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2. Les cliniciens
Sont cliniciens seuls les professionnels qui travaillent en santé mentale comme les médecins
(psychiatres), les psychologues, les travailleurs sociaux, les intervenants psychosociaux, les
éducateurs spécialisés et les infirmiers. Attention, certaines actions ne sont posées par des
cliniciens spécifiques
Dépistage : effectué par l’ensemble des professionnels
Diagnostic : réservé aux psychologues et aux médecins
Prescription de médicaments : réservée aux médecins
Des compétences spécifiques sont requises pour réaliser un examen psychologique. Une
Conférence de consensus (2008-2010) a eu lieu afin de dresser des recommandations à propos
de l’examen psychologique et l’utilisation des mesures en psychologie de l’enfant.
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1. Analyse demande
2. Anamnèse
3. Evaluation : passation des outils – évaluation fonctionnement et ressources
4. Synthèse des données provenant des outils d’évaluation utilisés : conclusion,
diagnostic, pronostic
5. Remise des conclusions – annonce du diagnostic (éventuel) : retour au sujet lors du
bilan
6. Plan d’intervention : propositions thérapeutiques, recommandations, orientation,
rééducation…
4.2 Les objectifs de l’évaluation
Les objectifs de l’évaluation clinique sont notamment :
Répondre à une demande d’aide ou de conseil.
Fournir un diagnostic clinique(psychologique/psychiatrique).
Comprendre les symptômes et la souffrance du sujet
Comprendre le fonctionnement psychique du sujet (normal – psychopathologique,
développement et arrêts de développement).
Formuler des pistes thérapeutiques ou un plan d’intervention.
Evaluation : lien, « chainon manquant » entre l’analyse du problème et les démarches
engagées pour le traiter (APA, 1996). - Outil de recherche (chercheurs) : décrire et
comprendre troubles (nosographie, nosologie)
On pourrait se poser la question suivante : L’évaluation a-t-elle aussi une valeur thérapeutique
(même si ce n’est pas un objectif en soi) ? La réponse est qu’on observerait un redémarrage
évolutif et une diminution de la symptomatologie (Royer, 1993, e.a.). L’évaluation est une
façon d’intervenir sur souffrance psychique, de relancer un travail psychique...On procède
indirectement à une re-narcisation momentanée grâce à l’intérêt du (neuro)psychologue et
mobilisation de l’entourage et on sensibilise le sujet à ses stratégies de pensée, à ses
aménagements défensifs singuliers. L’évaluation, finalement, favorise les réflexions et les
prises de conscience (Debray, 2000).
Le diagnostic peut aussi offrir un lot d’effets qui varient selon les circonstances : recevoir un
diagnostic a un impact sur la manière dont la personne se perçoit. Ces effets varient également
selon le degré d’information et de sensibilisation des personnes concernées. Les effets positifs
sont une compréhension et soulagement quant à son vécu, une meilleure compréhension de
l’entourage et l’accès à des soins et services. Les effets négatifs sont l’étiquetage
(stigmatisation) et les préjugés liés aux troubles de santé mentale.
4.3 Les particularités liées à l’évaluation
Quand on parle de particularités liées à l’évaluation clinique, il est important de penser à la
notion de globalité. En effet, il est indispensable d’aborder sujet dans sa globalité c’est-à-dire
en considérants les facteurs affectifs, sociaux, cognitifs, biologiques, instrumentaux ainsi que
les interactions entre ces facteurs. Si l’on se réfère à la définition du DSM-5 (APA, 2013/2015).
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Les spécificités de l’examen varient aussi en fonction de l’âge du sujet. Par exemple, lors de
l’évaluation de l’enfant, on observe souvent un contexte de dépendance vis-à-vis des parents et
une absence de demande personnelle. Le danger dans ce cas est de faire de l'adulto-centrisme
(= écouter l’enfant avec sa vision d’adulte). Il est important d’avoir recours à la famille
(anamnèse avec parents, entretien familial…) mais de rendre l’alliance double en incluant bien
l’enfant.
Il est évidemment nécessaire de prendre en compte la spécificité de l’examen en fonction des
troubles associés et de s’adapter, d’adapter l’examen « sur mesure » en fonction des troubles
associés. Par exemple, la mesure de l’anxiété dans une population TSA n’est pas la même que
dans une population « normale ». Il en va de même pour la mesure de la dépression chez des
sujets dans le spectre de la schizophrénie, etc. Il faut mettre un point d’honneur sur la flexibilité
du cadre et l’aménagement des conditions de passation.
Finalement, le dernier défis lié à l’examen clinique est que l’évaluation clinique est un court
moment d’observation du sujet. La représentativité de son fonctionnement dans la vie de tous
les jours peut être questionnée. Comment contourner ce problème ? Il existe plusieurs solutions
comme l’étalement des observations dans le temps (si possible), la récolte d’informations
provenant des antécédents de la personne (à confronter avec le tableau clinique actuel), le
recours à des sources variées (par ex. questionnaires pour sujet, ses parents, ses enseignants…)
et le recours à méthodes diversifiées, catégorielles et dimensionnelles (entretien, échelles
cognitives, épreuves projectives, questionnaires, DSM-5…).
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Malgré l’essor du domaine, un bon nombre de questions restent sans réponses comme l’origines
des troubles, le rôle des facteurs étiologiques, les caractéristiques des symptômes, les difficultés
qui les accompagnent et les aggravent, les comorbidités, la prévalence : combien de sujets en
moyenne sont touchés par ce trouble ? On se questionne aussi toujours sur les fluctuations :
quelles sont les trajectoires développementales du trouble (continuité, évolution… ?), les
conséquences des troubles, etc. …
Lorsqu’on parle de notion de « cumul de risque » on entend que certains facteurs de risque
augmentent la probabilité de certains troubles, sans pour autant toujours les causer (pas de
vision déterministe ou fataliste, cf. notion de « résilience »). Le nombre des facteurs de risque
prédit davantage la trajectoire développementale des troubles que leur nature. « Plus les facteurs
de risque sont nombreux et moins ils sont contrés par des facteurs de protection, plus la
probabilité est forte qu’un trouble se développe et se prolonge ». (Dumas, 2013). Plus il y a de
facteurs de protection, moins la vulnérabilité a de chances de s’exprimer : ce sont les meilleurs
outils pour faire face à l’adversité. Les effets néfastes des facteurs de risque sont modulés par
des facteurs de protection (par ex. présence d’un adulte de référence, bonne intelligence etc.).
L’équifinalité correspond aux différentes circonstances (présence ou absence
d’un facteur) qui peuvent avoir la même conséquence. Par exemple,
l’alcoolisme parental est un facteur de risque pouvant contribuer à
l’apparition de troubles de comportement, mais ces troubles se développent
aussi en l’absence de ce facteur ou en présence d’un autre facteur de risque.
On parle de multifinalité ou non-spécificité lorsque la même circonstance peut avoir
différentes conséquences. Les effets de nombreux facteurs de risque sont non spécifiques et
augmentent la probabilité de troubles divers plutôt que celle d’un seul trouble uniquement (par
ex. pratiques parentales inadéquates (troubles intériorisés ou extériorisés) ; divorce (diverses
conséquences possibles ou aucune). Il faut noter tout de même que la spécificité du sujet
intervient. Par exemple, les facteurs (par ex. divorce, alcoolisme parental…) n’ont pas le même
effet sur différents enfants ou ados.
Ces facteurs étiologiques illustrent le fait que les processus étiologiques sont transactionnels,
ils n’agissent pas seuls et leur influence est elle-même influencée par les processus qui les
accompagnent. On se trouve ainsi dans une perspective polyfactorielle, au-delà de l’opposition
entre hérédité et environnement.
2.1.3 Le modèle interactif de Horowitz (1987)
Selon le modèle interactif de Horowitz, l’interaction entre facteurs internes et externes, entre
vulnérabilité/flexibilité du sujet et la nature facilitante/non facilitante de l’environnement
contribue au changement et au développement du sujet. S’il y a une interaction entre un sujet
« vulnérable » et environnement « non-facilitant », il est attendu un effet de « double mauvais
sort » : retard de développement, développement inadapté, troubles psychopathologiques, etc.
Les facteurs de vulnérabilité de l’enfant résultant de caractéristiques innées ou acquises, qui
augmentent les risques que l’enfant réagisse au stress et aux difficultés de la vie de façon non
adaptée. Par exemple, un faible poids à la naissance, complications prénatales ou périnatales,
un dysfonctionnement neurologique mineur, un faible potentiel intellectuel, etc. Quelques
facteurs de protection résultant de caractéristiques innées ou acquises, qui permettent à
l’enfant de s’adapter à l’environnement malgré le stress et les difficultés rencontrés. Quelques
exemples de facteurs non facilitant/facilitant liés au milieu de vie : l’enfant expériences
(stress, traumatismes vs expériences enrichissantes), situation financière, situation sociale
difficile, etc.
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Selon le modèle de sensibilité différentielle : « Les sujets diffèrent quant à la façon dont ils
sont influencés par expériences vécues et événements auxquels ils sont confrontés dans leur
environnement de développement. Certains sujets seraient plus susceptibles que d’autres à
certaines expériences, certains stimuli ou certains événements, que d’autres individus,
notamment en raison de leurs traits de personnalité ». De nombreuses recherches ont par
exemple montré que l’impact des pratiques éducatives parentales était largement modéré par le
tempérament/la personnalité de l’enfant.
La notion d’accordage (goodness-of-fit) se réfère à l’idée que certains environnements de
développement conviennent mieux à certains enfants qu’à d’autres en fonction de leurs
caractéristiques individuelles. De nombreuses recherches ont par exemple montré que l’impact
des pratiques éducatives parentales était largement modéré par le tempérament/la personnalité.
2.2 Une perspective développementale
Dans la perspective développementale, les troubles et manifestations des troubles varient en
fonction de diverses variables, dont le sexe et l’âge du sujet. Les critères diagnostiques n’en
tiennent pas toujours compte, voire rarement.
La psychopathologie développementale adopte une vision développementale de l’évolution et
de la nature dynamique des troubles psychopathologique. Les troubles de santé mentale
évoluent aussi au fil de ces périodes de la vie. Elle met en évidence des périodes
développementales (comme la petite enfance, l’âge préscolaire, l’âge scolaire, l’adolescence)
associées à certains apprentissages et à diverses expériences qui marquent la personne. Elle
pointe aussi des périodes sensibles qui rendent les personnes plus disponibles ou réceptives à
certaines situations ou à certains types d’influence.
« Dans une perspective développementale, on remarquera que le psychopathologique apparaît
fréquemment comme l’évolution d’un processus qui, à l’origine, était normal » (Dumas, 2013,
p. 52). Par exemple, énurésie pendant apprentissage de la propreté vers 2-3 ans se poursuit,
angoisse de séparation du jeune enfant se poursuit, crises de colère et d’opposition des 2-4 ans
ne disparaissent pas, régimes alimentaires se prolongent en troubles alimentaires…Il est
important de bien comprendre les processus normatifs du développement pour mieux
comprendre le développement atypique ou psychopathologique.
2.3 Une perspective relationnelle
Dans la perspective relationnelle, il semble important de tenir compte de l’aspect relationnel,
social et culturel des difficultés de nature psychopathologique et d’avoir une compréhension
détaillée de l’environnement du sujet.
