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PSYCHOLOGIE DES GROUPES ET

INTERGROUPES

CHAPITRE 3: Relations intergroupes

1
Relations intergroupes
• La définition de Relations integroupes
• Les relations intergroupes désignent l'ensemble des
perceptions et des comportements de groupe définis en
termes de nous et eux pour autant qu'ils sont le produit
d'un des processus cognitifs les plus fondamentaux de
l'être humain: la catégorisation.
• On parle de relations intergroupes quand l'interaction
sociale est influencée par l'appartenance à différents
groupes sociaux.
Relations intergroupes
• 1. Catégorisation sociale

Tout comme nous avons tendance à structurer le monde physique en


regroupant les objets en différentes catégories, nous avons tendance à
structurer notre environnement social en regroupant les individus en
catégories sociales.
La catégorisation est le processus qui consiste à regrouper les objets en
catégories. La catégorisation sociale est le regroupement d'objets sociaux
(individus).
Nous avons tendance à classer les individus selon un même système de
catégorisation hiérarchisée.
Il existe quelques catégories de base qui sont les catégories dans lesquelles
on classe immédiatement un individu.


Relations intergroupes
• 1. Catégorisation sociale

Généralement, ce sont l'âge, le sexe et l'ethnie. Ensuite, il existe


des sous-catégories.
Nous catégorisons les objets sociaux et non sociaux par besoin de
simplifier notre environnement.
Ce processus n'est pas sans conséquence sur notre perception des
individus : il nous amène à exagérer les ressemblances
intracatégorielles et les différences extracatégorielles. L'effet
d'homogénéisation est renforcé lorsqu'il s'agit d'un exogroupe
(groupe auquel on n'appartient pas).
Relations intergroupes
• 2. Stéréotypes et perception sociale

a) Qu'est-ce qu'un stéréotype ?

Stéréotype = croyance socialement partagée concernant les


caractéristiques communes attribuées à un groupe social.
Cette croyance ne correspond pas forcément à la réalité. Les
stéréotypes ne concernent ni un individu particulier ni un objet non
social, mais un groupe social.

• Ex : "Les français font bien la cuisine"


"Les italiens sont de bons amants"
"Les femmes sont bavardes."
Relations intergroupes
• 2. Stéréotypes et perception sociale

a) Qu'est-ce qu'un stéréotype ?

Stéréotype = croyance socialement partagée concernant les


caractéristiques communes attribuées à un groupe social.
Cette croyance ne correspond pas forcément à la réalité. Les
stéréotypes ne concernent ni un individu particulier ni un objet non
social, mais un groupe social.

• Ex : "Les français font bien la cuisine"


"Les italiens sont de bons amants"
"Les femmes sont bavardes."
Relations intergroupes
• 2. Stéréotypes et perception sociale

b) Le rôle des stéréotypes dans la perception sociale

• Ils nous permettent de générer des attentes vis-à-vis d'un individu, avant même
de le connaître, au niveau de ses caractéristiques, sur la simple base de son
appartenance à un groupe social.
Les stéréotypes influencent la manière dont nous traitons les information
sociales.
Ils orientent :
- L'attention : on néglige des informations. "Nous voyons ce que nous
voulons voir".
- L'interprétation : "Nous comprenons ce que nous voulons comprendre".
- La mémorisation : Nous retenons seulement les informations conformes au
stéréotype. "Nous retenons ce que nous savons déjà".
Relations intergroupes
• L'endogroupe et l'exogroupe

