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Alexandra Filhon

S223 (mardi et vendredi en général)

Méthodologies qualitatives et quantitatives

on parle de complémentarité de méthodes mais au final qu’est ce que ça veut dire ? Quand choisir
quelle méthode ?

Diapo pas accessible après le cours, ce qui est écrit dessus ne suffit pas

Évaluation :
Questions de cours ou QCM : Réponses courtes, pas de dissertation. Plutôt un QCM apparemment

Plan du Semestre

Séance 1 – Introduction
Séance 2 et 3 – La démarche en sociologie
Séance 4, 5 et 6 – Des entretiens, pour quoi faire ?
Séance 7 et 8 – L’observation
Séance 9 et 10 – Le questionnaire
Séance 11 et 12 – Enquêtes en ligne. Comment mener des enquêtes en temps de COVID ? Enquêtes
via internet, blogs, visio… Comment faire, quelles limites ?

Bibliographie sur cursus

Invitation à la sociologie, BERGER L. Peter

Lire aussi les romans d’Annie Ernaux comme La Place, les armoires vides etc.

Plan de la 1ere Séance

Que signifie étudier la société ? La sociologie une science empirique

1. Définitions : société, social

2. Le social selon Durkheim et Weber

3. Ce que le sociologue n’est pas

4. Ce que les sciences sociales sont

Pour définir en quelques mots ce qu’est la sociologie : Elias disait que c’est une science à « double
niveau », c’est à dire une science qui ne se limite pas à juste théoriser, penser, mais c’est une
science qui s’appuie sur de l’empirie, c’est à dire des données.

La finalité de la sociologie, c’est bien de théoriser : donner à voir le monde, la société, à travers un
certain regard et donc réduire la complexité de la société, du phénomène social, en dressant par
exemple des profils types, une théologie.
Cette théorisation n’émane jamais de lectures, de données personnelles… Elle se construit à partir
d’un terrain : qui soit soit quantitatif (données macro/statistiques) soit qualitatif (micro : des mots,
des gestes, des comportements).
C’est une discipline qui n’est pas hors sol : on étudie le temps présent (même si on peut étudier des
données archivistiques, mais on le fait à partir du moment présent).

Porte donc sur des faits « conquis, construits et constatés » (Bachelard)


Constaté : qu’ont a pu observer empiriquement
Conquis, construits : - Tout n’est pas observable
- ce que l’on observe, c’est nécessairement quelque chose qui est construit, c’est à dire que les
données que l’on cherche à observer ne sont pas livrées telles quelles, elles ont un sens dans la
société, on ne peut pas observer ce qui n’est pas observable dans le sens commun : ex :
pour étudier les Interruption volontaire de grossesses, ce n’est que à partir d’une certaine dates
qu’on a pu les compter, car elles ont été autorisés, avant ça ça existait tout autant, mais on ne
pouvait pas compter, car c’était interdit.
L’illettrisme, c’est au moment où on l’a nommé qu’on a commencé à travailler dessus, pour autant
ça a toujours existé.

citation Durkheim : Pour mener correctement la recherche, le sociologue doit en amont, ou


progressivement avoir l’ambition de s’atteler à un objet qui n’est pas un objet trop vaste. Le gros du
travail souvent, ça va être de dessiner les contours de cet objet (ex : qu’est ce qui m’intéresse : Les
jeunes et la politique ? C’est vaste : où ? Qui (les jeunes c’est qui ?) Quoi (parti politique ?
Syndicats ? Association ? Mouvement ? Émeutes?).. toutes ces questions me permettent de
circonscrire mon sujet pour qu’il soit plus petit, qu’il soit appréhendable et que je puisse ne pas
partir dans tout les sens, et que à la fin je puisse avoir des résultats, des conclusions approfondies (si
on étudie quelque chose de trop grand, on ne peut rien conclure) : on peut travailler sur une rue, sur
une personne et ce quelle transmet comme capital..

Les données qu’on mobilise sont des données présentes, il faut donc garder en tête que les
conclusions produites sont sans cesse à questionner, car le propre d’une société, des groupes
sociaux, c’est de changer, se transformer : le travail du sociologue c’est de questionner le
changement social. Il va falloir revenir sur des questionnements qui peuvent revenir sans cesse : la
place de telles personnes dans la société, l’école…
Il faut donc un esprit critique par rapport aux résultats et aux données que l’on produit.

Définition de la société

C’est un terme ambigu, car c’est un terme utilisé dans le sens commun, où il a déjà plusieurs
signification.
La notion de société définit par les sociologues et par le sens commun, c’est deux façons de les
appréhender qui vont diverger :
dans le sens commun, on pense souvent la société à l’échelle du pays (la société française..)
au niveau sociologique, la société c’est pas forcément un grand nombre d’individu, on peut faire
société en étant une promo, les employés d’une entreprise (il y a des règles, il y a des normes, un
entre-soi).
Société = ensemble de relations humaines, un système d’interactions : il y a des échanges entre des
individus, qu’il y a des attentes, des comportements attendus, des règles qui régissent cette société.
L’échelon société est variable (ça peut donc être société française, ça peut être société à l’échelle
d’une classe, ça peut être un couple, ça peut être virtuel sur les réseaux sociaux, à partir du moment
où il y a cette idée d’échange.
Ces sociétés ne sont pas toutes vouées à durer, il peut y avoir des sociétés qui sont éphémères (ex :
une foule)

Définitions du social

Dans le langage courant, le social renvoie souvent à un problème (problème social, cas social) qui
nécessite un traitement

De ce problème social, de cette situation problématique, parfois on pourrait penser que le rôle du
sociologue est de régler ce problème, ce qui n’est pas le cas, du moins pas directement.

Définition sociologique du social : Interactions ou relations réciproques. Échange entre des


individus.
Ce n’est pas forcément un problème, car ce qui est problématique pour quelqu’un, ne l’est pas
forcément pour tout le monde, on cherche à comprendre une situation. Comment elles perdurent ou
pas, comment elles donnent lieu à des différences, à des inégalités.

Il existe plusieurs orientations théorique de la notion de social. Nous allons citer les 2 principales :
le « fait social » selon Durkheim (père de la sociologie française) et « l’activité sociale » selon
Weber (père de la sociologie allemande). Dans la façon même de les nommer on peut déjà
comprendre la manière de les appréhender.

Le fait social selon Durkheim (1858-1917)

Il s’intéresse à la société, aux phénomènes sociaux, en parlant de fait sociaux : ce sont selon lui des
faits qui consistent en des « manières d’agir, de penser, de se sentir, qui sont extérieurs à l’individu,
qui sont douées d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui »

Quand Durkheim dit qu’ils sont extérieurs aux individus, il va prendre l’exemple classique qui est
celui du suicide, qui est apparemment personnel, individuel, intime (on va plutôt du côté de la
psycho quand on s’intéresse à ce sujet en général) : Durkheim dit qu’on peut s’intéresser au suicide
sans s’intéresser à la personne en elle même, mais en s’intéressant à la régularité de ce fait social :
c’est un phénomène qui existe depuis toujours, qui est régulier, a un nombre stables depuis des
siècles (en tout cas au moment de l’étude), quand on s’intéresse aux profils sociaux des personnes
qui passent à l’acte, aux période de l’année, à la corrélation géographique…

Durkheim définit le fait social à partir de la régularité, de l’extériorité et de la contrainte qui


s’exercent sur les phénomènes.

« Est fait social toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une
contrainte extérieure »

phénomène :
-régulier..
-extérieur à l’individu : il ne prend pas fin à une génération donnée, c’est un phénomène
intergénérationnel qui perdure à un individu, il n’est pas né avec une gén. Il n’est pas mort avec.
-pouvoir coercitif : ça s’impose à l’individu, il n’a pas le choix, on ne se pose même pas la question
bien souvent : il y a une intériorisation des règles, des normes, c’est donc bien qu’elles se sont
imposées à nous. Tout n’est pas écrit dans la loi, certaines oui, avec une sanction pénale derrière,
mais la plupart du temps, ce sont des règles où la punition n’est que sociale, c’est le regard de
l’autre.
Durkheim va volontiers mobiliser des données statistiques car il y a cette idée de « chosifier » les
phénomènes sociaux, c’est à dire enlever la notion de « dynamique » du phénomène.

Perspective déterministe ou holiste (c’est la société, le tout, qui va pousser les individus à agir de
telle ou telle manière = les déterminants sociaux pèsent sur les individus, ils vont avoir un poids sur
la façon dont ils agissent, dont il pensent. Elles sont déterminantes, certains auteurs dans cette
perspective appellent les individus « agents », pour montrer que ce qu’ils font ne relève pas
forcément ou du moins pas uniquement de leur bon vouloir.)

Cette façon d’appréhender les faits sociaux est donc principalement orienté vers les données
statistiques, alors que chez Weber il y a … pas opposition complète mais différences : perspective
beaucoup plus dynamique

L’activité sociale – Max Weber (1864 – 1920)

sociologie « compréhensive »

Il les étudie en regardant avant tout la façon dont les individus vont orienter leurs actions les uns
envers les autres : comment ils agissent, pensent en prenant en considération l’autre.
La question du sens dans l’activité sociale est centrale chez Weber, c’est en ça qu’il mène
sociologie compréhensive : il s’agit de comprendre ce qui fait que la personne pense comme elle
pense, qu’est ce qui fait que l’individu agit comme il agît : pas seulement les contraintes qui pèsent
sur lui, mais aussi comment il pense, se représente le monde de tel ou tel façon.

Pour saisir le sens donné aux actions, on va prendre avant tout en compte la relation humaine, et
dans cette relation comment les individus identifient l’autre, le caractérise et se pensent eux.
Dans cette façon d’étudier les phénomène sociaux, on voit que la situation est très importante : Il y
a un moment où je peux me comporter de telle façon, car dans cette situation je suis identifié
comme un pair/ un cadre / un sportif / un hétéro / un blanc.. tout dépend qui j’ai en face de moi, où
je me situe, comment se construit l’interaction. On a tous différentes casquettes, qui sont utilisées
selon les situations.

Weber distingue 4 modalités de l’action sociale :


1 Le comportement traditionnel : fait car attachement aux coutumes, aux habitudes.
2 Le comportement affectuel : actions liées à des émotions, à des sentiments.
3 Le comportement rationnel en valeur : Lié à des croyances, à l’honneur etc. Les conséquences des
actes ne sont alors pas prises en considérations
4 Le comportement rationnel en finalité : Confronte les moyens aux finalités escomptées (qu’est ce
que je vise en agissant de telle façon ou de telle autre).

(le 3 et le 4 sont presque opposés d’un certain côté, le 3 est tourné vers le passé, je dois agir de telle
manière au regard de.. le 4 est plus vers le futur, je fais ça car je veux ça.)

On va s’intéresser à la subjectivité des individus, ce que Durkheim ne prend lui pas en compte.

Objectivisme vs Subjectivisme

On a donc opposition entre la démarche de Durkheim qu’on peut dire objectiviste, où on ne va pas
s’intéresser aux raisons, aux sens, on va s’intéresser à ce qui se joue, sans chercher à comprendre
pourquoi dans la trajectoire des individus ça se joue, Durkheim cherche avant tout à expliquer. Là
où la démarche de Weber cherche avant tout à comprendre, on parle alors de subjectivisme :
ATTENTION par contre : prendre en compte la subjectivité des acteurs, individus ne va pas
changer par contre que la démarche du chercheur est elle objective, il va de la même façon que dans
l’objectivisme mettre de côté ses préjugés, valeurs, pensées.. L’OBJECTIVITÉ est TOUJOURS là

Ces deux perspectives ont des conséquences en terme méthodologique : Approche quantitative
(Durkheim) / Approche qualitative (Weber)

La sociologie comparée aux autres disciplines

En sociologie on peut travailler à peut près sur tout les domaines de la vie sociale. Ce qui
caractérise la sociologie, c’est qu’elle ne va pas être spécifique à un objet d’étude, elle c’est un
domaine (contrairement à l’économie, le droit..) qu’elle étudie.

L’objectif n’est pas d’adopter un point de vue sur un phénomène social et donc de le regarder que
d’un point de vue qui serai celui du problème social
( ex : Si je travaille sur la délinquance : je vais bien sûr regarder la loi, dans la société dans laquelle
je vit, qu’est ce qui définit un acte de délinquance, qu’est ce qui punit. Mais contrairement à un
juriste.. ce qui m’intéresse ce n’est pas pour appliquer la loi, ni pour dire ce qui est juste ou non, ce
qui est bien ou non, je ne suis pas là pour émettre des jugements de valeurs, je suis là pour essayer
de comprendre la situation, donc je ne dois pas voir la situation que du point de vue du dominant, de
celui qui applique la loi : il faut aussi regarder du point de vue du délinquant, pourquoi il le fait ?
Qu’est ce qu’il a à y gagner, à y perdre…)

(comme vu aux CM du semestre 1, l’idée de science de l’excuse : la vision erronée que certains
(genre les politiques) ont sur la sociologie : pour eux : comprendre = excuser, sauf que non pas du
tout)

Ce que le sociologue n’est pas

(cf : texte sur cursus de Peter ..)

Le sociologue n’est pas un acteur social ni un bienfaiteur : son objectif n’est pas d’agir sur la
société, c’est un sujet qui fait beaucoup débat, et tout le monde n’est pas d’accord sur la façon de se
positionner, il y a de plus en plus de recherche-action, de plus en plus de chercheurs sont militants,
car ils ne supportent plus de ne pas agir, ils n’ont pas l’impression de s’impliquer.

C’est une question, un débat qui est actuelle, on peut pas trancher.

Chercher à comprendre, ça nécessite de prendre l’objet dans toute sa complexité, et de saisir les
différents interlocuteurs et de comprendre qu’est ce qui fait que ça se passe comme ça. Si d’amblé
on est dans la logique de revendiquer, de lutter, c’est qu’on a déjà une conclusion à ce sur quoi on
va travailler : ça veut dire qu’on est déjà orienté (donc pas objectif).

Il faut énoncer quelque chose avant de pouvoir dénoncer : donc au moins dans un premier temps, la
casquette du sociologue nécessite de ne pas être dans l’action : mais d’abord dans la
compréhension.
Donc le sociologue n’est pas un acteur social ni un bienfaiteur au moins dans un premier temps.
(bienfaiteur c’est la même idée, ça veut dire qu’on a déjà son idée sur ce qui se passe dans la
situation : genre si on arrive dans un endroit pour voir l’inégalité des sexes : on arrive avec la bonne
parole, on leur dit comment ils devraient se comporter, il faut arriver dans un premier temps pour
observer sans avoir d’avis sur la situation)

Il ne cherche pas directement à expliquer, comprendre des phénomènes sociaux dans l’objectif de
transformer la société. Ce n’est pas un réformateur.
..

CM2 – Vendredi 27 Janvier

QCM de début de cours

Question 1 : En sociologie comment peut on appréhender le sociales ?


à partir l’étude d’échanges réciproques entre les individus

Question 2 : Qui parle de « fait social » ?


Durkheim

Question 3 : Qui parle de « activité sociale » ?


Weber

Question 4 : Faire preuve de subjectivisme implique-t-il un manque d’objectivité ?


