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PRÉVENIR L’USAGE DE
DROGUES EN
MILIEU SCOLAIRE
Processus opérationnel d’intervention

Daniel TUO : Président Fondateur de STOP ADDICTIONS CÔTE D’IVOIRE (ONG)


CONSEILLER-FORMATEUR en Toxicomanie
Chargé de Service Social, Projets et Prévention Croix Bleue de Côte d’Ivoire
Assistant Social, Inspecteur d’Éducation spécialisée, Psychologue
danieltuo777@gmail.com - 07 08 77 48 77 (Appels-SMS-WhatsApp-Telegram)
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1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

Les drogues constituent actuellement l'une des principales menaces de notre monde libre.
Les rapports établis annuellement par l'ONUDC, l'Organisme des Nations Unies en charge de la
question, montrent que le phénomène est persistant et inquiétant dans la majorité des pays. En
2017, on a estimé qu’environ 271 millions de personnes, soit 5,5% de la population mondiale
âgée de 15 à 64 ans, avaient consommé des drogues l'année précédente.
Les drogues et leurs méfaits sont beaucoup moins bien connus qu'on ne le pense. Par
ailleurs, aucune société n'est à l'abri de ce fléau qui atteint principalement les franges actives de
la population, la jeunesse et surtout les apprenants dans nos établissements scolaires.
Une analyse éclairée de la situation et les données expérientielles montrent que la
prévention reste de loin la meilleure option pour freiner l’usage des substances psychoactives. La
répression à elle seule reste limitée en raison de l'ingéniosité toujours plus poussée des
trafiquants et usagers de drogues.
En Côte d'Ivoire, la situation reste préoccupante. Le contexte social reste encore marqué
par les effets perdurant de la situation post-crises et la recrudescence de nouvelles drogues.
Cette situation augmente le risque d’une rencontre entre la jeunesse scolaire et les drogues de
toutes sortes. En 2017, sur 588 nouveaux cas reçus au moins une fois en consultation à la Croix
Bleue, 234 étaient élèves ou étudiants, soit 41, 32 %.
Cette réalité est confirmée par les observations du sens commun attestant l’usage de
drogues dans certains établissements scolaires. La menace est amplifiée par l’inexpérience et
l’âge des apprenants (préados et ados) mais surtout par une sorte de ‘’marketing’’ de plus en
plus agressif des dealers (promoteurs et autres distributeurs de drogues). Ces derniers n’hésitent
plus à rôder autour des écoles pour proposer gratuitement leurs ‘’produits’’ dans le but initial
d’appâter puis de fidéliser leurs potentiels futurs ‘’clients’’. Lorsqu’ils le peuvent, ils infiltrent les
réseaux d’amis des apprenants pour diffuser les fausses idées autour des drogues.
Les parents et les éducateurs ignorent en général les drogues, leurs effets et méfaits,
augmentant ainsi sur eux la longueur de l'avance des usagers toujours plus jeunes et plus
imaginatifs. Or, il est presqu'impossible de remporter une bataille contre l'abus des drogues au
sein de la jeunesse scolaire sans leur participation.
Des interventions auprès d'écoles confrontées à l'usage de drogues par les élèves
indiquent que les actions de proximité permettent l'acquisition de précieuses connaissances
indispensables à la prise de décision personnelle contre l'usage précoce des drogues.
Les actions menées et l'expérience acquise font office de bonnes pratiques et méritent
d'être mises à la disposition de tout établissement souhaitant agir pour prévenir l'usage précoce
des drogues par les élèves.
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2. NECESSITE D’UNE ACTION PRÉVENTIVE
En milieu scolaire, l'approche préventive contre l'usage des drogues doit fédérer les efforts
des parents et tuteurs d'élèves, de l'administration et de l'ensemble des apprenants autour d'un
processus éducatif et formatif contre les addictions. Cette intervention, sous divers axes
constitue la meilleure orientation pour briser le cercle immédiat de la tentation de faire usage de
drogues par les élèves.

3. LOGIQUE DE L’INTERVENTION
3-1 BUT
 Préservation d’un environnement scolaire sain sur les questions d’addictions.
3-2 OBJECTIFS PAR CIBLE
3-2-1 Sensibiliser tous les apprenants de l’Établissement
Elle consiste d’abord à rectifier les informations souvent fausses sur les drogues et les
produits susceptibles d’être détournés dans un but toxicomaniaque. Il s’agit ensuite d’apporter
des connaissances scientifiques (normatives, vérifiables au besoin) sur les Substances
Psychoactives d’usage courant parmi les jeunes et adolescents. Enfin, il faut enseigner des
Compétences de Vie Courante (CVC, en anglais life skills) qui sont des aptitudes
psychosociales visant à renforcer la résistance des jeunes auditeurs à l’appel des drogues
(estime de soi, esprit critique, négociation non violente, etc.). Pour simplifier, on pourrait définir
les CVC comme une stratégie intra-personnelle de transfert de données relevant du domaine
du savoir, de la connaissance vers celui du savoir-être. Autrement dit comment donner des
informations nouvelles à un individu et l'amener à reformuler sa conduite en intégrant les
éléments issus du savoir nouvellement acquis. Cet enseignement peut se faire par une série
d’interventions.

L’enseignement des CVC est un processus pro-actif utilisant des méthodes centrées sur
l’élève. Le succès de leur transmission réside dans la capacité de l'animateur à utiliser des
méthodes participatives. Leur efficacité dans le domaine de la prévention de la toxicomanie
parmi les populations jeunes et homogènes ou à risque n'est plus discuté au sein de la
communauté scientifique.

