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Cours 1 : SEMIOLOGIE PSYCHIATRIQUE

Houda BOUAZZA
I. OBJECTIFS
Þ Bien connaître les modalités d’un examen psychiatrique
Þ Savoir bien conduire un entretien psychiatrique et respecter ses "deux temps"
Þ Savoir réaliser un résumé d’observation : motif de consultation, histoire de la maladie, …

II. DÉFINITIONS
1. La psychiatrie
– La psychiatrie est définie comme la branche de la médecine dont l’objet est l’étude et le
traitement des Troubles mentaux, troubles mentaux étant pris dans leur acception la
plus large, c'est-à-dire désignant toute altération de l’activité psychique du sujet.
Ainsi, la psychiatrie s’occupe du diagnostic et de la thérapeutique des anomalies dans
le fonctionnement :
Þ De la personnalité,
Þ De la vie subjective de l’individu,
Þ De l’épanouissement personnel,
Þ De son adaptation à la vie sociale,
Þ De ses rapports sociaux.
– La psychiatrie s’intéresse également aux différents facteurs intervenant d’une façon
dynamique
Þ Dans la structuration de la personnalité
Þ Dans la genèse des maladies mentales.
– Ces facteurs sont de nature biologique, psychologique et socioculturelle.

2. La Sémiologie psychiatrique et ses spécificités


– La Sémiologie psychiatrique : Discipline médicale essentiellement descriptive qui
s’intéresse aux symptômes présentés par un sujet atteint de Troubles mentaux.
– Son objectif :
Þ Décrire les manifestations psychiques pathologiques présentées par un sujet malade une
fois examiné,
Þ Conférer à ces manifestations la valeur de signes voire de syndromes.
– La sémiologie médicale (ciblant le corps) / La sémiologie psychiatrique :
Þ Similitudes : la description des symptômes dans une perspective diagnostique et
thérapeutique ;
Þ Elle a cependant des spécificités telles que :
Ø Les anomalies psychiques se traduisent rarement par des signes extérieurs
repérables par des manœuvres les rendant "objectifs" et mesurables,
Ø mais elles s’expriment essentiellement à travers le discours, la pensée, les affects
et le comportement du malade.

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III. L’EXAMEN DU MALADE EN PSYCHIATRIE
1. OBJECTIFS ET PARTICULARITÉS DE L’EXAMEN PSYCHIATRIQUE :
• L’examen psychiatrique vise le recueil des symptômes et des données è établir un
diagnostic et une conduite thérapeutique
• Examen psychiatrique ≠ l’examen somatique
(+ svt les signes physiques et objectifs = la lésion organique qu’au vécu subjectif de la
souffrance et de la maladie)
• L’examen psychiatrique doit prendre en considération
Þ Le patient en tant qu'objet d’examen
Þ Mais aussi en tant que sujet "parlant" et porteur d’une souffrance.
• Médecin : repérer les signes pathologiques + et surtout de leur donner un sens par
rapport à la vie affective, relationnelle, sociale, …
• Le temps du recueil sémiologique et le temps thérapeutique se trouvent très souvent
unis, sinon confondus :
è Il est important de mettre le malade en confiance, et en situation de s'exprimer le plus
librement possible.
• L’approche sémiologique en psychiatrie privilégie la relation médecin- malade
• Les signes sont de nature psychologique et sociale,
• Le vecteur et le support de l’examen sont essentiellement verbaux
èLe médecin doit favoriser les conditions d’un entretien libre, non directif, permettant
au patient d’exprimer spontanément sa pensée, ses affects, ses problèmes et son vécu.

2. MODALITES ET CONDUITE DE L’EXAMEN


2.1 MODALITES DE L’EXAMEN
• Pas de recette unique pour conduire un examen psychiatrique :
• Dépend de :
Þ La personnalité du médecin et du malade
Þ La nature des troubles présentés par le malade.
è Affaire de formation mais aussi d’expérience, de maturité et de bon sens.
• Quelques règles générales
Þ Une attitude bienveillante, attentive, sans préjugés de la part du médecin, introduit un
climat de confiance et aide le patient à s’exprimer plus librement.
Þ Ménager l’intimité du patient et lui permettre de livrer progressivement ses sentiments
et sa problématique psychologique.
Þ Privilégier, si les circonstances le permettent, le " tête-à-tête" par rapport à la présence
d’un tiers.
Þ Si le patient est amené par des membres de sa famille, des voisins ou des autorités, dans
ce cas, ils seront reçus et entendus séparément et après l’entretien avec le malade.

2.2 CONDUITE DE L'ENTRETIEN


• Dans un premier temps :
Þ Le patient est invité à parler d’une manière détaillée de ce qui a motivé la
consultation.
Þ Souvent le sujet inconscient de la nature et de l'origine psychologique de ses troubles
Þ Expliquer la signification et le but de l'entretien,
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Þ La nécessité de l'évaluation du problème et d'une éventuelle aide.
Þ On lui demande d'exprimer dans le détail ses plaintes éventuelles.
Þ On l'invite à rapporter sa biographie, les événements émotionnels significatifs qui ont
marqué sa vie et d'une manière plus générale tout ce qui peut avoir un lien avec ses
troubles.
Þ Il est important :
- D’enregistrer les plaintes et les données exprimées par le patient,
- De relever les faits manifestes avec une forte charge émotionnelle ainsi que les données
importantes qui ont été omises (par exemple sur son enfance, ses parents, sa vie affective,
sa sexualité, sa vie professionnelle…).

• Dans un deuxième temps :


Les interventions du médecin seront plus fréquentes pour combler les lacunes de la
recherche sémiologique et de l’histoire clinique tout en prenant garde que l’entretien ne
devienne un interrogatoire mécanique et rigide sans flexibilité ni spontanéité.
Þ La durée de l’entretien peut être variable.
§ Entre 30 minutes et une heure.
§ Certains patients, il faut le réduire à quelques minutes et reporter à plus tard
l’anamnèse.
§ D’autres, se plaignent beaucoup et sont disposés à parler pendant des heures ; il faut
alors savoir les arrêter
Þ La prise de notes :
§ Prendre au cours de l’examen le minimum de notes possible
§ Ne rédiger l’observation clinique qu’une fois l’entretien terminé.
Þ D’un premier entretien,
§ Dégager des données précises sur les plaintes du sujet, sur son histoire ancienne et
récente, sur les situations conflictuelles qu’il a pu rencontrer et la façon dont il a pu
jusqu'à présent les résoudre ou l’aménager. Même si l’entretien se déroule de manière
informelle et "anarchique", à son terme les notes qu'il a permises doivent être
ordonnées.
§ Mais un premier et seul entretien ne saurait être exhaustif.
Þ Des entretiens successifs ultérieurs sont nécessaires pour relever et préciser
l'ensemble des données anamnestiques autorisant la rédaction d'une observation clinique
globale et cohérente.

