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COURS DE PHILOSOPHIE

Classe de PA4

«Il y a plus de l’intérêt dans les


relations sociales d’aujourd’hui, que
de la bonté dans l’agir »
Dm

DANIEL MOUKOURI, ENSEIGNANT DE PHILOSOPHIE


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THEME 3 : L’ETHIQUE

CHAPITRE 5 : LA MORALE

Justification du Chapitre

Ce chapitre te permettra de te familiariser avec le concept de morale, et


de montrer si notre bonté envers autrui se justifie par un intérêt que
nous recherchons ou plutôt par un devoir moral.

BLAISE PASCAL
1623 - 1662
« La vraie morale se moque de la morale »

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


INFOS UTILES POUR LA MAITRISE DU CHAPITRE

Situation Problème :
Lorsque ta grande-sœur t’envoie lui acheter quelque chose en route, tu froisses ton visage. En trouvant donc
un prétexte pour ne pas y aller, tu lui dis que tu es fatigué et que tu ne peux pas y aller. Dans les prochaines
minutes, elle revient vers toi et te proposes une récompense si tu fais sa commission. Et à cet instant même, 2
ta fatigue s’exténue et tu te dépêches de lui rendre ce service en lui faisant plaisir, et en te faisant plaisir
aussi en retour.
1. Quel est le problème ainsi émis ?
2. Penses-tu que l’intérêt doit dominer dans la commission des actions de l’homme ?
3. Quel conseil préconiser à ceux-là qui mettent toujours leurs intérêts avant toute bonne charité ?

Problème Philosophique fondamental :


Le fondement de la morale.

Problématique Principale :
L’homme agit-il toujours par intérêt ou par devoir ?

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Chapitre : LA MORALE

Justifications : Cette leçon te permettre de ressortir les motivations qui te poussent à faire du bien à ton
semblable.

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Leçon 1 : DEFINITION ET FONDEMNETS DE LA MORALE

Introduction
Etant privé de conscience ou du moins de la conscience de soi, l’animal n’est pas le sujet de son
comportement. L’animal en fait ne prévoit pas son action. L’homme, au contraire, est conscient de lui-
même car il est capable de faire des choix réfléchis. C’est notamment cette aptitude au choix, cette
conscience, qui lui permet de porter un jugement sur ses propres actions. Ainsi, il peut distinguer le bien et
le mal. C’est donc ce fait qui est qualifié ici d’action morale. Mais comment se définit-elle (I) et quels en
sont ses fondements (II) ?

I. Approche Définitionnelle de la Morale


La morale renvoie en prime, à la science de la séparation du bien et du mal. D’aucuns la percevraient
comme l’ensemble des règles qui permettent de définir le bien et le mal. Ainsi, on parlerait de conscience
morale de l’homme car, contrairement aux animaux, il est conscient de l’idée de bien et de l’idée de mal,
raison pour laquelle Friedrich Nietzsche pensait que : « L’homme est l’animal estimateur par excellence » ;
ce qui laisse sous-entendre que l’homme est le seul être qui est en mesure d’estimer la qualité de son
action : c’est-à dire combien son action peut tendre vers le bien ou vers le mal.
Donc en clair, la morale est l’ensemble des normes auxquelles l’homme doit s’obliger, peu importe
qu’elles dépendent de lui ou d’un facteur extérieur à lui.

II. Les Fondements de la Morale


S’interroger sur les fondements de la morale, c’est une manière ici de rechercher la source même des
lois morales. On peut répondre à cette problématique en ce sens que ces lois peuvent dépendre de la raison
humaine (1), de la société (2), ou encore de la Divinité (3).

1. Le Fondement Humain de la Morale


La théorie du fondement humain de la morale suppose que les lois morales en effet puisent leur
source dans la raison ou dans la conscience morale même de l’homme. A ce fait, en reconnaissant avec Jean
Jacques Rousseau qu’ : « Il est au fond des âmes, un principe inné de justice et de vertu, sur lequel nous
jugeons nos actions et celles d’autrui, comme étant bonnes ou mauvaises », on vient à confirmer le fait que
les lois morales existent déjà en l’homme et lui impose la conduite à tenir lorsqu’il est face à une situation.
Ne donc pas respecter les lois dictées par sa raison, nous serait préjudiciable en ce sens qu’on se verrait être

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


puni par notre conscience morale, juge intérieur siégeant en chacun, à travers des regrets et ainsi que des
remords.

