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Wittgenstein et les limites du langage - Pierre


Hadot - I - ME LIRE AUSSI SUR

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 29 Octobre 2017, 21:00pm


Catégories : #Extraits - Ressentis de lectures, #Philosophie, #Wittgenstein, #Pierre Hadot
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Source : https://www.babelio.com/auteur/Ludwig-Wittgenstein/3227/photos
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Wittgenstein

et les limites du langage


AUTOPORTRAIT A
Pierre Hadot L'AIMEE

VRIN
Bibliothèque d'histoire de la philosophie
2014

1 of 8 18/04/2023 11:18
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Réflexions sur les limites du langage

à propos du
Tractacus logico-philosophicus
de Wittgenstein

Extraits,
pages 24-45

Aux éditions QazaQ

(…)

C'est l'esprit occupé de ces problèmes [ le mysticisme néoplato‐


nicien, le Principe, ndlr], que j'ai rencontré l'ouvrage de
Wittgenstein intitulé : Tractacus logico-philosophicus. Je fus
étonné par les dernières propositions de ce livre, à tout point de
vue extraordinaires :

Les limites de mon langage signifient les li‐


mites de mon univers (5.6).
Le sujet n'appartient pas au monde, il est une
limite du monde (5.632).
Il y a sans aucun doute un inexprimable ; il se
montre ; c'est cela le mystique (6.522).
Ce n'est pas le comment du monde qui est « le
mystique », mais c'est le fait qu'il soit (6.44).
Le sentiment du monde comme un tout déter‐
miné, c'est cela le sentiment mystique (6.45).

(…)

Quel a été le but de Wittgenstein, lorsqu'il a composé son


Tractacus? B. Russel, dans son Introduction au Tractacus, nous
dit que Wittgenstein a voulu déterminer à quelles conditions un
langage peut être logiquement parfait. Certaines formules de
l'ouvrage paraissent lui donner raison : Wittgenstein nous dit,
par exemple, que, pour éviter les confusions qui remplissent
toute la philosophie (3.324), « il faudrait utiliser un symbolisme
qui obéisse aux lois de la grammaire logique, de la syntaxe lo‐
gique » (3.325), c'est à dire dans lequel chaque signe ne puisse
avoir qu'une seule signification. Mais d'un autre côté,
Wittgenstein nous dit que « toutes les propositions de notre lan‐
gage quotidien sont, telles qu'elles sont, parfaitement en ordre,
du point de vue de la logique ( 5.563). Il faudra donc préciser de
la manière suivante la question que se pose Wittgenstein : à
quelles conditions le langage peut-il être utilisé de façon à pré‐
senter un sens défini?

Mon livre, nous dit Wittgenstein, traite des


problèmes philosophiques et montre – me
semble-t-il – que la position des problèmes
philosophiques repose sur une mauvaise com‐
préhension de la logique de notre langage. On
pourrait résumer tout le sens du livre en disant
: « Ce qui peut se dire, peut se dire clairement
; et au sujet de ce dont on ne peut parler, on
doit se taire. » Le livre présent veut donc tra‐
cer une limite pour la pensée, ou plutôt non

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pas à la pensée, mais à l'expression de nos


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pensées. Car, pour tracer une limite à la pen‐
sée, nous devrions pouvoir penser les deux cô‐
tés de cette limite ( nous devrions donc pou‐
voir penser ce qui ne peut se penser). La fron‐
tière ne pourra donc qu'être tracée dans le lan‐
gage et ce qui se trouve au delà de cette fron‐
tière, sera purement et simplement non-sens
(Avant-propos).

(…)

Au fur et à mesure que nous approchons de la fin du traité, le ton


de Wittgenstein s'anime d'une sorte d'imperceptible frémisse‐
ment. Il s'approche, en effet, de la sphère propre au mystique
(selon son expression) et une sorte d'intuition inexprimable s'im‐
pose à lui. Ce n'est plus l'idée abstraite, c'est le sentiment des li‐
mites du langage, qu'il éprouve :

A la mort, le monde ne change pas, mais cesse


(6.431).
La mort n'est pas un événement de la vie. On
ne vit pas la mort.
Si l'on entend par éternité, non pas une durée
indéfinie, mais l'intemporalité, alors on peut
dire que celui qui vit dans le présent, vit éter‐
nellement.
Notre vie est aussi infinie que notre champ de
vision (6.4311).
L'immortalité temporelle de l'âme, c'est-à-dire
sa survie éternelle après la mort, non seule‐
ment n'est garantie en aucune façon, mais sur‐
tout sa supposition ne procure même pas ce
qu'on voudrait obtenir par elle. Une énigme
est-elle résolue, parce que je survis éternelle‐
ment? Cette vie éternelle n'est-elle pas aussi
énigmatique que la vie présente? La solution
de l'énigme de la vie dans l'espace et dans le
temps se trouve en dehors de l'espace et du
temps.
(Ce ne sont pas des problèmes de la nature que
nous ayons à résoudre) (6.4312).
Le comment du monde est parfaitement indif‐
férent pour ce qui est supérieur. Dieu ne se ré‐
vèle pas dans le monde (6.432).
Les faits appartiennent tous au problème, non
à la solution (6.4321).
Ce n'est pas le comment du monde, qui est le
« mystique », mais le fait qu'il soit (6.44).
La vision du monde sub specie aeterni est sa
vision comme tout limité.
Le sentiment du monde comme tout limité, est
le sentiment mystique (6.45).
Pour une réponse inexprimable, on ne peut ex‐
primer non plus la question.
Il n'y a pas d'énigme.
Si on peut poser une question, on peut aussi y
répondre (6.5).
Le scepticisme n'est pas irréfutable, mais il est
manifestement dépourvu de sens, car il veut
douter, là où l'on ne peut poser de questions.
Car il ne peut y avoir de doute que là où il y a
une question ; il ne peut y avoir une question
que là où il y a une réponse, et il ne peut y
avoir de réponse que là où quelque chose peut
être dit (6.51).
Nous sentons que même si toutes les questions
scientifiques sont résolues, nos problèmes de
vie ne sont même pas touchés. Sans doute, il
n'y a plus alors de question ; et justement, c'est
la réponse (6.52).
On reconnaît la solution du problème de la
vie, dans le fait que ce problème s'évanouit.

