Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Enseignante : M. Fontaine
Université Toulouse 2
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 1
Introduction et contextualisation
Les différents épisodes d’infection au Covid-19 ont connu entre 2019 et 2021 une
ampleur mondiale, contaminant un nombre individus record en un temps très court : quelques
mois. Face à cette pandémie majeure, les industries pharmaceutiques ont eu un défi colossal à
relever : concevoir, tester et distribuer un vaccin efficace et sûr. Si ce défi a été relevé, un autre
défi a fait jour : faire accepter à une population de plus en plus défiante de se faire vacciner.
Bien que la population mondiale au 21ème siècle soit de plus en plus éduquée, ait accès à
une information scientifique et médicale plus disponible, des phénomènes de refus, d’hésitation
vaccinale ont émergé. Alors que la démonstration statistique est sans appel : le risque vaccinal
est très nettement inférieur au risque pandémique, notamment en termes de morbidité, comment
expliquer cette hésitation ?
Qu’est-ce qui fait que des personnes capables d’évaluer une balance bénéfices – risques
font le choix du refus vaccinal ? Quels sont les mécanismes psychologiques à l’œuvre pour
opérer un tel choix, dans cette circonstance particulière ?
Au cours de l’histoire, la vaccination a peu à peu gagné du terrain, faisant refluer des
maladies mortelles et très contagieuses telles que la tuberculose ou la poliomyélite. La plupart
des générations actuelles n’ont pas le souvenir de ces fléaux, car nées après. Au cours du 19ème
siècle le refus vaccinal était fortement corrélé à un manque d’instruction, de mauvaises
informations et un statut social défavorisé : classes ouvrières et populaires (Peretti-Watel et al.,
2014).
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 2
L’hésitation vaccinale n’est pas quelque chose de dichotomique : oui ou non au vaccin,
c’est quelque chose de complexe, qui ne fait pas bloc, qui peut évoluer au cours du temps.
Des chercheurs, sur une étude menée en Ariège en 2021, au cours de l’épidémie de
covid-19 ont identifié quatre familles d’hésitations vaccinales : l’intégrité des politiques
vaccinales, l’aspect réglementaire, les doutes sur l’efficacité et la dangerosité du vaccin
(Percheron et Caudal, 2021). De même, quatre groupes de positionnement face au vaccin ont été
identifiés : les partisans, les prudents, les sceptiques et enfin les opposants (Raude, 2016).
En reprenant l’historique des études sur l’hésitation vaccinale, il nous a paru intéressant
de revenir sur la première conception des raisons de l’hésitation vaccinale : le lien fort entre le
niveau de connaissance, d’instruction et l’hésitation vaccinale.
Par l’intermédiaire d’un test de type QCM (questionnaire à choix multiples) un score de
connaissances biomédicales sera calculé. Nous reprenons le concept "biomédical" utilisé par
Jocelyn Raude dans son article “l’hésitation vaccinale : une perspective psychosociologique”
(Raude, 2016). Dans le dictionnaire (Le Robert), cet adjectif qualifie ce qui est relatif au
biologique et à la médecine, ce qui correspond aux connaissances que nous souhaitons mesurer.
Méthode
I. Participants
les indicateurs suivants : niveau d’étude et source média préférée. Si nous avons demandé le
niveau d’études, c’est en référence à la littérature scientifique qui affirme qu’il y a corrélation
entre le niveau d’éducation et l’hésitation vaccinale. Nous souhaitons contrôler que le résultat de
notre enquête, finalement, ne soit pas uniquement obtenu sous l’effet de la variable “niveau
d’étude” (variable indépendante ordinale) mais bien sous l’effet de la variable indépendante
score de connaissances biomédicales (variable d’intervalle). Enfin, il nous a paru intéressant,
mais peut-être un peu ambitieux de sonder les personnes sur leur source de prise d’information
(média internet, radio, télévision, presse papier ou réseau social). Nous pensions pouvoir croiser
cette donnée avec le score de connaissance, le niveau d’étude et l’hésitation vaccinale afin de
réaliser des profils de répondants.
Techniquement, nous avons créé un compte avec notre adresse mail étudiante sur
le site Qualtrics, utilisé par l’université Toulouse Jean Jaurès par les enseignants chercheurs
menant des enquêtes statistiques. Sur ce site, nous avons assemblé le questionnaire en créant des
blocs de questions, en testant son fonctionnement avant d’envoyer un lien aux personnes
sondées.
Pour rédiger les questions biomédicales nous nous sommes basés empiriquement sur nos
connaissances, sur les connaissances académiques demandées par l’institution scolaire (collège,
lycée) ainsi que sur la presse de vulgarisation scientifique disponible (Science et vie, Sciences et
avenir, Pour la science…). Ces revues ont produit régulièrement des articles sur les sujets
suivants : la santé, le médical, le fonctionnement vaccinal, le corps humain, les pathologies
émergentes, les défenses immunitaires…
Afin que répondre à notre pré-questionnaire soit simple, nous avons choisi de proposer
des questions offrant des réponses à choix multiple, où une seule réponse parmi quatre était juste.
