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2023

INTRODUCTION

"QUEL PLUS GRAND ELOGE EST-IL QUE DE DIRE QUE VOUS


ETES CE QUE VOUS ETES ? "
William Shakespeare

Développer son estime de soi


SÉMINAIRE DU 06/07 JANVIER 2023 EMBA – PROMOTION 15
AHMED ALMOTAMASSIK
1 - L’ESTIME DE SOI, C’EST…
La connaissance de ses forces, de ses faiblesses, de ses difficultés, de ses limites, de ses
besoins, ayant pour effet une image de soi en rapport avec la réalité.

Si vous avez une image positive de vous-même, vous pourrez enrichir votre vie. Les gens
heureux sont agréables à côtoyer. Lorsque nous sommes bien dans notre peau, les relations
que nous entretenons avec les gens sont plus satisfaisantes et nous sommes davantage
capables de faire face aux exigences de la vie. En d'autres mots, nous sommes plus heureux.

2- DÉFINITION DE L'ESTIME DE SOI


L'estime de soi est une attitude intérieure qui consiste à se dire qu’on a de la valeur, qu'on est
unique et important. C'est se connaître et s'aimer comme on est avec ses qualités et ses
limites. C'est s'apprécier et s'accepter comme on est.

3 - COMMENT SE CONSTRUIT L'ESTIME DE SOI ?


Chaque personne est un être social qui se développe au contact des autres. La perception
qu'il a de lui-même se forge dès ses premières années de vie. Enfant, ce que ses parents,
ses amis diront, les façons dont ils agiront avec lui auront une influence directe sur sa
perception de lui-même, son estime de soi. Adolescent, son environnement et limage qu'il
aura de lui-même nourriront également son estime, son sentiment d'avoir une valeur ou non
... Rendu à l'âge adulte, l'environnement joue encore un rôle important dans l'estime de soi
en plus des événements du passé (succès, erreurs, échecs, etc.). Cependant, la vraie estime
de soi est fondée sur l'opinion que nous avons de nous-mêmes et de ce que nous avons
fait. Notre talent, notre beauté, notre fortune, etc. n'ont rien à voir avec notre valeur.
L'estime de soi c'est notre acceptation et appréciation de nous- mêmes tels que nous
sommes.

4 - L'ATTITUDE INTÉRIEURE
La personne qui a peu d'estime d'elle-même est dépourvue de valeur. Souvent, elle aura de
la difficulté à réussir quoi que ce soit. Constamment, elle se fait des reproches intérieurs. Elle
se dit incapable d'accomplir telle tâche et se sent inférieure aux autres, souvent elle se
déprécie sans même s'en rendre compte ! Elle s'évalue d'après son passé, d'après les
critiques des autres. Son impression de ne rien valoir vient avant tout de son dialogue
intérieur qui est souvent presqu'exclusivement négatif.
La façon dont nous pensons joue un rôle déterminant sur notre estime de nous-mêmes. Nous
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sommes ce que nous pensons ! Si notre discours intérieur face à notre valeur est négatif,
notre estime de nous-mêmes sera faible ... ou inexistante.

L'estime de soi étant une attitude intérieure, il est important de nous connaître, de nous aimer
tels que nous sommes. Apprendre à s'accepter, à s'apprécier, connaître ses goûts, ses
besoins, ses capacités et ses limites nous aide à augmenter notre estime de nous-mêmes.
Afin d'augmenter notre estime, il nous faut changer d'attitude, avoir une vision de la vie et de
nous-mêmes qui soit positive et réaliste.

5- ATTITUDE POSITIVE ET ESTIME DE SOI

En développant une attitude, une pensée positive par rapport à nous-mêmes, nous
augmentons notre estime. Un moyen facile est d'apprendre à se faire plaisir. Se gâter ! Le
plaisir est une source de bien-être physique, émotif et spirituel. C'est une émotion positive,
une sensation d'être bien vivant, d'être bien dans son corps, bien dans sa peau, bien dans
son être profond.

Pour plusieurs personnes, dire qu'il est important de se gâter, de se faire plaisir peut sembler
égoïste ; il faut apprendre à changer cette perception négative et cela se fait à tout âge.

Se faire plaisir est le début d'une attitude positive face à soi-même. Lorsque nous nous
faisons plaisir, nous avons une attitude positive envers nous-mêmes, nous reconnaissons
notre valeur.

Apprendre à reconnaître nos bons côtés, tenir compte de notre bonne volonté, découvrir les
aspects qui sont intéressants en nous et être capable d'identifier ce que nous aimons,
augmentent notre estime. La reconnaissance de notre propre valeur, voilà un bon début
afin d'augmenter notre estime de nous-mêmes. Nous avons tous une valeur, non pas
seulement pour ce que nous avons fait mais pour ce que nous sommes actuellement. C'est
pourquoi la connaissance de nos forces et de nos limites est essentielle pour le
développement de l'estime de soi. Lorsqu'on se connaît bien, on a davantage confiance en
soi et on s'affirme plus facilement.

6 - QUE PERMET L’ESTIME DE SOI ?

Le développement de notre estime de soi permet un sentiment de mieux-être face à nous-


mêmes. L'estime de soi augmente notre sentiment de valeur et d'utilité.

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Elle nous facilite les relations avec autrui, il est plus facile d'entrer en
contact avec les gens.
Elle nous permet une plus grande sécurité émotionnelle, c'est-à-dire l'acceptation de
nous-mêmes, une plus grande tolérance à la vie, aux frustrations.
Elle nous donne une perception plus réaliste de nos aptitudes, de
nos qualités.
Elle nous permet une plus grande connaissance de nous-mêmes, un plus grand sens
de l'humour et la capacité de rire de nous-mêmes, de ce qui nous appartient.
Une bonne estime de soi offre une meilleure perception de la
vie en général.
Certaines personnes se traitent comme si elles étaient leur propre ennemi ! Il est
important d'apprendre plutôt à se traiter comme on traite son meilleur ami et cela
commence par la reconnaissance de sa propre valeur. Vous y gagnerez, les autres
aussi !

7 - COMMENT AUGMENTER L'ESTIME DE SOI ?

