Vous êtes sur la page 1sur 30

LA DEPRESSION CHEZ L’ADOLESCENT

Plan
I) Introduction
II) Intérêt de la question
III) Epidémiologie
IV) Clinique
A. Tableau de l’ED chez l’adolescent
B. Dépressivité normale de l’adolescent
C. Particularité selon le sexe
D. Tableaux particuliers.
V) Les sous types
VI) Facteurs de risque-facteurs protecteurs
VII)Evaluation : Anamnestique et psychométrique
VIII) Comorbidités
IX) Diagnostique différentiel
X) Approches psychopathologiques : psychodynamique-
cognitivo-comportementale.
XI) Evolution et pronostic
XII)La prise en charge
XIII) Prévention
XIV) Conclusion
XV)Biographie
I. Introduction
 Les adolescents se parlent peu entre eux et surtout, parlent très peu de leur mal-être.
Malheureusement, les prises en charge des adolescents en dépression ne se font
qu’après un passage aux urgences suite à une tentative de suicide. Or, les adolescents
expriment leur mal-être par des signes différents de ceux de l’adulte d’où l’importance
de les reconnaître assez tôt dans l’apparition de la maladie.
 La dépression est certainement sous-diagnostiquée et sous-traitée chez les adolescents.
Ceci est dû à plusieurs facteurs : De nombreux médecins ont tendance à penser que la
dépression est une maladie d’adulte et sont de plus, peu disposés «à étiqueter»
prématurément un jeune avec un diagnostic psychiatrique. Ils l’ont pour longtemps
considéré comme un état normal de l’adolescence,
 Les symptômes de la dépression prennent des formes différentes chez les adolescents
par rapport aux adultes.
 Sa présentation peut être trompeuse, notamment avec une irritabilité pouvant masquer
la tristesse
 Associée à une morbidité et une mortalité importante. Elle est potentiellement
chronique et récurrente.
 La dépression évolue favorablement si elle est traitée avec l’ensemble des outils
thérapeutiques à disposition.
 Le suivi à long terme est indispensable pour identifier et traiter la rechute si elle se
présent.

II. Intérêt de la question


 La dépression de l’adolescent est une maladie grave récurrente potentiellement
chronique.
 Epidémiologique : Prévalence en nette croissance
 Elle est associée avec une morbidité et une mortalité importante.
 Diagnostique difficile : présentation clinique peut être trompeuse.
 Thérapeutique : C’est cependant une maladie qui évolue favorablement si elle est
traitée avec l’ensemble des outils thérapeutiques à disposition.
 Pronostic : Risque suicidaire, récurrence et Rechute.
III. Epidémiologie
 La prévalence de l’épisode dépressif majeur, selon les critères du DSM V chez
l’adolescent varie entre 0.4 % et 8.3 % selon les études OMS.
 La plupart des études conviennent qu’environ 5 % des adolescents souffrent
cliniquement de dépression à un moment donné.
 La prévalence cumulée (cumul des nouveaux cas chez des individus préalablement
asymptomatiques, aussi connu sous le nom de prévalence vie entière) est plus élevée.
Par exemple, à l’âge de 16 ans, 12 % des filles et 7 % des garçons auraient eu à un
moment donné de leur vie un épisode dépressif (Costello et al. 2003).
 On peut y adjoindre 5 à 10 % de jeunes pour lesquels on estime qu’ils présentent une
dépression subsyndromique (ou dépression mineure). Un jeune avec une dépression
mineure présente des perturbations de son fonctionnement, un risque suicidaire accru et
une augmentation du risque de développer une dépression caractérisée
 Une méta-analyse de 2006 portant sur 26 études représentant environ 60000 patients
(enfants et adolescents) conclue à un taux de prévalence pour l’épisode dépressif
majeur de 5.6% chez les 13-18 ans. Ce qui rejoint le résultat de l’étude récente de
Thapar qui évalue la prévalence entre 4 et 5% [1] chez l’adolescent.
 Selon l’Oregon Adolescent Depression Project, l’âge moyen du premier ED se situe à
14.7 ans chez la fille et 15.9 ans chez le garçon.
 Les résultats de l’étude Great Smoky Mountain Study (GSMS) sont concordants.
Cependant, il faut distinguer l’âge du premier symptôme dépressif et l’âge où le
tableau clinique est complet.
 Il est alors retrouvé dans GSMS que l’âge moyen de début des premiers symptômes
dépressifs est de deux ans plus précoces chez les sujets qui développeront un véritable
ED à l’adolescence.
 Le taux de rechute est élevé variant entre 35 et 55% dans les 4 ans après un épisode
 Le sex ratio fille-garçon Avant la puberté, les garçons et les filles présentent un
risque égal pour la dépression, tandis qu’après le début de la puberté, le taux de
dépression est deux fois plus élevé chez les filles ; deux fois plus de filles que de
garçons (à partir de 14 ans) et que son évolution est également plus rapide chez ces
dernières (pour une revue voir Hankin & Abramson, 2001). Compas et al. (1993) ont
proposé d’expliquer la plus grande fréquence de la dépression chez les adolescentes par
la tendance des filles à réagir aux sentiments dépressifs.
 La dépression est une pathologie fréquente à l’adolescence puisque 30% des
adolescents souffrent d’humeur dépressive et 3 à 10% des adolescents sont en
dépression sévère (OMS).
 Les travaux de Kovac ont permis de différencier le risque de rechute ou de
chronicisation selon le type de trouble dépressif initial. Ils montrent un risque
important de rechute dépressive à l’adolescence chez les enfants ayant présenté un
premier épisode dépressif majeur et/ou dysthymique.
 Conséquences socio-économiques de la maladie Il y a actuellement peu de données
disponibles sur l’impact économique de la dépression infantile. Cependant, compte
tenu de la continuité du trouble à l’âge adulte, cet impact est probablement tout à fait
substantiel. Par exemple, une étude estime qu’une femme de 21 ans ayant présenté un
épisode dépressif majeur précoce peut s’attendre à avoir un salaire de 12 à 18 %
inférieur à une femme du même âge n’ayant fait de dépression qu’après l’âge de 21 ans
ou n’en n’ayant pas fait du tout (Berndt et al. 2000)