Chaque bonne réponse apporte un point, ce qui permet d’obtenir un score sur 20 points. Il
existe des possibilités non négligeables que ce score ne soit pas très représentatif des
connaissances biomédicales d’une personne. En effet, il paraît simple voire simpliste de penser
qu’en une vingtaine de questions il soit possible de mesurer précisément les connaissances d’une
personne sur un sujet. De même, dans le cas d’une personne répondant au hasard, il existe pour
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 6
chaque question une probabilité de réponse juste de 25%. Il existe des corrections statistiques
visant à contrer les effets du hasard, mais la portée de notre questionnaire ainsi que notre degré
de maîtrise des statistiques ne nous ont pas conduit à leur utilisation 1. Aussi notre score est un
indicateur du degré de connaissances biomédicales d’une personne, avec les biais et imprécisions
citées plus haut.
Les questions biomédicales posées peuvent être regroupées en quatre catégories : les
questions portant sur les connaissances en pathologies (maladies), les connaissances en matière
de prévention, les connaissances sur le fonctionnement biologique, les connaissances sur les
traitements médicaux.
Pour le thème connaissances pathologiques, nous avons des questions sur : la Covid-19,
les maladies génétiques, le scorbut, la DMLA, la tuberculose, le V.I.H, la conjonctivite.
En matière de connaissances biologiques, nous avons interrogé les personnes sur : le
système immunitaire, le sang, le système lymphatique, la pasteurisation, les veines.
Au sujet des traitements médicaux, il a été question : des vaccins, des vaccins à ARN,
des antibiotiques.
Enfin, pour les questions sur la prévention : le lavage des mains, la prophylaxie, le
masque chirurgical.
Comme on peut le constater dans les énumérations infra, ces questions mélangent des
connaissances historiques ou scolaires à des questions plus d’actualité gravitant de manière plus
ou moins proche avec la thématique de santé de la Covid-19.
1 http://psychometrie.jlroulin.fr/cours/aide_quizz.html?E33.html
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 7
Pour chaque question, nous avons choisi un énoncé court et simple avec quatre réponses
possibles, dont une seule est correcte. Le répondant a pour consigne simple et intuitive de cocher
la bonne réponse sous la forme d’une liste verticale avec bouton rond cliquable. Il n’est possible
de ne cocher qu’un seul choix. Le logiciel Qualtrics permet de re-coder les réponses obtenues,
nous avons choisi un re-codage numérique binaire : 0 pour les réponses erronées et 1 pour les
réponses justes. De cette manière, lors de l’exportation, nous disposons d’un tableau de réponses
pour l’ensemble des répondants, avec les données socio-démographiques. Nous ne reproduisons
pas ici l’intégralité du pré-questionnaire disponible en annexe A: pré-questionnaire.
Exemples de question posée, dans chaque domaine :
1) La Covid-19 est causée par :
●un virus
●une bactérie
●un bacille
●une combinaison de plusieurs microbes
Dans cette question, il est interrogé une connaissance sur une maladie qui a occupé un
espace médiatique important ces dernières années et pour laquelle nous estimons que la réponse
peut difficilement être ignorée (question facile). Les réponses proposées évoquent des causes
réelles de maladie.
3) Un antibiotique est :
Ici, ce sont les connaissances en matière de traitements médicaux qui sont interrogées, sur
un traitement “classique” mais dont l’action ne nous paraît pas connue de tous. Les réponses
proposées utilisent un vocabulaire médical où la confusion peut entraîner l’erreur par proximité
de sens.
Cette question sur la prévention est en lien avec l’actualité de santé, c’est une question
qui a fait polémique dans la société et pour laquelle la réponse peut avoir évolué au cours du
temps (entre le début et la fin de la pandémie). Ainsi, nous avons choisi des réponses possibles
pouvant faire appel au ressenti des personnes (“une mesure inutile et entravant la liberté de
chacun”) ne correspondant cependant pas à une connaissance biomédicale.
Après le calcul du score, il a été demandé aux personnes interrogées si elles étaient
favorables à la vaccination, les concernant, avec la question suivante : “Dans des conditions
optimales (vaccin testé et approuvé par les autorités sanitaires), êtes-vous favorable à la
vaccination ?”. C’est avec une échelle de type Likert que nous mesurons cette hésitation (ici,
c’est l’indicateur opposé ) renvoyant une valeur ordinale de 1 à 10, où l’utilisateur positionne un
curseur, de 1 pas du tout favorable à 10 tout à fait favorable.
Pour le genre, nous avons proposé une option à cocher parmi trois : Femme, Homme,
Autre. Variable indépendante nominale recodée sous forme numérique 0, 1, 2.
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 9
Pour le niveau d’étude, nous avons partagé en quatre catégories ce niveau : inférieur à
bac, de bac à bac +2, de bac+2 à bac + 4, supérieur à bac +4. Variable indépendante ordinale.
Résultats recodés par le logiciel de 1 à 4.
Enfin, nous avons demandé quelle était la source média privilégiée : quel média utilisez-
vous le plus souvent pour vous informer ? Réponse sous la forme de liste à cocher : Télévision,
Internet, Radio, Presse papier, Réseaux sociaux. Variable nominale indépendante recodée de 1 à
5.