Il n'existe pas de formule magique prête à emporter ou efficace instantanément. C'est


plutôt un apprentissage quotidien, qui part de nous, de notre attitude face à nous-mêmes,
face à la vie. Nous retenons les suggestions suivantes :

 Évitez de ruminer vos défauts, vos faiblesses et vos erreurs. Ce sont des pensées
qui empoisonnent votre vie et détruisent votre estime de vous-mêmes.
 N’'ayez pas de préjugés défavorables envers vous-mêmes. Il ne faut pas se dénigrer.
Gardez l'esprit ouvert.
 Évitez de transformer chaque erreur en défaut.
 Tenez compte de vos bons coups, des choses dont vous êtes satisfaites.
 Mettez en évidence les qualités que vous avez utilisées des dizaines de fois au lieu
d'accorder de l'importance aux erreurs.
 Soyez attentifs à vos propres désirs.
 Exprimez vos besoins et vos attentes ; lorsque vous satisfaisiez vos besoins, vous en
recueillez de l'énergie.
 Ne vous sacrifiez pas dans le but de plaire à tous et en tout temps, cela est
impossible et n'est pas nécessaire.
 Ne vous sentez responsable que pour des choses sur lesquelles vous avez un
certain contrôle.
 Reconnaissez que vous êtes digne d'être aimé pour ce que vous êtes : un être
humain qui fait de son mieux avec les capacités et les limites qu'il a.
 Traitez-vous comme votre meilleur ami, faites-vous plaisir
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La perception que les gens ont d'eux-mêmes influence leur estime de soi. La façon dont ils
se sentent dans leurs relations interpersonnelles influence aussi l'estime de soi. En somme,
l'estime de soi est une attitude intérieure basée sur notre perception de nous-mêmes et celle
que notre environnement nous reflète de nous. Afin d'augmenter notre estime, notre sentiment
d'avoir une valeur, il faut reconnaître nos qualités et nos limites, être réaliste dans notre
évaluation de nous-mêmes, s'accepter et s'apprécier comme nous sommes.

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MODULE 1

PISTES DE RENFORCEMENT
Vous êtes authentique et original. Choisissez consciemment d'être

vous maintenant et n'oubliez jamais que personne

ne peut vous faire sentir inférieur sans votre

consentement.

S’estimer et se connaître

Apprendre à dire non, apprendre à dire oui

Accepter l’échec

Agir

Quelqu’un de précieux

Des mots pour le dire

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L'Acceptation de soi est la clé de la grandeur.

Une fois que vous vous percevrez de cette façon, on ne pourra jamais vous faire sentir
inférieur et tous les sentiments que vous associez au fait de ne pas être à la hauteur
disparaîtront de votre vie.

Une vision claire de votre soi individuel et unique vous rend inaccessible à toute
condamnation quelle qu'elle soit. Une fois que vous vous sentirez unique, vous
comprendrez aussi votre valeur et n'aurez plus besoin de continuer à jouer des rôles vis-à-
vis de vous-même et des autres.

A ce moment-là, vous atteindrez la plus grande liberté qui soit :

NEUF CLÉS POUR DÉVELOPPER L’ESTIME DE SOI

1. Se connaître.
2. S’accepter.
3. Etre honnête avec soi-même.
4. Agir.
5. Faire taire la critique intérieure.
6. Accepter l’idée de l’échec.
7. S’affirmer.
8. Ecouter et chercher à comprendre le point de vue de l’autre.
9. S’appuyer sur le soutien social.

Vous n'êtes pas la répétition d'une autre personne.


N'aspirez pas à être une copie même de ceux qui ont
atteint la grandeur.

Les clefs pour développer la confiance en soi


1. Changer le rapport à soi-même :
Pas besoin d’être un diamant pour laisser passer la lumière

La première chose à faire est de connaître nos forces comme nos limites Ensuite,
s’accepter, s’aimer sans conditions. Il n’est pas nécessaire d’être sans défaut pour avoir
une haute estime de soi. Avoir une haute estime de soi ne signifie pas pour autant mentir
à soi-même et aux autres.
 

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2. Changer le rapport à l’action :
C’est en forgeant qu’on devient forgeron.

Les actes quotidiens sont la gymnastique d’entretien de l’estime de soi. Agir, c’est
prendre le risque de réussir… Souvent, on n’ose pas. La peur paralyse. On a peur de
faire le mauvais choix, peur de rater. Oublions les « ça ne marchera pas » et les « ça n’a
servi à rien ». Un voyage de mille lieues commence par un seul pas. C’est en réussissant
des petites choses qu’on améliore l’estime de soi. Avançons étape par étape.

3. Et si l’on rate ? Échouer fait partie du jeu. On ne fait pas d’omelette sans casser des
œufs. Ne voyons pas tout en noir. Ce n’est pas parce qu’on rate une chose que le monde
s’écroule. Dans « Le livre du bonheur », Bernard Benson donnait l’image de la corde et
de la chaîne. Tresser une corde avec tout ce qui donne sens à notre vie rend notre
bonheur plus solide. Si un brin se casse, la corde ne se rompra pas. Alors que si nous
faisons une chaîne de tous ces éléments, lorsqu’un anneau casse, la chaîne est
brisée ...
 
4. Changer le rapport aux autres :

On ne développe pas l’estime de soi dans une bulle : s’appuyer sur le soutien social
est essentiel pour développer l’estime de soi. Les relations avec les autres ont besoin
d’être entretenues et diversifiées.

5. S’affirmer sans être ni hérisson, ni paillasson.

La communication non-violente développée propose une manière d’être en relation : à la


fois on exprime ce que l’on pense ou ressent et à la fois on écoute et cherche à
comprendre le point de vue de l’autre.

A la manière de la girafe, qui avec son long cou voit beaucoup de choses :
 Prendre le temps d’observer ce qui se passe, avec du recul.
 Ensuite, apprendre à exprimer ses sentiments, traduire en mots ce que l’on
ressent parfois de manière bien floue, à l’intérieur de soi : sentiment de
bien-être, de tristesse, d’insécurité ...
 Reconnaître les besoins satisfaits, ou insatisfaits en lien avec ces
sentiments.
 Apprendre à formuler des demandes, pas des exigences ni des plaintes.

Il est important de respecter l’autre, même si on n’est pas totalement en accord avec lui.

Vous ne vivrez plus pour les attentes des autres, vous


serez uniquement vous. Vous vous accepterez,
Vous retournerez à la source et feintes et comparaisons
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déserterons votre réalité.

Comment développer l’estime de soi ?

Pour s’envoler, le papillon commence par


un seul battement d’ailes

SE FIXER UN OBJECTIF CHAQUE SEMAINE POUR DÉVELOPPER L’ESTIME DE SOI

L’important est de ne pas se fixer un objectif trop haut dès le départ. Si l’objectif est trop
gros, il est préférable de se donner des étapes intermédiaires et des moyens. Mieux
vaut réussir un petit objectif et acquérir ainsi plus de confiance en soi en prenant
confiance en sa capacité propre à se prendre en main plutôt que d’affronter un échec ou
se laisser porter comme un bouchon par l’eau.

