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Bertin

Sandrine
N° étudiant : 28705161
TP du 06/05/21

Note et observation :

16/20

Le « Moi »

À travers ce TP, nous allons chercher à définir l’idée du « moi » par rapport
au philosophe Blaise Pascal. Ce travail comportera donc deux explications : une sur
la pensée 167 et une sur la pensée 567 de son œuvre les Pensées ainsi qu’une brève
analyse.

« Je sens que je puis n’avoir point été, car le moi consiste dans ma pensée. Donc
moi qui pense n’aurais point été, si ma mère eût été tuée avant que j’eusse été
animé. Donc je ne suis pas un être nécessaire. Je ne suis pas aussi éternel ni
infini. Mais je vois bien qu’il y a dans la nature un être nécessaire, éternel et
infini ».

« L’homme est un roseau pensant ». Le texte soumis à notre analyse est un


extrait des pensées de Blaise Pascal. Il va chercher dans ce passage à montrer en quoi
consiste le « moi ». Il soutient l’idée selon laquelle puisque j’existe et que je pense,
mon moi est dans ma pensée. Un problème se pose. D’un côté l’auteur nous dit que le
moi est dans la capacité qu’à l’homme de penser et donc d’être mais d’un autre côté il
dit que notre venu au monde est contingente donc l’homme même s’il pense et donc
qu’il a un moi, ce moi n’est pas la condition de son existence.
Pour répondre à cette interrogation nous serons amenés à voir dans un premier
temps (l.1-3) que parce que j’existe et que je pense alors j’ai un moi. Dans un second
temps (de (l.3) « Donc » à (l.4) « infini ») nous verrons que l’homme (de manière
individuelle) est selon Pascal pas indispensable au monde (il est ni éternel ni infini).
Puis nous terminons par voir (l.4 de « Mais » jusqu’à la fin du texte) que même si
l’homme n’est pas indispensable au monde il existe bien un être indispensable
(éternel et infini).



Tout d’abord (l.1-2), Pascal commence à montrer que puisque l’homme pense
alors il possède un moi : « le moi consiste dans ma pensée » (l.1). Mais, il émet l’idée
que notre existence n’est pas liée au fait d’avoir un « moi » au sens où il est évident
qu’avant de pouvoir penser (et donc d’avoir un moi) il faut déjà venir au monde. En
outre, j’aurais pu ne pas être « moi » si ma mère ne m’avait pas donné la vie.
Il va alors donner un exemple pour expliciter le fait qu’en tant qu’être qui
pense et qui a un moi, on n’aurait pas pu exister sans que notre mère nous donne la
vie : « Donc moi qui pense n’aurais point été, si ma mère eût été tuée avant que
j’eusse été animé » (l.2-3). Le moi est alors postérieur à la naissance de l’homme. Il
va de soi que si la mère ne peut donner la vie à son enfant (ici à cause de la mort), il
ne peut exister et donc penser. Alors il apparaît que l’homme (dans son individualité)
puisqu’il peut ne pas venir au monde pour x raison, n’est pas un être indispensable.

Ensuite (l.3-4), Pascal montre que l’homme n’est pas un être indispensable. En
effet, on ne peut tenir compte que l’homme puisse être nécessaire à ce monde alors
même qu’il peut ne pas y venir : « Donc je ne suis pas un être nécessaire » (l.3). Il
ajoute même que l’homme n’est pas que indispensable à ce monde, il est aussi pas
éternel et pas infini : « Je ne suis pas aussi éternel ni infini » (l.3-4). L’homme n’est
effectivement pas éternel puisqu’il est condamné à mourir un jour ou l’autre et il ne
peut également pas être infini puisqu’il est limité (que ce soit en capacité ou même en
perception). D’ailleurs l’homme est en quelque sorte régi par l’Univers et donc par
l’infini. Il n’est qu’une infime partie de ce qui compose le monde. Mais peut-il y
avoir un être qui soit éternel et infini ?

