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Article à jour au 01/07/2019

 37-820-A-45

Techniques de thérapies
comportementales
C. Mirabel-Sarron, L. Vera

D’un point de vue historique, les comportementalistes se sont tout d’abord centrés sur le traitement de
l’anxiété. Ce sont surtout les troubles phobiques qui ont été l’objet des interventions thérapeutiques et
des formulations théoriques : phobie simple, phobie sociale, agoraphobie et anxiété généralisée. Ainsi, il
y a une quarantaine d’années, les publications scientifiques sur les thérapies comportementales étaient
consacrées essentiellement à la désensibilisation systématique et aux techniques opérantes. Depuis, on
assiste au développement de nouvelles techniques adaptées soit à des populations cliniques spécifiques
telles que l’état de stress post-traumatique ou les dépressions uni- ou bipolaires, soit au développement de
stratégies qui ne visent plus à la modification des comportements, ni des émotions, mais qui se centrent
sur l’acceptation des contenus psychologiques : démarche de thérapie d’acceptation et d’engagement,
mindfulness, etc. Les équipes de recherche clinique et les thérapeutes se sont spécialisés dans le traite-
ment de souffrances psychiques précises et contribuent à la connaissance des facteurs impliqués lors d’un
traitement comportemental. Les stratégies thérapeutiques comportementales ont donc évolué grâce à
l’identification des facteurs d’efficacité. L’évolution thérapeutique permet actuellement l’abord de patho-
logies complexes telles que la schizophrénie, les troubles de la personnalité, les troubles bipolaires et les
addictions aussi bien aux substances que comportementales. On observe dans les modalités de traitement
le lien indissociable des techniques comportementales avec celui des techniques cognitives. En effet, il est
impensable de modifier un comportement sans aborder les effets cognitifs du changement. C’est le cas
des sentiments d’autoefficacité et de l’estime de soi. Pour certains troubles, l’étape comportementale sera
suivie d’une approche cognitive qui aborde spécifiquement les pensées, les représentations, les images,
afin de mettre à jour des ensembles de croyances acquises (schémas cognitifs) responsables de certaines
conduites pathologiques. Une mise à distance de ces contenus de vulnérabilité, favorisant les rechutes,
ou la chronicisation des troubles fait appel à des stratégies multiples comportementales, cognitives et
émotionnelles, dites de troisième vague. La combinaison des différentes techniques et leur association
à d’autres formes de traitements psychologiques ou médicamenteux sont l’objet des réflexions actuelles
des thérapeutes.
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Mots-clés : Thérapie comportementale ; Thérapie cognitive ; Désensibilisation systématique ; Exposition ;


Tâches assignées ; Thérapie de groupe ; Mindfulness ; Thérapie d’acceptation et d’engagement ;
Métacognition ; Phobies ; Anxiété ; Dépressions ; Addictions ; Troubles de la personnalité ; Troubles bipolaires ;
Thérapie virtuelle

Plan ■ Techniques opérantes (basées essentiellement


sur le conditionnement opérant) 6
■ Bases théoriques des thérapies comportementales 2 Renforcement 6
Conditionnement classique 2 Attribution des tâches progressives 6
Conditionnement opérant 2 Estompage et guidage 6
Apprentissage social 2 Programme d’activités 7
« Biofeedback » 7
■ Analyse fonctionnelle ou comment poser une indication Tâches assignées 7
de TCC 2
■ Techniques issues de l’apprentissage social 7
■ Techniques d’exposition 3 Techniques d’affirmation de soi 7
Désensibilisation systématique (DS) 3 Adaptation de l’affirmation de soi aux patients schizophrènes :
Exposition in vivo 4 entraînement aux habilités sociales 8
Prévention de la réponse (EPR) 5
■ Techniques de résolution des problèmes 8
Exposition « in virtuo » 5
Arrêt de la pensée 5 Principes de la résolution des problèmes 8
Immersion 5 Dans la crise suicidaire 8
Techniques aversives 6

EMC - Psychiatrie 1
Volume 11 > n◦ 4 > octobre 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-1072(14)65247-0

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37-820-A-45  Techniques de thérapies comportementales

■ Nouvelles approches de la pleine conscience et d’acceptation 9 d’un stimulus agréable, le renforcement négatif que nous avons
« Mindfulness-based cognitive therapy » (MBCT) 9 déjà défini et le renforcement aversif qui inhibe la probabilité
Thérapie cognitive dialectique (TCD) et thérapie d’acceptation d’apparition d’un comportement. L’extinction implique l’arrêt
et d’engagement 9 de l’application d’une conséquence ayant pour effet de causer
■ Thérapies de groupe 9 la disparition de la réponse anxieuse (ne plus téléphoner toutes
Groupe destiné à des patients adultes souffrant d’hyperactivité 9 les heures pour rassurer un enfant qui craint la disparition de
Groupe destiné à des patients obsessionnels compulsifs 10 ses parents devrait provoquer la disparition de l’attente anxieuse,
Groupe destiné à des patients bipolaires partiellement stabilisés 10 toutes les heures, de l’appel téléphonique).
■ Discussions 10
Comment se manifestent les résistances au changement ? 10 Apprentissage social
Quelle participation cognitive aux stratégies comportementales ? 11
Place de la motivation en TCC 11 L’observation est l’un des mécanismes de l’apprentissage social
■ Conclusions 12 qui est à l’origine de certaines phobies, notamment sociales [5] .
Les techniques d’affirmation de soi, issues de l’apprentissage
social, sont un ensemble de procédures thérapeutiques qui visent
l’atténuation de la peur du regard critique d’autrui [6] . Ainsi, des
 Bases théoriques des thérapies psychologues et des physiologistes ont consacré de nombreux tra-
vaux expérimentaux à décrire ces mécanismes d’acquisition de
comportementales comportements. Le paradigme du conditionnement est à la base
de la réflexion du thérapeute comportementaliste.
Elles se fondent sur trois théories du conditionnement : Au total, de ces descriptions empiriques sont nées des tech-
le conditionnement classique, le conditionnement opérant et niques thérapeutiques telles que les techniques d’exposition
l’apprentissage social. Détaillons chacun de ces mécanismes. (qui confrontent le patient à la situation source d’une réaction
anxieuse jusqu’à ce que cette réaction invalidante disparaisse), des
techniques opérantes (qui utilisent des facteurs de renforcement
Conditionnement classique aidant le sujet au changement), des techniques d’entraînement
Le conditionnement classique de l’anxiété postule qu’une aux habiletés sociales ou des techniques d’affirmation de soi
réponse anxieuse à un objet ou à une situation se développe secon- (qui permettent au sujet d’acquérir une meilleure compétence
dairement à l’association entre la peur et un stimulus neutre. Par sociale) et des techniques cognitives (qui permettent de modifier
exemple, un enfant qui regarde un film dans lequel un homme les croyances, les représentations associées à des événements).
blesse une femme à la tête peut avoir peur des têtes de poupées Des techniques de pleine conscience sont intégrées dans toutes
car elles ont été associées à la peur éprouvée lorsqu’il regardait le les démarches de thérapie comportementale et cognitive (TCC)
film. Ainsi, la ressemblance et la contiguïté spatiale entre deux sti- de dernière génération telles que la thérapie dialectique de Mar-
muli peuvent favoriser le développement d’un trouble phobique. sha Linehan, ou encore la thérapie d’acceptation et d’engagement
Plusieurs stratégies thérapeutiques tentent de briser le lien établi (ACT) [7] .
entre l’anxiété et le stimulus phobogène. Ce sont les techniques Nous décrirons, dans cet exposé, chacune de ces techniques
d’exposition : la désensibilisation systématique, l’immersion et avec sa définition, ses modalités et parfois les difficultés liées à
l’exposition graduelle. Le principe de ces techniques consiste à son utilisation.
exposer le patient à des stimuli faibles suscitant une peur mini-
male et à augmenter progressivement leur intensité, ou bien, dans
le cas de l’immersion, à présenter d’emblée des stimuli fortement  Analyse fonctionnelle
anxiogènes pour le patient. Sur le plan clinique, l’exposition au
stimulus anxiogène entraîne la diminution de l’anxiété [1–3] . ou comment poser une indication
Mais les réactions d’anxiété sont désagréables, voire aversives,
et elles provoquent, souvent, des réponses d’évitement actives,
de TCC
visant à empêcher la confrontation à la situation redoutée. En pratique clinique, la difficulté du thérapeute réside dans
l’indication des techniques avant de proposer un contrat thé-
Conditionnement opérant rapeutique au patient. Cette détermination se fait au décours
de l’analyse fonctionnelle. Plusieurs entretiens d’évaluation sont
Le conditionnement opérant se fait par l’intermédiaire des nécessaires. L’analyse fonctionnelle du patient permet de connaî-
stimuli qui suivent une réponse donnée ou qui en sont la consé- tre les comportements à problèmes de l’individu qui vient
quence. Le comportement est modifié par ses conséquences. Ainsi, consulter dans leur diachronie et leur synchronie. Pour ce faire, le
il s’établit une relation fonctionnelle entre le comportement et le thérapeute comportementaliste prend soin de relever minutieu-
stimulus ou les stimuli qui suivent ce comportement : ce sont les sement les situations redoutées par le patient pour définir le plan
renforcements. Le renforcement positif augmente la probabilité thérapeutique visant à les aborder.
d’apparition d’un comportement. Le renforcement négatif (qui Il s’agit d’un entretien verbal structuré qui vise à émettre des
est désagréable pour le sujet) augmente également la probabilité hypothèses quant à la constitution et au maintien des troubles,
d’apparition d’un comportement, mais que l’on peut qualifier intégrant les aspects biologiques, psychologiques et environne-
d’évitement ou d’échappement. Par exemple, la prise de parole mentaux.
étant source d’anxiété pour un sujet, celui-ci va chercher à ne pas Par exemple, une patiente présente depuis quelques mois une
aller aux réunions, son comportement d’évitement augmentant. agoraphobie sévère. L’analyse fonctionnelle synchronique décrit :
L’apprentissage des comportements d’évitement se fait par condi- • les situations déclenchant les attaques de panique ;
tionnement opérant. Les conduites d’évitement comportemental • toutes les situations qui impliquent une distance par rapport à
et cognitif sont renforcées positivement car elles sont réductrices l’endroit rassurant que constitue le domicile familial.
de l’anxiété [4] . Lorsque les réactions phobiques sont établies, elles La patiente rapporte, par ordre croissant d’angoisse, ces situa-
ont tendance, si elles ne sont pas traitées, à se maintenir. De plus, tions :
une anxiété d’anticipation se développe habituellement. Le thé- • se promener (avec une anxiété proportionnelle à la distance
rapeute comportementaliste cherche à favoriser la disparition des d’avec la maison) ;
comportements d’évitement et à apprendre au patient à iden- • se rendre à son travail (distant de 15 minutes à pied, environ) ;
tifier la diminution progressive de son anxiété lorsqu’il n’évite • aller dans les magasins et les petites surfaces de son quartier ;
pas la confrontation aux stimuli anxiogènes. Plusieurs techniques • se rendre chez des amis ;
thérapeutiques, basées sur le principe du conditionnement opé- • aller au restaurant déjà connu ;
rant, sont employées : le renforcement positif par présentation • aller dans un lieu de divertissements : cinéma et théâtre.