Non

Question 5 : Le sociologue est-il un acteur social ?


Non, on ne peut pas comprendre et agir en même temps

Question 6 : En quoi la sociologie est-elle une science à « double niveau » ?


Elle articule empirie et théorie

Reprise là où on en était (ce que le sociologue n’est pas)

Le sociologue n’est pas purement un technicien : accumuler des données c’est essentiel (aller sur le
terrain, faire un questionnaire, mener des entretiens) pour ensuite théoriser : mais on ne peut pas
se satisfaire d’avoir récupérer des données et décrire : il faut chercher à aller plus loin et interpréter.
(ex : si on décrit la réalité qu’est la différence de difficulté pour accéder au bac et aux
enseignements supérieurs pour les enfants d’origines populaires par rapport à ceux d’origines
privilégiées : on doit aller plus loin que de juste décrire ça, on doit chercher à théoriser le pourquoi :
ex : théorie des capitaux culturel de Bourdieu (théorie déterministe) ou encore la théorie de Boudon
qui dit que si ceux des populations populaires ne continuent pas leurs études, c’est qu’ils
considèrent qu’ils ont plus à perdre, qu’à gagner : stratégie d’acteur (plus individualiste là)
Donc : décrire = Oui MAIS : il faut aller plus loin.

Le sociologue n’est pas un jargonneur : en sciences sociales/humaines, c’est scientifique, mais à la


différence des sciences « dures », on a pas de langage propre à la science, on utilise le même
langage que le langage courant : avantage d’une certaine façon, car on peut considérer que la
circulation du savoir scientifique est plus aisée (puisque pas de langage spécifique à intégrer), mais
en même temps, il faut qu’il y est un certain recul, regard critique vis à vis des mots que l’on
utilise = si on travaille sur les relations inter-ethnique en France : tout le monde à une vision de ce
que c’est, de ce qu’une ethnie est.. et dans la grande majorité des cas, c’est erronée comme vision :
donc deux possibilités :
-on reste sur le flou … qui fait que l’on doit expliquer/définir à chaque fois les mots que l’on utilise.
-ou bien utiliser des mots/des concepts un peu durs, qui se veulent se distinguer des implicites du
langage courant = jargonner

Que sont les sciences sociales ?

Des sciences qui visent à décrire, mais pas que : elles visent aussi à expliquer, à comprendre, et ça
passe nécessairement par une démarche spécifique qui permet de qualifier les sciences sociales de
science.

La démarche scientifique va nécessiter que je me dote d’outils, d’états pour poursuivre ma


recherche, il y a des processus à suivre. Il vise surtout à mettre de côté mes jugements de valeurs,
mes jugements moraux, mes opinions personnelles, mes a priori (= pas de jugement normatif)

La finalité est avant tout théorique : on doit donc avoir conscience qu’on simplifie la réalité en la
théorisant, il est très difficile de rendre compte du réel dans toute sa complexité.

Les champs d’investigation portent sur le quotidien et non sur des objets extra-ordinaire : En
sociologie on peut travailler sur tout, mais avant tout on travaille sur de l’ordinaire : on doit
s’intéresser à ce à quoi on ne s’intéresse même plus, où on ne se questionne même pas : Ex : Elias
qui travaille sur la fourchette.

Sortir les sciences sociales en tant que science on ne fait pas de journalisme, on a besoin de temps
longs, de déconstruire et reconstruire : ça porte sur des problèmes sociologiques et non des
problèmes sociaux.

Mener une analyse sociologique

1. Le regard sociologique

« Appliquer une certaine grille de lecture »


« voir autrement que d’ordinaire »
« Aller voir derrière la façade »

2. Passer d’un problème social à une problématique sociologique

3. Principaux courants sociologiques contemporains

--
--
Appliquer une certaine grille de lecture

On a plusieurs façons pour appréhender la réalité, et quand on met ses lunettes de sociologues, on
va décrypter cette réalité avec un certain angle d’attaque qui mène à une abstraction de cette réalité,
à une simplification de cette réalité. On va s’intéresser, on va mettre l’accent sur certains éléments
mais on ne pourra pas

Toute réalité offre plusieurs niveaux de signification

- Regard sociologique = abstraction d’un certain type


- Sociologue s’intéresse aux faits, relations, interactions quelle que soit la nature des activités.
- S’intéresse aux facteurs objectifs et/ou aux raisons subjectives : ça va dépendre du niveau, de
l’échelle à laquelle je me situe (ex : si on travaille sur la transmission des langues arabes et
berbères, comprendre ce qui passe des enfants aux parents, ça amène à se demander qui transmet
(les parents, quels parents ? = établir des facteurs objectifs de transmission), mais aussi pour
comprendre plus finement les profils des personnes qui transmettent plus la langue à leurs enfants,
on va s’intéresser aux raisons plus subjectives : qu’est qui les pousse à transmettre cette langue,
qu’est ce qu’elle représente pour eux ?..)
- Spécificité : Allier questionnement théorique et réponse empirique.

Exemple : Étude sur le mariage :

Un sujet, mais beaucoup beaucoup de possibilité d’angle/ de perspective de recherche :

-Evolution du mariage dans le temps : Qui se marie aujourd’hui comparé à hier ? À quels âges ?
Présence d’enfants ? Quelles fluctuations ? Les divorces augmentent-ils ? PACSE ? Comment
comprendre ces changements macro ?

-Mariage selon les milieux sociaux : Que signifient ces liens d’affiliation selon les origines
sociales ? Place de la femme dans l’union ?

-Sens du mariage aujourd’hui:pourquoi se marie-t-on ? Place de la religion ? Rôle de la famille ?

-Différentes formes de cérémonies, fêtes, invités etc. Comment se marie-t-on ? (cf recherche de F.
Maillochon)

Même réalité mais des niveaux d’observation qui varient.

Voir autrement que d’ordinaire

S’interroger sur ce qui a priori va de soi.


Être capable de remettre en questions certaines évidences

C’est avant tout un travail de dé-construction :


S’intéresser à ce qui fait sens pour les individus
« Si les hommes définissent leurs situations comme réelles, elles sont réelles dans leurs
conséquences » (William Isaac Thomas) = le fait d’avoir le sentiment d’être dans une situation ou
un autre, va nous pousser à agir d’une façon ou d’une autre. (ex : si une personne à une place haute
genre prof d’uni.. se dit qu’elle est où elle est parce qu’elle a bossé et non pas parce qu’elle vient
d’un milieu aisé, ça va agir sur sa manière de se comporter, d’éduquer ses enfants… ce qui compte
dans ce cas : c’est pas est ce que objectivement la personne est là de part son milieu social ou de
part ses efforts, ce qui compte pour déterminer ses actions, c’est ce que elle elle pense de la
situation et de la raison de cette situation. [par contre dans les études faites, le rôle du sociologue va
être de dégager entre autre des récurrences, des schémas pour montrer que même si la mise en mot,
la perception est unique pour la personne, au final il n’y a rien de bien unique..)

Mais tout autant un travail de dé-centrement


Ne pas étudier les phénomènes sociaux uniquement à partir de notre propre représentation de la
réalité ; à partir de nos normes et de nos valeurs. Il faut être capable de saisir les normes, les valeurs
des autres, pour saisir le phénomène social dans sa globalité. Même si on est apparemment en total
opposition à la manière de penser de la personne, on doit pouvoir comprendre sans juger, sans
accuser la manière de penser.
Quand on commence une recherche on peut faire une auto-analyse, poser ses propres opinions, ses
biais pour en prendre conscience et pouvoir s’en écarter pour la recherche.
Il est nécessaire d’avoir un journal de terrain : avoir le point de départ de la recherche et petit à petit
pouvoir écrire ce travail de dé-centrement pour voir comment il prend forme.

C’est utile pour soi, pour comprendre le sens de la recherche, mais aussi pour permettre aux autres
de comprendre : dans une intro d’une recherche mettre ce fil rouge, ce travail de dé-construction et
de dé-centrement, c’est très utile, et même au-delà de l’intro d’ailleurs.
On peut évoquer les travaux anthropologique, et le fait de se dégager de l’ethnocentrisme (fait de
regarder la culture des autres à partir de la sienne et de considérer que la sienne est supérieure, est
un modèle)

Aller voir derrière la façade

Aller au-delà du discours officiel, des pratiques et valeurs considérées comme légitimes.
Essayer de regarder le tout, interroger les discours, les comportements, mais aussi nos institutions,
les mots que l’on va utiliser..
C’est difficile car les gens sont imprégné du discours de légitimité des institution, donc ils vont pas
faire un discours divergent de ça.

Exemples :
-Durkheim sur le suicide, voir derrière les motifs individuels ce qu’il y a de général. (après son
appréhension même du suicide est toute à fait questionnable, puisque les suicides sur lesquels il va
travailler vont suivre certaines règles, genre mort tant de jours max après l’acte..du coup ça peut
changer des choses..)

-Girard Alain « Le choix du conjoint ». regarder sur quoi repose le sentiment amoureux. Facteurs
objectifs de proximité sociale. Homogamie Sociale. Le goût (cf . Pierre Bourdieu), les affinités c’est
en grande partie liés à une trajectoire de socialisation.
Modèle d’analyse sociologique

3 niveaux d’analyse :

1/ Le niveau des acteurs en tant qu’individus ou groupes, est ce qu’il y a des groupes, est ce qu’il y
a une hiérarchie, des déterminants sociaux : membres d’une classe sociale, d’un même groupe
d’âge ; d’un même sexe, d’un même niveau d’études, etc.

2/ Le niveau des actions et interactions. Qu’est ce qui fait qu’ils vont se comporter de telle ou telle
façon.. Confrontation des acteurs avec d’autres groupes, d’autres acteurs. Exemple : Comment
comprendre le rapport au travail des ouvriers si on ne regarde pas aussi les patrons…

3/ Le niveau global (on pourrait aussi dire systémique), on va prendre en considération le contexte


historique, politique, économique, les « règles du jeu »: La société dans laquelle se déroule ses
interactions, la structure sociale etc.
Exemple : Elias :comparaison au terrain de foot : connaître les joueurs indépendants des autres, les
uns par rapport aux autres, équipe par équipe, le coach, les règles du jeu.

Exemple de la prophétie créatrice (auto-réalisatrice aussi / mais également auto-destructive


apparemment) de Merton

Merton (1910-2003), sociologue américain analyse le racisme anti-noir de l’après 1ere guerre
mondiale.

Le point de départ de son analyse est le suivant : les ouvriers blancs disent qu’ils ne sont pas
racistes ; ils expliquent que les Noirs n’ont aucune disciplines syndicale, qu’ils acceptent de très
bas salaires, et qu’ils sont des briseurs de grève, et que c’est pour cela qu’ils les excluent des
syndicats. Sauf que comme ils sont exclus des syndicats, les ouvriers noirs n’ont pas le choix
d’accepter des salaires plus bas et de travailler en temps de grève : et donc ils sont perçus comme
des briseurs de grève et ainsi de suite..
dans son étude Merton voit que les ouvriers noirs qui viennent du Sud où ils étaient particulièrement
violentés, victimes du racisme, ils sont dans une logique de survie, ils vont chercher à avoir le
travail et ne peuvent pas penser à faire la grève. Les employeurs vont se servir d’eux comme d’une
armée de réserve, et vont volontairement mettre en opposition les ouvriers noirs et blancs. Et du
point de vue des ouvriers blancs, c’est les ouvriers noirs qui mettent à mal leur grève. Donc chacun
est renforcé dans ses positions :
ce que Merton montre/voit : les ouvriers noirs ne sont pas dans une logique d’aller contre la grève
du tout, ils veulent juste travailler pour vivre/manger. Et puis les ouvriers noirs auraient pu faire la
grève au final, il aurait « juste » fallu créer une solidarité ouvrière pour leur permettre.

« C’est, au début, une définition fausse de la situation qui provoque un comportement qui fait que
cette définition initialement fausse devient vraie » Robert King Merton, Éléments de théorie et de
méthode sociologique (1948)
CM3 – Vendredi 03/02/2023

QCM de début de séance

Question 1 : La posture du sociologue est liée à l’époque et au contexte dans lequel il vit

Oui (on a ses propres représentation, travail de décentrement, de déconstruction, il le fait par rapport
au contexte qui est le sien. Et aussi, les représentations communes qui changent (ex, Durkheim est
un homme du début 20e, donc il a pas les mêmes représentations de base que un sociologue
aujourd’hui)

Question 2 : Pour observer le réel il faut :


Être capable de prendre du recul

Question 3 : Le travail de dé-construction nécessaire suppose :


De comprendre comment se structure la réalité du point de vue des acteurs

Question 4 : Aller voir derrière la façade signifie


Ne pas accepter d’emblée les discours officiels ou courant et les remettre en question

Question 5 : Qu’est ce que la prophétie auto-réalisatrice selon Merton ?


C’est le fait que les croyances collectives, mêmes fausses, peuvent engendrer leur propre réalisation

(d’ailleurs l’inverse existe, quand une « prophétie » est anticipé elle peut être résolue : ex le grand
bug des années 2000, quand quelque chose est sûr dans la croyance commune, ça va changer la
mobilisation et la non mobilisation : ex élection de Jospin.

Rappel : Passer d’un problème social à une question sociologique

Passer d’une vision partisane et partielle à une appréhension globale et dégagée des enjeux de la
situation.

- Construction de l’objet d’étude

« Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. » (Bachelard, 1938)
Difficultés : pas de méthode réservée à la sociologie ; pas de langage spécifique ;

La sociologie est une science à double niveau (Norbert Elias) : articulation entre théorie et empirie.
En cela, la théorie ne se détache jamais complètement de l’empirie.

Nécessité de travailler sur des objets bien délimités avec des questions précises :
« Que le sociologue, au lieu de se complaire en méditations métaphysiques à propos de choses
sociales, prenne pour objets de ses recherches des groupes de faits nettement circonscrits, qui
puissent être, en quelque sorte, montrés du doigt, dont on puisse dire où ils commencent et où ils
finissent, et qu’il s’y attache fermement ! «  (Durkheim, 1975, p.45)

ex : si on travaille sur la migration : Sexe, origines, une nationalité ? Aucune ? 10 ? , pour les
études ? Pour aller ailleurs ? Pour se marier ? Pour repartir ? Quel âge ? En famille ? Seul ? ….
Et je regarde quoi ? Le rapport au politique, le travail , le passage des frontières, les coutumes….

Sans bornes empiriques, la théorie n’aura aucune pertinence


Le sociologue son objectif c’est de faire le tour du phénomène, pour en comprendre tout les
objectifs, les enjeux… Pour au final produire quelque chose qui provient de l’empirie (ce que j’ai
vu), mais qui à un moment donné est devenue théorique.

Dans le Métier de Sociologue (1973), Bourdieu, Chamboredon et Passeron expliquent que les faits,
les discours, les pratiques ne parlent pas d’eux mêmes et souvent ils ne sont pas visibles sans
théorisation. C’est ce qui justifie de passer d’un problème social à une problématique sociologique.

