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LA SANTE MENTALE DES ETUDIANTS

J’ai choisi de présenter mon GO sur le thème de la santé mentale des étudiants. La
question à laquelle je vais répondre est :

Pourquoi la santé mentale des jeunes est-elle une future grande cause nationale ?

En effet, le Sénat a adopté en janvier 2024 une résolution invitant le gouvernement


à ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale.
Mais d’abord, je vais m’intéresser à la santé mentale des étudiants, les
déterminants de leur santé mentale.
Après un CAP, un brevet professionnel ou un baccalauréat, certains d’entre nous
vont chercher du travail. D’autres vont choisir de poursuivre les études et passer
ainsi du statut de lycéen ou d’apprenti à celui d’étudiant. Devenir étudiant offre une
liberté plus grande dans notre mode de vie et cela, même si nous continuons à
habiter chez nos parents. Cela implique aussi de nouvelles responsabilités et des
choix à faire concernant notre orientation. Autant de défis qui peuvent mettre à
l’épreuve notre santé mentale.

Ainsi, nous pouvons ressentir une pression forte pour réussir nos examens, nos
travaux pratiques ou nos mémoires. La charge de travail peut nous paraître trop
importante, nous pouvons douter de nos capacités. Nous pouvons nous
sentir isolés. Nous pouvons aussi rencontrer des difficultés matérielles pour nous
loger, nous équiper d’un ordinateur ou acheter des fournitures, pour financer notre
quotidien. Enfin, nous pouvons être confrontés au manque de moyens dans la
structure où nous étudions.

La santé mentale sur le campus est un problème préoccupant :


Les étudiants sont fortement touchés par la dépression
Les étudiants connaissent des périodes de stress intense liées à la pression sociale, la
peur de l’échec et l’angoisse pour leur avenir. Leur détresse les mène parfois à
l’épuisement total, la dépression ou le burn-out.
Le sénat rapportait en 2023 une hausse dramatique des gestes suicidaires chez les
étudiants. Les troubles alimentaires, catégorisés en quatre types de comportement, ont
également fortement augmenté durant la pandémie et laissent encore des traces
aujourd’hui :
• boulimie ;
• hyperphagie ;
• trouble restrictif (anorexie) ;
• autres troubles du comportement alimentaires (troubles de l’ingestion des
aliments par exemple).
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De nombreux jeunes adultes souffrent d’isolement social


Dans un monde post-covid, où les jeunes ont connu le 100 % télétravail, le manque de
relations sociales a laissé des traces. Ceci a empêché leur intégration sur le campus,
les rencontres et le soutien nécessaires à leur bien-être.
Des séquelles dues à l’utilisation d’internet au détriment des échanges réels touchent
les plus vulnérables. Les étudiants étrangers ou ceux de première année sont les plus à
risque de subir de plein fouet l’isolement créé par les nouvelles habitudes
d’enseignement.
Le manque de liens sociaux, à un âge où beaucoup quittent leur foyer familial, affecte le
psychisme autant que le stress. Ainsi, 28 % des étudiants déclarent se sentir
régulièrement ou toujours seuls selon la Croix-Rouge.

Données épidémiologiques
Selon l’Observatoire de la vie étudiante, en 2021, près de 43 % des étudiants
ont déclaré s’être retrouvés en situation de détresse psychologique, contre 29 %
l’année précédant la pandémie de Covid-19. Un rapport adopté en mars 2023 par
le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) révèle des chiffres
inquiétants sur la consommation médicamenteuse. Ainsi, près de 5 % d’entre eux
ingèrent des psychotropes. Entre 2014 et 2021, la prescription a progressé de 49 %
s’agissant des antipsychotiques, de 155 % pour les hypnotiques et sédatifs et de 63 %
concernant les antidépresseurs !

Les déterminants
Si les causes du mal-être sont propres à chaque individu et parfois complexes à établir,
les études sur la santé mentale en recensent plusieurs communes à de nombreux
jeunes, expliquent les rédacteurs du texte. Et de lister : sur le plan physiologique,
la puberté ; l’isolement des étudiants coupés de leurs proches ; les violences morales,
physiques ou sexuelles au sein de la famille, ou en dehors de celle-ci ; le harcèlement
scolaire… « Au sein de ce sombre tableau, il faut ajouter la question des inégalités qui
affectent les jeunes différemment selon leur milieu social ou leur genre. La précarité
peut être un facteur de dégradation de la santé mentale », rappelle l’exposé des motifs.
Bien souvent, certains étudiants endossent la double peine : leurs difficultés
financières constituent une préoccupation qui peut tourner à l’anxiété, ces mêmes
difficultés pouvant les empêcher de se soigner. Autre inégalité : les études sur
les troubles psychiques soulignent qu’en raison de la prévalence de la violence faite
aux femmes, la dépression touche davantage les jeunes filles.
Tous ces facteurs conduisent à « un constat clinique dramatique », pointent
les sénateurs : troubles du sommeil, phobie scolaire, anorexie, troubles obsessionnels
compulsifs (TOC), dépression, schizophrénie, consommation abusive d’alcool, drogue,
agressivité, isolement social et acte suicidaire dans les cas les plus tragiques.
« Cette liste non exhaustive est inacceptable. »

Cette souffrance psychologique, pour une majorité d’étudiants est liée à des
problématiques sociales ou financières : relations amoureuses, sexuelles, amicales,
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pour 10 % des appels. Les situations liées à des violences sexistes et sexuelles, des
discriminations ou des faits de harcèlement représentent 14 % des appels. L'isolement
comme principale cause de mal-être

Face à cette situation préoccupante, quelles réponses spécifiques apporter ?


