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Dochead dossier
Sous-dochead Adolescence et risque suicidaire

Surtitre clinique

Les tentatives de suicide des préadolescents

Maymouna MOUROUVAYE PAYETa,b,*

Interne, pédopsychiatre

Laure WOESTELANDTa,b

MD, pédopsychiatre

a
Université Paris Descartes, faculté de médecine, Sorbonne Paris-Cité, 15, rue de l’École-de-médecine,
75006 Paris, France

b
Hôpital Necker-Enfants malades, AP-HP, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris cedex 15, France

*Auteur correspondant.

Adresse e-mail : maymouna.mourouvaye@gmail.com (M. Mourouvaye Payet).

Résumé

Les tentatives de suicide de l’enfant et de l’adolescent constituent une problématique majeure de santé
publique. Bien que le suicide de l’enfant et du préadolescent reste, fort heureusement, peu fréquent, ce
phénomène est en constante progression depuis 2009. De nombreuses études ont été menées autour des
conduites suicidaires de l’adolescent, mais les tentatives de suicide de l’enfant et du préadolescent sont

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relativement peu explorées dans la littérature. La prévention est primordiale et fait intervenir les médecins
généralistes et pédiatres, mais également les professionnels du milieu scolaire.

© 2018

Mots-clés – conduire suicidaire ; préadolescence ; prévention ; suicide ; tentative de suicide

Summary

Titre summary. Suicide attempts in children and adolescents are a major public health concern. Although
the suicide of children remains, fortunately, infrequent, this phenomenon is constantly increasing since
2009. Many studies have been conducted on adolescent suicide attempts, but child’s suicidal behaviors
are much less explored. Screening for children who are more likely to be suicidal must be performed as
early as possible by general practitioners, pediatricians and school doctors.

© 2018

Keywords

Il est communément admis qu’un enfant peut faire un passage à l’acte suicidaire. Ce phénomène, que les
médecins n’observaient pas il y a encore vingt ans, reste heureusement rare. Cependant, les
conséquences, lorsqu’il survient, sont dramatiques pour lui et sa famille [1]. Les tentatives de suicide de
l’enfant différent de celles des adolescents sur plusieurs points [2].

T1 Aspects épidémiologiques
Bien que de nombreuses études aient été réalisées sur les tentatives de suicide de l’adolescent, les
comportements suicidaires de l’enfant sont en revanche bien moins explorés par les travaux de recherche.

TEG1 Le terme de préadolescent désigne, stricto sensu, l’enfant présentant les premiers signes de
l’adolescence. Cette définition soulève la question de la puberté, dont l’apparition peut être très variable
d’un enfant à l’autre, en fonction notamment du sexe, de facteurs familiaux et culturels.
Les études, lorsqu’elles existent dans la littérature, choisissent souvent le seuil de 12 ans. Nous
considérerons que les préadolescents sont les enfants de 8 à 12 ans.

TEG1 Le terme de “suicidant” désigne l’enfant qui a fait une tentative de suicide. Il est à distinguer de
“suicidaire” qui désigne l’enfant présentant des idéations suicidaires.

TEG1 Le décès par suicide est largement sous-estimé dans les toutes les catégories d’âge, la difficulté
étant de déterminer a posteriori les autolyses des accidents [3]. L’interrogation des données nationales
sur les causes de décès par le CépiDc révèle, qu’en 2014, 27 enfants de moins de 14 ans sont décédés par
suicide, en France métropolitaine [4].

TEG1 Près de 80 % des suicides surviennent au domicile familial [5]. Le sex ratio varie d’une étude à
l’autre, mais globalement le passage à l’acte suicidaire avant l’âge de 12 ans concerne davantage de
garçons. Ce ratio se modifie en faveur des filles à l’adolescence (5/1) [6].

Le genre influe sur le choix du moyen létal : les garçons font plus de tentative de suicide par pendaison,
strangulation, alors que les filles vont davantage faire une intoxication médicamenteuse volontaire ou une
défenestration [6].

