors il y a toujours épuisement
fumure on donne lieu à une déperdition de la de la richesse du sol indépendamment de ce
uissance du sol par les effets simultanés de que les plantes peuvent lui restituer par leurs
a chaleur et de l'air pendant les façons plus chaumes et racines.
nombreuses † donne à la terre, ce qui en En fixant à 3 le nombre des récoltes qu'on
somme affaiblit toujours le produit qu'on peut peut tirer d'une certaine quantité de fumier,
attendre d'une fumure. Des travaux de cul il est clair que le produit de ces récoltes dé
ture plus considérables, et une récolte moin pend de la masse et de l'énergie fertilisante
dre de grains doivent donc nécessairement de ce fumier, aussi bien que de la persistance
abaisser le produit net qui est toujours d'autant de son effet pendant tout le cours de la rota
plus fort qu'on sait faire un usage plus prompt tion; et réciproquement que la masse et l'éner
de l'activité des engrais. gie de cet engrais dépend des récoltes de paille
Dans les applications pratiques du principe et de fourrages que la terre fournit comme
de l'épuisement de la richesse des terres par matériaux de ce fumier. Un sol riche donne
trois récoltes de grains pour une fumure en de riches récoltes de grains , de paille et de
fumier d'étable , d'§ qualité déterminée et fourrages et peut au moyen des deux derniers
donné en quantité proportionnée à la qualité recevoir une abondante et riche ſumure, tan
de la terre, il ne faut pas oublier de tenir dis que dans les sols pauvres, la récolte et la
compte de la riches§ qu'acquiert le sol par fumure sont également pauvres et peu abon
les années de pâturage ou par la décomposi dantes.
tion des racines et chaumes de certaines ré Dans tout plan raisonné de culture il y a
coltes et avoir également égard aux portions deux modes principaux d'aménagement. Dans
de richesse qui peuvent lui être enlevées par l'un on n'a pour but que la conservation de
des récoltes intercalaires de plantes fourra la richesse du sol et non pas son accroissement.
† A ce sujet, nous ferons connaitre plus Dans l'autre, au contraire, on se propose d'ac
as les résultats qui ont été fournis par l'agri croitre progressivement cette richesse. Relative
culture expérimentale. ment à ce dernier, on ne peut y parvenir que
Dans les terres fortes, on peut donner la par des sacrifices pour se procurer des en
grais au dehors, ou en diminuant l'étendue
fumure en une seule fois dans le cours de la ro
tation ; mais dans les sols très meubles et lé des soles à grains et en augmentant celles des
gers il est préférable de répartir cette fumure soles fourragères. C'est par l'un ou l'autre
en 2 et même 3 fois; le résultat dans les 2 cas de ces deux derniers moyens qu'on parvient à
est le même si la terre reçoit au total une fu faire remonter la terre dans une classe supé
mure proportionnée à la quantité de grain rieure à celle où elle était déjà ; les pailles et
qu'on veut obtenir. fourrages, devenant alors plus riches et plus
Un fumier non consommé et enfoui en terre abondans, fournissent une plus grande quan
avant d'avoir subi la fermentation, n'est pas tité de bon fumier; celui-ci donne à son tour
propre à la production des graines farineuses. des récoltes plus fortes de grains qui paient
Pour donner ce dernier résultat, le fumier avec usure les sacrifices qu'on a faits pour l'a
oort avoir été abandonné en tas à la fermen mélioration de la terre.
tation, ou bien à la décomposition lente dans Le mode d'aménagement qui se borne à la
la terre. Or, comme cette fermentation ou conservation et au maintien de la fécondité du sol
décomposition est toujours accompagnée est celui que nous adoptons pour l'évaiuation
d'une très grande déperdition de principes du produit des terres, en prévenant toutefois
qui pourraient servir utilement à l'alimenta qu'on doit prendre pour guide dans le choix des
tion des végétaux, l'économie prescrit pour plantes qui entrent dans l'assolement,et l'ordre
obtenir le produit le plus considérable d'ap de leur rotation, la nature intime du sol, que
AGRICULTURE. 92° livraison. ToME IV. — 43
338 ADMINISTRATION RURALE. LIv. VII.
les produits que nous indiquerons supposent que de fourrages et de paille (voy. le n° 1 )
que la terre est dans un bon état de richesse, de peuvent en donner 18 kilog. 70, et un mètre
propreté et d'ameublissement, que les labours cube de fumier environ 54 à 55. C'est ce que
sont faits avec le soin et les instrumens conve certains auteurs nomment la force ou activité
nables et qu'il en est de même des autres façons du fumier (1).
ou travaux ; nous ajouterons aussi que dans l'é 6° Un quintal métrique de pommes de terre
nonciation de la quantité ou du poids des pro récoltées sur fumier ancien et consommé,
duits, on se bornera au chiffre que l'expé épuisent autant la richesse du sol que 10 kilog.
rience a démontré qu'on pouvait atteindre de grain ; mais sur fumier frais et non fer
dans la pratique journalière des champs et menté la récolte de ces 100 kilog. ne coûte
auquel on doit parvenir dans les circonstan pas plus à la terre que 7 kilog. de grain,
ces ordinaires et avec un bon plan de culture parce qu'alors ces plantes mettent à profit les
et d'aménagement exécuté avec intelligence. principes volatils du fumier qui se perdent
Voici maintenant l'énoncé des faits d'expé dans la fermentation en tas.
rience sur lesquels reposent les principes ex 7º Le pāturage des plantes fourragères par
posés jusqu'ici et les plans de culture qui les bestiaux dans un système de culture al
servent d'exemple pour l'évaluation du pro terne, enrichit à fort peu près la terre autant
duit de chaque espèce de terre. que pourraient le faire ces plantes si on les
1° Un quintal métrique ( 100 kilog.) de four récoltait et si on les convertissait en foin, puis
rages secs moitié foin et moitié paille four si elles étaient consommées en cet état par
nit, quand la moitié de cette dernière est em ces animaux et transformées en fumier. Que
ployée en litière, 342 décimètres cubes ou 10 les animaux en effet restent constamment sur
ieds cubes de fumier court, aplati, non pail le pâturage ou qu'ils passent la nuit dans
eux ni consommé, et dans un état propre à les étables, leurs déjections n'en profitent
être enfoui en terre pour la culture et la vé pas moins aux terres de la ferme, et la petite
étation active des plantes fourragères feuil quantité qui peut se perdre dans le dernier
ées. cas sur les routes ou autrement est balancée
2° Un quintal métrique de pommes de terre, par les urines abondantes qui tournent en
consommé par les bestiaux, ne fournit que tièrement au profit de la terre.
34 décimètres cubes ( 1 pi. cube ) de fumier, 8° Dans une terre exempte de défauts, suf
mais ce fumier, sous ce volume, restitue à la fisamment riche, convenablement aménagée
terre autant de richesse que 50 kilog. de bon et où les céréales ont pu prendre tout leur dé
foin sec converti en fumier par les animaux. veloppement, l'expérience prouve que le
Une récolte de pommes de terre consommée poids de la paille est dans un rapport constant
r les bestiaux peut donc être évaluée pour avec celui du grain, le 1" s'élevant ou s'abais
§ d'engrais qu'elle fournit à la moitié sant constamment avec le second. Les blés
versés, ceux qui montent en paille, ceux des
de son poids en bon foin sec.
3° Un trèfle rouge de 1" année, suffisam années peu favorables à la végétation ou des
ment épais, végétant avec vigueur et fauché années très chaudes où le grain est abondant
lorsqu'il est en fleur, puis rompu, rend à ia et pesant, tandis que la paille reste courte,
terre, par ses chaumes et ses racines, autant font naturellement exception et changent ce
de richesses que le tiers du poids de ses tiges rapport.
et feuilles consommées comme fourrages par Les expériences de MM. THAER, SCHEER,
le bétail et transformées en fumier pourraient BLoCK, SCHMALz, KREYssIG ont prouvé qu'en
lui en restituer. Allemagne, dans les circonstances ordinaires,
4° Un quintal métrique de plantes fourra les céréales d'hiver offraient les rapports sui
gères récoltées en vert sur fumier ancienne vans comme une moyenne de plusieurs
ment enfoui ou consommé, épuise autant le années et sur plusieurs sols.
sol que 2 kilog. de grains, ou bien 4 quintaux Un hectolitre de froment du poids de 76 à
de fourrages verts réduits à 1 quintal par la 80 kilog. donne 167 kilog. de paille.
dessiccation consomment autant de la richesse Un hectolitre de seigle du poids de 70 à 72
du sol que 8 kilog. de grains. kilog. donne 175 kilog. de paille.
5° 34 décimètres cubes ( ou 1 pi. cube ) de Un hectolitre d'orge du poids de 60 à 65
bon fumier d'étable, consommé, obtenu des kilog. donne 83 kilog de paille.
plantes fourragères et de la paille des céréales Un hectolitre d'avoine du poids de 44 à 50
dans les proportions ci-dessus (n° 1), en sup kilog. donne 47 kilog. de paille.
posant que † façons données à la terre ont On a aussi trouvé que 1 hectolitre de seigle
été faites convenablement et que le plan de de printemps du poids de 70 kilog. donne 167
culture et d'aménagement est convenable, kilog. de paille.
restituent à la terre autant de richesse que Un hectolitre de pois du poids de 85 à 87
lui en ont enlevé 1,870 grammes de grain kilog. donne 228 kilog. de paille.
avec leur pailie ou, en d'autres termes, 34 Lorsque nous nous occuperons par la suite
décimètres cubes de bon fumier doivent, du choix d'un système d'exploitation pour un
dans le cours d'un assolement et en 3 ré établissement rural, nous reviendrons néces
coites de céréales, donner 1 kilog. 870grammes sairement sur les plans de culture proposés
de grains; par conséquent un quintal métri ici pour chaque classe de terre ; c'est alors
(1) Ce résu'tat , obtenu par la comparaison d'un grand nombre d'expériences et d'observations dues à
MM. 1 haer, Blo k et Kreyssig, dans différens systèmes de culture, parait une moyenne propre à la partie cen
trale et septentrionale de l'Allemagne. Il serait à désirer qu'on entreprit en France des essais du même genre ,
ou qu'on rapprochât les observations faites dans diverses localités , afin de connaître l'inlluence que le climat
exerce sur le rapport de la quantité en poids du fumier à celle du grain produit.
CHAP. 2°. ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX. 339
aussi que nous discuterons les avantages qui également d'après ce qui a été dit ci-dessus,
doivent résulter pour chacune d'elles de l'a été évaluées pour moitié de leur poids de
doption de tel ou tel mode, et que nous ferons fourrages secs, savoir : 5 p. 0/0 en paille et
connaitre les modifications qu'apportent dans 45 p. 0/0 en foin.
un plan de culture les engrais qu'on peut se Dans les colonnes suivantes, sous le titre de
procurer au dehors et les pâturages. produit brut, on a donné en hectolitres et
quintaux métriques le produit dont la se
4° Tableau estimatif du produit des différentes mence a été déduite pour la totalité de la ro
classes de terre dans un système de culture rai tation, soit en grain, soit en fourrage, puis le
sonné, économique et adapté à leur nature. produit moyen pour un an, c'est-à-dire le
produit précédent divisé par le nombre des
Dans un système de culture alterne, il y a années dont se compose la rotation.
2 modes différens d'employer les plantes ser A la suite des produits on a fait connaître
vant à la nourriture du bétail et qui entrent par hectare les travaux de culture qui sont
dans l'assolement. Dans le premier, le bétail nécessaires pour obtenir les récoltes indiquées
consomme ces fourrages à l'étable où il reste dans la 2° colonne; ces travaux sont :
constamment et où on les lui apporte, soit en 1° Le transport des fumiers par chars de
vert, soit à l'état sec : dans le second, les ani 25 pi. cubes, ou 850 décimètres cubes ;
maux sont conduits à certaines époques de 2º Les labours et les hersages qui ont été
l'année sur les soles fourragères où ils con divisés en forts, moyens et légers, ainsi que
somment sur place une partie des récoltes. nous l'expliquerons dans le chapitre III du
Le premier mode, ou la stabulation perma titre IV qui traitera des travaux ;
nente, est celui auquel on donne aujourd hui 3° Les travaux de récolte des grains et des
la préférence comme s'alliant le mieux à un fourrages qui se composent de l'ensemence
bon système d'économie rurale : mais le pdtura ment, de la moisson et de l'emmagasinage de
ge étant non-seulement très usité, mais offrant ces récoltes.
souvent sur le premier des avantages qu'on Ainsi une terre à froment de 1r° classe cul
doit aux circonstances locales, il était utile de tivée d'après l'assolement indiqué au tableau,
faire connaitre le produit des terres classées el avec la stabulation permanente, a donné lieu
récédemment, suivant qu'on adopte l'un ou par hectare pendant le cours de la rotation, et
'autre mode de consommation des fourrages, pour obtenir la récolte indiquée au transport
parce que la rotation éprouve des changemens de 124 chars de fumiers, à 3 labours forts d'un
et que les rapports des soles à fourrages à hectare (ou 1 labour fort de 3 hectares ce qui
celles à grains, de la fumure, etc., ne sont revient au même ), à 8 labours moyens, à 3
plus les mémes comme on le verra dans le hersages forts et 8 moyens, toujours pour 1
tableau qui va suivre. hectare, et enfin aux frais nécessaires pour
Relativement à ce tableau il est nécessaire l'ensemencement, la récolte et l'emmagasi
d'entrer dans quelques détails qui en facili nage pour 3 hectares ensemencés en grains et
teront l'intelligence. 3 autres en plantes fourragères. Dans ce der
Toutes les terres arables y sont rangées nier cas les travaux de 2 coupes sur 1 seul
suivant la classification adoptée, et pour cha hectare sont comptés comme une coupe sur
cune d'elles on a indiqué un assolement con 2 hectares.
forme à sa nature et propre à donner le pro Les 6 dernières colonnes contiennent une
duit le plus élevé. Dans la première colonne comparaison entre le produit en grain de cha
on a désigné les différentes classes de terres ; que classe de terre, avec la rotation qu'on lui
dans la deuxième. où l'on a donné l'assolement applique et la quantité d'engrais fournis par
adopté pour chacune d'elles dans les 2 systè la consommation des pailles et fourrages pro
mes économiques mentionnés plus haut, on duits, en tenant compte de l'enfouissement
trouve : 1o à la suite de la désignation des des racines de trèfle et des années de pâtu
lantes qui doivent successivement occuper rage. Cette partie du tableau ne nous occupera
e sol chaque année, le produit des récoltes pas pour le moment, mais elle nous fournira
par hectare en grain , paille ou fourrage (se dans un autre chapitre les élémens de divers
mence déduite) : 2° le nombre des labours qui calculs intéressans dans la question impor
ont été donnés pour obtenir ces récoltes ; tante du choix d'un système d'exploitation.
3° la quantité de fumier qu'on a employée. Nous ajouterons enfin que les nombres que
Le produit des années de pâturage a été renferment ces 6 dernières colonnes ont été
évalué comme une récolte fauchée et conver calculés, en supposant que le froment récolté
tie en foin, ail.si que nous l'avons annoncé pèse 76. le seigle 70, l'orge 60, la petite orge 50,
ci-dessus. Les pommes de terre ( semence, l'avoine ordinaire 44, favoine nue 30, et les
frais de sarclage et de récolte déduits) ont, pois 87 kilog. l'hectolitre.
ASSOLEMENS,
PRODUIT.
| LABOURS, FUMURE ET PRODUITS ANNUELS PAR HECTARE.
A. — TERRES A FROMENT. •
STABULATIoN PrRMANrxrE. Rotation de 5 années.— 1re année. Vevees fauchées en vert; 6o quint. mét.i 3 lahours, 8o chars de fumier. - } Total de 5 ans.
•°. Froment; So,so heet. grain, 64 quint. paille , lab. — 3°. Trèfle rouge; , coupes, 96 quint. 44 chars de fumier.- 4°. Froment; 16,4° hect. Moyen pour 1 an.
grain, 54 quint. paillet 2 labours. — 5°. Orge d'h so,so hect.grain, 38 quint. paille ; 4 labours.
1re PArURAce. Rotction de 7 années. - 1r°. Vesces fauchées en vert i 6o quint.s 5 lab.; 8o ch. de fumier.- 2°. Froment : 5o,8o hert grain. 64
quint. paille; 2 lab. —3°. Trèfle; 2 coupes, 96 quint.; 44 ch. de fumier. — 4°. Froment; 26,4o hect.grain, 54 quint. Paille; 2 lab —5°.Orge Total de 7 ans.
et plante» de pâturage; 5o,8o hect. grain, 58 quint paille; 4 lab.; 2o ch. de fumier.- 6°. Pâturage; 48 quiut — 7°. Avoine; 44 hect. grain; Moyen pour 1 an.
54 quint. paille : 5 la bours.
SrAºuLAiioN PERMAN. Rotation de 5 années. —1re. Vesces fauchées en vert; 48 quint : 3 lab.; 8o ch. de fumier.-2°. Froment : 24 2o hect. Total de 5 ans.
grain, 5o quiºt. paille; 2 lab.- 3°. Trèfle; 2 coupes, 72 quint.; 2o ch. de fumier.—4°. Froment; 24,2o hect. grain, 5o quint. paillei a lab. Moyen pour 1 an.
5°. Orge; 22 hect.grain, 28 quint paiile; 4 labours.
e | PATU n2 AoE.
paille; Rotation
'ab.-5° de 7 années.-1*°.
Trèfle; F esces
2 coup., 72 quint. : 16fauchées en vert; 48 quint.
ch de fumier.—4°. : 5 lab.;
Froment; 8o hect.
24, 2o ch. degrain,
fumier.-2°.
5o quint.Froment;
paille; 224,2o
lab.—hect.grain,
5°. Orge et5oplantes
quint.
de † 24,2o hect. grain, 5o quint. paille, 4 lab.; 2o ch. de fumier.— 6°. Pâturage; 5a quint. -7°. Avoine; 5o,So hect.grain, 5o quint. Moyen pour 1 an.
Total de 7 ans.
B. - TERRES A SEIGLE.
STARULArIoN PERN. Rotation de 5 années.-1re. Vesces en vert : 4o quint ; 2 lab.4 6o ch. de fumier.— 2°. Seigle; 26.4o hect grain, 66 Total de 5 ans.
qui t. paille; 1 lab. — 5°. Orge et Trèſle; 3o,8o hect, grain, 38 quint. paille, 3 lab. —4°. Trèfle; 2 coup., 6o quint.; 48 ch. de fumier. -}
1re {
t°. Seigle ou Froment : 26,4o bect. grains 66 quint. paille1 1 labour.
PATuRAGE. Rotation de 8 années.—1r°. Vesces en vert, 4o quint.; s lab.; 72 ch. de fumier.-1°. Seigl ; 2 6,4o hect grain, 66 quint. paillet
1 lab.— 3°. Orge, So,so hect. grain, 38 quint. paille, 3 lab. — 4°. Trèfle; 2 coup., 6o quint., 52 ch. de fumier. — 5e Pâtarage; 5o quint. - Tota!
6° Pâturage jusqu'au 25 juin, 14 quint., jachère. — 7°. Seigle; 26.4o hect. grain;66 quint. paille; 2 lab.— 8°. Avoine; 5o,8o heet. grain, 58
M.
|
Moyen pour 1 an.
-
de 8 ans.
oyen pour 1 an.
quint. paille; 2 labours. -
STAEuLATioN P, n». Rotation de 4 années. — 1re. Pommes de terre; 16o quint., équivalant, semence et frais de récolte déduits, à 6 quint.
paille, 72 quint. foin; 5 lab : 4o ch. de fumier. — 2°. Moitié Seigle et moitié Orge, 1 1 hect. seigle, 13,2o hect. orge, 44 quint. Paille, 2 lub
-
#de 4 ans.
2e
— 5°. Tréfle; 2 coup., 48 quint.; 2o ch. de fumier.—4°. Seigle; 2 2 hect grain, 54 quint. paille : 2 labours.
PATURAGE Rotation de 9 annèes.—1re. Pommes de terre; 6 quint. paille, 72 quint. foin; 5 lab. ; 6o ch. de fumier.—2°. Orge; 5o,8o hect.grain,
58 quint paille, 2 lab.—5°. Trèfle; 2 coup., 48 quin .; 32 ch. de fumier.— 4°. Pâturage; 24 quint.—5°. Pâturage; 24 quint.- 6°. Pâturage Total de 9 ans.
| Moyen pour 1 an.
jusqu'au 25 juin; 1 2 quint., jachère.—7°. Seigle; 22 hect. grain, 54 quint. paille; 2 lab.—8°. Seigle fumé; 17,6o hect. grain, 42 quint- paille ; Moyen pour 1 an.
-
52 ch. de fumier; 2 lab. — 9°. Aroine; 19,8o hect. grain, 2 o quint. paille ; 2 labours.
SIARU LATIoN PERM. Rotation de 4 années.—1r°. Pommes de terre; 12o quint. équiv. à 6 quint. paille, 54 quint. foin; 5 lab.: 24 ch, de fumier.
-2°.Orge; 17,ſ obect. grain, 2 2 quint. paille, 1 lab. -5°. Sperguie; 2 coup., 52 quint.; 2 lab.; 16 ch. de fumier.-4°.Seigle; 15,20 hect.grain,
†. 4 ans.
grain, 54 quint. paille : 16 ch. de fumier; 1 lab.-9°. A voine; 15,2o hect. grain, 12 quint. paille, 2 labours
STABULATIoN r, RM Rotation de 4 années.—1r°. Pommes de terre; 1oo quint. équiv. à 6 quint. paille : 44 quint foin; 2 lab. , 2o ch. de fumier. Total de 4 ans.
4e
—2°. Seigle de printemps: 13,2o hect. grain, 28 quint. paille; 1 lab.—s°.Spergule; 2 coup., 24 quint., 1 lab.; ao ch. de fumier,-4°. Seigle
d'automne apres la recolte de la pergule 1 1 hect. grain. 28 quint. paille; 6 quint. fourrages, 1 labour.
PATURAGE Rotation de 1 o années.— . Pommes de terre; 6 quint. paille, 44 quint. foin, 2 lab.: 2o ch. de fumier.-2°. Seigle de #}#
pour 1 an.
13,2o hect. grain, 28 quint. paille, 1 lab.—5°. Seigle fumé et graminées fourragères; 1 1 hect. grain : 28 quint. paille, 1 lab. ; 2 o ch. de fumier;
—4°. Pâturage; 18 quint.—5°. Pâturage; 18 quint. — 6°. Pâturage; 18 quint. —7°. Pâturage; 18 quint.—3°. Seigle d'automne; 15, 2o hect.
Total de 1o ans.
grain: 54 quint paiile: 2 lab.—9°. Seigle d'automne, 1 1 hect. grain, 18 quinl. paille. et après la récolte spergule, 6 quint. fourrages 1 lab.; Moyen pour 1 an.
ao cb. de tumier. - 1 o°. Seigle de printemps; 8,8o hect. grain, 18 quint. paille; a labours.
c. — TERREs A CERÉALEs DE PRINTEMPs.
STABULATIoN PERM. Rotation de 5 années.—1r°. Pommes de terre; 22o quint. équiv à 1o quint. paille, 1 oo quint. foin; 5 lab.; 44 ch. de fu- ) Total de 5 ans.
mier. - 2°. Orge, 5o,8o bect grain, 4o quint. Paille; 2 lab.—3°. Aeoin e; 5o,8o hect grai1 , 4o q'iint. paille; a la bours. ' Moyen pour 1 an.
PATURAGE. Rotatiºn de 8 an — 1*". Pommes de terre; , o quint. paille, 1oo t. foin : 5 lab. : 84 ch. de fumier. — 2°. Orge et Grami- ) Total de s ans.
1r
| nées fourragères, 3o,8o hect. grain, 4o quint. paille, 2 lab.—3°. Pâturage, 28 quint -4°, Pâturage; 2s quint. - s°. Pâturage, a8 quint. -
6°. Pâturage; 2s quint.—7°Avoine nue; 5o,8o hect grain, 4o quint. paille, 1 lab.—s°.Orge; 2 * hect, grain, 28 quint paillºt 5 labours.
STAR ( LATioN Pz M. Rotation de 4 années.— 1re. Pommes de terre, 1 6o quint. équiv
Moyen pour 1 an.
quint. paille, 7s quint. foin; 3 lab. , 56 ch. de fu- ) Total de 4 ans.
mier.— 2°, Petite orge 22 hect. gran, 28 quint. paille; 2 lab.—3°. Pois, 15,2o hect. grain, 34 quint. paille; m lab. -4°. dvvine; 15,2o hect.
grain, 12 quint. paille : 2 labours. Moyen pour 1 an.
2e PArU •Acr. Rotation de 9 années.—1 r°. Pommes de terre; 8 quint. paille, 72 quint foin, 3 lab.; 48 ch de fumier.—2°. Petite orge; 22 hect.
grain, 28 quint. paille : 2 lab.—3°. Pois, 13,2o hect. grain, 54 quint. paillet 1 lab.—4°. Aroine avec Trèfle blanc, et Graminées fourr.; 15,2o { Total de 9 ans.
be ct. grain, 12 qu.nt. † 2 lab.— 5°. Pâturage; 24 quint.— 6°. Pâturage; 24 quint.—7°. Pâturage; 24 quint.- 8°. Pâturage; a4 quint. ( Moyen pour 1 an.
9 °. A toine nue; 19,8o hect.grain, 2o quint, paille : 1 la bour.
S r An r 1 • TioN PERM. Rotation de 3 années.— 1 r°. Pommes de terre; 18o quint. équiv. à 9 quint. paille, 81 quint foin: 2 lab., 56 ch. de fumier. t Total de 5 ans.
' -2°.Arvine nue; 26.40 hect. g1ain, 34 qui t.paille : 1 lab.-3°. Avoine nue; 22 hect, grain, 28 qu:nt. paille ; 2 labours. Moyen pour 1 an.
3e I'Art nAGE. Rotation de 7 années.—1 re Pommes de terre; 9 quint. paille, 81 quint. foin; 2 lab.; 56 ch de fumier.-2°. Aroine et Graminé s ) Total de 7 ans.
| fourragères; 26,4o hect. grain, 54 quint. paille: 1 lab — 5°. Pâturage; 14 quint —4°. Pâturage; 14 quint. — 5°. Pâturage; 14 quint. —
0°. Avoine nue; so 8o he c. grain, 4o quint paille, 1 lab. —7° Avoine nue; 26,4o hect. Erain. 54 quint. paillet 2 labours, Moyen pour 1 an.
Sr Ant 1 ArioN Pr Ru. Hotation de 5 années. - » r°. Pommes de terre; , 1o quint. équiv. à 5 quint paille, 5o quint. foin , 5 tab.; 16 ch. de | Total de 3 ans.
fumier.—2°. Aroin e, 15,2o hect. grain. .2 quint. paille, 1 lab. — 3°. Avoine: 8,so heet. grain, 8 quint.paillet 2 labours. Moyen pour 1 ao.
4e Part • • CE. Rotation de 7 annees.—1re. Pommes de terre; 5 quint, paille, 5o quint foio , 5 lab. 2o ch. de fumier.—2°. Aroine et plantes de \ Total de 7 aus.
pâturage; 15.2 o bect. grain, 12 quint. pailles 1 lab.—5°. Péturage; , a quint.—4°. Pâturag•; 14 quint,-5°. Pâturage, 14 quint,-6°.4vvine;
15,2o hect. grain, 14 quint, paille, 1 lab.-7°, 4vvine; 8,8o hect. gran, 8 quint, paille; s labour*. }
Moyen pour 1 an.
Comparaison entre le produitengrain
PRODUITS BRUTS. TRAVAUX DE CULTURE. et la quantité d'engrais fourni par les con
sommations de pailles et fourrages.
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[. GRAINS. -oU-AG-s. | - -
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Hectolitres. Quint. mét. Hectares. Hectares. quint.met.| Quint mét |Pi.eub. Kilogrammes.
- - - -1-1-^- 1-1- -
º 57,2o | » |5o,8oI » - 156 | 156 | 124 3 81 » " 3| 8| • 3| 3| 512 | 32 | 5,44o |6,452 |6,195 |257 +
||
1 1,45 | » 6,16| » • 151,2o131,2o124,8o | o,6o1 1,6o | • | o,6o | 1,6o | * | o,6olo.6o
*
57,2o | • |5o,8o | 44| • 21o | 2o4 | 144 4| 1o | • 4| 1o 4 5| 414 32 | 4,46o | 8,54o |8,151 -
8,17| » 4,4o1 6,281 » 5o | 29,15|2o,56 | o,57| 1,45| • | o,57 | 1,43 o,57|o,45 +
48,4o| » |24,2o15o,8o| • 16o | 152 | 116 4| 1o | » 4| 1o | - 4 3| 312 *4 | 5,56o |6,285 | 6,485 | 2o2
6,91 | • 5,45 | 4,4o | » |22,85 | 21,7o | 16,6| o,57| 1,43 | » | o,55| 1,43 | » | o,57| o,42
• |52,8o13o,8o| » - 17o| 1oo | 1o8| » 4 º - 4 3 5 5| 27o -O. 2,9oo | 5,425 | 5,544 | 121
- 5,5o | 4,4ol » • | 15,5o | 21,5o 5o | - o,25 | 1,5o | » | o,25 | 1,5o | o,5o | o,5o
+
- 5o,8o| 17,6o | 15,2o | » 1 18| 132 56 | » - - - 7 4| • 25o - 2,5oo |4,675 | 4,655 42
- 5,42 | 1,95 | 1,461 • 115,11|14, 6 | 6,22 - o,**| o,77 • | o,22 |o,77| o,44 -
+
• | 24,2o | • - - 62 | 74 4ol - - 5| - - 7 - 2| 136 - 1,56o | 2,545 | 2,594 | 149
qui donnent un produit net inférieur aux 6o La chaleur. La faculté de conserver la chaleur
terres arables, mais qui par leur situation et est due en grande partie à l'abondance d'un humus de
qualité ne peuvent être rompues avantageu bonne qualité et d'une quantité notable d'argile. Toutes
sement. elles doivent rester prairies et être les prairies hautes, toutes celles qui sont plutôt sèches
estimées comme telles. qu'humides, dont le sol est profond et riche en humus,
A. De l'appréciation de la fécondité des prai sont chaudes et fournissent d'excellens fourrages. Cette
ries. La fécondité des prairies dépend aussi qualité et l'abondance de leurs produits dépendent de
bien que celle des terres arables, des carac leur état presque consſant de sécheresse et d'humidité
tères du sol que nous avons appelés agrono moyennes. La couche imprégnée d'humus y est toujours
miques ; ceux - ci doivent donc faire, comme épaisse et le sous-sol perméable. -
dans le cas de ces terres, l'objet d'un examen 7° La richesse en humus. La quantité d'humus est,
attentif; et comme ils se présentent ici sous comme nous venons de le dire, la cause de la chaleur
un aspect particulier aux prairies, nous allons du sol des prairies, et celle-ci est d'autant plus consi
en reprendre l'examen. dérable que la couche qui en est imprégnée est plus
épaisse. Une prairie a besoin d'être plus riche en hu
1° La ténacité. On reconnaît cette propriété du sol mus qu'une terre arable; celles qui se rapprochent,
des prairies quand les voitures chargées n'y tracent pas sous ce rapport, des terres pauvres , tenaces et froides,
d'ornière et quand le pied des bestiaux qui pâturent sont très peu productives et ne fournissent que des
n'y produit pas d'enfoncemens, même quand elles sont carex en petite quantité. Le sol alors n'est pas noir,
très humides et couvertes d'eau. La terre s'y crevasse mais d'une couleur plus claire qui ne s'étend que quel
par une sécheresse et une chaleur prolongées dans les ques pouces de profondeur.
situations peu profondes et lorsque les plantes y sont
courtes et ne couvrent pas encore le sol. Si le terrain · B. Classification des prairies. Les prairies
n'est pas trop humide on y voit prospérer le trèfle rouge peuvent être rangées dans 2 grandes divisions :
et surtout le carvi. L'espèce et la nature des autres les prairies basses et les prairies moyennes
plantes dépend du degré d'humidité, de la froideur ou , et hautes (voy. t. I", p. 484), qu'on partage
de la chaleur du sol. Dans un sol tenace la sécheresse ensuite en 4 classes suivant la quantité du
rend les plantes des prairies moins fortes et plus fines, produit moyen qu'elles donnent. Ce produit
et une propriété caractéristique des terres argileuses est évalué, quant à la quantité, en quintaux
c'est de fournir, quand les prairies sont saines du reste, métriques et pour une surface d'un hectare ;
des fourrages très nutritifs. quant à la qualité on la réduit à celle d'un bon
2° Lameublissement résulte de la présence du sable ſoin de prairie qu'on peut regarder comme
ou de l'humus avec une moindre quantité d'argile. Dans contenant sous le même poids une quantité de
le 1" cas , le sol des prairies. même avec surabon - principes nutritifs égale à celle du foin de
dance d'eau, reste entier et ne se crevasse pas par la trèfle. -
sé heresse ; dans le second , le sol est spongieux et de Pour opérer cette réduction on peut avoir
vient mou et marécageux par une surabondance d'hu recours aux expériences de M. BLock qui lui
midité : les roues des voitures et les pieds des bestiaux ont démontré que tous les foins des prairies,
s'y enfoncent profondément. récoltés dans une saison favorable et avec les
5º L'humidité. Dans une prairie trop profonde pour soins qu'ils exigent, pouvaient être, sous le
q le les eaux aient un écoulement suffisant, les bonnes rapport de la qualité, rangés sous 6 classes
graminées fourragères disparaissent peu à peu et ſont suivant la quantité de principes nutritifs qu'ils
place aux plantes des marécages , aux carex et aux contiennent : et qu'en les comparant au bon
mousses. Une surabondance d'humidité rend les four foin de prairie pris pour unité, il fallait, pour
rages Inoins savoureux et moins nourrissans : elle acidifie représenter ce dernier, les quantités sui
parfois l humus, circonstance qu'on distingue par l'ap VaIl leS.
parence charbonneuse et la couleur noire intense ou
brune du sol.Au reste, cet excès d'humidité n'est nui 1re classe 100. 4e classe 160.
sible que lorsque l'eau continue à couvrir la prairie à 2° — 120. 5e — 180.
l'époque la plus active de la croissance des végétaux. 3° — 140. 6° — 200.
4° La sécheresse. On la reconnait dans une prairie Quand la saison n'a pas été très favorable
à l'aspect de la surface qui est dure et sèche. Elle est ou qu'on a mis quelque négligence dans la ré
due la plupart du temps à une situation trop haute et colte, tous ces ſoins diminuent de valeur de
à la rapidité des pentes. La sécheresse diminue le pro . la manière suivante :
duit des graminées , et cet effet est d'autant plus mar
qué que le sol contient plus d'humus, et d'autant moins 1re classe 120. 4° classe 180.
sensible qu'il est plus argileux. Les fourrages , au 2° — 140. 5° — 200.
reste , sont de bonne qual té dans les prairies sèches 3° — 160. 6" — 220.
quand les élémens qui entrent dans la composition de
leur sol ne sont pas ceux des sols marécageux. Passons actuellement à la classification des
prairies.
CHAP. 2°. ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX. 343
est de bonne qualité. Ces prairies , dont on obtient
Ire DIVISION. Prairies basses. 2 coupes et qui peuvent être encore pâturées à l'au
tomne, donnent un foin excellent et de 1r° qualité. Leur
A. Prairies à deux herbes. produit en moyenne est évalué à 40 quint. par hect.
B. Prairies à une herbe.
1re Classe. Ces prairies se rencontrent dans les val
lées basses ; leur sol est sain, profond, riche en humus 2e Classe. Toutes les prairies situées au milieu des
et mélangé d'une quantité notable d'argile ; elles sont terres cultivées, bien saines, sont classées ici, quand,
chaudes, constamment dans un état convenable d'hu par la surabondance de l'argile dans le sol ou par la
midité, et non sujettes à des inondations intempestives trop grande disposition de celui-ci à devenir meuble,
et pernicieuses. On y trouve les graminées les meil elles sont sujettes à se dessécher et à durcir périodi
leures et les p'us productives; la fléole, le vulpin et le quement, et ne peuvent ainsi donner une seconde
paturin des prés y dominent avec d'autres graminées coupe. Les plantes au p, intemps, par suite de la ri
moins productives , le trèfle rouge y est très abondant. chesse et de la chaleur de ce sol , y végètent de bonne
Le fourrage de ces prairies est très propre à l'engrais heure et croissent avec rapidité. Leur produit en foin
des bestiaux ; mais il possède une faculté réparative ou comme pâturage doit être évalué à 50 quintaux de
moindre que celle des bons foins des prajries hautes, ſoin très nutritif et de 1º qualité. Quand ces prairies
quoiqu'on lui attribue, sous ce rapport, la même va ne fournissent qu'un produit inférieur à celui-là, il est
leur. Le produit annuel moyen ( e ces prairies, en foin avantageux de les défricher ; elles appartiennent alors
ou comme pâturage, peut être évalué à environ 64 aux 1res classes des terres arables. Il n'y a que des
quint par hect. moyens faciles et économiques d'irrigation qui puissent
2e Classe. Les prairies rangées dans cette classe sont les faire laisser sous forme de prairies ; mais alors elles
aussi fécondes que les précédentes , mais exposées à passent la 1" classe des prairies de cette division.
des inondations hors de saison ; la récolte y est souvent 5° Classe. Toutes les prairies froides et humides pla
détruite, ce qui ne permet d'évaluer leur produit an cées près des terres cultivées sont comprises dans cette
nuel moyen en foin et pâturage qu'à 48 quint. classe. La végétation y est tardive et lente, les fourra
5° Classe. Les prairies basses, en sol froid et hu ges acides et peu nutritifs ; et en supposant qu'elles
mide, et qui par cette raison se couvrent de laiches ou en fournissent en même quantité que les précédentes,
carex et donnent un foin dur, grossier et peu nourris ce foin, à raison de sa qualité inférieure, ne représente
sant, appartiennent à cette classe Leur produit est pas au-delà de 2o quint. de bon foin par hect.
aussi considérable en poids que celui des précédentes ; 4° Classe. Dans cette classe on range les prairies
mais, sous le rapport de la qualité , ce foin ne vaut marécageuses qui sur leurs bords et dans le voisinage
au plus que les 2f5 de celui des 2 autres classes et ne des terres cultivées donnent de bon foin , mais au cen
peut être évalué, terme moyen , à plus de 52 quint. de tre présentent un marécage où végètent seulement les
bon foin. Ces prairies ne sont pas exposées aux inonda plantes aquatiques. Quand elles sont trop marécageuses
tions intempestives. et humides, elles doivent rester en prairies ; mais si ,
placées à quelque élévation, elles sont sèches et ne
B. Prairies à une herbe. présentent un aspect marécageux et un sol aride que
par suite d'une végétation languissante, alors elles ap
4e Classe. Toutes les prairies dont le sol est spon partiennent aux terres arables et à la 3° classe de celles
gieux ou marécageux, et qui, par suite de la présence à céréales de printemps, et doivent être mises comme
de l'eau en surabondance et hors de saison, sont hu
telles en valeur. Les prairies de cette classe ne don
mides, froides, m§ilasses et ne donnent qu'une faible nent pas , dans le 1er cas , une quantilé de fourrage
quantité de fourrages où dominent les laiches, font par équivalente à 12 quint. de bon foin, qu'il est souvent
tie de cette classe. Il en est de même des prairies de
plus avantageux de faire pâturer.
la classe précédente quand les inondations en détério Les prairies qui n'appartiennent pas aux classes
rent ou détruisent en partie la récolte. La quantité de précédentes doivent être évaluées comme pâturages,
fourrage produite par les unes ou les autres , soit parce que, ainsi que nous l'avons dit, les frais de ré
comme foin , soit comme pâturage, ne peut être éva
colte y absorbent le produit net.
luée à plus de 2o à 24 quint. de bon foin de prairie.
Les prairies basses d'un moindre rapport sont des $ III. — De l'évaluation des pâturages.
marais ou des tourbières et doivent être rangées parmi
les pâturages , parce que les frais de récolte absorbe 1° Des diverses natures de pâturages.
raient la valeur du produit. Nous rangeons dans cette section les terrains
qui sont uniquement propres à fournir de la
IIe DIVISION. Prairies moyennes et hautes. pâture au bétail , qui ne peuvent être mis en
valeur ni comme terres arables, ni comme
A. Prairies à deux herbes.
prairies, et doivent nécessairement rester sous
1re Classe. On range dans cette classe toutes les forme de pâturages permanens.
prairies des vallées fertiles ou placées au milieu des
terres cultivées , lorsqu'elles sont dans une situation A ces pâturages appartiennent : 1° les landes et
suffisamment fraiche, que leur sol est chaud , sans bruyères ou terres couvertes de plantes vivaces et d'ar
être ni trop tenace ni trop argileux , d'une cohésion brisseaux, tant qu'elles ne sont pas défrichées ; elles ne
moyenne et mélangé d'humus jusqu'à une grande pro fournissent souvent qu'un pâturage peu abondant et
fondeur. Dans ces prairies qui reçoivent avec avantage une nourriture chétive ; 2" les prés , dont le produit
les eaux d'égouttage des terres arables voisines, la végé en foin est trop peu considérable pour payer les frais
tation au printemps est rapide et précoce. On rapporte de récolte et qui ne peuvent être mis autrement en
encore à cette classe les prairies hautes qui ne reçoivent valeur; il faut suppo er , en outre, qu'ils sont ac
pas les eaux des champs voisins ou supérieurs , mais cessibles aux bestiaux ; 5° les pâturages dans les.fo
qui peuvent , suivant les circonstances et les besoins , réts, autant que ce mode de jouissance ou ce droit est
être couvertes d'eau, puis mises en assec, et dont le sol compatible avec une bonne économie forestière ; 4° les
344 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
pâturages dans les oseraies et les marais plantés en rêts feuillées, et en moyenne le produit ne peut être
aunes, en saules , etc. , où des inondations périodi évalué à plus de 6 quint. de bon foin.
ques et un état trop marécageux du sol ne s'opposent 4° Classe. On range dans cette classe les pacages
pas à l'introduction des bestiaux. Le produit de ce pâ dans les forêts où les arbres sont très rapprochés et où
turage est toujours en proportion inverse du nombre l'herbe ne pousse que çà et là dans quelques portions
des arbres et de leur grandeur. moins fourrées.Si ces portions ont un peu d'étendue, le
Nous ne comprenons pas ainsi dans nos évaluations : pacage passe dans la 2° ou la 3° classe, et si elles y sont
1 ° les pâturages sur jachere de terres arables , parce très rares, on ne peut plus considérer cela comme pà
qu'on doit les évaluer dans l'estimation du produit de turage. Ces pacages ne peuvent être évalués en moyenne
celles-ci ; 2° le pacage sur les prairies , avant et après au-delà de 2 quint. de bon foin pendant tout le temps
la récolte du foin , parce que le 1°r leur est nuisible et du pâturage.
doit être rejeté, et parce que le 2e, évalué en foin , fi Le fumier qui provient des animaux qui paissent
gure dans leur produit ; 5° le pâturage des trefles sur dans tous les pâturages ne doit être évalué qu'à la moi
les éteules des céréales qui ont protégé leur 1re végéta tié de celui que rendrait une quantité de foin égale à
tion , parce que cette méthode est très désavantageuse celle qu'ils produisent, parce qu'il n'y a que celui que
pour la récolte subséquente de cette plante fourragère; 4° les bêtes donnent la nuit qui puisse être recueilli, et
le pâturage des bonnes prairies, par la raison que leur que celui qui tombe sur ces pâturages est perdu pour
produit a été ci-dessus évalué en foin , et qu'il importe les terres cultivées de la ferme.
peu que ce produit ait été récolté par la faux ou par le
pâturage des bestiaux. $ IV. — Vergers et jardins potagers.
Dans l'évaluation du produit des pâturages , l'étude
des caractères agronomiques du terrain exigerait des Ces sortes de biens sont souvent difficiles
considérations particulières et ne pourrait guère con à estimer, parce qu'ils présentent des diffé
duire qu'à des résultats incertains ou même erronés. Il rences sans nombre et que les produits qu'ils
est bien préférable et plus simple, pour ces espèces de fournissent varient avec les pays. Nous al
biens, d'avoir recours à l'expérience des localités et de lons donner néanmoins quelques principes .
s'informer avec exactitude du nombre de bestiaux que propres à servir de guide dans leur estimation
ces pâturages peuvent nourrir convenablement sur un
espace déterminé, pendant combien de temps ils les
en général et quand ils forment unepartiepeu
considérable d'un domaine.
alimentent et le poids de ces animaux ; en calculant
ensuite que, pour être rassasiés, des bestiaux d'un 1° Vergers. Il est quelquefois assez important d'é
faible poids , les seuls que peuvent porter ces pâtura valuer le produit d'un verger, parce que, dans certaines
ges, exigent 7 à 8 kilog. de bon foin par jour par tête situations, il peut augmenter d'une manière sensible
adulte , il est facile de déduire l'équivalent en foin de les revenus d'une ferme. Ce produit dépend de la bon
bonne qualité que ces pâturages peuvent donner sur un té du sol, de l'âge et du développement des arbres à
hectare de superficie. - fruit, de leur vigueur et de leur état.
Le 1er soin, pour l'évaluation du produit, est donc
2° Classification des pâturages. de constater le nombre de pieds d'arbres par hectare
et par suite sur toute la superficie du verger, l'âge de
1re Classe. Les prés marécageux qui ne peuvent pas ces arbres, dont on forme plusieurs catégories s'il y en
non plus être utilisés comme terres labourables, ou a d'âges très différens, la vigueur de leur végétation et
dont le produit ne couvrirait pas les frais de récolte, parfois l'espèce ainsi que la qualité et l'usage du fruit
font partie de cette classe , le pàturage étant le seul qu'ils fournissent. ->
moyen de les mettre en valeur. Les laiches , végétaux Pour faire cette évaluation du produit des arbres à
qui y dominent , n'y atteignent pas plus de 7 à 8 po. fruit, les uns prennent pour base le produit moyen
de hauteur. Leur produit , pendant les 6 mois de pâ que peut rendre en argent un arbre en plein rapport,
turage , n'excede pas 20 quintaux de foin aigre par en admettant que le produit annuel de ceux qui por
hectare, qui représentent à peine, sous le rapport nu tent des fruits à pepin est de 85 c. à 1 fr. parpied
tritif, 12 à 14 quint. de bon foin de prairie. Quand d'arbre, et de 40 à 45 c. pour ceux qui donnent des
ces prés , à cause de leur peu de consistance, ne peu fruits à noyau. On sent aisément que le voisinage
vent porter les bestiaux , ils appartiennent alors aux d'une ville, d'une fabrique ou d'un centre de consom
prairies de la 4e classe. Les prairies marécageuses qui mation quelconque , ou l'industrie du cultivateur,
présentent des portions de leur surface plus élevées , peuvent élever ou abaisser d'une manière notable cette
en assec et accessibles aux bestiaux , sont rangées aussi évaluation.
parmi ces pâturages. D'autres calculent que, dans un sol propice, un ar
2e Classe. Cette classe comprend : 1° les prés ou pâ bre qui a acquis toute sa croissance et qui est en plein
tures plantés d'arbres des terrains humides ou couverts rapport rend, dans une bonne année, 2 hect. de fruit,
de végétaux ligneux d'une faible hauteur, qui ne sont dans les années moyennes 1 hect., et rien dans les mau i
pas assez touffus ou fourrés pour intercepter la lumière vaises années, ou, terme moyen, 1 hect. par pied
solaire ; ils fournissent, dans ce cas, des fourrages assez d'arbre.
nourrissans ; 2" les prés élevés couverts de broussail Un arbre à fruit est dit en rapport lorsqu'il peut se
les qui donnent un gazon court et substanciel et de jeu soutenir seul contre la violence des vents et que sa tige
nes pousses d'arbrisseaux fort recherchées des bestiaux ; a au moins un diamètre de 1 1/2 po. à 1 mètre de terre
5° les forêts plantées d'arbres à feuilles caduques, clair pour les fruits à noyau , de 5 po. pour les fruits à pe
semés ou qui renferment des clairières où pousse un pin, et une couronne ou feuillage proportionné à ces
gazon peu épais et moins substanciel que le foin de grosseurs. Les vieux arbres ne sont considérés comme
prairie. Le produit moyen de cette classe peut être éva étant en rapport qu'autant que la moitié au moins de
lué pendant tout le temps du pâturage à 1 o quint. de leurs branches sont encore saines et productives, et que
bon foin de prairie. le tronc est à peu près intact.
5e Classe. Elle comprend les pacages dans les forêts Un arbre à fruit n'est qu'au milieu de sa crois
d'arbres résineux déjà vieux et où le terrain est sain et sance quand sa tige n'a que 6 po. et sa couronne 10 pi.
fertile; l'herbe y est moins abondante que dans les fo de diametre. Dans ce cas, il ne rend que la moitié du
ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX. •• °
CIIAP. 2°. 345
produit assigné ci-dessus à un arbre qui a acquis son qui représentent le produit moyen pour un
entier développement; un arbre de 5 po. n'en rend que an et on le multiplierait par l'étendue super
le quart. ficielle en hectares de ces terres. On trouve
Il en est de même pour les arbres entièrement dé rait de cette manière que 10 hect. de terre à fro
veloppés, mais qui végètent dans un sol peu favorable ment de 1re classe devraient donner annuelle
et n'atteignent pas les dimensions des précédens; leur ment un produit brut, semence déduite, de
produit n'est que de moitié. - 114,50 hectol. de froment,61,60 hectol. d'orge,
D'autres, enfin, confondant ensemble les vergers et 312 quint. mét. de paille et autant de foin, et que
les jardins potagers, leur assignent, suivant la qualité les travaux de culture, pour obtenir ce produit,
de leur sol, un produit annuel de 50 à 60 fr. par hect. consisteraient dans le chargement, le trans
quand les arbres sont en plein rapport et ont acquis port, le déchargement et † de 248
toute leur croissance. chars de fumier de 850 décim. cubes, ou 25
Dans les pays où l'on est dans l'usage d'affermer pi. cubes chacun, dans 6 labours et hersages
annuellement la récolte des vergers ou de la vendre sur forts de 1 hectare chacun, 16 labours et her
pied, il sera très facile d'évaluer directement le produit sages moyens d'une même surface et dans les
de cette sorte de bien, quand les conditions seront les travaux d'ensemencement de récolte et d'en
mêmes entre les vergers affermés et celui dont on veut grangement de 6 hectares, semés en grains et
estimer le produit. Dans le cas contraire, les principes autant en plantes fourragères.
ci-dessus serviront à établir la valeur proportionnelle. Le même procédé donnerait le produit brut
Outre les arbres fruitiers, les vergers produisent endes prairies, des pâturages et des vergers.
core des plantes fourragères qui la plupart du temps Pour évaluer maintenant le produit net des
ne peuvent, surtout lorsque les arbres sont déjà forts, terres, il faut faire subir au produit brut cer
être utilisés que comme pâturages. Ces pâturages doi taines réductions en nature qui sont néces
vent être assimilés à ceux des bois plantés d'arbres à saires, puis établir la somme de tous les frais
feuilles caduques et clair-semés, et rentrent, relative qui sont à la charge de la production végétale.
ment à leur produit, dans ceux de la 2e classe. Les réductions à faire sur le produit brut ont
Un verger planté de tres jeunes arbres est classé dans pour objet :
la catégorie des jardins potagers, parce qu'il peut rece 1° Les grains de semence, dont nous ne tien
voir cette destination, ou peut être considéré comme drons pas compte dans nos calculs postérieurs,
prairie ou pâturage, etc., suivant l'emploi qu'on en fait, attendu qu'ils ont déjà été déduits dans le ta
et son produit évalué d'après les principes posés ci bleau du produit de chaque classe de terre
dessus. de la page 340.
Les frais auxquels donne lieu un verger sont peu 2° Les grains de battage quand ce travail se
considérables; on compte ordinairement une journée paie en nature. Dans tous les cas nous esti
d'homme pour les soins à donner par chaque lot de 60 merons les frais de ce genre de travail à 12
à 70 arbres, et 2 bottes d'échalas ou tuteurs du prix de p. 0/0 du produit brut du grain en y compre
2 fr. 25 c. à 2 fr. 5o c. chaque par 1oo de jeunes arbres. nant les pertes qu'on éprouve au vannage, cri
2o Jardins potagers.Un jardin potager, surtout lors blage, néttoyagé des grains et celles qui ont
qu'il ne fournit qu'à la consommation du ménage, n'est lieu dans les greniers par suite de l'attaque
évalué, dans l'estimation d'un domaine, que comme une des animaux, des avaries, du coulage, etc.
pièce de terre arable de même étendue et de même 3º Les pertes sur les fourrages pour dimi
qualité. Quand il fournit au-delà des besoins de l'éta nution de poids par suite d'une dessiccation
blissement, et surtout près des villes, les uns lui assi plus complète, pour les avaries, le coulage,
gnent une valeur de 1/5 supérieure à celle d'une terre etc., qu'on peut estimer à 8 p. 0l0.
de même classe, déduction faite des frais, et d'autres Les frais qu'on doit mettre à la charge de la
une valeur simplement égale, en considérant que la va production végétale sont : -
leur plus élevée en argent qu'on en obtient alors est 1° Les avances qui ont été faites pour tous
uniquement le prix d'une plus grande quantité de fu les travaux de culture.
mier, et de l'activité et de l'industrie de celui qui le Disons d'abord un mot de la manière dont
cultive. on se sert pour évaluer les frais. Tantôt on
évalue en mesures de grains, en prenant
$ V. — Des frais à la charge de la production végétale. l'hectolitre de seigle ou de froment pour unité
de mesure, le travail des hommes et des ani
1° Des frais de culture. maux ; tantôt on évalue en argent, d'après les
prix courans du pays, les services des uns et
Nous sommes en état, au moyen des classifica autres; c'est cette dernière méthode que nous
tions précédentes et pour chaque nature et cha adoptons. -
que classe de biens ruraux, de faire une évalua Lorsqu'on connaît, d'après le tableau pré
tion de la production végétale sur un domaine cédent, les travaux de culture, tels que trans
quelconque, ainsi que des travaux de culture port et épandage du fumier, labours, hersages,
qu'elle nécessite. En effet, comme nos évalua récoltes pour un hectare de superficie, il
tions de produits et de travaux ont été établies faut d'abord convertir ceux-ci en journées de
pour une surface d'un hectare et pour un an, travail d'hommes et d'animaux. Cette conver
sion exige qu'on ait recours à certains résul
rien n'est plus facile que d'estimer les uns et
les autres sur toute la superficie du domaine,tats fournis par l'expérience et dont nous
en multipliant les chiffres donnés par le nom présenterons le tableau dans un chapitre par
bre d'hectares de chaque nature ou classe de ticulier qui fait partie du titre IV de ce li
biens qu'il renferme. Ainsi, pour calculer le vre; c'est là qu'on pourra puiser les élémens
produit et les frais des terres arables, on des calculs qu'il faut exécuter à cet égard et
emprunterait dans le tableau de la page 340, à la dont nous ferons usage plus loin. -
classe à laquelle ces terres appartiennent et La somme des journées de travail des
dans le système de culture adopté, les chiffres hommes et des animaux, pour une opération
AGRICULTURE. TOME IV. - 44
346 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
quelconque ou pour tous les travaux de cul service auquel ces portions de bâtimens sont
ture d'une ferme, fait connaître le nombre desaffectées.Ainsi, le produit brut des cultures
uns et des autres dont les services sont né est chargé de rembourser les frais de location
cessaires pour exécuter ces travaux, quand on des granges et greniers pour loger les récol
connaît le nombre de jours de travail d'une tes , des écuries ou étables pour les animaux
de travail , des hangars pour les instrumens,
Les travaux de culture étant transformés des lieux d'habitation pour les aides employés
en journées de travail d'hommes et d'animaux, aux travaux de culture, etc., et celui des bê
il ne s'agit plus que d'évaluer celles-ci en ar tes de rente d'acquitter ceux des étables,
gent. c'est-à-dire à déterminer le prix de leur porcheries, basse-cour, etc. C'est ce dernier
travail journalier. mode que nous adopterons, comme plus com
Ce prix varie nécessairement suivant les mode § les calculs d'évaluation.
pays et dépend de celui des objets de consom Indépendamment de plusieurs circonstan
mation, de l'activité, de l'énergie des travail ces qu'il est nécessaire de prendre en considé
leurs et de la longueur de la journée de tra ration dans l'examen des bâtimens ruraux d'un
vail pour les hommes et du prix d'achat, de la domaine et dont nous nous occuperons dans
vigueur et de la durée du service pour les un chapitre particulier, ceux-ci ont une va
animaux. La plupart du temps ce prix, pour leur d'utilité qui se mesure en grande partie
les uns comme pour les autres, est connu et par l'étendue superficielle qu'ils recouvrent et
bien établi dans une localité, mais il vaut par leur capacité intérieure. Cette superficie
mieux savoir le calculer sur les élémens que ou cette capacité doivent avoir exactement
l'enquête faite sur les lieux a dû fournir, et l'étendue nécessaire pour que le service du
comme nous l'enseignerons dans le titre sui fonds puisse se faire avec aisance et commo
Vant. dité. Une étendue supérieure à celle qu'exige
2° Les frais pour le logement des récoltes, le fonds est sans valeur aux yeux de l'agricul
celui des travailleurs et des bêtes de trait, teur éclairé, et ce serait en pure perte qu'il
sujet qui va nous occuper dans le paragraphe mettrait pour cet objet, à la charge de la pro
Suivant. duction, un excédant de frais qu'elle ne doit
3o Enfin certains menus frais pour travaux pas supporter et qui résulte uniquement d'un
dans les prairies, étaupinage, entretien des fos mode vicieux d'administration ou de l'igno
sés d'écoulement des eaux, etc., sur lesquels il
rance des principes économiques.
est difficile de donner des principes géné La même règle s'applique aussi au mode
raux, et qu'il faut évaluer sur le lieu même de construction des bâtimens; si ceux-ci ont
ou suivant les besoins. été établis avec une solidité superflue, s'ils
Tous ces calculs étant opérés, on est alors ont été construits ou décorés avec luxe, l'ac
en état d'établir en argent le produit net de quéreur ou le locataire d'un fonds rural ne
la production végétale sur un domaine, ainsi peut pas raisonnablement rembourser au ven
† nous en donnerons un exemple à la fin deur ou au propriétaire les frais ou les in
e ce chapitre. térêts d'une spéculation aussi contraire aux
principes d'une bonne administration, et, en
2° Des frais pour la jouissance des bâtimens thèse générale, on ne doit porter dans une
1"ll)"(Il4.0C. évaluation immobilière à la charge de la pro
duction pour jouissance des bâtimens, qu'une
Les bâtimens ruraux qui servent à l'agri somme égale à celle qu'on paierait commu
culteur à mettre ses récoltes à l'abri de l'in nément dans le pays pour la jouissance de
tempérie des saisons et des déprédations, à constructions de ce genre, remplissant le but
loger et tenir chaudement ses bêtes de tra auquel elles sont destinées de la manière à
vail et de rente, et enfin à l'habitation de sa la fois la plus parfaite et la plus économique.
famille et des individus qui le secondent dans En cherchant à analyser les divers élémens
ses travaux , ont pour lui une utilité réelle et qui composent le prix du service annuel des
lui rendent un service dont il ne peut se pas bâtimens ruraux, on trouve qu'on peut les
Sel'. réduire aux 4 suivans.
L'établissement et la construction de ces 1° Les intérêts des sommes avancées pour la
bâtimens ayant nécessité des avances capitales, construction et qui varient suivant le pays
leur jouissance ne saurait être gratuite, et puis et les circonstances, depuis 2 et 2 1/2 jusqu'à
ue c'est la production agricole qui oblige 5 p. 0/0.
'avoir recours à leurs services, c'est à elle 2° Le fonds d'amortissement qu'on doit pré
aussi à rembourser les frais annuels qu'occa lever annuellement pour le rétablissement
sionne cette jouissance. du capital périssable engagé dans les bâti
Ces frais, aussi bien que tous les autres , mens, et pour rétablir et reconstruire ceux-ci
doivent donc, dans l'estimation de la valeur àaura
l'époque où l'on prévoit que le temps les
vénale ou locative d'un domaine, être éva mis hors de service. Ce fonds d'amortis
lués et soustraits du produit brut pour éta sement se calcule ordinairement d'après la
blir le produit net de l'établissement. durée probable des constructions, et est éva
Il y a deux méthodes pour faire ce calcul.lué à la 100e, 150 ou 200° partie du capital
Tantôt les frais de la jouissance ou le prix avancé, suivant que celles-ci sont présumées
du service des bâtimens sont réunis en une devoir durer 100, 150 ou 200 ans.
seule somme qu'on retranche du produit brut 3° Les frais d'entretien et de réparation des
total de toutes les branches de revenu de la fer
bâtimens, qu'on évalue en moyenne à 1/3 p. 0/0
me; tantôt, au contraire , on les évalue pour du capital de construction.
chaque nature ou portion distincte de bâti 4° Les frais d'assurance qui suivant le genre
mens et on porte ces fractions au compte du de construction, les circonstances, le mode
CIIAP. 2°. ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX. 347
des assurances, etc., peuvent s'élever de 1/4 5° Enfin le taux de l'intérêt des capitaux en
à 1 p. 0j0 de ce même capital. gagés dans des bâtimens ruraux et les frais
D'après ce que nous venons d'exposer, on d'assurance dans la localité.
voit que pour être à même d'évaluer le prix Afin de mieux faire comprendre ce que
du service des bâtimens ruraux il faut, dans nous avons dit, nous allons donner quelques
l'examen préalable d'un fonds, avoir recueilli exemples.
des renseignemens exacts sur les objets sui Supposons qu'il s'agit d'évaluer dans un
VaIlS : - pays les frais du logement de 30 bêtes de tra
1° Le mode le plus économique de construc vail, de taille ordinaire ; l'expérience a dé
tion et celui qui remplit le plus complètement montré qu'il faut à chacune d'elles, y compris
le but désiré pour chacune des espèces de bâ la sellerie, la chambre au coffre à avoine et au
timens affectés à un service particulier. On hache-paille et le magasin à fourrages, 10 mèt.
acquiert cette connaissance, en visitant les carrés de surface ou pour les 30 bêtes 300 mèt.
établissemens ruraux qui sont voisins , en de superficie de bâtimens.
se procurant des devis de construction qui Pour satisfaire à ce besoin, on pourra con
peuvent servir de modèle, et en consultant struire un bâtiment de 11 mètres de largeur,
des architectes ou des experts. 31 de longueur. et dont les murs auront 2
2° Le prix de construction pour chacune de mèt. 80 de hauteur.
ces espèces de bâtimens, ce qui exige qu'on Dans le pays, un bâtiment de cette dimen
connaisse le prix de tous les matériaux dans sion, construit en maçonnerie de moellons
la localité, la quantité de ceux-ci qui peuvent et à mortier de sable et chaux, lorsque les
entrer dans un bâtiment, le prix de la jour murs ont 50 centimètres d'épaisseur en élé
née de travail des ouvriers et le volume des vation et 86 dans les fondations, que celles-ci
matériaux qu'il peut mettre en œuvre dans ont 1 mèt. de profondeur et que le tout est en
une journée, etc. On peut, de même que pré matériaux neufs, donne lieu aux frais suivans :
cédemment, s'informer du prix d'une cons 84 mèt. cubes de terrasse et déblais fr. c.
truction neuve du genre de celle qu'on re pour fondation, à 75 c. le mèt. c. 63
garde comme la plus économique ou en faire 235 mèt. carrés de murs en maçonnerie de
établir un devis par un architecte. Nous re 5o centimèt. d'épaisseur, à 6 fr. le mèt. 1,410
viendrons nécessairement sur ce sujet lorsque 84 mèt. carrés de murs en fondation de
nous traiterons des constructions rurales; mais 86 centimèt. d'épaisseur, à 6 fr. 5o c.
pour ne pas laisser nos lecteurs dans le vague le met. . - . . . - . . . 546
et leur offrir une méthode approximative et 2 mèt. cubes de pierres de taille, com
simple d'évaluation, nous dirons ici que dans pris la taille et la pose, à 6o fr. le mè
les pays où l'agriculture est bien entendue, tre cube. . - . . . . . . .
l'expérience paraît avoir démontré que les 28 mèt. carrés hourdés et enduits pour
bâtimens ruraux, qui doivent toujours être une cloison, à 2 fr. le mètre carré. . 56
quant à leur § dans un
tant avec le volume des récoltes ou le nombre
rapport cons 55 mèt. cubes de bois pour charpente,
compris la mise en œuvre et la pose,
des animaux qu'ils sont destinés à loger, peu à 70 fr. le stère. . . . . . . 2,450
Vent être § convenablement pour une
434 mèt. carrés de couverture en tuile,
somme équivalente, suivant la solidité, à 120 à 5 fr. 25 c. le mèt. . . . . .. 1,410 50
ou 136 p. 0/0 du produit brut du domaine en 12 mèt. carrés de menuiserie pour por
rains, fourrages, racines et tubercules, à tes et fenêtres, à 6 fr. le mèt. . . . 72
'exception des plantes industrielles, et que 90 kil. de fer, au prix moyen de 1 fr. 5o
cette somme se répartissait ainsi, savoir : le kil.. . .. . . . . . . .. 15s
Pour les granges . . .. . 35 à 40 p. 0/0 500 mèt. carrés de pavage, à 3 fr. le m. . 9oo
Pour les greniers, magasins Total. . . . . 7,162 5o
à grains et hangars. . . . .. 12 à 16
Pour les étables, bergeries En admettant qu'un pareil bâtiment peut
et écuries . . . . . . . 73 à 80
durer 100 ans, que les intérêts du capital sont
Total. 120 à 136 à 5 p. 0/0, les frais de réparations de 1l3 et
ceux d'assurance de 1 p. 0/0 de ce même ca
3o La durée des bâtimens. Les informations
pital, on aura pour le détail des frais qui
qu'on prend sur le mode et sur le prix de doivent être à la charge de la production vé
construction des bâtimens ruraux du pays gétale, savoir :
doivent faire aisément connaitre la durée de
F. C.
ceux qui sont entretenus avec soin ; nous don
nerons au reste, dans le tit. IV, quelques dé Fonds d'amortissement, 1/100e du ca
tails à cet égard, qu'on peut consulter. pital (1) . . . . . . . . . . .71 62
4º L'étendue que doit avoir chaque portion Intérêts à 5 p. 0l0 id. . . . . . . 358 12
de bâtiment pour le service auquel on le des Réparations annuelles à 1/3 p. 0/0 id. 23 87
tine. C'est un sujet qui nous occupera dans Assurances à 1 p. 0f0 id.. . . . . 71 62
le chapitre III du titre III; c'est là qu'on trou 525 23
vera ce que nous nous proposons d'en dire
dans cet ouvrage. -
Ainsi c'est une somme de 525 fr. 23 c. qui
(1) Cette manière de calculer le fonds d'amortissement destiné à la reconstruction des bâtimens, lorsque
ceux-ci deviendront hors d'usage et tomberont en rºines, est simple et facile à déduire, mais elle manque
d'exactitude, parce que l'on doit supposer qu'un propriétaire prévoyant place ce fonds d'amortissement, et
en cumule les inlérêts. On ne doit donc raisonnablement porter au compte de la production, 1°, pour la 1°
année, que la somme qui au bout de 1oo ans doit, avec les intérêts composés, rétablir le capital primitif ;
348 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII ,
doit être annuellement déduite du produit 1/4 p. 0/0. Avec ces données on fera le calcul
brut du compte des cultures, pour frais du suivant :
logement de 30 bêtes de trait, c'est-à-dire F. C.
1 fr. 75 c. par mètre superficiel de bâtiment, Fonds d'amortissement pour 60 ans. 78 33
ou 17 fr. 50 c. environ par chaque tête d'ani Intérêt du capital à 5 p. 0/0. . . . 235 »
mal et par an. Frais d'entretien et de réparations
Si, au lieu d'établir les murs en maçonne à 1 1/4 p. 0/0. .. . . . . . . 58 75
rie, on construisait dans le pays des bâtimens Frais d'assurance à 1 p. 0/0. . . . 47 »
en pisé, recouverts en chaume, et dont la du Total. 419 08
rée ne fût que de 80 ans, on trouverait alors,
en supposant que des murs de pisé ne coûtent, Ainsi c'est une somme de 419 fr. 08 c. qui
avec une épaisseur de 85 centimètres, que doit être portée annuellement en débit au
3 fr. 50 c. le mètre carré, et qu'on peut faire compte de la production végétale, ou une
dans ce cas sur la charpente du toit et sur la somme de 10 fr. 48 c. par 100 quintaux mé
couverture une économie de 1,300 fr., une triques de céréales récoltées. -
différence totale sur les frais de construction Un quintal métrique de foin de prairie na
de 2,129 fr., c'est-à-dire qu'ils ne s'élèveraient turelle et de diverses plantes fourragères oc
qu'à 5,033 fr. cupe aussi, à fort peu près, une capacité d'un
Dans ce cas, les frais à la charge de la pro mètre cube.
duction seraient donc, en portant les répara L'évaluation des frais que les bâtimens
tion§nnuelle d§ bàti§n pisé et en d'habitation de l'entrepreneur et de sa ſ†
chaume à 10 p. 0/0 du capital, de 415 fr. 22 c. font peser annuellement sur la production
ou de 1 fr. 38 c. par mètre superficiel et 13 fr. s'établissent de la même manière que précé
84 c. par tête d'animal et par an. demment. On s'informe de ce qu'il en coûte
On établit de la même manière le prix du dans le pays pour loger convenablement une
logement annuel de chaque tête de bétail de famille de méme condition et composée du
rente, dans le système de construction le plus même nombre d'individus que celle de l'en
économique du pays. Quand on aura calculé trepreneur, et c'est cette somme qui sert de
la superficie que réclame chacune suivant son base aux calculs quand les bâtimens ont l'é
espèce, sa race et sa taille. - tendue suffisante. Les frais à la charge de la
a même méthode s'applique aussi aux production sont ensuite répartis par tête d'in
granges et autres parties de bâtimens desti dividus prenant part aux travaux de l'établis
nées à loger des récoltes, des instrumens de sement et portés aux dépenses du service
travail, etc.; seulement il faut faire attention dont ils sont chargés.
† ces constructions peuvent encore être Si les bâtimens d'exploitation ou d'habita
tablies à meilleur compte que les précéden tion n'avaient pas l'étendue suffisante, on éta
tes, puisqu'il ne s'agit ici que de garantir les blit de la même manière que ci-dessus le dé
objets contre l'humidité et les déprédations, compte des frais annuels auxquels donneraient
et non pas de les maintenir, comme les ani lieu des bâtimens suffisamment grands s'ils
maux, dans une température douce et chaude existaient sur la ferme, et on répartit ces frais
dans la saison rigoureuse de l'année. par tête de travailleur ou d'animal et par quin
Les expériences desagriculteurs économistes tal de récoltes; puis on ne porte au compte
ont prouvé qu'une masse de céréales, telle de la production que les frais pour le logement
qu'on la récolte sur les champs et qui donne du nombre d'individus, de bestiaux ou de
un quint. mét.de paille, exigeait, grain et paille, quintaux de récolte que ces bâtimens peuvent
une capacité d'environ 1 mètre cube pour I'eCeVOll'.
être engrangée. Supposons donc ici qu'il s'agit Les frais auxquels donne lieu la jouissance
d'engranger annuellement une récolte de cé des bâtimens sont souvent confondus avec
réales fournissant 4,000 quintaux métriques le prix du fermage dans la location à bail des
de paille. C'est une capacité de 4,000 mètres biens ruraux ; mais ils n'en sont pas moins à
cubes qui sera nécessaire. Une grange de 80 la charge de la production agricole, et on doit
mètres de longueur, 10 de largeur et 5 de savoir les calculer pour ne pas payer cette
hauteur moyenne, pourra donc remplir ce jouissance au-delà de ce qu'elle vaut.
but. Dans le pays où l'on veut former un éta
blissement, un bâtiment de cette grandeur, SECTIoN II. — De la production animale.
construit en pisé, recouvert en chaume, coûte,
je suppose, 4,700 fr.; sa durée est de 60 ans et Puisque dans l'économie raisonnée de l'a
l§ rais annuels d'entretien s'élèvent à 1 griculture il ne peut y avoir en général pro
2° pour les années suivantes , que les intérêts croissans de cette somme. Or, dans l'exemple que nous avons
choisi , une somme de 54 fr. 46 c. , placée la 1" année de la construction, aura au bout de 100 ans, avec les
intérêts composés , rétabli le capital primitif ou 7,162 fr. 50 c. La formule que nous donnons pour les personnes
qui connaissent les calculs algébriques , et qui fait connaître la somme x qu'il faut ainsi placer à intérêts com
osés ,, est x = (1
poses — + m )" dans laquelle A est le capital primitif ou le prix de construction des bâtimens,
m le taux de l'intérêt exprimé en 10o °s, n le nombre d'années de la durée des constructions. La même for
mule sert à faire connaitre l'intérêt annuel que doit payer la production en lui donnant la forme A = x
(1 + m)", où A est alors l'inconnu et x la somme primitive d'amortissement ou 54 fr. 46 c. En effet , sup
posons qu'on veuille savoir quel est cet intérêt au bout de 60 ans de construction de bâtimens, on aura par
la formule A = 54 46 (1 + ,'. )º° , ou A = 1,022 fr. 2o c., dont l'intérêt à 5 p. o/o, ou 51 fr. 1 1 c., est la
véritable somme qui doit être portée à la charge de la production. On peut réduire cette formule en table pour
connaitre la somme à porter ainsi annuellement au fonds d'amortissement.
CIIAP. 2°. ESTIMATION DES DOMAINES RURAUX. - 349
duction de denrées utiles à l'homme, sans la production animale parait étre préférable
être obligé de rendre continuellement à la dans le cas où l'éducation du bétail est une
terre, par des engrais, la richesse que lui enlè spéculation pour ainsi dire en dehors de l'a
vent les récoltes, il s'agit en définitive de sa griculture, tandis † la seconde est plus di
voir comment on pourra se procurer au meil rectement applicable quand l'éducation du
leur compte possible et en quantité convenable les bétail est une nécessité économique sur un
engrais qui doivent entretenir l'activité de la domaine et une condition impérieuse pour le
production. Ce problème est assez facile à ré succès de la † végétale. C'est cette
soudre dans certaines localités où l'abondance dernière méthode que nous mettons en pra
des engrais permet de les obtenir à bon mar tique dans nos calculs d'évaluations.
ché; mais dans la plupart des cas, c'est l'agri Ainsi, pour faire entrer en ligne de compte
culteur lui-même qui est obligé de produire la production du fourrage dans l'évaluation
sur le lieu même de son exploitation les en du produit net qu'un domaine est susceptible
grais dont il a besoin. -
de rendre, il est indispensable d'établir, au
Cette production d'engrais ayant lieu, mºyen des élémens fournis par l'enquête, le
comme tout le monde le sait, par la conver calcul du prix auquel les différentes espèces,
sion en fumier de certaines plantes, racines ou ou même les races diverses de bestiaux,
tubercules que le cultivateur produit à des paieront la nourriture qu'on leur fera con .
sein pour alimenter un certain nombre d'ani sommer, en supposant d'ailleurs que ces ani
maux domestiques qu'il entretient à cet effet maux sont choisis avec discernement et qu'ils
sur sa ferme, ceux-ci peuvent être considérés sont gouvernés de la manière la plus favora
•e comme de véritables consommateurs étrangers ble à leur bonne économie. - -
• ui reçoivent du fermier, sous certaines con Ces calculs, qui n'offrent pas de difficulté,
º
re
† les plantes et racines fourragères sont, ainsi † le voit, destinés à résoudré
ºtº
qu'il a produit et qui lui rendent des engrais un des problèmes les plus intéressans de l'é
|#
et des produits en échange. conomie rurale, et qui devra nécessairement se
•t
Envisagée sous ce point de vue, la produc représenter lorsque nous traiterons de l'orga
2
tion des engrais se réduit donc à connaitre nisation d'un domaine et du choix des besti§x
quelles sont les espèces ou les races de bestiaux qui lui conviennent. C'est aussi là que nous
: qui offrent les conditions les plus arantageuses entrerons dans tous les détails et que nous
pour opérer la conversion des végétaux de la donnerons les formules qui sont propres à
ferme en fumier. Mais comme dans les cal en faciliter la solution.
#
produits ou de leur dépouille; on se sert de 2 Vient peut-être d'en former deux classes dis
méthodes pour balancer les premières par les tInCtes.
# secondes et connaître le résultat définitif de
Celles qui fournissent des résidus abondans,
cette balance. Tantôt on charge, au prix du propres à la nourriture du bétail ou à servir
marché, le compte de la production animale immédiatement d'engrais, peuvent être as
de ka valeur des pailles et fourrages consom similées, sous le rapport de leur économie,
més, en portant une somme égale au profit de aux bêtes de rente ; elles sont comme elles
la production végétale; tantôt au contraire on une nécessité pour la production des engrais,
se contente de portersur ce compte les frais qui et doivent par conséquent comme elles
résultent des intérêts des sommes avancées payer leur consommation au plus haut prix pos
pour l'acquisition des animaux ou pour leur $ible , qui est bien souvent fort inférieur à ce
éducation, ceux qu'occasionnent les soins jour lui du marché. Nous formerons une première
naliers qu'on leur donne, tant pour leur santé classe des fabriques agricoles qui sont dans
CC CaS .
et leur entretien que pour recueillir leurs pro
duits, enfin ceux de leur logement, etc., et on Dans la 2e nous placerons au contraire les fa
balance ces frais avec les recettes qu'aprocurées briques agricoles qui ne fournissent pas d'en
la vente de ces produits, en regardant la diffé † ou de résidus propres à l'alimentation des
rence comme représentant la valeur des four estiaux et qui ne sont établies que pour varier
rages consommés. Cette différence sert donc à les sources du revenu de la ferme, et mettre
connaître le prix auquel on a vendu les fourra ses produits sous une forme nouvelle, plus
# ges à ces consommateurs, sauf quelques condi marchande, plus avantageuse ou plus trans
tions secondaires qu'il ne faut pas perdre de vue portable. Celles-ci, pour être exploitées avec
# sur cette matière, et que nous ferons connaître
dans un autre endroit de ce livre, et ce sont les
† doivent payer les denrées agricoles qu'el
es consomment a un prix au moins égal et or
bestiaux qui, comme on dit généralement, dinairement supérieur à celui qu'on obtien
paient leur nourriture au prix le plus élevé aux drait communément de ces mêmes denrées. d l'état
quels on doit donner † naturel et chargées de tous leurs frais de produc
La première manière d'établir le compte de tion, sur les marchés du pays.
,
350 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
Il faut donc avoir égard à cette considéra mie convenable, ou sa valeur fictive et rame
tion dans l'évaluation du produit d'un domai née à celle qu'il devait rigoureusement avoir
ne. Dans le 1º cas, on porte en ligne de comp s'il a été établi sur une trop grande échelle et
te le produit net de la fabrique agricole, avec trop de solidité et de luxe, tout ce qu'il
ou, ce qui est la même chose, le prix auquel a perdu de cette valeur par suite des détério
elle paie les denrées consommées ; dans le se rations du temps. Par exemple, je suppose
cond, au contraire, on ne peut rien porter un bâtiment qui a coûté 6,000 fr. à l'origine,
qu'autant que les produits industriels créés mais qui est de 1/4 trop vaste pour les besoins
euvent être vendus avec plus d'avantage que du domaine et qui aurait dù être établi pour
es produits bruts. 4,700 fr. Sa construction, au reste, a été aussi
Les frais à la charge de ce genre de produc économique qu'on puisse l'obtenir avec les
tion se calculent avec facilité, et nous en don matériaux du pays ; il a été entretenu avec
nerons des exemples dans le titre qui traitera soin, et sa durée, à partir de l'année où il a
de l'organisation d'un domaine rural. été construit , sera, d'après l'expérience. d'en
viron 60 années, dont 40 sont déjà écoulées.
DIvIsIoN II°. Des principes de l'estimation de la Ce bâtiment ne vaut donc plus que le tiers de
valeur vénale des bdtimens ruraux et objets ce qu'il valait à l'origine, ou 1,566 fr. 66 cent.,
mobiliers. et c'est le prix qu'il convient d'en offrir avec
la perspective d'être obligé de le reconstruire
Nous ne nous sommes occupés dans la di à neuf dans 20 ans.
vision précédente que de l'évaluation du pro Il ne faut pas croire qu'en ne payant le bâ
duit des diverses branches d'un établisse timent que 1,566 fr. 66 cent. on diminue les
ment rural, afin de parvenir à la détermina sommes qui sont à la charge de la production,
tion de sa valeur foncière; mais un établis ce serait une erreur ; seulement l'acquéreur
sement de ce genre contient souvent des doit calculer autrement que le vendeur, et
objets sujets à un dépérissement qui est graduel établir sa prime d'amortissement comme si le
jusqu'au moment où ils cessent de pouvoir bâtiment était neuf et ne devait durer que 20
rendre des produits ou un service quelconque, ans ; ainsi il dira :
et où ils sont par conséquent sans valeur pour Fonds d'amortissement pour un bâtiment
le La
producteur agricole. †e 4,700 fr.
ne doit durer que 20 ans, sur un capital
. . . . . . . 235 f. » c.
somme qu'on peut offrir pour l'acquisi
tion des objets de ce genre qui garnissent un Intérêt du capital avancé ou
fonds passe donc successivement par toutes les de 1566, 66 à 5 p. 0/0. . . . . 73 33
valeurs, depuis le moment de leur établisse Frais d'entretien à 1 1/4 p. 0/0 58 73
ment à neuf ou de leur création où elle est à Frais d'assurance à 1 p. 0/0. . 47 M)
son maximum, †
où elle devient nulle.
celui où ils périssent et Total. 419 08
Il importe à celui qui veut acquérir ou pren Somme égale à celle trouvée à la page 348.
dre à bail un fonds garni , de ces objets de En effet, I'acquéreur doit, pendant les20an
savoir comment on parvient à déterminer nées de sa jouissance, prélever pour l'amortis
leur valeur au moment où il veut entrer en
sement une somme non pas proportionnelle à
jouissance, afin de ne pas les payer ou les louer celle qu'il a déboursée pour un bâtiment déjà
au-delà de ce qu'ils valent en réalité. vieux , mais bien à celle qui sera nécessaire
Les objets périssables dont un fonds peut
être pourvu sont : 1° des bâtimens ruraux. àpour le construire à neuf, ou 4,700 fr. Quant
l'intérêt il ne porte que sur la somme réel
2° des objets mobiliers, tels que bestiaux et lement déboursée ; mais les frais d'entretien
instrumens de travail. et ceux d'assurance sont absolument les
C....., arrondissement de A....., canton de D....., com Les frais d'achat d'un bon cheval de taille moyenne
mune de P....., se compose de 200 hect. de terre, plus est, dans le pays, de 450 fr. ; son travail, quand il
2 hect. 25 ares de bâtimens et jardin potager. D'après consomme les produits créés sur la ferme et que ceux
le plan topographique et l'examen agronomique des ci ne sont pas portés en compte, est, en moyenne, de
terres, celles-ci sont réparties et classées de la manière 94 c. par jour.
suivante : " Un bon bœuf de trait coûte 250 fr., et son travail,
dans les mêmes circonstances, revient à 56 c. par
hect. ar. jour. Tous les labours sont faits dans le pays par cet
à froment de 1re classe. . . . .. 10 » animal.
Terres id. 2e cl, . . . . . 87 50 Il est impossible de se procurer des fumiers au de
arables ) à seigle de 2e cl. . . . . . 45 » hors ; mais les amendemens, tels que la marne et la
- à céréales de printemps de 1re cl. . 7 50 chaux, sont d'un prix peu élevé.
basses de 2° cl. . . . . . .. 12 50 La ferme est pourvue d'eau salubre et abondante au
Prairies id. 3e cl. . . . . . . 7 50 moyen d'une source dont la jouissance ne coûte aucun
id. 4° cl. . . . . . . 5 » entretien.
-
QUALITÉ DES TERRES CRAIM$. FOU R RAGEs. ,s
*-
-
•
L Al.0 U fAs,
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1IER34 GEA,
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T E Av 4 C1
# et ---- |–-| E 5 | ------ |de récolte
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: sTsrhME pE CULTURE - 5
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| 7,5o id. à cér. de print., 1re cl. | » » 77 » | 77 »| 2 25 » 25o » | 1 1 1 | » 2,5o 15 » E> 2,5o | 15 » | 15 » 5o
| 12,5o Prairie basse de 2e cl. - - - - » 6oo »| » N- - M. - - - »! -
so2,25 Total du produit brut. .. l961,5ol378,7ol682, 1ol 77, » l5959,5o 551o, »|»784|58.5ol 192,8o 65,4o158,5o 192,8ol65,4o19:, 1o 157
B. PATURAoE.
|
1o Terre à froment de 1re cl. 81,7o| » 44 » | 65 »| 5oo » | 291,5o | 2o6| 5,6o | 14,5o | » 5,6o | 1 4, 25 5,6o | 4
87,5o | id. id. 2e cl. | 6o5 » | » |5o2 » |585 » | 1ooo » | 19oo » | 145 o | 5o | 1 25 » | » |5o » | 1 25 » | » | 5o » | 57
| 45 id. à seigle de 2e cl. » 198 154 » | 99 »| 8oo » | 9oo » | 62o - 25 » | 5o » | • • | 25 » | 3o •o | 1o
| 7,5o | id. à cér. de print. de 1re cl. | » - Mo » | 19 • | 1 1 t » | 195 •| 79| » 2,7o | 5,5o | » » | 2,7 * | 5,5o | 2,75 | »
52,25 686,7o | 198 55o » | 576 » |52 1 1 » | 5284,5o|2555 | 55,6o | 167 • |35,5o |55,6o | 167 • |55,5o |78.55 | 51
| A ajouter pour les prairies, -
| pâturages et potager. - 7,45 | 1o » I- 55 • | 1 298 » - - N- - - - - - »
ao2,25| Tetal du produit brut. . |686,7o | 2o5,45|56o » |576 »|5246 »|4582,5o|2555|55,6o | 167 » |35,5o|55,6o | 167 » |55,5°|:8 55|51
Les travaux de culture sur le domaine, donnés par Produits bruts, évalués en argent 27,651 75
le tableau précédent et convertis en journées de travail Frais . . . .. • • • • 6,732 »
conduisent aux résultats suivans.
Recette nette en argent de
-
|
la production végétale ( four
JoURNÉEs DE TRAvAIL | rages exceptés) dans le système
du pâturage . • • • • • 20,019 75
A. svsTEME DE LA sTABULATIoN l^-^ r ^
PERMANENTE. # | # | # | # $ II.—Production animale.
# | 4:# | # | #
C. -
|| # | # | # | #
•c A. Stabulation permanente.
| - | • | •- | -
1 • Paille. Foin.
Chargement, transport, déchargement, épan #- quiut. mét.
dage de 69 6oo pi cubes de fumier. . | 243 | 278 | 695 | »
58,55 hectares de labour fort, avee 2 bœufs - On a récolté net dans ce sys- * °. fr. c.
nourris en vert à l'étable ou au pâturage,
et travaillant toute l'année . . . . | 351 L> - 7o2 tème, savoir. . - . . . 3,642 75 5,691 »
192 8o bect de labour moyen, id. . . 771 - » | 1542
65.4o hect. de labour léger. id. . . 169 1- - 538 Dont il faut déduire: 1° pour
5s,5o hect. ber•age fort. avee deux chevaux 8 chevaux employés aux tra
|| turage
mcyens,. nourris
.. : en
. vert
: . à l'étable
. - -ou . au-Pa: 7º 156 | • vaux de culture à raison pour
19, 8o hect de hersage moyen. . id. . . | 64 | » | 256 | » les 8 de 75 kilog. de foin et de
65,4o hect. de hersage leger . " : • • . 9| » 34 | s
97.1o hect. ensemencement, récolte et en 5o kilog. de paille
-
par jour,
Paille. Foin.
- º
| grangement de grains en terre de 1re et 1e cl. | 311 66o | 51 1 -
pour l'an quint. mét.
137 6o hect. ensem, recolt., engr. de four
rage en terre de 1re et 2e cl. . . . | 44o | 1211 | 44o | » née . . .. 182 50 273 75
18 h et de récolte de prairies à * herbes. .| 93 | 18o | » > 2° Pour 22
5 hect id. à une id. . .| 12 | aol » - 1,064 50 1,329 75
bœufs de la
1,5o quint de fourrages, uransport et en
grangement. . · , · · : ... : · , · · 15 | 47 | 63 | » bour, à raison
Tr§vaux de curage des fossés, d'étaupinage, de 48 quint. de
ete., dans les prairies, évalués à . . .. l 5ol » - •
- | •- | - | -
prix du travail et le compte de la pro Ainsi, dans l'exemple que nous avons choisi et dans
duction animale.
A reporter s,! 91 les conditions où nous supposons que se trouve le do
maine, le système du pâturage, malgré qu'il donne
356 ADMINISTRATION RURALE. Liv. " If.
lieu à moins de frais, est moins avantageux que celui de res au degré de fécondité où elles doivent ar
la stabulation permanente, qui doit lui être préférée. river.
La 1re manière convient mieux dans l'éva
SECTIoN V. — Observations générales sur luation d'un fermage et lorsqu'on ne veut se
l'estimation des biens ruraux. livrer à aucune amélioration foncière.
La seconde est applicable quand on veut dé
Nous avons supposé dans le cours de ce cha terminer le prix d'acquisition d'un domaine .
pitre que les terres arables étaient en bon se rendre compte en même temps des pro
état d'ameublissement, de propreté et d'assè duits qu'il sera susceptible de donner et des
chement, et qu'elles étaient entretenues au nouvelles avances qu'il faudra faire en amé
degré de richesse que comporte la classe à liorations foncières pour en tirer le produit
laquelle elles appartiennent; mais il ne sau le plus élevé. Mais si cette méthode a l'avan
rait toujours en être ainsi, et très souvent les tage de déterminer d'une manière plus nette
terres ont été négligées ou mal entretenues, toutes les avances qu'on sera obligé de faire
ou bien elles ont été cultivées d'après un sys tant pour l'acquisition que pour les amélio
tème qui n'est pas le plus avantageux qu'on rations à opérer sur le domaine, d'un autre
puisse adopter, et elles ne peuvent plus, sans côté l'évaluation des sommes qu'il sera né
quelques sacrifices pécuniaires, monter au cessaire de consacrer à ces améliorations of
rang que, d'après leur qualité et leur nature, fre la plupart du temps des difficultés sérieu
elles doivent occuper. ses, exige une très grande expérience et une
Dans cet état de choses, celui qui estime la sagacité que tout le monde ne possède pas, ce
valeur d'un domaine peut modifier ses opé ui oblige alors à avoir recours à la 1" mé
rations de 2 manières. thode.
1° Il cherche à tenir compte des circons La comparaison d'une évaluation faite d'a
tances qui s'opposent à ce que les terres éva près le mode traditionnel, avec une estima
luées rendent le produit brut que leur classe tion déduite du mode raisonné, sera toujours
comporte dans un bon aménagement, et il les très fructueuse pour un fermier ou un ac
fait descendre dans une classe d'autant plus quéreur, parce qu'elle leur fera connaître à
inférieure que ces circonstances diminuent la fois la valeur courante du domaine, basée
davantage le produit ou le rendent plus chan sur sa production actuelle, quand celle-ci
C62U1X. n'est pas encore portée à son maximum, et
2° Il évalue les terres comme si elles étaient celle que le fonds peut acquérir dans leurs
en bon état, puis déduit sur le chiffre de l'es mains par un mode raisonné de culture et
timation foncière toutes les sommes qu'il d'aménagement.
sera nécessaire d'avancer pour porter ces ter A. BIERNACKI.
Dès que l'on a une connaisance parfaite du expérience en cette matière, pense qu'il est
domaine, et qu'on a estimé les diverses parties plus avantageux qu'une grande partie du sol
qui le composent , il ne s'agit plus que de soit possédée par une classe d'hommes et que la
s'entendre sur le prix et sur les autres con culture en soit confiée à une autre classe d'indivi
ditions qui doivent vous en assurer la jouis dus. En Amérique, dit-il, où les terres ne sont
sance, et de rédiger le contrat qui sert à con jamais louées, les propriétaires en abusent
stater sa transmission définitive dans vos mains presque toujours et les épuisent rapidement.
ou la cession temporaire que le propriétaire Au contraire, dans les pays où les terres sont
vous fait de son droit d'en tirer des fruits. affermées, le propriétaire a intérêt à surveil
Avant d'entrer dans les détails que compor ler attentivement la culture, après avoir pris
tent ces 2 modes de jouissance † biens ru les précautions nécessaires, au moment de la
raux , disons un mot sur les différentes ma passation du bail, pour empêcher le fermier
nières de faire valoir un fonds ou un domaine d'en abuser, et en veillant ainsi à ses intérêts
rural. il empêche que cette grande source de la pros
Les divers modes de faire valoir en usage périté nationale ne se tarisse.
dans le monde sont très nombreux ; cependant Lorsqu'un fermier, ajoute-t-il, doit payer
ils peuvent tous être ramenés à quelques di une rente à son propriétaire, la nécessité le
rend industrieux et le force à mettre dans ses
visions principales. Ou le propriétaire cultive
lui-même sa propriété, ou bien il en confie travaux une énergie qui se serait peut-être
la culture à autrui. Ce dernier mode de cul éteinte sans cet aiguillon. Il en résulte encore
ture, quoique se diversifiant à l'infini suivant un autre avantage pour le public; c'est que
les pays, se réduit presque partout à 3 prin l'obligation de payer ses fermages le force de
cipaux qui sont : le métayage, le bail à ferme, tenir le marché mieux approvisionné en y
et la régie. Enfin, il y a un dernier mode portant régulièrement ses produits qu'il au
d'exploitation par société, que nous ferons rait peut-être, sans ce stimulant, accumulés
auSSi connaitre. dans ses greniers.
Outre ces avantages, ajoute-t-il encore, il
ART. 1". — Exploitation par le propriétaire ou est constant qu'un homme qui fait de la cul
l'usufruitier. ture du sol son unique profession, doit y
SECTIoN 1°. —De l'exploitation par le proprié mieux réussir que le propriétaire dont l'atten
tion est sans cesse distraite par d'autres occu
taire.
pations. -
SINCLAIR,dont on ne peut contester lagrande L'opinion de SINCLAIR peut être vraie par
CIIAP. 3°. ACQUISITION DES DOMAINES RURAUX. 357
rapport à l'Angleterre, où le sol, en général moyens qui doivent être mis en usage pour
peu divisé, appartient à une classe d'hommes assurer la propriété et la libre et paisible
ui ne sont pas nés † les travaux pénibles jouissance d'un domaine. Ces moyens consis
e l'agriculture et à qui des habitudes ou tent dans un examen préalable de l'origine et
d'autres occupations feraient nécessairement de la nature de la propriété et dans les forma
négliger la culture; mais dans les pays où le lités qu'exige le contrat.
sol est plus divisé, où les propriétaires culti
vent eux-mêmes les champs qu'ils possèdent et $ I". — Examen de l'origine et de la nature de la
font de cette culture leur principale occupa propriété.
tion, l'agriculture peut † bien § érer.
On trouve de nombreux exemples d'établisse La 1" chose à faire est d'examiner attentive
mens agricoles parfaitement bien dirigés par ment l'origine de la propriété, comment elle
leurs propriétaires dans tous les pays du con est passée aux mains du vendeur et en quelle
tinent et particulièrement en France. Mais ualité il l'a recueillie. Pendant long-temps,
pour cela il faut que les propriétaires possè epuis la révolution de 1789, il a existé, dans
dent eux-mêmes toutes les qualités qu'ils toutes les parties de la France, une différence
exigeraient dans un fermier; qu'ils soient notable entre la valeur vénale des propriétés
† économes et laborieux, et qu'enfin
leurs qualités personnelles ils †
patrimoniales, c'est-à-dire de celles qui étaient
passées régulièrement de père en fiſs par suc
6ºIl
core une bonne éducation agricole. A ces con cession ou d'acquéreurs en acquéreurs par
ditions l'agriculture prospèrera nécessaire ventes volontaires, et les propriétés vendues
ment dans tous les pays où le sol sera culti forcément par le gouvernement, par suite de
vé par ceux qui le possèdent. confiscations, soit sur les émigrés, soit sur le
L'exploitation par le † offre en clergé. Mais ces distinctions ont été définiti
core ceci de remarquable : c'est que celui vement effacées par la loi du 1er mars 1825, qui
ci peut se livrer avec toute sécurité à l'amé a indemnisé les anciens propriétaires dépouil
lioration du sol; et dans une contrée où, comme lés révolutionnairement, en leur accordant la
en France, les capitaux sont peu répandus et valeur estimative de leurs propriétés confis
où l'habitude des baux à courte échéance est quées. Il n'y aurait donc plus que des préju
enracinée dans les mœurs au grand préjudice gés sans fondement qui pourraient engager un
de l'agriculture, l'exploitation du sol par le acquéreur à se laisser influencer aujourd'hui,
propriétaire doit nécessairement présenter de dans le choix d'une propriété, par ces diffé
† avantages et pour les exploitans et pour rences d'origine.
e public. On peut même ajouter que si le bon Pour connaître l'origine d'une propriété im
sens des propriétaires ne parvient pas à se mobilière, il faut en examiner † titres avec
couer le joug des préjugés qui s'opposent en 8027).
core aux longs baux, ce sera le seul moyen de Cet examen exige des connaissances éten
faire faire à notre agriculture de notables pro dues et ne peut être fait avec régularité que
gres. par un jurisconsulte ou un notaire. Cepen
dant, comme ces investigations sont de la plus
SECTIoN II. — Exploitation par l'usufruitier. haute importance, puisque la moindre négli
L'usufruit est le droit de jouir des choses gence à cet égard peut exposer l'acquéreur à
dont un autre a la propriété, comme le pro être évincé et à perdre ainsi la chose achetée
priétaire lui-même, à la charge seulement et le prix de son acquisition, nous allons rap
d'en conserver la substance. L'usufruitier a peler quelques règles qui mettront l'acqué
donc la propriété utile du domaine pendant reur en état de suivre avec intelligence, dans
cet examen, le jurisconsulte qu'il aura chargé
toute la durée de son usufruit. Tout ce que de ce soin.
nous avons dit du propriétaire qui exploite Ce qu'on doit d'abord rechercher, c'est la
lui-même semblerait donc devoir s'appliquer
à cette classe de possesseurs.Cependant on re nature de la propriété; il faut voir si elle repose
marque généralement que les propriétés ex pleine, entière et incommutable sur la tête
ploitées par des usufruitiers sont partout du vendeur, si elle n'est pas à terme limité,
fort négligées. Plus la durée probable de l'u si l'usufruit est demeuré joint à la propriété
sufruit est courte et plus l'usufruitier a inté nue; enfin si elle n'est pas grevée de quelques
rêt à abuser de la propriété; ses obligations servitudes ou charges immobilières.
La propriété n'est pas incommutable lors
sont moins étroites que celles du fermier, car
la loi lui impose seulement le devoir de con qu'elle n'a été cédée que temporairement, par
server la substance de la chose soumise à son exemple, si elle n'a été vendue que pour un
usufruit. Ce mode de faire valoir est donc en temps ou sous faculté de réméré ou de ra
général peu avantageux, soit pour le nu-pro chat, ou sous toute autre condition résolu
priétaire, soit pour l'amélioration du sol; mais toire; elle n'est pas non plus incommutable,
si c'est à titre d'emphytéose qu'elle a été con
c'est une charge imposée qu'il faut subir avec cédée,
résignation, quoiqu'elle puisse devenir une c'est-à-dire si le propriétaire originaire
source de détérioration du sol. L'habitude des a seulement cédé sa propriété pour un temps
longs baux diminuerait sans contredit les in limité, habituellement 99 ans, à la charge
d'une redevance annuelle.
convéniens qui dérivent de ce mode de jouis Il faut aussi examiner si la propriété n'a pas
SdIlCe.
pour origine des domaines engagés par l'état,
SECTIoN III. — De l'acquisition des domaines |§ ue, d'après les principes sur l'inaliéna
1"t47"(1l4.0C. ilité du domaine public, l'aliénation qui en
était faite ne valait que comme simple engage
Nous allons nous occuper maintenant des ment temporaire essentiellement révocablc ;
358 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
et malgré la loi du 12 mars 1820, qui avait eu l'autorité de la chose jugée en dernier ressort.
our but de faire cesser toutes les incertitudes Si la propriété puise son origine dans une
l'égard des biens immobiliers qui avaient ou plusieurs ventes successives, il faut exami
une semblable origine, les nombreux actes ner si tous les vendeurs étaient bien proprié
conservatoires qui ont été faits par l'adminis taires et s'ils avaient la capacité légale de con
tration des domaines, ont prolongé d'une nou sentir ces aliénations. Il faut rechercher avec
velle période de 30 années ces incertitudes et une égale attention si les prix antérieurs ont
†
crédit.
ces propriétés d'une sorte de dis été payés et les l† constatés par des
quittances authentiques, car la loi accorde aux
Elle n'est pas non plus incommutable si vendeurs précédens, pendant 30 années qui
elle a été cédée à titre de domaine congéable, si peuvent être prolongées au-delà de cette pé
commun encore dans plusieurs départemens riode de temps par des actes conservatoires,
de l'ancienne Bretagne, et dont nous ferons l'action en résolution du contrat de vente
connaitre la nature lorsque nous nous occupe faute de paiement du prix.
rons des diverses espèces de contrats transla Il faut aussi considérer si les ventes précè
tifs de la iouissance. dentes ont été faites purement et simplement ou
L'acquéreur devra examiner avec une at sous conditions suspensives ou résolutoires, si la
tention égale si le bien n'est pas dotal, car cette propriété est entière, c'est - à - dire si l'usufruit
nature de biens est en général frappée d'ina est resté joint à la propriété nue, car s'il en
liénabilité pendant le mariage (C. c., 1554); avait été séparé, il faudrait le concours de
ils ne peuvent être vendus que dans certains cas l'usufruitier pour pouvoir transmettre une
prévus par la loi, et avec les formalités qu'elle propriété complète à l'acquéreur, le vendeur
prescrit (idem, art. 1555); ils ne peuvent être ne pouvant jamais lui céder plus de droits
échangés que sous les conditions et formes qu'il n'en a § Il faut examiner si la
indiquées par l'article 1559 du même Code. propriété n'est pas grevée de servitudes, car,
Dans ces cas et autres semblables, l'acqué malgré le silence du vendeur à cet égard, elle
reur quiaurait acheté imprudemment ces pro passerait avec ses charges aux mains du nou
priétés sans examiner leur origine, se verrait vel acquéreur; enfin, si elle n'est pas chargée
exposé à être évincé et à perdre le prix qu'il de rentes foncières ou redevances, car dans ces
aurait payé. cas l'acquéreur devrait conserver le capital
L'objet prochain des recherches de l'acqué nécessaire pour ces services fonciers, à moins
reur doit être de s'assurer si le vendeur est qu'il ne s'en fût chargé directement en sus du
proprietaire légal de l'objet qu'il vend.Si donc prix de son acquisition.
il agit comme héritier direct. comme fils uni Quelle que soit d'ailleursl'origine de la pro
que, par exemple, il faut voir si l'immeuble riété, il est toujours utile d'exiger que la
ne provenait pas de la communauté de ses § du vendeur participe à la vente et la ga
père et mère, car, en ce cas, si l'un d'eux sur rantisse conjointement avec lui. .. , .
vivait, il faudrait exiger la représentation de Lorsqu'on veut acheter une propriété il ar
la liquidation ou du partage de la communau rive souvent que, dès qu'on est d'accord sur
té qui a attribué cet immeuble à l'héritier du le prix, on arrête par un acte sous signatures
prémourant; s'il y a plusieurs enfans, il est privées, les conventions préalables de la vente.
encore plus nécessaire de se faire représenter Ces actes, qu'on peut alors considérer comme
un acte de liquidation régulier qui constate des promesses de ventes, étant généralement
que l'immeuble est échu au vendeur. faits avec une extrême incurie, cette habitude
Si le vendeur possède par donation entre-vifs, |† avoir des conséquences fâcheuses pour
il faut examiner si le donateur avait la capa 'acquéreur qui s'est ainsi engagé; car s'il aper
cité de disposer de cet objet ; si la donation çoit par la suite, en examinant les titres de
n'a pas été résolue par la survenance d'un en † quelque incertitude ou vices de
fant au donateur ou par l'une des autres cau ormes, il ne ſui est souvent plus possible
ses résolutoires déterminées par l'article 953 de se dégager, et il s'expose ainsi à des procès
du Code civil ; ou bien si cette même donation qu'il lègue même quelquefois à sa postérité.
n'excède pas la quotité disponible. Il faut aussi Én effet, aux termes de l'article 1589 du Code
rechercher si le donataire avait la capacité de civil, la promesse de vente vaut vente dès qu'on
recevoir; enfin s'il a valablement accepté la est d'accord sur la chose et sur le prix. lors
donation. On voit, par ce que nous venons de que ces conditions constitutives de cette es
dire, qu'il y a toujours du danger à acquérir pèce de contrat ont été arrêtées, il y a enga
une propriété donnée avant le décès du dona ement complet de part et d'autre, et le ven
teur, car il y a une multitude de circonstances eur pourrait refuser de réaliser le contrat
où la donation est révocable ou suiette à dans une forme plus régulière et obliger néan
rapport. moins l'acquéreur à exécuter les conventions
Si c'est par testament que la propriété a été provisoires faites entre eux. L'acquéreur en
transmise, il faut voir si le testateur pouvait † agira donc avec prudence en refusant
disposer de cet immeuble, s'il n'avait pas e prendre aucun engagement écrit jusqu'à ce
d' héritiers à réserve, conformément aux arti que les titres de propriété aient été examinés
cles 913 et suivans du Code civil, si ce legs et discutés et que l'acte régulier ait été rédigé
n'excède pas la quotité disponible, si le testa par le notaire.
ment est régulier; enfin si la délivrance ou Il devra exiger la remise préalable du plan
envoi en possession du legs, dans les cas où de la propriété, et examiner si le bornage et le
elle est exigée par la loi, a été régulièrement finage des terres ont été faits avec exactitude
consentie par les héritiers à réserve ou léga dans toutes les parties du domaine. L'acqué
taires universels, ou prononcée par les tribu reur devra en outre s'assurer si la propriété a
n ux, en vertu d'un jugement ayant acquis été cadastrée, car ce n'est que lorsque les ter
CHAP. 3°. ACQUISITION DES DOMAINES RURAUX. 359
res de l'arrondissemennt où elle est située · Mais il est une autre espèce de purge, qu'on
ont été soumises à cette formalité qu'il peut néglige trop souvent dans les campagnes, et
connaître avec exactitude l'impôt foncier qu'il qui est cependant presque toujours nécessaire ;
aura à payer. L'arpentage ou vérification de la c'est celle des hypothèques légales, c'est-à-dire
mesure de l'héritage vendu doit également pré des hypothèques qui existent sans inscription
céder la signature du contrat : car, pour éviter et sont accordées par la loi aux mineurs ou in
les contestations sur des différences assez lé terdits, et aux femmes mariées sur les biens
de leurs tuteurs ou époux. Ces hypothèques
ères de mesures, la loi a établi une certaine
atitude pour la différence en plus ou en existans indépendamment de l'inscription et
moins entre la mesure réelle et celle expri ne devant être manifestées que lorsque les
mée au contrat; en sorte que l'acquéreur pour formalités de purge légale ont été accomplies,
rait être victime de son incurie à cet égard. l'acquéreur, én les négligeant, s'exposerait à
Ainsi, lorsqu'il s'agit d'un corps certain et li voir l'immeuble par lui acheté saisi et vendu
mité, comme un domaine, par exemple, soit immobilièrement à la requête de l'un de ces
† les fonds soient réunis, soit qu'ils soient créanciers occultes.Ces formalités doivent éga
istincts et séparés, soit qu'on commence par lement être accomplies par le ministère d'un
désigner la mesure ou par la désignation de avoué; les chapitres VIII et IX, titre XVIII
l'objet suivi de la mesure, l'expression de cette du livre III du Code civil tracent les formes
mesure ne donnerait lieu à aucun supplément à suivre à cet égard.
de prix en faveur du vendeur pour l'excédant Lorsque l'acquéreur aura pris toutes ces
de la mesure, ni en faveur de l'acquéreur à précautions, il pourra payer son prix avec sé
aucune diminution du prix pour moindre me curité, soit aux créanciers porteurs de bor
sure. qu'autant que la différence de la mesure dereaux de collocation, s'il y a eu ordre, soit
réelle à celle exprimée au contrat serait d'un à ces mêmes créanciers, d'après les indications
20° en plus ou en moins, eu égard à la valeur de paiement faites par le vendeur, soit au ven
de la totalité des objets vendus, s'il n'y avait deur lui même; puis jouir paisiblement et
stipulation contraire (C. c,, 1619), sauf le droit transmettre avec sécurité à ses héritiers une
àccordé par la loi à l'acquéreur de résilier le propriété achetée avec prudence et réflexion.
contrat dans le cas où il y aurait lieu à un sup On peut aussi acheter un domaine moyen
plément de prix, comme aussi dans le cas où nant une rente perpétuelle ou foncière ou moyen
on ne lui livrerait pas la quantité exprimée, nant une rente viagère. Dans ces 2 cas, il faut
sauf la latitude du 20° accordée par la loi(idem, encore prendre toutes les précautions que nous
art. 1622). avons indiquées.
Enfin on devient quelquefois propriétaire
$ II. — Du contrat et des formalités qu'il exige. d'un domaine par donation entre-vifs ou par
Lorsque les vérifications ont été faites et que testament; alors il faut nécessairement accep
le contrat, rédigé avec soin par le notaire et ter le don dans l'état où il se trouve ou le ré
présentant l'état de tous les titres de proprié pudier. Cependant même en ces 2 derniers
té qui devront être remis lors du paiement du cas, il y a encore à remplir quelques formali
prix, a été signé par les parties, il faut le tés, que le notaire dépositaire de l'acte qui le
faire enregistrer, puis le faire transcrire sur les constate indiquera au donataire ou au léga
registres du conservateur des hypothè,ques taire. -
la demande de ce qu'ils possèdent, c'est-à-dire emploiera ses capitaux, son habileté et son
le terrain, peut s'étendre sans cesse et établir industrie à cultiver les terres en bon père de
ainsi entre les fermiers une concurrence qui famille. Il est de l'intérêt du propriétaire que
en rehausse le prix, tandis que le droit que les le fermier trouve toute sécurité dans la jouis
cultivateurs ont besoin d'acheter, à savoir sance des droits qui lui sont ainsi conférés.
l'exploitation du sol, ne s'étend que jusqu'à afin qu'il puisse se livrer avec ardeur et con
un certain point. Dès lors le marché qui fiance à l'exploitation du domaine et se mettre
se conclut entre le propriétaire et le fer ainsi en état de remplir ses engagemens. De
mier est toujours aussi avantageux qu'il son côté le propriétaire a le † d'exiger
peut l'être pour le premier; et s'il y avait un toutes les sécurités possibles et compatibles
terrain dont le fermier, après l'acquittement avec la nature du contrat et la position du ſer
de son fermage, tirât plus que l'intérêt de son mier. Nous nous proposons en conséquence
capital et le salaire de ses peines, ce terrain d'examiner successivement 1° le mode de for
trouverait nécessairement un enchérisseur au mation du bail et les précautions à prendre
moment où cesseraient les droits de jouis avant de le passer; 2° l'époque d'entrée en
sance du fermier exploitant; il suit de là que jouissance ; 3° l'inventaire et état de lieux :
le propriétaire profite seul de toutes les circon 4° la durée des baux ; 5° les précautions à
StCInCeS § à l'exploitation des terres. rendre lorsqu'on fait un bail; 6° la forme du
L'ouverture d'un canal, d'un chemin, les pro †
8°
7° les conditions du bail, prix et charges ;
les cautions et hypothèques à exiger; 9" les
grès de la population et de l'aisance d'un can
ton, les perfectionnemens dans les méthodes de assurances de toutes espèces ; 10° les sous
culture, peuvent donc être utiles, pendant un baux; 11° les remises à faire pour pertes de
espace de temps limité, aux fermiers ; mais ils fruits ; 12o les précautions qu'on doit observer
tournent toujours en définitive, d' une manière à la fin de la jouissance; 13° enfin les répara
permanente, au profit du propriétaire du sol. tions et remises de lieux.
