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Psychologie

sociale

L1 psychologie

2022-2023
S. De Bosscher
Informations CM et TD
https://moodle.univ-lille.fr/course/view.php?id=4034

Code d’inscription facile : drempr

Examens
CT terminal en présentiel, QCM avec pénalités, sur les
CM et les TD
Lectures obligatoires

• Chap. 6. De la présence d’autrui


à la formation des normes

• Chap. 7. Du conformisme à la
rebellion

• Chap. 11. Agression et altruisme

• Chap. 12. partie 1-2 dé


individuation groupe et violence
pp 456 à 458 seulement

• Chap. 13 - parties 1, 4, 5 et 6
Autres lectures
4 amphis (3 le lundi + 1 le jeudi)
Plusieurs intervenant·e·s

Lundi 14-17h Lundi 14-17h Lundi 14-17h Jeudi 15-18h

Groupes 3,10,12,15, Groupes Groupes Groupes


22 2,13,14,16, 18,21 5,6,7,4,20 1,11,8,9,17,19

Gérald Delelis Sabine De Bosscher * Gérald Delelis


Olivier Janssen
Céline Bagès Loris Schiaratura Loris Schiaratura

+ 2 enregistrements Astrid Mignon (février +


* 16, 23 et 30 janvier, 6 et 27 février mars : altruisme + influence minoritaire)
La soumission à l’autorité
Visionnage vidéo + questions (2 séances)

La leçon de discrimination
Visionnage vidéo + questions

5 séances de TD La mesure des stéréotypes


en présentiel Passation des 2 tests (IAT et ASI) en amont
Lecture des articles et questions
+ 1 en ligne
La psychologie sociale, à quoi ça sert?
Travail en petits groupes + mise en commun + exemples

L’altruisme
À distance
Partie 1 CM

Introduction Chap. 1. Socialisation et Chap. 2. Facilitation


Origines, définitions, champs isolement sociale
d’application, méthodes Effets de l’isolement, théorie de la
Effets d’audience, de coaction,
comparaison sociale, théorie
paresse sociale, facteurs de la
attributive des émotions,
facilitation sociale
socialisation

Chap. 3. Normalisation
Chap. 4. Conformisme Chap. 5. Obéissance
Formation des normes,
normalisation et effet autocinétique, Définitions, facteurs
Soumission à l’autorité
changement des norms arbitraires,

Chap. 6. Influence minoritaire


(cf cours en ligne, A. Mignon)
Chapitre 1
Introduction
1. Définitions et objets d’étude

Psychologie sociale

Psycho logie Sociale


Allport (1954) :
La PS tente de comprendre et d’expliquer comment les
pensées, les sentiments et les comportements des individus
sont influencés par un autrui réel, imaginaire ou implicite.

La PS est l’étude de Qu’entend-on par un Qu’entend-on par les


l’influence sociale, c’est- pensées, les
autrui réel, imaginaire,
à-dire l’étude des sentiments et les
implicite ? comportements des
différentes manières dont
individus ?
les personnes ont un
impact sur les autres
(Fiske, 2008).
Allport (1954) Fiske (2008) :
Présence d’autrui réel,
La PS tente de
implicite ou imaginaire =>
comprendre et
pensées, sentiments et
d’expliquer comment les
comportements d’un individu
pensées, les sentiments
et les comportements Autrui => individu
des individus sont
influencés par un autrui « et comment ils peuvent
réel, imaginaire ou influencer cet autrui réel,
implicite. imaginaire ou implicite »
(Leyens, 1979) => idée
d’interdépendance
Deconchy (1980) :
La psychologie sociale trouve son identité dans l’analyse des
jonctions et des disjonctions entre l’être humain et les divers
groupes sociaux, réels ou imaginaires, attestés ou contestés,
existants ou en projet, dont il fait partie, dont il se retire ou
qu’il contribue à mettre en place » (cité par Dubost, 2006)
Beauvois (1998) :
La psychologie sociale s’intéresse donc à « ces évènements
psychologiques fondamentaux que sont les comportements,
les jugements, les affects et les performances des êtres
humains en tant que ces êtres humains sont membres de
collectifs sociaux ou occupent des positions sociales (en tant
donc que leurs comportements, jugements, affects et
performances sont en partie tributaire de ces appartenances
et positions) ».
Selon Moscovici (1984), le regard psychosocial n’est pas
linéaire mais ternaire

Soi Autrui

Objet
Soi Autrui

psychologie sociologie

Objet
Pour Doise (1982), l’explication du fonctionnement humain
peut être considérée selon quatre niveaux d’analyse, qui vont
du plus psychologique au plus sociologique.