« Le fléau de la santé mentale des jeunes recouvre avant tout des drames personnels
et familiaux qui appellent bien entendu des solutions au cas par cas. Toutefois,
son ampleur mérite une prise de conscience collective pour une action publique
volontaire et ambitieuse », soutiennent les promoteurs de la résolution votée au Sénat.

La santé mentale des jeunes est l'une des grandes causes du Gouvernement.
Concernant les étudiants plus particulièrement, le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche porte et soutient de nombreux dispositifs
d'accompagnement.

Vers qui nous tourner


Face à une difficulté, en cas de détresse, il ne faut pas hésiter à s’adresser au
professionnel de santé le plus accessible, en sollicitant l’infirmerie scolaire ou celle de
notre lieu d’études, le service de médecine du travail ou notre médecin traitant. Par
ailleurs, des lieux et des lignes d’écoute créés spécialement pour les jeunes existent.
Leurs services sont gratuits et confidentiels. Voici les principaux :

Les Points accueil-écoute Jeunes (PAEJ)


Les Espaces santé jeunes
Les Maisons des adolescents (MDA)
Les Consultations jeunes consommateurs (CJC), pour aborder les addictions
Le numéro vert et tchat Fil Santé Jeunes (0 800 235 236)
Les Relais lycéens et étudiants
Les Bureaux d’aide psychologique universitaires (BAPU)
Les services universitaires de santé du type Service universitaire de médecine
préventive et de promotion de la santé (SSU, SUMPPS ou SIUMPPS)
Les Dispositifs d’intervention précoce, où un bilan complet peut être proposé
Les lignes d’écoute nocturnes et les tchats Nightline, par et pour les étudiantes et les
étudiants, ouverts dans plusieurs grandes villes.
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On peut trouver un lieu d’écoute gratuit et confidentiel près de chez soi grâce au site
CartoSantéJeunes, créé par la Fédération des espaces pour la santé des jeunes (FESJ).

Quand on est étudiante ou étudiant, on peut trouver la liste des services de soutien
psychologique gratuits dans son établissement ou près de chez soi avec le moteur de
recherche de l’association Nightline. Pour mieux connaître les dispositifs publics, on
peut se rendre sur le site du gouvernement etudiant.gouv.fr.

Les dispositifs

La plateforme Cnaé

Orienter les étudiants en situation de mal-être

Lancée en décembre 2023 par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la


Recherche, la Coordination nationale d’accompagnement des étudiantes et
étudiants (Cnaé) est une plateforme gratuite et confidentielle d’écoute,
d’accompagnement, d’information et de signalement. Il s'agit d'un point de contact
de référence pour tous les étudiants éprouvant une situation de mal-être ou ayant été
confrontés à des situations violentes ou discriminatoires.
Une ligne d’écoute professionnelle, confiée à l’association « En Avant Toutes », est
proposée à toutes les étudiantes et tous les étudiants qui recherchent une aide
concrète sans forcément savoir à qui s'adresser en priorité.
La Cnaé s'appuie sur l'expertise de psychologues et de travailleurs sociaux qui
écoutent les étudiants avec bienveillance et les orientent vers une prise en charge plus
poussée et adéquate en fonction des problématiques exprimées.
Un numéro téléphonique : 0 800 737 800 ou par courriel.

Au terme des échanges entre les professionnels de la Cnaé et les étudiants, ces
derniers ont été orientés vers des dispositifs plus spécialisés et adaptés à leur
situation et l'expression de leurs besoins. Ainsi, dans 90 % des cas, les étudiants ont
pu être dirigés, en fonction des profils, vers Santé Psy Étudiant, un Centre médico-
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psychologique (CMP) de proximité, un Bureau d'aide psychologique universitaire


(BAPU), un Service de santé étudiante (SSE) ou une association spécialisée : Centre
d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), Planning familial, etc.
Par ailleurs, les cellules d'écoute des établissements d'enseignement supérieur
sont systématiquement indiquées aux personnes qui souhaitent signaler des faits, en
particulier lorsqu'elles sont victimes de violences sexistes et sexuelles et/ou de
discriminations, ce qui correspond à 10 % des appels reçus.

santé Psy Étudiant

Mis en place en 2021 au plus fort de la crise du Covid-19 pour répondre rapidement aux
situations de détresse psychologique, Santé Psy Étudiant permet à tous les étudiants
qui le souhaitent de solliciter l'aide d'un psychologue partenaire du dispositif. Les
étudiants peuvent bénéficier de huit séances gratuites, sans avance de frais et
renouvelables.

