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Juan Falomir-Pichastor
Les phénomènes d’influence sociale concernent les processus par lesquels les
individus et les groupes façonnent (normalisation), maintiennent
(conformation), diffusent et modifient leurs modes de pensée et d’action lors
d’interaction sociales directes ou symbolique.
Les rapports d’influence sont très souvent caractérisés par une différence de
ressources psychosociales. Les ressources psychosociales sont des symboliques
qui font qu’on a une certaine puissance d’impact sur la cible. L’idée est qu’on a
quelqu’un avec beaucoup de ressources vs quelqu’un qui dispose de moins de
ressources psychosociales. Il y a donc, dans l’équation, une différence de
ressource et l’idée des modèles classique était de dire que l’influence était très
largement liée à cette différence et la source est celle qui dispose du plus de
ressources.
Le modèle classique repose sur le fait qu’on peut expliquer l’influence par un
type de dépendance et le différentiel de ressource sur la dépendance. La
première est la dépendance informationnelle, on est dépendant pour les
connaissances. C’est typique des situations d’incertitude.
Les autres dépendances sont des dépendances normatives. La question ici
n’est pas est-ce que l’autre va boucher les trous mais qu’est-ce qui va me
prédominer ? Il y a des sources qui disposent d’un pouvoir de feedback sur les
gens qui peut être positif ou négative. C’est le pouvoir de punition ou de
récompense. Il y a aussi l’influence supérieure de l’intragroupe. Une source a
plus d’influence si elle a le même groupe d’appartenance que le nous que si
elle faisait partie d’un autre groupe. Le dernier élément est le pouvoir externe
légitime. Il y a des individus à qui on attribue des pouvoirs d’expert légitimes, la
capacité de nous dire ce qui est vrai ou non.
Dans ces modèles classiques, on va privilégier certaines sources : les majorités,
les sources intragroupes, les experts et ceux de statut psychosocial supérieur
en général.
Festinger a posé une question : pourquoi communique-t-on ? pour la
communication dépend de 3 facteurs :
- Il faut une divergence. Si 2 personnes sont complètement d’accord sur
qqch, il n’y a pas de raison de parler
- Il faut que le thème de la divergence soit pertinent pour la locomotion
du groupe. Ici la communication est la motivation à ‘’traiter’’ la
pertinence.
- La cohésion, l’idée étant que les groupes cohésifs, sont fait de gens qui
ont des motivations identitaires et qui auront donc plu envie de
communiquer
Les motivations à se conformer sont les mêmes que les motivations à
communiquer.
Les modèles de la divergence les plus récents insistent sur les motivations et le
traitement de l’information, la cognition. Ils élaborent la divergence de
contenu. Le rôle du conflit est central, dans le sens que la divergence doit être
importante.
Une méta-analyse a été réalisée. Les études montrent que les sources avec un
haut statut psychosocial obtiennent plus d’influence manifeste sans que cela
préjuge d’une influence latente. On peut retrouver les 2 comme que la
manifeste.
Pour les sources de bas statut, elles obtiennent peu d’influence manifeste mais
peuvent induire de l’influence latente.
Mais ces choses sont des grandes tendances. En réalité, tout est possible.
Sampson a fait une thèse où il est allé dans un monastère où il y avait des
novices qui venaient d’arriver et des novices qui étaient là depuis 1 année. Ces
gens ne se connaissent pas. Les chercheurs ont fait 4 types de paires à qui ils
font passer le paradigme autocinétique, en voilà 2 :
- Novice et novice : les 2 convergent de manière égale l’un vers l‘autre
- Novice et novice de 1 an : le novice récent converge vers l’autre mais pas
l’inverse. Il faut une égalité de statut.
Donc, on converge de manière égalitaire quand il y a une égalité de statut
Il y avait une autre variable qui était les idéologies, une des interférences. On
faisait passer un questionnaire aux sujets en même temps que le compère et à
la fin on disait à haute voix si le compère avait des idéologies similaires ou
différentes de celles du sujet.
On leur fait donc passer le paradigme autocinétique aux 2 participants et on
observe que quand les jugements de distances sont très différents, peu
importe les idéologies, le sujet converge beaucoup, quand le jugement est
différent et les idéologies similaires, il y a une convergence aussi mais si les
idéologies sont différentes, il ne bouge pas. Par contre, quand les idéologies
sont différentes mais les jugements similaires, il y a une divergence. Les sujets
répondent différemment de ce qu’ils avaient dit au prétest. C’est un effet de
dissimilation.
L’effet du nombre, dans le paradigme de Asch, montre que 1 personne n’a pas
d’effet, 2 plus mais pas beaucoup. Mais à partir de 3, peu importe si on
augmente le nombre de compères ensuite, le niveau de conformisme
n’augmente plus après. 1 est un individu, 2 est une paire, 3 et plus est un
groupe.
Deutsch et Gerard ont voulu montrer qu’il y a des influences informationnelles
et d’autre normatives. Celles informationnelles sont parce qu’il y a de
l’incertitude. Les chercheurs ont alors fait une variante de Asch où, dans un cas
les participants voyaient les barres tout le long et dans un autre, on les retirait
pour créer une incertitude visuelle. Les sujets étaient soit seuls, en anonyme
ou en groupe. Les résultats montrent qu’il y a beaucoup plus d’influence dans
la condition d’incertitude et moins dans celle en anonymat.
Dans un groupe il y a une pression normative à répondre comme les autres
Obéissance
Les résultats montrent que tous les vrais sujets tiennent jusqu’à, au moins, 210
volts.
Pour mieux étudier la situation, Milgram a fait des variantes (19 en comptant
celle de base) où on varie la proximité entre le sujet et le compère,
l’importance de l’autorité, avec des sujets féminins, le rôle dans l’expérience
(administrateur, victime ou vérificateur de réponse), le changement de statut
et des troubles au sein de l’autorité.
Les résultats généraux montrent qu’on obéit vraiment qu’à une figure
supérieure dans une position supérieure. Si les ordres viennent de quelqu’un
d’autre ou la figure n’a pas une position d’autorité, alors personne ne va
jusqu’au bout.
Aujourd’hui, cette étude ne pourrait pas être répliquée pour des raisons
éthiques.
Une des approches alternatives est celle de Burger qui, pour détourner les
considérations éthiques, avait présélectionné les participants pour éviter des
réactions émotionnelles indésirables, avait clarifié que l’on pouvait arrêter dès
que l’on voulait, il y avait un débriefing à la fin, l’expérimentateur était un
psychologue clinicien et le voltage maximum était de 150V car chez Milgram,
c’était un point où on trouvait 82,5% d’obéissance en général et c’était un
point de non-retour car 79% des gens qui allaient jusqu’à là, allaient jusqu’à la
fin.