Choisissez UN SEUL objectif et vérifiez que vous pouvez répondre « oui « aux questions
suivantes :
L’objectif est-il réalisable en une semaine ?
L’objectif est-il concret ?
L’objectif est personnel ?
L’objectif est-il mesurable ?
L’objectif est-il formulé de façon positive ?
Avez-vous prise sur cet objectif ?

1. L’objectif est-il réalisable en une semaine ?

Si non, je me donne des étapes intermédiaires.


Par exemple : entreprendre une formation n’est pas réalisable en une semaine.
Par contre, c’est possible de contacter une association pour se renseigner sur les
formations disponibles.

2. L’objectif est-il concret ?

Je précise où et quand je veux mettre en œuvre cet objectif, éventuellement avec qui.

3. L’objectif est-il personnel ?

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Est-il important pour moi ou est-ce pour faire plaisir à mon mari, à mes enfants ?
Qu’est-ce qui me ferait vraiment plaisir ? J’ose écouter mes besoins et mes désirs :
peindre, me promener, chanter, apprendre à conduire, …

4. L’objectif est-il mesurable ?

Je dois pouvoir vérifier si je l’ai atteint. Exemple :


Manger moins : non mesurable
Manger uniquement aux repas : vérifiable

5. Ai-je prise sur cet objectif ?

Exemple : Je veux améliorer la relation avec ma belle-famille.


Je n’ai pas prise là-dessus. Chacun est responsable d’une part de la
relation Cette semaine, je me donnerai une occasion de mieux
connaître ma belle-mère. Quel moyen ?
Lui téléphoner - L’inviter à faire une activité avec moi - Lui demander une recette de cuisine
- L’inviter à souper ...
Il est important de me laisser aller à faire une liste de tous les moyens possibles,
même les plus farfelus, pour trouver des solutions hors des sentiers battus. Choisir
ensuite le moyen le plus approprié.

6. L’objectif est-il formulé de façon positive ?

A la place de dire : « Ne pas faire la lessive tous les jours » mieux vaut dire : «
Faire les uniquement les lundis, mercredis et samedis ».

AGIR
Nous sommes tous les meilleurs pour ce
qui est d'être différents et uniques.

On ne fait pas
d’omelette sans
casser des oeufs

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Souvent, on n’ose pas agir. Agir, c’est toujours prendre un risque. On a peur de
faire le mauvais choix, peur de rater. Oublions-les « ça ne marchera pas » et les
« ça n’a servi à rien ». Et si on rate ? Échouer fait partie du jeu.

ACCEPTER L’ÉCHEC
Se rappeler que tout le monde a échoué, échoue ou
échouera.
Ne pas voir les choses en noir et blanc.
S’agit-il vraiment d’un échec ou d’une erreur ?

OSER DIRE NON, OSER DIRE OUI


Ni hérisson, ni paillasson !

Et si, au lieu de piquer comme le hérisson ou de se faire marcher dessus comme le


paillasson par peur des autres, on voyait les choses sous un autre jour ? Et si, au lieu de
fonctionner dans l’opposition, on mettait notre énergie dans ce à quoi nous disons OUI ?

Se permettre de dire non à quelqu’un, sans agressivité, c’est dire OUI à autre chose,
oui à soi.

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Des clefs pour s’affirmer et communiquer sans violence :

• Écouter, chercher à comprendre le point de vue de l’autre.

• S’intéresser autant à la manière dont la personne s’exprime qu’à ce


qu’elle dit.

• Exprimer ce que je ressens et mes besoins en parlant en « je


».

• Formuler des demandes concrètes, positives, réalisables, ouvertes


et négociables (ni exigences ni plaintes.)

• Éviter les « mais » et les remplacer par des « et ».

Dans la fleur,
les pétales s’appuient
les uns sur les autres

Comme ces pétales, nous avons besoin du soutien des autres pour résister et pour
exister.
L’ensemble des relations que nous créons et entretenons avec notre entourage
donne le sentiment d’être aimé et d’être aidé. Le soutien des autres est donc
essentiel pour l’estime de soi.
Ne pas hésiter à demander du soutien mais accepter qu’on ne puisse pas nous le
fournir à l’instant même. Formuler des de- mandes précises, concrètes,
réalisables plutôt que des plaintes.

Comme une fleur, notre réseau de relations a besoin d’être arrosé régulièrement.

Prendre le temps de l’entretenir, par un coup de téléphone, une invitation, une


visite, le partage des responsabilités. Ne pas utiliser notre réseau social
uniquement en cas de coups durs.

La véritable estime de soi s’enracine dans un réseau social large


et diversifié. Au plus les racines sont larges et profondes, au
plus notre estime sera solide.
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Cette partie est dédiée aux femmes du groupe comme
cadeau de l’année 2023 .

« Le mystère d'acquérir une haute Estime de Soi


réside dans le fait d'en gagner davantage chaque fois
que vous vous rendez compte que vous ne pouvez être
que qui vous êtes. »

Textes sur l’estime féminin développés par Sara Berbel Sanchez

Auto estime et renforcement du pouvoir (empowerment)

Toutes les analyses réalisées sur les personnes dirigeantes mettent en valeur leur
confiance en elles-mêmes, leur défense avec conviction de leurs valeurs et leur
détermination à développer leurs idées même en faisant face à des difficultés
pendant le processus. Cette assurance et confiance en leur capacité d’obtenir le
succès ne sont que des caractéristiques liées à un niveau d’auto-estime élevé.

Le renforcement de leur potentiel (empowerment) est un concept lié à l’auto- estime


dans le sens qu’il confère un orgueil personnel, une sensation de « pouvoir faire »
(comme son nom l’indique, provenant de l’anglais power) et il est par
conséquent inévitablement lié au niveau d’auto -estime d’un individu.

