Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Troubles de la personnalité
S. Iribarnegaray, S. Pasquier de Franclieu
Les troubles de la personnalité se définissent comme des difficultés stables dans le mode de relation
aux autres et dans l’expérience vécue du sujet, apparaissant à la fin de l’adolescence, à l’origine d’une
souffrance et d’un retentissement dans le fonctionnement social et professionnel. Le Manuel diagnos-
tique et statistique des troubles mentaux (DSM) définit dix troubles regroupés en trois clusters : registre
psychotique (personnalités paranoïaque, schizoïde et schizotypique), troubles caractériels marqués par
l’extraversion (personnalités histrionique, narcissique, borderline et antisociale) et registre névrotique
(personnalités évitante, dépendante et obsessionnelle-compulsive). Leur prévalence est élevée en popu-
lation générale et concerne plus de 10 % des individus. Ce groupe diagnostique est marqué par une
grande richesse et hétérogénéité des présentations cliniques. Malgré la diversité des traits de caractère,
la plupart de ces personnalités pathologiques présentent des comorbidités psychiatriques communes (épi-
sode dépressif, abus de substances, trouble anxieux, etc.) et se caractérisent par leur difficulté de prise
en charge. Si l’abord psychothérapeutique est indispensable, le recours aux psychotropes est fréquent,
s’appuyant davantage sur l’expérience clinique que sur des guides de bonne pratique. Les médecins
généralistes rencontrent fréquemment ces patients pour des motifs de consultations divers (pathologies
somatiques, trouble de l’humeur, malaise social, difficultés professionnelles, etc.) et se heurtent à une
prise en charge difficile du fait d’une alliance thérapeutique délicate. Ils ont un rôle majeur dans la
coordination des soins entre les différents intervenants dans la prise en charge de ces patients.
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Plan physiques. Parmi les écrits les plus connus, La Bruyère nous
présente ses Caractères selon une approche avant tout comporte-
■ Concept de personnalité 1 mentale. D’une approche psychopathologique du sujet inspirée
de la psychanalyse, les grandes classifications internationales
■ Définition du trouble de la personnalité et approches actuelles (dixième révision de la Classification internationale des
catégorielles 2 maladies [CIM 10] et le Manuel diagnostique et statistique des
■ Lien entre les pathologies psychiatriques et les troubles troubles mentaux – cinqième édition [DSM-5]) se sont attachées
de la personnalité 2 à une approche plus descriptive et clinique.
■ Étiopathogénie, hypothèses explicatives 3 La personnalité désigne « l’ensemble fonctionnel qui intègre
■
les composantes psychiques et somatiques d’un sujet en inter-
Troubles de la personnalité 3
action avec son environnement et qui lui confère son unicité, sa
Cluster A 3
singularité et sa permanence » [1] .
Cluster B 4
Le terme de personnalité est un concept vaste et complexe.
Cluster C 6
Il vient du latin persona qui désigne le masque de théâtre antique
■ Conclusion 7 grec. Une des principales caractéristiques de ces masques est de
chercher à représenter l’individu selon un reflet fixe et permanent.
C’est la façon du sujet d’être au monde, le personnage social qu’il
réalise.
Concept de personnalité Ce concept regroupe plusieurs niveaux d’analyse à la fois bio-
logique, comportementale et subjective.
Les êtres humains manifestent des régularités psychologiques. Le terme de « caractère », issu de l’imprimerie, désigne les
Celles-ci ont fait l’objet de nombreuses descriptions, qui, au cours aspects invariants du comportement. C’est l’ensemble des traits
des époques, ont tenté de regrouper les sujets selon leurs senti- observables d’un individu. Il est constitué par l’empreinte de
ments, leurs comportements, leurs instincts ou leurs apparences l’environnement et des interactions sur la personnalité.
Le terme de « tempérament » est une notion héritée de la méde- Jusqu’à maintenant le DSM était organisé en cinq axes : sur
cine hippocratique. Galien au IIe siècle systématise l’idée d’un l’axe I, on trouvait les « troubles cliniques » (troubles de l’anxiété,
équilibre dans l’organisme de quatre humeurs : le sang, la bile de l’humeur, psychotiques, etc.) ; sur l’axe II, les troubles de la
jaune, la bile noire et la lymphe. personnalité ; sur l’axe III, les affections médicales générales ; sur
La « structure » est une notion psychanalytique. La personnalité l’axe IV, les problèmes psychosociaux et environnementaux ; et,
se réfère à la structure profonde de l’organisation psychique du sur l’axe V, l’évaluation globale du fonctionnement.
