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ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

UNIVERSITE CATHOLIQUE LA SAPIENTIA

UCS-GOMA

COURS PENSEE ET
CONDUITE SOCIALE
L2

Préparé par Francois KABUMBA, M.A

Master en Psychologie Clinique

JANVIER, 2023
Plan du cours

0. Introduction
Chap. I: La Pensée Sociale
I.1. Introduction et Définition
I.2. Pensée scientifique et Pensée quotidienne
I.3. L’Architecture de la pensée sociale
I.4. Les productions collectives et conduites sociales
I.5. Une logique particulière

Chap II : Les conduites ou normes sociales


II.1. Introduction et définition
II.2. Quand est-ce que ce n’est pas une conduite sociale ?
II.3. Importances des conduites ou normes sociales
II.4. Sortes des Conduites sociales ou normes sociales
II.4.1. Les normes descriptives
II.4.2. Les conduites injonctives
II.4.3. Les conduites morales
II.4.4. Le groupe de référence
II.4.5. Les réseaux sociaux
II.4.6. L’ignorance pluraliste
II.4.7. Les conduites de genre
II.4.8. Les attitudes

Chap III : De la pensée naturelle à la pensée sociale


III.1. Qu’est-ce que la pensée sociale ?
III.2. Caractéristiques de la pensée naturelle
III.3. La mémoire collective
III.4. Les stéréotypes et perception sociale
III.4.1. Définition stéréotypes
III.4.2. Rôle dans la perception sociale

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Chap IV : La théorie des représentations sociales
IV.1. Introduction
IV.2. Qu’est-ce que la représentation sociale ?
IV.3. Les constituants de la représentation sociale
IV.3.1. La communication
IV.3.2. La construction du réel
IV.3.3. La maîtrise de l’environnement par le sujet
IV.4. La théorie du noyau central
IV.5. Les relations interindividuelles
IV.6. Les positionnements sociaux
IV.7. Cognition, culture et communication
IV.8. Interpréter ce qui se fait et se dit
IV.9. L’espace de la pensée

Chap V : Mémoire et pensée sociale


V.1. Influence du passé sur le présent
V.2. Liens entre le présent et le passé
V.3. Les vécus sources de croissance
V.4. Mémoire collective et contenu des représentations sociales
V.5. Mémoire collective et niveau idéologique
V.6. Pensée sociale et relations intergroupes
- L’endogroupe
- L’exogroupe
V.7. Mémoire collection et rumeur
V.7.1. Le contenu social de rumeurs
V.7.2. Le contrôle de rumeurs

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0. Introduction

Pourquoi dans certaines circonstances avons-nous l'impression d'être plus « intelligents » qu'à
d'autres moments? Les idées semblent alors « venir »: elles se bousculent et s'organisent en
des formes nouvelles permettant d'établir des mises en relation inattendues, ouvrant à des
insights, stimulant la prise en compte de dimensions négligées, invitant l'esprit à se réfléchir.
Une forme de joie sourd au creux de cette activité... joie personnalisante, peut-être semblable
à celle que peuvent connaître le peintre, le musicien ou l'artisan à certains moments de
l'exercice de leur art.

Pourquoi si souvent, semblant défier ainsi nos espérances de rationalistes en quête


d'autonomie individuelle de la pensée, les élèves et étudiants insistent-ils tant sur le lien étroit
ressenti entre leur goût (ou leur dégoût) pour une discipline d'étude et leur rapport au
professeur qui l'enseigne?

Au fond, comprend-on vraiment comment l'espèce humaine parvient à réaliser cette


prodigieuse prouesse de transmettre (plus ou moins efficacement, il est vrai) certains fruits de
l'expérience vécue, des apprentissages des uns et des autres?

N'est-ce pas une tâche paradoxale que de désigner au novice un objet de pensée qu'il ignore?
De parler de ! 'inconnu à quelqu'un ... et de se faire comprendre! Et, inversement, comment les
récipiendaires de ces transmissions, de ces traditions, peuvent-ils « s’approprier », de façon
non aliénante, l'expérience d'autrui?

Nous allons mettre au centre de notre exposé l'essai de comprendre dans quel espace
relationnel et social l'individu et la pensée influence le vécu quotidien et nos relations avec
d’autres.

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En introduisant le concept« d'espace de pensée» (inspiré de sources différentes, notamment
de Winnicott, l 97l/1976 et de De Rosny, 1992), nous allons désigner une réalité à la fois
interne à la personne et externe à celle-ci, et tenter d'articuler entre eux différents niveaux
d'analyse empruntés aux perspectives du constructivisme psychologique mais aussi du
constructivisme social, au risque de devoir douter de la nature (cognitive, culturelle, sociale,
relationnelle?) des apprentissages ainsi réalisés.

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Chapitre I. La pensée Sociale

I.1. Introduction et Définition

La pensée sociale est donc un mode de pensée différent de la pensée scientifique et


rationnelle, mais qui ne lui est en rien inférieure ou annexée. Elle nous permet de construire
notre monde, de mieux comprendre, prévoir et contrôler les évènements qui nous arrivent
(théories naïves, théories implicites de la personnalité, pensée magique et superstition). Elle
guide également nos actions et prescrit nos conduites (idéologie, représentations sociales). En
ce sens, elle est fondamentale, voire même indispensable.

I.2. Pensée scientifique et pensée quotidienne

Constituée progressivement au fil de l’histoire, la pensée scientifique se caractérise par quatre


traits associés :

- La logique canonique du raisonnement ;

- La soumission à l’épreuve des faits ;

- L’existence d’une forte régulation institutionnelle ;

- L’exigence de reproductibilité.

Ainsi, respectivement, les enchaînements incohérents ou abusifs ne sont pas admis ; lorsque
les faits, convenablement établis, contredisent la pensée, celle-ci doit être abandonnée ou
retouchée.

- La pensée quotidienne quant à elle, (celle qui s’exprime dans les conversations,
l’évocation des souvenirs, la transmission des rumeurs, les passions des foules) n’a
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pas ces contraintes. Elle en a d’autres. Et nous entrons ici de plain-pied dans le débat :
ou bien la pensée quotidienne est une pensée immature, fautive, « biaisée », dont nous
ne pouvons faire mieux que de recenser les insuffisances et les erreurs ; ou bien elle
possède sa cohérence propre que nous pouvons essayer de comprendre et, d’abord,
de restituer.

I.3. L’architecture de la pensée sociale

Dès lors qu’il existe une organisation cognitive et une organisation sociale, il paraît
indispensable de rechercher les effets de cette double structure dans l’articulation des divers
modes d’expression de l’individu socialisé.

Cette « architecture », plusieurs fois présentée (notamment Rouquette, 1996, 1998 ; Juarez et
Rouquette, 2007), ordonne l’ensemble {opinions, attitudes, représentations sociales,
idéologie} selon un critère de variabilité et de labilité : dans un ensemble social donné, les
opinions sont plus diverses et plus changeantes que les attitudes, celles-ci à leur tour plus
dispersées et plus modifiables que les représentations, le niveau idéologique étant finalement
le mieux partagé et le plus stable.

