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Henri Lundy, 39016783

Pauline Warmé, 39005618


Margaux Branchard 39011252
Laure Van Hecke, 39004914

Exposé
Lettre de Freud à Fliess du 15 octobre 1897
Le complexe d’Oedipe

I - Présentation de l’auteur, situer le texte dans l’évolution de la théorie

Sigmund Freud était un neurologue autrichien, né le 6 mai 1856 et mort le 23 septembre 1939.
Il est le premier fils de sa mère Amalia mais pas de son père Jakob car remarié. A 17 ans, Freud entre
dans la faculté de médecine de Vienne. Il s’inscrit à 23 cours par semaine, suit le cours de Von Brücke
sur la physiologie de la voix et du langage ainsi que le cours du professeur Claus sur la biologie et le
darwinisme. Freud suit également les réunions de lectures philosophiques de Brentano. A la fin de ses
études, Freud se destine vers la recherche et devient l’assistant de Théodore Herman Meynert
(médecin titulaire d’une chaire de psychiatrie et neuro-anatomiste allemand, lui-même fondateur de la
première clinique psychiatrique de Vienne. Freud part ensuite à Paris pour un séjour d’étude au côté
de Charcot (premier titulaire de la chaire mondiale de neurologie). Dès 1885, Freud s’oriente déjà vers
la psychopathologie et dévie donc de la neuropathologie. Charcot lui confie le cas d’une femme
hospitalisée depuis 1853 à la Salpêtrière souffrant d’hémiplégie et d’autres symptômes, c’est à ce
moment-là que Freud évoque l’importance du facteur sexuel dans les troubles hystériques. En 1889,
Freud se rend de nouveau à Paris auprès de Bernheim et Liébault, magnétiseur pratiquant l’hypnose à
l’inverse de Charcot. C’est alors que Freud, une fois de retour à Vienne, inaugure sa propre pratique,
la méthode cathartique (à savoir la libération par la parole).

Freud garde tout de même de fort lien alors la neurosciences ainsi que la biologie car son approche
fonctionnelle fondera toute la théorie freudienne, elle se rattache notamment à la biologie de Lamarck
(« la fonction crée l’organe et pas l’inverse).

En 1893, il reprend l’idée de la structure en réseau pour l’associer à l’hystérie, cependant, ce réseau
serait perturbé dans son fonctionnement par ce qu’il appelle « les affects » qui surviendraient dans des
traumatismes intérieurs de nature sexuelle.

Ce n’est qu’en 1897, alors que Freud connaît Wilhelm Fliess (1858-1928) depuis 1887, qu’ils
s’envoient de nombreuses lettres afin d’échanger sur leurs connaissances et ceux jusqu’en 1902. Fliess
est notamment intéressé par les théories de Freud sur la « névrose réflexe nasale ». Toujours en 1897,
un an après la mort de son père, Freud, en pleine « auto-analyse » de ses propres rêves, substitue la
théorie de la séduction par la théorie du fantasme. Il évoque de nouveaux fondements comme le
complexe d’œdipe dans son propre rêve, ou encore la théorie sexuelle.

Au moment où Freud écrit cette lettre, l’auto-analyse est un concept nouveau qui lui permettrait de
mieux comprendre ses patientes hystériques. Il tente alors d’interpréter ses propres rêves un an
après la mort de son père (chose qu’il sait déjà faire) mais en en tirant des conclusions sur son
enfance, moment où, pour lui, le trouble hystérique apparaît. Il affirmera en effet en 1901, dans son
article “Fragment d’une analyse d’hystérie”, que l’interprétation du rêve est à considérer comme le
modèle d’analyse du fonctionnement hystérique.

Mais au moment où Freud écrit cette lettre, soit le 15 octobre 1897, il avance dans l’inconnu et tente
de faire part de ses découvertes à Fliess. A l’aide de son auto-analyse, Freud évoque le concept du
complexe d’Œdipe. Ce n’est ensuite qu’en 1924 que Freud estime que sa théorie sur le sujet sera
aboutie.

II - Repérer la problématique du texte, quelle est l’ambition de l’auteur, quel est son enjeu, et
quels sont ses arguments

Dans cette 71e lettre à Fliess, Freud essaie de comprendre, à travers son auto-analyse et
l’interprétation de son rêve, ce qu’il nommera plus tard le complexe d’Oedipe, et le lien avec les
symptômes de l’hystérie qu’il étudie.

Dans sa lettre antérieure, il emphatisait sur l’importance de l’auto-analyse pour pouvoir interpréter ses
rêves. A savoir ce regard de soi vers soi, dans un circuit réflexif lui permettant d’accéder à ses
souvenirs. Le 15 octobre, Freud relate ce qu’il a pu faire ressortir de celle-ci.