À l'aide de la catégorisation, nous découpons, classifions et


ordonnons notre environnement social, nous permettant ainsi
d'agir plus efficacement en termes de temps et d'effort.
L'endogroupe (ou intragroupe) est composé des individus
qu'une personne a catégorisés comme membres de son propre
groupe d'appartenance et avec qui elle a tendance à s'identifier.
L'exogroupe (ou hors-groupe) est composé de tous les individus
qu'une personne a catégorisés comme membres d'un groupe
d'appartenance autre que le sien et avec qui elle n'a pas
tendance à s'identifier.
Relations intergroupes
• Le préjugé et la discrimination
• Le préjugé
Selon Gordon Allport, est une attitude négative ou une
prédisposition à adopter un comportement négatif envers les
membres d'un exogroupe, qui repose sur une généralisation
erronée et rigide. Les préjugés imposent des généralisations
défavorables envers chacun des individus qui sont membres
d'un exogroupe sans égard pour les différences individuelles
existant à l'intérieur de chaque groupe. On peut avoir des
préjugés à l'endroit des membres de n'importe quelle catégorie
sociale qui est autre que la sienne et envers laquelle on éprouve
des sentiments défavorables.
Relations intergroupes
• Le préjugé et la discrimination
• Le préjugé
Les psychologues sociaux se sont surtout intéressés aux
préjugés basés sur les catégories sociales fondées sur le
sexe, l'âge, le handicap physique ou mental, la race,
l'appartenance religieuse, ethnique ou linguistique. Les
individus membres de ces catégories peuvent difficilement
nier qu'ils sont membres de ces groupes et ne veulent pas
ou ne peuvent pas facilement changer d'appartenance.
Relations intergroupes
• Le préjugé et la discrimination
• La discrimination est un comportement négatif envers des
individus membres d'un exogroupe envers lequel nous
entretenons des préjugés. De nombreuses recherches
démontrent que nous avons tendance à nous comporter plus
favorablement envers les individus membres de l'endogroupe que
ceux de l'exogroupe. La discrimination envers les membres d'un
exogroupe peut se manifester dans le travail, le logement locatif,
les services sociaux, dans les commerces et dans l'ensemble des
relations interpersonnelles. Aussi, des études ont démontré que
les individus victimes de discrimination se sentaient plus stressés
et plus agressifs que ceux qui n'ont pas subi de discrimination.
Relations intergroupes
• Le préjugé et la discrimination
Par contre, l'effet néfaste de la discrimination sur l'estime de soi peut
être contré lorsque cette discrimination est attribuée au
comportement discriminatoire de l'exogroupe plutôt qu'à des
défaillances personnelles de la victime. Ces recherches démontrent,
qu'en général, la discrimination constitue une menace contre l'identité
sociale des victimes, ce qui entraîne une identification plus forte à
l'endogroupe et des comportements qui revalorisent l'identité sociale
des victimes.
Par ailleurs, deux niveaux d'analyse complémentaires sont nécessaires
pour expliquer les causes du préjugé et de la discrimination:
– Des explications intrapersonnelles.
– Des explications qui s'articulent au niveau intergroupe.
Relations intergroupes
• L'explication intrapersonnelle

La personnalité autoritaire et le rôle des boucs émissaires


constituent les éléments classiques de l'explication intrapersonnelle
du préjugé et de la discrimination. Suite à une vaste enquête aux
États-Unis, Theodor Adorno a avancé l'hypothèse que les préjugés et
la discrimination ne sont pas des phénomènes isolés mais
généralisés, découlant de caractéristiques fondamentales de la
personnalité. L'étude démontra qu'un encadrement familial très
strict et compétitif engendre la personnalité autoritaire qui se
caractérise par une valorisation du pouvoir et de la fermeté et dont
la pensée est organisée en fonction de catégories sociales
rigides nous/eux.
Relations intergroupes
• L'explication intrapersonnelle

L'hostilité réprimée lors de l'enfance dans de telles familles est projetée


sur des exogroupes faibles jugés indésirables (groupe bouc émissaire).
C'est ainsi que l'agression autoritaire contre les
minorités indésirablespeut servir de soupape à des sentiments de
frustration longtemps réprimés dans le contexte familial. De plus, la
recherche révéla que les relations des individus autoritaires avec les
membres d'exogroupes se caractérisaient par l'ethnocentrisme.
L'ethnocentrisme se manifeste chez un individu par:
• Des attitudes positives à l'endroit de l'endogroupe.
• Des attitudes négatives à l'égard des exogroupes.
• La conviction que les exogroupes sont inférieurs à l'endogroupe.
Relations intergroupes
• L'explication au niveau intergroupe