Pourquoi les participants obéissent ? On ne sait pas vraiment. On peut
imaginer qu’il y a un facteur culture mais en comparant les États-Unis aux
autres pays (Europe mais aussi Afrique, Golfe arabique et Asie), on ne perçoit
qu’une toute petite différence. Malgré les stéréotypes sur les femmes étant
plus obéissantes ou à l’opposée, plus stressé, on ne trouve pas de différence
D’autres explications sont qu’on obéit pour garder une bonne image car
désobéir pourrait être mal perçu (impression management). Une autre dit que
quand on parle d’obéissance, on devrait se référer simplement aux ordres
donner et non pas aux arguments donnés qui pourraient persuader les sujets
d’aller jusqu’aux bout car dans le 2ème cas, ils obéiraient donc car ils pensent
bien faire et non à cause de la figure d’autorité. C’est la rhétorique de
l’interaction.
Dans la condition contrôle, 81% des sujets vont jusqu’au bout, 74% dans la
condition support social, 72% quand ils pensent que c’est en live mais
seulement 28 quand l’animateur s’en va.
Psychologie de l’engagement
2. La théorie de l’engagement
Ce n’est pas le sujet qui s’engage en fonction de ses idées ou de ses actes eux-
mêmes, mais bien les circonstances qui engagent le sujet dans ses actes en
fonction de certaines caractéristiques objectives.
La prise de décision est indépendante de attitudes des individus.
Dans une expérience, des chercheurs essayait d’amener les participants à
pratiquer plus le recyclage et ramasser les déchets. Ils se sont focalisés sur 3
quartiers, 1 par condition expérimentale. Il y avait 2 phases :
- Celle expérimentale de 15 jours où on invitait les participants à 2 dates
spécifiques à ramasser les déchets
- La 2ème phase consiste à regarder si le comportement allait se maintenir
en disant qu’eux, les expérimentateurs allaient s’en aller mais que 2
dates en plus étaient prévues s’ils voulaient
Dans la première condition, on faisait simplement du porte-à-porte en donnant
les dates. Dans la 2ème, on demandait à la fin des informations l’accord oral des
personnes de participer à l’expérience lors des 2 dates, un petit engagement.
Lors de la 3ème condition, on demande un accord écrit et les sujets reçoivent un
reçu pour témoigner qu’ils ont bien signé.
Les expérimentateurs pesaient aussi les poubelles, voir si les sujets
ramassaient plus.
3. L’escalade d’engagement
Dans une étude, on demande à des étudiants de se mettre à la place d’un chef
d’entreprise qui est à la tête de 2 filiales. On leur accorde un crédit de 20’000$
qu’ils doivent donner à une filiale ou l’autre, ils doivent faire un choix. Ils
reçoivent des dossiers sur les filiales pour qu’ils puissent faire leur décision. On
leur dit que 5 ans sont passés et ils ont un nouveau crédit qu’ils doivent cette
fois répartir entre les 2 filiales.
La première variable est la conséquence de la première décision, l’attribution
des fonds. Soit on leur dit que la 1 ère décision était bonne et a porté ses fruits,
soit la filiale choisie est un échec. La 2 ème variable est la responsabilité de la 1 ère
décision. Un groupe a dû prendre cette décision eux-mêmes et un autre
apprend cette décision avant de prendre la 2 ème, comme si quelqu’un d’autre
l’avait faite.
Ce qu’on mesure est l’argent attribuer à la filiale choisie lors de la 1 ère décision.
On s’aperçoit que lorsque la première décision prise est positive, peu importe
si la responsabilité est notre ou non, on donne le même montant d’argent à
cette filiale. Si les conséquences sont négatives et qu’on a la responsabilité de
la décision, on investit beaucoup plus que si la décision n’était pas la nôtre. On
persévère dans nos décisions.
Le principe du pied dans la porte est de demander peu avant d’en demander
beaucoup. Le comportement peu couteux et non-problématique est appelé un
acte préparatoire, ce qui aide à la requête finale, un acte non-problématique
mais plus couteux.
Des chercheurs ont fait une recherche en lien avec une association sur le
handicap mental dans le but de récolter de l’argent. Il y a 2 conditions :
- Dans un cas on demande directement si les gens veulent faire un don
- Dans un autre on demande de signer une pétition pour la création d’un
centre de rencontre pour des gens handicapé puis on demande si les
gens veulent faire des dons.
Une autre variante est que les gens donnent la somme qu’ils veulent et l’autre
est de proposer de donner une somme fixe, 40£, 50£ ou 60£.
Les résultats montrent que quand il n’y a pas de pieds dans la porte et que plus
on demande d’argent, moins les gens sont prêts à en donner. Mais de manière
générale le pied dans la porte aide au don et plus on demande d’argent, plus
les gens donnent.
La technique de la porte-au-nez est en quelques sortes le contraire du pied-
dans-la-porte. On propose un comportement non-problématique et très
couteux comme acte préparatoire pour ensuite demander un comportement
non-problématique et peu couteux. Le principe est d’en demander beaucoup
pour en obtenir moins.
Dans une autre étude pour illustrer l’amorçage par inconvénient caché, on
essaye de faire venir des étudiants à une expérience à 7h du matin.
Dans une condition, on ne dit pas l’heure de début de l’expérience et dans une
autre on ne la cache pas. On voit que dans la première condition, 56% des
gens acceptent et 53% viennent vraiment alors que dans la 2 ème condition, 31%
des gens acceptent mais seulement 26% viennent.
Processus automatiques
1. Effet d’ancrage
L’effet d’ancrage joue sur le besoin d’avoir des points de référence, comme
dans les expériences de Sherif, le processus de normalisation. Le phénomène
d’ancrage est un processus cognitif articulé par 2 étapes :
- On demande à la personne d’estimer l’attribut d‘un objet qui doit être
supérieur ou inférieur à une valeur. Cette valeur est l’ancrage
- On demande de donner une valeur numérique de l’estimation de l’objet
Il a été expliqué dans la littérature par un biais cognitif. On considère que
l’ancrage, quand on met des jugements dans une situation d’incertitude, ce
qu’il fait est poser un point de référence, même si ce dernier semble faux, on
ne partira pas trop loin du point d’ancrage sur une échelle numérique. Une
autre explication est que l’ancrage amènerait à une redéfinition de l’objet et
les gens utilisent donc ces nouveaux éléments pour émettre leur jugement.