La raison de cette hiérarchie tient à la relation logique, de type génératif, qui permet
d’emboîter ces différents niveaux : ce sont les attitudes qui permettent de rendre compte des
opinions ; ce sont les représentations fondatrices d’une culture ou d’une sous-culture qui
rendent compte des attitudes ; et ce sont des composants idéologiques, encore plus
généraux, encore mieux partagés, qui permettent de « fabriquer » les représentations sociales
(croyances générales, valeurs, modèles épistémiques). Du point de vue historique, on passe,
en remontant cette architecture, des expressions instantanées ou momentanées de la pensée
sociale à des formations qui s’étalent sur la longue durée et qui sont caractéristiques
d’ensembles sociaux de plus en plus vastes.

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La hiérarchie conceptuelle que l’on vient de décrire inspire une règle tactique simple pour
l’orientation de la théorie et de la recherche : à l’évidence, les niveaux englobants sont plus «
productifs » dans tous les sens du terme que les manifestations plus locales et plus
particulières. Il n’est guère intéressant, par exemple, pour la compréhension de la pensée
sociale, de s’attacher à la seule diversité des opinions dans une population, quelle que soit la
taille de celle-ci. De même, une différence de représentations ne prend son sens que si on la
réfère à des systèmes de valeurs ou de croyances qui se trouvent eux-mêmes liés à des
positions sociales particulières.

I.4. Les productions collectives et conduites sociales

Par suite de sa nature même, la pensée sociale se manifeste le plus nettement au niveau
collectif, dans tous les phénomènes où la cognition est indissociable de la communication et
de l’interaction des personnes, devenant ainsi une cognition partagée. Au tout premier rang de
ces phénomènes, il faut compter avec la mémoire publique, les rumeurs et la mobilisation des
foules.
Dans ces trois registres, la connaissance se fabrique, s’enrichit, s’amende, et finalement se
cristallise au fil des échanges entre partenaires sociaux. Mais ce ne sont pas ces échanges
seuls, ce ne sont pas ces échanges par eux-mêmes, qui produisent ce résultat. Ce sont les
positions identitaires, les appartenances, les valeurs, les normes de toute nature, qui gèrent
au contraire les communications et en font un vecteur efficient de l’élaboration d’une pensée
commune et conduite sociale. Il en va de même pour l’élaboration de la mémoire historique,
dont l’analyse a été entreprise plus récemment, et pour la dynamique des rassemblements,
indissociables de notre modernité. Rien n’est plus clair : d’un côté les rumeurs sont
déterminées par les appartenances sociales relatives (d’où les rumeurs de ruraux, d’ouvriers,
de lycéens, de mères de famille, d’inactifs, d’employés et ainsi de suite) ; de l’autre on peut
croire aux rumeurs les plus folles dès lors qu’elles nous concernent de près, même si on est
par ailleurs totalement rationnel dans son travail et dans ses affaires. Voici bien les deux
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facettes de la pensée sociale dont on parlait en commençant. On les retrouverait aussi pour
les avatars de la mémoire historique : nous nous souvenons ensemble de ce qui nous importe,
même si ce n’était pas en fait le plus « important », et nous n’avons pas les mêmes souvenirs
que nos voisins si nos voisins ne sont pas nos « prochains » idéologiques ou sociaux, c’est-à-
dire s’ils ne sont pas impliqués par les mêmes choses que nous. Bien sûr, ce que l’on dit du
souvenir, on doit le dire aussi de l’oubli. Quant aux foules intentionnelles (pour les distinguer
des simples agrégats occasionnels ou des densités topiques provoquées par les
concentrations urbaines), la sagesse populaire nous répète depuis longtemps « qui se
ressemble s’assemble », ce qui suppose que l’on connaisse d’avance cette ressemblance et
qu’on la valorise assez pour se la rendre mutuellement manifeste. C’est seulement à partir de
cette reconnaissance identitaire, étayée par des représentations et des croyances partagées,
des rites et des symboles, que le fait d’être « nombreux » peut prendre le sens d’un argument.

I.5. Une logique particulière

Comme tout objet de science, les manifestations de la pensée sociale et de conduites sociales
doivent être décrites autant que possible selon des propriétés formelles, repérables
empiriquement et finalement mesurables. De même, il ne suffit pas de dire que cette pensée
obéit à des logiques « autres » sans tenter de préciser plus avant ces dernières à un niveau
satisfaisant de généralité. Il ne suffit pas davantage d’accumuler des études de cas sans
essayer de les systématiser à partir de règles de transformation.

À cet égard, les approches structurales ont joué un rôle essentiel. Elles ont permis en effet de
dépasser le stade du catalogue de curiosités et de la simple description phénoménologique
pour accéder à des modes de caractérisation rigoureux, susceptibles d’être soumis aux
épreuves de falsification. On dispose désormais de procédures de recueil et de techniques de
traitement des données qui sont devenues classiques dans la communauté de ceux qui
travaillent sur les manifestations de la pensée sociale et conduite sociale.

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Que peut-on dire, sans entrer ici dans le détail mais en essayant de ne pas se montrer pour
autant trop caricatural ou trop vague, des principales propriétés de cette pensée ? Il semble
que l’on puisse en distinguer trois : la pluriqualification des relations ; la restriction de l’espace
du raisonnement ; la validation tautologique.

Toute pensée se ramène sans doute à un assemblage de formats (A r B) dans lesquels A et B


sont des éléments (des variables si l’on veut) et r une relation. La pensée scientifique a pour
caractéristique de « filtrer » strictement ces formats, de telle sorte que leurs trois composantes
aient une valeur univoque : définitions opérationnelles des variables, formalisation sans
ambiguïté de la relation ou de l’état de relation. Au contraire, la pensée sociale pratique en
permanence la multiqualification des relations entre des éléments plurivoques. En termes
simples, un format (A r B) signifie en même temps plusieurs choses qui sont éventuellement
contradictoires. Par exemple, l’énoncé « la démocratie, c’est la liberté » peut renvoyer aussi
bien à « la démocratie est la condition de la liberté » qu’à « la démocratie est conditionnée par
la liberté » ; aussi bien à « la démocratie se caractérise par la liberté » qu’à « la démocratie
doit assurer la liberté », etc.
Il existe ainsi une incertitude intrinsèque associée à tous les énoncés de la pensée et conduite
sociale. Cette incertitude est précisément à la source de la capacité d’emprise et de la
plasticité de cette pensée. La multiqualification permet en effet de rassembler des
interprétations différentes et de les faire fluctuer au gré des changements de partenaire ou de
situation.

D’autre part, la pensée sociale est, si l’on peut dire, une pensée de la gestion quotidienne,
c’est-à-dire une pensée de ce qui intéresse immédiatement les gens, de ce qui les préoccupe,
de ce qui leur importe (ce que nous appelons « l’implication »). Elle traite avant tout de ce qui
concerne ses producteurs-inventeurs, qui sont en même temps ses destinataires, ici et
maintenant. Qu’il s’agisse du passé ou de l’avenir, sa projection temporelle est très courte :
ses propres origines lui sont opaques (elle croit volontiers qu’« on a toujours pensé comme ça
») et les conséquences lointaines n’entrent pas dans ses calculs.
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Chapitre II. Les conduites ou normes sociales
II.1. Introduction et Définition
Les conduites ou normes sociales sont les règles perçues, informelles, et pour la plupart non-
écrites, qui définissent les actions acceptables et appropriées au sein d’un groupe ou d’une
communauté donnée, guidant ainsi le comportement humain. Elles consistent en ce que nous
faisons, ce que nous croyons que les autres font et ce que nous croyons que les autres
approuvent et attendent de nous.

