Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Marie-Liesse Perrotin
Introduction
Selon Pédinielli (2015 p.47), l’étude de cas est « un mode de travail clinique
permettant le recueil (voire l’accueil) de données concernant un sujet ; ces
données doivent être:
- riches (critère du maximum d’informations),
- diversifiées (critère de la multiplicité des sources),
- subjectives (critère de la représentation du problème par le sujet),
- étendues (critère de la totalité et de l’histoire).
Selon Revault d’Allonnes, l’étude de cas « vise (en effet) à dégager la logique
d’une histoire de vie singulière aux prises avec des situations complexes
nécessitant des lectures à différents niveaux, et mettant en œuvre des outils
conceptuels adaptés. De ce fait, elle n’est plus essentiellement référée à
l’anamnèse et au diagnostic et se dégage des contraintes d’une psychologie
lOMoAR cPSD| 30873206
Voici une synthèse du plan de rédaction d’une étude de cas (lequel correspond à
la démarche de recueil et d’analyse des informations) couramment suivi. Pour
distinguer la démarche en situation d’entretien et l’étude de cas proprement dite,
cette dernière est appelée rapport écrit.
1) Analyse sémiologique
Rappel:
Ouvrages utiles :
Lévy-Soussan, P. (1994). Psychiatrie. Paris: Med-Line, Estem.
Hanus, M., Louis, O. (2010). Psychiatrie pour l'étudiant. Paris : Maloine.
Hardy-Baylé, M-C. (2008). Le Diagnostic en Psychiatrie. Paris : Armand Colin,
Coll. 128
- Sémiologie de la personnalité :
Il s’agit de relever les signes (ou traits) relatifs à la personnalité du patient (ex:
théâtralisme )
Rappel:
lOMoAR cPSD| 30873206
-Résultats des tests ou échelles : Ils sont à mentionner si ce type d’outils a été
utilisé lors du ou des entretiens.
2) Hypothèses diagnostiques
Il s’agit de présenter des hypothèses diagnostiques portant sur le trouble ou la
personnalité et de les justifier brièvement.
lOMoAR cPSD| 30873206
Vignette clinique
Monsieur H., 46 ans, est adressé par son gastro-entérologue pour un suivi
psychologique destiné à « réduire l’anxiété du patient et à faciliter la prise en
charge médicale. »
En effet, un mois auparavant, Monsieur H., alerté par de brusques saignements
accompagnant des troubles digestifs et des douleurs intestinales, appelle d’abord
SOS Médecin, pour se rendre ensuite aux urgences, de son propre chef, à deux
heures du matin. Là, l’annonce que les examens exploratoires ne seraient
pratiqués que le lendemain déclenche chez monsieur H une vive angoisse
accompagnée de revendications à l’adresse de toute l’équipe médicale. La
coloscopie effectuée, malgré tout, le lendemain matin révèle alors la présence de
polypes dans le gros intestin, sclérosés immédiatement pendant l’examen. De
retour à son domicile, après une surveillance de vingt-quatre heures, Monsieur
H. entreprend donc de téléphoner à son médecin pour connaître les résultats de
la biopsie, et cela, bien que ce dernier lui ait notifié un délai d’attente d’une
semaine. Recevant enfin les résultats - négatifs- le médecin croit alors rassurer
définitivement monsieur H. en les lui faxant. A sa grande surprise, ce dernier est
cependant de retour à l’hôpital le lendemain, inquiet d’une possible erreur
d’examen du laboratoire, tourmenté par l’éventualité de séquelles, se plaignant de
constipation et souhaitant même prendre rendez-vous pour « une coloscopie de
contrôle dans quinze jours. »
En reprenant ces éléments à la demande de la psychologue, Monsieur H. se montre
très critique à l’égard des soignants : « Ils n’y connaissent rien, si on les harcèle
pas, ils ne vous disent rien. Je ne suis pas du tout rassuré, le gastro est jeune, il
