Vous êtes sur la page 1sur 17

PUBLIÉ EN MARS 2020, DANS LE NUMÉRO TROIS DE TROUNOIR.

ORG

BISEXUALITÉ ET ANTIFÉMINISME
« CE QUI INQUIÈTE C’EST DONC D’ABORD LE CARACTÈRE « SANS ESSENCE
» DU FÉMININ ET DU MASCULIN QUE DÉCRIT LA PSYCHANALYSE MAIS
C’EST AUSSI, ET SURTOUT, LA POSSIBILITÉ QUE LE FÉMININ L’EMPORTE
SUR LE MASCULIN. »

En s’intéressant à la formation de l’antiféminisme dans la modernité


viennoise (fin XIXe/début XXe), on s’aperçoit de similitudes de pensées
avec notre époque qui voit s’intensifier les critiques réactionnaires face
au progressisme sur les questions de genre et de sexualités. À ces deux
époques est formulée la notion de « crises de la masculinité » par ceux-là
mêmes qui se sentent menacés par la dévaluation du masculin au profit
du féminin : Otto Weininger, figure intellectuelle de cette réaction, écrit
Sexe et caractère en 1903. Sa pensée de l’antiféminisme s’appuie sur le
concept psychanalytique de bisexualité qui commençait à être en vogue
à l’époque. Cet article propose une historicisation et une
problématisation de ces deux notions.

Nota bene : Le terme "bisexualité" est ici discuté dans son usage
psychanalytique, c’est-à-dire dans son usage scientifique qui s’élabore
entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème. Ses définitions diffèrent
de l’acception actuelle de la bisexualité comme attirance sexuelle pour les
sexes masculin et féminin.

« Toute la « Sécession » qui met au-dessus des autres les femmes grandes,
aux hanches étroites et à la poitrine plate, l’extension du dandysme et de
l’homosexualité caractérise notre temps qui est le plus juif et le plus
efféminé de tous les temps. Une époque qui exprime son essence dans des
sentiments vagues, indécis et changeants, et dont l’inconscient est devenu
la philosophie, manifeste qu’elle n’est inspirée par aucun grand homme.
Cette recherche de la sonorité purement sentimentale, ce mépris du
concept et de la clarté relèvent d’un style éminemment féminin. La pensée
masculine se distingue par le besoin de formes sûres et cet art «
impressionniste » est justement un art sans forme. » Otto Weininger, in
Sexe et caractère

La question de la « féminisation » du monde, des rapports sociaux et des hommes,


s’appuie sur le concept de « bisexualité » développé par Sigmund Freud en tant que
« alternance répétée d’époques où prédomine tantôt la virilité, tantôt la féminité »
observable dans certaines existences. Les tendances plus ou moins féminines ou
masculines chez un individu sont donc l’œuvre d’une époque et l’on peut en trouver
des émanations dans l’Art, dans la Mode, dans le Sport, dans l’Éducation, etc. Le
trouble suscité par la dés-essentialisation du féminin par rapport au corps « femelle »
et du masculin au corps « mâle », découverte de la psychanalyse, fait écho bien
évidemment au trouble dans le genre développé par la pensée queer, trouble étendu à
la sexualité, c’est-à-dire aux choix d’objets sexuels (hétérosexualité, homosexualité,
asexualité, bisexualité, etc.). Ce qui inquiète c’est donc d’abord le caractère « sans
essence » du féminin et du masculin que décrit la psychanalyse mais c’est aussi, et
surtout, la possibilité que le féminin l’emporte sur le masculin. Si l’enjeu n’est pas
démographique (il n’y a pas de majorité-homme ni de majorité femme), il est donc
culturel et moral et c’est le nerf de la guerre. Les « crises » naissent de cette dernière
crainte, lorsque l’homme se sent menacé par les femmes et par la femme en lui.

Dans un premier temps, nous chercherons à définir et à problématiser la notion de


bisexualité originaire, qu’elle soit biologique ou psychique. Il s’agira de comprendre
les écarts entre les différentes conceptions de la bisexualité mais également de
commencer à amorcer une lecture critique de ces concepts.

Dans un deuxième temps, nous entrerons dans l’exploration de l’antiféminisme de


Otto Weininger (1880-1903), juif antisémite qui se sentait menacé par la
féminisation de la culture. Nous verrons qu’il développe sa haine de la féminité à
partir sa conception particulière de la bisexualité originaire.

Il s’agit de voir comment certaines idées antiféministes ne se répètent pas tel quel
mais restent, demeurent tout en se voyant dotées d’une nouvelle popularité,
médiatique, et de nouvelles préfigurations politiques. Néanmoins, il y a bien quelque
chose qui se répète et il s’agit de comprendre quoi : allons-nous un jour en finir avec
le phallus ?

