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CHAPITRE
Douleur en santé mentale :
patient psychiatrique
Pr Éric Serra*, Dr Françoise Radat**, OBJECTIFS ECN 135-2
Dr Djea Saravane***, Dr Nabil Hallouche****
➔ Repérer, prévenir et traiter les manifestations
* Psychiatre et Médecin de la Douleur, Chef de Service douloureuses chez le patient psychiatrique et la personne
CETD et DISSPO, CHU Amiens Picardie-Amiens atteinte de troubles envahissants du développement
** Psychiatre et Médecin de la Douleur, Bordeaux
*** lnterniste et Médecin de la Douleur,
ex-chef de Service CETD en Santé Mentale et Autisme, OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
EPS Barthélémy Durand - Étampes
➔ Connaître les principales comorbidités psychiatriques
**** Médecin, CH Maison Blanche, Paris rencontrées chez les patients douloureux chroniques.
-+ Utiliser l'auto-évaluation et au besoin l'hétéro-évaluation
PLAN ' de la douleur pour les patients ayant des troubles
.
de la communication.
Introduction : Les populations vulnérables
➔ Repérer le risque addictif.
1. Les comorbidités psychiatriques de la douleur
➔ Savoir traiter les comorbidités.
2. Évaluation de la douleur chez les personnes
psychiatriques ➔ Comprendre l'intérêt de l'évaluation, du diagnostic
étiologique et du traitement de la douleur en Santé
3. Traitements de la douleur mentale pour prévenir la surmorbidité et la surmortalité.
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MOTS CLÉS : anxiété; stress post-traumatique; dépression; risque suicidaire; trouble somatoforme;
schizophrénie; autisme; addiction; effet placebo.
Chez les patients suivis en psychiatrie et chez les personnes atteintes de troubles envahissants du
développement, existent une surmorbidité et une surmortalité d'origines organiques.
Des explications sont avancées: troubles de communication du patient, négligence sanitaire du patient,
désocialisation du patient, patient seulement suivi par des équipes psychiatriques spécialisées dans les
troubles mentaux, insuffisance de la prise en charge médicale somatique des patients psychiatriques.
• Patients psychiatriques et personnes atteintes de troubles neurodéveloppementaux dont les troubles du spectre
de l'autisme font partie de populations vulnérables qui imposent une attention particulière de la médecine. La
douleur, expérience sensorielle et émotionnelle, est à la fois subjective et pluridimensionnelle. Elle est plus difficile
à repérer, à évaluer, à diagnostiquer, à prévenir, à traiter, chez ces patients. Elle peut être le signe de co-morbidités
organiques toujours à rechercher.
• Les dimensions psychologiques : affectives, cognitives et comportementales sont importantes, ainsi que les fac
teurs et les mécanismes psychologiques.
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1.1. Anxiété et stress post-traumatique
• Les plaintes douloureuses physiques sont habituelles dans l'anxiété: trouble attaque de panique, trouble anxiété
généralisée. L'anxiété étant constitutive de la douleur, les personnes les plus anxieuses rapportent plus de
douleurs.
• Le symptôme douleur peut être retrouvé parmi les plaintes somatiques associées dans le Trouble stress post-trau
matique. Les antécédents de stress post-traumatique sont fréquents chez les patients douloureux chroniques. Cela
est le cas de certaines lombalgies, certaines céphalées, certaines fibromyalgies.
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Toute douleur aiguë est accompagnée d'une émotion à type d'inquiétude, voire d'anxiété. Le niveau
• Des douleurs sont retrouvées chez 77 % des patients en population déprimée ambulatoire. La
douleur y est chronique dans 24,5 % des cas.
• Chez les patients déprimés ou hospitalisés, la douleur s'élève à 92 %.
• Les douleurs rencontrées sont: douleurs musculaires, cervicalgies, céphalées, lombalgies, douleurs
articulaires, douleurs thoraciques ou abdominales.
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• Attention, la douleur morale est un symptôme de dépression sévère. Il s'agit d'un symptôme psychique. La dou
leur morale n'est pas le versant psychologique de la douleur physique.
• Le syndrome douloureux chronique associe : tristesse, troubles du caractère, perte des intérêts, fatigabilité,
troubles de l'attention, insomnie.