Les conduites sociales se situent donc à l’intersection entre le comportement, les croyances et
les attentes. Les conduites sociales sont apprises et acceptées dès le plus jeune âge, souvent
dans la petite enfance, et elles sont maintenues en place par des sanctions sociales
(punitions) pour le non-respect de la norme et des avantages sociaux (récompenses) pour
l’adhésion à la norme. Si les gens se conforment à la norme, ils s’attendent à être socialement
acceptés ou récompensés ; s’ils ne se conforment pas, ils s’attendent à être socialement punis
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ou exclus. Une conduite sociale existe lorsque les individus pratiquent un comportement
donné parce qu’ils croient que d’autres personnes comme eux ou dans leur communauté
pratiquent le comportement (norme descriptive), ou parce qu’ils croient que ceux qui comptent
pour eux approuvent le comportement (norme injonctive).

II.2. Quand est-ce que ce n’est pas une conduite sociale ?

Tous les comportements ne sont pas dictés par les conduites ou normes sociales. Dans
certains cas, les gens choisissent de pratiquer un comportement pour des raisons qui ne
dépendent pas de ce que les autres pensent ou font. Par exemple, les gens peuvent adopter
des comportements malsains ou nuisibles en raison d’un manque de connaissance, d’une
faible perception des risques du comportement, d’une incapacité à adopter des
comportements alternatifs, des émotions associées au comportement, etc. Ces facteurs ne
sont pas des normes sociales parce qu’ils sont indépendants de ce que les autres pensent ou
font. Avant de concevoir une intervention, il est important d’évaluer le comportement en
question et ses déterminants afin d’établir si des conduites sont en jeu ou pas.

II.3. Importances des conduites ou normes sociales

Les conduites sociales peuvent avoir des conséquences bénéfiques ou néfastes sur le bien-
être des personnes. Les conduites sociales sont au cœur de la façon dont l’ordre social est
produit et maintenu dans la société. Les conduites sociales sont donc importantes parce
qu’elles aident les communautés et les sociétés à fonctionner, en les liant entre elles et en
promouvant des comportements collectifs. Parfois, l’ordre social et les comportements
communautaires maintenus peuvent être des normes sociales nuisibles qui peuvent renforcer
les dynamiques de pouvoir inégales et conduire à la discrimination et aux inégalités sociales et
entre les sexes. Comprendre les normes sociales et le rôle qu’elles jouent dans l’influence des
comportements est important parce que cela nous permet d’éclairer les interventions de
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changement social et de comportement qui vont au-delà des activités au niveau individuel et
déclenchent un changement collectif en abordant des normes qui sont profondément
enracinées. Cela augmente la probabilité d’apporter des changements positifs et durables.

II.4. Sortes des conduites ou normes sociales

II.4.1. Les normes descriptives : « ce que je pense que les autres font »

Les conduites descriptives, également connues sous le nom d’attentes empiriques, sont les
croyances sur ce que font les autres, indépendamment de l’approbation. Les normes
descriptives conduisent à un comportement ou une pratique lorsqu’une personne s’engage
dans un comportement donné parce qu’elle pense que d’autres membres de sa communauté
et de son cercle social font de même.
Exemple : « Je vais me marier à l’âge de 17 ans parce que toutes les filles de mon village se
marient peu de temps après avoir atteint la puberté. »

II.4.2. Les conduites injonctives : « ce que je pense que les autres approuvent »

Les conduites injonctives, également connues sous le nom d’attentes normatives, sont les
croyances que les gens ont sur ce que les autres approuvent ou s’attendent d’eux. Les
conduites
Injonctives influencent le comportement lorsque les gens s’engagent dans une pratique parce
qu’ils croient que ceux qui comptent pour eux s’attendent à ce qu’ils le fassent, en les
récompensant socialement s’ils le font et en les sanctionnant s’ils ne le font pas.
Exemple : « Je vais pratiquer l’excision sur ma fille parce que les aînés de ma communauté
disent que l’excision fait partie de notre tradition et que les bons parents veillent à ce que leurs
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filles soient excisées avant qu’elles n’atteignent la puberté afin qu’elles puissent se marier
selon notre coutume. »

II.4.3. Les conduites morales : « ce que je pense être la bonne chose à faire »

Les conduites morales influencent le comportement lorsqu’un individu choisit de s’engager


dans une pratique sur la base de ce qu’il croit être moralement correct. Contrairement aux
normes injonctives, les gens choisissent de suivre ou non une norme morale parce qu’ils
croient que c’est la bonne chose à faire, et non parce qu’ils sentent que, socialement, on
s’attend à ce qu’ils le fassent. Les normes morales sont généralement suivies par un sens
personnel du devoir moral, quelles que soient les attentes des autres. Parfois, les normes
injonctives peuvent être en conflit avec la norme morale d’un individu. Dans ces cas, l’équilibre
entre la force de la norme morale de la personne (sa croyance en ce qui est la bonne chose à
faire) et la force perçue de la norme injonctive (la gravité des sanctions pour ne pas adhérer à
la norme) déterminera si la personne choisit de suivre sa norme morale ou la norme injonctive.
Exemple : « Les enfants devraient être des enfants aussi longtemps qu’ils le peuvent. Les
épouser avant 18 ans est mauvais et je ne donnerai pas ma fille en mariage avant qu’elle ne
devienne adulte. »

II.4.4. Le groupe de référence : « les gens dont les opinions comptent pour moi »

Pour exister, les conduites sociales nécessitent intrinsèquement un groupe de référence,


indiquant les « autres » dont nous prenons compte les opinions, les comportements et les
attentes lorsque nous choisissons de nous engager ou non dans un comportement normatif.
Les groupes de référence sont les personnes avec lesquelles nous nous comparons et avec
qui nous comparons notre comportement. Ce sont les personnes vers lesquelles nous nous
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tournons lorsque nous décidons quoi penser ou faire, et ce sont les personnes dont les
pensées et les opinions comptent pour nous. Bien que les personnes spécifiques dans nos
groupes de référence puissent varier, nous avons tous des groupes de référence.
Les groupes de référence peuvent changer pour une personne en fonction du comportement
en question. Une personne peut avoir différents groupes de référence pour différents
comportements.
Par exemple, une mère peut se soucier de ce que sa belle-mère pense de la façon dont elle
nourrit ses enfants, mais elle est plus préoccupée par l’opinion des chefs traditionnels quand il
s’agit de marier sa fille.

II.4.5. Les réseaux sociaux : « les gens avec qui je suis connecté »

Un réseau social fait référence aux connexions, interactions et relations entre les individus.
Les réseaux sociaux existent à la fois en personne et virtuellement, et sont souvent formés
avec d’autres ayant des intérêts ou des identités communes, et pour un ensemble de raisons,
telles que des fins sociales, économiques ou politiques. Les groupes de référence font partie
des réseaux sociaux avec lesquels les individus interagissent. Les individus interagissent à
des degrés différents avec différentes personnes au sein de leur réseau, et sur différentes
questions. Les réseaux sociaux servent à aider à communiquer, façonner, renforcer ou
changer les normes à travers les interactions sociales qu’ils créent.

II.4.6. L’ignorance pluraliste

Les gens se conforment aux normes sociales et aux comportements normatifs en raison de
leur perception de ce qui est approuvé et attendu (normes injonctives), ou en raison de leur
perception de ce que font les autres (normes descriptives). Ces perceptions, cependant,
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peuvent être incorrectes. L’ignorance pluraliste se produit lorsqu’il y a une dissonance entre la
norme perçue et la réalité. Elle décrit une situation où la plupart des membres d’un groupe ou
d’une communauté se conforment à une norme parce qu’ils supposent à tort que la majorité
s’y conforme également ou s’attendent à ce qu’ils le fassent, alors qu’en réalité, la plupart des
gens désapprouvent en privé la norme.