Historicisation et définitions du concept de bisexualité


La pulsion, dans la pensée freudienne, semble naître de grandes polarités :
plaisir/déplaisir, moi/monde extérieur, sadique/masochiste, activité/passivité ou celle
qui nous intéresse ici masculin/féminin. Bien que l’on puisse trouver des caractères
communs au sein d’une polarité, seule celle qui dualise le masculin et le féminin
trouve une réunification conceptuelle et nominative, la bisexualité. Cependant si l’on
s’en tient aux énoncés, le point de vue freudien sur la bisexualité se laisse
difficilement saisir, les contradictions sont multiples, l’usage de certains termes est
prudent, et surtout, la portée thérapeutique semble limitée. Pourtant, malgré les
errances et les paradoxes, Freud a tenté de confronter le fondement de ce concept
pour en arriver à la conclusion que tout individu est bisexuel.

Dans un premier temps, Freud tentera de limiter la portée de ce concept pour le


préciser et le faire agir dans sa pratique psychanalytique. Il convient, pour
commencer, de distinguer une bisexualité biologique (anatomique) d’une bisexualité
psychique.
1.1. La bisexualité biologique
À la fin du XIXe siècle, Freud et son homologue Wilhelm Fliess entendent réaliser
une étude conjointe sur la bisexualité, un projet qu’ils abandonneront à cause du
désaccord profond concernant les raisons d’une bisexualité universelle. Pour Fliess,
la raison d’une bisexualité universelle est à mettre sur le compte d’une bisexualité
biologique. Ce serait parce qu’une dualité entre les deux sexes organiques s’inscrit
au sein d’un individu, que le sexe ayant dû s’effacer face au sexe dominant en vient
à se sédimenter, en tant que reste, dans la vie psychique de l’individu. De cette
dualité biologique, si un sexe s’efface il ne disparaît pas pour autant, il réapparaîtra
sous une forme latente dans sa vie comportementale. Dans son article sur la
bisexualité, Didier Anzieu formule ainsi l’hypothèse de Fliess : « La bisexualité
biologique se prolonge chez l’homme en une bisexualité psychique et cette
bisexualité irait de pair avec la bilatéralité particulière de l’être humain, la gauche et
la droite étant aussi dissemblables que complémentaires que le sont les deux sexes » [
1]. Freud ne s’oppose pas à l’idée d’une bisexualité biologique, au contraire, il
affirme dans ses Trois essais sur la théorie de la sexualité que : « Chez tout individu
soit mâle, soit femelle, on trouve des vestiges de l’organe génital du sexe opposé.
Soit ils existent à l’état rudimentaire et sont privés de toute fonction, soit ils se sont
adaptés à une fonction différente » [2]. Là où Freud s’oppose plus frontalement à
Fliess, c’est sur les effets de cette bisexualité biologique. Selon lui, la bisexualité
comportementale (où le choix d’objet sexuel peut se porter vers les deux sexes) ne
s’explique pas par la bisexualité anatomique. Les mythes invoqués ne sont pas les
mêmes. La conception de la bisexualité selon Fliess est à rapprocher du mythe de
l’Androgyne formulé par Aristophane dans le Banquet de Platon. C’est un mythe de
la nostalgie et de l’unité originelle des deux sexes. En revanche, selon Pontalis, le
mythe le plus propice à décrire la conception de Freud est celui d’Empédocle « où
s’affronte Éros, force de liaison et de cohésion, qui institue toujours plus d’unité, et
une puissance destructrice qui vise, elle, à ’dissoudre les assemblages’ » [3]. Freud,
d’abord acquis à l’idée d’une bisexualité originaire propre à tous les individus,
séduit par les apports scientifiques de son ami Fliess, cherchera ensuite à s’éloigner
de cet effet de séduction qu’offre un concept capable d’expliquer totalement la
destinée humaine. Pour valider théoriquement un concept, il faut le mettre à
l’épreuve. Selon Freud, il y a chez l’individu un hiatus entre sa pulsion sexuelle et
son objet sexuel. Pour expliciter son hypothèse, pour la mettre à l’épreuve, il
développe l’idée d’une « bisexualité psychique ».

Dessin sur post-it - par Tristan des Limbes

1.2. La bisexualité psychique

Parallèlement à l’identification d’une bisexualité biologique innée, par Fliess,


destinant chacun à retrouver sa complémentarité, son unité, vers l’autre sexe ; Freud
s’attachera à développer la théorie d’une bisexualité psychique innée distincte du
comportement sexuel adulte. Par conséquent, se détacher du biologique, c’est se
détacher de l’organe, et de l’organe sexuel. Pour parvenir à expliquer la bisexualité
psychique, Freud entreprend alors, pour l’autonomiser, de distinguer le mécanisme
de la pulsion (développé dès la petite enfance) et l’attirance pour un objet de désir.