« Un enfant ou ado atteint d’un trouble joue un rôle actif dans le développement, les
manifestations et l’évolution de ses difficultés. Idée selon laquelle l’enfant est l’architecte,
l’artisan, le tisserand de sa vie (autant qu’il peut en être la victime), il façonne son
développement à l’aide des matériaux qu’il apporte et de ceux qu’il obtient dans son
environnement » (Dumas, 2013, p. 53).
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Voici donc un exemple de questions pour les enfants en âge préscolaire : « Mon enfant… »
A des comportements trop jeunes pour son âge.
Evite de regarder les autres dans les yeux.
Ne supporte pas que les choses ne soient pas à leur place.
Ne supporte pas d’attendre, veut tout tout de suite.
A l’air malheureux sans raison évidente.
Se réveille souvent la nuit….
2. L’anamnèse
2.1 Objectifs
Etymologiquement, l’anamnèse signifie « retour sur le passé ». La définition qu’on peut en
donner est que l’anamnèse est l’ensemble des informations recueillies lors de l’évaluation
clinique sur l’histoire de vie passée du patient et sur ses symptômes. L’objectif est de retracer
l’histoire de l’enfant ou l’adolescent et des difficultés en vue d’orienter les étapes suivantes de
l’examen psychologique – l’évaluation clinique.
Ainsi, elle a pour but de :
Clarifier le(s) problème(s), difficultés.
Rechercher facteurs somatiques, affectifs, cognitifs, relationnels… pour mieux
comprendre mécanismes qui se jouent dans la situation.
Mettre en évidence facteurs de protection (ressources de l’enfant) et de vulnérabilité
du sujet et de son milieu.
Emettre certaines hypothèses.
Récolter informations qui seront nécessaires à l’interprétation des observations, en ce
comprises des informations sur le développement général et psychoaffectif de l’enfant.
2.2 Interlocuteurs
Le plus souvent, c’est avec le(s) parent(s) et en présence de l’enfant/adolescent que se déroule
l’anamnèse. Les parents sont les interlocuteurs privilégiés puisque ce sont eux qui connaissent
le mieux l’histoire de leur enfant et de celle des problèmes qui l’affectent. Cependant, il est
également important d’écouter l’enfant et l’ados et aussi les plus jeunes. Il est nécessaire
d’inviter l’adolescent à « décrire ses difficultés, en donner une interprétation, expliquer la
mesure dans laquelle il se sent concerné par cela et la manière dont cela entrave sa vie. ». Il est
judicieux de prévoir également un temps d’entretien seul avec le parent, sans l’enfant ou l’ado.
En effet, il est possible que le parent souhaite communiquer des informations qu’il ne veut pas
transmettre telles quelles à l’enfant (par exemple, la présence de maltraitance de l’enfant avant
l’adoption). Aussi, les parents se sentent parfois anxieux, désespérés ou dépassés par ce qu’ils
vivent avec l’enfant et ont besoin d’exprimer ces émotions.
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La première étape est de se pencher sur l’histoire des troubles et le caractère évolutif des
symptômes. Il faut recueillir des informations sur les symptômes actuels et passés et la ou les
consultations antérieures. Depuis quand les symptômes sont-ils présents ? Sont-ils là depuis
toujours ou bien sont-ils apparus à un moment précis ? Il y a un une impression d’un « avant »
et d’un « après » autour d’un événement précis (chute, accident de voiture, mort d’un proche
etc.) ? Sont-ils le résultats de troubles acquis ou de réactions psycho-affectives ou au contraire
y a-t-il eu une installation progressive des symptômes ou une régression des acquis ? Ceux-ci
pourraient-ils être liés à des atteintes cérébrales comme des tumeurs, des épilepsies, des
pathologies dégénératives de l’enfant, etc.
2.3.2 Composition de la famille et conditions de vie
Ensuite, il est nécessaire de se pencher sur l’histoire de la famille. On va poser des questions
sur les parents et éventuellement les grands-parents (profession et niveau d’études, relations,
antécédents de difficultés psychologiques…). Quels sont les membres qui composent la fratrie
et autres personnes en relations proches, famille recomposée, élargie… (microsystèmes) ? On
va également questionner les conditions de vie de la famille (logement, revenus…). Il y a aussi
un certain intérêt à établir le génogramme. Ces données ne sont habituellement obtenues qu’au
cours de plusieurs entretiens.
Par exemple, Combien d’enfants dans la famille ? Quel rang occupe l’enfant dans la fratrie ?
Quels sont les liens au niveau de la fratrie (disputes, jalousie etc.) ? Qu’en est-il du climat
familial ? Quelle sont la situation et structure familiales (si parents divorcés, quel type de garde
parentale ; famille recomposée) ? De manière plus générale, l’enfant ou la famille ont-ils vécu
des événements difficiles sur le plan émotionnel (perte d’un travail, déplacement à l’étranger,
maladie grave d’un des parents ou dans la fratrie…) ? Les difficultés de l’enfant coïncident-
elles avec l’un de ces points ? (Noël, 2007)
2.3.3 Histoire médicale et événements marquants dans la vie de l’enfant
On va poser des questions également sur les conditions physiologiques et pathologiques durant
la période prénatale : comment s’est déroulée la grossesse (attaques virales, prise de
médicament, de tabac, d’alcool) ?
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On va ici faire un état des lieux de l’attachement et des interactions de l’enfant. On va recenser
la date du premier sourire intentionnel mais aussi des informations plus larges comme les peurs
face aux personnes inconnues ou la tolérance à l’absence de la mère. On notera également les
réactions aux premiers interdits (notamment ceux qui sont liés à l’acquisition de l’autonomie
motrice). Finalement, on regardera les conduites et intérêts sexuels comme la curiosité et les
questions sur la différence des sexes, sur l’origine des enfants, conduites masturbatoires et
manifestations de la sexualité infantile ainsi que les conduites sexuées et perception des rôles
masculins et féminins.
2.3.7 La vie scolaire : parcours scolaire et apprentissages
La première chose sera de demander en quelle année est l’enfant. Ensuite, il est intéressant de
se pencher sur son parcours par exemple à l’école maternelle : âge d’entrée et les premières
réactions et adaptation ultérieure (relations avec la maîtresse). Comment s’est passé la
succession des classes fréquentées, y a-t-il eu des redoublements ou changements d’école (y
compris méthode d’apprentissage et pédagogie de l’école) ?
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Il est important de demander aussi la manière dont se passent les apprentissages : quelles sont
les matières que l’enfant réussit le mieux ? Les matières qui posent problème ? Quelles
difficultés ? Depuis quand ? Liées à des changements d’école, de classe, d’instituteur ? Aides
pédagogiques complémentaires ? Résultats scolaires ? On peut également questionner les
aspects affectifs du rapport à l’école et aux apprentissages comme les attitudes à l’égard de
l’école et le contact avec l’instituteur. L’enfant est-il content d’aller à l’école ? Quelles sont ses
attitudes à l’égard du travail scolaire (intérêt, réactions à la réussite ou à l’échec, etc.). Préfère-
t-il certains cours à d’autres ? Est-il curieux d’apprendre ? On peut aussi s’intéresser aux
relations avec les autres enfants. A-t-il des amis ? Est-il intégré dans sa classe ? Quelles sont
les caractéristiques des jeux : peur, agressivité, dominance, isolement, etc. La suite est de poser
des questions sur les apprentissages à la maison : Comment se passe le travail scolaire à la
maison ? Le travail des devoirs et des leçons est-il aisé ou difficile, prend-il beaucoup ou peu
de temps, l’enfant a-t-il besoin de l’aide de ses parents (pour se mettre au travail et rester
concentré ou pour réexpliquer la matière) ou bien de celle d’un tuteur ou professeur particulier
? Se pencher sur les projets d’avenir (scolaires, professionnels) est aussi intéressant.
Finalement, il faut s’interroger sur toutes autres particularités du « caractère » qui paraissent
notables aux parents, ou premières manifestations de l’adolescence.
2.3.8 La place de l’enfant dans les attentes des parents, dans la dynamique du couple parental et dans la
famille
Les questions suivantes sont davantage tournées vers les parents. On va leur demander quelles
images étaient attendues de l’enfant, avant la naissance. Quelle ressemblance supposée,
satisfaction et déception devant le sexe de l’enfant ont-ils eu, comment s’est passé le choix du
prénom, etc. Comment ont-ils discuté des conceptions et attitudes éducatives (divergences
éventuelles entre les parents) ? Quelles étaient leurs préférences et intolérances ?
2.3.9 Histoire et appartenance culturelle
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Les troubles anxieux sont les troubles de santé mentale les plus prévalents dans la population
infantile (Creswell et al., 2020). Selon une récente méta-analyse, le taux de prévalence à
l’échelle mondiale des troubles anxieux chez les enfants et les adolescents s’élève à 6,5 %
(Polanczyk et al., 2015) mais de nombreuses études rapportent des taux plus élevés.
Les chercheurs et les psychologues s’entendent pour affirmer que les troubles anxieux ont de
lourdes répercussions sur la vie des enfants qui en souffrent, notamment sur les plans sociaux,
relationnels, scolaires ainsi que par rapport au développement potentiel d’autres troubles de
santé mentale (Copeland et al., 2014).
Vignette clinique de Léo, 11 ans : Léo est un jeune garçon qui adore la danse classique, les
jeux de ballons et les jeux vidéo. Les parents de Léo s’inquiètent pour leur fils, car en plus
d’être toujours inquiet pour tout, celui-ci se plaint de maux de ventre et de fatigue intense
depuis des mois. Léo dit souvent à ses parents qu’il s’inquiète qu’ils soient victimes d’un
accident de voiture, qu’un inconnu kidnappe sa sœur, qu’il échoue à l’école, qu’il développe
un cancer ou encore que ses amis le rejettent. Léo a aussi très peur des araignées et des
serpents...surtout les venimeux. De plus, le professeur de Léo soupçonne fortement un déficit
de l’attention/hyperactivité (TDAH), puisque celui-ci n’arrive pas à se concentrer en classe.
La professeure de danse a fait la même remarque. Les parents de Léo sont extrêmement
angoissés, puisque depuis quelques semaines, Léo s'oppose fréquemment quand vient le temps
d'aller à l’école. Léo explique à ses parents qu’il craint de ne pas réussir ses devoirs de
mathématiques ou pire encore…que tous ses camarades de classe se moquent de lui. Les
parents de Léo tentent de lui faire comprendre qu’il s’énerve pour rien, mais celui-ci affirme
qu’il n’est pas capable d’arrêter de s’inquiéter. Après leur première rencontre avec le
psychologue, les parents de Léo réalisent que cette situation dure depuis presqu’un an déjà.
1.1.2 Stress, peur, phobie et anxiété
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La phobie est une peur irrationnelle d’une situation qui s’avère objectivement sans
danger
L’anxiété une sensation de tension intérieure devant un danger imminent réel ou
imaginaire (Palazollo, 2019), un état d’appréhension et d’inquiétude ou une anticipation
d’un danger/malheur éventuel (Beesdo et al., 2009). L’anxiété précède le stimulus
menaçant, tandis que la peur survient post-stimulus (Öhman, 2008). L’anxiété peut être
déclenchée par diverses situations : la difficulté à faire face à certaines situations, une
impression d’impuissance, des événements imprévisibles ou incontrôlables etc. Dans
les divers cas, la personne se sent menacée, elle se sent comme si elle perdait le contrôle
et elle appréhende le pire. C’est une émotion naturelle et indispensable, utile à l’action,
l’apprentissage, la prise de décision, la performance mais sa présence peut nuire au
fonctionnement normal.