III. Procédure
III.1 Consignes
Préalablement au questionnaire, l’agrément du consentement suivant a été demandé aux
répondants :
NOTICE D’INFORMATION ET CONSENTEMENT ECLAIRÉ
Titre du projet : Hésitation vaccinale
Chercheur titulaire responsable scientifique du projet : Madame Valérie LE FLOCH, UFR de
psychologie, Université Jean Jaurès, 5 allée Antonio Machado 31058 Toulouse cedex 9,
valerie.lefloch@univ-tlse2.fr
Autres chercheurs impliqués dans ce projet : Etudiants appartenant au Groupe TD 2-2 sous-
groupe 6 – Année 2022-2023, UFR de psychologie, 5 allée Antonio Machado 31058 Toulouse
cedex 9
Lieu de recherche : Étude en ligne
But du projet de recherche : Validation d'une hypothèse sur les causes de l'hésitation vaccinale
Ce que l’on attend de vous, participant (méthodologie) :
Votre tâche consistera à répondre à un questionnaire à choix multiples. La durée totale de
l’expérimentation est estimée à 6 minutes.
Vos droits de vous retirer de la recherche en tout temps :
1) Vous participez à cette recherche sur la base de votre volontariat.
2) Vous pouvez interrompre votre participation à tout moment.
3) Sans avoir à en justifier les raisons et sans aucun préjudice.
Vos droits à la confidentialité et au respect de la vie privée :
1) Les données obtenues seront traitées de manière totalement anonyme.
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 10
III.2 Passation
Pour la passation, nous avons envoyé un lien aux participants qui les redirige vers le pré-
questionnaire en ligne. Le lien a été transmis individuellement de manière à ce que nous
puissions contrôler la randomisation des deux versions du pré-questionnaire.
Nous nous sommes posé la question de savoir si la saisie préalable des données socio-
démographiques était susceptible d’influer sur la réponse à la question de l’hésitation vaccinale.
Afin de contrôler cela, nous avons conçu deux questionnaires : un questionnaire 1 où les données
socio-démographiques étaient demandées en première partie et un questionnaire 2 où celles-ci
étaient saisies en fin. Pour rendre la distribution des questionnaire aléatoire, nous avons choisi
d’envoyer le questionnaire 1 aux personnes nées un jour impair (en prenant l’ordre des jours
dans l’année) et le questionnaire 2 aux personnes nées un jour pair. Cette méthode avait
l’inconvénient de devoir connaître la date de naissance de chaque participant.
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 11
III.3 Cotation
Les réponses que nous avons obtenues ont été transférées sous forme de tableau (voir
annexes), avec une cotation que nous avions déjà établie avant la passation : 0 pour une réponse
erronée et 1 pour une réponse juste.
Pour la catégorie “Genre”, 1 signifie que le participant est une femme et 2 signifie que le
participant est un homme.
Pour la catégorie “Âge”, les nombres correspondent à l’âge des participants en années.
Pour la catégorie “Favorabilité vaccinale”, nous avons utilisé une échelle de Likert allant
de 0 (Pas du tout) à 10 (Tout à fait).
Pour la catégorie “Niveau d’études”, 1 correspond au niveau “Inférieur à BAC”, 2
correspond au niveau “BAC à BAC+2”, 3 correspond au niveau “BAC+2 à BAC+4” et 4
correspond au niveau “Supérieur à BAC+4”.
Pour la catégorie “Média” 1 correspond à “Réseaux sociaux”, 2 à “Internet”, 3 à “Radio /
Podcast”, 4 à “Télévision” et 5 à “Presse papier”.
Pour les questions biomédicales allant de 1 à 20, une bonne réponse est cotée 1 et une
mauvaise réponse est cotée 0. La catégorie “Score” fait l’addition des bonnes réponses de chaque
participant, ce qui donne un résultat sous la forme d’un score sur 20 pour les 20 questions au
total.
Pour la catégorie “Questionnaire”, 1 correspond au questionnaire numéro 1 qui place les
questions socio-démographiques avant les questions biomédicales, et le 2 correspond au
questionnaire numéro 2 qui place les questions socio-démographiques après les questions
biomédicales.
IV. Résultats
Lors du troisième atelier, nous avons pris conscience que la partie consentement n’était
pas correctement rédigée : le thème “hésitation vaccinale” en titre pouvant significativement
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 12
influencer les répondants. Pour ce qui est du retour des participants, les quelques avis sur la
passation indiquent un questionnaire rapide, clair et peu fastidieux (mais ce n’est qu’une donnée
qualitative avec seulement 4 à 5 retours).
Autre prise de conscience : si une randomisation à l’aide de la date de naissance (connue)
des participants fonctionne à petite échelle, il n’est pas envisageable d’étendre cette méthode à
un large échantillon. Heureusement, d’autres méthodes de randomisation (plus simples)
permettent de réaliser cela à plus grande échelle, et il semble que cela n’ait pas joué sur les
résultats obtenus.