Tout d’abord, on pourrait dire que la bisexualité psychique représente la présence


des caractéristiques sexuelles dans l’appareil psychique. Parler de « caractéristiques
sexuelles » au lieu de dire « les deux sexes » est primordial. On sait l’importance
qu’accorde Freud, à la distinction entre le sexe biologique (masculin/féminin) et
leurs expressions, leurs caractéristiques (activité/passivité). À propos des différentes
phases de l’activité prégénitale de l’enfant, Freud avance : « Une deuxième phase
prégénitale est celle de l’organisation sadique-anale. Ici, l’opposition entre deux
pôles qui se retrouvent partout dans la vie est déjà développée ; cependant, ils ne
méritent pas encore les noms de masculin et de féminin, mais doivent être considérés
comme actif et passif » [4]. Cette autre polarité définissant des penchants ou une
tendance à l’activité ou la passivité, se déroulant à l’âge infantile, est caractérisée par
le fait que les zones génitales de l’enfant ne sont pas encore sexuées. C’est-à-dire
que l’enfant n’est pas encore petit garçon ni petite fille. Sa relationalité est alors
définie par une autre polarité, activité/passivité. Ce n’est que selon un enchaînement
équilibré de différentes phases qu’on verra apparaître ce qui est proprement masculin
et féminin. En revanche, si le développement connaît un déséquilibre, le sujet est
susceptible d’être conduit à la maturité sexuelle à un comportement d’inversion
(d’homosexualité). C’est ici qu’apparaît un paradoxe et la confrontation à la
définition ordinaire que nous donnons aujourd’hui à la bisexualité : un sujet trouvant
une satisfaction sexuelle avec l’un et l’autre sexe indifféremment.

1.3. Les aberrations sexuelles

La conception de la bisexualité reste énigmatique, autant pour nous que pour ceux
qui cherchent à la définir. Pour entrer dans cette complexité, je m’appuierai sur la
thèse que Lucie Lembrez a soutenue en 2015 [5]. Elle se sert de l’étude d’un cas
d’homosexualité par Freud, qui permet de nous révéler un peu plus ce que devrait
être la structure équilibrée d’un bon développement psychique à partir de cette
conception de la bisexualité originaire. Il s’agit de la « Psychogénèse d’un cas
d’homosexualité féminine » où un complexe d’Oedipe mal développé conduirait,
selon Freud, une jeune femme à l’« aberration sexuelle » que représente
l’homosexualité. Freud suggère que l’homosexualité peut être soignée si le sujet
concerné parvient à briser les barrières qui le séparent de l’autre sexe, et à accepter
une forme de bisexualité dans ses objets sexuels :

« Cette opération, la suppression de l’inversion génitale ou


l’homosexualité, ne s’est jamais présentée, d’après mon expérience,
comme quelque chose de facile. Bien plutôt, j’ai trouvé qu’elle ne réussit
que dans des circonstances particulièrement favorables, et que même
alors le succès consiste essentiellement en ce qu’on a pu, pour la
personne confinée dans l’homosexualité, dégager la voie jusqu’alors
barrée jusqu’à l’autre sexe, donc rétablir pour cette personne la fonction
bisexuelle complète. » [6]

Il ne s’agit pas tant ici de faire le procès de la nécessité pour le thérapeute d’une «
suppression de l’inversion génitale ou de l’homosexualité » que de suivre le
cheminement de pensée qui le conduit à repenser sa théorisation de la sexualité.
Lucie Lembrez repère ce changement en deux temps. D’abord « le complexe
d’Oedipe se fonde sur le caractère hétérosexuel de l’adulte et transforme l’enfant
incestueux en un sujet qui réagit et applique ce caractère. Logiquement, le petit
garçon va avoir du désir libidinal pour sa mère et de l’agressivité envers son père,
rival. » [7] Ensuite, « Or, il semble que le complexe d’Oedipe n’est pas un rapport
qui suit un chemin hétérosexuel formant un triangle dessiné par le trio
enfant/père/mère, mais que l’enfant pourrait avoir une ambivalence de sentiments
pour les deux parents. Il ne s’agit donc pas d’un manque de distinction entre les
sexes auxquels il s’adresse, mais plutôt d’une dualité de positionnement de l’enfant.
Il peut être à la fois le petit garçon libidineux vis-à-vis de sa mère et agressif vis-à-
vis de son père, et la petite fille libidineuse vis-à-vis de son père et agressive vis-à-
vis de sa mère. » [8]

Le caractère sexuellement ambivalent de l’enfant vis-à-vis de ses parents démontre


la préexistence d’une bisexualité psychique car elle repose moins sur l’attractivité de
sexes contraires que sur l’attractivité de leurs caractéristiques masculines ou
féminines exprimés par l’homme et la femme. Autrement dit, selon Freud :

« Que la situation oedipienne ait pour issue une identification au père ou


à la mère,cela semble donc dépendre dans les deux sexes de la force
relative des dispositions sexuelles masculines et féminines. C’est là l’une
des façons dont la bisexualité intervient dans les destins du complexe
d’Oedipe. L’autre façon est encore plus importante. On a en effet
l’impression que le complexe d’Oedipe simple n’est pas du tout le plus
fréquent, mais qu’il correspond à une simplification ou à une
schématisation, même si elle reste bien souvent justifiée dans la pratique.
Une investigation plus poussée découvre la plupart du temps le complexe
qui est double, positif et négatif, sous la dépendance de la bisexualité
originaire de l’enfant : le garçon n’a pas seulement une position
ambivalente envers le père et un choix d’objet tendre pour la mère, mais il
se comporte en même temps comme une fille en manifestant la position
féminine tendre envers le père et la position correspondante d’hostilité
jalouse envers la mère. » [9]