L’estime de soi se réfère à la relation qu’une femme établit avec elle-même: ce


qu’elle pense d’elle-même, l’image corporelle qu’elle s’offre, ainsi que le degré de
bien-être qu’elle ressent. Il est question d’un facteur de survie fondamental pour les
personnes et il est particulièrement important dans le domaine politique parce qu’un
niveau adéquat d’auto-estime rend capable de survivre aux critiques, aux conflits et
aux relations difficiles avec l’environnement. Il permet de surpasser les moments
douloureux et d’avoir confiance en notre capacité de modifier, en rapport avec nos
intérêts, le cours de notre vie. Il permet aussi de confronter les situations
compliquées ou qui font peur avec confiance en nos capacités. Une femme avec un
bon niveau d’auto - estime pourra défendre ses propositions bien qu’il y ait une
majorité opposée, et ne pas être fâchée par cette situation; elle pourra s’opposer à
quelqu’un en public sans avoir peur du ridicule; elle saura donner de la valeur à ses
arguments bien que d’autres personnes les ignorent ou les dévalorisent; et surtout,
elle ne se sentira pas coupable de faire ce qu’elle désire et ce qu’elle croit qu’il faut
faire.

Pourquoi les femmes souffrent-elles d’un déficit particulier d’auto estime? Nous
savons que l’éducation est différente pour les garçons et les filles. Ce ne sont pas
seulement les parents qui exercent une forte influence mais bien tout l’ensemble de la
société, en montrant les rôles différents et comportements adéquats pour chaque
genre. Les parents continuent d’être habituellement plus fiers des accomplissements de
leurs fils que de leurs filles.

Les études réalisées sur ce thème montrent qu’actuellement les parents continuent
d’orienter leurs fils vers des carrières d’un plus grand prestige social et des
occupations mieux considérées que celles de leurs filles. Il est difficile d’imaginer
aujourd’hui une famille qui encourage une fille à l’indépendance. Le rôle traditionnel des
femmes en société rend difficile leur développement d’objectifs considérés
appréciables par la société. Si la société les considère négligeables, il est peu
probable que les femmes puissent modifier cette perception.

Pensons, pour prendre un exemple très clair, aux modèles corporels qui sont
proposés aux jeunes durant l’adolescence, et qui mettent en relief cette différence
culturelle de genre: des modèles forts et athlétiques pour les hommes et minces et
maladifs pour les femmes. Quelle jeune femme peut s’imaginer forte et valeureuse
dans sa vie future d’adulte avec l’image faible et squelettique qui lui est offerte
comme idéal d’elle-même?

Une autre source d’influence sur l’estime de soi sont les contes pour enfants que,
durant des siècles, génération après génération de pères et de mères ont passés à
leurs fils et leurs filles, dans toutes les cultures. Dans ceux-ci, les femmes
protagonistes en tendance à être passives et dociles, belles et soumises, elles n’ont
aucun pouvoir de décision sur leur propre vie, et elles triomphent en obtenant pour
mari un homme de pouvoir (Blanche Neige, La Belle au Bois Dormant, Cendrillon).
Au contraire, les femmes qui savent ce qu’elles désirent, qui sont actives et qui
luttent pour atteindre leurs objectifs sont punies et converties en sorcières et en
méchantes marâtres. S’il est certain que les contes pour enfants ont beaucoup
changé ces derniers temps, il suffit de jeter un coup d’œil dans les librairies pour
constater que les contes de fées traditionnels restent en vigueur dans tous les pays ,
pour ne pas parler des nouvelles versions qui maintiennent le même fond
idéologique (les films de Walt Disney ou similaires, dans lesquels les rôles
importants sont joués par les hommes et les femmes ne sont protagonistes que
lorsqu’elles défendent la figure du père ou la culture masculine).

Ceci implique que les femmes ont habituellement une auto- estime plus basse que les
hommes. De plus, l’auto- estime a des caractéristiques différentes: les hommes ont
des difficultés à reconnaitre et accepter leurs propres sentiments, et les femmes à se
défaire de leur culpabilité.
En politique, les femmes montrent combien leur auto estime est basse lorsqu’elle
n’osent pas s’opposer en public à un orateur qui a dit quelque énormité, lorsqu’elles
renoncent à des postes de pouvoir en pensant qu’elles ne seront pas capables de le
remplir correctement, lorsqu’elles restent muettes face à une phrase grossière d’un
adversaire politique, lorsqu’elles ne sont pas capables de défendre une idée dans
leur propre parti par peur du ridicule, lorsqu’elles cachent des sentiments comme la
tristesse ou la rage afin de ne pas paraître faibles, lorsqu’elles cachent leur envie de
terminer une réunion pour aller voir leurs enfants parce qu’elles savent qu’elles ne
seront pas comprises…
Comment avoir une estime de soi élevée ?
L’auto estime est nécessaire à la survie. Comme nous l’avons dit auparavant, les
personnes ayant une auto estime -élevée peuvent s’écrouler à un moment donné,
mais elles ont toujours la capacité de se relever et de se surpasser. L’auto- estime
est le système immunitaire de la conscience. On ne peut avoir trop d’auto- estime,
comme on ne peut être en trop bonne santé. L’auto- estime n’est pas l’amour de
soi, mais bien la confiance en soi. Lorsqu’une personne est vantarde ou arrogante,
ou se propose des buts qu’elle n’atteint jamais, c’est précisément parce que son
auto - estime est basse. Une personne avec une auto estime élevée ne se
préoccupe pas des comparaisons avec les autres, et se propose des buts qu’elle peut
atteindre, parce que c’est son bonheur et celui de son entourage qui l’intéressent.

L’auto- estime, donc, crée un ensemble d’attentes en rapport avec ce qui est possible
et adéquat pour les femmes. Ces attentes ont tendance à générer des actions et,
ainsi, se convertissent en réalité. L’esprit avec une auto- estime élevée ou basse tend
à générer des prophéties qui se convertissent en réalités. C’est ainsi que le modèle
1
De pensée négative agit sur nous-mêmes, sur les autres et, comme reflet de la
vision que nous percevons chez les autres, de nouveau sur nous-mêmes .

.
De la même manière, mais avec un résultat absolument différent, le modèle de
pensée positive agit sur les femmes:
Graphique 2. Cycle de l’auto estime

Cependant, nous ne pouvons augmenter notre auto- estime si nous ne prenons pas
en compte les différents aspects de la personnalité qui la composent. Dire: “je me
plais à moi-même” reflète un bien-être en rapport avec ses propres émotions, être
d’accord avec ses propres pensées et ne pas se sentir coupable pour celles-ci, être
consciente des raisons pour lesquelles on agit d’une manière ou de l’autre, et faire
attention à notre propre corps. Au contraire, quand une femme ne se plait pas à elle-
même, c’est parce qu’un de ces aspects est négligé ou peu valorisé.