Après nettoyage de toutes les données non significatives exportées par le logiciel, nous
avons dressé le tableau de distribution des réponses suivant, à l’aide d’un tableur :
Dans cette première distribution des réponses, sur 14 réponses, 8 femmes ont répondu et
6 hommes. La plupart des répondants ont plus de 40 ans, seules 3 personnes sont âgées de moins
de 40 ans (19 ans, 24 ans, et 39 ans). 8 personnes ont répondu au questionnaire 1 et 6 personnes
au questionnaire 2, ce qui pourra permettre de voir s’il y a des différences significatives entre les
réponses à ces deux questionnaires.
5 questions : Q1, Q2, Q4, Q10, Q13 et Q15 ont obtenu 100% de bonnes réponses (tous
les répondants ont trouvé la bonne réponse). Ces questions ne permettent pas (sur la base de cet
échantillon) de discriminer les connaissances biomédicales, tous les sondés connaissant la
réponse. Ces questions sont à retirer du questionnaire final.
Tous les scores obtenus sont supérieurs ou égal à 10, soit notre questionnaire est plutôt
facile, soit les personnes ayant répondu ont de bonnes connaissances biomédicales.
Pour aller un peu plus loin dans l’examen des réponses, nous avons exporté ces données
dans le logiciel de traitement statistique JAMOVI, et nous présentons ici le tableau des
statistiques descriptives fourni en sortie par le logiciel :
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 13
IV.2 Discussion
Nous proposons ici les résultats du test de corrélation effectué avec le logiciel Jamovi
afin de regarder statistiquement la validité de notre enquête (ce n’est qu’un indicateur ).
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 14
Encore une fois, il ne s’agit pas ici de traiter les résultats de l’enquête. Cependant, avec
un r =.64 pour p=.015 notre enquête semble montrer une certaine validité. En effet, il est
statistiquement rare d’obtenir p <.02 avec des données “peu valides”. De même, r =.64 est un
chiffre encourageant dans ce sens, valeur forte car >.5.
Il est intéressant de noter un r = .75 avec p = .002 entre le niveau d’étude et le score
obtenu en connaissances biomédicales. Il n’est pas exclu de penser que notre enquête risque de
mesurer indirectement un résultat déjà connu, à savoir que le niveau d’étude est corrélé avec
l’hésitation vaccinale (corrélation négative).
Nous n’avons pas été en capacité de traiter le champ “Média privilégié”, de le croiser
avec les données récoltées sur le score de connaissances biomédicales et celles sur l’hésitation
vaccinale. Aussi, dans la version finale, pour alléger le questionnaire, nous n’interrogeons plus
ce domaine.
Au cours de l’atelier 3, il nous est apparu que la question cruciale sur l’hésitation
vaccinale “Dans des conditions optimales (vaccin testé et approuvé par les autorités sanitaires),
êtes-vous favorable à la vaccination ?” était de nature à induire une réponse favorable, car pas
assez neutre. Nous proposons de la remplacer par “Etes-vous favorable à la vaccination ?”.
Il ne nous faut pas confier à une seule question la responsabilité (et le caractère fragile)
de répondre à la question de l’hésitation vaccinale. Meredith et Sivry (2018) ont questionné
l’hésitation vaccinale et ses déterminants auprès de 1173 parents. Il ressort pour nous de cela
qu’interroger l’hésitation vaccinale peut se faire également à travers plusieurs facteurs corrélés à
cette hésitation vaccinale. En effet, les auteurs ont montré que les “hésitants vaccinaux” sont
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 15
hésitants quand ils disposent d’informations négatives lues dans les médias (quelle que soit la
source). De même, dans une très grande proportion, les hésitants vaccinaux sur-estiment la
dangerosité des vaccins.
Ces considérations nous amènent à poser trois questions dans notre questionnaire :
Êtes-vous favorable à la vaccination ?
Pensez-vous que les vaccins sont dangereux ?
Quelle importance accordez-vous aux informations que vous rencontrez sur
la dangerosité des vaccins ?
En choisissant pour ces trois questions une échelle de Likert et en moyennant les
résultats, nous serions en mesure d’obtenir une réponse un peu plus “sûre” concernant
l’hésitation vaccinale d’une personne.
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 16
Risques possibles : À notre connaissance, cette recherche n’implique aucun risque ou inconfort,
cependant, si vous avez été choqué ou affecté d’une quelconque manière, nous vous invitons à
contacter le service suivant : https://www.france-victimes.fr
Diffusion : Les résultats de cette recherche sont uniquement destinés à illustrer le travail
d’étudiants en L2 se formant aux techniques d’enquêtes par questionnaire en psychologie. Ils ne
comportent aucune donnée nominative ou permettant d’identifier les participants.
Vos droits de poser des questions à tout moment : vous pouvez poser des questions à propos de
la recherche en communiquant avec les auteurs ( emma.montoyo@etu.univ-tlse2.fr jean-
francois.paquet@etu.univ-tlse2.fr ekin.ozcan@etu.univ-tlse2.fr )
Consentement à la participation :
En cochant la case « j’ai compris, et j’accepte de participer à cette étude » ci-dessous, vous
certifiez que vous avez lu et compris les renseignements ci-dessus, qu’on a répondu à vos
questions de façon satisfaisante et qu’on vous a avisé que vous étiez libre d’annuler votre
consentement ou de vous retirer de cette recherche en tout temps, sans préjudice.
