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États dépressifs à l’adolescence


O. Bonnot

L’adolescence est une période de vulnérabilité sur le plan psychologique et biologique pour la dépression,
dont la prévalence est estimée à environ 5 %. La dépression de l’adolescent est marquée par l’existence de
formes familiales, un risque important de rechute à l’âge adulte, un risque suicidaire et des risques
évolutifs vers d’autres pathologies mentales, en particulier les troubles bipolaires. Les données
épidémiologiques récentes sont présentées et commentées. Cette pathologie à fort retentissement
scolaire et social est notoirement sous-diagnostiquée en raison de la variabilité des présentations cliniques
et de leur méconnaissance par les praticiens. Les facteurs de risque incluent des facteurs sociaux et
économiques, des influences génétiques et le fonctionnement psychique du sujet, en particulier les
remaniements conflictuels qui marquent l’adolescence. Les prises en charge font une place
prépondérante aux psychothérapies même si les traitements médicamenteux ont également une place
importante. Les risques de suicides doivent toujours être évalués.
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Mots clés : Dépression ; Adolescence ; Épidémiologie ; Antidépresseur sérotoninergique ; Puberté

Plan La dépression est considérée par certains travaux prospectifs


comme devant devenir d’ici à 2020 la deuxième cause mondiale
de maladie [1]. La prévalence ponctuelle de la dépression chez
¶ Introduction : contexte psychosocial et données
l’adolescent est de 0,4 % à 8,3 % selon les études, le chiffre
épidémiologiques 1
communément admis est de 5 % de la population générale
¶ Aspects cliniques et psychopathologiques 2 durant cette période de la vie, elle n’est que de 1 % chez
Liens entre adolescence et dépression. Difficulté diagnostique l’enfant prépubère [2]. La prévalence des dysthymies est, quant
spécifique 2 à elle, estimée entre 1,6 % et 8 % [3]. Si dans l’enfance, la
Formes cliniques des dépressions de l’adolescent 2 dépression touche autant les garçons que les filles, à l’adoles-
¶ Comorbidités 4 cence, les filles sont plus souvent atteintes, le sex ratio est de
¶ Évaluation. Moyens du diagnostic 4 2/1 [4]. On évoque classiquement une augmentation séculaire de
la dépression qui indique que les sujets nés après 1945 présen-
¶ Facteurs de risques et évolution 4
tent plus souvent une pathologie dépressive.
Facteurs de risques 4
Si le suicide n’est pas superposable à la dépression, il fait
Évolution 5
néanmoins partie du risque évolutif de tout épisode dépressif.
¶ Traitement et prise en charge 5 On estime que les troubles psychopathologiques en lien avec le
Traitement médicamenteux 5 suicide sont pour 70 % des cas la dépression, 15 % les psychoses
Place des psychothérapies 6 et 2 % l’alcool [5]. Le suicide est la deuxième cause de décès chez
les jeunes de 15 à 24 ans, ce qui correspond à 800 victimes par
an, 15,2 cas pour 100 000 garçons et 4,6 cas pour 100 000
filles [6]. Ce chiffre est stable depuis 1980 après avoir augmenté
■ Introduction : contexte durant la période 1960-1975 [6].
Les tentatives de suicide (TS) ne sont pas systématiquement
psychosocial et données relevées, ce qui fait que les données sont probablement sous-
épidémiologiques évaluées. Les rares enquêtes en population montrent qu’aux
États-Unis entre 7 % et 9 % des lycéens déclarent avoir fait au
La période de l’adolescence est définie par l’âge biologique et moins une tentative de suicide durant la vie [7], proportions
la réalité sociale. Son début est fixé par l’âge moyen de la proches de celles observées en France [6], où 7 % des scolarisés
puberté qui ne cesse de diminuer puisqu’il est aujourd’hui 11-19 ans déclarent avoir fait une tentative de suicide (5 % une
proche de 12 ans alors qu’il était de 17 ans à la fin du XIXe siè- seule, 2 % plusieurs). Ce taux est multiplié par deux parmi les
cle. Sa fin est marquée par l’insertion socioprofessionnelle qui jeunes, garçons comme filles, qui ont quitté précocement le
est, dans les pays occidentaux, de plus en plus tardive. L’Orga- système scolaire [8].
nisation mondiale de la santé (OMS) retient donc comme La tentative de suicide est plus fréquente parmi les filles que
définition une période adolescente s’étendant de 11 à 24 ans et parmi les garçons (sex ratio 2,1/1), la prise de médicaments et
les différents travaux récents de recherche épidémiologique la phlébotomie sont les moyens les plus utilisés et près d’un
utilisent cette définition. tiers des suicidants récidivent. La récidive est plus fréquente