n’a pas l’air très compétent… Je lui ai demandé de me faire un bilan et
lOMoAR cPSD| 30873206
une ponction lombaire pour voir si je n’ai pas une maladie auto-immune associée
aux polypes, il n’a rien voulu savoir ! Pourtant, cela pourrait être la maladie de
Crohn ou une rectocolite hémorragique… De toute façon, je vais faire transférer
mon dossier dans une clinique dont on m’a parlé où il y a de vrais spécialistes et
où on peut se faire entendre… parce que des polypesseulement je n’y crois pas…
Et si j’ai un cancer du côlon, il faudrait s’en occuper tout de suite. Ils n’ont même
pas d’IRM ! Dans le doute, je vais faire prolonger mon arrêt maladie, de toute
façon, je suis trop stressé pour travailler. »
Monsieur H. poursuit de la sorte pendant vingt minutes et se montre
particulièrement prolixe dans la description de ses symptômes : « Cela irradie
dans tout le ventre comme un feu qui s’embrase ou un lever de soleil, des fois, j’ai
l’impression que l’on me brûle le côté droit avec un chalumeau… »
La psychologue recueillera cependant un certain nombre de renseignements
complémentaires : Monsieur H. est l’aîné d’une fratrie de trois garçons tous bien
portants, il est célibataire : « Je ne supporterais pas de vivre avec quelqu’un, j’ai
trop de manies et je n’aime pas que l’on touche à mes affaires ou alors il me
faudrait une femme comme ma mère, très soigneuse et ordonnée mais je n’ai pas
encore trouvé la perle rare (rires) » ; et partage son temps entre son métier
d’architecte : « Cela se passe bien, surtout si c’est moi qui gère … sauf pour
rendre à temps… On me reproche souvent le temps que je prends, ça c’est un
échec… mais je ne peux pas faire vite et bien, il faut choisir ! » et un loisir qu’il
partage avec son père : les reproductions des monuments de France en allumettes,
disposées sur une gigantesque carte de France qui couvre toute la surface du
grenier de ses parents. Cette activité débutée il y a quatre ans est l’occasion pour
Monsieur H. de se rendre dans sa famille tous les dimanches :
« J’adore cela, les maquettes, c’est tout à la fois une activité, un art et une
discipline. Bon, il est certain que c’est contraignant aussi, cela me prend
pratiquement tout mon temps de repos. Mais je n’ai pas le choix, il faut que je
termine ce projet et je tiens à ce que ce soit bien fait, sinon, ce n’est pas la
peine. Ah, j’en ai détruit des maquettes ratées ! (rires) même mon père voulait les
garder, il est moins méticuleux que moi finalement. Mais l’échec, ç’ aurait été de
les garder justement… »
Rapport écrit (rubriques correspondant à celles qu’il vous faut renseigner dans le
devoir facultatif).
célibat, cette information, croisée avec d’autres, peut enrichir l’approche des
processus psychiques.
Monsieur H. a 46 ans. Il est l’aîné d’une fratrie de trois garçons. Il est architecte
et célibataire et occupe son temps libre à fabriquer des maquettes en allumettes
des monuments français avec son père.
- Motif de la consultation : Ici, il est important de préciser que le patient n’a pas
exprimé de demande personnelle car c’est une indication précieuse concernant la
proposition thérapeutique que vous avez à faire.
Monsieur H. a sollicité cette consultation sur la suggestion de son gastro-
entérologue qui pense qu’un travail thérapeutique devrait réduire son anxiété et
faciliter la prise en charge médicale. Mr H. n’exprime toutefois aucune demande
en propre et semble plutôt considérer l’entretien comme une occasion d’exposer
une nouvelle fois ses griefs envers la médecine. Il paraît également avoir à cœur
de rallier la psychologue à sa cause : faire reconnaître le fait qu’il est atteint d’une
grave maladie.