TEG1 À l’hôpital Necker, notre expérience montre que de plus en plus d’enfants de moins de 12 ans se
défenestrent. À noter, cependant, que notre établissement est un des seuls à recevoir des enfants
polytraumatisés, comme cela est souvent le cas après une défenestration, ce qui est un probable biais de
jugement. L’utilisation d’armes (blanches ou à feu) est parfois observée. Globalement, le préadolescent a
recours à des moyens plus violents que les adolescents.

TEG1 Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés. Plus d’un enfant suicidant sur deux a vécu un
événement de vie traumatique, ou souffre d’une carence éducative profonde : l’abandon (31 %), la
maltraitance physique (21 %), un antécédent d’agression sexuelle (8 %) voire un inceste (5 %) [7].

TEG1 En ce qui concernent les facteurs précipitants, la maladie d’un des deux parents est retrouvée chez
une enfant suicidant sur quatre [5]. La séparation parentale est un des facteurs les plus importants ; elle
est retrouvée dans la moitié des cas. Tout changement dans la vie de l’enfant, aussi minime puisse-t-il
paraître, doit être recherché et pris en considération, car il peut constituer un facteur déclenchant de
passage à l’acte : déménagement, deuil, changement d’établissement scolaire, modification de
l’entourage amical, etc.
T1 Les représentations de la mort chez l’enfant
TEG1 Le bébé, à la naissance, arrive dans un monde immédiat et absolu. Il ne peut se représenter un
monde à distance dans le temps et dans l’espace. Le concept de la mort commence à émerger dans la
conscience à partir de 5 ans et ce, progressivement.

TEG1 Ce n’est qu’à partir de 8 ans que l’enfant aura intégré la mort en tant que processus irréversible,
universel, inéluctable et non prédictible [8]. Néanmoins, chaque parcours de vie d’enfant est unique et la
rencontre précoce avec la mort, d’un grand-parent, ou d’un animal de compagnie par exemple, participe
à la formation des représentations de l’idée de mort. Ainsi, un enfant de moins de 8 ans peut avoir la
notion d’irréversibilité de la mort. A contrario, un enfant surprotégé par ses parents, qui souvent pensent
bien faire en l’éloignant de toute discussion autour de ce thème, pourra à 10 ans avoir encore des
représentations plus immatures de la mort.

TEG1 Une fois acquis, ce concept, alors partageable avec l’adulte, contient une dimension affective et
culturelle, propre à chaque famille. Ainsi, les rituels, processions, louages, prières et pleurs vont former
une mise en scène de la mort, avec laquelle l’enfant va pouvoir se familiariser.

TEG1 Il est essentiel rechercher systématiquement les représentations de la mort chez les
préadolescents pour pouvoir donner sens au passage à l’acte : l’enfant avait-il vraiment l’intention de
mourir ? Le cas échéant, lorsque le concept de la mort (irréversible, inéluctable, universelle et non
prédictible) n’est pas encore acquis, il faut s’attacher à rechercher les facteurs de risque, les facteurs
précipitants, une souffrance sous-jacente.

T1 En pratique, que faire devant un enfant suicidaire ?


La tentative de suicide de l’enfant n’est que rarement associée à une maladie psychiatrique. Elle vient le
plus souvent révéler une souffrance intense.
En pratique clinique, il s’agira de faire une évaluation globale de la situation, tant sur le plan des facteurs
de risque, du degré d’urgence et de dangerosité. Une place importante doit y être accordée pour
l’exploration de la sphère familiale, sociale et culturelle, qui sont des déterminants essentiels dans la
conduite à tenir.