Dans son rêve, Freud explique que la vieille dame le poussait à voler (“Je t’avais écrit qu’elle me
poussait à voler des pièces de monnaie”), mais l’auto-analyse lui a permis de voir autrement (“le rêve
signifie en réalité qu’elle-même volait”). L’auto-analyse lui a également permis de récupérer un
souvenir qui a été refoulé, à savoir l’angoisse de la perte de sa mère (“Je hurle comme un désespéré
parce que je n’arrive pas à trouver ma mère… Mon frère Philipp ouvre un coffre et moi, voyant que
ma mère ne s’y trouve pas non plus, je crie davantage…”). Le souvenir du coffre a permis à Freud de
faire le lien entre la peur de perdre sa mère, et l’amour qu’il a pour elle (“J’ai trouvé en moi, comme
partout ailleurs, des sentiments d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père”).

Freud semble voir dans cette lettre l’auto-analyse comme un outil essentiel pour mieux comprendre
cet amour, qu’il nommera plus tard le complexe d’Oedipe, ainsi que les conséquences du refoulement
sur l’hystérie. Mais il voit également le fait de s’observer soi-même comme un travail difficile,
notamment pour réussir à différencier le moi comme étranger (analyse) et le moi analysé. Il pensait
que l’auto-analyse et le fait de se situer comme sujet divisé serait impossible, mais cette expérience a
quand même été très importante pour la suite de son travail.

III - Repérer et développer les concepts théoriques, les articuler entre eux

La notion de Complexe d’Oedipe de Freud est inspirée du mythe d’Oedipe de Sophocle,


dans sa tragédie grecque nommée Oedipe Roi. Dans cette pièce, un oracle prédit à Jocaste et Laïos,
couple royal de Thèbes, que leur enfant tuera son père et épousera sa mère. Ils abandonnent alors leur
fils, qui sera sauvé par Polybe et Mérope de Corinthe. Jeune adulte, Oedipe va voir également un
oracle qui lui fait la même prédiction. En rentrant, il croise Laïos (donc son père biologique) qu’il ne
reconnaît pas, et le tue pour une vulgaire dispute. Puis il affronte le Sphinx de retour à Thèbes, avec
pour récompense d’épouser la reine de Thèbes, soit Jocaste. La prophétie se réalise donc.

Freud reprend l’idée de ce parricide pour expliquer une étape du développement de l’enfant, qu’il
nomme le complexe d’Oedipe. A savoir l’idée que l’enfant est attiré par le parent du sexe opposé,
ce qui suscite en lui une hostilité/ jalousie pour le parent du même sexe, dont il voudrait prendre
sa place.
Mais il est important de souligner que lorsqu’il parle d’ “amour” dans sa lettre, en disant : “J’ai trouvé
en moi comme partout ailleurs des sentiments d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon
père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants”, il ne s’agit pas de l’amour au
sens érotique du terme, mais de l’ amour familial d’attachement vers la mère.

Le complexe d’Oedipe se manifeste selon Freud vers 3-5 ans, càd au 3e stade du du développement
de la sexualité infantile. Celle-ci se définissant comme l’ensemble du processus de transformations
psychiques et corporelles qui se déroulent jusqu’à la puberté et l’adolescence.
Il y a d’abord le stade oral, de la naissance à 18 mois, à savoir la satisfaction du désir oral lorsque
le bébé tète le sein de sa mère. Cette action répond alors aux besoins alimentaires tout en
stimulant la première zone érogène : la bouche.
Vient ensuite le stade anal, de 18 mois à 3 ans. Cette étape correspond au moment où l’enfant
apprend à retenir ses excréments. Il découvre alors qu’il possède le contrôle soit, de donner ses
excréments en cadeau à sa mère, soit de les garder pour lui. Or la manière dont les parents “acceptent”
ou non le “cadeau” peut avoir une influence sur la future personnalité de l’enfant. Et la frustration du
refus crée justement la compulsion à garder les excréments pour lui, et donc à apprendre à se
contrôler.

Puis apparaît le stade phallique vers 3-5 ans, et la manifestation de la curiosité sexuelle infantile.
L’enfant découvre à ce moment-là la différence anatomique entre les deux sexes, et comprend que
le père possède quelque chose que la mère n’a pas. A ce moment là, les garçons pensent que les filles
ont perdu leur pénis et développement la peur de le perdre. C’est à ce moment qu’apparaît l’angoisse
de castration, à savoir la peur de perdre son “fait-pipi”. Les filles, quant à elles, ont le sentiment qu’il
leur manque quelque chose.
Or le complexe d’Oedipe apparaît à ce moment-là. L’enfant, qui ressent comme nous l’avons dit
ci-dessus une hostilité envers le parent opposé, ressent de la culpabilité. Le garçon (puisque c’est
ce dont parle Freud dans sa lettre) a en effet peur des représailles de son père envers lui, et que son
père fasse la même chose que ce qu’il a fait à sa mère, c’est-à-dire lui couper son fait-pipi. Cette
angoisse entraîne le refoulement du souvenir de cette hostilité et son transfert sur un autre objet. Le
garçon sort ensuite de l’Oedipe par l’acceptation du renoncement à sa mère, afin d’échapper à la
castration.