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Les émotions ressenties sont l’anxiété de type panique, la honte. À partir de ces hypothèses fonctionnelles, le thérapeute choi-
Les sensations physiques sont : oppressions thoraciques, batte- sira telle ou telle technique. Pour un même patient, il est possible
ments cardiaques très fortement ressentis, chaleur et sueurs puis d’utiliser plusieurs techniques, soit chronologiquement, l’une
sensation de grande faiblesse, vertiges. après l’autre, soit simultanément, par alternance d’une séance à
Les cognitions ou pensées concomitantes à l’anxiété panique l’autre.
sont les suivantes : la patiente se dit qu’elle « va manquer d’air, Les entretiens d’évaluation préliminaires constituent, par
que son cœur va éclater ». Quand elle sent sa tête tourner, elle conséquent, un des moments les plus importants permettant de
pense, alors, qu’il peut lui arriver un accident au cerveau. Elle se poser l’indication de thérapie comportementale ou non. Cette
dit que « c’est tellement intense qu’un jour cela pourrait arriver ». évaluation de départ obéit à des règles techniques spécifiques.
Les comportements sont : Elle inclut non seulement une évaluation clinique mais aussi,
• l’évitement et l’échappement des situations anxiogènes ; comme nous l’avons nommée, une analyse fonctionnelle et une
• le fait que la patiente rentre plus vite au domicile si elle présente évaluation quantitative des troubles à l’aide de questionnaires et
des symptômes de panique ; d’échelles appropriées [7] .
• le fait qu’elle ne prend aucun transport en commun, même
accompagnée ;
• le fait qu’elle ne se promène pas seule.
Les objets contraphobiques sont :
 Techniques d’exposition
• un sac à dos avec une petite bouteille d’eau et des ali-
ments sucrés en permanence (pour combattre une sensation Décrivons chacune des techniques avant de présenter quelques
de malaise) ; cas cliniques illustratifs de l’agencement des techniques thérapeu-
• un comprimé d’anxiolytique dans sa poche (qu’elle serre dans tiques.
sa main) au cas où surviendrait une attaque de panique ; Basées essentiellement sur le conditionnement classique, ces
• un téléphone portable, quand elle sort seule sur une petite dis- techniques constituent la première génération d’outils thérapeu-
tance, pour joindre sa mère ou son père, si besoin. tiques à disposition du thérapeute.
La patiente demande à sa mère de l’accompagner dès qu’un Les techniques d’exposition sont considérées comme des
trajet est trop long ou lorsque la destination n’est pas familière. techniques de réduction des peurs et des phobies par décondi-
Les conséquences sont : tionnement d’une réponse apprise. Le thérapeute apprend au sujet
• arrêt de travail : la patiente est partie de son domicile (situé non une réponse inhibitrice du processus de peur. La réponse la plus
loin de ses parents) ; communément substituée est la réponse de relaxation qui est
• perte de contact avec ses amis : seule une d’entre elles comprend antagoniste de la réponse anxieuse. Ce processus est intitulé le
ses angoisses ; principe d’inhibition réciproque par Wolpe [1] .
• arrêt de toutes les activités plaisantes pour la patiente (bou- Décrivons les méthodes d’exposition les plus utilisées.
tiques, cours de gymnastique, tennis, etc.) ;
• anticipations : la patiente imagine qu’elle va ressentir les symp-
tômes de panique quand elle est seule, quand elle s’éloigne du
Désensibilisation systématique (DS)
domicile de ses parents, quand elle ressent des sensations de La désensibilisation systématique proposée par Wolpe est la
tensions, de cœur qui bat plus vite. Elle est devenue hypervigi- technique la plus connue. Il s’agit d’une méthode d’exposition
lante aux symptômes physiques. Tout symptôme physique est en imagination qui comporte plusieurs étapes : un apprentissage
interprété comme un début d’attaque de panique. à une technique de relaxation, la constitution d’une hiérarchie
L’analyse fonctionnelle diachronique ou les données structu- comprenant les différents items sources de peurs pour le sujet puis
rales possibles décrivent ceci : l’étape de présentation de chacun des items en imagination.
• une mère présentant un probable trouble anxieux généralisé Reprenons chacune de ces étapes :
prenant régulièrement des anxiolytiques ; • l’apprentissage de la relaxation utilise volontiers la méthode de
• données personnelles : fille unique, la patiente décrit sa mère Jacobson [8] adaptée à la DS par Wolpe [6] . Six à dix séances d’une
comme hyperprotectrice ; durée de 20 minutes environ sont nécessaires. Il est conseillé au
• facteurs déclenchant initiaux : depuis six mois, période du thérapeute d’effectuer la séance en même temps que le patient
début des attaques de panique, aucun facteur déclenchant n’est pour lui servir de modèle en cas de difficulté à comprendre
retrouvé à l’entretien, ni personnel, ni affectif, ni professionnel, les différents mouvements. Il est cependant difficile quel-
ni familial, ni symbolique ; quefois d’apprendre au sujet à se relaxer, à fermer les yeux,
• pas de prise d’alcool, ni de tabac, ni d’autres substances à rester allongé immobile, etc., alors différentes aides tech-
toxiques ; niques sont proposées telles que l’utilisation d’une méthode
• conceptualisation de la souffrance de la patiente (ou conclu- de relaxation hypnotique ou bien l’utilisation de techniques
sion de l’analyse fonctionnelle) : nous formulons au patient des ventilatoires ;
hypothèses de compréhension du trouble au regard des lois du • la constitution de la hiérarchie est pratiquée au cours des
conditionnement classique, opérant, social. séances et précisée par le patient à son domicile. Une hiérarchie
On suppose une anxiété sociale acquise par défaut de mode- comporte une dizaine de situations sources d’angoisse présen-
ling dans les premières années (famille très protectrice, peu tées par intensité de stress croissant. L’intensité de l’anxiété est
d’échanges et de communication intrafamiliale, peu de relations évaluée de manière subjective, le sujet lui-même attribue une
avec l’extérieur), avec un apprentissage cognitif centré sur la note entre 0 et 100 dans une unité intitulée « unité subjective
potentielle dangerosité du monde extérieur (discours de la mère d’inconfort ».
qui verbalise toutes ses inquiétudes à sa fille).
Sur ce terrain d’anxiété sociale, la première attaque de panique
(ADP) survient, en situation sociale, dans la rue, en se rendant
Exemple de hiérarchie
à son travail. Les ADP peuvent se déclencher – par conditionne- Un sujet masculin d’une quarantaine d’années ne peut plus
ment intéroceptif – à partir du moindre signe physique évocateur conduire sa voiture : il consulte car il doit aller chercher ses enfants
d’ADP comme une accélération du rythme cardiaque. Ainsi, des tous les 15 jours chez ses parents qui les gardent pendant son
situations de plus en plus nombreuses sont évitées pour ne pas travail, dans une localité non accessible par les transports en
ressentir de signes physiques ou subjectifs évocateurs d’anxiété commun.
(évitement : conditionnement opérant par renforcement positif La hiérarchie est la suivante :
de l’anxiété). On est alors au stade de l’agoraphobie. L’attitude • conduire seul sur une large avenue ;
de l’entourage est alors très protectrice et compréhensive, mère et • conduire seul sur une large avenue encombrée ;
père l’accompagnant dans les lieux anxiogènes. Ils veulent l’aider, • conduire seul sur une large avenue, alors qu’il pleut ;
bien faire pour qu’elle souffre le moins possible (ces éléments • conduire seul sur une large avenue, sur 2 km, puis traverser un
agissent comme renforçateurs ou facteurs de maintien du trouble). pont surplombant un fleuve ;