T2 Évaluer le risque suicidaire


TEG1 En consultation, sur des temps scolaires ou même lors d’un examen pédiatrique, il est indispensable
d’interroger un enfant, présentant des signes de souffrance, quant à d’éventuelles idéations suicidaires.
Lui demander, très simplement, s’il a parfois pensé à la mort, et à sa propre mort, ne peut en aucun cas,
générer des idées de suicide [9]. En revanche, omettre d’explorer cet axe expose au risque de passer à
côté du réel motif de la consultation ou de la demande d’un enfant. Si ce dernier livre des éléments de ce
registre, il sera, le plus souvent, soulagé d’avoir rencontré un adulte qui ne craint pas d’évoquer ce qui
l’effraie tant.
TEG1 Interroger les parents sur des propos inquiétants à la maison, à l’école, ou des mises en danger
récente (des accidents domestiques à répétition par exemple) permet d’évaluer l’état psychique antérieur
et de dater le début d’une éventuelle crise suicidaire.
TEG1 Les facteurs de risque doivent être recherchés, à commencer par un trouble pédopsychiatrique
sous-jacent (épisode anxiodépressif, trouble du spectre de l’autisme), ou des symptômes psychiatriques
(hallucinations acousticoverbales). Tout antécédent personnel de tentative de suicide doit être recherché,
puisqu’il s’agit du plus important facteur de risque de passage à l’acte suicidaire. Les antécédents
familiaux, de tentative de suicide ou de pathologie psychiatrique, doivent être pris en compte.

T2 Mesurer l’urgence de la situation


TEG1 Comme chez l’adolescent, il faut rechercher la présence d’un scénario établi et d’un délai de mise
en œuvre éventuel. Les éléments d’anticipation sont rarement retrouvés mais doivent être recherchés :
lettre d’adieu, vidéo, message sur les réseaux sociaux, etc.
TEG1 Il faut rechercher des signes de gravité, comme la présence d’injonctions suicidaires qui doit
systématiquement être explorée, compte tenu de la dimension impulsive fréquente du geste suicidaire
chez l’enfant. Les ruminations anxieuses et les idées suicidaires envahissantes sont également des
éléments de gravité, tout comme le refus de soins.
Chez l’enfant, l’intentionnalité est souvent indirecte, il faut être attentif aux propos du type : « je veux
partir loin » ; « je voudrais m’en aller pour toujours » ; « je voudrais dormir longtemps ».

T2 Estimer la dangerosité
Les moyens utilisés par l’enfant sont statistiquement plus violents que ceux qui sont choisis par les
adolescents. Il faut donc recherche une accessibilité des moyens létaux avec vigilance : médicaments dans
la pharmacie familiale, corde, armes à feu, armes blanches. Tout objet dangereux à la porter de l’enfant
doit être mis à distance. L’interrogatoire des parents est, là encore, primordial dans l’évaluation.
T1 La prise en charge d’une tentative de suicide
Les comportements suicidaires sont fréquents à l’adolescence, ils n’en sont pour autant ni banals, ni
anodins. L’adolescent met sa vie en jeu et notre réponse thérapeutique doit être adaptée à l’importance
de sa souffrance psychique.

T2 Les recommandations

Les dernières recommandations françaises concernant les tentatives de suicide des mineurs datent de
1998 (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé – Anaes) [10]. Elles concernent
uniquement la prise en charge hospitalière des adolescents après une tentative de suicide. Elle ne fait
mention d’aucune recommandation de bonne pratique pour l’enfant, bien que qu’il soit possible de
supposer que les grands principes de prise peuvent être appliqués de façon adaptée à l’âge. L’International
Association for Child and Adolescent Psychiatry and Allied Professions (IACAPAP) ne recommande pas
l’hospitalisation systématique [11]. Il faut préciser que le système de santé américain est différent du
système français et que les prises en charge “outpatient”, ambulatoire, sont souvent encouragées.
Elle précise néanmoins que l’hospitalisation peut être salvatrice lorsque le risque suicidaire est élevé, ou
que le passage à l’acte nécessite des soins somatiques.

T2 L’hospitalisation

TEG1 L’hospitalisation, pour tout enfant suicidant ou suicidaire, est la règle en France. Elle doit avoir lieu
dans un premier temps en service de pédiatrie, afin de pouvoir réaliser une triple évaluation : somatique,
pédopsychiatrique et sociale. Elle est l’occasion de mettre en œuvre des aménagements pratiques du
quotidien, et est un moment privilégié pour éduquer les familles sur les conduites à tenir, les précautions
à prendre au domicile, etc. [12].