sujet. L’autre grande modification de la très récente cinquième version
Il n’existe pas de définition simple de la personnalité normale. du manuel est une suppression du système multi-axial jugé trop
Chaque individu a une manière d’être au monde, la frontière entre complexe.
normal et pathologique est délicate. Les critères diagnostiques eux ont été conservés dans cette der-
Le concept de personnalité fait appel à la combinaison de trois nière version.
visions de la normalité : Le DSM-5 définit les troubles de la personnalité suivants :
• la normalité statistique assimile la norme à la notion de pour- • dix troubles de la personnalité regroupés en trois clusters ou
centage majoritaire par rapport à une moyenne statistique ; groupes ;
• la normalité idéale désigne une perfection à laquelle l’idéal col- • la modification de la personnalité due à une autre affection
lectif aspire ; médicale (par exemple, une lésion du lobe frontal) ;
• la normalité fonctionnelle ne compare pas l’individu aux • autre trouble de la personnalité spécifié et trouble de la person-
autres, mais fait de soi-même la norme : le normal est ici le nalité non spécifié.
fonctionnement optimal par rapport aux caractéristiques psy- Cet exposé se concentrera sur les dix troubles de la personnalité.
chologiques propres à l’individu [2] . Le cluster A du DSM-5 regroupe les personnalités qualifiées de
bizarres ou excentriques : les personnalités paranoïaque, schizoïde
et schizotypique.
Le cluster B fait référence à des troubles caractériels marqués
Définition du trouble par l’extraversion : les personnalités antisociale, borderline, nar-
de la personnalité et approches cissique et histrionique.
Le cluster C regroupe les personnalités caractérisées par la
catégorielles crainte et l’anxiété : les personnalités évitante, dépendante et
obsessionnelle-compulsive.
Le DSM IV définissait les troubles de la personnalité comme « un Parfois, certains troubles de la personnalité sont associés. Le
mode durable de perturbations des conduites et de l’expérience diagnostic de trouble mixte de la personnalité est alors retenu.
vécue, qui dévie notablement de ce qui est attendu dans la culture Les différences entre la classification américaine du DSM et
d’un individu, qui est envahissant, qui apparaît à l’adolescence la CIM-10 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont
ou à l’âge adulte, qui est stable dans le temps et qui entraîne minimes.
une souffrance cliniquement significative ou une altération du
fonctionnement social ou professionnel » [3] . Plus récemment, le
DSM-5 (présenté en mai 2013 lors du congrès de l’American Psy-
chiatric Association [APA]) met également l’accent sur l’impact Lien entre les pathologies
négatif de traits de personnalité sur le fonctionnement global de
l’individu [4] .
psychiatriques et les troubles
L’étude des personnalités pathologiques s’est appuyée sur deux de la personnalité
approches :
• l’approche dimensionnelle appréhende la personnalité comme La prévalence des troubles de la personnalité dans leur ensemble
un continuum, une transition graduée entre le normal et le est relativement élevée dans la population générale.
pathologique. La personnalité d’un sujet est alors caractérisée Les études épidémiologiques se sont multipliées depuis le déve-
par un ensemble de traits de personnalité (dimensions) plus ou loppement d’instruments standardisés de diagnostic basés sur la
moins marqués ; classification du DSM III puis des suivants. Parmi les question-
• l’approche catégorielle envisage plusieurs types de personna- naires, on peut citer le Personality Disorder Questionnaire (PDQ)
lités pathologiques et s’inscrit dans la démarche nosologique de Hyler [5] et parmi les échelles, le Structured Clinical Interview
médicale. Elle consiste à rechercher si un sujet donné présente for DSM-III Personality Disorder (SCID II) de Spitzer et al. [6] .
ou non les caractéristiques d’un ou de plusieurs de ces types. Les données épidémiologiques concernant les troubles de la per-
La limite entre le normal et le pathologique est sous-tendue par sonnalité en population générale sont relativement homogènes
une notion de seuil. Le diagnostic positif nécessite ainsi un cer- en termes de prévalence avec une médiane de 10,56 % [7] .
tain nombre de critères. C’est cette approche qui a été utilisée Ce taux varie selon l’âge moyen de l’échantillon étudié. Maier
en pratique clinique dans les grandes classifications internatio- et al. [8] trouvent ainsi 12 % de troubles de la personnalité dans un
nales (CIM 10, DSM IV-TR). échantillon de moins de 40 ans, 7 % dans un échantillon de sujets
Si la version finale du DSM-5 a retenu l’approche catégorielle et de plus de 40 ans.
conservé les dix troubles de la personnalité du DSM IV dans sa par- Dans les populations de patients présentant un trouble syndro-
tie centrale, un modèle alternatif a été ajouté en annexe III. C’est mique de l’axe I, la prévalence est beaucoup plus élevée et varie
un modèle hybride qui favorise une approche à la fois dimen- entre 20 et 80 % des sujets [9] .