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Cours 2 : SEMIOLOGIE DES TROUBLES DE LA PRESENTATION ET DES TROUBLES
PSYCHOMOTEURS

OBJECTIFS
– Apprendre les troubles de la mimique, ceux de la tenue, du contact et de l’attitude
– Retenir les divers troubles du comportement psychomoteur (ralentissement,
agitation, agression et impulsions), et Énumérer leurs cadres nosographiques.

1. DÉFINITION ET INTRODUCTION
• La présentation est l'image ou l'apparence générale que le malade donne à voir lors de
l'entretien et qui traduit d'une manière externe le degré d'organisation ou de
désorganisation de sa personnalité.
• Sa perturbation constitue un élément d'orientation diagnostique.
• S'il y a des critères qui nous permettent de reconnaître facilement certaines présentations
comme pathologiques, il est par contre difficile voire impossible de décrire, une
présentation normale "standard".
• En effet, sans être forcément anormale, l'apparence générale peut varier d'une manière
notable en fonction de :
Þ Tempéraments,
Þ L’appartenance socio-culturelle,
Þ La mode,
Þ Niveau économique etc….

2. LES TROUBLES DE LA PRÉSENTATION


• La présentation peut être perturbée à plusieurs niveaux :
Þ LA MIMIQUE.
Þ LA TENUE
Þ LE CONTACT
Þ L'ATTITUDE
Þ COMPORTEMENT PSYCHOMOTEUR
2.1. LA MIMIQUE ou expression du visage :
• Elle est habituellement en corrélation avec l'affectivité du sujet. On considère que sur
le visage et dans le regard se lisent les émotions et les sentiments.
• On peut également relever dans l'expression du visage des manifestations qui peuvent
être pathologiques telles que l'exaltation, la bizarrerie, l'indifférence, l'angoisse, la colère,
l'agressivité, etc.
• Schématiquement on décrit quatre groupes de troubles de la mimique.

2.1.1. LES HYPERMIMIES ou mimiques hyper expressives.


• Elles peuvent traduire :
Þ Une exaltation de l'humeur (excitation maniaque)
Þ Des expressions émotionnelles exagérées (pleurs, colères, peur, angoisse...)

2.1.2. LES HYPOMIMIES ET LES AMIMIES


• Elles vont de la rareté du mouvement du visage (Hypomimie) à son immobilité complète
(Amimie).

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• Le visage peut être figé dans une expression de :
Þ Tristesse, douleur morale, inhibition chez le déprimé
Þ Hébétude, égarement, perplexité chez le confus et le dément.

2.1.3. LES DYSMIMIES


• Ce sont des discordances entre les propos du sujet et l'expression de son visage. Elles
sont particulièrement observées dans la schizophrénie où on note des rires inadaptés et
étranges, des bizarreries, des stéréotypies, un maniérisme…

2.1.4. LES MOUVEMENTS ANORMAUX


• Tics, fibrillations, tremblements, myoclonies, grimaces, stéréotypies, etc.
• Ces mouvements anormaux doivent faire évoquer d'abord une affection neurologique ;
mais ils sont aussi observés dans des maladies psychiatriques: schizophrénie, démence,
déficience intellectuelle, Trouble Obsessif Compulsif (TOC)

2.2. LA TENUE
• Les soins corporels, les vêtements, la coiffure, l'allure générale, … peuvent être de bons
indicateurs de la personnalité du sujet, de ses troubles, de ses préoccupations, de son
adaptation au milieu, de ses négligences et parfois même de son identification psycho-
sexuelle.
• Mais la perturbation n'est significative que lorsqu'elle traduit une inadaptation de la
personne aux impératifs sociaux.
• Les troubles de la tenue sont :
– Négligence, incurie, tenue débraillée, désordre, observés généralement dans
confusion mentale, démence, schizophrénie, déficience intellectuelle...
– Excentricités vestimentaires, maniérisme, … observées dans : manie,
schizophrénie, délires chroniques, ...

2.3. LE CONTACT
• La qualité et le type du contact du malade traduisent souvent les troubles sous-jacents
qu'il présente :
Mutisme, réticence, opposition, agressivité, méfiance, coopération, confiance, dépendance,
sympathie, familiarité, supériorité, ironie, dédain, etc.

2.4. L'ATTITUDE
• Elle traduit généralement le vécu du patient et son état d'âme.
• Le malade peut être calme, instable, agité, agressif, ou bien abattu, tendu, inquiet, sur la
défensive ou encore indifférent, bizarre, ...
• Dans l'attitude on apprécie également la qualité et le sens de la conservation des
convenances sociales (politesse, manières ...)

2.5. COMPORTEMENT PSYCHOMOTEUR


• C'est un aspect particulier de l'attitude.
• Les troubles du comportement psychomoteur peuvent être observés dans la
présentation ou rapportés par l'entourage ou le malade lui-même.
• On peut observer plusieurs types de troubles du comportement psychomoteur en

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fonction de la pathologie présentée :

2.5.1. LE RALENTISSEMENT PSYCHOMOTEUR


• Il se traduit par un état d'inhibition avec une rareté des mouvements et de l'activité
motrice et une pauvreté de la mimique.
• Dans les cas sévères on peut observer une immobilité figée, un mutisme et au maximum
un état de stupeur.
• Devant le ralentissement psychomoteur on évoque essentiellement :
– Une dépression majeure (ou mélancolie) et une schizophrénie déficitaire.

2.5.2. L'AGITATION PSYCHOMOTRICE


• Elle est caractérisée par une hyperactivité désordonnée, une hyper kinésie
(augmentation des mouvements), des gesticulations, une impossibilité de se tenir en
place.
Ø Elle peut être durable, c'est alors un état d'agitation qu'on peut observer dans : la
manie, la schizophrénie, la psychose délirante aiguë, la démence, ...
Ø Elle peut être transitoire, et c'est la crise d'agitation qui peut être observée dans les
Troubles névrotiques, la psychopathie, ...

2.5.3. L'AGRESSIVITÉ
• Elle accompagne souvent l'agitation mais elle n'en est pas le synonyme.
• L'agressivité peut être :
– Verbale avec des vociférations, des insultes, des menaces, …
– Physique avec des jets et des bris d'objets, des coups et blessures et parfois même
des homicides.
– Non orientée.
ØL'agressivité est particulièrement observée dans
– Les états psychotiques délirants : schizophrénie, paranoïa, psychose délirante
aiguë…
– La manie, la psychopathie
– Les Troubles névrotiques où elle n'est pas totalement absente quoique souvent moins
violente que dans les cas précédents.

2.5.4. LES IMPULSIONS


• Ce sont des passages à l'acte (souvent agressifs) brusques, imprévisibles et qui n'ont
pas été réfléchis et encore moins prémédités.
• On les relève chez les psychopathes et les psychotiques délirants.

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Cours 3 : SEMIOLOGIE DES TROUBLES DES ACTIVITES PSYCHIQUES DE BASE

OBJECTIFS :
– Apprendre les troubles de la conscience aussi bien quantitatifs que qualitatifs
– Apprendre les troubles de l’attention et ceux de l’orientation temporo-spatiale
– Décrire les troubles de la mémoire et énumérer les cadres nosographiques des
amnésies.

