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Cours de psychologie générale

Contexte/but du cours

Le Cours de Psychologie générale a pour but d’initier l’étudiant aux concepts fondamentaux
de la psychologie.
Il permet à l’apprenant de comprendre et d’expliquer le comportement de l’homme, en vue
d’une meilleure gestion des relations humaines.

Objectifs du cours

 OBJECTIF GENERAL
Ce cours vise à faire acquérir aux étudiants des connaissances de base en Psychologie.
 OBJECTIFS SPECIFIQUES
A la fin de ce cours, l’étudiant devrait être capable de :
 Définir la psychologie, son objet (comportement, conduite) et la personnalité
 Identifier les branches, méthodes, courants, orientations et tendances actuelles
de la psychologie contemporaine.
 Utiliser la psychologie dans la recherche et la compréhension des phénomènes
 Expliquer la conduite (ou le comportement.)
 Appliquer la psychologie dans la vie sociale et professionnelle.

Contenu du cours

1. Définition et objet de la psychologie


2. Les branches de la psychologie
3. Méthodes de la psychologie
4. Les courants de la psychologie
5. Les grandes orientations de la psychologie
6. Les tendances actuelles de la psychologie
7. Le concept de la personnalité
8. Les processus mentaux
9. Les domaines de recherche et d’application de la psychologie

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Titre 1. Définition et objet de la psychologie

1.1. Définition
Etymologiquement le mot « psychologie » (qu’on remplace par le logo ψ, 23è lettre de
l’alphabet grec, c'est-à-dire « psi ») vient du grec psukêt, qui veut dire âme et logos = discours
ou science. La psychologie serait donc la science de l’âme et relèverait de la philosophie.
Cette définition, donnée par Aristote, n’est pas satisfaisante, car le terme âme (ou
esprit) est métaphysique et idéaliste.
Pour William JAMES la psychologie est abord comme la science de la vie mentale, de
ses phénomènes et de ses conditions. Pour lui, en effet, la psychologie c’est la science de la
conscience, c'est-à-dire l’explication et la description des états de conscience entant qu’états
de conscience. Cette définition ne satisfait pas également, car son objet d’étude (la
conscience) est abstrait, et la méthode utilisée (l’introspection) confond non seulement l’objet
et le sujet, mais surtout a un caractère subjectif, et ses données ne sont pas communicables.
A partir du 19ème siècle en Allemagne, la psychologie connaîtra une évolution
méthodologique importante grâce aux médecins et physiologistes.
Le Béhavioriste John Broadus WATSON considère la psychologie comme une science
de comportement observable, sans référence à la conscience, s’opposant ainsi au courant
introspectionniste et spiritualiste. Le comportement, dit-il, c’est une réaction objectivement
observable qu’un organisme exécute en riposte aux stimuli, eux aussi objectivement
observables, venant du milieu. Ce comportement de l’homme varie en fonction des
modifications de l’environnement, et les réponses de l’organisme constituent une fonction
adaptative au changement du milieu.
Cette définition de la psychologie implique qu’il s’agit d’une discipline scientifique.
Cela signifie que le psychologue qui veut étudier un comportement ou un processus mental
particulier doit utiliser une méthode de travail rigoureuse. Il doit s’assurer qu’aucun élément
de subjectivité n’affecte ses observations et que les résultats obtenus puisent être reproduits
par d’autres chercheurs. L’utilisation d’une méthode scientifique de travail va permettre de
comprendre, de prédire et même de manipuler dans une certaine mesure les comportements et
les processus mentaux. Les exigences de la méthode scientifique font en sorte qu’il est parfois
impossible d’utiliser des êtres humains pour étudier certains phénomènes que les
psychologues espèrent ainsi pouvoir obtenir des informations qui seront utiles à la
compréhension de phénomènes psychologiques qu’on retrouve chez l’être humain.

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De nos jours, la psychologie est la science qui a objet le comportement de l’homme en


tant qu’être conscient en situation dans le monde physique et social. Cela implique que
l’activité psychique de l’homme doit être conçue comme un comportement dans le monde et
que les différents processus mentaux ne sont, en réalité, rien d’autres que des composantes de
cette conduite globale. Ce comportement est toujours fonction du facteur social comme un des
déterminants essentiels.
D’une manière générale, la psychologie est l’étude scientifique du comportement
(manifestations observables de l’organisme) et des processus mentaux (évènements dans le
cerveau sans manifestations observables; ex.: pensée, rêve, mémoire, image mentale).
La psychologie se définit aujourd’hui d’un point de vue plus global, comme la « science
de la conduite ». Sous ce vocable, il faut entendre :
- Le comportement objectivement observable, mais aussi
- L’action sur l’entourage (par la communication, par exemple) ;
- L’interaction de l’organisme et de son milieu (interaction des conduites) et
- L’action sur le corps propre (processus psychologique conscient et inconscient).
Pour le psychologue, les conduites s’expliquent en fonction de deux (2) catégories de
variables en interaction.
 La première catégorie concerne l’organisme dont les conduites sont observées, qu’il
s’agisse d’un homme ou d’un animal. Les variables de cette catégorie ont trait à l’âge,
au sexe, à l’expérience antérieure, aux motivations actuelles et à leurs conflits
éventuels,…
 La seconde catégorie concerne la situation dans laquelle l’organisme se
trouve placé. Ces situations peuvent être extrêmement diverses.
Les conduites sont par définition la réaction (R) d’une personnalité (P) dans une
situation (S). Elle est l’acte du sujet, acte qui a ses composantes physiologiques
(endocriniennes, neurovégétatives, motrices).
* On peur se contenter d’études segmentaires ou, au contraire, rechercher les relations entre
plusieurs composantes.
* On peut surtout étudier l’acte lui-même dans sa structure d’ensemble en rapport à
l’environnement, la situation initiale et aussi les intentions du sujet.
R = f (P S)
(La réaction d’un individu est fonction de sa personnalité en interaction avec la situation dans
laquelle il se retrouve placé). Cette interaction entre S et P peut être consciente ou
inconsciente. Elle n’est connue qu’en interprétant les réponses du sujet qui relèvent la

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signification qu’il attribut à la situation. La situation a toujours un aspect dynamique. Elle


définit une forme d’activité, appelle une conduite appropriée, fut-elle celle de ne rien faire.

1.2. Objet d'étude de la psychologie


L'objet d'étude de la psychologie est le comportement et sa genèse, les processus de la
pensée, les émotions et le caractère ou encore la personnalité et les relations humaines, etc.
o Le comportement est une réaction objectivement observable qu’un organisme
exécute en riposte aux stimuli, eux aussi observables, venant du milieu.
o Ce que l’organisme fait et dit est un comportement : « dire, c’est faire, c'est-à
dire se comporter ».
La psychologie est la science qui a pour but de comprendre la structure et le
fonctionnement de l’activité mentale et des comportements associés.

1.3. Utilité de la psychologie


o Comprendre l’être humain.
Dès l’Antiquité, l’homme a cherché à se comprendre : d’un point de vue philosophique,
voire intellectuel ; et, peu à peu, avec le souci d’application utile dans la réalité. C’est ainsi
que les discussions de baquet platoniciennes ont progressivement laissé place à de véritables
théories mises à l’épreuve dans le milieu hospitalier pour guérir, puis dans différents
domaines pour prévenir et diagnostiquer (milieu judiciaire, politique, publicitaire), pour aider
à surmonter des traumatismes, pour soulager, améliorer le quotidien, gérer le relationnel au
sein d’un couple, d’une famille, d’un milieu professionnel …
Pour comprendre l’être humain, chacun peut avoir recours à ses propres croyances
religieuses, politiques, philosophiques…Mais la psychologie est la discipline la plus
étroitement liée à l’homme dans ce qu’il a d’intériorisé, d’intime, de précieux. Rappelons que
la définition littérale de la psychologie est « l’étude de l’âme ».
Si elle n’est pas la panacée, la psychologie apporte, en revanche, un éclairage indispensable
à gestion des événements humains : on ne peut plus faire l’impasse de son utilité dans les
secteurs de la pédagogie, de la sociologie, de la médecine, etc.
Même si la psychologie fait encore peur, car elle est parfois mal maîtrisée, elle possède un
caractère éminemment fascinant puisqu’elle concerne l’homme, donc la personne la plus
importante sur terre, c’est-à-dire moi, vous, il, elle, eux et surtout nous tous individuellement.

o Apporter des outils de transformation

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L’éternel débat science / psychologie est actuellement dépassé.


Les plus grands scientifiques, prix Nobel, s’accordent à penser que les dimensions
scientifiques stricto sensu, les volontés de mécanisation et de froides théorisations ne suffisent
plus.
On reconnaît de plus en plus l’impact de la psychologie dans la guérison en particulier ;
indépendamment de l’arsenal chimio thérapeutique administré.
On sait aussi que parler, être écouté, ne pas être jugé, avoir confiance dans le silence de
l’autre sont des expériences salutaires dans bien des cas.
En effet, la psychologie ne se contente pas d’établir des théories-certaines branches de la
psychologie refusent d’ailleurs catégoriquement d’en développer-, elle propose des outils.
Les critiques sont nombreuses… C’est heureux, car ce domaine est, plus qu’un autre, aux
confins des problématiques déontologiques et éthiques. Elles sont aussi constructives
qu’inévitables et tout psychologue devrait y être préparé et y répondre.
Cependant, ces outils allant des typologies de démarches thérapeutiques aux tests
utilisés dans les entreprises, jusqu’aux questionnaires d’opinion, ont l’avantage de répondre à
un souci d’efficacité, de rigueur et d’adaptation.
Dans le cadre thérapeutique, il existe également des outils précis qui s’appuient sur la
technique d’approche de référence : tel thérapeute, inscrit dans une lignée psychanalytique, se
servira des moyens proposés par S. Freud et ses héritiers comme l’analyse de rêve, la libre
association, la prise en compte du transfert… ; tel autre, plus proche d’une conception
humaniste, gestaltiste, par exemple, renverra au patient ce qu’il entend de son langage
corporel. En règle générale, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise technique. Il y a de bons et
de mauvaises thérapeutiques
Certains éléments peuvent nous éclairer sur la valeur du thérapeute : son sérieux
bien sûr, sa disponibilité, sa propre discipline, sa rigueur dans l’établissement du cadre
thérapeutique ; mais aussi sa capacité à adapter sa ou ses techniques à telle problématique, sa
faculté d’analyse de son propre transfert sur le patient (contre-transfert), son écoute totale,
c’est-à-dire sans a priori conceptuels trop précoces, sa propre capacité de réponse en cas
d’urgence, son doigté pour diriger la compréhension du patient sans jamais lui imposer
d’explication.
C’est ainsi que s’établit une confiance, condition sine qua non d’une thérapie. La
transformation personnelle dont il est question , tient davantage d’un soulagement à devenir
soi-même que d’une véritable révolution en tant que telle : il ne s’agit pas de changer

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radicalement l’histoire, de peau, de vie. Il s’agit de quitter la chrysalide et tous les carcans
contraignants qu’elle implique. L’objectif de la thérapie psychologique c’est le « mieux être ».
Ce mieux-être c’est en l’occurrence l’accouchement de soi-même.