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chez les garçons et les facteurs de risques en sont le chômage, visibles vont le contraindre à renoncer et à perdre la bisexualité
les redoublements, les conduites addictives, la vie dans une potentielle. Ces transformations rendent possible l’acte sexuel,
famille monoparentale ou recomposée. En France, on estime l’inceste fantasmé pendant l’enfance devient potentiellement
que le rapport TS/suicide serait proche de 22 pour les garçons réalisable. La réactivation œdipienne que cela implique va
et de 160 pour les filles [6]. nécessiter une mise à distance des objets œdipiens par le
En ce qui concerne les idées suicidaires (IS) elles sont un déplacement de son désir sur d’autres objets. Cette recherche,
symptôme fréquent d’état dépressif majeur (EDM). Une enquête souvent avide, d’une dimension objectale renouvelée va per-
américaine révélait en 1991 que 26 % des garçons et 41 % des mettre de s’ouvrir aux sollicitations externes et d’acquérir son
filles de 15 à 19 ans en avait eu dans les 12 derniers mois [9], identité propre et définitive. Ce travail psychique s’accompagne
ces chiffres sont proches de ceux observés en France, ce qui de pulsions parfois agressives qui peuvent générer une culpabi-
donne un rapport TS/IS de 4. La moitié des adolescents suici- lité importante, rendant nécessaire la mise en place d’un
dants ont eu des idées suicidaires dans l’année précédant leur système défensif nouveau et parfois mal maîtrisé. En particulier,
acte. cela entraîne un remaniement entre investissement narcissique
et investissements objectaux. Le sujet devant mettre à distance
les images parentales pour gérer ses pulsions agressives et
rompre avec l’enfance, il va se produire un surinvestissement

“ Points importants
narcissique et un désinvestissement objectal qui peuvent
entraîner un repli sur lui-même dans une oscillation entre idée
de grandeur et sentiment de vide. Les mécanismes psychopa-
thologiques décrits sont proches de ceux de la dépression,
• Les dépressions à l’adolescence sont fréquentes, on
autour de la question du deuil, et l’adolescent peut donc
admet une prévalence de 5 %. ressentir des affects dépressifs d’intensité variable pouvant
• Les tentatives de suicides sont majoritairement le fait générer une véritable dépression.
des filles (phlébotomie ou intoxication médicamenteuse
volontaire), alors que les suicides réussis sont le fait des Formes cliniques des dépressions
garçons et correspondent à des actes plus violents de l’adolescent
(défenestration, pendaison).
• Un ou des antécédents de tentative de suicide sont un Les aspects cliniques et diagnostiques de la dépression chez
l’adolescent prennent donc en compte ces aspects psychopa-
facteur de risque de récidive majeur.
thologiques en décrivant, à côté d’une forme proche de celle de
• Les tentatives de suicide et les suicides ne sont pas
l’adulte, des formes cliniques spécifiques à l’adolescence qui
superposables à la dépression. nécessitent des prises en charge psychothérapeutiques ou
médicales. L’existence d’une forme adulte et de formes spécifi-
ques font l’objet d’une polémique. Certains auteurs ne prennent
pas en compte les dépressions masquées ou les équivalents
■ Aspects cliniques dépressifs. Dans les formes masquées, les plaintes somatiques
occupent souvent le devant de la scène (particulièrement les
et psychopathologiques céphalées, les troubles digestifs, ou des préoccupations corporel-
les qui peuvent aller jusqu’à la dysmorphophobie) ou les
Le diagnostic de dépression à l’adolescence n’est pas facile à équivalents dépressifs. Dans les équivalents dépressifs, on ne
poser en raison des réticences naturelles à s’exprimer durant retrouve pas les signes classiques de la dépression, mais unique-
cette période de la vie et aussi en raison des formes cliniques ment des troubles des conduites dont la fonction serait défen-
très variables que l’on retrouve. On peut estimer que 70 % des sive vis-à-vis des affects dépressifs. Nous présentons ici les
dépressions dans l’enfance et l’adolescence sont mal ou pas formes cliniques représentant un large consensus en France
diagnostiquées [10]. pour la dépression de l’adolescent.
Les critères classiques du Diagnostic and Statistical Manual of
Mental Disorders (DSM IV), de l’Association américaine de Menace dépressive
psychiatrie [11] ou de la Classification internationale des Il s’agit d’une forme typiquement en rapport avec une
maladies mentales (CIM 10e version, OMS [12]) s’appliquent à problématique adolescente. En effet, Braconnier [13] évoque
l’adolescence, mais sont rarement retrouvés totalement au l’existence d’un conflit entre, d’une part, la séparation d’avec les
premier abord et les signes d’appels sont souvent trompeurs. objets parentaux et, d’autre part, la liaison nouvelle avec un
objet sexuel. Le Moi du sujet adolescent est alors en danger et
Liens entre adolescence et dépression. perçoit un sentiment de débordement. Cela conduit à une
sensation d’impuissance et de renoncement. Le risque dépressif
Difficulté diagnostique spécifique est alors patent. La symptomatologie est en rapport puisque l’on
La problématique clinique essentielle est en rapport avec la retrouve :
psychopathologie du processus d’adolescence et ses liens • l’apparition rapidement progressive d’une terreur, d’être
naturels avec la dépression. En effet, la puberté fait vivre à envahi par la tristesse, les idées suicidaires et le désespoir ;
l’adolescent des changements majeurs dans son corps qui vont • une symptomatologie neurovégétative floride en rapport avec
aboutir à une nouvelle identité corporelle et psychique qui l’anxiété (palpitation, trouble digestif, dyspnée...) ;
constitue une rupture brutale avec l’enfance. L’appropriation de • des insomnies d’endormissement ;
cette nouvelle identité par le sujet, ainsi que sa reconnaissance • une irritabilité ;
par l’environnement constituent l’enjeu central de l’adoles- • des idées d’indignité et d’autoaccusation.
cence. La vulnérabilité à la pathologie dépressive que retrouvent On considère classiquement que des troubles névrotiques
les travaux épidémiologiques durant cette période est en lien dans l’enfance sont un facteur qui favorise l’émergence d’une
avec le travail psychique de deuil et le sentiment de perte qui telle symptomatologie. L’évolution n’est pas nécessairement
mobilisent l’adolescent. Celui-ci fait schématiquement face à dépressive, mais elle impose une prise en charge psychiatrique
une triple perte. ambulatoire.
On observe une perte de la quiétude corporelle infantile que va
interrompre la poussée pubertaire qui modifie le corps et
Dépression d’infériorité
réactive la pulsion sexuelle assoupie durant la période de Décrite par Ferrari et Braconnier [14] elle est favorisée par la
latence. Les modifications entraînent naturellement une perte de fragilité de l’identité et de l’estime de soi des adolescents. On
la stabilité de l’image corporelle. Si l’enfant a un sentiment observe alors une dévalorisation esthétique ou intellectuelle,
d’omnipotence, les caractères sexuels secondaires apparus et une timidité excessive, des préoccupations corporelles pouvant