sionnelle et catégorielle afin d’engager de nouvelles recherches Les troubles de la personnalité coexistent fréquemment avec
sur le sujet. Cette approche propose d’évaluer à la fois les diffi- une autre pathologie psychiatrique comme les troubles de
cultés d’un individu dans le fonctionnement de sa personnalité l’humeur, les troubles anxieux, les conduites suicidaires ou les
ainsi que cinq domaines généraux de traits de personnalité patho- troubles liés à l’utilisation de substance.
logiques (le symptôme est coté selon une échelle d’intensité). L’élaboration du DSM-5 et les travaux de recherche qui lui ont
Les cinq grands domaines sont : l’affectivité négative, le détache- été associés ont permis de démontrer que la frontière entre les
ment, l’antagonisme, la désinhibition et le psychoticisme. Ainsi, troubles de la personnalité et les autres grands tableaux cliniques
dans l’élaboration de son diagnostic le clinicien évaluera le niveau était artificielle et qu’il n’existait pas de différence fondamentale
de fonctionnement de la personnalité (niveau minimal requis entre les troubles de l’axe I et ceux de l’axe II du DSM-IV.
d’altération d’intensité moyenne) et les traits de personnalité Le diagnostic de personnalité pathologique se porte unique-
jugés « problématiques ». ment en dehors d’un épisode psychiatrique symptomatique avéré
Les troubles de la personnalité apparaissent à la fin de quel qu’il soit.
l’adolescence, ils se caractérisent par des comportements durables Dans certains cas, la délimitation entre les traits de person-
et stables dans le temps indépendamment des situations aux- nalité et les manifestations symptomatiques d’une maladie est
quelles se trouvent confrontés les sujets [1] . délicate. Certaines personnalités pathologiques pourraient être
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Troubles de la personnalité 7-0180
Personnalité schizotypique
Cluster B
C’est Sandor Rado dans les années 1950 qui a introduit ce terme
pour définir une entité rattachée au spectre génotypique de la schi- Dans ce cluster, on trouve les personnalités présentant les
zophrénie. Pour nombre d’auteurs, la personnalité schizotypique troubles caractériels marqués par l’extraversion : personnalités his-
est une forme mineure de schizophrénie. trionique, narcissique, borderline et antisociale.
Épidémiologie
Personnalité histrionique
La prévalence du trouble de personnalité schizotypique serait
comprise entre 0,6 et 4 à 6 % de la population générale selon le La personnalité hystérique, appelée « histrionique » depuis le
DSM-5 [4] . DSM III, est un des concepts qui a subi le plus de modifications
dans les classifications internationales.
Description clinique (d’après le DSM-5 [4] )
• Croyance bizarre ou pensée magique influençant le comporte- Épidémiologie
ment. La prévalence de la personnalité histrionique est de 1,84 %
• Idées de référence. en population générale selon le DSM-5, sans prédominance de
• Perceptions inhabituelles, notamment illusions corporelles. sexe [4] . La prévalence serait de 10 à 15 % dans les institutions
• Idéation persécutoire ou méfiante. psychiatriques [25] .
• Pensées et langage bizarres.
Description clinique
• Vie affective pauvre ou inadéquate.
• Comportement ou aspect bizarre, excentrique ou singulier. Le trait essentiel est l’histrionisme ; l’histrion dans la Rome
• Absence d’amis proches ou de confidents en dehors des parents antique était le comédien. Les sujets histrioniques cherchent de
du premier degré. manière constante à attirer l’attention, plaire, ou séduire. Sont
• Anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand observées une théâtralité de la présentation et une hyperexpres-
le sujet se familiarise avec la situation et qui est associée à des sivité. La suggestibilité est souvent forte, évoquant la plasticité
craintes persécutoires. affective de la personne soucieuse d’emporter l’adhésion d’autrui.
Une certaine superficialité des affects peut exister. L’avidité et la
Lien entre schizotypie et schizophrénie dépendance affective sont majeures, facilitant les relations inter-
D’après certaines études, il semblerait qu’il existe un lien personnelles qui restent cependant superficielles et sujettes à des
génétique entre schizophrénie et schizotypie [20, 21] . Le risque de manifestations spectaculaires.
schizotypie est augmenté chez les apparentés de premier degré Chez l’homme, le fonctionnement histrionique se manifeste
de sujets souffrant de schizophrénie [22] , tout comme le risque de dans des conduites donjuanesques ou héroïques. Parfois le diag-
schizophrénie chez les apparentés de sujets schizotypiques [22, 23] . nostic est plus difficile, les traits de personnalité étant masqués
par une impulsivité, des conduites à risque ou une alcoolodépen-
Approches thérapeutiques dance.
