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Troubles de la personnalité
S. Iribarnegaray, S. Pasquier de Franclieu

Les troubles de la personnalité se définissent comme des difficultés stables dans le mode de relation
aux autres et dans l’expérience vécue du sujet, apparaissant à la fin de l’adolescence, à l’origine d’une
souffrance et d’un retentissement dans le fonctionnement social et professionnel. Le Manuel diagnos-
tique et statistique des troubles mentaux (DSM) définit dix troubles regroupés en trois clusters : registre
psychotique (personnalités paranoïaque, schizoïde et schizotypique), troubles caractériels marqués par
l’extraversion (personnalités histrionique, narcissique, borderline et antisociale) et registre névrotique
(personnalités évitante, dépendante et obsessionnelle-compulsive). Leur prévalence est élevée en popu-
lation générale et concerne plus de 10 % des individus. Ce groupe diagnostique est marqué par une
grande richesse et hétérogénéité des présentations cliniques. Malgré la diversité des traits de caractère,
la plupart de ces personnalités pathologiques présentent des comorbidités psychiatriques communes (épi-
sode dépressif, abus de substances, trouble anxieux, etc.) et se caractérisent par leur difficulté de prise
en charge. Si l’abord psychothérapeutique est indispensable, le recours aux psychotropes est fréquent,
s’appuyant davantage sur l’expérience clinique que sur des guides de bonne pratique. Les médecins
généralistes rencontrent fréquemment ces patients pour des motifs de consultations divers (pathologies
somatiques, trouble de l’humeur, malaise social, difficultés professionnelles, etc.) et se heurtent à une
prise en charge difficile du fait d’une alliance thérapeutique délicate. Ils ont un rôle majeur dans la
coordination des soins entre les différents intervenants dans la prise en charge de ces patients.
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Mots-clés : Trouble de la personnalité ; Comorbidités ; Complications évolutives ; Psychothérapie ;


Traitement pharmacologique

Plan physiques. Parmi les écrits les plus connus, La Bruyère nous
présente ses Caractères selon une approche avant tout comporte-
■ Concept de personnalité 1 mentale. D’une approche psychopathologique du sujet inspirée
de la psychanalyse, les grandes classifications internationales
■ Définition du trouble de la personnalité et approches actuelles (dixième révision de la Classification internationale des
catégorielles 2 maladies [CIM 10] et le Manuel diagnostique et statistique des
■ Lien entre les pathologies psychiatriques et les troubles troubles mentaux – cinqième édition [DSM-5]) se sont attachées
de la personnalité 2 à une approche plus descriptive et clinique.
■ Étiopathogénie, hypothèses explicatives 3 La personnalité désigne « l’ensemble fonctionnel qui intègre

les composantes psychiques et somatiques d’un sujet en inter-
Troubles de la personnalité 3
action avec son environnement et qui lui confère son unicité, sa
Cluster A 3
singularité et sa permanence » [1] .
Cluster B 4
Le terme de personnalité est un concept vaste et complexe.
Cluster C 6
Il vient du latin persona qui désigne le masque de théâtre antique
■ Conclusion 7 grec. Une des principales caractéristiques de ces masques est de
chercher à représenter l’individu selon un reflet fixe et permanent.
C’est la façon du sujet d’être au monde, le personnage social qu’il
réalise.
 Concept de personnalité Ce concept regroupe plusieurs niveaux d’analyse à la fois bio-
logique, comportementale et subjective.
Les êtres humains manifestent des régularités psychologiques. Le terme de « caractère », issu de l’imprimerie, désigne les
Celles-ci ont fait l’objet de nombreuses descriptions, qui, au cours aspects invariants du comportement. C’est l’ensemble des traits
des époques, ont tenté de regrouper les sujets selon leurs senti- observables d’un individu. Il est constitué par l’empreinte de
ments, leurs comportements, leurs instincts ou leurs apparences l’environnement et des interactions sur la personnalité.

EMC - Traité de Médecine Akos 1


Volume 11 > n◦ 2 > avril 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S1634-6939(16)48042-7
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7-0180  Troubles de la personnalité

