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PSYCHOLOGIE DES GROUPES ET

INTERGROUPES

CHAPITRE 4: Dynamiques identitaires et


relations intergroupes au travail.

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Un retour aux fondements théoriques :
discrimination et biais pro-endogroupe
• Le paradigme du groupe minimal (PGM) de
Tajfel & al. (1971):

• La répartition d’individus en 2 groupes sur une


base tout à fait arbitraire est-elle suffisante
pour susciter préjugé et discrimination?
Un retour aux fondements théoriques :
discrimination et biais pro-endogroupe
• Aucun conflit préexistant entre les participants à l’expérience.
• Tous les facteurs économiques,
• sociologiques et historiques reconnus comme causes de
discrimination sont éliminés.
• Les participants doivent seulement indiquer leur préférence
entre des diapositives de Kandinsky et de Klee.
• On les informe individuellement qu’ils font partie du groupe
ayant préféré Kandinsky
• puis on leur demande de distribuer de l’argent entre les 2
groupes à partir de plusieurs stratégies (matrices de Flament).
Le biais pro-endogroupe est confirmé dans
toutes les situations expérimentales

• Les participants préfèrent gagner moins en


privilégiant leur groupe que de gagner plus en
adoptant une règle d’égalité entre les groupes.
• La simple distinction entre « nous » et « eux »
suffit à activer un phénomène de favoritisme
en faveur de son propre groupe.
• Quelle est l’origine d’un tel phénomène?
La Théorie de l’Identité Sociale (TIS) via le
processus d’auto-catégorisation (Tajfel &
Turner (1986).
• Une explication cognitive et
motivationnelle:

1) Les individus, dans un contexte


social donné, se définissent
comme membres d’un groupe
social relié au sexe, à l’âge, à
l’ethnicité, à la classe sociale ou à
la profession,
2) Les individus sont motivés à
maintenir et à promouvoir la
positivité distinctive de leur
identité sociale,
La Théorie de l’Identité Sociale (TIS) via le
processus d’auto-catégorisation (Tajfel &
Turner (1986).
• Une explication cognitive et
motivationnelle:

3) Pour arriver àune identité sociale


positive, le groupe d’appartenance
doit apparaître différent des autres
groupes sur des dimensions jugées
positives et importantes,

4) Dans certains cas le biais pro endo-


groupe peut constituer une stratégie
possible pour maintenir une identité
sociale positive.
Qu’est-ce que le soi? Qu’est-ce qu’une
catégorie? (1/2)
• Le soi est l’ensemble des éléments qui nous
définissent.
• Trois composantes du soi:
1) Le concept de soi,
2) L’estime de soi,
3) L’autoprésentation.
• Une catégorie est une construction mentale
constituée d’un ensemble d’éléments possédant des
propriétés perçues comme semblables ou «allant bien
ensemble » (théories naïves).
Qu’est-ce que le soi? Qu’est-ce qu’une
catégorie? (2/2)
• La catégorisation consiste à associer un individu à
une catégorie.
• Le prototype est la personne qui présente le plus
d’attributs de sa catégorie et le moins d’attributs
d’une autre catégorie.
• L’auto-catégorisation correspond ainsi à
l’implication du soi (self concept) dans le processus
de catégorisation.
• Le contexte social est déterminant dans
l’identification à une catégorie.
Les trois niveaux d’abstraction des auto- catégories.

• Le niveau supra ordonné: l’individu s’identifie à


l’espèce humaine avec ses caractéristiques
universelles, opposées par ex. à l’espèce animale.
• Le niveau intermédiaire ou intergroupe: l’individu
s’identifie comme membre d’un groupe donné par
opposition à un autre groupe différent du sien.
• Le niveau subordonné ou interpersonnel: l’individu
se considère comme une personne possédant des
caractéristiques non assimilables à celles des
autres.
Quel continuum entre les différents niveaux d’abstraction?
Le processus de désindividuation

• Pour passer du niveau subordonné au niveau


intermédiaire (niveau le plus étudié en psychologie des
organisations):
1) les individus se catégorisent et se définissent comme
membres d'une catégorie, ils s'assignent ainsi une identité
sociale,
2) ils apprennent les normes stéréotypiques de cette
catégorie,
3) ils s'assignent ces normes, s'auto stéréotypent, leur
comportement devient alors plus normatif au fur et à
mesure que leur adhésion à ce groupe devient plus forte.
Qui suis-je ?
• Les déplacements vers le niveau intermédiaire
entraînent une dépersonnalisation du soi et du
comportement, c’est-à-dire la stéréotypie du soi:

1) augmentation d’une similarité perçue entre le soi et


les membres de son groupe,

2) accroissement d’une différence perçue avec les


membres de l’autre groupe sur les dimensions
pertinentes.
Les conséquences sociales et organisationnelles
du processus d’autocatégorisation.