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• conduire seul sur une large avenue, sur 2 km, puis traverser un phobie des serpents, le thérapeute approche progressivement le
pont alors que la circulation est dense. serpent avec ses mains, les mains du patient étant placées sur les
Le travail en imagination débute après avoir vérifié les capacités siennes. Cette conduite de sécurité facilite les progrès du sujet.
d’imagerie mentale du patient. Si le patient n’arrive pas à imaginer Petit à petit, le thérapeute réduit sa participation aux séances
les scènes, les séances d’exposition s’effectueront dans la réalité et jusqu’à ce que le patient atteigne ses objectifs. Le contact (toucher)
l’on abandonnera la DS. Le thérapeute demande au patient de se progressif avec l’objet a été employé avec succès par Ritter [13] pour
relaxer jusqu’à obtenir un niveau de détente suffisant ; il propose traiter la phobie des serpents. Nous avons, nous-mêmes, demandé
ensuite une scène de la hiérarchie qu’il évoque avec beaucoup de à un jeune adolescent de toucher progressivement du papier, qui
détails afin que le patient se représente dans la situation. Chaque pour lui était source d’angoisse invalidante, car il ne pouvait plus
évocation dure de cinq à dix secondes et est entrecoupée de pauses écrire, ni lire. Quinze séances ont permis à l’enfant de toucher du
de relaxation. De trois à cinq évocations en imagerie sont pro- papier sans aversion ni angoisse.
posées par séance. Le patient est régulièrement évalué sur son La désensibilisation automatique s’effectue grâce à un pro-
niveau d’anxiété et, si son angoisse augmente beaucoup au cours gramme de séances préalablement enregistré au dictaphone, la
de l’évocation d’une scène, il le manifeste par un geste (lever de hiérarchie étant préparée avec le thérapeute en amont.
la main par exemple). La DS a été employée avec efficacité par L’autodésensibilisation se pratique à l’aide d’un manuel ; le thé-
Wolff [9] dans le traitement de l’anxiété chez une jeune femme de rapeute n’est alors qu’un consultant éventuel.
20 ans kidnappée à l’âge de 13 ans. Turner [10] a trouvé que la DS La désensibilisation par autocontrôle est une procédure aux
améliore les peurs, l’anxiété, la dépression et l’adaptation sociale objectifs plus larges. Le but est de développer chez le sujet des
chez neuf sujets ayant été victimes de kidnapping. Frank et Ste- procédures pour faire face à n’importe quelle situation stressante.
wart [11] communiquent des résultats similaires dans le traitement Aussitôt que le patient devient conscient, ou repère la moindre
de sujets ayant été enlevés. La DS dans le trouble obsessionnel manifestation de son anxiété, il met en jeu les procédures de
compulsif n’a pas montré la même efficacité. Meredith et Milby [12] relaxation. La hiérarchie n’est plus centrée autour d’un thème
restent également assez réservés quant à son utilisation dans les principal. C’est un ensemble de situations où dans le passé le sujet
obsessions et compulsions. s’est senti tendu, nerveux, anxieux.
La DS peut se pratiquer en groupe avec cinq à six sujets se
plaignant de la même peur. La hiérarchie est construite en collabo-
Exemple de hiérarchie proposée en imagination
ration avec tous les membres du groupe. La vitesse de progression
• Peur d’être tout seul ; des séances en imagination suivra les sujets qui ont le plus de
• être avec un groupe de gens la nuit ou pendant le jour ; difficulté.
• être tout seul dans une chambre avec un ami ; La DS vicariante en groupe projette, à l’ensemble du groupe, un
• réfléchir à la possibilité d’être tout seul dans la maison pendant film vidéo représentant une thérapie de DS pour la même peur
la journée ; que celle ressentie par les participants.
• aller en cours très tôt le matin quand il n’y a pas beaucoup de Pour les comportementalistes, l’exposition aux stimuli anxio-
gens dehors ; gènes donne la possibilité au patient de revivre la situation,
• être à la maison seul dans la chambre à coucher pendant la d’atténuer les réactions d’anxiété, de remobiliser l’expérience
journée ; émotionnelle du traumatisme et d’apprendre de nouvelles
• conduire une voiture, tout seul, la nuit, et avoir le sentiment réponses pour faire face au stress.
que quelqu’un vous suit ;
• se promener seul dans une rue en ville la nuit avec un ami ;
• être tout seul la nuit dans une maison avec un enfant à garder ; Exposition in vivo
• réfléchir à l’idée d’être tout seul à la maison la nuit peu d’heures
avant d’être vraiment tout seul ; L’exposition aux stimuli, qui suscitent l’anxiété du malade, doit
• s’asseoir seul dans le salon de la maison la nuit avec les portes préciser la durée de cette confrontation (intervalles courts ou
fermées. longs), la pente d’approche qui peut être prononcée ou progres-
La DS « in vivo » propose au sujet une exposition aux différents sive, le stimulus (concret, filmé), le procédé qui peut être en groupe
items de la hiérarchie construite mais « en réalité ». Le sujet uti- ou en individuel, l’autoexposition entre les séances de traitement
lise la relaxation comme méthode de contre-conditionnement. et l’utilisation d’un modèle effectuant une exposition analogue.
Nous avons employé cette méthode thérapeutique chez une jeune Il est admis que la forme de l’exposition est un facteur important
femme âgée de 24 ans qui consultait pour une phobie sociale. mais pas déterminant du succès thérapeutique : le patient, pour
Celle-ci se présente à la consultation pour un problème de « perte améliorer son état, ne doit pas entraver le déroulement du trai-
des moyens lorsqu’elle est observée ». Elle est étudiante pour deve- tement d’exposition ni s’en désintéresser, mais bien s’impliquer
nir préparatrice en pharmacie et a échoué à l’examen pratique ; entièrement et agir sur le stimulus. Un autre facteur d’efficacité
elle devait préparer des dosages et manipuler du matériel très fin thérapeutique concerne l’apprentissage au patient à s’exposer de
sous les yeux de plusieurs examinateurs. Son échec, elle le décrit lui-même à la situation anxiogène (exposition imposée en milieu
comme « l’angoisse insurmontable de se sentir observée, se mettre réel).
à trembler sans pouvoir saisir le matériel et avoir la certitude L’exposition graduelle en situation réelle a été utilisée conjoin-
que les examinateurs se rendront compte de son angoisse et de tement avec la relaxation par McCaffrey et Fairbank [14] dans
son incompétence ». Ce comportement de tremblement s’observe, le traitement de patients ayant subi des accidents (chute
a minima, lorsqu’elle sert le café chez elle et que quelqu’un la d’hélicoptère, accidents de voiture à répétition). Les résultats sont
regarde. Elle possède des compétences sociales adéquates, est fian- partiellement satisfaisants : une amélioration clinique est consta-
cée, ne se sent pas timide. Depuis longtemps, elle a peur des tée pour plusieurs symptômes, sauf pour l’anxiété subjective
examens oraux, les épreuves écrites ne l’angoissent pas et elle (anticipation anxieuse). Van Hasselt et al. [15] ont traité la pho-
les réussit sans difficultés. Des séances de désensibilisation sys- bie du sang chez un garçon de 11 ans ; ils ont mesuré pendant le
tématique en imagination (10 séances) et l’exposition graduelle traitement les composantes cognitives, physiologiques et motrices
in vivo (7 séances) ont pu l’aider efficacement à passer son exa- de l’anxiété. L’amélioration clinique était accompagnée de chan-
men pratique. Étant donné les compétences sociales adéquates gements cognitifs et moteurs (réactions d’évitement), mais non
et la focalisation de la peur sur le regard d’autrui lors des exa- des composantes physiologiques. Freeman et al. [16] ont employé
mens, un traitement individuel est plus indiqué qu’une thérapie l’exposition graduelle (10 séances) en situation réelle pour trai-
de groupe. Les techniques thérapeutiques ciblent une diminution ter un enfant âgé de 7 ans présentant une phobie des examens
de l’anxiété face au regard « examinateur » d’autrui. L’association médicaux. La même méthode a considérablement atténué, chez
des techniques en imagination et in vivo est assez courante. un garçon de 7 ans, la phobie des immeubles élevés (Craghan et
La désensibilisation de contact fait participer le thérapeute plus Musante [17] ). La phobie des bruits forts (ballon qui éclate, klaxon
activement : il va servir de modèle au patient et donner de nom- de voiture, etc.) chez un garçon de 11 ans a été traitée par Wish
breuses informations sur les perceptions. Par exemple, pour une et al. [18] à l’aide d’un support audio où, sur un fond musical

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agréable pour l’enfant, il avait intercalé des bruits lui faisant peur. malheur n’arrive à sa famille. Il devait pour ce faire être parfaite-
L’enfant devait écouter cet enregistrement trois fois par jour pen- ment concentré. Les infirmiers, pour qu’il parvienne à accomplir
dant une semaine. Cette méthode a atténué les réactions de peur ces gestes à une vitesse normale, l’incitaient à prendre progressi-
et d’anxiété. vement de la vitesse. D’abord, la seule présence de l’infirmier(ère)
Dans les attaques de panique, les traitements comportementaux suffisait pour accélérer les gestes ; ensuite, des contrats progres-
se sont développés à partir de deux hypothèses de travail : sifs ont été passés (temps à ne pas dépasser). Il est difficile de
• le patient a peur de la peur ; certaines sensations physiques communiquer tous les détails pris en compte pour planifier un
(accélération du rythme cardiaque, du rythme respiratoire, sen- programme thérapeutique, mais nous pouvons dire qu’il est très
sations de chaleur, sensation d’évanouissement, bouche sèche, complexe, et il est révisé au fur et à mesure des progrès ou des
sentiment d’oppression, etc.) sont interprétées comme le point obstacles.
de départ d’une attaque de panique ;
• l’hyperventilation favorise la survenue des attaques de
panique lorsque le patient interprète les sensations liées à Exposition « in virtuo »
l’hyperventilation comme étant dangereuses. La thérapie par réalité virtuelle peut être définie comme une
Ces sensations physiques (palpitations, nausées, vision trouble, application permettant à l’utilisateur de naviguer et d’interagir
etc.) sont très similaires à celles provoquées par les attaques en temps réel avec un environnement en trois dimensions généré
de panique. Suivant ces dernières constatations, Clark et al. [19] par ordinateur.
ont développé un traitement hebdomadaire de 30 à 60 minutes La réalité virtuelle peut résoudre certains problèmes de
destiné, tout d’abord, à montrer aux patients le lien entre l’exposition en imagination. En particulier, elle met sur un pied
l’hyperventilation et la survenue des attaques de panique, puis d’égalité les patients « bons » et « mauvais » imageurs, la situation
à leur apprendre à contrôler leur respiration afin d’empêcher redoutée n’étant plus à imaginer mais directement projetée. La
l’hyperventilation et obtenir un meilleur contrôle sur les sensa- réalité virtuelle permet au thérapeute de maîtriser tous les facteurs
tions physiques. Sokol-Kessler et al. [20] ont comparé ce traitement de l’exposition, de simuler des situations rares et/ou dangereuses.
à une psychothérapie de soutien. Une moyenne de 28 séances était Ces dernières années, plusieurs études de cas ont montré,
nécessaire pour diminuer la peur de la peur et pour l’apprentissage sur la base de comparaisons avant et après traitement, que
du contrôle respiratoire. L’exposition aux sensations provoquées l’exposition in virtuo permettait une amélioration clinique des
par l’hyperventilation peut être interprétée comme la possibi- patients, notamment en cas d’acrophobie, d’arachnophobie, de
lité pour le patient de réinterpréter les symptômes comme étant phobie de l’avion, de claustrophobie, de phobie de la conduite,
bénins et de briser le lien entre anxiété et sensations physiques. ou encore de phobie sociale. D’autres études ont montré que
Le traitement comportemental du trouble panique est souvent cette amélioration clinique était supérieure à celle obtenue dans
proposé en combinaison avec une chimiothérapie. Selon Bal- un groupe contrôle de type liste d’attente ou relaxation, notam-
lenger [21] , 20 à 80 % des patients rechutent après l’arrêt de la ment dans le cas de l’acrophobie, de l’arachnophobie, de la phobie
pharmacothérapie seule. La durée du traitement combiné est en sociale ou de la phobie de l’avion [26] .
général de un an.