Le terme de « tempérament » est une notion héritée de la méde- Jusqu’à maintenant le DSM était organisé en cinq axes : sur
cine hippocratique. Galien au IIe siècle systématise l’idée d’un l’axe I, on trouvait les « troubles cliniques » (troubles de l’anxiété,
équilibre dans l’organisme de quatre humeurs : le sang, la bile de l’humeur, psychotiques, etc.) ; sur l’axe II, les troubles de la
jaune, la bile noire et la lymphe. personnalité ; sur l’axe III, les affections médicales générales ; sur
La « structure » est une notion psychanalytique. La personnalité l’axe IV, les problèmes psychosociaux et environnementaux ; et,
se réfère à la structure profonde de l’organisation psychique du sur l’axe V, l’évaluation globale du fonctionnement.
sujet. L’autre grande modification de la très récente cinquième version
Il n’existe pas de définition simple de la personnalité normale. du manuel est une suppression du système multi-axial jugé trop
Chaque individu a une manière d’être au monde, la frontière entre complexe.
normal et pathologique est délicate. Les critères diagnostiques eux ont été conservés dans cette der-
Le concept de personnalité fait appel à la combinaison de trois nière version.
visions de la normalité : Le DSM-5 définit les troubles de la personnalité suivants :
• la normalité statistique assimile la norme à la notion de pour- • dix troubles de la personnalité regroupés en trois clusters ou
centage majoritaire par rapport à une moyenne statistique ; groupes ;
• la normalité idéale désigne une perfection à laquelle l’idéal col- • la modification de la personnalité due à une autre affection
lectif aspire ; médicale (par exemple, une lésion du lobe frontal) ;
• la normalité fonctionnelle ne compare pas l’individu aux • autre trouble de la personnalité spécifié et trouble de la person-
autres, mais fait de soi-même la norme : le normal est ici le nalité non spécifié.
fonctionnement optimal par rapport aux caractéristiques psy- Cet exposé se concentrera sur les dix troubles de la personnalité.
chologiques propres à l’individu [2] . Le cluster A du DSM-5 regroupe les personnalités qualifiées de
bizarres ou excentriques : les personnalités paranoïaque, schizoïde
et schizotypique.
Le cluster B fait référence à des troubles caractériels marqués
 Définition du trouble par l’extraversion : les personnalités antisociale, borderline, nar-
de la personnalité et approches cissique et histrionique.
Le cluster C regroupe les personnalités caractérisées par la
catégorielles crainte et l’anxiété : les personnalités évitante, dépendante et
obsessionnelle-compulsive.
Le DSM IV définissait les troubles de la personnalité comme « un Parfois, certains troubles de la personnalité sont associés. Le
mode durable de perturbations des conduites et de l’expérience diagnostic de trouble mixte de la personnalité est alors retenu.
vécue, qui dévie notablement de ce qui est attendu dans la culture Les différences entre la classification américaine du DSM et
d’un individu, qui est envahissant, qui apparaît à l’adolescence la CIM-10 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont
ou à l’âge adulte, qui est stable dans le temps et qui entraîne minimes.
une souffrance cliniquement significative ou une altération du
fonctionnement social ou professionnel » [3] . Plus récemment, le
DSM-5 (présenté en mai 2013 lors du congrès de l’American Psy-
chiatric Association [APA]) met également l’accent sur l’impact  Lien entre les pathologies
négatif de traits de personnalité sur le fonctionnement global de
l’individu [4] .
psychiatriques et les troubles
L’étude des personnalités pathologiques s’est appuyée sur deux de la personnalité
approches :
• l’approche dimensionnelle appréhende la personnalité comme La prévalence des troubles de la personnalité dans leur ensemble
un continuum, une transition graduée entre le normal et le est relativement élevée dans la population générale.
pathologique. La personnalité d’un sujet est alors caractérisée Les études épidémiologiques se sont multipliées depuis le déve-
par un ensemble de traits de personnalité (dimensions) plus ou loppement d’instruments standardisés de diagnostic basés sur la
moins marqués ; classification du DSM III puis des suivants. Parmi les question-
• l’approche catégorielle envisage plusieurs types de personna- naires, on peut citer le Personality Disorder Questionnaire (PDQ)
lités pathologiques et s’inscrit dans la démarche nosologique de Hyler [5] et parmi les échelles, le Structured Clinical Interview
médicale. Elle consiste à rechercher si un sujet donné présente for DSM-III Personality Disorder (SCID II) de Spitzer et al. [6] .
ou non les caractéristiques d’un ou de plusieurs de ces types. Les données épidémiologiques concernant les troubles de la per-
La limite entre le normal et le pathologique est sous-tendue par sonnalité en population générale sont relativement homogènes
une notion de seuil. Le diagnostic positif nécessite ainsi un cer- en termes de prévalence avec une médiane de 10,56 % [7] .
tain nombre de critères. C’est cette approche qui a été utilisée Ce taux varie selon l’âge moyen de l’échantillon étudié. Maier
en pratique clinique dans les grandes classifications internatio- et al. [8] trouvent ainsi 12 % de troubles de la personnalité dans un
nales (CIM 10, DSM IV-TR). échantillon de moins de 40 ans, 7 % dans un échantillon de sujets
Si la version finale du DSM-5 a retenu l’approche catégorielle et de plus de 40 ans.
conservé les dix troubles de la personnalité du DSM IV dans sa par- Dans les populations de patients présentant un trouble syndro-
tie centrale, un modèle alternatif a été ajouté en annexe III. C’est mique de l’axe I, la prévalence est beaucoup plus élevée et varie
un modèle hybride qui favorise une approche à la fois dimen- entre 20 et 80 % des sujets [9] .
sionnelle et catégorielle afin d’engager de nouvelles recherches Les troubles de la personnalité coexistent fréquemment avec
sur le sujet. Cette approche propose d’évaluer à la fois les diffi- une autre pathologie psychiatrique comme les troubles de
cultés d’un individu dans le fonctionnement de sa personnalité l’humeur, les troubles anxieux, les conduites suicidaires ou les
ainsi que cinq domaines généraux de traits de personnalité patho- troubles liés à l’utilisation de substance.
logiques (le symptôme est coté selon une échelle d’intensité). L’élaboration du DSM-5 et les travaux de recherche qui lui ont
Les cinq grands domaines sont : l’affectivité négative, le détache- été associés ont permis de démontrer que la frontière entre les
ment, l’antagonisme, la désinhibition et le psychoticisme. Ainsi, troubles de la personnalité et les autres grands tableaux cliniques
dans l’élaboration de son diagnostic le clinicien évaluera le niveau était artificielle et qu’il n’existait pas de différence fondamentale
de fonctionnement de la personnalité (niveau minimal requis entre les troubles de l’axe I et ceux de l’axe II du DSM-IV.
d’altération d’intensité moyenne) et les traits de personnalité Le diagnostic de personnalité pathologique se porte unique-
jugés « problématiques ». ment en dehors d’un épisode psychiatrique symptomatique avéré
Les troubles de la personnalité apparaissent à la fin de quel qu’il soit.
l’adolescence, ils se caractérisent par des comportements durables Dans certains cas, la délimitation entre les traits de person-
et stables dans le temps indépendamment des situations aux- nalité et les manifestations symptomatiques d’une maladie est
quelles se trouvent confrontés les sujets [1] . délicate. Certaines personnalités pathologiques pourraient être

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envisagées comme de véritables formes a minima de maladie, c’est Description clinique