Les caractéristiques de l’effet sont que c’est non-intentionnel, on peut créer un
ancrage sans le vouloir et que l’ancrage est inconscient dans la pensée du
‘’manipulé’’.
Les résultats montrent que les participants à qui on a montré un ancrage bas,
la moyenne tourne autour des 15'000, ce qui est bien au-dessus de 1'000 mais
dans le groupe à qui on a donné un ancrage haut, la moyenne tourne autour
de 103'000 et c’est cette différence qui est intéressante.
2. Conditionnement évaluatif
On le voit aussi dans le spreading attitude effect. Dans une étude de Walther,
on présente un objet pendant 2s, il y a ensuite un intervalle de la même durée,
puis la présentation d'un autre objet pendant 2s. Si on associe un des 2 objets
à une charge évaluative positive, l’autre objet présenté juste après devrait
endosser cette charge aussi.
Le spreading attitude effect se demande, quand on change la valence d’un des
2 objets, est-ce que le changement évaluatif va être transféré au second sans
qu’on ait besoin de réactiver le lien entre les 2 ? On voit que oui.
3. Amorçage
Dans une étude, des participants devaient rédiger des arguments pour
améliorer les ventes d’un produit. Ça se faisait par 2, un sujet et un compère.
Les 2 faisaient leur travail individuellement avant de lire le travail de l’autre et
l’évaluer. Cette évaluation se faisait sous forme de chocs électriques. Plus il y a
de ‘’fautes’’ plus on reçoit de décharges. Le sujet est le premier à se faire
évaluer. Dans un cas, il ne reçoit un seul choc et dans l’autre, il en reçoit 7.
C’est ensuite au tour du compère de se faire évaluer. Dans une condition, il y
avait une arme à feu qui appartient au compère, dans la salle, pour qu’elle soit
associé à ce dernier, dans un autre cas, l’arme est oubliée par une autre
personne, dans une autre condition il n’y a pas d’objet et dans encore un autre
cas, il y a une raquette. On voit que s’il y a une arme dans la salle, peu importe
son appartenance, elle activerait un schéma sémantique lié à l’agression, ce
qui stimulerait les gens à être plus agressifs, s’ils avaient été choqués 7x plutôt
qu’une.
Des sujets sont invités à participer à une étude durant laquelle on propose des
biscuits qui dessèchent la bouche. On propose ensuite à la moitié de boire et
pas à l’autre moitié. On fait ensuite un amorçage subliminal avec des mots
relatifs à la soif à une moitié des sujets et pas à l’autre. On mesure le nombre
millilitre consommés à la fin de l’étude et on voit que les sujets à qui on n’a pas
proposé à boire et à qui on a fait un amorçage subliminal consomment
beaucoup plus d’eau que n’importe quel autre groupe de sujets.
On observe que les gens ayant visité la bibliothèque sont plus silencieux que
les 2 autres groupes (qui ne diffèrent pas) car la bibliothèque active la norme
d’être silencieux.
Dans une étude qui manipule la forme du plateau sur lequel on met l’addition,
les conditions sont une forme de cœur, de rond ou de carré. On mesure le
pourcentage de gens laissant un pourboire selon la forme de plateau et on voit
que le plateau en forme de cœur le plateau qui amasse le plus de pourboire
car les gens ont été amorcés à un concept associé à l’amour, les amenant à
être plus altruistes.
Dans une autre étude faite sur un campus universitaire, on regarde comment
l’expression du racisme va varier selon l’activation que la situation permet de
la norme auparavant.
On interroge des gens sur le campus 2 par 2. Un sujet et un compère. Ce
dernier s’exprime d’abord et manifeste 3 orientations différentes :
- Opinion non-préjudiciée
- Pas d’opinion
- Opinion préjudiciée
Dans la dernière situation, l’activation de la norme à ne pas exprimer des
opinions racistes amène le sujet à exprimer moins d’opinion raciste.
5. Inférence normative
6. Contagion d’objectifs
On voit que dans la condition contrôle, il n’y a pas de différence entre les 2
conditions alors que si on a activé le but de coucher avec une femme, on voit
une différence entre la condition homme et celle femme.
7. Imitation
On remarque que dans toutes les mesures (proximité et fluidité) sont plus
hautes quand on demande aux participants d’imiter leur camarade que quand
ils ne sont pas instruits de le faire.
Processus identitaires
1. Considérations générales
Dans le processus d’influence sociale, il y a une théorie qui est donc apparue,
celle de la régulation de la déviance qui postule que nous sommes tous
motivés à réguler la déviance. La théorie va essayer de comprendre comment
on choisit entre 2 comportements, quelle est la signification de chaque
comportement et comment le comportement change de signification selon la
norme contextuelle.
La théorie par des travaux de Rios, qui stipulent que la déviance peut être
quelque chose de positif. Elle propose qu’il y a une motivation à maintenir une
image de soi positive. Comment articule-t-on le besoin de singularité et le
maintien d’une identité positive ?
Il y aurait en fait 2 cadrages possibles de la déviance. Un cadrage positif qui
consiste en des comportements déviants mais qui malgré cela ont une
connotation positive. Par exemple, si boire de l’alcool est désirable, on a plus
de chance de boire si c’est peu normatif. Il y a aussi le cadrage négatif avec des
comportements déviants et indésirables.
Les résultats montrent que les conditions où les gens ont le plus l’intention de
se faire vacciner sont celle du conformisme classique où c’est la norme et
désirable de se faire vacciner et aussi la situation où les gens n’ont pas
l’habitude de se faire vacciner mais que c’est la désirable. Dans le dernier cas,
c’est car c’est un comportement contre-normatif mais avec une connotation
positive.
Une étude montrant les 2 mécanismes a pris des adolescents de 11-15 ans. On
mesurait l’image qu’il avait du fumeur (positive ou négative), l’image qu’ils
avaient de soi et la perception de la norme sociale concernant le tabac. On
mesurait ensuite leur intention future de fumer.
Les résultats montrent que dans la mesure où les adolescents s’identifient au
fumeur, plus ils ont une image de lui positive, plus l’attitude envers la
consommation de tabac est favorable. C’est le conformisme.
Une 3ème théorie est celle de la réduction de l’incertitude. L’idée de base est
que l’identité sociale est motivée par le besoin de réduire des incertitudes par
rapport à soi. L’identification avec un groupe avec des normes, prototypes,
etc… contribue à réduire cette incertitude car elle donne des guides sur
comment se comporter, se sentir et réagir. La catégorisation, en général,
réduit l’incertitude sur comment les autres doivent agir.