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N'est-ce pas la raison pour laquelle les


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hommes pour qui le sens de la vie devient
clair après des doutes prolongés, ne peuvent
dire alors en quoi consiste ce sens? (6.521).
Il y a sans aucun doute un inexprimable. Il se
montre ; c'est là le mystique (6.522).
Mes propositions sont clarificatrices en ce
que, quiconque me comprend, les reconnaît à
la fin, pour des non-sens, quand il a sauté au
travers d'elles – sur elles – au-delà d'elles. ( il
doit pour ainsi dire rejeter l'échelle, après qu'il
s'en est servi pour monter).
Il doit dépasser ces propositions, alors il a la
juste vision du monde (6.54).
Au sujet de ce dont on ne peut parler, on doit
se taire (7).

Nous retrouvons ici cette fameuse affirmation de Wittgenstein:


« Quiconque me comprend, reconnaît mes propositions comme
des non-sens ». Mais le contexte replace cette affirmation dans
une nouvelle perspective. Toutes ces propositions qui terminent
le Traité appartiennent au quatrième genre d'usage du langage:
elles cherchent à montrer l'inexprimable au travers de leur incor‐
rection. Mais, dans la mesure même où elles essaient de montrer
l'inexprimable, elles apparaissent comme non-sens. C'est dans la
mesure même, pourrait-on dire, où elles ont une sorte de sens et
de vérité, qu'elles apparaissent comme des non-sens. « En les
transcendant, on a la juste vision du monde ». Nous atteignons
ici ce que Wittgenstein appelle le mystique. Je ne me lancerai
pas dans une discussion sur la valeur du mot, pour décider si
Wittgenstein l'a bien choisi. Une chose est certaine: il entend par
mystique le sentiment qui nous saisit lorsque nous nous heurtons
aux limites de notre langage et de notre monde et que nous pres‐
sentons qu'il y a, comme le dit, avec une volontaire imprécision,
Wittgenstein, un « inexprimable ». C'est pourquoi je ne pense
pas que tout le domaine de l'usage « indicatif » du langage soit
mystique, comme semble le laisser entendre Russel. Je crois que
Wittgenstein considère que le « mystique » commence au mo‐
ment où l'usage indicatif du langage provoque en nous un senti‐
ment de limitation ou de totalité, ce qui revient au même: « Le
sentiment du monde, comme tout limité, est le sentiment mys‐
tique ». Je pense que que Wittgenstein veut décrire l'impression
d'étrangeté (qui peut aller jusqu'à l'extase) que nous éprouvons
devant le Dasein (le fait que le monde soit): l'extase de
Roquentin dans le jardin de Bouville [cf Sartre, La Nausée,
ndlr], mais aussi le sentiment cosmique cher aux Romantiques
allemands. Mais, par exemple, la première proposition du Traité:
« Le monde, c'est tout ce qui arrive », n'est pas par elle-même
mystique ; elle est du ressort de l'usage « indicatif » du langage.
Quoi qu'il en soit, le Tractacus s'achève dans le « mystique ».
Ce « mystique » semble avoir trois composantes : le sentiment
de l'existence, le sentiment du tout limité, et le sentiment de l'in‐
exprimable, c'est-à-dire d'un au-delà du langage. Ces trois com‐
posantes sont en fait trois expressions différentes d'une même
visée: l'impossibilité de donner, de l'intérieur du monde et du
langage, un sens au monde, à son existence et à sa totalité.
Wittgenstein ne nous en dit pas plus. L'intuition du non-sens du
monde était-elle liée pour lui au sentiment d'une présence indi‐
cible? Est-ce pour cela qu'il dit que celui qui a découvert le sens
de la vie ne peut dire en quoi il consiste (6.521) ?

(…)

On se demandera peut-être où Wittgenstein a puisé ce mysti‐

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cisme. Ses biographes nous disent que la lecture du Pèlerin Connexion + Créer mon blog
Chérubinique d'Angelus Silesius lui était familière. Si c'est
exact, cette lecture dut l'habituer aux paradoxes mystiques les
plus hardis. J'ai recherché dans l'ouvrage de Silesius si l'on trou‐
vait des formules que Wittgenstein aurait reprises. Je n'ai trouvé
que celle-ci qui présente une certaine analogie avec ce que nous
dit Wittgenstein, mais il s'agit, somme toute, d'une formule assez
banale dans l'histoire de la mystique : « On parle en se taisant :
Homme si tu veux exprimer l'être de l'éternité, il faut d'abord te
priver de toute parole » (II, 68).

(à suivre)

Le monde est tout ce qui arrive.

"Tractacus" - Première proposition.

Librairie Philosophique J. VRIN - Wittgenstein et les limites du langage, HADOT (P.)

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http://www.vrin.fr/book.php?code=9782711617043
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L'éditeur

Ludwig Wittgenstein par Alfred Ayer Ludwig Wittgenstein par Alfred Ayer

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/les-chemins-de-la-connaissance-lud…

Un portrait de Ludwig Wittgenstein - 1987 -

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