Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
I. Le terrain et l’observation
1. Définition, place et rôle du terrain
Pour le commun des mortels, le terrain est un espace délimité. Mais chez le géographe, le terrain
correspond aux lieux susceptibles de fournir de l’information scientifique et peut être localisable,
comparable avec d’autres entités sur le plan quantitatif ou qualitatif. Le terrain est le point de départ
de la recherche en géographie et aussi le point d’aboutissement : les données sont collectées sur le
terrain et ce dernier accueille des décisions de portée géographique.
Pour étudier le terrain, il faut commencer par l’observer. L’observation est une activité
intellectuelle complexe, raisonnée consistant à concentrer son attention sur un objet déterminé.
L’observation, c’est :
Types d’observation :
- L’observation intuitive : elle procède du contact du chercheur avec le terrain sans aucune
préparation préalable : pas d’hypothèse formulée, pas de questionnements et de
préoccupations de résultats à valider, pas d’outil de collecte de données. Elle peut cependant
Page | 1
faire naître une question de recherche ou susciter la curiosité à propos d’un objet ou d’un
phénomène.
- L’observation scientifique : elle est organisée. Elle procède de façon systématique à partir
d’un plan qui structure les questions dont les réponses peuvent valider les hypothèses
posées par le chercheur. Elle a recours à des méthodes (enquêtes, dénombrements, etc.),
des outils (questionnaires, guides d’entretiens, transect, etc.) de collecte et de traitement de
l’information.
Le chercheur réalise l’observation scientifique en ayant toujours en main un carnet de notes (ou
carnet de terrain). Cet outil est avant tout un registre journalier des activités sur le terrain. Ensuite
il consigne :
- Un objet géographique peut être observé à différents niveaux qu’on appelle échelles
d’observation. On peut, par exemple observation la population du Sénégal à l’échelle du
Page | 2
territoire national, des territoires des départements ou des territoires des communautés
locales. L’observation faite à partir d’une unité spatiale donnée est susceptible de révéler
ou de cacher certaines caractéristiques de l’objet observé. Les échelles d’observation sont
assimilables à celles de la cartographie : la carte à grande échelle (petit dénominateur)
permet de disposer de plus d’informations ; la carte à petite échelle (grand dénominateur)
entraîne une perte d’information. Le choix de l’échelle d’observation est très important car
doit prendre en compte l’objectif de la recherche et la durée du travail.
- L’observation peut se faire selon plusieurs modalités. L’observation participante est une de
ces modalités. Elle consiste en une immersion du chercheur dans le milieu qu’il observe
dans le bur d’en tirer le maximum d’informations sur les comportements, les processus
sociaux qui apparaissent au sein d’une culture. Ces informations apprises permettent au
chercheur de décrire ce qui se passe dans le milieu observé, de proposer des notions
théoriques susceptibles d’expliquer ce qu’il a vu et entendu (Russels A. Jones, 2000).
L’observation participante est davantage pratiquée par les anthropologues et les
sociologues.
3. Les méthodes d’acquisition de connaissances
- Définition de la méthode scientifique : La méthode désigne « l’ensemble des démarches
raisonnées qui permettent de parvenir à l’objectif » (A. Fremont et al, 1984). Elle est à
distinguer des techniques et des outils qui sont les moyens utilisés par le chercheur pour
obtenir l’information. Elle est l’ensemble des procédés et démarches qui utilisent des
techniques et des outils pour accéder à la connaissance. Elle « […] est la procédure logique
d’une science, c’est-à-dire l’ensemble des pratiques ……..
Méthode : pas d’hasard, tout est construit intellectuellement.
La recherche fait appel à différents procédés et modes opératoires selon l’objet à
étudier, les hypothèses avancées, les objets visés. Il s’agit généralement de :
o La méthode déductive
o La méthode inductive
o La méthode analytique
o La méthode expérimentale
Page | 3
Les méthodes utilisées en géographie
La démarche inductive procède par l’observation des faits, leur cartographie, ainsi que par
l’identification des liens entre les phénomènes observés et les causes de leurs répartitions.