Plus un groupe est distinct plus est efficace dans la réduction de l’incertitude.
Une idée est que la saillance de l’identité sociale est directement impliquée
dans l’émergence d’un stéréotype partagé. Une étude illustre ce phénomène
en demandant aux participants d’indiquer au moins 3 choses que lui
individuellement fait régulièrement, rarement, bien et mal. Dans l’autre
condition, la question est formulé non pour l’individu-même mais pour
l’individu en tant qu’Australien. On obtient une liste de 84 caractéristiques
qu’on donne aux participants en leur demandant quelles sont celles typiques
pour des australiens. On considère qu’il y a un consensus sur un stéréotype
quand une caractéristique est choisie par au moins 2 personnes.
Dans une autre étude, on observe comment les opinions de l’intragroupe sont
traités plus attentivement que ceux de l’hors-groupe. Dans l’étude, on mesure
l’attitude initiale des participants à propos de l’introduction d’un teste
standardiser de sélection des étudiants. On leur fait écouter un message qui
s’oppose à l’introduction de test. Dans certains cas, le message sera pro-
attitudinal car il ira dans le même sens que la pensée des étudiants et dans
d’autres cas, le contraire. Dans une condition, le message a des arguments
forts et dans d’autres, des arguments faibles. On le fait pour voir s’il y a une
différence entre les 2 messages car une différence voudrait dire que les
participants ont effectivement traité l’information. Si on regarde les résultats,
c’est ce qu’on observe quand le message était attribué à un hors-groupe.
Dans une 3ème étude, on montre que la comparaison intergroupe est
fondamentale car elle contribue à la définition du prototype de l’intragroupe
et à quel point les membres en sont prototypiques. On a amené les
participants à se définir en tant que britanniques en opposition à être
américain, à être suédois ou sans opposition. On a choisi la Suède et les États-
Unis pour qu’une comparaison soit par le haut, et l’autre par le bas.
On leur demande à quel point est-ce qu’être soucieux de l’environnement est
une caractéristique typiquement britannique, à quel point c’est central pour
eux comme individu et s’ils avaient des intentions environnementales durant
les prochains mois.
Une dernière étude regarde l’idée que l’identité sociale prédit la conformité au
groupe. On est allé voir des infirmières, a pris leur statut de vaccination,
regarder leur intention de se faire vacciner l’année d’après, les raisons pour
lesquelles elles le feraient (pour elles-mêmes ou pour protéger les patients).
On a également mesuré les conséquences négatives perçues d’avoir la grippe,
les bénéfices du vaccin, l’identification à leur travail et à quel point on
considérait le vaccin comme un devoir professionnel.
Dans une étude, on mesurait l’estime de soi tout court puis l’estime de soi en
tant que fumeur de sujets qui fumaient et finalement on leur montrait des
études qui exposaient les avis négatifs de la société sur la fumée qui était soit
stigmatisante des fumeurs, soit pas. On regardait quel mécanisme de défense
était enclenché.
Nous avons une préférence pour une conception de l’être humain en tant que
personne autonome, raisonnable et qui agit de manière réfléchie. Pour
appuyer ce point de vue, il y beaucoup de travaux de travaux qui remettent en
question l’influence que les normes sociales ont sur nous. Ils ont montré qu’on
ne peut pas définir un contexte social comme étant caractérisé que par 1 seule
norme, mais plusieurs, ce qui rend la situation ambiguë. Mais une des critiques
de ces travaux est qu’on peut sûrement expliquer le comportement exprimé
dans cette situation par 1 des normes activées dans le contexte. Mais malgré
tout, beaucoup de comportements contre-normatifs sont exprimés et donc si
ces normes ont un impact, il est petit. Un dernier élément associé à cette
conception de l’être humain est le fait qu’en plus d’être autonome, rationnel,
etc… l’être humain est aussi intéressé, guidé par les motivations
instrumentales et agit selon des ‘’calculs’’ qui lui permettent de rentabiliser ses
comportements au mieux.
Au vu de ces critiques, Cialdini a fait des études qui ont remis le pouvoir des
normes sociales au centre du comportement humain. Un exemple d’étude
porte sur le comportement de réduction de la consommation d’énergie. On a
d’abord demandé à des experts en économie d’énergie quel type de
justification ils utilisaient pour motiver les gens à économiser de l’énergie. Il y
avait 5 conditions :
- Contrôle, où on ne donnait pas de motivation spécifique
- Pour la protection de l’environnement
- Pour laisser une planète avec des ressources à nous enfants
- Pour des raisons financières
- Parce que c’est comme ça que font les autres
Les experts pensaient que les gens allaient agir si on leur présentait une
motivation qui leur bénéficiait, donc celle financière. Celle normative était la
moins utilisée.
On leur demandait ensuite dans quelle mesure, en utilisant telle motivation, ils
pensaient réussir à motiver les gens à économiser de l’énergie. De nouveau il y
avait les 5 options et les experts choisissent la motivation financière comme
étant celle avec le plus de pouvoir.
On leur a aussi demandé quelle motivation ils avaient l’intention d’utiliser dans
l’avenir et encore une fois, la motivation financière était choisie. Voilà l’opinion
de personnes en charge de faire changer les comportements.
Une étude centrée sur la norme descriptive avait lieu dans un parking après
avoir reçu un dépliant. Pour montrer l’influence des normes descriptives, on a
créé 2 conditions. Soit il y avait pleins de dépliants similaires par terre, soit il
n’y en avait aucun et une poubelle sur le côté. Pour rendre la norme saillante,
on faisait passer un compère qui allait soit jeter le dépliant par terre, soir le
jeter à la poubelle.
On voit que l’influence de la norme descriptive est toujours là et donc les gens
jettent plus par terre dans l’environnement salle que dans l’environnement
propre mais cet effet est accentué quand on met le focus sur cette norme avec
le compère. Dans un cas il rend la saleté saillante et dans l‘autre la propreté.
Une autre étude montre le rôle des 2 normes. La norme descriptive est
manipulée de la même manière que dans la première étude et on observe les
mêmes résultats. Celle prescriptive est manipulée en faisant en sorte que le
compère nettoie l’environnement (on laisse 1 ou 2 papiers dans
l’environnement propre). Dans les 2 environnements, on observe une
diminution du nombre de personnes qui jettent un papier par rapport à la
situation contrôle.