Peut-être que l’on sous-estime encore trop l’importance qu’accorde Freud à la


polarité activité/passivité dans l’activité psychique des individus. Lui-même a du
mal à la maintenir constamment séparée de son référent masculin/féminin. Pourtant,
s’extraire de la différence des sexes pourrait éviter de retomber dans le piège d’une
naturalité à l’œuvre dans le développement psychique. Ce n’est que tardivement,
dans une conférence concernant la « féminité » que Freud tentera de franchir le pas
qui « dénaturalise » la pulsion de l’enfant : « Ce qui appartient en propre à la
psychanalyse, ce n’est pas de décrire ce qu’est une femme mais de rechercher
comment elle le devient, comment elle se développe en femme à partir d’un enfant à
disposition bisexuelle. » [10]

***

S’il est si difficile de quitter les modèles sexués du masculin et du féminin, ce


pourrait être à cause de ce qui n’a pas encore été abordé dans ce travail, à savoir
l’insistance du modèle suprême à tout processus d’identification d’un sujet, le
modèle parmi tous : le phallus et son complexe de castration. Ce pourrait être ce
rapport phobique à la castration qui nous maintient dans l’illusion d’une bisexualité
biologique originaire, sans fissure, symétrique et unifiée, les deux sexes ayant
trouvés leur complémentarité rassurante, le phallus loin de disparaître est enfin
consacré, pouvant vivre sans l’angoisse d’être châtré. Freud, malgré ses
tâtonnements et ses maladresses qu’il reconnaît, aura au moins cherché à inquiéter la
dimension quasi cosmologique que certains penseurs veulent faire porter à la
bisexualité, notamment lorsqu’ils se basent sur des démonstrations biologiques. À la
bisexualité biologique nostalgique et complémentaire de Fliess et du mythe de
l’Androgyne, Freud lui oppose une bisexualité psychique, dissymétrique et
mélancolique [11].

Néanmoins la bisexualité fut à cette période le lieu d’une bataille quant à la «


paternité » de ce concept [12]. L’enjeu était important car la bisexualité apparaissait
comme un des grands paradigmes découvert et formulé par la psychanalyse, capable
de servir de critère pour décrire les structures et les développements psychiques des
individus. Lequel sera également investi par des considérations historiques,
esthétiques et politiques puisque ce qui a été nommé « antiféminisme » s’appuie en
grande partie sur une acception particulière de la bisexualité, celle revendiquée par
Otto Weininger dans son ouvrage Sexe et Caractère (1903) : « Non seulement
l’individu passe par des périodes mâles et des périodes femelles, mais surtout,
l’humanité traverse des périodes de plus ou moins grands gonochorismes » [13].
Weininger est persuadé que la bisexualisation de la période 1900 est une décadence
esthétique et morale dont le remède se situerait moins dans une restauration de
l’identité mâle traditionnelle que dans l’avènement d’un genre neutre, supprimant
l’existence du sexe, un genre teinté de mort.

De la bisexualité originaire à l’antiféminisme


Dans un premier temps, je voudrais amorcer une première définition de
l’antiféminisme en tant que réaction à ce qui est perçu comme une féminisation de la
société par la politique, la culture, l’esthétique, la morale, la médecine et bien sûr la
psychanalyse. Tandis qu’au début du XIXe siècle Hölderlin traduit l’Antigone de
Sophocle qui « se révoltait contre la puissante dictature de la loi patriarcale de Créon
» [14], Hofmannsthal dépeint son Elektra qui « affronte un monde chaotique où
l’autorité masculine est devenue inconsistante ». Ces deux œuvres de la littérature
européenne du XIXe siècle caractérisent ce qui se joue dans la redistribution des
rôles du masculin et du féminin dans la société. Cette période est aussi celle de ce
qu’on appelle le féminisme de la « première vague » dont les revendications
centrales portaient sur le droit de vote, l’accès à l’enseignement supérieur, le
contrôle des naissances, etc. En Allemagne et en Autriche, ce féminisme notamment
issue de la Révolution de 1848 est un marqueur du progressisme et du libéralisme
montant. En réaction, une pensée nationaliste et conservatrice attachée aux valeurs
traditionnelles se constitue et on voit apparaître ce qui s’organise théoriquement face
à ces bouleversements des codes, à savoir : l’antiféminisme (mais aussi
l’antisémitisme comme nous le verrons en fin de partie).