Arrêt de la pensée
Prévention de la réponse (EPR) Cette technique est souvent utilisée dans les troubles obses-
Une modalité différente d’exposition employée dans le trouble sifs compulsifs. En effet, les pensées obsessionnelles sans rituels
obsessionnel compulsif est la prévention de la réponse. Cette tech- sont beaucoup plus difficiles à traiter que les comportements
nique intègre l’exposition aux stimuli. Elle consiste d’abord à aider compulsifs. En général, il est proposé de s’exposer aux pen-
le patient à s’aventurer dans les situations anxiogènes (en imagi- sées inopportunes puis de les interrompre à plusieurs reprises.
nation ou en réalité), en présence du thérapeute, et à l’empêcher L’apprentissage à interrompre et à reprendre les pensées obses-
de réaliser ses rituels, aussi bien idéatifs (compter, remplacer une sionnelles, c’est-à-dire la régulation de la pensée, a été systématisé
image angoissante par une autre neutre, etc.) que compulsifs sous la forme d’une technique connue sous le nom d’arrêt de la
(vérifier, se laver, poser des questions absurdes, etc.). Le but est pensée [27] . Cambell [28] emploie cette technique avec succès chez
de montrer au patient qu’au bout de quelques minutes ou de un enfant de 12 ans. Il est difficile de se prononcer sur l’efficacité
quelques heures, l’anxiété diminue sans avoir recours à ses rituels. de la technique car les obsessions ont tendance à être remplacées
L’un des buts thérapeutiques est de rompre le lien entre l’anxiété et par d’autres. Les nouvelles pensées peuvent être angoissantes à
la réalisation de compulsion. Stanley [22] et Zikis [23] décrivent des tel point que beaucoup de patients « s’accrochent » à celles qu’ils
études de cas où cette technique a été efficace dans la diminution ont déjà. L’arrêt de la pensée apporte une aide, dans la mesure
de rituels de lavage, de vérification. Bolton et al. [24] commu- où la régulation de la pensée peut être vue comme une façon
niquent les résultats de la prévention de la réponse sur des rituels d’apprendre à affronter un problème. Nous avons l’impression
de lavage et de vérification chez 15 adolescents : 87 % d’entre qu’il s’agit plutôt d’acquérir des habiletés générales et non spéci-
eux avaient une amélioration complète ou satisfaisante, deux sur fiquement la disparition d’idées obsessionnelles [29] .
15 n’avaient pas d’amélioration. Le traitement intégrait pour tous
une thérapie familiale. La prévention de la réponse et une théra- Immersion
pie cognitive ont été employées conjointement par Kearney et
Silverman [25] dans le traitement d’un adolescent obsessionnel. Parmi les techniques d’exposition sans relaxation préalable,
Souvent, il est demandé à la famille de participer au traitement l’immersion est une approche soudaine et prolongée en imagi-
par prévention de la réponse, car l’exposition avec prévention de nation des stimuli anxiogènes. On peut distinguer une variante
la réponse en milieu réel est un élément thérapeutique de première de la technique d’immersion : « l’implosion ». Cette technique
importance. Elle est utilisée de plusieurs façons : expositions répé- d’implosion utilise un matériel d’imagerie mentale qui fait appel à
tées plus ou moins espacées, chaque exposition ayant une durée la fois aux théories du conditionnement mais aussi aux thérapies
variable de quelques minutes jusqu’à 90 minutes. Si le patient est psychanalytiques. Ainsi, le thérapeute aborde les stimuli internes
hospitalisé, l’équipe soignante participe également au traitement, qui contribuent au maintien de la peur.
la cible thérapeutique est en général la lenteur compulsive des La différence fondamentale entre l’implosion et l’immersion
gestes quotidiens. Pour la lenteur compulsive, nous conseillons est le type de scènes auxquelles le patient est exposé. Dans
de travailler le temps et les mouvements. Par exemple, un patient l’implosion, on propose au patient d’imaginer des scènes très
hospitalisé qui s’habillait pendant trois heures a été traité par anxiogènes qui entraînent des conséquences aversives afin de
prévention de la réponse. Tous les jours, la passation de chaque dépasser son seuil de tolérance. Il s’agit donc d’une technique
vêtement devait être mise en association avec une image apai- d’extinction de l’anxiété mais aussi d’un moyen d’investigation
sante (paysage, ciel, etc.), sinon le patient devait recommencer des facteurs de maintien de celle-ci. L’immersion a été employée
jusqu’au moment où il visualisait l’image. Ce rite empêchait qu’un avec efficacité pour des anciens combattants de la guerre du

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37-820-A-45  Techniques de thérapies comportementales

Vietnam [30–32] . On encourage le patient à revivre le traumatisme, d’augmenter la probabilité de production du comportement, les
sans lui laisser la possibilité de fuir ou d’éviter cette confron- renforcements négatifs diminuant cette probabilité. L’objectif
tation. Pitman [33] a traité 20 vétérans atteints d’état de stress des programmes utilisant les renforcements est d’obtenir la
post-traumatique. Le traitement a duré 12 semaines. Six patients généralisation du comportement acquis par conditionnement
ont présenté des complications : alcoolisme, dépression ou appa- opérant ou bien la diminution du comportement jugé indési-
rition d’un trouble panique. Tous avaient manifesté dans le passé rable (extinction). Ces programmes sont largement utilisés dans
un de ces troubles. Pour Pitman, l’immersion n’est pas une bonne de nombreux domaines : l’enseignement aux élèves, dans la ges-
thérapie pour ce syndrome ; il pense que les bons répondeurs ne tion des attitudes des enseignants ou en clinique. Par exemple,
présentent pas de troubles psychiatriques associés et sont capables un programme opérant se dit réussi s’il a permis à un enfant
de tolérer un niveau élevé d’excitation. Son utilisation chez des d’apprendre une langue étrangère et de la parler, mais surtout
personnes ayant subi des agressions sexuelles a été très criti- s’il devient capable par généralisation de répondre et de dialo-
quée [34] . Malgré les critiques, qui concernent surtout des aspects guer avec un autochtone. Il est aisé de comprendre que l’atteinte
éthiques, Rychtarik et al. [35] l’ont utilisée avec efficacité dans le d’un objectif comme l’acquisition d’une langue étrangère, ou
traitement de l’anxiété chez une victime d’inceste. l’acquisition de l’habillage de manière autonome, sous-entend
L’immersion peut être pratiquée « in vivo », elle est considérée une chaîne de comportements successifs jusqu’à obtention de
alors comme plus efficace par certains auteurs [36] . ce but. C’est pourquoi les programmes opérants se combinent
avec l’utilisation d’autres techniques comportementales telles que
Techniques aversives le contrôle de stimulus (objectif à atteindre) et le façonnement
ou shaping effectué par le thérapeute qui donne des informa-
Souvent décriées et ayant fait la caricature de certaines tions et corrige éventuellement le comportement incorrect. Après
approches comportementalistes, les techniques aversives restent l’acquisition du comportement, le maintien de celui-ci est fon-
utilisées dans des cas exceptionnels, dans le respect de l’éthique damental et l’intervention régulière de renforcements positifs
et des données scientifiques. Des publications rendant compte de permet de conserver cet acquis. Il faudra donc opérer un contrôle
l’utilisation de ces techniques dans la réduction de la fréquence des contingences positives du comportement. Les renforcements
d’un comportement invalidant, voire mutilant, sont toujours positifs sont de nature variée : soit matérielle telle que la nourri-
d’actualité. Les indications les plus courantes sont les conduites ture, soit affective ou sociale telle que l’approbation des autres ou
additionnelles : alcoolisme, toxicomanie, boulimie, cleptomanie, celle du thérapeute. Les principes du conditionnement opérant
mais aussi les comportements stéréotypés ou invalidants chez sont largement utilisés dans les troubles des conduites alimen-
les déficients mentaux. Les stimuli aversifs utilisés peuvent être taires [43] .
des chocs électriques, mais aussi des sons désagréables, le goût
amer d’une boisson, une odeur repoussante, etc. C’est le type Attribution des tâches progressives
de programme aversif issu du conditionnement pavlovien. Dans
le conditionnement opérant, le stimulus aversif est délivré, soit Examinons des utilisations de ces procédures chez le patient
par un membre du personnel soignant à chaque fois que le sujet déprimé [44] . La définition « attribution des tâches progressives »
accomplit le comportement inadapté, soit effectué par le patient a pour but l’organisation d’une séquence comportementale
lui-même. afin d’aider des patients déprimés à adopter un comporte-
Aujourd’hui, ces techniques prennent place dans des pro- ment complexe qu’ils désirent réaliser, mais que l’apragmatisme
grammes multidimensionnels. Ainsi, chez les patients alcooliques et le ralentissement rendent impossible. Plusieurs études ont
pourront être associés : psychothérapie classique, entretiens pour démontré que la réussite des tâches améliorait l’état thymique
favoriser la réhabilitation et la réinsertion sociale, entretiens édu- et l’optimisme [45, 46] , et la performance dans des tâches ulté-
catifs sur l’alcoolisme [37] . rieures [47] . Cette procédure par étapes cherche donc à stimuler
Cependant, toutes les publications concernent généralement la mise en activité, en renforçant une chaîne de comportements
des cas uniques chez lesquels on a mesuré, en pourcentage, la concrets. En outre, l’attribution des tâches évite au patient le
réduction du taux d’apparition du comportement dysfonctionnel, processus de décision. En effet, selon Miller et Norman [48] , le
ce qui illustre bien l’utilisation ponctuelle de telles techniques. ralentissement psychomoteur observé chez certains déprimés
La technique écran sur le visage (facial screening) a été serait plus fonction de l’incapacité à décider que de l’incapacité à
utilisée pour traiter des patients présentant une trichotillo- réaliser un acte. Cette stratégie thérapeutique n’a pas fait l’objet
manie [38] ; des comportements stéréotypés [39] ; des conduites d’études contrôlées, elle agit à un niveau symptomatique.
d’automutilation [40] . Elle consiste à couvrir le visage du patient
avec un tissu lors de l’adoption du comportement inadapté. L’effet Estompage et guidage
aversif recherché est de lui empêcher de regarder autour de lui pen-
dant quelques secondes à quelques minutes. Le tissu est enlevé dès Les techniques de fading (estompage) et de prompting (guidage)
que le patient arrête son comportement pathologique. Les auteurs peuvent également être associées aux renforcements dans de tels
qui ont pratiqué cette technique l’ont justifiée par le fait que les programmes. L’estompage consiste à ajouter des stimuli à la situa-
patients avaient tous une déficience mentale et présentaient des tion anxiogène. Par exemple, on fera écouter à un patient qui
blessures dues aux comportements pathologiques. a de fortes manifestations d’anxiété lorsqu’il entend des sirènes
d’alarme d’ambulance une musique où on a enregistré des sirènes
d’alarme. Au cours des séances, on baissera la musique et le son
 Techniques opérantes de la sirène sera de plus en plus distinct. Le but est d’entraîner le
sujet à s’efforcer d’éviter de l’écouter. Le guidage est une procédure
(basées essentiellement dans laquelle on utilise un signal afin d’aider le patient à trouver le
sur le conditionnement opérant) comportement adapté. Cette procédure est particulièrement indi-
quée lors de l’entraînement à discriminer un stimulus précis. Par
Il s’agit des techniques les plus utilisées universellement en exemple, le patient en situation de groupe qui, par anxiété sociale,
psychologie clinique. Elles reposent sur le postulat que les a un discours précipité et ne termine pas ses phrases, observe un
comportements humains peuvent être acquis et maintenus selon signal lumineux qui s’éteint s’il adopte le comportement anxieux
certaines lois psychologiques, dont la loi de l’effet [41] qui décrit et s’allume s’il parle d’une manière compréhensible. Au cours des
que le comportement est contrôlé par ses propres conséquences. séances, le signal est utilisé de moins en moins afin de favoriser
l’autoperception qui est le but recherché.
Renforcement Les programmes opérants sont largement utilisés dans
l’enseignement comme nous l’avons évoqué, en clinique chez
Skinner [42] reprend la notion de conditionnement opérant qui l’enfant mais aussi chez l’adulte dans les dysfonctionnements
tient compte des contingences de récompense. Il définit des sti- conjugaux, les troubles des conduites additionnelles, les pro-
muli appelés renforcements qui, s’ils sont dits positifs, permettent grammes de réinsertion sociale et de réhabilitation.