2. Le Fondement Social de la Morale


La théorie du fondement social de la morale, contrairement à la première, stipule que l’homme ne
marche que selon les grandes directives de la société appelées conformisme social. Ainsi : « Lorsque notre
conscience parle, c’est la société qui parle en nous », tel que le faisait savoir Emile Durkheim, étant donné
que chaque individu a un groupe social d’appartenance, et qui viendrait à lui dicter ses lois, sa morale. Lois 4
donc auxquelles il ne peut déroger, sous peine de répression. En gros, chaque individu marche ici selon la
volonté propre de la société à laquelle il appartient (cas des enfants mineurs vivant sous le toit parental).

3. Le Fondement Divin ou Religieux de la Morale


Enfin, selon la théorie du fondement divin de la morale, les actions que pose l’homme sont censées
suivre les grandes normes religieuses, notamment celles de la Bible chez les chrétiens, et celles du Coran
chez les musulmans. En effet, nous savons, d’après ces deux grands livres religieux, que Dieu ou Allah,
demande à ses serviteurs de ne pas commettre des péchés pour ainsi mériter vivre, après leur mort, dans
leur temple sacré, dans l’au-delà. Alors, de tout notre vivant, on s’évertue à marcher selon ces principes, car
le sait-on, au cas où on se détourne de ces principes, c’est l’enfer qui saura nous le faire regretter.

Conclusion
Finalement, même si on peut dire que la morale peut avoir divers fondements, il n’en demeure pas
moins que chacun, parfois, vienne à faire son choix dans cette rubrique. Cependant, pour ce qui est des
morales de l’intérêt, quelles peuvent en être les typologies ?

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Leçon 2 : LES MORALES DE L’INTERET : EPICURISME, EUDEMONISME ET
UTILITARISME

Justifications :

Introduction
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Les morales de l’intérêt sont déjà celles-là qui mettent l’intérêt au centre de l’action que l’homme
poserait. Qu’est-ce l’intérêt ? Tout simplement ce qui est profitable à quelqu’un (le profit). Parmi donc ces
morales, nous pouvons avoir l’Epicurisme (I), l’Eudémonisme (II) et l’Utilitarisme (III).

I. L’Epicurisme Comme Morale de l’intérêt


L’épicurisme est une philosophie propre au philosophe de la période antique nommée Epicure. Pour
lui, l’intérêt dans nos actions tient sur des points particuliers, comme le fait de vivre de manière ataraxique,
c’est-à dire, ne pas craindre la douleur, vu que par notre volonté, on peut la limiter ; si elle est trop forte, on
peut l’endurer ou bien on en meurt, mais il faut à tout prix tâcher de l’éviter. On comprend donc ici que
cette morale est fort basée sur le plaisir. De ce fait, il recommande dès lors de ne pas vivre dans l’excès : le
bonheur terrestre est possible ; les sens permettent de l’atteindre mais l’excès devient un mal. Il faut donc
vivre dans la simplicité, dans la tempérance. Il faut vivre dans le loisir, en se cultivant et en modérant ses
désirs et ses plaisirs. Ainsi, il a pu énumérer les différents types de désirs. Il distingue les désirs naturels et
nécessaires (Exple : boire et manger), des désirs naturels et non nécessaires (Exple : le sexe), mais encore
des désirs non naturels et non nécessaires (Exple : la course au pouvoir et à la gloire). Il faut donc
seulement satisfaire les désirs naturels et nécessaires car les autres sont cause de plus de troubles que de
satisfaction. Raison pour laquelle il pense que : « Le dernier degré de bonheur c’est l’absence de tout mal ».