Approche psychothérapique. Il n’existe aucune étude
contrôlée sur l’efficacité des psychothérapies chez les patients Complications évolutives
ayant une personnalité schizotypique. Le thérapeute devra L’évolution est variable, certains traits peuvent être atténués
cependant aider le patient à différencier progressivement les avec l’âge.
fantasmes de la réalité [1] . Le sujet histrionique a plutôt une bonne intégration profession-
Approche pharmacologique. Il existe peu d’études cliniques nelle. Du point de vue affectif, selon l’étude de Braccini et al. [26] la
se centrant spécifiquement sur les troubles de personnalité de type personnalité histrionique est plus souvent mariée que les autres,
schizotypique. Les faibles posologies de neuroleptiques classiques avec des perturbations de la vie conjugale et relationnelle.
(halopéridol) et atypiques (rispéridone) ont montré leur efficacité Toujours selon cette étude, les sujets présentant un trouble de
sur symptômes psychotiques et le fonctionnement global [24] . la personnalité histrionique ont davantage d’antécédents psy-
chiatriques et d’hospitalisation. Chez ces sujets, les troubles
anxieux, somatoformes et les tentatives de suicide sont plus
Personnalité schizoïde fréquents.
Epidémiologie L’évolution peut être marquée par :
Le DSM-5 rapporte une prévalence de 3,1 à 4,9 %, celle-ci serait • des épisodes dépressifs majeurs ;
plus élevée chez les hommes que chez les femmes [4] . • des abus de substances psychoactives (alcool, benzodiazé-
pines) ;
Description clinique • des troubles anxieux (trouble panique, agoraphobie) ;
Selon le DSM-5 [4] , la personnalité schizoïde se caractérise par un • des actes autoagressifs ;
mode général de détachement par rapport aux relations sociales • des somatisations souvent algiques et une hypocondrie.
et de restriction de la variété des expressions émotionnelles dans
les rapports avec autrui. Approches thérapeutiques
Le sujet présentant un trouble de la personnalité schizoïde est Approche psychothérapique. La psychothérapie demeure la
indifférent à développer des relations affectives et n’a donc pas base de la prise en charge. La thérapie cognitivocomportementale
d’amis proches. Il est solitaire, introverti, n’a que peu de centres a un intérêt dans la prise en charge de ces patients, alors que la
d’intérêt et évite tout contact social. Il est tourné vers des activi- thérapie analytique n’est accessible qu’à un petit nombre d’entre
tés intellectuelles abstraites et solitaires. Indifférent aux critiques eux [1] .
d’autrui, le contact peut sembler froid et distant. Approche pharmacologique. La personnalité histrionique
n’a pas fait l’objet d’études pharmacologiques spécifiques. Les
Complications évolutives antidépresseurs sont indiqués devant tout épisode dépressif secon-
Les traits de personnalité demeurent généralement stables dans daire. La prescription d’anxiolytiques sera précautionneuse en
le temps et évoluent rarement vers une schizophrénie. raison du risque de pharmacodépendance.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Troubles de la personnalité 7-0180
Ces qualifications témoignent du fonctionnement de surface de retrouvent l’émoussement de certaines manifestations telles que
ces individus donnant l’illusion de la normalité masquant une l’impulsivité ou les passages à l’acte répétés [49] .
grande fragilité des assises narcissiques.
Depuis la fin des années 1970 et les travaux de nombreux Approches thérapeutiques
auteurs (Kernberg, Millon...) ont pu être élaborés les critères fon- Approche psychothérapique. La psychothérapie, quelle
damentaux de ce trouble de la personnalité dénommée borderline qu’en soit l’orientation, est la pierre angulaire de la prise en charge,
pour le DSM et émotionnellement labile pour la CIM. complétée si besoin par un traitement médicamenteux sympto-
matique [43, 46, 50] .
Épidémiologie Quatre types de psychothérapie ont montré leur intérêt dans
La prévalence de la personnalité borderline en population géné- la prise en charge des patients borderline : la psychothérapie de
rale varie dans la littérature entre 0,5 et 5,9 % [42] et se répartirait soutien, la thérapie comportementale et dialectique (TCD), la
de manière égale chez les hommes et les femmes [43] bien qu’il soit thérapie basée sur la mentalisation (prise en charge à la fois indi-
plus diagnostiqué chez les femmes. viduelle et de groupe centrée sur la capacité du patient à penser
En population clinique, la prévalence de la personnalité bor- ses expériences et celles des autres) et la psychothérapie centrée
derline est de plus de 20 % et se classe parmi les troubles de la sur le transfert (psychothérapie d’inspiration analytique basée sur
personnalité les plus diagnostiqués [44] (entre 18 et 42,7 %). l’interprétation des mécanismes de défense dans le transfert) [50] .