1.1.3 Anxiété (symptômes transdiagnostiques, fonctions)
L’anxiété est caractérisée par un symptôme dit « transdiagnostique » très fréquent dont
l’expression peut être :
somatique et physique : maux de ventre, maux de tête...(« signes »)
comportementale : recourir à l’agir, difficulté d’endormissement...
émotionnelle : moments de détresse, pleurs...
cognitive/mentalisée : pensées irrationnelles, cognitions anxieuses, cauchemars...
L’expression physiologique, somatique, physique de l’anxiété est une suite de réactions
physiques engendrées par le système nerveux autonome ; une respiration courte et superficielle
(impression d’étouffement, difficultés respiratoires), des palpitations (accélération du rythme
cardiaque), de la transpiration, des bouffées de chaleur ou des sensations de froid, des
tremblements, des étourdissements, des difficultés à déglutir, des nausées, de la tension
musculaire ou motrice, des maux de ventre, maux de tête, fatigue... (ce sont les « signes »
physiques de l’anxiété).
L’expression comportementale permet de recourir à l’action (agitation), difficulté
d’endormissement, évitement de certaines situations, fuite devant certains stimuli, demande de
réassurance... L’évitement est un mécanisme d’adaptation qu’utilisent les personnes qui
souffrent d’un trouble d’anxiété. Cependant, il contribue à maintenir et à renforcer le problème
(Benny et al., 2021).
L’expression psychique cognitive/mentalisée se manifeste par des pensées irrationnelles et
erronées, phobies, cognitions anxieuses, anticipation anxieuse (attente craintive),
hypervigilance, manque de concentration, cauchemars, terreurs nocturnes, impression de
danger imminent, ... L’attention se porte automatiquement sur la menace réelle ou imaginée (un
examen, les moqueries, les relations, la perte d’un être cher).
Rajoutons encore l’expression psychique émotionnelle : l’anxiété peut être accompagnée d’un
sentiment de dysphorie, d’irritabilité, de moments de détresse, de pleurs...
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La phobie spécifique est une peur irrationnelle d’un objet ou d’une situation spécifique (ex.
animal, environnement naturel, sang, accident...). C’est la crainte que l’objet ou la situation
entraine une souffrance du sujet. Les phobies les plus fréquentes chez l’enfant : chiens, oiseaux,
insectes ou araignées, le noir, les bruits forts notamment les tempêtes, les clowns, les masques
ou tenues inhabituelles, le sang, les maladies, les injections. Les phobies sont parfois liées à de
mauvaises expériences, parfois non. Il faut noter qu’elles sont souvent non traitées, car les sujets
présentent des évitements et que les phobies ont la possibilité de déclencher une attaque de
panique. La prévalence est estimée à 5% chez les enfants et 16% chez les adolescents.
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Le trouble panique est une expérience d’une attaque de panique associant des symptômes
somatiques et une peur de mourir ou de devenir fou. Elle se caractérise par une montée soudaine
de l’anxiété suivie d’un retour à la normale plus ou moins rapide (30 minutes). On observe aussi
une appréhension de la prochaine attaque de panique qui se traduit par une hypervigilance ciblée
sur les signes physiques associés aux attaques ainsi que des évitements des situations associées
aux attaques. Les attaques de paniques sont généralement rare avant l’âge de 15 ans avec une
prévalence chez l’enfant inférieure à 0,4%. Les attaques débutent souvent au début de l’âge
adulte.
1.4.6 L’agoraphobie
L’agoraphobie est définie par une anxiété ressentie à l’idée de se trouver dans des endroits ou
dans des situations d’où l’on pourrait avoir du mal à s’échapper (par ex. les transports publics,
les endroits clos, les cinémas, les bouchons). Les sujets qui en souffrent présentent des
évitement de ces situations. L’agoraphobie est fréquemment combinée avec le trouble panique.
Ce trouble est également rare avant l’âge de 15 ans. On observe un petit nombre de cas qui
débute entre 15 et 18 ans mais cela apparait quand même le plus souvent au début de l’âge
adulte.
1.4.7 D’autres troubles anxieux
Dès qu’un trouble d’anxiété est soupçonné chez un enfant, une évaluation psychologique
globale devrait être réalisée. Cette évaluation devrait inclure une entrevue avec l’enfant et une
avec les parents. Elle devrait également inclure la perspective de toute autre personne qui
connaît bien l’enfant et qui peut discuter de ses comportements passés et présents (p. ex. tuteur,
grands-parents, enseignant). L’objectif de l’évaluation est de recueillir des informations
importantes par rapport aux critères diagnostiques en utilisant, par exemple, des outils comme
l’Anxiety Disorders Interview Schedule for the DSM-IV (ADIS) Child and Parent Version, la.
Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia for School Age Children-Present and
Lifetime version (K-SADS), la Diagnostic Interview Schedule for Children IV (DISC) ou
encore la. Preschool Age Psychiatric Assessment (PAPA).
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1.5.2 Questionnaires
Il est peu probable que les enfants demandent de l’aide indépendamment de leurs parents.
Généralement, ce sont les inquiétudes des parents qui les amènent à consulter un professionnel
de la santé. Les enfants plus jeunes peuvent avoir de la difficulté à communiquer adéquatement
leurs pensées, émotions et comportement d’évitement dans le cas d’un trouble d’anxiété. C’est
pour cette raison qu’avant l’âge de 12 ans, les questionnaires auto-rapportés ne sont pas
suffisants pour évaluer un trouble.
Ces différents outils sont administrés aux parents et aux jeunes mais peuvent avoir tendance à
sous-estimer et minimaliser leur anxiété car ils ont le soucis de donner une bonne image d’eux-
mêmes, sorte de désirabilité sociale. Ces outils peuvent aussi surestimer l’anxiété. Les parents
peuvent exagérer un peu les symptômes présentés par leur enfants, lié à leur propre inquiétude.
Cependant, ils restent une manière efficace et rapide de recueillir plusieurs informations comme
le nombre et type de symptômes, où l’individu se positionne comparativement à d’autres
enfants/la norme ainsi que la sévérité et fréquence des symptômes.
1.5.3 L’observation directe
L'observation directe du comportement entre le parent et son enfant peut être un ajout
important dans le contexte d’évaluation. Il y existe des systèmes de cotation pour évaluer ces
interactions comme le Dyadic Parent Child Interaction Coding System II (DPICS II; Eyberg et
collègues, 1994) où l’enfant et le parent participent à une activité ensemble. Il existe aussi une
version adaptée pour une utilisation auprès d’enfants soupçonnés de présenter un TAdeS, donc
la mise en situation inclut une séparation entre le parent et son enfant. C’est également une
technique qui peut être utilisée comme un outil qui évalue le progrès thérapeutique.
1.5.4 Épreuves projectives
Les épreuves projectives sont des épreuves sous forme d’histoires à raconter et dessins et sont
sources de beaucoup d’informations. Selon Koppitz (1968), l’étude des « indicateurs
émotionnels » qui reflètent anxiétés, attitudes, traits de personnalité est très riche… Il faut être
attentif à la présence ou pas de relation univoque entre signes/indicateurs et anxiété, trait de
personnalité précis (polysémie). Il faut considérer l’ensemble du dessin mais également les
combinaison des signes. Il faut bien regarder les caractéristiques du dessin comme les dessins
bichromatiques (noir et blanc ?), le remplissage, le noircissement, etc. Notons tout de même
qu’il n’existe pas de réelle normes pour observer ces dessins et qu’ils ne peuvent pas être
interprétés à la légère par le clinicien. Ce genre d’observation demande beaucoup de précision
et de temps. Il est indispensable de demander à l’enfant ce que cela représente, de poser des
questions et d’obtenir le plus de détails possible pour pouvoir éventuellement en tirer des
conclusions.
1.5.5 Compte rendu
Une fois l’évaluation réalisée, il est intéressant de se questionner sur la manière et le contenu
des informations que nous allons retourner au sujet. Jusqu’où aller dans l’annonce ? Pour le
clinicien, il est assez important de mettre un nom dessus pour aiguiller ensuite le reste de la
prise en charge.
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Cependant, il n’est pas toujours nécessaire de le dire et de poser l’étiquette au patient. Il faut
identifier ce que l’on veut cibler et savoir ce qu’on veut traiter. Le bien-être du patient est
primordial. Il ne faut pas lui mentir bien évidemment mais si l’on estime que l’information n’est
pas pertinente et freinerait l’évolution du patient, on peut se permettre d’omettre certains détails
pour ne pas augmenter l’anxiété déjà présente.
Vignette clinique d’Alex, 9 ans : Motif de consultation chez le médecin de famille : a les mains
tellement sèches qu’elles saignent à certains endroits. Images intrusives de bactéries, peurs
liées à la maladie et à la mort. Afin de calmer ses pensées, se lave les mains à répétition, utilise
du désinfectant. Evite de toucher poignées de porte et objets à l’école. Se nettoie pendant très
longtemps (routine). Retards répétés à l’école. Ne va plus chez des amis. Médecin de famille le
réfère à un psychologue
Vignette clinique d’Emma, 7 ans : Motif de consultation en psychologie : difficultés sociales.
Observations en cours d’évaluation : Discours formel, peu d’intonation. S’anime lorsqu’elle
parle des oiseaux, en parle longtemps, beaucoup d’informations partagées. Gestuelle
inhabituelle (immobile, agitation des mains, balancement du corps quand parle de ses intérêts
ou de ses peurs). Faible réciprocité sociale, sourit peu. Informations rapportées par Emma et
sa mère : A de nombreuses peurs par rapport à des objets inoffensifs. Périodes d’anxiété
intense, inquiétudes liées à la contamination. Besoin incontrôlable de disposer les objets selon
un ordre. Forte obsession de savoir, de poser des questions de manière répétitive, de lire à
haute voix les informations sur les panneaux.
2.1.2 Les TOC dans les médias
On retrouve assez régulièrement les TOC dans les médias. Pourtant, on observe la plupart du
temps une banalisation de la maladie qui se traduit par une simplification des symptômes, une
réduction de la gravité du trouble et l’utilisation de l’humour. Par exemple, le personnage de
Bree Van de Kamp dans Desperate Housewives, le film As good as it gets, etc.
2.2 Définitions et contenu des obsessions et des compulsions
Qu’est-ce qu’un TOC ? C’est un trouble mental souvent débilitant qui comporte deux volets :
des obsessions et des compulsions.
2.2.1 Les obsessions
Les obsessions sont des pensées ou idées récurrentes et intrusives qui causent de la détresse et
qui ne peuvent être maîtrisées par appel à la raison ou à l’évidence. Elles ne sont jamais
agréables ou volontaires.
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Il existe plusieurs types de manifestations d’obsessions, certains bien connus comme les :
Obsessions de contamination : préoccupations ou dégoût liés aux sécrétions, comme
la salive, ou aux déchets corporels, comme l’urine ou les selles, préoccupations
associées à la saleté ou aux microbes et inquiétudes liées à l’idée d’être malade en raison
de la contamination. « je vais avoir le Coronavirus et dois prendre ma douche pendant
1 heure trois fois par jour »
Obsessions de doute répétée : « je dois vérifier que tout le matériel est dans mon sac
d’école… 33 fois avant de quitter la maison »
Obsessions de symétrie, exactitude et ordre : respect de certaines règles pour éviter
les malheurs (pensée magique).
Obsessions de rangement et de comptage : « tout doit être parfaitement aligné », «
tout doit être placé d’une certaine façon »; « je dois compter jusqu’à 100, trois fois de
suite »
Obsessions de désencombrement (besoin de se débarrasser de ses possessions) –
versus syllogomanie (thésaurisation).
