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Polycop 6 : La recherche qualitative en psychologie 1

clinique
MEMO 1 — RECHERCHE EN PSYCHOLOGIE CLINIQUE

La recherche qualitative en psychologie clinique


Lydia FERNANDEZ
Université de Picardie, Jules Verne, Amiens

1.1. ETATS DES LIEUX ...........................................................................................................1


1.2. Le point de vue épistémologique.........................................................................3
1.2.1. Le statut accordé à l'objet............................................................................3
Le processus d'objectivation ..................................................................................3
Les critères de scientificité ....................................................................................4
L'objectivité .....................................................................................................4
La validité interne ou consistance interne.............................................................4
La validité externe ou transférabilité ...................................................................6
La fiabilité........................................................................................................6
Point de vue méthodologique ....................................................................................6
Emergence de l'objet de recherche.........................................................................7
La problématique .................................................................................................7
Le recueil des données..........................................................................................8
L'échantillon.....................................................................................................8
La collecte des données .....................................................................................9
L'analyse des données qualitatives....................................................................10
1.5. Quantification des données qualitatives.................................................................12
1.5.1. Quantifier les phénomènes cliniques............................................................12
Intérêts et limites de la mesure des phénomènes cliniques......................................13
1.6. Analyse quantitative des données qualitatives........................................................14
L'analyse automatique des données d'entretiens ....................................................15
L'analyse psychodynamique systématisée des données d'entretiens .........................15
Discussion.........................................................................................................16
Complémentarité des pratiques de recherche en psychologie clinique ..............................17
Le débat qualitatif-quantitatif : la vision dichotomique ...............................................20
La vision intégrative...............................................................................................21

BIBLIOGRAPHIE ...........................................................................................................23

1.1. Etats des lieux


La recherche en psychologie clinique est divisée entre "recherche clinique" et
"recherche en clinique", soit entre les critères certes assouplis, de la logique expérimentale
et ceux de la logique clinique. Cette opposition recouvre aussi en partie, la question du
référent psychanalytique dans les travaux de recherche. Trois positions apparaissent
actuellement dans la recherche en psychologie clinique (Pedinielli, 1994) :
Il est à la fois un paradigme et un ensemble théorique. La recherche est une réduplication
de la démarche clinique ou une élaboration a-posteriori de l'expérience clinique de l'écoute
d'un sujet;
Il convient de l'abandonner pour un éclectisme1 (comportemental, cognitif,
phénoménologique, écosystémique, biopsychosocial, etc.) plus propice à la mise en œuvre
de la démarche scientifique classique;

1
Pour un exposé des différentes approches en psychologie clinique et psychopathologie consulter l'ouvrage de Ionescu
(1995).

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Il constitue un ensemble de propositions théoriques (et non un paradigme) permettant la


compréhension du fonctionnement psychique de sujets humains. Sur certains faits
cliniques, la recherche en psychologie clinique a la possibilité de mettre à l'épreuve
certaines de ses hypothèses.
Dans ces querelles, il y a souvent des confusions entre d'une part les positions
épistémologiques, théoriques et méthodologiques (Battachi, 1975-1976 ; Bourguignon, 1988)
et d'autre part la réalité des pratiques de recherche. Dès lors que l'organisation de la
recherche en psychologie clinique s'est faite autour de l'opposition entre recherche en clinique
(objectivante) et recherche clinique (non objectivante), on ne peut constater qu'un double
appauvrissement des pratiques et des objets de recherche (phénomènes cliniques réductibles à
des mesures objectives versus phénomènes cliniques réductibles à l'écoute d'un sujet et à
l'analyse de l'implication).
De cette vision dichotomique de la recherche (cf. Tableau 1.4) se dégage la nécessité d'une
troisième voie visant à respecter "les exigences méthodologiques des problèmes cliniques et les
limites d'application de la logique expérimentale. Elle doit être un projet construit à partir de concepts
précis et d'hypothèses soigneusement élaborées qu'on cherche à vérifier par la mise en œuvre de
méthodes et de techniques appropriées" (Pedinielli, 1996-1997). L'enjeu évident de ce type de
recherche consiste donc en la construction d'une méthodologie congruente aux objets de la
psychologie clinique.
Quels sont les objets de la psychologie clinique ? Pour répondre à cette question, il faut
d'abord circonscrire le domaine de la psychologie clinique, qui selon Anzieu (1983) est relatif à
" une psychologie individuelle et sociale, normale et pathologique, elle concerne le nouveau-né,
l'enfant, l'adolescent, le jeune adulte, l'homme mûr, l'être vieillissant et mourant". Il serait aberrant,
compte tenu de l'extrême diversité des objets de la psychologie clinique, de considérer que la
recherche en ce domaine consisterait uniquement à appréhender ces objets à partir de la seule
méthode clinique stricto sensu (l'étude approfondie de cas) et du seul référent théorique
psychanalytique! Le courant psychodynamique anglo-saxon (Blatt et al., 1990) a par exemple,
produit de nombreuses recherches multi-cas associant références théoriques psychanalytiques,
approche clinique et techniques qualitatives et quantitatives pour le recueil et l'analyse des
données cliniques. En France, ce type de recherche tend actuellement à se développer de
façon conséquente. Les travaux de Birot et al. (1984), Jeammet et Birot (1994), mais aussi
ceux qui sont actuellement menés par de jeunes chercheurs en psychologie clinique et
psychopathologie, montrent tout l'intérêt porté à cette manière d'étudier les objets propres à
la psychologie clinique. On peut également mesurer l'importance de ce type de recherche à
partir des thèmes et des publications des différents colloques juniors en psychopathologie :
"Dogme et recherche clinique en psychopathologie (1998, Université Paris V), "Fondements
Scientifiques de la subjectivité à l'épreuve de la pluridisciplinarité" (2000, Université de
Provence), "Actualités de la recherche" (2001, Université de Toulouse II).
Quelles sont les caractéristiques des objets de la psychologie clinique ? Ils sont appréhendés
par un sujet (le chercheur) qui entre en relation avec d'autres sujets (les participants à la
recherche), dans des situations naturelles. Les phénomènes cliniques observés sont
généralement évolutifs, instables ; ils présentent des déterminants complexes ; ils sont saisis
par le langage et dans le discours. Les données empiriques cliniques sont donc d'abord des
données qualitatives. L'enjeu méthodologique est relatif à la saisie, l'analyse et l'interprétation
des données qualitatives. Cette question essentielle trouve des réponses insuffisantes tant du
côté de la recherche objectivante (recherche en clinique), celle-ci considérant les phénomènes
cliniques comme réductibles à la quantité, que du côté de la recherche non objectivante
(recherche clinique), celle-là considérant les phénomènes cliniques comme réductibles à
l'étude rétrospective de cas cliniques. Il est étonnant de constater à quel point les
méthodologies qualitatives restent peu utilisées dans la recherche française en psychologie
clinique, alors qu'elles sont massivement mises en œuvre dans une partie de la sociologie et
de l'anthropologie.

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Ces méthodologies sont issues des travaux de recherche en sciences humaines et sociales se
réclamant de la recherche qualitative. Pourtant, on ne parle pas de recherche qualitative en
psychologie clinique. Ce fait, s'explique par la focalisation sur la méthode clinique et sur le
référent psychanalytique qui a réduit considérablement le champ des méthodologies possibles.
Or, la recherche qualitative s'est développée, ces 40 dernières années, en réponse aux limites
du paradigme scientifique classique (issu des sciences physiques et naturelles) à saisir certains
aspects, voire même la spécificité des objets des sciences humaines et sociales : importance
de la subjectivité, du sens, de l'implication du chercheur, de la complexité des phénomènes
humains et de la nature fondamentalement qualitative (mots, lettres, images) des données
empiriques. Ce type de recherche apparaît donc lié à l'affaiblissement du modèle positiviste
mais aussi, à l'importance accordée à la notion d'objet socialement construit (Hess, Senécal,
Vallerand, 2000, p.516). Cette critique tend à constituer un nouveau paradigme en sciences
humaines et sociales dont la dénomination varie en fonction des auteurs : "qualitatif", "post-
moderne", "compréhensif", "interprétatif", "inductif" (Mucchielli, 1996). Ces diverses
appellations traduisent en fait des points de vue variables sur ce que l'on appelle la recherche
qualitative. Si pour certains, elle trouve sa spécificité dans un point de vue épistémologique
particulier et/ou en une méthodologie particulière, ses caractéristiques principales sont la visée
compréhensive, une approche ouverte de l'objet, le recours à des méthodes qualitatives pour
le recueil et l'analyse des données ainsi que l'élaboration d'un récit ou d'une théorie pour
organiser et interpréter les phénomènes.

1.2. Le point de vue épistémologique

1.2.1. Le statut accordé à l'objet


La recherche qualitative peut se définir d'abord par le statut accordé à l'objet de
recherche et ceci, quelles que soient les options méthodologiques et les techniques choisies. La
recherche qualitative "partage un intérêt central pour la signification donnée par les acteurs aux
actions dans lesquelles ils sont engagés" (Lessard-Hébert et al. 1997, p. 22). Ces auteurs pensent
que l'ensemble des recherches qualitatives fait référence au paradigme interprétatif qui est
donc opposé au paradigme classique positiviste. La question du sens y est traitée
différemment. Dans le paradigme positiviste, il existe une relation uniforme entre les faits
positifs (reproductibles, objectifs, empiriquement saisissables) et les catégories de sens. Ainsi,
dans le DSM-IV, la catégorie de sens "dépression majeure" implique de façon uniforme et
constante un ensemble de faits positifs (les signes et les symptômes de la dépression
majeure). L'attribution de cette relation est indépendante du contexte et de l'observateur. La
dépression majeure est traitée comme une "chose", une réalité extérieure. Dans le paradigme
interprétatif, ce n'est pas tant la dépression qui intéresse le chercheur que les discours du
sujet déprimé. Ces discours mettent en évidence l'existence de relations non uniformes et non
constantes entre les manifestations dépressives et leur sens. La dépression se trouve donc
appréhendée comme une expérience subjectivement2 construite. Pour objectiver cette
expérience, le clinicien-chercheur adopte une position de proximité à visée compréhensive.
C'est pourquoi, certains auteurs parlent également de paradigme "compréhensif". En
psychologie clinique, la maladie dépressive est donc une chose (à étudier cliniquement),
l’expérience subjective en est une autre (à étudier cliniquement par d’autres moyens).