De même, les acteurs ne sont pas entièrement capables de parler de ce qu’ils font comme ils le font.
Ce travail sociologique repose sur une méthode : observer, recueillir des discours, des données
chiffrées : ces éléments là ne sont pas accessibles si facilement que cela aux acteurs. Quelqu’un que
l’on va interroger sur ce qu’il fait dans son travail, il y a pleins de chose qu’il ne voit pas qu’il fait
dans son travail : il va nous raconter ce qu’il fait, mais il y a pleins de subtilités qu’il ne perçoit pas :
des gestes, des routines tellement automatisées qu’il ne va pas en prendre conscience : c’est
uniquement par l’observation qu’on va pouvoir les remarquer. Les corrélations ne sont pas
forcément perceptibles, elles vont parfois même à l’encontre de ce que les individus veulent croire,
(ex : la corrélation entre le milieu social et les études) donc les gens vont pas les présenter mais
trouver d’autres raisons si on leur demande.

Les connaissances évidentes sont parfois des perceptions illusoires : par exemple l’impression
qu’un objet lourd tombe plus vite qu’un objet léger…

Étapes dans la construction de l’objet d’études

1/ La question de départ ;
2/ Les lectures, données de cadrage, entretiens ou observations exploratoires ;
3/ L’élaboration de la problématique au regard des questions théoriques à partir desquelles on va
donner du sens aux faits sociaux étudiés ;
4/ La construction du modèle d’analyse ;
5/ Les observations de terrain ;
6/ L’analyse de l’information et les conclusions.

Pour l’étape 2 : Démarche hypothético-déductive vs hypothético-inductive :

Hypothético-déductive : on a des hypothèses de départ, on va aller vérifier ou infirmer ces


hypothèses, en les testant sur le terrain : Modèle « descendant », démarche « science dure »
Hypothético-inductive c’est plutôt laisser un maximum de place au terrain : ne pas être seulement
dans la vérification de ce que d’autres ont fait, aller dans la nuance, avoir de grandes hypothèses..
On se laisse beaucoup plus porter par ce terrain, et c’est à partir de ce terrain qu’on va apprendre.
Même si on a déjà une question de départ.. Mais : la problématique, et ce qui se dégage du terrain
va m’amener à préciser mon questionnement, et je ne part pas avec tout de verrouiller.
Verrouiller ça permet d’avoir un petit cadre,de pas se perdre, mais en même temps, quand c’est bien
ficelé, bien balisé avant d’aller sur le terrain, quand on va sur le terrain, on peut se rendre compte
que toutes ces représentations ne sont pas forcément vraies, ça peut être des conceptions
communes : Les choses bougent sur le terrain, car on a pas forcément mis le curseur au bonne
endroit.
Donc inductive, ça laisse le loisir de faire évoluer son questionnement..
« Rupture »

Les premières étapes sont essentielles, puisque elles vont permettre d’établir cette rupture avec le
sens commun, c’est par les lectures, le questionnement sociologique, l’établissement d’une
problématique, que l’on va pouvoir s’engager dans une perspective sociologique et se défaire de ce
sens commun.

Le doute systématique  : capacité à s’étonner, éviter l’ethnocentrisme ; éviter les fausses évidences
(ex : si j’étudie la jeunesse, ça semble évident, mais en faite c’est quoi la jeunesse ? Cf. travaux de
Bourdieu) ; s’intéresser aux mots qu’on utilise..
à faire comme si on ne vivait pas dans cette société et qu’il nous faut tout découvrir.
Neutraliser les effets sociaux

Mobilisation théorique  : lectures ; perspectives théoriques possibles (ne pas faire abstraction de ce
que les autres ont fait dans leurs recherches, mais en même temps faire mon truc à moi..) ;

On en vient progressivement à définir de façon provisoire son objet de recherche. On est en train de
construire sa problématique, mais (surtout si en démarche inductive), ça reste en cours de
construction, donc il faut accepter ce caractère provisoire, accepter que tout n’est pas ficelé, être en
mesure de réinterroger jusqu’à la fin et même encore après, ce qu’on est en train de construire.
On ne met jamais un point final à un questionnement, il y a toujours trois petits points de
suspensions, on revient sur le sujet avec d’autres caractères d’études (ex : plus les mêmes personnes
étudiées, plus les mêmes relations, le même endroit…). Mais en même temps, ce n’est pas ça qui a
été pensé au départ, au départ c’est du petit : On fait du petit, vers du petit, vers du petit… Si on
pense gros, on ne va nul part car on ne peut pas analyser tout d’un coup.

Conclusion : impossible dissociation entre l’objet de recherche et la méthode choisie.


Construire une réflexion ordonnée qui s’appuie sur des « données » recueillies mais aussi sur des
travaux précédents.

La sociologie une science de l’excuse ?

Qu’est ce que finalement ça veut dire comprendre, et quand on cherche à comprendre, est ce qu’on
cherche à excuser ? Cette démarche de compréhension peut être perçu de différentes façons de
l’extérieur, et peut .. avoir un regard qui n’est pas partiel ça peut interpeller l’extérieur.
On est dans un registre du sens commun, où l’on va considérer que aujourd’hui dans notre société,
on est responsable de nos actes, on est dans une société dite plutôt individualiste, où l’on associe
volontiers les actions à des choix : « je suis ce que je suis parce que je l’ai voulu ». Vision de la
société ou les dominations, les inégalités sont parfois appréhendées comme naturelles et où l’on va
mettre en avant une société qui est ce qu’elle est par le résultat de choix individuels. Le sociologue
va essayer de comprendre d’où proviennent ces inégalités, comment prennent formes ces rapports
de domination, qu’est ce qui fait que selon son origine social on a pas les mêmes chances à l’école,
qu’est ce qui fait que selon si on est une femme ou un homme on a pas le même salaire, qu’est ce
qui fait que qu’il y a des actes hors-normes, qu’est ce que c’est que cette norme, qui la décide ? Qui
décide de ce qui est normale et de ce qui ne l’est pas.

Lahire en 2016 a écrit « Pour la sociologie » qui est une réponse aux accusations souvent faites à la
discipline de tolérer, justifier, excuser les incivilités, crimes, déviances etc. Ils disent que chercher à
comprendre, expliquer, c’est chercher à dédouaner, justifier les personnes qui ont fait des actes
terroristes, criminels.. idée que ça suffit d’essayer de comprendre des fois, et de juste chercher à
sanctionner : qu’il ne faut pas chercher à tout comprendre.
Mais au final, pourquoi ne pas chercher à comprendre ? Sanctionner sans chercher à comprendre les
mécanismes sous-jacent derrière, c’est pas sûr que ça serve à quelque chose. Si on ne cherche pas
à comprendre, on ne peut pas avancer.

Ce que Lahire dit dans ce texte : c’est que chercher à saisir ce qui est en jeu :
1 – ça ne signifie pas dire ce qu’il faut faire
2 – énoncer, révéler, ça ne veut pas dire qu’on est dans une posture de dénonciation

La nuance est importante, révéler des inégalités, des rapports de domination, c’est considéré comme
une posture de gauche, voir radicalement de gauche. Le fait d’énoncer ces inégalités sont considérés
comme un engagement politique : énoncer une réalité, c’est pas être un militant : c’est donner à
voir, expliciter, rendre visible, essayer d’avoir des pistes pour mieux saisir l’ensemble de la
situation : ce n’est pas porter un jugement de valeur, ce n’est pas condamné, ce n’est pas être dans
un rapport de force avec des personnes qui seraient dans l’échiquier politique.
Ça ne veut pas dire se mettre à la place de la justice.

Donc : La sociologie peut s’intéresser à des phénomènes sociaux comme la délinquance ou le


terrorisme et chercher à comprendre ce qui les a rendus possibles sans pour autant les excuser.

Contexte : responsabilité individuelle primerait ; négation des formes de domination. Naturalisation


des inégalités.

Les individus quand ils sont questionnés vont avoir tendance à mettre en avant leur individualité,
leur propre choix, car on baigne là dedans vu notre société. Le chercheur vu qu’il vit dans cette
société aussi peut tomber dans le piège de surinterpréter l’importance des responsabilités
individuelles. Peu importe le courant que l’on suit, on peut essayer de mettre en question ce sujet
des choix individuels.

Il faut essayer de ne pas tout voir avec cet idéal d’individualisme prôné dans la société.

Vidéo à voir sur le diapo (vidéo de Bernard Lahire sur cette question)

Les inégalités et les dominations sont des faits qui s’objectivise, se mesure.

Les courants sociologiques

Approche holiste Approche individualiste


Sociologies américaines Fonctionnalisme Interactionnisme symbolique
(Parsons, Mertons) (Hughes,Becker, Goffman)
Sociologies françaises Structuralisme génétique de Individualisme méthodologique
Pierre Bourdieu de Raymond Boudon
CM4 Vendredi 10/02

QCM :

Question 1 : Qui a écrit « Le métier de sociologue » ?


Bourdieu, Chamboredon et Passeron

Question 2 : Comment définir le principe de « rupture » ?


Il s’agit de rompre avec le sens commun

Question 3 : Lorsqu’on construit son objet d’étude il faut…


Choisir un terrain modeste mais bien circonscrit pour favoriser l’analyse
(Un échantillon représentatif, ce n’est pas forcément ce qu’on va choisir, notamment quand on fait
une recherche qualitative, parce que quand l’échantillon est représentatif, il doit être très vaste)

Question 4 : Comprendre un phénomène social comme la déviance permet :


De décrire et interpréter une réalité dans sa globalité
(excuser non, pas du tout ; condamner, ça n’a rien à faire dans une démarche de compréhension ;
déconstruire certains propos normatifs, ça peut être une des étapes, mais ça ne va être le véritable
objectif de l’étude)

Question 5 : Qui a écrit «  Pour la sociologie » en 2016 :


Bernard Lahire

Les méthodes : l’entretien

Comment choisir une méthode ?


Les règles à suivre quelle que soit la méthodes

L’entretien :
- Les types d’entretien
- La préparation de l’entretien
- Le déroulement de l’entretien

Les données, le terrain de quoi parle-t-on ?

Comme le dit Olivier Martin dans « Que sais je » : « les données, ne sont jamais données, elles sont
construites », et pas toujours avec cette finalité de recherche, notamment pour les données
statistiques, qui peuvent émanées parfois d’autres sources que celles de la recherches (ex :
administratives) : données quantitative, qualitative ou archivistique (on parlera pas de ces dernières
dans ce cours)

Dans les données quantitatives, on a plusieurs types de données :


-Les premières sont les données dites « exhaustives » : ex : données administratives (ex : état civil..
si je veux connaître l’âge moyen de la population, la plupart du temps je vais m’appuyer sur les
données du recensement ; les données du ministère de l’éducation..) [Limites : pas toujours
accessible ; la personne qui a fait la liste, c’est pas dans une démarche de recherche, alors que c’est
ce qu’on recherche (par exemple, si on recherche sur l’IVG, on veut regarder qui sont les personnes
qui l’ont fait, leur origine sociale, leur situation socio-professionnelle.. on a pas forcément toutes
ces données : Donc souvent les données administratives sont limitées, bien que très utiles].
Questionnaire : on essaie souvent quand même d’être dans une démarche représentative (beaucoup
de personnes interrogées, des centaines, des milliers…).

-Les données non exhaustives : « Par échantillon » : Données qualitatives : Entretiens, Observation,
écrits divers. Ici j’interroge qu’une partie de la population : Dans les entretiens (et observation selon
les cas d’un certain côté), on va plus aller saisir des trajectoires, des trajets saisis (donc population
beaucoup plus petite)

Règle à suivre quelque soit la méthodes

Il n’y a pas de meilleure méthode, il n’y a que des méthodes que l’on choisit en fonction de son
questionnement, donc quelque soit la méthode :
Que ce soit une méthode quantitative ou qualitative:

-Il faut que la recherche soit empirique : s’appuie sur des faits, des représentations réelles.
-Il faut une démarche objective : il ne s’agit pas forcément d’être neutre mais de ne pas avoir un
regard normatif, emprunt de préjugés…
-Il faut avoir une démarche minutieuse : on va essayer d’avancer avec minutie, de limiter les biais
possibles et donc au minimum, il faut essayer de comprendre les biais qui sont possibles dans la
recherche que je suis en train d’effectuer.
-Il faut avoir un recul historique : on travaille certes sur des données présentes (collectées au
moment présent. Pour autant, on va essayer à chaque fois, de réécrire ces données dans une
temporalité plus longue : on va s’intéresser à la genèse de ces phénomènes sociaux : quand se sont
ils formés, comment, pourquoi ?..
-Il faut utiliser les outils théoriques disponibles : même si je travaille sur des situations présentes,
même si le terrain est essentiels : je dois partir des acquis que d’autres ont pu me léguer (« Ne pas
essayer de toujours réinventer l’eau chaude »)
-Avoir un regard réflexif : capacité à se réinterroger inlassablement, sur ses résultats qu’on met en
avant, les théories que l’on propose : qui ne sont jamais définitives. Puisque l’on travaille
inlassablement sur des données présentes.

Le choix de la méthode (quanti ou quali?) ça va être déterminé par notre questionnement : Qu’est ce
qui fait qu’on fait un questionnaire, ou un entretien ? Ou une observation ? Ça va dépendre des
questions qu’on se pose.
Ex : si on veut faire des corrélations, on ne peut pas faire ça à partir de données qualitatives . : si on
a interrogé 20 personnes, on peut pas en tirer des corrélations, un tel type de terrain qualitatif n’est
pas là pour révéler qui fait quoi, car il n’est pas représentatif.

La question « Est ce que les femmes transmettent plus cette langue que les hommes » ça peut pas se
faire dans une orientation qualitative. Il faut faire du quantitatif pour cette question. Par contre, si on
sait que les femmes transmettent plus que les hommes on peut chercher à répondre à « Pourquoi les
femmes transmettent plus que les hommes », en faisant du terrain qualitatif (trouver une dynamique,
un processus, c’est exactement pour ça que on utilise le terrain qualitatif. C’est pas à partir de
quantitatif qu’on pourra trouver ça)
Bibliographie supplémentaire :

Alain Blanchet et al, L’entretien dans les sciences sociales. L’écoute, la parole et le sens, Paris,
Dunod, 1997, 290p.
Alain Blanchet, Anne Gotman, L’enquête et ses méthodes : L’entretien, Paris, Armand Colin (coll.
128), 2005 (1ere éd. 1992) ; 127 p.

Kaufmann Jean-Claude, 1992, L’entretien compréhensif, Paris, Nathan, Coll. 128.

Bertaux Daniel, 1997, Les récits de vie, Paris, Nathan, Coll. 128.

Combessie jean-Claude, 1996, La méthode en sociologie, Paris, La Découverte, Coll. Repères.

Accessibles : disponible sur CAIRN normalement

Les types d’entretiens

Comment choisir le bon type d’entretien ?