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Techniques de thérapies comportementales  37-820-A-45

Programme d’activités colère. Apprendre à modifier son rythme cardiaque, c’est-à-dire à


le rendre cohérent, permet d’agir sur l’ensemble de la physiologie
Reprenons l’exemple de la dépression où un programme struc- du corps.
turé d’activités est proposé par Lewinsohn [49] . Le principe consiste La cohérence du rythme des battements cardiaques se répercute
à augmenter la probabilité de survenue des événements agréables rapidement sur le cerveau émotionnel, auquel elle signifie, en lui
et à diminuer la probabilité de survenue des événements désa- apportant de la stabilité, que tout est en ordre dans la physiolo-
gréables ; la thérapie comporte 12 séances très structurées : la gie. Le cerveau émotionnel répond à ce message en renforçant la
période initiale est l’évaluation du contenu hédonique et de la fré- cohérence des battements du cœur.
quence des événements jouant un rôle dans l’existence du sujet ; En pratique, un capteur de pouls est placé sur le doigt ou au
puis le patient se centre sur l’apprentissage d’habiletés spécifiques lobe de l’oreille, il collecte la fréquence cardiaque en temps réel et
permettant de modifier ses interactions avec l’environnement : transmet les données à un logiciel qui traduit les données en un
relaxation, affirmation de soi, techniques de contrôle de pensée, graphique facilement lisible.
planification de l’activité. Cette stratégie, basée sur le condition- L’objectif recherché est une fréquence respiratoire de six cycles
nement opérant, intègre en fait des méthodes qui s’en éloignent par minute. Un entraînement de trois périodes journalières de
(entraînement aux habiletés sociales, mesure des caractéristiques cinq minutes est préconisé [52] .
subjectives en termes de plaisir).
Cinq études contrôlées évaluent l’efficacité de ce programme,
mais la disparité des échantillons et des méthodes de recherche
Tâches assignées
ne permet pas de conclure [50] . Selon Kazantzis et al. [53] , les tâches assignées sont le point
névralgique des thérapies comportementales et cognitives. En
« Biofeedback » termes pratiques, elles représentent l’occasion pour les patients de
transférer les habiletés et les acquis de la situation thérapeutique
Le terme biofeedback fait référence, en clinique, à la méthode à la vie de tous les jours dans laquelle la souffrance psychique se
d’entraînement au contrôle volontaire des fonctions autono- manifeste. Il s’agit, selon ces auteurs, des activités planifiées en
miques. Dans cette procédure, l’information habituellement séance directement en rapport avec le motif de consultation du
inaccessible relative à l’état d’une ou de plusieurs fonctions orga- patient. C’est le processus principal à travers lequel le patient va
niques est captée par des appareils d’enregistrement, traduite vivre, ressentir, pratiquer et renforcer les changements comporte-
sous forme analogique, et retransmise aux organes sensoriels, mentaux et cognitifs obtenus en séance. C’est aussi dans les tâches
permettant à l’organisme de développer sa capacité de perce- assignées que la résistance au changement se manifeste.
voir et de modifier l’activité de ses fonctions organiques suivant
un projet thérapeutique. Cette méthode représente une stratégie
d’autocontrôle et d’autorégulation des fonctions physiologiques.  Techniques issues
Ainsi, les activités viscérales, celles du système nerveux central,
et les activités somatomotrices peuvent être une cible thérapeu- de l’apprentissage social
tique. Il existe plusieurs types de rétroactions biologiques : de la
température cutanée, du rythme cardiaque, de la conductance Techniques d’affirmation de soi
cutanée et de l’électromyogramme. Par exemple, le biofeedback Elles constituent une aide thérapeutique efficace chez des
électromyographique est réalisé par des appareils électroniques patients présentant une altération significative du fonctionne-
qui mesurent les variations de l’activité électrique musculaire et ment social et/ou professionnel et qui possèdent une faible estime
les traduisent en données visuelles et auditives. Suivant l’appareil de soi [54, 55] . Ces techniques sont d’un abord psychologique axé sur
employé, le signal sonore est utilisé de plusieurs façons diffé- l’atténuation des manifestations anxieuses et sur l’apprentissage
rentes : les sons ont un rythme proportionnel à l’amplitude de de comportements de communication. L’affirmation de soi est
l’activité musculaire ; les sons sont délivrés lorsque le niveau proposée en groupe ou en individuel.
de l’activité musculaire moyen dépasse un seuil établi d’après Les procédures thérapeutiques d’affirmation de soi utilisées
le contrôle de niveau, le sujet est encouragé à ne pas déclen- sont : le jeu de rôle, le modeling, le feedback et le façonnement
cher le signal sonore. Rémond [51] , dans une revue des études de la réponse.
sur le biofeedback, souligne l’évolution de l’instrumentation vers Les techniques d’affirmation de soi ont été adaptées (entraîne-
un maniement simplifié. D’autre part, cet auteur trouve que ment des habiletés sociales) aux patients schizophrènes. Favrod et
les indications récentes s’enrichissent chaque jour. Par exemple, Barrelet [56] , dans une revue des études sur l’efficacité de ces tech-
pour les états dépressifs, la fréquence d’une stimulation lumi- niques, considèrent que celles-ci confèrent, en combinaison avec
neuse est modifiée périodiquement et automatiquement par le traitement neuroleptique, une protection contre les rechutes.
le programme, délivrant des éclairs à des fréquences choisies
à partir du spectre d’un électroencéphalogramme. En défini- Jeu de rôle
tive, cette technique constitue un outil important en thérapie
comportementale. La procédure de répétition de la réponse ou jeu de rôle a pour
but d’aider le sujet à se sentir à l’aise face à des comportements
nouvellement acquis et à les reproduire facilement dans des
Cohérence cardiaque
situations sociales appropriées. Le jeu de rôle comportemental
La méthode de « cohérence cardiaque » est décrite depuis dix ans demande au patient de faire « comme si » il était en situation réelle,
aux États-Unis à la suite des recherches en neurosciences à et de se comporter de façon affirmée dans cette situation. Le jeu
l’institut Heart-Math en Californie. Cette démarche part du prin- de rôle est une des techniques employées dans l’apprentissage de
cipe que nos pensées, perceptions et réactions émotionnelles sont l’affirmation de soi. Avant de faire pratiquer un jeu de rôle en
transmises du cerveau au cœur via les deux branches du système séance individuelle ou de groupe, il est important d’expliquer au
nerveux autonome et qu’elles sont liées au rythme cardiaque. patient en quoi cela consiste, quelles sont les règles de cette pra-
Rappelons que la branche « sympathique » accélère le cœur, tique et en quoi cette situation concrète mise en simulation pourra
augmente la sécrétion hormonale et active le cerveau émotion- l’aider. La liste des situations à simuler est construite avec le thé-
nel (limbique) alors que la branche dite « parasympathique » joue rapeute et hiérarchisée en fonction de la difficulté perçue par le
un rôle de frein et de protection sur l’un et l’autre. Dans les patient, par exemple : refuser de rembourser deux euros à une per-
états de bien-être, de bienveillance ou de gratitude, cette variabi- sonne à qui on ne les doit pas, puis refuser de donner deux euros
lité devient cohérente, c’est-à-dire que l’alternance d’accélérations à un ami alors qu’on ne les a pas, puis refuser de donner deux
et de décélérations du rythme cardiaque est régulière. Les deux euros à quelqu’un alors qu’on les doit, etc., les situations de refus
branches du système nerveux autonome travaillent ensemble avec constituant une source fréquente de difficultés de communica-
une efficacité maximale plutôt que de se combattre l’une l’autre, tion. Le jeu de rôle est une des techniques fréquemment utilisée
comme enregistré au cours du stress, de l’anxiété ou encore de la dans l’affirmation de soi [57] .

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Au cours du jeu de rôle, le thérapeute se trouve dans une situa- comportement. Le renforcement est « donné » soit par le thé-
tion de triangulation où deux individus vont simuler une scène. rapeute, soit par les membres du groupe thérapeutique, soit
Le thérapeute récapitule, avant la simulation, le rôle de chacun, en favorisant les capacités du patient à s’autorenforcer. Les
il arrête le jeu de rôle quand il le souhaite et met en avant ce qui procédures cognitives sont également associées pour modifier
a été bien réalisé par l’acteur principal du jeu. Ce dernier note ce directement la perception des situations sociales comme étant des
qu’il a aimé dans sa performance et celui qui donne la réplique situations « à risque ».
énonce à son tour ce qui lui a plu et comment il a ressenti les dif-
férentes interventions de l’interlocuteur. Le thérapeute récapitule
les différentes observations et met en évidence les comportements Adaptation de l’affirmation de soi
assertifs avant de rejouer une autre scène. L’enregistrement vidéo aux patients schizophrènes : entraînement
de la scène permet au sujet d’obtenir un feedback sur son compor-
tement verbal et non verbal. L’association du jeu de rôle avec
aux habilités sociales
le modeling est bien plus efficace dans le traitement des phobies Chambon et Marie-Cardine [60] montrent la variété
sociales que si on utilise l’une ou l’autre technique séparément. d’interventions thérapeutiques auprès de patients schizo-
Ainsi, le thérapeute participe au premier jeu de rôle à titre de phrènes. Ces techniques comportementales et cognitives tentent
modèle et peut mettre en scène un comportement assertif, un de modifier la perception altérée du patient en l’aidant à discri-
comportement passif ou un comportement agressif avec leurs dif- miner une hallucination d’une perception normale par exemple.
férentes modalités. Parmi les symptômes abordés, la communication du schizo-
On utilise aussi le jeu de rôle pour des obsessions idéatives : phrène est enrichie par le développement d’habiletés sociales
le patient qui craint de dire des choses dangereuses et d’inciter qui aideront le patient à exprimer, par exemple, sa frustration
ainsi un interlocuteur au suicide converse avec le thérapeute. au lieu de vivre intensément cette émotion qui, n’étant pas
Celui-ci lui demande à plusieurs reprises avec un air très sur- verbalisée, pourrait provoquer l’adoption des conduites vio-
pris : « Qu’est-ce-ce que vous venez de dire ? » L’attitude de surprise lentes. La structure psychotique n’est pas visée par les techniques
du thérapeute est censée éveiller le doute pathologique chez le thérapeutiques mais la modification symptomatique améliore la
patient qui doit restituer ce qu’il vient de dire tout en faisant part qualité de vie des patients et renforce la compliance au traitement
des doutes qu’il aurait sur des propos dangereux [58, 59] . pharmacothérapique.