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aller jusqu’à la dysmorphophobie, un désinvestissement des Tableau 1.


activités habituelles, ainsi que le sentiment d’être « mal aimé ». Données indicatives des fréquences des symptômes d’épisodes dépressifs
Une réaction défensive mégalomaniaque à ces symptômes n’est majeurs (EDM) chez les adolescents filles et garçons, d’après Roberts et
pas rare. al., 1995 et Birmaher et al., 1996 [2, 15].
Symptômes Filles Garçons
Dépression d’abandon (en % de fréquence) (en % de fréquence)
Il s’agit d’une pathologie grave se rapprochant des patholo- Humeur dépressive 96,7 100 %
gies limites. Elle impose une prise en charge psychiatrique et Anhédonie 76,7 78,6
son pronostic est souvent péjoratif à long terme. Le rapproche- Trouble de l’appétit (±) 70/20 50/28
ment des troubles limites est justifié par l’idée que ce type de Perturbation du poids (±) 40/20 42/28,6
symptomatologie est marqué par le passage à l’acte hétéro- ou Hypersomnie 46,7 42,9
autoagressif qui se met en place pour éviter d’être confronté aux
Insomnie 56,7/46,7/26,7 50/21,4/7,1
affects dépressifs. On retrouve un sentiment de vide, d’abandon
(début/milieu/fin)
et d’angoisse associés à des passages à l’acte. Les mécanismes de
Agitation 53,3 35,7
défense sont de l’ordre du déni et du clivage, ce qui signe la
gravité des processus métapsychologiques mis en place. L’hypo- Culpabilité 36,7 14,3
thèse majeure sur le plan psychopathologique est celle d’une Difficultés de concentra- 76,7 71,4
reviviscence de sentiment d’abandon survenu précocement dans tion
l’enfance entre un an et demi et trois ans. On peut également Indécision 53,3 50
observer cela lors de relation trop symbiotique entre la mère et Pensées suicidaires 53,3 57,1
l’enfant. En tout état de cause, l’adolescence, comme second Planification suicidaire 20 35,7
processus de séparation, réactive ces angoisses. Tentative de suicide 10 18,6