- Entretien directif
- Entretien semi-directif
- Entretient non-directif

Entretiens individuels ou collectifs ( on appelle ça dans le second cas des focus-group, c’est utile
quand on travaille avec des enfants, avec des personnes pas à l’aise à l’oral : ça peut favoriser
l’émulation (le copain parle, je suis d’accord pas d’accord.. ça fait émerger des choses intéressante.
La limite, c’est qu’on va pas aller dans la même connaissance de la trajectoire.. situer la parole, qui
dit quoi et comment et pourquoi.. c’est plus vraiment possible) (individuel c’est de très loin ce qui
est utilisé le plus, car ça permet de mettre en place une relation entre l’enquêteur et l’enquêté et de
faire dérouler, d’avancer..)

Entretiens répétés ou non. La plupart des entretiens que l’on mène ne sont pas répétés, mais les
recherches où des entretiens répétés peuvent avoir lieu, sont des recherches très intéressante, car il y
a cette mise en confiance qui a été faite, et ça permet d’accéder à des informations intéressante.
Quand on a une cohorte, on peut mettre en place ces entretiens répétés, et avoir quelque chose de
très riche alors.

Lorsqu’on mène des entretiens, on a accès à ce que les gens disent ce qu’ils font, mais on a pas
accès à ce qu’ils font, et il peut y avoir à une (grande) différence entre les deux.
On a davantage recours aux entretiens, c’est pas toujours ce qui serai le mieux pour la recherche que
l’on veut mener, mais c’est parfois la seule alternative que l’on a (l’observation pouvant prendre
beaucoup, beaucoup trop de temps)

Entretien directif : proche de ce qu’on ferai avec un questionnaire (même si finalité pas la même) :
on a élaboré des questions et on reste proche de ces questions
semi-directif : plus souple dans l’approche
Non-directif : on pose une question et on fait dérouler la personne.

On fait surtout des entretiens semi-directif (ou non directif) où on va essayer de laisser le plus
possible la place à l’enquêté, et de le laisser parler.
On va construire des questions qui invitent la personne à parler : « raconte moi », « comment ça
s’est passé ». On va quand même canaliser la personne vers le sujet de l’étude, mais on fait
comprendre qu’on veut qu’elle parle.

L’entretien

Des entretiens thématiques, des entretiens biographiques.. on peut construire son entretien de
plusieurs manières. Le but c’est de recueillir du discours : non pas ce que la personne fait, mais ce
que la personne dit qu’elle fait. À partir de ça on va tenter de mieux comprendre une trajectoire...
important d’être dans un posture d’empathie : ≠ sympathie, mais être capable de se mettre à la place
de l’autre, et de comprendre le point de vue de l’autre.
=
Principal outil du sociologues
Mais des usages multiples
On cherche à pénétrer le vécu et le ressenti d’une autre personne
Empathie

(un entretien c’est grand, grand minimum 1h, et encore c’est pas suffisant pour tenter de
comprendre ce que la personne ressent.. c’est en général au moins 2h)

Comment construire une posture d’enquêteur en sociologie ?

2 filiations :
1. Viens de la psychologie clinique : on ne va plus seulement essayer d’établir des symptômes et de
mettre en place un traitement, on va dans une démarche clinicienne, tenter de rendre le patient actif,
lui donner les outils pour avancer dans sa thérapie. Pour ça, le thérapeute est dans une posture, celle
du « miroir verbale », il est là pour que le patient avance, et cette posture elle suppose d’avoir cette
écoute inconditionnelle. Avoir cette posture de bienveillance, dans l’idée de faire ce jeu de miroir,
et que finalement, c’est le patient en lui même qui va accéder à sa propre vérité : C’est à lui de
prendre peu à peu conscience de ça.
Mais contrairement à l’approche thérapeutique, l’enquêteur en sociologie est à l’initiative de la
relation (c’est pas un patient qui vient voir un psychologue, c’est un enquêteur qui vient demander
de l’aide à l’enquêté)

2. Les grandes enquêtes sociales menées à la fin du XIXe siècle portant sur les pauvres, qui été à
l’époque considérée comme dangereuse et que l’on connaît mal, à partir de questionnements
renouvelés, plus ouverts et différents des enquêtes policières.
On va de plus en plus tenter de comprendre qui sont ces populations :
Introduction du consentement, visée descriptive

La préparation de l’entretien

1. Définir la population, choisir les enquêtés


2. Choisir comment accéder aux enquêtés
3. Planifier les entretiens

1. La population

La première question qu’on doit se poser : Qui je dois interroger ?


Comment je vais choisir ces individus ? Comment je m’y prend pour décider des catégories
d’individus que je vais interroger ?
Lié directement à l’objet de recherche.
Lié à des hypothèses
Comparaison de plusieurs catégories

ex : Sujet les agricultrices :


qui c’est au final ? Celles qui sont déclarées comme pratiquant la profession d’agriculteur. Celles
qui ont une exploitation agricole ? Est ce que je m’intéresse à celle qui sont mariés à un agriculteur,
qui ne sont pas déclarées comme agricultrice, mais qui sont là comme aide, voir qui travaille autant
que leur mari..
Les ouvrières agricoles on s’intéresse aussi ?
Est ce que la situation conjugale m’intéresse, est ce que c’est plutôt le rapport au client ? Ou bien le
fait de travailler à son compte, chez soi. Ou bien est ce que c’est le fait de travailler la terre, ou avec
des animaux. Des enfants ?……
on voit que c’est pas facile de bien circonscrire, d’affiner la population qu’on étudie, et ce travail là
se fait directement en lien avec la construction de la problématique

Combien de personnes interroger ?


Moins que dans une enquête statistique car il ne s’agit de dégager des corrélations.
Le nombre n’est pas défini en amont. (au contraire d’une enquête statistique)
On s’arrête quand on rencontre le Principe de saturation: conviction de ne plus rien apprendre de
nouveau. (la typologie qu’on a construit avec le temps, plus rien ne viens enrichir ça, ni la remettre
en question. Tant qu’on a pas atteint ce moment, on doit continuer à observer le terrain.

Article 1988 de D. Bertaux et I. Bertaux-Wiame

CM5 – Vendredi 17/02

QCM de début de séance

Question 1 : Comment définir l’empathie ?

Capacité à se mettre à la place de l’autre et comprendre son mode de penser et d’agir

Question 2 : Quel auteur parle d’entretien compréhensif ?

J.C Kaufmann

Question 3 : Que signifie le principe de saturation ?

C’est lorsque le terrain devient répétitif

Question 4 : Quelles différences entre l’entretien et le questionnaire ?

Les résultats obtenus (et on ne les exploitent pas de la même façon)


Le nombre de personnes interrogés (au max une centaine de personnes vs des milliers)
Le type de questions posées (questions plus ouvertes dans l’entretien)
Question 5 : à quoi sert l’entretien ?

À recueillir le point de vue des individus

Les méthodes : l’entretien (suite)

Mode d’accès aux enquêtés

on avait pris l’exemple des agricultrices et on avait vu qu’il y avait énormément de possibilités.
Qui exactement j’ai envie d’interroger? Âge, sexe, définition de la profession étudié, du statut,
origine, ancienneté,…

Quand j’ai un peu éclairci qui m’intéresse, il faut que je me demande comment je vais m’y prendre
pour avoir accès à ces personnes. Comment les identifier ? Est ce que j’ai besoin d’avoir la liste de
toutes ces personnes : ce n’est évidemment pas le cas, car il y a de nombreuses enquêtes où l’on a
pas de fichier, pas même un ordre de grandeur à mettre en face de ce qu’on étudie.

La plus part du temps du coup, pas à travers les fichiers administratifs, et même quand il y en a on
peut pas juste appeler l’INSEE et demander les coordonnés de toutes les personnes qui pourrait
nous intéresser.

On peut voir à travers les associations, …


dans notre cas : le salon de l’agriculture…
via des réseaux sociaux.
C’est quelque chose de compliqué et qu’il va falloir bien réfléchir. Il faut travailler cette partie là
pour essayer d’avoir un maximum de ressources. En général on ne limite pas à une voie d’accès, on
essaie au contraire de les cumuler pour pouvoir interroger un maximum de personnes, et limiter
certains biais : puisque quand on va aller sur le terrain il va falloir réfléchir à « est ce que j’ai un
biais ? » = est ce que véritablement j’ai accès à l’ensemble de la population étudiée ? Ex :
si je vais juste au salon de l’agriculture : est ce que les gens à 1000 bornes seront tous là ? Est ce
que les petits comme les grands agriculteurs seront là ? Évidemment non.
C’est pas forcément grave d’avoir un biais : c’est par contre très important de les identifier et de les
prendre en compte. Dans l’idéal par contre on diversifie donc ces entrées pour limiter ces biais.

Il y a aussi l’accès de proches en proches ou en boule de neige.

Ex : interroger quelqu’un, lui demander si il/elle connaît quelqu’un qui serait dans la même
situation.

Le cadre de la rencontre

Lorsqu’on rencontre quelqu’un, il va falloir tout faire pour que la personne accepte de nous
rencontrer. Pour ça il va falloir présenter correctement son enquête et faire en sorte que la rencontre
soit facilitée et que l’on puisse avoir un échange dans un lieu/cadre qui soit le plus favorable pour
nous. Lorsqu’on contacte un enquêté pour éviter un refus, il faut avant tout se rendre disponible :
on ne dit pas « on se voit tel jour à telle heure », au contraire on montre qu’on peut, qu’on va
s’adapter à ce qui est le plus favorable pour la personne qui va être enquêtée.

Le lieu de la rencontre est un élément déterminant dans la qualité de l’entretien.


On ne peut pas interroger les personnes n’importe où.
Lieu publique, café, c’est très compliquée.
Dans l’idéal, on le fait au domicile de la personne. Quand la personne accepte d’accueillir chez elle,
elle est dans son environnement… ça facilite sa prise de parole car elle est à l’aise, elle a pas peur
que quelqu’un entende ce qu’elle va dire. Et en plus généralement l’endroit en lui même donne des
informations précieuses pour la recherche.
C’est pas facile du tout d’arriver à ça. C’est facilité si on rencontre la personne par un intermédiaire
(un tel que vous connaissez m’a permis
On ne s’invite pas chez les gens, on essaie de se faire inviter.
(« on pourrait se rencontrer au café » on répond par exemple « ah j’ai peur que ça soit un peu
bruyant, il faudrait quelque chose d’un peu plus calme » et « je vous aurai bien proposé chez moi
mais ça risque d’être un peu compliqué pour vous... »)

on interroge pas sur le lieu de travail, on interroge pas entre deux rendez-vous, on fait en sorte que
ce moment soit un moment où la personne est vraiment disponible.

Il faut avoir une réflexivité sur ce qu’on renvoi, ce qu’on dégage, quels biais ça va apporter.

On essaie d’instaurer rapidement une relation de confiance dès la prise de contact.

Il faut être souple, mais ça sert à rien de prendre un rendez-vous avec quelqu’un qui nous dit qu’il a
que une demie heure. Il faut du temps pour que l’entretien soit suffisamment riche.

La prise de contact est donc un moment important, ça se travaille également. Il va bien falloir être
en mesure d’être capable de présenter son enquête. Il faut que ça soit suffisamment simple. On est
pas là pour dire son objet de recherche, il faut que la personne se sente un minimum concernée, et
qu’elle ai un minimum envie d’échanger avec nous. On ne dit pas à la personne son objet de
recherche donc, on peut lui dire quelque mots quand même, pour lui dire pourquoi on s’intéresse à
elle : ex : les agricultrices « je m’intéresse à pourquoi les femmes deviennent agricultrices »,
pourquoi pas en dire trop ? Car ça risque grandement d’orienter les réponses. Et puis entre la prise
de contact et l’entretien, il y a un moment, et donc la personne va cogiter « qu’est ce que je vais
pouvoir lui dire ».
On parle évidemment de l’anonymat, le fait que ça soit confidentiel, que cet échange entre la
personne et vous restera entre vous, que à aucun moment on ne transmet ses données à d’autres
personnes, et qu’à aucun moment on ne donne la possibilité à quelqu’un d’identifier cette personne.

On évite d’aborder les aspects qui peuvent effrayer : … , la durée de l’entretien on est pas obligée
de parler cette durée, même si on doit s’assurer qu’on a assez de temps pour ne pas mener un
entretien de 10 minutes.

Les refus

Au moins une fois sur deux, la personne que l’on va contacter va essayer de refuser cet entretien,
1er argument : j’ai pas le temps
2e argument : je suis pas intéressante, j’ai rien à dire
3e argument: demander plutôt à un tel il est plus qualifié…
généralement quand on commence en tant qu’étudiant, on n’insiste pas sur un non, mais le non est
souvent négociable. Il faut pas forcer les gens. Il faut jouer sur ce qu’on peut faire de notre côté
pour faire changer d’avis (la disponibilité…)
Et d’emblée valorisée la personne et ce qu’elle a à nous dire : « Si si je vous assure, j’ai besoin
d’entendre, d’écouter des personnes comme vous »
« ne vous inquiétez pas, on s’arrêtera quand vous voudrez, si il y a des questions auxquelles vous ne
voulez pas répondre vous n’y répondrez pas »
« Je peux vous montrer ce que j’aurai écrit sur vous après/ Si vous voulez on pourra en reparler
après.. »

Il y a pleins d’éléments qui font que certains vont accepter directement, mais ceux qui refusent à
premier abord, c’est aussi eux qui nous intéresse,

O. Schwartz « L’entretien est un don ». Il faut être dans l’attitude que oui c’est un cadeau que
l’enquêté va nous faire, donc qu’est ce que je peux faire en réponse à ça : ne pas la laisser comme ça
après l’entretien, lui proposer des nouvelles sur l’étude, un résumé ou en reparler à la fin de l’étude
ou juste plus tard..

nécessité de comprendre les refus tout de même : les individus ne sont interchangeables

Préparer l’entretien

construire une grille d’entretien

Pour mener cet entretien : il va falloir construire une grille d’entretien


Se présenter le jour de l’entretien au bon endroit à la bonne heure, avec le bon matériel.
Se préparer car si on se loupe, il n’y aura pas de seconde chance.
Il faut se préparer par contre à ce qu’il y est un certain nombre de rendez-vous manqués.
Stéphane Beaud : une de ses premières enquêtes de terrains était sur les jeunes qui entraient à
l’université « Le temps élastique » , le passage du secondaire au supérieur et comment c’est
appréhendé de façon différente par les gens, et il se prend rendez vous manqué sur rendez vous
manqué de part la difficulté nouvelles pour ces personnes de gérer leur temps. Il faut faire avec. On
doit toujours être là à temps, mais il faut se faire à l’idée que en face ça ne sera pas toujours le cas.

S’habiller de façon adaptée (cravate si on va voir un pdg ? Cravate si on va voir un camarade ?


Tutoyer qui ? Quand?)

La grille d’entretien

C’est comme l’entretien : plus ou moins directive, plusieurs ou une seule personne…
Mais au final qu’est ce que c’est que cet outil : il peut prendre plusieurs formes, selon qu’on va être
dans un entretien plus ou moins cadré/directif.
Le guide d’entretien on va avoir quelque chose de plutôt bien ficelé.
On peut aussi avoir des guides d’entretiens où l’on a pas de vrai questions : plutôt juste des champs
à explorer.