Améliorer l’auto- estime, donc, s’accomplit en améliorant un ou plusieurs des champs


ou domaines inhérents à la personne. Nous ne pouvons améliorer directement l’auto
estime, mais nous pouvons par contre influer directement sur celle-ci, en changeant
l’une ou l’autre variable personnelle : les conduites, les pensées, les émotions ou
attitudes physiques. Il est nécessaire, donc, d’obtenir un équilibre entre les différents
composants de notre propre personne.

Pensées positives
Un des facteurs nécessaires à l’augmentation de l’auto estime des femmes est
l’auto-connaissance. Connaitre ses propres qualités est important pour s’évaluer et
agir avec assurance. Identifier les pensées négatives que nous avons sur nous-
mêmes est indispensable pour savoir quelle opinion nous avons réellement sur notre
valeur. Les femmes ont fréquemment des milliers de pensées négatives qui
diminuent leur capacité de succès.
Graphique 3. Pensées critiques :

Identifier ces pensées critiques et les substituer par des pensées positives aura des
répercussions sur l’amélioration de notre propre auto estime dans tous les domaines
dans lesquels la femme travaille.

Graphique 4. Pensée d’affirmation positive


Quelquefois, les pensées négatives (“je fais le ridicule”, “je ne suis pas utile à cela”,
“je vais me tromper”, “je vais sûrement oublier mon discours”, etc.) sont induites par
les autres, particulièrement par les hommes immergés dans une culture masculine
qui déprécie ou dévalorise les femmes. Dans le prochain chapitre nous verrons
exactement quelles sont les conduites efficaces pour y faire face. Ici, nous allons
mettre l’accent sur quelques pensées qui ont une influence particulièrement négative
sur l’auto-valorisation:

 Occasionnellement, il semble, que quoi que fasse une femme, elle le fait
toujours mal. Bien qu’elle se force à remplir ses multiples rôles, elle n’entend
que des critiques et aucun éloge. Il est fréquent que l’on culpabilise socialement
les femmes qui s’occupent exclusivement de tâches domestiques et de petits
enfants en les accusant d’être totalement dépendantes, de ne pas contribuer
économiquement aux besoins de la famille. Néanmoins, si une femme qui a été
mère de famille décide d’accéder au marche du travail et d’être activement
impliquée dans un type de militance (politique ou syndical), on l’accuse de
négliger (sinon d’abandonner) son mari et ses enfants. Dans ces cas-là, on a
tendance à considérer le mari avec compassion, car il est obligé de s’occuper
des tâches qu’elle arrête supposément de réaliser dans le foyer, et on rappelle à
celle-ci la chance qu’elle a d’avoir un époux si compréhensif. Ces situations,
provoquées tant par les hommes que les femmes, font que les femmes qui en
souffrent aient, quoi qu’elles fassent, mauvaise conscience et se sentent
coupables de ne pas être parfaites, réduisant par là-même significativement
leur auto estime.

 La même situation a lieu dans les cas, malheureusement si fréquents, de


femmes maltraitées ou abusées sexuellement. Il existe une tendance sociale,
clairement reflétée dans certaines sentences judiciaires, à penser que d’une
certaine manière la femme victime a provoqué l’agression ou l’abus: peut-être
portait-elle un décolleté trop échancré, bougeait-elle trop les hanches, ou
simplement, était-elle trop belle…sans parler de la terrible phrase que nous
avons parfois entendu dire par les voisins ou voisines d’une victime
mortellement battue par son mari: “Elle aura fait quelque chose pour finir ainsi”.
Pour cette raison, il est fondamental que nous travaillions sur nos sentiments de
culpabilité et de honte pour obtenir que l’on arrête de nous opprimer et que
nous agissions librement, en connaissant nos limites et en donnant priorité à ce
que nous considérons comme fondamental dans notre vie. Mais, avant tout, il
est important que nous ne causions jamais de sentiment de culpabilité ou de
honte chez une autre femme. Cette complicité féminine est indispensable pour
que l’on respecte toutes les autres femmes et pour nous respecter nous-
mêmes.
 Souvent, on dévalorise les femmes avec des blagues de mauvais goût. Il est
fréquent qu’on les ridiculise en réunions avec, parmi d’autres exemples, des
remarques sur leur corps, leurs cheveux, leurs tendances sexuelles,
généralement lorsqu’elles ne sont pas présentes. Cette situation devrait être
rejetée par le reste des femmes qui sont présentes à la réunion. Les hommes
disent beaucoup de blagues du type: “Quand ma femme aura 40 ans, je
l’échangerai contre deux femmes de 20 ans”, des blagues qui font référence
aux fantasmes, aux mythes et aux préjugés propres à la culture masculine. Il y
a une chose qui doit être claire: si on ridiculise suffisamment une femme, elle
peut renoncer à la possibilité de se convertir en dirigeante. Ainsi donc, lorsque
nous entendons qu’une femme est ridiculisée, il est fondamental de réagir
immédiatement et de rejeter cette image. Nous travaillerons pour le respect
collectif envers notre genre, mais aussi pour nous-mêmes parce que personne
ne peut assurer que nous ne serons victimes de la ridiculisation dans une
prochaine réunion.

Démarches à suivre pour élever le niveau d’auto estime

1. Être conscientes de notre propre auto estime. L’auto-connaissance


est nécessaire pour savoir le niveau auquel se situe l’auto estime de
chaque femme et partir d’une évaluation réaliste. A travers cette évaluation,
on pourra savoir dans quels domaines décrits précédemment il faut travailler
plus pour surmonter le manque de confiance en soi (voir l’exercice a).

2. Se proposer à soi-même des pratiques dans les domaines personnels et


sociaux. Chaque femme doit se suggérer des pratiques qui lui
permettent d’atteindre des buts accessibles et d’une grande valeur pour sa
propre vie. Une des manières les plus gratifiantes et accessibles
d’augmenter l’estime de soi est à travers le comportement assertif, que nous
analyserons dans la prochaine section.
3. Établir des pactes et des réseaux entre femmes. Travailler ensemble élève
le niveau d’estime de soi, personnelle et collective, garantit les accords et
permet la défense des revendications féministes.
4. Domaines dans lesquels les pratiques doivent être situées:
a) Vivre consciemment (conscience de ses propres attitudes et de celles des
Autres)
b) S’accepter soi-même (accepter les limitations et ne pas se culpabiliser)
c) Chercher l’équilibre de l’énergie (intellectuelle, émotionnelle, physique et de la
conscience)

d) Assumer ses propres responsabilités

e) Reconnaître les sentiments négatifs

f) S’affirmer à travers des pensées positives

g) Avoir une raison de vivre


h) Avoir une idée claire de ces propositions aidera les femmes à s’auto-
affirmer tant sur le terrain politique que personnel, et leur permettra
d’affronter avec assurance et confiance en soi le défi d’exercer le
leadership dans le cas où sa carrière politique le requiert.