État dépressif majeur


C’est la forme la plus proche de la forme adulte, elle est
définie [11, 12] par l’existence d’au moins cinq des neuf symptô-
mes suivants pendant une période de 2 semaines et peut
représenter un changement par rapport au fonctionnement
“ Point important
antérieur. Les deux premiers symptômes doivent être présents : Outre les symptômes classiques de la dépression adulte
• humeur dépressive pratiquement toute la journée, presque que sont l’humeur dépressive, l’anhédonie, l’insomnie ou
tous les jours, signalée par le sujet ou observée par les autres ; les troubles de l’appétit, on observe une forte proportion
éventuellement, irritabilité chez l’enfant et l’adolescent ; de l’agitation qui peut apparaître au premier plan et
• diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou rendre le diagnostic difficile. En effet, il n’est pas rare que
presque toutes les activités pratiquement toute la journée,
l’agitation associée à des troubles du comportement
presque tous les jours, signalée par le sujet ou observée par les
divers oriente plutôt vers une prise en charge de type
autres ;
• perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime éducative qui risque d’omettre les aspects psychologiques
(ex. : modification de 5 % en un mois) ; et donc méconnaître la dépression.
• insomnie ou hypersomnie presque tous les jours ;
• agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les encore peu clairs [16]. Les symptômes des deux pathologies sont
jours ; les mêmes, seuls diffèrent sévérité et durée (symptômes modérés
• fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours ; évoluant depuis un an). Les profils des patients et leurs évolu-
• sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou tions sont très proches, des études récentes n’arrivent pas à les
inappropriée presque tous les jours ; distinguer statistiquement.
• diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou
indécision presque tous les jours, signalée par le sujet ou Dépression unipolaire
observée par les autres ; Longtemps considérés comme des pathologies de l’adulte, les
• pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de troubles bipolaires peuvent débuter à l’adolescence. Des résultats
mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou convergents de travaux épidémiologiques montrent que pour
tentative de suicide ou plan précis pour se suicider. 20 % à 40 % des adultes présentant un trouble bipolaire, on
Les symptômes ne doivent pas répondre aux critères d’épi- retrouve un début durant l’adolescence [17]. Il s’agit d’un trouble
sode mixte, ils doivent induire une souffrance cliniquement assez fréquent avant 18 ans, puisque l’on estime sa fréquence à
significative ou une altération du fonctionnement social, un peu moins de 1 % [18] ; il est notoirement sous-diagnostiqué
professionnel ou dans d’autres domaines importants. Ils ne durant cette période, sa connaissance est donc importante.
doivent pas être en rapport avec les effets physiologiques directs Cliniquement, le début est classiquement brutal sans cause
d’une substance ou d’une affection médicale. En outre, les déclenchante évidente. Ses symptômes sont ceux d’un état
symptômes ne doivent pas être mieux expliqués par un deuil, dépressif majeur (EDM), mais on note que la tristesse exprimée
c’est-à-dire, après la mort d’un être cher. De plus, les symptômes fait souvent place à l’irritabilité et à l’impulsivité et que les
dépressifs doivent être persistants pendant plus de deux mois ou plaintes somatiques sont nombreuses et au premier plan. Les
s’accompagner d’une altération marquée du fonctionnement, de idées suicidaires sont fréquentes, ainsi que les hallucinations
préoccupations morbides de dévalorisation, d’idées suicidaires, acousticoverbales, souvent cachées par le patient, qu’il faut
de symptômes psychotiques ou d’un ralentissement toujours rechercher. Il peut exister également des idées déliran-
psychomoteur. tes de culpabilité faisant craindre une dimension mélancolique
Les symptômes sont retrouvés avec une fréquence variable selon pour laquelle le risque suicidaire est plus important. Sa prise en
le sexe, les données sont données à titre indicatif dans le Tableau 1 charge médicamenteuse nécessite un traitement thymorégula-
d’après Roberts et al., 1995 et Birmaher et al., 1996 [2, 15]. teur car les antidépresseurs seuls peuvent provoquer des virages
maniaques. Une hospitalisation est souvent nécessaire.
D’une façon générale, le diagnostic est difficile, il est donc
Dysthymie
important de s’intéresser aux antécédents du sujet et en
Sa fréquence est comparable à celle de la dépression à particulier aux aspects prémorbides de sa personnalité. Pour de
l’adolescence et elle représente un facteur de risque d’évolution nombreux auteurs, en effet, le tempérament cyclothymique-
vers un EDM. Les liens entre dysthymie et dépression sont hypersensitif est prédictif d’un trouble bipolaire à l’adolescence,

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il est marqué par une hypersensibilité affective, des décharges