- Eléments médicaux : Cette rubrique est nécessaire à renseigner ici compte tenu
de la participation des éléments médicaux au trouble psychique de M.H, et
également dans la mesure où elle offre la possibilité de signifier le discord
observable entre l’état de santé réel de M.H. et ses angoisses disproportionnées.
(A l’examen, il ne vous serait pas demandé d’avoir ces connaissances médicales).
Présence de polypes dans le gros intestin qui ont été sclérosés au cours de la
coloscopie. Cette pathologie est relativement bénigne mais nécessite une
surveillance au long cours dans la mesure où les polypes peuvent réapparaître et
devenir malins. Cependant, ceci représente seulement une éventualité et, à ce titre,
et surtout au vu des résultats de la biopsie, les vives inquiétudes de Monsieur H.
paraissent être démesurées.
- Antécédents personnels : Concernant cette rubrique, il est possible soit de
spécifier qu’aucune information à ce sujet n’est donnée soit de se risquer à faire
une hypothèse sur la foi de possibles déductions. Il ne convient pas, en revanche,
d’inclure ici des éléments qui relèveraient du trouble de lapersonnalité puisque
ce dernier est nécessairement ancien et persistant.
Nous ne disposons d’aucun élément concernant d’éventuels antécédents
somatiques chez Mr H. (point qui resterait à explorer dans un entretien ultérieur).
En revanche, eu égard entre autres à ses connaissances médicales, nous pouvons
supposer que son fonctionnement probablement hypochondriaque est ancien. Et
nous constatons par ailleurs que ce fonctionnement ne cède pas devant une réalité
morbide : les polypes.
lOMoAR cPSD| 30873206
2) Hypothèses diagnostiques :
a) sur le trouble :
Au vu des symptômes relevés M.H. semble souffrir d’une hypochondrie ou à tout
le moins d’un épisode hypochondriaque si l’on tient compte du fait que son
trouble, autant qu’on le sache, n’est présent que depuis un mois. Il en présente, en
effet, tous les signes cliniques selon la nosographie classique.
b) sur la personnalité :
Au vu des traits de personnalité relevés M.H paraît présenter, selon la
nosographie classique, une personnalité obsessionnelle à nette prédominance du
pôle anankastique. On identifie, en effet, traits sur relevant de ce pôle et un trait
renvoyant au pôle psychasthénique.
- Diagnostic différentiel (sur le trouble) : Il convient pour chaque trouble
envisagé –lequel ne peut l’être, je le rappelle, que sur la foi d’un doute raisonnable
(par exemple ne serait-ce qu’en raison de son âge, on n’envisagera pas ici un début
de schizophrénie chez M.H. qui, par ailleurs, n’en manifeste aucun symptôme)-
d’expliquer clairement pourquoi on pourrait penser à cetrouble mais pourquoi on
ne le retient pas.
Compte tenu des douleurs persistantes de M.H nous pourrions penser à une
conversion somatique, cependant, étant donné l’absence de théâtralisation, de
séduction et de belle indifférence et eu égard au bilan médical initial positif nous
écartons la conversion. M.H. souffre plus probablement de douleurs séquellaires
majorées par son angoisse hypochondriaque.
De même, nous écartons le Trouble somatisation car nous n’avons pas
connaissance d’antécédents de plaintes somatiques multiples ayant débuté avant
les trente ans de M.H.
Par ailleurs, Monsieur H. ne répond pas tout à fait aux caractéristiques du patient
psychosomatique qui se signale, entre autres par son laconisme et ses descriptions
opératoires des troubles. Mr H. donne plutôt une description très
lOMoAR cPSD| 30873206
imagée de ses symptômes, mais il semble cependant peu en lien avec sa vie
fantasmatique : ce point reste donc à investiguer, ainsi que celui du contexte
d’apparition des polypes (événement traumatique ?), car en l’absence de ces
informations, leur étiologie demeure relativement opaque. Nous ne disposons
donc pas d’éléments nous autorisant à diagnostiquer une maladie
psychosomatique.