Par la même raison, c'est toujours sur le pro
riétaire que retombent en dernier résultat 2° Formation du bail et précautions à prendre
† circonstances désastreuses. Quand le profit avant de le passer.
ue rend la terre ne suffit pas pour payer le
fermage, le fermier y sacrifie nécessairement Lorsqu'on a l'intention de passer un bail la
une partie de ses capitaux et de son industrie ; première règle qu'on doit suivre, c'est de tâ
mais bientôt il se ruine et est forcé d'abandon cher, si cela est possible, que les conditions du
uer la culture si le propriétaire ne consent pas nouveau bail soient arrétées deux ans ou 18
à lui faire des remises. mois avant l'expiration du bail courant; cette
Le propriétaire est donc plus que le fermier précaution est toujours utile, soit qu'un nou
intéressé aux améliorations, quelles qu'elles veau fermier succède à l'ancien, soit que ce
soient, qui surviennent dans le pays en général lui-ci continue à cultiver la ferme. Une autre
et dans le canton en particulier, car elles ten règle à observer, c'est que le fermier en posses
dent toutes à l'augmentation du prix des baux. sion doit, à conditions égales. avoir la préfé
Ainsi les propriétaires qui passent mollement rence, à moins que sa conduite n'ait été très
leur vie dans une ville ou dans une maison répréhensible; son exploitation marcheraainsi
de plaisance, touchant avec nonchalance l'ar lus régulièrement et lui procurera des pro
gent que leur apportent leurs fermiers, sans † supérieurs à ceux que pourrait obtenir le
s'occuper des sources de la prospérité publi nouveau fermier. De son côté le propriétaire
que et , sans vouloir y contribuer, ceux profitera aussi de cet arrangement, car le fer
qui ne † en rien des progrès de mier ne peut plus dès lors être tenté de dété
l'art agricole, qui ne provoquent, qui ne riorer les terres par des récoltes épuisantes
secondent aucune de ces grandes entreprises pendant les dernières années qui précèdent
d'irrigation et de canaux, de ponts, de routes † de son bail. Si le propriétaire ne
et de fabriques, qui doivent accroître la pro peut s'arranger avec l'ancien fermier aux con
duction et la population des cantons où ils ditions qu'il offre, la meilleure marche à sui
ont des terres, suivent une routine plus hon vre est de faire faire une estimation de la
teuse encore et plus contraire à leurs vrais ferme par un des cultivateurs les plus intelli
intérêts, que celle à laquelle ils reprochent ens et les plus expérimentés du canton, puis
aux habitans des campagnes d'être si forte 'offrir bail pour 20 années ou tout autre pé
ment attachés. Lorsque l'agriculteur s'enrichit, riode de temps, moyennant la somme fixée
la rente du propriétaire s'augmente bientôt et par l'estimation, d'abord au fermier actuel, et
la prospérité agricole amène celle de toutes s'il ne peut tomber d'accord avec lui, à celui
les autres branches de l'industrie nationale. ui acceptera ces conditions, qui offrira de
Leur intérêt, comme citoyens et comme pro aire le plus d'améliorations sur l'héritage et
priétaires, fait donc un devoir aux possesseurs qui consentira aux stipulations propres à le
du sol de n'imposer à la classe qui le cultive laisser en meilleur état à la fin du bail.
que des conditions raisonnables qui leur per Lorsqu'on est forcé deprendre un nouveau fer
, mettent de tirer un profit légitime de leurs mier il faut, dit M. de GAsPARIN, commencer par
pénibles travaux. rédigeruncahier de chargesou projet de bail, qui
contient toutes les nouvelles conditions que
1° Du contrat de bail à ferme en général. l'on veut obtenir, en laissant en blanc les prix
divers dont on se réserve de convenir lors de
Le bail à ferme est un contratagricole par le la négociation; on envoie une copie de ce pro
quei l'une des parties livre à l'autre la jouissance jet au notaire en qui l'on a confiance, et on
paisible d'un fonds de terre, sous la condition que pose des affiches qui annoncent le domicile
celui-ci lui en paiera une rente annuelle et qu'il du notaire, du propriétaire, la situation de la
AGRICULTURE , TOME IV. —46
362 ADMINISTRATION RURALE. L1 V. V II
par chaque centimètre dont le chaume sera des améliorations ni même à tenter un asso
plus élevé que ce qui est convenu. lement avantageux. Un homme qui possède
un capital considérable et qui veut l'employer
4° De l'inventaire et état de lieux. sur une ferme étendue a le droit d'y chercher
le bien-être, la sûreté et l'indépendance de lui
Les 1res mesures qui doivent être prises par et de sa famille. S'il ne trouvait pas ces avan
le propriétaire et par le fermier, aussitôt après tages dans la carrière agricole, il renoncerait
la passation du bail, c'est de faire dresser un certainement à cette profession et chercherait
inventaire exact de tous les objets qui garnis à utiliser ses capitaux et sa capacité dans quel
sent la ferme et qui en dépendent, comme ques autres branches d'industrie. Les baux de
aussi de faire dresser ou vérifier s'il existe longue durée sont donc une des conditions les
déjà, par un ou plusieurs architectes vérifi lus essentielles aux intérêts agricoles de tous
cateurs, l'état des lieux et bâtimens de la es pays.
ferme. - Les bauxde20 années environ sont ceux dont
Le fermier, plus encore que le propriétaire, la durée est généralement référable. Avec
est intéressé à faire soigneusement vérifier et la sécurité qu'offre un pareil bail, le fermier
constater l'état des lieux; car, aux termes de peut payer un prix plus élevé, faire des dé
l'article 1731 du Code civil, s'il n'a pas été fait penses en améliorations avec la certitude d'en
d'état de lieux, le preneur est présumé les recueillir les bénéfices. Du reste, c'est une
avoir reçus en bon état de réparations loca bonne habitude dans ces sortes de baux de
tives et doit les rendre tels; et comme l'ar constater à la fin de chaque période les amé
ticle 605 du Code civil, ainsi que l'équité, liorations qui ont été exécutées et de signaler
mettent à la charge de celui qui jouit même celles qui pourraient encore avoir lieu. On a
les grosses réparations, lorsqu'elles ont été reconnu aussi que le nombre exact d'années
occasionnées par le défaut des réparations doit dépendre de la rotation qu'on a adoptée,
d'entretien à sa charge depuis son entrée en attendu que le fermier doit jouir au moins des
jouissance, on aperçoit de suite combien le rotations complètes. Si la ferme est presque
fermier pourrait éprouver de préjudice s'il dans l'état de nature et qu'elle exige des clô
ne faisait pas dresser ou vérifier régulière tures, des amendemens, des desséchemens,
ment l'état des lieux. L'article 1731 réserve, il un bail de 25 ans peut être suffisant; mais il
est vrai, au fermier la preuve contraire, mais faut le porter à 30 ans au moins si le fermier
on sent combien cette preuve doit être diffi est obligé de dépenser des sommes considé
cile à faire admettre lorsqu'il n'existe pas d'é rables pour la construction ou la réparation
tat de lieux, que le propriétaire prétend qu'ils des bâtimens de la ferme et de ses dépendan
ont été livrés en bon état, et invoque la ces. Enfin, en certains cas, l'on a vu en Angle
presomption légale qui résulte de l'article terre des propriétaires accorder des baux de
1731 . 50 et 60 ans pour des terres incultes qui de
Lorsqu'il a été dressé un état de lieux entre vaient être défrichées, et ce moyen a provo
le bailleur et le preneur, celui-ci doit rendre qué des améliorations importantes.
la ferme telle qu'il l'a reçue suivant cet état, Ces baux peuvent devenir très avantageux,
excepté ce qui a péri ou a été dégradé par vé même pour les familles qui les consentent,
tusté ou force majeure (voy. Législation ru lorsqu'on a soin de stipuler une augmentation
rale, bail à ferme, page 258 et suiv. ). progressive du fermage à chaque période de 10
ou 12 ans. La sécurité d'un long bail encou
5° De la durée des baux. rage les améliorations du fermier en même
temps que l'élévation modérée et successive
Ce sujet est de la plus haute importance, du fermage est un stimulant pour son indus
car tant qu'un fermier n'aura pas la certi tl'ie.
tude de profiter des améliorations qu'il On pense en général qu'un bail à long terme
pourra introduire, il n'en fera aucune. Le plus n'est pas aussi nécessaire pour les fermes de pd
mauvais mode de fermage est sans contredit turages, parce qu'elles exigent moins de dé
celui où le fermier reste soumis à la volonté penses et de travail que celles formées de ter
arbitraire du propriétaire, et on calcule qu'on res arables. Mais même dans ce cas, il vaut
n'obtient d'une terre louée de cette manière mieux accorder un bail d'une durée modérée,
précaire que la moitié environ du prix qui en de 15 ou 18 années, par exemple, avec stipula
serait offert avec un bail de 20 années. tion que le prix augmentera à certaines pé
Les baux peuvent être classés en baux de riodes, cette stipulation dispensant le fermier
courte durée; ce sont ceux de 3, 6 ou 9 an de changer souvent de place et quelquefois
nées ; en baux de durée moyenne, ce sont ceux même de changer ses bestiaux, circonstances
de 15, 18 ou 21 années ; et en baux de longue qui nuisent essentiellement à ses intérêts.
durée, ce sont ceux de 25, 30, 50 ou même Dans les fermes arables qui sont déjà très
99 années. améliorées, on a prétendu que les longs baux
Les baux de courte durée valent mieux que n'étaient pas nécessaires, parce qu'elles exi
le louage soumis au seul caprice du proprié gent moins de dépenses et de travail pour leur
taire, pourvu toutefois qu'ils soientassez longs exploitation, et l'on suppose que dans le cours
pour que le preneur puisse recueillir tous les de 10 ou 12 années le fermier peut trouver un
fruits de l'héritage affermé. Un bail à court dédommagement suffisant de ses travaux et
terme offre moins d'inconvéniens dans les pays un ample profit pour les capitaux qu'il a {lVaIl
où les terres sont généralement bonnes et cés. Cependant, comme on doit s'attendre à
bién cultivées ; mais avec des baux de cette ce que les terres ne recevront, dans les 3 der
espèce l'agriculture ne saurait se perfection nières années du bail, ni marnages ni autres
ner, car le fermier n'a aucun intérêt à faire amendemens pel'manens, et qu'aucune autre
CIIAP. 3°. DE LA LOCATION DES DOMAINES RURAUX. 365
depense ne sera faite par le fermier dans cette fermier sortant une somme de 10,000 fr. Pour
dernière époque de sa jouissance, il est clair les baux de neuf années on pourrait peut-être
qu'une pareille ferme, † changera de main fixer un multiplicateur moins élevé.
tous les 10 ou 12 ans, se détériorera au lieu de Au moyen de cette convention un fermier,
s'améliorer. Cependant en France, pour les même avec un bail de 9 ans, ne peut craindre
terres les plus médiocres et même pour les d'entreprendre des opérations coûteuses, d'ef
plus mauvaises, l'usage presque général est fectuer des améliorations importantes, car il
de ne pas faire de baux qui excèdent 9 an sait qu'à la fin de son bail, si le propriétaire
nées. Un propriétaire ne veut pas se dessaisir ; ne le laisse pas jouir du fruit de son travail et
c'est l'étrange expression dont il se sert ; il de ses dépenses, il sera obligé de lui donner
considère un bail plus long comme une alié une compensation On n'a pas à craindre que
nation de la propriété utile de son domaine. le fermier, dans l'espoir d'obtenir une forte
Ce funeste préjugé, malheureusement encou somme à sa sortie, ne propose une augmenta
ragé par notre loi civile, qui ne permet pas au tion trop considérable, car le propriétaire, à
mari administrateur des biens de sa femme, moins de circonstances particulières, ne man
aux tuteurs des mineurs et interdits et autres querait pas de le prendre au mot, et le fermier
administrateurs de faire des baux qui excèdent serait forcé de payer, pendant toute la durée
9 années pour les biens dont la gestion leur de son nouveau bail, un fermage trop élevé
est confiée, tend à rendre stationnaire notre et hors de proportion avec les améliorations
agriculture Un bail qui m'a qu'une durée aussi qu'il aurait faites, de sorte que cette clause a
limitée a le double inconvénient de former le rare mérite de concilier les intérêts si sou
obstacle à l'amélioration des fermes et de ne vent opposés du propriétaire et du fermier.
ouvoir rendre qu'un fermage peu considéra Les fermiers, au lieu de se considérer pour
le. En † a démontré plei ainsi direcomme en pays ennemi, cultiveraient
nement que les baux à court terme, ainsi que leurs fermes en véritables propriétaires; le sol
ceux dont la durée est incertaine, sont con s'améliorerait d'année en année et les revenus
traires aux intérêts des propriétaires et des des propriétaires croîtraient en proportion.
fermiers, et qu'ainsi une période de 19 à 21 Il ne faudrait pas cependant conclure de
ans est le terme le plus avantageux pour tou tout ce que nous avons dit qu'il faut toujours
tes les parties, puisqu'il assure au proprié et indistinctement donner ses terres à ferme.
taire l'amélioration progressive de ses terres On ne doit faire bail que là où la terre est
et une augmentation périodique de ses reve d'une étendue suffisante et en état d'être cul
nus, tandis qu'il stimule l'industrie du fer tivée avec fruit; et là surtout où l'on peut
mier par la certitude qu'il lui offre de recueil trouver des fermiers assez habiles, assez in
lir les fruits de ses travaux, de son habileté et dustrieux et assez riches pour pouvoir diriger
de ses capitaux. Si le bon sens des proprié les cultures avec avantage. Les améliorations
taires ne parvient pas à secouer le joug des d'une propriété, loin d'être activées, sont au
|† qui s'opposent encore aux longs contraire retardées lorsque des baux sont
aux, on ne peut calculer le préjudice qui en accordés maladroitement et à contre-temps à
résultera, non - seulement pour leur intérêt des fermiers ignorans et nécessiteux qui ne
spécial, mais encore pour l'agriculture du méritent pas la confiance du propriétaire ;
royaume ; car, non-seulement ce funeste sys mais surtout on ne doit jamais passer bail
tème formera un obstacle puissant à toute sans prendre les précautions nécessaires pour
amélioration dans notre agriculture, mais il prévenir l'épuisement des terres et la dévas
est même à craindre que notre sol n'éprouve tation de la propriété.
une détérioration § qui à la longue fi
nirait par plonger la population dans la misère 6° De la tacite reconduction.
et l'abrutissement.
Enfin si l'on ne peut vaincre en France l'an On appelle ainsi la continuation de la jouis
tipathie trop forte que l'on éprouve pour les sance d'une ferme, lorsque le terme du bail
longs baux, les propriétaires devraient au étant arrivé le fermier est laissé en possession
moins être assez amis de leurs intérêts et de et continue à jouir avec le consentement pré
leur pays pour introduire dans tous leurs sumé du propriétaire aux conditions que por
baux la clause dite de lord KAMEs, du nom du tait le† expiré.
propriétaire anglais qui le premier l'a mise en La durée de ce bail tacite est alors censée
usage (1). Par cette clause excellente pour faite, ainsi que nous l'avons dit dans la partie
toute , espèce de baux, mais surtout pour législative (voy. page 262), pour le temps né
ceux de courte durée, le propriétaire s'engage cessaire, afin que le fermier récolte tous les
à payer au fermier, à la fin de sa jouissance, fruits de l'héritage affermé (C. c., 1774, com
dix fois l'augmentation de fermage que celui biné avec l'art. 1738) M. GAsPARIN, dans son
ci propose, dans le cas où le propriétaire ne Guide du propriétaire de biens ruraux aſſer
voudrait pas renouveler le bail avec l'augmen més, p. 343, pense que les fermiers qui se
tation proposée.Ainsi supposons que le fer trouvent dans ce cas n'éprouvent pas cet état
mier, à la fin de son bail, propose à son pro d'inquiétude qui est le propre de ceux qui ne
priétaire de lui payer une rente de 6,000 fr. tiennent leur ferme que § manière pré
au lieu de 5,000 qu'il lui payait auparavant; si caire, suivant le caprice du propriétaire. Il
le propriétaire accepte, le bail est renouvelé s'établit souvent, dit-il, des habitudes de con
à ces conditions; mais si le propriétaire n'ac fiance entre eux et les propriétaires qui finis
cepte pas et qu'il veuille reprendre sa ferme ou sent par dissiper tous les doutes, et bien sou
la louer à un autre, il sera obligé de payer au vent les familles qui ont occupé un domaine
(1) Voyez ci après, pag. 375.
366 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
de père en fils depuis de longues années, se Dans l'exploitation d'un vaste domaine, on
fiant au caractère moral de ceux à qui il ap ne pourrait dresser un plan uniforme appli
partient, ne s'y regardent pas comme moins § toutes les terres quelles que soient leur
en sûreté que s'ils avaient un bail authenti situation, élévation ou état de culture. Le plan
que † ai vu même, ajoute-t-il, recevoir d'exploitation, lorsqu'on juge convenable de
avec déplaisir l'offre d'un pareil acte ; c'était le dresser, devrait donc être fait dans ce cas
pour eux limiter une possession qu'ils s'étaient en observant ces circonstances ; il est même
accoutumés à regarder comme indéfinie. † prudent, lorsque le fermier est un
On ne peut nier, continue-t-il, que dans tous omme habile, d'un caractère respectable et
ces cas la tacite reconduction ne soit un puis pourvu de capitaux suffisans, de confier à son
sant stimulant pour engager le fermier à l'acti jugement le choix du mode d'exploitation des
vité et à une bonne conduite.Ainsi, quand un terres et de ne lui imposer d'autres obliga
ordre d'assolement ou de travaux est bien éta tions que celles qui sont nécessaires pour le
bli et qu'on n'a exigé que sa continuation, la forcer à rendre la ferme à la fin du bail dans
crainte d'un congé est sans doute très forte sur un bon état de fertilité.
un fermier et l'engage à s'observer lui-même.
Cependant, dit-il en terminant, on ne peut 8° Forme du bail.
s'attendre à ce que le fermier mette de grands
capitaux en frais de culture pour l'avantage Les baux sont trop fréquemment faits par
d'une propriété qui peut lui échapper à cha des hommes qui ignorent et les principes du
que instant.Je préfère donc généralement les droit et la science agricole; ils les remplissent
baux qui ont un terme limité. en conséquence de clauses inutiles et suran
Quant à nous, nous croyons que cet état nées qui enchaînent, sans nécessité, le fer
d'incertitude nuit au propriétaire aussi bien mier, portent préjudice au propriétaire et oc
qu'au fermier, et que partout où l'agriculteur casionnent ainsi des pertes aux 2 parties. Les
sentira la dignité de sa condition, il voudra baux peuvent être faits devant notaire ou
pouvoir traiter d'égal à égal avec le proprié sous les signatures privées des parties. Nous
taire; il ne souffrira pas qu'on puisse le chas avons offert dans la partie législative les rè
ser comme un serviteur, et quelle que soit sa gles spéciales à cette espèce de contrat.
confiance dans son propriétaire actuel, il n'ira
pas risquer ses capitaux et le sort futur de sa 9" Clauses et conditions du bail.
famille sur une ferme dont il pourra être dé
pouillé par les héritiers avides de l'homme le
plus respectable. La tacite reconduction ayant A. Restrictions et entraves aux opérations du fermier.
d'ailleurs tous les inconvéniens des baux à
courte échéance, il faut lui appliquer tout ce Les clauses du bail ne doivent pas étre trop
ue nous avons dit dans le paragraphe précé nombreuses ou trop compliquées; les restric
ent.
tions inutiles sont toujours dangereuses, par
7° Précautions à p# lorsqu'on fait un ce qu'elles enchaînent l'esprit §
(ll l. et le génie des expériences qui est la source
principale des améliorations.
La nécessité de ces précautions est démon En Ecosse, où les idées les plus saines en
trée par d'innombrables exemples, et l'on agriculture sont depuis long-temps mises en
s'expose, en les négligeant, à voir les fermiers pratique, les clauses restrictives sont peu mul
abuser impunément des terres qui leur sont tipliées; elles ne s'appliquent en général qu'à
confiées. La ferme peut se trouver ainsi réduite la dernière période du bail. Les restrictions
à la moitié de sa valeur primitive, et la fertilité imposées au fermier n'ont rapport qu'au mode
du sol ne peut alors être rappelée que par des d'assolement, à la quantité de terres à laisser
moyens dispendieux, soit que le propriétaire en prairies, au fumier de la ferme et à l'éten
renne lui-même la direction de sa ferme pen due de terrain que le fermier sortant doit lais
§ quelques années ou qu'il soit obligé d'en ser en jachères dans la dernière année de son
abaisser la rente et de la confier à des mains bail. Mais rien n'est plus préjudiciable que de
plus habiles, les résultats sont pour lui les vouloir régler pendant toute la durée du bail,
mêmes. comme on le fait en Angleterre, toutes les
Lorsqu'on veut passer un bail, il serait utile opérations du fermier. L'agriculture est une
de faire examiner l'état de la ferme par un agri science qui fait chaque jour des progrès; ce
culteur expérimenté ou par un expert qui dé qui est considéré à une époque comme un
terminerait quelles sont les améliorations , bon assolement peut être démontré défec
tels que desséchemens, clôtures, bâtimens, tueux et préjudiciable par l'expérience et l'ob
chemins, réparations, etc., qui sont néces servation.
saires, et quelle est la portion qui doit être Mais s'il est nécessaire de repousser tou
faite par le propriétaire et celle qu'on peut tes les clauses qui pourraient enchaîner la
laisser à la charge du fermier. L'expert pour liberté et l'esprit d'améiioration du fer
rait aussi dresser le plan d'un système de cul mier sans avantage pour le propriétaire, il
ture et déterminer quelles sont les terres mé n'en résulte pas que ce dernier doive négliger
diocres ou mauvaises qu'il faut améliorer, les mesures de prévoyance. Nous admettons
l'époque où ces opérations devront être com sans balancer qu'Il lui est avantageux de pre
mencées et la manière d'y procéder. Ces ciser dans le bail les règles générales de cul
points étant une fois bien fixés, il faudrait ex ture à suivre, telles que de mettre le sol en
primer distinctement dans le bail les obliga bon état, de consommer toutes les pailles de
tions de chacune des parties, afin qu'elles ne la ferme et de ne pas vendre de fumier. Non
Puissent les mécouualtre. seulement nous approuvons ces restrictions,
CHAP. 3°. CONDITIONS DU BAIL. 367
mais nous pensons aussi que lorsque les baux les émettre. Ce serait cependant une des sour
ont une durée convenable, il est très raison ces les plus abondantes où pourrait puiser
nable que la propriété du bailleur soit proté l'agriculture. Ce qui manque surtout aux agri
gée par des clauses restrictives pour les 5 der culteurs, c'est l'argent ou plutôt le crédit qui
nières années du bail. A ces restrictions uti en procure, et on peut voir dans ma bro
les on peut encore ajouter l'obligation de la chure, citée, page 312 de ce recueil, les mer
part du fermier de laisser à sa sortie une éten veilleux résultats que les banques de l'Écosse
due déterminée de terre en prairie, spécifier ont produit sur l'agriculture de cette contrée
le mode d'assolement qui devra être suivi dans industrieuse. La clause surannée dont nous
les dernières années du bail et l'état dans lequel
les bâtimens et clôtures devront être laissés.
†º doit donc désormais disparaître de nos
(lll.JC.
Toutes ces conventions méritent la plus scru A l'égard du paiement en produits du sol,
puleuse attention, et le propriétaire qui les il est en général préjudiciable aux intérêts du
négligerait s'apercevrait certainement à la fin fermier. Une rente ou canon de ferme qui est
du bail que, loin d'avoir retiré un revenu de son ayée en grains, soit en partie, soit en tota
domaine, il a éprouvé un véritable préjudice. † nuit nécessairement à celui qui paie, parce
L'ancienne législation permettait au nouvel que la valeur de la reute est d'autant plus éle
acquéreur, en cas de vente, d'expulser le fer vée que les moyens qu'il a de s'acquitter sont
mier pour exploiter lui-même le domaine. plus diminués et plus restreints par la modi
Cette faculté, qui avait l'inconvenient très cité des récoltes qu'il a faites. Le prix du
rave de rendre la jouissance du fermier tout grain ne s'élève que lorsque les mauvaises
-fait précaire, a été proscrite par l'article saisons occasionnent une disette ou une di
1743 du Code civil, et toutes les fois que le minution dans les approvisionnemens. Lors
fermier a un bail qui ne peut être légalement ue le fermier paie en argent, l'augmentation
contesté son expulsion ne peut avoir lieu, à u prix des denrées le dédommage de la mo
moins que cette faculté n'ait été réservée par dicité des récoltes; mais lorsqu'il paie en
le bail. Mais nous aimons à croire qu'il y a nature, tous les produits de la ferme sont
aujourd'hui peu de † assez igno souvent insuffisans pour qu'il s'acquitte du
rans ou assez ennemis de leurs intérêts pour paiement de son canon de ferme, et consé
insérer une pareille clause dans leurs baux, à quemment il se trouve alors placé dans une
moins qu'ils ne soient placés dans des cir position fort critique.
constances particulières qu'ils peuvent alors En tous cas, il faut fixer positivement le lieu
seuls apprécier. où le paiement doit être fait, quelle que soit la
nature des objets qui doivent servir à l'effec
B. Prix du bail ou canon de ferme. . tuer. Si aucune stipulation n'a été faite à cet
égard, la † générale est que le paiement
doit être effectué au domicile du débiteur
Le prix du bail peut être stipulé, soit en
argent, et c'est le cas le plus fréquent, soit en (C. c., 1247); mais presque toujours on a soin
produits du sol, soit enfin en argent ou en pro de stipuker dans les baux que le paiement sera
duits du sol, au choix du propriétaire. Cette fait au domicile du bailleur. Cette stipulation,
faculté réservée au propriétaire de pouvoir lorsqu'elle est conçue en termes généraux,
exiger son paiement en nature s'il le juge con ourrait devenir une charge très pesante pour
venable est même devenue de style dans pres e fermier, surtout si le paiement devait être
ue tous les baux à ferme depuis la révolu fait en produits du sol ; car, lors même que le
tion de 1789. Le souvenir des désastres pro bailleur fixerait son domicile dans un dépar
duits par l'abus scandaleux que le gouverne tement très éloigné, le preneur serait forcé
ment révolutionnaire avait fait du papier-mon d'y transporter les produits qui devraient ser
naie, a entretenu la crainte chimérique que vir à sa libération. Pour éviter cet inconvé
ces désastres ne se représentent, et pour évi nient, on peut stipuler que le paiement sera
ter ces maux qui ne reparaîtront probable fait au domicile actuel du bailleur, quelle que
ment jamais, on insère encore dans les baux soit par la suite sa résidence, ou en tel autre
une clause dont l'inutilité est le moindre in lieu qui serait fixé par la convention des par
convénient. tieS.
Nous disons d'abord qu'elle est inutile, car
dans l'état actuel de la science économique, il C. Charges publiques qui augmentent le prix.
est impossible qu'aucun gouvernement émette
† un papier-monnaie à cours forcé ; et si Indépendamment de ce qu'on appelle le ca
e pouvoir tombait jamais dans des mains as non de ferme ou fermage, il arrive souvent
sez ignorantes et ennemies du bien public pour que le fermier doit supporter plusieurs char
ordonner despotiquement l'émission forcée † publiques, en vertu des stipulations de son
dans les paiemens † pareil signe monétaire, ail ou des lois du pays. En Angleterre, par
on ne manquerait pas d'annuler arbitraire exemple, toutes les charges § qui pè
ment toutes les clauses qui pourraient s'oppo sent sur la propriété foncière sont acquittées
ser à l'application de la loi, sans égard aux par le fermier; telles sont : les émolumens des
conventions et à la rétroactivité de la dispo maitres d'école, la taxe des pauvres, les pres
sition. Mais le plus grand inconvénienl de tations personnelles ou corvées pour l'entre
cette clause, c'est de perpétuer dans les cam tien des routes, les dimes, etc. ; souvent ces
pagnes une défiance mal fondée à l'égard de charges s'élèvent à une somme plus considé
tous les agens de la circulation qui ne sont rable que la rente nominale. En outre, la plu
pas l'or ou l'argent : elle entretient des pré part de ces charges ou impôts n'étant pas fi
jugés contre les billets de banque, les billets xes et n'étant souvent déterminés que par le
de confiance et banques locales qui pourraient mode de culture(comme la dime, par exem
368 ADMINISTRATION RURALE. LIV. Vif.
ple), elles rendent la position du fermier in thèque, soit de la part du preneur lui-même,
certaine, peu agréable et peu lucrative. . Là soit de la part de la caution, il doit être né
où le sol est affranchi de la dime, où les im cessairement fait devant notaires; car l'hypo
pôts publics sont à la charge du propriétaire, thèque ne peut jamais résulter que d'un acte
où le fermage est une somme fixe et déter ayant un caractère authentique.
minée pour toutes les années du bail et où le Enfin, dans quelques parties de la France
fermier n'a pas à craindre des réclamations etspécialement dans la Haute-Normandie,quel
arbitraires, l'agriculture est un art exercé ques propriétaires exigent à titre de garantie
avec satisfaction et bénéfice., En Ecosse, les que le fermier paie l'année courante, et même
charges sont peu considérables ; les cultiva quelquefois deux années, six mois après
teurs écossais jouissent d'une plus grande li l'entrée en ferme. Cette clause, qui tend à
berté et les rapports entre les propriétaires priver le fermier d'une grande portion de ses
et les fermiers sont établis sur des bases plus capitaux disponibles, nous paraît offrir de
équitables; aussi les progrès de l'art agricole grands inconvéniens.
sont-ils plus rapides en Écosse qu'en An
gleterre, quoique les circonstances physiques 10° Des assurances de toute espèce.
soient plus favorables dans le dernier de ces
deux pays. Les principes qui ont été démon Tout propriétaire doué de prudence doit
trés avantageux à l'agriculture écossaise, et faire assurer les bâtimens d'habitation et ceux
ui sont à peu près ceux de la France, auraient destinés à l'exploitation de la ferme, contre les
# y produire les mêmes avantages, surtout incendies si fréquens dans certaines parties de
sous un climat bien plus propice à la produc la France; il doit également exiger que ses
tion agricole. fermiers fassent assurer les ustensiles et bes
tiaux qui leur appartiennent et qui garnissent
D. Cautions et hypothèques. la ferme, ainsi que leurs récoltes, car autre
ment un incendie en ruinant leur fermier
L'intérêt du propriétaire lui fait un devoir porterait aussi un préjudice notable aux in
d'exiger toutes les sécurités possibles pour as térêts du propriétaire. Malheureusement les
surer l'exécution des conditions qu'il impose primes qu'exigent les compagnies d'assu
à son fermier, lors même que pour obtenir rance dans les départemens sont encore tel
ces garanties il serait forcé de se contenter lement élevées que le plus grand nombre
d'un revenu moindre ; car la diminution mo des propriétaires répugnent à assurer leur
mentanée de sa rente sera compensée et bien sécurité par un sacrifice pécuniaire qui leur
au-delà par les améliorations que ces précau semble trop pesant. Enfin le propriétaire
tions amèneront nécessairement. Ces garan a un grand intérêt à exiger que le fermier
ties peuvent être de diverses espèces ; les fasse assurer les produits du sol encore atta
plus ordinaires sont : la caution simple, lacau chés à la terre contre la grêle et autres acci
iion hypothécaire, ou enfin l'hypothèque con dens météorologiques; car, ainsi que nous
sentie par le preneur lui-même sur ses pro l'avons vu dans la partie législative, en cas de
pres biens. Celui qui se rend caution d'une perte de la totalité ou de la moitié d'une ré
obligation se soumet envers le créancier à colte, il doit faire à son fermier une remise
satisfaire à cette obligation si le débiteur n'y proportionnelle sur le prix de son bail. Le
satisfait pas lui-même. La caution simple est preneur peut, il est vrai, être chargé par une
celle qui engage sa |† et ses biens à clause du bail de tous les cas fortuits prévus
l'acquittement de l'obligation, mais sans af ou imprévus, mais cette stipulation n'assure
fectation spéciale de tel ou tel bien ; en géné
pas encore entièrement les droits du proprié
ral, la caution n'est obligée envers le créan taire, puisque si le fermier est ruiné par
cier qu'à défaut du débiteur, qui doit être suite d'un cas fortuit, contre lequel il pouvait
préalablement discuté dans ses biens; mais la se faire assurer, le propriétaire souffre néces
renonciation à ce bénéfice est de style dans sairement un dommage souvent très considé
presque tous les contrats, et on stipule pres rable, qu'il aurait pu éviter en obligeant le
que toujours que le créancier pourra s'adres fermier à faire assurer chaque année les fruits
ser à la caution, qui s'engage alors solidaire de la terre recueillis ou non recueillis.
ment à payer après un simple commandement
fait inutilement au débiteur principal. 11° Du sous-bail.
Si la caution affecte spécialement un im
meuble à la garantie de son cautionnement, En général le preneur a le droit de sous-louer
elle devient alors hypothécaire; pour obtenir ou même de céder son bail à un autre, si cette
faculté ne lui a pas été interdite, mais alors
toutes les sécurités qu'il exige, le propriétaire
doit alors se faire représenter un certificat il n'en reste pas moins obligé envers le pro
du conservateur des hypothèques quiconstate priétaire à l'exécution de toutes les clauses
le montant des créances privilégiées qui grè du bail et devient ainsi responsable des faits
vent l'immeuble ou qui prouve qu'il n'en de son cessionnaire. Cette faculté peut être
existe pas. Il doit aussi faire examiner les ti interdite pour tout ou partie, et dans presque
tres de propriété et prendre les précautions tous les baux à ferme on impose au preneur
que nous avons conseillées ci-dessus au pro l'obligation de ne pouvoir céder son bail en
† qui veut acquérir un domaine. Si tout ou en partie sans le consentement par
'hypothèque est consentie par le fermier sur écrit du bailleur. Ce dernier a le plus grand
ses biens personnels, le bailleur doit aussi intérêt à imposer cette obligation au fermier,
faire les mêmes vérifications pour assurer son car autrement celui-ci pourrait se substituer
droit et son rang hypothécaire. dans la culture un homme qui n'aurait ni la
Lorsque le bail contient stipulation d'hypo même solvabilité, ni la même intelligence, ni
CHAP. 3°. MODÈLE DE BAIL A FERME. 369
la même habileté; puis dégarnir la ferme des encore les faire saisir et conserver ainsi sur
ustensiles et bestiaux qu'il employait à son eux son privilége, pourvu qu'il ait fait la re
exploitation et laisser ainsi le propriétaire vis vendication dans le délai de 40 jours (C. c.,
à-vis un fermier incapable et nécessiteux. 2102).
Au contraire, celui qui cultive sous la con avait obtenu une caution ou une garan
dition d'un partage de fruits ne peut ni sous tieS'ilhypothécaire , il ne devrait donner dé
louer ni céder son bail, parce qu'alors la con charge ou main-levée que lorsque tout aurait
vention qui intervient avec lui est basée prin été réglé à sa satisfaction.
cipalement sur la considération de sa per
sonne. Cette faculté peut, il est vrai, lui être 13° Modèle de bail à ferme.
réservée par le bail, mais il y a peu de pro
priétaires assez négligens de leurs intérêts Pour compléter ce sujet important, nous
pour permettre l'insertion au bail d'une pa allons offrir à nos lecteurs un modèle très
reille réserve, qui pourrait devenir pour eux simple de bail à ferme que l'on peut considé
une source de pertes et de regrets. rer comme un des moins imparfaits parmi les .
baux que rédigent ordinairement les notaires.
12° Fin de jouissance, remise de lieux et Comme ce modèle laisse encore beaucoup à
réparations. désirer et qu'il serait insuffisant pour des ex
ploitations étendues, où la liberté d'action du
Lorsque l'époque fixée pour la durée du | fermier et l'amélioration du sol formeraient la
bail est arrivée, l'inventaire et l'état des lieux, base des conventions des parties, nous ajoute
qui ont dû être dressés au moment de l'en rons, comme appendice à ce modèle, les clau
trée en jouissance du preneur, doivent être ses principales du bail de l'établissement agri
vérifiés avec soin. Le preneur doit justifier cole Roville, qui est le plus parfait que
u'il a fait toutes les réparations et améliora nous de connaissions parmi ceux qui ont été ré
tions que lui imposaient les clauses de son digés en France.
bail, et si aucune stipulation n'a été faite à cet
égard, il doit rendre les lieux, les ustensiles PAR-DEVANT, etc.
et machines dans l'état où il les a reçus.Nous
avons vu ci-dessus que, lorsqu'il n'avait pas présents (nom, prénoms, qualité et demeure
été dressé d'état de lieux, le preneur était duFurentpropriétaire, que de sa femme, si le bien pro
censé les avoir reçus en bon état de répara vient du chef deainsi cette dernière. Si les propriétaires ne
tion ; il doit alors faire toutes les réparations # dans l'arrondissement, il sera bon qu'ils
dites locatives que la loi met spécialement à élisent icile chez une personne qui l'habite pour
sa charge. l'exécution des clauses du bail.)
Ces réparations sont en général celles qui Lesquels donnent à ferme les bâtimens et terres ci
sont désignées comme telles par l'usage des lieux, après désignés, pour... récoltes consécutives, à com
et entre autres celles à faire aux âtres, contre
mencer par celle de...
cœurs et tablettes des cheminées, au recrépi A (nom, prénoms et demeure du fermier et de sa
ment du bas des murailles des appartemens femme.), ce acceptant.
et autres lieux d'habitation, à la hauteur d'un La jouissance pour la préparation et l'exploitation
mètre, aux pavés et carreaux des chambres, de ces... récoltes commencera à partir du 11 novem
s'il y en a seulement quelques-uns de cassés ; bre 18... et finira le 24 juin 1 s... (Pour la fixation
s'ils étaient pour la pſupart brisés, la répara de l'époque d'entrée en jouissance, voyez ce que nous
tion ne serait plus locative, parce † pré avons dit ci-dessus.)
sumerait alors qu'il y a vétusté, sauf la preuve
contraire qui serait facile par l'inspection OBJET AFFERMÉ.
même des lieux; aux vitres, à moins qu'elles
ne soient cassées par la grêle et autres acci Une ferme sise à... canton de... arrondissement
dens extraordinaires; aux portes, croisées, de... avec toutes ses dépendances, et comprenant, sa
planches de cloison, fermetures, gonds, tar VOlr : -
gettes et serrures. A quoi il faut ajouter les 1° Habitation du fermier, bâtimens d'exploitation
réparations à faire aux mardelles des puits, et dépendances , de la contenance de...
aux poulies, aux auges en pierre, mangeoirs, 2° Terres, clos, vergers , pâtis , contenant :
râteliers, fours et autres menues réparations N hect. ºTeº. cent
analogues. En terres labourables. .. . .. » M) M>
Auquel cas les objets loués seront repris par le A" *o. - Cassion »z Bart, EcHAsor »r ,ovis
bailleur dans l'état où ils se trouveraient et sans au SANCE.
tre indemnité que le remboursement de la valeur des
façons, labours et ensemencemens qui pourraient exister Les preneurs ne pourront céder leur droit au pré
et qui seraient constatés et appréciés par les experts, sent bail sans la permission expresse et par écrit du
bailleur, si ce n'est à l'un de leurs fils ou gendres, dont
dont sera ci-après parlé, et sauf aussi les indemnités ils resteront cautions solidaires.
qui pourraient être dues au propriétaire pour répa
rations. Ils ne pourront non plus céder à leurs voisins ni
échanger avec eux la jouissance d'aucune pièce des hé
ART. 15. — AcqUIT DE L'IMPôT. ritages loués, sans autorisation du bailleur ou de son
Les impôts, quels qu'ils soient, assis sur la propriété mandataire, à peine de nullité des cessions et échan
ou qui pourraient l'être pendant la durée du bail, en #º,ºi intérêts.
auraient été ainsi faits et de tous dommages
† et accessoires, pourquelque cause que ce soit,
restent à la charge du bailleur; mais le preneur en de ART. 21. — FiN DU BAIL.
vra faire l'avance aux époques fixées par la loi, sauf
compensation jusqu'à due concurrence avec ses ferma A la fin du bail, le preneur, s'il n'y a pas de renou
ges annuels, laquelle ne s'opèrera néanmoins qu'en vellement devra laisser, avant le 11 novembre à celui qui
justifiant des sommes payées, par quittances de per des succédera,
lui les bâtimens nécessaires à l'exploitation
jachères qui lui auront été abandonnées, savoir :
cepteurs. Les preneurs demeureront en conséquence
garans de tout retard ou défaut de paiement une écurie, une chambre à feu, le droit au four, une
cuisine, un grenier à fourrage un hangar, et un grenier
Anr. 16. — AssURANCEs. à avºinº (ºox. ci après, p. 372, les clauses principales
du bail de Roville).
Le bailleur, pendant la durée du présent bail , s'o ART. 22. - UsAcEs LocAUx.
blige à faire assurer à ses frais tous les bâtimens de
la ferme.
Pººn côté, les preneurs s'engagent à faire assurer Les parties renoncent respectivement à se prévaloir
aussi à leurs frais, avant la première récolte, et jusqu'à des usages locaux.
"
-
le mobilier d'exploitation, les chevaux, bestiaux et s'il survenait pendant la durée du bail quelques
troupeaux, les récoltes engrangées et celles en meules, contestations entre les parties, elles conviennentqu'elles
ainsi que leurs risques locatifs. seront jugées en dernier ressort par deux arbitres
!**'ºbligent aussi à faire assurercontrela grêle leurs amiables compositeurs, dispensés en conséquence de
moissons principales. toutes §. formes judiciaires , qu'elles choisiraient res
pectivement. Dans le cas où les arbitres ne seraient pas
Aar. 17. - Cis ronrvirs. d'accord, ils nommeront un tiers-arbitre pour les dé
Le fermier supportera tous les cas fortuits ordinai partager, et s'ils ne pouvaient s'entendre sur le choix,
il sera fait par le † de paix du canton de la situa
res ou extraordinaires, prévus ou imprévus, pendant tion du corps de ferme, à la requête de la partie la
la durée du bail.(Quoique cette clause soit moi§. plus diligente.
gereuse pour lefermier s'ilse conformeaux obligations
imposées par l'art. précédent, elle est encore #en - ART. 24. - CAUrIoNNEMENT ET HrPorHiqUEs.
goureuse.Il serait plus juste d'excepter les pertes qui
Pourraient étre la suite de risques contre lesquels il Les clauses de cautionnement et d'hypothèque sé
n'est pas actuellementpossible de se faire assurer.Tels ront ajoutées par le notaire rédacteur lorsqu'ils seront
*ont ceux qui résulteraient d'iricendie ou pillage, par offerts ou exigés.
suite de guerreoud'émeute populaire.Alors il faudrait ÉLEcrion DE DOMICILE,
ajouter à la clause ci-dessus. Néanmoins, en cas de
pºrtes d'une ou plusieurs récoltes par l'effet de pil Pour l'exécution des clauses ci-dessus, les parties
lage ou incendie résultant des faits de guerre ou d'é élisent domicile, savoir : le preneur en sa demeure.
ºººº Populaire, le fermier aura droit à des indem Le bailleur(s'il ne résidepas dans l'arrondissement)
ºiº qui*erºnt réglées conformément aux dispositions en la demeure de M. , ... .. , sise à • • • •
du Code civil).
Auxquels lieux les parties consentent que tous les
372 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VIIs
actes, correspondances et significations soient adressées jusqu'à la fin du même bail, ainsi que les fours à
pour l'exécution du présent acte. chaux et à plâtre, s'il en avait fait construire et si
Dont acte fait et passé, etc. toutefois il les avait encore conservés au commencement
de la 15° année du bail.
OBsERvATION. Et en raison de la jouissance des usines que le pre
neur aura fait construire, il n'y aura pas d'augmenta
Nous avons offert ce modèle parce qu'il tion de loyer; mais ledit preneur sera tenu de sup
nous a paru simple et satisfaisant dans sa porter et payer les contributions et autres charges aux
rédaction; mais il devra nécessairement éprou quelles ces usines pourraient être imposées......
ver de grandes modifications, suivant la 5° Droit de sonder. Le bailleur se réserve le droit
nature et la situation des biens affermés. de sonder, et, le cas échéant, d'exploiter toutes espèces
Ainsi, s'il dépend du domaine des vignes, des de minéraux, de métaux, d'extraire de la pierre à
bois taillis, des carrières, des étangs, des ma chaux, de la pierre à bâtir, de la taille et du plâtre,
rais, des pépinières, un moulin dont le pro d'extraire aussi de la marne dans quelque endroit que
priétaire ne se réserverait pas la jouissance, il ce soit des terrains laissés et d'en disposer; ledit bail
y aurait lieu d'ajouter des clauses spéciales, leur restant obligé d'indemniser le preneur de la tota
d'après les principes posés par, les lois, et lité du dommage réel que les recherches et l'extraction
qu'un notaire instruit pourra facilement sup d'aucun de ces objets causerait à sa jouissance, et en
pléer. Il en sera de même si le propriétaire se raison du profit qui, sans cela, aurait résulté du fonds
réserve de faire des plantations. Dans ce cas pour ledit preneur; néanmoins le bailleur ne pourra ex
on dira par qui et comment elles seront en traire de la marne ou de la pierre à chaux ou à plâtre
tretenues ; enfin s'il y a lieu de faire marner que pour son usage ou celui de ses enfans.
les terres, on dira où, comment et aux frais Le même droit de sonder, d'extraire et exploiter
de qui ces marnages devront être faits. Pour est aussi accordé au preneur; mais, relativement à la
compléter autant que possible ce modèle, nous marne, il n'en pourra disposer que pour être employée
allons rapporter quelques-unes des principales sur les terrains de la ferme et autres terrains qu'il ex
clauses † bail de Roville qui, trop compliqué ploitera.
pour pouvoir servir de modèle habituel, mérite 4° Droit de surveillance. Le bailleur aura aussi le
cependant à tous , égards d'être consulté droit de parcourir personnellement, ou par quelqu'un
comme ayant été rédigé sous la direction de envoyé spécialement de sa part, tous les terrains lais
l'agronome le plus distingué de la France. sés.......
5° Péche et chasse. Le droit au même bailleur ou à
CLAUSES PRINCIPALES ceux envoyés par lui et qui y seraient autorisés par sa
signature, de pêcher, tendre aux oiseaux et de chasser
DU BAIL DE L'ÉTABLIssEMENT AGRIcoLE DE RovILLE. sur tous les terrains laissés, mais seulement en saisons
convenables, dans les temps autorisés et de manière à
1° Irrigations.Le preneur aura le droit d'user, pour ne faire jamais de tort aux clôtures ni à aucune récol
l'irrigation des terrains de la ferme, de l'eau du canal à te; cependant il est permis au preneur de jeter l'éper
prendre au-dessus du moulin de Roville, sans qu'il vier et de prendre les écrevisses dans toute l'étendue du
l† néanmoins nuire au roulement du même mou canal du moulin de Roville, pendant la durée du bail,
lIl. • • • • •
et ce, concurremment avec le propriétaire, son pêcheur
2° Usines. Il jouira aussi du droit d'établir, pen ou toute autre personne à qui le bailleur en a accordé
dant la durée du bail et toujours sans qu'il puisse gê ou en accorderait l'autorisation, et, par exception, il
ner en aucune manière le moulin actuel, toutes les est formellement convenu que le preneur ne pourra
usines qui pourraient convenir à la prospérité de l'é jouir d'aucun droit de pêche sur une longueur de 30
tablissement, tels, par exemple, que moulin à plâtre, mètres en aval du moulin de Roville ni dans l'écluse
machines à battre le grain, le chanvre et la semence de dudit moulin jusqu'au premier clos du bailleur, situé
trèfle, et même une huilerie et autres, se rapportant au sud près le déversoir, ni enfin dans les eaux de ce
aux opérations de l'agriculture, toutes les autres res déversoir jusqu'à leur retour dans ledit canal.
tant interdites; et à la charge encore d'indemniser 6° Cession de bail. Le bailleur conserve aussi le
convenablement le meunier pour le chômage que né droit d'agréer la personne que le preneur sera tenu de
cessiteraient les nouveaux établissemens et de concourir désigner pour lui succéder, seule manière où ledit pre
pour l'avenir avec le même meunier, dans une quotité neur est autorisé à céder ses droits.
Proportionnelle, au curement et à l'entretien du canal 7° Aménagement. Le preneur devra avoir annuelle
supérieur, aux nouvelles usines qui seraient établies ment au moins 20 hect. de terrain emplantés en raci
par suite de la faculté accordée par le présent article. nes ou autres plantes sarclées, destinées à la nourri
Ce droit, auquel le bailleur subroge le preneur pour ture des bestiaux; il sera tenu de faire consommer ces
Partie, lui étant réservé dans le bail du moulin..... produits ou leurs résidus par son bétail, et fera con
A l'expiration du bail, le preneur sera tenu de cé sommer de même la totalité des pailles, foins et four
der au bailleur, qui sera tenu de les accepter, les usi rages qui proviendront des terrains laissés, sans pou
nes que ledit preneur aura fait construire sur le canal,voir en vendre ni en disposer différemment que dans
et ce, pour un prix décuple de la valeur annuelle du les cas prévus ci-après. -
loyer net desdites usines; ce prix payable au preneur Le preneur pourra disposer de fourrages et de raci
par moitié de 6 mois en 6 mois, à partir du jour de nes dans la proportion de la quantité de fumier ou
l'expiration du bail. Pour l'exécution de cette disposi autres engrais qu'il aura achetés ou fait faire, et qu'il
tion, des experts estimeront combien ces nouvelles usi aura enployés à l'engrais et à l'amendement de la
nes doivent être louées par année; mais, on le répète, ferme ; il pourra aussi échanger des fourrages et raci
leur établissement n'est pas obligatoire, c'est-à-dire nes, des espèces dont il aurait surabondamment, con
que le preneur sera maitre d'en construire ou non; ce tre un autre article devant être employé à la nourri
Pendant celles qu'il aurait fait construire et qu'il au ture ou à l'engraissement du bétail de la ferme ; il
rait entretenues jusqu'au commencement de la 15e an pourra également en échanger, dans le cas de sura
née du bail, il sera obligé de continuer à les entretenir bondance, contre et en proportion d'un marnage fait
CHAP. 3°. MoDÈLE DE BAIL A FERME. 37s
en sus de celui dont il sera ci-après parlé, et pour le qui sont situés ailleurs que dans le canton dit laprairie
tout en quantité équivalente seulement. de Roville, le preneur aura la faculté de les mettre en
Si le preneur entretenait autant de bétail que les culture.
écuries, 1 éduits à porcs ou bergerie de la ferme pour Mais tous les prés naturels qui auraient été mis en
ront en contenir, et qu'après la provision de fourrages culture pendant la durée du bail devront être remis en
secs nécessaire pour l'entretien de tout ce bétail pen état de prés naturels par le preneur, au moins 3 an
dant l'année, et une réserve en sus pour moitié d'une nées avant l'expiration du bail, et de telle sorte qu'ils
autre année, il s'y trouvait encore un excédant , le soient en plein produit pendant la dernière année; est
preneur pourra disposer de cet excédant; bien entendu seule exceptée de cette disposition la quantité qui doit
que, dans tous les cas, et indépendamment des méri être remise en état de houblonnière, dans le cas où le
nos qui seront laissés au preneur, celui-ci sera obligé preneur userait de la faculté qui lui est accordée ci
de se pourvoir d'une quantité assortie de bétail pro dessus à cet égard.
portionnée à l'étendue et au produit de la ferme bien 15° Prairies artificielles. Le preneur aura le droit,
exploitée. pendant la durée du bail, de mettre en culture une
8° Marnage. Le même preneur sera tenu , dès son partie des prés naturels de sainfoin, et, à cet effet, il
entrée en jouissance , de profiter de la marne qui se se conformera aux dispositions suivantes : 1° Dans les
trouve sur les terres du haut pour en amender celles du prés de cette nature, maintenant existans, il en conser
bas , et sans qu'il puisse se dispenser de marner con vera une quantité de 61 ares 52 centiares ou 3 jours,
venablement chaque année moins d'un hectare de ter dans les pentes les plus rapides ; et s'il mettait cette
rain ; de continuer ainsi durant le bail, et ne pourra portion en culture, il ne le pourra qu'une fois dans le
discontinuer qu'autant qu'il acquérerait la certitude cours du bail et pendant 5 années au plus; 2o Il pour
que la marne à extraire dans les terres du haut n'est ra cultiver le surplus, cependant, de manière à avoir
point d'une nature propre à rendre son emploi avanta toujours une quantité de 6 hectares 22 ares ou 5o jours,
geux, ce qu'il fera constater contradictoirement avec en sainfoin ou autres prairies artificielles pérennes,
le bailleur, qui, le cas échéant, lui donnera décharge d'un produit équivalent, et pour alterner ainsi, il choi
de cette obligation de marner. sira les endroits les plus convenables; 5o Mais à l'expi
9° Fumiers. D'appliquer aux terrains laissés tous les ration du bail il sera tenu de représenter, en nature de
fumiers et toutes les urines provenant du bétail nourri sainfoin bien venu, une quantité égale à celle qui existe
par les produits de la ferme , ainsi que les fumiers maintenant.
qu'il aurait achetés ou échangés, conformément aux 14° Entretien des fossés. D'entretenir non-seule
stipulations de l'acte précédent. ment les fossés qui existent pour entourages, soit pour
Tenu de labourer convenablement , d'engraisser de écoulemens et que désignera la déclaration, mais aussi
même et d'employer tous les moyens convenables pour d'en établir partout où cela sera nécessaire pour l'écou
rendre les terrains laissés plus fertiles en les améliorant. lement des eaux et de les maintenir tels jusqu'à la fin
10° Entretien des chemins. D'entretenir et amé du bail, en veillant à ce qu'on répande et qu'on nivelle
liorer particulièrement les chemins indispensables pour toujours les terres qu'on sortira des divers fossés, soit
l'exploitation , et, en cas de nécessité, d'en réparer en les créant, soit en les curant.
tous les ans 150 mètres de longueur au moins. . 15° Entretien des plantations. De conserver et en
11° Irrigations. De continuer les irrigations qui tretenir toutes les plantations qui existent, à moins
existent dans les terrains qui doivent rester en nature d'un consentement par écrit du bailleur, s'il l'accordait
de prés, en se conformant, pour celles qui ne sont pour la destruction de partie; de remplacer, sous 4 an
pas exclusives , à la distribution proportionnelle des nées au plus tard, les arbres manquans dans les entou
eaux , de laquelle distribution une note ou état signé rages déjà établis et de les entretenir jusqu'à la fin du
du bailleur a été remise au preneur, ce que celui-ci bail; mais dans le cas où les arbres d'entourage main
reconnaît ; de soumettre à l'irrigation (si cela est éco tenant existans seraient trop rapprochés les uns des au
nomiquement possible ), au moyen du droit de prise tres, le preneur pourra en exploiter une partie, de telle
d'eau qui lui a été cédé à cet effet, comme il est dit sorte que ceux qu'il laissera ne soient pas à plus de
précédemment , ainsi que par tout autre moyen qu'un 1o mètres l'un de l'autre. Expliqué encore que les ar
bon père de famille se déterminerait à employer, ceux bres plantés à l'extérieur des massifs sont considérés
des terrains laissés qui en sont susceptibles. comme faisant partie de ces massifs, et conséquem
12° Prés naturels.A l'égard des prés naturels situés ment ne pourront être réduits aux distances ci-dessus
au canton de Roville, le preneur pourra en déchirer autorisées pour les arbres d'entourage proprement dits ;
et mettre en culture jusqu'à concurrence d'un dixième de replanter ou resserrer les plans vides des plantations
à la fois, et ne pourra en cultiver un autre dixième en massifs. Néanmoins, si les nouveaux semis ou plan
que celui précédemment mis en culture ne soit rétabli tations qu'il fera d'ici à 4 ans dans les places vides des
en nature de pré naturel, bien nivelé, bien semé, ve massifs ne réussissaient pas, pour cause de la trop
nant bien. grande aridité du sol, il ne serait pas forcé de les re
Cependant si le preneur établissait dans les terres du nouveler; et, à l'égard de ce que le preneur plantera en
bas des prairies pérennes de graminées, bien irrigées et massifs, il en jouira jusqu'à la fin du bail, à la charge
en bon produit, il pourra mettre en culture dans les prés néanmoins de laisser dans ces parties des baliveaux en
de Roville et, en sus de la quantité dont l'autorisation quantité convenable.
lui est accordée ci-dessus, une autre quantité de prai 16° Plantations d'arbres d'entourage. Le preneur
ries naturelles, jusqu'à concurrence de moitié de la sera tenu de planter d'une ligne d'arbres d'entourage,
contenance des nouvelles prairies pérennes de grami et qui ne pourront être éloignés les uns des autres de
nées qu'il aura formées et érigées sur les terrains du bas. plus de 1o mètres, les pièces d'héritages ci-après dé
. Le preneur aura encore le droit de rompre un autre signées : 1°..........
dixième de la quantité des prés situés au canton dit la Ces nouvelles plantations seront effectuées au plus
prairie de Roville, mais sous la condition expresse de tard dans 4 ans, et le preneur tenu de les entretenir
convertir ce nouveau dixième en houblonniere qu'il et rendre à la fin du bail......... Ces plantations pour
entretiendra et laissera, à la fin du bail, garnie de entourages seront en peuplicrs, saules, frênes et autres
perches. essences, suivant qu'il conviendra à la nature et à l'ex
Quant aux autres prés naturels, c'est-à-dire ceux position du sol.
374 ADMINISTRATION RURALE. LIv. YII.
17° Élagage et émondage. Le preneur jouira de la rations seront faits et fournis aux frais du preneur, at
tonte des arbres existans ou à planter et qui, par leur tendu qu'il ne supporte pas les frais de ces mêmes
essence, sont propres à être exploités en têtards, à opérations lors de son entrée en jouissance, lesquelles
charge de les laisser à la fin du bail avec 2 années de seront
aux aussi
frais du faites contradictoirement avec lui, mais
bailleur. •
sera désignée dans la visite. - titoires, il sera seulement tenu d'en prévenir le bail
* Le preneur aura la faculté de faire comme bon lui leur qui, à cet égard, prendra le parti qu'il jugera con
semblera toutes autres plantations et jouira pendant son venable.
bail de ce surcroît de plantations, n'étant tenu de soi 22° Fin de la jouissance.A la fin du bail, le preneur
gner et conserver que les parties de plantations men laissera à celui qui lui succèdera dans l'exploitation de
tionnées précédemment. la ferme, la jouissance des terrains et des bâtimens ,
--
' 18° Fumiers. Les fumiers de la ferme qui n'auront aux mêmes époques que celles où il les aura reçus. Le
pas été employés avant les semailles de l'automne pro bailleur ou le fermier qui succèdera au preneur aura
chain, ceux qui proviendront du bétail de la ferme et le droit de semer les semences de prairies sur les ter
ceux à provenir de la bergerie jusque après la tonte rains de la ferme qui seront susceptibles d'en rece
de........., seront à la disposition du preneur........ voir , soit sur les grains de printemps de... soit sur
' A la fin du bail, le preneur sera tenu de laisser à la les grains d'hiver à récolter en... sans que le §
disposition du bailleur : 1° les fumiers que ledit pre puisse s'y opposer ni prétendre à aucune indemnité
neur n'aura pas employés avant les semailles de la der ni diminution de canon; cependant cette opération de
nière année; 2° les fumiers qu'il fera subséquemment semer les grains de prairies sur les grains de prin
jusqu'après la tonte de......, et sur cette quantité de temps de... ne pourra avoir lieu qu'après que ces
fumier qu'il laissera après les semailles d'automne de grains seront bien levés.
la dernière année, ledit preneur pourra aussi disposer Le preneur jouira d'une semblable faculté, lors de
d'une quantité de..... voitures, mais à la charge de les # entrée en bail, sur les céréales d'hiver à récolter
employer sur les terrains de la ferme. -
D• • •
, *
* Il est convenu que si, dans le courant du bail, le ' 25° Indépendamment de ce qui a été précédem
ment § relativement aux prés § et aux
preneur exploitait des terres appartenant à d'autres
personnes, et en raison de cette augmentation d'ex sainfoins, le preneur sera tenu de rendre à la fin du
ploitation, il se procurait d'autres écuries que celles de bail, en prairies artificielles annuelles, une quantité
a ferme, afin d'augmenter aussi son bétail dans la égale à celle qu'il recevra lors de son entrée, ce qui
même proportion, ledit preneur, dans ces cas et con sera constaté par le procès-verbal de visite.
ditions pourra, soit pendant le bail, soit à la fin du " 24° Assurance. Le preneur sera obligé d'assurer
bail, disposer, pour les autres terrains qu'il exploite annuellement contre l'incendie, et à ses frais, tous
rait, d'une quantité de fumier proportionnelle et rela les bâtimens dont il jouira, et, faute par lui de le
tive à l'augmentation de son exploitation. Il est con faire, le bailleur aura la faculté, ou de l'y contrain
venu aussi, quant aux eaux d'irrigation, que le pre dre, ou de faire opérer lui-même l'assurance, soit
neur pourra les employer également et pour partie aux près l'assurance mutuelle, soit près d'une compagnie à
autres terrains qu'il pourra exploiter, à la charge de † et d'obliger de suite le preneur à lui en rem
remettre au bailleur une reconnaissance des proprié urser les frais et la quote-part du sinistre. Quant à
taires de ces autres terrains, portant que cette irriga l'assurance contre la grêle, †
est purement et
tion momentanée ne leur confere aucun droit à l'usage simplement subrogé dans les droits et obligations qui
de ces eaux. - - -
20° Réparations. Le preneur sera tenu d'entretenir texte de grêle, sécheresse, gelées, inondations, épi
en bon état, de réparer # toute manière, sans en rien zooties, ou pour toute autre cause ou motif que ce
excepter, dès le moment même où il y aura lieu à en uisse être, même pour tous cas fortuits prévus ou
tretien ou à réparation tout ce qui lui est laissé, ter imprévus. -
rains et bâtimens, pour les mettre, à sa sortie, exempts Néanmoins il est fait exception aux dispositions
de toutes réparations, grosses et petites, ainsi que cela contenues au présent article pour le cas où le preneur
devra être reconnu contradictoirement alors par une éprouverait des pertes par l'effet du pillage ou incen
visite, dont deux minutes du procès-verbal seront re die résultant des faits de guerre ou d'émeute popu
mises au bailleur; le preneur lui remettra en outre un laire ; ces derniers cas arrivant , les parties contrac
nouveau pied-terrier-déclaration en forme légale, con tantes stipulent ici d'avance relativement aux pertes
tenant la désignation de tous les objets qui ont été lais qui concerneraient le troupeau de mérinos seulement,
sés et ce avec indication des natures, contenances et et quant au surplus il sera statué entre eux d'après les
nouveaux voisins. Ces visites, procès-verbaux et décla circonstances. --^
CIIAP. 3°. MODÈLE DE BAIL A FERME. 375
Dans le cas donc d'un pillage, par suite de force bailleur au preneur le 1" février......... Cette estima
majeure, de la totalité du troupeau de mérinos, cha tion de récolte, ainsi que la mention d'une partie du
cune des parties supportera moitié de la perte de la prix seront constatées par un procès-verbal qui sera
valeur du troupeau qui aura été livré au preneur; et soumis alors à l'enregistrement.
si le troupeau est plus nombreux lors de la perte , le 29°. Fixation du canon. Le preneur paiera au bail
surplus sera supporté en totalité par le preneur. Si la leur en son domicile à Roville pour canon annuel de
perte n'est que d'une partie , elle sera supportée d'a ladite ferme : 1° 240 hectolitres de blé et 56o hecto
près les bases ci-dessus ; c'est-ä-dire que le propriétaire litres d'avoine, représentant 2oo paires, ancienne me
ne perdrait que moitié de la valeur des têtes de méri sure, payables néanmoins en argent au taux du hallage
nos qui manqueraient pour compléter, avec ce qui res d'Épinal, et ce par tiers, le 1" février, le 1" juillet et
terait, une quantité égale en valeur à celle qui aurait le 1" décembre de chaque année et de manière qu'il
été livrée ; le surplus de la perte serait supporté par le y ait autant de canons complétement payés qu'il y aura
preneur. d'années de jouissance. Le premier canon sera exigi
26° Le preneur sera obligé de soigner particulière ble en l'année........, d'après le taux moyen des hal
ment le troupeau de mérinos qui lui est laissé; d'en lages de la ville d'Épinai, formés par l'addition des
maintenir non-seulement la finesse, mais de chercher 5 hallages les plus rapprochés du 11 novembre et des
à l'augmenter encore en mettant la sévérité la plus 5 hallages les plus rapprochés du 24 juin de chaque
grande dans le choix des béliers de monte, et de con année, ceux desdits jours compris, s'il s'en trouve. Le
tinuer à le préserver du claveau en faisant claveliser 6° du total formé par ces additions déterminera la fixa
tous les ans , à l'automne, les agneaux de l'année. A tion du canon de chaque année. A l'effet de quoi le
l'expiration du bail pour cette partie des objets laissés, preneur sera tenu de se procurer et de produire l'ex
c'est-à-dire après la tonte de..., le preneur sera tenu trait des mercuriales. Le 1°r canon sera fixé par les
d'avoir alors un troupeau de mérinos composé de... hallages de novembre......., et de juin......, pour ainsi
bêtes au moins assorties , dans lequel troupeau le continuer pendant les années subséquentes ; et attendu
bailleur choisira alors les... mérinos qu'il doit repren que, lors du paiement des 2 premiers tiers de chaque
dre , en nombre, sexe et âge, pareils à ceux qu'il s'est canon, il ne sera pas possible de connaitre exactement
obligé de fournir au preneur après la tonte de... ; et à le taux moyen des 6 mercuriales qui doivent servir de
ces deux époques les parties se donneront des recon base, les 2 premiers tiers seront toujours exigibles à
naissances respectives à cet égard; il est entendu aussi titre d'à-compte, d'après le taux moyen des 5 hallages
ue le commencement et la jouissance des pâturages du mois de novembre précédent, et le réglement du
§ à la bergerie suivront les époques fixées pour taux de chaque canon ne sera fait que lors du paie
elle. ment du dernier tier, qui pourra être plus ou moins
, 27° Dispositions relatives au mode de jouissance fort que les précédens, suivant la variation des 6 mer
des terres pendant les 4 dernières années du bail. Le curiales qui seront alors connues. Et dans le cas où le
Preneur sera obligé, pendant cette dernière période du prix élevé des grains porterait, d'après les mercuriales,
bail, d'avoir un quart de ses terres arables en jachère, la totalité de cette partie du canon à une somme de
ou chargé ( après avoir été convenablement engraissé plus de 6,000 fr., cette même partie de canon sera ré
ou amendé), d'une récolte semée en lignes ;à bien sar duite à cette somme fixée comme maximum.
cler et biner; de ne jamais faire suivre une récolte de 2° En raison du cheptel laissé, dont la valeur capi
céréales d'une autre récolte de même espèce, sans les tale est estimée par les parties pour la perception du
séparer par une récolte verte ou par une légumineuse, droit d'enregistrement, à une somme de 15, ooo fr., le
à moins que des circonstances imprévues ne le justi preneur paiera un canon annuel au bailleur, fixé à la
fient, et dans ce dernier cas encore, pour une seule an somme de 1,950 fr. en numéraire; au moyen de quoi
née, et sous la condition expresse que la proportion re le bailleur n'aura aucun droit au partage de la laine ni
quise en herbage, récolte verte ou jachère sera rempla du croit, mais seulement à la reprise de son fonds de
cée à quelque autre part sur le terrain de la ferme, et cheptel à la fin du bail. Expliqué encore que l'estima
comme le canon ne sera stipulé ci-apres qu'en considé tion faite ci dessus de la valeur capitale dudit cheptel,
ration que cette méthode sera strictement suivie pendant n'étant que pour la perception des droits d'enregistre
les 4 dernières années, le cas arrivant que le preneur ment, cette estimation ne forme pas une base détermi
cultivât tout ou partie des terrains laissés de manière née pour le cas où le preneur ne pourrait représenter la
différente que celle qui vient d'être prescrite, ledit totalité du fonds du cheptel ; et, ce dernier cas arrivant,
preneur s'engage et s'oblige à payer au bailleur, au il sera fait une nouvelle estimation par experts, à ce
terme de février qui suivra le mode de culture interdit, commissionnés, pour déterminer la valeur d'alors.
et ce, chaque fois que cela aura lieu, une somme de Le paiement de cette portion de canon en une valeur
25 fr., à titre de dommages-intérêts, pour chaque hec fixe et déterminée, pour tenir lieu et représenter la
tare de terrain ainsi dessolé. Cette indemnité ne sera part qui devrait arriver au bailleur dans le produit du
jamais sujette à aucune diminution, et l'offre de la cheptel, sera aussi effectué par tiers aux mêmes épo
payer ne confèrera pas le droit de cultiver contraire ques que celles fixées au n° 1" du présent article.
ment aux règles établies ci-dessus. 30° Avances des contributions- En à-compte de ces
28° Iiécoltes sur pied à fin de bail.A l'expiration portions de canon, le preneur avancera, toutes les an
du bail, le preneur sera obligé de céder au bailleur, nées à commencer de l'année......., les contributions
qui à son tour sera tenu d'accepter, toutes les récoltes auxquelles le bailleur est ou sera imposé dans la com
alors sur pied en céréales et autres denrées d'hiver, à mune de Roville et communes voisines. Lesquelles
récolter en....., et ce, au prix de l'estimation qui en contributions seront, sur le vu des quittances des per
sera faite par experts amiablement choisis ou nommés cepteurs, imputées au premier sur les 1°" paiemens
par qui de droit ; lesquels experts feront leur évaluation mis à sa charge, et ce respectivement pour chaque
en argent en leur ame et conscience, sans égard à la année.
valeur de la paille, que les parties reconnaissent ap 51 ° Dispositions relatives à la prorogation du bail;
partenir au fonds de la terre; et pour cette estimation clause dite de lord Kames. Les parties considérant
ils auront aussi égard aux frais de récolte. Le prix de qu'une des causes principales qui empêchent ordinaire
cette estimation sera d'abord imputé sur le prix du der ment les cultivateurs d'améliorer leurs fermes, est la
nier canon, et le surplus, s'il y en a, sera payé par le crainte qu'ils éprouvent d'en voir augmenter le prix à
376 ADMINISTRATION RURALE. LIV• VII.
la fin de leur jouissance sans aucune chance d'indem aurait à s'en plaindre, après avoir constitué l'autre en
nité pour eux.Afin de parerà cet inconvénient et fournir demeure, pourra et aura le droit d'exiger l'exécution
un exemple qu'ils croient utile à l'agriculture, ils sont desdites clauses, charges et conditions ou de faire pro
convenus de ce qui suit : noncer la résiliation du bail.
Si le preneur laisse écouler ontièrement l'avant-der
nière année du présent bail sans notifier au bailleur $ II. — Du bail à cheptel.
que le preneur entend proroger la durée du bail pour
une autre période de 20 années, le présent bail sera Le cheptel est quelquefois une des condi
terminé de plein droit. tions du bail à ferme, et quelquefois un con
Le preneur ne pourra valablement faire cette noti trat particulier qui a ses règles spéciales. Nous
fication qu'en offrant au bailleur, pour tout le temps avons fait connaître dans la 2° partie du li
de la prorogation, une augmentation de canon de vre VI, intitulée : Législation rurale, page 263,
1,ooo fr. chaque année, et si cette notification reste tout ce qui est relatif à ce contrat.
1 mois sans réponse, le bail sera prorogé aux mêmes
clauses et conditions, à la charge de ladite augmenta $ III. — Du bail emphytéotique.
tion de canon.
Si, dans le mois de la notification ci-dessus mention On appelle ainsi une convention par la
née, le bailleur répond par une autre notification qu'il quelle le propriétaire d'un héritage en cède
ne consent pas à la prorogation, elle n'aura pas lieu ; à quelqu'un la jouissance pour un temps fixé,
mais ledit bailleur sera tenu de payer une somme de ordinairement 99 ans ou même à perpétuité,
1 o,ooo fr. au preneur à titre d'indemnité. à la charge d'une redevance annuelle que le
A cette notification de la part du bailleur, le pre bailleur se réserve sur cet héritage pour mar
neur pourra en faire une ou plusieurs subséquentes, quer son domaine direct. Le terme d'emphy
mais toujours dans le mois qui suivra celle qu'il aura téose tire son origine d'un mot grec qui signi
reçue, et ce pour demander la prorogation du bail, fie planter, améliorer une terre; et, en effet,
moyennant une ou 2 nouvelles augmentations de ca l'emphytéose n'était en général accordé que
non qu'il portera alors chaque fois à 500 fr. sous la condition de défricher et d'améliorer.
Le bailleur pourra aussi de son côté répliquer à Ce contrat est fort rare aujourd'hui et n'est
chacune de ces notifications, qu'il n'entend pas con †
guère en usage que pour les biens cédés
sentir à la prorogation du bail, mais à charge par lui des particuliers par la couronne, le gouver
d'offrir au preneur une augmentation d'indemnité de nement ou les hospices ; mais il en existe en
s,ooo fr. pour chaque fois que le preneur aurait fait core un très grand nombre qui ont été faits
des offres de 500 fr. d'augmentation par canon. anciennement.
Cette sorte d'enchère ouverte entre le bailleur et le Si donc le détenteur actuel de l'héritage le
preneur ne sera terminée qu'après qu'une notification ssédait seulement à titre d'emphytéose, le
sera restée un mois sans réplique. ermier devrait examiner pendant combien
Si la dernière notification a été faite à la requête du de temps l'emphytéote a encore droit à la
preneur, le bail sera prorogé pour 20 années, moyen jouissance et ne pas accepter bail pour un es
nant l'augmentation de canon qui résultera de cette pace de temps plus considérable; car il est
dernière notification, et alors un acte authentique de de principe que nul ne peut transporter à au
renouvellement sera passé aux frais du preneur, qui ne tre plus de droits qu'il n'en a lui-même; en
serait pas pour cela dispensé des frais d'une visite et sorte que, quelle qu'en soit la durée stipulée
de fournir une déclaration. par le bail, la jouissance du fermier finirait
Si la dernière notification a été faite à la requête du nécessairement avec celle de l'emphytéote.
bailleur, le présent bail sera terminé le........ ; mais le Si la concession a été perpétuelle, le posses
bailleur sera obligé de payer au preneur l'indemnité seur est réellement propriétaire; il ne pour
qui résultera de la dernière notification. Cette indem rait être dépossédé qu'autant qu'il ne paierait
nité sera exigible par moitié de 6 mois en 6 mois, à as la redevance stipulée, et même en ce cas
partir de l'époque fixée pour l'expiration du présent e bail, s'il avait été fait et accepté de bonne
bail. foi, ne pourrait être résilié.
Dans le cas de prorogation du bail, en conformité
des conditions prescrites par le présent article, il est S IV. — Bail à culture perpétuelle ou locatairie
entendu que la cession de la dernière récolte, ainsi que perpétuelle.
le paiement de la construction des usines que le pre
neur aurait pu faire construire, seront reportés à l'ex On appelait ainsi un contrat par lequel un
piration du second bail, ainsi que le mode de jouis fonds de terre était affermé à perpétuité à la
sance établi pour les dernières années. charge de le tenir constamment en état de cul
Si, à l'expiration du bail, le bailleur était alors re ture et d'en payer annuellement une redevan
présenté par plusieurs ayant-droit occupant diverses ce au bailleur ou à ses héritiers. Ce bail était
résidences, les notifications qui pourront être faites à donc une véritable aliénation de la propriété,
la requête du preneur, relativement à la prorogation du moyennant une rente foncière ; il conférait au
bail le seront en la demeure de ceux desdits ayant preneur tous les droits du propriétaire, à
droit qui résideraient à Roville ; et, dans le cas où il charge seulement de payer la redevance an
n'y en aurait pas, elles seraient faites alors en la de nuelle que la loi du 18 décembre 1790 a décla
meure de celui qui demeurerait dans le lieu le plus rée essentiellement rachetable.
rapproché. Ces domiciles sont ainsi élus par le bail
leur, relativement à ces notifications seulement, S V. — Bail à demaine congé b'e.
32o Résiliation du bail pour inexécution des con
ditions. Faute par le bailleur ou par le preneur de Ce bail, si commun encore dans plusieurs
remplir, chacun en ce qui le concerne, aucune des clau départemens compris dans les limites de l'an
ses, charges et conditions auxquelles ils se sont respec cienne Bretagne, est un contrat par lequel ce
tivement soumis par les présentes, celle des parties qui lui à qui appartient la propriété p: rfaite d'un
· CHAP. 3°. DE LA RÉGIE. 877
habituellement à des actes de commerce, les Les associations agricoles n'ayant d'autre
CHAP. 3°. ASSOCIATIONS AGRICOLES EN COMMANDITE. 379
but que de se livrer dans l'intérêt commun loitation en les associant aussi à sa fortune.
aux travaux agrestes et à la culture du sol, 'intérêt est un des plus puissans mobiles de
ne sauraient avoir de leur nature le caractère l'intelligence et de l'énergie de l'homme; en
commercial; sauf le cas où l'on joindra quel faisant briller à ses yeux l'espoir d'améliorer
† usine importante, telle que manufacture sa condition et celle de sa famille en propor
e sucre indigène, grande féculerie et autres tion de son travail et des soins qu'il #
établissemens § qui pourraient don porte, on est certain de tirer du labeur du
ner à l'association un caractère commercial, travailleur bien # tout le fruit qu'il peut
mais en supposant que l'association fût de sa produire. Ce mode d'association a été intro
nature purement civile, ici se présente la ques duit avec les avantages les plus incontestables
tion de savoir si, en la revêtant de l'une des dansl'exploitation des mines de Cornouailles
formes consacrées par le Code de commerce, et récemmenten France dans quelques usines
on ne luiattribuerait pas immédiatementetpar deSaint-Etienne.Voici comment M. BABBAGE,
† de la convention le caractère ou plutôt
outes les conséquences des sociétés commer
savant économiste anglais, en résume les
avantages. -
TITRE TROISIÈME.
DE L'ORGANISATION DU DOMAINE.
Lorsqu'on s'est procuré à un titre quelcon suivent, lesquels passent les uns aux autres par des
que la jouissance d'un fonds productif, les nuances souvent peu tranchées et difficiles à saisir.
principes de l'économie de l'agriculture en ter SYsTÈME. Culture des végétaux. Dans ce sys
seignent que pour l'exploiter il est nécessaire tème on s'adonne principalement à la culture et au
dy établir un certain nombre de services qui, travail des végétaux , ou au moins ceux-ci forment à
d'une manière plus ou moins directe, con bcaucoup près la branche la plus importante des reve
courent avec le fonds lui-même à la produc nus de l'établissement. Nous en avons des exemples
tion agricole. L'établissement de ces divers dans la culture des plantes potagères, des fourrages et
services constitue ce que nous appelons ici des céréales, près des grandes villes ou autres localités,
l'organisation du domaine. où les engrais sont abondans et à bon compte, ainsi
L'organisation d'un domaine rural exige que dans celle des forêts, des prairies , des oliviers,
beaucoup d'expérience, de tact et de connais des mûriers, des vignes, du houblon, des pépiniè
sances, et influe puissamment, suivant qu'elle res, etc.
a été faite avec habileté ou avec ignorance, sur 2° SrsTÈME. Éducation des animaux. Ce système
les succès et les revers de l'établissement. On comprend l'éducation, l'entretien et l'engraissement
doit autant que possible s'attacher dès l'ori des bestiaux sans culture de la terre , avec les résidus
# à suivre une bonne direction; des erreurs des établissemens industriels ou des grandes villes, ou
égères en apparence causent parfois votre en achetant des fourrages, louant des pâturages, etc.;
ruine ou bien il s'écoule beaucoup de temps on y rattache aussi l'éducation des oiseaux de basse
et on perd beaucoup d'argent avant qu'on cour, des vers à soie, des abeilles et celle des pois
puisse rentrer dans la bonne voie. sons dans les étangs toujours en eau , etc.
Les † d'une sage économie prescrivent 3° SysTÈME, ou Système mixte. Dans ce système, qui
de faire dans l'organisation d'un domaine rural est une combinaison des 2 précédens et embrasse la
tout ce qui est nécessaire pour l'exploitation rai majorité des établissemens agricoles, la culture des vé
sonnée du fonds, mais aussi rien que ce qui est gétaux est réunie à l'éducation des animaux suivant
nécessaire. Si tous les services n'ont pas été un rapport infiniment variable. C'est ce système que
établis convenablement, si on a mis une éco nous aurons principalement en vue dans les détails
nomie mal entendue dans leur organisation, où nous allons entrer sur l'organisation du domaine
on ne parviendra jamais à tirer du fonds tous rural. -
les fruits qu'il est capable de donner, et, si on Quand on est fixé sur le système économique d'a
a été au-delà du but, on a la plupart du temps près lequel on exploitera un fonds rural , il faut déter
engagé des capitaux qui deviennent impro miner le système de culture qu'on adoptera pour le
ductifs ou dont les intérêts grèvent inutile mettre en valeur. Ce système varie nécessairement avec
ment la production et dont personne ne con le pays et les circonstances.
sentirait à rembourser la valeur dans le cas Tantôt le domaine en entier est consacré au pâtu
où on voudrait vendre ou céder sa propriété. rage, tantôt on l'exploite par la culture triennale avec
Les fonds productifs dont se compose le jachère; ici on peut introduire la culture des céréales
territoire d'un pays peuvent être, les uns en avec prairies naturelles, là un assolement avec prai
friche et à l'état de nature, tandis que les ries artificielles et la culture sarclée des plantes com
autres ont déjà reçu des améliorations fon merciales.
cières plus ou moins importantes; dans les C'est encore en s'occupant du système de culture
1er* tout est à organiser, et, comme ce cas est qu'on doit déterminer la manière dont les bestiaux se
le plus général, c'est celui que nous prendrons ront alimentés, soit à l'étable où ils resteront cons
pour exemple dans l'ensemble de ce titre, en tamment, soit en partie à l'étable et en partie au pâ
supposant que l'entrepreneur possède les ca turage, soit enfin, uniquement au pâturage ou dans
pitaux nécessaires pour donner à chacun des les champs où on les tiendra toute l'année.
services le développement qu'il exige dans un Le système de culture étant déterminé, on passera
établissement , dirigé suivant les principes au plan de culture ou à l'assolement. Celui-ci comme
d'une bonne administration. on sait, comprend deux choses principales. 1° La pé
riode de l'assolement qui peut être, suivant les circon
Avant de songer à organiser un domaine, il est in stances, d'un plus ou moins grand nombre d'années.
dispensable d'avoir une opinion arrêtée sur le système 2° La rotation qui détermine le choix des plantes
d'exploitation au moyen duquel on se propose d'en ti qui entreront dans l'assolement et la manière dont elles
rer des fruits, parce que les systèmes divers adoptés en se succéderont.
agriculture réclament la plupart dn temps une orga Enfin, après avoir raisonné le plan de culture, il con
nisation qui leur est propre et que tous n'ont pas un viendra d'étudier le mode d'aménagement qu'on sui
égal besoin des services qui composent une organisation vra pour tirer le plus grand produit des terres dans
complète. l'assolement dont on aura fait choix. Ce mode d'amé
Le choix d'un système d'exploitation comprend à nagement doit avoir pour but : 1° de déterminer les
son tour celui d'un système d'économie rurale, de cul moyens qui permettront d'entretenir ou d'accroitre la
ture et d'aménagement, expressions sur lesquelles nous fécondité de la terre et de la maintenir dans un bon
†º qu'il importe de s'entendre avant d'aller plus
01Il .
état de propreté, d'ameublissement, de profondeur et
de richesse. Ainsi on s'occupe de la quantité d'engrais
Pour exploiter un fonds, on peut d'abord choisir en que doit recevoir chaque sole, du nombre de façons
tre les 3 principaux systèmes d'économie rurale qui qu'on lui donnera, etc. 2° De faire choix des moyens
CHAP 1er. DES CAPITAUX. 381
d'exécution, c'est-à-dire des agens du personnel qui Voici maintenant les divers services dont un do-"
doivent la cultiver et des instrumens qu'on y emploiera, maine exploité suivant le système mixte réclame l'or
etc. 3 ° De l'exécution, c'est-à-dire de la manière par ganisation : 1° Le service des capitaux. 2° Celui du
ticulière dont tous les travaux sel ont exéculés et des personnel. 5° Le service du fonds lui-même. 4° Le
époques où on les entreprendra. service de l'inventaire qui se partage en inventaire vi
Nous ne nous occuperons pas davantage de ce sujet vant qui comprend les bétes de trait et de rente et en
qui, ainsi qu'on le voit, embrasse presque toute l'admi inventaire mort ou mobilier proprement dit. 5° Le ser
nistratien rurale et sur lequelles chapitres suivans sont vice des engrais. 6° Enfin divers services qui ont
destinés à répandre beaucoup de jour; d'ailleurs nous le une certaine importance dans un établissement un peu
reprendrons en particulier lorsque nous traiterons du considérable.
choix qu'il convient de faire d'un système d'exploita
tion pour un domaine.
Les capitaux ont pour destination de faire la portion du capital d'exploitation destinée à
les avances nécessaires pour l'organisation de opérer des améliorations foncières, et nous
tous les services d'une exploitation rurale et traiterons dans le chapitre III ci-après des
pour les mettre et les entretenir en activité. rincipes économiques qui doivent diriger ce
Nous les étudierons particulièrement sous le ui qui les entreprend.
rapport de leur distribution entre les divers Le rapport entre les deux portions du capital
services, de leur économie, des causes qui in foncier que nous venons d'indiquer peut varier
fluent sur leur quotité, et enfin de leur éva à l'infini. Il dépend principalement 1° de l'é
luation; mais avant de nous occuper de ces tat du fonds; 2° du système d'économie rurale
divers sujets nous devons dire un mot sur le qu'on se propose d'adopter et qui exige des
capital foncier. travaux plus ou moins considérables d'art, de
défrichement, etc, ou des bâtimens plus ou
SECTIoN Ire. — Du capital foncier. moins vastes; 3° du système de culture qu'on
suivra et qui nécessitera des améliorations va
Nous savons déjà que le capital foncier est riables avec le système ; 4° et enfin de circon
destiné principalement à payer le prix d'ac stances locales qu'il sera facile d'apprécier,
quisition du domaine et on a donné dans le quand on aura étudié le fonds et le pays qui
titre précédent des instructions détaillées pour l'entoure.
mettre un entrepreneur à même d'en faire un Dans quelque état que se trouve un fonds,
emploi avantageux et de ne pas courir,, par les principes d'une bonne administration pres
une spéculation imprudente, le risque de le crivent à celui qui veut l'exploiter de le por
perdre. ter le plus promptement possible au plus haut de
Les avances qu'on est ainsi obligé de faire gré d'amélioration foncière dont il soit suscep
pour acquérir ſa propriété d'un fonds sont, tible. C'est le mode le plus rationnel qu'on
toutes choses égales, d'ailleurs proportion puisse adopter pour en tirer tous les fruits
nelles à l'état d'amélioration dans lequel se trouve qu'on est en droit d'en attendre par une ex
ce fonds. Si le domaine a déjà reçu toutes les ploitation bien dirigée. L'application de ce prin
améliorations dont il est susceptible et qu'il cipe exige donc impérieusement qu'on mesure
n'y ait plus aucune avance à faire à cet égard, ses forces, qu'on partage avec discernement
le prix stipulé dans le contrat de vente re en 2 parties bien distinctes le capital qui de
résente à la fois la valeur intrinsèque du vra recevoir une destination foncière, l'une
onds ainsi que celles de toutes les améliora pour le prix d'acquisition et les frais divers
tions qui † y avoir été opérées.Au con qui sont la suite du contrat, et l'autre pour
traire, si le fonds est en friche, qu'il n'y ait ni les améliorations foncières immédiates qui
chemins, ni clôtures, ni bâtimens ruraux, la doivent être faites avec l'étendue convenable
somme payée au propriétaire ne représente d'après un plan arrêté à l'avance et des devis
alors que la valeur du fonds à l'état brut, et si aussi exacts que possible. -
l'acquéreur veut en tirer des fruits et l'ex Une conséquence naturelle de ce principe
ploiter convenablement, il est dans la néces c'est de ne pas acquérir un domaine trop vaste
sité de faire de nouvelles avances pour opérer pour les capitaux dont on dispose, ou bien
les améliorations que réclame ce fonds. où les améliorations à faire exigeraient des
Lorsque les améliorations nécessitent de sommes bien supérieures à celles qu'on pos
grands travaux immédiats qu'on entreprend sède. C'est une erreur bien funeste que
avant d'exploiter le fonds, comme la construc d'employer tout son capital foncier à l'acquisi
tion de bâtimens d'exploitation, des travaux de tion d'un domaine négligé; on se consume
terrassement, de desséchement, etc., on y alors en efforts impuissans et le fonds, qui
consacre généralement des sommes qu'on a n'a pu recevoir l'organisation suffisante pour
dû mettre en réserve pour cet objet et qui être exploité convenablement, ne donne que
font en réalité partie du capital foncier. Mais des fruits chétifs qui paient à peine les inté
lorsque le domaine est déjà sur un pied ex rêts du capital foncier.
ploitable et qu'il ne s'agit que d'y opérer des
améliorations légères et successives, les som SECTIoN II. - Du capital d'exploitation.
mes auxquelles on donne à diverses époques
cette destination foncière sont assez souvent $ I".-De la distribution du capital d'exploitation.
prélevées sur le capital d'exploitation.
Nous parlerons ns la section suivante de De même que dans tout autre genre d'in
382 ADMINISTRATTIoN RURALE. Lrv. vff.
-
à surface égale et dans les mêmes conditions fermage avant de pouvoir compter sur le pro
agricoles dans les pays de grande culture (1). duit des récoltes, ou enfin de payer, comme
Ii ne faudrait pas croire néanmoins que cet arantie de son exactitude à s'acquitter du
avantage que présentent les grandes exploita ermage, une ou deux années de loyer à l'a
tions, d'exiger un capital moins considérable, vance,etc.,
celui-là, disons-nous, a besoin d'un
soit un motif suffisant pour leur donner la plus fort capital que si ce contrat ne lui im
référence; un entrepreneur prudent ne se , posait pas ces charges. L'époque à laquelle on
aissera pas séduire par une semblable consi entre en jouissance, et qui peut être plus ou
dération, même quand il serait habitué à ma moins éloignée de la saison où l'on fait les ré
nier de grandes affaires; il prendra un éta coltes et où l'on doit compter sur des rentrées,
blissement dont l'étendue et l'état seront en augmente ou diminue aussi proportionnelle
ment le capital d'exploitation. La longue durée
rapport avec ses connaissances, sa capacité et d'un
surtout avec ses moyens pécuniaires. Le but bail peut aussi déterminer un fermier à
d'une entreprise agricole bien conduite n'est faire quelques améliorations foncières et à
pas d'exploiter une grande surface, mais de consacrer par conséquent à son exploitation
tirer, sans épuiser la terre et , avec les capi des sommes plus considérables qu'il n'eût fait
taux qu'on peut consacrer à la production, dans le cas contraire. Enfin, un bail fait sous
les plus gros bénéfices possibles d'une certaine signatures privées ou pour le renouvellement
surface. -
·| duquel on n'exige pas ces supplémens de fer
Le système d'économie rurale, au moyen du mage connus sous le nom de pot-de-vin, d'épin
quel le fonds est mis en valeur. - Il est des gles, etc. ne nécessite pas qu'on fasse l'avan
ce d'un capital aussi fort que celui où il faut
biens ruraux, tels que les bois et forêts, les
prairies, les pâturages, les étangs, etc., qu'ºn payer des frais d'expertise, des émolumens
ut prendre à bail et dont on peut recueillir au notaire et qui impose les charges dont nous
† fruits avecune avance de capitaux géné venons de parler, lesquelles doivent être or
ralement bien moindre que celle qui serait dinairement acquittées avant l'entrée en
nécessaire pour affermer et mettre en valeur jouissance.
un fonds du même prix ou de même étendue Les qualités personnelles de l'entrepreneurin
qui consisterait en terres arables ou en vi fluent enfin d'une manière bien remarquable
sur la quotité du capital d'exploitation. Un
gnes. - -
ropriétaire ou un fermier doué d'un bon
Le système de culture joue un rôle important
dans l'évaluation du capital, et personne n'i onds de connaissances agricoles emploiera
gnore que le système triennal avec jachère dedes méthodes perfectionnées, il aura moins
complète, tel qu'il est pratiqué encore dans non-valeurs et fera moins de fautes que
une grande partie de la France, exige un ca celui † est ignorant; il ménagera ainsi son
capital et n'aura pas besoin d'un fonds de ré
pital moins considérable que laculture alterne serve
ou avec prairies artificielles, et que celle-ci aussi fort. Celui qui aacquis de l'habileté
à son tour nécessite bien plus d'avances quand dans le commerce des bestiaux, l'achat des ani
on fait entrer dans la rotation les plantes sar maux de travail ou des objets de consomma
clées et très épuisantes, telles que la garance, tion organisera ces services mieux qu'un au
le tabac, etc. - -
tre et à meilleur compte. Celui qui est doué
En général, plus un établissement rural d'intelligence ou de perspicacité saura profi
sera organisé avec soin dans ses divºrs servi ter des circonstances favorables pour monter
ou entretenir les services de son établisse
ces,plu§ il sera administré et dirigé d'après de ment à bon marché, et découvrira une foule
bons principes économiques et agricoles, plus
aussi, pour une même surface, il exigera de de moyens simples qui, tout en économisant
capitaux
té, plus cepour l'exploiter.Mais
capital sera employéd'un
avecautre cô le capital, ne nuiront en aucune façon à l'or
intelli †ºn et à la bonne administration de la
6I'IIl0.
ence et discernement, plus aussi seront gros -
La nature et les clauses du bail.-Un fermier Maintenant que nous connaissons les cau
qui prend à bail un fonds de bestiaux ou une
ferme garnie d'un cheptel n'a pas besoin de ses principales qui influent sur la quotité du
faire d'avances pour l'organisation de ce ser capital d'exploitation, cherchons à évaluer
d'une manière générale celui qui est néces
vice. Il en est de même de celui qui entre dans saire dans un établissement rural.
une ferme où son contrat lui assure, sans in
demnité, la jouissance des pailles et fumiers La condition la plus essentielle à laquelle
on doive satisfaire relativement à l'évaluation
laissés par son prédécesseur.,Au contraire,
celui que les clauses de son bail obligent à ac: du capital d'exploitation, c'est que, pour un do
quitter une partie des charges publiques, qui maine déterminé, ce capital soit suffisant pour
grèvent la propriété, à faire assurer les bdti organiser d'une manière complète et pour
faire marcher le plus régulièrement possi
mens ruraux ou à des réparations foncières,
qu'elles contraignent à payer les 1" termes du ble l'établissement. Écoutons, sur ce sujet
' (1) Quoique les petits propriétaires, locataires ou ménagers IlC possèdent quelquefois pas en objets mobiliers
pour une valeur de cent francs, ce sont eux cependant qui de tous les agriculteurs emploient peut-être le plus
gros capital à leur exploitation.Ce capital est représenté par leur travail et celui de leur famille, et on conçoit
que le travail de 4 à s personnes appliqué toute l'année avec une infatigable activité à un hectare de terre et
quelquefois à moins, dépasse de beaucoup en valeur le capital qu'on consacre a cette même surface dans les
pays où l'agriculture est la plus florissante et la plus perfectionnée, mais où elle s'exerce sur une échelle plus
grande.
CifAP, 1er, DES CAPITAUX. 385
intéressant, Ies paroles d'un agronome habile nécessaire pour une exploitatïon dont l'éten
due sera de 500 hect.
et expérimenté(1). -
« On trouve dans le capital consacré à une La seconde base ou celle qui fixe le capital
entreprise agricole une des conditions les plus proportionnellement à l'étendue du terrain dont
importantes du succès qu'on peut raisonna se compose un domaine, paraît plus raison
blement en attendre. Si ce capital est insuffi: nable, mais elle n'a d'exactitude qu'autant
sant, en vain le cultivateur se trouvera placé qu'on tient compte des causes qui peuvent
dans des conditions d'ailleurs les plus favora élever ou abaisser le chiffre de ce capital et
bles; en vain il possèdera les connaissances, que nous avons fait connaître en partie dans le
l'activité, l'esprit d'ordre qui pourraient as paragraphe précédent.
surer le succès de son entreprise; il se trou Néanmoins, comme les agronomes et les
vera entravé dans toutes ses opérations, de praticiens ont employé presque générale
telle manière que s'il n'échoue pas dans une ment ces 2 modes d'évaluation du capital,
entreprise d'ailleurs bien conçue, il verra du nous choisirons dans leurs ouvrages, quelques
moins reculer à un temps très éloigné les bé exemples de la quotité du capital nécessaire
néfices qu'il pouvait en attendre. Compter sur pour des systèmes divers d'économie rurale et
les bénéfices pour compléter un capital insuf dans des pays dont les systèmes de culture
fisant est le calcul le plus erroné; car le capi sont bien connus.
A
(1) Du succès et des revers dans les améliorations agricoles, par M. de DoMBAsLE, Ann. de Roville, T. VIII,
pag. 66.
AGRICULTURE. 100e livraison. ToME IV. — 49
ADMINISTRATION RURALE. L1V, VI1.
386
d'Anvers, Lierre, Malines et l'Escaut, et si remar nal, et où 10 hect. sont en blé, autant en menus
quable par son excellente culture, une petite ferme de grains et le reste en ſourrage ou racines et en guéret
15 hectares, dont 13 seulement sont en terres arables, pour aménager les terres et les nettoyer; sur laquelle
exige un capital de 8,ooo ou 555 fr. par hectare. Là on entretient un troupeau de 80 brebis, 72 agneaux,
le sol est un loam sableux et sec, amélioré par une lon 2 béliers, 2 vaches, 1 taureau, s chevaux, quelques
gue culture, et qu'on fume abondamment; l'assolement porcs et volailles, et enfin où le personnel est composé
est quinquennal, savoir : 1° Pommes de terre, 2° sei de 8 individus, 5 de la famille du fermier et 3 domes
gle, 3° avoine, 4° trèfle, 5° froment; après celui-ci, tiques, il faut, selon M. de MonocUEs, un capital de
ainsi qu'après le seigle, on fait suivre dans la même année 20,000 fr. ou 500 fr. par hect., savoir : 10,300 fr.
les carottes ou les navets. Le personnel se compose du pour objets mobiliers, et 9,700 fr. pour capital de
fermier et de sa femme, 2 valets, 1 jeune garçon, roulement.
2 servantes, en tout : 7 personnes, et le cheptel de Le systèmetriennal amélioréqui s'est répandudans un
2 bons chevaux et de 10 vaches. Le capital de cheptel est assez grand nombre de nos départemens paraît exiger un
de 5,3oo fr. environ, et celui de roulement de 5,700. capital à peu près égal à celui fixé par M. de DoMBAsLE.
(Id. II, p. 594). Dans le voyage agronomique entrepris en 1855, par
M. AELBRoEck dans son ouvrage sur la culture de M. MoLL, dans les départemers de l'Oise, de Seine-et
la Flandre, dit qu'une ferme belge pour être exploitée Oise, de l'Eure et de la Seine-Inférieure, où le sol est
convenablement, exige un capital à 7 fois le prix du généralement sablo-argileux , ce savant professeur a
fermage. remarqué que le capital d'exploitation s'élevait la plu
En France, suivant M. Cordier dans son livre sur part du temps dans les fermes les mieux tenues de 2
1'agriculture flamande, les fermiers des environs de à 3 charrues d'étendue (60 à 1oo hect. terme moyen)
Lille, qui consacrent leurs terres généralement fortes de 5oo à 560 fr. par hect. et jusqu'à 45o fr., dans
et humides à la culture du lin, du tabac, du colza, l'ancien Vexin où l'on élève beaucoup de bestiaux.
ont besoin d'un capital de 566 fr. qui se répartit de la Dans le pays pris plus haut pour exemple par
manière suivante : M. de MoRoCUEs, les fermes de 40 hect. où l'on suit
Travaux annuels . . . . 1 12 #) encore l'assolement triennal ancien, où le fermage est
Achats d'engrais . . . . . 124 » de 15 fr. l'hect., le personnel de 6 individus, le
Entretien du cheptel (12 p. 0fo). 20 » cheptel de 60 brebis, 40 agneaux, 2 béliers, 6 vaches,
Fermage . . - 70
1 taureau, 5 chevaux , quelques porcs et oiseaux de
Cheptel - - - - - - -
basse-cour nécessitent environ, selon lui, un capital de
240.
Total. . . . 566. 10,500 fr. ou 260 fr. par hect., savoir : 4,8oo pour
le capital circulant, et 5,7oo pour l'inventaire.
dans lequel ne sont peut-être pas compris encore plu M. de GAsPARIN cite dans son Guide des proprié
sieurs frais généraux. taires de biens ruraux affermés une estimation faite
La partie du département de Vaucluse, spécialement en 182o par la Société d'Agriculture de Provins (Seine
consacréeàla culture de lagarance,celle du département et-Marne), des frais et dépenses pour une ferme du
des Bouches-du-Rhône, qui reçoit les arrosages de la pays, de 216 hectares de terres arables de 1" qualité,
Durance, les environs de Marseille et de Nîmes offrent plus 10 hectares de prairies, cultivées suivant le sys.
des positions agricoles très riches. Dans l'assolement tème triennal ancien, système encore très répandu
de garance, luzerne et blé qui est le plus perfec dans une vaste contrée qui avoisine Paris, et où le ca
tionné de tous ceux où l'on intercale cette racine tinc
pital d'exploitation est évalué à 27,6oo fr. environ ou
toriale et quand la culture a toute son activité, les 122 fr. par hectare, savoir : 13,5oo fr. pour le mobi
capitaux de roulement du fermier, suivant M. de lier et le cheptel, composé de 450 moutons, 10 chevaux,
GAsPARIN, sont distribués ainsi qu'il suit : 25 vaches et 1 taureau, et de 14,1 oo fr. pour le ca
Travaux et récoltes . . . . . . .. 158 pital circulant. Le fermage est estimé environ 25 fr.
Fumier. . . . . .. . 1 55 ) 510, par hect.
Cheptel (12 p.°/, de 2oo fr.). .. 17 Enfin dans les fermes à pâturages le capital dépen
D'où l'on voit qu'en y ajoutant le cheptel et le ferma dant du prix des bestiaux dont on charge les pâturages
ge, les cultivateurs de garance ont besoin d'un capital suivant leur qualité, du nombre de têtes confiées à un
de près de 600 fr. par hect. pâtre, des frais de fabrication du beurre et du fro
§ un système d'assolement avec prairies ar mage, peut être difficilement évalué, même par ap
tificielles, le capital n'est pas ordinairement aussi proximation, d'une maniére générale, quoiqu'on sache
considérable que dans les cas précédens. très aisément l'évaluer au contraire dans chaque localité.
M. de DoMBAsLE, en prenant une moyenne en France, En Auvergne, suivant M GRoGNIER, une bonne vache
entre les diverses circonstances qui peuvent élever ou de montagne de Salers vaut 150 fr. et donne lieu an
abaisser le chiffre du capital d'exploitation nécessaire nuellement à 100 fr. de déboursés pour son entretien.
sur un domaine, pense que pour une exploitation de 2oo
hect. on peut admettre qu'un capital de 60,000 fr. ou Les exemples ou les méthodes d'évaluation
500 fr. par hect. sera suffisant dans la plupart des cas pour du capital d'exploitation dont nous venons de
l'introduction immédiate d'un systeme de culture alter parler peuvent servir à estimer approxi
ne, mais qu'il y a très peu de circonstances où il soit pru mativement ce capital, ou à donner des no
dent de former une entreprise avec un capital moindre tions générales sur l'étendue et la nature du
ue celui-ci. Pour une exploitation de moitié cette domaine qu'on pourra, d'après ses ressources
§ c'est-à-dire pour 1oo hect. il porte ce ca et ses moyens, espérer d'exploiter avec suc
pital à 4oo fr. par hect. ou 40,000 fr., et un accrois cès dans les pays qu'elles embrassent; mais
sement de même progressif à mesure que l'étendue de elles pourront paraître vagues à un adminis
l'exploitation diminuerait. trateur expérimenté, qui, au moment d'en
Dans les parties du département de la Loire, qui pro trer en iouissance et de mettre la main à l'œu
duisent le plus de blé, c'est-à-dire dans la Beauce et vre, a besoin d'un moyen plus sûr et plus
le val de la Loire, une ferme de 40 hect. en terre à exact d'évaluer le capital qu'il devra mettre
froment de qualité moyenne, payant un fermage de en avant pour organiser et mettre en activité
s2 fr. l'hect, cultivé suivant l'assolement quadrien- t son nouvel établissement.Voici une méthode
CfIAP. 1er. DES CAPITAUX. 387
ui paraît pour cela plus conforme aux règles s Machines et ustensiles de latterie à lait, a
† bonne administration. -
d'observations et de cotes de prix, qui vont 9ºiºdiver pour la préparation, la conservation ou l, consommation
des alimens, ustensiles et outils pour le blanchissage du linge, pou.
nous servir actuellement à établir un calcul l'ºtrºtien et la réparation des objets mobili§, objets divers pour la
d'évaluation du capital d'exploitation. D'un cave, le cellier, le bûcher, ete.
autre côté, l'administrateur a déjà dû se fixer i. Pompe à incendie, échelles, seaux, tuyaux.
sur le système économique et sur celui de
culture qu'il adoptera sur le domaine sui B. CAPITAL DE RoULEMENT oU CIRCULANT.
vant les circonstances et la qualité des terres,
et cette détermination lui a servi à établir le 1º Pour la nourriture et l'entretien des bêtes
plan sur lequel devront être organisés les di de trait et des bestiaux jusqu'à la récolte.
Vers services et le devis de tous les travaux
de culture, d'après les bases posées dans no Grains, racines, fourrages, tourteaux, résidus di
vers, etc.
tre chapitre sur l'estimation des domaines.A
ce devis, il ajoutera tout ce qui est relatif au Soins du vétérinaire, ferrure, frais d'assurance des
animaux.
service de l'administration et tout ce qui con
cerne les matières d'intérêt général , puis, il 2° Salaire des employés de la ferme
dressera de la manière suivante le tableau de 1" serviteur, garçons de charrue, charretiers, bou
toutes les avances auxquelles l'exploitation ré viers, bergers, filles de basse-cour et de ménage, etc.
gulière du domaine pourra l'obliger. Nous 3" Salaires des manouvriers.
avons omis en partie les détails pour ne pas
donner trop d'étendue à ce tableau, et laissé Semeurs, faucheurs, moissonneurs, botteleurs, ter
les prix en § afin que chacun puisse les rassiers, irrigateurs, taupiers.
remplir
choisie.
suivant ceux de la localité qu'il aura 4° Dépenses diverses
Frais d'expertise, d'arpentage, de contrat. pot-de
vin, indemnité au fermier sortant, pour pailles, fu
TABLEAU D'ÉVALUATION DU CAPITAL miers, travaux de labourage et d'ensemencement et
D'EXPLOITATION. achat d'engrais divers.
tres, etc.
Charrues, herses, houes à cheval, extirpateurs, semolrs, socs et ver
*ºirs de rechange , ete., échalas, Perches a houblon, ramas à légu
mineuses, etc.
9° Entretien des objets immobiliers.
Assurance des bâtimens, frais divers de réparation
b. Instrumens de transport. et d'entretien des bâtimens, haies, clôtures, fossés, che
Charriots charrettes, tombereaux, bâches en toile, échelles à fumier mins, travaux de desséchement, etc.
ºt à fourrages limonières, brancard, volées, roues de rechange, sabots
d'eurayage, chevre, clef, crie à démonter et graisser les roues, etc. 10" Entretien des objets mobiliers.
c Instrumens à main. Entretien du service des bêtes de trait (12 p. oſo
Brouettes. civières, pelles, fourches, crocs, houes, par an).
binettes, pioches,
râteaux, bèches. faux, faucilles, etc, Des bêtes de rente (s p. oſo de la valeur primitive).
d. Harnachement. Des objets du mobilier proprement dit (2o p °/,
Colliers de chevaux, guides, bridons, selles, dossières, avaloirs | col par an).
liers de bœuf, jougs, chaines de tirage, etc. Frais d'assurance des récoltes sur pied et rentrées.
e. Instrumens et objetsd'écurie, d'étable, porcherie, 11° Améliorations foncières.
garenne, basse-cour et colombier. Marnages , terrassement , clôtures, assèchement »
Licols, chaînes d'attache, sangles couvertes, hache-paille, coupe
épierrement, constructions et dépenses diverses, pour
racine», coffre à avoine, étri Il s, brosses, ePoussette», éponges. ciseaux,
seaux, lanternes, forces à tondre, outils à marquer les moutons, loge ºpter les lieux à votre convenance et à vo§e systeme
de berger, buchoirs, vases ou auges à abreuver, mºngeoires portatives, de culture.
rºteliers, chaudière avec son fourneau à faire cuire les alimens des ani
maux, écoppe et pompe à purin, ete.
12" Dépenses imprévues et fonds de ré
J. Machines et ustensiles de grange et grenier. SerVe.
Machiue à battre avee son manége, tarare, vans, fléaux, passoires, Epizooties, grêle, gelée blanche, inondations (dans le
tables, corbeilles, pelles, sacs divers, cordes toiles, mesures de di °as seulement où on n'a pas fait assurer les animaux
*rºs capacités, romaiu , balance, echelles ete .
et les récoltes), non-valeurs, fausses spéculations cas
LIV. VII.
888 ADMINISTRATION IRURALE.
fortuits, accidens aivers (de 10 à 20 p. olo du capital du domaine pour lequel ce devis aura été
établi.
d'exploitation suivant les cas). Nous terminerons, en faisantobserver qu'en
13° Intérêts des capitaux engagés et de rou parlant ici des capitaux, nous n'avons eu en
lement à 5 p. 0/0. vue que ceux qui servent à l'acquisition et à
Ce tableau une fois dressé, et toutes les et l'exploitation d'un bien rural proprement dit,
que si, à l'exploitation, étaient réunies une
sommes ayant été portées dans une colonne, brasserie, une distillerie, une fabrication de
les unes d'après les notes qu'on a prises, et
les autres d'après une évaluation aussi pré sucre de betteraves, etc., ces établissemens
exigeraient un devis particulier pour le ma
cise que possible, on les additionnera et leur tériel qui leur est nécessaire, ainsi que pour
somme formera au total le montant du capi le capitalde roulement destiné à les alimenter.
tal avec lequel on pourra s'engager avec con F. M.
fiance, si on a bien opéré, dans l'exploitation
surveillance de tous les instans, de l'expé Les qualités qu'on doit rechercher dans un
rience et une infatigable activité. Une bonne aide agricole sont nombreuses; et ce serait un
ménagère, surtout sur les petites fermes, projet chimérique que d'espérer qu'on ren
concourt pour une part fort importante au contrera des sujets qui les réuniront toutes
succès général de l'établissement, par l'habi à un degré éminent; ce qu'il importe princi
leté avec laquelle elle tire des profits d'une palement, c'est de faire choix de ceux qui sont
foule de produits qui ont peu de valeur et par doués des plus importantes , ou qui appro
la rigoureuse économie qu'elle apporte dans chent le plus du modèle d'un bon serviteur.
toutes les dépenses du ménage. Dans les La qualité à laquelle on doit peut-être at
grands établissemens son concours n'est pas tacher le plus grand prix, c'est la probité. Par
moins utile par le bon ordre qu'elle établit au homme probe nous n'entendons pas seulement
sein des services infiniment variés dont elle celui qui ne se livre à aucune infidélité par
est chargée, et par sa surveillance active, qui lui-même, mais le serviteur plein de zèle pour
maintient dans la ligne du devoir tous les agens les intérêts de son patron, qui veille à ce qu'il
390 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
ne soit commis aucun délit qui puisse porter les individus presentent des différences très
atteinte à sa propriété ou à ses droits, qui considérables dues au climat, au tempérament
s'acquitte avec conscience de la tâche §li'# ou aux habitudes ; les habitans des pays ma
est imposée et remplit tous ses devoirs avec récageux, par exemple, ne sont pas capables
exactitude et loyauté. Des aides sur la fidélitéde soutenir pendant long-temps des travaux
desquels on ne peut compter exigent que le agricoles un peu pénibles et sont bien infé
fermier prenne une foule de précautions, ou rieurs en force à ceux des pays secs et décou
établisse des moyens de surveillance qui fati verts ou aux habitans vigoureux des monta
guentsonattention,l'empêchent, au sein d'une † Dans quelques districts de l'Angleterre
vie de soupçons et de défiance et au milieu es laboureurs, selon SINCLAIR, habituent, par
d'une lutte continuelle entre lui et ses agens, indolence, les chevaux à aller d'un pas si lent
de se livrer avec abandon à des améliorations u'ils ne parcourent pas 3,000 mèt. à l'heure
utiles, entravent la marche accélérée des tra s les sols légers, tandis qu'ils devraient tra
vaux et occasionnent des frais qui chargentinu cer dans le même espace de temps un sillon dc
tilement la production. D'ailleurs, la vigilance plus de 4,500mèt. de développement. La nour
la plus attentive ne prévient pas toutes les riture niſ§i beaucoup sur la force et l'é
soustractions et ne parvient jamais à faire nal nergie des travailleurs, plus elle est abondante
tre le zèle chez des hommes sans conscience et animalisée, plus en général ils sont capables
et sans probité. - d'efforts musculaires soutenus, et plus elle
La moralité est aussi une qualité fort dési est chétive et réduite aux substances végéta
rable dans un aide agricole, et l'expérience les, plus l'énergie des hommes diminue et
journalière démontre combien des habitudes s'éteint.
d'ivrognerie et de débauche nuisent aux tra La difficulté de se procurer de bons servi
vaux ruraux et exposent souvent la propriété teurs engage souvent un agriculteur à les
de l'entrepreneur aux plus redoutables sinis aller chercher au loin ou à les faire venir des
tres. Il suffit souvent qu'un seul agent ait † où ils se distinguent par leur fidélité ou
une conduite irrégulière pour porter le désor eur activité, ou par des connaissances prati
dre et le trouble dans tout le personnel d'un ques. C'est une méthode qui a parfois réussi,
établissement.Cette qualitéetlaprécédentepa mais qui aussi n'a pas toujours eu les avanta
raissenttellement précieuses aux yeux de cer † qu'on s'en promettait. Dans les pays où
tains agriculteurs qu'ils n'hésitent pas à don 'agriculture prospère il n'y a généralement
ner la préférence à l'homme probe, loyal et ue les hommes les moins habiles et quelque
sobre, fût-il moins habile et moins actif, sur le ois les moins honnêtes qui consentent à
serviteur intelligent, adroit, mais dégradé par émigrer. Ceux qu'on parvient à déterminer à
des vices. se déplacer ainsi, tout intelligens qu'on les
. Quand aux qualités précédentes, un aide suppose, transportés ainsi au sein d'une po
joint encore l'intelligence et une instruction pulation de mœurs différentes, et appelés à
conforme à sa condition ou au service auquel exécuter des travaux nouveaux pour eux ou
on veut l'employer, il réunit à peu près tou à se livrer à des pratiques qu'ils ignorent,
tes les dispositions morales qui constituent perdent une partie de leurs avantages; quel
un bon serviteur. Un homme intelligent, qui quefois d'ailleurs, on n'obtient leurs services
a déjà des connaissances de pratique assez qu'au moyen d'un salaire élevé et fort supé
étendues, comprend mieux les services qu'on rieur au prix du travail dans le pays, et nous
exige de lui et peut être avec plus de sécurité croyons qu'il sera toujours prudent de réflé
abandonné à ses propres moyens ; d'ailleurs, chir avec maturité avant de se déterminer à
il est plus facile de lui faire sentir les avanta peupler un domaine d'agens appelés d'uncan
ges d'une conduite régulière, de l'ordre, du ton ou d'un pays lointain.
travail et de l'économie. Trop souvent les Une autre méthode †
paraît avoir donné
hommes ignorans sont opiniâtres, indociles, presque constamment de bons résultats, c'est .
difficiles à diriger et imbus de préjugés qu'il de faire choix de jeunes gens intelligens, et dans
est impossible d'extirper. l'âge où l'on est encore exempt de préjugés et
Les qualités physiques qu'on doit recher de dispositions vicieuses, appartenant à des
cher dans un aide agricole sont l'habileté et familles honnêtes et laborieuses, et de les
la force. L'habileté, dans les travaux mécani dresser suivant les besoins de l'établissement
ques, est le résultat de l'adresse et de la force en leur faisant contracter de bonne heure des
mises en action par l'intelligence. L'adresse habitudes de travail, d'ordre et d'économie.
est le fruit de l'exercice ou de la pratique Dans la Flandre on n'agit pas autrement, sui
chez uu individu conformé régulièrement et vant M. AELBRoECK. Là, les fermiers ont des
doué de bons organes. serviteurs à demeure qui sont tous les fils non
Les travaux agricoles sont, la plupart du mariés de la classe des petits exploitans. Ces
temps, si pénibles que la force est une qualité jeunes gens remplis de zèle et d'activité n'ont
physique désirable dans un serviteur. On d'autre espoir que de faire quelques écono
suppose qu'un homme fort résiste mieux à la mies, de trouver un jour une petite ferme, de
fatigue et qu'il fait plus d'ouvrage dans le se marier et de devenir indépendans. C'est là
même temps; mais, à cet égard, c'est moins le tout le stimulant de cette population chez qui
développement musculaire des individus qu'il l'amour du travail semble être inné et que
faut considérer que leur énergie et leur acti ne peuvent rebuter ni les fatigues ni les pri
vité. Les travailleurs chez qui on rencontrera VatiOnS.
ces dernières qualités feront certainement Mais, pour retirer de cette méthode les avan
plus d'ouvrage que des hommes plus forts et tages qu'elle peut procurer, il faut être soi
plus puissans qu'eux , mais indolens et sans même un agriculteur expérimenté et capable
énergie. Sous ce rapport, les populations et de former les autres à la pratique de l'art, il
CHAP. 2°. DES AIDES AGRICOLES. 391
faut s'armer de persévérance et se résoudre à Relativement à leur direction, nous nous
quelques sacrifices dont on ne peut attendre en occuperons dans un autre chapitre ; quant
la récompense qu'après plusieurs années. Un à leur choix, nous croyons avoir dit ici tout
entrepreneur ignorant ou négligent ne for ce qui peut guider en pareille matière. Il ne
mera jamais des serviteurs hafi s, mais en nous reste plus qu'à rappeler que nous nous
outre, sera toujours à la discrétion de ceux qui sommes déjà prononcés avec force (p. 266,, sur
ont plus d'expérience et de sagacité que lui. la légèreté avec laquelle on engage souvent
Ce sujet est trop important pour que nous les aides ruraux et l'imprévoyance qu'on met
ne cherchions pas à l'éclaircir par le témoi en introduisant au sein de la famille un homme
gnage d'un habile praticien. quelquefois inconnu ou qui n'est pas muni de
« L'homme qui voudra se livrer à une en certificats quiattestent sa moralité et sa bonne
treprise agricole, dit M. de DoMBAsLE (1), conduite. Ce n'est pas en allant chercher ses
trourera toujours sous sa main les sujets qui agens dans les lieux publics de réunions,
lui sont nécessaires, s'il veut se donner la peine comme on le fait quelquefois, et parmi des
de les chercher. Les † qu'on entend hommes qui passent successivement en peu
répéter si souvent sur la difficulté de se pro de temps d'une ferme à l'autre, qu'on peut
curer de bons valets de ferme ou d'autres espérer de faire un bon choix. L'expérience a
agens de culture, viennent généralement d'un démontré que les gens de cette condition
vice d'organisation dans le personnel des agens perdent constamment, par ces changemens
et souvent aussi d'un mauvais choix. Le chef fréquens, leur moralité et leur assiduité au
d'une exploitation rurale doit apporter une travail.
attention particulière à acquérir la connais On a souvent agité la question de savoir si
sance du caractère et des dispositions non-seu on devait donner la préférence aux serviteurs
lement des hommes qui sont à son service, mariés sur ceux qui sont célibataires.