Or Freud illustre très bien ce phénomène lorsqu’il reprend dans sa lettre la tragédie Hamlet de
Shakespeare.
Dans cette pièce, le père d’Hamlet meurt, son oncle Claudius le remplace. MAIS Hamlet apprend que
c’est son oncle qui a tué son père, et souhaite le tuer. Il conserve malgré tout, et de façon mystérieuse,
sa raison. Parallèlement, Hamlet refuse d’avoir un enfant avec sa femme, Ophélie.
Or dans sa lettre, Freud semble considérer ce refus comme l’illustration du refoulement du
souvenir de désir de mort envers son père. Il réalise alors inconsciemment un transfert de son
père à Ophélie, en refusant d’avoir un enfant avec elle. En effet, Freud écrit dans sa lettre la phrase
suivante : “sa réprobation de l’instinct qui pousse son père à procréer, enfin son transfert de l’acte, de
son père à Ophélie, ne sont-ils pas des manifestations typiquement hystériques ?”.

Freud évoque donc à ce moment là l’apparition des symptômes hystériques, comme conséquence
du refoulement de l’hostilité envers le père et du désir pour la mère. En effet, il définit l’hystérie
comme “la capacité de conversion corporelle de l’affect, par suite du refoulement de représentations
inconciliables”. Il développe donc l’idée que le conflit psychique apparaissant au moment du
refoulement entraîne les symptômes de l’hystérie. Le symptôme hystérique est bien l’effet de
retour du refoulé inconscient.

IV - Discussion

Critiques positives et négatives de la théorie de Freud

Feud va s’avérer novateur dans l’interprétation des rêves en amenant de nouvelles idées qui
permettront de révolutionner la compréhension des rêves mais lui permettra également d’approfondir
ses concepts sur le fonctionnement de la pensée et du langage. Selon Freud, le rêve est donc
significatif et le psychanalyste peut, à travers la technique de l'association libre, révéler la signification
du rêve. Il va donc défendre l’idée que le rêve est une production propre du rêveur et qu'elle ne
provient pas d'une source étrangère, imposée à l'extérieur.

De plus, à travers ses nombreuses thèses Freud contredit souvent les idées populaires, ainsi que les
opinions scientifiques de l’époque mais également ceux de nos jours. De ce fait, il se démarque des
méthodes classiques et populaires d'interprétation des rêves, qui était plutôt perçu comme un moyen
d’annoncer l'avenir à travers le déchiffrement des symboles selon certaines cultures ou croyances.
Tandis que les scientifiques de son temps eux défendaient plutôt l’idée que le rêve n’est qu'une
production désorganisée et déclenchée par des stimuli physiques et qui n'aurait donc aucun sens
psychologique.

L’autre théorie étudiée et mise en avant par Freud est donc le complexe d’Œdipe, qui lui aussi ne fait
pas l’unanimité des scientifiques et chercheurs d’aujourd’hui. En effet, son concept n’a pas été
approuvé par les chercheurs puisque ceux-ci sont difficilement observables sur le terrain et peuvent
difficilement être mis en avant par une méthodologie scientifique classique.

Cependant, même si cette théorie est encore aujourd’hui beaucoup controversée, Freud reste l’un des
penseurs les plus influents de son époque et nombreux de ses travaux ont contribué sur la pensée
moderne. On remarque d’ailleurs que le complexe d’Œdipe a un encore un énorme impact de nos
jours puisqu’il est encore étudié mais également joué dans des spectacles, comme celui du metteur en
scène Wajdi Mouawad qui choisit justement de s’intéresser à l’Œdipe.

Déductions et interrogations tirées de la lettre

Cette nouvelle approche est très novatrice puisqu’elle diffère des méthodes de l’époque en s’appuyant
sur une analyse personnelle dans l’interprétation de celles des autres. Cette nouvelle démarche va
également induire une approche sur la psychologie masculine, car il est important de relever qu’à
l’époque les maladies mentales étaient généralement assimilées aux femmes, comme c’est le cas pour
l’hystérie.

On peut alors se demander si Freud n'approchait pas lui-même d’une forme « d’hystérie », puisque ce
sont les interprétations tirées de son auto-analyse qui lui ont permis d’avancer ses différentes théories.
On peut par exemple citer les déductions qu’il aura tiré de l’amour qu’il porte à sa mère qu’il va
ensuite généraliser dans sa théorie du complexe d’Œdipe.
Point de vue : les limites ressenties lors du travail

Lors de notre étude sur la lettre de Freud, il nous a d’abord été difficile de cibler la
problématique évoquée. En effet, selon nous plusieurs axes ressortent du texte comme celui de la
thématique du rêve ou encore les explications portées sur le complexe d’Œdipe. Il a donc été difficile
pour nous dans un premier temps d’établir un lien entre les rêves qu’il a analysés et les déductions
qu’il en a tiré. Cependant la segmentation du texte nous a permis de mieux distinguer et d’aborder les
différents concepts.

Finalement, le schéma d’argumentation de la lettre et l’agencement des différentes théories nous a


permis de mieux comprendre les étapes du raisonnement de Freud.

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