Le guide d’entretien est aussi fait pour être « oublié », pour se mettre dans la discussion. Parce que
plus on est pris dans le guide d’entretien, dans ce qui va suivre, moins on est dans l’écoute, sauf que
le boulot d’enquêteur c’est une écoute attentive, où on fait attention aux mots utilisés, aux implicites
quand elle me dit ça, qu’est ce qu’elle veut me dire. Pas pour fliquer la personne, pour chercher à la
comprendre.
Ex : « je n’en peux plus de ce travail c’est de plus en plus difficile » : Je n’en peux plus ?
Physiquement, mentalement ? Parce que condition de travail ? Parce que autres objectifs ? Elle veut
démissionner ?
C’est de plus en plus difficile : avant ça l’était pas ? Ça l’a toujours était mais de manière
différente ? Depuis des jours ? Des semaines ? Des mois ? Des années ?…

On peut noter des éléments, sur quoi on rebondit… mais pas le propos direct de la personne. Parce
que la personne va faire attention à ce qu’elle dit, possiblement changer se qu’on dit, elle va
changer son rythme de diction pour qu’on puisse noter. Donc ça va pas du tout de noter beaucoup.

On enregistre les conversations pour cette raison notamment


« je vous enregistre mais vous inquiétez pas c’est que pour moi »

Comment construire sa grille d’entretien

On ne commence jamais par les questions socio-démographiques :


- on est pas flics, la personne va pas se sentir à l’aise si on commence comme ça..
- ça instaure un climat de question réponse, style questionnaire, ce qu’on ne veut pas vraiment.

On pose ces questions à la fin SI il y a besoin, pas toujours, parce que dans beaucoup de cas les
gens vont répondre à ces questions indirectement pendant l’entretien (ex : … à ce moment avec
mon ex mari… = la personne est divorcée)

On ne demande pas pourquoi, on demande comment :


car dans pourquoi il y a de la justification, alors que comment, c’est un déroulement de processus

Souvent on part du temps présent: ex : « comment se passe cette première année d’université ».
C’est assez simple de travailler sur du discours présent. Et ensuite on peut remonter, au parcours,
aux ambitions…

dans certains cas on peut d’amblé partir du passé : ex sur la migration : « racontez moi votre vie
avant.. »

ça dépend du sujet, si c’est douloureux.. On ne va pas d’amblé demander quelque chose qui est
difficile à raconter. Les éléments difficiles à aborder on en parle après avoir fait connaissance..

On réfléchit par rapport à nos questions de recherche à la façon de les transformer en questions à
poser aux personnes. = La question posée n’est pas la question que l’on se pose.

Ne pas induire de réponse dans la question (pouvez-vous me raconter comment vous êtes
progressivement intégré après votre migration ? Non pas comme ça)

Attention aux termes utilisés qui doivent faire sens pour tous de la même façon.

Essayer d’aller sur des choses assez concrètes.


J’essaie d’avoir un retour qui est le plus factuel possible.
Constructions des questions

Comme on l’a dit , on évite les pourquoi et on privilégie les comment.

On fait attention à ne poser qu’une question à la fois.


Il ne faut pas essayer (c’est plus ou moins difficile selon les personnes qu’on a en face de nous) de
dire les choses à leur place.

Exemple : recherche sur l’intégration des étudiants étrangers en France.

Réflexion sur les termes utilisés, la population choisie


on parle d’étranger, donc une personne qui n’a pas la nationalité du pays en question

Questionnements du chercheur : rapport aux études, à la langue française, au travail ; rapport au


territoire ; sociabilités ; liens avec la famille ; vie avant la migration ; perspectives d’avenir..

Question de départ : Peux-tu me raconter comment se passent tes études depuis que tu es en
France ?

Études : Déroulement journée ; discipline suivie ; amis à l’université…

Parcours migratoire :
-Depuis quand en France ; vie avant ; motivations à venir étudier en France ; études en français
avant

Sociabilités :
à part les cours d’autres activités ; avec qui etc.

travail :
-Financement des études ; comment a-t-il trouvé du travail ; difficultés ?

À la fin de l’entretien vérifier que les caractéristiques sociales sont toutes identifiées (âge,
profession, enfants, lieu de vie, origine sociale etc.).

Déroulement de l’entretien

Je construis mon guide d’entretien : j’ai des questions, qu’est ce que j’ai envie de comprendre, et
comment ça va se traduire dans les questions que je peux/vais poser.

Mon entretien ne va pas se dérouler comme j’ai pu l’imaginer théoriquement : l’entretien va se


dérouler en écoutant et en rebondissant sur ce que la personne va dire.

Le but de l’entretien ce n’est pas de poser les questions du guide. Il est là dans le cas où on a pas
une question qui nous vient : dans ce cas on cherche la question le plus en lien avec ce que la
personne vient de nous dire pour rebondir.

On doit faire très attention à rester proche de ce que la personne vient de nous dire, pour qu’elle
sente qu’on l’écoute dans ce qu’elle dit, on va pas sur un sujet qui a rien à voir

on fait des relances : « d’accord … continuez.. » / hocher de la tête / réagir en rigolant, en faisant la
moue… on doit rester neutre mais ça ne veut pas dire être effacé complètement, ne pas réagir à ce
que la personne dit.

On fait attention au silence, on s’arrête de parler de temps en temps. Si la personne a mis un point à
sa phrase, on attend, parce que la personne réfléchie, on la laisse réfléchir, elle va peut être repartir
d’elle même.

CM6 - 03/03/2023

QCM de début de séance

Question 3 : Lors de la prise de contact avec un enquêtée


il faut valoriser l’enquêté dès le début
il faut insister

Question 4 : Dans un entretien, les mêmes questions vont être posées aux enquêtés ?
Non (plus ou moins le cas selon l’entretien, mais même en entretien semi-directif, si la personne
nous a devancé et a répondu à une question qu’on aurait posé plus tard, ne pas lui reposer, sinon il a
l’impression qu’on l’écoute pas.
par contre c’est bien de commencer de la même façon : toujours commencer par la 1ere même
question (ça donne le ton de l’entretien)

Question 5 : Au cours de chaque entretien, l’enquêteur doit adopté la même posture et rester
« neutre » ?
Non :
il ne faut pas orienter vers des réponses qu’on pourrait vouloir (=intégrité), pour la neutralité, on a
une relation qui se crée entre l’enquêteur et l’enquêté, y a un rapport de confiance qui se construit,
si on n’est neutre, (je donne pas mon avis si on me le demande..) alors la relation ne peut pas se
construire. Bien sûr on peut dialoguer, on peut dire ce qu’on pense, ce qu’on sait, surtout si on nous
le demande : Non pas dans l’idée d’attendre une réponse et que ça pourrait la produire, mais parce
que c’est une relation, et que c’est donnant donnant

Reprise sur le Déroulement de l’entretien

Quand quelque chose est dit qui nous semble important, il faut le noter pour relancer dessus
(ex : « On a toujours eu des problèmes avec ... » = Problème pourquoi ?

Prendre des notes = un mot qui nous interpelle, une question qu’on veut pas oublier… mais pas ce
qu’elle écrit.

Très important d’être vigilant avec ce qu’elle nous dit. Aussi tenir compte de là où on en est dans
l’entretien, même si on a noté une question qui nous semble important, mais que c’était y a 5
minutes, et que là où le propos en est, ça n’a plus son rapport, il faut pas poser cette question à ce
moment, il faut relancer pour continuer par rapport où on en est maintenant.
Privilégier des relances : interventions non verbales ; répéter les derniers mots ; reformuler le
contenu pour inviter à poursuivre ; reprendre des termes forts du discours , amener la personne à
préciser son propos (vous pouvez donner un exemple de ça… ça montre que on est à l’écoute et
qu’on s’intéresse à ce que la personne) ; réagir à des agacements des manifestations physiques de
l’enquêté (interventions en miroir)
Exemples : vous semblez agacé par cela ? Sur le coup ça vous a fait rire ? Vous êtes encore attristé
par cela ? Etc..

Peut on contredire, interpeller l’enquêté ? On peut les titiller pour comprendre qu’est ce qui fait
qu’ils agissent, pensent d’une telle façon. On peut prendre un espèce de contre-exemple, citer un
autre enquêté ou un autre exemple. Ou encore : vous dites ça, mais tout à l’heure vous disiez que…
comment vous gérez les deux ?..
Toujours dans le but d’en apprendre plus, pas de guider la réponse vers quelque chose qu’on
voudrait.

Une relation nécessairement asymétrique ? Surtout pas : par exemple : si l’enquêté est assis par
terre, on s’assoit par terre aussi sans même avoir à réfléchir.

« Voyage de Classe » De Nicolas Jounin

on évite 2 question en une, sinon il y en a une qui passe à la trappe automatiquement


attention aux questions qui oriente (ex : quelle contrainte vous avez ? On assume que y a une
contrainte de base, ça oriente la réponse.)
il vaut mieux que ça soit trop long, que y est des digressions plutôt que de couper la personne.
Surtout que ces digressions peuvent se révéler importantes : si la personne revient sur une anecdote
qui nous semble anodine, c’est probablement qu’il y a quelque chose qui compte pour elle et qui
pourrait nous intéresser dedans au final.

Éviter les questions avec « Est ce que » aussi.

Expliquer, raconter, décrire sont des très bons verbes à mettre dans les question.
Privilégier les questions qui commence par :
-Qu’est ce qui vous a amené à….

Garder en tête que l’entretien produit du discours, qu’on va récupérer et analyser. Ce discours on se
demande comment on le traite, qu’est ce qu’on va en faire. Pour aller au-delà du discours commun,
il va falloir dans le guide d’entretien, nos questions, nos relances, aller non pas vers « que pensez
vous » mais plutôt par « que faites vous ». c’est du discours c’est pas forcément les faits, mais
quand même. C’est mieux que de rester au niveau impersonnel de demander la pensée, la vision des
choses de la personne, plutôt que d’aller vers les expériences vécues. Il faut du concret pour pouvoir
vraiment saisir ce qui se passe. On veut comprendre les pratiques, ce que les gens font plutôt que
juste ce qu’ils pensent.
Analyse des matériaux

Quand on veut analyser un entretien, dès l’écoute attentive, dès le début de l’entretien, on est dans
l’analyse. On essaye de comprendre ce que la personne nous dit. Quand on mène un entretien, on va
penser aux autres qu’on a déjà fait (il dit la même chose, tiens il dit pas la même chose, pourquoi…)
Nos questions sont déjà un début d’analyse.
C’est pour ça d’ailleurs que lorsqu’on va transcrire son entretien, on peut revoir son guide
d’entretien, faire émerger une nouvelle thématique à laquelle on avait pas pensé. Changer des
questions qui sont soit mal formulés, soit pas adaptées au final.

L’analyse commence dès l’entretien, la relation avec l’enquêté, elle se poursuit après l’entretien
évidemment. La première chose à faire, ça peut être une sorte de compte-rendu, de ce qui peut être
n’a pas été enregistré (ou on a été accueilli, une réaction non verbale…)

Certains transcrivent complètement les entretiens quand ils en font de nombreux, d’autres pas
entièrement tous.

Ça dépend de beaucoup de chose. En tout cas, il faut toujours retranscrire complètement les
premiers entretien au début de la recherche, pour pouvoir faire évoluer ses questions…

Un entretien qui dure à peu près une heure, c’est en gros 20/30 pages retranscrits..
C’est long, ça prend en général une voire deux journée de retranscrire un entretien.

On peut avoir des outils aujourd’hui qui favorisent la retranscription. Par exemple les mots et les
rapports entre les mots (cette personne utilise beaucoup de pronom personnel…)

Entretien par entretien :Analyse de chaque entretien : thématiques, chronologie ; nœuds ;


chaque entretien va donner des choses différente qu’on veut mettre en avant.

Puis : Croisement des entretiens

Comparaison des entretiens, analyse thématiques transversale : récurrences ; spécificités (liées à


quoi, comment les comprendre) ; profils-types qui se dégagent, construction d’ideaux-types
(Weber).

Idéal-type / idéal type) = construction intellectuelle obtenue par accentuation délibérée de certains
traits de l’objet considéré ; abstraction ; caractère fictionnel

Analyse sémantique, sociolinguistique

2 exemples d’entretiens avec des postures et des finalités différentes

Les récits de vie : Daniel Bertaux (1997)

Les entretiens biographiques : Claude Dubar et Didier Demazière


Les récits de vie

Dans la spécificité de Daniel Bertaux, son objectif c’est une perspective qu’on qualifierai
d’objectiviste, parce qu’il traite son matériaux

Objectiviste dans la mesure où il cherche à recueillir l’expérience vécue des individus et il va la


traiter comme une réalité socio-historique. Pour l’appréhender cette réalité, il va la confronter à
d’autres éléments, tel que des observations, des archives et un contexte historique dans laquelle le
discours s’inscrit.

L’idée c’est de comprendre une « logique d’action » : comment fonctionne un milieu, un monde
social à partir des expériences recueillies.

Il y a dans tout entretien une narration, l’enquêté raconte, une expérience, un moment de sa vie, à
partir de ce moment, cet événement, cette trajectoire qui va être mise en mot, l’enquêteur va
considérer ce discours, ce regard, comme un fragment particulier d’une réalité socio-historique.

Il va cumuler les sources de données, et va essayer à partir de ces différentes sources de données,
mais surtout à partir du discours de l’enquêté, de saisir la dimension diachronique des phénomènes
sociaux : Les phénomènes sociaux qui sont pris dans une dimension temporelle, essayer de saisir ce
discours comme une histoire qui s’inscrit dans un temps moyennement long et également saisir ce
discours comme un récit de pratiques (logiques d’action = qu’est ce qui fait que les individus
agissent de telles façons ? Quels sont les logiques, les stratégies…). Il s’agit d’un récit, mais ce récit
met en scène des pratiques, et de ces pratiques individuelles énoncées, il va ensuite essayer de
produire une analyse, une théorisation qui va essayer de sortir des expériences personnelles pour
aller vers des processus plus généralisable. Par la somme des discours, il y a au final une capacité à
mettre ..

Trois niveaux de réalité

1. La réalité historico-empirique : Le parcours biographique de la personne, ce qu’elle a vécu, son


récit. Quels sont les éléments factuels que l’on peut recueillir dans le récit. La succession des
événements, et comment les individus vivent ces événements, avec l’idée que les individus ne vont
pas tous réagir de la même façon.

2. La réalité psychique et sémantique : comment l’enquêté perçoit sont parcours, quel regard il porte
sur ce parcours, regard qui se comprend de part quelle sont les informations dont il dispose.

3. La réalité discursive : ce que l’enquêté veut bien dire ce jour là face à son enquêteur. Quand un
enquêté raconte une expérience de vie, il nous dit des choses, mais il y en a d’autres qu’il a préféré
ne pas mentionner, d’autres qu’il a oublié, d’autres qu’il a omit.
Sélection et interprétation dans ce que l’enquêté donne voir de sa réalité. Mais pas seulement…

Il faut pouvoir saisir le discours mais pas seulement.Il faut aussi la mettre en relation avec ces 3
réalités.