Titre 2. Les branches de la psychologie

Les différentes branches de la psychologie se distinguent soit par la méthode utilisée


(clinique ou expérimentale), soit par l'activité humaine considérée (travail, mémoire,
perception, apprentissage, soin, comportement en groupe, etc.), soit par grand domaine
d'investigation (psychologie cognitive, psychopathologie, psychologie sociale, psychologie
de l'enfant et du développement, psychophysiologie, psychologie animale).
La psychologie contemporaine est extraordinairement vaste. Il est donc impossible
pour un chercheur ou un enseignant d’être au courant ou de faire des recherches dans tous les
domaines de la psychologie. C’est pourquoi les spécialisations sont nécessaires en
psychologie comme dans les autres sciences.
Néanmoins ces spécialisations ne sont pas le fruit du hasard ou d’opportunité, et l’on
peut présenter presque tous les grands secteurs de la psychologie et sciences si on les suppose
déterminées, par souci de simplification, par deux grands axes, soit quatre pôles.

2.1. Panorama de la spécialisation de la psychologie


 Axe normal-pathologique
Ce premier axe, qui paraît sous-tendre les grands secteurs de la psychologie, concerne
l’étude des faits spécifiquement psychologiques, avec deux pôles correspondant à deux
grands domaines, bien différenciés par la méthode et les objectifs : le normal et le
pathologique.
 Le normal
Le normal concerne l’étude des mécanismes généraux du comportement, c’est le
grand domaine de la psychologie générale. Parmi les grands thèmes traditionnels de
recherche, certains correspondent bien aux objectifs d’une psychologie générale dans la
mesure où l’on est capable de mettre en évidence des structures ou des mécanismes assez
généraux. Par exemple la perception des couleurs est liée à des mécanismes très proches chez
la plupart des individus et de plusieurs espèces, comme chez le singe; la distinction entre
mémoire à court terme et mémoire à long terme est indépendante de l’âge.
Cependant des mécanismes très ressemblants, il existe toujours des différences entre
espèce animale, entre l’animal et l’homme, des différences en fonction du développement

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génétique de l’enfant ou du vieillissement, de sorte que la psychologie différentielle, dont


l’objet est l’étude des différences, est le complément naturel de la psychologie générale.

 Le pathologique
A l’opposé du normal, le pathologique concerne les maladies et troubles
psychologiques. La psychologie pathologique se trouve souvent qualifiée d’expérimentale
par sa méthode, clinique, et l’on emploi alors le concept de psychologie clinique.
 L’axe biologique-social
Le deuxième axe concerne les influences de deux aspects indissociables du
comportement, d’une part le biologique, c'est-à-dire les racines du comportement, d’autre
part le social, c'est-à-dire les interactions entre l’homme et le groupe.

2.2. Division de la science psychologique


La psychologie peut s’appréhender:
 Du point de vue méthodologique. On distingue:
 La psychologie expérimentale. Elle étudie les phénomènes psychiques en utilisant à
priori la méthode expérimentale et en rejetant les méthodes subjectives, basées sur
l’introspection, ou sur la globalité des cas particuliers.
 La psychologie clinique. C’est la science de la conduite humaine, fondée
principalement sur les pathologies, et pouvant s’étendre à celle des groupes. Elle
cherche à envisager la conduite dans sa perspective propre, relever aussi fidèlement
que possible les manières d’être et de réagir d’un être humain concret et complet aux
prises avec une situation, chercher à établir la structure et la genèse, déceler les
conflits qui la motivent et les démarches qui tendent à résoudre ces conflits.
Par opposition à la psychologie introspective, la psychologie clinique se fonde sur
l’observation d’autrui, mais sur une observation orientée vers la conscience plus que vers le
comportement. Elle se fonde essentiellement sur les rapports interpersonnels du psychologue
avec son sujet et les techniques scientifiques de laboratoire n’interviennent qu’à titre
auxiliaire.

 La psychologie différentielle. Elle a pour but la recherche des différences qui


existent soit entre divers groupes humains (races, sexes, âges), soit entre membres d’un

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même groupe. La psychologie différentielle consiste à comparer deux individus en vue de


faire ressortir leurs différences psychologiques.
 La psychologie comparée. Elle consiste à comparer deux groupes d’individus en vue
de faire ressortir leurs différences psychologiques.
 Du point de vue objet d’étude. On distingue
 La psychologie animale : science du comportement des animaux.
 La psychologie humaine : étude de l’homme dans la double
perspective de ses comportements et de ses conduites d’une part, des
états de conscience d’autres. Elle cherche à formuler les lois de ces
phénomènes ; à en expliquer la genèse, afin de pouvoir éventuellement
les modifier. Elle comprend :
- La psychologie individuelle : étude de l’homme dans sa complexité concrète et
cherche à adapter celui-ci aux conditions concrètes de son existence. Il s’agit
d’envisager l’individu indépendamment du milieu social dans lequel il vit.
- La psychologie génétique ou psychologie du développement encore appelée
psychologie de l’enfant, elle s’attache à comprendre l’évolution et les modes
d’expression des diverses composantes de la vie intellectuelle, affective et sociale de
l’enfant.
 La psychopathologie : elle consiste à établir les lois psychologiques des états
morbides de l’homme et de conclure aux lois psychologiques des états normaux.
Du point de vue but. On distingue :
 La psychologie générale. Elle vise à établir les lois générales du fonctionnement
général de l’esprit humain.
 La psychologie différentielle.
 La psychologie comparée.
 Du point de vue des champs d’application. On distingue :
 La psychologie sociale. C’est l’étude de l’homme vivant en société. Elle étudie les
relations et les interactions sociales. La psychologie sociale est une
branche de la psychologie qui est centrée sur l’étude scientifique du comportement
des individus comme faisant partie d’un groupe, d’une société.
 La psychopédagogie : c’est l’ensemble des méthodes utilisées par des spécialistes
de l'éducation pour l'apprentissage et pour l'enseignement.
 La psychologie du travail, traite des relations de l’homme avec son
environnement physique et social du travail. Elle s'occupe des questions de

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recrutement (évaluation, sélection, intégration...), de performance ; de pathologies


au travail, de groupes de travail (normes, conflits...), de gestion de personnel
(motivation, implication, attitudes, management...), mais aussi d'insertion et de
réinsertion professionnelle, de formation, d'orientation...

Titre 3. Les méthodes de la psychologie


Il est difficile de ne pas évoquer, en introduisant un exposé sur les méthodes de la
psychologie, le problème des rapports d’une méthode avec l’objet (ou la classe d’objets, le
domaine) auquel on l’applique, il suffit en effet d’examiner les adjectifs par lesquels on a
coutume de spécifier des psychologies pour constater que plusieurs de ces adjectifs paraissent
désigner à la fois une méthode et un domaine.
Si la psychologie est dite expérimentale, c’est « en raison de sa méthode », écrit P.
Fraisse.
Le développement de l’enfant (de même que, plus largement, tout développement)
peut aussi constituer soit un objet d’étude, et l’on parlera alors de psychologie de l’enfant,
soit une méthode d’étude, et l’on parlera alors d’une psychologie génétique qui, notamment,
« cherche à expliquer les fonctions mentales par leur mode de formation, donc par leur
développement chez l’enfant » (J. Piaget et B. Inhelder, 1968).
De même, on peut considérer avec D. Lagache (1949) que la psychologie clinique est
spécifiée par la méthode clinique, qui s’applique à tous les secteurs de la conduite humaine,
adaptée ou inadaptée. « Ce qui spécifie la psychologie clinique, c’est la méthode clinique,
c’est-à-dire la nature des opérations avec lesquelles le psychologue clinicien approche la
conduite humaine » ajoute t-il.
Il convient de signaler qu’en psychologie certaines méthodes s’appliquent de façon
rigoureuse à certaines conduites relativement simples observées dans un champ
volontairement limité ; d’autres, moins rigoureuses peuvent être utilisées dans des conditions
moins spécifiées et s’appliquent à des conduites plus complexes.
Ces deux attitudes sont compatibles, et l’on pourrait défendre l’idée qu’un fossé
sépare théoriquement une psychologie du vérifiable et une psychologie du vécu.
Pratiquement on ne peut pas étudier la psychologie sans utiliser les travaux dont les
uns s’inspirent plutôt d’une attitude expérimentale, alors que les autres s’inspirent plutôt
d’une attitude clinique.
Aux problèmes généraux que toutes les méthodes ont à résoudre, des plus
expérimentales aux plus cliniques, toutes n’y apportent pas des réponses de même forme :

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Comment résumer des données d’observations ? Comment raisonner sur les données
d’observation ?
 Comment résumer des données d’observation ?
C’est seulement d’un point de vue tout à fait théorique que pourrait être défendue
l’idée que la psychologie peut fonder ses conclusions sur une observation pratiquée en une
seule occasion sur un seul individu.
De ce point de vue, l’expérimentateur soutient que les fonctions psychologiques
comme l’apprentissage ou la perception sont tout aussi générales que celles qui font l’objet
des travaux des physiologistes : Si l’on parvenait à expliquer complètement le mécanisme
général chez un seul sujet, il est bien probable que cette explication vaudrait pour tous les
sujets.
Le psychologue clinicien pourrait soutenir, de son côté, que chaque individu, envisagé
concrètement avec l’ensemble des motivations, de ses conflits et leur histoire, constitue un
cas rigoureusement singulier, de telle sorte que le psychologue se trouve devant un cas
unique.
 Comment raisonner sur les données d’observation ?
Pour les psychologues proches du pôle expérimental, c’est essentiellement la
statistique qui permet de résumer des observations nombreuses (statistique descriptive), de
raisonner sur elles et notamment de mettre certaines hypothèses à l’épreuve des faits.
Les méthodes employées par le psychologue clinicien pour résumer et interpréter ses
observations font partie intégrale de la méthode clinique.
Méthode expérimentale et méthode clinique paraissent s’appliquer à des conduites de
niveaux différents. Elles paraissent aussi constituer deux états successifs dans le
développement méthodologique de la psychologie. Sur le plan des applications, l’attitude
clinique permet d’aborder utilement des problèmes devant lesquels la méthode expérimentale
serait impuissante, et le psychologue, comme tant d’autres, «peut plus qu’il ne sait».
Sur le plan théorique, les hypothèses « dynamiques » qui sont volontiers utilisées par
le clinicien ont suscité dans certains cas des travaux proprement expérimentaux (notamment
de la part de K. Lewin et de son école). Sur ces deux plans, on pourrait donc parler en un
certain sens d’une « avance » épistémologique de la méthode clinique sur la méthode
expérimentale. Il est évident que la méthode clinique cesserait de jouer ce rôle d’éclaireur si
elle considérait qu’une intuition incontrôlable est finalement son seul instrument et que sa
position marginale à l’égard d’une science rationnelle de l’homme ne constitue pas un état
toujours provisoire, mais bien la seule position épistémologique que puisse occuper la

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psychologie. Cette psychologie, alors, ne serait plus celle dont on essaiera, dans les pages qui
suivent, d’exposer brièvement les méthodes.

1. Les méthodes expérimentales

L’expérimentation au sens fort suppose aussi le plus souvent que l’expérimentateur ait la
possibilité d’intervenir dans le déroulement du phénomène observé (observation codée en une
ou plusieurs variables « dépendantes »), en modifiant les conditions dans lesquelles il se
déroule (le codage de ces modifications constituant les variables « indépendantes »).

Les méthodes expérimentales cherchent à expliquer le comportement à travers un ensemble


de techniques calquées sur le modèle des sciences expérimentales. Elles sont caractérisées
par :
- L’utilisation des moyens techniques (instruments de mesure et dispositifs instrumentaux)
- L’usage du langage mathématique (calcul, formule, graphique, statistique)
- L’induction
- Formulation des lois
En méthodes expérimentales on distingue l’observation, le test et l’expérimentation.