Otto Weininger (1880-1903)

2.1. La bisexualité selon Otto Weininger

Tous les savants semblent d’accord sur l’existence d’une bisexualité biologique.
Otto Weininger en reprend les termes dès le premier chapitre de son ouvrage
Sexe et caractère publié en 1903 : « Il est aisé de voir la relation qu’il y a entre cette
structure bisexuelle qui est celle de tout organisme fût-ce le plus évolué, et d’autre
part la persistance chez tout individu aussi unisexuellement développé soit-il pris
dans le monde végétal, animal ou humain, des caractères propres au sexe opposé » [
15]. Puis de préciser : « Qu’on me comprenne bien ici non d’une bisexualité comme
exception, ou comme disposition embryonnaire, mais d’une bisexualité comme règle
» [16]. En d’autres termes, il n’y a d’expérience ni d’homme ni de femme mais
du masculin et du féminin ; ou pour le dire encore autrement il n’y a que des types
d’hommes et des types de femmes. Néanmoins, Weininger conclut dans ce chapitre
qu’il y a nécessité de définir des idéaux, des modèles, pour chacun de ces types : «
Tout ce dont il s’agit est de connaître H et F, de définir exactement l’homme idéal et
la femme idéale (indépendamment de tout jugement de valeur, c’est-à-dire dans le
sens de typiques) » [17]. Puis il nous rappelle que cette bisexualité a été pensée « au
plus haut point » dans la période helléniste avec le mythe de l’Androgyne racontée
par Aristophane dans le Banquet de Platon.

Nous avons également vu en conclusion de la première partie que Weininger associe


à la bisexualité l’idée d’une périodicité (une période mâle et une période femelle) qui
oscille tant dans un individu que dans l’histoire de l’humanité. Cette dernière
conception attachée à l’humanité est abordée dans le sixième chapitre de son
ouvrage où il s’intéresse aux « femmes émancipées ». Il constate que les
mouvements féministes, comme tous mouvements de l’Histoire, pensent qu’ils sont
nouveaux, initiateurs, sans précédent, que de tout temps les femmes sont restées dans
l’ombre des hommes et que c’est seulement à l’aune de leur mouvement que la
femme peut enfin songer à sa propre émancipation. Il oppose à cette perception
unique et novatrice du mouvement, une perception périodique : « Mais on lui a
continuellement cherché – et trouvé – des analogies dans le passé ; non seulement
l’Antiquité et le Moyen Âge ont eux aussi connu, sous le rapport social, une question
féminine, mais on sait également pour ce qui est de l’émancipation intellectuelle, il y
a eu pour œuvrer dans ce sens, et des femmes par leur production, et des apologistes
de la femme (...) » [18]. Puis de poser la question : « Il faut ici envisager de poser la
possibilité d’une vaste périodicité, en vertu de laquelle, suivant une succession de
phases régulières, certaines époques verraient naître plus de types androgynes. […]
Ce serait là des époques de moindre gonochorisme, il y naîtrait plus de femmes
masculines et plus d’hommes féminins » [19]. Très clairement, pour Weininger, il
s’agit là d’un trait caractéristique du masculin, seules les femmes masculines
peuvent être considérées comme des femmes émancipées. En exposant cette
hypothèse, Weininger dévoile le sort qu’il fait à la féminité. Une autre partie du
chapitre nous éclaire sur ce qu’il entend par « femme émancipée en disant d’abord ce
qu’elle n’est pas. La « femme émancipée » n’est pas la femme qui gouvernerait son
foyer sans que son mari lui oppose de résistance, n’est pas la femme qui rentrerait
chez elle seule la nuit sans être accompagnée, n’est pas celle qui vit seule, n’est pas
celle qui aborde les questions sexuelles, n’est pas celle qui travaille pour assurer son
indépendance, n’est pas celle qui entre dans une école supérieure. En revanche, pour
Weininger, une émancipation de la femme serait « la volonté qu’elle peut avoir de
ressembler intérieurement à lui (l’homme), d’atteindre la même liberté dans la pensée
et dans la morale, de montrer la même force créatrice » [20]. Les quatre termes
autour desquels peut s’articuler l’émancipation de la femme sont des termes où le
corps est absent : intérieurement, pensée, morale et créatrice ; c’est-à-dire les
valeurs que Weininger rattache au masculin. Citant Jacob Burckardt au sujet de la
Renaissance : « Le plus grand éloge qu’on ait pensé faire à cette époque des grandes
dames italiennes était de dire de celles-ci qu’elles avaient un esprit et une âme
masculine » [21].
Pour Weininger, les femmes émancipées ont une âme masculine. Quel autre signe,
pouvant se balader de l’homme à la femme tout en ne cessant de garder la marque du
masculin peut-on rapprocher de cette idée si ce n’est celle du phallus ? Weininger ne
fait pas l’analogie mais on peut aisément se prêter à ce jeu pour comprendre ce qui
détermine sa conception de la bisexualité, où il n’y a ni Homme ni Femme mais du
masculin et féminin. S’il n’y a ni Homme ni Femme, c’est qu’il n’y a pas de corps, il
fallait pour Weininger trouver son remplaçant symbolique dans ce système sans
corps ; le phallus, il n’en réapparaît que plus masqué sous la forme de « l’âme
masculine ».