émotionnelles mal contrôlées, se traduisant par des accès de
■ Facteurs de risques et évolution
rage ou d’énervement [18, 19].
Facteurs de risques
Les études chez l’adulte, chez l’enfant [21] et chez l’adoles-
■ Comorbidités cent [24] ont montré l’importance des formes familiales de
dépression. On observe que plus l’âge de début est précoce et
L’association d’une pathologie à un EDM est plus fréquente
plus les formes sont familiales [24]. Les enfants de parents ayant
à l’adolescence qu’à l’âge adulte puisqu’elle est de 50 % à 70 %
des antécédents de dépression auraient, selon certaines études,
selon les études [20]. En particulier l’association à une dysthymie
est extrêmement fréquente puisqu’on la retrouve dans 70 % des un risque maximal d’apparition d’un EDM entre 15 et
cas. 20 ans [25].
L’existence de comorbidité est un facteur pronostique défa- Une dépression dans l’enfance est à risque de rechute et
vorable pour une durée d’évolution de la pathologie plus d’évolution vers la chronicité à l’adolescence dans 60 % à 80 %
longue, un retentissement psychosocial et scolaire plus grand, des cas selon des études prospectives sur de larges popula-
un risque de comportement suicidaire plus élevé, ainsi qu’une tions [21, 26]. Ces travaux permettent également de distinguer les
efficacité moins importante du traitement médicamenteux [21]. troubles de l’ajustement avec humeur dépressive, nouvelle
Les troubles anxieux, l’angoisse de séparation et les troubles appellation DSM IV des classiques troubles dépressifs réaction-
paniques ou phobiques qui sont des facteurs de risque connus nels, des troubles dépressifs majeurs. En effet, les premiers sont
de dépression sont associés à 40 % à 70 % des EDM et à 40 % à risque faible ou nul d’évolution vers une rechute ou la
des dysthymies [20]. Ils augmentent, dans l’ensemble, le risque chronicité alors que le risque est majeur pour les seconds. Une
de chronicité, mais pas celui de rechute. longue durée de l’épisode dépressif est associée à un risque plus
Les troubles du comportement et le trouble oppositionnel avec élevé de rechute [27].
provocation sont retrouvés dans une proportion très variable L’existence d’une dysthymie est un facteur de risque supplé-
allant de 20 % à 80 %. L’utilisation de produits psychoactifs est mentaire d’EDM chez un adolescent contrairement à la comor-
plus fréquente chez le garçon, elle se retrouve dans 20 % à 30 % bidité anxieuse et en particulier à l’existence d’anxiété de
des cas [22]. séparation dans les antécédents du sujet [21]. La durée moyenne
Les études concernant les troubles de la personnalité sont d’un épisode de dysthymie est cependant extrêmement longue,
contradictoires et retrouvent jusqu’à 60 % de personnalités les travaux retrouvent presque 4 ans [21].
pathologiques. Chez l’adolescent, en particulier avant 15 ans, la
L’existence de signes d’humeur dysphorique et de deux des
notion de personnalité fixée est discutable et les données
signes majeurs de dépression durant 2 semaines, ce que les
cliniques dimensionnelles sont probablement plus pertinentes à
Américains appellent une dépression mineure, est un facteur de
rechercher.
risque également [28].
Concernant les troubles du comportement alimentaire (TCA),
rappelons seulement que l’existence d’une dépression est de L’existence d’antécédent dépressif chez l’adolescent déprimé
pronostic péjoratif pour un TCA. n’est pourtant pas la règle en pratique clinique comme dans les
Les troubles somatiques sont un point important lorsque l’on études épidémiologiques. En effet, l’augmentation de la préva-
connaît la fréquence de ces symptômes comme point d’appel lence de la dépression avec l’âge rend statistiquement moins
ou motif de consultation dans la dépression à l’adolescence. probable l’existence d’antécédents dépressifs chez un adolescent
Il existe surtout des pathologies somatiques qui ont un risque alors même que l’existence de ceux-ci est un facteur de risque
élevé d’association à une dépression, ce sont classiquement important d’EDM.
l’asthme, les troubles digestifs organiques de toute forme et les Même si les liens entre trouble de l’hyperactivité avec ou sans
pathologies engageant le pronostic vital [23]. En outre, certains déficit attentionnel (THADA) sont controversés, l’existence d’un
traitements peuvent induire une dépression, en particulier les THADA est un facteur de risque de dépression comme le sont
corticoïdes, la théophylline [23]. également les troubles des conduites. Un récent travail, sur
150 sujets à risque de 9 ans et demi à 19 ans et demi, retrouve
qu’en plus des antécédents familiaux, l’existence de troubles du
■ Évaluation. Moyens du diagnostic comportement et de troubles anxieux chez la mère sont des
facteurs de risques importants de dépression à l’adolescence [29].
Le diagnostic de dépression est essentiellement clinique, en La littérature internationale retrouve également comme facteur
particulier à cet âge en raison de la variabilité des symptômes. de risque l’existence : d’addictions dans la famille, de troubles
Il peut être utile d’utiliser des entretiens standardisés fondés sur mentaux dans la famille, de support familial inapproprié
les critères du DSM IV [11] ou de l’International Classification of pendant l’adolescence, de difficultés socioéconomiques et d’une
Diseases (ICD) 10 [12]. Ces outils sont utiles pour les études mauvaise estime de soi par le sujet (pour une revue récente, voir
cliniques, la formation des praticiens pour recueillir des données le travail de Hoffmann et al., 2003 [30]).
psychopathologiques et développementales de façon exhaustive. Les facteurs psychosociaux sont souvent retrouvés chez les
Le principal instrument de ce type est le Schedule for Affective adolescents déprimés, en particulier des événements de vie
Disorders and Schizophrenia for School-Age Children (Kiddie-SADS) stressants, des familles séparées ou monoparentales, des difficul-
utilisable de 6 à 17 ans. tés scolaires, des traumatismes infantiles ; ils peuvent être
On utilise surtout des échelles d’évaluation dimensionnelle considérés comme des facteurs de risques [2].
qui permettent d’évaluer la sévérité de la pathologie. La plus
utilisée est une échelle d’autoévaluation, c’est-à-dire remplie par
le sujet, la Children Depression Inventory (CDI), utilisable de 7 à
17 ans, qui est une adaptation de la Beck Depression Inventory
destinée aux adultes, mais utilisable aussi chez l’adolescent de
11 à 18 ans. L’échelle d’hétéroévaluation la plus courante est la
“ Point fort
Children Depression Rating Scale-Revised (CDRS-R) qui est une
version adaptée de l’échelle d’Hamilton pour adulte (Hamilton Au total, l’existence d’antécédents personnels ou
Depression Rating Scale). familiaux de dépression, un épisode de dysthymie ou des
Sur un plan psychologique, les tests projectifs (Thematic signes mineurs de dépression sont des facteurs de risques
Apperception Test [TAT] et Rorschach) sont souvent utiles, en de dépression à l’adolescence associés à des facteurs
particulier en cas d’interrogation sur un trouble de la psychosociaux.
personnalité.