Le processus d'objectivation
Les recherches qualitatives et quantitatives se distinguent nettement par la position du
chercheur et la relation qu'il entretient avec l'objet de recherche tout au long du processus
d'objectivation. On oppose classiquement le paradigme du quantitatif, qui vise la réduction
et/ou le contrôle des biais issus de la subjectivité, au paradigme du qualitatif qui vise
l'objectivation des effets de la subjectivité. Pires (1997a) fait état de différentes modalités de

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On pourrait également dire socialement, biopsychosocialement construite (selon l'approche théorique retenue).

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la position du chercheur à l'égard de l'objet en sciences humaines : extériorité et neutralité


(observation expérimentale); proximité et neutralité (observation clinique) et enfin proximité
et implication (observation participante).

Les critères de scientificité


Les critères de scientificité (objectivité, validité, fiabilité) permettent de se prononcer sur la
valeur scientifique de la connaissance (episteme). Ainsi, la différence entre la connaissance
scientifique, la savoir pratique (praxis) et l'opinion commune (doxa) peut être établie. Les
critères classiques de scientificité issus du paradigme positiviste, quantitatif ont fait l'objet
d'une révision dans le domaine de la recherche qualitative.
L'objectivité
Il existe des positions variables sur la question de l'objectivité (Lapperrière, 1997) dans les
recherches qualitatives :
- renoncer à l'objectivité et faire l'expérience subjective des phénomènes pour une
compréhension approfondie (subjectivisme).
Par exemple, l'approche phénoménologique a pour projet de saisir d'emblée l'expérience
subjective telle quelle est vécue par le sujet.
- considérer que l'objectivité est le résultat d'un consensus intersubjectif.
Par exemple, l'approche systémique postule que les phénomènes observés sont construits
dans la communication. Chacun (participants, chercheurs) a une perception différente de la
réalité. Il en résulte que la meilleur façon d'approcher la réalité (objectivité) consiste à
confronter des points de vue subjectifs différents (objectivation).
- estimer que l'objectivité n'est pas tant liée à la position du chercheur mais à la qualité des
données empiriques recueillies (perspective pragmatique). Certains chercheurs recommande
pour cela une implication prolongée sur le terrain pour vérifier la validité des interprétations
(stabilité, pertinence, etc.).
L'opposition classique entre objectivité et subjectivité est dépassée par la reconnaissance d'un
processus d'objectivation, c'est-à-dire de construction de l'objet de recherche. En recherche
qualitative, le processus d'élaboration des connaissances est le résultat d'une triple
construction :
- l'objet se saisit dans le champ de la discipline (les objets de la psychologie clinique);
- l'objet se trouve préconstruit subjectivement et socialement (la pédophilie par exemple),
- l'objet est se constitue par la recherche (épistémologie, théorie et méthodologie).
Pires (1997a) signale que la reconnaissance de cette triple construction n'implique ni d'être
constructiviste (prédominance de la construction de la réalité sur les faits) ni d'en être réduit
au subjectivisme, mais de prendre en compte, à la fois, la réalité des faits et celle des
construits. Dans cette optique, Kirk et Miller (1986) "conçoivent l'objectivité qu'elle soit recherchée
à travers des méthodologies qualitatives ou quantitatives comme la construction d'un objet scientifique
qui passe, d'une part, par la confrontation des connaissances ou des idées au monde empirique, et
d'autre part par le consensus social d'un groupe de chercheurs au sujet de cette construction" (cités,
par Lessard-Hébert, et al., 1997, p.44).
La validité interne ou consistance interne
L'évaluation de la validité interne consiste à se poser la question suivante : "les conclusions que
l'on tire des données sont elles justifiées, c'est à dire à la fois compatibles avec elles, et les seules
possibles" (Matalon, 1988). Ce type de validité examine donc le problème de l'administration de
la preuve. Les phénomènes décrits comme affectant la validité interne et devant être
systématiquement contrôlés sont les suivants (Robert et al., 1988) : les attentes du chercheur,
les attentes du sujet, les fluctuations de l'instrument de mesure, la sélection des sujets,
l'administration de plusieurs évaluations aux mêmes sujets (effet de sensibilisation ou

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d'inoculation), la régression statistique des mesures (resserrement des mesures autour de la


moyenne, effet d'agrégation), les effets de maturation des sujets, les facteurs historiques, la
perte des sujets en cours de recherche, l'interaction de tous ces phénomènes entre eux et
enfin, la contamination de l'effet d'une variable par les effets cachés d'une autre. Ainsi, dans
les recherches empiriques quantitatives, tous les biais liés à la subjectivité et au contexte
doivent être contrôlés par diverses méthodes (standardisation des techniques, contrôle des
variables, échantillonnage de la population). Or, les recherches selon le paradigme qualitatif
soutiennent que les effets de la subjectivité et du contexte ne doivent pas être neutralisés sous
peine de disparition même de l'objet d'étude ; ils doivent bien au contraire être analysés.
Dans ce contexte, les chercheurs utilisant des méthodes qualitatives proposent des stratégies
particulières pour la mise à l'épreuve de la validité interne appelée "cohérence interne".
Laperrière (1997) retient les stratégies suivantes :
- Analyse de l'intentionnalité et des valeurs du chercheur (clarification et l'explicitation des
choix, multiplicité des méthodes de consigne, reprise systématique en groupe) ;
- Analyse de l'interaction observateur/observé et de ses effets dans le processus
d'objectivation (enregistrement vidéo et analyse en groupe) ;
- Confrontation systématique des positions subjectives (chercheurs et sujets) à des données
empiriques connues ;
- Analyse du contexte par l'importance accordée à une connaissance approfondie, de
l'intérieur des situations (immersion en situation naturelle) ;
- Analyse du processus par une implication prolongée permettant d'approcher la complexité
et d'intégrer la question du changement ;
- Analyse de la validité théorique, soit de la pertinence des liens entre l'observation et
l'interprétation par l'optimisation des critères suivants : échantillonnage théorique (cf. &
3.13); triangulation3 des techniques et des perspectives théoriques; précision, consistance
et exhaustivité de la codification des données empiriques; saturation4 des données
empiriques; parcimonie5, portée explicative et adaptabilité du modèle descriptif ou
théorique, soit complétude de la recherche selon Mucchielli (1996).
L'optimisation de ces critères permet d'éviter trois sortes d'erreurs (Kirk et Miller, 1986).
L'erreur de type I qui consiste à croire qu'un énoncé est vrai alors qu'il ne l'est pas. L'erreur de
type II qui consiste à rejeter un énoncé alors qu'il n'est pas faux. L'erreur de type III qui
consiste à répondre à une mauvaise question.
Lessard-Hebert, et al. (1997) donnent en outre les trois manifestations d'une absence ou
d'une faiblesse de la validité interne d'une recherche qualitative : la quantité et la variété des
preuves est insuffisante, les interprétations sont fausses, l'absence de recherche et d'analyse
de cas divergent6. Mucchielli (1991) évoque également le critère d'acceptation interne de la
recherche, soit l'approbation par les chercheurs et par les sujets impliqués des résultats de la
recherche. Ce critère est controversé car il soulève deux questions très importantes : Existe-t-
il une rupture radicale entre savoir scientifique et sens commun ? Fait-on de la recherche pour
mieux comprendre ou pour mieux agir ? La première question est relative au statut du savoir
élaboré dans les recherches qualitatives, la seconde aborde le problème de la transmission de
la compréhension des phénomènes. Si l'on considère que la recherche qualitative relève d'une
triple construction de l'objet - impliquant la subjectivité, l'interaction, le contexte- dont la
finalité est la compréhension d'un phénomène, que signifierait, dans ce cas le fait que les

3
Convergence des techniques et/ou des perspectives théoriques dans l'appréhension du phénomène (Pourtois et
Desmet, 1988).
4
Le chercheur arrête de récolter des données lorsque aucune nouvelle donnée empirique n'apporte, ne complète ou ne
contredis l'analyse.
5
Seules les dimensions essentielles sont retenues.
6
Peu de recherches en psychologie clinique tiennent compte de cet aspect et préfèrent illustrer leurs interprétations
par de beaux cas cliniques!

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résultats de ce type de recherche ne trouvent aucun écho ni du côté des praticiens, ni du côté
des sujets ?
La validité externe ou transférabilité
L'évaluation de la validité externe consiste à examiner si les conclusions de la recherche sont
généralisables. Elle n'a de sens que dans le cas où la recherche présente d'abord une bonne
validité interne. En effet, la représentativité de l'échantillon (validité échantillonnale) et les
aspects liés au contexte d'obtention des données (la validité écologique) vont retentir sur la
validité externe de la recherche (Robert et al., 1988). Le problème des recherches qualitatives
vient de ce qu'elles maximisent le singulier, le contextuel et les faits inconvénients. Les
interrogations sur ses capacités de généralisation des résultats sont donc légitimes. Sans
pouvoir résoudre ce problème, certains chercheurs considèrent qu'il convient de décrire
systématiquement, le contexte et la population afin de pouvoir appliquer de nouveau la
recherche à des populations qui présentent des caractéristiques similaires. La validité externe
est donc beaucoup plus conçue en terme de transférabilité des résultats. Si la recherche a pris
en compte de façon exhaustive les diverses variations du phénomène (saturation des
données), sa validité externe en sera augmentée. Cependant on doit reconnaître que la
généralisation reste limitée. Une seconde position revient à dire que les recherches en sciences
humaines visent bien plus la mise en évidence de processus (psychologiques, sociologiques...)
fondamentaux que la mise au jour d'une structure d'un phénomène et de ses déterminations
dans une situation contrôlée. Le pouvoir de généralisation ne serait alors pas tant dépendant
de la représentativité statistique de l'échantillon de l'étude que de la représentativité
sémiotique et "processuelle" du modèle proposé, c'est à dire de sa capacité à interpréter les
processus en jeu dans d'autres contextes et d'autres populations.
La fiabilité
La fiabilité implique la possibilité de réduplication des résultats et dépend donc de leur
stabilité, de leur précision et de leur valeur prédictive. Or, dans les recherches qualitatives, les
cas divergents, occasionnels ainsi que la prise en compte des aspects évolutifs des
phénomènes (étude du processus) sont recherchés. Dans cette perspective, la fiabilité des
résultats pourrait consister en leur capacité à rendre justement compte du changement et à
déterminer ce qui est fondamental dans les phénomènes observés. Les mesures préconisées
(Lapperière, 1997) sont : la recherche de l'adaptabilité du modèle descriptif ou théorique à
l'évolution des phénomènes nécessitant une implication à long terme sur le terrain,
l'intégration des phénomènes marginaux et contradictoires; la recherche de la convergence
des observations et des interprétations; le recours à des méthodes de recueils et d'analyses
explicites, transmissibles et reproductibles pour la confirmation externe.
En l'état actuel, il existe donc une multitude de critères de validation des méthodes
qualitatives. Pour certains, il convient de maintenir les références aux critères classiques tout
en les redéfinissant. Pour d'autres, il s'agit de proposer des critères nouveaux relatifs à la
particularité des méthodes qualitatives (Mucchielli, 1996). La recherche de critères de
validation indique bien l'existence d'un paradigme autre en quête d'une légitimité scientifique.