Les uns, et c'est le plus grand nombre, ont
mais aussi de ceux qu'il peut s'attacher, et le
nombre en est toujours assez grand dans un pensé que, tout balancé, les garçons étaient
rayon peu étendu. Je ne parle ici que des dis préférables, et se sont appuyés sur les raisons
sitions et du caractère, parce que, quant à suivantes: Dans les fermes où il y a plusieurs
'instruction , si les subordonnés n'en ont pas, ménages de valets, il ne tarde pas à s'établir
il faut leur donner celle qui est nécessaire à des rivalités fâcheuses qui portent préjudice
l'objet auquel on veut les employer; ce qui à l'établissement. Souvent on est ainsi déter
n'est pas difficile, si on a bien choisi ses su miné à prendre à son service la famille entière
jets, et que le maître soit déterminé à y con du serviteur et d'employer des agens qui ne
sacrer beaucoup de soins. remplissent pas tous également bien leur de
« On trouve partout, parmi les simples ha voir. Les valets mariés exigent des logemens
bitans des campagnes, des hommes d'un sens plus étendus; parfois leurs enfans en bas âge
droit et souvent très intelligens, qu'il est fa commettent des désordres ou des dégâts) très
cile de plier aux habitudes qu'on veut leur souvent ils refusent de prendre leurs repas en
faire prendre; et je ne crains pas d'affirmer commun avec les autres gens de service et
ue, toutes les fois qu'on n'a pas réussi dans préfèrent manger dans leur ménage, ce qui
es tentatives de ce genre, c'est qu'on s'y est est pour eux une occasion de perdre beau
mal pris ; on a fait de grands efforts, trop coup de temps et nuit à leur moralité en les
grands peut-être, mais on les a mal dirigés. exposant à des tentations fâcheuses, pouramé
« Dans la classe des simples paysans on ne liorer le sort de leur famille : en outre, ces
manquera pas de trouver des hommes capables hommes ne pouvant trouver chez eux la même
de former de bons chefs dans une exploitation abondance qu'au sein de la ferme, sont moins
rurale, si l'on sait placer chacun au poste qui forts et moins actifs que ceux nourris en com
lui convient et tirer parti des moyens natu mun, et enfin, ils peuvent se soustraire au
rels de chaque individu ; mais il ne faut pas contrôle immédiat et à la surveillance conti
aussi se rendre trop exigeant : il ne faut pas nuelle si nécessaire , du maître ou de ses agens
ici, comme dans beaucoup de choses, préten principaux, etc. D'autres ont pensé qu'on
dre à la perfection ; il faut savoir tolérer des pouvait tirer un aussi bon service des servi
défauts; mais il faut faire en sorte que ces dé teurs mariés que des célibataires, et que ceux
fauts soient le moins nuisibles qu'il est possi surtout qui ont la direction d'un service
ble à l'ordre du service; une bonne organisa étaient plus dévoués aux intérêts du maître,
tion de surveillance sert infiniment pour cela. » surtout lorsque leurs femmes et leurs enfans
Il sera plus facile sans doute, en France, de trouvaient constamment du travail sur l'éta
rencontrer et de former des aides agricoles blissement et un salaire convenable; qu'on
† l'instruction primaire sera plus ré pouvait, en général, faire plus de fonds sur eux
pandue et lorsque les enfans, surtout ceux et qu'ils étaient moins disposés à abandonner
des petits exploitans, abandonnés souvent à le service d'un maitre et à changer de condi
une espèce de vagabondage, seront, dès leurs tion : enfin, qu'une famille entière qui trou
plus jeunes ans, comme on le voit en Belgi vait de l'occupation sur un établissement con
que et dans † localités industrieusès, sentait facilement à une réduction dans le
appliqués à des travaux proportionnés à leurs prix du travail de chaque individu. Nous ne
forces et contracteront ainsi de bonne heure discuterons pas plus au long ce sujet ; chaque
de bonnes habitudes. pays, chaque établissement, doit présenter à
Tout dépend donc, en définitive, pour avoir cet égard des particularités qui lui sont pro
de bons serviteurs, du soin et de la sagacité qu'on pres et, pour un administrateur habile , il
met à les choisir et à les diriger. s'agit moins d'avoir égard aux raisons ci-des
(1) Annales de Roville, T. II, pag. 181.
392 ADMINISTRATION RURALE. LIV, VII.
gages ; d'autres qui durent toute l'année, Les autres travaux de culture présentent dans cette
comme les soins à donner au bétail de rente circonstance une diminution toute aussi considérable;
ou de trait, et qui demandent de l'habitude par exemple, on transporte plus de 22 charges de fu
et un service continu; enfin il faut se rap mier dans une journée de travail, sur une pièce de terre
peler que dans les momens perdus on peut placée à 400 mèt. de distance du corps des bâtimens;
employer les aides à une foule d'ouvrages ou on n'en peut plus transporter que 15 à une distance
d'objets utiles qu'on ne peut pas toujours double, que 9 à une distance quadruple, et à peine en
faire figurer au compte du prix de leur tra voiture-t-on 5 charges à une distance de 4ooo mètres.
vail, que l'économie sur la main-d'œuvre ne On suppose, dans les faits de pratique que nous ve
saurait être profitable qu'autant que les tra nons de citer, que les chemins ruraux sont en bon
vaux qu'on obtient ainsi ont autant de per état, autrement la quantité de travail utile pourrait être
fection et sont exécutés avec la même célé considérablement diminuée.
rité que ceux qu'on paie à un prix plus élevé. Le système de culture et d'aménagement. C'est une
des choses qui influent le plus sur la masse des tra
B. Des travaux qu'exige l'exploitation du vaux de culture.Ainsi, pour n'en citer que des exem
fonds. ples vulgaires, il y a une grande différence entre la
masse des travaux qui s'exécutent, à surface égale, sur
La base la plus certaine d'après laquelle on une ferme à grains et sur une ferme à pâturages; sur
puisse partir pour déterminer le nombre des un domaine exploité suivant l'assolement triennal avec
travailleurs dont on aura besoin sur une fer jachère où un travailleur suffit pour 15 ou 18 hectares,
me, et pour distribuer ensuite ces travaux et un autre où on a établi un bon système de culture
entre les serviteurs à gages et les journaliers, alterne avec plantes sarclées, nourriture des bestiaux à
c'est la quantité du travail annuel qu'il faut l'étable, et où il faut souvent un travailleur pour 2 hect.
exécuter pour l'exploitation du fonds. Cette et même moins; dans celui où on ne fume qu'avec par
quantité de travail annuel se partage en deux cimonie, et où la terre est mal travaillée, et celui où on
masses distinctes dans tout système mixte lui donne de riches fumures et des façons énergiques
d'exploitation, savoir : 1° la masse des traraux et multipliées, etc.
de culture, 2° la masse des travaux manuels et Le choix des instrumens. Plus ils sont perfection
accessoires. Entrons à l'égard des uns et des au nés et mieux adaptés au terrain, moins ils nécessitent
tres dans quelques développemens. d'efforts et de travail.
Le mode d'administration. Dans un mode régulier et
1° Des travaux de culture. bien entendu d'administration, les travaux sont répar
tis et distribués d'une manière telle qu'ils sont tous
On donne le nom de travaux de culture à ceux qui exécutés sans encombre, à l'époque précise, avec la
ont pour objet le transport et l'épandage du fumier moindre dépense de force possible, avec l'étendue, le
dans les champs, les labours, les hersages, la récolte soin convenables, et sans être obligé à les recommencer
et l'emmagasinage des produits. Ces travaux, comme on sans nécessité. En outre, dans un domaine bien
le voit, sont les plus intéressans, ceux qui doivent dirigé, les chemins ruraux sont en bon état, et les
être faits avec le plus de soin et d'attention , et qu'on véhicules bien appropriés ; la force des animaux de
ne peut négliger ou différer sans nuire à la prospé trait, leur mode d'attelage, le jeu des machines, y
rité de l'établissement. sont réglés avec une exacte économie; et enfin, tous
La masse de ces travaux varie beaucoup d'un do les travaux, tous les mouvemens, s'exécutent d'une
maine à un autre, et voici les causes principales de ces façon telle que chaque travailleur fait l'emploi le plus
variations. utile , pour l'établissement, de ses forces et de son
La nature du terrain. Il y a une bien grande dif temps.
férence entre la quantité nécessaire de force pour la Sur un domaine quelconque , quand on connaît le
bourer par exemple un terrain argileux, compacte et plan de culture, la rotation et l'aménagement, il est
tenace, et un terrain légeret sablonneux.Dans le premier, facile de déterminer et de distribuer pendant tout le
4 chevaux puissans conduits par 2 hommes peuvent sou cours de l'année la masse des travaux de culture ;
vent à peine saigner 25 à 3o ares dans une journée de nous en avons donné des exemples en nous occupant
travail, tandis que, dans le second, 2 chevaux légers de l'estimation des biens ruraux ; nous reviendrons sur
conduits par un jeune homme retournent aisément en ce sujet, dans le chapitre qui sera consacré aux travaux.
un jour 70 à 80 ares de surface. Quand on connait la masse des travaux annuels de
La configuration du terrain. Dans une position culture, par exemple le poids des fumiers ou des récol
montueuse et à surface inégale, les difficultés pour les tes à transporter avec la distance, la surface à labou
travaux sont considérablement plus grandes que sur un rer, herser ou moissonner, etc., il est facile de conver
terrain uni et de niveau. tir ces travaux en journées d hommes, de femmes ou
L'éloignement des pièces de terre du corps de la d'animaux; pour cela, il suffit de diviser les nombres
fcrme. L'expérience a démontré que dans les terres de qui représentent ces travaux par la quantité de travail
moyenne consistance, il fallait pour transporter une que peut exécuter un de ces agens pendant un certain
charrue ou une herse par les chemins ruraux à une temps : je suppose, par exemple, que 2 bœufs conduits
distance de 100 mèt. autant de temps que pour tracer par un charretier labourent dans un terrain de con
un sillon de 75 mèt. de longueur.Ainsi, dans une pièce sistance moyenne 25 ares par jour, il est clair que si
de terre située à 1 000 mèt. des bàtimens ruraux et où je veux labourer 100 hect. de terre de cette qualité en
les bêtes de trait nourries à l'étable ou à l'écurie re 8o jours, il faudra 5 attelages de 2 bœufs conduits
viennent 2 fois par jour au logis, c'est-à-dire par chacun par autant de charretiers.
courent une distance de 4000 mèt. à vide ou sans tra Il s'agit donc de constater, relativement aux divers
vail fructueux , on laboure dans une même journée de agens, la quantité de travail dont ils sont susceptibles,
travail, les sillons étant supposés avoir 16 centim. de et pour cela il faut avoir égard , en nous bornant aux
largeur, une surface d'environ 480 mèt. carrés ou 4 serviteurs, à quelques circonstances que voici :
ares 80 de moins que dans une pièce qui serait située à Le nombre des journées de travail de l'année. Il
proximité des bâtimens. est variable suivant les pays : dans les uns il est de 500
AGRICULTURE, TUME IV. - 50
894 ADMINISTRATION RURALE. LIV, VII.
à 51o jours dans l'année, et dans d'autres de 29o seu toyer les étables et qui participent en outre aux travaux
lement pour les hommcs ; quant aux travaux avec les des champs pour récolter les fourrages : au total, 4
attelages, ils ne dépassent guère 260 jours avec les hommes, ou un individu pour 15 vaches. — Une va
chevaux dans les fermes les mieux dirigées et 130 chère qui ne soigne que 10 vaches doit en outre s'oc
à 140 jours pour les bœufs travaillant alternative cuper à d'autres travaux, soit à la basse-cour, soit au
ment. jardin, soit à la culture ou à la préparation des plantes
La durée de la journée de travail n'est pas fixée industrielles. — Une servante suffit pour 3o têtes de
partout de la même manière et change avec les saisons. bétail dans les 2 premières années de leur existence.
Dans quelques pays elle est de 10 heures et dans d'au — Un vacher fauche la nourriture verte en été et ha
tres de 12 pendant l'été ; de 9 et 10 1/2 heures en au che celle en hiver pour 48 à 50 vaches ou 100 à 120
tomne et de 7 à 8 en hiver, non compris les heures jeunes bêtes. - Un bouvier conduit au pâturage 25
de repas. Le commencement et la fin de cette journée, à 50 têtes de gros bétail, et le double s'il est assisté
l'époque, le nombre et la durée des repas sont égale par un jeune homme, ou avec l'aide d'un bon chien.
ment variables dans chaque contrée, et il est difficile à — Les bêtes d'engrais exigent plus de travail pour
ce sujet de s'écarter des usages du canton qu'on habite. transporter, hacher, cuire et disdribuer leurs alimens ; un
La† et l'énergie des travailleurs. Nous avons homme ne peut guère en soigner au-delà de 10.
déjà dit que les populations présentaient de grandes Un berger conduit, soigne et nourrit aisément tant
différences sous ce rapport, et il serait impossible et à l'étable qu'au pâturage 1 60 à 170 têtes. Dans les
quelquefois injuste d'exiger de certaines d'entre elles grands troupeaux, et suivant la nature des pâturages,
une quantité de travail égale à celle que d'autres peu on peut lui confier 2oo à 5oo têtes et parfois da
vent fournir , mais il faut que cette infériorité soit vantage.
bien constatée et due à des circonstances locales, au Un porcher, dans les établissemens bien dirigés, con
climat ou à la constitution des individus et non pas à duit et soigne aisément de 50 à 60 porcs.
des habitudes d'indolence et d'inertie, à un mauvais Les autres travaux dans un établissement sont : 1°
emploi que les travailleurs font de leur temps ou une Les travaux manuels, tels que binages, buttages, sar
économie mal entendue de leurs forces. clages, etc., et dont l importance est toujours d'autant
Quoi qu'il en soit, l'expérience a fait connaître d'une plus grande que la ferme est plus petite et la culture
manière assez précise la quantité de travail qu'on doit plus riche et mieux entendue. On connait assez bien
attendre, dans des circonstances ordinaires, des efforts dans chaque pays la quantité de travail de ce genre
musculaires d'un homme de stature et de taille moyen que peut faire un homme, une femme ou un enfant.
nes quand il est appliqué à des travaue proportionnés 2° Les charrois pour le transport des denrées aux mar
à ses forces et à sa capacité et dirigé de manière à en chés, pour celui du combustible pour chauffage, des
retirer le plus grand effet utile. Ce sujet, l'un des plus matériaux pour construction et réparations, etc. Il est
intéressans dans l'économie administrative d un do facile, d'après le poids de ces objets et la distance où il
maine, devant être traité plus au long dans le tit. IV, faut les transporter, d'évaluer ces travaux en journées
et d'ailleurs, diverses notions qui s'y rattachent se trou-. d'hommes et d'animaux, comme nous le verrons plus
vant répandues dans les chapitres où l'on s'occupe de tard. 5° Les travaux d'amélioration, qui se font or
l'organisation des attelages, nous terminerons ici les dinairement sur un devis préalable qui règle à l'avance
détails où nous sommes entrés sur les causes qui, dans le nombre des travailleurs qui devront y prendre part.
les travaux de culture, peuvent accroître ou diminuer Enfin, dans les grands établissemens il y a aussi des
le nombre des serviteurs à gages dont on a besoin sur serviteurs spécialement chargés des travaux du ménage.
un établissement. Leur nombre ne peut être déterminé, et change suivant
2o Travaux manuels et accessoires. les besoins ou la fortune de l'entrepreneur.
On a quelquefois cherché à évaluer le nombre des
Les travaux manuels et accessoires autres que ceux individus, soit serviteurs, soit manouvriers qu'il con
de culture que nécessite l'exploitation d'un doinaine vient de réunir sur une ferme pour les travaux de toute
sont assez multipliés et consistent parfois en détails espèce, en prenant pour base l'étendue superficielle de
qu'il est difficile d'évaluer, et pour lesquels il faut con cette ferme et son mode d'exploitation ; mais cette ma
sulter l'expérience et les usages locaux, quand on veut niere est trop sujette à erreur pour qu'on puisse y
connaitre le nombre des travailleurs qu'il faut y ap avoir quelque confiance, et nous ne nous y arrêterons
pliquer. Voici quelques faits propres à éclaircir ce pas, malgré les nombreux exemples d'évaluation de ce
sujet : genre que nous avons recueillis dans tous les pays et
Le nombre de têtes de gros bétail que peut soigner dans des systèmes très variés d'économie rurale.
un serviteur dépend de la disposition des étables, qui
rendent le service plus ou moins facile ; de la manière $ III. — Organisation du personnel.
de préparer et distribuer les alimens et de l'éloigne
ment des lieux où il faut aller les chercher; de l'es 1° Du mode d'organisation.
pèce de bétail qui peut être composé de vaches laitiè
res, de bœufs d'engrais, de bétail d'élève; de la race Jusqu'ici nous n'avons envisagé la question
des animaux qui consomment plus ou moins et donnent du nombre des serviteurs ou aides agricoles
plus ou moins de lait; des habitudes du pays, de l ha que sous le point de vue des circonstances lo
bileté, de l'activité et du sexe des serviteurs, etc.— Un cales et de la masse du travail annuel que né
habile marcaire suisse soigne, nourrit et trait 18 à 20 cessite l'exploitation d'un établissement; mais
vaches et fauche de plus une partie de leur neurriture il en est un autre plus important peut-être et
en vert et aide à son transport.— Une vachère, dans la dont nous allons nous occuper: c'est celui
plupart des pays, ne peut donner ses soins à plus de 12 à de la surveillance des travaux ou de l'organisa
14 vaches. Dans la belle ferme-modèle de Hohenheim, tion de subordination.
dans le Wurtemberg, où l'on compte 60 vaches, il y a Dans les petites exploitations, l'entrepre
2 hommes pour traire, faire le beurre et le fromage, neur, étant lui-même agent actif dans les tra
travailler le fumier, soigner les veaux, et 2 autres ser vaux matériels et travaillant sans cesse avec
viteurs dont un jeune garçon pour distribuer ,es ali sa famille ou le petit nombre d'ouvriers
mens , les hacher au besoin, panser les vaches , net qu'il emploie, peut exercer sans peine une
CHAP. 2°. DES AIDES AGRICOLES. 395
surveillance active sur ces derniers ; mais il les bouviers, les bergers, tous les manou
n'en est plus de même dès que l'exploita vriers, et qui souvent est chargé des ven
tion devient plus étendue , que l'entre tes et des achats. Ce contre-maitre est tan
preneur ne prend plus une part directe aux tôt un jeune homme instruit qui apprend
travaux, que des soins administratifs récla ainsi à administrer un grand domaine, tantôt
ment une partie de son temps et l'empêchent un praticien habile qui en fait sa profession
d'avoir continuellement l'œil sur les travail et est assez largement rétribué par les fer
leurs dispersés souvent sur une grande sur miers, qui sont généralement riches dans ce
face. pays de grande culture.
Il y a bien peu d'hommes dans la condition « Cette méthode, dit M. de DoMBASLE, me
des aides et encore plus dans celle des ma paraît plus coûteuse que celle que je recom
nouvriers qui n'aient besoin d'être surveillés mande et bien moins efficace pour obtenir une
dans leurs travaux, tant sous le rapport de exécution parfaite dans toutes les branches
l'emploi le plus fructueux qu'ils doivent faire des travaux. En effet, il est impossible à un
de leur force et de leur temps, que sous ce seul homme d'être continuellement partout,
lui de la bonne direction à donner à ces tra et cependant, de tous les genres d'ouvrages
vaux. Cette surveillance, si importante pour †s'exécutent à la fois dans une exploitation,
les intérêts du maître, ne peut être conve il n'y en a pas un qui n'exige une surveillance
nablement établie, quand celui-ci ne peut très assidue, tant sous le rapport du bon em
pas l'exercer complètement par lui - même, loi du temps de la part § ouvriers qui
qu'au moyen d'un bon mode d'organisation du § que sous celui des soins dans
personnel. « Cette organisation, dans l'opi l'exécution. D'ailleurs il est bien plus facile
nion d'un de nos plus habiles aduministra de trouver des hommes capables de diriger
teurs (1), est en définitif la chose du monde chacun une branche de travaux déterminée,
la plus simple et, s'il en coûte quelques soins qu'un seul sujet capable de les embrasser
pour l'établir, ce n'est que dans les 1" in toutes. Il n'y a pas un homme qui ne soit
stans, et l'on en sera amplement dédommagé propre à une chose en particulier, il ne s'agit
par les facilités qu'elle présente dans l'exécu que de le mettre à sa place. Dans la méthode
tion de toutes les opérations auxquelles on que j'ai adoptée, chaque chef de service est un
veut se livrer. Une fois la chose montée, tout homme qui travaille lui-même avec les ou
va seul et l'on est surpris de la simplicité de vriers dont la direction lui est confiée. Avec
la marche d'une machine qui, au 1" coup un peu de discernement on trouve assez faci
d'œil, parait compliquée.Je puis assurer que lement, parmi les habitans des campagnes, des
tout homme qui voudra se donner la peine hommes capables de remplir cette tâche, qui
d'organiser une exploitation sur des principes est † ambitionnée par eux, d'abord à
raisonnés, parviendra sans peine à obtenir, cause de l'espèce de supériorité qu'elle leur
dans l'exécution de tous les travaux, non-seu donne sur leurs égaux, et ensuite parce qu'il
lement plus de perfection, mais infiniment plus en résulte pour eux une augmentation de sa
laire. »
d'économie que les 95 centièmes des cultiva
teurs de profession ; et il est également cer Voici maintenant les divers chefs de service
tain que dans toute exploitation, la circon que le directeur de Roville avait jugés indis
stance qui exercera la plus puissante influence pensables à son établissement qui se compose
sur le succès, c'est la tournure de caractère de 180 hectares de terres labourables ou prés,
qui dispose plus ou moins l'homme qui la di mais qui, par sa nature même et sa destina
rige à établir et à maintenir avec fermeté tion, par les distractions continuelles qui ne
l'ordre dans l'administration qu'on peut divi ermettent pas au maitre de veiller lui-même à
ser en 2 principales branches, la comptabilité 'exécution des détails ainsi que pourrait le
et l'organisation destinée à établir la subord - faire un homme qui ne serait que cultivateur
nation parmi tous les employés. Un cultivt sur une ferme de même étendue , se trouve
teur qui ne peut exécuter de ses mains tous dans un cas particulier.
les travaux de sa ferme, est obligé d'employer 1° Un chef d'attelages chargé de transmet
des bras étrangers, et ce sera toujours du plus tre les ordres à tous les valets, de surveiller
ou moins d'habileté qu'il mettra à manier cet le travail exécuté par tous les animaux de
instrument essentiel que dépendront engrande trait, ainsi que les soins que ces derniers
partie ses succès et sa fortune. » exigent à l'écurie; il conduit lui-même un
Dans les établissemens de moyenne étendue, attelage. Deux valets, l'un parmi ceux qui soi
on tient assez souvent un maitre-valet ou pre gnent les bœufs et l'autre parmi ceux atta
mier aide qui est chargé de l'inspection des chés aux chevaux, exercent, sous le nom de
travaux aux champs et de maintenir l'ordre brigadiers, leur surveillance sous l'autorité
parmi les travailleurs avec lesquels il prend du chef d'attelage, tant à l'écurie que dans le
part à tous les labeurs. Dans ceux qui sont travail. 2° Un chef de main-d'œuvre chargé spé
plus étendus, on confie parfois la surveillance cialement de la surveillance des manouvriers
générale des travaux, sous les ordres du ainsi que de leur choix, et responsable de la
maître, à un agent qui ne travaille pas par lui bonne exécution de l'ouvrage. 3° Un irriga
même et qui est pris ordinairement dans une teur chargé de la conduite des eaux pour 18
classe plus élevée que celle des manouvriers hectares de prés arrosés, des autres travaux
des campagnes, et qui prend le titre de con † ces prés, de surveiller les fau
tre-maiire; ainsi, dans les plus grandes fer cheurs, faneurs, etc., de faucher et de con
mes anglaises, il n'y a qu'un seul contre-maitre duire en été aux écuries les fourrages verts
(bailiff ou steward) qui dirige les laboureurs, pour le bétail, de veiller l'hiver à toutes les
(1) Annales de Roville, tom. II, pag. 203.
396 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
saignées † tiennent égouttées toutes les bitude d'engager les serviteurs à une époque
#
terre arables. 4° Un berger et son aide. 5° Un fixe de l'année; çette méthode a été
marcaire chargé du soin des bœufs à l'engrais, avec raison comme très préjudiciable aux in
des vaches et des porcs, et qui a 2 ou 3 aides térêts des cultivateurs. D'abord elle tend à éle
suivant le besoin. 6° Un commis pour la comp ver généralement le prix des services par
tabilité et son aide, qui mettent la main à suite de la concurrence et de la coalition des
l'œuvre pour tous les travaux qu'exige le soin travailleurs; ensuite elle place souvent le cul
des greniers et des magasins de bois et de tivateur dans un grand embarras lorsque, au
matériaux qui leur sont confiés. moment du renouvellement, tous ses valets
Dans que † pays étrangers, et notam réclament une augmentation de salaire ou
ment dans plusieurs parties de l'Allemagne menacent de le quitter tous en même temps.
où l'on rencontre des domaine fort étendus, La meilleure précaution pour déjouer toutes
chacune des branches de l'économie agricole ces coalitions c'est de n'engager les serviteurs
est confiée souvent à un agent supérieur qui qu'à des époques diverses de l'année, quand
a sous lui des premiers employés ou garçons cela est possible, ou de se procurer, dans la
qui commandent encore aux simples servi commune qu'on habite, quelques journaliers
teurs ou journaliers; ainsi l'économie des qu'on met au courant des travaux de l'exploi
bêtes à laine est entièrement † par un tation et qui peuvent momentanément rem
berger chef qui a sous ses ordres des maitres placer les aides quand ceux-ci deviennent trop
bergers; ceux-ci dirigent à leur tour des garçons exigeans ou indociles.
ou bergers chargés de conduire et de soigner
les uns les béliers, les autres les brebis por 3° Des conditions de l'engagement.
tières, les antenois, les agneaux ou les mou
tons. Tous ces chefs sont sous la direction Les aides employés à l'année sur un établis
d'un ou plusieurs économes qui, à leur tour, sement rural reçoivent ordinairement en
reçoivent les ordres d'un administrateur ou échange de leurs services, des gages dont la
régisseur, etc. quotité varie suivant les localités et d'après
Quel que soit au reste le mode d'organisa certaines lois économiques; en outre ils sont
tion du personnel, le but qu'il s'agit d'attein entretenus suivant un mode qui dépend des
dre dans ce service c'est que les travaux soient conventions stipulées entre eux et le fer
faits en temps opportun, avec le soin et la IIl1C1",
en argent suivant leur prix courant et réel dans les cal Report. . . . 580 58
culs qu'on veut établir. Intérêt de cette somme à 5 p. 0/0. 19 02
Pour donner un exemple d'un calcul de ce genre, nous Frais de logement d'un serviteur ,
supposerons qu'il s'agit de connaître, dans un de nos dé calculé d'après la méthode de la page
partemens du nord, le prix du travail d'un laboureur ou 545, y compris l'assurance. . . . 20 60
d'une femme robuste, nourri convenablement, man Total du prix annuel du service
geant de la viande 5 fois par semaine et recevant à
certains jours fixes des rations de bière pour boisson. d'un travailleur agricole. . . . . 420 »
A reporter. . . 380 58 F. M.
Nous désignons ici sous le nom d'organisa est un bien petit nombre parmi ces der
tion du service du fonds, toutes les opérations, nières qui ne soit susceptible d'améliorations
tous les travaux qui sont nécessaires pour pour compléter cette organisation et augmen
rendre productif un fonds inculte jusque là ter leur produit net.
ou au moins pour accroître sa faculté pro Dans nos départemens où les baux n'ont
ductive et faciliter son exploitation. Ces opé qu'une durée très limitée, c'est la plupart du
rations ont été désignées sous le nom d'amé temps le propriétaire qui se charge de mettre
liorations foncières, pour les distinguer des le fonds en état et de l'organiser; mais dans
améliorations agricoles, dont nous parlerons les pays où ces contrats ont une plus longue
dans un autre chapitre. existence, en Angleterre par exemple, on
La majeure partie des propriétés rurales voit très souvent des fermiers prendre à bail
en France sont déjà dans un état plus ou moins des fonds en friche ou en mauvais état, et y
† d'exploitation, ou ont reçu des amé faire à leurs frais toutes les améliorations pour
iorations plus ou moins importantes, et il les rendre exploitables ou plus productifs. Le
n'est pas toujours nécessaire de procéder à fermage. est alors diminué proportionnelle
une organisation fondamentale, mais il en ment aux améliorations stipulées dans le bail
CIIAP. 3°. DE L'ÉTENDUE DES FONDS RURAUX. 401
ou bien le propriétaire fait remise au fermier plus d'avantage à donner del'étendue au fonds
de 2 ou 3 années de loyer, ou bien enfin le et à chercher un accroissement de produit
fermier abandonne au propriétaire à l'expira plutôt dans l'extension donnée à la surface
tion du bail , les améliorations qu'il a faites exploitée que dans un accroissement de main
dans l'état où elles se trouvent, à des condi d'œuvre sur une surface circonscrite; c'est
tions arrêtées à l'avance dans les clauses mê le contraire dans les pays où le sol est cher
mes de ce contrat. . - - et le travail à bon marché.— Dans un pays où
Quelquefois aussi des compagnies ou socié le sol est naturellement fécond et le climat
tés se chargent à leurs risques et périls , de très favorable à la végétation, et où la produc
certaines améliorations qui, comme des des tion végétale exige peu de travaux, on peut
sèchemens de vastes marais, le défrichement exploiter un domaine plus considérable que
de landes considérables, exigent de très fortes dans les contrées où ces conditions ne se ren
avances de capitaux ; ces avances sont faites contrent pas.-Quand le climat d'un pays est
moyennant le sacrifice de la part des proprié très variable et ne laisse que quelques jours
taires d'une partie des terres améliorées au pour certaines opérations importantes de l'a
profit des compagnies , ou à des conditions griculture , on franchit plus aisément ces pé
variables suivant les localités ou la nature des riodes critiques en appliquant aux travaux
tl'aVauX.
toutes les forces disponibles d'une grande fer
Enfin, on a vu dans ces derniers temps , des me. - Dans les pays montueux et coupés,
associations de propriétaires se livrer en com quand un domaine est placé sur le flanc des
mun à de vastes améliorations qui ont tout collines ou des montagnes, il n'y a guère qu'un
à coup transformé des cantons presque incul petit exploitant qui puisse se † dV6C SUlC
tes en de riches contrées. cès aux travaux longs et pénibles que ces fonds
Avant de nous occuper d'une manière gé nécessitent. Il en est de même pour ceux dont
nérale des améliorations qu'on peut opérer la surface est composée d'une roche dénudée
sur les fonds , nous croyons utile de parler qu'il faut briser à bras et pulvériser pour en
de l'étendue qu'il convient de donner à une faire un sol meuble; au contraire, dans les
exploitation rurale. pays de plaine où la surface est unie, les trans
ports faciles , et les travaux par machines ai
SECTIoN Ir°. — De l'étendue à donner d un fonds sément praticables, les fermes peuvent avoir
rural. une plus grande étendue. — Dans certains
pays très peuplés, dans ceux où la propriété
Disons d'abord un mot de ce qu'on entend est très divisée, tels que la Flandre, la Belgi
par petite, moyenne et grande ferme. Ces ter que, l'Alsace, la Toscane, et une grande par
mes désignent dans chaque pays des établis tie de la France , ii serait souvent très diffi
semens bien différens les uns des autres sous cile de trouver, de former ou d'exploiter avec
le rapport de l'étendue superficielle; une profit un grand domaine, tandis que dans
grande ferme en Belgique, de 30 à 36 hect., d'autres, comme l'Espagne, l'Angleterre et la
est à peine une ferme moyenne dans la Bauce, plus grande partie de l'Allemagne, où les biens
et les grandes fermes de ce dernier pays ne fonds sont concentrés dans les mains d'un pe
seraient guère regardées en Angleterre et en tit nombre de propriétaires, on trouverait
Allemagne que comme des fermes moyen difficilement une petite ferme, et il y aurait
Il(ºS , souvent peu de profit à l'exploiter. Enfin,
Il semble, dit un auteur, qu'en tout pays dans d'autres, comme dans l'ancien Berry ou
on peut donner le nom de petites fermes à cel le Gatinais, où on ne rencontre le plus com
les où le fermier est obligé, pour vivre, de munément que des fermes moyennes, les fer
faire lui-même et avec sa famille, ou un très mes grandes ou petites exploitées par le mode
petit nombre de serviteurs, tous les travaux usité dans le pays seraient sans doute peu
manuels de son exploitation; celui de grandes avantageuses. — Près des grandes villes , où
fermes à celles où le fermier est uniquement l'agriculture ressemble à une culture jardi
occupé à diriger et surveiller les travaux de nière et se compose d'une multitude de pe
nombreux serviteurs et a même besoin de tits travaux de détail et où les capitaux sont
surveillans , et de réserver le nom de fermes abondans les petites ou moyennes exploitations
moyennes à celles où le fermier, tout en em sont ordinairement celles # sont les plus
ployant et surveillant lui-même un certain productives. — Les pays où la majeure partie
nombre de serviteurs, prend une part directe de la population habite les villes et s'adonne
aux travaux manuels de son § aux arts et aux travaux des manufactures
En France, les établissemens auxquels on permettent l'exploitation de domaines d'une
peut donner le nom de grandes fermes ont, plus grande étendue que ceux où elle est
terme moyen, de 120 à 200 hect. et au-delà ; répandue dans les campagnes et s'occupe
les fermes moyennes sont celles qui exploi exclusivement de travaux agricoles, etc.
tent de 50 à 120 hect.; au-dessous, les éta 2° Causes relatives à l'entrepreneur. Tout le
blissemens peuvent être rangés parmi les pe succès des entreprises agricoles dépend, com:
tites fermes. me nous l'avons dit déjà, du fonds industriel
Parmi les causes qui tendent à faire varier de l'entrepreneur et § capitaux qu'il pos
' l'étendue que doit recevoir un établissement sède; tel homme qui dispose de gros capitaux,
rural , les unes sont purement locales , les au et a un bon fonds de connaissances agricoles
tres tiennent à l'individu qui se propose de ainsi que toutes les qualités requises,exploitera
l'exploiter ou au mode d'exploitation qu'il avantageusement une ferme d'une très grande
mettra en usage. étendue, tandis qu'un autre qui ne réunira pas
1 Causes locales. Partout où le terrain est à ces conditions, ou seulement à qui l'une d'en
bon marché et où le travail est cher, il y a tre elles manquera, échouera dans l'adminis
AGRICULTU R R. 101°. livraison. ToME IV.– 51
402 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
tration d'un fonds rural même d'une étendue treprendre pour rendre un domaine exploita
bornée. ble et productif peuvent être rangées sous les
En général, tous les cultivateurs sont dis 4 titres suivans.
posés, quandils ont fait quelques économies, à
acheter des parcelles de terres pour les ajou 1° Pourprendre possession du terrain, le former ou
ter à leur héritage plutôt que de chercher à le conserver. Tels sont les travaux d'endiguage, d'en
accroître la faculté productive de celui-ci par caissement ou d'embanquement , la construction des
des améliorations bien entendues. Les entre chaussées, jetées , épis de défenses pour contenir les
preneurs qui prennent à loyer les fonds des eaux, celle des canaux, fossés, coulisses, puits, pui
propriétaires sont tourmentés aussi par une sards, boitouts, ouvrages d'arts divers pour dessèche
maladie analogue que J. SINCLAIR et beaucoup ment, l'établissement de claies vivaces, de clayonna -
d'autres agronomes ont sfgnalée depuis long ges, de gazonnemens, de plantations, de remblais, etc.
temps. 2° Peur éloigner les obstacles qui s'opposent à la
« Les fermiers, dit le premier de ces au culture. Tantôt ce sont des eaux stagnantes à la sur
teurs, sont toujours disposés à entreprendre face ou sur le sous-sol , auxquelles il faut procurer un
l'exploitation de fermes trop considérables écoulement par des puits, coulisses, saignées couvertes,
pour le capital dont ils disposent. C'est une etc. ; tantôt des masses de sable ou de matières miné
grave erreur, il en résulte que bien des gens rales qu'on doit enlever; d'autres fois de grosses pier
restent pauvres sur une grande ferme, tan res, des éclats ou pointes de rochers, de grands végé
dis qu'ils auraient pu vivre avec aisance et taux ligneux, des souches, des cepées, qu'il faut faire
faire de bonnes affaires sur une ferme de moin disparaitre ; tantôt enfin des ondulations incommodes
dre étendue. Un fermier ne peut se livrer à du terrain qui nécessitent des remblais et des travaux
son entreprise avec sécurité s'il n'est pas en de nivellement, etc.
état de payer non-seulement les dépenses or 3° Pour améliorer l'état du sol. Les travaux d'amé
dinaires de son établissement, mais aussi de lioration du sol sont : les défrichemens, les défonce
faire face aux circonstances imprévues. Lors mens, la pulvérisation et l'ameublissement du sol par
qu'un fermier, au contraire, prend une exploi labours, hersages, roulages, par l'écobuage, la com
tation inférieure à son capital, il se met en pression mécanique du sol, le limonage, l'épierrement
état de profiter de toutes les circonstances ou enlèvement des pierres roulantes, le chargement du
favorables pour acheter lorsque les prix sont sol avec divers mélanges terreux, le marnage, le chau
bas, et attendre, pour vendre, l'augmentation lage, le plâtrage, etc.; la construction des abris, des
des prix. » rideaux d arbres, des haies, des murs ; l'accroissement
En Angleterre les fermiers en général ne de la richesse du sol par les façons, l'enfouissement
prennent guère d'établissemens agricoles au des récoltes en vert, les engrais de toute nature ; la
dessus de leurs moyens ; c'est le contraire destruction des plantes parásites, etc.
dans la plus grande partie de la France, et une 4° Pour faciliter l'exploitation du sol. Tels sont :
des causes auxquelles on a attribué avec raison les travaux pour établir des chemins ruraux, des
l'infériorité de notre agriculture. - bâtimens d'habitation et d'exploitation, des clôtures,
3° Causes relatives à la nature et au mode d'ex des moyens d'irrigation ou l'accumulation des eaux né
ploitation du domaine.Il est bien plus facile d'ex cessaires aux usages de la ferme dans des mares ou bas
ploiter un grand domaine qui consiste en bois, sins, des puits ordinaires et artésiens, des citernes, etc.;
prairies, pâturages, étangs, etc., et il faut la ceux qui ont pour objet l'ouverture des mines ou carrières
plupart du temps pour cela bien moins de capi pour se procurer des amendemens, du combustible fos
taux que pour un établissement en terres ara sile, des matériaux de construction ; enfin ceux qu'on
bles de même étendue. Une ferme à pâturage entreprend pour l'arpentage, la réunion des parcelles,
en pays de montagne peut avoir 1000 à 1200 la division du terrain en soles et la classification des
hect. sans exiger autant de capitaux de roule terres, et qui ont pour but de dresser le plan, la carte
Iment † erme à grains en pays de plaine topographique, l'inventaire et l'état de lieux du do
de 100 à 120 hect.; au contraire, la culture des maine et de tout ce qu'il contient, etc.
vignes, des plantes potagères ou industrielles La plupart des travaux d'amélioration dont nous ve
qui exigent une main-d'œuvre considérable, nons de parler, ont, sous le rapport technique, été dé
sont plus avantageuses sur une petite échelle. crits dans les livres précédens de cet ouvrage, il ne
Une dimension modérée est celle qui convient nous reste donc qu'à les considérer sous un point de
le mieux aux fermes à laiterie et où l'on en vue économique et administratif, les seuls qui puissent
tretient du gros bétail, tandis que l'éducation ici nous occuper. Cependant, comme il en est quelques
des moutons n'est au contraire bien dirigée uns, tels que la division d'un domaine en pièces de
que dans les exploitations de grande cultu terre, les opérations topographiques et la construction
re , etc. des bâtimens ruraux, qui n'ont pas encore été traités
L'étendue qu'il convient de donner à une ex dans les tomes précédens, et qui se rattachent à l'ad
# doit donc être celle dans laquelle minis ration générale d'un établissement, nous entre
'entrepreneur, au milieu des circonstances rons à leur égard dans des considérations plus détail
locales qui l'entourent, avec les capitaux dont lées.
il dispose, la somme de ses connaissances et
son fonds industriel, parviendra, par l'emploi $ I". - Des principes économiques applicables aux
le plus judicieux des uns et des autres, à réa améliorations foncières.
liser les plus gros profits qu'on puisse faire
dans des conditions pareilles. Des travaux opérés sur un domaine ne peu
vent, en économie agricole, être considérés
SECTIoN II. — Des améliorations foncières en comme des améliorations foncières qu'autant
géneral. qu'ils doivent produire une utilité rèelle, im
médiate ou prochaine, et qu'ils donnent au
Les améliorations foncières qu'on peut en fonds une plus haute valeur. Tous les caloi
CIIAP. 3°. DES AMÉLIORATIONS FONCIÈRES. .403
taux avancés en travaux, et qui ne don C'est surtout lorsqu'on veut entreprendre
nent pas à un fonds une nouvelle valeur des améliorations importantes dans un pays
proportionnelle aux avances, ont été dépensés encore inculte ou très arriéré sous le rapport
improductivement et sont perdus pour celui agricole, c'est lorsque les moyens de compa
qui les a mis ainsi dehors imprudemment. raison avec des fonds voisins viennent à man
Il y a donc deux choses fort importantes à quer et que l'on ne peut plus être guidé par
considérer avant d'entreprendre des améliora l'analogie, ou enfin lorsque, étranger au pays,
tions foncières : 1° les sommes dont il sera on n'a pas une connaissance approfondie de
nécessaire de faire l'avance pour opérer les toutes les circonstances locales, qu'il convient
améliorations désirées ; 2° la valeur nouvelle de redoubler de soin et de prudence. C'est en
ue le fonds acquerra par suite de ces amé effet dans des tentatives agricoles de ce genre
liorations. qu'ont eu lieu les chutes les plus éclatantes et
· Les avances qu'on est obligé de faire pour les revers les plus désastreux. Dans ce cas, le
l'exécution des travaux qui doivent améliorer bon sens prescrit d'établir une enquête sévère
un fonds ne se composent pas seulement des et raisonnée sur le plan de celle dont nous
capitau r qu'on met dehors : il faut de plus y avons esquissé le modèle dans le chapitre I°r du
ajouter les intérêts de ceux-ci pendant tout le titre II de ce livre. Cette enquête, faite avec
temps que les améliorations commencées ne sagacité, fournira en effet tous les élémens qui
rendent pas encore de service utile, comme seront nécessaires pour calculer avec préci
des bâtimens jusqu'à ce qu'ils soient achevés, sion, soit l'accroissement dans la faculté pro
un puits artésien jusqu'à ce que l'eau jaillis ductive qu'on pourra donner à la terre par
des améliorations, soit l'augmentation de sa
se, etc. ; plus, le profit industriel de l'entre
preneur, soit propriétaire ou fermier, c'est-à valeur foncière et courante.
dire les profits légitimes auxquels il a droit Quand on est maître de tous les élémens
pour l'application de son industrie à ces tra qui servent à calculer l'augmentation de va
vaux d'amélioration. Nous reviendrons plus leur que le domaine pourra acquérir par
bas sur ce sujet à l'occasion du projet qui doit des améliorations, il est utile d'établir au
précéder toute entreprise de ce genre. moyen de quels sacrifices pécuniaires on ob
L'estimation de la valeur nouvelle qu'un tiendra cet accroissement et de comparer les2
fonds est susceptible d'acquérir par des amé résultats entre eux. Mais avant de faire au
liorations est souvent difficile à déterminer, à cune avance pécuniaire pour des travaux quel
cause des nombreux élémens qui entrent dans conques d'amélioration,il faut soumettre ceux
le calcul, surtout lorsque le terrain est à l'é ci à un examen préalable et rigoureux.
Yat inculte et qu'il s'agit de le transformer en Ainsi, il faut d'abord s'assurer que les tra
un fonds productif. vaux qu'on projette sont utiles, qu'ils sont
Ce qu'il importe d'abord de reconnaître, opportuns, possibles sous le rapport de l'art
c'est la valeur courante des diverses espèces et qu'ils pourront, sans obstacles graves, être
de fonds productifs dans le pays environ conduits à bonne fin. Il faut être certain qu'on
nant, et principalement celle des fonds qui ne rencontrera pas, soit dans les préjugés, la
se trouvent dans des conditions aussi sembla mauvaise foi ou l'inhabileté de la population
bles que possible à celle du domaine lorsqu'il ou l'ignorance des autorités locales des diffi
aura été amélioré. Cette valeur, qui n'est pas cultés qui en feront perdre les fruits ou ba
la même dans tous les pays, varie aussi dans lanceront l'utilité qu'on en attendait; que leur
une même localité par suite de la concur service utile ne se fera pas trop long-temps
rence, de l'abondance de la population, de sa attendre et que ces §s Ine SeI'ODt
richesse, de son industrie, de la facilité des pas sujettes à des détériorations annuelles as
débouchés, et enfin des conditions particu sez rapides pour anéantir tous les avantages
lières dans lesquelles un fonds se trouve qu'on s'en promet, etc.
placé. Enfin, la prudence conseille de ne jamais
Quand on connaît la valeur moyenne et se livrer à l'exécution de projets d'améliora
courante des fonds productifs dans une loca tion que lorsqu'on peut immédiatement dis
lité, ce sont par conséquent ces conditions par poser d'un capital suffisant pour faire face à
ticulières qu'il s'agit d'étudier avec le plus toutes les avances ou au moins après qu'on
grand soin avant d'entreprendre les travaux aura constaté d'une manière positive qu'on
qui doivent améliorer un fonds. Cette étude pourra, dans un avenir prochain et en tenant
exige presque toujours des connºissances compte des circonstances que l'homme peut
étendues, une expérience consommée et une prévoir, avoir à sa disposition des moyens suf
sagacité peu commune. Par exempie, com fisans. Il à a toujours un grand danger à s'a
ment un entrepreneur parviendra-t-il à re venturer dans une opération qu'on sera peut
connaître à l'avance, si ce n'est au moyen de être obligé, faute de capitaux, d'abandonner
connaissances solides et variées, que le défri avant son entière , exécution ; on perd pres
chement de tel bois frappera pour long-temps que toujours ainsi les sommes qui ont été
le sol de stérilité, que les eaux affluentes dans avancées en travaux la plupart du temps vn
un bas fonds ne pourront être domptées sans fructueux.
des dépenses hors de proportion avec la va On ne devrait en général commencer des
leur nouvelle qu'acquerra le fonds, qu'un travaux d'amélioration qu'après en avoir long
sous-sol ramené à la surface rendra celle-ci temps à l'avance établi et mûri le projet, avoir con
infertile pendant plusieurs années, qu'un ter sulté les gens de l'art ou des hommes d'expé
rain bien ameubli et engraissé fera partie de rience et de pratique; il y a même souvent de
telle ou telle classe de terres, qu'on retirera
l'avantage à publier ce projet et à le soumettre
des avantages réels d'une clôture, de moyens ainsi à ſa critique des voisins, des hommes
d'irrigation, d'un nive!°ment, etc. ? instruits ou des gens du pays. Cette sorte d'en
40 ! · ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
quête publique révèle toujours une ſoule de taillée des moyens et du mode d'exécution ; 3° l'esti
choses utiles dont un administrateur de bon mation détaillée, aussi approximative que possible, de
sens sait faire son profit. la valeur des divers travaux ; 4° les conditions d'ordre,
Parmi les diverses améliorations dont un d'administration et de comptabilité qui devront être
domaine est susceptible il faut toujours com observées par le propriétaire, l'entrepreneur ou celui
mencer par les plus simples, les plus urgentes, qui sera chargé de la direction des travaux.
celles qui offrent le plus de chances de succès ou L'exposé des motifs a pour but d'établir d'une ma
qui récompenseront plus amplement les frais nière précise le but des travaux, ainsi que les condi
et les travaux. Le succès amène la confiance, tions économiques de service, d'étendue, de durée que
augmente les ressources et accroît l'expé le propriétaire exige dans ces travaux et que l'entre
rience, tandis que des améliorations entre preneur s'engage à garantir après l'exécution. Ces con
prises sur une trop grande échelle et qui ditions doivent être rédigées avec clarté, précision et
échouent, épuisent les capitaux, paralysent toute la concision nécessaires, toute ambiguité pouvant
l'industrie de l'agriculteur et portent le dé donner lieu à des contestations et toute omission à
couragement dans son esprit. des variations considérables dans la qualité et la valeur
Si une amélioration ne doit être entreprise des travaux.
qu'après y avoir mûrement réfléchi, après l'a La description contiendra l'indication de la nature
voir long-temps discutée avec calme et pru et de la qualité des matériaux de toute espèce qui se
dence et lorsqu'on a acquis la certitude mo ront employés dans les travaux et qui peuvent varier
rale de réussir, il n'en est plus de même lors suivant les localités; on y spécifiera aussi leur volume,
qu'elle est commencée sur un projet bien ar les façons qu'ils devront recevoir, les soins particuliers
rêté; il faut alors la conduire avec toute la vi qu'il faudra apporter dans leur transport, leur prépa
gueur et l'activité que comporte sa bonne exé ration et leur mise en œuvre.
cution. Une opération conduite vivement fait L'estimation se composera de 2 parties : La 1'e com
éprouver une perte moindre sur l'intérêt des prendra le mesurage (toisé ou métré), qui présentera,
sommes avancées et n'expose pas les travaux pour chaque partie de construction et au besoin pour
déjà faits à perdre, soit par négligence ou in chaque partie de main-d'œuvre qu'il peut y avoir lieu
curie, soit par accident, une partie de leur de compter séparément, l'énonciation des diverses di
utilité. -
mensions nécessaires, soit linéaires, soit superficielles
Il faut autant que possible ne se livrer à ou cubiques, soit le poids pour en établir les quantités
une nouvelle amélioration que quand celle qui totales. La 2e est le bordereau ou mise à prix, qui
l'a précédée est entièrement terminée et lors consiste dans l'application aux quantités résultant du
que le succès en est bien établi; à plus forte mesurage des prix qui leur conviennent successive
raison si c'était pour réparer une faute faite ment , afin d'établir la valeur partielle de chaque na
antérieurement, cas dans lequel on ne sau ture d'ouvrage et enfin la valeur totale de l'ensemble
rait étudier avec trop de soin et de lenteur des constructions ou des travaux.
les causes qui ont amené un revers. A la valeur totale résultant de la mise à prix on
ajoute ordinairement une somme à valoir pour faire
$ II. — Du projet et des travaux d'amélioration. face aux cas imprévus, aux erreurs, aux omissions, aux
variations dans les prix, aux insuffisances d'estima
Avant de se livrer à une amélioration foncière quel tion, surtout dans les travaux de terrassement, d'épui
conque et d'en commencer les travaux, il est indispen sement, de réparations, etc. Cette somme, qui peut va
sable d'en dresser le projet. Ce projet sera rédigé par rier suivant la nature des travaux, est, dans les cas
l'administrateur lui-même, si ce sont des travaux pu ordinaires, portée à 1f20° du montant de la mise à
rement agricoles, ou par l'ingénieur, l'architecte ou prix, et suivant les cas il peut être nécessaire de l'é
l'entrepreneur si ce sont des travaux qui exigent des lever à 1/10° et même davantage.
connaissances ou des applications spéciales. Quant aux conditions, elles indiqueront : 1° Le mode
Un projet se compose des dessins et du devis ; il doit d'exécution des travaux. Ici on indiquera quelle sera
être bien complet et avoir été étudié sur le terrain la nature du marché qu'on devra faire pour l'exécution
même avec la plus scrupuleuse exactitude, de manière des travaux, la manière dont on passera ce marché,
à ce qu'il contienne toutes les conditions qu'il fautl'ordre dans lequel les travaux devront être exécutés,
les époques où ils commenceront et seront terminés
remplir suivant les localités et les circonstances, ainsi
que le système suivant lequel les opérations doivent en tout ou partie, les modifications, ad 'stions, suppres
être conduites ; c'est la base de toute entreprise de sions qu'on se réserve de faire au projet ou que pour
travaux et celle sans laquelle on ne peut espérer de raient nécessiter des circonstances imprévues ; la spé
8U1CC6º8 . cification d'indemnités en cas de suspension des tra
Les dessins sont la représentation graphique des vaux, etc. ; 2° Les bénéfices de l'entrepreneur, ainsi
travaux ou objets qu'il s'agit d'exécuter; ils sont cotés, que les conditions spéciales pour les époques de paie
annotés et établis sur une échelle suffisamment grande ment, soit en à-comptes pendant le cours des travaux
pour qu'on puisse prendre la mesure exacte des diverses et en raison de leur avancement, soit pour solde après
parties des travaux; ils représentent les constructions la vérification ou l'estimation définitive et la réception
ou les travaux dans leurs faces extérieures et dans leurs des travaux ; 5o Des stipulations particulières sur la
faces intérieures par des coupes convenablement éta garantie des travaux. Quoique cette garantie soit de
blies; différens objets de détail y sont même souvent droit, elle exige cependant, dans des cas spéciaux, des
représentés sur un plus grand nombre de faces et sur conditions plus précises; 4° Des mesures d'ordre, de
une échelle plus étendue. sûreté et d'administration qui devront être observées
Le devis est un mémoire écrit qui a pour but de pendant l'exécution des travaux ; 5° Enfin, des clauses
compléter les notions que ne peuvent fournir les des particulières dans le cas où il s'élèverait des contesta
sins et de suppléer à leur insuffisance. Ce devis doit tions entre le propriétaire et les entrepreneurs.
remplir 4 objets principaux et contenir : 1° l'exposé Lorsque les travaux d'amélioration sont uniquement
des motifs du projet et les dispositions qu'on a cru de du ressort de l'agriculture, un propriétaire ou un fer
voir adopter pour son exécution ; 2° la description dé mier peuvent fort bien, avec le secours de leurs aides
CHAP. 3°. DES AMÉLIORATIONS FONCIÈRES. 405
ct des travailleurs, les diriger et les faire exécuter. Il croissent pas la valeur du fonds, et sont ainsi consom
en est de même lorsqu'il est question de travaux de con més improductivement, ou dont les intérêts grèvent
struction de peu d'importance; il ne s'agit pour les effec sans nécessité la production agricole.
tuer que de s'assurer le concours des ouvriers de diverse La simplicité dans le plan et dans l'exécution lors
nature et d'acquérir directement les diverses espèces qu'elle n'exclut pas les autres conditions que doivent
de matériaux ; c'est ce qu'on appelle des travaux faitsremplir des travaux, doit toujours être recherchée dans
en dépense, par régie, par économie, etc. ; mais lors les améliorations foncières. Ainsi un bâtiment rural
que les travaux prennent quelque importance ou offrent est décoré comme il doit l'être quand il satisfait à
des difficultés, il devient nécessaire ou du moins il ne toutes les convenances du service, et est parfaitement
peut qu'être avantageux d'en confier l'exécution à un approprié à sa destination.
entrepreneur. , Une trop grande solidité est également un luxe inu
Le choix d'un entrepreneur n'est pas indifférent et tile, et, en bonne économie, des travaux d'amélioration
on doit rechercher celui qui est pourvu des notions doivent être établis pour avoir une durée limitée et
théoriques et des connaissances pratiques propres à non pas pour être éternels.
bien faire exécuter des travaux, qui possède en outre L'économie dans les moyens d'exécution est une
les moyens pécuniaires suffisans ou du crédit, et qui chose importante dans toute entreprise d'amélioration.
est doué d'intelligence et d'activité ; c'est lui qui se Cette économie ne réside pas seulement dans la sim
charge alors de faire effectuer les travaux d'après le plicité et la légèreté dans les dimensions, la masse ou
projet qui a été rédigé par le propriétaire, un archi la force suffisantes, mais dans le choix des bons maté
tecte ou un ingénieur et sous leur direction ou sur riaux, ce qui exige qu'on connaisse tous ceux que four
veillance. nit le pays; dans leur mise en œuvre par des construc
Les conditions auxquelles un entrepreneur se charge teurs et des ouvriers habiles; dans l'ordre et la marche
à ses frais, risques et périls de faire effectuer des tra rapide et régulière de tous les travaux.
vaux font ordinairement entre lui et le propriétaire
l'objet d'un contrat qu'on nomme marché. Les bases et $ III. - Exemple d'un calcul d'amélioration.
les clauses de ce contrat sont puisées dans le projet et
sont débattues ou modifiées suivant les circonstances,
le prix du travail manuel, celui des matériaux, etc.Ces Nous avons dit qu'un devis exact et détaillé permet
conditions peuvent varier à l'infini, mais il est 3 for la comparaison entre les avances à faire en améliora
mes principales sous lesquelles se reproduisent en gé tions foncières et l'accroissement de valeur qu'acquer
néral tous les marchés faits entre des particuliers et ra la propriété par ces améliorations; essayens, pour
les entrepreneurs. éclaircir ce sujet, de donner un exemple.
L'entrepreneur se charge en bloc ou à forfait, c'est Un entrepreneur a, je suppose, réuni en un seul
à-dire moyennant un prix fixé à l'avance, d'exécuter morceau 50 hectares de terre de diverses qualités ; 20
les travaux tels qu'ils sont définis et arrêtés dans le de ces hectares sont des terres vagues, argilo-sa
projet et aux autres conditions stipulées dans ce travail bleuses et de cohésion moyenne, couvertes de plantes
et reproduites dans le marché. parasites et de pierres roulantes; 15 autres sont inon
Ou bien il entreprend les travaux et les construc dées et marécageuses, mais dans un bon fonds ; enfin
les 15 dernières sont de terres arables en assez mau
tions à la condition d'en être payé d'après une série
de prix fixés et consentis à l'avance, ou d'après des vais état de culture.Ces terres lui ont coûté, savoir :
prix également consentis pour chaque nature d'ouvrage 20 hectares à 600 fr.. . , 12,000 f.
et suivant les quantités qui en auront été faites. 15 hect. à 500 fr. . . . 7,500
Ou bien, enfin, il les exécute pour des prix établis 15 hect. à 1 ooo fr. . . .. 15,ooo ) 36,980 fr.
et débattus après le toisé et l'estimation ou l'expertise Enregistrement et frais de
de la valeur de l'ouvrage qu'il aura confectionné.Cette Contrat. , . . . . .. • 2,450
dernière manière d'opérer peut donner lieu à des dé Les améliorations ont donné lieu aux
bats fâcheux, mais elle paraît être la plus sûre, et celle frais suivans.
qui n'oblige à payer en définitive que la quantité et la 20 hect. Extirpation de végétaux ligneux,
qualité réelles et visibles de l'ouvrage qui aura été
fait.
enlèvement des pierres, écobuage, labours
façons diverses, à 140 fr. l'hect. . . 2,800
Quelle que soit la nature du marché qu'on passe 15ethect. Endiguage, en fascines, desséche
avec un entrepreneur, rien ne doit dispenser celui qui ment, défrichement, amendemens cal
fait exécuter des travaux de surveiller activement ou
à 500 fr. l'hect. . . . . . 4,500
faire surveiller les ouvriers de l'entrepreneur. De mau 15caires,
hect. Nivellement, défonçage, façons di
vais matériaux peuvent être employés ou mis en œuvre verses, marnage, à 1 o5 fr. l'hect. . : 1,575
avec négligence dans l'intérieur des massifs; un déſon
Etablissement de chemins d'exploitation. . 800
cement peut ne pas atteindre la profondeur conve
Construction de clôtures, mare pour les eaux. 1,225
nue, etc., sans que rien puisse souvent avertir le pro
priétaire ou les experts de l'exécution vicieuse de ces
Construction des bâtimens d'exploitation et
d'habitation. . . . . . . . . 22,550
1ravaux.
Envisagés sous un point de vue général, les tra Total des avances. . . 70,4oo
vaux d'amélioration donnent lieu à des considérations
qu'il ne faut pas perdre de vue. Nous mentionnerons Intérêts de cette somme à 5 p. o/o pendant
18 mois, durée moyenne des travaux. . 5,280
les principales.
Quelle que soit la nature des travaux à exécuter, on Bénéfices industriels de l'entrepreneur pen
ne doit leur donner que les dimensions, l'étendue, les dant ces 18 mois, à raison de 5 p. o/o de
jformes, ou la masse suffisantes pour le service aux son capital avancé et de ses intérêts . . 5,670
quels on les destine. Leurs diverses parties doivent Total des frais. . .. s1,sso
ét1e en harmonie parfaite avec ce service et avoir
chacune leur utilité bien constatée. Toute superfluité Au taux où se vendent les terres dans le pays en
à cet égard entraîne à une augmentation de travail et corps de ferme et de même qualité, leA domaine : mé
à une avance plus considé1nble de capitaux qui n'ac lioré peut être évalué ainsi qu'il suit \
406 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
20 hect. de terre à froment de 2° classe, propriété, ainsi que celle de tous les objets qu'on re
à 1,8o0 fr. l'hect. . . - - . - 56,000 f. marque sur le terrain ou au moins l'indication de leur
15 hect. à céréales de printemps de 2° cl. situation respective suivant des signes convenus. Le
à 1,650 fr. l'hect. . . . . . . . 24,750 lever de la carte topographique suppose, comme on voit,
15 hect. de terre à froment de 4° classe, à l'arpentage, et tantôt on arpente en levant, et tantôt
1400 fr. . . . . . . . . - . 21,000
on lève en arpentant. Les instrumens dont on se sert
Total. . . 81,750 pour mesurer l'étendue de la surface du fonds et en
relever les principaux détails sont ceux de l'arpenteur;
Ainsi cet entrepreneur a fait une spéculation avan le graphometre pour obtenir des valeurs angulaires ;
tageuse puisqu'il est parvenu à donner par des amé: la boussole pour le même objet et pour orienter la
liorations une valeur de 81,750 fr. à des terres qui carte, et enfin la planchette. pour lever directement
n'en avaient dans l'origine que 56,950 fr., qu'il n'a sans connaitre les distances ni les angles. Tous les re
avancé en réalité pour cela que 70,400 fr., et qu'il a lèvemens étant faits, on procède au dessin de la carte,
trouvé pendant ce temps l'intérêt de ses capitaux et c'est-à-dire qu'on trace d'abord au crayon sur le pa
une indemnité pour son industrie. pier, suivant l'échelle, toutes les lignes que comporte
Si la valeur vénale du fonds amélioré ne s'était le plan ainsi que tous les détails qu'il renferme suivant
élevée qu'à 75,680 fr., l'entrepreneur ne serait par les signes convenus. Ce dessin est ensuite mis au trait
venu à donner à celui-ci qu'une valeur égale à ses à l'encre, puis lavé, c'est-à-dire colorié avec des cou
avances et à l'intérêt de ses capitaux : son industrie leurs et des teintes conventionnelles pour les terres
n'aurait pas, dans ce cas, trouvé sa récompense, et si labourables, vignes, vergers, landes, bois, bruyères,
cette valeur n'était montée qu'à 70,400 fr., non-seu sables, marais, etangs, cours d'eau, arbres, construc
lement il n'aurait eu aucun profit industriel, mais il tions, bàtimens, etc.
aurait perdu encore l'intérêt de ses capitaux pendant Examinons maintenant en particulier les avantages
18 mois. que présentent ces opérations topographiques, et ajou
tons plusieurs considérations auxquelles il faut avoir
$ IV. — Des opérations topographiques et de la di égard quand on les entreprend.
vision à opérer sur un fonds. L'arpentage a non-seulement pour but de connaitre
la superficie réelle de la propriété, mais il sert de plus
Lorsqu'on organise le service d'un fonds de terre, il à en déterminer les limites, à en rectifier et fixer le
est nécessaire avant d'entreprendre les travaux qui bornage. à prévenir des contestations fàcheuses avec
doivent en rendre la surface cultivable, ou après l'exé des voisins avides ou de mauvaise foi, et à s'opposer à
cution de plusieurs de ces travaux, de procéder à cer leurs envahissemens. Sous ces divers points de vue il
taines opérations topographiques dont nous allons nous importe qu'il soit fait avec soin et par un homme
occuper. - -
exercé et consciencieux.
Ces opérations pour être enseignées aux agriculteurs Le nivellement est une opération qui demande à être
et être bien comprises par eux, exigeraient qu'on en également bien faite, parce que c'est sur elle qu'on
trât dans un trop grand nombre de détails que ne com s'appuie toutes les fois qu'on entreprend de faire
porte pas la nature de cet ouvrage, et nous sommes for écouler ou d'amener des eaux, d'adoucir des pentes, de
cés de renvoyer aux ouvrages qui traitent spécialement faire disparaître les inégalités du terrain, de déter
de ces matières. Nous dirons seulement qu'elles sont miner la direction des pièces de terre, des clôtures,
faites la plupart du temps dans nos campagnes, par les celle des chemins ruraux, ou de se livrer à certains
géomètres-arpenteurs et dans les cas les plus impor travaux de terrassement.
tans, par des ingénieurs; mais que la connaissance de Dans le tracé des chemins ruraux, dans celui des
leurs méthodes et de leurs procédés , dans les cas or canaux, étangs, marais, fossés, rigoles, dans celui de
dinaires, n'exigeant que les simples notions de l'arith l'emplacement des constructions, ouvrages d'art ou bâ
métique, de la géométrie et du dessin, elles pourraient timens, il ne faut jamais perdre de vue que ces objets
aisément devenir familières aux cultivateurs, et être doivent être établis de manière à nécessiter le moins
avantageusement exécutées par eux avec une précision de frais d'entretien, à ménager le terrain, à faciliter
suffisante. Ces opérations sont : ou à diminuer les travaux des hommes ou des attelages,
1° L'arpentage, qui a pour but de mesurer l'étendue à économiser le temps et les frais de transport.
de la surface de la propriété ou des champs, et qui L'établissement des chemins ruraux, étant en parti
s'exécute au moyen de jalons et de fiches, ainsi que culier une opération purement agricole, mérite d'attirer
d'une chafne et d'une équerre dites d'arpenteur. Les l'attention de l'administrateur. D'abord ils doivent pro
mesures une fois prises avec ces instrumens, on dresse curer un accès facile aux bâtimens ruraux, à chaque
le tracé du plan, c'est-à-dire une figure qui représente pièce de terre, aux étangs, mares, carrières, ainsi
sur le papier celle de la propriété arpentée et de ses qu'aux chemins communaux, ce qui ne paraît pas pré
principales divisions d'après un certain rapport qu'on senter de difficulté quand la ferme est de figure ré
nomme une échelle. gulière, divisée en vastes enclos et placée favorable
2° Le nivellement, qui sert à déterminer les diffé ment relativement aux chemins vicinaux, mais qu1
rences de niveau entre les divers points de la surface du parfois offre des obstacles qu'il faut étudier et savoir
domaine.On l'exécute sur le terrain arpenté au moyen du vaincre quand le domaine ne se trouve pas dans ces
niveau d'eau et d'une règle de bois divisée, portant une conditions. Ces chemins doivent être autant que pos .
planchette qu'on nomme mire. - sible dirigés en lignes droites pour ménager le terrain,
3° Le tracé des chemins ruraux oud'exploitation, ce pour diminuer les frais d'établissement et d'entretien,
lui des canaux, étangs, mares, fossés, rigoles, celui de tant des chemins eux-mêmes que des clôtures qui les
l'emplacement des constructions, ouvrages 1'art et bà bordent ; ils doivent présenter plus de largeur près des
timens, etc. Ce tracé étudié et figuré d'abord sur le plan angles brusques, aux alentours des portes des enclos
est ensuite reporté sur le terrain au moyen des instru pour donner aux voitures plus de facilité pour tourner
mens d'arpentage. et éviter les accidens fâcheux. Quant à leur construc
4° Le lever de la carte topographique qui est la re tion, nous renvoyons au tom. I", pag. 555, où ce sujet
présentation sur le papier et d'après une échelle dé a été traité par l'un de nos collaborateurs.
terminée des dimensions et de la figure exacte de la Le lever de la carte et la division du terrain en piè
CIIAP. 3e. DES AMÉLIORATIONS FONCIERES. 407
ces de terre sont d'une très grande importance dans une construction de ponts ou autres ouvrages pour passer
exploitation rurale. Ces opérations ont pour avantages d'une partie d'une pièce dans une autre. On est encore
communs de permettre l'établissemnent d'un assolement souvent contraint d'adop'er une certaine direction dans
régulier sur la propriété, de déterminer le tracé des clô la division des pièces, quand la propriété est frappée de
tures, de faciliter la direction de tous les travaux agri servitudes gênantes ; ainsi, tantôt on est obligé de livrer
ccles qu'on peut conduire en suivant les indications passage aux hommes et aux animaux qui se rendent sur
de la carte et de ses divisions; de rendre plus aisée la les fonds voisins ou sur un pacage communal, et dans
curveillance des travailleurs et la mesure de leur tra ce cas il faut établir les chemins les plus directs et les
vail , enfin de fournir un certain nombre d'élémens plus courts, et les border de haies ou de fossés qui
in lispensables dans les calculs relatifs à des plans gé servent de limites aux pièces contiguës et préviennent
néraux et particuliers de culture ou de produit des les déprédations des passans ou les ravages des bes
terres. tiaux étrangers ; tantôt on est assujéti à recevoir les eaux
Arrêtons-nous en particulier sur chacune de ces opé d'un fonds supérieur auxquelles il faut creuser un lit
rations. entre les pièces de terre pour les empêcher d'inonder
D'abord nous répéterons ici, relativement à la carte celles-ci et d'interrompre ou contrarier, si elles cou
topographique, ce que nous avons dit pour le tracé du paient une pièce, les travaux de labourage ou autres,
plan d'arpentage; elle ne saurait être faite avec trop etc. Enfin la figure même de la propriété peut être
d'attention, et la plupart du temps elle dispense du 2e telle qu'il soit beaucoup plus avantageux d'établir les
dont elle contient toutes les indications. Mais pour com pièc s dans une direction que dans une autre.
pléter les notions qu'on peut puiser dans son inspec La situation respective des pièces varie en raison
tion, nous pensons qu'il est indispensable dans une ex des mêmes causes que la direction ; mais ici la figure
ploitation bien dirigée, d'y joindre un mémoire des de la propriété joue un rôle plus important, et c'est à
criptif ou état de lieux où sont décrits tous les objets l'administrateur à chercher, parmi toutes les combinai
immobiliers qui se trouvent sur le domaine suivant leurs sons dont la division est susceptible, celle qui présente
situations respectives, leurs dimensions, les parties qui le plus d'avantages sous tous les rapports.
les composent, leur usage, leur qualité et leur état au L égalité des pièces, sous le rapport de l'étendue et
moment où on rédige ce mémoire. Celui-ci contient de la nature, est une chose fort importante pour avoir
en outre la désignation de chaque piece de terre sui chaque année la même quantité de travaux à exécuter
vant son étendue, ses limites, ses caractères physiques et obtenir la même masse de grains et de fourrages ;
et agronomiques, et les améliorations dont ces pieces mais elle est souvent difficile à établir, surtout quand
peuvent être susceptibles. De cette manière la carte et les bâtimens sont dans une position peu favorable et
le mémoire qui ſ'accompagne, deviennent la base sur placés à une des extrémités de la ferme ou quand la
laquelle l'administrateur s'appuie par la suite pour propriété présente des différences considérables dans
établir et diriger tout son système d'exploitation et la nature et la qualité des terres, ce qui contraint sou
d'amélioration. vent à doubler le nombre des soles, à multiplier les
Le mémoire peut être rédigé par l'administrateur pièces ou à adopter 2 assolemens divers.
lui-même, s'il a les connaissances pratiques suffisantes, Relativement à la figure et à l'étendue des pièces
ou, dans le cas contraire, par un ingénieur du cadastre, nous allons emprunter les paroles de l'auteur du Code
un géomètre arpenteur, un architecte ou un expert. d'agriculture qui a traité ce sujet avec beaucoup de
Avant de nous occuper de la divis on d'un domaine netteté.
en soles ou pièces, rappelons que nous avons signalé « C'est, dit J. SiNcLAIR, un grand avantage pour ce
ailleurs (p 225 ) les inconvéniens des propriétés mor lui qui exploite une ferme que ses pièces soient d'é
celées et de l'enchevêtrement et les moyens d'y remé tendue et de figure convenables. Il est exposé à des
dier. pertes inévitables lorsqu'elles sont divisées au hasard,
La division du terrain d'un domaine en soles ou sans attention au système particulier de culture qu'on
pièces de terre exige une attention spéciale, parce doit y suivre. Lorsqu'une ferme est divisée en pièces
qu'elle exerce sur le succès et la bonne direction des de diverses étendues il est difficile d'y établir une ro
opérations ultérieures une influence beaucoup plus tation régulière de récoltes et d'y tenir ses comptes de
grande qu'on ne le croit communément. culture très exacts; il est certainement convenable
Les divisions qu'on opère sur la surface d'un do dans une ferme d'avoir quelques pièces de peu d'éten
maine doivent être envisagées sous le rapport de leur due encloses pour en former des pâturages, et, dans
direction, de leur situation respective, de leur égalité, les situations élevées, les abris que présentent les petits
de leur étendue et de leur forme. enclos ont aussi leur avantage, l'hiver surtout ; mais
La direction des pièces de terre n'est pas indiffé dans les fe mes à grains il n'est généralement pas
rente; d'abord l'exposition, puis l'état de sécheresse ou avantageux d'avoir un grand nombre de petits enclos
d'humidité du sol et les phénomènes climatériques sont de forme irrégulière, entourés d'arbres ou de haies
autant d'élémens qu'il faut prendre en considération élevées, principalement dans les contrées plates où les
avant de se déterminer sur la direction qu'il convient abris ne sont pas nécessaires. Les clôtures multipliées
de donner, vers tel ou tel point de l'horizon, aux sont dispendieuses à établir, elles s'opposent à la libre
pièces de terre, surtout quand on les trace de forme circulation de l'air, donnent asile à un grand nombre
oblongue. Cette direction dépend encore de la si d'oiseaux, font perdre un très grand espace de terrain,
tuation des bâtimens d'exploitation dont il faut rap épuisent le sol, nourrisscnt une foule de plantes para
procher autant que possible l'entrêe des pièces, de sites dont les graines se répandent sur les champs et
la nécessité de ménager un accès facile aux hommes, nuisent à la dessiccation des moissons lors des récoltes.
aux voitures et aux animaux, de celle où on est de fa D'un autre côté, lorsque les pieces de terre sont d'une
ciliter les moyens d'abreuver journellement le bétail, grande étendue, il y a moins de terrain perdu, moins
des conditions physiques dans lesquelles se trouve le do de clôtures à exécuter, les récoltes peuvent être ren
maine qui peut être traversé, soit par une route ou un trées plus promptement et souffrent moins dans les sai
chemin public servant de limites naturelles aux pièces sons humides ; dans les pâturages, il est plus facile de
et qui permettent d'y pénétrer sans l'établissement d'un fournir de l'eau pour abreuver le bétail ; enfin dans les
chemin rural, ce qui économise le terrain, soit par un grandes pièces de terres arables, on n'est pas obligé,
cours d'eau qui, en limitant les soles, n'oblige pas à la lors du labourage, à des tournées fréquentes et on fait,
408 ADMINISTRATION RURALE. LIV, VII.
lorsque les pièces sont régulières et les sillons de lon nière plus expéditive. La forme carrée permet de la
gueur convenable, autant d'ouvrage avec 5 charrues bourer dans toutes les directions, lorsque cela est
qu'avec 6 travaillant dans de petites pièces de forme nécessaire, et c'est celle qui entraine le moins de perte
irrégulière. Presque tous les autres travaux présentent de temps dans toutes les opérations de l'agriculture.
un rapport à peu près aussi avantageux. - Lorsque les pièces sont petites, on doit préférer la fi
« Les circonstances dent doit dépendre l'étendue des gure rectangulaire ou en carré oblong, afin que les la
pièces de terre sont : L'étendue de la ferme; dans les bours s'exécutent avec moins de tournées. Cette forme
petites fermes situées près des villes, c'est peut-être a encore l'avantage de pouvoir subdiviser facilement
assez de 2 hect. 50 ares à 5 hect. ; mais lorsque les ces pièces par des claies pour faire consommer des ré
fermes sont d'une grande étendue, on peut donner avec coltes sur place par les bestiaux. Enfin, les champs
avantage aux pieces depuis 8 jusqu'à 20 hect., et carrés ou rectangulaires permettent de connaître avec
même, dans quelques cas particuliers, jusqu'à 24 hect. facilité et par un calcul simple, d'après la longueur et
Cependant, en général, les juges compétens préfèr nt la largeur des sillons, si les laboureurs ont bien em
les pièces moyennes de 6 à 10 hect., même dans les ployé leur temps. »
grandes fermes quand les circonstances locales le per
mettent ; — Le sol et le sous-sol; on doit faire at S IV.—Des constructions rurales.
tention, lorsque le sol est varié, de séparer les terrains
légers des terrains argileux ; non-seulement il est plus L'industrie agricole a besoin, pour loger ses
facile de les consacrer à différentes récoltes et de les travailleurs, mettre ses récoltes à l'abri de
soumettre à des assolemens différens, mais il est plus l'influence des saisons ou des déprédations,
commode d'exécuter les cultures qui doivent êure faites abriter et tenir chaudement ses animaux de
dans les saisons différentes ; — La ro ation adoptée; trait et de rente, d'édifices ou bâtimens qu'on
en thèse générale, une ferme doit être divisée confor désigne ordinairement sous le nom collectif
mément à l'assolement qu'on doit y suivre ; c'est-à de bätimens ruraux ou de maison de ferme.
dire qu'une ferme où l'on adopte un assolement de 6 L'art des constructions rurales ou l'architcc
ans doit être divisée en 6 pièces ou en 12, selon les ture rurale est une branche de l'architecture
circonstances. Il est bon qu'une pièce entière, si le sol
est uniforme, soit chargée de la même récolte, et tout
† s'occupe en particulier de la rédaction
es projets et de # construction de tous les
cultivateur expérimenté sait combien il est avantageux bâtimens, édifices ou des travaux d'art qui
. que les produits de chaque année soient égaux sur la peuvent être utiles à l'agriculture. Cet art
ferme autant que le sol et les saisons peuvent le per fort important a été beaucoup négligé en
mettre; — Le nombre des charrues; il est également France , et nous regrettons que les limites
convenable que l'étendue des pièces de terre soit pro qui nous sont imposées ne nous permet
portionnée au nombre de chevaux et de charrues qu'on tent pas d'entrer dans tous les détails qu'il
emploie sur la ferme, de manière que les labours soient comporte, et nous force de renvoyer aux
achevés en peu de temps et que les hersages, les rou ouvrages qui traitent spécialement cette ma
lages et la moisson soient terminés plus promptement tière.
et économiquement. Par exemple, lorsqu'on emploie Les bâtimens ruraux doivent en général at
6 charrues à 2 chevaux, on considère des pièces de 7 tirer l'attention toute particulière d'un adminis
à 1o hect. comme l'étendue la plus convenable; avec trateur, parce qu'ils contribuent pour une part
12 chevaux ces pièces peuvent toujours être terminées beaucoup plus grande qu'on ne se l'imagine
en 4 jours ou en 5 au plus ; — L'inclinaison du ter dans nos campagnes, au succès des opérations
rain; même dans les terrains bien desséchés on ne peut dans un établissement. Un emplacement mal
faire, si le sol est en pente, les sillons tres longs, par choisi, une forme ou une distribution incom
ce que les attelages seraient trop fatigués ; — Pâtu modes, des constructions insalubres ou mal
rages; lorsqu'on adopte la méthode d'employer le sol adaptées à leur service, etc., occasionnent des
en pàturages et en terres arables, surtout lorsque le pertes de temps, de denrées, de capitaux qui
pâturage doit durer 2 à 5 années de suite, les pièces accroissent sans nécessité les frais de produc
de terre de 8 à 12 hect. sont avantageuses; le cultiva tion. Partout où les maisons de ferme et les
teur peut ainsi diviser son bétail ; les bêtes à cornes et bâtimens destinés à loger le bétail sont étroits,
les moutons sont plus tranquilles que lorsqu'on les et construits d'après des principes vicieux ,
réunit en plus grand nombre et il y a moins d'herbe comme dans la majeure partie de la France ,
détruite par le piétinement ; — Le climat; dans les on peut dire sans craindre de se tromper,
climats secs et froids on doit désirer les petits enclos, que l'agriculture n'est pas florissante ; tandis
à cause de l'avantage des abris, tandis que dans les que partout, au contraire, où les bâtimens de
pays humides, les pièces de terre en culture ne peuvent ferme sont bien placés, distribués avantageu
être trop ouvertes et trop aérées, afin que le sol se des sement, entretenus avec soin , ainsi que cela
sèche promptement, que les grains croissent et mûris se rencontre communément en Angleterre et
sent avec plus de facilité et que le cultivateur, favorisé dans d'autres pays, on est en droit d'en con
par le libre accès de l'air, soit moins gêné pour ren clure que l'agriculture prospère et y est bien
trer ses récoltes dans une saison défavorable. entendue.
« Quoique, dans les grandes exploitations, les pièces Des bâtimens qui réunissent les conditions
de terre doivent être d'une grande étendue, cependant qu'on exige dans ces édifices accroissent d'une
il est très utile d'avoir près de la maison de ferme manière bien notable la valeur d'un domaine et
quelques enclos plus petits pour les vaches qui ali SINCLAIR ne craint pas d'avancer qu'un fer
mentent la famille, pour y renfermer les poulains et mier industrieux pourra offrir un fermage
les jumens, pour y cultiver une grande variété de vé d'un quart et même d'un tiers en plus pour
gétaux et pour y faire en petit des expériences. une ferme dont les terres et les bâtimens sont
• Quant à la figure des pièces de terre, elle peut distribués d'une manière commode et régu
être carrée ou rectangulaire. bans les pièces de figure lière plutôt que pour une autre ferme de mê
carrée, on a l'avantage que les clôtures forment des li me étendue, disposée suivant un plan irrégu
gnes droites et que le labourage s'y exécute d'une ma lier et incomnmode. Dans une ferme comme
CIIAP. 3e. DES BATIMENS RURAUX. 409
les inconvéniens des divers emplacemens,
ces dernières, ajoute-t-il, une partie des terres
est souvent négligée et on y met moins d'en et à se décider pour celui qui lui procu
grais; les dépenses de culture y sont essen rera dans son exploitation la plus grande
tiellement augmentées, les attelages sont as économie de temps, de main-d'œuvre et de ca
sujétis à une fatigue inutile, le travail ne pitaux.
eut y être réglé d'un manière profitable, le 2° La situation et l'orientation. Une maison
§i ne prospère pas et on ne peut attendre de ferme ne doit pas être située sur le som
d'aucune opération agricole autant de succès met d'une colline ou sur un sol plat; on doit
que si tout était disposé autrement. -
la placer, quand on le peut, sur un terrain
très légèrement en pente et à l'exposition du
1o Des conditions générales que doivent rem midi. Cette exposition peut au reste varier
plir les bātimens ruraux. suivant les localités. Le lieu où on l'établira
sera parfaitement sec, afin que les bâtimens
" Les conditions que doivent remplir des bâ soient plus sains et qu'on puisse plus aisé
timens ruraux, pour être parfaitement adap ment les maintenir chauds et propres ; il sera
tés au service auquel on les destine, sont aussi d'un accès facile pour les animaux et les véhi
diversifiées que les habitudes, les mœurs, l'é cules ; il s'élèvera suffisamment au-dessus du
tat de l'agriculture, la position topographique niveau du domaine pour qu'on puisse aperce
des pays et la nature des exploitations. Il en voir d'un coup d'œil la plus grande partie de
est néanmoins quelques-unes qui ont un ca celui-ci et tous les travailleurs qui opèrent
ractère de généralité et sur lesquelles nous dans un point quelconque. Le bord d'un petit
devons insister plus particulièrement : ruisseau sur un sol sablonneux ou graveleux
1° L'emplacement; c'est un axiome en éco est une situation à la fois agréable, salubre et
nomie agricole que la maison de ferme et ses commode, mais désavantageuse au contraire
dépendances doivent autant que possible être pla sur les terres glaiseuses et fortes. On évitera
cées au centre de l'exploitation. Ce principe, toujours les localités basses et marécageuses
comme il est facile de le comprendre, a moins qui nuisent à la santé des hommes et des ani
d'importance pour les petites fermes; mais maux et affaiblissent leur vigueur et leur
dans les grands établissemens où on néglige énergie et celles où l'on est trop exposé aux
d'en faire l'application , non-seulement on influences d'un soleil d'été brûlant ou à la fu
éprouve des pertes de temps inévitables , un reur des vents, des orages ou des ouragans.
surcroît de travail et de très grandes difficul Dans les fonds en terres tenaces et où l'at
tés pour la surveillance des travaux, mais les mosphère est constamment saturé de vapeurs,
pièces de terre qui se trouvent très éloignées, les charrois et les travaux sont toujours pé
ar suite de l'emplacement mal choisi pour nibles et les bâtimens malsains et humides ;
es bâtimens, sont cultivées avec moins de soin en outre, ceux-ci s'y détériorent très promp
ou abandonnées souvent à un misérable état tement, et les récoltes, quoique rentrées en
de pâturage qui fait décroître leur fécondité. bon état, y contractent une moiteur ou même
On conçoit d'après cela combien il est peu de la moisissure qui diminue leur valeur ou
judicieux, ainsi qu'on le voit dans une foule leur cause de notables avaries.
de lieux, de placer les maisons de ferme dans 3° La réunion des bâtimens. Le mode qui pa
les villages et à une distance quelquefois très raît devoir être le plus avantageux dans les
ande des terres qu'on y exploite. Dans tous parties septentrionales de la France, c'est de
es cantons les mieux cultivés de la Belgique , réunir tous les bâtimens en un seul corps et sous
il n'y a que les marchands, les artisans , les un méme toit; les frais de construction ainsi
ouvriers ou journaliers qui habitent les villa que ceux d'entretien sont ainsi beaucoup
ges; toutes les maisons de ferme sont placées moindres, et la température au sein de ces bâ
au milieu des champs qu'on y cultive; c'est timens agglomérés se conserve plus aisément
même en grande partie à cet état de choses douce et modérée pendant la saison rigou
que ScHvvERz attribue les progrès si remar reuse que dans ceux qui sont isolés. Dans le
quables de l'agriculture dans ce pays. Il en Midi, ou on a besoin d'une plus grande circu
est à peu près de même dans † dé lation d'air, on peut s'éloigner de ce prin
partemens du nord et de l'est de la France, cipe.
en Angleterre, en Hollande, dans le Holstein, Dans les pays où, comme en Angleterre, on
en Suisse, en Toscane et dans toutes les loca fait passer aux bestiaux l'hiver en plein air,
lités qui se distinguent par des progrès dans on a trouvé avantageux de construire sur les
l'industrie agricole. pâturages ou les soles trop éloignées des
Il est quelques circonstances où on peut abris légers où les animaux peuvent se réfu
s'écarter du principe qui exige qu'on place les gier ou recevoir leurs alimens; on épargne de
bâtimens au centre de l'exploitation ou à peu cette manière tout le travail qui aurait été
près : telles sont celles ou § est obligé de se nécessaire pour transporter les récoltes vertes
rapprocher d'un cours d'eau soit pourabreuver au centre de l'exploitation et les fumiers sur
les animaux ou pour les usages domestiques, les champs.
soit pour mettre en mouvement une machine Quelques grands fermiers de ce pays font
à battre, des moulins à blé, des roues hydrau même construire ainsi dans diverses parties
liques qui servent de 1º moteurs aux machi placées trop loin de ce centre, de petites
nes d'une fabrique, ou bien celles où le centre granges légères où on emmagasine les récol
de l'établissement ne présente pas les condi tes des champs environnans.
tions désirables, celles enfin, où la nécessité Dans les fermes où s'exercent un ou plu
force de se rapprocher d'un chemin public, sieurs arts agricoles qui nécessitent l'emploi
d'un canal, des lieux habités, etc.; c'est à de la ſorce motrice † l'eau, on est souvent
l'administrateur à peser les avantages et obligé de séparer les bâtimens de la fabrique
AGRICULTURE , ToME IV. —52
4 10 ADMINISTRAT1ON RURALE. LIV. VII.
de ceux de la ferme : c'est même une mesure
dans l'intérieur de la ferme, et d'opposer les
commandée par la prudence, quand cette fa 3 côtés fermés aux 3 autres points cardinaux
brique est de nature à causer des incen de l'horizon.
dies. Toutes les autres formes qui donnent lieu
Il en est de même dans les pays où les à des projections extérieures ou à des angles
constructions sont en totalité ou en partie saillans ou rentrans sont désavantageuses ;
établies en bois ou recouvertes en chaume, en elles augmentent l'étendue des murs d'en
roseaux ou bruyères ; on sépare ainsi quel ceinte et des toits et par conséquent les dé
quefois tous les bâtimens les uns des autres, penses, sans accroître la surface utile ou la
comme on le voit dans une grande partie de capacité disponible.
la Normandie, pour éviter la communication 5" La configuration extérieure. Il est utile,
des incendies. Les constructions rurales du surtout dans les climats exposés aux vents
etit pays de Waes, si renommé par l'excel rigoureux de l'hiver , que les bâtimens pré
ence de son agriculture, sont, au rapport de sentent leurs murs d'enceinte à l'extérieur,
ScHvvERz, les plus élégantes, les plus com afin d'y mieux conserver la chaleur. Cette
modes et les moins dispendieuses. Les gran disposition a en outre l'avantage de former
ges, les étables, les hangars sont construits de tous côtés une clôture qui previent les at
én planches, et la maison d'habitation seule taques extérieures , et de faciliter toutes les
est en briques. Cette maison, qui est propre, opérations par l'accès que la cour intérieure
commode et munie de plusieurs grandes fe donne à toutes les parties du bâtiment.
nêtres, est ordinairement placée au fondd'une Quelques auteurs ont proposé d'appuyer
cour spacieuse et gazonnée ; les bâtimens sur les murs d'un bâtiment central toutes
d'exploitation sont placés çà et là, à peu de les dépendances d'une maison de ferme, et
distance, et tous séparés les uns des autres, on voit très fréquemment une disposition de
par des espaces, entourés de haies d'aubépine ce genre dans les petits établissemens, mais
ou de houx. Les étables où les vaches reçoivent cette forme qui n'a pas d inconvénient sen
l'hiver des alimens cuits sont près de la mai sible dans ce dernier cas, et qui du reste
son d'habitation, les granges et autres bâti entretient une température plus élevée dans
mens placés à quelque distance. La vue d'une le bâtiment central, et procure une économie
petite ferme de cette espèce est aussi riante et dans les frais de construction doit être pros
pittoresque que cette habitation est agréable crite pour les exploitations plus étendues ,
et salubre pour ceux qui la peuplent. 1° parce qu'elle n'y est pas aussi aisément
Au resté, dans tous les lieux où les bâti praticable ; 2° parce qu'il n'y a pas de clôture
mens sont séparés les uns des autres, il est et que les faces d'entrée et de sortie des bâ
indispensable de les entourer et de les unir par timens sont exposées aux vents ; 3° Parce que
des clôtures quelconques, afin qu'on ne puisse y les incendies peuvent y faire plus de ravages ;
pénétrer du dehors que par les portes ou les 4° parce que le service exige qu'on tourne
ouvertures qu'on ménage à cet effet. à chaque instant autour du bâtiment, ce qui
4° La forme générale. Les formes qu'on peut occasionne une grande perte de temps ; 5°
donner à un bâtimeut de ſerme sont infini eufin, parce que la surveillance y est plus dif
ment variables suivant les pays, les besoins et ficile et que les serviteurs peuvent s'y sous
les circonstances ; nous nous contenterons de traire plus aisément à l'œil du maître.
parler de celles qu'il convient de donner à des 6º La surface générale ou aire circonscrite par
âtimens réunis en un seul corps. les bâtimens. Elle doit être proportionnelle à
On a essayé de faire des corps de ferme circu l'importance de la ferme, mais soumise néan
laires, c'est - à - dire où les bâtimens étaient moins à quelques conditions.
disposés circulairement autour d'une cour L'étendue des cours est une chose fort essen
intérieure. Cette forme, qui, pour un même tielle dans un établissement rural; outre
périmètre, renferme une plus grande sur qu'elle est nécessaire pour la santé des hommes
ace que toute autre figure, a ensuite été mo et des animaux, elle donne encore une grande
difiée par MARsHALL, qui a proposé un octo facilité quand on peut introduire les véhicules
gone ou un polygone d'un plus grand nombre et les faire manœuvrer dans l'intérieur du
de côtés. Ces figures ont présenté de l'écono corps des bâtimens. Cette étendue est encore
mie dans la construction, mais elles ont rendu plus nécessaire dans les fermes où l'on est
les distributions et subdivisions plus difficiles dans l'habitude d'amasser le fumier et de l'y
et offert des inconvéniens qui les ont fait re laisser se parfaire en tas et surtout quand on
jeter. en fait des tas distincts suivant le degré
La forme à laquelle on accorde générale d'ancienneté, ainsi que dans celles où on nour
ment la préférence est une aire ayant la fi rit et engraisse le gros bétail dans des cours
gure du carré ou du rectangle. Ces figures où on rassemble et répand journellement le
sont d'autant plus avantageuses que l'enceinte fumier des écuries et des étables à vaches. .
des bâtimens est plus considérable; ainsi, une Des cours spacieuses sont encore une nécessité
maison de ferme qui couvre un are a besoin dans le système de la stabulation permanente
d'un mur d'enceinte de 40 mèt. de développe des bestiaux, afin qu'on puisse de temps à autre
ment, tandis qu'un mur de 80 mèt. ou du faire prendre l'air à ces animaux et les faire
double suffit pour clore une surſace de 4 ares sortir soit pour boire, soit pour nettoyer les
ou quadruple de la précédente. étables. -
Tantôt le rectangle ainsi formé est fermé de L)ans des cours d'une étendue convenable,
tous côtés, tantôt il est ouvert sur l'un de ses tous les services se ſont avec aisance sans
côtés. Dans ce cas, on prescrit en règle générale perte de temps et sans encombrement : mais,
de choisir pour ce dernier l'aspect du midi,pour par contre, dans une cour qui a trop d'éten
que l'air et la chaleur solaire pénètrent mieux due, il y a surcroit de travail, perte de terrain
CHAP. 3°. DES BATIMENS RURAUX. 411
cultivable et accroissement inutile de dépenses à laiterie à surface égale en exige davantage,
pour s'enclore. - mais moins qu'une ferme à grains à culture
-
égard à la taille et à la race des animaux et 1oo kil. de gerbes de from. 40kil. grain et 60 kil. paille.
à leur mode d'alimentation. Par exemple, une 1 00 . . . seigle. 56 . . , 64
bergerie pour des moutons petits et communs 100 . . . .. orge.45 . . . 55
n'a pas besoin, pour un nombre égal de téles, 100. . . .. avoine. 42 . . . 58
de présenter autant de surface † celle des 100. . pois ct vesces. 24 . . . 76
tinée à des moutons de haute taille ou perfec Des céréales coupées à la faucille occupent
tionnés ; des animaux nourris constamment à aussi moins de place que celles moissonnées à
l'étable ont besoin de plus d'air et d'espace la faux, parce qu'elles sont moins brouillées
ue ceux qui sortent et pâturent, et les bêtes et disposées plus régulièrement.
'engrais doivent jouir d'un espace libre plus Cela posé, le savant agronome que nous
considérable que † autres bêtes de rente.
avons cité plus haut a trouvé qu'au moment
L'expérience paraît avoir démontré, suivant de la récoHte, les produits suivans occupaient
M. BLock, que l'étendue superficielle des bâ terme moyen pour les bonnes et les mauvaises
timens pour chaque , espèce d'animaux qui années, savoir :
composent le bétail de trait ou de rente de
vait être réglée de la manière suivante : 1 kil de gerbe de froment d'hiver, 46o po. cubts ou 92oo centim. cub.
- seigle d'hiver, 48o ou 96oo
- grosse orge, 44o — 88oo.
avoine, 45o — 9ooo.
Pour un cheval de taille plutôt grosse que petite, et -
La salle à manger, celle de réception ou de réunion ou En Angleterre et en Ecosse, on est dans l'usage de
parloir, le cabinet du fèrmier, avec sa caisse journa loger les domestiques, ou même les manouvriers em
liere, le garde-manger doivent, pour la commodité, ployés aux travaux agricoles, dans de petites maisons
occuper le rez-de-chaussée. Les dépendances de ce rez dépendantes des bâtimens d'exploitation ou de petites
de-chaussée sont la laiterie à lait, à beurre ou à fro chaumières élevées à quelque distance de ces bâtimens.
mage avec son échaudoir, qui, quand elle n'est pas Ces habitations qui ont un ou deux étages, sont la plu
souterraine, doit être placée dans un petit bâtiment re part du temps construites en briques et recouvertes en
jeté derrière la maison et exposé au nord (voy. t. III, chaume, ardoises ou autres matériaux. Toutes ont un
p. 2 et 5); le fruitier, le conservatoire à l,gumes, la petit jardin de quelques ares par-derrière, et dans les
chambre aux provisions, etc., doivent être à la même districts les mieux cultivés de l'Ecosse, où on permet
exposition que la laiterie; le bucher, les hangars pour aux domestiques mariés d'avoir une ou plusieurs va
certaines opérations de ménage peuvent être groupés ches et des cochons, on construit, lorsque ces animaux
autour de la maison ; il en est de même quelquefois ne sont pas nourris avec ceux du maître, de petits abris
des cabanes pour des animaux domestiques, tels que pour eux soit derrière la maison, soit à l'extrémité de
chiens, lapins, etc., et des latrines communes ou pri la lisne de maisons qu'occupent tous les domestiques
vées qu'on peut rejeter à quelque distance. Au 1" étage, ou les manouvriers d'une même exploitation. Cette
on place avantageusement la chambre à coucher du coutume d'élevér ainsi pour les employés des maisons
fermier, sur le devant du bâtiment ou du côré de la qu'on construit souvent avec une certaine élégance et
ferme, afin qu'il puisse voir ce qui s'y passe, les salles beaucoup de propreté, et qu'on réunit en des espèces
pour la lingerie, pour le travail des femmes, la garde de petits hameaux ou groupés artistement dans les di
robe, un cabinet pour serrer de l'argent, des papiers et verses parties d'un domaine, a donné naissance à l'ar
objets importans, et quelquefois le •ogement des en chitecture des chaumières, genre de construction qui
fans. Au 2° étage peuvent être placées les chambres joue un rôle important en Angleterre dans les cons
pour les plus jeunes membres de la famille, avec 2 ou tructions rurales, la décoration des parcs et des jardins
5 chambres de réserve pour les étrangers et pour des et l'aspect pittoresque du pays.
usages quelconques, et enfin dans le combie quelques
chambres pour les servantes attachées au service de la C. Des bâtimens d'exploitation.
famille ou pour tout autre usage.
On conçoit que les mœurs, les usages, la situation S'il fallait présenter dans ce paragraphe toutes les
des lieux, la oondition et le degré d'éducation des agri considérations auxquelles donnent lieu soit la construc
culteurs doivent apporter des modifications infinies à tion, soit la distribution, la forme, etc., de chaque por
l'étendue, au mode de construction et de distribution tion des bâtimens ruraux en particulier, nous serions
de la maison d'habitation ; aussi croyons-nous devoir obligés d'entrer dans des détails étendus que ne com
4 16 A1DMINISTRATION RURALE. f.IV. vv-"
porte pas l'étendue de cet ouvrage ; nous croyons donc fenil, chambre au hache-paille, au coffre à avoine,
sellerie ou salle aux harnais. Notre livre consacré aux
devoir nous restreindre ici à quelques observations d'un
intérêt pratique et d'une application usuelle. animaux domestiques contient tout ce qu'il est néces
WAIsTELL à qui l'on doit un fort bon traité sur les saire de savoir sur la construction, l'aérage et la sa
constructions rurales publié à Londres en 1827, a par lubrité de ces bâtimens. Nous reviendrons seulement
tagé tous les bâtimens d'exploitation et dépendances sur le détail de leurs dimensions que nous n'avons
en 11 classes suivant le service auquel ils sont desti précédemment donné qu'en gros.
nés ou leur analogie ; nous en ajouterons 2 autres qui
Un bon cheval de taille moyenne exige pour
formeront ainsi 15 classes distinctes que nous allons pas 1° La longueur du râtelier ou mangeoire, non
Ser en rCVue.
compris les poteaux, barres ou planches
1re classe. Granges, gerbiers, aire à battre, loge de separation entre les stalles . . . . 5 pi. carres.
ment de la machine à battre. Les granges sont inuti 2° La longueur de la stalle, y compris la lar
les ou moins grandes dans les pays où l'on met les cé geur de la mangeoire ou du râtelier et un
réales en meules; WAIsTELL pense que les granges en for passage derrière l'animal. . . . . .. 12
me de rectangle sont proportionnellement plus dispen Ce qui fait pour chaque cheval à l'écurie. | Go
dieuses que celles de forme carrée; cependant, en Bel 3° Le magasin à fourrage, sellerie, chambre au
gique, on donne partout la préférence aux granges lon coffre à avoine, au hache-paille, etc., en
supposant une écurie de 8 à 16 chevaux
gues et peu élevées. Il est avantageux que ces bâtimens pour chacun . . . . . . . . « 15
présentent 2 portes charretières à 2 ventaux pour que
les voitures chargées de récoltes entrent par l'une et Au total, pour chaque cheval : .° . » 75 pi. carrés.
de surface de bâtiment.
en ressortent vides par l'autre. Dans quelques lieux on
ne conserve qu'une fenêtre à l'extérieur sous laquelle Il est avantageux d'établir des séparations entre les
s'approchent les voitures et qui servent à rentrer ces chevaux. Ces bâtimens ne doivent pas avoir moins de
récoltes.
8 à 9 pi. de hauteur et le plus souvent 10 à 12. Il
Nous avons vu précédemment que 5,5 kil. de gerbes faut éviter de placer au-dessus les greniers à four
occupaient environ 1 pi. cube ( 1 quint. mèt. environ rages avec plancher à claire voie. La ventilation doit
1 mèt. cube); cette donnée va nous servir à déterminer s'opérer par des fenêtres suffisamment spacieuses et
la capacité qu'il faudrait donner à une grange dans le par de petites ouvertures, qu'on peut fermer au besoin
cas où il s'agirait de la construire à neuf. et qu'on établit à diverses hauteurs. Le plancher doit
Supposons, par exemple, qu'il s'agit d'engranger par être légèrement en pente, et en matériaux imperméables
année 50,ooo gerbes de 6 kil. chacune ou 180,000 kil. pour que l'urine ne s'infiltre pas et ne s'y corrompe --
de diverses espèces de grains, dans une grange à laquelle pas. Il serait avantageux que le bas des murs fût re
on veut donner 36 pi. (12 mèt.) de largeur et 12 pi. crépi en ciment hydraulique.
(4 mèt. ) de hauteur ; quelle longueur ce bâtiment 4° Classe. Vacherie, étables pour les bœufs de
doit-il avoir? -
trait ou à l'engrais, les animaux malades, cellier, si
Voici le calcul qu'il faut faire : los, caves ou magasins à racines fourragères,.fenil,
1 so, ooo kilog. à 5,5 kilog. par pi. cube pi. carrés.
chambre aux machines à nettoyer et couper les raci
exigeront une capacité de. . . . 51,428
nes, hacher les fourrages et cuire les alimens, fosse
Deux travées pour l'aire à battre, chacune à urine. Ces constructions doivent, ainsi que nous le
de 14 pi. de largeur sur 56 pi. de lon disons dans le livre de l'éducation des animaux, satis
gueur et 12 pi. de hauteur ; capacité. 12,o96
faire à peu près aux mêmes conditions que les précé
Total de la capacité de la grange . . 65,524. dentes. Voici le détail de l'étendue qu'il convient de
Le corps de la grange à 56 pi. de largeur leur donner pour chaque tête de gros bétail.
et 12 pi. de hauteur, c'est une surface
en coupe transversale de . . . . 452 pi. A. Une vache, de taille plutôt grosse que petite, nourrie
constamment à l'étable ou en partie au pâturage exige pour
Le toit à 36 pi. de largeur et 18 pi. de 1o La longueur de la mangeoire ou râte
hauteur au milieu ; sa surface en coupe lier . . . . . . . • . . . 4 pi. 1/2 carrés.
transversale est de 524 pi. 2o La longueur de la stalle, y compris le
Dont il faut déduire 1f5 pour passage derrière les animaux et la lar
les solives des travées ci. .. 1 08 geur de la mangeoire . . . - . 11
--
ou de refend s'il y en a, c'est-à-dire 7 travées distan Ce qui fait par bœuf à l'étable . . . . 44
tes environ chacune de 14 pi. 3o Le magasin à foin, la salle au hache-paille,
Dans une grange bien construite, les récoltes doi etc., pour une etable de 15 à 30 bœufs
vent, au moyen d'un bon système de ventilation, être pour chacun. . . . . - . - . 12
maintenues sèchement et à l'abri de l'humidité qui Au total pour un bœuf de trait. . . 56 pi. carres.
peut y causer un dommage considérable, ainsi que de de surface de bâtiment.
l'attaque des animaux nuisibles (voy. t. I, p. 518). C. Pour un bœuf d'engrais de forte taille, comme une
2° Classe. Greniers ou chambres à grain. La ven vache ou 60 à 62 pi. carres de surface de bâtiment.
tilation, la sécheresse et la sécurité contre l'attaque D. Pour de jeunes betes à cornes.
de la vermine sont les conditions principales que doi Un jeune animal au-dessous d'un an 25 à 3o pi. carrés.
de 1 à 2 ans 30 à 4 0
vent remplir ces sortes de bâtimens; à cet égard nous de 2 à 3 ans 40 à 5o
renvoyons à ce que nous en avons déjà dit, t. I, p. 52 En moyenne, 40 pi. carrés de surface de bâtiment par
3° Classe. Ecurie , cour à panser les chevaux, tête d'animal.
CHAP. 3e. BATIMENS D'EXPLOITATION. 417
En Angleterre, dans beaucoup de fermes à laiterie répandre sur les champs. On éloigne de ces cours les
des districts à pâturages, on donne aux l êtes à cornes eaux pluviales et courantes qui en lavant le fumier lui
une largeur de mang oire supérieure à celle que nous enlèvent son activité, et, quand cela est possible, on re
indiquons et que nous regardons comine suffisante, et couvre le dépôt de c lui-ci par un toit, ou au moins on
qui est quelquefois du double p'us grande. l'abrite contre le soleil et le préserve d'une trop forte
Dans les étables bel es, où on pratique un passage évaporation ou du dessèchement par des plantations
en avant des bêtes à cornes pour distribuer les ali d'arbres. Les voitures d»ivent pouvoir en approcher
mens, et derrière elles un espace large et enfoncé facilement.
dans lequel se rendent les urines et où on accumule le 8° Classe. Hangars, appentis pour les véhicules et
fumier, il faut, par tête d'animal, une longueur double les instrumens, salle à outils, magasin à serrer les
de celle que nous venons d'indiquer. laiues. Toutes ces constructions doivent être très lé
Dans les grands établissemens, il est avantageux gères et avoir au moins 7 à 8 pi. à l'entrée; quelques
d'avoir des étables séparées, soit pour les animaux de unes doivent être fermées par des portes, et entre au
différentes races, soit pour ceux d'âges divers ou pour tres le magasin aux laines qui, de plus, doit être sec,
les bêtes qui n'ont pas la même destination. éloigné de toute cause qui pourrait causer un incendie
Les endroits où l'on dépose le foin et les racines doi et à l'abri des larcins ou des animaux destructeurs.
vent être secs et très propres, afin que ces alimens ne Souvent on construit au-dessus de ces bâtimens des
contractent pas de mauvaise odeur ou des qualités qui greniers à fourrages ou à grains qui s'y trouvent bien
dégoûtent les bestiaux et leur font constamment rejeter placés. Dans un graDd établissement il est utile d'avoir
une nourriture qui leur répugne. une salle fermée pour déposer tous les vieux objets
La salle à cuire les alimens doit être à portée des qui, sans cette précaution, disparaissent quelquefois ou
magasins à foin ou celliers à racines et ponmes de sont perdus par suite de négligence ou d'infidélités.
terre. 9° Classe. Salles à chauler les blés, à abautre les
Dans les étables où l'on établit des réservoirs à animaux, à saler les viandes, etc. Une seule salle
urine, il faut calculer que chaque bête à cornes de taille peut suffire à ces divers services, mais il faut qu'elle
ordinaire, nourrie constamment à l'étable, soit en vert, soit dallée, mastiquée dans le bas des murs et qu'un
soit en sec, donne, terme moyen, un pi. cube (54 déc. robinet y fournisse de l'eau en abondance.
cube ) d'urine en 24 heures. 1 o° Classe. Forge, atelier , magasins aux maté
5e Classe. Bergerie. Les moutons de forte taille. riaux de construction. La forge, dans les établisse
dont 1/4 à 1/5 consistent en brebis portières et qui ne mens qui en ont besoin, doit être séparée des autres
sont soumis à la tonte qu'une fois par an, exigent 15 constructions de crainte du feu ;les autres bâtimens, sous
po. de crêche chacun et occupent, en moyenne, 10 pi. le rapport des dimensions, seront proportionnés à l'ac
carrés de surface ; ceux qui sont tondus 2 fois par an, tivité qui règne dans les ateliers ou à la consomma
15 po. de crê, he et 9 pi. carrés de surface, les agneaux tion des matériaux et placés suivant les besoins du
de 4, 6, ou 9 mois, 9, 10 et 1 1 po. de crêche. On com service, en veillant toutefois à ce qu'en les desservant
prend dans cette estimation l'emplacement néces on ne puisse nuire à l'activité ou à la facilité des travaux
saire aux crêches, aux claies de séparation, au passage agricoles.
et aux agneaux. 1 1° Classe. Chambres aux grosses provisions de
Les portes et les fenêtres d'une bergerie doivent être ménage. Il faut, pour cet objet. un bâtiment ou por
vastes, d'une élévation de 14 à 15 pi., le sol et le bas des tion de bâtiment placé à la portée de la maison d'habi
murs cimentés et imperméables ; il serait convenable tation et qui soit sec, frais, suffisamment spacieux et
qu'il y eût auprès une petite cour où les moutons pus pourvu d'eau.
sent prendre l'air à volonté. Un magasin de 12 à 13 12e Classe. Puits, citernes, lieux d'aisance, etc.
pi. de largeur, 38 à 40 de longueur et 15 à 14 de hau Dans les petites exploitations, les puits, citernes ou
teur, suffit au service journalier des fourrages et raci pompes seront placés près de la maison d'habitation ;
nes, pour 500 à 8o0 bêtes, et au temps de la tonte, pour dans les fermes plus étendues, où il y en aura plu
tous les travaux de cette opération. sieurs, on les placera près de cette maison et près des
6° Classe. Toits ou réduits à porcs, poulaillers, ca écuries, des étables, des bergeries et des bâtimens où
banes pour les oiseaux et autres petits animaux do s'exercent quelques arts agricoles. Dans toute ferme il
mestiques, etc. Ces bâtimens doivent être placés de devrait y avoir 2 cabinets d'aisance au moins pour les
façon qu'on y puisse cotnmuniquer facilement de la cui gens de service, l'un à l'usage des femmes près de la
sine ou de la maison d'habitation, mais toutefois sans maison d'habitation, et l'autre pour les hommes, non
nuire à la salub ité de l'air de celles-ci. Il ne faut pas loin des écuries ou des étables; ceux de la maison
les entasser dans un seul endroit, ni les faire trop sur d'habitation devraient de même être doubles, l'un pour
baissés ou en contre-bas du sol, etc. la ménagère et les jeunes enfans et l'autre pour le fer
7° Classe. Cours , appentis, abris pour les bes mier, les amis et les visiteurs.
tiaux. cours à fumiers, bassins à pur in, etc. Les cours 15° Classe. Bâtimens où s'exercent un ou plusieurs
à bestiaux doivent être exposées au midi et abritées arts agricoles. ll en est un très grand nombre qu'il est
des vents froids par les bâtimens les plus élevés de la indispensable de séparer de la masse des autres bâti
maison de ferme ou par des arbres. Les appentis sont mens, tant pour les rappro her des moteurs naturels
établis plus économiquement contre les murs de ces ou les placer et les exposer convenablement que pour
bâtimens que quand il faut les construire exprès. Ils éviter les incendies que quelques uns d'entre eux pour- .
ne doivent pas avoir moins de 7 pl. de hauteur à l'en raient allumer et qui pourrait se communiquer à la
trée. Les cours où sont les dépôts à fumiers se pla totalité des bâtimens d'exploitation. Au reste, ils doi
cent commodément à peu de distance des étables; elles vent être à portée des magasins, silos, celliers ou caves
doivent être pavées, glaisées ou cimentées pour en ren qui leur fournissent leurs matières 1" ou qui servent
dre le sol imperméable aux urines, et creusées en fond à emmagasiner leurs produits, et le plus souvent être
de chaudière, c'est-à-dire un peu enfoncées au milien pourvus d'eau en abondance.
où se trouve un puisard ou réservoir qui sert à rassem
bler le purin. Quelques ferniers les chargent de terre 2° Exemples et modèles de bâtimens ruraux.
meuble ou de débris qui, en absorbant les urines, for
ment des conposts qu'on enlève de temps à autre pour Nous allons présenter dans ce paragraphe
AGRICULTURE. 103° livraison, ToME IV. - 53
418 ADMINISTRATION RURALE. LIv. vII.
elques modèles de plans de bâtimens ru Maison double de journalier avec étage au
raux, d'après les principes qui ont été posés dessus et ce plan procure des †
précédemment; nous commencerons par les habitations plus chaudes et plus économiques
† simples et nous passerons successivement de frais de construction.
ceux qui sont plus composés et où il im Fig. 220. Fig. 221.'
porte de remplir un plus grand nombre de
conditions.Nous rappellerons, relativement à
ces exemples, ce que nous avons dit au para
he précédent, savoir ; que ces bâtimens
oivent nécessairement recevoir des modifi
cations très variées, suivant les mœurs, les
usages et la nature des matériaux du pays, la
manière de mettre ceux-ci en œuvre, les pro
de l'agriculture, etc. Nous prévenons
lement † nous n'avons pas jugé à propos
d'indiquer les matériaux à ou don §
merdes devis de prix qui n'ont en général d'in
térêt que pour les lieux où ils ont été dressés.
Maison de journalier à un seul étage.
Fig.215.a, cuisine dans Fig. 215.
laquelle on entre du de- -
-
.
Fig. 219.
Fig. 217. Plan du rez de-chaussée , — a, cuisine (5" x
5m);-b, buanderie (3m x 3m); — c, petit garde-manger;
devant est un espace pour placer quelques outils ;- d, esca
Iier à l'étage supérieur et sous lequel on peut placer une Pe
tite provision de bois; - o, latrines. -
Fig. 226.
H --
Fig. 232. -
Fig. 229.