En résumé : le récit de vie ça reste un discours dialogique, sans note, c’est souvent un travail de
mémoire. Il y a bien souvent une reconstruction, une espèce de logique que l’enquêté donne à voir.
L’enquêté lui même cherche à donner une logique à la chose, et nous même en tant qu’enquêteur on
cherche à mettre une logique, à mettre les choses en suite, bout à bout : Il faut être vigilant par
rapport à ça.
Le chercheur cherche ainsi à reconstituer la structure diachronique du récit dans un souci
d’objectivité…

Diachronie et chronologie

Bertaux distingue la diachronie (processus collectifs) et la chronologie qui renvoie plutôt au


cheminement individuel des enquêtés. On veut pouvoir les relier. C’est pour ça qu’il incite
fortement à ne pas mener que des entretiens, mais aussi de les croisées avec des données

Quelle fiabilité accorder au récit ?

Le discours est subjectif mais les événements relatés restent les mêmes.
A cela il faut ajouter le croisement des chronologies et miser sur des discours récurrent, qui attestent
que les événements ont bien eu lieu.

CM7 – Vendredi 10/03

Question 1 : Qui a écrit les Récits de Vie ?

Daniel Bertaux

Question 2 : Dans les Récits de Vie, que représente la réalité historico-empirique ?

Ce sont les parcours biographiques des personnes

Question 3 : A quoi renvoie la diachronie des processus collectifs ?

A des destins collectif dans la durée

Question 4 : Quelle est la démarche de Dubar et Demazière dans les entretiens biographiques ?

Démarche subjectiviste

Question 5 : Dans l’analyse des récits de vie, combien Bertaux distingue-t-il de réalités ?

3 (historico-empirique, psychique/sémantique, discursive [ce qu’il nous dit dans l’entretien])

Les entretiens biographiques

Dubar et Demazière, ils ont publié un ouvrage « Les entretiens biographique », ouvrage assez
dense. Ces deux auteur s’intéressent vraiment aux langages aux discours, aux mots qui sont
prononcés. Ce qui les intéresse avant tout : c’est le détail dans le discours, comment les mots sont
articulés entre eux, comment ils permettent de comprendre des univers, comment la personne
appréhende ses mondes sociaux sans qu’il y est de lien direct avec des pratiques effectives.
Contrairement à Daniel Bertaux, ces deux auteurs eux disent : ça n’a pas d’importance de savoir
comment les choses se sont vraiment passées, ce qui est important, c’est de savoir comment ces
personnes les ont vécus. Ça ne veut pas dire qu’on va s’intéresser uniquement à leur perception, on
peut les questionner sur leur pratiques, mais sans chercher à questionner une réalité effective.
Analyse subjective ne signifie pas que l’entretien est construit uniquement sur des questions style
« que pensez vous... » on va aussi les questionner sur leurs activités, pour avoir une compréhension
de leurs univers de vie.

Sur cela, Dubar et Demazière disent que le langage est social. Le langage n’est pas qu’un support
du social, il est social en soit, c’est pour ça qu’on l’étudie et qu’on le prend au sérieux.
C’est la vision subjective du réel qui est analysé, la question de fiabilité du discours qui est assez
importante dans les récits de vie, est ici mise de côté. On ne cherche pas des témoins, ils ne sont pas
là pour témoigner d’une époque ou d’une situation, ils apportent des informations, qui n’ont pas
vocations à être vérifiée, ce qu’ils disent ne doit donc pas être mis en doute, ce n’est pas le travail de
l’enquêteur que d’être inquisiteur ou d’être sceptique, pour autant on peut pointer des contradictions

« Les actes du langage sont indissociables du social. Le social prend forme dans et par le langage »

Quelle analyse du discours ?

Dégager des univers de croyances partagés ou contrastés.

On analyse des « univers de vie », des « univers de sens ».

Mais là encore, il faut bien comprendre que dans tout les cas, le discours va nécessiter une analyse,
qu’elle soit objectiviste, ou subjectiviste, il faudra se décider sur la méthode d’analyse, mais il
faudra l’analyser. « Le matériau, le discours n’est pas simplement illustratif, ni descriptif »,
forcément, même si discours très subjective, il y a une analyse à produire, donc travail du
sociologue pour identifier les mécanisme de production du sens et analyser la manière dont est
construit le discours :
Analyse structurale du discours.

analyse d’un entretien

Objectif : saisir le sens du discours, identifier la structure logique de l’entretien.

-Transcription (dans cette méthode, on doit transcrire tout les entretiens, dans leurs intégralités.)
-Découpage du corpus en 3 niveaux :
1. identifier les épisodes narratifs du récit : séquences
2. identifier les actions : qui sont les personnages en jeu
-Les actants
3. La narration : quels sont les arguments développés.

[Tableau sur cursus? (Tableau 1 : Tableau récapitulant les correspondances…)]

Concrètement, peu sont ceux qui suivent la démarche complète jusqu’au bout, mais beaucoup se
réclament comme appartenannt à cette méthode où la personne va raconter son vécu… et non pas la
façon dont les événements se sont passé (comment la personne l’a vécu plutôt que l’acte lui même).

« L’illusion biographique » Bourdieu – 1986 – ARSS

Bourdieu a écrit à cette date dans la revue des sciences humaines.

Le récit biographique serait une fiction, une illusion qui prendrait 3 formes :
1. Illusion téléologique : cohérence d’ensemble ; finalités intentionnelles : lorsqu’on rend compte de
sa trajectoire, lorsqu’on raconte, on donne à voir quelque chose qui est linéaire, avec un début, une
fin et des étapes. Tout discours qui est produit dans le cadre d’un entretien est reconstruit. Le vécu
qu’on raconte se construit et se reconstruit au grès des événements que l’on va vivre. Important
que.. Je suis ici parce que… Sauf qu’on a construit ça, ce n’est jamais aussi simples, y a plusieurs
raisons..
(c’est pour ça qu’on évite les « pourquoi ? », parce que la réponse qu’on aurait serait une
construction, une illusion), aller au-delà de cet artifice linéarité.

2. Ipséité:permanence de son identité. L’enquêté se raconte comme fidèle à lui-même, inchangé.


Donc quand on narre, qu’on va chercher, ce qui nous intéresse c’est de savoir ce qui reste, ce qui ne
reste pas, ce qui a changé ou pas. Du coup chercher à comprendre comment on est pluriel,
contradictoire… donc ne pas avoir de grandes questions qui seraient immuables ou transcendantes,
comme si il n’y avait que une façon de se positionner. C’est pour ça qu’il faut aller dans les détails
pour saisir ces changements et saisir ce qui change dans l’individu au cours de sa vie.

3. Illusion du « propre » : trajectoire unique, échappe à tout déterminisme. On est jamais le mouton
qui fait comme les autres, on essaye de mettre à voir qu’on a pris des choix, des décisions, des
actions, on se présente (et on est fortement incité à le faire dans notre société) comme étant maître
de notre trajectoire.

Avoir conscience de ces dérives : de cette linéarité, de se présenter comme unique, comme
différent, se poser en victime.. de se dégager de la masse pour donner une trajectoire qui n’est pas
comme les autres, chacun fait ça.

=Histoire rationnelle, sans contradictions.

Dans cet article, Bourdieu est très critique vis à vis de l’entretien, et dit qu’en gros il y a très peu de
choses intéressante à en tirer.

Nous on va pas être aussi critique que Bourdieu (d’autant plus qu’il a un peu changé à ce sujet plus
tard dans sa vie). Mais on va garder ces biais en tête pour mieux préparer nos entretiens par rapport
à ces derniers.

« Le Baroque des biographies »


Olivier Schwartz 1990 dans cahiers de Philosophie

Il reprend Goffman et dit : Au-delà de ce côté artificiel et théâtral (mise en scène de sa vie) que
prend le récit Olivier Schwartz identifie aussi le « baroque », cad des moments d’authenticité :

baroque = authentique : moment ou la personne n’est pas en train de se donner à nous, elle livre
quelque chose d’un peu brute, elle livre un discours où elle découvre ce qu’elle dit en même temps
que nous d’un certain côté (« Ah je savais pas que pensais ça/que je dirais ça »)

« Ce moment où le sujet rencontre en lui l’étrangeté... ».


La grounded Theory

traduit par « théorie ancrée »

première ambition : la comparaison : la théorie vise à produire des recherches dites « comparées »
deuxième ambition : S’inscrire dans ce qu’on va appeler une méthodologie « inductive »,
radicalement inductive. Dans la Grounded Theory on pousse plus loin. Se laisser porter par des
phénomènes qu’on a pas forcément en tête.

Se fait par des mécanismes d’allers-retours entre la théorie et le terrain.

Objectif final : produire de la théorie. Théorisation qui se veut progressive.

Démarche

5 étapes :

1. Ce que les auteurs appellent « la suspension provisoire des acquis théoriques » : ne pas chercher à
coller à ce qui existe déjà, ne pas chercher à partir de théories préexistantes.
Ça peut partir d’un terrain juste… mais surtout ne pas se laisser embarquer par ce qui a déjà été fait,
car ça va nécessairement orienté notre regard, nos choix de thématisation. On fait table rase de
l’existent, on fait table rase de théorie, et on va sur le terrain avant tout.
[on n’oublie pas tout ce qu’on a vu depuis le début du semestre, même si ça va à l’encontre on
l’impression, on doit réussir quand même à partir de ses prénotions avoir une idée ne pas arriver les
mains dans les poches, sans pour autant s’empêcher de voir les choses autrement, si notre bagage
est dans notre tête ça va nous empêcher de découvrir de nouvelles choses »]

2. Définition spécifique de l’objet de recherche : J’ai un objet, pas forcément problématisé, objet
petit, j’ai un phénomène qu’on va essayer de borner (ça peut être un territoire, une question, une
situation sociale, une monographie…). Je sais que cet objet là va être amené à être redéfini. Et au
fur et à mesure du terrain, ma problématique va prendre forme.
« Ma question de recherche reste un territoire à explorer »

3. interaction entre la collecte et l’analyse


Il n’y a pas un temps pour le terrain, puis un temps pour l’analyse des matériaux : il y a un aller-
retour qui se fait,une circularité, une logique itérative entre le terrain et l’analyse.
J’ai vu ça donc je me pose telle question… avancer pas à pas en confrontant ce que j’ai vu avec de
nouvelles questions. Quand on un terrain au préalable puis ensuite une analyse, (et c’est souvent ce
qu’on a), ça peut être assez dangereux, car on peut se rendre compte qu’on est passé complètement
à côté de quelque chose.

4. Une ouverture à l’émergence


La théorie, l’analyse qui est produite va partir directement du terrain, il n’y a pas de gap (on se dit
pas, tient c’est ça qui est intéressant), la première étape de l’analyse, c’est sur les matériaux en eux
même. Utilisation de codes in vivo, catégorisation indigènes.
(exemple : les mots dit par les soignants par rapport à des personnes mourantes aux urgences, qu’est
ce qu’ils disent, qu’est ce qui change.. (âge, sexe, profession, couleur… et qui tient ce discours.) et
puis est ce que ça va changer les actes derrières (ex : pas les mêmes soins prodigués… si la
personne est âgée que si c’est une femme de 30 ans mère de 5 enfants..)

5. Mise en place d’un échantillonnage théorique : échantillonnage pas fait en amont :


Selon les résultats qui ont émergé, on va aller interroger à tel endroit, tel personnes, sur tel sujet…
on construit pas à pas au fil des résultats qui émergent. Il se met en œuvre directement à partir de
l’analyse produite.

Comment construire la comparaison ?

4 principales étapes :

1. Comparaison des occurrences relatives à chaque catégorie : on regarde les mots, les codes invivo,
on essaie de les catégoriser. On part avec un codage systématique des données, et ensuite on
remonte progressivement et on théorise progressivement.
2. Intégrer les catégories et leurs propriétés : affiner les catégories qui émergent du terrain
3. Délimiter la théorie en continuant ainsi jusque là
4. Ecrire la théorie

Codage systématique des données.


Les concepts s’ajustent aux données empiriques.

On va pouvoir progressivement étendre la comparaison, étendre le terrain.

Comment choisir de nouveaux terrains ?

Les terrains émergent des résultats


Recherche de groupes proches ou distants ?

Combien de terrains comparer ?


Pas de nombre pré-définis
on s’arrête à la saturation de la théorie. (Aucune nouvelle propriété n’émerge de la catégorie
construite par le chercheur).

On va distinguer 2 types de théorisation.


On passe progressivement d’une théorisation substantive (on part directement du terrain, qui fait
émerger une théorisation progressive) à une théorisation formelle (une théorie « costaud », qui ne
repose plus directement sur un terrain). (Maximiser les différences)
Exemples : Becker dans Outsiders (1962) : comparaison entre les fumeurs de marijuana et les
musiciens de Jazz, progressivement on voit comment il va nous expliquer comment on peut
construire une « carrière déviante » (donc : de musiciens de jazz et fumeurs de marijuana au
concept lourd de « carrière déviante ») ; Stigmates de Goffman : ça veut dire quoi être stigmatisé

CM .. QCM de début de cours

Question 1 : Selon Bourdieu qu’est ce que l’illusion téléologique

C’est l’illusion que la vie est un ensemble cohérent et orienté vers une finalement
Question 2 : Selon Schwartz que signifie accéder au « baroque » des biographies ?
Cela renvoie aux propos authentique du récit

Question 3 : Qui a écrit la Grounded Theory ?


Barney Glaser et Anser Strauss

Question 4 : En quoi la grounded Theory propose-t-elle une approche en spirale ?

Par des allers-retours sur le terrain


Par des allers-retours entre l’empirie et la théorie

Question 5 : Qu’est ce qu’une théorie formelle ?


Une théorie qui n’est pas directement rattachée à un terrain : à un moment donné a atteint un niveau
de théorisation qui fait qu’elle ne naît pas d’un terrain : c’est ça vient d’une théorie substantive, puis
ça va sur du déductif.

L’observation

C’est une méthode qualitative, souvent que l’on situe comme étant assez proche de l’entretien mais
qui s’en éloigne assez fortement par de nombreux aspects :

Il faut avoir en tête que c’est la seule méthode de toute les 3 méthodes que l’on étudie qui permet
d’avoir accès directement à ce que les gens font : Les pratiques sociales.

Elle peut facilement être couplée avec des entretiens, puisque observer ce que les gens font c’est
bien, mais ensuite avoir un regard sur ce qu’ils pensent, leurs repères, leurs représentations… ça
peut être profitable. Elle se couple aussi facilement, non pas avec une analyse statistique, car pas de
grand nombre, mais quand même avec du comptage, il suffit pas d’avoir un regard flottant, pour
observer il va falloir déployer des méthodes d’observations, il va falloir une rigueur dans cette
observation, ce qui peut conduire à compter, à avoir un regard très descriptif sur ce qu’on observe.

Il faut aller voir des groupes d’individus, à un moment donné, l’observateur est un témoin des
comportements sociaux, et il va recueillir, enregistrer, saisir tout ce qui se joue à un moment donné
sous ses yeux.