Point de vue méthodologique


"La méthodologie est la réflexion préalable sur la méthode qu'il convient de mettre au point pour
conduire une recherche. Une méthode qualitative de recherche est une stratégie de recherche utilisant
diverses techniques de recueils et d'analyses qualitatives dans le but d'expliciter, en compréhension,
un phénomène humain ou social" (Mucchielli, 1996, p.129).
La méthodologie est donc une stratégie visant à résoudre le problème posé par la recherche.
L'élaboration de cette stratégie permet d'établir le programme de recherche encore appelé
projet de recherche, devis de recherche, design méthodologique, etc. En recherche qualitative,
la logique des différentes étapes de la recherche est la même qu'en recherche quantitative :
formulation d'une problématique, recueil des données, analyses et interprétations. Cependant,
les objets de la recherche qualitative sont choisis pour leur complexité, leur instabilité, leur

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inscription dans l'expérience vécue, subjective et contextuelle. Recherchant la compréhension


plus plutôt que l'explication, la recherche qualitative est ainsi à visée descriptive ou
exploratoire. Enfin, la particularité des objets traités et des visées de la recherche qualitative
conduisent à des procédures elles aussi, particulières et ceci, à toutes les étapes de la
recherche.

Emergence de l'objet de recherche


Que l'objet de la recherche émerge des préoccupations personnelles du chercheur, d'un
problème issu de la pratique ou de la théorie, il est un objet négocié, résultat d'un ensemble
de choix (personnel, scientifique, politique, pragmatique, etc.) à réaliser sous contraintes
(Curie, 1996-1997). Dans la recherche qualitative l'accent est mis sur la sensibilité aux
problématiques issues du terrain et de pratiques sociales, c'est à dire de la clinique.

La problématique
La problématique est une articulation discutée de différentes propositions empiriques et
théoriques qui visent à définir le problème de la recherche (Mucchielli, 1996). La particularité
de sa formulation, en recherche qualitative, est qu'elle s'élabore dans un va-et-vient entre les
données empiriques et les données théoriques. Elle procède donc d'une démarche inductive où
l'ancrage fort au monde empirique est privilégié. Cette démarche inductive n'est cependant
pas naïve (dans le sens de la tabula rasa), car elle inclut également une documentation à la
fois théorique et riche d'expérience concernant les sujets, le problème, le contexte.
Contrairement à la démarche hypothético-déductive, où la problématique permet de constituer
une hypothèse formelle précise, la formulation de la problématique conduit dans les
recherches qualitatives à des propositions théoriques retenues pour leur capacité à rendre
compte du phénomène et à organiser les données empiriques. Ainsi, toutes les propositions
théoriques ne se valent pas. Le va-et-vient entre les pôles empirique, théorique et
méthodologique constitue le processus de construction de l'objet. L'objet et sa formulation
(problématique et proposition théoriques finales) ne sont donc pas connus au départ ; ils
émergent de la démarche même de recherche. Ce processus d'élaboration implique que les
propositions théoriques évoluent tout au long de la recherche, que leur pertinence et leur
sensibilité soient confrontées à l'analyse des données empiriques et enfin que le chercheur
continue, en parallèle et de façon ouverte, à lire et à recenser les productions relatives à un
objet en train de se construire (Deslauriers, Kerisit, 1997, Deslauriers, 1998).
Exemple : Problématique, hypothèses et analyses dans une démarche inductive de recherche
en psychologie clinique
Jeammet (1995) souhaite comprendre le rapport existant entre l'histoire personnelle des
mères d'enfants autistes et les dysfonctionnements existants dans leurs modes relationnels.
Elle élabore trois hypothèses cliniques, très ouvertes, découlant les unes des autres, en lien
directe avec son expérience d'entretien préalables avec des mères d'enfant autiste et
d'enfant ne présentant pas de trouble, dont l’hypothèse 1 suivante : "Ce qui aboutit à
mettre en œuvre un certain type de relation, dans un dialogue toujours unique d'une
certaine mère à son enfant, n'est pas à rechercher dans un "profil psychologique" de la
mère, mais d'abord dans son histoire."

La méthode consiste, à partir d'entretiens cliniques, à comparer les histoires de mères


d'enfant autiste et d'enfant déshydraté. L'analyse des entretiens est fondée sur la
méthodologie d'analyse du TAT (Thematic Apperception Test) et vise à construire des
"ensembles significatifs" résultant de "la confrontation problématique / histoire /
mécanismes de récit / corpus théorique de référence". Le processus de construction de
ces ensembles significatifs est inductif et interprétatif. Il est décrit d'ailleurs par l'auteur
comme "une fécondation mutuelle (...) qui permet de reconstruire des éléments qui
peuvent être totalement absent du discours manifeste mais qui s'imposent alors comme
une pièce dans un puzzle" (Jeammet., 1995, p. 118). L'hypothèse ne sert pas ici à fixer le

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cadre opératoire de la recherche, mais à offrir un cadre théorique pour l'élaboration des
données cliniques.

Le recueil des données


L'échantillon
La constitution de l'échantillon, ou sélection des participants à une recherche, joue un rôle
essentiel dans la possibilité de généralisation (validité externe de la recherche). On ne peut
effectivement travailler sur l'ensemble d'une population mais sur une partie de cet ensemble.
La première difficulté consiste à définir clairement, pour chaque recherche, la population et
l'échantillon - ces deux notions étant relatives.
Exemple : si une recherche porte sur un échantillon de sujets suicidants hospitalisés en
France, quelle est la population de référence ? Celle-ci dépend de l'objet de recherche. S'agit-il
d'une recherche sur les suicidants, les suicidants hospitalisés, les hospitalisations en France ?
La seconde difficulté est de déterminer dans quelle mesure les conclusions que l'on tire d'un
échantillon restent valable pour l'ensemble de la population. On oppose, classiquement,
l'échantillonnage probabiliste, à l'échantillonnage non probabiliste (ou empirique). Concernant
le premier, on connaît, pour tous les éléments de la population la probabilité d'être inclus dans
l'échantillon (Voyer, et al., 2000) ; quant au second cette probabilité n'est pas connue. Les
échantillons non probabilistes sont donc considérés comme "non scientifiques" alors même
qu'ils sont très souvent utilisés pour des raisons essentiellement économiques et pratiques.
Ainsi, les échantillons constitués en recherche qualitative sont non probabilistes et souffrent
par conséquent de la même critique. Pourtant, il existe néanmoins des procédures
particulières, fondées théoriquement et méthodologiquement dans la façon de construire un
corpus empirique. Pour Pires (1997b), il existe deux types de preuves empiriques : les chiffres
(le quantitatif), les lettres (le qualitatif). Dans le quantitatif, la constitution de l'échantillon se
fonde sur l'optimisation des règles techniques (statistiques) alors que dans le qualitatif, c'est
l'adéquation entre la construction de l'échantillon et le modèle d'objet qui est recherché. Par
conséquent les échantillons en recherche qualitative relèvent d'une stratégie différente liée à la
nature même des preuves empiriques (les lettres).
Si l'on prend l'exemple d'une recherche en psychologie clinique sur la dépression et les
addictions, on comprend qu'en fonction de la formulation de la question de recherche, la
méthode d'échantillonnage va varier.
1. Combien de sujets addictés faut-il rencontrer pour prouver l'existence d'un lien entre un
trouble dépressif majeur et une polytoxicomanie ?
2. Combien de sujets addictés faut-il rencontrer pour prouver que la polytoxicomanie a une
fonction antidépressive ?
On saisit intuitivement que la première question peut se traiter dans le cadre d'une recherche
quantitative (le trouble dépressif et la polytoxicomanie). La seconde, implique la toxicomanie
et la dépression comme des expériences subjectives que l'on souhaite comprendre (quelle
fonction ? quel sens ?). Ainsi, on décidera pour la première de construire un échantillon
probabiliste le plus grand possible7 pour lequel on mesurera l'intensité de la dépression et
l'intensité de l'addiction. Pour la seconde, on procédera plutôt à des études multi-cas à partir
d'entretiens, d'observations et autres techniques qualitatives en association avec des
techniques quantitatives.
Pires (1997b) fait donc état de deux grands types de corpus empiriques en recherche
qualitative : par cas unique et par cas multiples. Lorsque le corpus empirique est constitué
d'un cas unique, l'étude se fait en profondeur. Les critères de choix retenus par l'auteur sont
"la pertinence théorique, les caractéristiques et la qualité intrinsèque du cas, la typicité ou

7
Diminution de l'erreur d'échantillonnage.

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clinique
MEMO 1 — RECHERCHE EN PSYCHOLOGIE CLINIQUE

l'exemplarité, la possibilité d'apprendre avec le cas, son intérêt social, son accessibilité à l'enquête
(p.142)". Il distingue au sein de l'échantillonnage par cas unique; l'échantillon d'acteur (une
personne), l'échantillon de milieu (une institution, une situation...), l'échantillon événementiel
(événement institutionnel, culturel, clinique rare).
Lorsque le corpus8 empirique est constitué de cas multiples, il existe des stratégies différentes
de sélection des cas en fonction des visées de la recherche. Ces stratégies dépendent de deux
principes, la diversification9 et la saturation empirique10, principes qui se substituent à la
représentativité statistique pour les échantillons de la recherche quantitative.
Compte tenu des combinaisons possibles entre diversification et saturation, Pires (1997b)
décrit quatre type d'échantillonnages : par contraste, par homogénéisation, par contraste-
saturation et par contraste-approfondissement.
Exemples
1. Quel est le vécu de l'expérience de la dépendance psychologique ? Pour répondre à cette
question, le chercheur peut par exemple pour tenter de saisir l'ensemble des catégories de
sens diversifier par contraste son échantillon en recrutant des sujets dépendants mais de
différents objets (drogues, situation, personne... ).
2. Quel est le vécu de l'expérience du sevrage chez les alcooliques ? Dans ce cas, le chercheur
va construire un échantillon par homogénéisation, donc choisir uniquement des sujets
alcooliques sevrés et diversifier à l'intérieur de ce groupe particulier (en fonction du temps en
postcure, du parcours antérieur...).
La quête du cas négatif ou du "fait inconvénient"11 peut être également une stratégie pour
constituer l'échantillon. Après avoir défini le problème et l'hypothèse, on recherche des cas
négatifs (sur le terrain ou dans les écrits disponibles) puis on tente de reformuler l'hypothèse
ou le problème, jusqu'à ce que tous les cas négatifs puissent être explicités12.

