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Khôlle de Philosophie : 18/09

Sujet : Quelles sont les caractéristiques d’une proposition morale ?

Rédiger à l’écrit à la fin !

!! -> reformuler ce qui est susceptible de poser problème, à savoir des


définitions empruntées, ou des hypothèses.

Introduction :
Comme Kant, philosophe phare quand il s’agit de la notion de morale, le rappelle
dans son ouvrage Fondements de la métaphysique des mœurs : « Quand il s’agit de valeur
morale, l’essentiel n’est point dans les actions, que l’on voit, mais dans ces principes
intérieurs des actions, que l’on ne voit pas ». Cet adage est relié à la définition que nous
nous faisons d’une proposition morale, quelque chose qu’on énonce et pense donc
intérieurement, et à ce qu’elle tend à introduire ou démontrer. Mais au-delà de ces
caractéristiques, c’est également ce qui se trouve à l’origine et au cœur de la proposition
morale qui correspond à cet adage.
Ainsi, une proposition morale est une déclaration ou une assertion qui exprime
l’opinion ou la croyance d’un individu sur ce qui est bon ou mauvais, juste ou injuste ou
encore acceptable d’un point de vue éthique. Cela peut également être considéré comme un
énoncé moral, qui peut impliquer des jugements de valeur sur le comportement humain,
mettre en exergue certains principes, c’est-à-dire ce que nous avons le devoir de faire et de
penser et conduire à des dilemmes moraux. Cependant, une proposition morale est aussi un
discours qui exprime une connaissance, et donc, un jugement de vérité. En d'autres termes,
il s'agit d'un discours dans lequel le vrai ou le faux sont dits, qui a pour but de faire connaître
la vérité et non les sentiments. Comme toute autre notion, la proposition morale possède
des caractéristiques précises, permettant de la différencier des formules semblables et qui
font d’elle ce qu’elle est.
Par caractéristiques, nous entendons notamment des traits distinctifs, des avantages
ainsi que des défauts, des causes et des conséquences, ce qui construit alors l’identité de ce
terme. Cela nous conduit donc à observer les philosophies liées aux thèmes que nous
abordons : les philosophies de la morale ainsi que du langage et de la logique sont
concernées. Et, dans la logique de notre sujet, au-delà de ceux qui font d’elle une notion
essentielle et propre à l’Homme, nous sommes poussés à questionner les éléments qui
forment la nature et les caractéristiques de la proposition morale. Parmi ces éléments, on
retrouve les notions qui y prennent la place la plus importante et qui suscitent le plus de
questions chez l’Homme et sa morale : la subjectivité et l’éthique. Depuis sa dimension
d’énoncé ou d’opinion, nous pouvons nous questionner, comme évoqué précédemment, en
plus de ses caractéristiques, sur son fond, son principe ainsi que son but et sa valeur. Nous
sommes alors poussés à étudier au-delà de la proposition morale elle-même et de ses
caractéristiques : ses implications, ses influences, sa nature, les dilemmes qu’elle peut
contenir et engendrer.
À cet égard : Dans quelle mesure la subjectivité et l’éthique interagissent-elles dans la
nature et dans les caractéristiques de la PM ?
Nous commencerons par discuter de la nature et des caractéristiques de la
proposition morale, ensuite nous étudierons ce qui fait de cette proposition morale quelque
chose d’unique à l’Homme et enfin nous analyserons la question de la proposition morale
avec autrui et ce que cela suscite.