IV. Clinique :
A.Tableau de l’ED chez l’adolescent :
 Les patients déprimés peuvent développer des symptômes à n’importe quel âge
cependant la présentation clinique varie légèrement selon le stade de développement,
induisant des différences dans la manière dont la dépression se manifeste tout au long
de la vie comme cela est précisé plus haut dans la Table E.1.
 L’âge de début ne semble pas permettre de définir des sous-groupes distincts de
dépression, mais un début précoce est associé à de multiples indicateurs d’une
pathologie plus sévère à l’âge adulte, se manifestant au travers de nombreux
domaines : statut matrimonial (ils sont moins souvent mariés), plus de difficultés
d’intégration et de fonctionnement social, moins bonne qualité de vie, plus
de comorbidités médicales et psychiatriques, fréquence accrue d’épisodes dépressifs au
cours de la vie, augmentation du risque suicidaire et majoration de la sévérité de
symptômes (Berndt et al. 2000).
 Les critères de l’EDM chez l’adolescent sont identiques aux critères de l’adulte DSM V,
néanmoins l’adolescent présente des particularités développementales :
 Il manifeste rarement le masque dépressif, et n’exprime pas directement l’humeur
dépressive,
 Elle transparait plutôt à travers ses comportements, mais si on témoigne de l’intérêt pour
sa souffrance,
 L’adolescent peut la reconnaitre, il se dit « morose », « il a la tête vide » ou « prise par
des pensées négatives » il « s’ennuie », il « a les nerfs à fleurs de peau ».
 L’humeur est souvent irritable, plutôt que triste, ceci s’exprime souvent dans la relation
avec ses proches : revendication, hostilité, crises de colère, réactions disproportionnées
pour des frustrations minimes.
 L’humeur peut être réactive : c a d, que malgré une tristesse persistante, l’adolescent
garde la capacité de se sentir mieux à l’approche d’un évènement positif ou à se mobiliser
pour certaines activités ou évènements.
 Le ralentissement psychomoteur peut être fluctuant, et à l’inverse, il peut exister une
agitation visible à travers une instabilité motrice, voire des fugues
 Les Plaintes somatiques sont fréquentes : céphalées, douleurs abdominales
 Les troubles instinctuels sont marqués par les contrastes : anorexie ou hyperphagie, voire
boulimie avec variation pondérale, insomnie ou hypersomnie.
 Les pensées négatives sont dominées à l’adolescence par l’auto-dévalorisassions, les
sentiments d’impuissance, et le désespoir.
 Le manque d’estime de soi appartient plutôt à l’enfance, et la culpabilité à l’adulte
 Le retrait familial et social, se manifeste par des comportements négatifs ou d’opposition,
on observe souvent un décrochage scolaire, voire un absentéisme
 Difficultés scolaires
 Certains luttent contre les idées suicidaires, d’autres manifestent une fascination pour la
mort à travers leur présentation ou leur parole.
 Même si le diagnostic médical de dépression requiert que les symptômes soient présents
chaque jour, et la plupart du temps de la journée, au cours des deux dernières semaines,
les adolescents, en particulier ceux qui souffrent de dépressions modérées ou légères,
gardent souvent une capacité à y réagir et peuvent, avec effort, cacher leurs symptômes.
 Irritabilité plus manifeste (filles s’énervent autant que les garçons et s’il y a répétition de
l’irritabilité, ça devient interpellant)
 Diminution de la capacité de concentration
 Perturbation plus grande des rythmes circadiens (difficulté d’endormissement et réveils
nocturnes de minimum 30 minutes). Remarque : dans les addictions aux jeux vidéo, il est
possible que ce soit plus lié à ses troubles du sommeil qu’à, une addiction en tant que
telle.
 Troubles de l’appétit (>< anorexie : aménorrhée et hyper-contrôle)
 Recherche de sensations intenses (plus fréquent chez les garçons, il y a mise en danger
d’eux-mêmes ce qui leur donnent un sentiment d’existence, un sens à leur vie)

B. DG DSM V :
Classification DSM V: criteres diagnostic de l’episode dépressif caracterisé:
Au moins cinq des symptômes suivants doivent avoir été présents pendant une même
période d’une durée de deux semaines et avoir représenté un changement par rapport au
fonctionnement antérieur; au moins un des symptômes est soit (1) une humeur dépressive,
soit (2) une perte d’intérêt ou de plaisir.

N.B.: Ne pas inclure des symptômes qui sont manifestement imputables à une
affection médicale générale, à des idées délirantes ou à des hallucinations non
congruentes à l’humeur.
(1) Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours,
signalée par le sujet (p. ex. se sent triste ou vide) ou observée par les autres (p. ex.pleure).
N.B.: Éventuellement irritabilité chez l’enfant et l’adolescent.
(2) Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour presque toutes les activités
pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou
observée par les autres).
(3) Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (p. ex. modification du
poids corporel en un mois excédent 5%), ou diminution ou augmentation de l’appétit
presque tous les jours. N.B.: Chez l’enfant, prendre en compte l’absence de
l’augmentation de poids attendue.
(4) Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
(5) Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les
autres, non limité à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).
(6) Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.
(7) Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut
être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable
d’être malade).
(8) Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les
jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
(9) Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires
récurrentes sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider. De
nombreux symptômes peuvent masquer un syndrome dépressif à l’adolescence et peuvent
être considérés comme des équivalents dépressifs : agressivité, passages à l’acte
(fugues,vols), conduites centrées sur le corps (anorexie mentale, obésité, plaintes
somatiques), conduites sexuelles anarchiques, toxicomanie, instabilité, phobie scolaire,
accidents à répétition.
De tels symptômes doivent donc systématiquement faire rechercher un syndrome
dépressif.
Les filles et les garçons n’expriment pas leur dépression de la même façon. Les premières
manifestent ce malaise par leurs préoccupations sur l’image de leur corps, leur poids, des
douleurs plus ou moins diffuses qui n’inquiètent pas au premier abord mais dont
l’intensité, la persistance et surtout la prise en compte de l’appel implicite doivent être tout
particulièrement évaluées.
Les seconds montrent plus leur dépression sous une forme comportementale, agressive,
déchargeant ainsi leur tension et la souffrance qu’ils ressentent en relation avec l’image
négative qu’ils ont d’eux-mêmes, cachée par une apparente insolence ou une réaction
violente qui n’en sont que les expressions manifestes.

C.Dépressivité normale de l’adolescent


 Une ambiance dépressive normale est fréquemment décrite à l’adolescence : humeur
dépressive, ennui, morosité, retrait, installation dans un état d’attente, désinvestissement,
conduites agressives.
 L’humeur dépressive est un regard dévalorisant porté sur soi et qui vient colorer de
déplaisir les représentations, les activités, et les affects, mais cette manifestation est plutôt
intermittente, marquées par des sautes d’humeur, c’est plutôt un signal d’alarme
permettant au sujet de réagir et de se dégager du mouvement dépressif naissant, et diffère
en cela des états dépressifs pathologiques.
 La présence transitoire et intermittente des symptômes dépressifs, leur intensité ainsi que
leur retentissement sur le fonctionnement permettent de distinguer la dépressivité normale
de l’adolescence des EDM.
 La dépression caractérisée s’associe à une diminution des capacités à faire les taches du
quotidien, maintenir les relations avec les amis et la famille, l’environnement scolaire et
le travail.

D.Particularité du tableau selon le sexe :


 LES FILLES focaliseraient leur attention sur les affects négatifs/dépressifs et sur la
symptomatologie dépressive. Changements physiques moins positifs : élargissement des
hanches, prises de poids, inconforts liés aux menstruations, etc. Elles ont moins de
contacts sociaux, moins d’amies, mais les relations établies seront plus profondes. Dès
lors, leur univers social a énormément d’impact sur la dépression.
 LES GARCONS utiliseraient plutôt des stratégies de détournement de l’attention.
Changements physiques plus positifs : grandir, masse corporelle – muscles, etc. Ils feront
comme si tout allait bien en multipliant leurs contacts sociaux et leurs activités.