TEG1 La durée habituelle de prise en charge en hospitalisation est de 5 à 7 jours, en pédiatrie générale,
lorsque l’état somatique le permet, mais il n’existe pas de consensus. Le service d’accueil initial doit être
adaptée aux conséquences du geste suicidaire, par exemple la réanimation en cas de polytraumatisme, et
les services de pédiatrie spécialisée ou de chirurgie en cas de lésion organique. Cette durée varie en
fonction des équipes hospitalières et de la disponibilité des praticiens. La présence d’une équipe de
pédopsychiatrie de liaison dans l’établissement hospitalier est souhaitable.
Cette durée peut être prolongée dans certaines situations particulièrement préoccupantes. Un transfert
en service de service de pédopsychiatrie doit être envisagé si les idées suicidaires persistent, s’il existe des
troubles du comportement important, si l’enfant présente une comorbidité psychiatrique sous-jacente, et
si l’entourage familial est réticent aux soins, en particulier au suivi post-hospitalier [13].

T2 La stratégie thérapeutique

T3 En hospitalisation

TEG1 Le traitement comportera des examens cliniques pédopsychiatriques quotidiens dans la mesure
du possible. Certains de ces entretiens se feront en présence des parents, qu’il est important d’inclure
précocement dans la prise en charge [12]. Il s’agira d’évaluer au plus près la situation familiale ayant
précédé le passage à l’acte, et explorer la façon dont le geste suicidaire prend sens au sein de la famille.
Quand cela est possible et que les contraintes administratives sont satisfaites, il est important de recevoir
la fratrie, au moins une fois lors de l’hospitalisation. En fonction de l’intensité des vécus de chacun, parent
et enfant, il peut exister une indication à adresser vers un psychiatre, un autre pédopsychiatre ou un
psychologue.

TEG1 La question du traitement médicamenteux ne fait pas l'objet de consensus précis et dépend de la
symptomatologie (épisode dépressif majeur, injonctions hallucinatoires, persistance des idées suicidaires,
impulsivité majeure etc..). La balance bénéfice-risque doit toujours être évaluée avec les différents
médecins spécialistes qui prennent en charge l’enfant. Le traitement médicamenteux symptomatique
peut être débuté s’il existe des troubles du sommeil important, des idées délirantes ou des manifestations
anxieuses. Dans le cas précis d’un risque de récidive élevé à l’admission avec anxiété majeure, un
traitement anxiolytique pourra être instauré. Il sera toujours prescrit sur une courte durée, il faudra éviter
les benzodiazépines.

TEG1 La surveillance du risque suicidaire doit être réalisée quotidiennement, conjointement par les
pédiatres et pédopsychiatres.

T3 En posthospitalier

TEG1 Après une tentative de suicide, le suivi pédopsychiatrique est indiqué dès la sortie d’hospitalisation.
Lorsqu’il existe un syndrome dépressif sous-jacent, ce qui n’est pas le cas le plus fréquent, une prise en
charge bifocale est indiquée. Elle associe des consultations pédopsychiatriques, dont le rythme est à
déterminer avec le praticien en ambulatoire, qui reçoit l’enfant et les parents, et l’instauration d’une
psychothérapie avec un psychothérapeute qui verra l’enfant seul, le plus souvent, à raison d’une fois par
semaine.

TEG1 La prescription d’antidépresseur n’est recommandée qu’en deuxième intention, en cas


d’inefficacité de la psychothérapie menée une fois par semaine pendant au moins six semaines. Seule la
fluoxétine (Prozac®) a l’autorisation de mise sur le marché (AMM) chez l’enfant à partir de 8 ans [14].

T1 Prévenir les gestes suicidaires


T2 La prévention primaire

Dès la petite enfance il est important d'être attentif aux interactions précoces et soutenir les familles en
difficultés. Une évaluation des risques psychosociaux doit être faite dès la période périnatale, et en
protection maternelle et infantile (PMI), afin de pourvoir agir précocement sur ces facteurs.

