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Personnalité dépendante
G. Loas

La personnalité dépendante est un trouble de la personnalité individualisé en 1980 dans la troisième


édition de la classification américaine de psychiatrie (Diagnostic and Statistical Manual of Mental
Disorders, troisième révision ou DSM-III). La définition et la mesure en sont abordées ainsi que la préva-
lence variant entre 0,5 % et 1,5 % en population générale. La comorbidité concerne les troubles anxieux
et dépressifs, et la personnalité dépendante est associée à un risque augmenté d’une part de suicide et
d’autre part de mauvais traitements qu’on en soit victime ou peut-être auteur. Les théories explicatives
relèvent des courants biologiques, psychanalytiques, comportementalo-cognitifs et humanistes. Le trai-
tement repose sur l’utilisation des psychothérapies d’orientation psychanalytique ou cognitiviste. Le coût
social de la personnalité dépendante est élevé alors que peu de travaux s’y intéressent, notamment dans
le domaine de la recherche en imagerie cérébrale, de la cognition, du suivi prospectif et de l’évaluation
des psychothérapies.
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Mots-clés : Dépendance affective ; Trouble de la personnalité ; Dépression ; Suicide ; Troubles anxieux ;


États limites ; Attachement ; Victime ; Relation d’objet

Plan  Préambule
■ Préambule 1 Cet article constitue la version actualisée de celui publié
■ Introduction 2 en 2008. Les données nouvelles de la littérature sont présentées.

Deux points méritent d’être soulignés. D’une part, la dernière ver-
Définitions 2
sion du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de
Selon l’Association américaine de psychiatrie (DSM) 2
l’Association américaine de psychiatrie (DSM-5) avait envisagé
Selon l’Organisation mondiale de la santé (CIM-10) 3
une suppression de ce trouble de la personnalité sur des argu-
■ Mesure 3 ments qui ont été réfutés et, d’autre part, il persiste toujours un
■ Prévalence 5 faible nombre de travaux consacrés à ce trouble de la personnalité,
■ Comorbidités 5 ceci contrairement aux personnalités limites par exemple.
Troubles de l’axe I 5 Comme l’indique clairement son titre, l’article porte exclu-
Troubles de la personnalité 6 sivement sur la conceptualisation d’une dépendance affective
Troubles somatiques 6 pathologique considérée de manière catégorielle au sein d’une
conception schneidérienne des personnalités pathologiques.
■ Évolution et pronostic 6 Cette conception des troubles de la personnalité est celle qui a
Suicide 6 été adoptée dans la classification américaine de psychiatrie depuis
Mauvais traitements 6 le DSM-III et par la classification internationale des maladies
■ Coût social 7 (International Classification of Diseases ou ICD) de l’Organisation
■ Facteurs prédisposants 7 mondiale de la santé (OMS) depuis la dixième révision (ICD-10).

En dehors de la dépendance affective pathologique catégorielle
Processus cognitifs 7
existent des dépendances affectives pathologiques d’intensité
■ Étiopathogénie 7 variée, de nature dimensionnelle, qu’il est possible de mesurer par
Facteurs génétiques 7 de multiples échelles. De nombreuses études ont engendré une lit-
Facteurs psychodynamiques 7 térature scientifique importante essentiellement dans des revues
Facteurs sociaux et cognitifs 8 de psychologie en anglais et effectuée par des psychologues,
Facteurs humanistes, phénoménologiques et existentialistes 8 comme l’illustre le livre de Bornstein publié en 1993 et intitulé
■ Traitement 8 The Dependent Personality où seulement un chapitre est consacré à
Traitement curatif 8 la personnalité dépendante au sens catégoriel du DSM-III. Ainsi, la
Traitement préventif 9 dépendance affective dimensionnelle peut constituer un facteur
■ Conclusion 9 de vulnérabilité, un symptôme colorant un trouble psychia-
trique ou une séquelle apparaissant secondairement à un trouble

EMC - Psychiatrie 1
Volume 14 > n◦ 3 > juillet 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-1072(17)75292-3

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psychiatrique ou somatique. La prise en compte de cette littéra- Tableau 1.


ture scientifique permet de mieux comprendre certains résultats Critères diagnostiques de la personnalité dépendante du DSM-III
concernant la personnalité dépendante, notamment par rapport à (d’après [2] ).
la dépression ou à l’alcoolisme. Ainsi, la dépendance affective aug- Les manifestations suivantes caractérisent le fonctionnement habituel
mentée ne constitue pas un facteur de risque d’alcoolisme comme au long cours du sujet, sans être limitées à des épisodes pathologiques,
le montrent les études prospectives, mais elle est une séquelle et sont à l’origine soit d’une altération significative du fonctionnement
psychologique après le début de l’alcoolisme. social ou professionnel, soit d’une souffrance subjective :
La conception catégorielle de la personnalité dépendante selon A) Laisse passivement les autres assumer la responsabilité des secteurs
le modèle de Schneider fait de la dépendance affective augmentée importants de sa vie en raison de son incapacité à fonctionner de
un trait de caractère stable dans le temps, rigide et inadapté, ayant manière autonome (par exemple laisse son conjoint décider quel type
une co-occurrence avec d’autres traits de personnalité pour consti- de travail il ou elle doit faire)
tuer un profil à haute fréquence d’association. Les conséquences B) Subordonne ses propres besoins à ceux des personnes dont il ou elle
de ces traits de caractère sont l’existence soit d’une souffrance dépend pour éviter d’avoir à compter sur soi, par exemple tolère un
du sujet, soit d’une inadaptation à la société, soit les deux. La conjoint abusif
personnalité dépendante fait partie du cluster C des troubles de C) Manque de confiance en soi, par exemple se sent abandonné, sans
la personnalité avec les personnalités évitantes et compulsives. recours et stupide
Ces trois troubles de la personnalité ont en commun une pré-
sentation craintive et anxieuse. Les liens avec la dépression et les
troubles anxieux sont ainsi clairs. Les autres troubles de la person-
nalité à partir du DSM-III relèvent soit du cluster A (personnalité Selon l’Association américaine de psychiatrie
paranoïaque, schizoïde et schizotypique) caractérisé par des per- (DSM)
sonnalités bizarres, excentriques et inquiétantes, soit du cluster B
(personnalité limite, narcissique, antisociale) caractérisé par des La personnalité dépendante apparaît pour la première fois
personnalités à manifestations comportementales bruyantes. Les en 1980 dans la troisième édition du DSM [2] . Le DSM définit
trois clusters A, B et C correspondent aux anciennes personnalités le trouble de la personnalité à partir de l’existence de traits qui
prépsychotiques, limites ou frontières et prénévrotiques. sont rigides, inadaptés et responsables soit d’une altération signi-
Il est important de se rappeler que les personnalités patholo- ficative du fonctionnement social ou professionnel, soit d’une
giques ont été antérieurement définies soit comme des formes souffrance subjective. Ces manifestations généralement identi-
atténuées de troubles psychiatriques, soit comme des facteurs de fiables à l’adolescence, voire plus précocement, persistent durant
vulnérabilité à certains troubles. La différence entre personna- la majeure partie de la vie adulte et deviennent cependant moins
lité pathologique et trouble psychiatrique est souvent très ténue. évidentes dans la maturité ou chez le sujet âgé. Le diagnostic ne
Ainsi, à partir du DSM-III existe une personnalité schizotypique, doit être porté que lorsque des manifestations caractéristiques cor-
alors que l’ICD-10 distingue un trouble schizotypique. Par ailleurs, respondent typiquement au fonctionnement au long cours du
certains troubles de la personnalité ont des comorbidités très éle- sujet sans être limitées à des épisodes pathologiques.
vées avec certains troubles psychiatriques. Ainsi, la personnalité La personnalité dépendante se définit essentiellement comme
limite est un des troubles de la personnalité le plus étudié car la un trouble dans lequel l’individu laisse passivement les autres
fréquence des comorbidités explique le recours élevé aux soins et assumer la responsabilité des secteurs importants de sa vie en
aussi la facilité de la réalisation des études. Beaucoup d’auteurs raison d’un manque de confiance en soi et de son incapacité à
considèrent que ce trouble de la personnalité est en réalité un fonctionner de manière autonome. Pour éviter de compter sur soi,
trouble de l’humeur, et plusieurs études longitudinales montrent il subordonne la satisfaction de ses besoins à celle des personnes
une quasi-disparition du trouble après dix ans, ce qui remet en dont il dépend. Ces personnalités ont tendance à déprécier leurs
cause le dogme de la stabilité des traits de personnalité. capacités et leurs qualités (Tableau 1).
Le problème posé par la personnalité dépendante est de savoir En 1987 paraît la version révisée du DSM-III (DSM-III-R) [3] .
si l’existence d’un fonctionnement dépendant sur le plan inter- La personnalité dépendante ne se définit plus par trois critères
personnel de manière chronique, inadapté et stable dans le temps, monothétiques mais par des critères polythétiques, le diagnostic
est suffisante pour assurer une cohérence théorique à ce trouble de étant posé quand cinq traits sont présents parmi neuf. Ces cri-
la personnalité. Les racines historiques de ce trouble de la person- tères permettent de mieux définir la dépendance et mettent en
nalité (cf. revue in [1] ) montrent des emprunts aux personnalités évidence l’angoisse de séparation ainsi que la crainte anticipa-
orales, passives dépendantes, infantiles et immatures. Il est aussi toire de l’abandon. Par ailleurs, la susceptibilité et la sensitivité
intéressant de noter qu’un mode de comportement dépendant font partie des neuf traits (critère 9).
habituel a été conceptualisé comme un style cognitif particulier, En 1994 paraît le DSM-IV [4] qui modifie peu les critères de
appelé sociotropique, et susceptible de constituer un facteur de la personnalité dépendante, avec toutefois la suppression du cri-
risque pour des formes particulières de dépression (cf. revue in [1] ). tère de susceptibilité et de sensitivité qui manquait de spécificité.
Par ailleurs, certains critères ont été réécrits notamment pour évi-
ter les redondances constatées dans le DSM-III-R (critères 1 et 2,
 Introduction critères 7 et 8). Bornstein, en 1997, a critiqué les critères du DSM-
IV et notamment les critères 3 et 4 qui sont contredits par des
La personnalité dépendante est un trouble de la personnalité études montrant que les sujets dépendants peuvent manifester
dont l’individualisation remonte à 1980 [2] , date de la parution leur désaccord et initier des projets [5] .
de la troisième édition du DSM. Après une présentation de sa En décembre 2012 paraît la cinquième édition du DSM (DSM-5)
définition, cet article passera en revue les travaux épidémiolo- dans laquelle les critères diagnostiques de la personnalité dépen-
giques et cliniques ayant notamment exploré sa prévalence, les dante ne sont pas modifiés [6] (Tableau 2).
caractéristiques sociodémographiques et cliniques associées, ainsi La version française a été publiée en juin 2015. Un modèle
que les facteurs favorisants. L’étiopathogénie sera ensuite abordée de remplacement des troubles de la personnalité a été proposé
avant d’examiner les différentes modalités de la prise en charge dans lequel disparaît la personnalité dépendante alors que la per-
thérapeutique. sonnalité évitante est maintenue. Ce modèle de substitution a
été abandonné car la technique de classification selon le modèle
des prototypes présentait une faible validité et une faible fidélité.
De plus, les raisons ayant motivé la suppression de la person-
 Définitions nalité dépendante comme d’autres troubles de la personnalité
ont été contestées avec de solides arguments montrant que les
Les définitions de la personnalité dépendante proposées par différents critères utilisés pouvaient aussi s’appliquer aux autres
l’Association américaine de psychiatrie (DSM) et par l’OMS sont troubles de la personnalité maintenus dans la classification. Parmi
ici successivement envisagées. les critères proposés figuraient : le problème de la comorbidité, la