4. Conduites efficaces

Vous aurez fréquemment observé une différence dans le langage utilisé par les
dirigeants hommes et femmes, bien qu’ils soient exprimés dans la même langue et
sur le même thème. Il est certain que vous reconnaissez les expressions suivantes
de la bouche de femmes, lorsqu’elles initient une intervention indépendamment du
poste politique qu’elles occupent: “Moi, je voudrais seulement expliquer...”, “Je crois
que, d’une certaine manière...”, “Réellement, je ne sais quoi dire”, “Simplement je ne
crois pas...”, “Je proposerais...”, “Je n’ai pas grand-chose à ajouter...”, “Laissez-moi
seulement quelques secondes pour dire...”, “Je serai brève...”. Et ceci, dans le
meilleur des cas, parce que souvent, les femmes assistent aux débats plutôt que d’y
participer, et si elles le font et rencontrent une quelconque opposition à certaines de
leurs idées, elles les retirent immédiatement.

Ce type de langage, si prudent par peur de dire quelque chose de manière


incorrecte, combiné avec une expression corporelle de timidité, ne génère ni
confiance ni crédibilité chez la personne qui l’écoute. Au contraire, les hommes
affirment leur opinion avec tant d’assurance qu’ils la projettent à l’extérieur et
convainquent de leur véracité. Un homme utilise certaines expressions qui induisent
à accepter comme fait ce qu’il raconte, même quand en réalité ce n’en est pas un:
“Je pense définitivement que nous devons agir de telle manière...”, “Il est évident
que...”, “Personne ne pourra me contredire si je dis que...”.

Ces exemples montrent que le langage utilisé par les personnes, en plus d’être
conditionné par le milieu social et culturel de l’intervenant, l’est aussi par le genre. Il
est clair que l’utilisation du langage établit des bases de pouvoir et d’autorité, de
contrôle et d’influences, et c’est l’un des facteurs qui renforcent la condition
discriminatoire des femmes. Les femmes ne savent pas traiter ces facteurs et
préfèrent souvent se taire plutôt que s’opposer à des situations déterminées qu’elles
ne contrôlent pas.

Effectivement, au cours de la vie politique, de nombreuses situations qui requièrent


une réponse claire et précise, sans vacillation, se présentent. Les femmes, peu
accoutumées à diriger, ne savent que rarement réagir dans leurs propres intérêts
face à ces situations. Apprendre des techniques d’affirmation de soi est un moyen de
renforcer la confiance en soi et de résoudre avec succès les situations de
discrimination dans la vie politique et personnelle.

Type de conduites les plus fréquents


Certains des exemples décrits nous montrent comment les femmes s’expriment de
manière timide et prudente, disposées à retirer leurs idées face au moindre
contretemps. Cette conduite est fondamentalement passive. De fait, certaines études
ont démontré qu’il existe des différences attitudinales et de langage en rapport avec
les groupes occupationnels. A cause de la division des sexes en société, les femmes
ont développé des attitudes passives pour la résolution de problèmes techniques,
politiques ou scientifiques, et les hommes l’ont développé pour les questions
domestiques, d’artisanat et d’attention familiale.

La conduite passive est celle qui place les droits des autres personnes avant les siens.
Ce que l’autre souhaite est accepté, et les propres souhaits sont relégués. A travers
cette conduite, on peut atteindre l’extrême situation dans laquelle on permet que
les propres droits soient violés.

Ces résultats ne sont pas étranges, si nous observons le traitement auquel les
jeunes garçons et filles sont soumis encore aujourd’hui. On montre aux garçons un
idéal masculin qui met en valeur la dureté, la compétition et l’agressivité, mais aussi
l’initiative et l’action. On imbue les filles, dans une grande mesure, d’un idéal féminin
qui inclut la passivité et la soumission, mais aussi la sensibilité, l’attention aux autres et
l’intimité. Les hommes et les femmes apprennent donc à se comporter de manière
différence dès la petite enfance. Il suffit de regarder les magasins pour bébés pour
distinguer le bleu des habits pour garçons et le rose de ceux des filles, en
commençant ainsi l’apprentissage des rôles sexuels, qui continuera à l’école et plus
tard encore au travail.

Il faut être conscientes du fait que nous, les femmes, contribuons à la différentiation
sexuelle à travers notre éducation des filles et garçons. Si réellement nous
souhaitons changer dans une certaine mesure la société et que nos filles n’assument
pas des rôles passifs dans les domaines importants, nous devons entrainer les
garçons à poursuivre des tâches et avoir des sentiments qui sont traditionnellement
considérés comme formant partie du domaine féminin.

Certaines femmes, en réaction à l’éducation qu’elles ont reçue, rejettent la passivité


et décident de se comporter de manière plus énergique, au point même de copier les
comportements agressifs de leurs collègues de sexe masculin. Beaucoup d’elles
disent qu’elles sont des “survivantes”, la seule manière de survivre est d’adopter les
modèles masculins, de lutter et de concourir, si elles ne veulent pas rester
soumises. Ces femmes valorisent beaucoup les postes de pouvoir qu’elles ont
remplis et ont tendance à ne pas montrer la moindre compréhension envers les
autres femmes qui sont encore sur le chemin. Elles considèrent que, comme elles
ont souffert elles-mêmes pour l’obtenir, les autres peuvent aussi le faire.

Les femmes qui ont une réputation de “dures”, implacables, souvent craintes pour leur
main de fer, ont donné lieu aux stéréotypes du genre “il est pire d’avoir une femme
pour chef qu’un homme”. Si elles attirent tellement l’attention c’est
précisément pour cette raison, parce qu’elles sont peu nombreuses et se distancient
du comportement féminin typique, pas parce qu’en société nous nous fatiguons de
voir des personnes (parmi elles de nombreux hommes) avec un niveau d’agressivité et
même de cruauté superlatifs.
La conduite agressive est celle qui considère que les droits propres sont les plus
importants, si besoin est au prix des désirs des autres. Elle détériore les
relations interpersonnelles et crée de l’hostilité dans l’entourage de la personne qui la
pratique.

