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SYNTHESE : DES COURANTS DE PENSEE

Différents courants de pensée interfèrent sur nos manières de concevoir les relations, les causes des conflits,
les manières de les régler :

 confessionnel (approche moraliste) ;


 juridique (approche légaliste) ;
 psychologique (approche normative) ;
 rationaliste (approche discursive).

1. QUATRE CONCEPTIONS DE LA PERSONNE INTERFERENT SUR


NOS MANIERES D'ETRE EN RELATION

Nous pouvons identifier quatre courants de pensée qui interfèrent sur notre manière d'être en relation avec
nous-même, les autres et le monde.

Trois des conceptions de la personne se conjuguent pour répondre aux exigences de la représentation sociétale
qui a jalonné les civilisations humaines (domination pharaonique, royauté, féodalité, chefferie...) et
prédominent encore aujourd'hui. Elles rendent complexe une définition de ce qu'est une personne, de ce
qu'est une relation, de ce qui peut permettre d'avoir des relations qualitatives et de ce qui est la cause de la
dégradation des relations. Cette complexité peut néanmoins se résumer en peu de mots : se conformer, se
soumettre, accepter un rapport à une autorité comme une donnée naturelle, une nécessité relationnelle et
sociétale. Le modèle embarqué par ces trois premiers courants de pensée est présenté comme une évidence
culturelle. Tout le monde est censé connaître les règles de savoir-vivre, de bonne tenue et de respect.

Ces trois premières conceptions tendent à légitimer les autorités de fonction plus que les autorités de
compétences.

Le quatrième courant de pensée est issu de l'usage de la raison, en tant qu'instrument de rationalité. Il fait
prédominer la posture d'altérité, c'est-à-dire le constat que l'humain n'est pas sachant par nature. Rien n'est
évident tant que les choses ne sont pas dites, montrées, appropriées. Ce courant de pensée conduit au constat
des différences et de la recherche de compréhension des processus relationnels.
1.1. COURANT CONFESSIONNEL
La plus ancienne de ces conceptions, qui est par ailleurs la source des deux autres, est une conception magique,
globalement spiritualiste, de la personne. Elle ne se fonde pas sur une observation, mais sur un sentiment, sur
une émotion, sur une crainte. La plus largement répandue dans une humanité en quête de compréhension du
Monde. Il s’agit nettement d’une conception de l’Humain en relation avec un monde de spiritualité, voire de
divinité. Pour le monde occidental plus particulièrement, l’Homme serait une créature dépendant de la volonté
divine et d’un affrontement entre le Bien et le Mal, combinés avec une destinée où se querelleraient la fortune
et la malchance.

Ainsi, le courant confessionnel envisage la personne comme étant issue d’une relation théologique, confrontée
à la dualité du Bien et du Mal, répondant à des contraintes et soumises à des tentations. Selon cette
conception, la partie en conflit doit racheter sa faute, rechercher le pardon. Les outils de sanction ont pu
consister à chercher à exorciser le Mal ou à confier à une hypothétique volonté divine la décision de laisser
vivre ou de faire mourir, en provoquant ce que l'on peut imaginer être le destin.

La personne est ici une création du divin, ce qui implique une relation de recherche de pardon, soit une
harmonie accompagnée par le tiers positionné en intermédiaire (prêtre, pasteur, rabbin, imam…). Voire, plus
spécifiquement pour les chrétiens, Jésus est le “médiateur” entre Dieu et les Hommes… Le rachat spirituel, la
rédemption sont des vecteurs intemporels. Dès lors, avec ce phénomène de dépendance de l'Humain à une
autorité spirituelle, il parait bien illusoire de prétendre régler ce que la force divine se serait appliquée à
ordonner, avec une motivation qui n’a de réponses que dans l’acceptation du mystère divin.
1.2. COURANT JURIDIQUE
Dans le courant juridique, la personne est un sujet de droits et d’obligations. Elle doit être rappelée à la loi,
encadrée, surveillée, elle doit réparer.

Dans cette perception, la personne doit aussi se soumettre. Elle est susceptible d'être rappelée à la loi. La
rédaction d'actes juridiques, contrôlés par l'autorité judiciaire, est un moyen autant qu'un modèle.

Le courant juridique découle de l'environnement culturel issu du courant confessionnel, c'est la raison pour
laquelle les systèmes juridiques ont des spécificités au regard de l'influence religieuse.

Quand la morale de référence culturelle ne suffit pas, quand les règles établies ne semblent pas être
respectées, le modèle mis en œuvre est celui de ce qui est légal et de ce qui est illégal. L'instrument utilisé est
la sanction, voire le “redressement” et le dressage, ou bien encore, en désespoir de cause, de l’exclusion de la
vie en société.
1.3. COURANT PSYCHOLOGIQUE
Le courant psychologique représente la personne par un modèle de type psychothérapeutique : elle est dans la
complexité de pulsions, de traumatismes. Avec cette perception, il faut diagnostiquer, analyser, et soigner la
personne en conflit. Les outils sont de multiples typologies.