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Tableau 2. Tableau 3.
Personnalité dépendante du DSM-5. Critères diagnostiques 301.6 Critères diagnostiques de la personnalité dépendante selon la CIM-10
(d’après [6] ). (d’après [8] ).
Besoin général et excessif d’être pris en charge qui conduit à un A. Répond aux critères généraux d’un trouble de la personnalité (F 60)
comportement soumis et « collant » et à une peur de la séparation, qui B. Présence d’au moins quatre des caractéristiques suivantes :
apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, - le fait d’autoriser ou d’encourager les autres à prendre la plupart des
comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes : décisions importantes de la vie à sa place
- le sujet a du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être - une subordination de ses propres besoins à ceux de personnes dont on
rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui dépend et une soumission excessive à leur volonté
- a besoin que d’autres assument les responsabilités dans la plupart des - une réticence à faire des demandes, même justifiées, aux personnes
domaines importants de sa vie dont on dépend
- a du mal à exprimer un désaccord avec autrui de peur de perdre son - un sentiment de malaise ou d’impuissance quand le sujet est seul en
soutien ou son approbation (N.B. : ne pas tenir compte d’une crainte raison d’une peur excessive de ne pouvoir se prendre en charge seul
réaliste de sanctions) - une préoccupation par la peur d’être abandonné par la personne avec
- a du mal à initier des projets ou à faire des choses seul (par manque de qui le sujet a une relation proche et d’être livré à soi-même
confiance en son propre jugement ou en ses propres capacités plutôt - une capacité réduite à prendre des décisions dans la vie quotidienne
que par manque de motivation ou d’énergie) sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui
- cherche à outrance à obtenir le soutien et l’appui d’autrui, au point de
faire volontairement des choses désagréables
- se sent mal à l’aise ou impuissant quand il est seul par crainte exagérée Tableau 4.
d’être incapable de se débrouiller Critères diagnostiques de la personnalité dépendante proposés par Born-
- lorsqu’une relation proche se termine, cherche de manière urgente une stein pour la 5e version du DSM (d’après [1] ).
autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont il a besoin
- est préoccupé de manière irréaliste par la crainte d’être laissé à se Une vision de soi-même comme faible et impuissant qui motive le sujet
débrouiller seul à rechercher des relations apportant soins et protection et à s’engager
dans des comportements variés actifs ou passifs pour maintenir ces
relations. Ce mode de comportement commence au début de l’âge
adulte et présent dans des contextes divers, comme en témoignent au
variabilité de la prévalence, la faible répercussion sur la vie des moins cinq des manifestations suivantes :
sujets et de la société en matière d’altération du fonctionnement - le sujet se perçoit impuissant et inefficace et croit que les autres
habituel, et la faible prévalence par rapport aux autres troubles de comparativement sont puissants et efficaces
la personnalité. Plusieurs auteurs ont argumenté que la personna- - le sujet a du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être
lité dépendante répondait aussi bien à ces critères que plusieurs conseillé ou rassuré de manière excessive par autrui
autres troubles de la personnalité retenus dans le DSM-5 [7] . - le sujet utilise des stratégies de présentation (se montre prévenant,
supplication, autopromotion, etc.) pour obtenir et maintenir des
relations de soins et de soutien
Selon l’Organisation mondiale de la santé - focalise ses efforts pour consolider une relation avec la personne la plus
apte à lui apporter aide et soutien au long cours
(CIM-10) - cherche à outrance à faire plaisir aux autres au point d’être volontaire
pour faire des choses désagréables
En 1992 paraît la dixième version de la Classification inter-
- se sent mal à l’aise ou impuissant(e) quand il (elle) est seul(e) par
nationale des troubles mentaux et des troubles du comportement crainte exagérée d’être incapable de se débrouiller
(CIM-10) [8] . Cette classification a été très influencée par le DSM-III - montre des niveaux élevés d’anxiété de performance et de peurs
avec notamment l’apparition de critères opérationnels de diag- d’évaluation négative notamment en présence de personnes d’autorité
nostic. Antérieurement, dans la neuvième version, la personnalité - est préoccupé(e) de manière irréaliste par la crainte d’être laissé(e) à se
dépendante était désignée sous le terme de personnalité asthé- débrouiller seul(e)
nique [9] .
La personnalité dépendante apparaît comme un trouble spéci-
fique de la personnalité, caractérisé par des perturbations sévères
des items mesurant l’attachement en insécurité et suggère de
de la constitution caractérologique et des tendances compor-
les supprimer en proposant une nouvelle définition pour le
tementales de l’individu, concernant habituellement plusieurs
DSM-5 (Tableau 4). Ces critiques ont été confirmées dans une
secteurs de la personnalité et s’accompagnant en général de diffi-
étude publiée en 2006 ayant montré chez 1078 patients une
cultés personnelles et sociales considérables. La CIM-10 définit six
structure bidimensionnelle de la personnalité dépendante avec
critères pour un trouble spécifique de la personnalité : attitudes
une dimension d’attachement dysfonctionnel et une dimen-
et comportements nettement dysharmonieux dans plusieurs sec-
sion de perception d’incompétence [10] . Par ailleurs, les auteurs
teurs de fonctionnement ; mode de comportement anormal
recommandent d’une part de supprimer les items 3 et 5 et
durable et persistant non limité à des épisodes de maladie men-
d’inclure d’autres items mesurant davantage la dépendance que
tale ; mode de comportement anormal profondément enraciné et
l’attachement.
clairement inadapté à des situations personnelles et sociales très
variées ; manifestations apparaissant toujours dans l’enfance ou
l’adolescence et se poursuivant à l’âge adulte ; trouble à l’origine
d’une souffrance personnelle considérable mais qui peut être  Mesure
d’apparition tardive ; trouble habituellement – mais pas toujours –
associé à une dégradation du fonctionnement professionnel et La personnalité dépendante peut être mesurée de trois manières
social. (cf. revue in [1] ) :
La personnalité dépendante de la CIM-10 se définit par la pré- • par des interviews structurées mesurant tous les troubles de la
sence de quatre traits parmi six. Ces traits sont très proches de personnalité, comprenant ou non un questionnaire de dépis-
ceux du DSM-IV (Tableau 3). tage. Dans la même catégorie, il existe des questionnaires de
Peu d’auteurs ont critiqué les critères de la personnalité dépen- dépistage des troubles de la personnalité. Ces interviews ou
dante selon le DSM. Bornstein, en 1997 [5] , a passé en revue les questionnaires permettent des diagnostics selon le DSM ou la
neuf critères de la personnalité dépendante, selon le DSM-IV, en CIM-10 ;
montrant que deux critères sont contredits par les études, à savoir • par des interviews ou questionnaires permettant le diagnostic
le critère 3 (expression du désaccord) et le critère 4 (avoir du isolé de la personnalité dépendante ;
mal à initier des projets). Les sujets dépendants peuvent mani- • par des échelles mesurant la dépendance interpersonnelle avec
fester leur désaccord et prendre des initiatives, notamment dans l’existence de notes seuils ou non permettant de diagnostiquer
le domaine de la santé. Par ailleurs, l’auteur souligne l’importance la personnalité dépendante.