II.4.7. Les conduites de genre

Les conduites de genre font référence aux croyances et aux attentes collectives au sein d’une
communauté ou d’une société, à un moment donné, sur les comportements appropriés pour
les femmes et les hommes, ainsi que sur la relation et les interactions entre eux. Ce sont les
normes et les règles perçues guidant la façon dont les individus devraient se comporter sur la
base de leur sexe biologique. Bien que les normes de genre soient socialement construites et
pour la plupart informelles, les différences biologiques entre les hommes et les femmes sont
souvent utilisées pour justifier les différences socialement attendues. En tant que sous-
ensemble des normes sociales, les normes de genre sont intériorisées dès le plus jeune âge
et peuvent perpétuer la discrimination et les inégalités par l’acceptation de ceux qui se
conforment aux normes (récompenses) et l’exclusion de ceux qui ne se conforment pas
(sanctions). Les normes de genre définissent et renforcent la dynamique de pouvoir inhérente
à la valorisation par une société des rôles de genre masculins et féminins.

Elles amplifient donc souvent le privilège masculin et exacerbent le traitement discriminatoire


des filles, des femmes et des identités de genre non binaires. Ainsi, elles informent non
seulement la façon dont les filles et les garçons devraient se voir grandir, mais limitent
également leurs aspirations, influençant leurs comportements et leurs choix, tels que l’accès
aux services de santé, l’éducation, la carrière et les choix en matière de reproduction.
Exemple : Dans certaines communautés, les filles qui ont leurs menstruations sont limitées
dans leurs déplacements et leur participation aux activités sociales ou domestiques, elles sont
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empêchées d’aller à l’école, de jouer ou de participer à des événements communautaires.
L’obstacle sous-jacent est la norme sociale fondée sur le sexe qui considère les filles et les
femmes comme « impures » pendant leur cycle menstruel et qui impose certains
comportements qui entraînent une discrimination des adolescentes et limite leurs possibilités
d’apprentissage et de développement social.

II.4.8. Les attitudes

Les attitudes sont ce qu’un individu pense et ressent à propos d’un comportement ou d’une
pratique, et s’il le juge favorablement ou défavorablement. Lors que les normes sociales sont
socialement motivées (c.-à-d. liées à la perception que l’on a de ce que les autres font ou
s’attendent), les attitudes sont motivées individuellement et sont basées sur les croyances
individuelles. Les attitudes peuvent être alignées sur les normes en vigueur, mais elles
peuvent aussi s’y opposer. La force de la norme déterminera dans quelle mesure une
personne s’engagera dans une pratique qui n’est pas alignée sur son attitude. Les attitudes
peuvent influencer si une personne adhère à une norme ou non ; cependant, elles ne sont pas
en elles-mêmes des normes.
Attitude : « Je pense que les filles devraient se marier peu de temps après avoir atteint la
puberté. »
Norme alignée : « Je pense que la plupart des filles de ma communauté se marient peu de
temps après avoir atteint la puberté. »

Chapitre III. De la pensée naturelle à la pensée sociale

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On clarifie au préalable deux notions. La pensée naturelle est celle qui est naïve, sans
connaissance et la pensée sociale est celle que l’on partage en fonction de notre groupe. Que
ce soit, la pensée naturelle ou la pensée sociale, on renvoie à des connaissances courantes,
dite de sens commun. Dans la vie quotidienne, on agit, on échange en se réfèrent à nos
pensées courantes, soit à nos pensées sociales.
Exemple : Dans ma vie de famille en tant que parents, j’éduque mes enfants en fonction de
moi et pas d’un apprentissage théorique.

Il y a donc deux types de pensées au sein de la vie sociale : La pensée sociale et la pensée
scientifique.

III.1. Qu'est-ce que la pensée sociale ?

Le terme social renvoie à une notion de production collective. Si nous avons une pensée
sociale, c'est que nous appartenons à certains groupes sociaux. S'opposent à la pensée
scientifique, les pensées sociales, naturelles et de sens commun. Ces pensées s'élaborent
grâce à notre vécu, nos expériences. C'est aussi ce à quoi on se réfère dans la vie
quotidienne et qui explique, le monde qui nous entoure. C'est une forme de connaissance
finale (La vision que j'ai de l'école, provient de mon expérience mais aussi de ma socialisation,
c'est ce qui m'oriente dans ma pratique.) C'est une forme d’influence sur les pratiques.

Moscovici (1961, 1976), s’oppose sur les savoirs de sens commun aux savoirs
scientifiques. Les savoirs scientifiques s'élaborent selon un savoir scientifique, une
méthodologie et des protocoles. Il y a une procédure qui permet de valider les
connaissances. La pensée sociale, est un savoir d'expérience selon lui, qu'on ne valide pas.
Ce savoir renvoyer, aux livres, aux rumeurs, aux petites histoires par exemple.

On s'interroge alors sur les sources de savoirs du sens commun pour comprendre comment le
Monde est régi.
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→ Il y a un système de connaissance qui s'élabore, grâce à nos interactions. Un discours de
sens commun renvoie à nos croyances, nos idées, que l'on utilise au quotidien. Tandis que le
discours scientifique est publié à des concepts précis, singulier, internationaux.
→ L'échange et le débat, sont source de savoir pour un discours de sens commun. Un
concept est théorique, ce sont des concepts abstraits mais précis.
→ Dans la vie quotidienne, on passe par des images on ne définit pas des concepts.

On tente de rendre concret ce qui est abstrait. On vulgarise un concept (le big-bang par
exemple, est une théorie scientifique imagé vulgairement pour tous.) La pensée du sens
commun est concrète, on ne parle pas de précision mais de l'aspect communication. On ne
cherche pas à être précis sur les informations mais à communiquer, échanger. Il n'y a pas de
neutralité dans ce type de pensées ni de réflexion réelle. Il n'y a pas de distance par rapport à
ça on cherche juste à faire valoir son avis. Ces pensées nous permettent d'avoir une relation
avec les autres peu importe si on échange véridiquement ou non.

III.2. Caractéristiques de la pensée naturelle

- Se fonde sur l'expérience

- Rôle de la communication sociale.

- S'exprime à travers le langage de tous les jours

- Possède sa propre logique

Elle se développe dans la communication sociale, celle-ci est orale. Généralement le savoir
scientifique est plus dans les livres. On trouve, des éléments précis, qui attise la réflexion donc
la précision. Le contenu et le processus de la pensée sociale sont intégrés par des facteurs

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sociaux. On ne pense pas de la même manière, en fonction de sa fonction par exemple. Ni de
son lieu. Autrement dit, le contexte influence le processus de pensée.

La pensée sociale se définit par :

- Comment différents les sujets pensent ;

- Le lieu et le contexte ;

- L'objet social dont on


Nous avons des façons de penser et on passe d'une logique à une autre selon le groupe, le
lieu et le contexte et l'objet social. La capacité d'adaptation d'un individu est importante, il
s'adapte en fonction du contexte.