Obsessions diverses : peur de ne pas dire exactement ce qu’il faut, peurs superstitieuses
(nombres qui portent bonheur ou malheur).
Il existe également une catégorie de symptômes moins connus mais aussi fréquents :
Agressivité, horreur : peur de se faire du mal ou de faire mal aux autres, peur d’être
responsable d’une situation terrible
Peur de soi : peur d’être une mauvaise personne ou une personne immorale
Sexualité et pensées sexuelles : impulsions, images ou pensées perverses ou interdites
à propos de la sexualité, de l’homosexualité, de la pédophilie etc.
Religion : préoccupations liées au sacrilège, au blasphème ou à la moralité.
2.2.2 Les compulsions
Les compulsions sont de comportements ou actes mentaux répétitifs qui visent à prévenir ou
réduire la détresse ou les conséquences associées aux obsessions, compulsions « poussent » le
sujet à l’encontre de sa volonté. Ce sont des rituels compulsifs qui prennent parfois beaucoup
de temps, et qui ne sont pas faits par plaisir. Les compulsions se traduisent souvent par :
Lavage ou nettoyage (obsession contamination) : lavage des mains ritualisé ou excessif
; toilette ritualisée ou excessive ; mesures supplémentaires pour supprimer le contact
avec des éléments contaminants.
Vérification (obsession doute) : vérifier que les portes sont bien fermées à clé, que les
appareils ménagers sont bien éteints (encore et encore); vérifier à répétition des erreurs
possibles dans un travail donné.
Rituels de répétition (obsession doute) : relire, redire ou réécrire ; besoin de répéter
une action.
Comptage, ordre et rangement (obsession ordre, symétrie) : ranger les objets dans un
ordre précis ; faire les choses d’une manière très précise.
Compulsions diverses : besoin de toucher ; comportement superstitieux ; besoin de
demander ou de confesser ; dresser des listes de manière excessive.
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Lorsqu’on s’intéresse à la prise de conscience, à l’insight, la majorité (70 à 85%) des personnes
aux prises avec un TOC savent que leurs craintes sont disproportionnées et que leurs
compulsions sont inefficaces. Seulement 15 à 30% des personnes souffrant d’un TOC ont une
mauvaise prise de conscience ou des idées délirantes concernant leurs croyances. (Benny et al.,
2021)
On parle de TOC égosyntonique lorsque les comportements de la personne cadrent avec ses
valeurs, ne lui causent pas de détresse et lui semblent fondés et raisonnables. Dans le cas
contraire, on parle de TOC égodystonique c’est-à-dire que la personne reconnaît que son
comportement est irrationnel et qu’il lui cause de la détresse (Benny, 2021).
2.3 Phénoménologie ou tableau clinique chez l’enfant et l’adulte
Il existe beaucoup de similitudes entre l’enfant et l’adulte. On observe les mêmes thématiques
pour la plupart des obsessions et des compulsions. Les différences notoires avec les adultes,
sont qu’on observe des compulsions de confession/de quête de savoir (poser des questions) plus
fréquentes chez les enfants tandis que les obsessions sexuelles et religieuses sont plus
fréquentes chez les ados.
Par exemple, les enfants peuvent :
insister pour que leur linge soit lavé de nombreuses fois,
vérifier de façon répétée leur travail ou leur cartable,
se mettre en colère face au désordre causé par d’autres membres de la famille (INSERM,
2021).
Les particularité des tocs à l’enfance sont que cela crée bcp d’embarras par rapport à leurs
rituels et pensées (se cachent, ne veulent pas en parler). Important à garder en tête lors de
l’évaluation (cf. validité questionnaire auto-rapporté). Les tocs ont un impact sur le quotidien
de l’enfant (routines à la maison, sphère académique et sociale), mais aussi sur la vie familiale
(« tyran »).
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Les enfants et adolescents avec des TOC consacrent beaucoup de temps à l’engagement de
rituels (cf. critère B). Ils s’accompagnent de croyances dysfonctionnelles et d’intolérance à
l’incertitude. Souvent, les symptômes s’aggravent en réaction aux situations stressantes
(rentrée scolaire, déménagement…). Il y a également une grande prévalence de comorbidités
chez environ 80% des jeunes avec un TOC.
2.4 Epidémiologie, étiologie (cf. anamnèse)
Les troubles obsessionnels compulsifs présentent une grande prévalence dans population
générale de 2-2.5 à 4%, de 1 à 3% chez les enfants. Ils surviennent mondialement, avec une
similarité à divers niveaux : fréquence, contenu des obsessions et des compulsions, étiologie,
comorbidité. On observe cependant une prévalence légèrement plus élevée chez jeunes garçons
tandis que le TOC est plus commun chez femmes à l’âge adulte. Lorsqu’on s’intéresse au TSA,
10% environ souffrirait de TOC associés.
D’un point de vue étiologique, il existe des facteurs à la fois biologiques (génétique,
neurologiques), psychologiques, familiaux, sociaux. Cependant, le poids relatif de ces facteurs
reste incertain. D’un point de vue des facteurs génétiques, le TOC a tendance à être présent
auprès de plusieurs membres d’une même famille. On noterait des influences génétiques entre
45% et 65% des cas selon Van Grootheest et al. (2005). Il a également été découvert l’existence
de marqueurs protecteurs situés sur certains gènes (Alonso et al., 2008) mais il est important de
rappeler l’interaction gène-environnement, qui module l’expression de ces TOC.
Lorsqu’on se penche sur les facteurs de risque psychologiques et individuels, on peut retenir
le tempérament et affectivité négative, la tendance à s’inquiéter, être pessimiste et avoir peur
de l’incertitude ainsi que la tendance à intérioriser ses émotions et inhibition comportementale
(Taylor, 2011). Il existe aussi des facteurs de risque environnementaux comma la modélisation,
l’observation, les événements de vie négatifs (maladie grave, abus…) et le blâme parental. Les
facteurs de protection comme une bonne relation parents-enfant rentrent également en compte.
2.5 Evolution : trajectoire développementale et pronostic
Les symptômes apparaissent le plus souvent dans l’enfance ou au début de l’âge adulte : dans
25% des cas il débute avant 14 ans et dans 65% des cas avant 25 ans. L’âge moyen de début
d’un TOC est estimé à 19,5 ans (Ruscio, Stein, Chiu et Kessler, 2010). Des enfants aussi jeunes
que 6-11 ans peuvent présenter des symptômes et le TOC peut s’installer progressivement. Il
nuit grandement au développement.
Il faut aussi noter qu’un TOC non traité a tendance à devenir chronique. Un trouble traité engage
souvent un pronostic positif. Cependant, il existe des facteurs qui vont influencer l’évolution
du TOC dans le sens d’un mauvais pronostic et qui sont associés à la sévérité des symptômes
ou au dysfonctionnement social :
Moins bonne prise de conscience (insight) ou égosyntonie du trouble
Un jeune âge au début du trouble
Un style de relation parents-enfants inadéquat
L’accommodation familiale : famille qui participe aux rituels compulsifs, qui modifie
sa routine afin d’éviter la détresse causée par le trouble, qui rassure.
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Approche d’une dépression masquée dès l’enfance. Les troubles de l’humeur peuvent
se manifester dès l’enfance, ils se présentent avant tout avec des symptômes
d’agressivité, d’hyperactivité, d’anxiété ou de délinquance. Ces « équivalents dépressifs
» sont susceptibles de « masquer » la dépression. Cette perspective a dominé les travaux
dans ce domaine pendant un certain temps. Aujourd’hui, cette approche n’est plus
acceptée par communauté scientifique. En effet, les « Equivalents dépressifs » n’ont
jamais été décrits clairement, recouvrent pour ainsi dire l’ensemble des manifestations
psychopathologiques. Pas de caractéristique spécifique des troubles de l’humeur avant
l’âge adulte. Il était impossible d’établir une liste d’équivalents dépressifs reconnus, car
ces équivalents étant par définition masqués, il est possible qu’un enfant ou ado
manifeste sa dépression au travers des symptômes non encore reconnus.
Approche d’une dépression spécifique dès l’enfance : Selon cette approche, les
troubles de l’humeur peuvent se manifester dès l’enfance. Leurs caractéristiques sont
différentes que celles de la dépression chez l’adulte, il faut donc des critères
diagnostiques particuliers (par ex. Weinberg et al., 1973). Cette perspective (spécificité
infanto-juvénile) s’est confirmée pour d’autres psychopathologies, mais la recherche
n’a pas mis en évidence une symptomatologie dépressive spécifique de l’enfant ou de
l’ado (Kazdin, 1990). Cette approche n’est plus acceptée aujourd’hui.
Approche actuelle : Elle s’appuie sur les apports des approches 3 et 4 (dépression
masquée spécifique). Elles reconnaissent que les troubles de l’humeur : peuvent se
manifester dès l’enfance, sont souvent associés à d’autres symptômes ou troubles
psychopathologiques(comorbidité), que les symptômes qui caractérisent les troubles de
l’humeur sont semblables tout au long du développement humain et ont une évolution
qui s’inscrit dans une période développementale marquée par des changements majeurs.
En somme, lorsque TD se développent pendant l’enfance, ils sont plus chroniques, graves et
invalidants que lorsqu’ils apparaissent à l’âge adulte. Avec le temps, les troubles dépressifs
chez l’enfant/l’adolescent se présentent de manière de plus en plus semblables que leur
présentation à l’âge adulte. Contrairement à la majorité des troubles psychopathologiques, les
TD sont définis et diagnostiqués à l’aide des mêmes critères que ceux que pour les adultes.
3.3 Catégorisation des troubles dépressifs
Les troubles de l’humeur incluent tout, c’est-à-dire les troubles dépressifs mais aussi la
bipolarité. Les troubles dépressifs (TD) incluent uniquement troubles unipolaires (trouble
dépressif caractérisé/TDC et trouble dépressif persistant/TDP).
1. Trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle (nouveau Dx)
2. Trouble dépressif caractérisé (incluant épisode dépressif caractérisé)
3. Trouble dépressif persistant (dysthymie). Forme plus chronique : si TDC dure
au-delà d’un an pour l’enfant (ou 2 ans pour l’adulte)
4. Trouble dysphorique prémenstruel (nouveau Dx)
5. Trouble dépressif induit par une substance ou un médicament
6. Trouble dépressif dû à une autre affection médicale
7. Trouble dépressif autre spécifié
8. Trouble dépressif non spécifié
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Le diagnostic s'applique aux enfants et aux adolescents à partir de 6 ans et jusqu'à 18 ans qui
présentent une irritabilité persistante et des épisodes fréquents et extrêmes de perte de
contrôle du comportement. Quelle est la raison d’être de ce diagnostic ? L’introduction de
cette catégorie vise à réduire le surdiagnostic et le surtraitement du trouble bipolaire pédiatrique.
Il tient compte du fait que les enfants présentant ces symptômes développent typiquement (au
cours de l’ado et de l’âge adulte) des troubles dépressifs unipolaires ou des troubles anxieux.
Les symptômes principaux sont les suivants :
La présence des éléments suivants pendant une période supérieure à 12 mois (sans
période de ≥ 3 mois sans aucun d'entre eux):
Accès de colère récurrents sévères (hors de proportion avec la situation, ≥ 3 fois/semaine
en moyenne).
Accès de colère incompatibles avec le niveau de développement.
Irritabilité, mauvaise humeur présentes tous les jours et pendant la majeure partie de la
journée, observées par les autres.
