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Plan
I) Introduction
II) Intérêt de la question
III) Epidémiologie
IV) Clinique
A. Tableau de l’ED chez l’adolescent
B. Dépressivité normale de l’adolescent
C. Particularité selon le sexe
D. Tableaux particuliers.
V) Les sous types
VI) Facteurs de risque-facteurs protecteurs
VII)Evaluation : Anamnestique et psychométrique
VIII) Comorbidités
IX) Diagnostique différentiel
X) Approches psychopathologiques : psychodynamique-
cognitivo-comportementale.
XI) Evolution et pronostic
XII)La prise en charge
XIII) Prévention
XIV) Conclusion
XV)Biographie
I. Introduction
Les adolescents se parlent peu entre eux et surtout, parlent très peu de leur mal-être.
Malheureusement, les prises en charge des adolescents en dépression ne se font
qu’après un passage aux urgences suite à une tentative de suicide. Or, les adolescents
expriment leur mal-être par des signes différents de ceux de l’adulte d’où l’importance
de les reconnaître assez tôt dans l’apparition de la maladie.
La dépression est certainement sous-diagnostiquée et sous-traitée chez les adolescents.
Ceci est dû à plusieurs facteurs : De nombreux médecins ont tendance à penser que la
dépression est une maladie d’adulte et sont de plus, peu disposés «à étiqueter»
prématurément un jeune avec un diagnostic psychiatrique. Ils l’ont pour longtemps
considéré comme un état normal de l’adolescence,
Les symptômes de la dépression prennent des formes différentes chez les adolescents
par rapport aux adultes.
Sa présentation peut être trompeuse, notamment avec une irritabilité pouvant masquer
la tristesse
Associée à une morbidité et une mortalité importante. Elle est potentiellement
chronique et récurrente.
La dépression évolue favorablement si elle est traitée avec l’ensemble des outils
thérapeutiques à disposition.
Le suivi à long terme est indispensable pour identifier et traiter la rechute si elle se
présent.
IV. Clinique :
A.Tableau de l’ED chez l’adolescent :
Les patients déprimés peuvent développer des symptômes à n’importe quel âge
cependant la présentation clinique varie légèrement selon le stade de développement,
induisant des différences dans la manière dont la dépression se manifeste tout au long
de la vie comme cela est précisé plus haut dans la Table E.1.
L’âge de début ne semble pas permettre de définir des sous-groupes distincts de
dépression, mais un début précoce est associé à de multiples indicateurs d’une
pathologie plus sévère à l’âge adulte, se manifestant au travers de nombreux
domaines : statut matrimonial (ils sont moins souvent mariés), plus de difficultés
d’intégration et de fonctionnement social, moins bonne qualité de vie, plus
de comorbidités médicales et psychiatriques, fréquence accrue d’épisodes dépressifs au
cours de la vie, augmentation du risque suicidaire et majoration de la sévérité de
symptômes (Berndt et al. 2000).
Les critères de l’EDM chez l’adolescent sont identiques aux critères de l’adulte DSM V,
néanmoins l’adolescent présente des particularités développementales :
Il manifeste rarement le masque dépressif, et n’exprime pas directement l’humeur
dépressive,
Elle transparait plutôt à travers ses comportements, mais si on témoigne de l’intérêt pour
sa souffrance,
L’adolescent peut la reconnaitre, il se dit « morose », « il a la tête vide » ou « prise par
des pensées négatives » il « s’ennuie », il « a les nerfs à fleurs de peau ».
L’humeur est souvent irritable, plutôt que triste, ceci s’exprime souvent dans la relation
avec ses proches : revendication, hostilité, crises de colère, réactions disproportionnées
pour des frustrations minimes.
L’humeur peut être réactive : c a d, que malgré une tristesse persistante, l’adolescent
garde la capacité de se sentir mieux à l’approche d’un évènement positif ou à se mobiliser
pour certaines activités ou évènements.
Le ralentissement psychomoteur peut être fluctuant, et à l’inverse, il peut exister une
agitation visible à travers une instabilité motrice, voire des fugues
Les Plaintes somatiques sont fréquentes : céphalées, douleurs abdominales
Les troubles instinctuels sont marqués par les contrastes : anorexie ou hyperphagie, voire
boulimie avec variation pondérale, insomnie ou hypersomnie.