Fig. 226. Plan des fondations 1 -a, fournil et cellier avec
son four (3xm 5m).
Fig. 227. Plan du rez-de-chaussée 1 —b, cuisine avec 2
lits d'enfans (5mx 1m);—c, chambre à coucher à 2 lits,
avec un poêle r (5m x 3m);—d, étable pour 2 vaches
(2 1/2m x 3m);—e, laiterie (2m x 2 1/2m)—f, hangar
servant de bûcher ; — o, toit à porc ; — h, poulailler , - i,
cases à lapins ; —l, latrines.
Fig. 228.Coupe du bâtiment ou les mêmes lettres désignent
les mêmes objets que dans les fig. précédentes-mm, gre
niers auxquels on monte par une échelle mobile.
Fig. 229. Elévation de face du bâtiment qui a 13 mètres
de façade, 5 de profondeur et couvre une surface de 65
mètres carrés.
Fig. 234.
Fig. 233. Plan du rez-de-chaussée 1 - a, porche avec
toit;-b, bûcher; — c, cuisine (6" x 6º); — d, atelier
pour placer un métier ou autre machine (4" x 9")i - •,
420 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII »
arrière-cuisine ou buanderie (3m x 4m) avec escalier fcon Le 1er étage est distribué comme le rez-de-chaussée.
duisant au 1°" étage; —o, garde-manger ; — i, magasin à Fig. 234. Elévation des bâtimens. Le corps principal a 1o
fourrages (3" x 2 1/2m); —k, étable pour 2 ou 3 vaches mètres de façade sur 9 de profondeur et couvre 90 mètres
(3" x 4m);—l, laiterie (3mx 4m ) au-dessus, ainsi que de superficiels ; la cuisine, l'atelier sont élevés de 50 centimètres
détable, magasin à paille; —m, magasin aux outils et instru au-dessus du niveau du sol; le magasin à fourrages, la buan
mens et servant aussi de cellier(3m x 4m);—n, magasin derie, l'étable, le toit à porc sont au niveau ; la laiterie, le
aux racines servant aussi d'aire à battre (3mx4m): au-dessus, cellier, le magasin aux racines un peu au-dessous; hauteur du
des greniers; —v, réduit pour 2 ou 3 porcs (2m x 2m); bâtiment, 6 mètres; dépendances de chaque côté, 4 mètres de
-P, latrines ;- r, poulailler. profondeur; superficie totale, 162 mètres carrés.
Petite maison de ferme pour un |† terres à froment de 1re classe avec récoltes en
cultivateur exploitant 10 à 12 hectares de meules.
Fig. 236.
-l
Autre modèle pour un cultivateur qui ex Fig. 238. Plan de la ferme : —a, cuisine (5m x 4m ) ;
ploite la même étendue de terrain et engrange on a pratique dans le mur une ouverture où est placée une
toutes ses récoltes. cage d'escalier maçonné qui conduit au 1er etage ;— d, buan
derie ou échaudoir ( 3m x 4m) ; — c, laiterie (4m x 4m ) ;
Fig. 238. — b, vacherie ( 8m x 4m ) ; — e, écurie (4m x 4m); —f,
magasin à fourrages (6" x 4m ); — g, cellier à racines
X . - (2m x 4m); — h, hangars (6" x 4); - i, aire et grange
M 4X2 2x4 I • ºxº (8m x 8m); —l, autre petit hangar (2" x 4m);— m, toits
à porcs (4m x 2m); —n, poulailler (3m x 2m); — o, la
tTines.
a2x4 Fig. 239. Vue perspective du bâtiment. Celui du centre à
8x | T. 8m sur 8m, ou 64 mèt. de superficie, et les appentis et dépen
dances 4 mètres de profondeur, au total 256 mètres ; la hau
1- 8X8 6x4 teur du rez-de-chaussée dans la grange est de 5 mètres, celle
E
de l'étage supérieur 3 mètres; le tout couvert en tuiles ou en
ardoises.
-
L1 | | -
-
4x4 |
C.
5x4
TD |A 5x4
7X7
E Bâtimens d'habitation et d'exploitation pour
une ferme en pays de plaine où on exploite
34 hectares (100 arp. de Paris de 900 toises
carrées ), en terre à froment de 1re classe et où
on récolte terme moyen, dans un assolement
de 5 années, 390 hectol. de froment et 210
d'orge, semence déduite, 1060 quint. mèt. de
paille et autant de foin. Les bêtes de trait sont
3 chevaux de taille moyenne ; les bêtes de
rente, nourries constamment à l'étable, 20 va
ches du poids de 350 à 400 kil. ; 1 taureau , 4
veaux, 6 porcs et des oiseaux de basse-cour.
Une partie des récoltes des céréales seule est
engrangée, l'autre est mise en meules.
#
#
: 4X4 5X5
Fig. 24o. Plan de l'étage à demi souterrain de la maison l'étage supérieur (3m x 5m ); — 6, salle de réception ou
d'habitation ; 1, laiterie voûtée garnie de tables de pierre et à manger ( 4,75m x 3,75m ) ; — 7, cabinet du fermier,
dallée, avec un dégorgeoir donnant sur un puisard pour l'é (4,75m x 3,75m ) ; — a, petit hangar par où l'on entre
coulement des eaux. On descend à la laiterie par un escalier s, dans l'arrière-cuisine et l'on descend à la laiterie et qui sert a
placé sous les bâtimens d'exploitation ( 5m x 4 1/2) ; faire sécher les ustensiles de celle-ri (º X 1,5m); — b,
— 2, cellier aux boissons et au charbon (4m x 4m ) ; — garde-manger (1,5m x 1,5m); — c, étable pour les vaches
3, celliers aux racines et pommes de terre. On descend à ces qui vèlent, malades ou à l'engrais et un taureau(4m x 6");
celliers par l'escalier y (4m x 4m et 5m x 5m ). — d, étable pour 24 vaches (14m X 6,50m); — e, éta
Fig. 241. Plan du rez de-chaussée de tous les bâtimens;— ble pour 4 veaux (2m x 3m) ; —f, réduit pour les usten
4, cuisine (5" X 5 1/2m ); —5, arrière-cuisine servant de siles de pansement des vaches ; — g, magasin ou hangar à
fournil et d'échaudoir pour la laiterie; un escalier conduit à foin (9m x 4m ); — h, toits pour les porcs, et i, latrines
422 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII•
pour les hommes ( 6m x 5m )i - k, écurie pour ou 5 ares. Le magasin à foin et les greniers au-dessus des eta
3 chevaux ( 6m x 4" )i — l, sellerie, hache-paille, bles, des écuries et des † , présentent un developpe
coffre à avoine (6m x 2m)i — m, hangar pour les voitu ment de plus de 400 mèt. cubes pour le logement des fourra
res et instrumens (8m x 6m)i — n, grange (10m x 6m); ges, et suffisans pour 4 mois d'hivernage.
—o, basse-cour ;-p, bûcher; — q, latrines pour le fermier et Les hauteurs sont, pour l'etage souterrain, 2m 50, le bâ
les servantes) ; — r, niche à chien ; — s, réservoirs à urines ; timent d'habitation 6 met., les étables et ecuries 4 mèt.,la gran
—t,puits ou citernes avec auge pour abreuver les animaux ; ge et le magasin a fourrages 5 mèt.
u, tas à fumier sous un hangari - º, fosse à purin ;- *,
emplacement des meules. Autre exemple pour une ferme de même
Fig. 242. Vue perspective de l'établissement.Toute la su étendue que la précédente, et exploitée de
rficie du terrain qu'il occupe est de 7 ares ou 700 mèt. car.; même.
il a 24 mèt. de façade sur 29,50 de profondeur. Le major BEATsoN, dans son nouveau systè
Le bâtiment d'habitation couvre 100 mèt. car. ou 1 are, et
les bâtimens d'exploitation 400 mèt., en tout 500 mèt. car.
me de culture publié en 1820, a proposé com
me très commode le plan suivant :
Fig. 245.
L 5 2 A 5 | 52
pour 4 bêtes à cornes; — 10 citerne et lieu pour laver les tu Fig. 247. vue perspective de la ferme et de ses dépen3
bercules ou les racines ; — 11, étable pour les taureaux ; — dances,
424 ADMINISTRATION RURALE. LIV• VII.
qu'on a garanti du contact de l'air qui lui enlève la fa La terre employée aux constructions rurales peut
culté de faire corps quand on le gâche avec l'eau. être mise en œuvre de différentes manières.
La chaur est, comme chacun sait, le produit de la Tantôt on la gâche avec de l'eau et on s'en sert
pour combler les intervalles entre les pièces de bois
calcination, dans des fours, de certaines pierres calcaires
qu'on rencontre abondamment dans un grand nombre qui forment la carcasse des bâtimens, comme nous le di
de terrains. Cette chaux, imprégnée d'eau ou éteinte, rons plus loin, et tantôt pour enduire des constructions
et mélangée à d'autres substances, forme alors des en menus bois, en paille, en roseaux, etc. Toutes les
composés connus sous le nom de mortiers, cimens, bé terres grasses peuvent servir à cet usage, et elles y sont
tons, etc., qui servent à réunir les matériaux de cons d'autant plus propres qu'elles sont plus homogènes et
truction ou à les enduire, ou avec lesquels on moule qu'elles ont plus de ductilité et de liant.
ou forme des murs et des portions d'édifices. La 2° manière de se servir de la terre dans les cons
Les substances qu'on mélange ainsi à la chaux tructions rurales est celle qu'on désigne sous le nom de
sent des débris de briques, de carreaux, de tuiles ou pisé et qui consiste à tasser la terre légèrement humectée
poteries de grès et d'argile réduits en grains plus ou entre des planches de bois solidement assujetties et, à
moins grossiers, les sables granitiques schisteux ou élever ainsi par parties des murs tres solides, dont on
volcaniques, les arènes, les grès, les psammites, les relie les portions par une légère couche de mortier.
pouzzolanes ou sables terreux volcaniques, les cailloux, Cette bâtisse économique, qu'ou peut considérer comme
etc. composée de grand s briques crues formées sur place,
Les pierres calcaires offrant des couleurs, une con est très usitée dans nos départemens de l'Ain, du
texture, une dureté et une composition susceptibles de Rhône, de l'Isère, dans l'ancienne Normandie, etc. ,
varier à l'infini ne produisent pas des chaux également et convient aux bâtimens ruraux, surtout aux clôtures.
bonnes; mais aujourd'hui on parvient par des mélanges Quand on la recouvre d'un enduit, elle est susceptible
factices à améliorer beaucoup leur qual té. d'une très grande durée, et il existe des constructions
en pisé qui remontent à plusieurs siècles.
Les chaux françaises, suivant M. VICAT, dont les tra
vaux ont répandu tant de lumière sur ce sujet impor « Toutes les terres, suivant RoNDELET, qui ne sont ni
tant, peuvent être classées sous 5 catégories : trop grasses ni trop maigres, toutes celles qui soutien
nent un talus rapide, sont bonnes pour piser; la meil
1° La chaux grasse double de volume et au-delà leure est la terre franche qui est un peu graveleuse ou
par l'extinction ordinaire, et supporte la plus grande
argile sablonneuse, que l'on passe à la claie fine pour
quantité de sable; on peut l'employer dans la maçon enlever les graviers, et qu'on purge soigneusement de
nerie ordinaire, quoiqu'elle durcisse lentement; mais il tout débris de racines, de fumier, etc. Quand ces terres
faut la rejeter dans les fondations, les travaux souter sont trop maigres, on se trouvera bien, suivant l'expé
rains ou hydrauliques, parce qu'elle est dissoluble dans rience que j'en ai faite, de les humecter avec un lait de
une eau fréquemment renouvelée. chaux, au lieu d'eau pure. »
2o La chaux maigre augmente peu ou point de Les bois servent de plusieurs manières dans les
volume à l'extinction ; elle supporte peu de sable, pro constructions rurales. On les emploie le plus commu
duit un mortier qui durcit promptement à l'air, mais nément sous forme de solives ou de charpentes, pour
elle est aussi dissoluble dans l'eau.
construire les planchers, les toitures, les appentis, les
3° La chaux morennement hydraulique se prend escaliers. Le meilleur bois pour ce service est sans con
en masse après 15 à 20 jours d'immersion dans l'eau, tredit le chêne, dont on fait principalement usage dans
durcit avec une grande lenteur et n'acquiert jamais le nord de la France, surtout lorsque les pieces doivent
qu'une faible dureté. recevoir des assemblages compliqués et résistans; mais
4° La chaux hydraulique prend en 6 ou 8 jours et il est toujours d'un prix élevé, et, au-delà d'une cer
acquiert en un an une dureté égale à celle de la pierre taine dimension, on trouve de l'avantage à lui substi
tendre.
tuer, pour les pièces de longue portée, le sapin, partout
5" La chaux éminemment hydraulique prend dans où il est commun et où on crant de charger les murs,
l'eau du 2° au 4e jour; au bout d'un mois elle est ainsi qu'on le voit dans le Midi ; il faut, toutefois,
fort dure et au 6° Inois se comporte comme des éviter de se servir de celui-ci lorsqu'on redoute la pour
pierres calcaires d'une dur té moyenne. riture par le contact des maçonneries ou terrains hu
On donne aujourd'hui le nom de ciment à des mor mides On emploie encore le bois à la construction de
tiers naturels ou à des mélanges artificiels qu'on sou toutes les parties des édifices, soit à l'état presque brut,
met à une calcination ménagée, qu'on réduit en poudre soit en planches, apres un travail plus ou moins régu
et qui se gâchent comme le plàtre. Ces cimens jouis lier. Ce genre de construc'ion est commun dans la plu
sent en général de la propriété de prendre en fort peu part des pays de montagnes, surtout dans le nord de
de temps, même sous l'eau, et d'acquérir la dureté des l'Europe et en Suisse, et les bois résineux sont ceux
pierres sans qu'il s'y produise de fissures ou de retrait ; qui méritent dans ce cas la préférence et ont la plus
tels sont les cimens préparés à Pouilly, à Vassy, à grande durée. l nfin, on fait usage du bois d'une ma
Molème, etc. nière mixte, c'est à-dire qu'on en construit des espèces
Dans les constructions rurales, il faut autant que de cadres ou coinpartimens, dont on remplit les vides
possible n'employer que des chaux de bonne qualité. avec différens matériaux de construction; c'est ce qu'on
Dans les fondations, les étages souterrains, la partie in nomme pans de bois, quand les bois sont recoupés et
férieure des habitations ou des bâtimens, souvent assemblés avec soin et lorsque leurs vides sont comblés
même dans les enduits extérieurs et intérieurs, on avec des pierres, des silex ou briques liées avec du plâ
fera usage de préférence des chaux hydrauliques ou tre ou du mortier, et construction rustique ou co
des cimens qui contribuent éminemnent à la conserva lombage, quand les bois, revêtus encore de leur écorce,
tion et à la salubrité des habitations.
sont à l'état presque brut et qu'on remplit les interval
Le béton est un mélange de claux et de cailloux ou les avec de la terre grasse mélangée parfois avec de la
d'éclats de pierres avec lequel on moule ou forme d'une paille hachée, du foin, de la bourre, etc., pour en
seule pièce des murs, des caves, des fondations ou des mieux lier toutes les parties.
massifs qui acquièrent avec le temps une grande solidité. On donne le nom de torchis à une sorte de construc
AGRICULTURE. ToME IV.– 54
426 ADMINISTRATION RURALE. LIv. vII.
tion qui consiste en des claies de menu bois, de végé lités et ses échantillons. Les ardoises dont on fait le
† ou autres dont on forme des clôtures et plus fréquent usage à Paris, et qui viennent d'Angers,
qu'on enduit des 2 côtés de terre grasse et argileuse. sont grandes, carrées, fortes et larges ; elles ont 50 cent.
Nous ne parlons pas ici des bois employés à la me de long sur 22 de large. Il faut 54 ardoises de Fumay,
nuiserie et aux menues constructions rurales, telles que pour couvrir 1 mèt. carré, et seulement 40 de celles
clôtures, pilotis, endiguages, etc., parce qu'on trouvera d'Angers. Le poids des 54 est de 13 kil., et celui
à cet égard des détails à la page 155. des 40 d'Angers de 1s kil. 50 centigr. Les charpentes
Dans les bois qu'on destine aux constructions rura sont moins chargées avec les ardoises de Fumay qu'a
les, il faut s'attacher à faire choix de ceux qui sent vec celles d'Angers, mais les 1" exigent plus de clous.
parfaitement sains et qui ne présentent aucun des dé Les ardoises d'Angers durent 25 à 50 ans, celles de
fauts signalés à la page 1 14. Fumay 1oo ans et plus.
Ces bois doivent avoir atteint un degré parfait de Les tuiles sont des pierres plates artificielles qui se
dessiccation, parce que les bois qui contiennent encore fabriquent comme les briques et avec les mêmes terres,
de leur eau de végétation ou de l'humidité occasion et qui doivent, pour être d'un bon usage, présenter les
nent tôt ou tard de graves inconvéniens dans les habi mêmes qualités que celles-ci. On en fabrique, dans un
tations ; ils sont sujets à la pourriture et attirent plu tres grand nombre de lieux de la France, et, dans beau
sieurs insectes qui s'y logent, les minent et ne tardent coup d'endroits, on leur donne des formes et des di
pas à les détruire; ils donnent naissance à des vé mensions particulières. En général, il faut compter 56
gétations cryptogames ou champignons qui les font tuiles en grand moule par mèt. carré de toiture, ou bien
promptement pourrir et les entretiennent dans une hu un mille de tuiles couvre 27 à 28 mèt. de toiture, et 55
midité constante qui rend les habitations insalubres ; en petit moule et 18 met. car. par mille, en supposant
enfin ils éprouvent, en se desséchant, un retrait quel qu'on ne laisse à déccuvert que le tiers de la longueur
quefois si considérable qu'ils occasionnent la déforma de la tuile ; il faut 7 lattes et 52 clous pour fixer cel
tion des parties où ils entrent, rompent les assemblages les-ci aux chevrons par mèt. carré; en tuiles courbes
et causent la chute des pierres et la ruine des édi ou pannes, il n'en faut que 2o par mèt. carré.
fices. Les toitures en tuiles sont pesantes et exigent une
La toiture des bâtimens ruraux se compose ordinai forte charpente; mais elles sont plus durables, moins
rement d'une carcasse à jour qu'on recouvre de divers chères que l'ardoise, et plus propres à la couverture des
matériaux sur lesquels coulent les eaux pluviales. Cette maisons dans les localités humides ou exposées aux vents
carcasse se fait presque partout en bois de charpente violens. Dans ces localités, on les place souvent sur un
pour les grands bâtimens et en menus bois pour ceux lit de mortier qui, par la pression, monte dans tous
qui sont de petite dimension. Dans les villes, on fait les joints; ce qui rend les combles plus salubres, dis
aussi usage pour cet objet du fer forgé qui procure beau pense d'un plafonnage et conserve mieux les ré
coup de solidité, de la légereté et plus d espace dispo coltes.
nible à l'iEtérieur. Espérons que cette matière sera Le bois sert aussi à couvrir les maisons ; tantôt la
bientôt d'un prix assez modique pour qu'on puisse s'en toiture est formée de planches à joints recouverts, tan
servir au même usage dans les constructions rurales. tôt le bois est réduit en bardeaux ou lames de 18
Les matériaux employés pour couvrir cette carcasse millim. d'épaisseur sur 2o centim. de largeur et 52 de
sont très nombreux; nous allons passer en revue les long; le chène est surtout le bois qu'on emploie à ce
pr1nc1paux : dernier usage. Les toitures en bois sont légères, écono
En Bourgogne et dans le département du Lot et de miques, mais périssables; pour augmenter leur durée,
l'Aveyron, ainsi qu'ailleurs, on se sert de pierres cal on les recouvre de peinture ou de couches de gou
caires ayant la propriété de se diviser naturellement en dron.
Plaques peu épaisses. Ces pierres malheureusement On fait aussi des toitures légères avec divers mé
exigent de très fortes charpentes et chargent beaucoup taux, réduits en feuilles minces, principalement le fer,
les murs; mais elles ont une longue durée et sont d'une le plomb ou le zinc Ce dernier métal, fort employéau
solidité à toute épreuve. Dans quelques autres localités, jour l'hui, donne des toitures très légères, peu dispen
on emploie de même quelques calcaires schisteux qui dieuses et très propres.
se soulèvent en feuillets minces et forment des couver Les toits en chaume sont ceux qui recouvrent pres
tures très propres. que partout la demeure du pauvre, et dont on se sert
Les matieres dont on se sert le plus communément souvent aussi pour abriter plusieurs dépendances des
Pour la toiture sont les ardoises et les tuiles. maisons de ferme. Le chaume est léger, exige une
Les ardoises, dont on fait principalement usage en charpente peu coûteuse et est formé de matériaux
France, sont des schistes argileux, des phyilades ou mi qu'on a partout sous la main ; il est chaud en hiver et
caschistes qu'on extrait aux environs d'Angers (Maine frais en été, mais ces avantages sont rachetés par des
et-Loire), Charleville ou Fumay ( Ardennes), Saint inconvéniens fort graves. D'abord il n'est pas de toi
Lò ou Cherbourg (Manche), Grenoble (Isère), Tra ture plus exposée que celle-la aux incendies si redouta
versac et Villac ( Dordogne), Brives (Correze), Bla bles dans les fermes. Ensuite le chaume retenant avec
mont pres Lunéville ( Meurthe), Redon (Ille-et-Vi Persistance l'eau de pluie, devient alors très pesant et
laine), etc. charge beaucoup les murs d'appui et la carcasse du toit ;
Les bonnes ardoises ont le grain fin et se coupent il donne en outre naissance à des végétaux qui, en en
avec netteté; elles sont légères, peu épaisses, dures, tretenant une humidite constante, le détruisent promp
rendent un son clair et pur quand on les frappe, sont tement ou rendent les eaux qui s'en écoulent impro
Compactes, et n'absorbent qu'une très petite quantité Pres aux usages domestiques ; enfin, par son peu de
d'eau quand on les plonge dans ce liquide ; il en durée, il cause, surtout dans les bâtimens étendus, une
existe de blanchâtres, de verdâtres, de noires, de vio assez grande dépense en paille, au détriment des terres
lette°, etc.; mais celles de la meilleure qualité sont or et des récoltes.
dinairement d'une couleur qui porte le nom spécifique On a proposé divers enduits pour rendre les toitures
de gris d'ardoise, comme celles d'Angers, ou noires ou en chaume de paille, roseaux ou bruyères, plus dura
Vertes.
bles et moins sujettes à être dévorées par les flammes.
On distingue les ardoises par leurs qualités et par Celui de M. GAvRIAN, qui consiste en cendres de
leur échantulon; chaque localité a ses diverses qua houille, briques pulvérisées ou sable fin, mélés à de
CMAP. 3°. RÈGLES PRATIQUES SUR LA CONSTRUCTION DES BATIMENS. F# 427
l'argile, de la chaux en pâte, du sang de bœuf et de la ferme pour soutenir sans céder le poids des con
bourre paraît être réellement utile. Cet enduit ne se structions. Plus un bâtiment aura d'élévation ou plus
pose pas sur le chaume fait à l'ordinaire, mais sur des la charge qui pèsera sur ses murs sera considérable, et
paillassons d'un pouce d'épaisseur qu'on cloue sur la plus aussi il faudra observer cette regle à la rigueur ;
charpente. Un toit ignifuge, dans ce système, revient c'est faute d'y avoir égard qu'on voit si souvent des ou
dans nos départemens du Nord, à 1 fr. 85 c. le mèt. vrages encore neufs tomber en ruine ou éprouver des
carré ou 7 fr. 50 c. la toise carrée et ne pèse que 22 accidens fâcheux, au grand détriment des propriétaires,
kil. Un chaume ordinaire, de 24 cent. d épaisseur, des locataires ou des entrepreneurs.
coûte, dans les mêmes circonstances, 7 à 8 fr. et pèse, Quand un terrain, à une certaine profondeur, n'of
à l'état sec, 24 à 25 kil. et plus. fre pas la résistance r.écessaire , on cherche à y sup
Au lieu de chaume on se sert, en quelques en pléer, soit en y battant des pilots, soit en y plaçant
droits, de roseaux ou de bruyères qui sont à meilleur des grillages en bois, ou des assises de pierres plates de
marché, préférables sous plusieurs points de vue, mais grande dimension qui supportent le poids des con
exposés aux mêmes accidens. SlructIOns.
Les autres substances dont on recouvre encore la toi Il est indispensable de prendre pour les fondations
ture des bâtimens ruraux sont : l'écorce de bouleau, une largeur plus grande que celle du mur afin d'ob
qu'on emploie dans le Nord et qui forme des toits tenir plus de stabilité. Cette largeur peut dépasser de
presque impérissables; le bitume asphalte, mêlé d'une 5 à 6 cent. celle du mur, mais en général elle doit être
certaine dose de sable, qui sert à enduire les planches proportionnelle à la bauteur ou le poids de ce mur,
qui forment le recouvement ; les toiles imprégnées de c'est-à-dire que plus un mur à de hauteur et plus il
goudron ou de bitume et clouées sur des voliges, etc. pèse sur les fondations, plus celles-ci auront d'empâte
Les planchers sont composés de diverses matériaux, ment. ll est aussi nécessaire de donner à un mur en
suivant leur destination. Dans un grand nombre de lo fondation une épaisseur en rapport avec la résistance
calités ies étages inférieurs servant à l'habitation , ceux du terrain et celle des matériaux qui le composent , et
surtout qui sont au niveau du sol, sont pavés en pierres de se rappeler que des murs souterrains qui suppor
de grès, de granits ou autre, ou dallés, ou établis en tent des berceaux de caves, ou soutiennent des terres,
carreaux ou bien en briques de champ. Il vaut mieux exigent une force plus considérable pour résister à la
élever ces planchers au-dessus du sol, et les construire poussée des terres et à celle des voutes qui tendent à
en planches de bois, ce qui rend les pieces plus chaudes les renverser.
et plus saines ; parfois on les fait aussi en béton, en Les murs d'un bâtiment doivent étre élevés
mortier, en résidus des salpêtriers ou en plâtre. Ceux d'aplomb et toutes leurs parties liées et cimentées avec
des étages supérieurs sont en bois, en plàtre ou en soin. L'épaisseur qu'il convient de leur donner varie
carreaux. Les planchers des écuries , des étables , avec leur élévation , leur largeur, la nature des maté
des laiteries , etc., devraient toujours être pa riaux ou la charge, soit en plancherc ou en toiture,
vés au mortier de chaux hydraulique ; ceux des soit en denrées qu'ils devront supporter. Un mur à
granges et magasins peuvent être en mortier, Létons, charge égale devra être d'autant plus épais que les
plâtre ou résidus des salpêtriers, etc. moellons ou les pierres qui servent à le construire se
Il nous resterait encore beaucoup de choses à dire ront plus tendres. La forme de ces moellons influe
sur les autres matériaux ou objets divers qui entrent également sur l'épaisseur; plus ceux-ci approcheront
dans la construction des bâtimens ruraux tels que le de la forme d'un parallélipipède, et moins il sera né
fer qu'on y emploie sous tant de formes diverses, le cessaire de donner d'épaisseur; c'est ainsi qu'on voit
plomb qui sert pour les toitures et les conduits , les les murs en briques plus minces que les autres. Les
enduits, les objets de vitrerie, les badigeons, les pein qualités du mortier, contribuant aussi beaucoup à la
tures, etc., mais Dous croyons devoir nous borner à solidité des murs, font aussi varier l'épaisseur; dans
ces notions générales et terminer cette section par l é les pays où la chaux est d'excellente qualité, les murs
noncé de quelque règles simples et utiles à observer peuvent avoir 1/5° et même 1/4 d'épaisseur de moins
dans les constructions rurales. que dans ceux où elle est de qualité méuiocre.
RoN DELET a établi ainsi qu'il suit les limites entre
B. Règles pratiques sur la construction des lesquelles sont comprises les épaisseurs qu'il convient
bdlimens rurauac. de donner aux bâtimens en maçonnerie à plusieurs
étages des particuliers, savoir : pour les murs de face,
Nous avons vu dans le paragraphe II de la section II, 15 : 24 po. : pour les murs mitoyens, 16 à 20 po., et
la manière dont on établit un projet de construction ; pour les murs de refend, 12 à 18 po.
ce serait ici que nous devrions présenter des règles sur Dans les pays humides, pour les murs en fondation,
l'exécution de tous les travaux; mais ces règles, em ceux des celllers et des caves, et la partie inlérieure
brassant une grande partie de la science des construc des murailles, on doit ſaire usage de mortiers ou ci
tions, ne peuvent être développées ici avec tous les mens hydrauliques au moins pour les enduits, tant
détails qu'elles comportent et nous nous 1enfermerons pour la conservation des constructions que pour rendre
dans celles qui sont de l'intérêt le plus général et le celles-ci plus saines et plus propres.
plus immédiat dans l'architecture rurale. Dans la construction des murs en maçonnerie de
La saison la plus favorable pour élever les bâtimens moellons bruts, les pierres qui forment les paremens
ruraux est le printemps, où la température est douce exigent des soins particuliers tant pour le choix que
et où les journées commencent à devenir longues, parce pour la pose ; celles qui se placent à l'intérieur de
que les constructrons ont le temps de sécher et les mandent un peu moins d'attention.
mortiers celui de durcir pendant l'été, et qu'on peut Les murs en moellons sont plus destructibles que
les occuper à l'automne. Les réparations doivent être ceux en pierre de taille la moins dure. Un mur en
faites en toute saison et aussitôt qu'elles sont devenues moellons de 2 pi. d'épaisseur peut n'équivaloir sous le
IleCessal res.
rapport de la solidité qu'à un mur en pierre de 1 pi. ;
En règle générale il ne faut jamais construire sur mais aussi il peut coûter 4 fois moins.
un terrain compressible, et les fouilles de terres pour Plus des bâtimens sont spacieux, plus ils doivent
les fondations doivent être poussées jusqu'à ce qu'on aussi avoir d'élévation, et dans un édifice à plusieurs
trouve un terrain incompressible ou au moins assez étages ceux-ci doivent être d'autant plus éleves qu'ils
428 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
sont placés plus inférieurement; les étages supérieurs nord de la France, aux toits en tuiles et en arloises ;
n'ont pas besoin proportionnellement d'une aussi la moitié de cette distance est nécessaire pour l'écoule
grande élévation que les inférieurs. ment des eaux, quand ces toits sont en chaume ou en
Dans un édifice à plusieurs étages il est prudent de TOS6º3lU1X.
ne pas élever ceux-ci avec trop de rapidité; le poids La disposition et la construction des foyers et des
des parties supérieures pourrait nuire aux fondations tuyaux ou conduits de cheminées, exigent des soins
ou aux parties inférieures, si dans celles-ci les mortiers particuliers, autant pour la solidité des bâtimens que
n'avaient pas eu le temps de se durcir et de se conso pour prévenir les accidens du feu. En général, tous les
lider. Le temps qu'il faut laisser reposer ainsi des bois doivent être assez éloignés du feu pour qu'ils ne
constructions dépend de la saison ou de la qualité des reçoivent qu'une faible chaleur, même par un feu con
chaux ; 20 à 50 jours pour chaque étage paraissent tinuel et soutenu. On doit éviter aussi de faire passer
plus que suffisans. les tuyaux qui conduisent au dehors les produits de la
C'est une bonne méthode, quand les toits des bâti combustion à travers des pièces ou greniers qui contien
mens d'exploitation sont couverts en chaume, d'élever nent des récoltes ou des matières sèches et inflamma
de distance en distance les murs de refend au-dessus bles; si ces tuyaux traversent des toits en chaume, il est
de ces toits, pour empêcher, en cas d'incendie, la com bon de les isoler de la paille, par des enduits épais en
muuication du feu à toutes les parties de la ferme. terre, ou mieux de couvrir autour d'eux, un certain es
La charpente des planchers se pose ordinairement pace en pierres, tuiles ou ardoises.
au fur et à mesure qu'on élève les murs ; celle des Dans tous les travaux de construction, il faut donner
combles, après que ceux-ci ont atteint leur hauteur to beaucoupd'attention a la mise en œuvre des matériaux,
tale. qui est fort importante. Des matériaux excellens et d'un
Les bois employés aux constructions rurales peuvent prix élevé peuvent, sous la main d'un ouvrier inhabile,
résister de 2 manières principales aux poids qui les négligent ou peu délicat, ne donner que des construc
chargent ; savoir : verticalement et horizontalement. tions médiocres, d'une chétive apparence et d'un mau
Les p èces de bois de chêne placées debout ou ver vais service, tandis qu'on peut souvent tirer un fort
ticalement, et qui ont pour longueur moins de 12 fois bon parti de matériaux inférieurs, mis en œuvre avec
leur diamètre, résistent à la pression à raison de 40 soin et intelligence.
livres par ligne carrée de section horizontale; mais En résumé, les causes combinées de la durée des
l'expérience a démontré que dans les constructions il bâtimens sont : 1° la résistance du terrain ; 2° celle
était dangereux d'employer de cette façon des bois qui des matériaux; 3° les soins apportés à la mise en œu
aient plus de 10 fois leur diamètre pour longueur, et vre de ceux ci ; 4° enfin l'observation de toutes les con
de les chargerde plus du dixième de la résistance qu'ils ditions d'équilibre de ces matériaux, telles que les pres
peuvent supporter. Le châtaignier, le frène, le hêtre crivent les lois de la mécanique.
et l'orme résistent à peu près autant que le chêne.Les Pour la bonne et rapide exécution des travaux de
autres bois de 1/5° à 1/5 de moins. - construction, il est indispensable de prendre des mesu
La résistance des pieces de bois placées horizontale res d'ordre bien entendues; ainsi, on veillera à ce que
ment est en raison directe de la largeur, et du carré de les matériaux arrivent en temps opportun à pied d'œu
la hauteur des pièces et en raison inverse de leur lon vre, à ce qu'ils soient déposés sur les chantiers où ils
gueur; ce qui dénontre qu'il est plus avantageux de doivent recevoir des façons ultérieures , que ceux-ci
chercher la résistance des solives dans leur hauteur soient assez spacieux pour que les travaux puissent s'exé
verticale que dans leur largeur. cuter sans encombre; à ce que le nombre des travail
On doit chercher à employer les diverses espèces de leurs soit suffisant, les travaux distribués avec assez
bois au r services auxquelles elles sont le plus pro de régularité et d'ensemble pour qu'ils ne soient pas
pres. Le sapin, par exemple, est préférable pour les entravés les uns par les autres, mais marchent tous avec
pièces de longue portée toutes les fois qu'on craint la célérité désirable, et enfin à ce qu'il y ait un bon
de charger les murs, et le chêne quand les pièces re système de surveillance qui oblige les ouvriers à mettre
çoivent des assemblages compliqués et résistans. Les tous les matériaux en œuvre avec le soin et l'attention
gites des planchers qui reposent sur terre doivent être convenables, etc.
toujours en chêne. Nous terminerons ici ce que nous avons cru qu'il
Il faut éviter les bâtimens trop larges qui exigent des était utile de rappeler sur un sujet qui intéresse à un si
charpentes trop longues, compliquées, difficiles à exé - haut point l'administrateur et en engageant les lecteurs
cuter et dispendieuses ; 10 a 12 mèt. sont des limites qui désireraient avoir des notions plus étendues, à con
au delà desquelles on éprouve des difficultés pour se sulter les ouvrages où il a été traité avec l'étendue qu'il
procurer des bois, et, dans les constructions rurales, il comporte.
faut autant que possible adopter des plans qui n'exigent
4° Des citernes.
que l'emploi de bois de petit échantillon, qui sont les
plus communs , à meilleur marché, et qui permettent
l'emploi de bois moins résistans. C'est une chose d'un très grand intérêt
Il importe pour la solidité des bâtimens que les so dans une ferme, que de se procurer de l'eau
lives principales des planchers et les fermes des toitu en assez grande § pour tous les be
res, portent sur les pleins des murs et non pas sur les soins du service, et ceux qui ont de bonnes
vides, où elles ne trouvent pas de points d'appui suſ eaux à leur disposition ne peuvent se former
fisans. une idée des embarras qu'on éprouve lors
Les toitures élevées et en pente raide sont nécessai qu'on en manque; on a vu, après des séche
res dans les climats pluvieux et dans ceux où la neige resses, les animaux périr de soif dans les pays
tombe en grande quantité et séjourne long-temps sur où l'on ne sait pas se procurer ce précieux
les bâtimens ; elles nécessitent des bois de plus fort échan liquide, et quand la nature ne l'offre pas
tillon, tant par leur plus grande étendue que pour ré spontanément à l'agriculteur. Lorsqu'on est
sister aux vents qui ont sur elles plus de prise. Un à proximité de courans d'eau quelconques,
tiers de la distance qui sépare les murs d'appui ou les on doit en rapprocher autant que possible la
faces opposées d'un bâtiment parait être la moindre maison de ferme; mais lorsqu'on est privé de
hauteur qu'on puisse donner, dans les départemens du cet avantage, il faut chercher par d'autres
CHAP. 3°. DES CITERNES. 429
moyens à se procurer cette eau si nécessaire chargée de matières terreuses ou organiques qu'il im
à la santé et des bestiaux
à la vie et pour tous porte de ne pas laisser pénétrer dans la citerne si on
les usages domestiques. Ces moyens sont les veut en conserver l'eau plus pure et plus salubre Pour
suivans : s'opposer à l'introduction de ces matières, on dépure
l'eau en lui faisant traverser un filtre de haut en bas
a. Les sources naturelles qu'on recherche et dont ou, ce qui vaut mieux, par ascension.
on recueille les eaux. Quand ces eaux sont suffisam Voici des exemples de la manière de construire et
ment abondantes elles procurent la plupart du temps disposer les citernes.
une boisson salubre et un liquide applicable à tous les Fig. 248.
usages domestiques et agricoles; quelques construc
tions bien sinples suffisent ordinairement pour utili
ser les eaux sourcillantes.
b. Les étangs, mares, réservoirs, abreuvoirs ar
tiſiciels placés, soit près des bâtimens, soit dans les
enclos et les pâturages; nous en avons fait connaître
la construction aux p. 184 et 205.
c. Les puits, soit simples, soit artésiens. Les 1°rº doi
vent être creusés assez profondément pour qu'ils ne $
soient pas à sec dans la saison de l'année où l'on en a
le plus urgent besoin. Quant aux seconds, il ne faut en
entreprendre le percement que lorsqu'on aura la cer
titude d'après des expériences faites antérieurement
dans le pays ou d'après des connaissances géologiques
précises du terrain à forer, qu'on pourra se procurer,
sans des frais trop considérables, des eaux jaillissantes
et que ces eaux seront propres aux divers usages agri
coles. Le sondage, par le procédé chinois ou par per
cussion, introduit avec succès en France par M. SEL
1
# LIGUs, paraissant être plus économique, méritera dans
ce cas la préférence.
d, Les citernes. Ce sont des lieux souterrains et
Fig. 249.
voûtés, construits pour servir de réservoirs aux eaux
de pluie qui tombent sur les toitures.Ces eaux sont A(fig.248 et249)est une citerne de formeronde de 2
recueillies à mesure qu'elles coulent des toits dans des mètres de diamètre,3 de profondeur et construite en bon
gouuières qui règnent à l'entour des bâtimens et qui ne maçonnerie recouverte à l'intérieur d'un enduit de
les conduisent dans la citerne. Ces gouttières ont l'a ciment hydraulique; O, est l'ouverture pour puiser l'eau ;
B, le citerneau carré où s'opère lafiltration et qui a
vantage de préserver le pied des bâtimens des dégrada environ 1 mètre 40 centimètres en tous sens, c'est-à
tions que leur causent toujours les eaux qui dégouttent dire qu'il est de la contenance de 2 mètres cubes.
des toitures. Sur
le fond de ce citerneau on place une couche de charbon
Chaque pays où les citernes sont en usage a une pulvérisé a d'environ 3o centimètres d'épaisseur sur
méthode différente pour les construire; dans les uns celui-ci une couche de sable b de 40 centimètres;etl'eau
on les bâtit en béton, dans d'autres en maçonnerie or arrive des toits par le tuyau
dinaire, en briques, en cendrée de Tournai, etc. Le et le charbon et coule dans c, filtre à travers le sable
meilleur mode de construction est la maçonnerie en la citerne par ces ouver
tures d, devant lesquelles on a placé des morceaux de
pierres de construction ordinaire, de bonne qualité, ci toile ou de flanelle pour empêcher l'eau d'entraîner le
mentée avec du mortier de chaux hydraulique ou en
duite de mastic bitumineux ou de ciment durcissant et charbon. Une disposition préférable à celle-là, c'est de
placer en travers du citerneau une cloison ou grande
faisant corps dans l'eau.
Une citerne doit étre placée dans un lieu à l'abri dalle en ardoise ou en pierre f, qui descend jusqu'à
des rayons du soleil; si ce sont des arbres qui l'abritent quelques centimètres du fond et est soigneusement
mastiquée sur les murs latéraux. L'eau, après avoir fil
il faut les éloigner suffisamment pour que les ſeuilles tré à l'ordinaire dans la chambre antérieure, remonte
ne puissent tomber dans ses eaux; les bords en seront ensuite ou filtre par ascension dans la chambre
:
#!
assez élevés au-dessus du sol pour que les animaux ne se déverser propre et pure dans la citerne
puissent y tomber; son entrée ou son ouverture sera
tournée du côté du nord ; elle sera souterraine pour que e,
2e
ceux d n'existant plus dans ce cas. Un trou h, au
niveau du sable, sert à évacuer l'eau lorsqu'on veut
pour
par des trous
les rigueurs de l'hiver n'y gèlent pas l'eau et que les nettoyer le citerneau et renouveler son filtre; ce trou,
chaleurs de l'été ne causent pas la corruption de ce li - bouché avec
un tampon, communique avec un puisard
quide ou une évaporation considérable.
Pour construire une citerne de forme ronde ou rec où l'eau sale va se perdre; on pourrait, pour une citerne
considérable, avoir
tangulaire, on creuse d'abord le sol à la profondeur tour ou rangés à laplusieurs citerneaux disposés à l'en
suite pour faire passer l'eau de
voulue, on l'affermit en le battant, on y établit une
couche de sable, puis une bonne couche de glaise bien
l'un à l'autre et l'obtenir plus pure Ces citerneaux sont
recouverts avec des planches plates ou des dalles et
corroyée, on pave ensuite ou l'on dalle à mortier de peuvent être voûtés comme la citerne.
chaux hydraulique ou au ciment ; on élève ensuite les La fig. 250 représente la coupe d'une autre citerne
murs à la hauteur déterminée, puis on construit la
rectangulaire voûtée avec filtration par ascension ; la fig.
voûte en ménageant les ouvertures nécessaires pour 25 1 en est le plan. C, est la citerne construite en briques
puiser l'eau et descendre dans la citerne quand on enduites intérieurement en ciment hydraulique ; B, A,
veut l'inspecter, la nettoyer ou donner l'air nécessaire le citerneau composé de 2 parties voûtées et séparées
pour que l'eau ne s'altère pas. Lorsque les murs sont par un mur vertical ou cloison d'une brique à plat
élevés, on les glaise en dehors et enfin on bat la terre ayant, dans la partie inférieure, plusieurs ouvertures.
qui recouvre le tout. Dans partie B, est une planche horizontale a e en
Ordinairement l'eau qui découle des toitures est gagée ladans l'enduit
#
de ciment et soutenue au-dessus
:
430 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VI1.
entreprendre avantageusement sans leur se pensons qu'il est utile de rappeler qu'autre
COlll'S. - fois les boeufs étaient employés presque ex
travaux des champs, et que,
Ces travaux consistent, pour la plupart, en clusivement aux
labours,
nées
hersages, roulages, façons diverses don dans presque tous les pays où ces travaux, au
à la terre, et en transports de denrées, 0Il - lieu d'être comme jadis irréguliers et inter
grais ou matériaux, et c'est parce qu'on les mittens, sont devenus constans et uniformes ;
exécute le plus communément au moyen de et principalement dans les exploitations éten
bêtes attelées à une machine qu'elles mettent dues qui paient un gros fermage et où les
en mouvement, qu'on a désigné cette bran donné agriculteurs sont dans l'aisance, on parait avoir
che de l'organisation d'un domaine par l'ex la préférence aux chevaux. L'emploi de
pression de service des attelages. -
la force de ces derniers a même prévalu sur
dans la pratique de les petits établissemens où il n'y a pas toute
agricole, sont versésavis unanime sur la l année d'occupation pour les attelages et où
Tous les hommes d'un
l'art
nécessité d'apporter le plus grand soin dans l' entretien de ces animaux paraît devoir être
l'organisation de ce service. C'est en effet de la dispendieux.
bonne composition des attelages et de la ma Il importe peut-être ici de faire observer
nière dont ils sont dirigés, que dépendent la ue, d'après les principes des plus célèbres
donne à la terre éleveurs de bestiaux, on doit regarder comme
perfection des un
et qui jouent rôlequ'on
façons si important dans la des qualités très précieuses pour les bêtes à
§tà et la qualité des produits; c'est à la cornes la faculté d'engraisser jeunes et de
sagacité qu'on apporte dans leur organisation prendre facilement la graisse à tous les âges.
ue sont dues, én grande partie, la célérité Ces qualités se rencontrent à un éminent de
es travaux, l'économie du temps et des frais gré dans les races dites perfectionnées qu'on
de production. - est surtout parvenu à créer en Angletèrre ;
Les animaux qu'on emploie le plus com mais ces racés, par des causes dont nous n'a.
munément en France au service des attelages, vons pas à nous occuper ici, sont devenues en
sont le cheval et le bœuf, qui se disputent à cet méme temps moins robustes et moins pro
égard la prééminence. On attelle aussi quel pres aux travaux de l'agriculture que les bê
quefois les vaches , comme nous le verrons les communes, et, en outre, comme elles don
plus loin. Dans quelques pays, et notamment nent des animaux qui, dès l'âge de 3 à 4 anS,
dans l'Isère , le Var, les Bouches-du-Rhône et fournissent pour la boucherie une chair d'aussi
quelques départemens de l'Ouest, on fait bonne qualité que celle des bœufs qu'on garde
usage du mulet, animal très propre aux travaux jusqu'à 8 ou 9 ans en les faisant travailler, les
rustiques : dans d'autres on se sert des tau agriculteurs ont trouvé qu'il était plus avan
reaux. Enfin l'āne, qui est généralement trop tageux pour eux de les élever plutôt comme
faible pour la plupart des travaux agricoles, bétes de rente que pour le travail, puisque leur
est cependant attelé quelquefois à la charrue prompte maturité et leur engraissement facile
dans des sols très légérs, mais plus générale donnaient lieu à un renouvellement plus
ment employé à effectuer des transports à de prompt des capitaux avancés pour leur édu
petites distances. surtout dans les établisse cation et leur entretien, et d'employer exclu
mens les plus modestes où il est souvent le sivement les chevaux à tous les travaux d'éco
nomie rurale.
seul animal dont on puisse payer les services.
Nous traiterons d'abord dans une première chevaux et des
La question de l'emploi des
section de la composition des attelages, et en bœufs dans les travaux ruraux se rattache
suite dans une 2e section de leur force et de aussi à plusieurs sujets d'intérét public, que
leur nombre. nous passons toutefois sous silence pour ne
l'envisager que sous le point de vue purement
SECTIoN 1".-De la composition des attelages. agricole. -
fortuits qui peuvent occasionner la perte des un mode vicieux d'expérimentation dans la mesure du
animaux ou au moins leur inaction pendant travail des 2 espèces et surtout à l'oubli presque géné
long-temps, des modifications que l'expé ral de ramener à des termes comparables tous les élémens
rience forcera d'adopter dans le système de qui pourraient servir à la solution de ce problème.
culture, ou l'administration économique des M. FRosT, qui a pendant long-temps administré le
divers services, etc., néanmoins, de pareils domaine de Windsor , où les bœufs seuls étaient em
calculs ont toujours beaucoup d'utilité pour ployés à tous les travaux d'exploitation, a reconnu que
déterminer la combinaison la plus avanta les 107 bœufs destinés à cet usage auraient pu facile
geuse dans le choix des moteurs, et d'ailleurs ment être remplacés par 65 chevaux (rapport de la
ils offrent d'autant plus d'exactitude que les quantité de travail annuel d'un bœuf a celui d'un che
chances et les accidens sont prévus et qu'on val, 5/9° environ) (1).
y porte en compte les sommes destinées à Dans les districts du Yorkshire et de l'Hertfordshire,
couvrir les pertes qu'on peut éprouver par où l'on fait usage d'attelages de bœufs, on considère que
l'effet du hasard. 6 bons bœufs travaillant constamment, et qu'on ne veut
Entrons maintenant dans l'examen des élé pas accabler de fatigue, lont autant d'ouvrage que 4
mens qui servent à mesurer économiquement chevaux (rapport du travail journalier d'un bœuf à ce
le travail. lui d un cheval, 2/3); c'est aussi le chiffre que donne SIN
cLAIR, qui regarde ce rapport comme un terme moyen
1° La quantité de travail. Elle se mesure ordi parmi tous ceux fournis par les partisans des bœufs en
nairement en mécanique par le poids qu'un moteur élè Angleterre. M. BURGER, dans son Manueld'agriculiure,
ve, dans un temps donné, à une certaine hauteur, et donne aussi ce même rapport; mais il ajoute que toutes
dans les applications usuelles par la résistance vaincue circonstances égales, il lui parait que les bœufs travail
ou le poids transporté à une certaine distance dans un lant toute l'année donnent 1/4 de moins d'ouvrage qu'un
même temps. Dans les travaux ruraux, le temps donné même nombre de chevaux (rapport, 3/4). Dans le
est le nombre d'heures de travail effectif qu'un animal comté de Gloucester , 5 bœufs de la race d'Hereford,
fournit dans l'année, et la résistance est celle que les nourris avec du foin et de l'herbe verte, sont regardés
instrumens ou les véhicules opposent aux efforts que dans les travaux de labourage comme égaux à 4 chevaux
font les moteurs pour les mettre en mouvement. Cette ( rapport, 4/5 ). M. de DoMRAsLE, qui pendant plu
résistance est variable suivant le travail; mais on se sert sieurs années a fait exécuter une partie des travaux de
souvent en économie rurale de celle qu'on éprouve son établissement par des bœufs du poids de 55o kil.
pour labourer la terre et qui offre en général le travail environ, nous apprend que l'expérience lui a démontré
le plus pénible qu'il y ait à faire sur un établissement qu'on pouvait constamment obtenir de ces bœufs ferrés
et celui qui s'y exécute avec le plus d'étendue aux prin des 4 pieds, nourris en abondance à l'étable, et dans des
cipales époques de l'année. . journées de travail de 9 heures en 2 attelées, les 4/5° du
La quantité de travail qu'on peut tirer d'un animal travail que peuvent exécuter des chevaux de taille ana
dans le cours d'une année, sans altérer sa vigueur et sa logue, rapport qui nous paraît en effet le plus exact et
santé, dépend principalement de sa masse, de son éner le mieux constaté, quoiqu'il ne manque pas d'exemples
gie musculaire et du régime qu'on lui fait suivre.On nombreux en Angleterre d'attelages de bœufs faisant
peut accroître ceue quantité pour un même animal par autant d'ouvrage que des chevaux dans des circonstan
un bon mode de répartition des labeurs dans le courant ces à peu près semblables, etc.
d'une année, et une distribution économique des heures Pour être à même de comparer avec certitude la
de travail et de repos pendant la journée, par une bonne quantité de travail annuel des chevaux et des bœufs, il
combinaison dans la force des bêtes qui composent les est nécessaire de se rappeler que ces derniers, dans le
attelages, par l'attention qu'on prend pour dresser et cours d'une année et sur un même établissement, ne
conduire ces animaux et les soins hygiéniques qu'on leur peuvent, à cause des circonstances atmosphériques et de
donne, par une nourriture abondante et substantielle, l'état des chemins dans les diverses saisons, être en
par l'emploi d'instrumens perfectionnés et des meilleu voyés dehors et attelés aussi souvent que les chevaux, et
res machines, par un bon mode d'attelage et l'emploi fournissent par conséquent dans une année un nom
des appareils de tirage bien conçus et parfaitement bre moindre de journées et d'heures de travail que ceux
adaptés à la conformation des moteurs; enfin, en ne con ci. Ce nombre est très variable suivant les localités et
fiant ces moteurs pour les faire fonctiouner qu'à des dépend en grande partie, en supposant une distribution
agens actifs, honnêtes et expérimentés. également habile des labeurs et une bonne administra
Nous nous occuperons dans un autre chapitre de la tion, du clinat et de la nature du sol.
quantité absolue de travail qu'on peut obtenir d'un che M. BLock, qui habite la Silésie sous une latitude à
val ou d'un bœuf, de taille et de force moyennes, peu pres semblable à celle du nord de la France ou de
dans les circonstances les plus ordinaires; ce qu'il im la B lgique, nous informe que ses nombreuses investi
porte d'établir ici, c'est le rapport entre la quantité de gations sur les terrains variés de sa province lui ont
travail du 1er de ces animaux et celle que fourait le se démontré qu'on pouvait, relativement au nombre de
cond lorsque les circonstances sont les mêmes pour l'un journées de travail des animaux, classer les sols de la
comme pour l'autre, c'est-à dire lorsqu'ils sont de bon Inatll('re Suivante :
me race, de taille et de forces ai,alogues , bien dressés, 1"° Classe. Terrains élevés, faciles à travailler et
entretenus, nourris et conduits avec les soins convena qu'on peut labour r sans désavantage, 24 heur. après
bles et appliqués à un même travail. la pluie ka plus abondante.
Les documens qu'on trouve sur ce sujet dans les écrits 2° Classe. Terrains bas, humides, qui ne peuvent
des agronomes de tous les pays présentent des discor être labourés ou parcourus par les animaux attelés après
dances considérables qui sont dues en grande partie à une pluie abondante qu'au bout de plusieurs jours.
(1) Ce rapport nous paraît remarquable en ce qu'en prenant le rapport de la quantité de travail journalier assigné
par M. de DoMBAsLE pour le bœuf et le cheval ou 4/5°, et le multipliant par le nounbre des journées de travail
fournies dans l'année par ces animaux, suivant M. BLock comme on va le voir plus bas, on obtient les nombres
920 et 1 425, 840 et 1550, 760 et 1250 qui sont, en effet, à fort peu près entre eux dans le rapport de 65 à
1 07.
CHAP. 4°. COMPOSITION DES ATTELAGES. 433
5e Classe. Terrains bas , compactes, argileux, im tions à remplir pour atteindre cette perfection étant va
perméables et pourvus en outre de mauvais chemins. riables avec la nature des travaux.
En tenant compte ensuite des jours fériés et de ceux C'est un fait qui paraît démontré que les bœufs atte
où il est impossible de travailler la terre, de faire rou lés au joug sont plus propres que les chevaux aux la
ler les véhicules ou mettre les animaux dehors , il a bours, et que leur travail, surtout dans les sols argileux,
trouvé que le nombre des journées de travail était en tenaces, pierreux ou montueux , ou quand il s'agit de
moyenne : défoncer à 9 ou 12 po. de profondeur, ou de rompre des
gazons ou de vieux pàturages, est exécuté d'une manière
PoUR LEs PoUR LEs ſ plus régulière et plus parfaite.Ainsi, dans les fermes
CHEVAUX. R(EUF8. où les terres ont été négligées et sont en mauvais état,
celles où l'on a besoin de labours soignés et multipliés,
on peut employer les bœufs à ces trauvaux , quoique
sur les terres fortes, qui ne produisent pour eux que
de la paille et du foin, leur nourriture soit plus dispen
dieuse que sur les terres d'une moindre cohésion , plus
Dans les terrains de 1re cl. | travaux d'été
trav d hiver
propres à la culture des racines qui conviennent mieux
d'été
-- .
id. 2e
-
id. { trav,
trav. d'hiver à ces animaux. Les bœufs sont également employés
id. 3e
-
tribué que celui qui dirige un attelage de che sement de l'animal, 1/8e du capital. . . . . 62 50
vaux ; mais en outre il faut faire attention , Prime d'assurance sur la vie, 8 p. 0/0
lorsqu'on veut connaitre la combinaison la du capital. . . . . . . . . . . . . 40 »
Nourriture et litière. . . . . . . . . 4 19 5o
homme, reviendra moins cher que celui de 5
bœufs qui nécessiteront l'emploi de 2 aides et 788 »
feront au plus autant d'ouvrage, et enfin, A déduire pour 12o quint. mét. de
que dans les transports sur les routes, il faut fumier , à 1 fr. 1 o c. le quintal. . . : . 132 »
Ainsi, avec le mode d'alimentation proposé, et dans les tion réelle et immédiate, des principes que nous avons
circonstances mentionnées , les frais pour l'entretien posés dans le cours de ce titre.
d'un cheval reviendraient en moyenne, pendant tout le
cours de l'année, à environ 1 fr. 80 c. par jour, et com Dans le calcul que nous venons de présen
me sur le terrain de 1r° classe dont il est ici question ter on voit que le prix de la journée de tra
il donnerait 285 jours de travail, on voit que ces jour vail du bœuf s'est élevé à 1 fr. 83 c., que
nées reviendraient à 2 fr. 50 c. celle du cheval est restée à 2 fr. 30, et que si
Le nombre d'heures de travail effectif dans le cours on parvenait à faire une économie de 47 c. sur
de l'année étant sur ce terrain de 2,855, chacune d'elles la journée de ce dernier, en employant à sa
coûterait en moyenne 25 c. à peu pres. Dans les ter nourriture, soit des carottes, soit des pommes
rains de 2° et 5° classe, cette heure de travail revien de terre cuites, des rutabagas ou tout autre,
drait à 24 c.1/2 et 26 c. 1/2 dans les mêmes circons sans diminuer sa vigueur, son énergie et la
tances , quantité de son travail, non-seulement ce tra
vail ne reviendrait pas plus cher que celui du
Prix du travail d'un bœufde poids moyen. bœuf, mais serait en outre exécuté avec
fr.
plus de promptitude.
Prix d'acquisition. . . . . .. 14o Ces résultats changeraient bien plus encore,
Harnais, instrumens et autres ob
si au lieu de faire constamment travailler l'at
jets mobiliers. . . . . . . 330
telage de 2 bœufs on en employait un de re
775
fr, r.
change par jour, ou si on avait 2 relais de
Intérêts de cette somme à 5 p. 0/0. . , . 23 50 bœufs par journée de travail; les prix seraient
Prime d'ass. sur la vie, 5 p. 0/0 du cap. . . . 7 » bientôt en faveur des animaux de l'espèce
Frais de logement. - - - 15 » chevaline. Il en serait de même si les bœufs
Dépérissement des objets mobiliers étaient d'un faible poids, mal dressés, indo
25 p 0/0 du capital . . . . . . . . . 82 50
ciles, d'une allure très lente et conduits par
Ferrure, soins du veterinaire, etc.. - - 20 »
Eclairage des etables, assainissement. . . . 5 » des valels mal disposés en faveur des atte
Salaire, nourriture et entretien d'un lages de cette espèce.
4eI V11ellr. - • • • • • • • - - - 35 » Nous croyons inutile de faire connaître le
Nourriture et litiere. . . . . . . . 269 80 prix du travail des attelages dans divers pays
457 80
ou dans des établissemens agricoles renom
A déduire pour 126,5 quint. mét. de
més par la perfection ou la régularité de leur
fumier, à 1 fr. 20 c. le quint. . . , . . . 15 1 80 administration, parce que la plupart des ter
. .
" mes qui concourent à composer ce prix sont
Total du prix du trav. ann. d'un bœuf 300 »
extrêmement mobiles et souvent peu compa
rables entre eux ; mais nous insisterons sur la
Ainsi, dans les conditions indiquées , les frais de nécessité où l'on est d'imprimer dès l'origine
toute nature pour l'entretien d'un bœuf pendant tout une bonne direction à ce scrvice, puisqu'il
le cours d'une année sont de 84 c. environ par jour,
est évident d'après les détails dans lesquels
et ceux de sa journée de travail, dont on ne compte nous venons d'entrer qu'on éprouve une perte
dans le terrain de 1" classe que 25o par an, de 1 fr. iournalière considérable en laissant les atte
35 c. Les heures de son travail dans ce terrain, qui † dans l'oisiveté, ou plutôt que la petite
sont au nombre de 2,165 , reviendraient donc à 14 c.
uantité de travail qu'on leur fait exécuter
1/8, dans les terrains de 2° classe à 15 c. 1/5 et à près dans le cours d'une année revient, dans ce
de 1 7 c. dans ceux de 3°.
cas, à un prix excessif. En vain cherche-t-on
En se rappelant maintenant qu'un bœuf bien dres dans ce mode vicieux à compenser les pertes
sé, de bonne race, et conduit convenablement, ne four
qu'on fait ainsi en diminuant la ration des ani
nit dans une journée de travail que les 4/5° de l'ouvrage maux pendant les jours de repos, ceux-ci s'af
que peut faire un cheval de taille et de force analo faiblissent insensiblement , perdent par le re
gues, on voit que, s'il s'agissait, par exemple, d'un tra pos l'habitude du travail et n'en fournissent
vail qu'un attelage de 2 chevaux peut exécuter en 1 plus qu'une quantité minime quand on vient
fr. c.
à les atteler et à en exiger des services.
jour, ce travail ainsi fait coûterait. . . 4 60
Que ce même travail ne serait accom
$ III. — Des attelages de vaches et de taureaux.
pli, par un attelage de 2 bœufs, qu'en 1 1/4
de journée de travail qui coûterait. . . 5 52 On a souvent demandé s'il convenait d'atte
Somme à laquelle il conviendra d'ajou ler les vaches et de leur faire exécuter des
ter, en supposant que chaque attelage soit 3 67 travaux sur un établissement rural. Beau
conduit par 1 seul charretier recevant un
même salaire, 1/4 de journ. de charr. ou » 35
coup d'agriculteurs ont pensé que le travail
- exécuté par ces animaux était le plus écono
Différence en faveur de l'attel. de bœuf. . . » 95 mique de tous, quand cette opération était
Il resterait maintenant à examiner si cette diffé
bien conduite. L'allure des vaches est plus vive,
plus franche et presque aussi rapide que celle
rence de 95 c. en faveur du prix du travail journalier des chevaux, surtout si elles sont dressées de
des bœufs sera réellement avantageuse à l'établisse bonne heure; leur force moyenne est les 2/3
ment ; s'il ne serait pas plus profitable de faire le sacri de celle d'un bœuf de même race; on peut les
fice de cette somme afin d'obtenir un travail plus accé atteler pendant 3 à 4 mois de la gestation, les
léré, de meilleure qualité, ou plus conforme aux con employer sans inconvénient à la charrue, à la
ditions par iculières dans lesquelles le domaine se trouve herse, à l'extirpateur, aux charrois, et elles
placé. C'est une question qui ne peut être qu'indi n'en donnent pas moins un veau fort et bien
quée ici, et nou pas résolue d'une maniere générale, constitué. Le lait diminue en quantité (de
tout dépendant de circonstances que l'administrateur 1/4 environ ), mais ce produit a une valeur
est seul capable d'apprécier quand il fait une applica bien peu considérable dans beaucoup d'éta
CHAP. 4°. FORCE ET NOMBRE DES ATTELAGES. 439
blissemens, et si on a l'attention d'augmenter Dans le Cantal, les taureaux sont aussi dres
la ration des vaches qui travaillent et de ne sés et attelés entre 2 ou 3 ans, époque à la
les fatiguer que modérément, la qualité s'a uelle leur force n'est calculée que la moitié
méliore et sa quantité revient aisément quand e celle des bœufs dans la ſorce de l'âge, et
la vache se repose pendant quelque temps. dans la belle ferme-modèle du Ménil-Saint
D'un autre côté, on fait aux attelages de Firmin (Oise), on fait un emploi avantageux
vaches les reproches suivans : Ils exigent de la force de ces animaux en les attelant au
pour le labourage des animaux de très forte manége.
race, si l'on ne veut pas perdre l'avantage de
n'atteler à la charrue qu'une paire de bêtes SECTIoN II. — De la force et du nombre des
el de la faire conduire par un seul homme, et attelages.
obligent à entretenir un trop grand nombre
de bêtes de trait, puisqu'elles sont moins fortes Le choix des animaux qui doivent compo
que les bœufs, font moins de travail et doi ser les attelages, les formes extérieures, les
vent d'ailleurs être plus ménagées que ces qualités qu'il est utile de rechercher dans
derniers et ne faire même qu'une attelée par ceux qu'on destine au travail, la manière de
jour, surtout quand elles sont pleines. Cette les élever, de les soigner, de les nourrir et de
augmentation d'animaux de travail accroit les les diriger ont donné lieu à d'importants dé
frais de harnais, de logement, d'aides pour veloppemens dans le livre III, où l'on s'oc
cupé spécialement des animaux domestiques;
les conduire et les soigner, et tous les genres
de risques sur les bestiaux. Les vaches sont il ne nous reste donc à présenter et à discu
souventindociles, et comme on ne peut les faire ter que quelques questions générales qui inté
travailler continuellement, on ne peut évi ressent l'administrateur, principalement au
ter, en les attelant au joug, de les changer de moment où il organise le service de ses atte
main, ce qui apporte des difficultés et des len lages. Ces questions sont relatives à la force à
teurs dans le travail.Au collier, il est bien dif donner aux attelages et au nombre de bêtes
ficile de les maîtriser, et elles exigent, si on
de trait qu'il convient de réunir sur une ex
ne veut pas que leur emploi devienne onéreux ploitation rurale pour y exécuter tous les tra
à l'établissement, des soins plus assidus que VdllX .
les autres bêtes de trait. Enfin, les bêtes de
rente ayant une destination et une économie $ I°r.— De la force des attelages.
spéciales, il ne parait pas qu'il puisse être
avantageux d'exiger du travail et de tirer des Parmi les labeurs qu'exécutent annuelle
produits journaliers d'un même animal. ment des attelages sur un fonds rural, nous
En balançant ces argumens les uns par les avons déjà reconnu que les travaux de labou
autres, on reconnaît aisément qu'il n'y a guère rage étaient les plus pénibles, les plus multi
que chez les petits exploitans chez qui l'achatpliés et ceux qui nécessitaient des efforts plus
et l'entretien des chevaux serait trop dispen soutenus et une plus grande vigueur dans
dieux et où cet animal resterait oisif la ma les animaux, et que c'étaient ceux par consé
jeure partie de l'année; qu'il peut être conve quent qu'on pouvait prendre pour exemple
nable de faire travailler les vaches et de les pour établir la commune mesure de la force
employer à tous les travaux ruraux ; que c'est motrice qu'il convient d'accumuler sur un
là surtout qu'elles reçoivent les soins attentifs fonds pour y effectuer tous les travaux qui
qu'elles réclament dans ce cas. C'est dans ces sont le partage du service de ces attelages.
circonstances que les vaches sont employées Avant de nous engager dans la discussion
dans le §l aux charrois et aux labours, des principes qui règlent la mesure de cette
qu'en Toscane, dans le val de Nievole, où l'a force, disons un mot sur ce qu'on entend par
griculture est si florissante, on attelle cons force ou puissance d'une bête de trait.
tamment les vaches à la charrue, et que les La puissance d'un animal pour vaincre une
etits cultivateurs des environs de Hambourg résistance quelconque, et en faisant abstrac
abourent tous leurs fonds avec deux va tion de la vitesse du mouvement, se compose
ches, etc. . Néanmoins quelques personnes de 2 élémens : 1° son énergie musculaire, qui
persistent à penser que, § es exploitations varie avec chaque animal suivant sa race, sa
étendues, on pourrait entretenir avantageuse conformité, son tempérament et son régime :
ment quelques attelages de vaches toutes 2° sa masse, qui est également variable d'un
dressées qui serviraient au transport de l'herbe animal à l'autre. La masse se mesure † le
verte, aux légers charrois, et qu'on emploie poids des animaux. Ce poids, dans la plupart
rait surtout dans les sols § et légers d'entre eux et pour une même espèce, est
lors des semailles, de la moisson et des tra resque toujours proportionnel à leur vo
vaux urgens. . † ou espace géométrique qu'ils occupent,
Certains agriculteurs anglais préfèrent aux de façon qu'on peut dire d'une manière gé
vaches ordinaires et même aux bœufs le free nérale que les animaux qui ont la taille la plus
martin, sorte de vache stérile qui naît dans haute avec la plus forte carrure sont aussi
une même portée avec les veaux mâles, ou ceux qui ont le plus de masse ou qui offrent
bien choisissent les vaches châtrees. Les 1er ani le plus grand poids. Généralement parlant,
maux sont généralement robustes et actifs et entre 2 animaux qui ont la même énergie
ſont, dit-on, quand ils sont nourris convena musculaire, celui qui aura le plus de masse,
blement, presque autant d'ouvrage que les che c'est-à-dire qui sera plus grand et plus gros,
vaux de bonne race. sera aussi celui qui parviendra à vaincre avec
Dans d'autres pays on dompte les taureaux un même effort une plus grande résistance
et on les applique aux travaux agricoles. Cet ou à faire dans un temps donné une plus
uSaÉe est commun en Italie et en Espagne. grande somme de travail, et qui l'emportera
'440 ADMINISTRATION RURALE, LIV. VII.
à cet égard sur un animal de taille et de cor dans ce comté, où l'on élève des chevaux de taille colos
pulence moindres. L'énergie et la masse, en se sale et auxquels on prodigue l'orge et les autres alimens
combinant dans des proportions infiniment substantiels, il y a des fermes où l'entretien d'un attelage
variables, donnent aussi des animaux de puis de ces animaux est d'un prix aussi élevé que le loyer
sances très différentes, et chez lesquels cette du fonds où ils travaillent; ces chevaux qu'on achète à
force ou puissance est due pour les uns à la 2 ans et revend à 6 aux entrepreneurs de roulage de
rédominance de l'une ou l'autre de ces qua Londres, et qu'on est obligé de ménager pour qu'ils at
† et chez les autres à une heureuse com teignent toute leur taille et leur beauté, remboursent
binaison de toutes deux. rarement ainsi et par leur travail le prix exorbitant
Ceci bien compris , on demande quelle est de leur entretien. Dans quelques endroits de l'Allema
la force qu'on doit donner aux attelages ou, en gne et de la France, où l'on a voulu appliquer au trait
d'autres termes, comment ils doivent être les bœufs de la grosse race suisse qui pèsent ordinaire
composés pour vaincre de la manière la plus ment de 700 à 750 kil., on a trouvé que ces animaux
complète et la plus avantageuse la résistance payaient peu avantageusement par leur travail les frais
constante qu'ils éprouvent dans des travaux de leur entretien, qu'ils étaient mous, indolens, et ne
de labourage, par exemple dans un sol de co fournissaient guère plus de travail qu'un bœuf de la
hésion et de consistance moyennes ? moitié ou même du tiers de leur poids, qui ne con
Les lois de la mécanique enseignent que, sommait par conséquent que la moitié ou le tiers des
dans toute nature de travaux. la puissance alimens qui sont nécessaires à ces gros animaux ; enfin
doit être proportionnelle à la resistance ; or, il parait constant que, dans plusieurs localités de l'An
dans les travaux de l'agriculture il y a 3 gleterre, le bon sens des cultivateurs leur a fait aban
modes différens pour rendre la puissance donner ces animaux à forte corpulence, que pendant
proportionnelle aux résistances qu'il s'agit quelque temps on avait regardé comme plus propres que
de vaincre. Voici ces 3 modes. les autres aux travaux ruraux.
2° En augmentant le nombre des animaux qui com
1° En faisant usage d'aninaux quiprésentent une posent les attelages.
grande taille ou une grande masse. Cette augmentation présente des inconvéniens graves
Ce mode de composition des attelages a donné lieu qui ont été signalés depuis long-temps. Il est toujours
à des discussions dont il importe de résumer ici les plus difficile de conduire 5 ou 4 chevaux dans un mêne
principaux argumens, en prévenant qu'ils s'appliquent attelage que 2 seulement ; il est impossible, fussent
plus spécialement aux chevaux. ils même dressés avec le plus grand soin, qu'ils ne se
Deux chevaux d'une haute stature et d'un grand gênent et ne se contrarient pas mutuellement ; on ne
poids, ont dit les partisans de ce systeme, biendressés et peut ainsi parvenir à les faire tirer constamment avec
appariés, tirent d'une manière plus simultanée, sur la même uniformité et en obtenir la même quantité de
montent les résistances avec plus d aisance, et font un travail que s'ils étaient attelés séparément ou au moins
labour plus correct et plus uni'orme ; ils peuvent ainsi par paires; la perte de force et de temps qu'on éprouve
travailler long-temps dans un sol compacte et argileux de cette manière s'accroit avec le nombre de bêtes atte
sans épuiser leurs forces et sans être accablés par la lées, et au-delà d'une certaine limite, assez restreinte,
fa igue ; ils sont faciles à conduire et n'ont besoin pour l'addition d'un autre animal dans les attelages accroit
cela que d'un seul charretier; ils exigent moins de les difficultés sans augmenter la puissance ; le travail
harnais, de ferrure, de matériel qu'un plus grand nom d'un attelage composé d'un grand nombre d'animaux
bre de chevaux moins puissans qui ne feraient que le mê est la plupart du temps moins correct et moins parfait
me ouvrage ; enfin, dans les charrois, ils se tirent que celui de 2 bêtes; dans les labours et autres façons
mieux d'un mauvais pas au moyen d'un fort coup de données à la terre, ils piétinent et durcissent davanta
collier. ge celle ci ; une augmentation dans le nombre des bêtes
Les gros chevaux, ont répondu les adversaires, sont de trait accroit aussi les frais pour les harnais, la fer
des sujets de choix, difficiles à trouver et à remplacer, rure, le matériel, le logement, ainsi que pour le salaire
et qui ayant nécessité plus de frais pour leur éduca et l'entretien des serviteurs plus nombreux qui sont
tion et pour leur faire acquérir tout leur développe nécessaires pour les soigner et les faire fonctionner, et
ment et toute leur vigueur, sont par suite d'un prix fait naître une foule d'embarras dans la direction éco
proportionnellement plus élevé que les autres; à pro nomique et raisonnée de ce service.
portion de leur travail ils consomment plus que des Ces inconvéniens dominent surtout quand on réunit
chevaux de moindre taille, et leurs alimens doivent le sur un domaine des animaux de race chétive ou trop
plus souvent être de meilleure qualité, si on veut les faibles qu'on est obligé d'atteller en grand nombre pour
maintenir en bon état. Chez des chevaux de forte cor exécuter les travaux agricoles les moins pénibles.
pulence, l'énergie manque fréquemment ainsi que la vi 5° En faisant choix d'animaux doués, proportion
vacité ; leur allure est très souvent lente, parce qu'ils u llement à leur taille ou à leur poids, d'une grande
ont une grande masse à transporter et ils s'usent promp energie.
tement par leur propre poids; dans les sols argileux Ce choix paraît conforme aux principes d'une sage
ils plombent le terrain, ou nuisent à ceux qui sont lé économie ; en effet, l'énergie dans un animal destiné
gers, humides et ameublis, en y enfoncant profondé au travail peut suppléer en partie à la masse et au
ment. Quand ils périssent par accident ou par suite nombre, et dispense par conséquent d'avoir des che
d'épizootie, on perd une plus forte valeur capitale ; vaux d'une trop forte stature ou de composer les attela
leur oisiveté ou leur inaction par suite de maladies ou ges d'un nombre superflu d'animaux. Cette énergie
autrement est plus onéreuse ; enfin il est une foule de dans un cheval est souvent due aux belles proportions
petits labeurs auxquels on ne peut pas appliquer un gros et à l'harmonie des formes extérieures unies à la viva
cheval, qui ne ferait ainsi qu'un emploi de sa force peu cité et à un certain tempérament qui constituent,
avantageux aux intérêts du cuttivateur. quand l'animal est en outre doué à un haut d gré de
, Ces derniers argumens paraissent péremptoires, et l'aptitude nécessaire au service auquel on le destºne, ce
il nous suffira de les appuyer par des exemples tirés de qu'on nomme un bon cheval de travail. Un bon che
la pratique. TH. DAvIs, dans son ouvrage intitulé, Coup val, ou un cheval actif, énergique, courageux et patient,
d'œil sur l'agriculture du Wiltshire, rapporte que fournit dans le même espace de temps un bien meil
CHAP. 4e. FORCE ET NOMBRE DES ATTELAGES. 441
leur travail et en plus grande quantité qu'une autre partie de leurs forces, et ne font qu'un travail incor
bête du même poids dénuée d'activité et de courage, rect et qui marche avec lenteur. Dans un attelage com
et comme tous deux consomment à peu près la même posé d'animaux de force inégale, le plus fort fatigue le
quantité de grains et de fourrages et exigent les mêmes plus faible et s'épuise en efforts qui ont peu d'effet utile;
soins et les mêmes frais , il est évident que le travail dans celui où les bêtes ont une allure qui n'est pas la
du 1er a une bien plus grande valeur pour le cultiva même, le travail ne marche qu'avec la vitesse de celui
teur que celui du second ; ce travail convient en outre qui a la marche la plus lente, et il n'y a que dans des
à un bien plus grand nombre de cultures. Souvent en attelages bien appariés où le travail ait toute la célé
fin le prix d'achat d'un bon cheval ou d'un bon bœuf rité et la régularité qu'il comporte. Nous avons parlé
n'est pas beaucoup plus élevé que celui d'un autre ani plus haut de l'influence de la nourriture sur l'éner
mal de même apparence, mais dépourvu des quali gie motrice des animaux, et par conséquent sur la quan
tés précieuses qu'on doit rechercher dans les bêles de tité et la qualité de leur travail. 5° Employer des ser
trait. /
viteurs habiles, honnétes et intelligens. C'est un fait
Ces principes étant admis, il est aisé d'en faire l'ap bien connu que des chevaux conduits par un bon la
plication dans l'appréciation économique de la force des boureur sont moins fatigués par le même travail que
attelages. ceux conduits par un homme maladroit ou inexréri
1° Les animaux de travail ne doivent pas étre de menté. Un homme habile fait d'ailleurs plus de tra
taille ou de dimension trop fortes, ou trop chétives, et on vail dans un même temps , et un meilleur ouvra°e. 4°
doit donner la préference à ceux de taille et de poids Faire usage de harnais et d'un mode d'attelage bien
moyens, qui sont en général les plus faciles à rencon entendus. Des harnais mal adaptés à la conformation
trer, et chez lesquels on trouve le plus souvent la vi des animaux leur font perdre une partie de leurs avan
gueur, l'énergie, l'activité, la sobriété, qualités dont il tages et les empêchent de produire le plus grand effet
est si intéressant que soient doués les moteurs animés utile dont ils sont susceptibles. Un mode d'attelage vi
employés en agriculture ; c'est aussi chez eux que ces cieux produit le même effet; ainsi l'expérience paraît
qualités, quand on n'abuse pas de leurs forces, se conser avoir démontré que, dans les mêmes circonstances, 2
vent le plus long-temps et ceux par conséquent qui four chevaux de front font autant de travail que 3 attelés à
nissent un travail à meilleur marché et d'une plus gran la file, etc. 5° Régler convenablement les heures de
de valeur, qui sont applicables à des travaux plus va travail, de manière que les animaux aient un temps
riés et peuvent faire dans ces travaux l'emploi le plus suffisant pour le repos et fassent néanmoins un em
avantageux de leur force et de leur temps. ploi avantageux de leur force ; 9 à 10 heures de travail
2" Dans les travaux de labourage on ne doit pas, en effectif par jour en 2 attelées paraît être le mode qui
général, atteler plus de 2 bétes. C'est une règle admise donne les résultats les plus satisfaisans. La répartition
aujourd'hui à peu près dans tous les pays où l'agricul habile du travail dans le cours d'une année est aussi
ture a fait des progrès et par tous les praticiens éclai fort importante pour obtenir le maximum que peuvent
rés. L'expérience a prouvé en effet qu'il est bien peu fournir les moteurs, et pour parvenir à ce but on doit
de sols, même les terrains compactes et argileux, qui ne autant que possible les faire travailler constamment et
puissent être labourés avec 2 chevaux, excepté peut non pas irrégulièrement et à de l ngs intervalles, com
être les labours de défrichement et le 1°r labour de me cela se voit dans quelques établissemens.
jachere des terres très tenaces. Partout où on a adopté « En général, dit M. de DoMBAsLE (Ann. de Rov.,
l'usage de n'atteler à la charrue que 2 chevaux ou 2 t. 1er, p. 105), il m'est impossible de concevoi qu'on
bœufs, la situation des cultivateurs s'est fortement amé puisse se livrer à l'agriculture avec profit lorsqu'on
liorée par suite d'une d minution aussi essentielle dans est forcé d'atteler à la charrue 4 ou 8 chevaux et plus,
les frais de culture, et ce doit être un motif puissant comme on le fait dans certains pays. L'emploi d'une
pour engager les propriétaires et les agriculteurs à in mauvaise clarrue qui exige une force de tirage si con
troduire sur leurs établissemens l'usage des charrues sidérable et entraine à des dépenses si énormes pour
à 2 bêtes, ainsi que celui de faire deux attelées par l'entretien des attelages met le cultivateur le plus in
Jour. dustrieux, placé dans cette circonstance, dans le plus
Lorsque, d'après l'expérience des plus habiles prati cruel embarras. S'il économise les labours, ses récoltes
ciens, nous disons que dans les labours on ne doit pas diminuent et ses terres s'empoisonnent de plus en plus
atteler plus de 2 bêtes, nous entendons également que de mauvaises herbes ; s'il les multiplie, il se jette dans
cette opération est faite avec toute la perfection dési des frais de culture qui ne pourront souvent pas être
rable, c'est-à-dire que la bande est de largeur conve couverts par le produit des récoltes. »
nable, la terre tranchée à la profondeur nécessaire et Lorsque nous nous occuperons de la quantité de tra
retournée convenablement, que les animaux fournissent vail que doivent fournir les moteurs animés et les agens
dans leur journée le maximum de travail qu'ils peu employés en agriculture, nous ferons connaître le tra
vent donner et travaillent ainsi journellement sans être vail journalier des bêtes de trait dans les travaux de la
trop fatigués et sans que leur santé se détériore et que bourage: mais on conçcit dès à présent que les terrains
leur vigueur diminue. qui, depuis l'argile compacte jusqu'au sable mobile ,
Pour obtenir ces résultats avec 2 bêtes attelées, il présentent des degrés de cohésion si divers, doivent
faut remplir plusieurs conditions : 1 ° faire usage d'une dans le travail faire éprouver des résistances très dif
bonne charrue. Un bon instrument de ce genre réduit férentes, et qu'il convient d'avoir égard à ces différences.
souvent la force nécessaire pour opérer un même tra Avec un même attelage de force convenable , on laboure
vail à la moitié et au tiers ou même au quart de celle une bien plus grande surface dans un terrain léger que
qu'on est souvent obligé d'employer avec une charrue de dans un terrain tenace et argileux, et comme nous avons
construction vici use ou établie en dépit des principes vu que la puissance des animaux pour le travail se com
de la mécanique. 2° Avoir des animaux bien dressés et posait de leur énergie musculaire et de leur masse, on
appariés, soignés et nourris convenablement. Des ani voit aisément que, pour travailler ces derniers terrains
maux bien exercés apprennent à ménager leurs forces et pour ne pas contraindre les moteurs à déployer une
et à ne faire aucun mouvement qui n'ait un but utile, énergie musculaire considérable , ce qui pourrait les
ce qui rend leur travail rapide et régulier, tandis que épuiser, il convient d'augmenter leur masse , qui leur
des bêtes mal dressées ou indociles s'emportent, s'é permet de vaincre alors une partie de la résistance par
cartent de la voie, dissipent ainsi en pure perte une leur propre poids.
AGlRICULTURE , TOME IV. -56
442 ADMINISTRATION RURALE. LIV, VI1,
Ainsi, dans les terrains qui offrent une grande cohé ter tous les travaux annuels dévolus aux at
sion,on choisira des animaux de travail de taille moyenne, telages dépend nécessairement des conditions
mais doués d'une certaine masse et d'une grande vigueur rticulières dans lesquelles se trouve l'éta
et qui soutiendront ainsi sans trop d'eſforts musculaires lissement.
un travail long et pénible, tandis que dans les sols lé Disons d'abord, quelle que soit la nature du
gers on pourra donner la préférence à des animaux domaine, que, si on veut s'attacher aux règles
moins puissans, à formes plus sveltes, d'une allure d'une rigoureuse économie, celle-ci prescrit,
plus légère, et qui expédieront plus d'ouvrage dans un lorsqu'on a déterminé la force des attelages,
même temps, ou à des animaux un peu plus pesans, de n'entretenir que le nombre de bêtes stricte
mais dont un seul suffira pour retourner le terrain ment nécessaire pour la bonne exécution de tous
comme on le voit dans plusieurs localités de la Belgique, les travaux dans le cours d'une année agricole.
et entre autres dans la Campine et dans les environs de Les bêtes de trait, en effet, fournissent uni
Lille. Enfin, dans les terrains de cohésion moyenne, quement du travail et ne donnent aucun re
on pourra se rapprocher. suivant les circonstances, de venu ; leur nombre doit être restreint dans
l'une ou de l'autre de ces limites. les limites les plus etroites; mais il est une
Il serait du plus grand intérêt pour l'agriculture et foule de circonstances où il est impossible de
pour la solution du problème de l'emploi le plus écono ne pas faire fléchir cette règle qu'il ne faut pas
mique de la force des moteurs, qu'il existât un dyna néanmoins perdre de vue, et des situations où
mometre exact et sur les indications duquel on pût on éprouverait des pertes bien plus impor
compter, et qu'avec cet instrument on entreprit une sé tantes en restreignant ainsi le nombre des ani
rie d'expériences, d'abord avec une même charrue et maux de travail qu'en l'accroissant, quelque
un même mode d'attelage, dans des terrains de cohé coûteux que leur entretien soit pour un éta
sions diverses, et qu'on mesurât les forces nécessaires blissement.
pour opérer ce travail; puis, qu'on fit ensuite dans un
même terrain une suite de nou eaux essais, en faisant Cela posé, il est évident que le nombre des bêtes de
yarier la forme des charrues, les appareils d'attelage, trait dépend d'abord de l'espece à laquelle on donne la
la vitesse des animaux, etc. De pareilles expériences, préférence, puisque nous avons vu que la quantité de
combinées avec celles qu'on possède déjà sur la force travail des bœufs est inférieure à celle des chevaux, et que
moyenne des bêtes de travail , serviraient à l'instant pour exécuter un même travail, les 1" ont besoin d'être
même à déterminer, pour un terrain donné, la force plus nombreux sur un même domaine. Pour une même
qu'il serait le plus économique de donner aux attela espèce et dans les mêmes conditions, ce nombre varie
ges. - ensuite avec la race, la taille, la vigueur, la docilité,
Il nous reste une observation à faire sur l'ensemble le courage et l'énergie des moteurs dont on fait choix.
de la composition et de la force des attelages.Les uns ont Le mode d'alimentation, ainsi que nous l'avons dit, influe
conseillé de les composer tous de bétes de méme poids, et beaucoup sur leur vigueur, en permettant aussi d'en ti
de méme force, et d autres d'avoir des attelages de for rer une plus grande quantité de travail, et par consé
ces diverses ; l'une et l'autre de ces opinions peut être quent de diminuer leur nombre.
prise en considération suivant les circonstances. Dans Le climat du pays au sein duquel le domaine est
les petits établissemens où les mêmes animaux de trait placé modifie aussi le nombre des attelages ;ainsi, lors
sout employés à une foule de travaux divers dans que ce climat est très variable et peu favorable à la vé
le cours d'une année, il parait plus avantageux d'avoir gélation, qu'il faut concentrer tous les travaux de l'an
des attelages de même puissance et de force constante; née sur un petit nombre de mois, et mettre prompte
on parvient de cette manière à faire une répartition ment à profit les courts intervalles propres aux travaux
plus régulière des travaux annuels d'attelage et à ap des champs qui peuvent se présenter dans ces mois, on
pliquer avec économie et avantage aux instrumens ou doit chercher à racheter les désavantages de cette po
véhicules une force qu'on connait bien et dont on a étu sition par une plus grande célérité dans ces travaux,
diél'intensité. Dans les grandes fermes au contraire, où ce qui ne peut s'effectuer la plupart du temps sans une
on réussil mieux à établir la division du travail et où il augmentation dans le nombre des bêtes de trait, sur
est plus aisé de distribuer également les travaux dans le tout lorsqu'on ne veut pas alors accabler de fatigue des
cours de l'année, on conçoit qu'on doit trouver plus pro attelages insuffisans, moyen que réprouve une sage éco
fitable d'avoir des attelages de forces variées et propor nomie et qu'on préfère par un sacrifice pénible, il est
tionnelles aux labeurs auxquels on les applique ; ainsi, vrai, atténuer les chances de pertes considérables qui
ceux qui laboureront tous les jours sur les terres fortes vous menacent sous un semblable climat.
ou qui feront de pénibles charrois sur des coteaux Parmi les causes influentes dans l'organisation du
abruptes ou à travers des routes présentant des obsta service qui nous occupe, c'est la masse des travaux
cles, devront être d'une masse plus considérable que d'attelages de toute espèce qu'il s'agit d'exécuter dans
ceux chargés des travaux les plus légers de culture, ou le cours d'une année qui règle le plus impérieusement
du transport accéléré des récoltes ou des denrées sur des le nombre des bêtes de trait. Ces travaux, qu'on peut
chemins ou des routes unies et en bon état. C'est exécuter de bien des manières diverses qui ne nécessi
même un des avantages des grnnds établissemens de tent pas toutes l'emploi d'une même force, peuvent en
pouvoir ainsi appliquer à un travail quelconque la force outre être plus ou moins multipliés sur des domaines
rigoureusement nécessaire qui lui convient, tandis que qui présentent une égale surface. Lorsque nous nous
dans les petits on est obligé souvent de mettre en mou sommes occupés de déterminer le nombre des travail
vement des animaux et de leur faire exécuter des travaux leurs qu'il convient d'appeler pour l'exploitation d'un
qui sont loin d'employer toute leur force et de fournir fonds (p. 595 ), nous avons fixé notre attention sur les
un travail économique. causes qui peuvent accroitre ou diminuer ces travaux
et signalé en particulier parmi celles-ci la nature
$ II. - Du nombre des animaux d'attelage sur un et la configuration du terrain , l'éloignement des
établissement rural. pièces de terre et des bâtimens, l'état des chemins ru
raux, le système d'exploitation, de culture et d'aména
Le nombre de bêtes de trait qu'il convient gement qu'on a adopté, le choix des instrumens, les
de réunir sur un domaine rural pour exécu mesures administratives plus ou moins bien entendues,
CIIAP. 4°. FORCE ET NOMBRE DES ATTELAGES. 443
le nombre des journées de travail de l'année, et dans cultivateurs. Dans d'autres où l'on établit des fabriques
chacune d'elles celui des heures de travail effectif, la agricoles ou des entreprises accessoires qui emploient
force, l'intelligence, l'adresse et l'énergie des serviteurs des animaux à des charrois ou autres objets, on trouve
à gages ou autres agens, etc. ; nous pouvons donc nous naturellement sous sa nain une ressource précieuse
dispenser de revenir sur les détails d'un sujet qui se dans des besoins urgens, et un nombre d attelages addi
représentera d'ailleurs encore dans le cours de ce li tionnels pour exécuter avec vigueur et célérité des
Vre. travaux qui ne souffrent ni délai , ni négligence, etc
C'est ici qu'il nous paraît utile de rappeler que le
nombre des bétes de trait dans les établissemens ru On a proposé plusieurs règles empiriques
raux ne croît pas dans la méme proportion que l'éten pour estimer approximativement le nombre de
due des surfaces, même en supposant que le système bêtes d'attelage dont on a besoin sur un éta
d'exploitation et celui de culture y fussent les mèmes blissement rural , mais comme ces règles ne
et également bien dirigés. Dans un grand établissement tiennent pas compte la plupart du temps des
où s'etablit naturellement la division du travail, on peut circonstances variées auxquelles il est néces
consacrer presque constamment les mêmes attelages et saire d'avoir égard dans cette estimation, nous
les mêmes serviteurs à un seul et même travail dans ne pensons pas qu'il soit nécessaire d'en faire
lequel les uns et les autres deviennent plus experts, mention. Le plus sûr, dans l'opinion de THAER,
tout en expédiant plus de besogne ; on conçoit d'ail est toujours de dresser le tableau des travaux
leurs qu'au moyen de cette division on peut employer que dans chaque cas donné, d'après le sys
des attelages mieux appariés au service auquel on les tème de culture et d'aménagement adopté,
destine, leur distribuer plus régulièrement le travail ainsi que suivant les circonstances locales, on
pendant le cours d'une année et que dans les grandes doit exécuter à chacune des périodes de l'an
fermes les animaux peuvent être plus vigoureux , plus née agricole. On distinguera en même temps,
beaux et mieux nourris. Dans les petits établissemens, en les plaçant dans 2 colonnes différentes, les
au contraire, la multiplicité des travaux auxquels on travaux qui pourraient être exécutés d'une
est obligé d'appliquer un inême attelage fait que les manière plus parfaite par des bœufs de ceux
moteurs et les agens sont moins aptes et moins habi qui doivent l'être par d§ chevaux, et on por
les pour chacun d'eux ; le passage continuel de l'un à tera dans chaque colonne, en regard de la spé
l'autre ne se fait pas sans perte de temps ou sans qu'il cification du travail, l'indication du nombre de
s'en écoule une portion assez notable avant que le nou journées que chaque béte de trait emploiera
veau travail auquel on applique l'attelage marche ré pour l'exécuter. On déterminera ainsi avec
gulièrement et avec la célérité convenable, ce qui oblige une exactitude rigoureuse le nombre d'ani
d'entretenir proportionnellement un plus grand nom maux dont on aura besoin sur l'élablissement,
bre d'animaux.
et le rapport le plus avantageux entre le nom
Cette différence dans le nombre des attelages néces bre des bœufs et celui des chevaux quand on
saires est bien plus sensible encore entre les grands et veut employer simultanément au travail l'une
les petits établissemens, lorsque leurs modes de cultu et l'autre espèce.
re viennent à différer. Ces calculs, comme on voit, sont simples,
Dans les 1er", on à recours a des machines perfec mais ils exigent la connaissance de la quantité
tionnées, d'uu prix d'achat élevé, mais qui expédient de travail que fournissent les moteurs appli
beaucoup de besogne ; on ne donne à la terre que les qués a divers labeurs ; nous renvoyons donc au
façons rigoureusement nécessaires à la production , et chapitre qui traitera des travaux l'exemple au
on cherche à restreindre le nombre des attelages et à moyen duquel nous nous proposons d'en faire
économiser sur la main-d'œuvre. Dans les seconds, au
voir l'application; mais afin de fixer les idées
contraire, on ne laisse jamais la terre en repos et on des agriculteurs qui débutent, nous termine
lui prodigue les faço,s; on ne craint pas de cultiver rons ce chapitre par quelques exemples du
les plantes qui exigent les travaux les plus multipliés nombre de bêtes de trait qui, d'après le témoi
de sarclage, de binage ou autres ; ce qui nécessite un gnage d'agronomes instruits, sont employées
nombre de moteurs quelquefois double de celui que la dans quelques pays et dans des systèmes va
grande culture emploie sur la même surface. riés de culture.
Malgré ces attelages quelquefois nombreux, c'est ce
pendant la petite ou la moyenne culture qui éprouve A. Grande culture.
souvent le plus d'embarras dans les climats variables et Dans les pays où règne encore l'assolement triennal
dans les circonstances atmosphériques peu favorables avec jachère complête et où on épargne les façons et les
à l'agriculture. En effet, dans les fermes moyennes et engrais à la terre, on n'emploie pas plus d'un cheval
petites, où tout doit être réglé avec économie, on fixe pour 20 à 2 1 hectares de terres labourables ou prai
le nombre des bêtes de trait d'après les besoins rigou l' l6S.
reux du service, et on cherche autant qu'on le peut THAER, qui a donné dans son agriculiure raisonnée
par un accroissement temporaire dans le travail des hom plusieures évaluations des travaux qu'on doit exécuter
mes et des animaux, à franchir heureusement les pé sur une exploitation rurale dans des systèmes variés de
riodes chanceuses de l'année. ll n'en est pas de même culture depuis l'assolement avec jachère complète jus
dans les grandes fermes bien dirigées, où l'on fait sou qu'aux assolemens alternes les mieux entendus, et avec
vent un commerce de gros bétail qui permet d'appli nourriture du bétail à cornes à l'étable, estime que pour
quer au travail dans les momens urgens des bœufs ou un domaine de 560 hect. en bonne terre, dont 55 sont en
vaches qu'on achète aux époques des grands labeurs, prairies permanentes, et où dans l'assolement triennal
qu'on engraisse ensuite et revend avec profit; dans ces 75 hect. sont en pàturages, ce qui ne laisse que 250
gran ls établissemens qui se trouvent parfois placés au hect. à la charrue ; tandis que dans la culture allerne
milieu de pays où la grande et la petite culture sont 50 hect. sont joints aux soles en culture, ce qui porte
également réparties, on n'hésite pas à entretenir un les terres soumises à la charrue à 500 hect., il faut de
nombre d'attelages supérieur aux besoins , parce que 8 à 12 chevaux (terme moyen 1 o), plus 16 à 24 bœufs
aux époques où on n'en fait pas usage, on loue leurs ser (terme moyen 2o), ne faisant qu'une attelée par jour
vices et on les fait travailler à façon pour les petits ou en comptant comme lui, que 20 bons bœufs de re
444 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII .
change font autant d'ouvrage que 11 chevaux, en tout En France, dans la majeure partie des départemens
21 chevaux pour 56o hect., ou 1 cheval pour 17 hect. situés au nord de Paris, où l'assolement triennal amé
environ, les journées de charrues étant calculées pour lioré s'est introduit, et où les établissemens ruraux
2 chevaux et les autres travaux par journées d'atte sont administrés avec inte'ligence, ceux de moyenne ou
lages de 4 bêtes ; mais il est nécessaire de faire ob grande étendue et en sol silico-argiMux emploient à
server que ce célèbre praticien compte 500 jours de 9 peu pres 1 chev. sur 10 à 12 hect.
heures chacun de travail effectif dans l'année, et qu'on Un relevé fait en Angleterre, et que nous avons sous
a beaucoup de peine dans les exploitations bornées et les yeux, nous apprend que dans un grand nombre d'éta
surtout quand on commence à se livrer à l'exercice de blissemens agricoles choisis dans des districts divers et
l'agriculture à établir cette distribution parfaite des exploités suivant un système de culture alterne, on a
travaux et du temps des agens qu'on parvient à obte trouvé en moyenne que sur une étendue de 40 hect. de
nir dans des exploitations rurales très vastes, bien diri terres arables, il faut un attelage de 2 chevaux et un
gées et depuis long-temps en activité. attelage de 2 bœufs ou en moyenne de une bête de trait
A Roville, où on se sert d'une excellente charrue et pour 10 hect.
de chariots attelés d'un seul cheval , le nombre des B. Petite culture.
bêtes de travail a varié suivant le plan de culture adopté Les petits cultivateurs du comté de Norfolk, où la
à diverses époques. Dans ce domaine composé de 19o culture alterne est en vigueur et où le sol est léger et
hect. de terres de cohésions diverses et dont 16 sont sableux, tiennent communément un cheval pour 8 hec
en prairies irriguées, le nombre des bêtes de trait en tares de terres soumises à la charrue.
1822 au moment de la formation de l'établissement et Parmi les exemples nombreux cités par BALsAMo,
où les terres en assez mauvais état ont nécessité des l'abbé MANN et ScHwERz, sur la culture de la Belgique
labours profonds et multipliés, a été de 14, savoir : et de la Flandre, on voit que dans les différens sols
5 chevaux et 9 bœufs, et en calculant suivant les dont se compose ce pays, les cultivateurs calculent 1 che
Annales de cet établissement, que les 9 bœufs fai val pour 7,6 et même 5 hect. Dans la Campine, beau
saient autant d'ouvrage que 7 chevaux environ, de 12 coup d'agriculteurs n'ont qu'un bœuf pour cultiver 6
chevaux ou d'un cheval pour 16 hect. En 1828, le hect. environ d'un sol meuble et léger.
nettoiement progressif des terres ne rendant plus Dans son ouvrage sur l'agriculture de l'Alsace
nécessaires des cultures aussi multipliées, et environ (p. 47), ScHwERz dit qu'on rencontre communément
50 hect. de terres de la culture la plus difficile dans ce pays de petits établissemens où tout le travail
ayant été consacrés à la luzerne , le nombre des che d'un cheval est nécessaire pour cultiver 4 hectares de
vaux a été de 8 ou 1 cheval pour 24 hect. Enfin, terrain.
en 183o les terres consacrées à la luzerne ayant été Quant au rapport des bœufs à celui des chevaux
remises en culture , le nombre des bêtes de trait a été sur les grands établissemens ruraux, SINCLAIR rapporte
reporté à 12 chevaux comme précédemment, ou 1 che que dans les fermes anglaises qui exigent le travail de
val pour 16 hect. 2o chevaux, on en entretient souvent 16 avec 8 bœufs;
Dans l'agriculture anglaise on compte en général que dans une ferme bien administrée un fermier en -
dans les districts bien cultivés, sur les grandes fermes tretient 22 charrues attelées de chevaux et 8 attelées
en terres arables et dans divers systèmes d'assolemens, de bœufs, et que beaucoup d'agriculteurs regardent le
environ 1 cheval pour 1 1 à 1 5 hect. au moins et sou rapport de 6o chevaux à 28 bœufs de trait comme le
vent davantage, parce que le climat égal et tempéré plus avantageux qu'on puisse établir pour l'économie et
du pays permet une répartition facile des travaux dans la bonne exécution des travaux.
le cours de l'année. F. M.
On donne le nom de mobilier en particulier, 1re CATÉGoRIE. Outils ou objets qui dans les travaux
de matériel ou cheptel mort, etc., à cette portion de culture se manient ordinairement à la main.
des objets mobiliers d'un établissement rural Bèches, pioches, houes, binettes, faux, faucilles, sapes, râ
qui servent aux hommes ou aux animaux à teaux, coupe-gazons, louchets, bidents, ſourches, brouettes,
plantoirs, etc.
exécuter les travaux que rend nécessaires l'ex Ces outils sont à peu près les seuls dont on fasse
loitation du fonds ou qui sont à leur usage usage dans la culture maraichère ou les jardins pota
individuel.
gers, ou dans celle des champs sur la plus petite échelle.
Les objets divers qui peuvent entrer dans On s'en sert aussi dans la moyenne et la grande cul
la composition du mobilier d'un établisse ture, mais seulement pour certaines espèces de tra
ment sont nombreux et variés, et plus la cul V0 Ll X .
ture tend à se perfectionner, plus aussi on les
voit se multiplier. Notre intention n'est pas 2° CATÉcoRIE. Instrumens de culture ou appareils
ici de les examiner en détail, mais de les en mobiles et transportables mis généralement en action
visager d'une manière générale , et comme il par les bêtes de trait.
convient à l'administrateur qui organise ce
service avec toute l'attention et le soin qu'il 1o Instrumens de labourage.Araires, charrues simples ou avec
réclame. avant-train et divers binots, extirpateurs, scarificateurs, culti
Pour fixer les idées sur la diversité des ob vateurs, etc. 2o Instrumens de pulverisation, d'ameublissement
ct de deplacement du sol. Herses, rouleaux, instrumens divers
jets ou appareils qui peuvent faire partie du à niveler la terre, former les billons, etc. 3o Instrumens pour
mobilier d'une ferme , nous essaierons de les
semaille. Semoirs divers, plantoirs à cheval, rayonneurs, etc.
classer sous 4 catégories distinctes qui peu 4° Instrumens pour façons d'entretien. Houes à cheval, sar.
vent se partager elles-mêmes en plusieurs cloirs, ratissoirs, butoirs, charrues à butcr et d'irrigation, etc.
sous-divisions. 5° Instrumens pour réco'tes ct engrais, Chars, charrettes, tou
CIIAP. 5°. ORGANISATION DU SERVICE MOBILIER. 44 ,
bereaux, camions, râteaux à cheval, instrumens à faner, chars part du temps à un très haut prix, tandis
à moissonner, charrues à arracher les racines, etc. qu'il serait facile de les remplacer avec peu de
frais par des instrumens perfectionnés qu'on
C'est dans cette catégorie que se trouvent les appa peut déjà se procurer sur plusieurs points du
reils les plus utiles à l'agriculture, et qui constituent en territoire.
grande partie le mobilier d'une ferme Plus un établis Pour mettre l'administrateur à même de
sement de ce genre est bien monté et dirigé, plus aussi comprendre l'importance des bons instru
sont généralement nombreux et variés les instrumens mens, nous lui présenterons le résumé des
qu'il emploie. avantages qu'on doit se proposer d'obtenir par
5e CATÉcoRIE. Machines ou appareils fixes, et dont l'emploi judicieux des instrumens et des ma
le mécanisme est mis en activité sur place par des hom chines dans les travaux de l'agriculture.
mes ou des animaux.
Machine à battre les grains, tarares et autres appareils $ I". — Du but de l'emploi des instrumens et
pour vanner, nettoyer, concasser, décortiquer, reduire en fa
rine les graines, nettoyer, couper on hacher les tubercules ou des machines en agriculture.
les racines, concasser et pulveriser les os, la chaux, le plâtre, Les instrumens et les machines ne créent
etc.. et toutes les machines employées en agriculture qui re
cueillent, transmettent ou consomment à poste pas de la force, mais permettent de faire un
fixe une force
temps, à l'empire de la routine, à des préj ugés, nouveaux instrumens dans un canton; l'igno
ou incapables d'un nouvel apprentissage avec rance, les préjugés, la routine, l'obstination
des instrumens d'une forme parfaitement con des valets de ferme ou des gens du pays of
stante et donnant toujours les résultats iden frent parfois des obstacles presque insurmon
tiques. tables et dont M. de DoMBAsLE, dans son excel
Enfin, les instrumens en fer bien établis, lent mémoire intitulé Du succès ou des revers
étant d'une infle , ibilité presque absolue, il en dans les entreprises d'améliorations agricoles(1),
résulte beaucoup de régularité dans leur mar nous a présenté un tableau exact.
che ; avec eux la perfection du travail de « L'adoption des instrumens perfectionnés
vient moins dépendante de la volonté de ce d'agriculture semble, dit-il, au iº aperçu, du
lui qui les fait agir, et enfin il est plus aisé, nombre de ces améliorations qui sont à la
par suite de la constante uniformité de la portée de tout le monde, dans lesquelles on
résistance qu'ils éprouvent, de mesurer la peut réussir partout dès le début d'une entre
force nécessaire pour vaincre celle-ci et d'em prise agricole. Cependant il est bien certain
ployer plus utilement la force motrice. que c'est par des tentatives prématurées de
On a reproché aux instrumens en fer de ne ce genre que † de personnes en ont
pouvoir être réparés par tous les ouvriers, compromis le succès dans leurs exploitations,
d'être plus pesans et d'un prix plus élevé ; et quelquefois aussi dans le voisinage. Le con
mais il est constant que lesaltérations et les rup cours de la volonté des employés inférieurs
tures y sont beaucoup moins fréquentes que ou des valets de ferme est indispensable pour
dans les instrumens en bois, et qu'au moyen qu'un nouvel instrument, quelque utile qu'on
des pièces de rechange les réparations sont le suppose , puisse s'introduire avec succès
aussi rapides que faciles ; que s'ils sont quel dans une exploitation rurale , plus que tout
uefois plus pesants, la régularité et la per autre genre d'amélioration. Pour obtenir ce
ection de leurs formes font qu'ils n'offrent résultat, il faut que le maître inspire de la
as plus de résistance au tirage ; enfin, que confiance à ses valets, je veux dire de la con
ors de l'acquisition, s'ils sont d'un prix plus fiance comme cultivateur et surtout comme
élevé, § et la perfection de leur tra possédant les connaissances du métier, car
vail paient bien au-delà, et souvent dès la 1re c'est là tout ce qui constitue toute l'agricul
année, l'excédant de dépense qu'ils occasion ture aux yeux des hommes de cette classe.
nent. Au reste, il est présumable que l'abais Communément le propriétaire qui entreprend
sement progressif du prix du fer, et l'établis † son domaine en changeant les mé
sement sur plusieurs points du royaume thodes du pays ne place guère de confiance
de fabriques d'instrumens d'agriculture aux dans les idées des valets ; mais ceux-ci dans
quelles un bon système d'étalonnage permet ce cas en placent encore bien moins dans les
tra de réduire les prix, ne laisseront plus, connaissances de pratique du maître, et il ré
même au petit ménager, de prétexte pour sulte de cette défiance réciproque la situation
donner la préférence aux instrumens grossiers la moins favorable pour l'introduction de
du charron de son village. . nouveaux instrumens. La confiance ne peut
| se commander et il n'est qu'un moyen de l'obte
$ III. — Considérations sur le choix des instrumens nir,c'est de la mériter.Aussitôt que le proprié
et des machines. taire aura réellement acquis de l'expérience,
† possédera une connaissance approfondie
Quelque éclairé qu'on soit dans la pratique de ses terres ; lorsqu'il connaitra bien la mar
de l'art, quelque versé qu'on puisse être dans che et l'emploi des instrumens que l'on y ap
la théorie et les sciences accessoires à l'agri plique tous les jours; lorsqu'il sera en état
culture, il n'en faut pas moins apporter la d'apprécier par ses propres observations
plus grande prudence dans le choix des ins leurs qualités et leurs défauts, les avantages
trumens dont on veut garnir un domaine. Par ou les vices des cultures qu'ils exécutent, alors
exemple, on a fait observer avec justesse qu'il ses valets commenceront à juger qu'il est cul
ne serait pas toujours judicieux de repousser tivateur, et il trouvera dans les essais qu'il
sans examen les instrumens employés dans pourra tenter pour introduire de nouveaux in
un pays où l'on organise un fonds, sous le strumens, non-seulement des bases plus sû
prétexte qu'ils sont construits dans leur en res pour asseoir lui-même un jugement sur les
semble sur des principes vicieux. Ces instru effets qu'il en obtiendra et pour s'affranchir à
mens peuvent en effet présenter des formes cet égard de la dépendance de ses gens,
ou des modifications qu'une longue pratique mais aussi bien moins de résistance de leur
aura fait juger nécessaires, qui on I pour elles part. S'il a réussi dans ses 1" tentatives, ou
la sanction de l'expérience et qui sont utiles du moins si ses valets l'ont vu juger avec dis
dans la circonstance locale où on en fait usage ; cernement et en praticien les instrumens
ce qu'il importe alors , c'est de corriger les qu'il a essayés, on peut être assuré qu'il lui
vices de construction tout en conservant le sera facile d'obtenir une coopération franche
principe, et d'obtenir ainsi une amélioration et bienveillante dans les tentatives du même
sans s'écarter des habitudes du pays et de la † qu'il fera ensuite. Je ne crains pas d'af
routine des agens. irmer que dans le nombre des mécomptes
Quand les instrumens sont imparfaits et ne que beaucoup de propriétaires ont éprouvés
présentent aucune modification utile, le mieux dans des essais d'introduction d'instrumens
est assurément de les remplacer compléte perfectionnés d'agriculture , la cause princi
ment par des instrumens perfectionnés; mais pale se trouve dans le défaut de confiance
il est souvent très di1ficile d'introduire de des valets occasionné par l'absence des con
(1) Annales de Roville, tome VIII, p. 175,
CHAP. 5°. COMPOSITION DU MOBILIER. 449
naissances de pratique du maître. Il est donc l'acquisition qu'au moyen d'un marché dans
sage de s'efforcer d'acquérir ces connaissances lequel on énoncerait le prix convenu, la na
avant de se livrer à des tentatives de ce genre, ture et la quantité de travail qu'on exige dans
à moins qu'on n'ait sous la main un homme la machine et où on stipulerait que le paie
dans lequelon est bien assuré de trouver, avec ment ne serait effectué qu'au moment où, la
des connaissances de pratique, une coopéra machine étant montée, le mécanisme fonc
tion franche et le désir sincère d'obtenir la tionnera bien. Une machine fonctionne bien
réussite des instrumens que l'on veut intro lorsque sa marche est douce, silencieuse, uni
duire. » - - forme, qu'elle remplit les conditions voulues
Lorsque nous conseillons de faire choix, au relativement à l'emploi de la force, ou du com
moment où on organise les divers services du bustible consommé si c'est une machine à feu,
domaine, d'instrumens nouveaux et perfec à la quantité et à la qualité du travail exigé.
tionnés, nous n'entendons pas qu'on garnisse Une mauvaise machine est toujours très dis
la ferme d'instrumens nouvellement inventés pendieuse par les résultats imparfaits quelle
ou de ceux auxquels des agriculteurs ou des donne, les réparations qu'elle nécessite ou les
mécaniciens auront proposé de faire quelques chômages continuels qu'elle occasionne .
améliorations qui peuvent être parfois utiles
dans une localité, mais qui n'ont pas ce ca SECTIoN II. — De la composition du mobilier.
ractère de généralité qui distingue les bons
instrumens.En agissant de cette dernière ma $ I°r. — Des principes propres à guider dans l'évalua
nière, on ferait en effet une faute grave; l'an tion numérique des objets du mobilier.
née où l'on forme un établissement rural n'est
pas le moment favorable pour faire l'essai de Le nombre des instrumens d'agriculture
nouveaux instrumens, à cette époque on ne inventés jusqu'ici est si considérable qu'il faut
saurait marcher avec trop de circonspection et nécessairement faire un choix, même parmi
on a beaucoup d'autres études et de tentatives ceux qui jouissent d'une réputation méritée.