l’hypothèse du continuum (par exemple, personnalité évitante et Classiquement, elle repose sur quatre traits fondamentaux.
anxiété sociale). Dans d’autres cas, les troubles de la personnalité Hypertrophie du moi. L’hypertrophie du moi se manifeste
constituent en soi une pathologie du caractère qui peut s’associer par des sentiments d’orgueil démesuré et de supériorité avec
ou non à un trouble symptomatique (personnalité paranoïaque intolérance envers l’opinion d’autrui. Elle rend compte de la psy-
et trouble délirant). chorigidité de ces individus, convaincus d’avoir raison contre
Un individu peut présenter plusieurs troubles de la personna- tous ;
lité. Les moyennes de diagnostic selon une revue de la littérature Méfiance. La méfiance est la caractéristique essentielle, c’est
de Dolan et al. [10] vont de 1,5 à 5,6 par patient. un mode général de méfiance soupçonneuse à l’égard des autres
L’évaluation ainsi que l’abord thérapeutique des patients dont les intentions sont interprétées comme malveillantes [4] .
présentant un trouble de la personnalité demeurent vastes, com- Ces personnes ont l’impression que les autres cherchent à leur
plexes, s’inscrivant dans une perspective à long terme. nuire ou complotent contre elles. Il existe une tendance à inter-
préter les attitudes de l’entourage en croyant y percevoir des
critiques cachées ou des témoignages d’hostilité. Ainsi, les para-
 Étiopathogénie, hypothèses noïaques ont de grandes difficultés à établir des relations intimes
et soumettent leur entourage à une surveillance suspicieuse dans
explicatives l’attente d’une trahison ;
Fausseté du jugement. Ces sujets ont tendance à fonctionner
Les modèles théoriques, expliquant la genèse des troubles de sur la base d’interprétations fausses dans lesquelles dominent un
la personnalité, abondent. Ils sont aussi variés que les différents sentiment de persécution (la limite diagnostique avec le délire
courants de pensée qui traversent la psychiatrie contemporaine. paranoïaque est parfois délicate). Leur discours a souvent une
Cette diversité et cette hétérogénéité des concepts sont vraisem- apparence logique (reposant sur des faits, des « preuves ») ;
blablement responsables des critiques à l’égard de cette catégorie Inadaptation sociale. L’adaptation socioprofessionnelle est
diagnostique. souvent difficile, ces sujets connaissent la plupart du temps des
Seront repris ici de manière succincte les plus importants. conflits, tenant les autres pour responsables. Lorsqu’ils incarnent
Pour les psychanalystes, tout symptôme est l’expression d’un l’autorité, ils se montrent tyranniques et exigeants. Ils sont sou-
conflit qui se constitue au cours des différentes phases du déve- vent procéduriers et impliqués dans des litiges.
loppement infantile.
La régression et la fixation à l’un de ces stades (oral, anal, phal- Formes cliniques
lique et génital), l’utilisation rigide et inadaptée de mécanismes Depuis Kretschmer [17] , on décrit classiquement trois formes cli-
de défense contre l’angoisse et la nature des relations objectales niques.
intériorisées, seraient à l’origine du développement d’une person- Personnalité paranoïaque de combat. Elle est caractérisée
nalité pathologique. par sa quérulence, sa tendance sthénique aux revendications et
En s’appuyant sur le modèle cognitif, Beck [11] a proposé de pen- son agressivité.
ser les principaux troubles de la personnalité comme l’association Personnalité paranoïaque de souhait. Elle correspond à des
de croyances erronées, de schémas de pensées réducteurs et de sujets plus idéalistes, originaux défendant une idée ou une cause.
distorsions cognitives. Personnalité sensitive de Kretschmer. La personnalité sensi-
D’un point de vue biologique, les troubles de la personnalité tive est marquée par la prédominance d’une hyperesthésie aux
sont sous-tendus par un terrain de vulnérabilité (facteurs géné- contacts sociaux, une rétention des affects avec l’absence de
tiques) sur lequel pourra se développer le trouble en fonction dimension agressive extériorisée marquée par une introspection
des influences de l’environnement. Certains traits de caractère douloureuse permanente. Les situations d’échec professionnel
seraient expliqués par des anomalies biologiques. sont vécues avec un sentiment douloureux d’incompétence et
Les travaux d’Eysenck [12] proposent trois facteurs dimen- d’humiliation. Ces personnalités réservées peuvent faire l’objet
sionnels de la personnalité, chacun en lien avec des activités de décompensations délirantes de type délire de relation des sen-
biologiques différentes : extraversion, névrosisme et psycho- sitifs de Kretschmer (forme chronique de délire systématisé, de
tisme. mécanisme interprétatif avec altération dépressive de l’humeur).
Complications évolutives
Cinq types de complications évolutives existent :
 Troubles de la personnalité • épisode dépressif. L’évolution de cette personnalité peut être
émaillée d’épisodes dépressifs avec parfois des manifestations
Cluster A psychotiques (idées délirantes de persécution). Le risque suici-
daire est important ;
Les personnalités incluses dans ce cluster sont les personnalités
• manifestations hypocondriaques et somatisations ;
paranoïaque, schizoïde et schizotypique.
• délire paranoïaque (évolution possible mais rare) ;
• épisodes psychotiques brefs. Dans certaines situations de stress,
Personnalité paranoïaque des épisodes psychotiques transitoires peuvent être observés (de
Le terme paranoïa vient du grec et signifie « penser à côté ». C’est quelques minutes à quelques heures) ;
le psychiatre allemand Kraepelin qui va lui donner l’acception • isolement social.
clinique qu’on entend aujourd’hui désignant les délires chro-
Approches thérapeutiques
niques systématisés (par opposition à la schizophrénie) marqués
par l’intégrité de l’intelligence, l’enchaînement déductif et la La prise en charge des paranoïaques reste difficile et doit être
rigueur [13] . Ce trouble de la personnalité a longtemps été asso- centrée sur l’élaboration prudente d’une bonne alliance thérapeu-
cié au délire paranoïaque. Avec le DSM, le concept de paranoïa tique.
a été divisé avec d’un côté les délires paranoïaques (appelés Aucune étude contrôlée randomisée sur l’efficacité des dif-
« troubles délirants persistants ») et de l’autre la personnalité férentes stratégies thérapeutiques n’a été réalisée. Plusieurs
paranoïaque. publications récentes permettent cependant d’envisager des
approches thérapeutiques dont l’association peut accroître les
Épidémiologie chances de succès [18] .
Ce trouble de la personnalité concerne entre 0,4 et 4,4 % de la Approche psychothérapique. En général, ces patients
population générale [14] . peuvent bénéficier d’une psychothérapie de soutien. Il sera
Il touche 10 à 30 % de la population hospitalisée en psychia- important d’aborder les affects dépressifs et de respecter les sen-
trie [15, 16] . timents exprimés de menace. Le thérapeute proposera d’autres
Ce diagnostic est plus souvent porté chez l’homme que chez la explications aux interprétations du patient, mais évitera toute
femme [3] . confrontation [18] .

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Approche pharmacologique. Il n’existe pas actuellement Approches thérapeutiques


d’étude clinique sur l’efficacité des chimiothérapies chez les per- Approche psychothérapique. Il n’existe pas d’étude contrô-
sonnalités paranoïaques. lée sur l’efficacité des psychothérapies. Les thérapies cogni-
Le plus souvent c’est à l’occasion d’un trouble anxieux ou tivocomportementales ont un intérêt afin d’améliorer leurs
d’une phase dépressive qu’une prise en charge peut s’établir, le compétences sociales [1] .
traitement médicamenteux permettant d’atténuer la souffrance Approche pharmacologique. L’intérêt d’un traitement médi-
psychique et d’instaurer une relation thérapeutique [19] . camenteux n’a pas été évaluée au cours d’études cliniques.

Personnalité schizotypique
Cluster B
C’est Sandor Rado dans les années 1950 qui a introduit ce terme
pour définir une entité rattachée au spectre génotypique de la schi- Dans ce cluster, on trouve les personnalités présentant les
zophrénie. Pour nombre d’auteurs, la personnalité schizotypique troubles caractériels marqués par l’extraversion : personnalités his-
est une forme mineure de schizophrénie. trionique, narcissique, borderline et antisociale.