Il a 4 tâches fondamentales l’observateur :


-Être sur place, pas une fois, être sur place quand le moment que je veux observer se joue, donc
parfois être sur place pendant des jours, des mois, parfois des années. Nécessite une capacité
d’adaptation importante.
-Observer le déroulement des événements. On peut vite se perdre sur ce qu’il y a à observer, on peut
avoir un regard qui ne saisit pas tout, qui ne saisit pas le détail, ou au contraire qui ne saisit pas la
situation dans sa globalité, c’est pour ça qu’on va devoir construire des guides d’observations.
-Enregistrer, prendre des notes : rendre compte : La narration, l’écriture de narration de ce qu’on
observe, c’est pas la même écriture que dans la 4e tâche : enregistrer le maximum, prendre des notes
fines, précises, circonstanciées de ce qu’on observe
-….
« le paradoxe de l’observateur »

Enjeu de savoir comment on peut observer, saisir les pratiques, et en même temps interférer le
moins possible sur cette situation qu’on cherche à observer comme si l’on était pas là, même si l’on
est là.

Qu’est ce que ma présence produit ? On doit se demander.


Qu’est ce qu’elle a comme conséquence dans les actions des individus qui se jouent sous mes yeux.

Plusieurs choses sont possibles :


Comment devenir invisible ou du moins, le moins visible possible :
1) être là sur du long terme : si je suis visible, gênant au début, si je reste longtemps, je vais faire
partie du décor au bout d’un moment, mais ça demande vraiment du temps.
2) Qu’est ce que je fais ou qu’est ce que je ne fais pas ? Le premier mot d’ordre (pas respecté) ça a
été de ne pas participer : Aujourd’hui on en est clairement revenu. Quand tout le monde s’active, si
on est le seul à ne rien faire, on est visible, on est gênant : se fondre dans l’activité, c’est se fondre
dans la masse. Donc aujourd’hui, la plupart des observateurs se positionnent dans le collectif pour
mieux s’invisibiliser en tant que chercheur.
3) Est ce que l’on dit d’emblée qui on est ? Que l’on est sociologue, qu’on fait une recherche, ou est
ce que on le dit pas.. Différentes positions éthiques, toutes les recherches ne permettent pas d’avoir
une identité déclarée, on va parfois avoir des observations « clandestines ».

Historique de l’observation

Bronislaw Malinowski (1884-1942) : fondateur de l’observation directe. Il est révolutionnaire,


puisque jusqu’à la première guerre mondiale à peu près, les travaux des anthropologues étaient des
travaux menés depuis leurs bureaux, ils étaient anthropologues, mais n’allaient pas sur terrain, ils
engagés des « hommes de terrains », des voyageurs, pour aller sur le terrain et rapporter des
informations. Malinowski va être le premier à passer 2 ans sur les îles Trobriand, il va être
prisonnier d’honneur pendant la première guerre mondiale et donc passer ces deux ans sur l’île. Il
va tenter de comprendre ce qui se passe d’un pdv économique, leur mode de vie, leur langue…
à son retour il va publier un ouvrage « Les Argonautes du Pacifique occidental ».

Démarche de comprendre l’autre de comprendre ce qu’on appelait à l’époque « les civilisations


primitives ». on allait voir des situations très éloignées de celles que le chercheur a « chez lui ».
Aujourd’hui, on cherche moins à comprendre le lointain qu’à étudier le proche.

L’un des précurseurs en France, c’est Frédéric Le Play (1806 – 1882)


il faisait déjà des observations non pas sur les civilisations éloignées, mais sur le travail, et
notamment les familles ouvrières en Europe, sous la forme de monographies. faire le lien entre la
famille et le travail
36 Monographies de familles sont ainsi publiées en 1855 dans « Les ouvriers européens ».
Ce qui ressort c’est cette thématique du monde ouvrier, du travail ouvrier, qui va donner lieu à des
observations, on regarde on essaie de mieux comprendre ce que font les ouvriers, leur mode de
travail, (à l’origine Le Play est un ingénieur des mines, son objectif à travers l’observation, c’est de
comprendre comment les ouvriers travail, et d’essayer de valoriser le mieux possible ce
fonctionnement à travers l’observation, avec à la fin une ambition de comparer à l’échelle de
l’Europe, pas juste à l’échelle de la France, voir quelles sont les différences en mode de vie...)

Alain Touraine (1925-)


Dans les années 1950, il travaille sur les usines Renault et s’intéresse à l’évolution du travail
ouvrier.

Enfin les travaux d’Olivier Schwartz, qui lui va faire une thèse début des années 90, « Monde
privée des ouvriers », pour la première fois en vivant plusieurs années durant dans un quartier
ouvrier du nord de la France, il va intégrer les familles, ce qui n’avait jamais été fait.

Principales thématiques

L’observation a donc porté principalement sur des « sociétés dites primitives » mais aussi par la
suite sur les mondes populaires et également « ouvriers ».

Progressivement des études ont vu le jour sur la fin des milieux ouvriers,

Études sur le travail industriel


Exemple : Elton Mayo (1880 – 1949), psychologue et sociologue australien, dans les usines de la
Western Electric Compagny. Ses observations mettent en avant l’importance de la motivation
sociale dans la performance des travailleurs (importance de la reconnaissance et considération dans
la productivité)

idée d’aller observer ces « classes dangereuses ». On a aujourd’hui encore où l’on retrouve ce côté
un peu exotique en allant observer des milieux sociaux qu’ils ont du mal à appréhender,
comprendre, qu’ils voit étrange, des travaux également sur les déviances ou encore les relations
interethnique, puisqu’il y a des thématiques qui sont difficilement appréhendables autrement que
par l’observation.

L’ethnicité c’est avant tout un rapport social, une relation : pour le saisir il va falloir l’observer.

Thématique abordée très tôt par les sociologues de l’École de Chicago.


Exemple : William Foote Whyte : « Street corner society » (1942)

Qui observer ?

La situation d’observation c’est pas nécessairement observer un groupe, ça peut être observer une
rue, une pratique sociale, une institution.. (une cours de récréation, ce qui se joue dans cette cours,
observer une classe, observer dans un hôpital, observer des bénévoles, observer des
manifestations…) Soit en partant du lieu, soit en partant d’une institution soit en en partant de
groupe qui peuvent évoluer au fil de l’investigation.

Regarder le documentaire : « Les ghettos du gotha »


Question posée ici : « Comment la grande bourgeoisie fait-elle pour perpétuer sa domination en
inscrivant celle-ci dans l’espace urbain et dans le temps. »

« classe en soi et pour soi », milieu très fermé, à la fois cosmopolite qui a un ancrage fort au niveau
internationale qui a un réseau et en même temps un entre-soi très où les alliances sont essentielles et
où donc on veille à ce que le patrimoine soit préservé, les stratégies de mariages…
Attention à ne pas caricaturer : diversité des profils. Diversité aussi au sein de la grande bourgeoisie
(aristocratie terrienne ; bourgeoisie roturière etc.)

Principales étapes dans la réalisation d’une observation

1. Relations du chercheur au milieu à observer : Relation antérieure existantes ou pas. Expérience


préalable. Caractéristiques propres du chercheur en relation au milieu : sexe, âge, ethnie, classe
sociale. Le lien avec le terrain nécessite de prendre conscience, que selon qui on est il y a des
entrées sur des terrains qui vont être plus difficile ou faciles que d’autres. (

2. L’entrée dans le milieu Le trouver : Avec qui négocier ? Promettre ? Que demander ? Être
conscient du côté où l’on se trouve. L’introduction : hiérarchie, informateurs, réseau et danger des
certaines alliances initiales. : Comment je vais entrer dans ce milieu ? Est ce que j’ai besoin de
négocier de façon officielle, ou est ce qu’une démarche informelle peut suffire : dans pleins
d’institutions il faut que ça soit officiel. La position de la personne qui m’introduit va changer pas
mal de choses.

3. S’établir dans le milieu : que faut-il faire pour être présent : l’observation et la participation. Y a
t-il un rôle pour l’observateur ? Le rôle attribué par les observés à l’observateur. Problèmes moraux
de l’observation. Comment remplir le rôle : présentation et langage. Installation matérielle. Emploi
du temps et durée de l’observation. Evolution du rôle de l’observateur. Est ce que j’ai un seul rôle,
ou ce rôle va-t-il changer dans certaines situations… ça peut se négocier ou évoluer sur la durée.
Être là sur du long terme, mais aussi être capable d’être là à différents moments. Venir la nuit, venir
le week-end… pour pouvoir observer des situations qui ne se ressemblent pas forcément car elles
n’ont pas lieu au même moment.

4. Développer des relations. Éviter des relations exclusives. Traiter tout le monde de la même
manière. Gagner la confiance pour en savoir plus. Faire attention aux relations « favorisés », car
elles peuvent nuire à l’exhaustivité du matériaux recueilli, et peuvent orienter le regard du
chercheur. Quitter le milieu tout en gardant des relations, on s’en va pas du jour au lendemain.

5. Le recueil des données : Les données de contextualisation et le cadre administratif. La prise de


notes et l’enregistrement. Où se placer ? Quand et comment prendre des notes ? La séquence
principale. Premières choses à noter. Compter les flux, les personnes, les actes.
Si on est en réunion, là, prendre des notes pendant ce moment, ça se fait, mais il y a d’autres
situations où c’est vraiment pas possible, parce qu’on est dans un rapport oral.. (si on joue au foot,
qu’on est avec des grapheurs c’est pas adapté à ce moment.). Le fait d’enregistrer les personnes
sans qu’elles le sachent il y en qui le font, mais ça cause un gros problème au niveau éthique.
On va pouvoir à certains moment cibler ce qu’on note, si on cherche à tout observer, c’est pas
possible, on va avoir un regard qui est flottant..

6. La rédaction de notes : Que noter ? L’écriture. Une grille pour débuter. Tenir un journal. Les trois
types de notes.

7. Codage et présentation de résultats.


CM.. 31/03/2022

QCM de début de séance

Question 1 : Dans les ghettos du Ghota, les auteurs enquêtent sur :

La grande bourgeoisie et les modes de défense de leurs privilèges

Question 2 : Comment s’appellent les observateurs dans le documentaire ?

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Question 3 : Dans cette enquête par observation, les enquêteurs travaillent…

se partagent les rôles

Question 4 : L’enquête de terrain révèle que...

Pour observer il faut aussi écouter les échanges verbaux


Pour observer il faut gagner la confiance des enquêtés

Question 5 : Les grands bourgeois sont…

Des personnes qui cumulent les capitaux (économique, terrien, symbolique [soirées à Versailles,
privatisation de forêt pour la chasse…], social [le réseau]

ne pas oublier de regarder ce documentaire en entier.

La dernière séance (14 avril) aura lieu en B07 et pas S01

pour l’exam : QCM à point négatif

Les 4 rôles de l’observateur selon Junker

1. La participation totale : Je fais exactement ce que font les autres, je participe pleinement à toutes
les activités, pour cela l’observateur ne révèle pas son identité
2. Le participant observe : l’observateur fait partie du groupe en priorité, c’est un « insider », une
personne qui appartient à un groupe et c’est en premier lieu son appartenance à ce groupe qui
importe.
3. L’observateur participe : le chercheur est avant tout un observateur mais participe à certaines
tâches. Situation la plus fréquente, où la finalité première c’est l’enquête, et pour la mener à bien,
l’observateur va essayer de trouver sa place en participant, en allant dans un milieu qu’il connaît
plus ou moins bien.
Loic Wacquant parle d’« ethnopraxie », forme d’observation qui consiste à « pratiquer en temps et
en situation réels avec les indigènes de sorte à acquérir, comme eux, par la routine, les savoirs
tacites et les catégories de perception qui composent pour partie leur univers ». phrase qui a donné
un certain nombre de critiques, de remarques qui ont pu lui être adressé. Il y a des limites par
exemple au niveau du salaire à la fin du mois, la couleur de peau… il faut avoir conscience qu’on
ne peut pas tout comprendre, et avoir l’honnêteté de le dire.
4. L’observateur : pas de participation. On le verra dans certaines situations, c’est aujourd’hui
quelque chose que l’on fait seulement quand la situation ne s’y prête pas.

Différents contextes d’observation

- Observation clandestine en milieu fermé (le sociologue ne divulgue pas son identité)
- Observation à découvert dans un groupe informel (dans ce cadre là, on a pas besoin d’autorisation,
on dit qui on est, ce qu’on veut faire et on essaie d’entrer. C’est la situation la plus simple, la plus
courante)
- Observation à découvert dans un groupe formel (là il va falloir négocier son entrée sur le terrain,
et cette négociation peut prendre du temps. Ex : en CADA, en prison, en entreprise.. il faut des
autorisations on peut pas venir juste comme ça.)

Exemple de Laud Humphreys (1931-1988) « Tearoom Trade » (1970) (« le commerce des tasses »)
qui porte sur une recherche clandestine dans les pissotières
c’est un pasteur à la base + professeur de sociologie. Enquête clandestine dans les toilettes
publiques de parcs où se rencontrent des hommes pour avoir des relations à l’époque illégales, puis
au domicile des personnes. Sa méthode pose des questions éthiques : il prenait le numéro
d’immatriculation des personnes, puis il les retrouvait avec ça. Il passait les voir en prétendant faire
du « porte à porte », il leur donnait un questionnaire en disant que c’était un questionnaire santé.

Quand on va enquêter de manière clandestine, ça pose assez rapidement des questions éthiques. On
le fait quand on considère que il n’y a pas d’autres manières de le faire (milieux illégaux, sectaires,
de l’extrême droite…). Et c’est questionnable éthiquement jusqu’à la fin, parce que souvent on
échange avec la personne sur ce qu’elle ne veut pas qu’on dise, et comme on est là de manière
clandestine, cette discussion ne peut pas avoir lieu.

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Exemple de William Whyte dans Stret Corner Society (1943)


Etudiant à Harvard qui va s’intéresser à ce coin de rue, cette situation locale, territoriale dans
laquelle vive notamment des jeunes hommes d’origines italiennes. Observation participante
informelle
- relation avec le milieu observé : distantes
- Entrée sur le terrain : pas des plus satisfaisantes, prend un appartement ; s’adresse à des jeunes
filles en entrant dans un bar, il va se faire repousser directement par des jeunes qui sont pas
d’accord qu’il vienne « draguer des filles de leur communauté (erreur). Il est clairement un étranger
dans la situation
- Avec qui négocier : « Doc » est son intermédiaire, il va négocier avec lui son entrée sur le terrain,
il va le rencontrer dans un foyer social, et être introduit dans la communauté qu’il souhaite observer
par ce personnage qui va décider de le présenter comme son ami.
- S’établir dans le milieu : grâce à cet intermédiaire, mais aussi en résidant dans le quartier, en
apprenant l’italien, progressivement intégrer les règles.
- Développer des relations : « Doc » est central.
- Recueil des données : ne peut écrire pendant ses observations, transcrivait après.
Dans une observation participante informelle, les limites elles se construisent au fur et à mesure, et
on se les posent nous même. Est ce qu’on va accepter de dealer, de fumer, de faire du recel, si on le
fait pas est-ce que ça va pas limiter l’enquête ? Quels risques on est prêt à prendre ? Quelle relation
on a avec sa morale ?…
Est ce qu’on fait entrer les enquêtés dans son espace privé (chez-soi) ?