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Évolution considéré qu’il s’agissait de la même pathologie que chez


l’adulte. De plus, des raisons éthiques et légales rendent
La durée moyenne d’un épisode dépressif à l’adolescence est difficiles les études en double aveugle contre placebo. Il existe
de 32 à 36 semaines, les plus longues durées d’évolution se cependant quelques travaux concernant la fluoxétine, ainsi que
retrouvant généralement chez les adolescents dont les parents la paroxétine qui montrent une efficacité significative de ces
ont présenté des troubles de l’humeur [27]. produits par rapport au placebo et une étude contre un
Le retentissement scolaire (allongement de la scolarité ou tricyclique [34-36]. Notons qu’une étude de Simeon en 1990 a
interruption), ainsi que les perturbations dans les relations échoué à montrer l’efficacité de la fluoxétine et qu’une étude de
sociales et interpersonnelles semblent liés à la sévérité des Mandoki a échoué pour la venlafaxine : pour une revue com-
symptômes et plus marqués chez les jeunes filles [31]. plète, voir McClellan et al., 2003 [36]. Une étude française de
Rao et son équipe retrouvent que 69 % des adolescents Bracconier et al., 2003, montre une efficacité similaire entre
déprimés avaient au moins une fois rechuté sur le même mode paroxétine et clomipramine sans groupe contrôle [37].
dans les sept années suivantes et que 95 % des adolescents Des études plus anciennes évaluant les antidépresseurs
ayant fait une dépression à 17 ans rechutaient à l’âge adulte [31]. tricycliques ne montrent pas d’efficacité significativement
Ainsi, l’évolution vers un trouble de l’humeur à l’âge adulte supérieure contre le placebo, en particulier en raison d’un effet
est fréquente et celle vers d’autres troubles mentaux aussi [2]. important de ce dernier. Il est donc peu justifiable de les utiliser
On considère classiquement que l’évolution vers une patho- d’autant plus que leurs effets indésirables sont plus importants
logie unipolaire ou bipolaire de type I est de 19 % [18]. Ce risque et que les risques en cas de surdosage accidentel ou volontaire
évolutif se retrouve principalement en cas de début précoce, sont plus élevés [36].
d’importance des signes de ralentissement psychomoteur, de Une alternative non documentée aux inhibiteurs sélectifs de
l’existence de signes psychotiques, de troubles bipolaires dans la recapture de la sérotonine (ISRS), évaluée par des études contre
famille, d’antécédents personnels sévères de trouble de l’humeur placebo, est un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de
et de virage hypomaniaque sous traitement. la noradrénaline, la venlafaxine, qui a des propriétés similaires
sans effet anticholinergique, histaminique et alphadrénergique.
Les doses utilisées sont alors les mêmes que chez l’adulte.
L’objectif après la posologie initiale est de diminuer rapidement
“ Points importants le traitement afin d’obtenir la dose minimale efficace.
Rappelons que les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine
(IRS) se différencient par leur spécificité et leur potentiel
• L’existence d’une comorbidité avec les troubles du inhibiteur sans pour autant que ces caractéristiques aient une
comportement ou des conduites augmente le risque réelle traduction clinique connue. Le métabolisme des IRS est
d’évolution vers une personnalité antisociale [32]. hépatique par l’intermédiaire des isoenzymes du cytochrome
• L’existence d’antécédent personnel de dépression de P450. Il est possible que des interactions existent avec des
l’enfant ou d’antécédents familiaux est un facteur de médicaments utilisant la même voie métabolique, cette inhibi-
risque de dépression à l’adolescence. tion est plus importante avec la fluoxétine et la paroxétine
• La période adolescente est une période à risque en ce qu’avec la sertraline et la fluvoxamine.
qui concerne la dépression qui est la deuxième cause de Ces produits sont bien tolérés. On observe des effets indési-