II. L’Eudémonisme Comme Morale de l’intérêt


L’eudémonisme lui, est toute éthique qui fait du bonheur le souverain bien. C’est le cas, depuis
Socrate, de la quasi-totalité des écoles antiques, qui s’accordaient à penser que tout homme veut être
heureux et que tel est le but aussi de la philosophie. Qu’est-ce qui fait donc le bonheur ? Le savoir (chez
Socrate), la justice (chez Platon, dans La République), un mixte de plaisir et de sagesse (chez Platon, dans le
Philèbe), la raison ou la contemplation (chez Aristote), l’indifférence (chez Pyrrhon) et la vertu (chez les
stoïciens). C’est pourquoi selon les stoïciens : « La meilleure action est celle qui procure le plus grand
nombre de bonheur ».
Toutefois, Ces différents eudémonismes s’opposent davantage qu’ils ne se complètent. Ils cherchent
la même chose : le bonheur, mais ce n’est pas le même bonheur qu’ils trouvent. L’eudémonisme est un lieu
commun de la sagesse grecque. Mais ce lieu est une arène, où les philosophes s’affrontaient.

III. L’Utilitarisme Comme Morale de l’intérêt


L’utilitarisme quant-à lui, est toute doctrine qui fonde ses jugements de valeur sur l’utilité. L’utilité
est définie, chez la plupart des utilitaristes, spécialement chez Bentham et John Stuart Mill, comme ce qui
contribue au bien-être et fait la félicité du plus grand nombre. Rien n’exclut donc qu’un utilitariste se
sacrifie pour les autres, s’il considère que la quantité globale de profits en est augmentée, s’il juge, cela

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


revient au même, que son sacrifice est utile. Et il est bien difficile, qu’on soit utilitariste ou pas, de se
sacrifier inutilement, sinon est-ce que cela serait encore un sacrifice ? Vu que : « Le but de tout action de
l’homme dans la société c’est la recherche du profit » comme le conçoit Jérémy Bentham.

Conclusion
Finalement, l’on retient qu’il existe diverses typologies de morales reposant sur l’intérêt, même si
l’on n’a pas tout cité. En dépit du réalisme de cette typologie de morale, n’est-il pas plutôt mieux de faire du
bien par devoir ? 6

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Leçon 3 : LA MORALE DU DEVOIR

Justification : cette leçon te permettra de remettre en cause les morales intéressées, au profit de la morale
du devoir.

Introduction
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Dans cette leçon, il est particulièrement question du devoir, comme étant fondement de la morale ou
de l’acte moral. C’est avec Emmanuel Kant en effet qu’il est plus aisé de cerner la chose. Ce philosophe a
donc pu nous expliquer sa philosophie de la morale dans son livre intitulé Les fondements de la
métaphysique des mœurs. Chez lui, la morale revêt un sens particulier, original et incontournable au sein
de l’histoire de la philosophie. Notre tâche consistera donc à présenter sa morale de façon globale (I) avant
de s’intéresser à l’étude de ce qu’il a appelé les trois principes de l’impératif catégorique (II).

I. Présentation de la Morale Kantienne du Devoir


Chez Emmanuel Kant, la morale pourrait sembler à la fois innée et acquise. La morale, en effet, est
acquise au sens où tout d’abord elle est quelque chose de transmis et d’imposé par l’éducation. Mais
parvenu à l’âge adulte, chacun est en mesure de penser par soi-même et d’utiliser à cet effet, sa raison. Pour
notre philosophe (Kant), si chacun fait l’effort d’utiliser cette raison et de se poser la question de la moralité,
alors chacun trouvera des critères et des principes moraux universels, qui sont donc les mêmes pour tous,
valables pour tous et qui déterminent le bien. C’est en ce sens que la morale apparait comme quelque chose
d’inné, puisque nous avons tous en nous, dans notre raison, ces critères moraux universels. Mais Kant
n’emploie pas le terme « inné » pour qualifier cette spécificité de la morale qu’il développe, il préfère plutôt
le terme « a priori ». Et chez lui, la morale n’est ni acquise, ni innée mais plutôt a priori, c’est-à dire qu’elle
est tirée de la seule raison et qu’elle est, à ce titre, quelque chose d’universel, de pure et de nécessaire.
Ainsi, selon Kant, une action qui répondrait ou qui serait en accord avec ces critères ou principes
tirés de la raison, est dite morale. De ce fait, l’action morale n’est plus jugée comme telle de par son but :
c’est-à dire faire le bien ; mais plutôt par sa cause : c’est-à dire répondre aux principes moraux universels
tirés de la raison. Pour lui, ce qui compte ce n’est pas le but ou le résultat de l’action, mais sa cause :
l’intention dans laquelle j’agis. Si j’agis par devoir, parce que je veux respecter les principes de conduite
tirés de ma raison, alors mon action sera morale. Si au contraire, j’agis par habilité, par intérêt ou par
principe, que ce soit en accord ou non avec les principes de conduite tirés de ma raison, alors mon action ne
sera pas qualifiée de morale. Ces principes moraux universels, pures et nécessaires tirés de la raison sont au
nombre de trois, c’est notamment ce que Kant a appelé les trois principes de l’impératif catégorique.