2.2. « L’amant ne cherche dans l’être aimé que sa propre âme »

Les chapitres XI et XII de Sexe et caractère cherchent à résoudre l’énigme de la


femme : ce qu’elle veut, ce qu’elle est, ce qu’elle n’a pas. Pour Weininger la réponse
est double et en même temps une : elle n’a ni âme ni phallus ; la femme est donc
dans l’attente de l’homme.

Le chapitre XI s’ouvre sur une adresse aux hommes qui vénèrent les femmes. Selon
lui, ils vivent dans l’illusion : « Il n’y a que deux catégories d’hommes : ceux qui
méprisent la femme et ceux qui ne se sont jamais posé de questions à son sujet » [22]
. Il pense que les hommes ont tendance à unifier l’érotisme (l’amour) et l’activité
sexuelle. Or concernant les femmes, il faut les désunir : « Il n’y a d’amour que
platonique. Tout le reste est bestialité ». On peut y voir des traces de l’amour
courtois où le véritable amour n’existe que dans la séparation et l’éloignement. Mais
on y verra surtout l’aversion de Weininger pour la sexualité féminine. « Si la femme
nue peut être belle dans l’art, elle ne l’est pas dans la réalité […]. En outre, le corps
nu de la femme donne l’impression de quelque chose d’inachevé » [23]. Si la femme
n’est pas belle en soi, qu’elle est cette beauté que l’homme lui trouve tout de même,
et qu’il cherche à retrouver dans l’acte sexuel ? Ici, Weininger ralentit et détaille les
choses. Il précise que l’acte sexuel fait fuir la beauté : « L’instinct sexuel qui cherche
l’union physique avec la femme, annihile sa beauté ; on cesse d’adorer la beauté
d’une femme qu’on a possédée » [24]. Puis, il lève le voile sur le mystère de la
beauté, ce que l’homme aime à travers une femme, c’est lui-même. La femme lui
sert de miroir pour aimer cette partie de lui-même qui a besoin d’être mise à
distance, en l’Autre, pour pouvoir être perçue et aimée. Trois choses sont énoncées :
l’homme n’est pas complet sans aliéner une part de lui-même dans l’Autre que
représente la femme ; la femme n’est pas complète, elle ne le sera jamais car elle n’a
pas d’âme, mais aussi parce qu’elle possède cette part de masculin qui attire les
hommes ; les deux premiers énoncés valident pour l’un et l’autre sexe leur
bisexualité originaire. Et on peut ajouter encore une chose : l’homme est actif en tant
qu’il part à la recherche de sa part manquante ; la femme est passive, elle attend en
tant que corps inachevé qu’un homme vienne chercher ce qui lui manque.

Mais Weininger tient à ajouter une contrainte supplémentaire. Si selon lui « la


femme aimée est trop souvent une ingénue, trop souvent une femelle, trop souvent
une coquette pleine de lubricité », l’homme ne peut consentir aussi facilement aux
appels sexuels que lui lance la femme. Il doit prendre en charge un sentiment de
culpabilité inhérent à une faute antérieure, que ce « qu’on voulait obtenir dans
l’amour est quelque chose qui ne devait pas y être cherché » [25]. Nous nous
approchons du problème crucial qui touche la bisexualité originaire selon Weininger
: il est plus difficile d’être un homme qu’une femme. « Réaliser une destinée
féminine, selon Weininger, consiste en un simple abandon aux appels de la nature,
de la chair, des pulsions, à la passivité, à l’oubli, à la volonté du monde, à la
procréation. » [26] Alors que réaliser une destinée masculine demande un effort, un
combat afin d’obtenir sa délivrance, une rédemption.

Pour Weininger, le destin de la femme ne fait aucun doute. Contrairement à


l’homme, elle est incapable de devenir un être suprasexuel. « Elle désire simplement
davantage le coït ou davantage l’enfant ». Weininger se fait ici très freudien dans la
mesure où le phallus qui manque à la femme, elle le retrouve temporairement dans
l’accouplement et l’enfantement. La femme est toute entière dirigée vers le phallus,
c’est-à-dire vers son destin. Ce que la femme retient c’est « non l’homme
précisément, mais le mâle ; et avant tout le symbole de sa sexualité, son phallus » [27
]. Dès lors, la femme n’aime pas, elle tombe amoureuse. Elle ne perçoit pas la
beauté, elle est fascinée par ce qu’elle n’a pas.