T2 La prévention secondaire

Il s’agit de procéder à l’évaluation du risque suicidaire lors des consultations de suivi, si l’enfant bénéficie
déjà d’une prise en charge pédopsychiatrique et/ou psychologique. Si l’examen met en évidence des idées
suicidaires plus ou moins scénarisées, il faudra orienter vers un service d'urgence pédiatrique en vue d’une
hospitalisation en pédiatrie, ou envisager en amont une hospitalisation en pédopsychiatrie si c’est une
urgence relative, tout en proposant des consultations plus rapprochées.

T2 La prévention tertiaire

Les secteurs de pédopsychiatrie et les réseaux de soins ont un rôle majeur à jouer dans l'articulation et la
continuité des soins. Le lien avec les centres médicopsychologiques (CMP) enfants et centres médico-
psycho-pédagogique (CMPP) doit être fait au courant de l’hospitalisation.

T2 La prévention scolaire
TEG1 Le lien avec le médecin scolaire pourra être fait, avec l’accord des parents, avant la sortie
d’hospitalisation. Cet intervenant, accompagné de l’équipe infirmière scolaire, dans le secret médical,
représente le lien entre le suivi médical global et les acteurs de vie scolaire. Ainsi, un enseignant ou une
auxiliaire de vie scolaire pourra alerter si l’état psychique de l’enfant se dégrade en classe. Une attention
particulière devra être faite autour des troubles de l’attention ou de la concentration, une hyperactivité
physique, ou des propos inquiétants.
TEG1 Par ailleurs, le harcèlement scolaire doit être dépisté le plus précocement possible, et pris en
charge dans les délais les plus brefs. Le recours à une prise en charge psychologique pourra être fait par
l’école en cas de harcèlement. Présent également sur les réseaux sociaux, son rôle est de plus en plus
incriminé dans l’émergence des troubles psychiques et la survenue des passages à l’acte.

T2 La prévention sociale

Il est admis que les facteurs psychosociaux sont impliqués dans les pathologies mentales [15]. Des mesures
de prévention de la maltraitance sont à privilégier, ainsi qu’un dépistage précoce des situations de mauvais
traitements, qu’ils soient physiques ou psychologiques. L’accompagnement familial médicosocial des
familles à risque doit aussi prendre en compte les facteurs anthropologiques et les particularités culturelles
[16]. Les éducateurs sont également en première ligne dans les situations d’aide éducative à domicile ou
en milieu ouvert. Il est fréquent qu’ils puissent alerter précocement une fragilité psychique et faire le lien
avec les soins.

T1 Conclusion
Les tentatives de suicide des enfants et préadolescents sont l’expression bruyante d’une souffrance aiguë,
aspécifique d’une pathologie psychiatrique particulière. Ainsi, devant de tels passages à l’acte auto-
agressifs, la question de la présence ou non d’une comorbidité psychiatrique est essentielle à évaluer : la
tentative de suicide peut être comprise comme une tentative de demande d’aide sociale, psychiatrique,
relationnelle…

La prise en charge de cette tentative de suicide devra être protocolisée (hospitalisation en pédiatrie et
évaluation pédopsychiatrique durant l’hospitalisation). Néanmoins, les suites à donner à une tentative de
suicide de l’enfant seront radicalement modifiées par la psychopathologie de l’enfant et sa famille. Un
enfant ayant fait une tentative de suicide devrait être pris en charge a minima durant un an par un
pédopsychiatre en consultations familiales et individuelles. Cette prise en charge doit être
bifocale : pédopsychiatrique (entretiens familiaux) et psychothérapique (individuelle, hebdomadaire, bien
conduite pendant au moins six mois avant de conclure à un échec).

Déclaration de liens d'intérêts :

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.

Références
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[7] Peyre H, Hoertel N, Stordeur C et al. Contributing Factors and Mental Health Outcomes of First
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[10] Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes), Service des recommandations et
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[11] Rey J (ed.), International Association for Child and Adolescent Psychiatry and Allied Professions
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http://iacapap.org/iacapap-textbook-of-child-and-adolescent-mental-health
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moins de 13ans : une revue de la littérature. Encephale. 2016.

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© C. Moreau/Elsevier Masson SAs

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