Pour Gross et al., on trouve chez ces patients un taux de troubles Par rapport aux prises en charge classiques, elles permettent
bipolaires de 21,4 %, un taux d’épisodes dépressifs caractérisés une diminution de 80 à 90 % des hospitalisations, des passages
de 35,7 % et de troubles anxieux de 57,1 % [45] . Les troubles du aux urgences ou des prescriptions médicamenteuses. Les automu-
comportement alimentaire et les troubles somatoformes seraient tilations et tentatives de suicide seraient diminuées de moitié [50] .
aussi régulièrement associés [46] . On soulignera l’importance des Il semble que leurs bénéfices perdurent dans le temps.
antécédents traumatiques dans la genèse du trouble, ainsi pour Des conseils simples, issus de ces psychothérapies, sont utiles
Zanarini et al. 90 % des patients auraient été victimes d’abus dans en pratique pour tout professionnel de santé s’occupant de ces
l’enfance et/ou de négligence émotionnelle avant 18 ans [47] . patients.
Par exemple, il est important d’associer la famille aux soins,
Description clinique
de montrer son empathie au patient et de discuter du diagnostic,
Le tableau clinique est riche et polymorphe, aucune manifes-
d’élaborer des stratégies en cas de situations stressantes, de propo-
tation n’étant pathognomonique du trouble. La diversité et la
ser des groupes de paroles ou de souligner l’intérêt d’une bonne
labilité des symptômes chez un même sujet peuvent faire évoquer
hygiène de vie (sommeil, alimentation).
le diagnostic.
Dans cette prise en charge complexe, il sera important de dési-
La personnalité borderline est caractérisée par « un mode général
gner un médecin qui coordonnera les soins.
d’instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et
Approche pharmacologique. Selon la méta-analyse
des affects avec une impulsivité marquée qui apparaît au début de
d’Ingenhoven et al. [51] , les antidépresseurs n’ont pas mon-
l’âge adulte et qui est présent dans des contextes divers » [4] .
tré leur efficacité sur l’humeur dépressive et l’impulsivité. Leur
Les perturbations des relations interpersonnelles sont souvent
impact thérapeutique ne serait que faible dans les symptômes
majeures. Le mode de relation instable conduit à des relations
tels que l’anxiété ou la colère. De plus, le fonctionnement global
chaotiques, tumultueuses et conflictuelles. Les rapports avec
des patients ne se verrait pas amélioré avec la prescription
l’autre oscillent entre des positions extrêmes d’idéalisation et de
d’antidépresseurs (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la
dévalorisation. Le sujet borderline projette d’importantes attentes
sérotonine [ISRS], tricycliques).
affectives, mais la proximité avec autrui peut rapidement s’avérer
Toujours selon cette étude, les antipsychotiques de première
menaçante et conduire à un rejet brutal.
et de deuxième génération amélioreraient les symptômes d’allure
Dans ces moments de rejet ou à l’inverse dans les moments de
psychotique et de dysrégulation émotionnelle (labilité émotion-
menace d’abandon, il éprouve de grandes difficultés à se retrouver
nelle, colères intenses et inappropriées, sautes d’humeur, etc.).
seul, ce qui le conduit à éviter le plus possible les séparations (par
L’aripiprazole aurait un impact sur l’impulsivité.
exemple, avec des menaces suicidaires ou des automutilations).
Les thymorégulateurs auraient un effet intéressant sur des
L’impulsivité, plus ou moins marquée, se traduit dans des
symptômes tels que l’impulsivité, la colère et l’anxiété, ainsi
gestes autoagressifs ou suicidaires, une consommation d’alcool et
qu’un effet modéré sur l’humeur dépressive. Ils amélioreraient
de toxiques, des épisodes boulimiques ou encore des conduites
davantage que les autres classes thérapeutiques le fonctionnement
sexuelles à risque. Le passage à l’acte témoigne également de
global des patients.
l’incapacité à gérer le sentiment de vide intérieur, source d’une
En résumé, les prescriptions de psychotropes chez les patients
angoisse extrême. Cette intolérance à l’angoisse témoigne de
borderline se feront en parallèle du traitement psychothérapeu-
la fragilité des assises narcissiques. Qu’elle soit aiguë ou dif-
tique, si possible par un clinicien différent du psychothérapeute,
fuse, l’angoisse occupe une place centrale dans les manifestations
à condition que la prise en charge se fasse en étroite collaboration
impulsives.
entre les différents intervenants afin de limiter le clivage inhérent
L’instabilité des représentations de soi et d’autrui s’exprime par
à ce que le patient est capable d’induire [1] .
des questionnements concernant l’identité sexuelle et l’image de
soi, l’incertitude concernant les choix et les valeurs, des difficultés
à distinguer ses pensées et ses sentiments de ceux des autres. Il Cluster C
peut exister des épisodes psychotiques brefs rapidement résolutifs,
notamment en cas de situations stressantes. Ce cluster regroupe les personnalités évitante, dépendante et
obsessionnelle-compulsive.