Plus on s’approche de la fin de l’ouvrage, plus Weininger se fait violent envers les
femmes :

« La femme est par essence non-libre : la nature même du besoin général


et unique qui l’anime la destine à être violée par l’homme, non seulement
dans sa propre personne, mais dans celle de toutes les autres femmes. Elle
est toute entière sous l’empire du phallus et vit proprement sous sa loi.
Tout ce à quoi elle peut atteindre est un vague sentiment, un
pressentiment même, de cette non-liberté, de cette fatalité qui pèse sur
elle, et ce qui le lui rend possible est une toute dernière trace en elle de
subjectivité libre et intelligible, un reste de masculinité innée, car il n’y a
pas de femme absolue. » [28]

***

Lire Sexe et caractère, c’est lire un fantasme qui se radicalise au fur et à mesure
qu’on tourne les pages. On commence à manier des termes comme masculin et
féminin au lieu de parler d’homme et de femme. Puis, lorsque Weininger s’approche
de son objectif de définir un idéal du type H et un idéal du F, on est saisi par la
cruauté qui se joue dans sa conception de la bisexualité. Les phrases deviennent
sentencieuses et moins argumentées, de telle sorte que nous nous éloignons du
sérieux de toutes sciences pour être cueillis dans un délire qui n’est, d’une certaine
manière, pas sans fondement. Jacques Le Rider nous rappelle que l’antiféminisme
n’était pas un courant de pensée isolé à l’époque, au contraire, il remportait un
certain succès tant dans la bourgeoisie intellectuelle que dans les classes populaires.
Non seulement l’antiféminisme mais également l’antisémitisme, Weininger
affirmera que la femme et le Juif entretiennent des caractères communs. Et de la
même manière qu’il protestait « virilement » contre la féminisation de la société,
cette menace étant aussi intérieure (car chaque être est bisexuel), Otto Weininger
était un juif antisémite. D’ailleurs, selon son raisonnement seul un juif pouvait être
antisémite, de la même manière que ce qu’un homme hait chez une femme c’est la
part féminine qu’il retrouve en lui. Pour lui le Juif est incapable de réaliser l’idée de
masculinité qu’il défend dans son ouvrage ; il ne constitue pas non plus une race ni
un peuple, mais un type de l’humanité opposé à un autre type, l’aryen, comme le
sont le masculin et le féminin.

Freud éclairait la relation de l’antiféminisme avec l’antisémitisme de Weininger par


le complexe de castration. « Weininger était un névrosé entièrement dominé par les
complexes infantiles » dit-il à son propos dans son étude du Petit Hans (1909). Et
d’ajouter à propos du lien entre antisémitisme et complexe de castration dans une
note à Un souvenir d’enfance de Leonard de Vinci (1910) : « La circoncision est
pour ces gens inconsciemment assimilée à la castration. Si nous nous risquons à
transposer nos suppositions dans la préhistoire de l’humanité, nous pouvons
imaginer que circoncision la dut être à l’origine d’un substitut atténué qui a pris le
relais de la castration ».

La bisexualité originaire de Weininger est si l’on peut dire le mythe d’un conflit
psychique intérieur jetant les bases d’un combat tout aussi intérieur entre homme et
femme et entre aryen et juif, dont l’issue biographique sera son suicide en 1903.
L’antiféminisme et l’antisémitisme de Weininger prenaient la forme d’une haine de
soi radicale, il les exposa frontalement dans un livre qui montrera que cette haine de
soi était aussi le propre de la modernité.

CONCLUSION

Si on peut résumer les choses ainsi : tout commence avec la bisexualité. Nous avons
vu la bisexualité biologique de Fliess où le lieu du conflit entre le mâle et la femelle
s’établit dans l’embryon jusqu’au fœtus et les traces de leur armistice subsisteront
dans le comportement social de l’individu. Nous avons vu la bisexualité psychique
de Freud où le nourrisson est à la fois enclin à l’activité ou la passivité et il deviendra
femme ou homme selon la manière dont il réalise son complexe d’Oedipe. Et nous
avons la bisexualité originaire de Weininger et la soumission de l’individu au
caractère périodique de sa propre bisexualité. D’une certaine manière, pour
Weininger, l’inconscient est historique. La masculinité devait toujours se tenir sur
ses gardes, tout ce qu’elle acquiert, elle ne peut en avoir une possession sûre. Ainsi
le masculin est toujours en conquête, une guerre sans relâche moins contre les
femmes que contre la femme en lui qui menace de le submerger. Et le conflit est
intense dans une époque où le féminisme de la première vague marche dans le pas
des révolutions progressistes, où les machines commencent à prendre la place des
hommes, où les hommes reviennent humiliés, mutilés, de cette Grande Guerre.
Néanmoins, Weininger constate cette guerre psychique et sociale. Sa réponse ne
consiste pas en l’avènement d’un homme-soldat comme on pourrait le croire au vu
de sa postérité dans les rangs nazis. Au contraire, l’Homme type idéal selon lui est
une élévation de l’esprit telle qu’il ne ferait plus qu’un avec le monde, ou encore une
chair sacrée dépourvue de sexualité, dépourvue d’autre, car chacun devrait être
protégé de la contamination extérieure. Or cette unification totale est avant tout un
mythe ; ne supportant pas la déchirure qui le menace, il mit fin à ses jours.

