L’Âme humaine et l’Univers

Une conférence de Rudolf Steiner

Donnée à Berlin, le 20 février 1917
GA 175
Libre traduction
La science spirituelle nous amène à penser qu’il y dans l’être humain ordinaire extérieur un
second être. En réalité tout être humain est constitué de deux êtres. Le premier est formé plus
particulièrement du corps physique et du corps éthérique et ils appartiennent au monde
extérieur, dans le sens où le corps physique et jusqu’à un certain point le corps éthérique, sont
des manifestations des Êtres spirituels qui nous entourent constamment. Les corps physiques et
éthériques ne sont pas des images réelles de nous-mêmes, ils sont le fruit des dieux qui passent
tout leur temps à créer nos corps physiques et éthériques et à les amener à leur plein potentiel,
tout comme les hommes amènent leurs actions à leur plein aboutissement. Le second être
intérieur est plus proche de la nature astral et du Je. Dans l’univers le corps astral et le Je sont
plus jeunes que les corps physique et éthérique. Les corps physique et éthérique reposent dans
le lit quand nous dormons, ils sont préparés pour nous par les êtres spirituels qui pénètrent
l’univers extérieur afin de le rendre manifeste. Le Je et le corps astral à travers leur expériences
et expérimentation dans les corps physique et éthérique sont les parties qui s’élèvent
graduellement à travers les sphères de conscience.
Comme je l’ai déjà dit précédemment, nous sommes en lien avec l’univers, avec tout le cosmos,
et ce lien peut même être calculé et exprimé en nombres. Cette connexion avec l’univers peut
bien—sûr être exprimé et montrer de plein de manières différentes, mais étonnamment elle peut
être exprimée par le fait que le nombre de respiration que l’homme fait dans une journée est
équivalent au nombre d’années nécessaire au point vernal pour retourner à sa position originelle
de départ. Ces découvertes dans le royaume des nombres peuvent, si nous les pénétrons de notre
ressenti, nous remplir d’une crainte divine car en faisant le miroir nous aussi nous appartenons à
l’univers divin qui est manifesté dans tous les phénomènes extérieurs.

Le fait que nous soyons le microcosme, le petit monde formé et issu du macrocosme, le grand
Univers, peut être ressenti encore plus profondément si nous visualisons ces faits comme je vais
vous le présenter aujourd’hui et que je pourrais nommer : les trois rencontres de l’Âme humaine
avec l’Être de l’Univers, et c’est le sujet dont je parlerai aujourd’hui. Nous savons tous, qu’en
temps qu’être incarné nous portons en nous les corps physique et éthérique, le corps astral et le
Je. L’être humain dans sa partie plus extérieur porte les corps physique et éthérique et dans sa
partie plus intérieure, le Je et le corps astral. Nous savons aussi que l’être humain est appelé à se
développer davantage. La Terre telle que nous la connaissons arrivera un jour à sa fin. Elle
continuera à évoluer à travers les états planétaires de Jupiter, Vénus et Vulcain. Pendant ce temps
l’être humain va s’élever d’état en état, au Je va venir s’ajouter comme nous le savons un être
plus évolué, un Moi supérieur (ou Âme-Esprit) qui se manifestera à travers lui. Cela sera
pleinement manifesté pendant l’état de Jupiter qui suivra celui de la Terre. L’Esprit divin (ou Âme-
Christ) atteindra sa pleine manifestation durant l’état de Vénus, et l’Homme divin (ou Âme divine)
pendant l’état de Vulcain. Quand nous regardons devant nous, vers le grand futur cosmique de

1
l’être humain, vers ces trois états de l’évolution, nous regardons vers le développement de l’Âme-
Esprit, de l’Âme Christ et de l’Âme divine. Mais ces trois états qui nous attendent dans le futur
sont dans un certain sens déjà reliés à nous aujourd’hui, même s’ils ne sont pas développés, car
ils sont présents au sein des divines Entités spirituelles que nous reconnaissons comme être les
Hiérarchies supérieures. Donc aujourd’hui, au lieu d’utiliser une expression compliquée et dire :
« Nous sommes connectés à la hiérarchie des Anges », nous pouvons plus simplement dire :
« Nous sommes reliés avec ce qui vient vers nous du futur, notre Âme-Esprit ». Et au lieu de dire
que nous sommes en relation avec les Archanges, nous pouvons dire : Nous sommes reliés avec
ce qui vient vers nous du futur, notre Âme Christ, et ainsi de suite.