L'explication du préjugé et de la discrimination s'incarne au


niveau intergroupe grâce aux recherches de Muzafer Sherif qui
aboutissent à la théorie des conflits réels (TCR). En Europe,
Henri Tajfel propose la théorie de l'identité sociale (TIS) qui fait
appel à des facteurs motivationnels et cognitifs pour expliquer
la discrimination. Enfin, les notions d'équité et de privation
relativeamènent les chercheurs à se pencher sur la mobilisation
sociale des groupes défavorisés qui tentent d'améliorer leur
sort au sein de la structure sociale. ( Cf chap theories)
Relations intergroupes
• La théorie des conflits réels
La théorie des conflits réels (TCR) propose que la concurrence
entre les groupes pour des ressources limitées est une des
causes fondamentales des préjugés, de la discrimination et des
hostilités intergroupes. La coopération engendre des perceptions
et des comportements intergroupes positifs, alors que la
compétition entraîne des attitudes et des comportements
défavorables envers l'exogroupe. La TCR propose que plus il y a
de compétition pour des ressources limitées, plus les préjugés et
la discrimination seront intenses entre les groupes.
Relations intergroupes
• La théorie des conflits réels
Les résultats des études de terrain de Shérif démontrent
clairement l'impact de la compétition et de la coopération
intergroupes sur la formation des préjugés et les comportements
discriminatoires. Ces études ont également démontré que la
compétition intergroupe peut mener à des comportements
agressifs envers l'exogroupe. Plusieurs recherches ont corroboré
les études de Sherif en démontrant que la compétition
intergroupe pouvait susciter une augmentation de la cohésion et
de la solidarité intragroupes chez les membres du groupe
gagnant, alors que la cohésion et la solidarité diminuent chez les
perdants.
Relations intergroupes
• La théorie de l'identité sociale
En analysant les études de Sherif, on remarqua que les perceptions
négatives de l'exogroupe étaient apparues avant même
l'introduction, par les chercheurs, de la compétition entre les
groupes. La question s'est alors posée de savoir quelles étaient les
conditions minimales pouvant déclencher la discrimination
intergroupe. Tajfel et ses collègues établirent le paradigme des
groupes minimaux (PGM) qui visait à éliminer tous les facteurs
habituellement reconnus comme étant la cause de la discrimination
entre groupes. Dans la situation du PGM, les deux groupes ad hoc
sont créés aléatoirement pour une durée d'environ une heure.
Relations intergroupes
• La théorie de l'identité sociale