E. Tableaux particuliers :
1/dépression d’infériorité : l’autodévalorisation et le sentiment d’infériorité sont
communs à toute dépression quel que soit l’âge, mais les aléas de l’estime de soi à cet âge
rendent l’adolescence particulièrement sensible à ce type de dépression , le sentiment
d’infériorité peut concerner soit un domaine particulier physique ou intellectuel ou
l’ensemble de la personnalité, il en résulte un désinvestissement du monde extérieur avec
une concentration des intérêts sur la quête de la valeur personnelle.
2/dépression d’abandon : c’est une forme de dépression, marquée par la fréquence des
passages à l’acte auto ou hétéroagressifs, par la réactivité de l’humeur et la sensibilité au
rejet.
Décrite chez les adolescents présentant des fonctionnements limites.
A la suite d’une histoire marquée par les vécus de carence et abandonniques.
3/Dépression mélancolique, psychotique et bipolaire:
La dépression mélancolique est marquée par: le réveil précoce, une agitation ou un
ralentissement psychomoteur marqué, une absence de réactivité de l’humeur et des idées
de culpabilité et d’indignité excessive.
La présence de délire et d’hallucinations est plus fréquente chez l’adolescent que chez
l’adulte
Comme chez l’adulte , la dépression peut révéler un trouble bipolaire .
4 /La dépression masquée :
 L’épisode dépressif caractérisé (EDC) passe souvent inaperçu à l’adolescence. Dans
cette tranche d’âge, aucun symptôme n’est spécifique à la dépression et elle s'exprime
davantage par des comportements que par une mentalisation (intériorisation) comme
chez l'adulte. La dépression est ainsi difficile à repérer à cause :
− d’une confusion entre la dépression et la « crise d’adolescence » avec sa part de
déprime et de comportements associés ;
− de symptômes parfois trompeurs, tels que l’irritabilité ou l’agressivité ;
− du caractère fluctuant des symptômes qui s’expriment dans différents lieux (maison,
école, collège...) et dont l’expression dépend de l’environnement (culturel, familial,
relationnel) ;
− de la présence de moments où l’adolescent dépressif se sent mieux lorsqu’un
événement positif lui arrive ;
− de la capacité de l’adolescent à conserver des capacités de fonctionnement
(relationnel, scolaire,…)
V. Les sous types :
 Il est pertinent de définir des sous-types de dépression car cela a des implications dans les
choix thérapeutiques et le pronostic. Par exemple la dépression saisonnière peut répondre
plus spécifiquement à la photothérapie, et le traitement de la dépression bipolaire est
différent de celui de la dépression unipolaire.
 Exceptée la distinction entre dépression unipolaire et bipolaire, de nombreux autres sous
types (par exemple, primaire et secondaire, endogène et réactionnel, psychotique et
névrotique) ont été proposés au fil des années, habituellement sans données empiriques
convaincantes ou données cliniques validées.
 La plupart des sous-types de dépression habituellement utilisés sont résumés dans la
Table .
VI. Facteurs de risque-facteurs protecteurs
 L’étiologie de la dépression est complexe, multifactorielle, et fait l’objet de nombreux
débats scientifiques, par conséquent cela ne sera pas discuté en détail ici. Les facteurs de
risques ayant un rôle dans la prévention, la détection ou le traitement sont listés dans la
Table

 Antécédents de souffrance néonatale, de pathologie


Individuels
somatique de la naissance et de la petite enfance
 Antécédents ou existence d’une maladie chronique ou
handicapante
 Antécédents de trouble psychiatrique, notamment de
symptômes dépressifs, d’EDC, de risque suicidaire
(idéation suicidaire, tentative de suicide, scarification), de
troubles des conduites alimentaires et plus largement
l’ensemble des troubles internalisés (dont les cognitions
négatives) et des troubles externalisés (dont les fugues, les
conduites à risque, la consommation à risque de substances
psychoactives, les transgressions et la déscolarisation)
 Antécédent traumatique : état de stress post-traumatique,
agression physique ou sexuelle, violences communautaires,
et être témoin de violence
 Orientation sexuelle non hétérosexuelle (dans certains
contextes, notamment en cas de discrimination)
 Puberté précoce
 Sexualité à risque (rapport précoce, non protégé, répété,
partenaires multiples) et grossesse à l’adolescence

 Mauvaises relations familiales (séparation répétée,


Environnementaux placements itératifs, négligence, maltraitance, rejet,
manque de soutien, indisponibilité) et conflit intrafamilial
 Mauvaises relations sociales (victime ou acteur de
harcèlement, etc.)
 Événement négatif : agression, mort d’un proche, perte
interpersonnelle, conflit, séparation parentale,
déménagement
 Toute psychopathologie parentale, notamment
consommation à risque de substances psychoactives et
dépression maternelle

Les adolescents vivant en foyer, déracinés, ayant affaire au système judiciaire et/ou ayant été
victimes de maltraitance sont considérés comme à « très haut risque » de dépression ou de
suicide, surtout lorsqu’ils n’ont pas pu s’étayer sur des adultes ressources.
 Facteurs protecteurs
Par opposition, certains styles permettent la résilience, , Il existe des facteurs protecteurs de
la dépression, tels que :
 Une bonne estime de soi : l’optimisme, la confiance, la conscience de soi ;
 Des styles cognitifs positifs (confiance dans ses capacités d’adaptation, optimisme,
activités créatives, perception des situations comme résolvables, etc.) ;
 La qualité du soutien familial ;
 La capacité à utiliser le soutien amical et les adultes ressources ;
 L’engagement dans des activités créatives par exp : la pratique sportive récréative.
 Chaleur et capacités d’expression.

VII. L’évaluation :
 Evaluer la sévérité d’un épisode dépressif est très important car les guidelines considèrent
la sévérité comme l’un des critères utiles pour le choix du traitement de première
intention.
 l’évaluation de la sévérité est largement basée sur un consensus clinique :
Evaluation de la sévérité d’un épisode dépressif selon les critères de spécification de
DSM V : En épisode léger ,modéré , sévère , selon le nombre de symptômes présents
(voir le DSM V )p103.
 Il y a de nombreuses échelles de dépression pour l’enfant et l’adolescent :
 L’échelle d’Hamilton pour la dépression remplie par le clinicien est la plus
largement utilisée pour évaluer la dépression chez l’adulte. Elle est beaucoup
moins utilisée chez l’enfant et l’adolescent.
 La « Children’s Depression Rating Scale » (CDRS) (Potznanski &
Mokros, 1996), aussi effectuée par le clinicien, a en revanche été
spécifiquement développée pour le jeune. Cette échelle a été utilisée dans les
principaux essais thérapeutiques comme dans TADS (Curry et al, 2010).
 Il y a aussi des hétéroquestionnaires à visée diagnostique, comme le Child and
Adolescent Psychiatric Assessment (CAPA) ( Angold & Costello, 2000) qui
sont principalement utilisés dans les recherches cliniques.
 Les échelles les plus largement utilisées sont des autos questionnaires, la plupart du
temps remplis par l’enfant, les parents et les enseignants. Sachant que les échelles ne
peuvent plus être utilisées de manière valide pour poser un diagnostic
 ce dernier requérant l’évaluation en consultation par un clinicien compétent, et de
manière optimale des informateurs clés
 elles sont la plupart du temps utilisés à des fins de dépistage (par exemple dans les
écoles ou dans les populations considérés comme étant à risque) ou pour évaluer la
réponse à un traitement au cours de l’évolution. Au fur et à mesure du temps, elles ont
été modifiées pour être complétées par le jeune lui-même en utilisant des ordinateurs,
des smartphones, et des applications pour tablette (Stevens et al, 2008). Par ailleurs,
l’utilisation d’auto questionnaires semble être moins pertinente chez l’enfant pré
pubère que chez l’adolescent. L’impact des nouvelles technologies, comme celles des
téléphones portables, n’a pas encore été complètement exploité et leur utilité pourrait
s’accroître. La majorité de ces échelles fait l’objet de droits et est coûteuse mais
aucune n’a montré clairement une supériorité par rapport aux autres. liste certaines des
échelles qui sont libres de droit pour l’usage clinique ; certaines sont valides dans
différentes langues.