III.3. La mémoire collective

La mémoire collective est la pensée qui fait référence aux souvenirs. Il y a un caractère social
de tout souvenir.
Selon le groupe social, nous avons une mémoire différente. (Ex : Le journalistes proposent de
revenir aux années 80, et de parler de souvenirs. Des séries TV sont créer etc, et les sujets
que l'on interroge évoquent des objets qui ont laissé leur propre expérience).

Dans un groupe se créer une pensée commune que l'on appelle une pensée sociale. Le
souvenir est transmis par le lien que l'on a avec, et c'est ce qui apporte à la construction d'une
représentation. L'appartenance commune au groupe, permet un partage commun de l'objet et
c'est ce qui crée la mémoire collective. La mémoire d'un groupe c'est bien la mémoire
collective. La mémoire collective renvoyée à une pluralité de phénomènes : Cela renvoie aux
expériences individuelles mais aussi collectives. La mémoire collective joue un rôle important
dans l'idée de groupe. Pour Halbwachs, le souvenir même s'il est individuel, se déploie dans
un contexte social.

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Même en individuel un souvenir fait référence à une vie de groupe, c'est un acte cognitif
individuel. Il existe aussi, en tant qu'appartenance à un groupe. Les souvenirs font appel à une
mémoire collective. Cette notion de mémoire collective est ce qui définit mon être social. Selon
le contexte temporel et géographique, la mémoire collective est différente.

III.4. Les stéréotypes et perception sociale


III.4.1. Définition Stéréotypes
C'est une croyance socialement partagée qui concerne les caractéristiques que l'on attribue à
un groupe. Cette croyance ne concerne pas un individu en particulier, mais on généralise, cela
concerne un groupe social. Il y a un processus de généralisation qui fait, que, cela ne
correspond à la réalité.

Lippmann a été le premier à traiter de cette question, pour lui ce sont des images dans nos
têtes, des catégories descriptives, par pouvant on cherche à situer autrui.

Cette image cherche à décrire la réalité de manière simplifiée et de situer les individus, donc il
y a une fonction cognitive.

III.4.2. Rôle de stéréotypes dans la perception sociale.

Avant même de connaître les groupes, sur la base simple de nos groupes, nous avons déjà
des idées, des jugements, parce qu'il appartient à tel ou tel groupe.

Nous avons des images, des attentes, des pseudo-connaissances. Cette pensée sociale à
une influence sur notre manière de voir le groupe. C'est parce que nous avons des
stéréotypes que l'on va être transférés sur la manière de voir les choses entre nous.

Quand on observe, on interprète, et on est transmis par nos stéréotypes. Groupe social, en
fonction des stéréotypes :

- Attention particulière (on observe ce qui nous intéresse en fonction de nos


stéréotypes. Nous voyons, ce que nous voulons voir.)
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- Interprétation (on comprend, ce que l'on veut comprendre. Nos stéréotypes sont là
aussi source d'influence. Ce qui nous interpelle, c'est ce que nous savons déjà)

- Mémorisation (On mémorise, des informations conformes à nos interprétations. On


retient donc des informations relatives et adaptées à nos stéréotypes).

Les recherches confirment, qu'il y a un impact de nos stéréotypes sur la perception sociale. Un
individu est montré différemment en fonction de son groupe d'appartenance. Tout ce qui est
de l'ordre des stéréotypes, sont des jugements généralement intériorisés depuis la naissance.
Ces influences, révélées qu'il ne faut pas les connaître pour les comprendre.

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Chapitre IV. La Théorie Des Représentations Sociales

IV. 1. Introduction

La représentation sociale est un mode spécifique de connaissance. Dans un groupe social


donné, la représentation d’un objet correspond à un ensemble d’informations, d’opinions, et de
croyances relatives à cet objet. La représentation va fournir des notions prêtes à l’emploi, et
un système de relations entre ces notions permettant aussi, l’interprétation, l’explication, et la
prédiction. Travailler sur une représentation, c’est : « observer comment cet ensemble de
valeurs, de normes sociales, et de modèles culturels, est pensé et vécu par des individus de
notre société ; étudier comment s’élabore, se structure logiquement, et psychologiquement,
l’image de ces objets sociaux ». Herzlich (1969).

IV.2. Qu’est que la représentation sociale ?


« La représentation sociale est le produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un
individu où un groupe, reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification
spécifique » (Abric 1987), « Les représentations sociales sont des systèmes d’interprétation
régissant notre relation au monde et aux autres qui, orientent et organisent les conduites et les
communications sociales. Les représentations sociales sont des phénomènes cognitifs

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engageant l’appartenance sociale des individus par l’intériorisation de pratiques et
d’expériences, de modèles de conduites et de pensée » (Jodelet 1989).

IV.3. Les constituants de la représentation sociale

Dans la plupart des définitions psycho-sociales des représentations, on retrouve trois aspects
caractéristiques et interdépendants, la communication, la reconstruction du réel, et la maîtrise
de l’environnement :

IV.3.1. La communication
Puisque les représentations sociales offrent aux personnes « un code pour leurs échanges et
un code pour nommer et classer de manière univoque les parties de leur monde et de leur
histoire individuelle ou collective ». Moscovici (1961)

IV.3.2. La reconstruction du réel

Les représentations nous guident dans la façon de nommer et de définir ensemble les
différents aspects de notre réalité de tous les jours ; dans la façon de les interpréter, de statuer
sur eux et le cas échéant de prendre une position à leurs égards et de la défendre ». Jodelet
(1992)

IV.3.3. La maîtrise de l’environnement par le sujet

L’ensemble de ces représentations ou de ces connaissances pratiques permet à l’être humain,


de se situer dans son environnement et de le maîtriser. Il s’agit là d’une dimension plus
concrète que les précédentes, parce que la maîtrise de l’environnement, nous renvoie en
partie, à l’utilité sociale de la notion de représentation. Ces différentes fonctions sont :

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 La fonction de code commun : les représentations dotent les acteurs sociaux, d’un
savoir qui est commun, donc partagé, ce qui facilite la communication. Cette fonction
de communication va permettre de comprendre et d’expliquer la réalité.
 La fonction d’orientation des conduites : elles guident les comportements et les
pratiques.
 La fonction de justification : elles permettent à posteriori, de justifier les prises de
position et les attitudes.
 La fonction identitaire : elles permettent de définir l’identité d’un groupe professionnel
ou social.

IV.4. La théorie du noyau central

Cette théorie s’articule autour d’une hypothèse « toute représentation est organisée autour du
noyau central » Abric (1988). Ce noyau est constitué d’éléments objectivés, agencés en un
schéma simplifié de l’objet. Selon Moscovici le noyau figuratif constituant une base stable
autour de laquelle pourrait se construire la représentation. L’idée fondamentale de la théorie
du noyau est que dans l’ensemble des cognitions se rapportant à un objet de représentation,
certains éléments jouent un rôle différent des autres. Ces éléments appelés éléments centraux
se regroupent en une structure qu’ Abric (1987,1994 ) nomme « noyau central » ou « noyau
structurant » . Le noyau central ou noyau structurant d’une représentation assure deux
fonctions essentielles :

 Une fonction génératrice de sens : Il est l’élément par lequel se crée ou se transforme,
la signification des autres éléments constitutifs de la représentation. Il est ce par quoi
les éléments prennent un sens, une valence.
 Une fonction organisatrice : C’est autour du noyau central que s’agencent les autres
cognitions de la représentation. C’est le noyau central qui détermine la nature des liens
qui unissent entre eux les éléments de la représentation. Il est en ce sens l’élément
unificateur et stabilisateur de la représentation.
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Le noyau structure à son tour les cognitions se rapportant à l’objet de la représentation. Ces
cognitions placées sous la dépendance du noyau sont appelées les éléments périphériques.
Si le noyau structurant peut se comprendre comme la partie abstraite de la représentation, le
système périphérique doit être entendu comme la partie concrète et opérationnelle.