Enfin, nous pouvons également éliminer le trouble factice, M.H. ne pouvant être
tenu pour responsable de ses polypes et ses douleurs et sa constipation ne relevant
pas de pathomimies.
Au vu de ses symptômes et nonobstant sa pathologie organique avérée, Monsieur
H. semble donc présenter une hypocondrie.
3) Analyse psychopathologique
Rappel:
Elle peut se composer de différents niveaux qui sont fonction des référentiels
théoriques et des obédiences des cliniciens et correspondent à des modes de
lecture différents.
En effet, l’analyse psychopathologique dépend étroitement d'un modèle de
compréhension, et, c’est bien l'orientation théorique du clinicien qui nourrit le
plus souvent cette analyse (et nourrit déjà le recueil sémiologique).
Cette analyse relève de choix qui ne font pas l’unanimité, mais même s’il existe
des débats entre les tenants des différents paradigmes, nombre de modèlesutilisés
en psychopathologie correspondent souvent à des niveaux d'approche distincts et
ne se contredisent donc pas nécessairement.
Les troubles psychiques sont, en effet, suffisamment complexes pour ne pas
relever d'une causalité simple ou unique, et de nombreux facteurs peuvent
contribuer à tel ou tel trouble, le poids de ces facteurs étant variable suivant le
sujet concerné et le moment évolutif du trouble.
Par exemple, dans un syndrome dépressif, des facteurs biologiques,
psychologiques ou sociologiques peuvent être intriqués, leurs poids respectifs
étant fonction de l’histoire du sujet (associée à une vulnérabilité plus ou moins
lOMoAR cPSD| 30873206
Comme précisé plus haut, nous nous en tiendrons ici à rappeler des éléments de
base de la métapsychologie freudienne et à développer l’analyse structurale
(Bergeret). Mais vous pourrez d’ors et déjà vous initier plus amplement à
l’approche métapsychologique en consultant par exemple l’ouvrage: 15 cas
cliniques en psychopathologie de l'adulte de Nathalie Dumet et Jean Ménéchal
(2ème édition) chez Dunod, 2014. (PDF à télécharger dans la section
« Bibliographie »)
Rappel:
Rappel:
L e s t r o u b l e s m e n t a u x p e u v e n t d o n c ê t r e e x p l i q u é s en
relation avec la présence d’une structure psychique particulière qui s’organise
ou se « cristallise » au cours du développement postnatal.
lOMoAR cPSD| 30873206
Attention : Il ne faut pas oublier qu’un sujet peut faire montre de caractéristiques
psychiques appartenant à des lignées structurelle ou organisationnelle différentes
(ex : un individu chez qui coexiste refoulement et forclusion)
° L’instance dominante :
Rappel:
-Le Moi est une instance relativement autonome qui se pose en médiateur entre
les revendications pulsionnelles et les exigences de la réalité et du Surmoi. Il
constitue le pôle défensif de la personnalité puisqu’il mobilise des mécanismes
de défense (en grande partie inconscients) en réaction à un affect déplaisant. Il a
également une fonction princeps : celle de lier les processus psychiques
(Laplanche et Pontalis, 1967).
C’est donc l’instance qui assure l’unité, la cohésion et l’intégrité de la
personnalité. A partir des pulsions, il va générer un désir qu’il va s’efforcer de
concilier avec la Loi et la réalité puisque seule instance à être en contact avec le
système de perception du monde extérieur, il est l’ambassadeur de la réalité. Il est
donc soumis au principe de réalité: capacité à moduler, différer la satisfaction
pulsionnelle en fonction d’exigences en lien avec le monde extérieur.
Rappel:
Freud (1920) oppose finalement deux types de pulsions: les pulsions de vie qui
recouvrent les pulsions sexuelles et les pulsions d’auto-conservation et les
pulsions de mort (dirigées vers soi: autodestruction, vers l’extérieur: agression,
destruction).