• La dépression est habituelle dans la douleur chronique. Chez les patients douloureux chroniques
suivis en population générale, 20 % présentent une dépression.
• Le pourcentage de dépression chez les patients reçus en consultation de la douleur chronique s'élève
à 31,5 °/a de trouble dépressif caractérisé et jusqu'à 64 °/a lorsqu'on y associe le trouble dépressif
persistant ou dysthymie.
1.5. Autisme
• Dans les troubles neurodéveloppementaux, selon le DSM-5, comme l'autisme et les troubles du spectre de l'autisme,
certaines stimulations nociceptives sont exprimées différemment, faisant croire à une insensibilité à la douleur.
DDD : defined dai/y dose correspond à la posologie quotidienne indiquée définie par l'OMS (http://www.whocc.no/ddd).
Par exemple pour le Tramadol le DDD est de 300 mg/j.
• Chez un patient toxicomane, les doses antalgiques peuvent être plus importantes que celles utilisées en population
générale.
• Lorsqu'un patient bénéficie de la prescription d'opioïdes forts, une éventuelle addiction débutante doit être repérée.
Le POMI (Prescription Opioïde Misuse Index) est un bref questionnaire de 6 questions spécifiques des patients sous
opioïdes (un point par réponse oui ; mésusage si score 2: à 2) .
• Vous arrive-t-il de prendre plus de médicaments (c'est-à-dire une dose plus importante) que ce qui vous est
prescrit?
• Vous arrive-t-il de prendre plus souvent vos médicaments (c'est-à-dire de raccourcir le temps entre deux prises)
que ce qui vous est prescrit?
• Vous arrive-t-il de faire renouveler votre traitement contre la douleur plus tôt que prévu?
• Vous arrive-t-il de vous sentir bien ou euphorique après avoir pris votre médicament antalgique?
• Vous arrive-t-il de prendre votre médicament antalgique pour vous aider à faire face ou à surmonter des problèmes
autres que la douleur?
• Vous est-il arrivé de consulter plusieurs médecins, y compris les services d'urgence, pour obtenir vos médicaments
antalgiques?
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Échelle EDAAP :
• L'échelle d'évaluation de l'expression de la douleur chez l'adolescent ou adulte polyhandicapé
(EDAAP) a été élaborée par le CLUD de l'hôpital marin d'Hendaye, à partir des échelles DOLOPLUS
et DESS.
• Elle comprend 11 items répartis en 2 catégories : retentissement somatique et retentissement
psychomoteur et corporel. Elle est disponible sur le site du CNRD www.cnrd.fr avec son guide
d'utilisation.
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En dehors de la recherche, l'utilisation d'un placebo n'est pas plus justifiée en psychiatrie que dans les
autres domaines de la médecine.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence principale
- Marchand, S., Saravane, D., Gaumont, 1., Santé mentale et douleur, Springer-Verlag France, Paris, 2013.
• Pour aller plus loin
- Moisse! X., Trouvin A.P., Tran V.T et al. Utilisation des opioïdes forts dans la douleur chronique non cancéreuse chez l'adulte.
Recommandations françaises de bonne pratique clinique par consensus formalisé (SFETD). Presse Med. 2016; 45: 447-462.
- Radat F., Koleck M., Douleur et dépression : les médiateurs cognitifs et comportementaux d'une association très fréquente,
L'Encéphale 2011, 37: 172-179.
- Serra É., Les outils de repérage d'un risque d'addiction chez les patients douloureux traités par opioïdes, Douleur et Analgésie,
2012, 25: 67-71.
- Serra É., Douleur en santé mentale. Partie 2. Diagnostic et traitement, La Revue du Praticien, volume 63, octobre 2013.
- Serra E. « Du bistouri au taï chi. Les traitements non médicamenteux de la douleur.», Douleurs, 2017, 18:265-268 .
• Utiliser en priorité les traitements communs des comorbidités, dans le respect des AMM des
médicaments, et en associant les traitements non médicamenteux disponibles en Santé mentale.
• Traiter efficacement la douleur y compris en toxicomanie : le toxicomane aussi a droit à un
soulagement de ses douleurs.