« Modeling »
Dans le modeling ou apprentissage par imitation, un modèle  Techniques de résolution
présente un comportement à imiter (modelage positif) ou à évi-
ter (modelage négatif). Par exemple, comment exprimer une idée
des problèmes
dans un groupe, comment aborder d’autres personnes qu’on ne
connaît pas. Le modeling en imagination consiste à décrire et
Principes de la résolution des problèmes
à faire imaginer au patient une situation où une personne du Rappelons les objectifs de la thérapie de résolution de problèmes
même âge et du même sexe se conduit d’une manière socialement de définir les problèmes actuels du patient, de le conduire à iden-
habile. Cette technique est particulièrement efficace pour mode- tifier les problèmes et de l’entraîner à trouver des solutions aux
ler des comportements lors de situations aversives (se voir rejeté, problèmes de façon structurée [61, 62] .
se faire critiquer). Le modèle se comporte d’une manière affirmée. La technique comporte sept étapes :
Il s’agit donc d’un processus d’apprentissage où le comportement • élaboration de la liste des symptômes et des problèmes ;
individuel ou de groupe se modèle par rapport à un stimulus (atti- • choix d’un problème et consensus sur sa définition ;
tudes, comportements et pensées) par observation de ce modèle. • développement des attentes réalistes ;
Ces programmes sont utilisés, aussi bien chez l’adulte que chez • développement de la formulation des solutions possibles ;
l’enfant, dans les troubles de phobie sociale mais aussi dans des • choix d’une ou deux solutions ;
conduites additionnelles : alcool, troubles des conduites alimen- • mise en place d’une solution ;
taires, modification de comportements de sujets psychotiques, • évaluation de l’efficacité de la solution.
etc. Un certain nombre de critères précis ont été mis en évidence
par différentes études comme facteurs influençant le processus
de modeling. Il s’agit des caractéristiques du modèle (similarité de Dans la crise suicidaire
l’âge, du sexe, de la race, des comportements, chaleur de contact,
La résolution des problèmes est employée depuis des années
sa capacité de récompense) ; des caractéristiques de l’observateur
dans l’anxiété et la dépression [63, 64] . Son application dans la crise
(capacité à observer, niveau d’anxiété, traits de personnalité, etc.),
suicidaire en France est récente. Le risque de récidive suicidaire
des caractéristiques dans la manière de jouer le modèle. Après
est important. En effet, il est reporté dans la littérature que 16 %
acquisition du comportement présenté par le modèle, un certain
de suicidants récidivent après un an de suivi [65] . Une tentative
nombre d’éléments influencent la capacité du sujet à augmen-
sur dix est mortelle. Dans notre service, nous pratiquons cette
ter sa performance (répétition en imagination), puis s’opèrent
technique depuis une dizaine d’années dans l’unité d’accueil pour
un transfert et une généralisation des performances. Ce proces-
les suicidants et nous constatons que le geste suicidaire se fait en
sus de modeling est utilisé dans l’apprentissage de comportements
réponse à des événements négatifs et implique des styles cognitifs
nouveaux (natation, conduite automobile), mais aussi en clinique
identifiés, certains styles cognitifs étant à la base de la récidive.
pour l’obtention de nouvelles habiletés comportementales telles
Le style cognitif du suicidant implique peu d’efforts organisés
qu’exprimer ses opinions à un tiers ou affronter une situation
orientés vers la recherche de solutions aux événements négatifs.
précédemment anxiogène.
Il existe des activités et/ou pensées visant à éviter les événements
négatifs et enfin la prédominance de réactions émotionnelles inef-
Façonnement de la réponse ficaces.
Les procédures de façonnement de la réponse consistent à aider La thérapie de résolution de problèmes est centrée sur le
le sujet à affirmer ses comportements nouvellement acquis au geste suicidaire, et d’autres techniques cognitivocomportemen-
moyen de la rétroaction et du renforcement. La rétroaction, ou tales sont éventuellement appliquées à la comorbidité (très faible
feedback, permet de donner au sujet des informations spécifiques estime de soi, traits de personnalité pathologiques, conduites
et descriptives sur son propre comportement. Le feedback négatif obsessionnelles, etc.).
consiste à informer le patient qu’un changement de comporte- Les premières séances identifient le geste suicidaire comme
ment est nécessaire, tandis qu’un feedback positif l’informe sur étant le premier problème à aborder. La définition du geste suici-
l’adéquation de son comportement. Le renforcement est utilisé daire en termes de problème oblige le patient à prendre conscience
la plupart du temps sous forme d’approbation ou de félicita- de son style cognitif. La sensibilisation du patient vise à ce que
tions au moment où le patient montre une amélioration de son l’idéation suicidaire devienne un problème et non une solution.

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Techniques de thérapies comportementales  37-820-A-45

Nous avons constaté que la prise en charge est courte, accessible à accepter les émotions et pensées désagréables, et l’engagement
aux patients et favorise l’adhésion. La diminution du risque de dans des comportements valorisés. Cela se traduit dans la pratique
récidive suicidaire reste à évaluer. clinique par un travail consistant à limiter l’influence du langage
en aidant le patient à se remettre le plus possible en contact avec
les conséquences directes de ses comportements.
 Nouvelles approches de la pleine La majorité de ces approches préconise un contextualisme dit
« fonctionnel ».
conscience et d’acceptation Ces approches favorisent l’élargissement du répertoire compor-
temental de l’individu, c’est-à-dire une plus grande flexibilité ou
« Mindfulness-based cognitive therapy » un meilleur fonctionnement général. Elles ne cherchent pas à
(MBCT) opérer des changements de premier ordre (par une action directe
sur le comportement). Elles adoptent plutôt des stratégies expé-
C’est le professeur Kabat-Zinn [66] qui a introduit le concept de rientielles (contextuelles) visant d’abord à changer la relation de
mindfulness et l’utilise comme stratégie de gestion du stress dans l’individu à ses symptômes (changements de deuxième ordre).
différentes souffrances anxieuses.
La MBCT a été mise au point en 2002 par Segal, Williams et
Teasdale [67] comme stratégie de prévention des rechutes dépres-  Thérapies de groupe
sives. Cette approche combine la démarche de pleine conscience
du professeur Kabat-Zinn [66] avec des éléments issus de la théra- Elles sont proposées pour la majorité des techniques précédem-
pie comportementale et cognitive de Beck et al. [68] . Ainsi, le sujet ment citées (désensibilisation systématique, exposition in vivo,
reconnaît puis se désengage d’un mode de pensée principal carac- programmes de renforcement, entraînement à l’affirmation de
térisé par des pensées négatives et des ruminations afin de pouvoir soi, techniques cognitives, résolution de problèmes, mindfulness,
accéder puis utiliser une nouvelle modalité de pensées caractérisée ACT). Le thérapeute doit connaître alors les procédures de gestion
par l’acceptation et l’état d’être. du groupe. Indépendamment de la pathologie abordée dans les
Ce programme a été conçu à partir du constat qu’en phase de thérapies de groupe, le style du thérapeute est influencé par trois
rémission de la dépression les individus connaissent des montées types de rôles qu’il a à assumer :
émotionnelles, dont souvent ils n’arrivent pas à se décentrer par la • il se centre sur la progression du groupe : il informe sur les
pensée. La MBCT propose d’autres moyens de décentration émo- mécanismes psychologiques mis en jeu, définit les objectifs,
tionnelle par la respiration, la pleine conscience, le stretching, la décompose les tâches à accomplir, développe les moyens pour
méditation, l’exposition émotionnelle, etc. Le but de la MBCT est y parvenir ;
de réduire chez le patient sa réactivité cognitive due à l’humeur, • il se centre sur le maintien de la motivation des participants : il
qui est un facteur de risque à la rechute dépressive. stimule, il soutien, il facilite la communication et la clarification
Cette méthode, MBCT, est enseignée sur une période de huit des propos ;
semaines et les patients ont à effectuer des tâches journalières • il se centre sur les objectifs individuels des membres du groupe
à domicile avec l’aide d’un support enregistré. Au cours de ses et cherche les moyens thérapeutiques pour y apporter une
séances, des informations sur la dépression sont délivrées ainsi réponse [73] .
qu’un apprentissage aux techniques cognitives classiques permet- Ces séances sont structurées en trois temps : l’exposé des tâches
tant de montrer le lien entre la pensée et les émotions [69] . effectuées et des problèmes individuels, l’apprentissage d’une
On peut en conclure qu’aux stratégies de décentration spéci- technique donnée et la définition des tâches à accomplir avant
fiques de la TCC sont adjointes des techniques de décentration la séance suivante. Aux États-Unis, les thérapies de groupe pour
non spécifiques dans l’utilisation du mindfulness [70, 71] . des anciens combattants de la guerre du Vietnam sont, pour cer-
Un ensemble d’études est aujourd’hui disponible concernant tains auteurs, un moyen thérapeutique efficace des perturbations
l’apport des techniques de MBCT chez des patients anxieux, des relations interpersonnelles et des difficultés de contrôle émo-
déprimés, bipolaires stabilisés et dans d’autres troubles psycho- tionnel de ces patients [74] .
pathologiques [72] . L’une des complications du syndrome est la honte [75] .
Le mindfulness est la pierre angulaire des approches de la troi-
sième vague qui se regroupent d’ailleurs aussi sous l’appellation
« approches basées sur l’acceptation et la pleine conscience ». La Groupe destiné à des patients adultes
dernière décennie a été témoin d’une véritable recrudescence de souffrant d’hyperactivité
l’intérêt de ces concepts pour les cliniciens et chercheurs au sein
de ce qu’il a été convenu d’appeler la troisième vague des TCC. Dans le centre hospitalier Sainte-Anne (Paris), à la clinique des
maladies mentales et de l’encéphale, nous pratiquons depuis une
dizaine d’années des techniques thérapeutiques destinées à la
Thérapie cognitive dialectique (TCD) modification des symptômes de l’hyperactivité chez l’adulte [76] .
et thérapie d’acceptation et d’engagement Des groupes de dix patients se réunissent une fois par semaine
pour un nombre de cinq séances de deux heures. Le premier
La TCD est un modèle de prise en charge thérapeutique déve- objectif de ces séances est tout d’abord la contribution au
loppé par la psychologue américaine Marsha Linehan pour des diagnostic (le premier diagnostic différentiel étant le trouble bipo-
patients aux troubles de la personnalité « borderline » ayant des laire). Le deuxième objectif est l’apprentissage de techniques
conduites suicidaires et des comportements d’automutilation à thérapeutiques liées à la modification comportementale et à
répétition. la modification cognitive. Ainsi sont abordés les symptômes
La TCD combine des stratégies classiques de TCC avec des pra- d’impulsivité : interrompre, répondre aux questions avant que
tiques de pleine conscience du moment présent (mindfulness) et l’autre personne finisse son discours, faire des commentaires hors
intègre la notion d’acceptation. Elle a pour objectifs principaux propos, agir avant de penser, regretter souvent ce qui est fait, avoir
de permettre une meilleure régulation émotionnelle, de diminuer une forte intolérance à l’attente (impatience).
les comportements impulsifs et autodommageables, et de stabi- Les difficultés d’attention [77] sont également abordées au
liser les processus cognitifs. Cette thérapie structurée comprend cours des séances : personne facilement distraite, difficultés
une psychothérapie individuelle, un groupe d’acquisition de com- d’organisation, fait de s’ennuyer facilement, passer d’une activité
pétences, la mise à disposition d’une permanence téléphonique, à l’autre, difficultés de planification, difficultés de concentra-
la supervision des thérapeutes, etc. Plus d’une vingtaine d’études tion, intolérance à la réalisation de contraintes. Le comportement
randomisées sont disponibles. hyperactif en lui-même est en général décrit par les patients eux-
L’ACT est le sigle d’un nouveau modèle de psychothérapie mêmes au cours de la première ou deuxième séance : se sentir
et de compréhension du langage et des émotions : la thérapie activé par un moteur interne, être incapable de se reposer, avoir
d’acceptation et d’engagement. L’ACT vise à augmenter la capacité des difficultés à rester assis, être toujours « partant ». Lors de la