Rappel:
Le complexe d’Oedipe s’étend entre trois et six ans. L’objet de la pulsion est alors
total et sexué. L’enjeu est d’obtenir une relation exclusive avec l’objet d’amour
nécessitant la disparition du parent rival. Ce stade se spécifie donc par un double
mouvement:
Chez le garçon, le premier objet d’amour est la mère. Mais la perception d’une
absence de pénis chez celle-ci et le constat de l’existence de son propre pénis et
de celui de son père génèrent une angoisse de castration, c’est-à-dire la crainte
lOMoAR cPSD| 30873206
qu’en représailles de son désir d’amour exclusif pour sa mère, son père ne le
castre. Cette angoisse de castration va inciter l’enfant à renoncer à ce désir
d’amour exclusif et à s’identifier à son père ce qui lui ouvrira la possibilité de
trouver d’autres objets d’amour.
Chez la fille, le premier objet d’amour est également la mère, mais la perception
de l’absence de pénis chez cette dernière va entraîner un glissement de
l’investissement amoureux vers le père (détenteur du pénis). Elle désire alors
que le père lui donne un équivalent symbolique du pénis: un enfant. D’où les
désirs incestueux envers le père et l’agressivité dirigée contre la mère qui ne lui
a pas donné de pénis. Toutefois, l’enfant ne peut pas désinvestir totalement sa
mère en tant qu’objet d’amour et ses sentiments agressifs envers elle génèrent une
culpabilité importante.
La résolution de l’Oedipe s’exprime par l’identification au parent du même sexe
après renonciation aux désirs incestueux. Chez le garçon l’angoisse de castration
permet donc potentiellement la résolution de l’Oedipe alors que chez la fille le
complexe de castration marque l’entrée dans l’Oedipe, de ce fait plus
difficilement résolutoire. Si les sentiments hostiles à l’égard de la mère sont trop
forts, l’identification devient, en effet, problématique. (Bioy, Fouques, 2008).
Retenons qu’un Oedipe structurant débouchera sur une distinction claire des sexes
et des générations et l’existence d’interdits bien intériorisés alors qu’un Oedipe
peu structurant organisera une faiblesse des processus de différenciation, une
tendance à la confusion et des interdits peu intériorisés.
Rappel:
Le narcissisme
Le concept de narcissisme réfère au mythe de Narcisse. Ce dernier, fils du dieu
du fleuve Céphise et de la nymphe Liriopé s’éprit un jour follement de lui-même
en contemplant pour la première fois son reflet dans une source. Devenu vaniteux
et autosuffisant, Narcisse conduisit la nymphe Echo au suicide en ne répondant à
son amour que par du dédain et de l’indifférence. Le narcissisme exprime donc
l’amour porté à l’image de soi-même.
Chez Freud, ce terme est employé en 1911 pour qualifier un stade évolutif situé
entre l’auto-érotisme et l’amour objectal, puis en 1916 pour décrire une forme
d’identification à l’objet participant à la formation du Moi (Laplanche et Pontalis,
1967). Cette dernière conception ouvrira sur la distinction entre narcissisme
primaire et secondaire.
En effet, selon Freud, le narcissisme primaire désigne l’état précoce où l’infans se
prend lui-même comme objet d’amour, avant d’investir sa libido sur des
objets extérieurs.
Le narcissisme secondaire, construit sur la base du narcissisme primaire, définit
quant à lui, “ le retournement sur le Moi de la libido, retirée de ses investissements
objectaux ”. Le narcissisme secondaire permet donc une répartition des
investissements libidinaux tant sur le Moi que sur les objets extérieurs ainsi que
la constitution d’une formation narcissique pérenne : l’Idéal du Moi (Laplanche
et Pontalis, 1967).
Au delà du fonctionnement normal, le concept de narcissisme a permis à Freud
d’aborder les problématiques de la psychose. Il est actuellement essentiel à la
compréhension de toutes les pathologies du narcissisme dont les états-limites.