Il n'y a aucune rivalité entre les deux groupes, l'anonymat complet


des individus est préservé, aucune interaction sociale n'est permise à
l'intérieur des groupes ou entre les groupes, et les individus ne
distribuent jamais de ressources à eux-mêmes. Dans de telles
circonstances, on s'attendait à ce que peu d'individus trouvent leur
compte à se comporter de façon discriminatoire. Pourtant, les
recherches démontrent que, dans cette situation presque absurde,
les répondants se comportent de façon discriminatoire en donnant
plus de ressources aux membres de leur endogroupe qu'aux
membres de l'exogroupe.
Relations intergroupes
• La théorie de l'identité sociale
Selon la théorie de l'identité sociale (TIS), la catégorisation
sociale eux/nous est l'ancrage cognitif qui permet aux
individus de s'identifier à leur endogroupe. Cette
identification pousse les individus à vouloir s'assurer d'une
identité sociale positive, ce qui peut contribuer à améliorer
l'estime de soi. Pour arriver à une identité sociale positive, le
groupe d'appartenance doit apparaître différent des autres
groupes sur des dimensions jugées positives et importantes
par les membres de l'endogroupe. C'est par la comparaison
sociale favorable à l'endogroupe qu'une identité sociale
positive peut être établie.
Relations intergroupes
• La théorie de l'identité sociale
Plus les membres d'un groupe se comparent favorablement
par rapport à l'exogroupe, plus ils bénéficient d'une identité
sociale positive. Dans le contexte du PGM, c'est le biais
favorisant l'endogroupe dans la distribution des ressources qui
permet aux individus de se comparer favorablement à
l'exogroupe et, par conséquent, de se forger une identité
sociale positive. Les recherches du PGM démontrent que, plus
les individus s'identifient à leur endogroupe, plus ils ont
tendance à se comporter de façon discriminatoire. La TIS pose
que ce désir de différenciation positive vis-à-vis de l'exogroupe
est à l'origine du préjugé et de la discrimination.
Relations intergroupes
• L'inégalité des groupes
• Les théories du conflit réel (TCR) et de l'identité sociale (TIS) doivent
mieux rendre compte d'une réalité fondamentale qui est que la plupart
des relations intergroupes se vivent entre groupes sociaux dont le pouvoir,
le statut et le poids numérique sont inégaux. Souvent ce type de relation
intergroupe est perçu comme étant plus ou moins stable et légitime. Si on
perçoit que la relation intergroupe est instable et/ou illégitime, la
comparaison sociale entre l'endogroupe et l'exogroupe est rendue plus
saillante et, de ce fait, insécurise l'identité sociale des groupes.
C'est dans ce type de relation que la discrimination est d'autant plus apte
à contribuer à l'identité sociale des groupes. Des études PGM démontrent
que la discrimination est d'autant plus virulente que la relation entre les
groupes dominants versus dominés, ou de haut versus bas statut, est
perçue comme étant illégitime et/ou instable.
Relations intergroupes
• L'inégalité des groupes
• Ces études démontrent qu'aussi bien dans des situations
intergroupes stable et instable, les femmes autant que les
hommes préfèrent être membres du groupe dominant plutôt que
du groupe dominé. Sans vouloir s'approprier le pouvoir absolu,
autant les femmes que les hommes préféreraient que leur
endogroupe bénéficie de deux fois plus de pouvoir que
l'exogroupe, que ce dernier soit constitué uniquement de femmes
ou d'hommes. De plus, ces études démontrent que, quelle que
soit leur position dans la structure du pouvoir, les individus
discriminent plus en faveur de leur endogroupe dans la
distribution du pouvoir que dans la distribution des ressources
pécuniaires.
Relations intergroupes
• L'inégalité des groupes
• Il semblerait que l'avantage du pouvoir soit l'outil par excellence
permettant aux groupes dominants de s'assurer d'un certain contrôle sur
les ressources qu'ils convoitent. Ainsi, l'appartenance à un groupe
dominant donne la liberté de choisir d'être soit discriminatoire, paritaire
ou égalitaire envers l'exogroupe dans la distribution de ressources. D'où
le désir des individus d'être membres d'un groupe dominant plutôt que
dominé.
Les inégalités de pouvoir et de statut entre les groupes sociaux entraînent
inévitablement des inégalités dans la distribution des ressources
matérielles et symboliques. Ces inégalités évoquent les questions de
l'équité, de la privation relative et de l'action collective dont le but est
justement une redistribution plus équitable du pouvoir, des ressources et
du statut entre les groupes minoritaires et le groupe majoritaire.
Relations intergroupes
• La théorie de l'équité
• La théorie de l'équité a pour prémisse que la perception d'une
injustice sociale provoque un malaise psychologique qui nous porte
à vouloir rétablir l'équité. La justice sociale peut se rétablir de façon
matérielle ou de façon psychologique. Dans un contexte
intergroupe, l'inequité pourrait se compenser grâce à un ajustement
matériel qui changerait systématiquement les rapports entre les
résultats et les contributions de l'endogroupe et de l'exogroupe.
L'autre type d'ajustement consiste à restaurer l'équité de façon
psychologique. L'ajustement psychologique de l'équité peut se faire
par le biais d'une déformation cognitive de la réalité, à travers
laquelle les rapports contribution/résultat de l'endogroupe et de
l'exogroupe sont rendus équivalents.
Relations intergroupes
• La théorie de l'équité
• Ces déformations cognitives permettent de rétablir la perception de
justice sociale, sans toutefois changer la situation objective des groupes
en présence. Pour des raisons pécuniaires évidentes, on constate qu'en
général les groupes avantagés préfèrent recourir à des ajustements
psychologiques plutôt que matériels pour rétablir l'équité, alors que les
groupes désavantagés privilégient les ajustements matériels.
Les groupes défavorisés sont souvent dépourvus du pouvoir nécessaire
qui leur permettrait d'obtenir les compensations matérielles requises
pour la restauration de l'équité. Cette situation peut amener les groupes
défavorisés à accepter les déformations cognitives véhiculées par les
membres du groupe dominant, ce qui permet à ces derniers de légitimer
l'injustice sociale dont les groupes désavantagés sont victimes.
Relations intergroupes
• La théorie de l'équité
• Cette acceptation des déformations cognitives amène les groupes
défavorisés à minimiser l'ampleur des contributions de leur
endogroupe (par exemple, « nous manquons de compétence ») et à
exagérer celles du groupe avantagé (par exemple, « ils sont plus
éduqués que nous »). Par conséquent, les membres du groupe
désavantagé peuvent finir par croire que leur situation désavantageuse
est méritée et que la relation intergroupe est, en fait, équitable et
légitime. Ce type d'autodépréciation peut avoir un impact négatif sur
l'identité sociale des groupes défavorisés. L'adoption de telles
déformations cognitives est souvent encouragée par le groupe
dominant qui a tout intérêt à blâmer les victimes de l'injustice sociale.
Relations intergroupes
• La théorie de l'équité
• Il est notoire que bon nombre de stéréotypes entretenus par les groupes
dominants laissent entendre que les minorités sont désavantagées parce
qu'elles sont composées de gens paresseux ou mal formés. C'est souvent
en invoquant ce genre de stéréotypes que les groupes dominants
parviennent à légitimer leur comportement discriminatoire envers les
groupes désavantagés. Par conséquent, les groupes défavorisés ont intérêt
à combattre non seulement la discrimination, mais également les préjugés
et stéréotypes qui légitiment ces comportements discriminatoires.
La théorie de l'équité permet de comprendre comment les mécanismes de
déformation cognitive peuvent amener les membres de groupes
défavorisés à considérer leur situation comme étant équitable et légitime.
Cette légitimation de la situation diminue le désir des groupes défavorisés
d'entreprendre les actions collectives nécessaires à l'amélioration de leur
sort.
Relations intergroupes
• La théorie de l'équité
• Il est notoire que bon nombre de stéréotypes entretenus par les groupes
dominants laissent entendre que les minorités sont désavantagées parce
qu'elles sont composées de gens paresseux ou mal formés. C'est souvent
en invoquant ce genre de stéréotypes que les groupes dominants
parviennent à légitimer leur comportement discriminatoire envers les
groupes désavantagés. Par conséquent, les groupes défavorisés ont intérêt
à combattre non seulement la discrimination, mais également les préjugés
et stéréotypes qui légitiment ces comportements discriminatoires.
La théorie de l'équité permet de comprendre comment les mécanismes de
déformation cognitive peuvent amener les membres de groupes
défavorisés à considérer leur situation comme étant équitable et légitime.
Cette légitimation de la situation diminue le désir des groupes défavorisés
d'entreprendre les actions collectives nécessaires à l'amélioration de leur
sort.
Relations intergroupes
• La théorie de la privation relative
• Lorsque les tentatives psychologiques de restauration de l'équité ne
fonctionnent pas, et que le groupe dominant est fermé aux tentatives
de restauration matérielle, c'est la théorie de la privation relative (TPR)
qui explique le mieux le comportement des groupes désavantagés. La
privation relative intergroupe est ressentie lorsque les membres d'un
groupe défavorisé perçoivent une contradiction entre le sort actuel de
l'endogroupe et celui auquel ils pensent avoir droit collectivement.
Les mouvements collectifs de revendication sont le résultat du
sentiment de privation relative ressentie au niveau intergroupe plutôt
qu'au niveau intra ou interpersonnel. Les recherches démontrent que
l'intensité du sentiment de privation relative relève plus du sentiment
subjectif de privation que de la réalité objective.
Relations intergroupes
• La complémentarité des théories évoquées
• La théorie de la privation relative rejoint et complète la théorie de
l'équité. Les deux théories soulignent l'importance des processus
de déformation cognitive nous permettant de mieux saisir
pourquoi des groupes désavantagés ne se mobilisent pas
nécessairement pour améliorer leur sort. De plus, ces deux
théories illustrent les processus nécessaires pour que les individus
en viennent à percevoir qu'une relation intergroupe est injuste,
illégitime et susceptible d'être modifiée. C'est ainsi que ces deux
théories complètent la théorie de l'identité sociale, puisque cette
dernière ne précise pas clairement le processus par lequel les
individus en viennent à percevoir qu'une relation intergroupe est
illégitime et instable.
Relations intergroupes
• La complémentarité des théories évoquées