De plus (l.4-5), l’auteur annonce l’idée d’un être éternel et infini. Selon lui, il y
a un être qui est indispensable à notre monde et qui est en ce sens en dehors du temps.
Cet être dont parle Pascal, on peut alors supposer qu’il s’agit de Dieu : « Mais je vois
bien qu’il y a dans la nature un être nécessaire, éternel et infini » (l.4-5). Dieu étant
celui qui a « créé » l’univers et le monde il est tout à fait cohérent qu’il soit l’être
indispensable à ce monde. Il est éternel puisque c’est Dieu et est infini parce qu’il a
une grandeur incontestable.

Pour conclure, Pascal montre que l’homme puisqu’il pense, il possède un moi.
Cependant, il va énoncer l’idée que l’Homme dans son individualité contrairement au
Créateur n’est pas essentielle au monde puisqu’il y est de manière hasardeuse
(exemple de la mort de la mère).





« Qu'est-ce que le moi ?


Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là,
puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en
particulier. Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ?
Non; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne
5 l'aimera plus.
Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ?
Non ; car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce
moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou
l'âme, sinon pour ces qualités qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles
sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne
10 abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait
injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.
Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et
14 des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées. »

Ce texte est un extrait du livre les Pensées de Pascal (pensée 567), où il aborde
la notion du « moi » c’est-à-dire de l’identité en utilisant comme approche l’amour,
celui que l’on porte à un être. Pour Pascal, on ne saurait déterminer une personne par
ses qualités (physique, spirituelle, etc) et ajoute que le moi ne se situe pas non plus
dans une substance abstraite c’est-à-dire dans un corps sans qualité. Pour mettre en
relation ses propos et le sentiment amoureux, il nous dit que l’amour que l’on peut
éprouver envers une personne n’est fondé que sur les qualités qu’on aperçoit de celle-
ci. En effet, l’auteur soutient l’idée que le moi est introuvable. Pour Pascal, le moi
représente une substance qui doit rester identique malgré le caractère changeant de
l’être. Il soutient également l’idée selon laquelle on ne peut pas aimer une personne
abstraitement car on aime juste des qualités et que donc on n’aime jamais personne.
Dès lors, nous pouvons soulever un problème à ce texte : d’un côté il apparaît qu’on
ne peut pas connaître une personne autrement qu’à travers des qualités mais d’un
autre côté, il semblerait que ces qualités soient périssables alors que notre identité
doit demeurer permanente. Il est alors nécessaire de se demander si l’homme possède
un « moi », si ce « moi » peut être défini ou bien même s’il peut-être aimé pour ce
moi.
Pour défendre ces idées, l’auteur procède en trois étapes. Premièrement, (l.1-7 :
de « qu’est-ce que le moi ? » jusqu’à « m’aime-t-on moi ? »), Pascal montre que le
moi n’est pas déterminé par les qualités physiques, intellectuelles voire spirituelles
que peut posséder un individu. Dans un second temps (l.7-12), il explique que ni
l’âme, ni le corps ne suffisent à définir le « moi ». Ce qui nous amène à dire que le
moi est introuvable. Dans un dernier temps, (les deux dernières lignes du texte), il
établit une morale.