INTRODUCTION
Les activités psychiques de base comportent :
• La conscience (ou vigilance),
• L’attention,
• La mémoire,
• L’orientation dans le temps et dans l’espace.

1. LA CONSCIENCE
1.1. DEFINITION
• En sémiologie psychiatrique : Conscience Ξ vigilance.
• La qualité de la présence de l'être au monde et à la qualité des fonctions qui
permettent à l'individu de se situer par rapport à soi-même, aux autres et à
l'environnement, et de les appréhender avec lucidité.
• La conservation de la conscience est nécessaire pour le déroulement normal des activités
psychiques de base.

1.2. LES TROUBLES DE LA CONSCIENCE


1-2-1. LES TROUBLES QUANTITATIFS DE LA CONSCIENCE
1-2-1-1. L'Hypervigilance
• C'est un état où la clarté de la conscience est exaltée.
• Il s'agit plutôt d'un sentiment de grande lucidité qui accompagne notamment certains
épisodes d'excitation psychique lors par exemple des accès maniaques, des troubles
anxieux ou à la suite de l'absorption de certaines drogues.

1-2-1-2. L'hypovigilance
• Plus fréquemment rencontrée en psychiatrie ;
• EIle se traduit par une diminution de la lucidité de la conscience ;
• Elle peut, selon son importance, constituer des états divers de dissolution de la
conscience, allant de l'obtusion et l'hébétude, en passant par l'obnubilation et la
confusion, jusqu'à l'abolition complète (coma).
• Ces troubles sont observés surtout dans la confusion mentale.

1-2-2. LES TROUBLES QUALITATIFS DE LA CONSCIENCE


• États qui durent en général quelques minutes ou quelques heures voire
exceptionnellement plusieurs jours
• La lucidité du sujet est quantitativement normale - le sujet ayant l'air d'être "présent" –
• Mais sa conscience et sa perception sont distorsionnées, sa perception de soi et de
l'environnement est très subjective, vécue dans un contexte de déréalisation.

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• Le sujet poursuit en général des activités mais d'une manière automatique, en
discontinuité avec celles qu'il effectuait avant la survenue de l'atteinte de la conscience.
• Lorsqu'ils sont à un degré léger ou moyen, ces troubles sont dénommés états
crépusculaires ou états seconds, et sont observés essentiellement dans les Troubles
hystériques dits dissociatifs.
• Mais à un degré intense, des idées délirantes, oniroïdes peuvent se voir : cas de la
confusion mentale, des états psychotiques aigus, de la schizophrénie.

2. L'ATTENTION
2.1. DÉFINITION
• L'attention est définie comme la disposition d'esprit qui focalise l'activité psychique sur
un secteur précis.
• On distingue :
– L'attention volontaire ou réfléchie, supposant un effort conscient de concentration.
– L'attention spontanée, ne nécessitant pas d'effort particulier et ne se laissant capter
que par un stimulus significatif.

2.2. LES TROUBLES DE L'ATTENTION


• L'attention peut être augmentée, de manière sélective essentiellement dans les états
anxieux (le sujet guette un danger hypothétique).
• L'attention peut être diminuée
• L’attention est très distraite chez le maniaque, le malade instable ou agité,
• L’attention est très diminuée voire absente chez le confus et le dément,
• L’attention est labile ou même défaillante chez le schizophrène.

3. L'ORIENTATION TEMPORO-SPATIALE
3.1. DÉFINITION
• L'orientation temporo-spatiale est la capacité particulière qui permet à l'individu de se
situer dans le temps et l'espace.

3.2. LA DÉSORIENTATION TEMPORO-SPATIALE (D.T.S.)


• Trouble qui fait perdre au sujet cette capacité de se repérer dans le temps et/ou dans
l'espace.
• Ne pas confondre la D.T.S. vraie /l'indifférence vis à vis de l'orientation, observée chez
certains psychotiques en particulier schizophrènes.
• La désorientation temporo-spatiale est un syndrome qui est rencontré surtout dans le
syndrome confusionnel et dans les états démentiels.

4. LA MÉMOIRE
4.1. DÉFINITION
• La mémoire est la capacité de fixer, de stocker et de restituer des données.
• Elle permet au sujet de se situer dans son histoire et son environnement.
• Sans mémoire tout serait présent.
• La mémoire ne saurait être appréhendée comme une activité indépendante des autres
processus mentaux.
• Elle a un substratum anatomique et physiologique et elle est en rapport avec les activités

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perceptives, cognitives et affectives (cf. cours de psychologie médicale).

4.2. LES TROUBLES DE LA MÉMOIRE


• Parmi les troubles de la mémoire on distingue :
– Les amnésies ou déficits de la mémoire
– Les hypermnésies ou exaltations de la mémoire
– Les dysmnésies ou distorsions de la mémoire

4-2-1. LES AMNÉSIES


• Les amnésies sont de loin les troubles les plus fréquemment observés dans la pathologie
psychiatrique.
• Elles sont de type et de nature diverses.

4-2-1-1. L'amnésie de fixation ou amnésie antérograde


• Elle se caractérise par l'incapacité de fixer des informations nouvelles.
• En clinique, ce type d'amnésie est caractéristique du syndrome de Korsakoff dans lequel
s’associent : une amnésie de fixation, des fabulations, des troubles de l'orientation
temporo-spatiale, un affaiblissement des fonctions intellectuelles et une polynévrite.
• Ce syndrome est généralement une complication de l'alcoolisme chronique.

4-2-1-2. L'amnésie d'évocation ou amnésie rétrograde


• C'est l'impossibilité de restituer un souvenir jusque-là bien conservé.
• Dans la pathologie :
– Les états confusionnels et les états démentiels.
– Pathologies lésionnelles neurologiques.

4-2-1-3. L'amnésie globale ou amnésie antéro-rétrograde


• C'est l'impossibilité de fixer des informations nouvelles s'associant à un effacement
partiel ou global des souvenirs anciens.
• La forme la plus habituellement rencontrée.
• Ils s’observent essentiellement dans les syndromes démentiels.

4-2-1-4. Les amnésies organiques transitoires


• Elles se caractérisent par une lacune amnésique ou "trou de mémoire" qui recouvre la
période où les souvenirs n'ont pas été fixés, pouvant la déborder avant ou après.
• Elles s'observent après :
• Un traumatisme crânien,
• Une crise comitiale,
• Une anesthésie,
• Un électrochoc.

4-2-1-5. Les amnésies sélectives


• Elles désignent l'oubli d'un nom, d'une adresse, d'un titre, etc.
• Elles sont généralement tout à fait banales,
• Elles peuvent devenir très fréquentes et importantes dans certains états névrotiques
(Troubles anxieux).