En effet nous autres êtres humains portons dans un certain sens, même si ce n’est qu’en essence
– et dans le monde spirituel l’essence est quelque chose de bien plus élevé que dans le monde
physique – les germes de l’Âme-Esprit, de l’Âme Christ et de l’Âme divine qui évolueront en nous
au fur et à mesure de notre évolution. Et il est nullement abstrait de dire, car c’est bien concret,
que nous avons des rendez-vous, de réelles rencontres avec ces trois principes évolutif de notre
être. Ces rendez-vous se déroulent de la manière suivante. En tant qu’être humain, au fil du
temps, nous nous éloignerions de plus en plus avec le Spirituel – un état difficile à supporter – si
nous ne rencontrerions pas de temps en temps notre Âme-Esprit. Notre Je doit rencontrer ce Soi
supérieur, cette Âme-Esprit que nous devons développer et qui spirituellement parlant est de
nature de la Hiérarchie des Anges. De ce fait nous pouvons dire en langage simple et christique,
nous devons de temps en temps rencontrer un être de la hiérarchie des Anges, un être proche de
qui on est, et quand cela se réalise, cela amène un changement spirituel qui nous permettra un
jour d’incarner l’Âme-Esprit. Nous devons aussi rencontrer un être de la Hiérarchie des Archanges,
car cela nous prépare un jour à développer l’Âme Christ.
Que nous voyions dans le sens christique ces êtres parmi la hiérarchie des Anges, ou que nous y
faisions référence comme les anciens quand ils parlaient d’Âmes-Esprit ne fait aucune différence.
Nous vivons à une époque – mais cela va changer – où peu de gens peuvent voir les choses et les
êtres dans le monde spirituel. Les temps sont révolues où les êtres et même les processus
d’évolution dans le monde spirituel pouvaient être perçus dans un sens plus large et
compréhensible. Car aux temps où on parlait d’Âme-Esprit il y avait une perception directe et
concrète de cet être.
Dans un passé encore plus lointain cette vision était tellement forte que les hommes pouvaient
décrire cela bien concrètement et de manière objective, des récits qui sont pris aujourd’hui
comme des fables poétiques, bien que s’en n’étaient pas l’intention. Ainsi Plutarque décrit la
relation de l’être humain à l’Âme-Esprit comme suit. Je voudrais faire littéralement faire référence
à ce passage. Plutarque, l’écrivain romain, disait qu’à côté de la partie de l’Âme incorporée dans
le corps terrestre, il y avait une part plus pure à l’extérieure, s’élevant au-dessus de la tête de
l’homme, ressemblant à une étoile, et qui est correctement nommée le diamant de l’homme, qui
le guide et que l’homme sage suit librement. C’est ainsi que Plutarque décrivait ce qu’il ne
souhaitait pas qu’on prenne comme une fable poétique, mais comme une réalité concrète
extérieure. En effet sa description est si concrète et qu’il dit expressément : « La partie spirituelle
restante de l’homme peut d’une certaine manière être perçue en même temps que le corps
humain, en ce sens qu’elle remplit normalement le même espace, mais l’Âme-Esprit, le guide de
l’être humain est quelque chose d’à part et peut être perçu à l’extérieur de la tête de chaque

2
homme ». Paracelse aussi, est un des derniers qui, sans entraînement spécial ou don spécial, était
capable de donner des renseignements puissants sur ces sujets. Il disait la même chose en se
basant sur son expérience du phénomène. Beaucoup d’autres disaient la même chose.
L’Âme-Esprit n’est nul autre que l’Âme-Esprit dans le processus de l’évolution, qui est né d’un être
faisant partie de la hiérarchie des Anges. Il est important que nous rentrions plus profondément
dans ces choses, car quand l’Âme-Esprit devient perceptible, elle a ses propres conditions
spéciales. Ce sujet peut être considéré d’un tout autre point de vue, mais nous allons maintenant
le considérer de la manière suivante.
Prenons le sujet de la relation mutuelle entre l’homme et l’homme, nous pouvons apprendre
beaucoup de ça. Cela nous enseigne sur les perceptions des principes spirituels sur l’être humain.