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Tableau 5. Tableau 6.
Le questionnaire de personnalité dépendante (QPD) (d’après [11] ) a . Inventaire de dépendance interpersonnelle (IDI) (d’après [1, 13] ) a .
Veuillez lire chacune des phrases suivantes, puis cochez parmi les 48 affirmations sont présentées plus bas. Veuillez lire chacune d’entre
quatre réponses celle qui correspond le plus à ce que vous éprouvez elles et décider si elles sont caractéristiques ou non de vos attitudes, de
d’une manière générale (et pas seulement en ce moment) vos sentiments ou de vos comportements. Veuillez ensuite donner une
1) Je suis une personne indépendante Oui, tout à fait évaluation de chaque affirmation en utilisant les valeurs suivantes :
Oui, un peu 4 : très caractéristique de moi
Non, pas beaucoup 3 : assez caractéristique de moi
Non, pas du tout 2 : un peu caractéristique de moi
1 : pas caractéristique de moi
2) Je préfère faire face seul(e) aux problèmes Oui, tout à fait
Oui, un peu 1) Je préfère être seul(e)
Non, pas beaucoup 2) Quand j’ai une décision à prendre, je demande toujours un avis
Non, pas du tout 3) Je fais mon meilleur travail quand je sais qu’il sera apprécié
3) J’ai tendance à céder aux autres personnes Oui, tout à fait 4) Je ne peux supporter d’être dorloté(e) quand je suis malade
Oui, un peu
5) Je préférerais être un disciple qu’un meneur
Non, pas beaucoup
Non, pas du tout 6) Je crois que les gens peuvent faire beaucoup plus pour moi s’ils le
désirent
4) Je n’aime pas être seul(e) Oui, tout à fait
Oui, un peu 7) Enfant, faire plaisir à mes parents était très important pour moi
Non, pas beaucoup 8) Je n’ai pas besoin d’autrui pour me sentir bien
Non, pas du tout 9) Désapprouvé par quelqu’un qui m’est cher est très douloureux pour
5) J’arrive facilement à prendre des décisions Oui, tout à fait moi
Oui, un peu 10) J’éprouve confiance dans ma capacité à faire face à la majorité des
Non, pas beaucoup problèmes personnels que je suis susceptible de rencontrer dans la vie
Non, pas du tout
11) Je suis la seule personne à laquelle je veux faire plaisir
6) J’ai confiance en moi Oui, tout à fait
12) L’idée de perdre un ami intime m’est terrifiante
Oui, un peu
Non, pas beaucoup 13) Je suis rapidement d’accord avec l’opinion exprimée par les autres
Non, pas du tout 14) Je ne fais seulement confiance qu’à moi-même
7) Je compte beaucoup sur ma famille et mes Oui, tout à fait 15) Je serais complètement perdu si je n’avais pas quelqu’un qui m’est
amis Oui, un peu cher
Non, pas beaucoup 16) Ça me gêne beaucoup quand quelqu’un découvre une erreur que j’ai
Non, pas du tout faite
8) Quand les choses vont mal dans ma vie cela Oui, tout à fait 17) C’est difficile pour moi de demander à quelqu’un une faveur
me prend du temps pour que tout rentre dans Oui, un peu
l’ordre Non, pas beaucoup 18) Je déteste quand les gens partagent ma douleur
Non, pas du tout 19) Je suis facilement découragé(e) quand je n’obtiens pas ce dont j’ai
besoin des autres
a
La cotation se fait selon un gradient de sévérité allant de 0 (non, pas du tout),
1 (non, pas beaucoup), 2 (oui, un peu) à 3 (oui, tout à fait) avec un score total 20) Dans une discussion, je cède facilement
potentiel de 0 à 24. La moitié des items (n◦ 3, 4, 7 et 8) mesure la dépendance 21) Je n’ai pas beaucoup besoin des autres
et l’autre moitié (n◦ 1, 2, 5 et 6) mesure l’indépendance. Les items mesurant
l’indépendance sont recotés en soustrayant leur valeur de 3 (par exemple 0 22) Je dois avoir quelqu’un qui m’est très proche
correspond à 3). 23) Quand je vais à une réception, je m’attends à ce que les autres
personnes m’apprécient