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4-2-1-6. Les amnésies lacunaires
• Elles sont plus complexes et elles concernent tous les souvenirs liés :
– À une période de la vie,
– À une situation traumatisante,
– À une personne déterminée.
• La durée de ces amnésies est variable, dépassant rarement quelques jours.
• Elles sont généralement réversibles, et sont observées en particulier dans les Troubles
hystériques (dits troubles dissociatifs).

4-2-2. LES HYPERMNÉSIES


• Elles se traduisent par des capacités mnésiques exceptionnelles aussi bien pour la
fixation que pour l'évocation.
• On peut les observer dans :
– Certains états d'excitation psychique comme dans l'accès maniaque
– Sous l'effet de certaines drogues comme les amphétamines.
– Certaines formes de déficiences intellectuelles qui peuvent s'accompagner de cette
hypertrophie mnésique mais le sujet est incapable d'intégrer ces souvenirs à
l'ensemble de ses fonctions cognitives qui sont et restent diminuées.

4-2-2. LES DYSMNÉSIES


• Ce sont des distorsions de la mémoire.
• On observe ainsi :
– Les paramnésies qui sont des faux souvenirs que le sujet substitue aux souvenirs
réels
– Les ecmnésies qui sont des expériences au cours desquelles le sujet revit des scènes
du passé comme si elles étaient actuelles et présentes.
• Ces troubles sont retrouvés entre autres dans :
– Les troubles hystériques (dits troubles dissociatifs)
– Et dans l'épilepsie.

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Cours 4 : LE LANGAGE ET SES TROUBLES

OBJECTIFS :
• Apprendre les troubles du langage : voix, débit verbal, syntaxe et sémantique
• Bien décrire les automatismes verbaux

INTRODUCTION / DEFINITION :
• Le langage est une fonction qui assure, surtout par le biais de la parole et de l'écriture
– L’expression de la pensée
– La communication entre les hommes.
• Le langage utilise aussi d'autres moyens tels que la gestuelle, la mimique, ... et il n'est pas
réservé à l'homme !
• Les troubles du langage peuvent se manifester à plusieurs niveaux :
– LA VOIX
– LE DÉBIT VERBAL
– LA SYNTAXE
– LA SÉMANTIQUE
– AUTRES

1. LA VOIX
• La tonalité de la voix exprime généralement l'état affectif du sujet.
• Elle peut être joyeuse, élevée, intense et parfois rauque et voilée suite à une logorrhée
prolongée, c'est le cas de l'état maniaque ;
• Elle peut être faible, monotone, traînante et indistincte : cas de la démence ;
• Ou encore sourde, voilée, basse ou chuchotée : cas de la dépression.

2. LE DÉBIT VERBAL
2.1. LE RYTHME
• Il peut être
– Accéléré avec logorrhée dans les états d'excitation,
– Ralenti chez le déprimé, le confus ou le dément,
– Inhibé avec blocage de la parole.
• Lorsque l'inhibition est totale, c'est le mutisme.
• Le mutisme peut se voir chez l'hystérique, le mélancolique, le psychotique délirant, le
schizophrène.
• Il peut être d'origine organique : démence, confusion.
• Saccadé, tonique ou clonique, dans le bégaiement.

2.2. LA CONTINUITÉ
• Normalement, le flux du langage est continu et adapté à la pensée et à l'environnement.
• Dans certains cas pathologiques on peut observer :
– Une rupture brutale du discours, c'est le barrage,
– Une stase c'est le Fading mental.
• Ces deux troubles se voient dans la schizophrénie.

3. LES TROUBLES DE LA SYNTAXE

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• Ce sont des troubles dans l'ordonnance des mots et leur assemblage sans respect des
règles de la grammaire.
• Ils finissent par donner un discours incohérent et incompréhensible.
• Ils s'observent dans la schizophrénie, les états démentiels, les confusions.

4. LES TROUBLES DE LA SÉMANTIQUE


• On distingue :
– Le paralogisme : Usage des mots existants dans une acception propre au sujet
schizophrène.
– Le néologisme : C'est la création, la formation et l'emploi de mots - nouveaux et
inexistants dans le vocabulaire courant - que le sujet va utiliser pour désigner les
choses.
• Il s'observe dans la Schizophrénie, les démences.

5. LES AUTOMATISMES VERBAUX


• Ils traduisent généralement des régressions du langage.
• On décrit :
5.1. L'ÉCHOLALIE : C'est la répétition en écho immédiate et automatique des mots ou des
phrases qui viennent d'être entendus.
• Elle est observée dans :
– Les Psychoses infantiles,
– Les démences,
– Les schizophrénies.

5.2. LA PALILALIE : C'est la répétition clonique de syllabes, de mots ou de phrases.


• On l'observe dans le syndrome parkinsonien et les démences.

5.3.LES IMPULSIONS VERBALES : Ce sont des productions verbales involontaires à


type de formules ou de séries de mots de type coprolalique.
• Ces troubles se voient dans
– Les T.O.C. (Trouble obsessif compulsif),
– Les démences,
– L'épilepsie partielle.

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Cours 5 : SEMIOLOGIE DES TROUBLES ANXIEUX

OBJECTIFS
• Sémiologie des Troubles anxieux
• Bien définir et décrire les manifestations psychiques, somatiques et
comportementales de l’anxiété ; et Énumérer ses cadres nosographiques.

INTRODUCTION
• L'anxiété ou angoisse : un des symptômes fondamentaux de la pathologie mentale.
• Nombreuses maladies psychiatriques mais elle accompagne également souvent les
maladies organiques.
• Pas toujours de signification pathologique : elle fait partie de la nature psychologique
humaine.
• L'anxiété pathologique ≠ l'anxiété "normale " : intensité, sa durée, son évolution et
son retentissement sur la vie du sujet.

1. DÉFINITION
• L'anxiété : une peur sans objet, un sentiment pénible d'un danger imminent et mal
définissable.
• Ce sentiment subjectif est accompagné de manifestations somatiques et
comportementales.

2. DESCRIPTION DE L'ANXIÉTÉ
• L'anxiété = manifestations psychiques + somatiques + comportementales.

2.1. MANIFESTATIONS PSYCHIQUES :


• Sentiment douloureux de « peur sans objet » qui va de l'inquiétude à la panique.
• L'anxieux ressent une menace ou un danger qui est vécu comme imminent avec une
anticipation pessimiste des événements.
• Ruminations idéiques de danger concernant la famille, les enfants, la situation
financière, professionnelle etc. le tout sans raison objective.
• Parfois peur de mourir, de devenir fou.

2.2. MANIFESTATIONS SOMATIQUES :


• Symptômes respiratoires +++ : tachypnée+ hyperventilation, sensations d'oppression
thoracique, d'étouffement, de "boule dans la gorge".
• Symptômes cardiovasculaires : tachycardie, palpitations, précordialgies, bouffées de
chaleur ou sensation de froid….
• Symptômes neurologiques : vertiges, paresthésies, fourmillement….
• Symptômes musculaires : contractures, tremblements, secousses, …
• Symptômes neurovégétatifs : sueurs, sécheresse de la bouche, pâleur, spasmes divers
• Symptômes urinaires : pollakiurie ("bégaiement de la vessie"), ...