La collecte des données


La recherche qualitative privilégie les instruments de collecte (techniques et méthodes)
adaptés à ses visées propres (exploratoire, descriptive, confirmatoire, compréhensive,
évaluative) mais aussi à la nature qualitative des données empiriques. Les données
empiriques qualitatives "sont les données d'expérience, les représentations, les définitions de la
situation, les opinions, les paroles, le sens de l'action et des phénomènes" (Deslaurier, Kerisit, 1997,
p. 105). Les techniques qui permettent de les saisir sont des techniques qui sont caractérisées
par leur degré d'ouverture au contexte, leur souplesse, leur faible structuration et le recours à
des unités d'enregistrement large. Ces techniques sont donc utilisées parce qu'elles permettent
un recueil exhaustif des données. Elles permettent une description et une compréhension des
cas à partir d'une implication du chercheur sur le terrain avec les participants. Il s'agit
essentiellement de l'observation participante, l'entretien (qualitatif, non directif) et l'analyse
documentaire (Lessard, Hebert et al., 1997; Deslaurier et al. 1997). Mucchielli (1991) inclut
également dans ces techniques l'introspection, la description phénoménologique, les
techniques de groupes et les techniques projectives. Nous présentons au chapitre 3 certaines
de ces méthodes qualitatives, utilisées dans la recherche en psychologie clinique. Ces
techniques ne sont pas exclusives à la recherche qualitative. Pourtant, dans ce contexte leur
mise en œuvre change radicalement, comparé à leur application dans la recherche
quantitative. En effet, les aspects théoriques et épistémologiques de la recherche qualitative
impliquent un rapport différent à l'objet : implication prolongée sur le terrain, recherche d'une

9
Elle consiste à privilégier la plus grande variété de cas en fonction du problème posé et indépendamment de critères
statistiques.
10
Cf. définition, p.8.
11
Donc qui infirme l'hypothèse (l'exception à la règle!).
12
Procédure valable dans une conception positiviste stricte où une cause implique toujours le même fait.

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clinique
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proximité. Ainsi, ces techniques posent la question de l'éthique (cf. chapitre 5) des méthodes
qualitatives : jusqu'où peut-on s'impliquer ? quels en sont les effets pour les participants et les
institutions ?

L'analyse des données qualitatives


L'analyse des données qualitatives a longtemps été considérée comme le point faible de la
recherche qualitative. En effet, peut-on produire des analyses valides, fiables et transmissibles
lorsque l'on analyse qualitativement des données qualitatives ? Pour répondre à cette question,
des méthodes d'analyses qualitatives se sont développées. Leurs points communs résident
dans un abord ouvert des données, sans grille a priori par la recherche de l'implicite
(croyances, valeurs, normes, motivations, désirs...) et pour la mise en évidence de "systèmes
formels" sous-jacents (Mucchelli, 1991) aux faits humains. Dans ces méthodes d'analyse, on
retrouve, tout comme dans l'analyse quantitative des données, trois opérations essentielles :
la condensation des données, l'organisation et la présentation des données, l'interprétation des
données (Huberman et Miles, 1991). La condensation des données correspond à la phase de
réduction des données par découpage, codage, extraction des unités de bases. Cette
procédure implique une interprétation puisque des données singulières sont ramenées à des
catégories plus générales. Elle peut être assistée par ordinateur si les logiciels utilisés restent
souples dans le choix du format de saisie des données notamment (Tesch, 1990, citée par
Lessard et al., 1997). L'organisation des données consiste à présenter l'information pertinente
extraite des données sous forme de figures et de matrices. L'interprétation vise enfin à mettre
en sens les données réduites et organisées. La particularité de l'analyse qualitative est que ces
trois opérations (condensation, organisation, interprétation) relèvent d'un processus qui n'est
pas linéaire (comme dans l'analyse quantitative) mais itératif et rétroactif (Deslaurier et
Kerisit, 1997). De plus, les méthodes d'analyse relèvent de procédures et critères qui ne se
basent pas sur des modèles mathématiques et sur la statistique mais sur un processus inductif
(cf. chapitre 1). L'induction analytique a été une des premières méthodologies d'analyse
qualitative en sciences humaines. Elle consistait, à partir de l'étude approfondie de quelques
cas, à formuler des explications plus générales selon une procédure et des critères bien définis
: description en profondeur des cas, décomposition des données en composantes
fondamentales, mise en évidence des relations logiques, confrontation à tous les cas
(recherche de cas négatifs) et nouvelle élaboration de la proposition théorique. Cette méthode
a suscité de grandes controverses sur la difficulté à réfuter, à partir d'un cas, une hypothèse,
sur l'incapacité d'une telle démarche à établir une loi de causalité ou encore à atteindre à
l'universalité (Deslaurier, 1997).
L'étude de cas en psychologie clinique relève de ce type d'analyse intégrative et inductive des
données cliniques. Pedinielli (1994) fait état de deux conceptions de l'étude de cas :
pragmatique, évaluative : elle vise l'intégration des données cliniques hétérogènes (issues
des entretiens, des tests, de l'observation...) dans une perspective holistique de description de
la personne, de sa problématique, du contexte et de compréhension (genèse, causes) de son
problème (Huber, 1996);
thérapeutique, illustrative : elle vise à restituer la singularité du sujet et relève de l'histoire
de vie. Elle est donc plus large et se réfère à la fois à une clinique du sujet et à une clinique du
social (Revault d'Allonnes, 1989).
L'étude de cas est une méthode d'analyse qui est cohérente au projet de la psychologie
clinique, tant dans la pratique que dans la recherche. Dans la recherche en psychologie
clinique, le cas unique a une valeur heuristique certaine à plusieurs niveaux : pour l'exploration
de nouvelles problématiques, pour l'abord de phénomènes complexes et dynamiques, pour
l'étude de phénomènes rares, soit pour tous les problèmes de recherche où l'utilisation de
méthodes quantitatives extensives basées sur une induction statistique (référence à la
moyenne et à l'homogénéité de l'échantillon) ne produirait que des résultats décevants
(Widlöcher, 1990). Si l'intérêt est donc certain, les limites portent sur la validité des

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clinique
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interprétations et sur la possibilité de prédire un quelconque phénomène (passage du


particulier au général). La raison de ces limites réside en ce que l'étude de cas procède par
inférences inductives en rapport à une théorie, essentiellement psychanalytique (approche
herméneutique) et qu'elle aboutit à une reconstruction a posteriori des phénomènes cliniques à
partir de différents processus (Revault d'Allonnes, 1989) :
La limitation : les données cliniques sont limitées (au temps du recueil des données, au sujet
lui-même) et ne doivent pas impliquer des analyses et des interprétations qui les dépassent.
La sélection : les données cliniques sont sélectionnées et mises en formes par le chercheur
(son regard, son implication), le dispositif et la problématique.
La naturalisation : le sujet est saisi sous la forme d'un cas, il ne peut résister aux
interprétations faites par le clinicien-chercheur (qu'est-ce qui empêche un clinicien-chercheur
de "délirer" sur un cas?).
La mise en continuité : les données cliniques recueillies sont hétérogènes et discontinues,
elles proviennent de niveaux d'observation différents. L'étude de cas les présente bien souvent
comme un tout homogène, continu et cohérent.
La réduction : l'étude de cas, même dans une perspective holiste, implique une réduction de
l'expérience vécue entre le chercheur-clinicien et le sujet.
- L'écriture : elle participe à la construction et à la transmission du cas. Elle ne relève pas de la
logique du récit. Elle doit être synthétique et permettre d'accéder à la complexité sous une
forme intelligible. Elle implique de la créativité mais, aussi une rigueur afin notamment de
différencier l'analyse des données cliniques et leurs interprétations (par exemple, on doit se
demander si d'autres interprétations étaient possibles à partir du même matériel). L'absence
de distance entre analyse et interprétation peut conduire à des placages théoriques où les
concepts sont traités comme des choses. Revault d'Allonnes (1989) donne l'exemple suivant
tiré de l'étude de cas d'une thèse : "Au mois de février, on voit l'Œdipe d'Isabelle évoluer" ?
- Si la valeur illustrative du cas dans la recherche en psychologie clinique est reconnue, sa
valeur démonstrative reste discutée. Une méthodologie de l'étude de cas se révèle donc
nécessaire dès lors que l'on souhaite l'utiliser dans la recherche. Widlöcher (1990, 1999a)
s'attache à la méthode du cas singulier. Celle-ci consiste en une étude de cas portant sur un
individu (cas unique) mais également sur un seul trait (présent ou absent). Il rappelle que la
force de la démonstration repose sur la rareté des phénomènes observés ou sur
l'incompatibilité de l'observation avec la loi générale13. Dans ce contexte, la répétition des
expériences n'apporte rien de plus à la démonstration.
La méthode du cas unique ou singulier ne peut aboutir qu'à des jugements d'existence de
phénomènes et de relations entre eux sans permettre l'évaluation de leur portée générale qui
nécessite des méthodes extensives (Widlöcher, 1990).
Actuellement, dans la recherche qualitative, d'autres types d'analyses non herméneutiques,
non fondées sur l'élucidation (interprétation) d'un sens caché mais sur l'induction sont souvent
utilisées : la théorisation ancrée (Corbin et Strauss, 1990), l'ethnographie descriptive (Guba et
Lincoln, 1985), l'approche mixte (ou modèle interactif) de Huberman et Miles (1991), l'analyse
phénoménologique (Giorgio, 1997).
Dans toutes ces analyses, l'interprétation est au cœur des diverses procédures et ceci dès la
première étape de condensation des données. Celle-ci se voit bien souvent critiquée : le sens
qu'elle révèle ne serait qu'un sens retrouvé et non découvert. Ce jugement traduit en fait non
pas un problème de méthodologie mais bien d'épistémologie, soit d'opposition fondamentale
entre paradigme objectiviste et paradigme interprétatif. Cette critique tend également à
confondre deux types d'interprétations en recherche qualitative. La première est relative à
l'opération de condensation des données qui implique une opération de codage, soit de

13
Il donne l'exemple du lien constant entre remémoration et disparition d'un symptôme établit par Freud et Breuer.

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traduction des données en fonction du lexique propre au code. La seconde consiste, après
l'analyse des données, à en extraire de nouvelles significations (Huberman et Miles, 1991). Il
faut néanmoins reconnaître que l'analyse qualitative des données qualitatives nécessite du
temps, de la rigueur, de la créativité, un esprit analytique et synthétique...C'est pourquoi, face
à un tel défi (!) et pour des raisons de validité des résultats, certains chercheurs préfèrent
introduire une phase de traitement quantitatif des données qualitatives. Par là, ils souhaitent
rendre indépendant le moment de l'analyse et le moment de l'interprétation (cf. analyses
automatisées des données discursives, chapitre 4).

