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Introduction 

Si on se met au niveau du fonctionnement du sujet humain, dans la


problématique des relations intergroupes, une part des mécanismes
psychologiques que nous vivons actuellement, appartient au domaine
théorique de la catégorisation sociale. Les travaux sur la perception humaine
contribuent grandement à clarifier et à perfectionner ce concept mais ils aident
aussi à mieux comprendre le processus qui en est le fondement : la
comparaison. Sans elle, il est impossible de regrouper des objets, des
personnes ou des événements dans une même catégorie.

En ce sens, la catégorisation sociale est un processus socio-cognitif par lequel


l’individu divise et organise différents groupes sociaux en les classant dans des
catégories qui feront ressortir les différences perçues entre lui et d’autres
groupes. Les gens et les choses sont classés selon l'idée qu'ils ont la même
nature. En outre, le processus de catégorisation qui préside aux Stéréotypes.

Pour J. P. PETARD & al. (1999) : « Le stéréotype est le lien qui est établi entre
l’appartenance à un groupe donné et la possession de certaines
caractéristiques par exemple les espagnols sont fiers, les noirs courent plus
vite, Tous les Marocains sont arabes etc.»

Quant à dernière concept « le préjugé » selon LEYENS: Le préjugé est une
attitude défavorable envers une ou plusieurs personnes en raison de leur
appartenance à un groupe particulier. On l’a souvent décrit comme
manifestant une forte charge affective et de l’hostilité. Alors, Si le stéréotype
est plutôt descriptif et collectif, le préjugé serait plus individuel et normatif.

A partir de ce début et pour approfondir dans ce sujet « le processus de


catégorisation : stéréotypes et préjugés », nous présenterons d'abord dans le
premier chapitre comment fait-on pour catégoriser? ; D’une part, les produits
de la catégorisation et d'autre part les processus qui sous –tendent l’opération
de catégorisation.

Ensuite, nous proposerons le concept de stéréotypes au chapitre 2, Comment


construire un stéréotype ?, Analyse d'abord du contenu des stéréotypes puis
des processus qui régissent l’élaboration des stéréotypes sociaux.

Enfin, le dernier chapitre évaluera les effets des stéréotypes et des préjugés
"Les effets envers autrui et les effets sur soi"
Chapitre 2  : comment se construit un stéréotype  ?
1. Définition :1
Ce concept a été utilisé pour la première fois en 1922 par Lippmann qui l'a
défini comme « une manière de penser par clichés ». Les stéréotypes sont
« des catégories simplifiées par lesquelles nous cherchons à situer autrui ou
des groupes d’individus ». Leyens (1996) décrit les stéréotypes comme des
croyances partagées au sujet de caractéristiques personnelles d’un groupe
de personnes. Par exemple, pour un étudiant en psychologie, un étudiant en
école de commerce aime l’argent et ne pense qu’à s’amuser ! Et pour un
étudiant en école de commerce, l’étudiant en psychologie serait
définitivement très complexe et bizarre ! On le voit, l’individu stéréotypé peut
être remplacé par tout autre individu appartenant à sa catégorie. Le stéréotype
simplifie les données de notre environnement tout en réorganisant ces
données afin d’expliquer le monde qui nous entoure. L’étude de Paicheler
(1987) a montré que l’image stéréotypée de la personne handicapée tente de
lui fournir une justification rationnelle. Le handicapé est qualifiée comme «
volontaire » (parce qu’il faut beaucoup de courage pour affronter la vie
quotidienne quand on souffre d’un handicap) et comme « attentif aux autres »
(quand on a souffert, on est plus ouvert aux souffrances des autres). Ainsi, le
stéréotype n'est pas seulement descriptif, mais aussi explicatif (ce qui ne
préjuge pas, bien sûr, d’une quelconque validité du raisonnement !)
2. le contenu de stéréotypes :
2.1 Le contenu descriptif
Le contenu descriptif des stéréotypes est étudié afin de mettre en évidence la
perception homogène des autres groupes. Dans ces investigations, une mesure
porte sur l’endogroupe" le groupe dont on parle de l'individu ou des individus
"et l’exogroupe "tous les individus qui n'appartiennent pas au groupe
d'individus dont on parle 2
Cette mesure peut être faite, par exemple, au moyen d'un questionnaire où les
personnes doivent évaluer si les traits proposés s’appliquent ou non à un
groupe communautaire (ex : les Espagnols sont paresseux). Ce type
d'évaluation permet de mettre en évidence ce que le sujet exprime

1
Bertrand et valérie, Dunod, 2013, 181 pages .ISBN: 978-2-10-057714-9.
URL : https://ofppt.scholarvox.com/reader/docid/88815278/page/1?searchterm=Psychosociologie
2
Contenu des stéréotypes, 2012 Institut numérique. URL: https://www.institut-numerique.org/13-contenu-
des-stereotypes-4ff1663c9f53e.
expressément sur une population mais présente l’inconvénient d’être peu
sensible notamment en raison du biais de désirabilité sociale.
2.2 Le contenu explicatif3
Les stéréotypes ont une double fonction : la première concerne la dimension
cognitive et la seconde s'intéresse à la dimension affective et fonctionnelle.
2.2.1 La fonction cognitive des stéréotypes : expliquer la réalité sociale
Les recherches menées s'inscrivent dans les théories explicatives développées
par les individus pour percevoir la réalité. Deschamps le résume ainsi : "
L'homme cherche constamment à expliquer, comprendre et organiser la
perception qu'il a de son environnement, et il explique son explication de son
environnement. En effet, il cherche la cause des événements et des
comportements. Il cherche à maîtriser son environnement par la connaissance
qu’il s’en forge."
Les études portent ici sur le « bon sens », c’est-à-dire l'explication que chacun
essaie de donner à sa perception.
2.2.2 Les fonctions affectives et fonctionnelles : réguler les relations
intergroupes
Les stéréotypes sont analysés comme une trace de relations entre les groupes.
Il s'agit de montrer que leur rôle est d'assurer l'équilibre relationnel, la stabilité
et la régulation des relations intergroupes.
Dans cette perspective, les groupes qui occupent une position dominante au
sein des groupes considérés, sont parfois amenés à développer des stéréotypes
qui légitiment cette hégémonie et la discrimination qui en découle à travers des
caractéristiques spécifiques de l’exogroupe. La justification de la position
défavorisée de l’exogroupe se fait par la mise en saillance de caractéristiques
négatives en rapport avec cette position.
3. Les processus qui président à l’élaboration des stéréotypes sociaux 
Les stéréotypes consistent en quatre processus :
3.1 Les jugements polarisés