Si un être humain est capable seulement d’observer la rencontre de deux personnes au niveau
physique, vision sensible, il voit simplement qu’ils viennent ensemble, se saluent, etc. Mais s’il
devient capable d’observer un tel évènement avec un regard spirituel il verra qu’à chaque fois
deux êtres se rencontrent un processus spirituel est enclenché, qui, parmi d’autres choses,
s’exprime extérieurement par le fait que la partie qui forme le corps éthérique de la tête devient
l’expression de tout sentiment de sympathie ou d’antipathie que ces deux personnes ressentent
l’un pour l’autre, et ce phénomène perdure tant qu’elles sont ensembles. Supposez que deux
personnes qui ne se supportent pas se rencontrent, c’est un cas extrême, mais ça arrive dans la
vie. Supposez que deux personnes qui ont de l’aversion l’un pour l’autre se rencontrent. On peut
alors observer que l’aura éthérique de la tête, chez les deux personnes, s’incline en avant. Un
sentiment d’antipathie chez les deux personnes qui se rencontrent s’exprime par un
fléchissement et inclinaison de la tête éthérique de l’un vers l’autre. Si maintenant deux
personnes qui s’aiment se rencontrent, on peut observer un processus similaire, mais la tête
éthérique s’incline vers l’arrière. Maintenant que la tête éthérique s’incline vers l’avant quand il
y a un sentiment d’antipathie envers l’autre, ou que la tête éthérique s’incline vers l’arrière quand
il y a un sentiment de sympathie entre les deux personnes, dans les deux cas la tête physique est
plus ou alors moins libre dépendant de la relation. Si est à relativiser bien sûr car le corps
éthérique n’émerge pas complètement mais s’étend en longueur de sorte qu’une continuation
peut être observée. Un corps éthérique moins dense, plus rare rempli alors le corps physique que
de normal et le résultat est, par l’effet de l’exceptionnelle transparence du corps éthérique, que
le corps astral dans la tête devient plus visible à l’œil du clairvoyant. Ainsi il n’y a pas seulement
un mouvement du corps éthérique, mais aussi une altération de la lumière astrale dans la tête.
Ceci mes chers amis, qui n’est pas une imagination poétique mais un fait avéré, est la raison
pourquoi dans les endroits où ces choses étaient connues, des personnes capables d’amour
désintéressé étaient représentés par une aura autour de la tête, comme un halo de lumière.
Quand deux personnes se rencontrent avec une forte teinte d’égoïsme ce phénomène n’est pas
tellement visible. Mais quand un homme entre en contact avec l’humanité et qu’il n’est pas centré
sur soi et ses propres relations personnelles, et qu’il est empli d’amour désintéressé pour toute
l’humanité, un tel phénomène apparaît. A ce moment-là le corps astral dans le voisinage de la
tête devient clairement visible. S’il y a maintenant des personnes qui peuvent voir cela par
clairvoyance chez un être, ils ne peuvent que voir le halo de lumière et ne peuvent faire autrement
que de peindre ou représenter cela comme une réalité. Ces choses sont absolument en lien avec

3
l’objectivité des faits du monde spirituel, et cette réalité persistante est en lien aussi avec quelque
chose d’autre.
L’homme doit nécessairement, de temps en temps, entrer en communication avec son Âme-
Esprit visible dans l’aura astrale sous forme rudimentaire comme je l’ai décrit, mais elle doit
encore se développer. Elle rayonne depuis le dessus et s’écoulera dans le futur. L’homme doit de
temps en temps être mis en contact avec l’Âme-Esprit. Quand cela arrive-t-il ?