Crises de colère et humeur colérique doivent se produire dans 2 de 3 environnements (à
la maison ou à l'école, avec des pairs).
Un diagnostic différentiel du TDDE est le trouble bipolaire pédiatrique. Les similitudes entre
les deux est que le est comportement dangereux, l’enfant présente des idéations suicidaires et
tentatives de suicide, on observe des agressions sévères et des hospitalisations en psychiatrie.
Les différences sont que dans TDDE l’irritabilité sévère est persistante et présente pendant de
nombreux mois. Il n’y a pas une humeur élevée/expansive, ni d’idées de grandeur.
3.3.2Trouble dépressif caractérisé – TDC
Le plus souvent, lorsque le terme « dépression » est employé dans un contexte médical, il
désigne le Trouble dépressif caractérisé (TDC). On observe des changements dans les affects,
cognitions, fonctions neurovégétatives (sommeil, appétit) et des rémissions entre les épisodes.
Le TDC est un trouble récurrent dans majorité des cas mais un épisode unique est possible.
Les critères diagnostics du DSM-V sont :
A. Au moins 5 sur 9 des symptômes suivants présents durant une même période de deux
semaines et représentent un changement par rapport au fonctionnement précédent. Au
moins un de ces symptômes est soit (A1), soit (A2). Remarque : Ne pas inclure les
symptômes qui sont clairement attribuables à une autre condition médicale.
A1 : Humeur dépressive présente la plus grande partie de la journée, presque tous
les jours, comme signalée par la personne ou observée par les autres. (Remarque :
Chez les enfants et les adolescents, peut-être une humeur irritable. Chez bébé, du
retrait relationnel). Remarque : bien qu’on utilise les mêmes critères pour
diagnostiquer les troubles dépressifs à tout âge, le DSM précise que l’humeur de
l’enfant ou de l’ado au cours d’un épisode dépressif peut être irritable plutôt que
déprimé.
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Les entretiens diagnostiques standardisés pour les adultes et adolescents plus âgés ont pour
objectif d’offrir un guide d’entretien à suivre, des seuils de symptômes et des critères
d’exclusion. Les entrevues les plus fréquemment utilisées en clinique adulte et avec les
adolescents plus âgés (par ex. à partir de 15-18 ans) (pour votre information) :
BPRS - Brief Psychiatric Rating Scale – Echelle de cotation psychiatrique brève
(passation rapide)
M.I.N.I., 5.0.0.- Mini International Neuropsychiatric Interview (Sheehan et al., 1998).
Par exemple : « Actuellement, vous sentez-vous particulièrement triste, déprimé(e) ?
Non ou Oui ». (passation rapide)
SADS - Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia
SCID - Structured clinical interview for DSM-5 disorders
3.4.2 Approche dimensionnelle
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Il existe aussi des outils d’évaluation spécifiques pour les troubles dépressifs chez les
enfants et les adolescents :
APA - PROMIS Emotional Distress - Short Form (DSM-5) pour mesurer la
dépression chez les enfants de 11 à 17 ans.
CDI – Children Depression Inventory – Inventaire de dépression de l’enfant (8-13
ans)
CDRS-R - Children’s Depression Rating Scale - Echelle d’évaluation de la dépression
de l’enfant (Poznanski, CDRS-R, 1984). Echelle qui doit être administrée par un
clinicien.
MDI-C Multidimensional Depression Scale - Echelle composite de dépression pour
enfants (8-17 ans). Questionnaire et fiche signalétique.
De manière générale, l’objectif des échelles et questionnaires est de mesurer intensité des
symptômes (e.a. dépressifs) avec une approche dimensionnelle. Les limites sont que le
diagnostic d’un trouble dépressif ne peut être donné sur la base unique des échelles d’auto-
évaluation remplies par le patient. Elles ne sont pas aussi fiables que les entretiens semi-
structurés puisqu’elles n’incluent pas d’observation clinique de la part de du clinicien.
Rappelons que ce ne sont pas des outils diagnostiques, mais bien des outils de dépistage,
permettant d’identifier les patients chez qui une évaluation plus complète semble pertinente, ou
des outils pour avoir une idée plus précise de la sévérité de la dépression (une fois qu’un
diagnostic est posé).
Finalement, lors de la passation de projectives et expressives, dans l’évaluation d’un sujet
dépressif, il est important de faire attention aux observations d’indices cliniques. Par exemple,
lors de la passation de tests (tests projectifs, dessin, figure de Rey etc.), au niveau relationnel,
on peut remarquer une importante inhibition, avec du désintérêt et un ralentissement général
des activités (prend bcp de temps, ne semble pas efficace). On peut aussi observer des difficulté
de penser, de fixer son attention et de se concentrer, une pauvreté des réponses mais aussi des
récits restrictifs (par ex. CAT), refus, extinction de voix, dessins « bâclés », soit vides, soit
remplis (phénomène de remplissage).
Dans le contact, la problématique de l’échec et de l’incapacité peut se retrouver au premier plan
: l’enfant répète par ex. volontiers “j’sais pas”, “je n’y arrive pas”, “j’peux pas”. L’ébauche
d’un dessin s’accompagne par ex. de commentaires négatifs : “c’est raté”, “ce n’est pas
bien”…Dans les taches graphiques, on remarque aussi de manière caractéristique des
interruptions par l’agir, agitation, instabilité psychomotrice et des spécificités de l’activité
graphique (dessin, couleur, force du trait).
Il y a des spécificités aussi lors de l’activité ludique (jeu, scéno-test) :
EI Pauvreté des constructions imaginaires : Evitement/inhibition.
SM Explorations agitées et discontinues du matériel (« quête de ce qui manque »),
remplissage (hypothèse clinique : remplir vide de l’espace interne ?), impression de ne
pas « jouer ».
RC Accrochage corporel (appel aux capacités contenantes du clinicien).
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L’ADBB Echelle Alarme Détresse BéBé est un outil qui a pour objectif de dépister et évaluer
le retrait relationnel, une forme précoce de la dépression chez le bébé âgé de 2 mois à 2 ans
(Guedeney, 2004). Cette échelle est utilisée dans consultations pédiatriques pour l’évaluation
des effets pathologies parentales, dépression post-natale. Les observations cliniques d’un bébé
en bonne santé se caractérisent par de la vitalité, appétence relationnelle…Une dépression
précoce se manifeste principalement par une absence de variations affectives, mobilité motrice,
expression vocale réduite, retrait relationnel. Le retrait relationnel doit être vu comme un signal
d’alarme.
L’ADBB se présente sous la forme de 8 items cotés de 0 à 4 : 0- Pas de comportement anormal,
1- Doute sur le caractère anormal du comportement, 2 - Comportement discrètement anormal,
3- Comportement modérément anormal, 4- Comportement nettement ou massivement anormal.
Expression du visage
Contact visuel
Activité corporelle
Autostimulation
Expression vocale
Vivacité de réaction à la stimulation
Mise en relation avec l’autre
Attractivité ou capacité à attirer l’attention
Si le seuil est atteint, on vérifie 1 ou 2 semaines plus tard. Quelle cause du retrait (pathologie
parentale, dépression postnatale…) ? Généralisé ou spécifique à une personne ?
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Des changements ont été opérés avec le DSM-V en 2013 donnant lieu à l’appellation « trouble
neurodéveloppemental » reprenant les déficiences ou handicaps intellectuels, les troubles de
la communication, le TSA, le TDA-H, le trouble spécifique des apprentissages, les troubles
moteurs et tics et autres troubles neurodéveloppementaux.
Il faut noter que les TDN sont souvent associés entre eux. Par ex, 31,6% des enfants
diagnostiqués avec un TSA présentent aussi une DI (QI ≤ 70) (Christensen et al., 2016). Mais
aussi TSA-TDAH, TSA et trouble spécifique des apprentissages, TDAH et trouble spécifique
des apprentissages…
Les symptômes de déficit (déficit de la communication, déficit de l’attention…) et sont aussi
souvent associés à des symptômes d’excès (par ex. comportements répétitifs excessifs).
Voici un témoignage en guise d’introduction : « Imaginez que vous soyez le parent d’un enfant
qui, très jeune, n’aime pas les câlins et ne vous regarde pas dans les yeux, un enfant qui
n’apprend pas à parler comme les enfants de son âge ou qui parle de luimême à la troisième
personne, un enfant fasciné par différents objets mais perdu dans le monde social qui l’entoure,
un enfant enfin qui nécessite qu’on le surveille constamment pour le protéger des dangers »
(Dumas, 2013, p. 113). »
Certains enfants présentent un trouble qui, très tôt, bouleverse l’ensemble de leur
développement (interactions sociales, communication, comportement) et interpelle leur
entourage. Pendant longtemps, on a qualifié ce type de trouble « d’envahissant » (« TED »).
4.1.2 Epidémiologie
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c. B. 3. Intérêts restreints et fixes, anormaux soit dans leur intensité, soit dans leur
but : Très sélectif dans intérêts (par ex. Minecraft, blocs Lego, livre
encyclopédique…), intérêt intense pour objets tournants, ventilateurs,
lumières….thème de prédilection (dinosaures, trains…), difficile de les
intéresser à d’autres choses, attachement excessif à un objet insolite, intérêt pour
la mécanique des objets, très sélectif dans les choix alimentaires.
d. B.4. Hyper/hyporéactivité sensorielle ou intérêt inhabituel pour les aspects
sensoriels de l’environnement : Par exemple, une hyperréactivité à certains sons,
textures, odeurs, couleurs en particulier, une hyporéactivité à douleur, à
température etc. Signaux de faim pas bien perçus ou ressentis. Evitement ou
recherche inhabituelle de certains stimuli
C. Symptômes présents dès les étapes précoces du développement : On se trouve dans
une perspective développementale et avec une diversité de trajectoires
développementale. Certains symptômes ne deviennent manifestes que lorsque les
demandes sociales dépassent les capacités de la personne (par ex. entrée à l’école).
Certains symptômes peuvent êtres masqués plus tard par des stratégies compensatoires.
L’intensité des symptômes et du handicap associé varie d’une personne à l’autre et peut
varier au fil des ans chez une même personne.
D. Symptômes occasionnent un retentissement cliniquement significatif : Il y a un
impact sur fonctionnement social, scolaire/professionnel ou dans d’autres domaines
importants ainsi que des difficultés sociales (faible attention conjointe à isolement
social, difficulté à reconnaître les signaux subtils et les états émotionnels des autres ainsi
qu’à prendre leur point de vue, peu de relations sociales et comportement égocentrique
lors d’interactions, relations amicales de faible qualité et peu réciproques. Les personnes
avec TSA demeurent en périphérie des interactions sociales (Kasari, Locke, Gulsrud, &
Rotheram-Fuller, 2011). L’impact au quotidien doit être significatif (on peut avoir profil
TSA mais fonctionner).
E. Pas mieux expliqués par un handicap intellectuel ou un retard global du
développement : La déficience intellectuelle et le TSA sont fréquemment associés. Il
peut y avoir un diagnostic de comorbidité (TSA et DI), si l’altération de communication
sociale est supérieure à ce qui serait attendu pour le niveau de développement général.
Il faut noter que selon l’approche dimensionnelle, il y a une spécification du niveau de sévérité
des critères A et B. Le niveau 3 nécessite une aide très importante, le niveau 2 une aide
importante et le niveau 1 nécessitant simplement de l’aide. Pour les critères A et B, il est très
important de spécifier la sévérité des symptômes pour chacun des domaines (basée sur le niveau
d’aide ou de support requis). Au niveau du profil et des fonctionnement cognitifs, il faut
spécifier si le TSA se présente avec ou sans déficit intellectuel associé mais aussi avec ou sans
déficit du langage associé. Il faut également noter si le TSA présente une association à une
condition génétique, médicale ou environnementale connue.