Tout d’abord (l.1-8), Pascal cherche à définir le moi par le biais de l’apparence
physique et des qualités intellectuelles.
La première phrase du texte lance la problématique : « Qu’est-ce que le moi ? »
(l.1). Par cette interrogation, l’auteur montre qu’il va chercher à identifier ce qui nous
définit, ce qui fait notre « moi ». Cependant, il poursuit par une autre question
surprenante : « Un homme qui se met à la fenêtre […] puis-je dire qu’il s’est mis là
pour me voir ? » (l.2-3). Dans ce passage, Pascal prend l’exemple du passant afin
d’illustrer le fait que notre moi ne se limite pas à l’apparence. Autrement dit,
l’homme qui me regarde passer ne voit pas un « moi », il ne me regarde pas comme
comme un être « particulier » (l.3). En ce sens, le moi ne se situe pas dans une
généralité indistincte qui est le fait d’être un simple passant, facile à trouver. Il faut
souligner qu’être passant est une qualité hasardeuse, d’un moment et de ce fait, elle
ne peut me définir pour mon « moi » car je suis bien plus que cela. Pascal va prendre
un second exemple, celui de l’amour, qu’il pose en question rhétorique : « Mais celui
qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? » (l.4). Ici, l’auteur cherche à
montrer qu’aimer une personne pour sa beauté ce n’est pas l’aimer pour son « moi »
car ne beauté ne perdure pas (maladie de la peau, acné…). Il serait intéressant de
noter la complexité de ses dires. De nos jours, nous aimons une personne parce que
nous la trouvons belle et donc avec les propos qu’il tient, Pascal balaye toutes les
relations humaines possibles (de la moins intime à la plus intime qui existe).
D’ailleurs, Pascal répond à cette question en émettant que lorsque l’apparence
physique se dégrade, ce qui rendait à nos yeux une personne attirante n’est plus, donc
l’amour pour le seul physique n’existera plus aussi. Et ce alors même que la personne
en elle-même reste inchangée. Par conséquent, la beauté ne fait pas partie de ma
nature puisqu’elle peut disparaître, c’est une qualité accidentelle (l.4-5) : « car la
petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus ».
Pascal va à nouveau nous questionner sur l’amour et nous demande : « Et si on
m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? » (l.6). Ici,
l’auteur veut affirmer qu’on ne peut aimer une personne pour les facultés qu’elle
possède (jugement, mémoire…) car ça ne constitue en aucun cas son « moi ». En
effet, selon lui je peux perdre mes qualités de jugement et devenir fou, je peux perdre
la mémoire et devenir amnésique sans pour autant me perdre moi-même, ma
personne n’en est pas affectée ( « Non ; car je puis perdre ces qualités sans me perdre
moi-même » (l.6-7). Le moi est une substance c’est-à-dire une essence de l’homme
qui reste intacte au cours des années. Dans cette partie, Pascal nous a démontré que le
moi n’était pas caractérisé par les qualités physiques ou bien intellectuelles. Le moi
par nature est alors ni beau, ni bon, ni intelligent. Cependant, le moi n’est pas non
plus causé par une substance abstraite, sans qualité. Qu’est-ce qui caractérise donc
notre moi ? C’est ce que nous allons expliquer dans la partie suivante.