2. Les méthodes cliniques


La psychologie clinique constitue moins une méthode qu’une attitude
méthodologique dont D. Lagache (1949) définit l’orientation par ce programme:
« Envisager la conduite dans sa perspective propre, relever aussi fidèlement que
possible les manières d’être et de réagir d’un être humain concret et complet aux prises avec
une situation, chercher à en établir le sens, la structure et la genèse, déceler les conflits qui
la motivent et les démarches qui tendent à résoudre ces conflits ».
Cette attitude clinique conduit en principe à l’étude approfondie de cas individuels,
dont chacun est constitué par une personne totale « en situation », qui doit être comprise
plutôt qu’expliquée. Cette attitude est, à bien des égards, assez éloignée de celle de
l’expérimentateur. Les hypothèses que le clinicien utilise sont le plus souvent très générales.
Concernant la conduite globale d’un individu, elles paraissent compatibles avec une très
grande variété de conduites spécifiques, les seules malheureusement que le psychologue
puisse observer avec une précision suffisante. L’objectivité même de ces observations ne
peut être définie dans le même esprit par l’expérimentateur et par le clinicien. Un contrôle
d’objectivité fondé sur l’accord d’observateurs indépendants n’est guère concevable dans le
cadre d’une psychologie qui n’est concernée que par la conduite d’un individu concret

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considéré dans une situation ayant pour lui une signification propre, une situation qui ne
saurait être normalisée ni reproduite.
La psychologie clinique se présente ouvertement comme une psychologie « en
seconde personne », dans laquelle le psychologue s’adresse à un sujet comme à un « toi », et
qui, en ce sens, repose sur des relations intersubjectives plutôt que sur des constats objectifs.
L’objectif de la méthode clinique consiste à comprendre la conduite et non
l’expliquer. La psychologie clinique peut se présenter sous plusieurs formes : observation,
test, méthode morphologique, graphologique, etc.

3. Les méthodes comparatives


Les méthodes comparatives cherchent à comparer des individus ou des groupes d’individus
en vue de faire ressortir leurs différences psychologiques. Elles peuvent être comparées ou
différentielles, transversales ou longitudinales.
3.1. La méthode comparée
Elle consiste à comparer deux groupes d’individus en vue de faire ressortir leurs différences
psychologiques. Elle porte sur les groupes
3.2. La méthode différentielle
Elle consiste à comparer deux individus en vue de faire ressortir leurs différences
psychologiques. Elle porte sur les individus
3.3. La méthode d’étude transversale
La méthode d’étude transversale consiste à comparer deux individus ou deux groupes
d’individus présentant des caractéristiques communes (même âge, même sexe, même activité
socioprofessionnelle).
3.4. La méthode d’étude longitudinale
La méthode d’étude longitudinale consiste à comparer deux individus ou deux groupes
d’individus présentant des caractéristiques différentes (âges différents, sexes différents,
activités socioprofessionnelles différentes).

4. Les méthodes génétique et différentielle


Les méthodes génétique et différentielle peuvent constituer des méthodes utilisables
par une psychologie générale ayant pour objet l’étude des conduites sans référence à un âge
déterminé ou à un groupe particulier d’individus: l’évolution de ces conduites avec l’âge, les
différences associées à la moyenne de groupes différents ou les associations constatées entre
différences individuelles au sein d’un même groupe sont alors des moyens parmi d’autres
d’étudier l’édification ou l’organisation des processus généraux par lesquels les conduites

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s’expliquent chez tous les individus. Il reste cependant que le développement de l’enfant ou
les différences entre individus constituent des domaines propres. Les processus cognitifs, par
exemple, ne sont pas les mêmes à des âges successifs et ne sont pas nécessairement les
mêmes chez des individus différents. L’étude des spécificités propres à un âge donné ou à
une catégorie donnée de sujets ont suscité l’édification de méthodes génétiques ou
différentielles qui ont pu être utilisées ensuite en psychologie générale.

Titre 4. Les courants de la psychologie

4.1. Le courant structuraliste et la psychologie structurale


La psychologie structurale s’en tient à l’analyse des structures de l’activité psychique ou
comportement. Elle est analytique, porte ses regards sur la composition des processus
mentaux et s’intéresse au comment des phénomènes, a leur rouage interne.
Wundt, Wilhelm Max (1832-1920) a développé le structuralisme, ou psychologie du
contenu, favorisant les observations de l’esprit conscient plutôt que l’inférence, ou déduction.
Le structuralisme a surtout cherché à préciser l’élaboration de la structure du
comportement. C’est un courant de pensée qui se caractérise par l'affirmation du primat de la
structure sur l'événement ou le phénomène.
Pour les tenants de ce courant, les processus sociaux se déploient dans le cadre de
structures fondamentales qui restent le plus souvent inconscientes. Il existe un décalage entre
ce que les hommes vivent et ce qu'ils ont conscience de vivre, et c'est ce décalage, qui rend les
discours, que les hommes tiennent sur leur conduite, impropres à rendre compte de façon
adéquate des processus sociaux effectifs. De même que c'est la langue qui produit du sens par
son jeu de différences, de même c'est l'organisation sociale qui génère certaines pratiques et
certaines croyances propres aux individus qui en dépendent.
Le structuralisme a pour champ d'application tout ce qui « offre un caractère de système »
(Lévi-Strauss), c'est-à-dire tout ce dont aucun élément ne peut être modifié ou supprimé sans
que cela entraîne une modification de l'ensemble. La démarche structuraliste consiste à
expliquer un phénomène à partir de la place qu'il occupe au sein du système dans lequel il est
inséré, suivant des lois d'association et de dissociation supposées immuables. Le
structuralisme privilégie donc par principe l'approche « synchronique » — c'est la coexistence
des éléments au sein d'un même ensemble à un même moment du temps qui fournit
l'intelligibilité — au détriment de l'approche « diachronique » — la recherche de la genèse ou
de l'histoire de chaque élément pris isolément.

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4.2. Le courant fonctionnaliste et l a psychologie fonctionnelle


La psychologie fonctionnelle considère les faits psychiques en fonction de l’ensemble du
psychisme ou de l’ensemble organisme-milieu et comme réponse à des besoins.
Le fonctionnalisme est une école de pensée psychologique attachée à l'étude de l'esprit
comme organe. C’est une approche qui s'inscrit dans le prolongement du darwinisme et de la
doctrine de la « survie des mieux adaptés », et étudie les tests d'intelligence humaine et la
capacité des animaux à apprendre et à résoudre des problèmes.
William James fut l'un des premiers partisans de l'approche fonctionnaliste et John
Dewey, le premier à l'enseigner formellement. De 1890 environ à 1910, le mouvement
fonctionnaliste domina la psychologie et annonça en partie le béhaviorisme, école d'étude des
comportements.
De nos jours, le fonctionnalisme ne représente plus une doctrine distincte de psychologie,
mais continue à influencer certains champs de la psychologie appliquée moderne, comme les
tests d'intelligence et d'aptitude.
Les fonctionnalistes s’intéressent aux fonctions des processus mentaux dans l’adaptation
de l’individu à son environnement propre, ce qui a élargi le champ de la psychologie et
favorisé son épanouissement dans la psychologie industrielle moderne.
En sociologie, le fonctionnalisme est une théorie qui conçoit la société comme un
ensemble d’éléments fonctionnant en vue de se maintenir entre eux, la perturbation d’un
élément produisant un réajustement des autres.
L’école fonctionnaliste naît dans le champ de l’anthropologie sociale sous l’impulsion de
Bronislaw Malinowski (1884-1942), puis d’Alfred Radcliffe-Brown (1881-1955).
Les fonctionnalistes affirment qu’un phénomène x existe en raison de l’existence d’un
phénomène y ou de la variation systématique d’une pluralité de phénomènes par rapport à lui.
En d’autres termes, toutes les choses existent parce qu’elles remplissent une fonction dans
la structure sociale globale.
Ce sont des assertions très rigoureuses qui présupposent un système de facteurs en
corrélation que l’on peut exprimer par des formules mathématiques plus ou moins complexes.
Selon le fonctionnalisme, on ne trouve rien dans la société qui ne soit « fonctionnel », qui
n’agisse sur d’autres aspects de la structure ou du fonctionnement de la société.

4.3. Le courant béhavioriste


Le behaviorisme est une pensée qui considère la psychologie comme une science du
comportement observable, sans référence à la conscience, s’opposant ainsi au courant

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Cours de psychologie générale

introspectionniste. C’est un mouvement de psychologie qui préconise l'utilisation de


procédures expérimentales pour étudier les mécanismes psychiques à travers le
comportement, considéré comme une réponse à l'environnement (ou aux stimuli).
La conception béhavioriste de la psychologie plonge ses racines dans les études sur
l'associationnisme des philosophes britanniques. Elle est également dérivée de l'école
américaine de psychologie du fonctionnalisme et de la théorie darwinienne de l'évolution, qui,
l'une comme l'autre, mettent en relief la façon dont les individus s'adaptent à leur
environnement.
Pour le béhaviorisme le comportement varie en fonction des modifications de
l’environnement ; les réponses de l’organisme constituent une fonction adaptative au
changement du milieu.

4.4. Le courant de la gestalt théorie ou gestaltisme


Le gestaltisme ou psychologie de la forme est un courant axé sur les principes de la
perception. Il est fondé par MAX WEIRTHEIMER.
Pour ce courant, l’expérience est un tout organisé différant de la somme de ses parties. Le
gestaltisme insiste sur l’importance du contexte dans lequel a lieu l’expérience, et donne un
sens particulier à chaque événement. Ce courant est caractérisé par les travaux de Brentano et
le primat de la forme.
Dans l’étude de la perception, c’est la conscience et plus particulièrement les états de
conscience, qui sont les éléments les plus importants.
Dans la perception d’un objet, il faut distinguer le font qui correspond au produit
d’association cérébrales de la forme qui serait la résultante de l’activité du sujet ; la forme est
structurante et non pas structurée. La théorie se construit à partir d’expériences dans le
domaine de la perception et dans celui des illusions perceptives. la perception est une activité
organisatrice répondant aux lois de proximité, de similarité, de symétrie, de continuité et de
clôture.
Le gestaltisme est une école de psychologie qui propose d'intégrer tout phénomène
psychologique dans le champ où il apparaît et d'en rendre compte dans les relations qu'il a
avec les autres phénomènes de ce champ.
Cette théorie met en valeur la prééminence de la totalité sur les parties qui la composent.
Ainsi, dans la perception, la forme d'un élément n'est déterminée que dans les rapports qu'elle
a avec les autres éléments ; elle est tout autre si cet élément est placé dans un autre champ.