Les pensées négatives sont dominées à l’adolescence par l’auto-dévalorisassions, les
sentiments d’impuissance, et le désespoir.
Le manque d’estime de soi appartient plutôt à l’enfance, et la culpabilité à l’adulte
Le retrait familial et social, se manifeste par des comportements négatifs ou d’opposition,
on observe souvent un décrochage scolaire, voire un absentéisme
Difficultés scolaires
Certains luttent contre les idées suicidaires, d’autres manifestent une fascination pour la
mort à travers leur présentation ou leur parole.
Même si le diagnostic médical de dépression requiert que les symptômes soient présents
chaque jour, et la plupart du temps de la journée, au cours des deux dernières semaines,
les adolescents, en particulier ceux qui souffrent de dépressions modérées ou légères,
gardent souvent une capacité à y réagir et peuvent, avec effort, cacher leurs symptômes.
Irritabilité plus manifeste (filles s’énervent autant que les garçons et s’il y a répétition de
l’irritabilité, ça devient interpellant)
Diminution de la capacité de concentration
Perturbation plus grande des rythmes circadiens (difficulté d’endormissement et réveils
nocturnes de minimum 30 minutes). Remarque : dans les addictions aux jeux vidéo, il est
possible que ce soit plus lié à ses troubles du sommeil qu’à, une addiction en tant que
telle.
Troubles de l’appétit (>< anorexie : aménorrhée et hyper-contrôle)
Recherche de sensations intenses (plus fréquent chez les garçons, il y a mise en danger
d’eux-mêmes ce qui leur donnent un sentiment d’existence, un sens à leur vie)
B. DG DSM V :
Classification DSM V: criteres diagnostic de l’episode dépressif caracterisé:
Au moins cinq des symptômes suivants doivent avoir été présents pendant une même
période d’une durée de deux semaines et avoir représenté un changement par rapport au
fonctionnement antérieur; au moins un des symptômes est soit (1) une humeur dépressive,
soit (2) une perte d’intérêt ou de plaisir.
N.B.: Ne pas inclure des symptômes qui sont manifestement imputables à une
affection médicale générale, à des idées délirantes ou à des hallucinations non
congruentes à l’humeur.
(1) Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours,
signalée par le sujet (p. ex. se sent triste ou vide) ou observée par les autres (p. ex.pleure).
N.B.: Éventuellement irritabilité chez l’enfant et l’adolescent.
(2) Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour presque toutes les activités
pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou
observée par les autres).
(3) Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (p. ex. modification du
poids corporel en un mois excédent 5%), ou diminution ou augmentation de l’appétit
presque tous les jours. N.B.: Chez l’enfant, prendre en compte l’absence de
l’augmentation de poids attendue.
(4) Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
(5) Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les
autres, non limité à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).
(6) Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.
(7) Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut
être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable
d’être malade).
(8) Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les
jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
(9) Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires
récurrentes sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider. De
nombreux symptômes peuvent masquer un syndrome dépressif à l’adolescence et peuvent
être considérés comme des équivalents dépressifs : agressivité, passages à l’acte
(fugues,vols), conduites centrées sur le corps (anorexie mentale, obésité, plaintes
somatiques), conduites sexuelles anarchiques, toxicomanie, instabilité, phobie scolaire,
accidents à répétition.
De tels symptômes doivent donc systématiquement faire rechercher un syndrome
dépressif.
Les filles et les garçons n’expriment pas leur dépression de la même façon. Les premières
manifestent ce malaise par leurs préoccupations sur l’image de leur corps, leur poids, des
douleurs plus ou moins diffuses qui n’inquiètent pas au premier abord mais dont
l’intensité, la persistance et surtout la prise en compte de l’appel implicite doivent être tout
particulièrement évaluées.
Les seconds montrent plus leur dépression sous une forme comportementale, agressive,
déchargeant ainsi leur tension et la souffrance qu’ils ressentent en relation avec l’image
négative qu’ils ont d’eux-mêmes, cachée par une apparente insolence ou une réaction
violente qui n’en sont que les expressions manifestes.
