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Éthique et déontologie – CM2

On vit dans un monde où la loi est transcendante et supérieure aux êtres. Ces lois
morales sont ce qui va nous permettre de faire communauté, société, de même que les
croyances. Il y a une affirmation du primat de la société sur l’individu qui a des
conséquences psychologiques. Lorsqu’un individu veut manifester sa singularité, il est vite
écarté, jugé. Il y a donc une sorte de violence légale qui vient s’exercer. Si un militaire tue, il le
fait pour la communauté et sera remercié mais si un individu le fait il sera puni. Le crime est
donc mauvais s’il n’est pas au nom du bien commun. Mais la loi n'est pas forcément
adaptée à la réalité dans laquelle on vit, au monde physique qui évolue.

D’autres positions sont défendues au nom de l’éthique : les lois et valeurs morales
doivent faire objet de discussion, notamment en démocratie. Il faudrait aussi respecter le
monde physique dans lequel on vit et baser nos lois et valeurs dessus. En droit, la jurisprudence
est quand la loi se transforme et qu’on fait une brèche dans la loi. Donc, dans nos lois morales
et nos valeurs, il y a une idée de l’humanité et un idéal de nos comportements. Ces lois et
valeurs morales sont très structurantes et forment le socle d’une société.

On ne peut pas remettre en question l’utilité des lois mais on peut se questionner sur les
fondements des lois et valeurs morales.

Le débat philosophique débute avec Platon et Épicure et interroge sur quoi doivent
s’appuyer ces valeurs morales.
Platon affirme d’emblée qu’il y a une nécessité de lois morales qui doivent être des idéaux.
On ne pouvait pas selon lui s’appuyer sur le monde sensible qui était trop variable. Le monde
humain était trop instable donc il fallait appuyer les valeurs morales sur des idéaux qui soient
immuables. Les stoïciens lui reprochaient que les idéaux ne se retrouvaient pas dans le réel,
dans la nature.

Plus tard arrive Spinoza qui a écrit L’éthique, ouvrage dans lequel il expose sa
philosophie de l’éthique et critique l’approche moraliste et platonicienne. Spinoza écrit cela en
1677, soit durant une période monarchique et donc dans une société attachée à la religion. Il
pose les fondements de l’éthique. Cette œuvre inspire encore beaucoup. Son ouvrage a été
publié posthume car il était scandaleux pour l’époque et ses idées étaient déjà sources d’ennemis
et d’exclusion de son vivant.

Spinoza fait notamment une distinction entre la morale et l’éthique. Il dit déjà que
l’enseignement moral ne dit rien du contexte dans lequel il s’applique. C’est l’éthique qui
vient donner les circonstances d’application des lois morales. Spinoza distingue l’éthique et
la morale par les notions d’essence et d’immanence. L’essence est ce qui fait qu'une chose est
ce qu'elle est ; ensemble des caractères constitutifs et invariables. Dire qu’une chose est
immanente consiste à dire qu’une chose existe à l’intérieur même des êtres, ce n’est pas
son but, ce n’est pas son objectif ni son idéal comme l’essence mais c’est sa nature. On ne
peut donc pas dire que l’on est réductible à l’essence. L’essence est du côté de la morale
et l’immanence du côté de l’éthique.
Dans une morale, il s’agit toujours de réaliser l’essence : les lois morales permettent à
l’homme de devenir un animal social, raisonnable. Tout homme doit donc parvenir à réaliser
cette essence à travers la morale et les valeurs. La difficulté est que malgré cette essence,
l’homme ne cesse de se conduire de façon déraisonnable. Pour Platon, cette essence n’est pas

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réalisée car l’homme n’est pas raison pure, il faut l’aider à le devenir. La morale convie donc
l’homme à rejoindre cette essence : l’essence est une potentialité et les lois morales
permettent d’y accéder. Toute loi morale contient donc toujours une notion d’idéal. Cela fonde
les systèmes de jugement. Les lois morales ont un effet sur les êtres.

Spinoza propose, à la place de la morale, un monde éthique reposant sur


l’immanence des choses, leur nature profonde. Cela est donc à l’opposé de la loi morale. Il
s’oppose notamment fondamentalement à ce que l’on définisse les êtres pour leur essence. Pour
lui il n’y a que des singularités chez l’humain et dans le monde du vivant. L’essence est
donc toujours singulière, les déterminations sont singulières. C’est donc l’existence qui intéresse
Spinoza. Il définit les êtres par ce qu’ils peuvent et non pas parce qu’ils devraient être.
Il souligne aussi que la morale est toujours un système de jugement. Un jugement a
priori de quelqu’un ne permet pas de le comprendre. Pour Spinoza, ceux qui ont le goût de la
morale ont aussi le goût du jugement. Juger implique toujours une instance supérieure à
l’être et fait appel à des idéaux transversaux. Le travail du psychologue est l’inverse, l’on cherche
à comprendre les personnes et leur histoire.
Spinoza ne réfute pas la nécessité d’avoir des valeurs morales mais le fait qu’elles
ne soient pas discutées et revues ni posées sur le socle de l’immanence. Les valeurs morales
ne peuvent pas être fondées sur des idéaux, elles doivent l’être sur le réel. Il n’y a pas de
jugement dichotomique dans l’éthique, on ne rapporte pas les comportements à des valeurs
mais on essaye de comprendre comment c’est possible. On cherche les modes d’existence
englobés dans les comportements/paroles. On ne juge donc pas un patient en référence à un
système de valeur. Spinoza parle d’opération de l’immanence, qui est de chercher à
comprendre ce qui a amené la personne à en être là. Le comportement éthique est
d’expliquer les valeurs qu’on a, ce qui amène une adhésion plus que la soumission. Le
comportement éthique considère les différentes positions possible, fait qu’on argumente et
qu’on choisit, c’est un système raisonnable. Mais le comportement éthique ne doit pas attendre
la morale et doit être inclus comme un acte nécessaire, sinon on tombe dans un système
autoritaire.