Dans la première catégorie figurent l’interview structurée pour 24) Je me sens mieux quand je sais que quelqu’un d’autre commande
les troubles de la personnalité du DSM-IV (SIDP-IV), l’interview 25) Quand je suis malade, je préfère que mes amis me laissent seul
structurée pour l’axe II du DSM-IV (SCID-II) et l’International Perso- 26) Je ne suis jamais aussi heureux que quand les gens savent que j’ai
nality Disorders Examination ou IPDE permettant un diagnostic des fait un bon travail
troubles de la personnalité selon le DSM-IV et la CIM-10. Il existe 27) C’est dur pour moi de me faire une opinion sur un show (spectacles,
deux questionnaires de dépistage pour le SCID-II et l’IPDE. Ces variétés) à la télévision ou un film jusqu’à ce que je connaisse ce que les
trois interviews structurées sont traduites et validées en français [1] . autres pensent
Un questionnaire permettant de diagnostiquer les troubles de la 28) Je n’hésiterai pas à ne pas tenir compte des sentiments des autres
personnalité selon le DSM-IV est disponible. Il s’agit du Personality personnes afin d’accomplir quelque chose qui est important pour moi
Diagnostic Questionnaire ou PDQ-4 pour lequel existe une version
29) J’ai besoin d’avoir une personne qui me mette au-dessus des autres
française.
Dans la deuxième catégorie n’existe qu’un seul questionnaire 30) Dans les situations sociales, j’ai tendance à être embarrassé(e)
mis au point par Tyrer et al. en 2004 [11] et intitulé le Dependent 31) Je n’ai besoin de personne
personality Questionnaire ou questionnaire de personnalité dépen- 32) J’ai beaucoup de difficultés à prendre moi-même des décisions
dante (QPD) selon la version [12] . Il s’agit d’un questionnaire de 33) J’ai tendance à envisager le pire si une personne que j’aime n’arrive
huit items cotés de 0 à 3 avec un score total allant de 0 à 24. Des pas quand je l’attends
notes seuils de 10 pour la version anglaise et 13 pour la version 34) Même quand les choses vont mal, je peux me débrouiller sans
française ont été proposées. Deux études [11, 12] ont montré une demander d’aide à mes amis
validité et fidélité satisfaisantes (Tableau 5).
35) J’ai tendance à attendre trop des autres
Dans la troisième catégorie, différentes échelles ont été mises au
point pour mesurer la dépendance affective (revue par Birtchnel 36) Je n’aime pas acheter des vêtements moi-même
en 1991 in [1] ). L’une des plus utilisées est l’inventaire de dépen- 37) J’ai tendance à être un solitaire
dance interpersonnelle (IDI) d’Hirschfeld comprenant 48 items 38) Je pense que je n’obtiens jamais vraiment tout ce dont j’ai besoin
répartis en trois sous-échelles mesurant la dépendance psycholo- des autres
gique vis-à-vis d’autrui, le manque de confiance en soi sur le plan 39) Lorsque je rencontre de nouvelles personnes, j’ai peur de ne pas faire
social, et l’affirmation d’autonomie [13] . Une version française dis- les choses correctement
ponible a montré des propriétés psychométriques satisfaisantes [14]
40) Même si la plupart des gens se retournent contre moi, je pourrais
(Tableau 6). Des notes seuils de dépistage de la personnalité dépen- cependant continuer si quelqu’un que j’aime me soutient
dante ont été proposées pour chaque sexe [15] .

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Tableau 6. groupe contrôle de l’étude du réseau Inserm sur les conduites de


(suite) Inventaire de dépendance interpersonnelle (IDI) (d’après [1, 13] ) a . dépendance, a montré une proportion de 3,7 % de personnalité
41) Je préférerais rester libre de relations intimes avec les autres que de dépendante selon les critères du DSM-IV.
risquer des déceptions La majorité des études de prévalence confirme la fréquence plus
importante de la personnalité dépendante chez les femmes. Born-
42) Ce que les gens pensent de moi n’influence pas la manière dont je
stein, en 1993 [17] , a étudié les effectifs des dix études portant sur
me sens
des sujets des deux sexes et a montré que les proportions de per-
43) Je pense que la plupart des gens ne réalisent pas comment sonnalités dépendantes étaient respectivement de 11 % et de 8 %
facilement ils peuvent me blesser
chez les 2766 femmes et les 3199 hommes [17] . Des études plus
44) Je suis très confiant quant à mon propre jugement récentes confirment cette tendance [21] .
45) J’ai toujours eu la peur terrible que je perdrai l’amour et l’appui des La prévalence a aussi été étudiée dans d’autres populations en
gens dont j’ai désespérément besoin sachant que l’étude de la personnalité au sein des pathologies
46) Je n’ai pas ce qui est nécessaire pour être un bon meneur psychiatriques comporte des risques de faux positifs ou négatifs.
47) Je me sentirais impuissant si j’étais abandonné(e) par quelqu’un que En prenant en compte uniquement les études en population
j’aime générale, la prévalence ponctuelle de la personnalité dépendante
varie entre 0,5 % et 1,5 %.
48) Ce que les autres personnes disent ne me gêne pas
a
Instructions de cotation : faire la somme des items selon les trois sous-échelles
suivantes :
- sous-échelle : dépendance psychologique vis-à-vis d’autrui (ER) : 3, 6, 7, 9 12,  Comorbidités
15, 16, 19, 22, 26, 29, 33, 35, 38, 40, 43, 45, 47
- sous-échelle : manque de confiance en soi sur le plan social (LSS) : 2, 5, 10, 13, Les comorbidités (taux d’association avec un autre trouble)
17, 20, 23, 24, 27, 30, 32, 36, 39, 41, 44, 46 peuvent être mesurées de plusieurs manières. Il semble utile
- sous-échelle : affirmation d’autonomie (AUT) : 1, 4, 8, 11, 14, 18, 21, 25, 28,
31, 34, 37, 42, 48 de tenir compte surtout des études comparant les personnalités
Les items en gras doivent être recodés en soustrayant leur valeur de 5. Un dépendantes avec un groupe contrôle de personnalités patholo-
score total peut être obtenu en utilisant la formule suivante : score total = 3 giques non dépendantes, en ne considérant que les différences
ER + LSS – AUT. significatives. Ces précautions permettent de ne repérer que les
comorbidités réellement attribuables aux personnalités dépen-
 Prévalence dantes.

La prévalence représente le taux ou la fréquence d’un trouble en Troubles de l’axe I


pourcentage sur une période de temps donnée et sur une popu-
lation donnée. En général, les études donnent des prévalences Loranger, en 1996, a comparé 342 personnalités dépendantes
ponctuelles (calculées à un moment donné) soit sur des popula- à 3258 autres troubles de la personnalité ; les diagnostics étaient
tions saines issues ou non de la population générale, soit sur des posés selon le DSM-III [21] . La proportion de dépressions majeures
groupes particuliers de patients psychiatriques. La notion d’indice chez les personnalités dépendantes était de 31 % pour 19,8 %
(taux de nouveaux cas) n’est pas utilisée. dans les autres troubles. Les troubles bipolaires étaient aussi plus
Une des premières études, la Midtown Manhattan Study réalisée fréquents : 12,3 versus 7,4 %. Les troubles anxieux et la dysthy-
par Langer et Michael, en 1963, a montré une prévalence en popu- mie étaient comparables dans les deux groupes (3,5 et 7,3 % chez
lation générale de 2,5 % de personnalité passive dépendante selon les personnalités dépendantes et 3,3 et 7,5 % dans l’autre groupe
les critères du DSM-I [16] . respectivement). L’alcoolisme et la toxicomanie étaient respecti-
Bornstein, en 1993, a passé en revue les 18 études ayant mesuré vement de 21 % et de 9,1 % chez les personnalités dépendantes
la prévalence de la personnalité dépendante dans diverses popu- pour des valeurs de 26,6 % et de 13 % dans l’autre groupe. Les per-
lations [17] . Les critères diagnostiques étaient ceux du DSM-III sonnalités dépendantes présentaient comparativement aux autres
ou du DSM-III-R. L’auteur n’a retenu que 18 études car il a éli- troubles de la personnalité moins d’alcoolisme et de toxicomanie.
miné les études ayant sélectionné les sujets sur l’existence de Reich a comparé, en 1996, uniquement dans une popula-
certains diagnostics ainsi que les études employant des instru- tion masculine de patients ambulatoires présentant des troubles
ments dimensionnels de la personnalité. Les 18 études portaient psychiatriques non psychotiques, 12 personnalités dépendantes
soit sur des groupes « tout-venant » de patients psychiatriques (DSM-III-R) à 159 personnalités ayant un autre trouble de la
hospitalisés ou en ambulatoire, soit sur des sujets issus de la personnalité. Les dépendants présentaient trois différences signi-
population générale. En effectuant la sommation des 18 études, ficatives : plus de comorbidités avec des troubles bipolaires (17
soit 20 729 sujets, 5 % recevaient le diagnostic de personnalité versus 2 %), avec des phobies sociales (33 versus 13 %), et des
dépendante. Les proportions chez les patients psychiatriques hos- troubles « anxiété non spécifiée » (17 versus 3 %) [22] .
pitalisés et en ambulatoire étaient respectivement de 21 et 4 %. En 1996, Skodol et al. ont étudié (cité in [1] ), selon la méthode
Chez les sujets issus de la population générale le taux était de 9 %. des facteurs de risque relatif (odds ratio [OR]), la comorbidité
Une étude internationale de l’OMS, portant sur 716 patients avec l’axe I du DSM-III-R de 29 personnalités dépendantes, en
psychiatriques de 11 pays différents d’Amérique du Nord, distinguant les troubles actuels et les troubles sur la vie entière.
d’Europe, d’Afrique et d’Asie, a montré une prévalence de 4, 6 % Les personnalités dépendantes étaient recrutées à partir, d’une
selon les critères DSM-III-R ou CIM-10 [18] . part, d’un service hospitalier spécialisé dans le traitement des
Des études plus récentes, utilisant notamment des populations troubles de la personnalité et, d’autre part, à partir d’un service de
représentatives de la population générale de divers pays, ont consultations de psychothérapies d’orientation psychanalytique.
objectivé des prévalences plus faibles (0,1 % en Grande-Bretagne, Concernant les troubles actuels, la personnalité dépendante est
Coïd et al., 2006 ; 0,49 % aux États-Unis, Grant et al., 2004 ; 0,9 % significativement associée aux dépressions majeures, aux troubles
en Australie, Lewin et al., 2005 ; 1,5 % en Norvège, Torgensen bipolaires, aux troubles paniques, à la boulimie et aux troubles
et al., 2001) [1] . Une étude récente en 2016 [19] en population psychotiques. Sur la vie entière, les associations sont significatives
générale australienne notait une prévalence de 0,8 % chez les avec les troubles paniques, les phobies sociales, les troubles obses-
femmes. sionnels compulsifs et les troubles psychotiques. Concernant les
Les études en population française sont peu nombreuses. En associations inverses, elles sont plutôt négatives ou n’ont pas été
2001, Seillier a réalisé une étude chez 83 sujets psychiatriques explorées.
« tout-venant » hospitalisés ou suivis en ambulatoire, en utilisant Une étude française a montré chez 48 jeunes appelés du contin-
les critères de la CIM-10 pour mesurer la prévalence de la person- gent, hospitalisés après une décompensation psychiatrique,
nalité dépendante. La prévalence ponctuelle était de 7,2 % [1] . répondant aux critères DSM-III de personnalité dépendante, une
Une étude [20] à partir d’un groupe de 784 sujets des deux prévalence ponctuelle de 54,3 % de dépressions majeures et de
sexes, issus de la population générale française et constituant le 15,2 % de troubles dysthymiques [23] .