Développement :
En premier lieu, de par sa nature, la proposition morale se veut pouvoir offrir à
chacun, chaque être humain, la possibilité d’exprimer une croyance ou une opinion. En vue
de cela et de ce qui pourrait être formulé dans ces énoncés, nous pouvons nous demander si
tout peut être dit dans une proposition par son locuteur, bien qu’elle soit morale, ou bien si
des règles d’éthiques sont à respecter dès le départ. En effet, si la proposition morale a pour
obligation d’être éthique, elle ne peut plus prétendre viser la vérité, et ne tend plus à suivre
la définition originale de proposition morale, alors nous pouvons nous interroger : cette
proposition se veut-elle être seulement morale ou bien également éthique ? Est-ce son but
premier ?
Nous pouvons tout d’abord estimer qu’il n’y a pas de vérité en matière morale et que
nous n’avons donc aucune raison théorique de tenir une proposition morale pour vraie, alors
que nous en avons, d’ordre empirique ou logique, lorsqu’il s’agit de tenir pour vraie une
proposition qui concernerait par exemple un fait physique ou un théorème mathématique.
Ceci nous ferait croire que le but éthique est donc plus logique pour la proposition, avec
pour finalité précise l’agir éthique et le bien pour soi et pour autrui, tel qu’on se le définit.
Néanmoins, le bien est loin d’être objectivement déterminable, et la relation entre la
proposition, justement, morale et l’éthique est donc floue. Son but premier n’est pas non
plus d’être éthique mais de pouvoir permettre à son locuteur d’exprimer un avis ou fait. Si le
bien pouvait être objectivement déterminé et si nous pouvions toujours croire à la vérité
d’une proposition morale, il serait pourtant arbitraire de vouloir le bien et de nous
conformer à ce que l’on croit être moralement bon. Rien ne peut nous contraindre à
embrasser dans nos actes la cause du bien. Cependant, l’éthique en philosophie est et se
considérait dans ses fondements comme une théorie à part entière de la morale, faisant des
deux disciplines des questions liées de près. Le rôle que l’éthique s’assignait était d’être à la
fondation de la morale et de donner ainsi à la proposition morale une forme plus achevée et
plus adéquate pour quiconque.
Bien que la morale comporte une notion de contrôle imposé de l’extérieur et que
l’éthique consiste à se contrôler de l’intérieur, la proposition morale trouve aussi en
l’éthique non seulement une complémentarité théorique, mais également son propre
accomplissement, faisant ainsi de cette deuxième quelque chose de propre à la proposition.
La morale et l’éthique soulèvent les questions, mettent les besoins en lumière et
fonctionnent ensemble dans la formulations d’énoncés. De par ce lien avec l’éthique, nous
pouvons constater une corrélation entre l’impératif catégorique d’Emmanuel Kant et la
proposition morale. Sa citation « agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux
vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle » peut être associée à la
proposition morale car quand un individu exprime sa proposition, il considère cela comme
un fait juste ou bien une vérité qu’il pense et elle pourrait alors être appliquée selon lui
comme loi universelle.
Ceci étant donc lié au choix de faire de la proposition quelque chose d’éthique ou non nous
rappelle encore une fois au devoir et à la nature initiale de la proposition : faire connaître la
vérité, grâce à la morale, et non aux sentiments.
Seulement, le philosophe allemand Ludwig Wittgenstein, dans sa célèbre conférence
sur l’éthique où il analyse le langage moral affirme que, dans la mesure où elle pose des
valeurs absolues, la morale ne peut absolument pas s’exprimer dans la langue. D’où sa
célèbre conclusion : « on ne peut que garder le silence sur le monde de la morale ». Mais si
cet implicite énoncé possède un sens indirectement suggéré : c’est qu’il doit être construit
par le locuteur, et cela suppose l’irruption de la subjectivité dans la proposition morale, et
ainsi la présence de dilemmes moraux avec les passions et sentiments du locuteur. La
proposition serait alors uniquement constituée d’un désir du locuteur de faire connaître la
vérité à laquelle il prétend, sa vérité. Comme l’exprimait Søren Kierkegaard dans son œuvre
Post-scriptum aux miettes philosophiques : « La vérité est une chose intérieure, la vérité doit
être vécue, et il n'y a pas d'autre vérité », on peut ici voir l’aspect absolu de la vérité et
l’importance de celle-ci chez un individu et dans sa proposition morale. Cela signifie par
ailleurs que les propositions morales ne peuvent donc prétendre à l’objectivité ou, pour le
formuler autrement, qu’elles sont dans leur nature subjectives.
Ça implique que dès à présent, nous commençons à saisir les multiples et diverses
caractéristiques de la proposition morale, et entre autres certaines qui sont à priori
incompatibles. Cette subjectivité interagit justement tout comme l’éthique, en insérant des
complications dans la tentative de formulation d‘une vérité par un individu, sans souffrir
d’influences telles que ces deux notions.