E. Tableaux particuliers :
1/dépression d’infériorité : l’autodévalorisation et le sentiment d’infériorité sont
communs à toute dépression quel que soit l’âge, mais les aléas de l’estime de soi à cet âge
rendent l’adolescence particulièrement sensible à ce type de dépression , le sentiment
d’infériorité peut concerner soit un domaine particulier physique ou intellectuel ou
l’ensemble de la personnalité, il en résulte un désinvestissement du monde extérieur avec
une concentration des intérêts sur la quête de la valeur personnelle.
2/dépression d’abandon : c’est une forme de dépression, marquée par la fréquence des
passages à l’acte auto ou hétéroagressifs, par la réactivité de l’humeur et la sensibilité au
rejet.
Décrite chez les adolescents présentant des fonctionnements limites.
A la suite d’une histoire marquée par les vécus de carence et abandonniques.
3/Dépression mélancolique, psychotique et bipolaire:
La dépression mélancolique est marquée par: le réveil précoce, une agitation ou un
ralentissement psychomoteur marqué, une absence de réactivité de l’humeur et des idées
de culpabilité et d’indignité excessive.
La présence de délire et d’hallucinations est plus fréquente chez l’adolescent que chez
l’adulte
Comme chez l’adulte , la dépression peut révéler un trouble bipolaire .
4 /La dépression masquée :
L’épisode dépressif caractérisé (EDC) passe souvent inaperçu à l’adolescence. Dans
cette tranche d’âge, aucun symptôme n’est spécifique à la dépression et elle s'exprime
davantage par des comportements que par une mentalisation (intériorisation) comme
chez l'adulte. La dépression est ainsi difficile à repérer à cause :
− d’une confusion entre la dépression et la « crise d’adolescence » avec sa part de
déprime et de comportements associés ;
− de symptômes parfois trompeurs, tels que l’irritabilité ou l’agressivité ;
− du caractère fluctuant des symptômes qui s’expriment dans différents lieux (maison,
école, collège...) et dont l’expression dépend de l’environnement (culturel, familial,
relationnel) ;
− de la présence de moments où l’adolescent dépressif se sent mieux lorsqu’un
événement positif lui arrive ;
− de la capacité de l’adolescent à conserver des capacités de fonctionnement
(relationnel, scolaire,…)
V. Les sous types :
Il est pertinent de définir des sous-types de dépression car cela a des implications dans les
choix thérapeutiques et le pronostic. Par exemple la dépression saisonnière peut répondre
plus spécifiquement à la photothérapie, et le traitement de la dépression bipolaire est
différent de celui de la dépression unipolaire.
Exceptée la distinction entre dépression unipolaire et bipolaire, de nombreux autres sous
types (par exemple, primaire et secondaire, endogène et réactionnel, psychotique et
névrotique) ont été proposés au fil des années, habituellement sans données empiriques
convaincantes ou données cliniques validées.
La plupart des sous-types de dépression habituellement utilisés sont résumés dans la
Table .
VI. Facteurs de risque-facteurs protecteurs
L’étiologie de la dépression est complexe, multifactorielle, et fait l’objet de nombreux
débats scientifiques, par conséquent cela ne sera pas discuté en détail ici. Les facteurs de
risques ayant un rôle dans la prévention, la détection ou le traitement sont listés dans la
Table
Les adolescents vivant en foyer, déracinés, ayant affaire au système judiciaire et/ou ayant été
victimes de maltraitance sont considérés comme à « très haut risque » de dépression ou de
suicide, surtout lorsqu’ils n’ont pas pu s’étayer sur des adultes ressources.
Facteurs protecteurs
Par opposition, certains styles permettent la résilience, , Il existe des facteurs protecteurs de
la dépression, tels que :
Une bonne estime de soi : l’optimisme, la confiance, la conscience de soi ;
Des styles cognitifs positifs (confiance dans ses capacités d’adaptation, optimisme,
activités créatives, perception des situations comme résolvables, etc.) ;
La qualité du soutien familial ;
La capacité à utiliser le soutien amical et les adultes ressources ;
L’engagement dans des activités créatives par exp : la pratique sportive récréative.
Chaleur et capacités d’expression.