Nous en arrivons au premier rendez-vous dont nous avons parlé. Quand cela arrive-t-il ? Cela a
lieu très simplement dans le sommeil normal, à presque toutes les occasions, entre
l’endormissement et le réveil. Chez les gens de la campagne qui sont plus proche de la nature, qui
vont au lit au coucher du soleil et se lèvent au lever du soleil, cette rencontre se fait au milieu du
temps de sommeil, qui en règle générale est le milieu de la nuit. Pour les personnes qui se sont
coupées de la connexion à la nature cela ne sera pas le cas. Mais cela dépend du libre arbitre de
l’être humain. Un homme moderne peut vivre sa vie comme il lui plait, et pourtant ce fait peut
affecter sa vie. Cela dit il peut réguler sa vie comme il lui plait, en prenant soin de rester dans
certaines limites et lui aussi peut expérimenter au milieu d’un long sommeil ce que l’on peut
appeler une union intime avec l’Âme-Esprit. Ainsi la rencontre avec Âme-Esprit s’effectue toute
les nuits, ce qui veut dire pendant chaque période de sommeil, même si cela ne doit pas être pris
à la lettre. Cette rencontre est importante pour l’être humain. Car tous les ressentis qui rendent
l’âme heureuse proviennent de cette intimité avec l’Âme-Esprit durant le sommeil. Les ressentis
que nous pouvons avoir au réveil de notre connexion au monde spirituel est une conséquence de
notre rencontre avec l'Âme-Esprit. Ceci est le premier rendez-vous avec les mondes supérieurs et
on peut dire que la plupart des gens n’en sont pas à priori conscient. Cela dit plus ils en prendront
de plus en plus conscience en réalisant les bienfaits en s’éveillant à un mode de vie plus conscient
en se laissant pénétrer par les idées et concepts de la science spirituelle jusqu’à leur âme se raffine
suffisamment pour observer attentivement ces effets. Tout dépend si l’âme est suffisamment
raffinée pour se familiariser avec sa vie intérieure et en être observatrice. Cette rencontre avec
l’Âme-Esprit est amenée à la conscience de tout homme d’une manière ou d’une autre, mais le
matérialisme environnant qui remplit l’esprit avec des idées de la pensée matérialiste et surtout
la vie que nous menons aujourd’hui, pénétrée de points de vue matérialistes, empêche l’âme de
faire attention aux impulsions qui résultent de cette rencontre au sommet. Au fur et à mesure
que les gens rempliront leur esprit plus avec des concepts spirituels que des idées du monde
matérialiste, la perception de la rencontre nocturne avec l’Âme-Esprit deviendra de plus en plus
évidente pour eux.
Le deuxième rendez-vous dont nous avons à parler est plus élevé. De ce qui a été déjà dit on peut
déduire que le premier rendez-vous avec l’Âme-Esprit est en lien avec le déroulement de la
journée. Si nous n’étions pas, avec les temps modernes, devenus libres d’ajuster nos vies comme
bon nous semble, cette rencontre aurait lieu à l’heure de minuit. Un homme rencontrerait son
Âme-Esprit chaque nuit à minuit. Mais étant donné que l’être humain est aujourd’hui libre
d’agencer sa journée comme il le souhaite, ce rendez-vous s’est décalé et l’heure à laquelle le Je
rencontre l’Âme-Esprit (le Je rencontre l’Âme) n’est plus fixe. Le second rendez-vous n’est
cependant pas si mouvant car ce qui est plus en rapport avec les corps astral et éthérique ne peut
pas comme ça déroger simplement à l’ordre cosmique. Si le premier rendez-vous est en rapport
avec le déroulement de la journée, le second, lui, est en rapport avec le déroulement de l’année.

4
J’avais déjà expliqué par ailleurs que la vie de l’être humain ne se déroule pas de manière linéaire
durant l’année. Quand le soleil développe sa plus grande chaleur, l’homme est plus soumis à sa
vie matérielle et le monde physique autour de lui. Ce Qui n’est pas le cas en hiver quand dans un
certain sens il doit combattre avec les phénomènes externes des éléments et il est plus renvoyé
à lui-même, cela dit sa nature spirituelle en est plus libérée et l’homme est plus en contact avec
le monde spirituel, le sien et celui de la Terre. Ainsi le moment de l’hiver où se déroule la fête de
Noël et ses Mystères n’est pas dû au hasard. Car au moment de Noël l’homme, ainsi que la Terre
entière, s’adonne à l’Esprit. Il traverse alors un royaume dans lequel le spirituel est proche de lui.