1.5. Quantification des données qualitatives

1.5.1. Quantifier les phénomènes cliniques


L'utilisation en psychologie clinique de méthodes quantitatives est liée à la nécessité de
mesurer de façon valide et fiable les caractéristiques psychologiques (intelligence,
comportements, attitudes, personnalité, etc.) des sujets à partir de tests. Plus récemment, les
échelles d'évaluation se sont multipliées pour répondre aux besoins de la psychopharmacologie
(mesurer l'effet des drogues), de la psychiatrie (poser des diagnostics fiables) et au
développement d'une psychopathologie quantitative (utiliser des méthodes quantitatives pour
la description et la mise à l'épreuve d'hypothèses relatives à la maladie mentale, Pedinielli,
1995). Actuellement, on peut aussi constater une injonction pressente à l'évaluation des
pratiques de soins (pratiques de services, psychothérapies...) dans le champ médico-social
(Favard, 1991). Une enquête récente (Castro, Meljac, Joubert, 1996) met également au jour
des demandes de praticiens concernant l'élaboration de nouveaux outils d'évaluation qui
permettraient la description, le diagnostic et le pronostic de problématiques spécifiques (les
adolescents, les troubles neuro-psychologiques, les populations à bas niveau de qualification,
les enfants polyhandicapés).
Les méthodes quantitatives (tests et échelles) relèvent plus généralement du paradigme du
quantitatif qui implique une certaine conception des phénomènes cliniques. Ceux-ci peuvent
être définis comme il suit (Pedinielli, 1995) :
Les phénomènes cliniques sont des faits réductibles à ce qui est observable. Ils sont
appréhendés à partir de descripteurs de nature variables qui sont des construits (verbaux,
comportementaux, physiologiques, traces écrites et performances). Les méthodes
quantitatives sont basées sur une conception de type phénoménaliste et objectiviste de la
clinique. Elle exclut les aspects intersubjectifs et les processus inconscients notamment. Le
problème posé par ces méthodes est donc de savoir si tous les phénomènes cliniques sont
réductibles et si cette réduction n'altère pas ce que l'on cherche à évaluer.
Exemple : il existe des questionnaires pour l'évaluation des mécanismes de défense (pour une
revue, cf. Ionescu, Jacquet et Lohte,1997). Mais comment évaluer les mécanismes de défenses
qui sont des processus inconscients ? L'argument est de soutenir que se sont les
manifestations de ces mécanismes que l'on mesure. Ainsi pour Bond et al. (1983), l'évaluation
du clivage se fait à partir de l'item suivant : "On ne peut pas trouver du bon – même une toute
petite part – en chacun. Si tu es mauvais tu es mauvais en entier". La formulation de l'item
soulève plusieurs problèmes, celle de la définition du clivage, celle de l'interprétation que fait
le sujet de ce qui peut être supposé bon ou mauvais, celle de l'absence de contextualisation,
celle du jugement de valeur. On peut penser que des sujets utilisant le clivage peuvent
répondre de façon adaptative et normative sans aucune référence à leur expérience
personnelle, notamment affective. Ce problème relève de la "validité de signifiance" (Pourtois
et Desmet, 1988) relative à la dénotation (le sujet comprend-il la signification des items ?, le
chercheur comprend-il ce que veut dire le sujet ?) et à la connotation (quels sont les
sentiments et les explications des sujets vis-à-vis des items proposés ?). Cet exemple montre
combien la réduction d'un phénomène clinique interroge la validité de contenu de l'instrument
: est-on bien sûr d'avoir évalué le mécanisme défensif du clivage ?

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clinique
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Les phénomènes cliniques sont mesurables : cette propriété implique que l'on puisse les
définir, les isoler mais également les transposer (codage) dans un système de signes doté de
certaines propriétés (opération de mesure). Il faut donc pouvoir justifier (théoriquement ou
empiriquement) que les phénomènes cliniques présentent bien ces propriétés, c'est à dire
justifier le niveau de la mesure choisie (Laveault, Grégoire, 1997) : niveau nominal (ex : le
sujet présente ou non une dépression majeure), niveau ordinal (ex : le sujet A est plus
déprimé que le sujet B), niveau d'intervalle (ex : si les sujets A, B et C obtiennent
respectivement des scores d'anxiété de 10, 20 et 30, on peut alors conclure que l'écart
existant entre A et B du point de vue de l'intensité de l'anxiété est le même que celui entre B
et C), niveau de rapport (ex : le sujet A (score 10) est deux fois moins anxieux que le sujet B
(score 20)).
On peut empiriquement et théoriquement justifier des niveaux nominal et ordinal pour la
mesure des phénomènes clinique. En effet, le jugement clinique relève de ces niveaux : il est
ou non phobique (niveau nominal), il est plus ou moins anxieux (niveau ordinal). Par contre, la
justification des échelles d'intervalle (soit l'équidistance entre les rangs) pose plus de
problèmes bien qu'elles soient d'un usage très répandu. Guerin, Dazor, Sali (1991, p.49)
constatent néanmoins que " la tendance actuelle, plus pragmatique, considère que des paliers de
réponses bien échelonnés délimitent des intervalles connus, ou en d'autres termes qu'ils définissent
conventionnellement l'unité de mesure. [...]. En outre l'importance de l'erreur par l'application de
méthodes paramétriques à de simples mesures de rang est limitée (...)". Quant aux échelles de
rapport, elles sont généralement impossibles à justifier pour l'évaluation des phénomènes
cliniques. Ainsi, Laveault et Grégoire (1997) rappellent qu'obtenir zéro à une pesée indique
une masse nulle, tandis qu'obtenir zéro à un test d'intelligence peut difficilement être
interprété comme une absence d'intelligence !
L'évaluation des phénomènes cliniques est standardisable :
La standardisation implique que le phénomène clinique que l'on évalue est stable,
reproductible et que les relations entre ce phénomène et sa signification sont uniformes.
Ainsi, deux observateurs étudiant un même phénomène et utilisant un même instrument
d'évaluation doivent aboutir aux mêmes conclusions. Ce critère définit un fait dit "positif". Pour
établir l'existence d'un trouble schizophrénique, il convient de pouvoir objectiver un certains
nombre de signes et symptômes (cf. DSM-IV). Ces signes et symptômes sont objectivables
comme des choses "vraies" qui ne dépendent ni du contexte, ni de la relation, ni de
l'observateur. Or, ceci ne doit pas masquer le fait que la standardisation procède aussi de la
construction des observables. En effet, cette construction ne retient que certains aspects des
phénomènes cliniques -ceux qui justement sont mesurables, stables, reproductibles et
empiriquement objectivables. Ainsi, s'intéresser au trouble schizophrénique ne résume pas ce
qu'est l'expérience de la schizophrénie.

Intérêts et limites de la mesure des phénomènes cliniques


Les enjeux de la mesure des phénomènes cliniques sont liés aux visées même de la
démarche scientifique de production des connaissances. Cette démarche implique de répondre
à toute une série d'exigences : décrire avec précision les phénomènes cliniques (démarche
idiographique), établir des relations empiriques entre les différents aspects du phénomène14,
expliquer ces relations empiriques par des relations causales (c'est-à-dire des déductions
issues d'un modèle explicatif) nécessaires et suffisantes à l'apparition des phénomènes ; enfin
établir des lois générales (démarche nomothétique). La mise à l'épreuve d'un modèle
expliquant les phénomènes nécessite de faire des prévisions, soit d'émettre des hypothèses
qui anticipent les résultats ("si j'observe ceci alors..."). Or plus le niveau de la mesure est
élevé, plus le nombre de propriétés au niveau des phénomènes empiriques est grand, et plus
la prévision faite est précise donc réfutable (Curie, 1995-1996). C'est pourquoi le paradigme

14
Dégager la structure du phénomène.

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du quantitatif (test, échelle, traitement statistique) est fondamentalement lié à la démarche