Ces niveaux « sont des grilles qui captent un des aspects de la


réalité et qui en laissent échapper d’autres. Tout travail
scientifique est nécessairement une abstraction et ne peut
englober l’ensemble de la réalité ».
Doise (1982) : 4 niveaux d’analyse

1 2 3 4

Le niveau Le niveau Le niveau Le niveau


intra- inter- positionnel idéologique
individuel ou individuel ou
intra- situationnel
psychique
Donc, en résumé, la psychologie sociale tente de décrire,
d’expliquer et prédire le fonctionnement social. Elle s’intéresse
aux cognitions, comportements et affects des individus dans
leurs interactions avec autrui et dans leurs activités de
« connaissance du monde », et ce, dans un contexte social
donné et selon les différentes appartenances de ces individus
à des groupes sociaux.

Elle s’intéresse aux différents phénomènes permettant de


comprendre l’influence que peuvent avoir des personnes sur
d’autres personnes, comment elles se perçoivent,
s'influencent et entrent en relation les unes avec les autres.
Trois perspectives sont principalement travaillées en
psychologie sociale et constituent sa spécificité :

- Par quels processus les êtres humains s’influencent-ils ?


- Que se passe-t-il dès lors qu’il existe des différences entre
groupes ?
- Comment se perpétuent ces différences entre les
groupes ?
2. Historique

La psychologie sociale est une discipline récente, basée sur


les événements et bouleversements historiques et
idéologiques.
La psychologie sociale s’est développée aux USA.

- 1908 : Ross (sociologue) publie Social Psychology : An Outline


and Source Book
- 1908 : McDougall (psychologue) publie An Introduction to
Social Psychology

Pourtant, elle est née en Europe...


Un ancrage européen de la psychologie sociale au milieu
du 19e siècle
Ø En Allemagne, Lazarus et Steinthal (1860) fondent La
Revue de Psychologie des Peuples et de Linguistique et sont
à l’origine de la « psychologie des peuples »
(Völkerpsychologie) ou « étude des manifestations de
l’esprit » (les mœurs, les coutumes, la culture matérielle, les
tendances collectives, le changement social, et en particulier le
langage).
Ø En Italie, Cattanéo (1864) donne une conférence sur
l’antithèse comme méthode en psychologie sociale et
propose d’étudier la manière dont la société détermine
l’émergence de nouvelles facultés chez les individus
(raisonnements, comportements, etc.).
Þ Analyse de l’individu non pas de manière isolée mais par
ses appartenances groupales (familles, classes, peuples,
et en constante interaction avec autrui.
Ø En France :

Ø Gustave Le Bon publie La psychologie des foules (1895).


Pour lui, la foule, organisée ou spontanée, a un impact sur
le comportement et la mentalité de l’individu, elle
l’hypnotise, l’abrutit, elle l’entraine vers la violence et
l’anarchie.
Ø Tarde (1898) publie presque le premier ouvrage de
psychologie sociale mais se fait doubler par Orano, un
italien (1902) avec Études de psychologie sociale.

Ø Tarde fait de l’imitation le fondement du lien social,


couvrant tous les aspects de la vie sociale. Les innovations
ou découvertes se propagent par imitation, s’étendent d’un
milieu social vers un autre, d’un village à un autre, d’un pays
à un autre, etc.
Pourquoi la psychologie sociale est-elle née en Europe ?
Pour répondre, il faut examiner les conditions politiques,
sociales, religieuses, économiques et intellectuelles de cette
époque.

En Europe, à cette époque, il y a eu de nombreux


bouleversements. En effet, le 19ème siècle est propice à la
naissance des sciences sociales en raison de nombreux
bouleversements.
- Des révolutions politiques et sociales qui modifient les
rapports de pouvoir entre les individus/groupes
(Marxisme, Révolution Française).
- Les empires multinationaux s’écroulent sous la montée
des nationalismes.
- La révolution industrielle entraîne la montée du
capitalisme et la naissance d’une idéologie prolétarienne.
On parlera alors de l’adaptation humain-machine, c’est le
début de la psychométrie, des tests, de la crâniométrie,
personnalité, des débats inné contre acquis, sur le rôle du
social...

Ces révolutions idéologiques remirent en cause les


fondements religieux de l’ordre social et politique.
Le passage du droit divin (ancien régime) au droit des
peuples (siècle des lumières) a permis un questionnement
sur l’être humain et sa nature => explication des choses
terrestres par des lois terrestres (Montesquieu).
Emergent alors les idées suivantes :

- Tous les hommes sont égaux entre eux (4 juillet 1776,


Jefferson) ;

- Un contrat social est nécessaire ;

- La liberté religieuse est nécessaire ;

- Les peuples doivent être gouvernés par des gens qu’ils ont
élus ;

- Les pouvoirs doivent être séparés.


Cette révolution idéologique entraîna un triple objectif :

- Expliquer l’origine de ces bouleversements


idéologiques et sociaux
- Établir un nouveau projet de société
- Fournir de nouvelles bases idéologiques
Darwin (1859) : De l’origine des espèces par voie de
sélection naturelle à théorie de l’évolution.