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 17
Q1 Un antibiotique est :
un type de médicament dit "antiviral" (0)
un vaccin anti-bactérien (0)
un comprimé chimique fongicide (0)
un type de médicament antibactérien (1)
Q3 Quel élément parmi ceux cités est impliqué dans le système immunitaire :
la salive (0)
la kératine (0)
les sucs digestifs (0)
les globules blancs (1)
Q6 La maladie de la tuberculose :
se transmet par voie aérienne (poumons) via un bacille (1)
est transmise par ingestion, via le virus de Koch (0)
est éradiquée depuis 1991 (0)
ne connaît pas de vaccin (0)
Q9 Le système lymphatique :
est lié au système nerveux (0)
est lié au système digestif (0)
est lié au système respiratoire (0)
est lié au système sanguin (1)
Q13 Selon vous, jusqu’au XIXème siècle, les épidémies telles que la peste ou le choléra se
propageaient par des nuages aériens : les miasmes (0)
étaient d’origine inconnue à l’époque (1)
étaient dues à des virus ou bactéries aujourd’hui disparus (0)
avaient pour origine le manque d'hygiène et les mauvaises odeurs (0)
Q16 Âge
Veuillez indiquer votre âge (nombre)
Q18 Quelle importance accordez-vous aux informations que vous rencontrez sur la
dangerosité des vaccins ?
1
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
0
Références
Meredith, D., et Sivry, P. (2018). L’hésitation vaccinale et ses déterminants. Exercer, 246.
https://apimed-pl.org/contenu/uploads/2019/07/meredith2018.pdf
Percheron, L., Caudal, C. (2021). Quelles sont les hésitations entourant la vaccination de l’enfant
en Ariège, chez les parents et les médecins généralistes ? Journal de Pédiatrie et de
Puériculture, 34 (5), 271-280. https://doi.org/10.1016/j.jpp.2021.03.005
Peretti-Watel, P., Raude, J., Sagaon-Teyssier, L., Constant, A., Verger, P. et Beck, F. (2014).
Attitudes toward vaccination and the H1N1 vaccine: Poor people's unfounded fears or
legitimate concerns of the elite?, Social Science & Medicine, 109, 10-18.
http://dx.doi.org/10.1016/j.socscimed.2014.02.035
Certifie qu’il s’agit d’un travail original et que toutes les sources utilisées ont été
indiquées dans leur totalité.
Je certifie, de surcroît, que je n’ai ni recopié ni utilisé des idées ou des formulations
tirées d’un ouvrage, article ou mémoire, en version imprimée ou électronique, sans
mentionner précisément leur origine et que les citations intégrales sont signalées entre
guillemets.
Conformément à la loi, le non-respect de ces dispositions me rend passible de
poursuites devant la commission disciplinaire et les tribunaux de la République
Française.
Fait à Toulouse, le 28 décembre 2022
Signature
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 22
Annexe A : Pré-questionnaire
(N.B : la partie consentement éclairé de ce pré-questionnaire n’a pas été validée entre l’atelier 3 et
l’atelier 4 par l’enseignante encadrante, il a fait l’objet d’un travail critique ultérieur, visible sur la
proposition de questionnaire final )
Risques possibles :
À notre connaissance, cette recherche n’implique aucun risque ou inconfort.
Diffusion :
Les résultats de cette recherche sont susceptibles d’être diffusés dans des colloques et d’être
publiés dans des revues académiques sans qu’il ne soit possible d’identifier votre performance
personnelle.
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 24
Consentement à la participation :
En cochant la case « j’ai compris, et j’accepte de participer à cette étude » ci-dessous, vous
certifiez que vous avez lu et compris les renseignements ci-dessus, qu’on a répondu à vos
questions de façon satisfaisante et qu’on vous a avisé que vous étiez libre d’annuler votre
consentement ou de vous retirer de cette recherche en tout temps, sans préjudice.
J'ai compris, et j'accepte de participer à cette étude (1)
J'ai compris, et je n'accepte pas de participer à cette étude (2)
Q3 Un antibiotique est :
un type de médicament dit “anti-viral” (0)
un vaccin anti-bactérien (0)
un comprimé chimique fongicide (0)
un type de médicament anti-bactérien (1)
Q6 Quel élément parmi ceux cités est impliqué dans le système immunitaire :
la salive (0)
la kératine (0)
les sucs digestifs (0)
les globules blancs (1)
Q9 La maladie de la tuberculose :
se transmet par voie aérienne (poumons) via un bacille (1)
est transmise par ingestion, via le virus de Koch (0)
est éradiquée depuis 1991 (0)
ne connaît pas de vaccin (0)
Q13 La conjonctivite :
est une maladie qui fait suite à une autre maladie (0)
est une maladie du système nerveux (0)
est une maladie de l’oeil (1)
touche uniquement les enfants (0)
Q18 Selon vous, jusqu’au XIXème siècle, les épidémies telles que la peste ou le choléra se
propageaient par des nuages aériens :
les miasmes (0)
étaient d’origine inconnue à l’époque (1)
étaient dues à des virus ou bactéries aujourd’hui disparus (0)
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 27
Q22 Âge
Veuillez indiquer votre âge (nombre)
Q23 Dans des conditions optimales (vaccin testé et approuvé par les autorités sanitaires),
êtes-vous favorable à la vaccination ?