scientifique.
Par exemple, énoncer qu'un sujet est déprimé parce qu'il a des difficultés narcissiques est
une hypothèse moins réfutable que de dire "un sujet obtient un score de dépression supérieur
à x parce qu'il présente un trouble de la personnalité narcissique".
L'utilisation des méthodes quantitatives a donc un intérêt empirique (description,
dénombrement, comparaison des phénomènes sur des échantillons de sujets). Elles présentent
également un intérêt épistémologique puisqu'elles autorisent la mise en œuvre des conditions
d'administration de la preuve des hypothèses avancées (validation des hypothèses cliniques
par des tests statistiques, évaluation du risque d'erreur). La mesure joue aussi un rôle
heuristique : si le chiffre réduit la réalité, il a l'avantage de mettre en exergue, de résister de
façon explicite à une hypothèse ; parfois de désigner un effet inattendu.
Enfin, les analyses cliniques centrées sur les cas permettent de saisir les solutions complexes
et originales, alors que l'application d'un système de codification rend possible la saisie de ce
qui, dans ces solutions individuelles, renvoie à des modes plus généraux de fonctionnement.
L'enjeu de la recherche en psychologie clinique est bien de passer du particulier au général.
Cependant, la mise en œuvre des méthodes quantitatives dans une recherche en psychologie
clinique n'est pas en soi un gage de "scientificité". De nombreuses limites et de multiples
contraintes sont à examiner :
Limite 1 : Réduire la recherche en psychologie clinique à l'observation externe et construire
des théories uniquement fondées sur des tests empiriques dits "objectifs". Or il est des
phénomènes cliniques qui ne présentent pas les caractéristiques propres à la saisie par ce type
d'évaluation car ils sont difficilement mesurables (effets intersubjectifs, transferts, mécanismes
de défense), instables (phénomènes de crise, de rupture), complexes (causalité non linéaire),
évolutifs et dépendants du contexte. Ces phénomènes sont pourtant dignes d'intérêt
scientifique.
Limite 2 : Surestimer la validité des techniques de recueil et d'analyse des données
cliniques. Tout instrument d'évaluation ne peut être optimisé sur l'ensemble de ses qualités
métrologiques (fidélité, validité, sensibilité).
Par exemple, l'examen critique de l'évaluation de la psychopathologie associée aux
toxicomanies (Catteeuw, Sztulman, 1999) met en évidence une variabilité des troubles
psychopathologiques décrits dans la littérature, en fonction des critères suivants : le
moment du recrutement de la population (problème de stabilité du phénomène évalué), le
type de recrutement (problème de l'hétérogénéité des toxicomanes), les techniques
utilisées (problème de non convergence entre entretien structuré (SCID-IIIR) et tests de
personnalité (MMPI, MCMI-II)), enfin les analyses effectuées (problème de choix des
méthodes de construction des typologies empiriques).
Limite 3 : Utiliser de façon non rigoureuse les traitements statistiques. Ils impliquent des
hypothèses sur le niveaux de la mesure, le type de la distribution, le nombre de sujets, la
représentativité et l'homogénéité de l'échantillon, le modèle mathématique utilisé que le
chercheur doit justifier. Par exemple, l'utilisation des indices centraux dans des échantillons
non homogènes de sujets et les effets d'agrégations invalident les résultats obtenus
(Widlöcher, 1995).
On comprend alors que ce n'est "pas la quantification qui fait la rigueur du travail mais bien la
problématique qui inclut de manière cohérente les méthodes quantitatives aux fins de
découverte ou d'administration de la preuve" (Pedinielli, 1995, p. 133).

1.6. Analyse quantitative des données qualitatives


Outre l'analyse statistique de variables qualitatives (typologie, AFC), les données issues
d'entretiens ou de projectifs font l'objet de traitements quantitatifs. Deux types de stratégies

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peuvent être mises en œuvre dans les recherches en psychologie clinique. La première
consiste à traiter statistiquement les données qualitatives "brutes", comme par exemple dans
l'analyse automatique des données d'entretien. La seconde permet de réduire et de coder les
données qualitatives sous la forme de dimensions (profils dimensionnels) ou d'indices
(Psychogramme du Rorschach, indices Exner par exemple).

L'analyse automatique des données d'entretiens


Il existe actuellement divers logiciels (ALCESTE, TROPES, HYPERBASE, SPADT, etc.)
permettant de réaliser des analyses de discours de type lexical, syntaxique, pragmatique,
sémantique (Marchand, 1998). Après saisie du corpus, le traitement automatisé des données
discursives permet de fournir directement, et de façon lisible, les résultats de l'analyse (et non
de l'interprétation). Le choix du type d'analyse automatisée doit se faire en ayant connaissance
de la théorie du sujet et de l'énonciation sur laquelle elle repose (Ghiglione et al., 1998). Nous
prenons, à titre d'illustration, l'exemple de deux logiciels utilisés dans la recherche en
psychologie clinique : ALCESTE ET TROPES.
La méthodologie ALCESTE (Reinert, 1990 et 1993) a pour objectif l’analyse automatique des
données textuelles. Elle est fondée sur la linguistique dans une perspective harrissienne, selon
laquelle la structure d’un texte est fonction de ses conditions de production. Le texte,
considéré comme un ensemble d’énoncés, traduit le point de vue d’un sujet-énonciateur dans
une certaine modalité du faire ou de l’être. Le vocabulaire d’un énoncé constitue la trace
pertinente de ce point de vue (lieu référentiel). Le texte est modélisé par un tableau croisant
les énoncés élémentaires et les lexèmes (formes lexicales réduites).
Reinert (1993) a réalisé l'analyse d'un corpus de 212 récits de cauchemars d'adolescents à
partir de la méthode ALCESTE. Il a isolé trois classes différentes qui révèlent des logiques
différentes : la séparation (plus on s'éloigne des proches, plus on est menacé
d'anéantissement), la clôture (essayer de différencier un dedans et un dehors), la chute
(vertige, perte des références). Quelques recherches en psychologie clinique utilisant cette
méthodologie ont fait l’objet de publications, par exemple dans le domaine des addictions
(Fernandez, Lafont, Sztulman, 1999).

Pour sa part, le logiciel TROPES (Ghiglione et al., 1998) permet de réaliser une analyse
automatisée des discours de type cognitivo-discursive (dont fait partie l'APD, cf. Chapitre 3).
TROPES retient comme principe que le discours, qui est une "co-construction", actualise le
contrat de communication (enjeux et influence). Ainsi, tout discours "porte en lui les traces des
opérations cognitives effectuées par un locuteur qui met en scène, dans un certain but, un certain sens
et une certaine intention" (p. 9). Cette analyse du discours a donc pour objectif de révéler la
construction du monde propre à un sujet. Utilisé en sciences sociales (analyse des discours
politiques), quelques recherches sur le langage en psychologie clinique ont mis en œuvre ce
type de méthode d'analyse des discours (Blanchet, 1997).

L'analyse psychodynamique systématisée des données


d'entretiens
L'approche psychodynamique anglo-saxonne a développé une méthode d'analyse
consistant à exploiter de façon systématisée les données qualitatives issues d'entretiens ou
d'épreuves projectives, en référence à des concepts psychodynamiques.
Weinryb et al. (1991) ont construit un profil multidimensionnel qui permet d'évaluer, à
partir d'un entretien clinique semi-structuré, des modes de fonctionnements psychiques et
des traits de personnalité relativement stables. Les 18 dimensions du profil renvoient à des
concepts issus des théories actuelles sur les relations d'objet. Le fonctionnement psychique
est donc évalué à partir de l'image qu'a le sujet de lui-même et de ses relations avec autrui.

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clinique
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Chaque dimension est définie de façon opérationnelle et trois niveaux sont repérés (1,2,3)
en fonction de l'importance des dysfonctionnements.
Exemple : Item 2 de la KAPP (traduction française, Charitat et al. 1996)
Item 2 : Dépendance et séparation
Capacité à établir des relations de dépendance adulte, à éprouver du chagrin et à élaborer
un travail par rapport à la perte des personnes importantes, idéaux, parties et fonctions du
corps aussi bien que de possessions matérielles
Niveau 1 : Peut établir des relations de dépendance adulte, peut éprouver du chagrin et
élaborer un travail de deuil de telle sorte qu'un équilibre adaptatif soit progressivement
atteint.
Niveau 2 : Peut établir des relations de dépendance mais souvent avec une crainte
importante de la séparation. Ceci pouvant mener à des préoccupations dépressives en
rapport avec des pertes réelles ou imaginaires, de telle sorte que le sujet ne se résigne
jamais à ces pertes même après une longue période.
Niveau 3 : Peut seulement établir des relations de dépendance infantile. La signification d'un
tel type de relation peut être déniée. Cal peut mener au déni de la perte à tel point que le
sens de la réalité est menacé ou perdu.
Ce type d'analyse impose une réduction du matériel clinique qui reste discutable (Pourquoi 18
dimensions ? Pourquoi trois niveaux ?) mais elle présente l'avantage d'être systématisée et
donc transmissible. Le profil élaboré a été validé (fidélité inter-cotateur, fidélité test-retest,
validité de construction, Weinryb et al., 1991). Cependant, la qualité de l'évaluation dépend en
grande partie de la formation des cotateurs à la méthode et à la théorie sous-jacente. En effet,
la cotation du profil est basée sur une analyse clinique (induction analytique). On ne contrôle
ici que le résultat de cette induction, les cotateurs pouvant utiliser des informations et des
processus différents pour y arriver. En ce qui concerne l'analyse automatique des données
d'entretiens, les résultats sont au contraire obtenus par induction statistique. Cette démarche
implique que les méthodes d'analyses soient prédéfinies et indépendantes de l'évaluation
clinique.
Il existe des profils multidimensionnels pour l'évaluation des relations d'objet et de la
représentation de soi (Levy, Blatt, Shaver, 1998 ; Weinryb et al., 1991), des mécanismes de
défense (Perry, 1990). Pour toutes ces méthodes, les dimensions sont décrites de façon
opératoire par des indicateurs cliniques repérables dans le discours du sujet. La cotation des
dimensions procède donc ici selon la logique de diagnostic15. Ces méthodes permettent
d'améliorer la standardisation et la transmissibilité des résultats. La fidélité inter-cotateurs, la
fidélité test-retest, la validité prédictive et de construction sont alors éprouvées.

Discussion
L'utilisation des méthodes d'analyses des entretiens issues de la linguistique ne doit pas
faire perdre de vue l'objet même de la recherche clinique : la compréhension du sujet à partir
de ses actes de parole et non l'élaboration d'une théorie du langage. Dans la perspective
clinique classique, les actes de parole et leurs sens sont conçus comme des indicateurs du
fonctionnement psychique. Les méthodes d'analyse automatique des discours se fondent sur
une conception autre des actes de paroles, puisque dans cette optique c'est l'organisation du
discours (analyse du contenant) qui permet d'accéder au sens. L'utilisation de ce type
d'analyse, dans un souci d'objectivation des données discursives, invite donc à s'interroger sur
le statut du discours du sujet par rapport au statut du discours construit par le clinicien-
chercheur à propos de son objet.

15
Des entretiens structurés sont utilisés dans les recherches cliniques pour le diagnostic de certains troubles, comme
le SCID-III R (Structured Clinical Interview for the DSM-III R Personality Disorders). Leur forte structuration les
rapproche des questionnaires, ils ne peuvent être considérer comme des entretiens cliniques.

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clinique
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Poupart (1997) résume les trois positions épistémologiques concernant la façon d'interpréter
les données de l'analyse.
Les post-positivistes considèrent que les interprétations du chercheur rompent16 avec les
présupposés de sens commun (les interprétations du sujet) puisqu'elles sont consistantes et
empiriquement fondées.
Les post-structuralistes, quant à eux mettent sur le même niveau discours du sujet et discours
du chercheur, comme étant deux versions différentes de la réalité.
Enfin, les post-modernistes soutiennent que l'interprétation résulte d'un dialogue
sujet/chercheur. Le sujet de la recherche est considéré comme capable d'élaborer son
expérience personnelle et notamment celle d'acteur de la recherche.