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deuxième séance de groupe, les plaintes exprimées par les patients davantage l’application d’outils thérapeutiques abordée en situa-
sont traduites de façon comportementale, par exemple : « Je fais tion de groupe. L’un des facteurs qui rend difficile l’évolution du
dix choses à la fois. » Tout d’abord, on analyse le « faire » qui ne trouble obsessionnel compulsif est la comorbidité [78, 79] . Les pre-
reflète pas la réalisation de dix activités à la fois mais plutôt des miers résultats très encourageants sur l’assiduité et l’observance
tentatives de réalisation de ces tâches sans aucun aboutissement. des patients en thérapie de groupe pour des patients obsessionnels
Ainsi, l’exemple « je fais dix choses à la fois » devient « je tente de ont été présentés par l’un de nous [80] .
faire dix choses à la fois ». On insiste sur la précision de termes
utilisés afin que les patients apprennent à définir leurs problèmes
de façon opérationnelle et comportementale. Une insistance par- Groupe destiné à des patients bipolaires
ticulière sera donnée aux évitements partiel et total. Plusieurs partiellement stabilisés
stratégies thérapeutiques sont utilisées :
• découpage des activités en séquences ; Les thérapies comportementales et cognitives sont donc pro-
• identification des idées parasites qui « sabotent » l’activité (idée posées depuis dix ans aux patients bipolaires sous forme
et sentiment d’impuissance face à la réalisation complète de de programmes thérapeutiques spécifiques dont les buts sont
l’activité) ; l’augmentation de l’observance médicamenteuse aux thymorégu-
• fait de favoriser avec l’identification des idées parasites l’oubli lateurs, la reconnaissance précoce des fluctuations de l’humeur
de soi (renforcer la concentration) ; et la meilleure gestion des stress personnels et environnemen-
• augmentation ou provocation d’un sentiment d’efficacité per- taux [81] . Ces trois modalités permettent de réduire l’intensité,
sonnelle. voire la fréquence des phases dépressives ou maniaques [82–85] .
Les fonctions d’anticipation et de planification sont illustrées Les patients pouvant bénéficier d’une thérapie de groupe
par des exemples donnés par les patients concernant des situa- doivent recevoir un thymorégulateur et leur humeur n’est ni
tions qu’ils vivent comme des échecs (aider les enfants à faire trop maniaque, ni trop dépressive. L’association à un trouble
leurs devoirs le soir sans être débordé par dix choses à la fois). de la personnalité n’est pas une contre-indication. Il existe
L’estime de soi est systématiquement abordée. On analyse la des programmes très structurés s’organisant en trois temps [86] :
pertinence des pensées de dévalorisation. une phase éducative (visant à introduire d’emblée le modèle
On peut observer chez les patients hyperactifs adultes une dif- cognitif d’interactions entre pensée, émotion et comportement
ficulté très forte à identifier la nature de l’émotion associée aux avec la tenue dès la première séance d’un carnet personnel
comportements. Lorsque le patient comprend qu’il n’existe pas de d’auto-observations), une phase de techniques spécifiques com-
comportement (évité ou adopté) sans vécu émotionnel, un chan- portementales et cognitives (autoenregistrement quotidien de
gement important émerge : il devient conscient du fait que, par l’humeur afin d’identifier les fluctuations légères, modérées,
exemple, le désordre comportemental entraîne le désordre émo- intenses ou passagères, continues, et donc de distinguer les mou-
tionnel. Le patient est apte à s’interroger sur sa vie émotionnelle, vements d’humeur normaux des pathologiques) et une phase
à nommer ses émotions et à tenter de les « respecter ». de consolidation (elle permet de vérifier la compréhension
Au total, pour les patients hyperactifs, les principaux objectifs et l’utilisation des techniques comportementales et cognitives
thérapeutiques sont la diminution des évitements, l’identification apprises jusqu’alors ainsi que la régularité du style de vie et les
des idées parasites (sentiment d’impuissance, dépréciation de soi), stratégies de gestion des stress individuels et interpersonnels).
l’apprentissage à adopter des conduites par séquences et à identi- Ces programmes sont réalisables aussi bien en situation de groupe
fier les émotions associées aux conduites. qu’en thérapie individuelle.
Nous pratiquons à la CMME depuis 2002 la thérapie de groupe
selon le modèle de Lam [82] qui propose une vingtaine de séances
Groupe destiné à des patients obsessionnels se répartissant sur six mois.
compulsifs Les groupes comprennent une dizaine de patients ; la durée est
de deux heures par séance. Les premiers résultats confirment l’effet
Il s’agit de groupe fermé, composé de dix patients au maximum. prophylactique de ce traitement combiné [87–91] .
Le diagnostic principal est celui de trouble obsessionnel compul-
sif. Dans ce groupe thérapeutique d’une durée de deux heures, les
patients décrivent leurs symptômes et leurs interrogations quant à
la manière d’estomper, de diminuer ou de modifier les conduites  Discussions
obsessionnelles (idéatives et comportementales). Le thérapeute,
dans un style directif, centre le discours des patients sur ces Aujourd’hui, les techniques comportementales sont proposées
deux thèmes (description symptomatique et recherche de stra- dans toutes les souffrances émotionnelles, en thérapies indivi-
tégies thérapeutiques). Le nombre de séances étant limité à 12, les duelles ou de groupes, mais dont l’indication reste toujours posée
trois premières sont consacrées à la classification des symptômes : après des entretiens d’évaluation et une analyse fonctionnelle. Ces
conduites de vérification, conduites de lavage, conduites de net- entretiens préliminaires nécessitent une formation spécifique du
toyage, conduites de décontamination, etc. Puis, sept séances professionnel de santé en deux ou trois années, lui permettant
consécutives abordent les différentes stratégies thérapeutiques et de poser l’indication thérapeutique et de choisir les outils et leur
personnalisent leur application dans le quotidien pour chaque agencement au sein d’un contrat thérapeutique personnalisé.
patient. À la fin de chacune des sept séances, chaque patient a des
tâches à accomplir qui sont nommées dans le groupe. Le patient
propose sa tâche hebdomadaire et s’engage à en parler lors de Comment se manifestent les résistances
la séance suivante. Ainsi, la première partie de chaque séance au changement ?
thérapeutique est destinée à analyser les progrès et les échecs de
chaque patient dans l’accomplissement des conduites antiobses- La résistance du patient au changement est considérée comme
sionnelles. une conduite d’opposition à ce que le psychothérapeute attend de
Nous considérons que l’observance dans ce type d’approche lui. L’attitude du patient pourra être interprétée comme résistante
thérapeutique est mieux comprise et respectée après les étapes devant les signes d’alerte suivants :
éducatives, explicatives. Le sujet obsessionnel s’engage par écrit • demandes excessives de l’avis du thérapeute ou ignorance de
avant de commencer la thérapie de groupe, mais les tâches assi- celui-ci ;
gnées sont pour nous la véritable mesure de l’observance. La • faible assiduité aux séances ;
même mesure de l’observance est utilisée pour des patients pré- • retard aux entretiens ;
sentant une phobie sociale [53] . • refus de tenir l’agenda d’auto-observation ;
Les deux dernières séances seront consacrées au bilan personnel • changement trop fréquent de cible thérapeutique ;
de l’apport du groupe. En général, des séances de suivi indi- • refus de répondre aux questions ;
viduel seront proposées afin de compléter et de personnaliser • tâches assignées non effectuées, etc.

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Techniques de thérapies comportementales  37-820-A-45