2.3. MANIFESTATIONS COMPORTEMENTALES


• Hypervigilance pour "rester sur ses gardes"
• Insomnies d'endormissement - peur de mourir durant le sommeil

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• Exploration de l'environnement et "rechercher le danger"
• Tension psychomotrice avec agitation ou au contraire inhibition pouvant aller jusqu'à la
sidération.

3. QUELQUES FORMES DE TROUBLES ANXIEUX


3.1. ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE
• C'est un état de tension anxieuse permanente avec :
• Craintes, attente anxieuse,
• Ruminations pessimistes, anticipation de malheurs à venir,
• État d'hyperexcitabilité avec hyperesthésie aux moindres stimuli (réactions de sursaut),
• Distractibilité, difficultés de concentration.

3.2. L'ATTAQUE DE PANIQUE :


• Crise d'anxiété aiguë avec des symptômes sous forme de:
– Terreur intense, sentiment de catastrophe et de mort imminentes, d'irréalité, de
dépersonnalisation, de devenir fou,
– Des manifestations somatiques intenses.
• Cette crise survient de façon brutale et imprévisible, sans facteurs déclenchants
apparents. Elle dure quelques minutes à quelques heures mais elle a tendance à se
répéter à un rythme variable.
• Elle se complique d'anxiété anticipatoire, "peur d'avoir peur", et d'agoraphobie.

3.3. L'ANXIÉTÉ DANS LES TROUBLES PHOBIQUES


• Il s'agit d'une anxiété excessive et non justifiée déclenchée par des situations, des
personnes, des objets, … (dits phobogènes) alors qu'ils ne comportent en eux-mêmes
aucun caractère objectivement dangereux, et … le sujet en a bien conscience !
• L'anxiété disparaît et ne se manifeste pas si le sujet n'est pas en présence de l'objet
phobogène, ce qui le pousse à avoir une conduite d'évitement, et parer à l'angoisse.

3.4. L'ANXIÉTÉ DANS LES TROUBLES OBSESSIFS COMPULSIFS (T.O.C.)


• C'est une anxiété liée à des obsessions idéatives, phobiques ou impulsives.
• Ce sont des idées, des mots ou des actes qui s'imposent de force au sujet de façon
incoercible et qui provoquent en lui une forte anxiété (cf Troubles de la pensée).

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Cours 6 : SEMIOLOGIE DES CONDUITES ADDICTIVES

OBJECTIFS
• Bien définir une conduite addictive et les différents usages de drogues ;
• Décrire le syndrome de sevrage.

1. DÉFINITION
• L’addiction est une conduite caractérisée par le besoin impérieux, impulsif et
incontrôlable de réaliser un comportement spécifique et de le poursuivre malgré ses
conséquences négatives.
• Initialement, elle désignait seulement les conduites toxicomaniaques (drogues et alcool).
• Actuellement, le terme "addiction" est parfois étendu à d’autres troubles présentant des
similitudes avec les toxicomanies au niveau comportemental tels que le jeu
pathologique, les achats compulsives, la trichotillomanie, l’addiction aux jeux-vidéo,
à l'internet (cyber-addiction), au travail…etc.

2. L’ADDICTION AUX SUBSTANCES PSYCHO ACTIVES


• C'est l’addiction dans son sens le plus couramment utilisé.
• Elle englobe les comportements pathologiques d’utilisation de substances psycho- actives
comme la drogue, l’alcool et les psychotropes.
• Elle est appelée aussi toxicomanies ou pharmaco dépendances.
• Les addictions sont à distinguer de l’usage non nocif de la drogue qui est ponctuel,
espacé et sans conséquences néfastes, ou "indiqué" médicalement.
• Dans l’addiction aux substances psycho-actives, on distingue :
– L’ABUS ;
– DÉPENDANCE ;
– LA TOLÉRANCE ;
– LE SYNDROME DE SEVRAGE

2.1. L’ABUS :
• C'est l'utilisation exagérée et continue de drogues connues de par leurs effets négatifs
psychologiques, physiques, et sociaux ; et de par les situations de risque auxquelles se
trouve exposé l'usager de ces substances

2.2. LA DÉPENDANCE :
• Elle se manifeste par un besoin impérieux et répétitif de consommer les drogues sans
que le sujet ne puisse contrôler son comportement.
• La majorité de son temps est consacré à la recherche, l'obtention et à l'usage des drogues
au détriment d'autres activités.
• Ce mode de consommation s'accompagne souvent des symptômes d'intoxication, de
sevrage ou de tolérance.
• La dépendance peut être physique ou psychique.

2.3. LA TOLÉRANCE :
• Elle exprime l'adaptation de l'organisme à une substance, rendant nécessaire
l'augmentation des doses pour l'obtention des mêmes effets.

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• Elle dépend de la drogue utilisée, mais aussi de la personnalité du sujet...etc.

2.4. LE SYNDROME DE SEVRAGE :


• Il se manifeste par un ensemble de symptômes psychiques et physiques qui sont
caractéristiques et désagréables : angoisse, douleurs, ...
• Ils se produisent lors de la suppression d'une drogue et disparaissent dès sa
réintroduction.
• Les manifestations du syndrome de sevrage et les risques auxquels l'usager est exposé
dépendent entre autres de la nature de la drogue utilisée.

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Cours 7 : SEMIOLOGIE DES TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES

OBJECTIFS
• Apprendre et bien décrire les troubles de restriction et d’excès alimentaire ;
• Apprendre et bien décrire les troubles alimentaires aberrants.

INTRODUCTION
• Jadis relativement rares au Maroc.
• Les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont observés avec une fréquence de plus
en plus grande.
• Ils sont un moyen d'expression de conflits affectifs.
• Plusieurs types de TCA +++

1. LES CONDUITES DE RESTRICTION:


• Les restrictions alimentaires ne peuvent avoir de signification pathologique lorsqu'elles
sont volontaires et contrôlées comme par exemple un contexte de mode ou de standards
culturels.
• Ailleurs, ces restrictions s'inscrivent dans des processus pathologiques réalisant alors des
troubles parmi lesquels on distingue : anorexie, refus alimentaire.

1.1. L’ANOREXIE :
• L'Anorexie désigne la diminution ou la perte de l'appétit. Elle peut être :
- secondaire à une affection organique ;
- symptomatique d'une dépression, d'une anorexie mentale (de la jeune fille).

1.2. LE REFUS ALIMENTAIRE :


• Il s'agit d'un refus volontaire de s’alimenter ; il peut être partiel ou total.
• Il peut être "normal" : protestation à caractère idéologique (grève de la faim);
• Ou Pathologique : Trouble délirant (idée d'empoisonnement), dépression mélancolique
(anorexie est un équivalent suicidaire).