II. Les Principes de l’Impératif Catégorique Chez Kant


Communément appelés maximes kantiennes, ces principes de l’impératif catégorique sont bel et
bien au nombre de trois. Il s’agit d’un ensemble de lois morales nécessaires que tout être doué de raison
peut retrouver en lui.
Le premier principe est celui de l’universalité, et il est énoncé par Kant en ce sens : « Agis toujours
de façon que tu puisses vouloir que la maxime de ton action devienne une loi universelle ». En répondant à
ce principe, on se pose la question suivante : Si tout le monde agissait comme je le fais, qu’est-ce que cela
donnerait ? S’il est, effectivement, souhaitable que tout le monde agisse comme je le fais dans cette action,

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


alors celle-ci est morale. Si au contraire je me dis, par exemple : je peux agir ainsi dans ces circonstances
particulières, mais il n’est pas souhaitable que tout le monde en fasse de même, alors dans ce cas, mon
action n’est pas morale.
Le deuxième principe kantien est celui du respect de l’homme, et il est énoncé en ce sens : « Agis de
telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,
toujours en même temps comme une fin et jamais comme un moyen ». En répondant à ce principe, on part
nécessairement de l’idée qu’il faut respecter la liberté de tout homme et de ce fait, qu’il ne peut en aucun cas
être considéré comme un outil ou un instrument pour parvenir à une fin quelconque. Je dois donc respecter
cette humanité présente en chaque homme, aussi bien moi-même qu’autrui.
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Le troisième et dernier principe de la morale kantienne est celui de l’autonomie, et il est énoncé en
ce sens : « Agis toujours comme si tu étais législateur et sujet dans la république des volontés libres et
raisonnables ». Ce principe est une synthèse des deux premiers. En répondant à ce principe, on s’élève à
l’idée d’une fin en soi, d’un sujet libre (2nd principe) comme érigeant une législation universelle valable pour
tous (1er principe). Il faut donc retrouver par soi-même et en soi-même la loi morale, la respecter et
l’appliquer aussi bien pour soi que pour les autres.
Toutefois, il existe aussi une liberté d’action par rapport à ces principes : chacun est libre d’agir en
accord ou non avec ces règles. A ce titre, Kant nous dit simplement que : « Tu dois, donc tu peux », c’est-à
dire que si c’est un devoir moral, alors il n’est pas impossible de le faire.
Cependant, la morale kantienne est remise en cause car porteuse d’un idéalisme qui ne saurait tenir
compte des réalités. Étant donné qu’il est facile de prêcher cette morale rationnelle, mais difficile de la
mettre en pratique. C’est pourquoi Charles Péguy dénonce le Kantisme en faisant savoir que : « Kant a les
mains pures, et il n’a pas de mains » ; autrement dit, la morale ne se décrète pas, elle se vit.

Conclusion
En définitive, nous retenons juste qu’il est légitimement bien de rechercher de l’intérêt dans nos
actions, mais mieux que cela, il faut agir par devoir. Toutefois, la Justice admise par le Droit, porte-t-elle
toujours en elle le sens de la morale ?

SUJETS DE REFLEXION

1. Que vous suggère cette pensée de Nietzsche : « La morale n’est qu’un langage figuré des passions » ?
2. Les actes posés par l’homme sont-ils toujours intéressés ?
3. Doit-on faire le bien par intérêt ou par devoir ?
4. Faire le bien, est-ce se faire du bien ?
5. Commentez puis discutez cette affirmation d’Alfred de Vigny : « L’église n’est pas le refuge de la bonne
moralité ».

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.

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