La conséquence en est que l’homme, entre Noël et la nouvelle année, fait une rencontre avec
l’Âme Christ, de la même manière que le Je rencontre l’Âme-Esprit à la première rencontre. Cette
rencontre avec l’Âme Christ dépend de la présence du Christ Jésus. Car le Christ se révèle à travers
l’Âme Christ. Il se révèle à travers le royaume des Archanges. Il est bien sûr un Être
incommensurablement plus grand qu’eux, mais ce n’est pas la question. Ce qui est important c’est
qu’Il se révèle à travers un Être de la hiérarchie des Archanges. A travers cette rencontre on se
rapproche donc du Christ Jésus, et ce depuis les événements du Golgotha, et dans une certaine
mesure on peut appeler cette rencontre avec l’Âme Christ, une rencontre avec le Christ lui-même
dans les profondeurs de notre Âme. Maintenant, un être humain qui s’adonne à la vie spirituelle
à travers la méditation et des exercices adéquats et qui grandit en conscience en s’imprégnant
des concepts et des idées de la science spirituelle, lorsqu’il approfondit et spiritualise ainsi sa vie,
alors tout comme il peut expérimenter en journée les effets de la rencontre nocturne avec l’Âme-
Esprit, il expérimentera les effets de la rencontre avec l’Âme Christ, ou le Christ. Mes chers amis,
c’est un fait avéré que la période juste après Noël jusqu’à Pâque est particulièrement favorable
pour amener à la conscience de l’être humain cette rencontre avec le Christ Jésus. Dans un sens
profond la période de Noël est en lien avec des processus se déroulant dans la Terre et l’homme
aussi bien que la Terre y participent. La période de Pâque quant à elle est déterminée par les
cieux. Le dimanche de Pâque est fixé au premier dimanche suivant la première pleine lune après
l’équinoxe de printemps. Ainsi Noël est fixé par des conditions terrestres, tandis que Pâque est
fixée par des conditions célestes. Et nous-mêmes, avec tout ce qui vient d’être dit, nous sommes
connectés à ces processus terrestres et célestes. Pâque est l’aboutissement de la concrétisation
de la rencontre avec le Christ à Noël. Les Mystères du vendredi saint signifient entre autre que
depuis Noël en quelque sorte Il était comme à nos côtés. A Pâques Il disparaît en nous et nous
pénètre de manière à rester avec nous durant toute la période qui suit le Mystère du Golgotha, à
savoir la période de l’été, pendant laquelle, dans les anciens Mystères, les hommes essayaient de
s’unir à Jean, d’une manière qui n’est plus possible après les événements du Golgotha.
Comme nous le voyions, nous sommes le microcosme, et nous sommes profondément rattachés
au macrocosme. Il existe une union continue avec le macrocosme tout au long des saisons. Et
cette union s’effectuant dans les profondeurs de l’être, est en rapport avec les rythmes de
l’année. Et c’est ainsi que la science spirituelle avance graduellement avec ce concept que le
Christ, depuis les événements du Golgotha, peut maintenant pénétrer profondément la vie
terrestre.
A cet instant de l’exposé je me sens de faire une interpolation importante, et qui devrait être
comprise et intégrée, et ce plus particulièrement par les amis de la science spirituelle. On ne
devrait jamais considérer la science spirituelle comme se substituant à la vie intérieure et aux
exercices. La science spirituelle, dans sa partie la plus noble, et plus particulièrement ce qui touche

5
les Mystères du Christ, devrait être utilisée comme un support, une fondation pour la vie
intérieure et le travail sur soi, mais ne devrait pas devenir une religion. Si la conscience spirituelle
doit devenir vivante en l’être humain, elle ne peut pas être figée dans le temps, par exemple dans
un concept vague et abstrait de l’idée de Dieu ou de Christ, mais doit être continuellement
renouvelée à travers des activités et pratiques spirituelles, qui chez différentes personnes, peut
prendre des formes différentes, et rester quelque chose comme une essence qui enflamme
l’idéal. Si ce sentiment religieux est assez profond, de telle manière à stimuler l’Âme, l’être va
aspirer naturellement aux idées développées par la science spirituelle. Si on peut dire
qu’objectivement la science spirituelle peut être prise comme un support pour le développement
de la vie intérieure, subjectivement le temps est venu ou on peut dire qu’un être humain avec
une aspiration authentique au spirituel cherchera à connaître. Car la conscience spirituelle est
acquise à travers une aspiration au spirituel, et la sagesse par la science spirituelle. La vie
intérieure amène aujourd’hui à la science spirituelle.