mortalité à cet âge. rables dans 10 % à 30 % des cas chez l’adolescent. Ceux-ci sont
transitoires en début de traitement. Il s’agit de troubles digestifs
• L’évolution vers un trouble bipolaire de type 1 (proche
aspécifiques, de variation pondérale (diminution avec la
de 20 %) doit être connue. Il est également important
fluoxétine et augmentation avec la paroxétine en raison
d’évaluer le diagnostic différentiel d’une entrée dans la d’action spécifique sur des zones différentes du thalamus, centre
schizophrénie. de la satiété), d’irritabilité, d’insomnie, de sédation, de bouche
sèche et d’impatience motrice. Enfin, on décrit un syndrome
sérotoninergique imposant l’arrêt du traitement devant l’appa-
■ Traitement et prise en charge rition de fièvre, de syndrome confusionnel, voire d’un coma et
de crise d’épilepsie.
L’abord médicamenteux n’est jamais de première intention Seul un antidépresseur tricyclique, le Laroxyl® dispose de
chez l’adolescent avant 15 ans. Après, il ne peut être justifié l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’EDM chez
d’emblée que par la sévérité des symptômes ou le danger l’enfant de moins de 15 ans. D’autres produits sont utilisables
immédiat pour le sujet, par exemple en cas de risque suicidaire pour d’autres indications avant 15 ans, l’Anafranil® pour les
élevé. L’évaluation du risque suicidaire est un impératif devant énurésies ou la sertraline pour les troubles obsessionnels
toute dépression (cf. chapitre correspondant). compulsifs (TOC). Il est important d’en avertir les parents et
La reconnaissance des états dépressifs chez l’adolescent est l’adolescent.
particulièrement importante pour les médecins non psychiatres On considère qu’il faut essayer 10 semaines, en raison des
dans la mesure où ce sont souvent les services de soins géné- réponses tardives, puis modifier la posologie avant d’envisager
raux ou les services d’urgences qui sont sollicités en premier, un changement de molécule. Un ISRS est la règle désormais. En
voire exclusivement. Une étude finlandaise vaste et récente en cas d’échec de ces traitements antidépresseurs, certains auteurs
population générale indiquait que seuls 20 % des adolescents préconisent l’association de lithium. La recherche de signes de
ayant des idées suicidaires étaient adressés à un spécialiste en troubles bipolaires est importante, elle peut amener à prescrire
santé mentale et que seulement 8 % des sujets ayant fait une un thymorégulateur.
tentative de suicide avaient vu un psychiatre avant [33]. Ces dernières années, l’utilisation des antidépresseurs chez
Les symptômes sévères, les conflits exacerbés, le risque l’enfant et l’adolescent a donné lieu à une polémique. En effet,
suicidaire peuvent conduire à proposer, voire à imposer une il est apparu qu’en raison d’un très faible nombre d’études et de
hospitalisation qu’il faut toujours discuter. données non publiées par les laboratoires pharmaceutiques, le
Il est fondamental d’associer la famille de l’adolescent à sa risque de suicide avait été sous-estimé avec les inhibiteurs de la
prise en charge et d’informer l’adolescent à toutes les étapes de recapture de la sérotonine. Les données sur plus de 13 000
son traitement de façon à obtenir son adhésion, les difficultés patients faisaient état d’une augmentation du risque de suicide
liées à une compliance fluctuante étant fréquentes à cet âge. sous IRS (comparé au placebo) de 2,4 pour les TS et de
4,62 pour les suicides réussis [38, 39]. En 2003, la Food and Drug
Administration interdit l’utilisation des IRS chez l’enfant, à
Traitement médicamenteux l’exception de la fluoxétine. En effet, l’étude de Whittington,
Les traitements antidépresseurs ont été peu évalués en une méta-analyse des données publiées et non publiées [40], ne
psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Longtemps il a été montrait aucune augmentation significative du risque pour ce