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Cours de psychologie générale

Le gestaltisme propose d'appréhender la perception non pas en analysant des unités isolées
comme les différentes sensations, mais en considérant la totalité des formes (allemand
« Gestalten ») des processus mentaux. Dans cette optique, la véritable unité de perception est
la forme, structure mentale qui tient ses attributs de la structure correspondante des processus
cérébraux.
Pour cette théorie, la perception de la forme ne dépend pas de la perception des éléments
individuels qui la composent. Ainsi, la forme carrée peut-elle être perçue dans une figure faite
de quatre lignes rouges ou de quatre points noirs. De même, l'esprit appréhende la musique
non pas comme un composé de notes distinctes produites par divers instruments et voix mais
d'après des lois d'organisation qui font que l'individu perçoit une unité organisée homogène du
début à la fin.
Les disciples de la théorie de la gestalt établirent que la perception est fortement influencée
par le contexte ou la configuration des éléments perçus (on peut traduire le mot allemand
Gestalt par « configuration »). La nature et l'usage des parties découlent souvent de la totalité,
ce qui implique qu'on ne peut pas les comprendre en dehors de celui-ci. Une simple somme
d'éléments individuels ne peut former un tout, les processus perceptuels étant orientés par
l'activité du champ de leur référent.
Le gestaltisme repose sur quelques affirmations fondamentales.
- Le premier principe en est qu'il n'existe pas d'expérience phénoménale qui n'ait une forme :
tout champ perceptif se divise en fond et en forme.
- Selon son deuxième principe, les excitations sensorielles n'ont pas d'équivalent, terme à
terme, dans la perception (par exemple, une mélodie n'est pas le séquencement aléatoire de
notes et elle est toujours reconnaissable si on la transpose, mais devient méconnaissable si on
permute un groupe de notes).
- Le troisième principe fondamental du gestaltisme affirme qu'un champ est constitué par une
distribution dynamique de ses parties.

4.5. Le courant cognitiviste


Ce courant met l’accent sur le traitement mental de l’information. Il s’intéresse à la manière
dont les individus acquièrent des connaissances, emmagasinent les connaissances et utilisent
ces connaissances.

16
Cours de psychologie générale

Titre 5. Les grandes orientations de la psychologie

5.1. La notion de l’organisme


Contrairement au dualisme cartésien (XVIIè siècle) et à la doctrine associationniste qui,
reprenant la modèle de la chimie, prétendait décomposer l’esprit en des particules
élémentaires (atomiste psychologique), on a souvent cherché à traiter l’organisme comme un
tout unifié et organisé.
Dans le domaine médical, le précurseur de cette notion a été le neurologiste anglais Hugoliens
JACKSON, qui considéra le système nerveux comme un ensemble hiérarchisé, fait de
niveaux superposés, les niveaux supérieurs contrôlant les inférieurs.
L’idée que l’organisme est un tout différant de la somme des parties qui le composent a
souvent reçu le nom d’Holisme (du grec halos = complet, total, entier).
L’orientation vers une conception holistique de l’organisme caractérise la psychologie de
la forme (gestalt psychologie).
Goldstein aboutie à la conclusion que l’organisme se comporte toujours comme un tout
unifié et non comme une série de parties différenciées. Les lois valables pour l’ensemble
gouvernement les parties différenciées de cet ensembles. C’est pourquoi il est nécessaire de
connaître les lois générales du fonctionnement de l’organisme pour comprendre le
fonctionnement de chaque composante.
Pour lui, en effet, l’organisme est constitué d’éléments différenciés articulées entre eux, et ne
fonctionnant jamais isolement, sauf dans certaines circonstances pathologiques, ou dans
certains dispositifs expérimentaux. Le fonctionnement de l’organisme est basé sur la notion de
figure et de fond.
Cette notion de l’organisme comme un tout intégré a pénétré toute la psychologie et la
médecine.
Par exemple lorsque nous trouvons devant un malade atteint d’une affection physique, nous
devons toujours nous souvenir qu’il s’agit là de la ’’figure’’, mais nous devons nous rappeler
aussi qu’il existe le fond, c'est-à-dire l’homme tout entier, et que cette maladie physique est
indissolublement liée à l’arrière-plan non seulement somatique, mais aussi psychique sur
lequel elle se développe.

5.2. Hérédité - milieu


L’organisme humain adulte est le résultat d’un processus complexe de croissance, qui
commence au stade unicellulaire, et qui est soumis à des séries d’influences, les unes internes,
et les autres externes. Ce principe général est valable aussi bien pour le développement

17
Cours de psychologie générale

somatique que pour le développement psychique, et concerne aussi bien le développement


normal que les anomalies. Devant toute caractéristique de l’organisme, il est nécessaire de
distinguer le rôle des facteurs internes, de l’hérédité, et des facteurs externes, du milieu.
Dans le domaine psychique, l’intelligence est de même sous la dépendance simultanée de ces
deux facteurs.
Il existe entre les psychologues (aussi bien qu’entre les médecins) des différences d’opinions
vis-à-vis de ce problème (Hérédité-milieu) :
 certains, pour lesquels le milieu est tout et presque tout, soulignent l’importance des
apprentissages et la plasticité de l’organisme. C’est l’environnementaliste. A cette
tendance se rattachent par exemple le béhaviorisme de Watson et certaines tendances
actuelles de la psychanalyse.
 D’autres ne reconnaissent au milieu qu’un rôle modeste, capable tout au plus de
modifier légèrement ce que l’hérédité a déterminé: c'est le constitutionnalisme ou
organicisme. C’est le point de vue des doctrines typologiques. Ainsi, on distingue trois
principales tendances en psychologie1.

Titre 6. Les tendances actuelles de la psychologie


De nos jours, la psychologie est une discipline de plus en plus spécialisée et soumise à
des influences issues de champs théoriques très divers.
La psychologie de l’enfant a été considérablement influencée par les observations et les
« expériences cliniques » de Jean Piaget. Les psychologues qui s’intéressent au langage et à
la communication ont, quant à eux, été marqués par la révolution inaugurée par le linguiste
américain Noam Chomsky dans la pensée linguistique. Les progrès réalisés dans le domaine
du comportement animal et de la sociobiologie ont contribué à élargir sensiblement le champ
et les techniques de recherche de la psychologie. Les travaux éthologiques de Konrad Lorenz
et de Nikolaas Tinbergen, qui étudiaient les animaux dans leur habitat naturel et non en
laboratoire, ont attiré l’attention sur l’unicité de l’espèce et de son développement
comportemental.
Une autre mutation dans la psychologie moderne est due à l’avènement de
l’informatique, qui a non seulement inauguré un nouveau mode d’appréhension des fonctions
cognitives, mais a aussi livré les moyens de tester des théories complexes relatives à ces
processus. Les ordinateurs sont des manipulateurs de symboles, c’est-à-dire des machines qui
reçoivent une information sous forme symbolique, qu’elles transforment et utilisent en

1
Voir les tendances actuelles de la psychologie

18
Cours de psychologie générale

fonction des buts programmés. Les spécialistes de l’intelligence artificielle cherchent


désormais à concevoir des programmes capables d’accomplir des tâches complexes
nécessitant jugement et prise de décision. Pour cela, ils doivent d’abord comprendre
comment l’homme accomplit une tâche difficile avant de pouvoir la reproduire dans le
système expert. Parallèlement, certains psychologues, qui utilisent l’ordinateur comme
modèle, essaient de considérer les êtres humains comme des « processeurs d’information » et
doivent s’attacher à formuler leurs théories de manière suffisamment précise et explicite pour
être à même de les transcrire dans des programmes informatiques. Il résulte de cette mutation
que les comportements complexes sont désormais étudiés avec des approches nouvelles et
complémentaires, qui donnent lieu à des théories mieux étayées.

6.1. La tendance organiciste et les relations de la psychologie et de biologie


Selon cette tendance, il n’ya pas de vie mentale sans vie organique, tandis que la réciproque
n’est pas nécessairement vraie ; et pas de comportement sans fonctionnement nerveux, tandis
que celui-ci déborde celui-là., et surtout, tout ce qui est organique donne lieu à des
vérifications concrètes et à des manifestations plus observables et mesurables que les
conduites et la conscience. D’où les raisons pour orienter les explications psychologiques
vers une mise en relation e processus mentaux et des comportements avec les processus
physiologiques.

6.2. La tendance physicaliste et les différents piliers de la perception


Cette tendance est représentée par des auteurs ayant reçu une formation de physiciens avant
de s’occuper de la psychologie, comme Fechner et W.Köhler. Pour cette tendance, si
l’affectivité, la formation des habitudes, certains aspects de l’intelligence elle-même
dépendent manifestement de l’organisme, d’autres domaines telles que surtout la perception
et les formes objectives répétées pour relier ces processus mentaux aux processus physiques.

6.3. La tendance psychologique et les interactions entre le général et le social


C’est la tendance qui conçoit la vie mentale comme une vie organique socialisée, le mental
s’évanouissant à ses sources organiques et à son épanouissement social.
Trois grands points de vue caractérisent les tendances les plus générales de la psychologie
contemporaine : le point de vue de la conduite ou point de vue du comportement (y compris
la conscience ou prise de conscience) ; le point de vue génétique ; le point de vue
structuraliste, c’est la recherche des structure e comportement ou des structure de penser
résultant de l’intériorisation progressive des action, mais des structures dont on peut établir

19
Cours de psychologie générale

expérimentalement les effets alors que le sujet lui-même, tout tant les ayant construite par
son activité même, ne prends conscience de leur existence en tant que structure.

Titre 7. Le concept de la personnalité

7.1. Définition

La personnalité est l’ensemble de traits qui caractérisent la structure intellectuelle et affective


d'un individu et qui se manifestent dans son comportement.

7.1. Les facteurs de la personnalité psychologique

7.1.1. Facteurs sociologiques (ou facteurs socio/institutionnels)

Ces facteurs concernent le processus de socialisation. Ils vont du milieu familial au groupe
social auquel appartient la famille et à la culture dont dépend ce groupe social. Parmi ces
facteurs, il faut citer : l’éducation, la pédagogie, la religion, le statut, la coutume, les
expériences individuelles ou collectives passées…, l’environnement.

7.1.2. Facteurs psychologiques

Ces facteurs oscillent autour du rôle des premières années de la vie : les premières années
correspondent à une période de modification très rapide des structures nerveuses aucour de
laquelle ces structures ont une forte plasticité, et les apprentissages sont alors réalisés très
rapidement et se montrent d’une très grande stabilité. Les mécanismes qui détermine la
socialisation sont multiples, et dans une grande mesure encore hypothétique ; pour la
psychanalyse, il y a deux principaux mécanismes de socialisation.

7.2. Formation et développement de la personnalité

L'interaction de l'hérédité et de l'environnement est le fondement de la formation de la


personnalité. Dès leur plus jeune âge, les enfants diffèrent considérablement les uns des
autres, en raison de variables héréditaires ou de facteurs liés aux conditions de la grossesse et
de la naissance. Ainsi certains enfants sont-ils plus attentifs ou plus actifs que d'autres.
Certaines formes de psychopathologie sont également en partie héréditaires.

Tout comme l'influence héréditaire, les événements qui marquent le développement de


l'enfant ont plus ou moins d'effet selon leur nature. Nombreux sont les psychologues qui
considèrent qu'il existe des périodes critiques dans le développement de la personnalité. Ainsi,

20
Cours de psychologie générale

les progrès du langage sont très rapides pendant une période déterminée, tandis que le
sentiment de culpabilité se développe particulièrement pendant une autre.

La plupart des spécialistes s'accordent sur l'importance cruciale de l'environnement familial


sur le développement de la personnalité. La façon de satisfaire les besoins primaires de
l'enfant en bas âge et le mode d'éducation ultérieur peuvent laisser des traces indélébiles sur la
personnalité. On pense qu'un apprentissage de la propreté trop précoce ou trop sévère peut
conduire à une personnalité rebelle, par exemple.