Le troisième rendez-vous est celui où l’être humain se rapproche de l’Âme divine, qui sera
développée dans un lointain futur et qui est lui est rendu accessible par un Être appartenant aux
Archées. On peut dire que les anciens étaient sensibles à ce fait, tout comme le sont les gens
aujourd’hui, mais ces derniers n’en n’ont plus la conscience de la vérité profonde d’un tel sujet.
Les anciens percevaient cette rencontre comme quelque chose qui pénètre le monde, tandis
qu’aujourd’hui on peut à peine distinguer en nous-mêmes ou dans le monde. Tout comme on
peut parler du deuxième rendez-vous comme d’une rencontre avec le Christ Jésus, on peut parler
de ce troisième rendez-vous comme une rencontre avec le principe du Père, le Père sur lequel
repose la fondation du monde et que nous pouvons expérimenter quand nous avons un juste
ressenti au sujet de ce que les religions diverses entendent par « le Père ». Cette rencontre est de
nature à révéler notre connexion intime avec le macrocosme, avec le Divin universel. Le
déroulement de la journée inclut notre rencontre avec l’Âme-Esprit. Le déroulement de l’année
inclut notre rencontre avec le Christ jésus. Et le déroulement de toute une vie humaine, qui peut
être décrite comme la vie patriarcale de 70 ans, inclut le rencontre avec le principe du Père.
Pendant un certain temps, et c’est juste comme ça, notre vie terrestre est préparée à travers
l’éducation, aujourd’hui de manière assez inconsciente, cela dit elle est préparée et la plupart des
gens expérimentent de manière inconsciente, entre vingt-huit et quarante-deux ans, mais
profondément en l’Âme, la rencontre avec le principe du Père. La conséquence de cela peut
s’étendre dans une vie suivante si nous développons suffisamment nos perceptions pour réaliser
que ce qui se déverse dans notre être intérieur est la conséquence de notre rencontre avec le
principe du Père.
Pendant une certaine période de notre vie – la période de la préparation – l’éducation devrait de
multiples manières, permettre de rendre cette rencontre avec le principe du Père aussi profonde
que possible. Une manière de faire cela est d’éveiller en l’homme pendant sa période de
préparation un sentiment fort de la beauté du monde, sa grandeur et de ses principes évolutifs
sublimes. On soustrait une grande part de la croissance du jeune garçon et de la fille si on faillit
d’attirer leur attention sur les révélations de la beauté et grandeur du monde, car alors au lieu
d’acquérir une dévotion révérencielle pour ces choses-là, ils passeront à côté, sans l’observer. Si
nous remplissons l’esprit des jeunes avec des pensées remplissant leur cœur de ressentis
imprégnés de la beauté et de la grandeur du monde, nous les préparons alors à la juste rencontre
avec le principe du Père. Car cette rencontre est d’une grande importance pour la vie qui s’écoule

6
de la mort à une nouvelle naissance. Cette rencontre avec le principe du Père, qui se déroule
entre les âges précédemment cités, peut être une grande force et soutenir l’homme, quand il a,
comme nous le savons, à récapituler sa vie sur terre après avoir franchi les portails de la mort et
lorsqu’il traverse le monde de l’Âme. Ce voyage rétrospectif, comme nous le savons, dure un tiers
du temps passé entre la naissance et la mort peut être rendu fort et puissant, comme il se doit
d’ailleurs, si un homme peut se voir à un certain moment dans le temps et l’espace rencontrer
cet Être qu’il peut faiblement entrevoir et s’exprimer avec hésitation quand il parle du Père régent
de l’Ordre cosmique. Ceci est une image force importante qui, une fois que l’être humain a franchi
le portail de la mort, devrait être présente toujours avec lui, tout comme l’image de la mort en
elle-même.
Maintenant il est naturel qu’une question émerge en lien avec ceci. Il y a maintenant des gens qui
meurent avant d’avoir atteint le milieu de la vie, lorsqu’ils devraient normalement avoir cette
rencontre avec le principe du Père. Nous devons prendre en compte le cas de ceux dont la mort
est provoquée par des circonstances extérieures, par exemple la maladie qui en est une, ou d’une
quelconque faiblesse. Si, dans le cas d’une mort prématurée, la rencontre avec le principe du Père
n’a pas encore eu lieu, elle se déroulera alors à l’heure de la mort. La rencontre a lieu au moment
de la mort. Ici nous pouvons rappeler, comme cela a été dit d’une certaine manière dans le livre
Théosophie, ce phénomène déplorable quand l’homme met fin à ses jours de manière volontaire.