Les variations biologiques qui s’observent entre les individus


au sein d’une même espèce sont le résultat de mutations
génétiques aléatoires et héréditaires. Ces mutations peuvent
favoriser l’adaptation des individus à leur environnement
(processus d’évolution) ou les gêner (processus d’involution).

Évolution => survie => procréation


Les travaux de Darwin sont utilisés de manière erronée au
19ème.

Galton va appliquer cette théorie au niveau psychologique et


social : comment expliquer que l’être humain ait survécu alors
que plus faible / autres espèces ?

Þ L’intelligence = la mutation ultime

Þ Elle a permis non pas de s’adapter à l’environnement mais


de l’adapter aux besoins de l’espèce

ÞLes plus intelligents sont ceux qui ont le plus adapté leur
environnement
Mais qui a adapté le plus l’environnement ?

Noirs < Blancs

Latins < Anglo-saxons

Campagnards < Citadins

Pauvres < Riches

Femmes < Hommes


S.J. Gould : La mal-
mesure de l’homme

L’anthropologie
physique, avec de
Broca (1885), se
devra de confirmer la
chose.
“Parmi les races les plus intelligentes, comme les Parisiens, il y a une
notable proportion de la population féminine dont les crânes se
rapprochent plus par leur volume de ceux des gorilles que des crânes
du sexe masculin les plus développés [...]. Cette infériorité est trop
évidente pour être contestée un instant et on ne peut guère discuter
que sur son degré. Tous les psychologues qui ont étudié l’intelligence
des femmes [...] reconnaissent aujourd’hui qu’elles représentent les
formes les plus inférieures de l’évolution et sont beaucoup plus près
des enfants et des sauvages que de l’homme adulte civilisé [...]. On ne
saurait nier sans doute qu’il existe des femmes fort distinguées, très
supérieures à la moyenne des hommes, mais ce sont là des cas aussi
exceptionnels que la naissance d’une monstruosité quelconque, telle
par exemple qu’un gorille à deux têtes, et par conséquent négligeables
entièrement.” (Le Bon, 1895)
“Vouloir donner aux deux sexes, comme on commence à le faire en
Amérique, la même éducation, et par suite leur proposer les mêmes
buts, est une chimère dangereuse (…). Le jour où, méprisant les
occupations inférieures que la nature lui a données, la femme
quittera son foyer et viendra prendre part à nos luttes, ce jour-là
commencera une révolution sociale où disparaîtra tout ce qui
constitue aujourd’hui les liens sacrés de la famille et dont l’avenir
dira qu’aucune n’a jamais été plus funeste (…)”
(Le Bon, 1879)
“Le taux de reproduction immensément élevé chez les imbéciles est
depuis longtemps reconnu. [...] Ce phénomène conduit au fait que le
matériel humain socialement inférieur est rendu capable de pénétrer
et finalement d’assimiler la partie saine de la nation. Il faut qu’une
sélection sur des critères de ténacité, d’héroisme, d’utilité sociale [...]
soit accomplie par quelqu’institution humaine si l’on ne veut pas que
l’humanité, faute de facteur de sélection, soit anéantie par une
dégénérescence entraînée par la domestication. L’idée raciale qui
est à la base de notre Etat a déjà permis d’obtenir beaucoup à cet
égard”. (Le Bon, 1911)
Ceux qui modifient le plus leur environnement seraient
donc les plus intelligents (mutation ultime). Les plus
intelligents ont des sensations plus fines, traitent
l’information plus vite, ont des réactions plus rapides.
Études sur les sensations et temps de réaction,
« mesures » (tests) d’intelligence...
Spécificités de la psychologie sociale :

Des deux grands courants, européen et américain, on voit


naître deux niveaux d’analyse différents :

- Celui qui pose comme niveau d’analyse l’individu


- Celui qui pose comme niveau d’analyse plus global le
groupe ou l’organisation ou encore le système idéologique
auquel un individu appartient
3. Méthodes

La psychologie sociale est une discipline empirique => mise à


l’épreuve des faits, de la réalité

Modèles => hypothèses => variables indépendantes et


dépendantes
Méthodes basées sur la démarche scientifique :

- des méthodes qualitatives (Semestre 2 méthodo) =>


l’observation, l’entretien ;
- des méthodes quantitatives => le questionnaire (S2), la
méthode expérimentale (S1)...
- Des méthodes issues de la psychophysiologie (réponse
électrodermale, mesures de l’activité cardiaque...)
4. Applications

Les champs d’application sont vastes.


Si on se base sur le traité de Bègue et Desrichard (2013), on
trouve :
- L’éducation
- Le travail
- La justice
- La santé
- Le sport
- L’environnement
(dernière séance de TD)

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