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37-490-D-10  Personnalité dépendante

Plusieurs études [24, 25] ont montré, d’une part, que la per- Suicide
sonnalité dépendante mais aussi les personnalités évitantes ou
compulsives chez la femme en période postnatale précoce étaient Concernant le risque de suicide, une méta-analyse réalisée
prédictives de dépression majeure à six semaines et, d’autre par Bornstein et O’Neill en 2000 (cité in [1] ) a conclu à une
part, que les femmes ayant une dépression du post-partum à six association significative entre, d’une part, l’augmentation de
semaines avaient plus de risque d’avoir une dépression à un an en l’importance de la dépendance interpersonnelle et, d’autre part,
cas d’association avec une personnalité dépendante ou compul- les idées suicidaires, le nombre de tentatives de suicide et de
sive. réalisations suicidaires. Aucune des études citées n’utilisait la défi-
Une étude récente en population française [26] ayant évalué les nition catégorielle de la dépendance interpersonnelle impliquée
troubles de la personnalité chez la femme enceinte a objectivé par la personnalité dépendante du DSM ou de la CIM. Depuis cette
que la personnalité dépendante était prédictive du stress post- méta-analyse, quatre études ont montré dans différents groupes
traumatique, de l’état anxieux et de la dépression en période de de sujets sains ou présentant un trouble psychiatrique des asso-
post-partum tardif (trois à six mois). ciations significatives entre d’un côté la personnalité dépendante
et de l’autre les idées suicidaires, la tentative de suicide ou le
suicide.
Troubles de la personnalité Loas et al., en 2005 (cité in [1] ), ont étudié dans divers groupes
de sujets présentant des addictions, des troubles des conduites
Alnaes et Torgersen, en 1988 (cité in [1] ), ont comparé deux
alimentaires, ou indemnes de tout trouble psychiatrique, le lien
groupes de patients ambulatoires présentant ou non une per-
entre la personnalité dépendante et les idées suicidaires ou le
sonnalité dépendante selon le DSM-III. Le groupe dépendant
nombre de tentatives de suicide. Pour les idées suicidaires, des
présentait significativement plus de traits évitants, passifs-
OR (rapport de risque ou risque relatif) variant entre 2,65 et 9,42
agressifs, schizotypiques et limites.
étaient observés chez les sujets alcooliques, consommateurs abu-
De nombreuses études (revue in [27] ) ont objectivé des relations
sifs de drogues, ou même chez les sujets sains de sexe masculin.
étroites entre les personnalités dépendantes, limites et évitantes.
Pour les tentatives de suicide, un OR de 5 était observé chez les
Ces interrelations sont constamment retrouvées entre les person-
abuseurs de drogues masculins.
nalités dépendantes et évitantes.
En 2005, Schneider et al. [33] ont utilisé la technique des autop-
Reich, en 1996, a comparé 12 personnalités dépendantes (DSM-
sies psychologiques pour préciser les relations entre le suicide, les
III-R) à 159 autres troubles de la personnalité [22] . Les personnalités
troubles selon les axes I et II du DSM-IV. Ainsi, 163 sujets suici-
dépendantes présentaient de manière significative plus de traits
dés (104 hommes, 59 femmes) ont été inclus, avec 163 personnes
limites, histrioniques et compulsifs que les autres.
proches des sujets décédés pour recueillir les informations. Un
En 1996, Skodol et al. (cité in [1] ) ont étudié les relations entre la
groupe contrôle était constitué de 396 personnes appariées quant
personnalité dépendante du DSM-III-R et les troubles de l’axe I et
à l’âge, le sexe et la zone d’habitation. Pour la personnalité dépen-
de l’axe II. Les co-occurrences, en pourcentage, étaient de 36,5 %
dante, des OR de 4,89 et 15,67 étaient observés respectivement
pour les personnalités limites, 35,8 % pour les personnalités évi-
chez les hommes et les femmes.
tantes, 20,5 % pour les personnalités compulsives, 18,2 % pour
Bolton et al., en 2008 [34] , ont utilisé les données d’une étude épi-
les personnalités schizotypiques, 16,2 % pour les personnalités
démiologique américaine sur la prévalence des troubles mentaux
paranoïaques, et 14,3 % pour les personnalités narcissiques.
à partir d’un échantillon représentatif pour étudier les facteurs de
En 1987, sur une population de 43 hommes présentant une
risque de suicide chez les sujets ayant un trouble dépressif majeur.
personnalité dépendante selon le DSM-III, Loas a retrouvé 22 %
Chez les hommes, la personnalité dépendante était associée à un
d’autres troubles de la personnalité essentiellement schizoty-
risque de tentative de suicide avec un OR de 2,71.
piques et limites [23] .
Gagnon et al., en 2009 [35] , ont utilisé la méthode des autop-
Une étude publiée en 2005 par Grant et al. (cité in [1] ) s’est
sies psychologiques chez 29 suicidés versus 23 survivants âgés
intéressée à la co-occurrence des troubles de la personnalité
de 14 à 25 ans. Une prévalence plus importante de la person-
du DSM-IV à partir d’une vaste étude épidémiologique améri-
nalité dépendante s’observait chez les suicidés comparativement
caine. L’association entre les divers troubles de la personnalité
aux survivants.
se mesurait par OR. La personnalité dépendante s’associait aux
Ces quatre études établissent un lien important entre le risque
personnalités évitantes (OR = 118), histrioniques (OR = 37, 7) et
de suicide et la personnalité dépendante.
paranoïaques (OR = 33,8).