VIII. Comorbidités
 Les données épidémiologiques en population générale suggèrent que la présence de
comorbidités dans la dépression de l’adolescent est fréquente. La comorbidité de la
dépression avec les divers troubles psychiatriques atteint des taux de 40 % à 70 % dans
l’EDM et 40 à 90 % dans les troubles dépressifs.
 Les patients présentant des troubles comorbides ont un moins bon fonctionnement
clinique global que ceux avec un diagnostic unique.
 La comorbidité est aussi associée à un devenir à l’âge adulte plus péjoratif.
 Les troubles psychiatriques fréquemment associés à la dépression sont les troubles
anxieux, les troubles des conduites, le trouble de déficit de l’attention et
hyperactivité (TDAH), les troubles obsessionnels compulsifs, et les troubles des
apprentissages.
 Une étude épidémiologique (Costello et al, 2003) montre que, sur une période de 3 mois,
28 % des jeunes diagnostiqués avec un trouble dépressif ont aussi eu un trouble
anxieux, 7 % un TDAH, 3 % un trouble des conduites, 3 % un trouble oppositionnel
et 1 % un abus de substance.
 La suicidalité :
Il existe une corrélation nette entre dépression et tentative de suicide. De 50 à 70 % des sujets
qui ont effectué une TS présentent une problématique dépressive évidente.
La présence d’un trouble dépressif multiplie d’un facteur de 11 à 27 le risque de TS par
rapport à la population générale. Environ 50 % des adolescents déprimés présentent des idées
ou des comportements suicidaires.
Il existe une corrélation entre la gravité de la TS et la profondeur de la dépression.
Plusieurs études rapportent une élévation du taux de TS lorsque la dépression est associée à
des troubles comorbides précédemment cités (trouble anxieux, trouble du comportement,
consommation de produits).
 On peut citer d’autres complications psychiatriques du stress post traumatique pouvant
interagir avec la dépression comme : le trouble panique, les autres troubles anxieux,
les comportements impulsifs, le trouble dissociatif, et le mésusage de substances.
 Dépression et traits de personnalité : Les traits de personnalité se dessinent
progressivement au cours de l’adolescence et chez le jeune adulte et le type de
personnalité peut influencer la présentation et le mode d’expression d’une
pathologie dépressive. Cela est évident chez l’adulte, mais cela survient aussi chez les
plus jeunes.
Les personnalités borderline sont particulièrement sujettes à la dépression du fait de
leur tendance dysphorique et de leur extrême sensibilité au rejet. Leur peur d’abandon
peut être accompagnée par d’intenses mais habituellement brefs épisodes de tristesse,
colère, ou irritabilité, qui culminent parfois dans des accès d’auto agressivité.

 Troubles anxieux (30 à 80 %) :


C’est l’association la plus souvent rencontrée. En cas d’association entre un trouble
anxieux et la dépression à l’adolescence, la dépression est plus sévère et plus difficile à
traiter.
 Troubles des conduites (10 à 80 %) :
Il s’agit de comportements d’infraction aux règles et aux normes sociales : école
buissonnière, fugues, vols, mensonges, violences.
 Consommations de produits (20 à 30 %) :
Chez les adolescents déprimés, la consommation de produits serait multipliée par deux
pour le tabac, par trois pour l’alcool, par quatre pour le cannabis et par dix pour les autres
drogues.

IX. Diagnostique différentiel :


A. Tristesse non pathologique : La tristesse de l’humeur fait partie des expériences
émotionnelles normales dans la vie, en particulier dans les suites d’un deuil ou d’une
déception. Cependant, parfois, ces sentiments sont si intenses et persistants que les
individus deviennent incapables de maintenir leur niveau de fonctionnement antérieur.
C’est dans ces situations que les dénominations de dépression clinique, dépression
majeure, maladie dépressive ou mélancolie sont appliquées. Dans le langage courant,
on dit « être déprimé », ce qui veut dire qu’on se sent malheureux, fatigué ou triste. La
question est donc de distinguer les dépressions cliniques, d’une part, des sentiments
normaux de hauts et de bas survenant lors d’une vie d’adolescent et, d’autre part des
situations qui peuvent mimer la dépression.
B. Adolescence normale : L’une des principales préoccupations exprimées par les
cliniciens concernant le diagnostic de dépression est de différencier le comportement
d’un adolescent normal de celui d’un jeune déprimé. Les adolescents sont en effet
souvent perçus comme étant de mauvaise humeur, irritables, anhédoniques, et
s’ennuyant.
C. Pathologies somatiques et effets médicamenteux : Certaines pathologies médicales,
traitements ou substances psychoactives peuvent mimer la dépression chez l’enfant et
l’adolescent. Cela inclut (la liste n’est pas exhaustive) :
• médicaments : isotrétinoïne, corticostéroïde et stimulants (par exemple
amphétamines, méthylphénidate)
• abus de substances : amphétamines, cocaïne, cannabis, solvants
• infections : syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA), mononucléose
infectieuse, grippe
• troubles neurologiques : épilepsie, migraine, traumatisme crânien
• maladie endocrinienne : maladie d’Addison, maladie de Cushing,
hypopituitarisme, trouble thyroïdien.
D. Unipolaire ou bipolaire : Un des enjeux dans le diagnostic de dépression est de
vérifier s’il s’agit d’un épisode unipolaire ou bipolaire, du fait des implications
thérapeutiques. Bien que l’expression clinique puisse être strictement identique,
certaines caractéristiques sont évocatrices d’un épisode dépressif inclus dans une
pathologie bipolaire, comme des antécédents familiaux de trouble bipolaire, la
présence de symptômes psychotiques ou catatoniques. Cependant, le diagnostic de
trouble bipolaire ne peut pas être posé sans qu’il y ait l’histoire d’au moins un épisode
maniaque, hypomaniaque ou mixte non pharmacologiquement induit. Suspecter un
trouble bipolaire engage à rechercher de manière plus approfondie des antécédents de
symptômes maniaques ou hypomaniaque dans l’histoire clinique. La distinction
unipolaire/ bipolaire est d’autant plus difficile à faire que les troubles bipolaires
débutent souvent par un épisode dépressif dans l’enfance ou l’adolescence.
E. Troubles addictifs :Compte tenu de la fréquence de l’usage de substances psycho
actives à l’adolescence, il est toujours important de savoir si les symptômes dépressifs
sont secondaires à la consommation de substances comme les amphétamines, la
cocaïne, le cannabis ou les solvants. Par exemple, le manque d’amphétamines peut se
manifester (en particuliers après des épisodes d’intense utilisation : « speed run ») par
un tableau de dysphorie, de fatigue intense, de troubles du sommeil et de
ralentissement psychomoteur (« crash ») qui peut être très proche de la dépression.
Dans le cas de symptômes induits par une substance, ils disparaissent habituellement
après quelques jours d’abstinence. Si les symptômes dépressifs persistent à distance
des consommations ou précédaient le début des consommations de substances, on
suspectera que l’épisode dépressif était présent et comorbide avec l’usage de
substance.
F. Schizophrénie : Quand les adolescents présentent, en plus des symptômes dépressifs,
des hallucinations ou des idées délirantes, il est important de distinguer le diagnostic
de schizophrénie et celui de dépression psychotique. Les caractéristiques suggérant
une dépression psychotique incluent une histoire familiale de dépression ou de
troubles bipolaires, un début relativement brutal sans période prodromique, la
présence d’hallucinations congruentes à l’humeur (par exemple, des voix disant au
patient qu’il est mauvais ou qu’il devrait se tuer) ou des idées délirantes (par exemple,
des idées de culpabilité, de pauvreté, de désastre imminent, la croyance pour une
patiente qu’elle est une sorcière et a causé du tort aux autres). En dépit de ces
différences, la distinction entre ces deux diagnostics peut être difficile en pratique. Par
exemple, il n’est pas rare que la dysphorie et l’incurie présentes lors de la phase
prodromique d’une schizophrénie soit faussement diagnostiqués comme une
dépression. Souvent, seule l’évolution permettra de résoudre la question diagnostique.
Dans ce genre de cas, plutôt que de poser un diagnostic de dépression psychotique ou
de schizophrénie, il est préférable de poser le diagnostiquer de « premier épisode
psychotique » et de laisser à plus tard le diagnostic final, une fois que l’évolution de la
maladie sera plus claire et que des informations supplémentaires pourront le
confirmer.
G. TDAH et troubles des conduites disruptives : L’irritabilité et la démoralisation sont
très fréquentes chez les enfants, particulièrement chez les enfants pré pubères, atteints
de TDAH, de troubles oppositionnels ou de troubles des conduites, souvent dans un
contexte de Stigmatisation “La peur de la honte et la fierté m’ont toutes deux gardé
loin des traitements médicamenteux et des conseillers. Cependant, je pourrais être
d’une grande aide à d’autres si j’essayais de sortir ces choses et de rapporter ce qui
fonctionne et ce qui ne marchent pas avec le public. Tout le monde saurait que j’ai eu
la faiblesse d’avoir une dépression mais je m’aiderais moi-même et les autres.”
(Australian Broadcasting Corporation, 2008). Les adolescents sont conscients de leur
propre santé mentale et considèrent souvent la dépression comme un signe de faiblesse
ou un manque de caractère. La stigmatisation rend le diagnostic et le traitement plus
difficiles.
H. Troubles de l’humeur l’Adolescent avec un dysfonctionnement familial significatif,
de pauvreté, de négligence, en famille d’accueil ou en institution. Dans ces cas, il est
difficile d’établir si l’infléchissement thymique est le résultat de la situation critique
dans laquelle se trouve l’enfant ou une manifestation clinique de la dépression. Si les
symptômes répondent aux critères de dépression, un diagnostic comorbide de
dépression (c’est-à-dire 2 diagnostics) est encouragé par le DSM. Le système de la
CIM, de son côté, recommande de poser uniquement un diagnostic : « troubles mixtes
des conduites et des émotions » ou « trouble des conduites avec dépression ».
Actuellement, les avantages d’une approche par rapport à l’autre ne sont pas clairs,
bien que des recherches montrent que les enfants ayant à la fois des problèmes de
conduites et de dépression grandissent en ressemblant beaucoup plus aux enfants avec
un trouble des conduites que ceux avec une dépression.
I. Troubles de l’adaptation avec humeur dépressive : Les cliniciens diagnostiquent
souvent un trouble de l’adaptation quand le début des symptômes survient dans les
suites d’un événement de vie significatif. Cette approche est valide uniquement si les
symptômes dépressifs cliniquement significatifs ou le dysfonctionnement surviennent
dans les 3 mois suivant un stress identifiable et ne remplissent pas les critères d’un
épisode dépressif caractérisé ou d’un deuil. Dans le cadre d’un trouble de l’adaptation,
les symptômes sont censés disparaître dans les 6 mois après la disparition des facteurs
de stress. Le deuil peut aussi se présenter comme un tableau clinique très proche de
celui d’un épisode dépressif mais le diagnostic d’épisode dépressif ne devrait pas être
posé à moins que les symptômes soient sévères et invalidants (culpabilité persistante
et inadaptée, préoccupation morbide avec sentiment d’inutilité, retentissement
fonctionnel significatif) ou persistent sur une longue période (plus de 2 mois, bien
qu’il y ait un large éventail de différences selon les cultures).