Complications évolutives
L’évolution est marquée par un mode de vie chaotique résultant
des conséquences de l’impulsivité : abus de substance, conduites Personnalité dépendante
à risque et actes médicolégaux parfois. La personnalité dépendante est un trouble de la personnalité
Le risque de passage à l’acte impulsif suicidaire est important dont l’individuation est relativement récente et apparaît avec le
et le suicide touche environ 10 % des patients ayant une per- DSM III en 1980.
sonnalité borderline. La « dépressivité » est un mode d’évolution Auparavant, ces personnalités étaient englobées dans les
fréquent, mais à différencier d’authentiques épisodes dépressifs personnalités passives-orales [52] et les personnalités passives-
plus durables. dépendantes [53] .
Il peut exister des attaques de panique avec déréalisation, voire La validité même du concept de personnalité dépendante
des épisodes psychotiques brefs. est remise en cause par certains auteurs qui soulignent sa co-
À noter que plusieurs études longitudinales se sont intéressées occurrence avec les personnalités limites et évitantes. Les traits
au devenir de ces patients, leurs résultats sont hétérogènes. Si cer- de dépendance seraient de simples caractéristiques associées à ces
tains auteurs évoquent « la stabilité de l’instabilité » [48] , d’autres troubles de personnalité.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Troubles de la personnalité 7-0180
raison de multiples co-occurrences au sein des différents clus- [16] Sperry L. Handbook of diagnosis and treatment of DSM IV-TR perso-
ters. De nombreux auteurs soulignent l’importance de glisser de nality disorders. New York: Brunner-Routledge; 2003.
l’approche catégorielle actuelle vers une approche plus dimen- [17] Kretschmer E. Paranoïa et sensibilité. Paris: PUF; 1963.
sionnelle. [18] Le Bihan P, Bénézech M. Personnalités paranoïaques. EMC –
Le DSM-5 a proposé en annexe III de son manuel une Psychiatrie 2010:1–11 [Article 37-490-F-10].
approche hybride (à la fois catégorielle et dimensionnelle) qui [19] Guelfi JD, Hanin B. Troubles de la personnalité. Les personnalités
ne retient plus que six troubles de la personnalité : les troubles de du « cluster A » de la classification du DSM IV. Ann Med Psychol
la personnalité borderline, obsessionnelle-compulsive, évitante, 2005;163:78–94.
schizotypique, narcissique et antisociale. Ce modèle alternatif a [20] Kendler KS, McGuire M, Gruenberg AM, O’Hare A, Spellman M,
Walsh D. The Roscommon family study. III. Schizophrenia-related
été inclus afin d’encourager de nouvelles études à utiliser cet outil
personality disorders in relatives. Arch Gen Psychiatry 1993;50:781–8.
dans l’évaluation de la personnalité et le diagnostic de ces troubles
[21] Asarnow RF, Nuechterlein KH, Fogelson D, Subotnik KL, Payne
en pratique clinique. Si le DSM IV mettait l’accent sur des caté- DA, Russel AT, et al. Schizophrenia and schizophrenia-spectrum
gories comportementales jugées rigides, la dernière version du personality disorders in the first-degree relatives of children with
manuel met en avant l’importance des « niveaux de déficience » schizophrenia: the UCLA family study. Arch Gen Psychiatry
du fonctionnement de la personnalité. 2001;58:581–8.
Les médecins de ville rencontrent fréquemment ces patients [22] Cadenhead KS, Braff DL. Endophenotyping schizotypy: a prelude
pour des motifs de consultations divers (pathologies somatiques, to genetic studies within the schizophrenia spectrum. Schizophr Res
abus de substance, troubles de l’humeur, difficultés profession- 2002;54:47–57.
nelles, etc.) et se heurtent à une prise en charge difficile du fait [23] Battaglia M, Bernardeschi L, Franchini L, Bellodi L, Smeraldi E. A
d’une alliance thérapeutique rendue délicate par l’existence même family study of schizotypal disorder. Schizophr Bull 1995;21:33–45.