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7-0354 ¶ États dépressifs à l’adolescence

seul IRS (les autres augmentaient le risque ou les données ne [3] Garrison CZ, Waller JL, Cuffe SP, McKeown RE, Addy CL,
permettaient pas de conclure). Dès lors, l’Agence française de Jackson KL. Incidence of major depressive disorder and dysthymia in
sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) rendait un avis young adolescents. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1997;36:
similaire, confirmé récemment (2008), qui consistait à promou- 458-65.
voir les psychothérapies pour le traitement de la dépression et [4] Mouren-Siméoni MC, Klein RG. Les dépressions chez l’enfant et
à déconseiller les IRS, à l’exception de la fluoxétine lorsque l’adolescent : faits et questions. Paris: Expansion Scientifique
cela est indispensable (http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/ Française; 1997.
indpoint.htm). L’efficacité des produits n’est pas en cause, seul est [5] Haut Comité de Santé Publique. La souffrance psychique des adoles-
mis en avant le risque suicidaire qui, nous le savons, fait partie de cents et des jeunes adultes. Paris: La Documentation Française; 2000.
la symptomatologie dépressive, particulièrement à l’adolescence. [6] Choquet M. Suicide et adolescence : acquis épidémiologique. Paris:
INSERM; 2000.
[7] Andrews JA. Suicidal attempts among older adolescents: prevalence
Place des psychothérapies and co-occurrence with psychiatric disorder. J Am Acad Child Adolesc
Psychiatry 1992;31:655-62.
La prise en charge psychothérapeutique est essentielle, y
[8] Choquet M, Iksil B. Jeunes en insertion : enquête CFI-PAQUE (dispo-
compris lorsqu’il y a une prescription médicamenteuse. On sait,
sitif 16-25 ans). Rapport de recherche. Paris: Direction Générale de la
en effet, que l’association psychothérapie et médicament est
Santé; 1994.
plus efficace que la prise de médicament seule. Les prises en
[9] Kandel D, Raveis VH, Davies M. Suicidal ideation in adolescence:
charge de ce type peuvent prendre plusieurs formes. depression, substance use, and other risk factors. J Youth Adolesc 1991;
Les psychothérapies d’inspiration psychanalytique sont les 20:289-310.
plus utilisées en France. Elles sont fondées sur la relation [10] National Institute of Mental Health. Blue print for change: research on
médecin-malade, l’écoute et utilisent le travail sur le transfert, child and adolescent mental health. Bethesda: National Institute of
c’est-à-dire le processus par lequel les désirs inconscients du Mental Health; 2001.
patient concernant les objets psychiques extérieurs viennent se [11] American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical manual
répéter sur la personne du thérapeute. Ces techniques de prise of Mental disorders (DSM-IV). Washington, DC: American Psychiatric
en charge sont très spécialisées et souvent très efficaces même Association; 1994.
si leur évaluation est difficile. [12] World Health Organisation. International classification of diseases.
Une autre technique du champ psychanalytique est utilisée Geneva: World Health Organisation; 1994.
chez l’adolescent, le psychodrame psychanalytique individuel [13] Braconnier A. L’angoisse, ses transformations, son traitement à l’ado-
théorisé en France, entre autres, par S. Lebovici et R. Diatkine. lescence. Ann Psychiatrie 1987;2:199-201.
Les adolescents bénéficient également de thérapie à médiation [14] Ferrari P, Braconnier A. La dépression d’infériorité chez l’adolescent.
corporelle qui vont de la relaxation aux techniques d’expression Rev Neuropsychiatr Infant 1976;24:319-23.
ou de médiation physique par le sport, en particulier. [15] Roberts E, Lewinsohn PM, Seeley JR. Symptoms of DSM III-R Major
Les thérapies comportementales, dites aussi cognitivocom- depression in adolescence: evidence from an epidemiological survey.
portementales, font l’objet d’une abondante littérature anglo- J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1995;34:1608-17.
saxonne. Ces techniques sont fondées sur l’existence chez le [16] Goodman SH, Schwab-Stone M, Lahey BB, Shaffer D, Jensen PS.
sujet de schémas comportementaux implicites perturbés dans la Major depression and dysthymia in children and adolescents: discrimi-
dépression que le thérapeute va rééduquer. Il s’agit de dévelop- nant validity and differential consequences in a community sample.
per l’autocontrôle et de limiter la culpabilité, de positiver les J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 2000;39:761-70.
procédures d’autoévaluation, d’améliorer les capacités d’interac- [17] Joyce PR.Age of onset in bipolar affective disorder and misdiagnosis as
tions sociales et de restructurer les schémas comportementaux. schizophrenia. Psychol Med 1994;14:145-9.
Les thérapies de groupes fonctionnent très efficacement chez [18] Rao U, Ryan ND, Birmaher B, Dahl RA, Williamson DE, Kaufman J,
l’adolescent, en particulier par l’effet de partage des questionne- et al. Unipolar depression in adolescents: clinical outcome in
ments et des difficultés, mais aussi par la possibilité d’évoquer adulthood. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1995;34:566-78.
ses difficultés par l’intermédiaire des autres participants. [19] Geller B, Luby J. Child and adolescent bipolar disorder: a review of the
Enfin, les thérapies familiales, quand elles sont possibles, sont past 10 years. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1997;36:
souvent utiles dans de nombreux cas et pas uniquement en cas 1168-76.
de conflits familiaux patents. [20] Angold A, Costello EJ. Depressive comorbidity in children and
adolescents: empirical, theoretical and methodological issues. Am
J Psychiatry 1993;150:1779-91.
[21] Kovacs M, Gatsonis C, Paulauskas SL, Richards C. A controlled family
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referred adolescents. Aust N Z J Psychiatry 1994;26:106-13.
La prise en charge d’une dépression à l’adolescence est [23] Benett DS. Depression among children with chronic medical problems.
avant tout psychothérapeutique. En cas d’inefficacité de la J Pediatr Psychol 1994;19:149-69.
psychothérapie conduite convenablement, on peut [24] Williamson DE, Ryan ND, Birmaher B. A case control family history
envisager un traitement médicamenteux. Les study of depression in adolescents. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry
recommandations françaises et européennes conduisent à 1995;34:1596-607.
proposer un inhibiteur de la recapture de la sérotonine, [25] Weissman MM, Warner V, Wickramaratne P, Moreau D, Olfson M.
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O. Bonnot, Praticien hospitalier (olivier.bonnot@psl.aphp.fr).


Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Professeur D. Cohen), Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47, boulevard de l’hôpital, 75013 Paris,
France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bonnot O. États dépressifs à l’adolescence. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos,
7-0354, 2009.

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