Troubles somatiques Mauvais traitements


Des travaux récents ont suggéré, d’une part, un lien entre per- Concernant les mauvais traitements, deux études ont montré
sonnalité dépendante et faible indice de masse corporelle pour les une association entre la personnalité dépendante et le fait d’avoir
deux sexes [28] ou uniquement chez les hommes [29] et, d’autre part, été victime d’une agression physique. Watson et al., en 1997 (cité
une association entre la personnalité dépendante et une atteinte in [1] ), ont comparé des femmes ayant subi des agressions phy-
cognitive modérée ou une démence, ceci dans des populations siques et un groupe contrôle, en montrant une prédominance
africaines de plus de 65 ans [30] . Des travaux [31] utilisant la mesure plus importante mais non significative de la personnalité dépen-
dimensionnelle de la dépendance affective ont suggéré un lien dante chez les femmes ayant subi une agression physique par
entre dépendance affective augmentée et pathologies organiques, rapport aux contrôles, et une relation entre la sévérité de l’abus
mais les travaux concernant la personnalité dépendante sont qua- et les symptômes de la personnalité dépendante. Loas et al., en
siment inexistants. 2011 [36] , ont étudié deux groupes de sujets victimes d’agression.
Dans le groupe de sujets ayant une personnalité dépendante, il
existait une proportion plus importante de conjoints parmi les
 Évolution et pronostic agresseurs (45 %) comparativement au groupe de sujets ayant un
autre trouble de la personnalité (20 %), et 11 % pour le groupe
L’évolution au long cours des personnalités dépendantes n’est de sujets n’ayant pas de personnalité pathologique. Ces études
pas connue. Il semble qu’il n’existe pas d’études prospectives montrent que les personnalités dépendantes présentent un risque
de ces personnalités. De manière indirecte, à partir d’études de plus important d’être victimes de mauvais traitements physiques
comorbidité ponctuelle ou sur la vie entière, il est possible de et ceci essentiellement par leur conjoint.
faire l’hypothèse de la survenue de complications psychiatriques Il existe une littérature abondante suggérant l’existence d’un
comme les troubles anxieux, les troubles dépressifs, les troubles lien entre l’augmentation de la dépendance affective et le risque
obsessionnels et compulsifs, etc. Une surmortalité par suicide et d’être l’auteur de mauvais traitement, notamment sur les enfants.
une surmorbidité par mauvais traitements ont été suggérées puis Bornstein, en 2012 [31] , en a présenté une revue sur les travaux en
prouvées par des études récentes [32] . notant que peu d’études ont utilisé les critères de la personnalité

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Personnalité dépendante  37-490-D-10

dépendante, trop marquée selon l’auteur par la passivité. Un lien


significatif a été observé entre la plus grande importance de la
 Processus cognitifs
dépendance affective chez l’homme et la violence exercée contre
Comme suggéré par Disney en 2003 [32] , l’étude expérimen-
la conjointe ou partenaire de vie [37] .
tale des processus cognitifs dans la personnalité dépendante doit
Par ailleurs, plusieurs études ont montré un risque plus élevé de
être développée. Une seule étude a exploré le fonctionnement
mauvais traitement sur enfants chez les parents ayant une dépen-
des hémisphères cérébraux chez les personnalités dépendantes en
dance affective plus importante comparativement aux parents
objectivant une déviation vers la gauche dans une tâche de bis-
plus autonomes [31] .
section de ligne [42] , consistant à marquer le centre d’une série de
Ces études suggèrent fortement une association entre la per-
lignes horizontales, suggérant une activation plus importante de
sonnalité dépendante et le risque d’être victime ou l’auteur
l’hémisphère droit impliqué dans les phénomènes émotionnels
de mauvais traitements. Les travaux concernant la personnalité
comme l’angoisse ou la douleur.
dépendante étant peu nombreux contrairement à ceux utilisant
une définition dimensionnelle (échelles ou questionnaires) de la
dépendance affective pathologique, des études sont souhaitables
devant l’importance du problème en matière de santé publique.  Étiopathogénie
L’étiologie de la personnalité dépendante fait appel à quatre
 Coût social types de facteurs.

Plusieurs travaux et un article de revue ont abordé ce sujet peu


traité, à savoir le coût social de la personnalité dépendante. Le Facteurs génétiques
coût de l’utilisation des services de santé est particulièrement
important pour les personnalités pathologiques en général et Sur le plan biologique, plusieurs études génétiques employant
notamment pour la personnalité dépendante [31, 38] . notamment la méthode des jumeaux ont montré que la dépen-
dance était en partie génétiquement déterminée.
En 1963, Gottesman (cité in [1] ), dans une étude de jumeaux,
 Facteurs prédisposants a montré que l’héritabilité génétique de la dépendance était plus
importante chez les jumeaux homozygotes que chez les dizygotes.
En 1990, Torgersen (cité in [1] ) a montré par une étude chez les
Une maladie somatique chronique et une angoisse de sépa-
jumeaux que la personnalité dépendante était en partie héritable
ration dans l’enfance ou l’adolescence peuvent prédisposer à
d’un point de vue génétique.
l’apparition d’une personnalité dépendante. Une étude récente de
En 1991, Reich (cité in [1] ) a utilisé la méthode de l’histoire
nature transversale chez des sujets ayant un trouble obsessionnel
familiale pour étudier notamment les troubles de la personna-
compulsif a montré que l’angoisse de séparation dans l’enfance
lité selon le DSM-III chez les apparentés de sujets présentant une
prédisposait à plusieurs troubles anxieux à l’âge adulte (trouble
personnalité dépendante et comparés aux apparentés de sujets
panique et agoraphobie) via la personnalité dépendante [39] .
contrôles. Les apparentés des personnalités dépendantes se carac-
Mais il ne semble pas exister d’études prospectives permettant
térisaient par une fréquence significativement plus importante
de prouver le rôle prédisposant de l’angoisse de séparation ou
de troubles de l’axe II et notamment du cluster C (personnalité
d’une maladie somatique chronique.
évitante, dépendante, compulsive, passive-agressive).
Une étude transversale chez 48 hommes présentant une per-
Jang et al. [43] ont exploré l’influence génétique sur les traits de
sonnalité dépendante selon le DSM-III a montré une prévalence
personnalité dans un groupe de 483 paires de jumeaux. Utilisant
ponctuelle de 69,6 % du trouble d’angoisse de séparation [40] . Une
un questionnaire validé, le questionnaire différentiel d’évaluation
étude plus récente chez 784 sujets sains ou présentant une patho-
dimensionnelle des problèmes de personnalité, les auteurs ont
logie somatique bénigne et chez des sujets présentant un trouble
montré pour de nombreux traits une concordance plus élevée
addictif a objectivé une comorbidité importante entre la person-
chez les jumeaux homozygotes par rapport aux dizygotes. Parmi
nalité dépendante (selon le DSM-IV) et le trouble angoisse de
ces traits figuraient : la peur de la séparation, l’incapacité à tolérer
séparation. Le risque d’avoir une angoisse de séparation actuelle
la solitude, la recherche de la proximité des autres, la soumission,
ou passée était augmenté d’un facteur de 2 à 12, selon les groupes
le besoin de conseils.
(contrôles, différentes addictions), si les sujets présentaient une
Une étude [44] , portant sur 2230 jumeaux, a exploré la dépen-
personnalité dépendante [20] .
dance interpersonnelle mesurée par l’inventaire de dépendance
Drake et al., en 1988, ont publié les résultats d’une étude pros-
interpersonnelle (IDI) d’Hirschfeld. Les résultats ont montré,
pective sur le suivi pendant 30 ans d’une cohorte de 456 jeunes
d’une part, une stabilité de la dépendance dans le temps et, d’autre
adolescents indemnes de troubles psychiatriques [41] . À l’âge de part, une influence génétique modérée associée à des facteurs envi-
14 ans (déviation standard [DS] = 2), les adolescents ont été inter- ronnementaux importants.
viewés et diverses variables ont été recueillies : la classe sociale de la Ce dernier point a été vérifié par une étude de Coid [45] ayant
famille, le quotient intellectuel (QI), la compétence sociale, la fai- exploré chez 52 personnalités dépendantes, selon le DSM-III, les
blesse de l’environnement (instabilité familiale, etc.), l’existence relations avec les antécédents familiaux et personnels. L’auteur
de troubles émotionnels (énurésie, etc.), l’existence de troubles a utilisé la méthode des OR, et les résultats ont objectivé des
somatiques (maladies somatiques sévères, etc.). À l’âge de 47 ans, associations significatives avec des facteurs neuropsychiatriques
369 sujets (87 %) ont été évalués pour diverses variables dont dans l’enfance (traumatismes périnataux, retard du développe-
les troubles de la personnalité diagnostiqués selon le DSM-III. La ment concernant la motricité et le langage).
personnalité dépendante apparaissait fortement associée à plu-
sieurs caractéristiques de l’enfance (QI bas, problème de santé,
faible compétence sociale, problèmes émotionnels). Cette étude
est donc en faveur d’une association entre maladie somatique
Facteurs psychodynamiques
sévère dans l’enfance ou l’adolescence et personnalité dépen- Sur le plan psychanalytique, la dépendance est expliquée par
dante. Une étude prospective (Kasen et al., 2001, in [1] ) chez des les avatars du développement du stade oral. Des frustrations ou
enfants suivis jusqu’à l’âge adulte a montré que l’existence d’un des gratifications trop importantes à ce stade provoqueraient des
trouble dépressif majeur diagnostiqué vers 12 à 13 ans augmentait fixations orales et une incapacité à acquérir le niveau développe-
de plus de 14 fois le risque d’avoir une personnalité dépendante mental de ce stade. Pour les auteurs psychanalytiques classiques
à l’âge adulte. (freudiens), les sujets ayant une fixation orale resteraient dépen-
Certaines études ont suggéré que des modes d’attachement dys- dants des autres personnes et continueraient à présenter des
fonctionnel dans l’enfance pourraient augmenter le risque de comportements traduisant les caractéristiques de l’activité men-
développer une personnalité dépendante à l’âge adulte [32] . tale à cette période (activité orale, etc.) [46] .