1
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
0
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 28
Title : Attitudes toward vaccination and the H1N1 vaccine: Poor people's unfounded fears
or legitimate concerns of the elite ?
Titre : Attitudes face à la vaccination et à la vaccination H1N1 : peurs infondées des classes
populaires ou craintes légitimes de l’élite ?
Auteurs : Pattrick Peretti-Watel, Jocelyn Raude, Luis Sagaon-Teyssier, Aymery Constant, Pierre
Verger, François Beck
Source : Social Science & Medicine, 109, 10-18.
http://dx.doi.org/10.1016/j.socscimed.2014.02.035
Année : 2014
Résumé
Entre 2009 et 2010, l’épidémie de H1N1 est survenue dans un contexte grandissant de défiance
à la vaccination. Nous assumons ici d’opposer la vaccination (en général) comme associée à une
peur infondée, reflétant ignorance, vulnérabilité des classes populaires les plus modestes, à la
vaccination au virus H1N1 en particulier associée -elle- à une crainte légitime des élites engagés
dans une culture du risque dans une société à risque. Nous avons indirectement testé ces
hypothèses en étudiant des profils classés suivant les catégories socioprofessionnelles dans leur
attitude face à la vaccination en général ou la vaccination H1N1. Les données proviennent de
sondages téléphoniques effectués entre 2009 et 2010 sur 9480 français âgés de 15 à 79 ans. Les
attitudes face aux deux types de vaccination ont varié au cours de la période avec toujours une
forte corrélation entre elles. La défiance face à la vaccination est corrélée à la défiance face à la
vaccination H1N1 et vice-versa, plus particulièrement pour les hommes âgés de classes modestes
sur la vaccination en général et les femmes d’âge moyen de classes intermédiaires sur la
vaccination contre le H1N1. Les résultats montrent aussi des variations en fonction de la
vulnérabilité sociale, de la proximité d’une action de médecine préventive et de l’historique de
vaccination personnelle. Le premier profil est apparenté au modèle « peurs infondées des classes
populaires » alors que le second fait écho aux travaux antérieurs sur le « santéisme » des classes
moyennes. L’opposition à la vaccination ne doit pas être réduite à un ensemble de réactions
irrationnelles reflétant ignorance ou mauvaises informations. Des recherches plus approfondies
sont nécessaires afin de mieux comprendre la nature des oppositions.
Introduction :
Un certain nombre d’auteurs affirment que les mouvements anti-vaccinaux sont en pleine
recrudescence, utilisant le réseau Internet pour s’étendre. La crise de confiance du public en
matière vaccinale s’illustre avec une baisse de la couverture vaccinale (par exemple ROR) sur
fond de contexte médico-vaccinal trouble depuis les années 1990 (hépatite B en France par
exemple).
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 31
Méthodes
Le « baromètre de la santé 2010 » est un sondage téléphonique important, représentatif,
national, de la population française. Une personne par foyer sondé a répondu à ce questionnaire,
suivant la méthode Kish. Globalement, 27653 personnes ont été sondées et 9480 personnes âgées
de 15 à 79 ans ont répondu aux questions relatives à la vaccination.
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 32
Les sondés ont été interrogés sur leur attitude face à la vaccination en général, avec une
cotation binaire des réponses : favorable à la vaccination (0), contre la vaccination (1). Nous
avons mesuré deux types d’opposition : celle à la vaccination en général et celle à la vaccination
contre le H1N1 en particulier. Nous avons mis les résultats en relation avec le revenu pondéré du
foyer et le degré de vulnérabilité.
Résultats
Les attitudes négatives à l’égard de la vaccination en général et de la vaccination contre
le H1N1 sont fortement corrélées. Les attitudes envers la vaccination ont fluctué entre 2009 et
2010, au cours de la campagne de vaccination de masse.
En lien avec la vulnérabilité sociale, les plus vulnérables sont plus enclins à s’opposer à
la vaccination en général et moins à la vaccination H1N1. Inversement, les victimes récentes
d’agressions s’opposent plus fréquemment à la vaccination H1N1 qu’à la vaccination en général.
Après traitement des résultats, il apparaît que les femmes sont moins opposantes à la
vaccination en général. L’opposition décroît à mesure que le niveau éducatif croît. L’opposition
est moins fréquente pour les hauts revenus mais ré-augmente avec l’âge. L’opposition à la
vaccination est aussi associée à l’isolement social. Au contraire, avoir un enfant en bas âge
(moins de 4 ans) avec un historique vaccinal est inversement associé à l’opposition à la
vaccination en général.