2. LES CONDUITES D’EXCÈS :


2.1. LA BOULIMIE :
• La boulimie se définit par l'ingestion rapide, impulsive et incoercible d'une très grande
quantité de nourriture.
• Elle survient par accès qui sont suivis généralement de vomissements ou d'usage de
laxatifs dans le but d'éviter une prise de poids.
• La boulimie est vécue en cachette et s'accompagne souvent d'un trouble dépressif.

2.2. L’HYPERPHAGIE :
• Elle correspond à l'ingestion chronique d'une grande quantité de nourriture entraînant
une obésité dite commune.
• Elle s’accompagne souvent de difficulté affective et d’un trouble dépressif.

2.3. LA POTOMANIE :
• C'est le besoin permanent et impérieux d'absorber de grandes quantités de liquide

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(souvent l'eau).
• Ce symptôme peut se rencontrer dans la schizophrénie, l'hystérie, être une complication
du traitement par les sels de lithium.
• A distinguer de la polydipsie (diabète sucré ou insipide).

2.4. LA DIPSOMANIE :
• C’est le besoin irrésistible et impérieux de boire de grande quantité de boissons
alcoolisées.
• Elle survient en accès et se termine par une ivresse ou un coma.

3. LES CONDUITES ABERRANTES:


• Elles constituent des bizarreries du comportement alimentaire.
• On distingue :
3.1. Pica :
• Le sujet absorbe des substances non nutritives, par exemple de la terre (géophagie),
savon, papier, éponge, cheveux (trichotilomanie).
• Elles sont observées dans les syndromes régressifs graves comme la schizophrénie, le
retard mental, la démence.

3.2. Mérycisme :
• Caractérisé par le retour volontaire ou involontaire des aliments de l’estomac vers la
bouche.
• Il peut s’observer chez le jeune enfant ou dans le retard mental.

3.3. Coprophagie :
• C’est l’ingestion des matières fécales avec ou sans barbouillage.
• Elle peut s’observer dans le retard mental ou la schizophrénie.

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Cours 8 : SEMIOLOGIE DES TROUBLES DE LA PERCEPTION

OBJECTIFS
• Définir les agnosies, les illusions et les hallucinoses ;
• Apprendre et décrire les hallucinations psychosensorielles et psychiques.

INTRODUCTION / DEFINITION
• La perception est une activité psychique fondamentale qui permet à l’individu :
– D'identifier et de reconnaître le monde ;
– D'intégrer "l'information perçue" dans l'ensemble des fonctions psychiques ;
– D'adapter sa pensée, son affectivité et son comportement.
• La perception est le résultat de processus complexes qui comportent :
– Le processus récepteur (les sensations) ;
– Le processus symbolique (identification et intégration) ;
– Le processus affectif (adaptation affective et comportementale).
• Ces processus sont intimement liés et indissociables dans toute perception normale.
• Dans certains états pathologiques, on peut observer des troubles au niveau de l'un ou
l'autre des processus fondamentaux et/ou dans leurs liens.
– Les troubles de la perception peuvent être observés dans plusieurs maladies
psychiatriques, neurologiques et lors d'intoxications par certaines substances.
• Dans les troubles de la perception on distingue :
– LES AGNOSIES
– LES ILLUSIONS
– LES HALLUCINOSES
– LES HALLUCINATIONS

1. LES AGNOSIES :
• L'agnosie désigne l'incapacité d'identifier un objet offert à la perception alors que l'échec
ne relève ni d'un déficit sensoriel, ni d'un trouble de la conscience ou de l'attention.
• Les agnosies peuvent intéresser tous les organes des sens.
• Leurs causes sont essentiellement neurologiques par atteinte des zones corticales
associatives.

2. LES ILLUSIONS :
• L'illusion est une perception déformée et dénaturée d'un objet réel.
• Les illusions n'ont pas toujours une valeur pathologique.
• Elles deviennent pathologiques quand elles sont fréquentes, intenses et ont une incidence
sur l'affectivité et le comportement.
• Elles sont fréquentes dans les troubles anxieux, les états confusionnels, oniroïdes.

3. LES HALLUCINOSES :
• L'hallucinose est une perception sans objet à percevoir mais que le sujet n'intègre pas dans
la réalité.
• Le sujet identifie cette perception comme un phénomène anormal au moment même de sa
survenue : le sujet critique le trouble et il est conscient de la non réalité de sa perception.
• Les causes des hallucinoses sont souvent organiques (neurologiques, épileptiques,

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ophtalmologiques), mais elles peuvent être également psychiatriques.

4. LES HALLUCINATIONS :
• L'hallucination est une perception sans objet à percevoir que le sujet intègre dans sa
réalité.
• Ce sont de fausses perceptions qui surviennent en l'absence de stimuli extérieurs.
• Le sujet intégrant sa "perception" dans son champ du réel ; l'hallucination constituera un
mécanisme à la base d'un délire et déterminera ainsi des troubles de la pensée, de
l'affectivité et du comportement.
• Les hallucinations constituent un symptôme majeur dans la pathologie psychiatrique et en
particulier dans les psychoses.
• On distingue classiquement deux types d'hallucinations :
– Les hallucinations psychosensorielles ;
– Les hallucinations psychiques.

4.1. LES HALLUCINATIONS PSYCHO-SENSORIELLES :


• Elles peuvent intéresser tous les organes des sens :
– LES HALLUCINATIONS AUDITIVES ;
– LES HALLUCINATIONS VISUELLES ;
– LES HALLUCINATIONS TACTILES ET CENESTHESIQUES ;
– LES HALLUCINATIONS OLFACTIVES ET GUSTATIVES.
• En pathologie psychiatrique : auditive+++.

4.1.1. LES HALLUCINATIONS AUDITIVES :


• Le sujet "perçoit dans son oreille » des "sons venant de l'extérieur".
• Ils peuvent être élémentaires : sifflet, cloche, sonnerie, bruits indifférenciés.
• Souvent, le sujet entend des voix : lui parlent directement ou qui parlent entre elles.
• Ces voix sont localisées dans l'espace, ont un timbre (voix d'homme, de femme ou
d'enfant) et sont d'une distinction plus ou moins nette.
• Contenu souvent angoissant voir effrayant : insultes, grossièretés, menaces.
• Les hallucinations auditives déterminent des comportements souvent révélateurs de ce
symptôme : attitudes d'écoute, soliloquie, rires immotivés, brusques troubles de
l'attention et de la concentration, moyens de protection.

4.1.2. LES HALLUCINATIONS VISUELLES :


• Le sujet perçoit des visions qui peuvent être élémentaires (lumières, flammes, couleurs),
complexes (figures, dessins, scènes ...) ou encore des personnages.
• Ces images peuvent être immobiles, en mouvement, de grandeur naturelle ou
disproportionnée.
• Dans leur forme la plus complète, les hallucinations visuelles réalisent l'onirisme
observé au cours des confusions mentales et surtout celle du delirium tremens.
• Elles sont plus rares dans les autres processus psychotiques.