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37-490-D-10  Personnalité dépendante

Selon Bornstein [17] , deux orientations sont apparues à partir Facteurs sociaux et cognitifs
de cette conception psychanalytique classique, la théorie de la
relation d’objet et la théorie éthologique de l’attachement. La théorie de l’apprentissage social considère que la dépendance
La théorie de la relation d’objet met l’accent sur le phéno- est un comportement acquis lors de l’enfance par la cessation de
mène de séparation-individuation proposé par Mahler et sur le la satisfaction des besoins (faim, etc.) par la mère. Le comporte-
développement de la conception de soi (self concept), ces deux ment de dépendance se trouve ensuite renforcé par l’apprentissage
théories rendant compte de phases développementales impor- social. Au départ, la mère fournit des gratifications biologiques et
tantes durant l’enfance. L’accent n’est plus mis uniquement sur psychologiques à l’enfant ; celles-ci se trouvent ainsi associées au
les facteurs biologiques de la relation du nourrisson et de la mère, plaisir éprouvé par ce dernier ; ce plaisir devient un renforçateur
mais sur le fait que cette relation représente le prototype de la secondaire. Les croyances et les attentes de l’enfant vis-à-vis de la
future relation du sujet avec les autres. Dans ce modèle, le soi et mère sont généralisées aux autres pourvoyeurs potentiels de gra-
la représentation des autres sont internalisés ou introjectés dans tifications (enseignants, amis, etc.), ce qui explique la recherche
la petite enfance, et ces phénomènes jouent un rôle central dans de relations de dépendance.
l’organisation de la personnalité. Plus récemment, la théorie de l’apprentissage social a été com-
La théorie éthologique de l’attachement combine à la fois des plétée en y incluant des théories cognitives qui expliquent le
facteurs issus de la théorie psychanalytique, de la théorie de passage des traits de personnalité dépendants et passifs vers
l’évolution, de l’éthologie, de la psychologie expérimentale et les comportements observés. Dans cette optique, la dépendance
de la clinique psychiatrique et pédiatrique. Les différences indi- affective a été considérée comme étroitement liée à la dépression.
viduelles dans les relations entre l’enfant et la mère et leurs La dépendance affective est conceptualisée comme un style
conséquences sur le développement ultérieur de la personnalité d’attribution selon lequel le sujet se perçoit comme faible, pas-
s’expliquent par cette théorie. sif et incapable d’influencer le cours des événements dans un sens
Les travaux éthologiques sur le phénomène de l’empreinte de qui lui soit favorable [1] .
Lorenz, ceux d’Harlow sur la déprivation maternelle, et ceux de
la psychologie expérimentale sont à l’origine de la notion de Facteurs humanistes, phénoménologiques
l’existence chez le nouveau-né d’un besoin de soins maternels
qui devrait être comblé pendant une période critique. Ce besoin et existentialistes
conditionnerait un sentiment de sécurité du nouveau-né lui per-
Ces facteurs accordent une place importante aux notions
mettant d’explorer son environnement avec assurance par des
de liberté et de responsabilité ainsi qu’à la motivation. La
mouvements d’aller et retour vers la mère. En cas d’insatisfaction
volonté et la décision représentent des concepts clés pour les
de ce besoin pourraient se développer soit des réactions de repli,
existentialistes. L’indécision et le manque de confiance en soi,
soit des réactions d’excès de dépendance.
caractéristiques des personnalités dépendantes, peuvent ainsi être
Bowlby puis Ainsworth ont étayé conceptuellement le besoin
compris avec pour corolaire des approches psychothérapeutiques
primaire en faisant la distinction entre l’attachement et la
spécifiques [1] .
dépendance. Le paradigme de la situation étrange développé
par Ainsworth permet d’éclairer les rapports entre attachement
et dépendance. Le protocole de la situation étrange permet
d’explorer la réaction de l’enfant lors de la séparation de sa
 Traitement
mère pendant de courtes périodes. Les enfants ayant un atta-
chement en sécurité (secure attached) présentent peu de stress De nombreux auteurs ont montré que lorsque le sujet dépen-
lors de la séparation, recherchent activement la proximité de dant présente des troubles somatiques ou psychologiques, il
la mère à son retour, cette proximité est alors réparatrice de la recherche les soins dans un délai plus court que les sujets non
détresse de l’enfant. Les enfants ayant un attachement en insé- dépendants. Par ailleurs, l’apparition de troubles psychologiques
curité sont plus anxieux lors de la séparation, et le retour de conduit les dépendants à adopter une attitude de recherche d’aide.
la mère atténue peu l’angoisse. Lors du retour de la mère, cer- La durée du traitement chez les personnalités dépendantes est plus
tains sont ambivalents en cherchant à se dégager de l’étreinte, longue que chez les non-dépendants, qu’il s’agisse de la durée
d’autres évitent le contact. Ces groupes ont été désignés ambiva- d’hospitalisation ou de traitements ambulatoires. Sur le plan des
lents en insécurité et évitants en insécurité. Cette classification psychothérapies, les travaux ont montré que les dépendants pré-
s’est avérée prédictive de la socialisation. Il est intéressant de sentaient plus d’attitudes positives vis-à-vis des psychothérapies
souligner que les enfants évitants en insécurité peuvent se mon- que les non-dépendants et qu’ils préféraient les thérapies de
trer autonomes lors du contact avec d’autres personnes (cf. revue type psychanalytique aux autres formes de ces techniques qui
in [47] ). s’accompagnent d’interrelations moins importantes avec les psy-
Ces travaux permettent de comprendre que la qualité de chothérapeutes.
l’attachement, et non l’intensité de la relation mère-enfant, per- Tyrer et al., en 1991 [1] , ont distingué deux groupes de person-
met l’autonomisation et la socialisation de l’enfant et que les nalités pathologiques selon leur capacité d’amélioration dans le
concepts d’attachement et de dépendance recouvrent des entités temps. Les auteurs appellent immatures les personnalités patho-
théoriques différentes. logiques ayant tendance à s’améliorer avec l’âge. Le second groupe
Ainsi, les auteurs ont proposé des définitions différentes de ces appelé mature correspond aux personnalités ayant tendance à
deux notions. Selon Livesley et al. (1990) (cité in [1] ), l’attachement persister dans le temps.
fait référence à toutes formes de comportement observées chez Parmi les personnalités immatures figurent les personnalités
un sujet recherchant la proximité avec une personne particu- dépendantes, borderline, histrioniques et narcissiques.
lière. Les comportements dépendants ne sont pas dirigés vers une
personne en particulier et ne sont pas dictés par la recherche Traitement curatif
d’une sécurité provoquée par la proximité d’une personne. Les
dépendants recherchent une assistance, une approbation et un Il repose essentiellement sur l’emploi ou l’usage des psychothé-
guidage. rapies.
Pour Ainsworth, l’attachement est un lien affectif dirigé vers Les psychothérapies d’inspiration psychanalytique ont été pro-
une personne en particulier, alors que la dépendance est une posées afin d’amener les patients à prendre conscience des conflits
réponse plus générale et non dirigée vers un objet spécifique. infantiles sous-tendant les conduites de dépendance. Avec l’aide
Selon Jeammet et Corcos, la dépendance est conceptuali- du psychothérapeute, cette prise de conscience progressive mène
sée comme l’utilisation de la réalité perceptivomotrice en tant à l’autonomie, au retour de la confiance en soi et à la diminution
que contre-investissement d’une réalité psychique défaillante. La de la passivité.
dépendance va s’acquérir lorsque le sujet va surinvestir de manière Ces psychothérapies ne peuvent être mises en œuvre qu’à
prévalente la réalité externe pour pallier une réalité interne anxio- certaines conditions : capacité de verbalisation, d’introspection,
gène et peu sécurisante [1] . capacité à supporter les frustrations, etc. Par ailleurs, le risque