des traits de personnalité pathologique. [24] Ripoll LH, Triebwasser J, Siever LJ. Evidence-based pharma-
Il a été vu que, en ce qui concerne l’approche thérapeutique, les cotherapy for personality disorders. Int J Neuropsychopharmacol
traitements médicamenteux doivent être pensés pour soulager des 2011;14:1257–88.
spectres symptomatiques plus que des catégories diagnostiques et [25] Martin RL, Yutzy SH. Somatoform disorders. In: Textbook of psychia-
que la prise en charge psychothérapeutique dans de nombreux try. Washington: American Psychiatric Press; 1994, p. 591–622.
cas est précieuse. [26] Braccini T, Bonhomme P, Robert PH, Darcourt G. La personnalité
L’APA espère que l’inclusion d’une nouvelle méthodologie dans histrionique selon le DSM III (étude informatisée sur 113 patients).
Psychol Med 1985;17:1715–21.
son manuel encouragera la recherche dans le diagnostic de ces
[27] Dhawan N, Kunik ME, Oldham J, Coverdale J. Prevalence and treat-
patients et contribuera à améliorer la compréhension des étiolo-
ment of narcissistic personality disorder in the community: a systematic
gies de ces troubles et de leur prise en charge. Ce seront les enjeux review. Compr Psychiatry 2010;51:333–9.
à venir de cette entité aux limites encore floues. [28] Guelfi JD, Logak Z. Personnalité narcissique. EMC – Psychiatrie
2012;9(3):1–11 [Article 37-490-H-10].
[29] Debray Q, Nollet D. Les personnalités pathologiques. In: Approche
Déclaration d’intérêts cognitive et thérapeutique. Paris: Masson; 1995.
[30] Haute Autorité de santé. Audition publique – prise en charge de la psy-
les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de liens d’intérêts chopathie. Rapport d’orientation. Mai 2006. www.psydoc-france.fr/
en relation avec cet article. conf&rm/conf/psychopathie/Psychopathie-Recommandations.pdf.
[31] Weissman MM, Myers JK. Psychiatric disorders in a US community.
Acta Psychiatr Scand 1980;62:99–111.
Références [32] Bland RE, Orn H, Newman SC. Lifetime prevalence of psychiatric
disorders in Edmonton. Acta Psychiatr Scand Suppl 1988;338:24–32.
[33] Robins LN, Regier DA. Psychiatric disorders in America. The ECA
[1] Guelfi JD, Hardy P. Les personnalités pathologiques. Paris: Lavoisier
Study. New York: Free Press; 1991.
Médecine Sciences; 2013.
[34] Bénézech M, Le Bihan P. Personnalité antisociale. EMC – Psychiatrie
[2] Azorin JM. Maladies et grands syndromes – trouble de la personnalité
2012;9(4):1–16 [Article 37-490-G-10].
(item 286). Faculté de médecine de Marseille, mai 2005.
[3] American Psychiatric Association. Manuel diagnostique et statistique [35] Kernberg O. Les troubles graves de la personnalité : stratégies psy-
des troubles mentaux (DSM IV-TR). Paris: Masson; 2003. chothérapeutiques. Paris: PUF; 2004.
[4] American Psychiatric Association. Manuel diagnostique et statistique [36] Reist C, Nakamura K, Sagart E, Sokolski KN, Fujimoto KA. Impul-
des troubles mentaux (DSM-5). Paris: Masson; 2015. sive aggressive behavior: open-label treatment with citalopram. J Clin
[5] Bouvard M. Questionnaires et échelles d’évaluation de la personnalité. Psychiatry 2003;64:81–5.
Paris: Masson; 2009. [37] Coccaro EF, Kavoussi RJ. Fluoxetine and impulsive aggressive
[6] Spitzer RL, Williams JB, Gibbon M, First MB. Structured clinical behavior in personality-disordered subjects. Arch Gen Psychiatry
interview for DSM III-R personality disorders. New York: New York 1997;54:1081–8.
State Psychiatric Institute; 1989. [38] Donovan SJ, Stewart JW, Nunes EV, Quitkin FM, Parides M, Daniel
[7] Lenzenweger MF. Epidemiology of personality disorders. Psychiatr W, et al. Divalproex treatment for youth with explosive temper and
Clin North Am 2008;31:395–403. mood lability: a double-blind, placebo-controlled cross-over design.
[8] Maier W, Lichtermann D, Klinger T, Heun R, Hallmayer J. Prevalences Am J Psychiatry 2000;157:818–20.
of personality disorders (DSM III-R) in the community. J Personal [39] Hollander E, Tracy KA, Swann AC, Coccaro EF, McElroy SL, Woz-
Disord 1992;6:187–96. niak P, et al. Divalproex in the treatment of impulsive aggression:
[9] Oldham JM, Skodol AE, Kellman HD, Hyler SE, Doidge N, Rosnick efficacy in cluster B personality disorders. Neuropsychopharmacology
L, et al. Comorbidity of axis I and axis II disorders. Am J Psychiatry 2003;28:1186–97.