X. Approches psychopathologiques : psychodynamique-


cognitivo-comportementale.
1/modèle psychodynamique :
 Problématique dépressive développementale à l’adolescence :
 Réactualisations des conflits infantiles archaïques et œdipiens

 Reprise des processus de séparation – individuation

 Remaniement des équilibres narcissiques et objectaux

Approche psychopathologique : psychodynamique

Répétition des conflits infantiles : l’adolescence achève et répète le développement infantile,


la poussée pulsionnelle réveille des désirs incestueux et parenticides devenus physiquement
réalisables.

Les évènements négatifs peuvent résonner avec ces fantasmes : la séparation parentale peut
être vécue comme la réalisation des désirs oedipiens et raviver la culpabilité, l’échec
amoureux : l’impossibilité d’échapper aux liens incestueux, et à la dépendance, et peut être
source de sentiments de honte et d’impuissance .

2/pertes et séparations : l’adolescent s’éloigne de sa famille, change de lieu de vie, et déplace


ses investissements, de nouveaux intérêts mais au prix de renoncement, des liens
d’attachement anciens sont distendus voire rompus, cela confronte l’adolescent à des
sentiments de perte qui favorisent l’émergence d’affects dépressifs .

La perte de la familiarité et de la quiétude du corps de l’enfance par la brusque confrontation


aux changements physiologiques liés à la puberté.

La perte de la dépendance aux parents.

La perte des images parentales idéales et le renoncement à la morale parentale pour une
morale personnelle.

L’adolescence impose un travail de deuil: se détacher progressivement des objets externes


perdus pour investir d’autres objets , cela favorise l’émergence d’affects anxiodepressifs:
l’insécurité, perte du sentiment d’etre aimé, déception par rapport aux idéaux, honte ,
culpabilité .

3/Remaniement de l’équilibre narcissico-objectal :

Les objets d’amour primaires et les objets d’amour génitaux sont bien distincts à
l’adolescence, l’attirance pour l’objet est alors vécue par l’adolescent comme une menace
dans son intégrité narcissique.

2/ modèles cognitivo-comportementaux

Selon cette théorie , les comportements du sujet dépressif, seraient favorisés par la perte des
renforçateurs positifs internes(autovalorisations positives), et externes ou sociaux, la perte de
ces derniers pourrait être secondaire à un environnement négatif, à un manque de capacité à
provoquer des renforcements positifs: manque d’habileté sociale, rejet, ou irritabilité, ou un
biais de perception: prendre un compliment pour une moquerie .
Les personnes souffrant de dépression , portent automatiquement un jugement négatif sur
eux-mêmes, le monde et le futur, jugement qu’ils ne requestionnent pas, ces pensées
dysfonctionnelles, seraient liés à des erreurs logiques , systématiques : surgénéralisation des
échecs, personnalisation des faits négatifs, conclusions négatives à partir de détails
insignifiants.

Ces styles cognitifs encourageraient le pessimisme, le repli et favoriseraient l’apparition


d’une dépression.

Théorie systémique

La théorie systémique ne décrit pas de dynamique spécifique à la dépression, mais, elle


insiste sur l’étape fondamentale que constitue l’adolescence pour la famille : les équilibres
sont renégociés : différenciation/appartenance, distance émotionnelle, relations de
dépendance mutuelle, nouvelle répartition des attachements affectifs.
Autour d’un adolescent déprimé, ces liens peuvent se rigidifier et empêcher l’évolution
favorable de ce symptôme.