Dans autre étude sur les 2 types de normes porte sur la consommation
d’électricité. Les auteurs vont aller chercher la quantité d’électricité
consommée avant l’intervention et vont donner ce chiffre (feedback) aux
participants. 1 semaine après, les participants reçoivent la moyenne du
quartier (norme descriptive) dans une condition, et dans l’autre, ils reçoivent la
moyenne et un émoticône heureux ou triste (norme prescriptive). On mesure
la consommation 1x tout de suite après l’intervention et une autre fois 3
semaine après.
On voit que 3 semaines après, les gens dans la condition avec la norme
descriptive seule, il y a un effet de la norme qui fait que les gens qui participent
plus diminuent leur consommation et ceux qui consommaient moins ont
consommé plus. Il y a un effet de conformité chez tous les participants.
Quand on ajoute la norme prescriptive, les gens qui consommaient plus que la
moyenne, baissent leur consommation mais ceux qui consommaient moins
n’augmentent presque pas.
Une étude faite dans un autre contexte dit à des étudiants que, soit une
minorité, soit une majorité d’étudiants réduisent leur consommation d’énergie
(norme descriptive) et des informations sur le pourcentage d’élèves
approuvant des gens s’engageant dans la diminution (prescriptive). On mesure
l’intention de participants de réduire leur consommation d’énergie.
On voit que quand une majorité de gens compte diminuer leur consommation
et approuvent de ce changement, c’est là qu’il y a le plus d’intentions et quand
les gens ont le moins d’intentions est là où les gens approuvent mais les gens
ne pensent pas le faire. Si les normes s’opposent, les gens ne savent pas
comment agir.
Les intentions sont plus influencées quand les 2 types de normes sont alignés.
Quand ce n’est pas le cas, la norme prescriptive a généralement plus d’impact.
Mais il arrive tout de même que dans des cas où les normes sont alignées, le
comportement ne soit presque pas influencé mais ce n’est pas assez consistant
pour en faire une généralité.
Il y a des travaux qui suggèrent que les normes descriptives sont associées à
des processus plus superficiels et automatiques qu’on appelle les heuristiques
alors que les normes prescriptives demandent un traitement systématique car
on est en train de prendre en compte des valeurs. Ce serait la raison pour
laquelle elles ont plus d’impact car le traitement effectue un changement dans
les attitudes alors que la norme descriptive ne change que le comportement.
Mais l’effet de la norme prescriptive dépend beaucoup de la source. Si le
groupe est pertinent au récepteur, elle aura évidemment plus d’influence.
Une étude montre comment, par le biais des processus automatiques, les
normes descriptives ont un effet plus direct sur le comportement alors que
celles prescriptives ont en un à travers des mécanismes plus profonds. Dans
cette étude, on mesure la perception de degré auquel les autres boivent de
l’alcool (norme descriptive) et la perception du degré auquel les autres
approuvent de boire de l’alcool. On mesure, 1 mois plus tard, l’attitude
(évaluation de la consommation d’alcool) et le comportement (fréquence de
consommation d’alcool pendant le mois).
On voit ces corrélations :
PHOTO
Dans une étude, on mesure l’identité des participants avec des items comme
‘’le recyclage est important pour moi’’. On mesure aussi la norme en regardant
combien d’amis proche de la personne s’engagent dans des activités similaires
aux siennes (perception de la norme descriptive). Il y a la mesure de
l’identification au groupe et l’intention de recycler dans le futur.
Plus on perçoit que nos amis recyclent, plus on a l’intention de recycler et cela
modulé par l’identification au groupe d’amis. Plus on s’identifie, et plus on a
l’impression que nos amis recyclent, plus on aura l’intention de recycler.
L’identification au groupe est donc aussi importante pour les normes
descriptives.
Influence minoritaire
Quand on est confronté à une prise de position divergente par une minorité, ce
qui peut initialement paraître illégitime, on dispose de l’appui de la majorité. Il
n’y a donc pas d’inconfort psychologique et pas de conflit relationnel. Mais les
minorités actives qui défendent leur point de vue avec consistance amènent
une cohérence qui va induire un conflit cognitif chez les individus, ce qui
amène à une focalisation sur l’objet et des interrogations sur la nature de
l’objet. Cela amène à une prise en considération de l’adéquation entre l’objet
et les jugements de la source dans un processus de validation. On s’interroge
sur les raisons qui font que la minorité défend la position qu’elle a.
Cela a comme conséquence un processus de conversion, un changement
perceptif, de fond et relatif à l’objet en dépit d’une influence manifeste.
La première étude que propose Moscovici utilise le paradigme bleu vert où on
projette des diapositives qui sont clairement bleues. On va présenter aux sujets
les jugements d’une minorité consistante (vert 100%) ou inconsistante (vert
66%) en répondant vert. On étudie l’effet de la consistance. Il y a aussi une
condition témoin où les compères répondent toujours bleu.
On voit que dans la condition contrôle, les sujets ne répondent jamais vert.
Quand la minorité est inconsistante, les sujets répondent vert dans 1,25% des
cas, ce qui n’est pas significatif. Mais dans la condition consistante, les sujets
répondent vert dans 8% des cas. La minorité induit donc de l’influence.
L’intérêt de cette étude était d’introduire une mesure d’influence latente.
Cette dernière utilise un test de couleur. On présente des pastilles de couleur
allant du bleu au vert avec des zones d’incertitude. On fait passer ce test à tous
les sujets et on voit que les réponses ne changent pas de la condition
inconsistante à celle témoin mais que les sujets de la condition consistante
vont juger les pastilles plus souvent comme vertes. Il y avait donc une
influence latente aussi.
On a voulu montrer que cet effet était spécifique à une source minoritaire et
pas majoritaire alors on a refait l’expérience de nouveau avec la minorité
consistante et inconsistante, la condition contrôle et cette fois on rajoute une
majorité consistante et inconsistante.
Pour les minorités, on retrouve la même influence manifeste. La majorité
inconsistante a la même influence que la minorité consistante et la majorité
consistante a 4x plus d’influence que la minorité consistante.
Une autre étude reprend le paradigme bleu vert avec les conditions de
minorité consistante et rajoute une condition où la minorité répond
constamment vert – bleu, une autre où les projections sont soit des bleus
clairs, soient des bleus foncés et la source répond bleu ou vert au hasard,
indépendamment de la luminosité. Dans une autre condition, on fait une
correspondance où pour les diapositives claires, la minorité répond toujours
vert et dans l’autre, pour les diapositives foncées, la minorité répond toujours
vert. Le vert correspond à une luminosité.