à faire pour en assurer le succès. Par instru Ce choix, comme on le pense bien, doit être
mens nouveaux et perfectionnés nous enten nécessairement basé sur les besoins du ser
dons de bons instrumens, qui ont été améliorés vice et sur l'importance ou la nature de l'éta
d'après les principes de la mécanique ou les blissement qu'on organise.
préceptes de † et qui ont déjà reçu, Il est d'abord 2 écueils qu'on doit chercher
dans les pays où l'agriculture a fait les progrès à éviter quand on s'occupe du mobilier d'une
les plus remarquables, la sanction du temps ferme, l'un est de garnir la ferme d'un nom
et l'approbation des praticiens les plus éclai bre insuffisant d'instrumens et l'autre d'un
rés ; et enfin ceux qui, dans les circonstances nombre superflu.
où on se tl'Ouve † sont les plus propres à Un mobilier † annonce toujours un
remplir les conditions qu'on doit chercher établissement mal administré et où on veut
dans l'emploi des instrumens d'agriculture et souvent exploiter une étendue de terrain qui
que nous avons exposées plus haut. n'est pas en proportion avec les capitaux dont
Nous avons insisté il n'y a qu'un moment on dispose. Dans une pareille ferme, faute
sur la simplicité, la solidité et la légèreté que d'instrumens et de machines, on éprouve,
doivent présenter des instrumens d'agricul dans les cas urgens, des dommages considé
ture, et nous avons ajouté quelques considé rables ;. les appareils, y fatiguent beaucoup
rations sur les matériaux qui doivent servir à et ont besoin de réparations fréquentes qui
les construire; nous n'avions alors en vue que occasionnent des chômages prolongés et très
d'énoncer les principes généraux qui doivent onéreux pour l'entrepreneur. C'est donc
guider dans le choix de ces instrumens; mais une économie bien mal entendue que de ne
quand il s'agit de les acquérir; il faut pousser consacrer, sur le capital fixe d'exploitation,
encore plus loin l'examen de détail. Il ne suffit qu'une somme qui ne suffit pas pour se pro
as qu'un instrument soit construit d'après un curer tous les objets mobiliers nécessaires
§ modèle et avec des matériaux convena pour établir une bonne distribution économi
bles, il est de plus nécessaire qu'une bonne que des travaux dans le cours d'une année et
exécution assure à ces appareils tous les avan pour être même en état de faire face aux cas
tages que leur modèle présente et doit garan graves et urgens, et un précepte dangereux
tir. Ainsi, après avoir étudié avec attention la par ses conséquences que celui donné par quel
pureté et la rigueur des formes d'un instru ques auteurs de mettre la plus rigoureuse éco
ment, après avoir reconnu les matériaux qui nomie dans l'acquisition des instrumens, sous
entrent dans sa construction, on s'assurera de le prétexte que c'est un capital qui dépérit
la bonne qualité de ceux-ci, surtout dans les très rapidement et ne peut se renouveler qu'au
pièces qui sont destinées à éprouver beaucoup moyen de nouveaux sacrifices.
de fatigue, des secousses violentes ou des Remarquons d'abord que les instrumens
chocs; on examinera avec attention leur mise perfectionnés et bien établis, comparés en par
en œuvre et surtout les moyens d'union des ticulier à ceux de même espèce mais d'une
pièces et les assemblages, et enfin les orne construction moins parfaite, expédiant en gé
mens toujours superflus dont les construc néral plus de besogne que ceux-ci, n'ont pas
teurs décorent les instrumens souvent pour besoin d'être aussi nombreux, et, quoique
masquer certains vices de construction qui souvent d'un prix plus élevé comparative
ne doivent pas échapper à un œil exercé. ment, ne sont pas, au résumé, plus onéreux
S'il s'agissait d'une machine plus impor pour le capital d'exploitation.
tante, § que la machine qui sert à battre Rappelons ensuite que quand on substitue
le grain ou celles qu'on emploie dans divers les instrumens mis en action par les animaux
arts agricoles, il serait nécessaire de n'en faire au travail de l'homme, on est, il est vrai,
AGRICULTURE , 109° livraison. TQME IV. - 57
450 ADMINISTRATION RURALE.
LIv. vII.
obligé de consacrer une somme plus considé terminer les causes qui accroissent ou dimi
rable à l'acquisition des instrumens et des nuent la quantité de travail annuel sur les éta
moteurs, mais on diminue en même temps blissemens ruraux, tant pour les agens(p. 393)
dans une proportion bien plus grande les som que pour les moteurs (p. 432), nous avons vu
mes qu'il faudrait consacrer annuellement que les principales élaiént l'étendue du fonds
aux travaux manuels, et il est certain qu'une à exploiler, la nature et la configuration du
comptabilité en règle démontre bientôt qu'il terrain, le climat, l'éloignement des pièces de
y a eu économie réelle sur les capitaux avai,cés terre, l'état des routes et chemins, le système
pour l'exploitaticn du fonds au bout d'uu de culture et d'aménagement, le mode d'ad
certain espace de temps. - -
qui composeront cette partie du mobiliér, les 3° Frais pour le logement des objets mobiliers. Ces
connaissances † qu'on possède déjà, frais se calculent comme ceux du même ge re pour les
les usages du pays, faisance du fermier ser autres services; nous avons donné à la page 3 16 la mn
viront ensuite pour établir la nomenclature denière d'effe tuer ce calcul.Nous y renvoyons, en rap
tous les autres objets dé cette catégorie qui pelant que les frais d'assurance des bâtimens spéciale
appartiennent à un service quelconque. ment affectés à cet emploi sont compris dans cette éva
luation.
pitre, que celui qui organise ce service con engrais la richesse qu'elle a perdue et qui lui
naît également bien l'économie de toutes les est nécessaire pour répéter le phénomène de
espèces et de leurs races et variétés, et qu'in la production agricole., Les engrais les plus
différent sur la préférence à donner aux uns convenables pour cet objet sont les matières
ou aux autres, il ne se détermine que d'après végétales
les avantages qu'elles offrent dans la localité
† des déjections des ani
maux.Ainsi, le bétail qu'on entretient sur les
ou la situation où il se trouve placé. Dans établissemens ruraux a pour destination 1r° de
cette manière d'envisager le sujet qui va nous rendre possible et profitable la culture des terres
occuper, l'administrateur n'a § que 2 ques dans les années successives. Cette destination
tions qui puissent l'intéresser et que voici : n'est complétement remplie que lorsqu'il
1° De quelles bêtes de rente convient-il de fournit à l'établissement les engrais qui con
peupler le domaine?2° Quelle quantité de bé viennent le mieux à la nature des terres et des
tail, lorsqu'on a déterminé l'espèce et la race, cultures, que ces engrais sont en quantité suf
† t-ony entretenir avantageusement ? C'est à fisante et au niveau des besoins réglés d'après
a solution de ces 2 questions que nous allons les principes raisonnés de l'agriculture, et en
consacrer les 2 sections suivantes en bornant fin que ces engrais, dans les circonstances où
nos observations aux chevaux, aux bêtes à on se trouve placé, reviennent au plus bas
cornes et à laine et aux cochons. prix possible.
2° Assurer une production végétale plus
SECTIoN I°. - Du bétail dont on doit faire abondante et consommer avantageusement une
choix. partie des produits du sol. Nous savons que,
malgré la fécondité d'une terre et des engrais
A l'exception du choix d'un système d'ex qui sont destinés à la soutenir, il est générale
loitation, il n'est pas de considérations plus
ment désavantageux d'exiger d'un sol, pen
importantes pour un administrateur que cel dant plusieurs anneés de suite, qu'il produise
les qui se rapportent au choix des animaux les végétaux précieux qui servent à l'alimen
domestiques dont il convient de peupler le tation des hommes. Dans cet état de choses,
domaine; c'est, pour le succès de son établis on a trouvé que, pour ne pas interrompre le
sement, une question vitale qu'il ne doit pas cercle de la production agricole, il fallait faire
toujours espérer résoudre du 1" coup d'une suivre une récolte épuisante de céréales par
manière entièrement satisfaisante, et un sujet
une ou plusieurs récoltes d'autres végétaux
important qui exige très souvent des connais qui enlèvent moins de richesse à la terre,
sances profondes, une sagacité peu commune l'ombragent † complétement ou permet
et une extrême prudence. tent de l'ameublir et de la nettoyer. La plupart
Dans une matière aussi délicate, il n'est pas des plantes qui peuvent remplir ce but ne sont
très aisé de poser des règles entièrement fixes ; guère propres qu'à la nourriture des ani
tOut § des localités et de l'expérience de maux; elles n'ont souvent qu'une faible va
l'entrepreneur.Ainsi qu'on l'a fait remarquer leur sur les marchés, et enfin elles sont né
avec beaucoup de justesse, il n'est nulle au cessaires pour être converties en engrais qui
tre branche de l'économie rurale qui soit aussi doivent rétablir la fécondité de la terre. Les
difficile à organiser et à conduire que celle dont bestiaux sont, dans la plupart des cas, les
nous allons nous occuper et même à modifier instrumens de cette conversion , c'est - à
quand on a suivi une fausse route. La propa dire qu'ils consomment ces plantes fourra
gation, l'amélioration ou le simple entretien gères qui deviendraient , bientôt un fardeau
des animaux domestiques ne se gouvernent ur l'agriculteur, qu'ils les convertissent en
pas d'après les mêmes principes que les autres umier propre à entretenir la richesse du sol,
parties de l'agriculture, et souvent on ne s'a et enfin qu'ils procurent, sur une étendue
perçoit que l'éducation d'une espèce, d'une donnée, une production végétale plus abon
race ou d'une famille ne convient pas à une dante, plus certaine, plus variée et sans cesse
localité, qu'elle ne peut y être élevée avec renaissante.
profit,† y dégénère ou que ses produits Ce n'est pas tout encore; il existe souvent
s'y détériorent, qu'après un grand nombre sur les domaines des produits spontanés de
d'années, et au moment où croyant recueil la nature, tels que l'herbe des pâturages ou
lir le fruit de ses efforts et de ses sacrifices on même des produits qu'on doit à l'industrie de
a porté une atteinte profonde à son capital l'homme, qui ne sont pas susceptibles de don
d'exploitation. ner un profit immédiat, soit parce que les
Afin de partir d'une base fixe dans le choix frais de main-d'œuvre pour les récolter ou les
des bêtes de rente dont il convient de garnir transporter surpasseraient leur valeur vénale
un domaine, il est utile de † e but sur les marchés, soit parce que, par suite de
qu'on se propose en entretenant du bétail sur leur abondance ou du peu d'industrie des po
les établissemens ruraux. Ce but est com ulations on y attache peu de prix dans la
plexe, mais on peut le ramener à des points ocalité. Dans cette situation, il faudrait re
principaux que voici : noncer à la jouissance de ces produits, si les
1° Fournir les engrais pour la culture du sol. bestiaux ne fournissaient les moyens de les
Toute terre en culture, dont on tire plu transformer en d'autres produits d'une valeur
sieurs récoltes successives, ne tarde pas à s'é plus élevée, plus recherchée et qu'il est plus
puiser au point que la production des plantes aisé de mettre à la disposition des consomma
teurS.
utiles diminuant d'années en années, celles-ci
ne suffisent plus pour indemniser le cultiva Pour résumer en peu de mots ces 2 points
teur de ses avances et de ses travaux. Dans cet rincipaux, nous dirons qu'en définitive les
état de choses, si on veut continuer à culti estiaux peuvent être considérés comme des
ver la terre avec profit, il faut rétablir par des instrumens ou mieux des machines qu'on fait
C1: AP. G°. DU BÉTAIL DONT ON I>OIT FAIRE CHOIX. 45S
fonctionner dans l'établissement, auxquelles chés sont de leur nature essentiellement mo
on fournit des matières 1" qui consistent en biles et qu'ils se compliquent pour le produc
fourrages, racines ou autres substances, et qui teur des frais de transport également varia
les convertissent en produits variés dont les bles avec le temps, les circonstances ou l'é
uns servent à entretenir la fécondité des ter loignement des lieux d'écoulement. Dans une
res et à assurer une production plus abon comptabilité régulière, les fourrages sont un
dante, et les autres à fournir des recettes des article auquel on ne peut assigner de prix,
tinées à couvrir les frais qu'occasionnent les puisqu'un agriculteur n'est pas maître de les
machines ou à payer les matières 1" qu'elles vendre, qu'il faut qu'il les fasse consommer,
conSOmment. sur son établissement, s'il ne veut pas anéan
Une manière aussi simple que la précédente tir la fécondité de ses terres et tarir la source
d'envisager la production animale, mais qui de tous ses profits. Ainsi, cette méthode, qui
se prête mieux aux divers calculs d'évaluation repose sur une vente fictive et qui peut avoir
et dont nous avons donné une idée à la pa son utilité quand il s'agit d'établir des calculs
ge 348, consiste à considérer les bestiaux propres à déterminer les avantages de quel
comme de véritables consommateurs étrangers † spéculations mercantiles ou quand l'é
ui achètent les fourrages de la ferme et ucation des animaux domestiques forme
§ en échange des produits et avec les une spéculation en dehors de l'agriculture, ne
quels il s'agit d'établir une balance pour di nous paraît pas la plus propre à faire connaître
verses avances faites pour leur compte par le mérite économique de telle ou telle espèce
l'entrepreneur. De cette manière il ne s'agit de bêtes de rente '§ organise ce ser
ue de connaître le prix d'achat et de vente vice dans un établissement.
† diverses espèces de bestiaux, dans différen La 2° méthode consiste à balancer les recet
tes conditions et à différens âges, dans la lo tes brutes que procure l'économie du bétail
calité qu'on occupe, les frais annuels de leur uniquement avec les dépenses qu'occasionne
entretien ainsi que leur consommation en l'entretien de celui-ci, tant pour intérêt des
fourrages ou autres alimens, et à établir un avances que pour dépérissement, logement,
compte avec tous ces élémens. Les bestiaux soins divers, etc., sans rien porter en compte
dont le compte se balancera de la manière laour la nourriture, et à considérer ensuite
plus avantageuse seront ceux auxquels l'ad § des recettes sur les dépenses comme
ministrateur accordera la préférence. destiné à payer les alimens consommés.
Dans cette méthode d'appréciation du pro On n'a plus ainsi à s'inquiéter du prix des
duit des bêtes de rente, on ne s'occupe en fourrages au marché; on ne porte en recette
à la production végétale que les sommes réel
uelque sorte ni de l'espèce, ni de la race, ni
† familles de bestiaux; on n'a point à exa les dont son compte s'est bonifié pour les
miner la qualité des produits ou leur abon fourrages qu'elle a fournis, recettes qui sont
dance ; il ne s'agit, en dernière analyse, que
d'autant plus élevées que les consommateurs,
c'est-à-dire les bestiaux ont payé les denrées
de connaître ceux qui procurent la plus grosse
rentrée avec les moindres avances possiblesà un prix plus avantageux. Ici, le bétail ne
dans les conditions où on se trouve placé. donne ni perte ni profit, tout est rapporté au
Seulement nous supposons que l'administra compte de la production végétale comme base
teur est assez éclairé pour adapter en mêmefondamentale de toutes les opérations agrico
temps les animaux aux exigences physiques les et comme celle à laquelle les autres servi
de la localité et au système de culture qu'il
ces doivent un tribut pour toutes les denrées
adopte, et pour veiller à ce que les avantages
qu'ils lui empruntent et qu'ils convertissent
que semblent promettre une certaine † en produits | divers. Le fumier est consi
† bestiaux soient permanens, c'est-à-dire que
déré comme appartenant au sol; seulement,
ceux-ci ne dégénèrent pas au bout d'un cer pour balancer sa valeur, on ne tient aucun
tain temps par suite du climat, de la nature compte de la paille consommée en litière par
du terrain ou de la qualité de ses récoltes, et les animaux, tant au débit de ceux-ci qu'au
à ce que les produits des bêtes de rente aient crédit de la production végétale.
un écoulement prompt et avantageux, au C'est en prenant pour base ces principes
moins pendant un certain temps. simples et aussi faciles à comprendre qu'à dé
Il y a 2 méthodes principales pour balancer velopper, que nous allons montrer comment
les comptes de la production animale, c'est-à on doit établir les calculs économiques rela
dire pour comparer les frais qu'occasionnent tifs à chacune des espèces de bêtes de rente
l'entretien et l'éducation du bétail avec les re qui entrent le plus communément dans le
cettes qu'il procure. Voici en quoi consiste mobilier des établissemens ruraux, tels que
chacune d'elles : les chevaux, les bœufs, les moutons et les co
Dans la 1re méthode, on porte au débit du chons, et apprécier les divers services aux
compte de la production animale la valeur des quels on les destine en faisant précéder ces
fourrages au prix des marchés, en ayant l'at calculs de quelques considérations sur les con
tention de porter une somme égale à la pré ditions dans lesquelles chacune de ces espèces
cédente au crédit du compte de la production diverses paraît présenter le plus d'avantages.
végétale, c'est-à-dire au compte des terres
arables, des prairies, des pâturages et des fa S I". — Des chevaux.
† agricoles qui ont fourni les alimens
du bétail. La multiplication des chevaux destinés à la
Cette méthode, comme on voit, suppose vente est une spéculation qui exige générale
une vente des fourrages qui est purement fic ment, pour être profitable, l'avance d'un assez
tive et dont les conditions sont, en quelque gros capital, des connaissances pratiques spé
sorte, arbitraires, parce que les prix des mar ciales sur l'éducation des animaux domcsti
454 ADMINISTRATION RURALE. LlV. VII.
ques et leur économie, sur les besoins du pays entretien, et il est indispensable, quand cette in lus
et le commerce de ces animaux, et enfin trie est liée à un autre établissement rural , d'avo r un
sur les circonstances particulières dans les directeur en cbefou un contre maître qui dirige le haras,
† on est placé. On considère comme surveille la monte, dresse les poulains. et est en même
es circonstances favorables à cette bran temps médecin vétérinaire. Le moindre capital fixe
che de l'agriculture : 1° l'existence sur un
d'exploitation qu'on puisse consacrer à l'achat des ani
domaine de pâturages abondans et d'enclos maux est de 38 à 4o, ooô fr., savoir :
etendus où les jeunes poulains peuvent s'ébat Pour un étalon de 1"choix, ou de sang. 6.000 fr.
tre et développer leurs forces, sans qu'on soit 4o jumens poulinieres, à soo fr. .. sa,ººo
assujetti à une surveillance trop attentive sur
eux, mais en même temps sans courir le ris Total. . .. . .. ss,oo0 fr.
† de les voir perdre foute leur valeur par | Frais annuels d'entretien du haras.
es accidens graves. Les pâtures un peu sè
ches, mais sur lesquelles on trouve des eaux a. Remonie du haras tous les 10 ans par des
pures et quelques ombrages paraissent les - achats ou par le renplacement de».vieux
plus convenables; 2° une étendue d'herbages · animaux par de jeunes Ptis dans le hal as ;
, depense anrnelle. .. · · · · · - 3,800 fr. c.
où l'herbe ou le foin sont d'une qualité telle b. Inie èts du capit,l de " mise à 7 1/2
qu'ils ne conviennent ni au bétail à cornes ni p. o/o, à cause des i ques attachés aux
aux bêtes à laine;3° une situation dans laquelle spéculations de cette nature, ci. . . . 2,850
il est difficile d'employer autrement le pro C. § Etalon. Avoine, 25 hect. par
duit des terres; 4 enfin une localité où l'a an, à 5 fr. l hect. . -. . . 125
voine est à bas prix. On élève souvent èncore • Foin, 5 kil. par jour pour l'anr
des chevaux avec profit dans les lieux où les nee. .. , • 18 quint.met. 25
Juments, ſoin,
races améliorées depuis long-temps jouissent soit à l'ecutie,
d'une réputation qui fait rechercher les pro soit au pâtu
duits de ces pays et élève suffisamment leur rage, 12,5 k.
valeur vénale pour balancer avantageusement par tête ; pour
l'annee.
le compte des jeunes animaux, quelque dis . 1,825 -
-
--
pendieux que soient les alimens ou les soins Total des fourrages -
qu'on leur donne, ou dans ceux où, comme pour l'année (2). 1843 25
cela se pratique dans plusieurs cantons de la d. So n et pansemens. Appointemens du direc ;- , - •
Normandie, on achète de jeunes poulains de - -
bonnes races dans les pays où on se livre à partie du service, à raison de º4oo fr, .
Salaire et entretien d'un valet d'ecurie
800-ſr. » c.
leur propag tion, pour les nourrir, les dres . . 3oo »
ser et les revendre à 5 ou 6 ans à un prix •. Lºgement de 4 t bêtes a 6 fr. par tète. . 246 »
satisfaisant, après en avoir tiré un travail Total des f ais annuels d'entretien du haras. s, 21 -
grands qu'on pourra recueillir en élevant des 2e année, 1 b0 jours à 6 lit. . . 324
animaux propres, soit au gros trait, au rou 3° annee, id. . . . . . . 324
lage, à l'agriculture, à la poste, pour l'armée, 4° anne e, id. . . . • . . 324
, 5° année, id. - à 8 iit . . . . . .. . 532
le carrossé ou la selle, soit dans chacune de
ces catégories des chevaux de telle ou telle Total. . . 1756
qualité et d'un prix plus ou moins élevé. 1756 hect. d'avoine à 5 fr l'hect. . . . 8,78 0fr. » c.
Dans l'impossibilité d'embrasser ce sujet b. Soins, pans nent et educat on Appoin
dans toute son étendue, nous donnerons sim temen, du chel; 2/3 à la cha1ge de cette par
1,600
plement des formules pour l'éducation des .
tie du - e1 vice. . .
Salaire et entretien de 3 valets d'ecurie
- E
mier choix , on ne peut pas compter sur le travail des F ais à soustraire. 2 1,6 t 1 -
animaux pour couvrir une parte des dépenses de leur Recette nette annuelle pour payer les fourr. | 7,139T,
(1) La majeure partie des formules que nous donnons ici sont empruntées à l'ouvrage de M. KREYssic, dont
nous avons parlé à la page 550.
(2) D'apres le systeme adopté, le produit net représentant la valeur des fourrages consommés, celle-ci n'est
pas portée en ligne de compte.
CHEVAUX DE GROS TRAIT. 455
CIIAP. 6°.
report. . . - 2,406f. • e.
Fourrages consommés annuellement à l'ecurie ou au
pdturage. en 14 poulains, qui par conséquent revien
nent chacun à 172 f. envirou.
Quint met.
a. Par les 41 bêtes adultes du haras, comme ci Frais annuels de l'éducation des pou
essus. . . · · · · · · · . . .. 1,843 25 lains jusqu'à l'âge de 4 ans.
b. 3o poulains de 1re année pendant 21o jours a. Avoine, 1re année, 210 jours à
à 75 kil. par jour. . - • , • • • • • .. 157 50 3 1/2 lit. par tète et par jour. .. • • . 103 beet.
3o poutain de ne anrée, 180 jours de nourri 2° annee, , 80 jours à 4 lit. .. • .. 101
ture »èche a l'ecurie, à 1oo kil. par jour. .. • 180 *
* 3° annee, pas d'avoine. .. • • . »
185 joums de pàturage à 200 kil. . . , 370
3o poulam, de 3e anuee, 180 jours a l'écurie à 4e année, 210 jouIs à 8 lit. . . .. 135
125 kil. par jour. . - . • · .. • • • 225 » , Total . .. 339
i8 » jours de pâturage a 250 kil. . , . 462 50 •
3o chevaux de 4e annee, 180 jours d'écurie à 339 heet. d'avoine à 4 fr. I'hect . . . .. 1,695
150 k l par jour. . . . . . . . . . 270 • b. Soins et pansemens. Salaire de 2 garçons
1»5 jours de pâturage à 300 k l. . . « 555 » d'écurie pour les 56 poulains, à : aison de 300 fr. 600 »
3o clevaux de 5e annee, 180 jours d'éeurie Depenses pour dresser annuellement 14 pou
12s kit par jour. .. . . . . . - . . , 225 »• - lains, à 12 tr. chaque . > . . . • . .. 168 »
185 jours de pâturage à 300 kil. . . 555 - Medicamens, objets divers pour 56 tètes à 2 fr. 112 »
Total des fourrages consommés annuellement. 4,843 25 s. Logement pour b6 jeunes bètes, à 3 fr. .. 168 »
Total des frais annuels pour les eleves. . .. 5,149 »
Ainsi dans le svstème d'éducation adopté, le haras
Recette annuelles.
paye les 4,843, 2s quintaux métriques de fourrages
consommés soit à l'état src , soit au pâturage, par une 14 poulains de 4 ans à raison le 6oof chaque. 8,4oo »
somme de 7,1 s9 fr, e'est-à dire à raison de 1 fr. 48 c. A deduir° pour accidens, etc., 16 p. 0/0 de la
énviron le quimal , en supposant que les chevaux sont valeur des auimaux. • . . . Reste- . . . .. 1,344 »
. . .7 os6
vendus, tout dressés, au bout de 5 années, au prix Frais à soustraire. . . 5,149 »
moyen de 1,200 fr. par tête. Recette nette annuelle du haras. . . 1,907 »
2° Chevaux de car7osse de premier choix. Fourrages consommés annuellement d l'écurie ou au
pdturagc.
Lcs poulinières qui composent le haras doivent être Quint mét.
encore ici choisies avec soin , inais on peut les faire tra a. Par les 21 bêtes adultes du haras. . . . 612 5o
valler,aussi bien que l'étalon, et payer ainsi un partie de b. 14 poulains de 1r° annee, 35 kil. par jour ;
leur nourriture, le travail ne nuisant aucunemenl à pour 2 0 Jours . . .. . . . , . . . 73 50
Ieur destination. Les jeunes chevaux sont propres au : 4 poulains de 2e annee, 180 jours à l'écurie à
marché dès l'âge de 4 ans, et leur é lucation n'exige 35 kil l ar jour. . . • . . . . . . . 63 »
1 85 jours de pâturage à 1 quint par jour. .. 185 »
pas des connassances et une expérience aussi étendues, 1 1 p« ulains de 3e anuee, 365 jour , de pâturage
ni des so ns aussi attentifs que celle des chevaux de à 125 kil. . . .. . . . . . , . . . 456 25
st IIe de 1° choix On peut aussi organiser le haras sur 14 poulains de 4e année, 2 10 jours d'écurie à
une plus peite échelle, et le composer d'un étalon et du
de 65 kil . . . . . . . . . . . . - 136 50
2o poulinières seulement.Les frais d'établissenent 155 jours de pâturage à 150 kil. . . . . 232 5o
matériel vivant sont alors : Total des fourrages consommés annuellement. 1,759 25
Pour un étalon de 1" choix. . . . 2,000 fr.
20 juineſis à 500 fr. . . 1 0.001) Dans le système adopté, et en supposant qu'on vendit
les jeunes chevaux dressés à 4 ans pour 600 fr., les
Total du capital. . . - . 2, 0U0 fr.
fourrages sont payés à raison de 1 fr. 8 c. environ le
Frais annuels d'entretien du haras. quint. métrique , ou moins avanv,geusement que dans
a Remonte du hai as tous les 10 ans; dépen ° l éduca'ion des chevaux de selle, les circonstances lo
annuelle. . . . . . . . . .. • • • 1,?0ºfr. • c. cales étant sup'i osées les mêmes.
b. Interèt du capital à 7 1/2 p 0/0. .. . • 780 »
e. Nourriture ; etalon. Avoine 10 lit. 3" Chevaux de gros trait.
par jour , pour l'année. . . . 40 bect
Jumens. Avoine 10 lit. pendant 200
Cette branche de l'économie rurale n'exige pas l'a
jours. . . . . . 400
vance d un capital fixe pour le matériel vivant, attendu
Total de l'avoine . . . 440
que les jumens poulinieres sont en même temps les
on suppose ici que le travail des 2 1 bêtes cou l êtes d'attelage de l'établissenent agricole. Le poulain
vre les f1ais de .'avoine consommee, de façon que à sa naissance ne coute dans ce cas d'autres frais que
la recette n'a besoin que de balancer la consomma
ceux pour faire couvrir la jument, et de sa nourriture
tion du fourrage , qui consiste en foi" , savoir !
Pour 2oo jours de nourriture sèche à l'écurie à pendant l'interruption de son travail.Voici le calcul
raison de 1 quintal par jour pour les 21 bè des dépens s de l éducation d'un poulain de 4 ans,
tes. , . • • • • • . 200 quint. » mét. auquel on ne donne pas d'avoine.
Pour 165 jours de pâturage à fr. e,
2 1/2 quint. par jour, pour les a Prime pour la monte. . . . . . . . . 6
50
21 bêtes. . . • • • • • 412 b Interrupuon du travail de la jument pendant
Total. . . 612 50 12o jours , soit avant, soit apres la mise bas, à 1 fr.
80 c. par jour. . . . • . . . . • . . . 96
d. Soins et pancemens Salaire d'un garçon d'é ,
cune, independamment des aides qui dirigent les Frais de production du poulain à sa naissance. . 1o2
animaux pendant le travail. . . . • . . . 300 •
126 » e Alimens pendant 210 jours de la 1re année, 8
e. Logem.ent de 21 bêtes a 6 fr. . . . . hect. d' avoine à 5 fr. . . . . . . . . 40 »
Total des frai, annuels d'entretien du haras. . 2,ºo5 , d Sofns pendant les 4 années. .. : . . 30 •
•. Logement pendant 4 annees, à 3 fr. . . 12 •
Le produit annuel consiste,terme moyen, Total des frai, pour un cheval de 4 ans. . , TST ,
456 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
Recelle.
active et abondante, sur les loams fertiles ou
fr. c. bien dans les pays de montagnes où il existe
Prix de vente du poulain.. . . . . . . . 4oo » des vallées fraiches, humides, et de riches pâ
Reduction pour risques et pertes 16 p. 0/o. . . 64 »
turages. Ce bétail est en général d'une santé
Reste. . . 336 » agreste et robuste, il est peu sujetaux accidens
A déduire les frais. . .. 184 »
ou aux maladies; il s'accommode facilementau
Recette nette. . , 152 , climat du pays où on le transporte ou au ré
Fourrages consommés. gime auquel on veut le soumettre; sa nour
1re année, 210 jours à 2 kil. . . . . . 4 20
riture verte ou sèche peut être plus grossière,
2e — 365 — 9. - . . . . 32 85 et celle qui sert pour l'hivernage moins dé
3° — 365 — 11. - - - - . 40 15 licate sans qu'il cesse de se maintenir en bon
4° – 365 — 12 50. . . . . 45 60 état; enfin les végétaux qu'il consomme sont
Total. . .. 122 80 plus variés que pour les autres animaux, cir
constances qui rendent sa nourriture plus
économique et plus facile.
Ainsi , en se livrant à l'éducation du cheval de gros
trait, les fourrages dans le mode indiqué seraient Le fumier des bêtes à cornes se décompose
payés à raison de 1 fr. 23 c. environ le quintal mé avec lenteur, et son action, plus durable, con
trique, moins que dans l'éducation des chevaux de selle vient mieux au développement successif des
et plus que pour ceux de carrosse. végétaux. Ce fumier est propre surtout aux
terrains chauds et secs, mais réussit également
4° Chevaux de labours de taille moyenne. bien, quand il est travaillé convenablement,
dans tous les terrains et pour la culture de
Le mode d'éducation et les élémens du calcul pour toutes les plantes agricoles. Pour une quan
cette espèce de chevaux sont peu différens de ceux des tité donnée de nourriture, il est plus abon
chevaux de gros trait; on peut établir le dernier de la dant que celui des autres bestiaux et jouit de
manière suivante. l'avantage important qu'on peut en accroître
la proportion en augmentant la litière des ani
fr. c.
a. Monte de la jument. . . . . . . 4 » maux, sans le rendre trop sec ou pailleux, par
b. Interruption du travail de cet animal pendant suite de la quantité plus considérable d'urine
120 jours, à raison de 60 c. - . - - . 72 - que rendent les bêtes bovines et de l'état de
c. Alimens, 8 hect. d'avoine la 1r°Yanmée. . . 4o » mollesse de leurs déjections stercorales qui,
d. Soins pendant 4 années. . . . . . 3o » suivant M. BLoCK, contiennentjusqu'à 84 p. 0/0
e. Logement pendant 4 années. . . . .. 12 » d'eau. Néanmoins, au pâturage, ce fumier est
Total des frais d'un cheval de 4 ans. . . | 15s , moins profitable que celui des moutons, parce
Recette. qu'il n'est pas réparti aussi également ou
Prix de vente du cheval. . . . . . . 32e »
exige pour cela du travail et qu'il est souvent
détruit par les insectes.
Déduction de 16 p. oſo. . . . . . . 51 80 Le gros bétail exige peu de soins et de frais
Reste. . . 268 20 pour le conduire, le panser et le soigner; il
A déduire les frais. . .. 158 »
s'accommode très bien de la stabulation per
Reste net. . .. 110 20 manente et y prospère, ce qui le rend plus
propre aux fermes à blé, aux exploitations à
Fourrages consommés. culture alterne sans pâturages, à celles qui
- Quint. mét. exigent une grande abondance de fumier. A
1"° année, 210 jours à 2 1/2 kil. . . . . 5 25 l'étable, il occupe comparativement peu de
2 — 365 — 7 1/2. . • • . 27 35 place; ainsi une vache exige 2 fois moins d'es
3 - 365 — 9 . . . . . . 32 85
4° - 365 — 1o . . . . . . 36 55
pace que 10 à 12 bêtes à laine qui, dit-on, en
Total. . .. 102
représentent le produit; il endommage moins
»
les herbages qu'il broute à une certaine hau
Les fourrages, dans ce mode d'éducation et pour les teur, sans ébranler ou arracher les plantes qui
les composent; on peut l'entretenir très bien
chevaux de cette qualité, et en supposant que l'animalou l'engraisser avec certains alimens écono
est vendu au prix de 520 fr., sont payés sur le pied de
miques que fournissent les arts agricoles, tels
1 fr. 8 c le quintal métrique, comme pour les chevaux que les tourteaux de graines oléagineuses, les
de carrosse.
résidus des brasseries, distilleries, féculeries
$ II. — Des bêtes à cornes. ou fabriques de sucre de betteraves, ce qui
Examinons d'abord les bêtes à cornes sous rend son éducation avantageuse dans les éta
blissemens ruraux, réunit à l'exploita
un point de vue général et principalement sous tion des terres celleoùdel'onces différens arts ,
celui des avantages que peut procurer leur ou ceux où on peut se procurer ces résidus
éducatioa; nous nous occuperons ensuite de à bon compte.
les étudier sous le rapport des diverses spécu Relativementaux produits, la chair ou viande
#ns
lCUl.
auxquelles leur éducation peut donner des bêtes à cornes forme la base principale de
la nourriture animale de l'homme, surtout
Les bêtes à cornes fournissent des élèves, dans les villes, et à mesure que la condition
du lait, des animaux pour le trait ou la bou des populations agricoles s'améliore, on voit
cherie. Leur éducation réussit principalement aussi augmenter dans le même rapport la
dans les pays plats, bas, littoraux, un peu hu consommation de la chair de ces animaux, ce
mides, où la rigueur des saisons froides est ui, pendant long-temps encore, maintien
tempérée par la quantité d'eau hygrométri ra ce produit à un prix avantageux. Il y a
que répandue dans l'atmosphère, où le sol est dans le gros bétail, à poids vivant égal ,
argileux, profond et couvert d'une végétation plus de viande nette que dans les bêtes à
CIIAP. 6". DES ÉLÈVES. 457
laine. Ces produits sont aisés à récolter ou à duction qu'au même âge, quoiqu'on les y consacre
transformer en denrées d'une conservation presque partout bien avant cette époque.
facile, aisément transportable et d'un emploi Avances.
à peu près général. Les produits qu'il fournit a. Valeur du veau au moment de sa naissance. 8 fr. c.
peuvent être en partie consommés sur la b. Nourriture. 1° Lait; les 3o 1ers jours après
ferme. Enfin, comme ils sont d'une utilité sa naissance, 7 lit. par jour à 4 c. le litre. . 8 40
journalière, ils trouvent presque , constam Les 30 jours suivans, 7 lit. de lait de beurre à
ment un marché ouvert sur lequel leur prix 2 c. . • - - - - - . 4 20
Les bêtes à cornes sont précieuses dans les que ce genre de spéculation a payé ceux-ci à raison de
fermes à blé où l'on fait beaucoup de paille et 1 f. 26 c. environ le quintal.
où ce produit a peu de valeur, en ce qu'elles B. Bœufs de trait.
peuvent en consommer, soit comme aliment
soit comme litière une très grande quantité
et la convertir en un fumier abondant et d'un Nous admettons qu'un bœuf de trait n'est propre au
grand prix pour l'agriculteur. Il en est de service auquel on le destine que lorsqu'il a accompli
même dans les exploitations qui contiennent sa 4° année, et qu'on le vend sans l'avoir dressé, ou
des pâturages dont les herbes sont grossières, sans en avoir exigé un travail quelconque.
et que le gros bétail seul peut consommer Dépenses.
avec profit, ou dans les localités basses, hu Même calcul des frais que précédemment, ou 39fr. 20 c.
mides, marécageuses où les autres espèces de A ajouter, 4° année, 27, 35 quint. de foin,
bestiaux ne pourraient prospérer, etc. ou au total 79,80 quint.
Soins pour une année. . - - . 3 -
Logement pour une annee. - - . 3 •
1° De l'éducation des élèves.
Total des dépenses. - . 45 20
L'éducation des éfèves paraît présenter des avantages Recette.
dans les localités où l'on a des herbages étendus et de
qualité médiocre, et où on récolte des fourrages communs Prix de vente d'un bœuf de trait. - . 150 »
qui permettent de se livrer à cette branche d'industrie
avec économie. Il est en outre nécessaire qu'on ait dans Deduction de 16 p. oſo. . - - . 24 -
Reste. . 126 -
un certain rayon un écoulement sûr des produits , ou -
bien un ou plusieurs marchés actifs sur lesquels les élèves A déduire les dépenses. - . 45 20
trouvent un placement facile et constant. Recette nette. - . 80 80
Dans ce mode d'éducation, les élèves qu'on ne nour
rit souvent qu'avec parcimonie n'acquièrent leur déve La consommation de fourrages a été de 79, 80 quint.
loppement qu'avec lenteur et ne sont propres à la vente mét., la recette nette de 80 fr. 80 c.; par conséquent
que dans un âge plus avancé ; mais il est des localités l'éducation des bêtes d'attelage a payé les 1°rº au taux
où on trouve plus profitable de faire choix de races de 1 fr. 1 c. environ, ou à un prix moins élevé que celle
hâtives, et d'accélérer encore leur développement par des bêtes précédentes.
une nourriture plus abondante et plus substantielle.
C'est à l'administrateur à calculer auquel de ces deux C. Bétes de boucherie.
modes il convient de donner la préférence.
Les animaux qu'on élève ainsi sont destinés à servir Les races de bêtes à cornes diffèrent considérable
comme vaches ou taureaux à la propagation, ou bien au ment sous le rapport de l'époque à laquelle elles attei
trait ou à la boucherie; nous allons nous occuper d'eux gnent leur maturité, et de l'âge où elles sont propres à
sous ces divers rapports. être livrées au boucher ; nous supposerons ici que cet
âge est pour nos races indigènes de 5 ans; mais on sent
A. Vaches et taureaux d'élève. assez combien il est intéressant pour l'éleveur de faire
choix d'animaux
tement qui non-seulement
leur développement, mais en acquièrent
outre dont lapromp
chair
Nous supposons dans notre formule que les animaux possède de bonne heure toutes les qualités qui la font
sont de taille moyenne et que les génisses ne sont con rechercher dans la consommation. En Angleterre, où
sidérées comme vaches de produit qu'à l'âge de 5 ans
accomplis, et les taureaux comme propres à la repro on consomme une quantité énorme de gros bétail pour
AGRICULTURE, TOME IV. — 58
458 Al)MIINiSTRATION RURALE. LIV. VII.
la boucherie, on possède des races , entre autres celle à composer de so vaches et d'un taureau, et les avances
courtes cornes d'Holderness et de Teeswater, qui sont pour achat des s1 bêtes, au prix moyen de 120 fr.,
mûres pour cet objet à l'âge de 2 à 3 ans, ét qui en avoir été de 3,720 fr.
outre possèdent la faculté d'engraisser jeunes et avec
célérité, et de présenter proportionnellement à leur Frais annuels pour l'entretien de ce troupeau.
stature une quantité considérable de viande nette.On
conçoit ainsi que de pareilles qualités doivent rendre a.Remonte du troupeau tous les 10 ans soit
souvent très avantageuse l'éducation des bêtes de con pri des jeune sujets pris dºns le trºurºu,
sommation dans des localités où l'entretien d'animaùx #oit par des achars : par année . 372 fr. •
penlant 4 à s années ou le double du temps qu'exigent A deduire les vieux animaux és- -
les races perfectionnées, sans qu'ils acquièrent pour cela timés à la moitié de la valeur des
plus de valeur sur le marché, peut, au coutraire, être jeunes, ci. .. . • • • • • • 186 -
Reste. . . . . 160 »
A déduire les frais. 51 20 Total des frais annuels d'entretien du rou
Recette nette. . 1 08 80 peau de vaches et des ustensiles de laiterie. .. 1,561 20
Les calculs qui suivent sont basés sur la supposition Le produit moyen d'un autre côté aura été en lait,
que les vaches dont il s'agit sont de race ordinaire, d'une et à raison de 1,800 lit. par année et par tête, de
taille au-dessus de la moyenne et choisies avec s in ; 54,000 lt.
qu'elles reçoivent en toutes saisons une nourriture S1 on suppose que ce lait vendu en nature, ou con
saine en quantité proportionnée à leur taille et à leurs verti en beurre ou en fromage, peut se vendre, les frais
besoins, et qu'on les entretient dans un état constant de fabrication, pour les derniers produits étant déduits,
de santé et d'abondance. Le troupeau est supposé se à raison de 4 cent. le litre, on aura pour recette brute
CHAP. 6°. ENGRAISSEMENT DES BÊTES A CORNES. 459
des proluits de la laiterie. . . . 2,1 vo fr. » c. | sidus de distilleries, de féculeries, de fabriques de su
A quoi il convient d'ajouter 25 veaux cre de betteraves, etc. ; et enfin quelquefois avec du
à 6 fr. . . . • • • • • • - 150 » grain pour complétér ét raffermir le gras. Ces genres
Recette brute. . . . . 2,510 » d,vers d'aiimentation peuvent, pour la commodité du
cal, u1 ét la facilité des comparaisons, être rapportés au
Déduction des f1ais pour le troupeau. 1,561 »
Recette nette. . .
-----
749 »
foin pris pour unité de mesure, ce qui permet d'éta
blir, de même que précédemment, lé prix auquel les
animaux paiént le ſoin qu'ils consomment pendantl'es
Ainsi, un trouneau composé de 30 vaches et de 1 pacé dé temps que dürel'engrais. -
taureau, d'une taille au-dessus de la moyenne, nourri Pour partir fune base fixé dans l'évaluation du prix
et entretenu con,me nous l'avons dil, et lorsque le lait auquel fes bœufs ou va hes de graissé pa,ent les afi
ne peut être placé qu'à 4 cent. le litré, paie les four méñs qu'ils consomment, nous supposerons ici qu'un
rages qu'il cºnsomme à raison de 55 cent. environ le bœuf ou une vache valent moitié én sus quand ifs sont
quintal métrique. gras que lorsqu'ils étaient maigrés, avec la condition
-
rAsLE, ne peut étre suivie avcc prºfit que par l'homme Ainsi, en supposant qû'un bœuf maigre, de taille
qui possède une grande habitude dans les achats et les movènne, coûte 12o fr., qne son engraissèmént dure
ventes de bestiaux ; un autre sera souvent trompé par 4 mois, et qu'un bouvier, dont le salaire et les frais
les marchands de l étail pres desquels il achète, ct par 'd'entretien s éfèvent annuellement à 2 40 fr., soigne
les bouchers qui acquierent une connaissance parfaite 2o bœufs, on aura pour les élémens du calcul :
du poils d'une bête par l'inspection et le tact. Il n'y a fr.
que bien peu de cas où un engraisseur ne travaille pas Valeur du bœuf gras. • • • • • • 180 s
P, • r d achat du bœuf . .. 120 fr. s
avec un grand désavantage s'il ne fréquente pas lui
même l. s ſoires et marchés pour acheter et vendre ; à Interêts de cette somme a 6 p o/o
pendant 4 mois. . .. • • • . 2 40
moins que cette spéculation ne soit menée assez én Sala re du bouvier. . . . . 4 ,
grand pour pouvoir payer largement un homme zélé Logement pour 1 mois . . . 2 º
et fidèle qui possède parfaitement les connaissances re Total des avances et frais. T23 To ſ75 To
qu'ses. Diſle ence. . .. . • . . . 51 6o
L'engraissement du gros bétail réussit principale
ment dans l, s pays où il y a une grande abondance de différence qui doit servir à payer la nourriture des
pâturages rºches et succulens, comme les plaines her bœnfs.
beuses de la Normanjie et du Charol'ais ; dans les au Voici maintenant comment c tte nourriture est
1res localités cette branche d'industrie ne peut être payée dans les systèmes d'alim ntation au pâturage, au
exercée avec succès que sur les terres où l'on se pro foin, aux pommes de terre êt aux iésilus de distille
cure en abondance et économiquement, par un bon ries que nous prendrons ici conne éx, miplès. .
système de culture, des alimens salubres t t riches en 1° Pâturage. Sur une prairie bassé dè t,° classe
principes nutritifs, et où il serait difficile de faire , on
(p. 3 15), une bête dé taille moyenne consomme, pour
sommer plus avantageusemer.t ies Droduits récoltés, devenir grasse, le produit de 32 ares, qui fouinissent
dans c, Iles où on obtient à bcn cou [ le des résidus de 20 quint. de foin. Ainsi, dans cé système, ſes fourra
distilleries, brasseries, féculeries, fabriques de sucre ges sont payés par quiiii. mét. à raison dé # fr. ss c.,
de l,ette raves, etc. outre l économie sur les frais de récolte. . '
C'est dans les rays où l'on trouve à se défaire à un 2° Foin. Il est nions actif qu'uie quantité corres
bon prix des bêtes grasses, et où on parvient ainsi à pondante consommée en vert. A cette différence, qui
renouvel r son caoital 2 ou 5 fois dans le cours d'une
est d'environ 25 p. 0/o, il faut ajouter les frâis de
année, dans les ét»blissemens où l on a un assez grand récolte.Ainsi, il faut au moins 28 juint de foin pour
nombre de bêtes de réforme dont on se débarrasserait
I'engraissement qui sont payés à raison de 3 fr. 6 c.
diffi, lement à l'état maigre, ou dans ceux où les mar 3° Pommes de terie. Là nourriture se compose alors
chands de bestiaux ou les bouchers font engraisser les de 2o quint. mét. de tubercules représéntañt en
animaux pour leur propre compte, etc., qu'on peut se foin . . . . . .. : . o quint. -
sentant . . . . . . . 5
ner au-delà de 60 à 65 p o/o du poids vivan'. tandis
qu'il est des l œufs anglais qui en donnent jusqu'à 75); Total. . . . .. 15
enfin, c'est de proportionner la corpulence des animaux Ce qui met le quint. de fourrage au même prix que
à la richesse des pâturages ou à la qualité des alimens précédemment, ou . . . . . . . 3 fr 64 é:
qui doivent servir à l s engraisser. et le quint. d'alimens à 1 fr. 6 c., soit résidus ou
L'engraissement des bêtes à cornes se fait au pâtu paille, etc.
rage, au foin, aux tubercules, aux racines avec des ré
460 AI}NIINISTRATION RURALE. LIV. V1I.
santé plus robuste et d'un prix plus élevé riture verte prise sur place. Leurs provisions
comme bêtes de boucherie. d'hiver doivent être aussi d'une meilleure
La vente des élèves dans l'éducation des bê qualité. Enfin, étant d'une santé plus déli
tes à laine fine ou dans la formation de races cate, elles sont plus sujettes aux accidens ou
nouvelles a présenté, depuis un certain nom aux maladies qui dépeuplent les troupeaux,
bre d'années, des profits fort élevés, mais et se plient plus difficilement à des change
c'est le genre de spéculation qui, aussi, a exi mens de climat, de nourriture ou de régime
gé les plus fortes avances capitales, les con qui altèrent ou modifient d'une manière bien
naissances théoriques les plus étendues et la remarquable la nature et les qualités de leurs
pratique la plus éclairée. Aujourd'hui qu'il toisons.
s'est formé dans presque tous les pays de Les moutons fatiguent davantage les her
nombreux troupeaux, dont la laine offre tous bages, surtout ceux nouvellement formés
les degrés de § et toutes les qualités dont ils tondent l'herbe jusqu'au collet ou
que réclame l'industrie manufacturière, la qu'ils déracinent fréquemment ; mais d'un
vente des élèves est devenue de moins en autre côté ils sont plus propres à consommer
moins lucrative et semble devoir rentrer dans sur place les fourrages verts et les racines ; au
les rangs des spéculations ordinaires de l'a parc, leurs déjections sont mieux réparties
griculture. sur l'étendue du sol, et ils offrent de plus l'a
Les bétes grasses ou de boucherie : c'est une vantage de consolider par le piétinement les
spéculation à laquelle on peut se livrer avec sols meubles et trop légers.
profit dans toutes les localités ; la viande du
Dans les petites exploitations, dans les pays
mouton étant d'un usage général et son suif où la propriété est très divisée et la culture très
et sa peau fort employés dans les arts. D'ail perfectionnée, l'éducation des bêtes à laine
leurs, les animaux gras peuvent être trans paraît en général être une spéculation peu
portés à de grandes distances et on les fait profitable. Dans ces situations, à moins qu'on
voyager à plus de 100 lieues pour l'approvi ne possède des pâturages indépendans des
sionnement de Paris. terres en culture et qu'on ne puisse pas utili
Le lait des brebis est un produit sans im ser autrement, un troupeau, qui ne peut con
ortance et qui n'a quelque valeur que dans sister alors qu'en un petit nombre de bêtes,
es races communes, qu'on soumet quelque n'est plus assez nombreux pour payer les frais
fois à la mulsion, soit pour la consommation d'un berger et rembourser les avances qu'il oc
du ménage, soit pour en fabriquer des fro casionne. En Belgique, où il n'y a pas de mon
mages où il entre seul, comme ceux qu'on fa tagnes, de pâturages communaux ou de ter
brique aux environs de Montpellier, soit mé res vagues, où la culture des champs ne laisse
langé à celui de vache ou de chèvre, ainsi que aucune main inutile, et enfin où on ne souffre
cela se pratique pour les fromages de Sasse guère de jachère improductive, on n'élève
nage et de Roquefort. qu'un petit nombre de troupeaux, et, à l'ex
Les bêtes à laine donnent un fumier plus sec, ception de queiques grands fermiers qui ont
plus solide que celui des bêtes à cornes et des pâturages sur leurs exploitations, on ne
qui ne contient, indépendamment des urines voit que les habitans des villages où il y a des
qui sont moindres, suivant M. BLock, que chemins larges et en partie enherbés qui aient
66 p. 0/0 de parties aqueuses; ce qui fait qu'il ainsi quelques moutons dont l'entretien ne
se mêle moins bien avec la litière et supporte leur coûte rien. Dans les départemens les
moins de celle-ci ; mais aussi il est plus con mieux cultivés de la France, les agriculteurs
centré, possède sous un même volume plus les plus instruits pensent qu'un troupeau de
de matière fertilisante, est plus actif, moins moutons à laine fine ne peut être profitable
durable et rembourse par conséquent plus u'autant qu'on exploite au moins 100 hect.
promptement les avances qu'il a fallu faire 'étendue de terrain.
pour le produire. Il convient surtout aux sols L'éducation des bêtes à laine paraît au con
froids et compactes, quoiqu'on puisse, quand il traire convenir aux grandes exploitations en
est convenablement travaillé, l'employer sur sols maigres, légers, dans celles où on récolte
tous les terrains. On a cru † aussi qu'il peu de pailles de céréales, mais ou les pailles
n'est pas propre à toutes les cultures et qu'il de pois ou de fèves, qui sont fort du goût des
donne, par exemple, un orge qui convient peu moutons, sont abondantes; dans celles qui
pour les brasseries, un froment qu'on ne offrent des pâturages permanens, maigres,
peut employer dans la boulangerie fine ou la secs ou des terres placées, au moins en par
pâtisserie, et des betteraves qui contiennent tie, dans des situations élevées, escarpées et
une moins grande |† de sucre. d'un accès assez difficile pour rendre très
L'éducation des bêtes à laine réussit le mieux pénible et coûteux le transport des engrais et
dans les pays élevés ou montagneux, sur des celui des récoltes, etc.
sols légers, secs, maigres et même arides et Pour nous résumer, nous dirons que si l'é
dans un climat exempt d'humidité. On les voit ducation des bêtes à laine a présenté jusqu'ici
prospérer là où l'herbe est courte, peu char des bénéfices plus considérables que celle des
gée de parties aqueuses et se contenter même autres bestiaux, ces bénéfices ont aussi été
des pâturages maigres des forêts de bouleaux, plus chanceux et dus à des circonstances qui
de chênes et d'arbres résineux. En général, se sont montrées favorables pour les 1" pro
les prairies basses et humides leur sont nuisi agateurs des troupeaux à laine fine, mais que
bles et leur occasionnent des maladies mor a multiplication de ceux-ci tend chaque jour
telles.Moins robustes que Jes bêtes à cornes, à égaliser les avantages entre les propriétaires
elles s'accomodent aussi moins bien que cel et à ramener aujourd'hui les profits sur la
les-ci de la stabulation permanente, et ont be production de la laine au niveau des autres
soin de plus d'air et d'exercice et d'une nCur spéculations agricoles; que, pour un admi
ADMIN1STRATION RURALE. LIV, V11.
qiie exactitude. Pour partir d'une base fixe, ci dessus à 6 p. oyo ou 30 peaux à 1 fr. - . 30 »
nous siipposons que le but principal de l'édu 1'otal des recettes brutes annuelles. . . 5,179 »
cation est la production # la laine, que le A deduire les frais. . . . 3,015 35
troiipeau se compose de 500 bêtes vieilles et Recette nette. 2,iss 65
jeunes, et qu'il est tenu au complét et sans
iccroissemeiit dans lé nombre des bêtes qui Cette recette destinée à payer 1,828 quint. mét. de
le composent. Après avoir traité ce sujºl, fourrages consommés, rembourse donc le quintal à rai
nous dirons un mot sur l'engraissement des son de 1 fr. 18 c. environ dans ce système de produc
· moutOns. tion animale.
La paille qu'on fait consommer en hiver à ces ani
1° Troupeau de mérinos de 500 bétes. maux, en remplaçant 1/4 de leur foin par le double en
poi is de cette substance, est, dans ce cas, payée à la
Le troupeau est supposé appartenir à la race des production végétale à raison de 59 c. environ le quint.
mérinos pnrs, et nous a lmellous, avec M. ScuMALz lºs mét.
faits suivans. que l'expérience parait avoir démontré Il est évident que si on trouvait à placer les jeunes
cn Allemagne dans les pays où l'on s'occupe avec le plus animaux. soit pour entretenir d'autres troupeaux, soit
de succès de l'éducation des liées à laine, savo r : pour en former de nouveaux, les résultats dé cette spé
qu'une brebis adulte de race pure a pour valeur tou culation deviendraient beaucoup plus avantageux ;
rante 5 fois le prix auquel se vend un kilogr de sa mais c'est une recette sur laquelle, pour plus d exacti
laine lavée à dos; qu'un bélier adulte vaut 3 fois au tude, on ne doit pas communément compter dans l'éva
tant ju une brebis de mène race; qu'un anlenois n'a luation du produit d'un troupeau.
eur §leur que la moitié et, un agneau le 1 o° de celle
†. lête a lulte de même sexe. Nous supposons que 2° Troupeau de race indigène commune
la la ne lavée à dos peut être vendue au prix moyen de 500 léles.
de 8 fr. le kilogr.. Cela posé, voici comment on éta
blit la balance entre les recettes et les alimens con En prenant toujours pour base le prix de la laine,
sounnnés.
nous allons évaluer de la même manière les avances,
Avances capitales. fr. c.
dépenses et recettes pour un troupeau de 5no mou
-
, 720 •
tons de race indigèné commune et dont la laine lavée
ne se vend que 2 fr. 50 le kilogr.
. 130 Moutons de 2 à 6 ans, a 20 ſr. . 2,600 »
e. 3 Jeunes leliers d'un an, à lio fr. - 18o » Avances capitales. fr. c.
d. 16 Moutons antenois, à 10 fr. .. . .. . , 160 °
é. 148 Brebis portières de 2 à 6 ans, à 40 fr. 5,020 »
53 Antenoises à 2o fr. . . . . 1,o60 »
a. 6. Béliers de 2 à 6 ans, à 37 fr. 5o e. 225 •
g. 114 Agneaux mâles et femelles à 4 fr. . 456 »
b. 130, † de 2 a 6 ans, à 12 fr. .. 1,560 •
e. 3. Beliers antenois, à 18 fr. 75 c. . . 56 25
5oo Têtes qui représentent une valeur capitale -
d. 4 5. Moutons antenois. à 6 fr. . . . ?76 »
de. . . . . .. . . . . . . - . .. 11,396 • e. i 18 Brebis pot tières, à 20 fr. . . . 2,960 »
J 53. Antenoises à 1o fr . .. . . 530 »
Frais d'entretien du troupeau. g. 1 14. Agneaux mâles et femelles, à 2 fr. 228 »
5oo Têtes représentant une valeur capitale de. 5,835 25
1.Sinistres et bêtes mortes d'accident † • *.
*ience a demont é qu'il, s'élevaient annuellement Frais d entretien du troupeau.
4'6 p. 0/0 du capital , ci. . . . . . 623 75
2 Intérêts du capital à 1o p. o/o y complis les a. Sinistres et bêtes mortes d'accident, 6 p.
risques et chances diverses . . . . . . .. 1,139 Go 0/0 du capital. . . . . . . . . 350 :0
3. Sulaire d'un berger. . , . . . 500 » b Interets à 10 p oº. du capital. . 5 83 50
Salaire et enu etien d'un aide-berger. . . 3oo » c. Sa aire d un belger . . . . . . . 4 (l \) •
4. Logement à raison de 60 c par tète. 300 » d. Logemen pour 5 o bêtes, à 50 c par tête. 25 0 •
4. Sel, medicaments , etc. , à 30 c. par tète. 1 50 » «. Sel et medicamens, etc. . . . - 130 »
Total des frais annuels d'enuetien. . 3,o13 3s Total des frais annuels d'entretien. , , 1.7 1 3 60
M!
CHAP. 6°. DES BÊTEs A LAINE. 463
Prix de vente des moutons gras à 16 fr. par
Fourrages consommés annuellement. tète. . . . 1,600 »
Déduction de frºi . . . 1,182 2o
_ 180 Jours de pâturage évalué à 750 grammes quint.met. Recette nette.| 4 17 8o
de foin par tète et par Jour. . . . . . . 675 »
1 85 Jours de noui riture à l'étable , à raison
Ce qui donne 1 fr. 20 c. pour le prix du quint.
de 3o quint de ſoin par 100 tètes, pour les 500 mét. de fourrages lorsque la viande maigre et grasse est
bètes. . . . • . . • . . . . - 150 *
Paille, 7 1/2 quint par jour , pour 185 jours aux prix supposés.
1,387 5 o quint. mét 1°presentant la moitie de
son poids de foin ou. . . . . . . . . 698 75 $ IV. — Des cochons.
Total des fourrages consommés. . . . 1,523 75
Dans tous les établissemens ruraux, soit
Recettes annuelles,
grands, soit petits, l'entrelien des cochons est
une chose presque indispensable, parce que
les débris et résidus de la laiterie, de la cui
a. Laine (100 bêtes de sexe et d'âge divers fr. c. sine et du jardin ne peuvent être employés
donnent en nioyenne 150 kilog ). Pour les 5 00
bêtes 750 kilog. à 2 fr. 5o c. . . . 1,875 »
d'une autre manière; mais il faut bien distin
b. Croit. 1 1 8 Agneaux ou bêtes de reforme guer cela de la multiplication des cochons,
pour la bouche1ie, au prix moyen de 5 fr . . 590 , cas dans lequel on leur fait consommer des
c. Peaur de bètes mortes , 30 a 75 c. . . 22 50 alimens qui pourraient servir à la nourriture
Total des recettes brutes annuelles. . | 2,187 50 des bêtes à cornes ou à laine. . -
A deduire les frais d'ent1 etien. . . :,7 , 3 60 Si l'on calcule toutes choses, dit THAER, on
Recette nette. . . 773 9o trouvera qu'il est raremenl avantageux d'éle
ver des cochons dans les lieux où l'on doit les
Ainsi. dans le système adopté et avec les prix supposés, nourrir pendant l'hiver, avec de bons grains,
un troupeau de moutons communs ne paie les 1.525.75 et oil en été on n'a pas de pâlurages convena
quint. mét. de fourrages qu'il consomme que par une ybles ou d'autres fourrages verts qui peuvent
suppléer. En revan e on y trouvera du
somme de 775 fr. 90 c., ou au taux de 5 1 c. environ le
quint. mét. et la paille au prix de 25 c. 1/2 envi profit dans les lieux où l'on cultive beaucoup de
TOl). pommes de terre et de raves pour la nourritu
re du bétail ; ou bien ceux où parmi les céréales
3° Engraissement des moutons. il y a beaucoup de mauvaises graines ou grains
légers, et où l'on a pour l'été des pâturages
Pour l'engraissement des moutons, quand on en marécageux et humides qui ne sont pas pro
fait l'objet d'une spéculation à part, il faut choisir. res aux moutons. On en trouvera aussi dans
comme pour les bêtes bovines, des animaux sains, de es établissemens où il y a des laiteries consi
taille ordinaire et d'une race connue pour engraisser dérables dont on ne peut employer les résidus
jeune et donner après l'engrais, proportionnellement à d'une manière plus profilable, et là où il y a
leur poids, la plus grande quantité de viande nette. des brasseries, des distilleries, surtout lors
Nous ne discuterons pas les avantages ou les inconvé †§ u'on n'y amène pas des contrées voisines
niens des moyens très variés qu'on emploie pour en
à très bon marché, et qu'ainsi
graisser les moutons, nous dirons seulement que c lui ceux qu'on élève peuvent être vendus facile
qui parvient au but de la manière la plus sûre, la plus men1, maigres ou gras; ou bien enfin quand on
prompte et la plus économique est le meilleur, puis peut faire le çommerce de viande salée et ex
que C'est aussi celui qui donne des l êtes d'une plus pédier du lard et des jambons dans l'étranger.
La nourriture et l'engraissement des co
haute valeur ou qui paient au prix le plus élevé leur chons convient encore beaucoup dans les ex
nourriture et qui permet le renouvellement le plus fré ploitations qui possèdent de grandes étendues
quent et avec profit des capitaux mis en avant. de bois de chêne ou de hêtre dans lesquels
Pour en donner un exemple, nous supposerons qu'il ces animaux trouvent en automne une mour
s'agit d'engraisser à la bergerie un troupeau de 1oo
moutons communs et de taille moyenne. M. Blocx a aucun riture abondante très profitable sans exiger
reconnu que pendant un engraissement de cette es soin.
pèce, qui a duré 155 jours, le troupeau avait con 1° Multiplication des cochons.
sommé :
Quint mét.
Nous supposons que le troupeau reproducteur se
compose de 1 o truies portières et d'un verrat, qu'il
255 Quint. mét. de pommes de terre équivalant occupe un quart seulement de l'année un porcher et
en ſoin à. . . . . . .. 137 »
39,5 - Grains concassés, id. 1 38 » que les animaux produits sont propres à l'engrais à
21 - Son. . . - - - - - 25 » l'âge d'un an.
|! Paille de froment ou seigle. . 25 »
54 -
c. environ.
a. Salaire du porcher; 3/4 du salaire total. . 210 » D'après les expériences de THAER, ce cochon doit
b. Logement à 1 f. 50 c. par tête. - - 180 » avoir acquis 70 à 75 kilogr. de chair et de graisse, et
Total des dépenses annuelles. . 519 40 être du poids de 150 kilogr. s'il pesait maigre 7o kilogr.,
à peu près le même poids qu'il a acquis.
Fourrages consommés.
SECTIoN II. — De la quantité du bétail.
Les bêtes adultes consomment par jour au pâturage 2 kil.
de foin, qu'on peut remplacer l'hiver par 4 kil. de pommes de La seconde question qui reste à examiner
terre : par jour 22 kil. de foin pour les 1 1 têtes et pour par l'administrateur qui organise le service
l'annee. * • • • - 80 quin. mét. 30
Chaque élève reçoit d'abord 1 kil., des bêtes de rente; c'est, après qu'il a déter
puis 3 kil., en moyenne, 2 kil. de pom miné l'espèce, la race ou la famille de bes
mes de terre par jour. Pour les 120 têtes, tiaux qui paiera au prix le plus élevé les
240kil., et pour 323 jours,775, 2o quin fourrages qu'on lui fera consommer, de re
taux mét. équivalant en foin à. . | . 387 60 chercher le nombre de têtes de bétail de l'es
-
Total des fourrages consommés. 467 90 pèce choisie dont il convient de garnir son
établissement.
Recettes annuelles. Cette question se rattache très étroite
fr. e.
ment à la prospérité d'une exploitation ru
120 cochons d'un an à 2o fr. . . . . 2,4oo , rale, et pour en sentir l'importance il suffit
A déduire les dépenses annuelles. . . 519 40 de se reporter au commencement de ce cha
Recette nette. . . - 1,88o 6o pitre, où nous avons fait connaître le but
qu'on doit se proposer dans l'entretien des
bêtes de rente.
Il reste donc une recette de 1,880 fr. 60 c. pour En effet, si les bestiaux sont destinés à
payer le foin consommé, qui a été de 467,9o quint.
mét. ou l'équivalent en pommes de terre, ce qui met fournir les engrais pour la culture du sol, ces
le quint. à 4 fr. ou les pommes de terre à 2 fr. le animaux doivent être en quantité telle qu'on
puisse, au moyen des fumiers qu'ils fournis
quint. sent, rétablir la fécondité que les terres de la
2° Engraissement des cochons. ferme perdent annuellement par la produc
tion # Dans ce cas, il est alors indis
L'engraissement des cochons, comme spéculation, se pensable de connaître la masse annuelle des
fait avec les résidus de fabriques, les pommes de terre engrais dont on a besoin pour entretenir cette
et souvent les grains pour compléter le gras. fécondité, et la quantité de fumier qu'on peut
attendre d'une tête de bétail d'une certaine
Les frais, dans cette hypothèse, sont les suivans :
espèce et d'un certain poids dans le cours de
a. Un cochon maigre de 3 ans en bon état, de taille l'année, deux sujets qui nous occuperont
moyenne, pesant 52 kil. . . 30 fr. » - - -
d'une manière toute spéciale dans le chapitre
b. 3 hectol. d'orge pour compléter l'engrais suivant, où il sera traité des engrais dont
à 5 fr. . . . . . . . . .. 15 -
nous avons jugé à propos de faire une bran
c. Soins, logement, intérêts du capital pen che particulière du service.
dant 1oo jours, cuisson des alimens. . . 5 -
D'un autre côté, les bestiaux ayant encore
Total des frais. . . . . 50 |. pour destination de consommer avantageuse
ment certains produits du sol, on conçoit
Uu pareil cochon pès alors 125 kil. à 60 c.
le kil. . . .. • . . . . . 75 -
# serait peu conforme aux bons principes
e l'!économie rurale d'entretenir des trou
Déduction des frais. . 50 -
peaux trop nombreux auxquels on ne pour
Reste pour payer la nourriture. . -# - rait donner une nourriture suffisante en toute
saison, et qui, par conséquent, végéteraient
Cette nourriture se compose de 700 kilogr. de pom sans avantage pour le maître, et qu'il ne le se
mes de terre représentant 360 kilogr. de bon foin et rait pas moins de prodiguer celle-ci à un
2oo kilogr. de son, représentant 2oo kilogr. environ nombre d'animaux trop faible pour la con
de foin ; en tout 5,60 quint. de foin, c'est-à-dire sommer utilement et chez qui la satiété en
4 fr. 47 c. par quint. mét. de foin consommé ou 2 † le dégoût, et par suite l'habitude
fr. 77 c. le quint. d'alimens. e rejeter et de gaspiller une partie des ali
Un cochon engraissé avec le lait de beurre ou le pe mens les moins délicats. Le but que doit se
tit-lait exige 56 à 40 lit. chaque jour et est gras en 80 proposer en cette matière tout cultivateur in
lours.Aux prix ci-dessus, il paie le litre de lait aigre telligent, c'est donc de régler la quantité de
8/10 de centime environ. son bétail de telle facon que la masse des ma
Suivant THAER, 56 kilogr. de grain employés à l'en tières alimentaires § il disposera dans le
graissement des cochons, donnent 7 à 7 1/2 kilogr. de cours de l'année, soit consommée de la ma
chair et de graisse qui, à 6o c. le kilogr. de viande, nière la plus profitable pour lui, ou, en d'au
paient le grain à raison de 12 c. environ le kilogr. tres termes, qu'avec cette masse d'alimens il
M. BLocx admet, d'après ses expériences propres, produise annuellement la plus grande quan
qu'un cochon de forte taille et adulte a besoin, pen tité possible de lait, de viande, de graisse ou
dant les 90 jours que dure l'engraissement, de : bien de laine d'une qualité déterminée.
CHAP. 6°. DE LA QUANTITÉ DE BÉTAIL. 465
Ainsi la † qui nous occupe se ratta tant pour son service particulier et celui de sa
che au système de culture et d'aménagement famille, et 2 poulains. « C'est, ajoute-t-il, une
qu'on adopte, à la quantité d'engrais dont on a des plus fortes proportions que je connaisse
besoin, à ſ'étendue des terres consacrées aux et qui dépasse ce qu'on nomme l'état normal,
plantes fourragères et à la masse de matière c'est-à-dire une tête de bétail ou l'équivalent
alimentaire dont on pourra disposer. tous su en autres bestiaux par hect. de terre. En ef
jets liés entre eux, sur lesquels nous avons fet, en comptant que 8 moutons au plus, à
déjà appelé l'attention de nos lecteurs à la cause de leur taille et de l'abondance de leur
page 335 et suiv., et sur lesquels nous revien nourriture, équivalent à une vache, et que 4
drons nécessairement dans le chapitre qui chevaux équivalent à 3 vaches pour les fu
traitera du choix d'un mode d'exploitation. miers, on aurait 56 à 58 têtes de gros bétail sur
Plusieurs agronomes ont cherché des rè 52 hect. de superficie, dans lesquels est com
les d'une application facile pour déterminer prise la place des bâtimens, des plantations,
à l'avance le nombre de têtes de bétail dont on des chemins et des fossés, espace que l'on ne
doit garnir une ferme. Nous avons déjà don peut évaluer à moins de 2 hect. Cette propor
né (p. 267, t. I"), à l'article assolement, une tion de bétail aux terres n'est pas générale
règle de cette espèce proposée par M. MoREL ment aussi forte dans le pays de Caux, mais
DE VINDÉ, et nous pourrions en citer plu elle s'en rapproche. »
sieurs autres, mais nous croyons devoir nous Les règles proposées par les agronomes peu
borner à rapporter celles que nous trouvons vent bien donner une idée approximative de
dans le Manuel d'agriculture de M. PABsT, la proportion du bétail aux terres; mais on
professeur a l'Institut agronomique d'Ho sent qu'elles manquent de
henheim.
† par leur
généralité même, et que, d'ailleurs, elles ne
« On comprend assez, dit-il, que le rapport †! as suffisamment tenir compte de
du nombre des bestiaux à l'étendue d'une a qualité des terres, de leur mode de culture
ferme doit être extrêmement variable, et qu'il et d'aménagement, de la taille ou mieux du
est facile, par exemple, sur un établissement poids des bestiaux ou des matières alimen
en sol de bonne qualité, au moyen de la sta taires qu'un cultivateur pourrait se procurer
bulation permanente et d'un bon système de au dehors. Nous croyons donc, pour résoudre
culture alterne, d'entretenir plus du double la question qui nous occupe, devoir proposer
de bêtes de rente qu'on ne saurait le faire sur une méthode qui semble comporter une préci
une ferme à culture triennale avec jachère sion plus grande et tenir compte de toutes les
morte et dans un sol médiocre. Dans toutes circonstances qui peuvent se présenter dans
les exploitations où la culture des terres ara l'exploitation d'un domaine; seulement, avant
bles est la principale branche d'industrie et de la faire connaître, nous nous occuperons
par conséquent où la majeure partie du do en peu de mots de la taille que doivent avoir
maine ne consiste pas en pâturages, il faut les bestiaux ; puis nous établirons une com
avoir égard aux règles suivantes. - paraison entre la faculté nutritive des diffé
« 1° On peut regarder comme un moyen rentes substances alimentaires qui servent le
terme, quand, sur 1 hect. 75 ares, on entretient plus communément à la nourriture des bes
en bon état de santé et de produit une tête de tiaux ; et, enfin, nous chercherons à acquérir
gros bétail d'un poids moyen ou l'équivalent des notions sur la quantité ou le volume de
en autres bestiaux. ces substances qui sont nécessaires, suivant
2° Placer une téte de gros bétail sur 125 à le but, pour l'entretien des diverses espèces
150 ares est déjà un poids un peu considérable de bestiaux.
et qui fait dominer l'éducation du bétail sur
l'agriculture proprement dite. Si la surface $ I". — De la taille des bestiaux.
chargée d'une tête est moindre encore et ne
dépasse pas 1 hect., alors le fermier est plu Nous n'entendons pas par l'expression taille
tôt un nourrisseur de bestiaux qu'un cultiva des bestiaux les dimensions en hauteur seu
teur. Cette dernière proportion, du reste, ne lement des animaux, mais bien leur corpu
peut être réalisée que sur des fonds excellens lence ou le volume de leur corps, qui est, la
et de 1" qualité. plupart du temps, proportionnel à leur taille,
3° Une téte de gros bétail, pour 2 hect. ou 2 ou mieux leur poids, qui est dans un rapport
hect. 50 ares, est l'indice d'un sol pauvre ou à peu près constant avec leur volume.
d'un système agricole mal entendu et an La taille des bestiaux, disent les agronomes
nonce un établissement dirigé sans habi ne doit jamais être supérieure à celle que les pd
leté. turages dont on dispose peuvent entretenir dans
On trouve au reste, dans les pays riches et un état de force, d'embonpoint ou de produit ;
industrieux , de nombreuses exceptions aux mais les bestiaux ne sont pas toujours nour
règles établies par les agronomes, même dans ris sur les pâturages, et il serait peut-être plus
des cas où la culture des terres forme la prin exact de dire que la taille des bestiaux doit
cipale branche des établissemens, et, pour être proportionnée à la quantité et surtout à
n'en citer qu'un exemple, nous rappellerons la qualité des alimens qu'on leur destine.
que dans la relation de son voyage agrono Sir John SINCLAIR, qui a résumé avec sa sa
mique, entrepris en 1834 dans le nord de la gacité ordinaire, les débats qui se sont élevés
France, M. MoLL, professeur à Roville, fait à l'occasion de la taille des bestiaux, s'exprime
mention d'un cultivateur de l'arrondissement ainsi sur ce sujet dans lequel il a surtout en
d'Yvetot (Seine-Inférieure) qui, sur 52 hect. vue la nourriture au pâturage :
de terre dans lesquelles il n'y a pas de prés, « Avant les améliorations introduites par
tient 300 moutons, 8 à 10 vaches à l'engrais, 3 BAKEvvELL, on ne jugeait de la valeur d'un
vaches laiiières, 4 chevaux pour la ferine, att animal que par son volume, si on parvenait a
A G R I CU LT l ' lR E. t [ 0° livraison. Tu yi E IV . — 39
466 AL)MINISTRATION RURALE. LIVe VI ,
obtenir une taille considérable, on faisait plus tures; 6° que les bestiaux de grandes races
• d'attention à la somme qu'on obtenait de la sont généraiement d'une disposition plus tran
tête qu'au prix † coûté sa nourriture. ille : 7° que , lorsque ies pdtures sont de
Depuis que ies éleveurs ont commencé à cal onne qualité, le bétail à cornes et les bêtes à
culer avec plus de précision, les animaux de laine y augmentent de taille, sans aucun soin
petite taille ou de taille moyenne ont été gé de la part de l'éleveur. Les grandes races con
néralement préférés par les raisons suivan viennent donc naturellement mieux aux pâ
tes : turages de cette espèce; 8° enfin, que l'art
« 1° Les animaux de petite taille sont d'un d'engraisser le §' avec des résidus de s.r
entretien plus facile; ils prospèrent sur des pâ taines fabriques ayant reçu beaucoup d'exten
turages à herbe courte, où ils s'entretiennent sion et de perfectionnement, les avantages de
bien, tandis que des bêtes de plus forte taille cette méthode s'appliquent plus particulière
pourraient difficilement y exister; 2° leur ment à des bêtes de grande taille, attendu
viande a un grain plus fin, plus de suc. ordi que les †
bœufs s'engraissent aussi bien
nairement une meilleure saveur et la graisse avec de l'herbe et des racines fourragères.
est mieux mélangée dans la chair; 3° un ani « Tels sont, ajoute SINCLAIR, les argumens
mal d'un grand poids convient moins pour la qu'on emploie pour soutenir les 2 opinions
consommation générale que celui d'une taille onposées, et ii est évident par là que les
moyenne, surtout dans les temps chauds ; avantages de l'un ou de l'autre système dé
4° les gros animaux plombent le sol des pâtu pendent beaucoup de la qualité des pâturages,
rages plus que es petits; 5 ils ne sont pas du mode de consommation, de la demande
aussi actifs, exigent plus de repos, recueillent sur les marchés, etc. Cependant, nous le ré
leur nourriture avec plus de peine et ne con étons, les éleveurs intelligens, à moins que
somment que les espèces de plantes de la eurs pâturages ne soient d'une richesse par.
meilleure qualité; 6° les petites vaches des ticulière et qu'ils ne se trouvent dans une si
véritables races de laiterie nt proportion tuation toute spéciale, donnent aujourd'hui
nellement plus de lait que les grandes (1) ; la préférence aux bestiaux de taille moyenne
7° les bœufs de petite § peuvcnt être uni ou même de petite taille sur ceux de haute
quement engraissés à la pâture, même sur des stature et de forte corpulence.
pâturages de médiocre qualité, tandis que les
† exigent les pâtures les plus riches ou $ II. — De la valeur nutritive des substances
alimentaires.
'engraissement d'étable dont la dépense di
minue les profits du cultivateur ; 8° il est plus
# de se procurer des bestiaux des formes L'expérience journalière a prouvé depuis
· les plus convenables à l'engraissement dans long-temps que toutes les substances alimen
les petites races que dans les grandes ; 9° les taires qu'on fait consommer aux bestiaux ne
bestiaux de petite taille peuvent être nourris possédaient pas, à poids égaux, la même faculté
par les cultivateurs qui ne pourraient faire la nutritive, et que les unes, telles que le grain
dépense d'achat ou d'entretien de bestiaux de des § foin de 1" qualité † prairies
grande taille, et, s'il arrive un accident,, la naturelles, les graines des légumineuses et les
† est bien plus facile à supporter; 10° les plantes feuillées dont on compose les prairies
êtes de petite taille se vendent mieux, car les artificielles, surtout quand ces produits ont
bouchers savent très bien qu'il y a propor végété sur des sols riches et chauds, possé
tionnellement plus de parties qui se vendent daient à cet égard une grande intensité d'ac
à un prix élevé dans un petit bœuf que dans tion ; tandis que les autres. comme les pom
un grand. mes de terre, les betteraves, les choux, les
« D'un autre côté on a dit, en faveur des bêtes pailles, etc., en jouissaient à un moindre de
de grande taille, 1° que sans chercher si un gre.
bœuf de grande taille a consommé propor On conçoit combien il est intéressant, dans
tionnellement à sa taille, depuis sa naissance un établissement rural de pouvoir déterminer
jusqu'à ce qu'il soit livré au boucher, plus quelle quantité de substance peut , emplacer,
qu'un petit, il est certain qu'il paie tout aussi dans la nutrition, une quantité determinée d'au
bien sa nourriture à celui qui l'a acheté pour tres substances, ou dans quelle proportion cha
l'engraisser; 2" que, quoiqu'on rencontre des cune de ces substances peut contribuer à la
bœufs de grande taille dont la viande a le grain nutrition des animaux, relativement au poids
rossier, il y a cependant des races de grands dans lequel on l'emploie. Malheureusement il
oeufs dont la viande est aussi delicate que règne encore sur ce sujet une obscurité assez
celle des bœufs de petite taille; 3° que si les profonde, qui ne pourrait être complétement
bœufs de petite race conviennent mieux pour éclaircie que par des expériences comparati
la consommation des familles, des villages ou ves faites avec soin et poursuivies pendant
des petites villes, les bœufs de grande taille long-temps. Néanmoins, nous allons essayer
ont toujours la préférence sur les marchés des de faire connaitre les travaux les plus remar
grandes villes et particulièrement de la capi quables qui ont été entrepris depuis quelque
tale; 4° que, s'il est vrai que la viande des temps sur cette intéressante matière.
bœufs de petite taille est de meilleure qualité Pour comparer les diverses substances qui
pour être consommée fraiche, il est incontes servent à la nourriture du bétail sous le rap
table que la chair des grands bœufs convient port de leurs propriétés nutritives, on est
mieux pour les salaisons et les voyages de convenu généralement de les rapporter à l'une
long cours ; 5° que les cuirs des grands bœufs d'elles, qui sert de dénominateur commun et dont
sont nécessaires dans beaucoup de manufac la valeur est prise pour unité. La substance
(1) Ce fait ne parait pas bien exact, ainsi qu'on peut le constater par ce qui a été dit au tom. III, p, ss.
cHAP. 6•. DE LA QUANTITÉ DE BÉTAIL. 467
dont on a fait choix est le foin de prairie na Tableau des rapports de la valeur nutritive de
turelle de 1° qualité.Ainsi, quand on dit que diverses substances alimentaires comparees à
les pommes de terre ont 200 pour valeur nu 100 kil. de foin de prairie naturelle de 1re
tritive, cela signifie qu'il en faut 200 parties qualité.
en poids pour remplacer 100 de foin sec de
prairie et qu'elles ne possèdent que la moitié | RAPPORTS
de la valeur du foin sous ce rapport, ou, en NoMs rr ÉTAT
d'autres termes, que, pour soutenir au même º"IVA•r DIv-aº aeaone
b Fourragºs verts.
des praticiens peuvent leur servir de contrôle, 1 Trefle, luzer
il serait important, pour ceux qui s'occupe ne , sainfoin ,
vesces , sarrasin
raient d'expériences sur cette branche intéres et scigle verts . | 45e 4Jo - - -
-
4a5
sante des sciences agricoles, de les consulter n. Luzerne et
et d'en faire la comparaison. vesres de qualité
moyenne, colsa,
Les agronomes praticiens ont à leur tour graminées . .. | ºoe - - - - 475
dressé des tableaux de la valeur nutritive des 3. Mais . .. • . E- - - - - 274
4. Sp•rgule. . .. | • - - • - 3a5
diverses substances alimentaires destinees au 4. Topinambour -
de confiance que ces résultats méritent, nous 4. Avoine . . .. | 19e 290 132 " | 4oo - -0-0
4 Pois, lentilles,
avons préféré présenter en un seul tableau les vesces. . . . .. l 18o a66 14s - - 15e
nombres auxquels Chaque agronome s'est ar 4 Millet. .. .. • l • •- 18o * | • - -
7. Mais , . . . - - 4ee - -
rêté en faisant suivre le tableau de quelques 8.Tig-s de topi
remarques sur la manière dont ces nombres nambours. . . .. | » - - - - 15o
7. Choux pom
- -
més. . • • • .. | 6oo
- -
5oo
-
6eo
- 100
-
L>
-
-
L>
4o
5o
Val 1. 4.Org-. .. . . 6 37 61 * | » |- 5o
On serait peut être tenté de prendre une 5. Avoine , . . # º9 71 * Je - 6o
6. Sarrasin. . . - - 64° •- - -
moyenne-entre tous ces resultats, comme ex 7. Pois. fevero
primant avec plus d'exactitude la valeur nu les , vesces. . . 66 - 4o
tritive comparative des diverses substances 8. Son d « seigle 29 - -
9. Tourteaux de
alimentaires, mais nous pensons que par cette graines oleag. . - 4a no3
méthode on ne parviendrait qu'imparfaite S. Châtaignes et - 4º - 5o - Mo
glands. . .. • . - - l- - - 75
me11t au but désiré, parce que, comme nous
venons de le dire, les ev périmentateurs ne
sont pas tous partis de la même base et n'ont Les résultats donnés par THAER reposent en grande
pas été guidés par les mêmes principes; nous parte sur les analyses déjà anciennes d'E, NHoFF ;
croyons qu'il serait préférable de faire choix quelques-uns, cependant, sont empruntés à des obser
des résultats des divers agronomes qui se vations directes, entre autres ceux qui concernent les
rapprochent entre eux et quand ces résultats betteraves, les choux et les raves.
nont pas été empruntés les uns aux autres. Ceux de M. BLocx ont tous pour base des observa
tions pratiques ; mais l'auteur les a combinés, du
moins en partie , avec d'autres données relatives à la
468 ADMINISTRATION RURALE. LIV, V1I.
culture du sol. C'est ainsi qu'on explique la valeur re Luzerne sèche, 2° qualité, ou foin de 1r° qualité. 1oo
lative très faible qu'il assigne au froment, et la valeur Tourteaux de lin. . . . . • . . 57
élevée qu'il donne à la paille; le 1" parce qu'il est Orge (pesant 132 livres par hectol.) . . . 47
Pommes de terres crues. . . . . . .. 187
d'une conservation facile, d'une vente nécessaire et
id. cuites. - - - . .. 173
aisément transformable en argent, et la seconde parce Pommes de terre cuites, mais pesées avant la cuis
qu'elle est dans les circonstances qu'il a en vue d'une 30Il •• • • • - - - - - , 162
grande valeur comme élément du fumier. Les racines, Betteraves de la variété blanche. . . . 220
dans plusieurs de ses résultats, offrent aussi un rapport Carottes. . . . . • • • • 307
moins élevé que dans ceux des autres expérimenta
teurs, parce qu'elles sont d'une conservation plus diffi M. SPRENGEL, d'après ses recherches analy
cile et donnent lieu à plus de travail quand on les tiques sur la valeur relative des pailles diverses
utilise comme fourrage. La plupart des nombres don qu'on recueille en agriculture et qui sont em
nés par M BLocx ne sauraient donc ainsi être d'une loyées, soit à la nourriture des bestiaux, soit
grande utilité dans les cas les plus usuels , et il est a # former la litière qui, mélangée à leurs excré
regretter qu'un observateur aussi judicieux et aussi mens, forme les fumiers, a classé ées substan
exact n'ait pas fait connaitre la valeur comparative, ab ces, suivant leur valeur décroissante, de la
solue des diverses substances telle que sa pratique la manière suivante.
lui a fait connaître, et en dégageant ses résultats de
toutes les combinaisons dont il a jugé à propos de les Valeur relative des pailles comme four
rage.
compliquer.
Quant aux résultats de M. PETRI, ils sont en partie 1o Paille de millet. 5o Paille de pois. 9° Paille de seigle.
( ceux marqués d'une astérique ), empruntés à des ex 2° — de maïs. 6° -- de feves. 10o — de froment.
périences faites sur des moutons; relativement aux au 3° — de lentilles. 7o — de colza. 1 1o — d'avoine.
tres, n'ayant pas ses ouvrages sous les yeux, nous igno 4° — de vesces. 8° — d'orge 12°— de sarrasin.
rons où l'auteur les a puisés. \
Dans ses évaluations, ScHwERz a pris pour base et ! Valeur relative des pailles comme litière.
sa propre expérience et une moyenne entre les évalua
tions des agronomes qui l'avaient précédé. 1o Paille de colza. 5o Paille de lentilles. 9o Paille de froment.
M. de CRUD, dans son Economie de l'agriculture, 2° — de vesces, 6o — de millet. 10° — de seigle.
page 350, a donné les nombres que nous rapportons 3° — de sarrasin, 7° — de pois. 11º — de seigle.
ici sans indiquer par quelle voie ils ont été obtenus ;
4° — de feves 8° — de seigle. 12° - d'avoine.
il est présumable que quelques-uns sont empruntés à
THAER, mais que les autres sont dus à l'observation. Il est malheureux que l'auteur n'ait point
Les résultats consignés dans le tableau sous le nom complété son travail par l'analyse compara
de M. PABsT, sont en partie le résumé d'épreuves ten en tive des pailles de millet et de colza qui sont
tête de chacune des séries avec celle du ſoin
tées en grand, et poursuivies pendant plusieurs années,
et en partie dus à des expériences relatives à l'in de prairie naturelle de 1re qualité dont la fa
fluence de l'alimentation sur la lactation dans les bêtes culté nutritive a servi de terme de comparai
à cornes, faites ou recueillies à l'institut agronomique son dans toutes les expériences des agrono
IT162S.
d'Hohenheim. Dans ces résultats, qui paraissent mériter
de la confiance, on suppose que chacune des substances A ces détails nous ajouterons qu'on regarde
mentionnées a été donnée seule ou associée à d'autres ordinairement les résidus de brasserie et de
en quantité proportionnelle à sa qualité et suivant les distillerie de grain comme contenant, les
principes qui doivent servir de guide dans l'alimen 1" 45 à 50, et les autres 35 à 40 p. 0/0 en ma
tation des animaux. tière nutritive de la masse des substances dont
ils proviennent; mais il est assez difficile d'ap
Nous pouvons encore citer comme dignes précier exactement leur valeur, parce qu'elle
de confiance les nombres proportionnels rap dépend du plus ou moins d'épuisement en
portés par M. de DoMBAsLE dans son intéres †º alibile et assimilable qu'on leur a fait
SllDlI".
sant mémoire intitulé : Recherches expérimen
tales sur les propriétés nutritives de quelques Non-seulement l'expérience a démontré que
substances alimentaires pour les animaux (1), oùles substances alimentaires qu'on fait consom
on trouve consignés, dans un tableau que nous mer aux animaux ne possédaient pas, sous le
reproduisons, les résultats qu'il a obtenus sur même poids, la même faculté nutritive, mais
des moutons mérinos soumis à diverses expé elle a de plus enseigné que chacune de ces
riences ingénieuses ; seulement nous rappel substances avait une influence différente sur
lerons, avec l'auteur, que la comparaison de l'organisation des animaux auxquels on les
plusieurs séries d'essais l'ont amené à con donnait; que certaines d'entre elles favori
clure que la luzerne sèche qu'il a employée saient la sécrétion du lait ou lui donnaient des
pour l'alimentation des animaux et qu'il con propriétés particulières; que d'autres étaient
sidère simplement comme de 2° § pou plus propres à augmenter la masse et l'éner
vait être assimilée, sous le rapport de la va ie musculaire; d'autres, l'accumulation de
leur nutritive, au foin de prairie naturelle de a matière graisseuse dans les aréoles du tissu
1" qualité, qui lui a aussi servi au même ob cellulaire, etc. Mais, sous ce point de vue, on
jet, et † s'est réservé, dans des expérien manque encore d'expériences précises et à
ces ultérieures qui malheureusement n'ont peine peut-on citer quelques indications; il
pas encore été entreprises, de fixer avec exac est même présumable que la nature du ter
titude la valeur relative du foin et de la lu rain où les plantes ont végété doit apporter
zerne dans les mêmes conditions. des modifications sensibles dans leurs effets
sur les organes des animaux. Dans tous les SllI" † on devrait la fonder ont été si
cas, on a remarqué que les légumineuses, don peu multipliées que nous n'avons rien à pré
nées en vert, étaient les plantes par excel senter aur ce sujet, si ce n'est les expériences
lence pour l'abondance et la qualité du lait ; de M. BLock sur les rapports en poids des di
que les choux pommés et les carottes étaient verses qualités de foin de prairie, récolté
aussi très propres à cet usage; que les bette dans diverses conditions climatériques et dont
raves, les pommes de terre cuites, les pois, nous avons rapporté les résultats à la page
les féveroles, les résidus de distillerie, etc., 342 et auxquels nous renvoyons le lecteur.
poussaient davantage à la chair et au gras, et Quant au poids des alimèns qu'il convient
que le grain des céréales favorisait singulière de donner aux animaux, ceux-ci présentent en
ment le développement des masses et des for tre eux des différences remarquables et quelque
ces musculaires chez les jeunes sujets, etc. fois considérables. Ainsi, sans parler des es
Au reste, quand on aurait des résultats pèces qui exigent des quantités d'alimens qui
précis sur les propriétés et l'influence des ali sont loin d'être les mêmes, on rencontre,
mens, il resterait encore à s'assurer, par l'ob dans une même espèce, des races qui se dis
servation, si, comme on l'a avancé, les modi tinguent par leur sobriété ou par la faculté
fications que l'on peut opérer au moyen de qu'elles ont de consommer avec profit des
certaine préparation dans ces substances ali alimens assez grossiers ou de fournir plus de
mentaires font varier aussi leurs propriétés produits utiles ou des produits plus précieux
nutritives, et s'il est vrai que la conversion des avec un même poids et une même qualité
grains en malt ou leur panification augmente d'alimens, tandis qu'il en est d'autres qui,
ces propriétés, s'il est avantageux de hacher sous le même §
et sans donner plus de
Jes fourrages secs, de les faire macérer dans † veulent, pour profiter, des alimens
des liquides chauds et de les faire consom eaucoup plus délicats et en plus grande
mer sous forme de soupe, etc. Enfin, il fau abondance.
drait examiner l'influence des différens alimens Il en est de même du tempérament des ani
sur les espèces; car il paraît bien démontré que maux ; on en trouve dans une même race
les diverses substances et même les substan qui, pour un même poids vivant, à âge égal et
ces sous différens états n'agissent pas de à l'état sain, pour une même quantité de pro
même, c'est-à-dire ne produisent pas des ef duits et de la même qualité, ont besoin d'une
fets identiques sur les diverses espèces ou masse moindre de substances alimentaires
même les races d'animaux. que d'autres bêtes qui, sous tous les autres
rapports, paraissent être dans des conditions
$ III. — De la quantité de substances alimentaires parfaitement identiques.
nécessaire aux bestiaux. L'äge apporte aussi d'importantes modifi
cations à la quantité de matières alimentaires
La quantité de substances alimentaires qu'il que consomme un même animal, et tout le
convient de donner à un animal dépend, d'une monde sait que c'est dans le moment de leur
part, de son espèce, de sa race, de son âge, de croissance que les animaux, proportionnelle
son tempérament et de sa taille, et de l'au ment à leur poids, consomment la plus grande
tre, de la nature et de la qualité des alimens, masse d'alimens, et que cette consommation,
et enfin du but qu'on se propose.
Relativement à la nature des matières ali
† se soutient à peu près au même taux pen
-
firmé comme loi générale et démontré qu'il Ceci posé, il trouve à son tour qu'on pouvait re
existe un rapport constant entre le poids des garder comme démontré par ses expériences,
animaux vivans et la quantité d'alimens qu'ils que la quantité d'alimens nécessaires au soutien
consomment pour produire un résultat donné. de la vie dans une race donnée d'animaux est
Si on prend pour terme de comparaison, ou exactement proportionnelle au poids de leur
nourriture normale, le foin de prairie natu cor s, et que, pour des moutons mérinos adul
†
relle de 1r° suppose que les ani tes, la ration d'entretien est très approximative
maux sont dirigés et nourris d'après les prin ment de 15 liv. (7 1/2 kilogr.) de bon foin pour
cipes que la science enseigne, que les indivi 440 liv. (* 20 kilogr.) en poids des animaux,
dus sont sains, que leurs organes digestifs sont ou de 3 4/10 liv. pour 100 liv. de poids des ani
dans un état parfait d'intégrité et qu'ils sont maux pesés à jeun (3 kilogr. 330 gram. pour
dans l'âge adulte, mais plutôt dans les 1" an 100 kilogr.). Enfin que, relativement à l'en
nées de cette période de leur existence, et grais de la même race d'animaux, il résul1e
enfin qu'ils ne sont pas d'une corpulence ex clairement de toutes ses expériences : 1° que
apprend que la portion des alimens que reçoivent les ani
traordinaire, M. PABsT nous constamment
da s ces circonstances il a maux d l'engrais qui est employée au simple sou
trouvé que, pour 100 kilogrammes du poids vi tien de la vie, s'accroît , mesure que l'engrais
vant des animaux, les bêtes à cornes avaient be sement avance, c'est-à-dire que le poids des ani
soin journellement de 1 1/2 à 1 3/4 kilogr. de maux augmente; 2° que la quantité d'alimcns
bon foin pour être maintenues en bonne cond excédant cette portion et qui est employée à la
tion, mais sans en exiger de produits Il ajoute : production d'un quint. mét. de graisse, peut s'é
qu'il a aussi vérifié et trouvé suffisamment valuer, pour les moutons mérinos, de 320 d 410
exacts les résultats donnés par M.BURGER dans kilogr. de foin.
son Manuel d'agriculture, savoir : qu'un bœuf Nous donnerons encore ici quelques résul
de trait, pour être en état de soutenir le travail, tats, tant du rapport du poids des animaux à
et une vache laitière, pour donner constamment celui des alimens qui leur sont nécessaires
un produit moyen en lait, exigent par jour qu'au volume de ceux-ci. Nous empruntons
2 /2 à 3 kilogr. de bon foin par chaque 100 ces résultats au 2° volume de l'excellent ou
kilogr. de l'animal sur pied; mais que le 1°r vrage publié par M. BLocx, sous le titre de :
nombre, ou 2 1l2 kilogr., lui a paru mieux Documens relatifs d des expériences agrico
convenir aux bœufs de trait, et le 2e, ou 3 les, etc.
# aux vaches laitières, et que celles-ci
· ont besoin d'un poids qui se rapproche d'au Cheval. On suppose qu'un cheval de labour de taille
tant plus de ces 3 kilogr. qu'elles sont elles moyenne, employé journellement au travail, a besoin,
mêmes d'un poids moins considérable. Quant constant desanté et
pour être entretenu dans un état
aux animaux qu'on engraisse, il établit comme de vigueur, de 5 kilogr. de grain par jour. L'avoine
règle générale et en supposant toujours que le grain le plus propre pour cet objet ; mais l'auteur
" les alimens sont de bonne qualité ou préparés est
admet que 1/3 de cette céréale peut être rempla é par
avec soin et distribués avec intelligence, qu'un
bœuf à l'engrais, pour prendre le gras avec du seigle ou de l'orge, ce qui ne peut nu re à la santé
et à la force de l'animal. Il évalue d'abord les grains au
'promptitude et perfection, a besoin, pendant tout poids, qui paraît assez propre à servir de régulateur à
# temps que dure cette opération, d'un poids leur qualité nutritive, et non à la mesure, parce que
d'alimens, réduits en foin, double de celui qui des différences trop considérables dans
lui serait nécessaire à l'etat maigre pour être en l'avoine offre
état te soutenir un travail journalier, c'est-à le rapport qu'elle présente entre son poids et son vo
lume. Il suppose aussi que la paille qui sert à la nour
dire qu'en supposant qu'ii reçût , par jour, riture est hachée et enfin au total du poids journaler
dans ce dernier cas, 2 1j2 kilogr. de bon ſoin
ou l'équivalent en toute autre nourriture, il ou annuel des alimens il ajoute celui de la paille qu'on
donne en litiere à l'animal.
aurait besoin, pendant toute la période de
l'engraissement, de 5 kilogr. de bon foin par , Ces suppositions étant admises, il trouve qu'un che
jour, et par 100 kilogr de son poids vivant à val exige en poids une nourriture ainsi composée :
|§ maigre. Chez un animal qui serait déjà
fort avancé dans la période de l'engraisse Journaliere. Annuelle.
1° Grains 1 seigle. . 1 kil. 5oo gr. 547 kil. 5o
ment, ce rapport ne serait plus que de4kilogr. avoine . . . , 3 5 00 1,277 50
de foin pour 100 kilogr. du poids de :'animal 2° Fourrages 1 foin . . . 2 50ſº 912 50
sur pied, et de 4 112 kilogr. en prenant une paile hachée. . 4 250 1,55 1 23
moyenne entre son poids à l'état maigre et Total de la nourriture. 11 7so | 4,28s 75
celui qu'il atteindra quan l il sera gras. 3° Litiere ; paille. . . . 2 500 912 50
Dans les recherches expérimentales quiont Total de la consommation -
kil gr. sur pied. a besoin journellement, pour son ali - Nourriture d'hiver 1 1 à 13 décim. cub. ou 22 à 26 decim.
mentation complete et productive pendant l'époque de , eub. par 1 oo kil.
la nourriture verte, de 4o à so kilogr. de trèfle vert ou En roiDs, 7 à 1o kil. pour la nourriture d'été et 4 à 5,5
l'équivalent en autres alimens verts, et de plus, de 2 à kil. pour la nourriture d'hiver, pour chaque quintal metrique
du poids des animaux vivans, ou 2, 80 à 3 kil. quand la nour
2,50 kilogr. d'alimens secs, foin ou paille hachée, et riture est reduite en foin sec, pour 100 kil. de toutes bêtes
que cette même va he, pour sa nourriture d'hiver, re du troupeau. •
tière, et que nous avons même fait connaître Il existe peu d'expériences sur le poids
aux pag. 111 et 112 leur valeur comparative. comparatif des fumiers à différens états.
Dans ce chapitre, nous nous proposons seule M. BLock estime que le fumier de bêtes à cor
ment de traiter, sous un point de vue général, nes, nourries avec des alimens secs, contient
de l'emploi et de laproduction des engraismix 75 p. 0/0 de son poids d'humidité et 80 quand
tes, désignés plus particulièrement sous le les alimens sont donnés en vert. Dans des
nom de fumiers, qu'on est généralement obli expériences faites en 1830 par M. le baron de
gé de produire sur la ferme même, au moyen VoGHT, pour s'assurer de l'action des engrais
des machines ou instrumens que nous avons sur la production, ce savant agronome a trou
nommés bêtes de rente, et qui sont les ré vé que divers fumiers, ainsi qu'un compost,
sidus des substances végétales que ces ani présentaient, par pi. cube, les poids sui
maux ont consommées comme alimens, et de VaIlS :
leurs boissons unies à quelques autres matiè Bœufs. Fumier gras. . . . 26 kilogr.
res qui leur ont servi de litière. . Id. rais. . . . 21,5
Les fumiers que produisent les animaux do Chevaux. Fumier gras. . . .. 17,25
mestiques qu'on entretient sur les établisse Id. après 8 jours de
ImenS I'lll'allX # par leur nature et par fermentation. .. 13,62
leur action sur la végétation suivant l'espèce Id. frais. . . . .. 13,50
des animaux. En outre, on remarque dans Compost de 213 fumier frais de
leur effet, même dans une seule et même es - de bœuf et 1f3
èce, bien d'autres différences, dues tantôt à terre grasse, ga
a qualité plus ou moins nutritive des aſimens, zon et herbes pa
à leur abondance, à l'âge des sujets, à leur rasites . . . . 30
condition hygiénique, à l'état de solidité ou de Une fois fixé sur la nature et la qualité du
fluidité des déjections, aux matières sur les fumier †
se propose d'employer ou qui lui
uelles on reçoit celles-ci, à l'état de macéra servira de terme de comparaison, l'adminis
tion ou de décomposition dans lesquelles on trateur, pour organiser d'une manière régu
applique ces fumiers, etc. Ces variations infi lière le service des engrais, doit discuter les 2
nies pouvant difficilement être prises en con points suivans : -
Puisque les matières organiques qui con que leurs élémens puissent servir à la nutri
stituent la richesse d'un sol se décomposent tion des végétaux ; il s'ensuit que le degré
peu à peu pour subvenir à la nutrition et au de fécondité qu'on communique à des terres
développement des végétaux, il en résulte na par une fumure donnee en même quantité
turellemcnt qu'une terre de laquelle on exige avec un fumier de même espèce et qualité et
une récolte de plantes épuisantes perd plus ou dans un même système de culture et d'amé
moins de sa richesse, et que cette perte est nagement est loin d'être le même. ll y a plus;
d'autant plus considérable qu'on lui demande il est impossible, sans porter préjudice à la
successivement un plus grand nombre de ré végétation des plantes précieuses, de donner
coltes. Le sol devient donc peu à peu moins aux terres une quantité d'engrais supérieure
fécond à mesure que le nombre des récoltes à leur puissance ou à celle qu'elle peuvent
successives augmente et qu'il abandonne aux élaborer pour la nutrition de ces végétaux ou
plantes les sucs nourriciers qu'il contenait, et † ceux-ci doivent s'assimiler dans un temps
cet appauvrissement peut aller au point qu'il onné pour remplir le but de leur culture.
ne donne plus que des réco1tes dont la valeur Ainsi, tout le monde sait que, dans les terres
ne surpasse pas les frais de culture ou reste actives où on depose une trop grande quantité
même au-dessous. d'engrais, les céréales prennent en hauteur
Il est rare qu'on laisse descendre les terres un développement trop considérable et qu'el
en culture à ce degré d'épuisement, et, en les versent, et il n'est pas d'agriculteur qui ne
général, on maintient leur richesse en leur res sache que, dans les sols légers et sablonneux,
tituant de temps à autre, par des engrais, la il est bien plus profitable d'employer le fu
quantité de matières organiques qui ont été mier en doses plus petites et plus fréquem
consommées par la production des plantes ment répétées. Cette différence est encore ac
épuisantes. crue par le climat, l'exposition, divers phé
Une terre en culture, en quelque état nomènes physiques, le mode de culture et
u'elle se trouve au moment où l'on vient d'aménagement, circonstances dont il est très
'en tirer plusieurs récoltes de végétaux pré difficile de tenir compte quand on traite
cieux, à l'instant où se termine le cours de la d'une manière générale le sujet qui nous oc
rotation qui lui a été appliquée et où l'on va Cll O6 .
lui distribuer de nouveau des amendemens ou § comprend néanmoins, d'après ce qui
des engrais, possède ordinairement encore as précède, les principes qui doivent servir de
sez de puissance ou de richesse pour donner uide toutes les fois † s'agit de déterminer
† roduits. Cette § produire es époques auxquelles il convient de renou
que le sol conserve encore est ce que THAER veler les fumures sur une terre quelconque et
appelle sa fécondité naturelle. L'instant où il la quantité de fumier qu'il est nécessaire de
faut cesser de demander à la terre des récol lui donner.
tes de végétaux précieux et où il est néces En règle générale, on doit renouveler la fu
saire de lui restituer, par des amendemens ou mure assez souvent pour que la fécondité na
des engrais, la puissance et la richesse qu'elle turelle du sol ne descende jamais au-dessous
a perdue par la production, a été désigné par du degré qu'elle a déjà atteint, et souvent
M. de WULFFEN par l'expression de point même fixer le point d'arrêt de façon que la
d'arrêt, parce que c'est celui où il faut s'arrê richesse s'accroisse graduellement jusqu'à la
1er si l'on ne veut pas diminuer sa fécondité limite que comporte la puissance ou l'activité
naturelle ou acquise, et celui au-dessous du du sol. .
quel on cesserait d'obtenir le produit net le De même, on doit fumer en quantité suffi
plus considérable ou du moins un produit sante, non-seulement pour conserver au moins
suffisant pour rembourser les frais de pro à la terre son degré de fécondité naturelle,
duction. mais en outre pour faire l'emploi le plus utile
La fécondité naturelle d'une terre est sus et le † économique de la force du fumier,
ceptible de s'élever ou de s'abaisser suivant les c'est-à-dire que le fumier doit être en quantité
circonstances. Par exemple, on l'accroît lors proportionnée à celle que la puissance du sol,
que, par des amendemens bien choisis, don aidée par un mode raisonné de culture, peut
nés à certains intervalles et en quantité suffi utilement décomposer et élaborer successive
sante, ou par des façons multipliées, on aug ment pour la nutrition parfaite et le dévelop
mente sa puissance. De même on l'élève suc pement complet des végétaux utiles qu'on
cessivement quand on accroît sa richesse en cultive.
lui distribuant une quantité d'engrais supé Les céréales étant les produits cultivés les
rieure à celle que les récoltes successives ont plus précieux pour l'homme, et leur produit
pu consommer. On entretient cette fécondite étant, avec un bon mode de culture, daus un
si les amendemens et les engrais sont distri rapport direct avec la fécondité du sol, c'est
bués à des époques et en quantités telles que, leur production qui sert à mesurer la richesse
ehaque fois qu'on les renouvelle, la terre soit ou l'épuisement des terres.
arrivée au même degré d'épuisement ou au Ce serait ici le lieu de montrer comment
même point d'arrêt. Enfin, la fécondité dimi on peut parvenir, par les principes de l'agro
nue successivement quand on la laisse des nométrie, à déterminer la quantité de ri
cendre au-dessous de ce point et du degré de chesse qu'il convient de donner aux terres de
puissance et de richesse qu'elle possédait en diverses puissances pour ohtenir divers ré
core à la fin du cours des rotations anté sultats ou comment on mesure son épuise
rieures. ment par des récoltes successives ou des cul
Tous les sols ne possédant pas la même puis tures variées ; mais cette partie de la science
sance ou activité pour décomposer les engrais est encore trop compliquée et trop incertaine
et les amener successivement à un état tel | |pour qu'on
q puisse
p la développer
pp dans un ou
CHAP. 7e. DE LA CONSOMMATION DES ENGRAIS. \
475
vrage de la nature de celui-ci; aussi nous bor En remplaçant le grain par un poids égal de foin on
nerons-nous aux aperçus généraux précédens a donc s,340 kil. qui, transformés en fumier, doivent
pour passer à des théories plus simples et ( en multipliant par 2,5), en donner 12,350 kil., ou
d'une application plus facile. à peu près 123 quint. mét. Le terrain en question ap
· Les terres arables, sous le rapport de la fé partient donc à un sol moyen.
condité, offrent des différences si considéra 3° Le sol pauvre est celui dans lequel la paille ré
bles que, pour ne pas entrer dans des détails coltée et l'équivalent pondéral en foin du grain produit
trop étendus, on a été contraint, toutes les ne suffisent plus pour entretenir la fécondité de la terre
fois qu'on veut s'occuper de leur culture quand on les transforme en fumier. Ce sol est partagé
d'une manière un peu générale, de les classer en sol chaud et en sol frvid, ou mieux en sol actyfet
en un certain nombre de groupes naturels, en sol paresseux.
en laissant à l'intelligence # cultivateur le Par exemple, il est facile de calculer qu'un terrain
soin d'apprécier les nuances qui séparent qui exigerait 500 quint. mét. de fumier pour donner
chaque groupe et de modifier en conséquence 3 récoltes de grain, et qui ne produirait que 12 hect.,
les applications. M. de WULFFEN, en s'ap serait un sol pauvre dans l'acception attachée ici à ce mot.
puyant sur l'expérience des agriculteurs et En admettant cette division des terres par M. de
sur les principes de l'agronométrie, à laquelle WULFFEN, on peut évaluer les fumures d'après les rè
il a fait faire d'importans progrès, a, daus un gles générales suivantes, en s'occupant en 1°r lieu du
ouvrage publié depuis peu d'années (1), cher sol moyen qu'on peut considérer comme un terrain
ché à classer les terres et à évaluer la quantité propre à servir aux autºs de terme de comparaison.
d'engrais qu'elles réclament, en tenant compte A. Sol moyen. — a. Dans ce sol la fumure est ré
des différences principales qu'elles présen glée suivant le plus ou moins d'activité et de puissance ;
tent sous le rapport de la puissance et de la celui qui est actif a besoin d'une fumure plus fré
richesse, et à présenter une théorie simple quente et moins abondante, et celui qui ne l est pas
our conserver celle-ci ou l'accroître. Voici
autant d'une fumure plus abondante et moins répétée.
es bases de sa classification des terres, qu'il Il convient rarement au sol moyen de fumer plus sou
partage en sols riches, moyens et pauvres : vent que tous les 3 ans, et encore moins est-il conve
nable de prolonger au delà de 6 ans le retour de la fu
1° On doit considérer selon lui comme un sol riche mure, à moins qu'on intercale dans la rotation des
celui qui, dans une récolte de céréales, fournit une plantes fourragères vivaces. — b. Lorsqu'on veut ob
quantité de paille telle qu'ajoutée à une quantité de tenir de suite deux récoltes de plantes épuisantes (cé
foin égale en poids au grain qu'elle a donné, le tout réales, pommes de terre, betterave, lin, colza, navette,
transformé en fumier soit plus que suffisant pour ré cameline, tabac, cardere, etc. ) sur une fumure, as
parer la richesse enlevée à la terre par cette récolte de surer leur succes et conserver la fécondité naturelle du
gra1n. -
Quand le fumier est pailleux, sec, non aplati ni mier normal par hectare, suivant que le sol est plus
macéré, on doit en employer davantage, et en raison ou moins froid ou cohérent. — d. La richesse que le
inverse de son poids comparé à celui du fumier normal. sol acquiert par une culture fertilisante est, comme
Un bon fumier de bêtes à laine doit être répandu dans dans la division précédente, très diverse et peut être
la proportion de 1/3 de moins environ (THAER dit un estimée entre 120 et 140 quint., et quelquefois plus
quart). Le purin employé à raison de 40 à 60 charges encore. — e. Selon les circonstances, l'écobuage peut
de cheval de 20 pi. cubes chacune, équivaut à 100 être mis en usage dans ce sol avec beaucoup d'avan
quint. de fumier normal. Le pacage pendant une nuit tage et procurer une importante économie de fumier.
de 1 8o à 200 moutons bien portans et de taille moyenne, Il est bien entendu que, lorsqu'on a déterminé la
sur 2 ares 5o centiares (72 à 80 moutons parare), équivaut fumure normale qui convient à un sol pour un certain
à une demie fumure normale.Un engrais vert ou une nombre de récoltes épuisantes, l'accroissement de ri
récolte de plantes enfouies en vert a une action fertili chesse que les cultures intercalaires de plantes fertili
sante qui varie suivant les circonstances, mais qu'on santes ou la jachère complète procurent à la terre doi
peut évaluer en moyenne à 80 ou 1oo quint. de fumier vent venir en déduction de cette fumure proportion
normal par hect., et dans les cas les plus favorables à nellement à la richesse qu'elles lui rendent.
120 et même 140 quint.
B. Sol riche. Dans ce sol, il paraît convenable de Lorsque nous nous sommes occupés de l'estimation
donner, dans les mêmes circonstances, au moins la même des domaines ruraux, nous avons, dans le paragraphe
quantité de fumier qu'au sol moyen,et il est souvent même relatif au mode de culture applicable aux terres ara
nécessaire d'en augmenter les doses. Il n'y a guère que bles comme basedel'évaluation de leur produit(p. 355),
les sols qui possèdent une richesse extraordinaire et qui adopté, d'après M. KREIssIG, quelques principes géné
font partie de cette catégorie, auxquels on puisse, si on raux qu'il est peut-être utile de rappeler ici, au moins
ne leur demande que des récoltes ordinaires, diminuer en ce qui concerne la consommation des engrais.
la proportion des engrais. Dans ces terrains il paraît Nous sommes d'abord partis du principe que 5 ré
conforme aux principes de fumer fortement, puis d'en coltes de céréales bien développées, moissonnées à l'état
tirer une récolte très épuisante ou d'y cultiver des de maturité et produites avec l'abondance que com
plantes qui consomment une forte proportion de la ri portent les circonstances ordinaires, dans une terre en
chesse du sol et paient largement les frais de fumure, bon état, épuisaient la richesse communiquée au sol par
et après celle-là de leur faire produire encore plusieurs une fumure en bon fumier d'étable donnée en une ou
récoltes épuisantes. plusieurs fois en quantité convenable; que ce rapport
C. Sol pauvre. Les sols pauvres se partagent, comme entre la fumure, la production des grains et l'épuise
nous l'avons dit, en 2 classes qu'on ne doit pas traiter ment du sol paraissait être la combinaison la plus pro
de la même manière. pre à faire obtenir le produit net le plus élevé. Nous
1° Les sols pauvres et chauds doivent être dirigés avons ajouté qu'il fallait tenir compte dans l'établisse
d'après les principes qui suivent. — a. Après une fu ment de ce rapport de la richesse que le sol acquiert
mure on ne doit jamais en exiger de suite plus de 2 par les années de pâturage ou par la décomposition des
récoltes épuisantes. — b. Cette fumure pour ces 2 ré chaunes et racines de certaines récoltes intercalaires,
coltes doit être, en moyenne, la même que celle qu'on ou à la portion de richesse qui peut lui être enlevée
donne aux sols moyens (280 quint. de fumier normal par des récoltes de plantes ou racines fourragères; que
par hectare), lorsqu'on veut porter la terre au plus haut le fumier frais et non macéré, qui n'est pas propre
degré de fécondité qu'elle puisse atteindre. Rarement à la production des grains farineux, pouvait donner
ce terrain supporte cette quantité d'engrais et la plu une 1r° récolte de plantes fourragères qu'on fauchait
part du temps il faut se contenter de lui donner 240 en vert sans que la terre y perdît rien de sa faculté de
quint. pour 2 récoltes épuisantes, mais sans espérer, produire du grain ; et enfin, que 1 pi. cube de bon
dans ce cas, en accroître la fécondité. - c. Dans les fumier d'étable, obtenu de la consommation des pailles
sols inférieurs de cette division , il est constamment et fourrages , restituait à la terre autant de richesse
préférable de ne donner qu'une demie fumure et de que lui en avait enlevé 1,870 gram. de grains avec
n'exiger ensuite qu'une récolte épuisante, ou bien leur paille, en sus de la semence.
une fumure normale qu'on fait suivre d'une culture Malheureusement l'estimable auteur auquel nous
épuisante, à laquelle succède une culture fertilisante avons emprunté ces détails n'a pas fait connaître l'état
( ordinairement dans ce terrain un pâturage); puis une dans lequel se trouvait le fumier dans les expériences
2° culture de plantes épuisantes.— d. L accroissement qui ont servi de base à ces règles de pratique ou le
de richesse dans ce sol dû à l'intercalation d'une cul poids du pi.cube du fumier sur lequel reposent en par
ture fertilisante dépend du degré de richesse qu'il pos tie les évaluations. Néanmoins comme, selon lui, il
sede déjà et de sa qualité; on peut l'évaluer de 12o à faut, pour obtenir le produit net le plus considérable,
240 quint. de fumier par hectare. — e. Une jachère appliquer le fumier avant qu'il ait subi une macéra
complète convient rarement à ce sol; une jachere d'au tion aux plantes qui peuvent en cet état y trouver un
tomne, après le pâturage , réussit mieux ; celui-ci et aliment, telles que des récoltes fauchées en vert ou des
la jachère peuvent enrichir le sol dans la plupart des pommes de terre, nous devons supposer que celui
cas comme une demie fumure normale, ou 120 à 140 dont il conseille l'usage est un fumier de bêtes à cor
quint. nes de bonne qualité, non consommé, mais à l'état
2° Les sols pauvres et froids qui sont dépourvus frais, et par conséquent ne pesant pas au - delà de
d'activité donnent lieu enfin aux observations sui 20 à 22 kilogr. le pi. cube. En évaluant d'après les
vantes. — a. Dans ce sol qui comporte une forte fu règles posées dans ledit paragraphe la richesse com
mure en une seule fois, mais qu'on n'est pas toujours muniquée au sol par l'enfouissement des racines de
en mesure de lui donner, la fumure normale est de treſle, nous voyons, dans le tableau de la page 34o, que
560 à 4oo quint. de fumier normal par hectare pour les quantités l'engrais qu'il propose de donner par hect.