Épidémiologie
Personnalité histrionique
La prévalence du trouble de personnalité schizotypique serait
comprise entre 0,6 et 4 à 6 % de la population générale selon le La personnalité hystérique, appelée « histrionique » depuis le
DSM-5 [4] . DSM III, est un des concepts qui a subi le plus de modifications
dans les classifications internationales.
Description clinique (d’après le DSM-5 [4] )
• Croyance bizarre ou pensée magique influençant le comporte- Épidémiologie
ment. La prévalence de la personnalité histrionique est de 1,84 %
• Idées de référence. en population générale selon le DSM-5, sans prédominance de
• Perceptions inhabituelles, notamment illusions corporelles. sexe [4] . La prévalence serait de 10 à 15 % dans les institutions
• Idéation persécutoire ou méfiante. psychiatriques [25] .
• Pensées et langage bizarres.
Description clinique
• Vie affective pauvre ou inadéquate.
• Comportement ou aspect bizarre, excentrique ou singulier. Le trait essentiel est l’histrionisme ; l’histrion dans la Rome
• Absence d’amis proches ou de confidents en dehors des parents antique était le comédien. Les sujets histrioniques cherchent de
du premier degré. manière constante à attirer l’attention, plaire, ou séduire. Sont
• Anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand observées une théâtralité de la présentation et une hyperexpres-
le sujet se familiarise avec la situation et qui est associée à des sivité. La suggestibilité est souvent forte, évoquant la plasticité
craintes persécutoires. affective de la personne soucieuse d’emporter l’adhésion d’autrui.
Une certaine superficialité des affects peut exister. L’avidité et la
Lien entre schizotypie et schizophrénie dépendance affective sont majeures, facilitant les relations inter-
D’après certaines études, il semblerait qu’il existe un lien personnelles qui restent cependant superficielles et sujettes à des
génétique entre schizophrénie et schizotypie [20, 21] . Le risque de manifestations spectaculaires.
schizotypie est augmenté chez les apparentés de premier degré Chez l’homme, le fonctionnement histrionique se manifeste
de sujets souffrant de schizophrénie [22] , tout comme le risque de dans des conduites donjuanesques ou héroïques. Parfois le diag-
schizophrénie chez les apparentés de sujets schizotypiques [22, 23] . nostic est plus difficile, les traits de personnalité étant masqués
par une impulsivité, des conduites à risque ou une alcoolodépen-
Approches thérapeutiques dance.
Approche psychothérapique. Il n’existe aucune étude
contrôlée sur l’efficacité des psychothérapies chez les patients Complications évolutives
ayant une personnalité schizotypique. Le thérapeute devra L’évolution est variable, certains traits peuvent être atténués
cependant aider le patient à différencier progressivement les avec l’âge.
fantasmes de la réalité [1] . Le sujet histrionique a plutôt une bonne intégration profession-
Approche pharmacologique. Il existe peu d’études cliniques nelle. Du point de vue affectif, selon l’étude de Braccini et al. [26] la
se centrant spécifiquement sur les troubles de personnalité de type personnalité histrionique est plus souvent mariée que les autres,
schizotypique. Les faibles posologies de neuroleptiques classiques avec des perturbations de la vie conjugale et relationnelle.
(halopéridol) et atypiques (rispéridone) ont montré leur efficacité Toujours selon cette étude, les sujets présentant un trouble de
sur symptômes psychotiques et le fonctionnement global [24] . la personnalité histrionique ont davantage d’antécédents psy-
chiatriques et d’hospitalisation. Chez ces sujets, les troubles
anxieux, somatoformes et les tentatives de suicide sont plus
Personnalité schizoïde fréquents.
Epidémiologie L’évolution peut être marquée par :
Le DSM-5 rapporte une prévalence de 3,1 à 4,9 %, celle-ci serait • des épisodes dépressifs majeurs ;
plus élevée chez les hommes que chez les femmes [4] . • des abus de substances psychoactives (alcool, benzodiazé-
pines) ;
Description clinique • des troubles anxieux (trouble panique, agoraphobie) ;
Selon le DSM-5 [4] , la personnalité schizoïde se caractérise par un • des actes autoagressifs ;
mode général de détachement par rapport aux relations sociales • des somatisations souvent algiques et une hypocondrie.
et de restriction de la variété des expressions émotionnelles dans
les rapports avec autrui. Approches thérapeutiques
Le sujet présentant un trouble de la personnalité schizoïde est Approche psychothérapique. La psychothérapie demeure la
indifférent à développer des relations affectives et n’a donc pas base de la prise en charge. La thérapie cognitivocomportementale
d’amis proches. Il est solitaire, introverti, n’a que peu de centres a un intérêt dans la prise en charge de ces patients, alors que la
d’intérêt et évite tout contact social. Il est tourné vers des activi- thérapie analytique n’est accessible qu’à un petit nombre d’entre
tés intellectuelles abstraites et solitaires. Indifférent aux critiques eux [1] .
d’autrui, le contact peut sembler froid et distant. Approche pharmacologique. La personnalité histrionique
n’a pas fait l’objet d’études pharmacologiques spécifiques. Les
Complications évolutives antidépresseurs sont indiqués devant tout épisode dépressif secon-
Les traits de personnalité demeurent généralement stables dans daire. La prescription d’anxiolytiques sera précautionneuse en
le temps et évoluent rarement vers une schizophrénie. raison du risque de pharmacodépendance.

4 EMC - Traité de Médecine Akos

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Personnalité narcissique Description clinique