Dans la condition de hasard, il n’y a pas de différence par rapport à la condition
contrôle mais dès qu’il y a une correspondance, il y a une différence
significative. On peut donc en conclure que la consistance n’est pas que le fait
de répondre constamment la même chose mais aussi une cohérence entre des
jugements qui sont en correspondance avec une propriété, ici, la luminosité.
Leur hic de cette étude est qu’aucune mesure d’influence latente n’a été prise.
Les limites du paradigme bleu-vert portent sur les effets latents trouvés.
Une étude de Nemeth de 1983 utilise une tâche de figures imbriquées avec
une figure standard et 6 figures de comparaison dont 3 incluent celle standard.
Parmi ces 3, 1 se voit facilement et 2 se voient très difficilement. La source,
majorité ou minorité, donne toujours 2 réponses, dont celle facile. La 2 ème est
soit correcte, soit incorrecte.
La mesure de suivisme montre qu’on suit plus la majorité que la minorité. Pour
ce qui est des réponses nouvelles, il est plus important face à la minorité que
face à la majorité (et la condition de contrôle). Mais il faut s’assurer que ces
réponses nouvelles soient correctes et non pas simplement données au hasard
pour diverger de la minorité. Ce n’est pas le cas puisque les réponses nouvelles
correctes sont significatives dans le cas de la minorité, mais pas de la majorité.
Une autre étude de Nemeth utilise une tâche d’anagramme où, à partir de
quelques lettres, on doit former des mots. On affiche les lettres très
rapidement, laissant le temps aux sujets de repérer le mot déjà écrit (DOG). On
leur donne alors 2 feedbacks possibles. Soient qu’ils sont confrontés à une
minorité car une personne sur 4 a écrit god, ou alors à une majorité car 3
personnes sur 4 ont écrit god.
Une 3ème étude de Nemeth qui porte plus sur la créativité et originalité est
divisées en 2 phases. Dans la 1ère, on confronte les sujets à une influence
majoritaire ou minoritaire ou à rien (contrôle) dans le paradigme bleu – vert.
On manipule l’appui majoritaire eu minoritaire en disant que 80% des gens
avant avaient répondu comme lui ou seulement 20%. Le compère répond
systématiquement vert.
La 2ème phase est une phase individuelle avec une tâche d’association. On
donne le mot bleu et puis vert aux sujets et ils doivent y associer ce qu’ils
veulent. On mesure le nombre d’association trouvées pour chaque couleur et
l’originalité des associations.
Les résultats montrent que le nombre d’association au mot bleu est plus grand
quand le sujet a été confronté à une minorité défendant le vert. On trouve la
même chose pour le vert, excepté que ce n’est pas significatif. Pour l’originalité
des associations, que ce soit pour le bleu, ou le vert, elles ont plus originales
quand les sujets ont été confrontés à des minorités.
Un 4ème exemple, toujours une étude de Nemeth, teste si les sujets ayant été
confrontés à une minorité consistante lors du paradigme bleu – vert, les rends
plus résistant face à une majorité plus tard.
On fait donc passer le paradigme bleu – vert à des sujets suite à quoi, les sujets
se retrouvent dans un groupe de 4 dont les 3 compères répondent de
constamment orange lorsqu’on leur présente des diapositives rouges. On
mesure le nombre de fois où les sujets répondent orange. Dans la condition
contrôle, on voit que c’est 0. Dans la condition no minority, plus de la moitié
des gens cèdent à la majorité et répondent orange. Mais dans les 2 cas
minoritaires, consistant ou inconsistant, il y a une diminution de la
conformisation, encore plus quand la minorité était consistante.
Une étude réalisée dans le cadre de cette approche est celle de Mackie où les
participants sont amenés dans un laboratoire pour participer à une étude sur
le pouvoir militaire des U.S.A. Ils écoutaient une conversation enregistrée
entre une personne pour le pouvoir militaire dans le monde et une autre
personne contre. On manipulait ensuite la vision majoritaire en disant à un
groupe qu’il y a une majorité qui est pour et à un autre groupe que la majorité
était contre. Les résultats confirment la théorie de OCA avec la majorité qui a
obtenu plus d’influence et de traitement que l’information minoritaire.
On prenait différentes mesures sur des items directs, d’autres sur des items
indirects et aussi des mesures qu’on a fait en différé. Les résultats principaux
montrent que les participants qui sont initialement en désaccord avec la
majorité changent plus d’attitude dans la direction de la majorité que ceux qui
étaient en désaccord avec la minorité.
Martin et Hewstone se sont dit que les travaux qui confirmaient le point de vue
de Mackie proposaient une problématique qui allait à l’encontre des intérêts
personnels des participants. Par exemple, l’étude de la puissance militaire de
l’Amérique avait des implications personnelles pour les sujets puisqu’ils étaient
américains. Alors que la théorie de la conversion de Moscovici utilisait plutôt
des paradigmes où la thématique n’était pas contraire à l’intérêt des
participants.
Pour tester cette idée, les chercheurs ont fait une étude où on a testé 2
problématiques : le suicide assisté (faible implication personnelle) et la
problématique de l’euro en Grande Bretagne (forte implication personnelle).
On présente alors un message qui va soit contre l’euthanasie ou qui est pour
l’euro (les positions opposées à celles des participants) et on leur dit que ce
message est appuyé par une majorité ou une minorité. Les messages
contiennent soit des bons arguments soit des arguments faibles.
On mesure l’attitude et le thought listing.
Les résultats confirment l’hypothèse des auteurs. Quand l’implication
personnelle est faible et que la source est décrite comme une minorité, on voit
une différence d’attitude selon si les arguments sont bons ou mauvais. Face à
une majorité, peu importe les arguments, l’attitude est la même. Mais quand
la problématique a une forte implication personnelle et que les sujets sont face
à une majorité, ces derniers différencient les bons et mauvais arguments alors
que face à une minorité, les différents arguments ne sont pas distingués.
Le niveau de traitement dépend donc de la source mais avec l’intérêt
personnel comme modérateur.
D’autres travaux qui ont essayé d’intégrer les 2 points de vue opposés de
Moscovici et Mackie sont De Vries et Schuurman. Leur modèle postule que, en
accord avec OCA, le consensus est une preuve sociale de validité et, en tant
que telle, les gens doivent être motivés à traiter l’information qu’on leur
présente comme vraie, et moins celle présentée comme fausse. En accord avec
cette idée, les auteurs disent qu’il y a un traitement systématique de
l’information lorsque la source est majoritaire. Mais le traitement, en accord
avec Nemeth, va être convergent et focalisé sur la problématique majoritaire.