Après avoir étudié la nature complexe de la proposition morale, nous pouvons nous
concentrer sur notre deuxième partie qui examinera ce qui fait de cette proposition morale
quelque chose de propre et d’essentiel à l’Homme.
C’est ainsi naturellement que cette irruption de la subjectivité dans la proposition
morale dons nous parlions précédemment occupe une place centrale dans les dilemmes
invoqués et dans sa place chez l’Homme. Le philosophe David Hume avait notamment
formulé l'émotivisme moral, en affirmant que les émotions jouent un rôle central dans la
formation des propositions morales et jugements moraux. Par cette déclaration, il a remis en
question la prétendue objectivité morale et souligné l'aspect subjectif de ces propositions
morales qui peuvent être universelles. Platon a également formulé que : « l'ignorance,
l'orgueil et l'amour de soi sont les trois principaux ennemis de la vérité », ce qui montrerait
donc l’incompatibilité des émotions avec la proposition morale et la vérité vers laquelle elle
tend. La proposition morale aspire à être dès le départ un énoncé dont le locuteur tend à
vouloir faire accepter la vérité, celle qu’il conçoit en son for intérieur. D’autre part, pour la
philosophie du langage, l'énoncé est avant tout l'unité minimale de sens : il est ce qui est
susceptible d'être vrai ou faux.
L'implicite d'un énoncé est un sens indirectement suggéré : il doit être construit par
l'interlocuteur, alors il est susceptible d’être faussé ou encore déformé par ses émotions, qui
prendraient le dessus sur la vérité visée. À propos de cela, Nietzsche a énoncé ce fait dans
son ouvrage Par-delà le bien et le mal, qui selon lui, définit la morale : « elle est, dans sa
nature, pétrie de ressentiment, et se présente comme un rare poison de l’âme : ses
ingrédients de base sont la honte, la rancœur et la frustration qui découlent de l’humiliation
de l’homme ». Cela supposerait donc la présence de sentiments et d’émotions dans les
fondements même de la morale et de la proposition.
Néanmoins, l’opposition, la dichotomie entre la morale, la raison et les émotions dans
les propositions morales a été questionnée dans les dernières décennies afin de mieux savoir
si l’on pouvait réellement envisager une proposition morale objective, totalement exempte
de sentiments ou d’émotions. À partir de cela, des philosophes et théoriciens des émotions,
comme Martha Nussbaum et Robert Solomon ont formulé dans leurs écrits l’hypothèse que
ces dernières constitueraient des critères intimement liés à nos croyances et nos pensées et
qu’elles seraient par conséquent, dans une certaine mesure, un élément significatif, voire
crucial de la proposition morale elle-même. La proposition morale pourrait, de ce fait, être la
source de conflits ou désaccords, de par les dilemmes inhérents que nous pouvons percevoir
en elle.
Cela peut également être soutenu par d’autres thèmes qui influenceraient ces
propositions, tels que les contextes historiques, personnels et sociaux. Ces derniers sont des
éléments majeurs à ne pas omettre lorsqu’on définit, comme nous le faisons, la nature et les
caractéristiques de la proposition morale. Tout d’abord, le contexte historique est une toile
de fond incontournable dans laquelle les propositions morales prennent forme chez chaque
individu. Les normes et les valeurs morales d'une époque donnée sont souvent le produit de
son histoire. Ainsi, il est essentiel de reconnaître que ces contextes historiques peuvent aussi
être le terreau de propositions morales contestables. Par exemple, le nationalisme exacerbé
dans l'Allemagne nazie nous rappelle que les périodes de crise peuvent donner naissance à
des normes morales différentes, dangereuses ou bien même à une absence de morale. Ce
qui peut être illustré par cette citation de Jean-Paul Sartre tirée de son œuvre La République
du Silence : « Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’occupation allemande », qui
semblerait inconcevable sortie de son contexte, mais qui exprime bien le changement
paradoxal, selon lui, d’une valeur morale telle que la vérité dans un contexte historique
particulier.
Le contexte historique peut donc à la fois élargir les horizons de la proposition morale
et la restreindre de manière oppressante chez les individus. Dans un second temps, nous le
savons, les individus ne sont pas des acteurs passifs dans la formation et la communication
de leurs propositions morales. Les expériences personnelles, les valeurs familiales, et les
rencontres contribuent à façonner les convictions morales de chaque individu. Par exemple,
une personne ayant vécu la pauvreté peut développer une sensibilité particulière envers les
questions de justice sociale, tandis qu'une éducation religieuse stricte peut influencer les
croyances morales d'un individu de manière significative. Toutefois, il est important de
spécifier que les contextes personnels ne sont pas immuables. Les individus sont capables,
comme nous l’avons vu dans notre première partie, de réflexion éthique et peuvent remettre
en question les valeurs héritées ou les expériences passées. De cette manière, bien que les
contextes personnels puissent initialement conditionner la proposition morale, ils ne
déterminent pas inéluctablement son développement ultérieur. Les contextes sociaux, tels
que les normes culturelles, les systèmes politiques et les institutions, exercent également
une influence significative sur la proposition morale et ne sont en aucun cas à négliger. Les
sociétés peuvent légitimer certaines valeurs et désapprouver d'autres, ce qui incite les
individus à adopter des normes morales conformes à leur environnement social. Nous
pouvons en déduire que ceci est intimement relié au contexte historique et nous avons la
possibilité de résumer ces idées grâce au célèbre texte de La République dans lequel Platon
explique que l'opinion réunit deux sortes de connaissances : la croyance et l'illusion. La
croyance est le jugement que l’on porte, qui est parfois sans fondements, et l’illusion est ce
que l’on déduit ou pense à cause de notre environnement. En raison de ces deux cas, nos
propositions morales peuvent être influencées par notre milieu social, notre caractère
affectif et notre environnement.
Enfin, ces convictions vont de pair avec notre troisième partie, dans laquelle nous
jugerons la proposition morale en tant que détentrice de la caractéristique de représentation
de la pensée de son locuteur, et ainsi de sa relation avec autrui. Dans l’étude et l’énonciation
des nombreuses caractéristiques de la proposition morale, nous avons principalement vu
l’influence de la subjectivité et de l’éthique sur celle-ci, et elle est par conséquent le produit
de la pensée de l’individu, et pourrait selon lui être également une projection ou un modèle
pour agir selon sa propre vérité.
Cependant, nous pouvons en premier lieu formuler un scepticisme par rapport à cela
qui ne concerne ainsi plus le contenu même des propositions morales, mais la possibilité
qu’elle offrent de motiver une action ou de fournir des raisons d’agir. Nous supposons qu’une
proposition morale est une proposition évocatrice ; dans ces circonstances, elle est
uniquement théorique et ne délivre à elle seule aucune raison d’agir. La seule portée que
nous puissions appeler pratique de cette proposition morale sur autrui, la seule que nous
puissions lui attribuer, ne tient non pas à sa particularité, sa capacité de fournir à l’acteur des
raisons d’agir ou une motivation, mais au fait adjacent qu’elle a pour objet un acte, ou un
type d’action, à laquelle elle attribue la propriété d’être juste. La proposition morale ne
servirait donc pas uniquement à propager ou communiquer la vérité d’un individu mais aussi
à calquer cette vérité sur des principes ou des actions qu’il trouverait justes et morales. Par
rapport à cela, nous pouvons une dernière fois confirmer l’influence de la subjectivité et des
sentiments de l’individu sur la proposition morale grâce à cette citation de l’écrivain Maurice
Barrès dans son ouvrage Les œuvres de barres : le mystère en pleine lumière : « ce n'est pas
la raison qui nous fournit une direction morale, c'est la sensibilité ». La proposition morale
possède donc, en plus de caractéristiques que nous avons démontrées telles que son
indissociable sens de l’éthique et sa subjectivité, celle de pouvoir représenter et illustrer la
vérité visée par son auteur, qui a été réfléchie et remise en question par la présence des
deux premières.