-Le Moi Idéal est défini comme un idéal de toute puissance narcissique forgé
sur le modèle du narcissisme infantile. Selon certains auteurs, ce serait une
instance génétiquement antérieure au Surmoi (Laplanche et Pontalis, 1967).
Il correspond au vécu de toute puissance du nourrisson et s’efface normalement
au profit du Moi et du Surmoi quand ces derniers sont bien constitués.
Rappel
Âge
Âge Zone Mode de Relation Mécanismes
érogène plaisir d’objet de
défense
0 à 1 an Orale Sucer Mère, Introjection Ça +++
cavité Incorporer
comme 1er puis premières Émergence du
primitive ———— objet non identifications Moi encore
passive Mordredifférencié Projection très faible et
————- Déchiqueter —————- Régression- passif
(cannibalisme) fixation
puis active Ambivalence
(dentaire) vis-à-vis du
1er objet
différencié
1 à 3 ans Anale Expulser Projection Le Moi se
précoce Rejeter- Identification renforce (->
—————- détruire Ambivalence (en Moi Idéal
tardive maximum particulier à mégalomane
Retenir- l’agresseur) narcissique)
contrôler- Régression- Surmoi
posséder Fixation archaïque
(Dé)négation très agressif
et sadique
3 à 6 ans Urétrale Expulser Narcissique Tous les Ça-Moi et
Phallique Retenir puis mécanismes Surmoi
(clitoridienne Toucher Relation du Moi définitif
chez la fille) Regarder triangulaire apparaissent, (oedipien).
S’exhiber oedipienne et en Les
(complexe particulier le identifications
refoulement, se font avec
d’Oedipe)
les formations l’idéal du Moi
réactionnelles,
les
déplacements
et la
sublimation
lOMoAR cPSD| 30873206
° Le conflit :
Rappel:
b) le conflit intersubjectif
-entre enfant et adulte
-entre deux adultes
La psychanalyse oppose et articule les plans intrapsychique et intersubjectif.
Ouvrage utile :
Ionescu, S., Jacquet, M_M., Lhote, C. (2005). Les mécanismes de défense.
Théorie et clinique. Paris : Armand Colin
lOMoAR cPSD| 30873206
Rappel:
Le terme de défense apparaît pour la première fois en1894 sous la plume de Freud
dans un article intitulé « Les psychonévroses de défense ». Mais, c’est en 1926
que l’auteur en donnera cette définition : « … tous les procédés dont sesert le
moi dans les conflits susceptibles d’aboutir à une névrose… ». Freud décrira dans
l’ensemble de son œuvre dix mécanismes de défense : le refoulement, la
régression, la sublimation, la formation réactionnelle, la projection, le
retournement contre soi, la transformation en son contraire, l’introjection (ou
identification), l’annulation rétroactive et l’isolation. Par la suite, d’autres auteurs
dont Anna Freud et Mélanie Klein apporteront une large contribution à la question
des mécanismes de défense. On dénombre d’ailleurs aujourd’hui plusieurs
mécanismes de défense. (Ionescu et al. 1997).
En effet, cette notion s’est considérablement développée et admet actuellement
différentes définitions.
-les pulsions qui, en tentant de pénétrer dans le conscient pour s’y satisfaire
entrent en conflit avec le moi ;
lOMoAR cPSD| 30873206
-les affects liés à ces pulsions qui peuvent être agréables ou déplaisants. D’autres
auteurs ajoutent que le moi peut également se défendre contre les représentations
auxquelles la pulsion est liée (souvenirs, fantasmes) ou contredes situations
capables de déclencher des pulsions déplaisantes pour le moi.