• De plus, alors que la théorie de l'identité sociale semble bien


expliquer les causes du préjugé et de la discrimination, la théorie de
la privation relative fournit des explications pour des
comportements intergroupes plus extrêmes, tels que les
manifestations ou la violence contre les institutions et certains
exogroupes. La violence intergroupe est parfois utilisée pour forcer
un groupe avantagé à partager les ressources d'une façon plus
équitable avec les groupes défavorisés.
La théorie des conflits réels démontre que les relations intergroupes
ne peuvent pas toujours être harmonieuses, étant donné la
quantité limitée de ressources à partager entre les groupes sociaux.
Relations intergroupes
• La complémentarité des théories évoquées

• La théorie de l'identité sociale soutient que les individus préfèrent être


membres d'un groupe qui se compare favorablement plutôt que
défavorablement aux exogroupes saillants du contexte social. Cette forme
de compétition sociale, qui débouche souvent sur le préjugé et la
discrimination, s'ajoute à la compétition objective (théorie des conflits
réels) pour l'obtention de ressources limitées et augmente le potentiel
chronique des rivalités intergroupes. De plus, les déformations cognitives
concernant l'équité du partage des ressources rendent plus difficile la
résolution des conflits réels entre les groupes sociaux. Étant donné que le
partage inégal des ressources entre les groupes sociaux est la règle plutôt
que l'exception, il faut admettre que le conflit social est une composante
inhérente des relations intergroupes.

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