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NOTION 5: LE DEVOIR

Introduction
Pourquoi faire le bien ? Un homme trouve un anneau qui a le pouvoir de le rendre invisible :
ne serait-il pas tenté de commettre les pires crimes, s'il était assuré de sa totale impunité ?
C'est ce que fait Gygès, le héros de cette allégorie présente dans La République de Platon,
qui séduit la reine, assassine le roi et s'empare du trône. Mais Socrate n'y croit pas et
critique la morale de cette histoire, soutenant que tout le monde est guidé par une volonté
propre de faire le bien, y compris le pire criminel, qui se trompe seulement de bien. Ainsi,
personne n'agit sans un sens minimal du devoir, cette obligation intérieure à laquelle se
soumet volontairement un sujet pour guider sa volonté. Mais y a-t-il vraiment une différence
entre la contrainte intérieure que l'on s'impose et celle que l'on reçoit de l'extérieur par la
force ? Et pourquoi risquer d'échouer à accomplir un devoir alors que l'on pourrait
simplement forcer les hommes à faire le bien ?

La philosophie morale est une des branches majeures de la philosophie. La philosophie


morale a trait à la philosophie pratique, alors que la métaphysique se rapporte à la
philosophie théorique. La morale parle donc de l’action (et répond aux questions telles que
“existe-t-il des guerres justes ? la peine de mort est-elle morale ?), certains se focalisant sur
les intentions qui président aux actions, d’autres sur les conséquences des nos actions.La
philosophie morale tente ultimement de répondre à la question suivante posée par Kant
dans la Critique de la raison pratique : Que dois-je faire ?

Définitions:
etymologie: du latin debere, etre redevable à quelqu’un
Au sens courant, 3 sens:
- porbabiblité/prediction: il devrait pleuvoir
- necessité: cela devrait arriver
- obligation moralr
Définition:
Le devoir désigne l’obligation à l’égard de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Il se réfère au
Bien (morale) ou à la Loi (droit), suppose une règle et s’adresse à la liberté de l’individu –
sans quoi le devoir se confondrait avec la nécessité, à laquelle on ne peut échapper.

Que celui-ci soit une obligation signifie négativement qu’il n’est pas une contrainte. Si tel
était le cas, il serait impossible de ne pas accomplir le devoir ; il serait impossible d’agir
contre lui et même de lui résister ; Dire « je dois » reviendrait à dire « je fais » (contre ma
volonté). Le devoir ne pourrait plus être source d’évaluation des actions. En effet, la
necessité ne laisse aucune alternative. Si vous êtes sur terre et que vous lancez un objet en
l’air, il va nécessairement retomber du fait de la gravité. En revanche, Si vous avez le devoir
ou l’obligation morale de ne pas mentir, vous pouvez très bien choisir de ne pas suivre votre
devoir. comme vous pouvez choisir de ne pas toujours respecter la loi.Il semble que j’ai donc
le choix d’accomplir mon devoir ou non.

Enfin, le devoir peut avoir deux origines :

■ On peut se donner à soi-même son devoir (donc être autonome et libre)


■ Le devoir peut nous être imposé implicitement ou explicitement par le groupe auquel
nous appartenons. Il viendrait donc de l’extérieur.

Differentes visions du Bien, donc du devoir


JOHN STUART MILL

Approche utilitariste du devoir:

L'utilitarisme est la doctrine qui fait de l'utile, de ce qui sert à la vie ou au bonheur, le principe
de toutes les valeurs, tantôt dans les domaines de la connaissance comme dans celui de
l'action.

Cette doctrine induit une morale conséquentialiste.La valeur de nos actes se juge par leurs
effets, une action est morale si et seulement si elle contribue globalement à augmenter le
bonheur et/ou diminuer le malheur humain. Le plaisir Et au cœur de cette morale: il s'agit de
son but. Le plaisir n'est enfin que le fait d' éviter la souffrance, d'atteindre l'agréable pour le
plus grand nombre possible.