De nombreuses personnes qui avaient antérieurement un diagnostic de trouble d’Asperger ont
maintenant (avec l’utilisation des spécifications) un diagnostic de trouble du spectre de
l’autisme « sans altération du langage ni déficit intellectuel ».
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Le TSA est souvent associé à d’autres troubles : 70% des sujets avec TSA ont un trouble
mental/psychiatrique comorbide (Simonoff et al. 2008) donc avec deux diagnostics. 40% ont
deux troubles comorbides et plus.
Le comorbidités les plus fréquentes sont le trouble d’anxiété sociale, le TDAH et le TOP. On
en retrouve quand même d’autre comme les troubles dépressifs, les troubles spécifiques des
apprentissages (langage, écrit, calcul), les maladies somatiques (pathologie
médicale/génétique), par ex. épilepsie et plusieurs autres (par ex. trouble de l’alimentation avec
restriction ou évitement, préférences alimentaires extrêmes et sélectives).
4.1.5 Evolution et pronostic
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La Checklist for Autism in Toddlers (M-CHAT) est un des outils de dépistage des enfants à
risque autistique de premier niveau les plus fréquemment utilisés. Il vise spécifiquement le
dépistage de l'autisme chez les très jeunes enfants. Les principaux domaines d'évaluation sont
classés en jeux imaginatifs/faire semblant, le pointage et la surveillance du regard. La mesure a
été conçue pour les parents et les pédiatres. La consigne donnée aux parents est la suivante : «
Remplissez les questions en fonction du comportement habituel de votre enfant. Si le
comportement se manifeste de façon irrégulière (par exemple si vous ne l'avez vu qu'une seule
fois ou deux), ignorez-le dans vos réponses ». Les exemples d’items en OUI-NON sont :
Votre enfant s'intéresse-t-il à d'autres enfants ?
Votre enfant aime-t-il jouer aux jeux de cache-cache ou ‘coucou me voilà’ ?
Votre enfant utilise-t-il son index en demandant quelque chose ?
Arrive-t-il que votre enfant semble excessivement sensible à des bruits ? (jusqu’à se
boucher les oreilles)
L’Autism Discriminative Tool (ADT) a pour objectif d’éclairer le clinicien quant à la
nécessité d’adresser l’enfant vers un centre ressources autisme pour une mise au point
diagnostique. L'ADT cible les enfants de 2 ans et demi à 6 ans et demi fréquentant l'école
maternelle, identifiés comme "à risque de TSA" en raison d'une trajectoire développementale
atypique ou de la présence d'un TSA dans la fratrie. Il est complété par les enseignants et intègre
les critères du DSM-5.
4.2.2 Exemples d’outils d’évaluation diagnostique
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Il existe deux autres notations qui correspondent à des situations où le comportement ne sera
pas retenu : un note 7 pour une anomalie qui ne concerne pas les TSA et une note 8 pour un
comportement absent et pour lequel la cotation est donc inapplicable.
Les limites de l’ADI-R et l’ADOS sont que ces entrevues ont été développées selon les critères
du DSM-IV (APA, 1994) et du CIM-10 (OMS, 1994) avec une approche catégorielle. Elles ont
une vision prototypique des phénotypes autistiques et présentent un risque de diagnostic de «
faux négatifs » si le TSA est non accompagné de trouble de langage ni de déficience
intellectuelle (Baghdadi et al., 2017). Il n’y a pas eu de révision pour refléter la mise à jour des
critères diagnostiques du DSM-5 (APA, 2013) et de la CIM-11 (OMS, 2018). Aussi, les
échantillons utilisés pour la validation psychométrique sont composés principalement de
garçons et d’hommes. Il est donc possible que le contenu et/ou le seuil diagnostique ne soient
pas représentatifs des manifestations TSA chez les filles et les femmes (Baghdadi, 2017).
L’ADOS-2 est peu valide pour identifierles filles et femmes avec TSA sans déficience
intellectuelle (Lai et al., 2011; Rynkiewicz et Lucka, 2018). L’explication pourrait se trouver
dans le camouflage des traits autistiques en raison de pression de conformité sociale imposée
aux sujets du genre féminin.
4.2.3 Préparation des parents à l’évaluation
Pour que les parents soient prêts et coopératifs le jour de l’évaluation, il faut qu’ils puissent
établir un historique précis de leur enfant : Quand avez-vous commencé à observer des
particularités au niveau de son évolution ? Avez-vous entrepris d’autres démarches, rencontré
d’autres spécialistes ? Quelles sont ses habitudes de sommeil, alimentaires, problèmes de
comportement, difficultés scolaires, etc ? Ils doivent aussi fournir toutes les évaluations faites
par d’autres spécialistes. Ils doivent se préparer à répondre à certaines questions sur la
grossesse et l’accouchement (déroulement de la gestation, consommation de drogues ou
d’alcool, infections virales, particularités du travail, poids à la naissance, etc.). Il est aussi
important que les parents se munissent de documents écrits et visuels pour expliquer ce qu’ils
ont observé chez leur enfant : présenter de courtes vidéos de l’enfant dans différentes situations,
faire des listes de la récurrence de certains comportements, etc. Il est aussi important que les
parents fassent une liste de leurs questions afin de ne rien oublier : sur l’autisme, le potentiel de
leur enfant, leurs droits, les ressources, les programmes, les services, etc.
4.2.4 Observation clinique directe
Dans la vie de tous les jours on peut observer directement des comportements atypiques comme
des modes de jeu inhabituels, l’absence de jeux typiques et durant la manipulation d’objets ou
de jouets :
Utilisation non fonctionnelle des jouets, traîner des jours derrière soi sans jouer avec,
aligner les jouets.
Utilisation à des fins de stimulation sensorielle
Provoquer des mouvements répétitifs
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On utilise pour ce faire des étalonnages (comparaison du développement de l’enfant par rapport
à une « zone normative »). On remarque tout de même une analogie erronée avec les tests
mentaux classiques, les baby-test ne sont pas prédictifs du Q.I. ultérieur (sauf dans les cas de
retard extrême). On note principalement les progrès de l’enfant par rapport à lui-même. Il y a
en effet une grande homogénéité des différents aspects du développement (Tourrette, 2003).
1.4 Observation directe des interactions du jeune enfant avec ses parents
Selon Winnicott : « Un bébé seul n’existe pas ». Pour Lamour et Lebovici (1991), il faut
concevoir la « psychopathologie » du nourrisson avant tout comme l’expression d’une
difficulté d’adaptation dans l’interaction entre l’enfant et son environnement (en
particulier avec la ou les personne(s) qui lui donne(nt) les soins). Il est dès lors très important
que l’évaluation du bébé inclut l’évaluation de l’interaction entre le bébé et sa figure
d’attachement. Notons que l’évaluation du développement du bébé n’est toutefois pas une
évaluation des compétences parentales.
Lors de l’évaluation du bébé, il est primordial d’avoir conscience de l’inquiétude inhérente à
la passation d’un examen psychologique (retard développemental, jugement compétences
parentales). Il convient d’instaurer un climat rassurant (moins anxiogène) et d’expliquer aux
parents comment va se dérouler la passation des épreuves en leur montrant la pièce et en
présentant l’évaluation comme un moment d’observation et de découverte en commun. Il est
également important de contenir l’angoisse parentale et d’en verbaliser certains éléments au
bébé (hypersensible à l’état émotionnel de ses figures d’attachement). Dublineau (2020)
1.5 Cadre de l’examen.
Les recommandations qui émanent de la conférence de consensus sont notamment : « Le
psychologue organise un lieu d’examen favorable à la relation et aux observations cliniques
du jeune enfant » (R13). i.e. le plus près possible de leur réalité quotidienne. » La réflexion
préalable vient de la part du psychologue sur : les possibilités de déambulation, ls modalités
relationnelles, les tâches imposées, le matériel mis à disposition…
Idéalement, toute évaluation d’un jeune enfant se fait de la manière la plus complète possible :
Consultations mère/père-enfant. Principaux personnages de l’entourage de l’enfant
(fratrie, grands-parents…)
Données somatiques
Bilans psychomoteurs
Bilans psychométriques
La demande d’une évaluation du développement du jeune enfant vient rarement d’une demande
parentale car la pratique de l’examen du jeune enfant est relativement méconnue du grand
public. La demande provient souvent d’un professionnel de la petite enfance : médecin de
famille, personnel de la crèche (inquiétudes sur le développement ou un trouble du
développement, volonté d’objectiver inquiétudes). La demande peut également apparaitre dans
le cadre d’un suivi d’un enfant prématuré, dans le cadre d’un suivi des troubles de la parentalité
(repérés ou potentiels) ou encore dans le cadre de la recherche.
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3. Brunet-Lézine
Le Brunet-Lézine Révisé est une échelle de développement psychomoteur de la première
enfance destinée aux enfants de 2 mois à 30 mois (2 ans et demi). Elle investigue 4 domaines
(ex. bébé de 7 mois) :
P ou postural : tient assis sans soutien…
C ou coordination : saisit/examine clochette avec intérêt
L ou langage : émissions vocales pour attirer attention
S ou relations sociales : donne ses jouets, jeu de coucou
Pour chacun des items on note s’il est réussi ou non (R ou E). Voici quelques exemples d’items
ou de tâches proposés aux jeunes enfants de 24 mois cette fois :
Postural : Donne un coup de pied dans le ballons sur ordre. Se tient sur un pied avec
aide…
Coordination : Aligne les cubes pour imiter le train. Imite un trait sans direction
observée.
Langage : Nomme six images. Identifie 8 objets ou en nomme 4. Fait des phrases de 3
mots. Utilise son prénom quand il parle de lui-même ou d’un objet qui lui appartient.
4. Bayley
Le Bayley (Scales of Infant and Toddler Development) est un outil de référence pour les enfants
de 1 à 42 mois (3 ans et demi). Il permet de rendre une vision globale du développement via un
quotient de développement, basé sur le QD moyen des 3 échelles principales :
Échelle cognitive : développement sensorimoteur, l’exploration et la manipulation, la
relation aux objets, la formation de concepts, la mémoire.
Échelle langagière : communication réceptive (compréhension) et communication
expressive (préverbale, vocabulaire, syntaxe)
Echelle motrice : motricité fine (préhension, planification, habilité manuelle) et grande
motricité (mouvement des membres et du tronc, position assise et debout, locomotion,
équilibre)
Echelle socio-émotionnelle
L’utilisation adéquate de cette échelle demande une longue formation, c’est un test coûteux.
L’administration du Bayley exige un endroit calme, susceptible de faciliter la concentration et
l’écoute de l’enfant. La durée de passation de 45 à 60 minutes. Il est primordial de permettre au
jeune enfant de s’habituer à l’examinateur et la présence d’un parent est vivement souhaitée
lors de la passation.
Le but de cette échelle est d’identifier les enfants présentant une perturbation sur le plan du
développement à donner indications de suivi et d’intervention thérapeutique adéquates mais
aussi de suivre les progrès des enfants présentant un retard de développement. L’intérêt est
également de montrer aux parents certaines compétences de leur enfant et de faire de la
recherche.