Si le concept de narcissisme a d’abord été évoqué par Freud, la La caractéristique essentielle de la personnalité antisociale est
personnalité narcissique en tant que telle est une entité relative- « un mode général de mépris et de transgression des droits d’autrui
ment récente. Son autonomie au sein du cluster B fait l’objet de qui apparaît dans l’enfance ou au début de l’adolescence et qui se
nombreuses discussions, ses frontières avec la personnalité border- poursuit à l’âge adulte » [4] .
line restant encore mal définies. Les indices d’un fonctionnement psychopathique peuvent se
retrouver dans des conduites délinquantes à l’adolescence. On
Épidémiologie recherchera dans la biographie un trouble des conduites avant
La prévalence de la personnalité narcissique en population l’âge de 15 ans (critère nécessaire à la définition du DSM-5). Cepen-
générale varierait de 0 à presque 6 % [27] avec une médiane infé- dant, le diagnostic ne se posera qu’après 18 ans.
rieure à 1 %. Dans un contexte psychiatrique, la prévalence peut La présentation du sujet antisocial est souvent trompeuse, véri-
atteindre jusqu’à 16 % de la population [28] . table caméléon, son attitude de séduction cache un contact factice
La répartition selon le sexe varie selon les travaux, d’une égalité et manipulateur. L’impulsivité et l’intolérance à la frustration
de répartition entre les hommes et les femmes jusqu’à une nette rendent compte de la multiplicité des passages à l’acte (crises
prédominance masculine (75 %) [28] . clastiques, tentatives de suicide, automutilations, gestes hétéroa-
Description clinique gressifs, etc.). Ces sujets présentent un manque d’empathie, une
superficialité des échanges et utilisent systématiquement autrui
La personnalité narcissique est caractérisée par « un mode
pour leurs intérêts personnels. Sur le plan affectif ces personna-
général de grandiosité, de besoin d’être admiré et de manque
lités ont beaucoup de difficultés à maintenir durablement une
d’empathie qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent
relation, et leur parcours professionnel est émaillé de ruptures.
dans des contextes divers » [4] .
Les conduites antisociales et les actes délinquants sont nombreux.
Le sujet narcissique a le sentiment d’être important, indispen-
Le sujet n’éprouve pas de culpabilité et n’anticipe pas les consé-
sable. Il s’attend à être reconnu comme quelqu’un d’exceptionnel,
quences de ses actes. Il peut présenter des moments dysphoriques
à obtenir des traitements de faveur. Souvent animés par des fan-
à l’origine parfois de gestes suicidaires ou de consommation de
tasmes de succès et de puissance, ils apparaissent prétentieux et
toxiques.
vantards, n’hésitant pas à exagérer leurs réalisations. Le besoin
Au fil du temps, certains auteurs notent une diminution de la
excessif d’être reconnu et admiré ainsi que le refus de critique
prévalence de la personnalité antisociale comme si les conduites
sont des modalités que le sujet narcissique utilise pour tenter
d’opposition s’épuisaient avec l’âge [34] .
de masquer une estime de soi fragile et fluctuante en dépit des
apparences. Complications évolutives
Complications évolutives La biographie est émaillée de ruptures répétées avec des
conséquences sur l’adaptation sociale (actes médicolégaux,
Les personnalités narcissiques peuvent développer un trouble
incarcération). Les troubles notamment comportementaux se sta-
dépressif ou anxieux, avoir des conduites suicidaires ou addictives,
bilisent, voire s’amendent dans la seconde moitié de vie.
un isolement social [1] .
Au niveau psychiatrique, l’évolution est marquée par :
Approches thérapeutiques • une surmortalité de cette population par accident, suicide,
Approche psychothérapique. Les psychothérapies analy- conduite à risque, etc. ;
tiques peuvent être proposées. En cas de cure-type, des • des abus de substances : alcool, drogues et psychotropes ;
aménagements seront réalisés. • des épisodes dépressifs (risque suicidaire élevé) et des troubles
Les personnalités narcissiques constitueraient une des anxieux ;
meilleures indications des thérapies cognitives. Les objectifs • des épisodes psychotiques brefs sous l’emprise de toxiques
de ces thérapies sont : maintenir une bonne alliance théra- (pharmacopsychose) ou dans des situations de stress intenses.
peutique et nuancer les croyances de ces sujets pour leur Approches thérapeutiques
permettre d’aménager leur fonctionnement et leurs relations
Approche psychothérapique. Pour Kernberg [35] , le fonc-
interpersonnelles [29] .
tionnement antisocial constitue le seul trouble pour lequel la
Approche pharmacologique. Les complications dépressive
psychothérapie analytique est contre-indiquée. De manière géné-
ou anxieuse seront prises en charge par des traitements psycho-
rale, les thérapies individuelles apportent peu de résultats.
tropes.
Certains auteurs ont souligné l’intérêt de techniques de théra-
pies de groupe.
Personnalité antisociale Les hospitalisations, souvent brèves, ont lieu souvent en
L’histoire de la littérature concernant les personnalités antiso- urgence et nécessitent de fixer des objectifs précis (traitement
ciales est riche et contrastée. Ce concept depuis ses origines intègre d’un épisode dépressif, cure de sevrage). La prise en charge en
une connotation morale, car au-delà du champ médical ces sujets institution peut offrir au patient un cadre structuré et bénéfique.
côtoient les champs judiciaire et policier. Approche pharmacologique. Les antidépresseurs inhibiteurs
La Haute Autorité de santé dans ses recommandations de 2005 de la recapture de la sérotonine notamment le citalopram [36] et la
souligne l’importance de renoncer au terme de « psychopathie » fluoxétine [37] ont montré leur intérêt dans la prise en charge de
en raison de l’ambiguïté de sa signification selon le contexte dans l’agressivité et de l’impulsivité.
lequel il est utilisé et de sa charge sémantique négative dans le Le divalproate de sodium serait efficace dans la prise en charge
langage commun [30] . de l’hostilité et de l’impulsivité [38, 39] .
Elle recommande d’utiliser le terme d’organisation de la per-
sonnalité à expression psychopathique. Personnalité « borderline » (émotionnellement
Ce changement sémantique permet de souligner qu’il s’agit labile)
avant tout d’un trouble de la personnalité « aboutissement
d’un processus psychocomportemental complexe et multifacto- Le concept de personnalité borderline est né à partir des observa-
riel » [30] . tions des psychanalystes du début du XXe siècle interpellés par la
survenue d’événements psychotiques transitoires dans les cures
Épidémiologie de certains patients névrotiques, ainsi que par la singularité du
Selon les études épidémiologiques, le trouble de la personna- transfert se rapprochant de celui des patients psychotiques.
lité antisociale concernerait entre 0,2 et 3,7 % de la population C’est Stern, psychanalyste américain, qui posa en 1938 les
générale [31–33] . jalons de la personnalité borderline marquée par un sentiment
Il est beaucoup plus fréquemment diagnostiqué chez l’homme d’insécurité diffus, d’une hyperesthésie affective et d’une faible
que chez la femme. Sa prévalence est plus élevée dans des centres estime de soi.
de traitement des usagers de drogues et d’alcool, dans des prisons Ces sujets ont été décrits par Deutsch [40] par le terme de per-
et dans des contextes médicolégaux [4] . sonnalités as if et de personnalité en faux self par Winnicott [41] .