Mill affirmait que le bonheur visent le bien général.Le moteur idéal de la morale et d'aimer
son prochain comme soi-même. Pour acquérir cet idéal, de moyens peuvent être mis en
place.
- Mettre bonheur collectif et bonheur personnel en accord par la loi.
- Former les esprits par l'éducation

EMMANUEL KANT, une morale du devoir


Pour Kant , par contre, la morale ne peut reposer sur le plaisir quitte à perdre son caractère
absolu. Une action peut produire plus de plaisir que de douleur et en même temps être
absolument immoral si elle porte atteinte à la dignité humaine.Pourtant, la seule chose qui
compte est la bonne volonté.
- Seule la bonne volonté a une valeur absolue.
- La bonne volonté tire sa bonté de son seul vouloir l'intérieur,d'elle-même.
- même rendu impuissante, elle garderait sa valeur

Il s'oppose ainsi aux conséquentialistes, notamment à travers ces 3 maximes:


- Agis de telle sorte que la Maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle.
- Agis de telle sorte que tu traites toujours l'humanité en toi même et en autrui comme
une fin et jamais comme un moyen.
- Agis comme si tu étais à la fois législateur et le sujet de la République des volontés
libres et raisonnables.
Pour compte, le devoir moral est supérieur à tous les autres devoirs.C'est le seul qui soit
absolu parce qu'il ne suit pas des interets particuliers et propres mais la loi morale en nous.
En outre, il est commandé par la raison et non par la sensibilité ce qui permet d'échapper
aux plaisirs, de dominer nos penchants égoïstes.
Compte vise l'autonomie humaine dans la connaissance et dans la moralité.
Il faut distinguer entre les 2 types d'impératif
- Impératif hypothétique: l'action n'est bonne que comme moyen pour quelques autres
choses (Intermédiaire)
- L'impératif catégorique:l'action et présent-ee comme bonne en soi
- impératif pratique: le respect de la personne
-
La morale de compte est d'une morale du respect de la personne humaine.Ainsi.
- Seules les choses sont des moyens
- Les personnes sont des fins en soi et ont une valeur absolue.
- Le principe pratique suprême est un principe objectif de la volonté fondée sur la
nature raisonnable comme fin en soi.
Compte invite ? L'homme a une autonomie.Il nous appelle à l'indépendance et la
responsabilité individuelle.Pour quant.Le but de sa morale est que l'homme réfléchisse par
lui-même.

JOHN RAWLS
Pour Rawls, la théorie utilitariste ne garantit en rien les droits fondamentaux de la personne:
elle eabuse, voire sacrifie, les droits de la minorité au profit du bienetre de la majorité
L'utilitarisme ramène la notion de juste à celle de l'utile et par conséquent à faire de l'intérêt
le principe des droits et de la morale.

PAUL VI ET J.PAUL II (Humanae Vitae et Vanitas Splendor)


Les 2 papes rappellent lors des 2 encycliques qu'il n'est pas permis de faire le mal, Même si
l’on mise un bien, le mal n'est jamais justifiable.

HEGEL, critique du devoir kantien


Pour Hegel, la morale kantienne n’a pas de contenu. C’est comme un code vide qui ne
permet pas de s’y référer pour prendre appui pour des cas spécifiques.

Charles Peguy
La morale de Kant À les mains propres, mais la morale de Kant n’a pas de main. Peguy
explique par cette phrase que cette morale n’est pas confrontée à la réalité qui est pleine de
conflits permanents.La pureté de l'intention ne semble pas coïncider avec la réalité
quotidienne du questionnement moral.

Hannah Arendt
Selon Hannah, le mal vient de l'incapacité de certains à penser leurs propres actions.En
effet, Eichmann se qualifié comme un petit fonctionnaire, il ne interrogeait pas sur ce que
l'on devait faire.Elle dénonce justement cela car c'est notre devoir de penser nos actions

Doit-on toujours dire la vérité?


I- Un devoir social

Cf. Hobbes, Léviathan ; De Cive : le contrat social, le respect des promesses, comme
fondement de la société

Problème : Mais si ne pas mentir est une nécessité sociale, reste que le devoir de vérité
peut tout à fait n’être qu’une contrainte. Le devoir de vérité n’a alors aucun fondement moral
! Ce n’est qu’une contrainte, pas une obligation !

II- Un devoir moral

En quoi la vérité est-elle un devoir absolu, une obligation et non une contrainte ?

Cf. Kant, D’un prétendu droit de mentir par humanité ; Fondements de la métaphysique des
mœurs (les 3 formulations de l’impératif catégorique)
Cf. seconde formulation de l’impératif catégorique de Kant : "Agis de telle sorte que tu traites
l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en
même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen".