Selon Anna Freud toujours, quand le moi se défend contre les pulsions, ce peut
être pour trois raisons :
-parce qu’il craint le surmoi qui s’oppose à ce que les pulsions puissent devenir
conscientes et obtenir satisfaction,
-par peur réelle (c’est le cas d’un enfant qui considère la pulsion comme
dangereuse à l’aune des interdits parentaux qui portent sur sa satisfaction),
-par crainte que l’intensité des pulsions ne devienne excessive et que celles-ci ne
le débordent. Lorsqu’il se défend contre les affects, c’est parce que ces derniers
sont déplaisants.
-ne peut l’être que du point de vue du moi et non de celui du monde extérieur
-a pu satisfaire aux exigences : d’empêcher la pulsion interdite d’entrer dans la
conscience, d’écarter l’angoisse associée à la pulsion et d’échapper à touteforme
de déplaisir.
Toutefois, Anna Freud (1985) précise « qu’une défense réussie est toujours
quelque chose de dangereux car elle restreint excessivement le domaine de la
conscience ou de la compétence du moi, ou elle falsifie la réalité. Une défense
réussie peut donc avoir des conséquences néfastes pour la santé ou le
développement ultérieur. » (Ionescu et al. 1997)
Pontalis, 1967).
Ex : un homme qui refoule son homosexualité ressent de l’excitation à la vue
d’une publicité montrant un homme torse nu, il ressent le besoin zapper et de
trouver trois publicités montrant des femmes dévêtues et de s’exclamer, chaque
fois, trois fois « elle est bonne ».
Ex : un sujet conçoit sa mère dans le même temps toute bonne ou toute mauvaise
ou toujours bonne et son père toujours mauvais. Il est dans l’incapacité de
reconnaître qualités et défauts à l’objet.
Ex : un sujet en deuil parle de la mort de son proche mais continue de mettre son
couvert tous les jours aux repas.
pensées, sentiments, jusqu’ici refoulé, continue à s’en défendre en niant qu’il lui
appartienne ”. (Laplanche, Pontalis, 1967). ou "Refus de reconnaître comme
siens, immédiatement après les avoir formulés, une pensée, un désir, un sentiment
qui sont source de conflit." (Ionescu et al., 2005)
Ex : « Ma mère m’a encore fait une réflexion désagréable, je ne lui en veux pas
du tout, mais je me demande pourquoi elle s’acharne sur moi comme cela ». Le
sujet exprime en le niant le fait qu’il en veut à sa mère.
Ex: « J’ai des problèmes avec ma mère, mais qui n’en a pas! Il n’y a pas de famille
parfaite. Toutes les personnes que je connais sont en conflit avec leur mère.
D’ailleurs, j’ai lu dans un livre de psychologie, je ne me souviens plus du nom de
l’auteur, que c’était parfaitement normal. Il y a toute une théorie là- dessus, mais
vous devez la connaître mieux que moi.»
-Isolation : “ Mécanisme de défense, surtout typique de la névrose obsessionnelle,
et qui consiste à isoler une pensée ou un comportement, de telle sorte que leurs
connections avec d’autres pensées ou avec le reste de l’existence du sujet se
trouvent rompues. Parmi les procédés d’isolation, citons les pauses dans le cours
de la pensée, des formules, des rituels, et d’une façon générale, toutes les mesures
permettant d’établir un hiatus dans la succession temporelle des pensées ou des
actes ”. (Laplanche, Pontalis, 1967). »
Ex : un sujet traumatisé cligne des yeux systématiquement à chaque fois qu’il
prononce le nom de son agresseur pour chasser immédiatement les affects que
ce nom réactive en lui.
-Projection : “ (…) Opération par laquelle le sujet expulse de soi et localise dans
l’autre, personne ou chose, des qualités, des sentiments, des désirs, voire des
“ objets ”, qu’il méconnaît ou refuse en lui. Il s’agit là d’une défense d’origine
très archaïque et qu’on retrouve à l’œuvre particulièrement dans la paranoïa, mais
aussi dans des modes de pensée “ normaux ”, comme la superstition. (Laplanche,
Pontalis, 1967). ou "Opération par laquelle le sujet expulse dans le monde
extérieur des pensées, affects, désirs qu'il méconnaît ou refuse en lui et qu'il
attribue à d'autres, personnes ou choses de son environnement." (Ionescu et al.,
2005)
Ex : une femme érotomane désire son médecin mais dénie son désir et déclare que
ce médecin (à qui elle est en réalité indifférente) est amoureux d’elle. Elle
interprètera chacun des gestes du médecin en fonction de la projection première.