D’une façon opérationnelle, la sensibilisation des élèves se fait par vague. Ainsi, tous les
élèves sont formés et sensibilisés à travers un programme établi et organisé par l'Administration
selon la disponibilité des classes, par niveau ou par cycle, en 1,5 à 2h.
Chaque séance peut comporter un exposé, des échanges, des simulations (mises en
situation et mises en scène), des jeux de rôle, des exploitations de courts métrages, etc. et se
fait au mieux dans une salle afin de garantir l’ordre et surtout les conditions de projection
d’images sous PowerPoint.
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3-2-2 Former le personnel
Le contenu de la formation du personnel (éducatif, pédagogique et administratif) vise à
présenter les drogues et autres substances voisines d’usage courant et leurs effets, méfaits
pour la santé, ainsi que les autres risques psychosociaux. La possibilité qu’une grande partie de
substances (naturelles ou synthétiques) soit détournée par des jeunes à des fins
toxicomaniaques est généralement ignorée par les adultes. Pourtant, les éducateurs doivent
connaitre les méthodes de détournement de ces produits, reconnaitre cliniquement les signes
de leur usage, savoir les principes de communication autour des drogues avec les jeunes et
pouvoir les aider (orienter, référer) en cas de besoin. Cette formation peut être couplée à un
coaching parental.

3-2-3 Coacher les parents et tuteurs


Le rôle de parents est primordial dans le suivi des élèves. Cela est encore plus vrai pour les
questions d’addiction. En plus de la présentation des drogues et des risques liés à leur usage et
expérimentation, les pratiques éducatives devraient être évoquées dans l’explication de
l’émergence des conduites addictives et de leur résorption. L’environnement familial, les
rapports parents-enfants, les styles parentaux et l’échange d’expériences sont au cœur de ce
processus.
En pratique, la mobilisation communautaire et l’organisation des interventions sont
assurées par les représentants des parents d'élèves et l'Administration. Tous les parents et
tuteurs d'élèves devraient être formés. D'autres parents n'ayant pas d'enfant dans
l'établissement peuvent, en accord avec l'école suivre le programme de formation,
4. THEMES / CONTENU INDICATIF
CIBLE
CONTENU Elèves Adultes
Généralités sur les drogues (définitions, origines, types...) + +
Alcools et alcoolisme (effets, méfaits, risques pour les études, etc.) + +
Tabacs et tabagisme (risques liés aux milliers de produits de la cigarette), shisha et CE + +
L’usage de cannabis (hérésies, risques psychologiques, psychiatriques, sociaux,
+ +
escalade vers les autres drogues, etc.) et les études scolaires
Autres drogues : héroïne, cocaïne, amphétamines, produits dopants, nouvelles
+ +
molécules, etc. Mélanges et Opiacés, boissons énergisantes, (risques et dangers)
Drogues dites mineures, médicaments détournés, poppers et inhalants, - +
Cyberdépendance et Cybercriminalité : signes et conduite à tenir + +
Liens en usage de drogues et apprentissages scolaires - +
Reconnaitre cliniquement l’usage de drogues et pratiques éducatives anti-drogues... - +
Communication autour des questions d’addiction avec les adolescents - +
L’environnement politique des drogues en Côte d’Ivoire (vulnérabilité de la société) - +
Echanges d’expériences (questions connexes) + +
5. METHODOLOGIE
Une méthode interactive est utilisée pour les différentes interventions :
 Exploitation d’images (PowerPoint) et de vidéos (courts métrages)
 Mise en situation (pour résister à la tentation), Mise en scène et Simulations (jeux de rôle)
 Echanges (Questions-réponses, débats, analyses, libres opinions, etc.)
 Restitution (engagement personnel, nouveaux acquis),
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6. AUTRES ACTIVITÉS
 Dépistage (tests urinaires de toxicologie),
 Formation à la Paire Éducation et aux Compétences psychosociales
 Formation de relais (encadreurs, éducateurs, enseignants…),
 Consultations médico-psycho-sociales in situ (screening, repérage précoce),
 Suivi individualisé et Psychothérapies,
 Référencement pour Prise en charge : La Croix Bleue pourrait jouer un rôle de facilitation.
7. COUT DE L’INTERVENTION

L’établissement du coût de l'intervention est lié aux activités retenues et à leurs conditions
d’exécution.

8. PÉRIODE DE RÉALISATION

La période idéale pour la programmation des actions est déterminée d’un commun accord
entre les partenaires au projet. Elle devrait se situe en début d’année scolaire, au cours des 4
ou 5 premiers mois en évitant les semaines qui précèdent les dates de congés.

9. RAPPORTAGE ET SUVI
La réalisation de chaque activité est sanctionnée par un rapport partiel. A la fin du
programme d'intervention, un rapport global est établi et partagé entre les parties prenantes. Il
comprend entre autres : dates et horaires d’intervention, formateurs (s), thématiques abordées,
effectif des participants, commentaires (difficultés, facilitation, bonnes pratiques), suggestions et
recommandations, etc.
L'intervention en direction des adultes (parents et éducateurs) constitue un point de départ
d'une formation continue dans le domaine des addictions, particulièrement en termes de
renforcement des capacités pour aider les jeunes à résister aux effets pervers des
dépendances.

10. SUPPORTS
 Des prospectus résumant les méfaits des principales addictions avec contacts utiles sont
distribués aux apprenants.
 Des supports physiques et numériques (fichiers PDF), des ressources bibliographiques et
autres contacts utiles sont proposés aux adultes.

Daniel TUO
STOP ADDICTIONS CÔTE D’IVOIRE
CROIX BLEUE CÔTE D’IVOIRE
danieltuo777@gmail.com - 07 08 77 48 77

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