Le discours de la psychologie, principalement fondé sur l’acceptation de fictions mentales, notamment le


“conscient” et l'”inconscient” emprunte un vocabulaire connotant de concret ce qui relève le plus souvent
d’interprétation quant au monde réel – sur les comportements des personnes – ou de supposition et de prêts
de pensée – sur les représentations du monde en soi. Le système véhicule une typologie du monde mental,
avec un catalogue appelé très doctement nosologie ou nosographie.

La personne est définie par un modèle de type psychothérapeutique et, avec cette perception, doit être
soignée, être dans la complexité de pulsions, de traumatismes, faisant son archéologie d’éventuelles névroses,
de comportements psychotiques…
1.4. COURANT RATIONNEL / DISCURSIF
Enfin, le courant scientifique considère la personne comme un sujet apprenant, ignorant et naturellement
maladroit, présentant un potentiel de progression.

Cette approche est fondée sur l’observation des comportements humains, l’expérimentation, la modélisation
et l’accompagnement. Elle prône une posture d’altérité, qui cultive la recherche de compréhension du
fonctionnement émotionnel, et la reconnaissance de la légitimité du point de vue.

1.5. EN SYNTHESE
Les trois premiers courants de pensée reposent sur des fictions intellectuelles : tout le monde est censé
connaître la différence entre le Bien et le Mal, le Légal et l'illégal (ses droits et ses obligations) et le normal et
l'anormal.
Les notions de Bien et de Mal sont ainsi déclinées de différentes manières, c'est la représentation de la
conformité, du respect et de la normalité qui façonnent le référentiel culturel ; c'est dans ce creuset que les
traditions s'élaborent.

Le quatrième courant de pensée est issu de l'évolution de la pensée humaine, de l'usage de la Raison en tant
qu'instrument de réflexion et outil méthodologique au service de la conscience. Il permet de maîtriser ses
émotions, ses ressentis, d'intervenir sur sa communication, sa manière de vivre et de s'inscrire dans une
dynamique sociale d'entente plutôt que de soumission et de résignation.

2. INCULQUER OU FAIRE REFLECHIR

C'est grâce à la rationalité que cette identification des courants de pensée interférant en médiation, peut être
faite. Les trois premiers courants de pensée, confessionnel, juridique et psychologique consistent à inculquer :
obtenir une forme de docilité, de résignation, d'abdication, d'obéissance...
 confessionnel : se conformer. Le courant de pensée confessionnel est prépondérant dans la
conception d'une autorité souveraine. Les philosophes des Lumières n'ont pas pu se défaire de cette
mystique ce qui les a conduit à en justifier le principe dans l'élaboration du Contrat Social.
 juridique : se soumettre
 psychologique : se normaliser. Les représentations en psychologie des personnes utilisées dans le
champ relationnel font référence à des comportements considérés comme normaux. Les méthodes
sont des compilations issues de la sociologie, de la psychologie, de la psychanalyse et de la pédagogie.
Différentes idéologies et approches y sont associées : humanisme, béhaviorisme, cognitivisme... De
nombreuses modélisations pseudo-scientifiques sont élaborées en utilisant le vocabulaire de
l'environnement scientifique (neurosciences, mécanique quantique...)

La quatrième approche vise à aider à réfléchir : rationnel  structurer sa pensée, aider à réfléchir pour décider
par soi-même, par-delà les états émotionnels.

Le courant rationnel est associé à la méthode, la logique, l'observation précise, l'identification des causes et des
conséquences, l'énonciation des affects personnels et, quand on ne sait pas ou qu'il y a une incertitude, à
l'usage du doute rationnel.
Le courant de pensée rationnel nécessite de rester ouvert à une absence de préjugés : le point initial est celui
de l'ignorance, de la maladresse et du manque de clarté (confusion) identitaire.

3. LES RAPPORTS D’ÉQUIVALENCE

 Le droit est au courant juridique ce que l'ingénierie relationnelle est au courant rationnel
 La procédure judiciaire est à la servitude ce que le processus de médiation professionnelle est à la
libre-décision
 La leçon de morale est à l'autorité de fonction ce que l'aide à la réflexion est à la compétence
pédagogique
 La norme comportementale est à la gestion de l'adversité ce que la reconnaissance des différences est
à la promotion de l'altérité
4. LE COURANT PSYCHOLOGIQUE ET LES STATISTIQUES

L'outil statistique ne donne pas d'idée sur la personne. Les statistiques fournissent des données de
standardisation.

Utilisées dans le champ de l'observation des attitudes et des comportements, les statistiques conduisent à
considérer les personnes au regard d'une norme, c'est à dire d'une façon de considérer ce qui correspond au
normal ou à l'anormal à un moment donné.

5. LA RAISON

Dans le développement de ce qui a été initié par René Descartes, la Raison est utilisée pour structurer notre
pensée, épanouir notre conscience et accompagner nos apprentissages dans l'ensemble de nos relations.
La Raison ne peut être confondue avec ce qui motive (les émotions).
Elle est un moyen de mieux comprendre et de mieux appréhender la réalité.

6. LES FICTION INTELLECTUELLES

Les fictions intellectuelles sont des fondamentaux parmi les a priori et les préjugés. Elles sont utilisées pour
obtenir des adhésions par complaisance, admiration ou par peur.

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