Le noyau central et les éléments périphériques fonctionnent bien comme une entité où chaque
partie a un rôle spécifique mais complémentaire de l’autre. Leur organisation, comme leur
fonctionnement est régie par un double système :

 Le système central structurant les cognitions relatives à l’objet, fruit des déterminismes
historiques et sociaux auxquels est soumis le groupe social. Le système central,
constitué par le noyau central de la représentation est directement lié et déterminé par
les conditions historiques, sociologiques, et idéologiques. Il est marqué par la mémoire
collective du groupe et aussi par le système de normes auquel il se réfère. Le système
central constitue la base commune collectivement partagée des représentations
sociales. Sa fonction est consensuelle c’est par lui que se réalise et se définit
l’homogénéité d’un groupe social. Le système central est stable, cohérent, il résiste au
changement assurant ainsi une deuxième fonction celle de la continuité et de la
permanence de la représentation. Ce système est relativement indépendant du
contexte social et matériel dans lequel la représentation est mise en évidence.
 Le système périphérique en prise avec les contingences quotidiennes permet dans
certaines mesures l’adaptation de la représentation à des contextes sociaux variés. Ce
système est fonctionnel, c’est grâce à lui que la représentation peut s’inscrire dans la
réalité du moment. Contrairement au système central, il est plus sensible et déterminé
par les caractéristiques du contexte immédiat. Il constitue l’interface entre la réalité
concrète et le système central, régulation et d’adaptation du système central aux
contraintes et aux caractéristiques de la situation concrète à laquelle le groupe est
confronté, qui permet une certaine modulation individuelle de la représentation. Est
parce qu’elle est constituée de ce double système, un système stable, un système

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flexible, que la représentation peut répondre à l’une de ces fonctions essentielles :
l’adaptation socio-cognitive.
A partir du facteur « pratique sociale », trois types de transformation peuvent théoriquement
avoir lieu :

 Une transformation brutale : on peut observer ce type de transformation, lorsque les


nouvelles pratiques mettent en cause directement la signification centrale de la
représentation, sans recours possible aux mécanismes défensifs mis en œuvre dans le
système périphérique. Le changement est alors massif et immédiat.
 Une transformation résistante : qui peut se produire quand les pratiques sont en
contradiction avec la représentation, mais ici cette contradiction peut être géré dans la
périphérie. Lors de la transformation résistante la représentation est caractérisée dans
le système périphérique par l’apparition de « schèmes étranges » découverts et définis
par Flament (1987).
 Une transformation progressive : lorsqu’il existe des pratiques anciennes mais rares qui
ne se sont jamais trouvées en contradiction avec la représentation, la transformation va
s’effectuer sans rupture, c’est à dire sans éclatement du noyau central. Les schèmes
activés par les pratiques nouvelles vont progressivement s’intégrer à ceux du noyau
central, et fusionner pour constituer, un nouveau noyau et donc une nouvelle
représentation

IV.5. Les relations interindividuelles


L'individu ne vit cependant pas seul. Les histoires des apprenants s'inscrivent dans celles de
leurs relations interpersonnelles: c'est le deuxième plan. Comment ces relations
interpersonnelles se sont-elles tissées, dès la matrice familiale initiale'? Et comment se sont
construites en leur sein les possibilités de penser, et en particulier de penser ces relations
mêmes: ont-elles été subies ou recherchées, conflictuelles ou sécurisantes, stimulantes ou

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apaisantes? Au-delà de la description, il s'agit de comprendre quelles sont les modalités
relationnelles qui permettent la pensée et l'apprentissage.
IV.6. Les positionnements sociaux
Ces relations interpersonnelles se déploient au sein de groupes d'appartenance qui confèrent
positions, statuts, rôles, droits et devoirs aux interactants. Ils rendent plus ou moins faciles et
probables les conditions des relations interpersonnelles favorisant l 'apprentissage. En retour
c'est à travers ces mêmes relations interpersonnelles que se négocient ces appartenances de
groupe, que se forgent les identités sociales, que se créent les institutions. Il s'agit donc là de
la troisième construction à décrire. Souvent il semble que non, tant les concaténations de
préjugés, actions et réactions semblent l'emporter parfois même violemment. Mais il arrive
aussi, même dans les lieux de tensions, que l'on observe de petits espaces qui permettent la
symbolisation et la coordination de la pensée, espaces analogues par nature.

IV.7. Cognition, culture et communication


Dès les premiers travaux de Jean Piaget (1966) et de son équipe sur les comparaisons
interculturelles (en particulier ceux de Bovet, 1968 et de Dasen, 1972, l 974a,b, pour ne parler
que des Genevois), apparaissent d'emblée toute une série d'informations très utiles pour
explorer les questions évoquées ci-dessus. En effet ils observent des décalages
systématiques, selon les milieux sociaux et culturels, dans l'âge auquel les différents stades
du développement opératoire sont atteints par les enfants: les constructions cognitives
individuelles sont plus ou moins favorisées par leur contexte social sans que l'on ne sache
cependant comment cet effet facilitateur ou inhibiteur du milieu se manifeste. Il apparaît
d'ailleurs que ces décalages ne marquent pas seulement la globalité des stades, mais
distinguent aussi les notions entre elles, celles plus liées à l'expérience culturelle ou
professionnelle quotidienne étant plus susceptibles que les autres de se structurer
précocement.
Certes les handicaps socio-culturels de la déprivation sociale et les habitudes ne sont pas
susceptibles d'être compensés ou changés en si peu de temps. C'est donc autre chose qui a
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été modifié et c'est sans doute dans la communication entre l'expérimentateur et l'enfant,
l'enseignant et l'élève, l'adulte et le novice qu'il faut l'observer: un dialogue entre un novice et
un expert est toujours une longue histoire de malentendus.
Les processus de communication peuvent être décrits comme des interactions sociocognitives
et affectives, médiatisées par des systèmes symboliques voire des systèmes techniques qui
sont eux-mêmes portés par des groupes et donc marqueurs d'identités. Dans un processus de
communication, quand y a-t-il pensée?

Dans la communication, il ne peut y avoir partage de la réflexion que si le sujet de la


conversation est commun. Des études expérimentales (Donaldson, 1978; Light et Perret-
Clermont, 1986; Grossen, 1988; Grossen, l 989) nous rappellent que, pour que des enfants
traitent une question cognitive, il faut qu'elle ait un sens à leurs yeux: ils semblent souvent se
comporter comme s'ils se disaient (et parfois effectivement ils l'expriment!).

IV.8. Interpréter ce qui se fait et se dit

L'étude des processus de communication montre qu'ils s'accompagnent toujours de processus


d'interprétation. L'activité intellectuelle s'inscrit dans un contexte d'intentions et
d'interprétations. Ainsi dans l'activité d'apprentissage n'y a-t-il pas seulement acquisition
d'outils cognitifs et de stratégies de communication, mais aussi, à chaque étape, une activité
parallèle d'interprétation du sens de la situation et de la tâche, des rôles et responsabilités des
partenaires et de leurs intentions, de la validité des réponses, de la nature des connaissances,
de leur passé et de leur pertinence présente et pour l'avenir. Ces interprétations façonnent
l'interaction, la modulent.