4.1.3. LES HALLUCINATIONS TACTILES ET CENESTHESIQUES :


• Elles concernent soit les sensibilités superficielles cutanées avec sensations de caresses
de fourmillements, des pincements…, soit les sensibilités profondes intéroceptives

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(organes digestifs, génitaux, …) avec sensations de reptations, de brûlures internes,
d'attouchements sexuels, pénétrations…

4.1.4. LES HALLUCINATIONS OLFACTIVES ET GUSTATIVES


• Le sujet perçoit des odeurs et des goûts élémentaires ou complexes.
• Elles sont plus rares et elles doivent faire évoquer en premier lieu un processus
organique (lésion sensorielle, épilepsie temporale...etc.).

4.2. LES HALLUCINATIONS PSYCHIQUES :


• Le sujet perçoit les stimuli au niveau de sa propre pensée et auxquels il adhère
totalement :
– Voix intérieures ;
– Paroles et langage intérieurs ;
– Transmission de pensées (télépathie).
• Ces hallucinations forment le syndrome d'automatisme mental de De Clérambault se
traduisant par des phénomènes étranges avec sensation de :
– Vol de la pensée ;
– Écho de la pensée ;
– Devinement de la pensée ;
– Commentaires des actes et de la pensée ;
– Idées et actes imposés (syndrome d'influence).
• Les hallucinations psychiques et les hallucinations psychosensorielles (surtout
auditives) sont très fréquentes et intenses dans les psychoses et en particulier dans :
ü La psychose délirante aiguë,
ü La schizophrénie.

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Cours 9 : SEMIOLOGIE DES TROUBLES DE L’HUMEUR

OBJECTIFS
• Définir l’humeur normale et l’humeur pathologique
• Apprendre et bien décrire les troubles de l’humeur : humeur dépressive, humeur
expansive et humeur discordante.

INTRODUCTION
• L'humeur ou thymie : « disposition affective fondamentale riche de toutes les instances
émotionnelles et instinctives qui donne à chacun de nos états d'âme une tonalité agréable
ou désagréable » (J. DELAY).
• C'est l'état affectif fondamental qui confère la tonalité gaie, triste ou neutre à tout état de
conscience.

1. L'HUMEUR NORMALE ET PATHOLOGIQUE


1.1. L'HUMEUR NORMALE :
• L'humeur normale a pour caractéristique d'être souple, élastique et adaptative aux
stimulations et à l'environnement, pouvant osciller facilement du pôle de la joie et du
plaisir au pôle de la tristesse et de la douleur.
• En l'absence de stimulation particulière, elle redevient neutre.

1.2. L'HUMEUR PATHOLOGIQUE :


• L’humeur est pathologique : quand, de manière durable, elle perd ses caractéristiques
de souplesse, d'élasticité et sa capacité d'adaptation à aux stimulations et à
l'environnement.
• Cela se manifeste :
Ø Soit par une fixation permanente à l'un des pôles extrêmes : joie ou tristesse, et un
manque de réaction aux stimulations et aux injonctions externes ;
Ø Soit par des variations inadaptées aux stimulations, au contenu de la pensée, au
discours et à l'environnement.

2. DESCRIPTION DES TROUBLES DE L'HUMEUR


2.1. L'HUMEUR DÉPRESSIVE :
• C'est le symptôme fondamental de la dépression ou état dépressif.
• Elle se manifeste par : une tristesse douloureuse, permanente, immuable, non réactive aux
stimulations avec :
– Une diminution ou une perte de l'intérêt et du plaisir pour les activités habituelles,
– Une absence de projets positifs, une anticipation négative de l'avenir et une perte de
l'investissement,
– Un repli sur soi avec diminution ou absence de vie relationnelle,
– Un pessimisme profond, un sentiment d'insatisfaction et d'incomplétude, des
ruminations d'idées noires, un dégoût de la vie.
• Dans les formes graves de l'humeur dépressive, on peut voir apparaître ce que l'on appelle
une « douleur morale » caractérisée par :
– Des sentiments d'autodépréciation, de dévalorisation, de perte de l'estime de soi ;
– Des sentiments d’indignité ;

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– Des idées torturantes de culpabilité ;
– Des idées d’incurabilité ;
– Des idées « noires » de mort, de suicide.
• L'humeur dépressive, très souvent accompagnée d'une inhibition intellectuelle, affective
et motrice ainsi que d'autres troubles associés, fait partie de la « maladie dépressive »
(ou dépression ou état dépressif).

2.2. L'HUMEUR EXPANSIVE :


• C'est le symptôme fondamental de la manie ou accès maniaque.
• L'humeur expansive est un état de gaieté, d'euphorie inadaptée et permanente. Elle
confère au patient un vécu démesuré et inadéquat de bonheur, de facilité, d'optimisme.
• Le sujet se sent infatigable, doté d'une énergie et d'une vitalité infinies.
• Il se croit capable de tout entreprendre et de tout réussir avec facilité et sans
obstacles ; il formule des projets ambitieux, grandioses, multiples mais qui sont
irréalistes et sans lendemain.
• L'humeur expansive se traduit chez le malade par :
ü Une présentation turbulente, bruyante et exubérante,
ü Une tachypsychie qui est une accélération de tous les processus mentaux : logorrhée
(accélération du débit verbal), fuite des idées, jeux de mots, associations des idées,
accélération des représentations mentales.
ü Une désinhibition instinctuelle avec relâchement des convenances et des interdits
moraux et sociaux, une familiarité déconcertante,
ü Des dépenses inconsidérées et des démarches tapageuses et ironiques,
ü Un abus de tabac, d'alcool et de drogues,
ü Une irritabilité exacerbée avec parfois agitation permanente et agressivité.

2.3. L'HUMEUR DISCORDANTE :


• L'humeur discordante est une humeur inadaptée au contenu de la pensée et/ou à
l'expression de la mimique et des attitudes :
– Rires et sourires immotivés ;
– Mimique et attitude joyeuses contrastant avec pensée et paroles tristes ;
– Apparence de froideur et de détachement affectif.
• Cet état est caractéristique de la schizophrénie.

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Cours 10 : SEMIOLOGIE DES TROUBLES DE LA PENSEE

OBJECTIFS
• Apprendre et décrire les troubles de la pensée : rythme, continuité et organisation ;
• Retenir et décrire les troubles du contenu de la pensée : obsessions, phobies et idées
délirantes.

1. DÉFINITION
• La pensée est l'ensemble des processus par lesquels les idées sont réunies, combinées
et intégrées pour élaborer et produire d'autres idées.
• La pensée suppose que l'on se représente les informations reçues.
• Les mécanismes de la pensée sont influencés par :
– Les souvenirs du sujet ;
– Son intelligence ;
– Ses affects et ses émotions.
• La pensée s'évalue au cours de l'entretien avec le sujet grâce à une écoute attentive et une
analyse objective de son discours.
• Il existe également des tests et des échelles d'appréciation de la pensée.
• On considère que la pensée est normale :
– Quand elle est rationnelle, cohérente, adaptée ;
– Quand les liens entre les idées et les éléments qui la composent sont logiques ;
– Quand son expression est compréhensible.