VII. L’évaluation :
Evaluer la sévérité d’un épisode dépressif est très important car les guidelines considèrent
la sévérité comme l’un des critères utiles pour le choix du traitement de première
intention.
l’évaluation de la sévérité est largement basée sur un consensus clinique :
Evaluation de la sévérité d’un épisode dépressif selon les critères de spécification de
DSM V : En épisode léger ,modéré , sévère , selon le nombre de symptômes présents
(voir le DSM V )p103.
Il y a de nombreuses échelles de dépression pour l’enfant et l’adolescent :
L’échelle d’Hamilton pour la dépression remplie par le clinicien est la plus
largement utilisée pour évaluer la dépression chez l’adulte. Elle est beaucoup
moins utilisée chez l’enfant et l’adolescent.
La « Children’s Depression Rating Scale » (CDRS) (Potznanski &
Mokros, 1996), aussi effectuée par le clinicien, a en revanche été
spécifiquement développée pour le jeune. Cette échelle a été utilisée dans les
principaux essais thérapeutiques comme dans TADS (Curry et al, 2010).
Il y a aussi des hétéroquestionnaires à visée diagnostique, comme le Child and
Adolescent Psychiatric Assessment (CAPA) ( Angold & Costello, 2000) qui
sont principalement utilisés dans les recherches cliniques.
Les échelles les plus largement utilisées sont des autos questionnaires, la plupart du
temps remplis par l’enfant, les parents et les enseignants. Sachant que les échelles ne
peuvent plus être utilisées de manière valide pour poser un diagnostic
ce dernier requérant l’évaluation en consultation par un clinicien compétent, et de
manière optimale des informateurs clés
elles sont la plupart du temps utilisés à des fins de dépistage (par exemple dans les
écoles ou dans les populations considérés comme étant à risque) ou pour évaluer la
réponse à un traitement au cours de l’évolution. Au fur et à mesure du temps, elles ont
été modifiées pour être complétées par le jeune lui-même en utilisant des ordinateurs,
des smartphones, et des applications pour tablette (Stevens et al, 2008). Par ailleurs,
l’utilisation d’auto questionnaires semble être moins pertinente chez l’enfant pré
pubère que chez l’adolescent. L’impact des nouvelles technologies, comme celles des
téléphones portables, n’a pas encore été complètement exploité et leur utilité pourrait
s’accroître. La majorité de ces échelles fait l’objet de droits et est coûteuse mais
aucune n’a montré clairement une supériorité par rapport aux autres. liste certaines des
échelles qui sont libres de droit pour l’usage clinique ; certaines sont valides dans
différentes langues.
VIII. Comorbidités
Les données épidémiologiques en population générale suggèrent que la présence de
comorbidités dans la dépression de l’adolescent est fréquente. La comorbidité de la
dépression avec les divers troubles psychiatriques atteint des taux de 40 % à 70 % dans
l’EDM et 40 à 90 % dans les troubles dépressifs.
Les patients présentant des troubles comorbides ont un moins bon fonctionnement
clinique global que ceux avec un diagnostic unique.
La comorbidité est aussi associée à un devenir à l’âge adulte plus péjoratif.
Les troubles psychiatriques fréquemment associés à la dépression sont les troubles
anxieux, les troubles des conduites, le trouble de déficit de l’attention et
hyperactivité (TDAH), les troubles obsessionnels compulsifs, et les troubles des
apprentissages.
Une étude épidémiologique (Costello et al, 2003) montre que, sur une période de 3 mois,
28 % des jeunes diagnostiqués avec un trouble dépressif ont aussi eu un trouble
anxieux, 7 % un TDAH, 3 % un trouble des conduites, 3 % un trouble oppositionnel
et 1 % un abus de substance.
La suicidalité :
Il existe une corrélation nette entre dépression et tentative de suicide. De 50 à 70 % des sujets
qui ont effectué une TS présentent une problématique dépressive évidente.
La présence d’un trouble dépressif multiplie d’un facteur de 11 à 27 le risque de TS par
rapport à la population générale. Environ 50 % des adolescents déprimés présentent des idées
ou des comportements suicidaires.
Il existe une corrélation entre la gravité de la TS et la profondeur de la dépression.