Cependant, cette manière d’agir n’est pas plus adéquate. Ces femmes paient cher
leur éloignement de leurs sentiments les plus profonds, souvent sous forme de
solitude et d’amertume. La conduite agressive cause des dommages aux autres,
mais aussi à la personne qui la pratique; ce n’est donc pas un modèle approprié à la
société que nous souhaitons.

L’alternative adéquate pour les femmes est la conduite qui se situe à un point
équidistant des conduites passive et agressive. Un type d’attitude qui atteint les
objectifs désirés sans attaquer personne, mais en défendant les idées et
droits propres à la personne: la conduite que nous définissons comme assertive.

La conduite assertive est celle à travers laquelle la femme défend ses


propres droits tout en respectant ceux des autres. Elle se place à mi-chemin entre
les attitudes passive et agressive, et constitue l’attitude la plus fonctionnelle dans la
majorité des cas.

Les personnes qui pratiquent la conduite assertive sont de bonnes dirigeantes, elles
acquièrent la confiance en elles-mêmes nécessaire et sont respectées par les autres
parce que leur conduite s’efforce toujours d’être cohérente.

Une personne assertive:

 Sait écouter
 Domine la communication non-verbale
 Sait exprimer des idées et des émotions de manière directe mais
respectueuse
 Peut dire ‘non’ aux requêtes des autres.
 Vit avec optimisme

Les trois conduites prennent des formes différentes, que ce soit le langage utilisé, les
objectifs proposés, et l’expression corporelle qui les accompagne. Ces différences
sont exposées dans le tableau suivant:
Le plus important est que les effets de ces conduites sont absolument différents. En
adoptant une attitude passive les femmes se sentent mal avec elles-mêmes, si elles
pratiquent un comportement agressif elles gagnent l’inimitié des autres, et seulement si
elles sont capables de se montrer assertives peuvent-elles conserver leur respect
envers elles-mêmes et gagner celui des autres.

Tableau 3: Résultats selon les conduites

Conduite Conséquences

Peu de respect pour soi-même. Pitié de soi et rancœur envers les


autres. Besoins insatisfaits. Se sentent fréquemment chagrinées
Passive et/ou inquiètes: elles espèrent que les autres devinent ce qu’elles
désirent ou ce qu’elles veulent dire. N’accomplissent pas de progrès
sur les problèmes réels.

Respect envers elle-même douteux. Elle doit tenir les rênes à tout
moment, coûte que coûte. Relations interpersonnelles détériorées:
Agressive elle cause de l’hostilité chez les autres. Elle peut améliorer sa
position à court terme au détriment des autres.

Elle soutient et augmente le respect envers soi. Elle atteints les


objectifs souhaités. Elle se concentre sur les problèmes concrets.
Assertive Elle augmente la confiance en elle-même. Elle crée des relations
interpersonnelles adéquates.
S’entrainer à la conduite assertive

Toutes les situations difficiles que nous avons analysées peuvent être neutralisées et
être transformées en une augmentation d’assurance par les femmes qui les
résolvent de manière positive. Répondre de manière assertive a tendance à être la
meilleure méthode pour obtenir le succès dans les situations de conflits ou que les
femmes trouvent compliquées. Néanmoins, beaucoup de femmes expliquent qu’elles
rencontrent beaucoup de difficultés à répliquer adéquatement cette conduite
au moment où survient l’agression ou l’attaque verbale. Elles disent qu’elles
restent en silence et seulement beaucoup plus tard, lorsqu’elles ne peuvent dormir
à cause de la sensation que la situation leur a provoquée, trouvent-elles les
mots qu’elles auraient dû dire. Ceci leur cause de la rage et encore plus
d’insatisfaction. Donc, l’unique remède face à cette situation est la pratique. La
conduite assertive doit être pratiquée à travers des situations fictives ou réelles,
lorsque la femme est seule face à un miroir ou avec une amie. Revivre la situation
dans laquelle elle a été ridiculisée, ou elle s’est sentie mal, et répondre en accord
avec la défense de ses propres droits et l’expression de ses sentiments. Cet
entrainement sert aussi à se préparer pour des situations qui seront
vraisemblablement difficiles (demander une augmentation de salaire à son
employeur, confesser une décision qui ne vas pas plaire au chef du parti, expliquer
une posture contraire à celle de la majorité) et donne d’excellents résultats parce
que la femme est disposée cognitivement et émotionnellement à l’affronter. Les
démarches à suivre pour pratiquer la conduite assertive sont les suivantes:

1. Chercher une posture relaxée et s’entrainer mentalement ou bien devant un


miroir, à voix haute. Certaines femmes préfèrent s’entrainer avec une amie.
2. Suivre le plan d’action suivant, en rapport avec la situation que l’on souhaite
solutionner:
a. Exprimer ce que l’on souhaite. On tentera de chercher les mots
qui expriment le mieux ce que nous voulons obtenir face à la situation
ou au problème.
b. Fixer le moment ou le lieu le plus opportun pour discuter le problème qui
nous affecte et affecte les personnes impliquées.
c. Décrire la situation problématique que nous souhaitons changer de la
manière la plus détaillée possible.
d. Exprimer ce que l’on ressent face à la situation/problème à la première
personne (je) sans reprocher aux autres leur position ou
leurs agissements en rapport avec le problème.
e. Écrire le message que nous voulons faire passer à la personne impliquée
dans la situation/problème.
3. S’entrainer pour la conduite assertive à voix haute plusieurs fois avant de la
mettre en pratique.
4. Mettre en pratique la conduite assertive.

En conclusion, nous avons vu comment le comportement assertif est celui qui nous
aide à communiquer de manière claire et confiante nos besoins, désirs et sentiments
à d’autres personnes, sans leur causer de dommage ni abuser d’elles. Bien que ce
soit une conduite difficile pour les femmes parce que nous n’avons pas été éduquées
pour la pratiquer, elle peut s’apprendre avec une relative facilitée si les techniques que
nous avons décrites sont appliquées avec persévérance. Ses bénéficiaires sont
nombreux parce qu’elle permet d’oser dire non, de décider ce que l’on souhaite et
d’être capable de l’exprimer clairement et sans complexe (je veux, je désire…), de ne
pas avoir peur des risques, de dire et de recevoir des compliments naturellement, de
faire et de recevoir des critiques justes, de séparer les faits des opinions,
de reconnaitre que les points de vue sont différents et d’être capable de lutter avec
ces différences. Elle permet, en définitive, d’être conciliant avec soi-même et d’agir
avec liberté dans les domaines privé et publique, en ayant confiance en ses
propres possibilités. C’est donc la meilleure alliée afin d’obtenir l’affirmation de soi
et afin de travailler vers le nouveau modèle de politique et de société que l’on
souhaite créer.
Glossaire

Affirmation de soi (assertivité)

L’affirmation de soi est la capacité de faire valoir sa propre opinion face à d’autres
personnes, sans blesser les sensibilités. Être assertive consiste en la capacité de
poser et de défendre un argument, une réclamation ou une posture avec une attitude
de confiance en soi, bien qu’il contredise ce que disent les autres, ce que fait tout le
monde ou ce qui est supposément correct.