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7-0180  Troubles de la personnalité

Ces qualifications témoignent du fonctionnement de surface de retrouvent l’émoussement de certaines manifestations telles que
ces individus donnant l’illusion de la normalité masquant une l’impulsivité ou les passages à l’acte répétés [49] .
grande fragilité des assises narcissiques.
Depuis la fin des années 1970 et les travaux de nombreux Approches thérapeutiques
auteurs (Kernberg, Millon...) ont pu être élaborés les critères fon- Approche psychothérapique. La psychothérapie, quelle
damentaux de ce trouble de la personnalité dénommée borderline qu’en soit l’orientation, est la pierre angulaire de la prise en charge,
pour le DSM et émotionnellement labile pour la CIM. complétée si besoin par un traitement médicamenteux sympto-
matique [43, 46, 50] .
Épidémiologie Quatre types de psychothérapie ont montré leur intérêt dans
La prévalence de la personnalité borderline en population géné- la prise en charge des patients borderline : la psychothérapie de
rale varie dans la littérature entre 0,5 et 5,9 % [42] et se répartirait soutien, la thérapie comportementale et dialectique (TCD), la
de manière égale chez les hommes et les femmes [43] bien qu’il soit thérapie basée sur la mentalisation (prise en charge à la fois indi-
plus diagnostiqué chez les femmes. viduelle et de groupe centrée sur la capacité du patient à penser
En population clinique, la prévalence de la personnalité bor- ses expériences et celles des autres) et la psychothérapie centrée
derline est de plus de 20 % et se classe parmi les troubles de la sur le transfert (psychothérapie d’inspiration analytique basée sur
personnalité les plus diagnostiqués [44] (entre 18 et 42,7 %). l’interprétation des mécanismes de défense dans le transfert) [50] .
Pour Gross et al., on trouve chez ces patients un taux de troubles Par rapport aux prises en charge classiques, elles permettent
bipolaires de 21,4 %, un taux d’épisodes dépressifs caractérisés une diminution de 80 à 90 % des hospitalisations, des passages
de 35,7 % et de troubles anxieux de 57,1 % [45] . Les troubles du aux urgences ou des prescriptions médicamenteuses. Les automu-
comportement alimentaire et les troubles somatoformes seraient tilations et tentatives de suicide seraient diminuées de moitié [50] .
aussi régulièrement associés [46] . On soulignera l’importance des Il semble que leurs bénéfices perdurent dans le temps.
antécédents traumatiques dans la genèse du trouble, ainsi pour Des conseils simples, issus de ces psychothérapies, sont utiles
Zanarini et al. 90 % des patients auraient été victimes d’abus dans en pratique pour tout professionnel de santé s’occupant de ces
l’enfance et/ou de négligence émotionnelle avant 18 ans [47] . patients.
Par exemple, il est important d’associer la famille aux soins,
Description clinique
de montrer son empathie au patient et de discuter du diagnostic,
Le tableau clinique est riche et polymorphe, aucune manifes-
d’élaborer des stratégies en cas de situations stressantes, de propo-
tation n’étant pathognomonique du trouble. La diversité et la
ser des groupes de paroles ou de souligner l’intérêt d’une bonne
labilité des symptômes chez un même sujet peuvent faire évoquer
hygiène de vie (sommeil, alimentation).
le diagnostic.
Dans cette prise en charge complexe, il sera important de dési-
La personnalité borderline est caractérisée par « un mode général
gner un médecin qui coordonnera les soins.
d’instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et
Approche pharmacologique. Selon la méta-analyse
des affects avec une impulsivité marquée qui apparaît au début de
d’Ingenhoven et al. [51] , les antidépresseurs n’ont pas mon-
l’âge adulte et qui est présent dans des contextes divers » [4] .
tré leur efficacité sur l’humeur dépressive et l’impulsivité. Leur
Les perturbations des relations interpersonnelles sont souvent
impact thérapeutique ne serait que faible dans les symptômes
majeures. Le mode de relation instable conduit à des relations
tels que l’anxiété ou la colère. De plus, le fonctionnement global
chaotiques, tumultueuses et conflictuelles. Les rapports avec
des patients ne se verrait pas amélioré avec la prescription
l’autre oscillent entre des positions extrêmes d’idéalisation et de
d’antidépresseurs (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la
dévalorisation. Le sujet borderline projette d’importantes attentes
sérotonine [ISRS], tricycliques).
affectives, mais la proximité avec autrui peut rapidement s’avérer
Toujours selon cette étude, les antipsychotiques de première
menaçante et conduire à un rejet brutal.
et de deuxième génération amélioreraient les symptômes d’allure
Dans ces moments de rejet ou à l’inverse dans les moments de
psychotique et de dysrégulation émotionnelle (labilité émotion-
menace d’abandon, il éprouve de grandes difficultés à se retrouver
nelle, colères intenses et inappropriées, sautes d’humeur, etc.).
seul, ce qui le conduit à éviter le plus possible les séparations (par
L’aripiprazole aurait un impact sur l’impulsivité.
exemple, avec des menaces suicidaires ou des automutilations).
Les thymorégulateurs auraient un effet intéressant sur des
L’impulsivité, plus ou moins marquée, se traduit dans des
symptômes tels que l’impulsivité, la colère et l’anxiété, ainsi
gestes autoagressifs ou suicidaires, une consommation d’alcool et
qu’un effet modéré sur l’humeur dépressive. Ils amélioreraient
de toxiques, des épisodes boulimiques ou encore des conduites
davantage que les autres classes thérapeutiques le fonctionnement
sexuelles à risque. Le passage à l’acte témoigne également de
global des patients.
l’incapacité à gérer le sentiment de vide intérieur, source d’une
En résumé, les prescriptions de psychotropes chez les patients
angoisse extrême. Cette intolérance à l’angoisse témoigne de
borderline se feront en parallèle du traitement psychothérapeu-
la fragilité des assises narcissiques. Qu’elle soit aiguë ou dif-
tique, si possible par un clinicien différent du psychothérapeute,
fuse, l’angoisse occupe une place centrale dans les manifestations
à condition que la prise en charge se fasse en étroite collaboration
impulsives.
entre les différents intervenants afin de limiter le clivage inhérent
L’instabilité des représentations de soi et d’autrui s’exprime par
à ce que le patient est capable d’induire [1] .
des questionnements concernant l’identité sexuelle et l’image de
soi, l’incertitude concernant les choix et les valeurs, des difficultés
à distinguer ses pensées et ses sentiments de ceux des autres. Il Cluster C
peut exister des épisodes psychotiques brefs rapidement résolutifs,
notamment en cas de situations stressantes. Ce cluster regroupe les personnalités évitante, dépendante et
obsessionnelle-compulsive.
Complications évolutives
L’évolution est marquée par un mode de vie chaotique résultant
des conséquences de l’impulsivité : abus de substance, conduites Personnalité dépendante
à risque et actes médicolégaux parfois. La personnalité dépendante est un trouble de la personnalité
Le risque de passage à l’acte impulsif suicidaire est important dont l’individuation est relativement récente et apparaît avec le
et le suicide touche environ 10 % des patients ayant une per- DSM III en 1980.
sonnalité borderline. La « dépressivité » est un mode d’évolution Auparavant, ces personnalités étaient englobées dans les
fréquent, mais à différencier d’authentiques épisodes dépressifs personnalités passives-orales [52] et les personnalités passives-
plus durables. dépendantes [53] .
Il peut exister des attaques de panique avec déréalisation, voire La validité même du concept de personnalité dépendante
des épisodes psychotiques brefs. est remise en cause par certains auteurs qui soulignent sa co-
À noter que plusieurs études longitudinales se sont intéressées occurrence avec les personnalités limites et évitantes. Les traits
au devenir de ces patients, leurs résultats sont hétérogènes. Si cer- de dépendance seraient de simples caractéristiques associées à ces
tains auteurs évoquent « la stabilité de l’instabilité » [48] , d’autres troubles de personnalité.