1995;152:571–8. [40] Deutsch H. Psychanalyse des névroses. Paris: Payot; 1970.
[10] Dolan B, Evans C, Norton K. Multiple axis II diagnoses of personality [41] Winnicott DW. Jeu et réalité. Paris: PUF; 1971.
disorder. Br J Psychiatry 1995;166:107–12. [42] Guelfi JD, Cailhol L, Robin M, Lamas C. États limites et personnalité
[11] Beck A. Cognitive therapy of personality disorders. New York: Guil- borderline. EMC – Psychiatrie 2011;8:1–14 [Article 37-395-A-10].
ford Press; 1990. [43] Leichsenring F, Leibing E, Kruse J, New AS, Leweke F. Borderline
[12] Eysenck HJ. The dynamics of anxiety and hysteria. London: Routedge personality disorder. Lancet 2011;377:74–84.
and Keegaan; 1957. [44] Zimmerman M, Chelminski I, Young D. The frequency of perso-
[13] Lantéri-Laura G, Gros M. La paranoïa. In: Postel J, Quétel C, editors. nality disorders in psychiatric patients. Psychiatr Clin North Am
Nouvelle histoire de la psychiatrie. Paris: Broché; 2004. 2008;31:405–20.
[14] Bernstein DP, Useda JD. Paranoid personality disorder. In: O’Donohue [45] Gross R, Olfson M, Gameroff M, Shea S, Feder A, Fuentes M, et al.
W, Fowler KA, Lilienfeld SO, editors. Personality disorders: toward Borderline personality disorder in primary care. Arch Intern Med
the DSM-5. Thousand Oaks California (CA): Sage Publication; 2007. 2002;162:53–60.
[15] Bernstein DP, Useda JD, Siever LJ. Paranoid personality disorder: [46] Lenzenweger MF, Lane M, Loranger AW, Kessler RC. DSM-IV perso-
review of the literature and recommendations for DSM IV. J Personal nality disorders in the National Comorbidity Survey Replication. Biol
Disord 1993;7:53–62. Psychiatry 2007;62:553–64.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Troubles de la personnalité 7-0180
[47] Zanarini MC, Yong L, Frankenburg FR, Hennen J, Reich DB, Marino [52] Abraham K. Esquisse d’une histoire du développement de la
MF, et al. Severity of reported childhood sexual abuse and its libido basée sur la psychanalyse des troubles mentaux (1924).
relationship to severity of borderline psychopathology and psycho- In: Œuvres completes (t. II): 1913–1925, Paris: Payot; 1966,
social impairment among borderline inpatients. J Nerv Ment Dis p. 255–313.
2002;190:381–7. [53] Menninger KA. The human mind. New York: Alfred A Knopf;
[48] Skodol AE. Longitudinal course and outcome of personality disorders. 1945.
Psychiatr Clin North Am 2008;31:495–503. [54] Loranger AW, Sartorius N, Andreoli A, Berger P, Buchheim
[49] Lenzenweger MF, Johnson MD, Willet JB. Individual growth curve P, Channabasavanna SM, et al. The international persona-
analysis illuminates stability and change in personality disorder fea- lity disorder examination. The world health organization/alcohol,
tures: the longitudinal study of personality disorders. Arch Gen drug abuse, and mental health administration international pilot
Psychiatry 2004;61:1015–24. study of personality disorders. Arch Gen Psychiatry 1994;51:
[50] Gunderson JG. Clinical practice. Borderline personality disorder. N 215–24.
Engl J Med 2011;364:2037–42. [55] Fahlén T. Personality traits in social phobia. II: changes during drug
[51] Ingenhoven T, Lafay P, Rinne T, Passchier J, Duivenvoorden H. treatment. J Clin Psychiatry 1995;56:569–73.
Effectiveness of pharmacotherapy for severe personality disorders: [56] De Girolamo G, Reich JH. Personality disorders. Genev: WHO;
meta-analyses of randomized controlled trials. J Clin Psychiatry 1993.
2010;71:14–25. [57] Canguilhem G. Le normal et le pathologique. Paris: PUF; 1979.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Iribarnegaray S, Pasquier de Franclieu S. Troubles de la personnalité. EMC - Traité de Médecine Akos
2016;11(2):1-9 [Article 7-0180].
1 autoévaluation
Cliquez ici
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 02/10/2019 par UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX (14200). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.