Aucun homme ne ferait ça s’il voyait la signification de son action. Et quand la science spirituelle
aura vraiment imprégné le sentiment et la pensée des gens, il n’y aura plus de suicides. Car la
rencontre avec le principe du Père à l’heure de la mort, quand la mort intervient avant le milieu
de la vie, est soumise au fait que l’homme ne se soit pas donné volontairement la mort. Car à
travers le suicide un homme peut éventuellement est privé de cette rencontre avec le principe
du Père pendant cette incarnation.
Les vérités de la science spirituelle peuvent amener de sérieuses réponses aux questions
existentielles dont l’homme a besoin aujourd’hui pour trouver son chemin hors du matérialisme,
matérialisme qui gouverne le monde actuel et qui dépend de l’homme lui-même. Des forces plus
puissantes seront nécessaires pour surmonter l’attachement aux puissances matérialistes qui
gouvernent l’homme aujourd’hui pour lui donner une nouvelle possibilité de se reconnaître
comme étant issu du monde spirituel par l’expérience directe de la vie.
Si on parle d’une manière plus abstraite des Êtres des Hiérarchies supérieures, on peut parler de
manière plus concrète de l’élévation en trois étapes de l’être humain à travers la rencontre avec
l’Âme-Esprit, la rencontre avec le Christ Jésus, et la rencontre avec le Père.
Bien sûr ces rencontres dépendent du fait que nous gagnions le plus de concepts spirituels
possibles, car ces concepts se frayent un chemin dans notre sentiment. Ils raffinent notre vie
intérieure de telle manière à ce que nous ne soyons plus négligents ou inattentifs face à ces
choses. C’est pour cela que l’éducation sera d’une grande importance dans l’avenir. Je voudrais
juste mettre en avant un de ces concepts. Imaginez comment la vie serait infiniment plus
profonde si à la culture générale concernant le karma on ajoutait le fait que si la mort d’un homme
intervient dans sa prime jeunesse la rencontre avec le principe du Père se déroule alors à l’heure
de la mort. Cela montrerait que le karma particulier de cet homme demandait une mort
prématurée pour provoquer cette rencontre avec le principe du Père. Car que se passe-t-il dans
ce cas-là ? L’homme est détruit par l’extérieur, son corps physique est ébranlé de l’extérieur. Avec

7
la maladie aussi, c’est réellement le cas. Car la scène d’action de la rencontre avec le principe du
Père se déroule vraiment dans le monde physique terrestre. Et lorsqu’il apparaît que le monde
physique terrestre détruit l’homme, la rencontre avec le principe du Père peut être vu là, ici-bas,
de manière rétrospective aussi, bien sûr. Cette expérience permet à l’homme dans l’entre-deux
vies de tenir fermement un point d’ancrage à la Terre, où, descendant des hauteurs célestes le
principe du Père est descendu pour que la rencontre ait lieu. Ce souvenir l’incite à devenir aussi
actif que possible pour travailler sur le plan physico-terrestre à partir du monde spirituel.