Le profil des opposants à la vaccination en général diffère de celui hostile à la
vaccination H1N1. L’opposition à la vaccination H1N1 est plus fréquente chez les femmes, avec
un niveau d’éducation faible à modéré, un revenu intermédiaire ainsi que chez celles percevant le
revenu de leur foyer comme « gérable ». En termes d’âge, nous avons observé une courbe en U
inversé : l’opposition à la vaccination H1N1 croît jusqu’à l’âge de 38 ans puis décroît.
Après traitement des données et variables, nous estimons que l’opposition à la
vaccination en général est prédictive de l’opposition à la vaccination au H1N1.
Discussion
Les opposants à la vaccination en général et au H1N1 ne partagent pas les mêmes
caractéristiques. Pour les premiers il s’agit plus fréquemment d’hommes, âgés, de conditions
sociales faibles alors que pour les seconds ce sont plus souvent des femmes, d’âge moyen (35-49
ans), aux revenus intermédiaires.
Un biais possible de cette étude est que les gens ayant refusé de répondre à l’enquête
soient aussi ceux qui sont défiants face aux autorités de santé et opposants à la vaccination. De
même, notre enquête peut être sujet au classique biais de désirabilité sociale, les répondant se
conformant à répondre de manière socialement acceptable, notamment au sujet de la vaccination,
sujet devenu sensible.
Une des principales limites de cette étude est de ne pouvoir répondre directement quant à
l’hypothèse de catégorisation en deux groupes prototypiques des opposants à la vaccination.
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 33
Cependant, il est apparu que les caractéristiques des opposants à la vaccination H1N1
était spécifiques. En effet, nous avons mesuré une relative constance de l’opposition à la
vaccination en général et une plus forte variation au cours du temps de l’opposition à la
vaccination H1N1.
Des recherches plus poussées devraient être menées pour contrôler si l’augmentation de
la défiance face à la vaccination générale au cours de l’épisode H1N1 a persisté.
Si nous avons conforté l’idée que les hommes âgés de faible éducation, à faibles revenus,
isolés étaient plus réticents à la vaccination en général, cela rejoint les effets mesurés des
inégalités sociales dans d’autres études sur la perception des risques (sauf pour le genre). Nous
confirmons l’hypothèse qu’une opposition vaccinale en général est le reflet de mauvaises
informations, d’ignorance et de vulnérabilité. Plus généralement, ces résultats montrent que les
personnes en difficulté sociale peuvent l’être aussi de manière cognitive. Cela rend les
campagnes d’information importantes mais avec une efficacité non garantie.
L’opposition à la vaccination H1N1 est plus fréquente chez les femmes d’âge moyen, aux
revenus et éducation intermédiaires. Une des explications possibles est que ces femmes sont
celles qui « gèrent » le foyer, la santé des enfants et qu’elles s’investissent plus dans l’évaluation
du risque vaccinal. Ces résultats s’éloignent du modèle « peurs infondées des catégories sociales
défavorisées ». Aussi, l’engagement dans le santéisme des classes moyennes est possiblement
explicatif : médecine alternative, recherche autonome d’informations et de thérapies en ligne.
Ces personnes sont aussi fréquemment celles qui se méfient de la science et de la médecine, se
tournant volontiers vers les médecines naturelles. De plus, de précédentes études ont montré le
caractère prédictif de l’utilisation de médecine alternative en termes d’opposition à la
vaccination.
Conclusion
Il y a un besoin urgent de comprendre les raisons de l’opposition vaccinale pour trouver
comment rendre la confiance du public en la vaccination. Nous avons trouvé deux profils
d’opposants à la vaccination, suivant que ce soit à la vaccination en général ou à la vaccination
H1N1 en particulier. Les craintes des opposants devraient être étudiées précisément pour lutter
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 34
Titre : Quelles sont les hésitations entourant la vaccination de l’enfant en ariège, chez les
parents et les médecins généralistes ?
Auteurs : L. Percheron , C. Caudal
Source : Journal de Pédiatrie et de Puériculture, 34 (5), 271-280.
https://doi.org/10.1016/j.jpp.2021.03.005
Date : 2021
INTRODUCTION
Même si la vaccination est l'une des méthodes les plus adéquates, il y a une grande peur à
son égard. En France, pour 41% de la population, il existe un regard méfiant envers la
vaccination, selon une étude mondiale réalisée en août 2016. En raison de la perspective
pessimiste de la population française, un programme national pour améliorer la politique de
vaccination a été mené par le ministre de la santé. Cette étude est faite pour explorer
spécifiquement l'hésitation des parents pour les enfants de moins de dix ans en Ariège, ce qui
nous aide également à comprendre différentes caractéristiques sociologiques, géographiques et
économiques.
Cette hésitation se divise en 4 groupes : ceux qui sont attachés à la liberté de se faire
vacciner ou non, ceux qui sont méfiants vis-à-vis de la politique vaccinale (intégrité), ceux qui
contestent l’utilité de la vaccination. Enfin, le danger, la croyance qu'il pourrait y avoir des effets
secondaires dans un avenir proche.