« Il m’aime, la preuve, il me sourit quand il vient me chercher dans la salle
d’attente ».
° La relation d’objet :
Rappel:
L’objet qualifie une personne en tant qu’elle est visée par les pulsions d’un
sujet.
° L’angoisse :
Ouvrage utile :
Bergeret, J. et al. (2008). Psychologie pathologique théorique et clinique. Paris :
Masson, coll. Abrégés.
4) Transfert/contre-transfert :
Ouvrage utile:
Neyraut, M. (2004). Le transfert. Paris: PUF, coll. Le Fil rouge.
Rappel:
Quand le transfert est plus installé, on le repère aux façons dont le patient
s’adresse au thérapeute (silence hostile, familiarité, froideur, questions intimes,
sollicitude etc.) aux absences (le patient rate des séances sans véritable raison),
aux actes manqués (la patiente oublie les clefs de son domicile dans le cabinet
du thérapeute), aux rêves (le patient rêve que sa thérapeute le sauve de la
noyade) etc.
Attention
De l’idéalisation de cette même mère qui représente une perle rare introuvable et
avec laquelle aucune femme ne peut rivaliser.
De la sublimation de ses pulsions agressives et libidinales dans son activité de
fabrication de maquettes, qualifiée « d’art ».
De la formation réactionnelle, sa méticulosité et son besoin d’ordre pouvant
s’entendre comme l’expression d’une tendance contraire au désordre et au laisser-
aller voire à la saleté.
Du déni de son état de santé réel. Nonobstant ses craintes, il n’a pas de maladie
grave.
Du clivage d’objet car le corps médical se partage entre les mauvais objets (les
médecins qu’il a vus, trop jeunes, incompétents etc.) et les bons objets (les vrais
spécialistes qu’il n’a pas encore rencontrés).
M.H semble donc utiliser préférentiellement le refoulement (des pulsions qui
contreviennent aux exigences de son surmoi) essentiellement observable via ses
déclinaisons.
Diagnostic : structure névrotique.
Conclusion : proposition thérapeutique :
La psychologue devra investiguer nombre de secteurs dans les entretiens
ultérieurs, et notamment ceux relatifs aux antécédents personnels et familiaux de
Mr H., à sa capacité à mentaliser, à sa vie affective et sexuelle etc. Mais elle devra
s’assurer auparavant de l’existence d’une demande chez le patient etobtenir son
adhésion pour la poursuite d’un travail thérapeutique. Notons que le manque de
mobilité psychique de M.H. n’est pas de très bon pronostic. Cependant, celui-ci
est peut-être lié à la crise que le patient traverse et au faitque l’angoisse mobilise
une grande part de son économie psychique. Au delà des angoisses
hypochondriaques, si le patient parvenait à formuler une véritable demande, une
thérapie verbale de type psychodynamique pourrait permettre de travailler la
problématique oedipienne, de même qu’une analyse, bien entendu, mais il
conviendrait dans les deux cas de veiller à ce qu’elles ne laissent pas le champ
libre à la propension à l’intellectualisation de M.H. qui auraitévidemment valeur
de résistance. S’il s’agissait de l’aider essentiellement à mieux gérer ses
angoisses, nous pourrions éventuellement envisager une thérapie
comportementale-cognitive. En revanche, du fait de son hypochondrie qui
s’accompagne nécessairement d’une écoute vigilante de ses signaux corporels, la
relaxation ou une thérapie corporelle seraient contre-indiquées.