Certains spécialistes insistent sur le rôle des traditions sociales et culturelles dans le
développement de la personnalité. Par sa description du comportement des membres de deux
tribus de Nouvelle-Guinée, l'anthropologue Margaret Mead a mis en relief l'influence
culturelle. Bien que d'origine ethnique semblable et vivant dans la même zone géographique,
une des tribus était pacifique, accueillante et coopérative, tandis que l'autre était hostile,
menaçante et affichait un esprit de compétition.

Les psychologues considéraient traditionnellement que la personnalité se compose de


l'ensemble des traits de caractère de l'individu et qu'elle est d'une grande cohérence à travers
le temps. Depuis une époque récente cependant, de nombreux psychologues soutiennent que
les traits de caractère n'existent qu'aux yeux de l'intéressé et que la personnalité d'un individu
varie en fonction des situations qu'il doit affronter.

7.2.1. Les stades du développement libidinal

Les mesures sociales qui favorisent la succession harmonieuse des stades du développement
libidinal ou au contraire de la perturbe ont une influence essentielle sur la formation de la
personnalité. Les type se personnalité anormaux correspondent en effet, à un blocage, qui peut
être favorisé par l’éducation, à un stade primitif de ce développement ; « l’enfant est le père
de l’enfant » disait l’anglais Wordsworth. Ainsi les traumatismes psychologiques de
l’enfance, les relations premières de l’enfant et de ses parents, sont des données essentielles
qu’il faut découvrir, faire émerger de l’inconscient pour comprendre les relations actuelles
d’un sujet adulte « je suis ce que mon histoire m’a fait, je suis mon passé ».

7.2.2. L’identification

C’est une imitation inconsciente et puissamment motivée par l’affect. Par exemple le jeune
garçon s’identifie à son père (l’enfant s’identifie au parent de même sexe) qu’il cherche à

21
Cours de psychologie générale

imiter et bientôt à sur planter, se fixe à sa mère (parent de sexe contraire). Il peut être jaloux
de son père (la famille, de sa mère) et agressif à son égard.
L’identification joue un rôle capital dans la formation de la personnalité. Elle est la tendance à
adopter les aspects de la personnalité, caractéristiques du parent de même sexe (ou
éventuellement d’une autre personne). Il s’agit en quelque sorte d’une
« imitation »inconsciente des « exemples » fournis par les parents dans son comportement en
utilisant un mécanisme d’introjection.

7.3. Les théories de la personnalité

Les théories insistent sur différents aspects de la personnalité et interprètent différemment les
aspects relatifs à son organisation, à son développement et à ses manifestations dans le
comportement.

Une des théories les plus influentes est la théorie psychanalytique de Sigmund Freud et
d'autres praticiens de la psychanalyse. Freud a montré que les processus inconscients régissent
une grande part du comportement.

Une autre théorie de la personnalité influente émane du béhaviorisme. Cette conception,


représentée par des penseurs comme le psychologue américain Burrhus Fréderic Skinner, met
avant tout l'accent sur l'apprentissage. Selon Skinner, le comportement est largement
déterminé par ses conséquences : s'il est récompensé, il se reproduit, s'il est puni, la
probabilité qu'il se réitère est moins grande.

Il s’agira de noter :

 Rôle du sexe
Le sexe joue un rôle important dans la différenciation psychologique :
* Dans le domaine sensori-moteur : les différences sont en faveur de l’homme, pour la force
musculaire, la vitesse et la précision des mouvements de grande amplitude ; elles sont en
faveurs des femmes pour la dextérité digital.
* Du point de vue affectivité, attitude ou intérêt : les hommes se montrent plus agressifs et
dominateurs que les femmes ; les manifestations névrotique, comme se ronger les ongles,
sucer le pouce, sont plus fréquences chez les jeunes filles que chez les jeunes garçons.
 Rôle de l’âge

22
Cours de psychologie générale

La structure de la personnalité d’un individu vari avec l’âge, et ses modification sont en
grande partie sous l’influence de la maturation biologique, à la fois de l’ensemble des
structure corporel, du système endocrinien et du système nerveux en ce titre, certaines
périodes jouent un rôle important celles où se produises des crises biologique (puberté,
ménopause ou andropause) contemporaine aux crises psychologique.
 Rôle des facteurs neuroendocriniens
Le rôle des glandes endocrines dont le fonctionnement est coordonné par le système nerveux
central, et plus spécifiquement par le complexe diencéphalo-hypophysaire, est important dans
la détermination du tempérament d’un individu (influences hormonales).

7.4. Evaluation de la personnalité

L'entretien est une méthode très usitée d'évaluation de la personnalité, est un moyen de faire
parler le sujet de ses réactions. Si la plupart des entretiens ne sont pas directifs, certains ont
recours à un questionnaire. L'enquêteur expérimenté prête attention à ce qui est dit tout en
observant la corrélation entre les réponses et le comportement non verbal, comme l'expression
du visage.

Les observations directes sont menées soit dans un cadre naturel, soit en laboratoire. Dans le
premier cas, le spécialiste note les réactions du sujet aux situations quotidiennes, ses réponses
typiques et son comportement. En laboratoire, le chercheur manipule expérimentalement les
situations et observe le comportement du sujet dans ces conditions contrôlées. Le psychologue
qui évalue la personnalité peut aussi s'appuyer sur les rapports de ceux qui ont observé le sujet
dans le passé.

Les tests psychologiques de personnalité se répartissent en deux grands types, à savoir les
inventaires de personnalité et les tests projectifs. Les inventaires de personnalité posent des
questions sur les habitudes personnelles, les attitudes et les croyances de l'individu. On
considère que dans le test projectif, les réponses du sujet à des situations ambiguës et non
structurées reflètent sa vie intérieure. Le test de Rorschach, par exemple, est un test projectif
dans lequel une série de taches d'encre sont présentées au sujet, qui est invité à dire ce qu'elles
pourraient représenter. Ses réponses sont ensuite interprétées par le psychologue.

23
Cours de psychologie générale

7.5. Les troubles de la personnalité

Les troubles de la personnalité, qui durent toute la vie, désignent des traits de caractère si
inflexibles et si inadaptés qu'ils portent atteinte à la vie sociale et professionnelle de l'individu
et affectent considérablement son entourage. On distingue de nombreux types de troubles de
la personnalité. La personnalité paranoïaque, par exemple, est excessivement méfiante et
soupçonneuse. Les personnalités histrioniques affichent un comportement et une expression
exagérément théâtrale. Les individus ayant une personnalité narcissique ont tendance à être
suffisants et à vouloir être en permanence au cœur de l'attention et de l'admiration. Ceux qui
ont une personnalité antisociale enfreignent fréquemment les droits des autres et omettent de
respecter les normes sociales.

Titre 8. Les processus mentaux

5.1. La cognition

La cognition est l’ensemble des actes et des processus de connaissance. La cognition


comprend l'attention, la perception, la mémoire, le raisonnement, le jugement, l'imagination,
la pensée et la parole.

Le mot provient des ouvrages de Platon et d'Aristote. L'avènement de la psychologie comme


discipline distincte de la philosophie a permis des recherches spécialisées dans ce domaine.

L a psychologie cognitive, s'est ouverte dans les années 1950.

Cette discipline étudie surtout la cognition du point de vue du traitement des informations et
insiste sur les parallèles entre le cerveau humain et des concepts informatiques (voir
cognitives, sciences) comme le codage, le stockage, l'accumulation et la recherche des
informations. La physiologie de la cognition intéresse peu les cogniticiens ; leurs modèles de
la cognition ont cependant permis de mieux comprendre la mémoire, la psycholinguistique et
le développement de l'intelligence, faisant ainsi progresser la discipline de la
psychopédagogie.

Depuis le milieu des années 1960, la psychologie sociale s'est attachée à définir la cohérence
cognitive, c'est-à-dire la tendance à la cohérence logique des croyances et des actions de
chacun. En cas de diminution de cette cohérence (ou dissonance cognitive), l'individu va

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Cours de psychologie générale

inconsciemment chercher à la rétablir en modifiant ses comportements, ses croyances ou ses


perceptions. Le mode d'organisation des cognitions d'un individu constitue son style cognitif.

5.2. L’intelligence

Du latin intelligere, « comprendre », littéralement aptitude à comprendre. Hérité du langage


de la philosophie et de la religion, ce concept caractérise d’abord une fonction propre à
l’homme, entre l’animal et la divinité.

5.2.1. L’intelligence, une fonction complexe et multifactorielle

Le siège de l’intelligence est le cerveau. On estime que plus de 20 000 gènes sont impliqués
dans le développement et le fonctionnement de ce dernier, et nombre de mutations sont
responsables de déficiences mentales. Mais, à l’opposé d’organes comme le cœur, la
maturation du cerveau se poursuit après la naissance, jusqu’à l’âge adulte, par deux voies : la
myélinisation (production de la gaine de myéline, substance lipidique de couleur blanche qui
entoure les fibres nerveuses et augmente la vitesse de propagation des influx nerveux) et
l’organisation anatomique des synapses (zones de jonction entre les cellules nerveuses). Là, le
rôle de l’environnement dans son ensemble est fondamental : santé, nutrition, stimulations
sensorielles et psychiques, sont des éléments essentiels à une maturation normale. Ainsi, les
capacités intellectuelles sont le fruit à la fois de facteurs génétiques complexes et, dans une
grande proportion, de facteurs environnementaux.

5.2.2. Mesures de l’intelligence

En psychologie cognitive, l'intelligence est définie comme l'aptitude à acquérir savoir et


compréhension et à en faire usage dans des situations nouvelles. L’intelligence est un
processus qui crée une représentation mentale d’un problème, trouve dans la mémoire les
informations liées au problème, et manipule cette représentation pour obtenir une solution. Le
tout est stocké en mémoire pour résoudre un problème ultérieur. L'aptitude à adapter son
comportement à l'ensemble d'une situation ou à relever un défi dans une situation spécifique
peut être étudiée et mesurée en termes quantitatifs dans des conditions expérimentales.

5.2.3. Appréhension du concept d’intelligence

25
Cours de psychologie générale

Les psychologues considèrent que les aptitudes qu'ils mesurent dans les tests ou les situations
de laboratoire sont nécessaires dans la vie quotidienne, où les individus doivent analyser ou
recevoir de nouvelles informations sensorielles et psychiques pour orienter leurs actions en
fonction des buts désirés. Mais les avis diffèrent sur la définition précise de l'étendue et des
fonctions de l'intelligence. Dans la conception des tests d'intelligence, la plupart des
psychologues tendent à appréhender l'intelligence comme une aptitude générale, fonctionnant
comme un facteur commun dans un grand nombre d'aptitudes spéciales.

C’est ainsi qu’a été défini par les auteurs américains le facteur g, facteur d’intelligence
générale, statistiquement calculé par analyse factorielle à partir de plusieurs tests
psychométriques à composantes verbale, visuelle, mémorielle, et de raisonnement
mathématique. C’est un bon facteur prédictif de réussite scolaire et sociale. L’étude de
populations de vrais et faux jumeaux a montré que l’hérédité intervient pour moitié dans la
valeur de g (et, selon les généticiens, par au moins une centaine de gènes), et que son
influence s’accroît avec l’âge. Mais il apparaît que g a été utilisé abusivement comme mesure
de l’intelligence dans des contextes socioculturels où il n’était pas pertinent. D’autre part, il
semble que la corrélation de g aux QI est bien meilleure quand ses valeurs sont basses que
lorsqu’elles sont élevées. En d’autres termes, g serait surtout une bonne façon de mesurer un
déficit de l’intelligence !