Comme style de communication, les personnes assertives se distinguent des


intervenantes passives ou agressives. Elles n’ont pas peur de défendre
leurs opinions ou de tenter d’influencer les autres, mais toujours en respectant leurs
limites et en tentant d’apprendre de leurs opinions.

Estime de soi (auto estime)

L’estime de soi est un sentiment de valeur de notre être, de notre manière d’être, de
qui nous sommes, de l’ensemble des traits corporels, mentaux et spirituels
qui configurent notre personnalité. Elle consiste à être disposée à nous voir nous-
mêmes comme des êtres capables de confronter les défis fondamentaux de la vie et
comme des personnes méritant le bonheur. L’estime de soi implique l’auto-
conscience, l’auto-acceptation, l’auto-responsabilité, l’auto-affirmation, la
détermination et l’intégrité personnelle.

Elle fait référence à la manière dont une personne se sent avec elle-même, à la
valeur qu’elle donne à sa propre image. C’est un autoportrait, composé par des traits
physiques et non-physiques, la somme de toutes les caractéristiques qui
nous décrivent et comment nous nous sentons par rapport à elles. C’est l’auto
estimation.

Contrat social

A l’époque du siècle des lumières français les philosophes les plus significatifs
(Hobbes, Locke, Rousseau) délinéèrent une série de “contrats” économiques
et politiques qui devinrent la base des démocraties modernes occidentales.

Dans ces contrats, la différence sexuelle est construite en tant que


différence politique et la division entre les sphères publique et privée est consacrée
en fonction du sexe: les femmes doivent s’occuper du foyer et de la famille (domaine
privé) et les hommes de la politique, la culture, etc. (domaine public).
Actuellement, grâce aux luttes des femmes pour l’égalité, il existe une revendication
féministe pour la création d’un nouveau contrat social entre hommes et femmes qui
consiste à obtenir l’égalité dans tous les domaines, à obtenir la coresponsabilité:
partager le travail domestique et les responsabilités familiales, partager le travail
rémunéré et partager le pouvoir et la prise de décisions.

Renforcement du pouvoir (empowerment)


Terme inventé durant la Conférence Mondiale des Femmes à Pékin pour se référer à
l’augmentation de la participation des femmes dans les processus de prise
de décision et d’accès au pouvoir.

Cette expression comporte aussi une autre dimension: La prise de conscience du


pouvoir dont les femmes font étalage individuellement et collectivement, et qui est en
rapport avec la récupération de la propre dignité des femmes comme personnes,
avec l’augmentation de l’estime de soi, avec l’autonomie personnelle et l’acquisition
du pouvoir, ce qui garantit la participation dans des contextes économiques, sociaux
et politiques.

Lagarde (2007) définit le renforcement du pouvoir comme le processus de


transformation à travers lequel chaque femme, peu à peu ou à pas de géant, cesse
d’être l’objet de l’histoire, la politique et la culture, cesse d’être l’objet des autres et se
convertit en un sujet de sa propre vie, un protagoniste de l’histoire, la culture, la
politique et la vie sociale. Dit d’une autre manière, c’est un processus à travers lequel
chaque femme se donne les moyens, s’habilite et développe la conscience d’avoir
droit à avoir des droits et à avoir confiance en ses propres capacités pour atteindre
ses objectifs. Ce processus devient nécessaire si on prend en compte le reniement
constant des femmes, et les difficultés qu’elles rencontrent pour pouvoir s’habiliter et
se sentir valorisées et reconnues.

Féminisme de la différence sexuelle

Courant qui plaide, non pour l’égalisation entre les sexes ni la transcendance de la
dualité des sexes, mais plutôt pour le développement de la différence féminine dans
tout ordre symbolique. Il considère que par nature il existe deux ontologies
humaines: la féminine et la masculine, avec des “essences”, des cultures, un monde
symbolique différents, etc.

Il argumente que la position que nous occupons dans le monde et qui nous définit,
n’est pas uniquement déterminé par l’espace que nous offre la société mais aussi
par notre corps de femme, avec sa structure et ses cycles vitaux qui déterminent
d’une certaine manière notre vision du monde.

Féminisme de l’égalité

Mouvement qui s’empare de la réclamation historique des femmes durant les


XVIIème et XVIIIème siècles, et qui prit forme à travers la Déclaration des droits de
la femme et de la citoyenne (France, 1791) et la Défense des droits de la femme de
Mary Wollstonecraft (Angleterre, 1792), dans lesquels le droit des femmes à être
reconnues sur un pied d’égalité avec les hommes est revendiqué. Il se base sur la
définition d’égalité, de solidarité et de liberté, signifiant autonomie personnelle et
respect envers l’autre.

Il dénonce l’élaboration des différences de genre, construites par la raison patriarcale


comme des catégories naturelles, alors qu’en réalité elles sont des constructions
sociales et culturelles. Les politiques de l’Union Européenne et des
pays démocratiques se basent sur cette idée d’égalité et de féminisme.
Parité

Fait référence à la présence équilibrée de femmes et d’hommes dans les différents


domaines de la société (politique, économique, sociale et culturelle). Ce concept
exclue les privilèges et les discriminations, et il est en rapport avec d’autres termes
comme démocratie paritaire, qui part de la représentation équilibrée d’hommes et de
femmes dans les domaines politique et social. Cet équilibre consiste à ce qu’aucun
des deux sexes ne soit représenté par plus de 60% ni moins de 40%.

Victoria Camps (1998) se demande si l’augmentation du nombre de femmes aux


postes d’action politique sera seulement une question de quantité ou aussi
de qualité. Selon elle, la politique féministe ne doit pas seulement atteindre
l’objectif d’augmenter le nombre de femmes dans la classe dirigeante, mais
doit aussi revendiquer un progrès sur des questions traditionnellement
féministes et “féminines” : lois sur l’avortement, prestations sociales, nouveau
contrat social, etc.

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