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Troubles de la personnalité  7-0180

Épidémiologie La proportion de patients répondant aux critères de personna-


La personnalité dépendante figure parmi les troubles de la per- lité évitante diminuerait après traitement [55] .
sonnalité les plus souvent observés dans les services de psychiatrie. Approche psychothérapique. Les thérapies comportemen-
Une étude de l’OMS concernant des patients psychiatriques de tales et cognitives sont particulièrement indiquées chez ces
11 pays différents a montré une prévalence de 5 % selon les critères patients et seront centrées sur l’estime de soi, utilisant aussi des
du DSM III-R et de la CIM-10 [54] . techniques d’exposition aux situations phobogènes et une élabo-
Selon le DSM-5, la prévalence de ce trouble de la personnalité ration des schémas cognitifs dysfonctionnels.
serait de 0,49 % [4] .
Personnalité obsessionnelle-compulsive
Description clinique
La personnalité dépendante est caractérisée par « un besoin
ou anankastique
envahissant et excessif d’être pris en charge qui conduit à un La description de la personnalité obsessionnelle est voisine de
comportement soumis et “collant” et à une peur de la sépara- la personnalité anankastique de la CIM-10.
tion » [4] . Épidémiologie
La personne dépendante éprouve des difficultés à prendre des
C’est un des troubles de la personnalité les plus fréquemment
décisions seule et recherche l’avis et le conseil des autres. Sou-
rencontrés. La prévalence de la personnalité obsessionnelle-
mise aux désirs d’autrui de manière excessive, elle est incapable
compulsive est comprise entre 2 et 4 % dans la population
d’exprimer un désaccord de peur d’être abandonnée. Un senti-
générale [56] . Elle est d’après le DSM-5 deux fois plus fréquente
ment de malaise et d’impuissance peut s’installer lorsque le sujet
chez les hommes que chez les femmes [4] .
est seul, il est alors en quête d’une relation en urgence. L’estime de
soi est souvent médiocre et le sujet dépendant sollicite les autres Description clinique
pour prendre la plupart des décisions importantes. L’investissement excessif pour le travail et les activités intellec-
Au niveau professionnel, ces personnes sont souvent entravées tuelles se fait au détriment de la vie affective.
par leur manque d’initiative et d’autonomie. La volonté de contrôle et de maîtrise se retrouvent dans le per-
Complications évolutives fectionnisme et la réticence à déléguer la moindre tâche.
La personnalité obsessionnelle présente des difficultés
La plupart du temps les personnalités dépendantes se dévoilent
d’adaptation au changement d’où un besoin de planification
au cours d’un épisode dépressif ou anxieux (contexte de sépara-
pour diminuer l’anxiété. La prise de décision et les réalisations
tion).
concrètes sont difficiles et souvent retardées.
Approches thérapeutiques Le sujet est préoccupé par le besoin d’ordre excessif aussi bien
Approche psychothérapique. La prise en charge fait appel dans le domaine matériel (difficulté à se séparer d’objets usés,
essentiellement aux psychothérapies. souci de propreté exagéré) que moral. Il est obstiné, entêté,
Les thérapies d’inspiration analytique tendent à amener le persévérant. Il se montre fidèle à ses engagements, respecte scru-
patient vers une prise de conscience des conflits infantiles à puleusement les règles et les valeurs morales et a un grand sens
l’origine des conduites de dépendance. Tandis que les thérapies du devoir et des obligations.
cognitivocomportementales portent sur l’affirmation de soi et À noter que la personnalité obsessionnelle-compulsive est bien
mettent l’accent sur l’autonomisation du patient [29] . moins stigmatisée que la plupart des autres troubles de la person-
Approche pharmacologique. Anxiolytiques et antidépres- nalité.
seurs seront utilisés en cas de complications anxieuses et De par son attachement excessif à la norme, au travail, à la
dépressives. famille et au rôle, ce type de personnalité est bien intégré et toléré
par l’hyperconformisme social.
Personnalité évitante (anxieuse)
Complications évolutives
Cette personnalité a, dès son introduction en 1980, fait l’objet Certains sujets obsessionnels souffrent de troubles obses-
de nombreuses critiques en raison des difficultés à la différencier sionnels compulsifs (TOC), mais cette association n’est pas
de la personnalité schizoïde et de l’anxiété sociale. systématique.
Épidémiologie Il n’est pas rare de voir apparaître chez ces sujets des
La prévalence de la personnalité évitante dans la population complications telles que des épisodes dépressifs, hypocondriaques
générale serait d’environ 2,4 % et se répartit de manière égale chez et anxieux.
les hommes et les femmes selon le DSM-5 [4] . Approches thérapeutiques
Description clinique Approche pharmacologique. Les traitements médica-
Le manque de confiance en soi et le sentiment d’infériorité menteux notamment antidépresseurs seront prescrits en cas
sont au centre du fonctionnement de la personnalité évitante. Ces d’association avec un TOC ou lors de la survenue d’un épisode
perceptions sont à l’origine d’un évitement social actif. Contraire- anxiodépressif.
ment à la personnalité schizoïde ce retrait est source de souffrance Approche psychothérapique. L’approche cognitive
et non le fruit d’une indifférence. s’appuiera sur la modification de schémas cognitifs erronés.
Le sujet évitant apparaît comme timide, effacé, inhibé et se
montre hypersensible au jugement, à la critique et au rejet
d’autrui.  Conclusion
Complications évolutives
Les troubles de la personnalité concernent plus de 10 % de
La personnalité évitante est le trouble de la personnalité asso-
la population. Ils ont longtemps constitué une entité originale
cié le plus fréquemment aux troubles anxieux (anxiété sociale,
au sein de la nosographie psychiatrique, car leur diagnostic s’est
agoraphobie, trouble panique).
organisé selon une association de caractéristiques psychologiques
Elle est également à risque de présenter un épisode dépressif.
évoluant de manière pérenne davantage que par des symptômes
Approches thérapeutiques psychiatriques classiques.
Approche pharmacologique. Aucune étude portant sur La définition d’une personnalité pathologique est périlleuse.
l’évolution propre de la personnalité évitante avec un traitement D’après Canguilhem [57] , le jugement du normal est avant tout
médicamenteux n’a été réalisée. subjectif. En se référant à la notion de normativité, on définira
Une étude a montré que chez des patients souffrant d’anxiété une personnalité comme pathologique dans la mesure où le sujet
sociale traités pendant 12 semaines par brofaromine (inhibiteur fournit toujours le même type de réponses, le même symptôme,
de monoamine oxydase [IMAO] A réversible et spécifique) une face aux diversités des situations de la vie.
réduction des symptômes propres à la personnalité évitante est Souvent critiquées, certaines personnalités soulèvent la ques-
observée. tion de leur individuation même, en tant qu’entité clinique, en