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5. GED
La GED est la grille d’évaluation du développement de l’enfant de 0 à 5/6 ans dont l’objectif
est d’évaluer le développement global de jeunes enfants dans ses dimensions cognitive,
langagière, motrice et socio-ou psychoaffective et dépister les retards de développement.
C’est un outil construit à partir de grilles, d’inventaires et d’échelles préexistants couramment
utilisés en intervention et en recherche. Certains items et certaines modalités d’évaluation ont
par exemple été empruntés au Bayley, au Stanford-Binet (4e édition, Thorndike, Hagen, &
Sattler, 1986).
« Souci de produire un outil d’évaluation qui soit simple à comprendre, facile à administrer et
à coter, qui n’exige ni une longue formation, ni l’utilisation d’un matériel complexe ou coûteux
et qui possède des qualités psychométriques assez bonnes pour lui permettre de détecter avec
fidélité et validité les forces et faiblesses du développement chez l’enfant »
En somme, cette grille présentent plusieurs avantages :
C’est un outil avec d’excellentes qualités psychométriques
La passation est rapide (30 minutes)
La passation est simple (versus Bayley)
Pas besoin d’une formation spécialisée préalable. Mais un expérience avec les enfants,
une bonne connaissance des étapes développement et une brève formation.
Elle peut être utilisée par intervenants de première ligne.
C’est un outil peu coûteux (versus Bayley)
14 niveaux d’âge (permet des observations fines)
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1.2 Objectifs
Les épreuves projectives ont pour objectif l’évaluation du fonctionnement psychique via
démarche de questionnement. Selon le modèle psychanalytique, elles ont pour but de soulever
l’instance dominante dans organisation du Moi (Ça, idéal du Moi, Surmoi), les mécanismes de
défense et modalités défensives et les problématiques (identité, oralité, analité, génitalité). Elles
relèvent aussi l’accessibilité des niveaux de conflictualisation et les registres réactivés et
reconnus.
1.3 Registres
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Tout d’abord, il est important de prendre quelques repères développementaux pour les
productions thématiques :
2 ans : compréhension supérieure à l’expression. Enfant nomme ce qu’il voit, mais a du
mal à organiser les choses. CAT pas encore possible (ou n’apporte pas bcp
d’information).
3 ans : énumération devient plus riche et plus précise.
4 ans : début de représentation de l’action. Personnages sont mis en scène. Témoigne
de la capacité d’organisation psychique des représentations.
En somme, en fonction des enfants, dès 3- 4 ans, ils sont capables de se projeter, de rajouter des
éléments en lien avec leur vécu. L’objectifs entre 3 et 6 ans est que le CAT mobilise des
ressources psychiques relativement nouvelles. Le CAT permet d’apprécier la structuration ou
l’astructuration triangulaire (« œdipienne »). On observe sur le vif, la construction de la vie
psychique (prises de conscience des relations à autrui, du rôle éducatif des parents...).
Entre 6 et 10/12 ans, le CAT fait appel à la régression. Il permet d’apprécier les modalités
d’installation de latence pulsionnelle ; l’éventail des stratégies défensives utilisées (Boekholt,
2006). Il y a une limite d’âge en fonction de l’âge mental, la maturation affective et l’acceptation
d’images animales.
2.3 Conditions de passation
Lors de la passation du CAT, la consigne est de raconter une histoire en rapport avec l’image
présentée : « dis ce qui se passe », « raconte : il était une fois… », « raconte une histoire avec
ce que tu vois ». Tout au long de l’épreuve, il est important d’encourager et stimuler le jeune
enfant : encourager (« et alors? », « et après? »). Vers 6-8 ans, il faut montrer des
manifestations d’intérêt (« oui, ah bon… ») : fonction étayante pour l’enfant.
Le CAT compte une totalité des planches (10). Il faut présenter les planches dans l’ordre qui
suivent la progression des sollicitations latentes prévues. La présentation se fait en une seule
séance (30 min ou moins chez les jeunes enfants. Il faut poser un cadre relationnel avec une
situation de cadrage souple, ludique et au besoin étayant (éviter modèle scolaire). Il est
nécessaire de s’adapter à chaque situation pour favoriser la confiance et l’expression
personnelle. Lors de l’épreuve, on va aussi inviter l’enfant à choisir les planches qu’il préfère
ou qu’il aime le moins, idem pour les personnages. On va aussi faire du repérage des images
parentales en demandant : Montre-moi l’image qui pourrait représenter un papa, une maman.
2.4 Analyse du CAT
Selon l’approche de Bellak (1956), la grille de cotation est la suivante :
A. Etude de la structure formelle du récit : omissions, fausses perceptions, banalités,
additions (introduction de personnages, d’objets, de circonstances extérieures),
fabulations, persévérations.
B. Analyse du contenu du récit : thème principal, perception des personnages, héros
principal (besoins et conduites principales du héros, conflits importants, nature de
l’anxiété, principales défenses, sévérité du Surmoi, intégration du Moi)
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La planche 1
Contenu manifeste Trois poussins assis autour d’une table ; un grand bol plein.
Sur le côté, un grand poulet estompé
Contenu latent potentiel relation à l’image maternelle (oralité : gratification ou
frustration), rivalité fraternelle
Registres de conflictualisation 1) Fondements de l’identité : cohérence identitaire.
2) Elaboration de la position dépressive : Capacité
contenante et étayante de l’image parentale. Si on observe
une défaillance, cela suggère de l’angoisse dépressive, vécu
d’abandon (par ex. perception de bols vides).
3) Mise en place de l’axe relationnel avec le thème du père-
nourricier, la rivalité fraternelle autour de l’oralité et
l’ombre du poulet (instance surmoïque).
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La planche 2
Contenu manifeste Un grand ours tire une corde, tirée de l’autre côté par un
autre grand ours avec un petit ours derrière.
Contenu latent potentiel relation triangulaire parents-enfant, contexte agressif et/ou
libidinal (rivalité, alliances), dialectique grand-petit,
puissant-impuissant.
Registres de conflictualisation 1) Identité : protagonistes peu différenciés et relation
triangulaire pas ou mal située à représentations massives et
dangereuses (thèmes de destruction et de mort).
2) Position dépressive : défaut du contenant qui suggère un
surinvestissement du support au détriment de la
représentation de la relation.
3) Axe relationnel (œdipien) : relation triangulaire ; choix
d’identification ; problématique de castration
La planche 3
Contenu manifeste Un lion, ayant une pipe et une canne, est assis dans un
fauteuil. En bas de le planche à droite, une petite souris dans
un trou.
Contenu latent potentiel Opposition puissance-impuissance : Relation à une image
de puissance phallique (lion = roi des animaux) ou
d’impuissance/ruse (petite souris, vieux lion avec canne).
Registres de conflictualisation 1) Fondements de l’identité : Accès aux oppositions gros-
petit, dominant-dominé, actif-passif (différenciations
identitaires). Versus confusion des rôles et des repères.
2) Elaboration de la position dépressive :
3) Mise en place de l’axe relationnel (oedipien) : Relation
entre lion et souris se noue en termes plus ou moins
compétitifs, plus ou moins érotisés. 3 - 4 ans : omission
souris fréquente (perception) et 8 ans : absence souris rare.
Pour les enfants consultant pour troubles divers on voit de
moins bonnes réactions de défense vis-à-vis du lion qui
éveille la crainte
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La planche 4
La planche 5
Contenu manifeste Dans une chambre sombre, un petit lit avec 2 oursons dedans.
Derrière, un grand lit dont les couvertures semblent soulevées
Contenu latent potentiel Prégnance d’éléments symboliques libidinaux
Curiosité sexuelle (culpabilité, angoisse…) Jeux entre enfants.
Sentiment de solitude ou d’abandon face au couple parental.
Registres de conflictualisation 1) Fondements de l’identité : Si difficulté identitaire ou
menace de désorganisation : difficulté d’individuation des
oursons
Pétrification pulsionnelle et Fantasmes destructeurs
2) Position dépressive : Si élaboration de la position
dépressive trop pénible, accent est mis sur l’absence,
l’abandon, le dénuement. éléments sensoriel et supports.
L’enfant déplace sur l’environnement son besoin de repères,
ce qui lui permet d’éviter les affects dépressifs (Boekholt).
3) Mise en place de l’axe relationnel : dépression dans
contexte relationnel, affect pénible lié : au vécu d’exclusion par
rapport au couple parental ; à la culpabilité qu’entraînent
pulsions voyeuristes. Grande enfance : récits construits autour
de l’interdit se rapportant aux pulsions ou aux stratégies
envisagées pour le contourner
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La planche 6
Contenu manifeste Une grotte obscure dans laquelle on voit plus ou moins 2 grands
ours. Devant, un petit ours couché, yeux ouverts, et des feuilles
Contenu latent potentiel Renvoie à la curiosité sexuelle et au rapprochement des parents.
Difficultés d’endormissement, peur de l’obscurité…
Registres de conflictualisation 1) Fondements de l’identité : délimitation espaces internes et
externes et fantasmes de destruction et d’engloutissement
2) Elaboration de la position dépressive : Thématique de
perte d’objet et d’abandon dans un contexte oral (dénutrition).
3) Mise en place de l’axe relationnel : Modalités «
oedipiennes » réactivées : Curiosité sexuelle à l’égard du
couple parental. Déplacement de la curiosité envers l’extérieur
à « interdit » de l’exploration donné par la mère.
La planche 7 La planche 8
La planche 9 La planche 10
Contenu manifeste Un petit chien, couché à plat ventre sur les genoux d’un grand
chien. À droite un cabinet et des serviettes de toilette.
Contenu latent potentiel Rapproché corporel dans un contexte d’apprentissage de la
propreté (analité). Situation de contrainte/transgression.
Relation agressive parent/enfant, dialectique bêtise-punition.
Données développementales Etude avec 20 enfants de 4-5 ans. Contrairement à ce qui est
récentes prévu selon la description des sollicitations latentes, 16 enfants
sur 20 (80 %) n’ont pas reconnu le contexte transgressif de la
planche ou la dialectique bêtise/punition qu’elle suscite.
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C.BRUFFAERTS EPEA 2021-2022
Pour débuter, on va se concentré sur une observation réalisée par Freud : le jeu de la bobine («
Au-delà du principe de plaisir »). Il a observé un garçon de 18 mois avec des rapports excellents
avec son entourage et qui était gentil caractère. Il était très attaché à sa mère mais ne pleurait
pas pendant ses absences. Il avait pour habitude de lancer tous les petits objets dans le coin de
la pièce dont une bobine de bois entourée de ficelle. Le jeu complet comporte 2 actes :
disparition (o-o-o : fort = parti, loin) et réapparition (da = voilà).
Ce jeu de la bobine est un jeu symbolique de distanciation-rapprochement du jouet :
Transformation situation passive (« tu m’abandonnes ») en rôle actif (« je te jette »).
Répétition : à la fois manifestation du principe de plaisir et mécanisme cathartique.
Démarche jubilatoire de maîtrise à travers réappropriation absence-présence de la
mère…
3.1.2 Les types de jeu
Comme le souligne entre autres Piaget et Wallon, il existe différents types de jeux :
Jeux fonctionnels : constitués par activité sensorimotrice.
Jeu libre, gratuit et créateur (jeux de fiction et jeux symboliques) : jouer à la poupée,
à la voiture, à la bobine, jouer au docteur, à l’infirmière. Ce type de jeu se base sur la
notion de playing de Winnicott (1971) : « cette aire où l’on joue n’est pas la réalité
psychique interne. Elle est en dehors de l’individu, mais elle n’appartient pas non plus
au monde extérieur. Dans cette aire, l’enfant rassemble des objets ou des phénomènes
appartenant à la réalité externe et les utilise en les mettant au service de ce qu’il a pu
prélever de la réalité interne ou personnelle. »
Game : jeu des règles (cf. jeu de société).