MATERIEL ET METHODE
Cette étude, qui a été réalisée en Ariège, en France entre novembre 2015 et décembre
2016, avec des médecins généralistes exerçant dans le département de l’Ariège et des parents
ayant des enfants de 10 ans ou moins pour la population de l'étude. L'objectif principal de cet
échantillon était d'obtenir une idée représentative de l’attitude des habitants de l’Ariège. Le
logiciel Google form était utilisé pour ce questionnaire et les questionnaires ont été envoyés par
mail. Afin de noter le critère de jugement, des chiffres entre 1 et 4 étaient utilisés pour évaluer la
quantité de peur. Avec ces calculs, ils ont eu une moyenne pour chaque sujet qui a permis de
comprendre l’intensité de la peur.
RESULTATS
Pour les résultats, sur 123 questionnaires, 59 médecins généralistes (48%) ont répondu et
sur 90 questionnaires, 60 patients (76%) ont répondu. Les réponses ont montré que 10,2% des
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 36
médecins généralistes considéraient la vaccination plutôt positive, 44,1% comme très positive et
45,8% comme complètement positive tandis que 88,2% des patients considéraient la vaccination
comme positive.
De plus, 39,7% des patients et 18,6% des médecins généralistes ont montré plus
d'hésitation pour la vaccination recommandée que la vaccination obligatoire. Même si la plupart
des médecins et des patients s'inquiétaient de la vaccination, ils en avaient un regard optimiste.
L'inquiétude qui revenait le plus sur eux deux était l’intégrité des politiques vaccinales.
DISCUSSION
Cette recherche est l'une des premières à entrer dans les détails sur la peur et les soucis de
la vaccination qui n'incluent pas les obstacles non pertinents tels que la peur des aiguilles, etc. Il
n'y avait pas de différenciation entre le sexe ou l'âge mais par contre seuls les parents ayant
consulté un médecin généraliste pouvaient participer.
Le nombre de personnes anti-vaccin est plus important que ce qui est écrit dans la
littérature. D'autre part, cette recherche était basée sur 2006, il n'y a pas d'autre recherche
similaire effectuée dans un passé proche. Ceci étant dit, il y a eu 11,9 % des médecins qui se
positionnent contre les vaccins et 15 % dans la recherche d’une étude nationale en 2015.
On sait que les vaccins non obligatoires étaient vus comme moins importants aux yeux
des patients et des médecins. Mais ces derniers font remarquer que les patients ne sont pas
pleinement conscients des risques ou des avantages des vaccins. Il était également vu que les
patients et les médecins ont le même souci : l’intégrité des politiques vaccinales.
Plus de 50% des patients ariégeois ne se sentent pas en sécurité avec le ministère de la
santé, on peut dire qu'ils ne font même plus confiance aux laboratoires pharmaceutiques.
Concernant l'utilité des vaccins, les patients semblent plus inquiets que les médecins, ce
qui peut s'expliquer par le fait que les médecins ont été témoins de l'utilité des vaccins et ont plus
d'éducation sur le sujet. On voit aussi que les médecins peuvent changer la perspective des
patients.
CONCLUSION
Avec cette recherche, il a été possible de comprendre les préoccupations concernant les
vaccins pour les Ariégeois qui sont : l’aspect réglementaire, l’intégrité des politiques vaccinales,
l’utilité de la vaccination, ou encore sa dangerosité. Les préoccupations sont réparties de la
même manière entre médecins et patients avec l’intégrité des politiques vaccinales comme étant
la préoccupation la plus fréquente. Même si les médecins et les patients ont des inquiétudes au
sujet des vaccins, la plupart d'entre eux ont toujours une attitude positive, il n'y a pas de rejet
complet des vaccins dans la plupart des cas. C'est pourquoi les médecins peuvent aider chaque
patient à adapter ses préoccupations et il doit y avoir du changement dans les autorités vu le fait
qu'il y a un grand manque de confiance en eux.
CONNAISSANCES BIOMÉDICALES ET HÉSITATION VACCINALE 37
Résumé
De la fin du XIXe siècle aux années 90, dans les pays développés, la population a fait
confiance aux campagnes de vaccination, notamment grâce aux progrès de la prévention et du
soin qui ont considérablement réduit la mortalité des maladies les plus infectieuses. Raude
expose une rupture historique avec les institutions de santé publique depuis la campagne de
vaccination de la grippe A/H1N1. Il est reproché à la vaccination d’être trop coûteuse, d’être
l’objet des experts scientifiques et groupes pharmaceutiques opportunistes sous couvert de la
prévention. Les résultats d’une étude menée par l’INPES (Institut Nationale de Prévention et
d’Education pour la Santé) en 2009/2010 montrent que 10% des français sont défavorables à la
vaccination entre 2000 et 2005, et une augmentation considérable avec l’arrivée de la grippe
A/H1N1, avec 40% en 2008.
Les phénomènes sociologiques en jeu dans les controverses vaccinales sont la crise de
confiance envers les pouvoirs publics et plus précisément les autorités sanitaires, ainsi que
l’émergence des médias sur Internet qui permet aux utilisateurs de s’exprimer sans être qualifiés,
ce qui amène l’élaboration de fausses théories qui influencent une partie de la population.
Raude conclut que l’hésitation vaccinale doit être considérée comme un effet secondaire
de la démocratisation, et l’ignorance n’en est pas forcément la cause.