Elles se renégocient tout au long de la relation. Elles ne concernent donc pas seulement la
tâche cognitive, mais aussi le sens que revêt pour la personne le contenu de la connaissance
aussi bien que ses significations sociales et identitaires. Ces contenus de connaissance
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s'associent à des vécus émotifs, en réveillent d'autres (par exemple enseigner et apprendre
une langue vivante plutôt qu'une autre n'entraîne pas les mêmes échos affectifs). Il y a des
contenus qui font peur, d'autres qui rassurent. Ces vécus, ces émotions, ces intentions et ces
interprétations ne sont pas nécessairement conscients (ce qui ne manque pas de causer des
problèmes méthodologiques au chercheur!); ils ne se déroulent pas dans un vide social ou
relationnel, mais sont bien au contraire comme nichés dans des matrices culturelles.

IV.9. L'espace de pensée

Interdictions de pensées, difficultés de penser, vécus émotifs ... nous retrouvons là des
ingrédients communs tant aux situations d'apprentissage qu'aux situations
psychothérapeutiques. Se tourner vers l'espace thérapeutique peut être utile pour mieux
comprendre les conditions de l'élaboration mentale.

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Chapitre V. Mémoire et pensée sociale

V.1. Influence du passé sur le présent

La pensée humaine est elle aussi fondée sur des idées récentes, un peu anciennes et
très anciennes. Certains modes de pensée ont complètement disparu et d’autres nous
ont marqué et sont influentes encore aujourd’hui.

Le passé influe sur le présent et sur l’avenir mais de manière inattendue et inégale.
Parfois, les restes du passé sont effacés ou sans influence, parfois ils ont une influence
immense. Parfois cette dernière est cachée, semble inexistante et elle réémerge
brutalement dans des circonstances particulières.

Le temps agit ainsi de manière discontinue, non-linéaire, émergente, dialectique,


révolutionnaire, souvent inattendue ou difficile à prédire.

Il en va de même pour la matière dite inerte : on y trouve des effets de temps récents, de
temps plus lointains et même très très anciens qui se retrouvent mêlés. Les particules
matérielles et lumineuses (dites fermions et bosons) ont des dates d’origines très
diverses et, au travers d’elles, le passé parfois très lointain se mêle au présent. Ce n’est
pas leur matière qui s’est conservée, c’est seulement leur structure, leurs propriétés, leur
fonctionnement. On se souvient de la comparaison de cette conservation avec celle
d’une très vieille barque en bois de pêcheur dont toutes les planches auraient dû être
remplacées mais qui conserverait intacte la structure d’ensemble de la vieille barque.

Tel est le mode de conservation de la matière, qu’il s’agisse de matière inerte ou


vivante. C’est également le mode de conservation de certaines caractéristiques
d’anciennes structures sociales. Les membres qui y participent ont changé mais la
structure de conserve sur certains plans au moins et agit ainsi sur des époques bien
plus éloignées que celle de la fin de ces structures.

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V.2. Liens entre le présent et le passé

Si notre passé a été malheureux, nous avons l'impression qu'il perturbe notre présent
avec une mauvaise influence du style "cause à effet"? En réalité, les évènements ne
sont pas la cause de nos difficultés psychologiques. La vraie cause, ce ne sont pas les
circonstances historiques survenues, mais la façon dont nous les avons vécues. Si ce
que nous avons vécu autrefois joue un rôle sur notre comportement et notre façon
d'aborder la vie aujourd'hui, nous le devons avant tout à ce que nous en avons fait : Si
notre présent est perturbé, ce n'est pas à cause des zones blessées de notre vie, mais
spécialement pour elles, afin qu'on n'oublie pas un jour d'en prendre soin et d'en
restaurer l'intégrité.

V.3. Les vécus sources de croissance

Quand l'expérience, déjà acquise, est assez riche pour intégrer ce qui se passe, il y a
une croissance dans laquelle l'expérience nouvelle s'ajoute aux anciennes et nous
permet de gagner de l'assurance, de l'affirmation de soi, de l'humilité, une plus grande
ouverture aux autres, une plus grande sécurité, etc...

La structure psychique se constitue. Elle gagne en richesse et en stabilité. C'est la façon


naturelle de vivre ce qui se passe de nouveau à chaque instant avec un profond plaisir
de vivre ou au moins un sentiment d'apprentissage ou d'enrichissement. A tous ceux
que nous avons été, s'ajoute celui que nous sommes à chaque instant afin d'étoffer la
dimension de l'individu, du Soi, ce que les psychologues existentiels nomment "l'Être là".
La problématique de l'équilibre est la libre circulation du flux de vie entre ces différentes
parts de Soi (publication de mars 2005 "Libido amour et autres flux" et de novembre
2005 "Le ça, le moi, le surmoi et le SOI")

V.4. Mémoire collective et contenu des représentations sociales

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La mémoire a une fonction essentielle dans l'établissement des sociétés humaines. En
effet, tout groupe social se perpétue grâce à des connaissances transmises au fil des
générations. Ces comportements et ce savoir-faire peuvent passer dans la mémoire
collective de deux façons : par l'oralité ou par l'écriture, les deux grands modes de
transmission qui sont apparus successivement au cours de l'histoire.

C’est le principal et presque unique moyen de conservation des acquis du passé dans
les sociétés sans écriture. L'ensemble des énoncés oraux qui constituent cette tradition
expriment aussi bien les règles de conduite individuelle que celles des relations sociales.
Parmi eux, on retrouve les mythes fondateurs, les récits historiques, les devises, les
proverbes, les contes et les récits légendaires, les chants, les poèmes, les invocations,
etc.

Dans ces sociétés sans écriture, d'autres supports que le langage permet aussi de
réactualiser des savoirs. Ainsi les rituels, notamment dans le domaine religieux,
comportent des gestes qui sont un rappel non seulement des croyances mais aussi des
faits passés: fondation d'un village, alliance entre divers groupes, partage d'un repas,
etc. Mais, au fil du temps, le sens de ces séquences sacrées peut être perdu par les
acteurs sociaux, qui n'en reproduisent plus que la forme.

 L’écriture

Elle permet de stocker et d'échanger de l'information. Mais si les sociétés humaines


semblent utiliser un langage articulé depuis environ 100 000 ans, l'écriture ne serait
apparue que depuis un peu plus de 5 000 ans.

L'écriture fut à l'origine d'un basculement fondamental de la civilisation. Elle favorisa


l'apparition des grandes villes, des codes de lois, des comptes de marchandises et du
commerce en remplacement du troc. D'ailleurs, la frappe de la monnaie constitue une
autre forme de stockage de données rendue possible par l'écriture.