Services de santé étudiante


En 2023, les Services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé
(SUMPPS) sont devenus des Services de santé étudiante (SSE). L’enjeu de cette réforme
était de répondre à l’évolution des besoins de santé des étudiants de l’enseignement
supérieur.
Parmi les évolutions introduites par cette réforme, tous les étudiants ont désormais
accès aux Services de santé étudiante, qu’ils soient inscrits ou non à l’université,
issus de l'enseignement supérieur public comme privé.
La réforme des Services de santé étudiante a permis de renforcer et d'étendre
leurs missions, notamment en créant une mission en santé mentale. Ces évolutions
ont été mises en place en concertation avec les acteurs de santé et de vie étudiante
(ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, conférences d’établissements,
médecins directeurs des services, Caisse nationale d’assurance maladie, Cnous,
Agences régionales de santé, MILDECA, représentants étudiants).

Nightline
LA SANTE MENTALE DES ETUDIANTS

Nightline est une association soutenue par le ministère de l'Enseignement supérieur et


de la Recherche. Spécialiste des questions de santé mentale, elle propose aux
étudiants des lignes d'écoute ainsi qu'un tchat.
Pilotée par une équipe salariée, elle forme des bénévoles à l'écoute active. Tous les
répondants sont des étudiants formés par l'association, et les échanges sont
confidentiels, sans jugement et non-directifs. Les appels sont gratuits.

L'association développe en outre de nombreux outils de sensibilisation et d'information


: un annuaire qui recense les dispositifs d'aide psychologique pour les étudiants, le kit
de vie, pour que tout un chacun puisse s'emparer des questions de santé mentale,
l'initiative Tête la Première, qui propose d'explorer les liens entre le sport, l'activité
physique, et la santé mentale ou encore le programme Sentinelle, qui permet aux
étudiants de soutenir leurs pairs.
Nightline en quelques chiffres

• En 2023, une subvention de 90 000 € octroyée par le ministère

• 7 200 appels traités par l'association

• 326 actions de sensibilisation

• 28 000 jeunes rencontrés au cours d'actions de prévention en santé mentale

• Plus de 200 étudiants formés à la prévention du suicide via le programme

Sentinelle

Le 3114

• Une collaboration pérenne est entretenue avec le 3114, référence nationale


en matière de prévention du suicide, mis en place par le ministère du Travail, de
la Santé et des Solidarités.
• Joignable 24h/24 et 7j/7, en métropole comme dans les Outre-Mer, ce numéro
de téléphone permet d’échanger avec un infirmier ou un psychologue. Les
personnes au bout du fil sont spécialement formées à la prévention du suicide.

Les BAPU
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• Enfin, les étudiants peuvent solliciter les Bureaux d'aide psychologique


universitaire (BAPU). Accessibles dans la plupart des villes universitaires, les
BAPU sont composées de psychothérapeutes (psychiatres et psychologues),
d'assistants sociaux et d'un service administratif comme c’est le cas à
l’Université de Corse.
• Les consultations proposées par les BAPU sont prises en charge à 100 % par
la Sécurité sociale et les mutuelles. Il n'y a pas d'avance de frais pour les
étudiants qui sollicitent cette aide. Le nombre de séances n'est pas limité, le
suivi est assuré tant que les étudiants en ressentent le besoin.
A l’université de Corse, entre 2017 et 2022 le nombre d’étudiants suivis a été
multiplié par 3,5, soit 46 étudiants suivis en 2017 à 168 au 11 décembre 2022 ;

Conclusion :

Les problèmes de santé mentale et, en particulier, les troubles psychiques peuvent avoir un
impact sur la vie étudiante à cours et à long terme. Ils peuvent nous “empêcher” de vivre
pleinement selon nos souhaits, que l’on soit enfant, jeune ou adulte.

Des soins, un accompagnement, l’entraide peuvent nous aider à compenser ces difficultés. En
nous appuyant sur ces dispositifs nous augmentons nos chances de mener le plus librement
possible l’existence que nous souhaitons, d’exercer pleinement notre citoyenneté, d’agir selon
nos convictions et nos désirs, bref de prendre ou reprendre du pouvoir sur notre vie. Ainsi,
nous dessinons un chemin qui nous est propre.

« Parce que les jeunes d’aujourd’hui construisent la société de demain,

leur vitalité doit être préservée du mieux possible et au commencement

des troubles. Quels que soient leurs parcours de vie, ils doivent disposer

des ressources pour pouvoir aborder l’avenir avec sérénité et ainsi accéder à

l’état de santé mentale définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS),

pour qui « la santé mentale qui est définie comme un état de bien-être dans

lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie,

accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté ».


LA SANTE MENTALE DES ETUDIANTS

Pour donner corps à l’idéal et atteindre le but et les objectifs énoncés dans le plan

d’action globale de santé mentale, pris au niveau mondial par l’OMS, il est proposé aux

États Membres et aux partenaires internationaux et nationaux d’entreprendre plusieurs

actions spécifiques. En France, il est en train de devenir une grande cause nationale.

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