Accumulation de monographies
Examens des éléments analogues
Comparaison des résultats
Recherche des généralisations possibles
Formulation d’une constatation d’ensemble ou une théorie
La méthode déductive part d’une hypothèse qu’elle confronte avec la réalité pour vérifier la
validité. Elle se déroule selon les opérations suivantes :
On peut également mesurer les caractéristiques socio-économiques d’un groupe social, notamment
les valeurs, les attitudes, les motivations, les opinions des individus qui composent le groupe en
créant des indicateurs ou des variables qui permettent de mesurer….
Un indicateur est « une valeur qui mesure un phénomène à un instant donné » (Gamuchian
H. et Marois C., 2001). Il est descriptible de l’objet ou du phénomène étudié. En géographie
humaine, les chercheurs utilisent plusieurs types d’indicateurs :
Indicateurs sociaux concernant les ménages (taille, équipements…), la santé et
l’éducation (accès, qualité…=, logement (type, statut de l’occupant, nombre de
pièces…) ;
Indicateurs liés au sol, notamment à son utilisation (usage, statut de l’occupant,
mise en valeur…) ;
Indicateurs de densité (densité absolue, densité nette) ;
Etc.
L’enquête est une technique très souvent utilisée pour collecter des données mesurables par
l’intermédiaire d’indicateurs. Il existe plusieurs types d’enquête en fonction des objectifs
que fixe le chercheur :
L’enquête exploratoire pour obtenir des informations qui éclairent sur une
situation ou un objet que l’on envisage d’étudier en profondeur ;
L’entrevue avec une personne-ressource pour documenter une problématique ;
L’enquête centrée pour préparer, à partir d’un protocole (liste des questions ou des
thèmes prédéfinis), une étude en profondeur d’un sujet précis ;
L’enquête par échantillon utilisée pour interroger, au moyen d’un questionnaire,
un échantillon jugé représentatif d’une population donnée.
Page | 5
Il existe plusieurs modalités d’enquête :
L’enquête par interview met en contact direct entre l’enquêteur et l’enquêté ;
L’enquête par questionnaire postal amène l’enquêté qui reçoit le questionnaire
par courrier postal le remplir et le retourner à l’enquêteur par le même voie ;
L’enquête par téléphone interpose le téléphone entre l’enquêteur qui pose les
questions à l’enquêté qui répond ;
L’enquête par interception est appliquée dans le cas où l’enquête s’adresse à des
personnes de passage à un lieu (marché, station touristique, parc national, etc.),
l’effectif d’enquêtés dépendant du nombre de personnes que l’enquêteur peut
intercepter pour une durée de temps déterminée ;
L’enquête mixte combine deux ou plusieurs modalités d’enquêtes.
Le choix d’un type d’enquêtes dépend de plusieurs facteurs :
Objectifs de l’enquête ;
Base de l’échantillonnage ;
Taille de l’échantillon ;
Types de questions ;
Durée d’enquête ;
Distribution spatiale de l’échantillon ;
Niveau d’instruction ou d’information des enquêtés ;
Considérations éthiques ;
Ressources disponibles et contraintes budgétaires,
Etc.
Les techniques qualitatives
Les qualitatives sont appliquées aux objets et phénomènes non mesurables, pour lesquels
aucun indicateur n’est défini :
Opinions ;
Logiques comportementales ;
Perceptions ;
Les représentations sociales ;
Page | 6
La MARP (Méthode Active de Recherche articipative) et les récits de vie font partie
des techniques les plus utilisées pour collecter des données qualitatives ;
La MARP emploie une panoplie d’outils parmi lesquels, on peut retenir :
Le profil historique ;
Le diagramme de Venn ;
L’interview semi-structurée ;
Le transect ;
La matrice des revenus ;
La matrice des ressources ;
Etc.
Page | 7