5 récoltes épuisantes, ou de 440 à 480 pour 4 récoltes pour 5 récoltes de grains, dans le système de la sta
de ce genre. — b. Il est de règle d'intercaler entre ces bulation permanente et celui du pâturage, aux terres
3 ou 4 cultures épuisantes une récolte qui repose ou de différentes espèces et classes, sont en quint. mét.
enrichisse le sol, ou une jachère complète. — c. Cette les suivantes :
dernière peut être évaluée à 1 00 ou 1 20 quint. de fu
CHAP. 7°. DE LA PRODUCTION DES ENGRAIS. 477
quint. mét.
|-
quint mét.
Mais, pour que ces résultats deviennent com
Terres à froment.
1re classe . •
26 -
• • • • 684
548
784
628
† il faut tenir compte de l'état et de
3e - . ..
-
•
- -
•
-
•
-
•
-
. 392 472
a nature des alimens et prendre, ainsi que
4e - . - • • • • 284 524 nous l'avons fait, pour unité de mesure, un
Terres à seigle. .
1re classe. .. •
.
•
.
• •
-
• 58o 66o
fumier d'un certain poids sous un volume
18 - • • • • • • • 35s 66o déterminé, et arrivé à un état fixe de décom
3e – . 2oo 28o | position après avoir été soigné et travaillé
4e - . .. • • • • • 20O 5oo
Terres à céréales de printemps.
convenablement. Quand ces conditions sont
1re classe. . . .. • • 229 42o remplies, les expériences en grand ne tardent
26 - • • - 18o 24o
5e - • • • • • V . 18o 28o pas à démontrer que la quantité de fumier
4e - • • • • • • • 8o 100 ainsi produite par des animaux adultes et
sains, nourris constamment à l'écurie ou à
l'étable et dont on recueille toutes les déjec
tions, était constamment dans un rapport fixe
SECTIoN II. — De la production des engrais. pour chaque substance alimentaire, avec la
uantité de ces substances qui passent comme
Après avoir examiné dans le paragraphe alimens à travers le corps des animaux et avec
récédent quelle est, dans les cas ordinaires, les matériaux qui leur servent de litière.
a quantité de fumier qu'il convient de don Les diverses espèces d'animaux qui garnis
ner aux terres de diverses qualités ou appar sent un établissement rural ne fournissent
tenant à des classes diverses, afin de faciliter pas le même rapport entre le poids de leurs
le calcul de la consommation des engrais dans alimens et de leur litière et celui de leur fu
les établissemens ruraux, il s'agit maintenant mier; mais on est convenu de prendre pour
de déterminer comment on peut parvenir à type les bêtes à cornes, qui sont les animaux
produire cette quantité de fumier ou à met par excellence de l'agriculture, ceux qui four
tre la production des engrais au niveau de nissent le fumier le plus propre à toutes les
cette consommation. cultures et en plus grande abondance, et
Dans les considérations où nous allons en comme il faut être bien fixé sur l'état plus
trer, nous supposerons qu'on est placé dans ou moins avancé de décomposition ou d'hu
la situation la plus défavorable, c'est-à-dire midité dans lequel peut se trouver le fumier,
† ne peut se procurer des fumiers au les auteurs paraissent avoir généralement pris
ehors et qu'on est obligé de les produire pour terme de comparaison le fumier que
soi-même sur la ferme. Dans ce cas, il ne faut nous avons appelé normal, et qui contient,
compter que sur ses animaux de trait et sur terme moyen, 75 p. 0ſ0 d'humidité.
ses bêtes de rente, qui sont les vrais produc On possède déjà un assez grand nombre
teurs des engrais et qui les produisent à un de résultats d'expériences sur cette matière,
prix d'autant plus modique qu'ils paient à un mais tous les expérimentateurs n'ont pas opé
taux plus élevé les fourrages qu'on leur fait ré d'après les mêmes principes. Les uns ont
COInSOIIlIIl6ºI". pris pour base la faculté nutritive des ali
-
Dans un assez grand nombre d'ouvrages mens, les autres leur poids à l'état de siccité;
sur l'agriculture, on nous apprend qu'une quelques-uns ont calculé la quantité de fumier
téte de bétail ou un certain nombre d'entre produite d'après la consommation des matiè
elles fournissent annuellement tant de chars res alimentaires et de la litière prises ensem
de fumier, et, dans la plupart des établisse ble; tandis que d'autres ont tenté une évalua
mens, on ne calcule pas autrement pour con tion séparée. Ainsi, MEYER, THAER, de THU
naître approximativement la quantité d'en NEN, KoPPE et de WULFFEN ont pris pour
grais qu'on produit. Cette méthode manque base la faculté nutritive des alimens, M. BLoCK
cependant d'exactitude, car, indépendamment et ScHvvERz leur poids à l'état sec, sans nier
de l'incertitude de la mesure, tous les auteurs toutefois que la faculté nutritive des alimens
ne donnant souvent ni la capacité des chars n'ait une très grande influence sur la qualité
sur lesquels ils chargent le fumier, ni le poids du fumier. MEYER, M. BLoCK et SCHvvERz cal
de celui-ci sous un volume donné, on conçoit culent séparément le rapport du fumier pro
que la quantité de fumier que produit un ani duit aux alimens consommés et à la litière ;
mal dépend de son espèce, de sa race ou de THAER, KoPPE et de WULFFEN établissent ce
son poids, de l'abondance ou de la parcimo rapport sur les 2 matières ensemble.
nie avec laquelle on lui distribue ses alimens Voici maintenant les résultats obtenus par
et sa litière, de son † hygiénique et du ces savans agronomes :
système adopté dans l'économie du bétail ;
sans compter les différences que l'espèce et la MEYER, auquel appartient la priorité dans ces sor
nature des substances alimentaires apportent tes d'expériences, suppose que le bétail pâture en été
dans cette quantité.Aussi les chiffres qui ont et est nourri en hiver uniquement avec du foin et de
été donnés d'après ces bases diverses sont-ils la paille, et que celle-ci entre au moins pour moitié
loin d'être d'accord entre eux, et croyons dans ce régime. Il établit ensuite que, 1 partie de foin
nous pouvoir nous dispenser d'en rapporter donne 1,8 partie de fumier, et 1 de paille 2,7 de fu
ici la série assez nombreuse, quelque respec mier, et qu'en conséquence 1 de foin et 5 de paille, y
tables que soient les autorités dont on puisse compris celle de litière, doivent donner au poids, en
les appuyer. moyenne, 2,5 de fumier pour 1 de matière sèche.
Il y a moins de difficultés et on paraît arri TnAER réduit en foin toutes les substances alimen
ver à des résultats plus exacts quand on prend taires données au bétail, comme nous l'avons enseigné
pour base de la production du fumier la quan dans le chap. précédent, puis calcule que la ration de
478 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII,
foin, unie à la paille de litière et le tout pris pour l'an, le fumier est beaucoup plus imprégné et consom -
unité, doit donner 2,5 pour la quantité de fumier. mé que celui d'écurie et d'étable. Les vaches, qui sont
KoPPE établit ses calculs de la même manière, mais tenues constamment à l'étable et ne reçoivent Tue la
il fixe son multiplicateur à 2 seulement, dans la suppo moitié de la ration des bœufs à l'engrais, ont produit
sition que le fumier est abandonné souvent à une lon du fumier à peu près dans la même proportion que ces
gue déconposition et qu'une partie des substances ali derniers, relative,nent à la nourriture.
mentaires disponibles a été consommée par des mou Enfin, nous avons vu (p 558, n° 1) que M. KREIssro,
tons dont le fumier est bien moins abondant. d'apres des expériences faites par lui en 1 s1 8, regar
De THUNEN opère de même et trouve 2,25 pour dait comme démontré que 1 0o kilogr. de matières se
multiplicateur. ches, consistant en 50 kilogr. de foin et 50 kilogr. de
De WULFrEN établit ses calculs d'après un système paille, la moitié de cette dernière étant employée en
qui repose sur des hypotheses particulières, savoir : litiere, donnait 10 pi. cubes de fumier frais qui, au
que 1 partie de grain donne 4,4 parties, 1 partie de poids de 22 kilogr., doonent 2,s pour multiplicateur.
foin 5, 1 partie de paille 2,2, e" 1 partie de pommes Parmi les divers modes d'évaluation du rapport des
de terre 1 de déjections animales Dans son système, substances alimentaires et de la litière consommées
chaque nature d'aliment sert à calculer la valeur in avec le fumier produit, celui de Ml. BLock nous paraît
trinsè lue du fumier et il devient indrfférent qu'on un des plus exacts, parce qu'il évalue séparément la
fasse consommer plus ou moins de paille au râtelier ou quantité fournie par chaque espèce de matière alimen
en litiere. Selon lui, le rapport le plus favorable est ce taire et par la litière, quantités qui varient nécessaire
lui où on consomme 5 de foin et 5 de paille. Dans ce ment dans chaque établissement et en ce que ses résul
cas, son multiplicateur, pour ces 2 substances est, en tats ont tous été empruntés à l'expérience; son multi
movenne, de 2,5. plicateur 2,3, peut être adopté comme celui qu'on
ScHwERz réduit toutes les substances alimentaires à doit réaliser dans la pratique, en supposant qne la
l'état sec, et, en cet état, il les multiplie par 1,7s. nourriture des animaux est de bonne qualité, suffisam
Quant à la paille de litière, son multiplicateur est le ment abondante, que la paille est donnée en litière
nombre 2. dans les proportions indiquées, que le fumier est traité
M. BLocx calcule d'abord le fumier à l'état sec qu'on convenablement, épandu sur les terres dans le moment
obtientd'un poids donné de matières alimentaires. Ainsi, où il est arrivé à l'état de fumier normal et qu'il pro
selon lui, 1oo kilog. de foin ou de paille, consommés vient pour la plus grande partie des bêtes à cornes.
comme alimens, donnent 44 kilogr. ; 1oo kilogr. de Si les unes ou les autres de ces conditions n'étaient
pommes de terre 14 kilogr. de fumier à l état sec ; et pas remplies, il faudrait abaisser proportionnellement
1oo de paille de litiere 95 de fumier sec. Il multiplie le chiffre du multiplicateur qui pourrait, selon les cir
ensuite les nombres ainsi obtenus par 4 pour les éva constances, tomber à 2 ou à 1,8 et même plus bas en
luer en fumier ordinaire de bêtes à cornes modérémeht core. -
fermenté et contenant 75 p ofo d'humidité. Son mul Vovons, avec les élémens que nous possédons, de quelle
tiplicateur est donc, pour les alimens secs, 1.75, et 5,8 manière on parvient à établir les calculs propres à faire
pour la litière ; mais comme il admet que sur 100 connaitre, dans un état 1issement rural, comment on
kilogr. de fourrages secs, les bètes à cornes reçoivent mettra la production du fumier au niveau des besoins
au plus 10 kilogr. de litière, il s'ensuit, en définitive, et on suffira à sa consommation. Pour cela, il faut nous
d'après la méthode estimative de cet agronome, que 1 reporter au tableau de la page 44o ainsi qu'aux prin
de fourrages secs et de litière produisent 2,5 de fu cipes qui lui servent de base, et qui ont été développés
IIl 11* I". dans les pages qui le précèdent. Supposons qu'il s'agit
M. MATHIEU DE DoMEAsLE, dans le 7e vol. des An d'un domaine en terre à fronent de 3° classe, nons
nales de Roville, nous fournit quelques renseignemen» ponvons appliquer aux terres de cette classe l'assole
sur la quantité de fumier produite dans cet établisse ment de 6 années, indiqué au tableau, et qui est le
ment par les bêtes de rente et de trait Dans ces résul snivant : 1° Vesces fumées et fauchées en vert; 2° fro
tats, qui n'ont pas, au reste, été établis sur des recher ment; 3° trèfle, 2 coupes ; 1° trèlle, 1 coupe, puis ja
ches spéciales et suivies, on n'a pas déterminé la quan chère ; 5° froment fumé ; 6o orge ou bien tout autre
tité de litiere que les animaux ont reçue, quoique, dise assolement adapté à la nature et à la qualité de la
l'auteur, elle ait été toujours employée en quantité terre.
suffisante pour absorber les urines. Et, en outre, les L'expérience a démontré que, dans les terres de la
ſuniers des bêtes à cornes et des chevaux ont été me classe ci-dessus, qui sont en bon état, bien aménagées
surés approximativement par voitures à la sortie des et portées au degré de técondité que leur qualité com
étables ou des écuries et avant d'avoir subi la macéra porte on pouvait compter annuellement, terine moyen,
tion nécessaire pour en faire un fumier norinaf Quoi par hectare, pendant le cours de l'assolement indiqué,
qu'il en soit, les chevaux de la ferme de Roviile, qui sur la récolte en grain que voici :
consomment des rations équivalentes à 20 kilogr. de Froment de la 2° sole. . . .. 17 60 hectolit.
foin sec par jour, soit en fourrages verts ou sccs. soit en /d. de la 5°. . . . . .. 15, 40
grains ou autre nourriture, ou 7,500 kilogr. par an. Orge de la 6°. . . . . .. 17,50
fournissent 25 voitures de fumier, du poids moyen de
650 kilogr. chacune, ou 16,000 kilogr. environ, c'est Total du grain . . . . . 50,50
Ces 50,50 hectolit. de grain, réduits en kilogr., à
à-dire 2,22 de fumier pour 1 de fourrage. raison de 76 kilogr. l'hectolit. de froment et 60 celui
Les bœufs à l'engrais. du poids de 5 à 4oo kilogr., d orge, donneront :
qui restent constamment à l'écurie et dont la ration en
foin, racines et tourteaux est approximativement égale 35 hectolit. de froment à 76 kilogr. 2,508 kilogr.
à celle des chevaux, ont fourni 5,47 de fumier pour 1 1 7,59 hectolit. d orge à 60 kil. " . 4,050
de foin. L° bergerie ou la ration journalière est de 1 Total. . . . . . . . . 5,558
kilogr. de foin pour chaque bête adulte, ou l'équivalent Or, si chaque pi. cube de fumier, pesant 22 kilogr.,
en racines ou en nourriture prise a Ul pâturage, etc , donne, dans le cours de la rotation, 1.870 gram. de
ne fournit que 1,64 de fumier pour 1 de foin ; mais grain, on voit que pour produire ces 5, s58 kilogr., il
les moutons passent une portion dc leur temps hors de sera nécessaire d'avoir à sa disposition 1,9o2.25 pi. cu
la bergerie, et celle-ci, n'étant nettoyée que 5 ou 6 fois bes ou 418 60 quint. mét, de fumier.
CHAP. 7°• DE LA PRODUCTION DES ENGRAIS. 479
Calculons maintenant si les fourrages et les pailles y ajoutant s,ss quint., qui représentent les 16 quint.
produits et consommés comme alimens par les animaux de fourrages auxquels on a évalué l'enfouissement des
ou donnés en litière suffiront pour fournir cette quan racines de trèfle, on trouve un total de 444,40 quint. ,
tité de fumier. et comme la récolte ne consomme que 4 18,60 quint., il
Pendant le cours de la rotation ou sur les 6 soles, reste donc 25 ,so quint. qui, à raison de 22 kil. de fu
nous récolterons : quint. mét. quint. mét. mier pour 1,s7o grammes de grain, doivent produire
Paille; froment de la 2° sole. 36 - encore 219 kil. de grains, ou à très peu près le même
— Id. — 5°. . . 32 90 chiffre que celui obtenu précédemment.
Orge de la 6° . . . 22 j Nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire de multi
Vesces fauchées en vert de : 1: plier les exemples du calcul de la consommation et de
la 1re année. . . 32 la production des fumiers dans les établissemens ru
Trèfle de la 3° sole, 2 cou- a« 96 raux, parce que, dans le tableau du chap. ll du tit. II
pes. . . . . .. 48 indiqué ci-dessus, on a donné pour les différentes di
Id. 4°, 1 coupe. 16 visions et classes de terres arables et dans 2 systèmes
différens de culture des calculs tout faits sur cette
Total des pailles et fourrages. . .
maiiere, seulement nous croyons qu'on doit mieux
Maintenant si chaque quintal métrique de substances concevoir maintenant coml ien est compliqué et inté
alimentaires sèches moitié foin et moitié paille, cette ressant sur une terme le service des engrais qui, comme
dernière étant employée par moitié comme litière , on le voit, se rattache, se lie et s'harmonise d'un côté
donne 10 pi. cubes de fumier; les 186 quintaux que avec le service des attelages et celui des bêtes de rente,
nous avons en donneront donc. .. 1,860 » pi. cub. et de l'autre avec le système de culture et d'aménage
Auxquels il convient d'ajouter ment qu'on veut adopter et qui contribue pour une si
pour l enfouissemrnt des chaumes grande part à la prospérité industrielle des établisse
et racines de trèfle, suivant ce que II1t*Il$.
nous avons dit à la page 338, n° 3, On a supposé dans ce paragraphe que toutes les
un tiers de récolte ou 16 quint. terres d'un établissement étaient toutes soumises à la
transformés en fumier, ou. . . 160 »
charrue et qu'on avait été obligé de f ire choix d'un
Total des fumiers produits. 2,020 » assolement tel ou de distribuer l'étend, e des soles de
Or, nous venons de voir que nous telle façon que ces terres puissent se suffire à elles-mê
ne consommions pour la récolte de mes et produisent les pailles et fourrages nécessaires
grains ci-dessus mentionnée que .. 1,902 •s pour leur restituer à peu près, quand le tout aura été
1 17 67
transformé en fumier, la richesse que le sol perd par
Reste donc en surplus. . . la production de récoltes successives. Mais il n'en est
Ainsi dans l'assolement choisi pour notre terre à pas toujours ainsi; souvent on peut se procurer à des
froment de 5° classe, en supposant les bestiaux nourris prix avantageux des engrais au dehors ou bien des
à l' table. non-seulement la production du fumier sera substances alimentaires dont l'acquisition ou la jouis
parfaitement au niveau de la consoinmation, mais il sance modifient les rapports qui doivent exister entre
restera en outre dans la terre apres la rotation une les soles à grains et fourragères, entre la production de
richesse équivalente à 1 17 pi. cub. par hectare et ca ces soles et la consommation des engrais.
pable de produire 2 16 à 2 18 kil. de grain. Quand on peut se procurer des engrais au dehors,
C'est sur des calculs semblables que sont établis rien n'est plus facile, lorsqu'on connait leur rapport en
tous les chiffres portés dans les 6 dernières colonnes poids, à la mesure ou en activité ou force avec du fumier
du tableau de la page 440, afin qu'on puisse embrasser normal de bêtes à cornes, de les faire entrer pour leur
d'un seul coup d'œil tous les résultats des assolemens valeur dans les calculs de la consommation et de la pro
proposés pour chaque espèce de terre. Ainsi, pour les duction des fumiers. On pourra s aider d'ailleurs sur ce
terres à froment de la 5° classe, on y voit, 1" colonne, sujet des renseigncmens qu'on trouve dans notre chap.
que les fourrages produits s'élèvent à 1 s6 quint ; 2° des engrais, au tom. 1", et notamment à la p. 1 12 où
colonne, que l'enfouissement des racines du trèfle équi l'on trouve un tableau de la comparaison des prix, des
vaut à 1 s quintaux ; 5e colonne, que ces 202 quint., doses et des elfets de divers engrais.
transformés en fumier, doivent en fournir 2,020 pi. cub.; Quant aux substances alimentaires, elles peuvent
4e col., que ces 2,020 pi. cub. doivent faire récolter provenir de prairies naturelles ou de pâturages atta
5,777 kil de grain , et 5° col., qu'on n'en a récolté que chés au domaine, ou bien on peut quelque fois s'en
5,558 kil. ; 6° col., enfin que la terre est assez riche procurer au dehors à des prix modérés et avantageux.
encore pour en produire 2 1 6 kil. par hectare apres le Dans tous les cas, il re suffit pas de connaître la quan
cours de l assolement. tité en poids ou en volume des substances qu'on peut
Dans cette colonne le signe + qui signifie plus, in se procurer ainsi, il faut encore être en etat d'évaluer
dique que dans les assolemens indiqués la terre a reçu la quantité de fumier qu'elles fourniront et sa qualité
une quantité de fumier capable de fournir un poids de ou mieux sa valeur comparative avec du fumier nor
grain supérieur à celui qu elle a donné effectivement et mal de bêtes à cornes. Cette valeur parait dépendre
qu'il lui reste encore assez de richesse pour en fournir en grande partie de leur faculté nutritive et de leur
autant que l'indique le chiffre de la colonne, et le si qualité, et le tableau de la page 467 pourrait servir à
gne — qui signifie moins, indique au contraire que la établir cette comparaison.
richesse de la terre a diminué et que le produit effectif M. KREIssic propose pour cet objet une méthode
en grain a été supérieur à la force du fumier. bien simple : « Puisque, dit-il, dans un bon système de
Dans l'exemple précédent nous voyons que les 6 soles culture alterne les terres arables doivent fournir tous
prises ensemble ont donné 186 quint mét. de paille et les fourrages nécessaires pour rétablir, après qu'ils ont
fourrages ; et à raison de 3 kil. d'alimens par 100 kil. été transformés en fumier par les animaux, la fécon
de bestiaux par jour, il faudrait 17 quint. de bestiaux dité que la terre a perdue par les récoltes, il ne s'agit
pour transformer ces alimens en fumier, c'est-à-dire 6 que d'évaluer la quantité de fourrages secs que les
vadhes de 285 kil., Poids vivant; 5 vaches de 540, ou 4 substances qu'on peut se procurer au dehors peuvent
vavtres de 428 ; le famier produit serait ators, en mul remplacer et qu'il n'est plus nécessaire de demander
tipliant les 1 86 quint. par 2,2, de 409,20 quint., et en aux terres arables pour rétablir l'équilibre entre l'é
180 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
Dans un établissement bien dirigé il y a prime ainsi : « Dans toutes les positions de la
presque toujours divers services, distincts de vie sociale, l'ordre que sait établir chaque chef
ceux que nous venons de passer en revue, et de maison dans la consommation de son mé
qui, malgré leur moindre importance appa nage, est une des circonstances qui exercent
rente, n'en méritent pas moins de fixer l'at le plus d'influence sur l'augmentation ou la
tention de l'administrateur. diminution des fortunes; mais dans une ex
1° Le 1er service de ce genre dont nous par ploitation rurale, le désordre introduit dans
lerons est celui des semences. C'est en effet cette branche de l'administration des fortu
une chose intéressante pour un établisse nes privées, présente des inconvéniens bien
ment rural que de faire choix et de se procu plus graves et les résultats en sont bien plus
rer à l'avance les grains qui doivent servir à funestes que dans les autres états de la vie.
ensemencer les terres cultivables.Ces semen La cause en est bien facile à apercevoir; ici la
ces sont achetées au dehors quand on peut consommation s'exerce sur presque tous les
s'en procurer de qualité supérieure dans une produits qui sont créés chaque jour, et,
autre localité † quelquefois prélevées dans cette consommation si rapprochée de la
sur des récoltes antérieures, lorsqu'on a rou production, les abus s'introduisent avec une
lé pendant quelques années., Nous pensons merveilleuse
facilité. Si on ne prend les
qu'il est superflu d'entrer ici dans une discus moyens les plus efficaces pour élever une
sion sur l'acclimatation des plantes cultivées barrière insurmontable entre la production
et sur les causes † ou extérieu et la consommation, celle-ci absorbera in
res qui peuvent influer sur leur développe failliblement, dans les produits créés, une
ment plus ou moins complet et celui de leurs portion qui échappera à tous les calculs qu'on
principes utiles. Le seul conseil que nous avait pu établir à † Y)
ayons à donner au cultivateur, c'est de faire Les moyens employés par le savant agro
† des semences qui, dans le sol dont il nome pour prévenir les abus de ce genre sont
dispose, le climat qu'il habite et les circons le choix judicieux d'une personne investie
tances naturelles et commerciales qui l'en d'une autorité entière dans la direction de
tourent, lui donneront les récoltes les plus cette branche de l'administration, agissant
abondantes et les moins chanceuses ou des comme un chef de service et responsable ;
récoltes d'un prix plus élevé (voy. tom. I", une comptabilité régulière qui isole le comp
p.209). te des dépenses de ménage de manière que
2° Un autre service, qui n'est pas sans im rien ne puisse entrer dans la consomma
portance et qui exige, surtout dans les grands tion sans passer par ce canal; enfin, une ré
établissemens, qu'on l'organise avec quelque duction dans les branches de dépenses qui
soin, est celui du ménage domestique. M. de s'exerce sur les objets produits dans l'éta
DoMBAsLE qui, dans un article spécial (Ann. blissement ou sur le travail des hommes et
de Roville, tom. III, p. 85) sur cette matière des animaux et des efforts pour produire des
intéressante, a fait connaître les moyens de objets de vente et acheter les articles de con
direction et les résultats qu'il a obtenus, s'ex sommation ; « parce qu'en tenant, dit-il, la
CIIAP. 8°. SERVICES DIVERS. - 481
bourse, on peut toujours régler à son gré les ou hangars pour le dépôt de ceux-ci ainsi que
dépenses en écus, tandis que, dans un autre pour celui du combustible nécessaire, etc.
système, la quantité et la valeur des objets L'organisation de cette branche de l'économie
produits et consommés à la maison présen d'un domaine suppose dans l'administrateur,
tent toujours une grande obscurité et don ou au moins dans ses chefs de service des
nent lieu à beaucoup d'abus malgré tous les connaissances spéciales, mais qui, à propre
soins.» ment parler, ne sont pas indispensables à la
Une chose sur laquelle il est peut-être utile majorité des agriculteurs, ce † nous dis
de dire un mot, c'est qu'on est généralement ense d'entrer sur ce service dans de plus
trop disposé, dans les campagnes, à établir à ongs détails.
grands frais certaines branches du ménage do 4° Le même motif ne nous permet pas de
mestique. Ainsi, l'on multiplie souvent sans nous étendre sur l'organisation des établisse
mesure le nombre des ustensiles qui servent mens industriels ou fabriques qu'on forme sou
à la préparation des alimens, ou bien l'on ac vent sur les propriétés rurales dans certaines
cumule en trop grande quantité le linge de vues économiques. Cette organisation, pour
corps, de table , ou d'appartement. Sans être bien conduite, suppose toujours beau
doute, dans les situations isolées, où on ne coup de sagacité, des connaissances fort éten
. peut, comme dans les villes, compter sur le dues dans ia théorie et la pratique des opéra
secours d'autrui et où l'on est obligé de tout tions, ainsi que dans le mouvement commer
faire par soi-même, on a besoin d'une plus cial auquel les matières fabriquées donnent
grande quantité d'objets de ménage; mais il communément lieu dans le pays.
ne faut pas perdre de vue que ces objets, mul 5° Il est aussi un service qui, dans les do
tipliés au-delà des besoins, occupent beau maines de quelque étendue et surtout dans
coup de place et deviennent encombrans, les pays septentrionaux, acquiert une certaine
† exigent des soins journaliers et un importance, c'est celui du combustible, qui
temps fort long pour être entretenus en bon sert non-seulement à garantir le fermier, sa
état, qu'ils se détériorent même sans en faire famille et ses serviteurs contre les rigueurs
usage; enfin, qu'ils forment une valeur capi du froid et les atteintes de l'humidité, mais
tale morte et oisive qui pourrait recevoir un qui, en outre, est employé à la préparation de
emploi plus fructueux, surtout au moment leurs alimens et souvent à celle des animaux,
de l'organisation d'une ferme où l'on doit ainsi qu'au service des ateliers et des établis
chercher à économiser les capitaux. La même semens industriels qui en font souvent une
observation s'applique aux gros approvision rande consommation. C'est ordinairement
nemens en objets de consommation journa à l'entrée de l'hiver ou lorsque les agens et
lière dans le ménage, et il est d'une bonne les moteurs ne peuvent être utilisés autre
économie à ce sujet, aussi bien que pour les ment, qu'on fait transporter à la ferme les
objets mobiliers, de ne faire que ce qui est matériaux de chauffage qu'on doit consom
strictement nécessaire pour satisfaire aux be mer dans la saison rigoureuse ou dans les
soins du service dans la position où l'on se fabriques de l'établissement.
trouve placé. 6° Enfin, le dernier service dont nous
3° Dans les établissemens ruraux un peu croyons devoir faire mention est celui de la
considérables et éloignés des populations ag comptabilité, qui embrasse à lui seul tous les
lomérées ou des centres d'industrie, on est autres, qui leur sert de lien commun, et dont
a plupart du temps obligé d'organiser, dès la bonne organisation est aussi indispensable
l'origine, un service d'ateliers de construction sur un établissement rural pour obtenir des
et de réparations des bâtimens, instrumens, résultats avantageux que dans les manufactu
outils, machines, etc. Ces ateliers, suivant res et les maisons de commerce. Nous n'en
l'importance du domaine, peuvent même se dirons pas davantage sur l'utilité et sur l'or
subdiviser en plusieurs branches secondaires ganisation de ce service auquel nous consa
où s'exécutent des travaux distincts ;généra crerons, dans le titre suivant, un chapitre
lement ils exigent des approvisionnemens de spécial.
matériaux de diverses espèces, des chantiers F. M.
- TITRE QUATRIEME.
DE LA DIRECTION ADMINISTRATIVE DU DoMAINE.
La bonne administration d'un domaine a rale. Ensuite il faut savoir faire choix d'un
pour base une organisation forte et habile; système d'exploitation, de cultnre ou d'amé
mais une fois cette organisation établie, c'est nagement dans chacune des U verses bran
à la direction à s'emparer des divers services . ches économiques dont se compose l'établis
qui ont été créés, à les mettre en activité et à sement; puis évaluer, mesurer, surveiller
teur imprimer un mouvernent régulier, cons l'exécution de tous les travaux †
doivent s'y
tant et propre à assurer la bonne exécution faire, savoir établir les frais de production
et le succès de toutes les opérations. des denrées, connaitre les lois économiques
Pour diriger un domainre rural, il est indis qui règlent la vente et l'achat de ces denrées,
pensable d'abord d'exercer une autorité, un et enfin coordonner et contrôler tous les dé
contrôle et une surveillance sur l'ensemble tails de cette administration par une bonne
des opérations et sur toutes les circonstances comptabilité. C'est à l'examen de ces divers
† peuvent intervenir dans l'administration sujets que les chapitres qui suivent vont être
'un établissement rural ; c'est ce que nous COIlSdCI'CS.
+
Nous venons de dire que nons donnions le leur valeur, et, comme tous les efforts de
nom de direction générale à l'exercice d'une l'administrateur habile doivent tendre cons
autor 'é, d'un contrôle et d'une surveillance tamment à la conservation et méme à l'accrois
sur l'ensetnble des opérations qui s'exécutent sement de son capital foncier. il est utite de
ou des circonstances qui interviennent sur connaître quelles sont les causes ou les agens
un établissement rural, exercice qui forme de détérioration qui peuvent le faire dépérir et
une des attributions spéciales de l'aduministra par quels moyens on parvient au moins à le
teur et constitue um de ses devoirs. Ces attri mettre à l'abri de toute diminution de valeur
butions du chef suprême embrassent, soit les ou de détérioration. Pour cela nous ferons
objets immobiliers ou mobiliers qui com une distinction entre le fonds de terre et les
posent l'établissem.ent, soit la direction des objets qui le couvrent ou qui s'y trouvent
opérations agricoles ou celle des agens qui établis.
les exécutent. Chacun de ces sujets pou $ I°r. - Du fonds de terre.
vant donner lieu à des considérations d'un
haut intérêt sous le point de vue de leur di Avant d'exposer les causes qui peuvent diminuer la
rection, nous entrerons à leur égard dans valeur capitale d'un fonds, nous croyons devoir rap
quelques développemens. peler d'abord que l'administrateur, lorsqu'il est en
Nous supposons, pour donner plus de géné même temps propriétaire légal et entier du domaine, a
ralité à nos observations, que l'administra seul le droit de vendre, aliéner ou acquérir la tota
teur est en même iemps propriétaire du fonds lité ou une portion quelconque de la propriété immo
qu'il exploite, parce que les obligations d'un bilière, et que c'est lui qui, à cet effet, passe tous les
locataire, fermier ou régisseur honnête, in contrats et fait personnellement ou par procuration
telligent et actif sont à peu de chose près les tous les actes nécessaires. Dans ces divers cas, l'ad
mémes, dans la direction d'un domaine, que ministrateur doit procéder avec prudence et recourir
celles qui sont imposées au propriétaire ex au besoin aux lumieres d'un officier public instruit et
ploitant de ce fonds. honnête, s'il ne veut pas s'exposer à des pertes, par
fois considérables, sur son capital foncier, et prendre
SEcTIoN I". - Direction économique et admi toutes les précautions que nous avons indiquées à la
nistrative d'un etablissement, sous le rapport page 557 quand nous avons traité de l'acquisition des
immobilier. domaines.
La diminution de la valeur capitale d'un fonds de
Un établissement rural, sous le rapport im terre est due, soit à des causes générales, soit à des
mobilier , se compose ordinairement d'un causes particulieres. Ces dernières peuvent être la con
fonds de terre, de divers objets immobiliers séquence des envahissenens, de la diminution de la
qui s'y trouvent naturellement placés ou surface cultival le ou de la fécondité de la terre.
qu'on y a établis pour en rendre la surface 1° Les causes generales échappent la plupart du
propre à la culture et en faciliter l'exploita temps au contrôle de l'administrateur comme homme
tion, et de récoltes pendantes par racines et privé, et il nous est impossible de discuter ici toutes
qui, dans cet état, sont considérées par la loi les circonstances économiques qui au sein d'une na
comme immeubles. Le fonds et les objets tion, contribuent à élever ou abaisser le prix des fonds
immobiliers qu'il contient constituent le ca . de terre ; nous rappellerons seulement qu'en général
pital foncier de l'entrepreneur. Ce fonds et l'expérience a démontré que presque partout et en tout
ces objets sont périssables ou au moins sont temps les fonds de terre augmentaient successivement
susceptibles de perdre une grande partie de de valeur Par suite du progres des sciences agricoles et
CHAP. 1er. DIRECTION ÉCONOMIQUE D'UN ÉTABLISSEMENT. 483
de la marche de la civilisation. Ainsi, l'accroissement suffisans, de chercher à circonscrire les ravages dans
des populations, l'extension du commerce et les pro les plus étroites limites par des mesures prises énergi
grès des manufactures, la formation ou l'agrandissement quement et à propos.
des villes, l'ouverture de canaux de navigation. de Les hommes diminuent la surface cultivable d'un
nouvelles routes, de chemins de fer, de moyens plus fonds en y établissant des passages ou chemins plus ou
rapides de circulation et de communication, etc., sont moins larges, en déversant sur ce fonds des eaux supé
autant de causes permanentes et actives qui impriment rieures, en y déposant des pierres ou des matériaux
un mouvement graduel d'ascension à la valeur de la divers, en y causant des éboulemens de rochers, de sa
propriété foncière. bles, de matières boueuses on glaiseuses ou des enfon
2° Les envahissemens peuvent avoir lieu par les cemens par suite d'excavations souterraines, etc. Tous
hommes ou les animaux. ces actes, qui portent une attente directe au droit de
Les envahissemens par les homemes sont le résultat propriété, doivent être surveillés et réprimés. soit par
de la violence ou de la force majeure, ou de préteutions l'autorité dont l'administrateur jouit sur sa propriété,
1njustes. soit par celte des magistrats auxquels il les défère.
Il est très difficile pour un administrateur de con 4° La diminution de la fécondité naturelle du
jurer la destruction des valeurs capitales qui a lieu fonds est une chose qui doit fixer surtout l'attention
parfois sur son fonds par suite d'événemens de force de l'administrateur. La fécondité d'un fonds sert en
majeure. tels que guerre, pillage, émeute pop lai effet presque partout de base à la détermination de sa
re, etc. Tous ses soins, dans ce cas, doivent se borner valeur vénale, et c'est en réalité dissiper son capital
aux mesures de prudence que lui suggerent les cir foncier que de souffrir que cette fécondité diminue
constances, afin d'atténuer le mal ou d'en arrêter le graduellement par une cause quelconque En bonne
plus promptement possible les effets désastreux. Sou administration, au contraire, on doit s'etforcer d'ac
vent il sera nécessaire qu'il fasse constater le dom croître peu à peu cette fécondité et de faire monter sa
mage éprouvé, afin de pouvoir réclamer levant qui de terre dans une classe supérieure à celle où les circons
droit les indemnités que la loi accorde quelquefois tances locales l'ont placée.
dans des cas semblables et poursuivre ceux qui ont Cette diminution de la fécondité des terres peut être
ainsi porté atteinte à son droit de propriété. la conséquence d'un grand nombre de causes très di
Les envahissemens du fonds par suite de prétentions verses, mais dont les effets funestes doivent presque
injustes sont les plus fréquens et ceux sur lesquels un constamment étre imputés à l'ignorance ou à l'incurie
administrateur doit tenir sans cesse l'œil ouvert. Sa de l'administrateur.
surveillance doit s'exercer principalement sur la con Tantôt cet adininistrateur ignore les lois de la pro
servation des limites et de l'intégrité du domaine. dnction végétale et ne sait pas combiner un plan de
Ainsi, il s'opposera à ce qu'il ne soit fait aucun empré culture et d'aménagement propre à la na'ure de ses
tement sur le fonds par les voisins ou autres et à ce terres et à entretenir leur fécondité naturelle ; il les
qu'on n'y établisse aucune servitude. A cet égard, il fatigue en exigeant d'elles plusieurs récoltes de plantes
fera procéder, en présence de ces voisins, à des recole très épuisantes sans leur restituer, par une proportion
mens de bornage ; il réclamera contre toute prétention convenable d'engrais la richesse qu'il leur a enlevée, ou
de ce genre, clorra sou héritage ou prendra toutes les bien il n'entretient pas leur puissance ou activ1té par
mesures propres à repousser une attaque extérieure ; des amendemens distribués à propos ; tantot il voit dé
entiu l intentera et soutiendra toute action judiciaire croitre d'année en année la quantité et la qualité de ses
qu'il croira utile pour s'assurer la jouissance paisible récoltes, parce qu'il n'entend rien à l'économie du bé
et l'intégrité de son fonds. tail ou bien parce qu'il est étranger aux connaissances
Les animaux nuisib'es peuvent se multiplier au théoriques et pratiques qui doivent guider dans la
point d'envahir un domaine et de lui enlever une bonne manipulation des fumiers, ou qu'il ignore les ef
grande partie de sa valeur capitale. Les soins de l'al fets si variés des différentes substances de ce genre et à
ministrateur doivent tendre à s'opposer à cette multi différens états de décomposition sur la végétation ,
plication ou même à prendre des mesures pour purger et C.
entrerenment le fonds de ces hôtes destructeurs. Les dommages que l'incurie de l'administrateur
5o La diminution de la surface cultivable du fonds cause à la fécondité des terres ne sont pas moins gra
est toujours un fait grave qu'il faut prévenir et qui ves que ceux dus à son ignorance.Ainsi, l'un laisse en
peut avoir lieu de la part des hommes ou être causée vahir ses champs par des plantes parasites ou des ani
par les phénomènes naturels. maux nuisibles, ou bien ne prend aucune mesure pour
Les phénomènes naturels qui font décroitre la va s'opposer à ce qu'un voisin qui néglige son héritage
leur capitale antérieure d un fonds sont l'envahisse n'empoisonne ses récoltes de graines de mauvaises her
ment des eaux par suite du déplacement du lit des ri bes ou d'insectes dévastateurs ; l'autre n'a pas le soin
vières ou la submersion, soit permanente par la mer, d'assainir ses terres, de tracer et d'entretenir des rigo
les fleuves et les rivières, soit temporaire par des eaux les d'écoulement, des fosses et canaux de décharge, ou
torrentielles ou des eaux chargées d'un sable ou limon de faire exécuter des travaux ou d'entretenir les cons
infertile qu'elles déposent à la surface, ou qui vien tructions destinées à mettre ses champs à l'abri d'une
nent, par leur débordement ou leur infiltration, for surabondance d'humidité : un 5° néglige de prendre des
mer des marais qu'on ne peut assécher qu'à grands précautions ou des mesures contre les abus auxquels se
frais , les éboulemens, qui couvrent de fragmens de livre un voisin incommode qui déverse sur lui ses eaux
rocher, de cailloux ou de sables stériles une portion de ou rend le climat insalubre pour les végétaux par la
sa surface; les bouieversemens du sol, qui interviennent surabondance des vapeurs aqueuses que les eaux accu
quelquefois, etc. L'administrateur, lors de l'acquisition mulées sur son héritoge répandent dans l'atmosphère,
du fonds, a dû prévoir en partie, à l'inspection des ou par des vapeurs ou émanations qui détruisent au
lieux, la possibilité des désastres causés par ces phéno loin la végétation, etc. * " -J .
mènes et ne payer celui-là qu'en conséquence de la On conçoit qu'à des maux qui ont des conséquences
possibilité de voir se réaliser leurs effets désastreux. si funestes il n'y a qu'un seul remède à opposer; ce
Dans tous les cas, il est de son intérèt de prévenir au sont les connaissances théoriques et pratiques dans l'art
tant que possible ces effets par des travaux d'art, des agricole et dans l'adruinistration rurale et une activité
mesures de précaution, ou, quand ces moyens sont in qui ne connait pas de repos et s'exerce constamment
484 ADMINISTRATION RURALE. LIV, VII.
avec le même zèle sur toutes les branches diverses de moins dangereux pour le feu, la privation de l'eau ou
l'économie du domaine. de moyens d'arrêter l'incendie font aussi varier, dans
des limites assez étendues, le chiffre de la prime d'as
$ II. — Des objets immobiliers répandus sur le SUlTâI]C6.
fonds. 2" Le temps, qui détruit tout, n'épargne pas les ob
jets immobiliers qui garnissent les fonds ruraux, et son
Les objets immobiliers qui se trouvent répandus sur action doit être étudiée avec soin par l'administrateur.
Cette action, en prenant pour exemple les bâtimens
un fonds de terre sont : 1° les travaux d'art, consistant
en bâtimens d'habitation et d'exploitation, abris di d'habitation et d'exploitation, tend sans cesse à les dé
vers, endiguages, embanquement, canaux, fossés, puits, truire et à les mettre hors de service; ce qui arrive
citernes, clôtures, constructions pour l'asséchement ou constamment au bout d'une période de temps plus ou
l'irrigation, etc. ; 2° les plantations ou les récoltes sur moins longue, suivant les circonstances. C'est pour al
pied. longer cette période et pour reculer l'instant où les bâ
Ces objets, tous sujets à un dépérissement plus ou timens tomberont en ruines et où il faudra les recons
moins rapide, peuvent péricliter, soit par l'effet de cau truire à neuf que l'administrateur doit faire exécuter
ses accidentelles, soit par celui des temps et de la vé les réparations qui prolongent leur durée et portent
tusté, soit enfin par la main des hommes et des atta celle-ci bien au-delà de ce qu'elle eût été si les cons
ques faites par imprudence ou à dessein. tructions eussent été abandonnées à l'empire des cir
COnstanUes,
A. Commençons par nous occuper des 1er° objets dé Afin de faire comprendre quels doivent être les soins
signés ci-dessus, c'est-à-dire des travaux d'art, des bâ de l'administrateur pour la conservation de la valeur
timens, etc. capitale des bâtimens et autres objets immobiliers ré
1° Aux causes accidentelles, telles que l'inondation, pandus sur un fonds, nous croyons devoir rappeler que
l'incendie, le feu du ciel, la violence des vents, etc., la jouissance de ces objets entraîne à des frais qui sont :
l'administrateur oppose les précautions que lui suggè 1° l'intérêt des sommes avancées pour leur construc
rent la prudence et les circonstances, et surtout l'assu tion ou leur établissement; 2° une prime annuelle d'a
rance contre les fléaux les plus redoutables qui puissent mortissement pour leur construction à neuf, lorsque le
attaquer les principaux objets immobiliers. L'assurance temps et la vétusté les auront mis complétement hors
s'opère, soit par les compagnies qui commencent à s'é de service; 3° les frais d'entretien et de réparation ;
tablir dans nos départemens, soit par des associations 4° la prime d'assurance contre l'incendie dont nous ve
entre propriétaires, ayant pour but de se garantir mu nons de parler.
tuellement contre les chances les plus désastreuses Les intéréts du capital mis en avant pour l'établisse
pour l'agriculture et qu'il serait fort désirable de voir ment des constructions, bâtimens ou objets d'art va
se former partout dans nos campagnes. rient depuis 2 1/2 jusqu'à 5 p. 0/0 du capital, suivant
Les frais d'assurance des bâtimens ruraux contre le taux du pays ou les circonstances locales. Ces inté
l'incendie, le fléau le plus redoutable qui puisse visi rêts sont ordinairement portés dans les frais généraux
ter un agriculteur, ne peuvent être fixés avec exacti pour les objets qui ne sont à la charge d'aucun service
tude, parce qu'ils dépendent des conditions auxquelles en particulier, et au compte de la production végétale
les compagnies consentent à se charger à leurs risques ou animale pour les autres objets, suivant le service à
et périls des chances désastreuses. Ces conditions va l'usage duquel ils sont destinés.
rient d'ailleurs avec la concurrence des compagnies, et La prime ou fonds d'amortissement est nécessaire
en outre, les élémens qui servent de base à l'assurance ment basée sur la durée présumable des objets. Plus
peuvent, dans les mêmes localités, être très différens. cette durée est longue et moins la prime annuelle est
Ces élémens sont : 1° la destination des bâtimens. Ceux élevée. La situation, le climat, le mode de construc
qui sont destinés à l'habitation du cultivateur, quoique tion, le soin qu'on prend des réparations, l usage et
plus sujets souvent à l incendie que ceux d'exploitation, l'emploi des bâtimens apportent des variations sans
paient cependant, dans les cas ordinaires, des frais d'as nombre dans le chiffre de cette prime. Nous avons déjà
surance moins élevés que les granges et magasins à donné aux pages 346 et 547, une formule pour le cal
fourrages, parce que les ravages du feu y sont toujours cul de cette prime; nous y renvoyons le lect ur en lui
moindres que dans ces derniers. Les bâtimens où on faisant observer que tout calcul de ce genre est basé
exploite un art agricole qui exige un feu constant et sur la durée moyenne des constructions du même genre,
considérable, comme une brasserie, une distillerie, etc., ayant même destination et entretenues en bon état dans
doivent nécessairement payer une prime plus forte que le pays qu'on habite, durée que l'expérience apprend
tous les autres ; 2° le mode de construction des bâ à connaître dans chaque localité.
timens. Un bâtiment construit en pierre dure, sur la Les réparations à faire aux objets immobiliers dé
quelle un feu même violent aura peu d'action, ne paiera pendent de leur mode de construction. Les bâtimens
souvent pas annuellement au-delà de 1/8 p. o/o de sa massifs et très solides exigent au moins, pendant la
valeur capitale pour frais d'assurance, tandis que desmajeure partie de leur durée et une fois qu'ils sont bien
constructions en bois, ayant même étendue et destina assis, des réparations peu considérables et qu'on peut
tion, ne pourront être assurées à moins de 1ſ2 p. ofo évaluer annuellement entre 1/4 et 2 (3 p. 0/o de leur
de cette même valeur capitale ; 3° Le mode de couver valeur capitale ; tandis que pour les constructions moins
ture. On connaît la fréquence des incendies dans tous massives et plus légères les frais peuvent s'élever à 1
les pays où les bâtimens ruraux sont couverts en chaume, et même 2 p. ofo de ce capital. Dans des bâtimens
et les frais d'assurance qui, pour un bâtiment léger et construits avec la même solidité, la destination et l'u
très périssable, couvert en tuiles, seraient, je suppose, sage font encore varier ces frais. Ainsi, pour des ma
de 1/5 p. 0fo, devraient être portés au moins jusqu'à gasins à foin, les granges et tous les bâtimens où l'on
1/2 p. 0/0 si ce même bàtiment était couvert en chaume ; n'introduit pas d'animaux, et qu'on entretient secs et
4° Les habitudes, les mœurs, l'activité ou l'incurie propres, les réparations peuvent être évaluées de 1/6 à
des cultivateurs, leurs moyens ou les mesures qu'ils 1/5 p. o/o, tandis qu'elles seraient, dans les mêmes
prennent pour prévenir ou arrêter les ravages du fléau conditions, de 1/2 à 2/3 pour des écuries, des étables,
sont autant de circonstances qui élèvent ou abaissent une distillerie, etc.
la prime d'assurance. Enfin, un voisinage plus ou Il n'est question ici que des réparations dites ſon
CIIAP. 1". DIRECTION ÉCONOMIQUE D'UN ÉTABLISSEMENT. 435
cières et qui, suivant les stipulations de la plupart de raux appartient de droit et en propre à l'administra
nos baux, sont à la charge du propriétaire, et non pas teur qui, au besoin et suivant la necessité, peut délé
des réparations dites locatives, qui doivent être faites guer une partie de son autorité à des personnes de
par celui qui a la jouissance du fonds et portent en confiance. Néanmoins, nous lui conseillons de ne jamais
général sur des objets immobiliers que l'usage fréquent se dessaisir entièrement de ce droit, qu'il ne pourrait
met promptement hors de service.Ces réparations sont déléguer en entier sans courir les risques de voir les
difficiles à évaluer à l'avance ; dans un établissement opérations perdre de leur ensembie et de leur activité,
bien organisé, elles ne doivent pas s'élever à plus de et souvent l'établissement et les capitaux qu'il repré
1/2 à 1 p. ofo de la valeur locative des objets. sente compromis par l'indifférence d'agens secondai
La prime d'amortissement et les frais pour répara res qui, rarement, portent le même zèle, le même
tions sont, comme les intérêts, en partie portés aux frais scrupule et autant d'attention que le maitre dans tous
généraux et en partie dans le prix du service des agens les détails dont se compose l'administration d'un grand
qui concourent à la production végétale ou animale. établissement.
En résumé, si nous pouvons avoir confiance dans les Afin d'exercer d'une manière complète et régulière
faits nombreux rassemblés par M. BLock, le fonds d'a cette police, l'administrateur fait d'un côté tous les
mortissement, les frais de réparation et ceux d'assu réglemens qu'il juge nécessaires pour prévenir ou pu
rance contre les incendies ne devraient pas, pris en nir toute faute ou délit et pour arrêter dans leurs con
semble et terme moyen, pour les bâtimens de toute séquences tous les accidens graves ou les événemens fà
sorte et annuellement, s'élever au-delà des chiffres sui cheux. Il fait choix de personnes de confiance, et sur
vans, savoir : le zèle desquelles il peut compter, qui doivent le rem
1° En constructions massives et solides, de 2/3 à placer dans certaines occasions ou l'assister en cas de
5/4 p. 0fo. besoin. Il constate par lui-méme ou par ses m nda
2° En constructions légères, de 1 2f5 à 2 1/3 taires toute atteinte portée à son droit de propriété,
p. 0/0. défère les délinquans aux magistrats compétens, pour
3° En moyenne, pour les unes ou les autres, de suit et soutient toutes les actions judiciaires, etc. De
1 1/6 à 1 1/2 p. 0/o. l'autre côté, il fait personnellement ou fait exécuter par
En supposant, toutefois, que les sommes annuelles ses agens de fréquentes inspections. Ces inspections
mises de côté pour cet objet sont capitalisées et leurs peuvent être entreprises à des époques fixes et à des
intérêts accumulés jusqu'à ce qu'on en trouve l'emploi. intervalles réguliers dans le cours de l'année, mais elles
5° Les hommes, tant les serviteurs ou manouvriers n'excluent pas d'autres visites que l'entrepreneur doit
qui sont employés sur l'établissement que ceux qui lui faire tout à coup, de temps à autre et sans être atten
sont étrangers, peuvent de bien des manieres causer du, et qui lui permettent d'observer une foule de cho
des dommages aux objets immobiliers qui garnissent ses importantes, qu'on dissimule souvent ou qu'on
un fonds. Tantôt c'est par négligence ou incurie qu'ils cherche à cacher à l'œil du maitre quand on sait qu'il
renversent, détériorent, bouleversent ou détruisent ces va paraitre.
objets, tantôt° c'est par malice et à dessein qu'ils les Pendant ces sortes d'inspections, l'administrateur
altèrent, les brisent ou en changent la destination. examine en détail et avec soin toutes les causes géné
Dans tous les cas, il n'y a que des moyens actifs de sur rales ou particulières qui tendent à détériorer son
veillance et une répression prompte et énergique qui fonds et à diminuer sa fécondité; il inspecte avec la
puisse prévenir ou mettre un terme aux abus de ce plus scrupuleuse attention tous les objets immobiliers
genre. qui le garnissent, étudie leur état de conservation,
B. Les récoltes sur pied sont un bien qu'il faut défen constate leurs détériorations ou les dommages qu'ils
dre sans cesse, et avec la plus infatigable activité, contre ont éprouvés, apprécie leur durée probable; puis, passe
des fléaux de tous genres ou contre une multitude d'en aux récoltes sur pied, s'assure de leur état, médite sur
nemis qui les attaquent et cherchent à les détruire les mesures qu'il sera nécessaire de prendre pour con
ou à se les approprier. Nous n'entrerons pas ici dans jurer ou atténuer l'effet des fléaux ou arrêter les atta:
le détail des dommages sans nombre que cette partie ques extérieures dont elles peuvent être l'objet.
des objets immobiliers d'un fonds peut éprouver tant Partout il consigne par écrit, et dans un carnet
qu'elle reste en cet état, et nous dirons seulement spécial, toutes ses observations et tous les renseigne
qu'aux fléaux atmosphériques ou autres, il faut oppo mens dont il juge qu'il aura besoin. Rentré chez lui, il
ser l'assurance ; que les attaques des animaux doivent prend, d'après ses notes, toutes les dispositions néces
être repoussées par les moyens de destruction que l'art saires pour remettre les choses en état et rétablir l'or
agricole a découverts jusqu'ici, et que, contre les dépré dre; il dresse le projet de tous les travaux pour répara
dations et les dommages causés par les hommes ou les tions ou améliorations (voy. p. 404) qui doivent être
animaux qu'ils élevent, matière intéressante que nous entreprises sur le fonds; et enfin il arrête les mesures
avons envisagée dans notre partie législative, il faut qu'il croit utiles pour faire punir les délits et les con
avoir recours à une surveillance active et aux moyens traventions.
de répression indiqués dans cette partie de notre ou Pour diriger avec plus de facilité et d'ensemble les
vrage (p. 285). agens qui doivent prévenir, constater ou réprimer les
délits ou les attaques contre sa propriété, ou bien les
S III. - Des moyens de surveillance pour les objets travailleurs qui réparent ou rétablissent les lieux ou
immobiliers. les objets immobiliers, l'administrateur a constamment
sous les yeux le plan cadastral ou la carte topographi
La conservation du capital foncier ou des objets qui que, qu'il a fait dresser, et où sont indiqués l'emplace
le représentent étant, avons-nous dit, un des soins qui ment des bornes et poteaux qui fixent les limites de son
doit le plus préoccuper l'administrateur, celui-ci doit, héritage, le relief et les accidens du terrain, la divi
dans ce but, organiser un mode de surveillance, de ré sion des pièces de terre, les chemins ruraux,les clôtures,
paration des dommages et de répression des délits pro les cours ou amas d'eau et les sources, et tous les objets
pre à en prévenir la perte ou la détérioration. Cette d'art et de construction établis sur le fonds. Chacun
partie de la direction des domaines, nous la nomme de ces objets porte un numéro d'ordre qui renvoie à
rons police des champs et bâtimens ruraux. l'état de lieux dans lequel ils ont été décrits avec détail
L'exercice de la police des champs et bâtimens ru et précision au moment de l'entrée en jouissance.
486 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
Dans l'exercice de la police des champs et bâtimens ! nir l'établissement. Tous ces objets sont de leur nature
ruraux t'administrateur doit être guidé par les prin périssables, et c'est de leur bon entretien que dé
cipes généraux suivans : pend la conservation de cette partie du capital d'exploi
I'out abus, tout acte de négligence qui peut avoir tatlOn .
causé un dommage quelconque au fonds ou aux objets Dans un établissement bien organisé et où tout mar
qui s'y trouvent établis, que ces actes ou abus provien che d'après les principes d'une bonne direction, le
ment des serviteurs de l'établissement ou des étran capital engagé d'exploitation n'est susceptible d'au
gers, doivent être réprimés avec sévérité. La fermeté . cun accroissement utile; ainsi, il ne peut être question
dans des cas semblables, est indispensai le si on ne d'augmenter le nombre des instrumens ou des machi
veut pas voir quelques actes d'indulgence consacrer ces nes, ainsi que celui des animaux de trait ou de rente,
abus et les rendre, avec le temps, intolérables et très puisque ces service» ont reçu, dans leur organisation et
difficiles à déraciner. des l'origine ou successivement, tous les développemens
De même, les délits doivent être punis ou poursui qu'ils comportent Tous les soins de l'administrateur
vis avec vigueur; c'est un bon moyen pour les a rêter doivent tendre à conserver à cette partie de son capital
dans leur cours et les rendre moins fréquens et moins la plus grande partie de sa valeur, et à s'opposer à ce
audacieux. qu'il y ait dépérissement ou perte complète par une
Un désastre, de quelque nature qu'il soit et quelle cause quelconque.
que soit la cause qui lui donne naissance, doit, aussi Les cauges qui tendent à amener le dépérissement et
tôt qu'il a été constaté et qu'on a pris les mesures de la détérioration du capital fixe d'exploitation sont, dans
précaution pour en prévenir le retour, être réparé sans les cas ordinaires, les accidens graves, les épizooties ou
délai. Dans un établissement rural, tout devant être l'incendie, le temps et l'usage ; enfin, les hommes par
dans une activité constante, les grands instrumens de | cas fortuit ou à dessein.
la production, comme le fonds de terre ou les choses qui Aux 1" causes, l'administrateur oppose l'assurance
doivent en faciliter l'exploitation, tels que les chemins, sur la vie des animaux et contre l'incendie ; il remédie
canaux, fossés, rigoles, etc., doivent être constammeut aux 2° par l'entretien et les réparations, et aux
dans le meilleur état d'entretien si on veut tirer de ce 3° par les mêmes moyens, mais en y joignant une sur
fonds un bon service ou le plus grand produit qu'il soit veillance active pour les prévenir ou pour réprimer,
capable de donner. ainsi que nous le dirons plus loin, les désordres aux
De la même manière, les détériorations ou dégra quels elles donnent lieu.
dations aux objets qui garnissent le fonds, tels que bâ - La base sur laquelle on s'appuie pour la conservation
timens ruraux, constructions diverses, etc., ne doi de cette portion du capital d'exploitation est l'inven
vent pas éprouverde délai ; la négligence, dans ce cas, ne taire ou état détaillé de tous les objets mobiliers, ap
tarde pas à accroitre le mal dans un rapport qui aug partenant au capital fixe, qui se trouvent sur l'établis
mente en progression toujours croissante et qui finit par sement. Cet inventaire fait connai1re non-seulement
jeter dans des dépenses considérables pour le rétablisse le nombre de ces objets, mais leur état, âge ou condi
ment des lieux. Par des réparations légères et faites à tion au moment où ils ont été inventoriés.Chaque an
propos, non-seulement on prévient des détériorations née ensuite, et plus souvent si on le juge utile, on véri
fort étendues, mais on prolonge souvent pour un temps fie, l'inventaire à la main, le nombre de ces objets, les
assez long la durée d'un mur, d'un plancher et même détériorations qu'ils ont éprouvées par des causes quel
d'un bàtiment tout entier qui, sans cet entretien, eus conques, et on détermine la remonte ou les réparations
sent été en peu de temps hors de service et eussent né qui sont nécessaires pour maintenir les services en bon
cessité une nouvelle construction, toujours très dispen état et s'opposer à la perte, la dissipation ou la dimi
dieuse. Rien d'ailleurs ne témoigne mieux de l'habileté nution de ta valeur de cette portion des capitaux.
de l'administrateur et de la prospérité de son établisse Examinons maintenant en particulier les principes
ment que le bon état d'entretien des objets immobi applicables à la direction économique de chacun des
liers. Partout où l'agriculture est mal dirigée, non services dont se compose le capital fixe d'exploita
tlon.
seulement les terres y sont en mauvais état, mais les
bâtimens y tombent en ruines ; les objets d'art n'y re
çoivent nul entretien, et les uns et les autres, devenus 1° Des animaux de trait.
peu à peu impropres a remplir leur destination, font
descendre au plus bas degré le produit net du do L'objet le plus important qui puisse occuper l'admi
Ilhal ne, nistrateur dans la direction économique de ce service,
ce sont les moyens d'obtenir des animaux la plus grande
SECTIoN II. — De la direction économique et somme de travail au moindre prix possible. Pour at
administrative des objets mobiliers. teindre ce but, quand le service des attelages a été or
ganise avec habileté, il est nécessaire de porter son at
Nous comprendrons, dans les considéra tention sur le régime qu'on doit adopter pour les
tions où nous allons entrer dans cet article, animaux de travail.
tous les objets qui font partie du capital d'ex Le régime des animaux, quand il est bien dirigé,
ploitation de l'entrepreneur, et, comme nous contribue essent ellement à entretenir leur vigueur et
savons dejà que ce capital se divise en 2 por leur santé. Tou animal auquel on fait suivre un mau
tions, l'une, qui est engagée, et l'autre, circu vais régime ne rend pas la totalité des services dont il
lante; nous profiterons de cette distinction est susceptible et souvent dépérit avec promptitude.
pour étudier chacune d'elles dans 2 paragra Une bête de trait, qu'on est obligé de laisser à l'écurie
phes différents. par une cause ou une autre, est toujours très onéreuse
pour un établissement. Il faut donc avant tout s'appli
$ I°r. — Des objets qui forment le capital fixe | quer à rég'er le régime des bêtes de trai', de façon
d'exploitation. qu'on les maintienne autant que possible dans un état
| constant de santé et de vigueur, et chercher, dans la
Le capital fixe ou engagé d'exploitation, ainsi qu'il direction de ce service, à n'entretenir que des animaux
est expliqué à la page 387, sert à se procurer des bêtes sains et robustes, dont on puisse. avec des soins con
de trait et de rente, ainsi que le mobilier qui doit gar venables, tirer un bon traval. Un animal faible, mala
LIV, Vll
CHAP. 1ºr. DIRECTION ÉCONOMIQUE D'UN ÉTABLISSEMENT. 487
enrmlin
difou dont on n'obtient qu'un mauvais service doit être ainsi qu'il l'avait prescrit et arrêté. Il examine ensuite
réformé. Un bon cheval ne coûte pas plus à nourrir comment on gouverne ses animaux dans ce travail, si
| que .
qu'un mauvais et rend bien plus de services. on les maltraite, les blesse ou les surmène, si on abuse
llºº Le régime des anmaux de travail embrasse les soins de leur force ou si le travail marche avec l'activité qui
lºl! ! .
de propreté et hygiéniques, leur alimentation et leur donne en même temps un bon résultat et proeure l'em
fºrliºn }
application au travail. ploi le plus fructueux de la force des attelages sans
il dº
Nous n entrerons pas ici dans des détails sur les leur faire éprouver une plus grande fatigue. Enfin, il
re pºa
soins de propreté que réclament les bêtes de travail et assiste souvent au retour des champs de ses bêtes de
les mesures hygiéniques qu'on doit prendre relative trait, il les examine sous tous les rapports, donne
le, ah
ment a la salubrité , e leur habitation et des objets qui tous les ordres nécessaires pour que chaque animal,
n de mº,
sont à leur usage, parce qu'on trouve dans le livre qui soit sain, soit malade, reçoive dans cette occasion tous
niu'º !
traite de l'education des animaux domestiques toutes les soins que réclame son état et à ce que chacun d'eux
umrº les instructious qu'on peut désirer sur ce sujet. trouve le bien-être qui doit rétablir ses forces épui
lflt'rikº Relativement à leur alimentation, nous avons égale sées. Des soins mal entendus ou de la négligence dans
ºdº ment peu de considérations à présenter, parce qu'on a, cette occasion tuent plus d'animaux que l'excès du tra
rſºrf! ! dans le même livre, traité la question avec étendue. vail et de la fatigue.
eurº Nous croyons devoir rappeler que le mode d'alimenta Afin de procéder avec régularité dans la direction du
tion a une influence bien décisive sur la vigueur et la service des attelages, il est nécessaire d'avoir un regis
uºmºlº santé des animaux, et que nous avons déjà eu occasion, tre dans lequel on porte d'abord des détails empruntés
lºlºs dans le cours de ce livre (p. 425), d'établir que la à l'inventaire des objets mobiliers et relatifs à chaque
ilmiiºº quantité de travail qu'on tire d'un animal est presque bête de travail, tels que son numéro d'ordre particulier
omne * constamment proportionnelle, dans certaines limites, à et le nom qui sert à le désigner, son âge, sa taille ou
la quantité et à la qualité de ses alimens; ce qui dé son poids; on y ajoute d'autres documens utiles sur
'aſſimº montre la nécessité de choisir et régler ceux-ci de ma l'époque de son acquisition, ses qualités et son aptitude
j repºſº niere à atteindre le plus économiquement possible le plus ou moins grande pour certains travaux. Dans ce
g, t lu but qu'on se propose. même registre, on peut, à la suite de ces renseigne
planeº Enfin, dans l'aoplication des animaux au travail, mens ouvrir une sorte de compte à chaque animal,
réprº, il ne faut jamais perdre de vue qu'ils ne sont capables noter, chaque fois qu'il sort, l'agent auquel il a été
rlrd ºr que d'une certaine quantité d'action, qu'en exiger des confié et qui doit en être responsable, les heures de
travaux au-delà de ce qu'ils peuvent fournir suivant sortie et de retour, la quantité et la qualité du travail
yºrtº leur force, leur condition ou leur alimentation, c'est qu'il a fourni, les circonstances ou accidens qui ont pu
les user ct les mettre promptement hors de service, ou se présenter pendant le cours du travail, etc. Ce regis
mieux consommer en peu d'instans, et presque sans tre bu livre de notes offre par la suite une foule d'é
fruit, une valeur capitale dont, avec plus de soin, on lémens précieux pour faire descalculs ou des évaluations
aurait tiré des services utiles pendant un temps beau économiques.
coup plus long. Toutes ces mesures d'ordre ne seraient d'aucune
Afin d'être à même de diriger dans tous ses détails utilité si on ne savait pas en même temps diriger avec
le service qui nous occupe, l'administrateur fait de fié intelligence la partie mécanique du service des attela
quentes visites à ses animaux de travail; il les exa ges. L'administrateur devra donc, apres avoir arrêté
mine les uns après les autres en particulier, sous le rap l'étendue et la nature des travaux qui devront être exé
port de leur bon entretien, et observe, par lui-même cutés, ainsi que nous le dirons plus loin, déterminer
ou par le secours d'un homme de l'art, leur état sani le nombre des attelag s qui en seront chargés, les ani
taire. Puis, il s'assure que les animaux ont reçu exac maux qui seront attelés, le jour et l'heure où les tra
tement leurs rations d'alimens, que ceux-ci ont été dis vau1 commenceront et où ils devront être terminés, la
tribués aux époques, aux heures et de la manière dé durée des attelées et du repos, les précautions à pren
terminée par lui, qu'il n'a été commis sous ce rapport dre en se rendant au lieu du travail et au retour, etc.
aucune faute ou infidélité, que les soins de propreté ou Dans l'exécution de toutes ces mesures, on cherchera
les pansemens qu'il a prescrits ont été donnés avec ré autant que possible à n'atteler que le nombre d ani
gularité, qu'on a observé avec exactitude les mesures maux strictement nécessaire, en ayant égard à la nature
qui ont été arrêtées pour soigner les animaux indispo des travaux, aux difficultés ou accidens qu'ils présen
sés ou malades ou pour exécuter celles relatives à la tent, et en même temps à ce que ces travaux soient
salubrité des écuries, des étables et des vases ou usten exécutés avec la perfecticn et la célérité désirables. On
siles à l'usage des animaux, et enfin il donne tous les s'assurera, par des comparaisons ou en consultant l'ex
ordres nécessaires pour compléter ou modifier en tout périence, que le mode adopté est celui qui donne à la
ou en partie ce service. fois les résultats les plus satisfaisans et les plus écono
Dans ces inspections, il examine également l'in miques.
fluence du régime alimentaire qu'il a prescrit sur la
force et la santé de ses bêtes de † | Quand les attelages seront envoyés au loin et quitte
il apporte à ce ront l'établissement pendant plusieurs Jours, il faudra
régime les modifications jugées nécessaires, soit par redoubler d'attention relativement aux mesures d'or
suite des circonstances dans lesquelles se trouvent les dre à observer pour les diriger C'est ainsi qu'on ar
animaux, soit à raison des saisons, des époques de l'an rêtera, et au besoin par écrit, une instruction qu'on dé
née agricoie, etc. livrera à l'agent chargé de la conduite des animaux, sur la
C'est surtout quand les animaux sont appliqués au longueur des étapes, le régrme alimentaire en route, les
travail que ces inspections sont utiles et qu'elles de soins hygiéniques, et, enfin, les mesures à prendre en
viennent instructives pour l'administrateur. D'abord, cas d'accident. En général, on ne doit donner ces sor
avant le départ pour les champs ou pour un travail tes de missions qu'à l - p rsonnes ou aides de con
quelconque, il examine la manière dont on attelle ses fiance, et mème s'assurer, quand cela est possible, de
animaux et s'il ne s'est pas glissé dans cette partie du quelques moyens de contrôle et de vérification. Il est
service des négligences ou des abus q t'il doit s'em presque toujours désavantageux que les agens, les bêtes
presser de réformer. Pendant les heures de travail, il de trait, les instrumens ou les véhicules soient, pendant
se rend fréquemment sur les lieux, quand cela est pos un certain temps, soustraits à la surveillance immé
sible, et vérifie si les attelages sont dirigés et conduits diate de l'administrateur.
488 AlDMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
Les vrais principes de l'économie prescrivent d'en tipliées, de leur état sanitaire et physiologique, et de
tretenir les a telages dans une activité constante, sans donner enfin tous les ordres ou prendre à leur égard tou
toutefois porter la fatigue au point de mettre tempo tes les mesures que les circonstances peuvent exiger.
rairement les animaux hors d'état de travailler et de L'œil du maître, dit un proverbe vulgaire. engraisse les
les rendre pour toujours impropres au service. Nous bestiaux. Rien ne témoigne mieux de l'état florissant
avons vu, en effet, dans le chap. IV du tit. III, com d'un établissement que des bestiaux bien choisis et bien
bien le prix du travail des animaux s'accroît à mesure entretenus, tandis que des bêtes chétives, maigres et
qu'on diminue le nombre des heures et des journées de débiles sont toujours l'indice d'une administration igno
travail dans l'année, et combien il importe à la pros rante ou incapable et qui néglige tous ses devoirs.
périté d'un établissement que ce travail annuel soit C'est une chose qui mérite les plus mûres réflexions
porté au maximum qu'il peut atteindre dans le climat de la part d'un administrateur que de déterminer à qui
où on se trouve, suivant la nature du terrain et les dif il doit confier le soin de ses bestiaux, surtout lorsque
ficultés naturelles qu'on doit vaincre, et suivant l'es ceux-ci ne restent pas constamment à l'étable et sous son
pèce de bêtes de trait qu'on fait fonctionner. contrôle immédiat. Dans ce cas, c'est en effet du choix
Les travaux qu'on fait exécuter aux attelages doi de l'agent qu'on chargera de cet objet que dépendra en
vent avoir la plus haute valeur possible. On ne doit grande partie la prospérité du troupeau, et il ne suffit
s'écarter de ce principe que lorsqu'il n'y a aucun autre pas que cet agent soit probe, actif, vigilant et qu'il ait
travail important à faire sur l'établissement et que les le courage nécessaire pour défendre les animaux qu'on
menues occupations ne peuvent être faites à meilleur met sous sa garde, il faut en outre qu'il ait des con
marché. C'est en se basant sur ce principe qu'un agro naissances pratiques dans l'économie du bétail qu'on
nome instruit blâme avec juste raison les fermiers de lui confie ou au moins qu'il ait assez d'intelligence pour
certains districts de l'Écosse, qui appliquent plusieurs observer et mettre en pratique les préceptes et les
de leurs attelages, dans la saison de l'année où leur instructions que le maître lui donne. On néglige trop
service est le plus utile et le plus urgent pour les tra souvent cette importante branche du service, soit par
vaux des champs, à voiturer d'une grande distance et économie, soit par indolence, et on livre à des enfans
pour leur usage personnel de la tourbe qu'on pourrait ou à des individus dépourvusd'intelligence ou des qua
leur délivrer chez eux à un prix très modique, tandis tités qu'on doit rechercher dans ces sortes d'agens une
que, par cet emploi peu judicieux de leurs attelages, portion notable et importante de son capital, au risque
elle leur revient à un prix élevé. de lui faire éprouver, par suite de leur incapacité ou
Nous avons peu de chose à ajouter ici à ce que nous de leur incurie, des avaries considérables et peut-être
avons dit à la page 434 sur les frais d'entretien du de le perdre en totalité.
service des bêtes d'attelage, nous désirons seulement Dans tous les cas, les troupeaux qui vont prendre
rappeler aux administrateurs qu'il paraît démontré que aux champs une partie de leur nourriture seront sou
tout en tirant des animaux la plus grande somme de mis à des mesures particulières relativement aux épo
travail, on peut, par des soins intelligens et une bonne ques du pâturage, aux heures de sortie des étables ou
alimentation, prolonger la durée de leur vigueur et de bergeries et à celles du retour, à la manière de les con
leur existence, ce qui diminue la prime annuelle pour duire dans les pâturages aux époques du jour où ils de
renouvellement qui est la conséquence de leur prompt vront pâturer, aux pâturages ou enclos qui leur seront
dépérissement, et par suite le prix de leur travail; tandis abandonnés suivant les saisons, les temps, la qualité,
qu'avec de la négligence ou par ignorance on éprouve des la nature des pâtis, la taille des animaux, leur race,
pertes qui exigent, pour être réparées, des frais énormes leur destination, l'époque du part, etc.
d'entretien qui rendent alors le travail des attelages, où Pendant ses inspections l'administrateur vérifiera en
ces frais entrent comme él mens, fort dispendieux. particulier ses bestiaux et s'assurera que les mesures
Il faut bien se garder de laisser dégénérer la direction qu'il a prescrites ont été observées rigoureusement,
du service des attelages en une sorte de routine indiffé que ses animaux reçoivent les soins convenables, qu'ils
rente; au contraire, on ne saurait y apporter trop de soin ne courent aucun danger et qu'on exerce sur eux une
et d'intelligence.L'expérience,au boutd'uncertain temps, surveillance active et éclairée.
a déjà dû démontrer, ou au moins faire clairement sen Quant à la nourriture à l'étable, à la bergerie ou
tir, si, lors de l'organisation, on a fait choix de l'es dans des cours, la surveillance doit être également très
pèce ou de la race la mieux appropriée au pays, à la active, afin qu'il ne se glisse aucun abus; un peu de né
nature du domaine ou au mode d'exploitation adopté, gligence sur ce point entraîne parfois à des mécomptes
et s'il est nécessaire d'apporter successivement des mo dont on a peine à deviner l'origine. Par exemple, quel
difications à cette partie du service. Dans tous les cas, que petit, je suppose, que soit le dommage causé par des
l'achat des animaux qui doivent servir à l'entretien valets ou la perte qu'ils font éprouver par une cause
exige des connaissances dans cette matière et une quelconque à l'établissement sur la ration de chaque
grande pratique; quand l'administrateur ne possède pas animal en particulier, cette perte, multipliée par le
par lui-même ces connaissances et cette pratique, il nombre des rations distribuées dans la journée à cha
doit redoubler de prudence et s'entourer des conseils que tête, puis par lefombre de têtes de bétail, et enfin
d'hommes éclairés et probes. Les fautes dans ce genre par celui des jours de l'année, peut, au bout d'un cer
donnent presque toujours lieu à des pertes importantes tain temps, présenter une effroyable dilapidation des
de capitaux. ressources accumulées pour l'alimentation des bêtes de
TeIlle,
2° Des bétes de rente. Dans cette distribution des alimens, tout doit être ré
glé de telle façon que tout en conservant la santé et la
La majeure partie des obligations qui ont été impo vigueur des animaux on obtienne d'eux la plus grande
sées à celui qui conduit un établissement rural dans le quantité de produits qu'ils puissent donner avec le
paragraphe précédent, relativement à la direction éco moins de sacrifices possible. Ainsi, l'expérience ap
nomique et administrative du service des animaux de prendra bien vite à connaître quelle est la ration d'en
trait, doivent lui être également prescrites pour les bê tretien de la vie des animaux dans une race donnée, la
tes de rente. et c'est un devoir impérieux pour lui de ration de production ou celle qui, indépendamment du
régler avec un soin tout particulier leur régime hygiéni soutien de leur vie leur permet de donner encore du
que et alimentaire, de s'assurer, par des visites très nul lait, de la laine, de la graisse, etc.; et enfin comment
CHAP. 1°r. DIRECTION ÉCONOMIQUE D'UN, ÉTABLISSEMENT. 489 -
doit se composer cette ration pour obtenir ces produits l'établissement. Chaque fois ensuite qu'on veut accou
aux conditions les plus favorables, c'est-à-dire quelles pler des animaux, on consulte le registre et on combine
substances alimentaires sont les plus propres et les par son secours ses moyens de propagation. De cette
plus économiques pour favoriser, suivant les espèces manière, on voit d'un seul coup d'œil les succès et les
et les races, la secrétion du lait, l'engraissement, la revers qu'on a obtenus dans les essais qu'on a tentés ;
production d'une laine plus ou moins fine ou le déve on évite de faire de nouvelles fautes et on marche avec
loppement des masses musculaires. plus de certitude dans la carrière des améliorations.
Une chose qu'il ne faudrait jamais perdre de vue, C'est encore au moyen du registre où est ins
c'est de s'assurer des alimens en quantité suffisante crite l'histoire de chaque animal du troupeau qu'on dé
pour le bétail pendant tout le cours de l'année agricole.termine les bêtes qui doivent être mises à la réforme
Toutes les années ne se ressemblent pas, toutes ne sont ou engraissées, qu'on voit en un instant les élèves dont
pas également productives, et il faut chercher, si on ne on peut disposer, soit pour l'entretien du troupeau,
veut pas être obligé à des ventes ruineuses de bestiaux soit pour la vente, ou ceux dont on aura t besoin pour
dans les saisons défavorables, à faire venir les années donner une marche plus accélérée aux améliorations
d'abondance au secours des années de disette, couvrir qu'on projette dans ce service.
les années faibles par les fortes, en établissant, dans La récolte des produits fournis journellement ou à
le premier cas, une réserve pour les années qui suivent. certaines époques par les bêtes de rente exige une sur
Nous conseillons, quand on pourra le faire sans veillance toute particulière, d'aborl pour qu'elle soit
trop de perte de temps ou de main-d'œuvre, de distri faite avec le soin et l'attention convenables, ou pour que
buer les rations d'alimens aux animaux au poids, à la ces produits n'éprouvent aucune avarie sous le rapport
mesure ou au volume. Par cette méthode, on fait cer de leur quantité ou de leur qualité, mais ensuite pour
tainement une économie notable sur la quantité de qu'il ne soit commis aucune infidélité de la part de
substances alimentaires ainsi employées, et on a en ceux qui sont chargés de les recueillir ou de tous au
outre l'avantage, quand on tient un compte exact des tres.
quantités délivrées, de posséder des élémens précieux L'entretien du service des bêtes de rente doit se
pour établir un contrôle et un grand nombre de calculs faire d'après des principes bien simples et sous 2 points
économiques qui sont d'un haut intérêt sur un établis de vue di[férens.
sement bien dirigé. D'abord on doit chercher, comme nous venons de le
Dans la direction du service du bétail, il est un ob dire, à ce que les produits du troupeau ne perdent ni
jet dont l'administrateur doit exclusivement se charger sous le rapport de la quantité, ni sous cclui de la
lui-même ou dont il ne doit confier le soin qu'aux agens qualité. Ainsi, toute bête dont les produits sont infé
les plus intelligens et les plus instruits parmi ceux qui rieurs sous ces 2 rapports à ceux de la majorité
le secondent. Cet objet, c'est la propagation de ses bétes du troupeau, ou celle dont les produits ne paient
de rente et l'amélioration progressive de la race de pas aussi avantageusement les frais de sa nourriture,
ses troupeaux. Ce sera donc lui qui classera les ani de sa litière, des soins qu'on lui donne et les intérêts
maux du troupeau suivant leur sexe, âge ou quali de ceux de son éducation, doit être réformée pour faire
tés, qui déterminera ceux qui seront destinés à la pro place à une autre qui réunit à un degré plus éminent
pagation et les sujets qui seront accouplés, qui fixera les qualités générales du troupeau ou même des quali
l'époque de la monte, pour que les élèves arrivent au tés supérieures.
temps opportun, la manière dont elle s'opérera et le Il faut ensuite maintenir le troupeau au complet et
régime des animaux propagateurs, qui suivra toutes les entretenir le même nombre de têtes, si ce n'est dans
phases de la gestation, assistera, autant que possible, àdes cas particuliers.
l'instant du part, veillera à ce que les bêtes portières Dans un troupeau de bétes à cornes bien dirigé et
et leurs petits reçoivent les soins convenables, qui étu qui consiste en bêtes saines et d'un âge moyen, et dans
diera avec toute l'attention dont il sera capable les ré lequel on met à la réforme les animaux maladifs, fai
sultats obtenus, les modifications dont le système de bles ou vieux pour les remplacer à des époques régu -
propagation peut être susceptible, et qui, par la com lières par des jeunes, on compte que les pertes causées
paraison des animaux nouvellement créés sous le rap par les accidens et par la mort s'élèvent à 3 p. 0/0 par
port de la taille, du poids, de la quantité ou de la qua an au moins et qu'il est même prudent de les porter à 5.
lité des produits, s'appliquera à introduire tous les En y ajoutant 1o à 12 p. 0/o pour le remplacement des
perfectionnemens qui doivent porter son troupeau au animaux de réforme, on verra qu'il faut en somme,
plus haut degré de réputation et de prospérité. dans les années ordinaires, remplacer de 15 à 1 7 cen
Pour diriger plus facilement le service des bêtes de tièmes des bêtes d'un troupeau, si on ne veut pas en
rente et pour déterminer avec maturité et réflexion les voir décroître le nombre. Dans cette évaluation ne sont
animaux qui seront chargés de la propagation, on com pas comprises les chances résultant des épizooties et
mence par assigner à toutes les bêtes du troupeau un maladies contagieuses qui élèvent encore le chiffre an
numéro d'ordre, qu'on leur imprime sur quelque par nuel d'entretien, mais qu'il est difficile d'évaluer avec
tie apparente du corps par des moyens dont nous n'a exactitude.
vons pas à nous occuper ici, et en se servant directe Dans les mêmes circonstances que celles précitées et
ment de chiffres ou de signes arbitraires et conven quand le climat et les pâturages sont bien adaptés à la
tionnels. Ce numéro d'ordre est ensuite porté dans un race des animaux, il paraît que la perte pour accidens
registre sur lequel on inscrit à la suite l'époque de la ou morts subites ne s'élève pas non plus, dans un
naissance de l'animal, les pères, mères ou autres as troupeau bien soigné de moutons à laine fine, au-delà de
cendans dont il provient, son sexe, les particularités 5 p. ofo, mais peut, dans des circonstances moins favo
qu'il a présentées aux diverses phases de sa vie, ses rables, atteindre 10 et même 12 p. 0fo; en y ajoutant
caractères sous le rapport de sa taille,de son poids, de 15, 18 ou 20 p. ofo. suivant l'âge auquel on engraisse
sa forme, de la quantité et de la qualité de sa viande ou réforme en moyenne les bêtes adultes, on connaitra
et de ses produits, de sa prompte ou lente croissance, l'entretien qu'un troupeau de cette espèce exige an
de sa faculté d'engraisser, de sa fécondité, de sa cons nuellement.
titution et de ses facultés prolifiques. On y ajoute en Il est quelquefois nécessaire, afin de pourvoir à cet
outre quelques détails sous ces divers rapports sur les entretien, de connaître la quantité d'élèves qu'on est en
animaux dont il descend, quand ils ne sont pas nés sur droit d'espérer d'un certain nombre de bêtes adultes
AGRICULTURE. 112° livraison. ToME IV. - 62
, 490 ADMINISTRATION RURALE. LIV, v1I.
propres à la propagation, A cet égard, les races diffè individuellement et qui en deviennent responsables
rent dans des limites fort étendues; mais il paraît, d'a pendant tout le temps qu'ils les font fonctionner et tant
près les recherches de plusieurs savans, en Allemagne, qu'ils ne les ont pas rétablis dans les magasins et qu'on
qu'on peut compter qu'un troupeau de 1 oo vaches four n'a pas constaté leur état au moment de cette re
nit annuellement 8o veaux bien portans, dont 4o du IIl 1S0,
sexe masculin et autant du sexe féminin ; mais que, dans Afin de rendre plus efficaces ces mesures d'ordre et
dans les troupeaux mal dirigés, ce croît peut descendre pour ne pas éprouver de retard, d'encombrement ou
à 60 veaux seulement ; que, de même, dans les trou d'avarie dans l'emmagasinage et la livraison des objets
pcaux de mérinos fins, 1oo brebis portières ne donnent mobiliers, ceux-ci sont classés en plusieurs catégories,
annuellement que 8o agneaux bien venans, sur les suivant les besoins du service, ou bien suivant la rus
quels on compte 5 à 6 p. ofo de plus pour les agneaux ticité ou la délicatesse des objets, et serrés suivant l'or
femelles que pour ceux du sexe masculin. dre ou la division adoptée. Par exemple, on se con
Il ne nous resterait plus ici qu'à ajouter des ob tente souvent de mettre dans des hangars ou des places
servations sur le commerce des bestiaux; mais c'est abritées les charrettes, les gros instrumens de culture ;
un sujet qui exige non pas quelques explications théo tandis qu'on dépose dans des salles fermées les instru
riques, mais une longue pratique qui, seule, peut mens à main, les objets de harnachement, etc.,et tous
donner ce tact et ce coup d'œil nécessaires pour ju ceux qui sont plus petits ou délicats. Tous ces objets
ger des qualités et des défauts des animaux comme sont en ôutre portés dans l'inventaire général qui fait
bêtes de propagation, de produit ou de boucherie. Pour connaltre leur espèce et leur usage, les matériaux qui
acquérir cette pratique , il faut fréquenter les mar entrent dans leur construction et leur condition au mo
chés, voir beaucoup de bestiaux, interroger les prati ment où l'inventaire a été arrêté ou à la fin de chaque
ciens sur leurs qualités et leurs défauts et apprendre à année. Dans ce registre, chaque outil, instrument, ma
les juger soi-même. Si l'on ne possède pas ces connais chine ou ustensile porte un numéro d'ordre qui est
sances, si l'on n'a pas le loisir ni l'espoir de les acquérir, répété sur une des pièces de l'instrument les plus appa
il vaudrait mieux charger du soin de l'achat et de la rentes et où il risque le moins de disparaître par l'u
vente des bêtes de rente de l'établissement des prati sage et le temps, soit avec de la peinture, soit avec un
ciens honnêtes et des hommes expérimentés, et leur ac fer chaud ou par tout autre moyen.
corder un droit de commission, même un peu élevé, A l'inventaire général on ajoute un livre ou journal
plutôt que de s'exposer à faire des pertes considérables où tous ces objets sont mentionnés suivant leur numé -
dans un genre de spéculation déjà trop fertile en re ro d'ordre, et qui reste déposé dans les mains de l'ad
vers, même pour ceux qui l'exercent par état et souvent ministrateur ou de celui qui a la direction du service
depuis de longues années. du mobilier. Chaque fois qu'un de ces objets sort des
hangars, chambres ou magasins, cette sortie est men
3° Du mobilier. tionnée sur le livre à son numéro d'ordre, en énonçant
en même temps l'agent, le serviteur ou 1'ouvrier au
Déià nous avons eu plusieurs fois l'occasion de par quel on le confie pour le travail ou pour y faire des
ler des objets qui composent le mobilier proprement réparations. En outre l'état de l'objet est constaté au
dit des établissemens ruraux, et, en nous occupant de thentiquement, par le maître ou son délégué, en pré
ce sujet, on a pu voir que ces objets étaient générale sence du serviteur qui devient alors responsable des
ment très multipliés et partagés entre les divers servi avaries que les instrumens pourraient éprouver par sa
ces à l'usage desquels ils sont destinés. Cette dispersion négligence ou son incapacité.Au retour, on indique de
des pièces qui composent le mobilier, et souvent la même la rentrée de l'instrument et on inscrit à la suite
multiplicité et la petitesse des objets obligent l'adminis les avaries qu'il a éprouvées dans le travail, on note
trateur ou ses agens de confiance à une surveillance les réparations qu'il doit subir pour être remis en état
continuelle et fort active, soit pour empêcher qu'on ou sa mise hors de service définitive.
ne les détériore, soit pour y faire opérer les répara Un instrument qui rentre des champs dans les ma
tions qui doivent en prolonger la durée, soit enfin pour gasins doit, après avoir été visité et qu'on a constaté les
s'assurer que les serviteurs ou autres ne les font pas dis avaries qu'il a éprouvées, être réparé promptement,
paraitre. afin que, lorsqu'on en aura besoin, on le trouve en bon
Dans un très grand nombre de fermes, on est état et prêt à fonctionner. Ceux qui reviennent, et qui
dans l'habitude de jeter çà et là les instrumens ct les n'ont éprouvé aucun dommage, sont nettoyés soigneu
machines qui composent le mobilier, sans s'inquiéter sement; ainsi, dans les charrues, on démonte le soc et
de ce qu'ils deviendront jusqu'au moment où l'on re le dessous du sep est débarrassé de la terre qui s'y est
commence à en avoir besoin. Abandonnés ainsi aux attachée, de façon qu'on puisse immédiatement les ap
chances de destruction de toute espèce et à l'infidélité pliquer au travail le lendemain sans perte de temps.
des valets, ces instrumens ne tardent pas à éprouver de Lorsque des objets quelconques du mobilier doivent
très grandes avaries, qui ont non-seulement l'inconvé | pendant toute une saison travailler dans les champs et
nient d'exiger des frais considérables pour les répara être exposés presque constamment à l'effet destructeur
tions, mais en outre mettent le cultivateur dans un des agens atmosphériques, il est indispensable pour
cruel embarras au moment où il compte exécuter des leur bonne conservation de les enduire de temps à
travaux que ses instrumens hors de service le contrai autre d'une peinture à l'huile. Cet enduit les pré
gnent de négliger et de remettre à un autre temps. serve des effets de la sécheresse et de I'humidité, et
On ne saurait, dans un établissement bien admi prévient la rouille, la pourriture, le travail des pièces
nistré se laisser diriger par des principes aussi erronés les unes relativement aux autres, et, tout en leur con
et qui causent des pertes réelles et pesantes. Là, on ne servant des formes plus régulières, augmente en outre
laisse à la discrétion des individus qui peuplent la ferme leur durée. On sait qu'en Angleterre il y a beaucoup de
que les objets qui sont d'un usage général et journalier; comtés où l'on peint avec beaucoup de soin les instru
tous les autres sont renfermés ou serrés dans des por mens d'agriculture; que dans une portion de la Beſ
tions de bâtimens qui ont pour destination spéciale de gique, et surtout dans la Campine, où les instrumcns
les recevoir, et extraits des lieux où ils sont déposés, sont établis avec une grande exactitude dans les ſor
quand on doit s'en servir, pour être confiés aux aides mes, on les enduit avec une peinture à l'huile, les in
»u manouvriers qui en font usage, à qui on les remet dustrieux habitans de ces pays ayant observé depuis
CIIAP. 1". DIRECTIoN ÉcoNoMIQUE D'UN ÉTABLIssEMENT. , 491
|'#!
long-temps que cette dépense était compensée bien au i de son imperfection ou de sa lenteur, afin d'apporter
delà par la durée des objets. Enfin cet usage commence dans cette partie du service toutes les modifications
# à s'introduire en France, surtout pour les instrumens qui doivent en perfectionner les résultats. , . -
: t.
perfectionnés qui, étant d'un prix plus élevé, ne sau Toute machine ou instrument qui n'a plus d'utilité
raient être conservés avec trop de soin. . directe, soit par suite d'un changement dans la mé
Dès qu'un instrument ne doit plus servir dans la thode ou les procédés de culture ou autres, soit par
saison, † le replacer dans les magasins et dans un les dommages que le temps et l'usage lui ont fait éprou
endroit où il ne gêne pas pour le service. Cette rentrée ver, doit être mise à la réforme et vendue. En con
en magasin ne peut avoir lieu sans que cet instrument servant ces objets, ils perdent de plus en plus et avec
n'ait été complétement nettoyé, puis séché, et enduit rapidité de leur valeur; on charge en outre le service
avec des huiles grasses s'il est en bois, et avec une sur le compte duquel ils figurent de sommes inutiles ;
couche de peinture à l'huile s'il est en fer. Ainsi em enfin on perd l'intérêt d'un capital qui, quelque petit
magasiné dans un lieu sec, cet objet ne court aucun qu'on le suppose, pourrait fructifier avec avantage pour
risque de détérioration, et peut être ainsi conservé l'établissement. .. .. , • .. • : -**
pendant long-temps en bon état.Un cultivateur éclairé, , Les frais d'entretien du service du mobilier ont déjà
actif et intelligent tiendra toujours beaucoup à avoir donné lieu de notre part à quelques considérations,
des instrumens propres et en bon ordre. auxquelles nous renvoyons (voy. p.451); ce qu'il est
- *
Certains instrumens ou machines qui sont d'un important seulement de rappeler, c'est qu'une admi
usage journalier demandent à être constamment en nistration établie sur de bons p, incipes diminue consi
bon état. II en est de même de la pompe à incendie, dérablement ces frais, tandis qu'une administration
qui ne sert que très rarement et qui doit toujours être négligente peut les faire monter à un chiffre véritable
clº
prête à fonctionner. : " * - • • • • - ment ruineux pour un établissement. # *, * º
:: ! La surveillance de l'administrateur ne se borne pas Quant à la durée des objets du mobilier, elle est
3# au bon entretien de ses instrumens, il les suit encore aussi variable que ces objets eux-mêmes, et, quoiqu'on
dans les champs, les examine et les étudie pendant le ait cherché à dresser des tables de la durée présumable
temps du travail. - # - , -- . de tous les outils, instrumens, machines ou ustensiles
Les instrumens perfectionnés, légers et délicats ne qui entrent dans le mobilier d'une ferme, les nombres
peuvent être confiés qu'à des serviteurs intelligens et donnés ne sont guère que des observations locales qui
soigneur, qui apprennent promptement à en faire ne peuvent être appliquées généralement, même à
usage, qui savent alors les ménager, les entretenir avec des établissemens également bien gérés et adminis
soin et qui en augmentent ainsi beaucoup la durée. Les trés.
aides ou manouvriers grossiers, ignorans ou malhabiles • ** - • •º - - -
les détruiraient promptement par les chocs ou les ef $ II. — Du capital de roulement et des objets qui
forts auxquels ils les exposeraient. L'instrument d'a le composent.
griculture le plus parfait dans les mains d'un mauvais
ouvrier ne donne d'ailleurs qu'un travail médiocre et 1° bu capital de roulement en générat,
est en outre exposé à beaucoup plus de chances d'ava
ries qu'un instrument grossier mieux adapté à la rusti Le capital de roulement dans une ferme, éprouvant
cité de celui qui le fait fonctionner. - - par suite de sa destination même un mouvement con
Tout instrument ne doit être extrait des magasins tinuel et des transformations multipliées, doit plus que
et transporté sur le lieu du travail que lorsque cela est tout autre être exposé à des chances de pertes et d'ava
nécessaire et que les circonstances sont favorables. Il ries. Ces pertes, si l'œil de l'administrateur ne les suit
est en effet inutile de l'exposer sans raison à des chan pas constamment avec la plus vigilante sollicitude à tra
ces d'avarie et de destruction ou à être dérobé par des vers ses changemens de forme divers, peuventdevenir
malfaiteurs. D'ailleurs, des instrumens mis en activité quelquefoisconsidérables, et mettre souvent un entre
dans des momens opportuns, non-seulement donnent preneur hors d'état de continuer ses travaux ou l'obli
un travail plus régulier et plus expéditif, mais en outre ger, pour faire honneur à ses engagemens, d'entamerson
éprouvent moins de causes de détérioration. capital foncier ou son capital fixe d'exploitation.
Pendant le temps que les instrumens fonctionnent, Il ne suffit pas de veiller à la conservation de son ca
l'administrateur doit, dans ses visites aux champs, les pital de roulement; un administrateur habile doit cher
observer avec la plus grande auention. Si le mode cher en outre tous les moyens de l'accroître annuelle
d'application de la puissance n'est pas conforme aux ment, parce que tout accroissement dans ce capital
règles de la mécanique, si on n'attelle à ces instrumens fournit à l'agriculteur des moyens plus étendus d'action
que des bêtes indociles ou un nombre d'animaux in - ou tourne à l'augmentation du capital foncier, au bien
suffisant pour faire marcher le travail avec aisanee et être et à la prospérité de la famille et de l'établisse
régularité, si les attelages sont confiés à des mains in Inent. -
habiles, les instrumens éprouvent alors une fatigue Il est d'autant plus important de veiller à la conser
considérable ou des secousses violentes dues aux efforts vation du capital de roulement que c'est sur lui que
saccadés des moteurs qui en brisent les pièces et les pèsent toutes les charges de l'établissement, que c'est
mettent en peu de temps hors de service. Pour ména lui qui est chargé de desservir les intérêts de tous les
ger les instrumens, il faut donc un bon mode d'attelage, autres capitaux, qui pourvoit à leur entretien et qui
une force suffisante pour les mettre en action, des ani récompense tous les services industriels.Aussi lorsque
maux bien dressés et des serviteurs intelligens. le capital éprouve des pertes, les autres capitaux ne
Nous ne reviendrons pas ici sur les conditions que peuvent plus recevoir le prix de leur coopération dans
doivent remplir les instrumens d'agriculture pour don les opérations agricoles, les divers services se détério
ner un travail expéditif et de bonne qualité, on peut rent faute d'entretien, l'industrie des agens ou du
consulter à ce sujet ce que nous avons dit au chapi maître ne reçoit plus la récompense à laquelle elle a
tre V du titre III, page 445; mais un administrateur, droit, et l'activité qui doit régner sur un établissement
jaloux de conduire habilement son établissement, ne se ralentit peu à peu et finit par s'éteindre.
, peut, en aucune occasion et sous aucun prétexte, négli La conservation du capital de roulement est, comme
ger d'étudier avec la plus scrupuleuse attention la na nous venons de le dire, une chose qui doit sans cesse pré
ture du travail qu'exécutent ses attelages et les causes occuper l'administrateur. Il ne peut jamais la perdre de
492 ADMINISTRATION RURALE. Liv. vII.
vue dans ses opérations ou speculations quelconques, et rigoureusement aux recettes les plus probables, et ne
iî doit la chercher jusque dans les moindres détails de pas grossir cette partie du compte de créances douteuses
son entreprise. Cette conservation repose en grande ou de recettes trop éventuelles; car il est de l'intérêt
partie sur ses connaissances théoriques et pratiques, son de l'administrateur, et il y va même de son honneur, que
habileté à conduire ses opérations, sa prudence à se toutes les sommes qui figurent aux dépenses et qui la
couvrir des risques que courent ses capitaux, son in plupart du temps sont exigibles avant que les recettes
telligence et son infatigable activité. A cette impor annuelles aient été opérées entièrement soient acquit
tante matière viennent se rattacher toutes les questions tées avec la plus scrupuleuse exactitude. Apporter de la
d'administration et de pratique qui constituent l'exploi négligence ou des retards à s'acquitter de ses engage
tation d'un domaine; en un mot, la conservation etl'ac mens, nuit nécessairement au crédit de l'administrateur
croissement annuel du capital de roulement doit étre et donne à penser à ceux dont il a loué les services per
l'unique tendance et le but constant de toute entre sonnels ou dont il a réclamé la confiance que c'est un
prise agricole. homme sans habileté administrative ou sans probité,
On peut dissiper son capital de roulement de tant qu'il y a des chances hasardeuses à courir avec lui,
de manières diverses que nous n'oserions pas tenter chances qui doivent être couvertes par une prime dé
d'en faire une énumération même imparfaite. Ainsi, un guisée sous la forme d'accroissement de salaire ou d'aug
entrepreneur qui fait exécuter des travaux qui ne sont mentation de prix, et qui retombe toujours à la charge
pas productifs d'utilité ou à contre-saison , celui qui de l'administrateur négligent ou imprévoyant.
paie des travaux à un prix plus élevé que leur valeur Il est en outre nécessaire de se rappeler que, malgré
courante ou réelle, ou qui emploie un mode dispendieux qu'on cherche par l'assurance à se mettre à l'abri des
de travail, dissipe son capital de roulement. Il en est grands fléaux, il est, dans une machine aussi compliquée
de même de ceux qui laissent chômer leurs agens ou qu'un établissement rural, une foule de causes secon
leurs attelages, ou qui par négligence perdent une por daires de pertes et d'avaries qu'avec la plusgrande sur
tion ou la totalité de leurs récoltes, ou laissent gas veillance et une extrême prudence il n'est pas toujours
piller des matières premières; de ceux qui achètent sans possible de prévenir et d'éviter, et qu'on doit chercher
discernement, et à des prix ruineux, ou qui permettent à couvrir par des sommes facultatives mises ainsi en
l'introduction d'abus graves qui dévorent en pure perte réserve pour faire face aux cas imprévus.
une portion du capital de roulement, tel qu'un nombre Un bon principe économique qui règle surtout l'em
superflu de serviteurs ou d'animaux de travail, des ha ploi du capital de roulement dans l industrie manufac
bitudes de paresse parmi les agens, ou enfin qui ne turière et commerciale, c'est que ce capitalne doit ch6
répriment pas le luxe inutile qui s'introduit dans leur merjamais, et que les avances qu'il fait doivent parcourir
ménage, etc. avec la plus grande rapidité toutes les phases de la pro
Le capital de roulement étant destiné à alimenter duction.Ce capital en effet, occupé moins longtemps dans
tous les services organisés, il importe beaucoup qu'il chaque opération, sert à en faire dans un même temps un
soit distribué entre eux proportionnellement à leurs plus grand nombre; chaque opération productive se
besoins. Cette répartition, si on ne veut pas s'exposer trouve alors chargée de moins de frais, et quelle que
à faire languir un service aux dépens des autres, doit soit l'exiguité des bénéfices, leur répétition et leur ac
être faite à l'avance et au commencement de chaque an cumulation finissent pardonner des profits raisonnables.
née agricole. Malheureusement il n'est pas au pouvoir de l'agri
Pour opérer cette répartition , on dresse avant la fin culteur de répéter plusieurs fois dans le cours de l'an
de l'année un budget, ou bilan provisoire et général née ses opérations productives; mais il peut distribuer
de toutes les dépenses qui seront nécessaires pour mettre ses travaux, ses dépenses et ses recettes de telle façon
en activité chaque service en particulier ou pour dé que son capital reste le moins possible dehors, et entre
penses générales et de toutes les recettes sur lesquelles prendre certaines spéculations ou même adopter des
on est en droit de compter terme moyen dans le cours systèmes d'exploitation et de culture propres à lui pro
de l'année. Dans ce budget on fait d'abord figurer toutes curer cette répétition si désirable de bénéfices.
ses dettes passives ; on y ajoute pour chaque service un On a conseillé, avec beaucoup de raison, d'établir la
état des frais pour intérêts de capitaux, entretien, re série des opérations agricoles de telle façon qu'on
nouvellement, améliorations ou assurance ou pour sa puisse sur des recettes au des dé
laires, et on y joint tous les frais généraux qui ne pèsent penses et qu'on puisse payer celles-ci au comptant.
sur aucun service en particulier. On fait de même, en C'est en effet un inconvénient fâcheux d'être obligé
suite pour toutes les dettes actives, pour les récoltes d'ajourner des travaux urgens faute d'argent pour les
en magasin ou en espérance, en évaluant approximati payer, ou d'avoir recours au crédit.
vement les récoltes qu'on recueillera dans l'année ou « Acheter à crédit du travail ou des objets matériels,
les bénefices qu'on pourra espérer des spéculations qu'on dit M. SAY, c'est consommer son capital de circulation
entreprendra. Cela fait, on rapproche les deux résultats à l'avance, et sans être certain qu'on ne dépassera pas
et s'ils ne coincident pas, on modifie celui des dépenses les bornes qu'on doit se prescrire. ll convient même
en faisant porter également sur tous les services ou d'avoir toujours de l'argent en réserve pour les besoins
sur les services les moins importans, ou qui ont le imprévus ; car l'expérience nous apprend que les dé
moins besoin d'améliorations et de secours, l'excès de penses vont souvent au-delà de ce qu'on avait présumé,
celles-ci sur les recettes, afin d'arriver à une balance et quand on n'est pas en mesured'acquittersur-le-champ
exacte entre les deux sommes. une dépense devenue nécessaire, la considération per
Dans le cours de l'année et suivant les besoins du sonnelle en souffre toujours un peu. Les rentrées cou
service, on est souvent obligé d'apporter des modifica rantes non-seulement doivent pourvoir aux consomma
tions aux chiffres arrêtés ; mais on doit s'efforcer au tions courantes, mais réparer les pertes futures. »
tant que possible à ce que ces changemens soient renfer Un administrateur vigilant doit s'attacher à suppri
més dans des limites peu étendues, afin de porter moins mer certaines petites dépenses qui fatiguent inutile
de confusion dans ce bilan que l'administrateur doit ment le capital de roulement, ou au moins les circons
avoir constamment sous les yeux, et qui doit lui servir crire dans les plus étroites limites ; telles sont, entre
de régulateur toutes les fois qu'il s'agit de matières fi autres, les habitudes de hanter les cabarets ou les cafés
nancières. les jours de marché ou de réunion, etc Ces dénenses,
Dans l'établisssement de ce budget, il faut s'en tenir si elles étaient additionnées au bout de l a née, étonne
CHAP. 1*. DIRECTION ÉCONOMIQUE D'UN ÉTABLISSEMENT. 493
raient certainement par leur chiffre l'administrateur
même le plus insouciant. 2° Des objets qui composent le capital de roule.
De même on doit se tenir en garde contre toute dé mcnt.
pense qu'on ne fait que par occasion ou par caprice et
suivre le conseil de FRANKLIN qui pense que parmi le Jetons maintenant un coup d'œil sur les principaux
grand nombre de gens qui se rendent dans une vente objets qui représentent le capital de roulemcnt de l'en
publique beaucoup se laissent tenter par des objets dont trepreneur : ces objets sont les récoltes , les semences ,
le besoin ne s'est jamais fait sentir à eux. « Vous ve les fumiers, divers objets d'approvisionnement et l'ar
nez, leur dit-il, dans l'espoir d'avoir des marchandises gent comptant.
à bon compte, mais ce qui n'est pas nécessaire est tou 1° Les récoltes, une fois détachées de la terre qui
jours cher. J'ai vu quantité de personnes ruinées à les portait deviennent d'après la loi, des objets mobi
force d'avoir fait des bons marchés Ceux qui achètent liers : sous ce nouvel état, la sollicitude de l'entrepre
le superflu finissent par vendre le nécessaire. » neur doit les suivre dans tous les mouvemens qu'elles
Cette économie, dans le maniement du capital de vont éprouver pour les préserver des différentes chances
roulement,qui doit être regardée comme une des condi d'avaries auxquelles elles seront exposées.
tions les plus indispensables de la bonne administra Nous n'avons rien à ajouter à ce qui a été dit dans
tion de toute entreprise industrielle, n'est pas égale les chap. XI et XII du t. I°r sur les précautions à
ment bien comprise par tout le monde et il est utile ici prendre pour effectuer les récoltes , sur leur transport
de déterminer avec M. de DoMBAsLE ce qu'on entend et les moyens les plus usités pour leur conservation;
par économie. « Dans la vie privée, dit-il, (1) l'écono mais il ne suffit pas que ces récoltes aient été mois
mie consiste à ne pas dépenser plus que son revenu ou sonnées à l'état le plus convenable de maturité et en
même à dépenser moins ; il n'en est pas ainsi dans les temps opportun, avec les soins nécessaires et en pré
spéculations industrielles où les dépenses ont pour but sence de l'entrepreneur et de ses agens les plus fidèles
la création d'autres valeurs. L'administrateur est aussi et les plus intelligens, qu'on leur ait préparé des ma
homme privé, et sous ce rapport, c'est-à-dire, à l'égard gasins où elles soient à l'abri des injures des saisons,
des dépenses relatives à ses besoins ou à ses jouissances, il faut, de plus, les préserver d'une foule de détériora
l'économie est entièrement la même chose que pour un tions qui tendent sans cesse à en diminuer la valeur ou
individu qui ne fait pas d'affaires. Mais le défaut d'é la quantité.
conomie dans ce genre de dépenses est bien plus fu Pour procéder avec ordre dans cette matière, il con
neste pour lui parce que, dans les produits de son in vient d'abord de jauger les récoltes, c'est-à-dire de
dustrie, son revenu se trouve confondu avec les valeurs déterminer leur volume, ou si on le peut leur poids, au
qui représentent les frais de production ; en sorte que moment de l'emmagasinage; puis sur les registres de
s'il ne tient pas une comptabilité très sévère qui classe la comptabilité de leur ouvrir un compte où on men
avec précision le revenu, les profits et les frais de pro tionne les prélévemens successifs qui sont faits sur la
duction, il court le risque de diminuer son capital par masse, en tenant compte de la diminution de volume
des dépenses qu'il croit prendre sur son revenu ou ses ou de poids que plusieurs d'entre elles éprouvent avec
profits, peut-être au moment même où son entreprise le temps. Par exemple, on calcule que, terme moyen
ne lui offre que de la perte. Quant aux dépenses rela 400 liv. d'herbe de prairie se réduisent à 100 liv. lors
tives à la spéculation, c'est-à-dire celles qui ont pour but qu'elles sont converties en foin au moment où on les
la production, l'économie ne consiste pas à dépenser le met en meules ; au bout d'environ un mois, la chaleur
moins possible, mais à atteindre un but donné avec le produite par la fermentation abaisse ce poids à 95, qui,
moins de dépenses. Il faut atteindre ce but; par suivant MIDDLEToN, se réduit pendant le cours de l'hi
exemple exécuter telle opération que je suppose profi ver à peu près à 9o. Depuis le milieu de mars jusqu'à
table en elle-même; celui-là ne sera pas le meilleur septembre, les opérations du bottelage, du chargement
econome qui manquera le but en restreignant trop la sur les voitures et du transport sur les marchés, exposent
dépense, mais celui-là qui parviendra à l'atteindre aux encore le foin à l'action de l'air et du soleil, de manière
moindres frais. En réduisant les dépenses agricoles à qu'il ne pèse plus que 8o, au moment où à cette époque
ces limites, une exploitation présente encore presque il est livré à l'acheteur (2). Au moyen de ce compte, on
toujours un vaste champ à des dépenses profitables et vérifie successivement les récoltes consommées, ven
par conséquent économiques; mais celui-là manquerait dues ou en magasin ; on constate les pertes provenant
encore à l'économie qui se livrerait à la dépense même de causes qnelconques ; on contrôle la fidélité des agens,
la plus profitable si elle excède les ressources que lui et on fait peser sur qui de droit la responsabilité.
offre son capital , ou s'il est forcé d'y employer des Les mesures administratives à prendre pour la con
sommes qui seraient réclamées par d'autres opérations servation des récoltes sont : 1° l'assurance contre l'in
plus indispensables. » cendie, qui met à l'abri d'une des chances les plus rui
En terminant ce que nous avons à dire sur le capi neuses qui puissent affecter l'agriculture ; 2° la sur
tal de roulement envisagé en général, nous rappellerons veillance active, qui prévient les déprédations ou les
que l'administrateur exerçant dans l'établissement un constate, qui reconnait les causes d'avarie et les arrête
pouvoir sans contrôle en matière de finances , il peut dans leur cours. L'assurance indemnise, il est vrai, en
plus facilement exercer une surveillance active sur partie de la perte des bâtimens et des récoltes, mais
cette partie de sa fortune mobilière; mais cette surveil l'incendie est un fléau qui porte toujours la perturbation
lance, qu'il l'exerce par lui-même ou qu'il la délègue, dans le roulement des opérations d'un établissement,
exige pour rendre palpable aux yeux toute la série des qui parfois dévore beaucoup d'autres choses qui ne
opérations agricoles et les différentes chances qu'elles sont pas assurées ou qui ne sont pas l'objet des contrats
ont eues à éprouver, qu'une comptabilité régulière vien ordinaires d'assurance et donne lieu souvent à des pro
ne y porter la lumière. Cette matière étant de la plus cès longs et dispendieux. Ce contrat ne doit donc pas
haute importance , nous nous réservons de la traiter inspirer au cultivateur une sécurité aveugle ni assez
avec détail à la fin de ce titre. de confiance pour lui faire négliger toutes les mesures
rection. Dans tous les cas, il ne faut jamais perdre de La sortie des magasins ou greniers et le transport
vue que lorsqu'une infidélité a été commise il faut la sur les marchés des récoltes destinées à la vente mé
réprimer sur le-champ et en prévenir le retour ; que rite une attention particulière. La sortie s'opère avec
dès qu'on a constaté une cause d'avarie, il est de l'in les précautions que nous avons indiquées pour la dis
térêt du maître d'apporter la plus grande célérité pour tribution des denrées consommées sur l'établissement,
en arrêter les progrès ; qu'à cet égard, il ne faut met mais les transports exigent qu'on prenne des mesures
tre ni délai, ni négligence ; qu'un mal qui, au pre spéciales pour déterminer l'époque à laquelle ils seront
mier coup d'œil, paraît peu considérable, a déjà causé effectués, les moyens qu'on emploiera pour cela, et les
souvent dans les masses d'affreux ravages, et qu'en gé agens qui en seront chargés. La nature de ces mesures
néral les agens de destruction agissent dans une pro dépend en effet de l'état des routes, de l'espèce des
portion sans cesse croissante avec le temps jusqu'au vehicules, de la saison, de l'habileté des charretiers, de
moment où le mal devient sans remède. . l'éloignement des marchés, de la nature des produits, etc.