Mais en accord avec Moscovici, là où une minorité créé un conflit de manière
constante et rigide, l’individu peut manquer de confiance dans son point de
vue et va donc en explorer d’autres. Il va avoir des pensées divergentes.
Dans une étude, on présente aussi le sujet l’euthanasie, un sujet auquel les
étudiants sont favorables. On leur fait lire un texte contre l’euthanasie avec
des bons ou mauvais arguments. On manipule la probabilité de l’élaboration
des informations avec différentes instructions. Dans la condition faible
probabilité de traitement, on leur demande vérifier si le texte est écrit dans la
même taille et police que sa copie. Dans la condition de traitement profond, on
leur de réécrire le texte en écrivant leurs mots. Dans la condition
intermédiaire, on demande de vérifier l’orthographe du texte.
Les auteurs ont fait d’autres études qui confirment que dans les situations
intermédiaires, les plus générales, la conversion de l’influence minoritaire est
généralement associée à des attitudes fortes, dans le sens qu’elles ont été
construites suite à une réflexion. Les caractéristiques de ces attitudes sont
qu’elles sont résistantes à la contre-persuasion, persistance à travers le temps
et plus grande prédiction du comportement.
La perspective métacognitive se base sur ce que les gens pensent non pas de la
position de la source mais de ceux qu’eux-mêmes pensent de la position de la
source. Ce sont des métaréflexions sur la réponse cognitive produite. Les gens
sont exposés à un message, ce dernier a un impact (réponse cognitive) et
ensuite, une réflexion se fait vis-à-vis de ces pensées. ‘’est-ce que je suis
confiant de ces pensées ? est-ce qu’elles sont valides ? etc…’’.
Il y a 2 types de travaux ont émergé dans cette perspective. Le premier part du
constat que face aux minorités, les gens résistent. Les gens résistent parce que
la source est une minorité, la résistance est basée sur une heuristique
minoritaire. Les gens ont alors un sentiment négatif d’illégitimité vis-à-vis de
leur résistance. La métacognition leur donne alors l’impression d’avoir une
attitude peu fiable. Ce sentiment est d’autant plus fort quand on reconnaît que
la position de la minorité est convaincante.
Le 2ème se base sur l’auto-validation. Les processus d’auto validation sont que
quand on est exposé à un message persuasif, il y a une réponse cognitive et
une série de facteurs vont nous amener à penser que cette réponse est valide
ou non. Les auteurs proposent que l’ordre de présentation de la source et du
message pourrait avoir un impact sur la confiance qu’on a dans nos attitudes et
pensées.
La condition standard (ce que la littérature a fait jusqu’ici) est qu’on présente
un message avec la source (majorité ou minorité). Cette dernière vient
généralement avant. Mais si la source est présentée après le message, le
traitement de l’information a eu lieu et il y a donc déjà eu une réponse
cognitive avant la présentation de la source. À ce moment, la source
apporterait une validité à la réponse cognitive en renforçant (auto-validation)
le statut si la source est majoritaire.
Une étude qui n’a utilisé que des arguments forts confirme le postulat de la
2ème perspective en montrant que l’attitude des participants est en accord avec
le message lorsque la source est présentée avant le message et qu’elle est
minoritaire, ce qui est en accord avec Moscovici. Mais on prédit l’inverse
quand on présente la source après le message et c’est ce qu’on trouve.
Les résultats confirment l’hypothèse comme quoi les minorités victimaires ont
plus d’impact manifeste, ont plus de compensation, mais ce sont celles actives
qui apportent un changement latent.
Dans les études, il y avait aussi une grande diversité des sources d’influence
comme pouvoir vs carence d’autorité, expertise vs manque de crédibilité, force
vs faiblesse numérique, amplitude de la divergence du jugement, style de
comportement (consistant, rigide, …), etc… on a de nouveau l’impression de
pouvoir utilise n’importe quelles sources tant que les 2 diffèrent en statut
social, car la différence dépend de l’ampleur de la dépendance ou du conflit
qu’elles introduisent. Il n’y aurait donc pas de spécificité de la source en dehors
du fait qu’elle doit introduire une dépendance ou conflit. Quand on veut
exprimer un statut social dominant, on met une majorité, un intragroupe ou un
expert et d’après les théories, les 3 sont égaux. Il y a de nouveau une
implication de l’universalité des mécanismes.
Mais avec toute cette diversité, il semble impossible de croire que toutes les
théories sont vraies, car puisque tout est possible, on peut toujours réfuter
une théorie. On ne peut pas non plus dire que toutes les théories sont fausses
mais aucune ne peut prétendre à l’universalité. Chacune a sûrement une
validité dans un certain contexte. Il faut identifier les contextes dans lesquels
une théorie fonctionne et ceux où elle ne fonctionne pas, ses limites de
validité.
Il faut ensuite intégrer ces théories locales dans un modèle générale capable
de les coordonner sans changer leurs particularités. Cela suppose la prise en
compte de point de vue adverses. Cette intégration est ce que vise le modèle
de l’élaboration du conflit.
Pour comprendre l’orientation du modèle de l’élaboration du conflit il faut
partir de l’influence minoritaire car elle a donné lieu à différente situations de
recherches qui ont différentes propriétés. Les différentes traditions sont les 3
principale : Moscovici & Personnaz, Nemeth et les travaux sur la dissociation.
Il y a plusieurs théories car chacun dit quelque chose de différent. Moscovici &
Personnaz disent que la majorité induit un effet de complaisance basée sur un
processus de comparaison sociale alors que la minorité induit un processus de
pensée qui peut amener à la validation. Nemeth dit que la différence entre la
minorité et la majorité est la manière dont on pense face à eux. La théorie de
la dissociation dit qu’il y a toujours une comparaison sociale, entre autres.
Les tâches ne sont pas les mêmes et les caractéristiques pertinentes des
sources aussi. Chez Moscovici et Personnaz la caractéristique est le nombre, il
définit la source.
Chez Nemeth, ce qui est important est que les gens pensent que la majorité a
raison et que la minorité a tort. La caractéristique est la compétence à donner
des jugement valides ou invalides.
Dans la théorie de la dissociation, la caractéristique pertinente est l’identité de
la source et sa représentativité. Est-ce une majorité de mon intra-groupe, une
minorité d’un hors-groupe, etc… ?
Quels sont les sont les présupposés des tâches les plus fondamentaux de
chaque type de tâche. On a réussi à distinguer 2 axes : l’importance de l’erreur
et l’ancrage social. Ça revient à poser 3 questions :
- Est-ce qu’il y a une réponse juste ? y a-t-il une haute pertinence de
l’erreur ?