Maintenant si on regarde les temps actuels de ce point de vue, en essayant d’éveiller en nous ce
même sentiment solennel que suscite la rencontre avec le principe du Père, en essayant de voir
toutes ces morts prématurées non pas seulement du point de vue sentimental ou abstrait, nous
sommes forcés d’admettre que ces gens-là étaient prédestinés à être préparés pour une grande
activité se déroulant sur le plan terrestre et piloté depuis le monde spirituel. Ceci est un autre
aspect de ce que j’ai dit déjà en référence aux événements tragiques des dernières années. Ceux
qui passent de manière prématurée le portail de la mort vont devenir des aides dans le futur
développement de l’humanité, qui va avoir réellement besoin de grandes forces pour se détacher
du matérialisme. Mais tout ceci doit être mis à la conscience de l’être humain, cela ne doit pas se
faire de manière inconsciente. C’est pourquoi il est important, même aujourd’hui, que des âmes
se rendent réceptives – j’ai déjà mentionné cela – sinon les forces déployées dans le monde
spirituel pourraient aller dans d’autres directions. Pour que ces forces, ces forces prédestinées,
deviennent fructueuses pour la Terre, il est nécessaire qu’il y ait des âmes sur Terre qui se laissent
pénétrer avec la connaissance du monde spirituel. Et il doit y avoir de plus en plus de ces âmes
sur Terre. Faisons en sorte que l’enseignement de la science spirituelle porte des fruits. Laissons
revivre en nous la Sagesse afin qu’elle imprègne jusqu’à notre vie actuelle. Laissons renaître à
nouveau ce que nous avons entendu de Plutarque, que l’homme, même dans sa simple nature
physique, est pénétré par l’être spirituel, et que l’homme a un principe spirituel à l’extérieur de
sa tête qui représente l’Âme-Esprit, et à qui, s’il était sage, il obéirait. Essayons comme je l’ai dit
d’apporter ces images forces de la science spirituelle à notre conscience afin que ces phénomènes
ne pas inaperçus.
En conclusion nous allons prendre aujourd’hui un ressenti, un concept, qui peuvent être d’une
grande aide pour nos âmes. Malheureusement beaucoup de gens dans notre société matérialiste
ont du mal à ressentir ce que je nomme le sain sommeil. Il est en effet curieux pour la pensée
matérialiste d’envisager d’être complètement dévoués à trouver le sain sommeil. Il suffit de voir
combien de gens passent leur soirée de manière totalement matérialiste, vont au lit sans dérouler
la rétrospection – cela ne peut pas en effet devenir quelque chose de vivant dans un esprit
matérialiste – ce sommeil nous unis au monde spirituel, ce sommeil nous envoie à travers le
monde spirituel. (Ces choses ne sont pas dites à titre de reproches, ou pour forcer les gens à
l’ascétisme. Nous devons vivre avec notre temps, mais en même temps nous devons ouvrir nos
yeux car c’est seulement ainsi que nous pouvons secouer notre corps physique et le détacher de
ce qui est bas pour l’élever.) Les gens devraient petit à petit développer un ressenti qui
s’exprimerait ainsi : « Je vais dormir. Jusqu’à ce que je me lève mon âme sera dans le monde
spirituel. Là elle va rencontrer les puissances qui guident ma vie sur Terre et qui enveloppent ma
tête. Mon Je va rencontrer l’Âme-Esprit. Les ailes de mon Âme-Esprit vont être en contact avec
mon Je.

8
Oui mes amis, le combat pour surmonter la vie matérialiste, dépend en grande partie de la
capacité que l’on a de créer en soi un fort ressenti de ce que signifie vraiment cette relation au
sommeil. La vie matérialiste ne peut être surmontée que si on sait générer en, nous de tels
concepts qui sont en lien avec le monde spirituel. C’est seulement quand nous intensifions de tels
ressentis et que nous les rendons actifs, que la vie durant le sommeil va devenir si intense, que le
contact avec le monde spirituel pourra graduellement renforcer notre état de veille. Nous aurons
alors autour de nous pas seulement le monde des sens, mais aussi le mode spirituel, qui est le
vrai monde réel. Car le monde des sens que nous appelons le monde réel n’est autre qu’une
projection, une image du vrai monde réel. Le monde réel est le monde de l’esprit. La petite
communauté dévouée à l’Anthroposophie ou science spirituelle aurait intérêt à saisir
consciencieusement les signes des temps et suivre les épreuves sévères de ces temps, si à côté
de toutes les autres épreuves dont l’être humain est soumis aujourd’hui, il apprend à voir les
temps actuels comme un temps de test et de probation, pour voir si nous sommes capables avec
assez de force d’âme et de chaleur du cœur d’unir notre être tout entier avec la science spirituelle
qui doit imprégner notre entendement et notre intellect.
Avec ses mots, je voudrais une fois de plus souligner ce que j’ai déjà dit plusieurs fois à savoir que
la science spirituelle trouvera sa juste place dans le cœur des hommes si elle ne reste pas une
simple théorie et savoir, mais si elle pénètre constamment l’âme jusqu’à notre sang physique,
notre sang du cœur, pénètre constamment et donne vie à notre nature physique.