5.3. La perception

La perception est un processus par lequel les stimulations sensorielles sont structurées en
expérience utilisable. À un niveau de complexité relativement bas, la psychologie perceptuelle
porte sur des questions comme la façon dont une grenouille distingue les mouches parmi les
milliers d'autres objets de son environnement. Mais à un niveau de complexité plus élevé, la
psychologie perceptuelle cherche à élucider comment le cerveau traduit des lumières
clignotantes immobiles en une impression de mouvement ou comment un artiste réagit aux
couleurs et aux formes et traduit celles-ci dans sa peinture.

5.3.1. Théorie classique de la perception

Selon la théorie de la perception classique formulée par le physiologiste et physicien allemand


Hermann Ludwig Ferdinand Von Helmholtz au milieu du XIXe siècle, la constance, tout
comme la perception de la profondeur et la plupart des autres percepts, résulte de l'aptitude
individuelle à synthétiser continuellement l'expérience passée et les signaux sensoriels

26
Cours de psychologie générale

présents. L'animal qui vient de naître ou l'enfant nouveau-né qui explorent le monde
apprennent très vite à organiser ce qu'ils voient selon un schéma tridimensionnel, suivant en
cela les principes découverts par Léonard de Vinci : la perspective linéaire, l'obstruction d'un
objet lointain par un objet proche et l'augmentation du flou au fur et à mesure que s'éloignent
les objets.

À l'aide des signaux tactiles et auditifs, l'enfant apprend rapidement une foule d'associations
spécifiques qui correspondent aux objets du monde physique. De telles associations ou
percepts se produisent automatiquement et à une telle vitesse que même un adulte entraîné
n'est pas en mesure de déchiffrer, même dans une faible mesure, les signaux visuels dont elles
sont issues.

Les tenants de la théorie classique de la perception pensaient que la plupart des percepts sont
dérivés de ce qu'ils appelaient l'« inférence inconsciente de sensations inaperçues ». C'est
seulement en face d'une illusion ou de signaux visuels qui prêtent à confusion (par exemple,
des voitures et des maisons vues d'avion ont la taille de jouets) que l'on prend conscience de
telles sensations et de l'organisation des percepts. Une grande part de la recherche
expérimentale sur la perception consiste à tester des sujets avec du matériel illusoire afin
d'essayer de dissocier les unités perceptuelles individuelles de l'ensemble du processus.

5.3.2. Gestaltisme

Le gestaltisme propose d'appréhender la perception non pas en analysant des unités isolées
comme les différentes sensations, mais en considérant la totalité des formes (allemand
« Gestalten ») des processus mentaux. Dans cette optique, la véritable unité de perception est
la forme, structure mentale qui tient ses attributs de la structure correspondante des processus
cérébraux. Les expériences menées par les tenants de la Gestalt-théorie ont montré que la
perception de la forme ne dépend pas de la perception des éléments individuels qui la
composent. Ainsi, la forme carrée peut-elle être perçue dans une figure faite de quatre lignes
rouges ou de quatre points noirs. De même, l'esprit appréhende la musique non pas comme un
composé de notes distinctes produites par divers instruments et voix mais d'après des lois
d'organisation qui font que l'individu perçoit une unité organisée homogène du début à la fin.

27
Cours de psychologie générale

5.4. La mémoire

La mémoire est la faculté d'acquérir, de stocker et de reconstituer des informations dans le


cerveau, qui a un rôle central dans l'apprentissage et la pensée.

Les psychologues distinguent généralement quatre types de mémoire : le souvenir, le rappel,


la reconnaissance et le réapprentissage. Le souvenir implique la reconstitution d'événements
ou de faits à partir de signaux partiels qui y sont liés ; le rappel est la recollection (ou
remémoration) active et sans aide d'une information du passé ; la reconnaissance renvoie à
l'aptitude à identifier correctement des stimuli rencontrés précédemment ; le réapprentissage
met en évidence les effets de la mémoire. Il est souvent plus facile d'apprendre une seconde
fois un matériel familier qu'une première fois un matériel étranger.

5.5. L’oubli

Le processus de l'oubli à travers le temps a fait l'objet d'études approfondies de la part des
psychologues. Dans la plupart des cas, on assiste d'abord à un oubli rapide qui tend à décroître
par la suite. Il est possible d'augmenter la proportion du matériel retenu en pratiquant le rappel
actif durant l'apprentissage, en repassant périodiquement le matériel et en le « sur-
apprenant ». La méthode mnémotechnique est une technique mécanique visant à améliorer la
mémoire en utilisant associations et divers dispositifs pour réactiver des faits précis.

Il existe quatre explications traditionnelles du phénomène de l'oubli. Une première théorie


prétend que les traces mnésiques s'estompent naturellement avec le temps, en raison de la
dégénérescence progressive du système nerveux, bien que peu de preuves existent à l'appui de
cette thèse. Selon une deuxième théorie, les souvenirs se déforment systématiquement ou se
modifient avec le temps. Une troisième théorie montre que les nouvelles informations
interfèrent avec les informations anciennes ou les remplacent, phénomène appelé « inhibition
rétroactive ». Enfin, l'oubli peut aussi être motivé par les besoins et désirs de l'individu,
comme dans le cas du refoulement.

5.6. Les souvenirs

La physiologie du stockage de la mémoire dans le cerveau est peu connue. Selon certains
chercheurs, les souvenirs sont stockés dans des zones localisées de l'encéphale, selon d'autres,
les souvenirs impliquent de vastes régions du cortex travaillant ensemble. En fait, ces deux
conceptions pourraient être complémentaires. Les scientifiques ont également avancé

28
Cours de psychologie générale

l'hypothèse qu'il existe différents mécanismes de stockage selon qu'il s'agit de souvenirs à
court terme ou à long terme ; ils soutiennent également que si l'information contenue en
mémoire à court terme n'est pas transférée en mémoire à long terme, elle est condamnée à
disparaître.

Les études faites sur les animaux indiquent que les structures du système limbique du cerveau
ont différentes fonctions mnésiques. Ainsi, un circuit à travers l'hippocampe et le thalamus
serait impliqué dans les souvenirs spatiaux, tandis qu'un autre, passant par les amygdales et le
thalamus, serait responsable des souvenirs émotionnels. La recherche suggère aussi que les
souvenirs « techniques » et les souvenirs intellectuels sont stockés différemment.

D'une manière générale, les souvenirs sont moins clairs et moins détaillés que les perceptions,
mais il arrive qu'une image dont on se souvient soit complète dans les moindres détails. Ce
phénomène, dit « mémoire eidétique », est courant chez les enfants qui projettent l'image de
façon si exhaustive qu'ils peuvent par exemple épeler une page entière écrite dans une langue
inconnue qu'ils ont vue très brièvement.

5.7. L’imagination

L’imagination est le procédé mental conscient d'évocation d'idées ou d'images d'objets,


d'événements ou de processus jamais expérimentés ni perçus auparavant.

L'imagination, la perception (intégration consciente d'impressions sensorielles d'objets ou


d'événements externes) et la mémoire (évocation mentale d'expériences antérieures) sont par
essence des procédés mentaux proches, en particulier lorsqu'elles traitent d'images
sensorielles.

Les psychologues opèrent parfois une distinction entre l'imagination passive ou reproductrice,
qui évoque des images mentales perçues initialement par les sens, et l'imagination active,
constructrice ou créatrice, que l'esprit utilise pour produire des images d'événements ou
d'objets qui ne sont que peu ou pas reliés à la réalité passée et présente. La définition actuelle
de l'imagination se limite au procédé de création d'images mentales.

29
Cours de psychologie générale

5.8. Le raisonnement

Le raisonnement est l’enchaînement ou l’articulation des idées constitutives de la pensée


discursive. C’est une association logique d'idées qui conduit à une conclusion. Il établit des
rapports entre différents éléments.

Les fonctions d'un raisonnement peuvent être les suivantes : test d'une hypothèse, application
de connaissances générales à un cas particulier, contrôle de la cohérence d'une proposition ou
d'une thèse avec un ensemble de thèses, argumentation rhétorique ou persuasive, préparation
de l'action par constitution d'un scénario approprié. Le raisonnement, enfin, prend place dans
les stratégies de décision.

Titre 9. Les domaines de recherche et d’application de la psychologie

9.1. Les domaines de recherche de la psychologie


La psychologie comporte plusieurs domaines de recherche, et notamment :
La psychologie du développement et de l’évolution des processus mentaux et
comportementaux du début à la fin de la vie.
La psychologie générale qui rend compte des grandes fonctions cognitives, "la mémoire, le
raisonnement, l’apprentissage, la catégorisation, l’émotion et l’action".
La neuropsychologie qui est l’étude des manifestations mentales et comportementales liées
aux dysfonctionnements ou lésions cérébraux.
La psychopathologie qui s’intéresse aux troubles mentaux et la psychologie de la santé qui
s’intéresse aux conséquences psychologiques des maladies somatiques.
La psychologie sociale qui s’intéresse aux interactions et représentations sociales.
La psychologie du travail qui traite des relations de l’homme avec son environnement
physique et social du travail.
A tous ces domaines correspondent une pratique psychologique, des techniques
d’intervention et un métier, celui de psychologue.
Le champ de la psychologie moderne est situé au carrefour des sciences biologiques et
des sciences sociales.

9.1.1. Psychophysiologie

Discipline relevant des sciences expérimentales, intermédiaire entre la


neurophysiologie et la psychologie, la psychophysiologie étudie les relations
d’interdépendance entre les mécanismes psychiques et les fonctions du système nerveux.

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Cours de psychologie générale

La découverte d’un centre de la parole dans le système nerveux central par Paul Broca
en 1861 fut à l’origine de l’essor de la psychophysiologie. Par la suite, le perfectionnement
des techniques, notamment l’apparition de l’électro-encéphalographie, a permis des progrès
spectaculaires dans l’étude scientifique du fonctionnement du cerveau (voir
Neurophysiologie) et, plus généralement, des mécanismes physiologiques qui sous-tendent les
fonctions psychologiques.
Parallèlement, la psychophysiologie élargit son champ d’investigation en y intégrant
de plus en plus de phénomènes psychiques. Ainsi, il n’existe aujourd’hui qu’une frontière
ténue entre la psychophysiologie et la psychologie. La production des hormones sexuelles, qui
entraînent de nombreux changements dans la croissance et le développement du corps, ainsi
que dans l’évolution psychique des individus, constitue l’un des nombreux objets d’études
communs aux deux disciplines.

9.1.2. Conditionnement et apprentissage

Comment les organismes changent-ils en fonction de l’expérience, en d’autres termes,


comment apprennent-ils ? Cette question est au centre des recherches sur l’apprentissage,
menées pour une grande part sur des animaux comme les souris, les rats, les pigeons et les
chiens. On distingue généralement deux principaux types d’apprentissage : le
conditionnement classique et l’apprentissage instrumental.
Les conditionnements pavloviens (dit classiques) ou skinneriens (instrumentaux)
constituent la base de tous les apprentissages simples.
Dans le premier cas, mis en évidence par Pavlov (1849-1936) grâce à ses expériences
sur la salivation chez le chien, le conditionnement passe par l'association de certains
événements au cours de l'apprentissage (en entendant régulièrement le tintement d'une cloche
lorsqu'il est en présence de nourriture, le chien se mettra à saliver ensuite à la seule perception
de ce son). Dans le second cas, au contraire, l'apprentissage se joue au niveau des
conséquences d'un comportement (une réaction donnée va être couplée avec une récompense
ou une punition).
Le conditionnement classique se réfère aux expérimentations menées par le
physiologiste russe Ivan Pavlov, qui lui ont permis de mettre en place un réflexe conditionné.
Selon Pavlov, c’est du couplage d’un stimulus conditionné et d’un stimulus non conditionné
que procède l’apprentissage.