Plusieurs études rapportent une élévation du taux de TS lorsque la dépression est associée à
des troubles comorbides précédemment cités (trouble anxieux, trouble du comportement,
consommation de produits).
On peut citer d’autres complications psychiatriques du stress post traumatique pouvant
interagir avec la dépression comme : le trouble panique, les autres troubles anxieux,
les comportements impulsifs, le trouble dissociatif, et le mésusage de substances.
Dépression et traits de personnalité : Les traits de personnalité se dessinent
progressivement au cours de l’adolescence et chez le jeune adulte et le type de
personnalité peut influencer la présentation et le mode d’expression d’une
pathologie dépressive. Cela est évident chez l’adulte, mais cela survient aussi chez les
plus jeunes.
Les personnalités borderline sont particulièrement sujettes à la dépression du fait de
leur tendance dysphorique et de leur extrême sensibilité au rejet. Leur peur d’abandon
peut être accompagnée par d’intenses mais habituellement brefs épisodes de tristesse,
colère, ou irritabilité, qui culminent parfois dans des accès d’auto agressivité.
Les évènements négatifs peuvent résonner avec ces fantasmes : la séparation parentale peut
être vécue comme la réalisation des désirs oedipiens et raviver la culpabilité, l’échec
amoureux : l’impossibilité d’échapper aux liens incestueux, et à la dépendance, et peut être
source de sentiments de honte et d’impuissance .
La perte des images parentales idéales et le renoncement à la morale parentale pour une
morale personnelle.
Les objets d’amour primaires et les objets d’amour génitaux sont bien distincts à
l’adolescence, l’attirance pour l’objet est alors vécue par l’adolescent comme une menace
dans son intégrité narcissique.
2/ modèles cognitivo-comportementaux
Selon cette théorie , les comportements du sujet dépressif, seraient favorisés par la perte des
renforçateurs positifs internes(autovalorisations positives), et externes ou sociaux, la perte de
ces derniers pourrait être secondaire à un environnement négatif, à un manque de capacité à
provoquer des renforcements positifs: manque d’habileté sociale, rejet, ou irritabilité, ou un
biais de perception: prendre un compliment pour une moquerie .
Les personnes souffrant de dépression , portent automatiquement un jugement négatif sur
eux-mêmes, le monde et le futur, jugement qu’ils ne requestionnent pas, ces pensées
dysfonctionnelles, seraient liés à des erreurs logiques , systématiques : surgénéralisation des
échecs, personnalisation des faits négatifs, conclusions négatives à partir de détails
insignifiants.
Théorie systémique
La dépression de l’adolescent est souvent en rapport avec une perte de liens. Il est
recommandé d’aider l’adolescent à :
D. Thérapie relationnelle :
1. La psychothérapie de soutien : Les paramètres pratiques de
l’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry (AACAP)
indiquent que plutôt que de proposer des traitements médicamenteux
« il est raisonnable, chez un patient avec une dépression modérée ou
brève, un dysfonctionnement psychosocial moyen, et l’absence de
signe clinique significatif de suicidalité ou de psychose, de débuter le
traitement avec l’éducation, le soutien, et une prise en charge
individualisée en lien avec les facteurs de stress environnementaux
dans la famille et à l’école. Une réponse devrait être observée après 4
à 6 semaines de thérapie de soutien. ». Ceci étant, l’éducation, la prise
en charge individuelle – thérapie de soutien – est une option de
traitement valide, très souvent utilisée en pratique mais pour laquelle il
y a peu de recherches. De nombreux patients recherchent de l’aide
dans les suites d’une crise (par exemple une tentative de suicide) ;
dans ces circonstances chargées fortement en émotion, les symptômes
tendent à être exacerbés. Traiter la crise elle-même est parfois
suffisant pour apaiser la dépression perçue, en particulier lors des
soins de première ligne. Débuter la prise en charge, en voyant
l’adolescent – et ses parents aussi si possible–deux à trois fois, permet
une évaluation plus approfondie du trouble et des facteurs de maintien
et, de discuter des options de traitement, des risques et des effets
secondaires de manière plus détaillée. Ainsi, la prise en charge
associant soutien/attente vigilante est une stratégie utile quand le
risque suicidaire est peu élevé et la dépression non sévère
2. Psychothérapies d’inspiration psychanalytique :
Le plus souvent, il s’agit de psychothérapies d’inspiration
psychanalytique en face à face dont la qualité princeps réside dans une
démarche sur mesure, souple, et dans la possible confrontation d’un
adolescent avec un adulte.