3
Edith Salès-Wuillemin. La catégorisation et les stéréotypes en psychologie sociale. DUNOD, pp.365, 2006,
PsychoSup. ffhalshs-00596051.URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00596051/file/SALES-
WUILLEMIN_EDITH_La_catA_gorisation_et_les_SS_en_PS_DUNOD_2006.pdf
Les stéréotypes qui enracinent les préjugés maintiendront l'effet de cette
valeur liée au groupe, car ces préjugés envers les groupes sociaux sont positifs
ou négatifs.
Les psychologues Katz et Barley (1933) ont mené la première étude attestant
de l'existence réelle des stéréotypes. Elle vise à identifier les stéréotypes
associés aux différents groupes de la société. L'étude montre que chaque
groupe est lié de manière consensuelle à des traits spécifiques qui composent
le groupe. Les résultats est que les américains "les noirs" sont reliés les traits «
superstitieux » « paresseux » et « sans cervelle », alors qu'aux membres de la
communauté Blanche sont associés les traits « matérialistes » « travailleurs » et
« intelligents ». 4
3.2 La surgénéralisation :
Ce processus s'explique par le fait que les gens ont tendance à utiliser des
raisonnements logiques qui les amènent à généraliser le comportement d'un
individu ou d'un sous-groupe d'individus à l'ensemble de la catégorie
d'appartenance.
La surgénéralisation, encore appelée la généralisation excessive peut être
analysée de deux manières, soit en mettant en avant ses caractéristiques
fonctionnelles, soit en mettant en avant ses pièges. Dans la première optique, il
semble que la généralisation excessive permet à moindre coût de réguler les
relations entre groupes, mais également, pour l’individu de stabiliser son
environnement. Dans la deuxième optique, la surgénéralisation a deux effets
négatifs, qui conduisent à une discrimination entre les groupes et les individus,
en ce sens qu'elle conduit à un extrême dans les différences entre les groupes. 5
3.3 La distorsion et les biais de mémoire
Ce processus s'explique par le fait que le stéréotype est construit selon des
préjugés.
Quand on parle de ce biais, on ne peut se référer qu'à une très célèbre étude
de rumeurs menée par Allport et Postman (1947). Cette étude examine les
stéréotypes associés à la société Noire. Dans cette recherche, Les gens
4
S. Plous, Understanding prejudice, La psychologie des préjugés: Un aperçu, 2002-2021, 12 pages.
URL : https://secure.understandingprejudice.org/apa/french/page12.htm

5
Jean-Baptiste Légal et Sylvain Delouvée, Dunod, 2015, Stéréotypes, préjugés et discrimination (2e édition).127
pages.URL : https://www.dunod.com/sites/default/files/atoms/files/9782100725045/Feuilletage.pdf
rencontrent une scène qui se déroule dans une rame de métro, où une
personne blanche fait face à une personne noire. Le personnage noir est un
employé de bureau, porte d'un costume, le personnage blanc est un ouvrier,
tenant un rasoir à la main. Cette expérience est pour les blancs. Le premier doit
décrire ce qu'il a vu à la deuxième personne, qui à son tour doit faire de même
pour la troisième personne, et ainsi de suite jusqu'à la sixième personne. A la
fin de cette série, le message est analysé. Les résultats montrent le contraire de
la réalité, montrant que la scène est décrite de manière stéréotypée, un
homme noir agressif tenant à la main un rasoir ayant un accrochage avec un
Blanc. On voit donc que le personnage noir se retrouve immanquablement
décrit de façon conforme au stéréotype.6
3.4 La corrélation illusoire
La corrélation illusoire ou encore appelé «biais de fausse corrélation ou biais de
corrélation trompeuse» est classiquement considérée comme une sorte de
biais cognitif, qui amène des personnes à associer deux informations
objectivement indépendantes ou à surestimer l'association entre deux
informations qui sont en fait faiblement liées.
En 1967, des psychologues américains (Chapman & Chapman) ont étudié ce
biais cognitif et ont montré aux participants une série de dessins qui devraient
être dessinées par les patients. Chaque dessin est accompagné d’une indication
liée à la psychopathologie du patient. Les résultats montrent que les
participants rapportèrent avoir effectivement vu des corrélations confirmant le
diagnostic posé. Ils estimèrent ainsi que les patients ayant des problèmes vis-à-
vis de leur virilité avaient dessiné des personnages avec de très larges épaules
ou que les patients suspicieux soulignaient souvent les yeux de leurs
personnages. Ces résultats s’expliquent par l'utilisation de théories naïves et
aux corrélations illusoires.7

6
Philippe ALDRIN, « RUMEUR », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 18 septembre 2021.
URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/rumeur/
7
L.J. Chapman et J.P. Chapman, « Genesis of popular but erroneous psychodiagnostic observations », Journal of Abnormal
Psychology, vol. 72, no 3, 1967, p. 193–204

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