Complémentarité des pratiques de recherche en psychologie clinique


Les méthodes quantitatives peuvent apparaître dans des projets de recherche en
psychologie clinique soit comme les seules et uniques méthodes de recueil et d'analyse des
données, soit comme complémentaires des méthodes qualitatives. L'option de la
complémentarité peut se situer au niveau du recueil des données (croiser les données
quantitatives issues des tests, avec des données qualitatives issues des entretiens), soit au
niveau des techniques d'analyse des données qualitatives (utiliser par exemple les analyses
automatisées des données d'entretien). Si l'on tient compte de cette diversité du recours aux
méthodes quantitatives, il convient d'abandonner des positions dogmatiques ou
réductionnistes pour s'attacher à une pragmatique des méthodes quantitatives (Pedinielli,
1995). Leurs points essentiels sont les suivants :
a)- La nécessité de l'évaluation des phénomènes cliniques (dénombrement, mesure, tests
statistiques sur des échantillon extensif, administration de la preuve...).
b) – L'opérationnalisation des concepts (cf. chapitre 5). La difficulté réside en ce que les
concepts sont, en psychologie clinique, souvent flous, imprécis puisqu'ils proviennent de la
pratique clinique (tous les concepts des approches psychodynamiques, psychanalytiques par
exemple). Il faut pouvoir estimer en quoi l'opérationnalisation a contribué à modifier, enrichir,
éclater ou appauvrir le concept initial (Widlöcher, 1995). L’opérationnalisation doit également
tenir compte :
des niveaux d'observation.
Par exemple, on peut travailler sur les états-limites à plusieurs niveaux : sémiologique (les
critères DSM-IV de la "personnalité borderline"), psychodynamique (l'ensemble des modalités
de fonctionnement de type limite : les défenses, les angoisses, la relation d'objet, etc.),
structural (l'organisation limite). Le choix du niveau d'observation a des implications
théoriques (le trouble de la personnalité borderline n'est pas le fonctionnement limite),
méthodologiques (l'évaluation du trouble à partir d'un questionnaire n'est pas l'évaluation
psychodynamique qui implique par exemple, un entretien structural et une technique
projective.
des plans dimensionnels d'observation17 :
Prenant l'exemple de la dépression, ils soulignent que le figement mimique et la lenteur
de la parole ne se situent pas sur le même plan conceptuel que les reproches contre soi-
même et la vision pessimiste de l'avenir. Issue de cette réflexion, une échelle
polydimensionnelle pour l'évaluation de l'humeur dépressive est construite. Elle met bien
en évidence que l'entité clinique "dépression" renvoie à un concept polysémique (Jouvent,
1988).

16
En référence à la rupture épistémologique (Bachelard, 1938).
17
dont la finalité consiste "à s'assurer que les objets qui vont être observés sont de même nature" (Widlöcher,
Jouvent, 1988).

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clinique
MEMO 1 — RECHERCHE EN PSYCHOLOGIE CLINIQUE

c) – La sélection des participants : il faut d'abord sélectionner les participants en fonction de


critères relatifs à la population étudiée (critères d'inclusion et d'exclusion). Puis, il faut
déterminer la taille de l'échantillon. L'objectif est de s'assurer que les mesures réalisées sur
l'échantillon sont représentatives de la population. Pour déterminer la taille, il faut travailler
sur l'estimation, choisir le niveau de confiance et le risque d'erreur assumé ; enfin évaluer la
variabilité présumée du trait étudiée dans la population visée par la recherche. Il existe
diverses méthodes statistiques pour réaliser l'échantillonnage (Gueguen, 1997 ; Grenon et
Viau, 1996, 1997 et 1999 ; Weil-Barais et al., 1997 ; Dépelteau, 2000 ; Voyer et al., 2000 ;
Castro, 2000 ; Howell, 2000).
Construire un échantillon dépend également du protocole de recherche. On distingue ainsi les
échantillons indépendants et dépendants (ou appariés, pairés, appareillés).
Exemples :
On évalue des symptômes dépressifs chez des fumeurs en sevrage tabagique (groupe
expérimental) et chez des non fumeurs (groupe de contrôle). On a deux échantillons
indépendants.
On évalue les symptômes dépressifs des fumeurs en sevrage tabagique au cours de 3
périodes, avant le sevrage tabagique,, à la fin du sevrage tabagique et 6 mois après le sevrage
tabagique.. Ces mesures sont appareillées car pour chaque mesure du groupe (“avant”)
correspond, dans les deux autres groupes (en fin et 6 mois plus tard), les mesures prises sur
le même sujet.
d) - Le choix des méthodes quantitatives de recueil des données (échelles, tests) guidé par la
connaissance de leurs qualités métrologiques. Il est parfois nécessaire de valider les outils sur
la population étudiée. L'association entre les types d'échelles (spécifiques et générales) et les
modalités de passation (auto- et hétero-évaluation) est conseillée.
e) – La pertinence du protocole : elle doit être établie en le testant au préalable.
f) – Le choix des méthodes statistiques pour la description des données et pour la mise à
l'épreuve des hypothèses théoriques (statistiques descriptives et inférentielles).

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clinique
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Tableau 1.4. : Vision dichotomique de la recherche en psychologie clinique (Ardoino,


1985 ; Morval, 1993)
Recherche à logique "expérimentale" Recherche à logique clinique
(quantitative, positiviste, (qualitative, phénoménologique,
objectiviste) subjective)
Elle porte sur des faits. Elle porte sur des personnes, des
pratiques d’intervention ou des activités de
diagnostic.
Objet d’étude : les faits scientifiquesObjet d’étude : la personne
Transparence de l’objet : il peut être totale/globale en situation
analysé, décomposé, soumis à des Opacité de l’objet : pas de
procédures standardisées, puis reconstruction possible. Cette notion
reconstruit après décomposition (objet renvoie aux concepts de particularité, de
supposé, postulé) singularité et d’unicité.
Dispositif : standardisé. Matériel Dispositif : non standardisé. Matériel
quantitatif : élaboration et mise en œuvre qualitatif : utilisation de données
de plans expérimentaux stricts, mise en exprimées en mots, phrases, récits
place de procédures de recueil de (histoires de vie, entretiens, tests
données quantifiables et mesurables, projectifs).
traitement statistique des données. Déploiement concret et méthodique de la
Déploiement concret et méthodique de la démarche clinique inductive (on s’intéresse
démarche hypothético-déductive : au discours du sujet pour aboutir aux
observation, hypothèses, expérimentation hypothèses interprétatives).
(on part d’hypothèses qu’on cherche à
vérifier ou à infirmer).
Regard : objectivité Regard : subjectivité
Temporalité-Espace : temps objectif, Temporalité-Historicité : temps
standardisé, chronologique. Maîtrise de subjectif (temps du vécu et de l’histoire du
l’espace. sujet indissociable de la démarche clinique
(témoignages, histoires et récits de vie).
Universalité : explication des processus Singularité-Particularité : explication
dans le sens de la généralisation des des processus dans le sens de la
résultats. compréhension des phénomènes.
Approche singulière et particulière des
sujets.
Simplicité : choix d’un niveau d’analyse Complexité : plusieurs niveaux d’analyse
(monoréférentiel) pour établir des lois (multiréférentiel) : importance accordée à
générales à partir d’un grand nombre de la personne dans son unicité, à la globalité
sujets soumis à des procédures de la situation, au contexte dans lequel se
standardisées de recueil de données déroule l’étude, … ; volonté de se laisser
(l’extension des groupes de sujets et les saisir par la complexité de l’objet
échantillons diversifiés donne des (variations des points de vue, des
statistiques fiables et des normes valides regards).
et fidèles auxquelles sont soumis tous les Hétérogénéité : les cas extrêmes, les
sujets). déviants, les cas pathologiques sont
Homogénéité : tout le monde est considérés comme « des exceptions qui
soumis à la règle de la moyenne. confirment la règle ».

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clinique
MEMO 1 — RECHERCHE EN PSYCHOLOGIE CLINIQUE

Ordre/cohérence : le but de la Sens/signifiance : le but de la recherche


recherche est la causalité (les est le sens (décrypter des significations et
événements et les phénomènes sont saisir le sens des réalités et des
décomposés, analysés en vue de les événements que les sujets vivent).
expliquer).
Contrôle : obligation de soumettre la Evaluation : réflexion en amont de la
recherche à un contrôle pour aboutir à recherche sur les présupposés
l’explication (administration de la preuve, épistémologiques.
reproductibilité, vérification).
Explication/causalité : recherche de la Compréhension/interprétation :
causalité (explication causale des Examen des processus de l’intérieur pour
phénomènes). Examen des processus de favoriser la compréhension et/ou
l’extérieur (études distanciées, par l’interprétation des phénomènes (études
exemple) pour découvrir les facteurs, les de situations uniques, historiques par
causes, les structures pouvant expliquer exemple).
la structure des phénomènes.

Le débat qualitatif-quantitatif : la vision dichotomique


La recherche en psychologie clinique fait partie des sciences humaines et sociales, en ce
sens elle n'échappe pas aux révisions, tant épistémologiques que méthodologiques, liées à la
remise en question de la conception classique de la démarche scientifique. Elle doit donc
prendre position dans ce débat, mais en tenant compte des avancées propres à la recherche
qualitative. La vision dichotomique (cf. Tableau 1.4) "recherche en clinique" versus "recherche
clinique" renvoie à celle, plus large en sciences humaines, entre recherche quantitative
(positiviste, objectiviste, expérimentale) et recherche qualitative (subjectiviste, clinique). Pires
(1997a), Lessard-Hébert, et al. (1997) mettent en évidence le fait que cette distinction doit
être discutée d'un point de vue épistémologique et méthodologique.
Cette distinction se révèle tout à fait tenable du point de vue des paradigmes de référence
qui impliquent, effectivement, des rapports différents à l'objet dans le processus de recherche.
Elle n'exclut pourtant pas de concevoir ces deux approches de recherche - qualitative et
quantitative- comme étant complémentaires18. A cela, il peut y avoir plusieurs raisons : soit
parce que ces deux types de méthodes correspondraient à deux moments différents du
processus de recherche (explorer et comprendre / vérifier et expliquer), soit parce qu'elles
permettraient un rapport dialectique entre une approche centrée sur les déterminations
subjectives (au plan du fantasme et de l'imaginaire) et une approche centrée sur les
déterminations objectivables (au plan du réel) (Lévy, 1993; Enriquez, 1993, Morval, 1993).
Ainsi, Widlöcher (1999b) souligne à quel point la clinique n'est plus homogène (un modèle de
référence "psychanalytique", une méthode dite "clinique") ; que son évolution conduit à une
extension des méthodes et des références conceptuelles impliquant des points de vue et des
processus différents de construction de l'objet. A la suite d'une réflexion comparative entre
approches psychodynamique et cognitivo-comportemental de l'anxiété et des comorbidités,
Doron et Swendsen (2000) concluent que ces deux approches relèvent de niveaux
d'observation et de compréhension non assimilables. Les auteurs soulignent toutefois qu'il
existe un intérêt à reconnaître leur différence et leur complémentarité, tant pour la recherche
que pour les pratiques de soins.
Au niveau méthodologique, la dichotomie qualitative-quantitative se trouve largement remise
en question au profit d'un continuum méthodologique (Huberman et Miles, 1991) ou bien d'une