Cette méthode limite les risques de régression et est la méthode de choix
à l’adolescence.
La prise en compte des résistances individuelles mais aussi familiales et
institutionnelles est indispensable.
Le thérapeute doit laisser de côté silence et neutralité absolue, et accepter
un rôle plus actif.
On distingue cependant les psychothérapies dynamiques brèves dont les
principes restent très proches des psychothérapies d’inspiration
psychanalytique mais dont le cadre est bouleversé par la détermination
préalable d’une durée brève. Basquin rappelle plusieurs pièges contre-
transférentiels décrits au cours de psychothérapies psychanalytiques
d’adolescents déprimés : le positionnement en rival parental, le mépris
pour les données de la réalité quotidienne du sujet, l’absence de
disponibilité réelle et de souplesse, l’absence de tolérance aux conduites
agies.
3. Psychodrame psychanalytique individuel
Les épisodes dépressifs majeurs ne sont pas dans leur phase aiguë une
indication de psychodrame, dans la mesure où la pathologie atteint de
plein fouet la capacité à jouer de l’adolescent. En revanche, les
troubles dépressifs modérés, ou majeurs hors acmé semblent une
bonne indication de psychodrame psychanalytique.
Dans le cas où la contrainte d’une relation duelle privilégiée avec un
adolescent fait craindre une régression psychique non contrôlable, le
psychodrame est une bonne alternative.
Il n’existe néanmoins pas à ce jour d’études systématiques réalisées
chez l’adolescent déprimé, authentifiant l’efficacité des
psychothérapies psychanalytiques mais de nombreuses vignettes
cliniques rapportent une amélioration clinique.
4. Thérapies à médiation :
Il peut s’agir de thérapies à médiation corporelle (relaxation,
activités sportives), de thérapies à médiation imaginaires ou
créatrices (expression, écriture) ou autres. Les thérapies à médiation
constituent une alternative aux psychothérapies d’inspiration
psychanalytique chez les adolescents pour qui le contact duel verbal
avec un adulte paraît trop angoissant, ou chez ceux qui ont un
investissement de la pensée dans l’évitement, ou au contraire dans le
surinvestissement. Les thérapies à médiation ont pour but de relancer
l’activité de penser le plus souvent chez les adolescents plus jeunes et
d’aboutir dans un deuxième temps à la possibilité d’une
psychothérapie analytique.
5. Thérapies cognitives : La TCC est basée sur l’hypothèse selon
laquelle l’humeur dépressive est associée à un comportement et des
pensées spécifiques de l’individu. Changer le comportement et les
patterns cognitifs peut conduire à réduire le sentiment dépressif et
améliorer le fonctionnement. Les individus sont exposés à divers
facteurs de stress et y répondent automatiquement avec des émotions ;
chez les adolescents déprimés, ces réponses automatiques sont
excessivement négatives au regard de la réalité – souvent
cataclysmiques : « personne ne m’aime », « je ne suis bon à rien ».
Ces pensées dépressives et les actions consécutives les font se sentir
encore plus mal, générant souvent un cercle vicieux : des sentiments
malheureux conduisent à des pensées et des comportements
excessivement négatifs. L’objectif du traitement et d’inverser ce cercle
vicieux en apprenant (a) que les sentiments, les pensées, et les actions
de chacun sont interconnectées, et (b) en développant des stratégies
pour augmenter les patterns positifs de comportement et de pensées,
cequi conduit à amener plus de sentiments positifs (Langer et al.,
2009). Le premier objectif de la TCC est d’aider les patients à
identifier les liens entre l’humeur, les pensées et les activités de leur
vie (par exemple parler à des amis au téléphone conduisant à une
amélioration de l’humeur) et de remettre en question certaines de leurs
croyances négatives ; dans le même temps, le nombre d’activités est
augmenté en usant de stratégies comme le fait de planifier des
activités agréables. De manière optimale, cela requiert d’utiliser un
journal de l’humeur . Un autre objectif est d’aider les patients à
différencier les pensées utiles et inutiles, afin de développer des
stratégies générant plus de pensées utiles, et le mettre en application
en utilisant ces pensées utiles en réponse à des situations stressantes
(remédiation cognitive). Le troisième objectif est d’équiper les jeunes
avec des compétences leur permettant de construire et maintenir les
relations, souvent minées par la dépression, en s’entraînant aux
habiletés sociales, à la communication et l’affirmation de soi.