31
Cours de psychologie générale

Théorie du conditionnement de Skinner


Les travaux de Skinner prouvèrent que le comportement peut être conditionné par des
stimuli positifs ou négatifs. Illustration d'un conditionnement opérant fondé sur des stimuli
positifs : on présente ici une souris dans un labyrinthe simple, comportant peu de tournants.
La souris atteint le premier tournant et reçoit une récompense (A), elle ne reçoit ensuite sa
récompense qu'après avoir atteint le second tournant (B), et elle ne sera récompensée à
nouveau qu'après avoir atteint la fin du labyrinthe, symbolisé par une étoile rouge.
Dans l’apprentissage instrumental ou conditionnement opérant, expérimenté par
Burrhus F. Skinner, l’accent est mis sur le rôle de la récompense donnée à l’animal afin qu’il
répète une action donnée dans une situation analogue à celle où il l’a apprise.
Ces deux voies de recherche sur le comportement animal concernent des aspects
élémentaires de l’expérience d’apprentissage. Le conditionnement classique met en lumière
l’importance du couplage des stimuli conditionnés et non conditionnés, alors que
l’apprentissage instrumental révèle toute l’importance du couplage de la réaction et de la
récompense. En d’autres termes, le premier s’interroge sur les catégories d’événements qui
sont associés dans l’expérience d’apprentissage, tandis que le second s’intéresse aux
conséquences des actions. La plupart des situations d’apprentissage impliquent des éléments
propres à l’un et l’autre type de conditionnement.

9.1.3. Études cognitives

Les études sur l’apprentissage humain, plus complexes que les études sur l’animal, ne
s’apparentent pas exclusivement au conditionnement classique ou à l’apprentissage

32
Cours de psychologie générale

instrumental. L’apprentissage et la mémoire chez l’homme ont été étudiés surtout à partir de
matériel verbal (listes de mots ou histoires) ou à partir de tâches nécessitant des capacités
motrices (pratique de la dactylographie ou d’un instrument de musique). Ces recherches ont
démontré qu’aux grands progrès enregistrés au début de l’apprentissage succède un rythme de
plus en plus lent ; cette courbe décroissante caractérise également l’oubli massif juste après
l’apprentissage, et bien moindre par la suite.
Au cours des dernières décennies, la psychologie a délaissé le cadre étroit des études
béhavioristes, pour accorder une place importante à la cognition. Cette nouvelle orientation a
permis d’analyser notamment le rôle de l’attention, de la mémoire, de la perception, de la
reconnaissance de motifs et de l’usage du langage (psycholinguistique) dans les processus
d’apprentissage. Dépassant rapidement le cadre des recherches en laboratoire, cette approche
fut adoptée par des praticiens à des fins thérapeutiques.
Les processus mentaux plus complexes comme la conceptualisation et la résolution de
problèmes sont le plus souvent appréhendés par le biais des théories de l’information. Ainsi,
on utilise des métaphores de la technologie informatique, on s’interroge sur la façon dont
l’information est encodée, transformée, mémorisée, retrouvée et transmise par les humains.
En fait, les chercheurs cognitivistes fondent leurs travaux sur une hypothèse fort contestée,
selon laquelle le psychisme doit être considéré comme une machine de traitement de
l’information, analogue à un ordinateur. Si les théories de l’information ont permis d’élaborer
des modèles de pensée et de résolution de problèmes que l’on peut tester dans des situations
limitées, elles ont aussi révélé que l’on peut difficilement dégager les modèles généraux de la
pensée par ces seuls moyens.

9.1.4. Psychologie sociale

L’examen du comportement des individus dans leurs rapports avec les groupes sociaux
et plus généralement avec la société constitue l’objet de la psychologie sociale. Un grand
nombre de théories dans ce domaine peuvent être considérées globalement comme des
théories de l’équilibre, pour autant qu’elles s’intéressent à la question de savoir comment
l’individu parvient à équilibrer ou à concilier ses propres idées, son identité sociale ou ses
représentations sociales avec les actions et les attitudes préconisées par une partie ou par
l’ensemble de la société. Outre la socialisation de l’individu et l’intériorisation de la norme, la
psychologie sociale tente d’analyser le comportement collectif de groupes humains,
notamment l’émergence des leaders en leur sein.

33
Cours de psychologie générale

9.1.5. Psychopathologie

La mieux connue des branches de la psychologie, la psychopathologie s’attache à


décrire et à traiter des comportements psychologiques anormaux. La forte médicalisation de
ce domaine a conduit à faire porter l’accent sur la dynamique (les causes et les conséquences)
de tels comportements, plutôt que sur les aspects cognitifs des expériences anormales,
lesquels constituent néanmoins un objet d’étude à part entière.
Les systèmes de classification des comportements anormaux sont multiples et évoluent
avec l’extension des connaissances.
Les trois grands groupes de troubles mentaux sont les troubles psychotiques, ou
psychoses, qui impliquent une perte de contact avec le réel (schizophrénie, psychose maniaco-
dépressive et psychoses organiques), les troubles non psychotiques ou névroses qui
généralement n’impliquent pas de rupture avec le réel mais rendent la vie pénible,
malheureuse (comme les troubles d’anxiété, les phobies, les troubles obsessionnels-
compulsifs, l’amnésie et la personnalité multiple), et les troubles de la personnalité qui
affectent les personnalités antisociales (« psychopathes » ou « sociopathes ») ainsi que les
individus présentant d’autres comportements excessifs ou déviants.

9.2. Les domaines d’application de la psychologie


La grande diversité des domaines — de l’entreprise à l’école en passant par les cours
de justice — où les psychologues donnent des consultations révèle l’étendue des champs
d’application de la psychologie. Les trois plus importants secteurs de la psychologie
appliquée sont la psychologie du travail, la psychologie de l’éducation et la psychologie
clinique.

9.2.1. Psychologie du travail

Dans les milieux professionnels, les psychologues remplissent plusieurs fonctions. Au


sein des départements des ressources humaines, ils contribuent à l’embauche du personnel au
moyen de tests et d’entretiens, à la conception des cours de formation, à l’évaluation des
employés et au développement de bonnes relations et de bonnes communications au sein de
l’entreprise. Certains psychologues font de la recherche pour les services marketing et
publicitaires. D’autres contribuent à la conception de machines et de postes de travail en
cherchant à optimiser leurs caractéristiques ergonomiques.

34
Cours de psychologie générale

9.2.2. Psychologie de l’éducation

Les psychologues de l’éducation s’occupent des processus d’éducation et


d’apprentissage. Ainsi peuvent-ils, par exemple, concevoir de nouvelles méthodes
d’enseignement de la lecture ou des mathématiques afin d’améliorer l’efficacité de
l’enseignement dans les classes.

9.2.3. Psychologie clinique

Un grand nombre de psychologues travaillent dans les hôpitaux, les cliniques et des
cabinets privés, aidant les patients par différentes thérapies, désignées sous le terme général
de psychothérapies. S’appuyant sur des tests et des entretiens, les psychologues classent leurs
patients et leur appliquent des traitements qui ne relèvent pas uniquement de la thérapeutique
médicamenteuse ou de la chirurgie.
La thérapie comportementale, qui est fondée sur les principes de l’apprentissage et du
conditionnement, constitue une branche à part de la psychologie clinique. Par la thérapie
comportementale, les psychologues cherchent à modifier le comportement du patient et à
faire disparaître des symptômes indésirables en concevant des expériences de
conditionnement ou de récompenses appropriées au comportement désiré. Un patient ayant la
phobie des chiens, par exemple, sera « désensibilisé » par une série de récompenses
attribuées lors de contacts de plus en plus étroits avec des chiens dans des situations non
menaçantes. Dans d’autres formes de thérapie, le psychologue peut essayer d’aider les
patients à mieux comprendre leurs problèmes et à trouver de nouveaux moyens de les
résoudre.

Titre 10 : le Groupe social


10.1. Définition et caractéristiques
Le groupe est l’ensemble des personnes entre lesquelles existent des relations psychologiques
explicites et réciproques. C’est un ensemble structuré dont les éléments s’influencent
mutuellement. Un groupe est donc un ensemble d’individus en interaction, s’influençant des
uns des autres et qui opèrent les transformations dans l’ensemble qu’ils forment. C’est un
ensemble d'individus ayant entre eux des relations réciproques, réunis sur la base de critères
qui peuvent être :
- la poursuite d'un but commun (association) ;
- un sentiment d'interdépendance (famille) ;

35
Cours de psychologie générale

- des relations affectives (amis).


 Tout groupe social présente des caractéristiques suivantes :
 L’interaction. L’action de l’un sert le stimulus au comportement et, au retour, la
réponse de ce dernier sert de stimulus au comportement du premier.
 La structure. L’existence d’interaction dans un ensemble humain ne suffit à spécifier
l’existence d’un groupe. Par exemple, les passants dans une rue présentent des
interactions, mais leur ensemble n’est pas structuré : on parle dans ce cas des
situations collectives.
Lorsque, au contraire les interactions se situent à l’intérieure d’une structure définie, d’un
cadre social stable et organisé comme la famille, on parle de situation de groupe.
10.2. Structure et classification des groupes
La classification des groupes peut reposer sur des critères différents (nombre d’individus,
structuration, fonction du groupe).
 Du point de vue fonctionnel on distingue :
Le groupe primaire ou face à face. C’est un certain nombre de personnes qui communiquent
entre elles, souvent pendant un temps assez long, et puis sont suffisamment peu nombreuses
pour que chacune puisse communiquer avec toutes les personnes, non pas indirectement, par
intermédiaire d’autres personnes, mais face à face.
Le groupe secondaire. C’est un groupe dans lequel toutes les communications ne s’y font pas
face à face.
 Du point de vue étendu on distingue :
Les petits groupes (famille, équipe d’étudiants…).
Les grands groupes, comme une institution universitaire.
 Du point de vue organisation on distingue :
Les groupes organisés ou formels : Exemple : Groupe de militaires.
Les groupes non organisés ou informels : Exemple : Foule, masse.
10.3. Dynamique des groupes
La dynamique de groupe ou lois du comportement du groupe, est l’ensemble des
processus qui se produisent dans un groupe et les facteurs qui les déterminent. Elle tourne
autour des notions de décisions de groupe, productivité du groupe, interaction du groupe, et
groupe- système de référence.
10.3.1. La décision du groupe

36
Cours de psychologie générale

La décision du groupe modifie plus profondément le comportement des membres du groupe


qu’une action exercée individuellement sur les membres qui le composent.
10.3.2. La productivité du groupe
La productivité d’un groupe est supérieure à la somme de celle des individus considérés
individuellement.
10.3.3. Interaction du groupe
La notion d’interaction implique que l’individu qui appartient à un groupe se trouve par-là
modifié.
La dynamique de groupe a pour objet d'étudier la structure et le fonctionnement des groupes
sociaux, et les types de rôles joués par les membres du groupe. Ces rôles sont flexibles et
susceptibles de changer lorsque les objectifs ou les activités du groupe se modifient.