C'est surtout lorsque la saison n'a pas été favorable L'instruction qu'on doit donner aux agens chargés de
au moment où se sont opérées les récoltes qu'on doit ces transports contiendra en outre l'énonciation des
multiplier les moyens de surveillance et les inspections. mesures à prendre en cas d'avaries sur la route, d'obs
Dans les années de cette espèce, il ne faut épargner ni tacles imprévus ou d'accidens fâcheux dans le trans
peine, ni soin, ni travaux pour conserver ses récoltes port, au lieu de déchargement ou sur le marché.
et les mettre, jusqu'au moment de la vente, à l'abri L'administrateur doit sans cesse combiner ses moyens
des chances plus multipliées de destruction qui les me d'action pour placer le plus avantageusement possible
IlaCent. # • • .
ses récoltes et les jeter sur le marché dans le temps le
Dans les années d'abondance, on éprouve souvent plus opportun. Ce sujet intéressant, dont la bonne di
des encombremens qui ne permettent pas toujours d'a rection repose sur les principes économiques qui prési
briter toutes les récoltes aussi efficacement qu'on pour dent aux ventes
sidérations et achats
dans un fera
chapitre l'objetdedecequelques
spécial titré. con •
Le transport des engrais dans les champs et son La 1re mesure d'ordre qu'il est nécessaire de pren
épandage n'est pas une opération aussi indifférente dre dans la direction d'un établissement, c'est de faire
qu'on paraît le penser dans un grand nombre d'éta choix d'un système d'économie rurale et d'un plan
blissemens. Cette opération exige en effet, tant dans de culture applicables avec avantage au domaine.
le nombre des véhicules et des serviteurs qui y sont Cette importante matière exigeant quelques dévelop
employés que dans le chargement, le transport, le dé pemens, nous lui consacrerons le chapitre suivant.
chargement et l'épandage, des mesures d'ordre et même Une fois fixé sur le système économique et le plan
des soins minutieux, qu'on doit combiner de façon à de culture qu'on croit le plus avantageux, il reste à dres
obtenir en même temps célérité et économie. En ou ser le tableau de toutes les opérations annuelles aux
tre, elle doit satisfaire à la condition que les engrais quelles devra donner lieu l'exécution de ce plan. Ce ta
perdent le moins possible dans ces divers mouvemeus bleau contient d'abord 2 objets importans :
de leur qualité et de leur énergie, soit en les répan 1° La répartition dans le cours de l'année de tous
dant en temps opportun, soit en évitant de les ex les travaux qui devront être exécutés suivant le plan
poser à toutes les causes qui peuvent en diminuer la qu'on aura adopté. Celui - ci sera d'autant plus par
valeur. fait, indépendamment des autres conditions auxquelles
4° Il est encore quelques objets qui appartiennent il doit satisfaire, qu'il permettra de distribuer les tra
au capital de roulement et que Tadministrateur doit vaux avec plus d'égalité et de régularité entre les di
avoir à cœur de mettre à l'abri de toute perte ou dé verses périodes de l'année.
térioration. Tels sont les provisions de combustible ou Pour parvenir à une bonne répartition, on com
de ménage, les matériaux qu'on destine aux repara mence, quand on dresse un tableau, par distribuer
tions, certaines matières qui servent dans les arts agri aux époques fixes où ils doivent être effectués les tra
coles, etc. Nous croyons inutile de nous étendre sur vaux de saison et d'urgence; tels que labours, fenai
ces divers sujets, parce que leur conservation, leur dis son, moisson, vendange, etc. Puis, dans les intervalles
tribution et la surveillance à laquelle on doit les sou que laissent entre elles ces périodes de travaux de
mettre reposent sur les mêmes principes que ceux qui 1" ordre, on groupe aussi également que possible les
viennent d'être énoncés, et n'exigent en général que autres travaux secondaires, en commençant par ceux
l'application des règles les plus simples et les plus qui exigent qu'on les entreprenne à une certaine épo
usuelles de l'économie rurale et domestique. que, et en répartissant ensuite dans les vides qui res
5" Le dernier objet qui constitue une partie du ca tent encore dans l'année ceux qu'il est à peu près in
pital de roulement de l'entrepreneur, et sur lequel il différent de faire en toute saison, comme certains tra
importe de fixer l'attention de l'administrateur, c'est vaux d'amélioration. On tient compte d'ailleurs dans
l'argent comptant ou les valeurs qui le représentent ce tableau des jours où on est obligé de suspendre tout
Nous avons peu de chose à dire sur cette matière, si travail par suite des mauvais temps, jours dont le nom
ce n'est que l'ordre le plus parfait doit présider à l'en bre n'est pas le même pour toutes les saisons de
trée et à la sortie de la caisse de l'administrateur de l'année.
valeurs quelconques, ordre que nous apprendrons à éta 2° La répartition entre les divers services des tra
blir dans cette partie du service au chapitre de la vaux qui doivent échoir à chacun d'eux se fait natu
comptabilité.Nous engageons seulement ceux qui ne rellement avec la précédente, c'est-à-dire que dans le
veulent pas s'exposer à des pertes fâcheuses et à des tableau qu'on dresse des travaux annuels, on men
affaires désagréables à s'assurer d'un lieu bien clos et à tionne à la suite le nombre d'attelages, ou mieux, de
l'abri de toute tentative extérieure où ils puissent dé journées d'hommes ou d'animaux qui seront nécessaires
poser les sommes assez considérables qu'ils peuvent re pour les accomplir.
cevoir quelquefois ou les valeurs qu'ils acceptent en Quand ensuite on veut mettre le plan à exécution,
paiement jusqu'à leur échéance on examine, suivant l'époque ou le jour de l'année, les
travaux qui doivent être effectués, on les isole du plan
général, et on y ajoute une instruction qui contient :
SECTroN III. — De la direction générale des 1° Le nombre et la désignation des attelages et des
opérations agricoles. serviteurs qui doivent y être appliqués, ainsi que la
tâche imposée à chacun d'eux en particulier, en ayant
L'industrie agricole se compose, dans la pratique, toujours en vue la bonne exécution et l'économie du
d'un assez grand nombre d'opérations diverses qui se temps et de la force.
succèdent dans le cours de l'année.Ces opérations s'ac 2° La maniere dont les travaux doivent étre exé
complissent en général au moyen des agens salariés em cutés suivant les circonstances atmosphériques ou acci
ployés sur la ferme et avec le secours des attelages. dentelles, ou suivant qu'on veut obtenir tel ou tel ré
Dans cette section, nous ne pouvons descendre à sultat, Dans tout travail il y a toujours un mode de
l'examen de tous les détails dont se compose en parti faire plus expéditif et plus satisfaisant que tout autre ;
culier la direction administrative des opérations agri c'est celui qu'on s'efforcera d'introduire dans les di
coles, d'autant plus que ces détails deviennent faciles à verses branches du service.
régler lorsqu'on part de bons principes économiques 5° Les mesures administratives relatives aux heu
dans cette branche du service, nous nous contenterons res auxquelles le travail commencera et sera terminé
donc de les envisager dans leur ensemble et sous un ou à celles du repos, à la surveillance à laquelle les
point de vue général, ce qui nous permettra de nous travailleurs seront soumis, aux précautions à prendre
restreindre dans les limites que comporte la nature de en cas d'accident ou d'événement imprévu, au soin
cet ouvrage. qu'on aura des animaux, des machines, des récoltes et
Quelle que soit l'étendue ou l'exiguité du domaine à beaucoup d'autres détails propres à établir partout le
qu'on est appelé à exploiter, il ne faut jamais perdre bon ordre.
de vue qu'il ne peut pas y avoir de succès possible si Faites chaque chose en temps opportun est une
l'ordre ne préside à la direction de toutes les opé maxime qui, en agriculture, plus que dans toute autre
rations et si tous ceux qui prennent une part quelcon industrie, doit être observée avec la plus rigoureuse
que à ces opérations ne sont pas pénétrés de ce prin exactitude. Là un peu de négligence entraîne souvent
cipe salutaire ou au moins amenés par des moyens | à des pertes considérables. La nature n'accorde la plu
quelconques à s'y conformer, ' part du temps ni remises ni délais, et il faut savoir
406 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
profiter des courts intervalles qu'elle offre pour opérer de l'année, de les exécuter elle-même ou d'en faire sur
dans les conditions les plus avantageuses. veiller l'exécution par d'autres, aux époques fixes et
Pour apprendre à connaitre ces conditions avanta bieu connues de l'année où chaque travail doit recevoir
geuses ct en faire son profit. on a besoin d'une longue son exécution. Un simple cahier de notes et un peu d'or
pratique et de connaissances souvent profondes; mais dre suffisent aussi pour tout conduire à bonne fin. Mais il
cette pratique, ainsi que ces connaissances, ne seront la ne peut en être de même dans une exploitation rurale
plupart du temps d'aucun secours si on n'y joint en outre de quelque étendue où on compte constamment un cer
une fermeté et une résolution de caractère qui vous tain nombre d'agens, où les services sont plus multi
portent, dès qu'une mesure a été mûrement pesée et pliés, où il y a une foule de détails qui échapperaient
réfléchie, à procéder sans délai, mais aussi sans témé à la mémoire de l'administrateur. C'est là véritable
rité ni confusion, à son exécution. ment que l'on sent la nécessité des mesures d'ordre que
Il est aussi d'autres mesures d'ordre fort impor nous venons de prescrire, mais aussi où il est néces
tantes dans la direction d'un établissement rural et saire d'assurer les avantages qu'on peut s'en promettre
qui, toutes vulgaires qu'elles paraissent, n'en exigent par des dispositions sur lesquelles nous nous explique
pas moins une sérieuse attention de la part de l'admi rons en peu de mots.
nistrateur; nous citerons plus particulièrement les sui Ces dispositions sont principalement relatives à la
vantes. direction du service du personnel de l'établissement
Conduisez chaque opération de la manière la plus ou des agens intelligens qui sont nécessaires à l'exé
parfaite possible. Ce n'est que par la pratique, les cution des travaux et dont nous nous occuperons plus
connaissances, la réflexion et l'application qu'on peut spécialement dans la section suivante.
espérer atteindre cette perfection dans la direction Dans les exploitations moyennes, c'est le proprié
d'une opération quelconque. taire ou le fermier qui dirige très souvent les agens
Ne commencez une autre opération que lorsque qu'il emploie, en prenant lui-même une part plus ou
celle qui vous occupe est entièrement terminée. Cette moins active aux travaux ou qui remet ce soin à un
maxime est d'une application très utile dans les travaux 1er garçon de confiance dont il se réserve de contrôler
ruraux, et, quoique les variations atmosphériques, la tous les actes. Ici, le désordre dans les opérations agri
nature des travaux ou d'autres circonstances contrai coles s'introduit avec plus de peine, il est plus facile à
gnent souvent à s'en écarter, on ne doit pas moins l'a apercevoir et plus aisé à réprimer.
voir constamment présente à l'esprit si on ne veut pas Au contraire, dans un vaste établissement, quelque
introduire le désordre dans l'économie du plan des tra forte qu'en soit l'organisation, il est nécessaire de cher
vaux et dans les opérations qui doivent s'exécuter d'a cher dans la direction des agens chargés de l'exécution
près ses disposition". des opérations agricoles un remède aux abus de tout
Tenez en bon état et préts à fonctionner les divers genre qui tendent sans cesse à s'introduire et à se per
services ou objets qui doivent concourir à l'exécution pétuer. Voici à cet égard ce qu'on observe dans des
d'une opération quelconque. Faute d'observer ce prin établissemens bien dirigés :
cipe, on a bien souvent laissé échapper l'occasion la Chaque jour l'administrateur rassemble tous ses ser
plus favorable pour une opération. Quand on est prêt, viteurs ou si l'établissement est fort étendu et a un,
rien ne vous arrête; tout marche avec régularité ; aupersonnel très nombreux, ses chefs de service seule
cun service ne nuit aux travaux des autres et la besoment. Cette réunion peut avoir lieu une seule fois par
gne s'accomplit promptement et à moins de frais. jour et le soir, ou deux fois parjour suivant les besoine
N'entreprenez rien que vous n'arez la certitude du service, à midi et le soir. A cette dernière époque
morale de réu,sir. C'est une conséquence d'une bonne et au moment ou chacun est sur le point de se livrer au
organisation et de l'habileté de l'entrepreneur. repos, l'administrateur fait connaître les opérations qui
Appliquez autant que possible les mémes agens seront exécutées le lendemain, d'après le plan qui a été
anºmés aux mémes instrumens et aux ménes travaux. tracé et les circonstances. Il y ajoute les instructions
C'est le grand principe de la division du travail ; nous dont nous avons parlé plus haut, relativement au
avons eu plusieurs fois l'occasion de parler, dans le nombre des attelages et serviteurs qui en seront char
cours de ce livre, de son application à l'industrie agri - gées, à la manière dont elles doivent être exécutées, et
cole. aux mesures d'ordre qui devront y présider.
Modifiez vos plans suivant les circonstances. Il ne Si ce sont seulement les chefs de service qu'on ré
faut pas chercher en effet à lutter contre des circons unit ainsi , ceux ci rassemblent à leur tour les servi
1ances trop impérieuses; mais une fois qu'on a satis teurs attachés au service qu'ils dirigent, et leur trans
fait aux exigences du moment ou de la circonstance, mettent seulement la partie des ordres et des instruc
on doit s'empresser de recourir à ses plans primitifs, tions du maître qui peuvent les intéresser.
surtout si on a déjà lieu d'être satisfait de leurs résul Quand les serviteurs sont réunis deux fois par jour,
tats. les ordres et instructions n'embrassent qu'une demi
Le plan dont nous avons conseillé la rédaction et journée.
dont nous donnerons un modèle dans le chapitre des Au contraire, quand il s'agit d'une opération d'une
travaux, a cela de commode pour l'administrateur certaine durée, uniforme dans sa marche, présentant
que rien ne peut échapper à sa mémoire, que les tra peu de chances imprévues dans son cours, ou bien,
vaux les plus pressans sont faits aux temps les plus fa quand elle doit avoir lieu à une assez grande distance du
vorables à leur bonne exécution, que tous ces travaux point central de l'établissement, pour que les agens ne
marchent sans confusion, qu'on peut engager à temps puissent, sans trop de perte de temps,s'y rendre journel
le nombre de manouvriers dont on aura besoin, ména lement ou par toute autre cause que doit peser l'ad
ger les forces de ses serviteurs et de ses attelages, et ne ministrateur, les ordres et instructions peuvent embras
laisser chômer les uns ni les autres que le moins qu'il ser 2, 3, 4 jours, et même plus, suivant les circons
est possible. tanCeS.
Dans les établissemens resserrés dans d'étroites limi Il est toujours avantageux quand les serviteurs savent
tes un tres petit nombre de mesures administratives suf. lire, que la partie la plus importante des ordres, et sou
fisent pour la direction bien entendue de toutes les opé vent même les instructions tout entières qui les accom
rations annuelles. Là, il est facile à une seule personne pagnent, surtout s'ils s'appliquent à une période de plu
de distribuer dans sa mémoire ses travaux dans le cours sieurs jours,soient rédigéesparécritetremises au chefde
CHAP. 1". DIRECTION GÉNÉRALE DES OPÉRATIONS AGRICOLES. 497
service, ou au serviteur le plus intelligent. La rédaction était plus avantageux pour eux, même dans des établis
de ces ordres et instructions doit être claire, succincte, semens assez circonscrits, d'entretenir un cheval de
précise, et accompagnée au besoin d'un léger croquis plus qu'ils destinent uniquement à ce service.
qui indique l'étendue, la marche, les limites de l'opé Les inspections doivent, avons-nous dit, être faites
ration, ou la représente graphiquement, afin de mieux au moment où les serviteurs s'y attendent le moins, et
faire sentir la manière dont elle doit être exécutée pour où on peut le mieux juger de l'activité qui régne dans
être amenée à bonne fin. Dans cette note, il faut sa les ateliers de travailleurs, et le travail qu'ils fournissent
voir ne dire que ce qui est nécessaire, et abandonner communément. On s'appliquera surtout à en faire une
beaucoup de détails à l'intelligence et à l'habileté pra ou plusieurs, au commencement des travaux importans
tique des agens qui ont mérité votre confiance. pour ne pas leur laisser prendre une direction vicieuse
Quand un serviteur ou un chef de service quelconque et remettre les serviteers dans la voie s'ils s'en étaient
a reçu un ordre, une instruction ou un mandat, il doit écartés. Les autres peuvent être faites arbitrairement,
s'empresser, surtout lorsque ceux-ci embrassent plu mais il faut s'attacher à en faire plusieurs vers la fin
sieurs jours, de venir aussitôt son retour rendre un des travaux, où les serviteurs, par dégoût ou par l'exer
compte détaillé à l'administrateur ou à son représen cice répété d'une même chose, peuvent ne plus mettre
tant, de la marche de l'opération dont il a été chargé. le même zèle et la même activité qu'à l'origine, et en
C'est ainsi qu'il doit faire connaître en peu de mots la outre, pour recevoir définitivement les travaux, les étu
nature du travail qui a été exécuté, ses progrès, la dier dans leur ensemble, et prendre des mesures pour les
quantité qu'on a obtenue, les obstacles naturels ou ac opérations ultérieures. L'est aussi à ce dernier moment
cidentels qui les ont entravés ou retardés, enfin, plu qu'il convient de distribuer le blâme ou l'éloge, d'aver
sieurs circonstances importantes qui peuvent s'être pré tir les négligens et de prendre des notes, afin de con
sentées et qui sont pour l'administrateur autant de gédier les agens dont le travail n'est définitivement pas
moyens d'instruction pour l'avenir et d'avertissemens satisfaisant, porter sur le contrôle de réforme les ani
pour modifier ou changer telle ou telle partie du ser maux d'attelages ou les pièces du mobilier devenus
vice, ou amener à bien une opération. défectueux.
Beaucoup de ces détails doivent, au reste, être con Dans les occasions les plus importantes, telles que la
signés par écrit, soit par l'agent lui-même, soit par le fenaison, la moisson, la vendange, la cueillettedes olives,
maître sur les déclarations du serviteur, parce qu'ils etc. , où les travailleurs doivent recevoir une très vive
servent de base à la comptabilité. impulsion, il convient que l'administrateur soit pres
Quand une opération a été jugée opportune, qu'elle que constamment sur les lieux pour surveiller et diri
a été parfaitement définie, qu'on en a arrêté les bases, ger plus efficacement les nombreux agens qu'il met
et qu'enfin, on a donné les ordres nécessaires pour mettre alors en mouvement, et pour se prononcer sans délai sur
en action les agens qui doivent l'exécuter, il s'agit les mesures à prendre, en cas d'événemens imprévus.
pour l'administrateur de veiller a ce quelle s'effectue Dans ces circonstances, il ne faut pas se borncr seu
avec toutes les conditions qu'il a prescrites, et suivant lement à des travaux de surveillance plus actifs ; on
les principes raisonnés de l'agriculture. Pour exercer n'obtiendrait pas toujours ainsi cette énergie ou cette
cette surveillance, l'administrateur n'a d'autre moyen augmentation de travail dont on a besoin pour préve
que l'inspection, soit par lui-mème, soit par ceux sur nir, atténuer ou conjurer des chances de désastre très
qui repose toute sa confiance. Dans ces inspections, qu'il fâcheuses, il faut prendre des mesures extraordinaires.
fait au moment où on s'y attend le moins, l'adminis D'abord, on fait de plus longues journées, mais en même
trateur se rend sur les lieux où les travaux s'exécutent, temps on stimule le zèle et les forces des travailleurs
examine d'abord si ces opérations dans leur ensemble par une augmentation de salaire ou par des primes ;
sont conduites conformement aux ordres qu'il a donnés on rend leur nourriture meilleure ou plus abondante ;
et avec le soin et l'intelligence nécessaires; il entre en on leur donne des boissons fortifiantes, etc. De la
suite dans quelques détails d'exécution, observe de même manière, on accroît proportionnellement au sur
plus près, s'assure de la qualité de travail ou de sa quan croît de travail qu'on demande , la ration des bêtes de
tité par des mesures, modifie les ordres qu'il a donnés trait ; enfin, on cherche, sans que les services de la
quand cela est jugé nécessaire, donne de nouvelles ins ferme en souffrent, à employer , dans l'opération
tructions, distribue le blâme et l'éloge à qui de droit, toutes les forces animées disponibles sur l'établisse
en faisant sentir à tous sa supériorité comme chef de Inent.
l'entreprise et comme praticien éclairé, et profite de la C'est surtout quand il s'agit de travaux auxquels
circonstance pour se livrer à des observations de pra les agens ne sont pas accoutumés ou qui ont pour but
tique qu'il consigne dans sa mémoire, ou mieux, dans des améliorations agricoles que l'administrateur doit
un carnet, où il est certain de les retrouver au besoin. suivre avec la plus vive sollicitude les opérations qu'il
Au reste, dans la dircction de toute opération agri fait exécuter. Non-seulement.les serviteurs, dans des
cole, il estindispensable que l'administrateur soit le pre cas semblables, sont arrêtés à chaque pas par suite de
micr à donner l'exemple de l'activité. Dans les établis leur ignorance ou par la mauvaise volonté, mais le mai
semens peu considérables, c'est à la tête de ses cuvriers, tre lui-même a besoin de voir et d'étudie pas à pas la
dont il partage les travaux, que le cultivateur peut sur marche de l'opération pour s'en rendre un compte
tout espérer de leur faire partager cette activité qui exact et la conduire plus sûrement à bonne fin.
est pour lui une loi impérieuse; mais dans les établis Dans la surveillance des opérations agricoles, il faut
semens un peu plus étendus, c'est sur des visites mul s'astreindre à mesurer ou peser continuellement. Il
tipliées aux travailleurs, c'est sur la célérité dans les est impossible, en effet, de se rendre compte de la
moyens de se transporter tout à coup d'un lieu à un marche d'une opération, de la suivre dans toutes ses
autre, et quelquefois à une grande distance, que l'ad phases si on ne possède pas un des élémens les plus
ministrateur doit alors le plus compter pour entretenir importans qui servent à en évaluer ou apprécier les
ses travailleurs dans un état coustant d'activité et de résultats.Comment d'ailleurs espérer établir une comp
mouvement. Aussi, le bon sens des cultivateurs des tabilité régulière et des calculs économiques si on man
pays où l'agriculture a fait des progrès leur a-t-il que de ces documens importans qui en font la base.
promptement appris les pertes et dommages réels qu'on Pour se rappeler de tous les nombres qu'on recueille
éprouve quand on ne peut se transporter rapidement ainsi et pour consigner toutes les observations impor
sur les lieux où s'exécutent des travaux, et combien il ! tantes de pratique ou autres qu'on est à même de faire
AGRICULTURE, TOME IV,- 63
498 ADMINISTRATION RURALE. LIV• VlI.
dans la direction des opérations agricoles, SINCLAIR veut Il n'est pas difficile,dans les établissemens qui n'ont
que l'administrateur ait un registre sur lequel il ins pas une grande étendue, de diriger les agens du person
crive toutes les choses qu'il recueille. Dans ce registre, nel; l'entrepreneur a toujours autour de lui ses servi
les documens relatifs à la comptabilité sont cotés sur teurs qui sont en petit nombre; il partage leurs tra
des feuilles à part; sur les autres on inscrit tout ce que vaux et peut à chaque instant exercer sur eux une sur
la pratique des arts agricoles, la conversation, les voya veillance efficace, Mais dans les grandes entreprises,
ges, la lecture, etc., peuvent présenter d'intéressant, et où il y a un personnel nombreux qui travaille pres
à ce registre on † une table des matières qui per que constamment loin de la présence du maitre, qui se
met de trouver à chaque instant ce dont on a besoin. compose d'individus qui ne mériteut pas tous la même
Par ce moyen, la masse des connaissances de l'admi confiance, ce service, indépendamment des bons prin
nistrateur s'augmente journellement et il est en état cipes d'organisation sur lesquels il peut êlre basé, exige
de tirer avantage de toutes sés idées et de ses expé qu'on le surveille activement et qu'on s'attache à des
riences. règles parfaitement arrêtées pour le conduire et le di
« C'est ainsi, ajoute-t-il, qu'en adoptant des mesu riger,
res d'ordre bien entendues, un cultivateur est maitre Nous ne pouvons mieux faire, dans cette importante
de son temps et peut exécuter chaque opération au matière, que d'extraire en partie les règles pratiques
moment convenable sans la remettre et laisser perdre qu'on trouve consignées dans un excellent mémoire que
l'occasion et la saison. Les obstacles qui naissent du M. de DoMBAsLE a publié dans le tome II des Anna
mauvais temps, de la maladie des domestiques ou des les de Roville sur l'organisation et la subordination des
animaux, l'absence accidentelle et nécessaire du mai employés d'une ferme. Après avoir fait connaitre l'or
tre sont alors de peu d'importance, et rien n'empêche ganisation qu'il a jugée convenable d'établir pour ce
celui-ci de porter son attention sur les plus petits dé service dans sa ferme expérimentale, le savant agricul
tails de son exploitation, dont rensemble influe si teur résume, sur la direction des employés, les sages
puissamment sur la prospérité de ses affaires, . préceptes suivans que sa pratique éclairée lui a suggé
C'est en nous appuyant sur les paroles précédentes rés.
de l'agronome écossais que nous croyons utile, avant de « Il est absolument indispensable, dit-il, que tous les
terminer cette section, d'appeler l'attention des agri hommes qu'on emploie soient satisfaits de leur sort;
culteurs sur les avantages que possède dans l'exercice sans cela il n'y a aucun bon service à attendre d'eux.
des opérations agricoles l'homme instruit et actif et Lorsque tous sont contents et disposés à regarder leur
le praticien habile sur celui qui ne l'est pas. Un ad renvoi comme une véritabie punition, non-seulement
ministrateur igncrant ou paresseux ne peut pas dres on peut être assuré qu'on obtiendra d'eux tout ce qu'on
ser le plan de ses opérations annuelles ou évite de peut raisonnablement en attendre, mais qu'on aura à
prendre cette peine; il ne sait pas par conséquent quels choisir si l'on est forcé de remplacer l'un ou l'autre.
seront les travaux qu'il faudra exécuter suivant les sai « Les salaires doivent étre raisannables, sans cepen
sons; il se laisse devancer par le temps et dérouter par dant être trop élevés ; mais ce n'est pas encore là le
les variations atmosphériques; il applique dans l'exé point essentiel pour que les subordonnés se trouvent
cution de ses opérations des forces insuffisantes ou plus dans une position satisfaisante; la manière de les trai
considérables qu'il ne faut; il est le jouet des circons ter y a beaucoup plus d'influence qu'on ne serait tenté
tances et sous la dépendance d'agens plus façonnés que de le croire. Beaucoup de fermeté dans le commande
lui à la pratique de l'agriculture. Au contraire, un ment n'est pas du tout incompatible avec une grande
administrateur éclairé, avec son plan sous les yeux, douceur à leur égard ; si on y joint une sévère impar
n'est pas arrêté un seul instant par ces obstacles, quelle tialité, circonstance qui est ici de la plus haute impor
que soit l'étendue de son exploitation. Tout est prévu, tance, des récompenses et des punitions distribuées à
arrêté, classé et mesuré à l'avance, tout marche en propos, mais surtout l'œil du maîue, pénétrant cons
temps opportun, tout s'accomplit chez lui sans confu tamment jusque dans les plus petits détails, on obtien
sion, avec régularité et perfection et à bien meilleur dra des résultats auxquels ne peuvent s'attendre nulle
compte que dans l'autre établissement, ou au moins ment les personnes qui se plaignent si amèrement de
avec des résultats bien plus avantageux pour sa for l'obstination, de la mauvaise volonté, de la paresse et
tune et son bien-être. - | de l'infidélité des agens de culture.
« Il est nécessaire que dans les travaux qui s'exécu
SECTIoN IV. — De la direction des agens du tent, chacun ait sa tâche bien distincte, qu'il n'obéisse
personnel. qu'à un seul homme et que chaque subordonné soit
toujours le plus immédiatement possible en contact
En traitant de l'organisation du personnel, nous avons avec celui dont il doit recevoir les ordres. Là, ou per
essayé de faire connaître quelles sont les qualités qu'on sonne ne commande, tout le monde commande et per
doit rechercher dans les aides agricoles, et il n'y a plus sonne n'obéit; à la fin de la journée il ne se trouve
à revenir sur ce sujet. Il s'agit maintenant de savoir pas d'ouvrage fait et il en résulte un désordre qui dé
comment on parvient à diriger ce personnel et les in goûte les employés et qui ne tardera pas à leur donner
dividus chargés des différens emplois qui le compo l'habitude de tous les défauts qu'on leur reproche si
Sent. SOuVenl. -
Disons d'abord qu'à l'administrateur seul appartient « Il est très utile d'avoir à l'égard de tous les subor
le droit de choisir tous les employés de l'établisse donnés un moyen de correction pour des fautes légè
ment, depuis le contre-maitre ou le 1" chef de ser res dans la conduite ou dans le service. Les reproches
vice jusqu'au plus simple manouvrier. Lui seul est produisent souvent peu d'effet, et l'on ne peut pas
compétent pour juger des besoins du service et de la congédier un valet, qui a souvent de tres bonnes quali
capacité ou du nombre des agens qui doivent être mis tés, pour une seule faute qu'il a commise. C'est une
en œuvre. Mais, dans les grandes entreprises et dans excellente méthode que d'instituer à cet effet des
celles où on a des chefs de service responsables et de amendes pécuniaires, qu'on peut faire monter, sui
confiance, on peut très bien leur déléguer le soin de vant la gravité des cas, depuis la valeur d'une demi
faire choix des manouvriers qui travaillent sous leurs journée de travail jusqu'à celle de 5 ou 6. C'est un
ordres; les travaux de direction du maitre en devien moyen en particulier de parvenir sans peine à établir,
nent ainsi plus simples. dans une foule de petits détails de service, l'ordre
CIIAP. 1". DE LA DIRECTION DES AGENS OU PERSONNEL. 499
qu'on a souvent tant de peine à établir sans cela.Un « Quelques personnes qui ne connaissaient pas les ha
homme qui s'est enivré, un berger qui a conduit son bitans des campagnes ont cru se les attacher et pouvoir
troupeau dans un terrain qu'on ne lui avait pas permis les diriger à leur gré par un moyen qu'on pourrait ap
de faire pâturer, ou qui, par sa négligence, a causé peler le système de tendresse, c'est - à - dire par une
quelques dommages ; le le qui ne s'est pas trouvé à bonté excessive et presque paternelle, et par la prodi
l'heure fixée pour son service sont condamnés à une galité des bienfaits; elles n'ont ordinairement recueilli
amende plus ou moins forte. Le montant des amendes † l'ingratitude. On a conclu souvent qu'il fallait con
forme une masse qu'il est bon d'employer en primes uire cette classe d'hommes avec le bâton : ce sont deux
de récompenses à ceux des employés qui les ont le erreurs également graves. Parmi les hommes de cette
mieux méritées. Dans les fautes qui peuvent faire con classe, il en est très peu qui soient susceptibles de s'at
damner un employé à l'amende, on ne comprend pas tacher à l'homme qui les emploie par un véritable sen
l'infidélité, parce que tout homme qui s'en est rendu timent d'affection , c'est donc peine perdue que de
coupable doit être congédié immédiatement, fût-il le chercher à remuer cette corde-là. Mais on ne manque
sujet le plus utile de la ferme. jamais de se concilier leur estime et méme leur res
« Parmi les employés à gages d'une exploitation, on pect lorsqu'on agit de manière à les mériter. La bonté
ne doit donc montrer aucune indulgence pour tout ce qui doit être froide et accompagnée de peu de démonstra
intéresse laprobité et la fidélité; toute faute de ce genre tions.La sévérité, pour peu qu'elle ne soit pas exces
doit être punie par un prompt renvoi ; mais il n'est pas sive et qu'elle soit toujours équitable ne sera pas un obs
toujours possible d'être aussi sévère à l'égard des ma tacle à ce que vous soyez regardé comme un bon mal
nouvriers, qu'on n'emploie pas constamment. Il faut tre.
cependant ne rien laisser sans châtiment ; une bonne « L'homme qui a besoin des services d'un nombre un
manière de punir les fautes légères de cette espèce peu considérable de valets fera bien de se tenir tou
ainsi que d'autres, comme insubordination, etc., dont jours en garde contre les coalitions qui se forment sou
les journaliers peuvent se rendre coupables dans le ser vent entre eux pour exiger VlI)6 augmentation de sa
vice, c'est l'exil. Lorsqu'un homme a commis une faute laire ou pour améliorer leur condition sous d'autres
qui n'est pas assez grave pour motiver son renvoi ab rapports. Un des meilleurs moyens pour se garantir de
solu, on l'exile pour un espace de temps qui varie de ce danger, qui peut mettre tout à coup un cultivateur
15 jours à 1 an, selon les § peine dans un grand embarras, est de ne pas engager plu
est extrêmement redoutée parmi les ouvriers à Ro sieurs de ses valets à la même époque de l'année; le
ville, parce† cet établissement est le seul dans les moment du renouvellement de l'engagement de chacun
environs qui leur donne régulièrement du travail. Il en se trouvant ainsi isolé, les valets perdent toute idée de
sera de même dans presque toutes les localités pour les | ſaire la loi à leur maitre en lui inspirant la crainte de
cultivateurs qui introduiront dans leur exploitation une | se trouver à la fois privé du service de tous.
culture perfectionnée qui exige nécessairement beau | « Lorsqu'un maitre confère une partie de son autorité
coup de main-d'œuvre. | à des chefs de service, c'est-à-dire à des hommes qu'il
« On conçoit facilement que le maître qui inflige des | charge de transmettre ses ordres aux agens inférieurs,
punitions et qui distribue des récompenses doit faire | de diriger et de surveiller le travail, il est nécessaire
en sorte de se faire parmi ses subordonnés une répu | qu'il conçoive bien que l'autorité qu'il cède il ne doit
tation de justice et d'impartialité à l'abri de tout soup plus l'exercer lui-méme; sans cela les ordres qu'il
çon. S'il avait la faiblesse de se créer des favoris parmi donnerait immédiatement et ceux qui émaneraient des
ses agens ou de se laisser influencer par des préven | chefs de service se contrarieraient à chaque instant.
tions favorables ou haineuses que peuvent concevoir Lorsqu'un valet ou un journalier sera mécontent de
les personnes qui l'approchent, les punitions et les ré l'ordre qu'il recevra de l'un, il ira ainsi en appeler à
compenses perdraient toute leur utilité, quand même l'autre. D'un autre côlé, le chef de service se repose
elles seraient appliquées avec justice, Il se touve dans rait souvent sur le maitre pour faire exécuter telle opé
toutes les classes d'hommes des flatteurs qui cherchent ration et réciproquement. ll résulterait de tout cela
à se faire valoir aux dépens des autres ; un tel homme un désordre et un relâchement dans le service qui dé
n'est nullement propre à former un bon chef de ser goûteraient les chefs et les subordonnés et qui nui
vice, parce que ſe seul soupçon de cette disposition suf raient essentiellement à l'exécution de toutes les opé
fira pour empêcher qu'il puisse jamais se concilier la rations. Lorsqu'au contraire chaque homme n'a ja
confiance des autres valets. C'est pour cela qu'on a mais qu'à obéir à un seul individu et que chaque chef
presque toujours échoué lorsqu'on a voulu conférer est assuré que les ordres qu'il donne ne seront jamais
quelque autorité sur les agens inférieurs de l'agricul contrariés par d'autres, il n'y aura de prétexte pour
ture à des hommes qui exercent près du maitre d'au personne de ne pas exécuter ou de mal exécuter.
tres genres de services qui les rapprochent davantage « Il faut donc que le maître donne toujours ses or
de sa personne. Dans ce cas, les valets sont disposés à dres aux chefs de service et évite avec le plus grand
voir en lui non un chef, mais un surveillant et presque soin de rien commander à ceux qui doivent leur obéir.
un espion ; il sera donc odieux à leurs yeux. Si un valet ou un journalier vient lui demander ce qu'il
« Le maître doit savoir tout ce qui se passe chez lui doit faire, il est indispensable qu'il le renvoie au chef
et exiger que les chefs de service lui rendent compte de de service. Lorsqn'il remarque qu'une opération a été
tout jusque dans les plus petits détails; mais il doit exécutée avec négligence ou qu'il y a été employé plus
recevoir avec un froid mépris tout ce qui ressemble à de temps qu'il n'était nécessaire, s'il juge que la faute
la délation, et par conséquent, presque dans tous les vient des subordonnés, il doit en adresser des repro
cas, tout rapport qui lui serait fait par un autre que ches au chef de service, en leur présence. Si le chef
celui qui est chargé par devoir de faire connaître le lui répond qu'il avait donné tel ordre qui n'a pas été
mal comme le bien ; il doit même savoir discerner, exécuté, ou qu'il avait fait telle recommandation à la
dans les rapports des chefs de service, ce qui serait quelle on n'a pas eu égard, les reproches doivent redou
dicté par le désir de nuire à un autre plutôt que par lbler et prendre un grand caractère de fermeté : On doit
l'intérêt du service. Le plus mauvais de tous les moyens lui dire que les valets ou les ouvriers qu'il emploie sont
et celui qui décèle le plus de faiblesse est de chercher sous ses ordres, que c'est à lui à se faire obéir et que
à connaitre la vérité en organisant parmi les valets un lui seul est responsable des défauts d'exécution. Si au
système d'espionnage. «t ontraire le maitre juge que le défaut vient du chef,
500 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VIT.
c'est-à-dire qu'il a mal exécuté les ordres qui lui meilleur compte, pour les empêcher d'acquérir des ha
avaient été donnés, qu'il a mal disposé son atelier, etc., bitudes de paresse ct de débauche et souvent lcs
les reproches doivent lui être adressés en particulier, soustraire à toute idée de s'écarter des lois de la pro
parce qu'il faut éviter avec soin de l'humilier en pré bité. Celui qui travaille, dit-on, ne pense pas à mal
sence de ses subordonnés, si ce n'est lorsque cela est et n'a pas besoin de chercher comment il occupera son
nécessaire pour lui faire prendre sur eux l'autorité loisir.
dont il a besoin. Il faut que tous les subordonnés sa Le plan des opérations agricoles, dressé comme nous
chent que le maître place une grande confiance dans l'avons dit dans la section précédente, servira, sous un
les chefs de service et qu'un homme ne manquera pas point de vue général, à maintenir l'activité parmi les
d'être renvoyé si son chef porte des plaintes graves sur agens du personnel pendant les diverses saisons de
son compte; mais il faut aussi faire bien sentir aux l'année. Toutefois, ce plan laisse encore bien souvent
chefs, en particulier, qu'on n'est pas disposé à tolérer des vides, et en outre il est des opérations qui ne peu
des injustices de leur part et à se laisser influencer par vent être exécutées aux jours indiqués, parce que les
des passions haineuses qu'ils pourraient concevoir con circonstances atmosphériques ou autres ne sont pas ſa
tre tel ou tel individu. En s'y prenant de cette ma vorables. Mais, pour peu qu'un établissement ait d'é -
nière avec les chefs de service, on peut être assuré tendue, il est une multitude de petits travaux ou d'oc
qu'ils prendront une autorité suffisante, pourvu qu'on cupations dont on tient soigneusement note à mesure
n'ait pas trop mal choisi et qu'il y ait en eux de l'étoffe qu'ils se présentent et qu'on peut réserver pour ces
pour commander aux autres. On peut être assuré qu'ils instans où les agens ne peuvent être employés aux tra
n'abuseront pas de l'autorité qui leur est confiée, si vaux de culture. C'est de l'adresse plus ou moins grande
l'œ,l d'un maitre ferme et clairvoyant veille constam qu'on mettra à grouper ces travaux de détail que dé
ment sur ce qui se passe et qu'il se glissera difficile pendra l'activité qui doit régner constamment parmi
ment de la mésintelligence entre les chefs si on assigne les employés.
à chacun une partie bien distincte de son service. On ne doit jamais souffrir qu'un serviteur, par en
« C'est une tres bonne méthode de laisser aux chefs têtement, ou mauvaise volonté, ou autrement, fasse
de service une grande liberté d'action; il y a dans échouer une expérience ou un essai, discrédite un nou
1'exécution des travaux une multitude de soins de dé vel instrument ou un procédé nouveau dans la pratique
tails qui ne peuvent être jugés convenablement que par du pays; c'est une des choses les plus préjudiciables
celui qui dirige personnellement le travail sur le sillon aux progrès agricoles d'un établissement.
même; si le maître voulait tout prévoir en donnant ses Il y aurait avantage pour les serviteurs aussi bien
Instructions, il donnerait souvent de fausses directions que pour le maître à ce que celui-ci les astreignît à dé
et il prendrait sur lui une grande partie de la respon poser de temps en temps des sommes, tant légères fus
sabilité qui doit peser sur le chef de service. Ainsi, en sent-elles, dans les caisses d'épargnes. Ce dépôt pour
donnant ses ordres le soir pour le travail du jour sui rait être fait librement par les employés eux-mêmes ou
vant, il doit laisser au chef une certaine latitude sur par le maître, au moyen d'une retenue sur les salaires
les moyens d'exécution. Le lendemain, lorsque le chef fixée d'un commun accord.
reviendra à l'ordre, le maître d'après le compte qu'il Les salaires des employés doivent étre acquittés
lui rendra, d'après ce qu'il aura vu lui-même, fera ses avec la plus rigoureuse exactitude aux époques stipu
observations sur les fautes qu'il a pu commettre.Après lées et suivant les conventions qui ont été faites. Rien
lui avoir fait ces observations, on ne diminuera rien ne dégoûte plus les valets et ne les dispose plus à la
de la latitude qu'on lui accorde dans l'exécution des négligence ou aux murmures que des retards ou de pe
détails. Si, au bout de quelque temps, on s'aperçoit tites difficultés toutes les fois qu'il s'agit de régler cette
qu'il ne met pas plus de soin ou d'intelligence dans la matière.
manière de disposer les ateliers ou d'exécuter les tra Aucun objet ne donne communément lieu à plus de
vaux, c'est un homme qu'on avait mal jugé et qu'il faut plaintes 'et de mécontentement de la part des servi
changer. Mais si on a affaire à un homme doué de teurs que la nourriture; il est donc très essentiel,
quelque intelligence et susceptible d'émulation, on en quand ceux-ci entrent au service de l'établissement, de
fera certainement par ce moyen un sujet utile sur le leur faire connaître à l'avance la nature de celle sur
quel le maître pourra dans la suite se reposer avec con laquelle ils doivent en tout temps compter. Cette pré
fiance ; tandis que par une autre méthode on n'aurait ja caution prise, il n'y a plus de motif fondé de plainte,
mais formé qu'un valet comme il y en a tant, ne mé dès qu'on observe en toute rigueur les conditions arrê
ritant aucune confiance, parce qu'il est avili à ses tées à cet égard, et toute réclamation injuste doit être
propres yeux, ne prenant aucun intérêt à ce qu'il fait repoussee avec vigueur.
et avec lequel il faudrait que le maître fût toujours Enfin, dans tout établissement agricole, les soins de
présent partout pour pouvoir espérer une bonne exécu l'administrateur, dans la direction de ses employés
tion dans les travaux. » doivent tendre sans cesse à développer en eux l'activité
A ces préceptes si sages nous ajouterons quelques et l'amour du travail, le zèle pour les intérêts du maî
autres observations sommaires sur la direction du per tre, l'habitude de l'ordre dans toutes les parties du
sonnel. service dont ils sont chargés, l'humanité envers les
Dans un établissement organisé et dirigé avec soin,
bêtes de travail, une certaine dignité dans toute leur
tous les employés doivent étre tenus dans un état conduite, ainsi que l'émulation ou le désir d'exceller
constant d'activité; c'est le moyen le plus raisonna dans les travaux qui leur sont confiés.
ble pour que le prix de leurs services revienne à F. M.
avancée, ou bien où celles-ci ne pourraient, à surface mière forme eu qui ne peuvent en cet état être offerts
égale, donner les mêmes profits, dans les localités où aux consommateurs ou mis à leur portée, etc. Toutes
les engrais sont rares, etc. causes intéressantes sans doute, mais dans la discussion
Enfin, on voit près des grandes villes, des usines , desquelles nous ne pouvons entrer ou sur lesquelles nous
des fabriques, qui fournissent en abondance et à bas reviendrons en nous occupant du plan de culture.
prix les engrais nécessaires pour soutenir la fécondité
des terres, des établissements ruraux, où l'on s'adonne $ II. - Du système de culture.
avec succès et sans bestiaux à la culture de tous les
végétaux utiles qui peuvent entrer dans l'économie On comprend que toutes les branches de l'économie
agricole. agricole, pouvant entrer pour une part plus ou moins
2° De la production animale. La production ani importante dans l'exploitation d'un domaine par le sys
male seule et sans culture de la terre, pourrait souvent teme mixte, il y a un grand nombre de combinaisons
être considérée plutôt comme une spéculation mercan possibles qui constituent chacune ce que nous avons ap
tile que comme une branche distincte d'économie ru pelé un système de culture.
rale. On l'observe particulièrement dans les localités où Les principales branches de l'économie agricole, qui
l'on trouve des herbages riches et abondants, tels que peuvent entrer dans ces combinaisons ou concourir au
les plaines basses de la Normandie, de la Hollande , du système de culture qu'on adoptera sur un établissement
Holstein, etc.; ou bien dans certains pays de montagnes rural, sont 1º la culture des terres arables ; 2° celle
comme en Auvergne et en Suisse , qui sont couverts de des prairies naturelles et permanentes ; 5° les pâturages ;
pâturages abondants et substantiels, et où les terres 4° celles de certains végétaux industriels,tels que vignes,
ne pourraient avoir une destination plus avantageuse et oliviers, arbres à fruit, etc. ; 5° les bois et forêts; 6° les
donner des produits plus faciles à récolter. On rencontre étangs aiternativement en culture et eau.
encore ce système en pleine vigueur dans des contrées Les causes les plus puissantes qui pussent détermi
peu avancées en agriculture, où le système pastoral est ner un administrateur à consacrer certaines positions de
encore en honneur, où les terres, même les plus fer son domaine à telle ou telle branche de l'économie agri
tiles et les plus avantageusement situées, sont aban cole, sont les mêmes que celles qui viennent d'être énu
données au paturage , et où l'on trouve facilement à mérées en nous occupant du système économique,surtout
louer celles-ci pour nourrir des troupeaux, qui forment lorsque le domaine, soit par sa position, soit par les dif
tout le capital fixe d'exploitation d'un assez grand nom férentes circonstances qu'il présente, se prête à l'exploi
bre d'éleveurs de ces contrées. . tation de plusieurs de ces branches et promet de les
Depuis qu'il s'est formé dans les villes ou au sein rendre fructueuses.
des fermes elles-mêmes des établissemens industriels Plusieurs autres causes peuvent aussi influer sur cette
et des fabriques, tels que des distilleries, des féculeries, détermination, et parmi quelques-unes de celles qui
des fabriques de sucre de betteraves, des huileries, etc. peuvent se présenter le plus généralement, nous citerons
dont les § abondants et vendus à bon compte peu comme exemples la nécessité, dans certaines localités,
vent servir à l'alimentation ou a l'engraissement des d'établirdes plantations de bois et forêts pour former des
animaux domestiques, on a vu aussi se former des éta abris et se garantir des vents destructeurs ou nuisibles
blissemens où, sans culture de terres, on s'est livré à à la végétation ou pour procurer aux terres du domaine
la production animale avec des profits assez constans. une fraicheur salutaire et s'opposer à leur trop grand
La production du poisson dans les étangs toujours en desséchement ; le besoin de rassembler dans des étangs
eau, qui appartient encore à ces ystème économique, de des eaux qui pourraient causer des ravages et de leur
mande, pour être dirigée avec quelques chances de succès, donner un emploi utile pour les irrigations ou pour
un concours de circonstances qu'un de nos plus habiles faire marcher les machines de fabriques agricoles, ou
collaborateurs a cherché à faire connaître et apprécier se procurer les eaux nécessaires à tons les besoins
dans l'article de ce volume qui est consacré aux étangs du service ; l'obligation d'établir une rigoureuse dis
(pag. 179 ). II en est de même de l éducation et de tribution des travaux annuels, enfin des rapports tout
l'engraissement des petits quadrupèdes et oiseaux do particuliers de commodité agricole et administrative ou
mestiques, qu'on trouve souvent profitable en achetant de localité, etc.
à autrui leurs alimens, mais qui ne forment qu'une Néanmoins, nous ferons observer que, considérées
branche infiniment restreinte de I'économie rurale. comme parties d'un système de culture, les diverses
5° Du système mixte. Dans un système mixte d'éco branches de l'économie agricole ne paraissent avoir
nomie rurale, on se livre simultanément à la production entre elles qu'un très petit nombre de rapports néces
végétale et animale dans un rapport infiniment variable, saires, et que ce n'est que lorsqu'on les étudie relati
mais qui, dans les établissemens ruraux dirigés suivant vement au plan de culture ou d'aménagement qu'il con
les bons principes de la culture alterne, est soumis, vientd'appliquerà chacune, qu'on voit s'établir pour plu
comme nous le savons déjà, à des règles généralement sieurs d'entre elles des rapports intéressans, dont nous
fixes. . -
avons déjà eu occasion de parler lorsque nous nous
Les circonstances qui peuvent engager un entrepré sommes occupés de l'estimation des domaines ruraux
neur à faire choix d'un systeme mixte d'économie ru (pag. 546 ) et de la production des engrais (pag. 479).
rale, le seul qui nous occupera dans la suite de cette
section, sont celles qui se présentent le plus communé $ HH. Du plan de culture. |
ment dans la direction des établissemens ruraux. Ainsi
c'est tantôt la nécessité de produire soi-même les engrais Nous avons donné le nom de plan de culture au
destinés à réparer l'épuisement des terres, tantôt la na mode particulier au moyen duquel on dirige chacune .
ture et l'exposition diverses des terrains qui composent des branches dont se compose l'économie agricole, et à
le domaine, leur état d'amélioration, la nécessité de mul la combinaison théorique et pratique qui doit servir le
tiplier, varier et perfectionner les produits de l'établis plus immédiatement à tirer des fruits de la terre.
sement et de leur trouver un débit plus sûr et plus Déjà, dans divers livres de cet ouvrage, on a traité
étendu sous une forme que sous une autre, les profits avec beaucoup de détail du plan de culture et d'a
qu on peut recueillir en transformant en d'autres den ménagement des bois et forêts, ainsi que des méthodes
1ées et en donnant une valeur vénale à certains produits de culture applicables aux prairies, aux arbres, aux ar
qui n'en ont aucune ou une très faible sous leur pre bustes et arbrisscaux qui ont des applications indus
CHAP. 2°. CAUSES GÉNÉRALES QUI INFLUENT SUR UN SYSTÈME. 503
trielles, et enfin de la formation et de l'aménagement grande de conserver la chaleur,ses propriétés pour ab
des étangs ; c'est donc en particulier aux terres arables sorber l'humidité atmosphérique, la quantité d'humus
qui, sous ce rapport, peuvent donner lieu aux considé qu'il contient, la nature, la richesse et la perméabilité
rations les plus importantes et les plus étendues que du sous-sol, et déterminera enfin à quelle division et à
nous consacrerons les considérations qui vont suivre. quelle classe elles appartiennent; tous sujets sur les
On a déjà dit que pour les terres arables un plan quels on trouvera, dans le tome Ier, p. 45 et suiv., et à
de culture comprenait : 1° l'assolement, c'est-à-dire la p. 261, ainsi que dans le tome IV, à la p. 333, des
le nombre de soles entre lesquelles on partage les terres détails qui laissent peu de chose à désirer. |
du domaine ou la période de temps pendant laquelle Un plan de culture doit encore prendre en considéra
on fait alterner les récoltes sur une même sole ; 2° la tion : 1° l'épaisseur de la couche arable, puisqu'on sait
rotation ou le choix des plantes qui viendront successi qu'une terre qui n'a pas une profondeur suffisante ne
vement occuper le sol pendant la période de l'assolement. peut admettre dans la rolation des plantes qui, comme
On pourrait sans doute entrer dans quelques dévelop les navets, les choux, les betteraves, etc., vont chercher
pemens sur le rôle que joue chacun de ces deux élé jusqu'à 12, 15 et 16 po. les élémens de leur nutrition ;
mens dans un plan de culture et sur les rapports qui 2° l'étendue du domaine. Personne n'ignore que les pe
les lient entre eux, mais nous préférons, pour éviter tites fermes sont souvent exploitées avec bien plus de soin
les répétitions, les envisager ensemble et d'un point de que les grandes, et que, par exemple, il serait en général
vue plus élevé. très difficile en grande culture d'adopter plusieurs as
Cela posé, au lieu de discuter tous les cas qui peuvent solemens de la Flandre ou du petit pays de Waes, où
se présenter lorsqu'on veut faire choix d'un plan de toutes les terres sont défoncées à la bêche tous les 7 ou
culture, ce qui nous entraînerait dans des détails de 8 ans, où l'on fume en abondance et où on fait entrer
métier fort étendus, nous allons chercher à établir quelles dans la rotation les cultures les plus riches et les plus
sont les conditions auxquelles ce plan doit satisfaire épuisantes; 3° l'espèce de bétail qu'on élève, entre
et que l'administrateur doit prendre en considération, tient ou engraisse; puisque les récoltes qui sont desti
toutes les fois qu'il est appelé à méditer sur ce sujet. nées à la nourriture des bêtes de rente doivent être
Nous rapporterons ces conditions à deux ordres divers : adaptées à l'espèce qui doit les consommer et au régime
dans le premier, nous rangerons celles que nous con qu'on lui fait suivre; 4° le mode de gouvernement du
sidérons comme agricoles, et dans le second, celles bétail. Dans les établissemens où l'on consacre une cer
auxquelles nous reconnaissons un caractère purement taine partie des terres à des pâturages permanens et
administratif. où les bestiaux qui pâturent une partie de l'année dé
truisent par ce mode d'alimentation une portion nota
1° Conditions agricoles. ble des produits du sol, où leurs déjections profitent
peu aux terres de l'établissement, on conçoit facilement
1o Sous le point de vue agricole, un plan de cul que, lâ, on doit adapter, pour les terres exploitées à la
ture doit d'abord être en harmonie avec le climat gé charrue, un assolement tout autre que dans ceux où les
néral du pays; c'est-à-dire que dans la rotation, on animaux, soumis à une stabulation permanente, sont
ne doit pas faire entrer, par exemple, des plantes qui, nourris avec les produits récoltés sur des prairies arti
dans la localité ou à cette latitude, ne parviennent ficielles ou permanentes, ou des récoltes de racines ou
pas à maturité ou qui ne peuvent, pendant la durée de tubercules. Cette distinction est très importante et
du temps favorable à la végétation, atteindre tout leur apporte des modifications notables dans un plan de cul
développement; celles qui craignent une surabondance ture, ainsi qu'on a pu le remarquer dans le tableau de
d'humidité, des chaleurs et des sécheresses prolon la page 340, ainsi que lorsqu'on fait consommer sur place
gées, des vents violens, froids, humides, desséchans, ou à l'étable les produits des soles fourragères sur un
des hivers rudes et prolongés, des gelées de printemps, domaine exploité par la culture alterne sans prairies na
des pluies d'orage dans les pays ou ces phénomènes sont turelles ni pâturages; 5° l'étendue des prairies etpâtu
fréquens, etc. C'est faute d'avoir égard à cette circon rages qui fournissent des alimens pour le bétail, et modi
stance que des agriculteurs qui débutent, ou ceux qui fient sur les terres arables de la ferme, soit le rapport
n'ont pas étudié avec le soin convenable la i§ qu'ils des soles à grains aux soles fourragères, soit l'étendue re
habitent, voyent souvent échouer des plans qui du reste lative de ces soles, soit enfin la rotation elle-même et les
paraissent bien conçus, tandis que le praticien habile, plantes qu'on y fait entrer; 6° Enfin, la facilité de se
qui a observé avec soin les influences climatériques sur procurer au dehors et à bon compte des alimens pour
les végétaux utiles, tombe rarement dans cette erreur. le bétail ou des engrais, qui apporte aussi des change
Dans cette matière il ne faut pas se borner à l'étude mens matériels fort importans dans l'étendue récipro
du climat général, il faut encore observer avec soin les que de soles consacrées à des cultures diverses ou dans
modifications que la hauteur du terrain au-dessus du les plantes mêmes qui se succèdent sur le même ter
niveau du pays, les pentes vers tel ou tel point de l'ho Ta l Il .
rizon, les abris, les eaux, la direction des montagnes et Un plan de culture doit être calculé de manière à
des vallées, etc., apportent dans ce climat et exercent entretenir la propreté du sol par une combinaison ju
par conséquent sur la végétation des plantes agricoles. dicieuse de la jachère, des récoltes sarclées qui la rem
( Voy. tome I", pag. 262.) placent jusqu'à un certain point, et de la culture des
En second lieu, un plan de culture bien étudié ne plantes qui étouffent les mauvaises herbes, avec les
peut admettre dans la rotation que des plantes qui cultures qui tendent à favoriser la multiplication de
prosperent dans le sol auquel on les confie; et, ici, celles-ci. Si les terres n'étaient pas encore dans un
il ne s'agit pas d'obtenir des récoltes passables de plan état satisfaisant de propreté, le plan doit alors être
tes dans des terrains qui ne leur conviennent pas, mais combiné pour amener ce résultat le plus promptement
les récoltes les plus abondantes possibles dans un ter possible.
rain bien adapté à chaque culture. C'est ainsi qu'un Un bon plan de culture doit être tel qu'il permette
agricutteur éclairé consultera, avant d'établir son plan d'entretenir la fécondite de la terre ou même qu'il l'ac
de culture, les caractères chimiques et physiques de croisse quand la terre n'a pas encore acquis toute la ri
ses terres ; que parmi ces derniers il s'attachera sur chesse que comporte la classe à laquelle elle appartient.
tout à déterminer la ténacité du sol, son état d'ameu Cette importante condition, qu'un administrateur doit
blissement, son humidité, sa faculté plus ou moins sans cesse avoir en vue s'il ne vcut pas dissiper son
504 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
capital foncier, a déjà été discutée à plusieurs reprises éprouve encore fréquemment des difficultés presque in
dans le cours de ce livre, et notamment lorsqu'il s'est surmontables quand ce plan exige des travaux qui sont
agi d'estimer des domaines ruraux en prenant pour au-dessus de l'intelligence ou des connaissances prati
base la fécondité des terres et leur mode de culture ques des serviteurs ou des manouvriers du pays, et,
(p. 555); et lorsque nous avons traité, dans des chapi sous ce rapport, on doit quelquefois tenir compte de
tres spéciaux, de la quantité du bétail (p. 464), de la leurs préjugés, de leur entêtement et souvent même
consommation et de la production des engrais (p. 472); de leur malveillance.
c'est là qu'on trouvera, ainsi qu'à l'article assolement 5° Satisfaire à certaines exigences de localité.
du tome I", tous les développemens que comporte une Ainsi on ne peut adopter le même plan de culture pour
question sur laquelle semble reposer tout l'avenir des une ferme en pays de plaine, où les travaux sont faciles,
établissemens ruraux. les transports aisés et rapides, et pour une autre ferme
Enfin, un plan de culture doit satisfaire à la théorie en pays élevé où les engrais sont difficiles à transporter
chimique des assolemens, telle qu'elle a été exposée à et la récolte des plantes encombrantes très pénible; pour
la page 257 du tome I", et aux conséquences qui dé les établissemens où les arrosages peuvent se pratiquer
coulent des règles qu'elle a posées quand on les com à peu de frais et ceux où cette faculté est interdite ;
bine avec les diverses conditions de l'ordre physique pour ceux où les salaires ou certains frais de production
qui ont été mentionnées plus haut. sont très élevés, ce qui force à renoncer à certaines cul
tures qui exigent de nombreuses façons, et ceux où ils
2° Des conditions administratives. sont à bas prix; pour les domaines où les instrumens
d'agriculture sont grossiers et imparfaits et ceux où ils
Les conditions que doit remplir un plan de culture, sont établis d'après de bons principes; pour ceux où les
sous le point de vue administratif, peuvent, si on veut, bâtimens d'exploitation sont insuffisants, mal distri
être distinguées en conditions économiques et condi bués, incommodes, et où certaines récoltes peuvent
tions commerciales. Commençons par les premières. éprouver des avaries considérables, et ceux où les con
A. Sous le rapport économique, le plan doit être structions ne présentent pas ces défauts; pour ceux où
combiné de telle façon qu'il donne : 1° les récoltes les les baux n'ont qu'une durée très limitée et ceux où ils
plus abondantes possibles sur une étendue de terrain ont un plus long terme, etc. Enfin un plan doit se plier
donnée; 2° les récoltes les plus certaines. Ces 2 con à certaines circonstances de localité que la pratique et
ditions sont ordinairement remplies quand on a obser des observations attentives ont constaté d'une manière
vé avec sagacité celles que nous avons considérées authentique.
comme purement agricoles, et qui ont été exposées 4° Se prêter à une bonne distribution des travaux
dans le paragraphe précédent; 3 · les récoltes qui don dans le cours de l'année; c'est-à-dire à ce que les tra
nent le produit net le plus considérable. Il ne suffit vaux qu'exige chaque récolte ne nuisent pas à ceux qui
pas en effet d'augmenter le produit brut d'un domaine, sont nécessaires à une autre, et en outre à ce que ces
mais bien d'accroître le produit net qui est la source travaux soient répartis d'une manière à peu près égale
réelle des bénéfices, et ainsi que le dit un.habile pra ct régulière sur toutes les saisons de l'année.
ticien, la principale pierre de touche du mérite d'un On ne doit pas non plus négliger d'envisager un plan
plan de culture. On accroît le produit net lorsque sous le rapport des facilités qu'il peut offrir pour établir
le plan, remplissant toutes les conditions exposées sur le domaine la division du travail quand elle est
précédemment, on obtient d'une même surface et pour possible.
les mêmes frais de production des produits plus abon 5° Enfin il doit être en rapport avec le degré d'in
dans, plus parfaits et d'une plus haute valeur; lors telligence et les connaissances de l'entrepreneur. Un
qu'on combine ce plan de manière à obtenir sans homme, en effet, qui manque de la plupart des connais
beaucoup de frais et sans diminuer la fécondité de la sances agricoles et des dispositions personnelles (voy.
terre des récoltes multiples ou le retour plus fréquent p. 510) qui mettent en état de diriger avec quelque
des végétaux précieux ou de végétaux aisément trans espoir de succès une exploitation rurale, ne peut faire
formables en d'autres produits recherchés et d'un débit choix d'un plan de culture savant où il se trouverait
facile, etc. arrêté à chaque pas par des difficultés qu'il ne pourrait
Le plan de culture ne doit pas seulement avoir en résoudre ou des obstacles que son ignorance ne lui per
vue de donner une récolte abondante, certaine et qui mettrait pas de vaincre, et dans les mains duquel l'as
fournit le produit net le plus élevé pendant une année solement le mieux conçu pourrait bien ne donner que
seulement, ces avantages doivent étre permanens et des fruits médiocres ou même entralner à des pertes.
s'étendre à toute la période de l'assolement pour un L'ignorance des principes de l'administration agri
ferinier et indéfiniment pour un propriétaire. cole s'oppose aussi souvent à ce qu'on puisse formuler
Un plan de culture doit en outre étre applicable et mettre à exécution un bon plan de culture, ou à ce
dans la pratique et d'une facile exécution. Pour cela qu'on puisse se rendre un compte exact de la marche
il est nécessaire qu'il remplisse les conditions ci qu'on suit et des modifications qu'il faut y apporter ou
apres : dont elle est susceptible.
1° Être en rapport avec les capitaux de l'entrepre B. Passons maintenant aux conditions qui paraissent
meur, mesurés d'après l'étendue de terrain qu'il cul purement commerciales et auxquelles le plan de culture
tive. Tout le monde sait en effet que, pour une sur doit se conformer.
face de terrain donnée, il faut bien plus de capitaux D'abord, un plan de culture doit être basé sur les
quand on adopte un plan de culture alterne que dans besoins du pays. Ces besoins se révèlent à l'agriculteur
le système triennal, et que plus il entre dans le nombre par la demande et l'écoulement de ses produits. Plus un
déterminé d'années de l'assolement de plantes précieuses produit est d'un emploi général dans un pays, plus on y
et épuisantes, plus il est nécessaire de faire d'avances attache un prix élevé, et plus aussi l'agriculteur peut ess
b la production, etc. (Voy. tome I°r, p. 265.) pérer de trouver un écoulement sûr, rapide et avanta
2° S'adapter à l'état numérique, intellectuel et au geux pour le produit de cette nature qu'il a créé. Une
degréd'instruction des populations agricoles. Partout, population consomme d'autant plus de produits qu'elle
en effet, où se fait sentir le manque de bras, il est est p'us nombreuse, plus riche et plus industrieuse ; et
difficile de mettre fructueusement à exécution un plan uº assolement peut être d'autant plus riche et plus varié
où les travaux de culture sont multipliés et noubreux; on qu'on est p'acé au sein d une population qui préseL te
CHAP. 2°. CONSIDÉRATION SUR LE CHOIX D'UN PLAN DE CULTURE. 505
ces caractères, et que des hommes, des animaux, des | sur ce sujet pourraient entraîner à des consé
usines, des manufactures, des fabriques, des commer quences sigraves, que nous regarderions com
çans qui trafiquent avec les pays étrangers, y consom me trop incomplets les détails qui précèdent,
ment plus de denrées et une plus grande variété de si nous n'y ajoutions des réflexions pleines
produits agricoles. de justesse et de prudence, que nous emprun
Sous le point de vue commercial, il importe encore tons aux ouvrages de l'un de nos plus célèbres
que les plantes qui entrent dans la rotation donnent, agronomes, et en particulier à l'excellent mé
soit brutes, soit après les transformations qu'elles ont moire que le savant directeur de Roville, après
subies entre les mains de l'agriculteur, le plus gros 10 années de pratique, d'expérience et d'ob
profit net; qu'elles soient d'une vente constante, cer servations, a consigné dans le 8° vol. des Anna
taine, d'un prix généralement ferme, ou quioscille dans les de cet établissement, et qui est intitulé :
d'étroites limites, et qu'elles puissent être vendues, la Du succès ou des revers dans les entreprises
plupart du temps, aux individus les plus solvables du agricoles; mémoire que nous avons déja eu
pays. - - plus d'une fois l'occasion de citer avec fruit.
Enfin, certaines considérations sur l'état économique
et administratif du pays peuvent motiverdesaltérations « Il est impossible, dit d'abord M. de DoMEAsLE, d'a
dans un plan de culture, toujours néanmoins sous le voir la prétention chºmérique de tracerd'emblée, pour
point de vue commercial.Ainsi, des voies de communi des terres et une localité dont on n'a pas une connais
cation peu nombreuses, mal entretenues, en mauvais sance approfondie, un plan dans lequel on ne se per
état ; des marchés mal placés, trop éloignés, mal fré mettra plus de rien modifier. On doit sans doute tra
quentés; des mesures fiscales onéreuses pour cer vailler d'après un plan arrété, et par conséquent s'en
tains produits, etc., peuvent tantôt faire établir un plan tracer un en débutant; mais la convenance de telle
de culture où domine la production animale, tantôt ra culture, de tel assolement, de tel procédé est liée à des
mener au contraire à la production végétale, ou faire considérations si variées, prises dans les propriétés du
établir entre elles un certain équilibre ou un rapport sol, dans les débouchés ou dans d'autres circonstances
qui peut varier de bien des manières différentes ; en locales, que c'est seulement d'après des observations
fin, sous ce rapport, le plan de culture doit être tel que recueillies pendant un grand nombre d'années que l'on
la terre bien préparée en toute saison, soit propre à peut être assuré d'avoir attribué la part convenable à
recevoir, soit des végétaux du commerce, soit des chacune de ces considérations.Jusque-là, le plan qu'on
plantes destinées à la nourriture des hommes ou des avait adopté ne peut être considéré que comme un ca
animaux, et toujours disposée à se prêter dans un court nevas destiné à recevoir de nouvelles combinaisons,
délai à toutes les modifications dans le plan que dont l'expérience et les observations de chaque jour
nécessitent des besoins, des goûts ou des habitudes font reconnaître l'utilité. On peut même dire que plus
nouvelles dans la population, ou des débouchés nou l'art fait de progrès, plus on voit s'accroître le nombre
Veaux. des combinaisons que peut admettre la pratique ; et plus
aussi il faut d'études et d'observations pour appliquer
$ IV. – Du mode d'aménagement. à chaque localité la combinaison qui lui convient le
mieux.
Il ne nous resterait plus, pour compléter ce que nous « C'est presque toujours des débuts que dépend le
avons jugé indispensable de dire sur le choix d'un sys succès dans une entreprise d'agriculture, p rce que,
tème d'exploitation, qu'à parlerdu mode d'aménagement s'ils ont entraîné des pertes considérables, il n'arrivera
qu'on doit suivre dans les divers systèmes ou plans de presque jamais que l'homme, qui les a éprouvées, per
culture qu'on se propose d'adopter. Sous ce titre, nous siste à vouloir utiliser du moins l'expérience qu'il a
comprenons les divers modes ou procédés pratiques acquise si chèrement, en supposant même que ces per
dont on peut faire choix pour conduire et diriger cer tes ne l'aient pas placé dans l'impossibilité de chercher
taines opérations agricoles qui se présentent naturelle une meilleure route. Il serait donc bien important que
ment quand on veut mettre à exécution un plan quel chacun pût trouver un système de culture, non pas le
conque de culture ; telles sont la détermination de l'é - meilleur possible, mais néanmoins applicable aux cir
poque et de la manière dont on distribuera les amen constances dans lesquelles il se trouve placé, et d'ailleurs
demens et les engrais ; l'état dans lequel ces derniers simple, d'une exécution facile, exigeant peu d'avances et
devront se trouver au moment où on les distribuera sur par conséquent ne pouvant entrainer que des pertes peu
les terres, leur répartition, leur enfouissage, etc.; l'es importantes. On s'attacherait pendant quelque temps à
pèce de labour qu'on donnera, leur profondeur et ce mode de culture ; l'homme auquel manquent les con
leur nombre; le mode et le nombre de hersages et rou naissances du métier pourrait les acquérir sans de
lages ; les diverses façons qu'on donnera aux cultures grands risques pour lui, pourvu qu'il veuille s'appliquer
sérieusement à observer et étudier les faits. En diri
binées ou sarclées et leur nombre ; l'époque où
l'on commencera les récoltes et les procédés employés geant ses opérations, il apprendra à connaître sa terre,
pour les faire, etc. Mais tous ces objets appartenant les hommes à qui il a à faire, et les diverses circonstan
plutôt à l'art agricole qu'à l'administration proprement ces qui doivent le déterminer dans le choix des modi
dite , nous renverrons aux chapitres de cet ouvrage où fications qu'il lui conviendra d'apporter à sa culture. Et
ils ont été traités, en rappelant toutefois qu'ils doivent même,pour un homme déjà expérimenté dans les pra
tous tendre constamment vers le but unique de multi tiques agricoles, il est tant de considérations diverses
plier et de perfectionner les produits, ou d'accroitre le qui doivent influer sur les déterminations qu'il prendra
produit net du domaine. pour l'amélioration de son système agricole, qu'il risque
de commettre des fautes fort graves, s'il veut adopter
définitivement un plan avant d'avoir étudié pendant un
SECTIoN II. — Considérations sur le choix
temps assez long les circonstances spéciales sous l'in
d'un plan de culture. fluence desquelles il doit travailler.Ainsi, pour lui
aussi, le mode de culture simple et économique dont
Le choix d'un système ou d'un plan de cul on vient de parler serait fort utile comme point de
ture peut donner lieu à des considérations si départ et comme moyen propre à étudier ces circonstan
étendues, et d'unsi hautintérêt, et des erreurs ces, sans courir le danger de compromettre par d s
AGRICULTURE. 113° livraison. TovIE IV.— G !
506 ADMINISTRATION RURALE. LIV. Vif.
pertes prématurées le succès des améliorations qu'on du degré de réussite qu'il peut espérer de la culture de
médite. diverses plantes à fourrage sur le sol qu'il cultive, et
« Mais où pourra-t-on trouver, pour chaque circons sur les différentes natures de terrains qui peuvent le
tance, ce système de culture économique et simple composer. Ces expériences sont peu coûteuses lors
adapté à la localité? Il ne faut pour cela ni grands ef qu'on les borne à la semaille de quelques livres, ou
forts, ni des recherches savantes. Le système agricole même de quelques onces de graines, et, en variant le
communément usité dans chaque canton est précisé mode de culture , les époques de l'ensemencement, on
ment ce que nous cherchons. Il n'est pas le meilleur arrivera dans un petit nombre d'années à connaître
possible, il est même souvent mauvais; mais enfin il avec certitude si l'on peut cultiver avec succès, dans
est tel qu'on peut le suivre sans se ruiner, et même avec chaque espèce de terrain, le trèfle, le sainfoin, la lu
des bénéfices lorsqu'on s'y prend bien. D'ailleurs, tout zerne, les vesces, les betteraves, les pommes de terre,
ne sera pas mauvais sans doute dans le détail des pra les navets, etc. »
tiques diverses dont l'ensemble compose ce système; la « Lorsqu'on se sera assuré par des moyens de ce genre
routine est aveugle, mais quelquefois, en cherchant à de la production d'un supplément de fourrage, un des
tâtons, elle a trouvé le bon chemin de certaines opéra points qui doivent attirer la plus sérieuse attention de
tions ;et il serait aussi peu rationnel de proscrire un pro la part du cultivateur, est le choix du genre de bétail
cédé, parce qu'il est celui des routiniers, que d'en con par lequel il fera consommer ses fourrages, et qui pro
damner un autre d'avance, parce qu'il est inusité dans duira le fumier dont il a besoin.Chaque genre de bes
la localité. Mais ce n'est qu'après avoir appris par l'ex tiaux peut donner lieu à des spéculations fort diverses ; -
•.
périence à reconnaître les avantages ou les inconvé mais en général ce n'est que dans un avenir éloigné
miens des diverses pratiques, qu'on pourra prendre qu'un cultivateur débutant doit s'occuper de faire un
une sage détermination pour abandonner, conserver choix entre toutes les combinaisons qui peuvent présen
ou modifier chacune d'elles. ter des chances de bénéfices. Il est bon qu'il y pense
« Je n'hésite donc pas à dire que, pour l'homme en - souvent, qu'il recherche avec soin toutes les données
core novice dans la pratique de l'agriculture, e1 souvent qui peuvent l'éclairer sur ce choix ; mais pendant plu
aussi pour celui qui n'est pas étranger à cet art, le sys sieurs années il fera bien de s'attacher à la spéculation
tème agricole ordinaire du canton où l'on projette d'in qui est considérée comme la plus profitable dans le
troduire une culture perfectionnée doit former le point canton. Dès qu'il aura un supplément en fourrage ar
de départ, et la route à laquelle on doit s'assujettir pen tificiel, il pourra agrandir le cercle de cette spéculation,
dant un temps plus ou moins long.Au total, si un pro en augmentant le nombre de ses bestiaux. ou seulement
priétaire fait valoir pendant quelques années son do en nourrissant mieux ceux qu'il entretient ; et, dans
maine selon les méthodes ordinaires du pays, les pertes un cas comme dans l'autre, augmenter également la
dont il court risque ne dépassent pas la limite des sa masse de ses fumiers ; il pourra aussi supprimer pro
crifices qu'il peut consentir à faire pour acquérir dans gressivement l'usage de la pâture à mesure qu'il ob
les pratiques du métier les connaissances qui lui sont tiendra des fourrages pour nourrir son bétail a l'étable,
indispensables pour s'élever ensuiteà des procédés moins et il accroîtra par là dans une proportion très considé
imparfaits; tandis que les pertes réellement graves rable la production du fumier.
qui compromettent la fortune d'un agriculteur sont « Il est bien entendu qu'en s occupant de créer des
celles qui frappent sur les capitaux, et auxquelles on prairies artificielles, on ne négligera pas les améliora
s'expose toutes les fois qu'on met dehors des sommes tions souvent très simples et très peu coûteuses qu'on
considérables avant d'avoir acquis les connaissances de peut apporter aux prairies naturelles, souvent si né
pratique nécessaires pour en diriger utilement l'emploi. gligées.
« Si un propriétaire se détermine à faire valoir son « En même temps qu'on s'occupe du soin d'accroître
domaine avec l'intention de procéder aux améliorations la masse des fumiers, on porte son attention vers un
avec sagesse et lenteur , et en commençant par suivre point bien important : la destruction, dans les terres
les méthodes du canton qu'il habite, son attention devra arables, des plantes nuisibles, qui, partout où la cul
se diriger dès le début, et pendant plusieurs années, sur ture est négligée les infestent au point de diminuer les
quelques points fort essentiels parmi lesquels il est récoltes dans une forte proportion. De tous les moyens
nécessaire d'indiquer les plus importans. de nettoiement du sol, la jachère étant le plus efficace,
« La production des engrais est le 1" objet qui doit le plus énergique, et, dans beaucoup de cas, le plus éco
fixer l'attention de l'homme qui songe à une culture nomique , il sera utile d'y soumettre à leur tour toutes
améliorée ; car presque partout c'est le défaut d'engrais les terres qui, par leur état de nialpropreté excessive, en
qui forme le principal obstacle à toute amélioration. indiquent le besoin. Dans tous les cas, les jachères de
En suivant la méthode du pays, on ne pourra augmen vront être très soignées, tant pour le nombre des labours
ter la masse des engrais que dans des limites très res que pour leur bonne exécution ; et c'est là un des points
treintes; cependant on pourra mieux placer et soigner par lesquels il sera bon de commencer à s'éloigner des
le tas de fumier, éviter la perte des urines ainsi que du pratiques vicieuses et des habitudes de négligence du
purin qui s'écoule du tas , recueillir avec plus de soin pays. »
les substances qui peuvent être ajoutées au fumier, et º Lorsqu'un propriétairese sera assuré parles moyens
obtenir par le seul effet de ces soins une augmenta indiqués l'accroissement de la masse de ses fumiers
tion d'une certaine importance dans la masse des en par l'augmentation du fourrage et du bétail, s'il s'est
grais; mais c'est de l'augmentation dans le nombre des aussi livré pendant quelques années à des expériences
bestiaux, et surtout de l'accroissement dans la quantité en petit sur le succès qu'il peut attendre dans lesdiverses
de fourrages, quel'on doit seulement attendre degrandes natures de terres qui composent son domaine de quel
améliorations sous ce rapport. Presque partout il est ques autres récoltes dont la culture peut lui assurer des
impossible d'atteindre ce but sans s'écarter de la mé avantages dans la localité, comme les plantes oléagineu
thode ordinaire de culture, mais le propriétaire doit ses les plus communes, les racines destinées au bé
prévoir dès le début que c'est vers ce point qu'il de tail, etc., il sera en mesure de creer un assolement ;
vra diriger ses 1" améliorations, et faire ses disposi c'est-à-dire, de combiner l'ordre dans lequel il doit pla
tions de manière à l'atteindre avec certitude. En con cer alternativement les récoltes des céréales ou autres
séquence, il sera convenable qu'il cherche à s'assurer, destinées à la vente, et celles dont il a besoin pour nour
Par des expériences faites sur une très petite échelle, rir le nombre de têtes de bétail nécessaire pour lui four
LIV, Wil
CHAP. 3°. TRAVAUX POUR LA FUMURE DES CHAMPS. 507
tºlhreb
LullR, d nir la quantité de fumier que réclame cet assolement. assolement se créera presque de lui-même ; car il en a
renn , C'est une chose fort grave que le choix d'un assolement, tous les élémens sous la main, et il ne s'agit plus que
·uses bn car de toutes les combinaisons qui se présentent dans de les réunir et de les coordonner. Mais toutes les fois
lma, a les opérations d'exploitation rurale, c'est certainement que l'on crée un assolement à priori pour une exploita
| nruit ! celle qui doit exercer par la suite ie plus d'influence tion dont on ne connait pas parfaitement toutes les cir
fºretl, # sur les succès que l'on y obtiendra. C'est par la combi constances, ou qu'on adopte de confiance un de ces as
| ºctriº naison des diverses conditions que doit remplir un as solemens que les livres présentent, on doit s'attendre,
Joº, n solement qu'on obtiendra dans un terrain donné, et à ou à s'engager dans une fause route, ou à être forcé de
on,h # l'aide de l'assolement qui lui convient, le produit net changer promptement de chemin.Ainsi donc, pour tout
s de tº, le plus élevé possible ; mais on conçoit qu'on ne doit homme qui n'est pas très versé dans la pratique de l'art,
espérer à trouver cette combinaison qu'au moyen de l'adoption d'un nouvel assolement est une chose à la
leºº connaissances pratiques assez étendues, et d'observations quelle il faut songer souvent , mais à laquelle on ne
#,nº faites sur le terrain même pendant un espace de temps doit se décider que très tard, et lorsqu'on voit bien clai
llttlº ! plus ou moins long. Lorsqu'un homme, doué de quelque rement, d'après les données tirées de l'expérience, tous
re à º esprit d'observation, aura cultivé un domaine pendant les détails des circonstances si variées qui s'y rappor
et mº quelques années ; qu'il se sera attaché à observer et tent. »
ºrrº # & à étudier toutes les circonstances qui peuvent l'éclairer F. M.
rtdiiee sur les divers points dont il vient d'être question , son
nir # -
de ſinº
eºlpº
CHAPITRE III. - DEs TRAvAUx AGRICOLES ET DE LEUR MESURE.
'il •
es bre
enlºlº Toute opération agricole se résout en défi mais beaucoup de ces documens ne doivent
nitive en travaux exécutés par les hommes être adoptés qu'avec circonspection, attendu
ou les animaux, ou par le concours de ces 2 ue ce sont plutôt des maxima obtenus dans
sortes d'agens, et les frais qu'elle occasionne es concours que des résultats moyens, se
dans le prix du travail des uns et des autres rapprochant de ceux qu'on obtient le plus
† toute la période du temps qu'on met communément dans la pratique. L'Allemagne
l'executer. est très riche en matériaux de ce genre, et
Un administrateur, qui veut mettre de l'or un très grand nombre d'agronomes de ce
dre dans ses opérations et qui cherche à se pays se sont appliqués avec persévérance à
rendre un compte exact, soit à l'avance, soit rechercher par expérience la mesure exacte
après le travail, de la manière dont elles ont et commune du travail journalier des agens
été conduites et exécutées, doit nécessaire agricoles animés. Nous nous proposons de
ment avoir une commune mesure au moyen de mettre à profit les travaux qui ont été publiés
laquelle il puisse apprécier la quantité de tra sur ce sujet dans ces deux derniers pays,
vail fait dans un temps donné et déterminer dans les tableaux succincts que nous allons
si cette quantité correspond à celle qu'on présenter pour les principaux travaux de cul
doit attendre dans les circonstances où il est ture. Les nombres qu'on trouvera dans les
placé des hommes et des animaux, c'est-à sections suivantes sont ceux auxquels on doit
dire s'il a fait à la fois l'emploi le plus écono atteindre dans un établissement bien organisé,
mique et 32 plus rationnel du travail de ses et où tout est dirigé suivant les meilleurs
agens et de ses moteurs. principes, et dans une série d'opérations qui
Nous avons déjà parlé des causes locales et se succèdent sans interruption dans le cours
independantes qui peuvent faire varier la quan d'une année agricole ; seulement nous devons
tité de travail des hommes et des animaux, et faire remarquer que certains travaux, dans di
des élémens qui servent à sa mesure économi vers pays, ne sont pas toujours confiés aux in
que ( p. 432). Il ne nous reste plus qu'à dé dividus du même sexe, et que tantôt on y ap
terminer la quantité absolue que peuvent plique des hommes et tantôt des femmes, ce
fournir en moyenne les agens animés pendant qui peut faire varier les nombres suivant les
une certaine période de temps, période que usages des localités.
nous fixerons également, en moyenne, dans ce
qui va suivre, à une journée de travail de 10 SECTIoN 1°.— Travaux pour la fumure des
heures, à moins que nous n'avertissions du champs.
contraire. 1° Chargement du fumier. Ce travail peut être
On ne connaît qu'imparfaitement la quantité exécuté par des hommes et des femmes.Suivant MEYER,
moyenne et absolue de travail journalier des un homme peut charger en une journée de travail s chars
hommes et des animaux, en France, dans les de fumier de 1 mèt. 40 cent. cube chacun (4o pi. cubes),
travaux de l'agriculture, et nous n'avons à ou en tout 11 mèt. cub. (520 pi. cubes), ou en supposant
cet égard que des données isolées; d'ailleurs, que le mètre cube de fumier normal pèse 73o kilog.
l'agriculture, sur la majeure partie de notre (25 kilog. le pi. cube), environ 8o quintaux métri
territoire, a fait si peu de progrès, et on y est ques de fumier chargé par jour. — M. ScHMALz porte
si peu soucieux d'y rechercher comment on ce chargement jusqu'à 14,5 mèt. cubes (45o pi. cub.),
† à économiser le temps, que les nom ou à 105 ou 106 quint. mét. par jour. — M. KR»Issic a
res qu'on a pu ainsi recueillir ne peuveut observé que 4 personnes adultes chargeaient par heure
être que d'une faible utilité pour un établis 4 chars de fumier de 1 mèt. 40 cent. cube chacun, ce
sement organisé d'après les meilleurs princi qui fait, en une journée de travail de 1o heures, 56 mèt.
pes économiques. En Angleterre, on possède cub. (1,600 pi. cub), ou pour chaque personne et par
un assez grand nombre de documens pré jour, 14 mèt. cub. (400 pi. cub.), c'est à-dire 102 quint.
cieux sur cette matière qui se rattache si es mét. de fumier normal. - M. BLocx porte aussi ce
sentiellement à la pratique de l'agriculture ; même travail à 1o2 quint. mét. -
508 ADMINISTRATION RURALE. 1LIV. V11.
2° Transport du fumier aux champs. M. ScHMALz Voyons maintenant, comme exemple, d'après ces do
admet que 4 bons chevaux de forte taille transportent cumens, combien il faudrait de journées de travail
dans les champs, à une distance moyenne, 1o à 12 chars d'homme, de femme et d'animaux pour charger et con
de fumier de 1",5o cube (42 pi. cub.) chacun, et ceux duire, à une distance moyenne de 1,5oo mètres des bâ
de petite taille, de 1 mèt. seulement (29 pi. cub.). timens d'exploitation en pays de plaine sur des chars à 2
- M. KREIssic pense que pour une distance moyen chevaux, décharger et épandre 50 mèt. cubes (environ
ne on peut admettre qu'un attelage de 4 chevaux peut 1,5oo pi. cub.), ou à peu près 36s à 370 quint. de fu
transporter 15 chars de fumier dans les champs en mier normal dans les champs.
10 heures de travail, en chargeant également 1m,5o
cube (ou 11 quint. mét.) pour les forts chevaux, et 1 mèt. ;
(7 quint.) pour les petits. Il ajoute qu'en hiver, JoURNÉEs | =: #c ||--= #E
lors DE CI1 TAUX.
cules de rechange, c'est-à-dire qu'on charge les uns Dans les pays où les routes sont mauvaises, ou dans
| (N°
pendant que les bêtes de trait font mouvoir les autres. ceux qui sont montagneux, on est obligé de charger
4 ifº
En opérant ainsi, et quand les pièces de terre sont plus moins, et les attelages vont plus lentement ; on fait
rapprochées de la ferme, on peut encore faire davantage aussi environ 1/8 moins de besogne.
irsla
de besogne, surtout à l'époque de la moisson, où les Voyons maintenant avec M. KREIssIo comment on
jours sont longs et où les travaux de transport peuvent peut établir le calcul des journées de travail d'homme,
être prolongés. Quand on ne commence à transporter de femme et de bête de trait, nécessaires pour les tra
les moissons qu'au milieu du jour, on ne fait au plus vaux d'ensemencement et de récolte d'un hectare de
terrain.
que 3/4 de l'ouvrage précédent.
Un auteur allemand a donné le tableau suivant du Dans un établissement quelconque, la quantité des
poids des récoltes qu'on peut transporter. Selon lui, travaux de ce genre dépend non-seulement de l'étendue
pour un attelage de 4 chevaux ou 4 bons bœufs, on de la surface, mais en outre de la masse des produits à
doit charger en récoltes de bonne qualité et sur des récolter. En se reportant au tableau de la page 540. on
routes passables, savoir : verra que, sous ce rapport, on peut distinguer 2 cas,
savoir : ceux où il s'agit de travaux sur les terrains des
1° 9o° kilogr. en gerbes de froment. 2 1 classes dans chaque division et ceux où il s'agit de
9oo - de seig,e.
1, 2oo - d'orge travaux sur les 2 dernières classes. Voici actuellement,
15 à 1,8oo - d'avoine.
1 5 à 2,ooo - de légumineuses.
pour les uns et les autres, le tableau des travaux à exé
Pom.,mes de terre, mais, betteraves : 1 mèt. cubes. cuter pour 1 hect. de terrain.
s° 6oo kilogr. de grain, froment ou mais.
6oo seigle.
6oo -
-
JoURNiEs tE TRAvAIL
Un autre auteur établit que la charge de 2 chevaux par hectare
agricoles sur des routes dans un état médiocre d'entre L---
tien est de 8 à 1o quint. mét, et de 12 à 15 pour 4 - e,
chevaux; que ce chargement peut être de beaucoup aug Récolte pesante de céréales ou tra-| # s #
menté sur les chaussées en bon état et peut aller aisé vaux sur les 2 premières classes] # #
-
&
de terres. •$ # -#
ment jusqu'à 1o quint. par tête de cheval, tandis qu'il
peut s'abaisser jusqu'à 2 quint. par tête sur les routes Un semeur, dans une journée moyenne.
en mauvais état ou qui offrent de graves obstacles, sème 35o ares de terrain : pour un bec
tarº. .. • • • • • • . . . . . . . - - - o,28 -
Suivant lui, la plus grande distance à laquelle on puisse Un cheur habile fauche en, moyenne 6o
envoyer un attelage en un jour pour aller et revenir est ares de céréales d'hiver, s6 de poi,, ss
1,Co
d'org° et d'avoine : en moyenne 6o ares - -
20 kilom. (5 lieues environ). A une distance de 12 à La mise en serbe exige une femme pour so
15 kilom., il faut également une journée, mais on ares. • • . .. . , . .
Pour ratteler et retourner en cas d'acci
. .. • . . . . . - - 2
sº*
2 chevaux transporte 9 quint. mét. de récoltes, et que Récolte lég're de céréales ou tra
lecharretier ne prend aucune part au chargement qui se vaux sur les 2 dernières classes
fait par d'autres travailleurs et sur des chars de re de terres.
#uº change.
Ensemeneement comme ci-dessus. . - - o.28 -
l- fdem. 13oo idem. . .6o Total pour l'ensemencement et la récolte. . 1.6o 2,2O 4,o6
f. idsm. 18oo idem. . 5,9o 54
#. idem. 2 too idem. . 5,25 47
h. iHem. 24so fde M. 4,74 45
27oo idem. . 4.5o 59
l.
k.
idem.
idem». 5ooo idem. . 4 56
Les difficultés qu'on éprouve souvent par suite du
clima de l'humidité atmosphérique, ou des circonstan
ces locales, peuvent faire varier la quantité de travail
512 ADMINISTRATION RURALE. LIV• VII,
·
•i
# | # | #
,- ,- N
2° Sur les soles fourragères. 5 s :
- .m -
- - -
-
-
| JOURNEÉS
1° Fauchaison et fanage. -
º
>
-
2»
l, 5o
#
- # | # | #
| Récolte pesante de fourrages sur les deux | # | # | #
1re* classes de terres. º |
-
A |
.
>
ToTAL, 1*° récolte. . . . | » 1, 4o | 4 »
2° récolte.. . . . - 2 » | 6 »
Un faucheur exercé fauche en moyenne 5o ares
de fourrages verts en un jour. . - . - . . • • . | * |* • -
Une femme fane par jour 1 hect. : oette opération 2° Transport du foin.
etant répétée 2 fois. . . . . . - . .. • . . . - 2 > Un char à 4 chevaux, dans ce travail, ne
Une §. met en meulons 25 ares . . • . . . - » |4 » charge que 8 quint. mét. de foin pour ne pas
Récolte moyenne, 8o quint. : un ebar à 4 chevaux détériorer la prairie ; en supposant les bâti
chargeant 1 o quint et faisant 1 o voyages, vide par tance moyenne de 1,ooo mèt.
§ 1 23 ares. . .. • • • • • • • • • • • • • • 5, 2o » 3o | » des prairies, il peut faire'1 o voyages par jour
| Chargement et engrangement, comme pour les cé- | et transporter 8o quint , ou le produit pour
'réales. . • • • • • • • • • • • • • • • • - - » o, 4o | s, 8o une coupe des surſaces suivantes en prairies
de diverses classes (v. p. 345). savoir :
ToTAL pour la récolte d'un hectare. - . . - |5, ao 5, ao |8, 8o i PRAIRIEs BAssEs. PRAIRIEs HAUTEs•
1*° classe. 13o ares. | 1re classe. aoo ares.
a". . . .. 1
Récolte légère de fourrages sur les 2 3º. . . . 24o
dernières classes de terre. 4°. • . . 53o
Un faucheur exerce fauche 6o ares. .. . .. . | " lººl " En supposant une prairie basse qui ait
Pour secher et retourner comme ci-dessus. . . .. ! " » |2 ce fourni par hectare, en 2 coupes, 48 quiut.,
Mise en meulons. . . . , . . . . . - . . - 2»
ce sera Pour le transport du foin en journéss
En supposant que la récolte moyenne s'élève, en d'hommes et d'animanx . . . . - . . . . | 2,4o | o.ºo -
ayant egard à la masse des objets récoltès (†
de terres, racines, etc.), à 12o quint. par hectare,
un attelage de 4 chevaux, en 1 o voyages de 1o quint.
3° Emmagasinage.
. | 4, 8o 1, 2o | » En moyenne 7 personnes, dont un homme
chaqu°, peut vider 85 ares par jour. . . -
TorAL pour la récolte d'un hectare. . . . .. |4, 8o 3 o6 ToTAL par hectare pour la récolte d'une
prairie à 2 coupes. . . . . . . . . . . . | 2, 4o | 4, 3o ( 11, 8o
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4o
léger. .. : . . .. . .. | 4, a*| » 1, 1o - RECAPITULATION. | -
†† , CU D. ] 010
En examinant le total de la récapitulation des tra
# #ººººº 73 - Co, 8o | 4o vaux annuels, et en se reportant à la page 455 où nous - --'
AG 1l ICULTURE , TU !E IV. — 65
514
ADMl INISTRATION RURALE.
LIV, VII•
CHAPITRE IV. — DEs PRoFITs ET REvENUs, DEs vENTEs ET ACHATs.
trepreneur, par le secours de ses facultés personnelles, 44o lit. d'orge à 8 fr. l'hect. 35 20
le propriétaire du fonds de terre ou des capitaux par 25,6o quint. mét. de paille l à 1 f. so
celui de leur instrument, qui ont tous coopéré à la 24 quint. mét. de foin le quint. 89 28
création d'un produit, ont § de recevoir en échange Total du produit d'un hect. . . . . . 279 36
de leurs services une portion de la valeur que leur tra On a calculé ensuite que le
vail est parvenu à donner à ce produit. prix du service des capitaux et
Cette portion de la valeur des produits qui se répar de l'industrie,ainsi que les frais
tit ainsi entre les divers services productifs forme ce généraux, avaient donné lieu
qu'on désigne en général sous le nom de profits ou re pour un hectare, et sur une
venus (1). Ainsi, il y a ur prºfit foncier tout aussi bien moyenne de 10 années,aux dé
qu'un profit du capital et un profit industriel. penses suivantes :
Nous allons nous occuper ici de la source et de la Frais de culture dans les
détermination des profits des divers services productifs. quels sont compris les salaires
des travailleurs et les intérêts
$ I°r. Du profit foncier. des capitaux avancés pour le fr. c.
travail. .. .. .. . - - - - - - - - - 125 6
La terre, par la faculté qu'elle possède de servir de
base aux végétaux et de leur fournir les sucs nourriciers Frais généraux autres que
loyer. .. .. ........
qui servent à leur alimentation, ainsi que par une foule le Béné 24 - - - -
»
d'autres propriétés physiques, est susceptible de rendre
ficesdel'entrepreneur,
un service à l'homme qui sait en tirer parti. fixés à 10 p. 0/o des capi taux
aVanCés . .. . .. . .. .. .. .. . -
Ce service, de même que celui des autres fonds pro
ductifs qui sont devenus des propriétés par nos lois Tota l du prix du travail et
sociales, n'est pas gratuit, et c'est la portion de la va des capitaux. ... 164 36 164 56
leur des produits créés qui revient au service foncier -
Différen ce. .. 11 -
(t) Dans l'usage ordinaire, suivant les économistes, on appelle profits les revenus qui sont sujets à quelque éventualité, ou 1
qui se touchent par petites portions, et l'on réserve le nom de revenus aux profits fixes qu'un entrepreneur s'oblige à payer pour
qu'on le laisse retirer à ses risques et périls les profits qui doivent provenir de la terre ou du capital dont il a acheté la jouissance.
CHAP. 4°. DES PROFITS ET REVENUS. 510
Ainsi, au taux moyen des denrées sur les marchés La nature de la propriété, ainsi que SINCLAIR le fait
du canton depuis 10 ans, et au prix moyen du travail observer, détermine aussi le taux du fermage ; plus les
et des capitaux pendant la même période,le profit foncier produits y sont faciles à récolter, et plus ce taux est élevé.
sur la terre en question, ne peut être évalué à plus de Dans tous les pays, les riches pâturages qui n'exigent
115 fr. par hectare, y compris les intérêts des som aucuns frais de culture, sont loués à un prix plus élevé
mes avancées pour améliorations foncières et les charges. que les terres arables.
Le profit foncier envisagé sous un point de vue géné La concurrence augmentant avec l'étendue moindre
ral et pour une même étendue de terrain, varie avec la des terres, et le petit cultivateur sachant tirer, à sur
richesse du pays, l'industrie et l'activité de la popula face égale, des produits plus abondans que le grand fer
tion, et la situation plus ou moins favorable du do mier, les terres d'une petite étendue sont presque par
maine sous le rapport de l'écoulement des produits, le tout affermées à un taux plus élevé que les grandes.
prix des denrées et des services, les charges publiques, L'industrie des fermiers, et l'instruction répandue
etc. Ainsi, il y a bien loin du produit foncier d'un hec chez cette classe utile de citoyens, tend généralement à
tare de terre, qui ne s'élève pas quelquefois à 5 ou 6 fr. élever le taux du fermage, par suite des fruits plus con
en Bretagne et dans quelques cantons de la France, et sidérables qu'ils savent tirer de la terre.
les territoires de Cavaillon, Château Regard et Barban Le prix des services productifs, qui entrent pour
tane, dans les départ. de Vaucluse et des Bouches-du une part considérable dans les frais de production, élève
Rhône, qui produisent une rente nette de 242 fr. par ou abaisse aussi le taux du fermage dans un rapport qui
hect. à leurs propriétaires. varie avec les localités.
Nous savons déjà qu'un propriétaire qui ne veut pas Enfin, le prix des denrées sert presque partout de
faire valoir lui-même sa terre en loue le service à au régulateur au taux des fermages tout aussi bien qu'à
trui; et nous nous sommes étendus suffisamment sur la l'établ ssement du profit foncier.
nature et les clauses les plus ordinaires du contrat qui Lorsque nous nous sommes occupés de l'estimation
intervient entre le propriétaire et le fermier dans le des domaines ruraux au titre II, chap. III, nous avons
chap. III, du tit. II; nous n'ajouterons donc qu'un mot établi les principes qui servent à calculer le fermage
sur le taux du fermage qui représente alors, sauf quel d'un domaine quelconque, en prenant pour base la fé
ques déductions dont nous parlerons plus loin, au para condité et le mode de culture des terres ; nous nous
graphe des frais de production, le profit foncier du pro croyons donc dispensés de revenir sur ce point.
priétaire. Un propriétaire qui fait valoir lui-même sa terre n'en
Le taux du fermage varie dans un pays par les mê doit pas moins tenir compte, dans le calcul de ses frais
mes causes que celles indiquées ci-dessus pour le pro de production , du profit foncier de cette terre. Le ser
fit foncier, mais il est influencé en outre par des causes vice productif qu'elle lui rend lui est aussi coûteux
particulières dont voici l'énoncé sommaire: qu'au fermier, quoiqu'il ne paie aucun fermage. En ef
Les terres pauvres ne peuvent payer, en proportion fet, s'il avait loué d'une manière quelconque les sommes
de leurs produits, un fermage égal à celui des terres fé qu'il lui en a coûté pour acquérir cette terre et pour y
condes; les travaux de culture y sont à peu près les mê faire des améliorations, il en aurait touché l'intérêt ;
mes et donnent lieu à autant de frais dans les 1** que s'il avait donné ce fonds à loyer à un fermier, il en re
dans les secondes, tandis que les produits y sont beau cevrait un fermage; il a donc sacrifié le loyer qu'il au
coup moindres et souvent de qualité inférieure. rait pu tirer de sa terre, et doit nécessairement faire
Il est difficile d'obtenir de terres négligées, infectées figurer le montant de la somme qu'il aurait ainsi perçue
d'insectes ou de mauvaises herbes, ou gâtées par une dans ses frais de production, s'il veut se rendre un
humidité surabondante, une rente aussi élevée que de compte exact et régulier de ses opérations.
terres bien propres et en bon état, ou de terrains épui Dans l'exemple que nous avons donné aux pages 351
sés autant que d'une terre dont on a soutenu constam et 585 de l'évaluation du fermage d'un domaine, nous
ment la fécondité. avons supposé que l'impôt foncier, l'entretien et l'assu
Un domaine où il existe des améliorations foncières rance des divers objets immobiliers, et les améliorations
importantes et bien entendues a toujours une valeur lo foncières, étaient à la charge du fermier. Dans ce cas,
cative supérieure à celle d'une propriété qui, à classe le fèrmage représente en totalité le profit foncier du
de terre égale, n'en présente qu'un petit nombre et en propriétaire; mais il n'en est pas généralement ainsi, et,
laisse encore beaucoup à désirer. dans la plupart des cas, ces charges pèsent sur le pro
La durée da bail, ou contrat de location,influe aussi priétaire, qui doit les déduire du fermage pour con
sur le taux du fermage. Un fermier ne peut offrir la naitre le profit net qu'il retire de la location de sa terre,
même somme pour une terre dont il ne doit jouir que ainsi que nous le verrons au paragraphe qui traitera
quelques années, et pour une ferme où il peut, au des frais de production.
moyen d'un long bail, se livrer à des améliorations Le revenu du propriétaire du fonds, quand on le dé
graduelles, avec la certitude d'en recueillir les profits. barrasse de l'impôt qui le grève, mais non pas des frais
Un fermier dont l'industrie est entravée par les sti d'entretien et d'assurance des objets immobiliers et des
pulations mal entendues d'un bail, paie nécessaire améliorations foncières, est extrêmement variable en
ment un loyer moindre que celui qui, par son contrat, France. Généralement dans les terres en bon état, et
jouit de toute liberté d'action et du libre exercice de son dans les pays populeux et assez bien cultivés, il ne dé
industrie. passe pas 5 p. 0/o des capitaux avancés pour l'acquisition
Dans les pays riches, la concurrence des fermiers du fonds et les améliorations foncières, et très souvent
élève nécessairement le taux des fermages, mais en ou il n'atteint pas 4 ou 5 1/2 p. 0ſo et même beaucoup
tre un fermier riche peut toujours payer un loyer plus moins, surtout si on prend une moyenne de plusieurs
élevé pour une même terre qu'un fermier pauvre, sans annees et si on tient compte des pertes qu'on peut
diminuer ses profits.ARTUR YoUNG acalculé qu'en An éprouver pour non-valeurs ou pour remises qu'on est
gleterre, un fermier dont le capital d'exploitation était souvent obligé de faire à des fermiers accablés par des
trop restreint et d'environ 200 à 240 tr. par hectare, fléaux naturels, des spéculations désastreuses ou des
ne pouvait payer au-delà de 5o fr. de loyer, tandis que revers de fortune inattendus.
si son capital était de 400 à 420 fr., il pouvait payer
40 à 45 fr. et même 55 à 6o fr. avec un capital de $ II. — Du profit du capital.
600 fr.
Les capitaux, ainsi que nous le savons déjà, sont un
516 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII
des instrumens principaux de l'industrie agricole et d'autant plus élevé que les capitaux sont plus rares et
des agens indispensables pour la production. plus demandés, et d'autant plus bas que ceux-ci sont
Cet instrument ne peut agir que dans des mains ca plus abondans et plus offerts.
pables de s'en servir, telles que celles d'un industrielou D'autres circonstances influent aussi sur le prix au
d'un producteur. L'usage qu'il en fait est d'acheter quel on trouve à louer le service d'un capital, tels sont:
des services productifs d'utilité, et, par l'emploi de ces les profits que ce capital peut rendre à l'entrepreneur,
services, de créer des produits dont la valeur sert à la capacité et l'industrie de celui-ci, sa consistance et sa
le rembourser de ses avances et à rétablir le capital solvabilité, les risques de son entreprise, la sécurité du
qui a été consommé dans l'acte de la production. placement, etc.
« Pour qu'une somme de valeurs porte le nom de De même que pour le profit foncier, un entrepreneur
capital, dit M. SAY, il n'est nullement nécessaire qui possède en propre son capital d'exploitation ne
qu'elle soit en espèces. On évalue un capital en mon doit pas moins en porter les intérêts dans ses frais de
naie, comme on évalue tout autre objet, lorsqu'on production, et compenser ainsi le sacrifice qu'il fait du
veut se rendre compte de son importance et savoir loyer qu'il aurait pu en tirer en le confiant à autrui.
quelle portion de bien il constitue; mais pour être un Les sommes qu'il faut porter en ligne de compte pour
capital, il suffit que ce soient des valeurs destinées à les intérêts des capitaux avancés varient donc suivant
faire des avances à la production et disponibles.» Ainsi, les pays et les conditions auxquelles on a emprunté; mais
lorsqu'on voudra se rendre compte du capital mis en quand l'entrepreneur est possesseur en propre de ces ca
action par un propriétaire, on évaluera les différentes pitaux, la sécurité étant de beaucoup augmentée, il ne
choses en lesquelles ce capital aura été transformé pour doit guère faire figurer ces intérêts pour plus de 4 à 5
l'exécution des opérations, et on dira que ce proprié p. o/o de ses avances dans ses frais de production.
taire a telle portion de ses capitaux en ustensiles, telle Le profit du capital se rembourse ordinairement en
autre en bêtes de trait, en bestiaux, en semences, en argent quand il a été emprunté à autrui; mais quand il
main-d'œuvre dont il a fait l'avance, en récoltes, et en appartient à l'entrepreneur, les intérêts des capitaux
fin en numéraire. Cest la valeur de toutes ces choses n'ont plus besoin d'être comptés en espèces, ils vont
qui composera son capital. grossir les frais de production. Ce n'est qu'au bout d'un
Un capital étant une propriété, son usage ne peut certain temps, ou quand les opérations sont accomplies,
être gratuit, et c'est la portion de profit à laquelle celui qu'on peut, sur les rentrées effectuées, en faire le pré
qui le possède a droit pour le service de son instrument lèvement pour les consacrer à faire de nouvelles avan
dans les opérations de l'industrie à laquelle on donne le ces à la production ou à tel usage qu'on juge convena
nom de profit du capital. ble.
Quand le possesseur d'un capital ou un capitaliste est
en même temps entrepreneur d'industrie, il consomme S III. – Du profit ou revenu industriel.
lui-même le service de son capital; quand il n'est pas On entend ordinairement par profits ou revenus in
entrepreneur, il en loue le service à un autre ; et on dustriels, ou de l'industrie, ceux auxquels ont droit
désigne alors sous le nom d'intérét du capital le profit tous les industriels qui ont concouru par leurs facultés
qu'il en tire lui-même ou le loyer qu'il reçoit d'un personnelles à la création d'un produit. Dans l'agricul
autre pour la jouissance de son instrument. ture, ces industriels sont des manouvriers dont on a
Nous avons vu précédemment que le profit, ou les in employé les forces physiques; des serviteurs dont on a
térêts des capitaux employés sur un fonds en améliora mis en œuvre la force et l'intelligence; et l'entrepre
tions par un propriétaire, seconfondaient ordinairement neur lui-même qui a coopéré à la production, souvent
avec le fermage; de même l'intérêt du capital servant à par le concours réuni de ses connaissances, de ses forces
l'exploitation est souvent confondu avec le profit in et de son intelligence.
dustriel. Cependant il importe beaucoup de séparer ces Les profits de la classe ouvrière et des serviteurs se
deux derniers profits et de les faire figurer à part dans paient le plus souvent en argent, quelquefois en na
les calculs et la comptabilité. Le 1er est un profit fixé à ture, en nourriture ou entretien ; on les nomme salai
l'avance et qu'on doit porter dans les frais de produc res, et nous nous sommes occupés d'en fixer le taux
tion , et l'autre un profit très variable résultant des à la page 399 de ce livre. Quant aux profits de l'entre
circonstances, de l'intelligence du fermier, du taux du preneur, qui prennent le nom de bénéfices, nous allons
fermage, etc. Ainsi, on dit souvent : les bénéfices de tel chercher quelle est leur origine et quelles sont les causes
fermier s'élèvent à 12 p. ofo de son capital d'exploita qui peuvent en abaisser ou en élever le taux.
tion ; mais c'est une manière vicieuse de s'exprimer, Le concours d'un entrepreneur étant indispensable
et il serait bien plus correct de dire qu'après un prélè dans toute opération industrielle, les bénéfices aux
vement sur ses rentrées de 5 ou 4 p. 0/0 pour le ser quels il a droit, pour sa coopération, sont des frais né
vice des intérêts du capital dont il a fait l'avance, il cessaires de production.
reste au fermier 7 ou 8 p. o/o de ce même capital, qui Les bénéfices d'un entrepreneur, qu'il soit proprié
représentent le profit auquel il a droit pour le concours taire ou fermier, sont, la plupart du temps, sous forme
de ses facultés personnelles dans les opérations agricoles de récoltes, bestiaux, produits divers, et résident dans
qu'il a entreprises,ou son bénéfice industriel.Nous avons la valeur que peuvent avoir ces objets qu'il a créés; mais
eu soin au reste, dans tous les calculs que nous avons pré dans l'usage habituel, on ramène tous ces objets à un
sentés dans ce livre, de faire figurer dans les frais de dénominateur commun, qui est la monnaie, pour en
production les intérêts de tous les capitaux avancés à faciliter la comparaison et l'évaluation relative, et ren
quelque titre que ce fût pendant le temps de la durée dre plus aisés tous les calculs.
de l'opération productive. Ces bénéfices ne peuvent être comme beaucoup d'au
Il estd'autant plus important de faire figurer à part tres frais de production, fixés à l'avance, et restent in
les intéréts des capitaux qu'ils entrent comme élémens certains jusqu'au moment où l'échange des produits
essentiels dans les calculs des frais des divers services créés étant consommée, on peut comparer les sommes
agricoles, et que sans la précaution de les introduire dans qu'on a perçues avec celles qui ont été avancées.
ces calculs, il est impossible de savoir ce que ces services De même que tous les autres services industriels, les
coûtent pour les mettre en action. bénéfices d'un entrepreneur d'industrie agricole ont, en
Le prix du loyerd un capital n'est pas une chose fixe général, un prir moyen courant, qui s'établit naturel
dans tous les temps et dans tous les lieux. Ce prix est lement par la con urrence des producteurs.
CHAP. 4°. DES PROFITS ET REVENUS. 5 17
qualités ou qui paient un fermage trop élevé, devien dans laquelle on donne des services productifs d'utilité
nent fréquemment insolvables. Le cas est différent dans pour recevoir en échange une partie de la valeur pro
les fermes à pâturages, parce qu'elles exigent moins de duite. Ces services, comme toutes les valeurs suscepti
dépenses de main-d'œuvre et qu'elles produisent des bles d'être échangées, ont un prix courant qui s'établit
denrées plus recherchées et d'un prix plus élevé. Dans d'après les mêmes bases que celui de ces valeurs; c'est
ces fermes, il n'est pas rare que les bénéfices s'élèvent le prix courant de tous les services qui ont concouru à
à 15 p ofo et plus. Le fermier d'une ferme de cette la création d'un produit qui forme ce qu'on appelle les
espèce est plutêt un marchand qu'un simple cultiva frais de production.
teur ; comme il achète et vend fréquemment des bes Les services productifs qu'on met en œuvre dans l'in
tiaux, il fait souvent de gros profits par des spécula dustrie agricole, ainsi que nous l'avons déjà vu, sont
tions judicieuses; mais aussi une baisse soudaine dans ceux du fonds de terre, des capitaux et de l'industrie.
les prix entraîne souvent pour lui des pertes considé Examinons en particulier les frais auxquels donne
rables. On a remarqué, au reste, qu'il est rare qu'un lieu l'usage, la jouissance, le loyer ou l'achat de ces
fermier fasse une grande fortune, à moins qu'il ne soit services.
placé avantageusement dans le voisinage d'une grande
ville ou qu'il ne réunisse à la culture quelque spécula $ Ier. – Service du fonds.
tion profitable. » Le prix de la jouissance du fonds entre dans les frais
Les bénéfices réalisés dans le cours d'une année ne
de production sous le nom de fermage, canon ou
constituent pas, comme on le pense bien, le taux loyer, etc. La plupart du temps on se contente de le
moyen des profits d'un entrepreneur d'industrie agri faire figurer aux frais généraux, mais il est préféra
cole; les années qui se succèdent présentent, dans ce ble de rechercher les différens élémens qui le compo
genre de spéculation, trop de différences pour qu'il soit sent, afin d'attribuer aux divers services la part de
possible de considérer l'une d'entre elles comme pro frais que chacun doit supporter. Ces élémens sont :
pre à faire connaître les bénéfices réels de l'entreprise.
A cet égard, un fermier doit se considérer comme un 1° Les frais pour la jouissance de la terre comme
fonds propre à nourrir des végétaux, à donner des ré
entrepreneur qui fait une spéculation dont la durée sera coltes ou à rendre quelque autre service utile ;
de 9, 12 ou 15 années, suivant la durée de son bail, et
2° Les intéréts des sommes avancées pour améliora
dont il ne connaîtra les résultats définitifs que lorsqu'elle tions foncières de toute espèce, tels que défrichemens,
sera entièrement terminée. Je suppose, par exemple, chemins, haies, fossés bâtimens ruraux, constructions
qu'il agisse avec un capital de 50,000 fr., que le taux diverses, etc.
de l'intérêt des capitaux soit dans le pays à 5 p. 0f0, Dans un fonds en friche et où on se propose de faire
qu'il ait un bail de 9 ans et que les revenus annuels, des améliorations, ces 2 élémens sont d'abord distincts,
suivant la comptabilité, aient été, savoir : mais, sur les fonds depuis long-temps en culture, ils
1re année. . . . . . . 5,225 fr.ſ6e année. . . . . . . 7,311 fr. se confondent généralement. Seulement, nous allons
se - . . . . • . . 3,78o 7e –
voir que les bâtimens ou constructions rurales étant
3e - • • . . . .. • 2, lo3 8e —
4e - . . - . . . 6,8o9 9e - - •"« spécialement à l'usage de divers services, il est utile
5e - • .. • . . . .. 5,47o Total,. . . 41,838 de fixer un prix à leur jouissance, afin que chaque ser
A déduire les intérêts du capital de 5 pour cent vice qui en profite porte sa part des frais qu'ils occa
-
pendant 9 ans . .
-
. .. 18,827
- SlOnnent.