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de pérennisation du lien de dépendance avec le thérapeute est Le problème qui reste posé est de savoir si cette dépen-
important. dance pathologique catégorielle stable dans le temps constitue
Les thérapies comportementales et cognitives ont été proposées un trouble de la personnalité ou une caractéristique associée à
et ont mis l’accent sur l’autonomisation du patient. Ces théra- d’autres troubles de la personnalité. Plusieurs arguments semblent
pies individuelles, familiales ou en groupe portent souvent sur plaider pour la seconde hypothèse comme le manque de vali-
l’affirmation de soi. dité externe du diagnostic, la co-occurrence importante avec les
Plusieurs exemples de ces traitements ont été rapportés dans la personnalités limites ou évitantes.
littérature (Montgomery, 1971 ; Turkat et Carlson, 1984) [1] . Des études, notamment prospectives, semblent nécessaires
Plusieurs auteurs, dont Bornstein (2004) [1] , ont proposé des thé- pour tester ces hypothèses.
rapies dites improprement intégratives qui relèvent en fait d’une Des études récentes précisant la validité constructive de la clas-
approche éclectique associant des thérapies psychodynamiques, sification des troubles de la personnalité du DSM-IV ont montré
cognitives et existentielles. L’auteur a identifié cinq techniques que les critères des personnalités évitantes et dépendantes appar-
psychothérapeutiques pour les patients dépendants : explorer les tenaient à un seul facteur. Par ailleurs, l’étude de la validité
relations passées qui renforcent la dépendance ; examiner son constructive de la personnalité dépendante [10] objective qu’un
autoperception d’impuissance ; expliciter les autodénigrements modèle bidimensionnel (incompétence perçue et attachement
du patient que provoquent les sentiments de vulnérabilité et dysfonctionnel) conditionne ce trouble de la personnalité avec
d’impuissance ; aider le patient à exprimer ses besoins de dépen- deux critères (3 et 5), contribuant peu aux diagnostics.
dance dans diverses situations ; utiliser des jeux de rôle pour Bornstein a proposé deux perspectives intéressantes sur la
permettre d’acquérir des compétences permettant de fonction- dépendance affective : d’une part, prendre en compte les aspects
ner de manière autonome. Les thérapies de couple sont aussi actifs de la dépendance et remettre en cause l’association systéma-
indiquées, et pour Links et Stockwell [48] il convient de repérer tique entre dépendance et passivité [50] , d’autre part, envisager une
la dimension de manque de confiance en soi qui serait prédic- extraction de la dépendance affective du cadre pathologique où
tive de réussite contrairement à la dimension d’attachement en elle est inscrite, plusieurs travaux montrant qu’elle peut constituer
insécurité. soit un comportement adapté, soit un facteur de bon pronostic
Un travail récent a exploré l’efficacité de la thérapie de dans certaines pathologies somatiques ou psychiatriques [51] .
pleine conscience sur la dépendance interpersonnelle, mesurée Disney [32] , dans une revue critique sur la personnalité dépen-
par l’inventaire de dépendance interpersonnelle d’Hirschfeld, dante parue en 2013 dans Clinical Psychology Review, a souligné le
par une étude contrôlée, randomisée versus placebo. Le groupe peu de travaux consacrés à ce trouble de la personnalité, alors que
ayant bénéficié d’une thérapie de pleine conscience présentait de nombreux arguments démontrent le bien-fondé du maintien
une amélioration significativement supérieure sur la dépendance du diagnostic dans le DSM-5. Contrairement à certains troubles de
interpersonnelle par rapport au groupe placebo [49] . la personnalité, la personnalité dépendante est peu étudiée et des
Sur le plan des chimiothérapies, une étude réalisée par Lauer champs entiers de recherche ne sont pas explorés, comme ceux de
en 1976 [1] a montré qu’un traitement antidépresseur donné à un l’imagerie cérébrale ou de l’étude en psychologie cognitive expé-
groupe de sujets présentant différents diagnostics et des traits pas- rimentale. Par ailleurs, l’auteur souligne le manque d’études en
sifs dépendants améliorait ces traits. Ce résultat n’a pas, ensuite, population générale et la nécessité d’explorer le risque de suicide
été confirmé par d’autres études. et d’être victime ou auteur de mauvais traitements. Enfin, il existe
L’utilisation d’anxiolytiques et d’antidépresseurs semble devoir peu d’études systématiques sur le traitement curatif ou préventif
être réservée aux complications anxieuses et dépressives des de la personnalité dépendante.
personnalités dépendantes, mais les relations étroites entre
dépendance exagérée et dépression, d’une part, et entre les per-
sonnalités dépendantes et les personnalités limites, d’autre part, Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts
doivent amener à se poser la question de la chimiothérapie au en relation avec cet article.
long cours (antidépresseurs, thymorégulateurs, etc.). L’absence
d’études publiées, notamment contrôlées, ne permet pas actuel-
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répond à une utilité clinique. De nombreux arguments étayent [10] Gude T, Karterud S, Pedersen G, Falkum E. The quality of the diag-
l’existence d’une dépendance pathologique catégorielle stable nostic and statistical manual of mental disorders. Compr Psychiatry
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Cette dépendance se caractérise, comparativement aux person- [11] Tyrer P, Morgan J, Cicchetti D. The Dependent Personality Question-
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survenue de dépression majeure, de troubles bipolaires, de pho- Soc Psychiatry 2004;50:10–7.
bies, et par un risque moins élevé de toxicomanies alcooliques ou [12] Loas G, Monestes JL, Wallier J, Berthoz S, Corcos M. Le question-
autres. Sur le plan thérapeutique, les personnalités dépendantes naire de personnalité dépendante (QPD) : traduction française et étude
présentent des facteurs entraînant une bonne réponse aux traite- de validation dans une population de 138 patients psychiatriques hos-
ments (précocité des consultations, adhésion au traitement, etc.). pitalisés. Encephale 2010;36:111–5.

EMC - Psychiatrie 9

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37-490-D-10  Personnalité dépendante

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G. Loas, Psychiatre, Professeur des Universités, chef de service (gwenole.loas@erasme.ulb.ac.be).


Service de psychiatrie, Cliniques universitaires de Bruxelles, Université libre de Bruxelles (ULB), 808, route de Lennik, 1070 Bruxelles, Belgique.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Loas G. Personnalité dépendante. EMC - Psychiatrie 2017;14(3):1-10 [Article 37-490-D-10].

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