2. LES TROUBLES DE LA PENSÉE :


• La pensée peut être partiellement ou totalement perturbée.
• Le Trouble peut concerner les différentes composantes de la pensée :
– Son cours ;
– Son organisation ;
– Son contenu

2.1. TROUBLES DU COURS DE LA PENSÉE :


2.1.1. TROUBLES DU RYTHME DE LA PENSÉE :
q Rythme accéléré avec :
• Une tachypsychie : accélération de la pensée ;
• Une fuite des idées : enchaînement rapide des idées ;
• Une facilité d'associations et d'évocations des idées ;
• Des jeux de mots ;
• Une logorrhée : augmentation du débit verbal.
Þ Ce trouble est particulièrement observé dans l'accès maniaque.
q Rythme ralenti avec :
• Une bradypsychie : ralentissement idéique et de l'élaboration de la pensée ;
• Un appauvrissement des idées et des associations ;
• Une diminution du débit verbal ;
• Un temps de latence allongé dans la réflexion, et pour répondre.
Þ Ce trouble est observé surtout dans la dépression.

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2.1.2. TROUBLES DE LA CONTINUITÉ DE LA PENSÉE :
• La pensée peut être perturbée dans sa continuité et on peut ainsi observer :
– Des barrages : une suspension de la pensée pendant son expression verbale.
Pendant qu'il parle, le sujet s'arrête d'une façon imprévisible puis, après un
moment, il reprend sur le même thème ou sur un thème différent.
– Un fading mental : une stase de la pensée, le sujet n'arrivant pas à avancer dans
son discours.
Þ Ces troubles sont observés dans la schizophrénie.

2.1.3. TROUBLES DE L'ORGANISATION DE LA PENSÉE :


• Ils concernent l'organisation de la pensée, sa structuration et sa cohérence.
• Cela peut être en rapport avec :
q L’Incohérence : un manque de cohésion, de logique, de suite dans les idées, les
propos et les actes.
Þ Elle peut exister dans la confusion mentale, la démence, la schizophrénie.
q La Dissociation :
– Un relâchement des associations entre les différents éléments et composantes de la
pensée et leur lien avec l'affectivité.
– Des associations qui sont floues, distendues et discontinues.
– Voire des associations complètement "éclatées" signant un stade d'évolution plus
grave du trouble, c'est la dissociation totale dans laquelle :
. Pensée devient étrange, bizarre, incompréhensible, impénétrable,
. S'exprime avec des barrages, un fading mental,
. Et donne une diffluence des idées et des sauts "du coq à l'âne".
Þ La dissociation, surtout complète, est pathognomonique de la schizophrénie.

2.2.TROUBLES DU CONTENU DE LA PENSÉE :


• Le contenu de la pensée est constitué d'idées, de sensations, d'émotions et d'images qui
peuvent à tout moment être représentées et verbalisées.
• Ce contenu de la pensée peut être perturbé de façons diverses :
– LES OBSESSIONS ;
– LES PHOBIES ;
– LE DÉLIRE ET L'IDÉE DÉLIRANTE.

2.2.1. LES OBSESSIONS :


• Ce sont des idées ou des sentiments qui surgissent dans la pensée du sujet,
l'envahissent.
• Elles sont en désaccord avec le "moi" du sujet et provoquent chez lui une forte angoisse.
• Le sujet est bien conscient que :
– Ces idées émanent de sa propre pensée ;
– Leur caractère insolite et anormal.
• Le sujet essaye constamment de s'en débarrasser, mais cette lutte est accompagnée elle
aussi d'anxiété.
• On distingue classiquement trois principales variétés :
– Les Obsessions idéatives ;
– Les Obsessions phobique ;

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– Les Obsessions d'impulsion.

2.2.1.1. Les Obsessions idéatives :


• Le sujet est assiégé par des idées, des formules, des mots ou des chiffres qui s'imposent à
lui de façon répétée et lancinante.
• Il peut s'agir aussi de doutes et d'interrogations interminables concernant des thèmes
divers, parfois particuliers.

2.2.1.2. Les Obsessions phobiques :


• C'est la crainte obsédante liée à une situation ou à un objet et survenant en l'absence de
cette situation ou de cet objet en cause (différente de la phobie vraie où l'objet est
présent).
• Cette crainte est reconnue comme étant absurde par le sujet mais il avoue ne pas pouvoir
y échapper.
• Exemples : crainte obsédante des microbes, des maladies, de la saleté, etc.
• Leur seule évocation provoque l'angoisse.

2.2.1.3. Les Obsessions d'impulsion :


• C'est la crainte obsédante et irraisonnée de commettre de manière irrésistible un acte
immoral absurde, agressif, obscène, blasphématoire, criminel.
• La lutte anxieuse est très culpabilisée devant de telles impulsions que le sujet réprouve
de toutes ses forces.

2.2.2. LES PHOBIES :


• Les phobies sont des états anxieux déclenchés par un objet ou une situation n'ayant
pas en eux-mêmes un caractère objectivement dangereux.
• L'anxiété disparaît en l'absence de l'objet ou de la situation.
• Le sujet va éviter de se trouver devant la situation ou l'objet phobogène : conduite
d'évitement.
• Exemples : Agoraphobie, Phobie sociale, Phobies spécifiques.

2.2.3. LE DÉLIRE ET L'IDÉE DÉLIRANTE :


• Le délire est la conviction intime et inébranlable en une ou plusieurs idées qui sont en
opposition avec la réalité.
• Cette idée n'est accessible ni au raisonnement, ni à la critique, ni encore au bon sens, ni
enfin à la démonstration.
• L'idée délirante n'est pas une idée fausse, ou une idée erronée ou une illusion qui sont
quant à elles, accessibles au raisonnement et à la critique.
• Le délire a des caractéristiques qui sont :
Þ Le thème délirant qui peut être de nature très diverse : persécution, jalousie,
préjudice, mystique, grandeur, filiation, revendication, érotomaniaque,..
ü Les thèmes peuvent être uniques ou multiples (simultanément) chez le même malade.
Þ Le mécanisme peut être à base d'hallucinations, d'interprétation pathologique,
d'intuition, ou d'imagination.
Þ La systématisation est variable :
ü Le délire peut être bien structuré, systématisé, logique : cas de la Paranoïa,

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ü Ou au contraire non systématisé, flou, ambigu, sans aucune vraisemblance : cas de
la Schizophrénie (le délire est dit paranoïde).
Þ Le vécu peut être :
ü Actif : le sujet vit son délire d'une façon intense avec une forte participation
affective et comportementale.
ü Passif : participation affective et comportementale faible ou absente.
Þ La durée du délire est variable et fonction du type du trouble psychotique :
ü Elle ne dépasse pas 6 mois dans les psychoses délirantes aiguës ;
ü Elle dépasse 6 mois, dans les cas des psychoses délirantes chroniques telles que la
Schizophrénie, la "Psychose hallucinatoire chronique ".
ü Le délire est un syndrome fondamental dans les Troubles psychotiques.

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