- Quelles ont les attentes qu’on a quant au consensus social ?
- Quels sont les enjeux identitaires qui sont susceptibles d’exister ?
Pour le premier axe, on considère que l’importance est plus grande d’autant
plus qu’une réponse correcte existe.
Dans le paradigme bleu – vert, les sujets savent qu’il y a une réponse correcte
et l’attente de consensus sont élevées, on attend l’unanimité. Du point de vue
identitaire, on ne s’attend pas à des différenciations sociales puisque on
s’attend au consensus.
Dans les tâches d’aptitudes, les sujets savent qu’une ou plusieurs réponses
sont correctes mais les sujets ne savent pas lesquelles. L’attente de consensus
est donc faible puisque la réponse n’est pas évidente. Pour ce qui est l’ancrage
social (détermine ce que nos jugements disent sur nous) est très élevé car la
réponse peut être correcte ou incorrecte et détermine donc nos compétences.
Dans les tâches d’opinion, il n’y a pas de réponses correctes. On n’attend donc
pas que tout le monde soit d’accord mais on s’attend à des consensus locaux et
que les gens de notre groupe aient une opinion similaire. L’ancrage social est
donc fort mais n’est pas déterminé par le degré de compétence mais par notre
réponse.
Pour les TANI, il n’y a pas de réponses correctes et on ne s’attend pas à un
consensus. En termes d’ancrage, les jugements sont peu engageants.
On est dans une situation où les individus dans une tâche déterminée sont
confrontés à une source qui donne des jugements différents. Quelles sont les
implications de l’existence d’une divergence selon les attentes ?
Dans les TONA, les questions qu’on va se poser à l’apparition d’une divergence
sont pourquoi l’unanimité n’est-elle pas atteinte ? pourquoi la source est-elle
erronée ?
Dans les TAP, il y a une faible attente de consensus mais c’est une tâche qui
détermine l’aptitude, si on est compétent ou non. Les 2 motivations qui vont
orienter l’élaboration du conflit sont comment augmenter la correction des
jugements et donne la meilleure image de soi.
Dans les TOP, les attentes sont différentes face à la divergence. On s’attend à
un consensus partiel et la logique qui va dominer est donc celle de la
différenciation catégorielle (accord intra-groupe et désaccord hors-groupe). Un
élément important lié à l’ancrage social est d’éviter l’auto-attribution
d’attributs négatifs.
Dans les TANI, il n’y a ni norme, ni paramètre préalable qui donnent sens à la
divergence.
Un autre point important est l’idée qu’il existe une correspondance entre les
propriétés des tâches et la pertinence de certaines dimensions des sources.
Dans une tâche ou une autre, ce n’est pas la même dimension de source qui
sera importante.
Dans les TONA, la question est quelle est le nombre de personnes qui
introduisent la divergence ?
Dans les TAP, la question est si la source donne des garanties d’être compétent
ou incompétent dans cette tâche ? la dimension est la compétence de la
source.
Pour les TOP, l’essentiel est est-ce que c’est un intra ou hors-groupe. La
question qu’on se pose est est-ce que c’est une minorité ou majorité dans
l’intra-groupe ?
Pour ce qui est de l’élaboration du conflit dans les TAP, la théorie part du
principe que les sujets sont peu compétents aux tâches d’aptitudes. Les
dynamiques face à une source de haute compétence est un conflit inexistant.
Une étude de Allen et Levine, on utilise différent stimuli dont des visuels de
type TONA (Asch) et dans une autre condition, des opinions. Il y avait 9
réponses possibles. L’étude se faisait par groupe de 5 dont le sujet et 4
compères. Tout se faisait par ordinateur. Dans la condition de majorité
unanime, tous les compères choisissent la même réponse (pas la bonne). Il y a
aussi plusieurs conditions de rupture de l’unanimité : rupture avec support
social où 3 membres de la majorité donnent la même réponse mais un
membre donne la même que le sujet (d’où le support social) et rupture de
l’unanimité simple où 3 membres donnent la même réponse et le 4 ème une
autre différente de celle su sujet.
On voit que, dans les tâches de type Asch, comparée à la condition d’unanimité
(contrôle), il y a une diminution significative de la conformité dans la condition
de support social mais aussi dans la condition de la rupture de l’unanimité
simple. Dans les tâches d’opinion, on observe une diminution de la conformité
seulement quand les sujets reçoivent un support social.
Une première étude du Mugny reprend le paradigme de Asch avec une barre
épaisse et 3 barres fines. Durant la phase expérimentale, les sujets reçoivent
des informations sur les réponses de soit 88% des gens interrogés, soit de 12%.
La source (majoritaire ou minoritaire) choisissait toujours une barre plus
longue que la barre de référence (étalon). La source sous-estime toujours les
barres variables. On mesure l’influence manifeste par la fréquence de réponses
où la barre désignée comme étant égale est plus longue que l’étalon, qu’on
compare à une condition contrôle sans source d’influence sociale. On a aussi
mesuré l‘influence latente en utilisant un pré-test et post-test individuel et
sans informations sur les réponses de la source. Il y avait une trentaine d’items
où les sujets devaient mesurer si une barre fine était plus petite ou plus grande
(pas égale) que l’étalon. Le changement entre le pré et post-test est l’influence
latente.
On essaye de convaincre les sujets qu’il existe des illusions perceptives avant
de procéder à la tâche.
La phase de déni est complétée par une explication basée sur des illusions
visuelles. On dit aux sujets qu’on a cherché à comprendre les résultats et on a
trouvé dans la littérature l’existence des illusions perceptives et on procédait à
en montrer plusieurs.
Dans les résultats, on observe une interaction entre les variables. On observe
que la minorité obtient peu d’influence mais là où il y en a le plus est dans la
condition 85 degrés, face à une majorité. Ce n’est pas le cas quand les angles
mesurent 90 degrés. On peut donc dire que l’étude réussi à diminuer
l’influence manifeste de la majorité.
Concernant les différences pré et post-test, on voit aussi une interaction avec
les majorités obtenant plus d’influence avec les angles de 90 degrés que de 85.
Les angles de 90 degrés ont donc eu peu d’influence manifeste mais plus
d’influence latente que les autres conditions. Pour la minorité, les angles de 85
degrés sont là où il y a eu le plus d’influence. La minorité peut donc avoir de
l’influence là où il y a plusieurs réponses possibles (représentation de la
pluricité) alors que la majorité peut avoir de l‘influence latente quand il y a une
attente d’unicité dans les réponses. Le déni aurait diminué la dépendance
normative et permis de rendre visible des attentes épistémiques.