Les psychosociologues étudient les problèmes liés aux rapports d’influence réciproque
entre le groupe et l’individu, entre autres les questions de la fonction, du style et de
l’efficacité du leadership. Leurs recherches portent sur les conditions dans lesquelles les
individus ou les groupes résolvent leurs conflits par la coopération ou la concurrence, et sur
les multiples conséquences de ces modes de résolution des conflits. Les chercheurs tentent
également de découvrir par quels moyens les groupes incitent leurs membres au conformisme
et comment ils traitent les membres récalcitrants ; cette approche permet également de
connaître les valeurs spécifiques du groupe.

10.4. Les phénomènes des groupes


Certains phénomènes de groupe sont collectifs et d’autres individuels.
10.4.1. Les phénomènes collectifs d’un groupe
Certains phénomènes collectifs sont communs à l’ensemble des groupes. Ces phénomènes
sont :
10.4.1.1. L’Impulsivité
La tendance impulsive se manifeste plus spontanément lorsque l’individu est en groupe ;
l’instinct grégaire se caractérise par une tendance à s’exprimer ou à agir de façon telle que le
contrôle rationnel et jugement pratique font défaut. On trouve là une diminution de la maîtrise
de soi et l’éclosion des tendances impulsives qui étaient demeurées sous contrôle jusque-là.
10.4.1.2. La contagion mentale
Les idées et les sentiments se propagent plus aisément lorsque les individus sont en nombre.
Le groupe est un lieu où se produit une facilitation de communication entre les individus qui
sont sujets à s’influencer les uns les autres : chacun influence l’autre par la communication de
ses expériences personnelles.

37
Cours de psychologie générale

10.4.1.3. La suggestibilité
Dans un groupe, les individus sont facilement perméables à ce que disent les autres personnes
du groupe, de même que ce qui vient du meneur. Leurs besoins créent des attentes qui leur
poussent à accepter facilement ce qui est dit et à suivre ce qui est suggéré dans la situation de
groupe.
10.4.1.4. L’amplification des sentiments
Alors que, seul ou devant une autre personne, l’individu garde plus facilement son esprit
critique, en groupe, il voit ses sentiments amplifiés. La joie, le contentement et le dégoût
prennent une ampleur qu’il est plus difficile de nuancer.
. Ces propres aux groupes sont plus évidents dans le grand groupe- comme la foule- et moins
apparent dans un petit groupe. La connaissance des phénomènes collectifs- impulsivité-
contagion- suggestibilité- amplification- est nécessaire dans l’étude du groupe et de ses
dynamismes : l’individu, quel que soit, est susceptible d’avoir un mode de pensée et de sentir,
d’agir et de réagir, différent de celui qui est habituel lorsqu’il est en groupe que lorsqu’il est
face à face avec un autre.
10.4.2. Les phénomènes individuels d’un groupe
Il existe un certain nombre de facteurs individuels qui entrent en jeu dans les
phénomènes de groupe.
10.4.2.1. Les phénomènes du miroir
La situation de groupe renvoie à l’individu une image de lui-même qui n’est pas loin
de la réalité extérieure objective. Il est confronté avec les divers aspects de son image sociale
et psychologique en extériorisant ce qui est à l’intérieur, l’individu éveille et active en lui-
même les réponses sociales qui favorisent son développement entant qu’être social. « Les
réflexions de soi venant de l’extérieur mènent à une plus grande conscience de soi ».
10.4.2.2. Les phénomènes du condensateur
L’interaction des membres du groupe emmène une diminution de la résistance dans
l’expression des idées profondes des participants. A travers les tensions personnelles
ressenties dans le groupe, l’individu trouve une situation propice à la décharge de la tension
émotive et cela lui procure un sentiment de détente.
10.4.2.3. Le phénomène de chaîne
La libre discussion dans le groupe favorise la communication en chaîne où chaque participant
apporte sa contribution et ajoute ses anneaux à la chaîne des associations d’idées qui sont
élaborées par les membres du groupe.
Le phénomène de miroir est alors un complément au phénomène de chaîne et agit comme un
révélateur pour la personne.

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Cours de psychologie générale

Bibliographie
1. Georges Canguilhem (1943), Essai sur quelques problèmes concernant le normal et
le pathologique.
2. Kurt Lewin, Le conflit dans le mode de pensée aristotélicien et galiléen dans la
psychologie contemporaine, In psychologie dynamique, Les relations humaines, PUF,
Paris, coll. Bibliothèque scientifique internationale, 1967.
3. Michel Cariou, Personnalité et vieillissement : introduction à la psycho-gérontologie,
Delachaux et Niestlé, Paris, 1995, p.37-38.
4. Armand Touati : "Devenir psychologue. Des études aux métiers: comprendre la
dynamique de la profession", Ed. Journal des psychologues, ISBN 290771306X.
5. Serge Nicolas : "Histoire de la psychologie française", 2002, Ed. In Press.
6. J.F. Braunstein & E. Pewzner : "Histoire de la psychologie", 1999, Ed. Armand
Colin.
7. J. Delay et P. Pichot (1971), Abrégé de Psychologie, Paris, Masson & Cie.
8. J.C. Filloux (1970), La personnalité, Paris, PUF
9. http://fr.wikipedia.org/wiki/psychologie
10. M.Reuclin & M.Herteau (1991), Guide de l’étudiant en Psychologie, Paris, PUF
11. Jean Paulus, Les fondements théoriques et méthodologiques de la Psychologie,
Bruxelles, Charles Dessart.

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Cours de psychologie générale

Table des manières


CONTEXTE/BUT DU COURS.................................................................................................................... 1
OBJECTIFS DU COURS............................................................................................................................. 1
CONTENU DU COURS............................................................................................................................... 1
TITRE 1. DÉFINITION ET OBJET DE LA PSYCHOLOGIE...................................................................2
1.1. DÉFINITION.................................................................................................................................................2
1.2. OBJET D'ÉTUDE DE LA PSYCHOLOGIE..........................................................................................................4
1.3. UTILITÉ DE LA PSYCHOLOGIE......................................................................................................................4
TITRE 2. LES BRANCHES DE LA PSYCHOLOGIE................................................................................6
2.1. PANORAMA DE LA SPÉCIALISATION DE LA PSYCHOLOGIE............................................................................6
2.2. DIVISION DE LA SCIENCE PSYCHOLOGIQUE.................................................................................................7
TITRE 3. LES MÉTHODES DE LA PSYCHOLOGIE...............................................................................9
1. LES MÉTHODES EXPÉRIMENTALES................................................................................................................11
2. LES MÉTHODES CLINIQUES...........................................................................................................................11
3. LES MÉTHODES COMPARATIVES...................................................................................................................12
4. LES MÉTHODES GÉNÉTIQUE ET DIFFÉRENTIELLE..........................................................................................12
TITRE 4. LES COURANTS DE LA PSYCHOLOGIE..............................................................................13
4.1. LE COURANT STRUCTURALISTE ET LA PSYCHOLOGIE STRUCTURALE.........................................................13
4.2. LE COURANT FONCTIONNALISTE ET L A PSYCHOLOGIE FONCTIONNELLE...................................................14
4.3. LE COURANT BÉHAVIORISTE.....................................................................................................................14
4.4. LE COURANT DE LA GESTALT THÉORIE OU GESTALTISME..........................................................................15
4.5. LE COURANT COGNITIVISTE.....................................................................................................................16
TITRE 5. LES GRANDES ORIENTATIONS DE LA PSYCHOLOGIE...................................................17
5.1. LA NOTION DE L’ORGANISME....................................................................................................................17
5.2. HÉRÉDITÉ - MILIEU...................................................................................................................................17
TITRE 6. LES TENDANCES ACTUELLES DE LA PSYCHOLOGIE.....................................................18
6.1. LA TENDANCE ORGANICISTE ET LES RELATIONS DE LA PSYCHOLOGIE ET DE BIOLOGIE.............................19
6.2. LA TENDANCE PHYSICALISTE ET LES DIFFÉRENTS PILIERS DE LA PERCEPTION..........................................19
6.3. LA TENDANCE PSYCHOLOGIQUE ET LES INTERACTIONS ENTRE LE GÉNÉRAL ET LE SOCIAL.......................19
TITRE 7. LE CONCEPT DE LA PERSONNALITÉ.................................................................................20
7.1. DÉFINITION...............................................................................................................................................20
7.1. LES FACTEURS DE LA PERSONNALITÉ PSYCHOLOGIQUE.............................................................................20
7.1.1. Facteurs sociologiques (ou facteurs socio/institutionnels)................................................................20
7.1.2. Facteurs psychologiques...................................................................................................................20
7.2. FORMATION ET DÉVELOPPEMENT DE LA PERSONNALITÉ...........................................................................20
7.2.1. Les stades du développement libidinal..............................................................................................21
7.2.2. L’identification..................................................................................................................................21
7.3. LES THÉORIES DE LA PERSONNALITÉ........................................................................................................22
7.4. EVALUATION DE LA PERSONNALITÉ..........................................................................................................23
7.5. LES TROUBLES DE LA PERSONNALITÉ........................................................................................................24
TITRE 8. LES PROCESSUS MENTAUX.................................................................................................. 24
5.1. LA COGNITION...........................................................................................................................................24
5.2. L’INTELLIGENCE....................................................................................................................................... 25
5.2.1. L’intelligence, une fonction complexe et multifactorielle..................................................................25
5.2.2. Mesures de l’intelligence...................................................................................................................25
5.2.3. Appréhension du concept d’intelligence............................................................................................25

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Cours de psychologie générale

5.3. LA PERCEPTION.........................................................................................................................................26
5.3.2. Gestaltisme.......................................................................................................................................27
5.4. LA MÉMOIRE.............................................................................................................................................28
5.5. L’OUBLI....................................................................................................................................................28
5.6. LES SOUVENIRS.........................................................................................................................................28
5.7. L’IMAGINATION.........................................................................................................................................29
5.8. LE RAISONNEMENT....................................................................................................................................30
TITRE 9. LES DOMAINES DE RECHERCHE ET D’APPLICATION DE LA PSYCHOLOGIE..........30
9.1. LES DOMAINES DE RECHERCHE DE LA PSYCHOLOGIE...............................................................................30
9.1.1. Psychophysiologie.............................................................................................................................30
9.1.2. Conditionnement et apprentissage...................................................................................................31
9.1.3. Études cognitives...............................................................................................................................32
9.1.4. Psychologie sociale............................................................................................................................33
9.1.5. Psychopathologie..............................................................................................................................34
9.2. LES DOMAINES D’APPLICATION DE LA PSYCHOLOGIE...............................................................................34
9.2.1. Psychologie du travail.......................................................................................................................34
9.2.2. Psychologie de l’éducation................................................................................................................35
9.2.3. Psychologie clinique..........................................................................................................................35
TITRE 10 : LE GROUPE SOCIAL........................................................................................................... 35
10.1. DÉFINITION ET CARACTÉRISTIQUES................................................................................................................35
10.2. STRUCTURE ET CLASSIFICATION DES GROUPES..................................................................................................36
10.3. DYNAMIQUE DES GROUPES...........................................................................................................................36
10.4. LES PHÉNOMÈNES DES GROUPES....................................................................................................................37
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................................... 40
Table des manières...............................................................................................................................................41

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