Dire la vérité à autrui est par conséquent une exigence absolue car on en mentant à l’autre
on ne le respecte pas, on le traite comme un objet, etc. Il faut toujours, dans toute
circonstance, dire la vérité, par respect pour l’humanité.

III- Critiques morale et politique de II : Parfois, mentir n’est-il pas plus moral que dire la vérité
? Ou même nécessaire pour l’ordre social ?

A-Ilest parfois plus moral de mentir que de dire la vérité :

Cf. Kant, D’un prétendu droit de mentir par humanité : si un ami poursuivi par des brigands
se réfugie chez vous pour se cacher, et que ces brigands vous demandent où est cet ami,
vous devez, par respect pour l’humanité, dire la vérité à ces brigands ! A méditer…

B- Il est parfois nécessaire de mentir, pour le bien de la nation


Cf. le concept de raison d’Etat (considérations invoquant l’intérêt supérieur de l’Etat pour
justifier une action contraire aux règles de droit habituelles ou aux règles morales
reconnues).

Deontologuisme o consequentialisme
Déontologisme et conséquentialisme sont deux positions philosophiques opposées
concernant le domaine moral.

Lorsque le jugement portant sur une action se fait en fonction de devoirs, obligations ou
interdits, et uniquement en fonction d'eux, on parle d'une attitude déontologique. L'action est
jugée intrinsèquement bonne ou mauvaise selon qu’elle correspond, ou non, à des lois ou
devoirs. Un acte est moralement bon du fait qu'il satisfait à certains principes
indépendamment des conséquences. Tuer ou mentir serait mauvais en toutes
circonstances. Cette position a été défendue par Emmanuel Kant.

Lorsque le jugement portant sur une action se fait en fonction des conséquences de cette
action, et uniquement en fonction d'elles, on parle de conséquentialisme. Une action est
moralement bonne du fait qu'elle a des conséquences qui sont bonnes (ou, dans un
dilemme, meilleures que celles des autres actions possibles). Tuer est acceptable si cela
abouti à préserver des vies et mentir est souhaitable si, par rebondissement, cela favorise la
vérité ou permet de préserver une personne.

En droit, les deux sont incompatibles, car la première attitude consiste à suivre des principes
universels et la seconde à tenir compte de circonstances particulières. Cependant, en
pratique, on peut peser la possibilité de se conformer aux principes moraux en tenant
compte des conséquences directes ou indirectes de cette attitude, car les conséquences
sont aussi à évaluer au vu de ces mêmes principes moraux. La responsabilité impose de
tenir compte des conséquences de ses actes.

Le devoir de l’homme envers soi meme


Au premier abord, il est étrange que l’homme ait des devoirs envers lui-même.
L’homme, étant libre, s’appartient. Ce qui est le plus à moi, c’est moi-même ; voilà la
première propriété et le fondement de toutes les autres. Or, l’essence de la propriété
n’est-elle pas d’être à la libre disposition du propriétaire, et par conséquent, ne
puis-je faire de moi ce qu’il me plaît ?

Non ; de ce que l’homme est libre, de ce qu’il n’appartient qu’à lui-même, il ne faut
pas conclure qu’il a sur lui-même tout pouvoir. Bien au contraire, de cela seul qu’il
est doué de liberté, comme aussi d’intelligence, je conclus qu’il ne peut, sans faillir,
dégrader sa liberté pas plus que son intelligence. C’est un coupable usage de la
liberté que de l’abdiquer. Nous l’avons dit : la liberté n’est pas seulement sacrée aux
autres, elle l’est à elle-même. La soumettre au joug de la passion au lieu de
l’accroître sous la libérale discipline du devoir, c’est avilir en nous ce qui mérite notre
respect autant que celui des autres. L’homme n’est pas une chose ; il ne lui est donc
pas permis de se traiter comme une chose.

Si j’ai des devoirs envers moi-même, ce n’est pas envers moi comme individu, c’est
envers la liberté et l’intelligence qui font de moi une personne morale.

Cette obligation imposée à la personne morale de se respecter elle-même, ce n’est


pas moi qui l’ai établie, je ne puis donc pas la détruire.

Le devoir envers autrui


Autrui, c’est l’autre que soi, le différent. Mais autrui désigne avant tout cet autre en tant
qu’être humain, et donc en tant qu’alter ego : il est à la fois moi-même et l’autre.

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