l’exposition au stimulus anxiogène. Cependant, ce non-contrôle

“ Point fort du travail cognitif au cours de l’imagerie mentale a été bien davan-
tage exploré par Freeston [94] qui définit la notion d’évitement
cognitif au cours des méthodes d’exposition. En effet, le patient
• Les groupes rassemblent des patients qui ont la même confronté in vivo ou en imagination à sa source d’anxiété pourrait
utiliser des moyens comportementaux (serrer le poing, toucher le
nature de souffrance, leur permettant de prendre consci- bureau, etc.) ou mentaux (répétition d’un mot magique, détour-
ence du fait que leurs difficultés ne sont pas des exceptions, nement de la pensée, etc.) pour éviter l’exposition anxieuse. Ce
qu’il s’agit d’un trouble identifié ; ainsi, le sentiment de repérage des évitements cognitifs est indispensable et fait préférer
honte et de se sentir incompris diminue largement. dorénavant les méthodes d’exposition in vivo aux méthodes de
• La rencontre avec des thérapeutes qui guident le DS [95] .
groupe et connaissent bien le trouble en question, leur
ouverture, leur disponibilité, permet de poser des ques- Un travail complémentaire sur les cognitions
tions qui sont rarement posées en entretien individuel (du Les techniques cognitives sont apparues vers les années 1960 et
fait d’autres priorités, de troubles de l’attention, etc.). ont proposé d’aborder les contenus de pensée, variable intermé-
• La séance de groupe est toujours longue de deux heures diaire entre stimulus et réponse comportementale. Jusqu’à cette
et permet le temps du questionnement, de l’élaboration époque, les théoriciens du comportement n’ignoraient pas ces
individuelle et de groupe. contenus de pensée mais ne proposaient aucune stratégie pour les
• Le travail en groupe fait participer toutes les personnes, aborder, car ils estimaient qu’ils étaient difficilement mesurables.
thérapeutes compris ; l’apprentissage de nouveaux outils C’est dans cette période des années 1970 où de nouvelles voies
de psychothérapie est largement facilité par un travail à ouvertes à la psychologie des émotions que Beck [96] puis Ellis [97]
proposent des modèles de compréhension des troubles émotion-
partir d’exemples concrets de chaque individu.
nels (tels que l’anxiété et la dépression, avec leurs stratégies
• L’apprentissage bénéficie du principe du modeling, des
thérapeutiques innovantes).
succès et des échecs des autres participants quant à la Ces thérapies s’intitulent thérapie cognitive et thérapie ration-
réalisation des tâches ou des jeux de rôle. nelle émotive.
• L’effet thérapeutique dans notre expérience est plus Le postulat commun de ces auteurs est la participation active de
rapide en groupe qu’en thérapie individuelle, quand il y variables cognitives appelées schéma cognitif, processus cognitifs
a des possibilités de groupe TCC. et cognitions dans la genèse et le maintien du trouble émotionnel.
• En TCC, il est habituel de proposer des groupes de C’est pourquoi, en portant l’action thérapeutique sur les variables
consolidation à l’issue du groupe initial qui proposait cognitives, il devient possible d’agir sur le désordre émotionnel.
l’appréhension de nouvelles stratégies thérapeutiques ; la La démarche cognitive est proposée, soit sous forme d’une suite
d’entretiens structurée [96–99] qui comprend de 15 à 30 séances, soit
consolidation permet de mieux s’approprier chaque outils,
sous forme de quelques entretiens isolés au sein d’une thérapie
en fonction du contexte de vie. comportementale classique [100, 101] .
L’acquisition des premières étapes de gestion émotionnelle par
le travail sur les cognitions est extrêmement efficace très rapide-
ment [102–105] .
Leahy, en 2005 [92] , étudie les résistances dans la prise en charge C’est à travers le récit des comportements que le thérapeute
comportementale et cognitive de patients déprimés et propose six cherchera à modifier la perception ou le sens que les patients
étapes : attribuent à ses conduites. Les pensées et les images seront mises
• accepter le besoin de résistance ; à l’épreuve de la réalité. L’autodétermination et les processus
• aider le patient à identifier son besoin de résistance (le théra- conscients de changement sont renforcés par le thérapeute [106] .
peute identifie ses pensées négatives et ses sentiments négatifs La démarche cognitive se construit avec le patient sur des objec-
par rapport au besoin de résistance du patient) ; tifs concrets, précis. Elle a été largement éprouvée et a montré
• expliquer au patient qu’il s’habitue aux pensées et aux senti- toute son efficacité dans de nombreuses études contrôlées concer-
ments inadaptés ; nant les troubles dépressifs [80, 88] et les troubles anxieux [107, 108] .
• expliquer au patient également qu’il cherche à garder une cohé- Son utilisation est quasi systématique dans la prise en charge
rence inadaptée mais familière ; des troubles des conduites alimentaires en prenant place dans
• réduction, par cette cohérence, de l’incertitude et de la comple- ce cas au sein d’une approche nécessairement multidimension-
xité des problèmes de la vie, mais malgré ces effets, l’aspect nelle [109] . Son utilisation s’étend avec quelques adaptations dans
inadapté est gardé ; les troubles bipolaires [71, 91] les troubles obsessifs compulsifs [58] ,
• consacrer, de fait, au cours de la prise en charge quelques dans les troubles des personnalités [110–114] , et pour les enfants et
séances à l’étude d’une éventuelle résistance au change- adolescents [114] . Mais des études validées sont encore attendues
ment [92, 93] . dans ces derniers domaines d’application.
En pratique clinique, il est très fréquent aujourd’hui d’associer
ces deux types d’approches. Ainsi, la prise en charge des troubles
Quelle participation cognitive aux stratégies paniques associe souvent dans un même contrat : relaxation,
comportementales ? contrôle ventilatoire et entretiens cognitifs (souvent orientés dans
la gestion de la peur d’avoir une nouvelle attaque de panique).
Un travail indirect de restructuration cognitive Les entretiens abordent les cognitions liées à la situation
redoutée, « si je reste seul alors je vais avoir une attaque de
Alors que la thérapie permet la diminution d’un comportement
panique », etc. Patient et thérapeute examinent ensemble la
à problème, elle développe simultanément un autre comporte-
situation déclenchant un tel discours intérieur jusqu’à obtenir dif-
ment qui n’existait pas ou qui était sous-employé et qui permet
férentes possibilités de gérer cette situation. L’analyse cognitive de
en conséquence une meilleure adaptation de l’individu à son
la scène entraîne une diminution forte de la charge émotionnelle
contexte actuel, à ses motivations et à ses besoins. Cependant, ces
associée et permet au sujet une meilleure adaptation comporte-
différents processus de changement incluent des variables cogni-
mentale.
tives qui ne sont pas nécessairement travaillées en tant que telles.
Ainsi, au cours de la DS, le sujet est exposé en imagination à
des scènes anxiogènes qui, petit à petit, restructureront sa repré- Place de la motivation en TCC
sentation mentale de scène émotionnelle jusqu’à rendre possible
sa réplication dans la réalité quelques heures plus tard. Il existe Si les techniques comportementales agissent selon les lois
donc un travail indirect de restructuration cognitive opéré par du conditionnement, leur pratique nécessite une certaine

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37-820-A-45  Techniques de thérapies comportementales

collaboration du patient et un certain niveau de motivation. À [9] Wolff R. Systematic desensitization and negative practice to alter
ce propos, Kanfer et Grimm [115] ont isolé un certain nombre de the after effects of a rape attempt. J Behav Ther Exp Psychiatry
facteurs permettant de renforcer la collaboration du patient tels 1977;8:423–5.
que : la rédaction d’un contrat avec le patient où chaque objectif [10] Turner SM. Systematic desensitization of fears and anxiety in rape vic-
est discuté avec lui, l’autoenregistrement des comportements ainsi tims. In: Communication presented: Association for the advancement
que des progrès effectués, l’enregistrement des progrès à d’autres of behavior therapy, San Francisco; 1979.
comportements que le comportement cible. [11] Frank E, Stewart BD. Depressive symptoms in rape victims. J Affect
En dépit des bases expérimentales des thérapies comportemen- Disord 1984;1:269–77.
tales, plusieurs points restent sujets à controverses. Les principes [12] Meredith RL, Milby JB. Obsessive compulsive neurosis: behavioral
approaches to evaluation and intervention. In: Daitzman RJ, editor.
du conditionnement ne fournissent pas encore d’explications sur
Clinical behavior therapy and behavior modification. Stanford, Conn:
le mode d’apparition des troubles anxieux, sauf en faisant interve-
Garland Press; 1980.
nir la notion de traumatisme [98, 116] . D’autre part, en clinique, on [13] Ritter B. The group desensitization of children’s snake phobias using
observe souvent que les troubles anxieux croissent et décroissent : vicarious and contact desensitization procedures. Behav Res Ther
les notions de conditionnement restent limitées dans leurs expli- 1968;6:1–6.
cations sur ces variations sans reconditionnement manifeste. La [14] McCaffrey RJ, Fairbank J. Post-traumatic stress disorder associa-
notion de prédisposition génétique dans les troubles anxieux a ted with transportation accidents: two case studies. Behav Ther
été avancée [117] . Ainsi, un sujet avec un seuil de réaction phy- 1985;16:406–16.
siologique particulièrement bas à la vue du sang peut avoir une [15] Van Hasselt VB, Hersen M, Bellack AS, Rosenblum ND, Lamparski
prédisposition à la phobie du sang et des blessures [26] . D. Tripartite assessment of the effects of systematic desensitization
Malgré ses imperfections, la théorie de l’apprentissage a per- in a multi-phobic child: an experimental analysis. J Behav Ther Exp
mis le développement de stratégies thérapeutiques efficaces dans Psychiatry 1979;10:51–5.
le traitement de l’anxiété. Les techniques comportementales per- [16] Freeman BJ, Roy RR, Hemmick S. Extinction of a phobia of physical
mettent un déconditionnement de comportements invalidants examination in a 7-year-old mentally retarded boy: a case study. Behav
et l’apprentissage de nouvelles attitudes plus fonctionnelles. On Res Ther 1976;14:63–4.
pourrait parler même d’une nouvelle génération de « modèles [17] Craghan L, Musante GJ. The elimination of a boy’s highbuilding pho-
d’intervention » qui conserve les principes d’apprentissage bia by in vivo desensitization and game-playing. J Behav Ther Exp
comme base théorique, mais qui cherche à expliciter les moyens Psychiatry 1975;6:86–8.
par lesquels elle est efficace [118] . [18] Wish PA, Hasazi JE, Jurgela AR. Automated direct deconditioning of
a childhood phobia. J Behav Ther Exp Psychiatry 1973;4:279–83.
[19] Clark DM, Salkovskis PM, Chalkley AJ. Respiratory control as a treat-
ment for panic attacks. J Behav Ther Exp Psychiatry 1985;16:23–30.
 Conclusions [20] Sokol-Kessler L, Beck AT, Greenberg RL, Berchick RJ, Wright FD.
Cognitive therapy of a panic disorder: a non-pharmacological alter-
Nous venons de présenter l’ensemble des techniques employées native. In: Communication presented at the American Psychiatric
par le thérapeute comportementaliste. Elles sont utilisées isolé- Association annual meeting Chicago; 1987.
ment ou combinées. De plus, les particularités de certains tableaux [21] Ballenger JC. Long-term pharmacologic treatment of panic disorder.
cliniques, la chronicité ou la récurrence de la dépression, par J Clin Psychiatry 1991;52:18–23.
exemple, obligent à les associer à un traitement chimiothérapeu- [22] Stanley L. Treatment of ritualistic behavior in an eight-year-old girl by
tique [119–121] . response prevention: a case report. J Child Psychiatry 1980;21:85–90.
La place de l’évaluation et de l’élaboration d’un contrat thé- [23] Zikis P. Treatment of an 11-year-old obsessive-compulsive ritualizer
rapeutique est un élément essentiel de l’efficacité des techniques and tiqueur girl with in vivo exposure and response prevention. Behav
comportementales, aussi bien chez l’adulte [121] que chez le jeune Psychother 1983;11:75–81.
patient [114] . Cette évaluation symptomatologique au début et à la [24] Bolton D, Collins S, Steinberg D. The treatment of obsessive-
fin de la thérapie permet une estimation clinique, sert de repère compulsive disorder in adolescence: a report of fifteen cases. Br J
Psychiatry 1983;142:456–64.
au patient sur son devenir évolutif et fournit, dans le cadre de
[25] Kearney CA, Silverman WK. Treatment of an adolescent with
recherches, des données précieuses sur la compréhension des dif-
obsessive-compulsive disorder by alternating response prevention and
férents processus de changement impliqués dans la thérapie [7] . cognitive therapy: an empirical analysis. J Behav Ther Exp Psychiatry
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incluent non seulement les troubles anxieux mais de plus en plus [26] Mirabel-Sarron C, Vera L. Les phobies : mieux comprendre pour mieux
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psychiatriques [122] . Dobson souligne que la TCC est une grande [27] Cautela JR. Behavior therapy and self-control: technique and implica-
réussite en termes de prise en charge psychothérapeutique efficace tions. In: Franks CM, editor. Behavior therapy: appraisal and status.
et qu’elle le restera si tant est que les théoriciens, les chercheurs et New York: McGraw-Hill; 1969.
les cliniciens continuent d’examiner et d’évaluer les données pro- [28] Cambell LM. A variation of thought stopping in a twelve-year-old boy:
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C. Mirabel-Sarron, Psychiatre praticien hospitalier (cmirabelsarron@club-internet.fr).


L. Vera, Docteur en psychologie, psychothérapeute.
Unité fonctionnelle THECC ART, Clinique des maladies mentales et de l’encéphale (CMME), Centre hospitalier Sainte-Anne, 100, rue de la Santé, 75014 Paris,
France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Mirabel-Sarron C, Vera L. Techniques de thérapies comportementales. EMC - Psychiatrie 2014;11(4):1-14
[Article 37-820-A-45].

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