XI. Evolution et pronostic


 La durée moyenne d’un épisode dépressif varie selon l’échantillon. Elle est de 7 à 9 mois
en population clinique et de 1 à 2 mois en population générale.
 La sévérité clinique de la dépression, la présence de comorbidités, d’évènements de vie
négatifs, de pathologies psychiatriques parentales, et un moins bon fonctionnement
psychosocial sont associés à une durée plus longue de l’épisode.
 La rémission survient dans 90% des cas au bout d’un an. Cependant, le risque de
récurrence est important, pouvant atteindre 50 à 70% dans les 5 ans . et de 40% dans les
2 ans. Elle reste élevée après l’arrêt du traitement. Par exemple, dans l’étude de suivi à 5
ans Treatment of Adolescent Depression Study (TADS), il a été mis en évidence que
l’immense majorité des participants (96%) avait guéri de l’épisode initial, mais qu’après 5
ans, presque la moitié (46%) avaient eu une récurrence (Curry et al. 2010).
 La probabilité qu’un nouvel épisode survienne à l’âge adulte est évaluée à 60%
(Birmaher et al. 1996). Ainsi la maladie dépressive peut être considérée de manière
optimale comme un état chronique avec des rémissions et des récurrences. Ceci à des
implications importantes dans la prise en charge, qui ne peut se réduire au fait de limiter
la durée de l’épisode dépressif.
 La plupart des études de devenir montre que la dépression à l’adolescence est un facteur
de risque de dépression et de suicidalité à l’âge adulte. Cependant, des analyses
multivariées atténuent ce lien en mettant en évidence la participation de troubles
comorbides tels que le trouble oppositionnel dans le développement de troubles dépressifs
à l’âge adulte .
 Un des risques évolutifs de la dépression unipolaire à l’adolescence est celui de
développer un trouble bipolaire. Selon les études, ce risque varie de 1 à 20%. Les facteurs
dits prédictifs de bipolarité mis en évidence concernent des symptômes cliniques, une
histoire familiale de troubles thymiques et une hypomanie pharmacologiquement induite.
Le délai entre un épisode dépressif majeur et un épisode hypomaniaque ou maniaque
signant le diagnostic de troubles bipolaires est en moyenne de 4,9 ans (écart type 3,4).

XII. La prise en charge


A. Les objectifs de la PEC :
Les objectifs de soins se définissent à deux niveaux :
 urgence et à court terme :
o Traiter la crise suicidaire, éclaircir la situation, contenir, protéger,
o Prévenir le risque suicidaire,
o Diminuer la symptomatologie dépressive (réponse) et préparer la rémission,
o Améliorer le fonctionnement relationnel et éviter la rupture scolaire ;
 à moyen et long terme :
o Favoriser la reprise développementale, lutter contre les vulnérabilités et
favoriser la résilience à l’âge adulte,
o Consolider la réponse, limiter les rechutes et les récidives,
o Améliorer le fonctionnement psychique, comportemental et relationnel,
o Mettre en place la prévention secondaire : consolider le développement et
favoriser les investissements positifs.

La dépression de l’adolescent est souvent en rapport avec une perte de liens. Il est
recommandé d’aider l’adolescent à :

 Donner du sens à ses symptômes ;


 Restaurer les liens avec ses proches et son environnement ;
 S’intégrer, si nécessaire, dans un parcours de soins avec les autres professionnels de
santé.

B. Les indications de l’hospitalisation :


 Il est recommandé d’envisager une hospitalisation soit d’emblée, soit au cours de
l’évolution, lorsqu’il existe :
 Un risque important de passage à l’acte auto ou hétéro-agressif ;
 Une forme sévère, notamment avec symptômes psychotiques ou un retentissement
fonctionnel et/ou somatique important ;
 L’impossibilité de mettre en place un suivi ambulatoire suffisamment structuré et
soutenant ;
 Un contexte sociofamilial défavorable, notamment :
 En cas d’environnement délétère (maltraitance, abus sexuel) dont il convient de
protéger le patient,
 En cas de dégradation des relations secondaire au trouble dépressif justifiant un temps
de retrait pour amorcer les soins,
 Lorsque le cadre de vie de l’adolescent ne permet pas un accompagnement suffisant
pour les soins.
 Parfois, un changement du cadre de vie avec poursuite des soins en ambulatoire peut
être préférable à l’hospitalisation.
C. Suivi somatique et règles hygiéno-diététiques :
 Il est recommandé de réaliser un suivi somatique de l’adolescent déprimé, pour :
 Eliminer un diagnostic différentiel organique ;
 Eliminer une prise de toxique ou une automédication ;
 Surveiller l’apparition d’une éventuelle comorbidité ;
 En cas de traitement psychotrope, surveiller l’apparition d’un syndrome métabolique
ou d’un allongement du qt.
 L’examen clinique lors du suivi comprend au moins la mesure de l’indice de masse
corporelle (imc) et la prise de la tension artérielle.
 Des examens complémentaires peuvent être réalisés en fonction de la clinique,
notamment un bilan biologique en vue d’un diagnostic différentiel.

 Il est recommandé de ne prodiguer des conseils hygiéno-diététiques qu’avec


circonspection et après avoir établi une alliance thérapeutique. Cela évitera de
renforcer une perte d’estime de soi, une image dévalorisée du corps, une hyperactivité
physique, des obsessions alimentaires ou des idées dysmorphophobiques.