• L’effet négatif de la comparaison sociale avec des membres


d’exogroupes plus avantagés peut contribuer à une identité
sociale négative entraînant une baisse de l’estime de soi
personnelle.
• La TIS prévoit différentes stratégies, individuelles ou
collectives, lorsque l’identité sociale des individus est
menacée.
• L’adoption de l’une ou l’autre de ces stratégies dépend:
1) du degré d’identification à l’endogroupe,
2) de la légitimité et de la stabilité perçue des frontières
intergroupes,
3) de la perméabilité des frontières intergroupes.
Quelques stratégies validées par la TIS
• Dans le cas de comparaisons défavorables et d’identité
sociale menacée:
1) lorsque les frontières entre les groupes sont perçues
comme légitimes et perméables, les stratégies
individuelles de mobilité sont préférées (assimilation
des caractéristiques de l’exo groupe, apprentissages),

2) lorsque les frontières entre les groupes sont perçues


comme illégitimes et non perméables, plusieurs
stratégies peuvent être mises en place dépendant du
degré (élevé vs faible) d’identification au groupe:
Quelques stratégies validées par la TIS
 des stratégies collectives peuvent être choisies
(révoltes, grèves, mouvements de créativité sociale),
 des stratégies individuelles de comparaison avec des
membres plus désavantagés de l’endogroupe, des
stratégies de différenciation négative (délinquance,
marginalité, déviances);
• Les stratégies individuelles de mobilité
correspondent à un faible degré d’identification au
groupe, contrairement aux stratégies collectives.
• Elles ne remettent pas en cause le statut quo entre
groupes dominants et groupe dominés.
Originalité sociale et incomparabilité
• Lorsque certains groupes sociaux sont placés dans un
contexte concurrentiel et se sentent infériorisés, ils
cherchent à éviter la comparaison en inventant de
nouveaux critères d’évaluation.

• Expérience des « cabanes » de Lemaine (1979).


• Le mouvement communautaire Hyppie des années
70.
• Black is beautifull,
• Indian Native.
L’identité sociale au travail

• La T.I.S. montre comment nous construisons notre identité


sociale en référence à un groupe ou à une catégorie
d’appartenance.
• Sous l’effet conjugué de l’assimilation (des caractéristiques
de l’endogroupe) et du contraste (avec les membre des exo
groupes), la T.IS. prévoit différentes stratégies:
• Discrimination.
• Conflit.
• Créativité.
• Mobilité sociale
L’identité sociale au travail

• Les fonctions de l’identité au travail


• Mon métier, la manière dont il est perçu à
l’extérieur, la qualité des relations avec les
collègues et l’encadrement, la reconnaissance
dont je bénéficie au travail, constituent autant
d’éléments qui servent à me définir
positivement.
• Ces éléments identitaires sont à la base de
l’estime de soi organisationnelle
Concurrence, compétition et dynamiques identitaires

• Dans un univers dominé par la compétition


entre les organisations (Google /facebook) et
souvent entre les services d’une même
organisation (les commerciaux / les
gestionnaires), les individus sont amenés
spontanément ou sous l’effet des politiques
internes de l’entreprise à s’identifier à leur
service qui devient alors un véritable
endogroupe.
Concurrence, compétition et dynamiques identitaires

• Lorsque cette identification est forte, les


comportements des membres des groupes
professionnels peuvent devenir plus
discriminatoires vis-à-vis des autres groupes.
Plus la compétition est forte, plus les
comportements sont également susceptibles
de devenir polarisés (Brown & al.,1986).
CONCLUSION

• La dynamique de groupe se particularise différemment selon les types


de groupe: la famille (H. Touzard, Y. Castellan), la classe scolaire (M A.
Bany et L.V. Johnson), la bande de délinquants (A. Aichhorn; F. Redl), les
groupes Balint pour la Formation psychologique des médecins
généralistes (A. Missenard), etc. Elle ne se limite pas non plus à la
méthode et à la théorie de Lewin. La sociométrie de J. L. Moreno
mesure la distribution des affinités au sein des groupes et leur
incidence sur la cohésion et le moral de ceux-ci.
• Les douze catégories de R. Bales permettent l’observation qualitative et
quantitative des interactions dans les réunions de discussions. C.
Flament a appliqué la théorie mathématique des graphes à l’étude des
réseaux de communications. S. Moscovici a insisté sur le rôle souvent
décisif des minorités actives dans les groupes .
CONCLUSION

• Si intéressantes soient-elles, ces expériences ne sont pas faciles à


interpréter. D’une part parce que certaines variables essentielles, comme
la discussion, la décision, la perception des opinions d’autrui n’ont pas été
isolées expérimentalement et que cette insuffisance du plan de recherche
nuit à la profondeur de l’interprétation; d’autre part parce que Lewin
n’explique en rien pourquoi les groupes de discussion accueillirent
favorablement ces tentatives d’influence.
• Il reste toutefois des réponses à apporter aux deux questions
fondamentales: quels types de changement peuvent être acceptés et par
quels types de groupes? Quelle différence y a-t-il, pour l’exercice de
l’influence, entre un groupe éphémère, composé d’individus réunis pour
une session et se séparant ensuite, et un groupe durable, où les relations
sont intimes, c’est-à-dire, en fait, quelle différence y a-t-il entre un
groupe expérimental et un véritable groupe primaire? On est ainsi
amené à prendre conscience des limites inhérentes aux recherches
expérimentales sur les petits groupes et à mesurer l’importance des
études consacrées aux groupes primaires dans leur situation naturelle.

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