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V. 5. Mémoire collective et niveau Idéologique

Etymologiquement, l’idéologie est la science qui a pour objet l'étude des idées. Mais le
mot s’est vite perverti. Il peut désigner un ensemble plus ou moins cohérent d’idées, de
croyances et de doctrines. Il peut désigner le contraire de la science et évoquer des
théories vagues et nébuleuses, portant sur des idées creuses et abstraites, sans rapport
avec les faits réels. Des dogmes, des doctrines, des mythes, des systèmes « hors sol »
qui vont aboutir à des pensées caricaturales et radicalisées. Faute d’avoir de vraies
idées, on se rabat sur une idéologie. À moins qu’une idée, au départ noble et
généreuse, ne se raidisse et ne se cristallise en idéologie, à partir du moment où elle
exclue toute idée contradictoire. Ainsi se déplie un éventail d’idéologies politiques parmi
lesquelles on répertorie l’anarchisme, le conservatisme, l’écologie, le fascisme,
l’humanisme, les mouvements identitaires, le libéralisme, le libertarianisme, le
nationalisme, les idéologies religieuses, la laïcité, le socialisme, le communisme, la
capitalisme…

Nombre de ces idéologies peuvent avoir des sources légitimes avant de se pervertir.
C’est leur degré d’excès qui finit par radicaliser les idéologies, lorsqu’elles ne sont pas
d’emblée excessives. Trop d’humanisme tue l’humanisme. Trop de laïcité tue la laïcité.
Trop d’écologie tue l’écologie. Mais le fascisme est d’emblée intolérant, excessif et
radicalisé. Et puis, il arrive que les idéologies se personnalisent au nom d’un parti, d’un
homme ou d’un dictateur : Boulangisme, Poujadisme, Nazisme, Hitlérisme, Franquisme,
Stalinisme.

Certaines idéologies finissent par relever du fantasme ou du pur mensonge lorsqu’elles


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ne relèvent pas de la paranoïa : populisme, complotisme, révisionnisme, wokisme,
culture de l’effacement. Une fois perverties, les idéologies ont toutes un point commun :
elles deviennent des outils de manipulation des masses comme des individus. Elles
relèvent toutes d’une forme de criminalité en bande organisée, jouant sur les effets de
foule et de panurge.
Les idéologies ne sont en fin de compte que des idées croupies ou mises en conserve,
indéfiniment pasteurisées et stérilisées, cuites et recuites. Des conserves vite avariées,
des eaux pourries. Elles font prendre à ceux qui les consomment un risque de
légionellose, de botulisme de scorbut et d’empoisonnement. Elles ont le plus souvent
tendance à devenir nauséabondes et les épidémies qui les portent sont rarement
éphémères. Le remède vital contre les idéologies ? Grader le cheminement de leur
histoire, entretenir leur traçabilité pour rester toujours capable de leur opposer un vaccin.

V.6. Pensée sociale et relations intergroupes

Les relations intergroupes désignent l'ensemble des perceptions et des comportements


de groupe définis en termes de nous et eux pour autant qu'ils sont le produit d'un des
processus cognitifs les plus fondamentaux de l'être humain: la catégorisation.

À l'aide de la catégorisation, nous découpons, classifions et ordonnons notre


environnement social, nous permettant ainsi d'agir plus efficacement en termes de
temps et d'effort.

 L'endogroupe (ou intragroupe) est composé des individus qu'une personne a


catégorisés comme membres de son propre groupe d'appartenance et avec qui
elle a tendance à s'identifier.
 L'exogroupe (ou hors-groupe) est composé de tous les individus qu'une personne
a catégorisés comme membres d'un groupe d'appartenance autre que le sien et
avec qui elle n'a pas tendance à s'identifier.

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V.7. Mémoire collective et rumeur

La rumeur peut se définir comme une information inexacte ou exagérée qui se déforme
à mesure qu’elle est transmise de façon directe par le mode de la bouche à oreille ou de
façon indirecte, via un média informationnel (télévision, presse écrite…). Elle fait partie
integrate de notre quotidien et concerne chacun d’entre nous, alors même que nous
prétendons aisément ne lui accorder aucun crédit et encore moins participer à sa
transmission. Qu’elle amuse, intrigue, angoisse ou énerve, la rumeur est omniprésente.

Mais en même temps, la rumeur est nuisible. Elle détruit des réputations et des
carrières, colporte la terreur et donne une vision tout à fait erronée du monde social.
Comment concevoir et comprendre alors un tel paradoxe ? Comment les êtres humains
peuvent-ils se confondre dans une pratique qui les menace ? Pour répondre à cette
question il faut distinguer deux éléments : d’une part, il s’agit de décrire le contenu
classique de ces rumeurs et la particularité des contextes sociaux dans lesquels les
rumeurs émergent ; d’autre part, il est nécessaire d’entrevoir l’hypothèse selon laquelle
la rumeur remplit une fonction sociale. Si elle est envisagée du point de vue de son
“utilité”, on comprend mieux son existence et sa robustesse.
V.7.1. Le contenu social de rumeurs

Dans la mesure où les rumeurs fonctionnent sur le ressort de la peur, elles sont d’autant
plus prolifiques et robustes quand elles apparaissent dans un contexte socioculturel lui-
même anxiogène. Plus il le sera et plus les membres d’une culture ressentiront un
besoin de sérénité qui passe par une forme de catharsis des angoisses vers des
croyances fantasmées. On trouve le même phénomène avec les superstitions et le
recours à des pratiques parapsychologiques. Le degré de précarité sociale est toujours
proportionnel au besoin d’avoir recours à de la pensée magique pour expliquer les
phénomènes anxiogènes.

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V.7.2. Le contrôle de rumeurs

La stratégie la plus spontanée et la plus fréquente pour contrôler les rumeurs et faire en
sorte qu’elles cessent est le démenti. Il s’agit d’une information qui vient contredire la
rumeur et qui est diffusée par la ou les personnes qui en sont les victimes, lorsque
celles-ci sont des personnes ou des groupes.

Cette information prétend avoir le pouvoir d’annuler la rumeur en apportant la preuve de


son non-fondement. L’écueil majeur de cette méthode est que le démenti se révèle
souvent inefficace pour plusieurs raisons. D’une part, le démenti circule beaucoup moins
bien et moins vite que la rumeur elle-même. C’est une information qui est moins
sensationnelle et qui remet en cause des croyances largement répandues. En d’autres
termes, elle vient dire aux gens qu’ils ont eu tort.

- Elle est donc accueillie avec moins d’enthousiasme et plus de méfiance. D’autre
part, le démenti n’est pas toujours diffusé au bon moment : s’il est trop précoce, il
éveille des soupçons (un accusé qui se défend alors même qu’on ne sait pas qu’il
l’est est perçu comme quelqu’un qui se confesse) ; et s’il est trop tardif, la rumeur
est bien trop solide et ancrée pour être bousculée.

- Ensuite, le démenti n’a pas toujours la capacité de prouver que la rumeur est
fausse : soit la preuve existe mais cela passe par une démonstration scientifique
trop compliquée pour le commun des mortels

- Enfin, le démenti a un effet parfois pire que le fait d’être simplement inefficace.
En effet, on peut voir apparaître un “effet boomerang”. C’est le cas quand c’est le
démenti lui-même qui déclenche ou accroît la portée de la rumeur.

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Cum Laude
Bibliographies

1. Jean-Louis.T. (2012). Mémoire sociale et pensée sociale: Etudes empiriques de


leurs influences croisées. Paris: Université René Descartes

2. Perret-Clermont, A.-N. (2001). Psychologie sociale de la construction de l'espace


de pensée. Genève: Département de l’Instruction Publique: Service de la
recherche

3. Jean V. (2003). Mémoire collective, représentations sociales et pratiques


sociales. Paris : Connexions

4. VIAUD, J. 2002. Contribution à l’actualisation de la notion de mémoire collective,


dans S. Laurens et N. Roussiau (sous la direction de), Mémoire sociale. Identités
et représentations sociales, Rennes, PUF, p. 21-32.

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