Ce que Whyte a montré dans cette étude (période d’entre deux guerres ou discours sur les jeunes de
ces quartiers populaires, sur l’immigration, fait état d’une désorganisation sociale, groupes
anomiques, activités illégales car ces populations sont désorganisées, ne respectent pas les normes.
Discours de pathologies vis à vis de ces comportements « déviants ».), c’est que ces populations
sont très organisés en faite : il y a des leaders, des activités qui donnent lieu à des salaires, à une
cohésion de groupe. Il y a un fonctionnement et non un dysfonctionnement comme c’était pointé du
doigt à l’époque. On lui a reproché d’avoir été trop proche, pas assez de recul.

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3e exemple
L’observation à découvert dans une organisation formelle

Exemple : Anne Paillet, « Sauver la vie, donner la mort. Une sociologie de l’éthique en réanimation
néonatale », 2007.

Entrée dans le milieu : Besoin d’une autorisation ; négociation avec l’hôpital. Accès à plusieurs
services hospitaliers. Négociation avec l’hôpital, mais aussi avec les médecins… sur place vu qu’il
peut y avoir un problème d’entente/ de considération entre les sciences dures et les sciences
sociales.

S’établir dans le milieu : trouver sa place parmi les différents professionnels et avec les parents.

Développer des relations : difficile d’avoir accès à tous les professionnels pareillement.

Recueil des données : Impossibilité de prendre des notes excepté lors des réunions ou moments où
professionnels prennent eux-mêmes des notes.

Elle montre comment sont prises les décisions, la place de la famille, ce qui est attendu de la famille
(de la présence, c’est ce qui est essentiel), et en même temps le corps médical sait qu’il y a 9
chances sur 10 que l’enfant ne vive pas, mais les médecins vont quand même demander à la famille
de s’impliquer.

Peu importe le type d’observation qu’on fait, on va souvent se retrouver à prendre des notes dans les
toilettes.

Rédiger ce qu’on a observé ça peut être compliqué, découper ce qu’on a observé ça va souvent
énormément l’être aussi, voir impossible (pas du tout comme un entretien à ce niveau là du coup.)

Qu’est ce qu’on observe ?

Ça bouge, on parle souvent en début de recherche d’une observation « flottante », une


imprégnation, on essaie de comprendre ce qui se joue, qui est en interaction ? comment ? Où ?…
Petit à petit au fil des observations on va essayer d’avoir un regard plus pointu, et décider
« Aujourd’hui, c’est ça qu’on observe » :On ne peut pas tout observer, car si on observe tout, on
n’observe rien de bien.

Aujourd’hui je vais regarder combien de fois les médecins ont parlé des parents ? Comment ils
interagissent avec les infirmières ?.

On observe pas de la même façon une fois qu’on acquis leur vocabulaire, leur emploi du temps,
qu’on a pris connaissance des lieux, on n’observe pas les mêmes choses, ni de la même manière.

La grille d’observation évolue au fil du temps et du regard progressivement familiarisé. Important


de saisir l’évolution du regard (on ne voit pas la même chose au début de l’immersion et à la fin).

Activités : formelles, informelles ; hiérarchie ; selon certains critères ; prise de parole ;

De quel point de vue observer ? Toujours la même place d’observateur ou changement de rôle voire
de lieu.

L’importance du comptage dans l’observation

Chiffrer le temps, les flux, les durées, compter les interactions ; les objets etc.

Jean Peneff, L’observation c’est tout sauf aproximatif, quand on observe on est amené à faire du
comptage, il faut avoir ces éléments précis en tête, si on dit « souvent / parfois... », on peut pas se
faire confiance en tant qu’observateur, car on ne voit pas tout. Donc on compte, combien de temps à
faire ça, ou ça, combien de fois on fait telle chose dans la journée….

Le journal de terrain

Trois principes essentiels : percevoir, mémoriser, noter.


On l’utilise dans toutes les méthodes de recherche, que ça soit entretien, observation ou
questionnaire. On se demande d’où on part, où on en est, où on va. On oublie souvent les nombreux
préjugés qu’on avait au début, et c’est important de s’en souvenir. Écrire quotidiennement, écrire en
partant de ce que les gens disent, font

1. Construire un canevas : données concrètes, les plus exhaustives possibles. Faire des tableaux,
plans, graphiques etc.
2. Saisir les « impondérables de la vie authentique » (les évidences, le baroque, les moments bruts.).
Décrire minutieusement. Identifier les premières impressions. Chaque étape du terrain est
importantes
3. Utiliser les verbatim : ne pas parler à la place des enquêtés dans le journal de terrain.

CM10 – 07 avril 2023

QCM de début de séance


Question 1 : Dans ma méthode par observation, le chercheur s’intéresse

Aux pratiques, aux discours et aux contextes

Question 2 : Qui a écrit Street Corner society


William Whyte

Question 3 : Dans « tearoom trade » (1970) Laud Humphreys mène :


Une observation clandestine

Question 4 : Dans sa recherche Anne Paillet travaille sur :


La grande prématurité

Question 5 : Que signifie « saisir les impondérables de la vie authentique » ?


Savoir décrire minutieusement son terrain
Savoir saisir les détails intimes du quotidien

Rappel : une ethnopraxie : par la pratique essayer de prendre connaissance et de participer au


groupe que l’on observe. Par la participation on va acquérir les compétences des groupes sur
lesquels on travaille, on s’approprie des savoirs qu’on ne maîtrise pas encore pour mieux
comprendre le groupe qu’on observe.

Comment organiser son journal de terrain ?

Séparer chaque page en 2 colonnes :


- D’un côté, ce qui s’est passé, dans la description, travail très fin et minutieux, avec le comptage,
lister les personnes, faire des plans, qu’est ce qu’on voit.
- De l’autre: s’interroger, poser des questions, mettre en avant les éléments que l’on ne comprend
pas, les pratiques les mots, les interactions, les choses que l’on doit creuser. Les possibilités de faire
évoluer son guide d’observation…

Le découpage est là pour éviter de mélanger les choses et de s’embrouiller.

Conclusion sur l’observation :

Il faut expérimenter pour vraiment comprendre cette méthode.

C’est la seule méthode qui permet d’avoir accès aux pratiques, aux interactions.
[« L’établi » Robet Guinart, livre conseillé à lire]

Nécessite du temps pour s’immerger. C’est une recherche qui se construit sur du temps long, c’est
pour ça que c’est une recherche précieuse, tout les chercheurs ne peuvent pas s’y atteler, c’est
souvent un travail de recherche de doctorat au moins..

Nécessite de la minutie, rigueur pour ne pas se limiter à une « observation flottante »


goût de l’anecdote, de la précision…
Demande des comptages, plans, apprentissage du vocabulaire indigène etc.

Il faut enfin être capable de sortir du milieu observé sans fermer toutes les portes. Pour pouvoir
analyser correctement ces matériaux, il faut être capable de sortir, de prendre de la distance avec ce
milieu observé, sans rompre complètement avec ce terrain, pour y retourner plus tard pour voir
comment la situation a évolué, ce que les enquêtés sont devenus..

L’enquête par Questionnaire

Spécificités des statistiques

On distingue (parfois de manière abusive) les méthodes quantitatives et qualitatives. C’est la finalité
qui les distingue : Est ce que tel élément agit sur tel autre, est ce qu’on peut avoir des corrélations.

Rapprochement entre le quantitatif et l’entretien, car on interroge les gens sur ce qu’ils disent, et il
ne faut pas se dire que les chiffres ne sont pas plus représentatifs du « réel », que l’entretien… Ce
sont bien des retours sur leur perception du monde que l’on a avec un questionnaire, même si il y a
beaucoup plus de personnes questionnées, ça n’en est pas plus la réalité qu’on a.. L’observation est
bien la seule façon d’accéder au réel, aux faits..

Source des chiffres : Administrative : données exhaustives (données de l’état-civil : naissances,


décès, mariages… Données des différents ministères : intérieur, éducation, travail, santé…) La
limite comme on l’avait dit, c’est que la visée n’est pas une donnée scientifiques : on ne peut pas
faire grand-chose de ces données : on ne peut pas les confronter et dégager des corrélations, on ne
peut pas voir « ce qui fait que ». Ces données sont utiles mais très limitées pour un usage
scientifique.

C’est pour ça qu’on va faire des enquêtes questionnaires : Les données ne sont pas exhaustives : on
ne travaille pas sur l’ensemble de la population, on travaille sur une partie de la population : Un
échantillon :

...

une enquête par sondage d’opinion : 1000 personnes max : souvent pas une finalité scientifique :
plutôt une finalité commerciale ( il faut bien se demander quand on voit des stats, sur pourquoi elles
ont été faites, dans quelle finalité..)

Les données faites par l’Insee.. se trouve sur un espace « Quêtelet» (CMH)
Chaque chercheur, chaque étudiant peut demander à avoir accès à ces données, si pour une
recherche on a besoin ou envie d’y avoir accès.

La finalité quelque soit la méthode c’est de donner des résultats assez objectivables, mais les
statistiques c’est le premier instrument d’objectivation, car c’est beaucoup plus facile de prendre de
la distance avec les matériaux (on est pas dans l’empathie comme on l’est dans l’observation
participante ou dans un entretien)

« Des chiffres qui parlent », attention car on peut aussi les faire parler .
Ça peut nous aider à rapidement se détacher de représentations communes, de préjugés.
Une méthode quasi-expérimentale : Comme on l’a vu au début avec Durkheim, l’outil statistique
permet de faire émerger des variations concomitantes : comment une dimension bouge en fonction
d’une autre. [Comment le temps consacré au devoir par un parent varie en fonction de la situation
sociale.] Proche des sciences dures. On regarde à situation comparable comment bouge telle ou telle
dimension.

Dégager des régularités sociales.

Adaptée aux phénomènes de masse : Il y a des thématiques privilégiées pour cette approche : Les
rapports de genre, l’école, le chômage…. Parce qu’on a des données, et parce qu’on sait que on peut
avoir un regard assez … sur la question. Parce qu’on sait déjà pas toujours qui aller interroger, et
parce que les données statistiques recueillies, il faut qu’il y est une existence, et que ça soit quelque
chose de reconnu.
Ex : La question de l’illétrisme : questionnement récent, émerge dans les années 80/90 (avant on
allait pas au-delà de l’analphabétisme, au-delà de la possibilité de déchiffrer ou pas) [Première
enquête sur le sujet par le public c’était dans le début des années 2000 ou fin 90.
Si ce phénomène là n’est pas consistant, si le sujet n’est pas balisé, on ne peut pas faire une enquête
statistique. Sinon risque impaires et réponses pas pertinentes

Dispose d’un pouvoir de généralisation : Objectif commun aux trois méthodes, Mais ce pouvoir de
généralisation est plus rapidement atteint avec des données statistiques, puisqu’on est sur du grand
nombre. Les irrégularités c’est plus facile de les révéler. Quand on part sur un échantillon, il faut
que cet échantillon est représentatif d’une population mère : Les résultats que l’on produit sur ces
10000, 15000 personnes, sont extrapolables, et sont valables sur 50 millions de personnes…

6 Étapes à suivre dans la construction d’un questionnaire

1ere étape : Conception de l’enquête et choix de la population enquêtée. On réfléchit à la


thématique l’on veut mettre en avant.

2e étape : Élaboration du questionnaire : L’étape la plus longue. Un questionnaire pertinent à la fois


dans la structure du questionnaire, mais aussi dans l’élaboration des questions

3e étape: Élaboration du plan de collecte des données : comment passer de la population à


l’échantillon, qui on va questionner. La 2e et 3e étapes se font ensemble à peu près, les deux peuvent
s’interchanger dans l’ordre, ou être faites ensembles.

4e étape : Passation du questionnaires

5e étape : Codification des réponses, saisie : Qu’est ce que je fais avec l’ensemble des informations
obtenues : Comment je synthétise une information parfois très dense.

6e étape : Analyse et écriture : Tableaux croisés, indicateurs, régression, analyse factorielle etc.
1ere étape : Conception de l’enquête

Avant de construire mon questionnaire, je me demande quels sont les objectifs de l’enquête, et
quelles sont les hypothèses que je vais vouloir mettre en avant.

Quelles particularités ? La première, c’est que contrairement aux enquêtes qualitatives ou on a une
thématique, une question de départ, ou on a quelque chose qui va prendre forme petit à petit, ou on
a un questionnement qui va venir à partir du terrain, on a une question de départ, mais ça prend
forme au fur et à mesure. Dans un questionnaire, c’est compliqué, parce que les questions sont
ficelées au début, et on peut plus y toucher après, en tout cas lors de l’étape de question du
formulaire on peut pas se dire qu’on pourra reformuler si il y a un problème.

Qui interroger ?

Combien de personnes : Dépend des critères, la zone qu’on étudie… si on a beaucoup de


caractéristiques différents, on doit avoir un échantillon grand. Si échantillon très grand, le
questionnaire doit pas trop l’être pour que les gens le remplissent en entier.

Rappel : aujourd’hui aucun questionnaire est obligatoire, chaque répondant est volontaire

[on est souvent à un autre niveau de recherche quand on fait un questionnaire, on est plus un
chercheur dans un coin, mais un collectif souvent, ou chacun, que ça soit chercheur ou financeur
veut voir certaines questions posées, orientations prises…, ça change aussi les enjeux, c’est plus
scientifique uniquement pour toutes les personnes mettant la recherche ne place, pour certains ça
peut être politique en plus...]

2e étape : Construction du questionnaires

Entretiens exploratoires : Souvent, on mène des terrains qualitatifs avant de faire son questionnaire,
on fait ça souvent dans des enquêtes qu’on fait une fois (ex : Enquête : Histoire de vie, explorer les
différentes facettes identitaires d’un individu. Avant de faire l’enquête, il y a eu une enquête
qualitative avant pour éviter d’oublier des thématiques importantes : entretiens au début…)

Dégager les principaux axes, thématiques

Organiser le questionnaire : le rendre cohérent, lisible, donner envie d’y répondre…


[Il faut faire un « chapeau » au début, dire concrètement : « Votre retour est important, merci de
répondre à ce questionnaire qui porte sur ... », comme pour l’entretien, il faut pas en dire trop, mais
un peu quand même, et surtout donner envie de répondre], il faut une structure, une progression au
questionnaire, et comme pour l’entretien, il faut être vigilant sur les questions qu’on va d’abord
poser. On ne commence jamais comme pour l’entretien, par des dimensions socio-démographiques
(style : Quel est ton âge, quel est ton sexe, où est-ce que tu habites…], ce sont des questions que
l’on pose à la fin, parce que c’est particulièrement pénible, ce qui va conduire à des abandons.

Formulation des questions : mots utilisés, la question est-elle pertinente pour l’enquêté ?
elle doit être comprise de la même manière par tout le monde
Une question doit être circonstanciée : on la met en circonstance avec le contexte « actuel »,
souvent « au cours de la dernière année », « au cours de la dernière semaine »...
Plus on est précis, plus on a des réponses précises. Le vocabulaire est aussi très important, il faut
utiliser des mots compris par tous de la même manière, il ne faut pas d’implicite, Il faut
Comment choisir les items de réponses ? Comment intégrer les non-réponses ?

Quelles catégories statistiques choisir ?

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