Dans cette seconde partie (l.7-12), l’auteur cherche à comprendre qu’est-ce qui
pourrait bien faire notre moi si celui-ci ne peut pas se situer dans l’âme c’est-à-dire
dans la pensée (jugement, mémoire), ni dans le corps c’est-à-dire ce qu’on dégage
(physique).
Il va alors commencer par se demander où peut être notre moi : « Où est donc
ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? » (l.7-8). Pascal continue avec une
autre question : « Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités […]
périssables ? » (l.8-9). Dans ce passage, l’auteur met en évidence le fait que le corps
et l’âme sont définis par des qualités or, nous savons que les qualités ne peuvent pas
établir notre moi puisqu’elles ne sont pas définitives. Non seulement le corps est
modifié avec l’âge (ride) ou bien même à cause d’une maladie (problèmes de santé),
du stress (acné) mais l’âme aussi (maturité). Dès lors, nous nous trouvons dans une
impasse. C’est pour cela que l’auteur montre qu’il existe un paradoxe. Effectivement,
d’un côté le moi ne saurait être réduit à de simples qualités externes qui peuvent
changer malgré la permanence de notre identité.
Il apparaît d’un autre côté qu’il serait impossible d’aimer ou même de
connaître ce moi sans cela « Car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne
abstraitement » (l.9-10). Puisque le moi ne peut être dans l’âme et dans le corps qui
sont des choses auxquelles on peut s’identifier, sans eux, on ne peut avoir de choses
concrètes sur lesquelles baser un avis sur la personne elle-même et les qualités sont le
reflet d’une personne. Ainsi, si le moi réside dans la substance de l’âme cela voudrait
dire qu’aimer la substance c’est-à-dire ce qui reste identique en une chose et qui la
fait subsister dans l’être, de l’âme d’une personne abstraitement ce serait aimer une
substance inconnue sans tenir compte des qualités de cette personne. Mais est-il
possible d’aimer une personne abstraitement ? Pascal va répondre négativement à
cette interrogation et va énoncer deux raisons afin de justifier son opinion. Il nous dit
que premièrement c’est impossible puisque ça reviendrait à aimer une chose
totalement inconnue. Cependant, il y a des motifs au fait d’aimer un physique ou un
intellect pour leurs qualités mais ces derniers en changeant fera que l’amour
disparaîtra. Puis il dit que c’est injuste c’est-à-dire qu’on ne peut pas aimer une
personne sans la connaître, sans l’aimer pour ce qu’elle dégage mais l’aimer pour les
qualité n’est pas l’aimer pour son « moi » : « Cela ne se peut, et serait injuste » (l.11).
De ce fait, la thèse de l’auteur qui est qu’on ne pourra jamais aimer une personne car
le moi est inexistant donc nous aimons que des qualités s’avère se justifier par ses
propos : « On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités » (l.11-12).
Dans cette seconde partie, nous avons vu que notre moi est créé à partir de nos
différentes qualités. Toutefois, une seule qualité ne peut me définir car elle serait
éphémère et donc notre « moi » serait également éphémère alors que le moi doit
demeurer. Par conséquent, cela ne se peut. De ces analyses, il en tire une morale.



Dans cette dernière partie (l.13-14), Pascal adresse une morale. Selon lui, notre
rôle social ne peut nous représenter car les rôles sont également des fonctions
accidentelles. En ce sens, il serait selon lui hypocrite de se moquer de ceux qui se
font honorer pour leur fonction sociale car nous n’apparaissons jamais aux autres tels
que nous le sommes réellement. Alors il est donc évident que puisque nous aimons
les individus pour les qualités qu’ils possèdent, on ne peut pas être contre le fait
qu’une personne soit honorer non pas pour sa personne mais pour la qualité qu’elle a
su mettre en avant : « Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour
des charges et des offices » (l.13-14). La vie sociale est donc un jeu de masque, une
comédie si on considère que nous n’aimons les personnes que pour leurs qualités et
donc ici pour le rôle qu’elles jouent : « car on n'aime personne que pour des qualités
empruntées » (l.14). Le moi ne peut alors pas dépendre du rôle social.

Pour conclure, l’amour que l’homme peut porter à une personne est un amour
basé sur des qualités et non pas sur la personne en elle-même, ce n’est pas l’amour de
son moi. Étant donné que les qualités sont des choses périssables alors que le « moi »
lui reste inchangé au cours du temps, le moi est alors inaccessible.

Analyse de fin :

On se demandait au départ si l’homme possédait un « moi ». Avec nos analyses


d’autres questions sont apparues comme celles de savoir si l’homme pouvait définir
son moi ou bien même s’il pouvait être aimé pour ce moi. Nous avons vu grâce à la
pensée 167 que l’homme possède un moi puisqu’il pense. En effet, on peut même
faire une référence à Descartes avec le cogito où il évoquait la même idée avec le « Je
pense, donc je suis ». Par la suite, avec l’extrait de la pensée 567, on a pu constater
qu’en fait le moi n’était pas saisissable puisque l’on apparaît aux autres à travers des
qualités et que les qualités sont éphémères et donc ne constituent pas notre moi, notre
moi est alors insaisissable. Ce TP permet de comprendre que l’homme a bien
effectivement un « moi » mais il ne peut pas le saisir autrement que par la pensée.
D’ailleurs la force de l’homme dans ce monde selon Pascal c’est sa capacité à penser
(pensées 231 et 232).

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