D. Thérapie relationnelle :
1. La psychothérapie de soutien : Les paramètres pratiques de
l’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry (AACAP)
indiquent que plutôt que de proposer des traitements médicamenteux
« il est raisonnable, chez un patient avec une dépression modérée ou
brève, un dysfonctionnement psychosocial moyen, et l’absence de
signe clinique significatif de suicidalité ou de psychose, de débuter le
traitement avec l’éducation, le soutien, et une prise en charge
individualisée en lien avec les facteurs de stress environnementaux
dans la famille et à l’école. Une réponse devrait être observée après 4
à 6 semaines de thérapie de soutien. ». Ceci étant, l’éducation, la prise
en charge individuelle – thérapie de soutien – est une option de
traitement valide, très souvent utilisée en pratique mais pour laquelle il
y a peu de recherches. De nombreux patients recherchent de l’aide
dans les suites d’une crise (par exemple une tentative de suicide) ;
dans ces circonstances chargées fortement en émotion, les symptômes
tendent à être exacerbés. Traiter la crise elle-même est parfois
suffisant pour apaiser la dépression perçue, en particulier lors des
soins de première ligne. Débuter la prise en charge, en voyant
l’adolescent – et ses parents aussi si possible–deux à trois fois, permet
une évaluation plus approfondie du trouble et des facteurs de maintien
et, de discuter des options de traitement, des risques et des effets
secondaires de manière plus détaillée. Ainsi, la prise en charge
associant soutien/attente vigilante est une stratégie utile quand le
risque suicidaire est peu élevé et la dépression non sévère
2. Psychothérapies d’inspiration psychanalytique :
 Le plus souvent, il s’agit de psychothérapies d’inspiration
psychanalytique en face à face dont la qualité princeps réside dans une
démarche sur mesure, souple, et dans la possible confrontation d’un
adolescent avec un adulte.
 Cette méthode limite les risques de régression et est la méthode de choix
à l’adolescence.
 La prise en compte des résistances individuelles mais aussi familiales et
institutionnelles est indispensable.
 Le thérapeute doit laisser de côté silence et neutralité absolue, et accepter
un rôle plus actif.
 On distingue cependant les psychothérapies dynamiques brèves dont les
principes restent très proches des psychothérapies d’inspiration
psychanalytique mais dont le cadre est bouleversé par la détermination
préalable d’une durée brève. Basquin rappelle plusieurs pièges contre-
transférentiels décrits au cours de psychothérapies psychanalytiques
d’adolescents déprimés : le positionnement en rival parental, le mépris
pour les données de la réalité quotidienne du sujet, l’absence de
disponibilité réelle et de souplesse, l’absence de tolérance aux conduites
agies.
3. Psychodrame psychanalytique individuel
 Les épisodes dépressifs majeurs ne sont pas dans leur phase aiguë une
indication de psychodrame, dans la mesure où la pathologie atteint de
plein fouet la capacité à jouer de l’adolescent. En revanche, les
troubles dépressifs modérés, ou majeurs hors acmé semblent une
bonne indication de psychodrame psychanalytique.
 Dans le cas où la contrainte d’une relation duelle privilégiée avec un
adolescent fait craindre une régression psychique non contrôlable, le
psychodrame est une bonne alternative.
 Il n’existe néanmoins pas à ce jour d’études systématiques réalisées
chez l’adolescent déprimé, authentifiant l’efficacité des
psychothérapies psychanalytiques mais de nombreuses vignettes
cliniques rapportent une amélioration clinique.
4. Thérapies à médiation :
 Il peut s’agir de thérapies à médiation corporelle (relaxation,
activités sportives), de thérapies à médiation imaginaires ou
créatrices (expression, écriture) ou autres. Les thérapies à médiation
constituent une alternative aux psychothérapies d’inspiration
psychanalytique chez les adolescents pour qui le contact duel verbal
avec un adulte paraît trop angoissant, ou chez ceux qui ont un
investissement de la pensée dans l’évitement, ou au contraire dans le
surinvestissement. Les thérapies à médiation ont pour but de relancer
l’activité de penser le plus souvent chez les adolescents plus jeunes et
d’aboutir dans un deuxième temps à la possibilité d’une
psychothérapie analytique.
5. Thérapies cognitives : La TCC est basée sur l’hypothèse selon
laquelle l’humeur dépressive est associée à un comportement et des
pensées spécifiques de l’individu. Changer le comportement et les
patterns cognitifs peut conduire à réduire le sentiment dépressif et
améliorer le fonctionnement. Les individus sont exposés à divers
facteurs de stress et y répondent automatiquement avec des émotions ;
chez les adolescents déprimés, ces réponses automatiques sont
excessivement négatives au regard de la réalité – souvent
cataclysmiques : « personne ne m’aime », « je ne suis bon à rien ».
Ces pensées dépressives et les actions consécutives les font se sentir
encore plus mal, générant souvent un cercle vicieux : des sentiments
malheureux conduisent à des pensées et des comportements
excessivement négatifs. L’objectif du traitement et d’inverser ce cercle
vicieux en apprenant (a) que les sentiments, les pensées, et les actions
de chacun sont interconnectées, et (b) en développant des stratégies
pour augmenter les patterns positifs de comportement et de pensées,
cequi conduit à amener plus de sentiments positifs (Langer et al.,
2009). Le premier objectif de la TCC est d’aider les patients à
identifier les liens entre l’humeur, les pensées et les activités de leur
vie (par exemple parler à des amis au téléphone conduisant à une
amélioration de l’humeur) et de remettre en question certaines de leurs
croyances négatives ; dans le même temps, le nombre d’activités est
augmenté en usant de stratégies comme le fait de planifier des
activités agréables. De manière optimale, cela requiert d’utiliser un
journal de l’humeur . Un autre objectif est d’aider les patients à
différencier les pensées utiles et inutiles, afin de développer des
stratégies générant plus de pensées utiles, et le mettre en application
en utilisant ces pensées utiles en réponse à des situations stressantes
(remédiation cognitive). Le troisième objectif est d’équiper les jeunes
avec des compétences leur permettant de construire et maintenir les
relations, souvent minées par la dépression, en s’entraînant aux
habiletés sociales, à la communication et l’affirmation de soi.
6. Thérapie interpersonnelle :
La aussi, une étude américaine montre que la thérapie
interpersonnelle aurait de meilleurs résultats que la psychothérapie de
soutien.
7. Thérapies de groupe : Les thérapies de groupe sont très intéressantes
à l’adolescence. Le groupe aide l’adolescent à se détacher du milieu
familial au cours du processus d’individuation et permet une
socialisation par les pairs. Toutes les approches psychothérapeutiques
peuvent conduire à des applications en groupe. La préparation du
groupe est essentielle pour éviter les sorties prématurées. la
composition d’un groupe thérapeutique d’adolescents doit tenir
compte de l’âge des différents sujets, ou mieux encore de leur
développement pubertaire.
8. Thérapie familiale :
La dépression à l’adolescence étant très souvent liée à des
facteurs familiaux, il est naturel d’imaginer l’importance d’une
intervention familiale dans cette pathologie. Il est donc fondamental
d’associer la famille, en particulier les parents d’un
adolescent déprimé, à la prise en charge de ses troubles. Les
rencontres avec les parents devront le plus souvent être répétées. Leur
but est de recueillir des informations anamnestiques
mais surtout de repérer des éléments sur la qualité des transactions
relationnelles existant entre l’adolescent et ses parents. On
évalue la souplesse et la cohérence des relations ou au contraire
la présence de mécanismes entravant le développement de
l’autonomie de l’adolescent. On tente de repérer la capacité des
parents à se mobiliser et à aider leur adolescent souffrant. On
peut éventuellement mettre en évidence une correspondance
entre le moment dépressif dont souffre l’adolescent et une crise
parentale. Parfois, la dépression de l’adolescent fait écho à des
souvenirs ou des affects parentaux. Les rencontres doivent
s’attacher à établir un climat d’acceptation thérapeutique et
permettre que chacun se mobilise dans le sens d’une organisation
concertée de la prise en charge .
Les prises en charge familiales permettent d’améliorer le
pronostic pour l’adolescent et la satisfaction des familles.
L’aide apportée au parent sur un temps différencié (entretiens
parentaux, groupe de parents) est très importante et devrait être
quasi systématique, mais n’est pas toujours réalisable. Rappelons
avec Winnicott l’importance de la mère réelle et du père réel.
Les parents doivent survivre. Le thérapeute ne doit pas se situer
en meilleur parent face à des parents réels, risque souvent non
négligeable.
E. Pharmacothérapie :
Le traitement médicamenteux :
 Ne se substitue pas à la psychothérapie ;
 Ne doit jamais être prescrit isolément ;
 Est seulement indiqué dans un nombre réduit de cas.
Il est important de préciser à l’adolescent que cette prescription ne signifie pas qu’il reste
passif face à sa propre biologie et ses stratégies d’adaptation. Même si la prescription est
indiquée, la stratégie de soins doit continuer de considérer ce sujet comme acteur de ses
soins.
1. Antidépresseurs :
 Il est recommandé de ne pas prescrire un traitement antidépresseur dès la consultation
au cours de laquelle le médecin a identifié une problématique dépressive.
 Il est recommandé de ne pas prescrire un antidépresseur pour traiter :

 Les épisodes dépressifs caractérisés d’intensité légère (selon le DSM-5 ou la CIM-10)


 Les symptômes dépressifs subsyndromiques : symptômes isolés ou en nombre
insuffisant pour remplir les critères d’un EDC (selon le DSM-5 ou la CIM-10), ou
symptômes d’intensité sévère mais d’une durée inférieure à 15 jours.
 Même dans les EDC d’intensité modérée à sévère (selon le DSM-5 ou la CIM-10), il
est recommandé de ne pas prescrire en première intention un traitement antidépresseur, ni
seul ni associé à une thérapie relationnelle.
 Le traitement antidépresseur ne peut se justifier qu’en cas :
 De résistance ou d’aggravation après 4 à 8 semaines de psychothérapie (thérapie
relationnelle) ;
 Ou de signe particulier de gravité empêchant tout travail relationnel, dans l’objectif
d’obtenir une réduction symptomatique susceptible de permettre le travail
psychothérapeutique et de réduire le risque de rechute/récidive.
 Il est recommandé d’associer au traitement antidépresseur une psychothérapie adaptée.

 En cas de prescription d’un traitement antidépresseur, seule la fluoxétine est


recommandée dans l’EDC de l’adolescent dans le cadre des soins de premier
recours .
 En l’absence de données précises sur l’adaptation des doses, la posologie peut
débuter par une demi-dose par rapport à la dose adulte pour atteindre en 1 à 2
semaines celle indiquée chez l’adulte.