Total des bénéfices industriels pour 9 ans. . . 23,on 1
3° Les frais d'entretien annuel de tous les objets
ou, terme moyen, 2,557 fr. par année, c'est-à-dire immobiliers qui sont répandus sur le fonds ;
5 1 4 environ du capital d'exploitation de l'entrepreneur. 4° Une prime annuelle d'amortissement pour réta
Un entrepreneur qui est propriétaire du fonds qu'il blir ces objets immobiliers lorsque le temps les aura
exploite peut opérer de même pour connaître le taux mis hors de service ;
moyen de ses bénéfices ; seulement, comme la durée de 5° Les frais d'assurance contre l'incendie des bâ
timens ruraux et autres constructions ;
son bail ne peut pas lui servir de base, il prend une ou
plusieurs rotations ou assolemens qu'il considère comme 6o Les avances pour améliorations foncières qu'on
des opérations distinctes et au bout desquelles il peut pratique souvent annuellement sur un fonds pour le
établir le taux courant de ses bénéfices industriels. rendre plus productif; -
Dans plusieurs occasions, on a besoin de ca'culer ap 7o Les sommes payées à l'état pour acquitter l'im
proximativement le taux moyen des bénéfices qu'on pôt foncier et autres charges publiques supportées par
pourrait espérer de réaliser dans l'exploitation de tel la proprieté
ou tel domaine. Dans ce cas, il faut faire sur la pro 8° Une prime pour non-valeurs ou remises qu'un pro
priété foncière en question une enquête semblable à priétaire qui loue sa terre doit porter en compte et
celle dont nous avons donné le modèle dans le titre Ier, qu'on peut évaluer de 2 à 3 p. 0/0 des intérêts du ca
et procéder à des calculs d'évaluation en faisant usage, pital ou du fermage.
pour les terres arables, du tableau de la page 34o du Essayons avec ees élémens d'établir, ainsi que nous l'avons promis,
chapitre II, où nous avons donné les produits moyens le profit foncier net du propriétaire du fonds de terre. Supposons pour
cela un domaine de 1o2 hectares de terres labourables dout le fermage
ainsi que les travaux de culture sur chaque division soit évalué ou fixé à ... . . . . - • - - • • •8,ooo fr.
• • • • • •
et chaque classe, et pour les prairies et autres biens Sur cette somme, qui forme le revenu brut du propriétaire,
il faudra deduire, je suppose, pou1 :
des moyens d'évaluation présentés dans les pages sui 1 ° Frais d'entretien annuel des objets immobiliers. 15o fr.
vantes du même chap. En opérant ensuite les calculs 2° l'rime d'amortissement pour le rétablissement des
mêmes objets après qu'ils auront péri. . . . . .. 1 5o
comme nous l'avons indiqué, on parvient à établir le 3° Frais d'assurance contre l'incendie des bâtimens. 1oo
taux moyen des bénéfices qu'on peut espêrer dans l'ex 4" Avances pour ameliorations foncières. . . . . 2oo
5" Inpot foncier et autres charges . . . . . . . 58 o
ploitation du domaine proposé, ou le taux du fermage 6° Prime pour non valeurs à 5 pour cent. . . . . 24o
qu'on peut en offrir après qu'on a fixé les bénéfices Total des déductions. . . ..
-
1,42o
qu'on veut retirer de l'opération. - - - - -
1,42o
"r-•
FRAIS
-^
Bâtiment d'habitation.
fr. c. fr. c. fr. c. fr. c. fr. c.
Logement de maître. . . . . . . . . . . 200 » 18 62 13 15 18 62 | 25o 59| Frais généraux ou personnel.
Logement de serviteurs. . - . . . . . . . 98 » 13 5 45 9 15 | 1s 1 71 | Persounel.
Bâtimens d'exploitation.
Écurie, sellerie, magasin à foin et avoine. . 128 » 11 9o 8 » A1 9o 159 8o | Attelages.
Etable ou bergerie. . . . . . . . •12 » 3o 15 19 5o 3o 1 5 39 1 8o | Bétes de rente ou production animale.
Magasin à paille et fourrages.. . . . . . . 128 » : 1 9o 8 » 1 l 9o | 1 59 8o dem.
Magasin à racines fourrageres. . . . . 96 » 9 » 6 1o 9 » 120 l0 Idem.
Laite rie, chambre à heur-e et fromage. . . 92 • 8 4o 5 7o 8 4o | 1 m 4 5o Idem.
Ilangars, salles aux instrumens et outils 146 » 15 6o 9 1o 15 6o | 182 5o | Personrel et attelages
Granges, gerbiers, aire et machine à battre. 28o » 26 15 17 5o 26 n 5 549 8o | Fonds ou production vegétalo.
Greniers, chambres à grain, etc. . . •| l 20 * 11 m5 7 5o 11 15| 149 8o dem.
Ainsi, par exemple, je suppose que l'établissement 1° Pour ses intéréts qui vont grossir le prix de la
en question entretienne 10 chevaux de travail ; leur jouissance des services auxquels il fait des avances. C'est
logement et celui des objets à leur usage coûtera par ainsi que le prix du travail des serviteurs agricoles se
an 1 59 fr. so c. à l'entrepreneur ; plus, 182 fr. 5o c. trouve grevé comme nous l'avons vu à la page 400,
pour le logement des instrumens avec lesquels ils tra des intérêts de toutes les sommes avancées pour nourri
vaillent : en tout, 542 fr. 1 o c. ; c'est-à-dire que le ture, salaire, logement, entretien, etc. Ces intérêts sont
prix du travail de chaque cheval est grevé annuelle à un taux plus ou moins élevé, suivant que les capitaux
ment de 54 fr 10 c., savoir : 15 fr. 98 c, pour le lo appartiennent en propre à l'entrepreneur, ou qu'il a été
gement de l'animal, et 18 fr. 23 c. pour celui des ins obligé de les emprunter à des conditions qui varient
trumens à son usage. De même, la production animale suivant les pays , et par les causes que nous avons in
doit supporter une charge de 591 fr. 8o c. pour loyer diquées plus haut en nous occupant du profit des capi
tauX.
des étables ; de 159 fr. 80 c. pour mag.sin à paille et
fourrages; de 120 fr. 10 c. pour caves à racines ; de 2° Pour les frais d'assurance contre la gréle et l'in
1 14 fr. 5o c. pour laiterie, et de 50 fr, pour logement cendie , pendant tout le temps que ce capital est sous
des agens du personnel préposés à ce service ; en forme de récoltes qui peuvent être détruites par ces
tout, 856 fr. 20 c. qui, répartis entre 72 têtes de gros fléaux.
bétail qu'on suppose réunies sur le domaine , mettent 3° Pour prime contre les faillites , banqueroutes,
à la charge de chacune d'elles pour logement une somme retards de paiement qu'on peut évaluer à 1/4 p. 0/0 du
de 1 1 fr. 50 c. capital de roulement.
B. Le capital fixe ou engagé d'exploitation figure
$ II. — Service des capitaux. dans les frais de production :
1° Pour ses intérets aux mêmes conditions que celui
Le prix du service des capitaux varie suivant qu'ils de roulement.
appartiennent au capital de roulement, ou au capital 2° Pour les frais de son entretien et ses réparations,
fixe ou engagé. qui peuvent s'élever jusqu'à 25 et 50 p. 0/0 par an,
A. Le capital de roulement entre dans les frais de suivant l'espèce et la nature des objets mobiliers péris
production. sables qui le représentent. Nous avons cherché à éva
520 ADMINISTRATION RURALE. 1,IV, V1I,
luer pour chacun de ceux-ci le chiffre de cet entretien de frais de production. Il en sera de même si, par une
lorsque nous avons, dans le titre II, traité de l'orga administration sage et habile, on diminue les déchets,
nisation des divers services. les rebuts, les avaries, les vols, etc.; si on fait choix de
3° Pour les frais d'assurance contre l'incendie, et travailleurs plus laborieux et plus actifs et intelligens ;
contre les épizooties ou les maladies contagieuses qui si on réduit au strict nécessaire les capitaux fixés dans
attaquent les animaux; frais oui varient suivant les cir des objets qui ne sont productifs que d'agrément, tels
COnstanCeS. que meubles somptueux , habillemens recherchés; si on
établit une rigoureuse économie dans les dépenses du
S III. — Services des industriels. ménage, etc.
D'un autre côté, si, tout en dépensant une méme
Les services des industriels dans les entreprises agri valeur en services industriels, ou pour les mêmes frais
coles accroissent la masse des frais de production de toute de production, on parvient à créer une plus grande
la somme qui représente les profits auxquels ils ont droit quantité de produits d'une même valeur que précédem
pour leur coopération ; or, en nous occupant de l'or ment, ou des produits d'une plus haute valeur, on aura
ganisation du service du personnel dans le titre III, et encore produit plus avantageusement, puisqu'on don
des profits industriels dans le présent chapitre, nous nera moins pour obtenir plus, ce qui est une meilleure
sommes entrés dans des détails assez étendus pour éva affaire et un marché plus profitable. C'est ainsi qu'on
luer et calculer cette portion des frais de production ; peut considérer comme un progrès qui équivaut à une
ce qui nous dispense de revenir sur ce sujet. diminution de frais de production la suppression des
jachères, l'adoption d'un bon système d'assolement,
$ IV. — Principes économiques applicables aux frais l'éducation des races fécondes et productives de bes
de production. tiaux, l'amélioration et l'accroissement successif de la
fertilité du sol, qui donne alors des récoltes plus abon
Dans tout établissement agricole, de même que dans dantes qui ne coûtent pas plus de travail, etc.
toutes les autres entreprises industrielles, il faut, pour Tous les efforts d'un entrepreneur doivent donc ten
prospérer, que les produits créés aient une valeurégale dre sans cesse, par tous les moyens que lui suggèrent
à leurs frais de production. En effet, si la valeur de ses connaissances, sa capacité et sa pratique, et les
ces produits ne couvre pas les frais qu'ils ont coûté, il progrès des arts agricoles, à diminuer ses frais de pro
y a un service productif qui n'a pas reçu sa récom duction, soit en faisant une économie sur le prix des
pense. services productifs, soit, avec la même quantité de ser
Par exemple, l'entrepreneur, par l'influence des cir vice et les mêmes frais, en obtenant des produits plus
constances ou par son inexpérience, peut ne pas être abondans et d'une plus haute valeur.
indemnisé de ses soins, ou bien les capitaux qu'il a C'est l'entrepreneur qui profite d'abord de la dimi
avancés ne lui rapporter aucun intérêt. Dans tous les nution dans les frais de production qu'il parvient à
cas, comme c'est lui qui a conçu la pensée de l'entre obtenir, soit par des bénéfices plus considérables, soit
prise et qui l'a dirigée à ses risques et périls, c'est aussi par un écoulement plus prompt et plus assuré de ses
le plus communément lui qui coure toutes les chances produits.
de la production ; ses bénéfices s'accroissent ou dimi Si cette diminution est due à une méthode perfec
nuent suivant les circonstances ou le degré d'habileté tionnée, à un instrument plus parfait, à un mode ad
avec lequel il a conduit ses opérations. ministratif mieux entendu, toutes choses qui peuvent
Quand un produit paie très largement ses frais de avoir des imitateurs, la concurrence, commenous l'avons
production, c'est-à-dire, dans le cas qui nous occupe, déjà dit, ne tarde pas à ramener les bénéfices au prix
lorsque les bénéfices que recueille un agriculteur de la courant dans le pays. Mais si cette diminution est en
création de ce produit s'élèvent au-dessus de ceux que tièrement due aux qualités personnelles de l'entrepre
donnent communément les autres produits, les autres neur; si elle réside dans sa sagacité, dans ses vastes
producteurs ne tardent pas à s'en emparer et à rame connaissances et son expérience consommée; si elle est
ner par la concurrence les bénéfices qu'il procure au due à une habileté peu commune pour juger par le tact
taux moyen des autres productions du pays. et la vue des qualités du bétail , à une aptitude toute
Le prix courant des bénéfices qu'on peut faire sur particulière pour l'achat et la vente des animaux, à
chaque produit varie néanmoins dans des limites assez une activité extrême et toute personnelle à l'individu,
étendues, dans chaque canton et dans chaque établisse il est clair alors que l'entrepreneur peut espérer jouir
ment. Dans ce dernier cas, nous savons déjà que le taux long-temps de l'accroissement de bénéfices qu'il se pro
du fermage, celui de l'intérêt des capitaux, la capacité in cure ainsi par la diminution de ses frais de production.
dustrielle de l'entrepreneur sont les causes qui déter Le calcul des frais de production est indispensable
minent les variations les plus sensibles dans ce prix. à établir toutes les fois qu'on a créé un produit et qu'on
Souvent la concurrence ou l'engouement des agricul veut le porter sur le marché, afin de comparer les prix
teurs pour un produit peuvent être tels que son prix qu'on en offre aux frais qu'il a coûtés, ou pour s'assurer
courant descende au-dessous de ses frais de produc de la réalité et de l'étendue des profits que donne une
tion. C'est à l'administrateur habile à prévoir ce con opération agricole quelconque.Ce calcul suppose d'abord
cours, à se mettre en garde contre ces dépréciations de une connaissance parfaite de tous les élémens qui doi
prix, et à diriger sur des produits d'une vente plus vent y figurer, et que nous venons de faire connaître,
ferme et plus soutenue ses efforts et ses capitaux. et ensuite une comptabilité très régulière où l'on puisse
On fait faire un progrès à l'industrie agricole toutes puiser ces élémens avec facilité et avec la certitude qu'ils
les fois que, par un moyen quelconque, on parvient à ont toute l'exactitude nécessaire pour qu'on puisse
diminuer les frais de production. compter sur les résultats rigoureux des calculs. Nous
Si, tout en obtenant une méme quantité de produits donnerons quelques exemples de ces calculs dans l'ar
et des produits de méme qualite, on parvient à suppri ticle qui traitera de la comptabilité et qui terminera
mer , je suppose, en tout ou en partie, l'usage d'un ce titre.
service, à obtenir des conditions plus favorables dans
l'emploi des agens ou des moteurs, à tirer un meilleur
parti du concours d'un service quelconque, etc., il est
clair qu'on anra créé nnc valeur éaa'e n ,;s avcc moins
| Vll,
CHAP, 4°. DES VENTES ET ACHATS. 521
lt lº
créés qui ne peuvent être consommés par le maître, 'es
SECTIoN III. — Des ventes et achats. serviteurs, les bêtes de trait ou de rente, ou les fabriques
ºt#
industrielles, il devient indispensable de proposer ce
,tt, surplus à d'autres consommateurs. Or, on ne peut
siº $ I". —• Des principes des ventes et achats. abandonner à ceux-ci la jouissance ou l'usage de ces
t, à produits que s'ils consentent à donner en échange un
;in Un agriculteur qui produit pour son propre compte autre produit qui convienne à l'entrepreneur. C'est cet
*i . n'est pas seulement un entrepreneur d'industrie, échange de produits qu'on nomme vente et achat.
c'est encore un marchand de denrées agricoles, qui Un produit n'a de valeur échangeable qu'autant
souvent ne se contente pas de vendre ses propres den qu'il a de l'utilitéaux yeux de celuiqui veut l'acquérir;
rées, mais spécule en outre sur les denrées créées par l'échange sert donc à constater la valeur d'utilité des
d'autres et cherche ainsi à réaliser des bénéfices choses. Pour comparer et évaluer l'utilité des choses
en dehors de la production par des combinaisons plus on se sert ordinairement d'un certain nombre de pièces
ou moins heureuses suivant sa sagacité et son intelli de monnaie, parce que la monnaie est un produit
gence. dont la valeur, c'est-à-dire la quantité de chose qu'un
L'agriculteur doit donc, indépendamment deses con nombre déterminé de pièces de monnaie peut acquérir,
naissances dans l'industrie qu'il exerce, avoir l'habileté étantgénéralement connue, paraît sous ce rapport émi
du négociant et l'expérience du marchand ; et, à ces di nement propre à ces sortes d'évaluations.
vers titres, il importe que celui qui administre un do La valeur d'échange des choses est de sa nature
maine connaisse les phénomènes sociaux qui se mani perpétuellement variable; elle change avec les lieux ou
festent dans la vente et l'achat des produits de toute d'un moment à l'autre, et rien ne peut la fixer définiti
espèce. vement parce qu'elle est fondée sur des besoins et sur
La vente des produitsdudomaine est une des fonc des moyens de production qui peuvent varier à chaque
tions dévolues à l'administrateur. C'est la conclusion instant, et suivant des circonstances infiniment multi
de toutes les opérations agricoles, celle qui complète pliées.
le cercle de la production, démontre si on a conduit Une des causes principales qui tendent surtout à
avec habileté ces opérations, révèle souvent les vices faire varier la valeur des produits dans une localité,
d'une méthode ou d'un mode d'administration, fait ren c'est la facilité des débouchés, ou moyens d'effectuer l'é
trer annuellement le capital de roulement augmenté change réciproque des produits créés. Les débouchés
des bénéfices industriels de l'entrepreneur, et constate sont d'autant plus vastes, plus faciles et plus variés
enfin d'une manière préremptoire l'étendue de ces bé que les producteurs dans un pays sont plus nombreux,
néfices. Mais il ne faut pas échouer au port, et, après plus actifs, plus riches, et les objets échangeables plus
avoir conduit toutes ses opérations avec prudence et sa variés; que la civilisation fait éprouver à la population
gacité, perdre par négligence ou par l'ignorance des pre des besoins qu'elle est par son industrie en état de sa
miers principes du commerce les fruits de son travail et tisfaire; que les objets sont produits à moins de frais ;
de son industrie. La vente des produits d'un domaine que les moyens de transports y sont plus étendus, plus
est donc une opération dans laquelle on ne saurait variés, plus sûrs et moins dispendieux; que des me
apporter trop de sagacité, de prudence et d'activité. sures administratives n'y entravent pas la production »
Témoins des chutes multipliées et des revers qui ont la libre circulation , et la consommation des pro
été la conséquence de spéculations entreprises par des duits, etc.
fermiers, beaucoup d'agronomes ont fait observer que
l'agriculteurprudent ne devrait jamais se faire spécu $ II. — Du prix courant et des marchés.
lateur en denrées agricoles ; que les chances dans
ce genre d'industrie, qui en réalité est en dehors de l'a La quantité de monnaie pour laquelle on trouve
griculture proprement dite, étaient trop incertaines et communément à acheter ou vendre un produit quel
trop variables pour ne pas porter la perturbation dans un conque constitue son prix courant. Le prix courant
établissement; queles risques qu'on court, commetoutes d'une marchandise suppose toujours, dans les transac
les choses qui présentent quelque apparence aléatoire ou tions du commerce, une quantité fixe de cette mar
d'un jeu, finissent par dominer l'esprit de celui qui s'y chandise et une qualité déterminée. Ainsi, quand on
abandonne; que, dans cet état, un agriculteur tout en dit que le froment était, en février 1s3s, à 26 fr. sur
tier adonné au soin de ses spéculations ne pouvait le marché de Paris, cela signifie qu'un hect. de fro
plus apporter la même activité ni la même attention à ment de 1r° qualité s'échangeait contre cette somme à
l'exploitation de son domaine ; enfin, qu'il devenait cette époque à la halle aux blés de Paris.
plutôt un marchand de denrées qu'un agriculteur. Ces Le prix originaire d'un produit est d'abord basé sur
observations nous paraissent exactes, et nous pensons les frais de production, et, quand ces frais de pro
aussi qu'un administrateur prudent se bornera simple duction ont déterminé le taux le plus bas auquel la
ment à spéculer sur les produits qu'il a créés lui-même ; création de ce produit peut être entreprise et poursui
cette sorte de spéculation offre déjà des chances assez vie avantageusement, ce taux, combiné avec l'utilité
multipliées sans les grossir par des achats et des ventes propre du produit ainsi qu'avec le nombre, la richesse,
sur des produits autres que ceux du domaine, et sans les besoins des consommateurs, détermine la quantité
s'exposer aux innombrables mécomptes que présentent de ce produit que le public demande et par conséquent
les prix courans et les mercuriales, et la solvabilité ou la quantité qu'on peut créer avec profit.
la mauvaise foi des autres spéculateurs. C'est bien assez § un produit est cher, c'est-à-dire quand il ne
d'ailleurs que toutes les opérations de l'agriculture ne peut être créé qu'avec de gros frais de production, la
soient, pour ainsi dire, qu'une sorte de spéculation, où demande qu'on en fait est moindre, puisqu'il n'y a
on achète des services productifs qu'on paie les uns en qu'un nombre limité de consommateurs qui peuvent le
argent et les autres en nourriture, en entretien, en lo payer, et réciproquement lorsque, par des moyens per
gement, et en soins divers ; car toute opération agricole fectionnés de production, les produits baissent de prix, .
n'est, en définitive, qu'une spéculation dont tout le se leur consommation s'accroît dans une proportion bien
cret est de donner le moins pour recevoir le plus. plus rapide que la diminution des prix.
Puisque dans la plupart des établissemens agricoles Plus un produit est demandé, plus les services
il y a toujours une quantité considérable de produits qu'on consomme pour sa production deviennent d'a
AGRICULTURE 114° livraison. ToME IV. -- 66
,522 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII
bord rares et chers; aussi une demande subite plus marché un emplacement public où l'on se rend de tous
étendue a-t-elle presque constamment pour résultat de les lieux d'alentour pour vendre des denrées qu'on
faire élever les prix courans. Par une raison sembla produit ou acheter celles qu'on veut consommer.
ble, le prix d'un produit baisse généralement d'autant Il ne suffit pas, en effet, de produire des denrées et
plus qu'il est plus offert par le producteur et moins que les consommateurs dans un pays soient multipliés,
demandé par le consommateur, ou que les services riches et en état de les acquérir par l'échange, il faut
dont il est le résultat sont plus offerts et moins de encore, pour qu'ils puissent proposer et effectuer cet
mandés. échange, qu'on mette les produits à leur portée ou sous
Très souvent le prix courant des denrées agricoles leur main par des transports, qu'on les divise par por
éprouve d'autres influences que celle des frais de pro tions, afin qu'ils puissent en prendre la quantité dont
duction; des circonstances politiques, l'apparence des ils ont besoin et dans un lieu où il leur est commode
récoltes prochaines, la crainte d'une mauvaise année ou de les trouver.C'est ce lieu, cet emplacement où le pro
l'espérance d'une bonne, la direction des besoins des ducteur et le consommateur se rencontrent et où l'on
consommateurs, la formation d'industries nouvelles, la trouve communément les denrées que l'un veut céder
concurrence entre les acheteurs combinée avec celle qui ou l'autre acheter divisées en portions d'un poids ou
s'établit entre les vendeurs, la mode et l'engouement d'un volume déterminé, auquel on donne le nom de
qui exercent aussi leur empire sur les denrées agrico marché publie, de halle, bourse de commerce, etc.
les, etc., influent sur les quantités offertes et deman C'est dans ces halles et marchés publics, où les agri
dées, et par conséquent sur le rapport de l'une à l'autre culteurs, les industriels ou les marchands se rendent à
qui est l'expression du prix courant. Daus tous les cas, certaines époques fixes, que s'établit le prix courant ou
les frais de production d'un côté et les besoins de l'autre cours des denrées agricoles. Ce prix, ainsi que nous 1'a
tendent sans cesse à ramener ce rapport à son taux na vons dit, s'établit naturellement en hausse, suivant que
turel. les denrées sont plus demandées et moins offertes, et
Les économistes ont donné le nom de marché à tous en baisse, suivant qu'elles sont plus offertes et moins
les endroits où l'on trouve l'écoulement ou la vente des demandées. Souvent ce prix éprouve des fluctuations
produits dont on veut se défaire; c'est, à proprement assez notables dans un même marché par suite d'une
parler, l'étendue physique de terrain sur lequel on nouvelle affluence de vendeurs ou d'acheteurs, par des
trouve des consommateurs de ces produits : ainsi, nos spéculations inattendues ou considérables, par des cau
départemens maritimes sont un marché actif pour la ses fortuites, des nouvelles sur la politique ou la si
vente des chanvres, celui du Bas-Rhin pour celle de la tuation industrielle et agricole du pays, vraies ou faus
garance, celui de la Seine pour les denrées agricoles de ses, ou par besoins imprévus, etc.Tantôt, au contraire,
toute espèce, etc. ce prix reste calme ou n'éprouve que des variations peu
Un marché, dans le sens général de ce mot, est d'au étendues.
tant plus considérable ou plus étendu que l'importance Les halles et marchés ont donc l'avantage pour le
et les moyens de vente y sont plus considérables, plus cultivateur de constituer des points de réunion ou des
faciles et plus multipliés. Un pays populeux et riche rendez-vous dans lesquels il est certain, à diverses
offre, pour tous les produits qu'on peut y vendre, un époques de l'année , de trouver rassemblés des ache
marché plus étendu qu'un pays pauvre et dépeuplé, et teurs ou des vendeurs de denrées agricoles, et où la
les grandes villes présentent partout un marché consi concurrence et les circonstances locales ou accidentelles
dérable pour la vente des denrés agricoles. fixent le prix courant des demrées qu'il veut vendre ou
Des moyens de transport faciles et peu coûteux, qui de celles dont il veut se pourvoir.
permettent de faire voyager plus au loin les denrées La connaissance du cours des denrées sert ensuite
agricoles, un service d'attelages bien organisé, etc., pour les achats et les ventes qui peuvent se faire hors
augmentent l'étendue du marché sur lequel on peut des marchés; elle permet de ne pas payer une mar
vendre des denrées. De mauvaises routes, l'absence de chandise au-delà de sa véritable valeur, ni de la vendre
canaux de navigation, de chemins de fer, des mesures au-dessous de son prix courant.
fiscales onéreuses, des attelages mal montés, l'igno Ces principes étant posés, nous allons examiner quels
rance des besoins des populations et du prix courant sont les devoirs de l'administrateur comme marchand
dans les localités environnantes, l'indolence du plus de denrées agricoles. -
grand nombre des cultivateurs, l'apathie des popula L'objet le plus important que l'administrateur d'un
tions, sont autant de causes qui tendemt au contraire à domaine doit d'abord avoir en vue pour la vente de ses
restreindre l'étendue du marché. denrées est de s'assurer de l'étendue du marché sur le
Le poids des denrées, combiné avec leur valeur quel il pourra écouler ses produits; pour cela, il pas
échangeable ou leur prix courant concourt à accroitre sera successivement en revue les lieux où se tiennent
ou à restreindre l'étendue du marché. Par exemple, les marchés, ceux où il y a des halles permanentes,
une marchandise précieuse ou qui a une haute valeur les points où la population se trouve agglomérée, comme
pºut, quel que soit son poids, être transportée à une les villes, les bourgs, les camps, ou bien les centres
grande distance; les frais de transport ne seront tou d'activité industrielle ou commerciale, comme les fa
jours qu'une petite fraction de sa valeur qui se trouve- - briques, les usines, les ports, les villes d'entrepôt, etc.
ra fort peu augmentée par ce déplacement. H n'en est Cela fait , il s'assurera l'espèce des denrées dont on
pas de même de la plupart des denrées agricoles, qui trouve le plus facilement à se défaire sur ces marchés,
ont en général un grand poids et un volume souvent de celles qui y ont un cours permanent, ou qu'on de
considérable avec une faible valeur. Il n'est pas possi mande le plus particulièrement dans les lieux de con
ble, si ce n'est par les moyens les plus économiques sommation.
que présentent la navigation de la mer, des rivières ou des Ces notions étant acquises, il s'informera del'im
canaux, et les chemins de fer, de les transporter à une portance des marchés, de la masse des affaires qui
grande distance sans augmenter d'une maniere notable s'y font dans chaque espèce de denrées, les jours où
leurs frais de production que les prix du transport vien le marché est ouvert ; si ces affaires se font plus par
nent encore grossir; leur marché est donc toujours bor ticulièrement par petites, moyennes ou grosses parties;
né à une étendue de pays assez limitée par suite de la quels sont les individus qui se présentent communé
difficulté ou du prix des transports. ment comme acheteurs , s'il sont solvables et d'une mo
Dans un sens pius restreint, on désigne par le mot ralité rec.anue; si la vente des denrées et la variation
CIIAP, 4°. DEs vENTEs ET ACHATs. 523
• •itué à ºkilam le Prix du froment en eote
des prix courants ne sont pas à la discrétiondequelques ,s# #le marché I,- # #
-
§l # m-u-i- ét-t. L.
: gros marchands, de courtiers ou de spéculateurs, fºis pºr lºrs pººrtº retºur qºi pºnent ºn rrn me jour
et s'il faut nécessairement avoir à faire à eux et passer reute,
nº par une charretle auelée de 4 chevaux néce•aires sur cette
sont, savoir
sº par leurs mainsi quels sont les modes de traiter les 4journ-º-rh-ral à - fr. - e.. . u - . .. . - 9 fr. •o c.
plus en usage; si on fait les affaires au comptant à
crédit ou à termei à quelles conditions et sous quelles
##-- # i-lefr. thargement
-
- et
4o e. .. .. .. .. 1 4o
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- - - - fr. - c.
consommation dans un rayoe asse« étendu, en tenant de charger la voiture et déposer sur le bateau, à
† des sinuosilés et # des cheminsi puis, il *º-ººº.t de
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étudiera avec le plus grand soin les voies de communi au marché.. .. 5 -
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* jºnrnées de charretier , cºmpri• le-la-ement -
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F-i-de-yºgº de l'-pr-ur-ller - retour - - 4
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#º #º . .. | bl § § §
Teta.. .. , ... T-E- tages que présente tel ou lel marché.
-
A. . . |Route en bon éut,| 2o kil. |2o fr, 3o e.418 fr, c.13ºo fr. 39 c.1 320 fr. 1 - » fr. 30 e.
B. - - - ld. mauvsive. .| 8 13 15 69 | 313 ,- 31B - 1 -
Dans ce lableau, on voit d'un coup d'œil que les tageux, surtout si on peut employer les bêtes de trait
marchès A et B, où l'on se rend par route de terre et plus utilement; que même ces deux marchés, qui sont
avec les attelages de la ferme, ne sont nullement avan les plus rapprochés, donnent, à cause du bas prix du
524 ADMINISTRATION RURALE. 1.IV. VII.
froment, une perte de 30 c. et de 1 fr. sur les frais de marchés par les petits cultivateurs pressés de convertir
production et de transport. Les autres voies de commu en argent leurs récoltes, et qui se contentent alors d'un
nication présentent toutes de l'avantage ; mais c'est très léger bénéfice. Dans d'autres lieux on a observé
celle par la rivière qui réalise sur l'opération une dif qu'aux époques les plus généralement adoptées dans le
férence en plus de 11 fr. 31 c. qui paraît mériter la pays pour le paiement en argent du canon de la ferme,
préférence. le marché se chargeait davantage de denrées qu'aux
Resterait à balancer les avantages que le calcul assi autres époques, parce que les fermiers sont alors obligés
gne aux divers marchés par les chances commercia de convertir en écus une partie de leurs denrées, etc.
les que présente chacun d'eux sous le rapport de la Quelques fermiers, pour se délivrer des inquiétudes
certitude de la vente, de la moralité et de la solvabilité que peuvent leur causer la mobilité des prix courans,
des acheteurs; de la bonne foi et de la loyauté des adoptent la méthode de partager leurs récoltes en un
courtiers; des conditions, termes ou échéances auxquels grand nombre de petites portions, qu'ils livrent succes
se font les ventes et les paiemens, etc.; toutes circons sivement à la consommation chaque jour de marché.
tance qu'il nous est impossible d'examiner ici, et dont Cette méthode a cet avantage que les denrées, au bout
la connaissance des localités, l'expérience et la pratique de l'année, ont été vendues au prix courant moyen
permettent seules de tenir compte dans les transactions de l'année et que les rentrées ont été faites réguliere
de cette espèce. ment pour couvrir les dépenses, ce qui occasionne des
Rien ne serait plus facile pour un administrateur avances moindres de capitaux ; mais elle al'inconvénient
que de dresser un tableau du prix moyen du transport, de nécessiter des charrois et de causer des pertes de
à diverses époques de l'année, d'un hectolitre ou d'un temps bien plus considérables, et dont il serait impor
quintal métrique de toute autre denrée, pour tous les tant de tenir compte si on voulait la comparer écono
marchés qui l'entourent et toutes les voies de commu miquement avec celles qu'on suit en d'autres lieux.
nication qui peuvent y conduire. Un pareil tableau A moins qu'on ne prévoie avec quelque certitude un
étant placé sous ses yeux, lorsqu'il voudrait vendre des événement grave ou une circonstance importante qui
denrées, il n'aurait plus qu'à comparer entre eux les sera très propre à élever prochainement le prix courant
prix courans, les rapprocher du prix du transport et d'une manière sensible et un peu durable, la prudence
calculer en un instant et en tout temps sur quel mar conseille, dans toute spéculation, aussitôt que le prix
ché il pourrait placer ses denrées avec le plus d'avan courant est arrivé à un taux satisfaisant, de se dé
tage. Jaire de ses denrées et de réaliser ses bénéfices. Enagis
sant ainsi, on se délivre du soin de la conservation
S III. De la pratique des ventes et achats. des récoltes et des chances défavorables qui peuvent
naître par suite de la variation dans les prix; on cesse
Le prix courant, combiné, ainsi qu'on vient de le de charger les récoltes de frais de logement et de con
voir, avec les frais de production, y compris le trans servation ; on délivre des capitaux qui étaient engagés
port sur le marché, sert donc de base à toutes les spé et restaient oisifs, et qui peuvent être employés à faire
culations de l'administrateur, et lui indiquent les lieux de nouvelles avances à la production ou à d'autres spé
où il doit livrer ses denrées à la consommation ; mais culations avantageuses, etc.
l'instant auquel il convient, dans les intérêts du produc A cet égard, on ne sait pas toujours, dans les établis
teur, de se délivrer ainsi de ses denrées et de les jeter semens ruraux, calculer avec cette rigueur qu'on doit
sur le marché n'est pas aussi facile à déterminer qu'on apporter dans toutes les parties de l'administration,
se l'imagine, et mérite que nous entrions à cet égard mais surtout quand il s'agit de vente et de spéculations.
dans quelques explications. Afin de donner une idée des opérations de calcul qu'il
Les prix courans, comme nous l'avons dit, sont es est utile de faire dans ce cas, nous donnerons un exem
sentiellement mobiles, et il arrive souvent que d'un ple bien simple.
marché à l'autre, et parfois dans un même jour de mar Supposons que le froment de 1" qualité, dans mon
ché, ils éprouvent des variations dont il est très difficile établissement, revienne, en frais de production, à 16 fr.
d'apercevoir les causes et qui déjouent tous les calculs de l'hectolit., y compris les frais de conservation et mes
l'administrateur. Il faut infiniment de sagacité et une bénéfices de 96 c. à 6 pour oſo par an comme entrepre
connaissance approfondie des besoins et des ressources neur et que j'en aie 100 hectolitres à vendre que
d'un pays pour pouvoir déterminer à l'avance avec quel je puis trouver à placer sur un marché à raison de
que chance de succès les limites probables entre les 16 francs 30 centimes l'hectolitre, les frais de
quelles pourront osciller les prix pendant une certaine toute espèce pour le transport et la vente étant de
période de temps. Des études raisonnées, des voyages, 6 c. l'hectolit. En vendant au moment indiqué sur ce
un commerce étendu, une connaissance parfaite des marché, je réaliserai une somme de. 1,630 fr.
marchés, une grande habitude des spéculations, peu dont il faudra déduire pour frais de trans
vent seules donner ce coup d'œil sûr, cette prévision Port. • • • • . • . . . . 6
nette des mouvemens que devront éprouver les prix ou, en somme nette. . . . . . . .. 1,624
courans. C'est le fruit d'une longue expérience et des
applications auxquelles nous conseillons l'administra
teur de se livrer comme étude, soit réellement, soit c'est-à-dire que j'aurai vendu mon froment 16 fr. 24 c.
même fictivement, quand l'importance de son entreprise l'hectolitre et que mon bénéfice aura été de 96 c., plus
ne lui fournit pas suffisamment d'occasions favorables, 24 c. ou 1 fr. 20 c. par hectolitre.
s'il veut porter dans ses spéculations cet esprit d'ordre, Un cultivateur voisin, qui a observé que les prix cou
cette prévision, cette prudence qui en assure le succès. rans du marchéontéprouvé peude variations depuis quel
Quelques faits d'expérience, relativement à la varia que temps et qu'ils ont une tendance à la hausse, préfere
tion des prix courans, sont pour ainsi dire devenus attendre que ces prix soient plus élevés. En effet, il se
banals, mais n'en méritent pas moins l'attention de manifeste dans le prix courant un mouvement de hausse,
l'administrateur. Dans un assez grand nombre de loca mais assez lent, et au bout de 4 mois les fromens de
lités, par exemple, on remarque, après la moisson, la qualité supposée sont cotés sur le même marché à
quel qu'ait été le succès de la récolte, que les céréales 17 fr. 20 c. l'hectolit. Voyons lequel de nous deux a
éprouvent généralenient une dépression qui provient réalisé les bénéfices les plus considérables, en suppo
de la grande quantité de ces denrées apportées sur les sant que les frais de production fussent les mêmes.
CHAP. 5°. AVANTAGE ET NÉCESSITÉ D'UNE COMPTABILITÉ. 525
fr. C•
100 hectolit. de froment lui coûtaient en tes et par fois constituant de véritables fraudes pour
tromper l'acheteur sur la qualité de la marchandise ou
frais de production à l'époque où j'ai lui en imposer sur la quantité, ou enfin pour l'attirer,
vendu. .. . .. . . . . . . .. 1,600 » pour le séduire, pour capter sa confiance et conclure
Auxquels il convient d'ajouter : un marché à un prix qui leur soit avantageux. Il en est
Frais de conservation pendant 4 mois, de même pour les ventes qu'un homme peu expérimen
10 journées d'homme à 1 fr. 4o c. 14 »
té tente de faire; là une foule de voix s'élevent pour
Intérêts des avances à raison de s p. oſo le décourager, pour déprécier sa marchandise, pour le
par an, pendant 4 mois. . . . 26 60
contraindre à la céder à vil prix ou lui imposer des
Bénéfices industriels, à 6 p. oſo par an des conditions onéreuses. Ce n'est qu'à force de bon sens
capitaux avancés; pour 4 mois. . . . 52 » et de droiture qu'on parvient à déjouer toutes ces ru
Avaries, pertes, vols, coulage, à raison de ses mercantiles qui au reste exercent peu d'influence
10 p. 0/0 par an; pour 4 mois. . 53 33
sur un administrateur qui fréquente habituellement
Frais de transport sur le marché. . . 6 »
les marchés et qui par suite a acquis une grande ex
Total des frais. . . . .. 1,751 95 périence et finit par apprécier la loyauté et la pro
Ainsi son froment, au bout de 4 mois, lui coûte, bité individuelles de la majeure partie des marchands
rendu sur e marché, 17 fr. 52 c. l'hectolit., et comme ou des spéculateurs qu'on y rencontre, et se tient en
en réalité il ne l'a vendu que 17 fr. 2o c., il s'ensuit garde contre leurs manœuvres de toute nature.
que son bénéfice, pour 16 mois, a été composé de la ma En général, il faudrait s'astreindre, dans un éta
nière suivante : 96 c. par hectol. à l'époque de mavente, blissement bien dirigé, à ne porter sur les marchés
plus 32 c. pour les 4 mois qu'il a conservé son blé en que des produits aussi améliorés que cela est possible.
magasin, moins 12 c., différence du prix de revient au Un exemple que nous avons eu sous les yeux nous a
bout de 4 mois, avec le prix du marché ou au total de la paru assez frappant pour que nous le citions ici.
somme de 1 fr. 16 c. tandis que le mien, au bout de 16 Un cultivateur dont les terres étaient négligées ré
mois se composera d'abord d'une somme de 1 fr. 20 c., coltait un froment de bonne qualité d'ailleurs, mais
réalisée 4 mois plus tôt, plus de 32 c. pour mes bénéfi renfermant une assez grande qnantité de grains amai
ces industriels pendant ces 4 mois où j'ai dû recommen gris et de graines d'herbes parasites. Ce blé, transporté
cer une opération productive, au total 1 fr. 52 c. par sur les marchés, s'y vendait, à cause de sa malpropreté,
hect., c'est-à-dire une différence de 56 fr. sur les 1oo 1 fr. 50 c. de moins par hectolit. que le blé nettoyé;
hectolit., sans compter les soins administratifs que la ainsi, lorsque les prix courans du marché étaient, pour
conservation lui a nécessités, les inquiétudes que la va les blés propres, de 16 fr. l'hectolit., ce fermier ne pou
riation des prix lui a causés, les embarras pour défaut vait vendre les siens que 14 fr. 50 c. Un nettoyage soi
d'argent comptant et peut-être la stagnationdediverstra gné, que nous lui conseillâmes et qui ne revenait qu'à
vaux qu'il n'a pas pu entreprendre faute de moyens, etc., 40 c. par hectolit., fit aussitôt remonter ce froment au
et encore ne faisons-nous pas figurer dans les calculs les taux ordinaire et procura de suite à ce cultivateur un
frais de logement des récoltes, qui pourraient y être por profit de 1 fr. 10 c. par hectolit. par cette seule opé
tés si, dans les 4 mois où mon voisin a conservé ces ré ration ; la diminution de la quantité de blé se trouvant
coltes j'avais trouvé le moyen d'employer utilement mes presque compensée par la valeur des grains maigres
greniers, mes granges et mes magasins. donnés comme aliment aux volailles et aux cochons.
Ce n'est pas assurément une chose simple et aussi En définitive il résulte de tout ce que nous avons dit,
facile qu'elle leparaîtau premier abordque de vendre que, dans les ventes et achats, il faut connaitre les be
et acheter sur les marchés; indépendamment de la soins et les ressources d'un pays et l'allure de ses mar
connaissance parfaite des circonstances qui peuvent in chés, avoir une connaissance parfaite des hommes, sa
fluer sur le prix courant, c'est un art qui exige une voir apprécier avec sagacité la valeur et la qualité des
parfaite connaissance des hommes en général et en par objets qu'on veut vendre ou acheter, agir avec pru
ticulier de ceux avec lesquels on traite. On a générale dence et réaliser quand on trouve un prix convenable,
ment à faire, dans les achats à des marchands ou à des et chercher plutôt les gros profits dans la répétition
négocians qui défendent leurs intérêts avec une ex des bénéfices quand cela est possible que dans l'espoir
trême âpreté et à qui la pratique et l'expérience ont d'une grande élévation dans les prix. F. M
enseigné une foule de manœuvres quelquefois innocen
-
SECTIoN Ir° . –Avantages et nécessité d'une les chiffres se place, comme élément de suc
comptabilité. cès, bienau-dessus des théories et des princi
pes.On peut bien en compulsant les traités d'a
Il serait difficile de concevoir auiourd'hui riculture théorique et pratique s'approprier
comment un établissementindustriel ou com 'expérience de ceux qui nous ont précédés
mercial pourrait avoir un succès décidé, si dans la carrière agricole, mais il ne résultera de
l'administrateur, quelqu'habile qu'il fût, n'ap cette étude qu'une expérience générale, ba
puyait avant tout ses spéculations sur une nale si l'on veut, qui s'applique aux faits gé
bonne comptabilité. Les livres bien tenus néraux, constans et universels. Ce n'est pas
n'ont à la vérité aucune influence sur les là le vrai caractère de l'expérience en agricul
faits consommés, ils ne font que constater les ture. Ici, pour qu'elle soit profitable, elle doit
résultats obtenus; mais s'ils n'ont pas d'effet être locale, et résulter des observations spé
rétroactif, ce qui est indubitable, ils n'en sont ciales faites sur la terre qu'on exploite, et ba
pas moins pour l'homme qui sait les interro sée sur les circonstances si complexes qui do
ger et les consulter, une école permanente minent la position de chacun. Les ouvrages
où l'expérience l'enseigne et l'instruit; or l'ex et les cours d'agriculture sont donc destinés
périence enseignée par les faits, exprimée par à enseigner l'expérience générale; mais l'ex
526 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
périence particulière, spéciale ne peut être Ses livres lui auraient montré que fumier†
ue le résultat des études entreprises sur les est souvent le principal produit du bétail, et
faits soigneusement enregistrés dans chaque non les veaux et le ſait; il aurait vu encore
situation; et c'est là le but de la comptabi Hue lè fumier est le principal facteur dii blé;
lité. Èn continuant ses dëdtietions, il aurait étê
Elle n'a ni la mission ni le pouvoir de cor amenéà conéliire qu'en augméntant la stirface
riger les faits consommés; son but consiste à consacrée aux prairiés, il atil'ait diniinué les
† le présent, et à tracer ta route qu'il con frais de culturé augménté la massº de ses fu
#. et partant, qu'il aurait récolté plus de
vient de suivre pour l'avenir. Son résultat dé
l
finitif est de diminuer les pertes et d'augmen
ter les bénéfices du cultivateur. Aujourd'hui L'hypothèsé † je viens de # n'ést
que l'estime, la considération et l'aisance sont que trop fréquémment la réalité dé ce qui se
§uis à rhomme qui a créé ou mlaintenu asse dans certains cantons du térritoifé frah
sa fortune au prix d'ün travail utile; aujour is; elle suffira poür montrer aux moins
d'hui que les chiffres sont une † #ºtº
mundum regunt numéri, comme on l'a dit de
clairvoyans comment on peut se ruiner avec
repose passur la comp
puis long-temps, on ne petit douter que la lité.
comptabïlité ne soit le premier fondemênt de
toute entreprise agricole. . SECrIeN lI. - Méthodes de comptabilité.
Si l'agriculturese modelait sur un type uni
ue, si elle ne revêtait † forme qui Oh a dâ tenir des eomptes aussitôt que les
hommes ont ett entre éux des relatioHs eoifi
fût inflexible et invariablé, on contesterait à
bon droit la nécessité des comptes de culture; mereiales : GAToN parle assez au long de la
mais, comme sur le même terrain , dans les manière dent il faut tenir une comptabilité
mêmes circonstances, elle peut affecter les for rurale. Ce n'est eependant que dans ees der
mes les plus diverses, étre la représentation des miers temps qu'on en a senti toute l'impor
systèmes les plus opposés, il est impossible tance. THAER, CRUD, PHLEGUER, SrNeLAIR,
sans eomptabilité de chbisir parmii ées diffé M. de DeMBAsLE, M. BELLA n'ont pas peu
rens systèmes celui qui est lê plus profitable contribtté à répandre le goût d'Hne eomptabi
dans les circonstances où l'on se trbtive. lité rnéth6dique. Ils ont aceompagné le pré
D'ailleurs, † même l'expérience géné cepte de l'exemple. La comptabilité en parties
rale serait suffisante pour indiqtier à quel sys doubles appliquée au centrôle d'une exploita
tème il convient de s'arrêter, if ne s'eiisuivrait ti6H † avait tenté l'ambition de THAER, et
pas que l'on pût se passer de comptes réguliers. il en avait posé les premiers fondemeiis.A Ro
Une exploitation agricole est très complexe ville et à Grignon, eette méthodeestsuivie avee
dans lés parties qui la composent: On voit la régularité et l'exaetitude qu'on admire dans
dans une ferme dès chevaux, des bœufs, des les livres des eommerçans; e'est au dépouille
vaches; dans les terres, du fromient, du trèfle, ment de eette eemptabilité que nous devons
de la luzerne, des pommes de terre ; de l'a les plus saines instructions, et les enseigne
voine, des betteraves, etc. On petit choisir mens les plus précieux, les plus positifs de
pour auxiliaires des valets à † oti des jour ces derHiers teinps sur les diverses branehes
naliers. Enfin une même ibifiaison agri de l'économie rurale. L'étude de la eomptabi
cole se compose d'une multitude d'élémeſis lité en parties doubles n'offre eertaiHement
auxquels on donne plus ou moins d'extension de diffiUtiltés très sérieuses à suf'meHter ;
suivant la mesure du bénéfice qu'ils procurent. # vu des élèves en eomprendre parfaitement
Or, sans comptabilité il n'est pas facile de dis 'éeonemie et le méeanisme dans l'espace de
tinguer les spéculations lucratives de celles 3 semahies, On pourrait affirmer néanmoins
qui sont onéreuses. Bien plus, je craindrais ue, parmi les nombreux élèves sortis des
peu de me tromper en affirmant que l'homme coles de Roville et de Grignon, il n'y en a pas
ui ne s'est pas éclairé du flambeau des saines six qui suivent eette méthode enseignée dans
octrines, choisira souvent le parti le moins ces deux établissemens. Ce fait, que je ne crois
profitable. Supposons qu'un cultivateur, qui pas contestable,m'a conduit à rechercherquelle
ne se dirige pasd'après les enseignemens d'une pouvait être la cause d'un pareil abandon ; et
bonne comptabilité, s'aperçoive vaguement voici quel a été le résultât de mes investiga
que † capital diminue insensiblement; il en tions : La comptabilité en parties doubles ou
cherche la cause. La surface de sa ferme est commerciale, sans exiger de grands talens, de
divisée en deux parts : les fourrages et les mande de la part de celui qui la tient une
grains. Ceux-ci seuls conduils au marché se tête posée, un esprit calme et l'attention la
convertissent en numéraire, ils sont la source phus souteriue. L'homme des champs totijours
du bénéfice. Les fourrages sé consomment en éveil, obligé de porter sa surveillance sur
sur la ferme par des vaches qui donnent un les points les plus opposés, d'écouter chacun,
peu de lait et quelques veaux ; il est done bien de donner ou de changer le mot d'ordre à
évident que la portion du doffiaine consâcrée ehaque instant, assaiIli jusque dans son cabi
aux fourrages rapporte peu en comparaison net pour des affaires de pr§ér§portance,
de l'autre. † conséquence de cê raison n'a pas le temps de se recueillir assez pour
nement, le cultivateur augmentera la surface aborder un travait aussi sévère. Cet obstacle
consacrée aux céréales aux dépens des fourra avait déjà été pressenti par M. GABIoU fils
ges; il aura cru rétablir l'équilibre, et il n'a fait auteur d'un traité de comptabilité rurale.« Ii
que hâter le moment de sa ruine. # a souvent, dit-il, des écritures très diffici
((
S'il eût été éclairé par sa comptabilité, il « les à passer en parties doubles; et j'ai vu de
aurait bien vu la diminution de son capital ; « fort bons teneurs de livres avouer qu'ils
mais il en aurait découvert la véritable cause. « avaient quelquefois à réfléchir long-temps
CnAP. 5°. DE L'INVENTAIRE Ef DE L'ÉTAT DE SITUATION. 527
« avant de faire telles ou telles écritures. Où gagée des intermédiaires inutiles qu'on n'in
«en serait un cultivateur si, quand il a besoin troduit que comme figurans dans la compta
« d'agir, et que ses soins sont réclamés de tou bilité en parties doubles.Elle est plus longue
« tes parts, il fallait qu'il s'enfonçât dans des que celle-ci; mais elle est plus causeuse, plus
« réflexions abstraites avant de se déterminer instructive. Jesuis persuadé qu'une semblable
« à rien écrire sur ses livres ? Le travail de ses comptabilité tenue soigneusement par un pro
« écritures doit se faire par lui promptement | priétaire qui la léguerait à ses enfans, ne se
« et facilement. Il doit être en quelque sorte |,rait pas la portion la † importante de son
« matériel, # veux dire dégagé de toutes com | # Je pourrais affirmer, d'après l'expé
« binaisonsd'esprit, etnerappeler que des faits · rience que j'ai de la matière, que la simplicité
« positifs de recette et de paiement, d'entrée et la brièveté sont plutôt des défauts que des
« et de sortie. » Quant à cette dernière asser mérites dans une comptabilité agricole.
tion, si on la considère dans son sens le plus Ces considérations m'ont engagé à recher
exclusif et le moins absolu, ellemeparaît man · cher si nous ne pourrions pas introduire chez
uerdejustesse;elle n'estnullement l'expres nous un mode de comptabilité analogue à ce
sion de ce que doit être une bonne comptabi lui des Anglais; si cette comptabilité, en
lité. Les comptes † qui se borneraient quelque sorte historique, ne pourrait pas s'a
à présenter un état desrecettesetdesdépenses, méliorer de quelques-uns des perfectionne
l'entrée et la sortie des objets qui constituent mens que nous devons à la comptabilité en
le matériel d'une exploitation rurale, ne rem parties doubles; enfin, si, dégagée de tout mé
# qu'imparfaitement le but du compta canisme obligé, cette méthode ne pourrait pas
†
le, Pour ne citer qu'un seul exemple, les frais offrir les avantages d'une régularité,
de labour ne peuvent se classer dans la caté une transcription facile de tous les détails
orie des entrées et des sorties, et cependant , qui méritent une mention.Je croisy être par
# représentent une portion des produits venu.J'ai supprimé, pour abréger le travail, la
aussi bien que l'argént déboursé pour le sä nécessité de la balance ou solde des comptes.
Iaire des Valêts. fte opération aboutit à de médiocres résul
Outre ce premier inconvénient dé la comp fåts, et souvent une erreur de quelques cen
tabilitécommerciale appliquée aux opérations ies exige,dans la comptabilité commerciale,
recherches fort longues, ennuyeuses,
rurales, il en est un autré non môins grave
et qui sera senti partous les hommes qui coñ
naissent cette méthode; c'est celui de créér
es
stin
# pour le travailleur le plus ob
-
# fictifs, # qûï sont indispen - ſe ne dissimule pas que cette méthode sera
sables au mécanismè, mais qui ûé représen plus longue que la comptabilité double; mais
tent aucune réalité Lé omp des proms et comme elle peut être comprise facilement,
pertes est souvent dans ce cas ; ceux de bîlân, # peut être appliquée à tous les instans
d'entrée et de sortié lé sont toujours. Or, ces | e la journée sans nécessiter une grande al
trois comptés, précisément parce qu'ils ne re tention : comme d'ailleurs elle n'exige pas l'é
présentent que des êtrès imaginaires, sont † d'un bilan régulier, nidu compte
#
ceux qui font naître lés difficultés les plus de prof ts et la crois préférable pour
sérieuses, êt qui sôuvént déguisent l'état réer les exploitations ordinaires à la comptabilité
des chosés. en † doubles, qui devra être réservée
On a essayé bién des fois d'indiquer dés pour les établissemens modèles,
modèles de régistres à l'usage des cultivateurs.
Le travail lé plus consciencieux que je con De l'inventaire et de l'état
SEcrioN III. - situation. de
naisse sur cette matière est celui qu'a publié
en 1822 M. le comte DE PLANCY. La marché à
suivre peut être fort simple pour célui qui à On appelle inventaire, l'estimation en mon
imaginé ces sortes de registres; mais pour ce naie courante de tous les objets et de toutes
lui # véut Fes appliquer à sa situation parfi les valeurs qui sont consacrées à l'exploitation.
culière , ils éxigent une étude fort longue, L'inventaire précède l'ouverture des comptes.
aride, sèche, et d'ailleurs peu féconde en ré Pour qu'il soit bien dressé, il est nécessaire
t# sultats. Il y a dans ces tableaux divisés en co qu'il soit fait avec méthode et beaucoup de ré
lonnes, trop de symétrie, trop de chiffres sans gularité car il est la base et le fondement de
commentaires.Les Anglais qui, en matière de toute bonne comptabilité. Les objets seront
comptabilité, ont hérité des idées en vogue à classés et réunis par ordre dematières, et tou
Venise et à Amsterdam, ont appliqué à l'agri tes les valeurs qui les représentent seront
culture une méthode mixte qui a les avanta † méthodiquement La similitude, ou
: ges de la comptabilité commerciale, sans par u moins l'analogie de destination est le prin
ticiper à ses inconvéniens.Cette comptabilité cipe qui préside ay groupement en catégories
n'exigé dans son étude, ni dans son application de ces objets.La réunion de toutes les sommes
aucune tension d'esprit; elle est la représen portées à l'inventaire, constitue le capital ma
tation fidèle des faits quotidiens et dé toutes tériel de l'exploitant.Pour indiquer comment
les modifications que subissent les valeurs s'établit l'inventaire, je vais tracer la mauière
dans lcurs transformations; mais elIé est dé de régler la page qu'on consacre à ce travail.
:
528 ADMINISTRATION RURALE. LIV• VII.
— fr. c.' fr c.
6|charrues simples à 85 fr. l'une. .| 510 »
Mobilier de la ferme 2]charrues à avant-train à 115 fr. .| 230 »
5|herses à 12 fr. 50 c. . . » . 62 50| 802 50
etC. :
Ce tableau suffira, je pense, pour mettre quelle quotité doit être à la charge de chaque
chacun sur la voie qu'il convient de suivre. groupe.
† ne convienne pas, ainsi † je l'ai
- -
ToME IV. - 67
e G t\ICULTU R E, .
530 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
- - - - - fr. c, fr. c. }
Dev
#
#-
réi.
luzºrnº de. - an•:|1 hºrsage à 5 fr, 1hectare.,| rº * }12« kilog de fu
ciſé ſuréra pro | 1 coup de rouleau apres la zerue a 1 fr. lé -
- - - ---- - - | terre -
†
9 hectares 5o àres.
Ele venant apres | i labeur à 15 fr. .. , ... |,-1 , | 21 hectolitres de
des carottes ' fu-| 1 coup 'extirgºteur à 7 fr | 66 5o | ble à 2o fr. | . .
ava,t reço |
24 voitures
Inées. 2 journées de semeur l'hectolitre. |42o » | de fumier
1 fr. 5o c. . . . . . 5 • qui ont coû
té four tous
frais 1 S 1 2 f. |
dont ön d
mis 906 à ta E
charge des
Hcarottes : il
ne reste plos -
e 9o6 f. à
†
ter au bie. . |966 1566 So
-I-
24 o 5o 4* º *' _ so6 »
obligatoire. Ce principe me paraît si impor étendue, sans être prolixe; concise, sans être
tant que je le considère comIIIe l'émancipation | aride.
du comptable. Cette rédaction sera assez Exemple :
- - — »er janvier 183....
Aujourd'hui terminé finventaire, inscrit sur un cahier spécial destiné à recevoir annuellementt fr.
tous mes inventaires ultérieurs. Cette disposition facilitera la comparaison des résultats que j'ob-H
tiendrai. J'ai trouvé que mon capital se répartit ainsi entre les objets suivans : -
Le mobilier de la ferme se monte à la sommé de. . - • ... • • • ... ... ........... ... ... ... . . 802
Les clievaux à. . 4 . . , . . • • • • • • 4200
La bergerie à . . • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • . . . - s . . 5280
La luzerne devant le moulin vaut encore. . .. .. -- . • • . .. • • • • • • , , , , , , , , ...... .. , ....... : 10 1
Le colza ( clos des Bœufs) a une valeur de. .. ... .. • . .. .. .. ... ................... 815
Le blé ( Haut-Gravier) a une valeur de. ..... ... ... .. , ................... 1 566
En sorte que la totalité de mon capital ou de mon actif se monté à......................... 1 27 66
Sur cette somme, je dois à M. Salomon, marchand de chevaux à Meizières. . . . .
à M. Rafin-Rosé, constructeur à Paris. . . . . -
Les jumens recevront tous les jours 40 liv. de foin, 8 litres d'avoine,
Les chevaux 13 5 0 1oo liv. pommes de terre
Les poulains 20 4 0 cuites.
Les Im1Ou lOIlS - 520 0 570
·- - —7:- , , -- -
Ainsi tous les jours il y aura une dépense de 51 5 liv. de foin, 12 litres d'avoine. 600 liv. pomm. id.
| Comme je ne vois rien qui s'oppose à ce que je rationne ainsi mes animaux pendant un certain |
temps, je compterai les mêmes quantités jusqu'à ce que j'introduise quelque modification dans la
TatlOfl .
Le foin sera compté au prix de 22 fr. les 5oo kiI. — Les pommes de terre au prix de 1 fr. 5o e.}
l'hectolitre de os kil., et l'avoine à raison de 7 fr. les 1oo litres — Les pommes de terre coûtent
de plus les frais de cuisson Voici comment je les évaluerai. J'ai pris 1o fagots à la bûcherie pour
les faire cuire. Le compte de ménage sera bonifié de la valeur de ce bois qui était en totalité porté
du côté des dépenses de ménage, et j'en chargerai les moutons pour sf6 et les chevaux pour 4/6.
C'est dans cette proportion que ces racines sont distribuées à ces 2 cspèces d'animaux.
J'ai mis au moulin 5 hectolitres de blé à 18 fr. .. - - - - - - - - - - - 54 fr. » c.
1 seigle à 10 fr. • • • • • • • • • • • • • • • • • 10 »
La mouture coûtera. .. - - - - - - - - - - - - - • • • • • • • • • • • • 5 y)
J'ai visité le colza du clos des Bœufs; il faudra demain envoyer l'irrigateur assainir quelques |
flaques d'eau qui se trouvent sur cette pièce.
Observations météorologiques.
Thermomètre, matin + 5° R, midi + 7, soir + s. Petite pluie le matin, découvert ensuite.
Vent N. O.
€lC.
Je ne pousserai pas plus loin pour le mo cles qui eoncernent d'autres objets, ne peu
ment ces exemples de rédaction pour le jour vent être facilement groupés pour être vérifiés.
nal; j'aurai encore plusieurs fois occasion d'y Cette vérification de la caisse se nomme ba
revenir dans la suite de cet article. lance, et elle repose sur un principe qu'il est
facile de : La somme qui reste en †
SECTIoN V. — Du livre de caisse. caisse, plus celle qu'on a dépensée en vcrscmens,
égale la somme totale qu'on possédait avant d'cf
J'ai dit que le journal enregistre jour par fectuer aucun paiement : les sommes que l'on pos
jour toutes les modifications de valeurs, tou sedait, plus celles qu'on a reçues, sont égales aux
tes les opérations. Cependant il est préférable sommes qu'on a deboursées, plus celles qui res
d'avoir pour les dépenses et les recettes qui tent. De ces deux principes découle la distri
s'effectuent immédiatement en numéraire, bution des pages du livre de caisse, ainsi que
un livre spécial auquel on donne communé la manière dont on doit faire la vérification.
ment le nom de livre de caisse. Les motifs qui Cette vérification a pour but de découvrir si,
m'engagent à prescrire la tenue de ce livre dans la transcription des articles de caisse, on
spécial sont d'abord : que les articles ordinai n'aurait pas commis quelque omission ott
res du journal ne se transcrivent que lorsque quelque erreur. Si la somme qu'on possédait
toutes les opérations de la journée sont ter le matin, augmentée des recouvremens effec
minées, tandis que les opérations de caisse doi tués, est trouvée le soir plus grande que la
vent être enrôlées au fur et à mesure qu'elles somme qui reste en caisse, plus les paiemens
se présentent ; ensuite parce que les recettes faits dans le cours de la journée, il est évident
et les déboursés en argent confondus pêle qu'on n'aura pas inscrit toutes les dépenses
mêle les uns avec les autres, et avec les arti qu'on a soldées en espèces " alors, il faut re
+
532 ADMINISTRATION RURALE. LIV• VII,
passerdans son esprit tous sesactes de lajour l'on paie ou que l'on débourse. En regard de
nee jusqu'à ce qu'on se rappelle le paiement chaque nombre, on indique sommairement à
dont l'omission avait causé l'erreur. Si on ne qui et pour quoi la somme a été donnée ou
peut découvrir d'omission, c'est que quelqu'un reçue.
a reçu une somme moins forte que celle qui Une règle qui rend les causes d'erreurs
est indiquée au livre de caisse. moins fréquentes, c'est de marquer sur son
Dans le livre de caisse, chaque page est di livre avant de payer, et de recevoir avant de
visée en deux portions égales; sur la partie marquer. J'engage beaucoup les caissiers à se
qui est à gauche on place les sommes qui sont familiariser avec cette pratique; ils s'épargne
en caisse ou qui y entrent; sur la partie qui ront beaucoup de désagrémens et de recher- .
est à droite on inscrit toutes les sommes que ches pénibles.
RECETTEs. LIVRE DE CAIssE. DÉPENsEs.
DATES. DATES.
fr. c. fr. c.
Janvier 1. | Il y a en caisse suivant inventaire. - - 45 17 55|Janvier 1. |Payé à Brasson pour 5 paires de jeunes porcs. .| 6o 45
-
- » | Reçu de M. Robert pour 2 hectol. blé à 19 fr. . . | 58 »| » » | — au facteur divers ports de lettre. . . . . 3 »
Reçu de Pierre Carion le moutant de son billet. . | 45 25| » » | — à Sylvestre, 6 hectolitres de vin nouveau. .. | 9o »
, » | — à Colin, berger, pour gratification . 2o f »
Pour ses gages (avance ). 15o » | 17o »
- » | - à Meunier, charron, le montant de son me
d # , . . . | 44oo 6o moire que j'ai vérifié et recounu juste. . . | 8* 1°
Apport des deboursés. . | 4o8 55 Total. . - • 4o8 55
Janvier 2.l Il reste en caisse. . . - • . | 5992 o5 |
Sije trouvais, en comptant l'argent qui reste, pide et moins fastidieux. La connaissance des
une somme plus grande ou plus petite que signes abréviatifs est utile à celui qui veut te
3,992 fr. 05 c., c'est qu'il y aurait une erreur nir une comptabilité, et indispensable à celui
ou une omission qu'il faudrait s'occuper de qui veut lire et comprendre les extraits de
rechercher sans délai. Le système monétaire comptes qu'il peut être dans le cas de recevoir
aujourd'hui introduit en France donne le des maisons de banque, de roulage, de com
moyen de compterassez vite des sommes très missions, etc.; c'est ce qui m'a engagé à ex
importantes; mais pour abréger le travail, on poser ici les principaux de ces signes conven
pourrait se servir de la méthode dite par borde tionnels.
reau, laquelle consistesimplement à compter le On supprime très fréquemment la particule
nombre de pièces de chaque sorte de monnaie. de. Ainsi, au lieu de dire : 1 hectolitre de blé ,
Ainsi pour trouver la somme ci-dessus de 15 kilogrammes de ſoin, on écrit et on lit :
3,992 fr. 05 c., on rendra le travail plus rapide 1 hectolitre blé, 15 kilogrammes foin.
et moins fastidieux si on prend un morceau
de papier sur lequel on transcrit le nombre
des pièces de la manière suivante :
Cie signifie compagnie. Hectol. signifie hectolitre.
Dpt — département. |Pr – pour.
BoRDEREAU DU 1" JANvIER. — soIR. Ardt — arrondissement,| Fo — folio.
St — suivant. O/ — ordre.
V/ — votre ou vos. llB* — billet.
N/ — notre ou nos. llSr - SUlr.
pièces de 20 fr.............. 157 = 274o S/ - SOI) Ou S63. Ngt – négociant.
pièces de 5 fr.............. .. 220 = 1 10o P.0/0 — pour cent. Cpte – compte.
Pièces de 2 fr. .. .. ... .. .. ... 65 = 15o P. 0/00 — pour mille. Mdt – mandat
Pièces de 1 fr. ... ........... 12 = 12 Lvon — livraison. Pble — payable.
Pièces de 0, 50 c.............
Billon de 0,10..............
15 =
25 =
7 50
2 50
•. — kilogramme.
Billon de 0,05 .............. 1 = 0 05
--
on pourra accompagner cette rédactiºn de | Nous trouvons sous la date du 2 mars qu'un
réflexions plus ou moins étendues, suivant veau a été vendu à Aubry, boucher. Il faut
qu'on en aura le loisir, ou qu'on en sentira le porter 86 fr. 50 c., valeur du veau, du côté du
besoin et l'importance.
Quels que soient l'ordre, la méthode et la
† des vaches, et il † encore les por
r sur le compte courant d'Aubry. Sans cette
régularité qui auront présidé à la rédaction double transcription on ne pourra jamais ar
des articles du journal, il est facile de voir river à l'exactitude; je dis plus : la comptabi
que les objets ne peuvent y être groupés de lité fourmillera d'erreurs.
manière à en faire surgir un résultat satisfai Maintenant que l'on connaît approximati
sant. Pour que la comptabilité soit réellement vement le rôle que sont appelés à remplir
et immédiatement instructive et positive, il dans
est indispensable que les faits
li†
les livrés spéciaux, il me
dans le reste à indiquer comment ils peuvent être
journal sont rangés par ordre de dates, soient tracés, paginés et distribués d§ leurs détails
classés dans un autre livre par ordre de ma et dans eur ensemble pour en former un tout
tières. régulier.
SECTIoN VIII.—Des lirres spéciauæ. $ craindra peut-être une surcharge de
travail si l'on est obligé de passer au journal
Ces livres seront donc comme une seconde tous les faits qui se présentent à enregistrer,
copie du journal et du livre de caisse; seule †i de es lransporter encore deux fois sur
ment les objets y seront placés suivant un es livres spéciaux. Il faut avouer que ce tra
ordre différent. -
1
inées soient produites par les chevaux; il faut iCarottes. .
Repos
. 2
;
#
Plangy.
Ricard.
Duval.
-2
2
2
4
1
-1
»
10
»
|
2
2 20 !
2 » !
» P. DE TER E. Labour.
J.-PAUL, charroi debois.
BLÉ. Fumure.
5
1
5
| 1 10
1 » | 5 »
1 10
divers. | 5 00
Celne Bordin. | 2 » 75 -1 50 LUzERNE. Épierrage. 7 | divers. 1 s 70
Fº• Camon. - ·2 » 75 | 1 50 MÉNAGE. Jardin. 1 1 50 1 50
Mie Colin. 2 | » 70 1 40 | -
Josne Croisé. 2 | » 70 1 40 · - -
Cldne Evrard. 2 | » 70 | 1 40 |
Jacques,jardinier. -
1 1 50 |
-
1 50 !
|-
|
1 --
19 17 40 Totaux. . .. | 19 ! 17 40
|
-
Pour indiquer qu'un travail de journalier tion de valeur ne doit pas légitimementleur
est porté au premier dépouiblement on fait à être imputée.Les charrues, par exemple, les
gauche du trait qui souligne le nom de cha herses, les chariots dont la réunion forme
† journalier un second petit trait perpen le compte du mobilier s'usent et se détério
iculaire au premier; pour indiquer que ce rent continuellement; mais comme par eux
méme travail est porté au second dépouille | mºmes ils ne sont point la cause de cette dé
ment on ſait le même tvait à droite. Ainsi térioration qui doit être impntée au blé, à l'a
lorsqu'on roncontrera dans le journal le nom voine, aux prés, etc., le compte mobilier ne
[ Ricard avec le trait à gauche, ou saura que supporte pas de pertes. La différence de va
la journée de ce manœuvre est portée au pre leur qui se trouve entre le premier et le se
4 mier dépouillement, mais pas au second; si cond inventaire forme une somme qui est
s* on trouve ce même nom avec le trait à droite, épartie entre les diverses récoltes,en
:? Ricard], on saura que la journée estinscrite † de leur étendue.iNous †
# sur le second dépouillement, mais non au point le compte de mobilier dans les comptes
fº premier; enfin si les deux traits sont présens, de culture. Les chevaux de travail, les bœufs
[ Ricard], la journée est portée sur les deux de travail ont des comptes qui, comme celui
dépouillemens. du mobilier, ne font point partie de ceux dits
On pourrait suivant le degré d'importance de culture; car on peut considérer les ani
des matières faire des dépouillemens pour la maux de travail comme un mobilier vivants
consommation du ménage, pour la consom ainsi, la perte que pourraient éprouver cos
mation des animaux domestiques, etc. Mais ce comptes se répartirait aux ré ;il ense
n'est que dans los grandes tenues que ces dé rait de même du bénéfice s'ils en présentait.
pouillemens sont indispensables. Nous avons Il ne faut pas confondre le bétail de vente
indiqué trois oatégories de comptes ou bivres avec le bétail travailleur. Le premier est le
spéciatux.3Nous allons donner quelques détails but de la spéculation; il rapporte du #
sur chaound'eux. ou de la perte; la seconde espèce de bétai
n'est qu'un moyen, qu'ºn intermédiaire pour
SECTIoN IX. - Comptes de oulture. | arriver à un autre but, #º*
·Ces oomptes qu'on peurnait appeler Comptes
part # pertes ou les
Voici les principaux comptes de cultures
10 º5
Ainsi tous les travaux qui s'exécutent à bras convient de suivre lorsque l'exploitant est pro
d'hommes, tous ceux qui réclament l'emploi riétaire. Lorsqu'il est fermier, la fixation du
des attelages seront estimés journée par jour oyer de chaque parcelle se détermine sui
née, et non pas à la pièce, à moins que l'ou vant une autre manière de procéder. On com
vrage n'ait été entrepris à la tâche; et, dans mence par faire l'estimation spéciale de la va
ce cas, l'estimation ne présente ni difficulté, leur foncière de chaque pièce; et de longs
ni chance d'erreur. Il serait sans doute ridi raisonnemens seraient superſlus pour prouver
cule de calculer les frais de moissons par jour que le loyer de chaque parceile est en &§
née si on est convenu de leur payer par hec portion directe avec la valeur foncière. Con
tare une somme déterminée. naissant la valeur locative totale, la détermi
Les comptes de culture sont chargés des nation de la portion qui doit être affectée à
frais de fumure et d'engrais en terre dans la chaque § se déterminera facilement.
proportion que nous avons indiquée en parlant Je vais donner un exemple : ,
de l'inventaire. # On a loué une ferme pour la somme totale de
Enfin, on porte du côté des dépenses la por 7, 500 fr.; on désire savoir quelle fraction de
tion de loyer qu'il convient de faire supporter cette somme doit être à la charge de chaque
à chaque récolte, eu égard à la surface qu'elle ièce, comme loyer. On débute, ainsi que je
occupe et à la bonté du sol sur lequel elle se † prescrit, par faire l'estimation foncière.
trouve. La rente réelle du sol se détermine,
soit approximativement, en comparant la va -
- | VALEUR
VALEUR
riÈcEs. de
leur de chaque pièce à celle de pièces voisines CONTENANCE.
- totale.
dont on connaît la valeur et la rente, soit pro l'hectare.
portionnellement à l'évaluation du cadastre fr.
et des tableaux dressés pour les impositions Jardin.. . . . . 5 hect.| 5,000fr. 9,000
foncières : cette méthode me paraît la plus Pré du Clos. . . 2 2,200 4,400
judicieuse; soit enfin en se servant du mode Prés-sur-Bois.. . 15 2,000 50.01) 0
d'évaluation observé ordinairement dans les
Vignes. . . . . 7 5,500 24 , 5() ()
placemens d'argent, c'est-à-dire en comptant Verte-Côte. . . 20 2,000 40,000
pour le † environ 2 1/2 à 3 p. 0/0 de la va Pré-Rompu. . . 12 1,800 21,600
leur foncière. Pour être moins éloigné de la Grandes-Haies. . 25 1,500 57,50 )
vérité, on pourra même prendre la moyenne Vieux-Puits. . . 30 1,400 42.000
déduite de ces 3 modes #§ 209,000
Exemple : Il s'agit de déterminer la rente
d'une pièce de 3 hectares de terres arables.
Les terres de même nature sont affermées
dans le canton à raison de 50 fr. l'hectare ; à Une simple règle de trois sera suffisante
ce taux, le loyer de la pièce en fr. c.pour nous faire connaître la valeur locative
question serait de. . . . . .. 150 » d'une pièce ; celle du †
par exemple, se
Sur les cotes foncières le revenu trouvera au moyen de la proportion suivante :
de cette pièce est évalué à . . 140 » 209,000 : 9,000 : : 7,500 : x = 323 fr. 06 c. Le
Enfin, cette pièce pourrait se ven même calcul fait sur les autres pièces amène
dre à raison de 2,160 fr. l'hectare, rait pour résultat le montant de leur valeur
ou 6,300 fr. la totalité. locative.
. Dans le pays, les propriétés fon Au nombre des dépenses qui viennent s'en
cières rapportent 2 1/2 p. 0jo; le rôler dans les comptes de culture, on place
loyer serait donc de. .. | . .. . .. 157 50 encore avec raison les frais généraux dont
nous aurons occasion de parler plus ample
La somme des trois modes d'éva ment- -
DÉPENSES. PRoDUIT.
Janvier. 1 . |Il reste de l'engrais après les pommes de Décembre 51-'|41 m gerbes qui, au battage provisoire,
| terre, suivant l'inventaire, pour la som- fr. c. ont été présumées donner 2oo hectol. fr, e,
de 4oo fr. . , . . , . . . 4oo • grafm à 7 fr.as.. . . . . . . . . 1,45o »
Février. 15. 152 journées de chevaux pour rompre la Plus 8,5oo kil paille à 19 fr. P. o1oo
- - - - - , , , , , | *9 25 kil. • • • • • . .. , . . .. . . . | 161 56
16 journées de valets pour la même be- La menue paille vaudra environ.. .. . -5 •
sogne.. .. • • • • • • • • • • . . | 2o 8o Le pâturage aurait pu être loué 6 fr par
4 chevaux pour herser.. . , , , , . . 7 4o hectare, je porte done en produit . . 52 5o
avalets, ide• • • • • • • • • - - 2 6o Il reste ºn engrais §† environ
28, 15o ournées de chevaux. Labour aux la moitié de ce qu'il y avait avant
Terres-Rouges.. .. .. • • • • . .. . | 99 9° l'ensemencement ou... . . . . . .. | 2oo »
25 journées d'employés, même besogne. 32 5o
25 †. semence à 8 fr. .. , . . 2 nº -
Je dois, pour l'intelligenee du eompte qui Chaque fois que l'on rentre lesgerbes d'une
précède, donner quelques éclaircissemens sur récolte, on les compte soigneusement. Pour
certains articles dont l'évaluation pourrait pa estimer approximativement leur rendement
raître arbitraire ou erronée. futur, on en pèse quelques-unes, on les bat,
La plupart des articles qui constituent la on en mesure le grain et on pèse la paille qui
dépense en travail de chevaux et d'employés provient de ce battage préalable. On a ainsi la
ne sont pas immédiatement transportés du mesure du produit probable de chaque ré
† mais ils sont copiés sur les dépouil
emens dont j'ai parlé. Ainsi, quand je dis
colte et de chaque pièce. Cette opération se
nomme battage provisoire. .
u'au 28 février, on a employé 5ô journées de La valeur du pâturage sur les chaumes, va
chevaux pour labourer aux terres rouges, cela rie suivant une infinité de circonstances qu'on
veut dire que, depuis , le dépouillement, qui ne peut exactementapprécier quesur les lieux.
précède le 28 février, jusqu'au dépouillement En Allemagne, elle est ordinairement évaluée
qui a été fait à cette dernière époque, 50 jour à 5 p. 0J0 du produit brut en grain.
nées de chevaux ont été exigées pour ce tra Pour compléter ce que j'ai à dire sur les
vail. Il est bon de remarquer qu'au lieu de comptes de culture ou comptes financiers
journée d'un cheval, on dit simplement 1 proprement dits, je donne le modèle d'un
cheval. compte de
J'ai déjà ditqueje parlerais ailleurs des frais
generaux. -
CHAP. 5°. DES COMPTES D'ORDRF. 539
-
DÉPENSES. Bœufs à l'engrais. PRoDUIT.
1836. 1836.
Fevrier, 1. lAeheté de M. Mariotte 12 bœufs mai- fr. c.1Avril. 1. | Vendu à Louis Boueber 1 bœuf pesant fr. c.
gres . . . . . • • • • • « • • • | 1• 7º0 * 293 kil.. . . . . . . . . • • • • | 277 55
Payé le toucheur qui a amené les bœuf» 15 »lJuin. 5. | Vendu au même 1 bœuf pour.. . . .. | 25o »
Mars. 1. | Pris à l'étable le bœuf n° s pour le met- Août. » o | Vendu 1 $ bºrufs à Bastien pour. . . .. | 4.3o5 46
tre à Tengrais. . . . . . . . . - • 265 •|Deeembre. | 31. | Les bºeufs ont produit 78 voitures de
Avril. 16. | Acheté de Mariotte 4 bœufs maigres. . | 6o3 so fumier que je compte à 5 fr : mais
Pavé au toucheur. . . . . . . . . . l 0 » dans ce prix la paille entre † Ino1
Juin, So. | 5 journées d'employés pour hacher des tiº. Je ne mets au et te des bœufs que -
à 55 c. . . . . . .. . . 75 5o
Sainfoin vert pour 9o jours à
35 c. - • • • . . . • . . 3r 5o 899 1o
Décembre. i 51. | Extrait du dépouillement de la consom- -
Il y a lans ce compte quelques articles qui Comme on le verra par la suite, la plupart
demand 2raient quelques explications pour des comptes d'ordre ne sont autre chose que
être parfaitement compris ; renvoie, pour # les dépouillemens dont nous avons déjà parlé.
ne pas faire double emploi, à ce que je vais Au lieu de faire ces dépouillemens sur des
dire sur les comptes d'ordre; mais on ne doit feuilles volantes, je #rerais les voir réunis
pas oublier qu'il ne faut placer dans les comp dans un registre spécial.
tes financiers ou de culture† ceux qui sont
susceptibles de donner du bénéfice ou de la $ 1". — Compte de dépenses de ménage.
perte; les autres se placeront dans une des 2
catégories suivantes : Ce compte est nécessaire pour connaître le
prix de la consommation de chacun des indi
SECTIoN X. — Des comptes d'ordre. vidus nourris à la ferme ; et pour ensuite en
répartir la valeur aux différens comptes pour
Les comptes d'ordre ont pour but de facili lesquels la consommation est effectuée.
ter le travail qu'exige la tenue des comptes e compte se divisera donc aussi en deux
financiers , de mettre le cultivateur dans la parties : l'une fera connaître les objets dé
possibilité de constater à chaque instant l'état pensés et l'autre indiquera la répartition deces
des denrées en magasin, enfin, de prévenir objets. -
Ex '# - fr. c.
Juin. 2 8 8 10 ) 10 E> 2 25
|Août. 1. 8 20 - 6 - 3 1 18
Ortobre. I. 8 10 4 5 7 5 5 12
Décembre. 6. l. 8 15 3 15 20 5 2 16
Chacun pourra, suivant les circonstances parties : l'une qui regarde les dépenses, et l'au
de sa position, augmenter ou diminuer le tre qui indique la répartition de ces dépenses.
nombre des colonnes destinées à enregistrer Je me crois dispensé de rappeler désormais que
la nature de chaque objet mis en consomma la première partie est le résumé des objets con
tion. Je dis mis en consommation , car on in sommés et autres dépenses, tandis que la se
scrit ces objets non pas lorsqu'ils sont con conde est l'indication des objets auxquels le
sommés, mais lorsqu'on les livre à la consom travail a été affecté. Il se compose d'un double
mation. dépouillement auquel on ajoute les valeurs
qui n'ont pu y figurer.
$ II.— Chevaux de travail.
Ce compte se distribue également en deux
| DÉPENsEs. Chevaux. TRAVAIL ET PRODUI r.
Ǽ # | --
DATE, # # # - # :
# # DATE2 - - • •- •i -
## || ## || ## || ## || ## | ## | ## || ## || ## |
# | #
des ## || ## | # | ## || ## | # | # | # des
"3 | a º $ +2 •4 E •4 J | 5 | P | # | # | 5
dépouillemens. | Pº # | 3 # E-4 dépouillemens. Pºe |
—|— | , --|#-
kil. | kil. hect.bect. jours
- | -
' , En multipliant les totaux de chacun des Ce qui restera sera certainement la valeur
objets de consommation par la valeur res du travail que les chevaux ont effectué dans
pective de ces objets , on obtient facile l'année.S'il y avait moins-value dans le nouvel
ment le prix de la nourriture des chevaux ; inventaire, il faudrait en porter le montant
si on ajoute les frais de vétérinaire, de médi du côté des dépenses.
camens , d'éclairage , de ferrage, etc. ; on Si on divise la valeur du travail des chevaux
obtiendra la totalité de la dépense des che par le nombre de jours qu'ils ont travaillé,
Vaux, on aura le prix de la journée de travail ;, si ce
Si de cette somme on retranche: prix coïncide avec la valeur fictive qu'on a
1° La plus-value accusée par le nouvel in supposée, il n'y a pas d'opération ultérieure à
ventaire sur l'ancien ;
2° La valeur du fumier
† mais si la comparaison établit une
différence, le montant de celle-ci constitue
CHAP. 5°, DES COMPTES D'ORDRE. 541
un article de frais généraux. Exemple : un servi représente la valeur de 1,500 liv. de foin,
cheval a effectué annuellement un travail de ou la nourriture d'un cheval pendant 8o jours.
200 jours ; j'avais présumé au commencement Comme la nourriture d'un cheval coûte ordi
de l'année que chaque jour de travail coûte nairement 35 cent., la valeur du vert con
rait 1 fr. 85; il se trouve que, vérification faite sommé dans le cas présent serait de 18 fr.
à la fin de l'année , cette journée ne revient On fera des tableaux semblables pour les
qu'à 1 fr. 70. Il s'ensuit que plusieurs récoltes bœufs de travail, pour les vaches de travail ,
ont été chargées en dépense d'une somme pour les mulets , etc. Mais il est facile de
trop forte de 15 cent. par †
de comprendre que les comptes de vaches lai
cheval qu'elles ont exigée ; il est donc indis tières, de bœufs à l'engrais, de chevaux d'é
ensable de rétablir cette erreur qui se monte lève, devolaille, de veaux engraissés, de porcs,
à 30 fr. par cheval pour toute l'année et sur de bergerie , etc., ne sont pas des comptes
l'ensemble de toutes les opérations. C'est à quoi d'ordre , mais des comptes financiers. Ceux
l'on parvient jusqu'à un certain point au ci sont le but, l'objet et la fin : les autres ne
moyen du compte de frais généraux. servent que d'instrumens , de moyens ou
Suivant la marche adoptée à Roville, je n'ai d'auxiliaires. La nuance qui sépare ces deux
pas évalué la nourriture au vert d'après son catégories est souvent très délicate et diffi
ids. Il faut cependant lui donner une va cile à saisir, mais on y parvient avec un peu
eur. Pour la déterminer, on s'est servi d'un de sagacité et de réflexion.
moyen qui paraît à l'abri de tout reproche.
On connaît par la consommation de l'hiver $ III.—Livres de magasins.
ce que les §. mangent de foin pendant
l'espace d'un jour ou d'un mois. Pendant l'été, Ces comptes sont très faciles à tenir : comme
on leur donne du vert dont on ne cherche pas pour les précédens, les objets qui y sont con
d'abord à déterminer la valeur. La différence signés auront été préalablement enrôlés au
entre la consommation en foin de l'hiver et journal. Ils se composent de deux parties :
celle de l'été donne la valeur du trèfle con dans la première on marque l'entrée : dans la
sommé. En † qu'un cheval mange seconde, la sortie. Il y a un compte pour
par jour 25 liv. de foin, c'est pour 6 chevaux chaque nature de récolte. Je vais seulement
endant un mois, 4,500 liv. Si, outre le vert, en donner un modèle qui fera comprendre
ils n'en consomment au mois de mai que 3,000 facilement la disposition que présentent ces
liv., il est évident que le vert qui leur a été sortes de comptes.
PRoTE - AIT
- 1> 41-4. 4CIATi D4T-É. coxson Mi | vENDr. sani. roTAL !
du battage.
Total. Total . . 11 1 18 18 1 38
Existant à l'epoque du nouvel Inventaire. 7
On fera de même pour le seigle, l'avoine , blé en magasin figure aussi dans les comptes
le foin, la paille, etc. Je ne veux pas encom de spéculation ou de culture.
brer cet article de modèles analogues au pré
cédent; leur distribution ne présente aucune $ IV.— Compte du fumier.
difficulté, et chacun sent leur importance. Le
PROVENANCE. CoMPTE DU FUMIER. EMPLoI ET DISTRIBUTIoN.
RÉPARTITIoN ENTRE LEs DEPENsEs. COMPTES DE FRAIS GENERAUX. REPARTITION ENTRE LES PRODUITS.
fr. c. fr. c
Mlars- 1o. | Payé au facteur divers ports de lettres Juillet s. | Remporté au concours de * un prix de | •5° »
•1 Paquets. . « • , • • , • • • • 46 25 J'avais estime que la journée d'uu cheval
Juillet. 15. | Payé au directeur de la C. és pour Décembre, | 31. | couterait 1 ſr. 85 c. 4 elle ne revient
m/assurance. . . - , . - • • • • 43 5o qu'à 1 fr. 7o c. : sur 1o chevaux qui -
l)eceiabre. | 14 | Abonnement a l'Agrvn»me et à la Mui- out travaille 2 aojours. e'est uue somtue |
son Rustique.. . . . . - • - • • 32 4o de.. . . . . .. • • • • • • • - l * a4 *
Payé au papºtier pour réglure et re- -
Nous avons donc 2,480 fr. 30 c, à mettre à diaires intelligens avec lesquels il traite , je
la charge des diverses récoltes : nous de vais en parler succinctement.
vons en même temps les décharger ou les
bonifier de 574 fr. C'est en définitive les char SECTIoN XI. — Des comptes courans.
ger d'une somme de 1906 fr. 30 c. Si nous Les comptes courans expriment la situation
supposons maintenant qu'on a une ferme de du cultivateur relativement à toutes les per
200 hectares de terres arables de toute nature, sonnes avec lesquelles il est en affaires : tous
chaque hectare supportera comme dépense Ies ouvriers, les employés, les charrons, les
une somme de 9 fr. 55 c. journaliers, les épiciers, etc. Les matériaux
Au moyen de ces différens comptes, et des de ces comptes se trouvent tous au journal,
articles qui n'y figurent pas, mais qui sont et quelques-uns sont aussi consignés dans les
consignés au journal, il est très facile d'établir dépouilſemens ou comptes d'ordre. Les comp
les comptes financiers ou de culture. tes courans bien tenus, exacts, circonstanciés,
Jusqu'à présent nous n'avons pas parlé des constamment à jour, sont les plus sûrs gar
comptes courans qui n'ont pas mission d'in diens de la bonne intelligence, préviennent
diquer le résultat des opérations culturales, ni
les difficultés, les malentendus et quelquefois
de tracer la marche de l'expérience; mais écartent des procès dispendieux.Je vais don
comme ils sont essentiels pour maintenir en ner quelques exemples de ces comptes cou
bonne relation le cultivateur et les intermé I'aIlS.
6oo 75 6oo 75
Les mots doit et avoir s'expliquent natu cependant cru devoir mentionner ici une par
rellement ici par l'inspection du compte. Au ticularité qui est d'un usage habituel. On voit
côté de la page où est inscrit le mot doit, on par le compte courant précédent qu'il est
enregistre tout ce qu'a reçu le compte. A la dû au maréchal une somme de 11 1 fr. 25 c.
page que distingue le mot avoir, on enregistre Cette somme se nomme balance. On nomme
tout ce qu'on a reçu du compte ou de l'indi ainsi les valeurs ajoutées au débit pour le reu
vidu dont le nom forme le titre du compte. dre égal au erédit, ou au crédit pour le ren
Ces mots s'emploient fréquemment dans la dre égal au débit.Toute balance qui ne repré
comptabilité en parties doubles. Le côté où sente pas un bénéfice ou une perte forme un
est inscrit doit se nomme le débit du compte ; artiele d'inventaire, je parle de la méthode de
l'autre côté se nomme le crédit. Quoi J'ai comptabilité que je propose ici.
évité de me modeler sur cette méthode, j'ai
544 ADMINISTRATION RURALE. LIV, VII,
CoMPTE CoURANT D'A. BLANGY, JoURNALIER. 1336. V. comptes courans, 1835, p. 46.
fr ,
Janvier. a. | Convenu que ses journées de décembre à Janvier. 1. | Il lui est redu sur sl dernier compte.. . 6 So
mars lui seront comptées à 9o c., les Janvier. 2o. | Journees du 5 au so janvier, 8. .. . . 7 •o |
autres à 1 fr. no c. : celles de s/femme Id. de s / femme. . , 15. . . . . l o 4o ;
le seront à 8c c. pour toute l'année. . fr. e, |Juillet. 4. Id depuis le depouillement du... 14. 15 4o |
Janvier. 2. |Payé le montant de la balance de s/ der- Août. 29. |Sa femme a faucillé • hectares ble à 9 fr. 18 »
· nier eompte . . . . .. : . . . . . 6 8o llAoût. 3i. | Fourni 1 2 bottes paille de seigle pour
Mai, 6. \ Loué 25 ares de mf pré au châlet, à 36 f.. 56 s liens à 4o c. - . . .. . - . . . . . 4 8o
Ju11lct. 25. | Reçu un hectolitre ble à. . . . . . . . 19 » |Septembre. | 8. |Journées depuis le dép. du 4 juillet, 25.. 27 5o
»uût. 11. | Fait couvrir s1 vache par mf taureau.. . « 75 Celles de sa femme, no. . . . . , . . -
62 55 T,s To
Balance en sa faveur. . . . . 35 55 V. comptes courans, 1837, p. 14.
93 1 o |
Pour faciliter les recherches en cas d'erreur, pour la découvrir. Avec la méthode que je
d'oubli ou d'omission, on note en haut de la propose on peut commettre des erreurs, mais
† le folio où le compte se trouve dans le rien n'avertit qu'elles sont commises. C'est là
ivre précédent; on note également au bas de un désavantage, je l'avoue; mais il est large
la page du compte, le folio où le compte se ment compensé.Je suis persuadé qu'un homme
trouve reporté pour l'année suivante. un peu habile à compter ne fera pas de gran
Comme on le voit, les comptes courans des fautes, et que les erreurs qui se glisseront
sont très faciles à tenir; ceux qui concernent à son insu auront peu d'influence sur la phy
les journaliers devront être très circonstan sionomie de chaque compte.
ciés, parce que les ouvriers des campagnes L'exposition de cette méthode a pu paraître
n'ayant que peu de mémoire, en général, et ardue; quelques comptes ont semblé peut
n'écrivant pas eux-mêmes, confient leur comp être arbitraires dans leurs dispositions et la
te à leur souvenir, calculent de tête, comme combinaison des colonnes. C'est là la surface,
ils disent, et se trompent fort souvent. Si leet je ne prétends pas que pour réussir on
compte du cultivateur ne s'accorde point avec doive calquer ses comptes d'ordre sur les mo
le leur, ils s'imaginent qu'on veut les tromper, dèles que j'ai donnés, pourvu qu'on ne s'é
à moins que le compte ne mentionne une carte pas des principes fondamentaux, c'est-à
foule de § fastidieux au premier abord, dire le journal et les 3 sortes de comptes.
mais qui souvent évitent bien des querelles, On a discuté la question de savoir à quelle
et éloignent les causes de malentendu. Un époque il convient d'ouvrir et de clore la
ouvrier réclamait une journée de binage qui comptabilité. M. PABsT traite cette question
n'était point sur le registre. Fatigué de son avec lucidité dans l'ouvrage qu'il vient de pu
obstination,j'étais sur le pointd'être convaincu blierà Darmstadt sur l'économie rurale; je ne
que c'était un oubli de ma part. Enfin , en saurais mieux faire que de reproduire ici ce
compulsant le journal, je trouvai que le jour qu'il en dit : « Les opérations du cultivateur
sont tellement compactes et liées entre elles
où l'ouvrier l\rétendaitavoir travaillé, avait été
remarquable par une pluie battante. Les as que jamais il n'y a d'interruption, et par con
sistans confirmèrent mon observation ; le ré séquent on ne peut trouver aucune époque
clamant en fut quitte pour un peu de honte, dont on puisse dire que l'année écoulée n'a
# #actitud † comptable devint prover pas laissé à celle qui arrive beaucoup de tra
1a162. -
vaux dont celle-ci profitera. D'après cette ob
servation, on pourrait regarder l'époque où
SECTUoN XII. - Reflexions générales. l'on est entré en ferme comme la plus favo
rable à la clôture des comptes. Cependant, à
voir les choses plus attentivement, il y a dans
Telle est la marche de la comptabilité que l'année agricole 3 époques qui sont à préférer
je propose. Toutes les opérations, toutes les pour l'opération dont il s'agit ; ces 3 époques
ventes, les achats, les entrées, les sorties, sont sont : la fin de l'automne ou le commence
du domaine du journal et vont ensuite se ment de l'hiver ; la fin de l'hiver ou le com
ranger par ordre de matière, soit dans les mencement du printemps ; enfin, le commen- .
comptes courans ou de personne, soit dans les cement de l'été lorsqu'on a terminé les ense
comptes financiers ou de culture, soit enfin mencemens de printemps. -
dans les comptes auxiliaires, ou d'ordre. Cha « Chacune de ces époques présente des
que article du journal doit figurer dans deux avantages et des inconvéniens; et pour le choix,
comptes spéciaux: Je vends 1 hectol. blé à Paul; il faut consulter les circonstances locales, et
cet article doit figurer dans le compte finan peser les considérations personnelles.
cier Blé en magasin, dans le compte d'ordre « On trouve à l'avantage de la première épo
Blé en magasin, et enfin dans le compte de † fin d'automne, que ce moment, c'est-à
Paul. Il y a donc des cas où un article figure ire vers le 1er novembre, les travaux de l'année
dans 3 comptes spéciaux. qui commence et de celle qui finit sont assez
Cette marche est simple, et n'est jamais en nettement divisés; et qu'il n'y a que les ense
travée par la nécessité de suivre un mécanisme mencemens d'hiver qui ont été anticipés par
obligé, qui fait de l'homme une machine, et l'année finissant sur celle qui lui succède ;
qui cependant exige de sa part beaucoup de on dit surtout que l'hiver est la saison la plus
calme, de sang-froid et de réflexion. Dans la propice pour se livrer aux opérations de cal
comptabilité commerciale, les erreurs sont cul. Mais on objecte qu'il n'est pas facile de
découvertes tôt ou tard; mais s'il y a une er clore alors la comptabilité avant que le battage
reur, il faut un travail très long et rebutant n'ait été terminé, sans quoi il faudrait ſaire des
CHAP. 5°. CLOTURE DES COMPTES. 545
LIV, VII,
évaluations provisoires, ce qui est sujet à beau partition de ce compte entre toutes les récol
p.4ſ. coup d'incertitudes. tes; alors tous les comptes marchent de front.
-
, lf •
« La seconde époque, la fin de l'hiver, au Lorsqu'on s'est assuré que tout est réparti,
1er mars ou au 1er avril, a les mêmes avantages que chaque compte est chargé des dépenses
· ·i
• .. |
|
7 » # que la précédente; de plus, le battage terminé qu'il a occasionnées, et que les produits qu'il
|
l3 # ,
14.' ti it "
' ou sur le point de l'être, on peut avoir sur les a fournis sont exactement inscrits, on fait les
,*
#ut !
i5 , récoltes des évaluations positives; le fourrage additions et on détermine ainsi pour cha
4 ie
est en partie consommé et peut être évalué ; cun le bénéfice ou la perte.Je n'entends par
. 17 ! on peut prévoir le bénéfice que donneront les ler ici que des comptes financiers, car les
# 1
animaux. On peut opposer, qu'au printemps , comptes d'ordre, étant généralement un objet
T le cultivateur n'a pas assez de relâche pour se de répartition, ont dû être distribués pendant
livrer assidûment à la comptabilité, incon le courant de l'année, ou du moins avant de
vénient qui disparaît lorsque, pendant l'hiver faire les additions.
§ a fait les évaluations les plus indispensa On ne doit regarder comme bénéfice ou
les. comme perte réelle que la différence entre
le que je « La troisième époque, c'est-à-dire au com les dépenses et les produits des comptes qui
ºllrS, ſſlil5 mencement de l'été , vers le milieu ou la fin n'ont plus désormais aucun rôle à jouer.
s. Cestlà de juin, et toujours avant la récolte des foins, Mais si l'objet pour lequel le † est éta
st large
nhomme
† cet avantage que dans cette saison,
es magasins sont presque vides, la laine est
bli n'a pas encore parcouru toute la série des
transformations qui peuvent l'affecter, on ne
de grill serrée et souvent déjà vendue. En revanche, peut pas dire qu'il a rapporté du bénéfice ou
lisseront dans cette saison on a peu de temps à donner supporté de la perte : car qui sait ce que nous
: laphy à la comptabilité; cependant cette époque est réserve l'avenir ? Je vais faire sentir cette dif
à préférer dans les établissemens auxquels est férence : je suppose qu'on veuille clore la
panlre attaché un comptable spécial. » comptabilité au 31 décembre 1836. On a deux
plé peut comptes de blé, l'un pour blé 1836 qui vient
ions et la SECTIoN XIII. — Clôture de l'exercice ancien ; d'être récolté, l'autre pour blé 1837 qui vient
asurface, ouverture des comptes nouveaux. d'être semé. Le premier de ces deux comptes
éussir On est terminé puisque la récolte est faite; rien
urlaº Les comptables nomment , exercice l'espace ne peut nous priver des bénéfices qu'il a réa
)Il De St de temps qui s'écoule entre deux inventaires. lisés, et il est désormais impuissant à réparer
v, c'est# La durée de l'exercice est ordinairement d'un les pertes qu'il a pu essuyer. La balance de ce
mple$. an; dans les fortes maisons de banque elle compte est un article de pertes ou de profits.
rà qudle n'est que de 6 mois; chez les détaillans elle Mais les choses se passent autrement pour
e clore ! est fréquemment de plusieurs années. La plu le blé 1837 : ce compte présente une forte dé
,quelº † des produits de la culture étant annuels, pense occasionnée par les frais d'ensemence
entº# es fermages étant généralement fixés à tant ment et de préparations; frais et dépenses qui
ralejºne par an, la durée naturelle de l'exercice est an ne sont encore couverts par aucune espèce de
luire t t nuelle dans la comptabilité agricole. Quelle produits. Néanmoins il serait injuste de les
ultirileur que soit l'époque à laquelle on se soit arrêté considérer comme une perte sèche, car la va
entre elle pour fermer les comptes, on doit s'être mé leur de cette dépense n'est qu'un prêt, qu'une
stprº nagé le temps nécessaire pour ce travail im avance; c'est une valeur réelle qui fait partie
portant, et avoir préparé un local où l'on soit essentielle de l'inventaire. En résumé, tout
ne pº en sûreté contre les importuns, et à l'abri des
coulée ſl1 compte qui n'est pas réputé insolvable est
distractions. balancé par inventaire et non par bénéfice ou
tl de lſ1
S §l Pour arriver promptement à un résultat par perte. Il n'y aurait qu'un cas où blé 1837
noqllt0l satisfaisant, l'ordre, la méthode sont de puis aurait réellement donné de la perte, c'est ce
# sans auxiliaires. J'engage beaucoup les comp lui où il aurait été détruit par une gelée, une
mdanl ! tables à ne pas travailler successivement à inondation, etc. Il n'y aurait également qu'un
chaque compte jusqu'à ce qu'il soit terminé, cas où il pourrait réellement donner un bé
§ mais à travailler simultanément à tous ceux néfice, c'est celui où l'on aurait vendu la ré
qui ont de l'analogie dans leurs dépenses et colte future au hasard. Mais dans l'un et l'au
leurs produits, leurs entrées et leurs sor tre cas, le compte n'a plus pour le fermier
tieS.
de chances heureuses ou malheureuses à cou
Ainsi, au lieu de porter au compte d'avoine I'lI'.
toutes les valeurs qui le concernent, puis de Avant de procéder aux additions des comp
passer au compte de blé pour se livrer au tes de culture, il est nécessaire pour opérer
même travail , il vaut mieux, pour économiser méthodiquement de mettre du côté du pro
sente º le temps et rendre les erreurs moins faciles, duit de ces comptes le montant de l'inven
rlechº prendre, par exemple, le compte de frais gé taire nouveau qui les concerne; sans cela on
locales * néraux, et répartir, non pas sur l'avoine ce n'arriverait qu'à des résultats faux. Je vais
qui est à sa charge, pour passer à un autre ob donner un exemple :
jet qui la concerne, mais d'opérer de suite laré
DÉPENSES. VACHES. 1856. RECETTEs.
Janvier. 1. Montant de l'inventaire.; • • • - - -, · · · 5.4oo fr | Produit en beurre, en lait, en veaux, ete. . .. . .. . . 5,6oo fr.
Dépenses de consommation et d'entretien.. . 4.5oo Decembre. 51. Montant de l'inventaire, 4,ooo fr. . . . . 4,ooo
7,9oo 9,6oo
Les dépenses étant de. .. • . . . . 7,9oo
Le bénéfice s'élève à.. . . . . . . 1,7oo
- *.
N'est-il pas évident que, si au 31 décembre cahier. On conçoit que les ouvriers faisant
on eût négligé de porter du côté des recettes inscrire eux-mêmes par le comptable leurs
le montant de l'inventaire nouveau, le compte journées de la semaine, dont le nombre est
eût accusé de la perte, tandis qu'en réalité il vérifié avec le journal, ces mêmes ouvriers
est en bénéfice ?
L'inventaire nouveau se dresse absolument ne pourront êtré fondés en réclamant un plus
grand nombre de jours en prétextant les er
comme le premier; il se compose de deux reurs du comptable, et celui-ci ne pourra
parties : le passif qui représente les sommes prétendre qu'on a marqué sur le livret un
que nous devons, et l'actif qui représente tou trop grand nombre de jours, puisque c'est
tes les valeurs à notre disposition. lui-même qui les a inscrits. Avec cette pré
La transcription du passif et de l'actif sur caution on tarit la source de bien des difficul
les livres spéciaux, c'est-à-dire sur les comp tés et on simplifie singulièrement la rédac
tes courans, sur ies comptes d'ordre et sur tion des comptes courans, Je recommande
ceux de culture, constitue l'ouverture des nou cette méthode dont l'excellence m'a été con
veaux comptes et commence le nouvel exer firmée par l'expérience que j'en ai faite pen
cice oui se continue comme l'ancien.
dant près d'une année à l'établissement de
M. Rozin. Exemple.
SECTIoN XIV. — Complément
LIVRET DE Pre. BLANGY.
Jusqu'alors, j'ai indiqué la marche à suivre
ur ouvrir, continuer et clore une compta JoURNÉEs,
ilité rurale. Pour ne pas entraver le déve Du 4/11 janvier.
loppement successif de l'exposé des principes, Du 12/19 i4. . :: ;
Du 2o127 id. . 2 etc
j'ai dû consacrer ttn paragraphe spécial à l'ex • •
14:r RILLOM
Wquineº
exgepºº ianvier.
16 janvier
| J'ai essavé, pour
ai essaye, pet1r cette
er1te pºt
p ece 2
modes de culture l'uu « avant
lit à la - | |
23 mars
l
«st assez homog
Po-ition Comºene daus
j'ai sarécolte
com
aussi poteº † de gerbes sur la partie la
rs, les cº 27 mars. 27 mars. »ourée avant l'hiver que sur
dispalºº
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- - - -- - -- -
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:-.-.-.-.-. .. . . :: . .. . l'autre , j augure bieu des la
bours d'automate
nnaire -"! , ,
14 mai 19bectol. d'orge.
, .. • , . , . .. • • • • • • • • • • • • • '• • • • • • • • • • , • • • • • ° • |>
14 nmai | | | | |# -
1 mai | | | |
18Im kil. racines
#
5o v9itures d'en
d'engrais •tº grats en terre,
---------------- ---------------•-*------------------------------- • -- • -- !
|#
| | | | #
On voit ainsi, d'un seul coup d'œil, la succes - †" seul trait de plume indique une opéra
sion des opérations culturales, les modifica lOIl.
tions apportées dans la quotité des produits 4° Conversion des mesures locales en me
suivant les différentes manières dont le sol sures décimales. Le comptable, s'il veut être
a été traité. On peut à peine se figurer l'im compris et comprendre les renseignemens
mense importance qu'auraient pour l'art agri qu'il est obligé de recevoir, doit parler un
cole en général, et § la pratique locale en langage familier aux personnes avec lesquelles
particulier, de semblables tableaux dressés il est journellement en contact. La connais
sur les principales exploitations du territoire sance des mesures locales pour les surfaces
français. Leur rédaction est fort simple puis et les contenances lui est indispensable; mais
548 ADMINISTRATION RURALE. LIV. VII.
aussi, comme les nouvelles mesuresse prêtent Sur une feuille collée à un carton, on aura, par
lus facilement à la rapidité du calcul par des calculs préalables, fait une sorte de ba
ur composition et decomposition décimales, rème au moyen duquel on peut, sans beau .
il faut qu'il puisse avec célérité opérer la con coup de calcul, trouver promptement les chif
version des anciennes en nouvelles, et réci fres dont on a besoin.Je prends pour exemple
proquement. Quoique ce ne soit pas ici le lieu lejour lorrain, qui est de 20 ares 44 centiares.
de faire un traité d arithmétique, je crois être J'inscris sur la feuille précitée les chiffres sui
utile aux comptables en leur § UlIlC VaIlS :
Il y a quelques opérations qui exigent une et soignées avec la plus scrupuleuse minutie.
double conversion. Le resal lorrain équivaut Quand on est obligé de parcourir une foule de
à 125 litres; on récolte environ 3 resaux par paperasses entassées sans ordre ou jetées dans
jour. Pour avoir le rapport correspondant en un coin pêle-mêle les unes avec les autres, les
mesures nouvelles, il serait nécessaire de mul recherches sont souvent rebutantes, quelque
tiplier 3 par 122, et on aurait le nombre de fois infructueuses; toujours elles exigent un
litres récoltés sur 20 ares 44 centiares; puis temps infini. Dans le local affecté au comp
pour obtenir le nombre de litres recoltés sur table, on fera disposer quelques rayons hori
un hectare, il faudrait trouver le quatrième zontaux en forme de bibliothèque , coupés
terme de la proportion suivante, 3,75 : x :: eux-mêmes à angles droits par plusieurs
20,44 : 100 , et alors on aurait 18 hectol. 34 autres planches verticales. Dans chacun des
litres, produit d'un hectare. Cette voie est tor casiers que forme cette disposition, on met
tueuse, embarrassante et fort longue. Je suis en dépôt les pièces dont je viens de parler.
parvenu pour les conversions analogues à trou Tous les rayons supérieurs sont consacrés
ver un rapport très simple, et qui abrége sin à la correspondance si elle est un peu éten
gulièrement le calcul. Il consiste à diviser 18 due ; dans chacun des autres casiers on
f§ litres, produit d'un hectare, par 3, place :
chiffre qui représente le produit en re Conventions et marchés : tous les actes de
saux d'un jour lorrain : le quotient est 6, 11; · cette nature que l'on passe avec les domes
En multipliant par ce rapport le produit d'un tiques, avec les ouvriers de toute nature, les
jour lorrain exprimé en resaux , on aura ins marchands , les fournisseurs, etc.
tantanément le produit d'un hectare exprimé Mémoires et factures acquittés : tous ceux dont
en litres. Exemple : On a récolté 4 resaux 1/2 on a payé le montant.
d avoine par jour; on désire savoir à combien Mémoires et factures à acquitter : tous ceux
d hectolitres par hectare ce produit corres qui restent à payer.
pond. On n'a qu'à multiplier 4, 5 par 6, 11 et Quittances des ouvriers.
on obtient 27 hectolitres 50 litres. On trouve Quittances et reçus de contributions.
rait facilement des rapports analogues pour id. id. d'assurance contre l'in
les autres cantons. cendie.
5° Casiers et répertoires. Le comptable est Pour faciliter encore les recherches des
chargé du dépôt, et souvent de la rédaction objets déposés dans chaque casier, on les nu
d'une foule de pièces importantes, telles que mérote à mesure qu'on les reçoit, et on les
reçus d'impôts et contributions, marchés et inscrit sur un double répertoire. Ce réper
conVentions , correspondance commerciale. toire présente la liste des objets classés par
quittance
#
Il e
des paiemens qu'il
à proprement a faits.partie
parler, Ces pièces n° ; puis la même liste, en prenant pour base
de la de la classification l'ordre alphabétique.
comptabilité, mais elles doivent être classées Exemple :
Mortel, n° 5.
T.
Toussaint. L 4.
LIT, T,
CHAP. 5°. CONCLUSION, 549
tôn,ônann.2
le sorte d. . Au moyen de ce double répertoire il ne Eclairer les opérations par les détails, et, par
peut sans … faut pas plus d'une minute pour rassembler là, c1éer un contrôle qui ne trompe jamais,
ptementists les élémens épars des comptes les plus com | tel est le but de la comptabilité.
dspoureter pliqués. - - -
Depuis longtemps l'industrie manufactu
res 44 retº - Je pense qu'il est inutile d'avertir que cha rière s'appuie sur la comptabilité; sans ce
, les hiiitas cun des livres spéciaux doit avoir un réper précieux flambeau, elle n'oserait engager ses
toire particulier. capitaux ; elle risquerait de les compromet
tre par une timidité trop grande ou par une
confiance excessive non moins funeste. Les
CONCLUSION.
lommes
livres lui sont indispensables, et l'on ne con
çoit pas comment l'agriculteur ne s'en est
On a dit que les nouvelles méthodes de point encore emparé. Qu'est-ce en effet qu'une
comptabilité ne sont claires et intelligibles exploitation rurale, si ce n'est une manufac
que pour ceux qui les ont imaginées. Cette ture où l'on fabrique du blé, du colza, des
assertion est souvent exacte. J'espère cepen | pommes de terre ; manufacture la plus im
dant avoir évité l'écueil d'une trop grande | portante de toutes, puisqu'elle s'adresse à nos
prolixité et d'une excessive concision. Toute premiers besoins et dont les détails compli
nleseniºrs méthode exige, pour être comprise dans son ués ne le cèdent à nulle autre branche d'in
rir une lºues ensemble et bien saisie dans ses détails, qu'on ustrie.
eoujeles me ne se contente pas d'en faire une seule fois la Pour bien comprendre la nécessité d'une
· les autres,º lecture. Que ceux, qui au premier abord n'ont comptabilité, le cultivateur, avant tout, doit
lºts quelqº pas aperçu parfaitement l'enchaînement des se pénétrer de cette idée qu'il est fabricant de
es exigentº différens comptes, relisent cet article, et s'il denrées. Pour lui point de succès à espérer,
ecte ºu comº reste quelque chose de vague et d'obscur dans · s'il ne s'efforce d'établir son prix de revient à
es nºs bor leur esprit, qu'ils se gardent bien de se lais un taux qui lui présente des bénéfices en réa
teque , cour ser dominer par le découragement. Qu'ils lisant au cours des marchés. Il doit donc se
, , pº commencent leur comptabilité , même sans rendre compte de tous ses frais de culture et
)urs ch2rºº ? romprendre entièrement la marche que je chercher dans les diverses ramifications de
sº, x * propose; les faits s'éclaireront les uns par les l'ensemble les parties sur lesquelles frappe
ens le prº autres, et se caseront naturellement. Cette ront les économies.
§º assertion peut paraître paradoxale, mais elle | Si nous avons obtenu quelque succès dans
est un º d2 ne l'est aucunement, j'en ai l'expérience. | la carrière que nous parcourons depuis lon
ts sº* Je terminerai par donner un conseil aux | gues années, nul doute que nous n'en soyons
comptables : Les erreurs commises sur les redevables à notre comptabilité. Il nous est
comptes de culture sont importantes sans aussi difficile de concevoir une ferme sans te
doute, puisqu'elles déguisent le véritable nue de livres qu'une maison de banque, une
produit, et peuvent entrainer le cultivateur manufacture sans écritures régulières.Vou
dans les spéculations les plus hasardées ; ce loir faire de l'agriculture sans tenue de livres,
pendant celles que l'on commet sur les c'est naviguer sans boussole, c'est se livrer au
comptes courans, ou de personnes, sont encore | hasard ; et que d'agriculteurs, cependant, ont
plus importantes. Si l'erreur est au détriment aventuré leur fortune pour avoir méconnu
du comptable, c'est souvent pour lui une perte cette vérité ! Des livres régulièrement tenus
irréparable ; si elle est commise au détriment auraient ouvert leurs yeux sur l'abîme où
d'autrui, on soupçonnera la bonne foi de ce courait se perdre leur patrimoine et qui rui
lui qui tient les livres, si, trop confiant dans nait l'avenir de leurs enfans ; certes le temps
son savoir, il s'obstine à soutenir qu'il n'a † consacré à cet examen n'eût point été un
-