Conclusion :
In fine, nous l’avons prouvé, lorsqu’un individu formule une proposition morale,
celle-ci ne se contente pas de dévoiler une vérité qu’il considère factuelle et juste, mais
exprime également sa propre évaluation éthique de cette vérité. Cet individu ne se contente
pas de chercher la vérité, mais il aspire également à donner un sens moral selon lui à cette
vérité par l’emploi d’une proposition morale. Seulement, nous avons également démontré
que cette proposition morale est inévitablement teintée de la subjectivité de son auteur, de
par son expérience, son Moi ou son environnement, et que sa prétendue justesse peut donc
être remise en question. Ces caractéristiques nous montrent en quoi la proposition morale
transcende la simple volonté de vouloir communiquer un fait ou une vérité car elle possède
également la propriété d’être la représentation du sens de l’éthique, de la subjectivité, de la
volonté morale et du caractère de son auteur. On peut la considérer comme un miroir de
l’âme, tel que l’a énoncé Cicéron à propos des yeux. Nous avons donc éclairci la nature et les
caractéristiques de la proposition morale et illustré dans quelle mesure la subjectivité et
l’éthique interagissent crucialement dans ces éléments de la proposition morale.

Ouvrages de Martha Nussbaum et Robert Solomon : Upheavals of Thought - The Intelligence


of Emotions, 2001 et Thinking about Feeling : Contemporary Philosophers on Emotions,
2006.

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