Gamble : jeu de hasard.
Il faut noter que le jeu fait partie intégrante de la vie et du développement de l’enfant : jeu et
développement sont liés dans une interaction permanente !
3.1.3 Significations et fonctions du jeu : pourquoi l’enfant joue-t-il ?
L’enfant joue pour de multiples raisons (cf. Erikson, Freud, A., Freud, S., Klein, Lebovici et
Soulé, Winnicott…) :
par plaisir (excitation, rire, joie)
par besoin (jouer est un besoin naturel chez l’enfant) pour créer et imaginer (valeur
créative)
pour agir sur le monde (fonction active) et mieux le représenter (illusion de maîtrise)
: ex. « en déposant qqs blocs les uns sur les autres, je me retrouve face à une petite tour
!» (J. Bruner).
Pour accroître et intégrer expériences
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C.BRUFFAERTS EPEA 2021-2022
Pour mieux connaître son corps (par ex. jouer au docteur pour satisfaire curiosité
sexuelle)
Pour se donner des sensations corporelles (ex. jeu de balançoire)
Pour rechercher des limites corporelles
Pour exprimer ses émotions et les conflits : par ex. agressivité s’exprime par « langage
du corps/dans l’action » comme lancer son ourson par terre, déchirer un dessin, attaquer
un « frère-jouet »…
Pour maîtriser ses émotions : Déplacement des émotions sur les objets/jouets ; fonction
de « soupape émotive », soulagement lié à symbolisation. Avantages : pulsions
agressives « déplacées » sont mieux acceptées. En jouant, les pulsions et angoisses sont
mieux intégrées : par ex. transformer angoisse en plaisir : jeu de fort-da
Pour s’identifier aux autres (satisfait le désir de se comporter comme les « grands »
Pour entrer en contact avec les autres (valeur relationnelle : jeu permet de se
rencontrer et de se séparer)
Pour apprendre les règles (valeur socialisatrice) …
Se construire sur le plan cognitif : Ex. rôle du jeu symbolique dans le développement
de l’intelligence (théorie de l’esprit).
3.1.4 Rappel sur le développement de l’imagination : repères
À 18 mois, l’enfant est dans des actions symboliques (fait comme s’il buvait) (versus TSA). Le
jeu est relatif à la routine quotidienne et l’enfant a un rôle actif dans des jeux de faire semblant.
À 24 mois (2 ans), le jeu symbolique est encore relatif aux objets présents : avec poupées,
animaux… Le jeu de « faire semblant » dépasse la routine (enfant simule repassage) – et on
voit l’apparition de séquences dans le jeu symbolique (script : « nourrir poupée, la bercer, la
mettre au lit »).
À 36 mois (3 ans) le jeu symbolique est « planifié » et annoncé et l’enfant symbolise les objets
(bloc = auto).
À 48 mois (4 ans), le « faire semblant » se fait en compagnie d’autres enfants. On retrouve des
jeux de rôle plus complexes et plus longs.
À 60 mois (5 ans), on observe des petites mises en scène et des négociations des rôles et du
jeu. Le langage est important !
En conclusion, le jeu est associé à différentes fonctions et a un impact sur différentes facettes
du développement (corporel, affectif, imaginaire, social, cognitif …) de l’enfant !
3.2 Fonctions du jeu dans l’examen psychologique
Dans l’examen psychologique, le jeu rempli plusieurs fonctions. Il est tout d’abord un outil
d’expression pour l’enfant mais aussi un outil diagnostique (grille de Boekholt). C’est
également un outil thérapeutique (décharge, régression, effet cathartique, « expérience
émotionnelle correctrice »). Il y a une similitude entre les mécanismes mis en jeu face aux
épreuves projectives et les phénomènes transitionnels (Winnicott : aire transitionnelle ou
intermédiaire, « playing »).
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3.3 Le Scéno-test
À Berlin en 1938, von Staabs, un neuropsychiatre, met en place un matériel de jeu avec des
objectifs diagnostiques (épreuve projective - thématique et expressive) et une visée
thérapeutique. Cependant, le Scéno-test proposé par l’allemand n’a jamais fait objet d’études
systématiques lui conférant un réel statut de « test ». Malgré tout, il est très prisé en clinique
infantile par les psychologues et thérapeutes.
3.3.1 Matériel manifeste
Le Scéno-test se compose d’une boîte attractive avec des jouets concrets et divers. Elle contien
notamment des figurines humaines avec des différences de sexes et générations. On retrouve
des enfants, des bébés, des adultes et des personnes âgées. La boîte contient aussi des figurines
parahumaines comme des nain, des anges et certains animaux mythiques mais également des
figurines animales aussi bien familiers et inoffensifs, que des animaux réputés agressifs et
dangereux. On y trouve aussi des éléments végétaux et des objets de l’univers quotidien de la
maison (stéréotypes) et des objets de construction non figuratifs (des blocs).
3.3.2 Indication et consigne du Scéno-test
Le Scéno-test est indiqué pour les enfants âgés de 3 ans jusqu’à 10-12 ans. Ce test propose une
investigation du psychisme d’enfants très jeunes, immatures ou rencontrant des difficultés de
communication verbale qui compliquent passation des épreuves projectives classiques.
À l’époque de von Staabs, la consigne était : « construis quelque chose à l’aide du matériel
disponible, construis ce qui te passe par la tête ». Aujourd’hui, on module la consigne d’après
la situation et on la note. Si l’enfant est inhibé, on peut dire et/ou montrer qu’il y a des jouets
dans la boîte, demander de trouver les animaux, les poupées, les arbres… afin de stimuler la
curiosité. Pour les petits (3-5 ans), la consigne est généralement superflue : l’exploration de la
boîte s’effectue spontanément. On rencontre une difficulté à délimiter l’aire de jeu et
interrompre l’activité.
3.3.3 Fondements théoriques et méthodologiques Scéno-test
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L’observation est une temps descriptif qui observe le déroulement global de l’épreuve et mode
d’adaptation de l’enfant. Il faut relever la prise de contact avec matériel, le mode de relation
avec clinicien, la motricité et coordination, la mobilisation intellectuelle et l’expression verbale.
3.4.2 Analyse des procédés de jeu
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La synthèse est un temps interprétatif pendant lequel le clinicien formule des hypothèses sur
le fonctionnement psychique de l’enfant. Une interprétation est l’attribution d’un sens à des
paroles, attitudes, événements, situations. Elle s’appuie sur un système référentiel qui est un
préalable nécessaire à la saisie compréhensive d’une situation. Le but de la synthèse est de
regrouper les procédés et de soulever les articulations défensives et les principaux registres de
problématiques.
Pour une interprétation qualitative et clinique, il faut de bonnes connaissances théoriques et
pratiques des épreuves. Il faut savoir repérer les procédés de jeu au sein de chaque rubrique.
C’est un premier aperçu descriptif et statique de l’éventail des modalités dont dispose l’enfant.
Il est nécessaire de tenir compte des données issues d’autres phases de l’examen. Il faut disposer
de connaissances en matière de psychologie et de psychopathologie de l’enfant et savoir ajuster
les concepts et les notions à la complexité de la réalité clinique.
Les hypothèses du fonctionnement psychiques s’appuient sur l’organisation formelle du jeu
(procédés, mode d’expression pulsionnelle), les défenses (moins élaborées, liées à l’élaboration
de la position dépressive, de type névrotique) et les registres de problématiques (identité,
élaboration de la position dépressive, accès au conflit œdipien).
Pour valider la démarche diagnostic, il faut une comparaison avec autres épreuves de nature
différente (« multiméthodes ») et noter la répétition des observations dans le temps (évolution
des constations initiales ?).
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Le dépouillement du jeu peut mettre en évidence la possibilité qu’a l’enfant à se situer dans une
aire transitionnelle. L’enfant ou adolescent peut-il :
« projeter sans être débordé par ses fantasmes » ?
« s’adapter sans stéréotypie » ?
« jouer à mi-chemin entre le réel et l’imaginaire » ?
« investir matériel en tant qu’objet réel et concret tout en apportant des significations en
fonction de sa subjectivité et de son imaginaire ? »
Si oui, Boekholt parle d’aptitude à se mouvoir dans « l’aire transitionnelle ».
Il parle de « productions d’allure névrotique » si on observe un symbolisme des conduites et
transparence des problématiques ou qu’une activité ludique se déploie dans l’aire transitionnelle
(« faire semblant », « comme si ») et s’appuie à la fois sur réalité du matériel et sur richesse de
la vie fantasmatique.
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À l’inverse, nommer le trouble soupçonné peut procurer un soulagement et mettre fin à une
errance diagnostique (Galinowski, 2011) (par ex. pour les états-limites ou troubles de l’attention
avec hyperactivité).
On peut voir apparaitre un sentiment de culpabilité : « Certains parents ne peuvent s’empêcher
de se sentir coupables ; d’autant plus si l’origine génétique du trouble (…) est établie, mais
aussi tout simplement en se reprochant de ne pas avoir compris plus tôt ou d’avoir eu des
réactions inadéquates. » (Wodon, 2009). Cependant, l’attribution externe des symptômes peut
également diminuer la culpabilité. Par exemple recevoir le diagnostic de « trouble bipolaire »
permet d’attribuer l’irritabilité et les dépenses excessives aux fluctuations de ce trouble et non
à la malignité du sujet. (Galinowski, 2011)
Ensuite, on peut retrouver de l’incompréhension et une difficulté à penser ou encore du refus
et du déni : les explications ne sont pas entendues, par ex. « Ce qu’on me dit est faux, je n’en
tiens pas compte » (je ne prends pas les médicaments prescrits).
On observe également de la colère : Pourquoi mon enfant ? Pourquoi ma famille ? « La colère
peut se déplacer progressivement vers l’école qui ne comprend pas ou vers les familles qui font
preuve d’antipathie » (Wodon, 2009). Il y a aussi la solitude : « La solitude fait (…) son
apparition face à l’isolement social, face au manque d’information et à l’absence de moyens
thérapeutiques efficaces (…)» (Wodon, 2009).
Enfin, on peut voir apparaitre un clivage : « c’est un mauvais psy qui prétend que mon enfant
ait cette maladie, je vais en consulter un meilleur » ou une projection : le sujet ou le parent
attribue à autrui la responsabilité de la maladie : ex. « Mes parents auraient dû m’adresser à un
psy dans mon enfance… », « L’autisme de mon enfant est un effet secondaire des vaccinations
donnés par le pédiatre ».
5.2 Le diagnostic comme traumatisme et comme phase de deuil
Recevoir un diagnostic grave dont on peut traiter les symptômes mais non guérir, peut être un
traumatisme. Le traumatisme de l’annonce s’inscrit dans la mémoire autobiographique :
souvent, il y a un avant et un après. (Lambotte, De Coster, De Gheest, Galinowski, 2011,)
Le diagnostic peut entrainer une phase de deuil de certaines représentations : « Voir la détresse
de son enfant, mais aussi être confronté à la différence, forcent les parents à tout remettre en
question. Leur enfant n’est pas l’enfant « idéal ». Il va falloir retravailler cette image et lui
permettre de se superposer à l’image réelle de l’enfant. Il va falloir accepter de changer ses
méthodes éducatives. Le quotidien sera loin d’être facile ». (Wodson, 2009)
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