 Il est recommandé de surveiller étroitement le patient par des consultations


régulières surtout dans les premières semaines qui suivent l’introduction du
traitement pour rechercher un comportement suicidaire, une majoration de
l’hostilité, une agitation ou un autre facteur majorant le risque suicidaire (conflit
interpersonnel, alcool, etc.). Le patient et son entourage doivent être informés sur
ce sujet pour consulter rapidement en cas de modification de l’humeur.

 Il est recommandé d’effectuer un suivi de croissance et de maturation sexuelle


(courbe staturo-pondérale, IMC, stade de Tanner). Lors d’une prescription chez un
adolescent prépubère, au-delà de 3 mois de traitement antidépresseur, une surveillance
du bilan endocrinien est recommandée et une consultation avec un pédiatre doit être
envisagée en cas de doute sur le déroulement de la croissance ou de la maturation
sexuelle.

 Il est souhaitable que la durée totale du traitement antidépresseur d’un EDC se


situe entre 6 mois et 1 an dans le but de prévenir les récidives. L’arrêt du
traitement ne doit pas se faire à l’initiative du patient ou de sa famille sans
accompagnement médical.

 L’arrêt du traitement antidépresseur sera toujours progressif sur plusieurs


semaines ou mois pour prévenir le risque de rechute. Il apparaît préférable de choisir
une période de stabilité de la vie sociale et affective de l’adolescent afin de mieux
apprécier le retentissement et la rechute sans mêler plusieurs variables.

 En outre, un syndrome de sevrage peut apparaître en cas d’arrêt brutal. Dans ce


cas il est souhaitable de rassurer le patient sur le caractère temporaire de ce
symptôme, et si nécessaire revenir temporairement à la posologie précédente
avant de reprendre un arrêt plus progressif.
2. Anxiolytiques et hypnotiques :
 Il est recommandé de ne pas prescrire en première intention un traitement
anxiolytique ou hypnotique, notamment pour traiter l’insomnie, l’anxiété ou une
comorbidité anxieuse associée chez un adolescent présentant un EDC. Si le
traitement anxiolytique ou hypnotique est nécessaire, il doit être de courte durée
et accompagné par des mesures hygiéno-diététiques et une psychothérapie.

En cas d’urgence :
 Il est recommandé de ne pas prescrire un antidépresseur dans une situation
d’urgence qui nécessite une prise en charge immédiate, éventuellement en milieu
hospitalier.
 D’autres psychotropes sont plus adaptés en situation d’urgence pour traiter :
 Une insomnie importante associée ;
 Une attaque de panique associée ;
 Des symptômes psychotiques sévères associés ;
 Une agitation anxieuse.

F. Intervention sur l’environnement : L’intervention sur l’environnement peut modifier


nettement l’enlisement qui s’instaure dans un climat dépressif vécu par l’adolescent lui-
même mais aussi par ses proches. Cette intervention peut être de nature très diverse :
changement de lycée, de section, aménagement d’un lieu de vie différent (internat par
exemple), hospitalisation pour que les conflits puissent s’exprimer et être « travaillés »
sans être agis répétitivement. Cette intervention doit cependant avoir toujours pour but
qu’un processus de séparation-individuation ou qu’un travail de deuil s’élabore.
XIII. Prévention :
 L’objectif de la prévention est de diminuer le risque de développement des troubles et
symptômes dépressifs dans une population (intervention universelle).
 Il y a d’autres interventions préventives sans doute plus utiles, par exemple
l’intervention précoce auprès de personnes présentant des niveaux infra cliniques
de symptômes dépressifs, ayant pour objectif de réduire ces symptômes et de prévenir
le développement d’un épisode dépressif complet : de manière sélective (si les
participants ciblés ont des facteurs de risque importants) ou prévention indiquée (quand
ils ont déjà un niveau infra clinique de symptômes dépressifs).
 Les programmes ciblés (sélectifs et indiqués) montrent un effet de taille léger à modéré
mais plus élevé que celui des programmes universels, qui se sont montrés largement
inefficaces.
 Les programmes les plus efficaces sont basés sur la remédiationn cognitive, la
résolution des problèmes sociaux, les compétences de communication interpersonnelle,
le coping, et l’entraînement à la confiance en soi individuellement ou en groupe. Les
programmes de prévention sont classiquement conduits avec des groupes d’enfants ou
d’adolescents à l’école ou dans un cadre de soins. Une approche qui semble avoir
obtenu le plus de succès est le Coping with Depression Course for Adolescent (Coping
et Evolution de la Dépression de l’Adolescent). Le programme consiste en 8 sessions
hebdomadaires de 90 minutes en groupe, suivies de 6 sessions de maintien. Dans une
étude le programme a montré le maintien d’effets significatifs en comparaison avec les
soins habituels dans la prévention des épisodes dépressifs débutants chez le jeune à
risque après une période de 3 ans (Bearslee et al, 2013).
 Projet CATCH-IT : Il s’agit d’un programme gratuit s’appuyant sur internet
développé par l’université de Chicago. L’objectif est d’aider à enseigner la résilience
aux adolescents et jeunes adultes à l’aide d’un modèle cognitivo-comportemental pour
réduire les risques de développer une dépression. Les recherches initiales suggèrent
que cela pourrait être efficace.
XIV. Conclusion :
 La dépression de l’adolescent est une maladie grave récurrente potentiellement
chronique.
 Elle est associée avec une morbidité et une mortalité importante.
 Sa présentation peut être trompeuse. C’est cependant une maladie qui évolue
favorablement si elle est traitée avec l’ensemble des outils thérapeutiques à
disposition.
 Il est important de déterminer si un malade peut se conformer à un contrat de non
suicide.
 L’éducation du patient et de sa famille est cruciale. Un but important de cette
éducation est de faire diminuer les sentiments de désespoir du patient, étant donné que
les patients sans espoir présentent un risque important d’arrêter le traitement et de faire
une tentative de suicide.
 Le suivi à long terme est essentiel pour identifier et traiter la rechute si elle survient.
XV. Biographie
 American Psychiatric Association. Diagnostic and statistical manual of mental
disorders DSM-V. Washington, DC: APA, 1994.
 Harrington R, Kerfoot M, Dyer E, et al. Randomized trial of a home-based
family intervention for childrenwho have deliberately poisoned themselves. J
Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1998: 512-8
 TROUBLES DE L’HUMEUR Chapitre E.1 Joseph M Rey, Tolulope T Bella-
Awusah & Jing Liu Edition en français Traduction : Marie Boussaud, Julie
Brunelle Sous la direction de : David Cohen Avec le soutien de la SFPEADA
DÉPRESSION DE L’ENFANT ET DE L’ADOLESCENT
 EMC Dépressions à l’adolescence C. Catry, A. Braconnier, D. Marcell
 Rossello J, Bernal G. The efficacy of cognitive-behavioral and interpersonal
treatments for depression in Puerto Rican adolescents.
 J Consult Clin Psychol 1999; 67: 734-45.
 Emslie GJ, Rush AJ, Weinberg WA, et al. A double-blind, randomized, placebo-
controlled trial of fluoxetine in children and adolescents with depression. Arch
Gen Psychiatry 1997; 54: 1031-7.
 Emslie GJ, Heiligenstein JH, Wagner KD, et al. Fluoxetine for acute treatment
of depression in children and adolescents: A placebo-controlled, randomized
clinical trial. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 2002
 Article : Les particularités de la dépression à l’adolescence R . BARBE
 https://www.has-sante.fr/

Vous aimerez peut-être aussi