Ce qu’a mis Spinoza en évidence est encore très actuel. On peut devenir facilement un
système totalitaire même en démocratie et lorsqu’on respecte la loi, il faut malgré tout
s’interroger sur ce que l’on fait et sur son éthique. Un comportement éthique n’est pas
toujours un comportement qui respecte la loi et peut aller à l’encontre du plus grand
nombre.
Cette philosophie est à l’origine du siècle des Lumières. Il y a encore beaucoup d’idéologie
actuellement.

« Il ne faut pas simplement penser ses idées et sa philosophie, il faut les vivre car que peuvent bien
avoir de bon une philosophie et des valeurs qui ne peuvent être mises en œuvre et être vécues dans
la vie quotidienne. »

« Si vous n’agissez pas contre le mal, alors vous coopérez avec lui. »

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à Libre arbitre

Nous sommes censés disposer d’un libre arbitre, ce qui est très important dans un
système de lois morales. On remet de plus en plus ce libre arbitre en question.
Au Moyen-Âge, il y a eu les procès animaux. Une truie est passé au tribunal pour avoir mangé
un bébé.
Le libre arbitre ne va pas de soi et il y a beaucoup de déterminisme mais il faut aussi une
notion de responsabilité pour que la société fonctionne.
La liberté n’est pas transcendante, elle doit se construire et dépend de l’environnement dans
lequel on évolue.

Selon Spinoza : « Les hommes se croient libres parce qu’ils ignorent les causes qui
les déterminent. »

L’éthique est souvent prise comme une mise à jour des valeurs et du respect des
droits de l’homme. Dans ce cas, la question éthique se réduit à respecter le droit et à l’appliquer
à des situations particulières.

à La déontologie

C’est la science (logo) de ce qu’il faut faire. C’est un peu l’éthique mise en pratique.
Les gens évoluent dans des milieux relativement pathogènes et la question est de savoir si le
psychologue doit seulement travailler sur les effets ou s’engager aussi sur les causes pathogènes.
C’est alors un engagement politique et cela peut se faire dans le milieu de travail (institut
pathogène).
Dans les années 70, un psychologue a demandé si la fonction du psychologue n’était pas de
réparer les personnes tout en faisant en sorte que la société, le système perdurent.

Soit on légifère le code de déontologie et il faut adapter le code, interroger l’identité du


psychologue et respecter la loi, soit on a un code général autour duquel on s’entend et on crée
un ordre des psychologues auquel les gens peuvent faire appel et qui jugera les écarts.

« Principe 4 : Compétence
La·le psychologue tient sa compétence :
- de connaissances théoriques et méthodologiques acquises dans les conditions définies par l’article
44 de la loi du 25 juillet 1985 modifiée, relative à l’usage professionnel du titre de psychologue ;
- de l’actualisation régulière de ses connaissances ;
- de sa formation à discerner son implication personnelle dans l’approche et la compréhension
d’autrui.
Chaque psychologue est garant de ses qualifications particulières. Elle·il définit ses limites propres
compte tenu de sa formation et de son expérience. Il est de sa responsabilité déontologique de refuser
toute intervention lorsqu'elle·il sait ne pas avoir les compétences requises. »

à Cela implique une rigueur argumentatique, conceptuelle et le souci de la preuve


(falsification). C’est l’immanence, on doit toujours revenir au réel.
Quand les hommes raisonnent c’est plus souvent pour convaincre les autres que pour chercher
l’explication la plus valide.

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« Les modes d'intervention choisis et construits par la·le psychologue doivent pouvoir faire l'objet
d'une explicitation raisonnée et adaptée à son interlocuteur, ou d’une argumentation contradictoire
avec ses pairs de leurs fondements théoriques et méthodologiques. »

Dans les rapports, on ramène toujours les choses à l’immanence, au réel. On ne peut
pas faire l’économie de l’immanence, sinon il y a un problème déontologique et éthique.
Les modèles de compréhension sont seulement des outils qui doivent pouvoir évoluer.

Quand on fait un rapport psychologique on se demande toujours pourquoi c’est fait,


comment c’est fait et à qui ça sert.

Le réductionnisme neurobiologique est encore un souci éthique. De même, le


déterminisme absolu est grave car le cerveau est modelé par l’histoire, le vécu.

à Un comportement éthique ne respecte pas forcément la loi, n’est pas forcément le plus
admis par le groupe/l’institution. Il faut considérer les problèmes dans cette pratique.

Questions éthiques en psychologie Bourguignon

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