18
D'autant plus qu'en sciences humaines les paradigmes ne meurent pas mais coexistent !

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clinique
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conception générale de la méthodologie en sciences humaines (Pires, 1997a). Les arguments


avancés sont d'abord relatifs à l'examen des pratiques effectives de recherche en sciences
humaines. De nombreux chercheurs ont mis en évidence l'écart important entre les positions
épistémologiques, méthodologiques et l'effectivité des pratiques de recherche. Ainsi, des
chercheurs positivistes (valorisant le quantitatif et l'objectivité) ont recours à des entretiens
pour compléter leur recherches. Inversement des chercheurs ayant opté pour le paradigme
qualitatif peuvent traiter leurs données de façon quantitative. Faire une recherche qualitative
n'implique donc pas d'utiliser exclusivement des méthodes qualitatives.
Par exemple, la mesure des phénomènes, l’utilisation d’arguments statistiques et d’analyses
formelles sont conciliables avec une approche clinique qualitative. Dans ce cas deux
conditions sont toutefois nécessaires (Rhéaume, 1993) :
les méthodes ne doivent pas entraîner une démarche de recherche positiviste exclusive où
domine la “ raison instrumentale ” axée sur le contrôle ;
la démarche de recherche ne doit pas relever d'une logique de l’évidence et de la preuve en
dehors de toute référence au contexte, à l’action et aux significations produites par les
acteurs impliqués.

La vision intégrative
Dans cette perspective de complémentarité, Miller et Crabtree (1998) présentent quatre types
d’études en recherche clinique19 où les méthodes qualitatives et quantitatives sont intégrées :
Les études concourantes Les études emboîtées
Deux recherches indépendantes, menées sur une L'utilisation intégrée des méthodes qualitatives
même population et utilisant des méthodes différentes et quantitatives dans une recherche permet
(l'une quantitative, l'autre qualitative) peuvent d'éviter l'erreur de type III (résoudre le mauvais
produire des résultats convergents (Chesla, 1992 ; problème). Ainsi, les variables pertinentes d'un
Fielding et Fielding, 1986). phénomène sont identifiées et opérationnalisées
à partir des méthodes qualitatives, alors que
L'exemple des essais cliniques (cités par Miller et
leurs relations et leurs valeurs prédictives sont
Crabtree (1998) montre qu'il faut pouvoir répondre
étudiées par des méthodes quantitatives.
à la question de l'efficacité d'une prescription par
Reuchlin (1972-1973), comparant les analyses
rapport à une autre (méthode quantitative
cliniques et statistiques, indique que la collecte
extensive) tout en comprenant le processus et le
des informations est de meilleure qualité
contexte de l'essai clinique pour enfin intervenir
lorsqu'elle est réalisée par un clinicien tandis que
auprès d'un sujet en particulier (méthode
la prévision est meilleure lorsqu'elle est
qualitative interprétative).
statistique.
Miller et Crabtree (1998) rapportent l'étude de
Borkan, Quirk et Sullivan (1991) : à partir
des récits de patients âgés souffrant de
fracture de la hanche, ces auteurs ont dégagé
les variables pertinentes pour une étude
épidémiologique portant sur l’issue de la
rééducation de personnes se trouvant dans la
même situation.
Les études séquentielles Les études combinées
Par une première étude qualitative on détermine les Certaines questions de recherche sont complexes
variables pertinentes d'un phénomène qui sont ensuite et nécessitent d’utiliser une combinaison
utilisées dans une seconde étude, dont l'objectif est la d’études (concourantes, emboîtées,
construction d'instruments ou le test d'hypothèses (en séquentielles, …).
épidémiologie par exemple). On peut également
procéder de façon inverse :
Snadden et Brown (1991, cités par Miller et
Crabtree) ont mis en œuvre une étude séquentielle
sur l'asthme où la passation d'un questionnaire a
permis d'identifier des personnes présentant
d'importants stigmates, puis de les interviewer en

19
Pour les anglo-saxons, il s'agit des questions et des problèmes émergeant directement de la pratique clinique.

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clinique
MEMO 1 — RECHERCHE EN PSYCHOLOGIE CLINIQUE

utilisant des méthodes de recherches


interprétatives.

La diversité des cas exposés montre qu'actuellement l'utilisation conjointe des méthodes
qualitatives et quantitatives est donc une pratique courante en sciences humaines et sociales
(Brannen, 1992). L'opposition entre méthodes qualitatives et quantitatives est devenue
obsolète. Selon Pires (1997a, p. 49), "il est faux d'affirmer qu'il existe une méthodologie qualitative
ou quantitative : il n'y a que des recherches qualitatives ou quantitatives (ou les deux à la fois). La
méthodologie est une seule, et les grandes questions d'ordre méthodologique concernent tant les
recherches qualitatives que quantitatives". Cette vision pragmatique, conduit cet auteur à définir
la recherche qualitative comme une recherche caractérisée par les critères suivants : la
souplesse et l'ajustement dans la construction de l'objet, la prise en compte de la complexité,
la capacité à traiter des données hétérogènes (techniques de recueil et d'analyse
complémentaires), la description et la compréhension des phénomènes de l'intérieur,
l'ouverture, l'exploration inductive et l'intérêt pour les faits non congruents enfin, l'heuristique.
A l'argument de l'effectivité des pratiques s'ajoute donc des arguments méthodologiques
portant sur des problèmes fondamentaux, comme par exemple :
- la mesure (l'évaluation des phénomènes). Pires (1997) rappelle que la mesure quantitative
a été longtemps associée à un critère de scientificité. Or, le but de celle-ci étant la recherche
de la précision, sa forme empirique (qualitative ou quantitative) et son degré de précision
devraient être choisis en fonction des caractéristiques du phénomène et du sens du problème
posé. Il indique également que la mesure a une fonction créatrice puisqu'elle permet de faire
varier la distance à l'objet (éloignement par les chiffres ou rapprochement par les lettres) et
donc de résister aux interprétations hâtives, aux jugements de valeurs et aux prénotions du
chercheur.
- le particulier et le général. L'opposition méthodes qualitatives/ quantitatives masque des
interrelations complexes et des processus complémentaires de connaissance. En effet, la
recherche en psychologie clinique tente d'appréhender le mieux possible la complexité des
éléments et des facteurs à l’œuvre dans une situation historique unique et à rejoindre une
structure de signification susceptible d’être à l’œuvre dans d’autres situations uniques. Cette
démarche n’exclut ni la saisie de certains éléments fondamentaux communs (que l’on peut
retrouver dans ces différentes situations) ni des données quantitatives (mesures) et
qualitatives (discours).
Par exemple, la méthode du cas unique peut être abordée selon une approche expérimentale
dans le but d'évaluer les variations d'un paramètre par des mesures répétées pour établir des
lois générales (Lowenstein et al., 1987; Moran et Fonagy, 1987). Braconnier et Lesieur (1999)
pensent qu'il est nécessaire, dans cette optique, de décrire les phénomènes cliniques à partir
d'un ensemble limité de variables afin de déterminer clairement les relations existant entre les
variables dépendantes et indépendantes (réduction de la complexité). La validité des
inférences issues de l'analyse par cas unique peut être examinées à partir des critères suivants
(Kazdin 1982, cité par Braconnier et Lesieur, 1999) :
pour la validité interne : tester les hypothèses alternatives, considérer les effets de
variables non contrôlées (âge, événements, état du sujet...), s'assurer de l'indépendance entre
ce qui est observé et la situation d'observation, diminuer les incertitudes liées au système
d'enregistrement des données cliniques ;
pour la validité externe : définir les conditions de reproductibilité de l'observation pour
d'autres situations et d'autre sujets.
Diverses procédures "expérimentales" sont alors décrites : de type I (mesure avant et après
la modification d'un paramètre, par exemple avant/après un traitement psychothérapique), de
type II (répéter les mesures), type III (plusieurs cas avec des mesures répétées).

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clinique
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Si le chercheur vise à produire des connaissances avec ses partenaires sujets de la recherche,
à développer une logique d’argumentation et des conclusions provisoires pouvant être
débattues et soumises aux principaux intéressés ainsi qu'aux chercheurs, cette logique
d’argumentation peut s’appuyer aussi bien sur des données qualitatives que quantitatives et
sur des méthodes d’analyse où les raisonnements les plus rigoureux sont en cause, qu’ils
prennent la forme d’analyses conceptuelles, d’établissement de relations explicatives,
d’interprétations, de significations. L’important est de construire une argumentation à partir de
sources diverses, supposant une activité d’intégration/d’interaction entre chercheurs et
partenaires de la recherche, non de pure confrontation ou de juxtaposition. Cette perspective
d’intégration exclut des approches se voulant exclusives. En ce sens, Pires (1997a) défend une
conception générale de la méthodologie qui n'est ni dogmatique (les objets sont traités avec la
même épistémologie et méthodologie), ni réductionniste (méthodes qualitatives versus
méthodes quantitative), ni entièrement relativiste. Il propose de favoriser l'analyse du
problème (primat théorique) et de recourir à une épistémologie, une méthodologie et des
techniques des plus pertinentes. Comme le note également Lafortune (1989) “ la rigueur n’est
pas dans la technique ou la méthode, mais dans la démarche du chercheur ”. L’important est d’avoir
une idée claire de ce que l'on désire étudier et d’adopter la méthodologie la plus appropriée
pour y arriver (Morval, 1993). Dans l'élaboration d'une recherche en psychologie clinique, ce
ne sont pas les caractères quantitatifs ou qualitatifs qui posent problèmes, mais la cohérence
dans les différentes étapes de la recherche, la visée fondamentale de la recherche et le rapport
établi entre le chercheur et la population étudiée (Rhéaume, 1993).

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