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7-0180  Troubles de la personnalité

raison de multiples co-occurrences au sein des différents clus- [16] Sperry L. Handbook of diagnosis and treatment of DSM IV-TR perso-
ters. De nombreux auteurs soulignent l’importance de glisser de nality disorders. New York: Brunner-Routledge; 2003.
l’approche catégorielle actuelle vers une approche plus dimen- [17] Kretschmer E. Paranoïa et sensibilité. Paris: PUF; 1963.
sionnelle. [18] Le Bihan P, Bénézech M. Personnalités paranoïaques. EMC –
Le DSM-5 a proposé en annexe III de son manuel une Psychiatrie 2010:1–11 [Article 37-490-F-10].
approche hybride (à la fois catégorielle et dimensionnelle) qui [19] Guelfi JD, Hanin B. Troubles de la personnalité. Les personnalités
ne retient plus que six troubles de la personnalité : les troubles de du « cluster A » de la classification du DSM IV. Ann Med Psychol
la personnalité borderline, obsessionnelle-compulsive, évitante, 2005;163:78–94.
schizotypique, narcissique et antisociale. Ce modèle alternatif a [20] Kendler KS, McGuire M, Gruenberg AM, O’Hare A, Spellman M,
Walsh D. The Roscommon family study. III. Schizophrenia-related
été inclus afin d’encourager de nouvelles études à utiliser cet outil
personality disorders in relatives. Arch Gen Psychiatry 1993;50:781–8.
dans l’évaluation de la personnalité et le diagnostic de ces troubles
[21] Asarnow RF, Nuechterlein KH, Fogelson D, Subotnik KL, Payne
en pratique clinique. Si le DSM IV mettait l’accent sur des caté- DA, Russel AT, et al. Schizophrenia and schizophrenia-spectrum
gories comportementales jugées rigides, la dernière version du personality disorders in the first-degree relatives of children with
manuel met en avant l’importance des « niveaux de déficience » schizophrenia: the UCLA family study. Arch Gen Psychiatry
du fonctionnement de la personnalité. 2001;58:581–8.
Les médecins de ville rencontrent fréquemment ces patients [22] Cadenhead KS, Braff DL. Endophenotyping schizotypy: a prelude
pour des motifs de consultations divers (pathologies somatiques, to genetic studies within the schizophrenia spectrum. Schizophr Res
abus de substance, troubles de l’humeur, difficultés profession- 2002;54:47–57.
nelles, etc.) et se heurtent à une prise en charge difficile du fait [23] Battaglia M, Bernardeschi L, Franchini L, Bellodi L, Smeraldi E. A
d’une alliance thérapeutique rendue délicate par l’existence même family study of schizotypal disorder. Schizophr Bull 1995;21:33–45.
des traits de personnalité pathologique. [24] Ripoll LH, Triebwasser J, Siever LJ. Evidence-based pharma-
Il a été vu que, en ce qui concerne l’approche thérapeutique, les cotherapy for personality disorders. Int J Neuropsychopharmacol
traitements médicamenteux doivent être pensés pour soulager des 2011;14:1257–88.
spectres symptomatiques plus que des catégories diagnostiques et [25] Martin RL, Yutzy SH. Somatoform disorders. In: Textbook of psychia-
que la prise en charge psychothérapeutique dans de nombreux try. Washington: American Psychiatric Press; 1994, p. 591–622.
cas est précieuse. [26] Braccini T, Bonhomme P, Robert PH, Darcourt G. La personnalité
L’APA espère que l’inclusion d’une nouvelle méthodologie dans histrionique selon le DSM III (étude informatisée sur 113 patients).
Psychol Med 1985;17:1715–21.
son manuel encouragera la recherche dans le diagnostic de ces
[27] Dhawan N, Kunik ME, Oldham J, Coverdale J. Prevalence and treat-
patients et contribuera à améliorer la compréhension des étiolo-
ment of narcissistic personality disorder in the community: a systematic
gies de ces troubles et de leur prise en charge. Ce seront les enjeux review. Compr Psychiatry 2010;51:333–9.
à venir de cette entité aux limites encore floues. [28] Guelfi JD, Logak Z. Personnalité narcissique. EMC – Psychiatrie
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2010;71:14–25. [57] Canguilhem G. Le normal et le pathologique. Paris: PUF; 1979.

S. Iribarnegaray, Docteur, assistante spécialiste.


Service du Dr Giudicelli, sixième secteur de psychiatrie (75G06), Hôpital Maison Blanche-Hauteville, 24-26, rue d’Hauteville, 75010 Paris, France.
S. Pasquier de Franclieu, Docteur, praticien hospitalier (solene.pasquier-de-franclieu@ch-maison-blanche.fr).
Service du Dr Bouley, septième secteur de psychiatrie (75G07), Hôpital Maison Blanche-Hauteville, 24-26, rue d’Hauteville, 75010 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Iribarnegaray S, Pasquier de Franclieu S. Troubles de la personnalité. EMC - Traité de Médecine Akos
2016;11(2):1-9 [Article 7-0180].

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