On pourrait aussi déceler dans toutes ces recherches sur une possible bisexualité
originaire, cette obsession, cette nécessité, d’identifier quelque chose comme une
modalité ou une structure qui puisse parler pour tout le monde, qui puisse tendre à
l’universel. Or, ce que le féminisme ou les mouvements de libération sexuelle
mettent sur la table, c’est le jeu des différences. Aujourd’hui ce sont les mouvements
trans et intersexes qui prolongent le combat. Mais pour que ces différences
apparaissent, elles doivent se battre pour se rendre visibles : mettre dans la lumière
ce qui restait caché. C’est toujours le même processus, le même jeu, que nous
répétons ; et c’est autant de manières d’interpréter l’inconscient. Et au milieu de tout
ça, le phallus, c’est-à-dire la maîtrise, le pouvoir et les formes sûres, semblent
poursuivre leur chemin en changeant de masque sans que rien n’y paraisse.
Socrata.

Une actrice tire sur Andy Warhol


(Valerie Solanas)

[1] ANZIEU Didier, « La bisexualité dans l’auto-analyse de Freud », in Bisexualité et différence des sexes,
Nouvelle Revue de Psychanalyse, Gallimard, 2004, p. 277.
[2] FREUD Sigmund, Trois essais sur la théorie de la sexualité (1905), cité par Pierre Fédida dans «
Dissymétrie dans la psychanalyse » in Bisexualité et différence des sexes, Folio Gallimard, p. 243.
[3] PONTALIS Jean-Bertrand, « L’insaisissable entre-deux », in Bisexualité et différence des sexes, Folio
Gallimard, p. 23.
[4] FREUD Sigmund, Trois essais sur la théorie sexuelle, Gallimard, 1987, p. 129.
[5] LEMBREZ Lucie,

Mécanismes de la sexualité en France, bisexualité et enjeux sociétaux : l’essor d’une nouvelle révolution
sexuelle (Thèse de doctorat de Philosophie), Paris, Université Sorbonne Paris Cité, 2015, 358 p.
[6] FREUD Sigmund, « Sur la psychogénèse d’un cas d’homosexualité féminine », in Névrose, psychose et
perversion, Paris, PUF, 1981, p. 134.
[7] LEMBREZ Lucie, op. cit., p. 63.
[8] Idem.
[9] FREUD Sigmund, « Le moi et le ça », in Essais de psychanalyse, Éditions Payot & Rivages, 2001, p.
273.
[10] FREUD Sigmund, « La féminité », in Nouvelles conférences de la psychanalyse, Gallimard, 1971.
[11] Voir à ce propos le texte de Freud Deuil et mélancolie (1917) où, sur fond de Première Guerre
mondiale, il perçoit dans la mélancolie un sentiment où le sujet s’auto-dépréciant, vise en réalité l’objet du
deuil introjecté, un être mort, ou même des idées mortes comme la patrie et la liberté.
[12] Il s’agit d’une dispute entre différents « pères » de la bisexualité qui prolonge celle entre Fliess et
Freud. Fliess accusera Freud d’avoir divulgué le secret de leurs premières recherches sur la bisexualité à un
de ses patients, H. Swoboda, qui en aurait ensuite parlé à Weininger, qui l’aurait repris sans citation dans son
ouvrage. Freud fera allusion à ces guerres de paternité, à deux reprises, dans des notes de bas de page dans
ses Trois essais. Dans la note de l’édition de 1910, à propos de Fliess : « En 1906, W. Fliess a revendiqué la
paternité de l’idée de bisexualité en tant qu’applicable à tous les individus. » Et à propos de Weininger, non
sans dédain : « Parmi les non-spécialistes, on considère que la notion de bisexualité humaine a été établie par
O. Weininger, philosophe mort jeune, qui a écrit un livre assez irréfléchi (Sexe et caractère). »
[13] En biologie, le gonochorisme est la séparation complète des sexes dans des individus distincts. Cette
citation est extraite de : LE RIDER Jacques, Modernité viennoise et crises de l’identité, PUF, 1990, p. 123.
[14] LE RIDER Jacques, ibid., p. 9.
[15] WEININGER Otto, Sexe et caractère, Paris, L’Âge d’Homme, 1989, p. 25.
[16] WEININGER Otto, ibid., p. 26.
[17] WEININGER Otto, ibid., p. 28.
[18] WEININGER Otto, ibid., p. 72.
[19] WEININGER Otto, ibid., p. 73.
[20] WEININGER Otto, ibid., p. 67.
[21] BURCKARDT Jacob, cité par Otto Weininger, ibid., p. 73.
[22] WEININGER Otto, ibid., p. 193.
[23] WEININGER Otto, ibid., p. 196.
[24] WEININGER Otto, ibid., p. 197.
[25] WEININGER Otto, ibid., p. 201.
[26] LE RIDER Jacques, Modernité viennoise et crises de l’identité, Paris, PUF, 1990 p. 111.
[27] WEININGER Otto, ibid., p. 206.
[28] WEININGER Otto, ibid., p. 227.

Vous aimerez peut-être aussi