6. Thérapie interpersonnelle :
La aussi, une étude américaine montre que la thérapie
interpersonnelle aurait de meilleurs résultats que la psychothérapie de
soutien.
7. Thérapies de groupe : Les thérapies de groupe sont très intéressantes
à l’adolescence. Le groupe aide l’adolescent à se détacher du milieu
familial au cours du processus d’individuation et permet une
socialisation par les pairs. Toutes les approches psychothérapeutiques
peuvent conduire à des applications en groupe. La préparation du
groupe est essentielle pour éviter les sorties prématurées. la
composition d’un groupe thérapeutique d’adolescents doit tenir
compte de l’âge des différents sujets, ou mieux encore de leur
développement pubertaire.
8. Thérapie familiale :
La dépression à l’adolescence étant très souvent liée à des
facteurs familiaux, il est naturel d’imaginer l’importance d’une
intervention familiale dans cette pathologie. Il est donc fondamental
d’associer la famille, en particulier les parents d’un
adolescent déprimé, à la prise en charge de ses troubles. Les
rencontres avec les parents devront le plus souvent être répétées. Leur
but est de recueillir des informations anamnestiques
mais surtout de repérer des éléments sur la qualité des transactions
relationnelles existant entre l’adolescent et ses parents. On
évalue la souplesse et la cohérence des relations ou au contraire
la présence de mécanismes entravant le développement de
l’autonomie de l’adolescent. On tente de repérer la capacité des
parents à se mobiliser et à aider leur adolescent souffrant. On
peut éventuellement mettre en évidence une correspondance
entre le moment dépressif dont souffre l’adolescent et une crise
parentale. Parfois, la dépression de l’adolescent fait écho à des
souvenirs ou des affects parentaux. Les rencontres doivent
s’attacher à établir un climat d’acceptation thérapeutique et
permettre que chacun se mobilise dans le sens d’une organisation
concertée de la prise en charge .
Les prises en charge familiales permettent d’améliorer le
pronostic pour l’adolescent et la satisfaction des familles.
L’aide apportée au parent sur un temps différencié (entretiens
parentaux, groupe de parents) est très importante et devrait être
quasi systématique, mais n’est pas toujours réalisable. Rappelons
avec Winnicott l’importance de la mère réelle et du père réel.
Les parents doivent survivre. Le thérapeute ne doit pas se situer
en meilleur parent face à des parents réels, risque souvent non
négligeable.
E. Pharmacothérapie :
Le traitement médicamenteux :
Ne se substitue pas à la psychothérapie ;
Ne doit jamais être prescrit isolément ;
Est seulement indiqué dans un nombre réduit de cas.
Il est important de préciser à l’adolescent que cette prescription ne signifie pas qu’il reste
passif face à sa propre biologie et ses stratégies d’adaptation. Même si la prescription est
indiquée, la stratégie de soins doit continuer de considérer ce sujet comme acteur de ses
soins.
1. Antidépresseurs :
Il est recommandé de ne pas prescrire un traitement antidépresseur dès la consultation
au cours de laquelle le médecin a identifié une problématique dépressive.
Il est recommandé de ne pas prescrire un antidépresseur pour traiter :
En cas d’urgence :
Il est recommandé de ne pas prescrire un antidépresseur dans une situation
d’urgence qui nécessite une prise en charge immédiate, éventuellement en milieu
hospitalier.
D’autres psychotropes sont plus adaptés en situation d’urgence pour traiter :
Une insomnie importante associée ;
Une attaque de panique associée ;
Des symptômes psychotiques sévères associés ;
Une agitation anxieuse.